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+ Sparte (en grec ancien Σπάρτη / Spártê soit « semée », « parsemée » ou « éparse », grec moderne Σπάρτη / Spárti, en dorien Σπάρτα / Spárta) ou Lacédémone (Λακεδαίμων / Lakedaímôn) est une ancienne ville grecque du Péloponnèse, perpétuée aujourd'hui par la ville moderne du même nom de 18 185 habitants. Située sur l'Eurotas, dans la plaine de Laconie, entre le Taygète et le Parnon, elle est l'une des cités-États les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes.
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+ Déjà mentionnée dans l’Iliade, elle devient au VIIe siècle av. J.-C. la puissance dominante de sa région et prend la tête des forces grecques lors des Guerres médiques. Au Ve siècle av. J.-C., elle remporte la guerre du Péloponnèse qui l'oppose à Athènes, mais perd l'hégémonie après la défaite de Leuctres en 371 av. J.-C. contre les Thébains d'Épaminondas.
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+ Sparte se distingue des autres cités par un modèle social où la minorité des Homoioi (les « égaux ») exerce à plein temps la citoyenneté tandis que l'activité économique est assurée par les Périèques, population libre mais non-citoyenne, et par les Hilotes, dont le statut s'apparente à celui des serfs du Moyen Âge occidental. L'éducation est obligatoire, collective et organisée par la cité : elle vise à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés au bien de la cité. De fait, l'armée spartiate est renommée comme la plus puissante du monde grec.
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+ De plus, Sparte est la seule cité de Grèce dépourvue de murailles car d’après Lycurgue, « une ville bien défendue est celle qui est entourée d’un mur d’hommes, et non d’un mur de briques ».
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+ L'État spartiate s'étend au Ve siècle av. J.-C., selon Thucydide, sur les deux cinquièmes du Péloponnèse[1], soit près de 8 500 km2 et le triple de son rival athénien[2]. Il comprend deux régions principales, séparées par des montagnes.
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+ La Laconie au sens strict est le territoire délimité à l'ouest par le massif du Taygète, au sud et à l'est par la mer Méditerranée[3]. La frontière nord est plus changeante : victorieuse à la « bataille des Champions » en 545 av. J.-C., Sparte enlève à Argos le contrôle du plateau de Thyréatide (ou Kynourie). Désormais, la limite de la région passe par les environs de Thyréa (près de l'actuelle Astros), le sud du mont Parthénion, le bassin versant de l'Eurotas (englobant ainsi la Skiritide) puis le territoire aux pieds du mont Chelmos, identifié comme la Belminatide.
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+ La Messénie, conquise à la suite des guerres du même nom, s'étend à l'ouest du Taygète jusqu'à la Méditerranée ; elle est bordée au nord par la vallée de la Neda. Elle comprend plusieurs massifs montagneux, dont les monts Cyparissia, qui se prolongent vers le sud par l'Aigaléon et à l'est par l'Ithômé. Au centre se trouve la vallée de Messénie à proprement parler, baignée par le Pamissos ; on distingue la plaine du Stényclaros au nord de la crête de Scala et la plaine côtière appelée Macaria, « la Bienheureuse », au sud[4].
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+ Sparte à proprement parler est constituée de quatre villages : Limnai (« du lac »), Kynosoura (« queue de chien »), Mesoa (« central ») et Pitana (« pâtissiers »), qui ne sont pas pleinement réunis par un synœcisme à l'époque classique[5], d'ailleurs Σπάρτη / Spártê signifie « semée », « parsemée » ou « éparse ». Un cinquième village, Amyclées, distant de quelques kilomètres, vient s'y ajouter à une époque inconnue[6].
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+ Sparte apparaît déjà chez Homère : Ménélas, époux de la belle Hélène, règne sur « Lacédémone aux profondes vallées[7] ». La transition entre cette ancienne ville et la Sparte dorienne s'explique pour les Anciens par le « retour des Héraclides » : Hyllos, fils d'Héraclès, doit fuir le Péloponnèse à la suite des persécutions d'Eurysthée. Après plusieurs tentatives avortées, Téménos reconquiert la terre de son arrière-grand-père. Il prend pour lui la souveraineté d'Argos et donne à ses frères les royaumes voisins : Cresphontès reçoit la Messénie et Aristodème (ou ses fils) la Laconie.
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+ Les archéologues ont mis au jour 21 sites mycéniens habités en Laconie, dont Amyclées et le Ménélaion[8], qui ont pu être pris à l'époque classique pour des restes de la Sparte homérique[9]. Le retour des Héraclides a été interprété comme la version mythique d'une invasion des Doriens, un peuple venu du Nord et parlant le grec. Il semble en réalité qu'il ne se soit pas agi d'une invasion, mais d'une longue assimilation[10].
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+ D'après les données archéologiques, Sparte à proprement parler est fondée avant le milieu du Xe siècle av. J.-C., ce qui contredit la chronologie traditionnelle plaçant le « Retour » quelques générations après la chute de Troie[11]. On ne sait rien ou presque sur cette période de son histoire[11]. Les premières traces sûres de l'expansion spartiate remontent au VIIIe siècle, avec la conquête d'Amyclées, Pharis et Géronthrai[12]. Les Spartiates remontent ensuite vers les sources de l'Eurotas, puis se lancent dans la conquête de la Messénie, qui donne lieu à trois guerres dont ils sortent vainqueurs.
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+ Au début du Ve siècle av. J.-C., Sparte apparaît comme la championne de la Grèce face aux Perses pendant les Guerres médiques. Elle devient progressivement la rivale d'Athènes, qui a une politique de conquête impérialiste. Pendant la longue Guerre du Péloponnèse (431 à 404 av. J.-C.) Athènes refuse plusieurs fois la paix offerte par Sparte. Vers la fin de cette guerre, Sparte bénéficie des erreurs cumulées d'Athènes (expédition de Sicile, ...) et d'une aide financière de la Perse, soucieuse d'équilibrer les pouvoirs en Grèce, et hostile aux prétentions athéniennes en Ionie. Leur victoire de 404 av. J.-C. aiguise l'ambition des Spartiates, points de départ de l'expédition des Dix Mille (401-399). Même si l'expédition est un fiasco, elle démontre l'affaiblissement de l'empire perse ; cette expédition démontre également les possibilités de conquête militaire vers l'Est, ce dont Alexandre le Grand tire parti par la suite. Les Perses décident alors de financer les ennemis de Sparte (Athènes, Thèbes, puis Corinthe et Argos). En 396, la même année, les Spartiates sont victorieux sur terre à Coronée mais sont défaits sur mer à Cnide ; puis la longue et indécise guerre de Corinthe achève de secouer le joug spartiate (396-387). Face à cet échec, Sparte reconnaît en Grèce l'influence perse. Cette politique perse, de bascule entre les différentes cités, renforce Athènes, dont les prétentions inquiètent les dirigeants perses.
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+ À l'occasion de ce réchauffement diplomatique, la Paix d'Antalcidas de 387 av. J.-C. est jurée : Sparte est consacré hégémon de la Grèce et arbitre des libertés du monde grec. Asseyant son nouveau statut, Sparte installe peu à peu dans toutes les villes grecques des gouvernants à sa solde. En 382, elle prend le contrôle de Thèbes dont les opposants se réfugient à Athènes. En 378 Thèbes est libérée, les Spartiates chassés avec l'aide discrète des Athéniens. Sparte, incrédule sur le véritable rôle joué par sa rivale, lui déclare la guerre. La confédération athénienne est reformée (377), à laquelle se joint Thèbes, contre Sparte. En 376 av. J.-C. (bataille de Naxos), Sparte est défaite, sa flotte militaire coulée par la marine de la nouvelle confédération athénienne, remettant définitivement en cause son hégémonie navale. En 375, Sparte essaye vainement de reprendre Thèbes et est même peu à peu chassée de Béotie (bataille de Tégyres 375) ; elle tente sans succès de prendre Athènes par surprise (coup de Sphodrias) (375). Sparte est aussi chassée de Corcyre, nouvelle alliée des Athéniens (375). Sparte est ensuite attaquée en Phocide par les Thébains (375/4). Plus au nord, la Thessalie est unifiée par Jason de Phères (375/4), constituant une nouvelle menace pour Lacédémone. Sparte est débordée sur tous les fronts. Devant cette situation critique, Sparte a besoin d'une pause et d'aide extérieure : l'aide est demandée à un vieil allié, Denys de Syracuse, qui la lui donne, et un armistice est demandé à Athènes, qui y consent (paix de 374). Mais rien n'est réglé : Thèbes continue à reconquérir la Béotie (elle rase Platées en 373) et Corcyre refuse toujours de rejoindre Sparte, obligeant Athènes à la soutenir (373). Sparte est toujours embourbée en Phocide où les Thébains progressent. C'est dans ce contexte que Sparte envoie une puissante armée pour écraser la puissance croissante de Thèbes, mais cette armée est défaite à la bataille de Leuctres de 371 av. J.-C. et perd 400 de ses 2 000 homoioi. Sparte ne se remettra jamais de cette lourde perte de son corps civique et militaire et se replie sur le Péloponnèse, réduisant ses prétentions à la Laconie.
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+ À mesure que les Thébains descendent dans le Péloponnèse (371/370), les alliés de Sparte se rallient à eux, donnant l'hégémonie sur la Grèce à Thèbes. L'armée ennemie grossit tant et si bien que la Laconie est pillée par les Thébains et mise à sac sans que les Spartiates n'osent intervenir, chose inédite jusqu'alors. Cette mise à sac matérialise la fin de la suprématie spartiate sur la Grèce. Thèbes ruine sa domination sur ses esclaves périèques et hilotes : la Messénie est libérée par Épaminondas et sa capitale (Messène) refondée pour faire contrepoids à Sparte. La fédération arcadienne renaît comme sa capitale Mantinée (370). Mais Sparte n'est pas encore détruite : l'assaut thébain sur la ville est repoussé par la résistance organisée par Agésilas. Plusieurs expéditions thébaines sont nécessaires pour l'empêcher de rétablir sa domination (en 370, 369...). Sparte doit sa survie à la politique de bascule pratiquée par les Thébains et à la nouvelle alliance avec Athènes : en effet, Thèbes évite de trop renforcer les puissants Arcadiens, tandis que la nouvelle alliance spartiate-athénienne est officialisée en 369. La tentative hégémonique maritime de Thèbes (365/364) sur l'Égée et l'Asie mineure crée les conditions d'un soutien perse à cette alliance entre Sparte et Athènes. Les Thessaliens parviennent à affaiblir Thèbes, en tuant Pélopidas (364). Deux ans plus tard, Sparte gagne la bataille de Mantinée de 362 av. J.-C. bien que moins nombreux et parviennent à tuer le général Épaminondas (mort illustrée par Euphranor) et transforment ainsi une bataille indécise en victoire[réf. nécessaire]. Cependant, cette victoire masque mal la réalité des rapports de force : le gros des troupes était athénien. L'irruption de la Macédoine dans le jeu politique des cités grecques (à partir des années 350) augmente encore l’affaiblissement et l’isolement de Sparte. Après la victoire de Philippe II de Macédoine à Chéronée en -338, la Grèce entière est dominée par les Macédoniens, à l’exception de Sparte qui devient la dernière cité libre de Grèce.
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+ Au IIIe siècle av. J.-C., les difficultés dues à son système socio-politique et au déclin de sa population d’Homoioi entraînent plusieurs réformes menées successivement par Agis IV, Cléomène III puis par l'usurpateur Nabis. Sparte s'allie à Rome contre la ligue étolienne. Elle doit cependant lutter aussi contre la ligue achéenne et finit comme les autres cités par être absorbée par Rome en 146 av. J.-C.
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+ Sous l'Empire romain[14], Sparte bénéficie du statut avantageux de cité libre et conserve des institutions spécifiques. Elle jouit d'un prestige certain en raison de la gloire de son passé et tente de remettre en valeur l'agogé spartiate, cultivant même dans les années 130 un archaïsme linguistique[15]. Les empereurs romains reconnaissent et utilisent parfois ce prestige, ainsi Lucius Verus et Caracalla ont des contingents de Spartiates parmi les troupes qu'ils mènent contre les Parthes, répétant la lutte passée contre les Perses. En 396, Sparte est mise à sac par les Goths d'Alaric et ne semble pas s'en être relevée, le site n'est plus que hameaux de bergers... Jean d'Éphèse relate que trois siècles plus tard, ce sont les duchés slaves des Ézérites et des Mélinges qui s'installent dans la région, avant d'être absorbés par les autochtones grecs.
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+ Une ville est refondée sur le site en 1834 : c'est la Sparte actuelle.
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+ Les citoyens Spartiates ne représentent qu'une faible partie de la population globale de la cité. Selon Isocrate, ce sont 2 000 Doriens qui envahissent la Laconie[16], simple supposition sans valeur réelle[17]. Aristote rapporte que selon certains, les Spartiates sont au nombre de 10 000 sous les premiers rois[18]. Là encore, il est difficile de porter foi à ce chiffre rond[17]. La première mention fiable est celle que fournit Hérodote : en 480 av. J.-C., le roi Démarate estime le nombre des hoplites mobilisables à un peu plus de 8 000[19] ; un an plus tard, 5 000 hoplites spartiates sont présents à la bataille de Platées[20]. Ce nombre décroît tout au long du Ve, principalement en raison du tremblement de terre de 464 av. J.-C., qui selon Plutarque[21], détruit le gymnase, tuant ainsi tous les éphèbes, et de la révolte des Hilotes (10 ans de guérilla). Ainsi, à la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C., il n'y a plus que 1 200 hoplites mobilisables[22], dont 400 meurent au cours du combat. Aristote assure que de son temps, on compte à peine mille citoyens[23].
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+ Le nombre de Périèques est supérieur au nombre d’Homoioi. On peut penser qu'il y avait environ cent agglomérations périèques : Sparte était surnommée, selon Strabon, la « cité aux cent villes »[24]. Les Hilotes, eux, peuvent être estimés de 150 000 à 200 000. D'après Thucydide, c'est le plus important groupe servile de Grèce[25].
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+ Seuls jouissent de droits politiques les Spartiates à proprement parler[26], aussi appelés ἄστοι / astoi (« citadins ») — terme plus aristocratique que l'habituel πολίτης / polítês[27] — ou encore Ὅμοιοι / Hómoioi[28] c'est-à-dire « les Pairs », « les Semblables »[29]. Il n'est pas certain que tous les Spartiates soient des Homoioi : certains citoyens, considérés comme des lâches au combat, sont soumis à toutes sortes de brimades et de vexations : obligation de payer la taxe des célibataires, rejet dans les équipes de ballon et les chœurs[30]. L'historiographie les appelle traditionnellement les tresantes, les tremblants. Ils ne cessent pas d'être citoyens, mais deviennent des citoyens de seconde zone.
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+ Pour être un citoyen spartiate, quatre conditions doivent être réunies[31] :
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+ Le terme Homoioi témoigne, selon Thucydide, du fait qu'à Sparte « s'est instaurée la plus grande égalité dans les genres de vie entre les possédants et le grand nombre »[32] : tous mènent une vie commune et austère.
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+ Les Hilotes sont les paysans dépendants de Sparte. Leur statut est créé avec la réforme de Lycurgue. Ils ne sont pas des esclaves-marchandises, mais leur statut est souvent rapproché des serfs médiévaux :
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+ Exceptionnellement, ils sont enrôlés pour combattre, et peuvent être affranchis ensuite. Plus nombreux que les Homoioi, ils ont subi la réforme de Lycurgue en étant mis à l'écart. Craignant leur révolte, les Spartiates leur déclarent solennellement la guerre chaque année[33], les avilissent en permanence et les terrorisent[34].
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+ De la même façon, les Périèques (habitants du pourtour) sont libres mais appartiennent néanmoins à l'État lacédémonien et comme tels, ils servent dans l'armée civique[35]. En revanche, ils ne jouissent d'aucun droit politique dans ce cadre[36] : ils ne peuvent pas accéder aux magistratures ni même participer à l'Assemblée[37]. Pour autant, ils sont libres et citoyens de leurs propres villes. Ils détiennent le monopole du commerce et partagent celui de l'artisanat avec les Hilotes. Ils comptent également des paysans, refoulés sur les terres médiocres.
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+ Sparte possède également d'autres catégories d'hommes libres non-citoyens, appelées conventionnellement Inférieurs : citoyens déchus par pauvreté (ne pouvant plus payer leur part aux syssities) ou par lâcheté au combat (les tresantes), Hilotes affranchis (néodamodes), Skirites, etc.
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+ Établie par « Lycurgue » et ne prenant fin qu'à l'époque romaine, l'éducation spartiate ou ἀγωγή / agôgế[38] présente les particularités d'être obligatoire, collective et organisée par la cité[39]. Symbole de « l'exception spartiate », elle est également mal connue : la plupart des sources sont tardives. Or l’agôgê a connu au moins une interruption, imposée par la Ligue achéenne au IIe siècle av. J.-C., et peut-être une autre au IIIe siècle av. J.-C.[40]. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure les descriptions hellénistiques et romaines peuvent également s'appliquer à la période archaïque et classique.
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+ Selon Plutarque, le nouveau-né spartiate est examiné par une commission d'anciens pour déterminer s'il est beau et bien formé. Si ce n'est pas le cas, il est considéré comme une bouche inutile et une charge pour la cité : il est jeté dans un précipice appelé le gouffre des Apothètes[41]. Cette affirmation, rapportée par le seul Plutarque, est aujourd'hui remise en doute par des archéologues, qui n'ont trouvé aucun ossement d'enfant à l'endroit indiqué[42]. En outre, au moins à l'époque romaine, la décision d'élever ou non un enfant est laissée à la famille, comme partout ailleurs en Grèce[43].
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+ De l'enfance à l'âge adulte (de 7 à 20 ans inclus), le jeune Spartiate est embrigadé par classe d'âge, hors de la tutelle parentale[44]. Il vit à la dure : le crâne rasé[45], il ne reçoit qu'un manteau (himation) par an et marche pieds nus[46] ; il dort sur une paillasse de roseaux de l'Eurotas qu'il a cassés à la main[47]. Divers concours (combats rituels à Platanistas[48], flagellation au sanctuaire d'Artémis Orthia[49]) visent à mettre en avant les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur. Cette éducation entend former des soldats obéissants, efficaces et attachés au bien de la cité, avant leur gloire ou leur bien-être personnel[50].
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+ Sparte prévoit une éducation pour les filles. Elle consiste principalement en un entraînement sportif, où les femmes s'entraînent nues comme les hommes, ce qui entraîne la moquerie des athéniennes dans Aristophane[51]. Ceci peut-être dans le but ultime de produire des mères fortes et saines, aptes à engendrer des enfants vigoureux[52]. Elle comprend également un apprentissage de la musique et de la danse, indispensables pour les fêtes religieuses.
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+ Les femmes spartiates se distinguent également des autres femmes grecques par leur mariage. Alors que les jeunes Athéniennes épousent à l'âge de 15 ans environ un homme qui en a le double[53], les Spartiates se marient rarement avant l'âge de 18 ans, et avec un époux du même âge qu'elles. La fidélité n'est pas une obligation, et fréquentes sont les femmes à avoir un enfant d'un autre homme, pour peu que leur mari soit d'accord. Le couple vit dans des communautés regroupant d'autres guerriers, et une trop grande intimité entre le mari et la femme, considérée comme un obstacle à la passion, n'est pas encouragée[54]. Le mariage lui-même se fait par enlèvement ; on rase ensuite le crâne de la jeune fille, qui est habillée en homme et laissée dans une pièce sans lumière où elle est rejointe par son époux, qui a quitté discrètement le banquet commun[55].
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+ Devenue mère, la femme spartiate est censée se conformer à un modèle héroïque dont les Apophtegmes lacédémoniens de Plutarque donnent de bons exemples. Dans ce recueil, on voit des Lacédémoniennes exhorter leurs enfants au courage, se réjouir de la mort glorieuse de leurs fils au combat et inversement s'indigner de les voir revenir en vie alors que les autres sont morts. Dans l'un des aphorismes les plus célèbres, une mère dit à son fils de revenir avec son bouclier ou sur son bouclier, c'est-à-dire vainqueur ou mort[56]. La réalité n'est pas si édifiante : lorsque Thèbes envahit Sparte après la bataille de Leuctres, les femmes s'enfuient[57], voire causent plus de désordres dans la ville que les ennemis[58].
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+ Le système politique spartiate, ainsi que le système d'éducation, sont censés être l'œuvre du mythique Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., bien que Plutarque le situe au IXe ou au VIIIe siècle av. J.-C. Fils d'un roi spartiate, ce dernier serait allé au sanctuaire de Delphes consulter la Pythie, et en aurait rapporté la future constitution spartiate, la Grande Rhêtra. Probablement non écrite, cette constitution est élaborée à l'issue des longues guerres de Messénie, qui fragilisent l'aristocratie et l'ensemble de la cité. Pour permettre à la cité de subsister, l’eunomie (égalité de la loi pour tous) est alors instituée, censée résoudre mécontentements et privilèges. Mais à la différence d'Athènes, l'eunomie est synonyme de grande discipline. Toutes les composantes de la cité font des sacrifices : la royauté, l'aristocratie, le peuple.
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+ Le système de Lycurgue fait coexister des éléments de quatre régimes :
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+ La crise du VIIe siècle av. J.-C. n'a pu être résolue que par la création d'une armée d'hoplites, succédant aux guerriers à cheval ou en chars peu nombreux. C'est la création de cette classe de citoyens, par l'absorption de l'aristocratie foncière dans la masse populaire, qui fonde l'isonomie.
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+ Cette absorption a été poussée très loin, afin de créer une égalité totale :
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+ L'assemblée est le rassemblement des Égaux. Elle est rassemblée à dates fixes.
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+ Les projets mis en forme par la gérousie lui sont soumis. Elle approuve ou non, sans les discuter (aucun citoyen ne prend la parole), les amendements proposés par les éphores. Elle vote les décisions par acclamations, ou, beaucoup plus rarement, par déplacement des votants, mais son vote ne lie pas la gérousie qui peut considérer que le peuple s'est trompé.
78
+
79
+ Elle élit également les éphores et les gérontes, par un procédé qui paraît puéril à Aristote : des individus enfermés dans un lieu clos mesurent l'intensité des acclamations. Son fonctionnement réel nous est peu connu. On ignore si tous les Spartiates pouvaient y prendre la parole, par exemple pour proposer une loi ou un amendement, ou si l'assemblée se contentait d'élire les éphores et des gérontes.
80
+
81
+ Pour Aristote, l'assemblée a un pouvoir si faible qu'il ne la mentionne même pas comme élément démocratique du régime spartiate.
82
+
83
+ À partir de la réforme de Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., Sparte possède deux rois supposés égaux. L'un fait partie de la famille des Agiades, l'autre celle des Eurypontides, deux familles issues, selon la légende, de jumeaux descendants d'Héraclès. Les familles ne peuvent se marier entre elles, et leurs tombeaux se trouvent en des endroits différents[59].
84
+
85
+ Le pouvoir royal se transmet au « plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir le plus royal »[60], c'est-à-dire que le fils passe avant le frère, qu'il y a droit d'aînesse mais que le fils né quand le père est déjà roi prime sur ceux pour lesquels tel n'est pas le cas. Néanmoins, il semble que les Spartiates interprètent de manière libérale cette règle de succession[61].
86
+
87
+ Les pouvoirs des rois sont essentiellement militaires et religieux[62]. Au début, ils peuvent mener la guerre contre le pays de leur choix, et leur pouvoir est collégial[62]. En 506 av. J.-C., c'est le « divorce d'Éleusis » et par la suite, les rois mènent campagne seuls. C'est l'Assemblée qui vote la guerre au Ve siècle av. J.-C.[63], et au moins à partir du siècle suivant, les éphores décident de la mobilisation[64],[65]. Quoi qu'il en soit, le roi en campagne est le commandant en chef[66]. Il prime sur les autres généraux, peut conclure les trêves, et combat au premier rang à l'aile droite[67], protégé par une garde d'honneur de cent hommes[68].
88
+
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+ La gérousie est une assemblée de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, élus à vie par acclamation à l'Assemblée, après acte de candidature, et des deux rois[69]. Choisis en fonction de leur vertu militaire, les gérontes appartiennent pour la plupart aux grandes familles de Sparte. Cependant, chaque citoyen, sans condition de fortune ou de rang, peut se porter candidat. Ces différents critères de choix en font l'instrument du conservatisme.
90
+
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+ Ils jouent un rôle politique éminent : ils sont seuls à pouvoir préparer les lois, et à en avoir l'initiative[70]. Ils ont également l'équivalent d'un droit de veto sur les votes de l'Assemblée, probablement à une époque où les éphores peuvent aussi introduire des propositions de loi ; jusqu'au IIIe siècle av. J.-C., on ne connaît aucun veto de la gérousie[71]. Ils gèrent toutes les affaires de politique intérieure. Ils ne rendent pas de comptes.
92
+
93
+ Ils constituent également le tribunal suprême, qui juge les crimes et prononce la peine de mort et la perte des droits civiques[70]. Réunis avec les éphores, ils peuvent même juger les rois[72].
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+ Les cinq éphores sont un directoire qui constitue de véritables antagonistes aux rois. La date de leur fondation n'est pas connue. Ils sont élus pour un an par l'assemblée, et non rééligibles.
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+ Comme leur nom — dérivé du verbe oraô, « surveiller » — l'indique, ils sont chargés de surveiller les rois et les habitants de la cité, et notamment de s'assurer du respect des traditions[73]. Ils peuvent infliger des amendes, des peines de prison (même aux rois) et ordonner des exécutions — notamment, faire exécuter sans jugement des Hilotes, comme pendant la kryptie[74]. Ils sont également chargés des affaires étrangères, exécutent les décisions de l'assemblée (qu'ils président), ordonnent la mobilisation et prennent d'eux-mêmes des décisions urgentes[75]. L'un d'entre eux (on ne sait comment il est choisi) donne son nom à l'année et aux documents officiels : on l'appelle ainsi l'éphore éponyme[76]. Susceptibles d'être choisis parmi les citoyens d'extraction modeste, ils sont un élément d'égalitarisme dans la société spartiate.
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+ Leur pouvoir est si grand qu'Aristote le qualifie d'« égal à celui des tyrans »[77],[78]. En fait, ils sont censés représenter le peuple : Cicéron les compare aux tribuns de la plèbe[79]. Tous les mois, les rois jurent de respecter les lois, et les éphores de maintenir la royauté[80]. Leur pouvoir a des bornes : ils ne sont pas rééligibles ; ils sont soumis à reddition de comptes sur initiative de leurs successeurs et peuvent être mis à mort à cette occasion[81].
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+ Le modèle économique de Sparte se fonde sur une idéologie contre-économique particulièrement poussée. En théorie, il est interdit aux Homoioi (Pairs) d'exercer une activité productive, domaine exclusif des Périèques et des Hilotes[82]. Ces derniers sont chargés d'exploiter le kleros (lot de terre) des Homoioi, auxquels ils versent une rente (apophora). Comme les Grecs en général, les Périèques se consacrent principalement à l'agriculture, et probablement aussi à l'artisanat et au commerce.
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+ En théorie toujours, la monnaie est bannie par une triple série de mesures. D'abord, elle est rendue inutile : les repas sont assurés en commun ; le luxe et les arts frivoles sont bannis. La plupart des échanges sont donc non-monétaires. Ensuite, la monnaie est rendue difficile d'emploi : les pièces d'or et d'argent sont proscrites ; seule existe une monnaie en fer (nomisma) de valeur très faible comparée à son poids, puisqu'il faut une brouette pour transporter la somme assez modeste de dix mines (cent drachmes), et qui n'a pas cours à l'extérieur de la cité. Enfin, les richesses sont censées être méprisées.
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+ En réalité, la plupart des historiens s'accordent à penser que la Sparte archaïque n'a pas connu de loi interdisant la monnaie[83]. Plusieurs témoignages attestent également que les Lacédémoniens utilisent à l'époque classique des monnaies frappées[83]. Au lendemain de la guerre du Péloponnèse, la cité s'interroge d'ailleurs sur l'opportunité d'émettre un monnayage d'argent[84]. Elle décide finalement de conserver sa monnaie de fer pour les échanges particuliers, et de réserver l'usage des métaux précieux aux affaires de l'État. Elle rejoint les rangs du reste de la Grèce au début du IIIe siècle av. J.-C., à partir du règne d'Areus Ier qui, à l'instar des monarques hellénistiques, émet des monnaies à son effigie et à son nom[85].
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+ Malgré l'égalitarisme de la réforme de Lycurgue, la richesse est distribuée de manière très inégale entre les Spartiates. Hérodote peut ainsi évoquer des individus « d'une naissance distinguée, et des plus riches de la ville »[86]. Au IVe siècle av. J.-C., Aristote note que certains possèdent de grandes richesses, alors que d'autres n'ont presque rien, et que les terres sont concentrées entre les mains de quelques-uns[87]. S'il faut en croire Plutarque, une centaine de personnes seulement possèdent de la terre au IIIe siècle av. J.-C.[88].
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+ Comme les autres cités grecques, Sparte accorde une prépondérance marquée au fantassin lourd, l'hoplite, au détriment des archers et des autres troupes légères, ainsi que de la cavalerie. Elle se distingue cependant en ce que tous les citoyens en âge de porter les armes (20-60 ans) doivent servir comme hoplites, et non la fraction la plus riche, comme c'est le cas ailleurs. Les Périèques (habitants du pourtour de Sparte) combattent également comme hoplites, et même des Hilotes : les 700 Hilotes commandés par Brasidas en Chalcidique, pendant la guerre du Péloponnèse, en sont récompensés par un affranchissement[89]. Par la suite, Sparte crée des unités de Néodamodes, des Hilotes portant l'armure lourde, employés en renfort et en garnison.
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+ Sur le champ de bataille, les hoplites sont groupés par sections, les énomoties, qui comptent normalement un représentant de chaque classe mobilisée — 35 avant la bataille de Leuctres, 40 après[90]. Elles se déploient par ordre d'âge croissant, les jeunes se trouvant donc au premier rang. Au Ve siècle av. J.-C., l'armée est groupée par sections, puis par compagnies (pentécosties), bataillons (loches) et régiment (mores), chaque unité étant commandée par un officier. L'ensemble forme la phalange qui se bat en une seule ligne profonde de huit à douze hommes, renommée dans toute la Grèce pour sa puissance et sa discipline.
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+ Cette discipline se nourrit de l'importance particulière accordée à la « belle mort », c'est-à-dire la mort au combat, avec des blessures par-devant. Le citoyen mort à la guerre a droit à une stèle inscrite à son nom, alors que les autres doivent se contenter de tombes anonymes[91]. Inversement, ceux qui survivent sont suspects ; la mise au ban du corps social attend les lâches, les tresantes. Cette idéologie héroïque n'est pas sans motivations pratiques : l'efficacité de la phalange repose sur sa cohésion. Rester ferme à son poste est donc un devoir civique, mais aussi un gage de survie.
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+ Sparte apparaît aux autres cités grecques comme une spécialiste du combat : décrivant la cérémonie des ordres donnés le matin par le roi à ses troupes, Xénophon note : « si vous assistiez à cette scène, vous penseriez que tous les autres peuples ne sont, en fait de guerre, que des improvisateurs, et que les Lacédémoniens seuls sont vraiment des artistes en art militaire »[92]. Ses critiques lui reprochent même de n'être que cela : pour Platon, l'organisation politique de Sparte est « celle d'une armée en campagne plutôt que de gens vivant dans des villes »[93]. Les historiens préfèrent aujourd'hui relativiser l'image d'une Sparte militariste[94]. En effet, comme dans toutes les cités grecques, l'armée spartiate n'est pas un élément distinct du corps social ; la discipline de la phalange est d'inspiration civique, et non l'inverse.
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+ La religion occupe à Sparte une place plus importante que dans les autres cités. En témoigne le nombre de temples et de sanctuaires mentionnés par Pausanias lors de sa visite de la ville : 43 temples de divinités (hiéron), 22 temples de héros (hêrôon), une quinzaine de statues de dieux et quatre autels[95]. Il faut y ajouter les monuments funéraires — nombreux puisque Sparte enterre ses morts à l'intérieur de son périmètre[96] —, dont certains sont aussi des lieux de culte : c'est le cas de ceux de Lycurgue, Léonidas Ier ou encore Pausanias Ier[97].
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+ Les divinités féminines jouent un rôle plus important qu'ailleurs : sur 50 temples mentionnés par Pausanias, 34 sont consacrés à des déesses[98]. Athéna, sous un grand nombre d'épiclèses, est la plus honorée de toutes. Apollon n'a que peu de temples, mais son importance est cruciale : il joue un rôle dans toutes les grandes fêtes spartiates, et le plus important monument religieux de Laconie est le trône d'Apollon à Amyclées.
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+ Un autre trait particulier est le culte voué aux héros de la guerre de Troie. Achille est, selon Anaxagore, « honoré comme un dieu »[99], et il a deux sanctuaires. De même, sont vénérés Agamemnon, Cassandre (sous le nom d'Alexandra), Clytemnestre, Ménélas ou encore Hélène.
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+ Sparte rend également un culte important à Castor et Pollux, les Dioscures, fils jumeaux de Zeus. Pindare en fait les « intendants de Sparte »[100], et la tradition fait de la cité leur lieu de naissance. Leur dualité rappelle celle des rois. Un certain nombre de miracles leur est attribué, surtout dans la défense des armées spartiates (ils partent en campagne aux côtés des rois, représentés par des amphores jumelles).
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+ Enfin, Héraclès est également à Sparte une sorte de héros national[101]. Il est réputé avoir aidé Tyndare à recouvrer son trône. C'est lui qui aurait bâti dans la cité le temple d'Asclépios. Les douze travaux sont amplement représentés dans l'iconographie spartiate. C'est typiquement la divinité des jeunes.
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+ Les prêtres jouissent d'une place particulièrement importante. Les deux rois eux-mêmes ont un statut de prêtres : ils ont la charge des sacrifices publics, qui sont très importants, surtout en temps de guerre. Avant le départ d'une expédition, on sacrifie à Zeus Agétor, au moment de passer la frontière, c'est à Zeus et Athéna, et avant la bataille, à Arès Ényalios. Le respect des rites, des fêtes religieuses et des signes divins se manifeste dans beaucoup d'anecdotes, où les Spartiates renoncent au combat devant des augures défavorables, ou des manifestations comme des tremblements de terre.
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+ La religion à Sparte frappe également par ses aspects archaïques. Ainsi, on trouve des survivances de cultes non anthropomorphiques : Boiai, en Laconie, vénère un myrte sous le nom d'Artémis Sôteira[102]. Pausanias parle également de 15 xoana en Laconie, dont 6 à Sparte — ce sont des statues de bois à la représentation grossière, antérieure à la religion olympique. L'archaïsme se retrouve également dans les fêtes religieuses spartiates (voir Gymnopédies, Hyacinthies et Karneia), et dans certains sacrifices, comme celui de chevaux à Hélios sur le mont Taygète[103].
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+ Le premier exemple d'alphabet laconien remonte au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. : c'est la dédicace d'une aryballe pointue en bronze retrouvée dans le Ménélaion[104]. La netteté des lettres, incisées sur une surface assez dure, implique une certaine habitude et permet de penser que l'alphabétisation était déjà bien répandue. On estime généralement qu'elle remonte aux environs de 775 av. J.-C[105].
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+ À la fin du VIIe siècle av. J.-C., Sparte s'enorgueillit de posséder l'un des plus grands poètes élégiaques grecs[106], Tyrtée. Son origine est discutée dès l'Antiquité ; la Souda, un dictionnaire byzantin, hésite entre une naissance à Sparte même et à Milet, en Ionie. On a conservé de lui des fragments de onze élégies, qui concilient l'idéal aristocratique hérité d'Homère et l'idéal de la cité. L'orateur Lycurgue note que les Spartiates partant en guerre se réunissent pour écouter ses poèmes[107]. À la même période, Alcman est amené à Sparte en tant qu'esclave, puis affranchi par son maître ; ses poèmes connaissent un succès tel qu'ils sont lus chaque année durant la fête des Gymnopédies[108].
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+ Sparte sait également faire venir des poètes reconnus, comme Thalétas, Terpandre ou Timothée de Milet. Diverses traditions les montrent apaiser par leurs chants une crise (stasis) secouant la société spartiate, faisant ainsi d'eux des précurseurs de Lycurgue. Au VIe siècle av. J.-C., selon la tradition, la cité accueille l'un des maîtres de la poésie lyrique, Stésichore[109]. On a conservé de lui un fragment d'une palinodie dans laquelle il nie qu'Hélène soit jamais allée à Troie[110], sans doute par égards pour les Spartiates qui la considèrent comme une déesse[111]. Au début du Ve siècle av. J.-C., Simonide de Céos écrit un éloge funèbre des guerriers tombés à la bataille des Thermopyles[112], que les Spartiates semblent déclamer chaque année devant un monument à ces morts, soit à Sparte, soit aux Thermopyles[113].
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+ Curieusement, Sparte ne fait plus venir de poètes après la venue de Stésichore et ne suscite aucun auteur en son sein[114]. L'illettrisme des Spartiates est d'ailleurs proverbial à l'époque classique chez les Athéniens[115]. En réalité, il est plus que probable que les rois, les officiers généraux, les éphores, les gérontes et les Hippeis sachent lire et écrire[116]. Pour ce qui est des citoyens ordinaires, Justin rapporte que pendant les guerres de Messénie, les soldats spartiates écrivent leur nom et patronyme sur des plaquettes de bois qu'ils attachent à leur bras[117] — sorte d'ancêtres des plaques d'identité militaires. Plutarque cite également des lettres envoyées par des mères spartiates à leurs enfants soldats[118]. Il est difficile de savoir si ces deux mentions sont authentiques ou non. De manière plus crédible, Aristophane évoque une poétesse spartiate, Clitagora[119], et Jamblique mentionne plusieurs pythagoriciennes spartiates[120].
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+ À l'époque hellénistique, Sparte s'ouvre de nouveau à la littérature et produit des « antiquaires », c'est-à-dire des érudits, qui se spécialisent dans les curiosités de leur propre histoire. Le plus connu d'entre eux, Sosibios, laisse une série de traités sur les cultes et coutumes spartiates, dont le grammairien Athénée préserve quelque fragments. Parallèlement, les familles aisées prennent l'habitude d'envoyer leurs fils à l'étranger pour parfaire leur éducation ; on trouve ainsi un certain « Gorgus le Lacédémonien » parmi les disciples du célèbre stoïcien Panétios de Rhodes[121]. À l'époque romaine, Sparte devient l'un des centres grecs d'études supérieures[122].
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+ L'art laconien fleurit surtout à l'époque archaïque ; ses principaux modes d'expression sont la céramique, le bronze et l'ivoire.
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+ La contribution laconienne à la sculpture est bien loin d'atteindre celle d'autres régions grecques, mais peut se comparer à celle de la Béotie. Sparte possède une école de style dédalique au VIIe siècle av. J.-C. dont la production subsistante consiste essentiellement en figurines de terre cuite. Les reliefs funéraires du siècle suivant sont relativement médiocres, mais la statue dite de Léonidas suggère que le reste de la production ait pu être de meilleure qualité[123].
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+ S'agissant de l'architecture, Thucydide note : « supposons, en effet, que Sparte soit dévastée et qu'il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long espace de temps, sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les générations futures »[124]. Pour autant, Sparte n'est pas dépourvue de tout monument, comme en témoignent les chapitres que consacre Pausanias à la cité[125] : on peut citer la Skias (570-560 av. J.-C.), odéon de forme circulaire, le temple d'Athéna à la Maison de Bronze (fin du IVe siècle av. J.-C.) ou encore la stoa perse, dont la construction a été financée par le butin des guerres médiques. Hors de Sparte même se trouve également le sanctuaire d'Artémis Orthia.
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+ La céramique laconienne est de style géométrique jusqu'au milieu du VIIe siècle av. J.-C. Le Laconien I se caractérise par un décor alternant carrés et points noirs sur l'embouchure du vase ou encore par des rangées de grenades ; le décor figuré se réduit quasiment à des lions.
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+ Le Laconien II conserve des motifs orientalisants mais introduit la figure noire, presque exclusivement destinée à l'exportation. Cette production atteint son apogée vers 560-550 av. J.-C. ; ses débouchés sont principalement Tarente, colonie de Sparte, mais aussi l'Étrurie, la Cyrénaïque ou le delta du Nil. Le kylix (coupe) à pied haut est la forme privilégiée. On peut identifier quelques grands artistes, comme le Peintre de Naucratis, le Peintre des Boréades, le Peintre d'Arcésilas, le Peintre des Cavaliers et le Peintre de la Chasse. Ce dernier cesse sa production vers 530 av. J.-C. Durant la même décennie, l'exportation de la céramique figurée laconienne prend également fin, supplantée par la céramique à vernis noir.
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+ Les artistes spartiates aiment à représenter Héraclès, le plus souvent comme un hoplite ordinaire, ainsi que les satyres, les divinités trônantes et les démons ailés. En revanche, ni Apollon, ni les Dioscures ne sont identifiés avec certitude sur les vases ; les scènes tirées de la guerre de Troie brillent également par leur absence.
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+ Sparte se distingue également, à l'époque archaïque, par son travail du bronze. Ses artisans coulent des figurines dont l'exemple caractéristique est le cheval dit laconien, remarquable par l'impression de stabilité et de puissance contenue qu'il dégage[126]. Il se caractérise par une tête très longue, une encolure courte et une base rectangulaire ajourée dotée d'un appendice sur laquelle repose la queue de l'animal. Il est réalisé à partir d'un modèle en cire dure ; le bronze, à forte proportion d'étain, est coulé par les naseaux dans un moule segmenté selon la technique de la cire perdue ; la figurine démoulée ne fait pas l'objet de reprises. Ce type de figure, daté du milieu du VIIIe siècle av. J.-C., prédomine parmi les ex-voto géométriques d'Olympie. La production de figurines de bonne qualité persiste jusqu'au Ve siècle av. J.-C.. Si les chevaux sont généralement conçus pour être autonomes, la plupart des autres figurines sont destinées à décorer des articles de luxe, comme les miroirs[123].
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+ Les artistes laconiens réalisent également de grands vases, dont peut-être le cratère de Vix, haut de 1,64 mètre, daté de la fin du VIe siècle av. J.-C. : son origine exacte est disputée, mais il traduit une incontestable influence laconienne.
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+ Sparte se distingue d'abord peu des autres cités grecques. Homère évoque dans le Catalogue des vaisseaux la « creuse Lacédémone »[7], entourée par les monts Parnon et Taygète où, dans l'Odyssée, Artémis est représentée menant la chasse[127].
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+ Dès la fin de l'époque archaïque, cependant, Sparte émerge du lot, d'abord pour la puissance de sa phalange, ensuite pour son système politique, que beaucoup de poètes et Hérodote considèrent comme un modèle d'eunomie, c'est-à-dire de justice et de bon ordre[128]. Hérodote ainsi représente le roi spartiate en exil Démarate avertissant Xerxès que les Spartiates sont « les plus braves de tous les hommes » et soulignant que « la loi est pour eux un maître absolu »[129]. Cependant, aucune cité ne se dote d'une constitution similaire, même parmi celles qui adoptent une forme oligarchique.
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+ L'admiration pour le modèle spartiate se développe particulièrement à Athènes. Le premier de ces « laconisants » est Cimon, qui appelle son fils Lacédémonios[130] et persuade en 464 av. J.-C. ses concitoyens de venir en aide à Sparte, frappée par un tremblement de terre[131].
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+ Les historiens contemporains Thucydide puis Xénophon, pourtant athéniens de naissance, décrivent de façon plutôt très positive le modèle spartiate et surtout l'attitude de ses généraux et rois pendant la guerre du Péloponnèse. Notamment, la prudence de Sparte, ses multiples offres de faire la paix, refusées par la démocratie athénienne[1], et finalement, le refus de Sparte vainqueur de détruire Athènes (ce qui était réclamé pourtant par ses alliées Corinthe antique et par Thèbes (Grèce))[132].
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+ Il y a bien entendu un recouvrement entre le fait d'être "laconisant" et celui d'être partisan d'un modèle oligarchique : Critias, chef de file des Trente à qui Sparte, vainqueur et occupant, donne le pouvoir en 404 av. J.-C., est décrit comme un « laconisant notoire »[133], pour qui la constitution de Sparte est la meilleure de toutes[134].
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+ Parmi les sources qui nous sont parvenues, pour essayer de trouver des critiques de Sparte, il faudrait aller jusqu'à chercher dans le domaine de la mythologie (par exemple, Euripide représente ses personnages spartiates de l'époque de la Guerre de Troie, Ménélas et Hermione, comme des êtres détestables, obnubilés par la richesse et le pouvoir, brutaux et fourbes[135]).
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+ Au début du IVe siècle av. J.-C., Sparte a donc totalement vaincu Athènes dans la longue guerre du Péloponnèse. Beaucoup de Grecs attribuent la victoire à la supériorité de l'organisation politique spartiate[136]. C'est le cas notamment de la Constitution des Lacédémoniens, attribuée à Xénophon, qui a combattu contre sa propre cité sous les ordres du roi Agésilas II à la bataille de Coronée et a fait subir à ses fils l'éducation spartiate. De son côté, mais de façon anecdotique, Platon dénonce la mode par laquelle, pour imiter les Spartiates, « on se meurtrit les oreilles, on se met des courroies autour des bras, on s'exerce sans cesse dans les gymnases, on porte des vêtements fort courts, comme si c'était par là que les Lacédémoniens surpassent les autres Grecs »[137].
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+ Platon connaît bien les laconisants pour les avoir abondamment fréquentés pendant sa jeunesse. Son attitude vis-à-vis de Sparte est mesurée : il loue l'eunomie et la sagesse spartiate, reposant sur le bon sens, mais il dénonce dans la République sa transformation en timocratie, c'est-à-dire en régime où la recherche des honneurs est le principal moteur[138]. Il regrette dans la première partie des Lois que la musique soit si négligée à Sparte, mais loue le régime politique spartiate pour l'équilibre des pouvoirs — d'abord entre les deux rois, puis entre les rois, la gérousie et les éphores —, qui constitue pour lui un juste milieu entre la démocratie et la monarchie[139].
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+ Aristote se montre relativement critique dans sa Politique. Pour lui, les Hilotes ne constituent pas une bonne solution pour permettre aux citoyens d'être dégagés du travail, parce que les Spartiates les craignent en permanence. Ensuite, il dénonce une trop grande liberté laissée aux femmes. Il met en avant l'ampleur des inégalités sociales, et le fait que les deux cinquièmes de l'État soient possédés par les femmes. Sur le plan politique, l'élection démocratique des éphores lui paraît dangereuse, parce qu'elle conduit à la sélection d'hommes pauvres, donc vénaux ; leur pouvoir lui semble tyrannique. La gérousie n'est pas épargnée : ses membres sont séniles, corrompus et enclins au favoritisme. Comme Platon dans les Lois, il reproche à Sparte de se concentrer exclusivement sur la vertu militaire : sa victoire face à Athènes lui est fatale parce qu'elle ne sait pas gérer la paix.
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+ À l'époque hellénistique, Sparte est un objet d'intérêt pour les amateurs de philosophie politique, qui tendent à l'idéaliser. L'un des élèves d'Aristote, Dicéarque, rédige une Constitution des Lacédémoniens que les Spartiates apprécient au point de la faire lire une fois par an à leurs jeunes gens. Les Pythagoriciens sont généralement laconisants. Le traité Sur la loi et la justice, attribué à Archytas de Tarente mais en réalité une œuvre hellénistique, fait de Sparte l'exemple du régime idéal, une constitution mixte combinant démocratie (les hippagrètes et les koroi, c'est-à-dire la garde personnelle du roi), l'oligarchie (les éphores) et la monarchie (les rois). De même, les Cyniques collectionnent les « apophtegmes lacédémoniens », qu'Aristote cite déjà dans la Rhétorique comme de bonnes maximes de morale pratique[140].
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+ Sparte exerce également un attrait hors de Grèce. Bon nombre de cités d'Asie mineure ou de la côte du Latium se prétendent, de manière assez fantaisiste, des colonies de Sparte. Le premier livre des Macchabées[141] et les Antiquités juives de Flavius Josèphe[142] rapportent tous deux une lettre attribuée au roi Areus Ier et envoyée au grand prêtre Onias Ier, dans laquelle Areus clame une origine commune entre les Spartiates et les Juifs. En 168 av. J.-C., le grand prêtre Jason, déposé, gagne Sparte dans l'espoir d'y trouver refuge grâce à cette parenté commune[143]. En Italie, les Sabins pensent être les descendants de Spartiates ayant quitté leur cité-mère par dégoût de son austérité[144].
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+ À Rome, un courant laconisant existe dès la république : Caton le Jeune prend les Spartiates pour modèles[145] ; Brutus renomme « Eurotas » un cours d'eau de son domaine à la campagne et affecte un style laconien quand il écrit en grec[146]. Les institutions romaines sont souvent comparées à celles de Sparte : les deux consuls rappellent les deux rois, tandis que le Sénat évoque la gérousie. Pendant l'Empire, les Stoïciens admirent l'austérité des Spartiates, leur refus de reconnaître la défaite et leur mépris de la mort. Plutarque rédige la biographie de Lycurgue, d'Agésilas II, Lysandre, Agis IV et Cléomène III, et collectionne les apophtegmes lacédémoniens. Par la suite, l'influence spartiate se fait moins marquée. La Seconde Sophistique s'intéresse principalement à Athènes, mais recourt encore à Sparte pour proposer des sujets de rhétorique : « Faut-il donner des murailles à Sparte ? », « Les prisonniers de Sphactérie doivent-ils être punis pour lâcheté[147] ? »
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+ À la Renaissance, Sparte, et non Athènes, est considérée comme l'archétype des valeurs morales de l'Antiquité. L'humaniste italien Vergerio vante les mérites éducatifs de Sparte dans son traité (vers 1402) concernant l'éducation des jeunes princes. En 1436, Cyriaque d'Ancône visite les ruines de la ville et se lamente de la disparition de « cette noble cité », symbole de la « vertu humaine » et « célèbre pour la probité de son âme »[148]. Lacédémone devient le symbole du régime mixte dans les cités-États italiennes, et le contre-modèle de l'absolutisme royal en France, notamment dans la pensée protestante, principalement celle des monarchomaques. Le modèle spartiate se diffuse ensuite sous l'influence des nombreuses traductions de Plutarque[149].
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+ À travers Platon et Plutarque, Jean-Jacques Rousseau considère Sparte comme « le type même de la société politique juste » et « l'État où la vertu a été la plus pure et a duré le plus longtemps », selon l'universitaire Paule-Monique Vernes ; il la préfère ainsi à Athènes[150],[151]. Seuls Voltaire et le baron d'Holbach, parmi les plus connus, préfèrent la démocratie d'Athènes [152]. La Révolution française se réfère beaucoup à Sparte jusqu'à la chute de Robespierre. Celui-ci s'y réfère en effet abondamment, retenant « la cohésion de la société et du corps politique » de Lacédémone, tout en prenant parfois ses distances avec ce modèle. Après sa mort, les républicains délaissent Sparte, jugée étouffer la liberté sous l'autorité, au profit d'Athènes et de Rome, excepté quelques réminiscences chez Gracchus Babeuf et les « Égaux ». En réaction, c'est alors au tour du théoricien contre-révolutionnaire Joseph de Maistre de reprendre le référent spartiate. Une partie de l'érudition allemande (Karl Ottfried Müller, particulièrement dans les Doriens, et Werner Jaeger), et certains Français comme Maurice Barrès (Le Voyage de Sparte) y voient le génie de la « race » dorienne, l'« incarnation d'une politique consciemment raciste, guerrière et totalitaire »[153],[149],[154]. Au contraire, l'historien Henri-Irénée Marrou dénonce le « mirage spartiate »[155] : « loin de voir dans l'ἀγωγή une méthode sûre pour engendrer la grandeur, j'y dénonce l'impuissance radicale d'un peuple vaincu qui s'illusionne ». Pour lui, le malheur de Sparte est d'avoir mûri trop tôt. En voulant préserver l'héritage de l'époque archaïque, où Sparte connaissait aussi bien l'éducation militaire que les arts, elle s'est « crispée dans une attitude de refus et de défense, elle n'a plus connu que le culte stérile de la différence incommunicable ».
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+ En 1928, Adolf Hitler écrit que Sparte est le modèle du Troisième Reich à venir en tant que « premier État raciste » de l’histoire et archétype de l’État aryen. Après la Seconde Guerre mondiale, Sparte est mobilisée par l'écrivain fasciste Maurice Bardèche, qui entend ainsi montrer que l’extrême droite radicale n’est pas réductible aux États qui viennent de s’écrouler[154]. Maxime Rosso explique ainsi cette évolution :
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+ En France, Les Identitaires usent dès lors abondamment de références spartiates[154]. En Grèce, le parti d'extrême droite Aube dorée se défend des accusations de références au nazisme en affirmant que ce dernier a copié les Gréco-Romains, et en particulier Sparte, qui seraient son véritable modèle[154]. Sa perception populaire change avec la réinterprétation occidentalisée de Frank Miller, auteur en 1998 de la bande dessinée 300 adaptée au cinéma en 2006 ou encore celle du studio The Creative Assembly dans le jeu vidéo Spartan Total Warrior sorti en 2005[156].
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+ Un des premiers Occidentaux à avoir visité Sparte fut, en 1436, Cyriaque d'Ancône[148].
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+ On sait qu'au début des années 1620, Sir Thomas Roe, ambassadeur de Charles Ier à Constantinople employa divers agents « archéologues » qui parcoururent l'Empire ottoman. Il avait été en effet chargé de constituer des collections d'antiquités pour différents patrons, concurrents : le roi lui-même et deux de ses favoris Arundel et Buckingham. Un des agents de Roe explora les îles de l'Égée, Athènes et Sparte. Il acheta de nombreuses antiquités et des marbres. Cependant, il est impossible d'en savoir plus. Sa mort à Patras avant qu'il ait pu envoyer sa cargaison à Roe empêche d'en savoir plus[157].
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+ Le célèbre Lacédémone ancienne et nouvelle, Où l'on voit les Mœurs, & les Coutûmes des Grecs Modernes, des Mahométans, & des Juifs du Pays… Par le Sieur de la Guilletière., publié à Paris en 1676, un an après la description d'Athènes par le même auteur, de Guillet qui prétendait utiliser les souvenirs de son frère qui aurait voyagé dans l'Empire ottoman, était un faux (comme la description d'Athènes) conçu à partir de divers ouvrages d'érudits n'ayant jamais quitté leur cabinet[158]. Au contraire, la description par le commerçant britannique, Bernard Randolph, datant de 1687 est fiable. Il était sur place. Mais, il était plus intéressé (en tant que commerçant) par les réalités économiques que par les antiquités. Il nous apprend donc que la plaine de Sparte « est plaisante, remplie de petits villages, d'oliviers et de mûriers »[159].
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+ L'abbé Fourmont, envoyé en Grèce par Louis XV, revint avec de nombreuses inscriptions, dont une grande partie qu'il affirmait provenir de Sparte. Il fut prouvé en 1791 qu'elles étaient fausses, ce qui conduisit à remettre en cause l'ensemble de ce que Fourmont avait rapporté. Sa première lettre de Sparte est datée du 20 avril 1730. Le site était pratiquement vide. La cité ayant eu peu de bâtiments dans l'Antiquité, il ne restait presque rien au début du XVIIIe siècle. Ce fut peut-être pour cette raison que Fourmont commença alors à suppléer à l'absence par l'invention. Il prétend dans sa lettre avoir engagé une trentaine d'ouvriers, ne pas passer un jour sans faire de découverte, parfois découvrir plus de vingt inscriptions par jour, avoir des listes complètes d'éphores, prêtres et prêtresses, gymnasiarques, etc., avoir découvert les tombes de Lysandre et Agésilas. Il décrit la ville comme « une carrière d'inscriptions sur marbre [qu'il] exploite sans vergogne, renversant ses murs et ses temples ». Il y resta cependant jusqu'en juin 1730[160].
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+ La connotation militariste, l'usage de la symbolique spartiate par de nombreux mouvements nationalistes ou encore d'extrême-droite ou encore la controverse autour de l'interprétation de la constitution de la cité antique ont pu selon l'historien britannique Steve Hopkinson[161] spécialiste du sujet ralentir l'activité internationale de recherche qui jalonne le sujet spartiate tout au long des XIXe et XXe siècles. Le sujet serait alors relancé dans les années 1990 avec notamment la conférence internationale de 1997 sur l'histoire spartiate à Hay-on-Wye.
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+ Sparte (en grec ancien Σπάρτη / Spártê soit « semée », « parsemée » ou « éparse », grec moderne Σπάρτη / Spárti, en dorien Σπάρτα / Spárta) ou Lacédémone (Λακεδαίμων / Lakedaímôn) est une ancienne ville grecque du Péloponnèse, perpétuée aujourd'hui par la ville moderne du même nom de 18 185 habitants. Située sur l'Eurotas, dans la plaine de Laconie, entre le Taygète et le Parnon, elle est l'une des cités-États les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes.
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+ Déjà mentionnée dans l’Iliade, elle devient au VIIe siècle av. J.-C. la puissance dominante de sa région et prend la tête des forces grecques lors des Guerres médiques. Au Ve siècle av. J.-C., elle remporte la guerre du Péloponnèse qui l'oppose à Athènes, mais perd l'hégémonie après la défaite de Leuctres en 371 av. J.-C. contre les Thébains d'Épaminondas.
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+ Sparte se distingue des autres cités par un modèle social où la minorité des Homoioi (les « égaux ») exerce à plein temps la citoyenneté tandis que l'activité économique est assurée par les Périèques, population libre mais non-citoyenne, et par les Hilotes, dont le statut s'apparente à celui des serfs du Moyen Âge occidental. L'éducation est obligatoire, collective et organisée par la cité : elle vise à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés au bien de la cité. De fait, l'armée spartiate est renommée comme la plus puissante du monde grec.
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+ De plus, Sparte est la seule cité de Grèce dépourvue de murailles car d’après Lycurgue, « une ville bien défendue est celle qui est entourée d’un mur d’hommes, et non d’un mur de briques ».
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+ L'État spartiate s'étend au Ve siècle av. J.-C., selon Thucydide, sur les deux cinquièmes du Péloponnèse[1], soit près de 8 500 km2 et le triple de son rival athénien[2]. Il comprend deux régions principales, séparées par des montagnes.
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+ La Laconie au sens strict est le territoire délimité à l'ouest par le massif du Taygète, au sud et à l'est par la mer Méditerranée[3]. La frontière nord est plus changeante : victorieuse à la « bataille des Champions » en 545 av. J.-C., Sparte enlève à Argos le contrôle du plateau de Thyréatide (ou Kynourie). Désormais, la limite de la région passe par les environs de Thyréa (près de l'actuelle Astros), le sud du mont Parthénion, le bassin versant de l'Eurotas (englobant ainsi la Skiritide) puis le territoire aux pieds du mont Chelmos, identifié comme la Belminatide.
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+ La Messénie, conquise à la suite des guerres du même nom, s'étend à l'ouest du Taygète jusqu'à la Méditerranée ; elle est bordée au nord par la vallée de la Neda. Elle comprend plusieurs massifs montagneux, dont les monts Cyparissia, qui se prolongent vers le sud par l'Aigaléon et à l'est par l'Ithômé. Au centre se trouve la vallée de Messénie à proprement parler, baignée par le Pamissos ; on distingue la plaine du Stényclaros au nord de la crête de Scala et la plaine côtière appelée Macaria, « la Bienheureuse », au sud[4].
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+ Sparte à proprement parler est constituée de quatre villages : Limnai (« du lac »), Kynosoura (« queue de chien »), Mesoa (« central ») et Pitana (« pâtissiers »), qui ne sont pas pleinement réunis par un synœcisme à l'époque classique[5], d'ailleurs Σπάρτη / Spártê signifie « semée », « parsemée » ou « éparse ». Un cinquième village, Amyclées, distant de quelques kilomètres, vient s'y ajouter à une époque inconnue[6].
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+ Sparte apparaît déjà chez Homère : Ménélas, époux de la belle Hélène, règne sur « Lacédémone aux profondes vallées[7] ». La transition entre cette ancienne ville et la Sparte dorienne s'explique pour les Anciens par le « retour des Héraclides » : Hyllos, fils d'Héraclès, doit fuir le Péloponnèse à la suite des persécutions d'Eurysthée. Après plusieurs tentatives avortées, Téménos reconquiert la terre de son arrière-grand-père. Il prend pour lui la souveraineté d'Argos et donne à ses frères les royaumes voisins : Cresphontès reçoit la Messénie et Aristodème (ou ses fils) la Laconie.
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+ Les archéologues ont mis au jour 21 sites mycéniens habités en Laconie, dont Amyclées et le Ménélaion[8], qui ont pu être pris à l'époque classique pour des restes de la Sparte homérique[9]. Le retour des Héraclides a été interprété comme la version mythique d'une invasion des Doriens, un peuple venu du Nord et parlant le grec. Il semble en réalité qu'il ne se soit pas agi d'une invasion, mais d'une longue assimilation[10].
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+ D'après les données archéologiques, Sparte à proprement parler est fondée avant le milieu du Xe siècle av. J.-C., ce qui contredit la chronologie traditionnelle plaçant le « Retour » quelques générations après la chute de Troie[11]. On ne sait rien ou presque sur cette période de son histoire[11]. Les premières traces sûres de l'expansion spartiate remontent au VIIIe siècle, avec la conquête d'Amyclées, Pharis et Géronthrai[12]. Les Spartiates remontent ensuite vers les sources de l'Eurotas, puis se lancent dans la conquête de la Messénie, qui donne lieu à trois guerres dont ils sortent vainqueurs.
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+ Au début du Ve siècle av. J.-C., Sparte apparaît comme la championne de la Grèce face aux Perses pendant les Guerres médiques. Elle devient progressivement la rivale d'Athènes, qui a une politique de conquête impérialiste. Pendant la longue Guerre du Péloponnèse (431 à 404 av. J.-C.) Athènes refuse plusieurs fois la paix offerte par Sparte. Vers la fin de cette guerre, Sparte bénéficie des erreurs cumulées d'Athènes (expédition de Sicile, ...) et d'une aide financière de la Perse, soucieuse d'équilibrer les pouvoirs en Grèce, et hostile aux prétentions athéniennes en Ionie. Leur victoire de 404 av. J.-C. aiguise l'ambition des Spartiates, points de départ de l'expédition des Dix Mille (401-399). Même si l'expédition est un fiasco, elle démontre l'affaiblissement de l'empire perse ; cette expédition démontre également les possibilités de conquête militaire vers l'Est, ce dont Alexandre le Grand tire parti par la suite. Les Perses décident alors de financer les ennemis de Sparte (Athènes, Thèbes, puis Corinthe et Argos). En 396, la même année, les Spartiates sont victorieux sur terre à Coronée mais sont défaits sur mer à Cnide ; puis la longue et indécise guerre de Corinthe achève de secouer le joug spartiate (396-387). Face à cet échec, Sparte reconnaît en Grèce l'influence perse. Cette politique perse, de bascule entre les différentes cités, renforce Athènes, dont les prétentions inquiètent les dirigeants perses.
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+ À l'occasion de ce réchauffement diplomatique, la Paix d'Antalcidas de 387 av. J.-C. est jurée : Sparte est consacré hégémon de la Grèce et arbitre des libertés du monde grec. Asseyant son nouveau statut, Sparte installe peu à peu dans toutes les villes grecques des gouvernants à sa solde. En 382, elle prend le contrôle de Thèbes dont les opposants se réfugient à Athènes. En 378 Thèbes est libérée, les Spartiates chassés avec l'aide discrète des Athéniens. Sparte, incrédule sur le véritable rôle joué par sa rivale, lui déclare la guerre. La confédération athénienne est reformée (377), à laquelle se joint Thèbes, contre Sparte. En 376 av. J.-C. (bataille de Naxos), Sparte est défaite, sa flotte militaire coulée par la marine de la nouvelle confédération athénienne, remettant définitivement en cause son hégémonie navale. En 375, Sparte essaye vainement de reprendre Thèbes et est même peu à peu chassée de Béotie (bataille de Tégyres 375) ; elle tente sans succès de prendre Athènes par surprise (coup de Sphodrias) (375). Sparte est aussi chassée de Corcyre, nouvelle alliée des Athéniens (375). Sparte est ensuite attaquée en Phocide par les Thébains (375/4). Plus au nord, la Thessalie est unifiée par Jason de Phères (375/4), constituant une nouvelle menace pour Lacédémone. Sparte est débordée sur tous les fronts. Devant cette situation critique, Sparte a besoin d'une pause et d'aide extérieure : l'aide est demandée à un vieil allié, Denys de Syracuse, qui la lui donne, et un armistice est demandé à Athènes, qui y consent (paix de 374). Mais rien n'est réglé : Thèbes continue à reconquérir la Béotie (elle rase Platées en 373) et Corcyre refuse toujours de rejoindre Sparte, obligeant Athènes à la soutenir (373). Sparte est toujours embourbée en Phocide où les Thébains progressent. C'est dans ce contexte que Sparte envoie une puissante armée pour écraser la puissance croissante de Thèbes, mais cette armée est défaite à la bataille de Leuctres de 371 av. J.-C. et perd 400 de ses 2 000 homoioi. Sparte ne se remettra jamais de cette lourde perte de son corps civique et militaire et se replie sur le Péloponnèse, réduisant ses prétentions à la Laconie.
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+ À mesure que les Thébains descendent dans le Péloponnèse (371/370), les alliés de Sparte se rallient à eux, donnant l'hégémonie sur la Grèce à Thèbes. L'armée ennemie grossit tant et si bien que la Laconie est pillée par les Thébains et mise à sac sans que les Spartiates n'osent intervenir, chose inédite jusqu'alors. Cette mise à sac matérialise la fin de la suprématie spartiate sur la Grèce. Thèbes ruine sa domination sur ses esclaves périèques et hilotes : la Messénie est libérée par Épaminondas et sa capitale (Messène) refondée pour faire contrepoids à Sparte. La fédération arcadienne renaît comme sa capitale Mantinée (370). Mais Sparte n'est pas encore détruite : l'assaut thébain sur la ville est repoussé par la résistance organisée par Agésilas. Plusieurs expéditions thébaines sont nécessaires pour l'empêcher de rétablir sa domination (en 370, 369...). Sparte doit sa survie à la politique de bascule pratiquée par les Thébains et à la nouvelle alliance avec Athènes : en effet, Thèbes évite de trop renforcer les puissants Arcadiens, tandis que la nouvelle alliance spartiate-athénienne est officialisée en 369. La tentative hégémonique maritime de Thèbes (365/364) sur l'Égée et l'Asie mineure crée les conditions d'un soutien perse à cette alliance entre Sparte et Athènes. Les Thessaliens parviennent à affaiblir Thèbes, en tuant Pélopidas (364). Deux ans plus tard, Sparte gagne la bataille de Mantinée de 362 av. J.-C. bien que moins nombreux et parviennent à tuer le général Épaminondas (mort illustrée par Euphranor) et transforment ainsi une bataille indécise en victoire[réf. nécessaire]. Cependant, cette victoire masque mal la réalité des rapports de force : le gros des troupes était athénien. L'irruption de la Macédoine dans le jeu politique des cités grecques (à partir des années 350) augmente encore l’affaiblissement et l’isolement de Sparte. Après la victoire de Philippe II de Macédoine à Chéronée en -338, la Grèce entière est dominée par les Macédoniens, à l’exception de Sparte qui devient la dernière cité libre de Grèce.
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+ Au IIIe siècle av. J.-C., les difficultés dues à son système socio-politique et au déclin de sa population d’Homoioi entraînent plusieurs réformes menées successivement par Agis IV, Cléomène III puis par l'usurpateur Nabis. Sparte s'allie à Rome contre la ligue étolienne. Elle doit cependant lutter aussi contre la ligue achéenne et finit comme les autres cités par être absorbée par Rome en 146 av. J.-C.
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+ Sous l'Empire romain[14], Sparte bénéficie du statut avantageux de cité libre et conserve des institutions spécifiques. Elle jouit d'un prestige certain en raison de la gloire de son passé et tente de remettre en valeur l'agogé spartiate, cultivant même dans les années 130 un archaïsme linguistique[15]. Les empereurs romains reconnaissent et utilisent parfois ce prestige, ainsi Lucius Verus et Caracalla ont des contingents de Spartiates parmi les troupes qu'ils mènent contre les Parthes, répétant la lutte passée contre les Perses. En 396, Sparte est mise à sac par les Goths d'Alaric et ne semble pas s'en être relevée, le site n'est plus que hameaux de bergers... Jean d'Éphèse relate que trois siècles plus tard, ce sont les duchés slaves des Ézérites et des Mélinges qui s'installent dans la région, avant d'être absorbés par les autochtones grecs.
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+ Une ville est refondée sur le site en 1834 : c'est la Sparte actuelle.
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+ Les citoyens Spartiates ne représentent qu'une faible partie de la population globale de la cité. Selon Isocrate, ce sont 2 000 Doriens qui envahissent la Laconie[16], simple supposition sans valeur réelle[17]. Aristote rapporte que selon certains, les Spartiates sont au nombre de 10 000 sous les premiers rois[18]. Là encore, il est difficile de porter foi à ce chiffre rond[17]. La première mention fiable est celle que fournit Hérodote : en 480 av. J.-C., le roi Démarate estime le nombre des hoplites mobilisables à un peu plus de 8 000[19] ; un an plus tard, 5 000 hoplites spartiates sont présents à la bataille de Platées[20]. Ce nombre décroît tout au long du Ve, principalement en raison du tremblement de terre de 464 av. J.-C., qui selon Plutarque[21], détruit le gymnase, tuant ainsi tous les éphèbes, et de la révolte des Hilotes (10 ans de guérilla). Ainsi, à la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C., il n'y a plus que 1 200 hoplites mobilisables[22], dont 400 meurent au cours du combat. Aristote assure que de son temps, on compte à peine mille citoyens[23].
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+ Le nombre de Périèques est supérieur au nombre d’Homoioi. On peut penser qu'il y avait environ cent agglomérations périèques : Sparte était surnommée, selon Strabon, la « cité aux cent villes »[24]. Les Hilotes, eux, peuvent être estimés de 150 000 à 200 000. D'après Thucydide, c'est le plus important groupe servile de Grèce[25].
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+ Seuls jouissent de droits politiques les Spartiates à proprement parler[26], aussi appelés ἄστοι / astoi (« citadins ») — terme plus aristocratique que l'habituel πολίτης / polítês[27] — ou encore Ὅμοιοι / Hómoioi[28] c'est-à-dire « les Pairs », « les Semblables »[29]. Il n'est pas certain que tous les Spartiates soient des Homoioi : certains citoyens, considérés comme des lâches au combat, sont soumis à toutes sortes de brimades et de vexations : obligation de payer la taxe des célibataires, rejet dans les équipes de ballon et les chœurs[30]. L'historiographie les appelle traditionnellement les tresantes, les tremblants. Ils ne cessent pas d'être citoyens, mais deviennent des citoyens de seconde zone.
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+ Pour être un citoyen spartiate, quatre conditions doivent être réunies[31] :
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+ Le terme Homoioi témoigne, selon Thucydide, du fait qu'à Sparte « s'est instaurée la plus grande égalité dans les genres de vie entre les possédants et le grand nombre »[32] : tous mènent une vie commune et austère.
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+ Les Hilotes sont les paysans dépendants de Sparte. Leur statut est créé avec la réforme de Lycurgue. Ils ne sont pas des esclaves-marchandises, mais leur statut est souvent rapproché des serfs médiévaux :
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+ Exceptionnellement, ils sont enrôlés pour combattre, et peuvent être affranchis ensuite. Plus nombreux que les Homoioi, ils ont subi la réforme de Lycurgue en étant mis à l'écart. Craignant leur révolte, les Spartiates leur déclarent solennellement la guerre chaque année[33], les avilissent en permanence et les terrorisent[34].
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+ De la même façon, les Périèques (habitants du pourtour) sont libres mais appartiennent néanmoins à l'État lacédémonien et comme tels, ils servent dans l'armée civique[35]. En revanche, ils ne jouissent d'aucun droit politique dans ce cadre[36] : ils ne peuvent pas accéder aux magistratures ni même participer à l'Assemblée[37]. Pour autant, ils sont libres et citoyens de leurs propres villes. Ils détiennent le monopole du commerce et partagent celui de l'artisanat avec les Hilotes. Ils comptent également des paysans, refoulés sur les terres médiocres.
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+ Sparte possède également d'autres catégories d'hommes libres non-citoyens, appelées conventionnellement Inférieurs : citoyens déchus par pauvreté (ne pouvant plus payer leur part aux syssities) ou par lâcheté au combat (les tresantes), Hilotes affranchis (néodamodes), Skirites, etc.
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+ Établie par « Lycurgue » et ne prenant fin qu'à l'époque romaine, l'éducation spartiate ou ἀγωγή / agôgế[38] présente les particularités d'être obligatoire, collective et organisée par la cité[39]. Symbole de « l'exception spartiate », elle est également mal connue : la plupart des sources sont tardives. Or l’agôgê a connu au moins une interruption, imposée par la Ligue achéenne au IIe siècle av. J.-C., et peut-être une autre au IIIe siècle av. J.-C.[40]. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure les descriptions hellénistiques et romaines peuvent également s'appliquer à la période archaïque et classique.
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+ Selon Plutarque, le nouveau-né spartiate est examiné par une commission d'anciens pour déterminer s'il est beau et bien formé. Si ce n'est pas le cas, il est considéré comme une bouche inutile et une charge pour la cité : il est jeté dans un précipice appelé le gouffre des Apothètes[41]. Cette affirmation, rapportée par le seul Plutarque, est aujourd'hui remise en doute par des archéologues, qui n'ont trouvé aucun ossement d'enfant à l'endroit indiqué[42]. En outre, au moins à l'époque romaine, la décision d'élever ou non un enfant est laissée à la famille, comme partout ailleurs en Grèce[43].
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+ De l'enfance à l'âge adulte (de 7 à 20 ans inclus), le jeune Spartiate est embrigadé par classe d'âge, hors de la tutelle parentale[44]. Il vit à la dure : le crâne rasé[45], il ne reçoit qu'un manteau (himation) par an et marche pieds nus[46] ; il dort sur une paillasse de roseaux de l'Eurotas qu'il a cassés à la main[47]. Divers concours (combats rituels à Platanistas[48], flagellation au sanctuaire d'Artémis Orthia[49]) visent à mettre en avant les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur. Cette éducation entend former des soldats obéissants, efficaces et attachés au bien de la cité, avant leur gloire ou leur bien-être personnel[50].
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+ Sparte prévoit une éducation pour les filles. Elle consiste principalement en un entraînement sportif, où les femmes s'entraînent nues comme les hommes, ce qui entraîne la moquerie des athéniennes dans Aristophane[51]. Ceci peut-être dans le but ultime de produire des mères fortes et saines, aptes à engendrer des enfants vigoureux[52]. Elle comprend également un apprentissage de la musique et de la danse, indispensables pour les fêtes religieuses.
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+ Les femmes spartiates se distinguent également des autres femmes grecques par leur mariage. Alors que les jeunes Athéniennes épousent à l'âge de 15 ans environ un homme qui en a le double[53], les Spartiates se marient rarement avant l'âge de 18 ans, et avec un époux du même âge qu'elles. La fidélité n'est pas une obligation, et fréquentes sont les femmes à avoir un enfant d'un autre homme, pour peu que leur mari soit d'accord. Le couple vit dans des communautés regroupant d'autres guerriers, et une trop grande intimité entre le mari et la femme, considérée comme un obstacle à la passion, n'est pas encouragée[54]. Le mariage lui-même se fait par enlèvement ; on rase ensuite le crâne de la jeune fille, qui est habillée en homme et laissée dans une pièce sans lumière où elle est rejointe par son époux, qui a quitté discrètement le banquet commun[55].
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+ Devenue mère, la femme spartiate est censée se conformer à un modèle héroïque dont les Apophtegmes lacédémoniens de Plutarque donnent de bons exemples. Dans ce recueil, on voit des Lacédémoniennes exhorter leurs enfants au courage, se réjouir de la mort glorieuse de leurs fils au combat et inversement s'indigner de les voir revenir en vie alors que les autres sont morts. Dans l'un des aphorismes les plus célèbres, une mère dit à son fils de revenir avec son bouclier ou sur son bouclier, c'est-à-dire vainqueur ou mort[56]. La réalité n'est pas si édifiante : lorsque Thèbes envahit Sparte après la bataille de Leuctres, les femmes s'enfuient[57], voire causent plus de désordres dans la ville que les ennemis[58].
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+ Le système politique spartiate, ainsi que le système d'éducation, sont censés être l'œuvre du mythique Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., bien que Plutarque le situe au IXe ou au VIIIe siècle av. J.-C. Fils d'un roi spartiate, ce dernier serait allé au sanctuaire de Delphes consulter la Pythie, et en aurait rapporté la future constitution spartiate, la Grande Rhêtra. Probablement non écrite, cette constitution est élaborée à l'issue des longues guerres de Messénie, qui fragilisent l'aristocratie et l'ensemble de la cité. Pour permettre à la cité de subsister, l’eunomie (égalité de la loi pour tous) est alors instituée, censée résoudre mécontentements et privilèges. Mais à la différence d'Athènes, l'eunomie est synonyme de grande discipline. Toutes les composantes de la cité font des sacrifices : la royauté, l'aristocratie, le peuple.
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+ Le système de Lycurgue fait coexister des éléments de quatre régimes :
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+ La crise du VIIe siècle av. J.-C. n'a pu être résolue que par la création d'une armée d'hoplites, succédant aux guerriers à cheval ou en chars peu nombreux. C'est la création de cette classe de citoyens, par l'absorption de l'aristocratie foncière dans la masse populaire, qui fonde l'isonomie.
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+ Cette absorption a été poussée très loin, afin de créer une égalité totale :
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+ L'assemblée est le rassemblement des Égaux. Elle est rassemblée à dates fixes.
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+ Les projets mis en forme par la gérousie lui sont soumis. Elle approuve ou non, sans les discuter (aucun citoyen ne prend la parole), les amendements proposés par les éphores. Elle vote les décisions par acclamations, ou, beaucoup plus rarement, par déplacement des votants, mais son vote ne lie pas la gérousie qui peut considérer que le peuple s'est trompé.
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+ Elle élit également les éphores et les gérontes, par un procédé qui paraît puéril à Aristote : des individus enfermés dans un lieu clos mesurent l'intensité des acclamations. Son fonctionnement réel nous est peu connu. On ignore si tous les Spartiates pouvaient y prendre la parole, par exemple pour proposer une loi ou un amendement, ou si l'assemblée se contentait d'élire les éphores et des gérontes.
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+ Pour Aristote, l'assemblée a un pouvoir si faible qu'il ne la mentionne même pas comme élément démocratique du régime spartiate.
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+ À partir de la réforme de Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., Sparte possède deux rois supposés égaux. L'un fait partie de la famille des Agiades, l'autre celle des Eurypontides, deux familles issues, selon la légende, de jumeaux descendants d'Héraclès. Les familles ne peuvent se marier entre elles, et leurs tombeaux se trouvent en des endroits différents[59].
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+ Le pouvoir royal se transmet au « plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir le plus royal »[60], c'est-à-dire que le fils passe avant le frère, qu'il y a droit d'aînesse mais que le fils né quand le père est déjà roi prime sur ceux pour lesquels tel n'est pas le cas. Néanmoins, il semble que les Spartiates interprètent de manière libérale cette règle de succession[61].
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+ Les pouvoirs des rois sont essentiellement militaires et religieux[62]. Au début, ils peuvent mener la guerre contre le pays de leur choix, et leur pouvoir est collégial[62]. En 506 av. J.-C., c'est le « divorce d'Éleusis » et par la suite, les rois mènent campagne seuls. C'est l'Assemblée qui vote la guerre au Ve siècle av. J.-C.[63], et au moins à partir du siècle suivant, les éphores décident de la mobilisation[64],[65]. Quoi qu'il en soit, le roi en campagne est le commandant en chef[66]. Il prime sur les autres généraux, peut conclure les trêves, et combat au premier rang à l'aile droite[67], protégé par une garde d'honneur de cent hommes[68].
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+ La gérousie est une assemblée de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, élus à vie par acclamation à l'Assemblée, après acte de candidature, et des deux rois[69]. Choisis en fonction de leur vertu militaire, les gérontes appartiennent pour la plupart aux grandes familles de Sparte. Cependant, chaque citoyen, sans condition de fortune ou de rang, peut se porter candidat. Ces différents critères de choix en font l'instrument du conservatisme.
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+ Ils jouent un rôle politique éminent : ils sont seuls à pouvoir préparer les lois, et à en avoir l'initiative[70]. Ils ont également l'équivalent d'un droit de veto sur les votes de l'Assemblée, probablement à une époque où les éphores peuvent aussi introduire des propositions de loi ; jusqu'au IIIe siècle av. J.-C., on ne connaît aucun veto de la gérousie[71]. Ils gèrent toutes les affaires de politique intérieure. Ils ne rendent pas de comptes.
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+ Ils constituent également le tribunal suprême, qui juge les crimes et prononce la peine de mort et la perte des droits civiques[70]. Réunis avec les éphores, ils peuvent même juger les rois[72].
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+ Les cinq éphores sont un directoire qui constitue de véritables antagonistes aux rois. La date de leur fondation n'est pas connue. Ils sont élus pour un an par l'assemblée, et non rééligibles.
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+ Comme leur nom — dérivé du verbe oraô, « surveiller » — l'indique, ils sont chargés de surveiller les rois et les habitants de la cité, et notamment de s'assurer du respect des traditions[73]. Ils peuvent infliger des amendes, des peines de prison (même aux rois) et ordonner des exécutions — notamment, faire exécuter sans jugement des Hilotes, comme pendant la kryptie[74]. Ils sont également chargés des affaires étrangères, exécutent les décisions de l'assemblée (qu'ils président), ordonnent la mobilisation et prennent d'eux-mêmes des décisions urgentes[75]. L'un d'entre eux (on ne sait comment il est choisi) donne son nom à l'année et aux documents officiels : on l'appelle ainsi l'éphore éponyme[76]. Susceptibles d'être choisis parmi les citoyens d'extraction modeste, ils sont un élément d'égalitarisme dans la société spartiate.
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99
+ Leur pouvoir est si grand qu'Aristote le qualifie d'« égal à celui des tyrans »[77],[78]. En fait, ils sont censés représenter le peuple : Cicéron les compare aux tribuns de la plèbe[79]. Tous les mois, les rois jurent de respecter les lois, et les éphores de maintenir la royauté[80]. Leur pouvoir a des bornes : ils ne sont pas rééligibles ; ils sont soumis à reddition de comptes sur initiative de leurs successeurs et peuvent être mis à mort à cette occasion[81].
100
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101
+ Le modèle économique de Sparte se fonde sur une idéologie contre-économique particulièrement poussée. En théorie, il est interdit aux Homoioi (Pairs) d'exercer une activité productive, domaine exclusif des Périèques et des Hilotes[82]. Ces derniers sont chargés d'exploiter le kleros (lot de terre) des Homoioi, auxquels ils versent une rente (apophora). Comme les Grecs en général, les Périèques se consacrent principalement à l'agriculture, et probablement aussi à l'artisanat et au commerce.
102
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103
+ En théorie toujours, la monnaie est bannie par une triple série de mesures. D'abord, elle est rendue inutile : les repas sont assurés en commun ; le luxe et les arts frivoles sont bannis. La plupart des échanges sont donc non-monétaires. Ensuite, la monnaie est rendue difficile d'emploi : les pièces d'or et d'argent sont proscrites ; seule existe une monnaie en fer (nomisma) de valeur très faible comparée à son poids, puisqu'il faut une brouette pour transporter la somme assez modeste de dix mines (cent drachmes), et qui n'a pas cours à l'extérieur de la cité. Enfin, les richesses sont censées être méprisées.
104
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+ En réalité, la plupart des historiens s'accordent à penser que la Sparte archaïque n'a pas connu de loi interdisant la monnaie[83]. Plusieurs témoignages attestent également que les Lacédémoniens utilisent à l'époque classique des monnaies frappées[83]. Au lendemain de la guerre du Péloponnèse, la cité s'interroge d'ailleurs sur l'opportunité d'émettre un monnayage d'argent[84]. Elle décide finalement de conserver sa monnaie de fer pour les échanges particuliers, et de réserver l'usage des métaux précieux aux affaires de l'État. Elle rejoint les rangs du reste de la Grèce au début du IIIe siècle av. J.-C., à partir du règne d'Areus Ier qui, à l'instar des monarques hellénistiques, émet des monnaies à son effigie et à son nom[85].
106
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107
+ Malgré l'égalitarisme de la réforme de Lycurgue, la richesse est distribuée de manière très inégale entre les Spartiates. Hérodote peut ainsi évoquer des individus « d'une naissance distinguée, et des plus riches de la ville »[86]. Au IVe siècle av. J.-C., Aristote note que certains possèdent de grandes richesses, alors que d'autres n'ont presque rien, et que les terres sont concentrées entre les mains de quelques-uns[87]. S'il faut en croire Plutarque, une centaine de personnes seulement possèdent de la terre au IIIe siècle av. J.-C.[88].
108
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+ Comme les autres cités grecques, Sparte accorde une prépondérance marquée au fantassin lourd, l'hoplite, au détriment des archers et des autres troupes légères, ainsi que de la cavalerie. Elle se distingue cependant en ce que tous les citoyens en âge de porter les armes (20-60 ans) doivent servir comme hoplites, et non la fraction la plus riche, comme c'est le cas ailleurs. Les Périèques (habitants du pourtour de Sparte) combattent également comme hoplites, et même des Hilotes : les 700 Hilotes commandés par Brasidas en Chalcidique, pendant la guerre du Péloponnèse, en sont récompensés par un affranchissement[89]. Par la suite, Sparte crée des unités de Néodamodes, des Hilotes portant l'armure lourde, employés en renfort et en garnison.
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+ Sur le champ de bataille, les hoplites sont groupés par sections, les énomoties, qui comptent normalement un représentant de chaque classe mobilisée — 35 avant la bataille de Leuctres, 40 après[90]. Elles se déploient par ordre d'âge croissant, les jeunes se trouvant donc au premier rang. Au Ve siècle av. J.-C., l'armée est groupée par sections, puis par compagnies (pentécosties), bataillons (loches) et régiment (mores), chaque unité étant commandée par un officier. L'ensemble forme la phalange qui se bat en une seule ligne profonde de huit à douze hommes, renommée dans toute la Grèce pour sa puissance et sa discipline.
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+ Cette discipline se nourrit de l'importance particulière accordée à la « belle mort », c'est-à-dire la mort au combat, avec des blessures par-devant. Le citoyen mort à la guerre a droit à une stèle inscrite à son nom, alors que les autres doivent se contenter de tombes anonymes[91]. Inversement, ceux qui survivent sont suspects ; la mise au ban du corps social attend les lâches, les tresantes. Cette idéologie héroïque n'est pas sans motivations pratiques : l'efficacité de la phalange repose sur sa cohésion. Rester ferme à son poste est donc un devoir civique, mais aussi un gage de survie.
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+ Sparte apparaît aux autres cités grecques comme une spécialiste du combat : décrivant la cérémonie des ordres donnés le matin par le roi à ses troupes, Xénophon note : « si vous assistiez à cette scène, vous penseriez que tous les autres peuples ne sont, en fait de guerre, que des improvisateurs, et que les Lacédémoniens seuls sont vraiment des artistes en art militaire »[92]. Ses critiques lui reprochent même de n'être que cela : pour Platon, l'organisation politique de Sparte est « celle d'une armée en campagne plutôt que de gens vivant dans des villes »[93]. Les historiens préfèrent aujourd'hui relativiser l'image d'une Sparte militariste[94]. En effet, comme dans toutes les cités grecques, l'armée spartiate n'est pas un élément distinct du corps social ; la discipline de la phalange est d'inspiration civique, et non l'inverse.
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+ La religion occupe à Sparte une place plus importante que dans les autres cités. En témoigne le nombre de temples et de sanctuaires mentionnés par Pausanias lors de sa visite de la ville : 43 temples de divinités (hiéron), 22 temples de héros (hêrôon), une quinzaine de statues de dieux et quatre autels[95]. Il faut y ajouter les monuments funéraires — nombreux puisque Sparte enterre ses morts à l'intérieur de son périmètre[96] —, dont certains sont aussi des lieux de culte : c'est le cas de ceux de Lycurgue, Léonidas Ier ou encore Pausanias Ier[97].
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+ Les divinités féminines jouent un rôle plus important qu'ailleurs : sur 50 temples mentionnés par Pausanias, 34 sont consacrés à des déesses[98]. Athéna, sous un grand nombre d'épiclèses, est la plus honorée de toutes. Apollon n'a que peu de temples, mais son importance est cruciale : il joue un rôle dans toutes les grandes fêtes spartiates, et le plus important monument religieux de Laconie est le trône d'Apollon à Amyclées.
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+ Un autre trait particulier est le culte voué aux héros de la guerre de Troie. Achille est, selon Anaxagore, « honoré comme un dieu »[99], et il a deux sanctuaires. De même, sont vénérés Agamemnon, Cassandre (sous le nom d'Alexandra), Clytemnestre, Ménélas ou encore Hélène.
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+ Sparte rend également un culte important à Castor et Pollux, les Dioscures, fils jumeaux de Zeus. Pindare en fait les « intendants de Sparte »[100], et la tradition fait de la cité leur lieu de naissance. Leur dualité rappelle celle des rois. Un certain nombre de miracles leur est attribué, surtout dans la défense des armées spartiates (ils partent en campagne aux côtés des rois, représentés par des amphores jumelles).
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+ Enfin, Héraclès est également à Sparte une sorte de héros national[101]. Il est réputé avoir aidé Tyndare à recouvrer son trône. C'est lui qui aurait bâti dans la cité le temple d'Asclépios. Les douze travaux sont amplement représentés dans l'iconographie spartiate. C'est typiquement la divinité des jeunes.
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+ Les prêtres jouissent d'une place particulièrement importante. Les deux rois eux-mêmes ont un statut de prêtres : ils ont la charge des sacrifices publics, qui sont très importants, surtout en temps de guerre. Avant le départ d'une expédition, on sacrifie à Zeus Agétor, au moment de passer la frontière, c'est à Zeus et Athéna, et avant la bataille, à Arès Ényalios. Le respect des rites, des fêtes religieuses et des signes divins se manifeste dans beaucoup d'anecdotes, où les Spartiates renoncent au combat devant des augures défavorables, ou des manifestations comme des tremblements de terre.
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+ La religion à Sparte frappe également par ses aspects archaïques. Ainsi, on trouve des survivances de cultes non anthropomorphiques : Boiai, en Laconie, vénère un myrte sous le nom d'Artémis Sôteira[102]. Pausanias parle également de 15 xoana en Laconie, dont 6 à Sparte — ce sont des statues de bois à la représentation grossière, antérieure à la religion olympique. L'archaïsme se retrouve également dans les fêtes religieuses spartiates (voir Gymnopédies, Hyacinthies et Karneia), et dans certains sacrifices, comme celui de chevaux à Hélios sur le mont Taygète[103].
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+ Le premier exemple d'alphabet laconien remonte au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. : c'est la dédicace d'une aryballe pointue en bronze retrouvée dans le Ménélaion[104]. La netteté des lettres, incisées sur une surface assez dure, implique une certaine habitude et permet de penser que l'alphabétisation était déjà bien répandue. On estime généralement qu'elle remonte aux environs de 775 av. J.-C[105].
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+ À la fin du VIIe siècle av. J.-C., Sparte s'enorgueillit de posséder l'un des plus grands poètes élégiaques grecs[106], Tyrtée. Son origine est discutée dès l'Antiquité ; la Souda, un dictionnaire byzantin, hésite entre une naissance à Sparte même et à Milet, en Ionie. On a conservé de lui des fragments de onze élégies, qui concilient l'idéal aristocratique hérité d'Homère et l'idéal de la cité. L'orateur Lycurgue note que les Spartiates partant en guerre se réunissent pour écouter ses poèmes[107]. À la même période, Alcman est amené à Sparte en tant qu'esclave, puis affranchi par son maître ; ses poèmes connaissent un succès tel qu'ils sont lus chaque année durant la fête des Gymnopédies[108].
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+ Sparte sait également faire venir des poètes reconnus, comme Thalétas, Terpandre ou Timothée de Milet. Diverses traditions les montrent apaiser par leurs chants une crise (stasis) secouant la société spartiate, faisant ainsi d'eux des précurseurs de Lycurgue. Au VIe siècle av. J.-C., selon la tradition, la cité accueille l'un des maîtres de la poésie lyrique, Stésichore[109]. On a conservé de lui un fragment d'une palinodie dans laquelle il nie qu'Hélène soit jamais allée à Troie[110], sans doute par égards pour les Spartiates qui la considèrent comme une déesse[111]. Au début du Ve siècle av. J.-C., Simonide de Céos écrit un éloge funèbre des guerriers tombés à la bataille des Thermopyles[112], que les Spartiates semblent déclamer chaque année devant un monument à ces morts, soit à Sparte, soit aux Thermopyles[113].
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+ Curieusement, Sparte ne fait plus venir de poètes après la venue de Stésichore et ne suscite aucun auteur en son sein[114]. L'illettrisme des Spartiates est d'ailleurs proverbial à l'époque classique chez les Athéniens[115]. En réalité, il est plus que probable que les rois, les officiers généraux, les éphores, les gérontes et les Hippeis sachent lire et écrire[116]. Pour ce qui est des citoyens ordinaires, Justin rapporte que pendant les guerres de Messénie, les soldats spartiates écrivent leur nom et patronyme sur des plaquettes de bois qu'ils attachent à leur bras[117] — sorte d'ancêtres des plaques d'identité militaires. Plutarque cite également des lettres envoyées par des mères spartiates à leurs enfants soldats[118]. Il est difficile de savoir si ces deux mentions sont authentiques ou non. De manière plus crédible, Aristophane évoque une poétesse spartiate, Clitagora[119], et Jamblique mentionne plusieurs pythagoriciennes spartiates[120].
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+ À l'époque hellénistique, Sparte s'ouvre de nouveau à la littérature et produit des « antiquaires », c'est-à-dire des érudits, qui se spécialisent dans les curiosités de leur propre histoire. Le plus connu d'entre eux, Sosibios, laisse une série de traités sur les cultes et coutumes spartiates, dont le grammairien Athénée préserve quelque fragments. Parallèlement, les familles aisées prennent l'habitude d'envoyer leurs fils à l'étranger pour parfaire leur éducation ; on trouve ainsi un certain « Gorgus le Lacédémonien » parmi les disciples du célèbre stoïcien Panétios de Rhodes[121]. À l'époque romaine, Sparte devient l'un des centres grecs d'études supérieures[122].
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+ L'art laconien fleurit surtout à l'époque archaïque ; ses principaux modes d'expression sont la céramique, le bronze et l'ivoire.
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+ La contribution laconienne à la sculpture est bien loin d'atteindre celle d'autres régions grecques, mais peut se comparer à celle de la Béotie. Sparte possède une école de style dédalique au VIIe siècle av. J.-C. dont la production subsistante consiste essentiellement en figurines de terre cuite. Les reliefs funéraires du siècle suivant sont relativement médiocres, mais la statue dite de Léonidas suggère que le reste de la production ait pu être de meilleure qualité[123].
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+ S'agissant de l'architecture, Thucydide note : « supposons, en effet, que Sparte soit dévastée et qu'il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long espace de temps, sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les générations futures »[124]. Pour autant, Sparte n'est pas dépourvue de tout monument, comme en témoignent les chapitres que consacre Pausanias à la cité[125] : on peut citer la Skias (570-560 av. J.-C.), odéon de forme circulaire, le temple d'Athéna à la Maison de Bronze (fin du IVe siècle av. J.-C.) ou encore la stoa perse, dont la construction a été financée par le butin des guerres médiques. Hors de Sparte même se trouve également le sanctuaire d'Artémis Orthia.
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+ La céramique laconienne est de style géométrique jusqu'au milieu du VIIe siècle av. J.-C. Le Laconien I se caractérise par un décor alternant carrés et points noirs sur l'embouchure du vase ou encore par des rangées de grenades ; le décor figuré se réduit quasiment à des lions.
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+ Le Laconien II conserve des motifs orientalisants mais introduit la figure noire, presque exclusivement destinée à l'exportation. Cette production atteint son apogée vers 560-550 av. J.-C. ; ses débouchés sont principalement Tarente, colonie de Sparte, mais aussi l'Étrurie, la Cyrénaïque ou le delta du Nil. Le kylix (coupe) à pied haut est la forme privilégiée. On peut identifier quelques grands artistes, comme le Peintre de Naucratis, le Peintre des Boréades, le Peintre d'Arcésilas, le Peintre des Cavaliers et le Peintre de la Chasse. Ce dernier cesse sa production vers 530 av. J.-C. Durant la même décennie, l'exportation de la céramique figurée laconienne prend également fin, supplantée par la céramique à vernis noir.
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+ Les artistes spartiates aiment à représenter Héraclès, le plus souvent comme un hoplite ordinaire, ainsi que les satyres, les divinités trônantes et les démons ailés. En revanche, ni Apollon, ni les Dioscures ne sont identifiés avec certitude sur les vases ; les scènes tirées de la guerre de Troie brillent également par leur absence.
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+ Sparte se distingue également, à l'époque archaïque, par son travail du bronze. Ses artisans coulent des figurines dont l'exemple caractéristique est le cheval dit laconien, remarquable par l'impression de stabilité et de puissance contenue qu'il dégage[126]. Il se caractérise par une tête très longue, une encolure courte et une base rectangulaire ajourée dotée d'un appendice sur laquelle repose la queue de l'animal. Il est réalisé à partir d'un modèle en cire dure ; le bronze, à forte proportion d'étain, est coulé par les naseaux dans un moule segmenté selon la technique de la cire perdue ; la figurine démoulée ne fait pas l'objet de reprises. Ce type de figure, daté du milieu du VIIIe siècle av. J.-C., prédomine parmi les ex-voto géométriques d'Olympie. La production de figurines de bonne qualité persiste jusqu'au Ve siècle av. J.-C.. Si les chevaux sont généralement conçus pour être autonomes, la plupart des autres figurines sont destinées à décorer des articles de luxe, comme les miroirs[123].
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+ Les artistes laconiens réalisent également de grands vases, dont peut-être le cratère de Vix, haut de 1,64 mètre, daté de la fin du VIe siècle av. J.-C. : son origine exacte est disputée, mais il traduit une incontestable influence laconienne.
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+ Sparte se distingue d'abord peu des autres cités grecques. Homère évoque dans le Catalogue des vaisseaux la « creuse Lacédémone »[7], entourée par les monts Parnon et Taygète où, dans l'Odyssée, Artémis est représentée menant la chasse[127].
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+ Dès la fin de l'époque archaïque, cependant, Sparte émerge du lot, d'abord pour la puissance de sa phalange, ensuite pour son système politique, que beaucoup de poètes et Hérodote considèrent comme un modèle d'eunomie, c'est-à-dire de justice et de bon ordre[128]. Hérodote ainsi représente le roi spartiate en exil Démarate avertissant Xerxès que les Spartiates sont « les plus braves de tous les hommes » et soulignant que « la loi est pour eux un maître absolu »[129]. Cependant, aucune cité ne se dote d'une constitution similaire, même parmi celles qui adoptent une forme oligarchique.
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+ L'admiration pour le modèle spartiate se développe particulièrement à Athènes. Le premier de ces « laconisants » est Cimon, qui appelle son fils Lacédémonios[130] et persuade en 464 av. J.-C. ses concitoyens de venir en aide à Sparte, frappée par un tremblement de terre[131].
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+ Les historiens contemporains Thucydide puis Xénophon, pourtant athéniens de naissance, décrivent de façon plutôt très positive le modèle spartiate et surtout l'attitude de ses généraux et rois pendant la guerre du Péloponnèse. Notamment, la prudence de Sparte, ses multiples offres de faire la paix, refusées par la démocratie athénienne[1], et finalement, le refus de Sparte vainqueur de détruire Athènes (ce qui était réclamé pourtant par ses alliées Corinthe antique et par Thèbes (Grèce))[132].
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+ Il y a bien entendu un recouvrement entre le fait d'être "laconisant" et celui d'être partisan d'un modèle oligarchique : Critias, chef de file des Trente à qui Sparte, vainqueur et occupant, donne le pouvoir en 404 av. J.-C., est décrit comme un « laconisant notoire »[133], pour qui la constitution de Sparte est la meilleure de toutes[134].
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+ Parmi les sources qui nous sont parvenues, pour essayer de trouver des critiques de Sparte, il faudrait aller jusqu'à chercher dans le domaine de la mythologie (par exemple, Euripide représente ses personnages spartiates de l'époque de la Guerre de Troie, Ménélas et Hermione, comme des êtres détestables, obnubilés par la richesse et le pouvoir, brutaux et fourbes[135]).
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+ Au début du IVe siècle av. J.-C., Sparte a donc totalement vaincu Athènes dans la longue guerre du Péloponnèse. Beaucoup de Grecs attribuent la victoire à la supériorité de l'organisation politique spartiate[136]. C'est le cas notamment de la Constitution des Lacédémoniens, attribuée à Xénophon, qui a combattu contre sa propre cité sous les ordres du roi Agésilas II à la bataille de Coronée et a fait subir à ses fils l'éducation spartiate. De son côté, mais de façon anecdotique, Platon dénonce la mode par laquelle, pour imiter les Spartiates, « on se meurtrit les oreilles, on se met des courroies autour des bras, on s'exerce sans cesse dans les gymnases, on porte des vêtements fort courts, comme si c'était par là que les Lacédémoniens surpassent les autres Grecs »[137].
170
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171
+ Platon connaît bien les laconisants pour les avoir abondamment fréquentés pendant sa jeunesse. Son attitude vis-à-vis de Sparte est mesurée : il loue l'eunomie et la sagesse spartiate, reposant sur le bon sens, mais il dénonce dans la République sa transformation en timocratie, c'est-à-dire en régime où la recherche des honneurs est le principal moteur[138]. Il regrette dans la première partie des Lois que la musique soit si négligée à Sparte, mais loue le régime politique spartiate pour l'équilibre des pouvoirs — d'abord entre les deux rois, puis entre les rois, la gérousie et les éphores —, qui constitue pour lui un juste milieu entre la démocratie et la monarchie[139].
172
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173
+ Aristote se montre relativement critique dans sa Politique. Pour lui, les Hilotes ne constituent pas une bonne solution pour permettre aux citoyens d'être dégagés du travail, parce que les Spartiates les craignent en permanence. Ensuite, il dénonce une trop grande liberté laissée aux femmes. Il met en avant l'ampleur des inégalités sociales, et le fait que les deux cinquièmes de l'État soient possédés par les femmes. Sur le plan politique, l'élection démocratique des éphores lui paraît dangereuse, parce qu'elle conduit à la sélection d'hommes pauvres, donc vénaux ; leur pouvoir lui semble tyrannique. La gérousie n'est pas épargnée : ses membres sont séniles, corrompus et enclins au favoritisme. Comme Platon dans les Lois, il reproche à Sparte de se concentrer exclusivement sur la vertu militaire : sa victoire face à Athènes lui est fatale parce qu'elle ne sait pas gérer la paix.
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+ À l'époque hellénistique, Sparte est un objet d'intérêt pour les amateurs de philosophie politique, qui tendent à l'idéaliser. L'un des élèves d'Aristote, Dicéarque, rédige une Constitution des Lacédémoniens que les Spartiates apprécient au point de la faire lire une fois par an à leurs jeunes gens. Les Pythagoriciens sont généralement laconisants. Le traité Sur la loi et la justice, attribué à Archytas de Tarente mais en réalité une œuvre hellénistique, fait de Sparte l'exemple du régime idéal, une constitution mixte combinant démocratie (les hippagrètes et les koroi, c'est-à-dire la garde personnelle du roi), l'oligarchie (les éphores) et la monarchie (les rois). De même, les Cyniques collectionnent les « apophtegmes lacédémoniens », qu'Aristote cite déjà dans la Rhétorique comme de bonnes maximes de morale pratique[140].
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+ Sparte exerce également un attrait hors de Grèce. Bon nombre de cités d'Asie mineure ou de la côte du Latium se prétendent, de manière assez fantaisiste, des colonies de Sparte. Le premier livre des Macchabées[141] et les Antiquités juives de Flavius Josèphe[142] rapportent tous deux une lettre attribuée au roi Areus Ier et envoyée au grand prêtre Onias Ier, dans laquelle Areus clame une origine commune entre les Spartiates et les Juifs. En 168 av. J.-C., le grand prêtre Jason, déposé, gagne Sparte dans l'espoir d'y trouver refuge grâce à cette parenté commune[143]. En Italie, les Sabins pensent être les descendants de Spartiates ayant quitté leur cité-mère par dégoût de son austérité[144].
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+ À Rome, un courant laconisant existe dès la république : Caton le Jeune prend les Spartiates pour modèles[145] ; Brutus renomme « Eurotas » un cours d'eau de son domaine à la campagne et affecte un style laconien quand il écrit en grec[146]. Les institutions romaines sont souvent comparées à celles de Sparte : les deux consuls rappellent les deux rois, tandis que le Sénat évoque la gérousie. Pendant l'Empire, les Stoïciens admirent l'austérité des Spartiates, leur refus de reconnaître la défaite et leur mépris de la mort. Plutarque rédige la biographie de Lycurgue, d'Agésilas II, Lysandre, Agis IV et Cléomène III, et collectionne les apophtegmes lacédémoniens. Par la suite, l'influence spartiate se fait moins marquée. La Seconde Sophistique s'intéresse principalement à Athènes, mais recourt encore à Sparte pour proposer des sujets de rhétorique : « Faut-il donner des murailles à Sparte ? », « Les prisonniers de Sphactérie doivent-ils être punis pour lâcheté[147] ? »
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+ À la Renaissance, Sparte, et non Athènes, est considérée comme l'archétype des valeurs morales de l'Antiquité. L'humaniste italien Vergerio vante les mérites éducatifs de Sparte dans son traité (vers 1402) concernant l'éducation des jeunes princes. En 1436, Cyriaque d'Ancône visite les ruines de la ville et se lamente de la disparition de « cette noble cité », symbole de la « vertu humaine » et « célèbre pour la probité de son âme »[148]. Lacédémone devient le symbole du régime mixte dans les cités-États italiennes, et le contre-modèle de l'absolutisme royal en France, notamment dans la pensée protestante, principalement celle des monarchomaques. Le modèle spartiate se diffuse ensuite sous l'influence des nombreuses traductions de Plutarque[149].
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+ À travers Platon et Plutarque, Jean-Jacques Rousseau considère Sparte comme « le type même de la société politique juste » et « l'État où la vertu a été la plus pure et a duré le plus longtemps », selon l'universitaire Paule-Monique Vernes ; il la préfère ainsi à Athènes[150],[151]. Seuls Voltaire et le baron d'Holbach, parmi les plus connus, préfèrent la démocratie d'Athènes [152]. La Révolution française se réfère beaucoup à Sparte jusqu'à la chute de Robespierre. Celui-ci s'y réfère en effet abondamment, retenant « la cohésion de la société et du corps politique » de Lacédémone, tout en prenant parfois ses distances avec ce modèle. Après sa mort, les républicains délaissent Sparte, jugée étouffer la liberté sous l'autorité, au profit d'Athènes et de Rome, excepté quelques réminiscences chez Gracchus Babeuf et les « Égaux ». En réaction, c'est alors au tour du théoricien contre-révolutionnaire Joseph de Maistre de reprendre le référent spartiate. Une partie de l'érudition allemande (Karl Ottfried Müller, particulièrement dans les Doriens, et Werner Jaeger), et certains Français comme Maurice Barrès (Le Voyage de Sparte) y voient le génie de la « race » dorienne, l'« incarnation d'une politique consciemment raciste, guerrière et totalitaire »[153],[149],[154]. Au contraire, l'historien Henri-Irénée Marrou dénonce le « mirage spartiate »[155] : « loin de voir dans l'ἀγωγή une méthode sûre pour engendrer la grandeur, j'y dénonce l'impuissance radicale d'un peuple vaincu qui s'illusionne ». Pour lui, le malheur de Sparte est d'avoir mûri trop tôt. En voulant préserver l'héritage de l'époque archaïque, où Sparte connaissait aussi bien l'éducation militaire que les arts, elle s'est « crispée dans une attitude de refus et de défense, elle n'a plus connu que le culte stérile de la différence incommunicable ».
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+ En 1928, Adolf Hitler écrit que Sparte est le modèle du Troisième Reich à venir en tant que « premier État raciste » de l’histoire et archétype de l’État aryen. Après la Seconde Guerre mondiale, Sparte est mobilisée par l'écrivain fasciste Maurice Bardèche, qui entend ainsi montrer que l’extrême droite radicale n’est pas réductible aux États qui viennent de s’écrouler[154]. Maxime Rosso explique ainsi cette évolution :
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+ En France, Les Identitaires usent dès lors abondamment de références spartiates[154]. En Grèce, le parti d'extrême droite Aube dorée se défend des accusations de références au nazisme en affirmant que ce dernier a copié les Gréco-Romains, et en particulier Sparte, qui seraient son véritable modèle[154]. Sa perception populaire change avec la réinterprétation occidentalisée de Frank Miller, auteur en 1998 de la bande dessinée 300 adaptée au cinéma en 2006 ou encore celle du studio The Creative Assembly dans le jeu vidéo Spartan Total Warrior sorti en 2005[156].
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+ Un des premiers Occidentaux à avoir visité Sparte fut, en 1436, Cyriaque d'Ancône[148].
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+ On sait qu'au début des années 1620, Sir Thomas Roe, ambassadeur de Charles Ier à Constantinople employa divers agents « archéologues » qui parcoururent l'Empire ottoman. Il avait été en effet chargé de constituer des collections d'antiquités pour différents patrons, concurrents : le roi lui-même et deux de ses favoris Arundel et Buckingham. Un des agents de Roe explora les îles de l'Égée, Athènes et Sparte. Il acheta de nombreuses antiquités et des marbres. Cependant, il est impossible d'en savoir plus. Sa mort à Patras avant qu'il ait pu envoyer sa cargaison à Roe empêche d'en savoir plus[157].
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+ Le célèbre Lacédémone ancienne et nouvelle, Où l'on voit les Mœurs, & les Coutûmes des Grecs Modernes, des Mahométans, & des Juifs du Pays… Par le Sieur de la Guilletière., publié à Paris en 1676, un an après la description d'Athènes par le même auteur, de Guillet qui prétendait utiliser les souvenirs de son frère qui aurait voyagé dans l'Empire ottoman, était un faux (comme la description d'Athènes) conçu à partir de divers ouvrages d'érudits n'ayant jamais quitté leur cabinet[158]. Au contraire, la description par le commerçant britannique, Bernard Randolph, datant de 1687 est fiable. Il était sur place. Mais, il était plus intéressé (en tant que commerçant) par les réalités économiques que par les antiquités. Il nous apprend donc que la plaine de Sparte « est plaisante, remplie de petits villages, d'oliviers et de mûriers »[159].
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+ L'abbé Fourmont, envoyé en Grèce par Louis XV, revint avec de nombreuses inscriptions, dont une grande partie qu'il affirmait provenir de Sparte. Il fut prouvé en 1791 qu'elles étaient fausses, ce qui conduisit à remettre en cause l'ensemble de ce que Fourmont avait rapporté. Sa première lettre de Sparte est datée du 20 avril 1730. Le site était pratiquement vide. La cité ayant eu peu de bâtiments dans l'Antiquité, il ne restait presque rien au début du XVIIIe siècle. Ce fut peut-être pour cette raison que Fourmont commença alors à suppléer à l'absence par l'invention. Il prétend dans sa lettre avoir engagé une trentaine d'ouvriers, ne pas passer un jour sans faire de découverte, parfois découvrir plus de vingt inscriptions par jour, avoir des listes complètes d'éphores, prêtres et prêtresses, gymnasiarques, etc., avoir découvert les tombes de Lysandre et Agésilas. Il décrit la ville comme « une carrière d'inscriptions sur marbre [qu'il] exploite sans vergogne, renversant ses murs et ses temples ». Il y resta cependant jusqu'en juin 1730[160].
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+ La connotation militariste, l'usage de la symbolique spartiate par de nombreux mouvements nationalistes ou encore d'extrême-droite ou encore la controverse autour de l'interprétation de la constitution de la cité antique ont pu selon l'historien britannique Steve Hopkinson[161] spécialiste du sujet ralentir l'activité internationale de recherche qui jalonne le sujet spartiate tout au long des XIXe et XXe siècles. Le sujet serait alors relancé dans les années 1990 avec notamment la conférence internationale de 1997 sur l'histoire spartiate à Hay-on-Wye.
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+ Un astronaute, également appelé cosmonaute pour les Russes, taïkonaute pour les Chinois, spationaute pour les Français ou d'autres termes encore selon les pays, est le membre de l'équipage d'un véhicule spatial. Les astronautes étaient choisis initialement parmi les pilotes militaires. Les critères de recrutement ont évolué par la suite et, si une bonne condition physique est toujours nécessaire, l'accent est désormais mis sur l'équilibre psychologique, la compétence technique ou scientifique selon le poste occupé et la capacité à s'exprimer dans les langues des principales nations spatiales (anglais, russe). Séjourner dans l'espace reste encore un privilège rare puisque après 50 ans d'activité spatiale seules un peu plus de 500 personnes avaient séjourné dans l'espace, en moyenne à deux reprises, dont une cinquantaine de femmes. Le premier homme à être allé dans l'espace est Youri Gagarine en 1961 et deux ans plus tard, Valentina Terechkova fut la première femme.
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+ Au début de l'ère spatiale dans les années 1960, les États-Unis comme l'Union soviétique vont chercher les candidats astronautes parmi les pilotes d'avions de chasse : ceux-ci sont habitués aux fortes accélérations qui caractérisent les premières missions, aux situations de stress et de désorientation spatiale. Ainsi les premiers astronautes américains, recrutés pour le programme Mercury, doivent être diplômés d'une université et d'une école de pilote d'essai, avoir une expérience du vol sur avion à réaction et plus de 1 500 heures de vol à leur actif, avoir moins de 40 ans, mesurer moins de 1,81 mètre et être en bonne condition physique[1]. Les autorités soviétiques recrutent des pilotes plus jeunes car leurs vaisseaux spatiaux sont complètement automatisés et le rôle du cosmonaute est théoriquement limité à celui d'observateur. Youri Gagarine, qui effectue le premier vol dans l'espace, dispose de commandes manuelles qui sont verrouillées et il doit demander théoriquement un code au contrôle au sol pour pouvoir y accéder[2]. Les premiers candidats soviétiques doivent avoir entre 25 et 30 ans et ne doivent pas mesurer plus de 1,70 à 1,75 mètre[3].
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+ La grande majorité des pilotes sont des militaires mais en mars 1966, un pilote d'essai civil participe pour la première fois à un vol spatial : en l'occurrence... un certain Neil Armstrong, commandant de la mission Gemini 8.
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+ En 1961, alors que les Américains travaillent au projet Mercury et que les médias célèbrent le tout premier groupe d'astronautes du monde, la NASA envisage un moment que des femmes soient envoyées dans l'espace. Des tests physiologiques sont effectués sur treize femmes, toutes des pilotes. Ce contingent prendra plus tard le nom Mercury 13 mais ne donnera finalement pas lieu à la création d'un groupe d'astronautes à proprement parler. En 1962, pour maintenir leur avance sur les Américains, les Soviétiques sélectionnent cinq femmes, toutes civiles et pratiquantes du parachutisme ou du vol aérien. L'année suivante, Valentina Terechkova devient la première femme à voler dans l'espace à bord de Vostok 6, en vol groupé avec Vostok 5, piloté par Valeri Bykovski. Cette ouverture aux femmes n'aura cependant pas de suite immédiate : un vol comprenant deux femmes est envisagé en 1966 mais, après la mort de Sergueï Korolev, fondateur du programme spatial russe, restera finalement sans suite. En 1977, dans le cadre de la préparation du projet de navette spatiale, la NASA sélectionne 35 astronautes : six femmes en font partie. Il faudra finalement attendre 1982, soit dix-neuf ans après le vol de Tereshkova, pour qu'une autre Soviétique vole à nouveau dans l'espace, Svetlana Savitskaïa, coiffant à nouveau les Américains sur le poteau puisque ce n'est qu'en 1983, que Sally Ride est mise sur orbite.
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+ Chez les Soviétiques comme chez les Américains, le métier d'astronaute est uniquement réservé aux pilotes, qu'ils soient militaires ou civils. Mais au tout début des années 1960, alors qu'ils viennent d'envoyer leurs premiers ressortissants dans l'espace, les premières critiques des vols habités émergent : à quoi bon envoyer des hommes dans l'espace ? En 1964, deux scientifiques, Boris Iegorov (médecin) et Konstantin Feoktistov (ingénieur), accompagnent le pilote Komarov pour un vol d'une journée à bord du vol Voskhod 1. C'est la première fois qu'un vaisseau envoie plus d'un homme sur orbite. Mais il s'avèrera par la suite que cette expérience aura été purement médiatique, au mépris total des conditions de sécurité : pour gagner de la place et du poids, les trois hommes partent en effet sans scaphandre ni système de sauvetage de la cabine en cas d'incident. L'événement suscite en tout cas la réaction des Américains, lesquels, dès l'année suivante, procèdent au recrutement d'un premier contingent de six astronautes totalement scientifiques, réduit à cinq peu après avec la démission de l'un d'entre eux.
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+ De janvier 1969 (Soyouz 5) à juin 1971 (Soyouz 11), les Soviétiques poursuivent l'envoi de scientifiques dans l'espace sans scaphandres et c'est finalement en 1972, avec la toute dernière mission du programme Apollo, Apollo 17, que les Américains envoient leur premier scientifique non seulement dans l'espace mais sur la Lune : le géologue Harrison Schmitt (photo) effectue un séjour de trois journées entières dans la valée Taurus Littrow[4]. L'année suivante, les Américains envoient un médecin et deux physiciens à bord de leur première station spatiale : Skylab. À partir de 1975, les Soviétiques poursuivent l'envoi de scientifiques à bord des stations Saliout puis Mir. Mais le véritable départ des scientifiques dans l'espace est inauguré au milieu des années 1980 avec la navette spatiale américaine, qui peut emporter jusqu'à sept membres d'équipage, dont seulement deux sont chargés du pilotage, les autres étant des spécialistes de mission, dont le rôle requiert des compétences spécifiquement techniques et/ou scientifiques. La première sélection d'astronautes de la navette, en 1978, comprend, à côté de quinze pilotes, vingt spécialistes de missions (militaires ou civils).
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+ Les différences nationales dans les critères de recrutement tendent aujourd'hui à s'effacer car les missions se déroulent de manière majoritaire dans le cadre de programmes internationaux. Le recrutement est réalisé par les agences spatiales qui sont généralement très exigeantes dans leur sélection car elles n'ont pas droit à l'erreur et la formation d'un astronaute est très coûteuse. Il faut aujourd'hui plusieurs années de formation[5] avant qu'un candidat astronaute soit opérationnel[N 1]. L'astronaute va effectuer quelques missions au cours d'une carrière qui peut durer plus de 20 ans. La défaillance d'un astronaute en cours de mission peut théoriquement coûter plusieurs centaines de millions d'euros. Un astronaute doit être à la fois très polyvalent, avoir un niveau de formation supérieur, être physiquement en bonne forme, maitriser plusieurs langues, être stable et ouvert sur le plan psychologique, accepter des déplacements très longs et fréquents.
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+ Les connaissances techniques et scientifiques constituent aujourd'hui le premier critère de recrutement car les tâches auxquelles sont confrontés les astronautes sont de plus en plus complexes et nécessitent une bonne culture générale technique et souvent scientifique. Il doit intervenir sur de nombreux systèmes et, pour la Station spatiale internationale, consacre une grande partie de son temps de travail à des expériences scientifiques. La maitrise des ordinateurs est un plus. Ces connaissances ne doivent pas être seulement théoriques mais doivent avoir été mises en pratique dans un cadre professionnel antérieur à la candidature. Les ingénieurs en vol et les pilotes d'essai sont toujours des profils très recherchés même si ce dernier métier a perdu l'exclusivité qu'il détenait au début de la conquête spatiale aux États-Unis[N 2]. La connaissance de plusieurs langues est requise. L'anglais et le russe doivent être maitrisés pour toutes les missions à bord de la station spatiale internationale. Les critères de recrutement des astronautes chinois, qui accomplissent des missions dans un contexte purement national, sont différents.
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+ Les missions spatiales nécessitent une bonne condition physique car elles sont de longue durée (généralement six mois dans la station spatiale internationale). Durant le séjour dans l'espace le corps est soumis à des moments de stress ou peut être sollicité fortement. Une sortie extravéhiculaire nécessite un effort physique intense[N 3]. Lors du lancement ou au moment du retour sur Terre, l'équipage peut être soumis à des accélérations très violentes pouvant monter à plus de 10 g lorsque le vol ne se déroule pas de manière nominale : lancement avorté ou retour sur Terre selon un profil balistique. Jusqu'il y a quelques années il fallait être ni trop petit ni trop grand pour s'installer dans la cabine relativement exiguë des vaisseaux spatiaux. Ainsi en 2002 une nouvelle version du vaisseau Soyouz a été mise en service pour permettre d'embarquer les astronautes de la NASA (la navette spatiale américaine imposait moins de contraintes et les Américains comprenaient un grand nombre de femmes) : la taille minimale passe de 1,64 à 1,50 mètre, la taille maximale de 1,84 à 1,9 mètre tandis que la masse autorisée est désormais comprise entre 50 et 95 kg (auparavant 56 et 85 kg).
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+ Les critères psychologiques sont également très importants car les astronautes doivent pouvoir vivre et travailler ensemble dans un espace très confiné tout en étant soumis potentiellement à des moments de stress intenses qui nécessitent de conserver toute sa lucidité. Les séjours dans la station spatiale internationale durent normalement six mois au cours desquels un équipage de 6 personnes doit cohabiter dans l'équivalent d'un quatre/cinq pièces. Un équipage de trois personnes du vaisseau Soyouz doit séjourner plusieurs jours dans un espace vital d'une dizaine de mètres cubes. Le caractère multi-culturel des équipages des missions de la station spatiale contribue à multiplier les incompréhensions et donc à accroitre les tensions. Malgré une sélection sévère prenant en compte le profil psychologique des candidats, plusieurs missions ont été gravement affectées par les tensions au sein de l'équipage (comme plusieurs missions du programme Shuttle-Mir) ou entre l'équipage et le contrôle au sol (par exemple Apollo 7).
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+ Pour pouvoir effectuer son travail durant les missions longues, un astronaute doit être parfaitement équilibré, d'humeur égale en temps de crise, ouvert aux autres. Il doit pouvoir rapidement s'adapter à des situations changeantes et avoir une grande maturité de jugement. Dans le cadre des missions actuelles, il doit accepter de séjourner loin de son domicile et de son entourage durant de longues périodes que ce soit en période d'entraînement ou dans le cadre des missions. Enfin les astronautes jouent souvent un rôle de porte-parole qui nécessite qu'ils soient à l'aise en public.
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+ Un astronaute passe la majeure partie de sa vie professionnelle à se former en vue de sa mission. Il lui est dispensé un enseignement générique et, une fois qu'il a été affecté à une mission, un entraînement spécifique à celle-ci.
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+ Le futur astronaute doit d'abord maitriser les connaissances de base dans des domaines qui touchent à l'astronautique : aérodynamique, technique du vol spatial, électrotechnique, propulsion, mécanique spatiale, matériaux et structures.
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+ La formation peut également porter sur des disciplines scientifiques souvent mises en œuvre au cours des missions telles que la recherche en impesanteur dans les domaines de la biologie, la physiologie et la science des matériaux, l'observation de la Terre, l'astronomie... Les pilotes qui doivent utiliser leur connaissance dans le cadre du vol spatial continuent à s'entraîner au pilotage : la NASA dispose d'une flotte d'avions à réaction à l'usage exclusif de ses astronautes. Les candidats apprennent les caractéristiques détaillées des systèmes qui composent les vaisseaux qu'ils devront probablement utiliser ou la station spatiale. Cela comprend le système de guidage et de navigation, le contrôle thermique, la génération électrique, le système de support de vie, les systèmes robotiques ainsi que les systèmes associés à l'activité extravéhiculaire et aux charges utiles. Après cette formation théorique, vient une formation pratique qui est généralement effectuée sur des maquettes. Le cycle de formation sur un engin aussi complexe que la station spatiale internationale dure une année entière.
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+ Les astronautes sont également entraînés physiquement. Ils doivent maitriser les techniques de plongée sous-marine qui leur seront nécessaires pour les entraînements en piscine destinées à répéter les tâches à exécuter notamment lors des sorties extravéhiculaires. Les stages de survie en pleine nature (désert, montagne, marais) doivent leur donner les compétences nécessaires pour survivre si leur vaisseau atterrit en dehors du périmètre prévu. Ils s'habituent aux accélérations importantes dans des centrifugeuses et effectuent de courts vols en apesanteur à bord d'avions effectuant des vols paraboliques.
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+ Une fois l'astronaute affecté à une mission, il doit apprendre tout ce qui lui est nécessaire pour réaliser les tâches qui lui seront affectées. Tous les membres de l'équipage et leurs doublures suivent ensemble cette formation : ils doivent apprendre à se connaitre et à travailler ensemble tout à la fois pour atteindre l'efficacité maximale et cohabiter en harmonie. Cette phase de l'entraînement dure dix-huit mois pour les missions à destination de la station spatiale internationale.
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+ Le nombre de personnes ayant effectué un vol dans l'espace est très limité puisque, en juillet 2015, on comptait 543 personnes ayant participé à une mission spatiale (plus 3 ayant fait un vol extra-atmosphérique)[6] dont 12 ont marché sur Lune entre 1969 et 1972[7].
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+ En date de fin juin 2012, le nombre de participants est 525 personnes[8] dont 56 femmes (45 Américaines)[9]. À cette date, si on écarte les Soviétiques/Russes et les Américains, les ressortissants de 35 nations ont volé à bord soit de la navette spatiale américaine, soit de la station spatiale internationale, soit de la station spatiale Mir soit d'un vaisseau Soyouz. Les plus nombreux sont les Allemands et les Français (10 ressortissants de chacun de ces pays), suivis par les Canadiens et les Japonais (9 ressortissants de chacun de ces pays)[10]. Fin 2011, le corps des astronautes actifs comptait 182 personnes dont une centaine d'Américains et une quarantaine de Russes[11]. Le programme Shenzhou chinois à, en date de mars 2017, envoyé 11 chinois dans l'espace depuis 2003.
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+ Lorsqu'ils sont en mission dans l'espace les astronautes partagent leur temps entre les travaux de maintenance de leur lieu de séjour, les expériences scientifiques, l'entretien physique (pour les séjours de longue durée) et, lorsqu'ils sont à bord de vaisseaux en déplacement, la préparation et l’exécution des manœuvres. Les journées sont très chargées pour compenser le coût des missions : la semaine de travail d'un membre d'équipage de la station spatiale internationale dure 55 heures et seul le dimanche est libre. Les sorties extra-véhiculaires dans l'espace, dangereuses et nécessitant un long temps de préparation, sont rares (dans la station spatiale internationale il n'y a eu que cinq sorties en 2012) et ne sont effectuées que pour réaliser des travaux d'assemblage ou de réparation. Seuls les astronautes ayant suivi un long entraînement sur Terre sont autorisés à effectuer une sortie qui se fait par paire pour qu'un des deux équipiers puisse porter secours à l'autre en cas de défaillance du matériel.
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+ Le corps des astronautes subit de nombreux effets au cours de leur séjour. Au début, les astronautes sont souvent sujets au mal de l'espace, qui est assimilable au mal des transports, mais celui-ci disparaît au bout de quelques jours. Durant les séjours longs à bord des stations spatiales (ceux-ci durent généralement six mois, le corps en impesanteur subit à la fois une atrophie musculaire et une décalcification des os. Il n'existe aucune remède à ces problèmes qui ne peuvent être atténués que par la pratique intensive d'exercices sur des tapis roulants et des cycloergomètres (au minimum deux heures par jour).
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+ L'équipage consomme à bord des vaisseaux et des stations spatiales des aliments lyophilisés agrémentés de quelques légumes ou fruits lorsque le ravitaillement est récent. Même dans la station spatiale internationale qui dispose d'un volume d'espace sans précédent et bénéficie des mises au point effectuées dans les engins qui l'ont précédée (Skylab, Saliout, Mir), les toilettes sont rudimentaires et l'eau contingentée. Les loisirs sont souvent occupés à observer la Terre à travers les hublots ou coupole. Lorsqu'il doit dormir, l'astronaute se glisse généralement dans un sac de couchage qui est fixé sur une cloison pour éviter toute dérive dans le sommeil. Le brassage de l'air par des ventilateurs empêche l'accumulation de gaz carbonique devant la tête du dormeur qui lui serait fatale.
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+ Les premiers vols spatiaux ont eu lieu durant la guerre froide opposant l'Union soviétique (devenue la Russie) et les États-Unis. Les Soviétiques, premiers à envoyer des hommes dans l'espace, désignèrent tout d'abord leurs voyageurs comme des cosmonautes, mais dans le contexte de la guerre froide, les États-Unis lorsqu'ils envoyèrent leur premier homme dans l'espace quelques années plus tard, préférèrent le nommer différemment. Ce conflit larvé a eu des répercussions indirectes en imposant le recours à des appellations différentes pour désigner la même activité : « astronaute » américain contre « cosmonaute » soviétique (en cyrillique : космонавт). Par effet d'entraînement, des termes différents ont été utilisés par les journalistes pour distinguer les astronautes des principales nations spatiales sans grand souci de cohérence puisque les ressortissants de plusieurs dizaines de nations ont volé sans appellation bien précise avec un tel système de désignation et que d'autres ont été successivement cosmonaute et astronaute.
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+ À ce propos, en 2008 le linguiste Frédéric Allinne posait la question : « Comment appellera-t-on en français un astronaute suédois ? Ou un cosmonaute rwandais ? Nul ne sait. [...] Certains ont propagé l'idée qu'il faudrait employer des termes différents selon la nationalité de l'homme de l'espace : astronaute pour un citoyen des États-Unis, cosmonaute pour un Russe, spationaute pour un Européen et taïkonaute pour un Chinois. Ce serait le seul exemple dans toute la langue française d'un nom de métier adapté à la nationalité du professionnel ! Un danseur, un cuisinier ou un architecte ne changent pas de nom selon leur pays d'origine. Pas davantage dans le sport - haut lieu du chauvinisme, pourtant. En français journalistique, un patineur et un nageur restent un patineur et un nageur quelle que soit leur nationalité.
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+ [...] Les professionnels francophones de l'information et leur public sont donc invités à renoncer à cette idée reçue absurde selon laquelle il faudrait employer des mots différents pour qualifier les cosmonautes ou astronautes des différents pays du monde. Cette lubie est d'autant plus sidérante que la navigation spatiale ne connaît ni frontières ni contours territoriaux d'aucune sorte. »[12].
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47
+ C'est le terme le plus ancien en français (1927) et systématiquement utilisé jusqu'à l'apparition du terme concurrent cosmonaute en 1961. Le nom astronaute associe les mots grecs ástron (ἄστρον) qui signifie « étoile » et nautes (ναύτης) voulant dire « navigateur ». Le mot peut aussi avoir été inspiré par « aeronaut », un ancien terme pour un voyageur de l'air, utilisé dès 1784 par les aéronautes. L'écrivain américain Neil R. Jones, dans sa nouvelle The Death's Head Meteor publiée dans Wonder Stories en 1930, utilise le terme astronaute avec le sens qu'on lui donne aujourd'hui[13].
48
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49
+ Le terme astronaute a été en fait inventé quelques années plus tôt par J.-H. Rosny aîné. L'adjectif « astronautique » est déjà utilisé dans le roman Les Navigateurs de l'infini publié en 1925. André Hirsch raconte dans une interview le déroulement de la première réunion du Comité pour la promotion des voyages dans l’espace : « En 1927, à la première réunion du comité, nous avions la chance d'avoir parmi nous le président de l'Académie Goncourt qui s'appelait J.-H. Rosny aîné. Robert Esnault-Pelterie avait proposé pour cette science nouvelle, qu'il fallait bien tout de même baptiser, le nom de « sidération » par parallèle avec l'aviation. Mais nous avons trouvé le titre un peu ridicule et, après avoir proposé le mot « cosmonautique », J.-H. Rosny aîné a proposé le mot « astronautique » qui a été adopté à l'unanimité et qui, on peut le dire, a fait le tour du monde. Dans le monde entier, aujourd'hui, cette recherche, cette science nouvelle, s'appelle l'astronautique. »[14]
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+ En anglais, la NASA choisit d'utiliser ce mot astronaute pour la première fois en décembre 1958 alors qu'il recrute les premiers candidats au voyage dans l'espace. La NASA l'applique à tout membre d'équipage à bord d'un véhicule spatial de la NASA à destination de l'orbite terrestre ou au-delà. L'agence utilise également ce terme pour les personnes sélectionnées pour rejoindre son corps d'astronautes[15]. L'Agence spatiale européenne utilise également ce terme pour les membres de son corps d'astronautes[16].
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+ Le mot désignait anciennement un astronaute employé par l'Agence spatiale fédérale russe. Dans ce sens, il fut utilisé pour la première fois en français en 1961 pour la mission de Youri Gagarine[17]. C'est un terme anglicisé provenant du russe kosmonavt (космонавт), issu des mots grecs kosmos (κόσμος) qui signifie « univers » et nautes (ναύτης), signifiant « navigateur ». dans l'espace dans le contexte d'un programme spatial russe. Les dictionnaires usuels et spécialisés associent souvent ce concept à l'ancien régime soviétique, compte tenu du fait que le premier cosmonaute a pris part à une mission spatiale effectuée à cette époque. Le terme cosmonaute peut également désigner, dans un contexte plus large, toute personne qui voyage à bord d'un vaisseau spatial, quel que soit le pays responsable de la mission impliquée.
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+ Les mots cosmonaute et astronaute sont synonymes dans toutes les langues, et leur utilisation est souvent influencée par des raisons politiques. Le 14 mars 1995 lors de la mission Soyouz TM-21, l'astronaute Norman Thagard est devenu le premier Américain à aller dans l'espace à bord d'un lanceur russe, devenant ainsi le premier « cosmonaute américain ».
56
+
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+ Il s'agit d'un mot issu du latin spatium — signifiant « espace » — et du grec nautes pour « navigateur »[18]. Le terme est utilisé dans le cadre du programme Hermès proposé par le Centre national d'études spatiales et par la Cité de l’espace qui en fera usage dans le cadre de ses activités de « tourisme spatial » à Toulouse. Contrairement à une idée répandue ce terme ne désigne pas de manière spécifique un astronaute français. Il n'est pas utilisé par l'agence spatiale française[19],[20],[21].
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+ Ce terme est une francisation du chinois 太空人 (tàikōngrén) qui signifie littéralement « personne / navigateur de l'espace » (de tàikōng, « espace » ou « cosmos », et rén, « personne » et du grec nautes (ναύτης), signifiant « navigateur »). C'est le nom parfois employé dans les médias pour désigner spécifiquement les voyageurs spatiaux chinois. Quant aux professionnels sinophones du secteur spatial, ils désignent leurs astronautes par le terme 宇航员 (yǔhángyuán), signifiant littéralement « navigateur de l’univers » (de yǔ, « univers », háng, « naviguer », et yuán, « membre »)[22]. Tout cela concourt à ne pas préconiser l'emploi du néologisme « taïkonaute ».
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+ Astronaute indien travaillant pour un programme spatial indien, du sanskrit व्योम, vyoma (« ciel »).
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+ Au même titre que le terme « taïkonaute », l'usage de ce néologisme est critiqué par certains linguistes, qui font valoir « l'absurdité de prétendre imposer à la langue française la surcharge inouïe de désigner une même activité professionnelle par un nom différent selon la nationalité de qui exerce la profession ou pratique l'activité »[23] (lire ci-avant le chapitre Terminologie).
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+ Le Rubik’s Cube (ou Cube de Rubik) est un casse-tête inventé par Ernő Rubik en 1974, et qui s’est rapidement répandu sur toute la planète au cours des années 1980.
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+ Au Canada francophone, il est nommé Cube Rubik (sans le « de ») et l'appellation Rubik's Cube est considérée comme exclusivement anglophone.
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+ Il s'agit d'un casse-tête géométrique à trois dimensions composé extérieurement de vingt-six éléments qui, à première vue, semblent être des cubes pouvant se déplacer sur toutes les faces et paraissant libres de toute attache sans tomber pour autant. Un système d’axes, dont le mécanisme a été breveté par son auteur, Ernő Rubik, se cache au centre du cube.
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+ Le Rubik’s Cube est inventé le 19 mai 1974 par Ernő Rubik[1], un sculpteur et professeur d’architecture hongrois, qui s’intéresse à la géométrie et à l’étude des formes en 3D. Ernő Rubik obtient en 1976 le brevet hongrois HU170062 pour le « Magic Cube[2] », mais ne demande pas de brevet international. Le produit est testé en 1977, et les premiers cubes se vendent peu après dans les boutiques de jouets de Budapest.
12
+
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+ L’idée initiale d’Ernő Rubik était de construire un cube afin d’amener ses étudiants à deviner quel était son mécanisme interne, comment les petits cubes pouvaient tourner suivant trois axes tout en restant solidaires, et ainsi de les intéresser à la géométrie en trois dimensions[1].
14
+
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+ Ce n’est qu’ensuite qu’il eut l’idée (grâce à la suggestion d’un ami) de colorer chaque face d’une couleur différente, constatant alors qu’après mélange, l’ordre initial du cube s’avérait extrêmement difficile à retrouver (une chance sur 43 252 003 274 489 856 000 à chaque rotation). Il eut alors l’idée de le commercialiser en tant que « casse-tête » géométrique et mathématique. Il faudra un mois à l'inventeur du Rubik's Cube pour résoudre son propre casse-tête[3].
16
+
17
+ En Hongrie, le cube gagne en popularité par le bouche-à-oreille, et est bientôt connu dans toute l’Europe. En septembre 1979, à l'instigation de Bernard Farkas[4], un accord est signé avec Ideal Toys pour distribuer le cube mondialement. Ideal Toys renomme alors le cube « Rubik’s Cube » et les premiers exemplaires sont exportés de Hongrie vers mai 1980, en direction de Londres, de New York et de Paris.
18
+
19
+ Aujourd’hui, le Rubik’s Cube est copié sous licence par de nombreux distributeurs par le monde. Il est distribué par Win Games en France et par Jumbo en Belgique.
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+ Le Rubik’s Cube atteint son maximum de popularité au début des années 1980. Plus de cent millions de cubes sont vendus entre 1980 et 1982[5],[h 1]. Le « Rubik’s Cube » gagne le prix des distributeurs de jouets britanniques en 1980 et de nouveau en 1981[6]. De nombreux jeux similaires sont distribués peu de temps après le Rubik’s Cube, notamment le « Rubik's Revenge », une version 4×4×4 du Rubik’s Cube. Il existe aussi une version 2×2×2 et 5×5×5 (connus respectivement sous les noms de « Pocket Cube » et de « Professor's Cube »), et des versions dans d’autres formes, comme la pyramide ou le dodécaèdre régulier (1212). Depuis juin 2008, la marque V-Cube vend les modèles en 6×6×6, 7×7×7 et 8×8×8.
22
+
23
+ En 1981, Patrick Bossert, écolier britannique de douze ans, publie sa solution détaillée. You can do the cube s'est vendu à 1,5 million d’exemplaires à travers le monde[7], dans dix-sept éditions différentes. Il est numéro un des best-sellers du Times et du New York Times en 1981.
24
+
25
+ Le 10 novembre 2016, la Cour de justice de l'UE annule l'enregistrement en tant que marque européenne de la forme du Rubik's cube, considérant que cet enregistrement protège non pas une marque mais une « solution technique », à savoir la capacité de rotation des faces du cube, qui dépend d'un brevet plutôt que d'une marque[8].
26
+
27
+ Le Rubik’s Cube est un cube dont chaque face est divisée en neuf cubes miniatures qui peuvent tourner indépendamment les uns des autres. En fait le cube est composé d’un axe central portant les centres des six faces, de huit cubes de coin à trois faces visibles et de douze cubes d’arête à deux faces visibles. À l’état final, chaque face du cube de Rubik est d’une couleur homogène et différente des autres, mais la rotation indépendante de chaque face provoque un mélange des petits cubes de coin et d’arête.
28
+
29
+ Le but du jeu est, après avoir mélangé les six faces, de manipuler le cube pour tenter de lui rendre son apparence d’origine, avec les six faces de couleurs unies. Les couleurs des faces du cube original sont : blanc en face de jaune, vert en face de bleu, orange en face de rouge. Sur les versions non originales, les positions relatives des faces de couleurs et même parfois les couleurs peuvent changer.
30
+
31
+ Il en est sorti de nombreuses variantes de forme et de décoration (voir la section Variantes).
32
+
33
+ La pratique qui consiste à résoudre le Rubik’s Cube le plus rapidement possible est le speedcubing. En utilisant la méthode la plus simple, on peut y arriver en moins d'une minute avec suffisamment d’entraînement[h 2]. Les meilleurs le font en moins de dix secondes.
34
+
35
+ Cube dans un état mélangé.
36
+
37
+ Cube dans son état résolu.
38
+
39
+ Mécanisme interne du cube.
40
+
41
+ Il existe différentes techniques, consistant à réaliser des séquences comportant une dizaine de mouvements. Les techniques les plus utilisées consistent à construire la « croix » d’une face avant de finir cette face. On termine ensuite les arêtes de la tranche intermédiaire. Puis on résout la dernière face en orientant puis permutant les cubes qui la constituent. Ces méthodes sont nommées Layer by Layer pour « couche par couche ».
42
+
43
+ Le nombre de positions différentes est supérieur à 43 trillions. Ainsi, en passant en revue un milliard de combinaisons différentes par seconde, il faudrait plus de 1 370 ans pour toutes les épuiser[9]. Ou encore, des Rubik's cubes classiques (57 millimètres de côté) chacun dans une configuration différente pourraient recouvrir la surface entière de la Terre sur une hauteur d'environ six étages[réf. souhaitée].
44
+
45
+ Plus précisément, il y a
46
+
47
+
48
+
49
+ 8
50
+ !
51
+ ×
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+
53
+ 3
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+
55
+ 7
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+
57
+
58
+ ×
59
+ 12
60
+ !
61
+ ×
62
+
63
+ 2
64
+
65
+ 10
66
+
67
+
68
+ =
69
+ 43
70
+  
71
+ 252
72
+  
73
+ 003
74
+  
75
+ 274
76
+  
77
+ 489
78
+  
79
+ 856
80
+  
81
+ 000
82
+
83
+
84
+ {\displaystyle 8!\times 3^{7}\times 12!\times 2^{10}=43\ 252\ 003\ 274\ 489\ 856\ 000}
85
+
86
+ combinaisons[10], ce qui se calcule comme suit[h 3] :
87
+
88
+ Ce qui donne :
89
+
90
+
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ 2
97
+
98
+ 11
99
+
100
+
101
+ ×
102
+
103
+ 3
104
+
105
+ 7
106
+
107
+
108
+ ×
109
+ 12
110
+ !
111
+ ×
112
+ 8
113
+ !
114
+
115
+ 2
116
+
117
+
118
+ =
119
+
120
+ 2
121
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+ 10
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+
124
+
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+ ×
126
+
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131
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+ ×
133
+ 12
134
+ !
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+ ×
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+ 8
137
+ !
138
+
139
+
140
+ {\displaystyle {\frac {2^{11}\times 3^{7}\times 12!\times 8!}{2}}=2^{10}\times 3^{7}\times 12!\times 8!}
141
+
142
+ Les centres ne sont pas considérés dans ce calcul, car ce sont eux qui nous servent de points de repère.
143
+
144
+ Des versions modifiées du cube original, par exemple avec un motif imprimé sur ses surfaces, nécessitent, elles, une position spécifique de ces carrés centraux qui nous oblige à considérer l’orientation des centres. Chaque centre a quatre orientations possibles, l’orientation du dernier est comme d’habitude fixée par celle des précédents (à un demi-tour près) et il faut donc multiplier le nombre de positions du Rubik’s cube par 2×45 = 2 048.
145
+
146
+ On peut tenter de chercher la solution au hasard, mais étant donnée l’espérance de vie humaine, ce n’est pas une solution viable. Si l'on admet qu'un être humain peut passer en revue en moyenne une combinaison par seconde, il lui faudrait en moyenne un temps cent fois supérieur à l'âge actuel de l'Univers (environ 5 × 1017 secondes) pour réussir à trouver toutes les combinaisons du cube seulement grâce au hasard (4,3 × 1019 secondes) : autrement dit absolument rien de physiquement réalisable. Il a donc fallu inventer des méthodes pour résoudre le cube. La légende veut qu’Ernő Rubik lui-même y ait passé plus d'un mois[11].
147
+
148
+ On peut manipuler le cube méthodiquement, selon des séquences de mouvements prédéfinies qui permettent de remonter le cube progressivement, c’est-à-dire de déplacer et d’orienter les petits cubes par étapes, sans perdre les fruits de son travail préalable.
149
+
150
+ C’est la plus intuitive et la plus simple à mettre en œuvre. La résolution nécessite en moyenne un peu plus de 185 mouvements :
151
+
152
+ Chaque opération (tourner une arête ou un sommet, échanger deux arêtes ou deux sommets) pourra être réalisée deux fois, après avoir placé les cubes concernés sur la même face, et en prenant soin de ne pas modifier cette face pendant l'opération. La première exécution mélange le reste du cube, mais en tournant alors la face d'un quart ou d'un demi-tour pour placer le(s) sujet(s) de la deuxième opération au même endroit relativement au reste du cube et en refaisant l'opération à l'envers, on réalisera la deuxième opération tout en remettant le reste du cube en place[12].
153
+
154
+ Une autre méthode intuitive :
155
+
156
+ C’est encore une approche différente qui, comme celle de L. Petrus, nécessite environ soixante mouvements. Cette méthode est très utilisée en speedcubing car systématique :
157
+
158
+ Cette méthode est utilisée par les plus grands champions mais nécessite l’apprentissage de nombreuses séquences :
159
+
160
+ Des méthodes alternatives permettent d’apprendre moins de séquences, comme l’OLL ou la PLL en deux étapes. Cependant, ces méthodes sont plus lentes.
161
+
162
+ Basée sur la construction de bloc, cette méthode de speedcubing est plus intuitive et nécessite moins de coups que la méthode CFOP. Elle est notamment utilisée par l'ancien champion d'Europe de Rubik's cube Alexander Lau[13]. Elle porte le nom de son inventeur[14], Gilles Roux. Les étapes sont les suivantes :
163
+
164
+ C’est une approche différente des deux premières : elle est moins automatisée, mais a l’avantage de conserver au maximum les cubes bien placés. La résolution nécessite en moyenne 60 mouvements. Elle est souvent utilisée pour des résolutions optimisées :
165
+
166
+ Une approche encore différente et assez intuitive consiste à commencer par les coins ; l'avantage d'une telle méthode est qu'il est ensuite facile de résoudre les arêtes en gardant les coins bien placés. Ces méthodes étaient très utilisées dans les années 1980. Elles sont devenues plus rares aujourd'hui. La résolution nécessite 60 à 70 mouvements (une cinquantaine seulement si on compte un mouvement de tranche centrale comme un seul mouvement et non deux) :
167
+
168
+ En 1981, Morwen Thistlethwaite (en) est l'un des premiers à publier une méthode de résolution informatique efficace[15]. Grâce à sa méthode, il est capable de résoudre le cube en moins de cinquante-deux mouvements.
169
+
170
+ En 1992, Herbert Kociemba améliore l'algorithme de Thistlewaite. Son logiciel « Cube Explorer » implémente cet algorithme[16]. Ce dernier est notamment utilisé pour générer des mélanges par la World Cube Association[17].
171
+
172
+ Si un petit cube est à sa place, cela ne signifie pas nécessairement que les couleurs sont à leur bonne place. Par exemple un cube-arête a deux positions de couleur possibles et un cube-sommet trois.
173
+
174
+ Chaque étape intermédiaire utilise elle-même des algorithmes spécifiques.
175
+
176
+ Il existe en fait de nombreuses méthodes de résolution. Certains spécialistes y ont même consacré leur thèse universitaire. Des compétitions sont organisées. Les meilleurs concurrents sont capables de rétablir un cube en moins de quinze secondes[10] grâce à plusieurs dizaines d’algorithmes (environ 80 pour la méthode Fridrich, la plus largement utilisée).
177
+
178
+ Il est possible de faire deux faces côte à côte.
179
+
180
+ Le cube de Rubik est un support pédagogique très intéressant pour l’enseignement des mathématiques, en particulier pour la théorie des groupes.
181
+
182
+ La résolution du cube peut passer par l’algèbre, en modélisant chacune des rotations par une lettre. L’ensemble des configurations du cube constitue un groupe fini.
183
+
184
+ Une question fondamentale que l’on peut se poser sur le cube est le diamètre du graphe des configurations du cube, c'est-à-dire le nombre minimal de mouvements (flip) nécessaires pour relier n'importe quelle paire de configurations du cube — nombre parfois appelé nombre de Dieu. Plus encore que ce nombre de Dieu, on voudrait connaître l'algorithme de Dieu, c'est-à-dire la méthode la plus simple et élégante à décrire qui permette, pour chaque configuration du cube, de trouver la plus courte séquence la transformant en le cube résolu (le terme d'algorithme de Dieu fait allusion au Livre de Dieu imaginé par le mathématicien Erdös qui contiendrait les preuves les plus simples et élégantes de chaque théorème mathématique).
185
+
186
+ Cette question se décline en deux versions à propos du Rubik’s Cube, selon ce que l’on choisit d’appeler « mouvement élémentaire ». Si un mouvement élémentaire est un quart de tour d’une face du cube, étant donné une position, on peut faire douze mouvements élémentaires. Si un mouvement élémentaire est au choix un quart de tour ou un demi-tour d’une face du cube, étant donné une position, il existe dix-huit mouvements élémentaires.
187
+
188
+ On savait jusqu'en 2010 qu'il existait une configuration du cube à au moins 20 mouvements du cube résolu si on autorise les demi-tours, vingt-six sinon. Une telle configuration est appelée superflip. Tomas Rokicki, mathématicien à l’université Stanford, a établi qu’il est possible de résoudre tout Rubik’s cube en un maximum de vingt-cinq mouvements (en autorisant les demi-tours)[18]. En 2008, ce même mathématicien a démontré que ce nombre pouvait être réduit à 22[10].
189
+
190
+ En juillet 2010, un groupe de scientifiques internationaux (incluant Tomas Rokicki, ainsi que Morley Davidson, John Dethridge et Herbert Kociemba) démontre par un calcul exhaustif que le nombre de Dieu est 20[19]. Ce calcul a nécessité quelques semaines de calcul distribué sur un grand nombre d'ordinateurs prêtés par Google, et représentant l'équivalent d'un temps de calcul de trente-cinq ans sur un PC haut de gamme. Au passage, ce calcul a révélé qu'il y a environ trois cents millions de configurations qui nécessitent exactement vingt flips pour être résolues et qu'il faut en moyenne 17,88 flips pour résoudre une configuration tirée uniformément au hasard.
191
+
192
+ En août 2014, Tomas Rokicki et Morley Davidson démontrent qu'en n'autorisant que les quarts de tour, le nombre de Dieu est 26[20].
193
+
194
+ Il existe une World Cube Association (abrégée WCA) qui organise des championnats suivant des règles précises : chaque candidat utilise son cube personnel (souvent lubrifié) et la position de départ est la même pour tout le monde. Le premier championnat du monde s’est déroulé à Budapest en 1982.
195
+
196
+ Le temps le plus rapide jamais réalisé officiellement est de 3,47 s, détenu par le « cubeur » Yusheng Du lors de la compétition Wuhu Open 2018, en Chine, le 24 novembre 2018, améliorant le record de 4,22 s, détenu par Feliks Zemdegs, un champion dans le domaine qui a détenu plus de cinq fois le record du monde[21].
197
+
198
+ Le temps officiel le plus rapide les yeux bandés est de 15,50 s établi par l'Américain Max Hilliard au US Nationals 2019[22].
199
+
200
+ Le record officiel basé sur la moyenne de trois cubes parmi cinq (excluant l’essai le plus rapide et le plus lent) est de 5,53 s, détenu par l'Australien Feliks Zemdegs[23], lors du Odd Day in Sydney 2019.
201
+
202
+ Il existe également des épreuves moins conventionnelles, mais toutefois reconnues par la World Cube Association : résolution les yeux bandés (le blindsolving), avec une seule main, etc.[24]…
203
+
204
+ La France organise tous les ans un championnat de France. Ce championnat a été organisé à Paris de 2004 à 2012. Depuis 2013, il se tient chaque année dans une ville différente.
205
+
206
+ En 2011, le robot CubeStormer II a réussi à battre le record du monde (à l'époque de 5,66 s) jusque-là détenu par un humain en résolvant un cube en seulement 5,270 s. Il s'agissait d'un robot en Lego conçu et programmé par Mike Dobson et David Gilday et fonctionnant grâce à une application Android sur un Samsung Galaxy S II[25].
207
+
208
+ Depuis, le 17 mars 2014, le robot ARM-Powered Cubestormer[26] 3 a battu ce record en réalisant le casse-tête en 3,253 s. lors du Big Bang Fair de Birmingham, au Royaume-Uni[26]. Le robot conçu par les mêmes ingénieurs est construit en Lego et fonctionne grâce à une application Android sur un Samsung Galaxy S4[27].
209
+
210
+ Le 23 janvier 2016, le robot Sub1 réalise le casse-tête en seulement 0,887 s, détrônant ainsi le précédent robot. Ce record a été réalisé au Cubikon Store de Munich en Allemagne[28].
211
+
212
+ Le succès du Rubik’s Cube a donné naissance à plusieurs variantes. Rubik a commercialisé quatre variantes de forme cubique, en changeant le nombre de cubes sur une arête :
213
+
214
+ Pocket Cube (2×2×2).
215
+
216
+ Rubik’s Cube (3×3×3).
217
+
218
+ Rubik's Revenge (4×4×4).
219
+
220
+ Professor's Cube (5×5×5).
221
+
222
+ Panagiotis Verdes (en) a inventé des versions plus complexes, des cubes 6×6×6 et 7×7×7 :
223
+
224
+ V-Cube 6 (6×6×6).
225
+
226
+ V-Cube 7 (7×7×7).
227
+
228
+ On peut grâce à l'informatique simuler des cubes jusqu'à 1 000×1 000×1 000[32].
229
+
230
+ D’autres variantes consistent à changer le polyèdre utilisé. La plupart de ces variantes ont été inventées par Uwe Mèffert :
231
+
232
+ Pyraminx (tétraèdre).
233
+
234
+ Skewb (cube).
235
+
236
+ Megaminx (dodécaèdre régulier).
237
+
238
+ Square One (cube).
239
+
240
+ Rainbow Cube (cuboctaèdre).
241
+
242
+ Ou encore la Twistball inventée par Josip Matijek :
243
+
244
+ Twistball bicolore bleu-vert.
245
+
246
+ Il existe d'autres variantes, comme le Rubik's Barrel ou le Puzzle multi-pyramidal.
247
+
248
+ Il y a des variantes du schéma de couleurs classique. Par exemple, sur le schéma dit « japonais », la face blanche et la face bleue sont opposées.
249
+
250
+ Le cube calendrier est décoré de sorte qu'il soit possible de former n'importe quelle association de jour et date sur une des faces.
251
+
252
+ Il existe également des variantes publicitaires ou à thèmes : ainsi ont été créés des Rubik's Cubes à l'effigie de Dark Maul, d'Homer Simpson, du musée du Louvre[33] ou encore de marques de sodas. Certains Rubik's Cubes sont aussi distribués (parfois sous forme de porte-clés : 2×2×2 ; 3×3×3), pour des organisations ou des entreprises.
253
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1
+ Un spermatozoïde est une cellule reproductrice (ou gamète) mâle mobile, intervenant dans la reproduction sexuée. Lors de la fécondation, le spermatozoïde s'unit à un ovocyte (gamète femelle) pour former une cellule-œuf, qui se développera ensuite en embryon pour donner un nouvel individu.
2
+
3
+ Chaque spermatozoïde comprend un noyau, un système de locomotion (généralement un flagelle) et une vésicule nommée acrosome, riche en enzymes, qui lui permettront de pénétrer dans l'ovule. Le spermatozoïde est motile, il peut se déplacer par ses propres moyens, contrairement à l'ovule.
4
+
5
+ Le spermatozoïde est une cellule haploïde, qui ne contient qu'un seul exemplaire de chaque chromosome. Son union avec l'ovule, lui aussi haploïde, permet de constituer une cellule-œuf diploïde, qui contient deux exemplaires (une paire) de chaque chromosome. Chacun des gamètes apporte donc la moitié du patrimoine génétique du futur individu, ce qui assure le brassage génétique au sein d'une espèce.
6
+
7
+ Les spermatozoïdes ont été décrits pour la première fois en 1677 par Antoni van Leeuwenhoek.
8
+
9
+ La motilité des spermatozoïdes est généralement assurée par les mouvements ondulatoires d'un flagelle. Ils peuvent aussi posséder plusieurs flagelles (deux pour les fucus et les bryophytes par exemple) ou encore des cils (Ginkgo biloba), ou même des lamellipodes (Ascaris).
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11
+ Chez les mammifères, la motilité des spermatozoïdes est augmentée lors de la capacitation dans les voies génitales femelles. La progestérone produite par les cellules folliculaires (corona radiata) autour de l'ovocyte augmente également leur motilité en faisant rentrer des ions Ca2+ dans le cytoplasme des spermatozoïdes, en ouvrant un canal calcique appelé CatSper[1].
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+ Les spermatozoïdes des mammifères sont très similaires aux spermatozoïdes humains, constitués d'une tête et d'un unique flagelle qui assure leur motilité.
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15
+ Les spermatozoïdes des mammifères sont constitués de deux grandes parties : la tête et le flagelle, reliés par une pièce connectrice (col ou collet). Le volume du cytoplasme est très réduit.
16
+
17
+ La tête est constituée essentiellement du noyau, qui renferme sous une forme extrêmement condensée le matériel génétique (ADN), et de l'acrosome, qui contient des enzymes permettant au spermatozoïde de traverser la zone pellucide de l'ovocyte pour le féconder.
18
+
19
+ Le flagelle est constitué d'un filament axial ou axonème ; dans la première partie du flagelle (pièce intermédiaire), l'axonème est entouré de mitochondries qui fournissent l'énergie nécessaire à ses mouvements ; dans la deuxième partie (pièce principale), il n'est plus entouré que d'un réseau de fibres denses, qui disparait à son tour dans la troisième partie (pièce terminale).
20
+
21
+ La spermatogénèse a lieu dans les tubes séminifères situés dans les testicules.
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23
+ Les spermatogonies avant d'être des spermatozoïdes commencent leurs vies au niveau des tubes séminifères situés dans les testicules. Ils ont alors une évolution centripète c'est-à-dire que plus on s'approche de la lumière du tube plus ces spermatogonies sont évoluées. Après spermiation, qui est le terme employé pour parler de la libération des spermatozoïdes dans la lumière du tube séminifère, ces derniers vont se diriger vers les canaux efférents et vont continuer leurs trajets dans le canal épididymaire pour enfin arriver dans le canal déférent, canal qui deviendra le canal éjaculateur une fois sorti de la vessie. Ces derniers sont à la suite dirigés vers la prostate pour sortir dans l'urètre et finalement sortir par le méat urinaire.
24
+
25
+ Au moment de l'éjaculation environ 200 à 300 millions de spermatozoïdes vont être libérés dans le vagin de la femme. Ils vont alors devoir passer une première barrière : le col de l'utérus qui contient la glaire cervicale. En période d'ovulation, cette glaire cervicale est lâche et permet le passage de quelques spermatozoïdes normaux, ainsi que leur capacitation (capacité des spermatozoïdes à devenir fécondants et à avoir un mouvement hyper-actif). Les spermatozoïdes anormaux (ayant des problèmes de mobilité ou une forme anormale), ainsi qu'une partie des spermatozoïdes normaux vont être bloqués à ce niveau. On estime que la glaire cervicale bloque 99 % des spermatozoïdes.
26
+
27
+ Une fois la glaire cervicale passée, les spermatozoïdes vont rentrer dans l'utérus et se déplacer vers les trompes de Fallope grâce à leur flagelle, aux contractions du muscle utérin ainsi qu'aux cellules ciliées de l'épithélium des trompes. Certains spermatozoïdes vont se tromper de trompe ce qui réduit encore leur nombre et correspond à la seconde barrière. On estime, qu'environ 200 spermatozoïdes vont arriver au niveau de l'ampoule tubaire (tiers supérieur de la trompe) où se trouve l'ovocyte prêt à être fécondé.
28
+
29
+ Le sexe de la plupart des mammifères est déterminé par le système XY de détermination sexuelle : les femelles possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY). L'ovule contient donc toujours un chromosome X, tandis que le spermatozoïde contient soit un chromosome X, soit un chromosome Y. C'est donc le spermatozoïde fécondant qui déterminera le sexe du futur petit : s'il contient un chromosome X, ce sera une femelle, s'il contient un chromosome Y, un mâle.
30
+
31
+ Les mérions superbes sont parmi les animaux qui produisent le plus de spermatozoïdes : jusqu’à huit milliards en une fois. La femelle de cet oiseau de la taille d'une main humaine a un comportement sexuel très libre ce qui exacerbe la compétition entre spermatozoïdes et serait la raison de cette profusion.
32
+
33
+ Dans le monde animal, la quantité de spermatozoïdes produits par individu d'une espèce donnée n'est cependant pas en rapport direct avec sa taille. D'autre part, les animaux à fécondation externe, par exemple des vertébrés comme les poissons ou des invertébrés comme les oursins, produisent des quantités souvent très importantes de spermatozoïdes (de 1 à 10 milliards par individu). Cette très grande quantité de gamètes mâles est liée à un aspect de leur stratégie de reproduction dans le milieu externe qui, en dispersant leurs spermatozoïdes dans un très grand volume d'eau, favorise la rencontre avec les ovules.
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+ Un spermatozoïde est une cellule reproductrice (ou gamète) mâle mobile, intervenant dans la reproduction sexuée. Lors de la fécondation, le spermatozoïde s'unit à un ovocyte (gamète femelle) pour former une cellule-œuf, qui se développera ensuite en embryon pour donner un nouvel individu.
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+ Chaque spermatozoïde comprend un noyau, un système de locomotion (généralement un flagelle) et une vésicule nommée acrosome, riche en enzymes, qui lui permettront de pénétrer dans l'ovule. Le spermatozoïde est motile, il peut se déplacer par ses propres moyens, contrairement à l'ovule.
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+ Le spermatozoïde est une cellule haploïde, qui ne contient qu'un seul exemplaire de chaque chromosome. Son union avec l'ovule, lui aussi haploïde, permet de constituer une cellule-œuf diploïde, qui contient deux exemplaires (une paire) de chaque chromosome. Chacun des gamètes apporte donc la moitié du patrimoine génétique du futur individu, ce qui assure le brassage génétique au sein d'une espèce.
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+ Les spermatozoïdes ont été décrits pour la première fois en 1677 par Antoni van Leeuwenhoek.
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+ La motilité des spermatozoïdes est généralement assurée par les mouvements ondulatoires d'un flagelle. Ils peuvent aussi posséder plusieurs flagelles (deux pour les fucus et les bryophytes par exemple) ou encore des cils (Ginkgo biloba), ou même des lamellipodes (Ascaris).
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+ Chez les mammifères, la motilité des spermatozoïdes est augmentée lors de la capacitation dans les voies génitales femelles. La progestérone produite par les cellules folliculaires (corona radiata) autour de l'ovocyte augmente également leur motilité en faisant rentrer des ions Ca2+ dans le cytoplasme des spermatozoïdes, en ouvrant un canal calcique appelé CatSper[1].
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+ Les spermatozoïdes des mammifères sont très similaires aux spermatozoïdes humains, constitués d'une tête et d'un unique flagelle qui assure leur motilité.
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+ Les spermatozoïdes des mammifères sont constitués de deux grandes parties : la tête et le flagelle, reliés par une pièce connectrice (col ou collet). Le volume du cytoplasme est très réduit.
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+ La tête est constituée essentiellement du noyau, qui renferme sous une forme extrêmement condensée le matériel génétique (ADN), et de l'acrosome, qui contient des enzymes permettant au spermatozoïde de traverser la zone pellucide de l'ovocyte pour le féconder.
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+ Le flagelle est constitué d'un filament axial ou axonème ; dans la première partie du flagelle (pièce intermédiaire), l'axonème est entouré de mitochondries qui fournissent l'énergie nécessaire à ses mouvements ; dans la deuxième partie (pièce principale), il n'est plus entouré que d'un réseau de fibres denses, qui disparait à son tour dans la troisième partie (pièce terminale).
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+ La spermatogénèse a lieu dans les tubes séminifères situés dans les testicules.
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+ Les spermatogonies avant d'être des spermatozoïdes commencent leurs vies au niveau des tubes séminifères situés dans les testicules. Ils ont alors une évolution centripète c'est-à-dire que plus on s'approche de la lumière du tube plus ces spermatogonies sont évoluées. Après spermiation, qui est le terme employé pour parler de la libération des spermatozoïdes dans la lumière du tube séminifère, ces derniers vont se diriger vers les canaux efférents et vont continuer leurs trajets dans le canal épididymaire pour enfin arriver dans le canal déférent, canal qui deviendra le canal éjaculateur une fois sorti de la vessie. Ces derniers sont à la suite dirigés vers la prostate pour sortir dans l'urètre et finalement sortir par le méat urinaire.
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+ Au moment de l'éjaculation environ 200 à 300 millions de spermatozoïdes vont être libérés dans le vagin de la femme. Ils vont alors devoir passer une première barrière : le col de l'utérus qui contient la glaire cervicale. En période d'ovulation, cette glaire cervicale est lâche et permet le passage de quelques spermatozoïdes normaux, ainsi que leur capacitation (capacité des spermatozoïdes à devenir fécondants et à avoir un mouvement hyper-actif). Les spermatozoïdes anormaux (ayant des problèmes de mobilité ou une forme anormale), ainsi qu'une partie des spermatozoïdes normaux vont être bloqués à ce niveau. On estime que la glaire cervicale bloque 99 % des spermatozoïdes.
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+ Une fois la glaire cervicale passée, les spermatozoïdes vont rentrer dans l'utérus et se déplacer vers les trompes de Fallope grâce à leur flagelle, aux contractions du muscle utérin ainsi qu'aux cellules ciliées de l'épithélium des trompes. Certains spermatozoïdes vont se tromper de trompe ce qui réduit encore leur nombre et correspond à la seconde barrière. On estime, qu'environ 200 spermatozoïdes vont arriver au niveau de l'ampoule tubaire (tiers supérieur de la trompe) où se trouve l'ovocyte prêt à être fécondé.
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+ Le sexe de la plupart des mammifères est déterminé par le système XY de détermination sexuelle : les femelles possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY). L'ovule contient donc toujours un chromosome X, tandis que le spermatozoïde contient soit un chromosome X, soit un chromosome Y. C'est donc le spermatozoïde fécondant qui déterminera le sexe du futur petit : s'il contient un chromosome X, ce sera une femelle, s'il contient un chromosome Y, un mâle.
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+ Un spermatozoïde est une cellule reproductrice (ou gamète) mâle mobile, intervenant dans la reproduction sexuée. Lors de la fécondation, le spermatozoïde s'unit à un ovocyte (gamète femelle) pour former une cellule-œuf, qui se développera ensuite en embryon pour donner un nouvel individu.
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+ Le spermatozoïde est une cellule haploïde, qui ne contient qu'un seul exemplaire de chaque chromosome. Son union avec l'ovule, lui aussi haploïde, permet de constituer une cellule-œuf diploïde, qui contient deux exemplaires (une paire) de chaque chromosome. Chacun des gamètes apporte donc la moitié du patrimoine génétique du futur individu, ce qui assure le brassage génétique au sein d'une espèce.
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+ La motilité des spermatozoïdes est généralement assurée par les mouvements ondulatoires d'un flagelle. Ils peuvent aussi posséder plusieurs flagelles (deux pour les fucus et les bryophytes par exemple) ou encore des cils (Ginkgo biloba), ou même des lamellipodes (Ascaris).
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+ Les spermatozoïdes des mammifères sont très similaires aux spermatozoïdes humains, constitués d'une tête et d'un unique flagelle qui assure leur motilité.
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+ La tête est constituée essentiellement du noyau, qui renferme sous une forme extrêmement condensée le matériel génétique (ADN), et de l'acrosome, qui contient des enzymes permettant au spermatozoïde de traverser la zone pellucide de l'ovocyte pour le féconder.
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+ Le flagelle est constitué d'un filament axial ou axonème ; dans la première partie du flagelle (pièce intermédiaire), l'axonème est entouré de mitochondries qui fournissent l'énergie nécessaire à ses mouvements ; dans la deuxième partie (pièce principale), il n'est plus entouré que d'un réseau de fibres denses, qui disparait à son tour dans la troisième partie (pièce terminale).
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+ Le sexe de la plupart des mammifères est déterminé par le système XY de détermination sexuelle : les femelles possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY). L'ovule contient donc toujours un chromosome X, tandis que le spermatozoïde contient soit un chromosome X, soit un chromosome Y. C'est donc le spermatozoïde fécondant qui déterminera le sexe du futur petit : s'il contient un chromosome X, ce sera une femelle, s'il contient un chromosome Y, un mâle.
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+ Les mérions superbes sont parmi les animaux qui produisent le plus de spermatozoïdes : jusqu’à huit milliards en une fois. La femelle de cet oiseau de la taille d'une main humaine a un comportement sexuel très libre ce qui exacerbe la compétition entre spermatozoïdes et serait la raison de cette profusion.
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+ Le sperme est un liquide biologique expulsé du corps lors de l'éjaculation et contenant les spermatozoïdes. Sécrétés par les organes sexuels mâles, les spermatozoïdes contenus dans le sperme peuvent fertiliser l'ovocyte femelle et ainsi entamer le processus de reproduction.
2
+
3
+ Le sperme est constitué du liquide séminal et d'éléments cellulaires : spermatozoïdes (cellules de la lignée germinale), macrophages polynucléaires, hormones de croissance, cellules souche, nutriments, oligoéléments, cellules épithéliales…
4
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5
+ Un sperme est considéré comme normalement fécondant avec une densité en spermatozoïdes comprise entre 20 et 300 millions de spermatozoïdes par millilitre (ml). En dessous de ce seuil on parle d'oligospermie.
6
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7
+ Le sperme contient de nombreux éléments nourriciers pour le spermatozoïde : vitamines C et B12, sels minéraux comme le calcium, le magnésium, le phosphore, le potassium et le zinc, des sucres (fructose et sorbitol). Il contient aussi des traces d'hormones, dont la testostérone. Il contient des cytokines qui induisent une tolérance maternelle vis-à-vis du futur embryon[réf. nécessaire] (ils sont apportés par le liquide séminal qui contient des cytokines).
8
+ Le sperme peut contenir des anticorps montrant une réaction de l'organisme contre ses spermatozoïdes.
9
+ Il peut aussi contenir des traces de polluants.
10
+
11
+ Les proportions respectives de ces sécrétions varient selon l'individu, son âge, les circonstances (cf. délai qui sépare l'éjaculation de l'éjaculation précédente ou d'autres facteurs…).
12
+
13
+ Le sperme contient naturellement des bactéries qui profitent notamment des nutriments produits de manière concentrée par les vésicules séminales[1], mais aussi parfois de la vessie ou d'autres parties du tractus génital. Ces bactéries constituent un microbiome propre à chaque individu masculin et peuvent être transmis au partenaire sexuel[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9] et secondairement à la descendance[1].
14
+
15
+ Le sperme humain contient aussi des virus (jusqu'à 27 virus différents déjà détectés en 2017[10]). Après qu'il a été confirmé que le virus Zika survit jusqu'à 6 mois dans le sperme de personnes infectées et qu'il peut être ainsi transmis sexuellement durant jusque 41 jours et parfois longtemps (par exemple le virus Zika était encore présent dans le sperme d'hommes réputés guéris ou ne présentant plus de symptômes « jusqu'à 1 an après la guérison »)[11], des scientifiques ont fait le point sur ce qu'on sait des virus dans le sperme : une nouvelle méta-analyse publiée en 2017 a compté 26 autres virus vivant ou survivant dans le sperme humain et capables d'infecter le flux sanguin (du patient ou de partenaires sexuels) dont les virus causant la maladie d'Ebola, le VIH, l'hépatite B et l'herpès[12]. En 2020, le SARS-CoV-2 responsable de la pandémie de COVID-19 semble pouvoir être ajouté à cette liste[13].
16
+
17
+ Ces 28 virus ne sont pas tous capables de se transmettre à un partenaire sexuel, mais ils peuvent avoir d'autres conséquences graves (délétion de la spermatogenèse, diminution de la fertilité masculine ou le risque de développer soi-même une maladie sexuellement transmissible). Une partie de ces virus peut induire des mutations ou modification épigénétiques de l'ADN des spermatozoïdes transmissible à la descendance. Les études récentes montrent que certains de ces virus survivent bien plus longtemps qu'on ne le pensait dans le sperme sans que l'on sache toujours s'ils y restent dangereux ni à partir de quelles concentrations ils le seraient[12].
18
+
19
+ Des méthodes de contrôle de l'imperméabilité des préservatifs face aux virus existent[14].
20
+
21
+ Le sperme est un liquide physiologique composé d'un mélange de plusieurs fluides dans lequel les spermatozoïdes sont maintenus en vie pour une courte durée.
22
+
23
+ L'éjaculat est constitué, chez l'homme, de l'émission successive ou quasi simultanée, formant le sperme :
24
+
25
+ Ce liquide ayant une masse volumique d'environ 1,5 g/cm3, il est donc sensiblement plus dense que l'eau.
26
+
27
+ Chez l'homme, la production de sperme commence quelque temps après le début de la puberté.
28
+
29
+ L'éjaculation est l'émission spasmodique et prompte de sperme. Elle représente le plus souvent 2 à 5 ml chez l'homme (1,5 à 15 ml dans les cas plus extrêmes).
30
+
31
+ Le sperme peut être délivré directement dans les voies génitales de la femelle ou bien être libéré dans l'environnement proche des ovocytes de la femelle, comme chez les poissons et de nombreux autres animaux et insectes. Chez ces derniers, les spermatozoïdes sont souvent contenus dans des spermathèques.
32
+
33
+ L'examen médical analysant la qualité du sperme est un spermogramme ou spermocytogramme. Ces examens sont considérés comme permettant de poser un diagnostic d'une grande valeur prédictive[15], mais ils ne peuvent apporter que des indices sur les causes des problèmes observés.
34
+ Si une spermoculture est envisagée, le patient sera invité à se laver soigneusement les mains et le pénis (décalotté) avant de se masturber. L'échantillon est manipulé avec du matériel stérile (sans seringues en plastique ni aiguilles hypodermiques qui perturbent la qualité du sperme et notamment la mobilité des spermatozoïdes ; il est manipulé, par aspiration douce, dans un matériel stérile et chimiquement neutre, toujours après sa liquéfaction naturelle pour ne pas influer sur la qualité du sperme).
35
+
36
+ Le médecin observe aussi, outre le volume de l'éjaculat :
37
+
38
+ Les principales anomalies rencontrées sont,
39
+
40
+ Le sperme est un agent contaminant des infections sexuellement transmissibles comme le SIDA, l'hépatite B, et (potentiellement) la maladie de Lyme [16],[17], qui peuvent être prévenues efficacement par l'utilisation de préservatif lors d'un rapport sexuel.
41
+
42
+ L'ALS (allergie au liquide séminal) est l'une des formes d'allergies potentiellement associée aux activités sexuelles[18],et elle semble être sous-diagnostiquée[19].
43
+
44
+ Elle pourrait être plus fréquente chez les allergiques aux poils de chien (allergie croisée) en raison de la présence d'un antigène commun (kallicréine prostatique) au chien et à l'humaine ; une molécule de 28 kDa, capable de fixer l’IgE, que l'on retrouve dans les extraits de phanères de chien et dans 25 à 70 % des sérums de patients allergiques aux poils de chien[19] (il s'agirait d'une allergie particulière, aux poils de chiens mâles[20]). « Cette réactivité croisée pourrait expliquer la survenue non-exceptionnelle d’une ALS, lors d’un premier rapport sexuel[19]. » (40 à 50 % de ces allergies apparaîtraient dès le premier rapport sexuel[21]).
45
+
46
+ L’immunothérapie est un traitement qui fonctionne dans 60 à 70 % dans les formes systémiques[19].
47
+
48
+ Il existe de rares cas d'allergie au liquide séminal[22],[23],[24],[25],[26].
49
+
50
+ L'allergie féminine au sperme semble rare (sa prévalence exacte n'est pas connue[27] et elle pourrait varier selon les régions et populations). Parce que relevant de la sphère de l'intime et de la sexualité, elle pourrait être sous-diagnostiquée[28]. Elle se traduit généralement par un œdème (gonflement) des muqueuses, avec prurit là où il y a eu contact avec le sperme. Dans les cas graves (très rares), un choc anaphylactique est possible[19]. Elle doit être confirmée par des tests allergologiques, et la femme s'en protège par l'usage du préservatif.
51
+
52
+ Selon Tonnel (2010) il en existe deux formes :
53
+
54
+ Une fécondation in vitro (FIV) reste possible (simple ou en micro-injection intracytoplasmique [ICSI]).
55
+
56
+ Des études récentes indiquent que la « maladie post-orgasmique » pourrait être causée par une « auto-allergie » de l'homme à son propre sperme[30],[31],[32].
57
+
58
+ Aristote dit dans De generatione animalium que le sperme coagulait le sang utérin non formé pour créer l'embryon humain[33].
59
+ Pline l'Ancien propose dans son encyclopédie intitulée Naturalis historia un remède que l'on peut obtenir à partir des graines de chanvre, censé supprimer le sperme[34].
60
+
61
+ En 1490, l'Église catholique romaine interdit le Malleus Maleficarum, rédigé quatre ans plus tôt par deux inquisiteurs dominicains et qui est une compilation de croyances populaires notamment à propos du pouvoir créateur et générateur des démons, ce que l'Église avait déjà présenté comme anathème près de mille ans plus tôt lors du premier concile de Braga. Si cette compilation est interdite, elle connaît néanmoins sous le manteau un grand succès d'édition ; elle est mise à l'Index lorsque celui-ci est créé en 1599[35].
62
+
63
+ Il y est expliqué notamment comment les démons s'emparent de la semence masculine pour la transporter auprès des femmes : le démon prend la forme d'un succube pour récolter « la semence d'un homme scélérat ». Il la transmet à un incube « détaché auprès d'une femme ». Cette dernière va ainsi concevoir un enfant, sans qu'il y ait eu proprement une relation sexuelle : c'est la génération parfaite par les femmes. Pour les auteurs, cela permet de conserver une filiation humaine à l'engendré de ce type de génération[36].
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+ Le premier concile de Braga vers 561 s'était pourtant élevé contre de telles conceptions[37] :
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+ « Canon 12 : Si quelqu'un dit, avec Manichée et Priscillien, que nos corps sont l'ouvrage du diable, que c'est lui qui les a formés dans le sein de nos mères et que, par conséquent il n'y a pas de résurrection de la chair, qu'il soit anathème. »
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+ « Canon 13 : Si quelqu'un, au lieu de rapporter à Dieu la création de la chair, l'attribue aux mauvais anges, qu'il soit anathème. »
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+ Les Baruyas[38] constituent une population habitant la Nouvelle-Guinée occidentale en Indonésie. Le sperme se nomme lakala alieu, c’est-à-dire « l'eau du pénis ». Il apporte la force et la vie. Selon leur représentation, l'enfant à naître est nourri par le sperme de son père.
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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3
+ Le terme de banque renvoie à deux conceptions. Soit il s'agit d'un secteur d'activité économique, celui traitant les opérations de banque — le secteur bancaire —, qui comprend les fournisseurs et les distributeurs des contrats relatifs à ces opérations. Soit le terme vise l'un des types d'entreprises actifs dans ce secteur, essentiellement des établissements de crédit ou des établissements de paiement, s'agissant des fournisseurs de services, ou des entreprises d'intermédiation bancaire, pour ce qui concerne les distributeurs de ces mêmes services.
4
+
5
+ Le dictionnaire Larousse définit la banque comme un « Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières »[1]. Au sens du droit positif français, essentiellement d'origine européenne, une banque est l'une des catégories légales d'établissement de crédit (article L. 511-1 du Code monétaire et financier).
6
+
7
+ Ces établissements de crédit exercent sous la condition de disposer d'une autorisation administrative, telle que l'agrément, en France ; ils pratiquent l'octroi des opérations de banque (article L.311-1 de ce même Code monétaire et financier). L'activité étant subordonnée à cette autorisation conduit parfois à la qualifier de "monopole", terme juridiquement inadéquat. De plus, ces établissements bancaires ne disposent pas davantage du monopole de la distribution bancaire, qui représente la fonction de commercialisation. Ils partagent cette fonction de distribution bancaire avec d'autres acteurs bancaires, les intermédiaires qui ne sont pas des banques.
8
+
9
+ La taille d'un établissement de crédit se mesure soit en fonction de son chiffre d'affaires (ou Produit Net Bancaire, cf infra), soit en fonction de celle de son bilan comptable (total des actifs), soit encore de ses parts de marché ou du nombre de ses employés. En 2014, la plus grande banque au monde, par le total des actifs, est la banque chinoise Industrial & Commercial Bank of China, devant la britannique HSBC[2].
10
+
11
+ Une banque est donc, à la fois, une entreprise qui :
12
+
13
+ Elle est ainsi au cœur du commerce de l'argent et en responsabilité directe dans la gestion des risques financiers présents dans un système économique.
14
+
15
+ Cette activité peut être exercée pour le compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds, proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement (chèques, cartes bancaires) et de change, prêter de l'argent (crédit), et plus généralement se charger de tous services financiers. Une banque commerciale peut également intervenir pour réaliser des opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son compte ou celui de sa clientèle.
16
+
17
+ Les activités de banque de dépôt (ou « banque commerciale ») peuvent se distinguer de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux types d'activité, ce qui donne régulièrement lieu à débat (voir celui inauguré au début du XXe siècle par la Doctrine Germain).
18
+
19
+ En raison de l'importance des activités bancaires dans l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation précise encadrant l'exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter des dépôts, gérer et distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, prélèvements, principalement) sont donc des activités réservées à des établissements agréés et soumis à autorisation préalable.
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+
21
+ Les deux fonctions des banques commerciales, gérer les risques et vendre les produits bancaires, doivent être clairement dissociées. En effet, des entreprises sans agrément, mais immatriculées, peuvent distribuer des produits bancaires, dont les risques restent gérés par les établissements bancaires[3].
22
+
23
+ Les banques commerciales assurent la bonne tenue d'un registre des comptes et la gestion des transferts entre ces comptes. À ce titre elles facilitent les échanges économiques et contribuent à la traçabilité des flux financiers. L'État leur confère souvent la responsabilité d'assurer la traçabilité des opérations financières et ainsi de contribuer à la lutte contre les trafics illicites, le blanchiment d'argent ou plus récemment contre la fraude fiscale (voir en particulier la lutte contre les paradis fiscaux).
24
+
25
+ Dans le système bancaire, les établissements bénéficient d'un pouvoir important étant des agents économiques de la création de la monnaie. Les banques ont en effet la faculté de créer et de gérer des dettes. Toute dette ainsi créée équivaut à une création de monnaie, toute dette éteinte par son remboursement équivaut à une destruction de monnaie. L'impact économique de cette monnaie dite « scripturale » selon les mécanismes décrits par la théorie économique est fort :
26
+
27
+ En sens contraire, les restrictions de liquidité ou de financement qui seraient pratiquées par les établissements bancaires provoquent des restrictions immédiates sur l'économie.
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+
29
+ La dynamique qui permet aux banques de fournir du crédit aux agents économiques est techniquement permise :
30
+
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+ Toutes ces décisions constituent une prise de risque qui doit être convenablement appréciée et maîtrisée, même si en contrepartie, elles créent le soutien nécessaire aux activités économiques jugées saines et opportunes.
32
+
33
+ En sus des billets de banque et des pièces de monnaie, la monnaie scripturale - qui matérialise le résultat de ces décisions - figure dans les comptes des banques et représente maintenant des montants considérables (plus de 90 % de la masse monétaire définie comme la quantité de monnaie en circulation). Ceci explique qu'elle soit encadrée :
34
+
35
+ Au XVIe siècle, la banque est « la table de changeur ou de commerçant, le lieu où se fait le trafic, le commerce de l'argent »[4]. Le mot correspond à une forme féminine de « banc » et dérive de l'italien « banca » introduit en France lors de l'installation des banques italiennes à Lyon.
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+
37
+ L'usage de telles « tables » est attesté dans les temps plus anciens.
38
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39
+ La Bible rapporte que Jésus, chassant les marchands du Temple, bouscule les « tables des offrandes et des changeurs ».
40
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41
+ Dans le monde orthodoxe grec, la « trapeza » désigne la table où, dans les monastères, les pèlerins viennent déposer leurs offrandes. Aujourd'hui, en grec moderne, le terme « trapeza ou Τραπεζα » signifie également « Banque ».
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+
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+ Le cadre bancaire et financier, en France, est donné par le Code monétaire et financier.
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+
45
+ Ce recueil normatif ne procure pas de définition juridique de la « Banque ».
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47
+ En revanche, il propose et connaît six natures juridiques d'établissements :
48
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49
+ Les banques appartiennent donc à la catégorie juridique et économique des établissements de crédit, lesquels réalisent des opérations de banque telles que définies par la loi dans le respect des dispositions législatives et réglementaires correspondantes.
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51
+ En France, l'article L.311-1 du code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».
52
+
53
+ Dans chaque zone monétaire, l'activité bancaire se trouve être supervisée par une banque -la banque centrale- disposant d'un statut particulier lui assurant une relative indépendance pour assurer des missions spécifiques :
54
+
55
+ Il existe plusieurs types de « banques » en fonction :
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+
57
+ Comme rappelé en introduction, le terme « banque » peut renvoyer, soit à un type d'établissement, soit à un secteur d'activité. En ce cas, il convient de noter que « la banque » regroupe des entreprises qui peuvent avoir différents statuts juridiques : « les banques » ne sont pas les seules à composer « la banque ».
58
+
59
+ Les premières techniques de banques sophistiquées de l'histoire bancaire européenne apparaissent dans les villes italiennes de Florence et Gênes à la fin du Moyen Âge.[5] Les premiers échanges de parts standardisées et diversifiées, relevant de l'histoire boursière, ont lieu dans le quartier du Rialto à Venise.
60
+
61
+ Ensuite l'Angleterre joue un rôle moteur dans les deux domaines, lors de Révolution financière britannique des années 1690. Puis le Bank Charter Act de 1833 incite les banques anglaises à se faire coter en Bourse pour pouvoir émettre des billets de banque, à une époque où ceux-ci inspirent encore de la méfiance à une partie de la population en Europe et aux États-Unis. Au cours de la seule année, 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres[6].
62
+
63
+ En France, l'expansion du secteur bancaire démarre véritablement après la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, obligeant la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser de l'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre.[7] Ce diktat allemand fait doubler la dette publique française, mais crée une classe d'épargnants, avec 4 millions de français porteurs d'obligations du Trésor français en 1880, contre 1,5 million en 1870[8]. Le besoin d'un réseau bancaire se fait sentir, ce qui accélère la création de grandes banques de dépôt (Création du Crédit lyonnais en 1863 à Lyon par François Barthélemy Arlès-Dufour et Henri Germain ou la Société Générale à Paris en 1864) et contribue à l'expansion boursière sous la IIIe République.
64
+
65
+ En Suisse, les banques privées des XVIe et XVIIe siècles ne pouvaient pas profiter du grand business avec l'endettement public comme les établissements financières dans les grandes royaumes d'Europe, car les pouvoirs décentralisés dans le pays alpin manifestait à ce temps-là déjà beaucoup de discipline fiscale. Elles focalisaient donc leur activités dans le commerce et les investissements à l'étranger. Après 1850, l'industrialisation et le développement du réseau ferroviaire créaient en Suisse un grand besoin pour des moyens d'investissement à domicile. Des banques modernes qui ont été créées à ce temps-là, après beaucoup de fusionnements, se formaient jusqu'à la fin du XXe siècle, les deux grandes banques UBS et Crédit suisse. Le troisième groupe important des banques en Suisse sont les caisses cantonales et communales dont les premières ont été créées au XIVe siècle[9].
66
+
67
+ Les tendances contemporaines observées dans l'activité bancaire sont :
68
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69
+ Cette évolution de la distribution des produits et des services bancaires est notable, en France, avec l'introduction d'un nouveau cadre réglementaire en 2013 (articles L. 519-1 à L. 519-6 et R. 519-1 à R. 519-31 du code monétaire et financier).
70
+
71
+ L'impact de cette évolution de la vente bancaire est fort ; celui-ci touche tous les clients des banques. Autrefois marquée par la spécialisation des banques (ventes réservées aux seuls établissements de crédit et établissements spécialisés dans tel ou tel produits ou clientèles), la commercialisation des opérations bancaires est devenue généraliste et mixte. Aux côtés des réseaux « classiques » d'agences distributrices, se sont installés durablement de nouveaux canaux de vente et de nouveaux types de vendeurs. Par exemple, les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement ou IOBSP comme le sont les courtiers en crédit qui pratiquent le courtage en prêt immobilier. Des normes juridiques sont applicables à ce volet très actuel des évolutions bancaires, visant à mieux assurer l'osmose entre les consommateurs et les circuits bancaires. En particulier, ces nouveaux distributeurs bancaires sont soumis à des règles d'accès à la profession.
72
+
73
+ Il est assez probable que cette évolution forte transformera le nombre et les fonctions des agences bancaires, avec l'apparition, à proche avenir, de réseaux de vente de produits bancaires indépendants des banques.
74
+
75
+ Ces activités se concentrent autour des opérations de banque. Celles-ci sont donc au nombre de trois : crédit, dépôts reçus du public et paiements.
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+
77
+ Des prestations connexes, complémentaires, peuvent être proposées par les établissements bancaires. Les investissements financiers et instruments de placement relèvent, quant à eux, de l'activité financière.
78
+
79
+ La fourniture de crédit s'analyse en fonction de la nature du crédit consenti (professionnel, immobilier, à la consommation, regroupement de crédits), ainsi que de la nature de l'emprunteur (entreprise, consommateur, État ou entités publiques).
80
+
81
+ L'établissement bancaire :
82
+
83
+ Le premier service spécifique des banques aux entreprises est la gestion des traites (LCR, Billet à ordre). L'escompte des traites est une des activités historiques des banques. Elle reste importante en France où la traite a la vie tenace, moins dans d'autres pays. L'escompte des traites est un crédit relativement court.
84
+
85
+ Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
86
+
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+ Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou de ses dirigeants.
88
+
89
+ Avec la dé-spécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks, des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des banques.
90
+
91
+ Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit proprement dite[réf. nécessaire].
92
+
93
+ Les banques cherchent à se placer à toutes les phases de vie d'une entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions, acquisitions, restructuration, sortie de cote, cession.
94
+
95
+ Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients), l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales spécialisées).
96
+
97
+ L'une des contestations les plus fréquentes de ces activités provient des PME-PMI qui contrairement aux grands groupes ont en général beaucoup de mal à se faire financer notamment en phase de récession ou de mauvais climat des affaires. Les autorisations de découvert sont systématiquement retirées provoquant de graves difficultés de trésorerie exogènes et indépendantes de la santé des entreprises en question. Le financement participatif envisage une réponse à cette critique.
98
+
99
+ La consanguinité entre gestion de fortune et production de fonds de placement a été souvent dénoncé comme source de conflits d'intérêt, la banque pouvant utiliser les mandats de gestion de la gestion de fortune pour faire vivre ses propres produits de placement dans lesquels pouvaient être placé des produits plus ou moins toxiques.
100
+
101
+ L'introduction massive des CDO dans les OPCVM de trésorerie dits dynamiques a rappelé les dangers de l'asymétrie dans la connaissance des risques entre gestionnaires et particuliers. La banque recevait d'un côté des commissions extrêmement importantes et de l'autre introduisait du risque non perçu par la clientèle.
102
+
103
+ De même l'introduction d'escroqueries comme les différents « fonds Madoff » dans les comptes en mandat de gestion en contrepartie de très fortes commissions fait l'objet de sévères critiques, notamment pour les clients de la banque suisse UBS. On s'attend généralement à une certaine prudence et à des vérifications de la réalité des titres intégrés dans les portefeuilles. L'expérience a montré que cette espérance pouvait ne pas être exactement fondée, l'attrait des commissions l'emportant sur l'intérêt des clients.
104
+
105
+ La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre. Le cas le plus caricatural est celui de l'action Wanadoo introduite à très haut cours par certaines grandes banques françaises puis retirée à moitié prix quelque temps plus tard. Les portefeuilles sous mandat ont été gorgés de ces titres et ont perdu 50 % de leur valeur sans que les épargnants puissent réagir. La banque elle a gagné deux fois sur une opération perdante pour ses clients.
106
+
107
+ La situation d'un groupe financier commercialisant, auprès de ses clients, des titres de sociétés appartenant à ce même groupe, est également pointé comme une source de conflit d'intérêts.
108
+
109
+ Ces excès expliquent que des voix s'élèvent pour interdire les doubles rémunérations par les gestionnaires de fortune. Même si la réalité de ces opérations est partiellement masquée par le fait que ce sont des parties différents de la banque voire des filiales différentes qui assurent ces doubles rémunérations.
110
+
111
+ Un autre aspect de cette problématique tient aux activités de gestion pour compte propre de la banque qui peut spéculer et acquérir des titres dangereux qu'il est facile de refiler aux comptes en gestion de fortune, voire aux clients en général. Il a été noté aux États-Unis qu'une bonne part des produits titrisés à haut risque et hautes commissions ont d'abord été monté dans le cadre de la gestion pour compte propre avant d'être vendu avec commission aux épargnants. Des procès sont en cours en Suisse contre l'UBS pour des opérations du même genre (création d'ABS puis cession aux petits épargnants).
112
+
113
+ En matière de crédits aux particuliers, à la consommation ou immobiliers, un cadre juridique commun de distribution s'est mis en place, en 2008 et en 2016 (ordonnance 2016-351 du 25 mars 2016). Ce cadre impose des obligations partagées et communes à tous les distributeurs de crédits aux particuliers. La France a décidé d'étaler sa mise en œuvre, entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019.
114
+
115
+ Depuis que la Banque centrale ne peut plus directement financer le Trésor Public par la création de monnaie, une norme qui s'est progressivement généralisée et qui est appliquée notamment par la BCE en application l'article 123 du TFUE[11] (ex article 104 du Traité de Maastricht[12]), ce sont les banques commerciales et le marché monétaire qui financent les déficits publics. Des pays qui comme la France sont en situation de déficits constants pratiquement depuis la crise de 1974 ont vu leur endettement s'envoler et représenter une part croissante du produit net bancaire. En France, le crédit aux collectivités locales s'est également considérablement accru en proportion de l'extension considérable de leurs budgets depuis la décentralisation.
116
+
117
+ Ici encore, de nombreuses voix s'élèvent contre une activité de prêt pratiquement captive qui voit la banque bénéficier pour son compte propre de la rente de création de monnaie au détriment de l'État, alors que le seigneuriage sur un financement en billets serait acquis à l'État. En effet, les prêts des banques à l'État peuvent, dans certains cas, augmenter le déficit public. Ainsi, les impôts augmentent au profit des actionnaires des institutions bancaires.
118
+
119
+ Les sûretés constituent des actes de crédit.
120
+
121
+ Par exemple :
122
+
123
+ Les établissements bancaires fournissent aux déposants une série de services :
124
+
125
+ L'établissement bancaire établit des chèques de banque pour certaines transactions sécurisées.
126
+
127
+ Outre les trois opérations de banque, les établissements bancaires commercialisent d'autres services ou produits.
128
+
129
+ Les contrats d'assurance sont distribués par des établissements bancaires, de même que les entreprises d'assurance proposent des opérations de banque.
130
+
131
+ Ces services d'investissement, ou services financiers, sont souvent proposées par les établissements bancaires. Ils portent sur les instruments financiers, eux-mêmes composés de titres financiers (titres de capital, titres de créances, parts d'OPCVM) et de contrats financiers, qui sont des contrats à terme (en France, articles L. 321-1 et L. 211-1 du code monétaire et financier).
132
+
133
+ Les opérations sur le passif, parfois désignée comme opérations « de haut de bilan », qui étaient le privilège des banques d'affaires sont désormais mises en œuvre par toutes les banques.
134
+
135
+ Il peut s'agir d'introduction en bourse, de LBO, d'émission d'obligation, de cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette de la clientèle, à titre d'exemples.
136
+
137
+ La typologie des banques, forte lorsque la loi en imposait les contours, s'est beaucoup relâchée à partir des années 1980, au profit d'une banque-assurance universelle prenant la forme de géants de la finance, gérés comme des industries. Ce qu'on appelle aujourd'hui « banque » est en général un conglomérat financier qui gère toutes les activités financières, et non les seules activités bancaires au sens légal du terme. Le schéma représente le possible découpage en différentes entités fonctionnelles des banques.
138
+
139
+ Il ne précise pas les statuts juridiques requis par ces activités, qui font l'objet d'une autre typologie.
140
+
141
+ L’ensemble des banques, chapeauté par la banque centrale, forme le secteur bancaire d’une zone monétaire. On distingue ainsi différents types de banques selon leur rôle.
142
+
143
+ Une banque centrale a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des différentes banques, de veiller à leur solvabilité à l'égard des déposants, de superviser la production de monnaie par ces banques, et d’en réguler l’usage par le biais du taux directeur. La théorie économique y voit un moyen de réguler la croissance, via l’incitation à l’épargne ou à la consommation, et d’agir sur l’inflation.
144
+
145
+ Les banques de dépôt (en anglais : commercial banks) travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque de détail (en anglais, retail banking) destinée aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises, et la banque d'affaires (en anglais, wholesale banking) destinées aux moyennes et grandes entreprises. La banque d'investissement (en anglais, investment banking) est active sur les marchés financiers, se chargeant des opérations financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les souscriptions d'actions, les introductions en bourse, les fusions-acquisitions, etc.
146
+
147
+ De plus en plus, les banques de détail et d’investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou d’autres activités financières. Fréquemment, ceux-ci rattachent à la filiale banque d’investissement les activités de banque d'affaires.
148
+
149
+ Aux États-Unis, le Banking Act de 1933, plus connu sous le nom de Glass-Steagall Act, a imposé une stricte séparation entre les activités de banque de détail, qui reçoit les dépôts et qui effectue des prêts et de banque d'investissement, qui réalise des opérations sur titres et valeurs mobilières. Adoptée à l’apogée de la crise de 1929, cette loi visait à interdire la répétition de ce qui, à l’époque, était perçu dans l’opinion comme l’une des causes de la bulle boursière et la spéculation sur les actions par les banques de détail. Battu en brèche depuis la déréglementation des marchés financiers américains le 1er mai 1975, le Glass-Steagall Act est tombé progressivement[réf. nécessaire] en désuétude et a fini par disparaître à l’automne 1999 (Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999) pour permettre la constitution aux États-Unis de grandes banques universelles, comme Citigroup.
150
+
151
+ Il existe des banques spécialisées dans un segment d’activité spécifique, souvent issues d’une ancienne réglementation ou, en France, de la distribution dans le passé de certains prêts bonifiés :
152
+
153
+ Les établissements bancaires se distinguent également en fonction de la manière dont leurs forme juridique et leur capital, et conséquemment leur gouvernance, sont organisés.
154
+
155
+ Dans chaque pays, il existe un ou plusieurs organismes professionnels qui représentent les banques, parfois selon leur type. Ce sont des syndicats professionnels de défense d'entreprises bancaires.
156
+
157
+ La Fédération bancaire française est l’organisation professionnelle qui représente les banques installées en France : commerciales, coopératives ou mutualistes, françaises ou étrangères.
158
+
159
+ L'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (APIC), ou encore l'Association professionnelle des intermédiaires bancaires (AFIB), avec l'Association Professionnelle Financement Participatif France (APFPF), forment d'autres associations professionnelles de nature bancaire.
160
+
161
+ Le secteur bancaire comprend 28 banques canadiennes, 24 filiales de banques étrangères et 24 succursales de banques étrangères offrant des services complets, ainsi que quatre succursales de prêts de banques étrangères exerçant des activités au Canada[13]. De plus, on compte 6205 succursales bancaires actives au Canada. Le système bancaire canadien est considéré comme très solide. Il comprend la banque centrale qui comprend un gouverneur général et plusieurs sous-gouverneur. Il a su bien gérer les différentes crises survenues lors des dernières années. Leurs sources de revenus diversifiés est en partie responsable de leur fiabilité. Les banques canadiennes emploient 279 795 canadiens à temps plein afin de s'occuper de leurs établissements[14] 81 % des Canadiens ont une bonne impression des banques au Canada[14]. En somme, le secteur banquier canadien est l'un des meilleurs au monde et le classement des banques mondial le prouve sans aucun doute, beaucoup de banques canadiennes se trouvaient parmi le top 10 mondial.
162
+
163
+ Fin 2007, se trouvait dans le monde 7 282 banques commerciales, 1 251 caisses d'épargne et 8 101 coopératives de crédit[15].
164
+
165
+ Le système bancaire français présente des fournisseurs, établissements de crédit ou établissements de paiement et des distributeurs, soit les précédents, directement, soit des intermédiaires bancaires, notamment les courtiers en crédits.
166
+
167
+ En France, fin 2012, il y avait 634 établissements bancaires en France et 94 entreprises d’investissement. Sur les 634 établissements bancaires français, 448 (71 %) étaient détenus par des capitaux français et 186 (29 %) par des capitaux étrangers[16].
168
+
169
+ Les établissements bancaires ont créé à partir du milieu des années 1960 des réseaux denses d'agences, pour diffuser les services auprès des particuliers. Cette présence a profondément modifié la physionomie des villes[réf. nécessaire]. Les réseaux sont en voie de forte réduction, depuis les années 2010.
170
+
171
+ À fin 2013, 25.000 intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement étaient en activité, dont environ 5.200 courtiers en crédits, pour 58.000 intermédiaires au total (source : wwww.orias.fr)[17].
172
+
173
+ 68 % des internautes regardent régulièrement le site internet de leur banque (source Ifop). 50 % des internautes font des virements en ligne et 19 % des clients utilisateurs de services de banque en ligne ont déjà souscrit un produit bancaire sur Internet[18].
174
+
175
+ En France, le livret A est l'un des placements financiers de précaution de masse, avec 63,3 millions de livrets A[réf. nécessaire].
176
+
177
+ Dans leur grande majorité, les opérations bancaires sont payantes.La réglementation nationale peut imposer un cadre d'exercice particulier. Ainsi en France le paiement des salaires par virement à des comptes bancaires, a rendu obligatoire l'utilisation des services des banques. La tenue de compte ainsi que l'usage des chèques ont longtemps été gratuits, comme une compensation implicite de la non-rémunération des dépôts à vue.
178
+
179
+ En France, depuis le 1er avril 2014, la clarté tarifaire est une obligation (article D. 312-1-1 du Code monétaire et financier). En septembre 2018, après la révélation par la presse[19], de pratiques tarifaires abusives[20], les établissements bancaires prennent un nouvel engagement de limiter les frais d'incidents de paiement (ou "commissions d'intervention") pour les clients en situation financière fragile[21].
180
+
181
+ Pour un particulier, lire une plaquette tarifaire de 20 à 50 pages, pour y trouver la ligne dont il a besoin est fastidieux. C'est pour cette raison que les comparateurs ont vu le jour. Même s'il est vrai que les banques ont été obligées (par le gouvernement) à faire des efforts et notamment à faire un « extrait standard des tarifs » avec les onze tarifs les plus courants et depuis 2019, elles sont obligées de publier un document d'information tarifaire.
182
+
183
+ La tendance est de faire exécuter la majorité des opérations non plus par des guichetiers mais par l'usager lui-même, ce qui entraîne un mouvement de réduction des agences, depuis 2010[22]. Beaucoup de banques ne fournissent plus de billets à leurs guichets et imposent de passer par des GAB ou des distributeurs de billets. Dans ce cas, la carte bancaire de retrait ne peut être payante, évitant un double gain (frais de cartes et économie de personnel). Même la fourniture des extraits de compte est désormais en libre service dans des banques. La poussée d'Internet a permis l'établissement de banques sans succursales mais aussi le renvoi vers l'internaute, via des procédures sécurisées, de la plupart des opérations relatives au fonctionnement du compte chèque : consultation de la position et des mouvements, virements, demande de chéquiers, etc. Les services Internet étant ici aussi généralement payant la banque gagne deux fois[réf. nécessaire] : économie de personnel et facturation de frais.
184
+
185
+ Certains auteurs, comme le prix Nobel français Maurice Allais, ont longtemps milité pour que les prêts soient couverts à 100 % par des dépôts à terme plus long (100 % monnaie) et que les banques facturent au prix du marché leurs services comme la fourniture de moyens de paiements, y compris les chèques. La réduction constante de la part des dépôts dans la ressource bancaire rend cette suggestion moins difficile à admettre par les banques.
186
+
187
+ Le produit net bancaire des banques est l'ajout des marges d’intermédiation Crédit / Prêt et des différents commissions bancaires frais et services. Il provient :
188
+
189
+ Les banques centrales sont des institutions nationales ou supra-nationales à but non lucratif qui émettent de la monnaie.
190
+
191
+ Elles prêtent essentiellement aux banques commerciales. Ces institutions ont pour mission d'assurer la stabilité des prix (c'est-à-dire de limiter l'inflation) et la bonne marche de l'économie. Les banques centrales essaient de maintenir le taux d'inflation, au plus possible, à 2 %. La Banque centrale européenne, elle, établit sa politique monétaire en fixant les taux directeurs selon les intérêts de sa mission. Depuis 2008 la BCE rachète aussi des dettes souveraines ce qui équivaut indirectement à prêter aux États.
192
+
193
+ Les banques centrales sont dans le système financier, indépendantes du pouvoir politique. L'indépendance des banques centrales est considérée comme susceptible de limiter l'inflation. En France la loi de 1973 précise l'autonomie de la banque de France par rapport au pouvoir politique. Cependant, si le droit interdit dans un grand nombre de pays l'achat direct de dette d'état par la banque centrale, celle-ci peut par contre librement acheter cette dette sur le marché secondaire[24]. Alesina et Summers (1993) ont entendu démontrer une relation entre taux d'inflation faible et grande indépendance des banques centrales, mais des études fondées sur un indicateur plus précis de l'indépendance, celui de Cukierman (1992), et menées dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion[25].
194
+
195
+ La régulation désigne une forme particulière d'encadrement d'activité économique. La régulation bancaire se donne pour principaux buts d'assurer la sécurité d'un système bancaire et de protéger les consommateurs bancaires.
196
+
197
+ La régulation établit des normes, selon leurs principes usuels d'élaboration : législatif ou réglementaire.
198
+
199
+ En dehors des banques centrales déjà citées plus haut, les établissements financiers sont soumis à l'autorité d'organismes de supervision, selon les pays et les réglementations.
200
+
201
+ Pour sa part, l'Autorité des marchés financiers (AMF) regroupe l'ancienne Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers. Cette Autorité de supervision est responsable du système financier et de la protection des investisseurs (hors assurance, qui est du ressort de compétence de l'ACPR).
202
+
203
+ L'AMF et l'ACPR déploie un service commun tourné vers la protection des consommateurs : ABE Infoservice (ABEIS).
204
+
205
+ Les autorités de supervision bancaire exercent également pour mission la protection des consommateurs, avec la préservation du système bancaire et financier.
206
+
207
+ Des associations assurent la défense des consommateurs. Les associations de défense des consommateurs aident les clients bancaires à faire valoir leurs droits, par exemple en cas de découvert sans avertissement et de non-respect des procédures (comme la loi Scrivener en France). Elles peuvent notamment préparer la défense des consommateurs devant les tribunaux d'instance et assigner une banque devant ces mêmes tribunaux. Les associations de défense des consommateurs spécialisées dans les litiges bancaires sont l'Association française des usagers de la banque (AFUB)[26] ou l'Association contre les abus des banques européennes (ACABE)[27] ou du CVDCB (Comité de défense des victimes de chèques de Banque) ou de la FNACAB ou Fédération nationale d’action contre les abus bancaires qui a pris la suite du CAAB (Comité d’action contre les abus bancaires)[28] ou l'association nationale des consommateurs et usagers CLCV qui a livré une étude sur les tarifs bancaires en France en 2020 sont constantes.
208
+
209
+ La question de la séparation ou du regroupement par un même établissement bancaire, de différentes activités bancaires et financières est l'une des plus essentielle, du point de vue de la sécurité économique.
210
+
211
+ À la suite de la crise financière de 2007-2010 et la crise de la dette dans la zone euro, des économistes ont préconisé la mise en place de législations bancaires plus strictes inspirées de la doctrine Germain et du Glass-Steagall Act[29] qui permettraient d'opérer une distinction nette entre deux métiers bancaires fondamentalement différents :
212
+
213
+ Cette contrainte est distincte du 100 % monnaie, qui préconise de séparer les activités de tenue de compte et celles de prêt. Elle laisse ouverte la question du lien entre création et destruction monétaire et crédit bancaire.
214
+
215
+ En décembre 2009, les sénateurs John McCain (républicain/Arizona), Maria Cantwell (démocrate/État de Washington), et l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale Paul Volcker ont avancé l’idée d’un retour au Glass-Steagall Act par le biais d’une remise en vigueur du texte de loi originel (Banking Act de 1933[30]). Le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010 est partiellement inspiré de cette proposition, mais ne va pas jusqu'à rétablir la stricte séparation des métiers bancaires.
216
+
217
+ En Europe, un nombre grandissant d'experts appellent à l'adoption d'une réforme en profondeur permettant de séparer une bonne fois pour toutes la banque de dépôt de la banque d'affaires : cette approche régulationniste est préconisée notamment par la Commission Vickers au Royaume-Uni et le World Pensions Council (WPC) en Europe Continentale afin d'éviter les conflits d'intérêts potentiels et les risques de contagion systémique en cas de crise[31],[32].
218
+
219
+ Ce point de vue s'est développé à la faveur de la « Crise du Libor » au cours de l'été 2012, les éditorialistes du Financial Times au Royaume-Uni appelant désormais à l'adoption rapide d'un « Glass Steagall II » Pan-Européen[33].
220
+
221
+ En juillet 2012, l'ex-patron de Citigroup, Sandy Weill, s'est également prononcé en faveur d'une séparation entre les banques d'investissement et les banques de dépôts aux États-Unis. Cette déclaration a été d'autant plus remarquée que Sandy Weill avait été, sous la présidence de Bill Clinton, un des éléments les plus actifs prônant l'abrogation des dernières barrières du Glass-Steagall Act[34].
222
+
223
+ En février 2013, le gouvernement allemand adopte un projet de loi définissant la séparation des activités bancaires, la Grande-Bretagne a opté pour une séparation franche. Le gouvernement de François Hollande préparant, selon le quotidien Le Monde, un « projet de réforme bancaire très édulcoré »[35]. Le projet français de réforme bancaire a été adopté par l'Assemblée nationale le 19 février[36]. Il ne prévoit pas de séparation stricte des activités de détail et de marché, mais le cantonnement, dans une filiale séparée, des activités menées par les banques sur les marchés pour leur propre compte et leur propre profit[37].
224
+
225
+ Au début de 2015, la séparation structurelle des activités de dépôts et des activités spéculatives n'est pas opérée[38].
226
+
227
+ L'intermédiation bancaire désigne la fonction de distribution des services bancaires, hors du réseau direct d'un établissement de crédit ou d'un établissement de paiement.
228
+
229
+ Du point de vue de la protection des consommateurs, le libre choix du vendeur de services bancaires, de crédit, par exemple, est apparu ces dernières années comme une sécurité supplémentaire. Elle répond, en outre, aux comportements manifestés par les consommateurs de produits financiers.
230
+
231
+ Il n'est plus obligatoire d'acheter directement au guichet de la banque les produits vendus par la banque. Ceci permet aux consommateurs de s'adresser aux professionnels en contact avec l'ensemble des fournisseurs bancaires.
232
+
233
+ D'autant que la protection des consommateurs n'est juridiquement pas identique, selon que les produits sont achetés directement auprès de la banque ou auprès d'intermédiaires. Les obligations incombant à la banque en tant qu'agent de vente sont moins fortes que celles des intermédiaires. Le développement, par la jurisprudence du devoir de mise en garde - dans le domaine du crédit - en constitue une illustration.
234
+
235
+ En 2013, la réglementation bancaire[39] a commencé à répondre à cette évolution, en dotant les courtiers[40] notamment en crédits, d'un cadre juridique spécifique.
236
+
237
+ Finalement, ces dispositions juridiques dessinent la consécration d'un droit de la distribution bancaire orienté vers la protection accrue des consommateurs[41].
238
+
239
+ Les banques ne sont plus les seules distributeurs de produits bancaires.
240
+
241
+ Le système bancaire comprend à la fois les fournisseurs de produits, gestionnaires des risques financiers, mais également l'ensemble des distributeurs, qui sont soit les réseaux directs des fournisseurs (les banques), soit des entreprises indépendantes, telles que les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, depuis le 15 janvier 2013, ou encore, les intermédiaire en financement participatif, au 1er octobre 2014.
242
+
243
+ La vente des produits bancaires est assurée, soit directement par les banques, via leurs réseaux d'agences, soit par des professionnels indépendants, l'banque restant décisionnaire du crédit.
244
+
245
+ Ainsi, pour 58.000 intermédiaires de l'assurance, de la banque ou de la finance, le registre unique tenu par l'ORIAS recense près de 27.000 IOBSP, dont environ 6.300 courtier en crédits, à fin 2017[42]. Outre leur nombre, en forte croissance depuis le recensement de 2014, leur marché s'organise, avec de nouvelles enseignes et surtout, la constitution de groupes de distribution bancaire de grandes tailles[43].
246
+
247
+ Le régime juridique de l'intermédiation bancaire, notamment du point de vue de la protection des consommateurs, cumule quatre niveaux :
248
+
249
+ Ces obligations, de nature bancaire, sont posées par le code monétaire et financier.
250
+
251
+ La responsabilité de l'intermédiaire bancaire, à l'égard du client, est distincte de la responsabilité de l'établissement de crédit.
252
+
253
+ En particulier, l'accès à la profession d'intermédiaire bancaire, puis son exercice, suppose le respect de conditions spécifiques[44].
254
+
255
+ Le cadre de la distribution bancaire des crédits immobiliers aux particuliers a fait l'objet d'une harmonisation en 2016, avec la transposition de la Directive 2014/17 UE du 4 février 2014. Tous les vendeurs de crédits immobiliers aux particuliers sont soumis aux mêmes obligations, progressivement mises en œuvre entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019. Elle fait suite à celle touchant les crédits à la consommation, la Directive 2008/48 CE du 23 avril 2008.
256
+
257
+ Les principales banques françaises financent activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans une étude publiée en novembre 2019, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre soulignent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », relève l'étude[45].
258
+
259
+ Parmi les critiques, se trouvent notamment celles avançant :
260
+
261
+ Parmi les critiques, on relève celles avançant :
262
+
263
+ Le débat sur la place des activités financières, principalement réalisées par les banques, dans l'économie ressort à chaque crise financière. En France, le débat agite ainsi le monde intellectuel, après la première vague de libéralisation des marchés. Le Monde Affaires du 28 février 1987 titre ainsi, L'industrie malade de la finance. L'idée sera repris dans les polémiques qui concernent le krach boursier d'octobre 1987. Parmi ses critiques figurent l'économiste libéral Bertrand Jacquillat[52] et le banquier Gérard Worms[53].
264
+
265
+ Après l'explosion de la crise des subprimes de 2007-2008, de nombreux observateurs ont de nouveau mis en cause, à travers le monde, le poids du secteur bancaire et financier au sein de l'économie. Certaines études suggèrent que des déséquilibres trop importants en faveur de la sphère financière sont annonciateurs de crises graves :
266
+
267
+ La crise bancaire qui s'approfondit depuis l'été 2007 et qui a conduit à partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 à la quasi faillite d'un grand nombre d'établissements, dont beaucoup ont dû être nationalisées en tout ou en partie, notamment en Grande-Bretagne, a provoqué une grande accélération de la contestation des banques et de leurs pratiques qui débouchera sans doute sur des réformes importantes et en tout cas sur la fin de la dérégulation mise en place à partir des années 1980. Les banques ont bénéficié de plans de relance garantissant une part majeure des prêts accordés aux PME, à travers des organismes tels que la Banque publique d'investissement en France et la mise en place d'un médiateur du crédit.
268
+
269
+ Pour l'analyste de l'économie sociale et solidaire, Michel Abhervé, la situation décrite durant ce procès résulte de l'éloignement des groupes bancaires concernés, Caisse d'épargne et Banque populaire, des valeurs coopératives[63].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ En géométrie dans l'espace, une sphère est une surface constituée de tous les points situés à une même distance d'un point appelé centre. La valeur de cette distance au centre est appelée le rayon de la sphère. La géométrie sphérique est la science qui étudie les propriétés des sphères. La surface de la Terre peut, en première approximation, être modélisée par une sphère dont le rayon est d'environ 6 371 km.
2
+
3
+ Plus généralement en mathématiques, dans un espace métrique, une sphère est l'ensemble des points situés à même distance d'un centre. Leur forme peut alors être très différente de la forme ronde usuelle. Une sphère est également un ellipsoïde dégénéré.
4
+
5
+ Les points dont la distance au centre est inférieure ou égale au rayon constituent une boule.
6
+
7
+
8
+
9
+ En géométrie cartésienne, une sphère de centre
10
+
11
+
12
+
13
+ (
14
+
15
+ x
16
+
17
+ 0
18
+
19
+
20
+ ,
21
+
22
+ y
23
+
24
+ 0
25
+
26
+
27
+ ,
28
+
29
+ z
30
+
31
+ 0
32
+
33
+
34
+ )
35
+
36
+
37
+ {\displaystyle (x_{0},y_{0},z_{0})}
38
+
39
+ et de rayon
40
+
41
+
42
+
43
+ r
44
+
45
+
46
+ {\displaystyle r}
47
+
48
+ est l'ensemble des points
49
+
50
+
51
+
52
+ (
53
+ x
54
+ ,
55
+ y
56
+ ,
57
+ z
58
+ )
59
+
60
+
61
+ {\displaystyle (x,y,z)}
62
+
63
+ tels que[Note 1] :
64
+
65
+ Les points de la sphère de rayon r et de centre l'origine du repère peuvent être paramétrés par :
66
+
67
+ On peut voir
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ θ
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle \displaystyle \theta }
77
+
78
+ comme la latitude et
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ ϕ
84
+
85
+
86
+
87
+ {\displaystyle \displaystyle \phi }
88
+
89
+ comme la longitude. (Voir fonctions trigonométriques et coordonnées sphériques.)
90
+
91
+ L'aire d'une sphère de rayon
92
+
93
+
94
+
95
+ r
96
+
97
+
98
+ {\displaystyle r}
99
+
100
+ est :
101
+
102
+ Le volume de la boule qu'elle renferme est :
103
+
104
+ Sa compacité, c'est-à-dire le rapport entre son volume et sa surface est de
105
+
106
+ Le moment d'inertie d'une boule homogène de rayon
107
+
108
+
109
+
110
+ r
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle r}
114
+
115
+ , de masse volumique
116
+
117
+
118
+
119
+ ρ
120
+
121
+
122
+ {\displaystyle \rho }
123
+
124
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
125
+
126
+ Le moment d'inertie d'une sphère homogène de rayon
127
+
128
+
129
+
130
+ r
131
+
132
+
133
+ {\displaystyle r}
134
+
135
+ et de masse M, par rapport à un axe passant par son centre est :
136
+
137
+ L'élément d'aire de la sphère de rayon
138
+
139
+
140
+
141
+ r
142
+
143
+
144
+ {\displaystyle r}
145
+
146
+ dans les coordonnées latitude-longitude est
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+ d
152
+
153
+ σ
154
+ =
155
+
156
+ r
157
+
158
+ 2
159
+
160
+
161
+ cos
162
+
163
+ θ
164
+
165
+ d
166
+
167
+ θ
168
+ d
169
+ ϕ
170
+
171
+
172
+ {\displaystyle \mathrm {d} \sigma =r^{2}\cos \theta \mathrm {d} \theta d\phi }
173
+
174
+ . On en déduit que l'aire d'un fuseau (portion limitée par deux demi-cercles joignant les pôles et faisant un angle
175
+
176
+
177
+
178
+ α
179
+
180
+
181
+ {\displaystyle \alpha }
182
+
183
+ exprimé en radians) est
184
+
185
+
186
+
187
+ 2
188
+ α
189
+
190
+ r
191
+
192
+ 2
193
+
194
+
195
+
196
+
197
+ {\displaystyle 2\alpha r^{2}}
198
+
199
+ .
200
+
201
+ Cela permet aussi de calculer l'aire d'une zone sphérique, c’est-à-dire d'une portion de sphère limitée par deux plans parallèles qui intersectent la sphère (ou lui sont tangents). On trouve
202
+
203
+
204
+
205
+ 2
206
+ π
207
+ r
208
+ h
209
+
210
+
211
+ {\displaystyle 2\pi rh}
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+ h
218
+
219
+
220
+ {\displaystyle h}
221
+
222
+ désigne la distance des deux plans : l'aire est la même que celle d'un cylindre circulaire de même hauteur tangent à la sphère (cylindre circonscrit). Ce résultat remarquable est démontré par Archimède dans son traité De la sphère et du cylindre[1]. Selon Cicéron, Archimède aurait demandé que soient gravés sur son tombeau, en mémoire de ce résultat, une sphère et son cylindre circonscrit[2].
223
+
224
+ Le cylindre circonscrit à une sphère donnée a un volume égal à 1,5 fois le volume de la sphère.
225
+
226
+ La sphère a la plus petite aire parmi les surfaces renfermant un volume donné et renferme le volume le plus élevé parmi les surfaces d'une aire donnée. Elle est la réponse à la question d'isopérimétrie pour l'espace euclidien de dimension 3. Pour cette raison, la sphère apparaît dans la nature, par exemple les bulles et gouttes d'eau (en l'absence de gravité) sont des sphères car la tension superficielle essaie de minimiser l'aire.
227
+
228
+ Par quatre points non coplanaires A, B, C et D (ABCD est un tétraèdre non aplati), il passe une seule et unique sphère, appelée sa sphère circonscrite.
229
+
230
+ Les plans médiateurs des arêtes du tétraèdre se coupent au centre de la sphère.
231
+
232
+ On peut démontrer que la sphère est une surface non développable. Il n'existe pas de patron de la sphère.
233
+ Néanmoins il est possible, en pratique, d'obtenir des surfaces développables approchant la sphère très fidèlement, c'est le cas de tous les ballons cousus. Voir : ballon de football (icosaèdre tronqué), ballon de volley-ball, et ballon fantaisie (en fuseaux de pôle à pôle.)
234
+
235
+ Notez que la pression interne gauchit les surfaces et fidélise l'approche… Plus on gonfle plus la sphère s'approche de la perfection.
236
+
237
+ On peut généraliser le concept de sphère à un espace de dimension entière quelconque.
238
+ Pour tout entier naturel n, une n-sphère de rayon r est l'ensemble des points de l'espace euclidien à (n+1) dimensions qui sont à distance fixée r d'un point de cet espace (r est un réel strictement positif). Par exemple :
239
+
240
+ Les sphères de dimension n > 2 sont parfois appelées hypersphères. La n-sphère de rayon 1 est notée Sn.
241
+
242
+ L'aire d'une (n−1)-sphère de rayon r est
243
+
244
+ où Γ est la fonction gamma d'Euler
245
+
246
+ et le volume d'une n-boule de rayon r est égal au produit de cette aire par
247
+
248
+
249
+
250
+
251
+
252
+ r
253
+ n
254
+
255
+
256
+
257
+
258
+ {\displaystyle {r \over n}}
259
+
260
+ , donc à
261
+
262
+ Selon le contexte, en particulier en topologie, le mot sphère (ou n-sphère si on veut rappeler la dimension) peut être utilisé pour désigner n'importe quel espace topologique homéomorphe à une n-sphère au sens défini dans la section précédente[3].
263
+
264
+ La caractéristique d'Euler d'une n-sphère vaut 2 si n est pair, et 0 si n est impair.
265
+
266
+ Dans les logiciels de CAO ou d'infographie (par exemple[4] Blender), la sphère est très utilisée en tant que primitive géométrique. Les caractéristiques du maillage qui sert à sa représentation sont précisées par l'utilisateur (ajustement de la finesse).
267
+
268
+ C'est une variété (de dimension 2, sans bord).
fr/5481.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,261 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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4
+
5
+ Richard Parker (père, †), Mary Fitzpatrick Parker (mère, †), William Fitzpatrick (grand-père maternel, †), Benjamin Parker (oncle / père adoptif, †), May Reilly Parker (tante / mère adoptive), Teresa Parker (peut-être sœur), Jay Jameson (oncle par alliance), J. Jonah Jameson (cousin par alliance), John Jameson (l'Homme-Loup, cousin au second degré par alliance), Mary Jane Watson Parker (autrefois épouse, mais plus personne ne s'en souvient, aujourd'hui ex-fiancée), Philip Watson (autrefois beau-père), Madeline Watson (autrefois belle-mère, †), Gayle Watson Byrnes (autrefois belle-sœur), May Parker (Spider-Girl, fille, présumée morte), Benjamin « Ben » Reilly (Scarlet Spider, clone / « frère » / « cousin », †), Kaine (Scarlet-Spider, clone), Spidercide (clone, †), le Gardien (clone, †), Jack (clone, †), d'autres clones (décédés)[1]
6
+
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+ (fr) Fantask no 4(mai 1969, avec Amazing Spider-Man (vol. 1) #1 ; Amazing Fantasy #15 a été publié dans Iron-Man (Arédit) no 1 au 2e trimestre 1980)[1]
8
+
9
+ Peter Parker, alias Spider-Man (souvent écrit « Spiderman » de façon erronée), est un super-héros évoluant dans l'univers Marvel de la maison d'édition Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Steve Ditko, le personnage de fiction apparaît pour la première fois dans le comic book Amazing Fantasy (vol. 1) #15 en août 1962.
10
+
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+ En France (souvent traduit par l'Homme Araignée ou simplement l'Araignée), le personnage apparaît pour la première fois en mai 1969, dans le no 4 du périodique Fantask, publié aux Éditions Lug. Il s'agit en fait de la traduction du premier numéro de The Amazing Spider-Man datant de 1963. Ses origines, parues un an plus tôt dans Amazing Fantasy #15, ne seront publiées en français qu'en 1980 dans un album d'Iron-Man édité chez Arédit/Artima, puis en 1981 chez Lug dans un numéro spécial de sa revue Strange[2].
12
+
13
+ Lors de sa première apparition dans Amazing Fantasy, Spider-Man est l'identité que se choisit le jeune Peter Parker après avoir été mordu par une araignée radioactive et découvert qu'il avait à cette occasion développé des super-pouvoirs. Le succès de ce numéro permet à Spider-Man d'avoir dès 1963 sa propre série, The Amazing Spider-Man.
14
+
15
+ Spider-Man est depuis lors l'un des personnages les plus populaires de l'univers des comics. Au fil des ans, d'autres périodiques lui seront consacrés, tel Spectacular Spider-Man et Peter Parker, the Spider-Man, mais The Amazing Spider-Man est toujours le magazine principal du héros.
16
+
17
+ Peter Parker meurt dans le numéro 700 de The Amazing Spider-Man mais un nouveau Spider-Man reprend le flambeau lorsque l'esprit du Docteur Octopus occupe le corps de Parker[3]. Cependant, une part de Peter demeure en vie et cohabite avec l'esprit d'Octopus dans son propre corps et le criminel laisse finalement l'âme de Peter récupérer son corps.
18
+
19
+ Le personnage a été interprété par trois acteurs au cinéma : Tobey Maguire pour une trilogie de Sam Raimi de 2002 à 2007, Andrew Garfield pour deux films en 2012 et 2014 puis, à la suite d'un accord avec Sony Pictures, propriétaire des droits du personnage au cinéma, a été intégré dans l'univers cinématographique Marvel, incarné par Tom Holland depuis 2016.
20
+
21
+ L'origine de Spider-Man est complexe et plusieurs personnes (Joe Simon, C. C. Beck, Jack Kirby, Stan Lee et Steve Ditko) ont participé d'une façon plus ou moins proche à celle-ci.
22
+
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+ À l'origine, Joe Simon en 1953 crée pour l'éditeur Harvey Comics un super-héros appelé Spiderman. Il dessine aussi le logo et propose à C. C. Beck de dessiner la série. Cependant la série s'arrête au niveau du projet (avec les crayonnés de Beck) car l'éditeur la refuse. En 1959, Joe Simon propose à Jack Kirby de travailler avec lui pour MLJ et lui donne le dossier «Spiderman». Simon et Kirby à partir de ces notes créent The Fly mais après le no 2 ils quittent l'éditeur [4].
24
+
25
+ Kirby part pour Marvel où, en 1961, en s'inspirant des notes ayant servi à la création de The Fly, il propose à Stan Lee de créer un nouveau super-héros nommé Spiderman, Lee décide de couper le nom et propose une histoire de onze pages. Steve Ditko doit encrer la série que dessine Kirby mais, ayant vu que Spider-Man s'inspirait de The Fly, Lee décide de reprendre les origines et les pouvoirs du jeune super-héros et de confier le dessin à Ditko[5].
26
+
27
+ La version française a été publiée par les éditions Lug, dès 1969 dans la revue Fantask puis à partir de 1971 dans Strange. À cette époque, il est plus communément appelé « L’Homme araignée » ou « L’Araignée » (ce dernier titre étant choisi par Lug pour désigner le personnage). Dans le comics, les autres personnages lui donnent une grande variété de surnoms plus ou moins dévalorisants, tels que le « Monte-en-l’air » (Wall-crawler), « Tête de toile » (Web head), « Tisseur » (Web-slinger), ou simplement Spidey.
28
+
29
+ Peter Parker est le fils unique de Richard et Mary Parker. Ses parents sont tués en travaillant sous couverture pour le gouvernement[6]. Orphelin à l'âge de six ans, Peter est alors confié aux soins de son oncle et sa tante, Benjamin et May Parker.
30
+
31
+ Devenu étudiant, un jour, à la suite d'une expérience à laquelle il assiste, il est mordu par une araignée radioactive[7]. Cette morsure lui confère des super-pouvoirs : il obtient une force et une agilité hors du commun, la capacité d’adhérer aux parois ainsi qu'un « sens d'araignée » l'avertissant des dangers imminents[8].
32
+
33
+ Dans un premier temps, il met à profit ses pouvoirs fraîchement acquis pour gagner de l'argent. Mais très vite, un drame va changer sa vie : il laisse un voleur s'échapper alors qu'il aurait pu très facilement l'arrêter, prétextant que ce n'est pas son problème. Peu de temps après, son oncle Ben est tué par un cambrioleur. Ivre de colère, Peter se lance à la poursuite de l'assassin qui, une fois arrêté, se révèle être le voleur qu'il n'avait pas daigné appréhender. À partir de cet instant, sa vocation sera de lutter contre le crime et de suivre l'adage : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »[9].
34
+
35
+ Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa tante, en plus de ses frais d'études, Peter doit rapidement trouver un travail. Échouant à intégrer l'équipe des Quatre Fantastiques[10] car ceux-ci ne sont pas payés en tant que super-héros[11] et possédant un appareil photo, il a l'idée de faire des photos de lui-même en tenue de Spider-Man, qu'il va ensuite vendre à différents journaux. À cette occasion, il sera remarqué par J. Jonah Jameson, l'irascible propriétaire et rédacteur en chef du journal Quotidien (le Daily Bugle en VO) de New York, qui l'embauchera en tant que photographe indépendant en free-lance. Les locaux du journal, ainsi que ses employés, joueront par la suite un grand rôle dans sa carrière de super-héros.
36
+
37
+ Son patron, J. Jonah Jameson, est l'archétype même de l'envieux : selon lui, tous les super-héros sont au mieux des profiteurs de gloire, au pire des malfaiteurs qu'il faut démasquer aux yeux du public. Spider-Man sera sa cible préférée ; dès l'instant où ce dernier sauve son fils, John, Jonah Jameson considère que c'est dans l'unique but de lui voler la vedette.
38
+
39
+ Peter Parker, en adolescent mal dans sa peau, a bien du mal à empêcher que son identité secrète ne soit dévoilée, du fait de la pression de l'opinion publique, la police, ses petites amies Mary Jane Watson et Gwen Stacy, sa tante May cardiaque et les criminels qu'il rencontrera lors de ses aventures.
40
+
41
+ On apprendra plus tard par Madame Web qu'il est « la force du fil de la toile de la vie » et que, pour préserver l'avenir, il ne doit jamais se corrompre.
42
+
43
+ Bien avant que son identité secrète ne fût révélée publiquement, plusieurs personnes étaient déjà au courant de la double vie de Peter Parker :
44
+
45
+ La réputation super-héroïque de Spider-Man grandit rapidement, et il fut amené à combattre un nombre ahurissant de super-vilains, dont le Docteur Octopus, l'Homme-Sable, Mystério, le Bouffon Vert et Kraven le chasseur. Peu après, plusieurs de ces criminels détournèrent leur attention du crime pour se venger de Spider-Man. En exclusivité, Peter vendit ses photos de combats de Spider-Man au Bugle, utilisant l'argent pour aider tante May. Périodiquement, Jameson utilise ces images pour attaquer l'image publique de Spider-Man. Mais alors qu'il est incapable de détruire en permanence la réputation du tisseur, Jameson s'est assuré que l'araignée ne pourrait jamais se réjouir de l'appui de la population qu'il méritait.
46
+
47
+ Avec la nouvelle confiance que son identité secrète lui procurait, Peter commença à casser son image de « faible » Parker et de rat de bibliothèque. Même la fille la plus populaire de la classe, Liz Allen (qui devint plus tard Liz Osborn) commença à s'intéresser à lui. Jaloux, le petit ami de Liz, le despote de la classe et la star du football Flash Thompson, défia Peter dans un combat de boxe et il arriva deuxième, ce qui mena à un nouveau respect pour son ancienne victime. Peter commença ensuite à sortir avec la secrétaire du Daily Bugle, Betty Brant, une fille timide, captivée par le danger que surmontait Peter en photographiant Spider-Man. Quand ce monde dangereux coûta la vie du frère de Betty, Bennett Brant, assassiné par Blackie Gaxton, Peter comprit pour la première fois la menace mortelle que Spider-Man représentait pour ceux qu'il aimait.
48
+
49
+ Au-delà des nombreux ennemis que Spider-Man affronta, il se fit un grand nombre d'alliés. Durant toutes ses aventures solitaires, il a rencontré d'autres héros qui devinrent ses amis et alliés comme Daredevil, les X-Men, les Quatre Fantastiques, le Docteur Strange et Captain America. À l'inverse de l'opinion publique, la communauté des super-héros fait dans son ensemble confiance à Spider-Man, au point de le contacter à chaque fois qu'un danger d'ordre universel se profile à l'horizon tel que Thanos, le Mage, la Déesse…
50
+
51
+ La première relation amoureuse sérieuse de Peter est avec Gwen Stacy. Il se lie alors d'amitié avec son père, George Stacy, un officier de police retraité. Lors d'un combat avec le Docteur Octopus, George Stacy meurt en sauvant un enfant qui allait mourir écrasé par les décombres d'un immeuble. Agonisant, George lui révèle qu'il connaissait depuis un certain temps son identité en l'appelant par son prénom. Il lui demande de prendre soin de sa fille. Ces paroles reviendront longtemps le hanter.
52
+
53
+ Le public, convaincu que Spider-Man est responsable de sa mort, le traita comme un ennemi public. Il fut attaqué par d'autres super-héros comme Iceberg des X-Men, auquel il s'allia finalement pour sauver Joe Robertson. Ces évènements ont provoqué également un fort ressentiment de Gwen contre Spider-Man, qui, tourmenté par la culpabilité, savait qu'il ne pourrait jamais révéler son identité authentique sans risquer de la perdre pour toujours.
54
+
55
+ À cette époque, Harry se tourne vers le LSD, avec comme conséquences des problèmes relationnels avec Mary Jane (dont il est amoureux) et avec son père. À la suite de ces soucis, Norman redevient le Bouffon, enlève Gwen et va sur le pont George Washington, défiant Spider-Man. Au milieu du combat, Gwen tombe du pont. Spider-Man tente de la rattraper du haut du pont, mais le cou de la jeune femme s'est brisé (pendant la chute ou avant)[13]. C'est l'un des moments les plus dramatiques de toute la carrière de Spider-Man. Peter, fou de rage, essaie de tuer Osborn, mais celui-ci ordonna à son planeur de l'empaler. Averti par son sens d'araignée, Peter esquiva l'engin qui empala le Bouffon, victime de son propre machiavélisme. Harry, sous l'effet de la drogue, assista à la scène et jura de venger son père. La mort de Gwen tourmentera Peter pour le reste de sa vie : est-ce que Gwen s'est brisé la nuque à cause de lui ? Ou était-elle déjà morte avant de tomber du pont ?
56
+
57
+ Aux yeux du monde, Spider-Man est coupable de la mort de Gwen, comme de celle (officielle) de Norman, et plusieurs justiciers comme Luke Cage ou le Punisher veulent l'amener devant la justice.
58
+
59
+ Harry succomba ensuite à l'héritage des Osborn, mais Spider-Man l'empêcha de terminer le travail que Norman avait commencé. C'est à cette époque que le professeur d'université de Gwen et de Peter, Miles Warren, commença ses crimes en tant que Chacal. Il blâma Spider-Man pour la mort de Gwen, dont il était amoureux. L'apogée des plans du Chacal enclencha la création d'un clone de Spider-Man, mais à la conclusion de leur combat, le Chacal et le clone furent supposés morts[14].
60
+
61
+ Pendant cette période, Spider-Man se rapprocha beaucoup plus de Mary Jane. Peu après avoir reçu son diplôme, Peter la demanda en mariage. Mais Mary Jane avait vécu trop de douleurs dans sa propre famille et s'écarta de lui. Elle quitta New York pour poursuivre sa carrière d'actrice.
62
+
63
+ En 1975 débute la première saga du clone, après être rentré de Paris en sauvant Jameson, Peter découvre chez lui Gwen Stacy, vivante et ne sachant pas ce qu'elle fait là. Il s'avère qu'il s'agit d'un clone, le tout premier fabriqué par Le Chacal, celui-ci veut en effet se débarrasser de Spider-Man, et grâce à La Tarentule, il parvient à prélever l'ADN de Peter et ainsi faire un clone de Spider-Man. Les deux hommes-araignées se réveillent en même temps dans un entrepôt, ne sachant pas lequel est le vrai, et Ned Leeds est suspendu à une bombe, que seul le vrai Spider-Man peut approcher sans la déclencher. Un affrontement s'ensuit, les deux Spider-Men étant persuadés d’être le vrai. C'est finalement le clone de Gwen Stacy qui, sorti de l'hypnose que lui a fait subir Le Chacal, redonne la raison à ce dernier. Le chacal se jette alors sur la bombe pour détacher Leeds. Cependant cela déclenche l'explosion et entraîne l'effondrement de l'entrepôt. On ne retrouve pas le corps du Chacal, en revanche le clone de Peter est mort. Gwen Stacy finit par retrouver Peter, et décide de quitter New York après tous ces événements, Peter quant à lui, après s’être assuré qu'il était bien le vrai Peter et non le clone, jette le corps de son clone dans une cheminée.
64
+
65
+ Quand la Chatte noire rencontra Spider-Man, ce fut différent. Felicia Hardy était merveilleuse, talentueuse et déterminée. Elle était aussi une voleuse impertinente qui vouait une fascination obsessionnelle au héros. Spider-Man persuada la Chatte d'abandonner le crime ; ils tombèrent alors amoureux et devinrent partenaires.
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+
67
+ Dans le crossover général de Marvel, Secret Wars, de nombreux héros (dont le Tisseur lui-même) comme Captain America, Hulk, la Guêpe, Miss Hulk, Œil-de-Faucon, Spider-Woman II, les X-Men (Charles Xavier, Cyclope, Diablo, Malicia, Tornade, Wolverine et Magnéto qui s’était temporairement racheté) ainsi que les Quatre Fantastiques (exceptée La Femme Invisible), furent transportés par une entité cosmique connue sous le nom de Beyonder sur une planète appelée Battleworld, pour affronter des super-vilains. Pendant ces évènements, le costume de Spider-Man fut détruit et Peter décida d'utiliser une machine, qui avait apparemment restauré les costumes d'autres héros. Par erreur, Spider-Man activa un appareil différent et libéra une créature extraterrestre emprisonnée dans celle-ci. Pendant et après Secret Wars, Spider-Man fut étonné par ses nouveaux pouvoirs. Plus tard, Red Richards étudia le costume et découvrit que c'était en réalité un être symbiotique, qui voulait s'unir avec Spider-Man de façon permanente, comme un parasite. Heureusement, Spider-Man réussit à se débarrasser de lui, mais il continua à utiliser un costume noir en tissu, en alternant parfois avec le classique. Le symbiote fut confié à Richards.
68
+
69
+ Sa relation avec Felicia devint de plus en plus difficile, mais Peter resta à ses côtés, bien qu'il se rendit compte qu'elle était amoureuse de Spider-Man et non de Peter Parker. Elle accepta ensuite la double identité de son petit ami et leur relation continua pour un certain temps.
70
+
71
+ Le capitaine de police Jean DeWolff fut tuée par Sin-Eater (le Rédempteur en VF). Un certain Emil Gregg avoua sa culpabilité au journaliste Eddie Brock du Daily Globe, qui publia une série d’articles à son sujet. Mais la véritable identité du meurtrier était le sergent Stan Carter, et quand Spider-Man et Daredevil le neutralisèrent, Brock fut licencié. C’est au cours de cette affaire que Spider-Man et Daredevil se révélèrent leurs identités civiles.
72
+
73
+ Mary Jane revint dans la vie de Peter et lui révéla alors qu'elle savait depuis longtemps le secret de son identité. Peter la demanda en mariage pour la seconde fois, et elle accepta. Leur vie changea alors radicalement : Mary Jane abandonna sa vie trépidante et glamour, et Peter put partager ses problèmes avec elle. Leur mariage affronta les périls fréquents de la vie de Spider-Man, ainsi que de sérieux problèmes économiques, Peter étant toujours un photographe indépendant et Mary Jane n'ayant pas une carrière établie.
74
+
75
+ Plus tard, le symbiote s’échappa du Baxter Building et fondit sur Spider-Man, mais celui-ci arriva à s’en débarrasser grâce au son des cloches d’une église. La créature survécut et fusionna avec Eddie Brock, venu prier avant de mettre fin à une vie brisée par le discrédit et son cancer (celui-ci sera révélé beaucoup plus tard). Le symbiote lui transmit les pouvoirs et les souvenirs de son précédent hôte : ils s'unirent pour devenir Venom. Le monstre poussa Peter sur les rails du métro, puis le fit tomber d’un immeuble. Il tortura mentalement Mary Jane, qui fut traumatisée au point de pousser Peter à déménager et de ne plus jamais porter son costume noir. Mais Venom fut capturé et séparé. Durant leur captivité, le symbiote retrouva Brock et refusionna avec lui, formant à nouveau Venom et lui permettant de partir, pensant que Spider-Man était mort.
76
+
77
+ Venom s'échappa peu après, mais son symbiote eut le temps de pondre un œuf dans la cellule où était enfermé Cletus Kasady, un tueur en série ; c'est la naissance de Carnage. Considéré comme le rejeton de Venom, Carnage tua plusieurs personnes pour le plaisir. Échouant à l'arrêter, Spider-Man dut faire appel à Venom, en échange de sa tranquillité définitive. Spider-Man revint cependant sur sa parole et fit à nouveau emprisonner Venom ainsi que Carnage.
78
+
79
+ À cette époque, Harry Osborn s'était marié avec Liz Allen et avait eu un fils, Norman Jr. Pourtant, il devint fou, et devint, comme son père, le Bouffon. Ses crises de folie étaient dues au produit qui lui permettait de devenir plus fort. Il tenta de tuer Parker, mais la présence de Mary Jane et de son fils l'en empêcha. Dans un dernier accès de lucidité, il mourut en sauvant Spider-Man.
80
+
81
+ Le retour de ses parents bouleversa la vie de Peter. Laissés pour morts, ils vivaient en captivité en tant que prisonniers politiques dans l'ancienne URSS. Puis dans la saga en 14 parties Maximum Carnage, Carnage s'évada bientôt et fit équipe avec Shriek, Carrion, le Bouffon noir et Doppelganger. Pour combattre cette menace, Venom joignit à nouveau ses forces avec Spider-Man. Aidés d’autres héros comme Deathlok, la Chatte noire, Captain America, Firestar, la Cape et l’Épée et Iron Fist, ils firent retourner Kasady et sa bande à Ravencroft.
82
+
83
+ Peter, croyant finalement qu'il s'agissait bien de ses deux parents, leur révéla sa vie de Spider-Man. En fait, Richard et Mary Parker étaient des robots du Caméléon, une partie du plan qu'Harry Osborn avait monté avant sa mort. Quand il apprit la vérité, Spider-Man, dans un accès de rage, tua presque son ennemi et le traumatisa pour longtemps.
84
+
85
+ Dans l'une des sagas les plus longues et controversées de l'histoire des comics, la Saga du Clone, la vie de Spider-Man fut bouleversée par l'irruption de Ben Reilly (nom fondé sur le prénom de l'oncle Ben et le nom de famille de la tante May), son clone créé par le Chacal. Ben avait survécu à sa mort apparente, et avait décidé de retourner à New York en apprenant que Tante May était sur son lit de mort. Plus tard, Ben adopta l'identité de Scarlet Spider et mena sa carrière de super-héros en parallèle de celle de Spider-Man. Finalement, tante May mourut. Lors de ses funérailles, Peter fut incarcéré pour les crimes de son autre clone, Kaine. C’est alors que Ben Reilly accepta de prendre sa place en cellule pendant que Spider-Man cherchait à prouver son innocence.
86
+
87
+ Spider-Man combattit alors Kaine, avant qu’ils soient tous les deux enlevés par Judas Traveller qui les soumit à une parodie de procès au sein de l’Institut Ravencroft. Alors que Carnage jouait le rôle du procureur, Kaine dut jouer celui de l’avocat de Spider-Man, et le reste des criminels incarcérés à Ravencroft composait le jury. Au cours du procès, Spider-Man fut attaqué par certains des criminels présents, et Kaine le sauva.
88
+
89
+ Kaine combattit une fois de plus Spider-Man, mais il reconnut n’avoir agi que pour protéger son existence. Devant le refus persistant de Kaine de se dénoncer, Spider-Man lui annonça alors qu’il allait révéler son identité pour mettre un terme à toutes ses manipulations. Après avoir tenté en vain de convaincre Spider-Man de ne pas le faire, Kaine accepta finalement de reconnaître être le véritable meurtrier.
90
+
91
+ Avant que tante May ne s'éteigne, Mary Jane lui avait révélé qu'elle était enceinte. Peter fut très inquiet des conséquences que la radioactivité de son sang pouvait avoir sur la grossesse. Le Chacal, également en vie grâce à sa connaissance du clonage, fit douter Peter et Ben de leurs identités respectives. Ils décidèrent de faire des analyses afin de déterminer lequel était le clone et lequel était l'original. Trompés par le docteur Seward Trainer, ils conclurent que Ben était l'original et Spider-Man le clone ; celui-ci, durement éprouvé auparavant, perdit sa santé mentale déjà fragile et s'allia avec le Chacal pour établir le remplacement des êtres humains par les clones. Pourtant, avec l'aide de Ben et de Kaine, Peter se retourna contre le Chacal qui finit par chuter du haut d'un gratte-ciel.
92
+
93
+ Peter décida de confier le rôle de Spider-Man à Ben pour pouvoir se consacrer à sa famille. Ce n'est que bien plus tard qu'on découvre le responsable de toute cette mascarade : Norman Osborn, qui avait été laissé pour mort pendant les six dernières années et qui avait manipulé le Chacal, Trainer et les autres protagonistes pour rendre fou Peter et détruire sa vie. Devant son échec apparent, il décida de révéler sa présence, ses agents enlevant la fille nouveau-née (on ignore toujours ce qu'elle est devenue après que Norman la fit échanger avec un bébé mort, manipulant le médecin de Mary Jane) et tua Ben, ce qui prouva par ailleurs que Ben était bien le clone car son corps se désintégra. Ces pertes successives affectèrent profondément le couple.
94
+
95
+ Le Bouffon Vert mit en œuvre un plan pour obtenir un pouvoir illimité grâce à un rituel ancien, mais il obtint seulement la folie. Néanmoins, il voulait toujours détruire la vie de Peter. Celui-ci découvrit que sa tante May était toujours vivante et que la femme qui était morte était une actrice payée par Norman.
96
+
97
+ Peter abandonna sa carrière de super-héros, pour rassurer Mary Jane, mais il brisa rapidement sa promesse. Elle se sépara de lui et mourut officiellement dans un accident d'avion. Norman trouva que c'était le moment parfait pour le droguer et le forcer à devenir son héritier, mais il échoua. On découvrit plus tard que Mary Jane avait été enlevée par le Stalker, un harceleur obsédé par celle-ci.
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+ Peu après, Spider-Man fut confronté à Ezekiel, qui remit en question les origines de ses pouvoirs. Il prétendait qu'ils dérivaient de la magie et non de la radioactivité. Finalement, la tante May apprit son secret : en lui rendant visite par surprise, elle le trouva blessé et profondément endormi, son costume déchiré étant resté à terre près de son lit. Peter et Mary Jane acceptèrent d'essayer encore une fois de sauver leur mariage, espérant cette fois-ci y parvenir.
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+ Carnage eut un rejeton aussi, Toxin. Carnage étant dégouté de cette progéniture, il décida donc de le tuer après sa naissance. Toutefois, trop fatigué par « l’accouchement », il ne put le faire et décida alors de remettre cette tache à plus tard ; Patrick Mulligan, un policier déjà sur place lui servit d'hôte pour Toxin. Venom quant à lui voulut que Toxin vive et devienne comme lui. Mais Patrick était quelqu'un de bien et cela déteignit sur le symbiote qui préféra le camp de Spider-Man à celui de ses pères, s'attirant donc leurs foudres.
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+ Lors de Avengers Disassembled, Spider-Man prêta main-forte aux anciens Vengeurs afin de combattre les effets des pouvoirs de la Sorcière Rouge, devenue incontrôlable.
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+ Norman révéla, en prison, l'identité de Spider-Man à Mac Gargan, le Scorpion, et il enleva tante May. Osborn avait été dévoilé publiquement comme le Bouffon Vert et se retrouva en prison après avoir assassiné la journaliste Terri Kidder. Il savait que d'anciennes affaires avaient permis de créer des super-vilains vers 1950 et, comme témoin, il était une cible facile en prison. Norman demanda à Peter de le libérer en échange de la liberté de tante May mais, lorsque Peter s'exécuta, une bataille avec les Sinister Twelve dont faisait maintenant partie Gargan en tant que nouveau Venom, fit rage.
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+ À la suite de Avengers Disassembled, Spider-Man rejoignit les Nouveaux Vengeurs avec Captain America, Wolverine, Jessica Drew, Iron Man, Luke Cage et Sentry. Peter Parker dut habiter avec sa femme Mary Jane et sa tante après les incendies criminels qui avaient ravagé son appartement et la maison de tante May, dans la Tour Stark, qui était aussi le QG des Nouveaux Vengeurs. Pendant les événements de House of M, Peter se retouva dans une illusion qui comportait la vie dont il avait toujours rêvé : son oncle Ben y était vivant, il avait un enfant avec sa femme Gwen Stacy, et il avait l'approbation de l'opinion publique. Quand la réalité fut restaurée, Peter, fou de douleur, demanda au Docteur Strange de lui faire tout oublier , et devint très violent lorsque Strange lui dit qu'il ne pouvait pas. Il alla jusqu'à attaquer mortellement Vif-Argent, le responsable de la manipulation.
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+
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+ Dans L'Autre, Spider-Man est brutalement attaqué par Morlun, qui voulait se nourrir de l'essence mystique de l'araignée en Peter. Pour pouvoir le vaincre, Spider-Man accepta sa part d'araignée et renaquit avec des nouveaux pouvoirs, parmi lesquels des réflexes améliorés, l'adhérence pour l'ensemble de son corps, deux dards sortant de ses poignets et la vision nocturne.
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+ Après l'accident de Stanford provoqué par une altercation entre les New Warriors et quelques super-vilains, et qui a causé la mort de plus de six cents civils, la loi du Superhuman Registration Act (qui exige l’enregistrement de toute personne ayant des aptitudes surhumaines auprès du gouvernement des États-Unis) est appliquée. Quelques jours avant sa promulgation, Spider-Man laisse entendre qu'il y est opposé. Cependant, profitant que Peter était émotionnellement fragile après House of M, Iron Man réussit à le convaincre de révéler son identité au monde entier, afin de prévenir un affrontement ; cela fit de lui, ainsi que de sa famille, une cible pour de nombreux criminels qui voulaient se venger.
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+ Par la suite, la mort de Goliath, tué par un clone cyborg de Thor le fit réfléchir, mais c'est en découvrant la prison de la Zone négative (considérée comme un goulag soviétique par Peter) et les nombreux super-héros incarcérés en dehors du système judiciaire civil, sans procès ni inculpation, pour une durée indéterminée, qu'il décida, très désillusionné, de changer de camp. Finalement, il combattit un Iron Man réticent, et s'échappa, après avoir mis Mary Jane et May en lieu sûr. Il fut sauvagement blessé par le Pitre et Jack O’Lantern (envoyés par le SHIELD contre la volonté d'Iron Man), mais le Punisher le sauva de justesse, en tuant les deux criminels, et l'amena à Captain America, chef de la résistance contre l'enregistrement. Après s’être remis de ses blessures, Spider-Man fit une déclaration télévisée contre la nouvelle loi.
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+
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+ Avec l'espoir de remédier à la situation, Spider-Man se joignit aux forces de la résistance et participa à une titanesque bataille, au milieu de New York, contre Iron Man et ses alliés partisans de l'enregistrement. Quand la bataille fut terminée, Captain America fut appréhendé et Spider-Man, avec beaucoup d'autres héros de la résistance, s'est vu forcé de se cacher.
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+ Tandis que Spider-Man luttait contre ses anciens amis, un ancien ennemi refit surface. Le Caïd du crime, Wilson Fisk, avait engagé, en prison, un tueur à gages pour tuer Peter et sa famille, qui s'étaient réfugiés dans un motel. Quand Peter retourna au motel, il détecta la présence du tueur, mais trop tard. Peter put sauver sa femme, mais le tueur réussit à atteindre May…
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+ May tomba dans un état comateux et se retrouva à la limite de la mort. Émotionnellement plus dévasté que jamais, Spider-Man renfila son costume noir pour ainsi envoyer un nouveau message à ses ennemis : s'ils sont cruels, il le sera aussi, et partit à la recherche du tireur. Après une enquête minutieuse, il découvrit que celui-ci - entretemps éliminé car il en savait trop - avait été engagé par le Caïd. Peter retrouva ce dernier à Rikers Island où s'ensuivit un combat entre les deux ennemis (qui peut rappeler le combat entre Spider-Man et le Bouffon-Vert après la mort de Gwen Stacy). Finalement, le Caïd supplia Peter de le tuer, mais celui-ci préféra attendre la mort de May avant d'assouvir sa vengeance. Il menaça également les autres prisonniers au cas où il leur viendrait la mauvaise idée de s'en prendre eux aussi à ses proches. Continuant sa descente aux enfers, pour faire transférer sa tante, à laquelle la transfusion de son sang n'avait visiblement rien fait, Peter commit de nombreuses infractions, la plus grave étant d'avoir assommé un policier.
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+ Quand Wolverine confirma la mort de Captain America, un Spider-Man inconsolable visita la tombe de Ben Parker, où se trouvait le Rhino qui visitait la tombe de sa mère. Spider-Man, croyant qu'il allait l'attaquer, se battit avec Rhino, qui accidentellement détruisit la tombe de sa mère. Furieux, il attaqua Spider-Man qui se rappela une situation similaire, où il était attaqué par Hulk, pour être finalement sauvé par Captain America. Spider-Man vainquit Rhino et après, il fut confronté par Wolverine au pont où Gwen Stacy fut tuée. Spider-Man lui demanda si la douleur serait surmontée et le mutant lui expliqua que « Tu ne surmontes jamais une mort. Tu dois apprendre à vivre avec et un jour la douleur diminuera ».
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+ Parallèlement, Spider-Man se battra aussi contre Mr Hyde, fera équipe avec l'Homme-Sable pour disculper son père du meurtre d'un Ben Parker d'une autre dimension, en fait tué par le Caméléon de l'année 2211. Enfin, Peter retrouvera Eddie Brock, qui, poussé par Venom, tentera de tuer May puis s'y refusera. Il découvrira également que mademoiselle Arrow, la petite amie de Flash n'était autre qu'Ero, le double femelle de Spider-Man constituée d'araignées, apparue dans la saga l'Autre.
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+
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+ Sentant que la mort de Tante May est imminente, Peter, de plus en plus déprimé, rencontre Mephisto qui lui propose un pacte inattendu : il peut faire revivre sa tante, à condition de modifier le passé. Le mariage entre MJ et Peter n'aurait jamais eu lieu et l'identité nouvellement publique de Spider-Man serait effacée de la mémoire collective. Refusant dans un premier temps, Peter (poussé par sa femme) accepte le pacte. La réalité s'en retrouve chamboulée : MJ et Peter ne sont plus mariés, May est bel et bien vivante (et en bonne santé), Peter vit chez sa tante, Spider-Man ne produit plus de toile organique et retrouve ses lance-toiles, Harry Osborn est vivant, Spider-Man est redevenu une figure inconnue et méprisée du grand public et personne (même la Chatte noire et Daredevil) ne se souvient plus de son identité. On découvre également un élément inattendu : si Peter n'avait pas accepté le pacte de Mephisto, le couple aurait eu une fille… À noter également que MJ passe un pacte secret avec le démon.
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+ Les réactions face à cet arc scénaristique ne se sont pas faites attendre. Beaucoup de fans se sont sentis trahis et les réactions négatives ont été nombreuses[15],[16].
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+ Le crossover Marvel de l'année 2008 touche également les séries de Spider-Man. Dans celles-ci, Spider-Man se retrouve aux prises avec Eddie Brock, l'ancien Venom. Celui-ci, souffrant d'un cancer en phase avancée, s'était vu abandonné par le symbiote Venom, et était sur le point de mourir, lorsqu'il développa un nouveau symbiote de couleur blanche qu'il appela Anti-Venom.
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+ Au contact de l'Anti-Venom, Eddie Brock guérit instantanément de son cancer. Il projeta alors de guérir tout le monde, disant être un nouveau messie. L'Anti-Venom se battit plusieurs fois contre Venom, ce dernier ayant choisi comme hôte l'ancien Scorpion, Mac Gargan, après avoir abandonné Eddie. Il s'avéra que l'Anti-Venom était largement de taille à affronter Venom, et même plus fort, puisqu'il réussit à tuer le symbiote de Gargan. Spider-Man tenta d'intervenir lors du combat, mais Anti-Venom essaya de le « guérir » aussi, et Spider-Man perdit temporairement ses pouvoirs d'araignée.
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+
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+ Sur ordre de Sasha Kravinoff, femme de Kraven le Chasseur, Electro utilise ses pouvoirs pour libérer une partie des prisonniers du Raft, et plus spécialement, Jimmy Natale, le nouveau Vautour. Après le retour du Vautour et des attaques un peu partout dans la ville par celui-ci, certains journalistes écrivent que c'est J. Jonah Jameson, le maire de New York (et ennemi de Spider-Man) qui a créé ce Vautour en menant des expériences sur lui. Jameson se défend, mais les médias insistent. À ce moment-là, le Vautour attaque le maire, qui se trouve dans son bureau. Celui-ci est sauvé de justesse par Spider-Man. Cependant, les journalistes qui assistent à la scène depuis le trottoir ne voient que le Vautour qui est entré dans le bureau du maire, et voient ceci comme une preuve de leur complicité.
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+ Peter Parker sait que c'est faux mais n'a pas de preuve, n'ayant pas d'appareil photo sur lui lors de son combat dans le bureau du maire. Cependant, il refuse de laisser tomber son vieil ennemi, et dans un élan de générosité, modifie une photo par ordinateur, afin de faire croire aux gens que le maire Jameson était bien attaqué par le Vautour.
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+
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+ La modification passe inaperçue auprès des journalistes, qui s'excusent auprès du maire : ce dernier est lavé de tout soupçon. Cependant, il demande une conférence de presse, à laquelle il invite Peter Parker. Peter pense naturellement que c'est pour le remercier, et y va, un sourire aux lèvres. Contre toute attente, le maire de New York affirme alors devant le pays entier que la photo était truquée (il reconnait en effet certains détails sur la photo qui lui mettent la puce à l'oreille). Il refuse de se faire innocenter par une photo truquée, insistant cependant sur le fait qu'il est innocent. Il se dit touché par l'acte de Peter Parker, mais refuse de le garder dans son équipe pour des raisons d'éthique professionnelle. Peter, choqué, se retrouve au chômage et sans un sou.
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+
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+ Habitant chez la sœur de son ami, Michelle Gonzales, il s'autorise des retards sur le loyer, accentuant les rapports assez « pimentés » de leur relation. Celle-ci menace de le mettre à la porte s'il ne fait pas plus attention.
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+
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+ En tant que Spider-Man, la vie ne va pas mieux. Plusieurs de ses anciens ennemis sont revenus en ville : le Rhino, Electro (qui détruit le bâtiment du Daily Bugle lors d'une attaque), le Caméléon, Mysterio, L'Homme-Sable, Kaine (le clone raté de Peter Parker) et même la Chatte noire, qui cependant ne vient pas en tant qu'ennemie. Après plusieurs combats qui l'affaiblissent énormément, Spider-Man tombe malade (fièvre, toux, évanouissements…).
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+
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+ Plusieurs avatars de l'araignée sont enlevés au même moment par la famille Kravinoff (sans Kraven le Chasseur, qui est mort) : Spider-Girl (Anya Corazon), Spider-Woman et Madame Web. Lorsque Peter découvre cela, il entre dans une colère noire, car il comprend qu'elles ont été enlevées à cause de lui. Il est tellement furieux qu'il se laisse facilement berner par le Caméléon, déguisé en son vieil ami Ezekiel, qui l'attire tout droit dans un piège des Kravinoff.
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+
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+ Sasha Kravinoff, Alyosha Kravinoff, Ana Kravinoff et Vladimir se lancent à la poursuite d'un Spider-Man aux portes de la mort : celui-ci arrive à peine à courir. Lorsque tout semble perdu, Kaine apparaît aux côtés de Peter. Il ôte le costume de ce dernier et prend sa place, tandis que le vrai Peter est caché, inconscient. Kaine déguisé en Spider-Man se lance à l'assaut de la famille Kraven, mais il s'avère finalement qu'il ne fait pas du tout le poids et il est facilement capturé. Alors qu'il est amené sur un autel, Sasha Kravinoff révèle enfin ses véritables intentions : tuer Spider-Man et utiliser son sang afin de ressusciter son défunt mari Kraven le Chasseur grâce à un ancien rituel de leur famille. Elle plante ainsi un couteau dans le cœur de Kaine, et le tue. Le sang coule sur la tombe de Kraven, et celui-ci se lève parmi les morts.
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+
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+ Dès que Kraven réalise où il est, il entre lui-même dans une rage noire : il n'avait pas du tout envie d'être ressuscité. Il tue de ses mains Vladimir (qui lui aussi avait été ressuscité peu avant, en tant qu'expérience test), et frappe sa femme. Il regarde alors le corps sans vie de Kaine, et découvre tout de suite que ce n'est pas le vrai Spider-Man.
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+
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+ Le vrai Spider-Man se réveille enfin. Il va un peu mieux, et découvre son costume noir à côté de lui. Il l'enfile, et s'introduit dans le manoir de la famille Kravinoff. Celle-ci est aux aguets : ils savent que Spider-Man va venir se venger à tout moment. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il est dans une colère tellement intense qu'il en est quasiment 100 fois plus puissant. Il piège sans mal Alyosha et Ana, et les neutralise. Il déchire le visage de Sasha Kravinoff en collant ses doigts dessus (technique qu'il n'a utilisée qu'une seule fois : durant Back in Black, contre le Caïd). Il arrive enfin devant Kraven, qui s'est équipé pour le combat : bouclier, haches et lance de chasse. Le combat est extrêmement rapide : Spider-Man est très en colère (il arrive même à éviter une balle de sniper d'Alyosha, ce qui lui est habituellement impossible) mais finalement, il épargne Kraven et sa famille, qui se téléportent en Terre Sauvage pour s'entraîner. Kraven tue ensuite sa femme Sasha pour lui avoir infligé cette humiliation.
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+
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+ Madame Web, sur le point de mourir des suites de ses blessures, transfère ses pouvoirs de voyance à Spider-Woman. Cette dernière décide de la remplacer et fait don de son costume à Spider-Girl.
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+ Mary Jane vient discuter avec Peter chez lui, afin de se réconcilier avec lui. Durant cette discussion, on apprend notamment ce qui est arrivé à leur relation (qui avait été annulé par Méphisto durant One More Day, il y avait donc une nouvelle « version » de cette liaison, où ils finissaient par ne pas se marier). On voit également ce qui s'est passé dans cette « version », pour que l'identité de Peter soit cachée à nouveau : dans cette version, c'est Tony Stark, Reed Richards et le Docteur Strange qui combinent leurs pouvoirs pour cacher son identité.
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+
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+ Après la réconciliation de Mary Jane et Peter Parker, ceux-ci deviennent très bons amis (mais décident d'un commun accord qu'il n'y aura pas plus entre eux). Peter Parker commence à sortir avec une ancienne amie, Carlie Cooper, qui travaille aux services de police. De plus, sur conseils de Marla Jameson, il est embauché par Max Modell aux Laboratoires Horizon, où il peut mettre à contribution sa passion et son talent pour les sciences, et où il est extrêmement bien payé. Il crée en cachette, grâce aux ressources quasiment illimitées de ce Laboratoire, de nouveaux costumes, dont un costume furtif au design très futuriste (la Chatte noire lui dit même qu'il ressemble à « une pub ambulante pour le nouveau Tron ») et un costume pare-balles. Lorsque Max Modell se rend compte que toutes les nouvelles technologies que Peter crée correspondent à un nouveau gadget de Spider-Man, Peter arrive à faire croire à Max Modell qu'il crée des costumes et autres gadgets pour le héros. Max Modell n'y voit heureusement pas d'inconvénient.
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+
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+ Spider-Man doit faire face à un nouvel ennemi : un nouveau Super-bouffon. Celui-ci est un employé du Daily Bugle, amoureux de Norah Winters (une amie de Peter Parker). Pour qu'elle le remarque, il endosse ce costume, commet des crimes et revient toujours au bureau avec des informations exclusives. Le Super-bouffon travaille en partenariat avec le Caïd. Il possède une épée enflammée qu'il a volée à l'ancien Super-Bouffon, et un cri supersonique qu'il peut moduler et qui peut assommer n'importe qui. Spider-Man se retrouve confronté à ce super-vilain lorsque celui-ci attaque les laboratoires Horizon afin de récupérer un métal similaire au vibranium, qu'un collègue de Peter avait mis au point. Peter sort son costume de Spider-Man, mais le Super-Bouffon bat Spider-Man à plate couture, et est sur le point de le tuer lorsqu'une des collègues de Peter couvre le cri supersonique du super-vilain en diffusant une musique au moyen des enceintes du mur. Spider-Man en réchappe de justesse, mais le Super-bouffon s'enfuit avec le minerai dangereux.
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+
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+ Spider-Man modifie alors son costume furtif, en y ajoutant des fonctionnalités spécifiques au Super-Bouffon, dont le blocage des fréquences sur lesquelles est émis le cri de ce dernier. Il s'introduit, avec l'aide de La Chatte noire, dans le repère du Caïd, et arrive à neutraliser tout le stock de vibranium modifié avant de détruire le bâtiment.
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+
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+ Alors que Peter coule des jours paisibles avec Carlie, un étrange événement se produit. La population de New York se voit dotée des mêmes pouvoirs que Spider-Man. Alors que les Vengeurs et les 4 Fantastiques tentent de maîtriser les foules, Peter découvre qu'il s'agit d'un plan du Chacal, qui a récemment fait son retour avec Kaine. Peter parvient à libérer Kaine de l'emprise du Chacal, et ils parviennent à mettre fin à cette folie. Kaine s'exile ensuite pour Houston, où il deviendra Scarlet Spider.
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+
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+ Tout le monde se remet petit à petit des effets de Spider-Island. C'est alors que le Docteur Octopus, gravement malade, réunit les Sinister Six une dernière fois dans le but d'anéantir le monde. Leur plan est mis à mal par Spider-Man et les Vengeurs, et Octopus est renvoyé en prison. Tentant le tout pour le tout, il réussit grâce à un spider-bot à échanger son esprit avec celui de Peter. Octopus occupe donc le corps de son ennemi, pendant que Peter est coincé dans celui fragile et mourant d'Otto. Jouant contre le temps, Peter réussit à fabriquer un spider-bot, mais son plan échoue au dernier moment. Peter meurt dans le corps d'Octopus, dans les bras du nouveau Spider-Man.
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+
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+ Un évènement totalement inattendu se produit alors : au moment de la mort de Peter, Otto comprend le sens des responsabilités d'un héros, et décide alors de devenir un Spider-Man supérieur (d'où le titre de la saga). Il se crée un nouveau costume, plus technologique, avec des griffes et de grandes pattes rétractiles. Il se montre aussi beaucoup plus violent dans sa manière d'appréhender les criminels, il va même jusqu'à en tuer un, Massacre. Il attaque aussi violemment la Chatte noire, alors qu'ils étaient amis. Il envoie des spider-bots dans toute la ville pour être au courant de tout à n'importe quel moment, il se crée une milice privée qui séjourne dans un bunker sur une île, et il remet de l'ordre dans la vie privée de Peter. Il tombe amoureux d'une scientifique, et décide de vivre avec elle.
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+
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+ Mais, terré au fond de l'esprit d'Otto, se cache une parcelle de celui de Peter. Otto finit par s'en rendre compte et réussit à effacer toute trace de son ancien ennemi, du moins en apparence. Si le Spider-Man supérieur gagne l'estime de J.Jonah Jameson, il perd celui des citoyens et des Vengeurs, qui tenteront de l'arrêter. Pendant ce temps, le Bouffon Vert, terré dans l'ombre, prépare son retour. Après quelques aventures temporelles (où le Spider-Man 2099 a échoué dans notre époque), Otto se retrouve confronté au Bouffon Vert. Ne parvenant à le vaincre, il laisse la place à Peter qui reprend possession de son corps.
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+
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+ En reprenant le contrôle de son corps, Peter doit reprendre les rênes de sa vie. Il doit regagner la confiance des Vengeurs, des citoyens, et comprendre pourquoi il vit désormais avec une scientifique. Lors des événements d'Original Sin où chacun voit de lourds secrets révélés, Peter découvre qu'Ezekiel, qui l'avait aidé à vaincre Morlun, a caché une jeune femme qui a été piquée par la même araignée que Peter. Spider-Man la retrouve dans un bunker destiné à la cacher de Morlun. Il y trouve la jeune femme du nom de Cindy Moon, qui devient Silk. Furieuse qu'il l'ait libérée, elle s'en prend à Peter. Mais leurs sens d'araignée leur fait se rapprocher, et ils s'embrassent.
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+
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+ Pendant ce temps, la Chatte noire planifie sa vengeance vis-à-vis de Spider-Man, qui l'a humiliée. Aidée d'Electro, elle se prépare à attaquer. Peter et Cindy se rendent compte que lorsqu'ils sont proches, leur instinct animal prend le dessus et les oblige à faire l'amour. Alors qu'il est à une interview, le studio est attaqué par la Chatte noire et Electro. S'éclipsant discrètement, Peter revient en Spider-Man, avec Silk. Rapidement vaincus, Peter s'apprête à être démasqué en direct. Pendant ce temps, Morlun traque toutes les versions de Spider-Man dans les différents univers. Le Spider-Man Supérieur, qui s'est perdu lors de l'aventure temporelle qui a ramené Spider-Man 2099 à notre époque, décide de rassembler une armée de Spider-Men pour contrer Morlun et sa famille : les Héritiers, qui cherchent à absorber l'énergie vitale de tous les Spider-Man de chaque univers. Cependant, et contrairement aux autres Spider-Men/Women, Peter est au courant du fait que le Spider-Man Supérieur est Octavius, ce qui crée un conflit entre les deux hommes et aboutit à deux factions. Cachés sur un univers protégé par un Spider-Man Cosmique, la guerre contre les Héritiers voit beaucoup de Spider-Men mourir. Un des Héritiers, Karn, changera cependant de camp et aidera les Spider à vaincre sa famille. Octavius essaiera d'en profiter cependant en tuant Karn pour obtenir un pouvoir dimensionnel, mais il sera stoppé par Peter. Les Spider restants retourneront alors dans leurs univers respectifs.
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+ À la suite de cela se produira cependant la fin de l'univers Marvel, où Spider-Man mourra avec presque toute la Terre, pour laisser place à l'événement Secret Wars, où de nombreux univers cohabiteront sur une seule planète, entraînant ainsi plusieurs versions différentes de Spider-Man.
174
+
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+ Après la fin des Secret Wars, le Multivers est restauré ainsi que Spider-Man. L'histoire reprend plusieurs mois après la fin des événements précédents et marque un changement par rapport à la vie de Peter, qui est maintenant un PDG à succès. Il affiche ouvertement son lien avec Spider-Man, se présentant comme son fournisseur, sans avouer cependant qu'ils sont une et même personne, engageant alors une doublure pour jouer Spider-Man quand il est occupé (tout ça pouvant faire penser au style de vie de Iron Man plusieurs années auparavant). Dans cet univers, un autre Spider-Man est également présent : le jeune Miles Morales (originellement de l'univers Ultimate).
176
+
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+ Peter Parker, sous son identité de Spider-Man, est un adepte du monologue : il se parle à lui-même pendant ses sorties en ville et fait preuve d'un humour très particulier. En effet, il lance souvent des plaisanteries ou des vannes, parfois au beau milieu d'un combat, et très souvent pour se moquer de ses ennemis. Ces plaisanteries l'aident à dédramatiser certaines situations et à dompter le stress. Elles ont aussi le don d'exaspérer les super-vilains, la plupart se prenant bien trop au sérieux pour supporter ce dédain de la part du Tisseur, mais elles agacent également ses propres alliés (surtout Daredevil), qui ne manquent pas de le lui faire savoir. Il lui arrive cependant d'être sérieux, voire de se montrer grave ou menaçant.
178
+
179
+ Il possède aussi un côté obscur et vindicatif. Lorsqu'il se voit dépassé par les évènements, ses réactions peuvent être d'une violence extrême, au point de choquer d'autres héros et d'horrifier ses ennemis. Si ce côté obscur et vindicatif est combiné avec le Symbiote, il peut devenir un des héros les plus puissants du monde de Marvel mais aussi l'un des plus dangereux.
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181
+ Il a cependant un code moral très strict, guidé par le fameux adage: « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », qui l'empêche de franchir la ligne rouge et lui impose parfois sa conduite. Ce sens des responsabilités est aussi à double tranchant, car Peter Parker se sent profondément coupable de tous les malheurs qui arrivent à ses proches ou aux autres.
182
+
183
+ La morsure d'une araignée radioactive déclencha dans le corps de Peter Parker des mutations, lui conférant des super-pouvoirs[17]. Dans les histoires originales de Stan Lee et Steve Ditko, Spider-Man a la capacité de s'accrocher aux murs, une force surhumaine, un sixième sens (« sens d'araignée ») qui l'alerte au danger, un équilibre parfait, ainsi qu'une vitesse et une agilité surhumaine[17]. Le personnage a été initialement conçu par Stan Lee et Steve Ditko comme intellectuellement doué, mais les auteurs postérieurs ont représenté son intellect au niveau du génie[18].
184
+
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+ En complément de ses pouvoirs, Peter Parker est un individu académiquement brillant qui possède une expertise dans le domaine des sciences appliquées en chimie, physique, biologie, ingénierie, mathématiques et mécanique. Avec ses talents, il conçoit lui-même ses costumes de Spider-Man, lui permettant de dissimuler son identité, et a fabriqué de nombreux dispositifs qui complètent ses pouvoirs, notamment ses lances-toiles mécaniques[17].
186
+
187
+ Ce costume est en tissu rouge et bleu, avec un motif de toile noire et une araignée de même couleur sur la poitrine. C'est le costume principal. À ce costume classique s'ajoute une série de gadgets sophistiqués : des lances-toiles cachés sous les gants, une ceinture comprenant un signal projetant le signe de l'araignée, des cartouches de toile de rechange, des traceurs magnétiques pour suivre ses ennemis et l'appareil photo miniature qui permet à Peter Parker de vendre ses photographies au Daily Bugle. Dans les films de Sam Raimi, le jet de toile est fait par Spider-Man lui-même, grâce à une mutation de ses poignets lors de la piqûre d'araignée initiale. Cette modification de pouvoirs fut injectée tout d'abord en 2004 dans la série Spectacular Spider-Man (scénarisée par Paul Jenkins), mais les scénaristes des autres séries n'ont pas relayé ce changement, si bien que ce pouvoir refit irruption à l'issue de la saga L'Autre (The Other, écrite par Joe Michael Straczynski et répartie sur toutes les séries régulières Spider-Man en 2005).
188
+
189
+ Dans Secret Wars, l'Araignée porte un costume noir qui se révèle être un symbiote, qui recouvre le corps de ses hôtes et se nourrit de leur adrénaline. Ce costume lui permet de tirer de la toile de manière illimitée (sans cartouches) et, par simple pensée, il peut l'enlever en partie ou intégralement. Ce costume accroît aussi sa rapidité et sa capacité de saut. Il s'en sépare avec l'aide de Mr. Fantastic, en l'emprisonnant dans une cage de verre grâce à un rayon sonique.
190
+
191
+ Le second costume noir : après la disparition du premier, c'est la Chatte noire qui offre un costume de même couleur que le symbiote à Peter. À la suite de l'agression de sa femme Mary Jane par Venom, Peter le fit brûler. Cependant, le costume noir réaparut après l'événement Civil War quand Peter fut pendant un temps hors-la-loi.
192
+
193
+ Armure blindée. Afin de combattre les Nouveaux Exécuteurs, un groupe de malfrats surarmés, Peter élabore une version en métal blindé de son costume rouge et bleu. Celui-ci est réalisée dans un alliage pseudo-métallique (Web of Spider-Man #100). L'armure réduisant son agilité, Spidey s'en débarrassa pour plus de liberté de mouvement.
194
+
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+ Un costume rouge et bleu légèrement différent qui est en fait celui du clone de Peter, Ben Reilly dans la Saga du Clone (Web of Spider-Man #118). Le costume est tout rouge écarlate (Scarlet signifie écarlate en anglais), un gilet bleu avec les manches déchirées et une capuche, des lance-toiles sur les avant-bras (visibles), une ceinture avec des recharges de toile et des petits sacs au niveau des talons.
196
+
197
+ Quand il reprend le rôle de Spider-Man, Ben décide de revisiter son costume. Dans la même matière que le costume originel, celui-ci se distingue par une grosse araignée située au centre du torse, une alternance du rouge/bleu au niveau des doigts, le bas du costume tout bleu avec juste la moitié des mollets en rouge. Sur les avant-bras se situent les lances toiles (visibles) qui peuvent projeter soit de la toile classique soit de la toile impact (uniquement utilisée par Ben). C'est ce costume qui sera utilisée par Spider-Girl dans l'univers MC2.
198
+
199
+ Grâce à ce costume en caoutchouc, Spider-Man possède une protection contre Electro et ses dangereuses décharges. (Amazing Spider-Man #425)
200
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201
+ À la suite de la mort apparente de Peter dans la saga L'Autre, ses proches se débarrassent de toute trace de son identité secrète. Lorsqu'il fait son retour, il n'a donc plus de Spider-costume et Tony Stark alias Iron Man lui en conçoit alors un nouveau à titre temporaire. Stark étant le créateur du costume, il décide de lui donner ses couleurs. Il est mentionné dans Civil War que ce costume est pare-balles, et rend Spider-Man invisible. Les lentilles du masque sont dorées (The Amazing Spider-Man #529).
202
+
203
+ Pour infiltrer le repaire du Caïd afin de récupérer un objet volé, Spider-Man crée un nouveau costume, grâce aux matériaux et technologies disponibles aux Laboratoires Horizon, où il travaille sous son identité de Peter Parker. Ce costume a le pouvoir de réfléchir la lumière, ce qui le rend invisible. Il le protège également des pouvoirs du nouveau Super-Bouffon. À cette occasion, il ajoute divers gadgets à son costume, dont une lampe à ultraviolets, et des lanceurs de toile à commande vocale. (Publication en français : Spider-Man no 143, décembre 2011).
204
+
205
+ Après la mort présumée de la Torche humaine, Peter Parker rejoint les Quatre Fantastiques, temporairement renommés La Fondation du Futur. Dans cette équipe, Spider-Man arbore les couleurs noires et blanches ainsi que le logo de la Fondation (à la place du logo de l'araignée). Ce costume a la particularité de pouvoir inverser ses couleurs (passant du noir sur fond blanc au blanc sur fond noir) à volonté.
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207
+ Après la mort de Peter Parker dans Ultimate Spider-Man, le jeune Miles Morales reprend le flambeau de son prédécesseur. Les membres des Vengeurs lui offrent un nouveau costume noir avec un "V" rouge sur le torse, faisant transition avec le motif de toile rouge sur le haut du torse et la tête. Un symbole d'araignée rouge orne la poitrine, et les doigts sont rouges au motif de toile noire.
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209
+ Lorsque Kaine, un clone raté de Peter Parker, devient le nouveau Scarlet Spider dans sa propre série (Scarlet Spider #01), il porte une nouvelle version du Costume Furtif: rouge écarlate avec le haut du torse, les épaules, la tête et les doigts en noir, un motif d'araignée noir sur le torse, et les yeux rouges. Les lances-toiles sont cette fois-ci cachés (contrairement au premier Scarlet Spider). Ce costume possède, de plus, la capacité de s'auto-réparer par la seule force de la pensée.
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+
211
+ Spider-Man a également croisé la route de héros venus d’autres maisons d’édition, lors de crossover occasionnels :
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213
+ Bien que plusieurs héros, comme Daredevil et Wolverine, trouvent son sens de l'humour énervant, Spider-Man a gagné le respect de plusieurs d'entre eux grâce à son engagement à faire le bien et son refus de renoncer. La Panthère noire a même une fois permis à Spider-Man de manger le fruit de la famille royale de Wakanda, en le décrivant comme un guerrier avec le cœur d'un roi[19]. De même, Captain America fut impressionné par ses capacités lorsqu'ils se sont battus côte à côte[20] et comme d'autres héros, Spider-Man fut profondément affecté par la mort de Steve Rogers. Pendant la tentative d'évasion de Dormammu d'une autre dimension où il avait été exilé, le Docteur Strange réussit à s'avertir de la fuite de Dormammu en envoyant Spider-Man dans le passé quelques instants avant qu'il ne s'échappe ; le Tisseur a par la suite réussi à convaincre les héros rassemblés d'attendre un moment avant d'intervenir pour donner du temps au Docteur Strange pour régler le problème. Bien que Spider-Man n'avait aucune preuve pour prouver la véracité de son histoire, les héros rassemblés, composés de Mr Fantastique, la Torche Humaine, Iron Man, Thor et Cyclope l'ont tous cru sur parole[21].
214
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215
+ Ses amis les plus proches dans ses aventures incluent Daredevil et la Torche Humaine, bien que sa relation avec Daredevil soit plus sérieuse que celle avec la Torche Humaine avec qui il partage un même humour. Spider-Man a aussi développé des liens d'amitié avec des héros des rues de New York, qui incluent la Chatte noire, le Rôdeur, La Cape et l'Épée et Toxin. Il s'entend très bien avec pratiquement tous ses coéquipiers, notamment avec Wolverine. Bien que les deux hommes aient eu des différends, ils se respectent et s'entendent bien (Spider-Man est convaincu que Wolverine est un homme bien, ce que Wolverine apprécie, et Wolverine se soucie des problèmes de Spider-Man). Wolverine éprouva cependant une attirance envers Mary Jane lorsqu'elle habitait avec les Nouveaux Vengeurs, ce qui provoqua de graves tensions entre Spider-Man et lui[22].
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+
217
+ Il reste assez proche des Quatre Fantastiques bien que leur première rencontre fût difficile. Il les affronta afin de leur démontrer qu’il méritait une place dans l'équipe, ayant besoin d'argent pour aider sa famille. Les Fantastiques ne pouvant le rémunérer, le Tisseur renonça à rentrer dans l'équipe. Lorsque les Quatre Fantastiques furent supposés morts, Spider-Man intégra une équipe de remplacement créée afin de venger la mort de ceux-ci, composée de lui-même, Wolverine, Hulk et Ghost Rider (Dan Ketch). Il était le chef non officiel de l'équipe.
218
+
219
+ Iron Man devint en quelque sorte un mentor pour Spider-Man, et il l’encouragea à déménager avec Mary Jane et May à la Tour Stark après la destruction de leur maison lors d’un combat. Iron Man fournit également à Spider-Man un ensemble d’armures qui améliorent ses pouvoirs. Lors de Civil War, Spider-Man devint le bras droit d'Iron Man et rendit publique son identité secrète, afin de montrer son soutien à la loi. Perdant progressivement confiance en Stark à cause des choix moralement douteux des partisans de la loi en général et de Tony en particulier, mais aussi à cause de la mort de Goliath durant l’une des confrontations entre les deux groupes, Spider-Man finit par rejoindre la résistance. Par la suite, Iron Man et Spider-Man vont s'accuser mutuellement de trahison.
220
+
221
+ Deadpool et Spider-Man se sont rencontrés de nombreuses fois. Spider-Man n'apprécie pas beaucoup le mercenaire, tandis que Deadpool considère Spider-Man comme l'une de ses idoles. Les deux personnages ayant la particularité d'être sarcastique, ils sont souvent amenés à faire des « duels de blagues ».
222
+
223
+ Après les événements de Spider-Man: One More Day, l'identité secrète de Spider-Man redevint un secret une nouvelle fois. Il reste néanmoins un membre actif des Nouveaux Vengeurs, à qui il a dernièrement révélé une nouvelle fois son secret, ainsi qu'aux Quatre Fantastiques, pour ainsi mieux coordonner les actions en équipe et établir une relation de confiance. Daredevil (qui a refusé de le savoir) et la Chatte noire ignorent actuellement l'identité de Spider-man.
224
+
225
+ Les scénaristes et dessinateurs qui se sont succédé pendant plusieurs années sur les titres Spider-Man ont réussi à établir un large éventail de super-vilains pour lui faire face[note 1]. Comme Spider-Man, la plupart de ces créatures ont subi un accident scientifique et ont tendance à avoir des costumes ou des pouvoirs en relation avec les animaux. Dès ses débuts, Spider-Man a affronté des super-vilains tels que Le Caméléon (introduit dans le comics The Amazing Spider-Man # 1, mars 1963), le Vautour (#2, mai 1963), Docteur Octopus (#3, juillet 1963), l'Homme-Sable (#4, septembre 1963), le Lézard (#6, novembre 1963), Electro (#9, février 1964), Mystério (#13, juin 1964), le Bouffon Vert (#14, juillet 1964), Kraven le chasseur (#15, août 1964), le Scorpion (# 20, janvier 1965), le Rhino (#41, octobre 1966), Shocker (#46, mars 1967), et le chef de la pègre Wilson Fisk, également connu comme le Caïd[23]. La saga du clone révèle le personnage de Miles Warren qui se transforme en un super-vilain surnommé le Chacal[24]. Après la mort de Norman Osborn, un nouveau vilain plus mystérieux appelé le Super-Bouffon a été développé pour le remplacer dans le numéro 238 jusqu'à ce que Norman Osborn soit réutilisé[25]. Après que Spider-Man s'est séparé du symbiote, un nouvel antagoniste populaire est créé avec Eddie Brock qui devient Venom dans le numéro 298 (mai 1988)[23], il a été un allié de Spider-Man contre une version beaucoup plus sombre de lui appelé Carnage dans le numéro 344[26]. À certains moments, des ennemis de Spider-Man ont formé des groupes tels que les Sinistres Six pour mieux le combattre[27]. Le Bouffon Vert, le Docteur Octopus et Venom sont généralement décrits comme les plus impitoyables et les meilleurs de ses adversaires[28],[29],[30].
226
+
227
+ Le Spider-Man que nous connaissons est celui de l’univers Marvel. Cependant, plusieurs versions différentes existent dans des univers parallèles et permettent des scénarios qui ne sont pas soumis aux contraintes de la continuité Marvel.
228
+
229
+ Par ailleurs, Marvel Comics a décliné le thème du super-héros arachnéen chez d’autres personnages.
230
+
231
+ Spider-Man est un personnage qui fait partie de la culture américaine aussi n'est-il pas étonnant qu'il ait été parodié de nombreuses fois dans des comics (comme le Tales from Riverdale Digest #2 publié par Archie Comics par exemple) ou des films amateurs ou pornographiques (Spider-Man XXX: A Porn Parody[pertinence contestée]). Même Marvel a produit ses propres parodies publiées dans Not Brand Eech (Spider-Man devenant Spider-Ham).
232
+
233
+ Les aventures de Spider-Man ont été racontées dans de nombreuses séries régulières, parmi lesquelles :
234
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+ À ces séries situées sur la Terre 616 s'ajoutent des versions alternatives telles que l'univers Ultimate :
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237
+ De nombreuses adaptations animées pour la télévision et des films pour le cinéma ont vu le jour depuis la création du personnage.
238
+
239
+ La série de films Spider-Man de Sam Raimi dans laquelle Tobey Maguire interprète le rôle principal a connu un succès planétaire. Spider-Man a atteint la 11e place des films les plus vus au monde, avec un total de plus de 806 millions de dollars d'entrées. La suite Spider-Man 2 est sortie en 2004 et Spider-Man 3 en 2007.
240
+
241
+ Une nouvelle franchise, qui recommence l'histoire, a débuté en juillet 2012 avec le premier opus intitulé tout simplement The Amazing Spider-Man, sous la direction de Marc Webb avec Andrew Garfield dans le rôle de Spider-Man. The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros, sa suite, est sortie en avril 2014. La sortie d'un troisième opus a cependant été annulée, suite à une réception critique très mitigée du dernier film[34].
242
+
243
+ Depuis l'accord de Sony Pictures Entertainment et de Marvel Studios en février 2015, il est décidé que Spider-Man sera intégré dans le MCU lors de la 3e phase. C'est le jeune acteur anglais Tom Holland qui est choisi pour incarner le personnage, rajeuni pour l'occasion. Après une courte apparition en 2016 dans le film évènement Captain America: Civil War, il a droit à son propre film, Spider-Man: Homecoming, sorti en 2017. Est prévue une trilogie qui suivra les trois années de lycée de Peter Parker[35].
244
+
245
+ Les films suivants sont en réalité des épisodes remontés de la série télévisée The Amazing Spider-Man :
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+ L'univers cinématographique Spider-man a été annoncé par Sony Pictures Entertainment en décembre 2013.
250
+
251
+ En février 2015, Marvel Studios conclut un accord avec Sony Pictures et annonce que Spider-Man intègre l'univers cinématographique Marvel afin de pouvoir rejoindre les Avengers, comme dans les comics. C'est le jeune acteur Tom Holland[37] qui reprend le rôle-titre.
252
+
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+ Le personnage a été utilisé dans plusieurs jeux de plates-formes et Action-RPG :
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+ Le personnage apparaît également en tant que personnage déblocable dans le jeu vidéo Tony Hawk's Pro Skater 2.
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+ Spider-Man apparaît également dans le jeu de plateau HeroScape Marvel et dans le jeu de figurines à collectionner Heroclix produit par Wizkids. Il existe même un jeu de plateau nommé Spider-Man où il est possible d'incarner les héros et les super-vilains de la série[42].
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+ « a teenage superhero and middle-aged supervillains—an impressive rogues' gallery which includes such memorable knaves and grotesques as the Vulture, »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Richard Parker (père, †), Mary Fitzpatrick Parker (mère, †), William Fitzpatrick (grand-père maternel, †), Benjamin Parker (oncle / père adoptif, †), May Reilly Parker (tante / mère adoptive), Teresa Parker (peut-être sœur), Jay Jameson (oncle par alliance), J. Jonah Jameson (cousin par alliance), John Jameson (l'Homme-Loup, cousin au second degré par alliance), Mary Jane Watson Parker (autrefois épouse, mais plus personne ne s'en souvient, aujourd'hui ex-fiancée), Philip Watson (autrefois beau-père), Madeline Watson (autrefois belle-mère, †), Gayle Watson Byrnes (autrefois belle-sœur), May Parker (Spider-Girl, fille, présumée morte), Benjamin « Ben » Reilly (Scarlet Spider, clone / « frère » / « cousin », †), Kaine (Scarlet-Spider, clone), Spidercide (clone, †), le Gardien (clone, †), Jack (clone, †), d'autres clones (décédés)[1]
6
+
7
+ (fr) Fantask no 4(mai 1969, avec Amazing Spider-Man (vol. 1) #1 ; Amazing Fantasy #15 a été publié dans Iron-Man (Arédit) no 1 au 2e trimestre 1980)[1]
8
+
9
+ Peter Parker, alias Spider-Man (souvent écrit « Spiderman » de façon erronée), est un super-héros évoluant dans l'univers Marvel de la maison d'édition Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Steve Ditko, le personnage de fiction apparaît pour la première fois dans le comic book Amazing Fantasy (vol. 1) #15 en août 1962.
10
+
11
+ En France (souvent traduit par l'Homme Araignée ou simplement l'Araignée), le personnage apparaît pour la première fois en mai 1969, dans le no 4 du périodique Fantask, publié aux Éditions Lug. Il s'agit en fait de la traduction du premier numéro de The Amazing Spider-Man datant de 1963. Ses origines, parues un an plus tôt dans Amazing Fantasy #15, ne seront publiées en français qu'en 1980 dans un album d'Iron-Man édité chez Arédit/Artima, puis en 1981 chez Lug dans un numéro spécial de sa revue Strange[2].
12
+
13
+ Lors de sa première apparition dans Amazing Fantasy, Spider-Man est l'identité que se choisit le jeune Peter Parker après avoir été mordu par une araignée radioactive et découvert qu'il avait à cette occasion développé des super-pouvoirs. Le succès de ce numéro permet à Spider-Man d'avoir dès 1963 sa propre série, The Amazing Spider-Man.
14
+
15
+ Spider-Man est depuis lors l'un des personnages les plus populaires de l'univers des comics. Au fil des ans, d'autres périodiques lui seront consacrés, tel Spectacular Spider-Man et Peter Parker, the Spider-Man, mais The Amazing Spider-Man est toujours le magazine principal du héros.
16
+
17
+ Peter Parker meurt dans le numéro 700 de The Amazing Spider-Man mais un nouveau Spider-Man reprend le flambeau lorsque l'esprit du Docteur Octopus occupe le corps de Parker[3]. Cependant, une part de Peter demeure en vie et cohabite avec l'esprit d'Octopus dans son propre corps et le criminel laisse finalement l'âme de Peter récupérer son corps.
18
+
19
+ Le personnage a été interprété par trois acteurs au cinéma : Tobey Maguire pour une trilogie de Sam Raimi de 2002 à 2007, Andrew Garfield pour deux films en 2012 et 2014 puis, à la suite d'un accord avec Sony Pictures, propriétaire des droits du personnage au cinéma, a été intégré dans l'univers cinématographique Marvel, incarné par Tom Holland depuis 2016.
20
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21
+ L'origine de Spider-Man est complexe et plusieurs personnes (Joe Simon, C. C. Beck, Jack Kirby, Stan Lee et Steve Ditko) ont participé d'une façon plus ou moins proche à celle-ci.
22
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23
+ À l'origine, Joe Simon en 1953 crée pour l'éditeur Harvey Comics un super-héros appelé Spiderman. Il dessine aussi le logo et propose à C. C. Beck de dessiner la série. Cependant la série s'arrête au niveau du projet (avec les crayonnés de Beck) car l'éditeur la refuse. En 1959, Joe Simon propose à Jack Kirby de travailler avec lui pour MLJ et lui donne le dossier «Spiderman». Simon et Kirby à partir de ces notes créent The Fly mais après le no 2 ils quittent l'éditeur [4].
24
+
25
+ Kirby part pour Marvel où, en 1961, en s'inspirant des notes ayant servi à la création de The Fly, il propose à Stan Lee de créer un nouveau super-héros nommé Spiderman, Lee décide de couper le nom et propose une histoire de onze pages. Steve Ditko doit encrer la série que dessine Kirby mais, ayant vu que Spider-Man s'inspirait de The Fly, Lee décide de reprendre les origines et les pouvoirs du jeune super-héros et de confier le dessin à Ditko[5].
26
+
27
+ La version française a été publiée par les éditions Lug, dès 1969 dans la revue Fantask puis à partir de 1971 dans Strange. À cette époque, il est plus communément appelé « L’Homme araignée » ou « L’Araignée » (ce dernier titre étant choisi par Lug pour désigner le personnage). Dans le comics, les autres personnages lui donnent une grande variété de surnoms plus ou moins dévalorisants, tels que le « Monte-en-l’air » (Wall-crawler), « Tête de toile » (Web head), « Tisseur » (Web-slinger), ou simplement Spidey.
28
+
29
+ Peter Parker est le fils unique de Richard et Mary Parker. Ses parents sont tués en travaillant sous couverture pour le gouvernement[6]. Orphelin à l'âge de six ans, Peter est alors confié aux soins de son oncle et sa tante, Benjamin et May Parker.
30
+
31
+ Devenu étudiant, un jour, à la suite d'une expérience à laquelle il assiste, il est mordu par une araignée radioactive[7]. Cette morsure lui confère des super-pouvoirs : il obtient une force et une agilité hors du commun, la capacité d’adhérer aux parois ainsi qu'un « sens d'araignée » l'avertissant des dangers imminents[8].
32
+
33
+ Dans un premier temps, il met à profit ses pouvoirs fraîchement acquis pour gagner de l'argent. Mais très vite, un drame va changer sa vie : il laisse un voleur s'échapper alors qu'il aurait pu très facilement l'arrêter, prétextant que ce n'est pas son problème. Peu de temps après, son oncle Ben est tué par un cambrioleur. Ivre de colère, Peter se lance à la poursuite de l'assassin qui, une fois arrêté, se révèle être le voleur qu'il n'avait pas daigné appréhender. À partir de cet instant, sa vocation sera de lutter contre le crime et de suivre l'adage : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »[9].
34
+
35
+ Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa tante, en plus de ses frais d'études, Peter doit rapidement trouver un travail. Échouant à intégrer l'équipe des Quatre Fantastiques[10] car ceux-ci ne sont pas payés en tant que super-héros[11] et possédant un appareil photo, il a l'idée de faire des photos de lui-même en tenue de Spider-Man, qu'il va ensuite vendre à différents journaux. À cette occasion, il sera remarqué par J. Jonah Jameson, l'irascible propriétaire et rédacteur en chef du journal Quotidien (le Daily Bugle en VO) de New York, qui l'embauchera en tant que photographe indépendant en free-lance. Les locaux du journal, ainsi que ses employés, joueront par la suite un grand rôle dans sa carrière de super-héros.
36
+
37
+ Son patron, J. Jonah Jameson, est l'archétype même de l'envieux : selon lui, tous les super-héros sont au mieux des profiteurs de gloire, au pire des malfaiteurs qu'il faut démasquer aux yeux du public. Spider-Man sera sa cible préférée ; dès l'instant où ce dernier sauve son fils, John, Jonah Jameson considère que c'est dans l'unique but de lui voler la vedette.
38
+
39
+ Peter Parker, en adolescent mal dans sa peau, a bien du mal à empêcher que son identité secrète ne soit dévoilée, du fait de la pression de l'opinion publique, la police, ses petites amies Mary Jane Watson et Gwen Stacy, sa tante May cardiaque et les criminels qu'il rencontrera lors de ses aventures.
40
+
41
+ On apprendra plus tard par Madame Web qu'il est « la force du fil de la toile de la vie » et que, pour préserver l'avenir, il ne doit jamais se corrompre.
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43
+ Bien avant que son identité secrète ne fût révélée publiquement, plusieurs personnes étaient déjà au courant de la double vie de Peter Parker :
44
+
45
+ La réputation super-héroïque de Spider-Man grandit rapidement, et il fut amené à combattre un nombre ahurissant de super-vilains, dont le Docteur Octopus, l'Homme-Sable, Mystério, le Bouffon Vert et Kraven le chasseur. Peu après, plusieurs de ces criminels détournèrent leur attention du crime pour se venger de Spider-Man. En exclusivité, Peter vendit ses photos de combats de Spider-Man au Bugle, utilisant l'argent pour aider tante May. Périodiquement, Jameson utilise ces images pour attaquer l'image publique de Spider-Man. Mais alors qu'il est incapable de détruire en permanence la réputation du tisseur, Jameson s'est assuré que l'araignée ne pourrait jamais se réjouir de l'appui de la population qu'il méritait.
46
+
47
+ Avec la nouvelle confiance que son identité secrète lui procurait, Peter commença à casser son image de « faible » Parker et de rat de bibliothèque. Même la fille la plus populaire de la classe, Liz Allen (qui devint plus tard Liz Osborn) commença à s'intéresser à lui. Jaloux, le petit ami de Liz, le despote de la classe et la star du football Flash Thompson, défia Peter dans un combat de boxe et il arriva deuxième, ce qui mena à un nouveau respect pour son ancienne victime. Peter commença ensuite à sortir avec la secrétaire du Daily Bugle, Betty Brant, une fille timide, captivée par le danger que surmontait Peter en photographiant Spider-Man. Quand ce monde dangereux coûta la vie du frère de Betty, Bennett Brant, assassiné par Blackie Gaxton, Peter comprit pour la première fois la menace mortelle que Spider-Man représentait pour ceux qu'il aimait.
48
+
49
+ Au-delà des nombreux ennemis que Spider-Man affronta, il se fit un grand nombre d'alliés. Durant toutes ses aventures solitaires, il a rencontré d'autres héros qui devinrent ses amis et alliés comme Daredevil, les X-Men, les Quatre Fantastiques, le Docteur Strange et Captain America. À l'inverse de l'opinion publique, la communauté des super-héros fait dans son ensemble confiance à Spider-Man, au point de le contacter à chaque fois qu'un danger d'ordre universel se profile à l'horizon tel que Thanos, le Mage, la Déesse…
50
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51
+ La première relation amoureuse sérieuse de Peter est avec Gwen Stacy. Il se lie alors d'amitié avec son père, George Stacy, un officier de police retraité. Lors d'un combat avec le Docteur Octopus, George Stacy meurt en sauvant un enfant qui allait mourir écrasé par les décombres d'un immeuble. Agonisant, George lui révèle qu'il connaissait depuis un certain temps son identité en l'appelant par son prénom. Il lui demande de prendre soin de sa fille. Ces paroles reviendront longtemps le hanter.
52
+
53
+ Le public, convaincu que Spider-Man est responsable de sa mort, le traita comme un ennemi public. Il fut attaqué par d'autres super-héros comme Iceberg des X-Men, auquel il s'allia finalement pour sauver Joe Robertson. Ces évènements ont provoqué également un fort ressentiment de Gwen contre Spider-Man, qui, tourmenté par la culpabilité, savait qu'il ne pourrait jamais révéler son identité authentique sans risquer de la perdre pour toujours.
54
+
55
+ À cette époque, Harry se tourne vers le LSD, avec comme conséquences des problèmes relationnels avec Mary Jane (dont il est amoureux) et avec son père. À la suite de ces soucis, Norman redevient le Bouffon, enlève Gwen et va sur le pont George Washington, défiant Spider-Man. Au milieu du combat, Gwen tombe du pont. Spider-Man tente de la rattraper du haut du pont, mais le cou de la jeune femme s'est brisé (pendant la chute ou avant)[13]. C'est l'un des moments les plus dramatiques de toute la carrière de Spider-Man. Peter, fou de rage, essaie de tuer Osborn, mais celui-ci ordonna à son planeur de l'empaler. Averti par son sens d'araignée, Peter esquiva l'engin qui empala le Bouffon, victime de son propre machiavélisme. Harry, sous l'effet de la drogue, assista à la scène et jura de venger son père. La mort de Gwen tourmentera Peter pour le reste de sa vie : est-ce que Gwen s'est brisé la nuque à cause de lui ? Ou était-elle déjà morte avant de tomber du pont ?
56
+
57
+ Aux yeux du monde, Spider-Man est coupable de la mort de Gwen, comme de celle (officielle) de Norman, et plusieurs justiciers comme Luke Cage ou le Punisher veulent l'amener devant la justice.
58
+
59
+ Harry succomba ensuite à l'héritage des Osborn, mais Spider-Man l'empêcha de terminer le travail que Norman avait commencé. C'est à cette époque que le professeur d'université de Gwen et de Peter, Miles Warren, commença ses crimes en tant que Chacal. Il blâma Spider-Man pour la mort de Gwen, dont il était amoureux. L'apogée des plans du Chacal enclencha la création d'un clone de Spider-Man, mais à la conclusion de leur combat, le Chacal et le clone furent supposés morts[14].
60
+
61
+ Pendant cette période, Spider-Man se rapprocha beaucoup plus de Mary Jane. Peu après avoir reçu son diplôme, Peter la demanda en mariage. Mais Mary Jane avait vécu trop de douleurs dans sa propre famille et s'écarta de lui. Elle quitta New York pour poursuivre sa carrière d'actrice.
62
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+ En 1975 débute la première saga du clone, après être rentré de Paris en sauvant Jameson, Peter découvre chez lui Gwen Stacy, vivante et ne sachant pas ce qu'elle fait là. Il s'avère qu'il s'agit d'un clone, le tout premier fabriqué par Le Chacal, celui-ci veut en effet se débarrasser de Spider-Man, et grâce à La Tarentule, il parvient à prélever l'ADN de Peter et ainsi faire un clone de Spider-Man. Les deux hommes-araignées se réveillent en même temps dans un entrepôt, ne sachant pas lequel est le vrai, et Ned Leeds est suspendu à une bombe, que seul le vrai Spider-Man peut approcher sans la déclencher. Un affrontement s'ensuit, les deux Spider-Men étant persuadés d’être le vrai. C'est finalement le clone de Gwen Stacy qui, sorti de l'hypnose que lui a fait subir Le Chacal, redonne la raison à ce dernier. Le chacal se jette alors sur la bombe pour détacher Leeds. Cependant cela déclenche l'explosion et entraîne l'effondrement de l'entrepôt. On ne retrouve pas le corps du Chacal, en revanche le clone de Peter est mort. Gwen Stacy finit par retrouver Peter, et décide de quitter New York après tous ces événements, Peter quant à lui, après s’être assuré qu'il était bien le vrai Peter et non le clone, jette le corps de son clone dans une cheminée.
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+ Quand la Chatte noire rencontra Spider-Man, ce fut différent. Felicia Hardy était merveilleuse, talentueuse et déterminée. Elle était aussi une voleuse impertinente qui vouait une fascination obsessionnelle au héros. Spider-Man persuada la Chatte d'abandonner le crime ; ils tombèrent alors amoureux et devinrent partenaires.
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+ Dans le crossover général de Marvel, Secret Wars, de nombreux héros (dont le Tisseur lui-même) comme Captain America, Hulk, la Guêpe, Miss Hulk, Œil-de-Faucon, Spider-Woman II, les X-Men (Charles Xavier, Cyclope, Diablo, Malicia, Tornade, Wolverine et Magnéto qui s’était temporairement racheté) ainsi que les Quatre Fantastiques (exceptée La Femme Invisible), furent transportés par une entité cosmique connue sous le nom de Beyonder sur une planète appelée Battleworld, pour affronter des super-vilains. Pendant ces évènements, le costume de Spider-Man fut détruit et Peter décida d'utiliser une machine, qui avait apparemment restauré les costumes d'autres héros. Par erreur, Spider-Man activa un appareil différent et libéra une créature extraterrestre emprisonnée dans celle-ci. Pendant et après Secret Wars, Spider-Man fut étonné par ses nouveaux pouvoirs. Plus tard, Red Richards étudia le costume et découvrit que c'était en réalité un être symbiotique, qui voulait s'unir avec Spider-Man de façon permanente, comme un parasite. Heureusement, Spider-Man réussit à se débarrasser de lui, mais il continua à utiliser un costume noir en tissu, en alternant parfois avec le classique. Le symbiote fut confié à Richards.
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+ Sa relation avec Felicia devint de plus en plus difficile, mais Peter resta à ses côtés, bien qu'il se rendit compte qu'elle était amoureuse de Spider-Man et non de Peter Parker. Elle accepta ensuite la double identité de son petit ami et leur relation continua pour un certain temps.
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+ Le capitaine de police Jean DeWolff fut tuée par Sin-Eater (le Rédempteur en VF). Un certain Emil Gregg avoua sa culpabilité au journaliste Eddie Brock du Daily Globe, qui publia une série d’articles à son sujet. Mais la véritable identité du meurtrier était le sergent Stan Carter, et quand Spider-Man et Daredevil le neutralisèrent, Brock fut licencié. C’est au cours de cette affaire que Spider-Man et Daredevil se révélèrent leurs identités civiles.
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+ Mary Jane revint dans la vie de Peter et lui révéla alors qu'elle savait depuis longtemps le secret de son identité. Peter la demanda en mariage pour la seconde fois, et elle accepta. Leur vie changea alors radicalement : Mary Jane abandonna sa vie trépidante et glamour, et Peter put partager ses problèmes avec elle. Leur mariage affronta les périls fréquents de la vie de Spider-Man, ainsi que de sérieux problèmes économiques, Peter étant toujours un photographe indépendant et Mary Jane n'ayant pas une carrière établie.
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+ Plus tard, le symbiote s’échappa du Baxter Building et fondit sur Spider-Man, mais celui-ci arriva à s’en débarrasser grâce au son des cloches d’une église. La créature survécut et fusionna avec Eddie Brock, venu prier avant de mettre fin à une vie brisée par le discrédit et son cancer (celui-ci sera révélé beaucoup plus tard). Le symbiote lui transmit les pouvoirs et les souvenirs de son précédent hôte : ils s'unirent pour devenir Venom. Le monstre poussa Peter sur les rails du métro, puis le fit tomber d’un immeuble. Il tortura mentalement Mary Jane, qui fut traumatisée au point de pousser Peter à déménager et de ne plus jamais porter son costume noir. Mais Venom fut capturé et séparé. Durant leur captivité, le symbiote retrouva Brock et refusionna avec lui, formant à nouveau Venom et lui permettant de partir, pensant que Spider-Man était mort.
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+ Venom s'échappa peu après, mais son symbiote eut le temps de pondre un œuf dans la cellule où était enfermé Cletus Kasady, un tueur en série ; c'est la naissance de Carnage. Considéré comme le rejeton de Venom, Carnage tua plusieurs personnes pour le plaisir. Échouant à l'arrêter, Spider-Man dut faire appel à Venom, en échange de sa tranquillité définitive. Spider-Man revint cependant sur sa parole et fit à nouveau emprisonner Venom ainsi que Carnage.
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+ À cette époque, Harry Osborn s'était marié avec Liz Allen et avait eu un fils, Norman Jr. Pourtant, il devint fou, et devint, comme son père, le Bouffon. Ses crises de folie étaient dues au produit qui lui permettait de devenir plus fort. Il tenta de tuer Parker, mais la présence de Mary Jane et de son fils l'en empêcha. Dans un dernier accès de lucidité, il mourut en sauvant Spider-Man.
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+ Le retour de ses parents bouleversa la vie de Peter. Laissés pour morts, ils vivaient en captivité en tant que prisonniers politiques dans l'ancienne URSS. Puis dans la saga en 14 parties Maximum Carnage, Carnage s'évada bientôt et fit équipe avec Shriek, Carrion, le Bouffon noir et Doppelganger. Pour combattre cette menace, Venom joignit à nouveau ses forces avec Spider-Man. Aidés d’autres héros comme Deathlok, la Chatte noire, Captain America, Firestar, la Cape et l’Épée et Iron Fist, ils firent retourner Kasady et sa bande à Ravencroft.
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+ Peter, croyant finalement qu'il s'agissait bien de ses deux parents, leur révéla sa vie de Spider-Man. En fait, Richard et Mary Parker étaient des robots du Caméléon, une partie du plan qu'Harry Osborn avait monté avant sa mort. Quand il apprit la vérité, Spider-Man, dans un accès de rage, tua presque son ennemi et le traumatisa pour longtemps.
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+ Dans l'une des sagas les plus longues et controversées de l'histoire des comics, la Saga du Clone, la vie de Spider-Man fut bouleversée par l'irruption de Ben Reilly (nom fondé sur le prénom de l'oncle Ben et le nom de famille de la tante May), son clone créé par le Chacal. Ben avait survécu à sa mort apparente, et avait décidé de retourner à New York en apprenant que Tante May était sur son lit de mort. Plus tard, Ben adopta l'identité de Scarlet Spider et mena sa carrière de super-héros en parallèle de celle de Spider-Man. Finalement, tante May mourut. Lors de ses funérailles, Peter fut incarcéré pour les crimes de son autre clone, Kaine. C’est alors que Ben Reilly accepta de prendre sa place en cellule pendant que Spider-Man cherchait à prouver son innocence.
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+ Spider-Man combattit alors Kaine, avant qu’ils soient tous les deux enlevés par Judas Traveller qui les soumit à une parodie de procès au sein de l’Institut Ravencroft. Alors que Carnage jouait le rôle du procureur, Kaine dut jouer celui de l’avocat de Spider-Man, et le reste des criminels incarcérés à Ravencroft composait le jury. Au cours du procès, Spider-Man fut attaqué par certains des criminels présents, et Kaine le sauva.
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+ Kaine combattit une fois de plus Spider-Man, mais il reconnut n’avoir agi que pour protéger son existence. Devant le refus persistant de Kaine de se dénoncer, Spider-Man lui annonça alors qu’il allait révéler son identité pour mettre un terme à toutes ses manipulations. Après avoir tenté en vain de convaincre Spider-Man de ne pas le faire, Kaine accepta finalement de reconnaître être le véritable meurtrier.
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+ Avant que tante May ne s'éteigne, Mary Jane lui avait révélé qu'elle était enceinte. Peter fut très inquiet des conséquences que la radioactivité de son sang pouvait avoir sur la grossesse. Le Chacal, également en vie grâce à sa connaissance du clonage, fit douter Peter et Ben de leurs identités respectives. Ils décidèrent de faire des analyses afin de déterminer lequel était le clone et lequel était l'original. Trompés par le docteur Seward Trainer, ils conclurent que Ben était l'original et Spider-Man le clone ; celui-ci, durement éprouvé auparavant, perdit sa santé mentale déjà fragile et s'allia avec le Chacal pour établir le remplacement des êtres humains par les clones. Pourtant, avec l'aide de Ben et de Kaine, Peter se retourna contre le Chacal qui finit par chuter du haut d'un gratte-ciel.
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+ Peter décida de confier le rôle de Spider-Man à Ben pour pouvoir se consacrer à sa famille. Ce n'est que bien plus tard qu'on découvre le responsable de toute cette mascarade : Norman Osborn, qui avait été laissé pour mort pendant les six dernières années et qui avait manipulé le Chacal, Trainer et les autres protagonistes pour rendre fou Peter et détruire sa vie. Devant son échec apparent, il décida de révéler sa présence, ses agents enlevant la fille nouveau-née (on ignore toujours ce qu'elle est devenue après que Norman la fit échanger avec un bébé mort, manipulant le médecin de Mary Jane) et tua Ben, ce qui prouva par ailleurs que Ben était bien le clone car son corps se désintégra. Ces pertes successives affectèrent profondément le couple.
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+ Le Bouffon Vert mit en œuvre un plan pour obtenir un pouvoir illimité grâce à un rituel ancien, mais il obtint seulement la folie. Néanmoins, il voulait toujours détruire la vie de Peter. Celui-ci découvrit que sa tante May était toujours vivante et que la femme qui était morte était une actrice payée par Norman.
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+ Peter abandonna sa carrière de super-héros, pour rassurer Mary Jane, mais il brisa rapidement sa promesse. Elle se sépara de lui et mourut officiellement dans un accident d'avion. Norman trouva que c'était le moment parfait pour le droguer et le forcer à devenir son héritier, mais il échoua. On découvrit plus tard que Mary Jane avait été enlevée par le Stalker, un harceleur obsédé par celle-ci.
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+ Peu après, Spider-Man fut confronté à Ezekiel, qui remit en question les origines de ses pouvoirs. Il prétendait qu'ils dérivaient de la magie et non de la radioactivité. Finalement, la tante May apprit son secret : en lui rendant visite par surprise, elle le trouva blessé et profondément endormi, son costume déchiré étant resté à terre près de son lit. Peter et Mary Jane acceptèrent d'essayer encore une fois de sauver leur mariage, espérant cette fois-ci y parvenir.
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+ Carnage eut un rejeton aussi, Toxin. Carnage étant dégouté de cette progéniture, il décida donc de le tuer après sa naissance. Toutefois, trop fatigué par « l’accouchement », il ne put le faire et décida alors de remettre cette tache à plus tard ; Patrick Mulligan, un policier déjà sur place lui servit d'hôte pour Toxin. Venom quant à lui voulut que Toxin vive et devienne comme lui. Mais Patrick était quelqu'un de bien et cela déteignit sur le symbiote qui préféra le camp de Spider-Man à celui de ses pères, s'attirant donc leurs foudres.
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+ Lors de Avengers Disassembled, Spider-Man prêta main-forte aux anciens Vengeurs afin de combattre les effets des pouvoirs de la Sorcière Rouge, devenue incontrôlable.
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+ Norman révéla, en prison, l'identité de Spider-Man à Mac Gargan, le Scorpion, et il enleva tante May. Osborn avait été dévoilé publiquement comme le Bouffon Vert et se retrouva en prison après avoir assassiné la journaliste Terri Kidder. Il savait que d'anciennes affaires avaient permis de créer des super-vilains vers 1950 et, comme témoin, il était une cible facile en prison. Norman demanda à Peter de le libérer en échange de la liberté de tante May mais, lorsque Peter s'exécuta, une bataille avec les Sinister Twelve dont faisait maintenant partie Gargan en tant que nouveau Venom, fit rage.
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+ À la suite de Avengers Disassembled, Spider-Man rejoignit les Nouveaux Vengeurs avec Captain America, Wolverine, Jessica Drew, Iron Man, Luke Cage et Sentry. Peter Parker dut habiter avec sa femme Mary Jane et sa tante après les incendies criminels qui avaient ravagé son appartement et la maison de tante May, dans la Tour Stark, qui était aussi le QG des Nouveaux Vengeurs. Pendant les événements de House of M, Peter se retouva dans une illusion qui comportait la vie dont il avait toujours rêvé : son oncle Ben y était vivant, il avait un enfant avec sa femme Gwen Stacy, et il avait l'approbation de l'opinion publique. Quand la réalité fut restaurée, Peter, fou de douleur, demanda au Docteur Strange de lui faire tout oublier , et devint très violent lorsque Strange lui dit qu'il ne pouvait pas. Il alla jusqu'à attaquer mortellement Vif-Argent, le responsable de la manipulation.
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+ Dans L'Autre, Spider-Man est brutalement attaqué par Morlun, qui voulait se nourrir de l'essence mystique de l'araignée en Peter. Pour pouvoir le vaincre, Spider-Man accepta sa part d'araignée et renaquit avec des nouveaux pouvoirs, parmi lesquels des réflexes améliorés, l'adhérence pour l'ensemble de son corps, deux dards sortant de ses poignets et la vision nocturne.
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+ Après l'accident de Stanford provoqué par une altercation entre les New Warriors et quelques super-vilains, et qui a causé la mort de plus de six cents civils, la loi du Superhuman Registration Act (qui exige l’enregistrement de toute personne ayant des aptitudes surhumaines auprès du gouvernement des États-Unis) est appliquée. Quelques jours avant sa promulgation, Spider-Man laisse entendre qu'il y est opposé. Cependant, profitant que Peter était émotionnellement fragile après House of M, Iron Man réussit à le convaincre de révéler son identité au monde entier, afin de prévenir un affrontement ; cela fit de lui, ainsi que de sa famille, une cible pour de nombreux criminels qui voulaient se venger.
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+ Par la suite, la mort de Goliath, tué par un clone cyborg de Thor le fit réfléchir, mais c'est en découvrant la prison de la Zone négative (considérée comme un goulag soviétique par Peter) et les nombreux super-héros incarcérés en dehors du système judiciaire civil, sans procès ni inculpation, pour une durée indéterminée, qu'il décida, très désillusionné, de changer de camp. Finalement, il combattit un Iron Man réticent, et s'échappa, après avoir mis Mary Jane et May en lieu sûr. Il fut sauvagement blessé par le Pitre et Jack O’Lantern (envoyés par le SHIELD contre la volonté d'Iron Man), mais le Punisher le sauva de justesse, en tuant les deux criminels, et l'amena à Captain America, chef de la résistance contre l'enregistrement. Après s’être remis de ses blessures, Spider-Man fit une déclaration télévisée contre la nouvelle loi.
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+ Avec l'espoir de remédier à la situation, Spider-Man se joignit aux forces de la résistance et participa à une titanesque bataille, au milieu de New York, contre Iron Man et ses alliés partisans de l'enregistrement. Quand la bataille fut terminée, Captain America fut appréhendé et Spider-Man, avec beaucoup d'autres héros de la résistance, s'est vu forcé de se cacher.
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+ Tandis que Spider-Man luttait contre ses anciens amis, un ancien ennemi refit surface. Le Caïd du crime, Wilson Fisk, avait engagé, en prison, un tueur à gages pour tuer Peter et sa famille, qui s'étaient réfugiés dans un motel. Quand Peter retourna au motel, il détecta la présence du tueur, mais trop tard. Peter put sauver sa femme, mais le tueur réussit à atteindre May…
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+ May tomba dans un état comateux et se retrouva à la limite de la mort. Émotionnellement plus dévasté que jamais, Spider-Man renfila son costume noir pour ainsi envoyer un nouveau message à ses ennemis : s'ils sont cruels, il le sera aussi, et partit à la recherche du tireur. Après une enquête minutieuse, il découvrit que celui-ci - entretemps éliminé car il en savait trop - avait été engagé par le Caïd. Peter retrouva ce dernier à Rikers Island où s'ensuivit un combat entre les deux ennemis (qui peut rappeler le combat entre Spider-Man et le Bouffon-Vert après la mort de Gwen Stacy). Finalement, le Caïd supplia Peter de le tuer, mais celui-ci préféra attendre la mort de May avant d'assouvir sa vengeance. Il menaça également les autres prisonniers au cas où il leur viendrait la mauvaise idée de s'en prendre eux aussi à ses proches. Continuant sa descente aux enfers, pour faire transférer sa tante, à laquelle la transfusion de son sang n'avait visiblement rien fait, Peter commit de nombreuses infractions, la plus grave étant d'avoir assommé un policier.
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+ Quand Wolverine confirma la mort de Captain America, un Spider-Man inconsolable visita la tombe de Ben Parker, où se trouvait le Rhino qui visitait la tombe de sa mère. Spider-Man, croyant qu'il allait l'attaquer, se battit avec Rhino, qui accidentellement détruisit la tombe de sa mère. Furieux, il attaqua Spider-Man qui se rappela une situation similaire, où il était attaqué par Hulk, pour être finalement sauvé par Captain America. Spider-Man vainquit Rhino et après, il fut confronté par Wolverine au pont où Gwen Stacy fut tuée. Spider-Man lui demanda si la douleur serait surmontée et le mutant lui expliqua que « Tu ne surmontes jamais une mort. Tu dois apprendre à vivre avec et un jour la douleur diminuera ».
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+ Parallèlement, Spider-Man se battra aussi contre Mr Hyde, fera équipe avec l'Homme-Sable pour disculper son père du meurtre d'un Ben Parker d'une autre dimension, en fait tué par le Caméléon de l'année 2211. Enfin, Peter retrouvera Eddie Brock, qui, poussé par Venom, tentera de tuer May puis s'y refusera. Il découvrira également que mademoiselle Arrow, la petite amie de Flash n'était autre qu'Ero, le double femelle de Spider-Man constituée d'araignées, apparue dans la saga l'Autre.
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125
+ Sentant que la mort de Tante May est imminente, Peter, de plus en plus déprimé, rencontre Mephisto qui lui propose un pacte inattendu : il peut faire revivre sa tante, à condition de modifier le passé. Le mariage entre MJ et Peter n'aurait jamais eu lieu et l'identité nouvellement publique de Spider-Man serait effacée de la mémoire collective. Refusant dans un premier temps, Peter (poussé par sa femme) accepte le pacte. La réalité s'en retrouve chamboulée : MJ et Peter ne sont plus mariés, May est bel et bien vivante (et en bonne santé), Peter vit chez sa tante, Spider-Man ne produit plus de toile organique et retrouve ses lance-toiles, Harry Osborn est vivant, Spider-Man est redevenu une figure inconnue et méprisée du grand public et personne (même la Chatte noire et Daredevil) ne se souvient plus de son identité. On découvre également un élément inattendu : si Peter n'avait pas accepté le pacte de Mephisto, le couple aurait eu une fille… À noter également que MJ passe un pacte secret avec le démon.
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+
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+ Les réactions face à cet arc scénaristique ne se sont pas faites attendre. Beaucoup de fans se sont sentis trahis et les réactions négatives ont été nombreuses[15],[16].
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+ Le crossover Marvel de l'année 2008 touche également les séries de Spider-Man. Dans celles-ci, Spider-Man se retrouve aux prises avec Eddie Brock, l'ancien Venom. Celui-ci, souffrant d'un cancer en phase avancée, s'était vu abandonné par le symbiote Venom, et était sur le point de mourir, lorsqu'il développa un nouveau symbiote de couleur blanche qu'il appela Anti-Venom.
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+ Au contact de l'Anti-Venom, Eddie Brock guérit instantanément de son cancer. Il projeta alors de guérir tout le monde, disant être un nouveau messie. L'Anti-Venom se battit plusieurs fois contre Venom, ce dernier ayant choisi comme hôte l'ancien Scorpion, Mac Gargan, après avoir abandonné Eddie. Il s'avéra que l'Anti-Venom était largement de taille à affronter Venom, et même plus fort, puisqu'il réussit à tuer le symbiote de Gargan. Spider-Man tenta d'intervenir lors du combat, mais Anti-Venom essaya de le « guérir » aussi, et Spider-Man perdit temporairement ses pouvoirs d'araignée.
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+
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+ Sur ordre de Sasha Kravinoff, femme de Kraven le Chasseur, Electro utilise ses pouvoirs pour libérer une partie des prisonniers du Raft, et plus spécialement, Jimmy Natale, le nouveau Vautour. Après le retour du Vautour et des attaques un peu partout dans la ville par celui-ci, certains journalistes écrivent que c'est J. Jonah Jameson, le maire de New York (et ennemi de Spider-Man) qui a créé ce Vautour en menant des expériences sur lui. Jameson se défend, mais les médias insistent. À ce moment-là, le Vautour attaque le maire, qui se trouve dans son bureau. Celui-ci est sauvé de justesse par Spider-Man. Cependant, les journalistes qui assistent à la scène depuis le trottoir ne voient que le Vautour qui est entré dans le bureau du maire, et voient ceci comme une preuve de leur complicité.
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135
+ Peter Parker sait que c'est faux mais n'a pas de preuve, n'ayant pas d'appareil photo sur lui lors de son combat dans le bureau du maire. Cependant, il refuse de laisser tomber son vieil ennemi, et dans un élan de générosité, modifie une photo par ordinateur, afin de faire croire aux gens que le maire Jameson était bien attaqué par le Vautour.
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+
137
+ La modification passe inaperçue auprès des journalistes, qui s'excusent auprès du maire : ce dernier est lavé de tout soupçon. Cependant, il demande une conférence de presse, à laquelle il invite Peter Parker. Peter pense naturellement que c'est pour le remercier, et y va, un sourire aux lèvres. Contre toute attente, le maire de New York affirme alors devant le pays entier que la photo était truquée (il reconnait en effet certains détails sur la photo qui lui mettent la puce à l'oreille). Il refuse de se faire innocenter par une photo truquée, insistant cependant sur le fait qu'il est innocent. Il se dit touché par l'acte de Peter Parker, mais refuse de le garder dans son équipe pour des raisons d'éthique professionnelle. Peter, choqué, se retrouve au chômage et sans un sou.
138
+
139
+ Habitant chez la sœur de son ami, Michelle Gonzales, il s'autorise des retards sur le loyer, accentuant les rapports assez « pimentés » de leur relation. Celle-ci menace de le mettre à la porte s'il ne fait pas plus attention.
140
+
141
+ En tant que Spider-Man, la vie ne va pas mieux. Plusieurs de ses anciens ennemis sont revenus en ville : le Rhino, Electro (qui détruit le bâtiment du Daily Bugle lors d'une attaque), le Caméléon, Mysterio, L'Homme-Sable, Kaine (le clone raté de Peter Parker) et même la Chatte noire, qui cependant ne vient pas en tant qu'ennemie. Après plusieurs combats qui l'affaiblissent énormément, Spider-Man tombe malade (fièvre, toux, évanouissements…).
142
+
143
+ Plusieurs avatars de l'araignée sont enlevés au même moment par la famille Kravinoff (sans Kraven le Chasseur, qui est mort) : Spider-Girl (Anya Corazon), Spider-Woman et Madame Web. Lorsque Peter découvre cela, il entre dans une colère noire, car il comprend qu'elles ont été enlevées à cause de lui. Il est tellement furieux qu'il se laisse facilement berner par le Caméléon, déguisé en son vieil ami Ezekiel, qui l'attire tout droit dans un piège des Kravinoff.
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+ Sasha Kravinoff, Alyosha Kravinoff, Ana Kravinoff et Vladimir se lancent à la poursuite d'un Spider-Man aux portes de la mort : celui-ci arrive à peine à courir. Lorsque tout semble perdu, Kaine apparaît aux côtés de Peter. Il ôte le costume de ce dernier et prend sa place, tandis que le vrai Peter est caché, inconscient. Kaine déguisé en Spider-Man se lance à l'assaut de la famille Kraven, mais il s'avère finalement qu'il ne fait pas du tout le poids et il est facilement capturé. Alors qu'il est amené sur un autel, Sasha Kravinoff révèle enfin ses véritables intentions : tuer Spider-Man et utiliser son sang afin de ressusciter son défunt mari Kraven le Chasseur grâce à un ancien rituel de leur famille. Elle plante ainsi un couteau dans le cœur de Kaine, et le tue. Le sang coule sur la tombe de Kraven, et celui-ci se lève parmi les morts.
146
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147
+ Dès que Kraven réalise où il est, il entre lui-même dans une rage noire : il n'avait pas du tout envie d'être ressuscité. Il tue de ses mains Vladimir (qui lui aussi avait été ressuscité peu avant, en tant qu'expérience test), et frappe sa femme. Il regarde alors le corps sans vie de Kaine, et découvre tout de suite que ce n'est pas le vrai Spider-Man.
148
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+ Le vrai Spider-Man se réveille enfin. Il va un peu mieux, et découvre son costume noir à côté de lui. Il l'enfile, et s'introduit dans le manoir de la famille Kravinoff. Celle-ci est aux aguets : ils savent que Spider-Man va venir se venger à tout moment. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il est dans une colère tellement intense qu'il en est quasiment 100 fois plus puissant. Il piège sans mal Alyosha et Ana, et les neutralise. Il déchire le visage de Sasha Kravinoff en collant ses doigts dessus (technique qu'il n'a utilisée qu'une seule fois : durant Back in Black, contre le Caïd). Il arrive enfin devant Kraven, qui s'est équipé pour le combat : bouclier, haches et lance de chasse. Le combat est extrêmement rapide : Spider-Man est très en colère (il arrive même à éviter une balle de sniper d'Alyosha, ce qui lui est habituellement impossible) mais finalement, il épargne Kraven et sa famille, qui se téléportent en Terre Sauvage pour s'entraîner. Kraven tue ensuite sa femme Sasha pour lui avoir infligé cette humiliation.
150
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151
+ Madame Web, sur le point de mourir des suites de ses blessures, transfère ses pouvoirs de voyance à Spider-Woman. Cette dernière décide de la remplacer et fait don de son costume à Spider-Girl.
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153
+ Mary Jane vient discuter avec Peter chez lui, afin de se réconcilier avec lui. Durant cette discussion, on apprend notamment ce qui est arrivé à leur relation (qui avait été annulé par Méphisto durant One More Day, il y avait donc une nouvelle « version » de cette liaison, où ils finissaient par ne pas se marier). On voit également ce qui s'est passé dans cette « version », pour que l'identité de Peter soit cachée à nouveau : dans cette version, c'est Tony Stark, Reed Richards et le Docteur Strange qui combinent leurs pouvoirs pour cacher son identité.
154
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155
+ Après la réconciliation de Mary Jane et Peter Parker, ceux-ci deviennent très bons amis (mais décident d'un commun accord qu'il n'y aura pas plus entre eux). Peter Parker commence à sortir avec une ancienne amie, Carlie Cooper, qui travaille aux services de police. De plus, sur conseils de Marla Jameson, il est embauché par Max Modell aux Laboratoires Horizon, où il peut mettre à contribution sa passion et son talent pour les sciences, et où il est extrêmement bien payé. Il crée en cachette, grâce aux ressources quasiment illimitées de ce Laboratoire, de nouveaux costumes, dont un costume furtif au design très futuriste (la Chatte noire lui dit même qu'il ressemble à « une pub ambulante pour le nouveau Tron ») et un costume pare-balles. Lorsque Max Modell se rend compte que toutes les nouvelles technologies que Peter crée correspondent à un nouveau gadget de Spider-Man, Peter arrive à faire croire à Max Modell qu'il crée des costumes et autres gadgets pour le héros. Max Modell n'y voit heureusement pas d'inconvénient.
156
+
157
+ Spider-Man doit faire face à un nouvel ennemi : un nouveau Super-bouffon. Celui-ci est un employé du Daily Bugle, amoureux de Norah Winters (une amie de Peter Parker). Pour qu'elle le remarque, il endosse ce costume, commet des crimes et revient toujours au bureau avec des informations exclusives. Le Super-bouffon travaille en partenariat avec le Caïd. Il possède une épée enflammée qu'il a volée à l'ancien Super-Bouffon, et un cri supersonique qu'il peut moduler et qui peut assommer n'importe qui. Spider-Man se retrouve confronté à ce super-vilain lorsque celui-ci attaque les laboratoires Horizon afin de récupérer un métal similaire au vibranium, qu'un collègue de Peter avait mis au point. Peter sort son costume de Spider-Man, mais le Super-Bouffon bat Spider-Man à plate couture, et est sur le point de le tuer lorsqu'une des collègues de Peter couvre le cri supersonique du super-vilain en diffusant une musique au moyen des enceintes du mur. Spider-Man en réchappe de justesse, mais le Super-bouffon s'enfuit avec le minerai dangereux.
158
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159
+ Spider-Man modifie alors son costume furtif, en y ajoutant des fonctionnalités spécifiques au Super-Bouffon, dont le blocage des fréquences sur lesquelles est émis le cri de ce dernier. Il s'introduit, avec l'aide de La Chatte noire, dans le repère du Caïd, et arrive à neutraliser tout le stock de vibranium modifié avant de détruire le bâtiment.
160
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161
+ Alors que Peter coule des jours paisibles avec Carlie, un étrange événement se produit. La population de New York se voit dotée des mêmes pouvoirs que Spider-Man. Alors que les Vengeurs et les 4 Fantastiques tentent de maîtriser les foules, Peter découvre qu'il s'agit d'un plan du Chacal, qui a récemment fait son retour avec Kaine. Peter parvient à libérer Kaine de l'emprise du Chacal, et ils parviennent à mettre fin à cette folie. Kaine s'exile ensuite pour Houston, où il deviendra Scarlet Spider.
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163
+ Tout le monde se remet petit à petit des effets de Spider-Island. C'est alors que le Docteur Octopus, gravement malade, réunit les Sinister Six une dernière fois dans le but d'anéantir le monde. Leur plan est mis à mal par Spider-Man et les Vengeurs, et Octopus est renvoyé en prison. Tentant le tout pour le tout, il réussit grâce à un spider-bot à échanger son esprit avec celui de Peter. Octopus occupe donc le corps de son ennemi, pendant que Peter est coincé dans celui fragile et mourant d'Otto. Jouant contre le temps, Peter réussit à fabriquer un spider-bot, mais son plan échoue au dernier moment. Peter meurt dans le corps d'Octopus, dans les bras du nouveau Spider-Man.
164
+
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+ Un évènement totalement inattendu se produit alors : au moment de la mort de Peter, Otto comprend le sens des responsabilités d'un héros, et décide alors de devenir un Spider-Man supérieur (d'où le titre de la saga). Il se crée un nouveau costume, plus technologique, avec des griffes et de grandes pattes rétractiles. Il se montre aussi beaucoup plus violent dans sa manière d'appréhender les criminels, il va même jusqu'à en tuer un, Massacre. Il attaque aussi violemment la Chatte noire, alors qu'ils étaient amis. Il envoie des spider-bots dans toute la ville pour être au courant de tout à n'importe quel moment, il se crée une milice privée qui séjourne dans un bunker sur une île, et il remet de l'ordre dans la vie privée de Peter. Il tombe amoureux d'une scientifique, et décide de vivre avec elle.
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+
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+ Mais, terré au fond de l'esprit d'Otto, se cache une parcelle de celui de Peter. Otto finit par s'en rendre compte et réussit à effacer toute trace de son ancien ennemi, du moins en apparence. Si le Spider-Man supérieur gagne l'estime de J.Jonah Jameson, il perd celui des citoyens et des Vengeurs, qui tenteront de l'arrêter. Pendant ce temps, le Bouffon Vert, terré dans l'ombre, prépare son retour. Après quelques aventures temporelles (où le Spider-Man 2099 a échoué dans notre époque), Otto se retrouve confronté au Bouffon Vert. Ne parvenant à le vaincre, il laisse la place à Peter qui reprend possession de son corps.
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+ En reprenant le contrôle de son corps, Peter doit reprendre les rênes de sa vie. Il doit regagner la confiance des Vengeurs, des citoyens, et comprendre pourquoi il vit désormais avec une scientifique. Lors des événements d'Original Sin où chacun voit de lourds secrets révélés, Peter découvre qu'Ezekiel, qui l'avait aidé à vaincre Morlun, a caché une jeune femme qui a été piquée par la même araignée que Peter. Spider-Man la retrouve dans un bunker destiné à la cacher de Morlun. Il y trouve la jeune femme du nom de Cindy Moon, qui devient Silk. Furieuse qu'il l'ait libérée, elle s'en prend à Peter. Mais leurs sens d'araignée leur fait se rapprocher, et ils s'embrassent.
170
+
171
+ Pendant ce temps, la Chatte noire planifie sa vengeance vis-à-vis de Spider-Man, qui l'a humiliée. Aidée d'Electro, elle se prépare à attaquer. Peter et Cindy se rendent compte que lorsqu'ils sont proches, leur instinct animal prend le dessus et les oblige à faire l'amour. Alors qu'il est à une interview, le studio est attaqué par la Chatte noire et Electro. S'éclipsant discrètement, Peter revient en Spider-Man, avec Silk. Rapidement vaincus, Peter s'apprête à être démasqué en direct. Pendant ce temps, Morlun traque toutes les versions de Spider-Man dans les différents univers. Le Spider-Man Supérieur, qui s'est perdu lors de l'aventure temporelle qui a ramené Spider-Man 2099 à notre époque, décide de rassembler une armée de Spider-Men pour contrer Morlun et sa famille : les Héritiers, qui cherchent à absorber l'énergie vitale de tous les Spider-Man de chaque univers. Cependant, et contrairement aux autres Spider-Men/Women, Peter est au courant du fait que le Spider-Man Supérieur est Octavius, ce qui crée un conflit entre les deux hommes et aboutit à deux factions. Cachés sur un univers protégé par un Spider-Man Cosmique, la guerre contre les Héritiers voit beaucoup de Spider-Men mourir. Un des Héritiers, Karn, changera cependant de camp et aidera les Spider à vaincre sa famille. Octavius essaiera d'en profiter cependant en tuant Karn pour obtenir un pouvoir dimensionnel, mais il sera stoppé par Peter. Les Spider restants retourneront alors dans leurs univers respectifs.
172
+
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+ À la suite de cela se produira cependant la fin de l'univers Marvel, où Spider-Man mourra avec presque toute la Terre, pour laisser place à l'événement Secret Wars, où de nombreux univers cohabiteront sur une seule planète, entraînant ainsi plusieurs versions différentes de Spider-Man.
174
+
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+ Après la fin des Secret Wars, le Multivers est restauré ainsi que Spider-Man. L'histoire reprend plusieurs mois après la fin des événements précédents et marque un changement par rapport à la vie de Peter, qui est maintenant un PDG à succès. Il affiche ouvertement son lien avec Spider-Man, se présentant comme son fournisseur, sans avouer cependant qu'ils sont une et même personne, engageant alors une doublure pour jouer Spider-Man quand il est occupé (tout ça pouvant faire penser au style de vie de Iron Man plusieurs années auparavant). Dans cet univers, un autre Spider-Man est également présent : le jeune Miles Morales (originellement de l'univers Ultimate).
176
+
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+ Peter Parker, sous son identité de Spider-Man, est un adepte du monologue : il se parle à lui-même pendant ses sorties en ville et fait preuve d'un humour très particulier. En effet, il lance souvent des plaisanteries ou des vannes, parfois au beau milieu d'un combat, et très souvent pour se moquer de ses ennemis. Ces plaisanteries l'aident à dédramatiser certaines situations et à dompter le stress. Elles ont aussi le don d'exaspérer les super-vilains, la plupart se prenant bien trop au sérieux pour supporter ce dédain de la part du Tisseur, mais elles agacent également ses propres alliés (surtout Daredevil), qui ne manquent pas de le lui faire savoir. Il lui arrive cependant d'être sérieux, voire de se montrer grave ou menaçant.
178
+
179
+ Il possède aussi un côté obscur et vindicatif. Lorsqu'il se voit dépassé par les évènements, ses réactions peuvent être d'une violence extrême, au point de choquer d'autres héros et d'horrifier ses ennemis. Si ce côté obscur et vindicatif est combiné avec le Symbiote, il peut devenir un des héros les plus puissants du monde de Marvel mais aussi l'un des plus dangereux.
180
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181
+ Il a cependant un code moral très strict, guidé par le fameux adage: « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », qui l'empêche de franchir la ligne rouge et lui impose parfois sa conduite. Ce sens des responsabilités est aussi à double tranchant, car Peter Parker se sent profondément coupable de tous les malheurs qui arrivent à ses proches ou aux autres.
182
+
183
+ La morsure d'une araignée radioactive déclencha dans le corps de Peter Parker des mutations, lui conférant des super-pouvoirs[17]. Dans les histoires originales de Stan Lee et Steve Ditko, Spider-Man a la capacité de s'accrocher aux murs, une force surhumaine, un sixième sens (« sens d'araignée ») qui l'alerte au danger, un équilibre parfait, ainsi qu'une vitesse et une agilité surhumaine[17]. Le personnage a été initialement conçu par Stan Lee et Steve Ditko comme intellectuellement doué, mais les auteurs postérieurs ont représenté son intellect au niveau du génie[18].
184
+
185
+ En complément de ses pouvoirs, Peter Parker est un individu académiquement brillant qui possède une expertise dans le domaine des sciences appliquées en chimie, physique, biologie, ingénierie, mathématiques et mécanique. Avec ses talents, il conçoit lui-même ses costumes de Spider-Man, lui permettant de dissimuler son identité, et a fabriqué de nombreux dispositifs qui complètent ses pouvoirs, notamment ses lances-toiles mécaniques[17].
186
+
187
+ Ce costume est en tissu rouge et bleu, avec un motif de toile noire et une araignée de même couleur sur la poitrine. C'est le costume principal. À ce costume classique s'ajoute une série de gadgets sophistiqués : des lances-toiles cachés sous les gants, une ceinture comprenant un signal projetant le signe de l'araignée, des cartouches de toile de rechange, des traceurs magnétiques pour suivre ses ennemis et l'appareil photo miniature qui permet à Peter Parker de vendre ses photographies au Daily Bugle. Dans les films de Sam Raimi, le jet de toile est fait par Spider-Man lui-même, grâce à une mutation de ses poignets lors de la piqûre d'araignée initiale. Cette modification de pouvoirs fut injectée tout d'abord en 2004 dans la série Spectacular Spider-Man (scénarisée par Paul Jenkins), mais les scénaristes des autres séries n'ont pas relayé ce changement, si bien que ce pouvoir refit irruption à l'issue de la saga L'Autre (The Other, écrite par Joe Michael Straczynski et répartie sur toutes les séries régulières Spider-Man en 2005).
188
+
189
+ Dans Secret Wars, l'Araignée porte un costume noir qui se révèle être un symbiote, qui recouvre le corps de ses hôtes et se nourrit de leur adrénaline. Ce costume lui permet de tirer de la toile de manière illimitée (sans cartouches) et, par simple pensée, il peut l'enlever en partie ou intégralement. Ce costume accroît aussi sa rapidité et sa capacité de saut. Il s'en sépare avec l'aide de Mr. Fantastic, en l'emprisonnant dans une cage de verre grâce à un rayon sonique.
190
+
191
+ Le second costume noir : après la disparition du premier, c'est la Chatte noire qui offre un costume de même couleur que le symbiote à Peter. À la suite de l'agression de sa femme Mary Jane par Venom, Peter le fit brûler. Cependant, le costume noir réaparut après l'événement Civil War quand Peter fut pendant un temps hors-la-loi.
192
+
193
+ Armure blindée. Afin de combattre les Nouveaux Exécuteurs, un groupe de malfrats surarmés, Peter élabore une version en métal blindé de son costume rouge et bleu. Celui-ci est réalisée dans un alliage pseudo-métallique (Web of Spider-Man #100). L'armure réduisant son agilité, Spidey s'en débarrassa pour plus de liberté de mouvement.
194
+
195
+ Un costume rouge et bleu légèrement différent qui est en fait celui du clone de Peter, Ben Reilly dans la Saga du Clone (Web of Spider-Man #118). Le costume est tout rouge écarlate (Scarlet signifie écarlate en anglais), un gilet bleu avec les manches déchirées et une capuche, des lance-toiles sur les avant-bras (visibles), une ceinture avec des recharges de toile et des petits sacs au niveau des talons.
196
+
197
+ Quand il reprend le rôle de Spider-Man, Ben décide de revisiter son costume. Dans la même matière que le costume originel, celui-ci se distingue par une grosse araignée située au centre du torse, une alternance du rouge/bleu au niveau des doigts, le bas du costume tout bleu avec juste la moitié des mollets en rouge. Sur les avant-bras se situent les lances toiles (visibles) qui peuvent projeter soit de la toile classique soit de la toile impact (uniquement utilisée par Ben). C'est ce costume qui sera utilisée par Spider-Girl dans l'univers MC2.
198
+
199
+ Grâce à ce costume en caoutchouc, Spider-Man possède une protection contre Electro et ses dangereuses décharges. (Amazing Spider-Man #425)
200
+
201
+ À la suite de la mort apparente de Peter dans la saga L'Autre, ses proches se débarrassent de toute trace de son identité secrète. Lorsqu'il fait son retour, il n'a donc plus de Spider-costume et Tony Stark alias Iron Man lui en conçoit alors un nouveau à titre temporaire. Stark étant le créateur du costume, il décide de lui donner ses couleurs. Il est mentionné dans Civil War que ce costume est pare-balles, et rend Spider-Man invisible. Les lentilles du masque sont dorées (The Amazing Spider-Man #529).
202
+
203
+ Pour infiltrer le repaire du Caïd afin de récupérer un objet volé, Spider-Man crée un nouveau costume, grâce aux matériaux et technologies disponibles aux Laboratoires Horizon, où il travaille sous son identité de Peter Parker. Ce costume a le pouvoir de réfléchir la lumière, ce qui le rend invisible. Il le protège également des pouvoirs du nouveau Super-Bouffon. À cette occasion, il ajoute divers gadgets à son costume, dont une lampe à ultraviolets, et des lanceurs de toile à commande vocale. (Publication en français : Spider-Man no 143, décembre 2011).
204
+
205
+ Après la mort présumée de la Torche humaine, Peter Parker rejoint les Quatre Fantastiques, temporairement renommés La Fondation du Futur. Dans cette équipe, Spider-Man arbore les couleurs noires et blanches ainsi que le logo de la Fondation (à la place du logo de l'araignée). Ce costume a la particularité de pouvoir inverser ses couleurs (passant du noir sur fond blanc au blanc sur fond noir) à volonté.
206
+
207
+ Après la mort de Peter Parker dans Ultimate Spider-Man, le jeune Miles Morales reprend le flambeau de son prédécesseur. Les membres des Vengeurs lui offrent un nouveau costume noir avec un "V" rouge sur le torse, faisant transition avec le motif de toile rouge sur le haut du torse et la tête. Un symbole d'araignée rouge orne la poitrine, et les doigts sont rouges au motif de toile noire.
208
+
209
+ Lorsque Kaine, un clone raté de Peter Parker, devient le nouveau Scarlet Spider dans sa propre série (Scarlet Spider #01), il porte une nouvelle version du Costume Furtif: rouge écarlate avec le haut du torse, les épaules, la tête et les doigts en noir, un motif d'araignée noir sur le torse, et les yeux rouges. Les lances-toiles sont cette fois-ci cachés (contrairement au premier Scarlet Spider). Ce costume possède, de plus, la capacité de s'auto-réparer par la seule force de la pensée.
210
+
211
+ Spider-Man a également croisé la route de héros venus d’autres maisons d’édition, lors de crossover occasionnels :
212
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213
+ Bien que plusieurs héros, comme Daredevil et Wolverine, trouvent son sens de l'humour énervant, Spider-Man a gagné le respect de plusieurs d'entre eux grâce à son engagement à faire le bien et son refus de renoncer. La Panthère noire a même une fois permis à Spider-Man de manger le fruit de la famille royale de Wakanda, en le décrivant comme un guerrier avec le cœur d'un roi[19]. De même, Captain America fut impressionné par ses capacités lorsqu'ils se sont battus côte à côte[20] et comme d'autres héros, Spider-Man fut profondément affecté par la mort de Steve Rogers. Pendant la tentative d'évasion de Dormammu d'une autre dimension où il avait été exilé, le Docteur Strange réussit à s'avertir de la fuite de Dormammu en envoyant Spider-Man dans le passé quelques instants avant qu'il ne s'échappe ; le Tisseur a par la suite réussi à convaincre les héros rassemblés d'attendre un moment avant d'intervenir pour donner du temps au Docteur Strange pour régler le problème. Bien que Spider-Man n'avait aucune preuve pour prouver la véracité de son histoire, les héros rassemblés, composés de Mr Fantastique, la Torche Humaine, Iron Man, Thor et Cyclope l'ont tous cru sur parole[21].
214
+
215
+ Ses amis les plus proches dans ses aventures incluent Daredevil et la Torche Humaine, bien que sa relation avec Daredevil soit plus sérieuse que celle avec la Torche Humaine avec qui il partage un même humour. Spider-Man a aussi développé des liens d'amitié avec des héros des rues de New York, qui incluent la Chatte noire, le Rôdeur, La Cape et l'Épée et Toxin. Il s'entend très bien avec pratiquement tous ses coéquipiers, notamment avec Wolverine. Bien que les deux hommes aient eu des différends, ils se respectent et s'entendent bien (Spider-Man est convaincu que Wolverine est un homme bien, ce que Wolverine apprécie, et Wolverine se soucie des problèmes de Spider-Man). Wolverine éprouva cependant une attirance envers Mary Jane lorsqu'elle habitait avec les Nouveaux Vengeurs, ce qui provoqua de graves tensions entre Spider-Man et lui[22].
216
+
217
+ Il reste assez proche des Quatre Fantastiques bien que leur première rencontre fût difficile. Il les affronta afin de leur démontrer qu’il méritait une place dans l'équipe, ayant besoin d'argent pour aider sa famille. Les Fantastiques ne pouvant le rémunérer, le Tisseur renonça à rentrer dans l'équipe. Lorsque les Quatre Fantastiques furent supposés morts, Spider-Man intégra une équipe de remplacement créée afin de venger la mort de ceux-ci, composée de lui-même, Wolverine, Hulk et Ghost Rider (Dan Ketch). Il était le chef non officiel de l'équipe.
218
+
219
+ Iron Man devint en quelque sorte un mentor pour Spider-Man, et il l’encouragea à déménager avec Mary Jane et May à la Tour Stark après la destruction de leur maison lors d’un combat. Iron Man fournit également à Spider-Man un ensemble d’armures qui améliorent ses pouvoirs. Lors de Civil War, Spider-Man devint le bras droit d'Iron Man et rendit publique son identité secrète, afin de montrer son soutien à la loi. Perdant progressivement confiance en Stark à cause des choix moralement douteux des partisans de la loi en général et de Tony en particulier, mais aussi à cause de la mort de Goliath durant l’une des confrontations entre les deux groupes, Spider-Man finit par rejoindre la résistance. Par la suite, Iron Man et Spider-Man vont s'accuser mutuellement de trahison.
220
+
221
+ Deadpool et Spider-Man se sont rencontrés de nombreuses fois. Spider-Man n'apprécie pas beaucoup le mercenaire, tandis que Deadpool considère Spider-Man comme l'une de ses idoles. Les deux personnages ayant la particularité d'être sarcastique, ils sont souvent amenés à faire des « duels de blagues ».
222
+
223
+ Après les événements de Spider-Man: One More Day, l'identité secrète de Spider-Man redevint un secret une nouvelle fois. Il reste néanmoins un membre actif des Nouveaux Vengeurs, à qui il a dernièrement révélé une nouvelle fois son secret, ainsi qu'aux Quatre Fantastiques, pour ainsi mieux coordonner les actions en équipe et établir une relation de confiance. Daredevil (qui a refusé de le savoir) et la Chatte noire ignorent actuellement l'identité de Spider-man.
224
+
225
+ Les scénaristes et dessinateurs qui se sont succédé pendant plusieurs années sur les titres Spider-Man ont réussi à établir un large éventail de super-vilains pour lui faire face[note 1]. Comme Spider-Man, la plupart de ces créatures ont subi un accident scientifique et ont tendance à avoir des costumes ou des pouvoirs en relation avec les animaux. Dès ses débuts, Spider-Man a affronté des super-vilains tels que Le Caméléon (introduit dans le comics The Amazing Spider-Man # 1, mars 1963), le Vautour (#2, mai 1963), Docteur Octopus (#3, juillet 1963), l'Homme-Sable (#4, septembre 1963), le Lézard (#6, novembre 1963), Electro (#9, février 1964), Mystério (#13, juin 1964), le Bouffon Vert (#14, juillet 1964), Kraven le chasseur (#15, août 1964), le Scorpion (# 20, janvier 1965), le Rhino (#41, octobre 1966), Shocker (#46, mars 1967), et le chef de la pègre Wilson Fisk, également connu comme le Caïd[23]. La saga du clone révèle le personnage de Miles Warren qui se transforme en un super-vilain surnommé le Chacal[24]. Après la mort de Norman Osborn, un nouveau vilain plus mystérieux appelé le Super-Bouffon a été développé pour le remplacer dans le numéro 238 jusqu'à ce que Norman Osborn soit réutilisé[25]. Après que Spider-Man s'est séparé du symbiote, un nouvel antagoniste populaire est créé avec Eddie Brock qui devient Venom dans le numéro 298 (mai 1988)[23], il a été un allié de Spider-Man contre une version beaucoup plus sombre de lui appelé Carnage dans le numéro 344[26]. À certains moments, des ennemis de Spider-Man ont formé des groupes tels que les Sinistres Six pour mieux le combattre[27]. Le Bouffon Vert, le Docteur Octopus et Venom sont généralement décrits comme les plus impitoyables et les meilleurs de ses adversaires[28],[29],[30].
226
+
227
+ Le Spider-Man que nous connaissons est celui de l’univers Marvel. Cependant, plusieurs versions différentes existent dans des univers parallèles et permettent des scénarios qui ne sont pas soumis aux contraintes de la continuité Marvel.
228
+
229
+ Par ailleurs, Marvel Comics a décliné le thème du super-héros arachnéen chez d’autres personnages.
230
+
231
+ Spider-Man est un personnage qui fait partie de la culture américaine aussi n'est-il pas étonnant qu'il ait été parodié de nombreuses fois dans des comics (comme le Tales from Riverdale Digest #2 publié par Archie Comics par exemple) ou des films amateurs ou pornographiques (Spider-Man XXX: A Porn Parody[pertinence contestée]). Même Marvel a produit ses propres parodies publiées dans Not Brand Eech (Spider-Man devenant Spider-Ham).
232
+
233
+ Les aventures de Spider-Man ont été racontées dans de nombreuses séries régulières, parmi lesquelles :
234
+
235
+ À ces séries situées sur la Terre 616 s'ajoutent des versions alternatives telles que l'univers Ultimate :
236
+
237
+ De nombreuses adaptations animées pour la télévision et des films pour le cinéma ont vu le jour depuis la création du personnage.
238
+
239
+ La série de films Spider-Man de Sam Raimi dans laquelle Tobey Maguire interprète le rôle principal a connu un succès planétaire. Spider-Man a atteint la 11e place des films les plus vus au monde, avec un total de plus de 806 millions de dollars d'entrées. La suite Spider-Man 2 est sortie en 2004 et Spider-Man 3 en 2007.
240
+
241
+ Une nouvelle franchise, qui recommence l'histoire, a débuté en juillet 2012 avec le premier opus intitulé tout simplement The Amazing Spider-Man, sous la direction de Marc Webb avec Andrew Garfield dans le rôle de Spider-Man. The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros, sa suite, est sortie en avril 2014. La sortie d'un troisième opus a cependant été annulée, suite à une réception critique très mitigée du dernier film[34].
242
+
243
+ Depuis l'accord de Sony Pictures Entertainment et de Marvel Studios en février 2015, il est décidé que Spider-Man sera intégré dans le MCU lors de la 3e phase. C'est le jeune acteur anglais Tom Holland qui est choisi pour incarner le personnage, rajeuni pour l'occasion. Après une courte apparition en 2016 dans le film évènement Captain America: Civil War, il a droit à son propre film, Spider-Man: Homecoming, sorti en 2017. Est prévue une trilogie qui suivra les trois années de lycée de Peter Parker[35].
244
+
245
+ Les films suivants sont en réalité des épisodes remontés de la série télévisée The Amazing Spider-Man :
246
+
247
+
248
+
249
+ L'univers cinématographique Spider-man a été annoncé par Sony Pictures Entertainment en décembre 2013.
250
+
251
+ En février 2015, Marvel Studios conclut un accord avec Sony Pictures et annonce que Spider-Man intègre l'univers cinématographique Marvel afin de pouvoir rejoindre les Avengers, comme dans les comics. C'est le jeune acteur Tom Holland[37] qui reprend le rôle-titre.
252
+
253
+ Le personnage a été utilisé dans plusieurs jeux de plates-formes et Action-RPG :
254
+
255
+ Le personnage apparaît également en tant que personnage déblocable dans le jeu vidéo Tony Hawk's Pro Skater 2.
256
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257
+ Spider-Man apparaît également dans le jeu de plateau HeroScape Marvel et dans le jeu de figurines à collectionner Heroclix produit par Wizkids. Il existe même un jeu de plateau nommé Spider-Man où il est possible d'incarner les héros et les super-vilains de la série[42].
258
+
259
+ « a teenage superhero and middle-aged supervillains—an impressive rogues' gallery which includes such memorable knaves and grotesques as the Vulture, »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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2
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3
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4
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5
+ Richard Parker (père, †), Mary Fitzpatrick Parker (mère, †), William Fitzpatrick (grand-père maternel, †), Benjamin Parker (oncle / père adoptif, †), May Reilly Parker (tante / mère adoptive), Teresa Parker (peut-être sœur), Jay Jameson (oncle par alliance), J. Jonah Jameson (cousin par alliance), John Jameson (l'Homme-Loup, cousin au second degré par alliance), Mary Jane Watson Parker (autrefois épouse, mais plus personne ne s'en souvient, aujourd'hui ex-fiancée), Philip Watson (autrefois beau-père), Madeline Watson (autrefois belle-mère, †), Gayle Watson Byrnes (autrefois belle-sœur), May Parker (Spider-Girl, fille, présumée morte), Benjamin « Ben » Reilly (Scarlet Spider, clone / « frère » / « cousin », †), Kaine (Scarlet-Spider, clone), Spidercide (clone, †), le Gardien (clone, †), Jack (clone, †), d'autres clones (décédés)[1]
6
+
7
+ (fr) Fantask no 4(mai 1969, avec Amazing Spider-Man (vol. 1) #1 ; Amazing Fantasy #15 a été publié dans Iron-Man (Arédit) no 1 au 2e trimestre 1980)[1]
8
+
9
+ Peter Parker, alias Spider-Man (souvent écrit « Spiderman » de façon erronée), est un super-héros évoluant dans l'univers Marvel de la maison d'édition Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Steve Ditko, le personnage de fiction apparaît pour la première fois dans le comic book Amazing Fantasy (vol. 1) #15 en août 1962.
10
+
11
+ En France (souvent traduit par l'Homme Araignée ou simplement l'Araignée), le personnage apparaît pour la première fois en mai 1969, dans le no 4 du périodique Fantask, publié aux Éditions Lug. Il s'agit en fait de la traduction du premier numéro de The Amazing Spider-Man datant de 1963. Ses origines, parues un an plus tôt dans Amazing Fantasy #15, ne seront publiées en français qu'en 1980 dans un album d'Iron-Man édité chez Arédit/Artima, puis en 1981 chez Lug dans un numéro spécial de sa revue Strange[2].
12
+
13
+ Lors de sa première apparition dans Amazing Fantasy, Spider-Man est l'identité que se choisit le jeune Peter Parker après avoir été mordu par une araignée radioactive et découvert qu'il avait à cette occasion développé des super-pouvoirs. Le succès de ce numéro permet à Spider-Man d'avoir dès 1963 sa propre série, The Amazing Spider-Man.
14
+
15
+ Spider-Man est depuis lors l'un des personnages les plus populaires de l'univers des comics. Au fil des ans, d'autres périodiques lui seront consacrés, tel Spectacular Spider-Man et Peter Parker, the Spider-Man, mais The Amazing Spider-Man est toujours le magazine principal du héros.
16
+
17
+ Peter Parker meurt dans le numéro 700 de The Amazing Spider-Man mais un nouveau Spider-Man reprend le flambeau lorsque l'esprit du Docteur Octopus occupe le corps de Parker[3]. Cependant, une part de Peter demeure en vie et cohabite avec l'esprit d'Octopus dans son propre corps et le criminel laisse finalement l'âme de Peter récupérer son corps.
18
+
19
+ Le personnage a été interprété par trois acteurs au cinéma : Tobey Maguire pour une trilogie de Sam Raimi de 2002 à 2007, Andrew Garfield pour deux films en 2012 et 2014 puis, à la suite d'un accord avec Sony Pictures, propriétaire des droits du personnage au cinéma, a été intégré dans l'univers cinématographique Marvel, incarné par Tom Holland depuis 2016.
20
+
21
+ L'origine de Spider-Man est complexe et plusieurs personnes (Joe Simon, C. C. Beck, Jack Kirby, Stan Lee et Steve Ditko) ont participé d'une façon plus ou moins proche à celle-ci.
22
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+ À l'origine, Joe Simon en 1953 crée pour l'éditeur Harvey Comics un super-héros appelé Spiderman. Il dessine aussi le logo et propose à C. C. Beck de dessiner la série. Cependant la série s'arrête au niveau du projet (avec les crayonnés de Beck) car l'éditeur la refuse. En 1959, Joe Simon propose à Jack Kirby de travailler avec lui pour MLJ et lui donne le dossier «Spiderman». Simon et Kirby à partir de ces notes créent The Fly mais après le no 2 ils quittent l'éditeur [4].
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+ Kirby part pour Marvel où, en 1961, en s'inspirant des notes ayant servi à la création de The Fly, il propose à Stan Lee de créer un nouveau super-héros nommé Spiderman, Lee décide de couper le nom et propose une histoire de onze pages. Steve Ditko doit encrer la série que dessine Kirby mais, ayant vu que Spider-Man s'inspirait de The Fly, Lee décide de reprendre les origines et les pouvoirs du jeune super-héros et de confier le dessin à Ditko[5].
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+ La version française a été publiée par les éditions Lug, dès 1969 dans la revue Fantask puis à partir de 1971 dans Strange. À cette époque, il est plus communément appelé « L’Homme araignée » ou « L’Araignée » (ce dernier titre étant choisi par Lug pour désigner le personnage). Dans le comics, les autres personnages lui donnent une grande variété de surnoms plus ou moins dévalorisants, tels que le « Monte-en-l’air » (Wall-crawler), « Tête de toile » (Web head), « Tisseur » (Web-slinger), ou simplement Spidey.
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+ Peter Parker est le fils unique de Richard et Mary Parker. Ses parents sont tués en travaillant sous couverture pour le gouvernement[6]. Orphelin à l'âge de six ans, Peter est alors confié aux soins de son oncle et sa tante, Benjamin et May Parker.
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+ Devenu étudiant, un jour, à la suite d'une expérience à laquelle il assiste, il est mordu par une araignée radioactive[7]. Cette morsure lui confère des super-pouvoirs : il obtient une force et une agilité hors du commun, la capacité d’adhérer aux parois ainsi qu'un « sens d'araignée » l'avertissant des dangers imminents[8].
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+ Dans un premier temps, il met à profit ses pouvoirs fraîchement acquis pour gagner de l'argent. Mais très vite, un drame va changer sa vie : il laisse un voleur s'échapper alors qu'il aurait pu très facilement l'arrêter, prétextant que ce n'est pas son problème. Peu de temps après, son oncle Ben est tué par un cambrioleur. Ivre de colère, Peter se lance à la poursuite de l'assassin qui, une fois arrêté, se révèle être le voleur qu'il n'avait pas daigné appréhender. À partir de cet instant, sa vocation sera de lutter contre le crime et de suivre l'adage : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »[9].
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+ Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa tante, en plus de ses frais d'études, Peter doit rapidement trouver un travail. Échouant à intégrer l'équipe des Quatre Fantastiques[10] car ceux-ci ne sont pas payés en tant que super-héros[11] et possédant un appareil photo, il a l'idée de faire des photos de lui-même en tenue de Spider-Man, qu'il va ensuite vendre à différents journaux. À cette occasion, il sera remarqué par J. Jonah Jameson, l'irascible propriétaire et rédacteur en chef du journal Quotidien (le Daily Bugle en VO) de New York, qui l'embauchera en tant que photographe indépendant en free-lance. Les locaux du journal, ainsi que ses employés, joueront par la suite un grand rôle dans sa carrière de super-héros.
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+ Son patron, J. Jonah Jameson, est l'archétype même de l'envieux : selon lui, tous les super-héros sont au mieux des profiteurs de gloire, au pire des malfaiteurs qu'il faut démasquer aux yeux du public. Spider-Man sera sa cible préférée ; dès l'instant où ce dernier sauve son fils, John, Jonah Jameson considère que c'est dans l'unique but de lui voler la vedette.
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+ Peter Parker, en adolescent mal dans sa peau, a bien du mal à empêcher que son identité secrète ne soit dévoilée, du fait de la pression de l'opinion publique, la police, ses petites amies Mary Jane Watson et Gwen Stacy, sa tante May cardiaque et les criminels qu'il rencontrera lors de ses aventures.
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+ On apprendra plus tard par Madame Web qu'il est « la force du fil de la toile de la vie » et que, pour préserver l'avenir, il ne doit jamais se corrompre.
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+ Bien avant que son identité secrète ne fût révélée publiquement, plusieurs personnes étaient déjà au courant de la double vie de Peter Parker :
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+ La réputation super-héroïque de Spider-Man grandit rapidement, et il fut amené à combattre un nombre ahurissant de super-vilains, dont le Docteur Octopus, l'Homme-Sable, Mystério, le Bouffon Vert et Kraven le chasseur. Peu après, plusieurs de ces criminels détournèrent leur attention du crime pour se venger de Spider-Man. En exclusivité, Peter vendit ses photos de combats de Spider-Man au Bugle, utilisant l'argent pour aider tante May. Périodiquement, Jameson utilise ces images pour attaquer l'image publique de Spider-Man. Mais alors qu'il est incapable de détruire en permanence la réputation du tisseur, Jameson s'est assuré que l'araignée ne pourrait jamais se réjouir de l'appui de la population qu'il méritait.
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+ Avec la nouvelle confiance que son identité secrète lui procurait, Peter commença à casser son image de « faible » Parker et de rat de bibliothèque. Même la fille la plus populaire de la classe, Liz Allen (qui devint plus tard Liz Osborn) commença à s'intéresser à lui. Jaloux, le petit ami de Liz, le despote de la classe et la star du football Flash Thompson, défia Peter dans un combat de boxe et il arriva deuxième, ce qui mena à un nouveau respect pour son ancienne victime. Peter commença ensuite à sortir avec la secrétaire du Daily Bugle, Betty Brant, une fille timide, captivée par le danger que surmontait Peter en photographiant Spider-Man. Quand ce monde dangereux coûta la vie du frère de Betty, Bennett Brant, assassiné par Blackie Gaxton, Peter comprit pour la première fois la menace mortelle que Spider-Man représentait pour ceux qu'il aimait.
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+ Au-delà des nombreux ennemis que Spider-Man affronta, il se fit un grand nombre d'alliés. Durant toutes ses aventures solitaires, il a rencontré d'autres héros qui devinrent ses amis et alliés comme Daredevil, les X-Men, les Quatre Fantastiques, le Docteur Strange et Captain America. À l'inverse de l'opinion publique, la communauté des super-héros fait dans son ensemble confiance à Spider-Man, au point de le contacter à chaque fois qu'un danger d'ordre universel se profile à l'horizon tel que Thanos, le Mage, la Déesse…
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+ La première relation amoureuse sérieuse de Peter est avec Gwen Stacy. Il se lie alors d'amitié avec son père, George Stacy, un officier de police retraité. Lors d'un combat avec le Docteur Octopus, George Stacy meurt en sauvant un enfant qui allait mourir écrasé par les décombres d'un immeuble. Agonisant, George lui révèle qu'il connaissait depuis un certain temps son identité en l'appelant par son prénom. Il lui demande de prendre soin de sa fille. Ces paroles reviendront longtemps le hanter.
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+ Le public, convaincu que Spider-Man est responsable de sa mort, le traita comme un ennemi public. Il fut attaqué par d'autres super-héros comme Iceberg des X-Men, auquel il s'allia finalement pour sauver Joe Robertson. Ces évènements ont provoqué également un fort ressentiment de Gwen contre Spider-Man, qui, tourmenté par la culpabilité, savait qu'il ne pourrait jamais révéler son identité authentique sans risquer de la perdre pour toujours.
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+ À cette époque, Harry se tourne vers le LSD, avec comme conséquences des problèmes relationnels avec Mary Jane (dont il est amoureux) et avec son père. À la suite de ces soucis, Norman redevient le Bouffon, enlève Gwen et va sur le pont George Washington, défiant Spider-Man. Au milieu du combat, Gwen tombe du pont. Spider-Man tente de la rattraper du haut du pont, mais le cou de la jeune femme s'est brisé (pendant la chute ou avant)[13]. C'est l'un des moments les plus dramatiques de toute la carrière de Spider-Man. Peter, fou de rage, essaie de tuer Osborn, mais celui-ci ordonna à son planeur de l'empaler. Averti par son sens d'araignée, Peter esquiva l'engin qui empala le Bouffon, victime de son propre machiavélisme. Harry, sous l'effet de la drogue, assista à la scène et jura de venger son père. La mort de Gwen tourmentera Peter pour le reste de sa vie : est-ce que Gwen s'est brisé la nuque à cause de lui ? Ou était-elle déjà morte avant de tomber du pont ?
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+ Aux yeux du monde, Spider-Man est coupable de la mort de Gwen, comme de celle (officielle) de Norman, et plusieurs justiciers comme Luke Cage ou le Punisher veulent l'amener devant la justice.
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+ Harry succomba ensuite à l'héritage des Osborn, mais Spider-Man l'empêcha de terminer le travail que Norman avait commencé. C'est à cette époque que le professeur d'université de Gwen et de Peter, Miles Warren, commença ses crimes en tant que Chacal. Il blâma Spider-Man pour la mort de Gwen, dont il était amoureux. L'apogée des plans du Chacal enclencha la création d'un clone de Spider-Man, mais à la conclusion de leur combat, le Chacal et le clone furent supposés morts[14].
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+ Pendant cette période, Spider-Man se rapprocha beaucoup plus de Mary Jane. Peu après avoir reçu son diplôme, Peter la demanda en mariage. Mais Mary Jane avait vécu trop de douleurs dans sa propre famille et s'écarta de lui. Elle quitta New York pour poursuivre sa carrière d'actrice.
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+ En 1975 débute la première saga du clone, après être rentré de Paris en sauvant Jameson, Peter découvre chez lui Gwen Stacy, vivante et ne sachant pas ce qu'elle fait là. Il s'avère qu'il s'agit d'un clone, le tout premier fabriqué par Le Chacal, celui-ci veut en effet se débarrasser de Spider-Man, et grâce à La Tarentule, il parvient à prélever l'ADN de Peter et ainsi faire un clone de Spider-Man. Les deux hommes-araignées se réveillent en même temps dans un entrepôt, ne sachant pas lequel est le vrai, et Ned Leeds est suspendu à une bombe, que seul le vrai Spider-Man peut approcher sans la déclencher. Un affrontement s'ensuit, les deux Spider-Men étant persuadés d’être le vrai. C'est finalement le clone de Gwen Stacy qui, sorti de l'hypnose que lui a fait subir Le Chacal, redonne la raison à ce dernier. Le chacal se jette alors sur la bombe pour détacher Leeds. Cependant cela déclenche l'explosion et entraîne l'effondrement de l'entrepôt. On ne retrouve pas le corps du Chacal, en revanche le clone de Peter est mort. Gwen Stacy finit par retrouver Peter, et décide de quitter New York après tous ces événements, Peter quant à lui, après s’être assuré qu'il était bien le vrai Peter et non le clone, jette le corps de son clone dans une cheminée.
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+ Quand la Chatte noire rencontra Spider-Man, ce fut différent. Felicia Hardy était merveilleuse, talentueuse et déterminée. Elle était aussi une voleuse impertinente qui vouait une fascination obsessionnelle au héros. Spider-Man persuada la Chatte d'abandonner le crime ; ils tombèrent alors amoureux et devinrent partenaires.
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+ Dans le crossover général de Marvel, Secret Wars, de nombreux héros (dont le Tisseur lui-même) comme Captain America, Hulk, la Guêpe, Miss Hulk, Œil-de-Faucon, Spider-Woman II, les X-Men (Charles Xavier, Cyclope, Diablo, Malicia, Tornade, Wolverine et Magnéto qui s’était temporairement racheté) ainsi que les Quatre Fantastiques (exceptée La Femme Invisible), furent transportés par une entité cosmique connue sous le nom de Beyonder sur une planète appelée Battleworld, pour affronter des super-vilains. Pendant ces évènements, le costume de Spider-Man fut détruit et Peter décida d'utiliser une machine, qui avait apparemment restauré les costumes d'autres héros. Par erreur, Spider-Man activa un appareil différent et libéra une créature extraterrestre emprisonnée dans celle-ci. Pendant et après Secret Wars, Spider-Man fut étonné par ses nouveaux pouvoirs. Plus tard, Red Richards étudia le costume et découvrit que c'était en réalité un être symbiotique, qui voulait s'unir avec Spider-Man de façon permanente, comme un parasite. Heureusement, Spider-Man réussit à se débarrasser de lui, mais il continua à utiliser un costume noir en tissu, en alternant parfois avec le classique. Le symbiote fut confié à Richards.
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+ Sa relation avec Felicia devint de plus en plus difficile, mais Peter resta à ses côtés, bien qu'il se rendit compte qu'elle était amoureuse de Spider-Man et non de Peter Parker. Elle accepta ensuite la double identité de son petit ami et leur relation continua pour un certain temps.
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+ Le capitaine de police Jean DeWolff fut tuée par Sin-Eater (le Rédempteur en VF). Un certain Emil Gregg avoua sa culpabilité au journaliste Eddie Brock du Daily Globe, qui publia une série d’articles à son sujet. Mais la véritable identité du meurtrier était le sergent Stan Carter, et quand Spider-Man et Daredevil le neutralisèrent, Brock fut licencié. C’est au cours de cette affaire que Spider-Man et Daredevil se révélèrent leurs identités civiles.
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+ Mary Jane revint dans la vie de Peter et lui révéla alors qu'elle savait depuis longtemps le secret de son identité. Peter la demanda en mariage pour la seconde fois, et elle accepta. Leur vie changea alors radicalement : Mary Jane abandonna sa vie trépidante et glamour, et Peter put partager ses problèmes avec elle. Leur mariage affronta les périls fréquents de la vie de Spider-Man, ainsi que de sérieux problèmes économiques, Peter étant toujours un photographe indépendant et Mary Jane n'ayant pas une carrière établie.
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+ Plus tard, le symbiote s’échappa du Baxter Building et fondit sur Spider-Man, mais celui-ci arriva à s’en débarrasser grâce au son des cloches d’une église. La créature survécut et fusionna avec Eddie Brock, venu prier avant de mettre fin à une vie brisée par le discrédit et son cancer (celui-ci sera révélé beaucoup plus tard). Le symbiote lui transmit les pouvoirs et les souvenirs de son précédent hôte : ils s'unirent pour devenir Venom. Le monstre poussa Peter sur les rails du métro, puis le fit tomber d’un immeuble. Il tortura mentalement Mary Jane, qui fut traumatisée au point de pousser Peter à déménager et de ne plus jamais porter son costume noir. Mais Venom fut capturé et séparé. Durant leur captivité, le symbiote retrouva Brock et refusionna avec lui, formant à nouveau Venom et lui permettant de partir, pensant que Spider-Man était mort.
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+ Venom s'échappa peu après, mais son symbiote eut le temps de pondre un œuf dans la cellule où était enfermé Cletus Kasady, un tueur en série ; c'est la naissance de Carnage. Considéré comme le rejeton de Venom, Carnage tua plusieurs personnes pour le plaisir. Échouant à l'arrêter, Spider-Man dut faire appel à Venom, en échange de sa tranquillité définitive. Spider-Man revint cependant sur sa parole et fit à nouveau emprisonner Venom ainsi que Carnage.
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+ À cette époque, Harry Osborn s'était marié avec Liz Allen et avait eu un fils, Norman Jr. Pourtant, il devint fou, et devint, comme son père, le Bouffon. Ses crises de folie étaient dues au produit qui lui permettait de devenir plus fort. Il tenta de tuer Parker, mais la présence de Mary Jane et de son fils l'en empêcha. Dans un dernier accès de lucidité, il mourut en sauvant Spider-Man.
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+ Le retour de ses parents bouleversa la vie de Peter. Laissés pour morts, ils vivaient en captivité en tant que prisonniers politiques dans l'ancienne URSS. Puis dans la saga en 14 parties Maximum Carnage, Carnage s'évada bientôt et fit équipe avec Shriek, Carrion, le Bouffon noir et Doppelganger. Pour combattre cette menace, Venom joignit à nouveau ses forces avec Spider-Man. Aidés d’autres héros comme Deathlok, la Chatte noire, Captain America, Firestar, la Cape et l’Épée et Iron Fist, ils firent retourner Kasady et sa bande à Ravencroft.
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+ Peter, croyant finalement qu'il s'agissait bien de ses deux parents, leur révéla sa vie de Spider-Man. En fait, Richard et Mary Parker étaient des robots du Caméléon, une partie du plan qu'Harry Osborn avait monté avant sa mort. Quand il apprit la vérité, Spider-Man, dans un accès de rage, tua presque son ennemi et le traumatisa pour longtemps.
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+ Dans l'une des sagas les plus longues et controversées de l'histoire des comics, la Saga du Clone, la vie de Spider-Man fut bouleversée par l'irruption de Ben Reilly (nom fondé sur le prénom de l'oncle Ben et le nom de famille de la tante May), son clone créé par le Chacal. Ben avait survécu à sa mort apparente, et avait décidé de retourner à New York en apprenant que Tante May était sur son lit de mort. Plus tard, Ben adopta l'identité de Scarlet Spider et mena sa carrière de super-héros en parallèle de celle de Spider-Man. Finalement, tante May mourut. Lors de ses funérailles, Peter fut incarcéré pour les crimes de son autre clone, Kaine. C’est alors que Ben Reilly accepta de prendre sa place en cellule pendant que Spider-Man cherchait à prouver son innocence.
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+ Spider-Man combattit alors Kaine, avant qu’ils soient tous les deux enlevés par Judas Traveller qui les soumit à une parodie de procès au sein de l’Institut Ravencroft. Alors que Carnage jouait le rôle du procureur, Kaine dut jouer celui de l’avocat de Spider-Man, et le reste des criminels incarcérés à Ravencroft composait le jury. Au cours du procès, Spider-Man fut attaqué par certains des criminels présents, et Kaine le sauva.
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+ Kaine combattit une fois de plus Spider-Man, mais il reconnut n’avoir agi que pour protéger son existence. Devant le refus persistant de Kaine de se dénoncer, Spider-Man lui annonça alors qu’il allait révéler son identité pour mettre un terme à toutes ses manipulations. Après avoir tenté en vain de convaincre Spider-Man de ne pas le faire, Kaine accepta finalement de reconnaître être le véritable meurtrier.
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+ Avant que tante May ne s'éteigne, Mary Jane lui avait révélé qu'elle était enceinte. Peter fut très inquiet des conséquences que la radioactivité de son sang pouvait avoir sur la grossesse. Le Chacal, également en vie grâce à sa connaissance du clonage, fit douter Peter et Ben de leurs identités respectives. Ils décidèrent de faire des analyses afin de déterminer lequel était le clone et lequel était l'original. Trompés par le docteur Seward Trainer, ils conclurent que Ben était l'original et Spider-Man le clone ; celui-ci, durement éprouvé auparavant, perdit sa santé mentale déjà fragile et s'allia avec le Chacal pour établir le remplacement des êtres humains par les clones. Pourtant, avec l'aide de Ben et de Kaine, Peter se retourna contre le Chacal qui finit par chuter du haut d'un gratte-ciel.
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+ Peter décida de confier le rôle de Spider-Man à Ben pour pouvoir se consacrer à sa famille. Ce n'est que bien plus tard qu'on découvre le responsable de toute cette mascarade : Norman Osborn, qui avait été laissé pour mort pendant les six dernières années et qui avait manipulé le Chacal, Trainer et les autres protagonistes pour rendre fou Peter et détruire sa vie. Devant son échec apparent, il décida de révéler sa présence, ses agents enlevant la fille nouveau-née (on ignore toujours ce qu'elle est devenue après que Norman la fit échanger avec un bébé mort, manipulant le médecin de Mary Jane) et tua Ben, ce qui prouva par ailleurs que Ben était bien le clone car son corps se désintégra. Ces pertes successives affectèrent profondément le couple.
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+ Le Bouffon Vert mit en œuvre un plan pour obtenir un pouvoir illimité grâce à un rituel ancien, mais il obtint seulement la folie. Néanmoins, il voulait toujours détruire la vie de Peter. Celui-ci découvrit que sa tante May était toujours vivante et que la femme qui était morte était une actrice payée par Norman.
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+ Peter abandonna sa carrière de super-héros, pour rassurer Mary Jane, mais il brisa rapidement sa promesse. Elle se sépara de lui et mourut officiellement dans un accident d'avion. Norman trouva que c'était le moment parfait pour le droguer et le forcer à devenir son héritier, mais il échoua. On découvrit plus tard que Mary Jane avait été enlevée par le Stalker, un harceleur obsédé par celle-ci.
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+ Peu après, Spider-Man fut confronté à Ezekiel, qui remit en question les origines de ses pouvoirs. Il prétendait qu'ils dérivaient de la magie et non de la radioactivité. Finalement, la tante May apprit son secret : en lui rendant visite par surprise, elle le trouva blessé et profondément endormi, son costume déchiré étant resté à terre près de son lit. Peter et Mary Jane acceptèrent d'essayer encore une fois de sauver leur mariage, espérant cette fois-ci y parvenir.
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+ Carnage eut un rejeton aussi, Toxin. Carnage étant dégouté de cette progéniture, il décida donc de le tuer après sa naissance. Toutefois, trop fatigué par « l’accouchement », il ne put le faire et décida alors de remettre cette tache à plus tard ; Patrick Mulligan, un policier déjà sur place lui servit d'hôte pour Toxin. Venom quant à lui voulut que Toxin vive et devienne comme lui. Mais Patrick était quelqu'un de bien et cela déteignit sur le symbiote qui préféra le camp de Spider-Man à celui de ses pères, s'attirant donc leurs foudres.
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+ Lors de Avengers Disassembled, Spider-Man prêta main-forte aux anciens Vengeurs afin de combattre les effets des pouvoirs de la Sorcière Rouge, devenue incontrôlable.
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+ Norman révéla, en prison, l'identité de Spider-Man à Mac Gargan, le Scorpion, et il enleva tante May. Osborn avait été dévoilé publiquement comme le Bouffon Vert et se retrouva en prison après avoir assassiné la journaliste Terri Kidder. Il savait que d'anciennes affaires avaient permis de créer des super-vilains vers 1950 et, comme témoin, il était une cible facile en prison. Norman demanda à Peter de le libérer en échange de la liberté de tante May mais, lorsque Peter s'exécuta, une bataille avec les Sinister Twelve dont faisait maintenant partie Gargan en tant que nouveau Venom, fit rage.
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+ À la suite de Avengers Disassembled, Spider-Man rejoignit les Nouveaux Vengeurs avec Captain America, Wolverine, Jessica Drew, Iron Man, Luke Cage et Sentry. Peter Parker dut habiter avec sa femme Mary Jane et sa tante après les incendies criminels qui avaient ravagé son appartement et la maison de tante May, dans la Tour Stark, qui était aussi le QG des Nouveaux Vengeurs. Pendant les événements de House of M, Peter se retouva dans une illusion qui comportait la vie dont il avait toujours rêvé : son oncle Ben y était vivant, il avait un enfant avec sa femme Gwen Stacy, et il avait l'approbation de l'opinion publique. Quand la réalité fut restaurée, Peter, fou de douleur, demanda au Docteur Strange de lui faire tout oublier , et devint très violent lorsque Strange lui dit qu'il ne pouvait pas. Il alla jusqu'à attaquer mortellement Vif-Argent, le responsable de la manipulation.
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+ Dans L'Autre, Spider-Man est brutalement attaqué par Morlun, qui voulait se nourrir de l'essence mystique de l'araignée en Peter. Pour pouvoir le vaincre, Spider-Man accepta sa part d'araignée et renaquit avec des nouveaux pouvoirs, parmi lesquels des réflexes améliorés, l'adhérence pour l'ensemble de son corps, deux dards sortant de ses poignets et la vision nocturne.
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+ Après l'accident de Stanford provoqué par une altercation entre les New Warriors et quelques super-vilains, et qui a causé la mort de plus de six cents civils, la loi du Superhuman Registration Act (qui exige l’enregistrement de toute personne ayant des aptitudes surhumaines auprès du gouvernement des États-Unis) est appliquée. Quelques jours avant sa promulgation, Spider-Man laisse entendre qu'il y est opposé. Cependant, profitant que Peter était émotionnellement fragile après House of M, Iron Man réussit à le convaincre de révéler son identité au monde entier, afin de prévenir un affrontement ; cela fit de lui, ainsi que de sa famille, une cible pour de nombreux criminels qui voulaient se venger.
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+
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+ Par la suite, la mort de Goliath, tué par un clone cyborg de Thor le fit réfléchir, mais c'est en découvrant la prison de la Zone négative (considérée comme un goulag soviétique par Peter) et les nombreux super-héros incarcérés en dehors du système judiciaire civil, sans procès ni inculpation, pour une durée indéterminée, qu'il décida, très désillusionné, de changer de camp. Finalement, il combattit un Iron Man réticent, et s'échappa, après avoir mis Mary Jane et May en lieu sûr. Il fut sauvagement blessé par le Pitre et Jack O’Lantern (envoyés par le SHIELD contre la volonté d'Iron Man), mais le Punisher le sauva de justesse, en tuant les deux criminels, et l'amena à Captain America, chef de la résistance contre l'enregistrement. Après s’être remis de ses blessures, Spider-Man fit une déclaration télévisée contre la nouvelle loi.
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+ Avec l'espoir de remédier à la situation, Spider-Man se joignit aux forces de la résistance et participa à une titanesque bataille, au milieu de New York, contre Iron Man et ses alliés partisans de l'enregistrement. Quand la bataille fut terminée, Captain America fut appréhendé et Spider-Man, avec beaucoup d'autres héros de la résistance, s'est vu forcé de se cacher.
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+ Tandis que Spider-Man luttait contre ses anciens amis, un ancien ennemi refit surface. Le Caïd du crime, Wilson Fisk, avait engagé, en prison, un tueur à gages pour tuer Peter et sa famille, qui s'étaient réfugiés dans un motel. Quand Peter retourna au motel, il détecta la présence du tueur, mais trop tard. Peter put sauver sa femme, mais le tueur réussit à atteindre May…
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+ May tomba dans un état comateux et se retrouva à la limite de la mort. Émotionnellement plus dévasté que jamais, Spider-Man renfila son costume noir pour ainsi envoyer un nouveau message à ses ennemis : s'ils sont cruels, il le sera aussi, et partit à la recherche du tireur. Après une enquête minutieuse, il découvrit que celui-ci - entretemps éliminé car il en savait trop - avait été engagé par le Caïd. Peter retrouva ce dernier à Rikers Island où s'ensuivit un combat entre les deux ennemis (qui peut rappeler le combat entre Spider-Man et le Bouffon-Vert après la mort de Gwen Stacy). Finalement, le Caïd supplia Peter de le tuer, mais celui-ci préféra attendre la mort de May avant d'assouvir sa vengeance. Il menaça également les autres prisonniers au cas où il leur viendrait la mauvaise idée de s'en prendre eux aussi à ses proches. Continuant sa descente aux enfers, pour faire transférer sa tante, à laquelle la transfusion de son sang n'avait visiblement rien fait, Peter commit de nombreuses infractions, la plus grave étant d'avoir assommé un policier.
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+ Quand Wolverine confirma la mort de Captain America, un Spider-Man inconsolable visita la tombe de Ben Parker, où se trouvait le Rhino qui visitait la tombe de sa mère. Spider-Man, croyant qu'il allait l'attaquer, se battit avec Rhino, qui accidentellement détruisit la tombe de sa mère. Furieux, il attaqua Spider-Man qui se rappela une situation similaire, où il était attaqué par Hulk, pour être finalement sauvé par Captain America. Spider-Man vainquit Rhino et après, il fut confronté par Wolverine au pont où Gwen Stacy fut tuée. Spider-Man lui demanda si la douleur serait surmontée et le mutant lui expliqua que « Tu ne surmontes jamais une mort. Tu dois apprendre à vivre avec et un jour la douleur diminuera ».
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123
+ Parallèlement, Spider-Man se battra aussi contre Mr Hyde, fera équipe avec l'Homme-Sable pour disculper son père du meurtre d'un Ben Parker d'une autre dimension, en fait tué par le Caméléon de l'année 2211. Enfin, Peter retrouvera Eddie Brock, qui, poussé par Venom, tentera de tuer May puis s'y refusera. Il découvrira également que mademoiselle Arrow, la petite amie de Flash n'était autre qu'Ero, le double femelle de Spider-Man constituée d'araignées, apparue dans la saga l'Autre.
124
+
125
+ Sentant que la mort de Tante May est imminente, Peter, de plus en plus déprimé, rencontre Mephisto qui lui propose un pacte inattendu : il peut faire revivre sa tante, à condition de modifier le passé. Le mariage entre MJ et Peter n'aurait jamais eu lieu et l'identité nouvellement publique de Spider-Man serait effacée de la mémoire collective. Refusant dans un premier temps, Peter (poussé par sa femme) accepte le pacte. La réalité s'en retrouve chamboulée : MJ et Peter ne sont plus mariés, May est bel et bien vivante (et en bonne santé), Peter vit chez sa tante, Spider-Man ne produit plus de toile organique et retrouve ses lance-toiles, Harry Osborn est vivant, Spider-Man est redevenu une figure inconnue et méprisée du grand public et personne (même la Chatte noire et Daredevil) ne se souvient plus de son identité. On découvre également un élément inattendu : si Peter n'avait pas accepté le pacte de Mephisto, le couple aurait eu une fille… À noter également que MJ passe un pacte secret avec le démon.
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+ Les réactions face à cet arc scénaristique ne se sont pas faites attendre. Beaucoup de fans se sont sentis trahis et les réactions négatives ont été nombreuses[15],[16].
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+ Le crossover Marvel de l'année 2008 touche également les séries de Spider-Man. Dans celles-ci, Spider-Man se retrouve aux prises avec Eddie Brock, l'ancien Venom. Celui-ci, souffrant d'un cancer en phase avancée, s'était vu abandonné par le symbiote Venom, et était sur le point de mourir, lorsqu'il développa un nouveau symbiote de couleur blanche qu'il appela Anti-Venom.
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+ Au contact de l'Anti-Venom, Eddie Brock guérit instantanément de son cancer. Il projeta alors de guérir tout le monde, disant être un nouveau messie. L'Anti-Venom se battit plusieurs fois contre Venom, ce dernier ayant choisi comme hôte l'ancien Scorpion, Mac Gargan, après avoir abandonné Eddie. Il s'avéra que l'Anti-Venom était largement de taille à affronter Venom, et même plus fort, puisqu'il réussit à tuer le symbiote de Gargan. Spider-Man tenta d'intervenir lors du combat, mais Anti-Venom essaya de le « guérir » aussi, et Spider-Man perdit temporairement ses pouvoirs d'araignée.
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+
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+ Sur ordre de Sasha Kravinoff, femme de Kraven le Chasseur, Electro utilise ses pouvoirs pour libérer une partie des prisonniers du Raft, et plus spécialement, Jimmy Natale, le nouveau Vautour. Après le retour du Vautour et des attaques un peu partout dans la ville par celui-ci, certains journalistes écrivent que c'est J. Jonah Jameson, le maire de New York (et ennemi de Spider-Man) qui a créé ce Vautour en menant des expériences sur lui. Jameson se défend, mais les médias insistent. À ce moment-là, le Vautour attaque le maire, qui se trouve dans son bureau. Celui-ci est sauvé de justesse par Spider-Man. Cependant, les journalistes qui assistent à la scène depuis le trottoir ne voient que le Vautour qui est entré dans le bureau du maire, et voient ceci comme une preuve de leur complicité.
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+ Peter Parker sait que c'est faux mais n'a pas de preuve, n'ayant pas d'appareil photo sur lui lors de son combat dans le bureau du maire. Cependant, il refuse de laisser tomber son vieil ennemi, et dans un élan de générosité, modifie une photo par ordinateur, afin de faire croire aux gens que le maire Jameson était bien attaqué par le Vautour.
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+ La modification passe inaperçue auprès des journalistes, qui s'excusent auprès du maire : ce dernier est lavé de tout soupçon. Cependant, il demande une conférence de presse, à laquelle il invite Peter Parker. Peter pense naturellement que c'est pour le remercier, et y va, un sourire aux lèvres. Contre toute attente, le maire de New York affirme alors devant le pays entier que la photo était truquée (il reconnait en effet certains détails sur la photo qui lui mettent la puce à l'oreille). Il refuse de se faire innocenter par une photo truquée, insistant cependant sur le fait qu'il est innocent. Il se dit touché par l'acte de Peter Parker, mais refuse de le garder dans son équipe pour des raisons d'éthique professionnelle. Peter, choqué, se retrouve au chômage et sans un sou.
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+ Habitant chez la sœur de son ami, Michelle Gonzales, il s'autorise des retards sur le loyer, accentuant les rapports assez « pimentés » de leur relation. Celle-ci menace de le mettre à la porte s'il ne fait pas plus attention.
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+ En tant que Spider-Man, la vie ne va pas mieux. Plusieurs de ses anciens ennemis sont revenus en ville : le Rhino, Electro (qui détruit le bâtiment du Daily Bugle lors d'une attaque), le Caméléon, Mysterio, L'Homme-Sable, Kaine (le clone raté de Peter Parker) et même la Chatte noire, qui cependant ne vient pas en tant qu'ennemie. Après plusieurs combats qui l'affaiblissent énormément, Spider-Man tombe malade (fièvre, toux, évanouissements…).
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+ Plusieurs avatars de l'araignée sont enlevés au même moment par la famille Kravinoff (sans Kraven le Chasseur, qui est mort) : Spider-Girl (Anya Corazon), Spider-Woman et Madame Web. Lorsque Peter découvre cela, il entre dans une colère noire, car il comprend qu'elles ont été enlevées à cause de lui. Il est tellement furieux qu'il se laisse facilement berner par le Caméléon, déguisé en son vieil ami Ezekiel, qui l'attire tout droit dans un piège des Kravinoff.
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+ Sasha Kravinoff, Alyosha Kravinoff, Ana Kravinoff et Vladimir se lancent à la poursuite d'un Spider-Man aux portes de la mort : celui-ci arrive à peine à courir. Lorsque tout semble perdu, Kaine apparaît aux côtés de Peter. Il ôte le costume de ce dernier et prend sa place, tandis que le vrai Peter est caché, inconscient. Kaine déguisé en Spider-Man se lance à l'assaut de la famille Kraven, mais il s'avère finalement qu'il ne fait pas du tout le poids et il est facilement capturé. Alors qu'il est amené sur un autel, Sasha Kravinoff révèle enfin ses véritables intentions : tuer Spider-Man et utiliser son sang afin de ressusciter son défunt mari Kraven le Chasseur grâce à un ancien rituel de leur famille. Elle plante ainsi un couteau dans le cœur de Kaine, et le tue. Le sang coule sur la tombe de Kraven, et celui-ci se lève parmi les morts.
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+ Dès que Kraven réalise où il est, il entre lui-même dans une rage noire : il n'avait pas du tout envie d'être ressuscité. Il tue de ses mains Vladimir (qui lui aussi avait été ressuscité peu avant, en tant qu'expérience test), et frappe sa femme. Il regarde alors le corps sans vie de Kaine, et découvre tout de suite que ce n'est pas le vrai Spider-Man.
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+ Le vrai Spider-Man se réveille enfin. Il va un peu mieux, et découvre son costume noir à côté de lui. Il l'enfile, et s'introduit dans le manoir de la famille Kravinoff. Celle-ci est aux aguets : ils savent que Spider-Man va venir se venger à tout moment. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il est dans une colère tellement intense qu'il en est quasiment 100 fois plus puissant. Il piège sans mal Alyosha et Ana, et les neutralise. Il déchire le visage de Sasha Kravinoff en collant ses doigts dessus (technique qu'il n'a utilisée qu'une seule fois : durant Back in Black, contre le Caïd). Il arrive enfin devant Kraven, qui s'est équipé pour le combat : bouclier, haches et lance de chasse. Le combat est extrêmement rapide : Spider-Man est très en colère (il arrive même à éviter une balle de sniper d'Alyosha, ce qui lui est habituellement impossible) mais finalement, il épargne Kraven et sa famille, qui se téléportent en Terre Sauvage pour s'entraîner. Kraven tue ensuite sa femme Sasha pour lui avoir infligé cette humiliation.
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+ Madame Web, sur le point de mourir des suites de ses blessures, transfère ses pouvoirs de voyance à Spider-Woman. Cette dernière décide de la remplacer et fait don de son costume à Spider-Girl.
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+ Mary Jane vient discuter avec Peter chez lui, afin de se réconcilier avec lui. Durant cette discussion, on apprend notamment ce qui est arrivé à leur relation (qui avait été annulé par Méphisto durant One More Day, il y avait donc une nouvelle « version » de cette liaison, où ils finissaient par ne pas se marier). On voit également ce qui s'est passé dans cette « version », pour que l'identité de Peter soit cachée à nouveau : dans cette version, c'est Tony Stark, Reed Richards et le Docteur Strange qui combinent leurs pouvoirs pour cacher son identité.
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+ Après la réconciliation de Mary Jane et Peter Parker, ceux-ci deviennent très bons amis (mais décident d'un commun accord qu'il n'y aura pas plus entre eux). Peter Parker commence à sortir avec une ancienne amie, Carlie Cooper, qui travaille aux services de police. De plus, sur conseils de Marla Jameson, il est embauché par Max Modell aux Laboratoires Horizon, où il peut mettre à contribution sa passion et son talent pour les sciences, et où il est extrêmement bien payé. Il crée en cachette, grâce aux ressources quasiment illimitées de ce Laboratoire, de nouveaux costumes, dont un costume furtif au design très futuriste (la Chatte noire lui dit même qu'il ressemble à « une pub ambulante pour le nouveau Tron ») et un costume pare-balles. Lorsque Max Modell se rend compte que toutes les nouvelles technologies que Peter crée correspondent à un nouveau gadget de Spider-Man, Peter arrive à faire croire à Max Modell qu'il crée des costumes et autres gadgets pour le héros. Max Modell n'y voit heureusement pas d'inconvénient.
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+
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+ Spider-Man doit faire face à un nouvel ennemi : un nouveau Super-bouffon. Celui-ci est un employé du Daily Bugle, amoureux de Norah Winters (une amie de Peter Parker). Pour qu'elle le remarque, il endosse ce costume, commet des crimes et revient toujours au bureau avec des informations exclusives. Le Super-bouffon travaille en partenariat avec le Caïd. Il possède une épée enflammée qu'il a volée à l'ancien Super-Bouffon, et un cri supersonique qu'il peut moduler et qui peut assommer n'importe qui. Spider-Man se retrouve confronté à ce super-vilain lorsque celui-ci attaque les laboratoires Horizon afin de récupérer un métal similaire au vibranium, qu'un collègue de Peter avait mis au point. Peter sort son costume de Spider-Man, mais le Super-Bouffon bat Spider-Man à plate couture, et est sur le point de le tuer lorsqu'une des collègues de Peter couvre le cri supersonique du super-vilain en diffusant une musique au moyen des enceintes du mur. Spider-Man en réchappe de justesse, mais le Super-bouffon s'enfuit avec le minerai dangereux.
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+ Spider-Man modifie alors son costume furtif, en y ajoutant des fonctionnalités spécifiques au Super-Bouffon, dont le blocage des fréquences sur lesquelles est émis le cri de ce dernier. Il s'introduit, avec l'aide de La Chatte noire, dans le repère du Caïd, et arrive à neutraliser tout le stock de vibranium modifié avant de détruire le bâtiment.
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+ Alors que Peter coule des jours paisibles avec Carlie, un étrange événement se produit. La population de New York se voit dotée des mêmes pouvoirs que Spider-Man. Alors que les Vengeurs et les 4 Fantastiques tentent de maîtriser les foules, Peter découvre qu'il s'agit d'un plan du Chacal, qui a récemment fait son retour avec Kaine. Peter parvient à libérer Kaine de l'emprise du Chacal, et ils parviennent à mettre fin à cette folie. Kaine s'exile ensuite pour Houston, où il deviendra Scarlet Spider.
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+ Tout le monde se remet petit à petit des effets de Spider-Island. C'est alors que le Docteur Octopus, gravement malade, réunit les Sinister Six une dernière fois dans le but d'anéantir le monde. Leur plan est mis à mal par Spider-Man et les Vengeurs, et Octopus est renvoyé en prison. Tentant le tout pour le tout, il réussit grâce à un spider-bot à échanger son esprit avec celui de Peter. Octopus occupe donc le corps de son ennemi, pendant que Peter est coincé dans celui fragile et mourant d'Otto. Jouant contre le temps, Peter réussit à fabriquer un spider-bot, mais son plan échoue au dernier moment. Peter meurt dans le corps d'Octopus, dans les bras du nouveau Spider-Man.
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+ Un évènement totalement inattendu se produit alors : au moment de la mort de Peter, Otto comprend le sens des responsabilités d'un héros, et décide alors de devenir un Spider-Man supérieur (d'où le titre de la saga). Il se crée un nouveau costume, plus technologique, avec des griffes et de grandes pattes rétractiles. Il se montre aussi beaucoup plus violent dans sa manière d'appréhender les criminels, il va même jusqu'à en tuer un, Massacre. Il attaque aussi violemment la Chatte noire, alors qu'ils étaient amis. Il envoie des spider-bots dans toute la ville pour être au courant de tout à n'importe quel moment, il se crée une milice privée qui séjourne dans un bunker sur une île, et il remet de l'ordre dans la vie privée de Peter. Il tombe amoureux d'une scientifique, et décide de vivre avec elle.
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+ Mais, terré au fond de l'esprit d'Otto, se cache une parcelle de celui de Peter. Otto finit par s'en rendre compte et réussit à effacer toute trace de son ancien ennemi, du moins en apparence. Si le Spider-Man supérieur gagne l'estime de J.Jonah Jameson, il perd celui des citoyens et des Vengeurs, qui tenteront de l'arrêter. Pendant ce temps, le Bouffon Vert, terré dans l'ombre, prépare son retour. Après quelques aventures temporelles (où le Spider-Man 2099 a échoué dans notre époque), Otto se retrouve confronté au Bouffon Vert. Ne parvenant à le vaincre, il laisse la place à Peter qui reprend possession de son corps.
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+
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+ En reprenant le contrôle de son corps, Peter doit reprendre les rênes de sa vie. Il doit regagner la confiance des Vengeurs, des citoyens, et comprendre pourquoi il vit désormais avec une scientifique. Lors des événements d'Original Sin où chacun voit de lourds secrets révélés, Peter découvre qu'Ezekiel, qui l'avait aidé à vaincre Morlun, a caché une jeune femme qui a été piquée par la même araignée que Peter. Spider-Man la retrouve dans un bunker destiné à la cacher de Morlun. Il y trouve la jeune femme du nom de Cindy Moon, qui devient Silk. Furieuse qu'il l'ait libérée, elle s'en prend à Peter. Mais leurs sens d'araignée leur fait se rapprocher, et ils s'embrassent.
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+
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+ Pendant ce temps, la Chatte noire planifie sa vengeance vis-à-vis de Spider-Man, qui l'a humiliée. Aidée d'Electro, elle se prépare à attaquer. Peter et Cindy se rendent compte que lorsqu'ils sont proches, leur instinct animal prend le dessus et les oblige à faire l'amour. Alors qu'il est à une interview, le studio est attaqué par la Chatte noire et Electro. S'éclipsant discrètement, Peter revient en Spider-Man, avec Silk. Rapidement vaincus, Peter s'apprête à être démasqué en direct. Pendant ce temps, Morlun traque toutes les versions de Spider-Man dans les différents univers. Le Spider-Man Supérieur, qui s'est perdu lors de l'aventure temporelle qui a ramené Spider-Man 2099 à notre époque, décide de rassembler une armée de Spider-Men pour contrer Morlun et sa famille : les Héritiers, qui cherchent à absorber l'énergie vitale de tous les Spider-Man de chaque univers. Cependant, et contrairement aux autres Spider-Men/Women, Peter est au courant du fait que le Spider-Man Supérieur est Octavius, ce qui crée un conflit entre les deux hommes et aboutit à deux factions. Cachés sur un univers protégé par un Spider-Man Cosmique, la guerre contre les Héritiers voit beaucoup de Spider-Men mourir. Un des Héritiers, Karn, changera cependant de camp et aidera les Spider à vaincre sa famille. Octavius essaiera d'en profiter cependant en tuant Karn pour obtenir un pouvoir dimensionnel, mais il sera stoppé par Peter. Les Spider restants retourneront alors dans leurs univers respectifs.
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+ À la suite de cela se produira cependant la fin de l'univers Marvel, où Spider-Man mourra avec presque toute la Terre, pour laisser place à l'événement Secret Wars, où de nombreux univers cohabiteront sur une seule planète, entraînant ainsi plusieurs versions différentes de Spider-Man.
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+ Après la fin des Secret Wars, le Multivers est restauré ainsi que Spider-Man. L'histoire reprend plusieurs mois après la fin des événements précédents et marque un changement par rapport à la vie de Peter, qui est maintenant un PDG à succès. Il affiche ouvertement son lien avec Spider-Man, se présentant comme son fournisseur, sans avouer cependant qu'ils sont une et même personne, engageant alors une doublure pour jouer Spider-Man quand il est occupé (tout ça pouvant faire penser au style de vie de Iron Man plusieurs années auparavant). Dans cet univers, un autre Spider-Man est également présent : le jeune Miles Morales (originellement de l'univers Ultimate).
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+
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+ Peter Parker, sous son identité de Spider-Man, est un adepte du monologue : il se parle à lui-même pendant ses sorties en ville et fait preuve d'un humour très particulier. En effet, il lance souvent des plaisanteries ou des vannes, parfois au beau milieu d'un combat, et très souvent pour se moquer de ses ennemis. Ces plaisanteries l'aident à dédramatiser certaines situations et à dompter le stress. Elles ont aussi le don d'exaspérer les super-vilains, la plupart se prenant bien trop au sérieux pour supporter ce dédain de la part du Tisseur, mais elles agacent également ses propres alliés (surtout Daredevil), qui ne manquent pas de le lui faire savoir. Il lui arrive cependant d'être sérieux, voire de se montrer grave ou menaçant.
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+
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+ Il possède aussi un côté obscur et vindicatif. Lorsqu'il se voit dépassé par les évènements, ses réactions peuvent être d'une violence extrême, au point de choquer d'autres héros et d'horrifier ses ennemis. Si ce côté obscur et vindicatif est combiné avec le Symbiote, il peut devenir un des héros les plus puissants du monde de Marvel mais aussi l'un des plus dangereux.
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+ Il a cependant un code moral très strict, guidé par le fameux adage: « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », qui l'empêche de franchir la ligne rouge et lui impose parfois sa conduite. Ce sens des responsabilités est aussi à double tranchant, car Peter Parker se sent profondément coupable de tous les malheurs qui arrivent à ses proches ou aux autres.
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+
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+ La morsure d'une araignée radioactive déclencha dans le corps de Peter Parker des mutations, lui conférant des super-pouvoirs[17]. Dans les histoires originales de Stan Lee et Steve Ditko, Spider-Man a la capacité de s'accrocher aux murs, une force surhumaine, un sixième sens (« sens d'araignée ») qui l'alerte au danger, un équilibre parfait, ainsi qu'une vitesse et une agilité surhumaine[17]. Le personnage a été initialement conçu par Stan Lee et Steve Ditko comme intellectuellement doué, mais les auteurs postérieurs ont représenté son intellect au niveau du génie[18].
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+
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+ En complément de ses pouvoirs, Peter Parker est un individu académiquement brillant qui possède une expertise dans le domaine des sciences appliquées en chimie, physique, biologie, ingénierie, mathématiques et mécanique. Avec ses talents, il conçoit lui-même ses costumes de Spider-Man, lui permettant de dissimuler son identité, et a fabriqué de nombreux dispositifs qui complètent ses pouvoirs, notamment ses lances-toiles mécaniques[17].
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+
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+ Ce costume est en tissu rouge et bleu, avec un motif de toile noire et une araignée de même couleur sur la poitrine. C'est le costume principal. À ce costume classique s'ajoute une série de gadgets sophistiqués : des lances-toiles cachés sous les gants, une ceinture comprenant un signal projetant le signe de l'araignée, des cartouches de toile de rechange, des traceurs magnétiques pour suivre ses ennemis et l'appareil photo miniature qui permet à Peter Parker de vendre ses photographies au Daily Bugle. Dans les films de Sam Raimi, le jet de toile est fait par Spider-Man lui-même, grâce à une mutation de ses poignets lors de la piqûre d'araignée initiale. Cette modification de pouvoirs fut injectée tout d'abord en 2004 dans la série Spectacular Spider-Man (scénarisée par Paul Jenkins), mais les scénaristes des autres séries n'ont pas relayé ce changement, si bien que ce pouvoir refit irruption à l'issue de la saga L'Autre (The Other, écrite par Joe Michael Straczynski et répartie sur toutes les séries régulières Spider-Man en 2005).
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+
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+ Dans Secret Wars, l'Araignée porte un costume noir qui se révèle être un symbiote, qui recouvre le corps de ses hôtes et se nourrit de leur adrénaline. Ce costume lui permet de tirer de la toile de manière illimitée (sans cartouches) et, par simple pensée, il peut l'enlever en partie ou intégralement. Ce costume accroît aussi sa rapidité et sa capacité de saut. Il s'en sépare avec l'aide de Mr. Fantastic, en l'emprisonnant dans une cage de verre grâce à un rayon sonique.
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+
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+ Le second costume noir : après la disparition du premier, c'est la Chatte noire qui offre un costume de même couleur que le symbiote à Peter. À la suite de l'agression de sa femme Mary Jane par Venom, Peter le fit brûler. Cependant, le costume noir réaparut après l'événement Civil War quand Peter fut pendant un temps hors-la-loi.
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+
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+ Armure blindée. Afin de combattre les Nouveaux Exécuteurs, un groupe de malfrats surarmés, Peter élabore une version en métal blindé de son costume rouge et bleu. Celui-ci est réalisée dans un alliage pseudo-métallique (Web of Spider-Man #100). L'armure réduisant son agilité, Spidey s'en débarrassa pour plus de liberté de mouvement.
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+
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+ Un costume rouge et bleu légèrement différent qui est en fait celui du clone de Peter, Ben Reilly dans la Saga du Clone (Web of Spider-Man #118). Le costume est tout rouge écarlate (Scarlet signifie écarlate en anglais), un gilet bleu avec les manches déchirées et une capuche, des lance-toiles sur les avant-bras (visibles), une ceinture avec des recharges de toile et des petits sacs au niveau des talons.
196
+
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+ Quand il reprend le rôle de Spider-Man, Ben décide de revisiter son costume. Dans la même matière que le costume originel, celui-ci se distingue par une grosse araignée située au centre du torse, une alternance du rouge/bleu au niveau des doigts, le bas du costume tout bleu avec juste la moitié des mollets en rouge. Sur les avant-bras se situent les lances toiles (visibles) qui peuvent projeter soit de la toile classique soit de la toile impact (uniquement utilisée par Ben). C'est ce costume qui sera utilisée par Spider-Girl dans l'univers MC2.
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+
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+ Grâce à ce costume en caoutchouc, Spider-Man possède une protection contre Electro et ses dangereuses décharges. (Amazing Spider-Man #425)
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+ À la suite de la mort apparente de Peter dans la saga L'Autre, ses proches se débarrassent de toute trace de son identité secrète. Lorsqu'il fait son retour, il n'a donc plus de Spider-costume et Tony Stark alias Iron Man lui en conçoit alors un nouveau à titre temporaire. Stark étant le créateur du costume, il décide de lui donner ses couleurs. Il est mentionné dans Civil War que ce costume est pare-balles, et rend Spider-Man invisible. Les lentilles du masque sont dorées (The Amazing Spider-Man #529).
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+
203
+ Pour infiltrer le repaire du Caïd afin de récupérer un objet volé, Spider-Man crée un nouveau costume, grâce aux matériaux et technologies disponibles aux Laboratoires Horizon, où il travaille sous son identité de Peter Parker. Ce costume a le pouvoir de réfléchir la lumière, ce qui le rend invisible. Il le protège également des pouvoirs du nouveau Super-Bouffon. À cette occasion, il ajoute divers gadgets à son costume, dont une lampe à ultraviolets, et des lanceurs de toile à commande vocale. (Publication en français : Spider-Man no 143, décembre 2011).
204
+
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+ Après la mort présumée de la Torche humaine, Peter Parker rejoint les Quatre Fantastiques, temporairement renommés La Fondation du Futur. Dans cette équipe, Spider-Man arbore les couleurs noires et blanches ainsi que le logo de la Fondation (à la place du logo de l'araignée). Ce costume a la particularité de pouvoir inverser ses couleurs (passant du noir sur fond blanc au blanc sur fond noir) à volonté.
206
+
207
+ Après la mort de Peter Parker dans Ultimate Spider-Man, le jeune Miles Morales reprend le flambeau de son prédécesseur. Les membres des Vengeurs lui offrent un nouveau costume noir avec un "V" rouge sur le torse, faisant transition avec le motif de toile rouge sur le haut du torse et la tête. Un symbole d'araignée rouge orne la poitrine, et les doigts sont rouges au motif de toile noire.
208
+
209
+ Lorsque Kaine, un clone raté de Peter Parker, devient le nouveau Scarlet Spider dans sa propre série (Scarlet Spider #01), il porte une nouvelle version du Costume Furtif: rouge écarlate avec le haut du torse, les épaules, la tête et les doigts en noir, un motif d'araignée noir sur le torse, et les yeux rouges. Les lances-toiles sont cette fois-ci cachés (contrairement au premier Scarlet Spider). Ce costume possède, de plus, la capacité de s'auto-réparer par la seule force de la pensée.
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+
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+ Spider-Man a également croisé la route de héros venus d’autres maisons d’édition, lors de crossover occasionnels :
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+ Bien que plusieurs héros, comme Daredevil et Wolverine, trouvent son sens de l'humour énervant, Spider-Man a gagné le respect de plusieurs d'entre eux grâce à son engagement à faire le bien et son refus de renoncer. La Panthère noire a même une fois permis à Spider-Man de manger le fruit de la famille royale de Wakanda, en le décrivant comme un guerrier avec le cœur d'un roi[19]. De même, Captain America fut impressionné par ses capacités lorsqu'ils se sont battus côte à côte[20] et comme d'autres héros, Spider-Man fut profondément affecté par la mort de Steve Rogers. Pendant la tentative d'évasion de Dormammu d'une autre dimension où il avait été exilé, le Docteur Strange réussit à s'avertir de la fuite de Dormammu en envoyant Spider-Man dans le passé quelques instants avant qu'il ne s'échappe ; le Tisseur a par la suite réussi à convaincre les héros rassemblés d'attendre un moment avant d'intervenir pour donner du temps au Docteur Strange pour régler le problème. Bien que Spider-Man n'avait aucune preuve pour prouver la véracité de son histoire, les héros rassemblés, composés de Mr Fantastique, la Torche Humaine, Iron Man, Thor et Cyclope l'ont tous cru sur parole[21].
214
+
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+ Ses amis les plus proches dans ses aventures incluent Daredevil et la Torche Humaine, bien que sa relation avec Daredevil soit plus sérieuse que celle avec la Torche Humaine avec qui il partage un même humour. Spider-Man a aussi développé des liens d'amitié avec des héros des rues de New York, qui incluent la Chatte noire, le Rôdeur, La Cape et l'Épée et Toxin. Il s'entend très bien avec pratiquement tous ses coéquipiers, notamment avec Wolverine. Bien que les deux hommes aient eu des différends, ils se respectent et s'entendent bien (Spider-Man est convaincu que Wolverine est un homme bien, ce que Wolverine apprécie, et Wolverine se soucie des problèmes de Spider-Man). Wolverine éprouva cependant une attirance envers Mary Jane lorsqu'elle habitait avec les Nouveaux Vengeurs, ce qui provoqua de graves tensions entre Spider-Man et lui[22].
216
+
217
+ Il reste assez proche des Quatre Fantastiques bien que leur première rencontre fût difficile. Il les affronta afin de leur démontrer qu’il méritait une place dans l'équipe, ayant besoin d'argent pour aider sa famille. Les Fantastiques ne pouvant le rémunérer, le Tisseur renonça à rentrer dans l'équipe. Lorsque les Quatre Fantastiques furent supposés morts, Spider-Man intégra une équipe de remplacement créée afin de venger la mort de ceux-ci, composée de lui-même, Wolverine, Hulk et Ghost Rider (Dan Ketch). Il était le chef non officiel de l'équipe.
218
+
219
+ Iron Man devint en quelque sorte un mentor pour Spider-Man, et il l’encouragea à déménager avec Mary Jane et May à la Tour Stark après la destruction de leur maison lors d’un combat. Iron Man fournit également à Spider-Man un ensemble d’armures qui améliorent ses pouvoirs. Lors de Civil War, Spider-Man devint le bras droit d'Iron Man et rendit publique son identité secrète, afin de montrer son soutien à la loi. Perdant progressivement confiance en Stark à cause des choix moralement douteux des partisans de la loi en général et de Tony en particulier, mais aussi à cause de la mort de Goliath durant l’une des confrontations entre les deux groupes, Spider-Man finit par rejoindre la résistance. Par la suite, Iron Man et Spider-Man vont s'accuser mutuellement de trahison.
220
+
221
+ Deadpool et Spider-Man se sont rencontrés de nombreuses fois. Spider-Man n'apprécie pas beaucoup le mercenaire, tandis que Deadpool considère Spider-Man comme l'une de ses idoles. Les deux personnages ayant la particularité d'être sarcastique, ils sont souvent amenés à faire des « duels de blagues ».
222
+
223
+ Après les événements de Spider-Man: One More Day, l'identité secrète de Spider-Man redevint un secret une nouvelle fois. Il reste néanmoins un membre actif des Nouveaux Vengeurs, à qui il a dernièrement révélé une nouvelle fois son secret, ainsi qu'aux Quatre Fantastiques, pour ainsi mieux coordonner les actions en équipe et établir une relation de confiance. Daredevil (qui a refusé de le savoir) et la Chatte noire ignorent actuellement l'identité de Spider-man.
224
+
225
+ Les scénaristes et dessinateurs qui se sont succédé pendant plusieurs années sur les titres Spider-Man ont réussi à établir un large éventail de super-vilains pour lui faire face[note 1]. Comme Spider-Man, la plupart de ces créatures ont subi un accident scientifique et ont tendance à avoir des costumes ou des pouvoirs en relation avec les animaux. Dès ses débuts, Spider-Man a affronté des super-vilains tels que Le Caméléon (introduit dans le comics The Amazing Spider-Man # 1, mars 1963), le Vautour (#2, mai 1963), Docteur Octopus (#3, juillet 1963), l'Homme-Sable (#4, septembre 1963), le Lézard (#6, novembre 1963), Electro (#9, février 1964), Mystério (#13, juin 1964), le Bouffon Vert (#14, juillet 1964), Kraven le chasseur (#15, août 1964), le Scorpion (# 20, janvier 1965), le Rhino (#41, octobre 1966), Shocker (#46, mars 1967), et le chef de la pègre Wilson Fisk, également connu comme le Caïd[23]. La saga du clone révèle le personnage de Miles Warren qui se transforme en un super-vilain surnommé le Chacal[24]. Après la mort de Norman Osborn, un nouveau vilain plus mystérieux appelé le Super-Bouffon a été développé pour le remplacer dans le numéro 238 jusqu'à ce que Norman Osborn soit réutilisé[25]. Après que Spider-Man s'est séparé du symbiote, un nouvel antagoniste populaire est créé avec Eddie Brock qui devient Venom dans le numéro 298 (mai 1988)[23], il a été un allié de Spider-Man contre une version beaucoup plus sombre de lui appelé Carnage dans le numéro 344[26]. À certains moments, des ennemis de Spider-Man ont formé des groupes tels que les Sinistres Six pour mieux le combattre[27]. Le Bouffon Vert, le Docteur Octopus et Venom sont généralement décrits comme les plus impitoyables et les meilleurs de ses adversaires[28],[29],[30].
226
+
227
+ Le Spider-Man que nous connaissons est celui de l’univers Marvel. Cependant, plusieurs versions différentes existent dans des univers parallèles et permettent des scénarios qui ne sont pas soumis aux contraintes de la continuité Marvel.
228
+
229
+ Par ailleurs, Marvel Comics a décliné le thème du super-héros arachnéen chez d’autres personnages.
230
+
231
+ Spider-Man est un personnage qui fait partie de la culture américaine aussi n'est-il pas étonnant qu'il ait été parodié de nombreuses fois dans des comics (comme le Tales from Riverdale Digest #2 publié par Archie Comics par exemple) ou des films amateurs ou pornographiques (Spider-Man XXX: A Porn Parody[pertinence contestée]). Même Marvel a produit ses propres parodies publiées dans Not Brand Eech (Spider-Man devenant Spider-Ham).
232
+
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+ Les aventures de Spider-Man ont été racontées dans de nombreuses séries régulières, parmi lesquelles :
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+
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+ À ces séries situées sur la Terre 616 s'ajoutent des versions alternatives telles que l'univers Ultimate :
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+
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+ De nombreuses adaptations animées pour la télévision et des films pour le cinéma ont vu le jour depuis la création du personnage.
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+ La série de films Spider-Man de Sam Raimi dans laquelle Tobey Maguire interprète le rôle principal a connu un succès planétaire. Spider-Man a atteint la 11e place des films les plus vus au monde, avec un total de plus de 806 millions de dollars d'entrées. La suite Spider-Man 2 est sortie en 2004 et Spider-Man 3 en 2007.
240
+
241
+ Une nouvelle franchise, qui recommence l'histoire, a débuté en juillet 2012 avec le premier opus intitulé tout simplement The Amazing Spider-Man, sous la direction de Marc Webb avec Andrew Garfield dans le rôle de Spider-Man. The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros, sa suite, est sortie en avril 2014. La sortie d'un troisième opus a cependant été annulée, suite à une réception critique très mitigée du dernier film[34].
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+
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+ Depuis l'accord de Sony Pictures Entertainment et de Marvel Studios en février 2015, il est décidé que Spider-Man sera intégré dans le MCU lors de la 3e phase. C'est le jeune acteur anglais Tom Holland qui est choisi pour incarner le personnage, rajeuni pour l'occasion. Après une courte apparition en 2016 dans le film évènement Captain America: Civil War, il a droit à son propre film, Spider-Man: Homecoming, sorti en 2017. Est prévue une trilogie qui suivra les trois années de lycée de Peter Parker[35].
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+
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+ Les films suivants sont en réalité des épisodes remontés de la série télévisée The Amazing Spider-Man :
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+ L'univers cinématographique Spider-man a été annoncé par Sony Pictures Entertainment en décembre 2013.
250
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+ En février 2015, Marvel Studios conclut un accord avec Sony Pictures et annonce que Spider-Man intègre l'univers cinématographique Marvel afin de pouvoir rejoindre les Avengers, comme dans les comics. C'est le jeune acteur Tom Holland[37] qui reprend le rôle-titre.
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+ Le personnage a été utilisé dans plusieurs jeux de plates-formes et Action-RPG :
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+ Le personnage apparaît également en tant que personnage déblocable dans le jeu vidéo Tony Hawk's Pro Skater 2.
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+ Spider-Man apparaît également dans le jeu de plateau HeroScape Marvel et dans le jeu de figurines à collectionner Heroclix produit par Wizkids. Il existe même un jeu de plateau nommé Spider-Man où il est possible d'incarner les héros et les super-vilains de la série[42].
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+ « a teenage superhero and middle-aged supervillains—an impressive rogues' gallery which includes such memorable knaves and grotesques as the Vulture, »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Genre
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+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Synonymes
6
+
7
+ Spinosaurus est un genre de dinosaures théropodes appartenant au clade des Spinosauridae et ayant vécu à l'Albien (partie supérieure du Crétacé inférieur, il y a environ 100 millions d'années) et au Cénomanien (base du Crétacé supérieur, il y a environ 97 millions d'années), dans ce qui est actuellement l'Afrique du Nord[Notes 1].
8
+ Les connaissances sur ce dinosaure ont reposé pendant plus d'une centaine d'années sur des ossements crâniens et post-crâniens décrits au début du XXe siècle par le paléontologue allemand Ernst Stromer et associés à l'espèce Spinosaurus aegyptiacus. Ces ossements ont été détruits durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, lors d'un raid aérien sur la ville de Munich. De nouveaux restes associés découverts en 2014 et appartenant à un seul et même individu de Spinosaurus aegyptiacus ont toutefois apporté des informations nouvelles sur l'anatomie et le mode de vie de ce dinosaure qui semble avoir été quadrupède et semi-aquatique. Une seconde espèce de Spinosaurus, S. maroccanus a été nommée sur base de vertèbres cervicales et dorsales et d'éléments crâniens provenant du Maroc mais la majorité des paléontologues la considèrent comme non valide.
9
+
10
+ Spinosaurus est un animal au museau long et étroit portant une rangée sigmoïde de dents coniques. Les scientifiques s'accordent à dire que les Spinosauridae comme Spinosaurus, qui possèdent un crâne crocodiliforme, furent des animaux au moins partiellement piscivores, capable de se nourrir également d'autres proies comme de jeunes dinosaures et des ptérosaures.
11
+ Spinosaurus se distingue des autres spinosauridés par la présence d'une crête nasale élevée au-dessus des yeux, des narines externes proches de l'orbite ainsi qu'une hypertrophie des épines neurales des vertèbres dorsales. Selon Stromer, ces processus épineux, qui pouvaient atteindre plus de 160 centimètres de hauteur, sous-tendaient une voile de peau. Cependant, certains scientifiques estiment que les épines neurales auraient été plutôt le support d'une bosse de muscle, à la manière des bisons actuels. Un museau de Spinosaurus décrit dans les années 2000 démontre la grande taille que pouvait atteindre ce dinosaure, avec une reconstitution du crâne basé sur celui d'Irritator et un corps reconstruit à partir de Baryonyx [2]. Si les plus grandes estimations se révélaient exactes, il s'agirait là du plus grand théropode connu, mais également du plus grand carnivore terrestre que la Terre ait porté.
12
+
13
+ Spinosaurus fut nommé par Ernst Stromer en 1915 et dérive de deux racines anciennes, la racine latine spina signifiant « épine » et la racine grecque sauros voulant dire « reptile » ou « lézard ». Stromer[3] voulait en effet mettre en évidence le caractère le plus étonnant de ce nouveau dinosaure, à savoir les processus épineux sur-développés des vertèbres dorsales qui n'avaient encore jamais été observés auparavant chez un dinosaure. Les noms d'espèces aegyptiacus et marrocanus ont été choisis en raison du lieu de découverte des fossiles, respectivement en Égypte[3] et au Maroc[1].
14
+
15
+ Spinosaurus est un théropode atypique puisqu'il se distingue des autres théropodes jugés plus primitifs comme les Ceratosauria et les Megalosauridae par un crâne très étroit et particulièrement allongé vers l'avant. La tête de ce dinosaure n'est pas sans rappeler celle de certains crocodiliens actuels puisque le crâne, en plus d'être étroit et étiré vers l'avant, possède une marge dentaire sigmoïde, c'est-à-dire en forme de S, ce qui permet à certaines dents du crâne de pointer légèrement vers l'avant[4].
16
+ Ces dernières sont ovales ou subovales en section transversale et ne sont pas orientées verticalement par rapport à la marge dentaire comme la plupart des autres théropodes mais pointent plutôt latéralement. Ceci permet aux dents des mâchoires inférieures et supérieures de s'entrecroiser lorsque Spinosaurus avait la gueule fermée[4].
17
+
18
+ La carène dentaire de Spinosaurus n'est généralement pas dentelée ou ne possède de toutes petites denticules qu'à la base de la couronne[5]. La surface de la couronne dentaire montre quant à elle de fines sculptures[6] et la microstructure de l'émail dentaire est prismatique[7]. En vue dorsale, et de même que pour les autres spinosauridés, le museau de Spinosaurus se termine en une forme de spatule, ce qui résulte d'un rétrécissement de la largeur du crâne aux deux tiers du museau. Ce resserrement porte sur une plus large partie du crâne que chez les autres spinosauridés et il existe plusieurs diastèmes entre les dents se trouvant à cet endroit du museau. Le prémaxillaire de Spinosaurus compte 6 à 7 dents, les plus larges étant les secondes et les troisièmes à partir du bout du museau, les plus petites se trouvant au niveau du rétrécissement du museau. Le maxillaire porte quant à lui 12 dents, la plus grande étant située dans la quatrième alvéole[4],[8]. La face latérale du crâne montre de petites dépressions juste au niveau des diastèmes, ce qui permet aux dents de la mâchoire inférieure de s'entrecroiser avec celles du crâne. En effet, en vue latérale, le rétrécissement du museau coïncide parfaitement avec l'élargissement important de l'extrémité antérieure du dentaire qui porte les dents les plus grandes de la mâchoire. Ainsi, les dents de la mâchoire inférieure étaient visibles lorsque Spinosaurus avait la gueule fermée et la rangée dentaire de la gueule avait une forme sigmoïde. Spinosaurus porte également une crête nasale courte et haute au même niveau que l'orbite[4].
19
+
20
+ Spinosaurus est actuellement le membre le plus récent de la famille des Spinosauridae, et la morphologie de son crâne a subi quelques modifications tout au long de l'histoire évolutive des Spinosauridae. Les plus importantes sont la rétraction vers l'arrière des narines externes qui se sont rapprochées considérablement de l'orbite et le fléchissement vers le bas de l'extrémité antérieure du museau[4].
21
+
22
+ Le trait anatomique le plus marquant chez Spinosaurus est sans conteste la grande élongation des épines neurales qui forment une véritable voile osseuse sur le dos de l'animal, comme chez certains synapsides pélycosaures tels Dimetrodon et Edaphosaurus. Néanmoins, la forme de ces processus épineux est bien différente de celle de ces "reptiles mammaliens" puisqu'ils ne ressemblent d'aucune manière à des aiguilles. Leur forme n'est pas sans rappeler celle des vertèbres dorsales du bison Bison antiquus qui vivait au Pléistocène. Cette ressemblance a amené le biologiste Bailey[9] à déduire que les épines neurales de Spinosaurus n'étaient pas le support d'une voile de peau, mais plutôt d'une bosse de graisse comme c'est le cas chez nos bisons actuels.
23
+ Certains scientifiques ont supposé l'absence d'un cou en forme de S typique des théropodes chez Spinosaurus[10],[11] mais cette hypothèse a été réfutée par la découverte de vertèbres cervicales en connexion montrant distinctement la courbure du cou chez ce théropode[1],[8].
24
+ Rien n'est pour l'instant connu au niveau de l'anatomie des membres antérieurs et postérieurs et du bassin de Spinosaurus car, mis à part des vertèbres, aucune information sur les éléments postcrâniens n'a encore été publiée dans la littérature. Des griffes de grandes tailles provenant du Maroc sont parfois associées au genre Spinosaurus, mais aucune d'entre elles n'a encore été décrite dans la littérature scientifique, si bien que leur nature ne peut être clairement définie.
25
+
26
+ En 2019, des vertèbres, interprétées comme étant celles de la queue d'un spinosaure, sont découvertes dans les monts Kem Kem, dans le Sahara au sud-est du Maroc. Des analyses indique que sa queue se rapprocherait de la forme de celle d'un crocodile ou d'un triturus, ce qui en ferait le premier dinosaure non-avien connu totalment adapté au milieu aquatique (lire ci-dessous).
27
+
28
+ Dès sa description par Ernst Stromer en 1945, Spinosaurus se distinguait déjà des autres théropodes par la forme de ses dents et la hauteur de ses épines neurales. De ce fait, il fut placé dans la nouvelle famille des Spinosauridae[3]. Cette dernière a par la suite inclus des théropodes fragmentaires et d'affinités incertaines comme Altispinax et Metriacanthosaurus, qui se caractérisaient également par de hautes vertèbres dorsales[12],[13]. Néanmoins, ce fut Gregory Paul[10] et Éric Buffetaut[14] qui, presque la même année, associèrent Baryonyx walkeri et Spinosaurus aegyptiacus dans la même famille des Spinosauridae. Actuellement, cette famille compte, en plus de Spinosaurus, plusieurs espèces (Baryonyx walkeri, Cristatusaurus lapparenti, Suchomimus tenerensis, Siamosaurus suteethorni, Irritator challengeri, Angaturama limai, Oxalaia quilombensis) réparties dans deux sous-familles distinctes, les Baryonychinae et les Spinosaurinae. Le genre Spinosaurus se trouve dans la sous-famille des Spinosaurinae avec Irritator challengeri (qui est probablement le synonyme junior d'Angaturama limai) et Oxalaia quilombensis, qui partagent avec lui des dents coniques droites ou légèrement recourbées et très peu dentelées ainsi que des narines externes situées en arrière du milieu de la marge dentaire du maxillaire[4],[15]. Les Spinosauridae sont actuellement classés parmi les Megalosauroidea avec les Megalosauridae[16].
29
+
30
+ Suchosaurus cultridens?[17] (=? Baryonyx cultridens[18])
31
+
32
+ Sinopliosaurus fusuiensis?[19],[20] (=? Siamosaurus suteethorni[19])
33
+
34
+ Siamosaurus suteethorni[21]
35
+
36
+ Baryonyx walkeri[23](= Suchomimus girardi[18])
37
+
38
+ Suchomimus tenerensis[22]
39
+
40
+ Cristatusaurus lapparenti[8]
41
+
42
+ Irritator challengeri[24] (= Angaturama limai[25])
43
+
44
+ Oxalaia quilombensis[15]
45
+
46
+ Spinosaurus aegyptiacus[3]
47
+
48
+ Spinosaurus maroccanus[1]
49
+
50
+ Baryonyx walkeri
51
+
52
+ Suchomimus tenerensis
53
+
54
+ Irritator challengeri
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ En 2014, seules deux espèces de Spinosaurus ont été décrites :
59
+
60
+ La première, S. aegyptiacus, nomm��e par Stromer[3], reposait jusqu'en 2014 sur un certain nombre d'ossements crâniens et postcrâniens qui ont disparu lors d'un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale[26]. Néanmoins, les excellentes illustrations des ossements faites par Stromer sous forme de gravure ont permis à d'autres ossements d'être rapportés à cette même espèce[4],[27]. Certains auteurs ont par ailleurs émis l'hypothèse que le matériel post-crânien de cette espèce pourrait appartenir à plusieurs théropodes différents, faisant de l'holotype de Spinosaurus aegyptiacus une chimère[28]. Cette hypothèse a cependant été rejetée par plusieurs scientifiques qui estiment que Spinosaurus aegyptiacus est bel et bien une espèce valide[4],[29]. En 2014, de nouveau ossements de Spinosaurus découverts dans les Kem Kem beds du sud-est marocain ont permis de définir un néotype (un spécimen type désigné à la suite de la perte ou la destruction de tout matériel original ayant défini une espèce) de Spinosaurus aegyptiacus[30].
61
+
62
+ La seconde, S. maroccanus, fut érigée par Dale Russell[1] sur base d'une vertèbre cervicale, d'un fragment de dentaire et d'arcs neuraux de vertèbres dorsales découverts au Maroc. Selon Russell, Spinosaurus maroccanus se distinguerait de son homologue égyptien par une différence de proportion du centrum des vertèbres cervicales (rapport longueur/hauteur de 1,5 pour l'espèce marocannus et de 1,1 pour l'espèce aegyptiacus)[1]. Cette distinction est discutable pour Sereno et ses collègues[22], faible pour Buffetaut et Ouaja[27], incorrecte pour Rauhut[28] et non justifiée pour Dal Sasso et ses collègues[4], si bien que l'espèce S. maroccanus est vue comme un nomen dubium par l'ensemble de ces auteurs. Néanmoins, d'autres ossements (un museau incomplet, des fragments d'os dentaire, des centres de vertèbres cervicales et l'arc neural d'une vertèbre dorsale) provenant d'Algérie ont été également rapportés à l'espèce marocanus sur la base de cet unique critère[8].
63
+
64
+ Les premières découvertes de Spinosaurus remontent au début du XXe siècle lors de l'expédition paléontologique allemande commanditée par le paléontologue Ernst Freiherr Stromer von Reichenbach et secondée par son collecteur de fossiles Richard Markgraf. C'est au printemps 1912 que ce dernier découvre et déterre une série d'ossements ensevelis sous 30 centimètres de grès et un mètre d'argile dure. Selon les écrits de Stromer, le site fossilifère se situe à quelques kilomètres au nord de Gebel el Dist, petit village de la vallée de Baharija (ou Bahariya) se trouvant dans le Nord de l'Égypte et à l'ouest du Nil[3]. Les ossements dégagés comprennent entre autres une mandibule dépourvue de son extrémité postérieure, une dizaine de dents individuelles, des côtes incomplètes ainsi que des vertèbres cervicales, dorsales, sacrales et caudales[3]. Ernst Stromer, à l'époque de la découverte, est revenu d'Égypte depuis un an et Markgraf fait ainsi parvenir les nouveaux ossements au paléontologue allemand qui travaille alors dans son bureau de l'Académie des Sciences de Munich. Le 6 novembre 1915, Stromer présente le résultat de ses recherches égyptiennes dans les comptes rendus de l'Académie Royale des Sciences de Bavière où il décrit et illustre par deux grandes planches les ossements d'un tout nouveau dinosaure qu'il nomme Spinosaurus aegyptiacus[3].
65
+
66
+ En 1934, le paléontologue décrit de nouveaux restes fragmentaires comprenant des vertèbres cervicales, dorsales et caudales ainsi que des os des membres postérieurs (tibia, fémur et phalanges du pied) qui proviennent également du site égyptien de Baharija. Il rapproche ces ossements à Spinosaurus mais, du fait de sa plus petite taille et de plusieurs différences morphologiques avec l'espèce aegyptiacus, il nomme ce nouveau spécimen « Spinosaurus B »[31]. Selon certains scientifiques, les os de ce dernier n'appartiendraient cependant pas à un seul et même individu puisque les vertèbres seraient celles d'un dinosaure large et corpulent tandis que les os des membres viendraient plutôt d'un théropode large mais gracile[32]. « Spinosaurus B » ne fut d'ailleurs pas considéré comme un Spinosauridae et d'après certains paléontologues les ossements rapportés à ce genre appartenaient à un théropode d'une autre famille (tel Bahariasaurus)[1],[22],[32], très probablement un Tetanurae indéterminé[33], voire à un ornithopode selon certains[32]. Néanmoins, la découverte récente de nouveau matériel de Spinosaurus au Maroc en 2014 semble confirmer le fait que l'entièreté des ossements rapporté au genre Spinosaurus par Ernst Stromer appartiennent bel et bien à ce dinosaure[30].
67
+
68
+ La totalité des ossements de l'holotype de Spinosaurus aegyptiacus ainsi que ceux du théropode « Spinosaurus B » furent détruits lors d'un raid aérien des bombardiers de la British Royal Air Force sur Munich dans la nuit du 24 au 25 avril 1944[26],[14]. Le bombardement endommagea sévèrement le bâtiment qui hébergeait le Paläontologische Staatssammlung München et détruisit une grande partie de la collection de Stromer qui provenait d'Égypte. Deux photos des ossements prises avant leur disparition ont été récemment redécouvertes[26].
69
+
70
+ Une expédition américano-égyptienne dirigée par le paléontologue Peter Dodson s'est à nouveau rendue dans l'oasis de Baharija et semble avoir mis au jour du nouveau matériel de Spinosaurus qui n'a pas encore été décrit dans la littérature[34].
71
+
72
+ C'est en 1971 que l’Institut et Muséum de géologie et de paléontologie du Georg-August-Universität de Göttingen en Allemagne demande au docteur H. Alberti et deux de ses employés (O. Chérif et U. George) de récolter des ossements dans le « Continental Intercalaire » de la base de la Hammada du Guir près de la ville de Taouz au Maroc[1],[14]. Le matériel ramené à Göttingen comprend un maxillaire incomplet décrit plus tardivement par Buffetaut qui rapporte cet os du crâne au genre Spinosaurus[11],[14].
73
+
74
+ Depuis cette mission paléontologique allemande, les autochtones, conscients de la richesse fossilifère de cette région et encouragés à développer un marché de fossiles, fouillent de toutes parts les niveaux fossilifères des sites multiples du plateau des Kem Kem et du bassin du Tafilalt situés dans le Sud-Ouest du Maroc[1]. En 1975, un museau quasi complet fut découvert non loin de la ville de Taouz et entreposé dans les collections d'un particulier avant d'être acquis par le Musée d'Histoire naturelle de Milan en 2002 et décrit en 2005 comme étant celui d'un Spinosaurus aegyptiacus[4]. Un museau incomplet ainsi qu'un dentaire gauche découverts dans les mêmes niveaux marocains et entreposés dans les collections du Natural History Museum de Londres furent également attribués à un Spinosaurus aegyptiacus de grande taille en 2003[35].
75
+
76
+ Un collectionneur de Cambridge (Brian Ebeharde) qui rassembla un grand nombre d'ossements provenant des Kem Kem légua une partie de sa collection au Canadian Museum of Nature, dont des vertèbres cervicales, un fragment d'os dentaire et des arcs neuraux de vertèbres dorsales qui furent rapportés à une nouvelle espèce de Spinosaurus, S. marroccanus[1].
77
+
78
+ Seule une expédition paléontologique menée par le paléontologue Paul Sereno fut lancée dans le Nord du vaste plateau des Kem Kem (non loin du poste frontière de Keneg ed Dal) en 1996[36]. Un ossement érodé, initialement non-identifié, fut entreposé dans les collections paléontologiques de l'Université de Chicago jusqu'en 2002 avant d'être décrit et identifié par plusieurs scientifiques comme étant le nasal d'un Spinosaurus aegyptiacus en 2005[4].
79
+
80
+ Au printemps 1985, une collaboration entre le « Programme de cartographie géologique et inventaire des substances utiles dans le Sud tunisien » et le laboratoire de Paléontologie des Vertébrés de l'Université de Paris VI permet de découvrir un nouveau gisement de vertébrés non loin de la localité de Bir Miteur, située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Foum Tatahouine. Ce gisement a livré une faune assez riche de poissons et de reptiles, dont des dents attribuées au genre Spinosaurus sp. par Bouaziz et ses collègues en 1988[5] et en 2000[37].
81
+
82
+ Mohamed Ouaja de l'Office National des Mines de Tunisie découvre également non loin de la ville de Ghomrassen dans la région de Tataouine (sud-est de la Tunisie) un fragment de mâchoire inférieure (dentaire) rapporté à l'espèce Spinosaurus aegyptiacus[27].
83
+
84
+ En 1998, des ossements provenant du site de Gara Samani, localisé au nord-ouest du Tademaït en Algérie et comprenant un museau incomplet, des fragments dentaires, des centres de vertèbres cervicales et l'arc neural d'une vertèbre dorsale sont rapportés à l'espèce Spinosaurus maroccanus[8].
85
+
86
+ Plus récemment, Brusatte et Sereno ont mentionné l'existence de dents provisoirement référées au genre Spinosaurus sp. dans la région d'Iguidi (désert du Ténéré), au Niger[38]. Des dents attribuées également à Spinosaurus sp. semblent avoir été découvertes au Cameroun[39] (province du Nord), au Kenya[40] (province de la Vallée du Rift) ainsi qu'en Libye[41] (région du djebel Nefoussa). Cependant, aucune publication détaillée sur ces dents n'a encore vu le jour, si bien que leur attribution au genre Spinosaurus reste pour le moment hypothétique.
87
+
88
+ Une équipe internationale de paléontologues allemand, américain, italiens, anglais et marocain a fait, en 2014, la découverte de restes associés d'un nouveau spécimen de Spinosaurus aegyptiacus dans le Nord des Kem Kem[30]. Il s'agit du premier squelette en articulation comprenant des éléments crâniens et post-crâniens après ceux découverts par Stromer et détruits en 1944. Parmi les restes récoltés par cette équipe dirigée par le paléontologue allemand Nizar Ibrahim se trouvent des os du crâne (e.g., nasal, préfrontal, quadratojugal, carrés, dentaire, etc.) ainsi que des vertèbres cervicales, dorsales, sacrales et caudales et des ossements des membres postérieurs, dont un pied complet[30]. Cette découverte a permis aux paléontologues de donner pour la première fois une reconstitution fidèle du squelette de Spinosaurus basée sur ces nouveaux ossements et ceux préalablement découverts. Spinosaurus semble ainsi avoir été un animal quadrupède majoritairement aquatique, en démontrent de courtes pattes arrière, de larges doigts de pied probablement palmés, des os denses, et des terminaisons nerveuses à l'extrémité du museau fonctionnant comme des capteurs de mouvements afin de détecter les proies en mouvement dans l'eau. Spinosaurus serait ainsi l'unique théropode quadrupède et l'un des deux seuls théropodes, avec le récemment décrit Halszkaraptor, montrant des adaptations à un mode de vie aquatique[30].
89
+
90
+ Début 2019, des vertèbres d'une queue, interprétées comme celles d'un spinosaure, sont découvertes par le paléontologue Nizar Ibrahim dans les Kem Kem, dans le Sahara au sud-est du Maroc[42]. Après des analyses menées par lui et ses collègues en 2019 et 2020, ils en arrivent à la conclusion que s'il s'agit bien d'une queue de spinosaure, celui-ci était doté d'une queue adaptée au déplacement aquatique, proche de celle d'un crocodile ou d'un triturus actuel[42]'[43]. Si tel est le cas, et avec les découvertes de 2014, cela signifierait que le spinosaurus aegyptiacus serait un Spinosauridae parfaitement adapté à la nage, et qu'il serait le premier dinosaure non-avien adapté au milieu aquatique connu[42]'[43].
91
+
92
+ Le genre Spinosaurus est présent dans toute l'Afrique du Nord puisque des restes attribués à ce théropode ont été découverts avec certitude au Maroc, en Algérie, en Tunisie, au Niger et en Égypte.
93
+ Les plus anciens restes avérés proviennent actuellement de l'Albien inférieur de la Formation de Chenini située dans la région de Tatahouine au sud est de la Tunisie et furent attribués à l'espèce S. aegyptiacus[27]. Le matériel découvert dans les roches de Gara Samani en Algérie et associé à l'espèce S. maroccanus est également daté de l'Albien[8]. La totalité des restes de Spinosaurus découverts au Maroc (Continental Intercalaire, Continental Red Beds ou encore Kem Kem Beds), en Égypte (Formation de Bahariya) et au Niger (Formation d'Echkar) sont datés du Cénomanien[4],[38], voire plus précisément du Cénomanien inférieur[36].
94
+
95
+ Du matériel associé sans certitude au genre Spinosaurus sp. a été reporté en Libye dans des roches provisoirement datées du Tithonien-Néocomien[44], ainsi qu'au Kenya[40] dans les Turkana Grits datés du Turonien-Santonien. Ce matériel n'a cependant pas été réétudié et redécrit dans la littérature scientifique depuis lors.
96
+
97
+ Que ce soit à l'Albien ou au Cénomanien, les écosystèmes du Nord de l'Afrique et dans lesquels vivait Spinosaurus jouissaient d'une faune extrêmement diversifiée. Les animaux vivaient dans des environnements de types fluviatiles (deltaïques ou lagunaires) où les paysages s’apparentaient à de vastes plaines parsemées de lacs et sillonnées de rivières autour desquelles poussait une végétation luxuriante constituée de fougères, d'éphédrales, de bennétittales, de cycadales, de conifères et d’angiospermes[1],[37],[45].
98
+
99
+ En Tunisie, la Formation albienne de Chenini a fourni entre autres des requins, des actinoptérygiens, des tortues, des crocodiles, des ptérosaures et des dinosaures[37]. Parmi ces derniers figurent des théropodes du genre Carcharodontosaurus, des sauropodes et des Iguanodontidae[37].
100
+
101
+ Les faunes cénomaniennes trouvées en Égypte, au Maroc et au Niger sont fort semblables et également très diversifiées.
102
+
103
+ Dans les Kem Kem, elles se constituent d'élasmobranches (Hybondontiformes, Lamniformes, Squaliformes) et de sarcoptérygiens (Dipnoi du genre Ceratodus et Coelacanthiformes du genre Mawsonia) pour les poissons. Des tortues d’eaux douces (Pelomedusidae, Bothremydidae, Podocnemididae et Araripemydidae), des serpents, des varanoïdes ainsi que des crocodiliens terrestres de petite et de grande taille (Libycosuchidae, Trematochampsidae, Dyrosauridae, Notosuchidae, Stomatosuchidae) sont également présents[1],[36]. La niche écologique des airs n’était pas non plus dépourvue de vertébrés puisque les ptérosaures (Anhangueridae, Azhdarchidae, Tapejaridae, etc.) dominaient le ciel à cette époque[46]. Les théropodes sont particulièrement abondants au Maroc avec cinq familles incontestables, en plus de celle de Spinosaurus : les Carcharodontosauridae (Carcharodontosaurus saharicus), les Abelisauridae, les Noasauridae (Deltadromeus agilis), les Sigilmassasauridae (Sigilmassasaurus brevicollis) et les Dromaeosauridae[1],[36],[47],[48]. Cette abondance de dinosaures carnivores contraste nettement avec la pauvre diversité des formes herbivores qui ne sont représentées que par les sauropodes (Rebbachisauridae, Dicraeosauridae, Titanosauridae) et peut-être quelques ornithischiens[1],[36].
104
+
105
+ Le site de Baharija en Égypte comprend également des élasmobranches, des poissons d’eau douce du genre Lepidotes, Neoceratodus et Mawsonia, des squamates, des tortues, des crocodiles terrestres (Libycosuchus, Stomatosuchus), des plésiosaures, des théropodes (Carcharodontosaurus saharicus, Bahariasaurus ingens) ainsi que des sauropodes (Aegyptosaurus baharijensis, Paralititan stromeri)[34].
106
+
107
+ La Formation d'Echkar du Niger a fourni quant à elle une faune diverse de crocodiliens avec la présence de Notosuchia (Anatosuchus, Araripesuchus), de Mahajangasuchidae (Kaprosuchus) et de Stomatosuchidae (Laganosuchus)[49]. Les dinosaures y sont également diversifiés avec l'existence (en plus de Spinosaurus) d'Abelisauridae (Rugops primus) et de Carcharodontosauridae (Carcharodontosaurus saharicus, Carcharodontosaurus iguidensis) ainsi que plusieurs sauropodes (Rebbachisauridae, Titanosauria)[38].
108
+
109
+ Aucune preuve directe ne permet de connaître avec certitude le régime alimentaire de Spinosaurus mais un grand nombre de preuves indirectes relatives à l'anatomie, au mode de vie et à l'environnement de Spinosaurus tendent à montrer que l'alimentation de ce dinosaure était au moins partiellement piscivore. Plusieurs preuves directes du régime alimentaire des Spinosauridae ont révélé une certaine diversité des proies consommées par ces théropodes. En effet, il fut découvert dans la région stomacale de Baryonyx walkeri des restes abrasés d'un Iguanodontidae juvénile ainsi que des écailles et des dents de poissons du genre Lepidotes attaqués par des sucs gastriques[50]. Une vertèbre cervicale de ptérosaure perforée par une dent de Spinosauridae fut également découverte dans la Formation de Santana au Brésil[51]. Ainsi, il est très probable que Spinosaurus ait pu consommer des proies diverses comme des ptérosaures et des dinosaures juvéniles[52].
110
+
111
+ Néanmoins, le crâne étroit et frêle de ce Spinosauridae, ses dents coniques et faiblement dentelées, et la position très postérieure de ses narines externes semblent aller dans le sens d'un régime surtout piscivore[53]. Selon certains auteurs, la mécanique de la mâchoire va également dans cette direction puisque la forme de l'articulation entre le crâne et la mâchoire permettait aux branches de la mandibule de s'écarter lorsque l'animal ouvrait la gueule[52]. Ceci semble avoir été permis grâce à une symphyse mandibulaire relativement courte et faible donnant une certaine mobilité aux deux dentaires pour qu'ils puissent s'écarter chez Spinosaurus. Selon certains scientifiques, les Spinosauridae tels que Spinosaurus avaient ainsi la possibilité d'élargir la gueule afin d'avaler de grandes proies, à l'instar de certains ptérosaures (Pteranodon) et de nos pélicans actuels[52].
112
+
113
+ La très grande abondance de grands dinosaures carnivores (Spinosaurus, Carcharodontosaurus, Deltadromeus, Sigilmassasaurus et Abelisauridae) dans le site des Kem Kem et la faible proportion relative de dinosaures herbivores implique l'existence de niches écologiques distinctes pour ces dinosaures prédateurs qui sont par ailleurs munis de crânes et de dents morphologiquement très différents[38]. Certains paléontologues estiment ainsi que les poissons, foisonnants dans cet écosystème deltaïque, devaient probablement faire partie de l'alimentation de Spinosaurus puisque tout semble indiquer qu'il s'était adapté à un tel régime[1],[35].
114
+
115
+ Bien que Spinosaurus soit généralement représenté comme un animal bipède, il a été suggéré par plusieurs auteurs que ce théropode aurait été plutôt quadrupède[9],[54],[30]. Avant 2014, les membres antérieurs et postérieurs n'avaient pas encore été découverts chez Spinosaurus et rien ne permettait de favoriser une posture plutôt qu'une autre chez cet animal. La morphologie des bras et des membres postérieurs d'autres Spinosauridae comme Baryonyx walkeri semblait cependant privilégier une posture bipède, avec une position quadrupède occasionnelle envisageable[50]. La découverte récente, au cours de l'année 2014, des os des membres postérieurs de Spinosaurus a néanmoins confirmé une posture quadrupède chez ce dinosaure. Les pattes de Spinosaurus semblent en effet avoir été particulièrement courtes, repoussant ainsi le centre de gravité de ce théropode vers l'avant, ce qui ne l'aurait pas permis d'adopter un mode de locomotion bipède même si cela reste purement théorique,
116
+ les ossements appartenant à plusieurs animaux différents[30].
117
+
118
+ En raison de la morphologie des membres antérieurs et postérieurs des Spinosauridae, les membres de cette famille ont toujours été perçus comme des animaux terrestres, vivant essentiellement sur la terre ferme comme les autres théropodes. Une étude récente portant sur la composition isotopique de l'oxygène des dents de certains Spinosauridae a cependant révélé que ces théropodes avaient plutôt un mode de vie semi-aquatique, à la manière des crocodiles et des tortues actuels[55]. Les valeurs de δ18Op des dents de Spinosauridae semblent en effet être plus basses que celles des autres théropodes contemporains et se situer dans la même fourchette de valeurs que celles obtenues chez les crocodiliens et les tortues. Néanmoins, la signature isotopique obtenue pour les dents de Spinosaurus provenant du Maroc (Cénomanien) et de Tunisie (Aptien) ne démontre pas nettement un mode de vie semi-aquatique chez ce dinosaure. D'après certains paléontologues, le fait de coexister avec plusieurs grands théropodes sur la terre ferme, et des crocodiliens géants dans les rivières et les lacs, et d'être ainsi en compétition avec un grand nombre de prédateurs pour trouver de la nourriture, aurait forcé Spinosaurus à être opportuniste et à alterner un mode de vie terrestre et semi-aquatique[55].
119
+
120
+ L'étude d'une vertèbre cervicale identifiée comme appartenant à Spinosaurus maroccanus à l'aide d'un scanner TAC a montré l'existence d'ostéoporose chez ce dinosaure[56]. Néanmoins, la vertèbre, qui fut découverte dans le Tafilalet (Maroc) et décrite par Russel en 1996[1], ne serait pas celle d'un Spinosaurus mais du théropode énigmatique Sigilmassasaurus selon certains paléontologues spécialistes des théropodes[57].
121
+
122
+ Une étude histologique de plusieurs dents de Spinosaurus provenant du Maroc a également permis d'évaluer le développement moyen des dents de ces théropodes[58]. Le temps de développement serait ainsi compris entre 250 et 300 jours pour la plus large d'entre elles et entre 200 à 250 jours pour la plus petite, ce qui est particulièrement court pour un animal de cette taille. Ce rythme de développement dentaire rapide semble pouvoir s'expliquer par une spécialisation de la dentition de Spinosaurus au régime piscivore. En effet, les dents de Spinosaurus ne sont pas adaptées à déchiqueter des proies massives comme celles de Tyrannosaurus rex et elles ne furent donc pas affectées par des contraintes physiques importantes. Ainsi, plutôt que d'avoir des dents massives, il était plus économique pour Spinosaurus de développer des dents en un temps relativement court. L'extrême abondance des dents de Spinosaurus dans les Kem Kem serait ainsi liée à un rythme de développement très rapide et à un taux de remplacement des dents particulièrement élevé[58].
123
+
124
+ Une analyse récente à l'aide d'un scanner (CT-scan) et portant sur le museau de Spinosaurus découvert au Maroc en 1975 a permis de découvrir que les multiples foramens se trouvant sur la partie antérieure du museau communiquent avec une cavité interne enfermée à l'intérieur des prémaxillaires[59]. À la suite de la rétraction extrême des narines externes, la fonction de cette cavité interne, qui semble être unique chez les théropodes, ne serait pas olfactive ou respiratoire mais plutôt neurovasculaire. Certains scientifiques ont ainsi suggéré que Spinosaurus possédât des récepteurs de pression à l'intérieur du museau afin de donner à la gueule de l'animal une fonction tactile et de permettre ainsi à ce théropode de ressentir les mouvements d'un animal dans l'eau et de capturer des proies aquatiques même dans l'obscurité[59].Certains paléontologues pensent donc que c'est grâce à cela qu'il est devenu si grand, car son système de chasse était extrêmement efficace, ce qui lui aurait permis de se nourrir sans dépenser trop d'énergie.
125
+
126
+ Jack Bowman Bailey s'est interrogé sur la fonction de l'hypertrophie des épines neurales chez certains dinosaures comme Spinosaurus[9]. Bailey remarque que la forme des excroissances dorsales chez l'ornithopode Ouranosaurus et chez Spinosaurus se rapproche beaucoup plus de celle du Bison que du pélycosaure Dimetrodon. De plus, le rapport entre la longueur de l'épine neurale et le centre (ou corps) vertébral est du même ordre de grandeur que celui du Bison antiquus, mais bien inférieur à celui du Dimetrodon. Par ailleurs, certaines épines neurales de Spinosaurus sont fortement inclinées ce qui, d'après Bailey, suggère qu'elles servaient de points d'attache à des ligaments et des muscles obliques puissants, d'où l'hypothèse d'une haute bosse dorsale dont le sommet se trouvait vers la région postérieure du dos de l'animal. Bailey en tire ainsi plusieurs conclusions : le centre d'équilibre de ce théropode devait, du fait de cette bosse, se trouver assez haut et en arrière, impliquant peut-être de cette manière une posture alternativement bipède et quadrupède pour ce dinosaure. Selon Bailey, il était fort peu probable que Spinosaurus fut un sprinter agile comme d'autres théropodes. Ce spinosauridé devait plutôt utiliser sa masse pour maîtriser de jeunes proies, ou encore pour dérober les prises des prédateurs plus agiles ou plus petits[9]. D'après lui, si Spinosaurus était capable de s'attaquer à des sauropodes, c'est moins grâce à la vitesse qu'à sa masse : la bosse dorso-postérieure lui aurait permis de tirer efficacement vers l'arrière, pour déchirer ses proies. Finalement, Bailey, se basant sur des études ayant porté sur la locomotion des bisons, suggère que Spinosaurus a aussi pu être capable de poursuites à longue distance.
127
+
128
+ Dans l'interprétation de Stromer, les processus épineux de Spinosaurus sont décrits comme le support d'une voile dorsale haute et très étroite[3]. Stromer rejette d'abord l'hypothèse adoptée plus tard par Bailey, selon laquelle les épines neurales pourraient servir de zone d'attache à une masse musculeuse puissante, comme chez le bison. Selon Stromer, une telle hypothèse est contredite par l'aspect lisse de la surface latérale des épines neurales et par la fragilité de leurs terminaisons supérieures (alors que la base est massive et solide). De plus, il est d'après lui difficile d'envisager une raison particulière d'un tel développement inhabituel de la musculature du dos. Stromer écartera également l'hypothèse d'une bosse de graisse qui, selon lui, est extrêmement improbable chez un animal carnivore. Le paléontologue allemand imagine donc plutôt sur le dos de Spinosaurus une haute crête osseuse sous-tendant une voile dorsale, mais sans donner d'explication quant à sa fonction[3].
129
+
130
+ Quelques paléontologues se sont pour leur part lancés dans des interprétations de cette voile, comme David Norman qui estime qu'elle aurait pu jouer deux rôles différents[12]. Le premier serait de servir de signal soit pour s'identifier entre partenaires, soit pour intimider des rivaux. Le second rôle aurait été celui de régulateur thermique. Selon Norman, la voile pouvait être utilisée comme panneau solaire ou encore comme radiateur thermique afin de réguler la température du corps. D'après le paléontologue britannique, lorsque Spinosaurus présentait son corps au soleil, le sang des vaisseaux sanguins qui traversaient la voile de peau captait la chaleur et la diffusait dans tout le corps. Si l'animal faisait par contre face au soleil, la voile permettait de dissiper la chaleur à la manière d'un radiateur[12].
131
+
132
+ En décrivant les restes de Spinosaurus, Stromer nota qu'il s'agissait d'un animal de grande taille sans toutefois spécifier la longueur et la masse de celui-ci[3]. Peu après cette description, Friedrich von Huene[60], puis plus tardivement Donald Glut[54], estimèrent que ce théropode pouvait atteindre plus de 15 mètres de longueur pour un poids de plus de 6 tonnes, et le considérèrent ainsi comme le théropode le plus grand à avoir existé. Bien qu'acceptant que Spinosaurus fût peut-être le plus long théropode, Gregory Paul[10] réestima néanmoins le poids de l'animal à environ 4 tonnes, ce qui ne faisait plus de lui le théropode le plus lourd. Dal Sasso et ses collègues notèrent quant à eux que l'holotype de Spinosaurus fut 20 à 30 % plus grand que Suchomimus et Baryonyx et que sa taille devait rivaliser avec celle des théropodes géants comme Tyrannosaurus[4].
133
+
134
+ Les débats sur le fait de savoir si Spinosaurus fut le théropode le plus grand reprirent de plus belle avec la découverte d'un museau de 98 centimètres provenant du Maroc[4]. Sur base de l'anatomie du crâne des autres Spinosauridae (Suchomimus, Baryonyx et Irritator), les auteurs de la description du museau estimèrent la longueur du crâne de l'animal à environ 175 centimètres, c'est-à-dire environ 20 % plus grand que le crâne de l'holotype de Spinosaurus décrit par Stromer. Ils évaluèrent également la taille de l'animal entre 16 et 18 mètres sur base de l'anatomie du squelette de cet holotype et de Suchomimus. Ils calculèrent finalement le poids de l'animal à environ 7 à 9 tonnes en utilisant la méthode de Seebacher[61] et en supposant que le corps de Spinosaurus fut de proportion égale à celui de Suchomimus[4]. Avec une taille de plus de 16 mètres, Spinosaurus devenait ainsi le plus long théropode à avoir vécu sur Terre. Intrigués par de tels résultats (un théropode d'environ 17 mètres ayant un poids inférieur à un Tyrannosaurus de 12 mètres), Therrien et Henderson[62] recalculèrent le poids de Spinosaurus sur base de cette même méthode de Seebacher et trouvèrent une masse différente comprise entre 11,7 et 16,7 tonnes. En proposant une nouvelle méthode d'estimation de la taille et du poids des théropodes sur base de la longueur de leur crâne, ces auteurs trouvèrent avec un crâne de 175 centimètres une taille de plus de 14 mètres pour un poids excédant les 20 tonnes. Néanmoins, ils réévaluèrent la longueur du crâne à 150 centimètres (mesure prise entre le prémaxillaire et le condyle occipital plutôt qu'entre le prémaxillaire et l'extrémité postérieure du squamosal), ce qui leur donnèrent une taille de 12,5 mètres pour un poids d'environ 12 tonnes. D'après Therrien et Henderson[62], ces estimations de grandeur se rapprochent beaucoup plus de celles d'autres grands théropodes comme Tyrannosaurus et Giganotosaurus et sont déjà très proches des limites biomécaniques imposées par la bipédie.
135
+
136
+ La méthode de Therrien et Henderson appliquée aux Spinosauridae a été vivement critiquée par certains spécialistes des théropodes qui considèrent que ces paléontologues ne tiennent pas compte de l'élongation du crâne des Spinosauridae ni de la différence de proportion du corps et de la queue entre ces théropodes et des dinosaures carnassiers comme Tyrannosaurus et Carcharodontosaurus. De plus, ils estiment que Therrien et Henderson se basent sur des reconstitutions crâniennes de Spinosauridae erronées et qu'une réévaluation de la longueur du crâne n'est pas fondée[63],[64].
137
+
138
+ À l'heure actuelle, les dernières estimations calculées sur base d'un squelette reconstitué de Spinosaurus donnent à ce théropode une taille d'environ 15 mètres, ce qui en fait le plus grand théropode[30]. Le crâne d'un nouveau squelette découvert en 2014 par une équipe internationale de paléontologue fut estimé à 112 centimètres. Ce squelette partiel semble être 32 % plus petit que le spécimen le plus large de Spinosaurus jusqu'ici découvert (à savoir le museau complet décrit en 2005). À partir de ces données, une taille d'environ 160 cm pour le crâne du spécimen le plus grand de Spinosaurus peut être ainsi calculée.
139
+
140
+ Bien que Stromer dans la description qu'il fait de Spinosaurus évoque un animal avec un museau plus long et plus étroit que celui des autres théropodes comme Tyrannosaurus, les premières reconstitutions de Spinosaurus, telles que celles de Lapparent et René Lavocat[65] et plus tardivement de Norman[12], le représentent comme un théropode muni d'un crâne semblable à celui d'autres dinosaures carnivores comme Carnosauria. Cette représentation erronée du crâne de Spinosaurus change dès la description de nouveaux éléments crâniens de Spinosauridae par Taquet[66] qui fait remarquer pour la première fois que ces théropodes sont pourvus d'un museau long et étroit proche de celui de nos gavials actuels. Buffetaut[14] fut quant à lui le premier à figurer un crâne de Spinosaurus avec un museau allongé. Le crâne doit être à présent dessiné avec une crête nasale unique depuis que l'on sait que Spinosaurus en possédait une au sommet de la tête, juste au-dessus des orbites[4].
141
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142
+ Un crâne et une mandibule de Spinosaurus aegyptiacus furent mis en vente à l'Hôtel Drouot, célèbre hôtel de ventes aux enchères de Paris, le 7 juillet 2005. Ce spécimen de Spinosaurus était toutefois chimérique puisqu'il s'agissait d'un modèle composite constitué à 50 % d'os originaux provenant des grès infra-cénomaniens de la région des Kem Kem, au Maroc. Les ossements, qui appartiennent probablement à plusieurs individus, furent intégrés avec des moulages afin de reconstituer une mandibule et un crâne complets[67]. D'après le catalogue de vente, il s'agissait d'un spécimen subadulte provenant de l'ancienne collection d'un géologue français établi en Afrique du Nord[68]. Selon le fascicule, ce géologue avait découvert les ossements au milieu du XXe siècle et les avait conservés pendant plus de 40 ans[67]. Le catalogue ne mentionnait cependant pas la présence d'un grand nombre de moulages et ne donnait aucune garantie que l'entièreté des éléments crâniens provenait d'un même individu. Il n'évoquait pas non plus le fait que le collectionneur français ait fait appel à une société italienne de Trieste (Stoneage) afin de restaurer le crâne et la mandibule et de les assembler de manière esthétique. La pièce fut estimée entre 200 000 et 250 000 euros mais le Muséum d'histoire naturelle de Paris, qui exerça le droit de préemption dont disposent les organismes d'État afin d'acquérir prioritairement le spécimen, le préempta à 81 000 euros (97 468 euros frais compris) au terme des enchères. Le Muséum infirma plus tard l'achat après avoir examiné le spécimen composite et après avoir été alerté par le British Museum qui s'était également vu proposer celui-ci[69].
143
+
144
+ Un squelette composite de Spinosaurus aegyptiacus a également été mis aux enchères dans le même hôtel de ventes de Paris le premier décembre 2009. Constitué à 50 % d'os originaux fragmentaires provenant de mêmes couches cénomaniennes des Kem Kem, il fut mis à prix à 250 000 euros mais n'a pas trouvé preneur au terme de la vente[70]. Les ossements originaux viennent de plusieurs individus de même taille et ont été collectés pendant 25 ans avant d'être examinés et restaurés au Muséum civil d’Histoire Naturelle de Milan. D'après le catalogue de vente, seuls les ossements sans réel intérêt scientifique ont été utilisés dans le montage de ce squelette, les autres ossements collectés au Maroc (une vingtaine environ) ayant été gardés par les scientifiques du musée italien[71].
145
+
146
+ Spinosaurus a été largement rendu célèbre grâce au troisième opus de la série des Jurassic Park, Jurassic Park 3, réalisé par Joe Johnston et sorti en 2001. En effet, le dinosaure vedette du film n'est autre que ce Spinosauridae, qui est dépeint comme un dinosaure carnivore plus terrible encore que Tyrannosaurus : Spinosaurus affronte ce dernier et parvient à lui briser la nuque sans difficulté, le combat ne durant que quelques secondes.
147
+
148
+ Le paléontologue Jack Horner, conseiller scientifique des Jurassic Park, considère que Spinosaurus fut le plus grand de tous les théropodes, mais également un prédateur puissant, plus féroce encore que Tyrannosaurus[72]. Néanmoins, les scientifiques ayant travaillé sur les Spinosauridae s'accordent à dire que ces théropodes ne furent pas de super-prédateurs capables de s'attaquer à de grosses proies, comme les Tyrannosauridae et les Carcharodontosauridae[50],[73]. D'après eux, le crâne long et frêle des Spinosauridae se rapproche beaucoup de celui de l'actuel gavial. Des études suggèrent que la mâchoire du Spinosaurus n'est pas faite pour mordre d'autres prédateurs, contrairement au Tyrannosaurus, la mâchoire de ce dernier étant beaucoup plus forte. Une étude biomécanique réalisée sur le museau de Baryonyx walkeri a en effet révélé que le museau des Spinosauridae et celui du gavial sont fonctionnellement convergents[74]. Par ailleurs, Spinosaurus et Tyrannosaurus ne furent pas contemporains, puisqu'environ 30 millions d'années séparent ces dinosaures, et ils ne vivaient pas non plus au même endroit ils n'ont donc jamais pu s'affronter, Spinosaurus habitant le Nord de l'Afrique tandis que Tyrannosaurus n'a été retrouvé qu'en Amérique du Nord. Des études isotopiques réalisées sur les dents de Spinosaurus tendent à démontrer qu'il s'agissait d'un animal partiellement semi-aquatique[55], si bien qu'une scène du film mettant en scène un Spinosaurus immergé dans un lac est scientifiquement plausible.
149
+
150
+ Le choix de Spinosaurus comme antagoniste pour le film fut volontaire afin d'amener un rafraîchissement dans la saga, afin que les spectateurs ne soient pas lassés du T-rex, au point même que le logo de la saga fut modifié pour l'occasion. Pour l'anecdote, il fut prévu au départ le Baryonyx à la place mais fut remplacé car Spinosaurus était plus grand et donc plus dangereux. Si l'idée était plutôt bonne à la base, le fait qu'il tue le T-rex du film fut très mal perçu par les fans et reste encore débattu.
151
+
152
+ Une reconstitution grandeur nature de Spinosaurus apparaît à l'arrière-plan dans le film Sin City.
153
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+ Un squelette de spinosaure apparait dans le film Jurassic World, lorsque Rexy, le tyrannosaure du premier film, s’apprête à combattre l'Indominus Rex, il détruit le squelette, ce qui est symboliquement une revanche du T-rex sur son précédent adversaire du troisième opus.
155
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156
+ Dans le manga One Piece, le "Tobi Roppo" Page One de l'équipage des cent bêtes a la capacité de se transformer en spinosaurus grâce à un fruit du démon.
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+ En 2009, la Discovery Channel a produit un documentaire intitulé Monsters Resurrected: Biggest Killer Dino et consacré à Spinosaurus. Les conseillers scientifiques de ce documentaire furent Thomas Holtz, Kenneth Lacovara et Lawrence Witmer et, selon eux, Spinosaurus aurait été le prédateur dominant d'Afrique du Nord au Cénomanien[75]. Il se serait nourri de proies telles que le théropode Rugops et aurait tué sans difficulté des carnivores géants comme Carcharodontosaurus et le crocodilien Sarcosuchus[76] avec qui il n'a pourtant jamais cohabité, les deux animaux étant séparés par 12 millions d'années, bien qu'il fût également adapté à pêcher le poisson grâce à sa large voile osseuse, dont l'ombre aurait peut-être attiré les poissons, et des récepteurs sensoriels à l'extrémité du museau et présents également chez les alligators actuels. Néanmoins, des changements climatiques survenus à la fin du Cénomanien auraient causé la disparition de Spinosaurus qui n'a pas pu s'adapter à ces changements et se contenter de proies devenues de plus en plus rares[77]. Dans ce documentaire, il est montré beaucoup trop grand, proportionnellement trop court, ce qui a pour conséquence une exagération de la hauteur de l'animal, sachant qu'il était supposé mesurer 18 mètres à l'époque. En effet, on le voit capable d'attraper un Rugops de 8 mètres de long avec une seule main et dépasser en taille les Paralititan, son crâne est aussi erroné (car basée sur celui de Suchomimus) et il n'a pas les paumes des mains qui se font face (erreur retrouvée dans beaucoup de reconstitutions de Dinosaures).
159
+
160
+ En 2011, un second documentaire produit par la BBC et intitulé Planet Dinosaur: Lost World fut également dédié à Spinosaurus où il est représenté d'une façon beaucoup plus exacte et dont le mode de vie semble être plus proche d'un animal semi-aquatique comme les crocodiles actuels que d'un animal terrestre si bien que ce prédateur, le plus grand tueur à avoir foulé la terre ferme, chassait le plus clair de son temps dans l'eau et fut ichtyophage[78].
161
+
162
+ Un Spinosaure, d'abord dépourvu de nom puis nommé Spiny par ses propriétaires, apparaît dans la série animée japonaise Dinosaur King, dans le deuxième épisode de la série où il est ramené à la vie en Égypte. Comme tous les dinosaures de l'histoire, Spiny possède des pouvoirs. Dans son cas, ils sont basés essentiellement sur l'eau. C'est également un excellent nageur. Clin d'œil à Jurassic Park 3, à qui Dinosaur King semble avoir repris le design, ce Spinosaurus affronte Terry, le Tyrannosaurus du Gang Alpha. Cependant, à l'opposé du film, c'est ici le Tyrannosaurus qui l'emporte, tandis que le Spinosaure est capturé et mis sous contrôle par le Gang Alpha. Il agit par la suite comme l'un de leurs dinosaures durant toute la série[79].
163
+
164
+ Un Spinosaurus apparaît dans l'épisode 1 de la saison 4 de la série anglaise Primeval ou Les Portes du Temps en français, il suit Connor (Andrew Lee Potts) et Abby (Hannah Spearritt) à travers une anomalie après avoir dévoré un raptor et finit par imploser à cause d'une anomalie ouverte dans son ventre, on ne sait pas s'il a survécu. Dans la série il est représenté avec les mêmes couleurs que le Tyrannosaurus du documentaire Sur la terre des dinosaures et c'est le seul théropode qui n'ait pas fait de victime humaine.
165
+
166
+ Un vieux Spinosaurus fait son apparition dans le quinzième épisode de Dino Train.
167
+
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+ Dans la série télévisée DinoSquad, le personnage de Fiona se transforme en Spinosaurus.
169
+
170
+ Spinosaurus apparaît dans les jeux vidéo adaptés de la série Jurassic Park, notamment dans ceux édités après 2001, date de la sortie de Jurassic Park 3, opus dont il est l'icône. Néanmoins, il est déjà présent dans Warpath: Jurassic Park, un jeu adapté de la série et sorti en 1999. On le trouve notamment dans Jurassic Park: Operation Genesis.
171
+
172
+ On retrouve également Spinosaurus dans le jeu vidéo Dinosaur King adapté de la série éponyme. Il apparaît aussi dans Jurassic: the hunted, dans Paraworld, dans ORION : Dino Horde, dans Ark: Survival Evolved et Primal Carnage. dans Jurassic World Evolution.
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+
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+ Des timbres-poste à l'effigie de Spinosaurus ont été émis dans les pays suivants[80],[81] :
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+
176
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5485.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,176 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Genre
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Synonymes
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+
7
+ Spinosaurus est un genre de dinosaures théropodes appartenant au clade des Spinosauridae et ayant vécu à l'Albien (partie supérieure du Crétacé inférieur, il y a environ 100 millions d'années) et au Cénomanien (base du Crétacé supérieur, il y a environ 97 millions d'années), dans ce qui est actuellement l'Afrique du Nord[Notes 1].
8
+ Les connaissances sur ce dinosaure ont reposé pendant plus d'une centaine d'années sur des ossements crâniens et post-crâniens décrits au début du XXe siècle par le paléontologue allemand Ernst Stromer et associés à l'espèce Spinosaurus aegyptiacus. Ces ossements ont été détruits durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, lors d'un raid aérien sur la ville de Munich. De nouveaux restes associés découverts en 2014 et appartenant à un seul et même individu de Spinosaurus aegyptiacus ont toutefois apporté des informations nouvelles sur l'anatomie et le mode de vie de ce dinosaure qui semble avoir été quadrupède et semi-aquatique. Une seconde espèce de Spinosaurus, S. maroccanus a été nommée sur base de vertèbres cervicales et dorsales et d'éléments crâniens provenant du Maroc mais la majorité des paléontologues la considèrent comme non valide.
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+ Spinosaurus est un animal au museau long et étroit portant une rangée sigmoïde de dents coniques. Les scientifiques s'accordent à dire que les Spinosauridae comme Spinosaurus, qui possèdent un crâne crocodiliforme, furent des animaux au moins partiellement piscivores, capable de se nourrir également d'autres proies comme de jeunes dinosaures et des ptérosaures.
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+ Spinosaurus se distingue des autres spinosauridés par la présence d'une crête nasale élevée au-dessus des yeux, des narines externes proches de l'orbite ainsi qu'une hypertrophie des épines neurales des vertèbres dorsales. Selon Stromer, ces processus épineux, qui pouvaient atteindre plus de 160 centimètres de hauteur, sous-tendaient une voile de peau. Cependant, certains scientifiques estiment que les épines neurales auraient été plutôt le support d'une bosse de muscle, à la manière des bisons actuels. Un museau de Spinosaurus décrit dans les années 2000 démontre la grande taille que pouvait atteindre ce dinosaure, avec une reconstitution du crâne basé sur celui d'Irritator et un corps reconstruit à partir de Baryonyx [2]. Si les plus grandes estimations se révélaient exactes, il s'agirait là du plus grand théropode connu, mais également du plus grand carnivore terrestre que la Terre ait porté.
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+ Spinosaurus fut nommé par Ernst Stromer en 1915 et dérive de deux racines anciennes, la racine latine spina signifiant « épine » et la racine grecque sauros voulant dire « reptile » ou « lézard ». Stromer[3] voulait en effet mettre en évidence le caractère le plus étonnant de ce nouveau dinosaure, à savoir les processus épineux sur-développés des vertèbres dorsales qui n'avaient encore jamais été observés auparavant chez un dinosaure. Les noms d'espèces aegyptiacus et marrocanus ont été choisis en raison du lieu de découverte des fossiles, respectivement en Égypte[3] et au Maroc[1].
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+ Spinosaurus est un théropode atypique puisqu'il se distingue des autres théropodes jugés plus primitifs comme les Ceratosauria et les Megalosauridae par un crâne très étroit et particulièrement allongé vers l'avant. La tête de ce dinosaure n'est pas sans rappeler celle de certains crocodiliens actuels puisque le crâne, en plus d'être étroit et étiré vers l'avant, possède une marge dentaire sigmoïde, c'est-à-dire en forme de S, ce qui permet à certaines dents du crâne de pointer légèrement vers l'avant[4].
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+ Ces dernières sont ovales ou subovales en section transversale et ne sont pas orientées verticalement par rapport à la marge dentaire comme la plupart des autres théropodes mais pointent plutôt latéralement. Ceci permet aux dents des mâchoires inférieures et supérieures de s'entrecroiser lorsque Spinosaurus avait la gueule fermée[4].
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+ La carène dentaire de Spinosaurus n'est généralement pas dentelée ou ne possède de toutes petites denticules qu'à la base de la couronne[5]. La surface de la couronne dentaire montre quant à elle de fines sculptures[6] et la microstructure de l'émail dentaire est prismatique[7]. En vue dorsale, et de même que pour les autres spinosauridés, le museau de Spinosaurus se termine en une forme de spatule, ce qui résulte d'un rétrécissement de la largeur du crâne aux deux tiers du museau. Ce resserrement porte sur une plus large partie du crâne que chez les autres spinosauridés et il existe plusieurs diastèmes entre les dents se trouvant à cet endroit du museau. Le prémaxillaire de Spinosaurus compte 6 à 7 dents, les plus larges étant les secondes et les troisièmes à partir du bout du museau, les plus petites se trouvant au niveau du rétrécissement du museau. Le maxillaire porte quant à lui 12 dents, la plus grande étant située dans la quatrième alvéole[4],[8]. La face latérale du crâne montre de petites dépressions juste au niveau des diastèmes, ce qui permet aux dents de la mâchoire inférieure de s'entrecroiser avec celles du crâne. En effet, en vue latérale, le rétrécissement du museau coïncide parfaitement avec l'élargissement important de l'extrémité antérieure du dentaire qui porte les dents les plus grandes de la mâchoire. Ainsi, les dents de la mâchoire inférieure étaient visibles lorsque Spinosaurus avait la gueule fermée et la rangée dentaire de la gueule avait une forme sigmoïde. Spinosaurus porte également une crête nasale courte et haute au même niveau que l'orbite[4].
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+ Spinosaurus est actuellement le membre le plus récent de la famille des Spinosauridae, et la morphologie de son crâne a subi quelques modifications tout au long de l'histoire évolutive des Spinosauridae. Les plus importantes sont la rétraction vers l'arrière des narines externes qui se sont rapprochées considérablement de l'orbite et le fléchissement vers le bas de l'extrémité antérieure du museau[4].
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+ Le trait anatomique le plus marquant chez Spinosaurus est sans conteste la grande élongation des épines neurales qui forment une véritable voile osseuse sur le dos de l'animal, comme chez certains synapsides pélycosaures tels Dimetrodon et Edaphosaurus. Néanmoins, la forme de ces processus épineux est bien différente de celle de ces "reptiles mammaliens" puisqu'ils ne ressemblent d'aucune manière à des aiguilles. Leur forme n'est pas sans rappeler celle des vertèbres dorsales du bison Bison antiquus qui vivait au Pléistocène. Cette ressemblance a amené le biologiste Bailey[9] à déduire que les épines neurales de Spinosaurus n'étaient pas le support d'une voile de peau, mais plutôt d'une bosse de graisse comme c'est le cas chez nos bisons actuels.
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+ Certains scientifiques ont supposé l'absence d'un cou en forme de S typique des théropodes chez Spinosaurus[10],[11] mais cette hypothèse a été réfutée par la découverte de vertèbres cervicales en connexion montrant distinctement la courbure du cou chez ce théropode[1],[8].
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+ Rien n'est pour l'instant connu au niveau de l'anatomie des membres antérieurs et postérieurs et du bassin de Spinosaurus car, mis à part des vertèbres, aucune information sur les éléments postcrâniens n'a encore été publiée dans la littérature. Des griffes de grandes tailles provenant du Maroc sont parfois associées au genre Spinosaurus, mais aucune d'entre elles n'a encore été décrite dans la littérature scientifique, si bien que leur nature ne peut être clairement définie.
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+ En 2019, des vertèbres, interprétées comme étant celles de la queue d'un spinosaure, sont découvertes dans les monts Kem Kem, dans le Sahara au sud-est du Maroc. Des analyses indique que sa queue se rapprocherait de la forme de celle d'un crocodile ou d'un triturus, ce qui en ferait le premier dinosaure non-avien connu totalment adapté au milieu aquatique (lire ci-dessous).
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28
+ Dès sa description par Ernst Stromer en 1945, Spinosaurus se distinguait déjà des autres théropodes par la forme de ses dents et la hauteur de ses épines neurales. De ce fait, il fut placé dans la nouvelle famille des Spinosauridae[3]. Cette dernière a par la suite inclus des théropodes fragmentaires et d'affinités incertaines comme Altispinax et Metriacanthosaurus, qui se caractérisaient également par de hautes vertèbres dorsales[12],[13]. Néanmoins, ce fut Gregory Paul[10] et Éric Buffetaut[14] qui, presque la même année, associèrent Baryonyx walkeri et Spinosaurus aegyptiacus dans la même famille des Spinosauridae. Actuellement, cette famille compte, en plus de Spinosaurus, plusieurs espèces (Baryonyx walkeri, Cristatusaurus lapparenti, Suchomimus tenerensis, Siamosaurus suteethorni, Irritator challengeri, Angaturama limai, Oxalaia quilombensis) réparties dans deux sous-familles distinctes, les Baryonychinae et les Spinosaurinae. Le genre Spinosaurus se trouve dans la sous-famille des Spinosaurinae avec Irritator challengeri (qui est probablement le synonyme junior d'Angaturama limai) et Oxalaia quilombensis, qui partagent avec lui des dents coniques droites ou légèrement recourbées et très peu dentelées ainsi que des narines externes situées en arrière du milieu de la marge dentaire du maxillaire[4],[15]. Les Spinosauridae sont actuellement classés parmi les Megalosauroidea avec les Megalosauridae[16].
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+
30
+ Suchosaurus cultridens?[17] (=? Baryonyx cultridens[18])
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+
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+ Sinopliosaurus fusuiensis?[19],[20] (=? Siamosaurus suteethorni[19])
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+
34
+ Siamosaurus suteethorni[21]
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36
+ Baryonyx walkeri[23](= Suchomimus girardi[18])
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+ Suchomimus tenerensis[22]
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+
40
+ Cristatusaurus lapparenti[8]
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+
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+ Irritator challengeri[24] (= Angaturama limai[25])
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+
44
+ Oxalaia quilombensis[15]
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+ Spinosaurus aegyptiacus[3]
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+ Spinosaurus maroccanus[1]
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+ Baryonyx walkeri
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+ Suchomimus tenerensis
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+ Irritator challengeri
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En 2014, seules deux espèces de Spinosaurus ont été décrites :
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+ La première, S. aegyptiacus, nomm��e par Stromer[3], reposait jusqu'en 2014 sur un certain nombre d'ossements crâniens et postcrâniens qui ont disparu lors d'un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale[26]. Néanmoins, les excellentes illustrations des ossements faites par Stromer sous forme de gravure ont permis à d'autres ossements d'être rapportés à cette même espèce[4],[27]. Certains auteurs ont par ailleurs émis l'hypothèse que le matériel post-crânien de cette espèce pourrait appartenir à plusieurs théropodes différents, faisant de l'holotype de Spinosaurus aegyptiacus une chimère[28]. Cette hypothèse a cependant été rejetée par plusieurs scientifiques qui estiment que Spinosaurus aegyptiacus est bel et bien une espèce valide[4],[29]. En 2014, de nouveau ossements de Spinosaurus découverts dans les Kem Kem beds du sud-est marocain ont permis de définir un néotype (un spécimen type désigné à la suite de la perte ou la destruction de tout matériel original ayant défini une espèce) de Spinosaurus aegyptiacus[30].
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+ La seconde, S. maroccanus, fut érigée par Dale Russell[1] sur base d'une vertèbre cervicale, d'un fragment de dentaire et d'arcs neuraux de vertèbres dorsales découverts au Maroc. Selon Russell, Spinosaurus maroccanus se distinguerait de son homologue égyptien par une différence de proportion du centrum des vertèbres cervicales (rapport longueur/hauteur de 1,5 pour l'espèce marocannus et de 1,1 pour l'espèce aegyptiacus)[1]. Cette distinction est discutable pour Sereno et ses collègues[22], faible pour Buffetaut et Ouaja[27], incorrecte pour Rauhut[28] et non justifiée pour Dal Sasso et ses collègues[4], si bien que l'espèce S. maroccanus est vue comme un nomen dubium par l'ensemble de ces auteurs. Néanmoins, d'autres ossements (un museau incomplet, des fragments d'os dentaire, des centres de vertèbres cervicales et l'arc neural d'une vertèbre dorsale) provenant d'Algérie ont été également rapportés à l'espèce marocanus sur la base de cet unique critère[8].
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+ Les premières découvertes de Spinosaurus remontent au début du XXe siècle lors de l'expédition paléontologique allemande commanditée par le paléontologue Ernst Freiherr Stromer von Reichenbach et secondée par son collecteur de fossiles Richard Markgraf. C'est au printemps 1912 que ce dernier découvre et déterre une série d'ossements ensevelis sous 30 centimètres de grès et un mètre d'argile dure. Selon les écrits de Stromer, le site fossilifère se situe à quelques kilomètres au nord de Gebel el Dist, petit village de la vallée de Baharija (ou Bahariya) se trouvant dans le Nord de l'Égypte et à l'ouest du Nil[3]. Les ossements dégagés comprennent entre autres une mandibule dépourvue de son extrémité postérieure, une dizaine de dents individuelles, des côtes incomplètes ainsi que des vertèbres cervicales, dorsales, sacrales et caudales[3]. Ernst Stromer, à l'époque de la découverte, est revenu d'Égypte depuis un an et Markgraf fait ainsi parvenir les nouveaux ossements au paléontologue allemand qui travaille alors dans son bureau de l'Académie des Sciences de Munich. Le 6 novembre 1915, Stromer présente le résultat de ses recherches égyptiennes dans les comptes rendus de l'Académie Royale des Sciences de Bavière où il décrit et illustre par deux grandes planches les ossements d'un tout nouveau dinosaure qu'il nomme Spinosaurus aegyptiacus[3].
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+ En 1934, le paléontologue décrit de nouveaux restes fragmentaires comprenant des vertèbres cervicales, dorsales et caudales ainsi que des os des membres postérieurs (tibia, fémur et phalanges du pied) qui proviennent également du site égyptien de Baharija. Il rapproche ces ossements à Spinosaurus mais, du fait de sa plus petite taille et de plusieurs différences morphologiques avec l'espèce aegyptiacus, il nomme ce nouveau spécimen « Spinosaurus B »[31]. Selon certains scientifiques, les os de ce dernier n'appartiendraient cependant pas à un seul et même individu puisque les vertèbres seraient celles d'un dinosaure large et corpulent tandis que les os des membres viendraient plutôt d'un théropode large mais gracile[32]. « Spinosaurus B » ne fut d'ailleurs pas considéré comme un Spinosauridae et d'après certains paléontologues les ossements rapportés à ce genre appartenaient à un théropode d'une autre famille (tel Bahariasaurus)[1],[22],[32], très probablement un Tetanurae indéterminé[33], voire à un ornithopode selon certains[32]. Néanmoins, la découverte récente de nouveau matériel de Spinosaurus au Maroc en 2014 semble confirmer le fait que l'entièreté des ossements rapporté au genre Spinosaurus par Ernst Stromer appartiennent bel et bien à ce dinosaure[30].
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+ La totalité des ossements de l'holotype de Spinosaurus aegyptiacus ainsi que ceux du théropode « Spinosaurus B » furent détruits lors d'un raid aérien des bombardiers de la British Royal Air Force sur Munich dans la nuit du 24 au 25 avril 1944[26],[14]. Le bombardement endommagea sévèrement le bâtiment qui hébergeait le Paläontologische Staatssammlung München et détruisit une grande partie de la collection de Stromer qui provenait d'Égypte. Deux photos des ossements prises avant leur disparition ont été récemment redécouvertes[26].
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+ Une expédition américano-égyptienne dirigée par le paléontologue Peter Dodson s'est à nouveau rendue dans l'oasis de Baharija et semble avoir mis au jour du nouveau matériel de Spinosaurus qui n'a pas encore été décrit dans la littérature[34].
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+ C'est en 1971 que l’Institut et Muséum de géologie et de paléontologie du Georg-August-Universität de Göttingen en Allemagne demande au docteur H. Alberti et deux de ses employés (O. Chérif et U. George) de récolter des ossements dans le « Continental Intercalaire » de la base de la Hammada du Guir près de la ville de Taouz au Maroc[1],[14]. Le matériel ramené à Göttingen comprend un maxillaire incomplet décrit plus tardivement par Buffetaut qui rapporte cet os du crâne au genre Spinosaurus[11],[14].
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+ Depuis cette mission paléontologique allemande, les autochtones, conscients de la richesse fossilifère de cette région et encouragés à développer un marché de fossiles, fouillent de toutes parts les niveaux fossilifères des sites multiples du plateau des Kem Kem et du bassin du Tafilalt situés dans le Sud-Ouest du Maroc[1]. En 1975, un museau quasi complet fut découvert non loin de la ville de Taouz et entreposé dans les collections d'un particulier avant d'être acquis par le Musée d'Histoire naturelle de Milan en 2002 et décrit en 2005 comme étant celui d'un Spinosaurus aegyptiacus[4]. Un museau incomplet ainsi qu'un dentaire gauche découverts dans les mêmes niveaux marocains et entreposés dans les collections du Natural History Museum de Londres furent également attribués à un Spinosaurus aegyptiacus de grande taille en 2003[35].
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+ Un collectionneur de Cambridge (Brian Ebeharde) qui rassembla un grand nombre d'ossements provenant des Kem Kem légua une partie de sa collection au Canadian Museum of Nature, dont des vertèbres cervicales, un fragment d'os dentaire et des arcs neuraux de vertèbres dorsales qui furent rapportés à une nouvelle espèce de Spinosaurus, S. marroccanus[1].
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+ Seule une expédition paléontologique menée par le paléontologue Paul Sereno fut lancée dans le Nord du vaste plateau des Kem Kem (non loin du poste frontière de Keneg ed Dal) en 1996[36]. Un ossement érodé, initialement non-identifié, fut entreposé dans les collections paléontologiques de l'Université de Chicago jusqu'en 2002 avant d'être décrit et identifié par plusieurs scientifiques comme étant le nasal d'un Spinosaurus aegyptiacus en 2005[4].
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+ Au printemps 1985, une collaboration entre le « Programme de cartographie géologique et inventaire des substances utiles dans le Sud tunisien » et le laboratoire de Paléontologie des Vertébrés de l'Université de Paris VI permet de découvrir un nouveau gisement de vertébrés non loin de la localité de Bir Miteur, située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Foum Tatahouine. Ce gisement a livré une faune assez riche de poissons et de reptiles, dont des dents attribuées au genre Spinosaurus sp. par Bouaziz et ses collègues en 1988[5] et en 2000[37].
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+ Mohamed Ouaja de l'Office National des Mines de Tunisie découvre également non loin de la ville de Ghomrassen dans la région de Tataouine (sud-est de la Tunisie) un fragment de mâchoire inférieure (dentaire) rapporté à l'espèce Spinosaurus aegyptiacus[27].
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+ En 1998, des ossements provenant du site de Gara Samani, localisé au nord-ouest du Tademaït en Algérie et comprenant un museau incomplet, des fragments dentaires, des centres de vertèbres cervicales et l'arc neural d'une vertèbre dorsale sont rapportés à l'espèce Spinosaurus maroccanus[8].
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+ Plus récemment, Brusatte et Sereno ont mentionné l'existence de dents provisoirement référées au genre Spinosaurus sp. dans la région d'Iguidi (désert du Ténéré), au Niger[38]. Des dents attribuées également à Spinosaurus sp. semblent avoir été découvertes au Cameroun[39] (province du Nord), au Kenya[40] (province de la Vallée du Rift) ainsi qu'en Libye[41] (région du djebel Nefoussa). Cependant, aucune publication détaillée sur ces dents n'a encore vu le jour, si bien que leur attribution au genre Spinosaurus reste pour le moment hypothétique.
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+ Une équipe internationale de paléontologues allemand, américain, italiens, anglais et marocain a fait, en 2014, la découverte de restes associés d'un nouveau spécimen de Spinosaurus aegyptiacus dans le Nord des Kem Kem[30]. Il s'agit du premier squelette en articulation comprenant des éléments crâniens et post-crâniens après ceux découverts par Stromer et détruits en 1944. Parmi les restes récoltés par cette équipe dirigée par le paléontologue allemand Nizar Ibrahim se trouvent des os du crâne (e.g., nasal, préfrontal, quadratojugal, carrés, dentaire, etc.) ainsi que des vertèbres cervicales, dorsales, sacrales et caudales et des ossements des membres postérieurs, dont un pied complet[30]. Cette découverte a permis aux paléontologues de donner pour la première fois une reconstitution fidèle du squelette de Spinosaurus basée sur ces nouveaux ossements et ceux préalablement découverts. Spinosaurus semble ainsi avoir été un animal quadrupède majoritairement aquatique, en démontrent de courtes pattes arrière, de larges doigts de pied probablement palmés, des os denses, et des terminaisons nerveuses à l'extrémité du museau fonctionnant comme des capteurs de mouvements afin de détecter les proies en mouvement dans l'eau. Spinosaurus serait ainsi l'unique théropode quadrupède et l'un des deux seuls théropodes, avec le récemment décrit Halszkaraptor, montrant des adaptations à un mode de vie aquatique[30].
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+ Début 2019, des vertèbres d'une queue, interprétées comme celles d'un spinosaure, sont découvertes par le paléontologue Nizar Ibrahim dans les Kem Kem, dans le Sahara au sud-est du Maroc[42]. Après des analyses menées par lui et ses collègues en 2019 et 2020, ils en arrivent à la conclusion que s'il s'agit bien d'une queue de spinosaure, celui-ci était doté d'une queue adaptée au déplacement aquatique, proche de celle d'un crocodile ou d'un triturus actuel[42]'[43]. Si tel est le cas, et avec les découvertes de 2014, cela signifierait que le spinosaurus aegyptiacus serait un Spinosauridae parfaitement adapté à la nage, et qu'il serait le premier dinosaure non-avien adapté au milieu aquatique connu[42]'[43].
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+ Le genre Spinosaurus est présent dans toute l'Afrique du Nord puisque des restes attribués à ce théropode ont été découverts avec certitude au Maroc, en Algérie, en Tunisie, au Niger et en Égypte.
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+ Les plus anciens restes avérés proviennent actuellement de l'Albien inférieur de la Formation de Chenini située dans la région de Tatahouine au sud est de la Tunisie et furent attribués à l'espèce S. aegyptiacus[27]. Le matériel découvert dans les roches de Gara Samani en Algérie et associé à l'espèce S. maroccanus est également daté de l'Albien[8]. La totalité des restes de Spinosaurus découverts au Maroc (Continental Intercalaire, Continental Red Beds ou encore Kem Kem Beds), en Égypte (Formation de Bahariya) et au Niger (Formation d'Echkar) sont datés du Cénomanien[4],[38], voire plus précisément du Cénomanien inférieur[36].
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+
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+ Du matériel associé sans certitude au genre Spinosaurus sp. a été reporté en Libye dans des roches provisoirement datées du Tithonien-Néocomien[44], ainsi qu'au Kenya[40] dans les Turkana Grits datés du Turonien-Santonien. Ce matériel n'a cependant pas été réétudié et redécrit dans la littérature scientifique depuis lors.
96
+
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+ Que ce soit à l'Albien ou au Cénomanien, les écosystèmes du Nord de l'Afrique et dans lesquels vivait Spinosaurus jouissaient d'une faune extrêmement diversifiée. Les animaux vivaient dans des environnements de types fluviatiles (deltaïques ou lagunaires) où les paysages s’apparentaient à de vastes plaines parsemées de lacs et sillonnées de rivières autour desquelles poussait une végétation luxuriante constituée de fougères, d'éphédrales, de bennétittales, de cycadales, de conifères et d’angiospermes[1],[37],[45].
98
+
99
+ En Tunisie, la Formation albienne de Chenini a fourni entre autres des requins, des actinoptérygiens, des tortues, des crocodiles, des ptérosaures et des dinosaures[37]. Parmi ces derniers figurent des théropodes du genre Carcharodontosaurus, des sauropodes et des Iguanodontidae[37].
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+ Les faunes cénomaniennes trouvées en Égypte, au Maroc et au Niger sont fort semblables et également très diversifiées.
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+ Dans les Kem Kem, elles se constituent d'élasmobranches (Hybondontiformes, Lamniformes, Squaliformes) et de sarcoptérygiens (Dipnoi du genre Ceratodus et Coelacanthiformes du genre Mawsonia) pour les poissons. Des tortues d’eaux douces (Pelomedusidae, Bothremydidae, Podocnemididae et Araripemydidae), des serpents, des varanoïdes ainsi que des crocodiliens terrestres de petite et de grande taille (Libycosuchidae, Trematochampsidae, Dyrosauridae, Notosuchidae, Stomatosuchidae) sont également présents[1],[36]. La niche écologique des airs n’était pas non plus dépourvue de vertébrés puisque les ptérosaures (Anhangueridae, Azhdarchidae, Tapejaridae, etc.) dominaient le ciel à cette époque[46]. Les théropodes sont particulièrement abondants au Maroc avec cinq familles incontestables, en plus de celle de Spinosaurus : les Carcharodontosauridae (Carcharodontosaurus saharicus), les Abelisauridae, les Noasauridae (Deltadromeus agilis), les Sigilmassasauridae (Sigilmassasaurus brevicollis) et les Dromaeosauridae[1],[36],[47],[48]. Cette abondance de dinosaures carnivores contraste nettement avec la pauvre diversité des formes herbivores qui ne sont représentées que par les sauropodes (Rebbachisauridae, Dicraeosauridae, Titanosauridae) et peut-être quelques ornithischiens[1],[36].
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+ Le site de Baharija en Égypte comprend également des élasmobranches, des poissons d’eau douce du genre Lepidotes, Neoceratodus et Mawsonia, des squamates, des tortues, des crocodiles terrestres (Libycosuchus, Stomatosuchus), des plésiosaures, des théropodes (Carcharodontosaurus saharicus, Bahariasaurus ingens) ainsi que des sauropodes (Aegyptosaurus baharijensis, Paralititan stromeri)[34].
106
+
107
+ La Formation d'Echkar du Niger a fourni quant à elle une faune diverse de crocodiliens avec la présence de Notosuchia (Anatosuchus, Araripesuchus), de Mahajangasuchidae (Kaprosuchus) et de Stomatosuchidae (Laganosuchus)[49]. Les dinosaures y sont également diversifiés avec l'existence (en plus de Spinosaurus) d'Abelisauridae (Rugops primus) et de Carcharodontosauridae (Carcharodontosaurus saharicus, Carcharodontosaurus iguidensis) ainsi que plusieurs sauropodes (Rebbachisauridae, Titanosauria)[38].
108
+
109
+ Aucune preuve directe ne permet de connaître avec certitude le régime alimentaire de Spinosaurus mais un grand nombre de preuves indirectes relatives à l'anatomie, au mode de vie et à l'environnement de Spinosaurus tendent à montrer que l'alimentation de ce dinosaure était au moins partiellement piscivore. Plusieurs preuves directes du régime alimentaire des Spinosauridae ont révélé une certaine diversité des proies consommées par ces théropodes. En effet, il fut découvert dans la région stomacale de Baryonyx walkeri des restes abrasés d'un Iguanodontidae juvénile ainsi que des écailles et des dents de poissons du genre Lepidotes attaqués par des sucs gastriques[50]. Une vertèbre cervicale de ptérosaure perforée par une dent de Spinosauridae fut également découverte dans la Formation de Santana au Brésil[51]. Ainsi, il est très probable que Spinosaurus ait pu consommer des proies diverses comme des ptérosaures et des dinosaures juvéniles[52].
110
+
111
+ Néanmoins, le crâne étroit et frêle de ce Spinosauridae, ses dents coniques et faiblement dentelées, et la position très postérieure de ses narines externes semblent aller dans le sens d'un régime surtout piscivore[53]. Selon certains auteurs, la mécanique de la mâchoire va également dans cette direction puisque la forme de l'articulation entre le crâne et la mâchoire permettait aux branches de la mandibule de s'écarter lorsque l'animal ouvrait la gueule[52]. Ceci semble avoir été permis grâce à une symphyse mandibulaire relativement courte et faible donnant une certaine mobilité aux deux dentaires pour qu'ils puissent s'écarter chez Spinosaurus. Selon certains scientifiques, les Spinosauridae tels que Spinosaurus avaient ainsi la possibilité d'élargir la gueule afin d'avaler de grandes proies, à l'instar de certains ptérosaures (Pteranodon) et de nos pélicans actuels[52].
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+ La très grande abondance de grands dinosaures carnivores (Spinosaurus, Carcharodontosaurus, Deltadromeus, Sigilmassasaurus et Abelisauridae) dans le site des Kem Kem et la faible proportion relative de dinosaures herbivores implique l'existence de niches écologiques distinctes pour ces dinosaures prédateurs qui sont par ailleurs munis de crânes et de dents morphologiquement très différents[38]. Certains paléontologues estiment ainsi que les poissons, foisonnants dans cet écosystème deltaïque, devaient probablement faire partie de l'alimentation de Spinosaurus puisque tout semble indiquer qu'il s'était adapté à un tel régime[1],[35].
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115
+ Bien que Spinosaurus soit généralement représenté comme un animal bipède, il a été suggéré par plusieurs auteurs que ce théropode aurait été plutôt quadrupède[9],[54],[30]. Avant 2014, les membres antérieurs et postérieurs n'avaient pas encore été découverts chez Spinosaurus et rien ne permettait de favoriser une posture plutôt qu'une autre chez cet animal. La morphologie des bras et des membres postérieurs d'autres Spinosauridae comme Baryonyx walkeri semblait cependant privilégier une posture bipède, avec une position quadrupède occasionnelle envisageable[50]. La découverte récente, au cours de l'année 2014, des os des membres postérieurs de Spinosaurus a néanmoins confirmé une posture quadrupède chez ce dinosaure. Les pattes de Spinosaurus semblent en effet avoir été particulièrement courtes, repoussant ainsi le centre de gravité de ce théropode vers l'avant, ce qui ne l'aurait pas permis d'adopter un mode de locomotion bipède même si cela reste purement théorique,
116
+ les ossements appartenant à plusieurs animaux différents[30].
117
+
118
+ En raison de la morphologie des membres antérieurs et postérieurs des Spinosauridae, les membres de cette famille ont toujours été perçus comme des animaux terrestres, vivant essentiellement sur la terre ferme comme les autres théropodes. Une étude récente portant sur la composition isotopique de l'oxygène des dents de certains Spinosauridae a cependant révélé que ces théropodes avaient plutôt un mode de vie semi-aquatique, à la manière des crocodiles et des tortues actuels[55]. Les valeurs de δ18Op des dents de Spinosauridae semblent en effet être plus basses que celles des autres théropodes contemporains et se situer dans la même fourchette de valeurs que celles obtenues chez les crocodiliens et les tortues. Néanmoins, la signature isotopique obtenue pour les dents de Spinosaurus provenant du Maroc (Cénomanien) et de Tunisie (Aptien) ne démontre pas nettement un mode de vie semi-aquatique chez ce dinosaure. D'après certains paléontologues, le fait de coexister avec plusieurs grands théropodes sur la terre ferme, et des crocodiliens géants dans les rivières et les lacs, et d'être ainsi en compétition avec un grand nombre de prédateurs pour trouver de la nourriture, aurait forcé Spinosaurus à être opportuniste et à alterner un mode de vie terrestre et semi-aquatique[55].
119
+
120
+ L'étude d'une vertèbre cervicale identifiée comme appartenant à Spinosaurus maroccanus à l'aide d'un scanner TAC a montré l'existence d'ostéoporose chez ce dinosaure[56]. Néanmoins, la vertèbre, qui fut découverte dans le Tafilalet (Maroc) et décrite par Russel en 1996[1], ne serait pas celle d'un Spinosaurus mais du théropode énigmatique Sigilmassasaurus selon certains paléontologues spécialistes des théropodes[57].
121
+
122
+ Une étude histologique de plusieurs dents de Spinosaurus provenant du Maroc a également permis d'évaluer le développement moyen des dents de ces théropodes[58]. Le temps de développement serait ainsi compris entre 250 et 300 jours pour la plus large d'entre elles et entre 200 à 250 jours pour la plus petite, ce qui est particulièrement court pour un animal de cette taille. Ce rythme de développement dentaire rapide semble pouvoir s'expliquer par une spécialisation de la dentition de Spinosaurus au régime piscivore. En effet, les dents de Spinosaurus ne sont pas adaptées à déchiqueter des proies massives comme celles de Tyrannosaurus rex et elles ne furent donc pas affectées par des contraintes physiques importantes. Ainsi, plutôt que d'avoir des dents massives, il était plus économique pour Spinosaurus de développer des dents en un temps relativement court. L'extrême abondance des dents de Spinosaurus dans les Kem Kem serait ainsi liée à un rythme de développement très rapide et à un taux de remplacement des dents particulièrement élevé[58].
123
+
124
+ Une analyse récente à l'aide d'un scanner (CT-scan) et portant sur le museau de Spinosaurus découvert au Maroc en 1975 a permis de découvrir que les multiples foramens se trouvant sur la partie antérieure du museau communiquent avec une cavité interne enfermée à l'intérieur des prémaxillaires[59]. À la suite de la rétraction extrême des narines externes, la fonction de cette cavité interne, qui semble être unique chez les théropodes, ne serait pas olfactive ou respiratoire mais plutôt neurovasculaire. Certains scientifiques ont ainsi suggéré que Spinosaurus possédât des récepteurs de pression à l'intérieur du museau afin de donner à la gueule de l'animal une fonction tactile et de permettre ainsi à ce théropode de ressentir les mouvements d'un animal dans l'eau et de capturer des proies aquatiques même dans l'obscurité[59].Certains paléontologues pensent donc que c'est grâce à cela qu'il est devenu si grand, car son système de chasse était extrêmement efficace, ce qui lui aurait permis de se nourrir sans dépenser trop d'énergie.
125
+
126
+ Jack Bowman Bailey s'est interrogé sur la fonction de l'hypertrophie des épines neurales chez certains dinosaures comme Spinosaurus[9]. Bailey remarque que la forme des excroissances dorsales chez l'ornithopode Ouranosaurus et chez Spinosaurus se rapproche beaucoup plus de celle du Bison que du pélycosaure Dimetrodon. De plus, le rapport entre la longueur de l'épine neurale et le centre (ou corps) vertébral est du même ordre de grandeur que celui du Bison antiquus, mais bien inférieur à celui du Dimetrodon. Par ailleurs, certaines épines neurales de Spinosaurus sont fortement inclinées ce qui, d'après Bailey, suggère qu'elles servaient de points d'attache à des ligaments et des muscles obliques puissants, d'où l'hypothèse d'une haute bosse dorsale dont le sommet se trouvait vers la région postérieure du dos de l'animal. Bailey en tire ainsi plusieurs conclusions : le centre d'équilibre de ce théropode devait, du fait de cette bosse, se trouver assez haut et en arrière, impliquant peut-être de cette manière une posture alternativement bipède et quadrupède pour ce dinosaure. Selon Bailey, il était fort peu probable que Spinosaurus fut un sprinter agile comme d'autres théropodes. Ce spinosauridé devait plutôt utiliser sa masse pour maîtriser de jeunes proies, ou encore pour dérober les prises des prédateurs plus agiles ou plus petits[9]. D'après lui, si Spinosaurus était capable de s'attaquer à des sauropodes, c'est moins grâce à la vitesse qu'à sa masse : la bosse dorso-postérieure lui aurait permis de tirer efficacement vers l'arrière, pour déchirer ses proies. Finalement, Bailey, se basant sur des études ayant porté sur la locomotion des bisons, suggère que Spinosaurus a aussi pu être capable de poursuites à longue distance.
127
+
128
+ Dans l'interprétation de Stromer, les processus épineux de Spinosaurus sont décrits comme le support d'une voile dorsale haute et très étroite[3]. Stromer rejette d'abord l'hypothèse adoptée plus tard par Bailey, selon laquelle les épines neurales pourraient servir de zone d'attache à une masse musculeuse puissante, comme chez le bison. Selon Stromer, une telle hypothèse est contredite par l'aspect lisse de la surface latérale des épines neurales et par la fragilité de leurs terminaisons supérieures (alors que la base est massive et solide). De plus, il est d'après lui difficile d'envisager une raison particulière d'un tel développement inhabituel de la musculature du dos. Stromer écartera également l'hypothèse d'une bosse de graisse qui, selon lui, est extrêmement improbable chez un animal carnivore. Le paléontologue allemand imagine donc plutôt sur le dos de Spinosaurus une haute crête osseuse sous-tendant une voile dorsale, mais sans donner d'explication quant à sa fonction[3].
129
+
130
+ Quelques paléontologues se sont pour leur part lancés dans des interprétations de cette voile, comme David Norman qui estime qu'elle aurait pu jouer deux rôles différents[12]. Le premier serait de servir de signal soit pour s'identifier entre partenaires, soit pour intimider des rivaux. Le second rôle aurait été celui de régulateur thermique. Selon Norman, la voile pouvait être utilisée comme panneau solaire ou encore comme radiateur thermique afin de réguler la température du corps. D'après le paléontologue britannique, lorsque Spinosaurus présentait son corps au soleil, le sang des vaisseaux sanguins qui traversaient la voile de peau captait la chaleur et la diffusait dans tout le corps. Si l'animal faisait par contre face au soleil, la voile permettait de dissiper la chaleur à la manière d'un radiateur[12].
131
+
132
+ En décrivant les restes de Spinosaurus, Stromer nota qu'il s'agissait d'un animal de grande taille sans toutefois spécifier la longueur et la masse de celui-ci[3]. Peu après cette description, Friedrich von Huene[60], puis plus tardivement Donald Glut[54], estimèrent que ce théropode pouvait atteindre plus de 15 mètres de longueur pour un poids de plus de 6 tonnes, et le considérèrent ainsi comme le théropode le plus grand à avoir existé. Bien qu'acceptant que Spinosaurus fût peut-être le plus long théropode, Gregory Paul[10] réestima néanmoins le poids de l'animal à environ 4 tonnes, ce qui ne faisait plus de lui le théropode le plus lourd. Dal Sasso et ses collègues notèrent quant à eux que l'holotype de Spinosaurus fut 20 à 30 % plus grand que Suchomimus et Baryonyx et que sa taille devait rivaliser avec celle des théropodes géants comme Tyrannosaurus[4].
133
+
134
+ Les débats sur le fait de savoir si Spinosaurus fut le théropode le plus grand reprirent de plus belle avec la découverte d'un museau de 98 centimètres provenant du Maroc[4]. Sur base de l'anatomie du crâne des autres Spinosauridae (Suchomimus, Baryonyx et Irritator), les auteurs de la description du museau estimèrent la longueur du crâne de l'animal à environ 175 centimètres, c'est-à-dire environ 20 % plus grand que le crâne de l'holotype de Spinosaurus décrit par Stromer. Ils évaluèrent également la taille de l'animal entre 16 et 18 mètres sur base de l'anatomie du squelette de cet holotype et de Suchomimus. Ils calculèrent finalement le poids de l'animal à environ 7 à 9 tonnes en utilisant la méthode de Seebacher[61] et en supposant que le corps de Spinosaurus fut de proportion égale à celui de Suchomimus[4]. Avec une taille de plus de 16 mètres, Spinosaurus devenait ainsi le plus long théropode à avoir vécu sur Terre. Intrigués par de tels résultats (un théropode d'environ 17 mètres ayant un poids inférieur à un Tyrannosaurus de 12 mètres), Therrien et Henderson[62] recalculèrent le poids de Spinosaurus sur base de cette même méthode de Seebacher et trouvèrent une masse différente comprise entre 11,7 et 16,7 tonnes. En proposant une nouvelle méthode d'estimation de la taille et du poids des théropodes sur base de la longueur de leur crâne, ces auteurs trouvèrent avec un crâne de 175 centimètres une taille de plus de 14 mètres pour un poids excédant les 20 tonnes. Néanmoins, ils réévaluèrent la longueur du crâne à 150 centimètres (mesure prise entre le prémaxillaire et le condyle occipital plutôt qu'entre le prémaxillaire et l'extrémité postérieure du squamosal), ce qui leur donnèrent une taille de 12,5 mètres pour un poids d'environ 12 tonnes. D'après Therrien et Henderson[62], ces estimations de grandeur se rapprochent beaucoup plus de celles d'autres grands théropodes comme Tyrannosaurus et Giganotosaurus et sont déjà très proches des limites biomécaniques imposées par la bipédie.
135
+
136
+ La méthode de Therrien et Henderson appliquée aux Spinosauridae a été vivement critiquée par certains spécialistes des théropodes qui considèrent que ces paléontologues ne tiennent pas compte de l'élongation du crâne des Spinosauridae ni de la différence de proportion du corps et de la queue entre ces théropodes et des dinosaures carnassiers comme Tyrannosaurus et Carcharodontosaurus. De plus, ils estiment que Therrien et Henderson se basent sur des reconstitutions crâniennes de Spinosauridae erronées et qu'une réévaluation de la longueur du crâne n'est pas fondée[63],[64].
137
+
138
+ À l'heure actuelle, les dernières estimations calculées sur base d'un squelette reconstitué de Spinosaurus donnent à ce théropode une taille d'environ 15 mètres, ce qui en fait le plus grand théropode[30]. Le crâne d'un nouveau squelette découvert en 2014 par une équipe internationale de paléontologue fut estimé à 112 centimètres. Ce squelette partiel semble être 32 % plus petit que le spécimen le plus large de Spinosaurus jusqu'ici découvert (à savoir le museau complet décrit en 2005). À partir de ces données, une taille d'environ 160 cm pour le crâne du spécimen le plus grand de Spinosaurus peut être ainsi calculée.
139
+
140
+ Bien que Stromer dans la description qu'il fait de Spinosaurus évoque un animal avec un museau plus long et plus étroit que celui des autres théropodes comme Tyrannosaurus, les premières reconstitutions de Spinosaurus, telles que celles de Lapparent et René Lavocat[65] et plus tardivement de Norman[12], le représentent comme un théropode muni d'un crâne semblable à celui d'autres dinosaures carnivores comme Carnosauria. Cette représentation erronée du crâne de Spinosaurus change dès la description de nouveaux éléments crâniens de Spinosauridae par Taquet[66] qui fait remarquer pour la première fois que ces théropodes sont pourvus d'un museau long et étroit proche de celui de nos gavials actuels. Buffetaut[14] fut quant à lui le premier à figurer un crâne de Spinosaurus avec un museau allongé. Le crâne doit être à présent dessiné avec une crête nasale unique depuis que l'on sait que Spinosaurus en possédait une au sommet de la tête, juste au-dessus des orbites[4].
141
+
142
+ Un crâne et une mandibule de Spinosaurus aegyptiacus furent mis en vente à l'Hôtel Drouot, célèbre hôtel de ventes aux enchères de Paris, le 7 juillet 2005. Ce spécimen de Spinosaurus était toutefois chimérique puisqu'il s'agissait d'un modèle composite constitué à 50 % d'os originaux provenant des grès infra-cénomaniens de la région des Kem Kem, au Maroc. Les ossements, qui appartiennent probablement à plusieurs individus, furent intégrés avec des moulages afin de reconstituer une mandibule et un crâne complets[67]. D'après le catalogue de vente, il s'agissait d'un spécimen subadulte provenant de l'ancienne collection d'un géologue français établi en Afrique du Nord[68]. Selon le fascicule, ce géologue avait découvert les ossements au milieu du XXe siècle et les avait conservés pendant plus de 40 ans[67]. Le catalogue ne mentionnait cependant pas la présence d'un grand nombre de moulages et ne donnait aucune garantie que l'entièreté des éléments crâniens provenait d'un même individu. Il n'évoquait pas non plus le fait que le collectionneur français ait fait appel à une société italienne de Trieste (Stoneage) afin de restaurer le crâne et la mandibule et de les assembler de manière esthétique. La pièce fut estimée entre 200 000 et 250 000 euros mais le Muséum d'histoire naturelle de Paris, qui exerça le droit de préemption dont disposent les organismes d'État afin d'acquérir prioritairement le spécimen, le préempta à 81 000 euros (97 468 euros frais compris) au terme des enchères. Le Muséum infirma plus tard l'achat après avoir examiné le spécimen composite et après avoir été alerté par le British Museum qui s'était également vu proposer celui-ci[69].
143
+
144
+ Un squelette composite de Spinosaurus aegyptiacus a également été mis aux enchères dans le même hôtel de ventes de Paris le premier décembre 2009. Constitué à 50 % d'os originaux fragmentaires provenant de mêmes couches cénomaniennes des Kem Kem, il fut mis à prix à 250 000 euros mais n'a pas trouvé preneur au terme de la vente[70]. Les ossements originaux viennent de plusieurs individus de même taille et ont été collectés pendant 25 ans avant d'être examinés et restaurés au Muséum civil d’Histoire Naturelle de Milan. D'après le catalogue de vente, seuls les ossements sans réel intérêt scientifique ont été utilisés dans le montage de ce squelette, les autres ossements collectés au Maroc (une vingtaine environ) ayant été gardés par les scientifiques du musée italien[71].
145
+
146
+ Spinosaurus a été largement rendu célèbre grâce au troisième opus de la série des Jurassic Park, Jurassic Park 3, réalisé par Joe Johnston et sorti en 2001. En effet, le dinosaure vedette du film n'est autre que ce Spinosauridae, qui est dépeint comme un dinosaure carnivore plus terrible encore que Tyrannosaurus : Spinosaurus affronte ce dernier et parvient à lui briser la nuque sans difficulté, le combat ne durant que quelques secondes.
147
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+ Le paléontologue Jack Horner, conseiller scientifique des Jurassic Park, considère que Spinosaurus fut le plus grand de tous les théropodes, mais également un prédateur puissant, plus féroce encore que Tyrannosaurus[72]. Néanmoins, les scientifiques ayant travaillé sur les Spinosauridae s'accordent à dire que ces théropodes ne furent pas de super-prédateurs capables de s'attaquer à de grosses proies, comme les Tyrannosauridae et les Carcharodontosauridae[50],[73]. D'après eux, le crâne long et frêle des Spinosauridae se rapproche beaucoup de celui de l'actuel gavial. Des études suggèrent que la mâchoire du Spinosaurus n'est pas faite pour mordre d'autres prédateurs, contrairement au Tyrannosaurus, la mâchoire de ce dernier étant beaucoup plus forte. Une étude biomécanique réalisée sur le museau de Baryonyx walkeri a en effet révélé que le museau des Spinosauridae et celui du gavial sont fonctionnellement convergents[74]. Par ailleurs, Spinosaurus et Tyrannosaurus ne furent pas contemporains, puisqu'environ 30 millions d'années séparent ces dinosaures, et ils ne vivaient pas non plus au même endroit ils n'ont donc jamais pu s'affronter, Spinosaurus habitant le Nord de l'Afrique tandis que Tyrannosaurus n'a été retrouvé qu'en Amérique du Nord. Des études isotopiques réalisées sur les dents de Spinosaurus tendent à démontrer qu'il s'agissait d'un animal partiellement semi-aquatique[55], si bien qu'une scène du film mettant en scène un Spinosaurus immergé dans un lac est scientifiquement plausible.
149
+
150
+ Le choix de Spinosaurus comme antagoniste pour le film fut volontaire afin d'amener un rafraîchissement dans la saga, afin que les spectateurs ne soient pas lassés du T-rex, au point même que le logo de la saga fut modifié pour l'occasion. Pour l'anecdote, il fut prévu au départ le Baryonyx à la place mais fut remplacé car Spinosaurus était plus grand et donc plus dangereux. Si l'idée était plutôt bonne à la base, le fait qu'il tue le T-rex du film fut très mal perçu par les fans et reste encore débattu.
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152
+ Une reconstitution grandeur nature de Spinosaurus apparaît à l'arrière-plan dans le film Sin City.
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+ Un squelette de spinosaure apparait dans le film Jurassic World, lorsque Rexy, le tyrannosaure du premier film, s’apprête à combattre l'Indominus Rex, il détruit le squelette, ce qui est symboliquement une revanche du T-rex sur son précédent adversaire du troisième opus.
155
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+ Dans le manga One Piece, le "Tobi Roppo" Page One de l'équipage des cent bêtes a la capacité de se transformer en spinosaurus grâce à un fruit du démon.
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+ En 2009, la Discovery Channel a produit un documentaire intitulé Monsters Resurrected: Biggest Killer Dino et consacré à Spinosaurus. Les conseillers scientifiques de ce documentaire furent Thomas Holtz, Kenneth Lacovara et Lawrence Witmer et, selon eux, Spinosaurus aurait été le prédateur dominant d'Afrique du Nord au Cénomanien[75]. Il se serait nourri de proies telles que le théropode Rugops et aurait tué sans difficulté des carnivores géants comme Carcharodontosaurus et le crocodilien Sarcosuchus[76] avec qui il n'a pourtant jamais cohabité, les deux animaux étant séparés par 12 millions d'années, bien qu'il fût également adapté à pêcher le poisson grâce à sa large voile osseuse, dont l'ombre aurait peut-être attiré les poissons, et des récepteurs sensoriels à l'extrémité du museau et présents également chez les alligators actuels. Néanmoins, des changements climatiques survenus à la fin du Cénomanien auraient causé la disparition de Spinosaurus qui n'a pas pu s'adapter à ces changements et se contenter de proies devenues de plus en plus rares[77]. Dans ce documentaire, il est montré beaucoup trop grand, proportionnellement trop court, ce qui a pour conséquence une exagération de la hauteur de l'animal, sachant qu'il était supposé mesurer 18 mètres à l'époque. En effet, on le voit capable d'attraper un Rugops de 8 mètres de long avec une seule main et dépasser en taille les Paralititan, son crâne est aussi erroné (car basée sur celui de Suchomimus) et il n'a pas les paumes des mains qui se font face (erreur retrouvée dans beaucoup de reconstitutions de Dinosaures).
159
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160
+ En 2011, un second documentaire produit par la BBC et intitulé Planet Dinosaur: Lost World fut également dédié à Spinosaurus où il est représenté d'une façon beaucoup plus exacte et dont le mode de vie semble être plus proche d'un animal semi-aquatique comme les crocodiles actuels que d'un animal terrestre si bien que ce prédateur, le plus grand tueur à avoir foulé la terre ferme, chassait le plus clair de son temps dans l'eau et fut ichtyophage[78].
161
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162
+ Un Spinosaure, d'abord dépourvu de nom puis nommé Spiny par ses propriétaires, apparaît dans la série animée japonaise Dinosaur King, dans le deuxième épisode de la série où il est ramené à la vie en Égypte. Comme tous les dinosaures de l'histoire, Spiny possède des pouvoirs. Dans son cas, ils sont basés essentiellement sur l'eau. C'est également un excellent nageur. Clin d'œil à Jurassic Park 3, à qui Dinosaur King semble avoir repris le design, ce Spinosaurus affronte Terry, le Tyrannosaurus du Gang Alpha. Cependant, à l'opposé du film, c'est ici le Tyrannosaurus qui l'emporte, tandis que le Spinosaure est capturé et mis sous contrôle par le Gang Alpha. Il agit par la suite comme l'un de leurs dinosaures durant toute la série[79].
163
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164
+ Un Spinosaurus apparaît dans l'épisode 1 de la saison 4 de la série anglaise Primeval ou Les Portes du Temps en français, il suit Connor (Andrew Lee Potts) et Abby (Hannah Spearritt) à travers une anomalie après avoir dévoré un raptor et finit par imploser à cause d'une anomalie ouverte dans son ventre, on ne sait pas s'il a survécu. Dans la série il est représenté avec les mêmes couleurs que le Tyrannosaurus du documentaire Sur la terre des dinosaures et c'est le seul théropode qui n'ait pas fait de victime humaine.
165
+
166
+ Un vieux Spinosaurus fait son apparition dans le quinzième épisode de Dino Train.
167
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168
+ Dans la série télévisée DinoSquad, le personnage de Fiona se transforme en Spinosaurus.
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170
+ Spinosaurus apparaît dans les jeux vidéo adaptés de la série Jurassic Park, notamment dans ceux édités après 2001, date de la sortie de Jurassic Park 3, opus dont il est l'icône. Néanmoins, il est déjà présent dans Warpath: Jurassic Park, un jeu adapté de la série et sorti en 1999. On le trouve notamment dans Jurassic Park: Operation Genesis.
171
+
172
+ On retrouve également Spinosaurus dans le jeu vidéo Dinosaur King adapté de la série éponyme. Il apparaît aussi dans Jurassic: the hunted, dans Paraworld, dans ORION : Dino Horde, dans Ark: Survival Evolved et Primal Carnage. dans Jurassic World Evolution.
173
+
174
+ Des timbres-poste à l'effigie de Spinosaurus ont été émis dans les pays suivants[80],[81] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5486.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,207 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le sport est un ensemble d'exercices physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions.
2
+ Le sport est un phénomène presque universel dans le temps et dans l'espace humain. La Grèce antique, la Rome antique, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, sont tous marqués par l'importance du sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits.
3
+
4
+ Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit »[1]. En traversant la Manche, desport se mue en « sport » et évacue de son champ la notion générale de loisirs pour se concentrer sur les seules activités physiques et mentales. La langue allemande admet aussi le terme « sport » et sa définition anglaise en 1831 ; la France en fait usage pour la première fois dès 1828[2]. La frontière entre jeux et sports n'est pourtant pas très claire. La Fédération française des échecs fondée en 1921 reçoit ainsi un agrément sportif du Ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, mais uniquement parce qu'elle était une fédération « associée » au CNOSF[3]. Certaines pratiques traditionnelles posent également problème : sport ou jeu ? La question reste encore ouverte.
5
+
6
+ Le sport moderne se définit par quatre éléments indispensables :
7
+
8
+ Ces piliers qui mettent surtout en avant l'organisation des différentes disciplines sportives n'excluent nullement les pratiques comme le sport-loisir, le sport-aventure, le sport-santé, le sport scolaire ou l'éducation physique et sportive. Si la compétition est prédominante, il existe toutefois d'autres formes de pratique mettant plutôt en avant le plaisir, la santé, l'éducation ou l'épanouissement[4].
9
+
10
+ Le Conseil de l'Europe propose ainsi la définition suivante dans sa « Charte européenne du sport » (Article 2.1) (2001) : « On entend par "sport" toutes formes d'activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l'expression ou l'amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l'obtention de résultats en compétition de tous niveaux »[5].
11
+
12
+ La question de l'histoire du sport bute sur un débat qui oppose deux thèses.
13
+
14
+ Pour un courant de pensée, le sport est un phénomène universel, qui a toujours existé et partout sous des formes très diverses. Ce serait un « invariant culturel » (selon les termes de Frédéric Baillette, enseignant et directeur de la revue Quasimodo). Cette thèse est notamment soutenue en 1991 par le médecin français Jean-Paul Escande (Les avatars du sport moderne, in Ardoino, Brohm, Anthropologie du sport, Perspectives critiques, 1991)[6]. Cette thèse est implicitement soutenue par ceux qui parlent de « sport antique », de « sport médiéval », etc. Le médiéviste américain Charles Homer Haskins est le premier historien à utiliser le terme de « sport » dans le cadre d'une étude portant sur le Moyen Âge dans son livre The Latin Litterature of Sport (1927). Au début du XXIe siècle, Wolfgang Decker (Institut d'Histoire du Sport de l'École Supérieure du Sport de Cologne) et Jean-Paul Thuillier (directeur du Département des Sciences de l'Antiquité à l'École normale supérieure) estiment que : « contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Égypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le IIIe millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Étrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux »[7].
15
+
16
+ Pour un autre courant de pensée, le sport est un phénomène apparu à un moment précis de l'histoire et dans un contexte particulier : au sein de l'élite sociale de l'Angleterre industrielle du XIXe siècle. Cette thèse est notamment développée en 1921 par l'écrivain allemand Heinz Risse (Soziologie des Sports, Berlin, 1921 et Sociologie du sport, Presses universitaires de Rennes, 1991) qui estime qu'« il est erroné de regarder le passé avec nos modes de pensée actuels et d'imaginer que les pratiques qui ressemblent à celles que nous connaissons peuvent se rapporter à cette appellation "sport" »[6]. Cette thèse est notamment soutenue par l'historien français Roger Chartier et par les sociologues Norbert Elias[8],[6] et Pierre Bourdieu[9],[10]. En 2000, l'historien du sport Philippe Lyotard (université de Montpellier) juge qu'« il y a une coupure très nette entre le sport moderne et le sport antique : c’est la notion de record (et donc de performance). Le record et la performance expriment une vision du monde qui est profondément différente entre les Grecs et les modernes. La culture du corps est différente. Pour les Grecs, cette culture est rituelle, culturelle, d’inspiration religieuse, pour les modernes, le corps est une machine de rendement »[11].
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+ À travers l'exemple des joutes au XVe siècle en France et en Espagne, Sébastien Nadot avance dans sa thèse intitulée Joutes emprises et pas d'armes en Castille, Bourgogne et France, 1428-1470 (soutenue à l'EHESS en 2009) que l'on peut effectivement parler de sport au Moyen Âge et que la plupart des historiens confondent la notion de naissance avec celle de démocratisation du sport quand ils évoquent son apparition seulement à partir du XVIIIe siècle[12]. Mais une autre façon de résoudre la question est de forger la notion de « sport moderne » pour distinguer ce phénomène d'autres pratiques historiquement attestées. Dans une étude, une équipe de l'UFR-STAPS de l'université de Bourgogne estime ainsi en 2004 que « Le sport moderne [...] renvoie à l’idéologie de Coubertin, caractérisée par la compétition, la performance, l’entraînement dans des structures institutionnelles (fédérales et scolaires) afin de lutter contre l’oisiveté et les risques de dégénérescence psychologique et physiologique de l’homme »[13]. Cette notion de « sport moderne » est exposée par l'historien américain Allen Guttmann dans From Ritual To Record, The Nature of Modern Sports (1978). Auteur notamment de Sports: The First Five Millennia, Guttmann ne renonce pas à l'emploi du mot « sport » de l'Antiquité à nos jours.
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+ Selon l'interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l'espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »[14]. Nombre de phénomènes qui paraissent récents, accompagnent en fait l'histoire du sport depuis l'origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d'arbitrage.
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+ La Grèce, Rome, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, donnent tous une importance au sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c'est le cas en Grande-Bretagne du Moyen Âge à l'époque Moderne. Interrogée sur la question, la Justice anglaise tranche ainsi en 1748 que le cricket n’est pas un jeu illégal[15]. Ce sport, comme tous les autres, figurait en effet sur des édits royaux d'interdiction régulièrement publiés par les monarques britanniques du XIe au XVe siècle. En 1477, la pratique d'un « jeu interdit » est ainsi passible de trois ans de prison[16]. Malgré l'interdit, la pratique perdure, nécessitant un rappel quasi permanent à la règle.
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+ Le sport est l'une des pierres d'angle de l'éducation humaniste du XVIe siècle. Les Anciens mettaient déjà sur le même plan éducation physique et intellectuelle. Pythagore était un brillant philosophe qui fut également champion de lutte puis entraîneur du grand champion Milon de Crotone. La Renaissance redécouvre les vertus éducatives du sport et, de Montaigne à Rabelais en passant par Girolamo Mercuriale, tous les auteurs à la base du mouvement humaniste intègrent le sport dans l'éducation (relire par exemple Gargantua). Chaque époque a eu son « sport-roi ». L'Antiquité fut ainsi l'âge d'or de la course de chars. Pendant plus d'un millénaire, les auriges, cochers des chars de course, étaient des « stars » adulées par les foules dans tout l'Empire romain. Le tournoi, qui consiste à livrer une véritable bataille de chevaliers, mais « sans haine », fut l'activité à la mode en Occident entre le XIe et le XIIIe siècle (il ne faut pas confondre le tournoi et la joute équestre, version très allégée du tournoi)[17]. La violence du tournoi cause sa perte, d'autant que le jeu de paume s'impose dès le XIIIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle comme le sport roi en Occident. Ce jeu de raquettes embrase Paris, la France puis le reste du monde occidental. Le XVIIIe siècle voit le déclin du jeu de paume et l'arrivée, ou plutôt le retour, des courses hippiques qui s'imposent comme le sport roi des XVIIIe et XIXe siècles. La succession des courses hippiques fut âprement disputée car le nombre des sports structurés augmente spectaculairement dès la fin du XIXe siècle. Le football devient ensuite et reste encore aujourd'hui (2018) l'incontestable sport « numéro un » sur la planète.
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+ Au-delà de ce tableau général coexistent des nuances régionales parfois très marquées. Ainsi, le football tient une place secondaire dans les pays de l'ancien empire britannique. En revanche, il cultive les autres sports que soutenait jadis la bonne société anglaise, du tennis au hockey sur gazon en passant par le rugby et le cricket. Le cricket a ainsi le statut national dans des pays comme l'Inde ou le Pakistan. De même, l'Amérique du Nord a donné naissance à plusieurs sports, le hockey sur glace et le basket-ball au Canada, le baseball et le football américain aux États-Unis, parvenant ainsi à échapper à la vague du football (appelé soccer en Amérique du Nord). En France, le sport roi de la fin du XIXe siècle est le cyclisme qui garde la palme jusqu'au triomphe du football, entre les deux guerres mondiales. Le rugby n'est pas parvenu à mettre fin à la domination de ces deux sports, freiné par une implantation trop régionale.
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+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable, il est une des composantes de la mondialisation[18]. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger sa mise en application à la planète entière. Certains ont donc pu estimer que le sport proposerait ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
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+ À l'inverse de cette structure centralisée, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières distinctes de celles de la Fédération internationale de basket-ball, sauf pour les Jeux olympiques pour lesquels c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Le baseball américain illustre encore plus fortement cette décentralisation : les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series - Ligue américaine et Ligue nationale - ne suivent pas les mêmes règles du jeu.
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+ La liste suivante regroupe les sports les plus connus, classés par catégories usuelles. D'autres sports pourraient compléter cette liste. Certains sports peuvent appartenir à plusieurs catégories. La présence des catégories « sports mécaniques » et, plus récemment, « sports cérébraux » dans cette liste, longtemps contestée, se justifie par les qualités communes aux sports physiques qu'ils demandent, pratiqués à haut niveau de compétition, comme en particulier la concentration ou l'endurance.
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+ La plupart de ces sports ont leur équivalent pour les personnes handicapées (voir : Handisport).
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+ Athlétisme
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+ Sports collectifs
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+ Sports de force
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+ Sports mécaniques
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+ Sports de raquette
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+ Sports avec animaux
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+ Sports anciens
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+ Gymnastique
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+ Cyclisme
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+ Arts martiaux
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+ Sports de combat
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+ Sports de glace
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+ Sports de plein air et de nature
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+ Sports aériens
63
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+ Épreuves combinées
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+ Sports de précision
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+ Sports nautiques
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+ Sports de glisse
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+ Sports cérébraux
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+ Autres sports
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+ Les Jeux olympiques sont une compétition internationale qui regroupe une sélection de disciplines sportives. Ainsi, il est possible de classer les sports entre ceux qui sont inscrits aux Jeux olympiques, dits « Sports olympiques » et ceux qui le sont pas.
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+ Un sport ne peut être olympique que s'il fait partie d'une fédération internationale reconnue par le Comité international olympique (c'est-à-dire qui répond à de multiples critères de sélection très stricts). Celles-ci sont alors divisées en trois groupes :
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80
+ Les sports olympiques actuels furent tous inclus au programme des jeux à un moment spécifique de l’histoire, au cours d'une décision commune prise entre le CIO et les fédérations internationales. Une fois qu'un sport a été désigné comme sport olympique, il ne peut plus être retiré des programmes des jeux (mais le nombre d'épreuves qui composent ce sport peut être revu à chaque édition des jeux), sauf si la fédération internationale qui dirige ce sport est radiée de la liste ASOIF ou AIOWF auquel cas tous les sports qui dépendent d'elle sont radiés du programme (comme ce fut le cas après les jeux de Pékin en 2008 pour la fédération de baseball-softball, la WBSC).
81
+ D'autres sports peuvent devenir olympiques à l'avenir sous trois conditions :
82
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+ Si la candidature d'un nouveau sport d'une fédération ARISF est acceptée, la fédération internationale en question prend aussitôt le statut de ASOIF ou AIOWF, même si cette dernière n'a pas pu imposer aux jeux tous les sports dont elle à la gouvernance (dans le cas des fédérations contrôlant plusieurs sports différents). Une fédération déjà ASOIF ou AIOWF qui disposerait de sports non olympiques sous sa gouvernance peut également poser leur candidature pour de futurs jeux.
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+ Le tableau ci-dessous présente par ordre alphabétique les sports olympiques et les sports non olympiques par fédérations reconnues par le CIO.
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+ Nombre de fédérations ne sollicitent pas la reconnaissance du CIO (sport automobile, notamment) tandis que d'autres sont en phase de reconnaissance par le CIO.
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+ La pratique équilibrée d'un sport aide à se maintenir en bonne santé physique et mentale. En revanche, le surmenage sportif et l'absence totale d'exercice physique sont nocifs pour la santé.
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+ La pratique du sport régulier maintient notre organisme en bonne santé, réduit le stress et augmente la capacité de réflexion[20].
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+ La pratique d'un sport se décompose en trois types d'activités : l'entraînement sportif, la compétition et la récupération.
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+ L'entraînement a pour objectif de former et d'entraîner le pratiquant pour que ses performances augmentent. Pour être bénéfique, l'entraînement doit être réparti sur une succession de séances régulières, progressives et complémentaires les unes aux autres.
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+
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+ La compétition a pour objectif de mesurer les sportifs entre eux et de récompenser les meilleurs. Pour de nombreux sportifs, la compétition est le moment le plus fort et le plus agréable de la pratique du sport.
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+
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+ Enfin, la pratique d'un sport comprend des phases de récupération et de détente. L'objectif de ces séances est de laisser au corps de l'athlète le temps et le repos nécessaire pour qu'il se remette en état de produire les meilleurs efforts.
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+ Chaque discipline fait appel à des compétences sportives particulières.
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+ L'équilibre, la force, la motricité, la vitesse, l'endurance, la concentration, le réflexe, la dextérité sont les compétences les plus connues. Certaines disciplines font plutôt appel à une seule compétence alors que d'autres font appel à un éventail de plusieurs compétences. Hormis les compétences sportives, il existe des facteurs physiques déterminants de la performance sportive, ces facteurs sont la force, la vitesse, l'endurance, la souplesse et la coordination des unités motrices (intra et intermusculaire+proprioception).
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+
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+ Le succès dans une discipline dépend de la capacité du sportif à exécuter un geste précis. Certaines disciplines consistent à exécuter le geste le plus précis possible en disposant de tout le temps nécessaire à la préparation du geste. Le tir à l'arc est un exemple de ce type de disciplines. D'autres disciplines laissent peu de temps de préparation et le sportif doit ici exécuter son geste de manière spontanée. Le karaté est exemple de ce type de disciplines.
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+
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+ La pratique d'un sport fait travailler le système cardio-respiratoire et différents muscles. Elle permet de brûler des calories et donc de prévenir de l'obésité (prévention de l'obésité). Elle incite à avoir une alimentation correcte (alimentation du sportif). Elle facilite l'évacuation de la tension nerveuse accumulée dans la journée (ex : stress chez l'humain). Elle permet la découverte du corps[C'est-à-dire ?] et de ses limites. Elle facilite l'acquisition du sens de l'équilibre, soit dans des situations prévues (exercices de gymnastique), soit dans des situations imprévues (jeux de ballon, sports de combat). Il permet aussi au pratiquant de construire une méthodologie du travail, réutilisable pour d'autres disciplines.
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+ Il est recommandé de pratiquer un sport d’intensité moyenne ou, plus simplement, d’exercer une activité physique pendant un temps allant de 50 min à 1h30 si l'on veut avoir un effet sur le maintien ou l'abaissement de son poids, au moins trois fois/semaine.
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+ La marche est l'activité physique la plus pratiquée par un très grand nombre d'adultes et de personnes âgées.
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+ Une grande étude taïwanaise publiée en 2011 dans le journal médical The Lancet, a montré qu'une activité physique modérée de 15 minutes par jour ou 90 minutes par semaine pouvait diminuer la mortalité globale de 14 % contribuant ainsi à une augmentation de l'espérance de vie de 3 ans[21].
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+ Le sport donne lieu à la manifestation d'émotions intenses, souvent surmédiatisées. Elles effacent un corps contraint, policé par les heures d'entraînement. Ces émotions se déclenchent lors des confrontations ou des résultats de l'action. Il est exigé du sportif qu'il évacue les émotions dites négatives, tandis qu'il doit vivre à l'excès, en communion avec le public, les émotions dites positives. Cependant cette vision binaire rend difficile la compréhension des émotions humaines. L'univers sportif dilate les enjeux et l'émotion devient si forte qu'elle sort du corps, par effraction en quelque sorte. Au sortir de l'exercice solitaire et fort, elle restaure le lien social, par elle le héros ou l'héroïne retrouve une place dans la société. La pratique intensive du sport induit une difficulté permanente à exprimer ses émotions, une alexithymie, et ces moments sont les seuls prévus pour se libérer et, les mots manquants, le corps surjoue les expressions. Mais bien vite, le star-système impose sa loi, et exige de revenir à des manifestations codifiées, alors qu'il serait plus bénéfique pour tout le monde d'aider la personne à déchiffrer ses émotions[22].
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+ La pratique du sport présente des risques. Le sportif peut se blesser en faisant un faux mouvement, en chutant (entorse, élongation musculaire, claquage, fracture osseuse, traumatisme crânien) ou en recevant un coup. Il peut être victime d'un accident cardiovasculaire (du type infarctus du myocarde).
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+ Certains sports présentent des risques réels d'accidents corporels graves, tels que le traumatisme crânien ou la noyade, et leur pratique n'est autorisée qu'avec un équipement adapté, tels que : gilet de sauvetage pour le canoë, casque pour la descente en VTT, harnachement complet pour le gardien de hockey sur glace. Certains sports dits « extrêmes » présentent même de tels risques d'accidents mortels que leur pratique en est interdite.
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+ L'activité sportive intensive est source de blessures graves qui peuvent contraindre le sportif à s'arrêter et qui peuvent laisser des séquelles. La pratique d'un sport doit être adaptée à l'âge du pratiquant et à son état de fatigue. Une personne peut être marquée à vie par une activité sportive trop intense dans son enfance. Un sportif peut être obligé d'arrêter la pratique de son sport à la suite de séances d'entraînement ou de compétitions trop dures et trop fréquentes. La gymnastique artistique est l'exemple d'une discipline où de jeunes sportifs sont soumis à des exercices dangereux pour leur santé.
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+ La meilleure prévention contre les accidents consiste à pratiquer un sport dans les règles de l'art qui lui sont applicables : apprentissage des gestes techniques, apprentissage des règles de bonne pratique et de sécurité, entraînement régulier, échauffement préalable aux exercices violents, port des protections recommandées, alimentation adaptée avant, pendant et après l'effort, récupération entre les séances d'entraînement et entre les compétitions, respect des interdictions liées aux conditions météorologiques, pratique en groupe, etc. Des pratiques sportives de compensation sont largement recommandées dans le concept d'ergomotricité initié sur les lieux de travail pour lutter contre les accidents du travail. La visite médicale annuelle en début de saison permet d'obtenir l'avis d'un spécialiste sur la capacité d'un individu à pratiquer un sport.
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+ Le refus de poursuivre un effort qui semble trop difficile à supporter est un geste de sauvegarde de sa santé. Tels sont les principaux moyens de prévention des accidents.
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+ Le dopage est un des risques pour la santé du sportif. Ce problème n'est toutefois pas spécifique au sportif.
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+ Le dopage consiste à utiliser des produits qui augmentent la performance par différents moyens tels que l'augmentation de la masse musculaire ou la résistance à la douleur. L'EPO est un exemple de produits dopants.
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+ Le dopage est une pratique de certains sportifs professionnels de haut niveau mais également de certains sportifs amateurs. Le dopage est efficace : il permet en général à ceux qui se dopent d'obtenir des performances supérieures à ce qu'elles seraient sans dopage. Le dopage est illicite : le sportif convaincu de dopage est sanctionné. Le dopage est dangereux pour la santé du sportif : certains décès de sportifs pourraient être la conséquence d'un dopage.
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132
+ La lutte et la prévention anti-dopage existent. Elles concernent tout le monde et, au tout premier plan, les sportifs, leur entourage professionnel et les organisateurs de compétitions. Les contrôles anti-dopage permettent de déterminer si le sportif a ou n'a pas été dopé pour obtenir son résultat dans la compétition. La déchéance d'un titre et l'exclusion à vie de toute compétition sont des exemples de sanctions.
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+ Les sports où les cas de dopages sont les plus connus du grand public sont le cyclisme, l'athlétisme, la natation et l'haltérophilie.
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+ Un numéro de la revue International Journal Of Sport Science and Physical Education[23] fait le point sur le problème du dopage dans le sport. On y voit notamment le fait que les médecins du sport sont largement impliqués dans ce problème notamment dans les pays anglo-saxons. On voit également que la loi existante n'est pas adaptée au problème puisqu'en général les seuls punis sont les athlètes ou coureurs, alors que la plupart du temps c'est un système complexe et que tout l'entourage est impliqué voire dans certains cas (Tour de France cycliste), il s'agit pratiquement d'une tradition liée à l'activité qui donne lieu à un véritable rituel initiatique (lié aux pratiques dopantes) pour les participants. Des articles sont également parus sur le sujet dans la Éthique publique (Canada) et dans la Revista brasileira de ciencas do esporto (Brésil). Le dopage y est analysé notamment par Eric Perera comme associé à la pollution du corps, aux notions de pur et d'impur. Les travaux de l'anthropologue Mary Douglas (Purity and Danger. An analysis of the concept of pollution and taboo, 1965) servent de références pour mieux comprendre ce problème.
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+ Selon que la température est trop ou pas assez élevée, l'organisme peut être soumis respectivement à l'hyperthermie ou à l'hypothermie.
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140
+ En cas de température élevée, on portera des vêtements légers en textile adapté, mais continuant à protéger du soleil, surtout en altitude ou en cas de canicule. Le rendement sportif pourra être maintenu grâce à l'utilisation d'un gilet réfrigérant.
141
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+ En cas de basse température, on utilisera au contraire des vêtements chauds, en particulier pour les extrémités (doigts, orteils...) qui pourraient facilement subir de graves gelures: c'est le cas typique de l'alpinisme d'altitude ou hivernal. Les nageurs en eau froide se trouvent eux aussi soumis à l'hypothermie d'autant plus rapidement que la température de l'eau est basse; préventivement, ils utilisent une combinaison de plongée ou enduisent leur corps de graisse.
143
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+ Quelle que soit la température, le vent ou la vitesse du sportif augmentent considérablement les échanges thermiques par convection: aussi, les sportifs qui sont dans ce cas augmenteront particulièrement les précautions.
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+ De même, l'humidité accélère considérablement les échanges thermiques, rendant beaucoup plus difficiles à supporter les froids et chaleurs humides que secs.
147
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+ Une pression trop basse ne permet pas de respirer convenablement, alors que tout sportif a besoin d'échanges respiratoires élevés pour être performant, ou simplement survivre. Ces limites s'observent pour l'alpinisme d'altitude, où la pression atmosphérique en haut de l'Everest n'est qu'environ 1/3 de la pression au niveau de la mer considérée comme pression normale pour vivre par la plupart de l'humanité (le rendement est fortement dégradé pour tous, et beaucoup d'alpinistes se voient obligés d'utiliser des bouteilles d'oxygènes sur les sommets de plus de 8000m, et un caisson isobare en cas de malaise aigu ou d'accident). Il est bien connu que l'altitude a un impact sur les compétitions sportives en altitude, comme ce fut par exemple le cas aux jeux olympiques de Mexico.
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+
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+ Pour des raisons inverses, le plongeur ne peut descendre à trop grande profondeur sans équipement (scaphandre autonome avec pression régulée).
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+
152
+ Le sport se pratique durant le parcours scolaire, au travers de multiples APS, au sein d'un club soit hors de tout club. Les clubs sont affiliés à des fédérations. Les clubs organisent les entraînements et mettent leurs moyens à la disposition des compétitions. Les fédérations organisent les compétitions et édictent les règlements.
153
+
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+ La grande majorité des sportifs est composée de sportifs amateurs, c'est-à-dire d'hommes et de femmes qui pratiquent leur activité sans recevoir aucun salaire en retour. L'amateurisme possède son revers avec un accès limité aux classes populaires. pour certaines activités et l'amateurisme marron, c'est-à-dire la rémunération occulte ou la fourniture d'emplois de complaisance à des sportifs officiellement amateurs.
155
+
156
+ Certains sportifs perçoivent un salaire en retour de leur activité. Ces sportifs sont dits « professionnels ». La plupart d'entre eux sont sous contrat avec un club. Le football en Europe et le basket-ball aux États-Unis sont deux exemples connus de sports pratiqués par des professionnels. Depuis le début des années 1990 et la professionnalisation des Jeux olympiques, longtemps bastion du sport amateur, le phénomène du professionnalisme sportif touche presque l'ensemble des disciplines.
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+
158
+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger la mise en application à la planète entière à compter d'une date précise. Et nul besoin à la FIFA de rappeler à l'ordre Pierre, Paul ou Jacques, car tout le monde suit le même règlement. Le sport propose ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
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160
+ À l'inverse de cette structure centralisée à la romaine, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières et pas question pour elle de se mettre sous la coupe de la Fédération internationale de basket-ball. Sauf pour les Jeux olympiques, évidemment, car c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Les joueurs NBA doivent alors jouer selon les règles communes au reste du monde. Le baseball américain est encore plus caricatural sur ce point, avec les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series : American et National n'ont pas les mêmes règles du jeu !
161
+
162
+ Voici une liste des principaux grands évènements sportifs. Cette liste n'est pas exhaustive.
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164
+ Les compétitions sportives sont des formes de spectacles, mais leur scénario n'est pas écrit d'avance. Pendant l'Antiquité, la sculpture ou la poésie furent de bons vecteurs de médiatisation du sport. Avec l'arrivée des médias modernes avec dans l'ordre chronologique la presse écrite, la radio, la télévision puis internet, le sport dispose de puissants supports médiatiques. Ainsi, il existe depuis 1977 des chaînes de télévisions sportives dont l'objet sont la diffusion d'épreuves et d'informations sportives. Certaines sont généralistes et se consacrent à divers sports tandis que d'autres se spécialisent dans une discipline. Parmi les titres de la presse écrite sportive on citera L'Équipe en France, Sports Illustrated aux États-Unis ou La Gazzetta dello Sport en Italie, notamment.
165
+ Dans certains sports, la médiatisation d'acte antisportif majeur et violent sont souvent interrompus pour ne pas inciter les téléspectateurs à la violence.
166
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167
+ Un club sportif (CS) est une infrastructure encadrant les sportifs.
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169
+ Le sport possède une activité importante au niveau économique. Il a créé et fait vivre une forme de secteur hétérogène assemblant pèle-mêle des médias, des équipementiers, des franchises, des clubs sportifs, des médecins, des avocats, des entraîneurs et conseillers en tous genres, des jardiniers et même des cabinets d'architecture spécialisés dans la conception de stades et autres arénas. Quelques sportifs professionnels tirent également leurs revenus du sport. Pour mémoire, on rappellera que le nombre des accréditations pour les médias est toujours largement supérieur à celui des accréditations d'athlètes lors des Jeux olympiques d'été : 15 000 contre 10 000.
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+ Les industries et les commerces du bâtiment, du textile, de l'automobile, du spectacle, des médias et du tourisme travaillent pour le sport. Les contrats des sportifs professionnels, des parrainages publicitaires et des subventions publiques concernent des masses importantes d'argent. Les paris sportifs génèrent également d'importants revenus. Certains clubs sportifs sont des entreprises cotées en bourse. Équipements sportifs, droits de diffusion télévisuel et autres produits dérivés font tourner la machine économique. Ceci est valable dans de très nombreux pays, sur les cinq continents. La part du PIB consacré au sport est évidemment plus importante dans les pays les plus développés en raison des investissements lourds, notamment en matière de stades, mais aussi par la part importante accordée à ce type de dépenses par les ménages.
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+ Hors bénévolat, le poids économique du sport dans l'économie française est évalué à 1,73 % du PIB, soit 27,4 milliards d'euros en 2003[24]. En 2019, le sport pèse 1,5% du PIB français.
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+ Les dépenses des ménages représentent plus de 50 % de ces montants (14,2 milliards d'euros en 2003 et 12 milliards d'euros en 2019), contre 7,9 milliards d'euros pour les collectivités locales, 3,2 pour l'État, et 2,2 pour les entreprises. Parmi les dépenses sportives des ménages en 2003, 3,7 milliards sont consacrés aux vêtements de sport et chaussures, 2 aux biens durables, 2,7 aux autres biens et 5,8 aux services. Le Ministère de la Jeunesse et des Sports estime à 100 000 (58 % d'hommes pour 42 % de femmes) le nombre de salariés travaillant pour le secteur sportif en France pour quelque 20 000 employeurs.
176
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+ Cette économie est tirée par les engagements des sportifs professionnels, tels que les grandes compétitions internationales, mais aussi par le bénévolat de masse des sportifs amateurs comme la pratique du football en Europe. Elle bénéficie du développement du sport et elle l'accélère. Elle permet aux sportifs professionnels de travailler dans des conditions toujours meilleures, aux sportifs amateurs d'accéder à leur loisir à des coûts de plus en plus attractifs et aux spectateurs d'assister à des compétitions toujours plus spectaculaires et plus festives.
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+ D'un autre côté, comme tout domaine économique, l'économie du sport n'échappe pas à certaines dérives telles que la corruption ou le dopage.
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+ Des liens de proximité existent entre sport, santé, économie et environnement, depuis longtemps. Les liens avec l'environnement et la santé sont plus évidents avec les « sports de pleine nature », et indirects (via les impacts différés ou indirects) avec les sports en salle ou les sports dits « automobiles » ou « mécaniques ». En tant que tels, les enjeux de soutenabilité du développement des activités sportives ont vraiment émergé dans les années 1990, dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio (juin 1992) et de ses suites. Le Mouvement olympique[Qui ?] considère depuis 1999 « l'environnement comme le troisième pilier de l'Olympisme, après le sport et la culture » et dit avoir « développé une politique volontariste de défense de l'environnement qui s'est exprimée dans le « Pacte de la Terre », les actions de collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la réalisation de Jeux Olympiques « verts » et la tenue de conférences mondiales et régionales sur le Sport et l'environnement ».[réf. souhaitée]
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+ La pollution a son importance pour les grands évènements sportifs, car elle peut nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire totale, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme », explique le Dr Pierre Souvet, Président de l’Association Santé Environnement France[25]. La pollution de l'air s'invite d'ailleurs souvent aux Jeux Olympiques. En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[26].
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+ L'impact environnemental du « sport spectacle » n'est pas le seul à poser problème. Aujourd'hui, compléments alimentaires, barres énergétiques, anti-transpirants, boissons énergisantes : tous ces produits que l’on vend aux sportifs (voir alimentation du sportif) sont suspectés d'être toxiques pour la santé du sportif et pour l'environnement. Ces produits « miracles » peuvent contenir trop de sel, trop de sucres, mais aussi des molécules chimiques (taurine, riboflavine, pyridoxine), des métaux lourds (plomb, aluminium) ou encore des nanoparticules. Celles-ci peuvent avoir des effets délétères sur la santé et sur l'environnement. À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2012, l'Association Santé Environnement France, qui réunit environ 2 500 médecins, a publié un petit guide de conseils pratiques tous basés sur des études scientifiques sérieuses[27].
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+ À partir des années 2000 des infrastructures sportives respectant mieux l'environnement et les paysages ; la protection des ressources naturelles et de la biodiversité ; la réduction des déchets et polluants produits par le sport ; la promotion des jeunes, des populations autochtones, de la coopération internationale, de la démocratisation du sport et du rôle de la femme ; la lutte contre les discriminations ainsi que le développement du sport féminin comptent parmi les défis et engagements du CIO en faveur de la soutenabilité du sport[28].
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+ Au niveau mondial, le comité olympique a produit son propre Agenda (l'Agenda 21 du CIO[28], en 1999), suivi d'une résolution du Conseil de l'Europe en 2000, et d'une déclinaison et adaptation française en 2005 (en un « Agenda 21 du sport français[29] »). Cet Agenda 21 français invite notamment toutes les fédérations sportive à se doter d'une Commission Environnement et développement durable, qui pourra proposer et évaluer les moyens, pour chaque type d'activité sportive, de construction d'infrastructures sportives ou de déplacements sportifs, de minimisant les impacts directs et indirects, immédiats et différés sur les ressources naturelles (y compris foncières) pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables (ex : eau, air, sol, faune, flore, écosystèmes, puits de carbone, services écosystémiques, etc.). Ainsi un nombre croissant de manifestations et d'activités sportives cherchent à minimiser leur empreinte écologique et leur empreinte carbone et parfois à rembourser leur « dette carbone » (dette écologique).
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+ En France, la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (mai 2011), est accompagnée de premiers « engagements de l’État »[30] qui vont dans le sens de l'Agenda 21 du comité olympique. Ces engagements de l’État précisent que les sports devront mieux tenir compte de la biodiversité via notamment une écoconditionnalité des aides publiques (« améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les équipements et manifestations sportifs, en particulier en conditionnant les aides publiques ») ; l'état s'engage aussi à « soutenir la mutualisation des bonnes pratiques (agricoles, forestières, sports et biodiversité ».
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+ Le sport en général est un refuge pour les comportements haineux[31], ainsi une étude menée par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports d'Aquitaine montre que l'homophobie est bien plus élevée chez les sportifs que dans la population générale[32]. Ceci est notamment vrai pour le football, où la xénophobie et l'homophobie ne sont pas rares[33]. Les sportifs à avoir révélé leur homosexualité ne sont pas nombreux, et la communauté LGBT organise des évènements, comme les Gay Games, pour que l'orientation sexuelle ne soit plus un vecteur de discrimination[34]. Le sport peut aussi être perçu comme un refuge du sexisme, en effet dans la quasi-totalité des sports ce sont les catégories homme qui sont les plus médiatisées[35].
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+ La part importante accordée aux sports dans les médias de masse pousse certaines personnes à critiquer ce fait comme étant une stratégie visant à divertir les gens, afin de les empêcher de se concentrer sur les problèmes premiers, à l'image de la société du spectacle décrite par Guy Debord[36]. Cette critique dont l'historien Sébastien Nadot s'est fait le chantre rejoint celle formulée par Juvénal et son célèbre Panem et circenses.
196
+
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+ Toutefois parce qu'il est de plus en plus diffusé (accroissement des heures comme des disciplines), il reste un des principaux fédérateurs de foules, phénomène accentué depuis 2012[37] ; année de l'ouverture de chaînes télé consacrées aux sports en particulier la chaîne l’Équipe, des chaînes payantes thématiques beIN SPORTS, la même année, les chaînes Eurosport en 2015 ou encore le lancement des chaînes SFR Sport en 2016, même si des groupes traditionnels de l'audiovision ont pu proposer dès 1998 des chaînes dédiées au sport comme CANAL+ Sport.
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+
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+ La sociologie du sport traite du rôle du sport dans la société :
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+ De nombreux sites internet sont développés dans l'objectif de coacher et d'aider les personnes qui veulent se mettre au sport. On note plusieurs catégories de sites :
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+ L'univers du sport, tant réel que virtuel est désormais numérique et marketé.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Film documentaire:
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1
+ Le sport est un ensemble d'exercices physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions.
2
+ Le sport est un phénomène presque universel dans le temps et dans l'espace humain. La Grèce antique, la Rome antique, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, sont tous marqués par l'importance du sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits.
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4
+ Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit »[1]. En traversant la Manche, desport se mue en « sport » et évacue de son champ la notion générale de loisirs pour se concentrer sur les seules activités physiques et mentales. La langue allemande admet aussi le terme « sport » et sa définition anglaise en 1831 ; la France en fait usage pour la première fois dès 1828[2]. La frontière entre jeux et sports n'est pourtant pas très claire. La Fédération française des échecs fondée en 1921 reçoit ainsi un agrément sportif du Ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, mais uniquement parce qu'elle était une fédération « associée » au CNOSF[3]. Certaines pratiques traditionnelles posent également problème : sport ou jeu ? La question reste encore ouverte.
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+ Le sport moderne se définit par quatre éléments indispensables :
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+ Ces piliers qui mettent surtout en avant l'organisation des différentes disciplines sportives n'excluent nullement les pratiques comme le sport-loisir, le sport-aventure, le sport-santé, le sport scolaire ou l'éducation physique et sportive. Si la compétition est prédominante, il existe toutefois d'autres formes de pratique mettant plutôt en avant le plaisir, la santé, l'éducation ou l'épanouissement[4].
9
+
10
+ Le Conseil de l'Europe propose ainsi la définition suivante dans sa « Charte européenne du sport » (Article 2.1) (2001) : « On entend par "sport" toutes formes d'activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l'expression ou l'amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l'obtention de résultats en compétition de tous niveaux »[5].
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+
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+ La question de l'histoire du sport bute sur un débat qui oppose deux thèses.
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+
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+ Pour un courant de pensée, le sport est un phénomène universel, qui a toujours existé et partout sous des formes très diverses. Ce serait un « invariant culturel » (selon les termes de Frédéric Baillette, enseignant et directeur de la revue Quasimodo). Cette thèse est notamment soutenue en 1991 par le médecin français Jean-Paul Escande (Les avatars du sport moderne, in Ardoino, Brohm, Anthropologie du sport, Perspectives critiques, 1991)[6]. Cette thèse est implicitement soutenue par ceux qui parlent de « sport antique », de « sport médiéval », etc. Le médiéviste américain Charles Homer Haskins est le premier historien à utiliser le terme de « sport » dans le cadre d'une étude portant sur le Moyen Âge dans son livre The Latin Litterature of Sport (1927). Au début du XXIe siècle, Wolfgang Decker (Institut d'Histoire du Sport de l'École Supérieure du Sport de Cologne) et Jean-Paul Thuillier (directeur du Département des Sciences de l'Antiquité à l'École normale supérieure) estiment que : « contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Égypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le IIIe millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Étrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux »[7].
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+
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+ Pour un autre courant de pensée, le sport est un phénomène apparu à un moment précis de l'histoire et dans un contexte particulier : au sein de l'élite sociale de l'Angleterre industrielle du XIXe siècle. Cette thèse est notamment développée en 1921 par l'écrivain allemand Heinz Risse (Soziologie des Sports, Berlin, 1921 et Sociologie du sport, Presses universitaires de Rennes, 1991) qui estime qu'« il est erroné de regarder le passé avec nos modes de pensée actuels et d'imaginer que les pratiques qui ressemblent à celles que nous connaissons peuvent se rapporter à cette appellation "sport" »[6]. Cette thèse est notamment soutenue par l'historien français Roger Chartier et par les sociologues Norbert Elias[8],[6] et Pierre Bourdieu[9],[10]. En 2000, l'historien du sport Philippe Lyotard (université de Montpellier) juge qu'« il y a une coupure très nette entre le sport moderne et le sport antique : c’est la notion de record (et donc de performance). Le record et la performance expriment une vision du monde qui est profondément différente entre les Grecs et les modernes. La culture du corps est différente. Pour les Grecs, cette culture est rituelle, culturelle, d’inspiration religieuse, pour les modernes, le corps est une machine de rendement »[11].
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+
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+ À travers l'exemple des joutes au XVe siècle en France et en Espagne, Sébastien Nadot avance dans sa thèse intitulée Joutes emprises et pas d'armes en Castille, Bourgogne et France, 1428-1470 (soutenue à l'EHESS en 2009) que l'on peut effectivement parler de sport au Moyen Âge et que la plupart des historiens confondent la notion de naissance avec celle de démocratisation du sport quand ils évoquent son apparition seulement à partir du XVIIIe siècle[12]. Mais une autre façon de résoudre la question est de forger la notion de « sport moderne » pour distinguer ce phénomène d'autres pratiques historiquement attestées. Dans une étude, une équipe de l'UFR-STAPS de l'université de Bourgogne estime ainsi en 2004 que « Le sport moderne [...] renvoie à l’idéologie de Coubertin, caractérisée par la compétition, la performance, l’entraînement dans des structures institutionnelles (fédérales et scolaires) afin de lutter contre l’oisiveté et les risques de dégénérescence psychologique et physiologique de l’homme »[13]. Cette notion de « sport moderne » est exposée par l'historien américain Allen Guttmann dans From Ritual To Record, The Nature of Modern Sports (1978). Auteur notamment de Sports: The First Five Millennia, Guttmann ne renonce pas à l'emploi du mot « sport » de l'Antiquité à nos jours.
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+ Selon l'interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l'espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »[14]. Nombre de phénomènes qui paraissent récents, accompagnent en fait l'histoire du sport depuis l'origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d'arbitrage.
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+ La Grèce, Rome, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, donnent tous une importance au sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c'est le cas en Grande-Bretagne du Moyen Âge à l'époque Moderne. Interrogée sur la question, la Justice anglaise tranche ainsi en 1748 que le cricket n’est pas un jeu illégal[15]. Ce sport, comme tous les autres, figurait en effet sur des édits royaux d'interdiction régulièrement publiés par les monarques britanniques du XIe au XVe siècle. En 1477, la pratique d'un « jeu interdit » est ainsi passible de trois ans de prison[16]. Malgré l'interdit, la pratique perdure, nécessitant un rappel quasi permanent à la règle.
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+
24
+ Le sport est l'une des pierres d'angle de l'éducation humaniste du XVIe siècle. Les Anciens mettaient déjà sur le même plan éducation physique et intellectuelle. Pythagore était un brillant philosophe qui fut également champion de lutte puis entraîneur du grand champion Milon de Crotone. La Renaissance redécouvre les vertus éducatives du sport et, de Montaigne à Rabelais en passant par Girolamo Mercuriale, tous les auteurs à la base du mouvement humaniste intègrent le sport dans l'éducation (relire par exemple Gargantua). Chaque époque a eu son « sport-roi ». L'Antiquité fut ainsi l'âge d'or de la course de chars. Pendant plus d'un millénaire, les auriges, cochers des chars de course, étaient des « stars » adulées par les foules dans tout l'Empire romain. Le tournoi, qui consiste à livrer une véritable bataille de chevaliers, mais « sans haine », fut l'activité à la mode en Occident entre le XIe et le XIIIe siècle (il ne faut pas confondre le tournoi et la joute équestre, version très allégée du tournoi)[17]. La violence du tournoi cause sa perte, d'autant que le jeu de paume s'impose dès le XIIIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle comme le sport roi en Occident. Ce jeu de raquettes embrase Paris, la France puis le reste du monde occidental. Le XVIIIe siècle voit le déclin du jeu de paume et l'arrivée, ou plutôt le retour, des courses hippiques qui s'imposent comme le sport roi des XVIIIe et XIXe siècles. La succession des courses hippiques fut âprement disputée car le nombre des sports structurés augmente spectaculairement dès la fin du XIXe siècle. Le football devient ensuite et reste encore aujourd'hui (2018) l'incontestable sport « numéro un » sur la planète.
25
+
26
+ Au-delà de ce tableau général coexistent des nuances régionales parfois très marquées. Ainsi, le football tient une place secondaire dans les pays de l'ancien empire britannique. En revanche, il cultive les autres sports que soutenait jadis la bonne société anglaise, du tennis au hockey sur gazon en passant par le rugby et le cricket. Le cricket a ainsi le statut national dans des pays comme l'Inde ou le Pakistan. De même, l'Amérique du Nord a donné naissance à plusieurs sports, le hockey sur glace et le basket-ball au Canada, le baseball et le football américain aux États-Unis, parvenant ainsi à échapper à la vague du football (appelé soccer en Amérique du Nord). En France, le sport roi de la fin du XIXe siècle est le cyclisme qui garde la palme jusqu'au triomphe du football, entre les deux guerres mondiales. Le rugby n'est pas parvenu à mettre fin à la domination de ces deux sports, freiné par une implantation trop régionale.
27
+
28
+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable, il est une des composantes de la mondialisation[18]. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger sa mise en application à la planète entière. Certains ont donc pu estimer que le sport proposerait ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
29
+
30
+ À l'inverse de cette structure centralisée, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières distinctes de celles de la Fédération internationale de basket-ball, sauf pour les Jeux olympiques pour lesquels c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Le baseball américain illustre encore plus fortement cette décentralisation : les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series - Ligue américaine et Ligue nationale - ne suivent pas les mêmes règles du jeu.
31
+
32
+ La liste suivante regroupe les sports les plus connus, classés par catégories usuelles. D'autres sports pourraient compléter cette liste. Certains sports peuvent appartenir à plusieurs catégories. La présence des catégories « sports mécaniques » et, plus récemment, « sports cérébraux » dans cette liste, longtemps contestée, se justifie par les qualités communes aux sports physiques qu'ils demandent, pratiqués à haut niveau de compétition, comme en particulier la concentration ou l'endurance.
33
+
34
+ La plupart de ces sports ont leur équivalent pour les personnes handicapées (voir : Handisport).
35
+
36
+ Athlétisme
37
+
38
+ Sports collectifs
39
+
40
+ Sports de force
41
+
42
+ Sports mécaniques
43
+
44
+ Sports de raquette
45
+
46
+ Sports avec animaux
47
+
48
+ Sports anciens
49
+
50
+ Gymnastique
51
+
52
+ Cyclisme
53
+
54
+ Arts martiaux
55
+
56
+ Sports de combat
57
+
58
+ Sports de glace
59
+
60
+ Sports de plein air et de nature
61
+
62
+ Sports aériens
63
+
64
+ Épreuves combinées
65
+
66
+ Sports de précision
67
+
68
+ Sports nautiques
69
+
70
+ Sports de glisse
71
+
72
+ Sports cérébraux
73
+
74
+ Autres sports
75
+
76
+ Les Jeux olympiques sont une compétition internationale qui regroupe une sélection de disciplines sportives. Ainsi, il est possible de classer les sports entre ceux qui sont inscrits aux Jeux olympiques, dits « Sports olympiques » et ceux qui le sont pas.
77
+
78
+ Un sport ne peut être olympique que s'il fait partie d'une fédération internationale reconnue par le Comité international olympique (c'est-à-dire qui répond à de multiples critères de sélection très stricts). Celles-ci sont alors divisées en trois groupes :
79
+
80
+ Les sports olympiques actuels furent tous inclus au programme des jeux à un moment spécifique de l’histoire, au cours d'une décision commune prise entre le CIO et les fédérations internationales. Une fois qu'un sport a été désigné comme sport olympique, il ne peut plus être retiré des programmes des jeux (mais le nombre d'épreuves qui composent ce sport peut être revu à chaque édition des jeux), sauf si la fédération internationale qui dirige ce sport est radiée de la liste ASOIF ou AIOWF auquel cas tous les sports qui dépendent d'elle sont radiés du programme (comme ce fut le cas après les jeux de Pékin en 2008 pour la fédération de baseball-softball, la WBSC).
81
+ D'autres sports peuvent devenir olympiques à l'avenir sous trois conditions :
82
+
83
+ Si la candidature d'un nouveau sport d'une fédération ARISF est acceptée, la fédération internationale en question prend aussitôt le statut de ASOIF ou AIOWF, même si cette dernière n'a pas pu imposer aux jeux tous les sports dont elle à la gouvernance (dans le cas des fédérations contrôlant plusieurs sports différents). Une fédération déjà ASOIF ou AIOWF qui disposerait de sports non olympiques sous sa gouvernance peut également poser leur candidature pour de futurs jeux.
84
+
85
+ Le tableau ci-dessous présente par ordre alphabétique les sports olympiques et les sports non olympiques par fédérations reconnues par le CIO.
86
+
87
+ Nombre de fédérations ne sollicitent pas la reconnaissance du CIO (sport automobile, notamment) tandis que d'autres sont en phase de reconnaissance par le CIO.
88
+
89
+ La pratique équilibrée d'un sport aide à se maintenir en bonne santé physique et mentale. En revanche, le surmenage sportif et l'absence totale d'exercice physique sont nocifs pour la santé.
90
+
91
+ La pratique du sport régulier maintient notre organisme en bonne santé, réduit le stress et augmente la capacité de réflexion[20].
92
+
93
+ La pratique d'un sport se décompose en trois types d'activités : l'entraînement sportif, la compétition et la récupération.
94
+
95
+ L'entraînement a pour objectif de former et d'entraîner le pratiquant pour que ses performances augmentent. Pour être bénéfique, l'entraînement doit être réparti sur une succession de séances régulières, progressives et complémentaires les unes aux autres.
96
+
97
+ La compétition a pour objectif de mesurer les sportifs entre eux et de récompenser les meilleurs. Pour de nombreux sportifs, la compétition est le moment le plus fort et le plus agréable de la pratique du sport.
98
+
99
+ Enfin, la pratique d'un sport comprend des phases de récupération et de détente. L'objectif de ces séances est de laisser au corps de l'athlète le temps et le repos nécessaire pour qu'il se remette en état de produire les meilleurs efforts.
100
+
101
+ Chaque discipline fait appel à des compétences sportives particulières.
102
+
103
+ L'équilibre, la force, la motricité, la vitesse, l'endurance, la concentration, le réflexe, la dextérité sont les compétences les plus connues. Certaines disciplines font plutôt appel à une seule compétence alors que d'autres font appel à un éventail de plusieurs compétences. Hormis les compétences sportives, il existe des facteurs physiques déterminants de la performance sportive, ces facteurs sont la force, la vitesse, l'endurance, la souplesse et la coordination des unités motrices (intra et intermusculaire+proprioception).
104
+
105
+ Le succès dans une discipline dépend de la capacité du sportif à exécuter un geste précis. Certaines disciplines consistent à exécuter le geste le plus précis possible en disposant de tout le temps nécessaire à la préparation du geste. Le tir à l'arc est un exemple de ce type de disciplines. D'autres disciplines laissent peu de temps de préparation et le sportif doit ici exécuter son geste de manière spontanée. Le karaté est exemple de ce type de disciplines.
106
+
107
+ La pratique d'un sport fait travailler le système cardio-respiratoire et différents muscles. Elle permet de brûler des calories et donc de prévenir de l'obésité (prévention de l'obésité). Elle incite à avoir une alimentation correcte (alimentation du sportif). Elle facilite l'évacuation de la tension nerveuse accumulée dans la journée (ex : stress chez l'humain). Elle permet la découverte du corps[C'est-à-dire ?] et de ses limites. Elle facilite l'acquisition du sens de l'équilibre, soit dans des situations prévues (exercices de gymnastique), soit dans des situations imprévues (jeux de ballon, sports de combat). Il permet aussi au pratiquant de construire une méthodologie du travail, réutilisable pour d'autres disciplines.
108
+
109
+ Il est recommandé de pratiquer un sport d’intensité moyenne ou, plus simplement, d’exercer une activité physique pendant un temps allant de 50 min à 1h30 si l'on veut avoir un effet sur le maintien ou l'abaissement de son poids, au moins trois fois/semaine.
110
+
111
+ La marche est l'activité physique la plus pratiquée par un très grand nombre d'adultes et de personnes âgées.
112
+
113
+ Une grande étude taïwanaise publiée en 2011 dans le journal médical The Lancet, a montré qu'une activité physique modérée de 15 minutes par jour ou 90 minutes par semaine pouvait diminuer la mortalité globale de 14 % contribuant ainsi à une augmentation de l'espérance de vie de 3 ans[21].
114
+
115
+ Le sport donne lieu à la manifestation d'émotions intenses, souvent surmédiatisées. Elles effacent un corps contraint, policé par les heures d'entraînement. Ces émotions se déclenchent lors des confrontations ou des résultats de l'action. Il est exigé du sportif qu'il évacue les émotions dites négatives, tandis qu'il doit vivre à l'excès, en communion avec le public, les émotions dites positives. Cependant cette vision binaire rend difficile la compréhension des émotions humaines. L'univers sportif dilate les enjeux et l'émotion devient si forte qu'elle sort du corps, par effraction en quelque sorte. Au sortir de l'exercice solitaire et fort, elle restaure le lien social, par elle le héros ou l'héroïne retrouve une place dans la société. La pratique intensive du sport induit une difficulté permanente à exprimer ses émotions, une alexithymie, et ces moments sont les seuls prévus pour se libérer et, les mots manquants, le corps surjoue les expressions. Mais bien vite, le star-système impose sa loi, et exige de revenir à des manifestations codifiées, alors qu'il serait plus bénéfique pour tout le monde d'aider la personne à déchiffrer ses émotions[22].
116
+
117
+ La pratique du sport présente des risques. Le sportif peut se blesser en faisant un faux mouvement, en chutant (entorse, élongation musculaire, claquage, fracture osseuse, traumatisme crânien) ou en recevant un coup. Il peut être victime d'un accident cardiovasculaire (du type infarctus du myocarde).
118
+
119
+ Certains sports présentent des risques réels d'accidents corporels graves, tels que le traumatisme crânien ou la noyade, et leur pratique n'est autorisée qu'avec un équipement adapté, tels que : gilet de sauvetage pour le canoë, casque pour la descente en VTT, harnachement complet pour le gardien de hockey sur glace. Certains sports dits « extrêmes » présentent même de tels risques d'accidents mortels que leur pratique en est interdite.
120
+
121
+ L'activité sportive intensive est source de blessures graves qui peuvent contraindre le sportif à s'arrêter et qui peuvent laisser des séquelles. La pratique d'un sport doit être adaptée à l'âge du pratiquant et à son état de fatigue. Une personne peut être marquée à vie par une activité sportive trop intense dans son enfance. Un sportif peut être obligé d'arrêter la pratique de son sport à la suite de séances d'entraînement ou de compétitions trop dures et trop fréquentes. La gymnastique artistique est l'exemple d'une discipline où de jeunes sportifs sont soumis à des exercices dangereux pour leur santé.
122
+
123
+ La meilleure prévention contre les accidents consiste à pratiquer un sport dans les règles de l'art qui lui sont applicables : apprentissage des gestes techniques, apprentissage des règles de bonne pratique et de sécurité, entraînement régulier, échauffement préalable aux exercices violents, port des protections recommandées, alimentation adaptée avant, pendant et après l'effort, récupération entre les séances d'entraînement et entre les compétitions, respect des interdictions liées aux conditions météorologiques, pratique en groupe, etc. Des pratiques sportives de compensation sont largement recommandées dans le concept d'ergomotricité initié sur les lieux de travail pour lutter contre les accidents du travail. La visite médicale annuelle en début de saison permet d'obtenir l'avis d'un spécialiste sur la capacité d'un individu à pratiquer un sport.
124
+ Le refus de poursuivre un effort qui semble trop difficile à supporter est un geste de sauvegarde de sa santé. Tels sont les principaux moyens de prévention des accidents.
125
+
126
+ Le dopage est un des risques pour la santé du sportif. Ce problème n'est toutefois pas spécifique au sportif.
127
+
128
+ Le dopage consiste à utiliser des produits qui augmentent la performance par différents moyens tels que l'augmentation de la masse musculaire ou la résistance à la douleur. L'EPO est un exemple de produits dopants.
129
+
130
+ Le dopage est une pratique de certains sportifs professionnels de haut niveau mais également de certains sportifs amateurs. Le dopage est efficace : il permet en général à ceux qui se dopent d'obtenir des performances supérieures à ce qu'elles seraient sans dopage. Le dopage est illicite : le sportif convaincu de dopage est sanctionné. Le dopage est dangereux pour la santé du sportif : certains décès de sportifs pourraient être la conséquence d'un dopage.
131
+
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+ La lutte et la prévention anti-dopage existent. Elles concernent tout le monde et, au tout premier plan, les sportifs, leur entourage professionnel et les organisateurs de compétitions. Les contrôles anti-dopage permettent de déterminer si le sportif a ou n'a pas été dopé pour obtenir son résultat dans la compétition. La déchéance d'un titre et l'exclusion à vie de toute compétition sont des exemples de sanctions.
133
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134
+ Les sports où les cas de dopages sont les plus connus du grand public sont le cyclisme, l'athlétisme, la natation et l'haltérophilie.
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136
+ Un numéro de la revue International Journal Of Sport Science and Physical Education[23] fait le point sur le problème du dopage dans le sport. On y voit notamment le fait que les médecins du sport sont largement impliqués dans ce problème notamment dans les pays anglo-saxons. On voit également que la loi existante n'est pas adaptée au problème puisqu'en général les seuls punis sont les athlètes ou coureurs, alors que la plupart du temps c'est un système complexe et que tout l'entourage est impliqué voire dans certains cas (Tour de France cycliste), il s'agit pratiquement d'une tradition liée à l'activité qui donne lieu à un véritable rituel initiatique (lié aux pratiques dopantes) pour les participants. Des articles sont également parus sur le sujet dans la Éthique publique (Canada) et dans la Revista brasileira de ciencas do esporto (Brésil). Le dopage y est analysé notamment par Eric Perera comme associé à la pollution du corps, aux notions de pur et d'impur. Les travaux de l'anthropologue Mary Douglas (Purity and Danger. An analysis of the concept of pollution and taboo, 1965) servent de références pour mieux comprendre ce problème.
137
+
138
+ Selon que la température est trop ou pas assez élevée, l'organisme peut être soumis respectivement à l'hyperthermie ou à l'hypothermie.
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+ En cas de température élevée, on portera des vêtements légers en textile adapté, mais continuant à protéger du soleil, surtout en altitude ou en cas de canicule. Le rendement sportif pourra être maintenu grâce à l'utilisation d'un gilet réfrigérant.
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+ En cas de basse température, on utilisera au contraire des vêtements chauds, en particulier pour les extrémités (doigts, orteils...) qui pourraient facilement subir de graves gelures: c'est le cas typique de l'alpinisme d'altitude ou hivernal. Les nageurs en eau froide se trouvent eux aussi soumis à l'hypothermie d'autant plus rapidement que la température de l'eau est basse; préventivement, ils utilisent une combinaison de plongée ou enduisent leur corps de graisse.
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+ Quelle que soit la température, le vent ou la vitesse du sportif augmentent considérablement les échanges thermiques par convection: aussi, les sportifs qui sont dans ce cas augmenteront particulièrement les précautions.
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+ De même, l'humidité accélère considérablement les échanges thermiques, rendant beaucoup plus difficiles à supporter les froids et chaleurs humides que secs.
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+ Une pression trop basse ne permet pas de respirer convenablement, alors que tout sportif a besoin d'échanges respiratoires élevés pour être performant, ou simplement survivre. Ces limites s'observent pour l'alpinisme d'altitude, où la pression atmosphérique en haut de l'Everest n'est qu'environ 1/3 de la pression au niveau de la mer considérée comme pression normale pour vivre par la plupart de l'humanité (le rendement est fortement dégradé pour tous, et beaucoup d'alpinistes se voient obligés d'utiliser des bouteilles d'oxygènes sur les sommets de plus de 8000m, et un caisson isobare en cas de malaise aigu ou d'accident). Il est bien connu que l'altitude a un impact sur les compétitions sportives en altitude, comme ce fut par exemple le cas aux jeux olympiques de Mexico.
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+
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+ Pour des raisons inverses, le plongeur ne peut descendre à trop grande profondeur sans équipement (scaphandre autonome avec pression régulée).
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+ Le sport se pratique durant le parcours scolaire, au travers de multiples APS, au sein d'un club soit hors de tout club. Les clubs sont affiliés à des fédérations. Les clubs organisent les entraînements et mettent leurs moyens à la disposition des compétitions. Les fédérations organisent les compétitions et édictent les règlements.
153
+
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+ La grande majorité des sportifs est composée de sportifs amateurs, c'est-à-dire d'hommes et de femmes qui pratiquent leur activité sans recevoir aucun salaire en retour. L'amateurisme possède son revers avec un accès limité aux classes populaires. pour certaines activités et l'amateurisme marron, c'est-à-dire la rémunération occulte ou la fourniture d'emplois de complaisance à des sportifs officiellement amateurs.
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+
156
+ Certains sportifs perçoivent un salaire en retour de leur activité. Ces sportifs sont dits « professionnels ». La plupart d'entre eux sont sous contrat avec un club. Le football en Europe et le basket-ball aux États-Unis sont deux exemples connus de sports pratiqués par des professionnels. Depuis le début des années 1990 et la professionnalisation des Jeux olympiques, longtemps bastion du sport amateur, le phénomène du professionnalisme sportif touche presque l'ensemble des disciplines.
157
+
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+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger la mise en application à la planète entière à compter d'une date précise. Et nul besoin à la FIFA de rappeler à l'ordre Pierre, Paul ou Jacques, car tout le monde suit le même règlement. Le sport propose ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
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+
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+ À l'inverse de cette structure centralisée à la romaine, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières et pas question pour elle de se mettre sous la coupe de la Fédération internationale de basket-ball. Sauf pour les Jeux olympiques, évidemment, car c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Les joueurs NBA doivent alors jouer selon les règles communes au reste du monde. Le baseball américain est encore plus caricatural sur ce point, avec les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series : American et National n'ont pas les mêmes règles du jeu !
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+ Voici une liste des principaux grands évènements sportifs. Cette liste n'est pas exhaustive.
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+ Les compétitions sportives sont des formes de spectacles, mais leur scénario n'est pas écrit d'avance. Pendant l'Antiquité, la sculpture ou la poésie furent de bons vecteurs de médiatisation du sport. Avec l'arrivée des médias modernes avec dans l'ordre chronologique la presse écrite, la radio, la télévision puis internet, le sport dispose de puissants supports médiatiques. Ainsi, il existe depuis 1977 des chaînes de télévisions sportives dont l'objet sont la diffusion d'épreuves et d'informations sportives. Certaines sont généralistes et se consacrent à divers sports tandis que d'autres se spécialisent dans une discipline. Parmi les titres de la presse écrite sportive on citera L'Équipe en France, Sports Illustrated aux États-Unis ou La Gazzetta dello Sport en Italie, notamment.
165
+ Dans certains sports, la médiatisation d'acte antisportif majeur et violent sont souvent interrompus pour ne pas inciter les téléspectateurs à la violence.
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+ Un club sportif (CS) est une infrastructure encadrant les sportifs.
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+ Le sport possède une activité importante au niveau économique. Il a créé et fait vivre une forme de secteur hétérogène assemblant pèle-mêle des médias, des équipementiers, des franchises, des clubs sportifs, des médecins, des avocats, des entraîneurs et conseillers en tous genres, des jardiniers et même des cabinets d'architecture spécialisés dans la conception de stades et autres arénas. Quelques sportifs professionnels tirent également leurs revenus du sport. Pour mémoire, on rappellera que le nombre des accréditations pour les médias est toujours largement supérieur à celui des accréditations d'athlètes lors des Jeux olympiques d'été : 15 000 contre 10 000.
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+ Les industries et les commerces du bâtiment, du textile, de l'automobile, du spectacle, des médias et du tourisme travaillent pour le sport. Les contrats des sportifs professionnels, des parrainages publicitaires et des subventions publiques concernent des masses importantes d'argent. Les paris sportifs génèrent également d'importants revenus. Certains clubs sportifs sont des entreprises cotées en bourse. Équipements sportifs, droits de diffusion télévisuel et autres produits dérivés font tourner la machine économique. Ceci est valable dans de très nombreux pays, sur les cinq continents. La part du PIB consacré au sport est évidemment plus importante dans les pays les plus développés en raison des investissements lourds, notamment en matière de stades, mais aussi par la part importante accordée à ce type de dépenses par les ménages.
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+ Hors bénévolat, le poids économique du sport dans l'économie française est évalué à 1,73 % du PIB, soit 27,4 milliards d'euros en 2003[24]. En 2019, le sport pèse 1,5% du PIB français.
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+ Les dépenses des ménages représentent plus de 50 % de ces montants (14,2 milliards d'euros en 2003 et 12 milliards d'euros en 2019), contre 7,9 milliards d'euros pour les collectivités locales, 3,2 pour l'État, et 2,2 pour les entreprises. Parmi les dépenses sportives des ménages en 2003, 3,7 milliards sont consacrés aux vêtements de sport et chaussures, 2 aux biens durables, 2,7 aux autres biens et 5,8 aux services. Le Ministère de la Jeunesse et des Sports estime à 100 000 (58 % d'hommes pour 42 % de femmes) le nombre de salariés travaillant pour le secteur sportif en France pour quelque 20 000 employeurs.
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+ Cette économie est tirée par les engagements des sportifs professionnels, tels que les grandes compétitions internationales, mais aussi par le bénévolat de masse des sportifs amateurs comme la pratique du football en Europe. Elle bénéficie du développement du sport et elle l'accélère. Elle permet aux sportifs professionnels de travailler dans des conditions toujours meilleures, aux sportifs amateurs d'accéder à leur loisir à des coûts de plus en plus attractifs et aux spectateurs d'assister à des compétitions toujours plus spectaculaires et plus festives.
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+ D'un autre côté, comme tout domaine économique, l'économie du sport n'échappe pas à certaines dérives telles que la corruption ou le dopage.
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+ Des liens de proximité existent entre sport, santé, économie et environnement, depuis longtemps. Les liens avec l'environnement et la santé sont plus évidents avec les « sports de pleine nature », et indirects (via les impacts différés ou indirects) avec les sports en salle ou les sports dits « automobiles » ou « mécaniques ». En tant que tels, les enjeux de soutenabilité du développement des activités sportives ont vraiment émergé dans les années 1990, dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio (juin 1992) et de ses suites. Le Mouvement olympique[Qui ?] considère depuis 1999 « l'environnement comme le troisième pilier de l'Olympisme, après le sport et la culture » et dit avoir « développé une politique volontariste de défense de l'environnement qui s'est exprimée dans le « Pacte de la Terre », les actions de collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la réalisation de Jeux Olympiques « verts » et la tenue de conférences mondiales et régionales sur le Sport et l'environnement ».[réf. souhaitée]
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+ La pollution a son importance pour les grands évènements sportifs, car elle peut nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire totale, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme », explique le Dr Pierre Souvet, Président de l’Association Santé Environnement France[25]. La pollution de l'air s'invite d'ailleurs souvent aux Jeux Olympiques. En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[26].
184
+
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+ L'impact environnemental du « sport spectacle » n'est pas le seul à poser problème. Aujourd'hui, compléments alimentaires, barres énergétiques, anti-transpirants, boissons énergisantes : tous ces produits que l’on vend aux sportifs (voir alimentation du sportif) sont suspectés d'être toxiques pour la santé du sportif et pour l'environnement. Ces produits « miracles » peuvent contenir trop de sel, trop de sucres, mais aussi des molécules chimiques (taurine, riboflavine, pyridoxine), des métaux lourds (plomb, aluminium) ou encore des nanoparticules. Celles-ci peuvent avoir des effets délétères sur la santé et sur l'environnement. À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2012, l'Association Santé Environnement France, qui réunit environ 2 500 médecins, a publié un petit guide de conseils pratiques tous basés sur des études scientifiques sérieuses[27].
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+ À partir des années 2000 des infrastructures sportives respectant mieux l'environnement et les paysages ; la protection des ressources naturelles et de la biodiversité ; la réduction des déchets et polluants produits par le sport ; la promotion des jeunes, des populations autochtones, de la coopération internationale, de la démocratisation du sport et du rôle de la femme ; la lutte contre les discriminations ainsi que le développement du sport féminin comptent parmi les défis et engagements du CIO en faveur de la soutenabilité du sport[28].
188
+
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+ Au niveau mondial, le comité olympique a produit son propre Agenda (l'Agenda 21 du CIO[28], en 1999), suivi d'une résolution du Conseil de l'Europe en 2000, et d'une déclinaison et adaptation française en 2005 (en un « Agenda 21 du sport français[29] »). Cet Agenda 21 français invite notamment toutes les fédérations sportive à se doter d'une Commission Environnement et développement durable, qui pourra proposer et évaluer les moyens, pour chaque type d'activité sportive, de construction d'infrastructures sportives ou de déplacements sportifs, de minimisant les impacts directs et indirects, immédiats et différés sur les ressources naturelles (y compris foncières) pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables (ex : eau, air, sol, faune, flore, écosystèmes, puits de carbone, services écosystémiques, etc.). Ainsi un nombre croissant de manifestations et d'activités sportives cherchent à minimiser leur empreinte écologique et leur empreinte carbone et parfois à rembourser leur « dette carbone » (dette écologique).
190
+
191
+ En France, la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (mai 2011), est accompagnée de premiers « engagements de l’État »[30] qui vont dans le sens de l'Agenda 21 du comité olympique. Ces engagements de l’État précisent que les sports devront mieux tenir compte de la biodiversité via notamment une écoconditionnalité des aides publiques (« améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les équipements et manifestations sportifs, en particulier en conditionnant les aides publiques ») ; l'état s'engage aussi à « soutenir la mutualisation des bonnes pratiques (agricoles, forestières, sports et biodiversité ».
192
+
193
+ Le sport en général est un refuge pour les comportements haineux[31], ainsi une étude menée par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports d'Aquitaine montre que l'homophobie est bien plus élevée chez les sportifs que dans la population générale[32]. Ceci est notamment vrai pour le football, où la xénophobie et l'homophobie ne sont pas rares[33]. Les sportifs à avoir révélé leur homosexualité ne sont pas nombreux, et la communauté LGBT organise des évènements, comme les Gay Games, pour que l'orientation sexuelle ne soit plus un vecteur de discrimination[34]. Le sport peut aussi être perçu comme un refuge du sexisme, en effet dans la quasi-totalité des sports ce sont les catégories homme qui sont les plus médiatisées[35].
194
+
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+ La part importante accordée aux sports dans les médias de masse pousse certaines personnes à critiquer ce fait comme étant une stratégie visant à divertir les gens, afin de les empêcher de se concentrer sur les problèmes premiers, à l'image de la société du spectacle décrite par Guy Debord[36]. Cette critique dont l'historien Sébastien Nadot s'est fait le chantre rejoint celle formulée par Juvénal et son célèbre Panem et circenses.
196
+
197
+ Toutefois parce qu'il est de plus en plus diffusé (accroissement des heures comme des disciplines), il reste un des principaux fédérateurs de foules, phénomène accentué depuis 2012[37] ; année de l'ouverture de chaînes télé consacrées aux sports en particulier la chaîne l’Équipe, des chaînes payantes thématiques beIN SPORTS, la même année, les chaînes Eurosport en 2015 ou encore le lancement des chaînes SFR Sport en 2016, même si des groupes traditionnels de l'audiovision ont pu proposer dès 1998 des chaînes dédiées au sport comme CANAL+ Sport.
198
+
199
+ La sociologie du sport traite du rôle du sport dans la société :
200
+
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+ De nombreux sites internet sont développés dans l'objectif de coacher et d'aider les personnes qui veulent se mettre au sport. On note plusieurs catégories de sites :
202
+
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+ L'univers du sport, tant réel que virtuel est désormais numérique et marketé.
204
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Film documentaire:
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1
+ Le sport est un ensemble d'exercices physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions.
2
+ Le sport est un phénomène presque universel dans le temps et dans l'espace humain. La Grèce antique, la Rome antique, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, sont tous marqués par l'importance du sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits.
3
+
4
+ Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit »[1]. En traversant la Manche, desport se mue en « sport » et évacue de son champ la notion générale de loisirs pour se concentrer sur les seules activités physiques et mentales. La langue allemande admet aussi le terme « sport » et sa définition anglaise en 1831 ; la France en fait usage pour la première fois dès 1828[2]. La frontière entre jeux et sports n'est pourtant pas très claire. La Fédération française des échecs fondée en 1921 reçoit ainsi un agrément sportif du Ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, mais uniquement parce qu'elle était une fédération « associée » au CNOSF[3]. Certaines pratiques traditionnelles posent également problème : sport ou jeu ? La question reste encore ouverte.
5
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6
+ Le sport moderne se définit par quatre éléments indispensables :
7
+
8
+ Ces piliers qui mettent surtout en avant l'organisation des différentes disciplines sportives n'excluent nullement les pratiques comme le sport-loisir, le sport-aventure, le sport-santé, le sport scolaire ou l'éducation physique et sportive. Si la compétition est prédominante, il existe toutefois d'autres formes de pratique mettant plutôt en avant le plaisir, la santé, l'éducation ou l'épanouissement[4].
9
+
10
+ Le Conseil de l'Europe propose ainsi la définition suivante dans sa « Charte européenne du sport » (Article 2.1) (2001) : « On entend par "sport" toutes formes d'activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l'expression ou l'amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l'obtention de résultats en compétition de tous niveaux »[5].
11
+
12
+ La question de l'histoire du sport bute sur un débat qui oppose deux thèses.
13
+
14
+ Pour un courant de pensée, le sport est un phénomène universel, qui a toujours existé et partout sous des formes très diverses. Ce serait un « invariant culturel » (selon les termes de Frédéric Baillette, enseignant et directeur de la revue Quasimodo). Cette thèse est notamment soutenue en 1991 par le médecin français Jean-Paul Escande (Les avatars du sport moderne, in Ardoino, Brohm, Anthropologie du sport, Perspectives critiques, 1991)[6]. Cette thèse est implicitement soutenue par ceux qui parlent de « sport antique », de « sport médiéval », etc. Le médiéviste américain Charles Homer Haskins est le premier historien à utiliser le terme de « sport » dans le cadre d'une étude portant sur le Moyen Âge dans son livre The Latin Litterature of Sport (1927). Au début du XXIe siècle, Wolfgang Decker (Institut d'Histoire du Sport de l'École Supérieure du Sport de Cologne) et Jean-Paul Thuillier (directeur du Département des Sciences de l'Antiquité à l'École normale supérieure) estiment que : « contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Égypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le IIIe millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Étrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux »[7].
15
+
16
+ Pour un autre courant de pensée, le sport est un phénomène apparu à un moment précis de l'histoire et dans un contexte particulier : au sein de l'élite sociale de l'Angleterre industrielle du XIXe siècle. Cette thèse est notamment développée en 1921 par l'écrivain allemand Heinz Risse (Soziologie des Sports, Berlin, 1921 et Sociologie du sport, Presses universitaires de Rennes, 1991) qui estime qu'« il est erroné de regarder le passé avec nos modes de pensée actuels et d'imaginer que les pratiques qui ressemblent à celles que nous connaissons peuvent se rapporter à cette appellation "sport" »[6]. Cette thèse est notamment soutenue par l'historien français Roger Chartier et par les sociologues Norbert Elias[8],[6] et Pierre Bourdieu[9],[10]. En 2000, l'historien du sport Philippe Lyotard (université de Montpellier) juge qu'« il y a une coupure très nette entre le sport moderne et le sport antique : c’est la notion de record (et donc de performance). Le record et la performance expriment une vision du monde qui est profondément différente entre les Grecs et les modernes. La culture du corps est différente. Pour les Grecs, cette culture est rituelle, culturelle, d’inspiration religieuse, pour les modernes, le corps est une machine de rendement »[11].
17
+
18
+ À travers l'exemple des joutes au XVe siècle en France et en Espagne, Sébastien Nadot avance dans sa thèse intitulée Joutes emprises et pas d'armes en Castille, Bourgogne et France, 1428-1470 (soutenue à l'EHESS en 2009) que l'on peut effectivement parler de sport au Moyen Âge et que la plupart des historiens confondent la notion de naissance avec celle de démocratisation du sport quand ils évoquent son apparition seulement à partir du XVIIIe siècle[12]. Mais une autre façon de résoudre la question est de forger la notion de « sport moderne » pour distinguer ce phénomène d'autres pratiques historiquement attestées. Dans une étude, une équipe de l'UFR-STAPS de l'université de Bourgogne estime ainsi en 2004 que « Le sport moderne [...] renvoie à l’idéologie de Coubertin, caractérisée par la compétition, la performance, l’entraînement dans des structures institutionnelles (fédérales et scolaires) afin de lutter contre l’oisiveté et les risques de dégénérescence psychologique et physiologique de l’homme »[13]. Cette notion de « sport moderne » est exposée par l'historien américain Allen Guttmann dans From Ritual To Record, The Nature of Modern Sports (1978). Auteur notamment de Sports: The First Five Millennia, Guttmann ne renonce pas à l'emploi du mot « sport » de l'Antiquité à nos jours.
19
+
20
+ Selon l'interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l'espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »[14]. Nombre de phénomènes qui paraissent récents, accompagnent en fait l'histoire du sport depuis l'origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d'arbitrage.
21
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22
+ La Grèce, Rome, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, donnent tous une importance au sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c'est le cas en Grande-Bretagne du Moyen Âge à l'époque Moderne. Interrogée sur la question, la Justice anglaise tranche ainsi en 1748 que le cricket n’est pas un jeu illégal[15]. Ce sport, comme tous les autres, figurait en effet sur des édits royaux d'interdiction régulièrement publiés par les monarques britanniques du XIe au XVe siècle. En 1477, la pratique d'un « jeu interdit » est ainsi passible de trois ans de prison[16]. Malgré l'interdit, la pratique perdure, nécessitant un rappel quasi permanent à la règle.
23
+
24
+ Le sport est l'une des pierres d'angle de l'éducation humaniste du XVIe siècle. Les Anciens mettaient déjà sur le même plan éducation physique et intellectuelle. Pythagore était un brillant philosophe qui fut également champion de lutte puis entraîneur du grand champion Milon de Crotone. La Renaissance redécouvre les vertus éducatives du sport et, de Montaigne à Rabelais en passant par Girolamo Mercuriale, tous les auteurs à la base du mouvement humaniste intègrent le sport dans l'éducation (relire par exemple Gargantua). Chaque époque a eu son « sport-roi ». L'Antiquité fut ainsi l'âge d'or de la course de chars. Pendant plus d'un millénaire, les auriges, cochers des chars de course, étaient des « stars » adulées par les foules dans tout l'Empire romain. Le tournoi, qui consiste à livrer une véritable bataille de chevaliers, mais « sans haine », fut l'activité à la mode en Occident entre le XIe et le XIIIe siècle (il ne faut pas confondre le tournoi et la joute équestre, version très allégée du tournoi)[17]. La violence du tournoi cause sa perte, d'autant que le jeu de paume s'impose dès le XIIIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle comme le sport roi en Occident. Ce jeu de raquettes embrase Paris, la France puis le reste du monde occidental. Le XVIIIe siècle voit le déclin du jeu de paume et l'arrivée, ou plutôt le retour, des courses hippiques qui s'imposent comme le sport roi des XVIIIe et XIXe siècles. La succession des courses hippiques fut âprement disputée car le nombre des sports structurés augmente spectaculairement dès la fin du XIXe siècle. Le football devient ensuite et reste encore aujourd'hui (2018) l'incontestable sport « numéro un » sur la planète.
25
+
26
+ Au-delà de ce tableau général coexistent des nuances régionales parfois très marquées. Ainsi, le football tient une place secondaire dans les pays de l'ancien empire britannique. En revanche, il cultive les autres sports que soutenait jadis la bonne société anglaise, du tennis au hockey sur gazon en passant par le rugby et le cricket. Le cricket a ainsi le statut national dans des pays comme l'Inde ou le Pakistan. De même, l'Amérique du Nord a donné naissance à plusieurs sports, le hockey sur glace et le basket-ball au Canada, le baseball et le football américain aux États-Unis, parvenant ainsi à échapper à la vague du football (appelé soccer en Amérique du Nord). En France, le sport roi de la fin du XIXe siècle est le cyclisme qui garde la palme jusqu'au triomphe du football, entre les deux guerres mondiales. Le rugby n'est pas parvenu à mettre fin à la domination de ces deux sports, freiné par une implantation trop régionale.
27
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28
+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable, il est une des composantes de la mondialisation[18]. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger sa mise en application à la planète entière. Certains ont donc pu estimer que le sport proposerait ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
29
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30
+ À l'inverse de cette structure centralisée, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières distinctes de celles de la Fédération internationale de basket-ball, sauf pour les Jeux olympiques pour lesquels c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Le baseball américain illustre encore plus fortement cette décentralisation : les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series - Ligue américaine et Ligue nationale - ne suivent pas les mêmes règles du jeu.
31
+
32
+ La liste suivante regroupe les sports les plus connus, classés par catégories usuelles. D'autres sports pourraient compléter cette liste. Certains sports peuvent appartenir à plusieurs catégories. La présence des catégories « sports mécaniques » et, plus récemment, « sports cérébraux » dans cette liste, longtemps contestée, se justifie par les qualités communes aux sports physiques qu'ils demandent, pratiqués à haut niveau de compétition, comme en particulier la concentration ou l'endurance.
33
+
34
+ La plupart de ces sports ont leur équivalent pour les personnes handicapées (voir : Handisport).
35
+
36
+ Athlétisme
37
+
38
+ Sports collectifs
39
+
40
+ Sports de force
41
+
42
+ Sports mécaniques
43
+
44
+ Sports de raquette
45
+
46
+ Sports avec animaux
47
+
48
+ Sports anciens
49
+
50
+ Gymnastique
51
+
52
+ Cyclisme
53
+
54
+ Arts martiaux
55
+
56
+ Sports de combat
57
+
58
+ Sports de glace
59
+
60
+ Sports de plein air et de nature
61
+
62
+ Sports aériens
63
+
64
+ Épreuves combinées
65
+
66
+ Sports de précision
67
+
68
+ Sports nautiques
69
+
70
+ Sports de glisse
71
+
72
+ Sports cérébraux
73
+
74
+ Autres sports
75
+
76
+ Les Jeux olympiques sont une compétition internationale qui regroupe une sélection de disciplines sportives. Ainsi, il est possible de classer les sports entre ceux qui sont inscrits aux Jeux olympiques, dits « Sports olympiques » et ceux qui le sont pas.
77
+
78
+ Un sport ne peut être olympique que s'il fait partie d'une fédération internationale reconnue par le Comité international olympique (c'est-à-dire qui répond à de multiples critères de sélection très stricts). Celles-ci sont alors divisées en trois groupes :
79
+
80
+ Les sports olympiques actuels furent tous inclus au programme des jeux à un moment spécifique de l’histoire, au cours d'une décision commune prise entre le CIO et les fédérations internationales. Une fois qu'un sport a été désigné comme sport olympique, il ne peut plus être retiré des programmes des jeux (mais le nombre d'épreuves qui composent ce sport peut être revu à chaque édition des jeux), sauf si la fédération internationale qui dirige ce sport est radiée de la liste ASOIF ou AIOWF auquel cas tous les sports qui dépendent d'elle sont radiés du programme (comme ce fut le cas après les jeux de Pékin en 2008 pour la fédération de baseball-softball, la WBSC).
81
+ D'autres sports peuvent devenir olympiques à l'avenir sous trois conditions :
82
+
83
+ Si la candidature d'un nouveau sport d'une fédération ARISF est acceptée, la fédération internationale en question prend aussitôt le statut de ASOIF ou AIOWF, même si cette dernière n'a pas pu imposer aux jeux tous les sports dont elle à la gouvernance (dans le cas des fédérations contrôlant plusieurs sports différents). Une fédération déjà ASOIF ou AIOWF qui disposerait de sports non olympiques sous sa gouvernance peut également poser leur candidature pour de futurs jeux.
84
+
85
+ Le tableau ci-dessous présente par ordre alphabétique les sports olympiques et les sports non olympiques par fédérations reconnues par le CIO.
86
+
87
+ Nombre de fédérations ne sollicitent pas la reconnaissance du CIO (sport automobile, notamment) tandis que d'autres sont en phase de reconnaissance par le CIO.
88
+
89
+ La pratique équilibrée d'un sport aide à se maintenir en bonne santé physique et mentale. En revanche, le surmenage sportif et l'absence totale d'exercice physique sont nocifs pour la santé.
90
+
91
+ La pratique du sport régulier maintient notre organisme en bonne santé, réduit le stress et augmente la capacité de réflexion[20].
92
+
93
+ La pratique d'un sport se décompose en trois types d'activités : l'entraînement sportif, la compétition et la récupération.
94
+
95
+ L'entraînement a pour objectif de former et d'entraîner le pratiquant pour que ses performances augmentent. Pour être bénéfique, l'entraînement doit être réparti sur une succession de séances régulières, progressives et complémentaires les unes aux autres.
96
+
97
+ La compétition a pour objectif de mesurer les sportifs entre eux et de récompenser les meilleurs. Pour de nombreux sportifs, la compétition est le moment le plus fort et le plus agréable de la pratique du sport.
98
+
99
+ Enfin, la pratique d'un sport comprend des phases de récupération et de détente. L'objectif de ces séances est de laisser au corps de l'athlète le temps et le repos nécessaire pour qu'il se remette en état de produire les meilleurs efforts.
100
+
101
+ Chaque discipline fait appel à des compétences sportives particulières.
102
+
103
+ L'équilibre, la force, la motricité, la vitesse, l'endurance, la concentration, le réflexe, la dextérité sont les compétences les plus connues. Certaines disciplines font plutôt appel à une seule compétence alors que d'autres font appel à un éventail de plusieurs compétences. Hormis les compétences sportives, il existe des facteurs physiques déterminants de la performance sportive, ces facteurs sont la force, la vitesse, l'endurance, la souplesse et la coordination des unités motrices (intra et intermusculaire+proprioception).
104
+
105
+ Le succès dans une discipline dépend de la capacité du sportif à exécuter un geste précis. Certaines disciplines consistent à exécuter le geste le plus précis possible en disposant de tout le temps nécessaire à la préparation du geste. Le tir à l'arc est un exemple de ce type de disciplines. D'autres disciplines laissent peu de temps de préparation et le sportif doit ici exécuter son geste de manière spontanée. Le karaté est exemple de ce type de disciplines.
106
+
107
+ La pratique d'un sport fait travailler le système cardio-respiratoire et différents muscles. Elle permet de brûler des calories et donc de prévenir de l'obésité (prévention de l'obésité). Elle incite à avoir une alimentation correcte (alimentation du sportif). Elle facilite l'évacuation de la tension nerveuse accumulée dans la journée (ex : stress chez l'humain). Elle permet la découverte du corps[C'est-à-dire ?] et de ses limites. Elle facilite l'acquisition du sens de l'équilibre, soit dans des situations prévues (exercices de gymnastique), soit dans des situations imprévues (jeux de ballon, sports de combat). Il permet aussi au pratiquant de construire une méthodologie du travail, réutilisable pour d'autres disciplines.
108
+
109
+ Il est recommandé de pratiquer un sport d’intensité moyenne ou, plus simplement, d’exercer une activité physique pendant un temps allant de 50 min à 1h30 si l'on veut avoir un effet sur le maintien ou l'abaissement de son poids, au moins trois fois/semaine.
110
+
111
+ La marche est l'activité physique la plus pratiquée par un très grand nombre d'adultes et de personnes âgées.
112
+
113
+ Une grande étude taïwanaise publiée en 2011 dans le journal médical The Lancet, a montré qu'une activité physique modérée de 15 minutes par jour ou 90 minutes par semaine pouvait diminuer la mortalité globale de 14 % contribuant ainsi à une augmentation de l'espérance de vie de 3 ans[21].
114
+
115
+ Le sport donne lieu à la manifestation d'émotions intenses, souvent surmédiatisées. Elles effacent un corps contraint, policé par les heures d'entraînement. Ces émotions se déclenchent lors des confrontations ou des résultats de l'action. Il est exigé du sportif qu'il évacue les émotions dites négatives, tandis qu'il doit vivre à l'excès, en communion avec le public, les émotions dites positives. Cependant cette vision binaire rend difficile la compréhension des émotions humaines. L'univers sportif dilate les enjeux et l'émotion devient si forte qu'elle sort du corps, par effraction en quelque sorte. Au sortir de l'exercice solitaire et fort, elle restaure le lien social, par elle le héros ou l'héroïne retrouve une place dans la société. La pratique intensive du sport induit une difficulté permanente à exprimer ses émotions, une alexithymie, et ces moments sont les seuls prévus pour se libérer et, les mots manquants, le corps surjoue les expressions. Mais bien vite, le star-système impose sa loi, et exige de revenir à des manifestations codifiées, alors qu'il serait plus bénéfique pour tout le monde d'aider la personne à déchiffrer ses émotions[22].
116
+
117
+ La pratique du sport présente des risques. Le sportif peut se blesser en faisant un faux mouvement, en chutant (entorse, élongation musculaire, claquage, fracture osseuse, traumatisme crânien) ou en recevant un coup. Il peut être victime d'un accident cardiovasculaire (du type infarctus du myocarde).
118
+
119
+ Certains sports présentent des risques réels d'accidents corporels graves, tels que le traumatisme crânien ou la noyade, et leur pratique n'est autorisée qu'avec un équipement adapté, tels que : gilet de sauvetage pour le canoë, casque pour la descente en VTT, harnachement complet pour le gardien de hockey sur glace. Certains sports dits « extrêmes » présentent même de tels risques d'accidents mortels que leur pratique en est interdite.
120
+
121
+ L'activité sportive intensive est source de blessures graves qui peuvent contraindre le sportif à s'arrêter et qui peuvent laisser des séquelles. La pratique d'un sport doit être adaptée à l'âge du pratiquant et à son état de fatigue. Une personne peut être marquée à vie par une activité sportive trop intense dans son enfance. Un sportif peut être obligé d'arrêter la pratique de son sport à la suite de séances d'entraînement ou de compétitions trop dures et trop fréquentes. La gymnastique artistique est l'exemple d'une discipline où de jeunes sportifs sont soumis à des exercices dangereux pour leur santé.
122
+
123
+ La meilleure prévention contre les accidents consiste à pratiquer un sport dans les règles de l'art qui lui sont applicables : apprentissage des gestes techniques, apprentissage des règles de bonne pratique et de sécurité, entraînement régulier, échauffement préalable aux exercices violents, port des protections recommandées, alimentation adaptée avant, pendant et après l'effort, récupération entre les séances d'entraînement et entre les compétitions, respect des interdictions liées aux conditions météorologiques, pratique en groupe, etc. Des pratiques sportives de compensation sont largement recommandées dans le concept d'ergomotricité initié sur les lieux de travail pour lutter contre les accidents du travail. La visite médicale annuelle en début de saison permet d'obtenir l'avis d'un spécialiste sur la capacité d'un individu à pratiquer un sport.
124
+ Le refus de poursuivre un effort qui semble trop difficile à supporter est un geste de sauvegarde de sa santé. Tels sont les principaux moyens de prévention des accidents.
125
+
126
+ Le dopage est un des risques pour la santé du sportif. Ce problème n'est toutefois pas spécifique au sportif.
127
+
128
+ Le dopage consiste à utiliser des produits qui augmentent la performance par différents moyens tels que l'augmentation de la masse musculaire ou la résistance à la douleur. L'EPO est un exemple de produits dopants.
129
+
130
+ Le dopage est une pratique de certains sportifs professionnels de haut niveau mais également de certains sportifs amateurs. Le dopage est efficace : il permet en général à ceux qui se dopent d'obtenir des performances supérieures à ce qu'elles seraient sans dopage. Le dopage est illicite : le sportif convaincu de dopage est sanctionné. Le dopage est dangereux pour la santé du sportif : certains décès de sportifs pourraient être la conséquence d'un dopage.
131
+
132
+ La lutte et la prévention anti-dopage existent. Elles concernent tout le monde et, au tout premier plan, les sportifs, leur entourage professionnel et les organisateurs de compétitions. Les contrôles anti-dopage permettent de déterminer si le sportif a ou n'a pas été dopé pour obtenir son résultat dans la compétition. La déchéance d'un titre et l'exclusion à vie de toute compétition sont des exemples de sanctions.
133
+
134
+ Les sports où les cas de dopages sont les plus connus du grand public sont le cyclisme, l'athlétisme, la natation et l'haltérophilie.
135
+
136
+ Un numéro de la revue International Journal Of Sport Science and Physical Education[23] fait le point sur le problème du dopage dans le sport. On y voit notamment le fait que les médecins du sport sont largement impliqués dans ce problème notamment dans les pays anglo-saxons. On voit également que la loi existante n'est pas adaptée au problème puisqu'en général les seuls punis sont les athlètes ou coureurs, alors que la plupart du temps c'est un système complexe et que tout l'entourage est impliqué voire dans certains cas (Tour de France cycliste), il s'agit pratiquement d'une tradition liée à l'activité qui donne lieu à un véritable rituel initiatique (lié aux pratiques dopantes) pour les participants. Des articles sont également parus sur le sujet dans la Éthique publique (Canada) et dans la Revista brasileira de ciencas do esporto (Brésil). Le dopage y est analysé notamment par Eric Perera comme associé à la pollution du corps, aux notions de pur et d'impur. Les travaux de l'anthropologue Mary Douglas (Purity and Danger. An analysis of the concept of pollution and taboo, 1965) servent de références pour mieux comprendre ce problème.
137
+
138
+ Selon que la température est trop ou pas assez élevée, l'organisme peut être soumis respectivement à l'hyperthermie ou à l'hypothermie.
139
+
140
+ En cas de température élevée, on portera des vêtements légers en textile adapté, mais continuant à protéger du soleil, surtout en altitude ou en cas de canicule. Le rendement sportif pourra être maintenu grâce à l'utilisation d'un gilet réfrigérant.
141
+
142
+ En cas de basse température, on utilisera au contraire des vêtements chauds, en particulier pour les extrémités (doigts, orteils...) qui pourraient facilement subir de graves gelures: c'est le cas typique de l'alpinisme d'altitude ou hivernal. Les nageurs en eau froide se trouvent eux aussi soumis à l'hypothermie d'autant plus rapidement que la température de l'eau est basse; préventivement, ils utilisent une combinaison de plongée ou enduisent leur corps de graisse.
143
+
144
+ Quelle que soit la température, le vent ou la vitesse du sportif augmentent considérablement les échanges thermiques par convection: aussi, les sportifs qui sont dans ce cas augmenteront particulièrement les précautions.
145
+
146
+ De même, l'humidité accélère considérablement les échanges thermiques, rendant beaucoup plus difficiles à supporter les froids et chaleurs humides que secs.
147
+
148
+ Une pression trop basse ne permet pas de respirer convenablement, alors que tout sportif a besoin d'échanges respiratoires élevés pour être performant, ou simplement survivre. Ces limites s'observent pour l'alpinisme d'altitude, où la pression atmosphérique en haut de l'Everest n'est qu'environ 1/3 de la pression au niveau de la mer considérée comme pression normale pour vivre par la plupart de l'humanité (le rendement est fortement dégradé pour tous, et beaucoup d'alpinistes se voient obligés d'utiliser des bouteilles d'oxygènes sur les sommets de plus de 8000m, et un caisson isobare en cas de malaise aigu ou d'accident). Il est bien connu que l'altitude a un impact sur les compétitions sportives en altitude, comme ce fut par exemple le cas aux jeux olympiques de Mexico.
149
+
150
+ Pour des raisons inverses, le plongeur ne peut descendre à trop grande profondeur sans équipement (scaphandre autonome avec pression régulée).
151
+
152
+ Le sport se pratique durant le parcours scolaire, au travers de multiples APS, au sein d'un club soit hors de tout club. Les clubs sont affiliés à des fédérations. Les clubs organisent les entraînements et mettent leurs moyens à la disposition des compétitions. Les fédérations organisent les compétitions et édictent les règlements.
153
+
154
+ La grande majorité des sportifs est composée de sportifs amateurs, c'est-à-dire d'hommes et de femmes qui pratiquent leur activité sans recevoir aucun salaire en retour. L'amateurisme possède son revers avec un accès limité aux classes populaires. pour certaines activités et l'amateurisme marron, c'est-à-dire la rémunération occulte ou la fourniture d'emplois de complaisance à des sportifs officiellement amateurs.
155
+
156
+ Certains sportifs perçoivent un salaire en retour de leur activité. Ces sportifs sont dits « professionnels ». La plupart d'entre eux sont sous contrat avec un club. Le football en Europe et le basket-ball aux États-Unis sont deux exemples connus de sports pratiqués par des professionnels. Depuis le début des années 1990 et la professionnalisation des Jeux olympiques, longtemps bastion du sport amateur, le phénomène du professionnalisme sportif touche presque l'ensemble des disciplines.
157
+
158
+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger la mise en application à la planète entière à compter d'une date précise. Et nul besoin à la FIFA de rappeler à l'ordre Pierre, Paul ou Jacques, car tout le monde suit le même règlement. Le sport propose ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
159
+
160
+ À l'inverse de cette structure centralisée à la romaine, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières et pas question pour elle de se mettre sous la coupe de la Fédération internationale de basket-ball. Sauf pour les Jeux olympiques, évidemment, car c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Les joueurs NBA doivent alors jouer selon les règles communes au reste du monde. Le baseball américain est encore plus caricatural sur ce point, avec les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series : American et National n'ont pas les mêmes règles du jeu !
161
+
162
+ Voici une liste des principaux grands évènements sportifs. Cette liste n'est pas exhaustive.
163
+
164
+ Les compétitions sportives sont des formes de spectacles, mais leur scénario n'est pas écrit d'avance. Pendant l'Antiquité, la sculpture ou la poésie furent de bons vecteurs de médiatisation du sport. Avec l'arrivée des médias modernes avec dans l'ordre chronologique la presse écrite, la radio, la télévision puis internet, le sport dispose de puissants supports médiatiques. Ainsi, il existe depuis 1977 des chaînes de télévisions sportives dont l'objet sont la diffusion d'épreuves et d'informations sportives. Certaines sont généralistes et se consacrent à divers sports tandis que d'autres se spécialisent dans une discipline. Parmi les titres de la presse écrite sportive on citera L'Équipe en France, Sports Illustrated aux États-Unis ou La Gazzetta dello Sport en Italie, notamment.
165
+ Dans certains sports, la médiatisation d'acte antisportif majeur et violent sont souvent interrompus pour ne pas inciter les téléspectateurs à la violence.
166
+
167
+ Un club sportif (CS) est une infrastructure encadrant les sportifs.
168
+
169
+ Le sport possède une activité importante au niveau économique. Il a créé et fait vivre une forme de secteur hétérogène assemblant pèle-mêle des médias, des équipementiers, des franchises, des clubs sportifs, des médecins, des avocats, des entraîneurs et conseillers en tous genres, des jardiniers et même des cabinets d'architecture spécialisés dans la conception de stades et autres arénas. Quelques sportifs professionnels tirent également leurs revenus du sport. Pour mémoire, on rappellera que le nombre des accréditations pour les médias est toujours largement supérieur à celui des accréditations d'athlètes lors des Jeux olympiques d'été : 15 000 contre 10 000.
170
+
171
+ Les industries et les commerces du bâtiment, du textile, de l'automobile, du spectacle, des médias et du tourisme travaillent pour le sport. Les contrats des sportifs professionnels, des parrainages publicitaires et des subventions publiques concernent des masses importantes d'argent. Les paris sportifs génèrent également d'importants revenus. Certains clubs sportifs sont des entreprises cotées en bourse. Équipements sportifs, droits de diffusion télévisuel et autres produits dérivés font tourner la machine économique. Ceci est valable dans de très nombreux pays, sur les cinq continents. La part du PIB consacré au sport est évidemment plus importante dans les pays les plus développés en raison des investissements lourds, notamment en matière de stades, mais aussi par la part importante accordée à ce type de dépenses par les ménages.
172
+
173
+ Hors bénévolat, le poids économique du sport dans l'économie française est évalué à 1,73 % du PIB, soit 27,4 milliards d'euros en 2003[24]. En 2019, le sport pèse 1,5% du PIB français.
174
+
175
+ Les dépenses des ménages représentent plus de 50 % de ces montants (14,2 milliards d'euros en 2003 et 12 milliards d'euros en 2019), contre 7,9 milliards d'euros pour les collectivités locales, 3,2 pour l'État, et 2,2 pour les entreprises. Parmi les dépenses sportives des ménages en 2003, 3,7 milliards sont consacrés aux vêtements de sport et chaussures, 2 aux biens durables, 2,7 aux autres biens et 5,8 aux services. Le Ministère de la Jeunesse et des Sports estime à 100 000 (58 % d'hommes pour 42 % de femmes) le nombre de salariés travaillant pour le secteur sportif en France pour quelque 20 000 employeurs.
176
+
177
+ Cette économie est tirée par les engagements des sportifs professionnels, tels que les grandes compétitions internationales, mais aussi par le bénévolat de masse des sportifs amateurs comme la pratique du football en Europe. Elle bénéficie du développement du sport et elle l'accélère. Elle permet aux sportifs professionnels de travailler dans des conditions toujours meilleures, aux sportifs amateurs d'accéder à leur loisir à des coûts de plus en plus attractifs et aux spectateurs d'assister à des compétitions toujours plus spectaculaires et plus festives.
178
+
179
+ D'un autre côté, comme tout domaine économique, l'économie du sport n'échappe pas à certaines dérives telles que la corruption ou le dopage.
180
+
181
+ Des liens de proximité existent entre sport, santé, économie et environnement, depuis longtemps. Les liens avec l'environnement et la santé sont plus évidents avec les « sports de pleine nature », et indirects (via les impacts différés ou indirects) avec les sports en salle ou les sports dits « automobiles » ou « mécaniques ». En tant que tels, les enjeux de soutenabilité du développement des activités sportives ont vraiment émergé dans les années 1990, dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio (juin 1992) et de ses suites. Le Mouvement olympique[Qui ?] considère depuis 1999 « l'environnement comme le troisième pilier de l'Olympisme, après le sport et la culture » et dit avoir « développé une politique volontariste de défense de l'environnement qui s'est exprimée dans le « Pacte de la Terre », les actions de collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la réalisation de Jeux Olympiques « verts » et la tenue de conférences mondiales et régionales sur le Sport et l'environnement ».[réf. souhaitée]
182
+
183
+ La pollution a son importance pour les grands évènements sportifs, car elle peut nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire totale, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme », explique le Dr Pierre Souvet, Président de l’Association Santé Environnement France[25]. La pollution de l'air s'invite d'ailleurs souvent aux Jeux Olympiques. En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[26].
184
+
185
+ L'impact environnemental du « sport spectacle » n'est pas le seul à poser problème. Aujourd'hui, compléments alimentaires, barres énergétiques, anti-transpirants, boissons énergisantes : tous ces produits que l’on vend aux sportifs (voir alimentation du sportif) sont suspectés d'être toxiques pour la santé du sportif et pour l'environnement. Ces produits « miracles » peuvent contenir trop de sel, trop de sucres, mais aussi des molécules chimiques (taurine, riboflavine, pyridoxine), des métaux lourds (plomb, aluminium) ou encore des nanoparticules. Celles-ci peuvent avoir des effets délétères sur la santé et sur l'environnement. À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2012, l'Association Santé Environnement France, qui réunit environ 2 500 médecins, a publié un petit guide de conseils pratiques tous basés sur des études scientifiques sérieuses[27].
186
+
187
+ À partir des années 2000 des infrastructures sportives respectant mieux l'environnement et les paysages ; la protection des ressources naturelles et de la biodiversité ; la réduction des déchets et polluants produits par le sport ; la promotion des jeunes, des populations autochtones, de la coopération internationale, de la démocratisation du sport et du rôle de la femme ; la lutte contre les discriminations ainsi que le développement du sport féminin comptent parmi les défis et engagements du CIO en faveur de la soutenabilité du sport[28].
188
+
189
+ Au niveau mondial, le comité olympique a produit son propre Agenda (l'Agenda 21 du CIO[28], en 1999), suivi d'une résolution du Conseil de l'Europe en 2000, et d'une déclinaison et adaptation française en 2005 (en un « Agenda 21 du sport français[29] »). Cet Agenda 21 français invite notamment toutes les fédérations sportive à se doter d'une Commission Environnement et développement durable, qui pourra proposer et évaluer les moyens, pour chaque type d'activité sportive, de construction d'infrastructures sportives ou de déplacements sportifs, de minimisant les impacts directs et indirects, immédiats et différés sur les ressources naturelles (y compris foncières) pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables (ex : eau, air, sol, faune, flore, écosystèmes, puits de carbone, services écosystémiques, etc.). Ainsi un nombre croissant de manifestations et d'activités sportives cherchent à minimiser leur empreinte écologique et leur empreinte carbone et parfois à rembourser leur « dette carbone » (dette écologique).
190
+
191
+ En France, la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (mai 2011), est accompagnée de premiers « engagements de l’État »[30] qui vont dans le sens de l'Agenda 21 du comité olympique. Ces engagements de l’État précisent que les sports devront mieux tenir compte de la biodiversité via notamment une écoconditionnalité des aides publiques (« améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les équipements et manifestations sportifs, en particulier en conditionnant les aides publiques ») ; l'état s'engage aussi à « soutenir la mutualisation des bonnes pratiques (agricoles, forestières, sports et biodiversité ».
192
+
193
+ Le sport en général est un refuge pour les comportements haineux[31], ainsi une étude menée par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports d'Aquitaine montre que l'homophobie est bien plus élevée chez les sportifs que dans la population générale[32]. Ceci est notamment vrai pour le football, où la xénophobie et l'homophobie ne sont pas rares[33]. Les sportifs à avoir révélé leur homosexualité ne sont pas nombreux, et la communauté LGBT organise des évènements, comme les Gay Games, pour que l'orientation sexuelle ne soit plus un vecteur de discrimination[34]. Le sport peut aussi être perçu comme un refuge du sexisme, en effet dans la quasi-totalité des sports ce sont les catégories homme qui sont les plus médiatisées[35].
194
+
195
+ La part importante accordée aux sports dans les médias de masse pousse certaines personnes à critiquer ce fait comme étant une stratégie visant à divertir les gens, afin de les empêcher de se concentrer sur les problèmes premiers, à l'image de la société du spectacle décrite par Guy Debord[36]. Cette critique dont l'historien Sébastien Nadot s'est fait le chantre rejoint celle formulée par Juvénal et son célèbre Panem et circenses.
196
+
197
+ Toutefois parce qu'il est de plus en plus diffusé (accroissement des heures comme des disciplines), il reste un des principaux fédérateurs de foules, phénomène accentué depuis 2012[37] ; année de l'ouverture de chaînes télé consacrées aux sports en particulier la chaîne l’Équipe, des chaînes payantes thématiques beIN SPORTS, la même année, les chaînes Eurosport en 2015 ou encore le lancement des chaînes SFR Sport en 2016, même si des groupes traditionnels de l'audiovision ont pu proposer dès 1998 des chaînes dédiées au sport comme CANAL+ Sport.
198
+
199
+ La sociologie du sport traite du rôle du sport dans la société :
200
+
201
+ De nombreux sites internet sont développés dans l'objectif de coacher et d'aider les personnes qui veulent se mettre au sport. On note plusieurs catégories de sites :
202
+
203
+ L'univers du sport, tant réel que virtuel est désormais numérique et marketé.
204
+
205
+ Sur les autres projets Wikimedia :
206
+
207
+ Film documentaire:
fr/5489.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,207 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le sport est un ensemble d'exercices physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions.
2
+ Le sport est un phénomène presque universel dans le temps et dans l'espace humain. La Grèce antique, la Rome antique, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, sont tous marqués par l'importance du sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits.
3
+
4
+ Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit »[1]. En traversant la Manche, desport se mue en « sport » et évacue de son champ la notion générale de loisirs pour se concentrer sur les seules activités physiques et mentales. La langue allemande admet aussi le terme « sport » et sa définition anglaise en 1831 ; la France en fait usage pour la première fois dès 1828[2]. La frontière entre jeux et sports n'est pourtant pas très claire. La Fédération française des échecs fondée en 1921 reçoit ainsi un agrément sportif du Ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, mais uniquement parce qu'elle était une fédération « associée » au CNOSF[3]. Certaines pratiques traditionnelles posent également problème : sport ou jeu ? La question reste encore ouverte.
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+ Le sport moderne se définit par quatre éléments indispensables :
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+ Ces piliers qui mettent surtout en avant l'organisation des différentes disciplines sportives n'excluent nullement les pratiques comme le sport-loisir, le sport-aventure, le sport-santé, le sport scolaire ou l'éducation physique et sportive. Si la compétition est prédominante, il existe toutefois d'autres formes de pratique mettant plutôt en avant le plaisir, la santé, l'éducation ou l'épanouissement[4].
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+ Le Conseil de l'Europe propose ainsi la définition suivante dans sa « Charte européenne du sport » (Article 2.1) (2001) : « On entend par "sport" toutes formes d'activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l'expression ou l'amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l'obtention de résultats en compétition de tous niveaux »[5].
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+ La question de l'histoire du sport bute sur un débat qui oppose deux thèses.
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+ Pour un courant de pensée, le sport est un phénomène universel, qui a toujours existé et partout sous des formes très diverses. Ce serait un « invariant culturel » (selon les termes de Frédéric Baillette, enseignant et directeur de la revue Quasimodo). Cette thèse est notamment soutenue en 1991 par le médecin français Jean-Paul Escande (Les avatars du sport moderne, in Ardoino, Brohm, Anthropologie du sport, Perspectives critiques, 1991)[6]. Cette thèse est implicitement soutenue par ceux qui parlent de « sport antique », de « sport médiéval », etc. Le médiéviste américain Charles Homer Haskins est le premier historien à utiliser le terme de « sport » dans le cadre d'une étude portant sur le Moyen Âge dans son livre The Latin Litterature of Sport (1927). Au début du XXIe siècle, Wolfgang Decker (Institut d'Histoire du Sport de l'École Supérieure du Sport de Cologne) et Jean-Paul Thuillier (directeur du Département des Sciences de l'Antiquité à l'École normale supérieure) estiment que : « contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Égypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le IIIe millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Étrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux »[7].
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+ Pour un autre courant de pensée, le sport est un phénomène apparu à un moment précis de l'histoire et dans un contexte particulier : au sein de l'élite sociale de l'Angleterre industrielle du XIXe siècle. Cette thèse est notamment développée en 1921 par l'écrivain allemand Heinz Risse (Soziologie des Sports, Berlin, 1921 et Sociologie du sport, Presses universitaires de Rennes, 1991) qui estime qu'« il est erroné de regarder le passé avec nos modes de pensée actuels et d'imaginer que les pratiques qui ressemblent à celles que nous connaissons peuvent se rapporter à cette appellation "sport" »[6]. Cette thèse est notamment soutenue par l'historien français Roger Chartier et par les sociologues Norbert Elias[8],[6] et Pierre Bourdieu[9],[10]. En 2000, l'historien du sport Philippe Lyotard (université de Montpellier) juge qu'« il y a une coupure très nette entre le sport moderne et le sport antique : c’est la notion de record (et donc de performance). Le record et la performance expriment une vision du monde qui est profondément différente entre les Grecs et les modernes. La culture du corps est différente. Pour les Grecs, cette culture est rituelle, culturelle, d’inspiration religieuse, pour les modernes, le corps est une machine de rendement »[11].
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+ À travers l'exemple des joutes au XVe siècle en France et en Espagne, Sébastien Nadot avance dans sa thèse intitulée Joutes emprises et pas d'armes en Castille, Bourgogne et France, 1428-1470 (soutenue à l'EHESS en 2009) que l'on peut effectivement parler de sport au Moyen Âge et que la plupart des historiens confondent la notion de naissance avec celle de démocratisation du sport quand ils évoquent son apparition seulement à partir du XVIIIe siècle[12]. Mais une autre façon de résoudre la question est de forger la notion de « sport moderne » pour distinguer ce phénomène d'autres pratiques historiquement attestées. Dans une étude, une équipe de l'UFR-STAPS de l'université de Bourgogne estime ainsi en 2004 que « Le sport moderne [...] renvoie à l’idéologie de Coubertin, caractérisée par la compétition, la performance, l’entraînement dans des structures institutionnelles (fédérales et scolaires) afin de lutter contre l’oisiveté et les risques de dégénérescence psychologique et physiologique de l’homme »[13]. Cette notion de « sport moderne » est exposée par l'historien américain Allen Guttmann dans From Ritual To Record, The Nature of Modern Sports (1978). Auteur notamment de Sports: The First Five Millennia, Guttmann ne renonce pas à l'emploi du mot « sport » de l'Antiquité à nos jours.
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+ Selon l'interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l'espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »[14]. Nombre de phénomènes qui paraissent récents, accompagnent en fait l'histoire du sport depuis l'origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d'arbitrage.
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+ La Grèce, Rome, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, donnent tous une importance au sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c'est le cas en Grande-Bretagne du Moyen Âge à l'époque Moderne. Interrogée sur la question, la Justice anglaise tranche ainsi en 1748 que le cricket n’est pas un jeu illégal[15]. Ce sport, comme tous les autres, figurait en effet sur des édits royaux d'interdiction régulièrement publiés par les monarques britanniques du XIe au XVe siècle. En 1477, la pratique d'un « jeu interdit » est ainsi passible de trois ans de prison[16]. Malgré l'interdit, la pratique perdure, nécessitant un rappel quasi permanent à la règle.
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+ Le sport est l'une des pierres d'angle de l'éducation humaniste du XVIe siècle. Les Anciens mettaient déjà sur le même plan éducation physique et intellectuelle. Pythagore était un brillant philosophe qui fut également champion de lutte puis entraîneur du grand champion Milon de Crotone. La Renaissance redécouvre les vertus éducatives du sport et, de Montaigne à Rabelais en passant par Girolamo Mercuriale, tous les auteurs à la base du mouvement humaniste intègrent le sport dans l'éducation (relire par exemple Gargantua). Chaque époque a eu son « sport-roi ». L'Antiquité fut ainsi l'âge d'or de la course de chars. Pendant plus d'un millénaire, les auriges, cochers des chars de course, étaient des « stars » adulées par les foules dans tout l'Empire romain. Le tournoi, qui consiste à livrer une véritable bataille de chevaliers, mais « sans haine », fut l'activité à la mode en Occident entre le XIe et le XIIIe siècle (il ne faut pas confondre le tournoi et la joute équestre, version très allégée du tournoi)[17]. La violence du tournoi cause sa perte, d'autant que le jeu de paume s'impose dès le XIIIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle comme le sport roi en Occident. Ce jeu de raquettes embrase Paris, la France puis le reste du monde occidental. Le XVIIIe siècle voit le déclin du jeu de paume et l'arrivée, ou plutôt le retour, des courses hippiques qui s'imposent comme le sport roi des XVIIIe et XIXe siècles. La succession des courses hippiques fut âprement disputée car le nombre des sports structurés augmente spectaculairement dès la fin du XIXe siècle. Le football devient ensuite et reste encore aujourd'hui (2018) l'incontestable sport « numéro un » sur la planète.
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+ Au-delà de ce tableau général coexistent des nuances régionales parfois très marquées. Ainsi, le football tient une place secondaire dans les pays de l'ancien empire britannique. En revanche, il cultive les autres sports que soutenait jadis la bonne société anglaise, du tennis au hockey sur gazon en passant par le rugby et le cricket. Le cricket a ainsi le statut national dans des pays comme l'Inde ou le Pakistan. De même, l'Amérique du Nord a donné naissance à plusieurs sports, le hockey sur glace et le basket-ball au Canada, le baseball et le football américain aux États-Unis, parvenant ainsi à échapper à la vague du football (appelé soccer en Amérique du Nord). En France, le sport roi de la fin du XIXe siècle est le cyclisme qui garde la palme jusqu'au triomphe du football, entre les deux guerres mondiales. Le rugby n'est pas parvenu à mettre fin à la domination de ces deux sports, freiné par une implantation trop régionale.
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+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable, il est une des composantes de la mondialisation[18]. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger sa mise en application à la planète entière. Certains ont donc pu estimer que le sport proposerait ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
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+ À l'inverse de cette structure centralisée, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières distinctes de celles de la Fédération internationale de basket-ball, sauf pour les Jeux olympiques pour lesquels c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Le baseball américain illustre encore plus fortement cette décentralisation : les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series - Ligue américaine et Ligue nationale - ne suivent pas les mêmes règles du jeu.
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+ La liste suivante regroupe les sports les plus connus, classés par catégories usuelles. D'autres sports pourraient compléter cette liste. Certains sports peuvent appartenir à plusieurs catégories. La présence des catégories « sports mécaniques » et, plus récemment, « sports cérébraux » dans cette liste, longtemps contestée, se justifie par les qualités communes aux sports physiques qu'ils demandent, pratiqués à haut niveau de compétition, comme en particulier la concentration ou l'endurance.
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+
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+ La plupart de ces sports ont leur équivalent pour les personnes handicapées (voir : Handisport).
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+ Athlétisme
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+ Sports collectifs
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+ Sports de force
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+ Sports mécaniques
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+ Sports de raquette
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+
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+ Sports avec animaux
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+ Sports anciens
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+ Gymnastique
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+
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+ Cyclisme
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+
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+ Arts martiaux
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+
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+ Sports de combat
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+
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+ Sports de glace
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+
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+ Sports de plein air et de nature
61
+
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+ Sports aériens
63
+
64
+ Épreuves combinées
65
+
66
+ Sports de précision
67
+
68
+ Sports nautiques
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70
+ Sports de glisse
71
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+ Sports cérébraux
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+ Autres sports
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+
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+ Les Jeux olympiques sont une compétition internationale qui regroupe une sélection de disciplines sportives. Ainsi, il est possible de classer les sports entre ceux qui sont inscrits aux Jeux olympiques, dits « Sports olympiques » et ceux qui le sont pas.
77
+
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+ Un sport ne peut être olympique que s'il fait partie d'une fédération internationale reconnue par le Comité international olympique (c'est-à-dire qui répond à de multiples critères de sélection très stricts). Celles-ci sont alors divisées en trois groupes :
79
+
80
+ Les sports olympiques actuels furent tous inclus au programme des jeux à un moment spécifique de l’histoire, au cours d'une décision commune prise entre le CIO et les fédérations internationales. Une fois qu'un sport a été désigné comme sport olympique, il ne peut plus être retiré des programmes des jeux (mais le nombre d'épreuves qui composent ce sport peut être revu à chaque édition des jeux), sauf si la fédération internationale qui dirige ce sport est radiée de la liste ASOIF ou AIOWF auquel cas tous les sports qui dépendent d'elle sont radiés du programme (comme ce fut le cas après les jeux de Pékin en 2008 pour la fédération de baseball-softball, la WBSC).
81
+ D'autres sports peuvent devenir olympiques à l'avenir sous trois conditions :
82
+
83
+ Si la candidature d'un nouveau sport d'une fédération ARISF est acceptée, la fédération internationale en question prend aussitôt le statut de ASOIF ou AIOWF, même si cette dernière n'a pas pu imposer aux jeux tous les sports dont elle à la gouvernance (dans le cas des fédérations contrôlant plusieurs sports différents). Une fédération déjà ASOIF ou AIOWF qui disposerait de sports non olympiques sous sa gouvernance peut également poser leur candidature pour de futurs jeux.
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+
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+ Le tableau ci-dessous présente par ordre alphabétique les sports olympiques et les sports non olympiques par fédérations reconnues par le CIO.
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+ Nombre de fédérations ne sollicitent pas la reconnaissance du CIO (sport automobile, notamment) tandis que d'autres sont en phase de reconnaissance par le CIO.
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+ La pratique équilibrée d'un sport aide à se maintenir en bonne santé physique et mentale. En revanche, le surmenage sportif et l'absence totale d'exercice physique sont nocifs pour la santé.
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+ La pratique du sport régulier maintient notre organisme en bonne santé, réduit le stress et augmente la capacité de réflexion[20].
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+ La pratique d'un sport se décompose en trois types d'activités : l'entraînement sportif, la compétition et la récupération.
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+ L'entraînement a pour objectif de former et d'entraîner le pratiquant pour que ses performances augmentent. Pour être bénéfique, l'entraînement doit être réparti sur une succession de séances régulières, progressives et complémentaires les unes aux autres.
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+
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+ La compétition a pour objectif de mesurer les sportifs entre eux et de récompenser les meilleurs. Pour de nombreux sportifs, la compétition est le moment le plus fort et le plus agréable de la pratique du sport.
98
+
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+ Enfin, la pratique d'un sport comprend des phases de récupération et de détente. L'objectif de ces séances est de laisser au corps de l'athlète le temps et le repos nécessaire pour qu'il se remette en état de produire les meilleurs efforts.
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+
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+ Chaque discipline fait appel à des compétences sportives particulières.
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+
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+ L'équilibre, la force, la motricité, la vitesse, l'endurance, la concentration, le réflexe, la dextérité sont les compétences les plus connues. Certaines disciplines font plutôt appel à une seule compétence alors que d'autres font appel à un éventail de plusieurs compétences. Hormis les compétences sportives, il existe des facteurs physiques déterminants de la performance sportive, ces facteurs sont la force, la vitesse, l'endurance, la souplesse et la coordination des unités motrices (intra et intermusculaire+proprioception).
104
+
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+ Le succès dans une discipline dépend de la capacité du sportif à exécuter un geste précis. Certaines disciplines consistent à exécuter le geste le plus précis possible en disposant de tout le temps nécessaire à la préparation du geste. Le tir à l'arc est un exemple de ce type de disciplines. D'autres disciplines laissent peu de temps de préparation et le sportif doit ici exécuter son geste de manière spontanée. Le karaté est exemple de ce type de disciplines.
106
+
107
+ La pratique d'un sport fait travailler le système cardio-respiratoire et différents muscles. Elle permet de brûler des calories et donc de prévenir de l'obésité (prévention de l'obésité). Elle incite à avoir une alimentation correcte (alimentation du sportif). Elle facilite l'évacuation de la tension nerveuse accumulée dans la journée (ex : stress chez l'humain). Elle permet la découverte du corps[C'est-à-dire ?] et de ses limites. Elle facilite l'acquisition du sens de l'équilibre, soit dans des situations prévues (exercices de gymnastique), soit dans des situations imprévues (jeux de ballon, sports de combat). Il permet aussi au pratiquant de construire une méthodologie du travail, réutilisable pour d'autres disciplines.
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109
+ Il est recommandé de pratiquer un sport d’intensité moyenne ou, plus simplement, d’exercer une activité physique pendant un temps allant de 50 min à 1h30 si l'on veut avoir un effet sur le maintien ou l'abaissement de son poids, au moins trois fois/semaine.
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+ La marche est l'activité physique la plus pratiquée par un très grand nombre d'adultes et de personnes âgées.
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+ Une grande étude taïwanaise publiée en 2011 dans le journal médical The Lancet, a montré qu'une activité physique modérée de 15 minutes par jour ou 90 minutes par semaine pouvait diminuer la mortalité globale de 14 % contribuant ainsi à une augmentation de l'espérance de vie de 3 ans[21].
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+ Le sport donne lieu à la manifestation d'émotions intenses, souvent surmédiatisées. Elles effacent un corps contraint, policé par les heures d'entraînement. Ces émotions se déclenchent lors des confrontations ou des résultats de l'action. Il est exigé du sportif qu'il évacue les émotions dites négatives, tandis qu'il doit vivre à l'excès, en communion avec le public, les émotions dites positives. Cependant cette vision binaire rend difficile la compréhension des émotions humaines. L'univers sportif dilate les enjeux et l'émotion devient si forte qu'elle sort du corps, par effraction en quelque sorte. Au sortir de l'exercice solitaire et fort, elle restaure le lien social, par elle le héros ou l'héroïne retrouve une place dans la société. La pratique intensive du sport induit une difficulté permanente à exprimer ses émotions, une alexithymie, et ces moments sont les seuls prévus pour se libérer et, les mots manquants, le corps surjoue les expressions. Mais bien vite, le star-système impose sa loi, et exige de revenir à des manifestations codifiées, alors qu'il serait plus bénéfique pour tout le monde d'aider la personne à déchiffrer ses émotions[22].
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+ La pratique du sport présente des risques. Le sportif peut se blesser en faisant un faux mouvement, en chutant (entorse, élongation musculaire, claquage, fracture osseuse, traumatisme crânien) ou en recevant un coup. Il peut être victime d'un accident cardiovasculaire (du type infarctus du myocarde).
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+ Certains sports présentent des risques réels d'accidents corporels graves, tels que le traumatisme crânien ou la noyade, et leur pratique n'est autorisée qu'avec un équipement adapté, tels que : gilet de sauvetage pour le canoë, casque pour la descente en VTT, harnachement complet pour le gardien de hockey sur glace. Certains sports dits « extrêmes » présentent même de tels risques d'accidents mortels que leur pratique en est interdite.
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+ L'activité sportive intensive est source de blessures graves qui peuvent contraindre le sportif à s'arrêter et qui peuvent laisser des séquelles. La pratique d'un sport doit être adaptée à l'âge du pratiquant et à son état de fatigue. Une personne peut être marquée à vie par une activité sportive trop intense dans son enfance. Un sportif peut être obligé d'arrêter la pratique de son sport à la suite de séances d'entraînement ou de compétitions trop dures et trop fréquentes. La gymnastique artistique est l'exemple d'une discipline où de jeunes sportifs sont soumis à des exercices dangereux pour leur santé.
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+ La meilleure prévention contre les accidents consiste à pratiquer un sport dans les règles de l'art qui lui sont applicables : apprentissage des gestes techniques, apprentissage des règles de bonne pratique et de sécurité, entraînement régulier, échauffement préalable aux exercices violents, port des protections recommandées, alimentation adaptée avant, pendant et après l'effort, récupération entre les séances d'entraînement et entre les compétitions, respect des interdictions liées aux conditions météorologiques, pratique en groupe, etc. Des pratiques sportives de compensation sont largement recommandées dans le concept d'ergomotricité initié sur les lieux de travail pour lutter contre les accidents du travail. La visite médicale annuelle en début de saison permet d'obtenir l'avis d'un spécialiste sur la capacité d'un individu à pratiquer un sport.
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+ Le refus de poursuivre un effort qui semble trop difficile à supporter est un geste de sauvegarde de sa santé. Tels sont les principaux moyens de prévention des accidents.
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+ Le dopage est un des risques pour la santé du sportif. Ce problème n'est toutefois pas spécifique au sportif.
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+ Le dopage consiste à utiliser des produits qui augmentent la performance par différents moyens tels que l'augmentation de la masse musculaire ou la résistance à la douleur. L'EPO est un exemple de produits dopants.
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+ Le dopage est une pratique de certains sportifs professionnels de haut niveau mais également de certains sportifs amateurs. Le dopage est efficace : il permet en général à ceux qui se dopent d'obtenir des performances supérieures à ce qu'elles seraient sans dopage. Le dopage est illicite : le sportif convaincu de dopage est sanctionné. Le dopage est dangereux pour la santé du sportif : certains décès de sportifs pourraient être la conséquence d'un dopage.
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+
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+ La lutte et la prévention anti-dopage existent. Elles concernent tout le monde et, au tout premier plan, les sportifs, leur entourage professionnel et les organisateurs de compétitions. Les contrôles anti-dopage permettent de déterminer si le sportif a ou n'a pas été dopé pour obtenir son résultat dans la compétition. La déchéance d'un titre et l'exclusion à vie de toute compétition sont des exemples de sanctions.
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+ Les sports où les cas de dopages sont les plus connus du grand public sont le cyclisme, l'athlétisme, la natation et l'haltérophilie.
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+ Un numéro de la revue International Journal Of Sport Science and Physical Education[23] fait le point sur le problème du dopage dans le sport. On y voit notamment le fait que les médecins du sport sont largement impliqués dans ce problème notamment dans les pays anglo-saxons. On voit également que la loi existante n'est pas adaptée au problème puisqu'en général les seuls punis sont les athlètes ou coureurs, alors que la plupart du temps c'est un système complexe et que tout l'entourage est impliqué voire dans certains cas (Tour de France cycliste), il s'agit pratiquement d'une tradition liée à l'activité qui donne lieu à un véritable rituel initiatique (lié aux pratiques dopantes) pour les participants. Des articles sont également parus sur le sujet dans la Éthique publique (Canada) et dans la Revista brasileira de ciencas do esporto (Brésil). Le dopage y est analysé notamment par Eric Perera comme associé à la pollution du corps, aux notions de pur et d'impur. Les travaux de l'anthropologue Mary Douglas (Purity and Danger. An analysis of the concept of pollution and taboo, 1965) servent de références pour mieux comprendre ce problème.
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+ Selon que la température est trop ou pas assez élevée, l'organisme peut être soumis respectivement à l'hyperthermie ou à l'hypothermie.
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+ En cas de température élevée, on portera des vêtements légers en textile adapté, mais continuant à protéger du soleil, surtout en altitude ou en cas de canicule. Le rendement sportif pourra être maintenu grâce à l'utilisation d'un gilet réfrigérant.
141
+
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+ En cas de basse température, on utilisera au contraire des vêtements chauds, en particulier pour les extrémités (doigts, orteils...) qui pourraient facilement subir de graves gelures: c'est le cas typique de l'alpinisme d'altitude ou hivernal. Les nageurs en eau froide se trouvent eux aussi soumis à l'hypothermie d'autant plus rapidement que la température de l'eau est basse; préventivement, ils utilisent une combinaison de plongée ou enduisent leur corps de graisse.
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+ Quelle que soit la température, le vent ou la vitesse du sportif augmentent considérablement les échanges thermiques par convection: aussi, les sportifs qui sont dans ce cas augmenteront particulièrement les précautions.
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+ De même, l'humidité accélère considérablement les échanges thermiques, rendant beaucoup plus difficiles à supporter les froids et chaleurs humides que secs.
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+ Une pression trop basse ne permet pas de respirer convenablement, alors que tout sportif a besoin d'échanges respiratoires élevés pour être performant, ou simplement survivre. Ces limites s'observent pour l'alpinisme d'altitude, où la pression atmosphérique en haut de l'Everest n'est qu'environ 1/3 de la pression au niveau de la mer considérée comme pression normale pour vivre par la plupart de l'humanité (le rendement est fortement dégradé pour tous, et beaucoup d'alpinistes se voient obligés d'utiliser des bouteilles d'oxygènes sur les sommets de plus de 8000m, et un caisson isobare en cas de malaise aigu ou d'accident). Il est bien connu que l'altitude a un impact sur les compétitions sportives en altitude, comme ce fut par exemple le cas aux jeux olympiques de Mexico.
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+
150
+ Pour des raisons inverses, le plongeur ne peut descendre à trop grande profondeur sans équipement (scaphandre autonome avec pression régulée).
151
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+ Le sport se pratique durant le parcours scolaire, au travers de multiples APS, au sein d'un club soit hors de tout club. Les clubs sont affiliés à des fédérations. Les clubs organisent les entraînements et mettent leurs moyens à la disposition des compétitions. Les fédérations organisent les compétitions et édictent les règlements.
153
+
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+ La grande majorité des sportifs est composée de sportifs amateurs, c'est-à-dire d'hommes et de femmes qui pratiquent leur activité sans recevoir aucun salaire en retour. L'amateurisme possède son revers avec un accès limité aux classes populaires. pour certaines activités et l'amateurisme marron, c'est-à-dire la rémunération occulte ou la fourniture d'emplois de complaisance à des sportifs officiellement amateurs.
155
+
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+ Certains sportifs perçoivent un salaire en retour de leur activité. Ces sportifs sont dits « professionnels ». La plupart d'entre eux sont sous contrat avec un club. Le football en Europe et le basket-ball aux États-Unis sont deux exemples connus de sports pratiqués par des professionnels. Depuis le début des années 1990 et la professionnalisation des Jeux olympiques, longtemps bastion du sport amateur, le phénomène du professionnalisme sportif touche presque l'ensemble des disciplines.
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+
158
+ La puissance du mouvement sportif est aujourd'hui considérable. Une fédération internationale comme la FIFA a la capacité de modifier les règlements et d'exiger la mise en application à la planète entière à compter d'une date précise. Et nul besoin à la FIFA de rappeler à l'ordre Pierre, Paul ou Jacques, car tout le monde suit le même règlement. Le sport propose ainsi un premier modèle de mondialisation réelle.
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+
160
+ À l'inverse de cette structure centralisée à la romaine, notons l'existence d'un mouvement sportif plus indépendant, notamment aux États-Unis. La NBA a des règles particulières et pas question pour elle de se mettre sous la coupe de la Fédération internationale de basket-ball. Sauf pour les Jeux olympiques, évidemment, car c'est la FIBA qui est chargée des épreuves. Les joueurs NBA doivent alors jouer selon les règles communes au reste du monde. Le baseball américain est encore plus caricatural sur ce point, avec les deux ligues qui s'affrontent pour le trophée des World Series : American et National n'ont pas les mêmes règles du jeu !
161
+
162
+ Voici une liste des principaux grands évènements sportifs. Cette liste n'est pas exhaustive.
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164
+ Les compétitions sportives sont des formes de spectacles, mais leur scénario n'est pas écrit d'avance. Pendant l'Antiquité, la sculpture ou la poésie furent de bons vecteurs de médiatisation du sport. Avec l'arrivée des médias modernes avec dans l'ordre chronologique la presse écrite, la radio, la télévision puis internet, le sport dispose de puissants supports médiatiques. Ainsi, il existe depuis 1977 des chaînes de télévisions sportives dont l'objet sont la diffusion d'épreuves et d'informations sportives. Certaines sont généralistes et se consacrent à divers sports tandis que d'autres se spécialisent dans une discipline. Parmi les titres de la presse écrite sportive on citera L'Équipe en France, Sports Illustrated aux États-Unis ou La Gazzetta dello Sport en Italie, notamment.
165
+ Dans certains sports, la médiatisation d'acte antisportif majeur et violent sont souvent interrompus pour ne pas inciter les téléspectateurs à la violence.
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167
+ Un club sportif (CS) est une infrastructure encadrant les sportifs.
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169
+ Le sport possède une activité importante au niveau économique. Il a créé et fait vivre une forme de secteur hétérogène assemblant pèle-mêle des médias, des équipementiers, des franchises, des clubs sportifs, des médecins, des avocats, des entraîneurs et conseillers en tous genres, des jardiniers et même des cabinets d'architecture spécialisés dans la conception de stades et autres arénas. Quelques sportifs professionnels tirent également leurs revenus du sport. Pour mémoire, on rappellera que le nombre des accréditations pour les médias est toujours largement supérieur à celui des accréditations d'athlètes lors des Jeux olympiques d'été : 15 000 contre 10 000.
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+ Les industries et les commerces du bâtiment, du textile, de l'automobile, du spectacle, des médias et du tourisme travaillent pour le sport. Les contrats des sportifs professionnels, des parrainages publicitaires et des subventions publiques concernent des masses importantes d'argent. Les paris sportifs génèrent également d'importants revenus. Certains clubs sportifs sont des entreprises cotées en bourse. Équipements sportifs, droits de diffusion télévisuel et autres produits dérivés font tourner la machine économique. Ceci est valable dans de très nombreux pays, sur les cinq continents. La part du PIB consacré au sport est évidemment plus importante dans les pays les plus développés en raison des investissements lourds, notamment en matière de stades, mais aussi par la part importante accordée à ce type de dépenses par les ménages.
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+ Hors bénévolat, le poids économique du sport dans l'économie française est évalué à 1,73 % du PIB, soit 27,4 milliards d'euros en 2003[24]. En 2019, le sport pèse 1,5% du PIB français.
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+ Les dépenses des ménages représentent plus de 50 % de ces montants (14,2 milliards d'euros en 2003 et 12 milliards d'euros en 2019), contre 7,9 milliards d'euros pour les collectivités locales, 3,2 pour l'État, et 2,2 pour les entreprises. Parmi les dépenses sportives des ménages en 2003, 3,7 milliards sont consacrés aux vêtements de sport et chaussures, 2 aux biens durables, 2,7 aux autres biens et 5,8 aux services. Le Ministère de la Jeunesse et des Sports estime à 100 000 (58 % d'hommes pour 42 % de femmes) le nombre de salariés travaillant pour le secteur sportif en France pour quelque 20 000 employeurs.
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+ Cette économie est tirée par les engagements des sportifs professionnels, tels que les grandes compétitions internationales, mais aussi par le bénévolat de masse des sportifs amateurs comme la pratique du football en Europe. Elle bénéficie du développement du sport et elle l'accélère. Elle permet aux sportifs professionnels de travailler dans des conditions toujours meilleures, aux sportifs amateurs d'accéder à leur loisir à des coûts de plus en plus attractifs et aux spectateurs d'assister à des compétitions toujours plus spectaculaires et plus festives.
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+ D'un autre côté, comme tout domaine économique, l'économie du sport n'échappe pas à certaines dérives telles que la corruption ou le dopage.
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+ Des liens de proximité existent entre sport, santé, économie et environnement, depuis longtemps. Les liens avec l'environnement et la santé sont plus évidents avec les « sports de pleine nature », et indirects (via les impacts différés ou indirects) avec les sports en salle ou les sports dits « automobiles » ou « mécaniques ». En tant que tels, les enjeux de soutenabilité du développement des activités sportives ont vraiment émergé dans les années 1990, dans le contexte du Sommet de la Terre de Rio (juin 1992) et de ses suites. Le Mouvement olympique[Qui ?] considère depuis 1999 « l'environnement comme le troisième pilier de l'Olympisme, après le sport et la culture » et dit avoir « développé une politique volontariste de défense de l'environnement qui s'est exprimée dans le « Pacte de la Terre », les actions de collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la réalisation de Jeux Olympiques « verts » et la tenue de conférences mondiales et régionales sur le Sport et l'environnement ».[réf. souhaitée]
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+ La pollution a son importance pour les grands évènements sportifs, car elle peut nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire totale, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme », explique le Dr Pierre Souvet, Président de l’Association Santé Environnement France[25]. La pollution de l'air s'invite d'ailleurs souvent aux Jeux Olympiques. En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[26].
184
+
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+ L'impact environnemental du « sport spectacle » n'est pas le seul à poser problème. Aujourd'hui, compléments alimentaires, barres énergétiques, anti-transpirants, boissons énergisantes : tous ces produits que l’on vend aux sportifs (voir alimentation du sportif) sont suspectés d'être toxiques pour la santé du sportif et pour l'environnement. Ces produits « miracles » peuvent contenir trop de sel, trop de sucres, mais aussi des molécules chimiques (taurine, riboflavine, pyridoxine), des métaux lourds (plomb, aluminium) ou encore des nanoparticules. Celles-ci peuvent avoir des effets délétères sur la santé et sur l'environnement. À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2012, l'Association Santé Environnement France, qui réunit environ 2 500 médecins, a publié un petit guide de conseils pratiques tous basés sur des études scientifiques sérieuses[27].
186
+
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+ À partir des années 2000 des infrastructures sportives respectant mieux l'environnement et les paysages ; la protection des ressources naturelles et de la biodiversité ; la réduction des déchets et polluants produits par le sport ; la promotion des jeunes, des populations autochtones, de la coopération internationale, de la démocratisation du sport et du rôle de la femme ; la lutte contre les discriminations ainsi que le développement du sport féminin comptent parmi les défis et engagements du CIO en faveur de la soutenabilité du sport[28].
188
+
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+ Au niveau mondial, le comité olympique a produit son propre Agenda (l'Agenda 21 du CIO[28], en 1999), suivi d'une résolution du Conseil de l'Europe en 2000, et d'une déclinaison et adaptation française en 2005 (en un « Agenda 21 du sport français[29] »). Cet Agenda 21 français invite notamment toutes les fédérations sportive à se doter d'une Commission Environnement et développement durable, qui pourra proposer et évaluer les moyens, pour chaque type d'activité sportive, de construction d'infrastructures sportives ou de déplacements sportifs, de minimisant les impacts directs et indirects, immédiats et différés sur les ressources naturelles (y compris foncières) pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables (ex : eau, air, sol, faune, flore, écosystèmes, puits de carbone, services écosystémiques, etc.). Ainsi un nombre croissant de manifestations et d'activités sportives cherchent à minimiser leur empreinte écologique et leur empreinte carbone et parfois à rembourser leur « dette carbone » (dette écologique).
190
+
191
+ En France, la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (mai 2011), est accompagnée de premiers « engagements de l’État »[30] qui vont dans le sens de l'Agenda 21 du comité olympique. Ces engagements de l’État précisent que les sports devront mieux tenir compte de la biodiversité via notamment une écoconditionnalité des aides publiques (« améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les équipements et manifestations sportifs, en particulier en conditionnant les aides publiques ») ; l'état s'engage aussi à « soutenir la mutualisation des bonnes pratiques (agricoles, forestières, sports et biodiversité ».
192
+
193
+ Le sport en général est un refuge pour les comportements haineux[31], ainsi une étude menée par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports d'Aquitaine montre que l'homophobie est bien plus élevée chez les sportifs que dans la population générale[32]. Ceci est notamment vrai pour le football, où la xénophobie et l'homophobie ne sont pas rares[33]. Les sportifs à avoir révélé leur homosexualité ne sont pas nombreux, et la communauté LGBT organise des évènements, comme les Gay Games, pour que l'orientation sexuelle ne soit plus un vecteur de discrimination[34]. Le sport peut aussi être perçu comme un refuge du sexisme, en effet dans la quasi-totalité des sports ce sont les catégories homme qui sont les plus médiatisées[35].
194
+
195
+ La part importante accordée aux sports dans les médias de masse pousse certaines personnes à critiquer ce fait comme étant une stratégie visant à divertir les gens, afin de les empêcher de se concentrer sur les problèmes premiers, à l'image de la société du spectacle décrite par Guy Debord[36]. Cette critique dont l'historien Sébastien Nadot s'est fait le chantre rejoint celle formulée par Juvénal et son célèbre Panem et circenses.
196
+
197
+ Toutefois parce qu'il est de plus en plus diffusé (accroissement des heures comme des disciplines), il reste un des principaux fédérateurs de foules, phénomène accentué depuis 2012[37] ; année de l'ouverture de chaînes télé consacrées aux sports en particulier la chaîne l’Équipe, des chaînes payantes thématiques beIN SPORTS, la même année, les chaînes Eurosport en 2015 ou encore le lancement des chaînes SFR Sport en 2016, même si des groupes traditionnels de l'audiovision ont pu proposer dès 1998 des chaînes dédiées au sport comme CANAL+ Sport.
198
+
199
+ La sociologie du sport traite du rôle du sport dans la société :
200
+
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+ De nombreux sites internet sont développés dans l'objectif de coacher et d'aider les personnes qui veulent se mettre au sport. On note plusieurs catégories de sites :
202
+
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+ L'univers du sport, tant réel que virtuel est désormais numérique et marketé.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Film documentaire:
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1
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
+
3
+ Le terme de banque renvoie à deux conceptions. Soit il s'agit d'un secteur d'activité économique, celui traitant les opérations de banque — le secteur bancaire —, qui comprend les fournisseurs et les distributeurs des contrats relatifs à ces opérations. Soit le terme vise l'un des types d'entreprises actifs dans ce secteur, essentiellement des établissements de crédit ou des établissements de paiement, s'agissant des fournisseurs de services, ou des entreprises d'intermédiation bancaire, pour ce qui concerne les distributeurs de ces mêmes services.
4
+
5
+ Le dictionnaire Larousse définit la banque comme un « Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières »[1]. Au sens du droit positif français, essentiellement d'origine européenne, une banque est l'une des catégories légales d'établissement de crédit (article L. 511-1 du Code monétaire et financier).
6
+
7
+ Ces établissements de crédit exercent sous la condition de disposer d'une autorisation administrative, telle que l'agrément, en France ; ils pratiquent l'octroi des opérations de banque (article L.311-1 de ce même Code monétaire et financier). L'activité étant subordonnée à cette autorisation conduit parfois à la qualifier de "monopole", terme juridiquement inadéquat. De plus, ces établissements bancaires ne disposent pas davantage du monopole de la distribution bancaire, qui représente la fonction de commercialisation. Ils partagent cette fonction de distribution bancaire avec d'autres acteurs bancaires, les intermédiaires qui ne sont pas des banques.
8
+
9
+ La taille d'un établissement de crédit se mesure soit en fonction de son chiffre d'affaires (ou Produit Net Bancaire, cf infra), soit en fonction de celle de son bilan comptable (total des actifs), soit encore de ses parts de marché ou du nombre de ses employés. En 2014, la plus grande banque au monde, par le total des actifs, est la banque chinoise Industrial & Commercial Bank of China, devant la britannique HSBC[2].
10
+
11
+ Une banque est donc, à la fois, une entreprise qui :
12
+
13
+ Elle est ainsi au cœur du commerce de l'argent et en responsabilité directe dans la gestion des risques financiers présents dans un système économique.
14
+
15
+ Cette activité peut être exercée pour le compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds, proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement (chèques, cartes bancaires) et de change, prêter de l'argent (crédit), et plus généralement se charger de tous services financiers. Une banque commerciale peut également intervenir pour réaliser des opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son compte ou celui de sa clientèle.
16
+
17
+ Les activités de banque de dépôt (ou « banque commerciale ») peuvent se distinguer de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux types d'activité, ce qui donne régulièrement lieu à débat (voir celui inauguré au début du XXe siècle par la Doctrine Germain).
18
+
19
+ En raison de l'importance des activités bancaires dans l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation précise encadrant l'exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter des dépôts, gérer et distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, prélèvements, principalement) sont donc des activités réservées à des établissements agréés et soumis à autorisation préalable.
20
+
21
+ Les deux fonctions des banques commerciales, gérer les risques et vendre les produits bancaires, doivent être clairement dissociées. En effet, des entreprises sans agrément, mais immatriculées, peuvent distribuer des produits bancaires, dont les risques restent gérés par les établissements bancaires[3].
22
+
23
+ Les banques commerciales assurent la bonne tenue d'un registre des comptes et la gestion des transferts entre ces comptes. À ce titre elles facilitent les échanges économiques et contribuent à la traçabilité des flux financiers. L'État leur confère souvent la responsabilité d'assurer la traçabilité des opérations financières et ainsi de contribuer à la lutte contre les trafics illicites, le blanchiment d'argent ou plus récemment contre la fraude fiscale (voir en particulier la lutte contre les paradis fiscaux).
24
+
25
+ Dans le système bancaire, les établissements bénéficient d'un pouvoir important étant des agents économiques de la création de la monnaie. Les banques ont en effet la faculté de créer et de gérer des dettes. Toute dette ainsi créée équivaut à une création de monnaie, toute dette éteinte par son remboursement équivaut à une destruction de monnaie. L'impact économique de cette monnaie dite « scripturale » selon les mécanismes décrits par la théorie économique est fort :
26
+
27
+ En sens contraire, les restrictions de liquidité ou de financement qui seraient pratiquées par les établissements bancaires provoquent des restrictions immédiates sur l'économie.
28
+
29
+ La dynamique qui permet aux banques de fournir du crédit aux agents économiques est techniquement permise :
30
+
31
+ Toutes ces décisions constituent une prise de risque qui doit être convenablement appréciée et maîtrisée, même si en contrepartie, elles créent le soutien nécessaire aux activités économiques jugées saines et opportunes.
32
+
33
+ En sus des billets de banque et des pièces de monnaie, la monnaie scripturale - qui matérialise le résultat de ces décisions - figure dans les comptes des banques et représente maintenant des montants considérables (plus de 90 % de la masse monétaire définie comme la quantité de monnaie en circulation). Ceci explique qu'elle soit encadrée :
34
+
35
+ Au XVIe siècle, la banque est « la table de changeur ou de commerçant, le lieu où se fait le trafic, le commerce de l'argent »[4]. Le mot correspond à une forme féminine de « banc » et dérive de l'italien « banca » introduit en France lors de l'installation des banques italiennes à Lyon.
36
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37
+ L'usage de telles « tables » est attesté dans les temps plus anciens.
38
+
39
+ La Bible rapporte que Jésus, chassant les marchands du Temple, bouscule les « tables des offrandes et des changeurs ».
40
+
41
+ Dans le monde orthodoxe grec, la « trapeza » désigne la table où, dans les monastères, les pèlerins viennent déposer leurs offrandes. Aujourd'hui, en grec moderne, le terme « trapeza ou Τραπεζα » signifie également « Banque ».
42
+
43
+ Le cadre bancaire et financier, en France, est donné par le Code monétaire et financier.
44
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45
+ Ce recueil normatif ne procure pas de définition juridique de la « Banque ».
46
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47
+ En revanche, il propose et connaît six natures juridiques d'établissements :
48
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49
+ Les banques appartiennent donc à la catégorie juridique et économique des établissements de crédit, lesquels réalisent des opérations de banque telles que définies par la loi dans le respect des dispositions législatives et réglementaires correspondantes.
50
+
51
+ En France, l'article L.311-1 du code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».
52
+
53
+ Dans chaque zone monétaire, l'activité bancaire se trouve être supervisée par une banque -la banque centrale- disposant d'un statut particulier lui assurant une relative indépendance pour assurer des missions spécifiques :
54
+
55
+ Il existe plusieurs types de « banques » en fonction :
56
+
57
+ Comme rappelé en introduction, le terme « banque » peut renvoyer, soit à un type d'établissement, soit à un secteur d'activité. En ce cas, il convient de noter que « la banque » regroupe des entreprises qui peuvent avoir différents statuts juridiques : « les banques » ne sont pas les seules à composer « la banque ».
58
+
59
+ Les premières techniques de banques sophistiquées de l'histoire bancaire européenne apparaissent dans les villes italiennes de Florence et Gênes à la fin du Moyen Âge.[5] Les premiers échanges de parts standardisées et diversifiées, relevant de l'histoire boursière, ont lieu dans le quartier du Rialto à Venise.
60
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+ Ensuite l'Angleterre joue un rôle moteur dans les deux domaines, lors de Révolution financière britannique des années 1690. Puis le Bank Charter Act de 1833 incite les banques anglaises à se faire coter en Bourse pour pouvoir émettre des billets de banque, à une époque où ceux-ci inspirent encore de la méfiance à une partie de la population en Europe et aux États-Unis. Au cours de la seule année, 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres[6].
62
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63
+ En France, l'expansion du secteur bancaire démarre véritablement après la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, obligeant la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser de l'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre.[7] Ce diktat allemand fait doubler la dette publique française, mais crée une classe d'épargnants, avec 4 millions de français porteurs d'obligations du Trésor français en 1880, contre 1,5 million en 1870[8]. Le besoin d'un réseau bancaire se fait sentir, ce qui accélère la création de grandes banques de dépôt (Création du Crédit lyonnais en 1863 à Lyon par François Barthélemy Arlès-Dufour et Henri Germain ou la Société Générale à Paris en 1864) et contribue à l'expansion boursière sous la IIIe République.
64
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65
+ En Suisse, les banques privées des XVIe et XVIIe siècles ne pouvaient pas profiter du grand business avec l'endettement public comme les établissements financières dans les grandes royaumes d'Europe, car les pouvoirs décentralisés dans le pays alpin manifestait à ce temps-là déjà beaucoup de discipline fiscale. Elles focalisaient donc leur activités dans le commerce et les investissements à l'étranger. Après 1850, l'industrialisation et le développement du réseau ferroviaire créaient en Suisse un grand besoin pour des moyens d'investissement à domicile. Des banques modernes qui ont été créées à ce temps-là, après beaucoup de fusionnements, se formaient jusqu'à la fin du XXe siècle, les deux grandes banques UBS et Crédit suisse. Le troisième groupe important des banques en Suisse sont les caisses cantonales et communales dont les premières ont été créées au XIVe siècle[9].
66
+
67
+ Les tendances contemporaines observées dans l'activité bancaire sont :
68
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69
+ Cette évolution de la distribution des produits et des services bancaires est notable, en France, avec l'introduction d'un nouveau cadre réglementaire en 2013 (articles L. 519-1 à L. 519-6 et R. 519-1 à R. 519-31 du code monétaire et financier).
70
+
71
+ L'impact de cette évolution de la vente bancaire est fort ; celui-ci touche tous les clients des banques. Autrefois marquée par la spécialisation des banques (ventes réservées aux seuls établissements de crédit et établissements spécialisés dans tel ou tel produits ou clientèles), la commercialisation des opérations bancaires est devenue généraliste et mixte. Aux côtés des réseaux « classiques » d'agences distributrices, se sont installés durablement de nouveaux canaux de vente et de nouveaux types de vendeurs. Par exemple, les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement ou IOBSP comme le sont les courtiers en crédit qui pratiquent le courtage en prêt immobilier. Des normes juridiques sont applicables à ce volet très actuel des évolutions bancaires, visant à mieux assurer l'osmose entre les consommateurs et les circuits bancaires. En particulier, ces nouveaux distributeurs bancaires sont soumis à des règles d'accès à la profession.
72
+
73
+ Il est assez probable que cette évolution forte transformera le nombre et les fonctions des agences bancaires, avec l'apparition, à proche avenir, de réseaux de vente de produits bancaires indépendants des banques.
74
+
75
+ Ces activités se concentrent autour des opérations de banque. Celles-ci sont donc au nombre de trois : crédit, dépôts reçus du public et paiements.
76
+
77
+ Des prestations connexes, complémentaires, peuvent être proposées par les établissements bancaires. Les investissements financiers et instruments de placement relèvent, quant à eux, de l'activité financière.
78
+
79
+ La fourniture de crédit s'analyse en fonction de la nature du crédit consenti (professionnel, immobilier, à la consommation, regroupement de crédits), ainsi que de la nature de l'emprunteur (entreprise, consommateur, État ou entités publiques).
80
+
81
+ L'établissement bancaire :
82
+
83
+ Le premier service spécifique des banques aux entreprises est la gestion des traites (LCR, Billet à ordre). L'escompte des traites est une des activités historiques des banques. Elle reste importante en France où la traite a la vie tenace, moins dans d'autres pays. L'escompte des traites est un crédit relativement court.
84
+
85
+ Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
86
+
87
+ Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou de ses dirigeants.
88
+
89
+ Avec la dé-spécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks, des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des banques.
90
+
91
+ Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit proprement dite[réf. nécessaire].
92
+
93
+ Les banques cherchent à se placer à toutes les phases de vie d'une entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions, acquisitions, restructuration, sortie de cote, cession.
94
+
95
+ Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients), l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales spécialisées).
96
+
97
+ L'une des contestations les plus fréquentes de ces activités provient des PME-PMI qui contrairement aux grands groupes ont en général beaucoup de mal à se faire financer notamment en phase de récession ou de mauvais climat des affaires. Les autorisations de découvert sont systématiquement retirées provoquant de graves difficultés de trésorerie exogènes et indépendantes de la santé des entreprises en question. Le financement participatif envisage une réponse à cette critique.
98
+
99
+ La consanguinité entre gestion de fortune et production de fonds de placement a été souvent dénoncé comme source de conflits d'intérêt, la banque pouvant utiliser les mandats de gestion de la gestion de fortune pour faire vivre ses propres produits de placement dans lesquels pouvaient être placé des produits plus ou moins toxiques.
100
+
101
+ L'introduction massive des CDO dans les OPCVM de trésorerie dits dynamiques a rappelé les dangers de l'asymétrie dans la connaissance des risques entre gestionnaires et particuliers. La banque recevait d'un côté des commissions extrêmement importantes et de l'autre introduisait du risque non perçu par la clientèle.
102
+
103
+ De même l'introduction d'escroqueries comme les différents « fonds Madoff » dans les comptes en mandat de gestion en contrepartie de très fortes commissions fait l'objet de sévères critiques, notamment pour les clients de la banque suisse UBS. On s'attend généralement à une certaine prudence et à des vérifications de la réalité des titres intégrés dans les portefeuilles. L'expérience a montré que cette espérance pouvait ne pas être exactement fondée, l'attrait des commissions l'emportant sur l'intérêt des clients.
104
+
105
+ La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre. Le cas le plus caricatural est celui de l'action Wanadoo introduite à très haut cours par certaines grandes banques françaises puis retirée à moitié prix quelque temps plus tard. Les portefeuilles sous mandat ont été gorgés de ces titres et ont perdu 50 % de leur valeur sans que les épargnants puissent réagir. La banque elle a gagné deux fois sur une opération perdante pour ses clients.
106
+
107
+ La situation d'un groupe financier commercialisant, auprès de ses clients, des titres de sociétés appartenant à ce même groupe, est également pointé comme une source de conflit d'intérêts.
108
+
109
+ Ces excès expliquent que des voix s'élèvent pour interdire les doubles rémunérations par les gestionnaires de fortune. Même si la réalité de ces opérations est partiellement masquée par le fait que ce sont des parties différents de la banque voire des filiales différentes qui assurent ces doubles rémunérations.
110
+
111
+ Un autre aspect de cette problématique tient aux activités de gestion pour compte propre de la banque qui peut spéculer et acquérir des titres dangereux qu'il est facile de refiler aux comptes en gestion de fortune, voire aux clients en général. Il a été noté aux États-Unis qu'une bonne part des produits titrisés à haut risque et hautes commissions ont d'abord été monté dans le cadre de la gestion pour compte propre avant d'être vendu avec commission aux épargnants. Des procès sont en cours en Suisse contre l'UBS pour des opérations du même genre (création d'ABS puis cession aux petits épargnants).
112
+
113
+ En matière de crédits aux particuliers, à la consommation ou immobiliers, un cadre juridique commun de distribution s'est mis en place, en 2008 et en 2016 (ordonnance 2016-351 du 25 mars 2016). Ce cadre impose des obligations partagées et communes à tous les distributeurs de crédits aux particuliers. La France a décidé d'étaler sa mise en œuvre, entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019.
114
+
115
+ Depuis que la Banque centrale ne peut plus directement financer le Trésor Public par la création de monnaie, une norme qui s'est progressivement généralisée et qui est appliquée notamment par la BCE en application l'article 123 du TFUE[11] (ex article 104 du Traité de Maastricht[12]), ce sont les banques commerciales et le marché monétaire qui financent les déficits publics. Des pays qui comme la France sont en situation de déficits constants pratiquement depuis la crise de 1974 ont vu leur endettement s'envoler et représenter une part croissante du produit net bancaire. En France, le crédit aux collectivités locales s'est également considérablement accru en proportion de l'extension considérable de leurs budgets depuis la décentralisation.
116
+
117
+ Ici encore, de nombreuses voix s'élèvent contre une activité de prêt pratiquement captive qui voit la banque bénéficier pour son compte propre de la rente de création de monnaie au détriment de l'État, alors que le seigneuriage sur un financement en billets serait acquis à l'État. En effet, les prêts des banques à l'État peuvent, dans certains cas, augmenter le déficit public. Ainsi, les impôts augmentent au profit des actionnaires des institutions bancaires.
118
+
119
+ Les sûretés constituent des actes de crédit.
120
+
121
+ Par exemple :
122
+
123
+ Les établissements bancaires fournissent aux déposants une série de services :
124
+
125
+ L'établissement bancaire établit des chèques de banque pour certaines transactions sécurisées.
126
+
127
+ Outre les trois opérations de banque, les établissements bancaires commercialisent d'autres services ou produits.
128
+
129
+ Les contrats d'assurance sont distribués par des établissements bancaires, de même que les entreprises d'assurance proposent des opérations de banque.
130
+
131
+ Ces services d'investissement, ou services financiers, sont souvent proposées par les établissements bancaires. Ils portent sur les instruments financiers, eux-mêmes composés de titres financiers (titres de capital, titres de créances, parts d'OPCVM) et de contrats financiers, qui sont des contrats à terme (en France, articles L. 321-1 et L. 211-1 du code monétaire et financier).
132
+
133
+ Les opérations sur le passif, parfois désignée comme opérations « de haut de bilan », qui étaient le privilège des banques d'affaires sont désormais mises en œuvre par toutes les banques.
134
+
135
+ Il peut s'agir d'introduction en bourse, de LBO, d'émission d'obligation, de cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette de la clientèle, à titre d'exemples.
136
+
137
+ La typologie des banques, forte lorsque la loi en imposait les contours, s'est beaucoup relâchée à partir des années 1980, au profit d'une banque-assurance universelle prenant la forme de géants de la finance, gérés comme des industries. Ce qu'on appelle aujourd'hui « banque » est en général un conglomérat financier qui gère toutes les activités financières, et non les seules activités bancaires au sens légal du terme. Le schéma représente le possible découpage en différentes entités fonctionnelles des banques.
138
+
139
+ Il ne précise pas les statuts juridiques requis par ces activités, qui font l'objet d'une autre typologie.
140
+
141
+ L’ensemble des banques, chapeauté par la banque centrale, forme le secteur bancaire d’une zone monétaire. On distingue ainsi différents types de banques selon leur rôle.
142
+
143
+ Une banque centrale a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des différentes banques, de veiller à leur solvabilité à l'égard des déposants, de superviser la production de monnaie par ces banques, et d’en réguler l’usage par le biais du taux directeur. La théorie économique y voit un moyen de réguler la croissance, via l’incitation à l’épargne ou à la consommation, et d’agir sur l’inflation.
144
+
145
+ Les banques de dépôt (en anglais : commercial banks) travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque de détail (en anglais, retail banking) destinée aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises, et la banque d'affaires (en anglais, wholesale banking) destinées aux moyennes et grandes entreprises. La banque d'investissement (en anglais, investment banking) est active sur les marchés financiers, se chargeant des opérations financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les souscriptions d'actions, les introductions en bourse, les fusions-acquisitions, etc.
146
+
147
+ De plus en plus, les banques de détail et d’investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou d’autres activités financières. Fréquemment, ceux-ci rattachent à la filiale banque d’investissement les activités de banque d'affaires.
148
+
149
+ Aux États-Unis, le Banking Act de 1933, plus connu sous le nom de Glass-Steagall Act, a imposé une stricte séparation entre les activités de banque de détail, qui reçoit les dépôts et qui effectue des prêts et de banque d'investissement, qui réalise des opérations sur titres et valeurs mobilières. Adoptée à l’apogée de la crise de 1929, cette loi visait à interdire la répétition de ce qui, à l’époque, était perçu dans l’opinion comme l’une des causes de la bulle boursière et la spéculation sur les actions par les banques de détail. Battu en brèche depuis la déréglementation des marchés financiers américains le 1er mai 1975, le Glass-Steagall Act est tombé progressivement[réf. nécessaire] en désuétude et a fini par disparaître à l’automne 1999 (Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999) pour permettre la constitution aux États-Unis de grandes banques universelles, comme Citigroup.
150
+
151
+ Il existe des banques spécialisées dans un segment d’activité spécifique, souvent issues d’une ancienne réglementation ou, en France, de la distribution dans le passé de certains prêts bonifiés :
152
+
153
+ Les établissements bancaires se distinguent également en fonction de la manière dont leurs forme juridique et leur capital, et conséquemment leur gouvernance, sont organisés.
154
+
155
+ Dans chaque pays, il existe un ou plusieurs organismes professionnels qui représentent les banques, parfois selon leur type. Ce sont des syndicats professionnels de défense d'entreprises bancaires.
156
+
157
+ La Fédération bancaire française est l’organisation professionnelle qui représente les banques installées en France : commerciales, coopératives ou mutualistes, françaises ou étrangères.
158
+
159
+ L'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (APIC), ou encore l'Association professionnelle des intermédiaires bancaires (AFIB), avec l'Association Professionnelle Financement Participatif France (APFPF), forment d'autres associations professionnelles de nature bancaire.
160
+
161
+ Le secteur bancaire comprend 28 banques canadiennes, 24 filiales de banques étrangères et 24 succursales de banques étrangères offrant des services complets, ainsi que quatre succursales de prêts de banques étrangères exerçant des activités au Canada[13]. De plus, on compte 6205 succursales bancaires actives au Canada. Le système bancaire canadien est considéré comme très solide. Il comprend la banque centrale qui comprend un gouverneur général et plusieurs sous-gouverneur. Il a su bien gérer les différentes crises survenues lors des dernières années. Leurs sources de revenus diversifiés est en partie responsable de leur fiabilité. Les banques canadiennes emploient 279 795 canadiens à temps plein afin de s'occuper de leurs établissements[14] 81 % des Canadiens ont une bonne impression des banques au Canada[14]. En somme, le secteur banquier canadien est l'un des meilleurs au monde et le classement des banques mondial le prouve sans aucun doute, beaucoup de banques canadiennes se trouvaient parmi le top 10 mondial.
162
+
163
+ Fin 2007, se trouvait dans le monde 7 282 banques commerciales, 1 251 caisses d'épargne et 8 101 coopératives de crédit[15].
164
+
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+ Le système bancaire français présente des fournisseurs, établissements de crédit ou établissements de paiement et des distributeurs, soit les précédents, directement, soit des intermédiaires bancaires, notamment les courtiers en crédits.
166
+
167
+ En France, fin 2012, il y avait 634 établissements bancaires en France et 94 entreprises d’investissement. Sur les 634 établissements bancaires français, 448 (71 %) étaient détenus par des capitaux français et 186 (29 %) par des capitaux étrangers[16].
168
+
169
+ Les établissements bancaires ont créé à partir du milieu des années 1960 des réseaux denses d'agences, pour diffuser les services auprès des particuliers. Cette présence a profondément modifié la physionomie des villes[réf. nécessaire]. Les réseaux sont en voie de forte réduction, depuis les années 2010.
170
+
171
+ À fin 2013, 25.000 intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement étaient en activité, dont environ 5.200 courtiers en crédits, pour 58.000 intermédiaires au total (source : wwww.orias.fr)[17].
172
+
173
+ 68 % des internautes regardent régulièrement le site internet de leur banque (source Ifop). 50 % des internautes font des virements en ligne et 19 % des clients utilisateurs de services de banque en ligne ont déjà souscrit un produit bancaire sur Internet[18].
174
+
175
+ En France, le livret A est l'un des placements financiers de précaution de masse, avec 63,3 millions de livrets A[réf. nécessaire].
176
+
177
+ Dans leur grande majorité, les opérations bancaires sont payantes.La réglementation nationale peut imposer un cadre d'exercice particulier. Ainsi en France le paiement des salaires par virement à des comptes bancaires, a rendu obligatoire l'utilisation des services des banques. La tenue de compte ainsi que l'usage des chèques ont longtemps été gratuits, comme une compensation implicite de la non-rémunération des dépôts à vue.
178
+
179
+ En France, depuis le 1er avril 2014, la clarté tarifaire est une obligation (article D. 312-1-1 du Code monétaire et financier). En septembre 2018, après la révélation par la presse[19], de pratiques tarifaires abusives[20], les établissements bancaires prennent un nouvel engagement de limiter les frais d'incidents de paiement (ou "commissions d'intervention") pour les clients en situation financière fragile[21].
180
+
181
+ Pour un particulier, lire une plaquette tarifaire de 20 à 50 pages, pour y trouver la ligne dont il a besoin est fastidieux. C'est pour cette raison que les comparateurs ont vu le jour. Même s'il est vrai que les banques ont été obligées (par le gouvernement) à faire des efforts et notamment à faire un « extrait standard des tarifs » avec les onze tarifs les plus courants et depuis 2019, elles sont obligées de publier un document d'information tarifaire.
182
+
183
+ La tendance est de faire exécuter la majorité des opérations non plus par des guichetiers mais par l'usager lui-même, ce qui entraîne un mouvement de réduction des agences, depuis 2010[22]. Beaucoup de banques ne fournissent plus de billets à leurs guichets et imposent de passer par des GAB ou des distributeurs de billets. Dans ce cas, la carte bancaire de retrait ne peut être payante, évitant un double gain (frais de cartes et économie de personnel). Même la fourniture des extraits de compte est désormais en libre service dans des banques. La poussée d'Internet a permis l'établissement de banques sans succursales mais aussi le renvoi vers l'internaute, via des procédures sécurisées, de la plupart des opérations relatives au fonctionnement du compte chèque : consultation de la position et des mouvements, virements, demande de chéquiers, etc. Les services Internet étant ici aussi généralement payant la banque gagne deux fois[réf. nécessaire] : économie de personnel et facturation de frais.
184
+
185
+ Certains auteurs, comme le prix Nobel français Maurice Allais, ont longtemps milité pour que les prêts soient couverts à 100 % par des dépôts à terme plus long (100 % monnaie) et que les banques facturent au prix du marché leurs services comme la fourniture de moyens de paiements, y compris les chèques. La réduction constante de la part des dépôts dans la ressource bancaire rend cette suggestion moins difficile à admettre par les banques.
186
+
187
+ Le produit net bancaire des banques est l'ajout des marges d’intermédiation Crédit / Prêt et des différents commissions bancaires frais et services. Il provient :
188
+
189
+ Les banques centrales sont des institutions nationales ou supra-nationales à but non lucratif qui émettent de la monnaie.
190
+
191
+ Elles prêtent essentiellement aux banques commerciales. Ces institutions ont pour mission d'assurer la stabilité des prix (c'est-à-dire de limiter l'inflation) et la bonne marche de l'économie. Les banques centrales essaient de maintenir le taux d'inflation, au plus possible, à 2 %. La Banque centrale européenne, elle, établit sa politique monétaire en fixant les taux directeurs selon les intérêts de sa mission. Depuis 2008 la BCE rachète aussi des dettes souveraines ce qui équivaut indirectement à prêter aux États.
192
+
193
+ Les banques centrales sont dans le système financier, indépendantes du pouvoir politique. L'indépendance des banques centrales est considérée comme susceptible de limiter l'inflation. En France la loi de 1973 précise l'autonomie de la banque de France par rapport au pouvoir politique. Cependant, si le droit interdit dans un grand nombre de pays l'achat direct de dette d'état par la banque centrale, celle-ci peut par contre librement acheter cette dette sur le marché secondaire[24]. Alesina et Summers (1993) ont entendu démontrer une relation entre taux d'inflation faible et grande indépendance des banques centrales, mais des études fondées sur un indicateur plus précis de l'indépendance, celui de Cukierman (1992), et menées dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion[25].
194
+
195
+ La régulation désigne une forme particulière d'encadrement d'activité économique. La régulation bancaire se donne pour principaux buts d'assurer la sécurité d'un système bancaire et de protéger les consommateurs bancaires.
196
+
197
+ La régulation établit des normes, selon leurs principes usuels d'élaboration : législatif ou réglementaire.
198
+
199
+ En dehors des banques centrales déjà citées plus haut, les établissements financiers sont soumis à l'autorité d'organismes de supervision, selon les pays et les réglementations.
200
+
201
+ Pour sa part, l'Autorité des marchés financiers (AMF) regroupe l'ancienne Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers. Cette Autorité de supervision est responsable du système financier et de la protection des investisseurs (hors assurance, qui est du ressort de compétence de l'ACPR).
202
+
203
+ L'AMF et l'ACPR déploie un service commun tourné vers la protection des consommateurs : ABE Infoservice (ABEIS).
204
+
205
+ Les autorités de supervision bancaire exercent également pour mission la protection des consommateurs, avec la préservation du système bancaire et financier.
206
+
207
+ Des associations assurent la défense des consommateurs. Les associations de défense des consommateurs aident les clients bancaires à faire valoir leurs droits, par exemple en cas de découvert sans avertissement et de non-respect des procédures (comme la loi Scrivener en France). Elles peuvent notamment préparer la défense des consommateurs devant les tribunaux d'instance et assigner une banque devant ces mêmes tribunaux. Les associations de défense des consommateurs spécialisées dans les litiges bancaires sont l'Association française des usagers de la banque (AFUB)[26] ou l'Association contre les abus des banques européennes (ACABE)[27] ou du CVDCB (Comité de défense des victimes de chèques de Banque) ou de la FNACAB ou Fédération nationale d’action contre les abus bancaires qui a pris la suite du CAAB (Comité d’action contre les abus bancaires)[28] ou l'association nationale des consommateurs et usagers CLCV qui a livré une étude sur les tarifs bancaires en France en 2020 sont constantes.
208
+
209
+ La question de la séparation ou du regroupement par un même établissement bancaire, de différentes activités bancaires et financières est l'une des plus essentielle, du point de vue de la sécurité économique.
210
+
211
+ À la suite de la crise financière de 2007-2010 et la crise de la dette dans la zone euro, des économistes ont préconisé la mise en place de législations bancaires plus strictes inspirées de la doctrine Germain et du Glass-Steagall Act[29] qui permettraient d'opérer une distinction nette entre deux métiers bancaires fondamentalement différents :
212
+
213
+ Cette contrainte est distincte du 100 % monnaie, qui préconise de séparer les activités de tenue de compte et celles de prêt. Elle laisse ouverte la question du lien entre création et destruction monétaire et crédit bancaire.
214
+
215
+ En décembre 2009, les sénateurs John McCain (républicain/Arizona), Maria Cantwell (démocrate/État de Washington), et l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale Paul Volcker ont avancé l’idée d’un retour au Glass-Steagall Act par le biais d’une remise en vigueur du texte de loi originel (Banking Act de 1933[30]). Le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010 est partiellement inspiré de cette proposition, mais ne va pas jusqu'à rétablir la stricte séparation des métiers bancaires.
216
+
217
+ En Europe, un nombre grandissant d'experts appellent à l'adoption d'une réforme en profondeur permettant de séparer une bonne fois pour toutes la banque de dépôt de la banque d'affaires : cette approche régulationniste est préconisée notamment par la Commission Vickers au Royaume-Uni et le World Pensions Council (WPC) en Europe Continentale afin d'éviter les conflits d'intérêts potentiels et les risques de contagion systémique en cas de crise[31],[32].
218
+
219
+ Ce point de vue s'est développé à la faveur de la « Crise du Libor » au cours de l'été 2012, les éditorialistes du Financial Times au Royaume-Uni appelant désormais à l'adoption rapide d'un « Glass Steagall II » Pan-Européen[33].
220
+
221
+ En juillet 2012, l'ex-patron de Citigroup, Sandy Weill, s'est également prononcé en faveur d'une séparation entre les banques d'investissement et les banques de dépôts aux États-Unis. Cette déclaration a été d'autant plus remarquée que Sandy Weill avait été, sous la présidence de Bill Clinton, un des éléments les plus actifs prônant l'abrogation des dernières barrières du Glass-Steagall Act[34].
222
+
223
+ En février 2013, le gouvernement allemand adopte un projet de loi définissant la séparation des activités bancaires, la Grande-Bretagne a opté pour une séparation franche. Le gouvernement de François Hollande préparant, selon le quotidien Le Monde, un « projet de réforme bancaire très édulcoré »[35]. Le projet français de réforme bancaire a été adopté par l'Assemblée nationale le 19 février[36]. Il ne prévoit pas de séparation stricte des activités de détail et de marché, mais le cantonnement, dans une filiale séparée, des activités menées par les banques sur les marchés pour leur propre compte et leur propre profit[37].
224
+
225
+ Au début de 2015, la séparation structurelle des activités de dépôts et des activités spéculatives n'est pas opérée[38].
226
+
227
+ L'intermédiation bancaire désigne la fonction de distribution des services bancaires, hors du réseau direct d'un établissement de crédit ou d'un établissement de paiement.
228
+
229
+ Du point de vue de la protection des consommateurs, le libre choix du vendeur de services bancaires, de crédit, par exemple, est apparu ces dernières années comme une sécurité supplémentaire. Elle répond, en outre, aux comportements manifestés par les consommateurs de produits financiers.
230
+
231
+ Il n'est plus obligatoire d'acheter directement au guichet de la banque les produits vendus par la banque. Ceci permet aux consommateurs de s'adresser aux professionnels en contact avec l'ensemble des fournisseurs bancaires.
232
+
233
+ D'autant que la protection des consommateurs n'est juridiquement pas identique, selon que les produits sont achetés directement auprès de la banque ou auprès d'intermédiaires. Les obligations incombant à la banque en tant qu'agent de vente sont moins fortes que celles des intermédiaires. Le développement, par la jurisprudence du devoir de mise en garde - dans le domaine du crédit - en constitue une illustration.
234
+
235
+ En 2013, la réglementation bancaire[39] a commencé à répondre à cette évolution, en dotant les courtiers[40] notamment en crédits, d'un cadre juridique spécifique.
236
+
237
+ Finalement, ces dispositions juridiques dessinent la consécration d'un droit de la distribution bancaire orienté vers la protection accrue des consommateurs[41].
238
+
239
+ Les banques ne sont plus les seules distributeurs de produits bancaires.
240
+
241
+ Le système bancaire comprend à la fois les fournisseurs de produits, gestionnaires des risques financiers, mais également l'ensemble des distributeurs, qui sont soit les réseaux directs des fournisseurs (les banques), soit des entreprises indépendantes, telles que les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, depuis le 15 janvier 2013, ou encore, les intermédiaire en financement participatif, au 1er octobre 2014.
242
+
243
+ La vente des produits bancaires est assurée, soit directement par les banques, via leurs réseaux d'agences, soit par des professionnels indépendants, l'banque restant décisionnaire du crédit.
244
+
245
+ Ainsi, pour 58.000 intermédiaires de l'assurance, de la banque ou de la finance, le registre unique tenu par l'ORIAS recense près de 27.000 IOBSP, dont environ 6.300 courtier en crédits, à fin 2017[42]. Outre leur nombre, en forte croissance depuis le recensement de 2014, leur marché s'organise, avec de nouvelles enseignes et surtout, la constitution de groupes de distribution bancaire de grandes tailles[43].
246
+
247
+ Le régime juridique de l'intermédiation bancaire, notamment du point de vue de la protection des consommateurs, cumule quatre niveaux :
248
+
249
+ Ces obligations, de nature bancaire, sont posées par le code monétaire et financier.
250
+
251
+ La responsabilité de l'intermédiaire bancaire, à l'égard du client, est distincte de la responsabilité de l'établissement de crédit.
252
+
253
+ En particulier, l'accès à la profession d'intermédiaire bancaire, puis son exercice, suppose le respect de conditions spécifiques[44].
254
+
255
+ Le cadre de la distribution bancaire des crédits immobiliers aux particuliers a fait l'objet d'une harmonisation en 2016, avec la transposition de la Directive 2014/17 UE du 4 février 2014. Tous les vendeurs de crédits immobiliers aux particuliers sont soumis aux mêmes obligations, progressivement mises en œuvre entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019. Elle fait suite à celle touchant les crédits à la consommation, la Directive 2008/48 CE du 23 avril 2008.
256
+
257
+ Les principales banques françaises financent activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans une étude publiée en novembre 2019, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre soulignent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », relève l'étude[45].
258
+
259
+ Parmi les critiques, se trouvent notamment celles avançant :
260
+
261
+ Parmi les critiques, on relève celles avançant :
262
+
263
+ Le débat sur la place des activités financières, principalement réalisées par les banques, dans l'économie ressort à chaque crise financière. En France, le débat agite ainsi le monde intellectuel, après la première vague de libéralisation des marchés. Le Monde Affaires du 28 février 1987 titre ainsi, L'industrie malade de la finance. L'idée sera repris dans les polémiques qui concernent le krach boursier d'octobre 1987. Parmi ses critiques figurent l'économiste libéral Bertrand Jacquillat[52] et le banquier Gérard Worms[53].
264
+
265
+ Après l'explosion de la crise des subprimes de 2007-2008, de nombreux observateurs ont de nouveau mis en cause, à travers le monde, le poids du secteur bancaire et financier au sein de l'économie. Certaines études suggèrent que des déséquilibres trop importants en faveur de la sphère financière sont annonciateurs de crises graves :
266
+
267
+ La crise bancaire qui s'approfondit depuis l'été 2007 et qui a conduit à partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 à la quasi faillite d'un grand nombre d'établissements, dont beaucoup ont dû être nationalisées en tout ou en partie, notamment en Grande-Bretagne, a provoqué une grande accélération de la contestation des banques et de leurs pratiques qui débouchera sans doute sur des réformes importantes et en tout cas sur la fin de la dérégulation mise en place à partir des années 1980. Les banques ont bénéficié de plans de relance garantissant une part majeure des prêts accordés aux PME, à travers des organismes tels que la Banque publique d'investissement en France et la mise en place d'un médiateur du crédit.
268
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269
+ Pour l'analyste de l'économie sociale et solidaire, Michel Abhervé, la situation décrite durant ce procès résulte de l'éloignement des groupes bancaires concernés, Caisse d'épargne et Banque populaire, des valeurs coopératives[63].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Harry Potter [ʔaʁi pɔtœʁ][a] (en anglais : [ˈhæɹi ˈpɒtə][b]) est une série littéraire de low fantasy écrite par l'auteure britannique J. K. Rowling, dont la suite romanesque s'est achevée en 2007. Une pièce de théâtre, considérée comme la « huitième histoire » officielle, a été jouée et publiée en 2016. Les livres et le script de la pièce ont été traduits en français par Jean-François Ménard.
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+ La série de sept romans raconte les aventures d'un jeune sorcier nommé Harry Potter et de ses amis Ron Weasley et Hermione Granger à l'école de sorcellerie Poudlard, dirigée par Albus Dumbledore. L'intrigue principale de la série met en scène le combat de Harry contre Lord Voldemort, un mage noir à la recherche de l'immortalité ayant autrefois assassiné les parents du garçon. À la tête de ses fidèles adeptes, les Mangemorts, Voldemort cherche depuis des décennies à acquérir le pouvoir absolu sur le monde des sorciers et des Moldus (les humains sans pouvoirs magiques).
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+ Ancrés dans la société britannique des années 1990, les romans comportent de nombreux aspects du roman d'apprentissage. Le personnage principal évolue tout d'abord dans un monde dépourvu de magie, puis découvre peu à peu ses capacités, son héritage et ses responsabilités. Tandis que le premier roman établit les bases d'un univers magique librement inspiré des contes et du folklore britannique, l'intrigue gagne en profondeur au fil des romans, abordant des sujets comme la mort ou le libre arbitre. La série a fait par ailleurs l'objet de nombreuses controverses.
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+ Depuis la sortie du premier roman, Harry Potter à l'école des sorciers, le 26 juin 1997, les livres ont gagné une immense popularité, représenté un succès commercial et ont été acclamés par la critique. En février 2018, ils ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires et traduits en 80 langues, faisant de cette série la plus vendue de l'histoire de la littérature. J. K. Rowling figure désormais parmi les auteurs britanniques les plus lus de la planète avec William Shakespeare et Agatha Christie.
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+ Huit films à succès (le dernier roman ayant été scindé au cinéma en deux parties), rapportent au total plus de 8 milliards de dollars et accèdent à la troisième place des franchises les plus rentables de tous les temps après celles de l'univers Marvel et de Star Wars. Des jeux vidéo et de nombreux autres produits dérivés ont également été adaptés de la série, sans compter les parcs d'attraction, expositions et plateformes numériques. La pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit, jouée depuis 2016 dans plusieurs pays, met en scène les personnages de la saga originale et leurs enfants, narrant leurs aventures dix-neuf ans après la fin du dernier tome.
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+ Les sept romans ont été publiés entre 1997 et 2007[1],[2].
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+ L'histoire, se situant dans les années 1990[3],[4], raconte la jeunesse de Harry Potter, sorcier orphelin élevé sans affection ni considération par la seule famille vivante qui lui reste : son oncle et sa tante moldus (sans pouvoirs magiques). Le garçon découvre son identité de sorcier[5], son héritage tragique[5] et la responsabilité qui lui revient[6].
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+ Harry est considéré comme « le survivant[7] » depuis que ses parents Lily Evans et James Potter ont été assassinés. Le puissant mage noir Lord Voldemort les a tués dix ans plus tôt alors que Harry, qui n'était alors qu'un bébé, est parvenu à échapper de manière très inattendue au sortilège de la mort[7]. La tentative de meurtre était motivée par une prophétie annonçant à première vue que Harry anéantirait un jour les pouvoirs de Voldemort[6]. Cependant, le sortilège lancé par Voldemort sur l'enfant se retourne inexplicablement contre son lanceur et le désintègre, laissant le garçon intact avec pour seule trace de cet événement une cicatrice en forme d’éclair sur le front[7]. Le garçon devient par conséquent très célèbre parmi les sorciers, tandis qu'il demeure ordinaire chez les Moldus.
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+ Chacun des romans se déroule pendant une année scolaire[1], tout au long de la jeunesse de Harry. Durant ces sept ans, le jeune sorcier va notamment assister au retour de Voldemort[8] et à sa seconde ascension vers le pouvoir, et le combattre jusqu'à l'affrontement final du septième et dernier tome[9].
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+ L'intrigue du premier roman débute durant l'été 1991. Peu avant son onzième anniversaire, Harry reçoit une lettre l'invitant à se présenter lors de la rentrée des classes à l'école de sorcellerie de Poudlard[5]. Malgré les tentatives de son oncle et de sa tante pour l'empêcher de s'y rendre, Rubeus Hagrid, un « demi-géant » envoyé par le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore[5], va faire découvrir à Harry le monde des sorciers et l'amener à se rendre à la gare de King's Cross de Londres, où il prendra le Poudlard Express qui le conduira jusqu'à sa nouvelle école. Une fois à Poudlard, Harry apprend à maîtriser et utiliser les pouvoirs magiques qu'il possède et se fait deux amis inséparables : Ronald Weasley et Hermione Granger[10]. Le trio tente d'empêcher Voldemort de s'emparer de la pierre philosophale de Nicolas Flamel, conservée sous bonne garde à Poudlard[11].
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+ L'année suivante, Harry et ses amis doivent faire face à une nouvelle menace à Poudlard. La fameuse Chambre des secrets, bâtie plusieurs siècles plus tôt par l'un des fondateurs de l'école, Salazar Serpentard, aurait été rouverte par son « héritier »[12]. Cette Chambre, selon la légende, contiendrait un gigantesque monstre destiné à tuer les enfants moldus acceptés à l'école contre le souhait de Serpentard[13]. Hermione, née de parents moldus, se retrouve elle aussi menacée. Harry, sachant parler le fourchelang, est accusé en premier lieu d'être l'héritier de Serpentard par la plupart des élèves[14], tandis que Ginny Weasley, la sœur de Ron, est curieusement manipulée par un journal intime ayant appartenu à un certain Tom Jedusor. Harry apprend par la suite que Jedusor et Voldemort sont une seule et même personne, et que Jedusor est le véritable héritier de Serpentard, agissant sur l'école par le biais de ses souvenirs conservés dans son journal[15].
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+ À l'été 1993, les sorciers, ainsi que les Moldus, sont informés de l'évasion de prison d'un dangereux criminel nommé Sirius Black. Un peu plus tard, Harry apprend que la motivation de Black est de le tuer afin de permettre à Voldemort, son maître, de retrouver l'étendue de son pouvoir[16]. Un important dispositif de sécurité est donc mis en place à Poudlard pour assurer la protection de Harry durant l'année. En parallèle, celui-ci fait la connaissance de son nouveau professeur de défense contre les forces du mal, le professeur Lupin, un ancien ami de ses parents et dont il devient très proche[17]. Harry utilise régulièrement la cape d'invisibilité de son père ainsi que la carte du Maraudeur pour explorer les recoins méconnus du château et se rendre au village voisin de Pré-au-Lard[18], malgré son interdiction de quitter l'école. En fin d'année, Sirius Black parvient à attirer Harry, Ron et Hermione à l'extérieur de l'école et, en présence de Lupin qui vient les retrouver, leur explique les réelles motivations de son évasion : retrouver et tuer Peter Pettigrow, un sorcier qui se cache depuis douze ans sous l'apparence du rat de compagnie de Ron[19]. Selon Black, Pettigrow serait le responsable de la trahison de James et Lily Potter. Avant de mourir, ceux-ci avaient fait de Sirius Black leur témoin de mariage et le parrain de leur fils, Harry[20].
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+ Dans l'intrigue du quatrième roman, une édition du célèbre tournoi des Trois Sorciers se déroule exceptionnellement à Poudlard et deux autres délégations européennes se rendent sur place pour participer à la compétition : des élèves de l'Académie de magie Beauxbâtons et ceux de l'Institut Durmstrang[21]. La Coupe de feu, juge impartiale chargée de sélectionner le champion de chaque école, choisit exceptionnellement deux champions pour Poudlard : Cedric Diggory et Harry Potter, ce dernier n'ayant pourtant pas l'âge requis pour participer à la compétition[22]. Mais le règlement est strict et stipule que les organisateurs doivent obéir au choix de la Coupe de feu. Par conséquent, Harry se voit contraint de participer au tournoi, qui se déroule sur trois épreuves réparties sur l’année. La première consiste à récupérer un œuf d'or protégé par un dragon[23], la seconde à récupérer une personne aimée au fond du lac de Poudlard[24] et la dernière, à progresser dans un labyrinthe à obstacles pour atteindre le trophée de la victoire dissimulé à l'intérieur[25]. Alors que Harry et Cedric saisissent le trophée en même temps, ils sont téléportés auprès de Peter Pettigrow. Après avoir tué Cedric Diggory[8], Pettigrow utilise le sang de Harry pour faire renaître Voldemort et ôter au garçon sa protection naturelle l'ayant immunisé jusqu'alors contre les pouvoirs du mage noir[26]. Harry affronte Voldemort qui a repris forme humaine, mais parvient à lui échapper en attrapant une nouvelle fois le trophée qui le ramène à Poudlard. Convaincu par le récit de Harry, Dumbledore décide de reformer une ancienne organisation qui avait pris fin à la première chute de Voldemort, quinze ans plus tôt. Il fait alors appel à ses anciens membres, notamment Sirius Black, Remus Lupin, Severus Rogue, le professeur McGonagall et la famille Weasley[27].
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+ Au début de ce cinquième roman, Harry retrouve son parrain Sirius, Lupin, Hermione et la famille Weasley au 12 square Grimmaurd, qui devient le quartier général de l'ordre du Phénix[28], l'organisation fondée par Dumbledore au moment de la première ascension de Voldemort. Le ministère de la Magie de son côté, malgré les événements de l’an passé, refuse d'admettre le retour du mage noir. Harry, Ron et Hermione retournent à Poudlard, où un nouveau professeur de défense contre les forces du mal, Dolores Ombrage, engagée par le ministre de la Magie lui-même[29], ne tarde pas à instaurer des règles très strictes sur l'école, interdisant aux élèves de pratiquer la magie[30], de se rassembler en groupe[31] ou de lire certains articles de presse défendant le point de vue de Harry Potter sur le retour de Voldemort[32]. Hermione décide d'agir et de fonder une seconde organisation au sein-même de l'école, l'Armée de Dumbledore[33], pour contrer Ombrage et inciter les élèves volontaires à pratiquer la magie pour apprendre à se défendre face aux dangers extérieurs que les autorités souhaitent taire. À la fin de l'année, piégé par Voldemort, Harry se rend au ministère de la Magie où il pense que son parrain est détenu et torturé[34]. Il est accompagné de Ron, Hermione, Ginny Weasley, Luna Lovegood et Neville Londubat[35]. Severus Rogue prévient les autres membres de l’Ordre[6], qui se précipitent au secours de Harry et de ses amis aux prises avec les mangemorts. Sirius Black meurt durant la bataille[36], tué par sa propre cousine et bras droit de Voldemort. De retour à Poudlard, Harry apprend le contenu de la prophétie qui le concernait depuis sa naissance : il est la seule personne à avoir une chance de vaincre définitivement Voldemort[6]. Après les événements du ministère dont il a été témoin, le ministre Cornelius Fudge admet enfin le retour de Voldemort et la deuxième guerre débute officiellement[37].
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+ L'intrigue de ce sixième roman se concentre davantage sur l'histoire de Voldemort. Un passé que Harry et Dumbledore éclaircissent en visionnant les souvenirs des personnes ayant fréquenté le mage noir durant sa jeunesse[38]. Ils apprennent ainsi l'existence des horcruxes[39], des fragments d'âmes de Voldemort que celui-ci aurait réparti en différents objets, et dont leur simple existence le rendrait immortel[39]. En parallèle, durant ses cours de potions, Harry récupère un vieux manuel ayant appartenu à un certain « Prince de sang-mêlé ». Le livre regorge d'une multitude de conseils et de notes ajoutés à la main par son ancien propriétaire (qui n'était autre que Severus Rogue[40]), et grâce auxquels Harry obtient d'extraordinaires résultats. Par ailleurs, le professeur Rogue se voit chargé d'une mission par Dumbledore, à l'insu des autres membres de l'Ordre[41] (et du lecteur, qui n'apprend ces détails qu'à la fin du dernier roman). Le directeur sait que le jeune Drago Malefoy a été chargé par Voldemort de le tuer. Se sachant condamné depuis sa manipulation de l'un des horcruxes, Dumbledore demande au professeur d'intervenir à la place de Drago en temps voulu[42], permettant dans un même temps à Rogue de demeurer crédible aux yeux de Voldemort (qui pense l'avoir enrôlé). Rogue engage sa parole auprès de Dumbledore, qui ne lui laisse pas le choix[42]. Lorsque le directeur et Harry reviennent d'une expédition avec un nouvel horcruxe, l'école est attaquée par des mangemorts, que Drago Malefoy est parvenu à faire entrer[43]. Se trouvant face à Dumbledore, Malefoy hésite. Dumbledore fait alors signe à Rogue, qui tue le directeur sous les yeux de Harry alors que ce dernier ignore tout de leur arrangement[43]. Harry poursuit Rogue et les autres mangemorts en fuite avec acharnement. Rogue l'empêche de combattre, puis disparaît, laissant Harry, les autres élèves et tout le personnel de Poudlard pleurer la perte du plus grand sorcier de sa génération et principal obstacle de Voldemort[40].
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+ Harry, Ron et Hermione, âgés à présent de 17 ans, décident de ne pas retourner à Poudlard et de se consacrer entièrement à la recherche des horcruxes. Ils trouvent le médaillon de Serpentard au ministère de la Magie[44] et apprennent que l'épée de Gryffondor a permis à Dumbledore de briser la bague horcruxe des Gaunt l'année précédente[45]. Severus Rogue, par le biais de son patronus, guide Harry jusqu'à la cachette de l'épée[46] et Ron s'en sert pour détruire le médaillon[46]. En parallèle, le trio apprend l'existence de trois reliques très puissantes : la baguette de sureau (dont Voldemort serait déjà en possession), la pierre de Résurrection et la cape d'invisibilité (dont Harry a hérité), faisant du sorcier qui les possède un « Maître de la mort »[47]. Leur quête des horcruxes finit par les ramener à Poudlard où l'un d'eux est caché. Le trio retourne donc au château, très vite attaqué par Voldemort et ses partisans. Hermione détruit la Coupe horcruxe de Poufsouffle[48] à l'aide d'un croc de Basilic et Harry trouve dans la Salle sur Demande le diadème horcruxe de Serdaigle, qui est également détruit[48]. Remus Lupin[42], Tonks[42] et Fred Weasley[48] sont tués dans la bataille. En voulant s'approcher du serpent de Voldemort (et dernier horcruxe), Harry, Ron et Hermione sont témoins de l'attaque mortelle infligée à Severus Rogue[49]. Avant de mourir, le professeur confie ses souvenirs à Harry, lui prouve son allégeance, son amour envers sa mère Lily Potter et lui montre la clé de sa victoire contre Voldemort : Harry doit mourir, car il constitue lui-même un horcruxe involontaire depuis le jour où Voldemort a tenté de le tuer alors qu'il n'était qu'un bébé[42]. Résigné, Harry se rend à Voldemort dans la forêt interdite. En utilisant la pierre de Résurrection qu'il trouve à l'intérieur du vif d'or, il fait réapparaître brièvement ses parents, ainsi que Sirius Black et Remus Lupin, qui le soutiennent et le rassurent sur la perspective de la mort[50]. Mais Harry, une nouvelle fois, survit au sortilège de Voldemort. En ayant utilisé le sang de Harry pour recréer son corps après le tournoi des Trois Sorciers, Voldemort aurait transféré en lui-même une partie du charme de protection que Lily Potter avait transmis à son fils[51]. Par conséquent, tant que ce charme est présent dans le corps de Voldemort (tant qu'il existe), Harry ne peut mourir. Neville Londubat tire l'épée de Gryffondor du Choixpeau magique et s'en sert pour décapiter le serpent. Tous les horcruxes à présent détruits, Voldemort redevient par conséquent un simple mortel. La rencontre des deux sortilèges de Harry et de Voldemort fait voler la baguette de sureau des mains du mage noir, la baguette refusant de tuer Harry, son maître légitime et le seul à avoir accepté la mort[51]. Voldemort est tué par son propre maléfice[9]. Un épilogue est consacré à l'embarquement des enfants des trois héros, dix-neuf ans plus tard, à bord du Poudlard Express[52].
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+ La pièce de théâtre, dont le script du dramaturge Jack Thorne[53] a été publié en 2016, presque dix ans après Harry Potter et les Reliques de la Mort, est présentée par l'éditeur comme « huitième histoire[54] ».
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+ L'intrigue débute en 2017, soit dix-neuf ans après l'affrontement final entre Harry et Voldemort, et narre principalement les aventures de l'un des enfants de Harry, Albus Potter, et de son ami Scorpius Malefoy, en mettant en scène certains des personnages de la série originelle[55].
38
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39
+ J. K. Rowling a exprimé le souhait que la pièce soit considérée comme canon[56], en précisant en parallèle que le script publié n'était pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[57]. La pièce incorpore le nom de J. K. Rowling à son nouveau logo en septembre 2019[58].
40
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+ L'intrigue principale de Harry Potter s'étend sur sept romans, chacun se déroulant sur une année scolaire. Même si J. K. Rowling n'indique jamais explicitement en quelle année se déroule son récit, elle a laissé suffisamment d'indices pour que l'on puisse affirmer que cette intrigue principale se déroule entre le 23 juin 1991[3] (réveil de Harry Potter le jour du 11e anniversaire de son cousin Dudley), et le 2 mai 1998[4] (jour de la mort de Voldemort).
42
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+ Un événement permet d'établir une chronologie : le décès de Sir Nicholas de Mimsy-Porpington, qui aurait eu lieu le 31 octobre 1492[12] selon l'intrigue du second roman, Harry Potter et la Chambre des secrets. Le fantôme fêtant son « cinq-centième anniversaire de mort »[12], la deuxième année scolaire est donc fixée à 1992 - 1993. Les indications sur la tombe de James et Lily Potter dans le septième roman[59] confirment ces suppositions. Certains événements importants, directement liés au récit et se déroulant avant 1991, sont également mentionnés.
44
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45
+ L'épilogue de la série romanesque (à la fin de Harry Potter et les Reliques de la Mort), ainsi que les événements de la suite théâtrale proposée par Jack Thorne, se déroulent quant à eux à partir de septembre 2017, soit dix-neuf ans après la bataille de Poudlard.
46
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47
+ Les romans Harry Potter appartiennent au genre « low fantasy », mais correspondent également par de nombreux aspects au roman d'apprentissage[S 1],[S 2]. Ils peuvent être assimilés à un genre littéraire britannique décrivant la vie en internat, dont les titres les plus emblématiques sont les romans d'Enid Blyton (Malory School, la série St. Clare's et The Naughtiest Girl), ceux de Charles Hamilton sur le personnage de Billy Bunter[72] et ceux de Bennett et Mortimer d’Anthony Buckeridge. En ce sens, ils sont dans la lignée directe de Tom Brown's School Days, de Thomas Hughes, et les autres romans des époques victorienne et édouardienne sur la vie à l'école publique britannique[S 3]. Dès 1974, la nouvelle In the House of Double Minds de Robert Silverberg expose la vie de jeunes oracles regroupés cycle par cycle dans un séminaire[73] à l'image des élèves de Poudlard.
48
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49
+ L'histoire est écrite selon un point de vue narratif interne à la troisième personne : le narrateur limite les informations à ce que le personnage de Harry Potter comprend et connaît, à quelques exceptions (le premier chapitre de Harry Potter à l'école des sorciers[74] et Harry Potter et les Reliques de la Mort[75], et les deux premiers chapitres de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé[76]).
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+
51
+ Dans la partie centrale de chaque livre, la confrontation de Harry à divers problèmes le pousse à violer les règles de l'école. Les sanctions appliquées lorsqu'il se fait attraper sont comparables à celles décrites dans le genre du roman d'internat[72]. Le récit atteint son climax lors du dernier trimestre de l'année scolaire, durant la période des examens de fin d'année ou immédiatement après. Les événements dépassent alors largement le cadre scolaire et Harry se trouve confronté à Voldemort ou ses acolytes, avec un enjeu vital souligné par la mort d'un ou plusieurs personnages à la fin de chacun des quatre derniers romans[77]. Harry tire de ces événements d'importantes leçons grâce à un dialogue avec le directeur de l'école et mentor Albus Dumbledore.
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53
+ Dans le roman final, Harry Potter et les Reliques de la Mort, Harry et ses amis passent la majeure partie de leur temps hors de Poudlard, et n'y retournent que pour affronter Voldemort lors du dénouement de l'intrigue[78]. Conformément au format du roman d'initiation, Harry grandit prématurément dans le dernier roman, en perdant la chance de suivre sa dernière année d'études et se trouve dans la nécessité d'adopter un comportement adulte dont les décisions influencent tous les autres personnages – y compris les adultes[79].
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+ L'histoire de Harry Potter est ancrée dans la société britannique des années 1990[3],[4], regroupant des hommes et des femmes capables de magie, une faculté en général héréditaire mais qui peut aussi apparaître chez des enfants nés Moldus[10]. Le personnage de Harry Potter évolue tout d'abord dans un monde pouvant être considéré comme « normal », avant de découvrir le monde magique coexistant. Certains lieux « réels » servent donc également de support à l'intrigue, tels que le comté du Surrey où vivent les Dursley[80], la forêt de Dean ou encore la gare de King's Cross représentant la frontière symbolique entre le monde magique et le monde moldu[10]. Les sorciers vivent en effet parmi les Moldus, mais le « Code international du Secret magique » les oblige à cacher l'existence de la magie aux personnes qui en sont dépourvues[59].
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57
+ L'action se déroule principalement au château médiéval[81] de Poudlard localisé dans les « hautes terres » d'Écosse[82], ainsi qu'aux environs de Londres et dans des villages fictifs de la campagne sud-anglaise[83] (Godric's Hollow, Little Hangleton, Tinworth). L'architecture visible dans les adaptations cinématographiques est une représentation fidèle :
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59
+ « J'adore les décors des films. Ils reflètent vraiment ce qui a été dans mon imagination durant toutes ces années[84]. »
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+ — J. K. Rowling
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+ Le chef décorateur Stuart Craig attribue à l'univers une identité visuelle proche des styles Tudor[83], georgien[85] ou victorien<[86]. Les rues commerçantes et villages tels que Pré-au-Lard ou le chemin de Traverse par exemple trouvent une inspiration très « dickensienne »[87]: « Les prémices de l'architecture victorienne défient la gravité de par leur inclinaison » explique Craig. « Les bâtiments du chemin de Traverse penchent si fort qu'ils donneraient l'impression de tomber[87] ».
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+ La communauté magique de Grande-Bretagne dispose de sa propre organisation gouvernementale (le ministère de la Magie) avec ses propres lois, son système économique, ses médias (comme l'influente Gazette du sorcier) ou ses transports spécifiques (portoloins, réseau de cheminée, transplanage…). Le sport du monde sorcier, le quidditch (inspiré du basket-ball[88]), se pratique sur balais volants. Certains sorciers possèdent par ailleurs des aptitudes particulières, comme les animagi ayant la possibilité de se transformer en animaux, les métamorphomages pouvant changer d'apparence à volonté ou les fourchelangs, capables de communiquer avec les serpents. Les legilimens, comme Voldemort ou Albus Dumbledore, sont capables, s'ils le souhaitent, de s'introduire dans l'esprit d'une autre personne pour connaître ses pensées ou ses intentions. Les occlumens, comme le professeur Rogue, sont les seuls à pouvoir contrer cette faculté.
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67
+ Le monde de J. K. Rowling est peuplé de créatures plus ou moins fantastiques. Certaines lui sont propres, comme les détraqueurs, les épouvantards ou les sombrals. D'autres comme le phénix, le basilic, les gobelins, les hippogriffes, les loups-garous ou encore le Sinistros, sont empruntés au folklore britannique ou à la mythologie. Selon l'auteure, le folklore britannique, tout en étant l'un des plus riches et variés au monde, conserve un côté « bâtard » résultant de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[89], ce qui lui a permis de l'adapter assez librement à son histoire.
68
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+ De nombreux objets spécifiques à l’univers de Harry Potter ont été créés, comme le « choixpeau magique » répartissant les élèves dans les différentes maisons de Poudlard, ainsi que le miroir du Risèd ou encore le retourneur de temps. D'autres sont empruntés aux contes de fées, comme les baguettes magiques aux compositions diverses ou les balais volants (dont les différents modèles sont exposés et vantés sur le marché sorcier tels des produits de consommation courants). Certains objets sont directement liés au dénouement de l'histoire, comme les Reliques de la Mort ou les horcruxes. Des plantes magiques aux propriétés diverses entrent dans la composition de potions comme le Veritaserum, la potion Tue-Loup ou le Polynectar.
70
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71
+ À l'image de son livre d'enfance favori Le Cheval d'argent[90], l'auteure se plaît à décrire tout au long de ses romans une nourriture abondante et typiquement anglaise : « J'ai toujours décrit la liste des aliments que l'on pouvait déguster sur une table de Poudlard[90] ». Les friandises du monde des sorciers, tels que les chocogrenouilles, les dragées Surprises de Bertie Crochue aux saveurs douteuses et variées ou encore la fameuse Bièraubeurre, sont devenues très identifiables à Harry Potter[91].
72
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73
+ Elle plane tout au long de l'intrigue et en est aussi le contexte déclencheur. La mort des parents de Harry, James et Lily Potter, est un drame annoncé au tout premier chapitre[7]. Des personnages secondaires meurent fréquemment dans l'histoire[66],[92] et en particulier à partir du livre central de la série, qui marque également la résurrection de Voldemort. Par ailleurs, malgré une intrigue ancrée dans la fantasy, les morts sont rendues « bien réelles » de par leur aspect « définitif »[93].
74
+
75
+ La première disparition particulièrement marquante de l'histoire est celle de Cedric Diggory, puisque Harry est le témoin direct de son assassinat[8], mais également parce qu'il s'agit d'un camarade et élève de Poudlard d'une personnalité généreuse et au comportement exemplaire[94]. Au fil des romans, et malgré le fait que l'action se déroule majoritairement dans une école, l'intrigue laisse pourtant place à un profond sentiment d'insécurité constante et de douleur liée aux pertes humaines. Peu à peu, Harry voit les personnes qui lui sont proches mourir successivement (son parrain[36], son mentor[95], un ami[42] ou encore son professeur préféré et ami de ses parents[42]).
76
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77
+ Parallèlement, l'acceptation de sa propre mort est parfois présentée dans l’œuvre comme une perspective sage et dédramatisée par le biais du professeur Dumbledore :
78
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79
+ « Pour un esprit équilibré, la mort n'est qu'une grande aventure de plus. [...] C'est comme d'aller se coucher à la fin d'une très très longue journée[66]. »
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81
+ — Albus Dumbledore, Harry Potter à l'école des sorciers
82
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83
+ D'après J. K. Rowling, la mort est le thème majeur de la série : « mes livres parlent beaucoup de la mort. Ils débutent avec la mort des parents de Harry. Il y a la quête obsessionnelle de l'immortalité menée par Voldemort, qui reflète le souhait de toutes les personnes douées de pouvoirs magiques. Je comprends tout à fait pourquoi Voldemort veut conquérir la mort ; nous en sommes tous effrayés[96] ».
84
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85
+ Il s'agit probablement du thème le plus présent dans l’œuvre, après celui de la mort. Dans l'histoire, Harry a pu survivre grâce à l'amour de sa mère, qui s'est sacrifiée pour lui en faisant bouclier contre Voldemort[17]. L'amour de Lily Potter est l'arme dont bénéficie toujours Harry lorsqu'il ne peut être touché ni par le professeur Quirrell ni par Voldemort lui-même (dans un premier temps). Le sang de sa mère le protège également de la portée de ce dernier, lorsque Harry est recueilli chez sa tante, Pétunia Dursley[6].
86
+
87
+ « L'amour est tellement formateur pour chacun, en bien ou en mal. On peut réellement mesurer les dommages cérébraux subis lorsqu'un enfant est retiré à sa mère. Quand j'écris que Harry a été formidablement aimé au début de sa vie, c'est important. Cela lui aura assuré une protection dans le sens où son cerveau s'est développé différemment de celui de Voldemort, qui lui a été placé dans un orphelinat dès sa naissance[97]. »
88
+
89
+ — J. K. Rowling
90
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91
+ Le personnage de Severus Rogue, très ambigu depuis le départ, apparaît beaucoup plus lumineux et humain à la fin de l'intrigue, dès lors qu'il révèle les sentiments qu'il éprouvait pour Lily Potter[42]. Harry comprend alors que ce professeur, qui semblait tant le détester, ne pouvait simplement s'empêcher de faire le rapprochement entre lui et James Potter[42] qu'il haïssait depuis son adolescence[42] de par leur ressemblance physique et quelques traits communs de leur personnalité. Rogue, si froid et antipathique, s'avère pourtant d'un grand secours pour Harry, à plusieurs reprises au cours de l'intrigue[66],[6]. Rogue souhaitait mourir après la mort de Lily Potter[35], mais a choisi de la venger, en s'engageant auprès de Dumbledore à assurer la survie de son unique fils. Aussi, il se montre horrifié en apprenant que Dumbledore savait depuis le départ que Harry était condamné à mourir pour rendre Voldemort vulnérable[42]. D'une certaine manière, l'amour a vaincu par deux fois Voldemort ː celui de Lily Potter pour son fils et celui de Severus Rogue pour Lily. Dumbledore est également convaincu que l'amour représente la plus grande force[31].
92
+
93
+ « Alors, quand la prophétie dit que j'aurai « un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore », cela signifie simplement… l'amour ? » « Oui… simplement l'amour. »
94
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95
+ — Harry et Dumbledore[39], tome 6, chapitre 23
96
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97
+ L'amour rassemble finalement Ron et Hermione dans le dernier tome, malgré leurs caractères opposés et leurs nombreux différents. C'est également l'amour que porte Harry à Ron et à Hermione, ainsi qu'à sa famille de cœur (les Weasley), qui le pousse à se rendre dans la forêt interdite auprès de Voldemort à la fin des Reliques de la Mort pour ne pas mettre ses proches davantage en danger. Se sachant condamné, il utilise la pierre de résurrection et voit réapparaître un court instant les fantômes de ses parents et de leurs amis, le temps de lui redonner le courage nécessaire. Ce chapitre trente-quatre du dernier roman (intitulé « Retour dans la forêt ») est d'ailleurs le chapitre le plus marquant pour l'auteure elle-même : « il représentait le point culminant de dix-sept années de travail ainsi que le chapitre le plus cathartique de tout ce que j’ai pu écrire[98] ».
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+ Les universitaires et journalistes abordent dans leurs interprétations du texte le thème de la normalité, de l'oppression, de la survie, et de la différence[S 4]. Rowling a affirmé que les livres plaident pour la tolérance, dénoncent la bigoterie et transmettent un message sur « la remise en question de l'autorité » et la méfiance vis-à-vis des vérités suggérées par les médias ou la classe dirigeante[99]. « Je me méfie des gens qui veulent le pouvoir, ce qui se ressent clairement dans les livres, je crois[97] », ajoute l'auteure.
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101
+ Les préoccupations politiques vont plus loin, la volonté de Voldemort de supprimer les « Sang-de-bourbe » et les « cracmols » de la société magique évoquent la persécution et le massacre de différents groupes sous l'Allemagne nazie (que ce soit pour leurs origines ou leurs appartenances politiques). Isabelle Smadja, dans Le Monde diplomatique, a aussi vu dans les initiales de l'aïeul de Voldemort, Salazar Serpentard (en anglais Salazar Slytherin) une référence aux S.S., corps d'élite de Hitler[S 5]. Rowling a confirmé que la date de la défaite de Gellert Grindelwald, le précurseur de Voldemort, en 1945, n'était pas une coïncidence[100]. Dans un autre entretien, Rowling a expliqué que le message central de la série était celui imparti par Albus Dumbledore dans le quatrième livre : il faut savoir choisir de faire ce qui est juste plutôt que ce qui est facile. Pour l'auteure, c'est ainsi que la tyrannie s'installe : « les gens font le dos rond, cèdent à la facilité, et se retrouvent dans les ennuis jusqu'au cou[101] ».
102
+
103
+ « Il est nécessaire de comprendre la réalité avant de pouvoir l’accepter, et seule l’acceptation de la réalité peut permettre la guérison. »
104
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105
+ — Albus Dumbledore, Harry Potter et la Coupe de feu
106
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107
+ Les notions de censure et de propagande sont abordées à partir du cinquième tome, par le biais de Dolores Ombrage, nouveau professeur de défense contre les forces du mal nommée par le ministre de la Magie, puis, dans le septième tome, par Voldemort lui-même ou son représentant[102]. Ombrage instaure en premier lieu des règles et sanctions particulièrement strictes selon le souhait du ministre, ceci afin que le retour de Voldemort ne soit pas reconnu publiquement. La presse se trouve également asservie à cette fin. Cornelius Fudge, ministre de la magie durant les cinq premiers tomes, aurait été inspiré selon l'auteure du Premier Ministre britannique durant les années trente, Neville Chamberlain, qui aurait refusé de considérer Hitler comme un danger potentiel alors que celui-ci instaurait son pouvoir en Allemagne[102].
108
+
109
+ Peter Pettigrow, avant le début de l'histoire, trahit son meilleur ami, le père de Harry Potter. Par cet acte de déloyauté, motivé par la volonté de sauver sa propre vie[19], Pettigrow contribue à sa manière, avec Voldemort, à entraîner l'ensemble de l'intrigue dans une tonalité sombre et dans une guerre finale qui fait perdre la vie à de jeunes personnages et de nombreux membres de l'ordre du Phénix. Bellatrix Lestrange montre une extrême loyauté envers son maître Voldemort, mais c'est une forme de loyauté plutôt pervertie qui s'exprime dans une cruauté très marquée[103] y compris envers les autres Mangemorts[103]. Voldemort, quant à lui, n'est fidèle à personne. Il méprise[104], manipule[26], torture[26] et tue même sans ménagement dans ses accès de colère[105] quiconque le fait trébucher dans ses projets, peu importe qu'il ou elle lui ait été fidèle ou non par le passé.
110
+
111
+ La loyauté du trio principal, celle des étudiants envers leur école[48], et celle de Severus Rogue envers Lily Potter dont il a toujours été amoureux[42], semblent finalement de taille face à la solitude de Voldemort et contribuent effectivement à sa défaite[42]. Le seul désir et véritable moteur de ce dernier était la quête du pouvoir absolu en possédant la baguette de sureau[47], et de l'immortalité par la pierre philosophale[66] et la création des Horcruxes[39]. En tant que héros de l'histoire, Harry doit prendre les décisions finales mais reconnaît lui-même qu'il n'aurait pas été capable de faire face à ses craintes sans l'aide de ses amis[106].
112
+
113
+ La plus symbolique preuve de loyauté présente dans l'histoire pourrait se situer dans Les Reliques de la Mort, lorsque que le trio se retrouve seul dans la campagne anglaise et que la souffrance liée à la présence d'un médaillon horcruxe provoque une perte de confiance chez la personne la plus influençable du trio[107]. Ainsi, Ron abandonne ses meilleurs amis durant plusieurs semaines[46], avant d'être guidé par le déluminateur pour revenir auprès d'eux[46]. Dumbledore, en lui léguant l'objet par le biais de son testament, savait que ses sentiments pour Hermione et sa loyauté envers Harry le guideraient pour revenir auprès d'eux avant les événements les plus sombres[108].
114
+
115
+ Certaines rivalités naissent entre les maisons Gryffondor et Serpentard, qui se retrouvent régulièrement en conflit au fil des générations. Harry Potter appartenant à la maison de Gryffondor, et l'histoire étant racontée de son point de vue, les Serpentard sont souvent considérés dans les premiers tomes avec distance ou de manière péjorative : idiots, hargneux et souvent laids. L'Armée de Dumbledore regroupe des élèves de plusieurs maisons mais ne compte aucun Serpentard dans ses rangs. Lord Voldemort, ainsi qu'un grand nombre de ses partisans connus, comme Regulus Black, Bellatrix Lestrange, Rodolphus Lestrange ou les Malefoy, sont des anciens élèves de la maison Serpentard. Pourtant, la série se refuse à une application manichéiste simpliste du bien contre le mal[S 6]. Le mépris et la déconsidération se veulent notablement atténués à partir du cinquième tome[109] où les trois héros sont incités à tempérer leurs jugements :
116
+
117
+ « Le monde ne se divise pas entre braves gens et Mangemorts[110]. »
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+ — Sirius Black, Harry Potter et l'Ordre du Phénix
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+ Dans les derniers chapitres de la série, la maison Serpentard et certains de ses membres apparaissent sous un éclairage plus intéressant : Severus Rogue tout d'abord[111], mais également Horace Slughorn, qui de son côté, ne partage pas l'idée que les sorciers de « sang-pur » sont supérieurs aux autres. Il apparaît chaleureux, amical, et participe à la bataille finale en allant jusqu'à affronter Voldemort lui-même[9]. Narcissa Malefoy, manipulée par Voldemort vis-à-vis de son fils Drago, finit par apporter son aide à Harry Potter lors de cette même bataille, en faisant croire à son maître que Harry est mort[9]. « Il y a un écho voulu de ce qu'a fait Lily au tout début de l'histoire en mourant pour sauver son fils » explique l'auteure[97]. « À la toute fin, Harry est étendu, faisant semblant d'être mort et une mère, qui essaie de sauver son propre fils, va le sauver. C'était ma façon de boucler la boucle ». En parallèle, des aspects humains plus sombres des héros sont exploités. La cruauté de James Potter envers Severus Rogue[112] durant leur jeunesse paraît ainsi difficilement justifiable aux yeux de Harry. Celui-ci laisse également exploser sa colère à plusieurs reprises[28],[6] ou va jusqu'à torturer lui-même Bellatrix Lestrange pour satisfaire sa vengeance[113]. Le fait que Harry possède des qualités admirées de Serpentard (la capacité de parler le fourchelang, la volonté de faire ses preuves, l'ambition, le déni des règles, etc.) peut aussi nuancer l'image noire de cette maison, prouvant que l'on peut à la fois adopter ces valeurs et être une personne fréquentable.
122
+
123
+ « Ce sont nos choix, Harry, qui déterminent qui nous sommes, beaucoup plus que nos aptitudes[114]. »
124
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125
+ — Albus Dumbledore, Harry Potter et la Chambre des secrets
126
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127
+ Enfin, dans l'épilogue de l'histoire, Harry déclare à son fils Albus Severus que les deux prénoms qui lui ont été donnés étaient en hommage à deux directeurs de Poudlard : Albus Dumbledore (son mentor) et Severus Rogue, un Serpentard qu'il considère comme étant « sans doute l'homme le plus courageux » qu'il ait jamais rencontré[52].
128
+
129
+ Selon Zohar Shavit, spécialiste de la littérature jeunesse, le langage des œuvres entrant dans cette catégorie doit s'adapter au jeune public, et l'auteur doit faire attention au vocabulaire qu'il utilise[S 7]. Ce type de littérature est souvent caractérisé par l'utilisation de phrases courtes dont les mots ne sont pas particulièrement difficiles à comprendre, ce qui peut parfois appauvrir le style[S 8].
130
+
131
+ Dans Harry Potter, Déborah Anex, traductrice juridique, observe une évolution du vocabulaire utilisé par J. K. Rowling au fil de ses livres[S 8]. Dans les deux premiers romans, qui sont assez minces, le langage utilisé est facilement compréhensible pour un jeune lecteur qui pourrait avoir l'âge du héros[S 8]. Mais plus l'histoire évolue, plus les livres gagnent en détails et en complexité, en se détournant peu à peu des codes classiques de la littérature jeunesse[S 8]. L’intrigue devient « plus sombre, plus profonde et tortueuse », la quantité d’informations augmente et le vocabulaire évolue[S 8]. Dans le dernier roman, les néologismes sont nombreux et la syntaxe est plus compliquée, très éloignée de celle utilisée dans les premiers tomes[S 8]. Selon Déborah Anex, Rowling aurait donc fait progresser son langage en même temps que son héros[S 8].
132
+
133
+ Pour Shavit, il convient pour un auteur de littérature jeunesse classique d'éviter à ses jeunes lecteurs de rencontrer dans son texte des situations ou des faits jugés inadaptés pour leur âge[S 9]. Ainsi, la mort, pourtant très présente dans la série de Rowling, fait partie des sujets les plus censurés dans la littérature jeunesse, ne correspondant pas d'une manière générale aux valeurs et à la morale souhaitées dans les histoires pour enfants[S 9].
134
+
135
+ Selon Déborah Anex, les Harry Potter abordent des problématiques reflétant les inquiétudes des enfants et des adolescents au XXIe siècle, et portent sur des thèmes auxquels « les jeunes sont confrontés plus tôt dans leur vie »[S 9]. La mort est constamment présente dans Harry Potter, ainsi que la violence par les représentants du Mal, comme du Bien[S 9]. Les romans ne souhaitent pas « protéger » l'enfant lecteur[S 9]. Pour certains écrivains comme Michael Rosen, la narration des Harry Potter est trop complexe pour des enfants, qui auraient des difficultés à s'approprier les thèmes « souvent sinistres » qui y sont abordés[S 10]. Pour Déborah Anex, les Harry Potter se classent dans la catégorie des romans qui cherchent avant tout à présenter aux enfants un monde plus réaliste, comportant « des enjeux et des personnages forts » et évoquant des sujets qui les touchent d'une manière qui reste accessible[S 9].
136
+
137
+ En 1990, Joanne Rowling empruntait un train bondé se rendant à Londres depuis Manchester lorsqu'elle a eu pour la première fois l'idée du personnage de Harry Potter :
138
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139
+ « J'écrivais presque sans interruption depuis l'âge de six ans, mais jamais une idée n'avait engendré chez moi une telle excitation. À mon immense frustration, je n'avais pas sur moi de stylo en état de marche, et j'étais trop timide pour en emprunter un à quelqu'un. Je pense aujourd'hui que ce fut une bonne chose, car je suis restée assise à réfléchir pendant quatre heures (le train a eu du retard), ce qui a permis à tous les détails de s'accumuler pour donner vie dans mon esprit à ce petit garçon maigre à lunettes et aux cheveux noirs qui ignorait qu'il était magicien[115]. »
140
+
141
+ Dans une entrevue avec Lindsey Fraser, l'auteure indique que l'école de sorcellerie de Poudlard a été la première chose sur laquelle elle s'est concentrée durant son voyage, en imaginant un endroit assez dangereux où régnerait l'ordre, et situé dans un endroit isolé, probablement en Écosse[116] (en hommage au lieu de mariage de ses parents[116]). Cependant, elle précise n'avoir jamais vu de château existant pouvant être comparé à celui qu'elle a imaginé. C'est également durant ce voyage que sont nés les personnages de Ronald Weasley, Nick Quasi-Sans-Tête, Rubeus Hagrid et Peeves[117], ainsi que l'idée de faire sept sujets différents en sept livres[118].
142
+
143
+ L'auteure commence à rédiger le soir même à Manchester[115] ce qui deviendra par la suite Harry Potter and the Philosopher's Stone (littéralement « Harry Potter et la Pierre Philosophale »), et le manuscrit s'enrichit très rapidement[115]. Une foule de détails s'entasse dans des boîtes à chaussures[119]. En parallèle, sa vie personnelle connait de nombreux bouleversements, qui influencent singulièrement la trame de son récit[115]. L'histoire gagne en profondeur et en noirceur.
144
+
145
+ En septembre 1991, neuf mois après le décès de sa mère survenu prématurément, Joanne part enseigner à mi-temps l'anglais au Portugal, ce qui lui permet de poursuivre le manuscrit de Harry Potter. Les sentiments du personnage orphelin deviennent alors « bien plus profonds et tangibles[115]. » C'est au début de son séjour au Portugal que l'auteure rédige son chapitre préféré du premier roman : « Le Miroir du Riséd[115] ». Dans ce passage, Harry observe le miroir (qui a la faculté de montrer les désirs les plus profonds), et y voit ses parents disparus interagissant avec lui.
146
+
147
+ Après avoir donné naissance à sa fille, l'auteure emménage avec elle à Édimbourg à Noël 1993. Elle se hâte de terminer son livre avant de trouver un poste d'enseignant à plein temps, qu'elle tarde à obtenir. Dès que sa fille parvient à s'endormir, Joanne se précipite avec elle dans le café le plus proche pour continuer à écrire[115], puis retape tous les soirs ses textes au propre sur une machine à écrire. Pour l'auteure, il s'agit d'une période de dépression qui s'entame, de plus très difficile à gérer financièrement : « j'étais aussi pauvre qu’on peut l’être au Royaume-Uni aujourd’hui sans être SDF[120] ». Cette période de sa vie l'aurait par ailleurs influencée pour concevoir les Détraqueurs[121], apparaissant à partir du troisième roman et répandant un sentiment de désespoir. Des créatures combattues par le charme du Patronus, une représentation symbolique de « l'espoir, du bonheur et du désir de vivre[17] ».
148
+
149
+ Cinq ans ont ainsi été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chaque livre[118]. Joanne rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[118], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels.
150
+
151
+ Joanne Rowling finit d'écrire Harry Potter and the Philosopher's Stone en 1995 et envoie le manuscrit à plusieurs agents littéraires[122]. L'assistante de Christopher Little (deuxième agent contacté) lit le synopsis et les trois chapitres qui ont été envoyés et relève une tonalité humoristique séduisante[123]. Après avoir demandé la suite à Joanne et lu toute l'histoire, l'assistante, très enthousiaste, n'hésite pas à soutenir l'auteure encore totalement inconnue, l'encourageant à développer un peu plus les règles du quidditch (le sport des sorciers) et le personnage de Neville Londubat[123]. Elle parvient à convaincre son employeur de prendre Joanne sous contrat et Little se propose de la représenter.
152
+
153
+ En octobre 1996, après que huit autres éditeurs ont refusé le récit, Bloomsbury offre à Joanne une avance de 2 500 livres sterling[S 11] pour la publication des 500 premiers exemplaires (en 2013, l'un de ces exemplaires peut être estimé autour de 176 000 euros[124]). L'auteure ne cible pas de tranche d'âge particulière, mais les éditeurs choisissent de viser les enfants de neuf à onze ans[125]. Il a été demandé à Joanne d'adopter un nom de plume neutre pour optimiser ses chances d'attirer les lecteurs de sexe masculin, qui seraient plus réticents à découvrir l'œuvre d'un écrivain féminin[126]. L'auteure adopte donc le pseudonyme de « J. K. Rowling » (Joanne Kathleen Rowling), reprenant l'initiale du prénom de sa grand-mère en guise de « middle name »[126]. Elle dédie le premier roman, publié le 27 juin 1997[1], à sa fille, sa mère et sa sœur.
154
+
155
+ L'illustration de couverture britannique est signée de Thomas Taylor[127]. Elle représente le jeune Harry Potter surpris de découvrir le Poudlard Express et la voie 9¾, à l'intérieur de la gare King's Cross de Londres.
156
+
157
+ Les livres Harry Potter ont été traduits de l'anglais original en 79 langues, une 80e traduction en scots étant prévue pour octobre 2017[128],[129].
158
+
159
+ Un décalage de plusieurs mois s'impose entre les sorties anglaises et les sorties des traductions principales (français, allemand, espagnol, etc.), conduisant à la vente d'un nombre important de romans Harry Potter en version originale aux fans trop impatients pour attendre la sortie des livres dans leur propre langue.
160
+
161
+ « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[93]. »
162
+
163
+ — Christine Baker (directrice éditoriale de Gallimard Jeunesse)
164
+
165
+ En recevant la légion d'honneur en février 2009, J. K. Rowling précise elle-même que Gallimard a été le premier éditeur de Harry Potter hors du Royaume-Uni[130].
166
+
167
+ La version française est sortie pour la première fois le 9 octobre 1998[131] dans la collection format de poche « Folio junior ». Harry Potter and the Philosopher's Stone devient Harry Potter à l'école des sorciers, l'éditeur français considérant cette traduction « plus forte et plus explicite que la traduction littérale du titre anglais pour un public français[132] ».
168
+
169
+ Pour effectuer la traduction, le choix s'est rapidement porté sur Jean-François Ménard[133], qui était le traducteur préféré de Roald Dahl[93] et qui disposait selon Baker de l'inventivité verbale et de l'humour nécessaires, ainsi que du même intérêt pour l’étymologie que J. K. Rowling elle-même[93].
170
+
171
+ Pour la traductrice juridique Déborah Anex, Ménard a effectivement porté une attention particulière à la traduction des noms propres et des formes humoristiques, en ayant conscience qu’ils donnaient un sens important que le public francophone devait comprendre, sans quoi le texte perdrait en informations[S 12]. D'autres traductions de Harry Potter, comme la traduction espagnole, n'ont pas traduit ces noms propres[S 12]. Selon Anne-Lise Feral, agent bilingue à l'université d'Édimbourg, le besoin de publier une traduction « moralement adéquate », pour la jeunesse française notamment, aurait eu pour conséquence de transformer ou de faire disparaître de la traduction des valeurs britanniques étrangères ou mal identifiées[S 13]. Les aspects magiques et féeriques auraient été exagérés, et le réalisme des décors et des protagonistes en aurait pâti, en particulier dans le premier tome de la série[S 13].
172
+
173
+ L'illustration de couverture est signée Jean-Claude Götting. Jonathan Gray donne une nouvelle identité visuelle à la réédition française de 2011[134]. Olly Moss illustre la réédition de 2016[135] et Brian Selznick celle de 2019[136].
174
+
175
+ Pour célébrer les 20 ans de la série, Gallimard réédite progressivement depuis le 1er février 2018 chacun des sept tomes, en quatre versions cartonnées, aux couleurs de chacune des maisons de Poudlard[137],[138].
176
+
177
+ Les livres Harry Potter contiennent un certain nombre de similitudes avec d'autres romans ; l'auteure s'étant ouverte à un large éventail de la littérature, à la fois classique et moderne. J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée lors de la rédaction de sa saga, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[139], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[88] » (comme dans Emma[140]), Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[141], ou encore Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[142] ».
178
+
179
+ L'auteure reprend le concept général de Macbeth dans l'éventualité où son principal antagoniste Voldemort n'aurait jamais entendu parler de la fameuse prophétie mettant toute son histoire en marche[143], là où la « prédiction » devient le catalyseur d'une situation qui n'aurait sans doute jamais eu lieu si elle n'avait pas été prononcée. J. K. Rowling évoque également certains passages de la Bible[S 14], les histoires d'Edith Nesbit et ses personnages enfants très réalistes[144], ou encore l'armoire magique de l'univers de C. S. Lewis (Narnia) lorsque Harry doit se jeter à tâtons sur la barrière de King's Cross entre les voies 9 et 10 pour accéder à un monde différent[145].
180
+
181
+ Certaines similitudes se trouvent également dans L'Épée dans la pierre de T. H. White (adapté sous le nom de Merlin l'Enchanteur par les studios Disney), où un jeune orphelin débraillé rencontre le sorcier Merlin et le suit dans son château pour recevoir son éducation. D'après l'écrivain Phyllis D. Morris, la similitude entre le professeur Dumbledore et Merlin est évidente de par leur instinct de protection envers le jeune héros ou leur très forte ressemblance physique (longues barbes blanches et yeux bleus). Merlin est le mentor et guide du Roi Arthur tout comme l'est Dumbledore pour Harry[S 15].
182
+
183
+ Les fans de l'univers de J. R. R. Tolkien ont également établi certains liens entre Le Seigneur des anneaux et la saga Harry Potter. Ceux-ci transparaissent particulièrement via les personnages propres aux deux écrivains : le Gríma (Wormtongue) de Tolkien et le Queudver (Wormtail) de Rowling, Arachne et Aragog, Gandalf et Dumbledore, les Nazgûl et les Détraqueurs, le Vieil Homme-Saule et le Saule cogneur ; il en va de même pour la représentation des horcruxes de Voldemort, aussi lourds à porter et difficiles à détruire (de par leur résistance et influence néfaste) que l'anneau unique de Sauron[146].
184
+
185
+ « Ce sont des comparaisons flatteuses : il y a des choses que j'admire beaucoup chez ces écrivains. Mais les ressemblances sont assez superficielles. Comme Tolkien, j'ai écrit une histoire qui se passe dans un monde imaginaire, mais je n'ai pas inventé une mythologie comme lui[88]. »
186
+
187
+ — J. K. Rowling
188
+
189
+ L'intérêt du public et les ventes de Harry Potter and the Philosopher's Stone ne cessent de croître[147]. En cinq mois au Royaume-Uni, l'ouvrage s'écoule à près de 30 000 exemplaires[148], bien au-delà des espérances de Bloomsbury qui prévoyait seulement 1 000 copies pour l'ensemble du pays.
190
+
191
+ Le troisième épisode, Harry Potter and the Prisoner of Azkaban atteint les 68 159 exemplaires vendus dans le premier week-end de sa sortie en 1999, sur les étalages et par correspondance[147]. Le lancement de chaque volume fait depuis lors l'objet d'intenses campagnes de communication et en général 60 % des ventes, « très fortement événementielles », ont lieu dans les premiers jours[S 16] :
192
+
193
+ « J’ai su que ça devenait vraiment quelque chose d’important lorsque les libraires n’ont pas eu le droit de mettre en vente Le Prisonnier d’Azkaban avant 17 heures afin que les enfants ne sèchent pas l’école pour aller l’acheter[123]. »
194
+
195
+ — Bryony Evens (assistante de l'agent littéraire de J. K. Rowling)
196
+
197
+ Le quatrième tome se vend à 372 775 exemplaires le premier jour de sa sortie en juillet 2000[147], ce qui est un record. En un jour, les fans s'arrachent près de 1,8 million d'exemplaires de Harry Potter and the Order of the Phoenix mis en vente dès le vendredi 23 juin 2003 à minuit. Il s'en vend plus de huit à la seconde et ses pré-commandes sont dix fois plus élevées que pour le précédent volume, faisant du cinquième tome l’un des plus grands succès de l’histoire de l’édition[149]. J. K. Rowling figure désormais parmi les auteurs britanniques les plus lus de la planète avec Shakespeare et Agatha Christie, devenant plus riche que la reine d'Angleterre, avec une fortune estimée, selon le Times, à 280 millions de livres sterling (400 millions d’euros)[147].
198
+
199
+ Gallimard est le premier éditeur étranger à publier Harry Potter[130]. Les pays francophones n'échappent pas au phénomène, qui touche aussi bien les enfants que les adultes, ce qui est rare, notamment en France, pour un livre jeunesse. Ainsi en 1999, le premier volume Harry Potter à l'école des sorciers, passé « presque inaperçu », reçoit le prix Sorcières, décerné par les libraires spécialisés jeunesse[S 16]. En octobre 2007, plus de 21 millions d'exemplaires de la série ont été vendus sur le territoire français[S 17].
200
+
201
+ Harry Potter et les Reliques de la mort, ultime tome de la série, a été tiré à 2,3 millions de copies, équivalant à 7 à 8 % des livres édités par Gallimard dans l'année, toutes catégories confondues[S 17]. Chaque sortie de livre Harry Potter permet à la maison d'édition de générer entre 12 et 15 % de son chiffre d'affaires annuel[S 17].
202
+
203
+ « La plume de J. K. Rowling est allègre et malicieuse. Son goût de la fantaisie est communicatif et son sens du suspense laisse haletant[150]. »
204
+
205
+ — Jacques Baudou (Le Monde, janvier 1999)
206
+
207
+ Les ventes s'envolent littéralement à partir des années 2000, à la sortie du quatrième tome. Harry Potter devient alors un véritable phénomène éditorial. Selon l'universitaire Cécile Boulaire, « le succès de la série, dont la légende veut qu'il soit né d'un bouche-à-oreille positif, repose en réalité, au moins depuis le quatrième volume, sur une stratégie marketing encore inédite, qui ne laisse aucune place à l'improvisation[S 16]. »
208
+
209
+ Les fans ont été si impatients de découvrir le contenu des derniers volumes que les librairies du monde entier ont commencé à tenir des événements coïncidant avec le communiqué qui stipulait le début des ventes à minuit. Des événements comportant généralement une répartition dans les maisons à l'image de Poudlard, des jeux, des séances maquillage et autres divertissements en direct ont connu une grande popularité auprès des fans de Harry Potter[151], attirant les foules et contribuant à vendre près de 9 millions des 10,8 millions d'exemplaires prévus de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé dans les premières vingt-quatre heures[152].
210
+
211
+ En juillet 2007, le septième et dernier roman, Harry Potter et les Reliques de la Mort, dépasse le cap des deux millions de pré-commandes sur Amazon : c'est la première fois qu’un livre atteint ce chiffre avant sa sortie[153]. Les Reliques de la Mort devient le livre le plus vendu de l'histoire, en déplaçant 11 millions de personnes dans les vingt-quatre premières heures de sa mise en vente[154]. La série a également rassemblé des fans adultes, menant à la publication de deux éditions de chaque livre de Harry Potter identiques dans leur contenu mais comportant de nouvelles couvertures adaptées au public adulte[155].
212
+
213
+ Aux États-Unis, ce sont plusieurs centaines de milliers d'exemplaires vendus dès sa parution en 1998. En 2007, le tirage initial du dernier volume de la série s'élève dans le pays à 12 millions d'exemplaires, un nouveau record[156].
214
+
215
+ Les romans de la série Harry Potter, ont tous été des best-sellers acclamés par les critiques[S 18]. Les ventes globales sont estimées à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde en 2018[157], sur 140 pays. Le succès commercial de la série a fait de son auteur, J. K. Rowling, la première écrivaine milliardaire de l'histoire de l'édition[S 19].
216
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217
+ La série Harry Potter s'est vue récompensée de nombreux prix depuis la publication initiale de L'école des sorciers. Parmi ces prix figurent notamment quatre Whitaker Platinum Book Awards (tous décernés en 2001)[158], deux Prix du livre du Conseil des Arts d'Écosse en 1999 et 2001[159], le Prix Costa du livre pour enfant en 1999[S 20] et un British Book Award dans la catégorie « livre de l'année » en 2006[160]. En 2000, Le Prisonnier d'Azkaban est nommé pour le Prix Hugo du meilleur roman et La Coupe de feu le remporte en 2001[161]. Les distinctions honorifiques incluent une recommandation pour la Médaille Carnegie en 1997[162], une figuration sur les listes des meilleurs livres de l’American Library Association, du New York Times et de la bibliothèque publique de Chicago[163], ainsi que l'attribution en France de la Légion d'honneur en 2009[164].
218
+
219
+ En 2002, le sociologue britannique Andrew Blake a classé Harry Potter parmi les icônes de la culture populaire britannique, à l'image de James Bond ou de Sherlock Holmes[S 21]. En 2003, quatre des livres figurent dans le top 24 du sondage littéraire de la BBC concernant les romans les plus aimés au Royaume-Uni[165]. Sur la base d'un sondage en ligne de 2007, la première organisation syndicale des États-Unis, regroupant notamment des enseignants, a inscrit Harry Potter dans son top 100 des meilleurs livres « enseignement » pour enfants[166].
220
+
221
+ Au début de son histoire, Harry Potter reçoit des critiques très positives. À la publication du premier roman, celui-ci attire l'attention des journaux écossais, tels que The Scotsman, qui précise alors que Harry Potter a « toutes les étoffes d'un classique[167] ». Bientôt, les journaux anglais se rejoignent pour évoquer une comparaison à l'œuvre de Roald Dahl. The Mail on Sunday le classe comme « un début des plus imaginatifs depuis Roald Dahl[167] », un point de vue repris par le Sunday Times (« les comparaisons à Dahl sont, cette fois, justifiées[167] »), tandis que The Guardian le qualifie de « roman richement texturé offert par un esprit inventif[167] ».
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223
+ Au moment de la sortie du cinquième opus, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, les livres ont commencé à recevoir un certain nombre de critiques sévères. Professeur à l'Université Yale et critique littéraire, Harold Bloom a remis en question les mérites littéraires attribués aux livres. Ainsi, pour Bloom, « l'esprit de Rowling est tant gouverné par les clichés et métaphores dépassées qu'elle n'a aucun autre style d'écriture à proposer[168] ». Le critique et écrivain anglais Anthony Holden s'est exprimé dans The Observer au sujet de sa propre expérience alors qu'il jugeait Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban à l'attribution du Prix Costa (que Rowling a remporté en 1999). Sa vision globale de la série était négative : « la saga de Potter est essentiellement condescendante, conservatrice, hautement dérivée et profondément nostalgique d'une Angleterre révolue[169] ». Ursula K. Le Guin, auteure de science-fiction et de fantasy, a précisé : « Je n'ai pas grande opinion de cela. Quand tant de critiques adultes s'emballent à propos de l'« incroyable originalité » du premier livre de Harry Potter, je demeure un peu perplexe. Il semble que cela soit un fantasme d'enfant réalisé à travers un « roman d'école », accessible pour ce groupe d'âge, mais stylistiquement ordinaire, imaginativement dérivé et éthiquement plutôt malsain[170] ». De son côté, Michael Rosen, romancier et poète, pense que les livres ne sont pas adaptés aux enfants, qui seraient probablement incapables de saisir la complexité des thèmes abordés[171].
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225
+ L'auteure et essayiste anglaise Fay Weldon, tout en admettant que la série n'est pas « ce que les poètes attendent », continue néanmoins à dire « mais ce n'est pas de la poésie, c'est lisible, accessible, une prose utile dans le quotidien[172] ». Le critique littéraire A. N. Wilson a fait l'éloge de la série Harry Potter dans The Times, affirmant : « Il n'y a pas beaucoup d'écrivains ayant la capacité Dickensienne de J. K. Rowling à nous faire tourner les pages, pleurer ouvertement et quelques pages plus tard, à rire à des plaisanteries invariablement bonnes... Nous avons vécu une décennie à suivre la publication des histoires les plus vivantes, les plus drôles, les plus effrayantes et les plus émouvantes jamais écrites[173] ». Charles Taylor de Salon.com, qui est avant tout un critique de cinéma[174], a rejeté les allégations selon lesquelles la série manquait de mérite littéraire sérieux et qu'elle ne devait son succès qu'aux garanties qu'elle offrait auprès des enfants. Taylor a souligné la tonalité plus sombre qu'adoptaient progressivement les livres, notamment au travers de meurtres. Il soulève également les blessures psychologiques et l'isolement social provoqués par ces pertes[175]. Selon Stephen King, la série représente « un exploit dont seulement une imagination supérieure est capable » et a déclaré que « les jeux de mots de Rowling et son sens de l'humour » étaient « remarquables[176] ». Il ajoute que « Harry prendra sûrement sa place auprès d'Alice, de Huck, de Frodon et de Dorothy. C'est non seulement la série de la décennie, mais également celle de tous les âges[S 22] ».
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227
+ La Pottermania s'étend également au monde du réel. Ainsi, en Angleterre, la fameuse gare londonienne de King's Cross bénéficie aujourd'hui d'une pancarte indiquant la fameuse « voie 9 ¾ », ainsi que d'un chariot à bagages encastré dans le mur en clin d’œil à la série : « Cela me rend extrêmement fière à chaque fois que je passe devant » avoue J. K. Rowling[177]. Par ailleurs, le mot « Moldu » (Muggle) s'est répandu au-delà de son origine potterienne, devenant l'un des quelques mots de la culture populaire figurant dans l’Oxford English Dictionary[178].
228
+
229
+ Le succès sans précédent de la série a montré qu'enfants et adolescents n'étaient pas réfractaires à la lecture. Des « pavés » de plusieurs centaines de pages, sans images, sont littéralement dévorés[179], le plus souvent en quelques heures et parfois même en version originale[180].
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+ Ainsi en France, certains étaient étonnés de voir, le 21 juillet 2007 (date de sortie anglo-saxonne du dernier tome[2]), les étals des libraires regorger du dernier Harry Potter en anglais. La Fnac parisienne des Halles, par exemple, proposait Harry Potter and the Deathly Hallows dans des bacs spéciaux disposés dans l'allée centrale, pour les lecteurs ne souhaitant pas attendre la traduction prévue pour octobre-novembre. Les ventes ont été exceptionnelles pour un livre en anglais. Ce phénomène rend bien compte de l'évolution notoire en matière de lecture d'œuvres en version originale dans les pays francophones : il est de plus en plus courant de lire des œuvres bilingues ou en version totalement originale, ce qui était encore exceptionnel dans les années 1990[2]. Pour la première fois avec Harry Potter and the Order of the Phoenix, un livre anglais a figuré parmi les meilleures ventes de livres en France[181].
232
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233
+ Le quotidien israélien Maariv rapporte que la tombe d'un soldat anglais homonyme (le Caporal Harry Potter, mort en 1939 à Hébron lorsque la Palestine était encore sous mandat britannique, et enterré à Ramla près de Tel-Aviv), fait l'objet de « pèlerinages » de la part de touristes, bien qu'il n'ait jamais eu de lien avec la série de livres et de films[182]. Ceci est interprété comme un besoin de créer un objet d'illusion. C'est un processus également à la base de l'érotomanie, où il est toutefois beaucoup plus prégnant[183].
234
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235
+ Plus récemment, des personnages et éléments de la série ont inspiré les noms scientifiques de plusieurs organismes. Le château de Poudlard (Hogwarts), par exemple, a inspiré le nom du dinosaure Dracorex hogwartsia, le Choixpeau de Gryffondor celui de l'araignée Eriovixia gryffindori, les Détraqueurs (Dementors) celui de la guêpe Ampulex dementor ou encore le personnage de Severus Rogue pour le crabe Harryplax severus[184]. L'univers de Harry Potter est de plus en plus souvent mentionné par les personnages de nombreux films et séries comme Lost, Dr House, Falling Skies, Supernatural, Le diable s'habille en Prada, Yes Man ou Parents à tout prix ainsi que The Big Bang Theory, ou plus récemment Marvel : Les Agents du SHIELD[185], Boyhood ou encore Love Actually.
236
+
237
+ Par ailleurs, selon Joyce Fields de l'université Columbia, les livres illustrent quatre des cinq sujets fondamentaux d'une classe de sociologie de première année : les concepts sociologiques comprenant la culture ; la société et la socialisation ; la stratification et l'inégalité sociale, et la théorie et les institutions sociales[S 23]. Dans un article du New York Times, Christopher Hitchens a salué Rowling pour avoir créé « un monde de démocratie et de diversité[186] ». En 2016, lors de la campagne présidentielle américaine, une étude affirme que trois thèmes « politiques » sont largement prédominants à travers les livres : la valeur de la tolérance et le respect de la différence, l'opposition à la violence et aux punitions, et les dangers de l'autoritarisme[187]. D'autres études menées aux États-Unis auprès de plus d'un millier d'étudiants ont démontré que les lecteurs de la série étaient jugés plus tolérants, davantage opposés à la violence et à la torture, moins autoritaires et moins cyniques que les personnes ne l'ayant pas lue[S 24].
238
+
239
+ Les livres ont fait l'objet d'un certain nombre de procédures judiciaires, résultant de divers conflits concernant les atteintes aux droits d'auteur. La popularité et la grande valeur marchande de la série ont conduit l'auteure J. K. Rowling, ses éditeurs et Warner Bros à prendre des mesures légales pour protéger leurs droits, incluant l'interdiction de vente d'imitations de Harry Potter, ciblant les propriétaires de certains sites Web. L'auteure Nancy Stouffer a été condamnée à ses dépens à la suite de ses accusations selon lesquelles Rowling aurait plagié son travail[188]. Divers conservateurs religieux ont également estimé que les livres Harry Potter favorisaient la sorcellerie et la religion Wicca et les ont considérés, par conséquent, inadaptés aux enfants[189],[190].
240
+
241
+ De 1997 à 1998, Harry Potter à l'école des sorciers a remporté presque toutes les récompenses britanniques attribuées par des enfants, mais aucun des prix de livres pour enfants jugés par des adultes[191]. Selon l'écrivain Sandra Beckett, le snobisme intellectuel envers les livres populaires parmi les enfants en serait l'une des raisons majeures[S 25].
242
+
243
+ Par ailleurs, certains auteurs ont reconnu sous la plume ou dans les paroles de J. K. Rowling des valeurs progressistes (avec notamment l'annonce de l'homosexualité de son personnage Dumbledore[192]) ou encore des messages subversifs et anarchistes, notamment dans l'idée de l'acceptation de la mort du personnage principal[S 26] ou le fait que Dumbledore « accorde pratiquement des points pour la violation des règles[S 27] ». La critique Christine Schoefer de Salon.com a affirmé que les livres présentaient en outre un monde patriarcal rempli de stéréotypes et adhérant au « postulat classique que les hommes gouvernent le monde et qu'il doit en être ainsi[S 28] ».
244
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245
+ Le studio américain Warner Bros. a dès la parution du troisième volume commencé à adapter les romans au grand écran.
246
+
247
+ Les deux premiers épisodes ont été adaptés au cinéma par le réalisateur Chris Columbus. C'est le jeune acteur Daniel Radcliffe qui joue Harry Potter, accompagné de Rupert Grint dans le rôle de Ron Weasley et d'Emma Watson dans le rôle d'Hermione Granger. L'adaptation cinématographique du troisième roman a été confiée cette fois à Alfonso Cuarón, qui s'est quelque peu écarté des choix de son prédécesseur. Mike Newell est le réalisateur du quatrième opus qui mêle les styles de ses deux prédécesseurs sur fond de blockbuster. David Yates, quant à lui, s'est chargé de la réalisation des cinquième et sixième films. Il a réalisé également le septième volet, mais de manière un peu particulière : en effet, le film, trop long s'il était réalisé en une seule partie, a donc été divisé en deux opus qui sont sortis au cinéma à huit mois d'intervalle[193].
248
+
249
+ Ces adaptations ont connu un important succès dans les salles et ont rapporté plus de sept milliards de dollars[194]. À propos de ces films, J. K. Rowling a déclaré avoir quelquefois regretté d'avoir cédé les droits cinématographiques[195], tout en ayant particulièrement apprécié les décors de Stuart Craig[84], ainsi que l'intuition et l'originalité d'Alfonso Cuarón[196].
250
+
251
+ Les parcs à thème The Wizarding World of Harry Potter, dont le premier a ouvert en 2010, appartiennent à Universal et proposent notamment une visite du village de Pré-au-Lard et du Chemin de Traverse à tailles réelles (tels que matérialisés dans les films), ainsi que des attractions sur le thème de Harry Potter.
252
+
253
+ Une pièce de théâtre intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit[197] est jouée en deux parties (de 2 h 30 chacune[198]) au Palace Theatre à Londres, à partir du 31 juillet 2016. Elle a été écrite par Jack Thorne et mise en scène par John Tiffany, en collaboration avec J. K. Rowling. Le script de la pièce est également publié le même jour au Royaume-Uni[199], puis le 14 octobre en France.
254
+
255
+ La représentation de la pièce à Londres est bien accueillie en raison de la mise en scène très pointilleuse de Tiffany et de son décor à grand budget[198] : le spectateur retrouve sur scène notamment les escaliers mouvants, les portraits parlants, etc. Le script de la pièce est en revanche très fréquemment qualifié de « fanfiction » en raison de son trop grand nombre d'incohérences et de « dialogues mièvres », en comparaison de l'histoire originelle de J. K. Rowling[200].
256
+
257
+ En français, les six premiers romans sont sortis en version audio entre 2000 et 2017. L'acteur Bernard Giraudeau a effectué la lecture sonore de la traduction francophone des quatre premiers romans. Dominique Collignon-Maurin a pris sa suite à partir de la sortie audio de Harry Potter et l'Ordre du Phénix en octobre 2016[201] :
258
+
259
+ Les versions originales sont lues par l'acteur et humoriste britannique Stephen Fry.
260
+
261
+ Le site internet Pottermore est ouvert au grand public entre avril 2012 et octobre 2019[208],[209]. Proposé à l'origine par J. K. Rowling, le site permettait à cette dernière d'y ajouter du contenu inédit autour de son univers magique et de donner un aperçu alternatif de sa série.
262
+
263
+ La première version ludique du site proposait notamment aux utilisateurs d'être répartis dans une maison de Poudlard (en répondant à un questionnaire établi par l'auteure elle-même) et de participer à quelques mini-jeux[208], comme préparer des potions, apprendre des sortilèges, se battre en duel, etc. Le site était construit de manière que les utilisateurs fassent l'expérience de l'histoire en découvrant au fur et à mesure de leur progression dans l'intrigue, des contenus inédits écrits par J. K. Rowling sur des personnages principaux, des lieux ou des objets magiques y figurant[210].
264
+
265
+ Le site a été entièrement revu dans son concept en septembre 2015[211]. Les mini-jeux et le rappel de l'histoire roman par roman ont été supprimés. Pottermore est alors conçu à la manière d'une encyclopédie plus sobre et dynamique, reprenant également des images des films adaptés. Le site regroupe tous les contenus inédits de l'auteure dans une rubrique spécifique[212].
266
+
267
+ En octobre 2019, Pottermore a été clôturé et une grande partie de son contenu a été déplacée sur un nouveau site officiel, WizardingWorld.com, qui regroupe les informations relatives à Harry Potter et à la série de films dérivée Les Animaux fantastiques[209].
268
+
269
+ Harry Potter est une œuvre très plébiscitée par les jeunes. Cette génération, très tournée vers l'Internet, a su faire vivre sa passion sur la toile en d��veloppant de très nombreux sites et forums sous la forme de sites d'informations, de sites interactifs, de forums pratiquant le RPG. Le plus répandu réside dans le concept de Magicland[213] (anciennement Poudlard Interactif ou PI), où les membres peuvent vivre à la manière d'élèves sorciers en suivant des cours, en jouant au célèbre quidditch, en réalisant des duels, ou en s'exerçant à divers concours. Tous ces sites ne sont pas exploités et gérés par Warner ou J. K. Rowling, à la différence de Pottermore[214].
270
+
271
+ Les Potterfictions sont des fictions écrites par des fans de l'univers de Harry Potter, et basées sur l'histoire et les personnages de la série originale de J. K. Rowling. Elles sont généralement publiées sur des sites de fanfictions comme FanFiction.Net, ou des sites spécialisés de « Potterfictions »[215]. Elles suivent couramment le plan habituel des ouvrages de la série d'origine (sur une année scolaire) avec ses personnages originaux, tout en développant par exemple l'histoire de personnages inédits. Certains auteurs inventent une suite à l'histoire d'origine, d'autres une préquelle mettant en scène ses personnages secondaires[215], comme les quatre Maraudeurs (James Potter, Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow), à l'époque de leur propre scolarité à Poudlard dans les années 1970 (cette période étant brièvement abordée dans l'œuvre[17]).
272
+
273
+ Certaines Potterfictions se détachent de l'ensemble par leur originalité. L'une des plus représentatives est probablement Harry Potter et les Méthodes de la Rationalité, publiée en ligne entre 2010 et 2015[S 29], traduite en plusieurs langues et ayant atteint une notoriété mondiale. Le blogueur américain Eliezer Yudkowsky y adapte l'histoire originale du personnage de Harry Potter, formé ici à la pensée rationnelle et tentant d'expliquer la sorcellerie de son univers par la méthode scientifique[216]. Selon une étude dans le Hindustan Times, la fiction de Yudkowsky, étendue sur près de 2 000 pages, dépeint le conflit entre le bien et le mal à l'image d'une bataille entre la connaissance et l'ignorance[S 30].
274
+
275
+ À l'université du Michigan en 2009, StarKid Productions a interprété une parodie musicale originale de la série Harry Potter, intitulée A Very Potter Musical. La comédie musicale a été récompensée par Entertainment Weekly[217].
276
+
277
+ Plus de 400 groupes musicaux de wizard rock (rock « sorcier »), un mouvement né aux États-Unis au début des années 2000, ont également vu le jour[218]. Tous les groupes de wizard rock s'inspirent directement de l'univers de Harry Potter et s'y limitent[219].
278
+
279
+ De nombreux produits dérivés sont proposés, tels que des éléments d'uniformes scolaires aux couleurs des maisons de Poudlard (écharpes[220], pulls[221], cravates[222], etc.), des mugs[223] ou des portes-clés[224]. The Noble Collection, spécialiste des répliques d'objets de cinéma, propose notamment des baguettes Harry Potter en résine, ainsi que de nombreux autres objets se référant à l'univers cinématographique de la série[225]. Il existe également de nombreux jeux de toutes formes.
280
+
281
+ De nombreux jeux de société classiques et populaires ont été réédités par Hasbro, Mattel ou Parker en ayant pour thème l'univers de Harry Potter. Il existe notamment une version spécifique du Cluedo[226], de l'Uno[227], du Scrabble[228], du Labyrinthe (Les couloirs de Poudlard[229]), un questionnaire de Trivial Pursuit[230], ainsi que divers jeux de cartes[231] ou plateaux d'échecs[232].
282
+
283
+ En 2013, Gallimard Jeunesse édite un jeu de plateau Harry Potter : Le Jeu, proposant un parcours de type jeu de l'oie à travers les films de la saga, en répondant à des questions ou en relevant des défis[233]. Divers jeux d'adresse pour enfants sont également édités (quidditch[234], parcours de lévitation d'objets[235], etc.).
284
+
285
+ Chaque roman de la série a été adapté en jeu vidéo par Electronic Arts sur diverses plateformes, notamment sur PC (Windows)[236], Game Boy Color[237], Game Boy Advance[238], PlayStation[239], PlayStation 2[240], Xbox[241] et GameCube[242]. Les trois derniers jeux adaptés sont également disponibles sur Wii[243]. Ce sont des jeux d'action-aventure suivant les événements principaux de l'intrigue des romans et dont la sortie coïncide avec celle des films Harry Potter. Ils sont agrémentés de nombreuses phases de plates-formes et d'affrontements[244].
286
+
287
+ Electronic Arts développe en 2003 une édition spéciale quidditch : Harry Potter : Coupe du monde de quidditch[245]. En 2012 sort Wonderbook: Book of Spells, basé sur l'univers, suivi en 2018 de Harry Potter : Secret à Poudlard, un jeu vidéo de rôle sur android et IOS[246], puis de Harry Potter: Wizards Unite en 2019, co-développé par Warner Bros Games et Niantic. Ce dernier est basé sur le même concept que celui de Pokémon Go[247],[248].
288
+
289
+ Une gamme Lego Harry Potter, créée en 2001, regroupe des ensembles de mises en scène des différents films de la franchise[249].
290
+
291
+ On retrouve deux jeux vidéo mettant en scène cet univers (Lego Harry Potter : Années 1 à 4 et Lego Harry Potter : Années 5 à 7). Ces deux jeux, parus respectivement en 2010[250] et 2011[251] et édités par Warner Bros. Interactive Entertainment, sont disponibles sur plusieurs plateformes.
292
+
293
+ (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Harry Potter » (voir la liste des auteurs).
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+ Travaux originaux
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ L'école des sorciers (1997)
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+ La Chambre des secrets (1998)
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+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
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+ La Coupe de feu (2000)
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+ L'Ordre du Phénix (2003)
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+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
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+ Les Reliques de la Mort (2007)
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+ L'Enfant maudit (2016)
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+ Le squelette (du grec skeletós, « desséché ») est une charpente animale rigide servant de support pour les muscles et les organes. Cette structure permet à un organisme pluricellulaire de protéger ses organes et de garder une certaine forme malgré la force exercée par la gravité terrestre. Il existe deux principaux types de squelettes : l'exosquelette, à la surface du corps, et l'endosquelette, à l'intérieur du corps.
2
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+ L'exosquelette se retrouve chez certains invertébrés, comme les mollusques ou les arthropodes. Chez les vertébrés, le squelette est interne et est donc un endosquelette. Constitué de l'ensemble des os et des cartilages du corps, il est consolidé par des articulations et est actionné par les muscles squelettiques. Dérivé du mésoderme embryonnaire, le squelette est l'innovation à la base de l'évolution des vertébrés. Contrairement à l'exosquelette qui a plutôt tendance à limiter la taille de l'organisme, le squelette interne peut permettre au corps d'atteindre une taille élevée.
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+ Le squelette forme, avec le système musculaire et une partie du système nerveux, l'appareil locomoteur.
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+ Le squelette est une structure rigide qui intervient dans trois fonctions fondamentales : le soutien, la protection et le mouvement[1]. Le squelette permet à de nombreux organismes pluricellulaires de ne pas s'affaisser sous leur propre masse et de conserver une certaine forme. Chez de nombreuses espèces, il permet de protéger les tissus mous de l'organisme, comme le crâne des vertébrés qui enveloppe l'encéphale. Enfin, le squelette joue un rôle dans le mouvement de l'organisme en servant de point d'appui aux muscles squelettiques.
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+ Dans les cellules eucaryotes, le réseau de filaments protéiques du cytoplasme forme le cytosquelette et permet de donner sa forme à la cellule.
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+ C'est une structure dynamique qui permet de modifier la forme de la cellule et de la protéger, ainsi qu'à assurer la mobilité intracellulaire des organites. Le cytosquelette joue également un rôle important dans la division cellulaire.
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+
13
+ L'hydrosquelette, ou squelette hydrostatique, est un compartiment fermé renfermant un liquide sous pression qui permet à l'organisme de protéger ses organes internes et de se déplacer par péristaltisme en milieu aquatique. En milieu terrestre, l'hydrosquelette ne sert qu'à la protection et ne peut pas intervenir dans la locomotion. Ce type de squelette se retrouve chez la plupart des cnidaires, des plathelminthes, des nématodes et des annélides.
14
+
15
+ Le squelette externe, ou exosquelette, est une enveloppe rigide en contact direct avec l'environnement qui se trouve à la surface du corps de certains animaux[1]. Il est aussi appelé « coquille » ou « carapace ».
16
+
17
+ Certains protistes, comme les radiolaires, ont une sécrétion durcie tapissant leur membrane cellulaire qui fait office d'exosquelette[2]. La coquille des mollusques est constitué essentiellement de carbonate de calcium. Les arthropodes sont recouverts d'un exosquelette articulé appelé cuticule.
18
+
19
+ La croissance d'un exosquelette est différente de celle d'un endosquelette. Chez les arthropodes, des mues successives remplacent l'exosquelette et permettent la croissance.
20
+
21
+ Le squelette interne, ou endosquelette, est le squelette des vertébrés. Le squelette humain est composé de 206 os. L'ensemble est constitué largement de calcium.
22
+ Les cellules de la couche musculaire des éponges sécrètent des bâtonnets et des fibres considérées comme un squelette interne. Certains échinodermes possèdent également un squelette interne, bien que superficiel, formé de cristaux de calcite.
23
+
24
+ Le squelette des vertébrés peut être osseux ou cartilagineux.
25
+
26
+ Dans le cas d'un squelette osseux, il est composé d'os reliés, aux articulations, par des ligaments. Les muscles sont reliés aux os par les tendons.
27
+
28
+ Il est rudimentaire et réduit à une notochorde (ou notocorde) chez les embryons et chez quelques formes adultes, d'une colonne vertébrale et de la tête chez certains reptiles et poissons; il se complique, chez la plupart des vertébrés, par l'adjonction d'appendices, les membres.
29
+
30
+ Chez certains animaux invertébrés ayant un corps mou, comme la pieuvre, la rigidité corporelle est assurée par une cavité remplie d'un liquide, c'est le squelette hydrostatique.
31
+
32
+ Longtemps utilisé pour étudier et enseigner l'anatomie, les squelettes humains sont de nos jours bannis des universités et centres de recherche. L'Inde était un des plus prolifiques fournisseurs de squelettes avant que le gouvernement en interdise l'exportation en 1985. Comme dans bien des domaines, il y a toujours un marché noir que les autorités de plusieurs pays tentent de stopper. Ce sont des groupes bien structurés qui gèrent ce réseau international de trafic de squelette humains. Malgré un gigantesque démantèlement en 2001, il semble qu'aujourd'hui ce type de commerce très lucratif existe encore[3],[4].
33
+
34
+ Les différentes classifications scientifiques des espèces ont utilisé différentes particularités de squelettes pour classer les espèces.
35
+
36
+ Les os du squelette sont l'un des seuls tissus qui possèdent une longue durée de conservation.
37
+
38
+ Le squelette dans son intégralité, ou même que le crâne (voir Tête de mort), est une représentation voire une personnification de la mort.
39
+ Dans les fictions, un squelette est un mort-vivant qui a perdu toute sa chair putréfiée.
40
+
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+ République socialiste démocratique du Sri Lanka
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+ (si) ශ්‍රී ලංකා ප්‍රජාතාන්ත්‍රික සමාජවාදී ජනරජය
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+ (ta) இலங்கை சனநாயக சோசலிசக் குடியரசு
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+ (en) Democratic Socialist Republic of Sri Lanka
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+ 6°54′N, 79°54′E
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+ Le Sri Lanka, en forme longue république socialiste démocratique du Sri Lanka (en singhalais : ශ්‍රී ලංකා, Śrī Laṃkā et ශ්‍රී ලංකා ප්‍රජාතාන්ත්‍රික සමාජවාදී ජනරජය, Srī Lankā prajātāntrika samājavādī janarajaya ; en tamoul : இலங்கை, Ilaṅkai et இலங்கை சனநாயக சோஷலிசக் குடியரசு, Ilaṅkai jaṉanāyaka sōsalisa kuṭiyarasu ; en anglais : Sri Lanka et Democratic Socialist Republic of Sri Lanka), est un État insulaire de 65 610 km2 du sous-continent indien, situé au sud-est de l'Inde, et peuplé d'environ vingt-deux millions de personnes.
16
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17
+ Le pays était auparavant nommé Tambapanni par ses premiers habitants, Taprobane par les Grecs, Serendip (ou Serendib) par les Arabes, puis Ceylan jusqu'en 1972.
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+
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+ Le pays possède une diversité religieuse, culturelle et linguistique marquée. Ainsi, le Sri Lanka possède deux langues officielles reconnues par la Constitution du pays à parts égales, le singhalais et le tamoul. La première est prédominante dans la plus grande partie du pays, car environ 73,8 % des habitants parlent singhalais et environ 26,1 % parlent tamoul[réf. souhaitée].
20
+
21
+ Le Sri Lanka est situé dans l’océan Indien, à environ 31 km du Sud-Est de l'Inde, les deux pays étant séparés par le détroit de Palk, mais quasiment reliés par le pont d'Adam. Sa superficie est de 65 610 km2 et sa population s’élève à plus de 20,4 millions d'habitants[5]. Point culminant : le mont Pidurutalagala, à 2 524 m.
22
+
23
+ Les principales villes sont Colombo (capitale économique, 690 000 habitants en 2003), Kandy et Galle. Les villes autour de Colombo sont Dehiwala-Mount Lavinia (196 000 hab.), Moratuwa (170 000 hab.). La ville la plus septentrionale du pays, Jaffna (129 000 hab.), est aujourd’hui dans la zone contestée entre les militants tamouls et le gouvernement. La capitale politique est Sri Jayawardenapura Kotte, située à 15 km au sud-est de Colombo.
24
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+ Les premières traces d'activités humaines au Sri Lanka datent d'il y a 125 000 ans, à plus de 500 000 ans[6].
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+ Les premiers habitants connus de l'île sont les Vedda[7]. Une ethnie de près de 2 500 personnes.
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+ L'un des premiers textes faisant référence à l'île est le Ramayana, dont deux épopées mythologiques relatent des événements datés entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère[8].
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+
31
+ Cette île serait l'île de Taprobane que l'on trouve chez Ptolémée (aussi appelée, Zeilan, c'est-à-dire Ceylan, chez Thomassin[9], d'après un certain Bochart qui pense que Salomon s'y serait approvisionné en or). Elle joua un rôle important dans les échanges commerciaux maritimes pendant l'Antiquité et elle est citée dans Le Périple de la mer Érythrée.
32
+
33
+ Le bouddhisme fut probablement introduit dans l'île au IIIe siècle av. J.-C., par le fils de l'empereur indien Ashoka[10].
34
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+ Une civilisation prospère se développa dans des villes comme Anurâdhapura. Cette civilisation, au cours du Ve siècle, créa une « hydrocratie » sous l'influence du bouddhisme, autour d'immenses réservoirs d'eau artificiels (comme dans l'Empire khmer).
36
+
37
+ Le Mahavamsa (« la grande généalogie ») est un texte écrit (IVe siècle) en langue pâli par le moine Mahanama. Ce texte raconte les histoires des rois singhalais et dravidiens de l'île. Il couvre une période qui s'étend de l'avènement du roi Vijaya en 543 av. J.-C. au règne du roi Mahasena (334-361 apr. J.-C.). Le Culavamsa, ou « la petite généalogie » a continué cette tradition écrite jusqu'au XIXe siècle. Depuis 1070, singhalais en majorité bouddhistes et Tamouls en majorité hindouistes, sont présents sur la plus grande partie du territoire.
38
+
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+ D'après des textes singhalais, la partie méridionale de l'île aurait subi deux attaques de la part de Candrabhanu, souverain de la principauté malaise de Tambralinga (aujourd'hui Nakhon Si Thammarat dans le Sud de la Thaïlande). La première aurait eu lieu en 1247. Candrabhanu est défait par le roi Parâkramabâhu II (règne 1236-1270), mais il réussit néanmoins à prendre le contrôle du nord de l'île. Candrabhanu lance une seconde attaque en 1262, cette fois-ci avec l'aide de forces tamoules et singhalaises. Il est de nouveau défait et tué en combat. L'influence de Tambralinga disparaît au XIVe siècle. Si l'on excepte l'influence malaise à Madagascar, cet épisode est le seul exemple d'une expédition venant du Sud-Est asiatique, en dehors des limites de cette région.
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+ Le Sri Lanka connut, à plusieurs reprises, le règne de rois tamouls, en particulier sous l'empire de Chola, en Inde du Sud.
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+ Les Portugais ont principalement étendu leur domination sur les territoires du royaume de Kotte et des villages Vannimai du Nord de Ceylan. L'arrivée des Portugais sur l'île était accidentelle sachant qu'ils étaient venus pour le commerce de la cannelle.
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+ Le Portugal va maintenir sa domination sur l'île de 1505 à 1658.
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+ En 1638, le royaume de Kandy voisin signe le traité de Kandy avec l'Empire colonial néerlandais pour chasser les Portugais. Ces derniers sont vaincus en 1658.
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+ Après la signature du traité de Kandy en 1638, le roi Râjasimha II désigne les Hollandais comme nouveaux protecteurs de l'île. Une guerre éclate donc entre les Pays-Bas et le Portugal pour le contrôle de l'île (guerre néerlando-portugaise). Les Pays-Bas en prennent définitivement le contrôle en 1658.
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+
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+ L'Empire britannique intégra l'île de Ceylan en tant que province en 1796 au détriment des Hollandais. Le territoire devint officiellement une colonie entre 1802 et 1948. Au début ce territoire ne comprenait pas le royaume de Kandy, devenu un protectorat en 1815, mais à partir de 1817 les possessions britanniques couvrent toute l'île de Ceylan. Ce contrôle britannique fut confirmé au congrès de Vienne, en 1814 et 1815 puis par la convention de Kandy de 1815.
52
+
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+ Très rapidement, les Kandyens se sont rebellés et ont mené une guérilla. Le mécontentement à l'égard des activités britanniques se transforma bientôt en rébellion ouverte, débutant dans le duché d'Uva en 1817. Ces batailles sont connues sous le nom de rébellion d'Uva, ou encore de Troisième Guerre de Kandy. Elle se termina après une sanglante répression de la part des Britanniques. La principale cause de la rébellion était religieuse ; les Kandyens voyant les Britanniques comme une menace envers leurs traditions bouddhistes, considérées par les insulaires comme faisant partie intégrante de leur vie. Ce fut le dernier soulèvement de ce genre. La réaction brutale de la Grande-Bretagne, en massacrant tous les rebelles, ayant servi d'avertissement au reste de la communauté. C'est après cette rébellion que le royaume de Kandy a été annexé à Ceylan en 1817.
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+ L'administration anglaise introduisit au XIXe siècle la culture du thé, ainsi qu'un réseau ferroviaire.
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+ Les politiques racistes de G. G. Ponnambalam, dirigeant tamoul, et de son homologue singhalais, Solomon Bandaranaike, déclenchèrent, pendant les années 1930, des troubles entre les deux communautés. Les premiers affrontements eurent lieu en 1939, après un discours enflammé du dirigeant tamoul G. G. Ponnambalam[11]. Par contre, les actions indépendantistes furent non-violentes et adoptèrent une approche progressive et constitutionnelle.
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+
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+ La Seconde Guerre mondiale retarda les troubles ethniques sur l'île et un gouvernement modéré, dirigé par Don Stephen Senanayake, Premier ministre, déclara l'indépendance le 4 février 1948. Lors de l'indépendance, les dirigeants refusèrent de rejoindre l'Union Indienne, rappelant la spécificité du pays, dont sa majorité bouddhiste. Après la mort de Senanayake, une coalition nationaliste singhalaise menée par Bandaranaike gagna les élections. Le gouvernement de S. W. R. D. Bandaranaike, au pouvoir en 1956, instaura le singhalais comme seule langue officielle, première loi emblématique discriminante à l'égard de la minorité tamoule.
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+ Les Tamouls, surtout le parti souverainiste tamoul (Tamil Arasu Kachchi), organisèrent des manifestations pacifiques contre l'usage d'une langue officielle unique. En 1958 un pogrom anti-Tamouls fait 500 victimes et en 1959 S. W. R. D. Bandaranaike est assassiné par un moine bouddhiste singhalais. En 1972, le bouddhisme est décrété religion d'État et l'admission des Tamouls à l'université devient sélective.
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+ Les Tamouls et très majoritairement les jeunes, prennent alors les armes sous forme de plusieurs groupes de guérilla. En 1977, une modification de la loi sur la langue officielle reconnaît à nouveau — mais un peu tard — le tamoul comme langue officielle.
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+
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+ Une guerre civile prend de l'ampleur à compter de 1983 : elle oppose le gouvernement central à l'organisation des Tigres de libération de l'Îlam tamoul (en anglais LTTE – Liberation Tigers of Tamil Eelam), conduite par Velupillai Prabhakaran, et devenue unique représentante de la résistance armée. En prenant en compte les événements d'avant la guerre proprement dite, cette guerre civile a causé la mort de plus de 100 000 personnes depuis 1972.
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+
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+ Le Sri Lanka a été gravement touché par le tsunami du 26 décembre 2004, causant environ 31 000 morts et de très importants dégâts matériel[12].
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+ Après la trêve de 2002-2005, le conflit s'accélère et rentre dans une phase décisive en 2009. Avec l'appui logistique de la Chine et du Pakistan, le président Rajapakse (élu sur un programme ultra-sécuritaire) mène une « guerre contre le terrorisme » dont il veut purger le pays. L'offensive est particulièrement sanglante avec 40 000 morts selon des estimations qui ne prennent pas en compte plusieurs dizaines de milliers de disparus (dont une grande partie de civils). L'ONU estime que dans cette phase ont été commis de part et d'autre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, le gouvernement srilankais ayant refusé toute aide humanitaire.
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+
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+ Les LTTE cessent le combat le 17 mai 2009 après l'annonce de la mort de M. V. Prabhakaran. Et le chef de l’État srilankais Mahinda Rajapakse déclarera solennellement le 19 mai 2009 devant le Parlement la victoire écrasante de la République démocratique et socialiste du Sri Lanka.
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+
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+ En 2011 la RDS du Sri Lanka continue de percevoir des fonds importants de l'ensemble de la Communauté internationale sous forme d'aide au développement et à la reconstruction. Des ONG locales (les autres restant interdites) s'occupent d'améliorer la situation des 300 000 Tamouls qui ont tout perdu lors du conflit et sortent sporadiquement des camps de réfugiés sous contrôle militaire où ils ont vécu plusieurs mois.
74
+
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+ En absence d'observateurs, ou de journalistes étrangers, le gouvernement reste libre de comptes à rendre sur ses intentions de dialogue, mais il est à signaler que son budget d'armement n'a pas baissé depuis 2009.
76
+
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+ Des ONG dénoncent le fait que le gouvernement a abandonné les populations tamoules et a donné les pleins pouvoirs et assuré l'impunité à l'armée dans les régions tamoules depuis la fin de la guerre contre les terroristes du LTTE[13].
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+ Le peuple élit un président pour un mandat de cinq ans renouvelable deux fois depuis la révision constitutionnelle du 28 avril 2015. Il est à la fois le chef d'État, le chef du gouvernement et le commandant en chef des forces armées. Le président est responsable devant le Parlement de ses actes et du respect de la Constitution et des lois. Il peut être révoqué par un vote des deux tiers des parlementaires avec l'accord de la Cour suprême. Le président nomme et dirige un cabinet de ministres, qui sont responsables devant le parlement. L'actuel président de la République est Gotabaya Rajapaksa depuis le 18 novembre 2019.
80
+
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+ Le parlement est monocaméral et comprend 225 parlementaires élus au suffrage universel dans chaque province au scrutin proportionnel plurinominal pour un mandat de six ans. Le président peut dissoudre le Parlement et provoquer de nouvelles élections une fois par an. Le Parlement vote les lois. Le président du Parlement (speaker) est élu par les parlementaires. Mais la démocratie n'est pas parfaite, les élections présidentielles de 2010 ont été entachées de fraude et la liberté d'expression n'a pas été respectée.
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+
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+ Après plus d'un quart de siècle, la guerre civile qui a ravagé le pays a connu son épilogue en mai 2009[14].
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+
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+ Le pays est basé sur le système de Westminster propre aux pays ayant fait partie de l'Empire britannique, avec un parti au pouvoir, et un parti d'opposition. Depuis l'indépendance en 1948, le pouvoir est partagé entre les mains de deux partis mastodontes : le Parti national uni représentant la droite singhalaise conservatrice et libérale ; et le Sri Lanka Freedom Party représentant la gauche singhalaise socialiste. Ces deux partis ont mis en place un système d'alliance politique qui a verrouillé le choix des électeurs entre ces deux partis.
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+
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+ Le Sri Lanka possède neuf provinces, elles-mêmes divisées en 25 districts.
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+
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+ Villes importantes :
90
+
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+ Le produit intérieur brut (PIB) du Sri Lanka était d'environ 82 milliards de dollars en 2015. Quelques indicateurs économiques pour 2015 :
92
+
93
+ Le secteur primaire correspond à 12,6 % de la totalité de la production. Au Sri Lanka, on cultive surtout le riz, la canne à sucre, toutes sortes de grains, les épices, des fruits et légumes, le thé, le latex, la noix de coco et on élève bœufs et poissons.
94
+
95
+ Pour ce qui est du secteur secondaire, il représente 29,7 % de toute la production. Parmi les plus importantes industries, il y a le traitement du caoutchouc, l'industrie du thé, de la noix de coco, du tabac et plusieurs autres matières premières agricoles, sans oublier les télécommunications, l'assurance et le secteur bancaire. Le tourisme, le textile, le ciment, le raffinage du pétrole, des services de technologie de l'information et de la construction sont des activités importantes. On parle aussi de développement dans le secteur fruitier.
96
+
97
+ Le secteur tertiaire prend la plus grande place avec 57,7 % de la production totale. Sur les 18 aéroports du pays, 14 sont bétonnés. Il y a 1 449 km de voies ferrées et 91 907 km de routes.
98
+
99
+ En 2016, la population du Sri Lanka est estimée à 22,23 millions d'habitants. Quelques données démographiques pour 2015[5] :
100
+
101
+ Le Sri Lanka a été, pendant des décennies, un des pays avec le plus haut taux de suicides au monde[16]. Toutefois, le nombre de suicides est passé du record de 8 449 morts soit 46,6 ‰ en 1995 à 4225 soit 21 ‰ en 2007[16]. Cette baisse peut s'expliquer par diverses mesures prises au milieu des années 1990 dont la principale a été la décriminalisation du suicide en éliminant la honte qui lui est liée[16].
102
+
103
+ Le non-respect des droits de l'homme au Sri Lanka a été dénoncé par de nombreuses organisations, dont Amnesty International, Human Rights Watch et le département d'État des États-Unis.
104
+
105
+ Outre les nombreuses exactions commises pendant la guerre civile[17], un rapport récent de Free from Torture montre que le gouvernement continue à pratiquer la torture de façon courante[18].
106
+
107
+ Les femmes sont victimes de nombreuses violences, et l'inaction des pouvoirs publics est dénoncée par plusieurs organismes, dont l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés[19]. Un rapport de l'Organisation des Nations unies de septembre 2013 a révélé, quant à lui, que 97 % des violeurs au Sri Lanka n'étaient pas inquiétés par la justice[20].
108
+
109
+ En avril 2014, un projet de loi vivement critiqué par la presse internationale[21] envisage de permettre aux violeurs d'épouser leur victime pour éviter des sanctions judiciaires. Le président de l'Assemblée nationale Chamal Rajapaksa (en) a quant à lui déclaré que les violences faites aux femmes relevaient de leur propre responsabilité et certainement pas de celle des hommes[22]. Quelques jours après l'abolition d'une loi de 1979 qui interdisait aux femmes d'acheter de l'alcool, le président du Sri Lanka a finalement décidé de la remettre en vigueur[23].
110
+
111
+ Le groupe bouddhiste extrémiste et islamophobe Bodu Bala Sena a été menacé de poursuites pour abus des droits de l'homme après les élections de janvier 2015[24].
112
+
113
+ Les bouddhistes — d'obédience theravāda — représentaient 69,1 % de la population en 2001[25]. Cependant, la Constitution de 1972 n'a pas donné au bouddhisme le statut de religion d'État. Elle lui reconnaît une place privilégiée, mais garantit l'égalité de traitement aux autres croyances[26].
114
+
115
+ Bouddhisme
116
+
117
+ Hindouisme
118
+
119
+ Islam
120
+
121
+ Christianisme
122
+
123
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
124
+
125
+ En 2001, les hindous étaient 11,6 %, les musulmans 7,6 %, et les chrétiens — pour la plupart catholiques — 6,2 %[25]. Les protestants descendants des colons hollandais sont désormais très peu nombreux : beaucoup ont émigré vers l'Occident[27]. Les musulmans appartiendraient presque tous à la minorité tamoule[28]. Contrairement à l'Inde, il n'y a pas de tensions entre les Tamouls hindous et musulmans.
126
+
127
+ Statue de Bouddha dans le Temple de la Dent à Kandy.
128
+
129
+ Temple hindou près de Jaffna.
130
+
131
+ Mosquée Jami Ul Alfar Jumma à Colombo.
132
+
133
+ Le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo.
134
+
135
+ Intérieur de l'église réformée hollandaise de Galle.
136
+
137
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
138
+
139
+ Il existe des tensions entre les confessions présentes dans le pays, notamment entre des éléments radicaux de la religion majoritaire, le bouddhisme qui accusent la communauté musulmane, qui représente entre 7 % et 9 % des habitants, de chercher à étendre son influence. En août 1990, un massacre au cours duquel des musulmans sont attaqués dans quatre mosquées fait 130 morts[29]. En 2014, des manifestations avaient fait quatre morts dans la région d'Aluthgama, sur la côte sud-ouest Au printemps 2018, des émeutes antimusulmanes menées par des extrémistes bouddhistes poussent le président, Maithripala Sirisena, à déclarer l’état d’urgence[29].
140
+
141
+ Le 21 avril 2019, une série d'attentats contre des hôtels de luxe et des églises où était célébrée la messe de Pâques, cause la mort d'au moins 321 personnes et fait plus de 500 blessés[30]. Le porte-parole du gouvernement Rajitha Senaratne annonce qu'un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ), est à l'origine des attaques suicides[31].
142
+
143
+ Langues officielles : singhalais 69,5 %, tamoul 29,5 %[1], autres 1 %. Toutefois, la politique du pays tolérait « difficilement » l'utilisation et l'enseignement du tamoul. Au bout du compte, un locuteur tamoul se devait de parler le singhalais pour pouvoir s'adresser ou émettre des demandes au sein de l'administration. Cette ségrégation linguistique devient un peu moins courante aujourd'hui.[réf. souhaitée]
144
+
145
+ Selon le recensement de 2012, 87,0 % des Srilankais sont capables de parler le singhalais (14 670 239 locuteurs), 28,5 % le tamoul (4 807 584) et 23,8 % l'anglais (4 019 583). L'anglais est la première langue étrangère enseignée mais seulement 0,1 % de la population a l'anglais comme langue maternelle. Sans être langue officielle, il est parfois utilisé comme langue de travail par le gouvernement et est considéré comme une « langue de lien » par la Constitution srilankaise.
146
+
147
+ Un créole malais est parlé par la communauté des Malais de Sri Lanka, mais son utilisation est en déclin. Quant à la langue des Vedda, elle ne serait plus du tout en usage[32].
148
+
149
+ Le français, bien après l'anglais, demeure la deuxième langue étrangère enseignée et le nombre d'apprenants au primaire et au secondaire a progressé de 30 % entre 2010 et 2014.
150
+
151
+ Le néerlandais a quasiment disparu depuis le début des années 1930. Les Burghers, descendants de Néerlandais, souvent métissés, sont au nombre d'environ 39 000 en 2013, mais ils parlent souvent le singhalais, et un grand nombre de Burghers parlent anglais en seconde langue. Les Burghers qui savent parler néerlandais sont très rares de nos jours. Le portugais, jadis lui aussi langue coloniale, a totalement disparu vers 1920.
152
+
153
+ Sites archéologiques :
154
+
155
+ Autres :
156
+
157
+ À l'époque de l'Esala Perahera, la lune de juillet-août, la relique déposée dans le Temple de la Dent parcourt les rues de Kandy où a lieu le Perahera en l'honneur d'une canine du Bouddha. Dix nuits durant, entourés de baladins, musiciens et danseurs, des éléphants escortent la relique dans les rues de la ville. Le soir de la pleine lune, la fête atteint son apogée. Jusqu'à cent éléphants défilent ensemble dont beaucoup sont « ornés ».
158
+
159
+ Le Sri Lanka a pour codes :
160
+
161
+ Sur les autres projets Wikimedia :
162
+
163
+ Asie centrale
164
+
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
166
+
167
+ Asie de l’Est
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+
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ La Schutzstaffel (de l'allemand « escadron de protection » — de genre féminin en allemand), plus communément désignée par son sigle SS, est une des principales organisations du régime national-socialiste.
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+ Fondée en avril 1925[1], initialement chargée de la protection rapprochée d'Adolf Hitler, la SS devient au fil des années un État dans l'État, accumulant les compétences et les missions et passant du stade de groupuscule à celui d'une énorme organisation.
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7
+ Progressivement, ses domaines d'activité se multiplient. Elle a une fonction politique, notamment au travers de l’Allgemeine SS, répressive avec le RSHA et le contrôle des camps de concentration, idéologique et raciale au travers du Lebensborn et de l'Ahnenerbe, militaire après la création en 1934 de la SS-VT (connue sous le nom de Waffen-SS à compter de 1940), et devient également un empire économique.
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+ Elle est aussi le principal organisateur et exécutant de l'extermination des Juifs d'Europe, que cela soit lors des opérations mobiles de tuerie perpétrées en Pologne et en Union soviétique par les Einsatzgruppen que par la mise en place des camps d'extermination.
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+ Entièrement dévouée à Hitler, elle est dirigée pendant la quasi-totalité de son existence par Heinrich Himmler.
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+ Traversée par de profondes rivalités internes, en conflit permanent avec d'autres organismes (notamment la Wehrmacht) ou diverses personnalités du Troisième Reich, dotée d'une organisation complexe, mouvante, accumulant les doubles emplois et les contradictions, elle n'en est pas moins l'un des instruments les plus efficaces et les plus meurtriers de la terreur nazie.
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+ Lors du procès de Nuremberg, elle est déclarée organisation criminelle.
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+ Les débuts de la SS sont particulièrement ordinaires et rien ne la distingue à sa naissance de la myriade de groupuscules nationalistes, pangermanistes et völkisch qui agitent la république de Weimar au début des années 1920.
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+ En mars 1923, Adolf Hitler, président du NSDAP depuis 1921, s'entoure d'une première garde rapprochée, la Stabswache (corps de garde), composée de huit militants de la première heure, dont Rudolf Hess. Après à peine deux mois d'existence et à la suite de conflits internes et du départ d'une partie de ses membres, la Stabswache disparaît pour renaître immédiatement sous le nom de Stosstrupp Hitler (peloton de choc Hitler), qui ne comporte toujours qu'une poignée de membres.
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+
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+ En 1925, après l'échec du putsch de la Brasserie et l'interdiction du parti nazi, de la SA et de toutes leurs composantes qui suit cette tentative avortée de coup d'État, Hitler confie à son chauffeur, Julius Schreck, ancien membre de la Stosstrupp, la création d'une nouvelle garde personnelle, sous la dénomination de Schutzstaffel : la SS est née.
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+ Ne comportant à ce moment que quelques membres, la SS s'étend à partir du 21 septembre 1925, date à laquelle ordre est donné à chaque section du parti nazi de mettre sur pied une escouade de protection de dix hommes, sauf à Berlin où le nombre maximum de chaque escouade est porté à vingt membres. Hitler autorise la même année l'existence d'une association de membres bienfaiteurs de la SS, et l'interdit pour la SA l'année suivante. En avril 1926, Joseph Berchtold, ancien papetier et ancien commandant de la Stosstrupp revient d'Autriche, où il s'était réfugié après la tentative de putsch et prend le commandement de la SS. Le rôle de celle-ci est reconnu par Hitler le 4 juillet 1926, lorsqu'il lui remet solennellement le Blutfahne (drapeau de sang), l'emblème des putschistes de 1923.
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+ Pendant toutes ces années, la SS est en conflit ouvert avec la SA qui comporte plusieurs milliers de membres et se veut la seule troupe de choc du parti : en 1928, la SS est limitée à 280 hommes et est strictement subordonnée à la SA qui essaie de la cantonner dans des rôles subalternes.
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+ En mars 1927, Berchtold démissionne ; il est remplacé par Erhard Heiden, dont le rôle est également éphémère.
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+ Le 6 janvier 1929, Hitler nomme un nouveau Reichsführer SS : Heinrich Himmler.
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+ Les débuts de la SS sont plutôt discrets : contrairement à la SA ses membres ne se mêlent pas aux discussions politiques et font preuve d'une discipline appréciée par la police de Munich.
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+ En 1929, celle-ci mentionne dans un rapport qu'« au premier manquement aux ordres courants en vigueur à la SS, même minime, ils encourent des amendes ou le retrait de leur brassard pour une durée déterminée ou une suspension de leurs fonctions. Une importance particulière est accordée au comportement individuel et à la tenue vestimentaire[2]. »
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35
+ Le 28 août 1930, la SS est utilisée pour la première fois pour protéger un membre du parti contre les violences et les exigences politiques des SA. Menacé par les SA lors d'un rassemblement politique au palais des sports de Berlin, Joseph Goebbels fait appel à la protection de la SS locale, commandée par Kurt Daluege. Deux jours plus tard, la SA réagit en s'attaquant aux SS de garde devant le Gauleitung, ce qui nécessite l'intervention personnelle d'Adolf Hitler pour ramener le calme.
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+ En 1931, le chef de la SA de Berlin, Walter Stennes, exige à nouveau l'attribution de mandats politiques aux responsables de la SA et tente de prendre le pouvoir au sein du parti nazi. Démis de ses fonctions par Hitler, sa tentative de putsch s'enlise faute de moyens financiers. La SS, restée fidèle au chef du parti nazi, gagne durablement la confiance de celui-ci.
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+ Himmler déploie toute son énergie pour augmenter les effectifs de la SS : des 280 inscrits au moment de sa nomination comme Reichsführer SS en 1929, le nombre des membres est décuplé fin 1930 et atteint près de 15 000 hommes en 1931. Pour se démarquer de la SA, Himmler met en place des critères de sélection drastiques, notamment en exigeant des preuves de l'appartenance des postulants à la race aryenne. Il se préoccupe aussi des projets de mariage de ses hommes. Après le 21 décembre 1931, il soumet les fiancées des membres de la SS à une vérification de leur généalogie et à l'examen de leur aryanité sur base de photographies et d'un contrôle médical[3].
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+ En août 1931, il charge Reinhard Heydrich, qui vient de s'affilier à la SS, de créer un service de renseignement interne, le futur SD, chargé de débusquer les agents de la république de Weimar infiltrés au sein du parti nazi, de dresser des listes d'opposants internes ou extérieurs au parti, mais aussi de collecter toutes les informations possibles sur les dignitaires de la SA et du NSDAP.
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+ À l'automne 1932, Himmler marque aussi sa différence en commandant un nouvel uniforme noir pour la SS, dont les membres deviennent immédiatement identifiables en tant que tels et ne peuvent plus être confondus avec les chemises brunes de la SA. Les nouveaux uniformes sont réalisés et confectionnés par Hugo Boss, qui réalisa également l'uniforme des Jeunesses hitlériennes.
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+ Le 30 janvier 1933, Hitler accède au pouvoir et est nommé chancelier. La SS compte à ce moment 52 000 membres, contre trois millions pour la SA[4]. Les membres bienfaiteurs de la SS, qui contribuent financièrement sans acquitter de service actif, sont eux 167 272 en 1933.
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+ Alors que la terreur de rue des SA n'a plus de raison d'être après la prise du pouvoir, que le nouveau chancelier doit concilier l'appui des milieux conservateurs, de l'armée et des industriels, la violence de la SA se déchaîne à travers toute l'Allemagne, notamment avec la création sauvage, en mars 1933, du camp de concentration d'Oranienburg, ou les exactions commises dans le quartier berlinois de Köpenick.
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+ En matière de répression des opposants, la SS n'est pas en reste et les fiches du SD se révèlent fort efficaces : elles servent notamment à peupler le camp de Dachau, fondé par la police bavaroise en mars 1933, mais dont la responsabilité est transférée, le 2 avril 1933, à la SS par Himmler, devenu commandant de la police politique bavaroise. Fin juin 1933, Theodor Eicke, futur inspecteur général des camps, est nommé commandant de Dachau, ce qui marque le début de l'organisation du système concentrationnaire nazi.
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+ En 1933 et 1934, la SA accumule les démonstrations de force, les défilés de masse qui rassemblent jusqu'à 80 000 participants à Breslau ; elle multiplie aussi ses exigences afin de disposer de postes de responsabilités au sein du régime nazi, continue à proclamer que la révolution n'a pas encore commencé et entre en conflit ouvert avec la Reichswehr qu'elle entend remplacer par une armée populaire.
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+ Pendant ce temps, la SS noue de précieux contacts avec des industriels, des officiers, des scientifiques et intellectuels, de grands propriétaires terriens, au sein du Cercle des amis du Reichsführer SS. Elle reste fidèle à Adolf Hitler et donne des gages de respectabilité. Fin 1933, ce dernier donne à sa garde personnelle le titre officiel de Leibstandarte SS Adolf Hitler.
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+ En 1934, Heinrich Himmler et son adjoint direct Reinhard Heydrich sont, avec Hermann Göring, les artisans de la nuit des Longs Couteaux qui débouche sur l'élimination de la SA en tant que force politique et permet à la SS de dépendre directement du Führer.
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+ Avec plus de quatre millions de membres, totalement dévouée à son chef, Ernst Röhm, la SA exige des réformes sociales et économiques, effrayant les milieux d'affaires et les partis conservateurs traditionnels ; sa volonté de prendre le contrôle de l'armée suscite l'opposition des dirigeants militaires dont Hitler a un pressant besoin.
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+ Après avoir inventé de toutes pièces un complot de Röhm visant à prendre le pouvoir et reçu l'approbation de Hitler, les 30 juin et 1er juillet 1934, les membres de la SS décapitent la SA.
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+ L'épuration fait une centaine de victimes dont Röhm lui-même (assassiné par le SS Michel Lippert, accompagné de Theodor Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau), de nombreux responsables de la SA mais aussi des opposants à Hitler, opposants internes comme Gregor Strasser, ou externes comme l'ancien chancelier von Schleicher, ou Erich Klausener, directeur de l'Action catholique et fonctionnaire au ministère des Transports. Une partie des exécutions a lieu dans la cour de la prison de Stadelheim, à Munich, le peloton d'exécution étant commandé par Sepp Dietrich, futur commandant de la 1re division SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler »[5].
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+ La SS élimine ainsi l'influence politique d'une organisation rivale dont elle dépendait encore formellement, en tuant les membres les plus capables et les plus ambitieux de son appareil dirigeant.
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+ À compter de 1929, et jusqu'à la chute du IIIe Reich, le chef de la SS, ou Reichsführer-SS, fut Heinrich Himmler (7 octobre 1900, Munich - 23 mai 1945, Lüneburg). À ce poste, il fut l'un des dignitaires les plus puissants du Troisième Reich. Il était le maître absolu de la SS et le chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei), dont la Gestapo, particulièrement chargée de la liquidation de l'opposition aux nazis en Allemagne et dans les pays occupés. Les camps de concentration et les camps d'extermination dépendaient directement de son autorité, et il mit en œuvre la « Solution finale ».
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+ Pour reprendre les termes de George H. Stein, les membres de l'Allgemeine SS, soit 250 000 hommes en 1939, « n'avaient aucune obligation spécifique à remplir hormis celle de demeurer en état d'alerte permanent comme pendant la lutte pour le pouvoir »[6].
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69
+ De nombreux membres de l'Allgemeine SS sont affectés à la garde des camps de concentration ; dotés nominalement d'un grade dans la Waffen-SS, ils servent dans les unités à tête de mort, placés sous l'autorité directe des commandants des camps, puis rattachés au département (Amt.) B de l'Office central SS pour l'économie et l'administration (Wirtschafts-Verwaltungshauptamt ou WVHA) à partir du 3 mars 1942[7].
70
+
71
+ Créé en 1931 par Reinhard Heydrich sur ordre de Heinrich Himmler, le Sicherheitsdienst (SD) devient en 1934 le seul service de renseignement du parti nazi et de la SS. En 1939, il est intégré au Reichssicherheitshauptamt (RSHA), dirigé par Heydrich puis, après le décès de celui-ci, par Ernst Kaltenbrunner. Le RSHA regroupe le SD, organisme du parti qui comporte notamment les deux cellules opérationnelles (SD-Inland et SD-Ausland) mais aussi la Sicherheitspolizei (Sipo), organisme d'État qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei ou Kripo.
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+ À la Gestapo Heinrich Müller, âgé de 36 ans en 1936, et, à la Kripo Artur Nebe, 42 ans, sont tous deux des policiers de métier qui ont commencé leur carrière au début des années 1920. Müller sert fidèlement la république de Weimar pour laquelle il a pourchassé indifféremment nazis et communistes ; il ne s'inscrit d'ailleurs au NSDAP que le 31 mai 1939. Par contre, Nebe est militant du parti depuis 1931. Si Müller est un bourreau, Nebe l'est également en prenant la tête de l'Einsatzgruppe B qui éliminait Juifs, malades mentaux ainsi que les opposants réels ou imaginaires de l'Allemagne nazie.
74
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+ Au SD, Otto Ohlendorf, 29 ans, et Walter Schellenberg, 26 ans, ont des profils plus intellectuels. Ohlendorf est diplômé en droit et en économie des universités de Leipzig et Göttingen, Schellenberg a étudié la médecine puis le droit à l'université de Bonn. Seules la date, et sans doute la profondeur de leur engagement politique les séparent : Ohlendorf est membre du NSDAP depuis 1925 et de la SS depuis 1926 ; Schellenberg ne s'inscrit au parti qu'en 1933, peu avant son recrutement comme juriste au Sicherheitsdienst.
76
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77
+ La Gestapo, police politique, se charge de traquer, d'interner ou d'éliminer les opposants alors que la Kripo a un rôle de police criminelle traditionnel.
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+ Le SD-Inland a notamment pour tâche d'établir des rapports sur l'intégration de la conception du monde nationale-socialiste, la Weltanschaaung dans la sphère individuelle, de déterminer si elle suscite de l'opposition, et dans ce cas, d'identifier les opposants.
80
+ Le SD-Ausland, en dehors de ses missions d'espionnage classiques, dresse des listes de personnalités à éliminer, notamment en Autriche, et élabore des « solutions aux problèmes tchèque et russe ».
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82
+ Dès l’Anschluss, soit l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne le 13 mars 1938, Heydrich, qui a participé activement à sa préparation, utilise son outil répressif contre les opposants autrichiens avec la même vigueur qu'il avait déployée en Allemagne. Après avoir rempli le camp de concentration de Dachau, c'est au tour de Mauthausen. Depuis 1935, le SD dispose en outre d'un nouvel outil de répression, la détention préventive (Schutzhaft) qui lui permet d'interner qui bon lui semble sans aucune procédure devant les tribunaux et dont il fait un large usage en Allemagne et dans tous les territoires occupés.
83
+
84
+ À partir du 7 décembre 1941, la Schutzhaft est plus terrible encore, avec l'entrée en vigueur du décret « Nuit et brouillard » qui impose que les prisonniers disparaissent sans laisser de trace et interdit de donner le moindre renseignement à leurs proches sur leur sort ou leur lieu de détention.
85
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+ Créée en 1936 par le ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick, l’Ordnungspolizei regroupe toutes les unités de la police régulière en uniforme chargées du maintien de l'ordre sous ses différents aspects. Commandée par l’Oberst-Gruppenführer Kurt Daluege, nazi de la première heure, elle dépend directement de l'autorité de Heinrich Himmler, à la fois Reichsführer-SS et Chef der Deutschen Polizei.
87
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+ Dirigée par le Hauptamt Ordnungspolizei, un des bureaux principaux de la SS, elle comporte douze sections qui assurent le maintien de l'ordre, au sens classique du terme dans tous les domaines.
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+ L’Ordnungspolizei dispose également d’unités militaires, indépendantes des structures policières à l’intérieur du Reich, les bataillons de police, destinés au maintien de l’ordre dans les territoires occupés et à la lutte contre les partisans. Ils sont placés sous les ordres des Höheren SS und Polizeiführer. Ils fournissent une grande partie du personnel des Einsatzgruppen, en fonction des besoins. Ils combattent également sur le front de l’Est lors de la retraite de l’Armée allemande.
91
+
92
+ Ce sont également des membres de l’Ordnungspolizei qui composent, par un système de rotation entre police et Waffen-SS, la 4e division SS Polizei, essentiellement utilisée comme unité d’arrière-garde ou de réserve. À la fin de la guerre, de nombreux régiments de police de l’Orpo sont transférés à la Waffen-SS et forment la 35e division SS de grenadiers de police.
93
+
94
+ L’Ordnungspolizei a son propre système d’insignes et de grades. Tout policier peut être membre de la SS, sans que cette affiliation ne soit obligatoire. Les officiers supérieurs de police également membres de la SS sont, durant la guerre, systématiquement désignés par leurs deux grades : par exemple, un Generalleutnant de police également membre de la SS sera mentionné en tant que SS Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei.
95
+
96
+ La Waffen-SS[8] est la composante militaire de la SS.
97
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98
+ Dès la prise du pouvoir par les nazis, celle-ci se dote de commandos armés, les Politische Bereitschaften, dont la mission est de pourchasser les opposants. Après la nuit des Longs Couteaux, ces commandos sont regroupés en une seule unité, la SS-Verfügungstruppe (SS-VT), malgré les réticences de la Reichswehr. La SS-VT est élevée au rang de division (la future 2e division SS « Das Reich »), par un décret d’Adolf Hitler en 1938.
99
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100
+ La VT et les unités « Totenkopf », formées des gardiens de camps de concentration, participent à la campagne de Pologne. Elle s’y signalent par leur brutalité, dénoncée par le général de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz.
101
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102
+ Dès lors que la Waffen-SS est créée au début du printemps de 1940, les unités existantes de la SS-VT y sont progressivement transférée, au cours de l'année 1940, à la suite de décrets de Hitler.
103
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104
+ La Waffen-SS prend ensuite part à la campagne de France, avec trois divisions et demie. Si ces divisions ont l’avantage d’être entièrement motorisées, elles ne jouent aucun rôle décisif.
105
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106
+ En 1941, cinq divisions de la Waffen-SS sont engagées dans l'opération Barbarossa. Dotée de divisions blindées à partir de 1942, la Waffen-SS acquiert une redoutable réputation de combativité et de férocité sur le front de l’Est, surtout à partir de 1943. « Pendant les deux dernières années du conflit, les divisions [blindées] de la Waffen SS ralentirent fréquemment et arrêtèrent souvent d'une façon temporaire l'avance inexorable des Soviétiques »[9].
107
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108
+ La Waffen-SS constitue l’ossature de la défense allemande lors de la bataille de Normandie et le fer de lance de l’offensive allemande lors de la bataille des Ardennes. Elle fait partie du dernier carré des défenseurs du régime nazi lors de la bataille de Berlin.
109
+
110
+ À la fin du conflit, la Waffen-SS comporte 38 divisions et près de 900 000 hommes, de qualité fort variable et aux origines les plus diverses, des Volksdeutschen (personnes d’origine allemande ou germanique habitant hors du Reich) aux volontaires français ou belges, des Baltes aux musulmans bosniaques. À cette époque, la Waffen-SS des origines, avec ses critères de recrutement physiques, raciaux et idéologiques particulièrement stricts et son entraînement exigeant et éprouvant, n’est plus qu’un lointain souvenir.
111
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112
+ Tout au long de son périple, la Waffen-SS se singularise par le nombre des exactions et des tueries dont nombre de ses unités sont responsables. Ses crimes de guerre sont légion, de l’assassinat de prisonniers lors de la campagne de France en 1940 et lors de la bataille des Ardennes, du meurtre de 14 000 civils en Ukraine en 1941 à ceux commis en Italie ou en France en 1944.
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+ La SS-Totenkopfverbände était chargée de la surveillance et de l'organisation des camps de concentration. Voir aussi Aufseherin, les gardiennes SS.
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+ Bien avant l'arrivée de Speer au ministère de l'Armement en 1942, les industriels allemands font appel à la main d’œuvre concentrationnaire. Ainsi, au début de l'année 1941, sous l'influence de Göring, les dirigeants de l'IG Farben s'adressent à Himmler pour obtenir de lui de la main-d’œuvre dans le cadre du projet de caoutchouc synthétique, le Buna[10] : cette demande coïncide avec la décision de Himmler, prise l'année suivante de développer systématiquement une nouvelle orientation pour les populations des camps de concentration, aussi bien en Allemagne qu'en Pologne : le travail esclave au profit des entreprises allemandes engagées dans l'effort de guerre[11]. Au cours des discussions qui suivent, un tarif journalier est établi, 4 ou 6 Reichsmarks par jour (16 heures de travail) et par déporté, selon le niveau de qualification[11], à charge pour la SS de faire venir, de nourrir, d'encadrer et de soigner la main-d’œuvre. Cet accord de 1942 reprend en réalité les termes de l'accord conclu en 1940 pour la construction du camp établi en 1940 à proximité de l'usine d'Horowitz, près d'Auschwitz, petite ville de Silésie. Au cours de la construction de l'usine, 35 000 détenus ont travaillé à l'édification de l'usine, 23 000 sont morts gazés[12].
119
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+ Sur le modèle des accords passés avec l'IG Farben, d'autres transactions sont passées avec des entreprises du secteur de l'armement à un rythme tel qu'il devient rapidement indispensable d'ouvrir des sous-camps dans toute l'Europe, à proximité des chantiers situés à plus d'une journée de marche du camp de base : certains de ces sous-camps sont implantés au cœur des villes allemandes, comme à Wolfsbourg, pour fournir 7 000 déportés employés à l'usine Volkswagen, ou à Hambourg, pour les besoins des chantiers navals Blohm u. Voss[13]. Cette conception utilitaire des déportés incite les commandants de camps à donner des consignes strictes visant à encourager l'extermination des prisonniers inaptes au travail, mais elle entre en conflit avec la rage exterminatrice des gardiens de camps SS[14].
121
+
122
+ La SS, non contente de louer de la main-d'œuvre aux industriels engagés dans l'effort de guerre allemand, joue aussi un rôle important dans la surveillance, et le cas échéant, la répression des travailleurs étrangers employés dans l'industrie de guerre allemande : sur dénonciation des entreprises, la SS traque et arrête les ouvriers qui ne reviennent pas de permission[15].
123
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124
+ Rapidement, sur l'insistance de Hitler[16], la SS s'intéresse aux armes nouvelles. Ainsi, au printemps 1943, la SS fournit à l'entreprise Mittelwerk, qui produit les missiles V1 et V2, non seulement 1 400 déportés du camp de Buchenwald, pour son usine de Peenemünde, mais aussi les 60 gardes SS, chargés de leur encadrement[11]. Suivant dans un premier temps cette affaire de loin, Himmler s'implique personnellement dans la production des missiles V1 et V2 après le raid du 17-18 aout 1943, et devient avant la fin du mois d'août responsable de la gestion de ce programme, qu'il confie au SS-Brigadeführer Hans Kammler ; à ce titre, il déménage l'usine de production dans le Harz, sous les montagnes[17].
125
+
126
+ Le site choisi dans le Harz, la montagne de Kohnstein (en), comporte, lors de l'installation de l'usine, deux tunnels longs de 1 600 mètres, utilisés jusqu'alors, l'un pour une voie ferrée, l'autre pour le stockage de matières dangereuses ; inadapté pour l'activité à laquelle il est destiné, il est aménagé par des milliers de détenus (8 000 en novembre 1943) venus des camps voisins, qui travaillent jusqu'à l'épuisement dans un contexte de rare violence[18]. Les survivants rapportent l'extrême brutalité des surveillants SS, approuvée par leur supérieur[18], pour accélérer les cadences et les conditions éprouvantes de travail, tout d'abord dans les tunnels à creuser et à aménager[19], puis dans les installations proprement dites[20].
127
+
128
+ De plus, la SS fournit le terrain d'essai destiné à tester les effets des fusées montées dans le Harz : le champ de manœuvre de Blizna, à l'ouest de Cracovie, dans le Gouvernement général de Pologne, est mis à la disposition de l'armée : lors de ces essais, les artilleurs doivent non seulement se former, mais aussi tenter de remédier aux failles de ces nouveaux types d'armements[21].
129
+
130
+ À ces armes technologiquement avancées, s'ajoutent les armes miracles, dont le développement est placé sous la responsabilité du Reichsführer-SS, Heinrich Himmler, dont l'influence croît sans cesse au fil du conflit[22]. À partir du 20 juillet 1944, ce dernier dispose de crédits et d'une influence illimitées dans la recherche scientifique, développant en dilettante au mieux des gadgets scientifiques, au pire, des délires insensés, comme l'extraction d'huile de géranium, pour le transformer en essence, ou la récupération de résine de sapin, destinée à devenir du carburant, comme le rapporte, amusé, Albert Speer ; de plus, à chaque objection d'un responsable de programme, ou d'un technicien, ce dernier est systématiquement relevé de ses fonctions par Oswald Pohl, à la demande expresse de Himmler, pour « attitude négative »[23].
131
+
132
+ La recherche SS en électronique n'est pas en reste dans cette avalanche de programmes, les proches de Himmler développent ainsi dans les camps des instituts de recherche dans ce domaine : ainsi, à Dachau par exemple, est créée une agence du Reich sur les hautes fréquences, destinée à mettre au point un système permettant d'abattre un avion en rendant non opérationnels ses circuits électriques ou de contrôler celui-ci à distance[24].
133
+
134
+ Le RuSHA, acronyme de Rasse- und Siedlungshauptamt (« Bureau pour la race et le peuplement », à ne pas confondre avec le RSHA de Reinhard Heydrich) était l'organisme nazi chargé de contrôler la pureté idéologique et raciale de tous les membres de la Schutzstaffel (SS).
135
+
136
+ Créé fin décembre 1931 et dirigé initialement par le SS-Obergruppenführer Walther Darré, c'est l'une des trois premières sections de la SS. Principale autorité en matière de généalogie, chargée de délivrer attestations de pureté raciale et permis de mariage aux membres de la SS, le RuSHA fut en outre responsable de l'exécution de la politique de colonisation des territoires annexés à l'est.
137
+
138
+ Le terme Lebensborn est un néologisme formé à partir de Leben (« vie ») et Born (« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».
139
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140
+ Le Lebensborn e. V. (de l'allemand Lebensborn Eingetragener Verein, en français « Association enregistrée Lebensborn ») était une association gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance d'enfants aryens en permettant à des filles-mères d'accoucher anonymement et de remettre leur nouveau né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.
141
+
142
+ Bien qu'au départ il s'agisse de foyers et de crèches, la SS aurait rapidement transformé ces centres en lieu de rencontre afin de permettre à des femmes allemandes considérées comme des aryennes de concevoir des enfants avec des SS. Le but de ces lieux était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de 1 000 ans ».
143
+
144
+ L'Ahnenerbe[25], Studiengesellschaft für Geistesurgeschichte (« Héritage des ancêtres, société pour l'étude des idées premières »), est créée par Heinrich Himmler le 1er juillet 1935.
145
+
146
+ L'institut avait son siège dans le château de Wewelsburg en Westphalie et se consacrait à la recherche en archéologie et anthropologie raciale, ainsi qu'à l'histoire culturelle de la race aryenne.
147
+
148
+ Son but était de prouver la validité des théories nazies sur la supériorité raciale des Aryens.
149
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+ Sa présidence est d'abord confiée à un préhistorien renommé, Herman Wirth, puis, après le désaveu public infligé à celui-ci par Adolf Hitler, au doyen de l'université de Munich, Walther Wüst, spécialiste de littérature et des religions de l'Inde, le 1er février 1937.
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+ Les premières recherches de l'institut sont menées sous la houlette de Wirth en 1936, dans le Bohusland, région du Sud-Ouest de la Suède particulièrement riche en art pariétal et en art rupestre. Parmi plus de 5 000 symboles gravés à l'époque de l'âge du bronze, les pétroglyphes, Wirth est persuadé d'avoir découvert les vestiges de la première écriture au monde, créée selon lui par une antique civilisation nordique. Il fait remonter cette civilisation à près de deux millions d'années et la situe en Atlantide, continent disparu s'étendant de l'Islande aux Açores. Plus de vingt tonnes de plâtre sont utilisées pour réaliser des moulages des gravures.
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+ Toujours en 1936, l'Ahnenerbe monte une petite expédition en Carélie, région de la Finlande, afin d'étudier et d'enregistrer les chants et incantations des sorciers locaux. Pour Himmler, ces incantations ont une base historique et il espère que leur analyse permettra de recréer le marteau de Thor, qui est d'après lui la plus puissante des armes conçues par les anciennes peuplades nordiques.
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+ La Schutzstaffel (de l'allemand « escadron de protection » — de genre féminin en allemand), plus communément désignée par son sigle SS, est une des principales organisations du régime national-socialiste.
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+ Fondée en avril 1925[1], initialement chargée de la protection rapprochée d'Adolf Hitler, la SS devient au fil des années un État dans l'État, accumulant les compétences et les missions et passant du stade de groupuscule à celui d'une énorme organisation.
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+ Progressivement, ses domaines d'activité se multiplient. Elle a une fonction politique, notamment au travers de l’Allgemeine SS, répressive avec le RSHA et le contrôle des camps de concentration, idéologique et raciale au travers du Lebensborn et de l'Ahnenerbe, militaire après la création en 1934 de la SS-VT (connue sous le nom de Waffen-SS à compter de 1940), et devient également un empire économique.
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+ Elle est aussi le principal organisateur et exécutant de l'extermination des Juifs d'Europe, que cela soit lors des opérations mobiles de tuerie perpétrées en Pologne et en Union soviétique par les Einsatzgruppen que par la mise en place des camps d'extermination.
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+ Entièrement dévouée à Hitler, elle est dirigée pendant la quasi-totalité de son existence par Heinrich Himmler.
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+ Traversée par de profondes rivalités internes, en conflit permanent avec d'autres organismes (notamment la Wehrmacht) ou diverses personnalités du Troisième Reich, dotée d'une organisation complexe, mouvante, accumulant les doubles emplois et les contradictions, elle n'en est pas moins l'un des instruments les plus efficaces et les plus meurtriers de la terreur nazie.
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+ Lors du procès de Nuremberg, elle est déclarée organisation criminelle.
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+ Les débuts de la SS sont particulièrement ordinaires et rien ne la distingue à sa naissance de la myriade de groupuscules nationalistes, pangermanistes et völkisch qui agitent la république de Weimar au début des années 1920.
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+ En mars 1923, Adolf Hitler, président du NSDAP depuis 1921, s'entoure d'une première garde rapprochée, la Stabswache (corps de garde), composée de huit militants de la première heure, dont Rudolf Hess. Après à peine deux mois d'existence et à la suite de conflits internes et du départ d'une partie de ses membres, la Stabswache disparaît pour renaître immédiatement sous le nom de Stosstrupp Hitler (peloton de choc Hitler), qui ne comporte toujours qu'une poignée de membres.
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+
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+ En 1925, après l'échec du putsch de la Brasserie et l'interdiction du parti nazi, de la SA et de toutes leurs composantes qui suit cette tentative avortée de coup d'État, Hitler confie à son chauffeur, Julius Schreck, ancien membre de la Stosstrupp, la création d'une nouvelle garde personnelle, sous la dénomination de Schutzstaffel : la SS est née.
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+
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+ Ne comportant à ce moment que quelques membres, la SS s'étend à partir du 21 septembre 1925, date à laquelle ordre est donné à chaque section du parti nazi de mettre sur pied une escouade de protection de dix hommes, sauf à Berlin où le nombre maximum de chaque escouade est porté à vingt membres. Hitler autorise la même année l'existence d'une association de membres bienfaiteurs de la SS, et l'interdit pour la SA l'année suivante. En avril 1926, Joseph Berchtold, ancien papetier et ancien commandant de la Stosstrupp revient d'Autriche, où il s'était réfugié après la tentative de putsch et prend le commandement de la SS. Le rôle de celle-ci est reconnu par Hitler le 4 juillet 1926, lorsqu'il lui remet solennellement le Blutfahne (drapeau de sang), l'emblème des putschistes de 1923.
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+
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+ Pendant toutes ces années, la SS est en conflit ouvert avec la SA qui comporte plusieurs milliers de membres et se veut la seule troupe de choc du parti : en 1928, la SS est limitée à 280 hommes et est strictement subordonnée à la SA qui essaie de la cantonner dans des rôles subalternes.
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+ En mars 1927, Berchtold démissionne ; il est remplacé par Erhard Heiden, dont le rôle est également éphémère.
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+ Le 6 janvier 1929, Hitler nomme un nouveau Reichsführer SS : Heinrich Himmler.
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+ Les débuts de la SS sont plutôt discrets : contrairement à la SA ses membres ne se mêlent pas aux discussions politiques et font preuve d'une discipline appréciée par la police de Munich.
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33
+ En 1929, celle-ci mentionne dans un rapport qu'« au premier manquement aux ordres courants en vigueur à la SS, même minime, ils encourent des amendes ou le retrait de leur brassard pour une durée déterminée ou une suspension de leurs fonctions. Une importance particulière est accordée au comportement individuel et à la tenue vestimentaire[2]. »
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+ Le 28 août 1930, la SS est utilisée pour la première fois pour protéger un membre du parti contre les violences et les exigences politiques des SA. Menacé par les SA lors d'un rassemblement politique au palais des sports de Berlin, Joseph Goebbels fait appel à la protection de la SS locale, commandée par Kurt Daluege. Deux jours plus tard, la SA réagit en s'attaquant aux SS de garde devant le Gauleitung, ce qui nécessite l'intervention personnelle d'Adolf Hitler pour ramener le calme.
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+ En 1931, le chef de la SA de Berlin, Walter Stennes, exige à nouveau l'attribution de mandats politiques aux responsables de la SA et tente de prendre le pouvoir au sein du parti nazi. Démis de ses fonctions par Hitler, sa tentative de putsch s'enlise faute de moyens financiers. La SS, restée fidèle au chef du parti nazi, gagne durablement la confiance de celui-ci.
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+ Himmler déploie toute son énergie pour augmenter les effectifs de la SS : des 280 inscrits au moment de sa nomination comme Reichsführer SS en 1929, le nombre des membres est décuplé fin 1930 et atteint près de 15 000 hommes en 1931. Pour se démarquer de la SA, Himmler met en place des critères de sélection drastiques, notamment en exigeant des preuves de l'appartenance des postulants à la race aryenne. Il se préoccupe aussi des projets de mariage de ses hommes. Après le 21 décembre 1931, il soumet les fiancées des membres de la SS à une vérification de leur généalogie et à l'examen de leur aryanité sur base de photographies et d'un contrôle médical[3].
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+ En août 1931, il charge Reinhard Heydrich, qui vient de s'affilier à la SS, de créer un service de renseignement interne, le futur SD, chargé de débusquer les agents de la république de Weimar infiltrés au sein du parti nazi, de dresser des listes d'opposants internes ou extérieurs au parti, mais aussi de collecter toutes les informations possibles sur les dignitaires de la SA et du NSDAP.
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+ À l'automne 1932, Himmler marque aussi sa différence en commandant un nouvel uniforme noir pour la SS, dont les membres deviennent immédiatement identifiables en tant que tels et ne peuvent plus être confondus avec les chemises brunes de la SA. Les nouveaux uniformes sont réalisés et confectionnés par Hugo Boss, qui réalisa également l'uniforme des Jeunesses hitlériennes.
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+ Le 30 janvier 1933, Hitler accède au pouvoir et est nommé chancelier. La SS compte à ce moment 52 000 membres, contre trois millions pour la SA[4]. Les membres bienfaiteurs de la SS, qui contribuent financièrement sans acquitter de service actif, sont eux 167 272 en 1933.
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+
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+ Alors que la terreur de rue des SA n'a plus de raison d'être après la prise du pouvoir, que le nouveau chancelier doit concilier l'appui des milieux conservateurs, de l'armée et des industriels, la violence de la SA se déchaîne à travers toute l'Allemagne, notamment avec la création sauvage, en mars 1933, du camp de concentration d'Oranienburg, ou les exactions commises dans le quartier berlinois de Köpenick.
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49
+ En matière de répression des opposants, la SS n'est pas en reste et les fiches du SD se révèlent fort efficaces : elles servent notamment à peupler le camp de Dachau, fondé par la police bavaroise en mars 1933, mais dont la responsabilité est transférée, le 2 avril 1933, à la SS par Himmler, devenu commandant de la police politique bavaroise. Fin juin 1933, Theodor Eicke, futur inspecteur général des camps, est nommé commandant de Dachau, ce qui marque le début de l'organisation du système concentrationnaire nazi.
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+ En 1933 et 1934, la SA accumule les démonstrations de force, les défilés de masse qui rassemblent jusqu'à 80 000 participants à Breslau ; elle multiplie aussi ses exigences afin de disposer de postes de responsabilités au sein du régime nazi, continue à proclamer que la révolution n'a pas encore commencé et entre en conflit ouvert avec la Reichswehr qu'elle entend remplacer par une armée populaire.
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+
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+ Pendant ce temps, la SS noue de précieux contacts avec des industriels, des officiers, des scientifiques et intellectuels, de grands propriétaires terriens, au sein du Cercle des amis du Reichsführer SS. Elle reste fidèle à Adolf Hitler et donne des gages de respectabilité. Fin 1933, ce dernier donne à sa garde personnelle le titre officiel de Leibstandarte SS Adolf Hitler.
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+ En 1934, Heinrich Himmler et son adjoint direct Reinhard Heydrich sont, avec Hermann Göring, les artisans de la nuit des Longs Couteaux qui débouche sur l'élimination de la SA en tant que force politique et permet à la SS de dépendre directement du Führer.
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+ Avec plus de quatre millions de membres, totalement dévouée à son chef, Ernst Röhm, la SA exige des réformes sociales et économiques, effrayant les milieux d'affaires et les partis conservateurs traditionnels ; sa volonté de prendre le contrôle de l'armée suscite l'opposition des dirigeants militaires dont Hitler a un pressant besoin.
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+ Après avoir inventé de toutes pièces un complot de Röhm visant à prendre le pouvoir et reçu l'approbation de Hitler, les 30 juin et 1er juillet 1934, les membres de la SS décapitent la SA.
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61
+ L'épuration fait une centaine de victimes dont Röhm lui-même (assassiné par le SS Michel Lippert, accompagné de Theodor Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau), de nombreux responsables de la SA mais aussi des opposants à Hitler, opposants internes comme Gregor Strasser, ou externes comme l'ancien chancelier von Schleicher, ou Erich Klausener, directeur de l'Action catholique et fonctionnaire au ministère des Transports. Une partie des exécutions a lieu dans la cour de la prison de Stadelheim, à Munich, le peloton d'exécution étant commandé par Sepp Dietrich, futur commandant de la 1re division SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler »[5].
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+ La SS élimine ainsi l'influence politique d'une organisation rivale dont elle dépendait encore formellement, en tuant les membres les plus capables et les plus ambitieux de son appareil dirigeant.
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+ À compter de 1929, et jusqu'à la chute du IIIe Reich, le chef de la SS, ou Reichsführer-SS, fut Heinrich Himmler (7 octobre 1900, Munich - 23 mai 1945, Lüneburg). À ce poste, il fut l'un des dignitaires les plus puissants du Troisième Reich. Il était le maître absolu de la SS et le chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei), dont la Gestapo, particulièrement chargée de la liquidation de l'opposition aux nazis en Allemagne et dans les pays occupés. Les camps de concentration et les camps d'extermination dépendaient directement de son autorité, et il mit en œuvre la « Solution finale ».
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+ Pour reprendre les termes de George H. Stein, les membres de l'Allgemeine SS, soit 250 000 hommes en 1939, « n'avaient aucune obligation spécifique à remplir hormis celle de demeurer en état d'alerte permanent comme pendant la lutte pour le pouvoir »[6].
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+ De nombreux membres de l'Allgemeine SS sont affectés à la garde des camps de concentration ; dotés nominalement d'un grade dans la Waffen-SS, ils servent dans les unités à tête de mort, placés sous l'autorité directe des commandants des camps, puis rattachés au département (Amt.) B de l'Office central SS pour l'économie et l'administration (Wirtschafts-Verwaltungshauptamt ou WVHA) à partir du 3 mars 1942[7].
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+ Créé en 1931 par Reinhard Heydrich sur ordre de Heinrich Himmler, le Sicherheitsdienst (SD) devient en 1934 le seul service de renseignement du parti nazi et de la SS. En 1939, il est intégré au Reichssicherheitshauptamt (RSHA), dirigé par Heydrich puis, après le décès de celui-ci, par Ernst Kaltenbrunner. Le RSHA regroupe le SD, organisme du parti qui comporte notamment les deux cellules opérationnelles (SD-Inland et SD-Ausland) mais aussi la Sicherheitspolizei (Sipo), organisme d'État qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei ou Kripo.
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+ À la Gestapo Heinrich Müller, âgé de 36 ans en 1936, et, à la Kripo Artur Nebe, 42 ans, sont tous deux des policiers de métier qui ont commencé leur carrière au début des années 1920. Müller sert fidèlement la république de Weimar pour laquelle il a pourchassé indifféremment nazis et communistes ; il ne s'inscrit d'ailleurs au NSDAP que le 31 mai 1939. Par contre, Nebe est militant du parti depuis 1931. Si Müller est un bourreau, Nebe l'est également en prenant la tête de l'Einsatzgruppe B qui éliminait Juifs, malades mentaux ainsi que les opposants réels ou imaginaires de l'Allemagne nazie.
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+ Au SD, Otto Ohlendorf, 29 ans, et Walter Schellenberg, 26 ans, ont des profils plus intellectuels. Ohlendorf est diplômé en droit et en économie des universités de Leipzig et Göttingen, Schellenberg a étudié la médecine puis le droit à l'université de Bonn. Seules la date, et sans doute la profondeur de leur engagement politique les séparent : Ohlendorf est membre du NSDAP depuis 1925 et de la SS depuis 1926 ; Schellenberg ne s'inscrit au parti qu'en 1933, peu avant son recrutement comme juriste au Sicherheitsdienst.
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+ La Gestapo, police politique, se charge de traquer, d'interner ou d'éliminer les opposants alors que la Kripo a un rôle de police criminelle traditionnel.
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+ Le SD-Inland a notamment pour tâche d'établir des rapports sur l'intégration de la conception du monde nationale-socialiste, la Weltanschaaung dans la sphère individuelle, de déterminer si elle suscite de l'opposition, et dans ce cas, d'identifier les opposants.
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+ Le SD-Ausland, en dehors de ses missions d'espionnage classiques, dresse des listes de personnalités à éliminer, notamment en Autriche, et élabore des « solutions aux problèmes tchèque et russe ».
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82
+ Dès l’Anschluss, soit l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne le 13 mars 1938, Heydrich, qui a participé activement à sa préparation, utilise son outil répressif contre les opposants autrichiens avec la même vigueur qu'il avait déployée en Allemagne. Après avoir rempli le camp de concentration de Dachau, c'est au tour de Mauthausen. Depuis 1935, le SD dispose en outre d'un nouvel outil de répression, la détention préventive (Schutzhaft) qui lui permet d'interner qui bon lui semble sans aucune procédure devant les tribunaux et dont il fait un large usage en Allemagne et dans tous les territoires occupés.
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84
+ À partir du 7 décembre 1941, la Schutzhaft est plus terrible encore, avec l'entrée en vigueur du décret « Nuit et brouillard » qui impose que les prisonniers disparaissent sans laisser de trace et interdit de donner le moindre renseignement à leurs proches sur leur sort ou leur lieu de détention.
85
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86
+ Créée en 1936 par le ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick, l’Ordnungspolizei regroupe toutes les unités de la police régulière en uniforme chargées du maintien de l'ordre sous ses différents aspects. Commandée par l’Oberst-Gruppenführer Kurt Daluege, nazi de la première heure, elle dépend directement de l'autorité de Heinrich Himmler, à la fois Reichsführer-SS et Chef der Deutschen Polizei.
87
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88
+ Dirigée par le Hauptamt Ordnungspolizei, un des bureaux principaux de la SS, elle comporte douze sections qui assurent le maintien de l'ordre, au sens classique du terme dans tous les domaines.
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+ L’Ordnungspolizei dispose également d’unités militaires, indépendantes des structures policières à l’intérieur du Reich, les bataillons de police, destinés au maintien de l’ordre dans les territoires occupés et à la lutte contre les partisans. Ils sont placés sous les ordres des Höheren SS und Polizeiführer. Ils fournissent une grande partie du personnel des Einsatzgruppen, en fonction des besoins. Ils combattent également sur le front de l’Est lors de la retraite de l’Armée allemande.
91
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+ Ce sont également des membres de l’Ordnungspolizei qui composent, par un système de rotation entre police et Waffen-SS, la 4e division SS Polizei, essentiellement utilisée comme unité d’arrière-garde ou de réserve. À la fin de la guerre, de nombreux régiments de police de l’Orpo sont transférés à la Waffen-SS et forment la 35e division SS de grenadiers de police.
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+ L’Ordnungspolizei a son propre système d’insignes et de grades. Tout policier peut être membre de la SS, sans que cette affiliation ne soit obligatoire. Les officiers supérieurs de police également membres de la SS sont, durant la guerre, systématiquement désignés par leurs deux grades : par exemple, un Generalleutnant de police également membre de la SS sera mentionné en tant que SS Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei.
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+ La Waffen-SS[8] est la composante militaire de la SS.
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+ Dès la prise du pouvoir par les nazis, celle-ci se dote de commandos armés, les Politische Bereitschaften, dont la mission est de pourchasser les opposants. Après la nuit des Longs Couteaux, ces commandos sont regroupés en une seule unité, la SS-Verfügungstruppe (SS-VT), malgré les réticences de la Reichswehr. La SS-VT est élevée au rang de division (la future 2e division SS « Das Reich »), par un décret d’Adolf Hitler en 1938.
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+ La VT et les unités « Totenkopf », formées des gardiens de camps de concentration, participent à la campagne de Pologne. Elle s’y signalent par leur brutalité, dénoncée par le général de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz.
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+ Dès lors que la Waffen-SS est créée au début du printemps de 1940, les unités existantes de la SS-VT y sont progressivement transférée, au cours de l'année 1940, à la suite de décrets de Hitler.
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+ La Waffen-SS prend ensuite part à la campagne de France, avec trois divisions et demie. Si ces divisions ont l’avantage d’être entièrement motorisées, elles ne jouent aucun rôle décisif.
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+ En 1941, cinq divisions de la Waffen-SS sont engagées dans l'opération Barbarossa. Dotée de divisions blindées à partir de 1942, la Waffen-SS acquiert une redoutable réputation de combativité et de férocité sur le front de l’Est, surtout à partir de 1943. « Pendant les deux dernières années du conflit, les divisions [blindées] de la Waffen SS ralentirent fréquemment et arrêtèrent souvent d'une façon temporaire l'avance inexorable des Soviétiques »[9].
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+ La Waffen-SS constitue l’ossature de la défense allemande lors de la bataille de Normandie et le fer de lance de l’offensive allemande lors de la bataille des Ardennes. Elle fait partie du dernier carré des défenseurs du régime nazi lors de la bataille de Berlin.
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+ À la fin du conflit, la Waffen-SS comporte 38 divisions et près de 900 000 hommes, de qualité fort variable et aux origines les plus diverses, des Volksdeutschen (personnes d’origine allemande ou germanique habitant hors du Reich) aux volontaires français ou belges, des Baltes aux musulmans bosniaques. À cette époque, la Waffen-SS des origines, avec ses critères de recrutement physiques, raciaux et idéologiques particulièrement stricts et son entraînement exigeant et éprouvant, n’est plus qu’un lointain souvenir.
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+ Tout au long de son périple, la Waffen-SS se singularise par le nombre des exactions et des tueries dont nombre de ses unités sont responsables. Ses crimes de guerre sont légion, de l’assassinat de prisonniers lors de la campagne de France en 1940 et lors de la bataille des Ardennes, du meurtre de 14 000 civils en Ukraine en 1941 à ceux commis en Italie ou en France en 1944.
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+ La SS-Totenkopfverbände était chargée de la surveillance et de l'organisation des camps de concentration. Voir aussi Aufseherin, les gardiennes SS.
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+ Bien avant l'arrivée de Speer au ministère de l'Armement en 1942, les industriels allemands font appel à la main d’œuvre concentrationnaire. Ainsi, au début de l'année 1941, sous l'influence de Göring, les dirigeants de l'IG Farben s'adressent à Himmler pour obtenir de lui de la main-d’œuvre dans le cadre du projet de caoutchouc synthétique, le Buna[10] : cette demande coïncide avec la décision de Himmler, prise l'année suivante de développer systématiquement une nouvelle orientation pour les populations des camps de concentration, aussi bien en Allemagne qu'en Pologne : le travail esclave au profit des entreprises allemandes engagées dans l'effort de guerre[11]. Au cours des discussions qui suivent, un tarif journalier est établi, 4 ou 6 Reichsmarks par jour (16 heures de travail) et par déporté, selon le niveau de qualification[11], à charge pour la SS de faire venir, de nourrir, d'encadrer et de soigner la main-d’œuvre. Cet accord de 1942 reprend en réalité les termes de l'accord conclu en 1940 pour la construction du camp établi en 1940 à proximité de l'usine d'Horowitz, près d'Auschwitz, petite ville de Silésie. Au cours de la construction de l'usine, 35 000 détenus ont travaillé à l'édification de l'usine, 23 000 sont morts gazés[12].
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+ Sur le modèle des accords passés avec l'IG Farben, d'autres transactions sont passées avec des entreprises du secteur de l'armement à un rythme tel qu'il devient rapidement indispensable d'ouvrir des sous-camps dans toute l'Europe, à proximité des chantiers situés à plus d'une journée de marche du camp de base : certains de ces sous-camps sont implantés au cœur des villes allemandes, comme à Wolfsbourg, pour fournir 7 000 déportés employés à l'usine Volkswagen, ou à Hambourg, pour les besoins des chantiers navals Blohm u. Voss[13]. Cette conception utilitaire des déportés incite les commandants de camps à donner des consignes strictes visant à encourager l'extermination des prisonniers inaptes au travail, mais elle entre en conflit avec la rage exterminatrice des gardiens de camps SS[14].
121
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122
+ La SS, non contente de louer de la main-d'œuvre aux industriels engagés dans l'effort de guerre allemand, joue aussi un rôle important dans la surveillance, et le cas échéant, la répression des travailleurs étrangers employés dans l'industrie de guerre allemande : sur dénonciation des entreprises, la SS traque et arrête les ouvriers qui ne reviennent pas de permission[15].
123
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124
+ Rapidement, sur l'insistance de Hitler[16], la SS s'intéresse aux armes nouvelles. Ainsi, au printemps 1943, la SS fournit à l'entreprise Mittelwerk, qui produit les missiles V1 et V2, non seulement 1 400 déportés du camp de Buchenwald, pour son usine de Peenemünde, mais aussi les 60 gardes SS, chargés de leur encadrement[11]. Suivant dans un premier temps cette affaire de loin, Himmler s'implique personnellement dans la production des missiles V1 et V2 après le raid du 17-18 aout 1943, et devient avant la fin du mois d'août responsable de la gestion de ce programme, qu'il confie au SS-Brigadeführer Hans Kammler ; à ce titre, il déménage l'usine de production dans le Harz, sous les montagnes[17].
125
+
126
+ Le site choisi dans le Harz, la montagne de Kohnstein (en), comporte, lors de l'installation de l'usine, deux tunnels longs de 1 600 mètres, utilisés jusqu'alors, l'un pour une voie ferrée, l'autre pour le stockage de matières dangereuses ; inadapté pour l'activité à laquelle il est destiné, il est aménagé par des milliers de détenus (8 000 en novembre 1943) venus des camps voisins, qui travaillent jusqu'à l'épuisement dans un contexte de rare violence[18]. Les survivants rapportent l'extrême brutalité des surveillants SS, approuvée par leur supérieur[18], pour accélérer les cadences et les conditions éprouvantes de travail, tout d'abord dans les tunnels à creuser et à aménager[19], puis dans les installations proprement dites[20].
127
+
128
+ De plus, la SS fournit le terrain d'essai destiné à tester les effets des fusées montées dans le Harz : le champ de manœuvre de Blizna, à l'ouest de Cracovie, dans le Gouvernement général de Pologne, est mis à la disposition de l'armée : lors de ces essais, les artilleurs doivent non seulement se former, mais aussi tenter de remédier aux failles de ces nouveaux types d'armements[21].
129
+
130
+ À ces armes technologiquement avancées, s'ajoutent les armes miracles, dont le développement est placé sous la responsabilité du Reichsführer-SS, Heinrich Himmler, dont l'influence croît sans cesse au fil du conflit[22]. À partir du 20 juillet 1944, ce dernier dispose de crédits et d'une influence illimitées dans la recherche scientifique, développant en dilettante au mieux des gadgets scientifiques, au pire, des délires insensés, comme l'extraction d'huile de géranium, pour le transformer en essence, ou la récupération de résine de sapin, destinée à devenir du carburant, comme le rapporte, amusé, Albert Speer ; de plus, à chaque objection d'un responsable de programme, ou d'un technicien, ce dernier est systématiquement relevé de ses fonctions par Oswald Pohl, à la demande expresse de Himmler, pour « attitude négative »[23].
131
+
132
+ La recherche SS en électronique n'est pas en reste dans cette avalanche de programmes, les proches de Himmler développent ainsi dans les camps des instituts de recherche dans ce domaine : ainsi, à Dachau par exemple, est créée une agence du Reich sur les hautes fréquences, destinée à mettre au point un système permettant d'abattre un avion en rendant non opérationnels ses circuits électriques ou de contrôler celui-ci à distance[24].
133
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134
+ Le RuSHA, acronyme de Rasse- und Siedlungshauptamt (« Bureau pour la race et le peuplement », à ne pas confondre avec le RSHA de Reinhard Heydrich) était l'organisme nazi chargé de contrôler la pureté idéologique et raciale de tous les membres de la Schutzstaffel (SS).
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+ Créé fin décembre 1931 et dirigé initialement par le SS-Obergruppenführer Walther Darré, c'est l'une des trois premières sections de la SS. Principale autorité en matière de généalogie, chargée de délivrer attestations de pureté raciale et permis de mariage aux membres de la SS, le RuSHA fut en outre responsable de l'exécution de la politique de colonisation des territoires annexés à l'est.
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+ Le terme Lebensborn est un néologisme formé à partir de Leben (« vie ») et Born (« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».
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+ Le Lebensborn e. V. (de l'allemand Lebensborn Eingetragener Verein, en français « Association enregistrée Lebensborn ») était une association gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance d'enfants aryens en permettant à des filles-mères d'accoucher anonymement et de remettre leur nouveau né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.
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+ Bien qu'au départ il s'agisse de foyers et de crèches, la SS aurait rapidement transformé ces centres en lieu de rencontre afin de permettre à des femmes allemandes considérées comme des aryennes de concevoir des enfants avec des SS. Le but de ces lieux était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de 1 000 ans ».
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+ L'Ahnenerbe[25], Studiengesellschaft für Geistesurgeschichte (« Héritage des ancêtres, société pour l'étude des idées premières »), est créée par Heinrich Himmler le 1er juillet 1935.
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+ L'institut avait son siège dans le château de Wewelsburg en Westphalie et se consacrait à la recherche en archéologie et anthropologie raciale, ainsi qu'à l'histoire culturelle de la race aryenne.
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+ Son but était de prouver la validité des théories nazies sur la supériorité raciale des Aryens.
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+ Sa présidence est d'abord confiée à un préhistorien renommé, Herman Wirth, puis, après le désaveu public infligé à celui-ci par Adolf Hitler, au doyen de l'université de Munich, Walther Wüst, spécialiste de littérature et des religions de l'Inde, le 1er février 1937.
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+ Les premières recherches de l'institut sont menées sous la houlette de Wirth en 1936, dans le Bohusland, région du Sud-Ouest de la Suède particulièrement riche en art pariétal et en art rupestre. Parmi plus de 5 000 symboles gravés à l'époque de l'âge du bronze, les pétroglyphes, Wirth est persuadé d'avoir découvert les vestiges de la première écriture au monde, créée selon lui par une antique civilisation nordique. Il fait remonter cette civilisation à près de deux millions d'années et la situe en Atlantide, continent disparu s'étendant de l'Islande aux Açores. Plus de vingt tonnes de plâtre sont utilisées pour réaliser des moulages des gravures.
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+ Toujours en 1936, l'Ahnenerbe monte une petite expédition en Carélie, région de la Finlande, afin d'étudier et d'enregistrer les chants et incantations des sorciers locaux. Pour Himmler, ces incantations ont une base historique et il espère que leur analyse permettra de recréer le marteau de Thor, qui est d'après lui la plus puissante des armes conçues par les anciennes peuplades nordiques.
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+ Une stalactite (du grec stalaktos - « qui coule goutte à goutte ») est un type de formation suspendu au plafond des grottes, souterrains, sources chaudes, ou des constructions humaines telles que maisons, ponts, mines, etc. N'importe quelle matière peut former des stalactites à condition qu'elle puisse être soluble, ou se déposer sous forme de colloïde, ou être en suspension, ou être fondue[réf. nécessaire]. Les stalactites peuvent être faites de lave, minéraux, boue, tourbe, poix, geysérite, etc. Une stalactite n'est donc pas nécessairement un spéléothème (concrétions de grottes), bien qu'avec les pagothèmes (de glace), les spéléothèmes soient les formes les plus fréquentes de stalactite en raison du grand nombre de grottes calcaires[1]. Lorsque les concrétions se forment en dehors des grottes, à la surface de structures en béton ou à base de mortier construites par l'homme, on parle parfois aussi en anglais de calthémite (en). L'origine de ce néologisme anglo-saxon rarement utilisé provient du latin calx (génitif calcis) "chaux" et du grec théma, "dépôt". Il désigne le plus souvent un dépôt cristallin de CaCO3 formé par la dissolution de la portlandite (Ca(OH)2, une des principales phases présentes dans les minéraux du ciment Portland après son hydratation) suivi de sa précipitation sous forme de carbonate de calcium au contact du CO2 atmosphérique. Ces dépôts résultent donc principalement de la carbonatation du béton consécutive à sa lixiviation (lessivage des ions calcium).
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+ La formation correspondante au sol est la stalagmite formée, la plupart du temps, juste au dessous d'une stalactite (souvent pagothème).
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+ En grotte, les stalactites se forment par concrétionnement, correspondant à la dissolution puis la cristallisation à l'air du carbonate de calcium et parfois d'autres sels minéraux. Le principal constituant du calcaire est le carbonate de calcium. Sous l'action du CO2 présent dans l'eau, il se dissout sous forme de bicarbonate de calcium selon la réaction chimique suivante :
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+
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+ Cette solution percole le long de fissures à travers la roche jusqu'à ce qu'elle rencontre un relief propice qui lui permet de tomber goutte à goutte (bord d'un toit, d'une fissure, une aspérité au plafond, etc.). En s'écoulant librement sur les parois, au contact de l'atmosphère de la cavité sous-saturée en CO2, la solution se dégaze progressivement et le CO2 s'échappe. Le sens de la réaction chimique responsable de la formation du bicarbonate de calcium dissout s'inverse et les cristaux de carbonate de calcium précipitent. La réaction inversée est[2] :
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+
9
+ Les stalactites se forment généralement sur les parois des voûtes, parfois en ligne en suivant des fissures, des diaclases ou des zones rocheuses plus perméables. Ce sont généralement des concrétions polycristallines qui se forment grâce aux variations régulières du débit d'eau dans le canal axial d'une fistuleuse. Si ce canal se bouche lors d'une période plus sèche (diminution du débit, impuretés), lors d'une reprise d'alimentation, l'eau est forcée à suinter à la surface de la fistuleuse. Dès lors, le diamètre de la concrétion augmente et une nouvelle goutte d'eau donne naissance à une nouvelle fistuleuse qui grandit en longueur. Les stalactites ne proviennent pas nécessairement de la croissance de fistuleuses : elles peuvent croître directement à partir d’aspérités au plafond.[3].
10
+
11
+ En zone tempérée, les stalactites peuvent parfois être marquées par des cernes à caractère saisonnier. Elles peuvent être colorées par les ions de métaux de transition dissous dans l'eau en contact avec les minéraux de la roche (oxydes de fer et de manganèse, plus rarement des minéraux de cuivre, etc.). La matière organique présente dans les sols de surface peut également contribuer à la coloration des stalactites. Les acides humiques et fulviques confèrent parfois aussi aux stalactites une teinte pouvant aller du jaune au brun orange.
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+
13
+ Les stalactites se forment à des vitesses très variables (de quelques centimètres par an à moins d'un millimètre par millénaire), selon la teneur de l'eau en sels dissous, selon le débit de l'eau, et selon la vitesse de dégazage du CO2 ou d'évaporation. La présence de bactéries, parfois sous forme de biofilm, peut également contribuer à la cristallisation de carbonate de calcium sous diverses formes allotropes (calcite, aragonite, vatérite).
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+ Selon la définition du lexique du Centre National de Ressources Textuelle et Lexicale (CNRTL) le terme stactite désigne une concrétion calcaire. Le terme, comme celui de stalagmite, fut inventé en 1609 par Anselmus Boëtius de Boodt[4]. Cette définition apparaît dans son ouvrage Gemmarum et lapidum historia (Hanovre, 1609, p. 207), comme synonyme de stillatitius lapis (Conrad Gesner (1565), De omni rerum fossilium genere, Tiguri, fol. 30 vo, ibid.: stillatitium lapidem).
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17
+ Les termes d'origine anglo-saxonne speleothem (dépôts calcaires formés exclusivement en grotte) et calthémite (en) (dépôts calcaires se développant à la surface d'ouvrages artificiels en béton (p. ex. stalactites sous le tablier d'un pont, ou dépôts à la surface du bajoyer (paroi verticale) d'une écluse) ne sont apparus que beaucoup plus récemment (en 1953 pour speleothem) et leur usage restreint est le plus souvent limité à celui de la communauté scientifique spécialisée.
18
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19
+ Plusieurs moyens mnémotechniques existent pour distinguer facilement les termes stalactite et stalagmite en français: -tite (tombe) et -mite (monte). En anglais, il est aussi possible de se souvenir du C de stalactite et du G de stalagmite en se rappelant de l'endroit où elles grandissent: C comme Ceiling (le plafond) et G comme Ground (le sol).
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21
+ Les fistuleuses comme les stalactites ont généralement un canal axial creux, à la différence des stalagmites. Cette propriété explique que certaines stalactites assez longues vibrent quand on les touche, formant en quelque sorte des orgues (sans aucun rapport aux « buffets d'orgues », appellation locale de certaines coulées stalagmitiques (en))[5].
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+ Certains stalactites ont des formes courbes ou en lames qui sont liées à la forme des fissures ou à l'influence des microcourants d'air[6].
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+ Lorsque la goutte d'eau s'écrase au sol, elle abandonne à son tour une nouvelle quantité de CO2. Si cette goutte contient encore suffisamment de carbonate de calcium, par sursaturation, de la calcite se dépose, formant une concrétion montante, la « stalagmite »[3]. Quelquefois, les unes et les autres se réunissent et forment des colonnes (appelés aussi piliers) qui grossissent graduellement et finissent parfois par combler les cavités qui les renferment[7].
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+ Stalactites et stalagmites (grotte Snejanka, Bulgarie).
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+ Stalactites (Hérault, France).
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+ Voiles complexes (grotte de Lapinha, Parc d’État du Sumidouro (en), Brésil).
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+ Grotte de Torrinha, Chapada Diamantina (Bahia, Brésil).
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+ Gouttes d'eau se formant à l'extrémité d'une stalactite (Grotte de Loltun (en), Yucatan).
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+ Forme intermédiaire entre stalactites et voiles (Portugal).
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+ Stalactites (Hérault, France).
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+ Coupe d'une stalactite.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Par extension, on applique également le terme :
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+ En architecture, ce sont des motifs ornementaux d'inspiration arabe, également appelés mocarabes ou muqarnas, imitant la forme des stalactites naturelles.
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+ Stalactites de glace accrochées au rebord d'un toit.
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+ Stalactites de basalte au plafond d'un tunnel de lave (Lava Beds National Monument (les Lits de lave), Californie).
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+ Stalactites de lave tubulaires (Hawaï).
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+ Mocarabes à l'Alhambra (Grenade, Andalousie).
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+ Star Trek[n 1] (à l'origine nommée sous son titre français, Patrouille du cosmos[1]), est un univers de science-fiction, créé par Gene Roddenberry en 1966, qui regroupe sept séries télévisées qui comptabilisent 759 épisodes[n 2] (soit plus de cinq cent quarante heures de programme), treize longs métrages[n 3], des centaines de romans, de bandes dessinées et des dizaines de jeux vidéo, ainsi qu'une fanfiction importante. Entre 2006 et 2019, la franchise de télévision était la propriété exclusive de la compagnie CBS, tandis que la franchise cinématographique était la propriété de la Viacom, maison-mère de Paramount Pictures. Depuis la fusion de ViacomCBS en 2019, la franchise Star Trek est de nouveau réunie au sein d'une même entité[2].
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+ Dans l'univers Star Trek, l'humanité développe le voyage spatial à vitesse supraluminique, grâce à un moteur à distorsion, à la suite d'une période post-apocalyptique du milieu du XXIe siècle (voir le Jour du Premier Contact). Plus tard, l'homme s'unit à d'autres espèces intelligentes de la galaxie pour former la Fédération des planètes unies. À la suite d'une intervention extraterrestre, et grâce à la science, l'humanité surmonte largement ses nombreux vices et faiblesses terrestres, au XXIIIe siècle. Les histoires de Star Trek dépeignent souvent les aventures d'êtres humains et d'espèces extra-terrestres qui servent dans Starfleet, ainsi que les nombreux contacts de ceux-ci avec d'autres civilisations.
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+ Les protagonistes, dont les idéaux sont parfois imparfaitement appliqués aux dilemmes présentés dans la série, sont essentiellement altruistes. Les conflits et les dimensions politiques de Star Trek forment des allégories pour des réalités culturelles contemporaines ; la série télévisée originale de Star Trek aborde les questions des années 1960, tout comme, plus tard, des séries dérivées ont reflété des questions de leurs époques respectives. Les problèmes soulevés dans les différentes séries sont : la guerre et la paix, l'autoritarisme, l'impérialisme classique, la lutte des classes, l'eugénisme, la géopolitique, le racisme, les droits de l'homme, le sexisme, le féminisme et le rôle de la technologie[3].
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+ L'univers Star Trek dépeint un futur optimiste, utopique, dans lequel l'humanité a éradiqué la maladie, l'injustice, le racisme, la pauvreté, l'intolérance et la guerre sur Terre, où la paix règne. Elle s'est également unie à d'autres espèces intelligentes de la galaxie. Les personnages explorent l'espace, à la recherche de nouveaux mondes et de nouvelles civilisations et s'aventurent « là où aucun homme, là où personne, n'est jamais allé ».
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+ Bien que la première série n'ait pas rencontré un grand succès lors de sa diffusion, il est apparu que cet univers suscitait beaucoup d'enthousiasme chez un public particulier de fans, les Trekkies ou Trekkers scolarisés. Ces amateurs inconditionnels ont fait le succès des rediffusions et créé un marché pour les séries suivantes et autres films fondés sur le travail de Gene Roddenberry. Star Trek reste, au XXIe siècle, un des divertissements de science-fiction les plus populaires de la télévision.
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+ Les histoires de Star Trek font partie intégrante de la culture américaine. À la suite d'une opération de lobbying des fans de la série, la NASA a accepté de nommer Enterprise le prototype de la navette spatiale.
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+ Plusieurs épisodes de la première série se fondent sur une confrontation entre une puissance supérieure, généralement une race extraterrestre avancée (possédant souvent de formidables pouvoirs mentaux), avec une technologie de pointe, et un être humain ayant acquis, dans des circonstances particulières, des pouvoirs inhabituels, parfois avec un dieu. Souvent, le but de la puissance en question est d'asservir (ou de détruire) le vaisseau et son équipage, mais tous deux sont sauvés par le capitaine James T. Kirk (James R. Kirk dans le premier épisode de la série, Où l'homme dépasse l'homme), qui est interprété par l'acteur William Shatner. Un cas exceptionnel est l'épisode fameux des Tribbles qui, avec humour, fait entrevoir une autre série de thèmes possibles sur les divers points de vue des espèces ou sur l'environnement. Parfois le scénario est inversé, et les entités « supérieures » « moralisent » les humains (Arena, Les Arbitres du cosmos, L'Impasse). Certains épisodes font appel à des scénaristes réputés (par exemple Robert Bloch sur trois épisodes, dont celui concernant Jack l'Éventreur).
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+ Il n'y a pas d'histoire se prolongeant tout le long de la série originale (contrairement à la série dérivée Deep Space Nine, ou, dans une moindre mesure, Voyager), chaque épisode formant une structure close, séparée des autres, le seul élément de continuité étant la distribution et certains ennemis récurrents comme les Klingons. Tous les épisodes sont au format 52 minutes, sauf l'épisode La Ménagerie, en 2 x 52 minutes, en raison de la réutilisation du premier pilote The Cage, qui fait référence à un couple (équipage, vaisseau) plus ancien.
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+ La société utopique, la Fédération des planètes unies (FPU), dépeinte dans Star Trek, se fonde sur une « économie de l'abondance », autorisant un progrès des sciences et des technologies. Cette abondance permet, aussi, à chacun, de satisfaire presque tous ses besoins et désirs. Le travail et le commerce ne sont pas nécessaires, l'argent n'existe plus. Les émotions négatives, comme l'avarice ou la jalousie, y sont quasiment inexistantes.
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21
+ Roddenberry était partisan d'une politique égalitaire et a fréquemment utilisé les épisodes pour présenter sa vision d'une société utopique, basée sur ces principes. La série originale, par exemple, possède un membre d'équipage féminin afro-américain : Nyota Uhura, rôle interprété par l'actrice Nichelle Nichols, une des premières femmes afro-américaines à tenir un rôle principal à la télévision américaine. Il fait également intervenir un personnage originaire de Russie — Pavel Chekov, interprété par Walter Koenig — et ce en pleine guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique. Le premier officier vulcain M. Spock, joué par Leonard Nimoy, n'a pas eu, tout d'abord, les faveurs des cadres de la chaîne sous le prétexte que son aspect vaguement satanique pouvait s'avérer trop inquiétant pour le public, mais M. Spock est devenu l'un des personnages les plus populaires de la série originale.
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+ Pour illustrer cette vision idéaliste, le premier pilote de la série, The Cage, a été refusé parce que le commandant en second de l'Enterprise était joué par une femme (Majel Barrett, alias l'infirmière Christine Chapel dans Star Trek puis Lwaxana Troi dans Star Trek : La Nouvelle Génération), ce que la Paramount a jugé « irréaliste ».
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+ De même, pour faire accepter à la Paramount l'actrice noire Nichelle Nichols, qui était pourtant une artiste reconnue en Angleterre, Roddenberry a dû recourir à un chantage devenu classique : « She stays or I leave! » (« Elle reste ou je pars ! »). En outre, le baiser échangé entre celle-ci et le capitaine Kirk, dans l'épisode 3-10 (La Descendance), met alors en œuvre un contrôle mental comme prétexte pour briser ce tabou du premier baiser interracial de la télévision américaine[4],[5],[6]. L'épisode fut diffusé le 22 novembre 1968, alors que la sortie nationale du film Devine qui vient dîner ? datait déjà cependant du 12 décembre 1967. Un courrier impressionnant fut à l'époque adressé à la Paramount qui craint même, un moment, une fin de diffusion dans les États du Sud. Lors d'une rencontre particulière entre Nichelle Nichols et Martin Luther King, ce dernier dissuada l'actrice de quitter la série, arguant qu'elle représentait une icône importante pour les mouvements noir et féminin. Son personnage a été recruté uniquement pour ses capacités, et sur aucun autre critère à bord de l'Enterprise[7]. En pleine guerre froide, la série présente également le Russe Chekov et l'Américain Kirk travaillant sereinement avec le Japonais Sulu[8].
26
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27
+ Presque dix années se sont écoulées entre la fin de la première série et le premier film de cinéma. Dans l'intervalle, de nombreux romans ont été publiés par des auteurs multiples. L'univers de Star Trek a survécu à une longue traversée audiovisuelle du désert, grâce à l'écriture. Il s'est également enrichi par le partage et le travail collectif. Sauvée une première fois par ses fans, maintenue et développée par une collectivité informelle d'auteurs, l'utopie de Star Trek se trouve autant dans sa naissance que dans son contenu.
28
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29
+ En 1987, une nouvelle série est lancée, Star Trek : La Nouvelle Génération (Star Trek: The Next Generation ou ST : TNG), comportant un nouvel équipage. Contrairement à la série originelle, ST : TNG décrit un univers dans lequel la plupart des races rencontrées sont équivalentes, d'un point de vue technologique, et un nombre important d'épisodes n'est plus basé sur le concept de « premier contact », mais sur de nouveaux arguments, tels que les paradoxes du voyage temporel, ainsi que les univers parallèles.
30
+
31
+ La Directive Première (Prime Directive), qui contraint la Fédération à ne pas interférer dans l'évolution des espèces moins évoluées, prend plus d'importance dans cette série. Elle est l'occasion de cas de conscience, lorsque des espèces menacées de destruction ne devraient pas être assistées par respect de cette directive. Mais, souvent, l'existence de cette directive devient un prétexte pour la contourner... Avec le décès de Roddenberry, en 1991, la technologie perd son cachet optimiste et prend un visage oppressif.
32
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33
+ Enfin, cette série connaît des liens historiques forts entre les épisodes, avec des objets ou des personnages qui apparaissent au cours de plusieurs épisodes (et même provenant de saisons précédentes), donnant à la série une cohérence plus forte. Des personnages de la série originelle font aussi leur apparition.
34
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35
+ Roddenberry continua à être crédité en tant que producteur exécutif de ST : TNG, même lorsque son influence diminua, alors que la série progressait. Avec l'arrivée du producteur Rick Berman, elle a lentement pris une nature plus basée sur les masques, en intégrant de plus en plus des scènes d'animation et des discours cryptés pour certaines audiences. Ceci est devenu plus apparent dans la majeure partie de la série suivante.
36
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37
+ En juin 2018, Alex Kurtzman responsable de la franchise a signé avec CBS Television Studios un contrat de cinq ans pour développer plusieurs séries de l'univers Star Trek[9],[10] :
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39
+ En février 2020, le CEO de ViacomCBS annonce deux nouvelle série Star Trek en plus de Discovery, Picard, Section 31, Prodigy & Lower Decks[11].
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+ En mai 2020, CBS ALL ACCESS commande officiellement une nouvelle série Star Trek nommée Strange New World pour 2022[12].
42
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+ Voici la chronologie « en-univers Star Trek » des séries télévisées et des films. Elle permet de situer, dans le temps, les événements s'y déroulant. On peut voir que les événements de la série Enterprise se déroulent un siècle avant la série Star Trek et que les autres séries (TNG, DS9, VOY) se déroulent environ un siècle après.
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+ La plus récente série télévisée Star Trek : Discovery se déroule une dizaine d'années avant la série originale et introduit de nouveaux personnages qui ne sont pas liés au film de 2016, Star Trek : Sans limites. La série est diffusée depuis le 24 septembre sur le service vidéo à la demande CBS All Access. Elle est également diffusée sur Netflix dans 188 pays (dont la France), les droits de télédiffusion ont été attribués à Bell Media au Canada. Plusieurs séries amateurs ont également été produites depuis, comme Star Trek : New Voyages (en) (anciennement Star Trek Phase II), dans laquelle des artisans de la franchise font des apparitions[36] ou Star Trek Continues (en).
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+ Un onzième long-métrage, reboot et relancement de la franchise, intitulé simplement Star Trek, est sorti le 6 mai 2009, et met en vedette Chris Pine, dans le rôle du jeune James T. Kirk, et Zachary Quinto, dans le rôle d'un jeune Spock. Leonard Nimoy accepta de participer au film et de reprendre son rôle de Spock. Grâce à son scénario utilisant le voyage temporel, le film est à la fois un nouveau départ et une suite de la franchise. Le retour dans le passé du Spock incarné par Leonard Nimoy permet en effet de créer une nouvelle temporalité, une sorte de monde parallèle, sans remettre en cause les évènements racontés dans les précédents films et séries.
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+ Un MMORPG, intitulé sobrement Star Trek Online, est également sorti le 5 février 2010, en France, et le 2 aux États-Unis. L'histoire se déroule en 2409, et poursuit donc l'exploitation de l'univers Star Trek. De nombreux clins d'œil, envers les différentes séries Star Trek, y attendent les joueurs connaisseurs de cet univers.
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+ L'univers Star Trek est aussi une série de romans, s'inscrivant dans tous les univers des différentes séries. À la suite du succès éditorial de la série Star Trek : New Frontier par l'écrivain Peter David (qui présente les aventures de l'USS Excalibur, un équipage original jamais apparu dans une série ou un film Star Trek), d'autres romans se basant sur l'univers Trek en général, sans s'appuyer sur une série en particulier, ont été publiés. William Shatner, le fameux capitaine Kirk de la première série, a lui-même écrit plusieurs romans Star Trek, dont une série qui se poursuit d'un roman à l'autre. Faisant suite au film Generation, le dernier film à mettre en scène le capitaine Kirk et le premier avec le nouveau capitaine Jean-Luc Picard, cette série de romans s'amorce avec le titre Les Cendres d'Eden et se termine avec Les Préservateurs.
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+ Star Wars [stɑɹ wɔɹz][a] (à l'origine nommée sous son titre français, La Guerre des étoiles) est un univers de science fantasy créé par George Lucas. D'abord conçue comme une trilogie cinématographique sortie entre 1977 et 1983, la saga s'accroît ensuite, entre 1999 et 2005, de trois nouveaux films, qui racontent des événements antérieurs à la première trilogie. Cette dernière (épisodes IV, V et VI) ainsi que la deuxième trilogie dite « Prélogie » (épisodes I, II et III) connaissent un immense succès commercial et un accueil critique généralement positif. Dans un souci de cohérence, et pour atteindre un résultat qu'il n'avait pas pu obtenir dès le départ, le créateur de la saga retravaille également les films de sa première trilogie, ressortis en 1997 et 2004 dans de nouvelles versions.
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+ Les droits d'auteur de Star Wars sont achetés en 2012 par la Walt Disney Company pour 4,05 milliards de dollars : la sortie au cinéma du septième épisode de la saga et premier de la troisième trilogie (épisodes VII, VIII et IX) est alors planifiée pour 2015. Le Réveil de la Force devient en l'espace d'un mois le plus important succès commercial de la franchise. Il est suivi par Les Derniers Jedi en 2017 et L'Ascension de Skywalker en 2019. Disney annonce en mai 2019 un nouveau film prévu pour 2022 qui ne prendra pas place dans la saga de la famille Skywalker. Par ailleurs, Disney et la société de production Lucasfilm inaugurent en 2016 une série de films dérivés regroupés sous le sigle A Star Wars Story, avec la sortie de Rogue One dont les événements se situent juste avant l'épisode IV. La franchise se développe également sur la plateforme de streaming Disney+, lancée en novembre 2019 avec la série The Mandalorian.
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+ En accord avec les lois du genre space opera, l'action se déroule « il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine » et se fonde sur la lutte entre les chevaliers Jedi et les Sith. Le personnage central des deux premières trilogies cinématographiques, Anakin Skywalker, cède à la tentation du côté obscur de la Force pour devenir Dark Vador[b], puis connaît sa rédemption grâce à l'action de son fils, Luke. La troisième trilogie, à partir de l'épisode VII, se déroule trois décennies plus tard avec une nouvelle génération de héros et d'antagonistes. Les nombreux personnages emblématiques, humains et extraterrestres, ont permis de lancer quelques carrières d'acteurs, notamment Harrison Ford et Natalie Portman. L'univers a été décliné dans divers produits dérivés conçus ou non sous l'égide de Lucas : romans, bandes dessinées, jeux vidéo, séries télévisées, etc. L'histoire de la série est ainsi élargie et approfondie par divers médias.
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+ Le monde de Star Wars est inspiré de nombreuses œuvres cinématographiques (serials, western, cinéma japonais), mais aussi littéraires (essentiellement d'après les ouvrages d'Edgar Rice Burroughs, de Frank Herbert, de Joseph Campbell, mais aussi d'Isaac Asimov et de J. R. R. Tolkien) et de faits historiques réels. À son tour, le monde créé par George Lucas a influencé une génération de réalisateurs et contribué à la création de nouvelles techniques dans le domaine du cinéma, notamment en ce qui concerne le montage, les bruitages et les effets spéciaux. L'univers de Star Wars a fait l'objet de nombreuses parodies et hommages et dispose également d'une grande communauté de fans qui s'exprime par le biais de diverses manifestations.
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+ L'histoire de Star Wars se déroule dans une galaxie qui est le théâtre d'affrontements entre les Chevaliers Jedi et les Seigneurs noirs des Sith, personnes sensibles à la Force, un champ énergétique mystérieux leur procurant des pouvoirs psychiques. Les Jedi maîtrisent le Côté lumineux de la Force, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix dans la galaxie. Les Sith utilisent le Côté obscur, pouvoir nuisible et destructeur, pour leurs usages personnels et pour dominer la galaxie[1].
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+ Depuis le rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, il existe deux univers Star Wars : le « Légendes » et l'« officiel ». Ils ont pour point commun les six premiers films et la série télévisée Star Wars: The Clone Wars. L'univers Légendes reprend en plus les histoires complémentaires présentées dans des livres, des bandes-dessinées, des téléfilms ou des jeux sortis avant 2014. L'univers officiel reprend lui, les histoires des films et des autres supports parus depuis 2014[2],[c].
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+ La République galactique a été fondée pour amener la paix dans la galaxie, mais, tout au long de son existence, elle a été secouée par des sécessions et des guerres, notamment contre l'Empire Sith. Les chevaliers Jedi, gardiens de la paix et de la justice, réussissent à éliminer les Sith et la galaxie retrouve la prospérité[a 1],[3]. Cependant, après des millénaires d'existence, la République montre d'innombrables failles et se trouve fragilisée ; selon une prophétie Jedi, un « Élu » naîtra et rétablira un jour l'équilibre dans la Force[a 2].
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+ Un seigneur Sith, Dark Sidious, profite des faiblesses de la République pour se faire élire Chancelier suprême[3],[a 2] sous le nom de Palpatine. Manipulant dans l'ombre le Sénat, l'Ordre Jedi et la Confédération des systèmes indépendants, Palpatine déclenche la Guerre des clones, qui oppose la République aux forces Séparatistes. C'est pendant cette période obscure que se distinguera un jeune Jedi, Anakin Skywalker, qui sera le héros de nombreuses batailles aux côtés de son mentor Obi-Wan Kenobi. Il se murmure alors qu'Anakin pourrait bien être « l'Élu » de la Prophétie. Palpatine se voit offrir les pleins pouvoirs par le Sénat galactique[4],[a 3] et, lorsque la guerre prend fin au bout de trois ans, réalise un coup d'État en proclamant la naissance de l'Empire galactique. Il manipule le jeune Skywalker et en fait son apprenti maléfique : Anakin, perverti par le Côté Obscur de la Force, assassine les dirigeants Séparatistes et la plupart de ses amis Jedi, devenant ainsi Dark Vador[a 4]. Lors d'un duel sur la planète Mustafar contre son ancien mentor Obi-Wan Kenobi, Vador se retrouve brûlé, amputé et défiguré et ne devra son salut qu'à une armure respiratoire qui seule le maintiendra en vie pour le restant de ses jours. Sa propre femme, Padmé Amidala, meurt en accouchant de jumeaux qui seront mis à l'abri des persécutions de l'Empire. Les événements de cette période sont relatés dans les épisodes I à III, ainsi que dans les séries Star Wars: The Clone Wars et plusieurs récits de l'Univers étendu[5].
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+ Vingt ans plus tard, l'Empire fait régner la terreur dans la galaxie. Les espèces non-humaines sont opprimées, les Jedi sont réduits à un très faible nombre d'exilés et traqués aux quatre coins de la galaxie. C'est dans ce climat d'oppression que naît l'Alliance rebelle avec pour but de rétablir les valeurs de la République. L'un des membres les plus influents de l'Alliance est la princesse Leia Organa, qui détient les plans de la nouvelle arme de l'Empire, l'Étoile de la mort, une station capable de détruire une planète entière. Les rebelles lancent un assaut qui se solde par la destruction de la station grâce à un jeune homme maîtrisant la Force, Luke Skywalker[6],[a 5]. Entraîné par les maîtres Obi-Wan Kenobi et Yoda, il devient un puissant Jedi. Lors d'un combat contre Dark Vador, ce dernier lui révèle qu'il est son père[7],[a 6]. Yoda confirme à Luke qu'il est bien le fils d'Anakin Skywalker, et que la princesse Leia est sa sœur jumelle. Au cours d'une bataille dans les propres quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père du bon côté de la Force, mais ce dernier a juré allégeance au Côté Obscur. Finalement, alors que l'Empereur Palpatine tente de porter un coup fatal à Luke, Vador se sacrifie en tuant son maître et sauve son fils, rétablissant ainsi l'équilibre dans la Force. Cette bataille marque la destruction de la deuxième Étoile de la mort. Ces événements sont ceux de la Trilogie originale[8],[a 7].
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+ Dans la troisième trilogie cinématographique de Star Wars[9], la bataille d'Endor a marqué une victoire majeure et la proclamation d'une Nouvelle république mais pas la fin des affrontements[10]. La fin de la guerre est marquée par la terrible bataille de Jakku qui met fin à l'Empire[11]. Cependant, des officiers et des nobles impériaux s'exilent dans des régions inconnues pour reconstruire une nouvelle entité nommée le Premier Ordre[12]. Effrayé par cette nouvelle menace, Leia Organa fonde la Résistance, une nouvelle force militaire privée afin de surveiller les agissements du Premier Ordre. Bien que tolérée par les dirigeants de la Nouvelle république, la Résistance est considérée par eux comme des alarmistes[13]. Le dernier Jedi en vie, Luke Skywalker, a disparu. Le Premier Ordre comme la Résistance fouillent la galaxie pour le retrouver. Han Solo et Leia Organa ont eu un fils, Ben, qui a basculé du côté obscur de la Force pour devenir Kylo Ren, un puissant guerrier du Premier Ordre obéissant au suprême leader Snoke. Parallèlement, une jeune pilleuse d'épaves solitaire vivant sur Jakku, Rey, sensible à la Force, va progressivement découvrir ses pouvoirs et se mettre à la contrôler. Ces événements sont ceux de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force, premier film de la troisième trilogie cinématographique[a 8].
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+ Dans l'univers « Légendes » qui ne fait plus partie du canon de Star Wars, l'Empire Galactique se voit énormément fragilisé par la mort de son empereur et l'Alliance rebelle se transforme en Nouvelle République. L'Empire, qui subit de nombreux coups d'État en son sein, finit par perdre la plupart de son territoire au profit de la Nouvelle République. Cependant, les derniers Impériaux finissent par s'organiser et forment les Vestiges de l'empire. La jeune République, aidée par le Nouvel Ordre Jedi, doit les affronter dans une guerre qui dure des années avant qu'une paix ne soit signée[a 9]. Elle est cependant envahie peu après par des êtres extra-galactiques, les Yuuzhan Vong. Malgré la défaite de ces derniers, la plupart des planètes de la galaxie ont été lourdement touchées ou rendues inhabitables. La Nouvelle République prend fin et la Fédération galactique des Alliances libres la remplace[14],[a 10]. Cependant, un Nouvel Empire galactique est instauré. Aidé par le Nouvel Ordre Sith, il provoque la chute de l'Alliance galactique et fait une nouvelle fois régner la terreur et la tyrannie dans la galaxie[15],[a 11].
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29
+ L'histoire se déroule dans un univers de haute technologie. Les Jedi et Sith se battent au sabre laser, capable de traverser la plupart des matières. Malgré son nom, sa nature reste inconnue : le nom original, « lightsaber » (« sabre de lumière » ou « sabre lumineux »), désigne mieux l'aspect mais est moins explicite. Une exposition à la Cité des sciences explique qu'un laser ne pourrait pas produire cet effet, mais que du plasma confiné par un champ magnétique y correspondrait mieux[16]. Omniprésente dans la série, cette arme donne lieu à des duels spectaculaires et de plus en plus épiques au fur et à mesure de la réalisation des films, avec notamment l'apparition du sabre à doubles lames du Sith Dark Maul[17].
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+ Outre leurs sabres, les Sith et les Jedi ont appris à maîtriser la Force, une énergie à la définition assez floue[d]. La Force permet notamment aux êtres qui y sont sensibles d'avoir des réflexes plus aiguisés, des dons de prescience et la capacité de déplacer des objets par la simple force de leur volonté[18].
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+ Les voyages spatiaux sont courants dans la galaxie. Grâce à la technologie de l'hyperpropulsion, les vaisseaux sont capables de voyager rapidement d'une planète à l'autre. Les différentes factions utilisent aussi des vaisseaux de guerre tels que les croiseur interstellaires, devenus dans les films symboles de l'Empire, ou encore les chasseurs X-wing comme celui de Luke Skywalker. Les pilotes de la galaxie ont d'ailleurs leur jargon propre, qui n'est pas toujours expliqué au spectateur[19]. Les pistolets lasers sont les armes les plus courantes dans la saga. Des véhicules très perfectionnés apparaissent également durant les batailles, à l'instar des gigantesques TB-TT qui marquent le début de l'épisode V[a 6].
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35
+ Les droïdes sont également très présents, utilisés à des fins civiles ou militaires. Les plus visibles sont R2-D2 et C-3PO, présents dans les sept films de la saga[20]. L'armée de la Confédération des systèmes indépendants, dans la prélogie, est pour sa part entièrement composée de droïdes de combat, tandis que les Kaminoens, qui ont développé des techniques de clonage avancées, créent des armées entières de clones pour la République[21].
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+ L'univers de Star Wars met en scène de nombreuses planètes. Certaines reviennent dans la plupart des films comme Tatooine, planète désertique où grandissent Anakin et Luke Skywalker[22], ou encore Coruscant, œcuménopole, centre physique et politique de la galaxie. Un grand nombre de planètes s'inspirent d'un type de paysage particulier comme Mustafar qui offre un paysage volcanique de désolation ou Hoth, planète balayée par des tempêtes de neige. Au contraire, des planètes ressemblent fortement à la Terre, à l'image de Naboo ou Alderaan[23]. Par ailleurs, si des planètes ou des lunes volcaniques telles que Mustafar, ou recouvertes de forêt comme Endor, n'ont jamais été découvertes, certaines originalités imaginées dans la saga sont scientifiquement avérées. Ainsi, le double coucher de soleil sur Tatooine est possible, dans la mesure où il existe effectivement des systèmes planétaires qui gravitent autour de deux étoiles. Le surnom de « Tatooine » a même été donné à la planète HD 188753 Ab en raison de son système à trois étoiles[24].
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39
+ D'autres planètes, telles que Corellia ou Kessel, sont simplement citées dans les films par des personnages voyageurs, donnant l'impression d'un monde plus étendu que celui qui est montré dans les films[25]. Elles ont ensuite été détaillées dans les romans, les bandes dessinées et les jeux vidéo de l'univers étendu. Ainsi, Corellia est le théâtre de certains événements des romans de La Trilogie Corellienne de Roger MacBride Allen ou encore de la Trilogie de Han Solo[26].
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41
+ La galaxie de Star Wars est cosmopolite, constituée de nombreux peuples. L'espèce humaine est la plus répandue, mais de nombreuses autres sont présentées. Certaines sont humanoïdes, comme les Gungans, ou les Neimodiens, financiers corrompus à la peau verdâtre présents dans la prélogie. D'autres s'inspirent des animaux, à l'image des Wookiees, imposantes créatures humanoïdes poilues et des Ewoks, sortes d'oursons[a 7].
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+ Certaines restent mystérieuses comme la race de Yoda : moins d'une dizaine de représentants de cette espèce apparaissent dans l'univers de Star Wars et gardent volontairement le secret sur les origines de leur espèce. Les Jawas demeurent tout aussi mystérieux, leur visage restant inconnu, dissimulé sous un manteau[a 5].
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45
+ Les espèces présentes dans la trilogie originale sont pour la plupart des espèces humanoïdes, la technique étant alors limitée par les effets spéciaux de l'époque. La prélogie offre des espèces plus variées grâce à l'avancée technologique. Ainsi, Nick Dudman, qui a travaillé à la conception des créatures sur Le Retour du Jedi et La Menace fantôme, explique que le bond de quinze ans entre les deux films a radicalement changé la façon de concevoir les personnages, avec notamment l'apparition des images de synthèse[27].
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+ « J'ai pris beaucoup de plaisir à renverser la trajectoire des films à l'origine. Si vous les visionnez dans l'ordre de leur parution, IV, V, VI, I, II, III, vous obtenez un certain film. Si vous les visionnez en partant du I jusqu'au VI, le résultat est complètement différent. Une ou deux générations les ont vus d'une certaine manière, qui sera complètement autre pour les prochaines. C'est une façon de faire du cinéma extrêmement moderne, presque interactive. Vous prenez des cubes, vous les agencez différemment et vous obtenez des états émotionnels différents. »
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+ — George Lucas[28]
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+ L'épisode IV débute lorsque le croiseur de Dark Vador capture le vaisseau de la princesse Leia qui détient les plans volés de l'Étoile Noire, l'arme absolue du puissant Empire galactique. La princesse dissimule les plans dans la mémoire du droïde R2-D2 qui s’éjecte sur la planète Tatooine en compagnie de son alter ego C-3PO. Les droïdes sont capturés par des ferrailleurs Jawas avant d'être finalement vendus à la ferme d'Owen Lars où vit Luke Skywalker, un jeune fermier qui rêve d'aventures. Ce dernier intercepte un message de la princesse Leia qui cherche de l'aide d'un certain Obi-Wan Kenobi. Ce dernier est un vieux Jedi qui vit en ermite sur Tatooine depuis la fin de la Guerre des clones[e] et l'avènement de l'Empire. Il révèle à Luke qu'il était ami avec son père avant que ce dernier ne soit « assassiné » par Dark Vador, un Jedi déchu perverti par le côté obscur de la Force. Avec l'aide d'Obi-Wan, du contrebandier Han Solo et de son copilote Chewbacca, Luke parvient à libérer la princesse Leia dans les couloirs de l'Étoile Noire et à apporter les plans dérobés à ses alliés. Ceux-ci parviennent à identifier le point faible de la station et lancent une offensive sur celle-ci. L'apogée du film est atteinte lors de la Bataille de Yavin qui se solde par la destruction de l'Étoile Noire et la victoire de l'Alliance rebelle, malgré de nombreuses pertes dont la mort de Kenobi[a 5].
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+ L'épisode V commence par une grande bataille, lorsque l'Empire attaque la base rebelle de la planète Hoth. Dans la débandade qui s'ensuit, les héros se retrouvent séparés. Leia, Chewbacca, Solo et C-3PO doivent en effet faire face à une panne de leur vaisseau et se réfugient chez un ancien ami du contrebandier, Lando Calrissian, sur la planète Bespin. Dans le même temps, Luke Skywalker suit un entraînement sur Dagobah auprès du maître Jedi Yoda et apprend à se méfier du côté obscur de la Force. Vador s'empare de ses amis pour tenter d'attirer Luke auprès de lui sur Bespin pour en faire un puissant allié de l'Empire. Han Solo se retrouve emprisonné dans un bloc de carbonite, puis est offert au mafieux Jabba le Hutt sur Tatooine. Lors d'un éprouvant duel, Dark Vador révèle à Luke qu'il est son père. Celui-ci, plutôt que de se rendre, choisit de se jeter dans le vide et est sauvé in extremis par ses compagnons[a 6].
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+ Le début de l'épisode VI présente le plan mis au point par les héros pour secourir Han Solo des mains de Jabba le Hutt. Il se révèle être un succès et se solde également par la mort du Hutt. Dans le même temps, l'Empire met au point une deuxième station de combat, l'Étoile de la Mort, dont la construction est supervisée par l'Empereur Palpatine lui-même. L'Alliance rebelle voit donc là une occasion de frapper un coup décisif pour la victoire, d'autant que la station semble vulnérable. En réalité, cette faiblesse n'est que feinte et il s'agit d'un piège destiné à éliminer définitivement les rebelles. Cependant, l'intervention du petit peuple des Ewoks sur Endor permet de retourner la situation. Dans les quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père, Dark Vador alias Anakin Skywalker, du bon côté. Alors que Palpatine se prépare à achever son fils, Vador jette son maître dans le puits de la station, non sans avoir été gravement meurtri par ce dernier. Il meurt en paix dans les bras de Luke tandis que les rebelles détruisent l'Étoile de la Mort. Alors que l'on célèbre la fin de l'Empire dans la galaxie, les esprits d'Anakin, d'Obi-Wan et de Yoda se réunissent une dernière fois avant de se fondre dans la Force[a 7].
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+ Le scénario de Star Wars est imaginé par George Lucas au début des années 1970. Le premier scénario est écrit en 1973 sous le titre Le Journal des Whills et raconte les aventures du Jedi Mace Windu[f] : certains éléments qui y figurent, comme la structure de l'Ordre Jedi, n'apparaîtront finalement que dans la prélogie, 25 ans plus tard[29]. Le premier projet intitulé The Star Wars est rédigé au mois de mai : en 14 pages, Lucas résume globalement les aventures du Général Skywalker. Progressivement, Lucas étoffe son scénario, y ajoutant des personnages, des lieux, des concepts, qui n'apparaîtront parfois que bien plus tard[30]. Il devient alors impossible de faire tenir toute l'histoire dans un seul film. Lucas pense alors devoir réaliser trois trilogies et décide de commencer par la trilogie centrale[31].
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+ Cependant, l'époque n'est pas favorable aux films de science-fiction et les studios de cinéma ne sont pas tentés par le film. Le succès de son film American Graffiti permet cependant à Lucas d'obtenir un contrat pour Star Wars avec la 20th Century Fox[31],[32]. Pour financer son projet, Lucas parvient à défendre le potentiel en faisant appel au dessinateur Ralph McQuarrie qui illustre des scènes spectaculaires de son scénario et pose les bases de l'apparence de certains personnages. Les producteurs sont intéressés et acceptent d'investir 8 250 000 dollars dans le projet[33]. Lucas réussit également, fort du succès commercial de son film précédent, à obtenir les droits sur les deux épisodes suivants, même si, comme il le craint, le premier tournait au désastre. Il tente également un pari risqué : tout en refusant certains privilèges que lui propose la Fox, il demande à toucher l'intégralité des revenus des produits dérivés. Ce qui est alors une pratique dérisoire va se révéler, pour lui, une véritable manne financière[34].
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+ Dans les rôles principaux, le réalisateur décide d'engager des acteurs débutants : Mark Hamill, déjà connu à la télévision, et Carrie Fisher, fille d'acteurs reconnus, sont finalement choisis pour interpréter Luke Skywalker et Leia Organa[35]. Harrison Ford est pour sa part tout d'abord rejeté (car il a déjà joué avec Lucas), mais le réalisateur change d'avis après l'avoir vu donner la réplique aux acteurs pendant les auditions et lui donne le rôle de Han Solo. Pour jouer le rôle du sage Obi-Wan Kenobi, un acteur plus établi est choisi : Sir Alec Guinness, qui, selon George Lucas, joue sur le tournage le même rôle de mentor que dans le film[36],[37].
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+ La réalisation de l'épisode IV, alors simplement titré La Guerre des étoiles à la demande des studios qui ne veulent pas embrouiller le public, se révèle assez désastreuse : les studios se montrent de plus en plus pressants à mesure que les coûts de tournage augmentent. Les séquences tournées en Tunisie sont troublées par le climat et les problèmes techniques. La suite du tournage, dans des studios londoniens, est marquée par un rythme de travail effréné et la mauvaise volonté des équipes techniques britanniques[38]. Qui plus est, les projections test du film (dont il manque alors la musique et les effets spéciaux), peinent à convaincre. L'échec semble programmé et la sortie n'est prévue que dans 32 salles de cinéma à travers les États-Unis, en 1977[39]. Le succès est cependant immédiat et les retombées générées par les ventes de produits dérivés permettent à Lucas d'envisager la suite de ses films[40]. En quelques mois, diffusé dans le monde entier, Star Wars connaît un grand succès et devient un phénomène de société[41].
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+ La réalisation du deuxième épisode est donc à l'ordre du jour et Lucas surprend le monde du cinéma en décidant de le financer lui-même, par le biais de sa société Lucasfilm[42]. Cependant, l'état de santé du réalisateur s'est fortement dégradé lors du premier tournage, en particulier à cause du stress et du calendrier serré. S'il continue à écrire le scénario et à s'impliquer dans la production, Lucas laisse donc sa place de réalisateur à un cinéaste confirmé, Irvin Kershner, qui se charge de la réalisation de l'épisode V : L'Empire contre-attaque[43]. Le film implique des effets spéciaux plus imposants et plus de moyens, mais le succès assuré évite les problèmes connus précédemment. Il sort en 1980 et est un succès critique et commercial à la hauteur de l'épisode précédent[44],[45]. Un souci se pose cependant : le fait que le film commence, non pas par un générique, mais par un texte déroulant présentant l'intrigue, conduit à un procès de la part de la Directors Guild of America et de la Writers Guild of America que le réalisateur quitte ensuite, se mettant en marge des règles d'Hollywood[46]. À la même époque, Lucas fait construire le Skywalker Ranch, contenant les locaux de postproduction et de montage où seront achevés les prochains films de la série[47].
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+ L'épisode VI est ensuite tourné. Contrairement au premier film, L'Empire contre attaque n'a pas été conçu pour être indépendant et sa fin implique obligatoirement une suite que le public attend[48]. Kershner ne se sentant pas capable de réitérer l'expérience, la réalisation échoit à Richard Marquand[49]. Cependant, pour éviter les retards et dépassements de budget rencontrés sur le tournage précédent, Lucas se montre plus présent[50],[51]. Le film sort en 1983 et devient le plus rentable de la trilogie[52]. Il marque, pour 15 ans, la fin de Star Wars, le temps que le réalisateur puisse profiter de ses enfants et disposer de la technologie nécessaire à ses ambitions[53].
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69
+ L'épisode I débute 32 ans avant les événements de l'épisode IV. Deux Jedi, Qui-Gon Jinn et son apprenti Obi-Wan Kenobi sont chargés d'enquêter sur une crise politique touchant la planète pacifique de Naboo. Celle-ci est envahie et sa reine, Padmé Amidala, fuit la planète avec les Jedi pour plaider sa cause devant le Sénat, sur Coruscant. En chemin, le groupe s'arrête sur Tatooine pour réparer son vaisseau et y rencontre un jeune esclave, Anakin Skywalker, qui présente de fortes affinités avec la Force. Il rejoint finalement le groupe. Les héros se rendent vite compte que le Sénat ne fera rien pour les aider et repartent sur Naboo mener eux-mêmes la libération de la planète, tandis que le sénateur Palpatine profite de la crise pour accéder au pouvoir. Sur Naboo, un mystérieux Sith, Dark Maul, tue Qui-Gon, avant d'être tué par Obi-Wan. La planète est finalement libérée et Anakin entame une formation de Jedi, tandis que les maîtres Yoda et Mace Windu s'interrogent sur un possible retour des Sith[a 2].
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+ Dix ans plus tard se déroule l'épisode II. La République envisage de créer une armée pour lutter contre les forces séparatistes qui prennent de l'importance dans la galaxie. Obi-Wan Kenobi est chargé de retrouver la trace d'un mystérieux tueur et découvre qu'une armée de clones a déjà été commandée par la République, de façon non officielle. Dans le même temps, Anakin doit maintenir Amidala, désormais sénatrice, en sécurité et tous deux tombent amoureux. Kenobi est finalement fait prisonnier par les séparatistes et Anakin vient à son secours avec la sénatrice, tandis que le Sénat vote les pleins pouvoirs au chancelier Palpatine, qui proclame la création d'une Grande Armée de la République. Celle-ci, menée par les Jedi, intervient pour secourir les héros, déclarant de fait la guerre des clones. Peu après la bataille, Anakin épouse secrètement Padmé sur Naboo, la planète natale de la sénatrice[a 3].
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+ L'épisode III débute lorsque les Jedi Skywalker et Kenobi sauvent le chancelier capturé par les séparatistes durant la guerre. Peu à peu, l'influence de ce dernier devient de plus en plus forte. Dans le même temps, les Jedi suspectent de plus en plus la présence d'un Seigneur Sith dans les hautes sphères du pouvoir. Alors que des chevaliers sont envoyés lutter aux quatre coins de la galaxie avec leurs bataillons de clones, Anakin découvre que le chancelier est le Seigneur Sith en question. Cependant, ce dernier lui explique avoir les moyens de sauver Padmé d'une mort jugée certaine. Anakin empêche alors les Jedi de tuer le Sith en s'interposant dans son duel contre Mace Windu. Palpatine en profite pour éliminer le maître Jedi et décrète ensuite l'ordre 66 : tous les chevaliers sont éliminés par les clones. Certains, cependant, échappent au massacre, Yoda et Obi-Wan en tête. Le premier part affronter Palpatine, nouvellement autoproclamé Empereur et échoue. Dans le même temps, Obi-Wan affronte Anakin, devenu le Seigneur Vador et le laisse pour mort, atrocement brûlé. Tandis que Palpatine fait opérer Vador, désormais enfermé dans une imposante armure noire, Padmé donne naissance à deux enfants, Luke et Leia, avant de mourir. Le premier est confié à son oncle et sa tante sur Tatooine, tandis que la seconde est élevée par la famille royale d'Alderaan[a 4].
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+ Le scénario de la prélogie était déjà ébauché depuis les années 1980. Ainsi, le fait qu'Anakin soit gravement brûlé dans un volcan, que les ennemis des Jedi soient les Sith ou encore le fait que l'Empereur soit nommé Palpatine, bien que non mentionnés dans les films de la trilogie originale, sont déjà expliqués dans les novélisations parues à la même époque que les films. Le contexte politique de la fin de la République est également clair dans l'esprit de George Lucas[54]. De même, certains faits et lieux, comme Kashyyyk, la planète des Wookiees (que l'on peut déjà voir dans The Star Wars Holiday Special de 1978), ou Coruscant, la capitale de la République, apparaissent dans des livres antérieurs à la saga et les travaux de l'illustrateur Ralph McQuarrie. Lucas s'attaque à la rédaction précise du scénario en 1994. Celui-ci est terminé en 1995, bien que, de l'aveu même du réalisateur, sa technique de travail le pousse à poursuivre les ajouts et modifications jusqu'au montage final[55].
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77
+ Contrairement à ce qu'il a fait pour la trilogie originale, Lucas choisit cette fois-ci des acteurs jeunes, mais qui ont déjà fait leurs preuves : Natalie Portman s'est ainsi illustrée dans Léon et Ewan McGregor dans Trainspotting[56]. Des acteurs plus prestigieux sont également engagés : Liam Neeson interprète Qui-Gon Jinn et joue sur le tournage un rôle proche de celui d'Alec Guinness lors de la première trilogie[57]. Samuel L. Jackson joue Mace Windu, tandis que Christopher Lee fait son retour au cinéma dans le rôle du comte Dooku. Ian McDiarmid, après une carrière dans le théâtre classique britannique, reprend le rôle de Palpatine qu'il avait déjà tenu dans le Retour du Jedi, tandis que Kenny Baker et Anthony Daniels reprennent le rôle des deux droïdes et sont les seuls acteurs présents dans les six films[58]. Enfin, un certain nombre de personnages sont désormais totalement virtuels comme Yoda ou Jar Jar Binks[59].
78
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79
+ Les trois films sont réalisés par Lucas, contrairement à ce qui s'était fait dans la trilogie originale. Bien que l'informatique et les décors virtuels soient de plus en plus utilisés, des décors réels sont aussi le théâtre de l'action. L'équipe du film tourne ainsi en Italie et en Tunisie[60].
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81
+ La Menace fantôme sort en 1999 et marque le retour de Star Wars sur les écrans. Cependant, la critique se montre mitigée et même souvent négative. Certains accusent notamment l'abondance d'effets spéciaux et l'intrigue complexe, mais c'est surtout le personnage de Jar Jar Binks qui attire les foudres de la critique[61].
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83
+ L'Attaque des clones sort en 2002. Il est l'un des premiers films de l'histoire du cinéma à avoir été tourné en numérique et premier de la série à bénéficier d'une sortie mondiale simultanée pour éviter de souffrir du piratage[62]. Une nouvelle fois, l'accueil critique est très partagé, entre ceux qui voient un essoufflement de la saga et une perte de nouveauté et ceux qui sentent un réel retour en force après l'épisode précédent[63].
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85
+ La Revanche des Sith doit enfin faire le lien entre les deux trilogies et marquer le passage de la flamboyante République à l'ère de l'Empire[g]. L’épisode, particulièrement sombre, est ainsi marqué par un très long combat au sabre entre Anakin et Obi-Wan[64]. Le scénario n'est pas achevé et évolue entre 2002 et 2003 : une apparition de Han Solo enfant est ainsi rayée du script, tandis que la fin définitive de la saga se dessine[65]. Lors du tournage, cet épisode est le seul pour lequel les acteurs ne quittent pas les studios[66]. Le film ouvre le festival de Cannes de 2005 et connaît un grand succès commercial[67].
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+ Lorsqu'il a commencé l'écriture de Star Wars, George Lucas a progressivement envisagé de réaliser trois films, puis trois trilogies. La trilogie centrale étant, selon lui, la plus commerciale, c'est par celle-ci qu'il a débuté. La première trilogie, ou prélogie, est pour sa part réalisée vingt-cinq ans plus tard[68]. La troisième trilogie a été mentionnée à de nombreuses reprises, au point de devenir une véritable légende. Ainsi, lors de la sortie du Retour du Jedi en 1983, Time Magazine annonçait déjà les deux autres trilogies. Si le résumé des épisodes I, II et III est déjà ébauché, celui des VII, VIII et IX est alors décrit comme très vague, bien que les acteurs Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher doivent reprendre leurs rôles pour le tournage, à condition qu'ils aient l'air assez vieux[69]. La trilogie romanesque de Timothy Zahn L'Héritier de l'Empire, La Bataille des Jedi et L'Ultime Commandement, a été annoncée à tort par des éditeurs français comme correspondant à la troisième trilogie[70].
88
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89
+ George Lucas a cependant déclaré à de nombreuses reprises que le scénario avait été modifié et que l'épisode VI marquait la fin réelle de la série[71]. Selon lui, l'histoire de Star Wars est celle d'Anakin et Luke Skywalker et elle s'achève à la fin de l'épisode VI. De même, Gary Kurtz, producteur des épisodes IV et V, a dévoilé les scénarios prévus pour la saga en neuf épisodes. Selon cette interview, la saga en neuf épisodes supposait que l'Empereur n'apparaisse que dans le neuvième, confirmant que l'épisode VI tel que réalisé ne laisse pas la porte ouverte aux suites initialement prévues[72].
90
+
91
+ Lucas a également déclaré ne pas avoir de réponse quand on lui demande ce qui se passe après Le Retour du Jedi[73]. Des rumeurs et de fausses interviews fleurissent régulièrement sur Internet pour annoncer les épisodes VII, VIII et IX et sont condamnées par Lucasfilm qui a parfois pris des mesures à l'encontre des auteurs des canulars[74]. Il lui est également arrivé de dire, en 2002, qu'il pourrait reprendre le projet après avoir laissé passer vingt ans, comme il l'a fait pour la prélogie, mais, ajoute-t-il : « ne comptez pas trop là-dessus ». Il ajoute en 2005 : « Je ne laisserai personne d'autre diriger les épisodes VII, VIII et IX. C'est la fin, je ne veux pas que d'autres personnes fassent d'autres épisodes de La Guerre des étoiles. Il y a d'autres possibilités, des livres, mais des films, des longs-métrages, non. C'est quelque chose qui m'appartient »[75].
92
+
93
+ En 2011, George Lucas entame de manière secrète l'écriture d'une troisième trilogie Star Wars[76],[77], et commence dans les mêmes conditions les discussions de ventes de son studio avec Bob Iger, PDG de la Walt Disney Company[78]. Le 30 octobre 2012, la Walt Disney Company annonce avoir racheté Lucasfilm pour un montant estimé à 4,05 milliards de dollars. Lucas et Iger annoncent publiquement le même jour la sortie au cinéma de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force pour 2015[79], suite qui initiera une troisième trilogie dont les deux épisodes suivants sont prévus pour 2017 et 2019[80]. Deux films dérivés sont également annoncés respectivement pour 2016 (Rogue One) et 2018 (Solo) [81]. À cette occasion, la société affirme dans un communiqué que « le septième épisode que d'autres films devraient continuer au-delà de la saga et faire prospérer la franchise bien au-delà dans le futur »[82]. George Lucas déclare : « il est maintenant temps pour moi de passer Star Wars à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que Star Wars me survivrait et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant »[83]. La réalisation de l'épisode VII échoit dès lors au réalisateur J. J. Abrams, connu notamment pour avoir réalisé les onzième et douzième longs-métrages de la franchise Star Trek. Sorti en décembre 2015, Le Réveil de la Force devient l'épisode le plus rentable de la franchise avec plus de 2 milliards de dollars de recettes[84]. L'épisode VIII est confié à Rian Johnson qui en achève le tournage en juillet 2016 pour une sortie en France le 13 décembre 2017. Le réalisateur choisi pour diriger l'épisode IX est Colin Trevorrow[85]. Cependant, à la suite d'un conflit au niveau du scénario entre Colin Trevorrow et Lucasfilm, ce dernier est remplacé à la réalisation le 12 septembre 2017 par J. J. Abrams, déjà à la réalisation du septième volet[86]. Le 14 septembre 2016, TNT et TBS signent un contrat d'exclusivité avec Walt Disney Studios pour la diffusion des 10 films Star Wars à la télévision jusqu'en 2022, d'une valeur d'au moins 250 millions d'USD[87],[88]. La vente comporte aussi les droits de diffusion en streaming jusqu'en 2024[89]. L'actrice qui a personnifié Leia Organa depuis 1977, Carrie Fisher, décède d'une crise cardiaque à 60 ans le 27 décembre 2016, peu de temps après avoir tourné toutes ses scènes pour l'épisode VIII, où elle apparaitra pour la dernière fois[90]. La sortie de l'épisode IX est quant à elle prévue le 20 décembre 2019[91]. Le 2 août 2018, Disney indique chercher à récupérer les droits de diffusion télévisuelle de Star Wars vendus à Turner Broadcasting System jusqu'en 2024[92],[93].
94
+
95
+ Le 9 novembre 2017, Robert Iger, le PDG du groupe Disney, annonce le lancement d'une quatrième trilogie Star Wars en déclarant « Nous avons déjà d'autres super films Star Wars déjà prévus pour les années qui viennent en plus de la sortie en 2019 de l'épisode IX. Nous sommes très heureux d'annoncer que nous venons de signer un accord avec Rian Johnson, le réalisateur des Derniers Jedi, pour développer une toute nouvelle trilogie Star Wars »[94]. Cette nouvelle trilogie devait être « séparée » de la saga de la famille Skywalker qui est au centre des épisodes I à IX, ne constituant donc pas la suite de l'épisode IX qui sortira en décembre 2019[95]. Le 7 mai 2019, Walt Disney Studios annonce les dates de ses prochaines productions dont trois films Star Wars étalés jusqu'en 2027[96],[97].
96
+
97
+ Mais les plans de Disney et de Lucasfilm changent en 2019. D'une part en réduisant le nouveau projet à un film prévu en 2022 (conséquence de l'échec critique et commercial de Solo: A Star Wars Story[98]), et d'autre part en confiant sa conception aux créateurs de la série télévisée Games of Thrones, David Benioff et D. B. Weiss. « Notre prochain film Star Wars sera le leur. Et nous n’allons pas vous en dire plus pour le moment » déclare le patron de Disney Robert Iger le 14 mai 2019[98]. Le 29 octobre 2019, Benioff et Weiss annoncent qu'ils se retirent du projet en raison d'un emploi du temps surchargé par leur contrat avec Netflix[99].
98
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+ Le premier film dérivé est un film d'animation sorti en 2008, qui sert de pilote à la série télévisée du même nom : Star Wars: The Clone Wars. Il est produit par Lucasfilm Animation et se déroule entre les épisodes II et III de la saga. Il relate les aventures d'Obi-Wan Kenobi, d'Anakin Skywalker et d'Ahsoka Tano. Ces Jedi ont pour mission de ramener sain et sauf le fils du trafiquant Jabba le Hutt : Rotta[100].
100
+
101
+ L'achat de Lucasfilm par Disney en 2012 passe également par la volonté de George Lucas de choisir Kathleen Kennedy comme présidente, et productrice des films à venir[101]. En même temps qu'est préparée la troisième trilogie, il est également décidé d'« étendre » l'univers officiel avec des films dérivés. Kathleen Kennedy explique : « George a été très clair sur la façon dont ça marche. Le canon qu'il a créé, c'est Star Wars. Et l'épisode VII s'inscrit dans ce canon. Les films dérivés existeront dans ce vaste univers qu'il a créé. Il n'y a aucune tentative de transporter les personnages de ces films autonomes dans et hors les épisodes de la saga. Par conséquent, d'un point de vue créatif, c'est une feuille de route très clairement définie par George Lucas »[102]. Le premier de ces spin-off sort en décembre 2016, il s'agit de Rogue One: A Star Wars Story qui raconte le vol des plans de l'Étoile de la mort par les Rebelles qui luttent contre l'Empire Galactique. Ce film s'achevant quelques instants avant les premières images de l'épisode IV tourné par Lucas en 1977. La série dérivée prend le nom de A Star Wars Story. Solo: A Star Wars Story, consacré à la jeunesse de Han Solo, est sorti en 2018. Le prochain film est prévu pour 2022, et sera écrit par David Benioff et D. B. Weiss[103], mais ils doivent finalement se retirer du projet[99].
102
+
103
+ Les films de la trilogie originale sont très appréciés par la critique. Un nouvel espoir est nommé 11 fois pendant la cérémonie des Oscars de 1978[104] et reçoit sept Oscars dont celui des meilleurs effets visuels, ce qui est alors rare pour un film de science-fiction[105]. L'Empire contre-attaque reçoit l'Oscar du meilleur son et un Oscar pour ses effets visuels[106]. Enfin, Le Retour du Jedi ne reçoit qu'un seul Oscar, aussi pour ses effets visuels[107]. Dans son livre Anatomie d'une saga, Laurent Jullier étudie l’accueil critique des cinq premiers films de la série (son livre étant sorti avant La Revanche des Sith) dans la presse française. Dès le premier film, il apparaît qu'un clivage oppose clairement une presse élitiste qui déteste, d'une presse plus populaire qui adhère, tout en considérant parfois que le scénario est faible. Le film n'échappe par ailleurs pas à la comparaison avec ce qui est alors le classique du genre : 2001, l'Odyssée de l'espace. Cependant, la plupart des critiques considèrent qu'il est impossible de comparer l'incomparable[108].
104
+
105
+ L'Empire contre-attaque connaît un accueil similaire, tout en étant généralement comparé à son prédécesseur. Même s'ils trouvent souvent quelque chose à critiquer au film, notamment son dualisme, la plupart des journaux accueillent de façon bienveillante ce nouvel opus[109]. Le troisième film, Le Retour du Jedi, attire des critiques plus affirmées : une partie des journalistes commencent à s'insurger contre ce qui semble être un phénomène de mode, tandis que des journaux de fans consacrés au genre font les louanges du film[110]. Aux États-Unis, la tendance est la même, comme en témoigne le site Metacritic : l'épisode IV obtient une note de 91/100, avec treize critiques positives[111] ; le V obtient 78/100, avec onze critiques positives et quatre neutres[112]. Enfin, le VI n'arrive qu'à 52/100, avec huit critiques positives, trois neutres et trois négatives, qui critiquent principalement la répétitivité de la saga et l'apparition des Ewoks, jugés infantilisants[113].
106
+
107
+ Les films de la prélogie ont été moins bien accueillis par la presse et le public, La Menace fantôme n'ayant que trois nominations aux Oscars sans en remporter un seul[114]. Au contraire, il est nommé huit fois au Razzie Awards[115] et remporte le pire second rôle pour Jar Jar Binks[116]. Les critiques reprochent en effet à Lucas d'avoir privilégié des effets spéciaux travaillés au détriment de l'intrigue et s'en prennent particulièrement au personnage de Jar Jar Binks et au jeu d'acteur de Jake Lloyd (Anakin enfant)[117],[118]. Une version du film modifiée par un fan a par la suite été publiée, supprimant notamment la plupart des scènes de Jar Jar ; en créant un certain engouement médiatique[119].
108
+
109
+ George Lucas prend les critiques en compte et réduit ainsi fortement le rôle de Jar Jar Binks dans les films suivants[120]. L'Attaque des clones et La Revanche des Sith ne remportent pas d'Oscar et ne sont nommés qu'une fois, respectivement pour les meilleurs effets visuels[121] et pour le meilleur maquillage[122]. L'épisode II reçoit des critiques plus favorables que son prédécesseur, bien que l'histoire d'amour soit régulièrement critiquée pour sa naïveté[123]. Le troisième connaît un plus grand succès critique, qui le ramène presque au niveau de l'ancienne trilogie, aux yeux d'une partie de la critique[124].
110
+
111
+ D'un point de vue commercial, Star Wars attire d'immenses foules devant les cinémas. La franchise est très rentable, avec 261 millions de dollars rapportés jusqu'à la sortie de l'édition spéciale en 1997, établissant à l'époque un record en termes de revenus pour le jour de sortie[52]. Ce faisant, George Lucas a contribué à l'apparition des blockbusters et d'une industrie du cinéma centrée avant tout sur la production d'argent, alors qu'il a lui-même toujours nié faire les films pour cela[125]. Il a ainsi toujours cherché à rester indépendant vis-à-vis des studios et a repoussé les suggestions qui visaient à rendre les films plus commerciaux en détournant son histoire[h],[126].
112
+
113
+ « Pour moi, l’Édition Spéciale est la version définitive. Je ne m'inquiète même plus des autres, car il a fallu passer par de nombreuses étapes avant d'arriver au résultat final. »
114
+
115
+ — George Lucas[127]
116
+
117
+ Lorsqu'il prépare la prélogie, au milieu des années 1990, George Lucas considère également que la technologie lui permet de reprendre les films déjà réalisés pour mieux correspondre à l'idée qu'il en avait, ou pour en améliorer la cohérence. Des scènes sont retouchées pour être plus spectaculaires ou esthétiques (multiplication de personnages secondaires virtuels, ajout de scènes de liesses sur diverses planètes à la fin de l'épisode VI), mais d'autres sont totalement narratives[128]. Ainsi, l'épisode IV, qui était le plus décevant aux yeux du réalisateur, voit apparaître de nombreux changements ; la scène la plus importante met en scène un Jabba le Hutt de synthèse en grande conversation avec Han Solo : tournée dès 1977, elle n'avait pas pu être ajoutée faute de moyens techniques[129]. Ressortis au cinéma en 1997 dans cette version modifiée, les films connaissent à nouveau un grand succès ; c'est pour George Lucas le moyen de faire connaître sa saga à une nouvelle génération de spectateurs, mais aussi d'obtenir les fonds pour réaliser sa nouvelle trilogie[130].
118
+
119
+ En 2004, à l'occasion de la sortie de l'ancienne trilogie en DVD, Lucas reprend à nouveau ses films pour les remettre à niveau vis-à-vis de la prélogie. Les films sont ainsi restaurés et remasterisés et connaissent chacun leur lot de modifications. Jabba le Hutt est ainsi amélioré dans sa prestation de l'épisode IV, tandis que, dans l'épisode V, l'Empereur (qui apparaissait lors d'une conversation holographique était interprété par une vieille femme à qui on avait superposé des yeux de chimpanzé) est réinterprété par Ian McDiarmid, qui joue Palpatine dans les autres films. Enfin, lors du final du Retour du Jedi, l'acteur Sebastian Shaw, qui interprétait jusque-là le fantôme d'Anakin Skywalker, est remplacé par Hayden Christensen, son alter-ego de la prélogie[131].
120
+
121
+ Cette ressortie ulcère particulièrement les fans de la première heure, dont une partie considère que les Star Wars authentiques sont ceux qu'ils ont vus jeunes, tels qu'ils étaient à l'époque. Une scène les choque particulièrement, dans l'épisode IV : la version originale montrait Han Solo tirant le premier sur le chasseur de primes Greedo. Dans l'édition spéciale, il tire en réponse au tir de Greedo, puis, dans la version de 2004, les deux tirent quasi-simultanément. Ce changement fait de nombreux mécontents, rassemblés derrière le slogan « Han shot first ». En septembre 2006, Lucas cède et publie les films dans une édition spéciale de deux DVD chacun, où la nouvelle version côtoie l'ancienne ; elles sont cependant retirées du marché dès le 31 décembre suivant[127]. En 2011, avec la sortie de la saga au format Blu-ray, Lucas réalise de nouveaux changements. Ainsi, lorsque Dark Vador tue l'Empereur à la fin de l'épisode VI, il ne le fait plus en silence, mais accompagne son geste d'un « Nooooo ! » qui a énervé une partie des fans[132].
122
+
123
+ Au même moment, Lucasfilm annonce une ressortie future des films au cinéma en 3D pour l'année 2012[133]. Le producteur Rick McCallum précise plus tard qu'elle se fera au rythme d'un film par an, entre 2012 et 2017, mais le travail sur les épisodes II à VI se ferait sous réserve que la ressortie du premier film soit un succès[134]. L'épisode I est donc le premier film sorti aux États-Unis en 3D le 10 février 2012[135]. Lucasfilm annule ensuite la ressortie des autres films, officiellement pour se concentrer sur l'épisode VII[136].
124
+
125
+ L'univers étendu de Star Wars désigne toute l'histoire de la saga relatée sur un support autre que les films. En 2009, George Lucas considère que l'univers de Star Wars se divise en trois ensembles. La première catégorie regroupe ce sur quoi le réalisateur a un contrôle direct : les films et séries télévisées. Cet ensemble forme le canon de la saga. Le deuxième groupe comprend les produits officiels qui ne sont cependant pas du ressort direct de Lucas : jeux vidéo, bandes dessinées, romans… S'ils ne sont pas en contradiction avec le premier groupe, ces éléments intègrent également le canon. Une troisième catégorie existe ; elle comprend tout ce qui est produit par les fans. Il arrive quelquefois que des éléments de cet ensemble entrent dans le canon. Par exemple, la 501e compagnie de stormtroopers, association de cosplay, a été intégrée à l'intrigue du jeu Star Wars: Battlefront II et à l'univers de la saga[137].
126
+
127
+ À la suite du rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, tous les éléments racontés dans les produits dérivés sont déclarés comme étant en dehors du canon. Ils sont alors regroupés sous l’appellation « Star Wars L��gendes »[138],[139]. Seuls les six films, le long-métrage The Clone Wars, la série associée restent dans le canon. La nouvelle série d'animation Star Wars Rebels ainsi que tous les produits dérivés réalisés après août 2014 rentrent eux aussi dans ce nouvel ensemble[138],[140].
128
+
129
+ Le premier téléfilm Au temps de la guerre des étoiles (Star Wars Holiday Special) fut tourné un an après la sortie du premier opus. Les acteurs du film y reprenaient leur rôle. Le personnage de Boba Fett y apparaissait pour la première fois. Mais le téléfilm de facture très médiocre, ne plut pas à George Lucas, à tel point qu'il en interdit toute diffusion[141]. Ce programme reste un sujet de plaisanterie pour les fans, mais également pour les acteurs, notamment Harrison Ford et Carrie Fisher (qui en nie parfois l'existence en conférence de presse, mais qui, lors d'une convention, a repris la chanson qu'elle y interprétait). Quant à George Lucas, il déclare que « si j'avais un marteau et du temps, j'en traquerais chaque copie pour l'écraser »[142].
130
+
131
+ En 1984 et 1985, George Lucas produit deux téléfilms pour ABC, principalement destinés aux enfants. Centrés sur le peuple des Ewoks présentés dans Le Retour du Jedi, ils sont intitulés L'Aventure des Ewoks et La Bataille d'Endor et remportent un Emmy Awards pour leurs effets spéciaux[141]. Les deux productions mettent en scène le jeune acteur Warwick Davis, découvert par Lucas lors du tournage de Star Wars et par la suite présent dans de nombreux films de science-fiction[143]. À la même période apparaissent deux séries animées réalisées par les studios Nelvana (qui avaient contribué à Au temps de la guerre des étoiles) : Droïdes raconte les aventures de R2-D2 et C-3PO entre les épisodes III et IV, tandis que Ewoks raconte la vie de l'Ewok Wicket avant la bataille d'Endor. Cette deuxième série a fait l'objet d'une deuxième saison[144].
132
+
133
+ Dans les années 2000 et accompagnant la sortie de la prélogie, de nouveaux projets fleurissent. Une série animée racontant la guerre des clones sort à la télévision en 2003 : Star Wars: Clone Wars. Sortie entre les épisodes II et III, elle fait le lien entre eux, en introduisant notamment le personnage du général Grievous[144]. En 2008, une série en images de synthèse apparaît sur les écrans : Star Wars: The Clone Wars ; elle est introduite par un film utilisant la même technique, Star Wars: The Clone Wars[145]. À la suite de son interruption après six saisons, une nouvelle série animée est lancée en 2014 : Star Wars Rebels[146]. En 2017, alors que l'un des producteurs délégués de Rebels, Dave Filoni, annonce le renouvellement de Star Wars Rebels pour une quatrième saison, une nouvelle série animée est également dévoilée : Star Wars : Forces du destin[147].
134
+
135
+ Lors d'une convention de fans en 2005, George Lucas annonce l'arrivée d'une nouvelle série, avec de vrais acteurs, qui se déroulerait entre les épisodes III et IV. D'abord envisagée pour 2009, elle est repoussée, tandis que son scénario s'épaissit[148]. En 2011, Lucas déclare que, pour des raisons économiques, la série ne verra finalement pas le jour avant 3 ans[149]. En 2012, le titre de la série est dévoilé : Star Wars Underworld[150]. Cependant, il est annoncé en 2016 que le projet est en veille[151]. Malgré tout en mars 2018 Lucasfilm et Walt Disney Pictures annoncent que le cinéaste Jon Favreau sera aux commandes de cette nouvelle série dérivée de l'univers Star Wars qui sera diffusée en streaming sur la nouvelle plate-forme vidéo à la demande de Disney. Il écrira et produira cette nouvelle série annoncée vers fin 2019[152],[153]. The Mandalorian sort le 12 novembre 2019. L'histoire se déroule entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force, et raconte les aventures d'un mercenaire mandalorien[154].
136
+
137
+ Dès 1977 et la sortie de La Guerre des étoiles, la saga est adaptée en roman puisque George Lucas signe lui-même la novélisation du premier épisode (en réalité écrite par Alan Dean Foster), avec de multiples précisions narratives inspirées, notamment, des scènes coupées[155]. Tous les autres épisodes font l'objet d'adaptations en roman, par d'autres auteurs cette fois-ci. Là encore, les auteurs s'inspirent des scènes coupées et du scénario original des films : ainsi, la novélisation de La Revanche des Sith accentue par de nouvelles scènes le passage d'Anakin Skywalker du Côté obscur de la Force[144].
138
+
139
+ Rapidement, d'autres romans viennent détailler des événements qui n'étaient qu'ébauchés dans la saga cinématographique. Ainsi, l'idylle entre Han Solo et Leia Organa est conclue dans Le Mariage de la Princesse Leia, paru en 1994[156]. Certaines séries connaissent également un franc succès en explorant le passé des personnages, comme les deux trilogies sur la jeunesse de Han Solo : les publications de ce type connaissent une grande mode dans les années 1990[141]. Les récits s'inspirent souvent de la forme des films et parfois réciproquement. Les trames souvent fondées sur des personnages et éléments familiers creusent cependant l'histoire de la saga avant et après les événements des films[157].
140
+
141
+ Avec les années 2000 et les séries sur le sujet, la Guerre des clones fait l'objet de plusieurs romans, notamment la série Republic Commando de Karen Traviss. Au total, les romans Star Wars, publiés en France aux éditions Presses de la Cité, Fleuve noir et Pocket pour une partie, sont plus de deux cents[158].
142
+
143
+ Dès le début de la série, George Lucas désire que Star Wars soit adapté en bande dessinée. Marvel Comics publie ainsi une version très adaptée de l'épisode IV en prenant de grandes libertés avec les personnages de la série, par manque de documentation[159]. De façon générale, une grande partie des œuvres produites autour de Star Wars, qu'il s'agisse des films, de séries ou de jeux vidéo, sont également adaptées en bande dessinée. Les films font même l'objet d'une adaptation en manga[157].
144
+
145
+ Les autres bandes dessinées s'attachent à raconter d'autres points de l'histoire en insistant sur des personnages peu détaillés dans les films, comme Dark Maul, ou même sur de nouveaux points de l'histoire. Ainsi, Star Wars: Legacy raconte les aventures de Cade Skywalker, descendant direct de Luke. L'action se passe 133 ans après l'épisode VI et raconte une nouvelle guerre entre d'une part les Sith et les impériaux et d'autre part l'Alliance Galactique et les Jedi, qui se solde par la défaite de ces derniers. Depuis le début de l'année 1991, Dark Horse Comics a le monopole de l'édition de ces bandes dessinées. En France, elles sont distribuées par les éditions Delcourt[160]. Néanmoins, à la suite du rachat de LucasFilm par Disney en 2012, Marvel annonce que les contrats avec Dark Horse ne seront pas renouvelés, la licence revenant donc à Marvel[161].
146
+
147
+ Depuis la sortie des films, un très grand nombre de jeux vidéo inspirés de la saga Star Wars ont vu le jour. Si certains ont été plébiscités par la critique, d'autres ont été de véritables déceptions pour les joueurs. Les premiers jeux voient le jour sur Atari 2600 en 1982 et en jeux d'arcades en 1983 avec Star Wars. D'autres suivent sur Amstrad, Game Boy et NES et sont des adaptations des films, telles que le jeu Star Wars : The Empire Strikes Back en 1988[162]. Les années 1990 voient l'arrivée des simulateurs de vol avec Star Wars: X-Wing (en 1993) et ses suites et dérivés[163]. Les années 1990 voient également naître d'autres séries appréciées par la critique : Dark Forces et ses suites dérivées de Jedi Knight en 1995[164] et Star Wars: Rogue Squadron en 1998, qui reste longtemps une référence du genre[165].
148
+
149
+ La sortie de la nouvelle trilogie au tournant de l'an 2000 marque l'arrivée de nouvelles adaptations de film, telles que Star Wars Episode I: Racer s'inspirant des courses de modules de Tatooine, Star Wars, épisode I : La Menace fantôme[166] et Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, bien que ce dernier déçoive par sa faible durée de vie[167].
150
+
151
+ D'autres jeux explorent de nouvelles pistes scénaristiques, en comblant le vide entre les films, comme la série Star Wars: Battlefront, inspirée de la jouabilité de Battlefield 1942, qui permet de revivre un grand nombre de batailles dans différents camps[168].Ces jeux sont sortis respectivement en 2004, 2005, 2015 et 2017 ont été développés par Electronic Arts. Star Wars: Empire at War est pour sa part un jeu de stratégie en temps réel aux critiques également positives[169]. Le summum de ce concept est atteint en 2003 avec Star Wars: Knights of the Old Republic consacré par beaucoup de magazines comme le jeu de l'année[170] et en 2008 avec Star Wars : Le Pouvoir de la Force, dont l'histoire, développée avec l'aval de George Lucas, s'inscrit totalement dans la chronologie de la saga entre les deux trilogies[171]. Apprécié par la critique pour son scénario et ses graphismes, il se voit adjoindre une suite jugée très décevante[172].
152
+
153
+ En 2011 sort le jeu en ligne massivement multijoueur (MMORPG) Star Wars: The Old Republic développé par BioWare et édité par Electronic Arts[173]. Le 11 octobre 2015, Disney Interactive réorganise les jeux vidéo Star Wars après de nombreux licenciements et projets arrêtés et annonce la sortie de Star Wars Battlefront d'Electronic Arts le 17 novembre et d'un set Star Wars dans le jeu vidéo de plates-formes Disney Infinity[174],[175].
154
+
155
+ Lors d'une conférence organisée à l'Electronic Entertainment Expo 2018 de Los Angeles, un nouveau jeu est annoncé, il s’intitulera Star Wars Jedi: Fallen Order. L'intrigue se déroulera après le film Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith. Le joueur incarnera un Padawan qui se verra traqué à la suite de la Grande purge Jedi ordonnée par l'empereur Palpatine. Ce jeu d'action-aventure à la troisième personne est développé par Respawn Entertainment[176].
156
+
157
+ La plupart de ces jeux sont développés par la société LucasArts fondée en 1982 et célèbre non seulement pour ses adaptations vidéo-ludiques de la saga, mais également pour d'autres séries à succès telles que les Monkey Island[177].
158
+
159
+ Dès 1977, Star Wars se décline en jouet. C’est le fabricant américain Kenner Products qui obtient la licence. En 1991, à la suite du rachat de cette société par Hasbro c’est sous le nom de cette dernière que sont ensuite fabriqués les jouets de la saga. En 2006, le livre Star Heroes Collector indique que plus de mille figurines ont été réalisées par le fabricant de jouets[178]. Ce n’est en revanche qu’en 1999 que la société Lego obtient la licence pour produire des jouets de construction Star Wars[179].
160
+
161
+ En 1987, une attraction baptisée Star Tours est lancée au parc Disneyland de Californie. Des attractions du même type sont par la suite proposées dans d’autres parcs Disney[180]. Toujours en 1987, c’est un jeu de rôle Star Wars qui est édité par la société West End Games[181]. En 1989, la même société lance aussi un jeu de figurines consacrée à la saga : Star Wars Miniatures[182]. De nombreux jeux de cartes à collectionner sont également produits, le premier, réalisé par Topps, date de 1977[183]. Le 15 août 2015, lors du D23, Disney Parks annonce convertir deux terrains de 14 acres (56 656 m2) chacun pour construire des zones dédiées à Star Wars à Disneyland en Californie et à Disney's Hollywood Studios en Floride[184],[185],[186],[187],[188].
162
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+ Le 19 février 2016, le parc Disney's Hollywood Studios annonce présenter à compter du 4 avril un spectacle sur les moments clés de la saga Star Wars, auquel s'ajoute durant l'été un spectacle pyrotechnique nocturne intitulé Star Wars: A Galactica Spectacular[189],[190]. Le 3 août 2017, la société The Void, en collaboration avec ILMxLAB et participant au programme Disney Accelerator, annonce qu'elle va ouvrir une salle de jeu virtuelle sur Star Wars à Downtown Disney et à Disney Springs, nommée Star Wars: Secrets of the Empire[191],[192],[193]. Le 23 novembre 2017, la salle de jeu virtuelle Star Wars: Secrets of the Empire conçue par The Void et ILMxLAB va ouvrir aussi à Londres en décembre 2018 d'abord au centre commercial Westfield London puis à celui de Stratford City[194]. Le 27 juin 2018, Disney UK et Public Health England lance un programme de sensibilisation au sport pour les enfants sur le thème de Star Wars, le Change4Life Train Like A Jedi programme[195].
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+ Pour sa saga, George Lucas a puisé de nombreuses sources d'inspiration dans les livres notamment John Carter[196],[197],[198],[199],[200], films et séries qui l'ont marqué. Les cycles d'Isaac Asimov posent ainsi les bases de sa conception des droïdes, mais également l'idée de planètes-villes comme Coruscant[201]. Un autre classique de la science-fiction inspire particulièrement le réalisateur : les serials des années 1930, notamment Flash Gordon — c'est de là que Lucas tire ses titres (lui-même revendique cet amour pour les titres de type La revanche de... et ainsi de suite) et les textes déroulants au début des films. De même, plusieurs personnages de Star Wars exploitent des stéréotypes déjà vus dans ces serials[202]. Le cinéma d'Akira Kurosawa, notamment son film La Forteresse cachée, inspire également particulièrement le réalisateur, tant sur le fond que sur la forme. C'est en effet de ce film qu'il tire l'idée de centrer une partie de l'intrigue sur les deux personnages les plus insignifiants (les deux droïdes, principalement dans l'épisode IV), mais Lucas s'en inspire aussi pour les volets qui se rabattent sur l'image pour servir de transition entre deux scènes, typique du cinéma de la première moitié du XXe siècle[203].
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+ L'inspiration vient également d'autres types de cinéma. Le western est ainsi à l'origine de certaines scènes, notamment sur Tatooine, tandis que le polar inspire le début de l'épisode II[204]. Le péplum joue également un rôle, notamment à travers la course qui occupe une place centrale dans La Menace fantôme et qui est directement inspirée de la course de chars de Ben Hur[205]. Les films de guerre et de pirates inspirent également de nombreuses scènes : l'attaque sur l'Étoile Noire est réalisée par Lucas à l'aide d'extraits de films représentant la Seconde Guerre mondiale dans les airs pour guider le travail des sociétés d'effets spéciaux ; tandis que l'assaut sur Kashyyyk dans l'épisode III s'inspire du film Il faut sauver le soldat Ryan[206].
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+ Star Wars s'est aussi inspiré de l'univers graphique de la bande dessinée Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières[207]. Lorsque fut projeté pour la première fois en France Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir, Mézières déclara à la fin de la projection : « On dirait une adaptation de Valérian au cinéma[208]. »
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+ L'inspiration est, enfin, littéraire : l'étude anthropologique de Joseph Campbell Le Héros aux mille et un visages et la légende arthurienne sont une de ses principales sources pour créer les archétypes de son histoire, comme le jeune et pauvre héros appelé à l'aventure, le vieil ermite qui le prend sous son aile, la princesse en détresse[209]... Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien est également une grande source d'inspiration pour George Lucas : les deux sagas partagent une trame très proche et des personnages assez semblables (Obi-Wan Kenobi et Gandalf, par exemple), mais aussi des procédés narratifs similaires (par exemple rapporter l'histoire d'amour de protagonistes hors du récit : Leia épouse Han Solo dans un livre de l'univers étendu, Aragorn et Arwen voient leur idylle relatée dans les appendices du livre)[210].
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+ George Lucas s’est également inspiré de la réalité, notamment de faits historiques. Outre les scènes de combats spatiaux inspirées des films sur le Blitz, le réalisateur s'est entre autres inspiré du Moyen Âge occidental, de l'histoire et des philosophies d'Extrême Orient. Ainsi, les Jedi ont une philosophie teintée de bouddhisme, tandis que le casque de Dark Vador a été inspiré au dessinateur Ralph McQuarrie par ceux des samouraïs[211]. Lucas explique également s'être inspiré, pour la progressive ascension de Palpatine et la transition de République à Empire, de ce qui est arrivé à Jules César, Napoléon Bonaparte et Adolf Hitler[212]. Il admet aussi que l'Empire dépeint dans les premiers films s'est inspiré de l'époque de Richard Nixon et de la guerre du Viêt Nam, qui l'a poussé à s'interroger sur la façon dont une démocratie peut se transformer en dictature[213],[214]. En 2005, Lucas a également déclaré : « J'espère qu'on ne le vivra pas dans notre pays ; peut-être que le film pourra réveiller les gens aux États-Unis, notamment face aux menaces contre la démocratie[215]. »
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+ Lucas s'est par ailleurs inspiré de faits de la vie quotidienne. Ainsi, l'idée d'un copilote alien, Chewbacca, lui est venue par sa chienne, de taille imposante, qui se tenait souvent sur le siège passager lorsqu'il conduisait à l'époque[216]. De même, le nom de Jar Jar Binks est venu d'un nom inventé par un des enfants du réalisateur[217]. Le court-métrage George Lucas in Love réalisé par Joe Nussbaum, parodie de Shakespeare in Love, montre d'ailleurs un jeune George Lucas s'inspirant du contexte du campus qui l'entoure pour créer l'ambiance de son premier film. Bien que parodique, ce film a été très apprécié, y compris par le réalisateur[218].
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+ Star Wars a été de nombreuses fois parodié et repris dans des films et séries. Ainsi, La Folle Histoire de l'espace est un film réalisé par Mel Brooks parodiant ceux de la trilogie originale. S'il s'inspire également d'autres films du genre comme Alien, l'influence de la saga de Lucas est très présente : le film commence par un résumé déroulant, le méchant est Lord Casque Noir, parodie de Dark Vador, on croise également Pizza the Hutt, parodie de Jabba le Hutt constituée de pizza et référence à Pizza Hut et les héros vont rencontrer le vénérable maître Yaourt, spécialiste en produits dérivés[219]. Les références faites à Star Wars dans des séries et sur Internet sont par ailleurs innombrables : dessins et vidéos parodiques circulent en effet sur la toile. Nombre de références à la saga sont également faites dans Les Simpson, comme dans l'épisode Boire et déboires qui parodie la sortie de l'épisode I et les réactions des fans[220].
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+ Par ailleurs, Star Wars a joué un rôle important pour le cinéma, en arrivant à une époque où les genres dominants étaient le film catastrophe et la comédie satirique et où la science-fiction paraissait dépassée. Lucas lui-même produit ainsi au début des années 1980 la série des Indiana Jones réalisée par son ami Steven Spielberg. Pareillement, la décision de réaliser en 1979 Star Trek, le film est prise par la Paramount après avoir vu le succès de Star Wars[219]. De même, l'épisode de James Bond annoncé sous le titre Rien que pour vos yeux est retardé pour laisser place à Moonraker, qui va jusqu'à mettre en scène un combat spatial[219]. D'autres réalisateurs, comme Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), déclarent également avoir été inspirés par l'œuvre de George Lucas. Enfin, les années 1980 voient fleurir un grand nombre de navets cinématographiques reprenant les codes de la saga (le jeune fermier parti à la conquête des étoiles, les robots farceurs etc.)[219].
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+ Star Wars a également marqué le cinéma par les avancées dans le domaine de la technique. Les effets spéciaux ont notamment été fortement développés, avec la création d'une société par George Lucas : Industrial Light & Magic, à l'origine par exemple des dinosaures de Jurassic Park[221]. L'une des branches de cette société, spécialisée dans le domaine de l'informatique, a par la suite été revendue pour devenir Pixar, à l'origine de films d'animation par ordinateur tels que Toy Story. Par ailleurs, la saga a également entraîné des innovations dans le domaine du son, avec Skywalker Sound, qui a aidé à l'élaboration de centaines de films et le syst��me THX[221]. Enfin, les films de la prélogie innovent fortement dans le domaine des créatures réalisées par ordinateur, à l'image des kaminoens ou de Jar Jar Binks. Ce genre de création devient par la suite courant dans les films des années 2000 comme Le Seigneur des anneaux ou Avatar. Lucas l'explique ainsi : « Nous avons fait de Jar Jar, Sebulba et Watto des personnages crédibles, capables de jouer un rôle. [...] Nous avons ouvert une porte que n'importe qui d'autre peut désormais franchir[221]. »
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+ Star Wars a un important impact sur la culture populaire. Ses répliques deviennent vite cultes, comme « que la Force soit avec toi »[i], ou encore le « Je suis ton père » de Vador. Le titre même de Star Wars est réutilisé dans le contexte pourtant très éloigné de la Guerre froide. En effet, lorsque Ronald Reagan propose le programme Initiative de défense stratégique visant à préparer la défense du territoire contre les missiles soviétiques, son projet est très vite surnommé « Star Wars », à tel point que Lucasfilm intente, et perd, un procès à ce sujet[222].
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+ L'enthousiasme pour Star Wars entraîne de grandes réunions de fans de par le monde à l'occasion de la sortie des films ou dans d'autres cadres. Un fan club officiel s'est ainsi formé aux États-Unis : Starwars Hyperspace. Des conventions ont également lieu. Certaines sont organisées par Lucasfilm comme la Star Wars Celebration dont la quatrième édition s'est par exemple tenue à Los Angeles en mai 2007 avec notamment Carrie Fisher[223] alors que la sixième eut lieu en août 2012 à Orlando[224]. En France, Star Wars Reunion, organisée par Lucasfilm Magazine[j], s'est tenue au cinéma Le Grand Rex à Paris en mai 2005 et octobre 2007. La deuxième édition de cette convention française donna lieu à une diffusion marathon en deux jours des six films de la série et proposait comme invités le producteur Rick McCallum et Roger Carel, doubleur français de C-3PO[225]. Des évènements indépendants de Lucasfilm ayant parmi leurs sujets principaux la saga Star Wars ont également lieu chaque année comme Star Wars Fan Days (Dallas, États-Unis), FACTS[226] (Gand, Belgique), Générations Star Wars et Science Fiction[227] (Cusset, France) ou encore la JediCon[228] (Düsseldorf, Allemagne). Un grand nombre de fans pratiquent le cosplay lors de ces événements, donnant parfois lieu à la naissance de véritables associations telles que la 501e légion qui tire son nom d'une compagnie de stormtroopers et se met souvent au service d’œuvres caritatives[229].
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+ Par ailleurs, l'activité des fans passe aussi par l'animation de sites web et d'encyclopédies en ligne sur l'univers de la saga. De véritables débats naissent parfois au sujet de certains personnages et certaines scènes. La sortie de l'épisode I voit ainsi apparaître sur le web une vague de haine à l'encontre de Jar Jar Binks[230]. Des polémiques naissent également sur les versions refaites de la trilogie originale, sorties en 1997 puis 2004, comme en témoigne le slogan Han shot first, considérant que la retouche d'une scène de l'épisode IV frôle l'hérésie[231]. L'implication des fans va parfois très loin, comme avec le phénomène Jedi de 2001 : lors de recensements dans les pays anglophones, nombre de gens ont, généralement en signe de contestation ou par humour, répondu « chevalier Jedi » à la question « quelle est votre religion ? »[232]. Certains revendiquent également plus sérieusement leur appartenance au jediisme (les chiffres allant jusqu'à 500 000 membres de l’International Church of Jediism) et ceux-ci se sont vus refuser l'agrément au même titre que les religions et croyances, lorsqu'une commission britannique a étudié, en 2010, les discriminations sur les opinions. La commission a en effet expliqué que « les croyances [concernées par la loi] doivent être sincères »[233].
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+ Dans les six premiers films de la saga Star Wars, les femmes ont une place strictement définie, les films étant majoritairement réservés à un public masculin. En janvier 2015, George Lucas (créateur et réalisateur de quatre des huit longs métrages sortis) confirme qu'il a « fait Star Wars pour les garçons de 12 ans ». Ainsi, les personnages de Padmé Amidala et de Leia Organa apparaissent à première vue comme des héroïnes puissantes, la première étant une reine qui devient ensuite sénatrice et la seconde étant l'une des chefs de l'Alliance rebelle (une organisation qui s'oppose à l'Empire). Cependant, la sénatrice Amidala devient par exemple éperdument amoureuse du personnage central Anakin Skywalker et finit par mourir en accouchant de leurs enfants. Le cas de la princesse Leia est discuté : si elle apparaît régulièrement comme une femme forte, sa sexualisation dans l'épisode VI marque les esprits et prête à polémique[234],[235],[236]. Le manque d'importance des femmes s'illustre par le temps de parole qui leur est consacrée, au total, sur les 586 minutes des trois premiers films (Un nouvel espoir, L'Empire contre-attaque, Le Retour du Jedi), les femmes occupant un rôle secondaire ne parlent qu'une seule minute[237].
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+ Depuis le rachat de Lucasfilm par The Walt Disney Company en 2012, les choses évoluent. D'un point de vue sociologique, alors que la société souhaite pouvoir s'identifier de plus en plus à des personnages féminins, les films intègrent des héroïnes qui se détachent de l'image véhiculée par les femmes dans les six premiers films. Loin d'être victimes des événements, les femmes — qui occupent également les rôles principaux — deviennent des personnages débrouillards, indépendants et capables de vaincre des hommes potentiellement plus puissants à l'image de Rey dans le film sorti en 2015, Le Réveil de la Force dont le titre même est lié au fait qu'elle découvre ses pouvoirs au cours du récit. Ce même film met en scène des femmes ayant des rôles à responsabilité comme des chefs militaires et une chef de bande. Elles peuvent également être très bagarreuses comme Jyn Erso qui est comparable à Jeanne d'Arc dans Rogue One: A Star Wars Story, sorti en 2016[235].
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+ Dans l'industrie cinématographique, tandis que J. J. Abrams (réalisateur, scénariste et producteur de Le Réveil de la Force) déclare : « Star Wars a toujours été un truc de garçons, et un film où les pères emmènent leur fils. Et, bien que ce soit encore beaucoup le cas, j'espère vraiment que pour ce film, des mères emmèneront aussi leur fille le voir ». Le Réveil de la Force a accueilli un public composé de femmes à un tiers[238]. Aussi, alors qu'une polémique relaye que les revenus des hommes sont supérieurs aux revenus des femmes pour un même niveau de popularité[239], Felicity Jones, l'actrice principale de Rogue One: A Star Wars Story est celle qui parmi les acteurs principaux a reçu le revenu le plus élevé[240]. Un effort a également été accompli dans la parité entre hommes et femmes, les deux genres étant représentés à égalité dans les équipes chargées de l'écriture du film de 2015. De plus, Kathleen Kennedy, présidente de Lucasfilm Ltd., soutenue par J.J. Abrams, est favorable à la réalisation de films par une femme[237]. En revanche, le personnage de Rey a tardé à apparaître dans les produits dérivés de l'épisode VII, Lucasfilm craignant que ses reproductions ne se vendent pas mais après des accusations de sexisme, Disney a finalement lancé des produits à l'effigie de Rey en affirmant que certains jouets étaient « gardés secrets » pour protéger l'intrigue du film[241],[242]. Peu avant la sortie du Réveil de la Force, Disney décide de ne plus commercialiser de produit dérivé représentant Leia dans son bikini de l'épisode VI[243].
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+ Le 13 avril 2017, juste avant la Star Wars Celebration se tenant à Orlando, Lucasfilm dévoile qu'une série de courts métrages animés sont en cours de production[244]. Ces derniers mettent au cœur de leur intrigue chacune des principales héroïnes de la franchise : Leia Organa, Padmé Amidala, Rey, Jyn Erso, Sabine Wren et Ahsoka Tano. L'objectif de cette série intitulée Star Wars : Forces du destin est de « permettre au jeune public de mieux les comprendre et découvrir différentes facettes de leur personnalité (héroïsme, ténacité, courage...). Nous allons donc y retrouver tout leur univers, en abordant des histoires tantôt liées à leur passé, tantôt à leur présent » selon Carrie Beck, productrice et scénariste chez Lucasfilm Animation[245].
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+ Star Wars [stɑɹ wɔɹz][a] (à l'origine nommée sous son titre français, La Guerre des étoiles) est un univers de science fantasy créé par George Lucas. D'abord conçue comme une trilogie cinématographique sortie entre 1977 et 1983, la saga s'accroît ensuite, entre 1999 et 2005, de trois nouveaux films, qui racontent des événements antérieurs à la première trilogie. Cette dernière (épisodes IV, V et VI) ainsi que la deuxième trilogie dite « Prélogie » (épisodes I, II et III) connaissent un immense succès commercial et un accueil critique généralement positif. Dans un souci de cohérence, et pour atteindre un résultat qu'il n'avait pas pu obtenir dès le départ, le créateur de la saga retravaille également les films de sa première trilogie, ressortis en 1997 et 2004 dans de nouvelles versions.
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+ Les droits d'auteur de Star Wars sont achetés en 2012 par la Walt Disney Company pour 4,05 milliards de dollars : la sortie au cinéma du septième épisode de la saga et premier de la troisième trilogie (épisodes VII, VIII et IX) est alors planifiée pour 2015. Le Réveil de la Force devient en l'espace d'un mois le plus important succès commercial de la franchise. Il est suivi par Les Derniers Jedi en 2017 et L'Ascension de Skywalker en 2019. Disney annonce en mai 2019 un nouveau film prévu pour 2022 qui ne prendra pas place dans la saga de la famille Skywalker. Par ailleurs, Disney et la société de production Lucasfilm inaugurent en 2016 une série de films dérivés regroupés sous le sigle A Star Wars Story, avec la sortie de Rogue One dont les événements se situent juste avant l'épisode IV. La franchise se développe également sur la plateforme de streaming Disney+, lancée en novembre 2019 avec la série The Mandalorian.
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+ En accord avec les lois du genre space opera, l'action se déroule « il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine » et se fonde sur la lutte entre les chevaliers Jedi et les Sith. Le personnage central des deux premières trilogies cinématographiques, Anakin Skywalker, cède à la tentation du côté obscur de la Force pour devenir Dark Vador[b], puis connaît sa rédemption grâce à l'action de son fils, Luke. La troisième trilogie, à partir de l'épisode VII, se déroule trois décennies plus tard avec une nouvelle génération de héros et d'antagonistes. Les nombreux personnages emblématiques, humains et extraterrestres, ont permis de lancer quelques carrières d'acteurs, notamment Harrison Ford et Natalie Portman. L'univers a été décliné dans divers produits dérivés conçus ou non sous l'égide de Lucas : romans, bandes dessinées, jeux vidéo, séries télévisées, etc. L'histoire de la série est ainsi élargie et approfondie par divers médias.
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+ Le monde de Star Wars est inspiré de nombreuses œuvres cinématographiques (serials, western, cinéma japonais), mais aussi littéraires (essentiellement d'après les ouvrages d'Edgar Rice Burroughs, de Frank Herbert, de Joseph Campbell, mais aussi d'Isaac Asimov et de J. R. R. Tolkien) et de faits historiques réels. À son tour, le monde créé par George Lucas a influencé une génération de réalisateurs et contribué à la création de nouvelles techniques dans le domaine du cinéma, notamment en ce qui concerne le montage, les bruitages et les effets spéciaux. L'univers de Star Wars a fait l'objet de nombreuses parodies et hommages et dispose également d'une grande communauté de fans qui s'exprime par le biais de diverses manifestations.
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+ L'histoire de Star Wars se déroule dans une galaxie qui est le théâtre d'affrontements entre les Chevaliers Jedi et les Seigneurs noirs des Sith, personnes sensibles à la Force, un champ énergétique mystérieux leur procurant des pouvoirs psychiques. Les Jedi maîtrisent le Côté lumineux de la Force, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix dans la galaxie. Les Sith utilisent le Côté obscur, pouvoir nuisible et destructeur, pour leurs usages personnels et pour dominer la galaxie[1].
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+ Depuis le rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, il existe deux univers Star Wars : le « Légendes » et l'« officiel ». Ils ont pour point commun les six premiers films et la série télévisée Star Wars: The Clone Wars. L'univers Légendes reprend en plus les histoires complémentaires présentées dans des livres, des bandes-dessinées, des téléfilms ou des jeux sortis avant 2014. L'univers officiel reprend lui, les histoires des films et des autres supports parus depuis 2014[2],[c].
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+ La République galactique a été fondée pour amener la paix dans la galaxie, mais, tout au long de son existence, elle a été secouée par des sécessions et des guerres, notamment contre l'Empire Sith. Les chevaliers Jedi, gardiens de la paix et de la justice, réussissent à éliminer les Sith et la galaxie retrouve la prospérité[a 1],[3]. Cependant, après des millénaires d'existence, la République montre d'innombrables failles et se trouve fragilisée ; selon une prophétie Jedi, un « Élu » naîtra et rétablira un jour l'équilibre dans la Force[a 2].
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+ Un seigneur Sith, Dark Sidious, profite des faiblesses de la République pour se faire élire Chancelier suprême[3],[a 2] sous le nom de Palpatine. Manipulant dans l'ombre le Sénat, l'Ordre Jedi et la Confédération des systèmes indépendants, Palpatine déclenche la Guerre des clones, qui oppose la République aux forces Séparatistes. C'est pendant cette période obscure que se distinguera un jeune Jedi, Anakin Skywalker, qui sera le héros de nombreuses batailles aux côtés de son mentor Obi-Wan Kenobi. Il se murmure alors qu'Anakin pourrait bien être « l'Élu » de la Prophétie. Palpatine se voit offrir les pleins pouvoirs par le Sénat galactique[4],[a 3] et, lorsque la guerre prend fin au bout de trois ans, réalise un coup d'État en proclamant la naissance de l'Empire galactique. Il manipule le jeune Skywalker et en fait son apprenti maléfique : Anakin, perverti par le Côté Obscur de la Force, assassine les dirigeants Séparatistes et la plupart de ses amis Jedi, devenant ainsi Dark Vador[a 4]. Lors d'un duel sur la planète Mustafar contre son ancien mentor Obi-Wan Kenobi, Vador se retrouve brûlé, amputé et défiguré et ne devra son salut qu'à une armure respiratoire qui seule le maintiendra en vie pour le restant de ses jours. Sa propre femme, Padmé Amidala, meurt en accouchant de jumeaux qui seront mis à l'abri des persécutions de l'Empire. Les événements de cette période sont relatés dans les épisodes I à III, ainsi que dans les séries Star Wars: The Clone Wars et plusieurs récits de l'Univers étendu[5].
22
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23
+ Vingt ans plus tard, l'Empire fait régner la terreur dans la galaxie. Les espèces non-humaines sont opprimées, les Jedi sont réduits à un très faible nombre d'exilés et traqués aux quatre coins de la galaxie. C'est dans ce climat d'oppression que naît l'Alliance rebelle avec pour but de rétablir les valeurs de la République. L'un des membres les plus influents de l'Alliance est la princesse Leia Organa, qui détient les plans de la nouvelle arme de l'Empire, l'Étoile de la mort, une station capable de détruire une planète entière. Les rebelles lancent un assaut qui se solde par la destruction de la station grâce à un jeune homme maîtrisant la Force, Luke Skywalker[6],[a 5]. Entraîné par les maîtres Obi-Wan Kenobi et Yoda, il devient un puissant Jedi. Lors d'un combat contre Dark Vador, ce dernier lui révèle qu'il est son père[7],[a 6]. Yoda confirme à Luke qu'il est bien le fils d'Anakin Skywalker, et que la princesse Leia est sa sœur jumelle. Au cours d'une bataille dans les propres quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père du bon côté de la Force, mais ce dernier a juré allégeance au Côté Obscur. Finalement, alors que l'Empereur Palpatine tente de porter un coup fatal à Luke, Vador se sacrifie en tuant son maître et sauve son fils, rétablissant ainsi l'équilibre dans la Force. Cette bataille marque la destruction de la deuxième Étoile de la mort. Ces événements sont ceux de la Trilogie originale[8],[a 7].
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+ Dans la troisième trilogie cinématographique de Star Wars[9], la bataille d'Endor a marqué une victoire majeure et la proclamation d'une Nouvelle république mais pas la fin des affrontements[10]. La fin de la guerre est marquée par la terrible bataille de Jakku qui met fin à l'Empire[11]. Cependant, des officiers et des nobles impériaux s'exilent dans des régions inconnues pour reconstruire une nouvelle entité nommée le Premier Ordre[12]. Effrayé par cette nouvelle menace, Leia Organa fonde la Résistance, une nouvelle force militaire privée afin de surveiller les agissements du Premier Ordre. Bien que tolérée par les dirigeants de la Nouvelle république, la Résistance est considérée par eux comme des alarmistes[13]. Le dernier Jedi en vie, Luke Skywalker, a disparu. Le Premier Ordre comme la Résistance fouillent la galaxie pour le retrouver. Han Solo et Leia Organa ont eu un fils, Ben, qui a basculé du côté obscur de la Force pour devenir Kylo Ren, un puissant guerrier du Premier Ordre obéissant au suprême leader Snoke. Parallèlement, une jeune pilleuse d'épaves solitaire vivant sur Jakku, Rey, sensible à la Force, va progressivement découvrir ses pouvoirs et se mettre à la contrôler. Ces événements sont ceux de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force, premier film de la troisième trilogie cinématographique[a 8].
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27
+ Dans l'univers « Légendes » qui ne fait plus partie du canon de Star Wars, l'Empire Galactique se voit énormément fragilisé par la mort de son empereur et l'Alliance rebelle se transforme en Nouvelle République. L'Empire, qui subit de nombreux coups d'État en son sein, finit par perdre la plupart de son territoire au profit de la Nouvelle République. Cependant, les derniers Impériaux finissent par s'organiser et forment les Vestiges de l'empire. La jeune République, aidée par le Nouvel Ordre Jedi, doit les affronter dans une guerre qui dure des années avant qu'une paix ne soit signée[a 9]. Elle est cependant envahie peu après par des êtres extra-galactiques, les Yuuzhan Vong. Malgré la défaite de ces derniers, la plupart des planètes de la galaxie ont été lourdement touchées ou rendues inhabitables. La Nouvelle République prend fin et la Fédération galactique des Alliances libres la remplace[14],[a 10]. Cependant, un Nouvel Empire galactique est instauré. Aidé par le Nouvel Ordre Sith, il provoque la chute de l'Alliance galactique et fait une nouvelle fois régner la terreur et la tyrannie dans la galaxie[15],[a 11].
28
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29
+ L'histoire se déroule dans un univers de haute technologie. Les Jedi et Sith se battent au sabre laser, capable de traverser la plupart des matières. Malgré son nom, sa nature reste inconnue : le nom original, « lightsaber » (« sabre de lumière » ou « sabre lumineux »), désigne mieux l'aspect mais est moins explicite. Une exposition à la Cité des sciences explique qu'un laser ne pourrait pas produire cet effet, mais que du plasma confiné par un champ magnétique y correspondrait mieux[16]. Omniprésente dans la série, cette arme donne lieu à des duels spectaculaires et de plus en plus épiques au fur et à mesure de la réalisation des films, avec notamment l'apparition du sabre à doubles lames du Sith Dark Maul[17].
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+ Outre leurs sabres, les Sith et les Jedi ont appris à maîtriser la Force, une énergie à la définition assez floue[d]. La Force permet notamment aux êtres qui y sont sensibles d'avoir des réflexes plus aiguisés, des dons de prescience et la capacité de déplacer des objets par la simple force de leur volonté[18].
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+ Les voyages spatiaux sont courants dans la galaxie. Grâce à la technologie de l'hyperpropulsion, les vaisseaux sont capables de voyager rapidement d'une planète à l'autre. Les différentes factions utilisent aussi des vaisseaux de guerre tels que les croiseur interstellaires, devenus dans les films symboles de l'Empire, ou encore les chasseurs X-wing comme celui de Luke Skywalker. Les pilotes de la galaxie ont d'ailleurs leur jargon propre, qui n'est pas toujours expliqué au spectateur[19]. Les pistolets lasers sont les armes les plus courantes dans la saga. Des véhicules très perfectionnés apparaissent également durant les batailles, à l'instar des gigantesques TB-TT qui marquent le début de l'épisode V[a 6].
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+ Les droïdes sont également très présents, utilisés à des fins civiles ou militaires. Les plus visibles sont R2-D2 et C-3PO, présents dans les sept films de la saga[20]. L'armée de la Confédération des systèmes indépendants, dans la prélogie, est pour sa part entièrement composée de droïdes de combat, tandis que les Kaminoens, qui ont développé des techniques de clonage avancées, créent des armées entières de clones pour la République[21].
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37
+ L'univers de Star Wars met en scène de nombreuses planètes. Certaines reviennent dans la plupart des films comme Tatooine, planète désertique où grandissent Anakin et Luke Skywalker[22], ou encore Coruscant, œcuménopole, centre physique et politique de la galaxie. Un grand nombre de planètes s'inspirent d'un type de paysage particulier comme Mustafar qui offre un paysage volcanique de désolation ou Hoth, planète balayée par des tempêtes de neige. Au contraire, des planètes ressemblent fortement à la Terre, à l'image de Naboo ou Alderaan[23]. Par ailleurs, si des planètes ou des lunes volcaniques telles que Mustafar, ou recouvertes de forêt comme Endor, n'ont jamais été découvertes, certaines originalités imaginées dans la saga sont scientifiquement avérées. Ainsi, le double coucher de soleil sur Tatooine est possible, dans la mesure où il existe effectivement des systèmes planétaires qui gravitent autour de deux étoiles. Le surnom de « Tatooine » a même été donné à la planète HD 188753 Ab en raison de son système à trois étoiles[24].
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39
+ D'autres planètes, telles que Corellia ou Kessel, sont simplement citées dans les films par des personnages voyageurs, donnant l'impression d'un monde plus étendu que celui qui est montré dans les films[25]. Elles ont ensuite été détaillées dans les romans, les bandes dessinées et les jeux vidéo de l'univers étendu. Ainsi, Corellia est le théâtre de certains événements des romans de La Trilogie Corellienne de Roger MacBride Allen ou encore de la Trilogie de Han Solo[26].
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+ La galaxie de Star Wars est cosmopolite, constituée de nombreux peuples. L'espèce humaine est la plus répandue, mais de nombreuses autres sont présentées. Certaines sont humanoïdes, comme les Gungans, ou les Neimodiens, financiers corrompus à la peau verdâtre présents dans la prélogie. D'autres s'inspirent des animaux, à l'image des Wookiees, imposantes créatures humanoïdes poilues et des Ewoks, sortes d'oursons[a 7].
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+ Certaines restent mystérieuses comme la race de Yoda : moins d'une dizaine de représentants de cette espèce apparaissent dans l'univers de Star Wars et gardent volontairement le secret sur les origines de leur espèce. Les Jawas demeurent tout aussi mystérieux, leur visage restant inconnu, dissimulé sous un manteau[a 5].
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+ Les espèces présentes dans la trilogie originale sont pour la plupart des espèces humanoïdes, la technique étant alors limitée par les effets spéciaux de l'époque. La prélogie offre des espèces plus variées grâce à l'avancée technologique. Ainsi, Nick Dudman, qui a travaillé à la conception des créatures sur Le Retour du Jedi et La Menace fantôme, explique que le bond de quinze ans entre les deux films a radicalement changé la façon de concevoir les personnages, avec notamment l'apparition des images de synthèse[27].
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47
+ « J'ai pris beaucoup de plaisir à renverser la trajectoire des films à l'origine. Si vous les visionnez dans l'ordre de leur parution, IV, V, VI, I, II, III, vous obtenez un certain film. Si vous les visionnez en partant du I jusqu'au VI, le résultat est complètement différent. Une ou deux générations les ont vus d'une certaine manière, qui sera complètement autre pour les prochaines. C'est une façon de faire du cinéma extrêmement moderne, presque interactive. Vous prenez des cubes, vous les agencez différemment et vous obtenez des états émotionnels différents. »
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+ — George Lucas[28]
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+ L'épisode IV débute lorsque le croiseur de Dark Vador capture le vaisseau de la princesse Leia qui détient les plans volés de l'Étoile Noire, l'arme absolue du puissant Empire galactique. La princesse dissimule les plans dans la mémoire du droïde R2-D2 qui s’éjecte sur la planète Tatooine en compagnie de son alter ego C-3PO. Les droïdes sont capturés par des ferrailleurs Jawas avant d'être finalement vendus à la ferme d'Owen Lars où vit Luke Skywalker, un jeune fermier qui rêve d'aventures. Ce dernier intercepte un message de la princesse Leia qui cherche de l'aide d'un certain Obi-Wan Kenobi. Ce dernier est un vieux Jedi qui vit en ermite sur Tatooine depuis la fin de la Guerre des clones[e] et l'avènement de l'Empire. Il révèle à Luke qu'il était ami avec son père avant que ce dernier ne soit « assassiné » par Dark Vador, un Jedi déchu perverti par le côté obscur de la Force. Avec l'aide d'Obi-Wan, du contrebandier Han Solo et de son copilote Chewbacca, Luke parvient à libérer la princesse Leia dans les couloirs de l'Étoile Noire et à apporter les plans dérobés à ses alliés. Ceux-ci parviennent à identifier le point faible de la station et lancent une offensive sur celle-ci. L'apogée du film est atteinte lors de la Bataille de Yavin qui se solde par la destruction de l'Étoile Noire et la victoire de l'Alliance rebelle, malgré de nombreuses pertes dont la mort de Kenobi[a 5].
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53
+ L'épisode V commence par une grande bataille, lorsque l'Empire attaque la base rebelle de la planète Hoth. Dans la débandade qui s'ensuit, les héros se retrouvent séparés. Leia, Chewbacca, Solo et C-3PO doivent en effet faire face à une panne de leur vaisseau et se réfugient chez un ancien ami du contrebandier, Lando Calrissian, sur la planète Bespin. Dans le même temps, Luke Skywalker suit un entraînement sur Dagobah auprès du maître Jedi Yoda et apprend à se méfier du côté obscur de la Force. Vador s'empare de ses amis pour tenter d'attirer Luke auprès de lui sur Bespin pour en faire un puissant allié de l'Empire. Han Solo se retrouve emprisonné dans un bloc de carbonite, puis est offert au mafieux Jabba le Hutt sur Tatooine. Lors d'un éprouvant duel, Dark Vador révèle à Luke qu'il est son père. Celui-ci, plutôt que de se rendre, choisit de se jeter dans le vide et est sauvé in extremis par ses compagnons[a 6].
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+ Le début de l'épisode VI présente le plan mis au point par les héros pour secourir Han Solo des mains de Jabba le Hutt. Il se révèle être un succès et se solde également par la mort du Hutt. Dans le même temps, l'Empire met au point une deuxième station de combat, l'Étoile de la Mort, dont la construction est supervisée par l'Empereur Palpatine lui-même. L'Alliance rebelle voit donc là une occasion de frapper un coup décisif pour la victoire, d'autant que la station semble vulnérable. En réalité, cette faiblesse n'est que feinte et il s'agit d'un piège destiné à éliminer définitivement les rebelles. Cependant, l'intervention du petit peuple des Ewoks sur Endor permet de retourner la situation. Dans les quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père, Dark Vador alias Anakin Skywalker, du bon côté. Alors que Palpatine se prépare à achever son fils, Vador jette son maître dans le puits de la station, non sans avoir été gravement meurtri par ce dernier. Il meurt en paix dans les bras de Luke tandis que les rebelles détruisent l'Étoile de la Mort. Alors que l'on célèbre la fin de l'Empire dans la galaxie, les esprits d'Anakin, d'Obi-Wan et de Yoda se réunissent une dernière fois avant de se fondre dans la Force[a 7].
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+ Le scénario de Star Wars est imaginé par George Lucas au début des années 1970. Le premier scénario est écrit en 1973 sous le titre Le Journal des Whills et raconte les aventures du Jedi Mace Windu[f] : certains éléments qui y figurent, comme la structure de l'Ordre Jedi, n'apparaîtront finalement que dans la prélogie, 25 ans plus tard[29]. Le premier projet intitulé The Star Wars est rédigé au mois de mai : en 14 pages, Lucas résume globalement les aventures du Général Skywalker. Progressivement, Lucas étoffe son scénario, y ajoutant des personnages, des lieux, des concepts, qui n'apparaîtront parfois que bien plus tard[30]. Il devient alors impossible de faire tenir toute l'histoire dans un seul film. Lucas pense alors devoir réaliser trois trilogies et décide de commencer par la trilogie centrale[31].
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+ Cependant, l'époque n'est pas favorable aux films de science-fiction et les studios de cinéma ne sont pas tentés par le film. Le succès de son film American Graffiti permet cependant à Lucas d'obtenir un contrat pour Star Wars avec la 20th Century Fox[31],[32]. Pour financer son projet, Lucas parvient à défendre le potentiel en faisant appel au dessinateur Ralph McQuarrie qui illustre des scènes spectaculaires de son scénario et pose les bases de l'apparence de certains personnages. Les producteurs sont intéressés et acceptent d'investir 8 250 000 dollars dans le projet[33]. Lucas réussit également, fort du succès commercial de son film précédent, à obtenir les droits sur les deux épisodes suivants, même si, comme il le craint, le premier tournait au désastre. Il tente également un pari risqué : tout en refusant certains privilèges que lui propose la Fox, il demande à toucher l'intégralité des revenus des produits dérivés. Ce qui est alors une pratique dérisoire va se révéler, pour lui, une véritable manne financière[34].
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+ Dans les rôles principaux, le réalisateur décide d'engager des acteurs débutants : Mark Hamill, déjà connu à la télévision, et Carrie Fisher, fille d'acteurs reconnus, sont finalement choisis pour interpréter Luke Skywalker et Leia Organa[35]. Harrison Ford est pour sa part tout d'abord rejeté (car il a déjà joué avec Lucas), mais le réalisateur change d'avis après l'avoir vu donner la réplique aux acteurs pendant les auditions et lui donne le rôle de Han Solo. Pour jouer le rôle du sage Obi-Wan Kenobi, un acteur plus établi est choisi : Sir Alec Guinness, qui, selon George Lucas, joue sur le tournage le même rôle de mentor que dans le film[36],[37].
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+ La réalisation de l'épisode IV, alors simplement titré La Guerre des étoiles à la demande des studios qui ne veulent pas embrouiller le public, se révèle assez désastreuse : les studios se montrent de plus en plus pressants à mesure que les coûts de tournage augmentent. Les séquences tournées en Tunisie sont troublées par le climat et les problèmes techniques. La suite du tournage, dans des studios londoniens, est marquée par un rythme de travail effréné et la mauvaise volonté des équipes techniques britanniques[38]. Qui plus est, les projections test du film (dont il manque alors la musique et les effets spéciaux), peinent à convaincre. L'échec semble programmé et la sortie n'est prévue que dans 32 salles de cinéma à travers les États-Unis, en 1977[39]. Le succès est cependant immédiat et les retombées générées par les ventes de produits dérivés permettent à Lucas d'envisager la suite de ses films[40]. En quelques mois, diffusé dans le monde entier, Star Wars connaît un grand succès et devient un phénomène de société[41].
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+ La réalisation du deuxième épisode est donc à l'ordre du jour et Lucas surprend le monde du cinéma en décidant de le financer lui-même, par le biais de sa société Lucasfilm[42]. Cependant, l'état de santé du réalisateur s'est fortement dégradé lors du premier tournage, en particulier à cause du stress et du calendrier serré. S'il continue à écrire le scénario et à s'impliquer dans la production, Lucas laisse donc sa place de réalisateur à un cinéaste confirmé, Irvin Kershner, qui se charge de la réalisation de l'épisode V : L'Empire contre-attaque[43]. Le film implique des effets spéciaux plus imposants et plus de moyens, mais le succès assuré évite les problèmes connus précédemment. Il sort en 1980 et est un succès critique et commercial à la hauteur de l'épisode précédent[44],[45]. Un souci se pose cependant : le fait que le film commence, non pas par un générique, mais par un texte déroulant présentant l'intrigue, conduit à un procès de la part de la Directors Guild of America et de la Writers Guild of America que le réalisateur quitte ensuite, se mettant en marge des règles d'Hollywood[46]. À la même époque, Lucas fait construire le Skywalker Ranch, contenant les locaux de postproduction et de montage où seront achevés les prochains films de la série[47].
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+ L'épisode VI est ensuite tourné. Contrairement au premier film, L'Empire contre attaque n'a pas été conçu pour être indépendant et sa fin implique obligatoirement une suite que le public attend[48]. Kershner ne se sentant pas capable de réitérer l'expérience, la réalisation échoit à Richard Marquand[49]. Cependant, pour éviter les retards et dépassements de budget rencontrés sur le tournage précédent, Lucas se montre plus présent[50],[51]. Le film sort en 1983 et devient le plus rentable de la trilogie[52]. Il marque, pour 15 ans, la fin de Star Wars, le temps que le réalisateur puisse profiter de ses enfants et disposer de la technologie nécessaire à ses ambitions[53].
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+ L'épisode I débute 32 ans avant les événements de l'épisode IV. Deux Jedi, Qui-Gon Jinn et son apprenti Obi-Wan Kenobi sont chargés d'enquêter sur une crise politique touchant la planète pacifique de Naboo. Celle-ci est envahie et sa reine, Padmé Amidala, fuit la planète avec les Jedi pour plaider sa cause devant le Sénat, sur Coruscant. En chemin, le groupe s'arrête sur Tatooine pour réparer son vaisseau et y rencontre un jeune esclave, Anakin Skywalker, qui présente de fortes affinités avec la Force. Il rejoint finalement le groupe. Les héros se rendent vite compte que le Sénat ne fera rien pour les aider et repartent sur Naboo mener eux-mêmes la libération de la planète, tandis que le sénateur Palpatine profite de la crise pour accéder au pouvoir. Sur Naboo, un mystérieux Sith, Dark Maul, tue Qui-Gon, avant d'être tué par Obi-Wan. La planète est finalement libérée et Anakin entame une formation de Jedi, tandis que les maîtres Yoda et Mace Windu s'interrogent sur un possible retour des Sith[a 2].
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71
+ Dix ans plus tard se déroule l'épisode II. La République envisage de créer une armée pour lutter contre les forces séparatistes qui prennent de l'importance dans la galaxie. Obi-Wan Kenobi est chargé de retrouver la trace d'un mystérieux tueur et découvre qu'une armée de clones a déjà été commandée par la République, de façon non officielle. Dans le même temps, Anakin doit maintenir Amidala, désormais sénatrice, en sécurité et tous deux tombent amoureux. Kenobi est finalement fait prisonnier par les séparatistes et Anakin vient à son secours avec la sénatrice, tandis que le Sénat vote les pleins pouvoirs au chancelier Palpatine, qui proclame la création d'une Grande Armée de la République. Celle-ci, menée par les Jedi, intervient pour secourir les héros, déclarant de fait la guerre des clones. Peu après la bataille, Anakin épouse secrètement Padmé sur Naboo, la planète natale de la sénatrice[a 3].
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+ L'épisode III débute lorsque les Jedi Skywalker et Kenobi sauvent le chancelier capturé par les séparatistes durant la guerre. Peu à peu, l'influence de ce dernier devient de plus en plus forte. Dans le même temps, les Jedi suspectent de plus en plus la présence d'un Seigneur Sith dans les hautes sphères du pouvoir. Alors que des chevaliers sont envoyés lutter aux quatre coins de la galaxie avec leurs bataillons de clones, Anakin découvre que le chancelier est le Seigneur Sith en question. Cependant, ce dernier lui explique avoir les moyens de sauver Padmé d'une mort jugée certaine. Anakin empêche alors les Jedi de tuer le Sith en s'interposant dans son duel contre Mace Windu. Palpatine en profite pour éliminer le maître Jedi et décrète ensuite l'ordre 66 : tous les chevaliers sont éliminés par les clones. Certains, cependant, échappent au massacre, Yoda et Obi-Wan en tête. Le premier part affronter Palpatine, nouvellement autoproclamé Empereur et échoue. Dans le même temps, Obi-Wan affronte Anakin, devenu le Seigneur Vador et le laisse pour mort, atrocement brûlé. Tandis que Palpatine fait opérer Vador, désormais enfermé dans une imposante armure noire, Padmé donne naissance à deux enfants, Luke et Leia, avant de mourir. Le premier est confié à son oncle et sa tante sur Tatooine, tandis que la seconde est élevée par la famille royale d'Alderaan[a 4].
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+ Le scénario de la prélogie était déjà ébauché depuis les années 1980. Ainsi, le fait qu'Anakin soit gravement brûlé dans un volcan, que les ennemis des Jedi soient les Sith ou encore le fait que l'Empereur soit nommé Palpatine, bien que non mentionnés dans les films de la trilogie originale, sont déjà expliqués dans les novélisations parues à la même époque que les films. Le contexte politique de la fin de la République est également clair dans l'esprit de George Lucas[54]. De même, certains faits et lieux, comme Kashyyyk, la planète des Wookiees (que l'on peut déjà voir dans The Star Wars Holiday Special de 1978), ou Coruscant, la capitale de la République, apparaissent dans des livres antérieurs à la saga et les travaux de l'illustrateur Ralph McQuarrie. Lucas s'attaque à la rédaction précise du scénario en 1994. Celui-ci est terminé en 1995, bien que, de l'aveu même du réalisateur, sa technique de travail le pousse à poursuivre les ajouts et modifications jusqu'au montage final[55].
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+ Contrairement à ce qu'il a fait pour la trilogie originale, Lucas choisit cette fois-ci des acteurs jeunes, mais qui ont déjà fait leurs preuves : Natalie Portman s'est ainsi illustrée dans Léon et Ewan McGregor dans Trainspotting[56]. Des acteurs plus prestigieux sont également engagés : Liam Neeson interprète Qui-Gon Jinn et joue sur le tournage un rôle proche de celui d'Alec Guinness lors de la première trilogie[57]. Samuel L. Jackson joue Mace Windu, tandis que Christopher Lee fait son retour au cinéma dans le rôle du comte Dooku. Ian McDiarmid, après une carrière dans le théâtre classique britannique, reprend le rôle de Palpatine qu'il avait déjà tenu dans le Retour du Jedi, tandis que Kenny Baker et Anthony Daniels reprennent le rôle des deux droïdes et sont les seuls acteurs présents dans les six films[58]. Enfin, un certain nombre de personnages sont désormais totalement virtuels comme Yoda ou Jar Jar Binks[59].
78
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79
+ Les trois films sont réalisés par Lucas, contrairement à ce qui s'était fait dans la trilogie originale. Bien que l'informatique et les décors virtuels soient de plus en plus utilisés, des décors réels sont aussi le théâtre de l'action. L'équipe du film tourne ainsi en Italie et en Tunisie[60].
80
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81
+ La Menace fantôme sort en 1999 et marque le retour de Star Wars sur les écrans. Cependant, la critique se montre mitigée et même souvent négative. Certains accusent notamment l'abondance d'effets spéciaux et l'intrigue complexe, mais c'est surtout le personnage de Jar Jar Binks qui attire les foudres de la critique[61].
82
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83
+ L'Attaque des clones sort en 2002. Il est l'un des premiers films de l'histoire du cinéma à avoir été tourné en numérique et premier de la série à bénéficier d'une sortie mondiale simultanée pour éviter de souffrir du piratage[62]. Une nouvelle fois, l'accueil critique est très partagé, entre ceux qui voient un essoufflement de la saga et une perte de nouveauté et ceux qui sentent un réel retour en force après l'épisode précédent[63].
84
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85
+ La Revanche des Sith doit enfin faire le lien entre les deux trilogies et marquer le passage de la flamboyante République à l'ère de l'Empire[g]. L’épisode, particulièrement sombre, est ainsi marqué par un très long combat au sabre entre Anakin et Obi-Wan[64]. Le scénario n'est pas achevé et évolue entre 2002 et 2003 : une apparition de Han Solo enfant est ainsi rayée du script, tandis que la fin définitive de la saga se dessine[65]. Lors du tournage, cet épisode est le seul pour lequel les acteurs ne quittent pas les studios[66]. Le film ouvre le festival de Cannes de 2005 et connaît un grand succès commercial[67].
86
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87
+ Lorsqu'il a commencé l'écriture de Star Wars, George Lucas a progressivement envisagé de réaliser trois films, puis trois trilogies. La trilogie centrale étant, selon lui, la plus commerciale, c'est par celle-ci qu'il a débuté. La première trilogie, ou prélogie, est pour sa part réalisée vingt-cinq ans plus tard[68]. La troisième trilogie a été mentionnée à de nombreuses reprises, au point de devenir une véritable légende. Ainsi, lors de la sortie du Retour du Jedi en 1983, Time Magazine annonçait déjà les deux autres trilogies. Si le résumé des épisodes I, II et III est déjà ébauché, celui des VII, VIII et IX est alors décrit comme très vague, bien que les acteurs Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher doivent reprendre leurs rôles pour le tournage, à condition qu'ils aient l'air assez vieux[69]. La trilogie romanesque de Timothy Zahn L'Héritier de l'Empire, La Bataille des Jedi et L'Ultime Commandement, a été annoncée à tort par des éditeurs français comme correspondant à la troisième trilogie[70].
88
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89
+ George Lucas a cependant déclaré à de nombreuses reprises que le scénario avait été modifié et que l'épisode VI marquait la fin réelle de la série[71]. Selon lui, l'histoire de Star Wars est celle d'Anakin et Luke Skywalker et elle s'achève à la fin de l'épisode VI. De même, Gary Kurtz, producteur des épisodes IV et V, a dévoilé les scénarios prévus pour la saga en neuf épisodes. Selon cette interview, la saga en neuf épisodes supposait que l'Empereur n'apparaisse que dans le neuvième, confirmant que l'épisode VI tel que réalisé ne laisse pas la porte ouverte aux suites initialement prévues[72].
90
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91
+ Lucas a également déclaré ne pas avoir de réponse quand on lui demande ce qui se passe après Le Retour du Jedi[73]. Des rumeurs et de fausses interviews fleurissent régulièrement sur Internet pour annoncer les épisodes VII, VIII et IX et sont condamnées par Lucasfilm qui a parfois pris des mesures à l'encontre des auteurs des canulars[74]. Il lui est également arrivé de dire, en 2002, qu'il pourrait reprendre le projet après avoir laissé passer vingt ans, comme il l'a fait pour la prélogie, mais, ajoute-t-il : « ne comptez pas trop là-dessus ». Il ajoute en 2005 : « Je ne laisserai personne d'autre diriger les épisodes VII, VIII et IX. C'est la fin, je ne veux pas que d'autres personnes fassent d'autres épisodes de La Guerre des étoiles. Il y a d'autres possibilités, des livres, mais des films, des longs-métrages, non. C'est quelque chose qui m'appartient »[75].
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93
+ En 2011, George Lucas entame de manière secrète l'écriture d'une troisième trilogie Star Wars[76],[77], et commence dans les mêmes conditions les discussions de ventes de son studio avec Bob Iger, PDG de la Walt Disney Company[78]. Le 30 octobre 2012, la Walt Disney Company annonce avoir racheté Lucasfilm pour un montant estimé à 4,05 milliards de dollars. Lucas et Iger annoncent publiquement le même jour la sortie au cinéma de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force pour 2015[79], suite qui initiera une troisième trilogie dont les deux épisodes suivants sont prévus pour 2017 et 2019[80]. Deux films dérivés sont également annoncés respectivement pour 2016 (Rogue One) et 2018 (Solo) [81]. À cette occasion, la société affirme dans un communiqué que « le septième épisode que d'autres films devraient continuer au-delà de la saga et faire prospérer la franchise bien au-delà dans le futur »[82]. George Lucas déclare : « il est maintenant temps pour moi de passer Star Wars à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que Star Wars me survivrait et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant »[83]. La réalisation de l'épisode VII échoit dès lors au réalisateur J. J. Abrams, connu notamment pour avoir réalisé les onzième et douzième longs-métrages de la franchise Star Trek. Sorti en décembre 2015, Le Réveil de la Force devient l'épisode le plus rentable de la franchise avec plus de 2 milliards de dollars de recettes[84]. L'épisode VIII est confié à Rian Johnson qui en achève le tournage en juillet 2016 pour une sortie en France le 13 décembre 2017. Le réalisateur choisi pour diriger l'épisode IX est Colin Trevorrow[85]. Cependant, à la suite d'un conflit au niveau du scénario entre Colin Trevorrow et Lucasfilm, ce dernier est remplacé à la réalisation le 12 septembre 2017 par J. J. Abrams, déjà à la réalisation du septième volet[86]. Le 14 septembre 2016, TNT et TBS signent un contrat d'exclusivité avec Walt Disney Studios pour la diffusion des 10 films Star Wars à la télévision jusqu'en 2022, d'une valeur d'au moins 250 millions d'USD[87],[88]. La vente comporte aussi les droits de diffusion en streaming jusqu'en 2024[89]. L'actrice qui a personnifié Leia Organa depuis 1977, Carrie Fisher, décède d'une crise cardiaque à 60 ans le 27 décembre 2016, peu de temps après avoir tourné toutes ses scènes pour l'épisode VIII, où elle apparaitra pour la dernière fois[90]. La sortie de l'épisode IX est quant à elle prévue le 20 décembre 2019[91]. Le 2 août 2018, Disney indique chercher à récupérer les droits de diffusion télévisuelle de Star Wars vendus à Turner Broadcasting System jusqu'en 2024[92],[93].
94
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95
+ Le 9 novembre 2017, Robert Iger, le PDG du groupe Disney, annonce le lancement d'une quatrième trilogie Star Wars en déclarant « Nous avons déjà d'autres super films Star Wars déjà prévus pour les années qui viennent en plus de la sortie en 2019 de l'épisode IX. Nous sommes très heureux d'annoncer que nous venons de signer un accord avec Rian Johnson, le réalisateur des Derniers Jedi, pour développer une toute nouvelle trilogie Star Wars »[94]. Cette nouvelle trilogie devait être « séparée » de la saga de la famille Skywalker qui est au centre des épisodes I à IX, ne constituant donc pas la suite de l'épisode IX qui sortira en décembre 2019[95]. Le 7 mai 2019, Walt Disney Studios annonce les dates de ses prochaines productions dont trois films Star Wars étalés jusqu'en 2027[96],[97].
96
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97
+ Mais les plans de Disney et de Lucasfilm changent en 2019. D'une part en réduisant le nouveau projet à un film prévu en 2022 (conséquence de l'échec critique et commercial de Solo: A Star Wars Story[98]), et d'autre part en confiant sa conception aux créateurs de la série télévisée Games of Thrones, David Benioff et D. B. Weiss. « Notre prochain film Star Wars sera le leur. Et nous n’allons pas vous en dire plus pour le moment » déclare le patron de Disney Robert Iger le 14 mai 2019[98]. Le 29 octobre 2019, Benioff et Weiss annoncent qu'ils se retirent du projet en raison d'un emploi du temps surchargé par leur contrat avec Netflix[99].
98
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99
+ Le premier film dérivé est un film d'animation sorti en 2008, qui sert de pilote à la série télévisée du même nom : Star Wars: The Clone Wars. Il est produit par Lucasfilm Animation et se déroule entre les épisodes II et III de la saga. Il relate les aventures d'Obi-Wan Kenobi, d'Anakin Skywalker et d'Ahsoka Tano. Ces Jedi ont pour mission de ramener sain et sauf le fils du trafiquant Jabba le Hutt : Rotta[100].
100
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101
+ L'achat de Lucasfilm par Disney en 2012 passe également par la volonté de George Lucas de choisir Kathleen Kennedy comme présidente, et productrice des films à venir[101]. En même temps qu'est préparée la troisième trilogie, il est également décidé d'« étendre » l'univers officiel avec des films dérivés. Kathleen Kennedy explique : « George a été très clair sur la façon dont ça marche. Le canon qu'il a créé, c'est Star Wars. Et l'épisode VII s'inscrit dans ce canon. Les films dérivés existeront dans ce vaste univers qu'il a créé. Il n'y a aucune tentative de transporter les personnages de ces films autonomes dans et hors les épisodes de la saga. Par conséquent, d'un point de vue créatif, c'est une feuille de route très clairement définie par George Lucas »[102]. Le premier de ces spin-off sort en décembre 2016, il s'agit de Rogue One: A Star Wars Story qui raconte le vol des plans de l'Étoile de la mort par les Rebelles qui luttent contre l'Empire Galactique. Ce film s'achevant quelques instants avant les premières images de l'épisode IV tourné par Lucas en 1977. La série dérivée prend le nom de A Star Wars Story. Solo: A Star Wars Story, consacré à la jeunesse de Han Solo, est sorti en 2018. Le prochain film est prévu pour 2022, et sera écrit par David Benioff et D. B. Weiss[103], mais ils doivent finalement se retirer du projet[99].
102
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103
+ Les films de la trilogie originale sont très appréciés par la critique. Un nouvel espoir est nommé 11 fois pendant la cérémonie des Oscars de 1978[104] et reçoit sept Oscars dont celui des meilleurs effets visuels, ce qui est alors rare pour un film de science-fiction[105]. L'Empire contre-attaque reçoit l'Oscar du meilleur son et un Oscar pour ses effets visuels[106]. Enfin, Le Retour du Jedi ne reçoit qu'un seul Oscar, aussi pour ses effets visuels[107]. Dans son livre Anatomie d'une saga, Laurent Jullier étudie l’accueil critique des cinq premiers films de la série (son livre étant sorti avant La Revanche des Sith) dans la presse française. Dès le premier film, il apparaît qu'un clivage oppose clairement une presse élitiste qui déteste, d'une presse plus populaire qui adhère, tout en considérant parfois que le scénario est faible. Le film n'échappe par ailleurs pas à la comparaison avec ce qui est alors le classique du genre : 2001, l'Odyssée de l'espace. Cependant, la plupart des critiques considèrent qu'il est impossible de comparer l'incomparable[108].
104
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105
+ L'Empire contre-attaque connaît un accueil similaire, tout en étant généralement comparé à son prédécesseur. Même s'ils trouvent souvent quelque chose à critiquer au film, notamment son dualisme, la plupart des journaux accueillent de façon bienveillante ce nouvel opus[109]. Le troisième film, Le Retour du Jedi, attire des critiques plus affirmées : une partie des journalistes commencent à s'insurger contre ce qui semble être un phénomène de mode, tandis que des journaux de fans consacrés au genre font les louanges du film[110]. Aux États-Unis, la tendance est la même, comme en témoigne le site Metacritic : l'épisode IV obtient une note de 91/100, avec treize critiques positives[111] ; le V obtient 78/100, avec onze critiques positives et quatre neutres[112]. Enfin, le VI n'arrive qu'à 52/100, avec huit critiques positives, trois neutres et trois négatives, qui critiquent principalement la répétitivité de la saga et l'apparition des Ewoks, jugés infantilisants[113].
106
+
107
+ Les films de la prélogie ont été moins bien accueillis par la presse et le public, La Menace fantôme n'ayant que trois nominations aux Oscars sans en remporter un seul[114]. Au contraire, il est nommé huit fois au Razzie Awards[115] et remporte le pire second rôle pour Jar Jar Binks[116]. Les critiques reprochent en effet à Lucas d'avoir privilégié des effets spéciaux travaillés au détriment de l'intrigue et s'en prennent particulièrement au personnage de Jar Jar Binks et au jeu d'acteur de Jake Lloyd (Anakin enfant)[117],[118]. Une version du film modifiée par un fan a par la suite été publiée, supprimant notamment la plupart des scènes de Jar Jar ; en créant un certain engouement médiatique[119].
108
+
109
+ George Lucas prend les critiques en compte et réduit ainsi fortement le rôle de Jar Jar Binks dans les films suivants[120]. L'Attaque des clones et La Revanche des Sith ne remportent pas d'Oscar et ne sont nommés qu'une fois, respectivement pour les meilleurs effets visuels[121] et pour le meilleur maquillage[122]. L'épisode II reçoit des critiques plus favorables que son prédécesseur, bien que l'histoire d'amour soit régulièrement critiquée pour sa naïveté[123]. Le troisième connaît un plus grand succès critique, qui le ramène presque au niveau de l'ancienne trilogie, aux yeux d'une partie de la critique[124].
110
+
111
+ D'un point de vue commercial, Star Wars attire d'immenses foules devant les cinémas. La franchise est très rentable, avec 261 millions de dollars rapportés jusqu'à la sortie de l'édition spéciale en 1997, établissant à l'époque un record en termes de revenus pour le jour de sortie[52]. Ce faisant, George Lucas a contribué à l'apparition des blockbusters et d'une industrie du cinéma centrée avant tout sur la production d'argent, alors qu'il a lui-même toujours nié faire les films pour cela[125]. Il a ainsi toujours cherché à rester indépendant vis-à-vis des studios et a repoussé les suggestions qui visaient à rendre les films plus commerciaux en détournant son histoire[h],[126].
112
+
113
+ « Pour moi, l’Édition Spéciale est la version définitive. Je ne m'inquiète même plus des autres, car il a fallu passer par de nombreuses étapes avant d'arriver au résultat final. »
114
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115
+ — George Lucas[127]
116
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117
+ Lorsqu'il prépare la prélogie, au milieu des années 1990, George Lucas considère également que la technologie lui permet de reprendre les films déjà réalisés pour mieux correspondre à l'idée qu'il en avait, ou pour en améliorer la cohérence. Des scènes sont retouchées pour être plus spectaculaires ou esthétiques (multiplication de personnages secondaires virtuels, ajout de scènes de liesses sur diverses planètes à la fin de l'épisode VI), mais d'autres sont totalement narratives[128]. Ainsi, l'épisode IV, qui était le plus décevant aux yeux du réalisateur, voit apparaître de nombreux changements ; la scène la plus importante met en scène un Jabba le Hutt de synthèse en grande conversation avec Han Solo : tournée dès 1977, elle n'avait pas pu être ajoutée faute de moyens techniques[129]. Ressortis au cinéma en 1997 dans cette version modifiée, les films connaissent à nouveau un grand succès ; c'est pour George Lucas le moyen de faire connaître sa saga à une nouvelle génération de spectateurs, mais aussi d'obtenir les fonds pour réaliser sa nouvelle trilogie[130].
118
+
119
+ En 2004, à l'occasion de la sortie de l'ancienne trilogie en DVD, Lucas reprend à nouveau ses films pour les remettre à niveau vis-à-vis de la prélogie. Les films sont ainsi restaurés et remasterisés et connaissent chacun leur lot de modifications. Jabba le Hutt est ainsi amélioré dans sa prestation de l'épisode IV, tandis que, dans l'épisode V, l'Empereur (qui apparaissait lors d'une conversation holographique était interprété par une vieille femme à qui on avait superposé des yeux de chimpanzé) est réinterprété par Ian McDiarmid, qui joue Palpatine dans les autres films. Enfin, lors du final du Retour du Jedi, l'acteur Sebastian Shaw, qui interprétait jusque-là le fantôme d'Anakin Skywalker, est remplacé par Hayden Christensen, son alter-ego de la prélogie[131].
120
+
121
+ Cette ressortie ulcère particulièrement les fans de la première heure, dont une partie considère que les Star Wars authentiques sont ceux qu'ils ont vus jeunes, tels qu'ils étaient à l'époque. Une scène les choque particulièrement, dans l'épisode IV : la version originale montrait Han Solo tirant le premier sur le chasseur de primes Greedo. Dans l'édition spéciale, il tire en réponse au tir de Greedo, puis, dans la version de 2004, les deux tirent quasi-simultanément. Ce changement fait de nombreux mécontents, rassemblés derrière le slogan « Han shot first ». En septembre 2006, Lucas cède et publie les films dans une édition spéciale de deux DVD chacun, où la nouvelle version côtoie l'ancienne ; elles sont cependant retirées du marché dès le 31 décembre suivant[127]. En 2011, avec la sortie de la saga au format Blu-ray, Lucas réalise de nouveaux changements. Ainsi, lorsque Dark Vador tue l'Empereur à la fin de l'épisode VI, il ne le fait plus en silence, mais accompagne son geste d'un « Nooooo ! » qui a énervé une partie des fans[132].
122
+
123
+ Au même moment, Lucasfilm annonce une ressortie future des films au cinéma en 3D pour l'année 2012[133]. Le producteur Rick McCallum précise plus tard qu'elle se fera au rythme d'un film par an, entre 2012 et 2017, mais le travail sur les épisodes II à VI se ferait sous réserve que la ressortie du premier film soit un succès[134]. L'épisode I est donc le premier film sorti aux États-Unis en 3D le 10 février 2012[135]. Lucasfilm annule ensuite la ressortie des autres films, officiellement pour se concentrer sur l'épisode VII[136].
124
+
125
+ L'univers étendu de Star Wars désigne toute l'histoire de la saga relatée sur un support autre que les films. En 2009, George Lucas considère que l'univers de Star Wars se divise en trois ensembles. La première catégorie regroupe ce sur quoi le réalisateur a un contrôle direct : les films et séries télévisées. Cet ensemble forme le canon de la saga. Le deuxième groupe comprend les produits officiels qui ne sont cependant pas du ressort direct de Lucas : jeux vidéo, bandes dessinées, romans… S'ils ne sont pas en contradiction avec le premier groupe, ces éléments intègrent également le canon. Une troisième catégorie existe ; elle comprend tout ce qui est produit par les fans. Il arrive quelquefois que des éléments de cet ensemble entrent dans le canon. Par exemple, la 501e compagnie de stormtroopers, association de cosplay, a été intégrée à l'intrigue du jeu Star Wars: Battlefront II et à l'univers de la saga[137].
126
+
127
+ À la suite du rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, tous les éléments racontés dans les produits dérivés sont déclarés comme étant en dehors du canon. Ils sont alors regroupés sous l’appellation « Star Wars L��gendes »[138],[139]. Seuls les six films, le long-métrage The Clone Wars, la série associée restent dans le canon. La nouvelle série d'animation Star Wars Rebels ainsi que tous les produits dérivés réalisés après août 2014 rentrent eux aussi dans ce nouvel ensemble[138],[140].
128
+
129
+ Le premier téléfilm Au temps de la guerre des étoiles (Star Wars Holiday Special) fut tourné un an après la sortie du premier opus. Les acteurs du film y reprenaient leur rôle. Le personnage de Boba Fett y apparaissait pour la première fois. Mais le téléfilm de facture très médiocre, ne plut pas à George Lucas, à tel point qu'il en interdit toute diffusion[141]. Ce programme reste un sujet de plaisanterie pour les fans, mais également pour les acteurs, notamment Harrison Ford et Carrie Fisher (qui en nie parfois l'existence en conférence de presse, mais qui, lors d'une convention, a repris la chanson qu'elle y interprétait). Quant à George Lucas, il déclare que « si j'avais un marteau et du temps, j'en traquerais chaque copie pour l'écraser »[142].
130
+
131
+ En 1984 et 1985, George Lucas produit deux téléfilms pour ABC, principalement destinés aux enfants. Centrés sur le peuple des Ewoks présentés dans Le Retour du Jedi, ils sont intitulés L'Aventure des Ewoks et La Bataille d'Endor et remportent un Emmy Awards pour leurs effets spéciaux[141]. Les deux productions mettent en scène le jeune acteur Warwick Davis, découvert par Lucas lors du tournage de Star Wars et par la suite présent dans de nombreux films de science-fiction[143]. À la même période apparaissent deux séries animées réalisées par les studios Nelvana (qui avaient contribué à Au temps de la guerre des étoiles) : Droïdes raconte les aventures de R2-D2 et C-3PO entre les épisodes III et IV, tandis que Ewoks raconte la vie de l'Ewok Wicket avant la bataille d'Endor. Cette deuxième série a fait l'objet d'une deuxième saison[144].
132
+
133
+ Dans les années 2000 et accompagnant la sortie de la prélogie, de nouveaux projets fleurissent. Une série animée racontant la guerre des clones sort à la télévision en 2003 : Star Wars: Clone Wars. Sortie entre les épisodes II et III, elle fait le lien entre eux, en introduisant notamment le personnage du général Grievous[144]. En 2008, une série en images de synthèse apparaît sur les écrans : Star Wars: The Clone Wars ; elle est introduite par un film utilisant la même technique, Star Wars: The Clone Wars[145]. À la suite de son interruption après six saisons, une nouvelle série animée est lancée en 2014 : Star Wars Rebels[146]. En 2017, alors que l'un des producteurs délégués de Rebels, Dave Filoni, annonce le renouvellement de Star Wars Rebels pour une quatrième saison, une nouvelle série animée est également dévoilée : Star Wars : Forces du destin[147].
134
+
135
+ Lors d'une convention de fans en 2005, George Lucas annonce l'arrivée d'une nouvelle série, avec de vrais acteurs, qui se déroulerait entre les épisodes III et IV. D'abord envisagée pour 2009, elle est repoussée, tandis que son scénario s'épaissit[148]. En 2011, Lucas déclare que, pour des raisons économiques, la série ne verra finalement pas le jour avant 3 ans[149]. En 2012, le titre de la série est dévoilé : Star Wars Underworld[150]. Cependant, il est annoncé en 2016 que le projet est en veille[151]. Malgré tout en mars 2018 Lucasfilm et Walt Disney Pictures annoncent que le cinéaste Jon Favreau sera aux commandes de cette nouvelle série dérivée de l'univers Star Wars qui sera diffusée en streaming sur la nouvelle plate-forme vidéo à la demande de Disney. Il écrira et produira cette nouvelle série annoncée vers fin 2019[152],[153]. The Mandalorian sort le 12 novembre 2019. L'histoire se déroule entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force, et raconte les aventures d'un mercenaire mandalorien[154].
136
+
137
+ Dès 1977 et la sortie de La Guerre des étoiles, la saga est adaptée en roman puisque George Lucas signe lui-même la novélisation du premier épisode (en réalité écrite par Alan Dean Foster), avec de multiples précisions narratives inspirées, notamment, des scènes coupées[155]. Tous les autres épisodes font l'objet d'adaptations en roman, par d'autres auteurs cette fois-ci. Là encore, les auteurs s'inspirent des scènes coupées et du scénario original des films : ainsi, la novélisation de La Revanche des Sith accentue par de nouvelles scènes le passage d'Anakin Skywalker du Côté obscur de la Force[144].
138
+
139
+ Rapidement, d'autres romans viennent détailler des événements qui n'étaient qu'ébauchés dans la saga cinématographique. Ainsi, l'idylle entre Han Solo et Leia Organa est conclue dans Le Mariage de la Princesse Leia, paru en 1994[156]. Certaines séries connaissent également un franc succès en explorant le passé des personnages, comme les deux trilogies sur la jeunesse de Han Solo : les publications de ce type connaissent une grande mode dans les années 1990[141]. Les récits s'inspirent souvent de la forme des films et parfois réciproquement. Les trames souvent fondées sur des personnages et éléments familiers creusent cependant l'histoire de la saga avant et après les événements des films[157].
140
+
141
+ Avec les années 2000 et les séries sur le sujet, la Guerre des clones fait l'objet de plusieurs romans, notamment la série Republic Commando de Karen Traviss. Au total, les romans Star Wars, publiés en France aux éditions Presses de la Cité, Fleuve noir et Pocket pour une partie, sont plus de deux cents[158].
142
+
143
+ Dès le début de la série, George Lucas désire que Star Wars soit adapté en bande dessinée. Marvel Comics publie ainsi une version très adaptée de l'épisode IV en prenant de grandes libertés avec les personnages de la série, par manque de documentation[159]. De façon générale, une grande partie des œuvres produites autour de Star Wars, qu'il s'agisse des films, de séries ou de jeux vidéo, sont également adaptées en bande dessinée. Les films font même l'objet d'une adaptation en manga[157].
144
+
145
+ Les autres bandes dessinées s'attachent à raconter d'autres points de l'histoire en insistant sur des personnages peu détaillés dans les films, comme Dark Maul, ou même sur de nouveaux points de l'histoire. Ainsi, Star Wars: Legacy raconte les aventures de Cade Skywalker, descendant direct de Luke. L'action se passe 133 ans après l'épisode VI et raconte une nouvelle guerre entre d'une part les Sith et les impériaux et d'autre part l'Alliance Galactique et les Jedi, qui se solde par la défaite de ces derniers. Depuis le début de l'année 1991, Dark Horse Comics a le monopole de l'édition de ces bandes dessinées. En France, elles sont distribuées par les éditions Delcourt[160]. Néanmoins, à la suite du rachat de LucasFilm par Disney en 2012, Marvel annonce que les contrats avec Dark Horse ne seront pas renouvelés, la licence revenant donc à Marvel[161].
146
+
147
+ Depuis la sortie des films, un très grand nombre de jeux vidéo inspirés de la saga Star Wars ont vu le jour. Si certains ont été plébiscités par la critique, d'autres ont été de véritables déceptions pour les joueurs. Les premiers jeux voient le jour sur Atari 2600 en 1982 et en jeux d'arcades en 1983 avec Star Wars. D'autres suivent sur Amstrad, Game Boy et NES et sont des adaptations des films, telles que le jeu Star Wars : The Empire Strikes Back en 1988[162]. Les années 1990 voient l'arrivée des simulateurs de vol avec Star Wars: X-Wing (en 1993) et ses suites et dérivés[163]. Les années 1990 voient également naître d'autres séries appréciées par la critique : Dark Forces et ses suites dérivées de Jedi Knight en 1995[164] et Star Wars: Rogue Squadron en 1998, qui reste longtemps une référence du genre[165].
148
+
149
+ La sortie de la nouvelle trilogie au tournant de l'an 2000 marque l'arrivée de nouvelles adaptations de film, telles que Star Wars Episode I: Racer s'inspirant des courses de modules de Tatooine, Star Wars, épisode I : La Menace fantôme[166] et Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, bien que ce dernier déçoive par sa faible durée de vie[167].
150
+
151
+ D'autres jeux explorent de nouvelles pistes scénaristiques, en comblant le vide entre les films, comme la série Star Wars: Battlefront, inspirée de la jouabilité de Battlefield 1942, qui permet de revivre un grand nombre de batailles dans différents camps[168].Ces jeux sont sortis respectivement en 2004, 2005, 2015 et 2017 ont été développés par Electronic Arts. Star Wars: Empire at War est pour sa part un jeu de stratégie en temps réel aux critiques également positives[169]. Le summum de ce concept est atteint en 2003 avec Star Wars: Knights of the Old Republic consacré par beaucoup de magazines comme le jeu de l'année[170] et en 2008 avec Star Wars : Le Pouvoir de la Force, dont l'histoire, développée avec l'aval de George Lucas, s'inscrit totalement dans la chronologie de la saga entre les deux trilogies[171]. Apprécié par la critique pour son scénario et ses graphismes, il se voit adjoindre une suite jugée très décevante[172].
152
+
153
+ En 2011 sort le jeu en ligne massivement multijoueur (MMORPG) Star Wars: The Old Republic développé par BioWare et édité par Electronic Arts[173]. Le 11 octobre 2015, Disney Interactive réorganise les jeux vidéo Star Wars après de nombreux licenciements et projets arrêtés et annonce la sortie de Star Wars Battlefront d'Electronic Arts le 17 novembre et d'un set Star Wars dans le jeu vidéo de plates-formes Disney Infinity[174],[175].
154
+
155
+ Lors d'une conférence organisée à l'Electronic Entertainment Expo 2018 de Los Angeles, un nouveau jeu est annoncé, il s’intitulera Star Wars Jedi: Fallen Order. L'intrigue se déroulera après le film Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith. Le joueur incarnera un Padawan qui se verra traqué à la suite de la Grande purge Jedi ordonnée par l'empereur Palpatine. Ce jeu d'action-aventure à la troisième personne est développé par Respawn Entertainment[176].
156
+
157
+ La plupart de ces jeux sont développés par la société LucasArts fondée en 1982 et célèbre non seulement pour ses adaptations vidéo-ludiques de la saga, mais également pour d'autres séries à succès telles que les Monkey Island[177].
158
+
159
+ Dès 1977, Star Wars se décline en jouet. C’est le fabricant américain Kenner Products qui obtient la licence. En 1991, à la suite du rachat de cette société par Hasbro c’est sous le nom de cette dernière que sont ensuite fabriqués les jouets de la saga. En 2006, le livre Star Heroes Collector indique que plus de mille figurines ont été réalisées par le fabricant de jouets[178]. Ce n’est en revanche qu’en 1999 que la société Lego obtient la licence pour produire des jouets de construction Star Wars[179].
160
+
161
+ En 1987, une attraction baptisée Star Tours est lancée au parc Disneyland de Californie. Des attractions du même type sont par la suite proposées dans d’autres parcs Disney[180]. Toujours en 1987, c’est un jeu de rôle Star Wars qui est édité par la société West End Games[181]. En 1989, la même société lance aussi un jeu de figurines consacrée à la saga : Star Wars Miniatures[182]. De nombreux jeux de cartes à collectionner sont également produits, le premier, réalisé par Topps, date de 1977[183]. Le 15 août 2015, lors du D23, Disney Parks annonce convertir deux terrains de 14 acres (56 656 m2) chacun pour construire des zones dédiées à Star Wars à Disneyland en Californie et à Disney's Hollywood Studios en Floride[184],[185],[186],[187],[188].
162
+
163
+ Le 19 février 2016, le parc Disney's Hollywood Studios annonce présenter à compter du 4 avril un spectacle sur les moments clés de la saga Star Wars, auquel s'ajoute durant l'été un spectacle pyrotechnique nocturne intitulé Star Wars: A Galactica Spectacular[189],[190]. Le 3 août 2017, la société The Void, en collaboration avec ILMxLAB et participant au programme Disney Accelerator, annonce qu'elle va ouvrir une salle de jeu virtuelle sur Star Wars à Downtown Disney et à Disney Springs, nommée Star Wars: Secrets of the Empire[191],[192],[193]. Le 23 novembre 2017, la salle de jeu virtuelle Star Wars: Secrets of the Empire conçue par The Void et ILMxLAB va ouvrir aussi à Londres en décembre 2018 d'abord au centre commercial Westfield London puis à celui de Stratford City[194]. Le 27 juin 2018, Disney UK et Public Health England lance un programme de sensibilisation au sport pour les enfants sur le thème de Star Wars, le Change4Life Train Like A Jedi programme[195].
164
+
165
+ Pour sa saga, George Lucas a puisé de nombreuses sources d'inspiration dans les livres notamment John Carter[196],[197],[198],[199],[200], films et séries qui l'ont marqué. Les cycles d'Isaac Asimov posent ainsi les bases de sa conception des droïdes, mais également l'idée de planètes-villes comme Coruscant[201]. Un autre classique de la science-fiction inspire particulièrement le réalisateur : les serials des années 1930, notamment Flash Gordon — c'est de là que Lucas tire ses titres (lui-même revendique cet amour pour les titres de type La revanche de... et ainsi de suite) et les textes déroulants au début des films. De même, plusieurs personnages de Star Wars exploitent des stéréotypes déjà vus dans ces serials[202]. Le cinéma d'Akira Kurosawa, notamment son film La Forteresse cachée, inspire également particulièrement le réalisateur, tant sur le fond que sur la forme. C'est en effet de ce film qu'il tire l'idée de centrer une partie de l'intrigue sur les deux personnages les plus insignifiants (les deux droïdes, principalement dans l'épisode IV), mais Lucas s'en inspire aussi pour les volets qui se rabattent sur l'image pour servir de transition entre deux scènes, typique du cinéma de la première moitié du XXe siècle[203].
166
+
167
+ L'inspiration vient également d'autres types de cinéma. Le western est ainsi à l'origine de certaines scènes, notamment sur Tatooine, tandis que le polar inspire le début de l'épisode II[204]. Le péplum joue également un rôle, notamment à travers la course qui occupe une place centrale dans La Menace fantôme et qui est directement inspirée de la course de chars de Ben Hur[205]. Les films de guerre et de pirates inspirent également de nombreuses scènes : l'attaque sur l'Étoile Noire est réalisée par Lucas à l'aide d'extraits de films représentant la Seconde Guerre mondiale dans les airs pour guider le travail des sociétés d'effets spéciaux ; tandis que l'assaut sur Kashyyyk dans l'épisode III s'inspire du film Il faut sauver le soldat Ryan[206].
168
+
169
+ Star Wars s'est aussi inspiré de l'univers graphique de la bande dessinée Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières[207]. Lorsque fut projeté pour la première fois en France Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir, Mézières déclara à la fin de la projection : « On dirait une adaptation de Valérian au cinéma[208]. »
170
+
171
+ L'inspiration est, enfin, littéraire : l'étude anthropologique de Joseph Campbell Le Héros aux mille et un visages et la légende arthurienne sont une de ses principales sources pour créer les archétypes de son histoire, comme le jeune et pauvre héros appelé à l'aventure, le vieil ermite qui le prend sous son aile, la princesse en détresse[209]... Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien est également une grande source d'inspiration pour George Lucas : les deux sagas partagent une trame très proche et des personnages assez semblables (Obi-Wan Kenobi et Gandalf, par exemple), mais aussi des procédés narratifs similaires (par exemple rapporter l'histoire d'amour de protagonistes hors du récit : Leia épouse Han Solo dans un livre de l'univers étendu, Aragorn et Arwen voient leur idylle relatée dans les appendices du livre)[210].
172
+
173
+ George Lucas s’est également inspiré de la réalité, notamment de faits historiques. Outre les scènes de combats spatiaux inspirées des films sur le Blitz, le réalisateur s'est entre autres inspiré du Moyen Âge occidental, de l'histoire et des philosophies d'Extrême Orient. Ainsi, les Jedi ont une philosophie teintée de bouddhisme, tandis que le casque de Dark Vador a été inspiré au dessinateur Ralph McQuarrie par ceux des samouraïs[211]. Lucas explique également s'être inspiré, pour la progressive ascension de Palpatine et la transition de République à Empire, de ce qui est arrivé à Jules César, Napoléon Bonaparte et Adolf Hitler[212]. Il admet aussi que l'Empire dépeint dans les premiers films s'est inspiré de l'époque de Richard Nixon et de la guerre du Viêt Nam, qui l'a poussé à s'interroger sur la façon dont une démocratie peut se transformer en dictature[213],[214]. En 2005, Lucas a également déclaré : « J'espère qu'on ne le vivra pas dans notre pays ; peut-être que le film pourra réveiller les gens aux États-Unis, notamment face aux menaces contre la démocratie[215]. »
174
+
175
+ Lucas s'est par ailleurs inspiré de faits de la vie quotidienne. Ainsi, l'idée d'un copilote alien, Chewbacca, lui est venue par sa chienne, de taille imposante, qui se tenait souvent sur le siège passager lorsqu'il conduisait à l'époque[216]. De même, le nom de Jar Jar Binks est venu d'un nom inventé par un des enfants du réalisateur[217]. Le court-métrage George Lucas in Love réalisé par Joe Nussbaum, parodie de Shakespeare in Love, montre d'ailleurs un jeune George Lucas s'inspirant du contexte du campus qui l'entoure pour créer l'ambiance de son premier film. Bien que parodique, ce film a été très apprécié, y compris par le réalisateur[218].
176
+
177
+ Star Wars a été de nombreuses fois parodié et repris dans des films et séries. Ainsi, La Folle Histoire de l'espace est un film réalisé par Mel Brooks parodiant ceux de la trilogie originale. S'il s'inspire également d'autres films du genre comme Alien, l'influence de la saga de Lucas est très présente : le film commence par un résumé déroulant, le méchant est Lord Casque Noir, parodie de Dark Vador, on croise également Pizza the Hutt, parodie de Jabba le Hutt constituée de pizza et référence à Pizza Hut et les héros vont rencontrer le vénérable maître Yaourt, spécialiste en produits dérivés[219]. Les références faites à Star Wars dans des séries et sur Internet sont par ailleurs innombrables : dessins et vidéos parodiques circulent en effet sur la toile. Nombre de références à la saga sont également faites dans Les Simpson, comme dans l'épisode Boire et déboires qui parodie la sortie de l'épisode I et les réactions des fans[220].
178
+
179
+ Par ailleurs, Star Wars a joué un rôle important pour le cinéma, en arrivant à une époque où les genres dominants étaient le film catastrophe et la comédie satirique et où la science-fiction paraissait dépassée. Lucas lui-même produit ainsi au début des années 1980 la série des Indiana Jones réalisée par son ami Steven Spielberg. Pareillement, la décision de réaliser en 1979 Star Trek, le film est prise par la Paramount après avoir vu le succès de Star Wars[219]. De même, l'épisode de James Bond annoncé sous le titre Rien que pour vos yeux est retardé pour laisser place à Moonraker, qui va jusqu'à mettre en scène un combat spatial[219]. D'autres réalisateurs, comme Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), déclarent également avoir été inspirés par l'œuvre de George Lucas. Enfin, les années 1980 voient fleurir un grand nombre de navets cinématographiques reprenant les codes de la saga (le jeune fermier parti à la conquête des étoiles, les robots farceurs etc.)[219].
180
+
181
+ Star Wars a également marqué le cinéma par les avancées dans le domaine de la technique. Les effets spéciaux ont notamment été fortement développés, avec la création d'une société par George Lucas : Industrial Light & Magic, à l'origine par exemple des dinosaures de Jurassic Park[221]. L'une des branches de cette société, spécialisée dans le domaine de l'informatique, a par la suite été revendue pour devenir Pixar, à l'origine de films d'animation par ordinateur tels que Toy Story. Par ailleurs, la saga a également entraîné des innovations dans le domaine du son, avec Skywalker Sound, qui a aidé à l'élaboration de centaines de films et le syst��me THX[221]. Enfin, les films de la prélogie innovent fortement dans le domaine des créatures réalisées par ordinateur, à l'image des kaminoens ou de Jar Jar Binks. Ce genre de création devient par la suite courant dans les films des années 2000 comme Le Seigneur des anneaux ou Avatar. Lucas l'explique ainsi : « Nous avons fait de Jar Jar, Sebulba et Watto des personnages crédibles, capables de jouer un rôle. [...] Nous avons ouvert une porte que n'importe qui d'autre peut désormais franchir[221]. »
182
+
183
+ Star Wars a un important impact sur la culture populaire. Ses répliques deviennent vite cultes, comme « que la Force soit avec toi »[i], ou encore le « Je suis ton père » de Vador. Le titre même de Star Wars est réutilisé dans le contexte pourtant très éloigné de la Guerre froide. En effet, lorsque Ronald Reagan propose le programme Initiative de défense stratégique visant à préparer la défense du territoire contre les missiles soviétiques, son projet est très vite surnommé « Star Wars », à tel point que Lucasfilm intente, et perd, un procès à ce sujet[222].
184
+
185
+ L'enthousiasme pour Star Wars entraîne de grandes réunions de fans de par le monde à l'occasion de la sortie des films ou dans d'autres cadres. Un fan club officiel s'est ainsi formé aux États-Unis : Starwars Hyperspace. Des conventions ont également lieu. Certaines sont organisées par Lucasfilm comme la Star Wars Celebration dont la quatrième édition s'est par exemple tenue à Los Angeles en mai 2007 avec notamment Carrie Fisher[223] alors que la sixième eut lieu en août 2012 à Orlando[224]. En France, Star Wars Reunion, organisée par Lucasfilm Magazine[j], s'est tenue au cinéma Le Grand Rex à Paris en mai 2005 et octobre 2007. La deuxième édition de cette convention française donna lieu à une diffusion marathon en deux jours des six films de la série et proposait comme invités le producteur Rick McCallum et Roger Carel, doubleur français de C-3PO[225]. Des évènements indépendants de Lucasfilm ayant parmi leurs sujets principaux la saga Star Wars ont également lieu chaque année comme Star Wars Fan Days (Dallas, États-Unis), FACTS[226] (Gand, Belgique), Générations Star Wars et Science Fiction[227] (Cusset, France) ou encore la JediCon[228] (Düsseldorf, Allemagne). Un grand nombre de fans pratiquent le cosplay lors de ces événements, donnant parfois lieu à la naissance de véritables associations telles que la 501e légion qui tire son nom d'une compagnie de stormtroopers et se met souvent au service d’œuvres caritatives[229].
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+ Par ailleurs, l'activité des fans passe aussi par l'animation de sites web et d'encyclopédies en ligne sur l'univers de la saga. De véritables débats naissent parfois au sujet de certains personnages et certaines scènes. La sortie de l'épisode I voit ainsi apparaître sur le web une vague de haine à l'encontre de Jar Jar Binks[230]. Des polémiques naissent également sur les versions refaites de la trilogie originale, sorties en 1997 puis 2004, comme en témoigne le slogan Han shot first, considérant que la retouche d'une scène de l'épisode IV frôle l'hérésie[231]. L'implication des fans va parfois très loin, comme avec le phénomène Jedi de 2001 : lors de recensements dans les pays anglophones, nombre de gens ont, généralement en signe de contestation ou par humour, répondu « chevalier Jedi » à la question « quelle est votre religion ? »[232]. Certains revendiquent également plus sérieusement leur appartenance au jediisme (les chiffres allant jusqu'à 500 000 membres de l’International Church of Jediism) et ceux-ci se sont vus refuser l'agrément au même titre que les religions et croyances, lorsqu'une commission britannique a étudié, en 2010, les discriminations sur les opinions. La commission a en effet expliqué que « les croyances [concernées par la loi] doivent être sincères »[233].
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+ Dans les six premiers films de la saga Star Wars, les femmes ont une place strictement définie, les films étant majoritairement réservés à un public masculin. En janvier 2015, George Lucas (créateur et réalisateur de quatre des huit longs métrages sortis) confirme qu'il a « fait Star Wars pour les garçons de 12 ans ». Ainsi, les personnages de Padmé Amidala et de Leia Organa apparaissent à première vue comme des héroïnes puissantes, la première étant une reine qui devient ensuite sénatrice et la seconde étant l'une des chefs de l'Alliance rebelle (une organisation qui s'oppose à l'Empire). Cependant, la sénatrice Amidala devient par exemple éperdument amoureuse du personnage central Anakin Skywalker et finit par mourir en accouchant de leurs enfants. Le cas de la princesse Leia est discuté : si elle apparaît régulièrement comme une femme forte, sa sexualisation dans l'épisode VI marque les esprits et prête à polémique[234],[235],[236]. Le manque d'importance des femmes s'illustre par le temps de parole qui leur est consacrée, au total, sur les 586 minutes des trois premiers films (Un nouvel espoir, L'Empire contre-attaque, Le Retour du Jedi), les femmes occupant un rôle secondaire ne parlent qu'une seule minute[237].
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+ Depuis le rachat de Lucasfilm par The Walt Disney Company en 2012, les choses évoluent. D'un point de vue sociologique, alors que la société souhaite pouvoir s'identifier de plus en plus à des personnages féminins, les films intègrent des héroïnes qui se détachent de l'image véhiculée par les femmes dans les six premiers films. Loin d'être victimes des événements, les femmes — qui occupent également les rôles principaux — deviennent des personnages débrouillards, indépendants et capables de vaincre des hommes potentiellement plus puissants à l'image de Rey dans le film sorti en 2015, Le Réveil de la Force dont le titre même est lié au fait qu'elle découvre ses pouvoirs au cours du récit. Ce même film met en scène des femmes ayant des rôles à responsabilité comme des chefs militaires et une chef de bande. Elles peuvent également être très bagarreuses comme Jyn Erso qui est comparable à Jeanne d'Arc dans Rogue One: A Star Wars Story, sorti en 2016[235].
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+ Dans l'industrie cinématographique, tandis que J. J. Abrams (réalisateur, scénariste et producteur de Le Réveil de la Force) déclare : « Star Wars a toujours été un truc de garçons, et un film où les pères emmènent leur fils. Et, bien que ce soit encore beaucoup le cas, j'espère vraiment que pour ce film, des mères emmèneront aussi leur fille le voir ». Le Réveil de la Force a accueilli un public composé de femmes à un tiers[238]. Aussi, alors qu'une polémique relaye que les revenus des hommes sont supérieurs aux revenus des femmes pour un même niveau de popularité[239], Felicity Jones, l'actrice principale de Rogue One: A Star Wars Story est celle qui parmi les acteurs principaux a reçu le revenu le plus élevé[240]. Un effort a également été accompli dans la parité entre hommes et femmes, les deux genres étant représentés à égalité dans les équipes chargées de l'écriture du film de 2015. De plus, Kathleen Kennedy, présidente de Lucasfilm Ltd., soutenue par J.J. Abrams, est favorable à la réalisation de films par une femme[237]. En revanche, le personnage de Rey a tardé à apparaître dans les produits dérivés de l'épisode VII, Lucasfilm craignant que ses reproductions ne se vendent pas mais après des accusations de sexisme, Disney a finalement lancé des produits à l'effigie de Rey en affirmant que certains jouets étaient « gardés secrets » pour protéger l'intrigue du film[241],[242]. Peu avant la sortie du Réveil de la Force, Disney décide de ne plus commercialiser de produit dérivé représentant Leia dans son bikini de l'épisode VI[243].
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+ Le 13 avril 2017, juste avant la Star Wars Celebration se tenant à Orlando, Lucasfilm dévoile qu'une série de courts métrages animés sont en cours de production[244]. Ces derniers mettent au cœur de leur intrigue chacune des principales héroïnes de la franchise : Leia Organa, Padmé Amidala, Rey, Jyn Erso, Sabine Wren et Ahsoka Tano. L'objectif de cette série intitulée Star Wars : Forces du destin est de « permettre au jeune public de mieux les comprendre et découvrir différentes facettes de leur personnalité (héroïsme, ténacité, courage...). Nous allons donc y retrouver tout leur univers, en abordant des histoires tantôt liées à leur passé, tantôt à leur présent » selon Carrie Beck, productrice et scénariste chez Lucasfilm Animation[245].
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+ La mer Adriatique (du latin : Mare Hadriaticum ou Mare Adriaticum) est une mer séparant la péninsule italienne de la péninsule balkanique. L'Adriatique est le bras de la Méditerranée situé le plus au nord en s'étendant du canal d'Otrante (où elle rejoint la mer Ionienne) jusqu'aux villes de Venise et de Trieste et à l'embouchure du Pô. Les pays côtiers sont l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et l'Albanie, ainsi que la Grèce par l'île de Corfou.
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+ La mer Adriatique doit son nom à l'ancienne cité étrusque d'Adria (ou Hadria ou Atria), située sur le territoire de l'actuelle commune italienne du même nom, dans la province de Rovigo en Vénétie, fondée au VIe siècle av. J.-C. par les Étrusques, située jadis sur ses bords. Ce nom ne s'entendait primitivement que d’un petit golfe situé devant cette ville, et aujourd'hui comblé par les atterrissements du Pô.
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+ L'Organisation hydrographique internationale détermine les limites de la mer Adriatique de la façon suivante[1] :
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+ La mer Adriatique est une partie de la mer Méditerranée, sorte de golfe très allongé fermé vers le nord. L'historien français Fernand Braudel la désigne comme l'une des « plaines liquides » qui forment la Méditerranée. Elle est encadrée au nord et à l'ouest par l'Italie et à l'est par la péninsule balkanique. Au sud, la mer Adriatique est reliée à la mer Ionienne par le canal d'Otrante d'une largeur de 72 km.
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+ Sa surface est de 160 000 km2 ; sa profondeur moyenne est de 444 mètres inégalement répartie entre extrémité NO peu profonde et celle SE bien plus profonde d'environ 1000 m[2].
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+ L'Adriatique renferme plus de 1 300 îles, pour la plupart situées sur son flanc est, près de la côte croate. Elle est divisée en trois bassins, celui du nord étant le moins profond et celui du sud présentant la plus grande profondeur (1233 mètres). Les courants circulent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, à partir du canal d'Otrante en remontant vers le nord en suivant la côte est avant de redescendre le long de la côte italienne à l'ouest. Les marées sont modérées même si des amplitudes plus élevées sont parfois observées. La salinité de l'Adriatique est plus basse que celle de Méditerranée, elle forme un bassin versant qui collecte un tiers de l'eau douce arrivant dans la Méditerranée. La température à sa surface s'élève à environ 24 degrés en été et 12 degrés en hiver, ce qui a pour effet de rendre le climat autour du bassin adriatique assez doux.
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+ L'Adriatique se trouve sur la plaque adriatique qui s'était séparée de l'Afrique durant le Mésozoïque. Les mouvements de la plaque contribuèrent à la formation des Apennins. Durant l'Oligocène, la péninsule apennine se forma en premier, séparant le bassin adriatique du reste de la Méditerranée. L'Adriatique présente une grande diversité en termes de sédiments avec notamment les eaux du Pô qui drainent des alluvions depuis les plaines situées au nord de l'Italie. La partie ouest de la mer est alluviale tandis que la côte sur son flanc est s'avère beaucoup plus morcelée et karstique.
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+ Un seul grand fleuve, le Pô, se jette dans l'Adriatique. Il génère une pollution importante[3].
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+ Il y a une dizaine de sites protégés sur l'Adriatique qui garantissent la biodiversité : plus de 7 000 espèces sont présentes dans l'Adriatique, dont certaines sont endémiques, rares et menacées.
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+ Des colonies sont fondées par les Étrusques (Adria) et les Grecs (Epidamne, actuelle Durrës, et Apollonia, actuelle Vlorë) tandis que la rive orientale est peuplée par les Illyriens. Au IIIe siècle av. J.-C., la première guerre pour la domination de l'Adriatique oppose Teuta, reine d'Illyrie, à la République romaine. Sous l'Empire romain, Ravenne devient une base navale importante, puis le refuge des derniers empereurs romains d'Occident jusqu'à la conquête de l'Italie par les Ostrogoths. La reconquête de Justinien, au VIe siècle, restaure l'autorité de l'Empire romain, devenu Empire byzantin, sur les deux rives de la mer, avec un commandement byzantin, l'exarchat de Ravenne, sur la rive ouest ; des tribus de Slaves méridionaux comme les Narentanes commencent à s'installer sur la rive orientale. Venise n'est alors qu'un petit avant-poste byzantin qui résiste aux attaques des puissances continentales, le royaume des Lombards puis l'Empire franc carolingien. Avec la christianisation des Slaves, une ligne de partage s'établit entre l'Église catholique de langue latine, liée aux Carolingiens et à la papauté de Rome, et l'Église orthodoxe de rite grec, dépendant du patriarcat de Constantinople.
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+ L'époque médiévale voit l'affirmation d'une thalassocratie, la République de Venise : pendant longtemps, l'Adriatique a été dominée par la « Sérénissime République », à tel point qu'elle est souvent appelée « le golfe de Venise ». La Quatrième croisade (1202-1204) permet à Venise d'étendre son hégémonie sur la Dalmatie et les îles grecques même si elle doit compter avec l'archiduché d'Autriche, qui tient Trieste au nord, et le royaume de Naples, avec les ports des Pouilles, au sud. Aux XVe et XVIe siècle, Venise est menacée par deux vastes empires territoriaux : la monarchie de Habsbourg, dont la branche autrichienne tient Trieste et une partie de la côte nord tandis que la branche espagnole occupe les possessions napolitaines, et l'Empire ottoman, solidement établi dans les Balkans. Ancône, la ville des États pontificaux, ne joue qu'un rôle modeste jusqu'à son érection en port franc en 1734, les pirates uscoques représentent une nuisance mineure dans le nord du bassin adriatique tandis que la petite république de Raguse (Dubrovnik) maintient une neutralité précaire entre Ottomans et puissances chrétiennes.
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+ Au XVIIIe siècle, après le traité de Passarowitz en 1718, cet espace est complètement bouleversé politiquement. L'affirmation progressive des ports impériaux, Fiume (Rijeka), Trieste, Porto-Ré, la concurrence acharnée du port franc d'Ancône et la renaissance de Raguse remettent en question l'hégémonie vénitienne. Bari assure un trafic important, surtout tourné vers les Balkans et la Grèce.
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+ La dissolution de la Sérénissime République, au traité de Campo-Formio (1797), entraîne une lutte pour l'hégémonie adriatique au cours des Guerres napoléoniennes. Les campagnes de Dalmatie permettent à la Première République française, devenue Empire français, d'accéder à cette mer et d'établir un protectorat sur les provinces illyriennes mais, en 1813-1814, l'Empire d'Autriche, appuyé par le Royaume-Uni, met fin aux provinces illyriennes et au royaume d'Italie sous tutelle française. Cet équilibre est validé par le Congrès de Vienne en 1815, les Britanniques, pour prix de leurs services, conservant l'île grecque de Corfou, considérée comme la clé de l'Adriatique.
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+ L'Empire autrichien (devenu en 1867 austro-hongrois) doit faire face à la rivalité du nouveau royaume d'Italie proclamé en 1861, soutenu par le Second Empire français puis par le royaume de Prusse et qui s'empare de la Vénétie en 1866. La Marine austro-hongroise et la Marine royale italienne ne sont que des puissances navales de second plan et doivent limiter leurs ambitions tandis que l'Empire ottoman conserve l'Albanie jusqu'à la Première Guerre balkanique de 1912-1913.
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+ Après la Première Guerre mondiale et l'éclatement de l'Autriche-Hongrie, la côte orientale est partagée entre le Royaume de Yougoslavie et celui d'Albanie.
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+ Les ambitions de l'Italie fasciste l’entraînent à la conquête de l'Albanie en 1939 puis à la participation à l'invasion de la Yougoslavie, aux côtés de l'Allemagne nazie, lors de la Seconde Guerre mondiale. La défaite de l'Axe Rome-Berlin en 1945 fait passer dans le bloc soviétique l'Albanie et la Yougoslavie, devenues communistes, tandis que l'Italie et la Grèce rejoignent l'Alliance atlantique puis l'Union européenne.
33
+
34
+ Les côtes de l'Adriatique sont peuplées par plus de 3,5 millions d'habitants. Les plus grandes villes sont Ancône, Bari, Venise, Trieste et Split. L'Italie et la Yougoslavie se sont accordées sur leurs limites maritimes en 1975 et ces frontières entre l'ouest et l'est sont reconnues après 1992 par les états issus de la dislocation de la Yougoslavie : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro. Le siège de Dubrovnik en 1991-1992, pendant la guerre croato-yougoslave, est la dernière bataille livrée sur l'Adriatique et où la marine (Marine militaire yougoslave) ait joué un rôle important. Les États héritiers de la Yougoslavie n'ont pas totalement fixé leurs frontières réciproques.
35
+
36
+ Les accords entre l'Italie et l'Albanie concernant leurs limites maritimes datent, eux, de 1992. Les difficultés dues à la chute du régime communiste albanais et à la crise albanaise de 1997 entraînent un exode maritime de dizaines de milliers d'Albanais vers les ports italiens[4].
37
+
38
+ La pêche et le tourisme sont les activités économiques principales le long des côtes adriatiques. Le tourisme en Croatie s'est développé plus rapidement que dans le reste du bassin. Le transport maritime est également une branche vitale de l'économie de la région : on dénombre 19 ports qui prennent en charge plus d'un million de tonnes de fret chaque année. Le plus grand port de transport de marchandises est celui de Trieste en Italie, tandis que Split (en Croatie) accueille le plus grand nombre de passagers.
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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3
+ Le terme de banque renvoie à deux conceptions. Soit il s'agit d'un secteur d'activité économique, celui traitant les opérations de banque — le secteur bancaire —, qui comprend les fournisseurs et les distributeurs des contrats relatifs à ces opérations. Soit le terme vise l'un des types d'entreprises actifs dans ce secteur, essentiellement des établissements de crédit ou des établissements de paiement, s'agissant des fournisseurs de services, ou des entreprises d'intermédiation bancaire, pour ce qui concerne les distributeurs de ces mêmes services.
4
+
5
+ Le dictionnaire Larousse définit la banque comme un « Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières »[1]. Au sens du droit positif français, essentiellement d'origine européenne, une banque est l'une des catégories légales d'établissement de crédit (article L. 511-1 du Code monétaire et financier).
6
+
7
+ Ces établissements de crédit exercent sous la condition de disposer d'une autorisation administrative, telle que l'agrément, en France ; ils pratiquent l'octroi des opérations de banque (article L.311-1 de ce même Code monétaire et financier). L'activité étant subordonnée à cette autorisation conduit parfois à la qualifier de "monopole", terme juridiquement inadéquat. De plus, ces établissements bancaires ne disposent pas davantage du monopole de la distribution bancaire, qui représente la fonction de commercialisation. Ils partagent cette fonction de distribution bancaire avec d'autres acteurs bancaires, les intermédiaires qui ne sont pas des banques.
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+
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+ La taille d'un établissement de crédit se mesure soit en fonction de son chiffre d'affaires (ou Produit Net Bancaire, cf infra), soit en fonction de celle de son bilan comptable (total des actifs), soit encore de ses parts de marché ou du nombre de ses employés. En 2014, la plus grande banque au monde, par le total des actifs, est la banque chinoise Industrial & Commercial Bank of China, devant la britannique HSBC[2].
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+ Une banque est donc, à la fois, une entreprise qui :
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+ Elle est ainsi au cœur du commerce de l'argent et en responsabilité directe dans la gestion des risques financiers présents dans un système économique.
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+ Cette activité peut être exercée pour le compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds, proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement (chèques, cartes bancaires) et de change, prêter de l'argent (crédit), et plus généralement se charger de tous services financiers. Une banque commerciale peut également intervenir pour réaliser des opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son compte ou celui de sa clientèle.
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+ Les activités de banque de dépôt (ou « banque commerciale ») peuvent se distinguer de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux types d'activité, ce qui donne régulièrement lieu à débat (voir celui inauguré au début du XXe siècle par la Doctrine Germain).
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+
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+ En raison de l'importance des activités bancaires dans l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation précise encadrant l'exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter des dépôts, gérer et distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, prélèvements, principalement) sont donc des activités réservées à des établissements agréés et soumis à autorisation préalable.
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+ Les deux fonctions des banques commerciales, gérer les risques et vendre les produits bancaires, doivent être clairement dissociées. En effet, des entreprises sans agrément, mais immatriculées, peuvent distribuer des produits bancaires, dont les risques restent gérés par les établissements bancaires[3].
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23
+ Les banques commerciales assurent la bonne tenue d'un registre des comptes et la gestion des transferts entre ces comptes. À ce titre elles facilitent les échanges économiques et contribuent à la traçabilité des flux financiers. L'État leur confère souvent la responsabilité d'assurer la traçabilité des opérations financières et ainsi de contribuer à la lutte contre les trafics illicites, le blanchiment d'argent ou plus récemment contre la fraude fiscale (voir en particulier la lutte contre les paradis fiscaux).
24
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25
+ Dans le système bancaire, les établissements bénéficient d'un pouvoir important étant des agents économiques de la création de la monnaie. Les banques ont en effet la faculté de créer et de gérer des dettes. Toute dette ainsi créée équivaut à une création de monnaie, toute dette éteinte par son remboursement équivaut à une destruction de monnaie. L'impact économique de cette monnaie dite « scripturale » selon les mécanismes décrits par la théorie économique est fort :
26
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+ En sens contraire, les restrictions de liquidité ou de financement qui seraient pratiquées par les établissements bancaires provoquent des restrictions immédiates sur l'économie.
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+ La dynamique qui permet aux banques de fournir du crédit aux agents économiques est techniquement permise :
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+ Toutes ces décisions constituent une prise de risque qui doit être convenablement appréciée et maîtrisée, même si en contrepartie, elles créent le soutien nécessaire aux activités économiques jugées saines et opportunes.
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+ En sus des billets de banque et des pièces de monnaie, la monnaie scripturale - qui matérialise le résultat de ces décisions - figure dans les comptes des banques et représente maintenant des montants considérables (plus de 90 % de la masse monétaire définie comme la quantité de monnaie en circulation). Ceci explique qu'elle soit encadrée :
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+ Au XVIe siècle, la banque est « la table de changeur ou de commerçant, le lieu où se fait le trafic, le commerce de l'argent »[4]. Le mot correspond à une forme féminine de « banc » et dérive de l'italien « banca » introduit en France lors de l'installation des banques italiennes à Lyon.
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+ L'usage de telles « tables » est attesté dans les temps plus anciens.
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+ La Bible rapporte que Jésus, chassant les marchands du Temple, bouscule les « tables des offrandes et des changeurs ».
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+ Dans le monde orthodoxe grec, la « trapeza » désigne la table où, dans les monastères, les pèlerins viennent déposer leurs offrandes. Aujourd'hui, en grec moderne, le terme « trapeza ou Τραπεζα » signifie également « Banque ».
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+ Le cadre bancaire et financier, en France, est donné par le Code monétaire et financier.
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+ Ce recueil normatif ne procure pas de définition juridique de la « Banque ».
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+ En revanche, il propose et connaît six natures juridiques d'établissements :
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+ Les banques appartiennent donc à la catégorie juridique et économique des établissements de crédit, lesquels réalisent des opérations de banque telles que définies par la loi dans le respect des dispositions législatives et réglementaires correspondantes.
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+ En France, l'article L.311-1 du code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».
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+ Dans chaque zone monétaire, l'activité bancaire se trouve être supervisée par une banque -la banque centrale- disposant d'un statut particulier lui assurant une relative indépendance pour assurer des missions spécifiques :
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+ Il existe plusieurs types de « banques » en fonction :
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+ Comme rappelé en introduction, le terme « banque » peut renvoyer, soit à un type d'établissement, soit à un secteur d'activité. En ce cas, il convient de noter que « la banque » regroupe des entreprises qui peuvent avoir différents statuts juridiques : « les banques » ne sont pas les seules à composer « la banque ».
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+ Les premières techniques de banques sophistiquées de l'histoire bancaire européenne apparaissent dans les villes italiennes de Florence et Gênes à la fin du Moyen Âge.[5] Les premiers échanges de parts standardisées et diversifiées, relevant de l'histoire boursière, ont lieu dans le quartier du Rialto à Venise.
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+ Ensuite l'Angleterre joue un rôle moteur dans les deux domaines, lors de Révolution financière britannique des années 1690. Puis le Bank Charter Act de 1833 incite les banques anglaises à se faire coter en Bourse pour pouvoir émettre des billets de banque, à une époque où ceux-ci inspirent encore de la méfiance à une partie de la population en Europe et aux États-Unis. Au cours de la seule année, 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres[6].
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+ En France, l'expansion du secteur bancaire démarre véritablement après la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, obligeant la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser de l'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre.[7] Ce diktat allemand fait doubler la dette publique française, mais crée une classe d'épargnants, avec 4 millions de français porteurs d'obligations du Trésor français en 1880, contre 1,5 million en 1870[8]. Le besoin d'un réseau bancaire se fait sentir, ce qui accélère la création de grandes banques de dépôt (Création du Crédit lyonnais en 1863 à Lyon par François Barthélemy Arlès-Dufour et Henri Germain ou la Société Générale à Paris en 1864) et contribue à l'expansion boursière sous la IIIe République.
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+ En Suisse, les banques privées des XVIe et XVIIe siècles ne pouvaient pas profiter du grand business avec l'endettement public comme les établissements financières dans les grandes royaumes d'Europe, car les pouvoirs décentralisés dans le pays alpin manifestait à ce temps-là déjà beaucoup de discipline fiscale. Elles focalisaient donc leur activités dans le commerce et les investissements à l'étranger. Après 1850, l'industrialisation et le développement du réseau ferroviaire créaient en Suisse un grand besoin pour des moyens d'investissement à domicile. Des banques modernes qui ont été créées à ce temps-là, après beaucoup de fusionnements, se formaient jusqu'à la fin du XXe siècle, les deux grandes banques UBS et Crédit suisse. Le troisième groupe important des banques en Suisse sont les caisses cantonales et communales dont les premières ont été créées au XIVe siècle[9].
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+ Les tendances contemporaines observées dans l'activité bancaire sont :
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+ Cette évolution de la distribution des produits et des services bancaires est notable, en France, avec l'introduction d'un nouveau cadre réglementaire en 2013 (articles L. 519-1 à L. 519-6 et R. 519-1 à R. 519-31 du code monétaire et financier).
70
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+ L'impact de cette évolution de la vente bancaire est fort ; celui-ci touche tous les clients des banques. Autrefois marquée par la spécialisation des banques (ventes réservées aux seuls établissements de crédit et établissements spécialisés dans tel ou tel produits ou clientèles), la commercialisation des opérations bancaires est devenue généraliste et mixte. Aux côtés des réseaux « classiques » d'agences distributrices, se sont installés durablement de nouveaux canaux de vente et de nouveaux types de vendeurs. Par exemple, les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement ou IOBSP comme le sont les courtiers en crédit qui pratiquent le courtage en prêt immobilier. Des normes juridiques sont applicables à ce volet très actuel des évolutions bancaires, visant à mieux assurer l'osmose entre les consommateurs et les circuits bancaires. En particulier, ces nouveaux distributeurs bancaires sont soumis à des règles d'accès à la profession.
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+ Il est assez probable que cette évolution forte transformera le nombre et les fonctions des agences bancaires, avec l'apparition, à proche avenir, de réseaux de vente de produits bancaires indépendants des banques.
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+ Ces activités se concentrent autour des opérations de banque. Celles-ci sont donc au nombre de trois : crédit, dépôts reçus du public et paiements.
76
+
77
+ Des prestations connexes, complémentaires, peuvent être proposées par les établissements bancaires. Les investissements financiers et instruments de placement relèvent, quant à eux, de l'activité financière.
78
+
79
+ La fourniture de crédit s'analyse en fonction de la nature du crédit consenti (professionnel, immobilier, à la consommation, regroupement de crédits), ainsi que de la nature de l'emprunteur (entreprise, consommateur, État ou entités publiques).
80
+
81
+ L'établissement bancaire :
82
+
83
+ Le premier service spécifique des banques aux entreprises est la gestion des traites (LCR, Billet à ordre). L'escompte des traites est une des activités historiques des banques. Elle reste importante en France où la traite a la vie tenace, moins dans d'autres pays. L'escompte des traites est un crédit relativement court.
84
+
85
+ Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
86
+
87
+ Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou de ses dirigeants.
88
+
89
+ Avec la dé-spécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks, des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des banques.
90
+
91
+ Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit proprement dite[réf. nécessaire].
92
+
93
+ Les banques cherchent à se placer à toutes les phases de vie d'une entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions, acquisitions, restructuration, sortie de cote, cession.
94
+
95
+ Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients), l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales spécialisées).
96
+
97
+ L'une des contestations les plus fréquentes de ces activités provient des PME-PMI qui contrairement aux grands groupes ont en général beaucoup de mal à se faire financer notamment en phase de récession ou de mauvais climat des affaires. Les autorisations de découvert sont systématiquement retirées provoquant de graves difficultés de trésorerie exogènes et indépendantes de la santé des entreprises en question. Le financement participatif envisage une réponse à cette critique.
98
+
99
+ La consanguinité entre gestion de fortune et production de fonds de placement a été souvent dénoncé comme source de conflits d'intérêt, la banque pouvant utiliser les mandats de gestion de la gestion de fortune pour faire vivre ses propres produits de placement dans lesquels pouvaient être placé des produits plus ou moins toxiques.
100
+
101
+ L'introduction massive des CDO dans les OPCVM de trésorerie dits dynamiques a rappelé les dangers de l'asymétrie dans la connaissance des risques entre gestionnaires et particuliers. La banque recevait d'un côté des commissions extrêmement importantes et de l'autre introduisait du risque non perçu par la clientèle.
102
+
103
+ De même l'introduction d'escroqueries comme les différents « fonds Madoff » dans les comptes en mandat de gestion en contrepartie de très fortes commissions fait l'objet de sévères critiques, notamment pour les clients de la banque suisse UBS. On s'attend généralement à une certaine prudence et à des vérifications de la réalité des titres intégrés dans les portefeuilles. L'expérience a montré que cette espérance pouvait ne pas être exactement fondée, l'attrait des commissions l'emportant sur l'intérêt des clients.
104
+
105
+ La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre. Le cas le plus caricatural est celui de l'action Wanadoo introduite à très haut cours par certaines grandes banques françaises puis retirée à moitié prix quelque temps plus tard. Les portefeuilles sous mandat ont été gorgés de ces titres et ont perdu 50 % de leur valeur sans que les épargnants puissent réagir. La banque elle a gagné deux fois sur une opération perdante pour ses clients.
106
+
107
+ La situation d'un groupe financier commercialisant, auprès de ses clients, des titres de sociétés appartenant à ce même groupe, est également pointé comme une source de conflit d'intérêts.
108
+
109
+ Ces excès expliquent que des voix s'élèvent pour interdire les doubles rémunérations par les gestionnaires de fortune. Même si la réalité de ces opérations est partiellement masquée par le fait que ce sont des parties différents de la banque voire des filiales différentes qui assurent ces doubles rémunérations.
110
+
111
+ Un autre aspect de cette problématique tient aux activités de gestion pour compte propre de la banque qui peut spéculer et acquérir des titres dangereux qu'il est facile de refiler aux comptes en gestion de fortune, voire aux clients en général. Il a été noté aux États-Unis qu'une bonne part des produits titrisés à haut risque et hautes commissions ont d'abord été monté dans le cadre de la gestion pour compte propre avant d'être vendu avec commission aux épargnants. Des procès sont en cours en Suisse contre l'UBS pour des opérations du même genre (création d'ABS puis cession aux petits épargnants).
112
+
113
+ En matière de crédits aux particuliers, à la consommation ou immobiliers, un cadre juridique commun de distribution s'est mis en place, en 2008 et en 2016 (ordonnance 2016-351 du 25 mars 2016). Ce cadre impose des obligations partagées et communes à tous les distributeurs de crédits aux particuliers. La France a décidé d'étaler sa mise en œuvre, entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019.
114
+
115
+ Depuis que la Banque centrale ne peut plus directement financer le Trésor Public par la création de monnaie, une norme qui s'est progressivement généralisée et qui est appliquée notamment par la BCE en application l'article 123 du TFUE[11] (ex article 104 du Traité de Maastricht[12]), ce sont les banques commerciales et le marché monétaire qui financent les déficits publics. Des pays qui comme la France sont en situation de déficits constants pratiquement depuis la crise de 1974 ont vu leur endettement s'envoler et représenter une part croissante du produit net bancaire. En France, le crédit aux collectivités locales s'est également considérablement accru en proportion de l'extension considérable de leurs budgets depuis la décentralisation.
116
+
117
+ Ici encore, de nombreuses voix s'élèvent contre une activité de prêt pratiquement captive qui voit la banque bénéficier pour son compte propre de la rente de création de monnaie au détriment de l'État, alors que le seigneuriage sur un financement en billets serait acquis à l'État. En effet, les prêts des banques à l'État peuvent, dans certains cas, augmenter le déficit public. Ainsi, les impôts augmentent au profit des actionnaires des institutions bancaires.
118
+
119
+ Les sûretés constituent des actes de crédit.
120
+
121
+ Par exemple :
122
+
123
+ Les établissements bancaires fournissent aux déposants une série de services :
124
+
125
+ L'établissement bancaire établit des chèques de banque pour certaines transactions sécurisées.
126
+
127
+ Outre les trois opérations de banque, les établissements bancaires commercialisent d'autres services ou produits.
128
+
129
+ Les contrats d'assurance sont distribués par des établissements bancaires, de même que les entreprises d'assurance proposent des opérations de banque.
130
+
131
+ Ces services d'investissement, ou services financiers, sont souvent proposées par les établissements bancaires. Ils portent sur les instruments financiers, eux-mêmes composés de titres financiers (titres de capital, titres de créances, parts d'OPCVM) et de contrats financiers, qui sont des contrats à terme (en France, articles L. 321-1 et L. 211-1 du code monétaire et financier).
132
+
133
+ Les opérations sur le passif, parfois désignée comme opérations « de haut de bilan », qui étaient le privilège des banques d'affaires sont désormais mises en œuvre par toutes les banques.
134
+
135
+ Il peut s'agir d'introduction en bourse, de LBO, d'émission d'obligation, de cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette de la clientèle, à titre d'exemples.
136
+
137
+ La typologie des banques, forte lorsque la loi en imposait les contours, s'est beaucoup relâchée à partir des années 1980, au profit d'une banque-assurance universelle prenant la forme de géants de la finance, gérés comme des industries. Ce qu'on appelle aujourd'hui « banque » est en général un conglomérat financier qui gère toutes les activités financières, et non les seules activités bancaires au sens légal du terme. Le schéma représente le possible découpage en différentes entités fonctionnelles des banques.
138
+
139
+ Il ne précise pas les statuts juridiques requis par ces activités, qui font l'objet d'une autre typologie.
140
+
141
+ L’ensemble des banques, chapeauté par la banque centrale, forme le secteur bancaire d’une zone monétaire. On distingue ainsi différents types de banques selon leur rôle.
142
+
143
+ Une banque centrale a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des différentes banques, de veiller à leur solvabilité à l'égard des déposants, de superviser la production de monnaie par ces banques, et d’en réguler l’usage par le biais du taux directeur. La théorie économique y voit un moyen de réguler la croissance, via l’incitation à l’épargne ou à la consommation, et d’agir sur l’inflation.
144
+
145
+ Les banques de dépôt (en anglais : commercial banks) travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque de détail (en anglais, retail banking) destinée aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises, et la banque d'affaires (en anglais, wholesale banking) destinées aux moyennes et grandes entreprises. La banque d'investissement (en anglais, investment banking) est active sur les marchés financiers, se chargeant des opérations financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les souscriptions d'actions, les introductions en bourse, les fusions-acquisitions, etc.
146
+
147
+ De plus en plus, les banques de détail et d’investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou d’autres activités financières. Fréquemment, ceux-ci rattachent à la filiale banque d’investissement les activités de banque d'affaires.
148
+
149
+ Aux États-Unis, le Banking Act de 1933, plus connu sous le nom de Glass-Steagall Act, a imposé une stricte séparation entre les activités de banque de détail, qui reçoit les dépôts et qui effectue des prêts et de banque d'investissement, qui réalise des opérations sur titres et valeurs mobilières. Adoptée à l’apogée de la crise de 1929, cette loi visait à interdire la répétition de ce qui, à l’époque, était perçu dans l’opinion comme l’une des causes de la bulle boursière et la spéculation sur les actions par les banques de détail. Battu en brèche depuis la déréglementation des marchés financiers américains le 1er mai 1975, le Glass-Steagall Act est tombé progressivement[réf. nécessaire] en désuétude et a fini par disparaître à l’automne 1999 (Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999) pour permettre la constitution aux États-Unis de grandes banques universelles, comme Citigroup.
150
+
151
+ Il existe des banques spécialisées dans un segment d’activité spécifique, souvent issues d’une ancienne réglementation ou, en France, de la distribution dans le passé de certains prêts bonifiés :
152
+
153
+ Les établissements bancaires se distinguent également en fonction de la manière dont leurs forme juridique et leur capital, et conséquemment leur gouvernance, sont organisés.
154
+
155
+ Dans chaque pays, il existe un ou plusieurs organismes professionnels qui représentent les banques, parfois selon leur type. Ce sont des syndicats professionnels de défense d'entreprises bancaires.
156
+
157
+ La Fédération bancaire française est l’organisation professionnelle qui représente les banques installées en France : commerciales, coopératives ou mutualistes, françaises ou étrangères.
158
+
159
+ L'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (APIC), ou encore l'Association professionnelle des intermédiaires bancaires (AFIB), avec l'Association Professionnelle Financement Participatif France (APFPF), forment d'autres associations professionnelles de nature bancaire.
160
+
161
+ Le secteur bancaire comprend 28 banques canadiennes, 24 filiales de banques étrangères et 24 succursales de banques étrangères offrant des services complets, ainsi que quatre succursales de prêts de banques étrangères exerçant des activités au Canada[13]. De plus, on compte 6205 succursales bancaires actives au Canada. Le système bancaire canadien est considéré comme très solide. Il comprend la banque centrale qui comprend un gouverneur général et plusieurs sous-gouverneur. Il a su bien gérer les différentes crises survenues lors des dernières années. Leurs sources de revenus diversifiés est en partie responsable de leur fiabilité. Les banques canadiennes emploient 279 795 canadiens à temps plein afin de s'occuper de leurs établissements[14] 81 % des Canadiens ont une bonne impression des banques au Canada[14]. En somme, le secteur banquier canadien est l'un des meilleurs au monde et le classement des banques mondial le prouve sans aucun doute, beaucoup de banques canadiennes se trouvaient parmi le top 10 mondial.
162
+
163
+ Fin 2007, se trouvait dans le monde 7 282 banques commerciales, 1 251 caisses d'épargne et 8 101 coopératives de crédit[15].
164
+
165
+ Le système bancaire français présente des fournisseurs, établissements de crédit ou établissements de paiement et des distributeurs, soit les précédents, directement, soit des intermédiaires bancaires, notamment les courtiers en crédits.
166
+
167
+ En France, fin 2012, il y avait 634 établissements bancaires en France et 94 entreprises d’investissement. Sur les 634 établissements bancaires français, 448 (71 %) étaient détenus par des capitaux français et 186 (29 %) par des capitaux étrangers[16].
168
+
169
+ Les établissements bancaires ont créé à partir du milieu des années 1960 des réseaux denses d'agences, pour diffuser les services auprès des particuliers. Cette présence a profondément modifié la physionomie des villes[réf. nécessaire]. Les réseaux sont en voie de forte réduction, depuis les années 2010.
170
+
171
+ À fin 2013, 25.000 intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement étaient en activité, dont environ 5.200 courtiers en crédits, pour 58.000 intermédiaires au total (source : wwww.orias.fr)[17].
172
+
173
+ 68 % des internautes regardent régulièrement le site internet de leur banque (source Ifop). 50 % des internautes font des virements en ligne et 19 % des clients utilisateurs de services de banque en ligne ont déjà souscrit un produit bancaire sur Internet[18].
174
+
175
+ En France, le livret A est l'un des placements financiers de précaution de masse, avec 63,3 millions de livrets A[réf. nécessaire].
176
+
177
+ Dans leur grande majorité, les opérations bancaires sont payantes.La réglementation nationale peut imposer un cadre d'exercice particulier. Ainsi en France le paiement des salaires par virement à des comptes bancaires, a rendu obligatoire l'utilisation des services des banques. La tenue de compte ainsi que l'usage des chèques ont longtemps été gratuits, comme une compensation implicite de la non-rémunération des dépôts à vue.
178
+
179
+ En France, depuis le 1er avril 2014, la clarté tarifaire est une obligation (article D. 312-1-1 du Code monétaire et financier). En septembre 2018, après la révélation par la presse[19], de pratiques tarifaires abusives[20], les établissements bancaires prennent un nouvel engagement de limiter les frais d'incidents de paiement (ou "commissions d'intervention") pour les clients en situation financière fragile[21].
180
+
181
+ Pour un particulier, lire une plaquette tarifaire de 20 à 50 pages, pour y trouver la ligne dont il a besoin est fastidieux. C'est pour cette raison que les comparateurs ont vu le jour. Même s'il est vrai que les banques ont été obligées (par le gouvernement) à faire des efforts et notamment à faire un « extrait standard des tarifs » avec les onze tarifs les plus courants et depuis 2019, elles sont obligées de publier un document d'information tarifaire.
182
+
183
+ La tendance est de faire exécuter la majorité des opérations non plus par des guichetiers mais par l'usager lui-même, ce qui entraîne un mouvement de réduction des agences, depuis 2010[22]. Beaucoup de banques ne fournissent plus de billets à leurs guichets et imposent de passer par des GAB ou des distributeurs de billets. Dans ce cas, la carte bancaire de retrait ne peut être payante, évitant un double gain (frais de cartes et économie de personnel). Même la fourniture des extraits de compte est désormais en libre service dans des banques. La poussée d'Internet a permis l'établissement de banques sans succursales mais aussi le renvoi vers l'internaute, via des procédures sécurisées, de la plupart des opérations relatives au fonctionnement du compte chèque : consultation de la position et des mouvements, virements, demande de chéquiers, etc. Les services Internet étant ici aussi généralement payant la banque gagne deux fois[réf. nécessaire] : économie de personnel et facturation de frais.
184
+
185
+ Certains auteurs, comme le prix Nobel français Maurice Allais, ont longtemps milité pour que les prêts soient couverts à 100 % par des dépôts à terme plus long (100 % monnaie) et que les banques facturent au prix du marché leurs services comme la fourniture de moyens de paiements, y compris les chèques. La réduction constante de la part des dépôts dans la ressource bancaire rend cette suggestion moins difficile à admettre par les banques.
186
+
187
+ Le produit net bancaire des banques est l'ajout des marges d’intermédiation Crédit / Prêt et des différents commissions bancaires frais et services. Il provient :
188
+
189
+ Les banques centrales sont des institutions nationales ou supra-nationales à but non lucratif qui émettent de la monnaie.
190
+
191
+ Elles prêtent essentiellement aux banques commerciales. Ces institutions ont pour mission d'assurer la stabilité des prix (c'est-à-dire de limiter l'inflation) et la bonne marche de l'économie. Les banques centrales essaient de maintenir le taux d'inflation, au plus possible, à 2 %. La Banque centrale européenne, elle, établit sa politique monétaire en fixant les taux directeurs selon les intérêts de sa mission. Depuis 2008 la BCE rachète aussi des dettes souveraines ce qui équivaut indirectement à prêter aux États.
192
+
193
+ Les banques centrales sont dans le système financier, indépendantes du pouvoir politique. L'indépendance des banques centrales est considérée comme susceptible de limiter l'inflation. En France la loi de 1973 précise l'autonomie de la banque de France par rapport au pouvoir politique. Cependant, si le droit interdit dans un grand nombre de pays l'achat direct de dette d'état par la banque centrale, celle-ci peut par contre librement acheter cette dette sur le marché secondaire[24]. Alesina et Summers (1993) ont entendu démontrer une relation entre taux d'inflation faible et grande indépendance des banques centrales, mais des études fondées sur un indicateur plus précis de l'indépendance, celui de Cukierman (1992), et menées dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion[25].
194
+
195
+ La régulation désigne une forme particulière d'encadrement d'activité économique. La régulation bancaire se donne pour principaux buts d'assurer la sécurité d'un système bancaire et de protéger les consommateurs bancaires.
196
+
197
+ La régulation établit des normes, selon leurs principes usuels d'élaboration : législatif ou réglementaire.
198
+
199
+ En dehors des banques centrales déjà citées plus haut, les établissements financiers sont soumis à l'autorité d'organismes de supervision, selon les pays et les réglementations.
200
+
201
+ Pour sa part, l'Autorité des marchés financiers (AMF) regroupe l'ancienne Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers. Cette Autorité de supervision est responsable du système financier et de la protection des investisseurs (hors assurance, qui est du ressort de compétence de l'ACPR).
202
+
203
+ L'AMF et l'ACPR déploie un service commun tourné vers la protection des consommateurs : ABE Infoservice (ABEIS).
204
+
205
+ Les autorités de supervision bancaire exercent également pour mission la protection des consommateurs, avec la préservation du système bancaire et financier.
206
+
207
+ Des associations assurent la défense des consommateurs. Les associations de défense des consommateurs aident les clients bancaires à faire valoir leurs droits, par exemple en cas de découvert sans avertissement et de non-respect des procédures (comme la loi Scrivener en France). Elles peuvent notamment préparer la défense des consommateurs devant les tribunaux d'instance et assigner une banque devant ces mêmes tribunaux. Les associations de défense des consommateurs spécialisées dans les litiges bancaires sont l'Association française des usagers de la banque (AFUB)[26] ou l'Association contre les abus des banques européennes (ACABE)[27] ou du CVDCB (Comité de défense des victimes de chèques de Banque) ou de la FNACAB ou Fédération nationale d’action contre les abus bancaires qui a pris la suite du CAAB (Comité d’action contre les abus bancaires)[28] ou l'association nationale des consommateurs et usagers CLCV qui a livré une étude sur les tarifs bancaires en France en 2020 sont constantes.
208
+
209
+ La question de la séparation ou du regroupement par un même établissement bancaire, de différentes activités bancaires et financières est l'une des plus essentielle, du point de vue de la sécurité économique.
210
+
211
+ À la suite de la crise financière de 2007-2010 et la crise de la dette dans la zone euro, des économistes ont préconisé la mise en place de législations bancaires plus strictes inspirées de la doctrine Germain et du Glass-Steagall Act[29] qui permettraient d'opérer une distinction nette entre deux métiers bancaires fondamentalement différents :
212
+
213
+ Cette contrainte est distincte du 100 % monnaie, qui préconise de séparer les activités de tenue de compte et celles de prêt. Elle laisse ouverte la question du lien entre création et destruction monétaire et crédit bancaire.
214
+
215
+ En décembre 2009, les sénateurs John McCain (républicain/Arizona), Maria Cantwell (démocrate/État de Washington), et l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale Paul Volcker ont avancé l’idée d’un retour au Glass-Steagall Act par le biais d’une remise en vigueur du texte de loi originel (Banking Act de 1933[30]). Le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010 est partiellement inspiré de cette proposition, mais ne va pas jusqu'à rétablir la stricte séparation des métiers bancaires.
216
+
217
+ En Europe, un nombre grandissant d'experts appellent à l'adoption d'une réforme en profondeur permettant de séparer une bonne fois pour toutes la banque de dépôt de la banque d'affaires : cette approche régulationniste est préconisée notamment par la Commission Vickers au Royaume-Uni et le World Pensions Council (WPC) en Europe Continentale afin d'éviter les conflits d'intérêts potentiels et les risques de contagion systémique en cas de crise[31],[32].
218
+
219
+ Ce point de vue s'est développé à la faveur de la « Crise du Libor » au cours de l'été 2012, les éditorialistes du Financial Times au Royaume-Uni appelant désormais à l'adoption rapide d'un « Glass Steagall II » Pan-Européen[33].
220
+
221
+ En juillet 2012, l'ex-patron de Citigroup, Sandy Weill, s'est également prononcé en faveur d'une séparation entre les banques d'investissement et les banques de dépôts aux États-Unis. Cette déclaration a été d'autant plus remarquée que Sandy Weill avait été, sous la présidence de Bill Clinton, un des éléments les plus actifs prônant l'abrogation des dernières barrières du Glass-Steagall Act[34].
222
+
223
+ En février 2013, le gouvernement allemand adopte un projet de loi définissant la séparation des activités bancaires, la Grande-Bretagne a opté pour une séparation franche. Le gouvernement de François Hollande préparant, selon le quotidien Le Monde, un « projet de réforme bancaire très édulcoré »[35]. Le projet français de réforme bancaire a été adopté par l'Assemblée nationale le 19 février[36]. Il ne prévoit pas de séparation stricte des activités de détail et de marché, mais le cantonnement, dans une filiale séparée, des activités menées par les banques sur les marchés pour leur propre compte et leur propre profit[37].
224
+
225
+ Au début de 2015, la séparation structurelle des activités de dépôts et des activités spéculatives n'est pas opérée[38].
226
+
227
+ L'intermédiation bancaire désigne la fonction de distribution des services bancaires, hors du réseau direct d'un établissement de crédit ou d'un établissement de paiement.
228
+
229
+ Du point de vue de la protection des consommateurs, le libre choix du vendeur de services bancaires, de crédit, par exemple, est apparu ces dernières années comme une sécurité supplémentaire. Elle répond, en outre, aux comportements manifestés par les consommateurs de produits financiers.
230
+
231
+ Il n'est plus obligatoire d'acheter directement au guichet de la banque les produits vendus par la banque. Ceci permet aux consommateurs de s'adresser aux professionnels en contact avec l'ensemble des fournisseurs bancaires.
232
+
233
+ D'autant que la protection des consommateurs n'est juridiquement pas identique, selon que les produits sont achetés directement auprès de la banque ou auprès d'intermédiaires. Les obligations incombant à la banque en tant qu'agent de vente sont moins fortes que celles des intermédiaires. Le développement, par la jurisprudence du devoir de mise en garde - dans le domaine du crédit - en constitue une illustration.
234
+
235
+ En 2013, la réglementation bancaire[39] a commencé à répondre à cette évolution, en dotant les courtiers[40] notamment en crédits, d'un cadre juridique spécifique.
236
+
237
+ Finalement, ces dispositions juridiques dessinent la consécration d'un droit de la distribution bancaire orienté vers la protection accrue des consommateurs[41].
238
+
239
+ Les banques ne sont plus les seules distributeurs de produits bancaires.
240
+
241
+ Le système bancaire comprend à la fois les fournisseurs de produits, gestionnaires des risques financiers, mais également l'ensemble des distributeurs, qui sont soit les réseaux directs des fournisseurs (les banques), soit des entreprises indépendantes, telles que les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, depuis le 15 janvier 2013, ou encore, les intermédiaire en financement participatif, au 1er octobre 2014.
242
+
243
+ La vente des produits bancaires est assurée, soit directement par les banques, via leurs réseaux d'agences, soit par des professionnels indépendants, l'banque restant décisionnaire du crédit.
244
+
245
+ Ainsi, pour 58.000 intermédiaires de l'assurance, de la banque ou de la finance, le registre unique tenu par l'ORIAS recense près de 27.000 IOBSP, dont environ 6.300 courtier en crédits, à fin 2017[42]. Outre leur nombre, en forte croissance depuis le recensement de 2014, leur marché s'organise, avec de nouvelles enseignes et surtout, la constitution de groupes de distribution bancaire de grandes tailles[43].
246
+
247
+ Le régime juridique de l'intermédiation bancaire, notamment du point de vue de la protection des consommateurs, cumule quatre niveaux :
248
+
249
+ Ces obligations, de nature bancaire, sont posées par le code monétaire et financier.
250
+
251
+ La responsabilité de l'intermédiaire bancaire, à l'égard du client, est distincte de la responsabilité de l'établissement de crédit.
252
+
253
+ En particulier, l'accès à la profession d'intermédiaire bancaire, puis son exercice, suppose le respect de conditions spécifiques[44].
254
+
255
+ Le cadre de la distribution bancaire des crédits immobiliers aux particuliers a fait l'objet d'une harmonisation en 2016, avec la transposition de la Directive 2014/17 UE du 4 février 2014. Tous les vendeurs de crédits immobiliers aux particuliers sont soumis aux mêmes obligations, progressivement mises en œuvre entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019. Elle fait suite à celle touchant les crédits à la consommation, la Directive 2008/48 CE du 23 avril 2008.
256
+
257
+ Les principales banques françaises financent activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans une étude publiée en novembre 2019, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre soulignent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », relève l'étude[45].
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+ Parmi les critiques, se trouvent notamment celles avançant :
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+ Parmi les critiques, on relève celles avançant :
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+ Le débat sur la place des activités financières, principalement réalisées par les banques, dans l'économie ressort à chaque crise financière. En France, le débat agite ainsi le monde intellectuel, après la première vague de libéralisation des marchés. Le Monde Affaires du 28 février 1987 titre ainsi, L'industrie malade de la finance. L'idée sera repris dans les polémiques qui concernent le krach boursier d'octobre 1987. Parmi ses critiques figurent l'économiste libéral Bertrand Jacquillat[52] et le banquier Gérard Worms[53].
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+ Après l'explosion de la crise des subprimes de 2007-2008, de nombreux observateurs ont de nouveau mis en cause, à travers le monde, le poids du secteur bancaire et financier au sein de l'économie. Certaines études suggèrent que des déséquilibres trop importants en faveur de la sphère financière sont annonciateurs de crises graves :
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+ La crise bancaire qui s'approfondit depuis l'été 2007 et qui a conduit à partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 à la quasi faillite d'un grand nombre d'établissements, dont beaucoup ont dû être nationalisées en tout ou en partie, notamment en Grande-Bretagne, a provoqué une grande accélération de la contestation des banques et de leurs pratiques qui débouchera sans doute sur des réformes importantes et en tout cas sur la fin de la dérégulation mise en place à partir des années 1980. Les banques ont bénéficié de plans de relance garantissant une part majeure des prêts accordés aux PME, à travers des organismes tels que la Banque publique d'investissement en France et la mise en place d'un médiateur du crédit.
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+ Pour l'analyste de l'économie sociale et solidaire, Michel Abhervé, la situation décrite durant ce procès résulte de l'éloignement des groupes bancaires concernés, Caisse d'épargne et Banque populaire, des valeurs coopératives[63].
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+ La statistique est la discipline qui étudie des phénomènes à travers la collecte de données, leur traitement, leur analyse, l'interprétation des résultats et leur présentation afin de rendre ces données compréhensibles par tous. C'est à la fois une science, une méthode et un ensemble de techniques.
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+ Remarquons que la statistique est parfois notée[1] « la Statistique » (avec une majuscule), ce qui permet de différencier cette science avec une statistique (avec une minuscule). Le pluriel est également souvent utilisé[2] pour la désigner : « les statistiques », cela permet de montrer la diversité de cette science.
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+ La statistique est pour les uns un domaine des mathématiques, pour les autres (en particulier les anglo-saxons) une discipline à part entière hors des mathématiques, enfin de plus en plus, elle fait partie de ce que l'on appelle aujourd'hui la science des données (en anglais : Data Science). Elle possède une composante théorique ainsi qu'une composante appliquée. La composante théorique s'appuie sur la théorie des probabilités et forme avec cette dernière, les sciences de l'aléatoire. La statistique appliquée est utilisée dans presque tous les domaines de l'activité humaine[3] : ingénierie, management, économie, biologie, informatique, etc. La statistique utilise des règles et des méthodes sur la collecte des données, pour que celles-ci puissent être correctement interprétées, souvent comme composante d'une aide à la décision. Le statisticien a pour profession la mise au point d'outils statistiques, dans le secteur privé ou le secteur public, et leur exploitation généralement dans un domaine d'expertise.
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+ Bien que le nom de statistique soit relativement récent – on attribue en général l'origine du nom au XVIIIe siècle, de l'allemand Staatskunde – cette activité semble exister dès la naissance des premières structures sociales. D'ailleurs, les premiers textes écrits retrouvés sont des recensements du bétail, des informations sur son cours et des contrats divers. On a ainsi tracé des recensements en Chine ou en Égypte, au XVIIIe siècle av. J.-C. Ce système de recueil de données se poursuit jusqu'au XVIIe siècle. En Europe, le rôle de collecteur de données est souvent tenu par des guildes marchandes, puis par les intendants de l'État.
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+ Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'on voit apparaître le rôle prévisionnel des statistiques, avec la construction des premières tables de mortalité. Antoine Deparcieux écrit en 1746 l'Essai sur les probabilités de la durée de vie humaine. Elles vont d'abord servir aux compagnies d'assurances sur la vie, qui se créent alors[4].
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+ La statistique est aussi un appui pour l'histoire prospective ou rétrospective, de la démographie notamment. Ainsi en 1842, le Baron de Reiffenberg présentait-il[5] à l'Académie ses calculs rétrospectifs de population chez des peuples gaulois, d'après des données chiffrées laissées par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules (De bello Gallico, v.).
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+ Les statistiques mathématiques s'appuyaient sur les premiers travaux concernant les probabilités, développés par Fermat et Pascal. C'est probablement chez Thomas Bayes que l'on vit apparaître un embryon de statistique inférentielle. Condorcet et Laplace parlaient encore de probabilité, là où l'on parlerait aujourd'hui de fréquence. Mais c'est à Adolphe Quetelet que l'on doit l'idée que la statistique est une science s'appuyant sur les probabilités.
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+ Le XIXe siècle voit cette activité prendre son plein essor. Des règles précises sur la collecte et l'interprétation des données sont édictées. La première application industrielle des statistiques eut lieu lors du recensement américain de 1890, qui mit en œuvre la carte perforée inventée par le statisticien Herman Hollerith. Celui-ci avait déposé un brevet au bureau américain des brevets.
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+ Au XXe siècle, ces applications industrielles se développèrent, d'abord aux États-Unis, qui étaient en avance sur les sciences de gestion, puis seulement après la Première Guerre mondiale en Europe. Le régime nazi employa des méthodes statistiques à partir de 1934 pour le réarmement. En France, on était moins au fait de ces applications.
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+ L'application industrielle des statistiques en France se développe avec la création de l'Insee, qui remplaça le Service National des Statistiques créé par René Carmille.
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+ L'avènement de l'informatique, dans les années 1940 (aux États-Unis), puis en Europe (dans les années 1960), permit de traiter un plus grand nombre de données, mais surtout de croiser entre elles des séries de données de types différents. C'est le développement de ce qu'on appelle l'analyse multidimensionnelle. Au cours du siècle, plusieurs courants de pensée vont s'affronter :
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25
+ Commençons par préciser que donner une définition de la statistique n'est pas chose facile : comme expliqué dans la section préc��dente, les définitions de la statistique évoluent en fonction de l'époque ou de son utilisation. En 1935, le statisticien Walter F. Willcox dénombrait entre 100 et 120 définitions différentes[6].
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+ « Parmi les thèmes à propos desquels les statisticiens ne sont pas d'accord, se trouve la définition de leur science[7]. »
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+ — Maurice Kendall
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+ Donnons en premier lieu, la définition la plus classique actuellement utilisée, au moins depuis 1982 : « La statistique est l'ensemble des méthodes qui ont pour objet la collecte, le traitement et l'interprétation de données d'observation relatives à un groupe d'individus ou d'unités. » Par cette définition, la statistique apparaît comme une science autonome, orientée vers les données, comme la physique l'est vers la matière et la biologie vers la vie. Mais comme elle s'appuie sur la théorie des probabilités, étant elle-même une science de l'aléatoire, (voir Interconnexions entre la théorie des probabilités et la statistique pour plus de détails), elle apparaît souvent, en particulier d'un point de vue universitaire, comme une branche des mathématiques appliquées. Aujourd'hui, elle s'inscrit dans un champ disciplinaire plus transverse que les anglo-saxons nomment « Data Science » et dans lequel par ailleurs, l'informatique a elle aussi une place importante. Les différents aspects de la statistique sont regroupés en différents domaines ou concepts : la statistique descriptive, plus couramment appelée aujourd'hui statistique exploratoire, l'inférence statistique, la statistique mathématique, l'analyse des données, l'apprentissage statistique, etc.
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+ John Tukey prétend qu'il y a deux approches en statistiques, entre lesquelles on jongle constamment : les statistiques exploratoires et les statistiques confirmatoires (exploratory and confirmatory statistics) :
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+ En 1982, le statisticien Pierre Dagnelie propose trois grandes tendances de la statistique[6] :
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+ Dans la pratique, les méthodes et outils statistiques sont utilisés dans des domaines tels que :
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+ Le but de la statistique est d'extraire des informations pertinentes d'une liste de nombres difficile à interpréter par une simple lecture. Deux grandes familles de méthodes sont utilisées selon les circonstances. Rien n'interdit de les utiliser en parallèle dans un problème concret mais il ne faut pas oublier qu'elles résolvent des problèmes de natures totalement distinctes. Selon une terminologie classique, ce sont la statistique descriptive et la statistique mathématique. Aujourd'hui, il semble que des expressions comme analyse des données et statistique inférentielle soient préférées, ce qui est justifié par le progrès des méthodes utilisées dans le premier cas.
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+ Considérons par exemple les notes globales à un examen. Il peut être intéressant d'en tirer une valeur centrale qui donne une idée synthétique sur le niveau des étudiants. Celle-ci peut être complétée par une valeur de dispersion qui mesure, d'une certaine manière, l'homogénéité du groupe. Si on veut une information plus précise sur ce dernier point, on pourra construire un histogramme ou, d'un point de vue légèrement différent, considérer les déciles. Ces notions peuvent être intéressantes pour faire des comparaisons avec les examens analogues passés les années précédentes ou en d'autres lieux. Ce sont les problèmes les plus élémentaires de l'analyse des données qui concernent une population finie. Les problèmes portant sur des statistiques multidimensionnelles nécessitent l'utilisation de l'algèbre linéaire. Indépendamment du caractère, élémentaire ou non, du problème il s'agit de réductions statistiques de données connues dans lesquelles l'introduction des probabilités améliorerait difficilement l'information obtenue. Il est raisonnable de regrouper ces différentes notions :
42
+
43
+ Un changement radical se produit lorsque les données ne sont plus considérées comme une information complète à décrypter selon les règles de l'algèbre mais comme une information partielle sur une population plus importante, généralement considérée comme une population infinie. Pour induire des informations sur la population inconnue il faut introduire la notion de loi de probabilité. Les données connues constituent dans ce cas une réalisation d'un échantillon, ensemble de variables aléatoires supposées indépendantes (voir Loi de probabilité à plusieurs variables). La théorie des probabilités permet alors, entre autres opérations :
44
+
45
+ L'enquête statistique est toujours précédée d'une phase où sont déterminés les différents caractères à étudier.
46
+
47
+ L'étape suivante consiste à choisir la population à étudier. Il se pose alors le problème de l'échantillonnage : choix de la population à sonder (au sens large : cela peut être un sondage d'opinion en interrogeant des humains, ou bien le ramassage de roches pour déterminer la nature d'un sol en géologie), la taille de la population et sa représentativité.
48
+
49
+ Que ce soit pour un recueil total (recensement) ou partiel (sondage), des protocoles sont à mettre en place pour éviter les erreurs de mesures qu'elles soient accidentelles ou répétitives (biais).
50
+
51
+ Le pré traitement des données est extrêmement important, en effet, une transformation des données initiales (un passage au logarithme, par exemple), peuvent considérablement faciliter les traitements statistiques suivants.
52
+
53
+ Le résultat de l'enquête statistique est une série de données quantitatives (tailles, salaires) ou de données qualitatives (langues parlées, marques préférées). Pour pouvoir les exploiter, il va être nécessaire d'en faire un classement et un résumé visuel ou numérique. Il sera parfois nécessaire d'opérer une compression de données. C'est le travail de la statistique descriptive. Il sera différent selon que l'étude porte sur une seule ou sur plusieurs variables.
54
+
55
+ Le regroupement des données, le calcul des effectifs, la construction de graphiques permettent un premier résumé visuel du caractère statistique étudié. Dans le cas d'un caractère quantitatif continu, l'histogramme en est la représentation graphique la plus courante.
56
+
57
+ Les valeurs numériques d'un caractère statistique se répartissent dans
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ R
63
+
64
+
65
+
66
+ {\displaystyle \mathbb {R} }
67
+
68
+ , il est nécessaire de définir leurs positions. En statistiques, on est en général en présence d'un grand nombre de valeurs. Or, si l'intégralité de ces valeurs forme l'information, il n'est pas aisé de manipuler plusieurs centaines voire milliers de données, ni d'en tirer des conclusions. Il faut donc calculer quelques valeurs qui vont permettre d'analyser les données : c'est le rôle des réductions statistiques. Celles-ci peuvent être extrêmement concises, réduites à un nombre : c'est le cas des valeurs centrales et des valeurs de dispersion. Certaines d'entre elles (comme la variance) sont élaborées pour permettre une exploitation plus théorique des données (voir Inférence statistique).
69
+
70
+ On peut aussi chercher à comparer deux populations. On s'intéressera alors plus particulièrement à leurs critères de position, de dispersion, à leur boîte à moustaches ou à l'analyse de la variance.
71
+
72
+ Les moyens informatiques permettent aujourd'hui d'étudier plusieurs variables simultanément. Le cas de deux variables va donner lieu à la création d'un nuage de points, d'une étude de corrélation éventuelle entre les deux phénomènes ou d'une étude de régression linéaire.
73
+
74
+ Mais on peut rencontrer des études sur plus de deux variables : c'est l'analyse multidimensionnelle dans laquelle on va trouver l'analyse en composantes principales, l'analyse en composantes indépendantes, la régression linéaire multiple et l'exploration de données (appelée aussi « knowledge discovery » ou « data mining »). Aujourd'hui, l'exploration de données s'appuie, entre autres, sur la statistique pour découvrir des relations entre les variables de très vastes bases de données. Les avancées technologiques (augmentation de la fréquence des capteurs disponibles, des moyens de stockage, et de la puissance de calcul) donnent à l'exploration de données, un réel intérêt.
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+
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+ L'inférence statistique a pour but de faire émerger des propriétés d'un ensemble de variables connues uniquement à travers quelques-unes de ses réalisations (qui constituent un échantillon de données).
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+ Elle s'appuie sur les résultats de la statistique mathématique, qui applique des calculs mathématiques rigoureux concernant la théorie des probabilités et la théorie de l'information aux situations où on n'observe que quelques réalisations (expérimentations) du phénomène à étudier.
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+ Sans la statistique mathématique, un calcul sur des données (par exemple une moyenne), n'est qu'un indicateur. C'est la statistique mathématique qui lui donne le statut d'estimateur dont on maîtrise le biais, l'incertitude et autres caractéristiques statistiques. On cherche en général à ce que l'estimateur soit sans biais, convergent (ou consistant) et efficace.
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+
82
+ On peut aussi émettre des hypothèses sur la loi générant le phénomène général, par exemple « la taille des enfants de 10 ans en France suit-elle une loi gaussienne ? ». L'étude de l'échantillon va alors valider ou non cette hypothèse : c'est ce qu'on appelle les tests d'hypothèses. Les tests d'hypothèses permettent de quantifier la probabilité avec laquelle des variables (connues seulement à partir d'un échantillon) vérifient une propriété donnée.
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+
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+ Enfin, on peut chercher à modéliser un phénomène a posteriori. La modélisation statistique doit être différenciée de la modélisation physique. Dans le second cas, des physiciens (c'est aussi vrai pour des chimistes, biologistes, ou tout autre scientifique), cherchent à construire un modèle explicatif d'un phénomène, qui est soutenu par une théorie plus générale décrivant comment les phénomènes ont lieu en exploitant le principe de causalité. Dans le cas de la modélisation statistique, le modèle va être construit à partir des données disponibles, sans aucun a priori sur les mécanismes entrant en jeux. Ce type de modélisation s'appelle aussi modélisation empirique. Compléter une modélisation statistique par des équations physiques (souvent intégrées dans les pré traitements des données) est toujours positif.
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+ Un modèle est avant tout un moyen de relier des variables à expliquer
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+ Y
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+
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+ {\displaystyle Y}
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+
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+ à des variables explicatives
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+
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+
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+
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+ X
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+
101
+
102
+ {\displaystyle X}
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+
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+ , par une relation fonctionnelle :
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+
106
+ Les modèles statistiques peuvent être regroupés en grandes familles (suivant la forme de la fonction
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+
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+
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+
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+ F
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle F}
114
+
115
+ ):
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+
117
+ Les modèles bayésiens (du nom de Bayes) peuvent être utilisés dans les trois catégories.
118
+
119
+ Cette branche des mathématiques, très liée aux probabilités, est indispensable pour valider les hypothèses ou les modèles élaborés dans la statistique inférentielle. La théorie mathématiques des probabilités formalise les phénomènes aléatoires. Les statistiques mathématiques se consacrent à l'étude de phénomènes aléatoires que l'on connaît via certaines de ses réalisations.
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+ Par exemple, pour une partie de dés à six faces :
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+
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+ Une fois la règle établie, elle peut être utilisée en statistique inférentielle.
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+ Les statistiques sont utilisées dans la plupart des sciences sociales. Elles présentent une méthodologie commune avec toutefois certaines spécificités selon la complexité de l'objet d'étude.
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+ L'analyse géométrique des données (analyse factorielle, classification ascendante hiérarchique) est très souvent utilisée par les sociologues quantitativistes[8]. Ces méthodes permettent de dresser des profils synthétiques prenant en compte un ensemble de variables quantitatives (revenu, âge, etc.) et/ou qualitatives (sexe, catégorie socio-professionnelle, etc.). Il est par exemple possible de déterminer des sociostyles.
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+ La statistique est la discipline qui étudie des phénomènes à travers la collecte de données, leur traitement, leur analyse, l'interprétation des résultats et leur présentation afin de rendre ces données compréhensibles par tous. C'est à la fois une science, une méthode et un ensemble de techniques.
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+ Remarquons que la statistique est parfois notée[1] « la Statistique » (avec une majuscule), ce qui permet de différencier cette science avec une statistique (avec une minuscule). Le pluriel est également souvent utilisé[2] pour la désigner : « les statistiques », cela permet de montrer la diversité de cette science.
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+ La statistique est pour les uns un domaine des mathématiques, pour les autres (en particulier les anglo-saxons) une discipline à part entière hors des mathématiques, enfin de plus en plus, elle fait partie de ce que l'on appelle aujourd'hui la science des données (en anglais : Data Science). Elle possède une composante théorique ainsi qu'une composante appliquée. La composante théorique s'appuie sur la théorie des probabilités et forme avec cette dernière, les sciences de l'aléatoire. La statistique appliquée est utilisée dans presque tous les domaines de l'activité humaine[3] : ingénierie, management, économie, biologie, informatique, etc. La statistique utilise des règles et des méthodes sur la collecte des données, pour que celles-ci puissent être correctement interprétées, souvent comme composante d'une aide à la décision. Le statisticien a pour profession la mise au point d'outils statistiques, dans le secteur privé ou le secteur public, et leur exploitation généralement dans un domaine d'expertise.
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+ Bien que le nom de statistique soit relativement récent – on attribue en général l'origine du nom au XVIIIe siècle, de l'allemand Staatskunde – cette activité semble exister dès la naissance des premières structures sociales. D'ailleurs, les premiers textes écrits retrouvés sont des recensements du bétail, des informations sur son cours et des contrats divers. On a ainsi tracé des recensements en Chine ou en Égypte, au XVIIIe siècle av. J.-C. Ce système de recueil de données se poursuit jusqu'au XVIIe siècle. En Europe, le rôle de collecteur de données est souvent tenu par des guildes marchandes, puis par les intendants de l'État.
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+ Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'on voit apparaître le rôle prévisionnel des statistiques, avec la construction des premières tables de mortalité. Antoine Deparcieux écrit en 1746 l'Essai sur les probabilités de la durée de vie humaine. Elles vont d'abord servir aux compagnies d'assurances sur la vie, qui se créent alors[4].
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+ La statistique est aussi un appui pour l'histoire prospective ou rétrospective, de la démographie notamment. Ainsi en 1842, le Baron de Reiffenberg présentait-il[5] à l'Académie ses calculs rétrospectifs de population chez des peuples gaulois, d'après des données chiffrées laissées par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules (De bello Gallico, v.).
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+ Les statistiques mathématiques s'appuyaient sur les premiers travaux concernant les probabilités, développés par Fermat et Pascal. C'est probablement chez Thomas Bayes que l'on vit apparaître un embryon de statistique inférentielle. Condorcet et Laplace parlaient encore de probabilité, là où l'on parlerait aujourd'hui de fréquence. Mais c'est à Adolphe Quetelet que l'on doit l'idée que la statistique est une science s'appuyant sur les probabilités.
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+ Le XIXe siècle voit cette activité prendre son plein essor. Des règles précises sur la collecte et l'interprétation des données sont édictées. La première application industrielle des statistiques eut lieu lors du recensement américain de 1890, qui mit en œuvre la carte perforée inventée par le statisticien Herman Hollerith. Celui-ci avait déposé un brevet au bureau américain des brevets.
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+ Au XXe siècle, ces applications industrielles se développèrent, d'abord aux États-Unis, qui étaient en avance sur les sciences de gestion, puis seulement après la Première Guerre mondiale en Europe. Le régime nazi employa des méthodes statistiques à partir de 1934 pour le réarmement. En France, on était moins au fait de ces applications.
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+ L'application industrielle des statistiques en France se développe avec la création de l'Insee, qui remplaça le Service National des Statistiques créé par René Carmille.
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+ L'avènement de l'informatique, dans les années 1940 (aux États-Unis), puis en Europe (dans les années 1960), permit de traiter un plus grand nombre de données, mais surtout de croiser entre elles des séries de données de types différents. C'est le développement de ce qu'on appelle l'analyse multidimensionnelle. Au cours du siècle, plusieurs courants de pensée vont s'affronter :
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+ Commençons par préciser que donner une définition de la statistique n'est pas chose facile : comme expliqué dans la section préc��dente, les définitions de la statistique évoluent en fonction de l'époque ou de son utilisation. En 1935, le statisticien Walter F. Willcox dénombrait entre 100 et 120 définitions différentes[6].
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+ « Parmi les thèmes à propos desquels les statisticiens ne sont pas d'accord, se trouve la définition de leur science[7]. »
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+ — Maurice Kendall
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+ Donnons en premier lieu, la définition la plus classique actuellement utilisée, au moins depuis 1982 : « La statistique est l'ensemble des méthodes qui ont pour objet la collecte, le traitement et l'interprétation de données d'observation relatives à un groupe d'individus ou d'unités. » Par cette définition, la statistique apparaît comme une science autonome, orientée vers les données, comme la physique l'est vers la matière et la biologie vers la vie. Mais comme elle s'appuie sur la théorie des probabilités, étant elle-même une science de l'aléatoire, (voir Interconnexions entre la théorie des probabilités et la statistique pour plus de détails), elle apparaît souvent, en particulier d'un point de vue universitaire, comme une branche des mathématiques appliquées. Aujourd'hui, elle s'inscrit dans un champ disciplinaire plus transverse que les anglo-saxons nomment « Data Science » et dans lequel par ailleurs, l'informatique a elle aussi une place importante. Les différents aspects de la statistique sont regroupés en différents domaines ou concepts : la statistique descriptive, plus couramment appelée aujourd'hui statistique exploratoire, l'inférence statistique, la statistique mathématique, l'analyse des données, l'apprentissage statistique, etc.
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+ John Tukey prétend qu'il y a deux approches en statistiques, entre lesquelles on jongle constamment : les statistiques exploratoires et les statistiques confirmatoires (exploratory and confirmatory statistics) :
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+ En 1982, le statisticien Pierre Dagnelie propose trois grandes tendances de la statistique[6] :
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+ Dans la pratique, les méthodes et outils statistiques sont utilisés dans des domaines tels que :
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+ Le but de la statistique est d'extraire des informations pertinentes d'une liste de nombres difficile à interpréter par une simple lecture. Deux grandes familles de méthodes sont utilisées selon les circonstances. Rien n'interdit de les utiliser en parallèle dans un problème concret mais il ne faut pas oublier qu'elles résolvent des problèmes de natures totalement distinctes. Selon une terminologie classique, ce sont la statistique descriptive et la statistique mathématique. Aujourd'hui, il semble que des expressions comme analyse des données et statistique inférentielle soient préférées, ce qui est justifié par le progrès des méthodes utilisées dans le premier cas.
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+ Considérons par exemple les notes globales à un examen. Il peut être intéressant d'en tirer une valeur centrale qui donne une idée synthétique sur le niveau des étudiants. Celle-ci peut être complétée par une valeur de dispersion qui mesure, d'une certaine manière, l'homogénéité du groupe. Si on veut une information plus précise sur ce dernier point, on pourra construire un histogramme ou, d'un point de vue légèrement différent, considérer les déciles. Ces notions peuvent être intéressantes pour faire des comparaisons avec les examens analogues passés les années précédentes ou en d'autres lieux. Ce sont les problèmes les plus élémentaires de l'analyse des données qui concernent une population finie. Les problèmes portant sur des statistiques multidimensionnelles nécessitent l'utilisation de l'algèbre linéaire. Indépendamment du caractère, élémentaire ou non, du problème il s'agit de réductions statistiques de données connues dans lesquelles l'introduction des probabilités améliorerait difficilement l'information obtenue. Il est raisonnable de regrouper ces différentes notions :
42
+
43
+ Un changement radical se produit lorsque les données ne sont plus considérées comme une information complète à décrypter selon les règles de l'algèbre mais comme une information partielle sur une population plus importante, généralement considérée comme une population infinie. Pour induire des informations sur la population inconnue il faut introduire la notion de loi de probabilité. Les données connues constituent dans ce cas une réalisation d'un échantillon, ensemble de variables aléatoires supposées indépendantes (voir Loi de probabilité à plusieurs variables). La théorie des probabilités permet alors, entre autres opérations :
44
+
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+ L'enquête statistique est toujours précédée d'une phase où sont déterminés les différents caractères à étudier.
46
+
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+ L'étape suivante consiste à choisir la population à étudier. Il se pose alors le problème de l'échantillonnage : choix de la population à sonder (au sens large : cela peut être un sondage d'opinion en interrogeant des humains, ou bien le ramassage de roches pour déterminer la nature d'un sol en géologie), la taille de la population et sa représentativité.
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+
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+ Que ce soit pour un recueil total (recensement) ou partiel (sondage), des protocoles sont à mettre en place pour éviter les erreurs de mesures qu'elles soient accidentelles ou répétitives (biais).
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+
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+ Le pré traitement des données est extrêmement important, en effet, une transformation des données initiales (un passage au logarithme, par exemple), peuvent considérablement faciliter les traitements statistiques suivants.
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+
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+ Le résultat de l'enquête statistique est une série de données quantitatives (tailles, salaires) ou de données qualitatives (langues parlées, marques préférées). Pour pouvoir les exploiter, il va être nécessaire d'en faire un classement et un résumé visuel ou numérique. Il sera parfois nécessaire d'opérer une compression de données. C'est le travail de la statistique descriptive. Il sera différent selon que l'étude porte sur une seule ou sur plusieurs variables.
54
+
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+ Le regroupement des données, le calcul des effectifs, la construction de graphiques permettent un premier résumé visuel du caractère statistique étudié. Dans le cas d'un caractère quantitatif continu, l'histogramme en est la représentation graphique la plus courante.
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+
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+ Les valeurs numériques d'un caractère statistique se répartissent dans
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+
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+
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+
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+
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+ R
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+
64
+
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+
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+ {\displaystyle \mathbb {R} }
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+
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+ , il est nécessaire de définir leurs positions. En statistiques, on est en général en présence d'un grand nombre de valeurs. Or, si l'intégralité de ces valeurs forme l'information, il n'est pas aisé de manipuler plusieurs centaines voire milliers de données, ni d'en tirer des conclusions. Il faut donc calculer quelques valeurs qui vont permettre d'analyser les données : c'est le rôle des réductions statistiques. Celles-ci peuvent être extrêmement concises, réduites à un nombre : c'est le cas des valeurs centrales et des valeurs de dispersion. Certaines d'entre elles (comme la variance) sont élaborées pour permettre une exploitation plus théorique des données (voir Inférence statistique).
69
+
70
+ On peut aussi chercher à comparer deux populations. On s'intéressera alors plus particulièrement à leurs critères de position, de dispersion, à leur boîte à moustaches ou à l'analyse de la variance.
71
+
72
+ Les moyens informatiques permettent aujourd'hui d'étudier plusieurs variables simultanément. Le cas de deux variables va donner lieu à la création d'un nuage de points, d'une étude de corrélation éventuelle entre les deux phénomènes ou d'une étude de régression linéaire.
73
+
74
+ Mais on peut rencontrer des études sur plus de deux variables : c'est l'analyse multidimensionnelle dans laquelle on va trouver l'analyse en composantes principales, l'analyse en composantes indépendantes, la régression linéaire multiple et l'exploration de données (appelée aussi « knowledge discovery » ou « data mining »). Aujourd'hui, l'exploration de données s'appuie, entre autres, sur la statistique pour découvrir des relations entre les variables de très vastes bases de données. Les avancées technologiques (augmentation de la fréquence des capteurs disponibles, des moyens de stockage, et de la puissance de calcul) donnent à l'exploration de données, un réel intérêt.
75
+
76
+ L'inférence statistique a pour but de faire émerger des propriétés d'un ensemble de variables connues uniquement à travers quelques-unes de ses réalisations (qui constituent un échantillon de données).
77
+
78
+ Elle s'appuie sur les résultats de la statistique mathématique, qui applique des calculs mathématiques rigoureux concernant la théorie des probabilités et la théorie de l'information aux situations où on n'observe que quelques réalisations (expérimentations) du phénomène à étudier.
79
+
80
+ Sans la statistique mathématique, un calcul sur des données (par exemple une moyenne), n'est qu'un indicateur. C'est la statistique mathématique qui lui donne le statut d'estimateur dont on maîtrise le biais, l'incertitude et autres caractéristiques statistiques. On cherche en général à ce que l'estimateur soit sans biais, convergent (ou consistant) et efficace.
81
+
82
+ On peut aussi émettre des hypothèses sur la loi générant le phénomène général, par exemple « la taille des enfants de 10 ans en France suit-elle une loi gaussienne ? ». L'étude de l'échantillon va alors valider ou non cette hypothèse : c'est ce qu'on appelle les tests d'hypothèses. Les tests d'hypothèses permettent de quantifier la probabilité avec laquelle des variables (connues seulement à partir d'un échantillon) vérifient une propriété donnée.
83
+
84
+ Enfin, on peut chercher à modéliser un phénomène a posteriori. La modélisation statistique doit être différenciée de la modélisation physique. Dans le second cas, des physiciens (c'est aussi vrai pour des chimistes, biologistes, ou tout autre scientifique), cherchent à construire un modèle explicatif d'un phénomène, qui est soutenu par une théorie plus générale décrivant comment les phénomènes ont lieu en exploitant le principe de causalité. Dans le cas de la modélisation statistique, le modèle va être construit à partir des données disponibles, sans aucun a priori sur les mécanismes entrant en jeux. Ce type de modélisation s'appelle aussi modélisation empirique. Compléter une modélisation statistique par des équations physiques (souvent intégrées dans les pré traitements des données) est toujours positif.
85
+
86
+ Un modèle est avant tout un moyen de relier des variables à expliquer
87
+
88
+
89
+
90
+ Y
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+
92
+
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+ {\displaystyle Y}
94
+
95
+ à des variables explicatives
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+
97
+
98
+
99
+ X
100
+
101
+
102
+ {\displaystyle X}
103
+
104
+ , par une relation fonctionnelle :
105
+
106
+ Les modèles statistiques peuvent être regroupés en grandes familles (suivant la forme de la fonction
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+
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+
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+
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+ F
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+
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+
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+ {\displaystyle F}
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+
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+ ):
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+
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+ Les modèles bayésiens (du nom de Bayes) peuvent être utilisés dans les trois catégories.
118
+
119
+ Cette branche des mathématiques, très liée aux probabilités, est indispensable pour valider les hypothèses ou les modèles élaborés dans la statistique inférentielle. La théorie mathématiques des probabilités formalise les phénomènes aléatoires. Les statistiques mathématiques se consacrent à l'étude de phénomènes aléatoires que l'on connaît via certaines de ses réalisations.
120
+
121
+ Par exemple, pour une partie de dés à six faces :
122
+
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+ Une fois la règle établie, elle peut être utilisée en statistique inférentielle.
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+ Les statistiques sont utilisées dans la plupart des sciences sociales. Elles présentent une méthodologie commune avec toutefois certaines spécificités selon la complexité de l'objet d'étude.
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+ L'analyse géométrique des données (analyse factorielle, classification ascendante hiérarchique) est très souvent utilisée par les sociologues quantitativistes[8]. Ces méthodes permettent de dresser des profils synthétiques prenant en compte un ensemble de variables quantitatives (revenu, âge, etc.) et/ou qualitatives (sexe, catégorie socio-professionnelle, etc.). Il est par exemple possible de déterminer des sociostyles.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Liberté éclairant le monde[1],[2] (en anglais : Liberty Enlightening the World)[3], ou simplement Liberté, plus connue sous le nom de statue de la Liberté (Statue of Liberty), est l'un des monuments les plus célèbres des États-Unis. Cette statue monumentale est située à New York, sur la Liberty Island, au sud de Manhattan, à l'embouchure de l'Hudson et à proximité d'Ellis Island.
4
+
5
+ Pesant 204 tonnes et mesurant 92,9 mètres, elle est construite en France et offerte par le peuple français, en signe d'amitié entre les deux nations, pour célébrer le centenaire de la Déclaration d'indépendance américaine. La statue fut dévoilée au grand jour le 28 octobre 1886 en présence du président des États-Unis, Grover Cleveland. L'idée venait du juriste et professeur au Collège de France Édouard de Laboulaye, en 1865. Le projet fut confié, en 1871, au sculpteur français Auguste Bartholdi. Pour le choix du cuivre devant être employé à la construction, l'architecte Eugène Viollet-le-Duc eut l'idée de la technique du repoussé. En 1879, à la mort de Viollet-le-Duc, Bartholdi fit appel à l'ingénieur Gustave Eiffel pour décider de la structure interne de la statue. Ce dernier imagina un pylône métallique supportant les plaques de cuivre martelées et fixées.
6
+
7
+ La statue fait partie des National Historic Landmarks depuis le 15 octobre 1924 et de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984[4]. La statue de la Liberté, en plus d'être un monument très important de la ville de New York, est devenue l'un des symboles des États-Unis et représente de manière plus générale la liberté et l'émancipation vis-à-vis de l'oppression. De son inauguration en 1886 jusqu'au Jet Age[5], la statue est ainsi la première vision des États-Unis pour des millions d'immigrants, après une longue traversée de l'océan Atlantique. Elle constitue l'élément principal du Statue of Liberty National Monument qui est géré par le National Park Service. La création de la statue de la Liberté se place dans la tradition du colosse de Rhodes, dont certaines représentations ont sans doute été une inspiration pour Bartholdi[6],[7],[8].
8
+
9
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, l'accès a été interdit pour des raisons de sécurité : le piédestal a rouvert en 2004 et la statue en 2009, avec une limitation du nombre de visiteurs autorisés à accéder à la couronne. La statue (y compris le piédestal et la base) a été fermée pendant une année jusqu'au 28 octobre 2012, pour qu'un escalier secondaire et d'autres dispositifs de sécurité puissent être installés (l'accès à l'île est cependant resté ouvert). Un jour après la réouverture, l'accès a été de nouveau interdit en raison des effets dévastateurs de l'ouragan Sandy. Les accès à l'île et à la statue ont été rouverts le 4 juillet 2013[9]. L'accès du public au balcon entourant la torche est toujours interdit, pour des raisons de sécurité, depuis 1916.
10
+
11
+ L'idée d'un présent en gage de l'amitié franco-américaine et pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance des États-Unis est traditionnellement attribuée au juriste et homme politique Édouard de Laboulaye, auteur de Paris en Amérique et des Contes Bleus. Laboulaye, devenu le leader d'un groupe libéral de républicains américanistes après la mort d'Alexis de Tocqueville, organise le 21 avril 1865 un dîner clandestin à Glatigny dont la raison officielle est de célébrer la victoire de l'Union dans la guerre de Sécession (bataille d'Appomattox Court House en avril 1865) alors que les États-Unis sont en pleine période de reconstruction et à l'aube du Gilded Age, c'est-à-dire de la « période dorée »[10]. Après le dîner, alors que ces républicains (dont Oscar du Motier de La Fayette, Charles de Rémusat, Hippolyte Clérel de Tocqueville et le sculpteur alsacien Auguste Bartholdi qui venait de sculpter le buste de Laboulaye) s'étaient affligés de l'assassinat le 15 avril 1865 d'Abraham Lincoln qu'ils idolâtraient, ils auraient eu l'idée de ce présent qui était de plus un moyen de critiquer le régime du Second Empire qu'ils jugeaient répressif[11]. Bartholdi aurait confié à ce dernier :
12
+
13
+ « Je lutterai pour la liberté, j'en appellerai aux peuples libres. Je tâcherai de glorifier la république là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous[12]. »
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+
15
+ En réalité, l'idée d'une statue en relation avec Lincoln et les États-Unis ne naît pas de ce dîner mais d'une collecte de fonds organisée en 1865 par le quotidien Le Phare de la Loire pour une médaille en or dédiée à Mary Todd Lincoln, la veuve du président américain[13]. Bartholdi a certainement mélangé la campagne pour la médaille et le dîner d'américanophiles pour inventer dans son journal, 20 ans après les faits, un pamphlet donné lors de ce dîner pour lever des fonds[14].
16
+
17
+ Ce projet né à la fin des années 1860, en pleine vague de statuomanie, vacille en raison de la situation politique instable de la fin du Second Empire. Bartholdi, impressionné par les colosses de Memnon qu'il a découverts lors de son voyage en Égypte en 1855, se consacre alors à d'autres sculptures colossales, comme celle d'un grand phare (sous la forme d'une fellahine de 19 m de hauteur tenant une torche en l'air) à l'entrée du canal de Suez qu'il propose en 1867 à Ismaïl Pacha, khédive d'Égypte et qui s’appellerait La Liberté éclairant l'Orient. Ce projet est abandonné, faute de financement (une statue plus modeste de Ferdinand de Lesseps, sculptée par Emmanuel Frémiet, est inaugurée le 17 novembre 1899 à Port-Saïd), mais Bartholdi garde le souvenir de cette statuaire colossale égyptienne[15].
18
+
19
+ En 1870, Bartholdi sculpte une première ébauche en terre cuite et en modèle réduit[16] aujourd'hui exposée au musée Bartholdi à Colmar. La même année, la France entre en guerre contre la Prusse et doit capituler. Le 10 mai 1871, elle cède l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand. L'opinion publique et le gouvernement français sont déçus de la sympathie des États-Unis pour les Allemands, dont le nombre était important sur le sol américain. Le projet commémoratif est temporairement écarté en raison des troubles politiques que connaît le début de la Troisième République. En effet, la plupart des Français pensent alors que cette république n'est qu'une solution temporaire qui laisserait place à la monarchie, ou à un régime semblable à celui de Napoléon Ier.
20
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21
+ Le 8 juin 1871, muni de lettres d'introduction de Laboulaye, Bartholdi part pour cinq mois pour les États-Unis où il repère le site de Bedloe's Island, future Liberty Island, et tente de gagner des partisans. Il rencontre le président américain Ulysses S. Grant le 18 juillet 1871 à New York[17]. Dans un club select de la ville de New York, il organise un dîner pour collecter des fonds auprès de riches républicains, leur révélant le coût initial de la sculpture, 125 000 dollars (correspondant à 2,5 millions au début du XXIe siècle) pour le piédestal à la charge des Américains, 125 000 pour le reste de la statue à la charge des Français, mais il revient en France sans argent, les hommes d'affaires voulant apposer le nom de leur compagnie sur la statue en échange de leur participation financière[18].
22
+
23
+ La structure a été conçue dans les ateliers Gustave Eiffel, à Levallois-Perret, et au 25 rue de Chazelles dans le XVIIe arrondissement de Paris, là où se montaient les pièces de cuivre.
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+ Des sources diverses mettent en avant différents modèles qui auraient servi à déterminer le visage de la statue. Cependant, les historiens en sont réduits à des hypothèses et aucune proposition n'est véritablement fiable et authentique[19].
26
+
27
+ Parmi les modèles proposés, on trouve Isabella Eugenie Boyer, veuve de l'inventeur milliardaire Isaac Merritt Singer, fondateur de la célèbre entreprise de machines à coudre, qui avait contribué au financement du projet[20]. Mais Bartholdi ne l'a connue qu'en 1875, alors que le visage existait déjà[21].
28
+
29
+ Selon certaines sources, Bartholdi se serait inspiré du visage de sa mère, Charlotte Bartholdi (1801-1891), dont il était très proche, pour donner à la statue son visage sévère[22]. Le National Geographic Magazine appuie cette hypothèse, en précisant que le sculpteur n'a jamais expliqué ni démenti cette ressemblance avec sa mère[23].
30
+
31
+ D'autres modèles fantaisistes[24],[25],[26] ont été avancés : Bartholdi aurait voulu reproduire le visage d'une jeune fille juchée sur une barricade et tenant une torche, au lendemain du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte mais Bartholdi n'était pas présent à Paris à cette époque[27]. Il se serait inspiré d'un modèle qui posait pour lui, une femme surnommée la « Grande Céline », prostituée du quartier Pigalle, avec l'accord de la sous-maîtresse dirigeant le grand bordel de la rue de Chazelles, près des ateliers où les feuilles de cuivre de la statue furent assemblées[28],[29].
32
+
33
+ Une étude publiée par Nathalie Salmon en août et en octobre 2013[30] obtient le soutien d'institutions européennes et américaines[31] ainsi que l'apport documentaire de divers organismes[32]. Elle met en avant une de ses ancêtres, l'Américaine Sarah Coblenzer (New York, 1844 - Paris, 1904), future épouse de son ami intime, fondé de pouvoir et promoteur de l'amitié franco-américaine Adolphe Salmon[33], documents à l'appui, l'auteur montre comment elle a posé pour lui à Paris pour la statue de la Liberté[34],[35],[36],[37],[38],[39],[40],[41],[24] au printemps 1875, lors d'un voyage en Europe[42]. Bartholdi a peut-être réalisé une synthèse de plusieurs visages féminins[43],[44],[45], afin de donner une image neutre et impersonnelle de la Liberté mais la ressemblance avec le visage néo-classique de Sarah Coblenzer est indéniable[46],[47].
34
+
35
+ Selon Régis Hueber, historien et conservateur honoraire du musée Bartholdi, ces hypothèses relèvent de légendes. Voulant exalter la portée universelle du message républicain de la Liberté, Bartholdi ne s'est certainement pas inspiré de cas particuliers[48].
36
+
37
+ Lors d'une visite en Égypte, Auguste Bartholdi fut inspiré par le projet du canal de Suez dont la construction allait être entamée sous la direction de l'entrepreneur et diplomate français Ferdinand de Lesseps, qui devint par la suite l'un de ses plus grands amis. Il imagina ainsi un immense phare qui serait situé à l'entrée du canal et dont il dessina les plans. Le phare serait à l'image de la déesse de la Liberté Libertas du panthéon romain, divinité de la liberté, mais sa représentation devait être modifiée afin de ressembler à une paysanne égyptienne en robe (une fallaha). La lumière du phare devait resplendir à travers un bandeau placé autour de la tête du phare, ainsi qu'au sommet d'une torche maintenue en l'air, en direction des cieux[49],[50]. Bartholdi présenta ses plans au Khédive Isma'il Pasha en 1867 puis de nouveau en 1869, mais le projet ne fut jamais retenu[51]. Les dessins de ce projet intitulé L'Égypte apportant la lumière à l'Asie ou La liberté éclairant l'Orient ressemblent fortement à la statue de la Liberté, même si Bartholdi a toujours affirmé que le monument new-yorkais n'était pas un réemploi, mais bien une œuvre originale[16].
38
+
39
+ Le projet de construction d'un phare à l'entrée du canal de Suez s'inspirait lui-même d'un autre monument de l'Antiquité : le colosse de Rhodes qui était l'une des Sept Merveilles du monde[52]. Construit à effigie du dieu grec du soleil, Hélios, le colosse aurait eu une taille de l'ordre de 30 mètres, et se tenait également à l'entrée d'un port avec une torche pour guider les navires[52]. La position du colosse, les jambes écartées autour de l'entrée, étant cependant différente de celle de la statue de la Liberté. C'est également en statue d'Apollon Hélios, coiffée d'une couronne rayonnante, que fut transformée la statue colossale de bronze, de plus de trente mètres, de l'empereur Néron, lorsqu'elle fut déplacée devant le Colisée par Hadrien.
40
+
41
+ La coiffe de la Liberté est directement inspirée du Grand sceau de France, symbole officiel de la République française depuis la Seconde République en 1848. Les deux « Libertés », française et américaine, portent chacune une couronne à sept branches symbolisant les sept mers et continents de la planète[53]. De nombreuses autres sources d'inspiration sont évoquées, comme la statue de La Liberté de la poésie brisant ses chaînes (1883), monument à Jean-Baptiste Niccolini réalisé par Pio Fedi dans la Basilique Santa Croce de Florence et dont Bartholdi aurait pu voir l'esquisse sur place en 1870[54], la même année où Jules Lefebvre réalisait son tableau La Vérité et Bartholdi les premières études de sa statue ; tandis que le thème de la liberté figurait déjà avec Le Génie de la Liberté (1836) sur la colonne de Juillet ou dans le tableau de La Liberté guidant le peuple (1830) de Delacroix.
42
+
43
+ Grand sceau de la République Française (1848).
44
+
45
+ La Vérité, Jules Lefebvre, Musée d'Orsay (1870).
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47
+ La Liberté de la poésie brisant ses chaînes, Pio Fedi (1883).
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49
+ Représentation du colosse de Rhode (1880).
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+
51
+ Denier de Néron au Colosse radié tenant le globe nicéphore.
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+
53
+ D'un commun accord, il est convenu que les Français seraient responsables de la conception et de la construction de la statue puis de son assemblage une fois les pièces arrivées sur le sol américain, et que les États-Unis se chargeront de la construction du socle. Cependant, des problèmes financiers surviendront des deux côtés de l'océan Atlantique.
54
+
55
+ En France, la campagne de promotion pour la statue débute à l'automne 1875[55]. C'est le Comité de l’Union Franco-Américaine[56], pour lever des fonds, fondé en 1875 par Édouard de Laboulaye, qui se charge d'organiser la collecte des fonds pour la construction de la statue[57]. Tous les moyens de l'époque seront utilisés à cette fin : articles dans la presse, spectacles, banquets, taxations publiques, loterie, coupe-papier à l'effigie de la statue, etc. La cantate La Statue de La Liberté de Charles Gounod composée spécialement est créée à l'Opéra profit de la souscription. Plusieurs villes françaises[58], des conseils généraux, des chambres de commerce, par le Grand Orient de France mais aussi des milliers de particuliers font des dons. Le nombre de 100 000 souscripteurs est annoncé[59]. Dès la fin de l'année 1875, les fonds rassemblés se montent déjà à 400 000 francs, mais le devis passe par la suite à un million de francs de l'époque[60]. Ce n'est qu'en 1880 que la totalité du financement sera assurée en France. Parallèlement, aux États-Unis, des spectacles de théâtre, des expositions d'art, des ventes aux enchères ainsi que des combats de boxe professionnels sont organisés pour recueillir de l'argent nécessaire à la construction du socle.
56
+
57
+ Bartholdi adopte pour sa statue une structure interne recouverte de feuilles de cuivre repoussé, technique qu'il a découvert sur la statue de Charles Borromée en Italie, premier exemple de l'utilisation de cuivre repoussé sur une structure solide, un pylône en maçonnerie et qui lui est proposée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc (ce dernier avait opté comme structure interne solide des caissons remplis de sable afin de donner à la statue une stabilité face aux vents puissants de la baie)[61]. Viollet-le-Duc étant tombé malade (il mourra en 1879), Bartholdi engage un nouvel ingénieur, Gustave Eiffel, qui le convainc d'adopter la technique du mur-rideau avec un pylône métallique massif (stabilisé de neuf niveaux de traverses horizontales et d'entretoises posées en diagonales) qui soutient la statue, ainsi que le squelette secondaire interne (bandes de fer plat qui agissent comme un ressort) qui permet à la « peau » en cuivre de la statue de tenir d'elle-même en position verticale et d'osciller de 8 cm par vents de 80 km/h[61].
58
+
59
+ Les 300 feuilles de cuivre d'un mètre sur trois sont fabriquées à la main dans les ateliers de la fonderie « Gaget-Gauthier et Cie » en 1878. 64 tonnes de feuilles de cuivre sont offertes par un donateur, l'industriel Pierre-Eugène Secrétan, permettant au chantier de démarrer[62]. Les travaux de précision sont ensuite confiés par Eiffel à Maurice Koechlin, l'un de ses proches avec qui il a travaillé sur la Tour Eiffel. Le pylône métallique servant d’armature et de support aux plaque de cuivre est construit à Levallois-Perret dans les ateliers Eiffel[63], d'autres éléments dans le 17e arrondissement de Paris[64].
60
+
61
+ La maison Gaget-Gauthier et Cie lance parallèlement la fabrication des plaques de cuivre. Elle loue un terrain de 3 000 mètres carrés rue de Chazelles, juste à côté de ses ateliers. Des formes en bois y servent à marteler des feuilles de cuivre de 2,5 millimètres d’épaisseur. Celles-ci sont ensuite fixées sur le squelette de fer, et boulonnées les unes aux autres. De nombreux aléas retarderont la construction et l'assemblage : manque d'ouvriers et artisans (charpentiers, ferronniers, plâtriers) dû au financement incomplet. Seuls 9 des 300 feuilles de cuivre sont achevées à la date du centenaire de l’indépendance, le 4 juillet 1876 et le plâtre de la main droite, celle qui porte le flambeau, se brise en mars 1876[65] . Une fois terminée, elle est envoyée, la même année, à la « Centennial Exposition » (exposition du centenaire) de Philadelphie[66] . Les visiteurs peuvent monter sur une échelle qui mène au balcon situé autour de la torche, moyennant 50 cents. Des photographies, des affiches et des maquettes de la statue sont vendues pendant l'Exposition afin de financer la suite des travaux. C'est ensuite la réalisation de la tête présentée, en 1878, à l’Exposition universelle de Paris (dans les jardins du Champ de Mars). Les visiteurs peuvent pénétrer à l'intérieur jusqu'au diadème au moyen d'un escalier de 43 mètres[67] moyennant la somme de 5 centimes.
62
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63
+ Puis la haute statue émerge peu à peu des toits de la Plaine-Monceau et la rue de Chazelles, sur le terrain acquis pour l'occasion ; elle devient l’une des promenades favorites des Parisiens. Devenue le plus haut monument de Paris, elle se visite moyennant un droit d'entrée[61].
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+ Des miniatures de la statue portant sur le socle le nom de Gaget sont vendues pour financer le projet. Selon la légende, c’est de là que viendrait le mot « gadget » : Gaget avec la prononciation anglaise[68].
66
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67
+ L'ensemble terminé, la statue est démontée pour être transportée en 350 pièces par bateau. Remontée en quatre mois, elle est inaugurée à New York en octobre 1886 avec dix ans de retard sur la date prévue.
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+ L'armature de la statue selon des plans de 1885.
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+ Les ateliers à Paris
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+ Construction d'une des mains en présence de Bartholdi.
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+ La tête de la statue à l'atelier parisien.
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+ La statue de la Liberté dans les ateliers Gaget-Gauthier, à Paris.
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+ Tête de la statue exposée à l'Exposition de 1878 (parc du Champ-de-Mars).
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+ Couverture de l'Illustrated Newspaper du 13 juin 1885.
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+ Le 18 février 1879, Bartholdi obtient un brevet pour sa statue, le brevet D11,023[69],[70].
84
+
85
+ Ce dernier la décrit en ces termes :
86
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87
+ « Une statue représentant la Liberté éclairant le monde, qui consiste, fondamentalement en un personnage féminin drapé, avec un bras levé, portant une torche, alors que l'autre tient une tablette gravée, et avec un diadème sur la tête, en substance comme indiqué plus avant[71]. »
88
+
89
+ Le brevet précise aussi que le visage de la statue possède des « traits classiques mais graves et calmes »[72], et note que le corps de la statue est légèrement penché sur la gauche afin de reposer sur la jambe gauche, de telle sorte que le monument tienne en équilibre[73]. Il est en outre précisé que la statue est interdite de reproduction « de toute manière connue en art glyphique sous forme de statue ou statuette, ou en haut-relief ou bas-relief, en métal, pierre, terre cuite, plâtre de Paris ou autre composition plastique[74]. »
90
+
91
+ La statue est située sur l'île de Liberty Island, dans le port de New York. À l'origine, l'île était connue sous le nom de Bedloe's Island, et servait de base militaire. Elle abritait le Fort Wood construit en granit et dont les fondations en forme d'étoile à onze branches servirent de base pour la construction du socle de la statue. Le tracé géométrique de ce fort a imposé l'orientation de la statue, qui est tournée vers le sud-est dans l'axe de l'un des principaux bastions du fort, face à l'Océan et à l'Europe[75].
92
+
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+ Le choix du terrain et son obtention demandèrent plusieurs démarches. Le 3 mars 1877, un jour avant la fin de son mandat, Grant signa une résolution approuvée par le Congrès des États-Unis autorisant le président à préparer un site et accepter la statue lorsque la France la présenterait[76]. W. T. Sherman fut nommé pour aménager le terrain où le monument serait bâti. Il choisit le site de Bedloe's Island[77].
94
+
95
+ Quinze ans avant l’inauguration, Bartholdi avait déjà envisagé de construire son bâtiment sur l’île de Bedloe. Dans son esprit, elle y était déjà construite et tournée vers son continent d'origine, l'Europe dont elle accueillait et allait continuer d'accueillir les immigrants[78].
96
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97
+ Ce n'est qu'en 1956 que le Congrès décida du changement du nom de l'île en Liberty Island, c'est-à-dire « île de la liberté ».
98
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99
+ La réalisation de l'immense socle de la statue avait été confiée par Bartholdi aux Américains, alors que les Français devaient se charger de la construction de la statue puis de son assemblage. La collecte des fonds nécessaires à la réalisation de l'ouvrage fut placée sous la responsabilité du procureur général, William M. Evarts.
100
+ Mais elle manquait de financement et les travaux s'arrêtèrent aux fondations, suscitant des critiques de la presse américaine face à ce projet jugé démesuré. Joseph Pulitzer[79] accepta de mettre à la disposition des responsables de la construction les premières pages du New York World afin de récolter de l'argent. Le journal fut également utilisé par son créateur pour critiquer les classes aisées, étant donné leur incapacité à trouver les fonds nécessaires, ainsi que les classes moyennes, qui comptaient sur les plus riches pour le faire. Les critiques acerbes du journal eurent alors des effets positifs, en incitant les donneurs privés à se manifester, tout en procurant au journal une publicité supplémentaire, puisque 50 000 nouveaux abonnés furent enregistrés pendant cette période.
101
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102
+ Les fonds nécessaires à la construction du socle imaginé par l'architecte américain Richard Morris Hunt et réalisé par l'ingénieur Charles Pomeroy Stone, furent toutefois rassemblés en août 1884. La première pierre du piédestal, renfermant une copie de la Déclaration d'indépendance des États-Unis[61], fut posée le 5 août 1884.
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104
+ Le socle est constitué de murs de béton coulé, de 6 m d'épaisseur, recouvert d'un piédestal en blocs de granit rose extrait d'une carrière du Connecticut[80]. L'édification eut lieu entre le 9 octobre 1883 et le 22 août 1886[81]. La partie socle était à la charge des Américains[82],[83]. Lorsque la dernière pierre de l'édifice fut posée, les maçons prirent plusieurs pièces d'argent dans leur poche, et les jetèrent dans le mortier. Les participants à la cérémonie déposèrent leurs cartes de visite, des médailles et des journaux dans un coffret de bronze, déposé dans le socle[84].
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106
+ Richard Morris Hunt s'est inspiré du socle du phare d'Alexandrie pour réaliser celui de la statue de la Liberté[85] : assis sur une pyramide basse sur des fondations en béton de 16 m de hauteur, le piédestal a une base dorique avec des boucliers sculptés dans la pierre, un fût avec des pierres en bossage et une loggia qui lui redonne une dimension humaine, et un couronnement avec balcon[61]. Au cœur du bloc qui compose le socle, deux séries de poutres rattachent directement la base à la structure interne imaginée par Gustave Eiffel de façon que la statue ne fasse qu'un avec son piédestal.
107
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108
+ Les différentes pièces de la statue furent assemblées à Paris, dans les ateliers Gaget-Gauthier rue de Chazelles, tout près du Parc Monceau, de 1881 à 1884[86],[87]. La statue ainsi montée pour la première fois reçut alors plusieurs visiteurs de marque tels que le président de la République Jules Grévy et l'écrivain Victor Hugo[88]. Le 4 juillet 1884, jour de la fête nationale américaine, eut lieu la cérémonie du don[89] puis le démontage commença en février 1885[90].
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110
+ La statue est envoyée à Rouen sur deux convois ferroviaires, le premier train de 40 wagons[91] et un second de 30 puis, chargée en 16 jours à bord du transport l'Isère[92] commandé par le lieutenant de vaisseau Gabriel Lespinasse de Saune. Le 21 mai elle descend la Seine[93] débarque à Caudebec-en-Caux ses 5 passagers provisoires[94] puis appareille pour sa traversée transatlantique. Retardée par une tempête et manquant de charbon une escale à Horta aux Açores retarde la traversée, elle entre dans le port de New York le 17 juin 1885[95],[96]. L'Isère, escortée par La Flore, vaisseau amiral du contre amiral Henri Lacombe chargé de représenter la France, remonte l'Hudson[97] et jette l'ancre devant Bedloe island le vendredi 19 où elle reçoit un accueil triomphal de la part des New-Yorkais[98]. Afin de rendre la traversée possible à bord d'un tel navire, la statue fut démontée en 350 pièces, réparties dans 214 caisses, en sachant que le bras droit et sa flamme étaient déjà présents sur le sol américain, où ils avaient été exposés une première fois lors de la Centennial Exposition, puis à New York. 36 caisses furent réservées aux rondelles, rivets et boulons nécessaires à l'assemblage[99].
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+
112
+ Une fois arrivée à destination et déchargée du 22 juin au 24[100], la chambre de commerce de New york donna un banquet le soir du 24 au « Delmonico's »[101] célèbre restaurant de l'époque. Le 30 juin le contre amiral Lacombe rend la politesse à ses hôtes lors d'un banquet à bord de la Flore[102]. La statue dut attendre la fin de la construction de son piédestal et fut réassemblée en sept mois à partir du printemps 1886, sur son socle enfin achevé et dont le financement s'était accéléré grâce aux dons de nombreux Américains enthousiastes. Les différentes pièces furent jointes par des rivets en cuivre et le drapé permit de résoudre les problèmes de dilatation[103].
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+ Le 28 octobre 1886, la statue de la Liberté fut inaugurée en présence du président de l'époque[104], Grover Cleveland, ancien gouverneur de New York, devant 600 invités et des milliers de spectateurs[105]. Aucun Noir n'était invité à l'inauguration de ce monument censé aussi inspirer la fin de l'esclavage, pas plus que Joseph Pulitzer, juif et étranger, ou les femmes, d'où la manifestation de suffragettes[61],[64]. C'est Frédéric Desmons, alors vice-président du Sénat, qui représenta la France lors de l'inauguration[106]. Outre Desmons, plusieurs francs-maçons faisaient partie de la délégation française, à laquelle appartenaient également Ferdinand de Lesseps, Eugène Spuller, l'amiral Jaurès, le général Pellissier, le colonel Laussedat et Napoléon Ney[107] accompagnés de journalistes français[108]. Le monument représentait ainsi un cadeau célébrant le centenaire de l'indépendance américaine, livré avec dix années de retard.
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116
+ Le succès du monument grandit rapidement : dans les deux semaines qui suivirent l'inauguration, près de 20 000 personnes s'étaient pressées pour l'admirer[109]. La fréquentation du site passa de 88 000 visiteurs par an, à 1 million en 1964 et 3 millions en 1987[110].
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118
+ La statue fonctionna comme phare entre la date de son montage, en 1886, et 1902[111].
119
+ À cette époque, c'est l'U.S. Lighthouse board qui était chargé d'assurer son fonctionnement. Un gardien de phare avait même été assigné à la statue et la puissance du faisceau lumineux était telle qu'il était visible à une distance de 39 kilomètres[112].
120
+ Un générateur d'électricité avait alors été installé sur l'île afin de faire fonctionner la structure.
121
+
122
+ La statue fut endommagée lorsque, le 30 juillet 1916, le réseau d'espionnage de l'Empire allemand, dirigé par Franz von Rintelen, fit sauter le dépôt de munitions de Black Tom Island à Jersey City pour empêcher la livraison de celles-ci à l'Entente.
123
+
124
+ La déflagration fut suffisante pour briser les vitres sur une distance de 40 kilomètres ; on estime généralement sa force à 5,5 sur l’échelle de Richter et l’explosion endommagea la statue de la Liberté. Une centaine de rivets cédèrent, entre autres dégâts. Depuis, la visite du bras et de la torche de la statue est interdite. Les réparations coûtèrent 100 000 dollars de l'époque (environ 2 millions en dollars 2010)[113].
125
+
126
+ L'accès de l'île fut interdit les dix jours suivant l'explosion et, pour réparer le flambeau, le gouvernement engagea le sculpteur Gutzon Borglum, qui conçut plus tard le mont Rushmore[114].
127
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128
+ La statue de la Liberté a été l'un des premiers monuments à bénéficier de ce que l'on appelle en Amérique une campagne de cause marketing. En effet, en 1983, le monument fut placé au cœur d'une opération promotionnelle menée par American Express, visant à récolter des fonds pour entretenir et rénover l'édifice. Il fut convenu que chaque achat fait avec une carte American Express entraînerait un don d'un cent par l'entreprise bancaire. La campagne permit ainsi de réunir 1,7 million de dollars. En 1984, la statue fut fermée afin que des travaux, d'un montant total de 62 millions de dollars, puissent être menés à l'occasion de son centenaire. Le président de Chrysler, Lee Iacocca, fut nommé par le président Ronald Reagan à la tête de la commission responsable de la supervision des œuvres, mais il fut plus tard destitué pour « éviter tout conflit d'intérêts »[115].
129
+
130
+ En plus du remplacement de la plus grosse partie du fer de la charpente par de l'acier inoxydable et du renforcement de la structure même de la statue, la restauration du milieu des années 1980 concernait aussi le remplacement de la torche originale par une réplique, la rénovation des escaliers internes, l'installation d'un ascenseur dans le socle et l'amélioration du système de climatisation.
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+
132
+ La statue fut rouverte au public le 5 juillet 1986, le lendemain du Liberty Weekend.
133
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134
+ Les ouvriers chargés des travaux érigèrent un échafaudage autour de l'édifice, dont la vue fut occultée jusqu'à la cérémonie du centenaire le 4 juillet 1986. La statue, entourée de son échafaudage, apparaît d'ailleurs dans le film Remo sans arme et dangereux et Le Retour du Chinois, sortis en 1985. Le travail à l'intérieur de la structure débuta par l'emploi d'azote liquide afin d'enlever les différentes couches de peinture appliquées à l'intérieur de la carcasse en cuivre pendant plusieurs décennies. Une fois ces couches de peinture éliminées, il ne resta plus que les deux couches de goudron d'origine qui servaient à prévenir les fuites et éviter la corrosion. Le goudron fut ensuite à son tour éliminé grâce à du bicarbonate de soude, sans que la structure en cuivre subisse de quelconques dommages. Les plus gros trous présents dans le cuivre furent quant à eux lissés, avant d'être obstrués par de nouvelles plaquettes.
135
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136
+ Chacune des 1 350 pièces métalliques soutenant la « peau » dut être ôtée puis remplacée. Le fer avait subi une forte corrosion galvanique, partout où il était en contact avec le cuivre, avec pour effet une diminution de moitié de son épaisseur. Bartholdi avait pourtant anticipé ce phénomène et prévu une combinaison d'amiante et de poix pour séparer les deux métaux, mais l'isolation s'était détériorée plusieurs décennies auparavant. De nouvelles barres en acier inoxydable modelées remplacèrent les barres de fer, avec un film de Téflon les séparant du cuivre pour protéger de la corrosion, pour une meilleure isolation et une réduction des frottements[116]. Puis de l'hydrogène liquide fut à nouveau introduit par un processus cryogénique confié à l'entreprise du Michigan CryoTech, afin de s'assurer que certaines parties de la statue soient renforcées, et résistent longtemps après les travaux.
137
+
138
+ La structure interne du bras droit fut elle aussi retravaillée. Lors de la construction de la statue, le membre avait été décalé de 46 centimètres sur la droite, et en avant par rapport à la structure centrale d'Eiffel. La tête avait été décalée de 61 cm sur la gauche, ce qui faussait la charpente. Bartholdi aurait pris cette décision sans le consentement d'Eiffel en se rendant compte que le bras et le visage étaient trop proches. Les ingénieurs considérèrent les travaux de renforcement de 1932 comme insuffisants, et ajoutèrent une écharpe diagonale en 1984 et 1986 pour rendre la structure plus solide.
139
+
140
+ La flamme actuelle reprend le modèle original de Bartholdi alors que depuis l'inauguration elle avait été remplacée par un phare, qui n'a d'ailleurs pas fonctionné longtemps (1886-1891). Le flambeau a été entièrement restauré et la flamme en métal recouverte de feuilles d'or, éclairée par des lampes placées sur le balcon qui l'entoure. En 1985, pour rénover le flambeau de la statue, les États-Unis, à l'initiative de Jacques Graindorge directeur de l'artisanat français et de sa chargée de mission pour les métiers d'art Catherine de Logères, ont fait appel à une entreprise de Bezannes, près de Reims, où travaillent des artisans experts en ferronnerie d'art : les Métalliers champenois. La dorure de la flamme a été réalisée par une autre entreprise rémoise, les Ateliers Gohard. L'ancienne torche est aujourd'hui exposée dans le musée érigé à la pointe nord de l’île (ouvert en 2019).
141
+
142
+ En 2016 la construction du musée de la statue de la Liberté sur Liberty Island a été annoncée. Il a été achevé en 2019. Ce musée accueille la torche originale[117].
143
+
144
+ La statue fut déclarée monument national le 15 octobre 1924 et fut confiée au National Park Service le 10 juin 1933. En 1986, le centenaire de la statue de la Liberté fut marqué par quatre jours de festivités appelés « Liberty Weekend »[118]. Celles-ci commencèrent le 3 juillet par une cérémonie d'ouverture sur Governors Island, et s'achevèrent le 6 juillet dans le Giants Stadium de New York. Ces quatre jours de fête marquèrent la fin des restaurations de l'édifice menées depuis le début des années 1980, sous la tutelle de la fondation Statue of Liberty-Ellis Island. Ces restaurations, dans lesquelles Chrysler fut partie prenante, furent terminées juste à temps pour la cérémonie du centenaire du monument, c'est pourquoi les différents acteurs des travaux rendirent hommage à la statue lors de ce Liberty Weekend.
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146
+ La cérémonie d'ouverture, qui se tint le jeudi 3 juillet dans le port de New York et sur Governors Island, attira de nombreuses célébrités, comme Gene Kelly, Gregory Peck et Steven Spielberg. Le président de la République française de l'époque, François Mitterrand, fut quant à lui l'invité d'honneur de la cérémonie. Après plusieurs chansons interprétées par Debbie Allen, Neil Diamond et Frank Sinatra, le président de l'époque, Ronald Reagan prononça deux discours : le premier au milieu de la cérémonie pour dévoiler les travaux sur la statue, et le second à la fin, au moment d'allumer la torche de la statue, puis de déclencher les feux d'artifice. Le 4 juillet, jour de fête nationale fut quant à lui célébré, toujours en présence du président américain, par un déploiement naval de navires de ligne et de grands voiliers dans le port de New York. Reagan aurait alors dit que le cortège auquel le public allait assister était aussi coloré que des feux d'artifices, et que Lady Liberty elle-même[119]. Un concert fut donné plus tard dans la soirée, avec notamment la participation du compositeur John Williams. Le lendemain matin, l'épouse du président, Nancy Reagan prononça un discours marquant la réouverture de la statue au public, et le soir, un opéra fut joué à Central Park. Le 6 juillet, les cérémonies de clôture eurent lieu dans le Giants Stadium situé dans le New Jersey, mais géographiquement proche de la statue.
147
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148
+ En prélude à ces festivités, le 6 février 1986, jour de l'anniversaire de Ronald Reagan pour ses 75 ans, l'ambassadeur de France à Washington, Emmanuel de Margerie, accompagné de Catherine Deneuve, avait remis au Président américain une statuette de cristal de 35,5 cm de haut et pesant près de 3 kg, réplique de la statue.
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150
+ La visite de l'intérieur de la statue est possible depuis son inauguration, même si l'accès au public a été plusieurs fois fermé pour des raisons de sécurité ou des travaux. Les visiteurs arrivaient par ferry, le plus souvent en provenance de Battery Park, et avaient la possibilité de grimper l'unique escalier en colimaçon au cœur de la structure métallique. La statue étant très exposée au soleil, il n'était pas rare que la température à l'intérieur du monument soit très élevée. Environ trente personnes à la fois pouvaient grimper les 354 marches conduisant à la tête de la statue et à sa couronne. De là, il était possible d'apercevoir le port de New York, mais pas la skyline[120] de Manhattan contrairement à une croyance répandue. Cela s'explique par le fait que le visage de la statue est orienté en direction de l'océan Atlantique et de la France, vers l'est. Elle fait d'ailleurs face à sa réplique parisienne « officielle » la plus célèbre du pont de Grenelle. En outre, ce même panorama était relativement restreint étant donné que les 25 fenêtres de la couronne sont plutôt petites, la plus grande d'entre elles atteignant 46 centimètres de hauteur. Toutefois, cela ne décourageait pas les touristes, qui devaient en moyenne attendre trois heures pour pénétrer dans l'enceinte de la statue, sans compter l'attente au ferry et au guichet pour les billets.
151
+
152
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, Liberty Island fut interdite d’accès, avant d'être à nouveau ouverte au public en décembre de la même année, sans toutefois que l'accès au piédestal et à l'intérieur de la statue ne soit possible. Le piédestal fut de nouveau accessible le 3 août 2004. Seuls le socle de dix étages et le musée qu'il abrite étaient ouverts aux touristes, à condition d'avoir réservé un Monument Access Pass deux jours au moins avant la visite. Bien que l'intérieur de la statue soit inaccessible, une baie vitrée située à l'intérieur du socle permettait de voir la structure interne réalisée par Gustave Eiffel. Tous les visiteurs qui désirent se rendre sur Liberty Island sont contrôlés de la même manière que dans les aéroports.
153
+
154
+ Le 6 août 2006, la directrice du National Park Service, Fran Mainella annonça dans une lettre adressée à Anthony Weiner, représentant de l'État de New York, que l'intérieur de la statue resterait fermé indéfiniment. Mainella déclara dans sa lettre que « l'actuelle réglementation des accès reflétait une stratégie de gestion responsable dans l'intérêt de tous nos visiteurs »[121]. Malgré cela, le 4 juillet 2009, l'accès du public à l'intérieur de la tête de la statue de la Liberté fut rétabli pendant une durée de deux ans avant une nouvelle fermeture devant permettre une rénovation totale[122] avant réouverture au public.
155
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156
+ Le 17 mai 2009, le Secrétaire à l'Intérieur du président Obama, Ken Salazar annonça un « cadeau spécial » pour les États-Unis, en promettant une réouverture de la statue au public le jour de la fête nationale, le 4 juillet[123]. En revanche, seul un nombre limité de personnes pouvait accéder à la couronne de la statue chaque jour[123].
157
+
158
+ La statue et le piédestal furent de nouveau fermés le 29 octobre 2011 pour permettre l'installation de nouveaux ascenseurs, et la rénovation de plusieurs équipements comme les toilettes. La fermeture dura un an, jusqu'au 28 octobre 2012[124],[125],[126]. Une journée seulement après la réouverture, la statue fut de nouveau fermée en raison de l'Ouragan Sandy[127]. Bien que la tempête n'ait pas endommagé la statue, elle causa des dégâts sur une partie des équipements de Liberty Island et Ellis Island, comme le quai d'amarrage des ferrys acheminant les passagers sur les deux îles. Le 8 novembre 2012, un porte-parole des Park Services annonça que les deux îles resteraient fermées au public pour une durée indéterminée, le temps que les travaux de réparation puissent être effectués[128]. En raison du manque d’électricité sur Liberty Island, un générateur fut installé pour alimenter temporairement les projecteurs servant à éclairer la statue. La statue rouvrit finalement au public le 4 juillet 2013[129]. Ellis Island resta cependant fermée pendant plusieurs autres mois avant de rouvrir en octobre 2013[130]. Liberty Island fut de nouveau fermée temporairement lors de l'arrêt des activités gouvernementales fédérales de 2013 en compagnie de plusieurs autres musées, parcs et monuments publics[131].
159
+
160
+ La statue représente une femme en station verticale, les épaules tournées de trois quarts et le pied gauche en avant, le talon arrière droit soulevé[132]. Portant des sandales, elle est vêtue d'une robe drapée recouverte d'une stola à la romaine, et coiffée d'une couronne comportant sept pointes, symbolisant les « Sept Continents » (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique, Océanie et Antarctique)[133]. Cependant, les sept pointes pourraient également évoquer les sept océans (Arctique, Antarctique, Atlantique nord et sud, Pacifique nord et sud et Indien)[134]. Le diadème fait aussi penser à celui que portait le dieu du soleil Hélios. En tout cas, Bartholdi n'a pas retenu l'idée du bonnet phrygien, symbole de liberté depuis l'Antiquité. La statue tient dans sa main gauche une tablette, qu'elle garde près de son corps, alors que sa main droite brandit une torche enflammée, maintenue en hauteur. La tablette évoque la loi ou le droit, alors que la torche renvoie aux Lumières. Certains y ont vu un symbole maçonnique[135]. La structure est recouverte d'une fine couche de cuivre, qui repose sur une énorme structure en acier (à l'origine en fer puddlé), à l'exception de la flamme qui est recouverte de feuillets d'or. La structure repose sur un premier socle de forme carrée, lui-même posé sur un autre socle en forme d'étoile irrégulière à onze pointes. La hauteur de la statue de la Liberté est de 46,05 mètres, hauteur qui est portée à 92,9 mètres entre la base du piédestal et la torche[136]. Le piédestal fait 27,2 m de hauteur, la torche 6,4 m, le bras droit tenant la torche 14 m, la tête ( du menton au sommet) 5,26 m[137].
161
+
162
+ La tablette de 7,18 m de hauteur, tenue dans la main gauche, est gravée de la date d'indépendance des États-Unis, écrite en chiffres romains : JULY IV MDCCLXXVI. Les vingt-cinq fenêtres symbolisent quant à elles vingt-cinq pierres gemmes trouvées sur la terre et les rayons du ciel qui brillent sur le monde[138]. Au pied de la structure se trouvent des chaînes brisées qui symbolisent l'affranchissement du joug de l'oppression, i. e. la liberté. La statue est tournée vers l'est, c'est-à-dire vers l'Europe, avec laquelle les États-Unis partagent un passé et des valeurs.
163
+
164
+ Sur sa base, une plaque de bronze porte gravée, une partie (la fin) du poème de la poétesse américaine Emma Lazarus, intitulé « The New Colossus » (« le nouveau colosse »). La plaque de bronze n'est pas d'origine, elle a été ajoutée en 1903[139]. Voici les derniers vers du poème, tel qu'écrit sur le socle, dans sa version originale puis traduit en français :
165
+
166
+ “Keep, ancient lands, your storied pomp!” cries she
167
+ Give me your tired, your poor,
168
+ Your huddled masses yearning to breathe free,
169
+ The wretched refuse of your teeming shore.
170
+ Send these, the homeless, tempest-tost, to me,
171
+ I lift my lamp beside the golden door !
172
+
173
+ Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge, crie-t-elle
174
+ Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
175
+ Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
176
+ Le rebut de tes rivages surpeuplés,
177
+ Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
178
+ J'élève ma lumière et j'éclaire la porte d'or !
179
+
180
+ En raison de son statut de monument universel, la statue de la Liberté a été copiée et reproduite à différentes échelles et en divers endroits du globe[140]. Ces reproductions vont des simples miniatures souvenirs vendues dans la boutique du musée aux reproductions à grande échelle qui siègent à l'entrée de certaines villes, soit parce qu'elles sont liées à l'histoire du monument ou de l'un de ses créateurs, soit parce que l'original constitue un symbole majeur de la Liberté à travers le monde[140].
181
+
182
+ Les premières miniatures de la statue, réalisées par l'entreprise Gaget-Gauthier (dont le nom pourrait avoir donné le mot « gadget » en anglais), commercialisées et distribuées aux nombreuses personnalités présentes lors de la cérémonie d'inauguration du 28 octobre 1886, ont servi de modèles aux diverses répliques construites par la suite. On en trouve surtout en France ou aux États-Unis[141], mais aussi en Autriche, en Allemagne, au Brésil, en Chine, en Italie, au Japon, au Viêt Nam, ancienne colonie française.
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+ Ailleurs dans le monde, les répliques les plus célèbres sont celles du casino New York-New York à Las Vegas et celle de l'Odaiba à Tokyo. Durant les manifestations de la place Tian'anmen en 1989 à Pékin, les manifestants exhibèrent une statue baptisée Déesse de la Démocratie[154], qui s'inspirait très largement de la statue de la Liberté ; son sculpteur, Tsao Tsing-Yuan, déclara avoir volontairement changé son apparence pour ne pas paraître trop pro-américain[155].
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+ Il existe d’autres répliques de la statue de la Liberté, dont Pristina, au Kosovo. Elle symbolise la libération du pays par les Américains ; Buenos Aires (fonte du Val d'Osne) au parc Belgrano.
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+ Une statue de la Liberté « revue et corrigée façon Salvador Dalí » est située à l'entrée du village de Cadaqués, en Espagne.
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+ Il n'existe pratiquement aucune réplique de la statue de la Liberté en Angleterre. La statue de la Liberté est en effet le symbole d'une victoire de la liberté et de la démocratie républicaine contre le système monarchique anglais. Généralement, les symboles républicains français tel que Marianne ou la statue de la Liberté sont vilipendés ou dénigrés par les monarchistes anglais. Ils sont en revanche appréciés par les républicains et les indépendantistes écossais, traditionnellement sensibles aux idéaux français (voir Auld Alliance).
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+ La statue est très rapidement devenue une icône populaire, figurant sur de nombreuses affiches et images, dans divers films et livres. « Icône vide » donnant une image neutre et impersonnelle de la Liberté, elle peut représenter de nombreux symboles[156]. En 1911, l'écrivain américain O. Henry faisait dialoguer Miss Liberty avec une autre statue. En 1918, le monument figurait sur l'affiche du Victory Loan (prêt de la victoire) accordé par les États-Unis à l'Europe. Les représentations de la statue de la Liberté endommagée ou détruite constituent un thème iconographique récurrent dès la fin du XIXe siècle, que ce soit sur les affiches, les illustrations, les comics ou au cinéma, avec un gain net de popularité à partir du début du XXe siècle[157]. Dans les années 1940 et 1950, de nombreux magazines à sensation dépeignaient la statue entourée de ruines et de sédiments. Pendant la Guerre froide, la statue était figurée sur les affiches de propagande comme symbole de la liberté ou des États-Unis. Les dessinateurs américains en ont fait l'incarnation de New York au moment des attentats du 11 septembre 2001. La publicité l'a aussi utilisée pour mettre en valeur des produits tels que le Coca-Cola ou le chewing-gum[110]. La statue a également inspiré des peintres du XXe siècle comme Andy Warhol[110].
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+ Dans le cinéma, la statue a fait de très nombreuses apparitions. La toute première remonte à 1917, dans le film de Charlie Chaplin L'Émigrant. En 1942, elle apparaît dans la scène finale du film Cinquième Colonne, d'Alfred Hitchcock[110]. À la fin de la première version de La planète des singes, elle se trouve en partie ensevelie sous le sable d'une plage. Dans Superman 4, elle est retirée de son socle par un ennemi de Superman, avant que celui-ci ne l'y redépose. Dans SOS Fantômes 2, Miss Liberty prend vie et s'anime pour vaincre les ennemis. Elle est également filmée dans d'autres blockbusters[158] comme Le Cinquième Élément, Le Jour d'après, A.I. Intelligence artificielle, ainsi que dans des cut-scenes de séries télévisées comme Sex and the City ou Les Experts : Manhattan. Dans Cloverfield, film catastrophe réalisé par Matt Reeves, un monstre sème la destruction dans New York. On voit une scène où la tête de la statue de la Liberté s'écrase brutalement en pleine rue. Dans le film d'animation Ballerina (2016), la statue est encore en construction à Paris. Dans quelques jeux vidéo en ligne notamment dans League of Legends l'un des skins de Karthus, liche, est Statue Karthus, et dans MapleStory, la statue se trouve à NLC (New Leaf City). Dans Grand Theft Auto IV, la statue de la Liberté y est parodiée. Celle-ci tient un café au lieu d’une torche et le modèle ressemble grandement à Hilary Clinton qui, à l’époque du jeu (2008), était en campagne électorale pour l´investiture du parti démocrate contre son homologue, Barack Obama ; Liberty City, qui représente la ville de New York, parodie le fait que la ville y est très libérale et démocrate. La statue est aussi un élément du décor dans les jeux vidéos Deus Ex (2000), à moitié détruite, et Assassin's Creed Unity (2014), alors en construction à Paris.
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+ En 1978, la statue est au cœur d'un canular imaginé à l'université du Wisconsin-Madison. Plusieurs étudiants reproduisent les parties hautes de la statue pour les placer dans un lac gelé de la région, ce qui donne l'impression qu'elle en émerge. Le monument figure en outre sur les plaques d'immatriculation de l'État de New York ainsi que sur celles du New Jersey. Dans le milieu du sport, Lady Liberty sert de logo à l'équipe de la NHL des Rangers de New York, et à l'équipe de basket-ball des Liberty de New York, qui évolue en WNBA. Pour célébrer le centenaire du monument, la Poste française crée en 1986 un timbre représentant le visage de la statue et intitulé « Liberté ». En 2000, le monument fait partie des propositions pour désigner les « sept nouvelles merveilles du monde » (New7Wonders), projet lancé par le réalisateur suisse Bernard Weber. Le logo de l'Université de New York reprend la torche de la statue de la Liberté pour montrer qu'elle est au service de la ville de New York. La torche apparaît à la fois sur le sceau et sur le logo de l'université, dessiné par Ivan Chermayeff en 1965. Il existe également une torche en argent réalisée par Tiffany & Co (un don d'Helen Miller Gould en 1911).
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+ L'intrigue de la bande-dessinée Un cow-boy à Paris (2018) de la série Lucky Luke se base sur le transfert de la statue de France vers les États-Unis[159].
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+ Le 2 février 1912, le réparateur de clochers Frederick R. Law réussit un saut en parachute depuis le balcon entourant la torche de la statue. L'autorisation lui avait été donnée par le capitaine d'armée chargé de Liberty Island. Selon un article du New York Times, le cascadeur « serait tombé comme un poids d'une hauteur de 23 mètres, alors que le parachute ne montrait aucune intention de s'ouvrir au départ », avant de descendre « gracieusement » mais d'atterrir durement pour enfin s'éloigner en boitillant[160].
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202
+ En 2000, le pacifiste Tito Kayak, de son vrai nom Alberto de Jésus, escalada la statue de la Liberté et y déploya un drapeau portoricain, afin de réclamer la pleine indépendance de l'île[161].
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+ Le premier suicide enregistré sur la statue de la Liberté remonte au 13 mai 1929. Au Times qui l'interrogeait, un témoin expliqua que celui qu'on allait identifier comme étant Ralph Gleason, avait rampé à l'extérieur depuis l'une des fenêtres de la statue avant de se retourner, comme pour rentrer, puis avait semblé glisser avant de tomber, rebondissant sur la poitrine de la structure dans sa chute. Le corps avait atterri sur un bout de pelouse au pied de la statue, à quelques pas d'un employé en train de tondre[162].
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206
+ Six ans plus tard, en 1935, Jeffery Magee et Theodore Benz tentèrent de se suicider mais survécurent tous les deux, malgré de graves blessures.
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+ Le jour de l'inauguration de la statue de la Liberté, le 28 octobre 1886, l'entreprise Gaget-Gauthier aurait distribué des miniatures de la statue aux personnalités présentes pour la cérémonie. Les invités se seraient ainsi demandé entre eux, et avec l'accent américain : « Do you have your Gaget? », c'est-à-dire « Avez-vous votre Gaget ? », ce qui aurait donné naissance au mot « gadget », aujourd'hui courant dans la langue française[163].
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+
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+ Cependant, si la première attestation écrite du mot date bien de 1886, dans l'ouvrage de Robert Brown intitulé Spunyarn and Spindrift, A sailor boy’s log of a voyage out and home in a China tea-clipper[164], d'autres étymologies sont proposées pour ce terme[165], même si l'origine réelle en reste inconnue[166]. Il est de toute façon très peu probable que la véritable étymologie du mot soit liée à la miniature de Gaget-Gauthier, d'une part parce que le terme de « gadget » était déjà apparemment en usage dans certains milieux avant l'inauguration de la statue de la Liberté (peut-être dès les années 1850, selon l'Oxford English Dictionary), et d'autre part parce que le mot n'est devenu populaire aux États-Unis eux-mêmes qu'après la Seconde Guerre mondiale[164].
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+
212
+ En 1907, Jeanne Émilie Bartholdi, veuve de l’artiste, a fait don au musée des arts et métiers (Paris, France) d’un ensemble d’épreuves photographiques et d’objets (maquettes, moulages), consacré à la statue de la Liberté. Parmi ces moulages, on retrouve les originaux ayant servi à Bartholdi pour la réalisation de la statue[167].
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+
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+ Ses principales mesures sont[168] :
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+ La statue, et au second plan, Manhattan.
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+ Vue aérienne de Liberty Island.
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+ La statue de la Liberté par beau temps.
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+ Le monument vu depuis Battery Park.
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+ La statue prise au niveau de la base.
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+ La statue de la Liberté vue de la navette touristique qui mène à la statue et à Ellis Island
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+ La statue de face.
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+ Intérieur de la statue.
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+
232
+ Réplique à Barentin.
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+
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+ Réplique à Colmar.
235
+
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+ Réplique à Lunel.
237
+
238
+ Réplique à Paris (île aux Cygnes).
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+
240
+ Le modèle à Paris (Jardin du Luxembourg).
241
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+ La flamme de la Liberté à Paris (place de l'Alma).
243
+
244
+ Réplique à Poitiers.
245
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246
+ Réplique à Saint-Cyr-sur-Mer.
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248
+ Réplique à Tokyo.
249
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+ Réplique du jardin des Arts et Métiers, Paris (détail).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Parc national de Mesa Verde (1978) · Independence Hall (1979) · Site historique d'État des Cahokia Mounds (1982) · La Fortaleza et le site historique national de San Juan à Porto Rico (1983) · Statue de la Liberté (1984) · La culture chaco (1987) · Monticello et Université de Virginie à Charlottesville (1987) · Pueblo de Taos (1992) · Tertres monumentaux de Poverty Point (2014) · Missions de San Antonio (2015) · Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright (2019)
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+ Parc national de Yellowstone (1978) · Kluane / Wrangell-St Elias / Glacier Bay / Tatshenshini-Alsek (avec le Canada) (1979) · Parc national des Everglades (1979, en péril) · Parc national du Grand Canyon (1979) · Parc national Redwood (1980) · Parc national Olympique (1981) · Parc national de Mammoth Cave (1981) · Parc national des Great Smoky Mountains (1983) · Parc national de Yosemite (1984) · Parc national des volcans d'Hawaï (1987) · Parc international de la paix Waterton-Glacier (avec le Canada) (1995) · Parc national des grottes de Carlsbad (1995)
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+ Papahānaumokuākea (2010)
fr/5504.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,262 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ La Liberté éclairant le monde[1],[2] (en anglais : Liberty Enlightening the World)[3], ou simplement Liberté, plus connue sous le nom de statue de la Liberté (Statue of Liberty), est l'un des monuments les plus célèbres des États-Unis. Cette statue monumentale est située à New York, sur la Liberty Island, au sud de Manhattan, à l'embouchure de l'Hudson et à proximité d'Ellis Island.
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+
5
+ Pesant 204 tonnes et mesurant 92,9 mètres, elle est construite en France et offerte par le peuple français, en signe d'amitié entre les deux nations, pour célébrer le centenaire de la Déclaration d'indépendance américaine. La statue fut dévoilée au grand jour le 28 octobre 1886 en présence du président des États-Unis, Grover Cleveland. L'idée venait du juriste et professeur au Collège de France Édouard de Laboulaye, en 1865. Le projet fut confié, en 1871, au sculpteur français Auguste Bartholdi. Pour le choix du cuivre devant être employé à la construction, l'architecte Eugène Viollet-le-Duc eut l'idée de la technique du repoussé. En 1879, à la mort de Viollet-le-Duc, Bartholdi fit appel à l'ingénieur Gustave Eiffel pour décider de la structure interne de la statue. Ce dernier imagina un pylône métallique supportant les plaques de cuivre martelées et fixées.
6
+
7
+ La statue fait partie des National Historic Landmarks depuis le 15 octobre 1924 et de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984[4]. La statue de la Liberté, en plus d'être un monument très important de la ville de New York, est devenue l'un des symboles des États-Unis et représente de manière plus générale la liberté et l'émancipation vis-à-vis de l'oppression. De son inauguration en 1886 jusqu'au Jet Age[5], la statue est ainsi la première vision des États-Unis pour des millions d'immigrants, après une longue traversée de l'océan Atlantique. Elle constitue l'élément principal du Statue of Liberty National Monument qui est géré par le National Park Service. La création de la statue de la Liberté se place dans la tradition du colosse de Rhodes, dont certaines représentations ont sans doute été une inspiration pour Bartholdi[6],[7],[8].
8
+
9
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, l'accès a été interdit pour des raisons de sécurité : le piédestal a rouvert en 2004 et la statue en 2009, avec une limitation du nombre de visiteurs autorisés à accéder à la couronne. La statue (y compris le piédestal et la base) a été fermée pendant une année jusqu'au 28 octobre 2012, pour qu'un escalier secondaire et d'autres dispositifs de sécurité puissent être installés (l'accès à l'île est cependant resté ouvert). Un jour après la réouverture, l'accès a été de nouveau interdit en raison des effets dévastateurs de l'ouragan Sandy. Les accès à l'île et à la statue ont été rouverts le 4 juillet 2013[9]. L'accès du public au balcon entourant la torche est toujours interdit, pour des raisons de sécurité, depuis 1916.
10
+
11
+ L'idée d'un présent en gage de l'amitié franco-américaine et pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance des États-Unis est traditionnellement attribuée au juriste et homme politique Édouard de Laboulaye, auteur de Paris en Amérique et des Contes Bleus. Laboulaye, devenu le leader d'un groupe libéral de républicains américanistes après la mort d'Alexis de Tocqueville, organise le 21 avril 1865 un dîner clandestin à Glatigny dont la raison officielle est de célébrer la victoire de l'Union dans la guerre de Sécession (bataille d'Appomattox Court House en avril 1865) alors que les États-Unis sont en pleine période de reconstruction et à l'aube du Gilded Age, c'est-à-dire de la « période dorée »[10]. Après le dîner, alors que ces républicains (dont Oscar du Motier de La Fayette, Charles de Rémusat, Hippolyte Clérel de Tocqueville et le sculpteur alsacien Auguste Bartholdi qui venait de sculpter le buste de Laboulaye) s'étaient affligés de l'assassinat le 15 avril 1865 d'Abraham Lincoln qu'ils idolâtraient, ils auraient eu l'idée de ce présent qui était de plus un moyen de critiquer le régime du Second Empire qu'ils jugeaient répressif[11]. Bartholdi aurait confié à ce dernier :
12
+
13
+ « Je lutterai pour la liberté, j'en appellerai aux peuples libres. Je tâcherai de glorifier la république là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous[12]. »
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+ En réalité, l'idée d'une statue en relation avec Lincoln et les États-Unis ne naît pas de ce dîner mais d'une collecte de fonds organisée en 1865 par le quotidien Le Phare de la Loire pour une médaille en or dédiée à Mary Todd Lincoln, la veuve du président américain[13]. Bartholdi a certainement mélangé la campagne pour la médaille et le dîner d'américanophiles pour inventer dans son journal, 20 ans après les faits, un pamphlet donné lors de ce dîner pour lever des fonds[14].
16
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17
+ Ce projet né à la fin des années 1860, en pleine vague de statuomanie, vacille en raison de la situation politique instable de la fin du Second Empire. Bartholdi, impressionné par les colosses de Memnon qu'il a découverts lors de son voyage en Égypte en 1855, se consacre alors à d'autres sculptures colossales, comme celle d'un grand phare (sous la forme d'une fellahine de 19 m de hauteur tenant une torche en l'air) à l'entrée du canal de Suez qu'il propose en 1867 à Ismaïl Pacha, khédive d'Égypte et qui s’appellerait La Liberté éclairant l'Orient. Ce projet est abandonné, faute de financement (une statue plus modeste de Ferdinand de Lesseps, sculptée par Emmanuel Frémiet, est inaugurée le 17 novembre 1899 à Port-Saïd), mais Bartholdi garde le souvenir de cette statuaire colossale égyptienne[15].
18
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19
+ En 1870, Bartholdi sculpte une première ébauche en terre cuite et en modèle réduit[16] aujourd'hui exposée au musée Bartholdi à Colmar. La même année, la France entre en guerre contre la Prusse et doit capituler. Le 10 mai 1871, elle cède l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand. L'opinion publique et le gouvernement français sont déçus de la sympathie des États-Unis pour les Allemands, dont le nombre était important sur le sol américain. Le projet commémoratif est temporairement écarté en raison des troubles politiques que connaît le début de la Troisième République. En effet, la plupart des Français pensent alors que cette république n'est qu'une solution temporaire qui laisserait place à la monarchie, ou à un régime semblable à celui de Napoléon Ier.
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+ Le 8 juin 1871, muni de lettres d'introduction de Laboulaye, Bartholdi part pour cinq mois pour les États-Unis où il repère le site de Bedloe's Island, future Liberty Island, et tente de gagner des partisans. Il rencontre le président américain Ulysses S. Grant le 18 juillet 1871 à New York[17]. Dans un club select de la ville de New York, il organise un dîner pour collecter des fonds auprès de riches républicains, leur révélant le coût initial de la sculpture, 125 000 dollars (correspondant à 2,5 millions au début du XXIe siècle) pour le piédestal à la charge des Américains, 125 000 pour le reste de la statue à la charge des Français, mais il revient en France sans argent, les hommes d'affaires voulant apposer le nom de leur compagnie sur la statue en échange de leur participation financière[18].
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+ La structure a été conçue dans les ateliers Gustave Eiffel, à Levallois-Perret, et au 25 rue de Chazelles dans le XVIIe arrondissement de Paris, là où se montaient les pièces de cuivre.
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+ Des sources diverses mettent en avant différents modèles qui auraient servi à déterminer le visage de la statue. Cependant, les historiens en sont réduits à des hypothèses et aucune proposition n'est véritablement fiable et authentique[19].
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+ Parmi les modèles proposés, on trouve Isabella Eugenie Boyer, veuve de l'inventeur milliardaire Isaac Merritt Singer, fondateur de la célèbre entreprise de machines à coudre, qui avait contribué au financement du projet[20]. Mais Bartholdi ne l'a connue qu'en 1875, alors que le visage existait déjà[21].
28
+
29
+ Selon certaines sources, Bartholdi se serait inspiré du visage de sa mère, Charlotte Bartholdi (1801-1891), dont il était très proche, pour donner à la statue son visage sévère[22]. Le National Geographic Magazine appuie cette hypothèse, en précisant que le sculpteur n'a jamais expliqué ni démenti cette ressemblance avec sa mère[23].
30
+
31
+ D'autres modèles fantaisistes[24],[25],[26] ont été avancés : Bartholdi aurait voulu reproduire le visage d'une jeune fille juchée sur une barricade et tenant une torche, au lendemain du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte mais Bartholdi n'était pas présent à Paris à cette époque[27]. Il se serait inspiré d'un modèle qui posait pour lui, une femme surnommée la « Grande Céline », prostituée du quartier Pigalle, avec l'accord de la sous-maîtresse dirigeant le grand bordel de la rue de Chazelles, près des ateliers où les feuilles de cuivre de la statue furent assemblées[28],[29].
32
+
33
+ Une étude publiée par Nathalie Salmon en août et en octobre 2013[30] obtient le soutien d'institutions européennes et américaines[31] ainsi que l'apport documentaire de divers organismes[32]. Elle met en avant une de ses ancêtres, l'Américaine Sarah Coblenzer (New York, 1844 - Paris, 1904), future épouse de son ami intime, fondé de pouvoir et promoteur de l'amitié franco-américaine Adolphe Salmon[33], documents à l'appui, l'auteur montre comment elle a posé pour lui à Paris pour la statue de la Liberté[34],[35],[36],[37],[38],[39],[40],[41],[24] au printemps 1875, lors d'un voyage en Europe[42]. Bartholdi a peut-être réalisé une synthèse de plusieurs visages féminins[43],[44],[45], afin de donner une image neutre et impersonnelle de la Liberté mais la ressemblance avec le visage néo-classique de Sarah Coblenzer est indéniable[46],[47].
34
+
35
+ Selon Régis Hueber, historien et conservateur honoraire du musée Bartholdi, ces hypothèses relèvent de légendes. Voulant exalter la portée universelle du message républicain de la Liberté, Bartholdi ne s'est certainement pas inspiré de cas particuliers[48].
36
+
37
+ Lors d'une visite en Égypte, Auguste Bartholdi fut inspiré par le projet du canal de Suez dont la construction allait être entamée sous la direction de l'entrepreneur et diplomate français Ferdinand de Lesseps, qui devint par la suite l'un de ses plus grands amis. Il imagina ainsi un immense phare qui serait situé à l'entrée du canal et dont il dessina les plans. Le phare serait à l'image de la déesse de la Liberté Libertas du panthéon romain, divinité de la liberté, mais sa représentation devait être modifiée afin de ressembler à une paysanne égyptienne en robe (une fallaha). La lumière du phare devait resplendir à travers un bandeau placé autour de la tête du phare, ainsi qu'au sommet d'une torche maintenue en l'air, en direction des cieux[49],[50]. Bartholdi présenta ses plans au Khédive Isma'il Pasha en 1867 puis de nouveau en 1869, mais le projet ne fut jamais retenu[51]. Les dessins de ce projet intitulé L'Égypte apportant la lumière à l'Asie ou La liberté éclairant l'Orient ressemblent fortement à la statue de la Liberté, même si Bartholdi a toujours affirmé que le monument new-yorkais n'était pas un réemploi, mais bien une œuvre originale[16].
38
+
39
+ Le projet de construction d'un phare à l'entrée du canal de Suez s'inspirait lui-même d'un autre monument de l'Antiquité : le colosse de Rhodes qui était l'une des Sept Merveilles du monde[52]. Construit à effigie du dieu grec du soleil, Hélios, le colosse aurait eu une taille de l'ordre de 30 mètres, et se tenait également à l'entrée d'un port avec une torche pour guider les navires[52]. La position du colosse, les jambes écartées autour de l'entrée, étant cependant différente de celle de la statue de la Liberté. C'est également en statue d'Apollon Hélios, coiffée d'une couronne rayonnante, que fut transformée la statue colossale de bronze, de plus de trente mètres, de l'empereur Néron, lorsqu'elle fut déplacée devant le Colisée par Hadrien.
40
+
41
+ La coiffe de la Liberté est directement inspirée du Grand sceau de France, symbole officiel de la République française depuis la Seconde République en 1848. Les deux « Libertés », française et américaine, portent chacune une couronne à sept branches symbolisant les sept mers et continents de la planète[53]. De nombreuses autres sources d'inspiration sont évoquées, comme la statue de La Liberté de la poésie brisant ses chaînes (1883), monument à Jean-Baptiste Niccolini réalisé par Pio Fedi dans la Basilique Santa Croce de Florence et dont Bartholdi aurait pu voir l'esquisse sur place en 1870[54], la même année où Jules Lefebvre réalisait son tableau La Vérité et Bartholdi les premières études de sa statue ; tandis que le thème de la liberté figurait déjà avec Le Génie de la Liberté (1836) sur la colonne de Juillet ou dans le tableau de La Liberté guidant le peuple (1830) de Delacroix.
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+
43
+ Grand sceau de la République Française (1848).
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+
45
+ La Vérité, Jules Lefebvre, Musée d'Orsay (1870).
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47
+ La Liberté de la poésie brisant ses chaînes, Pio Fedi (1883).
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49
+ Représentation du colosse de Rhode (1880).
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+
51
+ Denier de Néron au Colosse radié tenant le globe nicéphore.
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53
+ D'un commun accord, il est convenu que les Français seraient responsables de la conception et de la construction de la statue puis de son assemblage une fois les pièces arrivées sur le sol américain, et que les États-Unis se chargeront de la construction du socle. Cependant, des problèmes financiers surviendront des deux côtés de l'océan Atlantique.
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55
+ En France, la campagne de promotion pour la statue débute à l'automne 1875[55]. C'est le Comité de l’Union Franco-Américaine[56], pour lever des fonds, fondé en 1875 par Édouard de Laboulaye, qui se charge d'organiser la collecte des fonds pour la construction de la statue[57]. Tous les moyens de l'époque seront utilisés à cette fin : articles dans la presse, spectacles, banquets, taxations publiques, loterie, coupe-papier à l'effigie de la statue, etc. La cantate La Statue de La Liberté de Charles Gounod composée spécialement est créée à l'Opéra profit de la souscription. Plusieurs villes françaises[58], des conseils généraux, des chambres de commerce, par le Grand Orient de France mais aussi des milliers de particuliers font des dons. Le nombre de 100 000 souscripteurs est annoncé[59]. Dès la fin de l'année 1875, les fonds rassemblés se montent déjà à 400 000 francs, mais le devis passe par la suite à un million de francs de l'époque[60]. Ce n'est qu'en 1880 que la totalité du financement sera assurée en France. Parallèlement, aux États-Unis, des spectacles de théâtre, des expositions d'art, des ventes aux enchères ainsi que des combats de boxe professionnels sont organisés pour recueillir de l'argent nécessaire à la construction du socle.
56
+
57
+ Bartholdi adopte pour sa statue une structure interne recouverte de feuilles de cuivre repoussé, technique qu'il a découvert sur la statue de Charles Borromée en Italie, premier exemple de l'utilisation de cuivre repoussé sur une structure solide, un pylône en maçonnerie et qui lui est proposée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc (ce dernier avait opté comme structure interne solide des caissons remplis de sable afin de donner à la statue une stabilité face aux vents puissants de la baie)[61]. Viollet-le-Duc étant tombé malade (il mourra en 1879), Bartholdi engage un nouvel ingénieur, Gustave Eiffel, qui le convainc d'adopter la technique du mur-rideau avec un pylône métallique massif (stabilisé de neuf niveaux de traverses horizontales et d'entretoises posées en diagonales) qui soutient la statue, ainsi que le squelette secondaire interne (bandes de fer plat qui agissent comme un ressort) qui permet à la « peau » en cuivre de la statue de tenir d'elle-même en position verticale et d'osciller de 8 cm par vents de 80 km/h[61].
58
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59
+ Les 300 feuilles de cuivre d'un mètre sur trois sont fabriquées à la main dans les ateliers de la fonderie « Gaget-Gauthier et Cie » en 1878. 64 tonnes de feuilles de cuivre sont offertes par un donateur, l'industriel Pierre-Eugène Secrétan, permettant au chantier de démarrer[62]. Les travaux de précision sont ensuite confiés par Eiffel à Maurice Koechlin, l'un de ses proches avec qui il a travaillé sur la Tour Eiffel. Le pylône métallique servant d’armature et de support aux plaque de cuivre est construit à Levallois-Perret dans les ateliers Eiffel[63], d'autres éléments dans le 17e arrondissement de Paris[64].
60
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+ La maison Gaget-Gauthier et Cie lance parallèlement la fabrication des plaques de cuivre. Elle loue un terrain de 3 000 mètres carrés rue de Chazelles, juste à côté de ses ateliers. Des formes en bois y servent à marteler des feuilles de cuivre de 2,5 millimètres d’épaisseur. Celles-ci sont ensuite fixées sur le squelette de fer, et boulonnées les unes aux autres. De nombreux aléas retarderont la construction et l'assemblage : manque d'ouvriers et artisans (charpentiers, ferronniers, plâtriers) dû au financement incomplet. Seuls 9 des 300 feuilles de cuivre sont achevées à la date du centenaire de l’indépendance, le 4 juillet 1876 et le plâtre de la main droite, celle qui porte le flambeau, se brise en mars 1876[65] . Une fois terminée, elle est envoyée, la même année, à la « Centennial Exposition » (exposition du centenaire) de Philadelphie[66] . Les visiteurs peuvent monter sur une échelle qui mène au balcon situé autour de la torche, moyennant 50 cents. Des photographies, des affiches et des maquettes de la statue sont vendues pendant l'Exposition afin de financer la suite des travaux. C'est ensuite la réalisation de la tête présentée, en 1878, à l’Exposition universelle de Paris (dans les jardins du Champ de Mars). Les visiteurs peuvent pénétrer à l'intérieur jusqu'au diadème au moyen d'un escalier de 43 mètres[67] moyennant la somme de 5 centimes.
62
+
63
+ Puis la haute statue émerge peu à peu des toits de la Plaine-Monceau et la rue de Chazelles, sur le terrain acquis pour l'occasion ; elle devient l’une des promenades favorites des Parisiens. Devenue le plus haut monument de Paris, elle se visite moyennant un droit d'entrée[61].
64
+
65
+ Des miniatures de la statue portant sur le socle le nom de Gaget sont vendues pour financer le projet. Selon la légende, c’est de là que viendrait le mot « gadget » : Gaget avec la prononciation anglaise[68].
66
+
67
+ L'ensemble terminé, la statue est démontée pour être transportée en 350 pièces par bateau. Remontée en quatre mois, elle est inaugurée à New York en octobre 1886 avec dix ans de retard sur la date prévue.
68
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+ L'armature de la statue selon des plans de 1885.
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+ Les ateliers à Paris
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+ Construction d'une des mains en présence de Bartholdi.
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+ La tête de la statue à l'atelier parisien.
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+ La statue de la Liberté dans les ateliers Gaget-Gauthier, à Paris.
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+ Tête de la statue exposée à l'Exposition de 1878 (parc du Champ-de-Mars).
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+ Couverture de l'Illustrated Newspaper du 13 juin 1885.
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+
83
+ Le 18 février 1879, Bartholdi obtient un brevet pour sa statue, le brevet D11,023[69],[70].
84
+
85
+ Ce dernier la décrit en ces termes :
86
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87
+ « Une statue représentant la Liberté éclairant le monde, qui consiste, fondamentalement en un personnage féminin drapé, avec un bras levé, portant une torche, alors que l'autre tient une tablette gravée, et avec un diadème sur la tête, en substance comme indiqué plus avant[71]. »
88
+
89
+ Le brevet précise aussi que le visage de la statue possède des « traits classiques mais graves et calmes »[72], et note que le corps de la statue est légèrement penché sur la gauche afin de reposer sur la jambe gauche, de telle sorte que le monument tienne en équilibre[73]. Il est en outre précisé que la statue est interdite de reproduction « de toute manière connue en art glyphique sous forme de statue ou statuette, ou en haut-relief ou bas-relief, en métal, pierre, terre cuite, plâtre de Paris ou autre composition plastique[74]. »
90
+
91
+ La statue est située sur l'île de Liberty Island, dans le port de New York. À l'origine, l'île était connue sous le nom de Bedloe's Island, et servait de base militaire. Elle abritait le Fort Wood construit en granit et dont les fondations en forme d'étoile à onze branches servirent de base pour la construction du socle de la statue. Le tracé géométrique de ce fort a imposé l'orientation de la statue, qui est tournée vers le sud-est dans l'axe de l'un des principaux bastions du fort, face à l'Océan et à l'Europe[75].
92
+
93
+ Le choix du terrain et son obtention demandèrent plusieurs démarches. Le 3 mars 1877, un jour avant la fin de son mandat, Grant signa une résolution approuvée par le Congrès des États-Unis autorisant le président à préparer un site et accepter la statue lorsque la France la présenterait[76]. W. T. Sherman fut nommé pour aménager le terrain où le monument serait bâti. Il choisit le site de Bedloe's Island[77].
94
+
95
+ Quinze ans avant l’inauguration, Bartholdi avait déjà envisagé de construire son bâtiment sur l’île de Bedloe. Dans son esprit, elle y était déjà construite et tournée vers son continent d'origine, l'Europe dont elle accueillait et allait continuer d'accueillir les immigrants[78].
96
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97
+ Ce n'est qu'en 1956 que le Congrès décida du changement du nom de l'île en Liberty Island, c'est-à-dire « île de la liberté ».
98
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99
+ La réalisation de l'immense socle de la statue avait été confiée par Bartholdi aux Américains, alors que les Français devaient se charger de la construction de la statue puis de son assemblage. La collecte des fonds nécessaires à la réalisation de l'ouvrage fut placée sous la responsabilité du procureur général, William M. Evarts.
100
+ Mais elle manquait de financement et les travaux s'arrêtèrent aux fondations, suscitant des critiques de la presse américaine face à ce projet jugé démesuré. Joseph Pulitzer[79] accepta de mettre à la disposition des responsables de la construction les premières pages du New York World afin de récolter de l'argent. Le journal fut également utilisé par son créateur pour critiquer les classes aisées, étant donné leur incapacité à trouver les fonds nécessaires, ainsi que les classes moyennes, qui comptaient sur les plus riches pour le faire. Les critiques acerbes du journal eurent alors des effets positifs, en incitant les donneurs privés à se manifester, tout en procurant au journal une publicité supplémentaire, puisque 50 000 nouveaux abonnés furent enregistrés pendant cette période.
101
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102
+ Les fonds nécessaires à la construction du socle imaginé par l'architecte américain Richard Morris Hunt et réalisé par l'ingénieur Charles Pomeroy Stone, furent toutefois rassemblés en août 1884. La première pierre du piédestal, renfermant une copie de la Déclaration d'indépendance des États-Unis[61], fut posée le 5 août 1884.
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104
+ Le socle est constitué de murs de béton coulé, de 6 m d'épaisseur, recouvert d'un piédestal en blocs de granit rose extrait d'une carrière du Connecticut[80]. L'édification eut lieu entre le 9 octobre 1883 et le 22 août 1886[81]. La partie socle était à la charge des Américains[82],[83]. Lorsque la dernière pierre de l'édifice fut posée, les maçons prirent plusieurs pièces d'argent dans leur poche, et les jetèrent dans le mortier. Les participants à la cérémonie déposèrent leurs cartes de visite, des médailles et des journaux dans un coffret de bronze, déposé dans le socle[84].
105
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106
+ Richard Morris Hunt s'est inspiré du socle du phare d'Alexandrie pour réaliser celui de la statue de la Liberté[85] : assis sur une pyramide basse sur des fondations en béton de 16 m de hauteur, le piédestal a une base dorique avec des boucliers sculptés dans la pierre, un fût avec des pierres en bossage et une loggia qui lui redonne une dimension humaine, et un couronnement avec balcon[61]. Au cœur du bloc qui compose le socle, deux séries de poutres rattachent directement la base à la structure interne imaginée par Gustave Eiffel de façon que la statue ne fasse qu'un avec son piédestal.
107
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108
+ Les différentes pièces de la statue furent assemblées à Paris, dans les ateliers Gaget-Gauthier rue de Chazelles, tout près du Parc Monceau, de 1881 à 1884[86],[87]. La statue ainsi montée pour la première fois reçut alors plusieurs visiteurs de marque tels que le président de la République Jules Grévy et l'écrivain Victor Hugo[88]. Le 4 juillet 1884, jour de la fête nationale américaine, eut lieu la cérémonie du don[89] puis le démontage commença en février 1885[90].
109
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110
+ La statue est envoyée à Rouen sur deux convois ferroviaires, le premier train de 40 wagons[91] et un second de 30 puis, chargée en 16 jours à bord du transport l'Isère[92] commandé par le lieutenant de vaisseau Gabriel Lespinasse de Saune. Le 21 mai elle descend la Seine[93] débarque à Caudebec-en-Caux ses 5 passagers provisoires[94] puis appareille pour sa traversée transatlantique. Retardée par une tempête et manquant de charbon une escale à Horta aux Açores retarde la traversée, elle entre dans le port de New York le 17 juin 1885[95],[96]. L'Isère, escortée par La Flore, vaisseau amiral du contre amiral Henri Lacombe chargé de représenter la France, remonte l'Hudson[97] et jette l'ancre devant Bedloe island le vendredi 19 où elle reçoit un accueil triomphal de la part des New-Yorkais[98]. Afin de rendre la traversée possible à bord d'un tel navire, la statue fut démontée en 350 pièces, réparties dans 214 caisses, en sachant que le bras droit et sa flamme étaient déjà présents sur le sol américain, où ils avaient été exposés une première fois lors de la Centennial Exposition, puis à New York. 36 caisses furent réservées aux rondelles, rivets et boulons nécessaires à l'assemblage[99].
111
+
112
+ Une fois arrivée à destination et déchargée du 22 juin au 24[100], la chambre de commerce de New york donna un banquet le soir du 24 au « Delmonico's »[101] célèbre restaurant de l'époque. Le 30 juin le contre amiral Lacombe rend la politesse à ses hôtes lors d'un banquet à bord de la Flore[102]. La statue dut attendre la fin de la construction de son piédestal et fut réassemblée en sept mois à partir du printemps 1886, sur son socle enfin achevé et dont le financement s'était accéléré grâce aux dons de nombreux Américains enthousiastes. Les différentes pièces furent jointes par des rivets en cuivre et le drapé permit de résoudre les problèmes de dilatation[103].
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+ Le 28 octobre 1886, la statue de la Liberté fut inaugurée en présence du président de l'époque[104], Grover Cleveland, ancien gouverneur de New York, devant 600 invités et des milliers de spectateurs[105]. Aucun Noir n'était invité à l'inauguration de ce monument censé aussi inspirer la fin de l'esclavage, pas plus que Joseph Pulitzer, juif et étranger, ou les femmes, d'où la manifestation de suffragettes[61],[64]. C'est Frédéric Desmons, alors vice-président du Sénat, qui représenta la France lors de l'inauguration[106]. Outre Desmons, plusieurs francs-maçons faisaient partie de la délégation française, à laquelle appartenaient également Ferdinand de Lesseps, Eugène Spuller, l'amiral Jaurès, le général Pellissier, le colonel Laussedat et Napoléon Ney[107] accompagnés de journalistes français[108]. Le monument représentait ainsi un cadeau célébrant le centenaire de l'indépendance américaine, livré avec dix années de retard.
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+ Le succès du monument grandit rapidement : dans les deux semaines qui suivirent l'inauguration, près de 20 000 personnes s'étaient pressées pour l'admirer[109]. La fréquentation du site passa de 88 000 visiteurs par an, à 1 million en 1964 et 3 millions en 1987[110].
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+ La statue fonctionna comme phare entre la date de son montage, en 1886, et 1902[111].
119
+ À cette époque, c'est l'U.S. Lighthouse board qui était chargé d'assurer son fonctionnement. Un gardien de phare avait même été assigné à la statue et la puissance du faisceau lumineux était telle qu'il était visible à une distance de 39 kilomètres[112].
120
+ Un générateur d'électricité avait alors été installé sur l'île afin de faire fonctionner la structure.
121
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122
+ La statue fut endommagée lorsque, le 30 juillet 1916, le réseau d'espionnage de l'Empire allemand, dirigé par Franz von Rintelen, fit sauter le dépôt de munitions de Black Tom Island à Jersey City pour empêcher la livraison de celles-ci à l'Entente.
123
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124
+ La déflagration fut suffisante pour briser les vitres sur une distance de 40 kilomètres ; on estime généralement sa force à 5,5 sur l’échelle de Richter et l’explosion endommagea la statue de la Liberté. Une centaine de rivets cédèrent, entre autres dégâts. Depuis, la visite du bras et de la torche de la statue est interdite. Les réparations coûtèrent 100 000 dollars de l'époque (environ 2 millions en dollars 2010)[113].
125
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126
+ L'accès de l'île fut interdit les dix jours suivant l'explosion et, pour réparer le flambeau, le gouvernement engagea le sculpteur Gutzon Borglum, qui conçut plus tard le mont Rushmore[114].
127
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128
+ La statue de la Liberté a été l'un des premiers monuments à bénéficier de ce que l'on appelle en Amérique une campagne de cause marketing. En effet, en 1983, le monument fut placé au cœur d'une opération promotionnelle menée par American Express, visant à récolter des fonds pour entretenir et rénover l'édifice. Il fut convenu que chaque achat fait avec une carte American Express entraînerait un don d'un cent par l'entreprise bancaire. La campagne permit ainsi de réunir 1,7 million de dollars. En 1984, la statue fut fermée afin que des travaux, d'un montant total de 62 millions de dollars, puissent être menés à l'occasion de son centenaire. Le président de Chrysler, Lee Iacocca, fut nommé par le président Ronald Reagan à la tête de la commission responsable de la supervision des œuvres, mais il fut plus tard destitué pour « éviter tout conflit d'intérêts »[115].
129
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130
+ En plus du remplacement de la plus grosse partie du fer de la charpente par de l'acier inoxydable et du renforcement de la structure même de la statue, la restauration du milieu des années 1980 concernait aussi le remplacement de la torche originale par une réplique, la rénovation des escaliers internes, l'installation d'un ascenseur dans le socle et l'amélioration du système de climatisation.
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132
+ La statue fut rouverte au public le 5 juillet 1986, le lendemain du Liberty Weekend.
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+ Les ouvriers chargés des travaux érigèrent un échafaudage autour de l'édifice, dont la vue fut occultée jusqu'à la cérémonie du centenaire le 4 juillet 1986. La statue, entourée de son échafaudage, apparaît d'ailleurs dans le film Remo sans arme et dangereux et Le Retour du Chinois, sortis en 1985. Le travail à l'intérieur de la structure débuta par l'emploi d'azote liquide afin d'enlever les différentes couches de peinture appliquées à l'intérieur de la carcasse en cuivre pendant plusieurs décennies. Une fois ces couches de peinture éliminées, il ne resta plus que les deux couches de goudron d'origine qui servaient à prévenir les fuites et éviter la corrosion. Le goudron fut ensuite à son tour éliminé grâce à du bicarbonate de soude, sans que la structure en cuivre subisse de quelconques dommages. Les plus gros trous présents dans le cuivre furent quant à eux lissés, avant d'être obstrués par de nouvelles plaquettes.
135
+
136
+ Chacune des 1 350 pièces métalliques soutenant la « peau » dut être ôtée puis remplacée. Le fer avait subi une forte corrosion galvanique, partout où il était en contact avec le cuivre, avec pour effet une diminution de moitié de son épaisseur. Bartholdi avait pourtant anticipé ce phénomène et prévu une combinaison d'amiante et de poix pour séparer les deux métaux, mais l'isolation s'était détériorée plusieurs décennies auparavant. De nouvelles barres en acier inoxydable modelées remplacèrent les barres de fer, avec un film de Téflon les séparant du cuivre pour protéger de la corrosion, pour une meilleure isolation et une réduction des frottements[116]. Puis de l'hydrogène liquide fut à nouveau introduit par un processus cryogénique confié à l'entreprise du Michigan CryoTech, afin de s'assurer que certaines parties de la statue soient renforcées, et résistent longtemps après les travaux.
137
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138
+ La structure interne du bras droit fut elle aussi retravaillée. Lors de la construction de la statue, le membre avait été décalé de 46 centimètres sur la droite, et en avant par rapport à la structure centrale d'Eiffel. La tête avait été décalée de 61 cm sur la gauche, ce qui faussait la charpente. Bartholdi aurait pris cette décision sans le consentement d'Eiffel en se rendant compte que le bras et le visage étaient trop proches. Les ingénieurs considérèrent les travaux de renforcement de 1932 comme insuffisants, et ajoutèrent une écharpe diagonale en 1984 et 1986 pour rendre la structure plus solide.
139
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140
+ La flamme actuelle reprend le modèle original de Bartholdi alors que depuis l'inauguration elle avait été remplacée par un phare, qui n'a d'ailleurs pas fonctionné longtemps (1886-1891). Le flambeau a été entièrement restauré et la flamme en métal recouverte de feuilles d'or, éclairée par des lampes placées sur le balcon qui l'entoure. En 1985, pour rénover le flambeau de la statue, les États-Unis, à l'initiative de Jacques Graindorge directeur de l'artisanat français et de sa chargée de mission pour les métiers d'art Catherine de Logères, ont fait appel à une entreprise de Bezannes, près de Reims, où travaillent des artisans experts en ferronnerie d'art : les Métalliers champenois. La dorure de la flamme a été réalisée par une autre entreprise rémoise, les Ateliers Gohard. L'ancienne torche est aujourd'hui exposée dans le musée érigé à la pointe nord de l’île (ouvert en 2019).
141
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142
+ En 2016 la construction du musée de la statue de la Liberté sur Liberty Island a été annoncée. Il a été achevé en 2019. Ce musée accueille la torche originale[117].
143
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144
+ La statue fut déclarée monument national le 15 octobre 1924 et fut confiée au National Park Service le 10 juin 1933. En 1986, le centenaire de la statue de la Liberté fut marqué par quatre jours de festivités appelés « Liberty Weekend »[118]. Celles-ci commencèrent le 3 juillet par une cérémonie d'ouverture sur Governors Island, et s'achevèrent le 6 juillet dans le Giants Stadium de New York. Ces quatre jours de fête marquèrent la fin des restaurations de l'édifice menées depuis le début des années 1980, sous la tutelle de la fondation Statue of Liberty-Ellis Island. Ces restaurations, dans lesquelles Chrysler fut partie prenante, furent terminées juste à temps pour la cérémonie du centenaire du monument, c'est pourquoi les différents acteurs des travaux rendirent hommage à la statue lors de ce Liberty Weekend.
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+ La cérémonie d'ouverture, qui se tint le jeudi 3 juillet dans le port de New York et sur Governors Island, attira de nombreuses célébrités, comme Gene Kelly, Gregory Peck et Steven Spielberg. Le président de la République française de l'époque, François Mitterrand, fut quant à lui l'invité d'honneur de la cérémonie. Après plusieurs chansons interprétées par Debbie Allen, Neil Diamond et Frank Sinatra, le président de l'époque, Ronald Reagan prononça deux discours : le premier au milieu de la cérémonie pour dévoiler les travaux sur la statue, et le second à la fin, au moment d'allumer la torche de la statue, puis de déclencher les feux d'artifice. Le 4 juillet, jour de fête nationale fut quant à lui célébré, toujours en présence du président américain, par un déploiement naval de navires de ligne et de grands voiliers dans le port de New York. Reagan aurait alors dit que le cortège auquel le public allait assister était aussi coloré que des feux d'artifices, et que Lady Liberty elle-même[119]. Un concert fut donné plus tard dans la soirée, avec notamment la participation du compositeur John Williams. Le lendemain matin, l'épouse du président, Nancy Reagan prononça un discours marquant la réouverture de la statue au public, et le soir, un opéra fut joué à Central Park. Le 6 juillet, les cérémonies de clôture eurent lieu dans le Giants Stadium situé dans le New Jersey, mais géographiquement proche de la statue.
147
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148
+ En prélude à ces festivités, le 6 février 1986, jour de l'anniversaire de Ronald Reagan pour ses 75 ans, l'ambassadeur de France à Washington, Emmanuel de Margerie, accompagné de Catherine Deneuve, avait remis au Président américain une statuette de cristal de 35,5 cm de haut et pesant près de 3 kg, réplique de la statue.
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150
+ La visite de l'intérieur de la statue est possible depuis son inauguration, même si l'accès au public a été plusieurs fois fermé pour des raisons de sécurité ou des travaux. Les visiteurs arrivaient par ferry, le plus souvent en provenance de Battery Park, et avaient la possibilité de grimper l'unique escalier en colimaçon au cœur de la structure métallique. La statue étant très exposée au soleil, il n'était pas rare que la température à l'intérieur du monument soit très élevée. Environ trente personnes à la fois pouvaient grimper les 354 marches conduisant à la tête de la statue et à sa couronne. De là, il était possible d'apercevoir le port de New York, mais pas la skyline[120] de Manhattan contrairement à une croyance répandue. Cela s'explique par le fait que le visage de la statue est orienté en direction de l'océan Atlantique et de la France, vers l'est. Elle fait d'ailleurs face à sa réplique parisienne « officielle » la plus célèbre du pont de Grenelle. En outre, ce même panorama était relativement restreint étant donné que les 25 fenêtres de la couronne sont plutôt petites, la plus grande d'entre elles atteignant 46 centimètres de hauteur. Toutefois, cela ne décourageait pas les touristes, qui devaient en moyenne attendre trois heures pour pénétrer dans l'enceinte de la statue, sans compter l'attente au ferry et au guichet pour les billets.
151
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152
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, Liberty Island fut interdite d’accès, avant d'être à nouveau ouverte au public en décembre de la même année, sans toutefois que l'accès au piédestal et à l'intérieur de la statue ne soit possible. Le piédestal fut de nouveau accessible le 3 août 2004. Seuls le socle de dix étages et le musée qu'il abrite étaient ouverts aux touristes, à condition d'avoir réservé un Monument Access Pass deux jours au moins avant la visite. Bien que l'intérieur de la statue soit inaccessible, une baie vitrée située à l'intérieur du socle permettait de voir la structure interne réalisée par Gustave Eiffel. Tous les visiteurs qui désirent se rendre sur Liberty Island sont contrôlés de la même manière que dans les aéroports.
153
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+ Le 6 août 2006, la directrice du National Park Service, Fran Mainella annonça dans une lettre adressée à Anthony Weiner, représentant de l'État de New York, que l'intérieur de la statue resterait fermé indéfiniment. Mainella déclara dans sa lettre que « l'actuelle réglementation des accès reflétait une stratégie de gestion responsable dans l'intérêt de tous nos visiteurs »[121]. Malgré cela, le 4 juillet 2009, l'accès du public à l'intérieur de la tête de la statue de la Liberté fut rétabli pendant une durée de deux ans avant une nouvelle fermeture devant permettre une rénovation totale[122] avant réouverture au public.
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+ Le 17 mai 2009, le Secrétaire à l'Intérieur du président Obama, Ken Salazar annonça un « cadeau spécial » pour les États-Unis, en promettant une réouverture de la statue au public le jour de la fête nationale, le 4 juillet[123]. En revanche, seul un nombre limité de personnes pouvait accéder à la couronne de la statue chaque jour[123].
157
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+ La statue et le piédestal furent de nouveau fermés le 29 octobre 2011 pour permettre l'installation de nouveaux ascenseurs, et la rénovation de plusieurs équipements comme les toilettes. La fermeture dura un an, jusqu'au 28 octobre 2012[124],[125],[126]. Une journée seulement après la réouverture, la statue fut de nouveau fermée en raison de l'Ouragan Sandy[127]. Bien que la tempête n'ait pas endommagé la statue, elle causa des dégâts sur une partie des équipements de Liberty Island et Ellis Island, comme le quai d'amarrage des ferrys acheminant les passagers sur les deux îles. Le 8 novembre 2012, un porte-parole des Park Services annonça que les deux îles resteraient fermées au public pour une durée indéterminée, le temps que les travaux de réparation puissent être effectués[128]. En raison du manque d’électricité sur Liberty Island, un générateur fut installé pour alimenter temporairement les projecteurs servant à éclairer la statue. La statue rouvrit finalement au public le 4 juillet 2013[129]. Ellis Island resta cependant fermée pendant plusieurs autres mois avant de rouvrir en octobre 2013[130]. Liberty Island fut de nouveau fermée temporairement lors de l'arrêt des activités gouvernementales fédérales de 2013 en compagnie de plusieurs autres musées, parcs et monuments publics[131].
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160
+ La statue représente une femme en station verticale, les épaules tournées de trois quarts et le pied gauche en avant, le talon arrière droit soulevé[132]. Portant des sandales, elle est vêtue d'une robe drapée recouverte d'une stola à la romaine, et coiffée d'une couronne comportant sept pointes, symbolisant les « Sept Continents » (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique, Océanie et Antarctique)[133]. Cependant, les sept pointes pourraient également évoquer les sept océans (Arctique, Antarctique, Atlantique nord et sud, Pacifique nord et sud et Indien)[134]. Le diadème fait aussi penser à celui que portait le dieu du soleil Hélios. En tout cas, Bartholdi n'a pas retenu l'idée du bonnet phrygien, symbole de liberté depuis l'Antiquité. La statue tient dans sa main gauche une tablette, qu'elle garde près de son corps, alors que sa main droite brandit une torche enflammée, maintenue en hauteur. La tablette évoque la loi ou le droit, alors que la torche renvoie aux Lumières. Certains y ont vu un symbole maçonnique[135]. La structure est recouverte d'une fine couche de cuivre, qui repose sur une énorme structure en acier (à l'origine en fer puddlé), à l'exception de la flamme qui est recouverte de feuillets d'or. La structure repose sur un premier socle de forme carrée, lui-même posé sur un autre socle en forme d'étoile irrégulière à onze pointes. La hauteur de la statue de la Liberté est de 46,05 mètres, hauteur qui est portée à 92,9 mètres entre la base du piédestal et la torche[136]. Le piédestal fait 27,2 m de hauteur, la torche 6,4 m, le bras droit tenant la torche 14 m, la tête ( du menton au sommet) 5,26 m[137].
161
+
162
+ La tablette de 7,18 m de hauteur, tenue dans la main gauche, est gravée de la date d'indépendance des États-Unis, écrite en chiffres romains : JULY IV MDCCLXXVI. Les vingt-cinq fenêtres symbolisent quant à elles vingt-cinq pierres gemmes trouvées sur la terre et les rayons du ciel qui brillent sur le monde[138]. Au pied de la structure se trouvent des chaînes brisées qui symbolisent l'affranchissement du joug de l'oppression, i. e. la liberté. La statue est tournée vers l'est, c'est-à-dire vers l'Europe, avec laquelle les États-Unis partagent un passé et des valeurs.
163
+
164
+ Sur sa base, une plaque de bronze porte gravée, une partie (la fin) du poème de la poétesse américaine Emma Lazarus, intitulé « The New Colossus » (« le nouveau colosse »). La plaque de bronze n'est pas d'origine, elle a été ajoutée en 1903[139]. Voici les derniers vers du poème, tel qu'écrit sur le socle, dans sa version originale puis traduit en français :
165
+
166
+ “Keep, ancient lands, your storied pomp!” cries she
167
+ Give me your tired, your poor,
168
+ Your huddled masses yearning to breathe free,
169
+ The wretched refuse of your teeming shore.
170
+ Send these, the homeless, tempest-tost, to me,
171
+ I lift my lamp beside the golden door !
172
+
173
+ Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge, crie-t-elle
174
+ Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
175
+ Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
176
+ Le rebut de tes rivages surpeuplés,
177
+ Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
178
+ J'élève ma lumière et j'éclaire la porte d'or !
179
+
180
+ En raison de son statut de monument universel, la statue de la Liberté a été copiée et reproduite à différentes échelles et en divers endroits du globe[140]. Ces reproductions vont des simples miniatures souvenirs vendues dans la boutique du musée aux reproductions à grande échelle qui siègent à l'entrée de certaines villes, soit parce qu'elles sont liées à l'histoire du monument ou de l'un de ses créateurs, soit parce que l'original constitue un symbole majeur de la Liberté à travers le monde[140].
181
+
182
+ Les premières miniatures de la statue, réalisées par l'entreprise Gaget-Gauthier (dont le nom pourrait avoir donné le mot « gadget » en anglais), commercialisées et distribuées aux nombreuses personnalités présentes lors de la cérémonie d'inauguration du 28 octobre 1886, ont servi de modèles aux diverses répliques construites par la suite. On en trouve surtout en France ou aux États-Unis[141], mais aussi en Autriche, en Allemagne, au Brésil, en Chine, en Italie, au Japon, au Viêt Nam, ancienne colonie française.
183
+
184
+ Ailleurs dans le monde, les répliques les plus célèbres sont celles du casino New York-New York à Las Vegas et celle de l'Odaiba à Tokyo. Durant les manifestations de la place Tian'anmen en 1989 à Pékin, les manifestants exhibèrent une statue baptisée Déesse de la Démocratie[154], qui s'inspirait très largement de la statue de la Liberté ; son sculpteur, Tsao Tsing-Yuan, déclara avoir volontairement changé son apparence pour ne pas paraître trop pro-américain[155].
185
+
186
+ Il existe d’autres répliques de la statue de la Liberté, dont Pristina, au Kosovo. Elle symbolise la libération du pays par les Américains ; Buenos Aires (fonte du Val d'Osne) au parc Belgrano.
187
+
188
+ Une statue de la Liberté « revue et corrigée façon Salvador Dalí » est située à l'entrée du village de Cadaqués, en Espagne.
189
+
190
+ Il n'existe pratiquement aucune réplique de la statue de la Liberté en Angleterre. La statue de la Liberté est en effet le symbole d'une victoire de la liberté et de la démocratie républicaine contre le système monarchique anglais. Généralement, les symboles républicains français tel que Marianne ou la statue de la Liberté sont vilipendés ou dénigrés par les monarchistes anglais. Ils sont en revanche appréciés par les républicains et les indépendantistes écossais, traditionnellement sensibles aux idéaux français (voir Auld Alliance).
191
+
192
+ La statue est très rapidement devenue une icône populaire, figurant sur de nombreuses affiches et images, dans divers films et livres. « Icône vide » donnant une image neutre et impersonnelle de la Liberté, elle peut représenter de nombreux symboles[156]. En 1911, l'écrivain américain O. Henry faisait dialoguer Miss Liberty avec une autre statue. En 1918, le monument figurait sur l'affiche du Victory Loan (prêt de la victoire) accordé par les États-Unis à l'Europe. Les représentations de la statue de la Liberté endommagée ou détruite constituent un thème iconographique récurrent dès la fin du XIXe siècle, que ce soit sur les affiches, les illustrations, les comics ou au cinéma, avec un gain net de popularité à partir du début du XXe siècle[157]. Dans les années 1940 et 1950, de nombreux magazines à sensation dépeignaient la statue entourée de ruines et de sédiments. Pendant la Guerre froide, la statue était figurée sur les affiches de propagande comme symbole de la liberté ou des États-Unis. Les dessinateurs américains en ont fait l'incarnation de New York au moment des attentats du 11 septembre 2001. La publicité l'a aussi utilisée pour mettre en valeur des produits tels que le Coca-Cola ou le chewing-gum[110]. La statue a également inspiré des peintres du XXe siècle comme Andy Warhol[110].
193
+
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+ Dans le cinéma, la statue a fait de très nombreuses apparitions. La toute première remonte à 1917, dans le film de Charlie Chaplin L'Émigrant. En 1942, elle apparaît dans la scène finale du film Cinquième Colonne, d'Alfred Hitchcock[110]. À la fin de la première version de La planète des singes, elle se trouve en partie ensevelie sous le sable d'une plage. Dans Superman 4, elle est retirée de son socle par un ennemi de Superman, avant que celui-ci ne l'y redépose. Dans SOS Fantômes 2, Miss Liberty prend vie et s'anime pour vaincre les ennemis. Elle est également filmée dans d'autres blockbusters[158] comme Le Cinquième Élément, Le Jour d'après, A.I. Intelligence artificielle, ainsi que dans des cut-scenes de séries télévisées comme Sex and the City ou Les Experts : Manhattan. Dans Cloverfield, film catastrophe réalisé par Matt Reeves, un monstre sème la destruction dans New York. On voit une scène où la tête de la statue de la Liberté s'écrase brutalement en pleine rue. Dans le film d'animation Ballerina (2016), la statue est encore en construction à Paris. Dans quelques jeux vidéo en ligne notamment dans League of Legends l'un des skins de Karthus, liche, est Statue Karthus, et dans MapleStory, la statue se trouve à NLC (New Leaf City). Dans Grand Theft Auto IV, la statue de la Liberté y est parodiée. Celle-ci tient un café au lieu d’une torche et le modèle ressemble grandement à Hilary Clinton qui, à l’époque du jeu (2008), était en campagne électorale pour l´investiture du parti démocrate contre son homologue, Barack Obama ; Liberty City, qui représente la ville de New York, parodie le fait que la ville y est très libérale et démocrate. La statue est aussi un élément du décor dans les jeux vidéos Deus Ex (2000), à moitié détruite, et Assassin's Creed Unity (2014), alors en construction à Paris.
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+
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+ En 1978, la statue est au cœur d'un canular imaginé à l'université du Wisconsin-Madison. Plusieurs étudiants reproduisent les parties hautes de la statue pour les placer dans un lac gelé de la région, ce qui donne l'impression qu'elle en émerge. Le monument figure en outre sur les plaques d'immatriculation de l'État de New York ainsi que sur celles du New Jersey. Dans le milieu du sport, Lady Liberty sert de logo à l'équipe de la NHL des Rangers de New York, et à l'équipe de basket-ball des Liberty de New York, qui évolue en WNBA. Pour célébrer le centenaire du monument, la Poste française crée en 1986 un timbre représentant le visage de la statue et intitulé « Liberté ». En 2000, le monument fait partie des propositions pour désigner les « sept nouvelles merveilles du monde » (New7Wonders), projet lancé par le réalisateur suisse Bernard Weber. Le logo de l'Université de New York reprend la torche de la statue de la Liberté pour montrer qu'elle est au service de la ville de New York. La torche apparaît à la fois sur le sceau et sur le logo de l'université, dessiné par Ivan Chermayeff en 1965. Il existe également une torche en argent réalisée par Tiffany & Co (un don d'Helen Miller Gould en 1911).
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+ L'intrigue de la bande-dessinée Un cow-boy à Paris (2018) de la série Lucky Luke se base sur le transfert de la statue de France vers les États-Unis[159].
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200
+ Le 2 février 1912, le réparateur de clochers Frederick R. Law réussit un saut en parachute depuis le balcon entourant la torche de la statue. L'autorisation lui avait été donnée par le capitaine d'armée chargé de Liberty Island. Selon un article du New York Times, le cascadeur « serait tombé comme un poids d'une hauteur de 23 mètres, alors que le parachute ne montrait aucune intention de s'ouvrir au départ », avant de descendre « gracieusement » mais d'atterrir durement pour enfin s'éloigner en boitillant[160].
201
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202
+ En 2000, le pacifiste Tito Kayak, de son vrai nom Alberto de Jésus, escalada la statue de la Liberté et y déploya un drapeau portoricain, afin de réclamer la pleine indépendance de l'île[161].
203
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204
+ Le premier suicide enregistré sur la statue de la Liberté remonte au 13 mai 1929. Au Times qui l'interrogeait, un témoin expliqua que celui qu'on allait identifier comme étant Ralph Gleason, avait rampé à l'extérieur depuis l'une des fenêtres de la statue avant de se retourner, comme pour rentrer, puis avait semblé glisser avant de tomber, rebondissant sur la poitrine de la structure dans sa chute. Le corps avait atterri sur un bout de pelouse au pied de la statue, à quelques pas d'un employé en train de tondre[162].
205
+
206
+ Six ans plus tard, en 1935, Jeffery Magee et Theodore Benz tentèrent de se suicider mais survécurent tous les deux, malgré de graves blessures.
207
+
208
+ Le jour de l'inauguration de la statue de la Liberté, le 28 octobre 1886, l'entreprise Gaget-Gauthier aurait distribué des miniatures de la statue aux personnalités présentes pour la cérémonie. Les invités se seraient ainsi demandé entre eux, et avec l'accent américain : « Do you have your Gaget? », c'est-à-dire « Avez-vous votre Gaget ? », ce qui aurait donné naissance au mot « gadget », aujourd'hui courant dans la langue française[163].
209
+
210
+ Cependant, si la première attestation écrite du mot date bien de 1886, dans l'ouvrage de Robert Brown intitulé Spunyarn and Spindrift, A sailor boy’s log of a voyage out and home in a China tea-clipper[164], d'autres étymologies sont proposées pour ce terme[165], même si l'origine réelle en reste inconnue[166]. Il est de toute façon très peu probable que la véritable étymologie du mot soit liée à la miniature de Gaget-Gauthier, d'une part parce que le terme de « gadget » était déjà apparemment en usage dans certains milieux avant l'inauguration de la statue de la Liberté (peut-être dès les années 1850, selon l'Oxford English Dictionary), et d'autre part parce que le mot n'est devenu populaire aux États-Unis eux-mêmes qu'après la Seconde Guerre mondiale[164].
211
+
212
+ En 1907, Jeanne Émilie Bartholdi, veuve de l’artiste, a fait don au musée des arts et métiers (Paris, France) d’un ensemble d’épreuves photographiques et d’objets (maquettes, moulages), consacré à la statue de la Liberté. Parmi ces moulages, on retrouve les originaux ayant servi à Bartholdi pour la réalisation de la statue[167].
213
+
214
+ Ses principales mesures sont[168] :
215
+
216
+ La statue, et au second plan, Manhattan.
217
+
218
+ Vue aérienne de Liberty Island.
219
+
220
+ La statue de la Liberté par beau temps.
221
+
222
+ Le monument vu depuis Battery Park.
223
+
224
+ La statue prise au niveau de la base.
225
+
226
+ La statue de la Liberté vue de la navette touristique qui mène à la statue et à Ellis Island
227
+
228
+ La statue de face.
229
+
230
+ Intérieur de la statue.
231
+
232
+ Réplique à Barentin.
233
+
234
+ Réplique à Colmar.
235
+
236
+ Réplique à Lunel.
237
+
238
+ Réplique à Paris (île aux Cygnes).
239
+
240
+ Le modèle à Paris (Jardin du Luxembourg).
241
+
242
+ La flamme de la Liberté à Paris (place de l'Alma).
243
+
244
+ Réplique à Poitiers.
245
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246
+ Réplique à Saint-Cyr-sur-Mer.
247
+
248
+ Réplique à Tokyo.
249
+
250
+ Réplique du jardin des Arts et Métiers, Paris (détail).
251
+
252
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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254
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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258
+ Parc national de Mesa Verde (1978) · Independence Hall (1979) · Site historique d'État des Cahokia Mounds (1982) · La Fortaleza et le site historique national de San Juan à Porto Rico (1983) · Statue de la Liberté (1984) · La culture chaco (1987) · Monticello et Université de Virginie à Charlottesville (1987) · Pueblo de Taos (1992) · Tertres monumentaux de Poverty Point (2014) · Missions de San Antonio (2015) · Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright (2019)
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+
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+ Parc national de Yellowstone (1978) · Kluane / Wrangell-St Elias / Glacier Bay / Tatshenshini-Alsek (avec le Canada) (1979) · Parc national des Everglades (1979, en péril) · Parc national du Grand Canyon (1979) · Parc national Redwood (1980) · Parc national Olympique (1981) · Parc national de Mammoth Cave (1981) · Parc national des Great Smoky Mountains (1983) · Parc national de Yosemite (1984) · Parc national des volcans d'Hawaï (1987) · Parc international de la paix Waterton-Glacier (avec le Canada) (1995) · Parc national des grottes de Carlsbad (1995)
261
+
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+ Papahānaumokuākea (2010)
fr/5505.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,262 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ La Liberté éclairant le monde[1],[2] (en anglais : Liberty Enlightening the World)[3], ou simplement Liberté, plus connue sous le nom de statue de la Liberté (Statue of Liberty), est l'un des monuments les plus célèbres des États-Unis. Cette statue monumentale est située à New York, sur la Liberty Island, au sud de Manhattan, à l'embouchure de l'Hudson et à proximité d'Ellis Island.
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5
+ Pesant 204 tonnes et mesurant 92,9 mètres, elle est construite en France et offerte par le peuple français, en signe d'amitié entre les deux nations, pour célébrer le centenaire de la Déclaration d'indépendance américaine. La statue fut dévoilée au grand jour le 28 octobre 1886 en présence du président des États-Unis, Grover Cleveland. L'idée venait du juriste et professeur au Collège de France Édouard de Laboulaye, en 1865. Le projet fut confié, en 1871, au sculpteur français Auguste Bartholdi. Pour le choix du cuivre devant être employé à la construction, l'architecte Eugène Viollet-le-Duc eut l'idée de la technique du repoussé. En 1879, à la mort de Viollet-le-Duc, Bartholdi fit appel à l'ingénieur Gustave Eiffel pour décider de la structure interne de la statue. Ce dernier imagina un pylône métallique supportant les plaques de cuivre martelées et fixées.
6
+
7
+ La statue fait partie des National Historic Landmarks depuis le 15 octobre 1924 et de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984[4]. La statue de la Liberté, en plus d'être un monument très important de la ville de New York, est devenue l'un des symboles des États-Unis et représente de manière plus générale la liberté et l'émancipation vis-à-vis de l'oppression. De son inauguration en 1886 jusqu'au Jet Age[5], la statue est ainsi la première vision des États-Unis pour des millions d'immigrants, après une longue traversée de l'océan Atlantique. Elle constitue l'élément principal du Statue of Liberty National Monument qui est géré par le National Park Service. La création de la statue de la Liberté se place dans la tradition du colosse de Rhodes, dont certaines représentations ont sans doute été une inspiration pour Bartholdi[6],[7],[8].
8
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9
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, l'accès a été interdit pour des raisons de sécurité : le piédestal a rouvert en 2004 et la statue en 2009, avec une limitation du nombre de visiteurs autorisés à accéder à la couronne. La statue (y compris le piédestal et la base) a été fermée pendant une année jusqu'au 28 octobre 2012, pour qu'un escalier secondaire et d'autres dispositifs de sécurité puissent être installés (l'accès à l'île est cependant resté ouvert). Un jour après la réouverture, l'accès a été de nouveau interdit en raison des effets dévastateurs de l'ouragan Sandy. Les accès à l'île et à la statue ont été rouverts le 4 juillet 2013[9]. L'accès du public au balcon entourant la torche est toujours interdit, pour des raisons de sécurité, depuis 1916.
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11
+ L'idée d'un présent en gage de l'amitié franco-américaine et pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance des États-Unis est traditionnellement attribuée au juriste et homme politique Édouard de Laboulaye, auteur de Paris en Amérique et des Contes Bleus. Laboulaye, devenu le leader d'un groupe libéral de républicains américanistes après la mort d'Alexis de Tocqueville, organise le 21 avril 1865 un dîner clandestin à Glatigny dont la raison officielle est de célébrer la victoire de l'Union dans la guerre de Sécession (bataille d'Appomattox Court House en avril 1865) alors que les États-Unis sont en pleine période de reconstruction et à l'aube du Gilded Age, c'est-à-dire de la « période dorée »[10]. Après le dîner, alors que ces républicains (dont Oscar du Motier de La Fayette, Charles de Rémusat, Hippolyte Clérel de Tocqueville et le sculpteur alsacien Auguste Bartholdi qui venait de sculpter le buste de Laboulaye) s'étaient affligés de l'assassinat le 15 avril 1865 d'Abraham Lincoln qu'ils idolâtraient, ils auraient eu l'idée de ce présent qui était de plus un moyen de critiquer le régime du Second Empire qu'ils jugeaient répressif[11]. Bartholdi aurait confié à ce dernier :
12
+
13
+ « Je lutterai pour la liberté, j'en appellerai aux peuples libres. Je tâcherai de glorifier la république là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous[12]. »
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+ En réalité, l'idée d'une statue en relation avec Lincoln et les États-Unis ne naît pas de ce dîner mais d'une collecte de fonds organisée en 1865 par le quotidien Le Phare de la Loire pour une médaille en or dédiée à Mary Todd Lincoln, la veuve du président américain[13]. Bartholdi a certainement mélangé la campagne pour la médaille et le dîner d'américanophiles pour inventer dans son journal, 20 ans après les faits, un pamphlet donné lors de ce dîner pour lever des fonds[14].
16
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+ Ce projet né à la fin des années 1860, en pleine vague de statuomanie, vacille en raison de la situation politique instable de la fin du Second Empire. Bartholdi, impressionné par les colosses de Memnon qu'il a découverts lors de son voyage en Égypte en 1855, se consacre alors à d'autres sculptures colossales, comme celle d'un grand phare (sous la forme d'une fellahine de 19 m de hauteur tenant une torche en l'air) à l'entrée du canal de Suez qu'il propose en 1867 à Ismaïl Pacha, khédive d'Égypte et qui s’appellerait La Liberté éclairant l'Orient. Ce projet est abandonné, faute de financement (une statue plus modeste de Ferdinand de Lesseps, sculptée par Emmanuel Frémiet, est inaugurée le 17 novembre 1899 à Port-Saïd), mais Bartholdi garde le souvenir de cette statuaire colossale égyptienne[15].
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19
+ En 1870, Bartholdi sculpte une première ébauche en terre cuite et en modèle réduit[16] aujourd'hui exposée au musée Bartholdi à Colmar. La même année, la France entre en guerre contre la Prusse et doit capituler. Le 10 mai 1871, elle cède l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand. L'opinion publique et le gouvernement français sont déçus de la sympathie des États-Unis pour les Allemands, dont le nombre était important sur le sol américain. Le projet commémoratif est temporairement écarté en raison des troubles politiques que connaît le début de la Troisième République. En effet, la plupart des Français pensent alors que cette république n'est qu'une solution temporaire qui laisserait place à la monarchie, ou à un régime semblable à celui de Napoléon Ier.
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+ Le 8 juin 1871, muni de lettres d'introduction de Laboulaye, Bartholdi part pour cinq mois pour les États-Unis où il repère le site de Bedloe's Island, future Liberty Island, et tente de gagner des partisans. Il rencontre le président américain Ulysses S. Grant le 18 juillet 1871 à New York[17]. Dans un club select de la ville de New York, il organise un dîner pour collecter des fonds auprès de riches républicains, leur révélant le coût initial de la sculpture, 125 000 dollars (correspondant à 2,5 millions au début du XXIe siècle) pour le piédestal à la charge des Américains, 125 000 pour le reste de la statue à la charge des Français, mais il revient en France sans argent, les hommes d'affaires voulant apposer le nom de leur compagnie sur la statue en échange de leur participation financière[18].
22
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23
+ La structure a été conçue dans les ateliers Gustave Eiffel, à Levallois-Perret, et au 25 rue de Chazelles dans le XVIIe arrondissement de Paris, là où se montaient les pièces de cuivre.
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+ Des sources diverses mettent en avant différents modèles qui auraient servi à déterminer le visage de la statue. Cependant, les historiens en sont réduits à des hypothèses et aucune proposition n'est véritablement fiable et authentique[19].
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+ Parmi les modèles proposés, on trouve Isabella Eugenie Boyer, veuve de l'inventeur milliardaire Isaac Merritt Singer, fondateur de la célèbre entreprise de machines à coudre, qui avait contribué au financement du projet[20]. Mais Bartholdi ne l'a connue qu'en 1875, alors que le visage existait déjà[21].
28
+
29
+ Selon certaines sources, Bartholdi se serait inspiré du visage de sa mère, Charlotte Bartholdi (1801-1891), dont il était très proche, pour donner à la statue son visage sévère[22]. Le National Geographic Magazine appuie cette hypothèse, en précisant que le sculpteur n'a jamais expliqué ni démenti cette ressemblance avec sa mère[23].
30
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31
+ D'autres modèles fantaisistes[24],[25],[26] ont été avancés : Bartholdi aurait voulu reproduire le visage d'une jeune fille juchée sur une barricade et tenant une torche, au lendemain du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte mais Bartholdi n'était pas présent à Paris à cette époque[27]. Il se serait inspiré d'un modèle qui posait pour lui, une femme surnommée la « Grande Céline », prostituée du quartier Pigalle, avec l'accord de la sous-maîtresse dirigeant le grand bordel de la rue de Chazelles, près des ateliers où les feuilles de cuivre de la statue furent assemblées[28],[29].
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33
+ Une étude publiée par Nathalie Salmon en août et en octobre 2013[30] obtient le soutien d'institutions européennes et américaines[31] ainsi que l'apport documentaire de divers organismes[32]. Elle met en avant une de ses ancêtres, l'Américaine Sarah Coblenzer (New York, 1844 - Paris, 1904), future épouse de son ami intime, fondé de pouvoir et promoteur de l'amitié franco-américaine Adolphe Salmon[33], documents à l'appui, l'auteur montre comment elle a posé pour lui à Paris pour la statue de la Liberté[34],[35],[36],[37],[38],[39],[40],[41],[24] au printemps 1875, lors d'un voyage en Europe[42]. Bartholdi a peut-être réalisé une synthèse de plusieurs visages féminins[43],[44],[45], afin de donner une image neutre et impersonnelle de la Liberté mais la ressemblance avec le visage néo-classique de Sarah Coblenzer est indéniable[46],[47].
34
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35
+ Selon Régis Hueber, historien et conservateur honoraire du musée Bartholdi, ces hypothèses relèvent de légendes. Voulant exalter la portée universelle du message républicain de la Liberté, Bartholdi ne s'est certainement pas inspiré de cas particuliers[48].
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+ Lors d'une visite en Égypte, Auguste Bartholdi fut inspiré par le projet du canal de Suez dont la construction allait être entamée sous la direction de l'entrepreneur et diplomate français Ferdinand de Lesseps, qui devint par la suite l'un de ses plus grands amis. Il imagina ainsi un immense phare qui serait situé à l'entrée du canal et dont il dessina les plans. Le phare serait à l'image de la déesse de la Liberté Libertas du panthéon romain, divinité de la liberté, mais sa représentation devait être modifiée afin de ressembler à une paysanne égyptienne en robe (une fallaha). La lumière du phare devait resplendir à travers un bandeau placé autour de la tête du phare, ainsi qu'au sommet d'une torche maintenue en l'air, en direction des cieux[49],[50]. Bartholdi présenta ses plans au Khédive Isma'il Pasha en 1867 puis de nouveau en 1869, mais le projet ne fut jamais retenu[51]. Les dessins de ce projet intitulé L'Égypte apportant la lumière à l'Asie ou La liberté éclairant l'Orient ressemblent fortement à la statue de la Liberté, même si Bartholdi a toujours affirmé que le monument new-yorkais n'était pas un réemploi, mais bien une œuvre originale[16].
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+ Le projet de construction d'un phare à l'entrée du canal de Suez s'inspirait lui-même d'un autre monument de l'Antiquité : le colosse de Rhodes qui était l'une des Sept Merveilles du monde[52]. Construit à effigie du dieu grec du soleil, Hélios, le colosse aurait eu une taille de l'ordre de 30 mètres, et se tenait également à l'entrée d'un port avec une torche pour guider les navires[52]. La position du colosse, les jambes écartées autour de l'entrée, étant cependant différente de celle de la statue de la Liberté. C'est également en statue d'Apollon Hélios, coiffée d'une couronne rayonnante, que fut transformée la statue colossale de bronze, de plus de trente mètres, de l'empereur Néron, lorsqu'elle fut déplacée devant le Colisée par Hadrien.
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+ La coiffe de la Liberté est directement inspirée du Grand sceau de France, symbole officiel de la République française depuis la Seconde République en 1848. Les deux « Libertés », française et américaine, portent chacune une couronne à sept branches symbolisant les sept mers et continents de la planète[53]. De nombreuses autres sources d'inspiration sont évoquées, comme la statue de La Liberté de la poésie brisant ses chaînes (1883), monument à Jean-Baptiste Niccolini réalisé par Pio Fedi dans la Basilique Santa Croce de Florence et dont Bartholdi aurait pu voir l'esquisse sur place en 1870[54], la même année où Jules Lefebvre réalisait son tableau La Vérité et Bartholdi les premières études de sa statue ; tandis que le thème de la liberté figurait déjà avec Le Génie de la Liberté (1836) sur la colonne de Juillet ou dans le tableau de La Liberté guidant le peuple (1830) de Delacroix.
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+ Grand sceau de la République Française (1848).
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+ La Vérité, Jules Lefebvre, Musée d'Orsay (1870).
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+ La Liberté de la poésie brisant ses chaînes, Pio Fedi (1883).
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+ Représentation du colosse de Rhode (1880).
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51
+ Denier de Néron au Colosse radié tenant le globe nicéphore.
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53
+ D'un commun accord, il est convenu que les Français seraient responsables de la conception et de la construction de la statue puis de son assemblage une fois les pièces arrivées sur le sol américain, et que les États-Unis se chargeront de la construction du socle. Cependant, des problèmes financiers surviendront des deux côtés de l'océan Atlantique.
54
+
55
+ En France, la campagne de promotion pour la statue débute à l'automne 1875[55]. C'est le Comité de l’Union Franco-Américaine[56], pour lever des fonds, fondé en 1875 par Édouard de Laboulaye, qui se charge d'organiser la collecte des fonds pour la construction de la statue[57]. Tous les moyens de l'époque seront utilisés à cette fin : articles dans la presse, spectacles, banquets, taxations publiques, loterie, coupe-papier à l'effigie de la statue, etc. La cantate La Statue de La Liberté de Charles Gounod composée spécialement est créée à l'Opéra profit de la souscription. Plusieurs villes françaises[58], des conseils généraux, des chambres de commerce, par le Grand Orient de France mais aussi des milliers de particuliers font des dons. Le nombre de 100 000 souscripteurs est annoncé[59]. Dès la fin de l'année 1875, les fonds rassemblés se montent déjà à 400 000 francs, mais le devis passe par la suite à un million de francs de l'époque[60]. Ce n'est qu'en 1880 que la totalité du financement sera assurée en France. Parallèlement, aux États-Unis, des spectacles de théâtre, des expositions d'art, des ventes aux enchères ainsi que des combats de boxe professionnels sont organisés pour recueillir de l'argent nécessaire à la construction du socle.
56
+
57
+ Bartholdi adopte pour sa statue une structure interne recouverte de feuilles de cuivre repoussé, technique qu'il a découvert sur la statue de Charles Borromée en Italie, premier exemple de l'utilisation de cuivre repoussé sur une structure solide, un pylône en maçonnerie et qui lui est proposée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc (ce dernier avait opté comme structure interne solide des caissons remplis de sable afin de donner à la statue une stabilité face aux vents puissants de la baie)[61]. Viollet-le-Duc étant tombé malade (il mourra en 1879), Bartholdi engage un nouvel ingénieur, Gustave Eiffel, qui le convainc d'adopter la technique du mur-rideau avec un pylône métallique massif (stabilisé de neuf niveaux de traverses horizontales et d'entretoises posées en diagonales) qui soutient la statue, ainsi que le squelette secondaire interne (bandes de fer plat qui agissent comme un ressort) qui permet à la « peau » en cuivre de la statue de tenir d'elle-même en position verticale et d'osciller de 8 cm par vents de 80 km/h[61].
58
+
59
+ Les 300 feuilles de cuivre d'un mètre sur trois sont fabriquées à la main dans les ateliers de la fonderie « Gaget-Gauthier et Cie » en 1878. 64 tonnes de feuilles de cuivre sont offertes par un donateur, l'industriel Pierre-Eugène Secrétan, permettant au chantier de démarrer[62]. Les travaux de précision sont ensuite confiés par Eiffel à Maurice Koechlin, l'un de ses proches avec qui il a travaillé sur la Tour Eiffel. Le pylône métallique servant d’armature et de support aux plaque de cuivre est construit à Levallois-Perret dans les ateliers Eiffel[63], d'autres éléments dans le 17e arrondissement de Paris[64].
60
+
61
+ La maison Gaget-Gauthier et Cie lance parallèlement la fabrication des plaques de cuivre. Elle loue un terrain de 3 000 mètres carrés rue de Chazelles, juste à côté de ses ateliers. Des formes en bois y servent à marteler des feuilles de cuivre de 2,5 millimètres d’épaisseur. Celles-ci sont ensuite fixées sur le squelette de fer, et boulonnées les unes aux autres. De nombreux aléas retarderont la construction et l'assemblage : manque d'ouvriers et artisans (charpentiers, ferronniers, plâtriers) dû au financement incomplet. Seuls 9 des 300 feuilles de cuivre sont achevées à la date du centenaire de l’indépendance, le 4 juillet 1876 et le plâtre de la main droite, celle qui porte le flambeau, se brise en mars 1876[65] . Une fois terminée, elle est envoyée, la même année, à la « Centennial Exposition » (exposition du centenaire) de Philadelphie[66] . Les visiteurs peuvent monter sur une échelle qui mène au balcon situé autour de la torche, moyennant 50 cents. Des photographies, des affiches et des maquettes de la statue sont vendues pendant l'Exposition afin de financer la suite des travaux. C'est ensuite la réalisation de la tête présentée, en 1878, à l’Exposition universelle de Paris (dans les jardins du Champ de Mars). Les visiteurs peuvent pénétrer à l'intérieur jusqu'au diadème au moyen d'un escalier de 43 mètres[67] moyennant la somme de 5 centimes.
62
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63
+ Puis la haute statue émerge peu à peu des toits de la Plaine-Monceau et la rue de Chazelles, sur le terrain acquis pour l'occasion ; elle devient l’une des promenades favorites des Parisiens. Devenue le plus haut monument de Paris, elle se visite moyennant un droit d'entrée[61].
64
+
65
+ Des miniatures de la statue portant sur le socle le nom de Gaget sont vendues pour financer le projet. Selon la légende, c’est de là que viendrait le mot « gadget » : Gaget avec la prononciation anglaise[68].
66
+
67
+ L'ensemble terminé, la statue est démontée pour être transportée en 350 pièces par bateau. Remontée en quatre mois, elle est inaugurée à New York en octobre 1886 avec dix ans de retard sur la date prévue.
68
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69
+ L'armature de la statue selon des plans de 1885.
70
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+ Les ateliers à Paris
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+ Construction d'une des mains en présence de Bartholdi.
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+ La tête de la statue à l'atelier parisien.
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77
+ La statue de la Liberté dans les ateliers Gaget-Gauthier, à Paris.
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+
79
+ Tête de la statue exposée à l'Exposition de 1878 (parc du Champ-de-Mars).
80
+
81
+ Couverture de l'Illustrated Newspaper du 13 juin 1885.
82
+
83
+ Le 18 février 1879, Bartholdi obtient un brevet pour sa statue, le brevet D11,023[69],[70].
84
+
85
+ Ce dernier la décrit en ces termes :
86
+
87
+ « Une statue représentant la Liberté éclairant le monde, qui consiste, fondamentalement en un personnage féminin drapé, avec un bras levé, portant une torche, alors que l'autre tient une tablette gravée, et avec un diadème sur la tête, en substance comme indiqué plus avant[71]. »
88
+
89
+ Le brevet précise aussi que le visage de la statue possède des « traits classiques mais graves et calmes »[72], et note que le corps de la statue est légèrement penché sur la gauche afin de reposer sur la jambe gauche, de telle sorte que le monument tienne en équilibre[73]. Il est en outre précisé que la statue est interdite de reproduction « de toute manière connue en art glyphique sous forme de statue ou statuette, ou en haut-relief ou bas-relief, en métal, pierre, terre cuite, plâtre de Paris ou autre composition plastique[74]. »
90
+
91
+ La statue est située sur l'île de Liberty Island, dans le port de New York. À l'origine, l'île était connue sous le nom de Bedloe's Island, et servait de base militaire. Elle abritait le Fort Wood construit en granit et dont les fondations en forme d'étoile à onze branches servirent de base pour la construction du socle de la statue. Le tracé géométrique de ce fort a imposé l'orientation de la statue, qui est tournée vers le sud-est dans l'axe de l'un des principaux bastions du fort, face à l'Océan et à l'Europe[75].
92
+
93
+ Le choix du terrain et son obtention demandèrent plusieurs démarches. Le 3 mars 1877, un jour avant la fin de son mandat, Grant signa une résolution approuvée par le Congrès des États-Unis autorisant le président à préparer un site et accepter la statue lorsque la France la présenterait[76]. W. T. Sherman fut nommé pour aménager le terrain où le monument serait bâti. Il choisit le site de Bedloe's Island[77].
94
+
95
+ Quinze ans avant l’inauguration, Bartholdi avait déjà envisagé de construire son bâtiment sur l’île de Bedloe. Dans son esprit, elle y était déjà construite et tournée vers son continent d'origine, l'Europe dont elle accueillait et allait continuer d'accueillir les immigrants[78].
96
+
97
+ Ce n'est qu'en 1956 que le Congrès décida du changement du nom de l'île en Liberty Island, c'est-à-dire « île de la liberté ».
98
+
99
+ La réalisation de l'immense socle de la statue avait été confiée par Bartholdi aux Américains, alors que les Français devaient se charger de la construction de la statue puis de son assemblage. La collecte des fonds nécessaires à la réalisation de l'ouvrage fut placée sous la responsabilité du procureur général, William M. Evarts.
100
+ Mais elle manquait de financement et les travaux s'arrêtèrent aux fondations, suscitant des critiques de la presse américaine face à ce projet jugé démesuré. Joseph Pulitzer[79] accepta de mettre à la disposition des responsables de la construction les premières pages du New York World afin de récolter de l'argent. Le journal fut également utilisé par son créateur pour critiquer les classes aisées, étant donné leur incapacité à trouver les fonds nécessaires, ainsi que les classes moyennes, qui comptaient sur les plus riches pour le faire. Les critiques acerbes du journal eurent alors des effets positifs, en incitant les donneurs privés à se manifester, tout en procurant au journal une publicité supplémentaire, puisque 50 000 nouveaux abonnés furent enregistrés pendant cette période.
101
+
102
+ Les fonds nécessaires à la construction du socle imaginé par l'architecte américain Richard Morris Hunt et réalisé par l'ingénieur Charles Pomeroy Stone, furent toutefois rassemblés en août 1884. La première pierre du piédestal, renfermant une copie de la Déclaration d'indépendance des États-Unis[61], fut posée le 5 août 1884.
103
+
104
+ Le socle est constitué de murs de béton coulé, de 6 m d'épaisseur, recouvert d'un piédestal en blocs de granit rose extrait d'une carrière du Connecticut[80]. L'édification eut lieu entre le 9 octobre 1883 et le 22 août 1886[81]. La partie socle était à la charge des Américains[82],[83]. Lorsque la dernière pierre de l'édifice fut posée, les maçons prirent plusieurs pièces d'argent dans leur poche, et les jetèrent dans le mortier. Les participants à la cérémonie déposèrent leurs cartes de visite, des médailles et des journaux dans un coffret de bronze, déposé dans le socle[84].
105
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106
+ Richard Morris Hunt s'est inspiré du socle du phare d'Alexandrie pour réaliser celui de la statue de la Liberté[85] : assis sur une pyramide basse sur des fondations en béton de 16 m de hauteur, le piédestal a une base dorique avec des boucliers sculptés dans la pierre, un fût avec des pierres en bossage et une loggia qui lui redonne une dimension humaine, et un couronnement avec balcon[61]. Au cœur du bloc qui compose le socle, deux séries de poutres rattachent directement la base à la structure interne imaginée par Gustave Eiffel de façon que la statue ne fasse qu'un avec son piédestal.
107
+
108
+ Les différentes pièces de la statue furent assemblées à Paris, dans les ateliers Gaget-Gauthier rue de Chazelles, tout près du Parc Monceau, de 1881 à 1884[86],[87]. La statue ainsi montée pour la première fois reçut alors plusieurs visiteurs de marque tels que le président de la République Jules Grévy et l'écrivain Victor Hugo[88]. Le 4 juillet 1884, jour de la fête nationale américaine, eut lieu la cérémonie du don[89] puis le démontage commença en février 1885[90].
109
+
110
+ La statue est envoyée à Rouen sur deux convois ferroviaires, le premier train de 40 wagons[91] et un second de 30 puis, chargée en 16 jours à bord du transport l'Isère[92] commandé par le lieutenant de vaisseau Gabriel Lespinasse de Saune. Le 21 mai elle descend la Seine[93] débarque à Caudebec-en-Caux ses 5 passagers provisoires[94] puis appareille pour sa traversée transatlantique. Retardée par une tempête et manquant de charbon une escale à Horta aux Açores retarde la traversée, elle entre dans le port de New York le 17 juin 1885[95],[96]. L'Isère, escortée par La Flore, vaisseau amiral du contre amiral Henri Lacombe chargé de représenter la France, remonte l'Hudson[97] et jette l'ancre devant Bedloe island le vendredi 19 où elle reçoit un accueil triomphal de la part des New-Yorkais[98]. Afin de rendre la traversée possible à bord d'un tel navire, la statue fut démontée en 350 pièces, réparties dans 214 caisses, en sachant que le bras droit et sa flamme étaient déjà présents sur le sol américain, où ils avaient été exposés une première fois lors de la Centennial Exposition, puis à New York. 36 caisses furent réservées aux rondelles, rivets et boulons nécessaires à l'assemblage[99].
111
+
112
+ Une fois arrivée à destination et déchargée du 22 juin au 24[100], la chambre de commerce de New york donna un banquet le soir du 24 au « Delmonico's »[101] célèbre restaurant de l'époque. Le 30 juin le contre amiral Lacombe rend la politesse à ses hôtes lors d'un banquet à bord de la Flore[102]. La statue dut attendre la fin de la construction de son piédestal et fut réassemblée en sept mois à partir du printemps 1886, sur son socle enfin achevé et dont le financement s'était accéléré grâce aux dons de nombreux Américains enthousiastes. Les différentes pièces furent jointes par des rivets en cuivre et le drapé permit de résoudre les problèmes de dilatation[103].
113
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114
+ Le 28 octobre 1886, la statue de la Liberté fut inaugurée en présence du président de l'époque[104], Grover Cleveland, ancien gouverneur de New York, devant 600 invités et des milliers de spectateurs[105]. Aucun Noir n'était invité à l'inauguration de ce monument censé aussi inspirer la fin de l'esclavage, pas plus que Joseph Pulitzer, juif et étranger, ou les femmes, d'où la manifestation de suffragettes[61],[64]. C'est Frédéric Desmons, alors vice-président du Sénat, qui représenta la France lors de l'inauguration[106]. Outre Desmons, plusieurs francs-maçons faisaient partie de la délégation française, à laquelle appartenaient également Ferdinand de Lesseps, Eugène Spuller, l'amiral Jaurès, le général Pellissier, le colonel Laussedat et Napoléon Ney[107] accompagnés de journalistes français[108]. Le monument représentait ainsi un cadeau célébrant le centenaire de l'indépendance américaine, livré avec dix années de retard.
115
+
116
+ Le succès du monument grandit rapidement : dans les deux semaines qui suivirent l'inauguration, près de 20 000 personnes s'étaient pressées pour l'admirer[109]. La fréquentation du site passa de 88 000 visiteurs par an, à 1 million en 1964 et 3 millions en 1987[110].
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+ La statue fonctionna comme phare entre la date de son montage, en 1886, et 1902[111].
119
+ À cette époque, c'est l'U.S. Lighthouse board qui était chargé d'assurer son fonctionnement. Un gardien de phare avait même été assigné à la statue et la puissance du faisceau lumineux était telle qu'il était visible à une distance de 39 kilomètres[112].
120
+ Un générateur d'électricité avait alors été installé sur l'île afin de faire fonctionner la structure.
121
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122
+ La statue fut endommagée lorsque, le 30 juillet 1916, le réseau d'espionnage de l'Empire allemand, dirigé par Franz von Rintelen, fit sauter le dépôt de munitions de Black Tom Island à Jersey City pour empêcher la livraison de celles-ci à l'Entente.
123
+
124
+ La déflagration fut suffisante pour briser les vitres sur une distance de 40 kilomètres ; on estime généralement sa force à 5,5 sur l’échelle de Richter et l’explosion endommagea la statue de la Liberté. Une centaine de rivets cédèrent, entre autres dégâts. Depuis, la visite du bras et de la torche de la statue est interdite. Les réparations coûtèrent 100 000 dollars de l'époque (environ 2 millions en dollars 2010)[113].
125
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126
+ L'accès de l'île fut interdit les dix jours suivant l'explosion et, pour réparer le flambeau, le gouvernement engagea le sculpteur Gutzon Borglum, qui conçut plus tard le mont Rushmore[114].
127
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128
+ La statue de la Liberté a été l'un des premiers monuments à bénéficier de ce que l'on appelle en Amérique une campagne de cause marketing. En effet, en 1983, le monument fut placé au cœur d'une opération promotionnelle menée par American Express, visant à récolter des fonds pour entretenir et rénover l'édifice. Il fut convenu que chaque achat fait avec une carte American Express entraînerait un don d'un cent par l'entreprise bancaire. La campagne permit ainsi de réunir 1,7 million de dollars. En 1984, la statue fut fermée afin que des travaux, d'un montant total de 62 millions de dollars, puissent être menés à l'occasion de son centenaire. Le président de Chrysler, Lee Iacocca, fut nommé par le président Ronald Reagan à la tête de la commission responsable de la supervision des œuvres, mais il fut plus tard destitué pour « éviter tout conflit d'intérêts »[115].
129
+
130
+ En plus du remplacement de la plus grosse partie du fer de la charpente par de l'acier inoxydable et du renforcement de la structure même de la statue, la restauration du milieu des années 1980 concernait aussi le remplacement de la torche originale par une réplique, la rénovation des escaliers internes, l'installation d'un ascenseur dans le socle et l'amélioration du système de climatisation.
131
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132
+ La statue fut rouverte au public le 5 juillet 1986, le lendemain du Liberty Weekend.
133
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134
+ Les ouvriers chargés des travaux érigèrent un échafaudage autour de l'édifice, dont la vue fut occultée jusqu'à la cérémonie du centenaire le 4 juillet 1986. La statue, entourée de son échafaudage, apparaît d'ailleurs dans le film Remo sans arme et dangereux et Le Retour du Chinois, sortis en 1985. Le travail à l'intérieur de la structure débuta par l'emploi d'azote liquide afin d'enlever les différentes couches de peinture appliquées à l'intérieur de la carcasse en cuivre pendant plusieurs décennies. Une fois ces couches de peinture éliminées, il ne resta plus que les deux couches de goudron d'origine qui servaient à prévenir les fuites et éviter la corrosion. Le goudron fut ensuite à son tour éliminé grâce à du bicarbonate de soude, sans que la structure en cuivre subisse de quelconques dommages. Les plus gros trous présents dans le cuivre furent quant à eux lissés, avant d'être obstrués par de nouvelles plaquettes.
135
+
136
+ Chacune des 1 350 pièces métalliques soutenant la « peau » dut être ôtée puis remplacée. Le fer avait subi une forte corrosion galvanique, partout où il était en contact avec le cuivre, avec pour effet une diminution de moitié de son épaisseur. Bartholdi avait pourtant anticipé ce phénomène et prévu une combinaison d'amiante et de poix pour séparer les deux métaux, mais l'isolation s'était détériorée plusieurs décennies auparavant. De nouvelles barres en acier inoxydable modelées remplacèrent les barres de fer, avec un film de Téflon les séparant du cuivre pour protéger de la corrosion, pour une meilleure isolation et une réduction des frottements[116]. Puis de l'hydrogène liquide fut à nouveau introduit par un processus cryogénique confié à l'entreprise du Michigan CryoTech, afin de s'assurer que certaines parties de la statue soient renforcées, et résistent longtemps après les travaux.
137
+
138
+ La structure interne du bras droit fut elle aussi retravaillée. Lors de la construction de la statue, le membre avait été décalé de 46 centimètres sur la droite, et en avant par rapport à la structure centrale d'Eiffel. La tête avait été décalée de 61 cm sur la gauche, ce qui faussait la charpente. Bartholdi aurait pris cette décision sans le consentement d'Eiffel en se rendant compte que le bras et le visage étaient trop proches. Les ingénieurs considérèrent les travaux de renforcement de 1932 comme insuffisants, et ajoutèrent une écharpe diagonale en 1984 et 1986 pour rendre la structure plus solide.
139
+
140
+ La flamme actuelle reprend le modèle original de Bartholdi alors que depuis l'inauguration elle avait été remplacée par un phare, qui n'a d'ailleurs pas fonctionné longtemps (1886-1891). Le flambeau a été entièrement restauré et la flamme en métal recouverte de feuilles d'or, éclairée par des lampes placées sur le balcon qui l'entoure. En 1985, pour rénover le flambeau de la statue, les États-Unis, à l'initiative de Jacques Graindorge directeur de l'artisanat français et de sa chargée de mission pour les métiers d'art Catherine de Logères, ont fait appel à une entreprise de Bezannes, près de Reims, où travaillent des artisans experts en ferronnerie d'art : les Métalliers champenois. La dorure de la flamme a été réalisée par une autre entreprise rémoise, les Ateliers Gohard. L'ancienne torche est aujourd'hui exposée dans le musée érigé à la pointe nord de l’île (ouvert en 2019).
141
+
142
+ En 2016 la construction du musée de la statue de la Liberté sur Liberty Island a été annoncée. Il a été achevé en 2019. Ce musée accueille la torche originale[117].
143
+
144
+ La statue fut déclarée monument national le 15 octobre 1924 et fut confiée au National Park Service le 10 juin 1933. En 1986, le centenaire de la statue de la Liberté fut marqué par quatre jours de festivités appelés « Liberty Weekend »[118]. Celles-ci commencèrent le 3 juillet par une cérémonie d'ouverture sur Governors Island, et s'achevèrent le 6 juillet dans le Giants Stadium de New York. Ces quatre jours de fête marquèrent la fin des restaurations de l'édifice menées depuis le début des années 1980, sous la tutelle de la fondation Statue of Liberty-Ellis Island. Ces restaurations, dans lesquelles Chrysler fut partie prenante, furent terminées juste à temps pour la cérémonie du centenaire du monument, c'est pourquoi les différents acteurs des travaux rendirent hommage à la statue lors de ce Liberty Weekend.
145
+
146
+ La cérémonie d'ouverture, qui se tint le jeudi 3 juillet dans le port de New York et sur Governors Island, attira de nombreuses célébrités, comme Gene Kelly, Gregory Peck et Steven Spielberg. Le président de la République française de l'époque, François Mitterrand, fut quant à lui l'invité d'honneur de la cérémonie. Après plusieurs chansons interprétées par Debbie Allen, Neil Diamond et Frank Sinatra, le président de l'époque, Ronald Reagan prononça deux discours : le premier au milieu de la cérémonie pour dévoiler les travaux sur la statue, et le second à la fin, au moment d'allumer la torche de la statue, puis de déclencher les feux d'artifice. Le 4 juillet, jour de fête nationale fut quant à lui célébré, toujours en présence du président américain, par un déploiement naval de navires de ligne et de grands voiliers dans le port de New York. Reagan aurait alors dit que le cortège auquel le public allait assister était aussi coloré que des feux d'artifices, et que Lady Liberty elle-même[119]. Un concert fut donné plus tard dans la soirée, avec notamment la participation du compositeur John Williams. Le lendemain matin, l'épouse du président, Nancy Reagan prononça un discours marquant la réouverture de la statue au public, et le soir, un opéra fut joué à Central Park. Le 6 juillet, les cérémonies de clôture eurent lieu dans le Giants Stadium situé dans le New Jersey, mais géographiquement proche de la statue.
147
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148
+ En prélude à ces festivités, le 6 février 1986, jour de l'anniversaire de Ronald Reagan pour ses 75 ans, l'ambassadeur de France à Washington, Emmanuel de Margerie, accompagné de Catherine Deneuve, avait remis au Président américain une statuette de cristal de 35,5 cm de haut et pesant près de 3 kg, réplique de la statue.
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150
+ La visite de l'intérieur de la statue est possible depuis son inauguration, même si l'accès au public a été plusieurs fois fermé pour des raisons de sécurité ou des travaux. Les visiteurs arrivaient par ferry, le plus souvent en provenance de Battery Park, et avaient la possibilité de grimper l'unique escalier en colimaçon au cœur de la structure métallique. La statue étant très exposée au soleil, il n'était pas rare que la température à l'intérieur du monument soit très élevée. Environ trente personnes à la fois pouvaient grimper les 354 marches conduisant à la tête de la statue et à sa couronne. De là, il était possible d'apercevoir le port de New York, mais pas la skyline[120] de Manhattan contrairement à une croyance répandue. Cela s'explique par le fait que le visage de la statue est orienté en direction de l'océan Atlantique et de la France, vers l'est. Elle fait d'ailleurs face à sa réplique parisienne « officielle » la plus célèbre du pont de Grenelle. En outre, ce même panorama était relativement restreint étant donné que les 25 fenêtres de la couronne sont plutôt petites, la plus grande d'entre elles atteignant 46 centimètres de hauteur. Toutefois, cela ne décourageait pas les touristes, qui devaient en moyenne attendre trois heures pour pénétrer dans l'enceinte de la statue, sans compter l'attente au ferry et au guichet pour les billets.
151
+
152
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, Liberty Island fut interdite d’accès, avant d'être à nouveau ouverte au public en décembre de la même année, sans toutefois que l'accès au piédestal et à l'intérieur de la statue ne soit possible. Le piédestal fut de nouveau accessible le 3 août 2004. Seuls le socle de dix étages et le musée qu'il abrite étaient ouverts aux touristes, à condition d'avoir réservé un Monument Access Pass deux jours au moins avant la visite. Bien que l'intérieur de la statue soit inaccessible, une baie vitrée située à l'intérieur du socle permettait de voir la structure interne réalisée par Gustave Eiffel. Tous les visiteurs qui désirent se rendre sur Liberty Island sont contrôlés de la même manière que dans les aéroports.
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154
+ Le 6 août 2006, la directrice du National Park Service, Fran Mainella annonça dans une lettre adressée à Anthony Weiner, représentant de l'État de New York, que l'intérieur de la statue resterait fermé indéfiniment. Mainella déclara dans sa lettre que « l'actuelle réglementation des accès reflétait une stratégie de gestion responsable dans l'intérêt de tous nos visiteurs »[121]. Malgré cela, le 4 juillet 2009, l'accès du public à l'intérieur de la tête de la statue de la Liberté fut rétabli pendant une durée de deux ans avant une nouvelle fermeture devant permettre une rénovation totale[122] avant réouverture au public.
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+ Le 17 mai 2009, le Secrétaire à l'Intérieur du président Obama, Ken Salazar annonça un « cadeau spécial » pour les États-Unis, en promettant une réouverture de la statue au public le jour de la fête nationale, le 4 juillet[123]. En revanche, seul un nombre limité de personnes pouvait accéder à la couronne de la statue chaque jour[123].
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+
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+ La statue et le piédestal furent de nouveau fermés le 29 octobre 2011 pour permettre l'installation de nouveaux ascenseurs, et la rénovation de plusieurs équipements comme les toilettes. La fermeture dura un an, jusqu'au 28 octobre 2012[124],[125],[126]. Une journée seulement après la réouverture, la statue fut de nouveau fermée en raison de l'Ouragan Sandy[127]. Bien que la tempête n'ait pas endommagé la statue, elle causa des dégâts sur une partie des équipements de Liberty Island et Ellis Island, comme le quai d'amarrage des ferrys acheminant les passagers sur les deux îles. Le 8 novembre 2012, un porte-parole des Park Services annonça que les deux îles resteraient fermées au public pour une durée indéterminée, le temps que les travaux de réparation puissent être effectués[128]. En raison du manque d’électricité sur Liberty Island, un générateur fut installé pour alimenter temporairement les projecteurs servant à éclairer la statue. La statue rouvrit finalement au public le 4 juillet 2013[129]. Ellis Island resta cependant fermée pendant plusieurs autres mois avant de rouvrir en octobre 2013[130]. Liberty Island fut de nouveau fermée temporairement lors de l'arrêt des activités gouvernementales fédérales de 2013 en compagnie de plusieurs autres musées, parcs et monuments publics[131].
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+
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+ La statue représente une femme en station verticale, les épaules tournées de trois quarts et le pied gauche en avant, le talon arrière droit soulevé[132]. Portant des sandales, elle est vêtue d'une robe drapée recouverte d'une stola à la romaine, et coiffée d'une couronne comportant sept pointes, symbolisant les « Sept Continents » (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique, Océanie et Antarctique)[133]. Cependant, les sept pointes pourraient également évoquer les sept océans (Arctique, Antarctique, Atlantique nord et sud, Pacifique nord et sud et Indien)[134]. Le diadème fait aussi penser à celui que portait le dieu du soleil Hélios. En tout cas, Bartholdi n'a pas retenu l'idée du bonnet phrygien, symbole de liberté depuis l'Antiquité. La statue tient dans sa main gauche une tablette, qu'elle garde près de son corps, alors que sa main droite brandit une torche enflammée, maintenue en hauteur. La tablette évoque la loi ou le droit, alors que la torche renvoie aux Lumières. Certains y ont vu un symbole maçonnique[135]. La structure est recouverte d'une fine couche de cuivre, qui repose sur une énorme structure en acier (à l'origine en fer puddlé), à l'exception de la flamme qui est recouverte de feuillets d'or. La structure repose sur un premier socle de forme carrée, lui-même posé sur un autre socle en forme d'étoile irrégulière à onze pointes. La hauteur de la statue de la Liberté est de 46,05 mètres, hauteur qui est portée à 92,9 mètres entre la base du piédestal et la torche[136]. Le piédestal fait 27,2 m de hauteur, la torche 6,4 m, le bras droit tenant la torche 14 m, la tête ( du menton au sommet) 5,26 m[137].
161
+
162
+ La tablette de 7,18 m de hauteur, tenue dans la main gauche, est gravée de la date d'indépendance des États-Unis, écrite en chiffres romains : JULY IV MDCCLXXVI. Les vingt-cinq fenêtres symbolisent quant à elles vingt-cinq pierres gemmes trouvées sur la terre et les rayons du ciel qui brillent sur le monde[138]. Au pied de la structure se trouvent des chaînes brisées qui symbolisent l'affranchissement du joug de l'oppression, i. e. la liberté. La statue est tournée vers l'est, c'est-à-dire vers l'Europe, avec laquelle les États-Unis partagent un passé et des valeurs.
163
+
164
+ Sur sa base, une plaque de bronze porte gravée, une partie (la fin) du poème de la poétesse américaine Emma Lazarus, intitulé « The New Colossus » (« le nouveau colosse »). La plaque de bronze n'est pas d'origine, elle a été ajoutée en 1903[139]. Voici les derniers vers du poème, tel qu'écrit sur le socle, dans sa version originale puis traduit en français :
165
+
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+ “Keep, ancient lands, your storied pomp!” cries she
167
+ Give me your tired, your poor,
168
+ Your huddled masses yearning to breathe free,
169
+ The wretched refuse of your teeming shore.
170
+ Send these, the homeless, tempest-tost, to me,
171
+ I lift my lamp beside the golden door !
172
+
173
+ Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge, crie-t-elle
174
+ Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
175
+ Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
176
+ Le rebut de tes rivages surpeuplés,
177
+ Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
178
+ J'élève ma lumière et j'éclaire la porte d'or !
179
+
180
+ En raison de son statut de monument universel, la statue de la Liberté a été copiée et reproduite à différentes échelles et en divers endroits du globe[140]. Ces reproductions vont des simples miniatures souvenirs vendues dans la boutique du musée aux reproductions à grande échelle qui siègent à l'entrée de certaines villes, soit parce qu'elles sont liées à l'histoire du monument ou de l'un de ses créateurs, soit parce que l'original constitue un symbole majeur de la Liberté à travers le monde[140].
181
+
182
+ Les premières miniatures de la statue, réalisées par l'entreprise Gaget-Gauthier (dont le nom pourrait avoir donné le mot « gadget » en anglais), commercialisées et distribuées aux nombreuses personnalités présentes lors de la cérémonie d'inauguration du 28 octobre 1886, ont servi de modèles aux diverses répliques construites par la suite. On en trouve surtout en France ou aux États-Unis[141], mais aussi en Autriche, en Allemagne, au Brésil, en Chine, en Italie, au Japon, au Viêt Nam, ancienne colonie française.
183
+
184
+ Ailleurs dans le monde, les répliques les plus célèbres sont celles du casino New York-New York à Las Vegas et celle de l'Odaiba à Tokyo. Durant les manifestations de la place Tian'anmen en 1989 à Pékin, les manifestants exhibèrent une statue baptisée Déesse de la Démocratie[154], qui s'inspirait très largement de la statue de la Liberté ; son sculpteur, Tsao Tsing-Yuan, déclara avoir volontairement changé son apparence pour ne pas paraître trop pro-américain[155].
185
+
186
+ Il existe d’autres répliques de la statue de la Liberté, dont Pristina, au Kosovo. Elle symbolise la libération du pays par les Américains ; Buenos Aires (fonte du Val d'Osne) au parc Belgrano.
187
+
188
+ Une statue de la Liberté « revue et corrigée façon Salvador Dalí » est située à l'entrée du village de Cadaqués, en Espagne.
189
+
190
+ Il n'existe pratiquement aucune réplique de la statue de la Liberté en Angleterre. La statue de la Liberté est en effet le symbole d'une victoire de la liberté et de la démocratie républicaine contre le système monarchique anglais. Généralement, les symboles républicains français tel que Marianne ou la statue de la Liberté sont vilipendés ou dénigrés par les monarchistes anglais. Ils sont en revanche appréciés par les républicains et les indépendantistes écossais, traditionnellement sensibles aux idéaux français (voir Auld Alliance).
191
+
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+ La statue est très rapidement devenue une icône populaire, figurant sur de nombreuses affiches et images, dans divers films et livres. « Icône vide » donnant une image neutre et impersonnelle de la Liberté, elle peut représenter de nombreux symboles[156]. En 1911, l'écrivain américain O. Henry faisait dialoguer Miss Liberty avec une autre statue. En 1918, le monument figurait sur l'affiche du Victory Loan (prêt de la victoire) accordé par les États-Unis à l'Europe. Les représentations de la statue de la Liberté endommagée ou détruite constituent un thème iconographique récurrent dès la fin du XIXe siècle, que ce soit sur les affiches, les illustrations, les comics ou au cinéma, avec un gain net de popularité à partir du début du XXe siècle[157]. Dans les années 1940 et 1950, de nombreux magazines à sensation dépeignaient la statue entourée de ruines et de sédiments. Pendant la Guerre froide, la statue était figurée sur les affiches de propagande comme symbole de la liberté ou des États-Unis. Les dessinateurs américains en ont fait l'incarnation de New York au moment des attentats du 11 septembre 2001. La publicité l'a aussi utilisée pour mettre en valeur des produits tels que le Coca-Cola ou le chewing-gum[110]. La statue a également inspiré des peintres du XXe siècle comme Andy Warhol[110].
193
+
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+ Dans le cinéma, la statue a fait de très nombreuses apparitions. La toute première remonte à 1917, dans le film de Charlie Chaplin L'Émigrant. En 1942, elle apparaît dans la scène finale du film Cinquième Colonne, d'Alfred Hitchcock[110]. À la fin de la première version de La planète des singes, elle se trouve en partie ensevelie sous le sable d'une plage. Dans Superman 4, elle est retirée de son socle par un ennemi de Superman, avant que celui-ci ne l'y redépose. Dans SOS Fantômes 2, Miss Liberty prend vie et s'anime pour vaincre les ennemis. Elle est également filmée dans d'autres blockbusters[158] comme Le Cinquième Élément, Le Jour d'après, A.I. Intelligence artificielle, ainsi que dans des cut-scenes de séries télévisées comme Sex and the City ou Les Experts : Manhattan. Dans Cloverfield, film catastrophe réalisé par Matt Reeves, un monstre sème la destruction dans New York. On voit une scène où la tête de la statue de la Liberté s'écrase brutalement en pleine rue. Dans le film d'animation Ballerina (2016), la statue est encore en construction à Paris. Dans quelques jeux vidéo en ligne notamment dans League of Legends l'un des skins de Karthus, liche, est Statue Karthus, et dans MapleStory, la statue se trouve à NLC (New Leaf City). Dans Grand Theft Auto IV, la statue de la Liberté y est parodiée. Celle-ci tient un café au lieu d’une torche et le modèle ressemble grandement à Hilary Clinton qui, à l’époque du jeu (2008), était en campagne électorale pour l´investiture du parti démocrate contre son homologue, Barack Obama ; Liberty City, qui représente la ville de New York, parodie le fait que la ville y est très libérale et démocrate. La statue est aussi un élément du décor dans les jeux vidéos Deus Ex (2000), à moitié détruite, et Assassin's Creed Unity (2014), alors en construction à Paris.
195
+
196
+ En 1978, la statue est au cœur d'un canular imaginé à l'université du Wisconsin-Madison. Plusieurs étudiants reproduisent les parties hautes de la statue pour les placer dans un lac gelé de la région, ce qui donne l'impression qu'elle en émerge. Le monument figure en outre sur les plaques d'immatriculation de l'État de New York ainsi que sur celles du New Jersey. Dans le milieu du sport, Lady Liberty sert de logo à l'équipe de la NHL des Rangers de New York, et à l'équipe de basket-ball des Liberty de New York, qui évolue en WNBA. Pour célébrer le centenaire du monument, la Poste française crée en 1986 un timbre représentant le visage de la statue et intitulé « Liberté ». En 2000, le monument fait partie des propositions pour désigner les « sept nouvelles merveilles du monde » (New7Wonders), projet lancé par le réalisateur suisse Bernard Weber. Le logo de l'Université de New York reprend la torche de la statue de la Liberté pour montrer qu'elle est au service de la ville de New York. La torche apparaît à la fois sur le sceau et sur le logo de l'université, dessiné par Ivan Chermayeff en 1965. Il existe également une torche en argent réalisée par Tiffany & Co (un don d'Helen Miller Gould en 1911).
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+ L'intrigue de la bande-dessinée Un cow-boy à Paris (2018) de la série Lucky Luke se base sur le transfert de la statue de France vers les États-Unis[159].
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200
+ Le 2 février 1912, le réparateur de clochers Frederick R. Law réussit un saut en parachute depuis le balcon entourant la torche de la statue. L'autorisation lui avait été donnée par le capitaine d'armée chargé de Liberty Island. Selon un article du New York Times, le cascadeur « serait tombé comme un poids d'une hauteur de 23 mètres, alors que le parachute ne montrait aucune intention de s'ouvrir au départ », avant de descendre « gracieusement » mais d'atterrir durement pour enfin s'éloigner en boitillant[160].
201
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202
+ En 2000, le pacifiste Tito Kayak, de son vrai nom Alberto de Jésus, escalada la statue de la Liberté et y déploya un drapeau portoricain, afin de réclamer la pleine indépendance de l'île[161].
203
+
204
+ Le premier suicide enregistré sur la statue de la Liberté remonte au 13 mai 1929. Au Times qui l'interrogeait, un témoin expliqua que celui qu'on allait identifier comme étant Ralph Gleason, avait rampé à l'extérieur depuis l'une des fenêtres de la statue avant de se retourner, comme pour rentrer, puis avait semblé glisser avant de tomber, rebondissant sur la poitrine de la structure dans sa chute. Le corps avait atterri sur un bout de pelouse au pied de la statue, à quelques pas d'un employé en train de tondre[162].
205
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206
+ Six ans plus tard, en 1935, Jeffery Magee et Theodore Benz tentèrent de se suicider mais survécurent tous les deux, malgré de graves blessures.
207
+
208
+ Le jour de l'inauguration de la statue de la Liberté, le 28 octobre 1886, l'entreprise Gaget-Gauthier aurait distribué des miniatures de la statue aux personnalités présentes pour la cérémonie. Les invités se seraient ainsi demandé entre eux, et avec l'accent américain : « Do you have your Gaget? », c'est-à-dire « Avez-vous votre Gaget ? », ce qui aurait donné naissance au mot « gadget », aujourd'hui courant dans la langue française[163].
209
+
210
+ Cependant, si la première attestation écrite du mot date bien de 1886, dans l'ouvrage de Robert Brown intitulé Spunyarn and Spindrift, A sailor boy’s log of a voyage out and home in a China tea-clipper[164], d'autres étymologies sont proposées pour ce terme[165], même si l'origine réelle en reste inconnue[166]. Il est de toute façon très peu probable que la véritable étymologie du mot soit liée à la miniature de Gaget-Gauthier, d'une part parce que le terme de « gadget » était déjà apparemment en usage dans certains milieux avant l'inauguration de la statue de la Liberté (peut-être dès les années 1850, selon l'Oxford English Dictionary), et d'autre part parce que le mot n'est devenu populaire aux États-Unis eux-mêmes qu'après la Seconde Guerre mondiale[164].
211
+
212
+ En 1907, Jeanne Émilie Bartholdi, veuve de l’artiste, a fait don au musée des arts et métiers (Paris, France) d’un ensemble d’épreuves photographiques et d’objets (maquettes, moulages), consacré à la statue de la Liberté. Parmi ces moulages, on retrouve les originaux ayant servi à Bartholdi pour la réalisation de la statue[167].
213
+
214
+ Ses principales mesures sont[168] :
215
+
216
+ La statue, et au second plan, Manhattan.
217
+
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+ Vue aérienne de Liberty Island.
219
+
220
+ La statue de la Liberté par beau temps.
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+
222
+ Le monument vu depuis Battery Park.
223
+
224
+ La statue prise au niveau de la base.
225
+
226
+ La statue de la Liberté vue de la navette touristique qui mène à la statue et à Ellis Island
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+
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+ La statue de face.
229
+
230
+ Intérieur de la statue.
231
+
232
+ Réplique à Barentin.
233
+
234
+ Réplique à Colmar.
235
+
236
+ Réplique à Lunel.
237
+
238
+ Réplique à Paris (île aux Cygnes).
239
+
240
+ Le modèle à Paris (Jardin du Luxembourg).
241
+
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+ La flamme de la Liberté à Paris (place de l'Alma).
243
+
244
+ Réplique à Poitiers.
245
+
246
+ Réplique à Saint-Cyr-sur-Mer.
247
+
248
+ Réplique à Tokyo.
249
+
250
+ Réplique du jardin des Arts et Métiers, Paris (détail).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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258
+ Parc national de Mesa Verde (1978) · Independence Hall (1979) · Site historique d'État des Cahokia Mounds (1982) · La Fortaleza et le site historique national de San Juan à Porto Rico (1983) · Statue de la Liberté (1984) · La culture chaco (1987) · Monticello et Université de Virginie à Charlottesville (1987) · Pueblo de Taos (1992) · Tertres monumentaux de Poverty Point (2014) · Missions de San Antonio (2015) · Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright (2019)
259
+
260
+ Parc national de Yellowstone (1978) · Kluane / Wrangell-St Elias / Glacier Bay / Tatshenshini-Alsek (avec le Canada) (1979) · Parc national des Everglades (1979, en péril) · Parc national du Grand Canyon (1979) · Parc national Redwood (1980) · Parc national Olympique (1981) · Parc national de Mammoth Cave (1981) · Parc national des Great Smoky Mountains (1983) · Parc national de Yosemite (1984) · Parc national des volcans d'Hawaï (1987) · Parc international de la paix Waterton-Glacier (avec le Canada) (1995) · Parc national des grottes de Carlsbad (1995)
261
+
262
+ Papahānaumokuākea (2010)
fr/5506.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,105 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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+ Le Christ Rédempteur (en portugais : O Cristo Redentor) est une grande statue du Christ dominant la ville de Rio de Janeiro au Brésil, du haut du mont du Corcovado.
4
+
5
+ Elle est devenue au fil des ans un des emblèmes reconnus internationalement de la ville, au même titre que le Pain de Sucre, la plage de Copacabana ou le carnaval de Rio.
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7
+ Elle fut conçue par l'ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa et réalisée par le sculpteur français Paul Landowski et le sculpteur roumain Gheorghe Leonida (pour la tête du Christ)[1] et érigée en collaboration avec l'ingénieur français Albert Caquot.
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+ Classé monument historique depuis 1973, le Christ du Corcovado est l'un des endroits touristiques les plus fréquentés de Rio avec 750 000 visiteurs par an[2].
10
+
11
+ Établie au cœur du parc national de la forêt de Tijuca, à une altitude de 710 mètres, la statue mesure 38 mètres de haut (dont 30 pour le Christ et 8 pour le piédestal, qui occupe une aire de 100 m2). Sa masse est de 1 145 tonnes[3], la masse approximative de la tête est de 30 tonnes et celle de chaque main de 8 tonnes. La tête mesure 3,75 m, chaque main 3,20 m, la largeur de la tunique est de 8,50 m. L'envergure entre les deux mains est de 28 mètres.
12
+
13
+ Ces dimensions font d'elle l'une des plus grandes statues du Christ au monde. Seuls le Christ de la Concorde à Cochabamba en Bolivie (40,44 m dont 34,20 pour le personnage)[4], la statue du Christ Roi à Świebodzin en Pologne(52,5 m / 33 m) et le Christ de Vung Tàu au Viêt Nam (36 m / 32 m) sont plus grands.
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+ À la base du Christ Rédempteur se trouve une chapelle dédiée à Nossa Senhora Aparecida, où sont célébrés mariages et baptêmes[5].
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+ La construction a commencé en 1926 et s'est terminée en 1931. Elle a duré 5 ans.
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+
19
+ La vue qu'offre le site exerça une fascination sur les premiers colons portugais, qui le baptisèrent mont Pináculo da Tentação (Pinacle de la Tentation) au XVIe siècle, avant de le rebaptiser Corcovado (« Bossu » en portugais) un siècle plus tard. La route qui mène à son sommet est construite en 1824. La ligne de chemin de fer du Corcovado, au départ de la gare de Cosme Velho, est quant à elle inaugurée le 9 octobre 1884 par l'empereur Pierre II du Brésil. Longue de 3 824 mètres[6], elle est la première du pays à être construite à des fins exclusivement touristiques[7]. Le train, plus ancien que la statue elle-même, transportera pendant les cinq années de travaux les pièces nécessaires à sa construction[6]. En 1910, la ligne est la première du Brésil à être électrifiée[6], et les anciens trains à vapeur sont remplacés par des machines électriques[5].
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+
21
+ Le Corcovado avant la construction du Christ Rédempteur
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+
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+ Le train du Corcovado
24
+
25
+ Chemin de fer du Corcovado, vu du train
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
28
+
29
+ L'idée de construire un monument religieux au sommet du Corcovado est suggérée une première fois en 1859 par le père lazariste Pedro Maria Boss. À son arrivée à Rio, il est séduit par l'endroit et demande à la princesse héritière Isabelle du Brésil de lui octroyer les moyens nécessaires à la mise en œuvre de son projet, mais son dessein, bien qu'en accord avec la monarchie d'alors, reste sans suite.
30
+
31
+ Il faudra attendre 1921 pour que l'idée soit reprise, dans le cadre des commémorations du centenaire de l'Indépendance du Brésil l'année suivante. L'Église souhaite à cette occasion réaffirmer son influence dans le pays. La première idée est de réaliser une statue du Christ en bronze, et de l'exposer au sommet du mont du Pain de Sucre. L'assemblée chargée de discuter du projet émet des doutes et fait d'autres propositions, notamment en proposant deux autres endroits possibles : le mont de Santo Antônio et le Corcovado. Ce dernier est finalement choisi, en raison de sa plus grande élévation[5].
32
+
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+ Le projet sélectionné en 1923 après concours est celui de l'ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa. Il se rend en Europe afin d'exécuter la maquette définitive et d'étudier les problèmes liés à la construction. Il y rencontre le sculpteur français Paul Landowski, d'origine polonaise par son père, à qui il confie la réalisation du projet[8]. Entre-temps, une campagne de collecte de fonds est menée, essentiellement auprès de donateurs catholiques, mais les dons tardent à arriver. Par ailleurs, la maquette fait l'objet de diverses modifications, expliquant un certain retard pris dans les travaux[5].
34
+
35
+ La première pierre est en effet posée le 4 avril 1922, mais les travaux ne débutent réellement qu'en 1926. En 1928, une commission technique examine le projet. L'armature métallique est remplacée par une structure en béton armé réalisée par l'ingénieur français Albert Caquot et la statue est redessinée pour prendre la forme d'une croix. Plusieurs matériaux sont envisagés pour le revêtement, avant que le choix ne se porte sur la stéatite, roche tendre mais très résistante et qui ne se fissure pas sous l'effet des variations de température[5].
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+ La cérémonie d'inauguration a finalement lieu le 12 octobre 1931, en présence du cardinal Dom Sebastião Leme et du chef du gouvernement provisoire, Getúlio Vargas. À l'initiative du journaliste Francisco de Assis Chateaubriand, le scientifique italien Guglielmo Marconi est invité à procéder à la première illumination du monument depuis Naples en Italie, d'où il émet un signal électrique vers une station de réception à Dorchester en Angleterre, qui le redirige vers une antenne située dans le quartier Jacarepaguá de Rio. Le mauvais temps empêche la manœuvre, et l'illumination est déclenchée localement, sans entamer le brio de la cérémonie[5]. Le système d'éclairage sera remplacé deux fois par la suite, en 1932 puis en 2000.
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+ Le discours de consécration du monument, prononcé par le cardinal Dom Sebastião Leme, ne laisse pas de doute sur les objectifs d'un tel monument : évangélisation et reprise du pouvoir de l'Église dans un État républicain. « Que cette image sacrée soit le symbole de votre lieu de vie, de votre protection, de votre prédilection, de votre bénédiction qui rayonne sur le Brésil et les Brésiliens ». Ce jour-là, l'épiscopat brésilien et plus de cinq cents prêtres demandent la béatification du petit Français Guy de Fontgalland[9], mort en 1925 à l'âge de onze ans.
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+ Le monument fait l'objet d'un certain mécontentement de la part d'autres organisations religieuses, notamment protestantes, dès 1923. Mais au fil du temps, il finit par faire l'unanimité, représentant moins un symbole religieux qu'une icône de la ville[5].
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+ Passé sous la responsabilité de l'Institut du Patrimoine Historique et Artistique National en 1937, le monument subit des travaux en 1980 à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II, puis de nouveau en 1990. D'autres travaux d'aménagement importants sont réalisés en 2003, avec la mise en service d'un escalier mécanique et d'un ascenseur panoramique, facilitant l'accès au monument[5]. De nouveaux travaux de restauration nécessitant l'installation d'un échafaudage autour de la statue ont été réalisés en 2010.
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+ Les droits du Christ Rédempteur (moraux et patrimoniaux) font depuis les années 1950 l'objet d'un litige entre la Mitre Archiépiscopale de Rio de Janeiro (Mitra Arquiepiscopal do Rio de Janeiro) et Paul Landowski, puis ses héritiers[10]. Il se situe sur le domaine public, géré par l'Institut Brésilien de l'Environnement et Ressources Naturelles Renouvelables (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis).
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+ En 1999 le parachutiste et base jumper autrichien Felix Baumgartner a sauté du haut de la statue, réalisant ainsi le saut le plus bas jamais réalisé (38 mètres).
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+ Le 7 juillet 2007, ce monument a été choisi comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde par plus de cents millions d'internautes, suite d'un vote organisé par la New Seven Wonders Foundation, liée à la New Open World Corporation, et dont les résultats ont été dévoilés à Lisbonne. L'UNESCO a rappelé dans un communiqué qu'elle n'a aucun rapport avec cet événement[11].
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+ Le 22 décembre 2009, l'artiste Locative-Art franco-italien Gaspare Di Caro, grâce à sa technique de projection d'image relevée au GPS, donne un visage à la statue du Christ Rédempteur.
52
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+ Le 16 avril 2010, des vandales non identifiés ont souillé la statue de tags et de graffitis. Cet acte qualifié de « crime contre la nation » par Eduardo Paes, le maire de la ville, a suscité un vif émoi parmi les Brésiliens[12].
54
+
55
+ Parallèlement, elle est régulièrement endommagée par la foudre qui la touche en moyenne six fois par an, aussi fait-elle l'objet de fréquentes restaurations[13]. Ainsi le 16 janvier 2014, la moitié du pouce de sa main droite est cassée par la foudre lors d'un orage au cours duquel plus de 40 000 éclairs sont tombés sur Rio[2]. Un câble paratonnerre et d'autres équipements sont pourtant disposés pour éviter ce dommage mais le câble ne s'étend que sur la tête et les bras, s'arrêtant au poignet[14].
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+
57
+ Vue panoramique depuis le site du Christ Rédempteur
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+ Le Christ Rédempteur et le soleil
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+ Gros plan du visage
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+ Christ la nuit vu de la forêt de Tijuca
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+ Christ Rédempteur après restauration.
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+ Président des États-Unis Barack Obama, la Première Dame Michelle Obama, et ses filles Sasha et Malia, devant le Christ Rédempteur, 2011
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+ Christ Rédempteur en novembre 2016
70
+
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+ Christ Rédempteur en novembre 2016
72
+
73
+ Christ Rédempteur en alignement avec la lune, mai 2019
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+
75
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
76
+
77
+ Le monument est le thème principal ou est cité dans les chansons suivantes :
78
+
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+ Dans le clip du groupe Justice, Civilization, la statue du Christ rédempteur est totalement détruite lors d'un tremblement de terre.
80
+
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+ Cristo Rei au Portugal
82
+
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+ Statue du Christ Roi en Pologne
84
+
85
+ Christ des Ozarks aux États-Unis
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+
87
+ Réplique à Taubaté au Brésil
88
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+ Cristo Luz à Balneário Camboriú au Brésil
90
+
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+ Cristo Rei à Currais Novos au Brésil
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+ Christ de Copoya, à Tuxtla Gutiérrez au Mexique
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+ Cristo de la Noas à Torreón au Mexique
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+ Cristo de la Concordia à Cochabamba (Bolivie)
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+ Cristo de Yungay, Yungay au Pérou
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+ Cristo del Otero, Palencia en Espagne
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+ Une statue est un ouvrage en trois dimensions (ronde-bosse), sculpté ou moulé, représentant en entier un personnage ou un animal, réalisé dans divers matériaux (pierre, bois, plâtre, terre, métal, plastique…)[1]. Elle est la constituante de l'art statuaire (appelé aussi « la statuaire »).
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+ Lorsque plusieurs personnages sont présents, c'est un groupe statuaire.
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+ On parle de statue pour des œuvres de taille moyenne (égale ou supérieure à la moitié de la taille naturelle, pour une sculpture d'être humain[2]), à grande (la statue de la Liberté atteint 92 m de haut) ; une œuvre plus petite est appelée statuette.
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+ La plus grande statue du monde est la Statue de l'Unité (Inde) qui mesure 182 m de haut.
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+ La statue de Gomateshvara, haute de 17 mètres, est considérée comme la plus grande statue monolithique du monde. Elle est située dans le sud de l'Inde, dans la ville de Shravanabelagola.
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+ Une statue équestre est un type de statue représentant un personnage monté sur un cheval.
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+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
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+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
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+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
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+
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+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
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+
11
+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
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+
13
+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
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+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
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+
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+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
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+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
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+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
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+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
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31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
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+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
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+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
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+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
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+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
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+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
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+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
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+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
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+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
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+ Stephenie Meyer, née Morgan le 24 décembre 1973 à Hartford dans le Connecticut, est une romancière américaine. Elle est l'auteur de la série Fascination (bien plus souvent nommée par son titre original : Twilight).
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+ Cette saga, dont le genre littéraire s'apparente à la romance fantastique, retrace l'épopée d'une humaine, Bella Swan, et d'un vampire, Edward Cullen, qui s'aiment envers et contre tout. Elle a été vendue à plus de cent millions d'exemplaires dans plus d'une cinquantaine de pays[1]. Meyer a été classée 49e sur la liste des cent personnes les plus influentes du Time Magazine en 2008.
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+ Une adaptation cinématographique de Fascination est sortie aux États-Unis le 20 novembre 2008, et le 7 janvier 2009 en France. Meyer est aussi l'auteur du roman de science-fiction pour adultes Les Âmes vagabondes.
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+ Stephenie Morgan est née à Hartford de Stephen et Candy Morgan. Elle grandit à Phoenix (Arizona), dans une famille de six enfants ; ses frères et sœurs se prénomment Seth, Emily, Jacob, Paul et Heidi. Elle fréquente la Chaparral High School de Scottsdale en Arizona, puis la Brigham Young University de Provo dans l'Utah, où elle obtient un diplôme de littérature anglaise en 1995[2]. Stephenie Morgan, mormone, rencontre son mari Christian Meyer (comptable), surnommé « Pancho », à l'époque où elle vit en Arizona, et l'épouse en 1994 à 21 ans. Ils ont trois enfants : Gabe, Seth et Eli. Femme au foyer, elle se met à écrire en racontant l'un de ses rêves. Avant d'être romancière, Stephenie Meyer était réceptionniste dans une agence immobilière.
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+ Stephenie Meyer dit que l'idée de Twilight lui vient d'un rêve qu'elle a fait le 2 juin 2003. Dans ce rêve, il y avait une humaine et un vampire qui s'aimaient, mais la soif que provoquait le sang de l'humaine rendait leur vie impossible. S'inspirant de ce rêve, Stephenie Meyer écrit la transcription de ce qui est maintenant le chapitre 13 du livre. En effet, son rêve est très clairement illustré par la scène de la clairière du film Fascination (VF de Twilight). Bien qu'elle ait peu d'expérience de l'écriture, en l'espace de trois mois elle écrit un roman complet. Après avoir écrit et publié le roman, elle signa un contrat pour trois livres avec la Little, Brown and Company pour 750 000 $. Le livre est sorti en 2005.
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+ Fascination obtint rapidement des approbations et gagna de nombreux honneurs :
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+ Le livre atteignit la 5e place au New York Times Best Seller list pour les livres destinés aux jeunes adultes, et fut traduit en plus de vingt langues. Cependant l'accueil des critiques fut mitigé. Booklist Magazine écrivit : « Il y a des défauts ici – une intrigue qui aurait pu être resserrée, une trop grande confiance dans les adjectifs et les adverbes pour soutenir le dialogue – mais cette romance noire s'infiltre dans l'esprit. »[réf. nécessaire] ; Kirkus Reviews écrivit : « [Fascination] est loin d'être parfait : le portrait d'Edward comme le tragique héros monstrueux est excessivement byronien, et l'appel de Bella est fondé sur la magie plutôt que sur les personnages. Néanmoins, le portrait de deux amants dangereux frappe sur-le-champ ; les fans de romances noires trouveront difficile d'y résister. »[réf. nécessaire]
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+ Après le succès de Fascination (2005), Stephenie Meyer développe l'histoire avec trois nouveaux livres : Tentation (2006), Hésitation (2007) et Révélation (2008). La première semaine après sa publication, la première suite, Tentation, se classe à la 5e place du New York Times Best Seller list des livres pour enfants ; la deuxième semaine, cet ouvrage se hisse à la 1re place ; il y restera onze semaines. Au total, il se maintiendra plus de cinquante semaines au classement. Après la sortie d'Hésitation, le troisième livre de la série s'affiche pendant cent quarante-trois semaines sur la New York Times Best Seller list. Le quatrième ouvrage de la saga, Révélation, sorti aux États-Unis avec un premier tirage de 3 700 000 exemplaires. Plus d'un million trois cents mille exemplaires furent vendus le premier jour, établissant un record pour Hachette Book Group USA. En France, Hachette en publie 100 000 exemplaires. Deux jours plus tard, l'éditeur est en rupture de stock. Ces quatre ouvrages se sont vendus à plus de 18 000 000 d'exemplaires dans 37 pays, dont 8 500 000 aux États-Unis.
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+ Dès l'achèvement du quatrième roman de la série, Stephenie Meyer annonça que Révélation serait le dernier roman raconté par Bella Swan. Midnight Sun était un roman compagnon pour la série. Ce sera une adaptation des événements du roman Fascination, mais raconté du point de vue d'Edward Cullen (comme étant l'opposé de Bella Swan). Stephenie Meyer avait espéré voir Midnight Sun publié peu de temps après la sortie de Révélation, mais après le piratage d'un brouillon des douze premiers chapitres, Stephenie a choisi de retarder le projet, jusqu'en 2020.
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27
+ Le magazine économique américain Forbes établit tous les ans le palmarès des personnalités les plus puissantes du monde en tenant compte de l'argent qu'elles ont gagné dans les 12 derniers mois, mais aussi de leur présence dans les médias. Il place Stephenie Meyer au 26e rang dans la catégorie « célébrités ». Phénomène éditorial de l'année 2009, Stephenie Meyer a engrangé 50 millions de dollars entre juin 2008 et juin 2009 grâce aux 29 millions d'exemplaires vendus de ses romans et aux retombées du film Twilight, qui a dégagé dès le premier week-end de sa sortie un bénéfice brut de 70 millions de dollars[3]. En janvier 2010, le classement de plusieurs magazines dédiés à l'édition, dont Livres-Hebdo en France et The Bookseller (en) en Grande-Bretagne, la place à la deuxième place des écrivains de fiction les plus vendus en Europe en 2009[4].
28
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29
+ Stephenie Meyer a suscité l'apparition de groupes de fans parmi les jeunes lecteurs de sa saga Twilight. Ils sont basés dans la petite ville de Forks dans la Péninsule Olympique, dans l'État de Washington. Forks a ainsi reçu une attention inhabituelle, et célèbre le Stephenie Meyer Day (le « Jour de Stephenie Meyer ») le 13 septembre, la date d'anniversaire du personnage de Bella Swan, en honneur de l'auteur.
30
+
31
+ Les fans s'expriment par d'autres moyens : « [Ils] s'habillent comme ses personnages. Ils écrivent leurs propres histoires et les publient sur l'Internet. Quand elle apparaît dans une librairie, 3 000 personnes viennent pour la voir. Il y a des groupes de rock qui ont pour thème Fascination »[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Stephenie Meyer, lectrice avide, cite plusieurs romans comme inspiration pour la saga Twilight, incluant Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë et Anne... la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery. Elle dit aussi que son écriture est fortement influencée par la musique, et elle publie sur son site des playlists de chansons qui ont spécifiquement inspiré ses livres. Les groupes le plus souvent inclus dans ses playlists sont Muse, Blue October, My Chemical Romance, Coldplay et Linkin Park.
34
+
35
+ La saga Twilight est adaptée au cinéma :
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+
37
+ Stephenie Meyer apparaît dans Twilight Chapitre 1 : Fascination quand Bella et Charlie sont au restaurant, ainsi que dans Twilight Chapitre 4 : Révélation (1re partie) comme étant l'une des invitées au mariage de Bella et Edward.
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+
39
+ Malgré l'arrêt momentané de l'écriture de Midnight Sun, Stephenie Meyer n'en abandonne pas pour autant la série Twilight. L'Appel du sang - la seconde vie de Bree Tanner, raconte la vie du vampire nouveau-né Bree Tanner, l'armée et son ancienne vie. Le roman, publié par Hachette, est sorti le 5 juin 2010, soit peu avant la sortie du film Hésitation (Stephenie Meyer voulant donner la vue d'un autre vampire pour le film et notamment le combat final), et était en pré-commande partout sur Internet. Les fans ont d'ailleurs organisé plusieurs événements dans différentes villes de France à l'occasion de la sortie du livre, parmi lesquelles Paris, Lille, Bordeaux et Lyon, Montpellier[10].
40
+
41
+ Une des petites histoires de Stephenie Meyer fut publiée dans Nuits d'Enfer au Paradis, un recueil d'histoires à propos de bals de fin d'année mais avec des effets surnaturels. Les autres auteurs qui ont contribué à ce recueil sont Meg Cabot, Kim Harrison, Michele Jaffe, et Lauren Myracle.
42
+
43
+ En mai 2008, le roman de science-fiction pour adultes Les Âmes vagabondes est sorti par la division adulte de Little, Brown and Company. Il suit l'histoire de Mélanie Stryder et Vagabonde, une jeune femme et un « esprit » alien envahissant (une âme), qui sont forcés de travailler comme un seul. Les Âmes vagabondes débuta à la première place de la New York Times Best Seller list, et resta sur la liste pendant 26 semaines. Stephenie Meyer a déclaré qu'elle avait « presque fait » une suite possible pour Les Âmes vagabondes, intitulé The Soul (L'âme). Si elle continue la série, le troisième tome serait appelé The Seeker (Le Traqueur).
44
+ Les Âmes vagabondes est sorti en octobre 2008 en France.
45
+
46
+ Stephenie Meyer dit avoir plusieurs autres idées de livres pour le moment, incluant une histoire de fantômes intitulée The Summer House (littéralement La Maison de l'Été), et un roman impliquant des voyages dans le temps, ainsi qu'un autre à propos de sirènes.
47
+
48
+ Le 28 août 2008, il a été révélé que Stephenie Meyer avait scénarisé le nouveau clip de Jack's Mannequin, The Resolution, dont elle a assuré la réalisation la semaine suivante[réf. nécessaire].
49
+
50
+ La saga est parue en livre audio, aux éditions Audiolib.
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52
+ Une adaptation de Fascination en manga a été publiée, dessinée par Young Kim.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Livre du point de vue : Bella (2005) - Edward (2020) Roman graphique : 1re partie (2010) - 2e partie (2011) Film (2008) - Bande originale
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+ Livre (2006) Roman graphique : 1re partie (2013) - 2e partie (....) Film (2009) - Bande originale
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+ Livre (2007) Film (2010) - Bande originale
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+ Livre (2008) Films :1re partie (2011) - 2e partie (2012)
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+
3
+ Le terme de banque renvoie à deux conceptions. Soit il s'agit d'un secteur d'activité économique, celui traitant les opérations de banque — le secteur bancaire —, qui comprend les fournisseurs et les distributeurs des contrats relatifs à ces opérations. Soit le terme vise l'un des types d'entreprises actifs dans ce secteur, essentiellement des établissements de crédit ou des établissements de paiement, s'agissant des fournisseurs de services, ou des entreprises d'intermédiation bancaire, pour ce qui concerne les distributeurs de ces mêmes services.
4
+
5
+ Le dictionnaire Larousse définit la banque comme un « Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières »[1]. Au sens du droit positif français, essentiellement d'origine européenne, une banque est l'une des catégories légales d'établissement de crédit (article L. 511-1 du Code monétaire et financier).
6
+
7
+ Ces établissements de crédit exercent sous la condition de disposer d'une autorisation administrative, telle que l'agrément, en France ; ils pratiquent l'octroi des opérations de banque (article L.311-1 de ce même Code monétaire et financier). L'activité étant subordonnée à cette autorisation conduit parfois à la qualifier de "monopole", terme juridiquement inadéquat. De plus, ces établissements bancaires ne disposent pas davantage du monopole de la distribution bancaire, qui représente la fonction de commercialisation. Ils partagent cette fonction de distribution bancaire avec d'autres acteurs bancaires, les intermédiaires qui ne sont pas des banques.
8
+
9
+ La taille d'un établissement de crédit se mesure soit en fonction de son chiffre d'affaires (ou Produit Net Bancaire, cf infra), soit en fonction de celle de son bilan comptable (total des actifs), soit encore de ses parts de marché ou du nombre de ses employés. En 2014, la plus grande banque au monde, par le total des actifs, est la banque chinoise Industrial & Commercial Bank of China, devant la britannique HSBC[2].
10
+
11
+ Une banque est donc, à la fois, une entreprise qui :
12
+
13
+ Elle est ainsi au cœur du commerce de l'argent et en responsabilité directe dans la gestion des risques financiers présents dans un système économique.
14
+
15
+ Cette activité peut être exercée pour le compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds, proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement (chèques, cartes bancaires) et de change, prêter de l'argent (crédit), et plus généralement se charger de tous services financiers. Une banque commerciale peut également intervenir pour réaliser des opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son compte ou celui de sa clientèle.
16
+
17
+ Les activités de banque de dépôt (ou « banque commerciale ») peuvent se distinguer de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux types d'activité, ce qui donne régulièrement lieu à débat (voir celui inauguré au début du XXe siècle par la Doctrine Germain).
18
+
19
+ En raison de l'importance des activités bancaires dans l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation précise encadrant l'exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter des dépôts, gérer et distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, prélèvements, principalement) sont donc des activités réservées à des établissements agréés et soumis à autorisation préalable.
20
+
21
+ Les deux fonctions des banques commerciales, gérer les risques et vendre les produits bancaires, doivent être clairement dissociées. En effet, des entreprises sans agrément, mais immatriculées, peuvent distribuer des produits bancaires, dont les risques restent gérés par les établissements bancaires[3].
22
+
23
+ Les banques commerciales assurent la bonne tenue d'un registre des comptes et la gestion des transferts entre ces comptes. À ce titre elles facilitent les échanges économiques et contribuent à la traçabilité des flux financiers. L'État leur confère souvent la responsabilité d'assurer la traçabilité des opérations financières et ainsi de contribuer à la lutte contre les trafics illicites, le blanchiment d'argent ou plus récemment contre la fraude fiscale (voir en particulier la lutte contre les paradis fiscaux).
24
+
25
+ Dans le système bancaire, les établissements bénéficient d'un pouvoir important étant des agents économiques de la création de la monnaie. Les banques ont en effet la faculté de créer et de gérer des dettes. Toute dette ainsi créée équivaut à une création de monnaie, toute dette éteinte par son remboursement équivaut à une destruction de monnaie. L'impact économique de cette monnaie dite « scripturale » selon les mécanismes décrits par la théorie économique est fort :
26
+
27
+ En sens contraire, les restrictions de liquidité ou de financement qui seraient pratiquées par les établissements bancaires provoquent des restrictions immédiates sur l'économie.
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+
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+ La dynamique qui permet aux banques de fournir du crédit aux agents économiques est techniquement permise :
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+ Toutes ces décisions constituent une prise de risque qui doit être convenablement appréciée et maîtrisée, même si en contrepartie, elles créent le soutien nécessaire aux activités économiques jugées saines et opportunes.
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+
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+ En sus des billets de banque et des pièces de monnaie, la monnaie scripturale - qui matérialise le résultat de ces décisions - figure dans les comptes des banques et représente maintenant des montants considérables (plus de 90 % de la masse monétaire définie comme la quantité de monnaie en circulation). Ceci explique qu'elle soit encadrée :
34
+
35
+ Au XVIe siècle, la banque est « la table de changeur ou de commerçant, le lieu où se fait le trafic, le commerce de l'argent »[4]. Le mot correspond à une forme féminine de « banc » et dérive de l'italien « banca » introduit en France lors de l'installation des banques italiennes à Lyon.
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+
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+ L'usage de telles « tables » est attesté dans les temps plus anciens.
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+
39
+ La Bible rapporte que Jésus, chassant les marchands du Temple, bouscule les « tables des offrandes et des changeurs ».
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+ Dans le monde orthodoxe grec, la « trapeza » désigne la table où, dans les monastères, les pèlerins viennent déposer leurs offrandes. Aujourd'hui, en grec moderne, le terme « trapeza ou Τραπεζα » signifie également « Banque ».
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+
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+ Le cadre bancaire et financier, en France, est donné par le Code monétaire et financier.
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+
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+ Ce recueil normatif ne procure pas de définition juridique de la « Banque ».
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+ En revanche, il propose et connaît six natures juridiques d'établissements :
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+ Les banques appartiennent donc à la catégorie juridique et économique des établissements de crédit, lesquels réalisent des opérations de banque telles que définies par la loi dans le respect des dispositions législatives et réglementaires correspondantes.
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+
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+ En France, l'article L.311-1 du code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».
52
+
53
+ Dans chaque zone monétaire, l'activité bancaire se trouve être supervisée par une banque -la banque centrale- disposant d'un statut particulier lui assurant une relative indépendance pour assurer des missions spécifiques :
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+
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+ Il existe plusieurs types de « banques » en fonction :
56
+
57
+ Comme rappelé en introduction, le terme « banque » peut renvoyer, soit à un type d'établissement, soit à un secteur d'activité. En ce cas, il convient de noter que « la banque » regroupe des entreprises qui peuvent avoir différents statuts juridiques : « les banques » ne sont pas les seules à composer « la banque ».
58
+
59
+ Les premières techniques de banques sophistiquées de l'histoire bancaire européenne apparaissent dans les villes italiennes de Florence et Gênes à la fin du Moyen Âge.[5] Les premiers échanges de parts standardisées et diversifiées, relevant de l'histoire boursière, ont lieu dans le quartier du Rialto à Venise.
60
+
61
+ Ensuite l'Angleterre joue un rôle moteur dans les deux domaines, lors de Révolution financière britannique des années 1690. Puis le Bank Charter Act de 1833 incite les banques anglaises à se faire coter en Bourse pour pouvoir émettre des billets de banque, à une époque où ceux-ci inspirent encore de la méfiance à une partie de la population en Europe et aux États-Unis. Au cours de la seule année, 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres[6].
62
+
63
+ En France, l'expansion du secteur bancaire démarre véritablement après la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, obligeant la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser de l'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre.[7] Ce diktat allemand fait doubler la dette publique française, mais crée une classe d'épargnants, avec 4 millions de français porteurs d'obligations du Trésor français en 1880, contre 1,5 million en 1870[8]. Le besoin d'un réseau bancaire se fait sentir, ce qui accélère la création de grandes banques de dépôt (Création du Crédit lyonnais en 1863 à Lyon par François Barthélemy Arlès-Dufour et Henri Germain ou la Société Générale à Paris en 1864) et contribue à l'expansion boursière sous la IIIe République.
64
+
65
+ En Suisse, les banques privées des XVIe et XVIIe siècles ne pouvaient pas profiter du grand business avec l'endettement public comme les établissements financières dans les grandes royaumes d'Europe, car les pouvoirs décentralisés dans le pays alpin manifestait à ce temps-là déjà beaucoup de discipline fiscale. Elles focalisaient donc leur activités dans le commerce et les investissements à l'étranger. Après 1850, l'industrialisation et le développement du réseau ferroviaire créaient en Suisse un grand besoin pour des moyens d'investissement à domicile. Des banques modernes qui ont été créées à ce temps-là, après beaucoup de fusionnements, se formaient jusqu'à la fin du XXe siècle, les deux grandes banques UBS et Crédit suisse. Le troisième groupe important des banques en Suisse sont les caisses cantonales et communales dont les premières ont été créées au XIVe siècle[9].
66
+
67
+ Les tendances contemporaines observées dans l'activité bancaire sont :
68
+
69
+ Cette évolution de la distribution des produits et des services bancaires est notable, en France, avec l'introduction d'un nouveau cadre réglementaire en 2013 (articles L. 519-1 à L. 519-6 et R. 519-1 à R. 519-31 du code monétaire et financier).
70
+
71
+ L'impact de cette évolution de la vente bancaire est fort ; celui-ci touche tous les clients des banques. Autrefois marquée par la spécialisation des banques (ventes réservées aux seuls établissements de crédit et établissements spécialisés dans tel ou tel produits ou clientèles), la commercialisation des opérations bancaires est devenue généraliste et mixte. Aux côtés des réseaux « classiques » d'agences distributrices, se sont installés durablement de nouveaux canaux de vente et de nouveaux types de vendeurs. Par exemple, les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement ou IOBSP comme le sont les courtiers en crédit qui pratiquent le courtage en prêt immobilier. Des normes juridiques sont applicables à ce volet très actuel des évolutions bancaires, visant à mieux assurer l'osmose entre les consommateurs et les circuits bancaires. En particulier, ces nouveaux distributeurs bancaires sont soumis à des règles d'accès à la profession.
72
+
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+ Il est assez probable que cette évolution forte transformera le nombre et les fonctions des agences bancaires, avec l'apparition, à proche avenir, de réseaux de vente de produits bancaires indépendants des banques.
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+
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+ Ces activités se concentrent autour des opérations de banque. Celles-ci sont donc au nombre de trois : crédit, dépôts reçus du public et paiements.
76
+
77
+ Des prestations connexes, complémentaires, peuvent être proposées par les établissements bancaires. Les investissements financiers et instruments de placement relèvent, quant à eux, de l'activité financière.
78
+
79
+ La fourniture de crédit s'analyse en fonction de la nature du crédit consenti (professionnel, immobilier, à la consommation, regroupement de crédits), ainsi que de la nature de l'emprunteur (entreprise, consommateur, État ou entités publiques).
80
+
81
+ L'établissement bancaire :
82
+
83
+ Le premier service spécifique des banques aux entreprises est la gestion des traites (LCR, Billet à ordre). L'escompte des traites est une des activités historiques des banques. Elle reste importante en France où la traite a la vie tenace, moins dans d'autres pays. L'escompte des traites est un crédit relativement court.
84
+
85
+ Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
86
+
87
+ Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou de ses dirigeants.
88
+
89
+ Avec la dé-spécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks, des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des banques.
90
+
91
+ Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit proprement dite[réf. nécessaire].
92
+
93
+ Les banques cherchent à se placer à toutes les phases de vie d'une entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions, acquisitions, restructuration, sortie de cote, cession.
94
+
95
+ Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients), l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales spécialisées).
96
+
97
+ L'une des contestations les plus fréquentes de ces activités provient des PME-PMI qui contrairement aux grands groupes ont en général beaucoup de mal à se faire financer notamment en phase de récession ou de mauvais climat des affaires. Les autorisations de découvert sont systématiquement retirées provoquant de graves difficultés de trésorerie exogènes et indépendantes de la santé des entreprises en question. Le financement participatif envisage une réponse à cette critique.
98
+
99
+ La consanguinité entre gestion de fortune et production de fonds de placement a été souvent dénoncé comme source de conflits d'intérêt, la banque pouvant utiliser les mandats de gestion de la gestion de fortune pour faire vivre ses propres produits de placement dans lesquels pouvaient être placé des produits plus ou moins toxiques.
100
+
101
+ L'introduction massive des CDO dans les OPCVM de trésorerie dits dynamiques a rappelé les dangers de l'asymétrie dans la connaissance des risques entre gestionnaires et particuliers. La banque recevait d'un côté des commissions extrêmement importantes et de l'autre introduisait du risque non perçu par la clientèle.
102
+
103
+ De même l'introduction d'escroqueries comme les différents « fonds Madoff » dans les comptes en mandat de gestion en contrepartie de très fortes commissions fait l'objet de sévères critiques, notamment pour les clients de la banque suisse UBS. On s'attend généralement à une certaine prudence et à des vérifications de la réalité des titres intégrés dans les portefeuilles. L'expérience a montré que cette espérance pouvait ne pas être exactement fondée, l'attrait des commissions l'emportant sur l'intérêt des clients.
104
+
105
+ La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre. Le cas le plus caricatural est celui de l'action Wanadoo introduite à très haut cours par certaines grandes banques françaises puis retirée à moitié prix quelque temps plus tard. Les portefeuilles sous mandat ont été gorgés de ces titres et ont perdu 50 % de leur valeur sans que les épargnants puissent réagir. La banque elle a gagné deux fois sur une opération perdante pour ses clients.
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107
+ La situation d'un groupe financier commercialisant, auprès de ses clients, des titres de sociétés appartenant à ce même groupe, est également pointé comme une source de conflit d'intérêts.
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+
109
+ Ces excès expliquent que des voix s'élèvent pour interdire les doubles rémunérations par les gestionnaires de fortune. Même si la réalité de ces opérations est partiellement masquée par le fait que ce sont des parties différents de la banque voire des filiales différentes qui assurent ces doubles rémunérations.
110
+
111
+ Un autre aspect de cette problématique tient aux activités de gestion pour compte propre de la banque qui peut spéculer et acquérir des titres dangereux qu'il est facile de refiler aux comptes en gestion de fortune, voire aux clients en général. Il a été noté aux États-Unis qu'une bonne part des produits titrisés à haut risque et hautes commissions ont d'abord été monté dans le cadre de la gestion pour compte propre avant d'être vendu avec commission aux épargnants. Des procès sont en cours en Suisse contre l'UBS pour des opérations du même genre (création d'ABS puis cession aux petits épargnants).
112
+
113
+ En matière de crédits aux particuliers, à la consommation ou immobiliers, un cadre juridique commun de distribution s'est mis en place, en 2008 et en 2016 (ordonnance 2016-351 du 25 mars 2016). Ce cadre impose des obligations partagées et communes à tous les distributeurs de crédits aux particuliers. La France a décidé d'étaler sa mise en œuvre, entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019.
114
+
115
+ Depuis que la Banque centrale ne peut plus directement financer le Trésor Public par la création de monnaie, une norme qui s'est progressivement généralisée et qui est appliquée notamment par la BCE en application l'article 123 du TFUE[11] (ex article 104 du Traité de Maastricht[12]), ce sont les banques commerciales et le marché monétaire qui financent les déficits publics. Des pays qui comme la France sont en situation de déficits constants pratiquement depuis la crise de 1974 ont vu leur endettement s'envoler et représenter une part croissante du produit net bancaire. En France, le crédit aux collectivités locales s'est également considérablement accru en proportion de l'extension considérable de leurs budgets depuis la décentralisation.
116
+
117
+ Ici encore, de nombreuses voix s'élèvent contre une activité de prêt pratiquement captive qui voit la banque bénéficier pour son compte propre de la rente de création de monnaie au détriment de l'État, alors que le seigneuriage sur un financement en billets serait acquis à l'État. En effet, les prêts des banques à l'État peuvent, dans certains cas, augmenter le déficit public. Ainsi, les impôts augmentent au profit des actionnaires des institutions bancaires.
118
+
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+ Les sûretés constituent des actes de crédit.
120
+
121
+ Par exemple :
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+
123
+ Les établissements bancaires fournissent aux déposants une série de services :
124
+
125
+ L'établissement bancaire établit des chèques de banque pour certaines transactions sécurisées.
126
+
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+ Outre les trois opérations de banque, les établissements bancaires commercialisent d'autres services ou produits.
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+
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+ Les contrats d'assurance sont distribués par des établissements bancaires, de même que les entreprises d'assurance proposent des opérations de banque.
130
+
131
+ Ces services d'investissement, ou services financiers, sont souvent proposées par les établissements bancaires. Ils portent sur les instruments financiers, eux-mêmes composés de titres financiers (titres de capital, titres de créances, parts d'OPCVM) et de contrats financiers, qui sont des contrats à terme (en France, articles L. 321-1 et L. 211-1 du code monétaire et financier).
132
+
133
+ Les opérations sur le passif, parfois désignée comme opérations « de haut de bilan », qui étaient le privilège des banques d'affaires sont désormais mises en œuvre par toutes les banques.
134
+
135
+ Il peut s'agir d'introduction en bourse, de LBO, d'émission d'obligation, de cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette de la clientèle, à titre d'exemples.
136
+
137
+ La typologie des banques, forte lorsque la loi en imposait les contours, s'est beaucoup relâchée à partir des années 1980, au profit d'une banque-assurance universelle prenant la forme de géants de la finance, gérés comme des industries. Ce qu'on appelle aujourd'hui « banque » est en général un conglomérat financier qui gère toutes les activités financières, et non les seules activités bancaires au sens légal du terme. Le schéma représente le possible découpage en différentes entités fonctionnelles des banques.
138
+
139
+ Il ne précise pas les statuts juridiques requis par ces activités, qui font l'objet d'une autre typologie.
140
+
141
+ L’ensemble des banques, chapeauté par la banque centrale, forme le secteur bancaire d’une zone monétaire. On distingue ainsi différents types de banques selon leur rôle.
142
+
143
+ Une banque centrale a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des différentes banques, de veiller à leur solvabilité à l'égard des déposants, de superviser la production de monnaie par ces banques, et d’en réguler l’usage par le biais du taux directeur. La théorie économique y voit un moyen de réguler la croissance, via l’incitation à l’épargne ou à la consommation, et d’agir sur l’inflation.
144
+
145
+ Les banques de dépôt (en anglais : commercial banks) travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque de détail (en anglais, retail banking) destinée aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises, et la banque d'affaires (en anglais, wholesale banking) destinées aux moyennes et grandes entreprises. La banque d'investissement (en anglais, investment banking) est active sur les marchés financiers, se chargeant des opérations financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les souscriptions d'actions, les introductions en bourse, les fusions-acquisitions, etc.
146
+
147
+ De plus en plus, les banques de détail et d’investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou d’autres activités financières. Fréquemment, ceux-ci rattachent à la filiale banque d’investissement les activités de banque d'affaires.
148
+
149
+ Aux États-Unis, le Banking Act de 1933, plus connu sous le nom de Glass-Steagall Act, a imposé une stricte séparation entre les activités de banque de détail, qui reçoit les dépôts et qui effectue des prêts et de banque d'investissement, qui réalise des opérations sur titres et valeurs mobilières. Adoptée à l’apogée de la crise de 1929, cette loi visait à interdire la répétition de ce qui, à l’époque, était perçu dans l’opinion comme l’une des causes de la bulle boursière et la spéculation sur les actions par les banques de détail. Battu en brèche depuis la déréglementation des marchés financiers américains le 1er mai 1975, le Glass-Steagall Act est tombé progressivement[réf. nécessaire] en désuétude et a fini par disparaître à l’automne 1999 (Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999) pour permettre la constitution aux États-Unis de grandes banques universelles, comme Citigroup.
150
+
151
+ Il existe des banques spécialisées dans un segment d’activité spécifique, souvent issues d’une ancienne réglementation ou, en France, de la distribution dans le passé de certains prêts bonifiés :
152
+
153
+ Les établissements bancaires se distinguent également en fonction de la manière dont leurs forme juridique et leur capital, et conséquemment leur gouvernance, sont organisés.
154
+
155
+ Dans chaque pays, il existe un ou plusieurs organismes professionnels qui représentent les banques, parfois selon leur type. Ce sont des syndicats professionnels de défense d'entreprises bancaires.
156
+
157
+ La Fédération bancaire française est l’organisation professionnelle qui représente les banques installées en France : commerciales, coopératives ou mutualistes, françaises ou étrangères.
158
+
159
+ L'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (APIC), ou encore l'Association professionnelle des intermédiaires bancaires (AFIB), avec l'Association Professionnelle Financement Participatif France (APFPF), forment d'autres associations professionnelles de nature bancaire.
160
+
161
+ Le secteur bancaire comprend 28 banques canadiennes, 24 filiales de banques étrangères et 24 succursales de banques étrangères offrant des services complets, ainsi que quatre succursales de prêts de banques étrangères exerçant des activités au Canada[13]. De plus, on compte 6205 succursales bancaires actives au Canada. Le système bancaire canadien est considéré comme très solide. Il comprend la banque centrale qui comprend un gouverneur général et plusieurs sous-gouverneur. Il a su bien gérer les différentes crises survenues lors des dernières années. Leurs sources de revenus diversifiés est en partie responsable de leur fiabilité. Les banques canadiennes emploient 279 795 canadiens à temps plein afin de s'occuper de leurs établissements[14] 81 % des Canadiens ont une bonne impression des banques au Canada[14]. En somme, le secteur banquier canadien est l'un des meilleurs au monde et le classement des banques mondial le prouve sans aucun doute, beaucoup de banques canadiennes se trouvaient parmi le top 10 mondial.
162
+
163
+ Fin 2007, se trouvait dans le monde 7 282 banques commerciales, 1 251 caisses d'épargne et 8 101 coopératives de crédit[15].
164
+
165
+ Le système bancaire français présente des fournisseurs, établissements de crédit ou établissements de paiement et des distributeurs, soit les précédents, directement, soit des intermédiaires bancaires, notamment les courtiers en crédits.
166
+
167
+ En France, fin 2012, il y avait 634 établissements bancaires en France et 94 entreprises d’investissement. Sur les 634 établissements bancaires français, 448 (71 %) étaient détenus par des capitaux français et 186 (29 %) par des capitaux étrangers[16].
168
+
169
+ Les établissements bancaires ont créé à partir du milieu des années 1960 des réseaux denses d'agences, pour diffuser les services auprès des particuliers. Cette présence a profondément modifié la physionomie des villes[réf. nécessaire]. Les réseaux sont en voie de forte réduction, depuis les années 2010.
170
+
171
+ À fin 2013, 25.000 intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement étaient en activité, dont environ 5.200 courtiers en crédits, pour 58.000 intermédiaires au total (source : wwww.orias.fr)[17].
172
+
173
+ 68 % des internautes regardent régulièrement le site internet de leur banque (source Ifop). 50 % des internautes font des virements en ligne et 19 % des clients utilisateurs de services de banque en ligne ont déjà souscrit un produit bancaire sur Internet[18].
174
+
175
+ En France, le livret A est l'un des placements financiers de précaution de masse, avec 63,3 millions de livrets A[réf. nécessaire].
176
+
177
+ Dans leur grande majorité, les opérations bancaires sont payantes.La réglementation nationale peut imposer un cadre d'exercice particulier. Ainsi en France le paiement des salaires par virement à des comptes bancaires, a rendu obligatoire l'utilisation des services des banques. La tenue de compte ainsi que l'usage des chèques ont longtemps été gratuits, comme une compensation implicite de la non-rémunération des dépôts à vue.
178
+
179
+ En France, depuis le 1er avril 2014, la clarté tarifaire est une obligation (article D. 312-1-1 du Code monétaire et financier). En septembre 2018, après la révélation par la presse[19], de pratiques tarifaires abusives[20], les établissements bancaires prennent un nouvel engagement de limiter les frais d'incidents de paiement (ou "commissions d'intervention") pour les clients en situation financière fragile[21].
180
+
181
+ Pour un particulier, lire une plaquette tarifaire de 20 à 50 pages, pour y trouver la ligne dont il a besoin est fastidieux. C'est pour cette raison que les comparateurs ont vu le jour. Même s'il est vrai que les banques ont été obligées (par le gouvernement) à faire des efforts et notamment à faire un « extrait standard des tarifs » avec les onze tarifs les plus courants et depuis 2019, elles sont obligées de publier un document d'information tarifaire.
182
+
183
+ La tendance est de faire exécuter la majorité des opérations non plus par des guichetiers mais par l'usager lui-même, ce qui entraîne un mouvement de réduction des agences, depuis 2010[22]. Beaucoup de banques ne fournissent plus de billets à leurs guichets et imposent de passer par des GAB ou des distributeurs de billets. Dans ce cas, la carte bancaire de retrait ne peut être payante, évitant un double gain (frais de cartes et économie de personnel). Même la fourniture des extraits de compte est désormais en libre service dans des banques. La poussée d'Internet a permis l'établissement de banques sans succursales mais aussi le renvoi vers l'internaute, via des procédures sécurisées, de la plupart des opérations relatives au fonctionnement du compte chèque : consultation de la position et des mouvements, virements, demande de chéquiers, etc. Les services Internet étant ici aussi généralement payant la banque gagne deux fois[réf. nécessaire] : économie de personnel et facturation de frais.
184
+
185
+ Certains auteurs, comme le prix Nobel français Maurice Allais, ont longtemps milité pour que les prêts soient couverts à 100 % par des dépôts à terme plus long (100 % monnaie) et que les banques facturent au prix du marché leurs services comme la fourniture de moyens de paiements, y compris les chèques. La réduction constante de la part des dépôts dans la ressource bancaire rend cette suggestion moins difficile à admettre par les banques.
186
+
187
+ Le produit net bancaire des banques est l'ajout des marges d’intermédiation Crédit / Prêt et des différents commissions bancaires frais et services. Il provient :
188
+
189
+ Les banques centrales sont des institutions nationales ou supra-nationales à but non lucratif qui émettent de la monnaie.
190
+
191
+ Elles prêtent essentiellement aux banques commerciales. Ces institutions ont pour mission d'assurer la stabilité des prix (c'est-à-dire de limiter l'inflation) et la bonne marche de l'économie. Les banques centrales essaient de maintenir le taux d'inflation, au plus possible, à 2 %. La Banque centrale européenne, elle, établit sa politique monétaire en fixant les taux directeurs selon les intérêts de sa mission. Depuis 2008 la BCE rachète aussi des dettes souveraines ce qui équivaut indirectement à prêter aux États.
192
+
193
+ Les banques centrales sont dans le système financier, indépendantes du pouvoir politique. L'indépendance des banques centrales est considérée comme susceptible de limiter l'inflation. En France la loi de 1973 précise l'autonomie de la banque de France par rapport au pouvoir politique. Cependant, si le droit interdit dans un grand nombre de pays l'achat direct de dette d'état par la banque centrale, celle-ci peut par contre librement acheter cette dette sur le marché secondaire[24]. Alesina et Summers (1993) ont entendu démontrer une relation entre taux d'inflation faible et grande indépendance des banques centrales, mais des études fondées sur un indicateur plus précis de l'indépendance, celui de Cukierman (1992), et menées dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion[25].
194
+
195
+ La régulation désigne une forme particulière d'encadrement d'activité économique. La régulation bancaire se donne pour principaux buts d'assurer la sécurité d'un système bancaire et de protéger les consommateurs bancaires.
196
+
197
+ La régulation établit des normes, selon leurs principes usuels d'élaboration : législatif ou réglementaire.
198
+
199
+ En dehors des banques centrales déjà citées plus haut, les établissements financiers sont soumis à l'autorité d'organismes de supervision, selon les pays et les réglementations.
200
+
201
+ Pour sa part, l'Autorité des marchés financiers (AMF) regroupe l'ancienne Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers. Cette Autorité de supervision est responsable du système financier et de la protection des investisseurs (hors assurance, qui est du ressort de compétence de l'ACPR).
202
+
203
+ L'AMF et l'ACPR déploie un service commun tourné vers la protection des consommateurs : ABE Infoservice (ABEIS).
204
+
205
+ Les autorités de supervision bancaire exercent également pour mission la protection des consommateurs, avec la préservation du système bancaire et financier.
206
+
207
+ Des associations assurent la défense des consommateurs. Les associations de défense des consommateurs aident les clients bancaires à faire valoir leurs droits, par exemple en cas de découvert sans avertissement et de non-respect des procédures (comme la loi Scrivener en France). Elles peuvent notamment préparer la défense des consommateurs devant les tribunaux d'instance et assigner une banque devant ces mêmes tribunaux. Les associations de défense des consommateurs spécialisées dans les litiges bancaires sont l'Association française des usagers de la banque (AFUB)[26] ou l'Association contre les abus des banques européennes (ACABE)[27] ou du CVDCB (Comité de défense des victimes de chèques de Banque) ou de la FNACAB ou Fédération nationale d’action contre les abus bancaires qui a pris la suite du CAAB (Comité d’action contre les abus bancaires)[28] ou l'association nationale des consommateurs et usagers CLCV qui a livré une étude sur les tarifs bancaires en France en 2020 sont constantes.
208
+
209
+ La question de la séparation ou du regroupement par un même établissement bancaire, de différentes activités bancaires et financières est l'une des plus essentielle, du point de vue de la sécurité économique.
210
+
211
+ À la suite de la crise financière de 2007-2010 et la crise de la dette dans la zone euro, des économistes ont préconisé la mise en place de législations bancaires plus strictes inspirées de la doctrine Germain et du Glass-Steagall Act[29] qui permettraient d'opérer une distinction nette entre deux métiers bancaires fondamentalement différents :
212
+
213
+ Cette contrainte est distincte du 100 % monnaie, qui préconise de séparer les activités de tenue de compte et celles de prêt. Elle laisse ouverte la question du lien entre création et destruction monétaire et crédit bancaire.
214
+
215
+ En décembre 2009, les sénateurs John McCain (républicain/Arizona), Maria Cantwell (démocrate/État de Washington), et l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale Paul Volcker ont avancé l’idée d’un retour au Glass-Steagall Act par le biais d’une remise en vigueur du texte de loi originel (Banking Act de 1933[30]). Le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010 est partiellement inspiré de cette proposition, mais ne va pas jusqu'à rétablir la stricte séparation des métiers bancaires.
216
+
217
+ En Europe, un nombre grandissant d'experts appellent à l'adoption d'une réforme en profondeur permettant de séparer une bonne fois pour toutes la banque de dépôt de la banque d'affaires : cette approche régulationniste est préconisée notamment par la Commission Vickers au Royaume-Uni et le World Pensions Council (WPC) en Europe Continentale afin d'éviter les conflits d'intérêts potentiels et les risques de contagion systémique en cas de crise[31],[32].
218
+
219
+ Ce point de vue s'est développé à la faveur de la « Crise du Libor » au cours de l'été 2012, les éditorialistes du Financial Times au Royaume-Uni appelant désormais à l'adoption rapide d'un « Glass Steagall II » Pan-Européen[33].
220
+
221
+ En juillet 2012, l'ex-patron de Citigroup, Sandy Weill, s'est également prononcé en faveur d'une séparation entre les banques d'investissement et les banques de dépôts aux États-Unis. Cette déclaration a été d'autant plus remarquée que Sandy Weill avait été, sous la présidence de Bill Clinton, un des éléments les plus actifs prônant l'abrogation des dernières barrières du Glass-Steagall Act[34].
222
+
223
+ En février 2013, le gouvernement allemand adopte un projet de loi définissant la séparation des activités bancaires, la Grande-Bretagne a opté pour une séparation franche. Le gouvernement de François Hollande préparant, selon le quotidien Le Monde, un « projet de réforme bancaire très édulcoré »[35]. Le projet français de réforme bancaire a été adopté par l'Assemblée nationale le 19 février[36]. Il ne prévoit pas de séparation stricte des activités de détail et de marché, mais le cantonnement, dans une filiale séparée, des activités menées par les banques sur les marchés pour leur propre compte et leur propre profit[37].
224
+
225
+ Au début de 2015, la séparation structurelle des activités de dépôts et des activités spéculatives n'est pas opérée[38].
226
+
227
+ L'intermédiation bancaire désigne la fonction de distribution des services bancaires, hors du réseau direct d'un établissement de crédit ou d'un établissement de paiement.
228
+
229
+ Du point de vue de la protection des consommateurs, le libre choix du vendeur de services bancaires, de crédit, par exemple, est apparu ces dernières années comme une sécurité supplémentaire. Elle répond, en outre, aux comportements manifestés par les consommateurs de produits financiers.
230
+
231
+ Il n'est plus obligatoire d'acheter directement au guichet de la banque les produits vendus par la banque. Ceci permet aux consommateurs de s'adresser aux professionnels en contact avec l'ensemble des fournisseurs bancaires.
232
+
233
+ D'autant que la protection des consommateurs n'est juridiquement pas identique, selon que les produits sont achetés directement auprès de la banque ou auprès d'intermédiaires. Les obligations incombant à la banque en tant qu'agent de vente sont moins fortes que celles des intermédiaires. Le développement, par la jurisprudence du devoir de mise en garde - dans le domaine du crédit - en constitue une illustration.
234
+
235
+ En 2013, la réglementation bancaire[39] a commencé à répondre à cette évolution, en dotant les courtiers[40] notamment en crédits, d'un cadre juridique spécifique.
236
+
237
+ Finalement, ces dispositions juridiques dessinent la consécration d'un droit de la distribution bancaire orienté vers la protection accrue des consommateurs[41].
238
+
239
+ Les banques ne sont plus les seules distributeurs de produits bancaires.
240
+
241
+ Le système bancaire comprend à la fois les fournisseurs de produits, gestionnaires des risques financiers, mais également l'ensemble des distributeurs, qui sont soit les réseaux directs des fournisseurs (les banques), soit des entreprises indépendantes, telles que les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, depuis le 15 janvier 2013, ou encore, les intermédiaire en financement participatif, au 1er octobre 2014.
242
+
243
+ La vente des produits bancaires est assurée, soit directement par les banques, via leurs réseaux d'agences, soit par des professionnels indépendants, l'banque restant décisionnaire du crédit.
244
+
245
+ Ainsi, pour 58.000 intermédiaires de l'assurance, de la banque ou de la finance, le registre unique tenu par l'ORIAS recense près de 27.000 IOBSP, dont environ 6.300 courtier en crédits, à fin 2017[42]. Outre leur nombre, en forte croissance depuis le recensement de 2014, leur marché s'organise, avec de nouvelles enseignes et surtout, la constitution de groupes de distribution bancaire de grandes tailles[43].
246
+
247
+ Le régime juridique de l'intermédiation bancaire, notamment du point de vue de la protection des consommateurs, cumule quatre niveaux :
248
+
249
+ Ces obligations, de nature bancaire, sont posées par le code monétaire et financier.
250
+
251
+ La responsabilité de l'intermédiaire bancaire, à l'égard du client, est distincte de la responsabilité de l'établissement de crédit.
252
+
253
+ En particulier, l'accès à la profession d'intermédiaire bancaire, puis son exercice, suppose le respect de conditions spécifiques[44].
254
+
255
+ Le cadre de la distribution bancaire des crédits immobiliers aux particuliers a fait l'objet d'une harmonisation en 2016, avec la transposition de la Directive 2014/17 UE du 4 février 2014. Tous les vendeurs de crédits immobiliers aux particuliers sont soumis aux mêmes obligations, progressivement mises en œuvre entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019. Elle fait suite à celle touchant les crédits à la consommation, la Directive 2008/48 CE du 23 avril 2008.
256
+
257
+ Les principales banques françaises financent activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans une étude publiée en novembre 2019, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre soulignent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », relève l'étude[45].
258
+
259
+ Parmi les critiques, se trouvent notamment celles avançant :
260
+
261
+ Parmi les critiques, on relève celles avançant :
262
+
263
+ Le débat sur la place des activités financières, principalement réalisées par les banques, dans l'économie ressort à chaque crise financière. En France, le débat agite ainsi le monde intellectuel, après la première vague de libéralisation des marchés. Le Monde Affaires du 28 février 1987 titre ainsi, L'industrie malade de la finance. L'idée sera repris dans les polémiques qui concernent le krach boursier d'octobre 1987. Parmi ses critiques figurent l'économiste libéral Bertrand Jacquillat[52] et le banquier Gérard Worms[53].
264
+
265
+ Après l'explosion de la crise des subprimes de 2007-2008, de nombreux observateurs ont de nouveau mis en cause, à travers le monde, le poids du secteur bancaire et financier au sein de l'économie. Certaines études suggèrent que des déséquilibres trop importants en faveur de la sphère financière sont annonciateurs de crises graves :
266
+
267
+ La crise bancaire qui s'approfondit depuis l'été 2007 et qui a conduit à partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 à la quasi faillite d'un grand nombre d'établissements, dont beaucoup ont dû être nationalisées en tout ou en partie, notamment en Grande-Bretagne, a provoqué une grande accélération de la contestation des banques et de leurs pratiques qui débouchera sans doute sur des réformes importantes et en tout cas sur la fin de la dérégulation mise en place à partir des années 1980. Les banques ont bénéficié de plans de relance garantissant une part majeure des prêts accordés aux PME, à travers des organismes tels que la Banque publique d'investissement en France et la mise en place d'un médiateur du crédit.
268
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+ Pour l'analyste de l'économie sociale et solidaire, Michel Abhervé, la situation décrite durant ce procès résulte de l'éloignement des groupes bancaires concernés, Caisse d'épargne et Banque populaire, des valeurs coopératives[63].
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+ Steven Paul Jobs, dit Steve Jobs, né le 24 février 1955 à San Francisco (Californie) et mort le 5 octobre 2011 à Palo Alto (dans le même État), est un entrepreneur et inventeur américain, souvent qualifié de visionnaire[1], et une figure majeure de l'électronique grand public, notamment pionnier de l'avènement de l'ordinateur personnel, du baladeur numérique, du smartphone et de la tablette tactile. Cofondateur, directeur général et président du conseil d'administration de l'entreprise multinationale américaine Apple Inc, il dirige aussi les studios Pixar et devient membre du conseil d'administration de Disney lors du rachat en 2006 de Pixar par Disney.
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+ Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne créent Apple le 1er avril 1976 à Cupertino. Au début des années 1980, Steve Jobs saisit le potentiel commercial des travaux du Xerox Parc sur le couple interface graphique/souris, ce qui conduit à la conception du Lisa, puis du Macintosh en 1984, les premiers ordinateurs grand public à profiter de ces innovations. Après avoir perdu sa lutte de pouvoir à la tête d'Apple avec John Sculley, le directeur général qu'il avait pourtant recruté, il quitte l'entreprise en septembre 1985 pour fonder NeXT.
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+ En 1986, il rachète la division Graphics Group de Lucasfilm, la transforme en Pixar Animation Studios et rencontre le succès commercial en 1995 avec Toy Story, un film dont il est le producteur exécutif. Il reste directeur général propriétaire de la société (à 50,1 %) jusqu'à son acquisition par la Walt Disney Company en 2006.
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+ Début 1997, Apple, alors au bord de la faillite, rachète NeXT. L'opération permet à Steve Jobs de revenir à la tête de la firme qu'il a cofondée et fournit à Apple le code source de NeXTSTEP à partir duquel est développé le système d'exploitation Mac OS X. Il supervise durant les quatorze années suivantes la création, le lancement et le développement de l'iMac (1998), de l'iPod, d'iTunes et de la chaîne de magasins Apple Store (2001), de l'iTunes Store (2003), de l'iPhone (2007) et de l'iPad (2010), présentant les différents produits à un rythme pluriannuel lors de ses fameuses keynotes et faisant de son entreprise une des plus riches au monde au moment de sa mort.
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+ En 2003, Steve Jobs apprend qu'il est atteint d'une forme rare de cancer pancréatique. Il refuse d'abord la chirurgie et a recours à différentes méthodes pseudo-scientifiques (acupuncture, consommation de carottes et jus de fruits), qui ne retarderont pas la progression de sa maladie et l'apparition de métastases. Il fait finalement l'objet de plusieurs hospitalisations et arrêts de travail, apparaissant de plus en plus amaigri au fur et à mesure que sa santé décline. Il meurt le 5 octobre 2011 à son domicile de Palo Alto, à l'âge de cinquante-six ans. Sa mort soulève une importante vague d’émotions à travers le monde.
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+ Steven Paul Jobs naît le 24 février 1955 à San Francisco en Californie[a 1], d'un père d'origine syrienne étudiant en sciences politiques, Abdulfattah « John » Jandali (en arabe : عبدالفتاح جندلي)[a 1], et de Joanne Carole Schieble, Américaine d'origine suisse[a 1]. Ils ne sont à l'époque pas mariés[a 1]. Alors que Joanne est enceinte, son père la menace de la déshériter si elle épouse un non-catholique, ce qui l'amène à consulter un avocat de San Francisco pour trouver une famille adoptive à l'enfant[a 1].
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+ Le nouveau-né est alors adopté par Paul Reinhold Jobs (1922–1993) et son épouse Clara, née Hagopian, d'origine arménienne (1924–1986)[a 1]. Adulte, lorsqu'il est interrogé à propos de ses parents adoptifs, Jobs répond que Paul et Clara Jobs « sont ses parents »[2]. Dans sa biographie autorisée, il déclare que ce sont ses parents à 1 000 %[a 1]. Quant à ses parents biologiques, ils se marient en 1955 et ont un second enfant, Mona Simpson en 1957, puis divorcent en 1962.
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+ Lorsque Steve a deux ans, ses parents adoptent une fille, Patty[a 1]. Trois ans plus tard, la famille Jobs déménage de San Francisco pour s'installer à Mountain View, en Californie, après la mutation de Paul Jobs à Palo Alto. Celui-ci est alors machiniste dans une entreprise qui fabrique des lasers, et enseigne à son fils des rudiments d'électronique, tout comme à se servir de ses mains[3]. Pour sa part, Clara est comptable et apprend à lire à Steve avant qu'il n'aille à l'école[3].
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+ Jobs entame sa scolarité à la Monta Loma Elementary à Mountain View puis intègre la toute proche Crittenden Middle School mais, à la suite de problèmes scolaires, il lance un ultimatum à ses parents : soit ils le font changer d'établissement, soit il arrête l'école. La famille déménage alors cinq kilomètres plus au sud, au 2066 Crist Drive à Los Altos, ce qui permet à Steve de poursuivre son cursus scolaire à la Cupertino Middle School puis à la Homestead High School à Cupertino[a 1]. Larry Lang, un ingénieur qui habite à cent mètres de leur ancienne maison et chez qui Jobs passe de nombreuses soirées, le fait entrer au club des Explorateurs de Hewlett-Packard. Quinze élèves s'y réunissent tous les mardis soir dans la cafétéria de l'entreprise et font venir un ingénieur en informatique de la société pour parler de ses travaux. À la suite de l'une de ces conférences, il convie l'un des élèves à visiter son laboratoire ; c'est à cette occasion que le jeune Steve voit le premier ordinateur de bureau que Hewlett-Packard développe, le 9100A[a 1]. Âgé de treize ans, il n'hésite pas à téléphoner à William Hewlett, le président de l'entreprise qui porte en partie son nom[2]. Steve est en train de construire un fréquencemètre et il a besoin de pièces[2]. Ils discutent pendant vingt minutes, Hewlett lui expédie les composants dont il a besoin et lui offre un emploi d'été dans son entreprise[2].
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+ Après sa première année à Homestead High, Steve Jobs travaille donc durant l'été sur l'une des chaînes d'assemblage de Hewlett-Packard. À la même époque, un camarade de classe de Homestead High, Bill Fernandez, lui présente Steve Wozniak. Ils partagent la même passion de l'électronique, ils deviennent amis et réalisent ensemble de nombreux canulars[a 2]. En septembre 1971, les deux Steve mettent la main sur un article du magazine Esquire qui explique comment fabriquer une blue box, un appareil qui permet de passer des appels longue distance de façon entièrement gratuite en fraudant donc les sociétés téléphoniques, et plus précisément AT&T[a 2]. Ils décident alors d'en monter et de les vendre. Selon Jobs, cette expérience est à l'origine d'Apple[a 2].
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+ En 1972 à sa sortie de Homestead High, il décide de poursuivre ses études à Reed College à Portland dans l'Oregon où il rencontre Daniel Kottke[a 2]. À la suite de plusieurs lectures d'ouvrages sur la spiritualité orientale lors de cette première année à Reed, ils deviennent tous les deux végétariens[a 2]. Toujours à Reed College, il rencontre un autre adepte de la spiritualité orientale et son futur gourou, Robert Friedland. Ce dernier dirige une grande ferme communautaire de cent hectares, l'All One Farm, où le jeune Steve se rend souvent[a 3].
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+ Très vite, Jobs se rend compte qu'il s'ennuie à Reed, se trouvant dans l'obligation de suivre un certain nombre de cours qui ne l'intéressent pas. Il décide donc d'abandonner ce cursus, sans en informer ses parents qui se sont pourtant littéralement ruinés pour l'y inscrire[4], et se choisit d'autres cours où il se rend en tant qu'auditeur libre. En 2005, Steve Jobs déclare « Si je n'avais pas suivi ce cours de calligraphie, le Mac n'aurait jamais eu autant de polices d'écriture et des polices à espacement proportionnel[N 1],[4]. »
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+ C'est une période où Steve Jobs expérimente assidument le LSD en écoutant les disques de Bob Dylan, des Beatles et des groupes phares de la contre-culture californienne[a 3]. Il déclare plus tard que prendre du LSD a été l'une des deux ou trois expériences les plus importantes de sa vie[a 4],[5]. Il évoque cette substance psychotrope hallucinogène comme une des principales raisons de sa réussite, pour lui avoir ouvert l'esprit en grand[5]. Il déclare également : « Bill Gates aurait l'esprit bien plus ouvert si, plus jeune, il avait essayé l'acide une fois ou s'il s'était rendu dans un ashram »[2],[6].
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+ Après avoir passé dix-huit mois au Reed College, Jobs revient chez ses parents à Los Altos en 1974 pour se trouver un emploi. Le hippie négligé qu'il est se présente chez Atari, firme en vogue à l'époque, avec la ferme intention d'y obtenir un emploi. Il s'attire les faveurs de son patron Nolan Bushnell qui l'embauche comme technicien, mais pas celles de nombreux employés, du fait notamment de sa forte odeur[a 5]. Il estime en effet que son régime alimentaire végétarien strict et tout à fait personnel lui permet d'éviter la production de mucus et de toute odeur corporelle et ne se lave donc pas[a 5]. Il se retrouve donc à devoir travailler pendant le service de nuit. Pendant son séjour chez Atari, il rencontre entre autres le dessinateur industriel Ronald Wayne, avec qui il devient ami[a 5].
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+ Il décide à cette époque de suivre la trace de son gourou du Reed College, Robert Friedland. Il entreprend donc un voyage en Inde. Sur place, il se rend à Haridwar pour le pèlerinage du Kumbhamela puis prend la direction de Nainital au pied de l'Himalaya où vivait le gourou Neem Karoli Baba. Il y rencontre l'épidémiologiste Larry Brilliant avec qui il devient ami. Par la suite, il est rejoint par son ami Daniel Kottke. Après avoir passé sept mois en Inde, Steve revient aux États-Unis, tête rasée et portant des habits traditionnels indiens, à l'image des Hare Krishna[a 5]. À son retour, il récupère son poste chez Atari. Bushnell lui demande alors de concevoir le circuit imprimé du jeu Breakout avec le moins de puces possibles. À la clé, en plus de la rémunération, il y aura un bonus proportionnel au nombre de puces économis��es. Pour cela, il fait appel à son acolyte Steve Wozniak pour l'aider à le réaliser. Ce dernier réussit, en quatre jours, à concevoir un circuit en n'utilisant que quarante-cinq puces. Pour le travail réalisé, Jobs annonce à son compère qu'il coupe la poire en deux, trois cent cinquante dollars chacun. Bien que Jobs le nie, certains témoins, dont Bushnell, confirment que Jobs a obtenu cinq mille dollars et non sept cents pour le travail réalisé. Wozniak, qui ne découvre les faits que dix ans plus tard à la lecture de Zap, un ouvrage sur l'épopée d'Atari, reconnaît avoir été blessé par l'attitude de son ami[N 2],[a 5].
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+ En 1975, Jobs et Wozniak participent aux rencontres du Homebrew Computer Club, où les amateurs d'informatique viennent échanger leurs idées concernant les machines de l'époque, telles que l'Altair 8800. Steve Wozniak s'initie aux microprocesseurs en découvrant l'Altair équipé d'un Intel 8080[a 6]. Il conçoit à la suite de cela l'Apple I pendant l'année 1975. La machine, bien que sommaire, impressionne Steve Jobs. Munis d'un petit moniteur, ils l'emmènent pour le présenter aux Homebrew Computer Club. L'altruisme de Wozniak l'aurait amené à distribuer gratuitement ses schémas de montage. Jobs, au contraire, voit plus loin. Considérant que la plupart des gens n'ont pas le temps de monter une machine, Jobs et Wozniak pourraient donc assembler les circuits pour leur vendre l'ordinateur monté. Jobs suggère donc à son acolyte de créer leur propre entreprise[a 6],[N 3].
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+ Pour réunir les fonds nécessaires au lancement, Jobs, âgé de 21 ans, vend son Volkswagen Combi, Wozniak, 25 ans, sa calculatrice HP-65. L'acte de la fondation d'Apple est signé le 1er avril 1976 par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne. Moins de deux semaines après, Wayne se sépare des deux Steve et récupère sa mise mais, très vite, un élément va apporter un coup d'accélérateur à Apple : Mike Markkula, un business angel californien, apporte 250 000 dollars à la nouvelle société, en plus d'un business plan[a 6]. Wozniak et Jobs se mettent au travail dans le garage de la maison familiale de ce dernier, à Los Altos, où, avec quelques proches, ils assemblent les cinquante premiers Apple I que Steve Jobs a vendus au magasin Byte Shop de Menlo Park[a 6]. Le nom de l'entreprise est une idée de Jobs : Apple Computer. Il est en effet dans la phase « pomme » de son régime et revient tout juste d'une plantation de pommiers. Il sait aussi qu'Apple se trouvera devant Atari dans l'annuaire[a 6]. Ce nom se trouve cependant être aussi celui de la société des Beatles (Apple Corps). Cela vaudra à son entreprise plusieurs contentieux en justice durant les décennies suivantes.
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+ Apple est constituée sous forme de société le 3 janvier 1977. Pour faire la promotion de ses produits, Jobs contacte le grand publicitaire de la vallée, Regis McKenna. L'une des priorités est de trouver un nouveau logo. Steve Jobs précise alors « je veux un truc évident sans chichi »[a 7]. Début juin 1977, Apple commercialise l'Apple II, conçu par Steve Wozniak. Il peut être considéré, trois ans avant la sortie de l'IBM PC, comme le premier ordinateur personnel construit à grande échelle. Il rencontre le succès et fait la richesse de la jeune entreprise[a 7]. En 1978, Apple recrute Michael Scott de la National Semiconductor afin de devenir son directeur général[a 7]. En décembre 1980, Apple, qui a gagné sa renommée avec l'Apple II, est introduite en bourse, ce qui fait de Steve Jobs un multimillionnaire à vingt-cinq ans et enrichit considérablement environ trois cents de ses dirigeants et cadres, mais pas Daniel Kottke. Le grand ami d'adolescence de Steve Jobs n'occupe pas un poste hiérarchique assez élevé pour détenir des actions et le jeune patron se montre intraitable avec lui en refusant catégoriquement de lui permettre de profiter de cette manne[a 8].
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+ Au début des années 1980, Jobs est l'un des premiers à cerner le potentiel commercial de l'interface graphique couplée avec l'usage d'une souris développée au Xerox PARC. Pour avoir accès à cette technologie alors balbutiante, il propose aux responsables de Xerox d'investir dans Apple (à hauteur d'un million de dollars en actions Apple) et, en échange, Steve et ses collègues obtiennent l'autorisation en décembre 1979 de se rendre au PARC pour y voir une démonstration complète du système développé par les ingénieurs de Xerox. Ce qu'ils y voient leur sert de base à la conception de leur interface maison à laquelle ils apportent leurs propres améliorations[a 9]. Cela conduira au lancement de l'Apple Lisa en 1983 puis du Macintosh en 1984, les premiers ordinateurs personnels à profiter de ces innovations qui restent aujourd'hui le standard général[a 9]. À la question de savoir s'il s'agit de ce qui a pu être considéré comme le « plus grand vol industriel de l'histoire »[a 9], Steve Jobs répond : « Il faut savoir prendre ce que l'homme fait de mieux et le refaçonner pour pouvoir l'intégrer dans votre propre œuvre. Picasso avait une maxime pour ça : « Les bons artistes copient, les grands artistes volent. » Et, à Apple, on n'a jamais eu de scrupules pour prendre aux meilleurs », et ajoute à propos de Xerox qu'ils ont raté le coche, qu'ils n'avaient pas conscience du potentiel de ce qu'ils étaient en train de développer alors qu'ils auraient pu devenir les maîtres de toute l'industrie informatique[N 4],[a 9].
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+ Le projet Macintosh est lancé et mené par Jef Raskin, brutalement écarté pour des problèmes d'ego[a 10] par Steve Jobs en février 1981, lorsqu'il s'en saisit pour mettre en pratique ses idées déjà développées sur le Lisa d'une machine avec interface graphique et souris[7]. Débarqué du projet Lisa quelques mois plus tôt par Michael Scott et Mike Markkula qui trouvent que ses accès de colère empêchent son équipe de travailler sereinement[a 9], il prend dès lors la tête d'un groupe de jeunes ingénieurs talentueux (au premier rang desquels figurent Andy Hertzfeld, Bill Atkinson, Burrell Smith, Susan Kare, Joanna Hoffman, Bud Tribble[8]) dont certains resteront ses amis[a 11]. Ils sont regroupés dans un bâtiment sur lequel flotte un drapeau noir orné d'un crâne barré par deux os et se baptisent « les pirates »[a 12]. Ils conçoivent ce que tous les utilisateurs d'ordinateurs ont connu : une souris à un seul bouton, qui déplace le pointeur à l'écran dans toutes les directions grâce à une unique bille placée en dessous et qui doit pouvoir comme le spécifie Jobs « rouler sur du formica comme sur mon jean » (bien loin du concept de départ des ingénieurs du PARC)[a 9], les menus déroulants, le « glisser-déposer », le chevauchement des fenêtres, les icônes, la corbeille, apportant des évolutions décisives au principe du WYSIWYG (What You See Is What You Get/Ce que vous voyez est ce que vous obtenez) et donc à ce qui est connu sous le nom de « bureau »[a 9].
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+ Steve Jobs veut embaucher les meilleurs pour chaque poste et sa façon de recruter peut se révéler très déstabilisante pour les candidats. Andy Hertzfeld raconte ainsi un entretien d'embauche pour le poste de responsable de la division logiciels auquel il assiste début 1982. Jobs demande à l'impétrant, interloqué : « Êtes-vous puceau ? », et enchaîne : « Combien de fois avez-vous pris du LSD ? » « Je crois que je ne suis pas la bonne personne pour ce job », répond le candidat. « Moi non plus, l'entretien est terminé » lâche Jobs devant ses plus proches collaborateurs qui répriment un fou-rire[9].
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+ C'est dans cette même période, en 1983, que Steve Jobs débauche John Sculley, alors directeur général de Pepsi-Cola, pour remplacer Scott, en lui demandant « Comptez-vous continuer à vendre de l'eau sucrée le reste de votre vie ou voulez-vous changer le monde avec moi[a 13] ? » Le lancement du Macintosh est accompagné d'une campagne publicitaire d'envergure décidée par Jobs et Sculley. Pendant la mi-temps du XVIIIe Super Bowl le 22 janvier 1984, Apple fait diffuser à la télévision le spot publicitaire 1984 réalisé par Ridley Scott devant plus de 90 millions de téléspectateurs[a 14]. Ce spot remportera plusieurs prix prestigieux et redéfinira la façon dont les entreprises envisagent leurs campagnes publicitaires, en privilégiant de montrer le signe, l'évocation, plutôt que le produit en lui-même[a 14].
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+ Bien que Jobs soit un chef charismatique et persuasif, certains salariés d'Apple le décrivent comme erratique et capricieux. Bud Tribble invente à cette époque le terme de « champ de distorsion de la réalité » qu'il emprunte à la série Star Trek[10] et qui décrit la capacité de son patron à imposer aux autres ses conceptions, quelles qu'elles soient. Ce dernier n'hésite pas en effet à humilier ses collaborateurs en public et est réputé pour sa vision « binaire » de leur travail : soit « c'est génial », soit, le plus souvent, « c'est de la merde »[a 15]. Le même principe est appliqué aux êtres humains qui sont soit « brillants », « éclairés » et peu nombreux, soit font partie de la masse des « demeurés », des « joueurs de seconde ou troisième division » qui tirent une entreprise vers le bas et dont il faut se séparer au plus vite[a 16]. Jobs est capable de repousser une idée d'un de ses collaborateurs en la qualifiant de « stupide » et de revenir plus tard en s'étant attribué cette idée. Il sait imposer des délais qui paraissent impossibles à tenir en disant juste qu'il n'acceptera aucune objection[10]. Par ailleurs, il scelle le malheureux destin du Lisa (échec commercial, rapide arrêt de la production) en rendant le Macintosh incompatible avec cet appareil[a 12] et crée un rapport de force et un lourd climat de tension entre son équipe et celle qui s'occupe de l'ordinateur qui continue à cette époque à assurer l'essentiel des revenus de son entreprise, l'Apple II[7], en expliquant notamment : « C'est mieux d'être un pirate que de rejoindre la marine[11]. ��
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+ La relation entre Jobs et Sculley devient tendue en raison des ventes en berne fin 1984. Une lutte de pouvoir interne va les amener à se tirer dans les pieds. Jobs manœuvre pour débarquer Sculley, sûr de son fait, mais, à son grand dam, ce dernier réussit dans les derniers jours de mai 1985 à ranger l'ensemble des membres du conseil d'administration de son côté[a 16], et ceux-ci décident donc d'écarter Steve Jobs, en le « mettant au placard », déchargé de tout rôle décisionnel et opérationnel, avec le vague titre de responsable du « Global thinking » dans un bureau éloigné du centre décisionnel de l'entreprise[12]. Désabusé, il quitte la société en septembre 1985 pour fonder NeXT Inc. et ne parlera plus jamais à John Sculley[a 16].
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+ Après son départ amer d’Apple, Jobs fonde NeXT Computer, en déboursant sept millions de dollars[a 17]. Il s'attire par ailleurs des ennuis en justice avec Apple car il emmène avec lui quelques-uns des plus brillants ingénieurs[a 17]. Un an plus tard, manquant de fonds et en l’absence d’un produit sur le marché, il se lance à la recherche d’investisseurs[a 17]. Il attire l’attention du milliardaire Ross Perot qui investit massivement dans la société[a 17]. La station de travail NeXT, le NeXT Computer, est commercialisée en 1988 pour un prix de six mille cinq cents dollars[a 17]. À l’image du Macintosh, les ordinateurs NeXT possèdent une belle avance technologique, mais leur coût se révèle prohibitif pour le secteur de l’éducation auquel ils sont destinés. Et les ventes sont très décevantes[a 17]. Les produits de la marque gagnent toutefois une belle réputation pour leurs atouts techniques, au premier rang desquels figure la programmation orientée objet[a 17]. Jobs veut vendre les produits NeXT aux communautés financière, scientifique et académique, soulignant les nouvelles technologies innovantes et expérimentales de l'ordinateur, telles que son noyau Mach, son processeur de signal numérique et le port Ethernet intégré[a 17].
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+ L’ordinateur de seconde génération, le NeXT Cube, est commercialisé en 1990. Jobs qualifie ce produit de « premier ordinateur interpersonnel » qui va remplacer l’ordinateur personnel[13]. Avec son client de messagerie NeXTMail, un système multimédia de courrier électronique, le NeXT Cube peut pour la première fois offrir le partage de la voix, de l’image, des graphismes et de la vidéo dans un courriel[13]. « L’informatique interpersonnelle va révolutionner la communication et le travail de groupe. Nous avons des années d'avance », explique un Steve Jobs visionnaire à des journalistes le 31 mai 1990[13]. D'ailleurs, Tim Berners-Lee invente à cette époque le World Wide Web au CERN sur un NeXT Computer[14].
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+ Steve Jobs dirige NeXT avec une obsession de la perfection esthétique, comme le souligne le développement et l’attention portée au cadre magnésium du NeXT Cube, en mettant une pression terrible à la division « matériel » de sa société[a 17]. En 1993, après n’avoir vendu que cinquante mille machines, NeXT abandonne la fabrication pour se consacrer exclusivement au développement de logiciels, avec la mise en vente du NeXSTEP/Intel[15]. La société annonce ses premiers bénéfices de 1,03 million de dollars en 1994[16]. En 1996, NeXT Software, Inc. commercialise WebObjects, un système conçu pour le développement d’applications web. Après l’acquisition de NeXT Software par Apple en 1997, WebObjects est utilisé pour concevoir et exploiter les Apple Stores, l’ITunes Store et les services en ligne de MobileMe[17]. Avec le recul il dit à propos de ces années là : « Je ne le comprenais pas encore à l'époque, mais avoir été viré d'Apple a été la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Cela m'a libéré et m'a permis d'entrer dans une des périodes les plus créatives de ma vie »[2].
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+ En 1986, Steve Jobs rachète la division « graphisme par ordinateur » de Lucasfilm, le Graphics Group qui sera renommé Pixar. Il débourse dix millions de dollars dont la moitié est versée au capital de la nouvelle société[18],[19],[20],[21]. L'entreprise est basée aux studios Kerner de George Lucas à San Rafael, avant de s’installer à Emeryville[a 18]. Steve Jobs investit environ cinquante millions de dollars à perte[a 18] dans cette société qui traverse plusieurs années sans aucune rentabilité. Ses principales activités sont de développer et fournir du matériel numérique de conception graphique haut de gamme et de vendre en petite quantité l'ordinateur « Pixar Image », notamment au secteur de la médecine[a 18]. Mais, au sein de Pixar, il existe une division « animation » qui sauve finalement l’entreprise en remportant l'Oscar du meilleur court métrage d'animation avec Tin Toy en 1989[a 18]. Par la suite, le studio décroche un contrat avec le studio Walt Disney Pictures pour réaliser une série de longs métrages d'animation par ordinateur, Disney assurant le financement et la distribution[a 3].
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+ Le premier film issu de ce partenariat est Toy Story (1995), dans lequel Steve Jobs est crédité en tant que producteur délégué[a 19]. Le film apporte la célébrité ainsi qu'une reconnaissance critique et commerciale sur un plan mondial à Pixar. La recette globale est de 362 millions de dollars[a 20]. Une semaine après la sortie de Toy Story, la société Pixar est introduite en bourse, avec un résultat aussi glorieux et profitable que pour Apple en 1980[a 20],[22],[23],[N 5]. Durant les quinze années suivantes, sous la houlette du créatif directeur artistique John Lasseter, le studio aligne les succès : 1001 pattes (1998), Toy Story 2 (1999) Monstres et Cie (2001), Le Monde de Nemo (2003), Les Indestructibles (2004), Cars (2006), Ratatouille (2007), WALL-E (2008), Là-haut (2009), Toy Story 3 (2010), Cars 2 (2011). La plupart des films sortis à partir de 2003 ont reçu l'Oscar du meilleur film d'animation[24].
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+ Dans les années 2003-2004, alors que le contrat liant Pixar à Disney arrive à échéance, les négociations entre Steve Jobs et Michael Eisner destinées à renouveler le partenariat échouent[25]. En février 2003, Jobs annonce que Pixar cherche un autre distributeur pour les films de son studio[26]. En octobre 2005, Robert Iger remplace Michael Eisner à la tête de Disney et il se met rapidement à l’œuvre pour renouer de bonnes relations avec Jobs et Pixar[27]. Le 24 janvier 2006, Jobs et Iger annoncent que Disney a décidé d’acheter Pixar pour une transaction de 7,4 milliards de dollars[25]. Steve Jobs devient alors le premier actionnaire individuel de la plus grande société de divertissement mondiale, avec environ 7 % de parts[25]. Celles-ci sont en effet, et de loin, supérieures à celles de Michael Eisner (1,7 %) ou de l'héritier Roy Edward Disney qui détient 1 % jusqu'à sa mort en 2009 et dont les critiques envers Eisner (portant notamment sur son échec à négocier avec Pixar et Steve Jobs) ont accéléré son départ[27]. Steve Jobs rejoint le conseil d’administration de Disney où il supervise la division « animation » de la société au sein d’un comité spécial de pilotage constitué de six membres[a 21].
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+ En décembre 1996, Apple annonce son intention de racheter NeXT. L’opération, effective le 4 février 1997, est estimée à 429 millions de dollars. Propriétaire à 45 % de NeXT, Steve Jobs obtient cent millions de dollars ainsi qu'un million et demi d'actions Apple[28]. Cela lui permet de reprendre pied dans la société qu’il a cofondée en tant que « conseiller à mi-temps ». Steve Jobs déclare en janvier 1997 : « Je pense que nous avons l'occasion de prendre la prochaine grande étape technologique et de dépasser Microsoft et tous les autres[2]. » Apple est à ce moment au bord de la faillite[a 22]. Il redevient de facto le patron d'Apple lorsque le directeur général de l’époque, Gil Amelio, est remercié en juillet 1997. Jobs est officiellement nommé « directeur général par intérim » au mois de septembre[a 22]. À cette époque, il est surnommé iPDG (iCEO) par ses équipes qui s'inspirent de la lettre « i » comme marque de fabrique désignant les produits à venir. Selon Adam Lashinsky dans son ouvrage Inside Apple publié en 2012, la lettre i faisant référence au statut d'intérimaire du PDG. Le site Reference for Business attribue cette première lettre à l'attrait vendeur d'Internet[29],[30].
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+ En mars 1998 et afin de concentrer les efforts d’Apple sur un retour aux bénéfices, il met un point final aux programmes Newton, Cyberdog et OpenDoc ainsi qu'à la vente de licence Mac OS afin d'empêcher la multiplication des « clones » et explique à ses collaborateurs qu'ils doivent désormais se concentrer sur pas plus de quatre produits[a 23]. Il met au point le slogan Think different avec son erreur grammaticale délibérée, en compagnie de son ami publicitaire Lee Clow, et lance une grande campagne d'affichage et un spot télévisé intitulé The Crazy Ones (les fous) où ce « penser différent » est illustré avec les plus grandes figures du XXe siècle, comme Albert Einstein, Gandhi, Martin Luther King, John Lennon, Alfred Hitchcock, Bob Dylan, Pablo Picasso[a 23].
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+ La technologie de NeXT étant devenue propriété d’Apple une fois le rachat conclu, bon nombre de ses réalisations vont trouver place dans les produits de la firme à la pomme, au premier rang desquels figure NeXTSTEP qui est la base du système d’exploitation Mac OS X[a 22].
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+ Sous la houlette de Steve Jobs, Apple se déploie avec tout d’abord l’introduction de l’iMac en 1998 puis, chaque année, de nouveaux produits qui assoient la puissance de la marque. Lors de la Macworld Expo de l’an 2000, Steve Jobs enlève officiellement « intérim » du titre de sa fonction et devient directeur-général permanent. Dans le même temps, il souligne qu’il utilisera le titre « iCEO »[a 24].
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+ Apple continue son développement, introduisant et développant de nouveaux appareils numériques et leur environnement au cours des années 2000. Avec le lancement de l’iPod et d’iTunes en 2001 puis de l’iTunes Store en 2003, la société crée une véritable révolution dans l’industrie de la musique, désormais dématérialisée[31]. Steve Jobs supervise dans le même temps la création de la chaîne de magasins Apple Store, d'abord aux États-Unis puis dans le monde entier. Le succès est fulgurant[32]. Le 29 juin 2007, Apple entre dans le marché des téléphones portables avec la commercialisation de l’iPhone, un appareil cellulaire doté d’un écran tactile multi-touch qui comprend aussi un iPod et un navigateur web, révolutionnant là aussi le marché de la téléphonie mobile[a 25], Steve Jobs ayant comme le dit le président des États-Unis Barack Obama « mis l'internet dans nos poches »[33]. Il lance l'année suivante un véritable « écosystème » pour cet appareil, et bientôt pour tous les produits Apple : l'App Store, créant ainsi une forme de standard pour tous les smartphones[a 26].
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+ Le 27 janvier 2010, Steve Jobs présente l’iPad, une tablette numérique reprenant le principe de l’écran tactile multipoints. C’est encore une forme de révolution, la porte ouverte à un nouveau marché dans lequel vont s'engouffrer bien des marques[a 26]. Sans parvenir à égaler son succès, l'iPad captant 62 % du marché mondial des tablettes en 2011[34]. Enfin, tous les contenus personnels des utilisateurs stockés sur les différents appareils se retrouveront dans le « nuage numérique », l'iCloud, à partir duquel ils pourront être redistribués « n'importe où, n'importe quand », un service présenté par Jobs en juin 2011, lors de sa toute dernière keynote[a 20].
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+ Sur l'enchaînement des deux derniers produits phares d'Apple, Steve Jobs explique à Walt Mossberg lors du forum D8 en 2010 : « Tout a commencé avec la tablette. J'avais cette idée de pouvoir se débarrasser du clavier et de pouvoir écrire sur un écran en verre, multipoints, avec ses doigts. J'ai demandé à mes collaborateurs : « Alors, vous pouvez réaliser ça pour moi ? » Six mois plus tard, ils sont revenus avec un prototype. Je l'ai alors donné à un de nos brillants ingénieurs de la division UI (interface utilisateurs). Il a obtenu cet effet de défilement inertiel et élastique ainsi que d'autres choses fantastiques, et je me suis dit « Mon Dieu, on peut construire un téléphone avec ça ! » J'ai alors mis le projet tablette de côté car produire un téléphone était quelque chose de bien plus important et, durant les deux années suivantes, nous nous sommes mis au travail sur l'iPhone. Avec tout ce que nous avons appris sur l'iPhone, nous sommes ensuite retournés à la conception de l'iPad[35]. »
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+ À partir d'août 2011, après quatorze années de montée en puissance sous la direction de son charismatique patron et au gré des fluctuations du marché, Apple est l'entreprise la plus riche au monde par sa capitalisation boursière[36], son trésor de guerre dépassant notamment celui du gouvernement des États-Unis[37]. L'entreprise qu'il a fondée continue sa course en tête à partir de 2012[38].
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+ Toujours enclin à stimuler l’innovation, Jobs n’a jamais manqué de rappeler à ses collaborateurs une vieille maxime qu’il avait trouvée à l’époque du lancement du Macintosh : « Real Artist Ship », c'est-à-dire que les vrais artistes savent aussi vendre leurs créations, et que la finalité d’un produit reste d’être distribué au public[39]. De son vivant, Steve Jobs est à la fois admiré et critiqué pour ses formidables talents de persuasion, ce fameux « champ de distorsion de la réalité », c’est-à-dire qu’il est capable d’altérer la perception de son ou de ses interlocuteurs pour leur faire adopter ses propres conceptions, qu’elles se révèlent par la suite justes ou non. Il sait ainsi décrocher des partenariats, avec l’industrie de la musique ou les opérateurs téléphoniques, à des conditions exceptionnelles pour son entreprise[40]. Ce talent particulier apparaît au grand public lors des discours de Steve Jobs aux Macworld Expos ou aux Worldwide Developers Conferences, où il présente l’actualité de son entreprise lors de ses keynotes, renommées pour l’occasion Stevenotes. Lors de ces grandes messes où il parcourt la scène en jeans, baskets, et vêtu d'un pull à col roulé de marque, le patron d'Apple sait captiver son auditoire, notamment en répétant à l'envi des mots récurrents tels que gorgeous, unbelievable, fantastic, hot, great, incredible, magical, wonderful, amazing, awesome, revolutionnary, extraordinary, phenomenal, supercool, terrific, huge, tremendous, exciting, beautiful, remarquable, etc.[41]. Il sait aussi maintenir le suspense et ravir son public avec le fameux « One more thing » (« encore une petite chose ») qu'il prononce à la fin de ses présentations pour annoncer par surprise une autre nouveauté importante[42].
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+ Steve Jobs lutte durant plus de sept ans contre la maladie, subissant notamment une greffe du foie en avril 2009[a 27]. Au fil des années, la santé florissante de son entreprise contraste avec son apparence de plus en plus frêle. Le 17 janvier 2011, il prend un nouveau congé « pour une durée indéterminée »[43] qui se révélera être le dernier. Le 24 août 2011, le monde entier apprend qu'il démissionne de son poste de directeur-général d'Apple, annonçant dans une lettre adressée à tous ses collaborateurs qu'il souhaite que Tim Cook prenne définitivement sa place, et qu'il restera président du conseil d'administration afin de pouvoir continuer à superviser les activités de la marque qu'il a fondée[a 28]. Quelques heures après cette annonce, les actions boursières de la société chutent de 5 %[44].
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+ Steve Jobs ne gagne qu’un dollar symbolique par an en tant que directeur-général d’Apple[a 29], mais il possède dans le même temps 5,426 millions d’actions de son entreprise, tout comme 138 millions d’actions Disney, celles qu’il avait reçues en 2006 lors du rachat de Pixar[45]. Il plaisante en expliquant que son dollar annuel de revenu est divisé en cinquante cents pour participer aux réunions, et cinquante cents basés sur la performance[a 29]. En plus de son salaire, il obtient de la part d'Apple le remboursement de ses frais de transport (deux cent mille dollars en 2010)[46] mais aussi un jet Gulfstream V en tant que bonus. En 2011, Forbes estime sa fortune personnelle à sept milliards de dollars, faisant de lui la trente-neuvième plus grande fortune américaine[47].
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+ Steve Jobs est un perfectionniste[a 30],[48],[49] d’une grande exigence[a 12],[50] qui a toujours voulu positionner ses entreprises et leurs produits à la pointe de l’industrie des technologies de l’information en prévoyant les tendances du marché, mais aussi en les créant, tout du moins en termes d’innovations et de style[a 31]. Jobs résume cela en janvier 2007 par une maxime de la star canadienne du hockey Wayne Gretzky : « Je patine vers l’endroit où le palet va être, et non vers là où il a été[a 32]. » Sur un plan personnel, ce n'est pas tant la richesse qui l'intéresse (il se range dans la catégorie des grands patrons les moins ostentatoires) que de laisser sa trace, d'assurer sa place parmi les grands entrepreneurs et inventeurs de l'histoire de son pays, ainsi que la pérennité de son entreprise, qui devra lui survivre[a 33].
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+ Il restera toute sa vie un adepte de l'intégration verticale, ou « système fermé », qui veut que son entreprise conçoive tout à la fois de façon exclusive : le matériel, le système d'exploitation qui l'anime, les logiciels, les applications, les périphériques. Cette philosophie débouchant sur des appareils « tout-en-un » qui, reliés entre eux, proposeront l'expérience unique du « foyer numérique »[a 4], un environnement totalement généré par Apple : une vision que Jobs a dès le début des années 2000[a 20].
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+ Tout doit donc être contrôlé à 100 %. L'intérieur (ce qui ne se voit pas et auquel, du premier Macintosh au dernier iPhone, on ne peut pas accéder) doit être aussi parfait que l'extérieur. Il fait par exemple changer les vis du boitier du premier Macintosh afin qu'il soit impossible pour le public de l'ouvrir avec un tournevis conventionnel[a 12] et refait la même chose vingt-six ans plus tard avec l'iPhone 4[a 25]. Jobs s'oppose aussi formellement, à quelques années d'écart, à la mise à disposition d'iTunes sur les plates-formes Windows[a 34] ou à l'ouverture de l'App Store aux développeurs externes qui viendront y déposer leurs créations, et doit à chaque fois être convaincu par ses plus proches collaborateurs, à l'aide d'arguments imparables[a 34] et dans le dernier cas, à la condition expresse que ce soit Apple qui teste et qui approuve ces « apps » venues de l'extérieur avant de les proposer en ligne[a 26].
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+ Sa philosophie consistant à positionner son entreprise et ses productions à la convergence de l'art et de la technologie[a 4], Steve Jobs est également littéralement obsédé par le design[a 31],[a 35]. Il considère que c'est une absolue priorité, la beauté et la simplicité[a 31], stimulé et épaulé dans la deuxième partie de sa carrière chez Apple par le britannique Jonathan Ive, le patron de ce secteur[a 35]. Une démarche globale, qui va des cordons, adaptateurs électriques ou emballages aux escaliers translucides en colimaçon des Apple Stores[51], pour le moins couronnée de succès. Mais elle peut aussi conduire en 2010 à l'affaire de l'Antennagate, ce premier modèle de l'iPhone 4 qui rencontre des problèmes de réseau quand on le tient d'une certaine façon, car Jobs et Ive ont tenu à ce que son contour soit d'une pureté de ligne parfaite, en aluminium brossé, au détriment du fonctionnement de son antenne, et sans tenir compte des avertissements de leurs ingénieurs à ce sujet[52]. Contraint de réagir par le buzz négatif qui enfle dans les semaines suivant la commercialisation de l'appareil, Jobs convoque une conférence de presse où il explique avant tout que les concurrents ne font pas mieux, que le problème a été surestimé par la sphère médiatique, et offre un contour de protection (bumper) à tous les possesseurs de l'appareil[53],[54].
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+ Il a beaucoup été question de la personnalité agressive et exigeante de Steve Jobs. Le magazine Fortune (qui a sacré Jobs « directeur général de la décennie » en novembre 2009[55]) a par exemple écrit qu’il était « considéré comme un des plus grands égotistes de la Silicon Valley[56] ». En 1993, Jobs figure dans la liste des patrons les plus durs de Fortune, en regard de la façon dont il dirige NeXT[57]. Le cofondateur de cette entreprise, Dan’l Lewin, déclare dans ce même magazine que Steve Jobs, durant cette période, « avait des sautes d'humeur inimaginables »[57],[N 6]. Jef Raskin, qui fut un temps au début des années 1980 chef de projet pour le Macintosh, a déclaré que Jobs « aurait fait un excellent roi de France »[58], faisant ainsi allusion à sa personnalité impérieuse et démesurée. Pour ce qui est de son style de management chez Pixar, l’animateur américain Floyd Norman déclare qu’il « était un individu adulte, qui n’a jamais interféré avec le travail des cinéastes »[59].
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+ Le biographe autorisé Walter Isaacson, qui publie Steve Jobs en 2011, se demande tout au long de son livre si la méchanceté ou la malveillance dont fait parfois preuve son sujet est intentionnelle ou fait simplement partie d’un personnage entier, qui dit ce qu’il pense, pense ce qu’il dit même si cela s'écarte de la réalité, ne s'embarrasse jamais de considérations liées à l’empathie et ne peut pas (ou ne veut pas) contenir ses émotions[a 15]. Il y a beaucoup d'exemples frappants à ce titre, le plus récent voyant un Steve Jobs très affaibli par la maladie en 2009, trouvant l'énergie de démolir littéralement et publiquement, dans l'auditorium du quartier général de Cupertino, l'équipe du service en ligne MobileMe (lancé en 2008, fermé en 2011) en lui disant « Vous avez sali la réputation d’Apple. Vous devriez vous détester d’avoir laissé tomber vos collègues ! » et en congédiant sur-le-champ les responsables[60],[a 20].
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+ On apprend aussi que le fondateur d'Apple s'estime souvent au-dessus des lois des hommes, affectant notamment de rouler dans une Mercedes sans plaques d'immatriculation et la garant n'importe où, par exemple sur les places réservées aux handicapés[61]. Dans son ouvrage, Isaacson décrit à plusieurs reprises Steve Jobs comme un personnage qui pour le meilleur ou pour le pire « veut faire plier le monde à sa volonté »[a 36].
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+ Steve Jobs est également un grand fan de musique[a 37] et, à son panthéon, figurent Bob Dylan[a 16] dont il collectionne les albums depuis son plus jeune âge[a 2] et les Beatles[a 33]. Il se réfère souvent au groupe de Liverpool, notamment au cours de ses keynotes (en janvier 2007, lorsqu'il présente la fonction iPod du premier iPhone, il joue deux morceaux de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band[62]) ou la même année lors de la conférence télévisée All Things Digital où il partage le plateau avec Bill Gates et où il choisit un vers de la chanson Two of Us pour décrire avec beaucoup d'émotion leurs tumultueuses relations désormais apaisées : « You and I have memories longer than the road that stretches out ahead » (« toi et moi, nous avons des souvenirs plus longs que la route qui s'étend devant »)[63].
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+ Il déclare par ailleurs lors de l'émission 60 Minutes de CBS en 2003[64] : « Mon modèle pour le business, ce sont les Beatles. Quatre gars qui laissaient leurs tendances négatives de côté, qui s'équilibraient les uns les autres. Et le total était plus grand que la somme des individualités. Les grandes choses dans le business ne sont jamais réalisées par une seule personne. Elles sont accomplies par une équipe[65] ». À propos de la conception de l'iPhone, il dit aussi : « Jamais je n'avais pris autant de plaisir à travailler sur des détails aussi complexes. C'était comme travailler sur le mixage de Sgt. Pepper's »[a 25]. Il met également, à la fin de sa vie, toute son énergie dans les négociations avec EMI et la compagnie homonyme Apple Corps pour mettre fin au contentieux qui les oppose afin de pouvoir proposer l'œuvre de son groupe favori[a 37] en téléchargement légal sur iTunes. C'est chose faite le 16 novembre 2010, et Steve Jobs s'occupe personnellement du lancement en grande pompe de cet événement[66],[a 38].
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+ Steve Jobs résume sa façon d’être dans son fameux discours à l’adresse des étudiants de l’université de Stanford en 2005 : « Votre temps est limité. Ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonniers des dogmes, ce n’est rien d’autre que vivre selon les conclusions et les réflexions d’autres personnes. Ne laissez pas le brouhaha des opinions des autres étouffer votre voix intérieure. Et, par-dessus tout, ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition : d’une manière ou d’une autre, ils savent ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est secondaire. Soyez insatiables. Soyez fous[67]. »
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+ Steve Jobs et Bill Gates, tous deux nés en 1955, sont à l'origine d'un pan entier de l'histoire de la révolution micro-informatique. Ils partagent le fait d'avoir eu très tôt la vision d'un monde où tous les foyers seraient équipés d'un ordinateur et d'avoir été des acteurs majeurs de cette évolution[68],[69]. Là où l'un, intuitif, développe très vite des talents de design, de persuasion et de vente, l'autre, homme d'affaires précoce et avisé, sait aussi programmer, ce qu'il ne manquera jamais de souligner. En janvier 1976, avant même la création d'Apple, Bill Gates écrit une fameuse lettre ouverte au club informatique, dont sont membres Jobs et Wozniak, pour fustiger l'utilisation libre des logiciels (en l'occurrence, son tout récent BASIC), créant un véritable précédent historique dans le monde numérique sur la question de la licence des programmes[70].
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+ Comme le raconte Andy Hertzfeld, « Chacun se croyait plus brillant que l'autre mais Steve affichait une condescendance ostensible à l'égard de Bill, en particulier en matière de goût et de style. Et Bill, de son côté, prenait Steve de haut parce qu'il ne savait pas écrire un programme »[a 39]. Mais Apple est déjà sur le devant de la scène lorsque Microsoft balbutie, et c'est Apple qui « met le pied à l'étrier » à la jeune firme de Seattle en lui faisant développer son tableur (Excel) et son traitement de texte (Word) pour le premier Macintosh[a 39] commercialisé en 1984. Les relations entre les deux patrons vont s'envenimer lorsque Microsoft développe son propre système d'exploitation, Windows, en reprenant le principe développé sur les ordinateurs Apple, l'interface graphique et la souris. Un accord stipulait en effet que Microsoft ne développerait rien dans ce sens pendant un an après la sortie du Macintosh programmée en janvier 1983. Mais l'appareil pommé prend un an de retard et, en novembre de la même année, Gates présente à New York les principes de son nouvel « OS »[a 39]. Une scène passée à la postérité[N 7] se déroule alors à Cupertino où Gates est venu seul pour prendre un véritable savon. « C'est un coup en traître ! On t'a fait confiance et, maintenant, tu nous fais les poches ! » hurle Jobs. « Il y a une autre façon de voir les choses », répond Bill, « Xerox était notre riche voisin à tous les deux, et quand je suis entré chez lui pour voler sa télévision, j'ai découvert que tu l'avais déjà emportée[a 39] ! » Bill Gates se trouve être une des très rares personnes totalement insensibles au champ de distorsion de la réalité de Jobs[a 17].
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+ Cette histoire, « Windows a copié le Mac », restera toujours un point d'achoppement entre les deux géants. À la fin de sa vie, Jobs dit encore : « Ils nous ont dépouillés ! Bill n'a aucune éthique ! », à quoi ce dernier répond : « Si c'est ce qu'il croit, c'est qu'il est définitivement perdu dans son champ de distorsion[a 39]. » Au cours des années 1990, Windows gagne haut la main la « guerre des systèmes d'exploitation » en atteignant une position quasi hégémonique. Ce qui n'empêche pas Steve Jobs de dire à cette époque : « Le problème de Microsoft, c'est qu'ils n'ont pas de goût, absolument aucun. Je parle au sens le plus général du terme. Ces gens-là sont incapables d'avoir des idées, ils ne cherchent pas à apporter du savoir ou du bonheur à l'humanité avec leurs produits. Alors, oui, la réussite de Microsoft m'attriste. Leur succès ne me pose pas de problème en soi. Ils l'ont plus ou moins mérité, à force d'opiniâtreté. Ce qui me désespère, c'est qu'ils font des produits de troisième zone[a 39]. » Ils s'opposent en fait sur un principe industriel : la verticalité (le système fermé) prônée par Jobs, et l'horizontalité (la mise en licence des programmes pour tous les appareils), credo de Gates. Les relations sont souvent houleuses, comme lorsque Gates, en position de force, refuse de créer le moindre programme pour les ordinateurs NeXT en dénigrant le nouveau produit lancé par Jobs après son départ d'Apple[a 39].
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+ Lorsqu'il y revient, en 1997, Jobs décide d'enterrer la hache de guerre, de mettre un terme à une décennie de poursuites judiciaires avec Microsoft, et propose à Gates d'entrer au capital d'Apple en investissant cent cinquante millions de dollars[a 22] tout en continuant à développer des programmes compatibles pour Apple. Il lui explique qu'en poursuivant les actions en justice pour « vol de brevets », Microsoft pourrait finir par être condamné à verser une véritable fortune à Apple, mais que cette dernière pourrait disparaitre avant cette échéance[a 22],[N 8]. L'accord est entériné lors de la keynote de la MacWorld Expo de Boston, le 9 juillet 1997[71], où le patron de Microsoft apparaît en direct sur l'écran géant devant un Jobs du coup tout petit et un public stupéfait, ce qu'il considérera a posteriori comme une gaffe magistrale[a 22]. Les observateurs ne manquent pas en effet de relever l'étonnant parallèle entre le Big Brother fracassé par Apple dans la publicité 1984 et l'apparition de Bill Gates lors de cette keynote[72],[a 38].
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+ Durant les années 2000, chaque entreprise ayant trouvé sa place dominante[73] sur le marché de l'électronique grand public, les relations s'apaisent. Ainsi, lors du forum télévisé All Things Digital en mai 2007, les deux hommes qui partagent le plateau de Walt Mossberg se couvrent de louanges. Les yeux dans ceux de son rival historique, Gates déclare : « J'ai vu Steve prendre des décisions fondées sur son instinct. Un instinct que, voyez-vous, j'ai beaucoup de mal à m'expliquer. Son mode opératoire est unique et, en un sens, magique. Et, dans ces moments-là, je me dis Waouh[a 36] ! », tandis que Jobs conclut cet entretien avec le vers de Two of Us en écrasant une larme[74]. À l'été 2011, Bill Gates rend une dernière visite à Steve Jobs, dont le cancer est en phase terminale. Ils restent plus de trois heures ensemble à discuter avec beaucoup d'émotion dans le salon de sa maison de Palo Alto, et concluent : « Je croyais autrefois que le modèle ouvert, horizontal l'emporterait. Mais tu as prouvé que le modèle intégré, vertical pouvait aussi être une réussite », dit Gates. « Ton modèle marche aussi », lui répond Jobs[a 28].
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+ Avec les autres grands patrons de l'industrie informatique américaine, Steve Jobs n'est pas toujours tendre. Ainsi, une guerre des mots éclate à la fin des années 1990 avec le constructeur d’ordinateurs Michael Dell. C’est d’abord le patron d’Apple qui qualifie les produits Dell de « vieilles bécanes tout sauf innovantes ». Le 6 octobre 1997, lorsque l’on demande à Michael Dell ce qu’il ferait s’il possédait un ordinateur Apple, il répond : « Je le jetterais à la poubelle et je rendrais leur argent aux actionnaires[75]. » En 2006, Jobs envoie un courriel à tous les salariés de sa compagnie, au moment où la capitalisation boursière d'Apple dépasse celle de Dell : « À toute l’équipe : il apparaît que les prédictions de Michael Dell ne se sont pas révélées exactes. À la clôture du marché aujourd’hui, Apple vaut plus cher que Dell. Les actions montent et descendent, et les choses pourraient être différentes demain, mais je pense que cela vaut un petit moment de réflexion ce jour. Steve[76]. »
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+ Son côté rancunier s'exprime aussi lorsqu'il barre l'accès de la technologie Flash d'Adobe à la plate-forme iOS en 2010[a 38]. Très proche du fondateur de cette entreprise, John Warnock, il avait aidé à la lancer en lui faisant développer Adobe Illustrator pour le Macintosh au début des années 1980[a 38]. Mais Warnock prend sa retraite et, en 1999, les nouveaux dirigeants refusent d'adapter leurs produits phares, tel Photoshop pour le premier iMac[a 38]. Dix ans plus tard, Jobs se venge. « Flash, au niveau de la technologie, est une pelote de spaghetti infâme aux performances lamentables, avec de gros problèmes de sécurité », dit-il[a 38]. Il ajoute : « L'âme d'Adobe a disparu avec le départ de Warnock. C'était un inventeur, une personne avec qui j'avais créé des liens. Ensuite, se sont succédé une flopée de technocrates et l'entreprise a dépéri[a 38]. »
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+ Un de ses plus grands amis de l'industrie informatique est Larry Ellison, le patron fondateur d'Oracle. En 1995, Ellison veut entraîner son ami dans une tentative de putsch contre Apple, en rachetant l'entreprise et en lui donnant dans la foulée 25 % des parts pour lui permettre de reprendre les rênes[a 24]. Mais Jobs n'est pas un partisan de ce genre d'offensive inamicale en bourse[a 24]. Il veut revenir par la grande porte, ce qu'il fera fin 1996, avant d'inviter Ellison à siéger au conseil d'administration d'Apple. Situé dans le top dix des entrepreneurs les plus nantis au monde[77], Ellison, qui invite souvent la famille Jobs en croisière sur un de ses luxueux yachts, est surnommé « notre ami riche » par le fils de Steve, Reed Jobs, qui souligne ainsi le refus de son père d'afficher tout signe ostentatoire[a 11]. Un autre grand ami de Jobs est Millard « Mickey » Drexler, directeur général du fabricant de vêtements Gap[78] quand il lui offre un siège dans ce conseil d'administration d'Apple qu'il taille à sa mesure lors de son retour, à la fin des années 1990[a 22]. Drexler donne souvent des conseils avisés à Jobs[a 31] et il dira de lui au moment de sa démission en août 2011 : « Avoir vu Steve transformer Apple est la chose la plus incroyable que j'ai vue dans toute ma carrière[a 28]. »
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+ Au début de son parcours d'entrepreneur, l'ennemi s'appelait IBM[a 39]. Il est ensuite devenu Microsoft. À la fin de sa vie, Steve Jobs va ferrailler contre Google, sur un problème similaire : la naissance d'Android, le système d'exploitation ouvert pour appareils mobiles développé par le géant de Moutain View qui, selon lui, est une honteuse copie d'iOS[a 38]. Il avait pourtant fait entrer le patron de Google, Eric Schmidt, au conseil d'administration d'Apple[a 38], mais en 2010, il lui explique que son entreprise a les mains sales et qu'au lieu de cinq milliards de dollars de dédommagement, il souhaiterait qu'Android cesse de voler ses idées à Apple[a 38],[N 9]. Il déclare aussi qu'il est prêt à lancer une guerre thermonucléaire pour détruire le système d'exploitation pour appareils mobiles de Google[a 38],[N 10]. Étrange parallèle avec ce qui s'est passé un quart de siècle auparavant avec Windows, et issue identique. Les éventuelles actions en justice sont vouées à l'échec[a 38]. Pourtant, alors que sa mort approche, lors de son ultime congé maladie en 2011, Steve Jobs reçoit Larry Page à son domicile de Palo Alto. Ce dernier vient de reprendre les rênes de l'entreprise qu'il a cofondée avec Sergey Brin et a sollicité une « audience » pour prendre conseil auprès du patron légendaire. « Ma première pensée a été de l'envoyer au diable. Mais j'ai réfléchi et je me suis dit que tout le monde m'avait aidé quand j'étais jeune, de Bill Hewlett à l'ingénieur dans ma rue qui bossait chez HP. Alors, je l'ai rappelé pour l'inviter à venir »[a 28], dit Jobs. Il lui parle de l'importance du recrutement, du fait qu'il faut rester concentré sur pas plus de cinq produits phares car tous les autres « vous tirent vers le bas et, en un rien de temps, on se transforme en Microsoft »[a 28], et raconte : « J'ai essayé de l'aider de mon mieux. Je continuerai à le faire aussi avec des gens comme Mark Zuckerberg. Voilà comment je vais occuper le temps qui me reste. Je peux aider les générations suivantes à se rappeler comment naissent les grandes entreprises et à perpétuer la tradition. La Vallée m'a beaucoup soutenu. Je ferai de mon mieux pour lui rendre la pareille[a 28]. »
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+ Le sens du design de Steve Jobs a été grandement influencé par le bouddhisme qu’il a expérimenté en Inde lors d’un voyage spirituel de sept mois. Ses capacités intuitives si développées[a 31],[a 36] ont également connu l’influence de la spiritualité qu’il a étudiée avec différents maîtres[79], et selon lui, du LSD[a 4].
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+ Au 9 octobre 2011, il est listé comme inventeur ou coinventeur de trois cent quarante-deux brevets américains liés à la technologie, allant des ordinateurs actuels et appareils portables aux interfaces utilisateurs (dont les tactiles), haut-parleurs, claviers, adaptateurs électriques, coffrets, fermoirs, pochettes, cordons et emballages. La plupart de ces brevets ont trait au design, mais quarante-trois d’entre eux sont listés comme des inventions de produits[80]. Celui du nouveau dock du système d’exploitation Mac OS X 10.7 (Lion) a été validé le jour précédant sa mort[81].
123
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124
+ L'engagement philanthropique de Steve Jobs, comparé à celui de Bill Gates par exemple, est resté très discret. Après avoir quitté Apple et fondé NeXT, il lance la Steven P. Jobs Foundation, mais l'abandonne un an plus tard. Lors de son retour à la tête d'Apple en 1997, il arrête le programme caritatif de la firme. Cependant, sous l'ère Jobs, Apple participe au programme Product Red en produisant des modèles rouges de ses iPods dont une partie des profits générés sont reversés au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, faisant d'Apple son contributeur le plus important[82]. Son non-ralliement à The Giving Pledge, mouvement philanthropique lancé par Bill Gates et Warren Buffett en juin 2010, n'est pas passé inaperçu. Ces derniers invitaient les plus fortunés du pays à prendre l’engagement moral — et public — de destiner une grande partie de leur fortune à la philanthropie[83]. Après une critique au sujet de sa philanthropie dans The New York Times, Bono, l'un des fondateurs de (RED), prend sa défense en rapportant que, lorsqu'il a approché Steve Jobs au sujet de la marque (RED), il aurait dit : « Il n'y a rien de mieux que la chance de pouvoir sauver des vies[84]. »
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+ Les parents biologiques de Steve Jobs se rencontrent à l'université du Wisconsin. Abdulfattah « John » Jandali, un syrien musulman, y fait ses études en sciences politiques puis les enseigne fin des années 1960 à l'université du Nevada à Reno. Rapidement, il se reconvertit dans la restauration en rachetant un restaurant dans cette même ville. Il est, depuis 2006, vice-président de l'hôtel-casino Boomtown, toujours à Reno. En décembre 1955, dix mois après avoir donné leur enfant à l'adoption, Joanne Carole Schieble et Adbulfattah se marient. En 1957, ils ont ensemble une fille, Mona. Après leur divorce, en 1962, Jandali perd le contact avec sa fille. Schieble quant à elle se remarie et Mona prend alors le nom de son beau-père et devient ainsi connue sous le nom de Mona Simpson[85].
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+ Dans les années 1980, Steve Jobs retrouve sa mère biologique Joanne qui lui révèle qu'il a une sœur biologique, Mona Simpson. Ils se rencontrent pour la première fois en 1985 et deviennent de proches amis[86]. Mona décide par la suite de partir à la recherche de son père, elle le retrouve alors qu'il dirige un petit restaurant à Sacramento. Sans savoir ce que son fils est devenu, Jandali raconte à sa fille qu'il a, par le passé, dirigé un grand restaurant dans la Silicon Valley où même Steve Jobs est venu manger. « Oui, oui, il venait souvent. C'était un type sympa et il laissait toujours de gros pourboires. ». Lors d'une de ses interviews enregistrées avec son biographe Walter Isaacson, Steve Jobs dit : « Lorsque j'étais à la recherche de ma mère biologique, j'étais évidemment aussi à la recherche de mon père biologique. J'en ai appris un petit peu à son sujet, mais ce que j'ai appris ne m'a pas plu. J'ai donc demandé à ma sœur de ne pas lui raconter que nous nous étions rencontrés... ne rien raconter du tout à mon sujet[87]. » En parlant de ses parents, Steve déclare : « Ils ont été ma banque de sperme et d'ovules — cela n'a rien de méchant ; c'est juste la vérité : des donateurs de gamètes, c'est tout ce qu'ils sont — rien de plus[a 1]. » Jandali rapporte, lui, de son côté au Sun que ses efforts pour contacter Jobs ont été vains[88].
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+ La première fille de Steve Jobs, Lisa Brennan-Jobs, naît en 1978 de sa relation avec sa petite amie de l'époque, Chrisann Brennan. Pendant deux ans, elle élève l'enfant seule alors que Jobs nie en être le père, prétendant qu'il est stérile[89]. À la même époque, il lance l'ordinateur Lisa. Par la suite, au moment de l'introduction en bourse d'Apple et sous la pression de ses associés, il finit par reconnaître Lisa comme sa fille, et elle viendra vivre à ses côtés pendant quatre ans lors de son adolescence avant d'aller poursuivre ses études à Harvard[a 11].
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+ En 1982, il rencontre la chanteuse Joan Baez avec qui il entretient une relation. Pour Elizabeth Holmes, l'amie de Steve Jobs depuis les années Reed, la principale raison de son intérêt pour Joan — hormis le fait qu'elle est belle, drôle et talentueuse — est qu'elle a eu une liaison avec Bob Dylan. « Steve adorait ce lien subliminal avec Dylan. » Après s'être posé la question d'un hypothétique mariage avec cette femme, plus vieille que lui et qui ne voudrait probablement plus d'enfants, ils mettent fin à leur relation après trois ans[a 11]. Steve Jobs passe les années suivantes auprès de Tina Redse, qui se trouve à ses côtés au moment où il doit quitter Apple en 1985, et qui restera sa petite amie jusqu'à sa rencontre avec Laurene Powell[12],[90].
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+ Steve Jobs se rend à la Stanford Business School pour y donner une conférence en octobre 1989. Il y rencontre donc une autre femme, Laurene Powell, qui y poursuit des études. Ils échangent leurs numéros de téléphone, il repart, puis il raconte, dix ans plus tard : « J'étais remonté dans ma voiture, au parking, la clé dans le contact, je devais me rendre à une réunion de travail. Puis je me suis dit : « Si c'était ma dernière nuit sur Terre, est-ce que je la passerais dans une réunion ou avec cette femme ? » J'ai traversé le parking en courant et je lui ai demandé si elle voulait dîner avec moi. Elle a dit oui, nous sommes allés en ville et, depuis lors, nous ne nous quittons plus[2]. » Le 18 mars 1991, Steve (36 ans à l'époque) se marie avec Laurene (27 ans), lors d'une cérémonie au Ahwahnee Hotel dans le Parc national de Yosemite. Le mariage est présidé par le moine bouddhiste zen Kobun Chino Otogawa. Le premier enfant issu de cette union, Reed, voit le jour en septembre 1991, puis naissent ses sœurs Erin en août 1995 et Eve en 1998. La famille vit depuis à Palo Alto[a 11].
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+ Il a commandé à l'architecte Philippe Starck la construction d'un yacht de 82 mètres de long, Venus, qui ne sera achevé qu'après sa mort[91].
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+ En octobre 2003, les médecins apprennent à Steve Jobs qu'il est atteint d'un cancer[a 36]. Il ne révèle sa maladie à ses employés et au grand public qu'en août 2004, après avoir subi une intervention pour faire retirer une tumeur cancéreuse de son pancréas. Jobs est atteint d'une forme relativement rare de tumeur, plus simple à traiter, une « tumeur neuroendocrinienne des îlots de Langerhans »[a 36]. Dans un premier temps, et malgré le diagnostic des médecins, il va à l'encontre de leurs recommandations en refusant de subir une intervention chirurgicale. Il lui préfère un régime alimentaire végétarien strict avec une grande quantité de carottes et de jus de fruits frais, des séances d'acupuncture et divers remèdes à base de plantes[a 36]. C'est seulement au bout de neuf mois, après que sa femme et ses amis ont tenté de le raisonner et qu'il apprend que la tumeur a encore grossi[a 36], qu'il décide de se faire opérer[92]. Il subit alors une opération de Whipple au Stanford University Medical Center (en) le 31 juillet 2004, tandis que Tim Cook le remplace à la tête d'Apple[a 36]. Dans la foulée, il annonce dans un courriel à ses employés qu'il est guéri, qu'il n'a pas besoin de subir une chimiothérapie ou une radiothérapie et qu'il reprendra le travail en septembre[a 36]. La vérité est différente, mais elle restera bien cachée : lors de l'opération, les médecins ont découvert des métastases au foie[a 36]. Il évoque publiquement cet épisode lors de son discours à l'adresse des étudiants de Stanford le 12 juin 2005[a 36],[N 11]
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+ Début août 2006, Steve Jobs est sur la scène de l'annuel Worldwide Developers Conference pour une de ses traditionnelles keynotes. Son extrême minceur, son apparence décharnée et sa présentation inhabituellement apathique, ajoutées à son choix de déléguer une partie importante de cette keynote à ses principaux collaborateurs, alimentent un florilège de commentaires dans la presse et sur internet à propos de son état de santé[93]. Pourtant, selon un article de l'Ars Technica journal, les participants à cette WWDC qui ont rencontré Jobs en personne déclarent qu'il « a l'air de bien se porter »[94]. Un porte-parole d'Apple souligne pour sa part que « la santé de Steve est robuste »[95].
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+ Deux ans plus tard, en février 2008, les rumeurs repartent de plus belle après la keynote de Steve Jobs au WWDC 2008. Les responsables d'Apple déclarent qu'il est victime d'un « problème courant » et qu'il prend des antibiotiques, tandis que l'on conjecture sur son extrême pâleur qui serait due aux conséquences de l'opération de Whipple qu'il a subie[96]. Les rumeurs ne se trompent pas, les médecins constatent que son cancer se propage. Il a par ailleurs de plus en plus de mal à s'alimenter[a 27]. Mais le secret reste bien gardé[a 27]. Durant une conférence téléphonique de présentation des revenus d'Apple, en juillet 2008, les participants doivent répondre à une série de questions tournant autour de la santé de leur patron et insistent sur le fait qu'il s'agit d'une « affaire privée »[a 27]. Le New York Times publie à ce moment un article qui conclut que le cancer de Jobs « n'a pas connu de récurrence »[97].
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+ Le 28 août 2008, l'agence Bloomberg publie par erreur une nécrologie de Steve Jobs de deux mille cinq cents mots dans son fil d'informations qui comprend des blancs sur son âge et la cause de sa mort (le fait est que les agences de presse gardent toujours sous la main des nécrologies préparées afin de réagir rapidement lors de la disparition de personnages célèbres)[98]. Bien que cette erreur soit rapidement rectifiée, la nouvelle est reprise dans la presse et sur internet. Steve Jobs apporte sa réponse au siège d'Apple lors de la keynote Let's Rock en septembre, choisissant de citer Mark Twain : « Les rapports sur ma mort sont grandement exagérés[99]. » Plus tard, lors d'un nouvel événement médiatique, Steve Jobs conclut sa présentation en affichant sur l'écran géant une diapositive sur laquelle est inscrit « 110/70 », c'est-à-dire l'état de sa pression artérielle, expliquant par ailleurs qu'il n'acceptera aucune question supplémentaire sur sa santé[42].
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+ Le 16 décembre 2008, Apple annonce que le vice-président chargé du marketing, Phil Schiller, se chargera de la keynote au Macworld Conference and Expo 2009, ce qui relance à nouveau les spéculations sur la santé de Jobs. Ce dernier explique sur une page publiée le 5 janvier 2009 sur le site apple.com qu'il souffre d'un « déséquilibre hormonal » depuis plusieurs mois[100].
147
+ Le 14 janvier 2009, dans une note interne à Apple, Steve Jobs écrit que, durant les semaines précédentes, il a « appris que [ses] problèmes de santé étaient plus complexes que ce [qu'il] croyai[t] » et annonce un congé maladie de six mois, jusqu'à la fin juin 2009, pour lui permettre de mieux se concentrer sur sa santé. Tim Cook prend à nouveau les rênes de la compagnie tandis que Jobs reste impliqué dans les « décisions stratégiques majeures »[101]. En avril 2009, il subit une greffe du foie au Methodist University Hospital Transplant Institute de Memphis, Tennessee. Le pronostic vital pour Jobs est à ce moment déclaré « excellent »[102].
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+ Le 17 janvier 2011, un an et demi après son retour consécutif à sa greffe du foie, Apple annonce qu'il prend un nouveau congé maladie. Jobs écrit à ses collaborateurs pour expliquer qu'il a pris cette décision, à nouveau, pour se concentrer sur sa santé. Comme en 2004 et en 2009, Tim Cook reprend son poste de directeur-général opérationnel tandis que Jobs continuera à superviser les décisions stratégiques majeures de l'entreprise[103]. Malgré ce nouveau congé maladie, Steve Jobs apparaît lors du lancement de l'iPad 2 (le 2 mars)[104], lors de la keynote où est présenté le service iCloud (le 6 juin)[105] et, enfin, devant le conseil municipal de la ville de Cupertino (le 7 juin), sa dernière apparition publique et télévisée où il présente le nouveau projet de campus géant d'Apple, un énorme bâtiment en forme d'anneau circulaire entouré de verdure qui doit abriter douze mille employés[106].
150
+ Steve Jobs annonce finalement sa démission de son poste de directeur général d'Apple le 24 août 2011. « Malheureusement, ce jour est arrivé », écrit-il, car il ne « peut plus, désormais, assumer [ses] fonctions et [ses] attentes en tant que directeur général d'Apple[107]. » Il devient le président du conseil d'administration d'Apple et nomme Tim Cook comme son successeur. Steve Jobs continue à travailler pour l'entreprise qu'il a fondée jusqu'à la veille de sa mort[108].
151
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152
+ Steve Jobs meurt le 5 octobre 2011 vers 15 heures (heure locale), dans son domicile de Palo Alto en Californie, des complications engendrées par la récidive de son cancer pancréatique neuroendocrinien, résultant en un arrêt respiratoire. L'annonce de sa mort est faite par Apple sous la forme d'un communiqué de presse[109]. Sa famille déclare dans un communiqué distinct : « Steve est mort en paix aujourd'hui entouré de sa famille »[110].
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+ Selon sa sœur Mona Simpson, présente à ses côtés, Steve « regarde sa sœur Patty, puis pendant un long moment ses enfants, puis sa femme Laurene ». Ses derniers mots, prononcés plusieurs heures avant sa mort, ont été « Oh wow. Oh wow. Oh wow[86]. »
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+ Pendant les deux semaines qui suivent sa disparition, le site web d'Apple affiche une page d'accueil sobre, comportant une photo de lui en noir et blanc, son nom ainsi que ses dates de naissance et de mort. L'hyperlien de l'image mène vers une nécrologie qui rend hommage à un visionnaire et à un génie créatif. Une adresse de courriel en fin de page permet d'adresser des condoléances, mémoires et pensées qui sont maintenant affichées sur sa page commémorative. Apple annonce avoir reçu plus d'un million de courriels à cette adresse[111].
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+ La mort de Steve Jobs déclenche aux États-Unis mais aussi dans le monde entier une importante vague d'émotion[112],[113],[114],[115] . Devant tous les Apple Store du monde, la foule se presse pour déposer des fleurs, des mots de condoléance, des pommes, des appareils tactiles de la marque qui affichent des chandelles[116]. De nombreuses personnalités, plus ou moins proches de lui, lui rendent également hommage. C'est, par exemple, le cas du président démocrate des États-Unis Barack Obama[117], de Bill Gates[118],[117], du PDG de The Walt Disney Company Robert Iger[117], de Steve Wozniak[117], de Mark Zuckerberg[117] ainsi que d'autres grandes figures de la Silicon Valley, tout comme de nombreuses personnalités du monde du spectacle, de la politique, de l'industrie et des médias[117]. En marge de ces hommages, l'informaticien et militant américain du logiciel libre Richard Stallman, déclare : « Je ne suis pas content qu’il soit mort, mais je suis content qu’il soit parti. […] Personne ne mérite de mourir – pas Jobs, pas Mr. Bill, ni même les gens coupables de pires crimes qu’eux. Mais nous méritons tous la fin de l’influence néfaste de Jobs sur l’informatique[119]. »
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+ Ses obsèques se déroulent le 7 octobre 2011 lors d'une petite cérémonie privée dont les modalités n'ont pas été révélées par respect envers la famille Jobs[120].
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+ Après avoir fondé Apple, Steve Jobs devient un symbole pour sa firme mais aussi l'industrie informatique. Lorsque Time, en 1982, nomme l'ordinateur homme de l'année, le magazine publie un long profil de Steve Jobs en l'appelant « le maestro le plus célèbre du micro ordinateur[121]. »
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+ En 1985, le président républicain américain Ronald Reagan remet à Steve Jobs et à son collègue Steve Wozniak la National Medal of Technology. Ils sont parmi les premiers à recevoir cette décoration[122].
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+ En novembre 2007, le magazine Fortune lui donne le titre de d'« homme d'affaires le plus puissant »[123]. En novembre 2010, le magazine Forbes le classe dix-septième dans son classement des personnes les plus puissantes[124]. En décembre 2010, le Financial Times nomme Jobs personnalité de l'année et conclut son article sur une déclaration de John Sculley en 1987, évoquant les ambitions de l'homme qu'il a évincé : « Apple était censée devenir une merveilleuse société de produits grand public. C'était un projet insensé. Le high-tech ne pouvait pas être vendu comme un produit grand public. » et le journaliste y ajoute de façon rhétorique : « Comment peut-on se tromper à ce point[125] ? »
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+ Le magazine américain TIME lui consacre sa une de couverture le 12 avril 2010 avec une photographie du Suisse Marco Grob.
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+ Au moment de sa démission puis de nouveau après sa mort, Steve Jobs est décrit par beaucoup comme un visionnaire, un pionnier et un génie[126],[127],[128],[129],[1]. Il est parfois considéré comme le Thomas Edison et le Henry Ford de son époque[130]. « Nous nous sommes rencontrés il y a plus de trente ans et avons été collègues, rivaux et amis durant plus de la moitié de nos vies. Le monde a rarement vu des personnes qui ont eu autant d'impact que Steve, dont les effets se ressentiront encore pour plusieurs générations à venir. Pour ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui, cela a été un incroyable honneur. Il me manquera terriblement » dit Bill Gates[117]. « Merci pour avoir été un mentor et un ami. Merci de nous avoir montré que ce que l'on crée peut changer le monde », déclare Mark Zuckerberg[117]. « Un des plus grands innovateurs américains, assez courageux pour penser différemment (« Think different »), assez audacieux pour croire qu'il pouvait changer le monde, et assez talentueux pour le faire », dit de lui le président des États-Unis Barack Obama[33].
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+ Le 21 décembre 2011, la société Graphisoft dévoile à Budapest la première statue en bronze au monde de Steve Jobs[131].
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+ L'histoire d'un entrepreneur qui révolutionna de manière durable le monde technologique malgré les nombreux obstacles sur sa route est un sujet qui attire les producteurs hollywoodiens, friands des success-stories.
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+ Les Pirates de la Silicon Valley est un téléfilm de Martyn Burke réalisé en 1999. Il relate les débuts de la micro-informatique individuelle aux États-Unis du début des années 1970 à la fin des années 1980 et met en scène la rivalité entre les célèbres duos Steve Jobs et Steve Wozniak, et William Henry Bill Gates III et Paul Allen. Steve Jobs y est interprété par Noah Wyle. Le narrateur de ce téléfilm est Steve Ballmer, joué par John DiMaggio.
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+ Un biopic indépendant, Jobs, est sorti à l'été 2013. Réalisé par Joshua Michael Stern, le film se concentre sur la naissance d'Apple, l'épisode de NeXT et s'achève avec la présentation de l'iPod. Steve Jobs est incarné par Ashton Kutcher, Steve Wozniak est joué par Josh Gad. La critique est très médiocre (y compris sur l'interprétation de Kutcher), le film est un échec au box-office[132].
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180
+ Un autre film est développé en parallèle par Sony Pictures Entertainment. Ce biopic est plus exhaustif que le premier, en se basant sur la biographie de Walter Isaacson. Le film est réalisé par Danny Boyle et écrit par Aaron Sorkin (notamment scénariste du film The Social Network, autre biopic sur une star des nouvelles technologies). Seth Rogen est sélectionné pour être l'interprète de Wozniak. Le rôle principal, d'abord proposé à Leonardo DiCaprio et à Christian Bale, qui l'ont tour à tour refusé[133], revient finalement à Michael Fassbender. Cependant, en novembre 2014, Sony Pictures renonce à produire ce film et le traitement du film est mis en vente[134]. Le projet est ensuite relancé par Universal Pictures. Le film, simplement intitulé Steve Jobs, est tourné au cours de l'année 2015 et sorti le 3 février 2016 en France. Il tourne autour de trois présentations majeures qui ont ponctué la carrière de Jobs (celle du Macintosh 128K en 1984, du NeXT Computer en 1988 et de l'iMac en 1998), et se penche principalement sur ses relations avec sa fille Lisa Brennan-Jobs.
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+ Le film comporte bon nombre d'inexactitudes historiques, le scénariste Aaron Sorkin a par ailleurs déclaré que le film était « un portrait, plus qu'une photographie » peu avant la sortie du film.
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+ Steven Spielberg /ˈstiːvən ˈspiːlbɝɡ/[2] est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio).
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+ Issu de la deuxième génération du Nouvel Hollywood dans les années 1970, il réalise le premier blockbuster de l'histoire du cinéma, Les Dents de la mer (1975). Il enchaîne ensuite les succès internationaux : E.T., l'extra-terrestre (1982), la série Indiana Jones (1981-2008), Jurassic Park (1993), La Liste de Schindler (1993), Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Ready Player One (2018), tout en développant ses activités de gestionnaire. Fondateur de la société de production Amblin Entertainment et cofondateur du studio DreamWorks SKG, il produit de nombreux films à grand succès (Poltergeist, Gremlins, Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit, la trilogie Men in Black ou encore Transformers). Il a également financé et distribué des œuvres plus exigeantes ou moins grand public telles que Lettres d'Iwo Jima de Clint Eastwood, American Beauty de Sam Mendes et Hollywood Ending de Woody Allen.
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+ Surnommé « The Entertainment King » (« le roi du divertissement »), Steven Spielberg est régulièrement cité comme le meilleur représentant de l'industrie cinématographique hollywoodienne dont il a promu, sur le plan mondial, l'efficacité technique, la science du grand spectacle et le pouvoir illusionniste. L'ensemble de son œuvre présente un style à la fois personnel et accessible, et des thèmes récurrents. S'il a parfois critiqué la systématisation des suites et des sagas cinématographiques dans le cinéma américain, en compagnie de son ami George Lucas, ces deux cinéastes restent considérés par bon nombre de critiques comme les initiateurs de ce système, en raison de leurs nombreux succès.
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+ Il a également créé la fondation Shoah Foundation Institute for Visual History and Education[3], dont l'objectif est de recueillir les témoignages de tous les survivants de la Shoah et de les diffuser aux plus jeunes, dans le but de participer au devoir de mémoire afin d'éviter un nouveau génocide.
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+ Il est chevalier dans l'ordre de l'Empire britannique (KBE) depuis le 1er janvier 2001, la cérémonie ayant eu lieu le 29 janvier 2001 à l'ambassade du Royaume-Uni à Washington[4],[5].
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+ Steven Spielberg a reçu deux Oscars du meilleur réalisateur (en 1994 et 1999) et un Oscar du meilleur film (en 1994). Il a par ailleurs présidé le jury du 5e Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1977, et celui du 66e Festival de Cannes en 2013[6].
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15
+ Steven Allan Spielberg est né à Cincinnati (Ohio) le 18 décembre 1946[7],[8],[9] dans une famille juive. Son père est Arnold Meyer Spielberg (en)[10] créateur de l'ordinateur GE-225 pour General Electric en 1959 sur lequel les étudiants et chercheurs de l’université de Dartmouth créeront la première version de BASIC, langage de programmation qui a permis à toute une génération de Bill Gates (Microsoft) à Steve Jobs (Apple) d'initier la révolution de l'informatique personnelle. Sa mère, Leah[11] Frances Posner (1920-2017) était pianiste de concert avant d'ouvrir un restaurant[12] à Los Angeles.
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+ Il a trois sœurs Anne Spielberg, Sue Spielberg et Nancy Spielberg. Son prénom hébraïque est Samuel, en hommage à son grand-père paternel Samuel (Shmuel) Spielberg, immigrant ukrainien de Kamenets-Podolski mort une année avant sa naissance. Sa grand-mère paternelle Rebecca (Chechick) Spielberg était originaire de Sudilkov en Ukraine tandis que son grand-père maternel, Philip (Fievel) Posner était originaire d’Odessa. Sa grand-mère maternelle, Jennie (Fridman) Posner est née à Cincinnati de parents juifs polonais. C’est dans cette même ville que ses parents sont nés et où il vécut ses premières années.
17
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18
+ Il vit ensuite à Haddon Township dans le New Jersey, puis à Scottsdale en Arizona[13]. Élève médiocre mais passionné de cinéma, ses résultats scolaires ne lui permettent pas d'intégrer les écoles de cinéma de son choix, c'est pourquoi il suit les cours d'art dramatique de l'école d'Arcadia, à Phoenix. Après avoir été recalé à l'entrée de UCLA School of Theater, Film and Television[14], il s'inscrit à l'Université d'état de Californie de Long Beach (il y obtiendra en 2002 un Bachelor of Arts [15], mention Film Production and Electronic Arts)[16]. Lecteur de bandes dessinées, il admire celles publiées par EC Comics[17].
19
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20
+ En 1959, à l'âge de douze ans, il tourne en autodidacte son premier film, The Last Gunfight[18] (sur la demande d'un de ses chefs scout), un western de quatre minutes, avec la caméra 8 mm de son père. Il enchaîne en 1961 avec Escape to Nowhere[19] et Battle Squad, deux films de guerre puis en 1964, Firelight[20], un film de science-fiction de 140 minutes[21], fortement influencé par Le Monstre (The Quatermass Xperiment) de Val Guest. Par la suite, il tourne Amblin[22] (ce dernier titre devient plus tard le nom de sa maison de production), l'histoire de deux jeunes gens qui vont en auto-stop du désert jusqu'au Pacifique sans échanger une parole. Ce court métrage, réalisé avec Allen Daviau, futur chef opérateur de E.T., remporte plusieurs prix et permet à Spielberg de décrocher un contrat de sept ans avec les studios de télévision Universal.
21
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22
+ Ses parents divorcent en 1964 ce qui le marque profondément. Cette séparation influencera son futur travail de réalisateur, où la recherche d’une enfance heureuse se confronte souvent à l’incompréhension chronique des adultes.
23
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24
+ Chez Universal, Spielberg se fait remarquer pour ses compétences techniques et se forge une certaine réputation. Il dirige Joan Crawford dans The Eyes, un des trois épisodes pilotes de la série fantastique Night Gallery, créée par Rod Serling. Il enchaîne avec notamment le troisième épisode de la première saison de Columbo : Le Livre témoin (Murder by the book)[23],[24].
25
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26
+ Son premier gros succès est un téléfilm, Duel, qui raconte l'histoire d'un camion dont le chauffeur reste invisible aux spectateurs et qui poursuit un voyageur de commerce sans relâche et sans motif apparent. En dépit de son budget minimal et de son tournage très court (douze jours seulement), l'œuvre fait immédiatement sensation pour l'efficacité de sa mise en scène qui rend au mieux la sensation de peur primaire propre aux situations extrêmes, lorsque la vie est subitement menacée. Le film remporte notamment le Grand Prix du premier Festival international du film fantastique d'Avoriaz. Son succès à la télévision est tel que le film sort en version longue dans les salles de cinéma en 1973.
27
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28
+ En 1974, Spielberg se voit confier la réalisation de son premier long métrage pour le cinéma, Sugarland Express, récompensé par le Prix du Scénario au Festival de Cannes. Le film, tiré d'une histoire vraie, raconte l'aventure de deux marginaux (interprétés par Goldie Hawn[25] et William Atherton) et de leur otage, poursuivis par un déploiement carnavalesque de policiers et de journalistes. Cependant, ce dernier est un cuisant échec au box-office. Universal avait refusé d'en assurer la promotion, jugeant le sujet trop difficile. Selon d'autres informations[réf. nécessaire]
29
+ , le studio aurait saboté sa sortie pour privilégier celle de L'Arnaque, avec Paul Newman, Robert Redford et Robert Shaw[26]. Ce film marque aussi le début d'une collaboration unique dans les annales du cinéma : John Williams signe la première de ses vingt-deux compositions pour un film de Steven Spielberg.
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31
+ Certains considéraient alors la carrière du réalisateur terminée, mais le hasard en décide autrement. Sur le bureau de ses producteurs de Sugarland Express, il est intrigué par un manuscrit portant le titre Jaws, adapté d'un roman de Peter Benchley dans lequel un requin géant terrorise une petite ville côtière des États-Unis. Une fois chez lui, il « dévore » le livre et décide d'en réaliser l'adaptation cinématographique. L'échec de son film précédent lui porte préjudice mais il parvient à réunir un budget de quatre millions de dollars[27] pour faire son œuvre.
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+ Ayant réuni des acteurs moins connus (Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Roy Scheider), le tournage peut enfin commencer. Un tournage laborieux de cent-cinquante-cinq jours qui conduira à un fort dépassement de budget (estimé au final à 9 millions de dollars[27]). Un des trois requins mécaniques ne fonctionne pas toujours très bien (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on ne l'aperçoit pas au début du film) et les caprices de la météo et de l'océan n'arrangent pas les choses. Une partie des acteurs et des techniciens est découragée, jusqu'à Spielberg lui-même dont la peur de l'eau se transforme en véritable phobie[réf. nécessaire]
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+ . Mais Jaws (en français, Les Dents de la mer) sort tout de même en salle et, contre toute attente, le film est un succès dépassant de loin les prévisions les plus optimistes des studios. En fait, pour la première fois, les recettes d'un film dépassent les cent millions de dollars pour atteindre finalement les 470 000 000 de dollars dans le monde.
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+
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+ Grand admirateur d'Alfred Hitchcock[28], il a utilisé dans Les Dents de la mer une méthode de prise de vue créée par le réalisateur pour Vertigo : le travelling contrarié (la caméra recule sur un rail pendant un rapide zoom avant)
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+ Fort de ce succès, Spielberg se lance dans un autre grand projet, qu'il rêve de réaliser depuis longtemps : une histoire d'extra-terrestres pacifiques débarquant sur Terre pour y rencontrer l'homme. Scientifiquement, un tel contact est dénommé « rencontre du troisième type », expression qui donnera son nom au film sorti en 1977, dans lequel joue François Truffaut dont Spielberg est un fervent admirateur. Surfant sur la vague de Star Wars, l'œuvre est une réussite commerciale, le public se pressant pour voir ce nouveau film de science fiction.
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+ En 1977, il est président du jury du 5e Festival international du film fantastique d'Avoriaz. Son jury est notamment composé du réalisateur français Michel Audiard, de l'actrice américaine Sydne Rome et du réalisateur français Claude Sautet. Il y consacre Carrie au bal du diable (Carrie) de Brian De Palma.
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+ En 1979, Spielberg connaît son second revers après Sugarland Express : la comédie loufoque 1941[29], dans laquelle jouent entre autres les deux Blues Brothers : Dan Aykroyd et John Belushi, est considérée comme un échec tant sur le plan artistique que commercial. Se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, le film traite de la paranoïa qu'a connue la Californie après l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais ; la côte Ouest pensait être elle aussi la cible d'une nouvelle attaque de leur part.
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+ Au début des années 1980, Spielberg désire ardemment réaliser un épisode de la saga James Bond. George Lucas, fort du succès de Star Wars, revoit de son côté les films d'aventures des années trente, dont ceux de Fritz Lang. C'est ainsi que les deux amis ont l'idée de créer leur propre personnage, héros d'une grande saga, mélangeant aventures rocambolesques et personnages hauts en couleur : Indiana Jones était né. La première mission de ce héros (interprété par Harrison Ford) est de retrouver l'Arche d'alliance convoitée par les nazis. Les Aventuriers de l'arche perdue (1981) est un énorme succès. Le film contient de nombreuses références au cinéma en général mais surtout au serial : Indiana Jones n'hésite pas à reprendre des cascades fameuses d'Yakima Canutt dans des films à épisodes comme Le Retour de Zorro (gros clin d'œil dans la scène du camion).
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+ Le film suivant de Spielberg, qui bénéficie désormais d'une renommée mondiale, est présenté en clôture du festival de Cannes 1982 : E.T., l'extra-terrestre, avec Dee Wallace, Drew Barrymore (dont il est le parrain) et Henry Thomas. L'histoire de ce petit extra-terrestre, biologiste, venu d'une planète bienveillante, émeut des millions de spectateurs. Avec ce film, Spielberg bat le record des meilleures recettes américaines (qu'il battra en 1993 avec Jurassic Park). Ce succès lui permet également de créer, avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall, son propre studio : Amblin Entertainment. Il produit en parallèle Poltergeist, film d'horreur fantastique réalisé par Tobe Hooper qui connut une renommée internationale et qui est encore considéré comme un des classiques des films d'horreur de ces dernières décennies.
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+ En 1983, Spielberg participe à un film collectif avec les réalisateurs John Landis, Joe Dante et George Miller : La Quatrième Dimension, dont il réalise le deuxième épisode : l'histoire d'une maison de retraite, dans laquelle un certain M. Bloom réapprend l'enfance aux vieillards, qui retrouvent leur apparence de jadis. Le deuxième Indiana Jones, Indiana Jones et le Temple maudit, sort en salles en 1984. Le film est un nouveau triomphe pour le couple Spielberg-Lucas, même si les fans lui reprochent un côté trop violent et trop dur : les enfants fouettés, le cœur arraché du corps vivant d'un des personnages et les soldats dévorés par des crocodiles heurtent la sensibilité d'une partie du monde. Le réalisateur dira lui-même ne pas particulièrement apprécier cette œuvre dans sa filmographie[réf. nécessaire]
49
+ . Néanmoins, c'est sur ce tournage qu'il rencontre sa future femme, Kate Capshaw.
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51
+ En 1985, Spielberg, encore marié avec l'actrice Amy Irving, est père pour la première fois et sa filmographie aborde des sujets différents, moins orientés sur le cinéma dit « de divertissement » et plus axés sur l'Histoire : La Couleur pourpre (1985) et Empire du soleil (1987), deux œuvres qui racontent respectivement la vie d'une famille noire aux États-Unis du début au milieu du XXe siècle, et celle d'un jeune Britannique pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. En 1989 sort le troisième opus de la série des Indiana Jones : Indiana Jones et la Dernière Croisade. Ce volet, au rythme toujours plus effréné, raconte la croisade du célèbre archéologue, accompagné cette fois de son père (interprété par Sean Connery), pour récupérer le légendaire Graal.
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+ Commercialement, les années 1990, contrairement aux années 1980, ne commencent pas fort pour Spielberg. En 1990 sort en salles Always, un remake du film Un nommé Joe de Victor Fleming (1944). Malgré la présence de Richard Dreyfuss et la dernière apparition d'Audrey Hepburn, l'accueil est mitigé. Dès 1991, le cinéaste se lance dans un autre projet de longue date : une adaptation de Peter Pan qu'il intitule Hook. Là encore, bénéficiant pourtant d'acteurs renommés (Robin Williams, Dustin Hoffman, Julia Roberts), le film connaît une carrière honorable auprès des spectateurs, mais la critique n'y retrouve pas le côté magique du célèbre conte.
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+ Ne désarmant pas, Spielberg frappe un grand coup en 1993 en réalisant Jurassic Park, un film qui marque un tournant dans l'histoire des effets spéciaux (conçus par la société Industrial Light & Magic). Cette histoire de dinosaures avec Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum deviendra rapidement le plus gros succès de l'histoire du cinéma, rapportant plus de 900 millions de dollars de recette et battant ainsi le record jusque-là détenu par E.T. l'extra-terrestre.
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+ La même année 1993, il réalise un projet beaucoup plus personnel : La Liste de Schindler. Sur fond de Shoah, le film raconte comment Oskar Schindler, un industriel allemand, membre du parti nazi, sauva un peu plus d'un millier d'êtres humains des camps de la mort. Une œuvre que l’American Film Institute classe comme le huitième plus grand film de l'histoire du cinéma dans son top 100 de 2007. À l'opposé, Jean-Luc Godard dans ses Histoire(s) du cinéma écrit qu'avec ce film le « plus jamais ça radical de l'après-guerre » (avec notamment les films de Roberto Rossellini) s'est transformé en un « c'est toujours ça » très convenu. Jouant sur la sobriété du noir et blanc et des séquences d'émotion, La Liste de Schindler remporte une multitude de prix : sept Oscars entre autres, parmi lesquels ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur dont le cinéaste avait été jusque-là privé par l'Académie des arts et sciences du cinéma.
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+ En 1994, lui et ses deux associés Jeffrey Katzenberg (l'ancien responsable du département animation de Walt Disney Pictures) et David Geffen (le fondateur de Geffen Records) fondent une société de production et de distribution spécialisée dans le cinéma, la musique et les programmes télévisés : DreamWorks SKG (pour Spielberg-Katzenberg-Geffen). C'est aussi en cette année qu'il crée la Shoah Foundation Institute for Visual History and Education[3], qui recueille les témoignages de tous les survivants de la Shoah, et les diffuse aux plus jeunes, dans le but d'éviter un nouveau génocide. La fondation a déjà recueilli 8 700 témoignages en Israël.
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+ En 1997, Spielberg réalise la suite de Jurassic Park, peaufinant encore les effets spéciaux. Le Monde perdu : Jurassic Park est encore un succès. La même année, Amistad (avec Morgan Freeman, Anthony Hopkins et Djimon Hounsou) ne déplace en revanche pas les foules. Le sujet portant sur l'esclavage était difficile[réf. nécessaire]
62
+ , dans le sens où il abordait sans détour un point névralgique de l'histoire des États-Unis d'Amérique, à une époque où le peuple américain semble se sentir mal à l'aise avec ce passé. Spielberg est accusé par certains historiens de déformer la vérité historique.
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+
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+ En 1998, sort un nouveau film historique : Il faut sauver le soldat Ryan. Tourné pour 70 millions de dollars, le film raconte l'histoire d'une unité américaine chargée de sauver un soldat au péril de sa vie, pendant l'opération Overlord. Tom Hanks, Matt Damon et Barry Pepper contribuent au succès commercial et critique du film, qui remporte plusieurs récompenses parmi lesquelles cinq Oscars dont ceux de la meilleure réalisation et de la meilleure photographie.
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+
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+ En 2001, Spielberg réalise A.I. Intelligence artificielle avec l’« enfant-star » Haley Joel Osment et Jude Law, un projet repris du défunt réalisateur Stanley Kubrick. Le film connaît une belle carrière commerciale, mais ce Pinocchio futuriste reçoit un accueil critique mitigé, certains le trouvant magnifique, d'autres trop long et ennuyeux. Plus généralement, ce film constitue un retour à la science-fiction pour Spielberg, un genre qu'il avait délaissé depuis E.T. l'extra-terrestre.
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+
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+ Steven Spielberg poursuit sa période science-fiction en 2002, avec un film futuriste dont certains trouvent l'esthétique proche du Blade Runner de Ridley Scott : Minority Report, d'après une nouvelle du même auteur Philip K. Dick. Tom Cruise y joue un policier piégé dans la logique d'un système pénal (et politique) autorisant l'arrestation des meurtriers avant qu'ils n'aient commis leur crime. Un scénario complexe, fondé sur le recoupement des « témoignages » d'un trinôme de devins, où les thèmes de la tragédie antique (dont l'idée du fatum) trouvent un écho particulier dans la mise en scène d'un monde ultramoderne, mais pas outrancièrement futuriste. Ce film marque la première collaboration entre le réalisateur et Tom Cruise avant La Guerre des mondes en 2005.
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+ Une nouvelle collaboration entre Tom Hanks et Spielberg doublée d'une première avec Leonardo DiCaprio : Arrête-moi si tu peux est un film humoristique et tendre. L'histoire vraie de l'imposteur Frank Abagnale Jr. (qui participa à l'écriture de cette œuvre biographique) est un succès commercial qui reçoit aussi un bon accueil auprès des critiques. Deux années plus tard, Spielberg réalise un autre film dont la jovialité et l'humour ne masquent pourtant pas le côté engagé : Terminal, l'histoire d'un immigrant coincé dans un aéroport, avec Tom Hanks et Catherine Zeta-Jones.
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+ Le journal Le Monde décrit Spielberg comme « maniaco-dépressif »[30], capable de passer en une année d'un sujet comique à un sujet difficile. Après Le Terminal en 2004, il tourne en 2005 une adaptation attendue du roman d'Herbert George Wells, La Guerre des mondes dans lequel des « êtres venus d'ailleurs » tentent purement et simplement d'exterminer la race humaine. Le film est un immense succès commercial. Spielberg y traite par extraterrestres interposés du 11 septembre, tandis qu'une mini-polémique nait à propos de la ressemblance troublante de l'affiche du film avec la couverture du livre The Invaders Plan de L. Ron Hubbard, gourou fondateur de l'Église de scientologie dont est adepte Tom Cruise, le principal acteur.
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74
+ Le lendemain de la sortie américaine de l'œuvre, Steven Spielberg se lance dans la réalisation de Munich, dont le sujet éminemment polémique donne une vue subjective des opérations d'un membre des services secrets israéliens agissant de manière autonome pour assassiner les commanditaires de la tragique prise d'otages des JO de 1972. Ce film est un échec commercial avec 47 millions de dollars au box office américain pour un budget de 70 millions.
75
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76
+ Steven Spielberg déclare vouloir prendre un peu de repos après avoir tourné coup sur coup La Guerre des mondes et Munich. Il aurait profité de ce répit pour développer un projet de biographie filmée d'Abraham Lincoln, projet qui lui tient à cœur depuis quelques années (et dont le personnage apparait en caméo dans Minority Report). Spielberg développa un projet, une grande aventure spatiale, scénarisée par Jonathan Nolan. Il abandonna le projet, puis le confia à Christopher Nolan, projet qui sera concrétisé fin 2014 dans Interstellar.
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+ En 2007, il est producteur de Transformers de Michael Bay, ce sera le début d'une collaboration, il produira les autres volets de la saga tant décriée de Bay. En 2008, il réalise Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, quatrième volet de la saga Indiana Jones en sommeil depuis 1989. L'histoire se déroule pendant la Guerre froide et l'aventurier est cette-fois confronté à un mystère extraterrestre. Le film a droit à une première dans le cadre du 61e festival de Cannes, le 18 mai 2008 où il n'était pas revenu depuis La Couleur pourpre, présenté hors-compétition en 1986. La critique n'est pas tendre avec ce quatrième opus : pour beaucoup, cet épisode est considéré comme celui de trop, beaucoup d'éléments ayant été jugés inadaptés à l'esprit de la série comme le recours aux effets spéciaux numériques et à des gags peu subtils.
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+ En octobre 2008, Steven Spielberg se sépare des studios cinématographiques américains Paramount Pictures pour créer un nouveau studio, avec la participation à partir de 2009 du groupe de télécommunications indien Reliance ADA Group. Cette structure, qui a l'ambition de produire au moins 35 films dans les 5 années à venir devrait être dirigée par l'ancienne directrice de DreamWorks, Stacey Snider[31].
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+ En 2011, Spielberg signe son premier film en 3D : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, fondé sur le célèbre personnage de bande dessinée créé par Hergé. En 1983, le réalisateur américain obtint en effet l'accord du dessinateur belge, quelques mois avant son décès, pour donner vie à Tintin sur grand écran. Le projet a patienté plus de vingt ans pour finalement aboutir à une Trilogie Tintin, coproduite et coréalisée avec Peter Jackson, utilisant les dernières technologies de la capture de mouvement et des images de synthèse de Weta Digital. Le Secret de La Licorne, sorti en avant-première le 22 octobre 2011 en Belgique puis en France, a reçu des critiques très positives, tant de la part de la presse que des spectateurs et des tintinophiles. Le film est sorti le 23 décembre aux États-Unis, peu avant la sortie de Cheval de guerre (War Horse), d'après le roman-éponyme de Michael Morpurgo, qui est un hommage aux chevaux sacrifiés durant la Première Guerre mondiale.
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+ Dans la même année, Steven Spielberg coproduit Super 8 avec son ami J. J. Abrams, film fondé sur l'ambiance années 1980 d’E.T., l'extra-terrestre. Il engage Elle Fanning, à la suite du succès de sa sœur Dakota dans le film La Guerre des mondes pour jouer l'un des rôles principaux. Le film est accueilli par des critiques positives de la presse et des spectateurs.
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+ Steven Spielberg se consacre ensuite à un projet de longue date : Lincoln avec Daniel Day-Lewis dans le rôle-titre, Sally Field et Tommy Lee Jones. Le film, adapté de l'ouvrage Team of Rivals: The Political Genius of Abraham Lincoln de Doris Kearns Goodwin, évoque la dernière partie de la vie du 16e président américain Abraham Lincoln, lors de son combat pour l'adoption, par le Congrès, du 13e amendement permettant d'abolir l'esclavage. L'œuvre sort aux États-Unis fin 2012 et fait l'objet d'une projection spéciale, en novembre, à la Maison-Blanche en présence du couple présidentiel Barack et Michelle Obama. Lincoln sort ensuite en France le 30 janvier 2013 et est un succès critique et public. Il reçoit douze nominations aux Oscars. Le 24 février 2013, le film remporte deux statuettes dont celle du meilleur acteur pour Day-Lewis. Ce dernier devient alors le premier interprète masculin à gagner un troisième Oscar du premier rôle. Spielberg ne remporta pas l'Oscar du meilleur film mais détient le record du plus grand nombre de nomination en tant que producteur[32](8 nominations, à égalité avec sa productrice Kathleen Kennedy).
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+ Le film suivant de Steven Spielberg devait être l'adaptation du roman de science-fiction Robopocalypse. Initialement prévue pour une sortie américaine le 25 avril 2014, sa production est retardée pour une durée indéterminée car le scénario n'est pas prêt et le coût de production trop élevé[33]. Le réalisateur décide alors d'adapter un autre livre, American Sniper: The Autobiography of the Most Lethal Sniper in U.S. Military History de Chris Kyle, ancien tireur d'élite membre des SEAL. Bradley Cooper devait tenir le rôle principal de ce film, intitulé American Sniper[34]. Finalement, en août 2013, Steven Spielberg se retire du projet[35] dont la réalisation est reprise par Clint Eastwood.
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+ Spielberg s'octroie une pause en mai 2013 afin de présider le jury du 66e Festival de Cannes[36]. Très souvent sollicité par la direction cannoise pour assurer cette fonction mais jamais disponible, le cinéaste donne un accord de principe dès 2011 et se libère spécialement pour l'édition 2013[37]. Spielberg gagna à Cannes le prix du scénario en 1974 pour Sugarland Express mais ne fut pas souvent sélectionné[38]. Son jury, composé de 8 personnalités du monde du cinéma : l'acteur et réalisateur français Daniel Auteuil, l'actrice indienne Vidya Balan, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase, l'actrice australienne Nicole Kidman, le réalisateur et scénariste taiwanais Ang Lee, le réalisateur et scénariste roumain Cristian Mungiu, la réalisatrice et scénariste britannique Lynne Ramsay et l'acteur autrichien Christoph Waltz, attribue à l'unanimité la Palme d'or à La Vie d'Adèle : Chapitres 1 et 2 d'Abdellatif Kechiche.
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+
92
+ Dans la conférence consacrée à la Xbox One le 21 mai 2013, il a été annoncé que Steven Spielberg préparait une série basée sur la licence Halo. Il sera producteur déléguée de la série qui sera diffusée sur Showtime en 2015.
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94
+ Son film suivant est Le Pont des espions (Bridge of Spies), un thriller d'espionnage sur la guerre froide, sorti à l'automne 2015, troisième film historique consécutif pour le réalisateur. Écrit par les frères Coen, il met en scène l'avocat James B. Donovan (incarné par Tom Hanks) engagé par la CIA pour libérer Francis Gary Powers lors de l'incident de l'U-2 en 1960[39].
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+ Le réalisateur dirige ensuite Le Bon Gros Géant, adaptation du livre pour enfants du même nom de Roald Dahl, qui sort à l'été 2016[40]. Le film déçoit au box-office.
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98
+ Début 2018, sort sur les écrans du monde entier son long-métrage Pentagon Papers, avec Meryl Streep et Tom Hanks en têtes d'affiche. Le film est nommé pour deux Oscars lors des Oscars 2018. La même année, il enchaîne avec le blockbuster Ready Player One (adapté de Player One d'Ernest Cline), qui rassemble plus de 2 millions de spectateurs dans les salles françaises[41].
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+ Il met ensuite en scène une nouvelle adaptation de la comédie musicale West Side Story, qui sortira en 2020.
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+ De très nombreux projets sont souvent liés à Steven Spielberg : l'adaptation des mémoires de la photographe Lynsey Addario, un cinquième volet d’Indiana Jones, un film sur l'enlèvement d'Edgardo Mortara, Montezuma sur la conquête de l'empire Aztèque[42] ou encore une mini-série sur Napoléon (fondé sur le biopic abandonné de Stanley Kubrick dont Spielberg fut un ami), ainsi que de nombreuses adaptations de romans parmi lesquels Robopocalypse, Thank You for your Service (une enquête sur les soldats américains traumatisés par la guerre d'Irak) ou Pirates (le dernier roman de Michael Crichton).
103
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104
+ Il travaille également sur une adaptation du roman Micro de Michael Crichton pour DreamWorks, après avoir acquis les droits en 2015[43]. En 2017, il est annoncé que Joachim Rønning pourrait le mettre en scène, avec Steven Spielberg à la production[44].
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106
+ Il fut un temps également pressenti pour réaliser Interstellar (2014) et American Sniper (2015), qui furent finalement réalisés respectivement par Christopher Nolan et Clint Eastwood.
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+ La réalisation de la saga Harry Potter avait été tout d'abord proposée à Spielberg qui avait déclaré être intéressé. Il s'est finalement retiré du projet parce que son point de vue sur certains points différait de celui de la Warner Bros et de l'auteur J. K. Rowling[45].
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+ Ami de Bill Clinton, Steven Spielberg donne 100 000 dollars au Parti Démocrate en 1996.
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+ En 2001, il se fait remarquer pour sa violente critique de l'homophobie. Il s'oppose également à la guerre en Irak. Cependant, en 2006, Spielberg apporte son soutien à la réélection du gouverneur républicain de Californie Arnold Schwarzenegger, se déclarant l'ami de Schwarzenegger mais surtout sensible à sa politique non-partisane. À la veille des primaires démocrates de 2008, Spielberg organise avec d'autres démocrates, dont l'acteur Tom Hanks, une fête célébrant la candidature de Barack Obama, premier candidat noir aux primaires démocrates. Spielberg préfère toutefois soutenir Hillary Clinton à qui il donne 400 000 dollars mais apporte son soutien à Obama, une fois Clinton défaite. Il a donné 300 000 dollars pour la campagne d'Obama et était présent le jour de son investiture. Steven Spielberg a décidé de refuser de « participer comme consultant à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2008 » au motif que « La Chine devrait faire davantage pour mettre fin aux souffrances du Darfour. »[46]
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+ La crise économique de 2008 a fait éclater le scandale planétaire du détournement de capitaux par l'homme d'affaires Bernard Madoff. Cette affaire a révélé le rôle des feeder funds : des fonds accumulant de l'argent avant que celui-ci ne soit confié à un gestionnaire[47]. Comme bon nombre de personnalités à Hollywood, Spielberg a été la victime de ces déboires financiers et ce par le biais de sa fondation Wunderkinder, active dans l'art, l'éducation et la médecine[47],[48]. Celle-ci avait investi une part importante de ses avoirs chez Madoff, à savoir 70 %[48]. Spielberg a donc perdu de l'argent à titre privé. En plus de cette escroquerie, le cinéaste doit essuyer les revers de la chute du crédit. Afin de relancer la pleine activité des studios Dreamworks, il s'est allié aux investisseurs indiens du groupe Reliance qui lui ont apporté 500 millions de dollars[47].
117
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+ La filmographie de Spielberg est assez diverse, et il est coutume de la diviser en deux parties. La première concerne le cinéma dit « de divertissement »[49]. Dans cette catégorie peuvent être notamment trouvés Les Dents de la mer, la saga des Indiana Jones, Hook ou la Revanche du capitaine Crochet, 1941, Jurassic Park, Minority Report ou encore trois films sur les extraterrestres : Rencontres du troisième type, E.T., l'extra-terrestre et La Guerre des mondes.
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+ La seconde catégorie regroupe des films considérés comme plus « sérieux », plus intimistes, se basant sur des faits réels. Spielberg y filme la Première Guerre mondiale, Cheval de Guerre, mais aussi la Seconde Guerre mondiale (Empire du soleil, Il faut sauver le soldat Ryan), la Shoah (La Liste de Schindler), l'esclavage (La Couleur pourpre, Amistad, Lincoln) et plus récemment le conflit israélo-palestinien (Munich). Spielberg affirme développer un cinéma pacifiste.
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+ La plupart des films réalisés par Spielberg comportent un certain nombre de caractéristiques récurrentes. Les films de Spielberg ayant un rapport avec les extra-terrestres, autrement dit de science-fiction, ne se déroulent pas dans une autre galaxie comme chez George Lucas, mais sur notre planète. Dans sa première œuvre de ce genre, Rencontres du troisième type (1977), les extra-terrestres s'invitent dans notre monde. En 1982, E.T. se retrouve perdu sur Terre et, dernièrement, dans La Guerre des mondes, les extra-terrestres se cachent sous terre en attendant l'évolution de l'homme pour finalement s'en nourrir.
123
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124
+ Dans le cinéma spielberguien, la relation entre le fils et le père, ou plus généralement entre l'enfant et l'adulte, est souvent un sujet important, qui rime parfois avec confrontation. Dans E.T., les enfants recueillent l'extra-terrestre, et le cachent à leurs parents, qu'ils jugent incapables d'aimer le célèbre petit être. Dans Jurassic Park, Allan Grant, le paléontologue joué par Sam Neill, déteste les enfants, au début du film. Ou encore, dans La Guerre des mondes, Ray, personnage principal, est mal à l'aise face à son rôle de père, et entre souvent en conflit avec son fils aîné. Autrement, la relation père-fils est moins conflictuelle, au contraire (certains voient à l'origine de ce phénomène le divorce des parents de Spielberg, ayant eu comme conséquence l'absence de père pour le futur réalisateur).
125
+
126
+ Les mises en scène de Spielberg se déroulent principalement dans des familles américaines représentatives de la classe moyenne, habitant en banlieue et n'ayant pas de véritable histoire, sinon la banalité des vies des membres qui les composent. Puis, elles tombent dans la tourmente des histoires du réalisateur et, comme souvent, l'enfance y tient une place importante.
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+
128
+ La critique n'a pas toujours été tendre avec Spielberg, taxé d'utiliser la grosse machine hollywoodienne à des fins mercantiles. Sont parfois déplorés son manque de profondeur et son simplisme, mais aussi ses excès d'« entertainer » et de « money maker » (en d'autres termes, Spielberg serait un « homme de spectacle » et un « homme d'affaires » avant d'être un artiste). Des critiques similaires sont adressées en France à Luc Besson, le « Spielberg français »[50]. Spielberg est en outre considéré par certains comme un réalisateur trop commercial, s'apparentant plus à un technicien virtuose qu'à un véritable créateur. L'opinion publique le blâme généralement de n'avoir guère changé que le côté rentable du cinéma, continuant à le considérer comme une industrie et non comme un art. Il a en effet réalisé pléthore de blockbusters et quelques-uns des plus gros succès de l’histoire du cinéma tels que Les Dents de la mer qui a donné lieu à de nombreuses suites (Les Dents de la mer 2e partie, etc.). Ses films sont parfois considérés comme violents et le cinéma commercial est justement friand de violence pour attirer un très large public. Pour finir, il arrive que Spielberg réalise des suites de ses propres films (ce que certains ne considèrent pas comme une démarche très artistique), comme avec Jurassic Park, ce qu'il avait pourtant refusé de faire après le succès mondial de E.T. l'extra-terrestre, estimant que ce film n'appelait pas de suite.
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+ Des sujets sérieux se cachent entre les lignes de ses scénarios, tel que le terrorisme, le clonage, les dérives sécuritaires américaines, l’esclavage, le racisme, ou la guerre et le rôle de l'armée en général, avec une perception du monde souvent plus fine, et moins manichéenne, que l'on[Qui ?] n'en attend généralement de la part des réalisateurs commerciaux ; ceci à tel point que certaines de ses décisions artistiques en demi-teintes relèvent de la prise de risque, et sont parfois mal comprises par la critique. Ainsi le personnage de Schindler tient davantage de Chuck Tatum, archétype hollywoodien du personnage beau parleur qui s'adapte et profite d'un système (Le Gouffre aux chimères, Billy Wilder), que du nazi par conviction auquel nombre de critiques s'attendaient ; ce décalage a soulevé une polémique virulente, en France notamment, au moment de la sortie de La Liste de Schindler. D'une façon différente, le film A.I. Intelligence artificielle a également pu troubler le public par les questions éthiques qu'il soulève frontalement (scénario de Steven Spielberg, son deuxième scénario depuis Rencontres du troisième type. En effet, Spielberg a repris le scénario commencé par Stanley Kubrick et l'a entièrement réécrit pour le faire correspondre à sa vision du monde).
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+ Par ailleurs, dans la plupart de ses films, Spielberg défend une vision personnelle d'un monde pacifique, et ce même dans ses œuvres les plus « grand public ». Certains affirment même que Spielberg est un réalisateur intimiste, dans la mesure où ses films ont souvent pour cadre la famille américaine moyenne type, des banlieues pavillonnaires. Intimiste il l'est aussi, quand, dans La Couleur pourpre (1985), un de ses films majeurs bien que largement sous-estimé selon certains, il évoque la vie d'une famille afro-américaine du début du XXe siècle à travers le regard d'une femme, Celie, interprétée par Whoopi Goldberg.
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+ Au total, ses films ont rapporté plus de 4 milliards de dollars de recettes aux États-Unis et près de 10 milliards dans le monde entier. Ce qui fait de lui le cinéaste le plus rentable de l'histoire du septième art.
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+ La société de production fondée par Steven Spielberg, David Geffen et Jeffrey Katzenberg (DreamWorks SKG), aurait assuré le célèbre réalisateur, producteur et scénariste pour la somme record d'1,2 milliard de dollars (environ 850 millions d'euros) en juillet 2001. Cette somme devrait couvrir les pertes estimées par la société en cas de mort du cinéaste. Le plus grand succès commercial de la carrière de Spielberg est Jurassic Park (1993). Bénéficiant à l'époque de la plus grande campagne de publicité de l'histoire du cinéma (la moitié du budget), l'œuvre rapporta 1,029 milliards de dollars dans le monde entier, alors que le film n'en a coûté « que » 63 millions. Le film les Dents de la mer fut le premier film dont les recettes dépassèrent 100 millions de dollars, avant d'atteindre 260 millions de dollars aux États-Unis et 470 dans le monde. C'est donc le premier « blockbuster » de l'histoire du septième art. Le film réalisé par Steven Spielberg ayant eu le meilleur démarrage est Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal. Cette œuvre dépassa la barre des 145 millions de dollars de recettes en cinq jours.
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+ Dans le Top 100 de l'American Film Institute, qui classe les cent meilleurs films américains de l'histoire, cinq films de Spielberg sont répertoriés, ce qui fait du réalisateur Spielberg le cinéaste américain le plus cité dans ce classement. En 2008, le magazine Forbes place Steven Spielberg au 368e rang des personnes les plus riches du monde, avec une fortune estimée à 3 milliards de dollars[51]. En 2018, le même magazine le classe 2e plus grande fortune des célébrités américaines, derrière George Lucas et devant Oprah Winfrey, avec 3,7 milliards de dollars[52].
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+ Avec plus de 10,5 milliards de dollars de recettes dans le monde entier, 4,29 milliards aux États-Unis et plus de 96 millions entrées en France, Steven Spielberg est le cinéaste le plus rentable de l'histoire du cinéma[53],[54].
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+ Note : le chiffre le plus élevé de chaque catégorie est indiqué en gras. Les recettes sont évaluées en dollars dans le monde et aux États-Unis, en nombre de spectateurs en France.
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+ Note : Le plus souvent en caméo
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+ Spielberg a été fait chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur par Jacques Chirac le 5 septembre 2004[64] et promu officier par Nicolas Sarkozy le 21 mai 2008[65]. Il a reçu en 2008 le titre de docteur honoris causa de l'université jagellonne de Cracovie[66]. Il est aussi commandeur de l'ordre de la Couronne du Royaume de Belgique depuis le mercredi 19 octobre 2011. Il a été décoré par le vice-Premier ministre et ministre des Finances belge Didier Reynders le 22 octobre 2011 à Bruxelles lors d'une réception organisée par le Gouvernement belge à l'occasion de la première mondiale des Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne[67]. Il a aussi été décoré par le Président des États-Unis Barack Obama le 24 novembre 2015; ce dernier lui a remis la Médaille de la Liberté.
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+ Stockholm (prononciation en suédois : /²stɔkː(h)ɔlm/ Écouter) est la capitale et la plus grande ville de Suède. Elle est le siège du gouvernement et du parlement suédois ainsi que le lieu de résidence officiel du roi Charles XVI Gustave.
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+ La ville de Stockholm (Stockholms stad) ou, plus officiellement, la commune de Stockholm (Stockholms kommun) est, avec ses 962 154 habitants[1], la plus peuplée des 290 municipalités suédoises. Le Grand Stockholm, qui couvre la majeure partie du Comté de Stockholm, a, lui, une population de 2 135 612 habitants[1] sur une superficie de près de 6 500 km2.
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+ Située au bord de la mer Baltique, la ville est construite en partie sur plusieurs îles, à l'embouchure du lac Mälar, ce qui lui a valu, à l'instar d'autres cités européennes, son surnom de « Venise du Nord » — par ailleurs aussi donné à Bruges (Belgique), à Saint-Pétersbourg (Russie), et à Amsterdam (Pays-Bas).
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+ Ce toponyme, qui se rencontre une vingtaine de fois en Suède et en Finlande, représente un nom composé suédois de sens clair mais d'interprétation délicate : « l'île (holm) des rondins, des pieux ou des poteaux (stock) ». Si l'on pressent que des troncs d'arbres apprêtés ont joué un rôle dans l'aménagement du port et de l'agglomération, il est difficile de préciser lequel : pilotis, fondation de quais ou de maisons, estacade, constructions… Ce point est toujours débattu aujourd'hui[2].
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+ Stockholm s'écrit et se prononce différemment dans d'autres langues : Holmia en latin, Stockholbma en same, Stokholma en letton, Estocolmo en portugais et espagnol, Stokholmas en lituanien, Tukholma en finnois, Stokholmi en meänkieli, Stokkhólmur en islandais, Stoccolma en italien, Sztokholm en polonais, Stokgol'm (Стокгольм) en russe, Sutokkuhorumu (ストックホルム) en japonais, Sídégēěrmó (斯德哥尔摩) en chinois. En anglais, en néerlandais et en allemand, Stockholm s'écrit de la même façon mais se prononce légèrement différemment.
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+ Stockholm se trouve sur la côte orientale de la Suède, à l'endroit où le lac Mälar rejoint la mer Baltique. La ville elle-même s'étend sur quatorze îles qui font toutes partie de l'archipel de Stockholm, faisant de l'eau un élément omniprésent puisqu'elle représente environ 30 % de la superficie de la ville avec une proportion identique pour les espaces verts. Cinquante-sept ponts permettent de relier les différents quartiers[3],[4].
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+ Si la ville a été fondée sur la petite île de Stadsholmen (là où se trouve Gamla stan, la vieille ville), elle s'est ensuite développée au nord où l'on trouve désormais Norrmalm et Östermalm, et au sud vers Södermalm.
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+ L'important archipel, constitué d'environ 24 000 îles, est un lieu de détente particulièrement prisé des habitants de la ville, qui aiment s'y rendre le week-end et le mercredi après-midi[4].
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19
+ Le climat de Stockholm est de type continental, du fait de la latitude très septentrionale, et du relatif éloignement de l'océan Atlantique. Les saisons sont très marquées avec des hivers froids et des étés doux à chauds, ceci étant dû à la grande différence dans la durée de la journée entre le solstice d'été (18+ heures de jour) et le solstice d'hiver (6 heures de jour). Les records de température à Stockholm sont de 36 °C au maximum et −32 °C au minimum [5]. Néanmoins, la température n'est jamais descendue au-dessous de −25 °C depuis l'hiver 1986-1987[6]. Le nombre d'heures d'ensoleillement est 1 830 heures.
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+ La partie principale de Stockholm est composée de plusieurs quartiers qui constituent autant de lieux à visiter.
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+ La vieille ville, Gamla stan se situe principalement sur l'île de Stadsholmen. Elle est constituée d'étroites ruelles ,ainsi que de nombreux lieux d'intérêt comme le palais royal, le musée Nobel, l'église allemande, Storkyrkan ou la maison de la noblesse.
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27
+ Djurgården, une des îles de Stockholm, rassemble les principales attractions touristiques de la ville, dont le musée Vasa, Skansen, le nordique, ABBA, le parc d'attraction de Gröna Lund ainsi qu'un grand parc.
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+ Södermalm est un quartier très animé, grâce à de nombreux bars et restaurants, galeries d'art et brocantes. La place de Mariatorget y est un lieu très prisé, ainsi que les nombreuses églises. En 2014, le magazine Vogue a désigné Södermalm comme l'un des quartiers les plus « cools » du monde[7].
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+ Les autres quartiers notables sont Norrmalm, Östermalm, Kungsholmen ou Skeppsholmen.
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+ La première mention de la ville de Stockholm date de 1252. La ville se réduit alors à la petite île de Gamla Stan (Vieille ville). Elle aurait été fondée par Birger Jarl, afin de protéger la Suède d'invasions par des flottes étrangères et afin de mettre fin aux pillages dont étaient victimes des villes comme Sigtuna située sur le lac Mälaren. Le premier bâtiment construit est un fort qui contrôle le trafic maritime entre la mer Baltique et le lac Mälaren. Sous l'influence de Magnus Ladulås, Stockholm prospère grâce à ses relations commerciales avec Lübeck. Elle fait alors partie de la ligue hanséatique. En 1270, Stockholm est décrite par des documents comme une vraie ville et, en 1289, elle est déjà la plus grande ville de Suède. La première estimation fiable de sa taille remonte au XVe siècle. Elle rassemble alors environ un millier de ménages pour cinq à six mille habitants.
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+ En 1349, la ville connaît un épisode de peste noire ravageur.
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+ Ce n'est qu'en 1419 que Stockholm est proclamée capitale de la Suède. Sa position stratégique, ainsi que son poids économique en font une place importante dans les relations entre les rois danois de l'union de Kalmar et le mouvement d'indépendance suédois pendant le XVe siècle. Elle verra de nombreuses batailles se dérouler, notamment la bataille de Brunkeberg gagnée contre le roi du Danemark Christian Ier par Sten Sture le Vieil en 1471, et le bain de sang de Stockholm qui aura lieu en 1520 sous les ordres de Christian II de Danemark, mettant un terme à l'union de Kalmar.
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+ En 1521, Gustav Vasa fait son entrée à Stockholm et signe le début d'une nouvelle ère pour la Suède. La ville s'agrandit et s'étend au-delà de Stadsholmen sur Södermalm et Norrmalm. En 1600, elle compte dix mille habitants.
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+ Au XVIIe siècle, Stockholm devient une ville européenne d'envergure. Entre 1610 et 1680, sa population est multipliée par six. Ladugårdslandet, maintenant appelé Östermalm ainsi que l'île de Kungsholmen sont alors rattachés à la ville. En 1628, le Vasa coule dans Stockholm. Peu après, sont instaurées des règles qui donnent à celle ci un monopole sur les échanges entre les négociants étrangers et les territoires scandinaves. À cette époque, sont bâtis nombre de châteaux et de palais, dont la maison de la noblesse (riddarhuset) et au XVIIIe siècle le palais royal.
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+ Après la guerre du Nord qui entraîne la destruction partielle de la ville, Stockholm voit sa croissance ralentir. Elle conserve toutefois son rôle de capitale politique de la Suède et, sous le règne de Gustave III de Suède, elle affirme sa supériorité culturelle. L'opéra royal est un bon exemple de l'architecture de cette époque.
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+ Au début du XIXe siècle, Stockholm perd encore de son influence économique. Norrköping devient la principale cité industrielle du pays, et Göteborg devient un port incontournable grâce à sa localisation sur la mer du Nord. Dans la deuxième partie du siècle, Stockholm retrouve son rôle moteur sur le plan économique avec l'apparition de nouvelles industries, et devient un centre important pour le commerce et les services, ainsi que la principale porte d'entrée de la Suède.
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+ Sa population croît alors de manière très importante du fait d'une forte immigration. À la fin du siècle, seuls 40 % des habitants de la ville y sont nés. Des quartiers commencent alors à se développer au-delà des limites de Stockholm, dans la campagne et sur les côtes. C'est aussi à cette époque que la ville accroît son rôle central dans l'éducation et la culture, avec l'ouverture de nombreuses universités, comme le Karolinska Institut.
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+ Durant le XXe siècle, la ville réhabilite une grande partie de son centre ville, alors composé de rues étroites et enchevêtrées qui posent un problème au fur et à mesure que la circulation augmente. Les autorités communales y interdisent la rénovation des bâtiments et les achètent sur toute une zone proche de la gare centrale, de Hötorget à Sergels torg, pendant la première moitié du siècle. De 1945 à 1967, la zone est rasée puis reconstruite, avec de larges rues piétonnes ainsi que des gratte-ciels.
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51
+ À la fin de celui ci, Stockholm est une ville moderne, cosmopolite et très en avance dans les domaines technologiques. En 1923, le gouvernement de la commune emménage dans le nouvel hôtel de ville. Le métro de Stockholm est construit à partir de 1950, et le district de Kista est maintenant devenu un important centre pour les nouvelles technologies.
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+
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+ Dans la nuit du 22 auv23 février 1944, la ville et d'autres sites subissent un bombardement aérien soviétique faisant deux blessés[8].
54
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55
+ Du 5 au 16 juin 1972 a lieu la première conférence de l'Organisation des Nations unies sur l'environnement humain. Généralement appelée conférence de Stockholm, cette rencontre marque un tournant dans l'émergence de la conscience environnementale planétaire. Moment de rencontre, de confrontation et d'échange, elle a été un catalyseur. Elle fut et reste aussi un symbole par la reconnaissance institutionnelle de la gravité des problèmes d'environnement [9].
56
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57
+ En 1986 le premier ministre Olof Palme est abattu en pleine rue, et en 2003 la ministre des affaires étrangères Anna Lindh est assassinée dans le grand magasin Nordiska Kompaniet.
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59
+ Stockholm a été nommée capitale européenne de la culture en 1998.
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61
+ Ecoquartier, chauffage urbain, transports publics, circulation automobile... La ville suédoise a été récompensée par la Commission de Bruxelles : elle a été sacrée championne de l'environnement pour 2010.
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63
+ Le tableau et la courbe ci-dessous retracent l'évolution démographique de la commune de Stockholm de 1570 à nos jours.
64
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65
+ Capitale de la Suède, Stockholm abrite une grande partie des principaux lieux culturels de Suède, dont des théâtres, des musées ou des opéras. Dans Stockholm et ses environs, se trouvent deux sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, le château de Drottningholm et le cimetière de Skogskyrkogården. Stockholm a par ailleurs été capitale européenne de la culture en 1998.
66
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67
+ Stockholm compte près d'une centaine de musées. Certains de ces musées qui étaient gratuits sont pour la plupart devenus payants. Les plus célèbres sont le musée Vasa, Skansen, le musée historique, le musée ABBA, le musée d'art moderne, le musée national des beaux arts, le muséum suédois d'histoire naturelle ou encore le musée nordique ou le Stockholm Music Museum.
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+ Stockholm possède deux orchestres de renom : l'orchestre philharmonique royal de Stockholm et l'orchestre symphonique de la radio suédoise.
70
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+ La capitale suédoise a été pays hôte de trois éditions du Concours Eurovision de la Chanson.
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+ Stockholm a accueilli deux fois le congrès mondial d’espéranto, en 1934 et 1980, rassemblant chacun environ 2 000 participants pendant toute la semaine.
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+ Stockholm a abrité les Jeux olympiques d'été de 1912 et possède, avec le stade olympique, globen et Råsunda, des arènes importantes pour la pratique du football, du hockey sur glace ou encore du bandy. Les principaux clubs de football de la ville sont Hammarby Fotboll AB, Djurgårdens IF et l'AIK Solna. La présence de nombreux plans d'eau est propice à la pratique du patin à glace en période hivernale.
76
+ Stockholm est le lieu d'un tournoi de tennis se déroulant début octobre en indoor.
77
+
78
+ Stockholm a également accueilli, en 1990, les premiers jeux équestres mondiaux.
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80
+ Stockholm a été désignée « Capitale Européenne du Sport » pour l'année 2002[10].
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+
82
+ L'hippodrome de Solvalla, dans la banlieue nord-ouest de Stockholm, accueille chaque dernier dimanche de mai une course réservée aux trotteurs, réunissant les meilleurs chevaux du monde pour une épreuve disputée sur 1 609 mètres. Il s'agit de l'Elitlopp (course des élites). Les quatre premiers de chaque demi-finale, s'affrontent en fin d'après-midi pour une grande finale.
83
+
84
+ La Gare centrale de Stockholm est le point central du système de chemin de fer suédois.
85
+
86
+ La ville possède un aéroport international, Arlanda (desservi avec l'Arlanda Express), ainsi que deux aéroports moins importants : Skavsta et Bromma.
87
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+ Le métro de Stockholm.
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90
+ L'arrivée du ferry Emelie à Henriksdalshamnen. À l'arrière plan, les quartiers résidentiels de Norra Hammarbyhamnen à gauche et Södermalm en face. Janvier 2017.
91
+
92
+ Quai de Skeppsbrokajen vu de Skeppsholmen, avec Stadsholmen derrière. Janvier 2016.
93
+
94
+ Le pont de Vasa (Vasabron) sur la rivière Norrström avec l'hôtel de ville (Stadshuset) à l'arrière. Janvier 2016.
95
+
96
+ Vue panoramique sur le port. Carl Curman. 1900.
97
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98
+ Stockholm est également un port important, avec des liaisons notamment vers les villes de Helsinki, Saint-Pétersbourg, Turku et Tallinn. Les principales compagnies de ferries sont Viking Line, Silja Line et Tallink.
99
+
100
+ Les transports en commun sont d'une grande variété, et comptent 725 000 usagers[11]. Un métro (tunnelbana) dessert les lieux principaux de la ville et comporte trois lignes, des trains de banlieue (pendeltåg, Roslagsbanan et Saltsjöbanan) permettent de rallier les banlieues sur de longues distances (une centaine de kilomètres du nord au sud). Il y a aussi des tramways (Tvärbanan, Nockebybanan, Lidingöbanan et Djurgårdslinjen), ainsi qu'un vaste réseau de bus. Les équipements sont détenus par la société Storstockholms Lokaltrafik (SL, propriété du comté de Stockholm), et sont exploités et maintenus par des sous-traitants comme Veolia Transport. Des liaisons en bateau sont également assurées vers l'archipel. La ville compte enfin 760 km de pistes cyclables[11].
101
+
102
+ Le 1er août 2007, a été instauré de façon permanente un système de péage urbain semblable à celui de Londres. Il comporte 18 points d'entrée et de sortie contrôlés[11]. L'instauration définitive de ce système, expérimenté de janvier à juillet 2006, a fait l'objet d'un référendum consultatif des habitants de Stockholm le 17 septembre 2006. Les objectifs principaux sont de réduire les embouteillages et la pollution générée par le trafic routier. Le réseau de bus a été renforcé à cette occasion.
103
+
104
+ Le siège social de plus de 40 % des entreprises suédoises se situe à Stockholm, centre économique et financier de la Suède. Stockholm possède quelques entreprises de haute technologie, comme Ericsson, Electrolux ou AstraZeneca. Le district de Kista est un des centres européens les plus dynamiques pour les technologies de l'information et de la communication.
105
+
106
+ Le tourisme est devenu depuis quelques années une activité très importante pour la ville de Stockholm avec sept millions de visiteurs par an.
107
+
108
+ Selon le World Knowledge Competitiveness Index 2008, la ville de Stockholm, classée sixième, est la seule région européenne figurant parmi les dix plus grandes économies de la connaissance au monde, à côté de 8 villes américaines et Tokyo[12].
109
+
110
+ Stockholm possède 16 grandes écoles et universités, dont l'école de Commerce de Stockholm, le Karolinska Institut, l'université de Stockholm et l'institut royal de technologie. Qui plus est, leur nombre est en expansion, comme le montre la création de l'université de Södertörn, en banlieue sud (Flemingsberg).
111
+
112
+ Des académies royales sont également situées à Stockholm, comme l'académie royale des sciences de Suède et l'académie suédoise qui entre autres distribuent tous les ans les prix Nobel.
113
+
114
+ 73 % des déchets ménagers sont incinérés avec production d'énergie, 25 % sont recyclés, 1,5 % sont compostés. 70 % des habitants sont raccordés au réseau de chauffage dont la chaleur provient des usines et de l'incinération des déchets[11].
115
+
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+ En 1990, chaque habitant émettait en moyenne 5,3 tonnes de CO2 par an. En 2005, ce ratio était de 4. L'objectif est de passer à 3 tonnes par habitant et par an en 2015[11].
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+ Les personnages suivants sont nés à Stockholm :
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+ Les personnalités qui y sont décédées :
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+ Stonehenge (prononcé : [stəʊnˈhɛndʒ]) est un monument mégalithique composé d'un ensemble de structures circulaires concentriques, érigé entre -2800 et -1100[1], du Néolithique à l'âge du bronze. Il est situé à treize kilomètres au nord de Salisbury, et à quatre kilomètres à l'ouest d'Amesbury (comté du Wiltshire, en Angleterre).
4
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5
+ L'ensemble du site de Stonehenge et le cromlech d'Avebury, à une quarantaine de kilomètres au nord, sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco dans un ensemble intitulé « Stonehenge, Avebury et sites associés ». Le site attire environ un million de visiteurs par an[2].
6
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7
+ Le nom de Stonehenge est attesté dès le Moyen Âge : le Glossaire latin-vieil anglais d'Ælfric d'Eynsham, du Xe siècle, donne l'expression henge-cliff dans le sens de « précipice », et des auteurs du XIe siècle mentionnent « des pierres qui se trouvent non loin de Salisbury », sous les appellations de stanenges ou stanheng, comprises comme des « pierres suspendues » (supported stones). En 1740, William Stukeley note que « dans le Yorkshire, les rochers suspendus sont appelés henges... Je ne doute pas, dit-il, qu'en saxon, Stonehenge signifie les « pierres suspendues » (hanging stones) »[3].
8
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9
+ Christopher Chippindale, dans son Stonehenge Complete, donne Stonehenge comme pouvant être issu des mots du vieil anglais stān « pierre », et hencg « charnière » (hinge en anglais moderne), ou bien encore de hen(c)en, au sens de « potence » ou « instrument de torture » : les linteaux et les piliers des trilithes de Stonehenge ont pu en effet évoquer pour les visiteurs du Moyen Âge la silhouette familière d'un gibet. Cependant, ailleurs dans son livre, Chippindale donne aussi pour Stonehenge le sens plus immédiat de « pierres suspendues » (suspended stones).
10
+
11
+ Les préhistoriens ont créé le mot henge par dérivation régressive (ou troncation) d'après le nom de Stonehenge. Ils définissent un henge comme un terrassement en enclos circulaire comprenant un fossé interne[3]. Il faut pourtant considérer que le monument de Stonehenge ne répond pas pleinement à cette définition, puisque le talus (bank) se trouve, sur ce site, à l'intérieur du fossé (ditch) : Stonehenge est donc un henge très particulier, même totalement atypique, avec ses trilithes hauts de plus de 7 m, assemblés par tenons et mortaises, de manière unique[4],[5].
12
+
13
+ La signification et l'étymologie de Stonehenge restent quelque peu incertaines : « les pierres suspendues » ou « les pierres en surplomb » conviennent aux linguistes familiers des racines germaniques, tandis que « le gibet » semble plutôt relever de l'étymologie populaire[6].
14
+
15
+ La datation et la compréhension des différentes phases de l'activité de Stonehenge ne sont pas une tâche aisée. Des générations d'archéologues se sont succédé sur le site depuis le début du XXe siècle : le professeur Gowland conduisit les premières fouilles scientifiques à partir de 1901 ; puis le colonel William Hawley entreprit des restaurations à partir de 1919[7], avant d'étudier la plupart des cavités existantes, jusqu'en 1926[8].
16
+
17
+ La chronologie retenue dans cet article est celle, classique, de l'archéologue Richard J. C. Atkinson[9], qui a dirigé les dernières fouilles de grande ampleur à partir de 1950 et durant une trentaine d'années, avec une importante campagne de restaurations entre 1958 et 1964. On lui doit la division en trois phases I, II et III, aujourd'hui acceptée de tous. Mais les subdivisions, et même parfois la chronologie tout entière, diffèrent notablement d'un auteur moderne à l'autre.
18
+
19
+ Le site présente les traces d'une occupation antérieure à la construction du monument. Trois trous de poteaux (postholes (en)) mésolithiques[10] ont été mis au jour en 1966 lors des travaux d'extension du parking des visiteurs. Ces trous de 75 cm de diamètre contenaient comme artefact un morceau d’os brûlé et des quantités de charbon de bois, ce qui peut suggérer, d'après le diamètre de ces fosses, que les trous étaient destinés à accueillir des poteaux d'une hauteur de 9 m[11]. Ils sont actuellement matérialisés par des plots blancs sur le parking.
20
+
21
+ Un long enclos mégalithique, le Cursus, construit vers -3500, s'étend d'est en ouest sur une longueur de 3 km, à 700 m au nord du monument[12].
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23
+ Le premier monument (Henge Monument) date du Néolithique secondaire (ou final)[13],[14]. Il n'était constitué que d'une enceinte circulaire délimitée par une levée de terre (bank) (8) et un petit fossé (ditch) (7) à l'extérieur, creusé dans le calcaire crétacé du Santonien, mesurant environ 110 m de diamètre, avec une entrée principale orientée vers le nord-est, et une entrée plus petite vers le sud (14). L'ensemble fut mis en place sur une surface légèrement en pente, qui ne présente apparemment aucun caractère exceptionnel par rapport au paysage environnant.
24
+
25
+ Le fossé (7) a été fouillé dans sa moitié Est par le colonel Hawley dans les années 1920 : il présente l'aspect d'une dépression assez irrégulière et peu profonde au profil très arrondi ; la partie Ouest, jamais fouillée, est encore moins marquée. Le fossé présente deux interruptions, qui sont d'origine : l'une au Nord-Est, dans l'axe de l'entrée, l'autre plus étroite, au Sud[8].
26
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27
+ Les constructeurs n'ont pas accordé beaucoup d'attention à la régularité géométrique du fossé qui présente, vu du ciel, l'aspect « d'un chapelet de saucisses disposées en rond dans une assiette »[8] : les fouilles ont révélé un travail par sections, de largeur et de profondeur variables (largeur de 5 à 6 m, profondeur 1,30 m - 2 m), avec des parois abruptes et des rétrécissements, décrochements et cloisonnements révélateurs d'un travail par tranches.
28
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29
+ Au fond du fossé ont été découverts des restes d'outils néolithiques ayant servi au creusement : pioches faites de bois de cervidés, pelles constituées d'omoplates de bovins, aisément datables par la suite au radiocarbone ; à mi-hauteur ont été trouvés quelques éclats de « pierres bleues », qui établissent clairement la chronologie des travaux et montrent que ces pierres ont été retravaillées à leur arrivée sur le chantier. Plus en surface, la fouille a livré quelques tessons de poterie, des monnaies romaines, jusqu'aux inévitables capsules de bière et ampoules de phares d'automobiles qui sont le lot de tout archéologue. Atkinson insiste cependant sur le mélange des couches dû peut-être au piétinement (les tessons de poterie néolithique peuvent aussi bien se trouver au fond du fossé que parmi des éléments récents), mais bien plus encore à l'action des pluies entraînant sans cesse terre et objets vers le milieu de la structure[8].
30
+
31
+ Le fossé (7) n'était qu'une sorte de carrière d'où l'on a extrait les matériaux nécessaires à l'édification de l'enceinte circulaire (8) exécutée à l'intérieur du fossé, cette fois avec le plus grand souci de régularité géométrique. Le cercle, de 98 mètres de diamètre, a été tracé au cordeau. Le remblai devait présenter une largeur de 6 m et une hauteur d'au moins 2 m. L'érosion lui a donné dès les premiers siècles de son existence le profil arrondi et étalé qui est encore le sien aujourd'hui.
32
+
33
+ Des vestiges d'un autre talus en contrescarpe, de moindre importance, sont visibles à l'extérieur du fossé, au nord et à l'est[8].
34
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35
+ En 1978, Richard Atkinson et son collègue John G. Evans ont découvert, au cours d'une fouille en tranchée dans l'enceinte circulaire, le squelette d'un homme de l'âge du bronze, connu sous le nom d'« archer de Stonehenge (en) », délibérément et soigneusement enseveli dans le fossé extérieur, et non dans un tumulus (barrow), comme c'est le cas généralement dans la région.
36
+
37
+ On a voulu voir en lui un archer en raison du bracelet de pierre et des silex et flèches trouvés à ses côtés. En fait, plusieurs pointes de flèches étaient fichées dans les os du squelette, ce qui semble nettement indiquer que l'homme a été tué par ces flèches[15].
38
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39
+ L'examen du squelette a montré que l'homme était originaire de la région et âgé d'environ 30 ans. La datation au radiocarbone laisse à penser qu'il est mort autour de -2300, ce qui le rend à peu près contemporain des autres « archers » découverts dans le voisinage, à Amesbury (archer d'Amesbury et Boscombe Bowmen (en)). Ses restes sont maintenant conservés au Salisbury and South Wiltshire Museum (en) de Salisbury.
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41
+ Les « trous d'Aubrey » (Aubrey Holes) (13), nom donné en souvenir d'un antiquaire du XVIIe siècle par leur inventeur R. S. Newall, contemporain du colonel Hawley dans les années 1920, sont un vaste cercle de cinquante-six cavités de grandes dimensions, disposées régulièrement à l'intérieur et à peu de distance du talus de l'enceinte circulaire[16]. Ces trous ronds ont des parois verticales et sont espacés d'environ cinq mètres. Leur diamètre varie de 0,75 m à 1,50 m, et leur profondeur de 0,60 m à 1,20 m. On y a trouvé, dans un remplissage de craie, des fragments de charbon de bois, d'os humains carbonisés, de petits objets comme des épingles à cheveux en os ou de longues baguettes de silex taillé de l'épaisseur d'un doigt, dont on ne connaît pas l'usage. Trente-quatre d'entre eux (partie est) ont été fouillés. Ils sont facilement repérables, marqués par des plaques de calcaire[17].
42
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43
+ Plusieurs dizaines de cavités funéraires plus petites, de contenu similaire à celui des trous d'Aubrey et découvertes non loin d'eux, ont été fouillées par Hawley dans la moitié sud-est de l'enclos circulaire qu'il a complètement décapée[18]. En tout, environ 55 tombes à incinération ont été relevées, trous d'Aubrey compris. Atkinson situe cette période d'utilisation comme cimetière à crémation à la fin de la phase I, s'étendant sur environ deux siècles. Il suggère que d'autres tombes pourront être découvertes dans les talus intérieurs de l'enclos, qui n'ont pas été fouillés[8]. La présence d’objets comme une tête de massue ou un petit bol partiellement brûlé sur un côté (un encensoir ?) suggère que les défunts auraient pu être des dignitaires politiques ou des chefs disposant d'une autorité spirituelle ou religieuse, accompagnés de leurs familles[19]. L'étude des restes des défunts retrouvés à Stonehenge indique qu'ils étaient avant leur mort dans un état de santé moins bon que la moyenne observée sur les restes de la population de l'époque, beaucoup souffrant de maladies osseuses ou de traumatismes. Cela pourrait indiquer que la fréquentation du site avait un but potentiellement thérapeutique[20].
44
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45
+ La Heel Stone (5), une pierre de grès du tertiaire, à l'extérieur de l'entrée nord-est, pourrait également avoir été érigée au cours de cette période, mais elle ne peut être formellement datée et peut aussi bien avoir été installée à n'importe quel moment de la phase III. Une ou deux pierres lui étaient adjointes (trous D et E)[21].
46
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47
+ La Heel Stone est de nature similaire aux autres « sarsens » du cercle central et des trilithes (phase III) mais, contrairement à ceux-ci, elle est entièrement brute, sans aucune trace de taille ou d'intervention d'outils. Elle se trouve actuellement penchée, dans une position qui ne peut être celle d'origine, et entourée d'un fossé très marqué, situé à quatre mètres de sa base[8].
48
+
49
+ Le nom de Heel Stone est attesté depuis le Moyen Âge. Son étymologie et son sens véritable restent obscurs : le mot heel (« talon ») n'offrant pas de signification satisfaisante, on a voulu donner des étymologies évoquant le « diable », ou encore le « soleil »[22],[21].
50
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51
+ De l'avis d'Atkinson, la Heel Stone n'est pas autant qu'on veut bien le dire le repère voulu par les constructeurs pour marquer la direction exacte du soleil levant au solstice d'été : elle est aujourd'hui très penchée, et si l'on tient absolument à obtenir ce résultat, il faut l'aider en se plaçant tout exprès sur une ligne qui n'est pas tout à fait celle de l'axe du monument, et qui ne passe pas nécessairement par son centre, lui-même d'ailleurs impossible à déterminer précisément pour toutes sortes de raisons : l'implantation des pierres n'est pas suffisamment régulière, et certaines ont été replacées lors des restaurations successives dans des positions qu'on ne peut garantir comme étant celles d'origine. De plus, le soleil se lève de nos jours un peu plus à l'est qu'à l'époque de la construction du monument[23].
52
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53
+ Un réseau complexe de trous de poteaux (postholes) a été relevé par le colonel Hawley et confirmé par Atkinson, au centre du cercle et aux deux entrées du sud et du nord-est. Ces trous de poteaux, de 0,40 m de diamètre, sont plus petits que les trous d'Aubrey et beaucoup moins régulièrement espacés. On ne sait si ces poteaux correspondent à des échafaudages, ou bien supportaient la toiture d'une ou plusieurs constructions[8].
54
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55
+ Les quatre Station Stones sont des pierres de grès sarsen de dimensions modestes, situées à proximité des trous d'Aubrey et diamétralement opposées deux à deux, l'ensemble formant un long rectangle de direction NO-SE perpendiculaire à l'axe général du monument. Deux d'entre elles subsistent, numérotées (6) sur le schéma ci-contre : elles mesurent respectivement 3 m et 1,20 m. Les deux autres, repérées en (2) et (3), se trouvaient au sommet de monticules couramment appelés barrows (« tumulus »), bien qu'ils ne contiennent pas de sépultures. Des fossés similaires à celui qui encercle la Heel Stone ont plus tard été creusés autour de ces deux barrows[8].
56
+
57
+ L'« Avenue » (10), large de 23 m (12 m entre les talus), part de la Heel Stone dans l'axe du monument, vers le nord-est, puis à mi-chemin du Cursus, long enclos mégalithique situé un peu plus au nord, s'infléchit vers l'est de manière très visible sur les photos aériennes[24] et finit par rejoindre, à trois kilomètres de là et après un dernier virage à droite, le fleuve Avon[25],[26].
58
+
59
+ Cette longue structure est formée de deux fossés parallèles et des talus correspondants établis vers l'intérieur, selon la technique caractéristique de la phase I, à laquelle on peut être tenté de la rattacher[8],[21]. Elle a tout l'aspect d'une voie processionnelle, qui a probablement servi aussi au transport des « pierres bleues » depuis le fleuve Avon[8].
60
+
61
+ Les fouilles ont montré qu'à l'époque de la culture campaniforme, dite aussi « peuple des gobelets campaniformes » (Beaker Culture), qui connaissait la métallurgie du cuivre[8],[21], le bois fut abandonné au profit de la pierre : deux cercles concentriques, chacun constitué de 38 cavités nommées Q et R (Q and R holes), ont été creusés au centre du site, à l'intérieur du cercle de sarsen actuel[27]. Dans l'axe du monument, à l'« entrée », six cavités supplémentaires complètent l'ensemble, prouvant que le monument était déjà orienté au nord-est, vers le soleil levant du solstice d'été, avant la réalisation de la structure actuelle (phase III)[8].
62
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63
+ Ces cavités ont probablement accueilli plus de quatre-vingts menhirs de « pierres bleues » constituant un premier cromlech, entièrement disparu (théoriquement : deux cercles concentriques de 38 menhirs et 6 menhirs supplémentaires à l'entrée, soit en tout 82 mégalithes).
64
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65
+ La plupart des « pierres bleues » encore présentes sur le site (réutilisées lors de la phase III b) sont constituées de dolérite, roche magmatique holocristalline de couleur bleu verdâtre comportant des inclusions blanches ou rosées de la taille d'un petit pois (dolérite tachetée). Mais d'autres sont de nature différente : trois d'entre elles sont de dolérite similaire, mais sans inclusions (dolérite non tachetée) ; en outre, quatre pierres bleues sont constituées de rhyolite (roche volcanique gris bleu) comprenant parfois des globules blanchâtres (rhyolite sphérulitique) ; quatre moignons enterrés sont constitués d'une cendre volcanique vert olive beaucoup plus tendre et fragile que toutes les autres pierres présentes sur le monument ; deux enfin sont d'une autre sorte de cendre volcanique contenant du calcaire. On sait depuis 1923 que toutes ces pierres proviennent des collines de Preseli (en) au pays de Galles, à plus de 250 km. Le transport a pu être effectué entièrement par mer en contournant la péninsule de Cornouailles ou bien, depuis la région de Bristol, par voie fluviale et halage terrestre[8],[28].
66
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67
+ L’étape suivante des travaux survient à la fin du -IIIe millénaire, alors que partout en Europe, la grande période du mégalithisme est éteinte : toutes les pierres bleues des cercles Q et R sont d’abord retirées et mises à l’écart, laissant le terrain libre pour le nouveau projet.
68
+
69
+ On voit alors s’ériger sur le site un complexe mégalithique exceptionnel de soixante-quinze monolithes (à l’origine), sur lesquels se concentrent encore aujourd’hui tous les regards des visiteurs[8].
70
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71
+ Les immenses monolithes, uniformément constitués de grès « sarsen » de l’Oligocène-Miocène, ont été extraits de carrières que l’on peut visiter librement, à 40 km environ au nord de Stonehenge, dans les Marlborough Downs, à l’est d’Avebury.
72
+
73
+ Ces grès « sarsen », dont l’étymologie remonterait au vieux mot saracen (« sarrasin »)[30], ont été formés au-dessus de la craie par l’agglomération d’une couche régulière de sable siliceux dont ils ont gardé l’épaisseur relativement constante et les deux plans principaux naturellement parallèles. Les pierres ont été choisies et extraites avec soin, selon les dimensions désirées.
74
+
75
+ Le transport de ces monolithes, dont les plus gros pèsent environ cinquante tonnes, constitue une aventure d’ingénierie collective sans pareille. Une colline, au milieu du trajet, n’a pas facilité cette opération pour laquelle Atkinson ne propose rien d’autre que traîneaux, cordes et rouleaux de bois, occupant des milliers d’hommes durant des décennies[31].
76
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77
+ Diverses solutions techniques alternatives ont été proposées :
78
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79
+ Les trilithons ou trilithes sont cinq groupes de trois monolithes de grès sarsen levés et disposés comme des portiques selon un plan en forme de fer à cheval laissant au nord-est une ouverture de 13,70 mètres de largeur. Les énormes pierres ont été travaillées sur le chantier à l'aide de boules de pierre qui laissent sur le grès dur les traces en vagues parallèles caractéristiques de cette méthode bien connue des civilisations de l'Égypte antique (cf. Obélisque inachevé). Puis les pierres ont été assemblées selon des techniques de charpente, par tenons et mortaises : chacun des dix piliers présente un tenon unique central en sa partie supérieure et les cinq linteaux, pesant jusqu'à cinquante tonnes, présentent chacun deux mortaises de forme ovale.
80
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81
+ Les trilithes sont disposés symétriquement : les deux plus petites paires de trilithes atteignaient six mètres de hauteur, les suivantes 6,50 mètres, tandis que le grand trilithe unique du côté sud-ouest devait atteindre 7,3 mètres de hauteur, linteau compris[32]. En partant de l'ouverture NE dans le sens des aiguilles d'une montre, les deux premiers trilithes sont les seuls qui nous soient parvenus intacts, tandis que le grand trilithe central est depuis longtemps effondré : le pilier du trilithe principal, haut de 6,70 mètres, a été redressé en 1901 ; l'autre gît au sol, brisé en plusieurs morceaux ; le linteau est également renversé sur le flanc, montrant bien les deux mortaises ovales de l'assemblage. Le linteau du quatrième trilithe, tombé en 1797, a été remis en place en 1956, comme le montrent les photos d'Atkinson ; le dernier trilithe, quant à lui, est incomplet et brisé en plusieurs morceaux.
82
+
83
+ Les piliers des trilithes sont disposés par paires très faiblement espacées ; leur profil va diminuant vers le haut selon une courbe qui s'accentue nettement dans la partie haute, ce qui n'est pas sans rappeler le principe de l'entasis des anciens temples grecs, qui donne l'illusion de colonnes plus élancées et plus droites.
84
+
85
+ Les figures gravées d'un poignard et de têtes de haches ont été relevées sur l'un des piliers (pierre 53) du trilithe sud. D'autres gravures de têtes de haches ont été repérées sur les faces extérieures des pierres situées au nord-est du grand cercle de sarsen (pierres 3, 4 et 5). Ces figures sont difficiles à dater, mais sont d'aspect très semblable aux types d'armes bien connus du Bronze tardif[8].
86
+
87
+ Le grand cercle de grès sarsen est constitué de trente monolithes érigés en un cromlech de trente-trois mètres de diamètre et surmontés de trente linteaux. Chaque pilier comporte deux tenons correspondant aux deux mortaises ovales de chacun des linteaux, qui ont été mis bout à bout par un assemblage précis de rainures et languettes taillées en pointe : l'ensemble forme ainsi un anneau continu suspendu au sommet de la structure[30].
88
+
89
+ L'effet visuel final a été le souci permanent des constructeurs, de même que pour les trilithes : les orthostats (pierres verticales) s'élargissent légèrement vers le haut, afin que, vue du sol, leur perspective demeure constante, tandis que les linteaux de pierre sont taillés légèrement en courbe, afin de conserver la disposition circulaire générale du monument. Chaque pilier présente sa meilleure face vers l'intérieur du cercle. La taille est plus rustique que celle des trilithes et les faces extérieures sont quasi brutes de carrière[8].
90
+
91
+ Pilier n° 28
92
+
93
+ Pilier n° 27
94
+
95
+ L'épaisseur moyenne de ces pierres est de 1,10 mètres et la distance moyenne entre elles est d'environ un mètre. L'un des orthostats, au sud-est, est beaucoup plus petit que les autres, anomalie qui a fait couler beaucoup d'encre : on a voulu y voir une entrée latérale supportant des linteaux en bois… Atkinson suggère que l'on a dû s'accommoder d'un tel orthostat réduit, simplement par manque d'un élément disponible de plus grande taille. Toute la partie ouest du cercle est d'ailleurs manquante, et pendant longtemps les chercheurs pensaient que le chantier n'avait jamais été mené à son terme, les soixante monolithes nécessaires à l'achèvement du monument n'ayant pu être acheminés sur le site. Mais en 2013, la succession d'un printemps humide et d'un été chaud et très sec a révélé des traces d'herbe brûlée correspondant aux mégalithes aujourd'hui disparus, ce qui suggère que le chantier avait bien été achevé[33].
96
+
97
+ Les orthostats mesurent près de 4,10 mètres de haut, 2,10 mètres de large et pèsent environ vingt-cinq tonnes. Les linteaux de pierre, quant à eux, mesurent chacun environ 3,20 mètres de long, un mètre de large, avec une épaisseur de 0,80 mètres : ils pèsent environ sept tonnes. Les sommets des linteaux sont suspendus, pour ceux qui le sont encore, à 4,90 mètres au-dessus du sol[8].
98
+
99
+ La Slaughter Stone (4) est un nom de fantaisie donné par les anciens explorateurs à une pierre de sarsen soigneusement taillée, longue de 7 m, autrefois levée, aujourd'hui tombée vers l'intérieur du monument, affleurant à peine, à proximité du talus. Elle faisait partie des deux, ou peut-être trois grands portails qui marquaient l'entrée nord-est[8].
100
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101
+ Plus tard dans l'âge du bronze, les pierres bleues, récupérées des cavités Q et R délibérément remblayées, semblent avoir été réérigées une première fois à l'intérieur du cercle des sarsens[34], bien que les détails exacts de cette période ne soient pas encore très clairs. Quelques-unes d'entre elles ont été travaillées dans le style des constructions en bois, tout comme les sarsens eux-mêmes, ce qui suggère qu'elles pourraient avoir été liées par des linteaux et avoir fait partie d'une structure plus vaste au cours de cette période[21].
102
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103
+ Il existe à l'extérieur du cercle de sarsen deux cercles un peu irréguliers de chacun trente grandes cavités (11, 12), correspondant à chacun des 30 piliers du cercle de pierre et disposés en couronne tout autour d'eux. Ces trous, découverts et fouillés pour la moitié d'entre eux par Hawley en 1923, ont été rebouchés et sont peu visibles de nos jours ; deux autres ont été fouillés et étudiés minutieusement par Atkinson en 1953 ; les autres, non fouillés, mais bien repérés, sont absolument indécelables par les visiteurs. Leur forme rectangulaire aux parois verticales (dimensions moyennes : 1,80 × 1,20 mètres ; profondeur uniforme : 1,05 mètres pour le cercle Z et 0,92 mètre pour le cercle Y), leur aspect inachevé et leur contenu (terre, fragments de rhyolite et de grès sarsen, fond garni de silex brut) montrent qu'il s'agit très probablement d'un projet avorté de réorganisation des pierres bleues à l'extérieur du cercle de sarsen[8].
104
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105
+ C'est sur le plan tracé par Inigo Jones en 1620 qu'apparaît ce nom de « pierre d'autel » pour désigner le bloc (1) de six tonnes de grès vert micacé du Silurien-Dévonien qui brille au soleil et mesure 4,20 × 1 × 0,50 m, soit deux fois la hauteur des pierres bleues. Ce grès vert provient très vraisemblablement du Pays de Galles, où il existe plusieurs gisements d'une telle roche.
106
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107
+ Son nom de pierre d'autel et sa position horizontale, coincée sous les éléments tombés à terre du trilithe principal (fragments du pilier 55 et linteau 156) peuvent prêter à confusion quant à sa destination première. En fait, elle peut fort bien avoir été dressée, formant un menhir de nature unique dans un endroit unique, au beau milieu du monument.
108
+
109
+ Le visiteur a aujourd'hui de la peine, depuis le parcours qui lui est imposé, à repérer cette pierre dissimulée dans le chaos central du monument, aux trois quarts enterrée, mais il peut, s'il se montre un peu attentif, en distinguer la surface horizontale scintillante, très usée par les piétinements des visiteurs antérieurs[35].
110
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111
+ Cette phase a connu une nouvelle réorganisation des pierres bleues de dolérite, qui ont été placées en cercle entre les deux structures de sarsens et en ovale en plein centre du monument.
112
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113
+ Le cercle, tel qu'il se présente aujourd'hui, est très incomplet : six pierres sont plus ou moins intactes et dressées à la verticale ; cinq sont penchées, huit sont à terre, entières ou fragmentaires, et dix sont réduites à des moignons en sous-sol. Leurs formes sont variées, plus ou moins en forme de colonnes, certaines brutes d'extraction, d'autres plus travaillées. Deux d'entre elles sont d'anciens linteaux soigneusement taillés, ayant fait partie d'une structure incurvée et présentant des mortaises ovales analogues à celles relevées sur les grands linteaux de sarsen. Chaque pierre bleue mesure environ 2 m de hauteur, entre 1 m et 1,50 m de largeur, et jusqu'à 0,80 m d'épaisseur. Il est possible que ce cercle final ait été composé d'une soixantaine de pierres bleues[36].
114
+
115
+ L'aspect de cette ultime structure qui se dresse au centre du monument, à environ un mètre à l'intérieur du grand fer à cheval de sarsen, est tout différent de celui du précédent cercle de pierres bleues : elles sont cette fois soigneusement disposées à intervalles réguliers, à tel point qu'on peut établir qu'elles ont formé une structure ovale comptant dix-neuf pierres, dont des trilithes. Six d'entre elles sont encore dressées à la verticale, une autre est en position inclinée, et plusieurs autres sont à l'état de fragments. Elles ont toutes été travaillées avec beaucoup de soin en piliers quadrangulaires ; l'une d'entre elles, qui présente à son sommet un tenon arasé, a fait à coup sûr partie d'un ancien trilithe, tandis que deux autres présentent curieusement, l'une une feuillure, l'autre une rainure creusée tout du long, qui suggèrent que ces pierres, à un certain moment, se sont emboîtées latéralement pour un usage inconnu.
116
+
117
+ Pour finir, la section nord-est de l'ovale des pierres bleues a été enlevée, créant une structure en fer à cheval qui reproduit la forme de la structure centrale des trilithes de sarsen[37].
118
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119
+ Seules des modifications mineures ont été apportées après cette phase.
120
+
121
+ On a aussi retrouvé le squelette d'un jeune garçon (date calibrée -780 / -410). Une large tranchée enroulée en arc, qui s'approfondit vers l'E-N-E en direction de la Heel Stone, est datée de la fin VIIe siècle av. J.-C. / VIe siècle av. J.-C.
122
+
123
+ Des monnaies romaines ont été retrouvées, ainsi que la tombe d'un Saxon décapité, datée du VIIe siècle.
124
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125
+ La première mention écrite de Stonehenge est celle donnée de manière malheureusement peu explicite par l'historien grec Diodore de Sicile[38] : « Il y a au-delà de la Celtique, dans l'Océan, une île qui n'est pas moins grande que la Sicile. Cette île, située au nord, est habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils vivent au-delà du point d'où souffle Borée. (…) On voit dans cette île une vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu'un magnifique temple, de forme ronde, orné de nombreuses offrandes. » On ne voit pas à quel autre ensemble de monuments qu'Avebury et Stonehenge on pourrait identifier une telle description[39].
126
+
127
+ Le Moyen Âge voit en Stonehenge une danse des géants ou une œuvre du diable, avant que les « antiquaires » du XVIIe siècle ne lui attribuent une origine plus humaine et, en bons scientifiques, ne commencent à mesurer et dessiner. En 1621, le roi Charles Ier se fit accompagner sur les lieux par son architecte favori Inigo Jones qui exécuta un croquis du monument restitué, où figurent en bonne place les fossés, le cercle de sarsens et les trilithes[40]. En 1626, ce fut au tour de John Aubrey de composer un livre intitulé Templa druidum et de dresser un plan d'une bonne précision[41].
128
+
129
+ L'exigence scientifique s'accroît avec les recherches de William Stukeley, ami de Newton, qui, en 1740, publie un livre attribuant Stonehenge au druidisme, opinion encore solidement ancrée dans les croyances populaires britanniques. Malgré des mesures précises et des observations rigoureuses, sa reconstruction géométrique du monument, à la règle et au compas, apparaît aujourd'hui très idéalisée[42]. Un peu plus tard, en 1747, John Wood l'Ancien (en), l'architecte de Bath, fait un relevé avec les coordonnées précises des pierres encore en place, mais continue à attribuer Stonehenge aux druides[43]. Le trilithe 57-58 s'écroule le 1er janvier 1797[44].
130
+
131
+ Au XIXe siècle, Stonehenge est visité et étudié par de nombreux savants. Le grand égyptologue William Matthew Flinders Petrie, puis l'astronome Norman Lockyer firent des relevés toujours plus précis, assortis d'observations astronomiques auxquelles prit part Arthur Evans, le célèbre restaurateur du palais de Cnossos. Pour clore le siècle, ce fut le pilier 22 qui s'écroula le 31 décembre 1900, entraînant dans sa chute le linteau correspondant[45].
132
+
133
+ Les recherches furent menées successivement durant la première moitié du XXe siècle par le professeur Gowland, qui releva le montant 56 du trilithe central, et le colonel Hawley, qui n'hésita pas à décaper la moitié du site, fouillant quantité de cavités, à la recherche d'objets caractéristiques, ce qu'on ne manqua pas de lui reprocher par la suite[46]. Enfin, à partir des années 1950, le préhistorien Richard J. C. Atkinson et ses collègues les professeurs Ernest Stuart Piggott et John F.S. Stone (en), reprirent les fouilles et rassemblèrent de très nombreuses observations, assorties des premières datations scientifiques au radiocarbone. Pour clore leur campagne, ils remirent en place et consolidèrent, en 1957, les éléments les plus récemment écroulés (piliers et linteaux 57-58 et 22-122), avec les moyens modernes du génie civil[47]. La dernière restauration a été effectuée en 1963, après la chute du pilier 23 du cercle de sarsen : il fut redressé et scellé, et on en profita pour consolider au béton trois autres pierres[48],[49],[50].
134
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135
+ De nouvelles fouilles ont été menées entre 2003 et 2008 par une équipe dirigée par Mike Parker Pearson, sous le nom de Riverside Project. Ce projet visait principalement à établir les relations pouvant exister entre Stonehenge et les monuments associés, notamment Durrington Walls, où a été découverte une autre Avenue, beaucoup plus courte, menant à la rivière Avon. Le point où l’Avenue de Stonehenge rencontre la rivière a également été fouillé : il a révélé une construction circulaire jusque-là inconnue, comprenant un ensemble de quatre pierres qui marquaient probablement le point de départ de l'Avenue.
136
+
137
+ En avril 2008, Timothy Darvill, de l'Université de Bournemouth et Geoff Wainwright (en), de la Société des Antiquaires, ont commencé une autre fouille à l'intérieur du cercle de Stonehenge pour tenter de récupérer des fragments datables autour des pierres bleues. Ils ont réussi à dater l'érection de certaines pierres bleues à 2300 av. J.-C.[51]. Ils ont également découvert des matières organiques datables à partir de 7000 av. J.-C., ce qui, s'ajoutant aux trous de poteaux mésolithiques, renforce l'idée que le site a été utilisé au moins 4000 ans avant le monument de Stonehenge.
138
+
139
+ En août et septembre 2008, dans le cadre du projet Riverside, Julian Richards et Mike Pitts (en) ont fouillé le trou d'Aubrey no 7 et enlevé des restes incinérés dans plusieurs trous d'Aubrey, fouillés par Hawley dans les années 1920 et réinhumés en 1935[52].
140
+
141
+ En juillet 2010, la mission cartographique Stonehenge New Landscapes Project a mis au jour fortuitement, par des techniques de magnétométrie, les vestiges d'un monument cérémoniel à moins d'un kilomètre du cercle principal. Il comprend un fossé segmenté avec des entrées nord-est/sud-ouest, en opposition, avec des fosses internes qui font jusqu'à un mètre de diamètre et qui aurait pu avoir une structure en bois. Ce monument semble être contemporain de Stonehenge et avoir la même orientation[53].
142
+
143
+ Le 18 décembre 2011, des géologues de l'Université de Leicester et le Musée national du pays de Galles ont annoncé avoir déterminé l'origine exacte de certains fragments de rhyolite trouvés dans le débitage de Stonehenge (qui cependant ne semblent correspondre à aucun des menhirs de pierre bleue) : il s'agit d'un éperon rocheux de 70 mètres, appelé Craig Rhos-y-Felin, situé à proximité de Pont Saeson, dans le Nord du Pembrokeshire, à 220 km de Stonehenge[54],[55].
144
+
145
+ La détection d'un monument mégalithique enterré, constitué de 90 pierres dépassant 4,50 m de hauteur, sur le site de Durrington Walls, à moins de 3 km du site de Stonehenge, a été annoncée en septembre 2015. L'âge de ce monument serait de 4500 ans[56],[57].
146
+
147
+ Cependant, les fouilles dirigées par Mike Parker Pearson l'été 2016 ont montré qu'il n'y avait pas de pierres dressées enterrées à Durrington Walls, mais un cercle de très grands trous de poteaux remplis de débris calcaires[58].
148
+
149
+ Ces questions sont traitées sur des pages spécialement dédiées :
150
+
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+ Photographies dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du nord :
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+
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+ NE : talus de l'enceinte circulaire, cercle et trilithes.
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+
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+ NE : Slaughter Stone.
156
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157
+ NE : Slaughter Stone.
158
+
159
+ E : 5 linteaux en place sur le cercle de sarsen.
160
+
161
+ E : cercle de sarsen, trilithes.
162
+
163
+ SE : les petites pierres coniques, au centre, sont des pierres bleues de dolérite.
164
+
165
+ SE : petit pilier sur le cercle de sarsen.
166
+
167
+ SE : enceinte circulaire, cercle et trilithes.
168
+
169
+ S : talus et fossé du grand cercle initial au premier plan ; cercle et trilithes de sarsen ; Heel Stone au fond à droite.
170
+
171
+ S : on distingue 4 des 5 trilithes de sarsen.
172
+
173
+ SO : trilithes au centre, éléments du cercle de sarsen à l'extérieur.
174
+
175
+ O : cercle, trilithe ouest.
176
+
177
+ O : cercle de sarsen.
178
+
179
+ O : un élément du cercle avec linteau en place ; un pilier du cercle à terre ; un trilithe complet, pilier du grand trilithe.
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+
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+ NO.
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
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3
+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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7
+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
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+
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+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
12
+
13
+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
14
+
15
+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
16
+
17
+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
18
+
19
+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
20
+
21
+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
22
+
23
+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
24
+
25
+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
26
+
27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
28
+
29
+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
30
+
31
+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
32
+
33
+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
34
+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
48
+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
51
+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
55
+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
56
+
57
+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
59
+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
60
+
61
+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
62
+
63
+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
64
+
65
+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
66
+ ou Corfidi[36]
67
+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
68
+
69
+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
71
+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
73
+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
74
+
75
+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
76
+
77
+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
78
+
79
+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
80
+
81
+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
82
+
83
+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
84
+
85
+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
86
+
87
+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
88
+
89
+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
92
+
93
+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
94
+
95
+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
96
+
97
+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
98
+
99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
100
+
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
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+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
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+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
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+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
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+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
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+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
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+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
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+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
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+
21
+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
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+
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+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
24
+
25
+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
26
+
27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
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+
29
+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
30
+
31
+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
32
+
33
+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
34
+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
48
+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
51
+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
55
+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
56
+
57
+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
59
+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
60
+
61
+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
62
+
63
+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
64
+
65
+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
66
+ ou Corfidi[36]
67
+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
68
+
69
+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
71
+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
73
+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
74
+
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
78
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
80
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
82
+
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
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+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
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+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
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+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
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+
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+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
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+
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+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
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+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
98
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+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
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103
+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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