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+ La savane est une formation végétale propre aux régions chaudes à longue saison sèche et dominée par les plantes herbacées de la famille des Poacées (Graminées)[1]. Elle est plus ou moins parsemée d'arbres ou d'arbustes. Selon la densité (dans l'ordre croissant) des espèces, on parle de « savane herbeuse », de « savane arbustive », de « savane arborée », de « savane boisée », puis de forêt claire, la transition se faisant en général de manière progressive.
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+ Le terme français « savane » est emprunté (1529) à l'espagnol « çavana », « zabana » ou « sabana », lui-même pris au taïno « zavana » ou « zabana »[2]. Il aurait été employé en premier lieu par Oviedo pour décrire les llanos vénézuéliens :
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+ « Les savanes sont les plaines de l'Amérique du Sud septentrionale et des Antilles couvertes d'herbes plus ou moins xérophiles et de buissons avec quelques arbres ou arbustes. »
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+ — Gonzalo Fernández de Oviedo, Historia General y natural de las Indias[3]
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+ L’appellation a par la suite été étendue à la végétation d'Afrique tropicale qui comporte de nombreuses similitudes avec celle de l'Amérique centrale. Un congrès de spécialistes en phytogéographie réuni à Yangambi en 1956 en a donné la définition la plus usitée aujourd'hui[4] :
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+ « Formation herbeuse comportant un tapis de grandes herbes graminéennes mesurant, en fin de saison de végétation, au moins 80 cm de hauteur, avec des feuilles planes disposées à la base ou sur les chaumes, des herbes et plantes herbacées de moindre taille. Ces herbes sont ordinairement brûlées chaque année ; sur ce tapis graminéen, se rencontrent en général arbres et arbustes, qui dessinent une savane boisée (arbres et arbustes formant un couvert clair laissant largement passer la lumière), une savane arborée (arbres et arbustes disséminés sur le tapis graminéen), une savane arbustive (arbustes uniquement, sur le tapis graminéen), une savane herbeuse (arbres et arbustes absents, uniquement tapis graminéen). »
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+ Elle varie en fonction des auteurs et des définitions retenues, mais elle prédomine surtout dans les zones soumises au climat tropical de savane, principalement en Afrique orientale, en Amérique du Sud et aux Caraïbes (les llanos du Venezuela et le cerrado du Brésil sont considérés comme des types locaux de savane), ainsi que dans le Nord de l'Australie.
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+ Le taux et la répartition des zones herbeuses et arborées est contrôlé par le climat et les microclimats, par les incendies plus ou moins réguliers, mais aussi par les dynamiques de populations d'herbivores, elles mêmes contrôlées par les grands prédateurs. Ces derniers, là où ils sont abondants « rendent les communautés d'arbres de la savane moins épineuse »[5].
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+ La savane est une formation végétale propre aux régions chaudes à longue saison sèche et dominée par les plantes herbacées de la famille des Poacées (Graminées)[1]. Elle est plus ou moins parsemée d'arbres ou d'arbustes. Selon la densité (dans l'ordre croissant) des espèces, on parle de « savane herbeuse », de « savane arbustive », de « savane arborée », de « savane boisée », puis de forêt claire, la transition se faisant en général de manière progressive.
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+ Le terme français « savane » est emprunté (1529) à l'espagnol « çavana », « zabana » ou « sabana », lui-même pris au taïno « zavana » ou « zabana »[2]. Il aurait été employé en premier lieu par Oviedo pour décrire les llanos vénézuéliens :
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+ « Les savanes sont les plaines de l'Amérique du Sud septentrionale et des Antilles couvertes d'herbes plus ou moins xérophiles et de buissons avec quelques arbres ou arbustes. »
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+ — Gonzalo Fernández de Oviedo, Historia General y natural de las Indias[3]
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+ L’appellation a par la suite été étendue à la végétation d'Afrique tropicale qui comporte de nombreuses similitudes avec celle de l'Amérique centrale. Un congrès de spécialistes en phytogéographie réuni à Yangambi en 1956 en a donné la définition la plus usitée aujourd'hui[4] :
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+ « Formation herbeuse comportant un tapis de grandes herbes graminéennes mesurant, en fin de saison de végétation, au moins 80 cm de hauteur, avec des feuilles planes disposées à la base ou sur les chaumes, des herbes et plantes herbacées de moindre taille. Ces herbes sont ordinairement brûlées chaque année ; sur ce tapis graminéen, se rencontrent en général arbres et arbustes, qui dessinent une savane boisée (arbres et arbustes formant un couvert clair laissant largement passer la lumière), une savane arborée (arbres et arbustes disséminés sur le tapis graminéen), une savane arbustive (arbustes uniquement, sur le tapis graminéen), une savane herbeuse (arbres et arbustes absents, uniquement tapis graminéen). »
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+ Elle varie en fonction des auteurs et des définitions retenues, mais elle prédomine surtout dans les zones soumises au climat tropical de savane, principalement en Afrique orientale, en Amérique du Sud et aux Caraïbes (les llanos du Venezuela et le cerrado du Brésil sont considérés comme des types locaux de savane), ainsi que dans le Nord de l'Australie.
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+ Le taux et la répartition des zones herbeuses et arborées est contrôlé par le climat et les microclimats, par les incendies plus ou moins réguliers, mais aussi par les dynamiques de populations d'herbivores, elles mêmes contrôlées par les grands prédateurs. Ces derniers, là où ils sont abondants « rendent les communautés d'arbres de la savane moins épineuse »[5].
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+ Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude de la science ou des sciences avec rigueur et des méthodes scientifiques[1].
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+ Bien que savant soit le terme pur, formé à partir de la racine savoir, il est plus ou moins tombé en désuétude et remplacé par scientifique ou chercheur.
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+ Il arrive que des personnes (ex. : charlatans) s'auto-qualifient de scientifiques, le scepticisme scientifique est une pratique qui remet en doute leurs allégations.
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+ Du siècle des Lumières à nos jours, le savant devient peu à peu scientifique, chercheur ou ingénieur : le mot « scientifique » évoque aujourd'hui surtout les sciences pures, voire les « sciences dures » mais les savants étaient autrefois aussi les lettrés. Ainsi, le Journal des savants[2] est en France le plus ancien journal littéraire d'Europe. Il fut créé en 1665 par Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris, sous Colbert et avec un patronage royal à partir de 1701. Les sociétés savantes étaient éclectiques. Il existe toujours des enseignants-chercheurs.
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+ La distinction entre science, science appliquée et technologie n'est pas toujours claire, mais on admet que les ingénieurs ont des buts plus pratiques alors que les scientifiques étudient plutôt des phénomènes fondamentaux. Tous deux procèdent à partir de problèmes ou hypothèses et cherchent des solutions. Les scientifiques accomplissent souvent des tâches technologiques en concevant l'équipement expérimental et les prototypes de construction et quelques ingénieurs font de la recherche scientifique de premier ordre. Les ingénieurs mécaniciens, électriciens, chimistes et en aérospatiale sont souvent au premier rang de l'étude de nouveaux phénomènes et matériaux. Peter Debye fut diplômé en électrotechnique et passa un doctorat de physique avant d'être lauréat du prix Nobel de chimie. L'ingénieur Claude Shannon fonda la théorie moderne de l'information.
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+ De l'Antiquité à nos jours, et surtout durant le XXe siècle, la part des scientifiques dans la population et leur nombre total a beaucoup augmenté (à titre d'exemple, selon la base de données Scopus d'Elsevier, ce seul éditeur a publié de 1996 à 2011 des articles scientifiques écrits (ou co-écrits) par 15 millions de scientifiques différents, de presque toutes les nationalités (mais surtout basés dans quelques pays riches et industrialisés).
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+ Les statistiques montrent aussi qu'à partir des années 1980, les équipes scientifiques tendent à devenir plus étoffées et (grâce à Internet notamment) les collaborations interrégionales et internationales ont un coût qui diminue et se font plus nombreuses[3].
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+ Les modes d'évaluation des chercheurs ont beaucoup évolué au XXe siècle, avec depuis les années 1990 une tendance au renforcement des exigences de rentabilité, de productivité et des financements par projet, qui a poussé de nombreuses universités à soutenir une démarche de partenariat avec le privé ou de dépôts de brevets (aux États-Unis, souvent déposés par des chercheurs ou équipes qui publient beaucoup[4]) ou de création de start-ups. Les scientifiques travaillant dans la recherche publique sont soumis à une forte pression de publication (traduite par une formule « Publier ou mourir »), mais il leur est souvent difficile de franchir le seuil des revues à comité de lecture (le 9 juillet 2014, John Ioannidis a montré dans la revue PLoS ONE, via un travail statistique[5], qu’il n’y a que moins de 1 % des scientifiques (soit 150 608 personnes) qui arrivent à gérer leur carrière en réussissant à publier au moins un article par an. Cependant, ces derniers dominent la sphère de l'information scientifique publiée (leur signature figurant sur 41 % de tous les documents publiés)[5]. Et dans les articles les plus cités, ce même groupe d'élite est retrouvé (co-auteurs de 87 % de ces articles)[5]. De plus, le rang des scientifiques ayant publié à plusieurs reprises plus d'un papier par an diminue de façon spectaculaire avec le nombre d’articles publiés par an (deux articles ou plus : 68 221 personnes ; trois ou plus : 37 953 personnes ; quatre ou plus : 23 342 personnes ; cinq ou plus : 15 464 personnes ; 10 ou plus : 3 269 personnes[5]. Une position dominante d'un scientifique dans un domaine donné peut l'amener à agir comme un mandarin ainsi que le présente Jean Labarre[6].
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+ L'avènement de l'Internet, des modes de travail collaboratif et ouvert, de revues « ouvertes » (par exemple : PLOS, qui publie ses articles sous licence CC-BY-SA) et récemment de mode d'enseignements plus ouverts (ex. : MOOCs) pourraient encore modifier la formation, la formation tout au long de la vie et le travail des scientifiques.
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+ « Scientifique », du latin scientificus, est un adjectif désignant ce qui est relatif à la science (parfois par opposition à littéraire). Par extension, est utilisé comme qualificatif synonyme de caractère propre à la science : rigueur, exigence, etc. (ex : Cette méthode est scientifique). L'usage de scientifique pour désigner une personne est donc un substantif[7].
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+ Des professions qualifiées de « scientifiques » :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
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+ Consultez la liste des tâches à accomplir en page de discussion.
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+ Le savoir est défini habituellement comme un ensemble de connaissances ou d'aptitudes reproductibles, acquises par l'étude ou l'expérience.
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+ En français, les termes de connaissances et de savoir sont employés alors que, par exemple, l'anglais utilise knowledge dans tous les cas. Ce décalage a une origine ancienne puisque le mot provient du latin sapere, verbe qui employé intransitivement indiquait une entité qui possédait une saveur. Il n'y avait donc alors pas de référence au moindre processus cognitif. Ce n'est qu'au Moyen Âge qu'émergea le sens actuel après avoir transité par une forme figurée désignant une personne en quelque sorte « informée ». À partir de cette époque, le fait de savoir fut considéré comme une attestation ou garantie de sagesse, association qu'on retrouve de nos jours sous la forme de la confusion traditionnelle entre le savoir et l'intelligence ; des oppositions telles que « tête bien pleine » et « tête bien faite » rappelant que les choses ne sont pas si simples.
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+ Tout comme savoir et connaître ne s'emploient pas dans les mêmes contextes, on distingue savoir et connaissance :
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+ Le savoir se distingue par divers traits d'un ensemble de connaissances en particulier par la dimension qualitative : l'acquisition d'un savoir véritable suppose un processus continu d'assimilation et d'organisation de connaissances par le sujet concerné, qui s'oppose à une simple accumulation et rétention hors de toute volonté d'application. Au niveau individuel le savoir intègre donc une valeur ajoutée en rapport avec l'expérience vécue et de multiples informations contextuelles. Chaque personne organise et élabore son savoir en fonction de ses intérêts et besoins ; la composante consciente et volontaire de cette élaboration s'appelle la métacognition. La plupart des « savoirs » individuels sont naturellement utiles à l'action, à sa performance, sa réussite : « Savoir, c'est pouvoir ! ». C'est aussi sur des mises en situation que reposent les meilleures évaluations du savoir alors que des tests basés sur la seule restitution d'informations ne garantissent pas sa qualité et par conséquent sa valeur. De même, le savoir se rend plus visible et pratique sous le nom de « savoir-faire ». Les savoirs les plus intellectuels reposent sur l'appropriation ou création de concepts, en parallèle avec le développement des « savoirs scientifiques » ou de la philosophie. La notion de "savoir-être", quant à elle, utilisée notamment dans le champ de la formation des adultes renvoie aux attitudes et comportements qu'un sujet met en œuvre pour s'adapter à un milieu.
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+ Si le savoir est à l'origine une composante personnelle et individuelle, le concept s'étend naturellement à toute entité capable d'une capitalisation analogue de son expérience :
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+ Chaque communauté repose sur un savoir partagé ; c'est une composante de son identité. Le poids et la reconnaissance de ce savoir et donc du savoir présentent des formes variables, mais le sort de la communauté est généralement lié à la conservation de ce patrimoine immatériel. Au sein des sociétés et cultures, l'éducation a pour mission d'aider à l'appropriation du savoir collectif élémentaire, on parle ainsi d'acquisition d'un socle commun, l'enseignement complétant l'acquisition de connaissances et savoir-faire disciplinaires, pendant que la formation professionnelle est chargée de la transmission des savoirs professionnels.
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+ Le savoir se présente donc généralement comme une valeur collective ; une ressource de nature immatérielle. De ce point de vue, laissant provisoirement de côté l'insaisissable dimension psychologique, cette valeur prend l'allure d'un bien et même d'un « bien économique ». On réifie donc cette réalité en la matérialisant dans le langage. On parle donc de :
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+ Selon les époques et les cultures, la conservation du savoir et la transmission des connaissances s'appuient sur la communication orale et l'expression écrite. Des « entrepôts du savoir » sont créés et entretenus comme mémoire collective : bibliothèque, centres de documentation, etc.
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+ Dans une certaine mesure, le savoir se transmet de manière informelle par la communication entre pairs ou interaction entre membres de statuts comparables. L'efficacité de la transmission étant pour une part fonction de la plasticité mentale de l'apprenant, elle-même fonction de son âge en particulier, la pédagogie étudie les conditions de ces transmissions entre novices et apprenants et leurs maîtres ou professeurs plus expérimentés ou plus savants. Selon Cristol (2018)[3], les moyens numériques favorisent l'accès à une masse de données, un enrichissement et une circulation accélérée d'informations. Le savoir peut désormais être distingué entre d'une part savoir-stock, il s'agit d'un savoir validé, cumulé dans la durée, dument validé qui creuse un sillon disciplinaire et d'autre part un savoir-flux, il s'agit d'un savoir qui organise des liens qui se modifie rapidement dont la validité est constamment revue grâce à une circulation et des corrections rapides.
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+ La gestion du savoir (GS) a pour objectif la valorisation du savoir au sein d'une entreprise ou d'une organisation pour de meilleures performances. Elle se compose de pratiques diverses soutenant la création de savoirs, l'organisation du savoir collectif et les capacités de son exploitation par les personnels. Ce secteur a commencé à émerger en fin des années 1980 quand la quantité d'informations disponibles s'est avérée excéder les capacités de leur intégration par les organismes.
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+ La gestion doit s'appuyer sur une « culture du savoir » partagée par la communauté et rester en phase avec cette dimension. « Rétention d'informations », « culte du secret », etc., sont des réflexes qui doivent parfois être modérés avant tout autre objectif. D'un certain point de vue, la GS est à la Connaissance, ce que l'Information est au système d'information de l'entreprise. Les facteurs humains, sociaux doivent toujours être pris en considération pour une bonne compréhension de la démarche et la reconnaissance de sa légitimité : c'est l'ensemble de la structure qui doit se penser comme « organisation apprenante ». Le savoir doit être perçu comme la possibilité de prestations ou de produits de qualité supérieure.
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+ La gestion du savoir s'attache d'abord à expliciter le « capital intellectuel » des employés en association avec la « mémoire » organisationnelle. Les investigations et initiatives nécessaires doivent valoriser simultanément la place du savoir de chacun au sein de l'activité. Cela comprend :
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+ À ce stade, les grandes lignes d'une « cartographie du savoir » peuvent déjà être déployées ; la confrontation de cette carte avec la structure et fonctionnement de l'organisation peut permettre de relever ses faiblesses du point de vue de la valorisation du savoir (gestion des ressources humaines).
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+ Alors, selon l'organisme concerné, une dynamique de création de savoirs doit être progressivement mise en place. Cette démarche pourra à un autre niveau accompagner ou soutenir toutes les modalités de changement de l'organisation (logique de projet, évolutions et mutations). Il s'agit donc de développer et consolider les formes de communication (échanges d'idées) et de créativité en les orientant vers la réalisation de ressources pérennes réutilisables.
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+ La gestion du savoir peut être ainsi conçue comme la zone commune à la veille informationnelle et à l'information et communication internes. La complexité de ces processus requiert des investissements dans les technologies de l'information. L'informatique est employée aux différents stades de la valorisation du savoir, en particulier dans la gestion et la communication de la documentation et autres mises en forme des connaissances.
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+ Une fois les savoirs inventoriés et préservés dans un processus d'accroissement continu, il faut garantir l'accès de tous à ces ressources, pour finalement vérifier et soutenir leur usage dans les pratiques effectives. Pour les grandes organisations au moins, le modèle global peut être une espèce de « marché du savoir » où l'offre et la demande devraient coïncider et satisfaire à tout moment les besoins des producteurs et des consommateurs. Cette adéquation ne doit pas être uniformisante et façonner un employé moyen, mais au contraire se préoccuper notamment de l'accessibilité d'un même savoir à des « clients » très divers.
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+ Comme il a été dit, les facteurs psychologiques, les composantes relationnelles, ne doivent jamais être sous-estimées à tous les stades de la valorisation du savoir, au risque de voir surgir des réactions et des désordres imprévus bien contraires à l'intention première. Il ne faut pas oublier que l'élaboration ou acquisition d'un savoir véritable demande du temps, de la disponibilité et donc avant toute chose une réelle motivation ; motivation qui peut se nourrir du gain d'autonomie qu'apporte à toute personne une meilleure gestion de son savoir propre. On n'oubliera pas non plus que l'organisation peut n'avoir aucun intérêt à maintenir certains savoirs. Comme tout acteur social, elle peut « ne rien vouloir savoir » de certains de ses propres défauts, ou de son propre passé. Elle peut vouloir ignorer qu'elle n'est pas seulement une machine à profit, mais aussi partie prenante d'une société
42
+ d'êtres humains qui ne sont ni des clients ni des employés, mais des concitoyens. Mais il est sans doute inhérent à toute institution humaine de ne bâtir ses propres savoirs qu'en en refusant d'autres.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le savon est un produit liquide ou solide composé de molécules amphiphiles obtenues par réaction chimique entre un corps gras et une base forte, spécifiquement l'hydroxyde de sodium pour le savon ou l'hydroxyde de potassium pour le savon noir, c'est donc le sel d'un corps gras[note 1] et du potassium ou du sodium[2]. Cette réaction est en général opérée à chaud ; elle est possible à froid avec certains ingrédients.
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+ Son caractère amphiphile lui donne des propriétés caractéristiques, notamment la capacité de ses composants moléculaires à se placer à l'interface entre la phase aqueuse (solvant hydrophile) et la phase lipidique (graisse hydrophobe), la formation de mousse et la stabilisation d'émulsions utiles pour le lavage[3].
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+ Ces sels sont aussi utilisés comme épaississants en entrant dans la composition de certains lubrifiants et de précurseurs de catalyseurs.
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+ Les savons commerciaux sont des mélanges de sels de sodium ou de potassium et d'acides gras. La longueur de la chaîne carbonée et surtout la présence d'insaturation, c'est-à-dire d'une double liaison induisant une conformation spatiale, une rigidité ou une mobilité spécifiques, affectent les propriétés.
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+ Les savons sont obtenus grâce à la réaction de saponification à partir du mélange de corps gras et d'une base forte. Le corps gras consiste en un triester de glycérol et d'acides gras, appelé couramment triglycérides d'acides gras. Les molécules des savons communs comportent une chaîne de huit à dix-neuf atomes de carbone, selon les corps gras utilisés, associée à une tête polaire.
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+ Les savons se présentent sous des formes variées, selon leur teneur en eau, le type et le pourcentage de corps gras utilisés ou même selon la présence d'autres impuretés. Pour les savons durs et lorsqu'ils sont secs, ils forment des solides cassants. Humides ou gorgés d'eau, ces solides encore fermes glissent sur les surfaces, deviennent mous, voire perdent toute tenue dimensionnelle en déliquescence finale. Ces observations communes attestent leur nature de colloïdes, ainsi que leurs autres formes de mousses, de gels, etc.
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+
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+ Les savons, précisément les sels d'acides gras[4], ne sont en réalité pas solubles dans l'eau et dans l'huile, mais amphiphiles, c'est-à-dire qu'ils se placent à l'interface des phases eau et huile non miscibles. En absence d'une des phases, ils forment des structures moléculaires singulières, appelées micelles dans l'eau et micelles inverses dans l'huile. Si la proportion des phases change jusqu'à une teneur volumique équivalente, s'organisent des structures de phases cristal liquide[5], appelées « états mésomorphes », caractérisées par une morphologie topologique en gouttelettes, puis en cylindres et enfin en planches parallèles. Au-delà de l'inversion de phase, on retrouve des organisations similaires.
18
+
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+ Dans un récipient ou bassin rempli d'eau savonneuse, les molécules de savon s'arrangent en couches monomoléculaires couvrant en premier lieu des surfaces considérables à l'interface eau/air, comme le prouvent les travaux des devanciers d'Irving Langmuir. L'air est analogue à une matière lipophile et permet la création de bulles et figures légères respectant le principe de moindre énergie de structures, à partir de très fins films liquides d'eau savonneuse.
20
+
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+ Piégées dans l'eau, elles forment des micelles qui peuvent solubiliser les graisses, c'est-à-dire stabiliser les gouttelettes d'huiles, enrober les matières grasses en formant des émulsions ou et des suspensions stables.
22
+
23
+ Le principe d'action des carboxylates (R-CO2–) d'alcalins (Na+, K+) à longue chaîne carbonée est dû à leur amphiphilie ; en effet, ils présentent :
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+
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+ Par la présence d'un nuage de solvatation ionique en double couche, au-dessus de la surface hydrophile, la micelle est stabilisée.
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+
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+ Les propriétés détergentes de l'eau savonneuse, agitée ou brassée, s'expliquent : les savons par leurs queues lipophiles se fixent à la salissure graisseuse ou à la tache d'huile, et l'extraient du tissu ou support en l'enveloppant dans des colloïdes ou gouttelettes sphériques qui se séparent et coalescent avec des myriades de micelles. Au cours de l'agitation, les gouttelettes ou les micelles peuvent éclater à l'instar de bulles de savon dans l'air, mais la séparation est éphémère. Elles reforment aussitôt des gouttelettes ou micelles dans ces phases liquides et condensées. On remarque que la présence de savon abaisse notablement la tension superficielle de l'eau et facilite le déplacement des molécules et corps dans la phase eau, donc le recouvrement par le savon des micelles éclatées. Le savon tensioactif accroît le pouvoir mouillant.
28
+
29
+ Mises en suspension et stabilisées dans l'eau malgré les chocs incessants, les gouttelettes huileuses et les poussières graisseuses qui ne peuvent plus s'agglutiner finissent par être entraînées par l'eau de rinçage. Le savon montre une autre facette de son pouvoir émulsifiant.
30
+
31
+ Ces extraordinaires propriétés de surface, la mouillabilité macroscopique du fait de l'abaissement de tension d'interface et surtout la stabilisation microscopique des poussières ou salissures grasses, facilement enlevées au cours du rinçage avec la phase aqueuse englobante et prépondérante, expliquent l'emploi de savons depuis l'Antiquité pour le lavage ou le nettoyage des surfaces.
32
+
33
+ Lors de la toilette, le savon dissout la graisse constituant le film hydrolipidique qui recouvre la peau. La graisse est entraînée dans l'eau avec les saletés qu'elle contient. L'inconvénient est que le film hydrolipidique sert à protéger la peau et à retenir son eau. Le savonnage — ou tout lavage à l'aide de produits comportant des tensioactifs, par exemple les gels pour la douche ou les lessives — fragilise donc la peau, jusqu'à ce que le film hydrolipidique se reconstitue, au bout de plusieurs heures.
34
+
35
+ Le savon est basique. Comme son pH est proche de 10 en solution très chaude et concentrée, lors de la toilette, il perturbe l'acidité de la peau, dont le pH est proche de 5. Le pH « naturel » de la surface de la peau de l'homme est en moyenne de 4,7. D'après une étude de Sara Lee Corporation, le simple usage d'eau du robinet augmenterait le pH de la peau humaine jusqu’à six heures après l'application de l'eau[6]. En Europe, le pH de l'eau du robinet est autour de 8,0. Une peau au pH en dessous de 5,0 serait en meilleure condition qu'une peau au pH au-dessus de 5,0[6]. L'utilisation de produits cosmétiques, spécialement les savons, aurait une influence profonde sur ce pH, le rendant plus basique[6].
36
+
37
+ Le point de fusion des savons, même lorsque le sel d'acide gras est unique et purifié, reste assez mal défini, variant entre 200 °C et 250 °C, par mesure sur un banc Kofler. Le liquide obtenu est transparent, non laiteux.
38
+
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+ À basses températures dans l'eau liquide, la dispersion du savon est difficile par agitation, sauf pour le laurate de sodium avec sa « petite » chaîne en C11. Plus la température est élevée, plus la dispersion est facile, donnant des eaux savonneuses claires et opalescentes. En milieu basique, pour un optimum de pH entre 10 et 12, est constatée une hydrolyse partielle en acides gras et en ions basiques libres. La dispersion est très faible dans le benzène, le toluène et la plupart des solvants organiques. La formation de micelles inverses est énergétiquement moins favorisée.
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+
41
+ Les autres sels de carboxylates d'acide gras, en particulier alcalino-terreux, calcium, strontium et baryum, les sels d'aluminium ou de métaux lourds, sont très difficilement solubles dans l'eau. Au contraire, ils sont plus solubles dans les graisses et les huiles minérales, à l'instar des sels d'acide carboxylique à très longues chaînes ou contenant des cycles, comme celui du naphtalène. Ils sont utilisés dans l'industrie des colorants, et stabilisent les structures moléculaires des laques.
42
+
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+ L'industrie des lubrifiants utilise, pour la fabrication des graisses, des carboxylates de lithium (Li+), de calcium (Ca2+), de magnésium (Mg2+) ou encore d'aluminium (Al3+). Les savons d'aluminium imperméabilisent les étoffes industrielles. Les médecins utilisaient les savons de plomb comme emplâtre simple.
44
+
45
+ Dans une eau dure, les molécules du savon réagissent avec les ions calcium et forment des dépôts de sels de calcium. Comme le savon est piégé, il faut une plus grande quantité de savon pour nettoyer à efficacité égale. Pour éviter ces inconvénients, on ajoute aujourd'hui aux savons des agents anticalcaires comme le très commun complexant EDTA.
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+
47
+ Une eau dure, c'est-à-dire riche en cations calcium ou magnésium, a pour effet de faire disparaître le savon, c'est-à-dire de substituer les carboxylates de sodium ou potassium en carboxylates de calcium ou magnésium insolubles dans l'eau, formant la « crasse de savon ». Les détergents synthétiques sont conçus pour être moins sensibles à la dureté de l'eau.
48
+
49
+ Les organismes vivants, comme les plantes à racines, utilisent des analogues de savons pour contrôler ou entraver la migration des ions métalliques, comme la saponine. S'ils sont indésirables, les ions ne sont pas seulement précipités ou complexés, c'est la source métallique proche qui est souvent revêtue d'une couche protectrice. Ainsi, les objets en cuivre sont préservés dans la terre humide entre les racines d'un arbre.
50
+
51
+ La plus ancienne évocation de la réaction de saponification remonte au début du IIIe millénaire av. J.-C. dans les royaumes de Babylone et de Sumer[7]. À partir de 1877, Ernest de Sarzec, vice-consul de France à Bassorah en Irak, dirige des fouilles archéologiques sur le site de Telloh. Elles conduiront notamment à la mise au jour de cylindres d'argile, les cylindres de Gudea. Certains sont emplis d'une substance savonneuse. Le flanc de l'un d'eux, le « cylindre B », porte des inscriptions cunéiformes. Traduites par l'assyriologue François Thureau-Dangin en 1905, elles révèlent les détails d'un rituel annuel d'une durée de sept jours, mais surtout que les Sumériens maîtrisaient la saponification et composaient une préparation à base de graisse et des cendres bouillies, dont l'effet est proche du savon que nous connaissons :
52
+
53
+ « Ainsi, il me purifie avec l'eau, ainsi, il nettoie avec la potasse, ainsi se fait le mélange de l'huile pure et de la potasse… »
54
+
55
+ Une inscription retrouvée dans une excavation de Babylone décrit une recette où étaient bouillies des graisses animales mélangées à de la cendre[8]. Plus tard, le professeur Martin Levey du Temple (1913-1970) de l'université de Philadelphie, met au jour au même endroit d'autres tablettes d'argile datées de 2 500 ans av. J.-C. Elles indiquent que les Sumériens utilisaient la saponification pour débarrasser la laine du suint. La recette donne le détail des proportions en graisses et cendres. Une autre tablette datée de 2 200 ans av. J.-C. décrit quant à elle des savons dans lesquels sont inclus divers éléments médicinaux pour un usage thérapeutique[9].
56
+
57
+ Les Égyptiens, en guise d'hygiène corporelle quotidienne, se frottaient avec du natron, du carbonate de soude naturel extrait des lacs salés après évaporation, hydraté[10]. Le papyrus Ebers (Égypte, 1550 av. J.-C.) indique dans sa partie finale[11] que les Égyptiens utilisaient une substance semblable à du savon à des fins pharmaceutiques. Cette substance était obtenue par un mélange de graisses animales (oie) ou végétale avec du sulfate de plomb (extraits de galène) ou de carbonate de sodium (extrait des bords du Nil). La pâte nommée Trona[9], probablement toxique lorsqu'elle emploie du sulfate de plomb, était mise à reposer une journée avant son application sur les yeux. Des documents égyptiens mentionnent également qu'une substance similaire a été utilisée dans la préparation de la laine pour le tissage.[réf. nécessaire]
58
+
59
+ Un millénaire avant notre ère, les Phéniciens exportent le savon.[réf. nécessaire].
60
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61
+ Le Talmud mentionne le tsapon utilisé pour nettoyer la laine[12].
62
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63
+ Les Germains et les Celtes utilisaient de la graisse de chèvre et des cendres de bouleau pour fabriquer leur savon[13].
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65
+ Le savon est, selon Pline[14], une invention gauloise[15], il décrit savons durs et savons mous. Le mot latin sapo a donné le français savon et les mots de même sens dans les autres langues romanes. Il s’agit d’un emprunt au proto-germanique *saip(ij)ǭ qui a donné l'allemand Seife et les mots de même sens dans les autres langues germaniques. Le proto-slave mydlo a donné le russe мыло et les mots de même sens dans les autres langues slaves.
66
+
67
+ Substance lavante et nettoyante connue en Europe occidentale depuis l'époque gauloise, il est fabriqué en quantité à partir de cendres alcalines ou potassiques (cendres de hêtre, de l'herbe à savon), de suif, de saindoux de sanglier (typique du « savon gallique ») ou d'huiles excédentaires non comestibles[16]. Il sert surtout, appliqué comme onguent sur les chevelures d'après la littérature latine, de shampooing ou de gel colorant à l'usage les longs cheveux en « rouge » (en fait chevelure blonde tirant vers le roux)[17]. À côté de la toilette des mains et du visage, il faut retenir l'emploi de substances de toilette complexes à base de suc de plantes, de savons mêlés de substances adoucissantes ou grasses, telles le beurre ou la glycérine, mélange de moins en moins agressif ou de plus en plus protecteur appliqué de la pointe à la racine des cheveux.[réf. nécessaire]
68
+
69
+ L'odeur d'eau savonnée et d'acide butyrique, lorsque le beurre a ranci, était barbare aux nez romanisés du Haut-Empire et même du Bas-Empire.[réf. nécessaire] Grecs et Romains se débarrassent des poussières du stade ou des taches en raclant un strigile sur leur corps huilé, avant la régénération par les massages et l'eau des thermes, aux bains successifs chaud, tiède et froid.
70
+
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+ Gallipoli, ville portuaire sur la mer Ionienne dans le sud de l'Italie, a probablement été l'origine du savon de Marseille[note 2]. Grâce à ses nombreuses oliveraies et à ses multiples pressoirs souterrains (frantoi ipogei), le Salento commercialise dans toute l'Europe une huile d'excellente qualité, destinée principalement à l'éclairage des villes et des fabriques textiles, mais aussi à un usage alimentaire. L'idée d'ajouter de la soude aux restes des olives qui venaient d'être pressées une première fois permit aux habitants de Gallipoli de fabriquer des savons blancs et de diversifier durablement leurs activités.[réf. nécessaire]
72
+
73
+ Le mot savon paraît avoir pour étymologie le mot latin sébum, suif, en grec, sapon. Les Celtes le désignaient sous le mot saboun, qui est resté dans la langue provençale[18].
74
+
75
+ Au IXe siècle de notre ère, Marseille saponifie déjà son huile d'olive et produit de façon saisonnière son savon. Au XVe siècle, la région phocéenne semble un centre de production limité à la ressource locale. La soude marine qui désigne un carbonate de sodium impur provient des cendres obtenues par la combustion de plantes comme la salicorne (les cendres contiennent divers carbonates de sodium, calcium et potassium dans diverses proportions selon l'espèce).
76
+
77
+ La première grande fabrique française de savons fut fondée à Toulon vers 1430 ; un certain Palmier, industriel de Grasse, étant appelé par les syndics de l'époque à installer sa manufacture au nord de la place du Portalet (aujourd'hui la place Gambetta). La communauté toulonnaise s'engagea même pour mieux l'appâter à lui verser huit florins par an et à lui payer son loyer[19].
78
+
79
+ De huit savonneries en 1600, le nombre passa à vingt en 1650. Le commerce du savon à Toulon fut si prospère que les archives ont enregistré jusqu'à plus de soixante mille quintaux de savons produits et exportés par an. Mais Colbert proclama la franchise du port de Marseille en 1669, taxant par ailleurs toutes les marchandises qui entraient ou sortaient du port de Toulon, donnant l'avantage économique aux Marseillais et signant la perte du monopole de la fabrication du savon par Toulon et la disparition une à une de ses savonneries[19].
80
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+ Après 1750, la fabrication de savon à Marseille devient industrielle, tant par les volumes que par les procédés normalisés. En 1791, le procédé proposé à l'Académie des Sciences par Nicolas Leblanc permet d'obtenir de la soude à partir du sel d'eau de mer, de chaux et de charbon.
82
+
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+ En 1823, le chimiste français Eugène Chevreul explique la réaction de saponification. Ses expériences menées dès la Restauration lui ont permis de démontrer la structure générique des corps gras, combinaison chimique entre le glycérol, déjà reconnu par Scheele, et trois acides gras. Il est le premier à découvrir et affirmer que les savons sont des sels métalliques d'acides gras, et non pas des acides gras comme le croient alors les chimistes. Au XIXe siècle, des huiles de coprah et de palme importées à moindre coût d'outre-mer servent à la fabrication des savons. Le procédé d'Ernest Solvay réalise la synthèse industrielle du carbonate de sodium dès 1865, qui évince rapidement l'ancien procédé Leblanc, trop onéreux. Le savon devient un produit de consommation courante, apparaît dans les maisons bourgeoises et complète la panoplie des femmes de ménage, s'activant en semaine dans les nombreux et récents lavoirs communaux. Sans rival avant 1907, il sert au blanchissage du linge, au dégraissage de draps et des laines. Jules Ronchetti invente en 1906 la poudre de savon à laver, commercialisée sous le nom de marque Persil. La société allemande Henkel lance un produit similaire l'année suivante.
84
+
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+ Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, une rumeur prétendait que les Nazis fabriquaient industriellement du savon à partir de graisse humaine provenant des camps de concentration. Le tribunal de Nuremberg a permis d'éclaircir cette légende qui reste tenace : il y eut seulement des tentatives pour fabriquer du savon de manière industrielle (notamment à l'institut anatomique de Danzig en 1944 où l'on a utilisé des corps humains venant du camp du Stutthof) et des cendres de victimes furent l'objet de diverses expérimentations, mais rien n'a corroboré la thèse d'une production massive de savon par un tel procédé[20].
86
+
87
+ Le United States Holocaust Memorial Museum conserve un ensemble de savons mis à disposition des prisonniers des camps de concentration dont les photos sont disponibles sur son site internet[21]. Il conserve aussi des savons utilisés par les Nazis durant cette même période dont les photos sont également disponibles sur le site du musée[22].
88
+
89
+ Début XXe siècle, l'hydrogénation des corps gras accroît le nombre et la variété des savons. Entre 1920 et 1930, alors que Marseille reste le principal centre de fabrication du savon en France, la concurrence survient avec les détergents synthétiques ou agents tensioactifs. Ces agents lavants sont utilisés encore aujourd'hui dans les shampooings, les gels douches et les « savons sans savon ».
90
+
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+ Le mont Sapo est une montagne fictive qui aurait existé selon la légende quelque part près de Rome.
92
+
93
+ Selon la légende, les anciens Romains célébraient des holocaustes animaux sur ses pentes. Les cendres de bois des feux de leurs autels se mêlaient à la graisse des animaux sacrifiés, formant une sorte de savon primitif. Ce liquide savonneux aurait coulé vers les bords argileux d'un cours d'eau voisin, où les habitants auraient constaté qu'à cet endroit, le linge se pouvait être nettoyé particulièrement facilement et efficacement. C'est pourquoi le savon tirerait son nom latin, sapo, du nom de la montagne.
94
+
95
+ Cependant, aucun texte n'indique l’existence d'un tel relief et les noms géographiques actuels des environs n'indiquent aucun lien. Cette histoire apparaît dans un certain nombre de sources récentes, notamment en ligne, notamment le site Web de l'Association Soap and Detergent ou l'American Cleaning Institute[23], ou encore dans le livre Perfumes, Cosmetics and Soaps de W. A. Poucher, paru en 1975[8]. Ce récit procéderait donc de la réécriture fantaisiste en anglais de l'histoire du savon en lui inventant une origine quasi mythologique.
96
+
97
+ Le choix du type de savon à fabriquer dépend des besoins, de la disponibilité des ingrédients, mais aussi des utilisateurs du savon[24]. Les corps gras ou triesters du glycérol employés se caractérisent en général par des chaînes aliphatiques de huit à dix-neuf atomes de carbone, après hydrogénation.
98
+
99
+ Le tableau suivant liste les matières grasses qui sont le plus souvent utilisées lors de la fabrication des savons :
100
+
101
+ Molécules de savon selon l'acide gras
102
+
103
+ *Si le savon est un savon liquide fabriqué à base de potasse, il faut remplacer « sodium » par « potassium » dans les noms INCI.
104
+
105
+ Pour la fabrication artisanale de savon, il existe des « calculateurs » en ligne permettant de doser les différents ingrédients du savon[25].
106
+
107
+ Le savon traditionnel ou industriel en cuve des maîtres savonniers est le produit d’une réaction chimique nommée saponification des corps gras. Cette transformation lente est une des plus anciennes réactions chimiques connues et maîtrisées par l'humanité. Il s'agit d'une simple hydrolyse en milieu basique au cours de laquelle un mélange de corps gras — graisses animales ou huiles végétales — est hydrolysé par une base forte, soit la potasse ou hydroxyde de potassium KOH soit la soude ou hydroxyde de sodium NaOH, à une température comprise entre 80 °C et 100 °C.
108
+
109
+ L’hydrolyse des corps gras produit du glycérol et surtout un mélange de carboxylates de sodium ou de potassium qui constituent les molécules du savon. Les savons fabriqués à partir de soude sont durs. Les savons fabriqués à partir de potasse sont mous ou liquides.
110
+
111
+ Fabrications et procédés industriels ont varié depuis les premières mises au point vers 1750. La fabrication en cuve est autrefois caractérisée par l'empâtage, le relargage, l'épinage, le lavage et séchage. Voici les étapes-types de la Belle Époque :
112
+
113
+ Les deux étapes médianes ont parfois disparu au cours des années 1920 pour favoriser une épuration rapide et permettre une coulée à l'état liquide dans des bassins peu profonds, appelés mises où le savon se solidifie avant d'être débité en bandes, puis après séchage, marqué et débité en cubes.
114
+
115
+ Le nettoyage des matières grasses est souvent suivi au milieu du XXe siècle d'hygrogénation des acides gras polyinsaturés, afin d'augmenter la compacité du savon produit. La saponification est conduite à haute pression et à 130 °C, par introduction d'une lessive de soude à 7 % dans le corps gras fondu en présence de solution-mère de savon. Le savon formé est séparé avec une solution saline, qui emmène le glycérol et sur laquelle il surnage.
116
+
117
+ Depuis les années 1970, l'hydrolyse des graisses par de l'eau sous pression et à haute température, en présence de savon de zinc faisant office de catalyseur, donne en continu acide gras et glycérol, immédiatement séparés par distillation. L'acide gras est neutralisé par la soude et donne le savon.
118
+
119
+ L'acide gras, produit intermédiaire, est la base d'une chimie, bien plus diversifiée que dans les anciennes savonneries. Il peut être converti en sels d'ammonium quaternaire, savons cationiques utilisés comme liquides antiseptiques. Ainsi, le chlorure de N,N,N-triméthyloctadécylammonium.
120
+
121
+ Depuis 1950[réf. nécessaire], les savons tendent à être distingués des autres molécules détergentes. Toutefois, le langage familier des laboratoires et usines assimile par commodité savon (soap), détergent (detergent) ou tensioactif (surfactant). Ces derniers produits souvent pétrochimiques diffèrent plus par leurs compositions, conformations caractéristiques et propriétés d'usage que par les mécanismes évoqués ci-dessous.
122
+
123
+ Les matières premières pour fabriquer du savon sont les matières grasses et la soude, éventuellement la potasse. Un savon bien fini ne contient ni soude ni huile. Les savons sont principalement composés de différents carboxylates de sodium, molécules de savon. Ils contiennent aussi de l'eau et des additifs variés.
124
+
125
+ La glycérine ou glycérol est un sous-produit de la saponification que l'on peut éliminer. Mais elle est laissée ou rajoutée parfois au savon car elle apporte des propriétés hydratantes.
126
+
127
+ À la recette de base, on peut ajouter différents additifs selon l'effet recherché :
128
+
129
+ Sous sa forme la plus simple, le savon est un produit détergent totalement biodégradable. Les additifs peuvent être polluants pour l'environnement.
130
+
131
+ Les multiples débouchés commerciaux des savons, que représentent l'usage souvent quotidien ou hebdomadaire du shampooing, de la mousse à raser, de la toilette corporelle à la lessive, de la vaisselle à l'entretien des sols et des sanitaires… jusqu'à la lutte contre les pucerons, sont la cible de produits « modernes » spécialisés. Peut-être par leurs grandes variétés et en conséquence de notre méconnaissance toxicologique et écologique, ces produits sont discutables. L'impact écologique à long terme est accru par les productions gigantesques, les emballages et la pollution des eaux usées. Leur innocuité n'est pas nulle : risques de sensibilisation à de multiples allergies ou allergies dues à la multitude de composants nouveaux[note 3]. Leur efficacité peut être mise en doute. Ainsi, pour la toilette corporelle, les produits « sans savon » se sont installés sur la croyance en l'effet déshydratant du savon alors que des savons, par exemple à la glycérine, respectent particulièrement bien l'épiderme.
132
+
133
+ Il est remarquable que dans ces produits standardisés et inévitables par le commerce de masse, le savon soit remplacé par le laureth sulfate de sodium nommé sodium laureth sulfate dans les compositions.
134
+
135
+ Le savon commercial se présente sous forme de bloc (pain, cube, formes ovalisées, etc.), de poudre, de paillettes fines (lessives), de mousses, de gels (gel douche) ou de solutions, comme le savon liquide.
136
+
137
+ L'art savonnier distingue, plus ou moins indifféremment :
138
+
139
+ La pratique que des puristes peuvent stigmatiser en abus de langage dénomme pourtant d'autres savons depuis des temps fort anciens ou récents, recourant à l'analogie d'emploi, de fonction ou d'action sur la matière et les surfaces :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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7
+ Le saxophone est un instrument de musique à vent appartenant à la famille des bois. Il a été inventé par le Belge Adolphe Sax et breveté à Paris le 21 mars 1846.
8
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9
+ Il ne doit pas être confondu avec le saxhorn, de la famille des cuivres, mis au point, lui aussi, par Adolphe Sax. Le saxophone est généralement en laiton, bien qu'il en existe certains en cuivre, en argent, en plastique ou plaqués en or[1].
10
+
11
+ Le corps du saxophone est composé de trois parties trouées ou collées réalisées en laiton : le corps conique, le pavillon et la culasse reliant les deux. Les clés (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille et le modèle) commandent l'ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps (ou cheminées). L'extrémité haute du corps est prolongée horizontalement par le bocal (démontable) qui porte le bec (en ébonite, en métal, en bois, ou encore depuis peu en plastique ABS par impression 3D), équipé d'une anche simple attachée avec une ligature. Il existe différentes sortes de becs permettant d'obtenir le son souhaité en modifiant l'ouverture et la forme du bec (bec classique, bec jazz...), ainsi que différentes sortes de ligatures (métal, cuir, cuir avec lamelle d'or, d'argent, etc.).
12
+
13
+ Le son du saxophone est produit à l'aide du bec et de l'anche (en général en roseau, mais peut être aussi en matière synthétique). C'est la vibration de l'anche sur la facette du bec qui permet l'émission du son par mise en vibration de la colonne d'air contenue dans le corps de l'instrument.
14
+
15
+ Bien que métallique, le saxophone appartient à la famille des bois de par son mode de production des notes, par la vibration d'une anche en bois contre le bec. Il est cependant parfois considéré (à tort) comme faisant partie de la section cuivres dans les musiques populaires (telles que le rock, la pop, le rhythm and blues, le funk ou la musique soul) où il est associé aux trompettes et aux trombones (instruments à embouchure).
16
+
17
+ De plus, comme il tend à se rapprocher de la sonorité des cordes (ceci est stipulé dans le brevet d'invention du saxophone), on peut de façon anecdotique en faire un « chaînon manquant » unissant cordes, bois, cuivres et percussions (grâce aux sons slappés).
18
+
19
+ Le saxophone s'accorde avec les autres instruments en faisant légèrement varier l'enfoncement du bec (modulable grâce au liège entourant l'extrémité du bocal). Quand le son est trop bas, on enfonce le bec, quand il est trop haut, on tire le bec. Il présente quelques ressemblances avec la clarinette (notamment le soprano), dont il diffère cependant par sa perce conique au lieu d'être cylindrique. C'est d'ailleurs cette dernière particularité qui lui permet d'être un instrument octaviant (alors que la clarinette quintoie) : le but même d’Adolphe Sax lorsqu'il imagina son nouvel instrument.
20
+
21
+ Les saxophones conçus par Adolphe Sax comprenaient 14 tailles, dont 7 sont utilisés aujourd'hui :
22
+
23
+ On trouve parfois quelques reliques des séries en ut et fa voulues au départ par Adolphe Sax en plus des séries en si
24
+
25
+
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+
27
+
28
+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ et mi
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+
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+
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+
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+
37
+
38
+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
41
+  :
42
+
43
+ Benedikt Eppelsheim (en) a été très actif ces dernières années et a produit plusieurs instruments qui ont apporté beaucoup aux saxophonistes, en particulier ceux qui s'intéressent aux registres extrêmes. Dernier né de la famille des saxophones conçu par Eppelsheim :
44
+
45
+ Vers la fin des années 1980, la firme Akai conçoit un instrument ressemblant à un saxophone, mais équipé d'un contrôleur à vent MIDI, ce qui en fait un instrument électrique. Plus tard il sera appelé l'EWI (Electronic Wind Instrument).
46
+
47
+ Les plus utilisés sont le soprano, l'alto, le ténor et le baryton. Ils composent le quatuor de saxophones. Dans les quatuors de saxophones, le soprano est parfois remplacé par un second alto.
48
+
49
+ La plupart des saxophones actuels sont des instruments dits transpositeurs, c'est-à-dire que la note figurant sur la partition ne correspond pas à celle jouée par l'instrument. Ainsi par exemple lorsqu'un saxophoniste alto fait un doigté de do, l'instrument produit un mi
50
+
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+
52
+
53
+
54
+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
57
+
58
+ . Il y a ainsi un décalage d'une sixte majeure vers le bas.Donc pour transposer une partition en ut pour un saxophone alto en mi
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
66
+
67
+ , il faut y ajouter 3# à l'armure et descendre les notes de 2 lignes. Pour les saxophones sopranino (resp. soprano, ténor, basse), le décalage est d'une seconde majeure vers le haut (resp. d'une neuvième majeure, treizième majeure, seizième majeure vers le bas). La transposition permet d'éviter de recourir trop souvent aux lignes supplémentaires dans l'écriture des partitions et rend identiques les doigtés. L'usage d'autres clefs de lecture (clef de fa3 ou d'ut4) sert également cet objectif.
68
+
69
+ Sax avait conçu deux séries de saxophones : une première dont les instruments étaient accordés en ut ou en fa, était destinée aux orchestres symphoniques, la deuxième série (celle que nous connaissons aujourd'hui) était accordée en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et mi
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et devait servir pour les fanfares militaires. Cependant, les musiciens d'orchestre ayant boudé les instruments de Sax, alors qu'ils trouvaient de nombreux débouchés dans les musiques militaires nouvellement réformées, les instruments en ut ou en fa tombèrent peu à peu en désuétude : ils ne sont plus fabriqués après 1930 par les principaux facteurs de saxophones.
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+ Le saxophone comporte trois registres : grave, medium et aigu, sur une tessiture de deux octaves et une quinte. Dans de nombreuses musiques contemporaines et actuelles, on utilise aussi le suraigu dont les notes sont obtenues à partir de doigtés spéciaux permettant de faire sonner une harmonique particulière.
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+ De par son invention tardive, et même si des compositeurs comme Bizet ou Ravel ont reconnu ses mérites et l’ont parfois utilisé, le saxophone occupe une place assez marginale dans la musique classique et se trouve rarement représenté dans les orchestres symphoniques. Cependant, il reste incontestablement un instrument majeur du jazz, et la musique contemporaine en a fait l'un de ses instruments fétiches depuis les années 1980, en soliste comme en petits ensembles.
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+ Le Belge Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax (1814-1894), a cherché inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en a amélioré la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il a déposé 33 brevets). Il s'est inspiré de la clarinette pour le bec et du corps large pour l'anche.
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+ Le tout premier saxophone construit par Sax, à Paris (rue Myrha dans le 18e arrondissement), en 1842, était un saxophone baryton en fa. Ce tout premier saxophone présentait toutes les caractéristiques du saxophone actuel : tube métallique à perce conique, bec à anche simple et système de clés Boehm, mais il avait encore la forme générale d'un ophicléide.
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+ En 1844, le saxophone est exposé pour la première fois à l'Exposition Industrielle de Paris. Le 3 février de cette même année, Berlioz, un grand ami de Sax, dirige lors d'un concert son choral « Chant sacré » qui inclut le saxophone. En décembre, le saxophone fait ses débuts d'orchestre au Conservatoire de Paris dans l'opéra de Jean-Georges Kastner, Le Dernier Roi de Juda.
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+ Le 21 mars 1846, Sax dépose le brevet numéro 3226[2] pour « un système d'instruments à vent dits saxophones » qui comporte huit instruments. La réorganisation complète des musiques régimentaires et l'adoption par l'armée française, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns, saxophones, saxotrombas) ont placé Sax en position de monopole de fourniture de ces instruments.
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+ Le brevet d'invention de Sax expire en 1866. La compagnie Millereau fait alors breveter le Saxophone-Millereau, qui possède une clé de fa
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+ {\displaystyle \sharp }
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+ bifurquée. En 1881, Sax étend son brevet d'invention original : il allonge le pavillon pour inclure un si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et un la grave, et étend également vers le haut en ajoutant fa
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+ {\displaystyle \sharp }
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+ et sol à l'aide d'une quatrième clé d'octave.
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+ Entre 1886 et 1887, l'Association des Ouvriers invente la clé de trille pour le do main droite, le système de demi-trou pour les premiers doigts de la main, l'anneau de réglage d'accord et la double clé. Elle améliore également le sol articulé pour que la clé de sol puisse être maintenue tandis que n'importe quel doigt de la main droite est employé, améliore le fa
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+ {\displaystyle \sharp }
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+ bifurqué et ajoute un si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ grave. Lecomte inventera en 1888 la clé d'octave simple ainsi que des rouleaux pour le passage mi
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+ {\displaystyle \flat }
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+ -ut grave.
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+ À partir de la fin du XIXe, et surtout au début du XXe siècle, se développe l'industrie américaine du saxophone. Quatre marques sont célèbres : Buescher (le premier), King, Conn et Martin. Les saxophones King ont été les principaux challengers de Selmer et le Super 20 est resté en tant que saxophone alto la référence (Charlie Parker, Cannonball Adderley...). Les premiers King sont en fait fabriqués en Allemagne par Köhlert[3]. C'est aussi chez Köhlert que Julius Keilwerth fait son apprentissage (ainsi que chez Amati). Les Köhlert, aujourd'hui oubliés, ont donc contribué à donner la trame des saxophones au son plus gras que l'on trouve chez King (États-Unis) ou Keilwerth (Allemagne), distinct du son clair des Selmer, Yamaha ou Yanagisawa. Conn a été dominant jusqu'à la seconde guerre mondiale (voir les premiers albums de Dexter Gordon par exemple) mais la réquisition des usines dans le cadre de l'effort de guerre a porté un coup fatal. Martin est la moins connue des quatre mais a produit des saxophones remarquables (Martin est plus connu des trompettistes : Miles Davis). Ces grandes marques vont progressivement être battues par Selmer avec le Mark VI et disparaître. Quelques modèles sont aujourd'hui très prisés : Conn 10M (ou 30M) ; King Super 20 full pearl (bocal en argent, nacres latérales) ; The Martin comittee.
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+ La société Adolphe Sax & Cie a été rachetée par la société H. Selmer & Cie en 1928 (le premier saxophone Selmer modèle 22 est né en 1921). Depuis lors, l'entreprise Selmer a participé à l'amélioration de la fabrication des saxophones, ce qui lui a valu de conquérir le marché américain et de s'imposer en Europe. Les autres anciens facteurs de saxophones (Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot, Couesnon) présents à la fin du XIXe siècle, ont été progressivement supplantés par des marques internationales : Köhlert puis Keilwerth, Adler, Huller (Allemagne), Yamaha et Yanagisawa (Japon).
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+ Après son invention qui date du début des années 1840, le saxophone est très vite apparu dans l'orchestre et surtout dans les partitions d'opéra, ce qui pourrait être expliqué par le poste de Directeur de la musique de scène tenu par Adolphe Sax lui-même (une sorte de musique militaire utilisée dans les grandes scènes) à l'Opéra de Paris.
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+ Après le Chant sacré de Berlioz et l'oratorio Le Dernier Roi de Juda de Kastner, œuvres exécutées pour la première fois en 1844 et 1845, Halévy inclut le saxophone dans son opéra Le Juif errant (composé en 1852), Giacomo Meyerbeer dans « L'Africaine » créé en 1865, Ambroise Thomas dans « Hamlet » (1868) puis dans « Françoise de Rimini » (1882), Bizet dans son « Arlésienne » (1873), Delibes dans « Sylvia » (1876), Massenet dans « Le Roi de Lahore » (1877), « Hérodiade » (1881) et « Werther » (1886), Saint-Saëns dans « Henri VIII » (1883), d'Indy dans « Fervaal » (1895), etc.
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+ Mais la cabale dressée contre Sax est trop forte, et l'instrument, à de rares exceptions près[4], a du mal à percer au sein des orchestres réputés. De fait, le seul domaine où Sax parvint à imposer ses nouveaux instruments fut celui des musiques militaires, en pleine réforme sous l'impulsion de l'ancien Aide de camp du roi Louis-Philippe, Marie-Théodore de Rumigny, qui admirait le travail de Sax. Mais au gré des nombreux bouleversements politiques de l'époque, et des grâces ou disgrâces dont bénéficiait l'inventeur, les saxophones furent tour à tour imposés, interdits ou tolérés au sein de ces musiques (d'où les périodes de faste et les faillites connues par la société Sax).
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+ La période la plus favorable fut sans conteste celle entre 1857 et 1870, où Sax est nommé professeur au Collège Militaire rattaché au Conservatoire de Paris. Il y formera des dizaines d'instrumentistes de talent, qui essaimeront au sein des diverses musiques de l'armée. Et il fera écrire par ses amis et collègues différentes pièces de concours, ensembles de saxophones qui feront les joies des mélomanes parisiens pendant plusieurs années. Il publia lui-même ces pièces signées Jean-Baptiste Singelée, Jean-Baptiste Arban, Jules Demersseman, Jean-Baptiste-Victor Mohr ou Jérôme Savari. Mais cette exclusive militaire de l'utilisation de l'instrument n'eut pas que des effets bénéfiques en termes d'image. De nos jours, on peut faire remonter les idées reçues contre le saxophone aux musiciens classiques de cette période.
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+ Le coup de grâce fut le déclenchement de la guerre de 1870, qui vit le Collège Militaire se vider de ses élèves, rappelés sous les drapeaux par leurs régiments respectifs. Celui-ci fut ensuite fermé définitivement et tous les efforts de Sax furent inutiles : le saxophone dut attendre l'ouverture d'une classe pour Marcel Mule en 1942 pour connaître à nouveau la reconnaissance des milieux officiels français. S'ensuivit une période de déclin qui aurait pu être fatale si le relais n'avait pas été pris en Amérique du Nord par Elise Hall, qui développa le premier répertoire soliste pour saxophone, puis par les musiciens de jazz qui apprivoisèrent peu à peu le nouvel instrument jusqu'à ce qu'il devienne l'icône emblématique de leur musique que nous connaissons de nos jours.
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+ En 1906, le quartet de Tom Brown faisait ses premiers pas avec le cirque des « Frères Ringling » aux États-Unis. À l'origine, les musiciens étaient multi-instrumentistes dans le style des spectacles « Minstrels » très populaires outre-Atlantique, mais en 1914, l'ensemble devient le « Brown Brothers Saxophone Sextet ». Avec un répertoire allant de Verdi (sextuor de « Rigoletto ») jusqu'aux premières esquisse du "jazz" (« That Moanin' Saxophone Rag », « Smiles and Chuckles »), ils ont eu un énorme succès populaire avec des disques, des tournées de music-hall et même des comédies musicales montées pour eux[5].
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+ En 1917, Rudy Wiedoeft et son « Frisco Jass Band » eut également beaucoup de succès grâce à sa participation à la comédie-musicale « Canary Cottage » où, malgré la présence de vedettes comme Eddie Cantor, le saxophoniste fut clairement l'attraction de la soirée. Après ce succès, les enregistrements de Wiedoeft rencontrèrent un très large public.
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+ Le public américain, très friand de ce nouvel instrument relativement facile à apprendre, lance la mode du saxophone avec des revues telles que « Sax-o-Trix » et « The Saxophone Revue ». Il impose la présence des saxophones dans les orchestres de variétés, un avis qui n'était pas partagé par les tenants du style Nouvelle-Orléans, mais qui est vite devenu de rigueur à cause de la demande populaire. Durant cette période, il y a même des orchestres entièrement composés de saxophones qui font office de fanfares lors des manifestations populaires dans les villes américaines.
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+ Bien que le seul instrument véritablement créé d'abord pour le blues puis pour le jazz soit la batterie, le saxophone est pour le grand public, l’instrument emblématique de cette musique. Cantonné à ses débuts à un répertoire « pompier » ou militaire, le saxophone aurait pu voir sa carrière instrumentale rapidement stoppée.
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+ Pour gagner ses lettres de noblesse et l'aura populaire qu'on lui connaît, l’instrument a dû traverser l’Atlantique pour être adopté par cette nouvelle musique qui se formait alors dans la communauté afro-américaine : le jazz. D’abord utilisé de manière rudimentaire en section, le rôle du saxophone change rapidement de dimension. La première figure marquante qui impulse ce changement au saxophone est Coleman Hawkins membre du « Fletcher Henderson Band » dès 1923. Il invente une nouvelle manière d’utiliser le saxophone, en fait un instrument soliste incontournable et développe un « son » qui reste la carte de visite du saxophone auprès du grand public.
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+ Le romancier Alain Gerber dans Charlie fait dire à un des protagonistes que « l’inventeur" du saxophone est plus sûrement Hawkins qu’un obscur Belge… » La saillie romanesque est hardie mais n’en retranscrit pas moins convenablement le destin de cet instrument, indissociable de l’histoire du jazz. Cette association est d’autant plus forte que certains saxophonistes ont marqué l’histoire de cette musique. Dépassant le cadre de simple instrumentiste, ils ont rendu cette musique dans un état différent de celui dans lequel ils l’avaient prise : Sidney Bechet, Coleman Hawkins, Lester Young, Charlie Parker, Sonny Rollins, Sonny Stitt, John Coltrane, Ornette Coleman, Michael Brecker, etc.
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+ C’est parce que le jazz a été à cette époque une musique populaire que le saxophone l’est devenu aussi.
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+ Le saxophone, par sa puissance douce et son expressivité, s’est facilement adapté au rhythm and blues, au rock, à la chanson française et à toutes sortes d’autres musiques populaires (bossa nova, reggae, funk, etc.). Il est devenu un instrument familier du grand public, aussi bien d’un point de vue sonore que visuel. À tel point que dans les rares morceaux « classiques » populaires contenant une intervention de saxophone comme le Boléro de Ravel, le public peine à identifier le saxophone comme tel.
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+ Le saxophone s'impose de plus en plus dans les pays de l'est comme une alternative plus sonore à la clarinette plus traditionnelle. De nombreux ensembles de brass bands ou de fanfares l'ont adopté en Roumanie, en Bulgarie, en Bosnie, etc. Sa robustesse est louée par les musiciens itinérants tsiganes. Son répertoire est surtout constitué de musiques de mariage plus ou moins folkloriques et de musiques actuelles dérivées du folklore et enrichies d'apports occidentaux et orientaux (turbo folk, chalga, manele, etc.).
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+ On le retrouve aussi de manière discrète et récente dans la musique indienne. Remplaçant le nagaswaram ou la clarinette, il s'impose de plus en plus au sein des nouvelles générations de musiciens officiant auprès des temples de l'Inde du sud. On le retrouve également en Bretagne où il se marie avec l'accordéon chromatique. Dans les années 1930, le nouveau duo détrône le couple biniou-bombarde, s'accoquinant parfois avec le jazz (grosse caisse actionnée par le pied de l'un ou l'autre des musiciens)[réf. nécessaire].
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+ Le saxophone effectue son entrée dans le monde de la musique classique des années 1920 grâce à des compositeurs comme Darius Milhaud, fortement influencé par cette musique venue d'Amérique (« La création du monde »), Germaine Tailleferre (première version de son premier concerto pour piano et orchestre), Maurice Ravel (Boléro) et Manuel Rosenthal (« Saxophone marmelade ») qui, parmi d'autres, ont utilisé cette nouvelle couleur dans leurs compositions. Les ballets suédois ont même monté en 1923 le seul ballet "jazz" de Cole Porter, « Within the quota », quelques semaines seulement après la première de « La création du monde ». Le succès d'orchestres de jazz en France tels que l'Orchestre Scrap Iron Jazzerinos, Jim Europe's 369th Infantry Hellfighter's Band et, plus tard, l'Orchestre Billy Max, ont fait entrer définitivement ce nouvel instrument dans la musique populaire française et par conséquent dans la musique moderne.
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+ Au XXe siècle, on peut encore citer « Cardillac » (1926) de Paul Hindemith, la « Suite du Lieutenant Kijé » (1934) de Sergueï Prokofiev, « Jeanne d'Arc au bûcher » (1935) de Arthur Honegger, le « Concerto à la mémoire d'un ange » et « Lulu » d'Alban Berg, et d'autres partitions orchestrales comprenant une ou plusieurs parties pour saxophone dues à la plume de Ravel (orchestration des « Tableaux d'une exposition », « Boléro »), Darius Milhaud, Zoltán Kodály, Jacques Ibert, André Jolivet, Ralph Vaughan Williams, Franz Schreker, Benjamin Britten, Frank Martin et Luigi Dallapiccola parmi tant d'autres.
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197
+ Le saxophone est aussi présent dans un certain nombre de pages concertantes écrites par tant de grands compositeurs bien connus comme la « Rhapsodie » de Claude Debussy (orchestrée par Jean Roger-Ducasse), le « Concerto op. 109 » d’Alexandre Glazounov, les deux « Ballades » de Frank Martin, le « Choral varié op. 55 » de Vincent d'Indy, le « Concertino da camera » de Jacques Ibert, la « Légende » de Florent Schmitt, le « Concerto » de Lars-Erik Larsson et l'étonnant « Concerto pour deux pianos, chœurs, quatuor de saxophones et orchestre » (1934) de Germaine Tailleferre, que par des auteurs moins illustres tels Jean Absil, Henk Badings, Eugène Bozza, Gaston Brenta, André Caplet, Raymond Chevreuille, Marius Constant, Will Eisenmann, Henri Tomasi, Pierre Vellones, Henry Woolett et de nombreux autres. Ces partitions sont très rarement exécutées en concert.
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199
+ En ce qui concerne la musique de chambre, le saxophone n'est pas davantage un instrument que l'on a souvent l'occasion d'écouter en concert. Au XIXe siècle, cela pouvait encore se comprendre, car à Paris, l'enseignement du saxophone n'a duré que 13 ans (classe d'Adolphe Sax, de 1857 à 1870) et n'a repris qu'en 1942. Même si certains compositeurs avaient été tentés de composer pour ce nouvel instrument, on peut comprendre qu'ils aient reculé devant le fait qu'il y avait (trop) peu de bons interprètes pour jouer leurs œuvres ; mais actuellement, ce n'est plus le cas. La deuxième raison est la suivante : le saxophone étant un des tout derniers instruments acoustiques de l'orchestre à avoir été inventé, les grands compositeurs de l'ère classique ou romantique n'ont pas pu lui confier leur inspiration.
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201
+ Pour saxophone et piano, on trouve des sonates et diverses pièces, notamment de Jean Absil, Eugène Bozza, Alfred Desenclos, Alexandre Gretchaninov, Paul Hindemith, André Jolivet, Charles Koechlin, Gabriel Pierné, Alexandre Tcherepnine, et autres Jacques Castérède et Henri Tomasi, dont certaines ont été spécialement écrites pour l'un ou l'autre des deux plus grands saxophonistes du XXe siècle : Marcel Mule, un Français qui a donné de nombreux concerts dans le monde entier et créé entre autres les concertos de Pierre Vellones, Eugène Bozza et Henri Tomasi ; et Sigurd Rascher, musicien allemand naturalisé américain qui s'est également illustré sur tous les continents dans un répertoire spécialement conçu pour son aisance dans le registre suraigu, pour lequel les concerti de Glazounov et Ibert et la « Ballade » de Frank Martin ont été écrits.
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203
+ Parmi d'autres partitions pour saxophone et divers instruments, on retiendra surtout Hindemith (« Trio pour saxophone, alto et piano »), Anton Webern (« Quatuor op. 22 avec clarinette, violon et piano »), Heitor Villa-Lobos (« Choros n° 7 », « Sextuor mystique » et un « Nonette »), Caplet (un sextuor intitulé « Légende »), Stefan Wolpe (un quatuor avec percussion, trompette et piano), Hans Werner Henze (« Antifone » pour 13 instruments), etc.
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+ Aujourd'hui, de nombreux saxophonistes contemporains œuvrent à renforcer cette grande richesse de répertoires à travers leurs concerts, enregistrements, éditions critiques et autres. Citons, parmi eux, les Français Serge Bertocchi, Nicolas Prost, Vincent David, Jean-Denis Michat, l'Anglais John Harle, le Japonais Nobuya Sugawa, le Suisse Marcus Weiss, l'Allemand Sascha Armbruster et les Américains Paul Cohen, Taimur Sullivan et Paul Wehage.
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+ De nombreux créateurs utilisent toute la famille des saxophones, comme en témoignent des livres de répertoire tel « 125 années de musique pour le saxophone » de Jean-Marie Londeix et « Saxophonists and their repertoire » d'Indiana University Press.
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+ Le Russe Edison Denisov a composé une sonate pour saxophone alto et piano qui est généralement considérée comme une des pièces maîtresse du répertoire contemporain, ainsi que plusieurs autres pièces de musique de chambre et 2 concerti. Le Français Antoine Tisné a composé une grande série d'œuvres pour saxophones, commençant par sa célèbre Music pour Stonehenge et continuant jusqu'à la fin de sa vie avec une série d'œuvres pour Paul Wehage (Ombres de feu pour saxophone et orchestre, Psalmodies pour saxophone alto et orgue, Monodies pour un espace sacré pour saxophone seul, Offertorium pour Chartres pour saxophone alto et quatuor à cordes, Labirythus sonorus pour quatuor de saxophones). Luciano Berio a utilisé les saxophones dans de nombreuses œuvres entre autres : ses opéras (La vera storia, Outis et Cronacca del luogo), sa pièce pour voix et petit ensemble instrumental (Calmo), Canticum novissimi testamenti pour 8 voix, 4 saxophones, 4 clarinettes, ou encore en soliste dans Sequenza IXb, originellement écrit pour la clarinette, puis développé pour saxophone et orchestre sous le nom de Riti ou Chemin VII.
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+ L'école miminaliste américaine était particulièrement attirée par les saxophones notamment Philip Glass (Einstein on the Beach, Concerto pour quatuor de saxophones et orchestre, Glassworks) et John Adams (Nixon in China, Fearful Symetries). Steve Reich a même dédié au saxophone soprano sa première « phasing piece » opportunément nommée Reed Phase. Quant à Terry Riley, il en joue lui-même dans Poppy Nogood and the Phantom Band. Le saxophoniste Jon Gibson a beaucoup travaillé avec ces compositeurs. Également inscrit dans le courant minimaliste, Tom Johnson construit des liens entre mathématiques et musique, et développe de savantes constructions dans ses Rational Melodies, ou Kientzy Loops. On doit également citer l'inclassable Moondog, que les principaux représentants de ce mouvement (Riley, Glass et Adams) considèrent comme leur source d'inspiration principale. On doit citer le très mélodique Concerto pour saxophone et vents de David Maslanka interprété par Otis Murphy.
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+ L'École dite « de Bordeaux », influencée par l'enseignement de Jean-Marie Londeix, a produit beaucoup d'œuvres pour le saxophone : Le Frêne égaré de François Rossé, Hard de Christian Lauba, Concertino pour saxophone soprano et octuor de violoncelles de Pascale Jakubowski, diverses œuvres d'Étienne Rolin, Thierry Alla, Christophe Havel.
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+ Le saxophoniste Daniel Kientzy, d'abord dans l'ensemble 2e2m puis en soliste, a commandé, créé et enregistré un grand nombre d'œuvres écrites pour lui : « Goutte d'or blues » pour saxophone et orchestre d’harmonie de Bernard Cavana en est un exemple.
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+ D'autres compositeurs ont également produit des œuvres d'un grand intérêt pour saxophone solo : Paul Méfano, Karlheinz Stockhausen, Marie-Hélène Fournier, Betsy Jolas, Gérard Grisey, Bruno Giner, Fabien Lévy, Sophie Lacaze,Carson Cooman, Jean-Thierry Boisseau, Alberto Posadas, Philippe Hurel, Giorgio Netti, Jacques Lejeune, Shigeru Kan-no, Robert Lemay... utilisent tous les types de saxophones pour obtenir toute une variété de sonorités, d'atmosphères et de musicalités dont la famille des saxophones est capable.
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+ Du fait peut-être de leur rejet (relatif) par certains milieux classiques, les saxophonistes ont eu une forte tendance à l'instinct grégaire. C'est ainsi que se sont développés toutes sortes d'ensembles, en commençant par le quatuor de saxophones.
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+ Les duos pour saxophones sont aujourd'hui assez nombreux : Christian Lauba, Karlheinz Stockhausen, François Rossé, Ryo Noda, Marie-Hélène Fournier entre autres ont écrit de belles pièces combinant divers membres de la famille. À l'exception de Savari, Dyck et de rares autres, c'est aussi dans la musique contemporaine que l'on trouve des œuvres pour trois saxophones : Reich, Dazzi, Fournier, Rossé, se sont essayés au genre.
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+ Le premier compositeur intéressé par une formule réunissant un soprano, un alto, un ténor et un baryton sur le modèle du quatuor à cordes fut le violoniste belge, ami de Sax, Jean-Baptiste Singelée. Son bien nommé « Premier quatuor pour saxophones » date de 1858, douze ans à peine après le brevet déposé par Sax. Mais malgré des œuvres de Savari, Mohr ou Mayeur, la formule ne connut pas alors un essor considérable et tomba dans un oubli relatif (peut-être faute de musiciens de talent pour la défendre, puisque leur formation avait été supprimée).
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+ Une renaissance de ce répertoire se fait sous l'impulsion de Marcel Mule, soliste de la Garde Républicaine et musicien unanimement reconnu dans les milieux musicaux classiques, qui remet la formule au goût du jour en 1928 en formant le Quatuor de Saxophones de la Garde Républicaine. Cet ensemble prend le nom, en 1936, de Quatuor de Saxophones de Paris, puis de Quatuor Marcel Mule et donne de très nombreux concerts en Europe, tout en enregistrant une série de disques qui font partie de l'histoire de l'instrument. C'est grâce au rayonnement de cette formation hors pair, que la combinaison du quatuor de saxophones a connu un certain engouement chez des compositeurs comme Jean Absil, Eugène Bozza, Jean Françaix, Gandolfo, Alexandre Glazounov, Guerrini, Mengold, Gabriel Pierné, Florent Schmitt ou Pierre Vellones, qui lui dédièrent des pièces qui forment le socle actuel du répertoire de cette formation.
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+ Le succès du Quatuor Marcel Mule suscitera de très nombreuses vocations et la plupart des saxophonistes classiques ont formé un quatuor qui reprend ces pièces initiales et développe son propre répertoire : citons entre autres le Quatuor Deffayet, le Quatuor Adolphe Sax, l'Ensemble de Saxophones Français (de Jean-Marie Londeix), le Quatuor Jean-Yves Fourmeau, le quatuor A Piacere (de Jean-Pierre Caens), le quatuor Trouvère (de Nobuya Sugawa), le quatuor Aurelia (d'Arno Bornkamp), le quatuor Prism (de Taimur Sullivan), l'ensemble de saxophones modulable Xasax, les quatuors Diastema, Habanera, Ars Gallica, le Wiener Sax Quartet, etc. Sigurd Rascher formera également (avec sa fille Karina) un quatuor qui connaît encore un grand succès et contribue très sérieusement à l'expansion du répertoire puisqu'il a commandé des pièces maîtresses à des compositeurs comme Iannis Xenakis, Franco Donatoni, Hugues Dufourt, Ivan Fedele, Luciano Berio, Philip Glass, Jean-Louis Agobet et de nombreux autres.
227
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228
+ C'est en effet souvent pour la formule du quatuor de saxophone que les compositeurs majeurs de notre temps dédient leur travail le plus pertinent. Parmi les plus marquants, citons également : Henri Pousseur, John Cage, Bernardo Kuczer, Giorgio Netti, Georges Aperghis, Salvatore Sciarrino, Alex Buess, Elliott Sharp, Denis Levaillant, Alvaro Carlevaro, Terry Riley. Ils donnent l'image d'un instrument aux multiples facettes et capable de se nourrir de toutes les influences, de servir avec pertinence tous les styles de musiques.
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+ Le premier ensemble entièrement formé de saxophones a été fondé par le professeur berlinois Gustav Bumcke dans les années 1920. À sa suite, Sigurd Rascher en formera également un aux États-Unis dans les années 1960, mais c'est surtout Jean-Marie Londeix et l'ensemble de saxophone de Bordeaux qui ont donné à partir des années 1970 l'impulsion pour le développement de ces orchestres de saxophones. Il en a fixé la formule de base de 12 instruments sous le modèle d'un triple quatuor étendu : 1 sopranino, 2 sopranos, 3 altos, 3 ténors, 2 barytons, 1 basse.
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+ À sa suite, de nombreux autres ensembles similaires se forment dans différents conservatoires : à Lyon (Serge Bichon), Boulogne-Billancourt (Jean-Michel Goury), au Conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris (Claude Delangle), à Dijon (Nicolas Woillard) ou à l'ENM de Vannes-Pontivy avec le Collectif Sax (Roland Becker). Jean-Pierre Caens s'est inspiré de la formation de son mentor Jean-Marie Londeix pour créer un ensemble similaire basé à Aix-en-Provence, l'Ensemble de Saxophones de Provence.
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234
+ C'est pour cette formule qu'ont été composées de nombreuses pièces d'un grand intérêt : François Rossé, Francisco Guerrero, Christian Lauba, Christophe Havel, Karlheinz Stockhausen, Félix Ibarrondo, mais aussi Ida Gotkovsky, Gérard Gastinel et Antoine Tisné, sans compter les nombreuses transcriptions qui fleurissent ici et là pour compléter ce répertoire un peu récent.
235
+
236
+ Depuis les années 2000 et l'apparition de nouveaux saxophones tels que le tubax ou le piccolo, de nouvelles formules apparaissent pour exploiter ces nouvelles possibilités de couleurs : entre autres l'ensemble Amiens Sax Projet (Serge Bertocchi) ou le National Saxophone Choir of Great Britain de Nigel Wood. Renforcés dans leurs tessitures extrêmes, ces ensembles suscitent également un grand intérêt de la part des compositeurs, et leur répertoire s'étoffe peu à peu.
237
+
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+ Hector Berlioz dans son grand traité d'instrumentation et d'orchestration définit avec une grande exactitude la nature des timbres des saxophones :
239
+
240
+ « L'auteur de cet ouvrage n'est point obligé, sans doute, de mentionner la multitude d'essais de toute espèce, que font journellement les fabricants d'instruments de musique, leur prétendues inventions plus ou moins malheureuses, ni de faire connaître les individus inutiles qu'ils veulent introduire dans le peuple des instruments. Mais il doit signaler et recommander à l'attention des compositeurs les belles découvertes que d'ingénieux artistes ont faites, surtout quand l'excellence du résultat de ces découvertes a été généralement reconnue, et quand leur application est déjà un fait accompli dans la pratique musicale d'une partie de l'Europe. Ces producteurs sont au reste peu nombreux, et MM. Adolphe Sax et Alexandre se présentent à leur tête. M. Sax, dont les travaux vont nous préoccuper d'abord, a perfectionné, je l'ai déjà indiqué çà et là dans le cours de ce travail, plusieurs instruments anciens. Il a en outre comblé plusieurs vides existant dans la famille des instruments de cuivre. Son principal mérite néanmoins est la création d'une famille nouvelle, complète depuis quelques années seulement, celle des instruments à anche simple, à bec de clarinette et en cuivre. Ce sont les saxophones. »
241
+
242
+ « Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses. Douces et pénétrantes dans le haut, pleines, onctueuses dans le grave, leur medium a quelque chose de profondément expressif. C’est en somme un timbre sui generis, offrant de vagues analogies avec les sons du violoncelle, de la clarinette et du cor anglais, et revêtu d’une demi-teinte cuivrée, qui lui donne un accent particulier. Le corps de l'instrument est un cône parabolique en cuivre, armé d'un système de clefs. Agile, propre aux traits d'une certaine rapidité, presque autant qu'aux cantilènes gracieuses et aux effets d'harmonie religieux et rêveurs, les saxophones peuvent figurer avec un grand avantage dans tous les genres de musique, mais surtout dans les morceaux lents et doux. Le timbre des notes aiguës des saxophones graves a quelque chose de pénible et de douloureux, celui de leurs notes basses est au contraire d’un grandiose calme pour ainsi dire pontifical. Tous, le baryton et le basse principalement, possèdent la faculté d’enfler et d’éteindre le son ; d’où résultent, dans l’extrémité inférieure de l’échelle, des effets inouïs jusqu’à ce jour, qui leur sont tout à fait propres et tiennent un peu de ceux de l’orgue expressif. Le timbre du saxophone aigu est beaucoup plus pénétrant que celui des clarinettes en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et en ut, sans avoir l'éclat perçant et souvent aigre de la petite clarinette en mi
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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260
+ . On peut en dire autant du soprano. Les compositeurs habiles tireront plus tard un parti merveilleux des saxophones associés à la famille des clarinettes ou introduits dans d’autres combinaisons, qu’il serait téméraire de chercher à prévoir. Cet instrument se joue avec une grande facilité, le doigté procédant du doigté de la flûte et de celui du hautbois. Les clarinettistes déjà familiarisés avec l'embouchure, se rendent maîtres de son mécanisme en très peu de temps. »
261
+
262
+ L'AsSaFra (Association des Saxophonistes de France) fondée en novembre 1971 par Jean-Marie Londeix, avec Marcel Mule comme Président d'Honneur, devenue en 1996 l’A.SAX (Association des Saxophonistes) à la suite de sa fusion avec l’A.P.E.S. (Association internationale Pour l’Essor du Saxophone), a joué un rôle décisif dans la place du saxophone classique et contemporain dans le paysage culturel et musical d'aujourd'hui[6], en particulier en France où on lui doit notamment le fait que le saxophone soit enseigné dans les conservatoires. À la suite de la création de l'AsSaFra, un Certificat d'Aptitude spécifique au saxophone fut créé par le Ministère de la Culture, et des spécialistes remplacèrent peu à peu les professeurs de basson et de clarinette qui enseignaient jusque-là le saxophone dans les conservatoires français. Il est désormais possible un peu partout d'apprendre à jouer auprès d'un saxophoniste confirmé.
263
+
264
+ Parmi les autres actions entreprises par les associations de saxophonistes, l'organisation de Concours nationaux et internationaux, de Journées Régionales du Saxophone, voire de congrès et colloques internationaux, la commande d'œuvres à divers compositeurs de toutes obédiences, pour la pédagogie, le concert ou la musique de chambre. L'A.SAX publie une revue bisannuelle intitulée "Les Cahiers du saxophone", comprenant des interviews de compositeurs et de musiciens, des analyses d'œuvres et des forums de discussion sur divers sujets pédagogiques ou musicaux.
265
+
266
+ Spécifique à l'enseignement du saxophone, une pédagogie pluridisciplinaire se développe peu à peu, ouverte aux styles les plus divers : jazz et classique évidemment, mais intégrant de plus en plus les musiques actuelles, folkloriques, le jeu sur tous les saxophones (la famille est riche), avec électroacoustique voire informatique musicale.
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+ Claude Georgel est l'actuel président de l'A.SAX, Claude Delangle et Serge Bertocchi en furent les présidents fondateurs.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le saxophone est un instrument de musique à vent appartenant à la famille des bois. Il a été inventé par le Belge Adolphe Sax et breveté à Paris le 21 mars 1846.
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+ Il ne doit pas être confondu avec le saxhorn, de la famille des cuivres, mis au point, lui aussi, par Adolphe Sax. Le saxophone est généralement en laiton, bien qu'il en existe certains en cuivre, en argent, en plastique ou plaqués en or[1].
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+ Le corps du saxophone est composé de trois parties trouées ou collées réalisées en laiton : le corps conique, le pavillon et la culasse reliant les deux. Les clés (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille et le modèle) commandent l'ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps (ou cheminées). L'extrémité haute du corps est prolongée horizontalement par le bocal (démontable) qui porte le bec (en ébonite, en métal, en bois, ou encore depuis peu en plastique ABS par impression 3D), équipé d'une anche simple attachée avec une ligature. Il existe différentes sortes de becs permettant d'obtenir le son souhaité en modifiant l'ouverture et la forme du bec (bec classique, bec jazz...), ainsi que différentes sortes de ligatures (métal, cuir, cuir avec lamelle d'or, d'argent, etc.).
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+
13
+ Le son du saxophone est produit à l'aide du bec et de l'anche (en général en roseau, mais peut être aussi en matière synthétique). C'est la vibration de l'anche sur la facette du bec qui permet l'émission du son par mise en vibration de la colonne d'air contenue dans le corps de l'instrument.
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+
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+ Bien que métallique, le saxophone appartient à la famille des bois de par son mode de production des notes, par la vibration d'une anche en bois contre le bec. Il est cependant parfois considéré (à tort) comme faisant partie de la section cuivres dans les musiques populaires (telles que le rock, la pop, le rhythm and blues, le funk ou la musique soul) où il est associé aux trompettes et aux trombones (instruments à embouchure).
16
+
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+ De plus, comme il tend à se rapprocher de la sonorité des cordes (ceci est stipulé dans le brevet d'invention du saxophone), on peut de façon anecdotique en faire un « chaînon manquant » unissant cordes, bois, cuivres et percussions (grâce aux sons slappés).
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+
19
+ Le saxophone s'accorde avec les autres instruments en faisant légèrement varier l'enfoncement du bec (modulable grâce au liège entourant l'extrémité du bocal). Quand le son est trop bas, on enfonce le bec, quand il est trop haut, on tire le bec. Il présente quelques ressemblances avec la clarinette (notamment le soprano), dont il diffère cependant par sa perce conique au lieu d'être cylindrique. C'est d'ailleurs cette dernière particularité qui lui permet d'être un instrument octaviant (alors que la clarinette quintoie) : le but même d’Adolphe Sax lorsqu'il imagina son nouvel instrument.
20
+
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+ Les saxophones conçus par Adolphe Sax comprenaient 14 tailles, dont 7 sont utilisés aujourd'hui :
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+ On trouve parfois quelques reliques des séries en ut et fa voulues au départ par Adolphe Sax en plus des séries en si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et mi
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+  :
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+
43
+ Benedikt Eppelsheim (en) a été très actif ces dernières années et a produit plusieurs instruments qui ont apporté beaucoup aux saxophonistes, en particulier ceux qui s'intéressent aux registres extrêmes. Dernier né de la famille des saxophones conçu par Eppelsheim :
44
+
45
+ Vers la fin des années 1980, la firme Akai conçoit un instrument ressemblant à un saxophone, mais équipé d'un contrôleur à vent MIDI, ce qui en fait un instrument électrique. Plus tard il sera appelé l'EWI (Electronic Wind Instrument).
46
+
47
+ Les plus utilisés sont le soprano, l'alto, le ténor et le baryton. Ils composent le quatuor de saxophones. Dans les quatuors de saxophones, le soprano est parfois remplacé par un second alto.
48
+
49
+ La plupart des saxophones actuels sont des instruments dits transpositeurs, c'est-à-dire que la note figurant sur la partition ne correspond pas à celle jouée par l'instrument. Ainsi par exemple lorsqu'un saxophoniste alto fait un doigté de do, l'instrument produit un mi
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ . Il y a ainsi un décalage d'une sixte majeure vers le bas.Donc pour transposer une partition en ut pour un saxophone alto en mi
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ , il faut y ajouter 3# à l'armure et descendre les notes de 2 lignes. Pour les saxophones sopranino (resp. soprano, ténor, basse), le décalage est d'une seconde majeure vers le haut (resp. d'une neuvième majeure, treizième majeure, seizième majeure vers le bas). La transposition permet d'éviter de recourir trop souvent aux lignes supplémentaires dans l'écriture des partitions et rend identiques les doigtés. L'usage d'autres clefs de lecture (clef de fa3 ou d'ut4) sert également cet objectif.
68
+
69
+ Sax avait conçu deux séries de saxophones : une première dont les instruments étaient accordés en ut ou en fa, était destinée aux orchestres symphoniques, la deuxième série (celle que nous connaissons aujourd'hui) était accordée en si
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et mi
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ et devait servir pour les fanfares militaires. Cependant, les musiciens d'orchestre ayant boudé les instruments de Sax, alors qu'ils trouvaient de nombreux débouchés dans les musiques militaires nouvellement réformées, les instruments en ut ou en fa tombèrent peu à peu en désuétude : ils ne sont plus fabriqués après 1930 par les principaux facteurs de saxophones.
88
+
89
+ Le saxophone comporte trois registres : grave, medium et aigu, sur une tessiture de deux octaves et une quinte. Dans de nombreuses musiques contemporaines et actuelles, on utilise aussi le suraigu dont les notes sont obtenues à partir de doigtés spéciaux permettant de faire sonner une harmonique particulière.
90
+
91
+ De par son invention tardive, et même si des compositeurs comme Bizet ou Ravel ont reconnu ses mérites et l’ont parfois utilisé, le saxophone occupe une place assez marginale dans la musique classique et se trouve rarement représenté dans les orchestres symphoniques. Cependant, il reste incontestablement un instrument majeur du jazz, et la musique contemporaine en a fait l'un de ses instruments fétiches depuis les années 1980, en soliste comme en petits ensembles.
92
+
93
+ Le Belge Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax (1814-1894), a cherché inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en a amélioré la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il a déposé 33 brevets). Il s'est inspiré de la clarinette pour le bec et du corps large pour l'anche.
94
+
95
+ Le tout premier saxophone construit par Sax, à Paris (rue Myrha dans le 18e arrondissement), en 1842, était un saxophone baryton en fa. Ce tout premier saxophone présentait toutes les caractéristiques du saxophone actuel : tube métallique à perce conique, bec à anche simple et système de clés Boehm, mais il avait encore la forme générale d'un ophicléide.
96
+
97
+ En 1844, le saxophone est exposé pour la première fois à l'Exposition Industrielle de Paris. Le 3 février de cette même année, Berlioz, un grand ami de Sax, dirige lors d'un concert son choral « Chant sacré » qui inclut le saxophone. En décembre, le saxophone fait ses débuts d'orchestre au Conservatoire de Paris dans l'opéra de Jean-Georges Kastner, Le Dernier Roi de Juda.
98
+
99
+ Le 21 mars 1846, Sax dépose le brevet numéro 3226[2] pour « un système d'instruments à vent dits saxophones » qui comporte huit instruments. La réorganisation complète des musiques régimentaires et l'adoption par l'armée française, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns, saxophones, saxotrombas) ont placé Sax en position de monopole de fourniture de ces instruments.
100
+
101
+ Le brevet d'invention de Sax expire en 1866. La compagnie Millereau fait alors breveter le Saxophone-Millereau, qui possède une clé de fa
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \sharp }
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+
110
+ bifurquée. En 1881, Sax étend son brevet d'invention original : il allonge le pavillon pour inclure un si
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
119
+ et un la grave, et étend également vers le haut en ajoutant fa
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+
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+
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+
126
+ {\displaystyle \sharp }
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+
128
+ et sol à l'aide d'une quatrième clé d'octave.
129
+
130
+ Entre 1886 et 1887, l'Association des Ouvriers invente la clé de trille pour le do main droite, le système de demi-trou pour les premiers doigts de la main, l'anneau de réglage d'accord et la double clé. Elle améliore également le sol articulé pour que la clé de sol puisse être maintenue tandis que n'importe quel doigt de la main droite est employé, améliore le fa
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+
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+
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+ {\displaystyle \sharp }
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+ bifurqué et ajoute un si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
147
+
148
+ grave. Lecomte inventera en 1888 la clé d'octave simple ainsi que des rouleaux pour le passage mi
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ -ut grave.
158
+
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+ À partir de la fin du XIXe, et surtout au début du XXe siècle, se développe l'industrie américaine du saxophone. Quatre marques sont célèbres : Buescher (le premier), King, Conn et Martin. Les saxophones King ont été les principaux challengers de Selmer et le Super 20 est resté en tant que saxophone alto la référence (Charlie Parker, Cannonball Adderley...). Les premiers King sont en fait fabriqués en Allemagne par Köhlert[3]. C'est aussi chez Köhlert que Julius Keilwerth fait son apprentissage (ainsi que chez Amati). Les Köhlert, aujourd'hui oubliés, ont donc contribué à donner la trame des saxophones au son plus gras que l'on trouve chez King (États-Unis) ou Keilwerth (Allemagne), distinct du son clair des Selmer, Yamaha ou Yanagisawa. Conn a été dominant jusqu'à la seconde guerre mondiale (voir les premiers albums de Dexter Gordon par exemple) mais la réquisition des usines dans le cadre de l'effort de guerre a porté un coup fatal. Martin est la moins connue des quatre mais a produit des saxophones remarquables (Martin est plus connu des trompettistes : Miles Davis). Ces grandes marques vont progressivement être battues par Selmer avec le Mark VI et disparaître. Quelques modèles sont aujourd'hui très prisés : Conn 10M (ou 30M) ; King Super 20 full pearl (bocal en argent, nacres latérales) ; The Martin comittee.
160
+
161
+ La société Adolphe Sax & Cie a été rachetée par la société H. Selmer & Cie en 1928 (le premier saxophone Selmer modèle 22 est né en 1921). Depuis lors, l'entreprise Selmer a participé à l'amélioration de la fabrication des saxophones, ce qui lui a valu de conquérir le marché américain et de s'imposer en Europe. Les autres anciens facteurs de saxophones (Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot, Couesnon) présents à la fin du XIXe siècle, ont été progressivement supplantés par des marques internationales : Köhlert puis Keilwerth, Adler, Huller (Allemagne), Yamaha et Yanagisawa (Japon).
162
+
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+ Après son invention qui date du début des années 1840, le saxophone est très vite apparu dans l'orchestre et surtout dans les partitions d'opéra, ce qui pourrait être expliqué par le poste de Directeur de la musique de scène tenu par Adolphe Sax lui-même (une sorte de musique militaire utilisée dans les grandes scènes) à l'Opéra de Paris.
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+
165
+ Après le Chant sacré de Berlioz et l'oratorio Le Dernier Roi de Juda de Kastner, œuvres exécutées pour la première fois en 1844 et 1845, Halévy inclut le saxophone dans son opéra Le Juif errant (composé en 1852), Giacomo Meyerbeer dans « L'Africaine » créé en 1865, Ambroise Thomas dans « Hamlet » (1868) puis dans « Françoise de Rimini » (1882), Bizet dans son « Arlésienne » (1873), Delibes dans « Sylvia » (1876), Massenet dans « Le Roi de Lahore » (1877), « Hérodiade » (1881) et « Werther » (1886), Saint-Saëns dans « Henri VIII » (1883), d'Indy dans « Fervaal » (1895), etc.
166
+
167
+ Mais la cabale dressée contre Sax est trop forte, et l'instrument, à de rares exceptions près[4], a du mal à percer au sein des orchestres réputés. De fait, le seul domaine où Sax parvint à imposer ses nouveaux instruments fut celui des musiques militaires, en pleine réforme sous l'impulsion de l'ancien Aide de camp du roi Louis-Philippe, Marie-Théodore de Rumigny, qui admirait le travail de Sax. Mais au gré des nombreux bouleversements politiques de l'époque, et des grâces ou disgrâces dont bénéficiait l'inventeur, les saxophones furent tour à tour imposés, interdits ou tolérés au sein de ces musiques (d'où les périodes de faste et les faillites connues par la société Sax).
168
+
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+ La période la plus favorable fut sans conteste celle entre 1857 et 1870, où Sax est nommé professeur au Collège Militaire rattaché au Conservatoire de Paris. Il y formera des dizaines d'instrumentistes de talent, qui essaimeront au sein des diverses musiques de l'armée. Et il fera écrire par ses amis et collègues différentes pièces de concours, ensembles de saxophones qui feront les joies des mélomanes parisiens pendant plusieurs années. Il publia lui-même ces pièces signées Jean-Baptiste Singelée, Jean-Baptiste Arban, Jules Demersseman, Jean-Baptiste-Victor Mohr ou Jérôme Savari. Mais cette exclusive militaire de l'utilisation de l'instrument n'eut pas que des effets bénéfiques en termes d'image. De nos jours, on peut faire remonter les idées reçues contre le saxophone aux musiciens classiques de cette période.
170
+
171
+ Le coup de grâce fut le déclenchement de la guerre de 1870, qui vit le Collège Militaire se vider de ses élèves, rappelés sous les drapeaux par leurs régiments respectifs. Celui-ci fut ensuite fermé définitivement et tous les efforts de Sax furent inutiles : le saxophone dut attendre l'ouverture d'une classe pour Marcel Mule en 1942 pour connaître à nouveau la reconnaissance des milieux officiels français. S'ensuivit une période de déclin qui aurait pu être fatale si le relais n'avait pas été pris en Amérique du Nord par Elise Hall, qui développa le premier répertoire soliste pour saxophone, puis par les musiciens de jazz qui apprivoisèrent peu à peu le nouvel instrument jusqu'à ce qu'il devienne l'icône emblématique de leur musique que nous connaissons de nos jours.
172
+
173
+ En 1906, le quartet de Tom Brown faisait ses premiers pas avec le cirque des « Frères Ringling » aux États-Unis. À l'origine, les musiciens étaient multi-instrumentistes dans le style des spectacles « Minstrels » très populaires outre-Atlantique, mais en 1914, l'ensemble devient le « Brown Brothers Saxophone Sextet ». Avec un répertoire allant de Verdi (sextuor de « Rigoletto ») jusqu'aux premières esquisse du "jazz" (« That Moanin' Saxophone Rag », « Smiles and Chuckles »), ils ont eu un énorme succès populaire avec des disques, des tournées de music-hall et même des comédies musicales montées pour eux[5].
174
+
175
+ En 1917, Rudy Wiedoeft et son « Frisco Jass Band » eut également beaucoup de succès grâce à sa participation à la comédie-musicale « Canary Cottage » où, malgré la présence de vedettes comme Eddie Cantor, le saxophoniste fut clairement l'attraction de la soirée. Après ce succès, les enregistrements de Wiedoeft rencontrèrent un très large public.
176
+
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+ Le public américain, très friand de ce nouvel instrument relativement facile à apprendre, lance la mode du saxophone avec des revues telles que « Sax-o-Trix » et « The Saxophone Revue ». Il impose la présence des saxophones dans les orchestres de variétés, un avis qui n'était pas partagé par les tenants du style Nouvelle-Orléans, mais qui est vite devenu de rigueur à cause de la demande populaire. Durant cette période, il y a même des orchestres entièrement composés de saxophones qui font office de fanfares lors des manifestations populaires dans les villes américaines.
178
+
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+ Bien que le seul instrument véritablement créé d'abord pour le blues puis pour le jazz soit la batterie, le saxophone est pour le grand public, l’instrument emblématique de cette musique. Cantonné à ses débuts à un répertoire « pompier » ou militaire, le saxophone aurait pu voir sa carrière instrumentale rapidement stoppée.
180
+
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+ Pour gagner ses lettres de noblesse et l'aura populaire qu'on lui connaît, l’instrument a dû traverser l’Atlantique pour être adopté par cette nouvelle musique qui se formait alors dans la communauté afro-américaine : le jazz. D’abord utilisé de manière rudimentaire en section, le rôle du saxophone change rapidement de dimension. La première figure marquante qui impulse ce changement au saxophone est Coleman Hawkins membre du « Fletcher Henderson Band » dès 1923. Il invente une nouvelle manière d’utiliser le saxophone, en fait un instrument soliste incontournable et développe un « son » qui reste la carte de visite du saxophone auprès du grand public.
182
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183
+ Le romancier Alain Gerber dans Charlie fait dire à un des protagonistes que « l’inventeur" du saxophone est plus sûrement Hawkins qu’un obscur Belge… » La saillie romanesque est hardie mais n’en retranscrit pas moins convenablement le destin de cet instrument, indissociable de l’histoire du jazz. Cette association est d’autant plus forte que certains saxophonistes ont marqué l’histoire de cette musique. Dépassant le cadre de simple instrumentiste, ils ont rendu cette musique dans un état différent de celui dans lequel ils l’avaient prise : Sidney Bechet, Coleman Hawkins, Lester Young, Charlie Parker, Sonny Rollins, Sonny Stitt, John Coltrane, Ornette Coleman, Michael Brecker, etc.
184
+
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+ C’est parce que le jazz a été à cette époque une musique populaire que le saxophone l’est devenu aussi.
186
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187
+ Le saxophone, par sa puissance douce et son expressivité, s’est facilement adapté au rhythm and blues, au rock, à la chanson française et à toutes sortes d’autres musiques populaires (bossa nova, reggae, funk, etc.). Il est devenu un instrument familier du grand public, aussi bien d’un point de vue sonore que visuel. À tel point que dans les rares morceaux « classiques » populaires contenant une intervention de saxophone comme le Boléro de Ravel, le public peine à identifier le saxophone comme tel.
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189
+ Le saxophone s'impose de plus en plus dans les pays de l'est comme une alternative plus sonore à la clarinette plus traditionnelle. De nombreux ensembles de brass bands ou de fanfares l'ont adopté en Roumanie, en Bulgarie, en Bosnie, etc. Sa robustesse est louée par les musiciens itinérants tsiganes. Son répertoire est surtout constitué de musiques de mariage plus ou moins folkloriques et de musiques actuelles dérivées du folklore et enrichies d'apports occidentaux et orientaux (turbo folk, chalga, manele, etc.).
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+ On le retrouve aussi de manière discrète et récente dans la musique indienne. Remplaçant le nagaswaram ou la clarinette, il s'impose de plus en plus au sein des nouvelles générations de musiciens officiant auprès des temples de l'Inde du sud. On le retrouve également en Bretagne où il se marie avec l'accordéon chromatique. Dans les années 1930, le nouveau duo détrône le couple biniou-bombarde, s'accoquinant parfois avec le jazz (grosse caisse actionnée par le pied de l'un ou l'autre des musiciens)[réf. nécessaire].
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+ Le saxophone effectue son entrée dans le monde de la musique classique des années 1920 grâce à des compositeurs comme Darius Milhaud, fortement influencé par cette musique venue d'Amérique (« La création du monde »), Germaine Tailleferre (première version de son premier concerto pour piano et orchestre), Maurice Ravel (Boléro) et Manuel Rosenthal (« Saxophone marmelade ») qui, parmi d'autres, ont utilisé cette nouvelle couleur dans leurs compositions. Les ballets suédois ont même monté en 1923 le seul ballet "jazz" de Cole Porter, « Within the quota », quelques semaines seulement après la première de « La création du monde ». Le succès d'orchestres de jazz en France tels que l'Orchestre Scrap Iron Jazzerinos, Jim Europe's 369th Infantry Hellfighter's Band et, plus tard, l'Orchestre Billy Max, ont fait entrer définitivement ce nouvel instrument dans la musique populaire française et par conséquent dans la musique moderne.
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+ Au XXe siècle, on peut encore citer « Cardillac » (1926) de Paul Hindemith, la « Suite du Lieutenant Kijé » (1934) de Sergueï Prokofiev, « Jeanne d'Arc au bûcher » (1935) de Arthur Honegger, le « Concerto à la mémoire d'un ange » et « Lulu » d'Alban Berg, et d'autres partitions orchestrales comprenant une ou plusieurs parties pour saxophone dues à la plume de Ravel (orchestration des « Tableaux d'une exposition », « Boléro »), Darius Milhaud, Zoltán Kodály, Jacques Ibert, André Jolivet, Ralph Vaughan Williams, Franz Schreker, Benjamin Britten, Frank Martin et Luigi Dallapiccola parmi tant d'autres.
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+ Le saxophone est aussi présent dans un certain nombre de pages concertantes écrites par tant de grands compositeurs bien connus comme la « Rhapsodie » de Claude Debussy (orchestrée par Jean Roger-Ducasse), le « Concerto op. 109 » d’Alexandre Glazounov, les deux « Ballades » de Frank Martin, le « Choral varié op. 55 » de Vincent d'Indy, le « Concertino da camera » de Jacques Ibert, la « Légende » de Florent Schmitt, le « Concerto » de Lars-Erik Larsson et l'étonnant « Concerto pour deux pianos, chœurs, quatuor de saxophones et orchestre » (1934) de Germaine Tailleferre, que par des auteurs moins illustres tels Jean Absil, Henk Badings, Eugène Bozza, Gaston Brenta, André Caplet, Raymond Chevreuille, Marius Constant, Will Eisenmann, Henri Tomasi, Pierre Vellones, Henry Woolett et de nombreux autres. Ces partitions sont très rarement exécutées en concert.
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+ En ce qui concerne la musique de chambre, le saxophone n'est pas davantage un instrument que l'on a souvent l'occasion d'écouter en concert. Au XIXe siècle, cela pouvait encore se comprendre, car à Paris, l'enseignement du saxophone n'a duré que 13 ans (classe d'Adolphe Sax, de 1857 à 1870) et n'a repris qu'en 1942. Même si certains compositeurs avaient été tentés de composer pour ce nouvel instrument, on peut comprendre qu'ils aient reculé devant le fait qu'il y avait (trop) peu de bons interprètes pour jouer leurs œuvres ; mais actuellement, ce n'est plus le cas. La deuxième raison est la suivante : le saxophone étant un des tout derniers instruments acoustiques de l'orchestre à avoir été inventé, les grands compositeurs de l'ère classique ou romantique n'ont pas pu lui confier leur inspiration.
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201
+ Pour saxophone et piano, on trouve des sonates et diverses pièces, notamment de Jean Absil, Eugène Bozza, Alfred Desenclos, Alexandre Gretchaninov, Paul Hindemith, André Jolivet, Charles Koechlin, Gabriel Pierné, Alexandre Tcherepnine, et autres Jacques Castérède et Henri Tomasi, dont certaines ont été spécialement écrites pour l'un ou l'autre des deux plus grands saxophonistes du XXe siècle : Marcel Mule, un Français qui a donné de nombreux concerts dans le monde entier et créé entre autres les concertos de Pierre Vellones, Eugène Bozza et Henri Tomasi ; et Sigurd Rascher, musicien allemand naturalisé américain qui s'est également illustré sur tous les continents dans un répertoire spécialement conçu pour son aisance dans le registre suraigu, pour lequel les concerti de Glazounov et Ibert et la « Ballade » de Frank Martin ont été écrits.
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+ Parmi d'autres partitions pour saxophone et divers instruments, on retiendra surtout Hindemith (« Trio pour saxophone, alto et piano »), Anton Webern (« Quatuor op. 22 avec clarinette, violon et piano »), Heitor Villa-Lobos (« Choros n° 7 », « Sextuor mystique » et un « Nonette »), Caplet (un sextuor intitulé « Légende »), Stefan Wolpe (un quatuor avec percussion, trompette et piano), Hans Werner Henze (« Antifone » pour 13 instruments), etc.
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+ Aujourd'hui, de nombreux saxophonistes contemporains œuvrent à renforcer cette grande richesse de répertoires à travers leurs concerts, enregistrements, éditions critiques et autres. Citons, parmi eux, les Français Serge Bertocchi, Nicolas Prost, Vincent David, Jean-Denis Michat, l'Anglais John Harle, le Japonais Nobuya Sugawa, le Suisse Marcus Weiss, l'Allemand Sascha Armbruster et les Américains Paul Cohen, Taimur Sullivan et Paul Wehage.
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+ De nombreux créateurs utilisent toute la famille des saxophones, comme en témoignent des livres de répertoire tel « 125 années de musique pour le saxophone » de Jean-Marie Londeix et « Saxophonists and their repertoire » d'Indiana University Press.
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+ Le Russe Edison Denisov a composé une sonate pour saxophone alto et piano qui est généralement considérée comme une des pièces maîtresse du répertoire contemporain, ainsi que plusieurs autres pièces de musique de chambre et 2 concerti. Le Français Antoine Tisné a composé une grande série d'œuvres pour saxophones, commençant par sa célèbre Music pour Stonehenge et continuant jusqu'à la fin de sa vie avec une série d'œuvres pour Paul Wehage (Ombres de feu pour saxophone et orchestre, Psalmodies pour saxophone alto et orgue, Monodies pour un espace sacré pour saxophone seul, Offertorium pour Chartres pour saxophone alto et quatuor à cordes, Labirythus sonorus pour quatuor de saxophones). Luciano Berio a utilisé les saxophones dans de nombreuses œuvres entre autres : ses opéras (La vera storia, Outis et Cronacca del luogo), sa pièce pour voix et petit ensemble instrumental (Calmo), Canticum novissimi testamenti pour 8 voix, 4 saxophones, 4 clarinettes, ou encore en soliste dans Sequenza IXb, originellement écrit pour la clarinette, puis développé pour saxophone et orchestre sous le nom de Riti ou Chemin VII.
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+ L'école miminaliste américaine était particulièrement attirée par les saxophones notamment Philip Glass (Einstein on the Beach, Concerto pour quatuor de saxophones et orchestre, Glassworks) et John Adams (Nixon in China, Fearful Symetries). Steve Reich a même dédié au saxophone soprano sa première « phasing piece » opportunément nommée Reed Phase. Quant à Terry Riley, il en joue lui-même dans Poppy Nogood and the Phantom Band. Le saxophoniste Jon Gibson a beaucoup travaillé avec ces compositeurs. Également inscrit dans le courant minimaliste, Tom Johnson construit des liens entre mathématiques et musique, et développe de savantes constructions dans ses Rational Melodies, ou Kientzy Loops. On doit également citer l'inclassable Moondog, que les principaux représentants de ce mouvement (Riley, Glass et Adams) considèrent comme leur source d'inspiration principale. On doit citer le très mélodique Concerto pour saxophone et vents de David Maslanka interprété par Otis Murphy.
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+ L'École dite « de Bordeaux », influencée par l'enseignement de Jean-Marie Londeix, a produit beaucoup d'œuvres pour le saxophone : Le Frêne égaré de François Rossé, Hard de Christian Lauba, Concertino pour saxophone soprano et octuor de violoncelles de Pascale Jakubowski, diverses œuvres d'Étienne Rolin, Thierry Alla, Christophe Havel.
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+ Le saxophoniste Daniel Kientzy, d'abord dans l'ensemble 2e2m puis en soliste, a commandé, créé et enregistré un grand nombre d'œuvres écrites pour lui : « Goutte d'or blues » pour saxophone et orchestre d’harmonie de Bernard Cavana en est un exemple.
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+ D'autres compositeurs ont également produit des œuvres d'un grand intérêt pour saxophone solo : Paul Méfano, Karlheinz Stockhausen, Marie-Hélène Fournier, Betsy Jolas, Gérard Grisey, Bruno Giner, Fabien Lévy, Sophie Lacaze,Carson Cooman, Jean-Thierry Boisseau, Alberto Posadas, Philippe Hurel, Giorgio Netti, Jacques Lejeune, Shigeru Kan-no, Robert Lemay... utilisent tous les types de saxophones pour obtenir toute une variété de sonorités, d'atmosphères et de musicalités dont la famille des saxophones est capable.
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+ Du fait peut-être de leur rejet (relatif) par certains milieux classiques, les saxophonistes ont eu une forte tendance à l'instinct grégaire. C'est ainsi que se sont développés toutes sortes d'ensembles, en commençant par le quatuor de saxophones.
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+ Les duos pour saxophones sont aujourd'hui assez nombreux : Christian Lauba, Karlheinz Stockhausen, François Rossé, Ryo Noda, Marie-Hélène Fournier entre autres ont écrit de belles pièces combinant divers membres de la famille. À l'exception de Savari, Dyck et de rares autres, c'est aussi dans la musique contemporaine que l'on trouve des œuvres pour trois saxophones : Reich, Dazzi, Fournier, Rossé, se sont essayés au genre.
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222
+ Le premier compositeur intéressé par une formule réunissant un soprano, un alto, un ténor et un baryton sur le modèle du quatuor à cordes fut le violoniste belge, ami de Sax, Jean-Baptiste Singelée. Son bien nommé « Premier quatuor pour saxophones » date de 1858, douze ans à peine après le brevet déposé par Sax. Mais malgré des œuvres de Savari, Mohr ou Mayeur, la formule ne connut pas alors un essor considérable et tomba dans un oubli relatif (peut-être faute de musiciens de talent pour la défendre, puisque leur formation avait été supprimée).
223
+
224
+ Une renaissance de ce répertoire se fait sous l'impulsion de Marcel Mule, soliste de la Garde Républicaine et musicien unanimement reconnu dans les milieux musicaux classiques, qui remet la formule au goût du jour en 1928 en formant le Quatuor de Saxophones de la Garde Républicaine. Cet ensemble prend le nom, en 1936, de Quatuor de Saxophones de Paris, puis de Quatuor Marcel Mule et donne de très nombreux concerts en Europe, tout en enregistrant une série de disques qui font partie de l'histoire de l'instrument. C'est grâce au rayonnement de cette formation hors pair, que la combinaison du quatuor de saxophones a connu un certain engouement chez des compositeurs comme Jean Absil, Eugène Bozza, Jean Françaix, Gandolfo, Alexandre Glazounov, Guerrini, Mengold, Gabriel Pierné, Florent Schmitt ou Pierre Vellones, qui lui dédièrent des pièces qui forment le socle actuel du répertoire de cette formation.
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+
226
+ Le succès du Quatuor Marcel Mule suscitera de très nombreuses vocations et la plupart des saxophonistes classiques ont formé un quatuor qui reprend ces pièces initiales et développe son propre répertoire : citons entre autres le Quatuor Deffayet, le Quatuor Adolphe Sax, l'Ensemble de Saxophones Français (de Jean-Marie Londeix), le Quatuor Jean-Yves Fourmeau, le quatuor A Piacere (de Jean-Pierre Caens), le quatuor Trouvère (de Nobuya Sugawa), le quatuor Aurelia (d'Arno Bornkamp), le quatuor Prism (de Taimur Sullivan), l'ensemble de saxophones modulable Xasax, les quatuors Diastema, Habanera, Ars Gallica, le Wiener Sax Quartet, etc. Sigurd Rascher formera également (avec sa fille Karina) un quatuor qui connaît encore un grand succès et contribue très sérieusement à l'expansion du répertoire puisqu'il a commandé des pièces maîtresses à des compositeurs comme Iannis Xenakis, Franco Donatoni, Hugues Dufourt, Ivan Fedele, Luciano Berio, Philip Glass, Jean-Louis Agobet et de nombreux autres.
227
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228
+ C'est en effet souvent pour la formule du quatuor de saxophone que les compositeurs majeurs de notre temps dédient leur travail le plus pertinent. Parmi les plus marquants, citons également : Henri Pousseur, John Cage, Bernardo Kuczer, Giorgio Netti, Georges Aperghis, Salvatore Sciarrino, Alex Buess, Elliott Sharp, Denis Levaillant, Alvaro Carlevaro, Terry Riley. Ils donnent l'image d'un instrument aux multiples facettes et capable de se nourrir de toutes les influences, de servir avec pertinence tous les styles de musiques.
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+ Le premier ensemble entièrement formé de saxophones a été fondé par le professeur berlinois Gustav Bumcke dans les années 1920. À sa suite, Sigurd Rascher en formera également un aux États-Unis dans les années 1960, mais c'est surtout Jean-Marie Londeix et l'ensemble de saxophone de Bordeaux qui ont donné à partir des années 1970 l'impulsion pour le développement de ces orchestres de saxophones. Il en a fixé la formule de base de 12 instruments sous le modèle d'un triple quatuor étendu : 1 sopranino, 2 sopranos, 3 altos, 3 ténors, 2 barytons, 1 basse.
231
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232
+ À sa suite, de nombreux autres ensembles similaires se forment dans différents conservatoires : à Lyon (Serge Bichon), Boulogne-Billancourt (Jean-Michel Goury), au Conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris (Claude Delangle), à Dijon (Nicolas Woillard) ou à l'ENM de Vannes-Pontivy avec le Collectif Sax (Roland Becker). Jean-Pierre Caens s'est inspiré de la formation de son mentor Jean-Marie Londeix pour créer un ensemble similaire basé à Aix-en-Provence, l'Ensemble de Saxophones de Provence.
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+
234
+ C'est pour cette formule qu'ont été composées de nombreuses pièces d'un grand intérêt : François Rossé, Francisco Guerrero, Christian Lauba, Christophe Havel, Karlheinz Stockhausen, Félix Ibarrondo, mais aussi Ida Gotkovsky, Gérard Gastinel et Antoine Tisné, sans compter les nombreuses transcriptions qui fleurissent ici et là pour compléter ce répertoire un peu récent.
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+
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+ Depuis les années 2000 et l'apparition de nouveaux saxophones tels que le tubax ou le piccolo, de nouvelles formules apparaissent pour exploiter ces nouvelles possibilités de couleurs : entre autres l'ensemble Amiens Sax Projet (Serge Bertocchi) ou le National Saxophone Choir of Great Britain de Nigel Wood. Renforcés dans leurs tessitures extrêmes, ces ensembles suscitent également un grand intérêt de la part des compositeurs, et leur répertoire s'étoffe peu à peu.
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+
238
+ Hector Berlioz dans son grand traité d'instrumentation et d'orchestration définit avec une grande exactitude la nature des timbres des saxophones :
239
+
240
+ « L'auteur de cet ouvrage n'est point obligé, sans doute, de mentionner la multitude d'essais de toute espèce, que font journellement les fabricants d'instruments de musique, leur prétendues inventions plus ou moins malheureuses, ni de faire connaître les individus inutiles qu'ils veulent introduire dans le peuple des instruments. Mais il doit signaler et recommander à l'attention des compositeurs les belles découvertes que d'ingénieux artistes ont faites, surtout quand l'excellence du résultat de ces découvertes a été généralement reconnue, et quand leur application est déjà un fait accompli dans la pratique musicale d'une partie de l'Europe. Ces producteurs sont au reste peu nombreux, et MM. Adolphe Sax et Alexandre se présentent à leur tête. M. Sax, dont les travaux vont nous préoccuper d'abord, a perfectionné, je l'ai déjà indiqué çà et là dans le cours de ce travail, plusieurs instruments anciens. Il a en outre comblé plusieurs vides existant dans la famille des instruments de cuivre. Son principal mérite néanmoins est la création d'une famille nouvelle, complète depuis quelques années seulement, celle des instruments à anche simple, à bec de clarinette et en cuivre. Ce sont les saxophones. »
241
+
242
+ « Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses. Douces et pénétrantes dans le haut, pleines, onctueuses dans le grave, leur medium a quelque chose de profondément expressif. C’est en somme un timbre sui generis, offrant de vagues analogies avec les sons du violoncelle, de la clarinette et du cor anglais, et revêtu d’une demi-teinte cuivrée, qui lui donne un accent particulier. Le corps de l'instrument est un cône parabolique en cuivre, armé d'un système de clefs. Agile, propre aux traits d'une certaine rapidité, presque autant qu'aux cantilènes gracieuses et aux effets d'harmonie religieux et rêveurs, les saxophones peuvent figurer avec un grand avantage dans tous les genres de musique, mais surtout dans les morceaux lents et doux. Le timbre des notes aiguës des saxophones graves a quelque chose de pénible et de douloureux, celui de leurs notes basses est au contraire d’un grandiose calme pour ainsi dire pontifical. Tous, le baryton et le basse principalement, possèdent la faculté d’enfler et d’éteindre le son ; d’où résultent, dans l’extrémité inférieure de l’échelle, des effets inouïs jusqu’à ce jour, qui leur sont tout à fait propres et tiennent un peu de ceux de l’orgue expressif. Le timbre du saxophone aigu est beaucoup plus pénétrant que celui des clarinettes en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et en ut, sans avoir l'éclat perçant et souvent aigre de la petite clarinette en mi
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
260
+ . On peut en dire autant du soprano. Les compositeurs habiles tireront plus tard un parti merveilleux des saxophones associés à la famille des clarinettes ou introduits dans d’autres combinaisons, qu’il serait téméraire de chercher à prévoir. Cet instrument se joue avec une grande facilité, le doigté procédant du doigté de la flûte et de celui du hautbois. Les clarinettistes déjà familiarisés avec l'embouchure, se rendent maîtres de son mécanisme en très peu de temps. »
261
+
262
+ L'AsSaFra (Association des Saxophonistes de France) fondée en novembre 1971 par Jean-Marie Londeix, avec Marcel Mule comme Président d'Honneur, devenue en 1996 l’A.SAX (Association des Saxophonistes) à la suite de sa fusion avec l’A.P.E.S. (Association internationale Pour l’Essor du Saxophone), a joué un rôle décisif dans la place du saxophone classique et contemporain dans le paysage culturel et musical d'aujourd'hui[6], en particulier en France où on lui doit notamment le fait que le saxophone soit enseigné dans les conservatoires. À la suite de la création de l'AsSaFra, un Certificat d'Aptitude spécifique au saxophone fut créé par le Ministère de la Culture, et des spécialistes remplacèrent peu à peu les professeurs de basson et de clarinette qui enseignaient jusque-là le saxophone dans les conservatoires français. Il est désormais possible un peu partout d'apprendre à jouer auprès d'un saxophoniste confirmé.
263
+
264
+ Parmi les autres actions entreprises par les associations de saxophonistes, l'organisation de Concours nationaux et internationaux, de Journées Régionales du Saxophone, voire de congrès et colloques internationaux, la commande d'œuvres à divers compositeurs de toutes obédiences, pour la pédagogie, le concert ou la musique de chambre. L'A.SAX publie une revue bisannuelle intitulée "Les Cahiers du saxophone", comprenant des interviews de compositeurs et de musiciens, des analyses d'œuvres et des forums de discussion sur divers sujets pédagogiques ou musicaux.
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+ Spécifique à l'enseignement du saxophone, une pédagogie pluridisciplinaire se développe peu à peu, ouverte aux styles les plus divers : jazz et classique évidemment, mais intégrant de plus en plus les musiques actuelles, folkloriques, le jeu sur tous les saxophones (la famille est riche), avec électroacoustique voire informatique musicale.
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+ Claude Georgel est l'actuel président de l'A.SAX, Claude Delangle et Serge Bertocchi en furent les présidents fondateurs.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La Scandinavie (en danois : Skandinavien ; en suédois : Skandinavien ; en norvégien : Skandinavia) est une région historique et culturelle d'Europe du Nord constituée de trois monarchies constitutionnelles, le Danemark, la Norvège et la Suède. Le terme de « Scandinavie » est souvent improprement utilisé pour désigner l'ensemble des pays nordiques, c'est-à-dire en ajoutant aux États précédents l'Åland, la Finlande, l'Islande, les îles Féroé et le Groenland. Ses habitants sont appelés les Scandinaves.
10
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11
+ En raison des vagues successives de glaciation qui l'ont frappée, la Scandinavie a été plusieurs fois dépeuplée et dépourvue de faune et flore terrestres.
12
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+ On inclut en général par le terme « Scandinavie », la Norvège, la Suède et le Danemark ; cet ensemble est assez homogène ethniquement et linguistiquement, hormis les Samis et les Finnois. Ces trois pays ont également une longue histoire commune, souvent réduite à tort à la période viking du VIIIe siècle au XIe siècle, puisqu'ils ont été souvent réunis sous la même couronne (notamment dans le cadre de l'Union de Kalmar).
14
+
15
+ Depuis les années 1850, la Scandinavie incluait, politiquement et culturellement, le Danemark, la Norvège et la Suède. Géographiquement, la péninsule Scandinave inclut la Norvège (hormis le comté de Troms et le Finnmark) et la Suède, alors que la péninsule du Jutland inclut le Danemark et une petite région de l'Allemagne (le Danemark n'a plus aucun territoire sur la péninsule Scandinave depuis le début du XIXe siècle).
16
+
17
+ Le Danemark, la Norvège et la Suède sont vus comme région politique et culturelle unie pendant la montée des mouvements nationalistes dans ces pays au milieu du XIXe siècle dans le cadre du scandinavisme. Avant le milieu du XIXe siècle, la limite a couvert une plus grande région de l'Europe nordique comprenant les régions adjacentes de l'Allemagne et de la Russie encadrant la Finlande et l'Estonie. Cette dernière, par sa proximité linguistique avec la Finlande, se revendique autant nordique que balte.
18
+
19
+ Aujourd'hui, les similitudes linguistiques autant qu'historiques et culturelles permettent d'unir la Scandinavie. Ces similitudes ont en outre persisté après l'hostilité des politiques de ces pays pendant les deux guerres mondiales et la guerre froide, et les positions différentes sur l'adhésion aux organismes internationaux (par exemple l'OTAN et l'Union européenne).
20
+
21
+ Au sens large, on y inclut parfois la Finlande, longtemps sous domination suédoise et dont la minorité suédophone réside dans les centres urbains, et l'Islande, longtemps gouvernée par le Danemark et de peuplement originellement norvégien, ainsi que les îles Féroé, région autonome du Danemark et au sens maximal, le Svalbard et le Groenland car dépendant respectivement de la Norvège et du Danemark[réf. souhaitée]. Dans l'utilisation actuelle, le terme Scandinavie est souvent employé par erreur comme synonyme de « pays nordiques », qui désigne sans ambiguïté le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et l'Islande, tous pays membres du Conseil nordique.
22
+
23
+ Toutefois, alors que l'inclusion de l'Islande et des territoires dépendant du Danemark peut se défendre (leur peuplement et leur langue découlent du Danemark et du danois), celle de la Finlande est incorrecte sur le plan historique et géographique. En effet, la langue finnoise n'a aucun rapport avec les langues scandinaves (le finnois n'appartient pas à l'ensemble indo-européen), et la Finlande forme un ensemble géographique distinct de la péninsule Scandinave.
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+ Rigoureusement, l'addition de la Finlande et de la Scandinavie est désignée sous le terme de Fennoscandie.
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27
+ Trois hypothèses d'origine expliquent le nom « Scandinavie » :
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+ La Scandinavie comprend toute la péninsule Scandinave, le Jutland et l'ensemble des îles de la région, à l'exception de la province insulaire d'Åland. Une petite partie de la péninsule du Jutland appartient à l'Allemagne, cette fraction n'est par conséquent pas comprise dans la Scandinavie.
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+
33
+ La Scandinavie se caractérise par un climat allant d'un climat océanique tempéré au Danemark (Cfb selon la classification de Köppen) à un climat de toundra (ET) dans la chaîne scandinave (et en Islande), en passant par des climats continentaux (Dfb) et subarctiques (Dfc).
34
+
35
+ Les pays scandinaves bénéficient d'une nature sauvage et d'une faune exceptionnellement bien conservées pour l'Europe, ainsi que de paysages peu anthropisés[réf. nécessaire]. La forêt y est cependant de plus en plus artificialisée et intensivement exploitée pour répondre aux demandes en bois et pâte à papier du pays et des autres pays[réf. nécessaire].
36
+
37
+ La zone a été touchée, deux fois, par le nuage de Tchernobyl et par des rejets radioactifs venant de l'est.
38
+
39
+ La mer Baltique, semi-fermée est très polluée, avec plusieurs zones mortes, probablement en raison de l'eutrophisation, de la pollution générale et localement de graves pollutions liées aux munitions immergées après les deux guerres mondiales[3]. Cela représente 40 000 tonnes de munitions, dont 15 000 tonnes d'agents de guerre chimique selon la commission Helcom[4].
40
+
41
+ L'utilisation moderne du terme Scandinavie provient du Mouvement politique de Scandinavie, qui était en activité au milieu du XIXe siècle, principalement entre la première guerre de Schleswig (Slesvig) (1848-1850), dans laquelle la Suède-Norvège a montré sa considérable force militaire et la seconde guerre du Schleswig (1864) où le Parlement de la Suède a rejeté les promesses du roi d'apporter un appui militaire.
42
+
43
+ Le roi a proposé l'unification du Danemark, de la Norvège et de la Suède en « Royaume-Uni ». Ceci après les évènements tumultueux pendant les guerres napoléoniennes qui menèrent à la division de la Suède (la partie orientale devenant le grand-duché de Finlande en 1809) et du Danemark. La Finlande devenant une partie de la Russie impériale signifiait alors qu'elle devrait être laissée hors de toute tentative d'union politique entre pays nordiques.
44
+
45
+ La Scandinavie géographique incluait la Norvège, la Suède et des régions de Finlande, mais la Scandinavie politique incluait également le Danemark. Politiquement la Suède et la Norvège ont été unies dans une union sous un monarque et la Finlande a constitué une partie de la Suède. Le Danemark comportait également les territoires d'Islande, des Îles Féroé et le Groenland dans l'océan Atlantique (qui cependant historiquement avait appartenu à la Norvège, mais involontairement resté avec le Danemark selon le traité de Kiel).
46
+
47
+ La fin du mouvement politique scandinave est arrivée lorsque le Danemark a refusé son appui militaire à la Suède-Norvège pour l'annexion du duché de Schleswig. La seconde guerre du Schleswig suivit en 1864. Ce fut une brève mais désastreuse guerre entre le Danemark et la Prusse (soutenue par l'Autriche). Le Schleswig-Holstein a été conquis par la Prusse, et après le succès de la Prusse dans la guerre franco-prussienne de 1870, un Empire allemand a été créé et un nouvel équilibre autour de la mer Baltique fut établi.
48
+
49
+ Même si une union politique scandinave n'est jamais apparue, il y eut une Union monétaire scandinave avec la couronne comme devise commune qui dura de 1873 au début de la Première Guerre mondiale.
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+ Après la Première Guerre mondiale, la coopération scandinave reprit avec la participation de la Finlande nouvellement indépendante et, depuis 1944, l'Islande. En 1952, les pays nordiques s'associèrent au sein du Conseil nordique.
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+ La plupart des langues scandinaves (danois au Danemark, suédois en Suède et en Finlande, et norvégien en Norvège) sont mutuellement intelligibles[5]. Les Scandinaves peuvent facilement comprendre les langues de chacun de leurs voisins car elles apparaissent quotidiennement dans la presse et sont entendues à la radio et à la télévision. Le danois, le suédois et le norvégien sont traditionnellement vus en tant que des langues différentes alors qu'elles sont plutôt des dialectes d'une langue commune. Cette langue est liée aux autres langues germaniques du nord, l'islandais et le féroïen qui descendent du vieux norrois. Depuis le Moyen Âge, le danois, le suédois et le norvégien ont été influencés à des degrés divers par l'allemand. Une quantité substantielle de cette influence provient de l'activité économique gérée par les hanses germanophones.
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+ Les Norvégiens, qui ont deux formes d'écriture parallèles et une forte présence de dialectes locaux, sont accoutumés à des variations et peuvent percevoir le danois et le suédois comme des dialectes légèrement plus éloignés.
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+ Les langues scandinaves sont, en tant que famille de langue, entièrement indépendantes du finnois, des langues sames et de l'estonien, qui comme langues finno-ougriennes sont liées au hongrois. Cependant, il y a toujours eu beaucoup d'emprunts à la langue suédoise par ces langues.
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+ Le ballet est un genre dramatique dont l'action est figurée par des pantomimes et des danses. Ses origines remontent à la Renaissance italienne (XVe siècle). Primitivement développé dans les cours d'Italie, le ballet a reçu ses lettres de noblesse en France, puis en Russie, en tant que danse-spectacle.
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+ Au XVIIe siècle, le développement important qu'a connu le ballet à la cour de Louis XIV explique l'origine française de la plupart des termes de vocabulaire de la danse.
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+ Selon les époques, les pays et les courants, le spectacle chorégraphique peut intégrer de la musique, du chant, du texte, des décors, voire des machineries.
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+ Comme l'opéra, le ballet peut, être, organisé de deux manières :
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+ La structure du ballet « à entrées » est la plus ancienne : des danses s'enchaînent les unes après les autres comme autant d'épisodes distincts.
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+ Le mot français « ballet » dérive de l'italien « balletto », un diminutif de « ballo » (« danse »), venant lui-même du latin « ballo », « ballare » signifiant « danser », dérivé du grec « βαλλίζω » (ballizo) signifiant également « danser, sauter ». L'orthographe française « ballet » est également utilisée à l'identique en anglais, où le mot a été importé vers 1630.
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+ Le balletto a vu le jour à la cour italienne de la Renaissance où les mariages étaient somptueusement célébrés. Musiciens et danseurs faisaient de leur mieux pour distraire les invités. Lorsque Catherine de Médicis, intéressée par les arts, épouse Henri II (1533), héritier du trône de France, elle apporte son enthousiasme pour la danse et son soutien financier. Le balletto est présenté à la cour du Roi de France où on lui adjoint paroles, versets, chants, décors et costumes pour en faire un grand spectacle d'apparat, qui deviendra le ballet. Domenico da Piacenza était l'un des premiers maîtres à danser. Avec ses élèves Antonio Cornazzano et Guglielmo Ebreo, il était formé à l'art de la danse et chargé de son enseignement.
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+ Le Ballet comique de la reine, chorégraphié par Balthazar de Beaujoyeulx, est monté et présenté à Paris en 1581 l'année même où paraissait en Italie Il Ballarino, un traité de technique sur la danse à la cour par Fabritio Caroso. Bien que le Ballet comique de la reine ne soit pas le premier ballet du genre, sa représentation coïncidait avec la parution du traité établi en Italie alors centre du développement technique du ballet.
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+ Le ballet de cour français, à la fois instrumental et vocal, est contemporain des premiers essais de monodie dramatique à Florence (les « intermèdes », à la fin du XVIe siècle). C'est de la tradition du ballet de cour que sont issus les opéras-ballets et les comédies-ballets de Lully et Molière.
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+ En France, le ballet a conquis ses lettres de noblesse en tant qu'art à part entière à la cour du roi Louis XIV qui était passionné par la danse et déterminé à inverser le déclin de cet art, commencé au cours du XVIIe siècle. Louis XIV crée l'Académie royale de danse en 1661, puis en 1669, l'Académie Royale de Musique. Ce sera la naissance de la prestigieuse compagnie aujourd'hui connue sous le nom de Ballet de l'Opéra national de Paris. En 1681 dans Le Triomphe de l'Amour de Jean-Baptiste Lully, Mademoiselle de La Fontaine y est la première danseuse professionnelle. Pierre Beauchamp, danseur et chorégraphe à la cour, codifie les cinq positions classiques et met au point un système de notation de la danse.
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+ Le XVIIIe siècle voit une profonde évolution dans les standards et technique du ballet et se positionne comme une forme de spectacle artistique aux côtés de l'opéra. Le travail de Jean-Georges Noverre et ses Lettres sur la danse (1760) ne sont pas étrangers à l'évolution vers le ballet d'action (ou ballet-pantomime), dans lequel les mouvements du danseur expriment les sentiments du personnage qu'il est censé représenter et aide à la compréhension du récit. Le tout premier ballet d'action du répertoire sera le Don Juan (1761) de Gluck, écrit selon les indications de Noverre. Cette œuvre majeure est l'ancêtre direct des grands ballets des XIXe et XXe siècles.
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+ À cette époque, les femmes, encombrées qu'elles étaient par les paniers, corsets, perruques et autres talons hauts, ne jouaient qu'un rôle secondaire (alors qu'elles prédominent de nos jours).
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+ Le ballet intercalaire, inséré dans un opéra, devient ensuite une spécificité de l'art lyrique français. On peut le voir en assistant à des représentations des tragédies lyriques de Lully et Rameau. La réforme de Noverre (ballet d'action) et celle de Gluck conservent également cette pratique.
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+ Le ballet moderne comprend une succession d'épisodes qui s'enchaînent de manière continue. Ce type de ballet se développe au début du XIXe siècle dans un cadre autonome. Et les conceptions wagnériennes, illustrées par sa représentation de Tannhäuser en 1861 à l'Opéra de Paris, rendront caduque la pratique du ballet intercalaire dans le Grand opéra.
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+ Héritière de la « belle danse » pratiquée en Europe occidentale depuis le XVIIe siècle, la danse classique a pour principes fondateurs l'« en dehors », les cinq positions de références, l'aplomb, la rigueur et la netteté. Sa technicité n'a cessé de se développer depuis l'Académie royale de danse et son vocabulaire s'est enrichi sans cesse, toujours en français.
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+ En 1832, Marie Taglioni danse à l'Opéra de Paris le ballet La Sylphide chorégraphié par son père Filippo Taglioni, où apparaissent à la fois le tutu romantique et la technique des pointes.
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+ C'est à cette époque que le tutu fait son apparition et découvre entièrement la jambe de la ballerine.
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+ Avec La Sylphide, un grand tournant s'opère : l'idéal romantique submerge la scène et la danse devient aérienne, précise, élaborée, et essentiellement féminine. Cette impression de légèreté vient de l'utilisation des chaussons de danse nommés « pointes » (utilisés pour la première fois en 1801) et dont le bout renforcé permet à la danseuse de se tenir sur ses pointes de pieds. Elle est alors au centre de tous les ballets romantiques, les partenaires masculins servant davantage de « faire-valoir » et de « porteurs » à la ballerine. L'aplomb, le pas de deux et l'élévation en symbolisent les nouvelles qualités techniques, ainsi que la qualité et la rigueur d'un corps de ballet qui supportent les solistes.
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+ Après 1850, l'enthousiasme pour le ballet commence à faiblir à Paris mais trouve son épanouissement au Danemark et en Russie grâce à des maîtres de ballet et chorégraphes comme Auguste Bournonville, Jules Perrot, Arthur Saint-Léon, Enrico Cecchetti et Marius Petipa. L'orientalisme devient à la mode vers la fin du XIXe siècle.
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+ Alors que la France contribue à l'essor du ballet à ses débuts, d'autres pays, en particulier la Russie, adoptent cette nouvelle forme de l'art. C'est Marius Petipa, un Français qui passa l'essentiel de son existence en Russie, qui est l'un des grands explorateurs de la technique classique. Petipa est surtout célèbre par ses chorégraphies de ballets et nous a laissé de nombreux chefs-d'œuvre tels que Le Lac des cygnes, issus du folklore européen sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, Don Quichotte, La Belle au bois dormant ou Casse-Noisette, qui sont le fondement et la base de la danse classique telle qu'on l'entend aujourd'hui. Le mot « classique » fait son apparition avec les Ballets russes (1910) et ne quittera plus la danse. Marius Petipa fait appel à l'engouement populaire en montant aussi La Fille du pharaon en 1862 puis La Bayadère (1877) et Le Talisman (1889). Le colonialisme apporte alors une connaissance des cultures asiatiques et africaines, mais la dénature par une désinformation et beaucoup de fantaisie. L'orient est alors perçu comme décadent. C'est néanmoins l'époque de la constitution de grandes collections privées occidentales concernant ces cultures.
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+ Serge de Diaghilev ravive l'intérêt du public pour le ballet lorsqu'il fonde sa compagnie des Ballets russes. Elle est constituée de danseurs issus de la communauté des Russes exilés à Paris après la Révolution de 1917. Diaghilev et Stravinsky ont uni leurs talents pour faire vivre le folklore russe à travers L'Oiseau de feu et Petrouchka. Une polémique est née pour Le Sacre du printemps, qui a heurté les Américains.Ce paragraphe nécessite une référence[réf. nécessaire]
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+ Michel Fokine commence sa carrière de danseur et chorégraphe à Saint-Pétersbourg alors que celle de Petipa décline. Fokine quitte la Russie pour Paris où il travaille avec Diaghilev et ses Ballets russes.
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+ En France, avec Serge Lifar, et aux États-Unis, avec George Balanchine, créateur du New York City Ballet et fondateur de la Méthode Balanchine, le ballet se renouvelle en donnant lieu au style néo-classique.
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+ Les Ballets russes poursuivent leur développement sous le régime soviétique. Il restait peu de talents après la Révolution mais suffisamment pour former une nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes qui apparaîtront sur la scène vers le milieu des années 1930. Perfection technique et précision sont exigées par Agrippina Vaganova[1] directrice de l'école de danse du Théâtre Mariinsky.
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+ Le ballet était et reste très populaire en Russie. Les compagnies du Kirov (actuellement Théâtre Mariinski) et celle du Théâtre Bolchoï sont très appréciées. L'idéologie de l'époque a contraint les deux compagnies à programmer des pièces empreintes de réalisme socialiste soviétique dont la plupart ont été peu appréciées et retirées du répertoire ultérieurement. Néanmoins, certains ballets sont remarquables comme le Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev. Flammes de Paris (1932) utilise largement le corps de ballet et nécessite une virtuosité étonnante dans son exécution. La Fontaine de Bakhtchisaraï (1933), version dansée du poème d'Alexandre Pouchkine chorégraphiée par Rostislav Zakharov sur une musique de Boris Assafiev, est un succès indéniable et a été interprété pour la première fois aux États-Unis par le Kirov lors de sa tournée de 1999. Cendrillon est également une production des ballets soviétiques. Ces pièces ont été peu connues en Occident avant l'effondrement de l'URSS.
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+ Depuis la fin du XVIIe siècle, le ballet est organisé de façon hiérarchique, eu égard à la qualité technique et à l'ancienneté du danseur dans la troupe. Chacun y tient un rang déterminé, une fonction particulière. La hiérarchie qui suit est celle adoptée par le Ballet de l'Opéra de Paris ; elle n'est pas universelle, bien qu'appliquée dans d'autres compagnies de ballet.
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+ La technique du ballet vise à acquérir une souplesse anatomique des articulations qui permet d'exécuter les différents mouvements du vocabulaire de la danse. L'essentiel de la technique du ballet subit peu de différences en fonction des pays. Le ballet en général et plus particulièrement le ballet romantique met l'accent sur la méthode et l'accomplissement des mouvements[2] qui diffère physiquement et esthétiquement en fonction de la méthode d'enseignement.
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+ Les principes fondamentaux de la technique du ballet restent les mêmes : attitude générale du corps, position adéquate, alignement de la tête et des épaules dans une verticale, silhouette longiligne, quantité et qualité des rotations jambe dirigée vers l'extérieur du corps (en dehors), danse sur les pointes et souplesse. Le but à atteindre est le parfait travail du pied, le port gracieux des bras et de la tête et une position esthétiquement correcte des différents angles.
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+ L'école de danse est, avant tout, l'école de la rigueur et de la discipline[a]. Les exercices développent force musculaire, équilibre, souplesse et grâce. Les futures ballerines acquièrent la force du pied et des chevilles nécessaire à la technique sur les pointes. Il est fermement conseillé aux jeunes danseurs d'acquérir de bonnes habitudes et de protéger la santé de leurs os, muscles et articulations.
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+ Les méthodes d'enseignement de la danse du ballet sont appelées selon le nom de leur concepteur. Il existe sept méthodes d'enseignement de la danse de ballet. Par ordre de notoriété décroissante :
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+ Ces techniques, fondées sur celles du ballet romantique, sont le support de bien d'autres styles de danse : hip-hop, danse moderne et contemporaine.
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+ Bien que subissant de légères variations selon les pays, les règles et le vocabulaire de la danse classique sont les mêmes dans le monde entier. Les différentes méthodes d'enseignement de la danse de ballet visent toutes à l'esthétique du danseur. Ceci est particulièrement vrai pour les extensions et le dynamisme des rotations de l'école russe alors que l'école italienne privilégie le travail de fond et les mouvements rapides des pieds. On pense que la Tarentelle, danse traditionnelle italienne, n'est pas étrangère à l'orientation du ballet italien.
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+ Les vêtements de danse sont parfaitement codifiés et très stricts; leur but est de permettre la liberté des mouvements, de ne pas entraver le danseur au cours des rotations et de permettre au maître de juger l'alignement et la technique de son élève.
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+ Pour les femmes, le vêtement traditionnel est constitué d'un justaucorps ou un maillot de corps, d'un collant de danse et, éventuellement, d'une jupette. Le tutu est réservé aux représentations.
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+ Pendant les cours et les périodes de pauses durant les spectacles, elles peuvent porter des guêtres, afin d'éviter le refroidissement des muscles. Les pieds de la danseuse sont chaussés de chaussons techniques habituellement roses ou beiges, et peuvent être en toile ou en cuir. Au cours des leçons et des exhibitions de ballets romantiques, la ballerine est tenue de coiffer ses cheveux en un chignon afin de dégager le cou, pour que le spectateur ou le maître à danser puissent juger du maintien de la danseuse.
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+ Leur enseignement vise à renforcer surtout la musculature de leurs pieds et de leurs chevilles afin de les préparer à la danse sur les pointes. Il ne faut pas perdre de vue qu'une danse sur les pointes commencée trop jeune ou avec un apprentissage insuffisant peut conduire à des accidents ou des blessures qui peuvent apparaître ultérieurement et handicaperont la ballerine définitivement.
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+ Les hommes portent habituellement un collant gris et un tee-shirt blanc. Les jeunes danseurs portent volontiers un académique. Les danseurs maintiennent leurs organes génitaux dans une coquille portée sous leurs vêtements de danse. Leurs pieds sont chaussés de chaussons techniques souples noirs ou gris. Leur enseignement développe leur musculature dans sa totalité et leur apprend les portés, sauts et rotations.
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+ Afin de réaliser les numéros de danse les plus exigeants, le danseur se doit de sembler défier les lois de la pesanteur. Un haut niveau de forme physique est exigé dans ce but. Par exemple, au cours du grand jeté, le danseur (ou la danseuse) peut paraître planer. Physiquement son centre de gravité décrit une parabole comme le ferait un projectile. La capacité d'un observateur à estimer le centre de gravité lorsqu'un projectile change de trajectoire est limité. Pour donner cette illusion de flotter, le danseur allonge bras et jambes au maximum ce qui masque sa chute et donne au spectateur l'illusion qu'il vole[3],[4],[5]. Le saut de chat donne également l'impression que le/ danseur est suspendu dans les airs. Le contact avec le sol doit être parfaitement programmé. Le danseur plie les genoux et touche le sol sur la pointe des pieds. Il déroule alors son extrémité en direction du talon. Cette technique doit impérativement être enseignée par un maître expérimenté pour des raisons artistiques aussi bien que par mesure de sécurité[6],[7],[8].
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La Scandinavie (en danois : Skandinavien ; en suédois : Skandinavien ; en norvégien : Skandinavia) est une région historique et culturelle d'Europe du Nord constituée de trois monarchies constitutionnelles, le Danemark, la Norvège et la Suède. Le terme de « Scandinavie » est souvent improprement utilisé pour désigner l'ensemble des pays nordiques, c'est-à-dire en ajoutant aux États précédents l'Åland, la Finlande, l'Islande, les îles Féroé et le Groenland. Ses habitants sont appelés les Scandinaves.
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+ En raison des vagues successives de glaciation qui l'ont frappée, la Scandinavie a été plusieurs fois dépeuplée et dépourvue de faune et flore terrestres.
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+ On inclut en général par le terme « Scandinavie », la Norvège, la Suède et le Danemark ; cet ensemble est assez homogène ethniquement et linguistiquement, hormis les Samis et les Finnois. Ces trois pays ont également une longue histoire commune, souvent réduite à tort à la période viking du VIIIe siècle au XIe siècle, puisqu'ils ont été souvent réunis sous la même couronne (notamment dans le cadre de l'Union de Kalmar).
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+ Depuis les années 1850, la Scandinavie incluait, politiquement et culturellement, le Danemark, la Norvège et la Suède. Géographiquement, la péninsule Scandinave inclut la Norvège (hormis le comté de Troms et le Finnmark) et la Suède, alors que la péninsule du Jutland inclut le Danemark et une petite région de l'Allemagne (le Danemark n'a plus aucun territoire sur la péninsule Scandinave depuis le début du XIXe siècle).
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+ Le Danemark, la Norvège et la Suède sont vus comme région politique et culturelle unie pendant la montée des mouvements nationalistes dans ces pays au milieu du XIXe siècle dans le cadre du scandinavisme. Avant le milieu du XIXe siècle, la limite a couvert une plus grande région de l'Europe nordique comprenant les régions adjacentes de l'Allemagne et de la Russie encadrant la Finlande et l'Estonie. Cette dernière, par sa proximité linguistique avec la Finlande, se revendique autant nordique que balte.
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+ Aujourd'hui, les similitudes linguistiques autant qu'historiques et culturelles permettent d'unir la Scandinavie. Ces similitudes ont en outre persisté après l'hostilité des politiques de ces pays pendant les deux guerres mondiales et la guerre froide, et les positions différentes sur l'adhésion aux organismes internationaux (par exemple l'OTAN et l'Union européenne).
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+ Au sens large, on y inclut parfois la Finlande, longtemps sous domination suédoise et dont la minorité suédophone réside dans les centres urbains, et l'Islande, longtemps gouvernée par le Danemark et de peuplement originellement norvégien, ainsi que les îles Féroé, région autonome du Danemark et au sens maximal, le Svalbard et le Groenland car dépendant respectivement de la Norvège et du Danemark[réf. souhaitée]. Dans l'utilisation actuelle, le terme Scandinavie est souvent employé par erreur comme synonyme de « pays nordiques », qui désigne sans ambiguïté le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et l'Islande, tous pays membres du Conseil nordique.
22
+
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+ Toutefois, alors que l'inclusion de l'Islande et des territoires dépendant du Danemark peut se défendre (leur peuplement et leur langue découlent du Danemark et du danois), celle de la Finlande est incorrecte sur le plan historique et géographique. En effet, la langue finnoise n'a aucun rapport avec les langues scandinaves (le finnois n'appartient pas à l'ensemble indo-européen), et la Finlande forme un ensemble géographique distinct de la péninsule Scandinave.
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+ Rigoureusement, l'addition de la Finlande et de la Scandinavie est désignée sous le terme de Fennoscandie.
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+ Trois hypothèses d'origine expliquent le nom « Scandinavie » :
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+ La Scandinavie comprend toute la péninsule Scandinave, le Jutland et l'ensemble des îles de la région, à l'exception de la province insulaire d'Åland. Une petite partie de la péninsule du Jutland appartient à l'Allemagne, cette fraction n'est par conséquent pas comprise dans la Scandinavie.
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+ La Scandinavie se caractérise par un climat allant d'un climat océanique tempéré au Danemark (Cfb selon la classification de Köppen) à un climat de toundra (ET) dans la chaîne scandinave (et en Islande), en passant par des climats continentaux (Dfb) et subarctiques (Dfc).
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+ Les pays scandinaves bénéficient d'une nature sauvage et d'une faune exceptionnellement bien conservées pour l'Europe, ainsi que de paysages peu anthropisés[réf. nécessaire]. La forêt y est cependant de plus en plus artificialisée et intensivement exploitée pour répondre aux demandes en bois et pâte à papier du pays et des autres pays[réf. nécessaire].
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+ La zone a été touchée, deux fois, par le nuage de Tchernobyl et par des rejets radioactifs venant de l'est.
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+ La mer Baltique, semi-fermée est très polluée, avec plusieurs zones mortes, probablement en raison de l'eutrophisation, de la pollution générale et localement de graves pollutions liées aux munitions immergées après les deux guerres mondiales[3]. Cela représente 40 000 tonnes de munitions, dont 15 000 tonnes d'agents de guerre chimique selon la commission Helcom[4].
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+ L'utilisation moderne du terme Scandinavie provient du Mouvement politique de Scandinavie, qui était en activité au milieu du XIXe siècle, principalement entre la première guerre de Schleswig (Slesvig) (1848-1850), dans laquelle la Suède-Norvège a montré sa considérable force militaire et la seconde guerre du Schleswig (1864) où le Parlement de la Suède a rejeté les promesses du roi d'apporter un appui militaire.
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+ Le roi a proposé l'unification du Danemark, de la Norvège et de la Suède en « Royaume-Uni ». Ceci après les évènements tumultueux pendant les guerres napoléoniennes qui menèrent à la division de la Suède (la partie orientale devenant le grand-duché de Finlande en 1809) et du Danemark. La Finlande devenant une partie de la Russie impériale signifiait alors qu'elle devrait être laissée hors de toute tentative d'union politique entre pays nordiques.
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+ La Scandinavie géographique incluait la Norvège, la Suède et des régions de Finlande, mais la Scandinavie politique incluait également le Danemark. Politiquement la Suède et la Norvège ont été unies dans une union sous un monarque et la Finlande a constitué une partie de la Suède. Le Danemark comportait également les territoires d'Islande, des Îles Féroé et le Groenland dans l'océan Atlantique (qui cependant historiquement avait appartenu à la Norvège, mais involontairement resté avec le Danemark selon le traité de Kiel).
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+ La fin du mouvement politique scandinave est arrivée lorsque le Danemark a refusé son appui militaire à la Suède-Norvège pour l'annexion du duché de Schleswig. La seconde guerre du Schleswig suivit en 1864. Ce fut une brève mais désastreuse guerre entre le Danemark et la Prusse (soutenue par l'Autriche). Le Schleswig-Holstein a été conquis par la Prusse, et après le succès de la Prusse dans la guerre franco-prussienne de 1870, un Empire allemand a été créé et un nouvel équilibre autour de la mer Baltique fut établi.
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+ Même si une union politique scandinave n'est jamais apparue, il y eut une Union monétaire scandinave avec la couronne comme devise commune qui dura de 1873 au début de la Première Guerre mondiale.
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+ Après la Première Guerre mondiale, la coopération scandinave reprit avec la participation de la Finlande nouvellement indépendante et, depuis 1944, l'Islande. En 1952, les pays nordiques s'associèrent au sein du Conseil nordique.
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+ La plupart des langues scandinaves (danois au Danemark, suédois en Suède et en Finlande, et norvégien en Norvège) sont mutuellement intelligibles[5]. Les Scandinaves peuvent facilement comprendre les langues de chacun de leurs voisins car elles apparaissent quotidiennement dans la presse et sont entendues à la radio et à la télévision. Le danois, le suédois et le norvégien sont traditionnellement vus en tant que des langues différentes alors qu'elles sont plutôt des dialectes d'une langue commune. Cette langue est liée aux autres langues germaniques du nord, l'islandais et le féroïen qui descendent du vieux norrois. Depuis le Moyen Âge, le danois, le suédois et le norvégien ont été influencés à des degrés divers par l'allemand. Une quantité substantielle de cette influence provient de l'activité économique gérée par les hanses germanophones.
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+ Les Norvégiens, qui ont deux formes d'écriture parallèles et une forte présence de dialectes locaux, sont accoutumés à des variations et peuvent percevoir le danois et le suédois comme des dialectes légèrement plus éloignés.
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+ Les langues scandinaves sont, en tant que famille de langue, entièrement indépendantes du finnois, des langues sames et de l'estonien, qui comme langues finno-ougriennes sont liées au hongrois. Cependant, il y a toujours eu beaucoup d'emprunts à la langue suédoise par ces langues.
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+ Le Nouveau Testament (en grec ancien : Ἡ Καινὴ Διαθήκη / Hê Kainề Diathếkê) est l'ensemble des écrits relatifs à la vie de Jésus et à l'enseignement de ses premiers disciples qui ont été reconnus comme « canoniques » par les autorités chrétiennes au terme d'un processus de plusieurs siècles. La liste des textes retenus par l'Église pour former le Nouveau Testament a été fixée en 363 lors du Concile de Laodicée ; cependant, elle ne comprenait pas encore le texte de l'Apocalypse.
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+ Le mot « testament » vient du latin testamentum, « testament, témoignage », lui-même issu du grec διαθήκη (diathếkê), « testament, contrat, convention ». Le mot grec a un sens plus large que le mot latin, puisqu'il comporte la notion de contrat. Aussi certains préfèrent-ils le traduire par « alliance ».
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+ Pour le christianisme, la Bible se compose de l'Ancien Testament (c'est-à-dire la Bible hébraïque) et du Nouveau Testament.
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+ Le Nouveau Testament comprend, selon l'ordre du canon occidental :
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+ Le canon se clôt à 27 livres par décision de l'Église au Concile de Rome en 382[1]. Le canon a été confirmé aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Jusqu'aux dernières années du IVe siècle, il exclut l'épître aux Hébreux. Cette question n'est pas traitée dans les conciles œcuméniques de la fin du siècle. En dépit des décrets de Gélase, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu'au milieu du Moyen Âge (XIIIe siècle).
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+ Certaines Églises orthodoxes n'ont pas inclue le livre Apocalypse dans leur canon[2].
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+ Le classement des livres du Nouveau Testament n'est pas chronologique selon leur date d'écriture — qui n'est d'ailleurs pas connue avec précision (en raison du problème synoptique) — mais répond à une progression logique[3] :
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+ Les Évangiles synoptiques sont les trois premiers Évangiles : selon Matthieu (Mt), selon Marc (Mc) et selon Luc (Lc). Mt et Lc ont en commun une grande partie de leurs récits et ont été vraisemblablement écrits à partir de deux sources communes : l'Évangile selon Marc et la source Q[4].
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+ L'Évangile selon Matthieu (Τὸ κατὰ Ματθαῖον εὐαγγέλιον) est le premier des quatre Évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament[5]. Il est attribué par la tradition chrétienne à l'apôtre Matthieu, collecteur d'impôt devenu disciple de Jésus-Christ, mais cette attribution n'est pas reconnue par les historiens. En tout état de cause, ce texte date des années 70-80 ou 75-90, selon les chercheurs, et semble provenir d'Antioche, où vivait l'une des toutes premières communautés chrétiennes.
18
+
19
+ Ce premier évangile s'adresse avant tout aux Juifs pour leur démontrer à l'aide de l'Ancien Testament que Jésus-Christ est réellement le Fils de Dieu et l'Emmanuel (« Dieu avec nous ») depuis le début, le fils de David, l'héritier de tous les rois d'Israël et le Messie qu'ils espéraient. Dès l'entrée, Jésus est présenté comme Sauveur (cf. Mt 1,21), Emmanuel (1,23), roi (2,2), Messie ou Christ (2,4), Fils de Dieu (2,15), en accomplissement de toutes les prophéties.
20
+
21
+ Le nom de fils de David, qui lui est associé et qui revient en dix occurrences[6], présente Jésus comme le nouveau Salomon : en effet, Jésus s'exprime comme la Sagesse incarnée. En vertu du titre de Fils de l'homme, qui parcourt l'évangile, et qui provient du prophète Daniel et du Livre d'Hénoch, Jésus se voit doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre.
22
+
23
+ L'Évangile selon Marc (Τὸ κατὰ Μάρκον εὐαγγέλιον) est le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques et aussi le plus bref[7]. Il est probablement le plus ancien, avec une date de rédaction située en 65-70 ou 65-75 selon les chercheurs.
24
+
25
+ Sa rédaction est attribuée à Marc, identifié par la tradition chrétienne au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, que l'on connaît par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Pour les historiens, le personnage de Marc est plus difficile à cerner.
26
+
27
+ L'Évangile selon Luc (Τὸ κατὰ Λουκᾶν εὐαγγέλιον) a pour auteur Luc (médecin et selon la tradition chrétienne, compagnon de Paul)[8]. C'est le plus long des quatre Évangiles retenus dans le Nouveau Testament. Il raconte la vie du Christ, même s'il ne l'a pas connu personnellement.
28
+
29
+ Luc a composé également les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile et narrent les débuts de l'Église chrétienne[9]. Les deux livres sont dédiés à « Théophile » (« ami de Dieu »), personnage réel ou fictif, figure de tous les « amis de Dieu ». Le fait que Luc soit l'auteur de ces deux textes est généralement admis par les historiens, non pas en raison de la dédicace commune ni même parce que le livre des Actes se présente comme la suite de l'évangile lucanien, mais parce que leurs styles littéraires sont identiques. Ainsi Raymond E. Brown écrit-il que l'Évangile selon Luc « se continue par le livre des Actes »[9] pendant que Daniel Marguerat voit dans ces deux livres un « ensemble littéraire à deux volets, dont l'homogénéité littéraire est avérée »[10].
30
+
31
+ Les deux ouvrages furent rédigés probablement dans les années 80-90.
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+
33
+ L’Évangile selon Jean (en grec Τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, To kata Iōánnēn euangélion) est le dernier des quatre évangiles du Nouveau Testament. Il a été attribué à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean de Zébédée. Cette attribution a été rejetée par des historiens, pour lesquels ce texte provient d'une communauté johannique et date de la fin du Ier siècle. L'attribution de l'évangile à un Jean le Presbytre, distinct du fils de Zébédée, a été défendue par plusieurs exégètes comme Jean Colson[11], Oscar Cullmann[12], François Le Quéré[13], Joseph A. Grassi[14], James H. Charlesworth[15], Xavier Léon-Dufour[16]. Il n'en reste pas moins que les chercheurs s'accordent à voir dans ce texte le plus tardif des quatre évangiles canoniques, daté selon toute vraisemblance des années 90-95.
34
+
35
+ Cet évangile se démarque des trois autres par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources[17].
36
+
37
+ Dans la doctrine trinitaire, l'Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce la divinité de Jésus[18].
38
+
39
+ Le récit des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, est la seconde partie de l’œuvre dédicacée à Théophile et attribuée à Luc, la première partie étant l'Évangile selon Luc[19]. Le récit débute avec l'Ascension suivie de la Pentecôte et relate les débuts de l'Église primitive qui se constitua autour des Apôtres à Jérusalem et se répandit ensuite en Judée, Galilée et Samarie et dans les communautés juives de la diaspora, avant de se séparer d'elles.
40
+
41
+ Parmi les Épîtres de Paul, 13 sont explicitement attribuées à Paul (l'Épître aux Hébreux étant anonyme)[20]:
42
+
43
+ Seules 7 d'entre elles sont jugées authentiques par la majorité des historiens : Rm, 1 Co, 2 Co, Ga, Ph, 1 Th et Phm. On les appelle « épîtres proto-pauliniennes »[21].
44
+
45
+ Les autres sont les 3 « épîtres deutéro-pauliniennes », écrites par des disciples proches de Paul (Ép, Col et 2 Th), et enfin les 3 « épîtres trito-pauliniennes » ou « pastorales », dues à des disciples plus tardifs (1 Tm, 2 Tm et Tt)[21],[22].
46
+
47
+ On peut grouper ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles ont probablement été écrites :
48
+
49
+ D'après un passage de l'Épître aux Romains, les lettres auraient été dictées à un secrétaire[23].
50
+
51
+ Les Épîtres universelles ou Épîtres catholiques viennent immédiatement après les Épîtres de Paul. Ce sont une épître de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean et une de Jude[24]. On les appelle universelles ou catholiques car elles étaient adressées à un public plus large que celui des épîtres de Paul, c'est-à-dire à l'Église entière ou universelle au lieu d'une église purement locale comme celle d'Éphèse ou de Corinthe. Les Épîtres catholiques font partie du canon protestant aussi bien que de celui des Églises catholique et orthodoxe.
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+ L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore livre de la Révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique[25].
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+ L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle[26] par un auteur nommé Jean, censé résider à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre.
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+ La séparation des Églises d'Orient et d'Occident, également appelée grand schisme d'Orient par les catholiques, schisme de Rome par les orthodoxes, et schisme de 1054 par les historiens, est l’éloignement progressif puis la rupture entre les Églises qui s’étaient, sous l'impulsion du Basileus Justinien (527-565), constituées en « Pentarchie » dans l’Empire romain d'Orient et ses États successeurs.
2
+
3
+ Les grandes querelles christologiques avaient déjà commencé à éloigner l'Église de Rome et les Églises d’Orient bien avant la rupture. Des facteurs politiques, comme l’invasion normande des possessions byzantines d’Italie, ou socioculturels, comme l’aspiration de la Papauté à dominer la scène politique, jouèrent au cours des siècles suivants un rôle au moins aussi important que les querelles théologiques, comme celle du Filioque.
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5
+ Une première rupture survient le 16 juillet 1054 entre le patriarcat d'Occident (Papauté) et le patriarcat de Constantinople, lorsque le cardinal Humbert de Moyenmoutier déposa sur le maître-autel de Sainte-Sophie une bulle excommuniant le patriarche Michel Ier Cérulaire et ses proches collaborateurs, excommunication qui fut suivie de celle du cardinal et de ses assistants par le patriarche.
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+
7
+ L’incident de juillet 1054 tombe presque aussitôt dans l’oubli. C’est essentiellement le détournement en 1204 de la quatrième croisade, le sac de Constantinople par les croisés et la constitution de patriarcats latins sur le territoire des patriarcats grecs qui consomment la rupture, forçant bon nombre d’évêques orthodoxes à l’exil et soumettant durablement des populations orthodoxes au pouvoir des seigneurs francs et de l’Église catholique romaine, dite latine[1]. Ces événements déconsidèrent l’Église catholique romaine aux yeux des populations orthodoxes[1], mais aussi les Églises orthodoxes aux yeux des populations catholiques, dont les lettrés écrivirent par la suite l’histoire de manière à rejeter sur l’Orient seul la responsabilité du schisme[2].
8
+
9
+ Lorsque les apôtres répandirent le message du Christ, ils le firent avec la sensibilité propre à chacun d’eux, laquelle se refléta dans la doctrine des Églises qu’ils fondèrent. Des divisions se firent bientôt jour tant à l’intérieur des Églises[3] qu’entre les apôtres eux-mêmes (par exemple : conflit entre Paul et Pierre sur la conduite à tenir à l’endroit des païens)[4].
10
+
11
+ À ces différences personnelles s’ajoutèrent rapidement celles propres au milieu qui recevait ce message. Les provinces orientales de l’Empire romain avaient le grec comme langue d’usage et avaient conservé la culture hellénistique, plus individualiste et portée vers la philosophie que la culture romaine des provinces occidentales, plus autoritaire et juridique[5]. L’éducation y étant plus répandue qu’en Occident, laïcs autant qu’ecclésiastiques prenaient grand plaisir à la spéculation théologique. Lorsque les opinions devenaient trop partagées sur un point particulier, on faisait appel à une assemblée générale à laquelle tous les membres de l’Église étaient appelés à participer pour dégager ce qui serait considéré comme article de foi[6].
12
+
13
+ En cas d’échec, on parlait de « schisme » pour décrire la rupture entre diverses factions au sein d’une Église et d’« hérésie » pour décrire une doctrine considérée comme fausse[7].
14
+
15
+ L’édit de Milan, en 313, établit la liberté de religion dans l’ensemble de l’Empire sans favoriser trop ouvertement les chrétiens au début, la majorité de la classe dirigeante et de l’armée étant encore païenne[8]. Pour éviter de provoquer celle-ci, Constantin (306-337) en vint à contrôler la nouvelle Église dont il nommait personnellement les évêques, lesquels devinrent des fonctionnaires impériaux. Ils furent bientôt 1 800, dont 1 000 dans les territoires parlant grec et 800 dans les territoires parlant latin[9].
16
+
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+ Convaincu que le devoir de l’Empereur était de maintenir sur terre le même ordre et la même harmonie que Dieu dans le ciel[N 1], Constantin fut rapidement confronté à deux hérésies, celle des donatistes en Afrique du Nord[N 2] et l’arianisme qui prêchait que seul Dieu le Père existait de toute éternité alors que le Fils avait été créé à un moment déterminé. Cette dernière hérésie s’était rapidement répandue dans les diverses tribus germaines ; parmi les chefs germains, seul le Franc Clovis (481-511), lorsqu’il se convertit sous l’influence de sa femme, adopta la foi romaine plutôt que la foi arienne[10].
18
+
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+ Devant la résistance des ariens, Constantin décida de convoquer, en 325, le premier concile œcuménique, dit de Nicée, auquel environ 300 évêques participèrent[N 3], dont seulement six d’Occident, pour lesquels une bonne partie des discussions était étrangère. Outre divers problèmes disciplinaires propres aux Églises d’Orient, le concile devait résoudre le problème dogmatique posé par les propositions de l’évêque Arius. Peu au fait des subtilités théologiques et probablement mal à l’aise en grec, Constantin décida que le Fils était « de la même substance » (en grec, homoousios ; en latin approximatif, consubstantialis) que le Père, terme qui fut intégré dans le Credo ou symbole de Nicée. Arius et ses partisans furent alors excommuniés. Réadmis dans l’Église au concile de Jérusalem en 325, ils furent à nouveau condamnés en 333. Arius mourut en 336[11].
20
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21
+ Le concile de Nicée (canon 6) établit également trois grands patriarcats, soit, par ordre de primauté, Rome, Alexandrie et Antioche[N 4]. Cet honneur venait du fait que ces évêchés avaient été fondées par des apôtres : Rome et Antioche par saint Pierre, Alexandrie par saint Marc. Rome jouissait d’un statut particulier non seulement parce que c’était là qu’avaient été martyrisés saint Pierre et saint Paul, mais aussi parce qu’elle était la capitale de l’Empire romain et, jusqu’à son transfert à Constantinople, la résidence de l’Empereur. Toutefois, si l’évêque de Rome jouissait d’un respect particulier, celui-ci découlait de l’importance de la ville et non du titulaire du poste et cette primauté ne fut ni clairement définie, ni légalement instituée. Il s’agissait de « primauté d’honneur » et non de « suprématie de pouvoir ». Lors du deuxième concile œcuménique qui se réunit à Constantinople en 381, on décida d’élever l’évêque de Constantinople, jusque-là simple suffragant de l’évêque d’Héraclée, au rang de patriarche et de lui donner la deuxième place puisque Constantinople était la « Nouvelle Rome » (3e canon). La nouvelle place de l'Église de Constantinople en tant que patriarcat fut confirmée lors du concile de Chalcédoine en 451 (28e canon) alors que le patriarcat de Jérusalem faisait son apparition[N 5]. Ainsi, un siècle plus tard, ces cinq patriarcats constitueront, sous l'impulsion de l'empereur Justinien (527-565), la « Pentarchie » avec comme ordre de préséance : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem[12].
22
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23
+ Le donatisme avait surtout affecté l’Afrique du Nord, l’arianisme les peuples fédérés de l’Empire romain, dont des peuples germaniques christianisés. Les grandes querelles christologiques qui déchirèrent l’Église au cours des siècles suivants contribuèrent à éloigner les Églises d'Orient et d'Occident et aboutirent à la sécession des deux communautés chrétiennes de Syrie et d’Égypte[13].
24
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25
+ Apparue au Ve siècle dans l'Empire romain d'Orient en réaction au nestorianisme[N 6], la doctrine du monophysisme affirmait que le Fils n'avait qu'une seule nature, la nature divine, laquelle aurait absorbé sa nature humaine[14]. Le concile de Chalcédoine en 451 avait condamné cette doctrine et proclamé que le Christ avait deux natures, la nature divine et la nature humaine, jointes en une seule personne (en grec hypostasis). La notion des deux natures du Christ offensait les gens d’Alexandrie qui, y voyant des relents de nestorianisme, tendaient à favoriser le monophysisme[15], alors que Rome et Antioche voulaient maintenir la distinction entre les deux natures (duophysisme). Constantinople se trouvait prise entre les deux positions. En dépit de ses efforts de conciliation, l’Empereur dut s’incliner devant la volonté du pape Léon Ier (440-461) et le concile décida que le Christ avait deux natures, distinctes mais inséparables[16]. Les réactions en Syrie, en Égypte et en Palestine ne se firent pas attendre : la nomination d’un nouvel évêque se solda par un bain de sang dans les rues d’Alexandrie, alors que les moines se rebellèrent et installèrent un nouvel évêque à Jérusalem[17].
26
+
27
+ La querelle religieuse laissait déjà entrevoir l’opposition entre l'évêque de Rome (dont le Pape avait lui-même défini la position dans un document, le Tome) et les autres patriarches d'Orient, Constantinople jouant un rôle de médiation. En 482, l’empereur Zénon (474-491), avec l’appui du patriarche Acacius, tenta d’apaiser la querelle en proclamant un édit d’union, appelé Hénotikon, qui réaffirmait sa foi dans les crédos de Nicée et de Constantinople, sa condamnation des hérésies de Nestorius et d’Eutychès, mais ne décidait rien quant à « la » ou « les » nature(s) du Christ et interdisait de soulever dorénavant la question[18]. Plutôt que de s’opposer directement à l’Empereur, le pape Simplice (468-483) excommunia le patriarche alors que son successeur, Félix III (483-492), décida de le déposer. Ceci devait conduire à un schisme entre les deux Églises qui dura de 484 à 519 ; un compromis proposé par le pape Anastase II (496-498) devait lui valoir d’être placé au nombre des damnés dans la Divine Comédie de Dante[19].
28
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29
+ L’Hénotikon ne régla pas la question qui refit surface sous l’empereur Justinien (527-565). Celui-ci devait composer avec trois forces opposées où se mêlaient politique et religion. D’un côté, il devait éviter de s’opposer trop ouvertement aux monophysites d’Orient pour ne pas s’aliéner l’Égypte — et mettre ainsi en danger l’approvisionnement de sa capitale comme risquer de voir les provinces de Syrie et de Mésopotamie s’allier avec la Perse voisine, menaçante et hostile. D’un autre côté, il devait se rallier le Pape, qui lui reprochait son inaction devant le schisme, et l’Italie, où Totila risquait de remettre en question les gains de Bélisaire. Enfin, il devait contenter la population de Constantinople, où certaines grandes familles étaient profondément attachées à Chalcédoine alors que d’autres, comme celle de l’ancien empereur Anastase et l’impératrice elle-même, étaient monophysites[20]. Il tenta de régler la question indirectement en faisant condamner trois théologiens détestés[21] par les monophysites dans l’espoir de les rallier à l’Église officielle. Le Ve concile œcuménique de 553, qui officialisait cette condamnation, vit ses décrets fort mal accueillis en Occident, surtout par le pape Vigile (537-555) que Justinien fit enlever afin de le contraindre à accepter les Trois Chapitres, sans pour autant rallier les monophysites[22].
30
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31
+ La crise du monophysisme avait contribué à aliéner les populations orientales de Constantinople. Les successeurs de Justinien cherchent à ramener les dissidents au sein de l'Église et donc de l’Empire. Le compromis est le monothélisme.
32
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33
+ Cette doctrine fut énoncée par le patriarche Serge de Constantinople avec l’appui de l’empereur Héraclius Ier (610-641). En effet, ce dernier cherchait à rétablir l’autorité impériale et patriarcale de Constantinople sur les provinces d’Égypte, de Palestine et de Syrie, récemment récupérées sur les Perses sassanides. Le monothélisme s’inscrivait dans le duophysisme proclamé à Chalcédoine tout en précisant qu’il n’y avait en Jésus qu’une seule volonté (θήλεμα) et une seule énergie (ένέργεια), d’où les termes monothélisme et monoénergisme. Bien accueillie par les monophysites d’Égypte qui regagnèrent l’orthodoxie, elle se heurta aux objections de plusieurs théologiens dont Sophrone de Jérusalem. Se ravisant, le patriarche Serge promulgua un décret interdisant en 633 à tout chrétien de parler du nombre des énergies de Jésus. À Rome, le pape Honorius Ier (625-638) confirma le décret mais laissait la porte ouverte à une seule volonté du Christ. En 638, l’Empereur fit afficher sur la porte de Sainte-Sophie une profession de foi, l’Ecthèse, qui reconnaissait au Christ une volonté unique.
34
+
35
+ Non seulement les monophysites n’y adhérèrent pas, mais l’Echtèse provoqua un conflit entre les patriarcats d'Occident et de Constantinople (638-655). En Italie, le Nord du pays, que tentait de défendre la Papauté, était aux mains des Lombards alors que le Sud demeurait possession byzantine. En 640, le pape Jean IV (640-642) condamna le monothélisme tout comme son successeur, Théodore Ier (642-649). Le nouvel empereur, Constant II (641-668) promulgua, en 648, un nouveau décret, le Typos, qui abolit l’Ecthèse et interdit à nouveau de parler des volontés et des énergies du Christ. Le successeur de Théodore, le pape Martin Ier (649-655) (qui était monté sur le trône sans faire ratifier sa nomination par l’Empereur) réagit en convoquant l’année suivante un concile à Latran qui condamna le monothélisme et affirma la dualité des volontés et des énergies. En 653, l’Empereur fit alors arrêter le pape qui meurt exilé en Crimée deux ans plus tard. Finalement, l’empereur Constantin IV (668-685) convoqua un concile œcuménique, le troisième concile de Constantinople, qui proclama « deux volontés naturelles et deux activités naturelles agissant de concert pour le salut du genre humain »[23],[24].
36
+
37
+ À partir de cette époque, Constantinople cessa de jouer les médiateurs entre l'Orient et l'Occident. Le patriarcat de Jérusalem ayant été conquis par les Arabes en 637, suivie des patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, le patriarcat de Constantinople devint le représentant de l’ensemble de l’Orient. Le fossé entre Rome et Constantinople se creusa à l’occasion du concile Quinisexte ou in Trullo tenu en 691 et 692 à l’instigation de l’empereur Justinien II (685-711) sans consultation du Pape. Il rassembla 220 évêques orientaux et visait à discuter de discipline ecclésiastique plutôt que de questions dogmatiques comme les précédents. Ses 102 canons ou décisions traitaient de la discipline dans le clergé et de bonnes mœurs pour les clercs comme pour les laïcs. Certains canons fustigeaient l’Église d'Arménie et d’autres l’Église de Rome, comme le jeûne du samedi durant le carême ou le mariage des prêtres. Rome, qui n’avait pas encore reconnu le canon 28 de Chalcédoine confirmant l’égalité de privilège entre l’ancienne et la nouvelle Rome, s’éleva contre le canon 36 selon lequel « les deux Églises devaient jouir d’une même estime en matière ecclésiastique et jouir de privilèges égaux », Constantinople venant après Rome « dans le temps, mais non en termes d’honneur »[25]. Le pape d’alors, Serge Ier (687-701), désavoua ses légats et refusa de signer les actes du concile. Ce ne fut qu’en 711 que son deuxième successeur se rendit à Constantinople et résolut les problèmes en litige[26].
38
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39
+ Avec le VIIIe siècle s’apaisent les querelles sur la nature du Christ pendant qu’une autre se développe : celle du culte des images[27].
40
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41
+ Le concile Quinisexte avait, dans son 82e canon, recommandé que l’on abandonne la pratique de représenter le Christ sous forme d’un agneau ou du symbole « XP » pour faire place à des représentations anthropomorphiques. Depuis, le culte des images avait pris, surtout en Grèce, une telle importance que l’on voyait souvent en elles des « doubles » des saints qu’elles devaient représenter ; on leur attribuait divers miracles comme le don de la parole, le suintement d’huile ou de sang[28]. À la veille même de la première crise iconoclaste, en 718, on croyait fermement que le portrait de la Vierge conservé au monastère d’Hodegon, près des murs de Constantinople, lorsque paradé sur les murailles, émettrait une lumière aveuglante ou des flammes qui consumeraient les assaillants[29]. Ces croyances allaient, toutefois, à l’encontre de la foi monophysite des chrétiens d’Arménie et des Pauliciens répandus en Orient[30]. La « querelle des Images » mettait ainsi en lumière les différences religieuses entre les provinces grecques et les provinces asiatiques de l’Empire byzantin.
42
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43
+ Déjà alarmé par les défaites de l’Empire face aux Arabes, l’empereur Léon III (717-741) aurait pris la décision d’interdire la vénération des images lors d’une éruption volcanique qui ravagea l’île de Thera en 726[31]. Cette querelle se déroula en deux étapes. Au cours de la première, de 730 à 787, les empereurs Léon III et Constantin V (741-775) adoptèrent une attitude de plus en plus intransigeante et violente à l’endroit du culte des images. Si le pape Grégoire II (715-731) réagit assez mollement, son successeur Grégoire III (731-741) condamna l’iconoclasme byzantin. En représailles, l'empereur Léon III sépara alors l'Italie du Sud et la Sicile, hellénisés, ainsi que la Sardaigne et l'ancien Illyricum pour les rattacher au Patriarcat de Constantinople avec les revenus qui y étaient attachés. Dès lors, les frontières religieuses entre les patriarcats d'Occident (Papauté) et de Constantinople coïncidèrent avec les frontières politiques de l’Empire byzantin[32].
44
+
45
+ Le règne de l’impératrice Irène (797-802) marqua une pause qui se termina avec l’arrivée au pouvoir de Léon V l'Arménien (813-820). Le règne de ce dernier fut marqué par une persécution plus féroce bien que de moins d’envergure que celle de Constantin V. Toutefois, son successeur, Michel II (820-829), adopta une politique plus conciliante qui coïncida avec l’éloignement de la menace que faisaient planer les Arabes sur l’existence de l’Empire. Elle se termina officiellement lorsque l’impératrice Théodora (régence 842-856) réunit un synode en 843 qui confirma la légitimité de celui de 787[33].
46
+
47
+ Comme l’écrivit Georges Ostrogorsky, « le grand résultat politique de la querelle des images fut ainsi de rejeter Rome hors de l’Orient grec, mais aussi Constantinople de l’Occident latin »[34].
48
+
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+ Du troisième au cinquième siècle, des peuples venus de Europe du Sud Est (les Goths; Ostrogoth et Wisigoth), de l’Europe du Nord Est (les Francs dont plusieurs furent également légionnaires sur la frontière romaine..) et de l'Europe du Centre Est (les Alamans) morcelèrent l’ancien Empire romain d’Occident en petits royaumes[35]. En de nombreux endroits, l’Église fut la seule force demeurant sur place qui put négocier avec les nouveaux maîtres. Elle y préserva en même temps l’héritage de la Rome antique puisque les Barbares, peuples illettrés, durent conserver les systèmes administratif et juridique romains. Mais le latin était déjà une langue que seuls les clercs pouvaient parler ; contrairement aux us de Constantinople, les clercs étaient les seuls à pouvoir discuter de théologie et le peuple ne se sentait guère concerné par des sujets qui, à Constantinople, pouvaient provoquer des révolutions[36].
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+ Le règne de l'empereur Justinien (527-565) marqua le point culminant de l’influence impériale sur la vie de l’Église (le césaropapisme). C'est sous son règne et son impulsion que la « Pentarchie » est explicitement mise en place comme mode de gouvernement de l’Église, regroupant les cinq grands patriarches, à savoir, dans l'ordre de préséance : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Persuadé d’être comme les empereurs d’autrefois le représentant du Christ sur la Terre, il nommait papes et patriarches et traitait les uns et les autres comme des fonctionnaires impériaux, des subalternes[N 7], se réservant les décisions non seulement dans les questions d’organisation ecclésiastique, mais aussi de dogme et de liturgie, convoquant des conciles et rédigeant des traités théologiques. Comme l’a montré la question monophysite qui divisait Orient et Occident, il n’y avait pas à l’époque de distinction précise entre vie religieuse et vie politique[37].
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+ Après que Justinien Ier eut repris l’Italie, l'empereur Maurice (582-602) transféra son représentant, l’exarque, à Ravenne, laissant ainsi au Pape le soin de défendre Rome[38]. C’est alors que naquit la Papauté médiévale avec le pape Grégoire Ier (590-604). Né à Rome vers 540 dans une riche famille patricienne, celui-ci devint préfet de la ville de Rome avant de séjourner quelques années comme ambassadeur à Constantinople. Comme le voulait la coutume, il fut nommé par l’Empereur et son choix fut ratifié par les évêques. À de nombreuses reprises, Grégoire mit l’Empereur en garde contre la nouvelle menace que faisaient planer sur l’Italie les Lombards ariens venant du Nord. Et lorsque Agilulf se présenta devant la Ville éternelle, le pape prit sur lui d’entrer en négociations avec lui malgré les protestations de l’Empereur, qui le traita de « sot », et de l’exarque Romanus qui refusa de reconnaître les ententes conclues entre le Pape et le chef lombard[39].
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+ Pour la première fois, on vit avec Grégoire Ier un pape s’opposer à l’Empereur, non plus sur des points de foi ou de dogme, mais sur des questions juridiques. Si le pape se reconnaissait sujet de l’Empereur, il n’en revendiquait pas moins la prééminence de la Papauté sur tous les patriarcats, tant sur le plan spirituel que disciplinaire[40]. Il intervint ainsi dans les affaires internes des patriarcats de Constantinople et d’Orient et s’insurgea contre le titre de « patriarche œcuménique » que s’était attribué le patriarche Jean le Jeûneur de Constantinople sous le règne de son prédécesseur, Pélage II (579-590)[41].
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+ L’avance des Lombards se faisant de plus en plus inexorable, le pape Étienne II (752-757) appela au secours Pépin le Bref (751-768) qu’il avait sacré roi des Francs deux ans plus tôt. Ce dernier remit au Pape les terres dont les Lombards s’étaient emparés, y compris l’exarchat de Ravenne : ce fut le début des États pontificaux, créés à partir de territoires byzantins[42]. Quelques années plus tard, le roi lombard Didier ayant dénoncé le traité conclu avec Étienne II, le pape Adrien Ier (772-795) résolut de faire appel à Charlemagne (768-814). Répondant à cet appel, Charlemagne traversa une première fois les Alpes, défit le roi Didier en 774 à Pavie et confirma les dons de son père[43]. Selon Kazhdan, Adrien cessa de reconnaître la souveraineté de Constantinople sur Rome à un moment non précisé de son règne[44]. Les relations entre la Papauté et l’Empire byzantin se détérioraient. Le rapport du concile qu’avaient dressé les légats du pape était loin d’être positif : on avait retranché du message papal lu devant l’assemblée des évêques les passages où celui-ci s’élevait contre la nomination du patriarche Tarasse et l’utilisation par celui-ci du titre de « patriarche œcuménique »[N 8], pas plus que n’avait été mentionné le retour à la juridiction papale des évêchés d’Italie du Sud, de Sicile, de Sardaigne et de l'ancien Illyricum[45].
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+ Quatre ans après son élection, le nouveau pape, Léon III (795-816), fut victime d’un complot organisé par de jeunes nobles et ne dut son salut qu’à sa fuite vers la cour de Charlemagne à Paderborn. De retour à Rome sous la protection de Charlemagne, qui devait agir comme juge, il fut accusé de simonie, parjure et adultère. Le 23 décembre, le pape jura solennellement qu’il était innocent de ces accusations et deux jours plus tard, il couronna Charles en le proclamant « imperator Augustus ». Ce faisant, le pape renversait la situation et se donnait le droit d’investir l’Empereur des Romains, ce qui sous-entendait la supériorité de l’Église sur l’Empire[46].
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+ Il pouvait alors justifier cette autorité par un faux document, la donation de Constantin, selon lequel Constantin, reconnaissant la primauté du pape d’alors, Sylvestre (314-335), lui aurait donné le droit de concéder la couronne impériale à qui bon lui semblerait. Ce faux, fabriqué au sein de la curie au tournant du siècle, justifie les prétentions de la Papauté jusqu’à ce qu’il soit dénoncé au milieu du XVe siècle par un humaniste de la Renaissance, Lorenzo Valla[47].
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+ Ce schisme politico-religieux, qui n’affecta que le patriarcat de Constantinople mais qui devait être la cause indirecte du schisme de 1054, fut le résultat de la chute du patriarche Ignace et de sa protectrice, l’impératrice Théodora. Le nouvel empereur, Michel III (842-867), fit remplacer Ignace par Photius (858-867/877-886)[N 9], un laïc haut fonctionnaire responsable de la chancellerie impériale. Celui-ci reçut tous les ordres ecclésiastiques en six jours de façon à être intronisé pour les fêtes de Noël 858. Choqué par cette procédure, le pape Nicolas Ier (858-867) décida trois ans plus tard d’envoyer des légats à Constantinople avec mission d’enquêter sur ces irrégularités. Il se disait prêt à passer l’éponge sur celles-ci pourvu que l'Italie du Sud, la Sicile, la Sardaigne et l'ancien Illyricum soient replacées sous la juridiction du patriarcat d'Occident. Or l’Illyricum recoupait la majorité des Balkans, où la Bulgarie et la Moravie à l’Ouest songeaient à se convertir au christianisme[48].
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+ Constantinople ne pouvait accepter ces conditions. Aussi un concile tenu à Rome en 863 décréta qu’Ignace était toujours le patriarche légitime et réduisit Photius au rang de laïc. Ce n’est que deux ans plus tard que l’Empereur rompit le silence dans une lettre qui rappelait au pape qu’il avait été invité à envoyer des délégués pour discuter de l’iconoclasme et non des affaires intérieures du patriarcat de Constantinople. La réponse du pape Nicolas montrait à quel point la mésentente était grande entre les deux Églises : il y affirmait que seul le pape pouvait convoquer un concile et que sans sa permission nul patriarche ne pouvait être nommé ou déposé. De plus, l’autorité de Rome s’étendait « super omnem terram, id est, super omnem ecclesiam » ; en tant que pape, il avait donc le pouvoir de juger du cas d’Ignace[49].
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+ À la même époque, le tsar Boris, qui avait demandé en vain l’envoi d’un patriarche grec, se tourna vers Rome qui se hâta de lui envoyer des missionnaires francs, lesquels professaient le Credo en y incluant la formule du Filioque. Furieux, Photius convoqua un synode qui déclara le pape déposé et anathématisé en 867. Sur ces entrefaites, l'empereur Basile le Macédonien (867-886) renversa Michel III et s’empara du pouvoir, tout prêt à sacrifier Photius pour être reconnu par le pape et le parti des Ignatiens[50].
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+ Ignace fut donc réinstallé en novembre 867. À peu près à la même époque, le pape Nicolas mourut et fut remplacé par Adrien II (867-872). Un synode se tint à Saint-Pierre de Rome en 869 qui condamna Photius et le synode de 867, ne reconnaissant les évêques qui l’avaient appuyé que s’ils signaient un « libellus satisfactionis » qui affirmait que la Foi avait été maintenue par la Papauté. Après quoi, le Pape envoya des légats à un concile devant se tenir à Constantinople à l’automne. Contrairement aux attentes de Rome, non seulement les évêques se montrèrent hostiles au libellus, mais le concile conclut que l’accord des cinq patriarches était nécessaire pour toute décision de nature théologale (canon 21). La Papauté fut à nouveau défaite lorsque la question du siège dont relèverait la Bulgarie fut mise aux votes : le concile décida qu’il appartenait à l’Empereur de trancher la question. Le pape était près d’excommunier Ignace lorsque celui-ci mourut en 877. L’Empereur choisit alors de réinstaller Photius dont il avait appris à apprécier les talents. Ce dernier pour sa part voulait une réconciliation avec Rome, tout comme le pape Jean VIII (872-882). Un nouveau concile fut donc tenu à Constantinople en 879 qui annula les actes du concile de 869, affirma la parfaite orthodoxie de Rome, tout en anathématisant ceux qui ajouteraient quelque chose au Credo de Nicée (autre effet des difficultés linguistiques, le grec des légats n’était peut-être pas suffisant pour qu'ils sachent ce qu’ils signaient). Par ailleurs, l’Empereur envoya un message assignant l’Église de Bulgarie à Rome — ce que refusa le tsar bulgare. L’harmonie était ainsi retrouvée entre Rome et Constantinople de telle sorte que lorsqu’un nouveau schisme se déclara, à l’intérieur du patriarcat de Constantinople cette fois, concernant le quatrième mariage de l’empereur Léon VI (886-912), le tact du patriarche et la prudence du pape évitèrent tout nouveau conflit[51].
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+ Si la fin du schisme de Photius marqua le début d’une période d’apaisement entre les deux hiérarchies, elle fut aussi le point de départ d’une autre querelle à l’origine du schisme de 1054 : la querelle du Filioque[52]. Dans une Encyclique aux patriarches de l’Est, le patriarche Photius dénonçait cet ajout au credo de Nicée par l’Église d’Occident qu’il accusait d’hérésie[53]. Le Credo de Nicée (325) disait simplement que Dieu le Fils « procédait » du Père et restait silencieux sur la nature du Saint-Esprit. Cet ajout (« ex patre filioque procedit ») affirmait que le Saint Esprit procédait à la fois du Père et du Fils[N 10].
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+ Cette expression avait été adoptée au IIIe concile de Tolède en 589 pour contrer l’arianisme prévalant alors en Espagne wisigothique jusqu'à la conversion du roi Récarède. À partir de là, elle fut adoptée en Gaule pour lutter contre les chefs francs qui étaient tous ariens. Tous, sauf Clovis, qui s’était converti au catholicisme romain[54]. Charlemagne, dans sa lutte contre les autres chefs francs, voulut faire pression pour qu’elle soit introduite dans le Credo, ce à quoi s’opposa fermement le pape Léon III (795-816). Au cours du IXe siècle, la formule fut progressivement adoptée par les Églises d’Allemagne et de Lorraine. Des clercs allemands l’apportèrent à Rome. L’influence allemande grandissant à Rome, un des successeurs de Léon III, le pape Benoît VIII (1012-1024), qui avait désespérément besoin de l’appui du Saint-Empire romain germanique dans la lutte qui l’opposait aux grandes familles romaines, finit par s’y résoudre 200 ans plus tard, lorsque l’empereur Henri II alla se faire couronner à Rome[55].
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+ L’hostilité à l’endroit de l’influence allemande aidant, c’est moins la question de la procession du Saint Esprit qui faisait problème que de savoir si le Pape était habilité à imposer seul une telle décision à l’ensemble de l’Église. Pour les Orientaux, le symbole de Nicée ayant été adopté par un concile réunissant toutes les Églises ne pouvait être modifié que par un autre concile œcuménique[56].
76
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+ On glissait ainsi du plan théologique au plan de l’administration de l’Église. Dans son édit 131, l’empereur Justinien avait promulgué que le gouvernement de la chrétienté serait confié aux cinq patriarches de l’Église (« Pentarchie ») sous l’égide d’un empire universel. Rome se voyait concéder la primauté en raison de son lien historique avec la capitale impériale. Tel que mentionné plus haut, il s’agissait donc d’une primauté d’honneur allant à la ville et non à l’individu qui y occupait le poste de patriarche. Du reste, cette primauté d’honneur n’était définie nulle part et n’impliquait aucune suprématie sur les autres patriarches[57], qui restent indépendants concernant leurs affaires intérieures.
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+ En Occident, les invasions avaient fait du Pape l’unique force pouvant tenir tête aux Barbares. Celui-ci était ainsi naturellement devenu non seulement le guide spirituel, mais aussi temporel des chrétiens d’Italie[58]. Et si, comme on l’a vu avec Charlemagne, la Papauté eut besoin de l’aide matérielle de l’Empereur des Romains pour maintenir son pouvoir temporel sur la ville de Rome, elle tente de s’en émanciper dès que le Saint-Empire romain est créé. L’harmonie qui régna entre l'empereur des Romains Otton Ier (962-973) et le Pape d’alors fut remplacée dans les siècles suivants par une opposition croissante entre les deux. Le pape Grégoire VII (1073-1085) parvient à humilier l’empereur germanique Henri IV (1084-1105) à Canossa en 1077[59] et publia le Dictatus Papæ, un recueil de 27 propositions affirmant la suprématie papale, incluant le pouvoir de nommer et de rejeter les souverains temporels et se réservant le titre exclusif de souverain « universel » ou œcuménique, une allusion directe à son collègue de Constantinople.
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+ Si ces sujets concernaient surtout les hautes sphères de la hiérarchie, la question du célibat ecclésiastique, imposé par Grégoire VII à toute l’Église sans concertation avec les autres évêques de la « Pentarchie », touchait l’ensemble du clergé et traduisait l’influence des réformateurs de Lorraine qui avaient l’appui de l’Empereur germanique et de ceux de l’abbaye de Cluny[N 11]. De même, à leurs yeux, les critiques adressées par le patriarcat d'Occident aux patriarcats de Constantinople et d'Orient concernant l’utilisation du pain avec levain, le jeûne du samedi durant la période du carême ou le baptême par une immersion au lieu de trois étaient autant de preuves que le patriarcat d'Occident voulait leur imposer ses propres coutumes germaniques et ignorait complètement leur propre développement historique[60].
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+ Oisif et paralytique, l'empereur byzantin, le basileus Constantin IX Monomaque ne quittait guère le palais à Constantinople et voyait dans la dignité impériale une retraite dorée lui permettant de s’amuser. Ne demandant que la paix et la tranquillité, il désirait maintenir l’alliance avec Rome contre les Normands qui avaient conquis les territoires byzantins du Sud de l’Italie[61]. En 1051, le pape Léon IX s'empare de Bénévent après que Pandolf III en ait été chassé. En 1053, les Normands menacent de récupérer la principauté de Bénévent. Représentant authentique de la réforme clunisienne, le pape Léon IX était dans un dilemme. S’il désirait l’alliance des Byzantins pour lutter contre les Normands, il ne voulait nullement voir ces territoires retourner sous l’autorité de Constantinople. Le pape forme une armée avec les Byzantins et lance la bataille de Civitate le 18 juin 1053. Vaincu par les Normands, le pape est emmené en captivité pendant neuf mois à Bénévent, où il commença l’étude du grec[62]. Les Normands autorisèrent son premier secrétaire, le cardinal Humbert, à venir l’assister. En mars 1054, le pape fut libéré et retourna à Rome.
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+ Depuis que le pape Benoît VIII avait fini par se résoudre au Filioque en l'an 1014, le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire persistait d'accuser cette doctrine d'hérésie et fit fermer les églises latines à Constantinople. Le cardinal Humbert réussit à convaincre le pape Léon IX d’envoyer des légats à Constantinople pour tenter un rapprochement entre l'Église latine et l'Église de Constantinople, ouvrant la voie à une coopération politique sur les territoires d’Italie du Sud.
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+ Humbert rédigea à cette fin deux lettres pour la signature du pape. L’une, destinée au patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire, jetait le doute sur la canonicité de son élection, rejetait les accusations de Cérulaire contre l’Église latine et l’accusait de s’ingérer dans les affaires des Église d’Antioche et Jérusalem. L’autre, destinée à l’Empereur byzantin, le basileus Constantin IX, traitait surtout de questions politiques, mais sa dernière phrase se plaignait de la conduite du patriarche Cérulaire[63].
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+ Formée de trois légats : Humbert, Pierre d'Amalfi, archevêque d’Amalfi (territoire byzantin) et du cardinal Frédéric de Lorraine, chancelier du Saint-Siège et futur pape Étienne IX (règne 1057 – † 1058), la délégation partit pour Constantinople en avril 1054.
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+ Le pape Léon IX mourut le 19 avril 1054. Durant le voyage, Humbert apprend la nouvelle par pigeons voyageurs. La nouvelle parvint à Constantinople quelques semaines plus tard. La délégation possède un écrit plénipotentiaire lui permettant d'excommunier ses contradicteurs si les négociations n'arrivaient pas à aboutir. Le mandat des légats n'est plus valable du fait de la mort du pape. En vertu des précédents, les légats du pape auraient dû retourner à Rome chercher de nouvelles instructions du successeur de Léon IX. Une fois arrivé à Constantinople, Humbert aurait pu attendre des instructions quant à la manière de mener au mieux la négociation dont il a été chargé.
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+ Insatisfaits dès l’abord de l’accueil qu’ils reçurent, les légats du pape se rendirent d’abord chez le patriarche Cérulaire, où ils lui remirent avec hauteur la lettre qui lui était destinée avant de se retirer sans échanger les compliments d’usage. Le patriarche fut choqué du ton de la lettre et mit en doute le statut de la délégation.
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+ La délégation, toutefois, reçut un accueil très cordial du basileus Constantin IX, alors que le patriarche décidait simplement de l’ignorer et de ne plus avoir de contact avec elle. Le climat se dégrada avec la publication de la lettre du pape Léon IX ainsi que de deux documents qu’Humbert avait apportés avec lui. La lettre du pape provoqua une réponse, polie mais ferme, d’un moine du monastère de Studium du nom de Nicetas Stethatus. Elle provoqua la fureur du cardinal Humbert qui répondit par un torrent d’insultes. Inquiet pour l’avenir de l’entente qu’il souhaitait, l’empereur Constantin IX força le moine à se rétracter et consentit même à discuter avec le cardinal Humbert de la question du Filioque, alors que le patriarche Cérulaire continuait à garder le silence et que le peuple s’irritait de cette ingérence dans les affaires de son patriarcat[64].
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+ Mais l'élection d'un nouveau pape tardait. Alors le samedi 16 juillet 1054, les trois ex-légats se rendirent à la basilique Sainte-Sophie alors que l’on s’apprêtait à célébrer l’office de l’après-midi. Devant les fidèles, Humbert, sans mot dire, dépose sur l'autel de la basilique une bulle excommuniant le patriarche Cérulaire et ses assistants. Les légats repartent non sans avoir symboliquement secoué la poussière de leurs souliers. Deux jours plus tard, ils quittaient Constantinople après avoir pris congé de l’empereur Constantin IX, lequel, toujours aussi courtois, les combla de présents[65].
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+ Le rapport que fit le cardinal Humbert de sa mission fut reçu avec enthousiasme, l’anathème prononcé contre le patriarche Cérulaire étant vu comme la juste rétribution des accusations grecques contre l’Église latine. Le cardinal conserva sa place comme chef de file de la curie romaine.
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+ Fort de l’appui de son Église, le patriarche Cérulaire alla se plaindre à l’empereur Constantin IX pendant que la population ameutée grondait contre cette insulte au patriarcat de Constantinople. L’Empereur dut annoncer que la bulle incriminée serait solennellement brûlée ; le dimanche 24 juillet, un synode convoqué à la hâte jeta l’anathème sur le cardinal Humbert et ses assistants, sans mentionner toutefois le pape ou l’Église d'Occident en général, espérant sans doute une déclaration du prochain pape à l’effet que la délégation avait outrepassé ses pouvoirs[66]. Si crise il y avait à Constantinople, il s’agissait plutôt d’une crise interne dans laquelle le patriarche avait marqué des points contre le basileus soupçonné de sympathies pro-latines[67].
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+ Le principal résultat devait être une acrimonie grandissante entre les patriarcats d'Occident (Église d'Occident) et de Constantinople qui se traduisit à Constantinople par la publication d’un pamphlet intitulé Contre les Francs[68].
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+ En dépit de son caractère spectaculaire, cet épisode ne fut considéré à Constantinople que comme l’une des péripéties qui marquaient de plus en plus souvent les relations entre les hauts dirigeants des deux Églises : les excommunications étaient dirigées vers leurs dignitaires et non contre les deux Églises elles-mêmes, il n’y avait donc pas de schisme à proprement parler.
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+ La réaction fut plus marquée en Occident où les réformes entreprises par les empereurs allemands pour restaurer la crédibilité et l’influence morale de la papauté portaient fruit. Ce ne fut qu’en septembre 1054 qu’Henri III nomma un nouveau pape en la personne de Victor II (pape de 1055 à 1057), évêque d’Eichstatt en Allemagne. Il ne devait arriver à Rome qu’au mois d’avril 1055, ignorant probablement tout de cette délégation[69].
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+ L'année 1054 marque traditionnellement le schisme entre les églises occidentale et orientale, même si la portée réelle de l'évènement est mineure et que les relations diplomatiques perdureront encore deux siècles entre les deux sièges[70].
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+ Cet incident ne mit nullement un terme aux négociations politiques dont le Saint-Siège espérait une aide militaire pour contenir des Normands dont la progression semblait irrésistible. Le basileus pour sa part voyait dans une intervention du Saint-Siège le seul espoir de maintenir une apparence de souveraineté sur les territoires du Sud de l’Italie[N 12],[71]. Les églises latines de Constantinople furent rouvertes et le successeur de Léon IX, Victor II, envoya une lettre très amicale à l’impératrice Théodora (qui avait entretemps prié le patriarche de limiter son activité aux affaires de l’Église) lui demandant de réduire les taxes frappant les pèlerins se rendant à Jérusalem, politique amicale que poursuivit également son successeur, Étienne IX. Le pape envoya une délégation à Constantinople pour discuter de ces points, mais celle-ci avait tout juste atteint Bari qu’arriva la nouvelle de la mort du pape. Instruits par les évènements de 1054, les délégués retournèrent prudemment à Rome[72].
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+ Son successeur, Nicolas II (pape de 1058 à 1061) accéda au trône pontifical grâce à l’influence du futur Grégoire VII et mena une politique anti-impériale (entendre contre l’empereur germanique). Il affranchit la papauté en 1059 de la tutelle impériale en remettant l’élection du pape entre les mains du seul collège des cardinaux et interdit la nomination des évêques sans l’approbation du pape. Réalisant que la domination normande sur le Sud de l’Italie était un phénomène irréversible, il se rendit la même année en Italie du Sud et reçut les serments de fidélité des princes normands Richard Ier d'Aversa et Robert Guiscard[73]. Bien que ce geste ait été dirigé contre l’empire germanique, il provoqua un ressentiment considérable à Constantinople. Sans parler de schisme, on se rendait bien compte que les deux Églises n’étaient plus sur la même longueur d’onde et que la question d’une « réunification » s’imposait[74].
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+ Toutefois, le terme même de réunification n’avait pas la même signification dans les deux capitales. Le nouveau pape, Grégoire VII (pape de 1073 à 1085, un règne beaucoup plus long que ceux de ses prédécesseurs immédiats), développait la théorie selon laquelle le pouvoir spirituel du pape s’étendait au domaine politique et que la papauté était à l’empereur et aux autres monarques européens ce que le Soleil était par rapport à la Lune[N 13]. Cette doctrine ne pouvait être acceptée à Constantinople, qui tenait depuis longtemps que l’autorité suprême de l’Église en matière doctrinale résidait dans un concile œcuménique où toutes les Églises étaient appelées à participer, et en matière de gouvernance entre les mains de la pentarchie, c’est-à-dire du collège formé par les patriarches de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Si le patriarche de Rome avait droit à une primauté d’honneur vaguement définie, il en allait de même de l’empereur de Constantinople, au titre de vice-roi de Dieu sur terre[75]. À partir de ce moment, la réunification des Églises devint un sujet de négociation perpétuel jusqu’à la chute finale de Byzance.
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+ En 1078, soit vingt-quatre ans après l’incident de 1054, le basileus Michel VII (né vers 1050 – † 1090) fut renversé par une révolution de palais qui porta au trône Nicéphore Boteniatès (règne de 1078 à 1081), lequel annula la promesse de mariage entre le fils de Michel VII et la fille de Robert Guiscard[76]. Furieux, celui-ci annonça qu’on avait trouvé à Rome le malheureux Michel VII évadé de Constantinople. Le pape prit fait et cause pour ce prétendant et excommunia solennellement l’empereur Boteniatès : c’était la première fois depuis plusieurs siècles qu’éclatait une rupture formelle des liens entre la papauté et la cour impériale de Constantinople[77]. Encore une fois, l’épisode n’eut pas tellement de répercussions, Constantinople s’enfonçant dans une guerre civile dont Alexis Comnène (règne de 1081 à 1118) sortit vainqueur. Mais lorsque le pape excommunia également ce dernier et que celui-ci, après avoir fait fermer les églises latines de Constantinople, chercha un rapprochement avec Henri IV qui luttait contre Grégoire VII et ses alliés normands, un changement subtil d’alliances se produisit : jusqu’alors, lorsque les choses allaient mal entre le basileus et le patriarche, le premier pouvait toujours s’appuyer sur Rome pour forcer le patriarche à adopter son point de vue. À partir de ces deux excommunications, basileus et patriarche commencèrent à faire front commun contre Rome[78].
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+ Les choses changèrent avec la mort de Grégoire VII et l’élection d’Urbain II (pape de 1088 à 1099). Le pape, qui voyait dans l’Église byzantine le seul moyen de délivrer les Églises d’Orient du joug des Turcs, prit l’initiative en envoyant une ambassade au basileus, lui demandant de faire rouvrir les églises latines et de rétablir le nom du pape dans les diptyques de Constantinople ; en même temps, il levait l’excommunication qui pesait sur Alexis Ier. Tout aussi désireux d’avoir l’appui du pape dans la lutte contre les Turcs, Alexis invita le pape dans sa réponse à venir tenir un concile à Constantinople pour régler ces questions. Le basileus obtint du synode patriarcal que le nom du pape soit rétabli dans les diptyques pourvu que, comme le voulait l’usage, le pape envoyât sa lettre systatique ou profession de foi aux autres patriarches. Dans la lettre qu’il envoya au pape, le patriarche Nicolas III confirmait que les églises latines étaient rouvertes et pouvaient utiliser le rite qu’elles désiraient. De plus il affirmait qu’il n’existait pas de schisme entre les deux Églises. Le pape, satisfait de cette réponse, passa outre au fait que le patriarche le qualifiait de « frère » et non de « père » et, s’il n’envoya jamais la lettre systatique demandée, c’était sans doute pour éviter de soulever la question du Filioque[79].
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+ S’ensuivit une décennie de paix et d’amitié entre les deux Églises. Hélas, la bonne volonté manifestée par le pape fut aussi la cause d’un terrible malentendu[80]. Pour Urbain II, l’union entre les Églises d’Orient et d’Occident signifiait aussi une union contre l’islam. Or, l’idée même de croisade était étrangère à la pensée byzantine. Alors que le pape appelait à un grand rassemblement des peuples chrétiens pour reconquérir Jérusalem et la Palestine, Alexis désirait surtout l’aide d’un nombre restreint de chevaliers bien aguerris pour combattre non l’Islam en général, mais les Turcs qui grignotaient son empire[81]. De plus, l’idée même d’une guerre sainte était inacceptable pour les Byzantins qui ne pouvaient concevoir de guerre « juste » même si elle pouvait s’avérer nécessaire et qui s’étonnèrent toujours de voir les aumôniers accompagner les soldats et, plus encore, des évêques diriger des troupes[82]. Ce malentendu initial devait accroître l’hostilité entre chrétiens d’Orient et d’Occident. À l’indiscipline et à la totale inutilité des troupes de paysans conduites par Pierre l’Ermite, succéda la hargne et les pillages des militaires conduits par Godefroi de Bouillon, Baudouin de Boulogne, Hugues de Vermandois et autres chevaliers francs. Pour leur part, les autorités byzantines ne virent dans les chefs croisés que des mercenaires pouvant les aider à rétablir les frontières de l’empire byzantin aussi bien en Europe qu’en Asie[83],[N 14].
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+ Lorsque les croisades débutèrent, les deux Églises maintenaient des relations froides mais polies. Chacune d’elles conservait son indépendance dans sa propre sphère géographique sans qu’il soit question de schisme entre elles. Les enjeux étaient effectivement considérables : Constantinople ne perdait pas tout espoir de reprendre pied en Italie du Sud grâce à l’hostilité entre la papauté et l’empereur germanique alors que le pape espérait toujours pouvoir replacer l’Église d’Orient dans son giron. Ainsi, Alexis proposa en 1112 de venir à Rome recevoir la couronne impériale et envoya au pape un projet de réunion des Églises — admettant ainsi qu’il existait tout de même une certaine séparation. Mais, comme il arrivera maintes fois jusqu’au concile de Lyon et au concile de Florence, l’idée achoppa dès que l’on passa du plan diplomatique au plan théologique[84].
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+ Au début, grâce surtout à la diplomatie du représentant papal, Adhémar du Puy, tout alla bien. Lors de la prise d’Antioche par Bohémond de Tarente (vers 1054 – † 1111), le patriarche Jean l’Oxite avait eu à subir de nombreux sévices de la part des Turcs. Il fut r��tabli sur le trône patriarcal par les croisés et les chroniqueurs du temps firent l’éloge de son courage. Dans la cathédrale Saint-Pierre d’Antioche, les offices religieux étaient célébrés suivant les usages aussi bien latins que grecs. Vers la même époque, Adhémar du Puy prit aussi contact avec le patriarche de Jérusalem en exil à Chypre et rédigea même au nom de Siméon une lettre dans laquelle ce dernier était présenté comme le supérieur de tous les évêques, grecs aussi bien que latins. Malheureusement, Adhémar du Puy devait s’éteindre en 1098 ; ses successeurs firent preuve d’une bien moins grande largesse d’esprit[85].
126
+
127
+ Lorsque les croisés capturèrent Jérusalem, le patriarche Siméon était décédé et ses évêques en exil. Ils choisirent donc l’un des leurs comme patriarche. Arnold de Choques fut ainsi le premier patriarche latin de Jérusalem. Sa nomination se révéla une grave erreur, puisqu'il ira jusqu’à torturer les moines orthodoxes pour leur faire confesser où ils avaient caché la Vraie Croix lors du départ de Siméon pour Chypre. Son successeur, Daimbert de Pise, fit pis encore : il tenta de réserver l’église du Saint-Sépulcre à l’usage exclusif des Latins et chassa les orthodoxes de leurs établissements à Jérusalem et dans ses environs. Toutefois, le roi Baudoin Ier (1171, emp. latin 1194 – † 1205 ou 1206) se hâta de rétablir les Grecs dans leurs droits. Après lui, la couronne se fit le défenseur des intérêts du peuple contre le clergé latin[86].
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+ Toutefois, si les relations demeurèrent tendues entre les deux communautés, il est évident qu’à la fin du XIe siècle, tant à Rome qu’à Constantinople, les autorités des deux Églises ne considéraient pas qu’il y avait schisme entre elles[87]. Les choses ne changèrent guère non plus à Alexandrie qui ne faisait pas partie des territoires occupés par les Latins. Par contre, à Jérusalem et à Antioche, les autorités franques s’attendaient à ce que l’épiscopat grec acceptât l’autorité de la nouvelle hiérarchie latine, sans pour autant que le moyen et le bas clergé n'aient semblé être affectés, la barrière linguistique constituant une protection efficace pour son autonomie. Si leurs cathédrales furent confisquées, ils purent conserver leurs églises où la liturgie était célébrée selon leur rites, en grec ou en syriaque ; les monastères demeurèrent ouverts et purent accueillir pèlerins grecs et latins[88].
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+ Ce fut à Antioche que les choses se gâtèrent. La capture d’Antioche par Bohémond de Tarente, le fils de Robert Guiscard[89], mettait le patriarche Jean dans une situation impossible. Bohémond savait que l’empereur tenterait de reprendre la ville et que le patriarche et le peuple prendraient son parti ; Bohémond traita le malheureux patriarche sans ménagement. Lorsque des évêques latins furent nommés aux sièges de Tarse, Artah, Mamistra et Édesse, ils se rendirent à Jérusalem pour être consacrés par le patriarche latin Daimbert, ignorant l’existence et les droits du patriarche grec d’Antioche. Jean quitta donc Antioche pour se réfugier à Constantinople avec le haut clergé où il démissionna ; l’empereur et le haut clergé lui choisirent un successeur grec. À partir de 1100, il y eut donc deux patriarches pour la Palestine, un patriarche latin occupant effectivement le siège et un patriarche grec en exil, chacun se réclamant de la succession apostolique. C’est à partir de ce moment que le schisme prit vraiment corps[90].
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+
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+ Si l’existence de deux patriarches pour le territoire d’Antioche fut la première manifestation d’un schisme, l’appui donné par le pape Pascal II à Bohémond fut la deuxième. Les relations entre Rome et Constantinople se dégradèrent lorsque Baudoin Ier écrivit au pape Pascal II (règne de 1099 à 1118) en 1102 pour se plaindre du manque de collaboration de l’empereur Alexis. Furieux, le pape prit position pour les Latins. Et lorsque Bohémond de Tarente se rendit à Rome, il n’eut aucune difficulté à convaincre celui-ci de la trahison des croisés par le basileus et de la nécessité de prêcher une croisade, non plus contre les Turcs mais contre Constantinople[91]. Le pape avait bien dans le passé excommunié les empereurs Nicéphore et Alexis, mais cette excommunication touchait les deux hommes, non leur peuple, tout comme l’excommunication de l’empereur Henri par Grégoire VII ne s’étendait pas à l’ensemble de l’empire germanique. Prêcher une croisade contre l’Empire et par conséquent contre l’ensemble des orthodoxes équivalait à considérer ceux-ci comme schismatiques au même titre que les infidèles. Cette croisade se solda par un fiasco. Bohémond dut se reconnaître vassal du basileus et consentit au rétablissement de la ligne grecque au trône patriarcal. Cet accord demeura toutefois lettre morte, Antioche étant alors aux mains du neveu de Bohémond, Tancrède, lequel n’avait nulle envie de devenir vassal de l’empereur et de voir le patriarcat retourner aux mains des Grecs[92].
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+ Le schisme entre les patriarcats d’Orient et celui d’Occident se concrétisa ainsi avec la création par les croisés de patriarcats latins dans leurs propres colonies, existant parallèlement aux patriarcats grecs, chaque communauté ne se référant qu’à son propre patriarche[93].
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+ Si les trois premiers Comnène, pour des motifs plutôt politiques que religieux, eurent soin de maintenir de bons rapports avec Rome, la période des croisades ne fit que renforcer l’animosité du peuple byzantin contre les occidentaux (Francs et marchands italiens), animosité reflétée et entretenue par la hiérarchie orthodoxe[94]. Sur le plan religieux, le renouveau de la papauté était vu à Constantinople comme une tentative arrogante de domination universelle, alors que l’addition du Filioque et certaines pratiques comme l’utilisation de pain sans levain pour l’eucharistie étaient perçues comme une volonté d’imposer unilatéralement les usages de l'Occident à l’ensemble de la chrétienté. Sur le plan matériel, la population eut à souffrir de l’habitude des croisés de s’emparer de ce qu’ils voulaient, nourriture sur la route ou œuvres d’art dans les villes, alors que les croisés accusaient l’empereur et ses conseillers de traîtrise et de manque de coopération dans la reconquête des Lieux saints[95].
138
+
139
+ Tout au long de ces trois règnes, de nombreuses lettres, ambassades et discussions théologiques furent échangées montrant que, si crise il y avait, les parties désiraient à tout prix éviter une rupture finale et irrémédiable[N 15].
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+ La deuxième croisade (1147-1149) devait élargir l’animosité existant entre les autorités politiques et religieuses aux peuples occidentaux et orientaux de la chrétienté. Après avoir arraché Jérusalem aux mains des musulmans en 1099, les croisés avaient fondé quatre États latins (royaume de Jérusalem, principauté d’Antioche, comté d’Édesse et comté de Tripoli) qui se trouvèrent rapidement isolés en Orient. Prêchée par Bernard de Clairvaux, cette croisade était conduite par le roi de France et l’empereur germanique et réunissait des princes de toute l’Europe occidentale. Effrayé par la dimension de cette armée qui devait traverser son empire et redoutant une attaque de Roger II de Sicile (1095 – † 1154), l’empereur Manuel conclut une alliance avec le sultan seldjoukide Mas`ûd[96]. Il fut aussitôt considéré comme traître à la cause chrétienne par les croisés.
142
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143
+ Durant leur passage dans les Balkans, les armées germaniques se livrèrent au pillage, si bien que lorsqu’elles arrivèrent, les armées françaises trouvèrent vides les points d’approvisionnement préparés par l’empereur à l’intention des croisés. Les deux armées pillèrent les environs de Constantinople, provoquant la colère de leurs habitants. Arrivés les premiers à Constantinople, les Allemands ignorèrent les avis du basileus et se dirigèrent vers Édesse à travers l’Anatolie où ils furent mis en déroute par les Turcs près de Dorylée. Instruit par l’expérience germanique, le roi de France décida d’éviter l’Anatolie en choisissant un itinéraire plus long, appareillant pour la Syrie à bord de bateaux siciliens. Mais Byzance étant en guerre avec la Sicile, des navires byzantins capturèrent les premiers, y compris les bagages du roi de France qui ne les put recouvrer que quelques mois plus tard[97].
144
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+ Si la deuxième croisade n’eut pratiquement aucun résultat en Terre sainte, elle contribua ainsi à accroître considérablement la rancœur des croisés contre les Byzantins qu’ils accusèrent de complicité avec l’ennemi turc et de mauvaise foi à l’endroit des princes d’Antioche. Les Byzantins pour leur part considérèrent les Francs et Germains comme barbares, indisciplinés et peu sûrs, jugement qui s’étendait à l’Église dont ils faisaient partie. Il est à noter toutefois que les relations de Constantinople avec les princes latins d’Outremer (sauf pour Antioche), qui comprenaient mieux la géopolitique de la région, demeurèrent excellentes, et que même l’échec de l’expédition en Égypte conduite avec le royaume de Jérusalem en 1169 ne nuisit guère à leurs relations[98].
146
+
147
+ Les choses empirèrent encore avec la mort de Manuel en 1180. En dépit des heurts mentionnés plus haut, l’attitude amicale du basileus pour tout ce qui venait d’Occident, notamment les privilèges octroyés aux marchands génois, vénitiens et pisans, avait provoqué l’ire de la population. Elle se traduisit par une tentative de renverser l’impératrice-régente, une Italienne, un atroce massacre de Francs et d’Italiens à Constantinople en 1182 ainsi que le sac de toutes les églises latines et le meurtre du légat papal. Quelque cinquante bateaux latins qui se trouvaient au port de Constantinople réussirent à appareiller avec réfugiés, soldats et marchands. Trois ans plus tard, ils prirent leur revanche en mettant à sac Thessalonique. Les relations entre Rome et Constantinople furent rompues et ne reprirent que lorsque le nouvel empereur, Andronic (1183 – † 1185), fut lui-même remplacé par son cousin, Isaac II Ange (1185-1195 et 1203-1204). Mais l’alliance conclue par celui-ci avec Saladin continua à lui valoir la haine des Occidentaux, surtout après que Saladin eut conquis Jérusalem et eut réinstallé un patriarche grec dans la sainte cité en 1187. La conquête de Chypre par Richard Cœur de Lion et la subordination du clergé grec au clergé latin dans l’ile aggrava encore cette rancœur[99].
148
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+ C’est à cette époque que l’Église grecque produisit l’un de ses plus grands juristes, Théodore Balsamon (né vers 1130/1140, mort vers 1195/1200)[100]. Nommé évêque d’Antioche (en exil puisque les Latins occupaient ce siège), il défendait des thèses hostiles à l’Église latine. Pour lui, empereur et patriarche constantinopolitains étaient les deux principales autorités de l’Empire et la bonne entente entre les deux était essentielle. Mais alors que le patriarche ne s’occupait que du bien-être spirituel de la population, l’empereur devait voir à la fois au bien-être spirituel et matériel du peuple, d’où sa prééminence sur le patriarche, Soumis seulement à la Foi telle que définie dans les sept conciles œcuméniques, il était donc supérieur au pape et ne pouvait soumettre l’Église byzantine à la volonté de Rome[101]. Pour lui, l’Église occidentale s’était depuis plusieurs années séparée de la communion des quatre autres patriarcats et était devenue étrangère à l’orthodoxie[102].
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+
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+ Si Balsamon et l’Église constantinopolitaine considéraient que l’Église de Rome s’était séparée des quatre autres Églises de la Pentarchie, il semble bien qu’à la fin du siècle les Latins considéraient pour leur part que l’Église de Constantinople, par son refus d’accepter la suprématie de Rome, était en état de schisme, même si ni l’une ni l’autre partie ne pouvait dire depuis quand précisément ce fossé s'était creusé.
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+ La quatrième croisade devait mettre fin à cette incertitude. Le pape Innocent III (pape de 1198 à 1216) souhaitait la mise sur pied d’une croisade dès le début de son pontificat. Pour lui, Byzance ne devait pas être prise par les armes, mais, après s’être soumise à Rome par l’union des Églises, devait se joindre aux autres forces chrétiennes pour reprendre la Terre sainte. Toutefois, le contrôle de la croisade lui échappa dès que les croisés choisirent comme chef le marquis Boniface de Montferrat (né vers 1150, roi de Thessalonique de 1205 à 1207), ami de l’empereur germanique Philippe de Souabe qui refusait de reconnaître la suprématie pontificale. Ne pouvant payer leur transport vers la Terre sainte, les croisés durent se plier aux désirs des Vénitiens et aider ceux-ci à reprendre la ville de Zara (aujourd’hui Zadar), possession du roi de Hongrie, fervent catholique. Le pape comprit immédiatement son erreur initiale et excommunia les croisés[N 16],[103].
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+ À Zara, ils furent rejoints par le jeune Alexis, fils de l’empereur déposé Isaac Ange, qui s’était échappé de Constantinople pour se réfugier à la cour de Philippe de Souabe (né en 1177, roi des Romains de 1198 à 1208). Pourvu qu’on l’aidât à récupérer le trône, il promit aux croisés une aide militaire et de vastes sommes d’argent ainsi que le passage de l'Église d'Orient dans l'obédience romaine. Mais une fois Constantinople prise et le jeune Alexis installé sur le trône avec son père, il fut bien incapable de tenir ses promesses, les coffres étant vides, et fut renversé par un courtisan. Croisés et Vénitiens se partagèrent alors l’Empire. Il fut entendu entre eux que si le trône impérial revenait à un croisé, le patriarcat irait aux Vénitiens et vice-versa. Le doge Dandolo réussit à écarter du trône Boniface de Montferrat, sympathique aux Génois, et à faire nommer le Vénitien Thomas Morosini premier patriarche latin de Constantinople, en lieu et place du patriarche Jean X Camaterus qui alla trouver refuge à Didymotique[N 17],[104].
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+ Innocent III n’avait été consulté ni par les chanoines de Sainte-Sophie nommés par les Vénitiens pour élire le patriarche, ni même consulté sur le choix de Morosini. Réalisant que le but des croisés n’était pas d’aller en Terre sainte, sincèrement choqué par les massacres de chrétiens, schismatiques mais chrétiens tout de même, il commença par déclarer la nomination de Morosini nulle et non avenue avant de nommer lui-même Morosini patriarche et d’exiger que Rome nomme ses successeurs[105].
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+ Plusieurs problèmes se posaient au niveau ecclésiastique. La création des États latins et l’arrivée massive de gens venus d’Europe exigeaient la création d’une Église latine avec sa hiérarchie et ses clercs pour s’occuper de ces gens qui ne parlaient pas le grec. Par ailleurs, il existait déjà une hiérarchie grecque s’occupant de la population locale. L’��glise grecque ne pouvait ni être simplement abolie, ni latinisée. Innocent III ordonna que la hiérarchie grecque puisse exister comme par le passé pourvu qu’elle reconnaisse la suprématie de Rome et inscrive le nom du pape et du patriarche latin de Constantinople dans ses diptyques. C’était trop demander à la plupart des évêques grecs qui prirent le chemin de l’exil et allèrent se réfugier dans les États successeurs d’Épire, de Trébizonde ou de Nicée[106].
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+
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+ Une dernière chance de réunir les deux Églises se présenta en 1206 lors de la mort à Didymotique du patriarche Jean X Camaterus. Les évêques demeurés dans le nouvel empire latin se réunirent et écrivirent une lettre au pape offrant d’accepter la suprématie de Rome et de reconnaître le pape comme treizième apôtre à la condition qu’eux-mêmes puissent avoir leur propre patriarche qui partagerait leur langue, leurs coutumes et leurs traditions. Un concile serait ensuite convoqué pour discuter des différences entre les deux Églises. Aucune suite ne fut donnée à leur demande, le pape estimant sans doute qu’elle conduirait à reconnaitre la lignée patriarcale grecque comme étant la lignée légitime et apostolique alors que la lignée latine serait considérée comme intruse[107].
162
+
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+ Un ultime effort fut fait par Jean III Doukas Vatatzes (né vers 1192, empereur de 1221 à 1254), empereur de Nicée, en 1234. Il incita son patriarche, Germanus II, à écrire au pape pour l’inviter à envoyer des représentants à la cour de Nicée. Rome envoya deux moines dominicains et deux franciscains. Les Grecs qui espéraient plutôt un concile général étaient semble-t-il prêts à accepter que l’usage latin de pain sans levain pour l’eucharistie n’était pas condamnable, mais exigeaient l’omission du Filioque du Credo. Pour leur part, les moines exigèrent d’entrée de jeu la soumission des Grecs à l’autorité pontificale de Rome. Le ton s’échauffa rapidement et bientôt les deux parties se séparèrent en s’accusant mutuellement d’être hérétiques, terme employé dans le même sens que celui de schismatiques[108].
164
+
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+ Dès lors, plus personne ne pouvait douter qu’il existait bien un schisme entre les Églises chrétiennes d’Orient et d’Occident.
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+ Dès lors, une vision péjorative de l’ « autre chrétienté », qualifiée de « schismatique », se diffuse dans chacune des églises, d’Orient et d’Occident.
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+ En Orient, les « Latins », aussi appelés « Francs », sont décrits par de nombreux auteurs grecs comme Anne Comnène, Georges Cédrène, Nicétas Choniatès ou Jean Skylitzès comme hérétiques, barbares, malodorants, brutaux, rapaces, arrogants : ils inspireront toute une historiographie empreinte d’anti-occidentalisme, qui influencera en partie le panslavisme[109] et encore plus le slavophilisme[110]. On retrouve cette perception négative non seulement dans les positions anti-européennes de divers mouvements grecs ou des gouvernements russes post-soviétiques, mais plus profondément chez des auteurs comme Alexandre Soljénitsyne qui voit l'Occident comme amoral et matérialiste[111].
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+ En Occident, symétriquement, la Grèce et les Grecs étaient jadis objet de suspicion, mépris voire dégoût[112]. Paul Tannery relie cela à la réécriture, par les clercs d’Occident, de l’histoire du christianisme, qui tend à rejeter la responsabilité du schisme sur les seuls « Grecs », à présenter l’église de Rome comme seule héritière légitime de l’Église primitive et à rendre acceptables d’une part le sac de Constantinople par la quatrième croisade et d’autre part le fait qu’après avoir quitté la Pentarchie, Rome s’en soit éloignée théologiquement et canoniquement au fil des 14 conciles qui lui sont propres. De son côté, l’historien allemand Hieronymus Wolf réécrit, lui, l’histoire romaine en lançant l’appellation et le concept d’« Empire byzantin » en 1557, pour séparer l’histoire de l’Empire romain d'Orient, présenté de manière péjorative, de celle de l’empire d'Occident, revendiqué comme « matrice de l’Europe occidentale »[113].
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+ (Histoire de l’Église de Constantin à Charlemagne. Utile pour connaître les causes éloignées du schisme).
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3
+ 5 tomes Schtroumpferies
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5
+ 7 tomes L'Univers des Schtroumpfs
6
+
7
+ 5 tomes 300 Gags
8
+
9
+ 3 tomes Le Village des Filles
10
+
11
+ 1 tome Hors série
12
+
13
+ Les Schtroumpfs est une série de bande dessinée jeunesse belge créée par Peyo en 1958 racontant l'histoire d'un peuple imaginaire de petites créatures bleues logeant dans un village champignon au milieu d'une vaste forêt. Les seize premiers albums ont été publiés par leur créateur. Depuis sa mort le 24 décembre 1992, son fils Thierry Culliford dirige l'édition des nouveaux albums.
14
+
15
+ En 2013, 25 millions d'albums des Schtroumpfs avaient été vendus dans le monde entier, ainsi que 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
16
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17
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Ces deux films obtiennent de bonnes critiques[3]. La troisième adaptation, Les Schtroumpfs et le Village perdu sortie en 2017 et qui est exclusivement en images de synthèse, récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
18
+
19
+ D'autres projets comme Smurfs On Ice, Les Schtroumpfs Le Spectacle Musical ou encore l’exposition La Schtroumpf Experience, qui attire 240 000 visiteurs et est nommée aux Visit Brussels Awards, ont également vu le jour[4],
20
+ [5],[6],[7].
21
+
22
+ Mondialement, les Schtroumpfs sont considérés comme des icônes culturelles intergénérationnelles, tout en faisant partie des plus grands héros de la pop culture mondiale[8],[9],[10],[11],[12],[13].
23
+
24
+ L'ensemble des albums raconte la vie des Schtroumpfs dans leur village au cœur d'une forêt imaginaire en Europe durant un Moyen Âge mythifié, se défendant face à Gargamel et son chat Azraël ou partant dans de grandes aventures. Toute la tribu vit dans des champignons aménagés en maisons, dans un petit village au cœur de la forêt. Les Schtroumpfs sont petits et bleus avec une queue. Ils sont vêtus d'un bonnet et d'un pantalon blancs, à l'exception de leur chef, le Grand Schtroumpf, vêtu de rouge, ainsi que quelques autres Schtroumpfs, comme le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paysan ou le Schtroumpf sauvage.
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+ Le créateur de la série et de l'univers des Schtroumpfs est l'auteur belge francophone Peyo, de son vrai nom, Pierre Culliford. Né en 1928, il a créé Les Schtroumpfs en 1958. Il est surtout connu pour cette série. Il a été le scénariste et le dessinateur de plusieurs des 16 premiers albums des Schtroumpfs.
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+ Pour l'aider dans leur réalisation, il fonde en 1964 un studio dans sa propre résidence. Walthery, âgé d'à peine 17 ans, est le premier assistant du maître et participe aux dessins du troisième album. Face à son talent, celui-ci se verra confier la direction d'autres séries créées par Peyo : Jacky et Célestin, puis Benoît Brisefer. Ce sont Derib, puis Gos qui seront les nouveaux co-dessinateurs des albums suivants. Gos participe au scénario et au dessin du tome 5 en 1969, ainsi qu'au scénario du tome 6. Marc Wasterlain fait également partie du studio Peyo, contribuant notamment au dessin du douzième album. Ces différents assistants iront par la suite créer leurs propres séries à succès.
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+ Le responsable co-auteur des scénarios durant cette période fondatrice est Yvan Delporte, rédacteur en chef du journal Spirou de 1956 à 1968, qui participe à 8 des 10 premiers albums, publiés entre 1965 et 1983.
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+ Suite au départ des éditions Dupuis à la fin des années 1980, Peyo lance un journal Les Schtroumpfs. L'occasion de composer un nouveau studio[14] : aux côtés de Daniel Desorgher, qui s'occupait des produits dérivés, sont recrutés plusieurs dessinateurs : Jean-Luc Van de Walle, José Grandmont, Philippe Delzenne, Alain Maury ou encore Bernard Swysen[15]. Ce dernier aide Peyo à dessiner le tome 14, sorti en janvier 1990[16].
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+ À la mort de Peyo en décembre 1992, c'est Thierry Culliford, son fils, qui devient le nouveau scénariste en chef de la série, à partir du tome 16. Il est depuis co-scénariste et coordinateur de l'exécution graphique de la série.
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+ Les premiers repreneurs officiels du dessin sont désormais Alain Maury et Luc Parthoens, qui réalisent les tomes 16 à 20, Parthoens co-écrivant également le scénario avec Culliford. Puis du tome 21 à 24, c'est Ludo Borecki qui officie principalement au dessin. (Les tomes 24 et 25 sont aussi co-dessinés par Jeroen De Coninck.)
37
+
38
+ Borecki a d'abord collaboré au magazine Schtroumpf, et a participé aux albums Schtroumpferies 2 à 5, publiés de 1996 à 2002, puis a dessiné les décors du tome 17 de Johan & Pirlouit (2001)[17].
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+ À partir du tome 26, Alain Jost remplace Luc Parthoens au co-scénario. Pascal Garray et Jeroen De Coninck vont se succéder au dessin, en alternance, jusqu'en janvier 2017, date de disparition de Pascal Garray[18], De Coninck reprend ainsi la réalisation du tome 36, aidé par Miguel Diaz Vizoso, collaborateur fréquent de la série, que ce soit au scénario (tome 25) ou au dessin (tome 33). Philippe Delzenne a quant à lui co-écrit le tome 21. José Grandmont collabore aussi au studio, de 2002 à 2009.
41
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42
+ Nine Culliford, de son vrai nom Janine Culliford, a été la coloriste des albums des Schtroumpfs avec son mari jusqu'en 1992. Elle serait à l'origine de la couleur des petits hommes en bleu. Elle continue la colorisation des Schtroumpfs jusqu'à sa mort en juillet 2016[19].
43
+
44
+ S'il quitte officiellement le studio Peyo en 2011, Alain Maury reste consultant graphique[20]. Ainsi, il est le dessinateur des nouveaux tomes de Johan et Pirlouit, publiés à la fin des années 1990, mais participe aussi à la réalisation de la nouvelle série dérivée Les Schtroumpfs et le Village des filles.
45
+
46
+ Depuis juillet 2016, Alain Perwez dit Peral rejoint le studio Peyo en tant que dessinateur[21]. Il succède à Pascal Garray, auprès de Jeroen De Coninck. Il devient même principal dessinateur des Schtroumpfs, quand Jeroen De Coninck décide de prendre sa retraite en 2017.
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48
+ Au début de l'année 1958, Peyo réfléchit au scénario de la nouvelle histoire de Johan et Pirlouit. Son idée est d'utiliser les mauvais talents musicaux de Pirlouit, un peu comme dans le conte Le Joueur de flûte de Hamelin. Il a pour idée de départ de mettre dans les mains de Pirlouit une flûte enchantée. L'histoire, qui commence sa publication en mai 1958 seulement trois semaines après la fin du récit précédent, a pour titre La Flûte à six trous. Comme prévu, l'ouverture de l'histoire multiplie les gags de Pirlouit et sa flûte magique qui fait danser tous ceux qui l'entendent. Ce début d'histoire est permis, car Peyo, avec l'accord de Dupuis, est désormais passé au format soixante planches et non plus quarante-quatre comme auparavant[22]. Dans la suite de son histoire, il a l'idée d'intégrer les créateurs de cette fameuse flûte et de réutiliser les petits lutins roses coiffés d'un bonnet à fleur dont il s'était servi pour une ébauche de court-métrage d'animation pendant son passage chez CBA. Pour les nommer, il a l'idée de ressortir le mot qui l'avait bien amusé avec André Franquin quelques mois auparavant. C'est Nine, sa femme, qui a l'idée d'utiliser du bleu pour colorier ses petites créatures[23].
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+ La découverte de ces nouveaux personnages par les lecteurs se fait progressivement. Tout d'abord des yeux qui observent les héros, puis le langage Schtroumpf est dévoilé, ensuite une main bleue et enfin les personnages apparaissent aux lecteurs[24]. Les Schtroumpfs ne font pas tout de suite l'unanimité chez l'éditeur, toujours inquiet que la censure française puisse frapper le journal : le langage schtroumpf est notamment pointé du doigt. Peyo doit le rassurer en affirmant que cette création est éphémère et va être utilisée durant quelques planches seulement, le temps pour les personnages de construire une nouvelle flûte enchantée[25].
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+ La nouvelle histoire de Johan et Pirlouit, commence sa publication en avril 1959 et a pour titre La Guerre des sept fontaines. Elle aborde le thème de la vie après la mort[26]. L'utilisation de la magie dans la première partie du récit va contraindre Peyo à réutiliser des personnages tirés d'autres épisodes. Comme l'enchanteur Homnibus a déjà été utilisé, il va rechercher la sorcière Rachel et le Grand Schtroumpf, rompant sa promesse de ne plus utiliser les Schtroumpfs[27].
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+ Lors d'un repas en 1957, Peyo aurait demandé à Franquin de lui passer une salière et, butant sur le mot, l'aurait donc appelée un schtroumpf (« Passe-moi… le schtroumpf ! ») : la conversation se serait poursuivie en schtroumpf[28],[29].
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+ Il est fait référence à ce repas à trois reprises dans les albums des Schtroumpfs. D'abord, dans Le Schtroumpf financier, à la case 3 de la page 22 : on voit deux Schtroumpfs en train de manger, puis un demande a l'autre de lui passer le... la..., puis ils sont coupés par l'apparition d'un autre schtroumpf. Puis, dans Les Schtroumpfs et le livre qui dit tout, à la page 8, où l'on voit deux Schtroumpfs cherchant dans le livre l'origine du mot Schtroumpf. Enfin dans Les Schtroumpfs et l'arbre d'or, page 12 cases 3 et 4.
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+ Schtroumpf se prononce pratiquement comme le mot allemand Strumpf qui signifie « chaussette » (les Schtroumpfs s'appelant Schlümpfe (sing. Schlumpf) en allemand). Le nom de la danse Smurf vient directement des Schtroumpfs (Smurfs en anglais).
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+ La première apparition des Schtroumpfs se produit dans l'épisode des aventures de Johan et Pirlouit La flûte à six trous, prépublié dans Le Journal de Spirou le 23 octobre 1958[30] et dont le nom en album devint La Flûte à six schtroumpfs. On y rencontre une peuplade de lutins bleus à bonnets blancs vivant dans un village de champignons et parlant le langage schtroumpf. Johan et Pirlouit viendront encore rendre visite aux schtroumpfs dans l'épisode intitulé Le pays maudit. Les schtroumpfs viendront également leur prêter main-forte dans les albums La guerre des 7 fontaines, Le sortilège de Maltrochu, La horde du corbeau et La Nuit des Sorciers.
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+ À partir de 1959, les Schtroumpfs vivent leurs propres aventures dans Spirou, d'abord sous la forme de sept mini-récits (Les Schtroumpfs noirs (1959), Le Voleur de Schtroumpfs (1959), L'Œuf et les Schtroumpfs (1960), Le Faux Schtroumpf (1961), La Faim des Schtroumpfs (1961), Le Centième Schtroumpf (1962), et Le Schtroumpf volant (1963), albums de quarante-huit pages chacun, à monter soi-même), qui seront réédités sous mini-couvertures cartonnées à partir de 2004 (trois coffrets de deux mini-albums par les éditions Niffle) ; Spirou récidivera avec le mini-récit Le Bébé Schtroumpf, tiré d'images du dessin animé en 1984.
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+ Jusque-là, on ne voyait que le Grand Schtroumpf et les petits Schtroumpfs, apparemment tous identiques. Les différences physiques et de caractère (Schtroumpf à lunettes, farceur, costaud, etc.) n'apparaissent — progressivement — qu'au moment où les Schtroumpfs commencent à avoir leurs propres histoires.
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+ Les histoires des Schtroumpfs se situent théoriquement en Europe au Moyen Âge (avec quelques étrangetés : les Schtroumpfs connaissent les tomates et les pommes de terre), mais on a parfois des clins d'œil au monde moderne.
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+ Les Schtroumpfs sont âgés d'une centaine d'années, hormis le Grand Schtroumpf qui a 542 ans, ainsi que le Bébé Schtroumpf dont l'âge n'est pas donné.
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+ Il y a aujourd'hui cent-trois Schtroumpfs (cent plus la Schtroumpfette, Sassette et le bébé Schtroumpf) dont les principaux sont : le Grand Schtroumpf (chef et doyen), la Schtroumpfette, le Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paresseux, le Schtroumpf gourmand, le Schtroumpf grognon, le Schtroumpf farceur, le Schtroumpf costaud…
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+ Ils ont parfois recours à Homnibus, un vieil enchanteur sympathique qui les aide lors de problèmes d'importance majeure comme la santé du Grand Schtroumpf. Il fait partie des seuls humains que les Schtroumpfs ne craignent pas, avec Johan, Pirlouit et le Roi de ces derniers, contrairement à Grossbouf.
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+ Le sorcier Gargamel et son chat Azraël sont les pires ennemis des Schtroumpfs, mais ils ne leur en veulent pas pour les mêmes raisons : Gargamel en a besoin pour fabriquer la Pierre Philosophale — ses innombrables échecs développent une volonté de revanche et de vengeance — tandis qu'Azraël, lui, veut tout simplement les manger. D'autres dangers guettent les Schtroumpfs comme la mouche Bzz ou les Schtroumpfs noirs mais, dans ce dernier cas, la menace est éliminée définitivement à la fin de l'histoire, alors que Gargamel et Azraël reviennent toujours.
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+ L'aliment préféré des Schtroumpfs est la salsepareille et ils vivent dans des maisons individuelles ayant l'apparence de gros champignons. Les Schtroumpfs se déguisent souvent lors de bals masqués dans le village ou dans l'album Le Cosmoschtroumpf (en Schlips, orange avec des cheveux apparents — sans bonnet) pour faire croire à l'un des leurs qu'il a atterri sur une autre planète, ou encore lorsqu'ils donnent des représentations théâtrales du Petit Schtroumpferon rouge…
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+ Il n'y a pas de loi chez les Schtroumpfs, juste des valeurs morales et du respect. À de nombreuses reprises (Le Schtroumpfissime, Le Schtroumpf financier, On ne schtroumpfe pas le progrès, Le Schtroumpf reporter, Les Schtroumpfs joueurs, Les Schtroumpfs de l'ordre) les Schtroumpfs tentent d'adopter un système correspondant plus à celui des humains, pour retomber sur leurs pieds avec la conclusion que leur monde est bien mieux sans eux. Les Schtroumpfs, dans leur monde médiéval, travaillent beaucoup autour des expériences chimiques, des événements inexpliqués… Les Schtroumpfs sont aussi très en contact avec la nature, et en proie à ses caprices (La faim des Schtroumpfs) mais aussi à ses délices : les récoltes automnales, l'amitié et la communication qui existe entre eux et les animaux. Le plus connu des animaux schtroumpfs est Puppy, à l'origine le chien d'Homnibus, qui finit par être adopté par le Bébé Schtroumpf.
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+ Peyo a dénombré et caractérisé une centaine de ses petites créatures bleues et en a ajouté quelques-unes au fil des histoires[31].
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+ Les Schtroumpfs sont en quelque sorte des lutins, mais beaucoup plus petits que dans la plupart des légendes. Ils sont décrits « hauts comme trois pommes » par le grimoire de Gargamel, mais comparé à ce dernier, qui possède une taille humaine moyenne, les Schtroumpfs apparaissent vraiment minuscules, guère plus gros que des souris, ce qui ne manque jamais de susciter l'appétit d'Azraël. Par rapport à la nature environnante, leur taille est assez variable, changeant selon la fantaisie de Peyo. D'après l'album Schtroumpferies 5, la porte d'une maison schtroumpf fait dix-sept centimètres sur dix centimètres, ce qui laisse penser qu'ils ne mesurent gu��re plus d'une quinzaine de centimètres. Une taille a été donnée par la présentation[32][réf. non conforme] qui les a décrits comme « de petits lutins bleus de cinq centimètres ».
82
+ En 1991 dans l'album Les Évadés, les Petits Hommes rencontrent les Schtroumpfs[33], et on constate alors qu'ils ont à peu près la même taille, sachant que les Petits Hommes sont exactement à l'échelle 1/10 par rapport aux humains. Cependant, cette rencontre pose quelques problèmes de chronologie (les séries ne se situent pas au même siècle).
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84
+ Ils sont bleus, et quasiment de forme humanoïde. Les seules différences notables sont une minuscule queue à l'arrière-train, et le fait qu'ils n'ont que trois doigts opposables au pouce, et quatre orteils[34]. Et surtout, ils portent tous un bonnet phrygien de forme très caractéristique ainsi qu'un pantalon. Il est de couleur blanche pour tous les personnages, excepté le Grand Schtroumpf, qui en arbore un exemplaire de couleur rouge.
85
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+ L'épisode du Bébé Schtroumpf montre comment naissent les Schtroumpfs : ils sont amenés par une cigogne (clin d'œil à une fable qu'on racontait aux enfants posant la question « d'où viennent les bébés ? » quand on souhaitait leur dissimuler la vérité sur la sexualité), un soir de pleine lune bleue[35]. Les Schtroumpfettes, (Schtroumpfette comme Sassette), sont créées par une méthode de sorcellerie, connue de Gargamel. Les P'tits Schtroumpfs ne sont pas apparus comme juvéniles à l'origine, mais sont en fait des Schtroumpfs adultes rajeunis. À noter que d'une certaine manière, les Schtroumpfs étaient des créatures asexuées avant l'épisode La Schtroumpfette.
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88
+ Le sémiologue italien Umberto Eco a consacré plusieurs pages au langage Schtroumpf pour illustrer les facultés de l'esprit humain en interprétation des données dans un article dont la version française (supervisée par l'auteur) donne pour exemple à reconnaissance « immédiate » : Je suis le schtroumpf, le schtroumpf, l'inschtroumpfé[36].
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90
+ Des albums comme Le Schtroumpfissime, Schtroumpf vert et Vert Schtroumpf, montraient par ailleurs l'intérêt de Peyo et d'Yvan Delporte pour les questions de signifiants et de signifiés.
91
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92
+ La langue schtroumpf se déduit par une transformation simple depuis la langue du lecteur : il suffit de remplacer les substantifs par le mot « schtroumpf » ; les verbes sont remplacés par le verbe « schtroumpfer », les adverbes par « schtroumpfement ». Généralement les adjectifs restent conformes à la langue d'édition de l'album.
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94
+ Toutefois, les mots trop longs sont rarement remplacés par « schtroumpf ». Le Petit Chaperon rouge devient (dans une moitié du village, du moins) « le Petit Schtroumpferon rouge », non « le Petit Schtroumpf rouge ».
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96
+ En général, la règle implicite est de remplacer juste assez de mots pour donner un caractère comique à la phrase, tout en la laissant compréhensible pour le lecteur. Mais le scénariste peut aussi écrire des phrases volontairement incompréhensibles pour enrichir l'intrigue ou simplement pour l'effet comique, d'autant qu'en français le mot « schtroumpf » se prononce difficilement (c'est un peu moins vrai en anglais, où il devient « smurf », et encore moins en espagnol, où il devient « pitufo »). Ainsi, Johan et Pirlouit, dans l'album Le Pays maudit, étaient prévenus que l'ennemi disposait d'« Un schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf », le schtroumpf rescapé de l'attaque étant tout à fait incapable de l'exprimer plus clairement ; ce n'est qu'après l'avoir rencontré qu'ils comprirent qu'il s'agissait d’un dragon qui crache du feu.
97
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98
+ Toutefois, dans certains gags de Schtroumpfs, le mot « Schtroumpf » est justement utilisé pour remplacer un nom qui ne devient connu qu'à la fin du gag, contribuant donc à rendre la fin amusante.
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+ Dans l'album Le Schtroumpfissime, le tyran répond « Schtroumpf ! » quand il est sommé de se rendre. Au premier degré, cela rend tout à fait impossible de deviner ce qu'il dit, mais tout lecteur un peu au courant repère un clin d'œil au fameux « mot » de Pierre Cambronne, d'autant qu'une note placée après indique « historique ». Dans le même ordre d'idées, le récit L’œuf et les Schtroumpfs nous offre cet échange : « Un œuf ! D'où sort-il ? — Du schtroumpf d'une poule ». Dans les deux cas nous avons l'exemple d'un mot qu'il serait malséant d'imprimer dans une revue de bonne tenue destinée aux enfants.
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102
+ Dans la version en dessin animé de La Flûte à six schtroumpfs, le Grand Schtroumpf est capable de traduire en langage humain une phrase dans laquelle tous les mots-clés sont remplacés par « schtroumpf ». Plus généralement lors des premières rencontres dans Johan et Pirlouit, les schtroumpfs remplaçaient presque tous les mots, mais se comprenaient tout de même entre eux. Au contraire, les illustrations du manuel de grammaire schtroumpf à la fin de l'album Les Schtroumpfeurs de flûte indiquent qu'eux-mêmes se créent des quiproquos s'ils disent « un schtroumpf de schtroumpf ». Bref, les règles du langage schtroumpf sont complètement libres suivant l'effet que souhaite produire l'auteur.
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104
+ Un faux débat a divisé les linguistes dans les années 1970 pour déterminer s'il fallait dire un schtroumpfe-bouchon ou un tire-bouschtroumpf. Ce problème divisant les Schtroumpfs est au cœur de l'intrigue de l'album Schtroumpf vert et vert Schtroumpf (qui est aussi une satire sur les débats entre francophones et néerlandophones de Belgique). Il est résolu par le Grand Schtroumpf qui leur demande finalement de ne plus employer de mots composés. Les deux versions sont donc erronées : on doit tout simplement dire un schtroumpf, ou à défaut un schtroumpfe-schtroumpf. Le Schtroumpf à lunettes propose quant à lui « l'objet qui débouche les bouteilles ».
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+ On peut noter l'utilisation de la langue schtroumpf dans la dernière partie du film Mes nuits sont plus belles que vos jours, film français réalisé par Andrzej Żuławski, sorti en 1989. Ce film fait la part belle aux dialogues surréalistes et aux calembours, mais ceux-ci remplacent les classiques mots d'amour...
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+ Ce peuple vit dans un village au milieu d'une forêt, dans une contrée appelée « le Pays Maudit » géographiquement difficile à situer, mais certainement quelque part en Europe. Les auteurs étant belges, on peut avancer l'idée que le village Schtroumpf soit situé quelque part dans l'Ardenne belge (avec une préférence marquée pour le Luxembourg belge, boisé et peu peuplé). Mais le village pourrait aussi se situer en Ardèche. En effet, dans l'album n° 23, « Les Schtroumpfs Joueurs », il est indiqué dès la première page que l'action se situe à « Aubenas »[37], nom que porte une commune de l'Ardèche. Lors de sa première apparition, dans les albums La Flûte à six schtroumpfs et Le Pays maudit de Johan et Pirlouit, le village se trouve dans un environnement sinistre au milieu d'arbres noirs et nus (ce qui est peut-être tout simplement la faute du dragon présent dans l'album). Il est bien plus accueillant dès le premier album des Schtroumpfs, pour devenir au fur et à mesure un petit paradis romantique à l'orée d'une forêt. Le plan du Pays maudit se trouve dans le premier album des Schtroumpfs, à savoir Les Schtroumpfs noirs, où le village figure par exemple assez loin de la forêt ; mais ce dernier fut très vite modifié pour changer au gré des aventures (comme le plan du village d'Astérix).
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+ Les Schtroumpfs ont également construit un barrage sur une rivière afin de ne pas être inondés. La rivière et son barrage ont plusieurs fois été un élément très présent de l'intrigue.
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+ De plus, sur le plan est indiqué que « bien rares sont les humains qui ont pu y arriver », alors que dans les albums suivants il est dit qu'on ne peut pas accéder au village schtroumpf sans qu'un Schtroumpf indique le chemin. Néanmoins, dans :
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+ D'autres humains sont venus au village, mais en ayant été guidés, comme dans :
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+ En marge de la série classique, Le Lombard édite des séries parallèles : Schtroumpferies, 120 blagues de Schtroumpfs, 3 Histoires de Schtroumpfs, L'Univers des Schtroumpfs et Les Schtroumpfs et le Village des Filles.
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+ Édités d'abord chez Dupuis (treize premiers tomes), puis chez Cartoon Creation (maison d'édition créée par Peyo, qui cédera les droits de ses bandes dessinées au Lombard en 1992), la suite de la série est éditée chez Le Lombard (tomes seize à trente). Toutefois, les éditions Dupuis et Le Lombard appartiennent toutes deux au Groupe Dargaud. Les Schtroumpfs sont par ailleurs passés de père en fils : à la mort de Peyo en décembre 1992, c’est son fils, Thierry Culliford, qui participe au scénario des nouveaux albums (après le seizième tome).
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+ Premières apparitions dans la série Johan et Pirlouit :
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+ Ces albums à agrafer soi-même étaient encartés dans le Journal de Spirou.
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+ Albums carrés dans la collection « Le Lombard Jeunesse » ; les histoires sont issues du magazine Schtroumpf !
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+ La série des Schtroumpferies est constituée d’histoires courtes en une planche sur les Schtroumpfs et leur univers (44 histoires par album).
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+ Cette nouvelle série est publiée en 2017 et est écrite en prenant en compte les nouveaux éléments introduits dans l’histoire du long-métrage Les Schtroumpfs et le Village perdu.
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130
+ C'est une rubrique rédactionnelle du journal Spirou publiée du no 1549 au no 1667 mettant en scène l'univers de la série Les Schtroumpfs. Elle est écrite par Yvan Delporte et illustrée par Peyo. Dans les années 1990, la série est reprise dans le mensuel Schtroumpf !.
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+
132
+ En 1959 paraissent 9 films de 13 minutes chacun, réalisés par les Studios TV Animation Dupuis, à savoir : Les Schtroumpfs noirs, L'Œuf et les Schtroumpfs, Le voleur de Schtroumpfs, Le faux Schtroumpf, Le Schtroumpf volant, Le Schtroumpf cet inconnu, Le Schtroumpf et son dragon, La Schtroumpflûte, et Le Schtroumpf-robot. Les sept premiers cités sont en noir et blanc tandis que les deux derniers sont en couleur.
133
+
134
+ Les Schtroumpfs sont de nouveau adaptés, aux États-Unis cette fois, par Hanna-Barbera Productions -distribués par Warner Bros. Pictures- à partir de 1981 (soit 427 dessins animés finalement). Ils totalisent 9 saisons[42][source insuffisante] en Amérique, et ajoutent d'autres personnages comme Chlorhydris, Balthazar, Dame Nature, Père Temps et Scrupule. Le succès fut grand, et le public américain à présent connaît bien les Schtroumpfs, comme le montre le succès immédiat du film sorti en juillet 2011, mais souvent sans connaître les histoires originales[réf. nécessaire].
135
+
136
+ L'accompagnement musical des séquences s'y compose toujours de musique classique.
137
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138
+ Eddy Ryssack produit en 1965 le film d'environ 90 minutes intitulé Les aventures des Schtroumpfs (connu aussi sous le nom de L'Histoire de Schtroumpf).
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140
+ Le grand dessin animé de 74 min 30 s produit par Dupuis-Belvision en 1975 fut un des derniers du studio.
141
+
142
+ Parallèlement à la diffusion de la série animée, les studios Hanna-Barbera Productions ont produit trois longs métrages pour le cinéma : Le Bébé schtroumpf, V'la les schtroumpfs et Les P'tits Schtroumpfs. Il s'agit en réalité de compilations de différents épisodes, remontés pour obtenir une histoire plus ou moins cohérente. Ce procédé a été utilisé également pour Les Dalton en cavale, long métrage dérivé de la série Lucky Luke de Hanna-Barbera.
143
+
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+ Albums format « Italienne » (décors de Matagne pour les trois). Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du le Journal de Spirou
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146
+ Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du Journal de Spirou, scénarisés par Yvan Delporte. À savoir :
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+ Premiers livres, Dupuis (1982, cartonnés) :
149
+
150
+ (annoncés : Le duel musical (5), La flûte magique (6), La poursuite (7), Le voyage merveilleux (8), Au pays des Schtroumpfs (9), Les deux flûtes (10))
151
+
152
+ Albums Pop-Hop articulés, collection Panorama Schtroumpf (1993) :
153
+
154
+ Il existe des figurines en plastique des différents Schtroumpfs. Certaines personnes ont fait d'importantes collections de ces figurines et se les échangent encore sur les sites de vente aux enchères. Mais il existe également des figurines beaucoup plus rares en métal et en résine, ou des figurines articulées en plastique.
155
+
156
+ Il existe également des peluches schtroumpfs, la plupart n'étant que des essais de copie (telles que les peluches Kinder, etc.) mais les vraies peluches sont celles où l'on peut y trouver la marque des schtroumpfs, elles sont extrêmement ressemblantes. Cependant, les vraies peluches schtroumpfs sont très rares dans les grands magasins : on peut malgré tout en trouver sur les ventes aux enchères.
157
+
158
+ Très connu aux États-Unis et en Belgique, un peu dans le reste de l'Europe (France, Italie, Allemagne, GB…), les images en relief View Master, sous forme de petits disques en carton de 9 centimètres de diamètre, contenant chacun 14 diapositives miniatures, permettant de voir sept images en relief en utilisant un lecteur spécial, ont proposé des produits sur les Schtroumpfs.
159
+ Les lecteurs mécaniques, qui ressemblent a des paires de jumelles (différents modèles existent depuis 1939 fabriqués par Sawye'rs (États-Unis, Oregon), puis GAF, puis Tyco, Mattel, Fisher Price) et les disques View-Master s'achètent séparément, ou en coffret cadeau. L'utilisateur actionne une gâchette sur le côté de la visionneuse pour faire tourner le disque, et passer d'un cliché à l'autre.
160
+
161
+ Un jeu de trois disques, soit 21 images en relief, représentant les Schtroumpfs, date de 1982-1983. Ils ont été réalisés et dessinés par une équipe maison, pour les besoins du procédé du relief, et fabriqués en Belgique, distribués dans un emballage « Blister Pack » rectangulaire plat. Référence du produit complet : BD 172-123 F. Pour ce set, comme simple exemple, chaque disque porte les références BD 1721, BD 1722 et BD 1723. La Lettre F indique la version française. L'emballage de protection a existé en fond jaune et en fond noir.
162
+ Les disques View-Master furent donc les premières apparitions des schtroumpfs en relief.
163
+
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+ D'autres jeux ont existé : « les p'tits schtroumpfs », « le bébé schtroumpf », « Schtroumpfette » (smurfette), « le schtroumpf volant » (flying smurf), « le schtroumpf voyageur » (traveling smurf).
165
+
166
+ Un coffret cadeau en carton a été édité, contenant un lecteur de disques View Master, trois disques d'images des schtroumpfs en relief, avec une belle décoration et des découpages de personnages des schtroumpfs, avec Gargamel et Azrael, et les maisons champignon, à bricoler soi-même.
167
+ Un autre coffret cadeau a été sorti sous forme de baril en carton, « smurf theatre » avec un projecteur électrique lumineux (sans relief) de disques view master à utiliser avec un écran ou un mur, et un autre coffret plus petit, sous forme de capsule en plastique transparent, avec un lecteur view Master, « the smurfs time capsule », en 2004 par Mattel/Fisher-Price.
168
+
169
+ Le disque 33 t « Joyeux noël avec les Schtroumpfs » sorti en 1983 reprenant les chants de Noël.
170
+
171
+ Les Schtroumpfs ont aussi sorti des albums dans un style dance-pop :
172
+
173
+ Remarque:
174
+ il est à noter qu'en 1963-1964 apparaît en France le groupe de rock Les Schtroumpfs, avec l'accord explicite de Peyo, composé de Patrick Logelin -qui reprendre en français I'm Happy Just to Dance with You en 1964-, Luc Bonnetto, Patrice Portal, Jacques et Richard Geshner. Issu des Fougas, il deviendra les Sparks, disparu à la fin de l'année 1969 (ne pas confondre avec The Sparks des frères Mael, né en 1968 et toujours en activité). Le dessinateur donne son accord après avoir assisté personnellement à une répétition du groupe cannois, ne demandant rien en contrepartie. Séduit, il s'inspire même de leur aventure pour créer alors l'histoire Schtroumpfonie en ut (1963)[51].
175
+
176
+ (Philips)
177
+
178
+ (Polydor 1975 - disques et cassette faisant suite au dessin animé Dupuis-Belvision)
179
+
180
+ Par Vader Abraham : le 45 T Au pays des Schtroumpfs (PE22209)
181
+
182
+ (SPI France)
183
+
184
+ (Polydor 1982 à 1984 - disques (11) et cassettes (3) faisant suite aux dessins animés Hanna & Barbera de 1981)
185
+
186
+ En 1984, les Schtroumpfs font leur apparition dans les parcs d'attractions américains de Kings Entertainment Corporation. Chaque parc propose alors une attraction et des mascottes Schtroumpf.
187
+
188
+ En Europe, divers parcs adaptent le thème des Schtroumpfs depuis 1989 :
189
+
190
+ En Asie, les adaptations sur le thème des Schtroumpfs sont plus récentes[69] :
191
+
192
+ Les Schtroumpfs sont aussi des bonbons Haribo. Il existe quatre types de bonbons :
193
+
194
+ L'univers des Schtroumpfs fait l'objet, en 2016, d'une exposition au sein de l'Abbaye de Caunes-Minervois, intitulée « L'Union fait la Schtroumpf - les Schtroumpfs au pays de la Salsepareille ». Elle présente en particulier des planches originales de Peyo[85].
195
+
196
+ En 2018, une exposition sur Les Schtroumpfs, intitulée La Schtroumpf Experience, se tient au Centre Wallonie-Bruxelles[86]. Elle est un succès en termes de fréquentation, avec 240 000 visiteurs et est nommée « Meilleure Exposition 2018 » lors des Visit.Brussels Awards en 2019[7]. La schtroumpf expêrience sur smurfexperience.com
197
+
198
+ Entre le 20 octobre 2016 et le 29 janvier 2017, il fut présenté un spectacle intitulé Les Schtroumpfs, Le Spectacle Musical aux Folies Bergères à Paris[4],[5],[6].
199
+
200
+ Le Wiktionnaire possède de nombreuses traductions du nom Schtroumpf.
201
+
202
+ Les Schtroumpfs, en 2013, représentent 25 millions d'albums, 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD vendus dans le monde entier[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
203
+
204
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Quant à la 3e adaptation cinématographique Les Schtroumpfs et le Village perdu parue en 2017, elle récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
205
+
206
+ Véronique Culliford, la fille de Peyo, « reconnaît que le film a permis de conquérir, sur le marché américain, les jeunes générations et ailleurs de nouveaux territoires, comme la Russie, l'Inde, ou la Chine »[1].
207
+
208
+ Pour ce qui est des ventes de BD, on remarque une baisse du tirage en France à partir de 2015[91],[92].
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+
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+ 15 BD
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+ hebdo
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+
3
+ 5 tomes Schtroumpferies
4
+
5
+ 7 tomes L'Univers des Schtroumpfs
6
+
7
+ 5 tomes 300 Gags
8
+
9
+ 3 tomes Le Village des Filles
10
+
11
+ 1 tome Hors série
12
+
13
+ Les Schtroumpfs est une série de bande dessinée jeunesse belge créée par Peyo en 1958 racontant l'histoire d'un peuple imaginaire de petites créatures bleues logeant dans un village champignon au milieu d'une vaste forêt. Les seize premiers albums ont été publiés par leur créateur. Depuis sa mort le 24 décembre 1992, son fils Thierry Culliford dirige l'édition des nouveaux albums.
14
+
15
+ En 2013, 25 millions d'albums des Schtroumpfs avaient été vendus dans le monde entier, ainsi que 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
16
+
17
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Ces deux films obtiennent de bonnes critiques[3]. La troisième adaptation, Les Schtroumpfs et le Village perdu sortie en 2017 et qui est exclusivement en images de synthèse, récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
18
+
19
+ D'autres projets comme Smurfs On Ice, Les Schtroumpfs Le Spectacle Musical ou encore l’exposition La Schtroumpf Experience, qui attire 240 000 visiteurs et est nommée aux Visit Brussels Awards, ont également vu le jour[4],
20
+ [5],[6],[7].
21
+
22
+ Mondialement, les Schtroumpfs sont considérés comme des icônes culturelles intergénérationnelles, tout en faisant partie des plus grands héros de la pop culture mondiale[8],[9],[10],[11],[12],[13].
23
+
24
+ L'ensemble des albums raconte la vie des Schtroumpfs dans leur village au cœur d'une forêt imaginaire en Europe durant un Moyen Âge mythifié, se défendant face à Gargamel et son chat Azraël ou partant dans de grandes aventures. Toute la tribu vit dans des champignons aménagés en maisons, dans un petit village au cœur de la forêt. Les Schtroumpfs sont petits et bleus avec une queue. Ils sont vêtus d'un bonnet et d'un pantalon blancs, à l'exception de leur chef, le Grand Schtroumpf, vêtu de rouge, ainsi que quelques autres Schtroumpfs, comme le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paysan ou le Schtroumpf sauvage.
25
+
26
+ Le créateur de la série et de l'univers des Schtroumpfs est l'auteur belge francophone Peyo, de son vrai nom, Pierre Culliford. Né en 1928, il a créé Les Schtroumpfs en 1958. Il est surtout connu pour cette série. Il a été le scénariste et le dessinateur de plusieurs des 16 premiers albums des Schtroumpfs.
27
+
28
+ Pour l'aider dans leur réalisation, il fonde en 1964 un studio dans sa propre résidence. Walthery, âgé d'à peine 17 ans, est le premier assistant du maître et participe aux dessins du troisième album. Face à son talent, celui-ci se verra confier la direction d'autres séries créées par Peyo : Jacky et Célestin, puis Benoît Brisefer. Ce sont Derib, puis Gos qui seront les nouveaux co-dessinateurs des albums suivants. Gos participe au scénario et au dessin du tome 5 en 1969, ainsi qu'au scénario du tome 6. Marc Wasterlain fait également partie du studio Peyo, contribuant notamment au dessin du douzième album. Ces différents assistants iront par la suite créer leurs propres séries à succès.
29
+
30
+ Le responsable co-auteur des scénarios durant cette période fondatrice est Yvan Delporte, rédacteur en chef du journal Spirou de 1956 à 1968, qui participe à 8 des 10 premiers albums, publiés entre 1965 et 1983.
31
+
32
+ Suite au départ des éditions Dupuis à la fin des années 1980, Peyo lance un journal Les Schtroumpfs. L'occasion de composer un nouveau studio[14] : aux côtés de Daniel Desorgher, qui s'occupait des produits dérivés, sont recrutés plusieurs dessinateurs : Jean-Luc Van de Walle, José Grandmont, Philippe Delzenne, Alain Maury ou encore Bernard Swysen[15]. Ce dernier aide Peyo à dessiner le tome 14, sorti en janvier 1990[16].
33
+
34
+ À la mort de Peyo en décembre 1992, c'est Thierry Culliford, son fils, qui devient le nouveau scénariste en chef de la série, à partir du tome 16. Il est depuis co-scénariste et coordinateur de l'exécution graphique de la série.
35
+
36
+ Les premiers repreneurs officiels du dessin sont désormais Alain Maury et Luc Parthoens, qui réalisent les tomes 16 à 20, Parthoens co-écrivant également le scénario avec Culliford. Puis du tome 21 à 24, c'est Ludo Borecki qui officie principalement au dessin. (Les tomes 24 et 25 sont aussi co-dessinés par Jeroen De Coninck.)
37
+
38
+ Borecki a d'abord collaboré au magazine Schtroumpf, et a participé aux albums Schtroumpferies 2 à 5, publiés de 1996 à 2002, puis a dessiné les décors du tome 17 de Johan & Pirlouit (2001)[17].
39
+
40
+ À partir du tome 26, Alain Jost remplace Luc Parthoens au co-scénario. Pascal Garray et Jeroen De Coninck vont se succéder au dessin, en alternance, jusqu'en janvier 2017, date de disparition de Pascal Garray[18], De Coninck reprend ainsi la réalisation du tome 36, aidé par Miguel Diaz Vizoso, collaborateur fréquent de la série, que ce soit au scénario (tome 25) ou au dessin (tome 33). Philippe Delzenne a quant à lui co-écrit le tome 21. José Grandmont collabore aussi au studio, de 2002 à 2009.
41
+
42
+ Nine Culliford, de son vrai nom Janine Culliford, a été la coloriste des albums des Schtroumpfs avec son mari jusqu'en 1992. Elle serait à l'origine de la couleur des petits hommes en bleu. Elle continue la colorisation des Schtroumpfs jusqu'à sa mort en juillet 2016[19].
43
+
44
+ S'il quitte officiellement le studio Peyo en 2011, Alain Maury reste consultant graphique[20]. Ainsi, il est le dessinateur des nouveaux tomes de Johan et Pirlouit, publiés à la fin des années 1990, mais participe aussi à la réalisation de la nouvelle série dérivée Les Schtroumpfs et le Village des filles.
45
+
46
+ Depuis juillet 2016, Alain Perwez dit Peral rejoint le studio Peyo en tant que dessinateur[21]. Il succède à Pascal Garray, auprès de Jeroen De Coninck. Il devient même principal dessinateur des Schtroumpfs, quand Jeroen De Coninck décide de prendre sa retraite en 2017.
47
+
48
+ Au début de l'année 1958, Peyo réfléchit au scénario de la nouvelle histoire de Johan et Pirlouit. Son idée est d'utiliser les mauvais talents musicaux de Pirlouit, un peu comme dans le conte Le Joueur de flûte de Hamelin. Il a pour idée de départ de mettre dans les mains de Pirlouit une flûte enchantée. L'histoire, qui commence sa publication en mai 1958 seulement trois semaines après la fin du récit précédent, a pour titre La Flûte à six trous. Comme prévu, l'ouverture de l'histoire multiplie les gags de Pirlouit et sa flûte magique qui fait danser tous ceux qui l'entendent. Ce début d'histoire est permis, car Peyo, avec l'accord de Dupuis, est désormais passé au format soixante planches et non plus quarante-quatre comme auparavant[22]. Dans la suite de son histoire, il a l'idée d'intégrer les créateurs de cette fameuse flûte et de réutiliser les petits lutins roses coiffés d'un bonnet à fleur dont il s'était servi pour une ébauche de court-métrage d'animation pendant son passage chez CBA. Pour les nommer, il a l'idée de ressortir le mot qui l'avait bien amusé avec André Franquin quelques mois auparavant. C'est Nine, sa femme, qui a l'idée d'utiliser du bleu pour colorier ses petites créatures[23].
49
+
50
+ La découverte de ces nouveaux personnages par les lecteurs se fait progressivement. Tout d'abord des yeux qui observent les héros, puis le langage Schtroumpf est dévoilé, ensuite une main bleue et enfin les personnages apparaissent aux lecteurs[24]. Les Schtroumpfs ne font pas tout de suite l'unanimité chez l'éditeur, toujours inquiet que la censure française puisse frapper le journal : le langage schtroumpf est notamment pointé du doigt. Peyo doit le rassurer en affirmant que cette création est éphémère et va être utilisée durant quelques planches seulement, le temps pour les personnages de construire une nouvelle flûte enchantée[25].
51
+
52
+ La nouvelle histoire de Johan et Pirlouit, commence sa publication en avril 1959 et a pour titre La Guerre des sept fontaines. Elle aborde le thème de la vie après la mort[26]. L'utilisation de la magie dans la première partie du récit va contraindre Peyo à réutiliser des personnages tirés d'autres épisodes. Comme l'enchanteur Homnibus a déjà été utilisé, il va rechercher la sorcière Rachel et le Grand Schtroumpf, rompant sa promesse de ne plus utiliser les Schtroumpfs[27].
53
+
54
+ Lors d'un repas en 1957, Peyo aurait demandé à Franquin de lui passer une salière et, butant sur le mot, l'aurait donc appelée un schtroumpf (« Passe-moi… le schtroumpf ! ») : la conversation se serait poursuivie en schtroumpf[28],[29].
55
+
56
+ Il est fait référence à ce repas à trois reprises dans les albums des Schtroumpfs. D'abord, dans Le Schtroumpf financier, à la case 3 de la page 22 : on voit deux Schtroumpfs en train de manger, puis un demande a l'autre de lui passer le... la..., puis ils sont coupés par l'apparition d'un autre schtroumpf. Puis, dans Les Schtroumpfs et le livre qui dit tout, à la page 8, où l'on voit deux Schtroumpfs cherchant dans le livre l'origine du mot Schtroumpf. Enfin dans Les Schtroumpfs et l'arbre d'or, page 12 cases 3 et 4.
57
+
58
+ Schtroumpf se prononce pratiquement comme le mot allemand Strumpf qui signifie « chaussette » (les Schtroumpfs s'appelant Schlümpfe (sing. Schlumpf) en allemand). Le nom de la danse Smurf vient directement des Schtroumpfs (Smurfs en anglais).
59
+
60
+ La première apparition des Schtroumpfs se produit dans l'épisode des aventures de Johan et Pirlouit La flûte à six trous, prépublié dans Le Journal de Spirou le 23 octobre 1958[30] et dont le nom en album devint La Flûte à six schtroumpfs. On y rencontre une peuplade de lutins bleus à bonnets blancs vivant dans un village de champignons et parlant le langage schtroumpf. Johan et Pirlouit viendront encore rendre visite aux schtroumpfs dans l'épisode intitulé Le pays maudit. Les schtroumpfs viendront également leur prêter main-forte dans les albums La guerre des 7 fontaines, Le sortilège de Maltrochu, La horde du corbeau et La Nuit des Sorciers.
61
+
62
+ À partir de 1959, les Schtroumpfs vivent leurs propres aventures dans Spirou, d'abord sous la forme de sept mini-récits (Les Schtroumpfs noirs (1959), Le Voleur de Schtroumpfs (1959), L'Œuf et les Schtroumpfs (1960), Le Faux Schtroumpf (1961), La Faim des Schtroumpfs (1961), Le Centième Schtroumpf (1962), et Le Schtroumpf volant (1963), albums de quarante-huit pages chacun, à monter soi-même), qui seront réédités sous mini-couvertures cartonnées à partir de 2004 (trois coffrets de deux mini-albums par les éditions Niffle) ; Spirou récidivera avec le mini-récit Le Bébé Schtroumpf, tiré d'images du dessin animé en 1984.
63
+ Jusque-là, on ne voyait que le Grand Schtroumpf et les petits Schtroumpfs, apparemment tous identiques. Les différences physiques et de caractère (Schtroumpf à lunettes, farceur, costaud, etc.) n'apparaissent — progressivement — qu'au moment où les Schtroumpfs commencent à avoir leurs propres histoires.
64
+
65
+ Les histoires des Schtroumpfs se situent théoriquement en Europe au Moyen Âge (avec quelques étrangetés : les Schtroumpfs connaissent les tomates et les pommes de terre), mais on a parfois des clins d'œil au monde moderne.
66
+
67
+ Les Schtroumpfs sont âgés d'une centaine d'années, hormis le Grand Schtroumpf qui a 542 ans, ainsi que le Bébé Schtroumpf dont l'âge n'est pas donné.
68
+
69
+ Il y a aujourd'hui cent-trois Schtroumpfs (cent plus la Schtroumpfette, Sassette et le bébé Schtroumpf) dont les principaux sont : le Grand Schtroumpf (chef et doyen), la Schtroumpfette, le Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paresseux, le Schtroumpf gourmand, le Schtroumpf grognon, le Schtroumpf farceur, le Schtroumpf costaud…
70
+
71
+ Ils ont parfois recours à Homnibus, un vieil enchanteur sympathique qui les aide lors de problèmes d'importance majeure comme la santé du Grand Schtroumpf. Il fait partie des seuls humains que les Schtroumpfs ne craignent pas, avec Johan, Pirlouit et le Roi de ces derniers, contrairement à Grossbouf.
72
+
73
+ Le sorcier Gargamel et son chat Azraël sont les pires ennemis des Schtroumpfs, mais ils ne leur en veulent pas pour les mêmes raisons : Gargamel en a besoin pour fabriquer la Pierre Philosophale — ses innombrables échecs développent une volonté de revanche et de vengeance — tandis qu'Azraël, lui, veut tout simplement les manger. D'autres dangers guettent les Schtroumpfs comme la mouche Bzz ou les Schtroumpfs noirs mais, dans ce dernier cas, la menace est éliminée définitivement à la fin de l'histoire, alors que Gargamel et Azraël reviennent toujours.
74
+
75
+ L'aliment préféré des Schtroumpfs est la salsepareille et ils vivent dans des maisons individuelles ayant l'apparence de gros champignons. Les Schtroumpfs se déguisent souvent lors de bals masqués dans le village ou dans l'album Le Cosmoschtroumpf (en Schlips, orange avec des cheveux apparents — sans bonnet) pour faire croire à l'un des leurs qu'il a atterri sur une autre planète, ou encore lorsqu'ils donnent des représentations théâtrales du Petit Schtroumpferon rouge…
76
+
77
+ Il n'y a pas de loi chez les Schtroumpfs, juste des valeurs morales et du respect. À de nombreuses reprises (Le Schtroumpfissime, Le Schtroumpf financier, On ne schtroumpfe pas le progrès, Le Schtroumpf reporter, Les Schtroumpfs joueurs, Les Schtroumpfs de l'ordre) les Schtroumpfs tentent d'adopter un système correspondant plus à celui des humains, pour retomber sur leurs pieds avec la conclusion que leur monde est bien mieux sans eux. Les Schtroumpfs, dans leur monde médiéval, travaillent beaucoup autour des expériences chimiques, des événements inexpliqués… Les Schtroumpfs sont aussi très en contact avec la nature, et en proie à ses caprices (La faim des Schtroumpfs) mais aussi à ses délices : les récoltes automnales, l'amitié et la communication qui existe entre eux et les animaux. Le plus connu des animaux schtroumpfs est Puppy, à l'origine le chien d'Homnibus, qui finit par être adopté par le Bébé Schtroumpf.
78
+
79
+ Peyo a dénombré et caractérisé une centaine de ses petites créatures bleues et en a ajouté quelques-unes au fil des histoires[31].
80
+
81
+ Les Schtroumpfs sont en quelque sorte des lutins, mais beaucoup plus petits que dans la plupart des légendes. Ils sont décrits « hauts comme trois pommes » par le grimoire de Gargamel, mais comparé à ce dernier, qui possède une taille humaine moyenne, les Schtroumpfs apparaissent vraiment minuscules, guère plus gros que des souris, ce qui ne manque jamais de susciter l'appétit d'Azraël. Par rapport à la nature environnante, leur taille est assez variable, changeant selon la fantaisie de Peyo. D'après l'album Schtroumpferies 5, la porte d'une maison schtroumpf fait dix-sept centimètres sur dix centimètres, ce qui laisse penser qu'ils ne mesurent gu��re plus d'une quinzaine de centimètres. Une taille a été donnée par la présentation[32][réf. non conforme] qui les a décrits comme « de petits lutins bleus de cinq centimètres ».
82
+ En 1991 dans l'album Les Évadés, les Petits Hommes rencontrent les Schtroumpfs[33], et on constate alors qu'ils ont à peu près la même taille, sachant que les Petits Hommes sont exactement à l'échelle 1/10 par rapport aux humains. Cependant, cette rencontre pose quelques problèmes de chronologie (les séries ne se situent pas au même siècle).
83
+
84
+ Ils sont bleus, et quasiment de forme humanoïde. Les seules différences notables sont une minuscule queue à l'arrière-train, et le fait qu'ils n'ont que trois doigts opposables au pouce, et quatre orteils[34]. Et surtout, ils portent tous un bonnet phrygien de forme très caractéristique ainsi qu'un pantalon. Il est de couleur blanche pour tous les personnages, excepté le Grand Schtroumpf, qui en arbore un exemplaire de couleur rouge.
85
+
86
+ L'épisode du Bébé Schtroumpf montre comment naissent les Schtroumpfs : ils sont amenés par une cigogne (clin d'œil à une fable qu'on racontait aux enfants posant la question « d'où viennent les bébés ? » quand on souhaitait leur dissimuler la vérité sur la sexualité), un soir de pleine lune bleue[35]. Les Schtroumpfettes, (Schtroumpfette comme Sassette), sont créées par une méthode de sorcellerie, connue de Gargamel. Les P'tits Schtroumpfs ne sont pas apparus comme juvéniles à l'origine, mais sont en fait des Schtroumpfs adultes rajeunis. À noter que d'une certaine manière, les Schtroumpfs étaient des créatures asexuées avant l'épisode La Schtroumpfette.
87
+
88
+ Le sémiologue italien Umberto Eco a consacré plusieurs pages au langage Schtroumpf pour illustrer les facultés de l'esprit humain en interprétation des données dans un article dont la version française (supervisée par l'auteur) donne pour exemple à reconnaissance « immédiate » : Je suis le schtroumpf, le schtroumpf, l'inschtroumpfé[36].
89
+
90
+ Des albums comme Le Schtroumpfissime, Schtroumpf vert et Vert Schtroumpf, montraient par ailleurs l'intérêt de Peyo et d'Yvan Delporte pour les questions de signifiants et de signifiés.
91
+
92
+ La langue schtroumpf se déduit par une transformation simple depuis la langue du lecteur : il suffit de remplacer les substantifs par le mot « schtroumpf » ; les verbes sont remplacés par le verbe « schtroumpfer », les adverbes par « schtroumpfement ». Généralement les adjectifs restent conformes à la langue d'édition de l'album.
93
+
94
+ Toutefois, les mots trop longs sont rarement remplacés par « schtroumpf ». Le Petit Chaperon rouge devient (dans une moitié du village, du moins) « le Petit Schtroumpferon rouge », non « le Petit Schtroumpf rouge ».
95
+
96
+ En général, la règle implicite est de remplacer juste assez de mots pour donner un caractère comique à la phrase, tout en la laissant compréhensible pour le lecteur. Mais le scénariste peut aussi écrire des phrases volontairement incompréhensibles pour enrichir l'intrigue ou simplement pour l'effet comique, d'autant qu'en français le mot « schtroumpf » se prononce difficilement (c'est un peu moins vrai en anglais, où il devient « smurf », et encore moins en espagnol, où il devient « pitufo »). Ainsi, Johan et Pirlouit, dans l'album Le Pays maudit, étaient prévenus que l'ennemi disposait d'« Un schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf », le schtroumpf rescapé de l'attaque étant tout à fait incapable de l'exprimer plus clairement ; ce n'est qu'après l'avoir rencontré qu'ils comprirent qu'il s'agissait d’un dragon qui crache du feu.
97
+
98
+ Toutefois, dans certains gags de Schtroumpfs, le mot « Schtroumpf » est justement utilisé pour remplacer un nom qui ne devient connu qu'à la fin du gag, contribuant donc à rendre la fin amusante.
99
+
100
+ Dans l'album Le Schtroumpfissime, le tyran répond « Schtroumpf ! » quand il est sommé de se rendre. Au premier degré, cela rend tout à fait impossible de deviner ce qu'il dit, mais tout lecteur un peu au courant repère un clin d'œil au fameux « mot » de Pierre Cambronne, d'autant qu'une note placée après indique « historique ». Dans le même ordre d'idées, le récit L’œuf et les Schtroumpfs nous offre cet échange : « Un œuf ! D'où sort-il ? — Du schtroumpf d'une poule ». Dans les deux cas nous avons l'exemple d'un mot qu'il serait malséant d'imprimer dans une revue de bonne tenue destinée aux enfants.
101
+
102
+ Dans la version en dessin animé de La Flûte à six schtroumpfs, le Grand Schtroumpf est capable de traduire en langage humain une phrase dans laquelle tous les mots-clés sont remplacés par « schtroumpf ». Plus généralement lors des premières rencontres dans Johan et Pirlouit, les schtroumpfs remplaçaient presque tous les mots, mais se comprenaient tout de même entre eux. Au contraire, les illustrations du manuel de grammaire schtroumpf à la fin de l'album Les Schtroumpfeurs de flûte indiquent qu'eux-mêmes se créent des quiproquos s'ils disent « un schtroumpf de schtroumpf ». Bref, les règles du langage schtroumpf sont complètement libres suivant l'effet que souhaite produire l'auteur.
103
+
104
+ Un faux débat a divisé les linguistes dans les années 1970 pour déterminer s'il fallait dire un schtroumpfe-bouchon ou un tire-bouschtroumpf. Ce problème divisant les Schtroumpfs est au cœur de l'intrigue de l'album Schtroumpf vert et vert Schtroumpf (qui est aussi une satire sur les débats entre francophones et néerlandophones de Belgique). Il est résolu par le Grand Schtroumpf qui leur demande finalement de ne plus employer de mots composés. Les deux versions sont donc erronées : on doit tout simplement dire un schtroumpf, ou à défaut un schtroumpfe-schtroumpf. Le Schtroumpf à lunettes propose quant à lui « l'objet qui débouche les bouteilles ».
105
+
106
+ On peut noter l'utilisation de la langue schtroumpf dans la dernière partie du film Mes nuits sont plus belles que vos jours, film français réalisé par Andrzej Żuławski, sorti en 1989. Ce film fait la part belle aux dialogues surréalistes et aux calembours, mais ceux-ci remplacent les classiques mots d'amour...
107
+
108
+ Ce peuple vit dans un village au milieu d'une forêt, dans une contrée appelée « le Pays Maudit » géographiquement difficile à situer, mais certainement quelque part en Europe. Les auteurs étant belges, on peut avancer l'idée que le village Schtroumpf soit situé quelque part dans l'Ardenne belge (avec une préférence marquée pour le Luxembourg belge, boisé et peu peuplé). Mais le village pourrait aussi se situer en Ardèche. En effet, dans l'album n° 23, « Les Schtroumpfs Joueurs », il est indiqué dès la première page que l'action se situe à « Aubenas »[37], nom que porte une commune de l'Ardèche. Lors de sa première apparition, dans les albums La Flûte à six schtroumpfs et Le Pays maudit de Johan et Pirlouit, le village se trouve dans un environnement sinistre au milieu d'arbres noirs et nus (ce qui est peut-être tout simplement la faute du dragon présent dans l'album). Il est bien plus accueillant dès le premier album des Schtroumpfs, pour devenir au fur et à mesure un petit paradis romantique à l'orée d'une forêt. Le plan du Pays maudit se trouve dans le premier album des Schtroumpfs, à savoir Les Schtroumpfs noirs, où le village figure par exemple assez loin de la forêt ; mais ce dernier fut très vite modifié pour changer au gré des aventures (comme le plan du village d'Astérix).
109
+
110
+ Les Schtroumpfs ont également construit un barrage sur une rivière afin de ne pas être inondés. La rivière et son barrage ont plusieurs fois été un élément très présent de l'intrigue.
111
+
112
+ De plus, sur le plan est indiqué que « bien rares sont les humains qui ont pu y arriver », alors que dans les albums suivants il est dit qu'on ne peut pas accéder au village schtroumpf sans qu'un Schtroumpf indique le chemin. Néanmoins, dans :
113
+
114
+ D'autres humains sont venus au village, mais en ayant été guidés, comme dans :
115
+
116
+ En marge de la série classique, Le Lombard édite des séries parallèles : Schtroumpferies, 120 blagues de Schtroumpfs, 3 Histoires de Schtroumpfs, L'Univers des Schtroumpfs et Les Schtroumpfs et le Village des Filles.
117
+
118
+ Édités d'abord chez Dupuis (treize premiers tomes), puis chez Cartoon Creation (maison d'édition créée par Peyo, qui cédera les droits de ses bandes dessinées au Lombard en 1992), la suite de la série est éditée chez Le Lombard (tomes seize à trente). Toutefois, les éditions Dupuis et Le Lombard appartiennent toutes deux au Groupe Dargaud. Les Schtroumpfs sont par ailleurs passés de père en fils : à la mort de Peyo en décembre 1992, c’est son fils, Thierry Culliford, qui participe au scénario des nouveaux albums (après le seizième tome).
119
+
120
+ Premières apparitions dans la série Johan et Pirlouit :
121
+
122
+ Ces albums à agrafer soi-même étaient encartés dans le Journal de Spirou.
123
+
124
+ Albums carrés dans la collection « Le Lombard Jeunesse » ; les histoires sont issues du magazine Schtroumpf !
125
+
126
+ La série des Schtroumpferies est constituée d’histoires courtes en une planche sur les Schtroumpfs et leur univers (44 histoires par album).
127
+
128
+ Cette nouvelle série est publiée en 2017 et est écrite en prenant en compte les nouveaux éléments introduits dans l’histoire du long-métrage Les Schtroumpfs et le Village perdu.
129
+
130
+ C'est une rubrique rédactionnelle du journal Spirou publiée du no 1549 au no 1667 mettant en scène l'univers de la série Les Schtroumpfs. Elle est écrite par Yvan Delporte et illustrée par Peyo. Dans les années 1990, la série est reprise dans le mensuel Schtroumpf !.
131
+
132
+ En 1959 paraissent 9 films de 13 minutes chacun, réalisés par les Studios TV Animation Dupuis, à savoir : Les Schtroumpfs noirs, L'Œuf et les Schtroumpfs, Le voleur de Schtroumpfs, Le faux Schtroumpf, Le Schtroumpf volant, Le Schtroumpf cet inconnu, Le Schtroumpf et son dragon, La Schtroumpflûte, et Le Schtroumpf-robot. Les sept premiers cités sont en noir et blanc tandis que les deux derniers sont en couleur.
133
+
134
+ Les Schtroumpfs sont de nouveau adaptés, aux États-Unis cette fois, par Hanna-Barbera Productions -distribués par Warner Bros. Pictures- à partir de 1981 (soit 427 dessins animés finalement). Ils totalisent 9 saisons[42][source insuffisante] en Amérique, et ajoutent d'autres personnages comme Chlorhydris, Balthazar, Dame Nature, Père Temps et Scrupule. Le succès fut grand, et le public américain à présent connaît bien les Schtroumpfs, comme le montre le succès immédiat du film sorti en juillet 2011, mais souvent sans connaître les histoires originales[réf. nécessaire].
135
+
136
+ L'accompagnement musical des séquences s'y compose toujours de musique classique.
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+ Eddy Ryssack produit en 1965 le film d'environ 90 minutes intitulé Les aventures des Schtroumpfs (connu aussi sous le nom de L'Histoire de Schtroumpf).
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+ Le grand dessin animé de 74 min 30 s produit par Dupuis-Belvision en 1975 fut un des derniers du studio.
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+ Parallèlement à la diffusion de la série animée, les studios Hanna-Barbera Productions ont produit trois longs métrages pour le cinéma : Le Bébé schtroumpf, V'la les schtroumpfs et Les P'tits Schtroumpfs. Il s'agit en réalité de compilations de différents épisodes, remontés pour obtenir une histoire plus ou moins cohérente. Ce procédé a été utilisé également pour Les Dalton en cavale, long métrage dérivé de la série Lucky Luke de Hanna-Barbera.
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+ Albums format « Italienne » (décors de Matagne pour les trois). Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du le Journal de Spirou
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+
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+ Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du Journal de Spirou, scénarisés par Yvan Delporte. À savoir :
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+ Premiers livres, Dupuis (1982, cartonnés) :
149
+
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+ (annoncés : Le duel musical (5), La flûte magique (6), La poursuite (7), Le voyage merveilleux (8), Au pays des Schtroumpfs (9), Les deux flûtes (10))
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+
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+ Albums Pop-Hop articulés, collection Panorama Schtroumpf (1993) :
153
+
154
+ Il existe des figurines en plastique des différents Schtroumpfs. Certaines personnes ont fait d'importantes collections de ces figurines et se les échangent encore sur les sites de vente aux enchères. Mais il existe également des figurines beaucoup plus rares en métal et en résine, ou des figurines articulées en plastique.
155
+
156
+ Il existe également des peluches schtroumpfs, la plupart n'étant que des essais de copie (telles que les peluches Kinder, etc.) mais les vraies peluches sont celles où l'on peut y trouver la marque des schtroumpfs, elles sont extrêmement ressemblantes. Cependant, les vraies peluches schtroumpfs sont très rares dans les grands magasins : on peut malgré tout en trouver sur les ventes aux enchères.
157
+
158
+ Très connu aux États-Unis et en Belgique, un peu dans le reste de l'Europe (France, Italie, Allemagne, GB…), les images en relief View Master, sous forme de petits disques en carton de 9 centimètres de diamètre, contenant chacun 14 diapositives miniatures, permettant de voir sept images en relief en utilisant un lecteur spécial, ont proposé des produits sur les Schtroumpfs.
159
+ Les lecteurs mécaniques, qui ressemblent a des paires de jumelles (différents modèles existent depuis 1939 fabriqués par Sawye'rs (États-Unis, Oregon), puis GAF, puis Tyco, Mattel, Fisher Price) et les disques View-Master s'achètent séparément, ou en coffret cadeau. L'utilisateur actionne une gâchette sur le côté de la visionneuse pour faire tourner le disque, et passer d'un cliché à l'autre.
160
+
161
+ Un jeu de trois disques, soit 21 images en relief, représentant les Schtroumpfs, date de 1982-1983. Ils ont été réalisés et dessinés par une équipe maison, pour les besoins du procédé du relief, et fabriqués en Belgique, distribués dans un emballage « Blister Pack » rectangulaire plat. Référence du produit complet : BD 172-123 F. Pour ce set, comme simple exemple, chaque disque porte les références BD 1721, BD 1722 et BD 1723. La Lettre F indique la version française. L'emballage de protection a existé en fond jaune et en fond noir.
162
+ Les disques View-Master furent donc les premières apparitions des schtroumpfs en relief.
163
+
164
+ D'autres jeux ont existé : « les p'tits schtroumpfs », « le bébé schtroumpf », « Schtroumpfette » (smurfette), « le schtroumpf volant » (flying smurf), « le schtroumpf voyageur » (traveling smurf).
165
+
166
+ Un coffret cadeau en carton a été édité, contenant un lecteur de disques View Master, trois disques d'images des schtroumpfs en relief, avec une belle décoration et des découpages de personnages des schtroumpfs, avec Gargamel et Azrael, et les maisons champignon, à bricoler soi-même.
167
+ Un autre coffret cadeau a été sorti sous forme de baril en carton, « smurf theatre » avec un projecteur électrique lumineux (sans relief) de disques view master à utiliser avec un écran ou un mur, et un autre coffret plus petit, sous forme de capsule en plastique transparent, avec un lecteur view Master, « the smurfs time capsule », en 2004 par Mattel/Fisher-Price.
168
+
169
+ Le disque 33 t « Joyeux noël avec les Schtroumpfs » sorti en 1983 reprenant les chants de Noël.
170
+
171
+ Les Schtroumpfs ont aussi sorti des albums dans un style dance-pop :
172
+
173
+ Remarque:
174
+ il est à noter qu'en 1963-1964 apparaît en France le groupe de rock Les Schtroumpfs, avec l'accord explicite de Peyo, composé de Patrick Logelin -qui reprendre en français I'm Happy Just to Dance with You en 1964-, Luc Bonnetto, Patrice Portal, Jacques et Richard Geshner. Issu des Fougas, il deviendra les Sparks, disparu à la fin de l'année 1969 (ne pas confondre avec The Sparks des frères Mael, né en 1968 et toujours en activité). Le dessinateur donne son accord après avoir assisté personnellement à une répétition du groupe cannois, ne demandant rien en contrepartie. Séduit, il s'inspire même de leur aventure pour créer alors l'histoire Schtroumpfonie en ut (1963)[51].
175
+
176
+ (Philips)
177
+
178
+ (Polydor 1975 - disques et cassette faisant suite au dessin animé Dupuis-Belvision)
179
+
180
+ Par Vader Abraham : le 45 T Au pays des Schtroumpfs (PE22209)
181
+
182
+ (SPI France)
183
+
184
+ (Polydor 1982 à 1984 - disques (11) et cassettes (3) faisant suite aux dessins animés Hanna & Barbera de 1981)
185
+
186
+ En 1984, les Schtroumpfs font leur apparition dans les parcs d'attractions américains de Kings Entertainment Corporation. Chaque parc propose alors une attraction et des mascottes Schtroumpf.
187
+
188
+ En Europe, divers parcs adaptent le thème des Schtroumpfs depuis 1989 :
189
+
190
+ En Asie, les adaptations sur le thème des Schtroumpfs sont plus récentes[69] :
191
+
192
+ Les Schtroumpfs sont aussi des bonbons Haribo. Il existe quatre types de bonbons :
193
+
194
+ L'univers des Schtroumpfs fait l'objet, en 2016, d'une exposition au sein de l'Abbaye de Caunes-Minervois, intitulée « L'Union fait la Schtroumpf - les Schtroumpfs au pays de la Salsepareille ». Elle présente en particulier des planches originales de Peyo[85].
195
+
196
+ En 2018, une exposition sur Les Schtroumpfs, intitulée La Schtroumpf Experience, se tient au Centre Wallonie-Bruxelles[86]. Elle est un succès en termes de fréquentation, avec 240 000 visiteurs et est nommée « Meilleure Exposition 2018 » lors des Visit.Brussels Awards en 2019[7]. La schtroumpf expêrience sur smurfexperience.com
197
+
198
+ Entre le 20 octobre 2016 et le 29 janvier 2017, il fut présenté un spectacle intitulé Les Schtroumpfs, Le Spectacle Musical aux Folies Bergères à Paris[4],[5],[6].
199
+
200
+ Le Wiktionnaire possède de nombreuses traductions du nom Schtroumpf.
201
+
202
+ Les Schtroumpfs, en 2013, représentent 25 millions d'albums, 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD vendus dans le monde entier[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
203
+
204
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Quant à la 3e adaptation cinématographique Les Schtroumpfs et le Village perdu parue en 2017, elle récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
205
+
206
+ Véronique Culliford, la fille de Peyo, « reconnaît que le film a permis de conquérir, sur le marché américain, les jeunes générations et ailleurs de nouveaux territoires, comme la Russie, l'Inde, ou la Chine »[1].
207
+
208
+ Pour ce qui est des ventes de BD, on remarque une baisse du tirage en France à partir de 2015[91],[92].
209
+
210
+ 15 BD
211
+
212
+ hebdo
213
+
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+ 20 livres
215
+
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+ hebdo
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+ pré-sortie
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1
+
2
+
3
+ 5 tomes Schtroumpferies
4
+
5
+ 7 tomes L'Univers des Schtroumpfs
6
+
7
+ 5 tomes 300 Gags
8
+
9
+ 3 tomes Le Village des Filles
10
+
11
+ 1 tome Hors série
12
+
13
+ Les Schtroumpfs est une série de bande dessinée jeunesse belge créée par Peyo en 1958 racontant l'histoire d'un peuple imaginaire de petites créatures bleues logeant dans un village champignon au milieu d'une vaste forêt. Les seize premiers albums ont été publiés par leur créateur. Depuis sa mort le 24 décembre 1992, son fils Thierry Culliford dirige l'édition des nouveaux albums.
14
+
15
+ En 2013, 25 millions d'albums des Schtroumpfs avaient été vendus dans le monde entier, ainsi que 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
16
+
17
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Ces deux films obtiennent de bonnes critiques[3]. La troisième adaptation, Les Schtroumpfs et le Village perdu sortie en 2017 et qui est exclusivement en images de synthèse, récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
18
+
19
+ D'autres projets comme Smurfs On Ice, Les Schtroumpfs Le Spectacle Musical ou encore l’exposition La Schtroumpf Experience, qui attire 240 000 visiteurs et est nommée aux Visit Brussels Awards, ont également vu le jour[4],
20
+ [5],[6],[7].
21
+
22
+ Mondialement, les Schtroumpfs sont considérés comme des icônes culturelles intergénérationnelles, tout en faisant partie des plus grands héros de la pop culture mondiale[8],[9],[10],[11],[12],[13].
23
+
24
+ L'ensemble des albums raconte la vie des Schtroumpfs dans leur village au cœur d'une forêt imaginaire en Europe durant un Moyen Âge mythifié, se défendant face à Gargamel et son chat Azraël ou partant dans de grandes aventures. Toute la tribu vit dans des champignons aménagés en maisons, dans un petit village au cœur de la forêt. Les Schtroumpfs sont petits et bleus avec une queue. Ils sont vêtus d'un bonnet et d'un pantalon blancs, à l'exception de leur chef, le Grand Schtroumpf, vêtu de rouge, ainsi que quelques autres Schtroumpfs, comme le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paysan ou le Schtroumpf sauvage.
25
+
26
+ Le créateur de la série et de l'univers des Schtroumpfs est l'auteur belge francophone Peyo, de son vrai nom, Pierre Culliford. Né en 1928, il a créé Les Schtroumpfs en 1958. Il est surtout connu pour cette série. Il a été le scénariste et le dessinateur de plusieurs des 16 premiers albums des Schtroumpfs.
27
+
28
+ Pour l'aider dans leur réalisation, il fonde en 1964 un studio dans sa propre résidence. Walthery, âgé d'à peine 17 ans, est le premier assistant du maître et participe aux dessins du troisième album. Face à son talent, celui-ci se verra confier la direction d'autres séries créées par Peyo : Jacky et Célestin, puis Benoît Brisefer. Ce sont Derib, puis Gos qui seront les nouveaux co-dessinateurs des albums suivants. Gos participe au scénario et au dessin du tome 5 en 1969, ainsi qu'au scénario du tome 6. Marc Wasterlain fait également partie du studio Peyo, contribuant notamment au dessin du douzième album. Ces différents assistants iront par la suite créer leurs propres séries à succès.
29
+
30
+ Le responsable co-auteur des scénarios durant cette période fondatrice est Yvan Delporte, rédacteur en chef du journal Spirou de 1956 à 1968, qui participe à 8 des 10 premiers albums, publiés entre 1965 et 1983.
31
+
32
+ Suite au départ des éditions Dupuis à la fin des années 1980, Peyo lance un journal Les Schtroumpfs. L'occasion de composer un nouveau studio[14] : aux côtés de Daniel Desorgher, qui s'occupait des produits dérivés, sont recrutés plusieurs dessinateurs : Jean-Luc Van de Walle, José Grandmont, Philippe Delzenne, Alain Maury ou encore Bernard Swysen[15]. Ce dernier aide Peyo à dessiner le tome 14, sorti en janvier 1990[16].
33
+
34
+ À la mort de Peyo en décembre 1992, c'est Thierry Culliford, son fils, qui devient le nouveau scénariste en chef de la série, à partir du tome 16. Il est depuis co-scénariste et coordinateur de l'exécution graphique de la série.
35
+
36
+ Les premiers repreneurs officiels du dessin sont désormais Alain Maury et Luc Parthoens, qui réalisent les tomes 16 à 20, Parthoens co-écrivant également le scénario avec Culliford. Puis du tome 21 à 24, c'est Ludo Borecki qui officie principalement au dessin. (Les tomes 24 et 25 sont aussi co-dessinés par Jeroen De Coninck.)
37
+
38
+ Borecki a d'abord collaboré au magazine Schtroumpf, et a participé aux albums Schtroumpferies 2 à 5, publiés de 1996 à 2002, puis a dessiné les décors du tome 17 de Johan & Pirlouit (2001)[17].
39
+
40
+ À partir du tome 26, Alain Jost remplace Luc Parthoens au co-scénario. Pascal Garray et Jeroen De Coninck vont se succéder au dessin, en alternance, jusqu'en janvier 2017, date de disparition de Pascal Garray[18], De Coninck reprend ainsi la réalisation du tome 36, aidé par Miguel Diaz Vizoso, collaborateur fréquent de la série, que ce soit au scénario (tome 25) ou au dessin (tome 33). Philippe Delzenne a quant à lui co-écrit le tome 21. José Grandmont collabore aussi au studio, de 2002 à 2009.
41
+
42
+ Nine Culliford, de son vrai nom Janine Culliford, a été la coloriste des albums des Schtroumpfs avec son mari jusqu'en 1992. Elle serait à l'origine de la couleur des petits hommes en bleu. Elle continue la colorisation des Schtroumpfs jusqu'à sa mort en juillet 2016[19].
43
+
44
+ S'il quitte officiellement le studio Peyo en 2011, Alain Maury reste consultant graphique[20]. Ainsi, il est le dessinateur des nouveaux tomes de Johan et Pirlouit, publiés à la fin des années 1990, mais participe aussi à la réalisation de la nouvelle série dérivée Les Schtroumpfs et le Village des filles.
45
+
46
+ Depuis juillet 2016, Alain Perwez dit Peral rejoint le studio Peyo en tant que dessinateur[21]. Il succède à Pascal Garray, auprès de Jeroen De Coninck. Il devient même principal dessinateur des Schtroumpfs, quand Jeroen De Coninck décide de prendre sa retraite en 2017.
47
+
48
+ Au début de l'année 1958, Peyo réfléchit au scénario de la nouvelle histoire de Johan et Pirlouit. Son idée est d'utiliser les mauvais talents musicaux de Pirlouit, un peu comme dans le conte Le Joueur de flûte de Hamelin. Il a pour idée de départ de mettre dans les mains de Pirlouit une flûte enchantée. L'histoire, qui commence sa publication en mai 1958 seulement trois semaines après la fin du récit précédent, a pour titre La Flûte à six trous. Comme prévu, l'ouverture de l'histoire multiplie les gags de Pirlouit et sa flûte magique qui fait danser tous ceux qui l'entendent. Ce début d'histoire est permis, car Peyo, avec l'accord de Dupuis, est désormais passé au format soixante planches et non plus quarante-quatre comme auparavant[22]. Dans la suite de son histoire, il a l'idée d'intégrer les créateurs de cette fameuse flûte et de réutiliser les petits lutins roses coiffés d'un bonnet à fleur dont il s'était servi pour une ébauche de court-métrage d'animation pendant son passage chez CBA. Pour les nommer, il a l'idée de ressortir le mot qui l'avait bien amusé avec André Franquin quelques mois auparavant. C'est Nine, sa femme, qui a l'idée d'utiliser du bleu pour colorier ses petites créatures[23].
49
+
50
+ La découverte de ces nouveaux personnages par les lecteurs se fait progressivement. Tout d'abord des yeux qui observent les héros, puis le langage Schtroumpf est dévoilé, ensuite une main bleue et enfin les personnages apparaissent aux lecteurs[24]. Les Schtroumpfs ne font pas tout de suite l'unanimité chez l'éditeur, toujours inquiet que la censure française puisse frapper le journal : le langage schtroumpf est notamment pointé du doigt. Peyo doit le rassurer en affirmant que cette création est éphémère et va être utilisée durant quelques planches seulement, le temps pour les personnages de construire une nouvelle flûte enchantée[25].
51
+
52
+ La nouvelle histoire de Johan et Pirlouit, commence sa publication en avril 1959 et a pour titre La Guerre des sept fontaines. Elle aborde le thème de la vie après la mort[26]. L'utilisation de la magie dans la première partie du récit va contraindre Peyo à réutiliser des personnages tirés d'autres épisodes. Comme l'enchanteur Homnibus a déjà été utilisé, il va rechercher la sorcière Rachel et le Grand Schtroumpf, rompant sa promesse de ne plus utiliser les Schtroumpfs[27].
53
+
54
+ Lors d'un repas en 1957, Peyo aurait demandé à Franquin de lui passer une salière et, butant sur le mot, l'aurait donc appelée un schtroumpf (« Passe-moi… le schtroumpf ! ») : la conversation se serait poursuivie en schtroumpf[28],[29].
55
+
56
+ Il est fait référence à ce repas à trois reprises dans les albums des Schtroumpfs. D'abord, dans Le Schtroumpf financier, à la case 3 de la page 22 : on voit deux Schtroumpfs en train de manger, puis un demande a l'autre de lui passer le... la..., puis ils sont coupés par l'apparition d'un autre schtroumpf. Puis, dans Les Schtroumpfs et le livre qui dit tout, à la page 8, où l'on voit deux Schtroumpfs cherchant dans le livre l'origine du mot Schtroumpf. Enfin dans Les Schtroumpfs et l'arbre d'or, page 12 cases 3 et 4.
57
+
58
+ Schtroumpf se prononce pratiquement comme le mot allemand Strumpf qui signifie « chaussette » (les Schtroumpfs s'appelant Schlümpfe (sing. Schlumpf) en allemand). Le nom de la danse Smurf vient directement des Schtroumpfs (Smurfs en anglais).
59
+
60
+ La première apparition des Schtroumpfs se produit dans l'épisode des aventures de Johan et Pirlouit La flûte à six trous, prépublié dans Le Journal de Spirou le 23 octobre 1958[30] et dont le nom en album devint La Flûte à six schtroumpfs. On y rencontre une peuplade de lutins bleus à bonnets blancs vivant dans un village de champignons et parlant le langage schtroumpf. Johan et Pirlouit viendront encore rendre visite aux schtroumpfs dans l'épisode intitulé Le pays maudit. Les schtroumpfs viendront également leur prêter main-forte dans les albums La guerre des 7 fontaines, Le sortilège de Maltrochu, La horde du corbeau et La Nuit des Sorciers.
61
+
62
+ À partir de 1959, les Schtroumpfs vivent leurs propres aventures dans Spirou, d'abord sous la forme de sept mini-récits (Les Schtroumpfs noirs (1959), Le Voleur de Schtroumpfs (1959), L'Œuf et les Schtroumpfs (1960), Le Faux Schtroumpf (1961), La Faim des Schtroumpfs (1961), Le Centième Schtroumpf (1962), et Le Schtroumpf volant (1963), albums de quarante-huit pages chacun, à monter soi-même), qui seront réédités sous mini-couvertures cartonnées à partir de 2004 (trois coffrets de deux mini-albums par les éditions Niffle) ; Spirou récidivera avec le mini-récit Le Bébé Schtroumpf, tiré d'images du dessin animé en 1984.
63
+ Jusque-là, on ne voyait que le Grand Schtroumpf et les petits Schtroumpfs, apparemment tous identiques. Les différences physiques et de caractère (Schtroumpf à lunettes, farceur, costaud, etc.) n'apparaissent — progressivement — qu'au moment où les Schtroumpfs commencent à avoir leurs propres histoires.
64
+
65
+ Les histoires des Schtroumpfs se situent théoriquement en Europe au Moyen Âge (avec quelques étrangetés : les Schtroumpfs connaissent les tomates et les pommes de terre), mais on a parfois des clins d'œil au monde moderne.
66
+
67
+ Les Schtroumpfs sont âgés d'une centaine d'années, hormis le Grand Schtroumpf qui a 542 ans, ainsi que le Bébé Schtroumpf dont l'âge n'est pas donné.
68
+
69
+ Il y a aujourd'hui cent-trois Schtroumpfs (cent plus la Schtroumpfette, Sassette et le bébé Schtroumpf) dont les principaux sont : le Grand Schtroumpf (chef et doyen), la Schtroumpfette, le Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf paresseux, le Schtroumpf gourmand, le Schtroumpf grognon, le Schtroumpf farceur, le Schtroumpf costaud…
70
+
71
+ Ils ont parfois recours à Homnibus, un vieil enchanteur sympathique qui les aide lors de problèmes d'importance majeure comme la santé du Grand Schtroumpf. Il fait partie des seuls humains que les Schtroumpfs ne craignent pas, avec Johan, Pirlouit et le Roi de ces derniers, contrairement à Grossbouf.
72
+
73
+ Le sorcier Gargamel et son chat Azraël sont les pires ennemis des Schtroumpfs, mais ils ne leur en veulent pas pour les mêmes raisons : Gargamel en a besoin pour fabriquer la Pierre Philosophale — ses innombrables échecs développent une volonté de revanche et de vengeance — tandis qu'Azraël, lui, veut tout simplement les manger. D'autres dangers guettent les Schtroumpfs comme la mouche Bzz ou les Schtroumpfs noirs mais, dans ce dernier cas, la menace est éliminée définitivement à la fin de l'histoire, alors que Gargamel et Azraël reviennent toujours.
74
+
75
+ L'aliment préféré des Schtroumpfs est la salsepareille et ils vivent dans des maisons individuelles ayant l'apparence de gros champignons. Les Schtroumpfs se déguisent souvent lors de bals masqués dans le village ou dans l'album Le Cosmoschtroumpf (en Schlips, orange avec des cheveux apparents — sans bonnet) pour faire croire à l'un des leurs qu'il a atterri sur une autre planète, ou encore lorsqu'ils donnent des représentations théâtrales du Petit Schtroumpferon rouge…
76
+
77
+ Il n'y a pas de loi chez les Schtroumpfs, juste des valeurs morales et du respect. À de nombreuses reprises (Le Schtroumpfissime, Le Schtroumpf financier, On ne schtroumpfe pas le progrès, Le Schtroumpf reporter, Les Schtroumpfs joueurs, Les Schtroumpfs de l'ordre) les Schtroumpfs tentent d'adopter un système correspondant plus à celui des humains, pour retomber sur leurs pieds avec la conclusion que leur monde est bien mieux sans eux. Les Schtroumpfs, dans leur monde médiéval, travaillent beaucoup autour des expériences chimiques, des événements inexpliqués… Les Schtroumpfs sont aussi très en contact avec la nature, et en proie à ses caprices (La faim des Schtroumpfs) mais aussi à ses délices : les récoltes automnales, l'amitié et la communication qui existe entre eux et les animaux. Le plus connu des animaux schtroumpfs est Puppy, à l'origine le chien d'Homnibus, qui finit par être adopté par le Bébé Schtroumpf.
78
+
79
+ Peyo a dénombré et caractérisé une centaine de ses petites créatures bleues et en a ajouté quelques-unes au fil des histoires[31].
80
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81
+ Les Schtroumpfs sont en quelque sorte des lutins, mais beaucoup plus petits que dans la plupart des légendes. Ils sont décrits « hauts comme trois pommes » par le grimoire de Gargamel, mais comparé à ce dernier, qui possède une taille humaine moyenne, les Schtroumpfs apparaissent vraiment minuscules, guère plus gros que des souris, ce qui ne manque jamais de susciter l'appétit d'Azraël. Par rapport à la nature environnante, leur taille est assez variable, changeant selon la fantaisie de Peyo. D'après l'album Schtroumpferies 5, la porte d'une maison schtroumpf fait dix-sept centimètres sur dix centimètres, ce qui laisse penser qu'ils ne mesurent gu��re plus d'une quinzaine de centimètres. Une taille a été donnée par la présentation[32][réf. non conforme] qui les a décrits comme « de petits lutins bleus de cinq centimètres ».
82
+ En 1991 dans l'album Les Évadés, les Petits Hommes rencontrent les Schtroumpfs[33], et on constate alors qu'ils ont à peu près la même taille, sachant que les Petits Hommes sont exactement à l'échelle 1/10 par rapport aux humains. Cependant, cette rencontre pose quelques problèmes de chronologie (les séries ne se situent pas au même siècle).
83
+
84
+ Ils sont bleus, et quasiment de forme humanoïde. Les seules différences notables sont une minuscule queue à l'arrière-train, et le fait qu'ils n'ont que trois doigts opposables au pouce, et quatre orteils[34]. Et surtout, ils portent tous un bonnet phrygien de forme très caractéristique ainsi qu'un pantalon. Il est de couleur blanche pour tous les personnages, excepté le Grand Schtroumpf, qui en arbore un exemplaire de couleur rouge.
85
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+ L'épisode du Bébé Schtroumpf montre comment naissent les Schtroumpfs : ils sont amenés par une cigogne (clin d'œil à une fable qu'on racontait aux enfants posant la question « d'où viennent les bébés ? » quand on souhaitait leur dissimuler la vérité sur la sexualité), un soir de pleine lune bleue[35]. Les Schtroumpfettes, (Schtroumpfette comme Sassette), sont créées par une méthode de sorcellerie, connue de Gargamel. Les P'tits Schtroumpfs ne sont pas apparus comme juvéniles à l'origine, mais sont en fait des Schtroumpfs adultes rajeunis. À noter que d'une certaine manière, les Schtroumpfs étaient des créatures asexuées avant l'épisode La Schtroumpfette.
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+
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+ Le sémiologue italien Umberto Eco a consacré plusieurs pages au langage Schtroumpf pour illustrer les facultés de l'esprit humain en interprétation des données dans un article dont la version française (supervisée par l'auteur) donne pour exemple à reconnaissance « immédiate » : Je suis le schtroumpf, le schtroumpf, l'inschtroumpfé[36].
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90
+ Des albums comme Le Schtroumpfissime, Schtroumpf vert et Vert Schtroumpf, montraient par ailleurs l'intérêt de Peyo et d'Yvan Delporte pour les questions de signifiants et de signifiés.
91
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92
+ La langue schtroumpf se déduit par une transformation simple depuis la langue du lecteur : il suffit de remplacer les substantifs par le mot « schtroumpf » ; les verbes sont remplacés par le verbe « schtroumpfer », les adverbes par « schtroumpfement ». Généralement les adjectifs restent conformes à la langue d'édition de l'album.
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94
+ Toutefois, les mots trop longs sont rarement remplacés par « schtroumpf ». Le Petit Chaperon rouge devient (dans une moitié du village, du moins) « le Petit Schtroumpferon rouge », non « le Petit Schtroumpf rouge ».
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+
96
+ En général, la règle implicite est de remplacer juste assez de mots pour donner un caractère comique à la phrase, tout en la laissant compréhensible pour le lecteur. Mais le scénariste peut aussi écrire des phrases volontairement incompréhensibles pour enrichir l'intrigue ou simplement pour l'effet comique, d'autant qu'en français le mot « schtroumpf » se prononce difficilement (c'est un peu moins vrai en anglais, où il devient « smurf », et encore moins en espagnol, où il devient « pitufo »). Ainsi, Johan et Pirlouit, dans l'album Le Pays maudit, étaient prévenus que l'ennemi disposait d'« Un schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf », le schtroumpf rescapé de l'attaque étant tout à fait incapable de l'exprimer plus clairement ; ce n'est qu'après l'avoir rencontré qu'ils comprirent qu'il s'agissait d’un dragon qui crache du feu.
97
+
98
+ Toutefois, dans certains gags de Schtroumpfs, le mot « Schtroumpf » est justement utilisé pour remplacer un nom qui ne devient connu qu'à la fin du gag, contribuant donc à rendre la fin amusante.
99
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100
+ Dans l'album Le Schtroumpfissime, le tyran répond « Schtroumpf ! » quand il est sommé de se rendre. Au premier degré, cela rend tout à fait impossible de deviner ce qu'il dit, mais tout lecteur un peu au courant repère un clin d'œil au fameux « mot » de Pierre Cambronne, d'autant qu'une note placée après indique « historique ». Dans le même ordre d'idées, le récit L’œuf et les Schtroumpfs nous offre cet échange : « Un œuf ! D'où sort-il ? — Du schtroumpf d'une poule ». Dans les deux cas nous avons l'exemple d'un mot qu'il serait malséant d'imprimer dans une revue de bonne tenue destinée aux enfants.
101
+
102
+ Dans la version en dessin animé de La Flûte à six schtroumpfs, le Grand Schtroumpf est capable de traduire en langage humain une phrase dans laquelle tous les mots-clés sont remplacés par « schtroumpf ». Plus généralement lors des premières rencontres dans Johan et Pirlouit, les schtroumpfs remplaçaient presque tous les mots, mais se comprenaient tout de même entre eux. Au contraire, les illustrations du manuel de grammaire schtroumpf à la fin de l'album Les Schtroumpfeurs de flûte indiquent qu'eux-mêmes se créent des quiproquos s'ils disent « un schtroumpf de schtroumpf ». Bref, les règles du langage schtroumpf sont complètement libres suivant l'effet que souhaite produire l'auteur.
103
+
104
+ Un faux débat a divisé les linguistes dans les années 1970 pour déterminer s'il fallait dire un schtroumpfe-bouchon ou un tire-bouschtroumpf. Ce problème divisant les Schtroumpfs est au cœur de l'intrigue de l'album Schtroumpf vert et vert Schtroumpf (qui est aussi une satire sur les débats entre francophones et néerlandophones de Belgique). Il est résolu par le Grand Schtroumpf qui leur demande finalement de ne plus employer de mots composés. Les deux versions sont donc erronées : on doit tout simplement dire un schtroumpf, ou à défaut un schtroumpfe-schtroumpf. Le Schtroumpf à lunettes propose quant à lui « l'objet qui débouche les bouteilles ».
105
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106
+ On peut noter l'utilisation de la langue schtroumpf dans la dernière partie du film Mes nuits sont plus belles que vos jours, film français réalisé par Andrzej Żuławski, sorti en 1989. Ce film fait la part belle aux dialogues surréalistes et aux calembours, mais ceux-ci remplacent les classiques mots d'amour...
107
+
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+ Ce peuple vit dans un village au milieu d'une forêt, dans une contrée appelée « le Pays Maudit » géographiquement difficile à situer, mais certainement quelque part en Europe. Les auteurs étant belges, on peut avancer l'idée que le village Schtroumpf soit situé quelque part dans l'Ardenne belge (avec une préférence marquée pour le Luxembourg belge, boisé et peu peuplé). Mais le village pourrait aussi se situer en Ardèche. En effet, dans l'album n° 23, « Les Schtroumpfs Joueurs », il est indiqué dès la première page que l'action se situe à « Aubenas »[37], nom que porte une commune de l'Ardèche. Lors de sa première apparition, dans les albums La Flûte à six schtroumpfs et Le Pays maudit de Johan et Pirlouit, le village se trouve dans un environnement sinistre au milieu d'arbres noirs et nus (ce qui est peut-être tout simplement la faute du dragon présent dans l'album). Il est bien plus accueillant dès le premier album des Schtroumpfs, pour devenir au fur et à mesure un petit paradis romantique à l'orée d'une forêt. Le plan du Pays maudit se trouve dans le premier album des Schtroumpfs, à savoir Les Schtroumpfs noirs, où le village figure par exemple assez loin de la forêt ; mais ce dernier fut très vite modifié pour changer au gré des aventures (comme le plan du village d'Astérix).
109
+
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+ Les Schtroumpfs ont également construit un barrage sur une rivière afin de ne pas être inondés. La rivière et son barrage ont plusieurs fois été un élément très présent de l'intrigue.
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+
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+ De plus, sur le plan est indiqué que « bien rares sont les humains qui ont pu y arriver », alors que dans les albums suivants il est dit qu'on ne peut pas accéder au village schtroumpf sans qu'un Schtroumpf indique le chemin. Néanmoins, dans :
113
+
114
+ D'autres humains sont venus au village, mais en ayant été guidés, comme dans :
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+ En marge de la série classique, Le Lombard édite des séries parallèles : Schtroumpferies, 120 blagues de Schtroumpfs, 3 Histoires de Schtroumpfs, L'Univers des Schtroumpfs et Les Schtroumpfs et le Village des Filles.
117
+
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+ Édités d'abord chez Dupuis (treize premiers tomes), puis chez Cartoon Creation (maison d'édition créée par Peyo, qui cédera les droits de ses bandes dessinées au Lombard en 1992), la suite de la série est éditée chez Le Lombard (tomes seize à trente). Toutefois, les éditions Dupuis et Le Lombard appartiennent toutes deux au Groupe Dargaud. Les Schtroumpfs sont par ailleurs passés de père en fils : à la mort de Peyo en décembre 1992, c’est son fils, Thierry Culliford, qui participe au scénario des nouveaux albums (après le seizième tome).
119
+
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+ Premières apparitions dans la série Johan et Pirlouit :
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+ Ces albums à agrafer soi-même étaient encartés dans le Journal de Spirou.
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+
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+ Albums carrés dans la collection « Le Lombard Jeunesse » ; les histoires sont issues du magazine Schtroumpf !
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+ La série des Schtroumpferies est constituée d’histoires courtes en une planche sur les Schtroumpfs et leur univers (44 histoires par album).
127
+
128
+ Cette nouvelle série est publiée en 2017 et est écrite en prenant en compte les nouveaux éléments introduits dans l’histoire du long-métrage Les Schtroumpfs et le Village perdu.
129
+
130
+ C'est une rubrique rédactionnelle du journal Spirou publiée du no 1549 au no 1667 mettant en scène l'univers de la série Les Schtroumpfs. Elle est écrite par Yvan Delporte et illustrée par Peyo. Dans les années 1990, la série est reprise dans le mensuel Schtroumpf !.
131
+
132
+ En 1959 paraissent 9 films de 13 minutes chacun, réalisés par les Studios TV Animation Dupuis, à savoir : Les Schtroumpfs noirs, L'Œuf et les Schtroumpfs, Le voleur de Schtroumpfs, Le faux Schtroumpf, Le Schtroumpf volant, Le Schtroumpf cet inconnu, Le Schtroumpf et son dragon, La Schtroumpflûte, et Le Schtroumpf-robot. Les sept premiers cités sont en noir et blanc tandis que les deux derniers sont en couleur.
133
+
134
+ Les Schtroumpfs sont de nouveau adaptés, aux États-Unis cette fois, par Hanna-Barbera Productions -distribués par Warner Bros. Pictures- à partir de 1981 (soit 427 dessins animés finalement). Ils totalisent 9 saisons[42][source insuffisante] en Amérique, et ajoutent d'autres personnages comme Chlorhydris, Balthazar, Dame Nature, Père Temps et Scrupule. Le succès fut grand, et le public américain à présent connaît bien les Schtroumpfs, comme le montre le succès immédiat du film sorti en juillet 2011, mais souvent sans connaître les histoires originales[réf. nécessaire].
135
+
136
+ L'accompagnement musical des séquences s'y compose toujours de musique classique.
137
+
138
+ Eddy Ryssack produit en 1965 le film d'environ 90 minutes intitulé Les aventures des Schtroumpfs (connu aussi sous le nom de L'Histoire de Schtroumpf).
139
+
140
+ Le grand dessin animé de 74 min 30 s produit par Dupuis-Belvision en 1975 fut un des derniers du studio.
141
+
142
+ Parallèlement à la diffusion de la série animée, les studios Hanna-Barbera Productions ont produit trois longs métrages pour le cinéma : Le Bébé schtroumpf, V'la les schtroumpfs et Les P'tits Schtroumpfs. Il s'agit en réalité de compilations de différents épisodes, remontés pour obtenir une histoire plus ou moins cohérente. Ce procédé a été utilisé également pour Les Dalton en cavale, long métrage dérivé de la série Lucky Luke de Hanna-Barbera.
143
+
144
+ Albums format « Italienne » (décors de Matagne pour les trois). Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du le Journal de Spirou
145
+
146
+ Ces trois albums de récits illustrés ont été publiés en concomitance avec les six Contes Schtroumpfs du Journal de Spirou, scénarisés par Yvan Delporte. À savoir :
147
+
148
+ Premiers livres, Dupuis (1982, cartonnés) :
149
+
150
+ (annoncés : Le duel musical (5), La flûte magique (6), La poursuite (7), Le voyage merveilleux (8), Au pays des Schtroumpfs (9), Les deux flûtes (10))
151
+
152
+ Albums Pop-Hop articulés, collection Panorama Schtroumpf (1993) :
153
+
154
+ Il existe des figurines en plastique des différents Schtroumpfs. Certaines personnes ont fait d'importantes collections de ces figurines et se les échangent encore sur les sites de vente aux enchères. Mais il existe également des figurines beaucoup plus rares en métal et en résine, ou des figurines articulées en plastique.
155
+
156
+ Il existe également des peluches schtroumpfs, la plupart n'étant que des essais de copie (telles que les peluches Kinder, etc.) mais les vraies peluches sont celles où l'on peut y trouver la marque des schtroumpfs, elles sont extrêmement ressemblantes. Cependant, les vraies peluches schtroumpfs sont très rares dans les grands magasins : on peut malgré tout en trouver sur les ventes aux enchères.
157
+
158
+ Très connu aux États-Unis et en Belgique, un peu dans le reste de l'Europe (France, Italie, Allemagne, GB…), les images en relief View Master, sous forme de petits disques en carton de 9 centimètres de diamètre, contenant chacun 14 diapositives miniatures, permettant de voir sept images en relief en utilisant un lecteur spécial, ont proposé des produits sur les Schtroumpfs.
159
+ Les lecteurs mécaniques, qui ressemblent a des paires de jumelles (différents modèles existent depuis 1939 fabriqués par Sawye'rs (États-Unis, Oregon), puis GAF, puis Tyco, Mattel, Fisher Price) et les disques View-Master s'achètent séparément, ou en coffret cadeau. L'utilisateur actionne une gâchette sur le côté de la visionneuse pour faire tourner le disque, et passer d'un cliché à l'autre.
160
+
161
+ Un jeu de trois disques, soit 21 images en relief, représentant les Schtroumpfs, date de 1982-1983. Ils ont été réalisés et dessinés par une équipe maison, pour les besoins du procédé du relief, et fabriqués en Belgique, distribués dans un emballage « Blister Pack » rectangulaire plat. Référence du produit complet : BD 172-123 F. Pour ce set, comme simple exemple, chaque disque porte les références BD 1721, BD 1722 et BD 1723. La Lettre F indique la version française. L'emballage de protection a existé en fond jaune et en fond noir.
162
+ Les disques View-Master furent donc les premières apparitions des schtroumpfs en relief.
163
+
164
+ D'autres jeux ont existé : « les p'tits schtroumpfs », « le bébé schtroumpf », « Schtroumpfette » (smurfette), « le schtroumpf volant » (flying smurf), « le schtroumpf voyageur » (traveling smurf).
165
+
166
+ Un coffret cadeau en carton a été édité, contenant un lecteur de disques View Master, trois disques d'images des schtroumpfs en relief, avec une belle décoration et des découpages de personnages des schtroumpfs, avec Gargamel et Azrael, et les maisons champignon, à bricoler soi-même.
167
+ Un autre coffret cadeau a été sorti sous forme de baril en carton, « smurf theatre » avec un projecteur électrique lumineux (sans relief) de disques view master à utiliser avec un écran ou un mur, et un autre coffret plus petit, sous forme de capsule en plastique transparent, avec un lecteur view Master, « the smurfs time capsule », en 2004 par Mattel/Fisher-Price.
168
+
169
+ Le disque 33 t « Joyeux noël avec les Schtroumpfs » sorti en 1983 reprenant les chants de Noël.
170
+
171
+ Les Schtroumpfs ont aussi sorti des albums dans un style dance-pop :
172
+
173
+ Remarque:
174
+ il est à noter qu'en 1963-1964 apparaît en France le groupe de rock Les Schtroumpfs, avec l'accord explicite de Peyo, composé de Patrick Logelin -qui reprendre en français I'm Happy Just to Dance with You en 1964-, Luc Bonnetto, Patrice Portal, Jacques et Richard Geshner. Issu des Fougas, il deviendra les Sparks, disparu à la fin de l'année 1969 (ne pas confondre avec The Sparks des frères Mael, né en 1968 et toujours en activité). Le dessinateur donne son accord après avoir assisté personnellement à une répétition du groupe cannois, ne demandant rien en contrepartie. Séduit, il s'inspire même de leur aventure pour créer alors l'histoire Schtroumpfonie en ut (1963)[51].
175
+
176
+ (Philips)
177
+
178
+ (Polydor 1975 - disques et cassette faisant suite au dessin animé Dupuis-Belvision)
179
+
180
+ Par Vader Abraham : le 45 T Au pays des Schtroumpfs (PE22209)
181
+
182
+ (SPI France)
183
+
184
+ (Polydor 1982 à 1984 - disques (11) et cassettes (3) faisant suite aux dessins animés Hanna & Barbera de 1981)
185
+
186
+ En 1984, les Schtroumpfs font leur apparition dans les parcs d'attractions américains de Kings Entertainment Corporation. Chaque parc propose alors une attraction et des mascottes Schtroumpf.
187
+
188
+ En Europe, divers parcs adaptent le thème des Schtroumpfs depuis 1989 :
189
+
190
+ En Asie, les adaptations sur le thème des Schtroumpfs sont plus récentes[69] :
191
+
192
+ Les Schtroumpfs sont aussi des bonbons Haribo. Il existe quatre types de bonbons :
193
+
194
+ L'univers des Schtroumpfs fait l'objet, en 2016, d'une exposition au sein de l'Abbaye de Caunes-Minervois, intitulée « L'Union fait la Schtroumpf - les Schtroumpfs au pays de la Salsepareille ». Elle présente en particulier des planches originales de Peyo[85].
195
+
196
+ En 2018, une exposition sur Les Schtroumpfs, intitulée La Schtroumpf Experience, se tient au Centre Wallonie-Bruxelles[86]. Elle est un succès en termes de fréquentation, avec 240 000 visiteurs et est nommée « Meilleure Exposition 2018 » lors des Visit.Brussels Awards en 2019[7]. La schtroumpf expêrience sur smurfexperience.com
197
+
198
+ Entre le 20 octobre 2016 et le 29 janvier 2017, il fut présenté un spectacle intitulé Les Schtroumpfs, Le Spectacle Musical aux Folies Bergères à Paris[4],[5],[6].
199
+
200
+ Le Wiktionnaire possède de nombreuses traductions du nom Schtroumpf.
201
+
202
+ Les Schtroumpfs, en 2013, représentent 25 millions d'albums, 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD vendus dans le monde entier[1]. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s'est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record[1].
203
+
204
+ Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 2011[1]. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde[2]. Quant à la 3e adaptation cinématographique Les Schtroumpfs et le Village perdu parue en 2017, elle récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial[2].
205
+
206
+ Véronique Culliford, la fille de Peyo, « reconnaît que le film a permis de conquérir, sur le marché américain, les jeunes générations et ailleurs de nouveaux territoires, comme la Russie, l'Inde, ou la Chine »[1].
207
+
208
+ Pour ce qui est des ventes de BD, on remarque une baisse du tirage en France à partir de 2015[91],[92].
209
+
210
+ 15 BD
211
+
212
+ hebdo
213
+
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+ 20 livres
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+ Œuvres principales
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+ modifier
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+
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+ Franz Schubert [fʁɑ̃t͡s ʃubɛʁ][2] (en allemand : [ˈfʁant͡s ˈʃuːbɐt][3]), né le 31 janvier 1797 à Lichtental (dans la banlieue de Vienne) et mort le 19 novembre 1828 à Vienne, est un compositeur autrichien.
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+
7
+ Compositeur emblématique de la musique romantique allemande, il est reconnu comme le maître incontesté du lied. Il s'est particulièrement consacré à la musique de chambre, et a aussi écrit de nombreuses œuvres pour piano, une dizaine de symphonies, ainsi que de la musique chorale et sacrée.
8
+
9
+ Bien qu'il soit mort précocement, à 31 ans, Schubert est l'un des compositeurs les plus prolifiques du XIXe siècle. Le catalogue de ses œuvres compte plus de mille compositions, dont une importante partie est publiée après sa mort et révélera des chefs-d'œuvre qui contribueront à sa renommée.
10
+
11
+ Franz Peter Schubert naît le 31 janvier 1797 dans sa maison natale du faubourg viennois de Himmelpfortgrund, qui fait partie de la paroisse de Lichtental (un des quartiers de l'actuel neuvième arrondissement de Vienne) en Autriche. Il est le douzième enfant d'une famille de quatorze, dont cinq atteindront l'âge adulte. Son père Franz Theodor Florian Schubert (1763-1830), instituteur, lui donne ses premières leçons de violon, tandis que son frère Ignaz lui apprend le piano et le Kapellmeister de l'église de Lichtental, Michael Holzer, l'orgue, le chant et la basse chiffrée ou basse continue. Sa mère, Maria Elisabeth Katharina Vietz (1756–1812), était la fille d'un serrurier et avait été femme de ménage pour une famille viennoise avant le mariage. Dans le quatuor à cordes familial, où son père joue du violoncelle et ses frères Ignaz et Ferdinand du violon, il tiendra la partie d'alto. Dès 1808, Schubert est premier soprano de l'église de Lichtental[4].
12
+
13
+ En 1808 il est admis sur concours dans le chœur de la chapelle impériale de Vienne, ce qui lui permet d'étudier au très strict Stadtkonvikt, ou Akademisches Gymnasium, internat viennois fréquenté par les fils de bonne famille où il bénéficiera d'un enseignement de qualité mais qui par son aspect rébarbatif et sa discipline sévère rendirent Schubert quelque peu introverti et nostalgique du foyer familial. Élève inconstant dans les disciplines autres que la musique où il excellait[5], il étudie la théorie et la basse chiffrée avec Wenzel Ruzicka, organiste de la Cour, puis, à partir de 1812, la composition et le contrepoint avec Antonio Salieri, directeur de la musique à la Cour de Vienne. Il entre à l'orchestre du Konvikt comme second violon, puis monte en grade progressivement jusqu'à devenir chef d'orchestre.
14
+
15
+ Au Konvikt, il fait la connaissance de quelques membres d'un groupe de jeunes idéalistes qui s'était formé à Linz : Albert Stadler (1794-1888), Josef Kenner (1794-1868) et surtout Joseph von Spaun (1788-1865). Ces amis guideront ses premiers pas, le mettront en contact avec le milieu intellectuel de l'époque et constitueront le premier noyau de ce qui sera le cercle des schubertiens.
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+ Pendant cette période de formation, Schubert commence à composer en dépit des réticences de son père. Dès 1810, ses premières compositions sont des fantaisies et des danses pour piano, des lieder. Viennent ensuite des quatuors à cordes pour l'ensemble familial, des ouvertures, des ensembles vocaux pour la classe de Salieri et en 1813, sa 1re Symphonie en ré majeur, D.82 et son premier opéra, Des Teufels Lustschloss, D.84.
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+ Sa voix mue en 1813. Ses résultats scolaires, bons au début, s'étaient peu à peu dégradés, et, bien qu'il puisse bénéficier d'une dispense, il quitte le Konvikt pour entrer à l'école normale Sainte-Anne qui le préparera au métier d'instituteur qu'il exercera comme assistant de son père jusque fin 1816.
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+ En 1814, il fait la connaissance, par l'entremise du groupe de Linz, du poète Johann Mayrhofer (1787-1836) qui lui inspirera de nombreux lieder, en 1815 celle de Franz von Schober (1796-1882), un des esprits brillants de l'époque qui aura un rôle déterminant dans sa vie sociale et intellectuelle. En 1815 toujours, dans le cadre de l'enseignement de Salieri, il rencontre le musicien Anselm Hüttenbrenner (1794-1868), qui le mettra en contact avec le milieu de sa ville natale de Graz.
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23
+ À seulement 17 ans, il compose sa Messe no 1 en fa majeur, D.105, pour le jubilé du centenaire de l'église de Lichtental. Elle y est exécutée avec grand succès, et son père l'en récompense en lui offrant son premier piano. De 1814 datent aussi le Quatuor à cordes no 8 en si bémol majeur, D. 112, la Symphonie nº 2 en si bémol majeur, D.125 et son premier chef-d'œuvre dans le domaine du lied, Marguerite au rouet, D. 118. Le quatuor à cordes familial s'étoffe. Il devient un ensemble de chambre, puis un orchestre qui connaîtra plusieurs chefs, dont Otto Hatwig, sous la direction duquel il jouera au Gundelhof à Vienne.
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25
+ Les années 1815 et 1816 seront ses plus productives, avec des œuvres en tout genre. En f��vrier 1815, il compose sa Sonate pour piano nº 1 en mi majeur, D.157 ; en mars la Messe no 2, en sol majeur, D.167, en juillet sa Symphonie nº 3 en ré majeur, D.200, en novembre la Messe no 3 en si bémol majeur, D.324. En février 1816, il compose son Stabat Mater en fa mineur, D. 383, sur un texte allemand de Klopstock, en avril la Symphonie nº 4 en ut mineur « Tragique », D.417, en juillet la Messe no 4 en ut majeur, D.452, à l'automne la Symphonie nº 5 en si bémol majeur, D.485.
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+ Durant cette période voient le jour plus de 200 lieder, parmi lesquels Le Roi des aulnes, D.328 et Le Voyageur, D.489.
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+ Pendant cette période, il continue de suivre l'enseignement de Salieri. Il perçoit de plus en plus l'enseignement comme une activité contraignante qui bride sa création. Il tente d'y échapper en postulant pour un poste de chef d'orchestre à Laibach (aujourd'hui Ljubljana) au printemps 1816, et en essayant d'intéresser Goethe à un projet de publication de ses lieder, en vain.
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+ Fin 1816, Schubert quitte l'école de son père et l'enseignement de Salieri. Il est hébergé en 1817 par son ami Franz von Schober, chez qui il logera à plusieurs reprises par la suite. Cette année-là il entreprend six sonates pour piano et compose de nombreux lieder, dont Der Tod und das Mädchen (« La Jeune Fille et la Mort ») et Die Forelle (« La Truite »), op. 32, D.550.
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+ À cette époque, l'horizon de Schubert s'élargit. Au quatuor familial et à l'église de la paroisse se substitue un public composé de jeunes intellectuels. Ses amis du Konvikt lui font connaître des personnalités comme le baryton Johann Michael Vogl, soliste de l'Opéra, et lui ouvrent les portes de salons bourgeois comme celui de la famille Sonnleithner, qui aidera à le faire connaître en programmant ses œuvres dans des soirées musicales et en organisant les premières publications, ou de la noblesse des Esterházy.
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+ En 1818, après avoir repris provisoirement l'enseignement, Schubert devient le maître de musique des enfants du comte Esterházy et accompagne la famille dans sa villégiature d'été à Zselíz en Hongrie (aujourd'hui Želiezovce en Slovaquie), où il compose de nombreuses œuvres pour piano à quatre mains, dont la Sonate no 1 pour piano à 4 mains en si bémol, D.617 et les Huit variations sur un chant français, D.624, qui seront sa première œuvre instrumentale publiée (en 1822 comme op.10). De retour à Vienne, il emménage dans un logement qu'il partage avec le poète Mayrhofer. En été 1819, il accompagne Johann Michael Vogl dans un voyage en Haute-Autriche, notamment à Linz et Steyr, où naît l'idée de la composition du Quintette pour piano et cordes « La Truite », D. 667.
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+ Dans les lieder de cette époque, Schubert s'ouvre à la poésie romantique, avec la mise en musique de poèmes de Novalis et de Friedrich Schlegel.
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+ La première œuvre de Schubert à être publiée sera, en janvier 1818, le lied Erlafsee, D.586 sur un texte de Mayrhofer, en supplément d'une anthologie illustrée sur les régions et paysages d'Autriche. La première exécution publique d'un de ses lieder, Schäfers Klagelied, D.121, aura lieu le 28 février 1819.
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+ Les années 1819-1823 voient le style de Schubert évoluer très rapidement, délaissant de plus en plus les modèles hérités du passé. Ses compositions se raréfient et nombre des œuvres de cette époque restent inachevées. C'est le cas de l'oratorio Lazarus D.689, du Quatuor à cordes no 12 en ut mineur, D.703, connu sous le nom de « Quartettsatz », ou de la Symphonie nº 8 en si mineur, dite « Inachevée », D.759. Cette période, dont les contours sont un peu flous, a reçu le nom d'« années de crise ». Le terme de « crise » est plutôt à interpréter au sens de « bouleversement ». En effet, en dehors de l'intense évolution stylistique qui l'amène à reconsidérer des genres dans lesquels il avait déjà composé de nombreuses œuvres (quatuor, sonate, symphonie, messe…), on constate un repositionnement de l'orientation littéraire avec une place prépondérante accordée aux poètes romantiques (Schlegel, Rückert, Platen), un changement dans ses rapports avec le public et jusqu'à une modification de son écriture manuscrite[6].
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+ À cette époque, la notoriété de Schubert dépasse le cadre des salons littéraires et de l'orchestre d'amateurs du Gundelhof, et il peut tenter de conquérir le grand public avec des œuvres dramatiques comme le singspiel Die Zwillingsbrüder (« Les Frères jumeaux »), D.647 ou la féerie Die Zauberharfe (« La Harpe enchantée »), D.644, qui seront représentées à l'été 1820 au Theater an der Wien. Le succès n'est pas retentissant, mais son nom commence à se faire connaître, ce à quoi contribuent les exécutions de ses lieder par Johann Michael Vogl. En 1821, l'éditeur Diabelli publie à compte d'auteur son opus 1, Erlkönig (« Le Roi des aulnes »), D.328, composé en 1815.
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+ Le cercle des schubertiens s'étend. On y compte désormais aussi des peintres comme Leopold Kupelwieser (1796-1862), Ludwig Schnorr von Carolsfeld (1788-1853) et surtout Moritz von Schwind (1804-1871). Schubert fréquente personnellement Friedrich Schlegel[7]. Ses théories sur l'art et celles de son frère August Wilhelm, dont il avait mis des poèmes en musique dès 1816, auront une influence déterminante sur son esthétique.
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+ À partir de 1821, les réunions d'amis autour de la musique de Schubert s'institutionnalisent et prennent le nom de « schubertiades ». En 1821 également, il devient membre de l'influente Société des amis de la musique de Vienne, après une candidature malheureuse en 1818.
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+ Les opéras qu'il compose en 1822 et 1823, Alfonso und Estrella (sur un livret de Schober) et Fierrabras sont beaucoup plus ambitieux que les ouvrages précédents mais, en partie à cause d'intrigues propres au milieu du théâtre, ne seront pas représentés. Il en va de même du singspiel Die Verschworenen (« Les Conjurés »). Le 20 décembre 1823 a lieu la première de Rosamunde, pièce de Helmina von Chézy pour laquelle Schubert a composé la musique de scène. La musique est accueillie favorablement mais la pièce est un fiasco et disparaît de la scène après deux représentations.
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+ Fin 1822-début 1823, Schubert contracte une infection vénérienne. Différents indices (symptômes, déroulement ultérieur de la maladie) laissent penser qu'il s'agit de syphilis[8]. Il effectue vraisemblablement en octobre 1823 un séjour à l'Hôpital général de Vienne[9]. Par la suite sa santé, malgré quelques rémissions, ne cesse de se dégrader, ce à quoi contribue le traitement au mercure habituel à l'époque.
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+ Dès la Fantaisie en ut majeur « Wanderer », op.15, D.760, composée fin 1822 et publiée en 1823, Schubert avait réussi à achever une grande œuvre au style totalement personnel. En 1823, le cycle de lieder Die schöne Müllerin (« La Belle Meunière »), D. 795 avait ouvert une nouvelle page de l'histoire du lied. À partir de 1824, il est en pleine maîtrise de son style et les inachèvements se raréfient. Les lieder témoignent d'un nouveau changement d'orientation littéraire : les poètes romantiques cèdent peu à peu la place aux poètes du pessimisme et de la résignation. Déjà Wilhelm Müller faisait partie de cette école ; les nouveaux poètes auxquels se consacrera Schubert seront les Autrichiens Leitner, Seidl, les Allemands Schulze et bientôt Rellstab et Heinrich Heine. Sa santé défaillante et les attaques répétées de la maladie ont certainement leur part dans cette vision du monde pessimiste ou résignée[10].
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55
+ Après l'échec de Rosamunde, il abandonne pour un temps la composition d'œuvres dramatiques. En 1824, il compose peu de lieder (parmi lesquels les derniers sur des poèmes de Mayrhofer) et se consacre essentiellement à la musique de chambre avec les Variations pour flûte et piano, D.802, l'Octuor pour cordes et vents, D. 803, le Quatuor à cordes no 13 en la mineur « Rosamunde », D. 804, le Quatuor à cordes n° 14 en ré mineur « La Jeune Fille et la mort », D. 810, la Sonate « Arpeggione », D.821.
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57
+ À l'été de cette année, il retourne avec la famille Esterházy à Zselíz et compose une série d'œuvres pour piano à quatre mains, dont la Sonate no 2 en ut majeur, ou « Grand Duo », D.812, et les Variations en la bémol majeur, D.813. Les souvenirs musicaux de Hongrie inspireront le Divertissement à la hongroise, D.818.
58
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59
+ En 1825, il découvre la poésie de Walter Scott, qui lui inspirera dix compositions, dont les sept chants tirés de Das Fräulein vom See (« La Dame du lac ») qui seront publiés en 1826, en édition bilingue. L'un de ceux-ci, Ellens dritter Gesang (« Troisième chant d'Ellen »), D.839, atteindra très vite une immense popularité sous le nom d'Ave Maria.
60
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61
+ L'été de 1825 est consacré, en compagnie de Vogl, à un grand voyage à Linz, Steyr, Salzbourg, Gastein et Gmunden. Ils y donnent une série de concerts consacrés entre autres aux chants de Walter Scott et à la Sonate nº 16 en la mineur, D.845. À Gastein, Schubert compose la Sonate nº 17 en ré majeur, D.850 et commence la Grande Symphonie en ut majeur, D.944, qu'il achèvera l'année suivante.
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+ Sa notoriété s'accroît et ses œuvres sont jouées par de grands instrumentistes, comme Ignaz Schuppanzigh ou le pianiste Carl Maria von Bocklet. Ses premières sonates publiées (D.845 et D.850) lui sont payées un bon prix par les éditeurs et font l'objet de critiques positives dans des journaux de Francfort et de Leipzig. En 1825 il est élu comme membre suppléant au directoire de la Société des amis de la musique[11].
64
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65
+ En 1826 il compose le Quatuor à cordes no 15 en sol majeur, D. 887 et la Sonate nº 18 en sol majeur, D.894, qui sera publiée comme op.78.
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67
+ Fin 1826, il semble que le goût du public n'ait pas suivi l'évolution de sa musique : une exécution projetée de la Symphonie en ut majeur est abandonnée, des désaccords dans le cercle des schubertiens se font jour au sujet d'un quatuor à cordes ou de la Sonate en sol majeur. Schubert recadre pour un temps ses compositions. Aux sonates il fait suivre deux séries d'Impromptus (D.899 et D.935). Dans le domaine de la musique de chambre, il compose deux grands trios pour piano et cordes en si bémol majeur, D. 898 et en mi bémol majeur, D. 929.
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+ Le 26 mars 1827 meurt Ludwig van Beethoven. Schubert participe comme porte-flambeau à la grande cérémonie de ses funérailles. La disparition de celui qui était reconnu comme le plus grand musicien de tous les temps, et que Schubert admirait tant, semble agir comme un élément libérateur et durant les vingt mois qui lui restent, Schubert va accumuler les chefs-d'œuvre, à commencer par le cycle de lieder Winterreise (« Le Voyage d'hiver »), D. 911.
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71
+ Le 12 juin 1827, il est élu comme membre titulaire du directoire de la Société des amis de la musique[12]. Le 19 juin, il commence la composition de l'opéra Der Graf von Gleichen, D.918, sur un texte de Bauernfeld, en dépit de l'interdiction par la censure d'une pièce mettant en scène un cas de bigamie. À l'été, il effectue un voyage à Graz.
72
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+ Un an après la mort de Beethoven, le 28 mars 1828, a lieu le premier concert totalement consacré à ses œuvres. C'est un grand succès, un peu éclipsé toutefois par la présence à Vienne de Niccolò Paganini. À l'automne, Schubert emménage chez son frère Ferdinand.
74
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75
+ Bien qu'atteint de syphilis, après deux semaines de maladie, il meurt de la fièvre typhoïde (ou typhus abdominal)[8] le 19 novembre 1828 à 31 ans. Sa dépouille reposa d'abord au cimetière de Währing, non loin de celle de Beethoven, avant d'être transférée en grande pompe en 1888 dans le « carré des musiciens » du cimetière central de Vienne, où sa tombe avoisine aujourd'hui celles de Gluck, Beethoven, Johannes Brahms, Johann Strauss et Hugo Wolf.
76
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77
+ Le conseil municipal de Vienne achète la maison natale de Franz Schubert en 1908, pour y créer un musée, inauguré le 18 juin 1912, où sont exposés objets, tableaux, documents de la vie et de l'œuvre l'artiste.
78
+
79
+ À sa mort à l'âge de trente et un ans seulement, Schubert laisse un millier d'œuvres (1 009 exactement). Environ une centaine d'opus sont publiés de son vivant, ce qui est peu au regard de sa productivité, mais plus que ce que Robert Schumann ou Frédéric Chopin auront publié au même âge. La majeure partie des œuvres publiées de son vivant sont des lieder, des danses, ou des compositions pour piano à quatre mains, mais on y trouve aussi le Quatuor à cordes no 13 en la mineur « Rosamunde », D. 804, trois sonates pour piano (D.845,
80
+ D.850 et D.894), le Trio pour piano et cordes no 2 en mi bémol majeur, D. 929, la Fantaisie en ut majeur « Wanderer », op.15, D.760. Le baryton Johann Michael Vogl, très célèbre à l'époque, devenu l'ami et l'admirateur de Schubert, a largement contribué à faire connaître les lieder, tout comme le baron Carl von Schönstein et la cantatrice Anna Milder. Certains lieder connaîtront même un succès retentissant.
81
+
82
+ La publication de ses œuvres s'étendra sur tout le XIXe siècle ; elle sera virtuellement terminée avec l'achèvement de la Première édition complète, réalisée sous la direction de Johannes Brahms pour son centenaire en 1897. Une nouvelle édition complète (Neue Schubert Ausgabe) est en cours.
83
+
84
+ Schubert a écrit pour tous les genres musicaux, excepté le concerto. Influencé par Haydn et Mozart, son art est cependant très différent. La partie centrale de son répertoire constitue ses plus de six cents lieder, composés sur des textes des plus grands poètes de la langue allemande (Klopstock, Goethe, Schiller, Rückert, Heine), de ses amis (Johann Mayrhofer, Karl Theodor Korner, Joseph von Spaun, Franz von Schober, Johann Chrysostomus Senn, Matthäus Kasimir von Collin), de poètes étrangers tels que Walter Scott, William Shakespeare ou Pétrarque ou encore de poètes dont la notoriété est due à ses lieder (Wilhelm Müller). Il s'est aussi particulièrement consacré à la musique de chambre[13].
85
+
86
+ La plus grande partie des œuvres de Schubert (les lieder, en particulier le Winterreise, les dernières symphonies, certains impromptus, l'ultime Sonate nº 21 en si bémol majeur, D.960, le Quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles, D. 956), est marquée par le rythme sans répit des pas du Wanderer (voyageur), cheminant en une quête désespérée d'un ailleurs sans cesse poursuivi et jamais atteint.
87
+
88
+ Il est admis en avril 1823 en tant que membre d'honneur de la Société musicale de Styrie (de) à Graz (comme Salieri et Beethoven avant lui), ce qui est une première reconnaissance notable, justifiée par le fait qu'il « a déjà donné la preuve dans ses compositions qu'il doit conquérir un rang très élevé comme compositeur[14] ». Mais la reconnaissance de Schubert de son vivant par ses contemporains fut limitée, de nombreuses œuvres n'ayant été éditées et jouées pour la première fois en public que bien après sa mort. En 1816, le mécène et ami de Schubert, Josef von Spaun, avait eu l'idée d'envoyer à Goethe des lieder afin de lui demander son approbation et reconnaissance de la mise en musique par Schubert de ses poèmes, ce qui aurait permis de les faire publier aisément (avec une dédicace de Goethe). Cependant l'entreprise est vaine, Goethe ne répondant pas à la lettre, sans qu'il soit possible d'en déterminer les raisons. En 1830, toutefois, Wilhelmine Schröder-Devrient chantera Le Roi des aulnes à Goethe qui en sera profondément ému[15].
89
+
90
+ Schubert admirait Beethoven mais ne l'a vraisemblablement rencontré qu'une fois alors que ce dernier était sur le point de mourir. Anton Schindler lui aurait remis quelques jours auparavant une soixantaine de lieder et de chants de Schubert ; il témoigne que Beethoven après avoir passé plusieurs heures avec les partitions (dont certaines manuscrites) se serait écrié : « Vraiment, en ce Schubert habite une étincelle divine ! » Beethoven aurait selon Schindler souhaité découvrir d'autres œuvres de Schubert mais la maladie l'en empêcha, et il regrettait de ne pas l'avoir connu plus tôt, ajoutant qu'il « ferait encore beaucoup de sensation dans le monde »[16].
91
+
92
+ Plusieurs compositeurs du XIXème siècle ont reconnu et valorisé le talent de Schubert et ont contribué à faire connaître ses œuvres à titre posthume. Schumann en était un grand admirateur et comparait le génie de Schubert à celui de Beethoven, soulignant que sa musique eut une influence déterminante. Franz Liszt a fait connaître des œuvres de Schubert par l'intermédiaire de transcriptions et d'arrangements pour piano ou orchestre qu'il a fait d'une soixantaine de ses morceaux, notamment des lieder, et qu'il jouait régulièrement lors de concerts à travers l'Europe. Brahms a édité les symphonies de Schubert ainsi que d'autres pièces, en a joué en concert, et a produit des arrangements de danses et des orchestrations de lieder.[17]
93
+
94
+ Le catalogue complet de l’œuvre de Schubert a été établi en 1951 par le musicologue autrichien Otto Erich Deutsch (abréviation D. pour « Deutsch-Verzeichnis »)[18].
95
+
96
+ La numérotation des symphonies de Schubert, après les six premières, a posé problème après la découverte progressive des partitions de nombreux projets de symphonies, abandonnés par le compositeur à divers états d'avancement. La Symphonie en ut majeur, D.944 dite « Grande Symphonie » reçut ainsi le numéro 7 après sa découverte en 1838 par Robert Schumann. La découverte de l’« Inachevée » dans les années 1860 lui fit attribuer le numéro 8, choix entériné dans l'ancienne édition complète qui la place après les symphonies achevées.
97
+
98
+ Le respect de la chronologie a fait numéroter la « Grande » après l’« Inachevée », lui donnant ainsi le numéro 9 et libérant le numéro 7 qui a été parfois attribué à la symphonie D.729, avec quatre mouvements complets mais partiellement orchestrés. La nouvelle édition du catalogue de Otto Erich Deutsch donne les numéros 7 à l’ « Inachevée » et 8 à « la Grande »[19], mais le recours aux numéros du catalogue original est souvent nécessaire pour éviter les confusions.
99
+
100
+ Les Fragments symphoniques, D.615 que l'on datait de 1818, se sont révélés à l'analyse constitués de fragments de trois symphonies : deux mouvements fragmentaires de 1818, quatre mouvements fragmentaires (dont un scherzo virtuellement achevé) de 1821, et des esquisses pour trois mouvements datant de 1828, qui ont été réalisées par divers auteurs (Gülke, Brian Newbould, Pierre Bartholomée) et ont reçu le numéro D.936A. Cette dernière œuvre, que la mort a empêché Schubert de terminer, est parfois appelée 10e Symphonie.
101
+
102
+ « Aujourd’hui encore, le problème posé aux musicologues par les symphonies de Schubert est loin d’être résolu… Treize à quinze tentatives en tout, sept seulement achevées, sans que les raisons de ces abandons apparaissent clairement : leur tâche, certes, est rude, mais il est difficile d’ignorer leurs travaux (d’autant que le disque, pour certains enregistrements récents, en a tenu compte), et de passer sous silence les noms de Brian Newbould, professeur à l’Université de Hull, et, en France, de Paul-Gilbert Langevin[20]. »
103
+
104
+ Franz Schubert a écrit plus de six cents lieder, parmi lesquels :
105
+
106
+ 185 chorals, dont :
107
+
108
+ Franz Liszt a réalisé des transcriptions et arrangements d'une soixantaine de pièces de Schubert, notamment de ses lieder, pour piano seul[21], mais aussi pour voix et orchestre, orchestre, ou piano quatre mains.
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+ La Schutzstaffel (de l'allemand « escadron de protection » — de genre féminin en allemand), plus communément désignée par son sigle SS, est une des principales organisations du régime national-socialiste.
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5
+ Fondée en avril 1925[1], initialement chargée de la protection rapprochée d'Adolf Hitler, la SS devient au fil des années un État dans l'État, accumulant les compétences et les missions et passant du stade de groupuscule à celui d'une énorme organisation.
6
+
7
+ Progressivement, ses domaines d'activité se multiplient. Elle a une fonction politique, notamment au travers de l’Allgemeine SS, répressive avec le RSHA et le contrôle des camps de concentration, idéologique et raciale au travers du Lebensborn et de l'Ahnenerbe, militaire après la création en 1934 de la SS-VT (connue sous le nom de Waffen-SS à compter de 1940), et devient également un empire économique.
8
+
9
+ Elle est aussi le principal organisateur et exécutant de l'extermination des Juifs d'Europe, que cela soit lors des opérations mobiles de tuerie perpétrées en Pologne et en Union soviétique par les Einsatzgruppen que par la mise en place des camps d'extermination.
10
+
11
+ Entièrement dévouée à Hitler, elle est dirigée pendant la quasi-totalité de son existence par Heinrich Himmler.
12
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13
+ Traversée par de profondes rivalités internes, en conflit permanent avec d'autres organismes (notamment la Wehrmacht) ou diverses personnalités du Troisième Reich, dotée d'une organisation complexe, mouvante, accumulant les doubles emplois et les contradictions, elle n'en est pas moins l'un des instruments les plus efficaces et les plus meurtriers de la terreur nazie.
14
+
15
+ Lors du procès de Nuremberg, elle est déclarée organisation criminelle.
16
+
17
+ Les débuts de la SS sont particulièrement ordinaires et rien ne la distingue à sa naissance de la myriade de groupuscules nationalistes, pangermanistes et völkisch qui agitent la république de Weimar au début des années 1920.
18
+
19
+ En mars 1923, Adolf Hitler, président du NSDAP depuis 1921, s'entoure d'une première garde rapprochée, la Stabswache (corps de garde), composée de huit militants de la première heure, dont Rudolf Hess. Après à peine deux mois d'existence et à la suite de conflits internes et du départ d'une partie de ses membres, la Stabswache disparaît pour renaître immédiatement sous le nom de Stosstrupp Hitler (peloton de choc Hitler), qui ne comporte toujours qu'une poignée de membres.
20
+
21
+ En 1925, après l'échec du putsch de la Brasserie et l'interdiction du parti nazi, de la SA et de toutes leurs composantes qui suit cette tentative avortée de coup d'État, Hitler confie à son chauffeur, Julius Schreck, ancien membre de la Stosstrupp, la création d'une nouvelle garde personnelle, sous la dénomination de Schutzstaffel : la SS est née.
22
+
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+ Ne comportant à ce moment que quelques membres, la SS s'étend à partir du 21 septembre 1925, date à laquelle ordre est donné à chaque section du parti nazi de mettre sur pied une escouade de protection de dix hommes, sauf à Berlin où le nombre maximum de chaque escouade est porté à vingt membres. Hitler autorise la même année l'existence d'une association de membres bienfaiteurs de la SS, et l'interdit pour la SA l'année suivante. En avril 1926, Joseph Berchtold, ancien papetier et ancien commandant de la Stosstrupp revient d'Autriche, où il s'était réfugié après la tentative de putsch et prend le commandement de la SS. Le rôle de celle-ci est reconnu par Hitler le 4 juillet 1926, lorsqu'il lui remet solennellement le Blutfahne (drapeau de sang), l'emblème des putschistes de 1923.
24
+
25
+ Pendant toutes ces années, la SS est en conflit ouvert avec la SA qui comporte plusieurs milliers de membres et se veut la seule troupe de choc du parti : en 1928, la SS est limitée à 280 hommes et est strictement subordonnée à la SA qui essaie de la cantonner dans des rôles subalternes.
26
+
27
+ En mars 1927, Berchtold démissionne ; il est remplacé par Erhard Heiden, dont le rôle est également éphémère.
28
+
29
+ Le 6 janvier 1929, Hitler nomme un nouveau Reichsführer SS : Heinrich Himmler.
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+
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+ Les débuts de la SS sont plutôt discrets : contrairement à la SA ses membres ne se mêlent pas aux discussions politiques et font preuve d'une discipline appréciée par la police de Munich.
32
+
33
+ En 1929, celle-ci mentionne dans un rapport qu'« au premier manquement aux ordres courants en vigueur à la SS, même minime, ils encourent des amendes ou le retrait de leur brassard pour une durée déterminée ou une suspension de leurs fonctions. Une importance particulière est accordée au comportement individuel et à la tenue vestimentaire[2]. »
34
+
35
+ Le 28 août 1930, la SS est utilisée pour la première fois pour protéger un membre du parti contre les violences et les exigences politiques des SA. Menacé par les SA lors d'un rassemblement politique au palais des sports de Berlin, Joseph Goebbels fait appel à la protection de la SS locale, commandée par Kurt Daluege. Deux jours plus tard, la SA réagit en s'attaquant aux SS de garde devant le Gauleitung, ce qui nécessite l'intervention personnelle d'Adolf Hitler pour ramener le calme.
36
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37
+ En 1931, le chef de la SA de Berlin, Walter Stennes, exige à nouveau l'attribution de mandats politiques aux responsables de la SA et tente de prendre le pouvoir au sein du parti nazi. Démis de ses fonctions par Hitler, sa tentative de putsch s'enlise faute de moyens financiers. La SS, restée fidèle au chef du parti nazi, gagne durablement la confiance de celui-ci.
38
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39
+ Himmler déploie toute son énergie pour augmenter les effectifs de la SS : des 280 inscrits au moment de sa nomination comme Reichsführer SS en 1929, le nombre des membres est décuplé fin 1930 et atteint près de 15 000 hommes en 1931. Pour se démarquer de la SA, Himmler met en place des critères de sélection drastiques, notamment en exigeant des preuves de l'appartenance des postulants à la race aryenne. Il se préoccupe aussi des projets de mariage de ses hommes. Après le 21 décembre 1931, il soumet les fiancées des membres de la SS à une vérification de leur généalogie et à l'examen de leur aryanité sur base de photographies et d'un contrôle médical[3].
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+ En août 1931, il charge Reinhard Heydrich, qui vient de s'affilier à la SS, de créer un service de renseignement interne, le futur SD, chargé de débusquer les agents de la république de Weimar infiltrés au sein du parti nazi, de dresser des listes d'opposants internes ou extérieurs au parti, mais aussi de collecter toutes les informations possibles sur les dignitaires de la SA et du NSDAP.
42
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43
+ À l'automne 1932, Himmler marque aussi sa différence en commandant un nouvel uniforme noir pour la SS, dont les membres deviennent immédiatement identifiables en tant que tels et ne peuvent plus être confondus avec les chemises brunes de la SA. Les nouveaux uniformes sont réalisés et confectionnés par Hugo Boss, qui réalisa également l'uniforme des Jeunesses hitlériennes.
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+ Le 30 janvier 1933, Hitler accède au pouvoir et est nommé chancelier. La SS compte à ce moment 52 000 membres, contre trois millions pour la SA[4]. Les membres bienfaiteurs de la SS, qui contribuent financièrement sans acquitter de service actif, sont eux 167 272 en 1933.
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+ Alors que la terreur de rue des SA n'a plus de raison d'être après la prise du pouvoir, que le nouveau chancelier doit concilier l'appui des milieux conservateurs, de l'armée et des industriels, la violence de la SA se déchaîne à travers toute l'Allemagne, notamment avec la création sauvage, en mars 1933, du camp de concentration d'Oranienburg, ou les exactions commises dans le quartier berlinois de Köpenick.
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+ En matière de répression des opposants, la SS n'est pas en reste et les fiches du SD se révèlent fort efficaces : elles servent notamment à peupler le camp de Dachau, fondé par la police bavaroise en mars 1933, mais dont la responsabilité est transférée, le 2 avril 1933, à la SS par Himmler, devenu commandant de la police politique bavaroise. Fin juin 1933, Theodor Eicke, futur inspecteur général des camps, est nommé commandant de Dachau, ce qui marque le début de l'organisation du système concentrationnaire nazi.
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+ En 1933 et 1934, la SA accumule les démonstrations de force, les défilés de masse qui rassemblent jusqu'à 80 000 participants à Breslau ; elle multiplie aussi ses exigences afin de disposer de postes de responsabilités au sein du régime nazi, continue à proclamer que la révolution n'a pas encore commencé et entre en conflit ouvert avec la Reichswehr qu'elle entend remplacer par une armée populaire.
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+
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+ Pendant ce temps, la SS noue de précieux contacts avec des industriels, des officiers, des scientifiques et intellectuels, de grands propriétaires terriens, au sein du Cercle des amis du Reichsführer SS. Elle reste fidèle à Adolf Hitler et donne des gages de respectabilité. Fin 1933, ce dernier donne à sa garde personnelle le titre officiel de Leibstandarte SS Adolf Hitler.
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+ En 1934, Heinrich Himmler et son adjoint direct Reinhard Heydrich sont, avec Hermann Göring, les artisans de la nuit des Longs Couteaux qui débouche sur l'élimination de la SA en tant que force politique et permet à la SS de dépendre directement du Führer.
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+ Avec plus de quatre millions de membres, totalement dévouée à son chef, Ernst Röhm, la SA exige des réformes sociales et économiques, effrayant les milieux d'affaires et les partis conservateurs traditionnels ; sa volonté de prendre le contrôle de l'armée suscite l'opposition des dirigeants militaires dont Hitler a un pressant besoin.
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+ Après avoir inventé de toutes pièces un complot de Röhm visant à prendre le pouvoir et reçu l'approbation de Hitler, les 30 juin et 1er juillet 1934, les membres de la SS décapitent la SA.
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+ L'épuration fait une centaine de victimes dont Röhm lui-même (assassiné par le SS Michel Lippert, accompagné de Theodor Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau), de nombreux responsables de la SA mais aussi des opposants à Hitler, opposants internes comme Gregor Strasser, ou externes comme l'ancien chancelier von Schleicher, ou Erich Klausener, directeur de l'Action catholique et fonctionnaire au ministère des Transports. Une partie des exécutions a lieu dans la cour de la prison de Stadelheim, à Munich, le peloton d'exécution étant commandé par Sepp Dietrich, futur commandant de la 1re division SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler »[5].
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+ La SS élimine ainsi l'influence politique d'une organisation rivale dont elle dépendait encore formellement, en tuant les membres les plus capables et les plus ambitieux de son appareil dirigeant.
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+
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+ À compter de 1929, et jusqu'à la chute du IIIe Reich, le chef de la SS, ou Reichsführer-SS, fut Heinrich Himmler (7 octobre 1900, Munich - 23 mai 1945, Lüneburg). À ce poste, il fut l'un des dignitaires les plus puissants du Troisième Reich. Il était le maître absolu de la SS et le chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei), dont la Gestapo, particulièrement chargée de la liquidation de l'opposition aux nazis en Allemagne et dans les pays occupés. Les camps de concentration et les camps d'extermination dépendaient directement de son autorité, et il mit en œuvre la « Solution finale ».
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+ Pour reprendre les termes de George H. Stein, les membres de l'Allgemeine SS, soit 250 000 hommes en 1939, « n'avaient aucune obligation spécifique à remplir hormis celle de demeurer en état d'alerte permanent comme pendant la lutte pour le pouvoir »[6].
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+ De nombreux membres de l'Allgemeine SS sont affectés à la garde des camps de concentration ; dotés nominalement d'un grade dans la Waffen-SS, ils servent dans les unités à tête de mort, placés sous l'autorité directe des commandants des camps, puis rattachés au département (Amt.) B de l'Office central SS pour l'économie et l'administration (Wirtschafts-Verwaltungshauptamt ou WVHA) à partir du 3 mars 1942[7].
70
+
71
+ Créé en 1931 par Reinhard Heydrich sur ordre de Heinrich Himmler, le Sicherheitsdienst (SD) devient en 1934 le seul service de renseignement du parti nazi et de la SS. En 1939, il est intégré au Reichssicherheitshauptamt (RSHA), dirigé par Heydrich puis, après le décès de celui-ci, par Ernst Kaltenbrunner. Le RSHA regroupe le SD, organisme du parti qui comporte notamment les deux cellules opérationnelles (SD-Inland et SD-Ausland) mais aussi la Sicherheitspolizei (Sipo), organisme d'État qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei ou Kripo.
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+ À la Gestapo Heinrich Müller, âgé de 36 ans en 1936, et, à la Kripo Artur Nebe, 42 ans, sont tous deux des policiers de métier qui ont commencé leur carrière au début des années 1920. Müller sert fidèlement la république de Weimar pour laquelle il a pourchassé indifféremment nazis et communistes ; il ne s'inscrit d'ailleurs au NSDAP que le 31 mai 1939. Par contre, Nebe est militant du parti depuis 1931. Si Müller est un bourreau, Nebe l'est également en prenant la tête de l'Einsatzgruppe B qui éliminait Juifs, malades mentaux ainsi que les opposants réels ou imaginaires de l'Allemagne nazie.
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+
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+ Au SD, Otto Ohlendorf, 29 ans, et Walter Schellenberg, 26 ans, ont des profils plus intellectuels. Ohlendorf est diplômé en droit et en économie des universités de Leipzig et Göttingen, Schellenberg a étudié la médecine puis le droit à l'université de Bonn. Seules la date, et sans doute la profondeur de leur engagement politique les séparent : Ohlendorf est membre du NSDAP depuis 1925 et de la SS depuis 1926 ; Schellenberg ne s'inscrit au parti qu'en 1933, peu avant son recrutement comme juriste au Sicherheitsdienst.
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+
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+ La Gestapo, police politique, se charge de traquer, d'interner ou d'éliminer les opposants alors que la Kripo a un rôle de police criminelle traditionnel.
78
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+ Le SD-Inland a notamment pour tâche d'établir des rapports sur l'intégration de la conception du monde nationale-socialiste, la Weltanschaaung dans la sphère individuelle, de déterminer si elle suscite de l'opposition, et dans ce cas, d'identifier les opposants.
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+ Le SD-Ausland, en dehors de ses missions d'espionnage classiques, dresse des listes de personnalités à éliminer, notamment en Autriche, et élabore des « solutions aux problèmes tchèque et russe ».
81
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82
+ Dès l’Anschluss, soit l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne le 13 mars 1938, Heydrich, qui a participé activement à sa préparation, utilise son outil répressif contre les opposants autrichiens avec la même vigueur qu'il avait déployée en Allemagne. Après avoir rempli le camp de concentration de Dachau, c'est au tour de Mauthausen. Depuis 1935, le SD dispose en outre d'un nouvel outil de répression, la détention préventive (Schutzhaft) qui lui permet d'interner qui bon lui semble sans aucune procédure devant les tribunaux et dont il fait un large usage en Allemagne et dans tous les territoires occupés.
83
+
84
+ À partir du 7 décembre 1941, la Schutzhaft est plus terrible encore, avec l'entrée en vigueur du décret « Nuit et brouillard » qui impose que les prisonniers disparaissent sans laisser de trace et interdit de donner le moindre renseignement à leurs proches sur leur sort ou leur lieu de détention.
85
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86
+ Créée en 1936 par le ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick, l’Ordnungspolizei regroupe toutes les unités de la police régulière en uniforme chargées du maintien de l'ordre sous ses différents aspects. Commandée par l’Oberst-Gruppenführer Kurt Daluege, nazi de la première heure, elle dépend directement de l'autorité de Heinrich Himmler, à la fois Reichsführer-SS et Chef der Deutschen Polizei.
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+ Dirigée par le Hauptamt Ordnungspolizei, un des bureaux principaux de la SS, elle comporte douze sections qui assurent le maintien de l'ordre, au sens classique du terme dans tous les domaines.
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+ L’Ordnungspolizei dispose également d’unités militaires, indépendantes des structures policières à l’intérieur du Reich, les bataillons de police, destinés au maintien de l’ordre dans les territoires occupés et à la lutte contre les partisans. Ils sont placés sous les ordres des Höheren SS und Polizeiführer. Ils fournissent une grande partie du personnel des Einsatzgruppen, en fonction des besoins. Ils combattent également sur le front de l’Est lors de la retraite de l’Armée allemande.
91
+
92
+ Ce sont également des membres de l’Ordnungspolizei qui composent, par un système de rotation entre police et Waffen-SS, la 4e division SS Polizei, essentiellement utilisée comme unité d’arrière-garde ou de réserve. À la fin de la guerre, de nombreux régiments de police de l’Orpo sont transférés à la Waffen-SS et forment la 35e division SS de grenadiers de police.
93
+
94
+ L’Ordnungspolizei a son propre système d’insignes et de grades. Tout policier peut être membre de la SS, sans que cette affiliation ne soit obligatoire. Les officiers supérieurs de police également membres de la SS sont, durant la guerre, systématiquement désignés par leurs deux grades : par exemple, un Generalleutnant de police également membre de la SS sera mentionné en tant que SS Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei.
95
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96
+ La Waffen-SS[8] est la composante militaire de la SS.
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+
98
+ Dès la prise du pouvoir par les nazis, celle-ci se dote de commandos armés, les Politische Bereitschaften, dont la mission est de pourchasser les opposants. Après la nuit des Longs Couteaux, ces commandos sont regroupés en une seule unité, la SS-Verfügungstruppe (SS-VT), malgré les réticences de la Reichswehr. La SS-VT est élevée au rang de division (la future 2e division SS « Das Reich »), par un décret d’Adolf Hitler en 1938.
99
+
100
+ La VT et les unités « Totenkopf », formées des gardiens de camps de concentration, participent à la campagne de Pologne. Elle s’y signalent par leur brutalité, dénoncée par le général de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz.
101
+
102
+ Dès lors que la Waffen-SS est créée au début du printemps de 1940, les unités existantes de la SS-VT y sont progressivement transférée, au cours de l'année 1940, à la suite de décrets de Hitler.
103
+
104
+ La Waffen-SS prend ensuite part à la campagne de France, avec trois divisions et demie. Si ces divisions ont l’avantage d’être entièrement motorisées, elles ne jouent aucun rôle décisif.
105
+
106
+ En 1941, cinq divisions de la Waffen-SS sont engagées dans l'opération Barbarossa. Dotée de divisions blindées à partir de 1942, la Waffen-SS acquiert une redoutable réputation de combativité et de férocité sur le front de l’Est, surtout à partir de 1943. « Pendant les deux dernières années du conflit, les divisions [blindées] de la Waffen SS ralentirent fréquemment et arrêtèrent souvent d'une façon temporaire l'avance inexorable des Soviétiques »[9].
107
+
108
+ La Waffen-SS constitue l’ossature de la défense allemande lors de la bataille de Normandie et le fer de lance de l’offensive allemande lors de la bataille des Ardennes. Elle fait partie du dernier carré des défenseurs du régime nazi lors de la bataille de Berlin.
109
+
110
+ À la fin du conflit, la Waffen-SS comporte 38 divisions et près de 900 000 hommes, de qualité fort variable et aux origines les plus diverses, des Volksdeutschen (personnes d’origine allemande ou germanique habitant hors du Reich) aux volontaires français ou belges, des Baltes aux musulmans bosniaques. À cette époque, la Waffen-SS des origines, avec ses critères de recrutement physiques, raciaux et idéologiques particulièrement stricts et son entraînement exigeant et éprouvant, n’est plus qu’un lointain souvenir.
111
+
112
+ Tout au long de son périple, la Waffen-SS se singularise par le nombre des exactions et des tueries dont nombre de ses unités sont responsables. Ses crimes de guerre sont légion, de l’assassinat de prisonniers lors de la campagne de France en 1940 et lors de la bataille des Ardennes, du meurtre de 14 000 civils en Ukraine en 1941 à ceux commis en Italie ou en France en 1944.
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116
+ La SS-Totenkopfverbände était chargée de la surveillance et de l'organisation des camps de concentration. Voir aussi Aufseherin, les gardiennes SS.
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118
+ Bien avant l'arrivée de Speer au ministère de l'Armement en 1942, les industriels allemands font appel à la main d’œuvre concentrationnaire. Ainsi, au début de l'année 1941, sous l'influence de Göring, les dirigeants de l'IG Farben s'adressent à Himmler pour obtenir de lui de la main-d’œuvre dans le cadre du projet de caoutchouc synthétique, le Buna[10] : cette demande coïncide avec la décision de Himmler, prise l'année suivante de développer systématiquement une nouvelle orientation pour les populations des camps de concentration, aussi bien en Allemagne qu'en Pologne : le travail esclave au profit des entreprises allemandes engagées dans l'effort de guerre[11]. Au cours des discussions qui suivent, un tarif journalier est établi, 4 ou 6 Reichsmarks par jour (16 heures de travail) et par déporté, selon le niveau de qualification[11], à charge pour la SS de faire venir, de nourrir, d'encadrer et de soigner la main-d’œuvre. Cet accord de 1942 reprend en réalité les termes de l'accord conclu en 1940 pour la construction du camp établi en 1940 à proximité de l'usine d'Horowitz, près d'Auschwitz, petite ville de Silésie. Au cours de la construction de l'usine, 35 000 détenus ont travaillé à l'édification de l'usine, 23 000 sont morts gazés[12].
119
+
120
+ Sur le modèle des accords passés avec l'IG Farben, d'autres transactions sont passées avec des entreprises du secteur de l'armement à un rythme tel qu'il devient rapidement indispensable d'ouvrir des sous-camps dans toute l'Europe, à proximité des chantiers situés à plus d'une journée de marche du camp de base : certains de ces sous-camps sont implantés au cœur des villes allemandes, comme à Wolfsbourg, pour fournir 7 000 déportés employés à l'usine Volkswagen, ou à Hambourg, pour les besoins des chantiers navals Blohm u. Voss[13]. Cette conception utilitaire des déportés incite les commandants de camps à donner des consignes strictes visant à encourager l'extermination des prisonniers inaptes au travail, mais elle entre en conflit avec la rage exterminatrice des gardiens de camps SS[14].
121
+
122
+ La SS, non contente de louer de la main-d'œuvre aux industriels engagés dans l'effort de guerre allemand, joue aussi un rôle important dans la surveillance, et le cas échéant, la répression des travailleurs étrangers employés dans l'industrie de guerre allemande : sur dénonciation des entreprises, la SS traque et arrête les ouvriers qui ne reviennent pas de permission[15].
123
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124
+ Rapidement, sur l'insistance de Hitler[16], la SS s'intéresse aux armes nouvelles. Ainsi, au printemps 1943, la SS fournit à l'entreprise Mittelwerk, qui produit les missiles V1 et V2, non seulement 1 400 déportés du camp de Buchenwald, pour son usine de Peenemünde, mais aussi les 60 gardes SS, chargés de leur encadrement[11]. Suivant dans un premier temps cette affaire de loin, Himmler s'implique personnellement dans la production des missiles V1 et V2 après le raid du 17-18 aout 1943, et devient avant la fin du mois d'août responsable de la gestion de ce programme, qu'il confie au SS-Brigadeführer Hans Kammler ; à ce titre, il déménage l'usine de production dans le Harz, sous les montagnes[17].
125
+
126
+ Le site choisi dans le Harz, la montagne de Kohnstein (en), comporte, lors de l'installation de l'usine, deux tunnels longs de 1 600 mètres, utilisés jusqu'alors, l'un pour une voie ferrée, l'autre pour le stockage de matières dangereuses ; inadapté pour l'activité à laquelle il est destiné, il est aménagé par des milliers de détenus (8 000 en novembre 1943) venus des camps voisins, qui travaillent jusqu'à l'épuisement dans un contexte de rare violence[18]. Les survivants rapportent l'extrême brutalité des surveillants SS, approuvée par leur supérieur[18], pour accélérer les cadences et les conditions éprouvantes de travail, tout d'abord dans les tunnels à creuser et à aménager[19], puis dans les installations proprement dites[20].
127
+
128
+ De plus, la SS fournit le terrain d'essai destiné à tester les effets des fusées montées dans le Harz : le champ de manœuvre de Blizna, à l'ouest de Cracovie, dans le Gouvernement général de Pologne, est mis à la disposition de l'armée : lors de ces essais, les artilleurs doivent non seulement se former, mais aussi tenter de remédier aux failles de ces nouveaux types d'armements[21].
129
+
130
+ À ces armes technologiquement avancées, s'ajoutent les armes miracles, dont le développement est placé sous la responsabilité du Reichsführer-SS, Heinrich Himmler, dont l'influence croît sans cesse au fil du conflit[22]. À partir du 20 juillet 1944, ce dernier dispose de crédits et d'une influence illimitées dans la recherche scientifique, développant en dilettante au mieux des gadgets scientifiques, au pire, des délires insensés, comme l'extraction d'huile de géranium, pour le transformer en essence, ou la récupération de résine de sapin, destinée à devenir du carburant, comme le rapporte, amusé, Albert Speer ; de plus, à chaque objection d'un responsable de programme, ou d'un technicien, ce dernier est systématiquement relevé de ses fonctions par Oswald Pohl, à la demande expresse de Himmler, pour « attitude négative »[23].
131
+
132
+ La recherche SS en électronique n'est pas en reste dans cette avalanche de programmes, les proches de Himmler développent ainsi dans les camps des instituts de recherche dans ce domaine : ainsi, à Dachau par exemple, est créée une agence du Reich sur les hautes fréquences, destinée à mettre au point un système permettant d'abattre un avion en rendant non opérationnels ses circuits électriques ou de contrôler celui-ci à distance[24].
133
+
134
+ Le RuSHA, acronyme de Rasse- und Siedlungshauptamt (« Bureau pour la race et le peuplement », à ne pas confondre avec le RSHA de Reinhard Heydrich) était l'organisme nazi chargé de contrôler la pureté idéologique et raciale de tous les membres de la Schutzstaffel (SS).
135
+
136
+ Créé fin décembre 1931 et dirigé initialement par le SS-Obergruppenführer Walther Darré, c'est l'une des trois premières sections de la SS. Principale autorité en matière de généalogie, chargée de délivrer attestations de pureté raciale et permis de mariage aux membres de la SS, le RuSHA fut en outre responsable de l'exécution de la politique de colonisation des territoires annexés à l'est.
137
+
138
+ Le terme Lebensborn est un néologisme formé à partir de Leben (« vie ») et Born (« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».
139
+
140
+ Le Lebensborn e. V. (de l'allemand Lebensborn Eingetragener Verein, en français « Association enregistrée Lebensborn ») était une association gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance d'enfants aryens en permettant à des filles-mères d'accoucher anonymement et de remettre leur nouveau né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.
141
+
142
+ Bien qu'au départ il s'agisse de foyers et de crèches, la SS aurait rapidement transformé ces centres en lieu de rencontre afin de permettre à des femmes allemandes considérées comme des aryennes de concevoir des enfants avec des SS. Le but de ces lieux était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de 1 000 ans ».
143
+
144
+ L'Ahnenerbe[25], Studiengesellschaft für Geistesurgeschichte (« Héritage des ancêtres, société pour l'étude des idées premières »), est créée par Heinrich Himmler le 1er juillet 1935.
145
+
146
+ L'institut avait son siège dans le château de Wewelsburg en Westphalie et se consacrait à la recherche en archéologie et anthropologie raciale, ainsi qu'à l'histoire culturelle de la race aryenne.
147
+
148
+ Son but était de prouver la validité des théories nazies sur la supériorité raciale des Aryens.
149
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150
+ Sa présidence est d'abord confiée à un préhistorien renommé, Herman Wirth, puis, après le désaveu public infligé à celui-ci par Adolf Hitler, au doyen de l'université de Munich, Walther Wüst, spécialiste de littérature et des religions de l'Inde, le 1er février 1937.
151
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+ Les premières recherches de l'institut sont menées sous la houlette de Wirth en 1936, dans le Bohusland, région du Sud-Ouest de la Suède particulièrement riche en art pariétal et en art rupestre. Parmi plus de 5 000 symboles gravés à l'époque de l'âge du bronze, les pétroglyphes, Wirth est persuadé d'avoir découvert les vestiges de la première écriture au monde, créée selon lui par une antique civilisation nordique. Il fait remonter cette civilisation à près de deux millions d'années et la situe en Atlantide, continent disparu s'étendant de l'Islande aux Açores. Plus de vingt tonnes de plâtre sont utilisées pour réaliser des moulages des gravures.
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+ Toujours en 1936, l'Ahnenerbe monte une petite expédition en Carélie, région de la Finlande, afin d'étudier et d'enregistrer les chants et incantations des sorciers locaux. Pour Himmler, ces incantations ont une base historique et il espère que leur analyse permettra de recréer le marteau de Thor, qui est d'après lui la plus puissante des armes conçues par les anciennes peuplades nordiques.
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+ (de) Schweizerische Eidgenossenschaft
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+ (it) Confederazione svizzera
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+ (rm) Confederaziun svizra
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+ 46° 57' N, 7° 25' E
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+ modifier
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+ La Suisse, en forme longue la Confédération suisse[5] (en allemand Schweiz Écouter et Schweizerische Eidgenossenschaft, en italien Svizzera et Confederazione Svizzera, en romanche Svizra et Confederaziun svizra) est un pays d'Europe centrale et, selon certaines définitions, de l'Ouest, formé de 26 cantons[6], avec Berne pour capitale de facto, parfois appelée « ville fédérale ». La Suisse est bordée par l'Allemagne au nord, l'Autriche et le Liechtenstein à l'est-nord-est, l'Italie au sud et au sud-est et la France à l'ouest. C'est un pays sans côte océanique, mais qui dispose d'un accès direct à la mer par le Rhin (Convention de Mannheim)[7]. La superficie de la Suisse est de 41 285 km2. Elle est géographiquement divisée entre les Alpes, le plateau suisse et le Jura. Les Alpes occupent la majeure partie du territoire (60 %)[8]. La population de la Suisse dépasse les 8,5 millions d'habitants et elle se concentre principalement sur le plateau, là où se trouvent les plus grandes villes. Parmi elles, Zurich, Genève et Bâle sont les agglomérations les plus importantes du pays en termes économiques et de population, et des villes mondiales où se trouvent le siège d'organisations internationales et des aéroports de dimension internationale.
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+ L'établissement de la Confédération suisse est traditionnellement daté au 1er août 1291, jour célébré chaque année en tant que Fête nationale. Le pays a une longue tradition de neutralité politique et militaire et n'a rejoint les Nations unies qu'en 2002. Il poursuit cependant une politique étrangère active et s'implique fréquemment dans des processus de construction de la paix autour du monde[9]. La Suisse est aussi le berceau du comité international de la Croix-Rouge ; elle abrite en outre de nombreuses organisations internationales, dont le deuxième plus grand siège de l'ONU après celui de New York : l'Office des Nations unies à Genève ainsi que le siège de la Banque des règlements internationaux à Bâle et du Comité International Olympique à Lausanne. Dans le domaine européen, elle est un des membres fondateurs de l'Association européenne de libre-échange, et membre de l'espace Schengen, mais pas de l'Union européenne ni de l'Espace économique européen.
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+ La Suisse comporte quatre régions culturelles et linguistiques[6] et possède donc quatre langues nationales : l'allemand, le français, l'italien et le romanche. Alors que les trois premières langues sont officielles, le romanche ne l'est que partiellement[10]. En conséquence, les Suisses forment une nation au sens civique du terme, n'ayant pas d'unicité forte sur un plan ethnique ou linguistique ; le sens fort de l'identité et de la communauté des Suisses est fondé sur un fond historique commun partageant des valeurs communes, telles que le fédéralisme, la démocratie directe[11] et le symbolisme alpin[12]. Ernest Renan la cite nommément comme exemple dans Qu'est-ce qu'une nation ?
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+ La Suisse possède le deuxième PIB nominal le plus élevé au monde par habitant, ainsi que le neuvième PIB en parité de pouvoir d'achat selon le Crédit suisse et le FMI. Les Suisses ont la deuxième plus haute espérance de vie au monde sur la liste publiée par le DAES des Nations unies. La Suisse est classée comme l'un des dix pays les moins corrompus ; de plus, sur les cinq dernières années, le pays a été classé premier en termes de compétitivité économique et touristique, selon respectivement le Rapport sur la compétitivité mondiale et le Rapport sur la compétitivité du secteur des voyages et du tourisme, tous deux réalisés par le forum économique mondial.
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+ Dans ses différentes langues nationales, le pays est appelé respectivement Suisse en français, Schweiz en allemand, Svizzera en italien et Svizra en romanche. Depuis 1803, le nom officiel de l'entité politique suisse est Confédération suisse en français, Schweizerische Eidgenossenschaft en allemand, Confederazione Svizzera en italien et Confederaziun svizra en romanche[13].
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+ Au XIXe siècle, le latin servait traditionnellement de langue commune pour les inscriptions officielles. Ainsi, la formule Confœderatio Helvetica se trouve inscrite notamment sur les pièces de monnaie suisses ainsi qu'au fronton du Palais fédéral à Berne. Le sigle CH en est la forme abrégée pour les plaques minéralogiques, les codes postaux et les extensions de noms de domaine sur Internet[14],[15],[16].
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+ Depuis le milieu du XIVe siècle, le terme de confédération est employé pour qualifier les systèmes d'alliance qui se sont formés sur le territoire de la Suisse actuelle. Le mot français, comme ses équivalents dans les langues latines, est issu du latin foedus, « traité d'alliance », alors que l'allemand Eidgenossenschaft renvoie au « serment devant Dieu », Eid, prêté par des Genossen, « compagnons » de même rang. Le mode d'association ainsi désigné contraste avec la dissymétrie des liens de dépendance féodaux[17].
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+ Le nom de Schweiz, d'où dérive le français Suisse, est utilisé dès le XVIe siècle par les Autrichiens, par déformation de celui du canton de Schwytz (Switz ou Sweitz en moyen haut-allemand) qui est alors, parmi les trois cantons d'origine, le plus proche géographiquement de Vienne, pour désigner l'ensemble de la communauté révoltée contre eux. Une confusion régna ensuite pendant plusieurs siècles sur l'orthographe utilisé par les deux toponymes (Schwytz et Schweiz). L'historien suisse Johannes von Müller proposa en 1785 de dissocier les deux formes[18]. Le terme de Schwytz, quant à lui, viendrait de celui apparu en 972 pour désigner la population de la région, les Suittes ; ce nom serait lui-même issu du vieux haut-allemand swedan signifiant « brûler » (cfr. islandais svíða, danois et suédois svide), rappelant ainsi la culture sur brûlis, technique par laquelle les habitants défrichaient les forêts avoisinantes afin de construire ou de cultiver les terrains[19].
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+ Le terme Confédération suisse ne devient courante qu'au XVIIIe siècle, où il n'est encore ni officiel ni unique, puisque les appellations Corps helvétique, Magna Liga, Ligues et Helvetia sont également utilisées pour désigner le pays[13],[20].
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+ La proposition de Von Müller visant à utiliser l'appellation de Schweiz pour désigner la confédération fut officialisée en 1803, sinon dans l'Acte de Médiation lui-même[18], du moins par le titre de « Médiateur de la Confédération suisse » que prend Bonaparte à cette occasion. Elle est reprise à l'article 15 du pacte fédéral de 1815 : « les XXII Cantons se constituent en Confédération suisse », puis par les constitutions de 1848, 1874 et 1999[13]. Aujourd'hui, dans la liste des dénominations d'États publiée par les autorités du pays, c'est Confédération suisse qui est retenue, l'adjectif helvétique étant explicitement exclu[21].
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+ Cependant, au cours d'une évolution historique complexe, inscrite depuis 1848 dans le texte de ses constitutions successives, les institutions de la Suisse se sont éloignées de la confédération d'États pour devenir celles d'un État fédéral. Le maintien en vigueur d'une appellation officielle inchangée, bien qu'elle ne leur corresponde plus (du moins dans les langues latines : en allemand Eidgenossenschaft ne désigne pas une forme politique particulière), exprime l'idée d'une continuité de l'histoire suisse, depuis les alliances médiévales jusqu'à l'État contemporain[13].
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+ Confédération, avec ou sans majuscule, désigne trois concepts différents, qui correspondent chacun à un mot différent en allemand :
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+ La Suisse est habituellement divisée en trois grandes zones géographiques. Du nord au sud, ainsi que par superficie croissante, sont inclus le Jura, le plateau suisse et les Alpes suisses. Le plateau constitue par sa densité de population la zone la plus importante en matière démographique et économique.
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+ Mis à part les quelques plaines alluviales, du Rhin et du Rhône notamment, chaque région possède un relief plus ou moins marqué, des collines du plateau et du Jura (1 000 - 1 600 m) aux sommets des Alpes (2 000 - 4 600 m).
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+ Bien que d'importance modeste du point de vue économique, la région alpine comporte les paysages les plus variés et les plus marquants de la Suisse. Elle s'étend sur près des deux tiers du pays (62,5 % du territoire), faisant de la Suisse le pays le plus montagneux d'Europe occidentale. Certains grands cantons se trouvent en totalité ou majoritairement à l'intérieur du périmètre alpin, ce sont le Valais, le Tessin et les Grisons. La Suisse possède en outre la concentration d'habitants vivant en zone montagneuse la plus élevée d'Europe avec plus de 80 % de la population[25].
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+ La topographie, notamment la barrière naturelle que forment les Alpes, est aussi à l'origine d'une grande variété de climats.
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+ Les chaînes de montagne principales (comprenant des sommets supérieurs à 4 000 m) sont quant à elles localisées dans les régions des cantons de Berne (Alpes bernoises), du Valais (Alpes valaisannes) et des Grisons (massif de la Bernina). Ce sont également les chaînes contenant la plupart des glaciers en Suisse, dont elle est recouverte à la hauteur de quelque 3 %. Enfin des sommets tels que le Cervin et l'Eiger ont gagné un statut emblématique de la chaîne alpine.
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+ La Suisse est située sur la ligne de partage des eaux de quatre bassins versants. Celui du Rhin couvre la plus grande partie du pays et celui du Rhône couvre le Valais, la partie sud du canton de Vaud et Genève. Cependant, des régions de Suisse appartiennent aussi aux bassins du Danube (la haute vallée de l'Inn dans les Grisons), du Pô et de l'Adige en Italie [le canton du Tessin avec notamment la rivière Tessin mais aussi quelques petites vallées des Grisons, avec les rivières Poschiavino, Maira et Rom (val Müstair) ainsi que la vallée de Simplon en Valais avec la rivière Diveria].
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+ Ainsi les eaux coulant en Suisse peuvent se diriger vers la mer du Nord, la mer Méditerranée occidentale, la mer Adriatique ou la mer Noire. Pour cette raison, il est parfois question de la région du Gothard comme du « château d'eau de l'Europe ».
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+ Presque chaque région compte un nombre d'étendues d'eau assez important. Les plus grandes sont situées sur le plateau, ainsi qu'en bordure du territoire alpin. Les lacs de montagne proprement dits, sont d'étendues modestes mais particulièrement nombreux si les lacs de retenue destinés à la production d'hydroélectricité sont inclus.
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+ Le climat de la Suisse est un climat tempéré de transition, influencé par le climat océanique d'Europe de l'Ouest, le climat continental humide d'Europe centrale, le climat méditerranéen et le climat montagnard. Les précipitations sont réparties tout au long de l'année, parfois sous forme de neige en hiver. Les quatre saisons sont bien marquées, avec une différence d'environ 20 °C entre la température moyenne du mois le plus chaud (juillet) et le mois le plus froid (janvier).
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+ Les Alpes font effet de barrière climatique et provoquent des différences significatives de température et de quantité de pluie en fonction de la position géographique (microclimats). L'influence du climat méditerranéen est plus marquée au sud des Alpes, où les étés sont plus chauds et les hivers sont plus doux et plus secs par effet de foehn. L'influence du climat continental humide est plus marquée dans la partie est du pays avec des écarts de température plus importants et des pluies plus importantes en été.
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+ La température moyenne diffère en fonction de l'altitude du lieu et de la période de l'année, du fait du relief accidenté, il peut exister plusieurs étages avec des climats et des milieux naturels différents sur les façades d'une montagne. Dans les basses terres telles que le plateau suisse (500 m) la température dépasse 30 °C durant les jours les plus chauds de l'été - de juin à septembre - et peut descendre en dessous de 0 °C en hiver - de décembre à mars. La température moyenne diminue de 1 degré tous les 300 m. Au-dessus de 1 500 m d'altitude la saison d'hiver dure du mois de novembre au mois d'avril, et la neige subsiste durant toute la saison - condition favorable aux sports d'hiver. Au-dessus de 3 000 m la neige subsiste toute l'année et la température monte rarement au-dessus de 10 °C. L'ensoleillement, élevé dans tout le pays durant l'été, est faible dans les vallées et le plateau durant l'hiver à cause du phénomène de brouillard de vallée.
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+ Par effet de foehn sur les Alpes, lorsque le vent chaud du sud souffle vers le nord, il provoque un temps pluvieux et doux sur la façade sud des Alpes, et un temps sec et chaud sur la façade nord. Quand, au contraire, le vent froid du nord souffle vers le sud, il provoque un temps pluvieux et froid sur la façade nord, et un temps ensoleillé et doux au sud. Située dans les Alpes internes, la région du Valais reçoit de l'air sec toute l'année.
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+ La bise est un vent froid et sec venu du nord-est, fréquent en hiver. Elle provoque une chute de température, un ciel dégagé et une impression de froid accentuée par le souffle des rafales qui peuvent atteindre 100 km/h[27].
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+ La Suisse, selon un rapport officiel de 2007[28], est un pays notamment exposé aux conséquences du changement climatique, en raison de l'importance de ses glaciers, lesquels reculent et vont encore reculer et peut-être disparaître d'ici 100 ans[29]. Le risque d'inondation, coulée de boue, glissement de terrain ou chute de pierre augmente. Des cartes de danger sont faites (fin 2007) pour 30 % du territoire. Le nombre de jours de canicule (température> 30 °C) a fortement augmenté[30], passant au Tessin d'une moyenne d'un à deux jours par an dans les années 1960 à presque 15 aujourd'hui. De même sur le plateau, avec une augmentation encore plus forte à Zurich et à Genève (quatre fois plus de jours de canicule depuis les années 1960). Les hivers se réchauffent aussi, avec moins de jours d'enneigement, surtout à moins de 1 500 mètres. Les chutes de neige sont plus tardives, y compris à haute altitude, ce qui peut avoir un impact sur le tourisme et les sports d'hiver (en 2005, 20 % environ des pistes ont dû recevoir un enneigement artificiel qui n'est pas sans conséquences sur la gestion de l'eau).
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+ Au début des années 2000, la floraison des cerisiers était en moyenne plus précoce de 15 à 20 jours qu'en 1950. Les cours d'eau du Plateau suisse se réchauffent depuis les années 1960 et l'eau y dépasse 18 °C un nombre de jours croissant par an, avec en parallèle une régression des truites de rivière qui ont besoin d'eau froide et riche en oxygène.
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+ Les émissions de gaz à effet de serre ont été stabilisées vers 1990, sans toutefois être diminuées. Le programme « SuisseÉnergie » incite aux mesures volontaires de l'industrie. Les émissions agricoles ont reculé, alors que les émissions du transport augmentaient, ainsi que celle de l'habitat, en lien avec la croissance (démographique et économique). La surface de référence énergétique des bâtiments certifiés (Minergie et Minergie-P) augmente depuis 1998 plus vite que dans la plupart des autres pays d'Europe, mais en 2006, ne concernait que 0,9 % de la surface de référence énergétique totale du pays.
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+ D'après une enquête du journal Le Temps, la Suisse dépasse régulièrement les pics de pollution autorisés par l'ordonnance sur la protection de l'air, mais les autorités préfèrent ne pas donner l'alerte auprès de la population.[31]
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+ La Suisse dispose de milieux naturels de qualité et abrite une biodiversité importante avec environ 50 000 espèces répertoriées (pour la faune, flore et fonge), mais dont 30 à 50 % des indigènes sont menacées (comme dans la plupart des pays européens), alors qu'une centaine d'espèces invasives posent problème.
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+ Du fait du relief, la population (à 75 % urbaine) est très concentrée, mais l'urbanisation s'étale (périurbanisation). En 2000, chaque habitant consommait une surface habitable de 44 m2, soit 10 m2 de plus qu'en 1980, alors que le nombre de ménages s'était accru de 27 % dans le même temps. La fragmentation écopaysagère est importante et croissante[32] et une artificialisation des milieux. Le nombre de kilomètres parcourus sur la route a presque doublé en 34 ans (de 1970 à 2004), et les surfaces imperméabilisées et construites, routes et parkings ont augmenté de concert, d'environ 10 % de 1982 à 1995.
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+ Environ un milliard de mètres cubes d'eau potable sont distribués annuellement par les robinets (soit l'équivalent en volume du lac de Bienne).
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+ Les énergies renouvelables sont en progression, mais l'énergie finale consommée a été de +11,5 % entre 1990 et 2005, avec une forte hausse (+ 23 % de 1990 à 2005) de la consommation électrique. Les sols se dégradent ou sont construits (11 hectares de sol agricoles sont quotidiennement perdus et plus de 15 % des sols analysés de 1992 à 1996 dépassaient des valeurs-seuil ou indiquant une pollution pour un ou plusieurs métaux lourds. 61 % des sols arables sont sensibles à l'érosion, 17 % l'étant fortement). Des progrès sont constatés en matière de pollution de l'air (moins de pluies acides, de métaux, de poussières à l'extérieur), mais en 2000, plus de 40 % des habitants étaient chez eux exposée à des taux de poussières fines (PM10) dépassant les valeurs limites. L'ozone (O3) et les oxydes d'azote (NOX) posent également problème[33]. La pollution y est quand même inférieure à la plupart des pays d'Europe tels que la France ou l'Espagne.
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+ En 2018 et 2019, l'ensemble des forets du nord-ouest de la Suisse sont atteintes par la mort en masse des hêtres du fait du réchauffement climatique[34].
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+ Zurich, ville la plus peuplée de Suisse avec 407 447 habitants (décembre 2017)[35], se trouve au nord-est à l'extrémité nord du lac de Zurich. C'est la capitale économique et la principale place bancaire du pays. L'École polytechnique fédérale de Zurich s'y trouve. La ville est desservie par le principal aéroport ainsi qu'un performant réseau de voies ferrées et quelques autoroutes. Avec 360 000 passagers quotidiens, la gare centrale de Zurich est très importante.
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+ Genève, deuxième ville du pays avec 202 527 habitants (septembre 2017)[36] et première ville suisse en densité de population, se trouve à l'extrême ouest du pays à la pointe du lac Léman. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France. Genève est le siège de nombreuses organisations internationales, d'organisations non gouvernementales, de banques privées et d'entreprises horlogères.
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+ Bâle, troisième ville avec 176 461 habitants (décembre 2017)[37], se trouve au nord-ouest du pays. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France et en Allemagne. La ville est traversée par le Rhin et dispose de l'unique port fluvial du pays. Elle accueille de nombreuses industries pharmaceutiques, l'université la plus ancienne du pays et le siège mondial de la Banque des règlements internationaux. La ville est aussi célèbre pour ses plusieurs musées, comme le Kunstmuseum Bâle (plus ancienne collection d'art publique au monde) ou la Fondation Beyeler à Riehen.
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+ Lausanne, quatrième ville avec 144 790 habitants (décembre 2017)[38], se trouve à l'ouest du pays au bord du lac Léman. Elle est le siège du Tribunal fédéral, de l'École polytechnique fédérale de Lausanne et du Comité international olympique.
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+ Berne, cinquième ville avec 142 479 habitants (décembre 2017)[39], se trouve au centre-ouest. C'est la ville fédérale, siège du gouvernement et des principales institutions fédérales.
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+ La Suisse compte 2 212 communes au 1er janvier 2019[40].
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+ Peuplé dès la Préhistoire, c'est à l'époque celtique grâce aux Helvètes surtout, que le territoire suisse franchit le seuil de l'Histoire. En 58 av. J.-C., les Helvètes, sous la pression migratoire des tribus germaniques, tentent de s'installer dans le Sud-Ouest de la Gaule, en Saintonge (actuelle Charente et Charente-Maritime). Battus près de Bibracte par les armées de Jules César, ils sont reconduits sur leur territoire d'origine qui devient ensuite part de l'Empire romain.
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+ Largement christianisé, le territoire suisse est ensuite occupé par les Burgondes et les Alamans au Ve siècle. Incorporé successivement aux royaumes de Bourgogne, des Francs, puis à l'Empire carolingien, il est rattaché au XIe siècle, à la chute du royaume de Bourgogne transjurane, au Saint-Empire romain germanique. Il est alors le théâtre de dures luttes féodales.
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+ La date de 1291 est choisie à la fin du XIIIe siècle comme date de naissance de la Suisse, car c'est celle du Pacte fédéral, le plus vieux document écrit connu parlant du renouvellement d'une précédente alliance entre des cantons suisses : Uri, Schwytz, qui donnera son nom au pays, et Nidwald[41],[42] (vallée inférieure d'Unterwald). Ces cantons confirment en 1315 leur alliance par le pacte de Brunnen, conclu après la bataille de Morgarten, qu'ils remportent contre Léopold Ier d'Autriche.
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+ Les territoires avoisinants, Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne se rapprochent d'eux au XIVe siècle, fondant le pays actuellement nommé la Confédération des VIII cantons. Le XVe siècle est parsemé de conquêtes et voit la Confédération atteindre le Rhin et la Suisse romande, tout en s'alliant avec les territoires environnants que sont le Valais, Appenzell, Saint-Gall, les Ligues grises (canton des Grisons) et Fribourg. Le pays participe à la guerre de Bourgogne de 1474 à 1477, puis est le théâtre de celle de Souabe en 1499 à la suite de quoi la Confédération suisse est reconnue de facto par le Saint-Empire romain germanique (traité de Bâle). Ce n'est cependant qu'après la guerre de Trente Ans, lors de la signature des traités de Westphalie en 1648, que l'existence de la Confédération suisse est officiellement et définitivement reconnue.
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+ La fin du XVe siècle voit une première opposition entre les villes et campagnes qui aboutit finalement au convenant de Stans, signé en 1481 avec l'aide de Nicolas de Flue, qui ouvre la porte à cinq nouveaux cantons : Fribourg, Soleure, Appenzell, Bâle et Schaffhouse. Ainsi, le début du XVIe siècle voit la naissance de la confédération des XIII cantons qui renforce ses alliances locales avec Bienne, Saint-Gall et Neuchâtel et étend ses possessions au Tessin et dans le canton de Vaud. Les guerres d'Italie et surtout la bataille de Marignan (1515) sonnent la fin de ses activités militaires hors de son territoire. Seuls les mercenaires suisses feront désormais parler d'eux sur les champs de bataille européens et au Vatican.
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+ Déchiré par la Réforme, le pays se divise et est le théâtre de plusieurs guerres de religion : la Première et deuxième guerre de Kappel (1529 et 1531), Première guerre de Villmergen (1656), Deuxième guerre de Villmergen (1712), occupent la politique intérieure. La démocratie des premiers temps laisse la place à des gouvernements oligarchiques qui bloquent les réformes proposées par les Lumières.
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+ Les succès économiques de la Suisse en font vite le banquier de l'Europe. Les progrès importants dans l'espérance de vie et son estimation qui se produisent au milieu du XVIIIe siècle, grâce aux table de mortalité et la vaccination, permettent à la communauté financière genevoise de financer la dette publique française par le biais des rentes viagères au moment des lourdes dépenses militaires de l'expédition Lafayette.
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+ La domination française exercée après l'invasion de 1798, réforme la Suisse en la transformant en un État unitaire appelé République helvétique. En effet, devant les troubles intérieurs incessants, Napoléon impose l'Acte de Médiation en 1803, par lequel il crée plusieurs nouveaux cantons (Vaud, Tessin, Argovie, Thurgovie et Saint-Gall devenant alors des cantons à part entière). Dans le même temps, il intègre au Premier Empire la principauté de Neuchâtel, remise au maréchal Louis-Alexandre Berthier, ainsi que les républiques de Genève, annexée au département du Léman depuis 1798, et du Valais qui devient en 1810 le département du Simplon.
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+ Après le départ de l'armée napoléonienne et presque deux ans de tractations, 1815 voit la création d'un État de 22 cantons reconnu comme neutre par l'« Acte de reconnaissance de la neutralité perpétuelle de la Suisse » rédigé par Charles Pictet de Rochemont et signé lors du congrès de Vienne. En effet, Neuchâtel, Valais et Genève pensaient que le temps des petits États indépendants était définitivement terminé et avaient négocié leur entrée dans la Suisse en tant que cantons à part entière. En 1847 cependant, les luttes entre les conservateurs et les libéraux-radicaux aboutissent à la guerre du Sonderbund et à la victoire de ces derniers qui profitent de leur victoire pour créer, en 1848, un État fédéral qui abolit les frontières intérieures, impose une monnaie unique et une armée de milice fédérale. La première constitution fédérale, acceptée le 12 septembre 1848 met en place les bases politiques de la Suisse. Elle est ensuite révisée en 1874 pour y ajouter le droit de référendum puis en 1891 celui d'initiative populaire.
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+ Parallèlement aux événements politiques, le XIXe siècle voit l'essor du tourisme et des premiers voyages organisés, en particulier dans les régions alpines. Le développement de l'infrastructure touristique (transports, hôtellerie) prend de l'ampleur.
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+ Le début du XXe siècle voit la suite du travail législatif : un code pénal, puis un code civil fédéral sont créés. La Suisse échappe aux deux guerres mondiales et devient peu à peu le siège de nombreuses organisations internationales.
115
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+ C'est en février 1971 que les Suisses, après plusieurs refus, acceptent avec une majorité de 65,7 % la participation des femmes à la vie politique fédérale. L'adhésion de la Suisse et son intégration aux principales organisations internationales (Conseil de l'Europe en 1963, Organisation des Nations unies le 10 septembre 2002) se fait également avec un décalage par rapport à ses voisins.
117
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118
+ Une nouvelle Constitution suisse est acceptée en votation populaire le 18 avril 1999, et entre en vigueur le 1er janvier 2000[43].
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+ La Suisse est depuis 1848 une fédération de cantons, aujourd'hui au nombre de 26 :
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+ La superficie des cantons varie entre 37 et 7 105 km2 et leur population de 16 000 à 1 488 000 habitants (2016).
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+ Les cantons sont souverains selon leur constitution respective, mais ne sont plus indépendants comme aux premières heures de la Suisse : le terme de Confédération, s'il reflète ce passé, ne correspond donc plus à la configuration actuelle de fédéralisme. La répartition actuelle des compétences entre la Confédération et les cantons est formalisée dans la constitution fédérale, qui précise les limites de leurs souverainetés respectives. Certaines compétences sont attribuées explicitement aux cantons, ou à la Confédération ; ce qui n'est pas explicitement délégué à la Confédération est du ressort des cantons[46].
127
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128
+ Chaque canton est divisé en communes. De nombreux cantons ont une subdivision intermédiaire nommée district, ou équivalente (les arrondissements administratifs du canton de Berne par exemple). Chaque canton dispose de sa propre constitution. La Constitution fédérale garantit leur autonomie : ils prélèvent des impôts et adoptent des lois dans tous les domaines qui ne relèvent pas de la compétence de la Confédération. Un certain nombre de domaines sont ainsi gérés uniquement au niveau cantonal. On y trouve par exemple l'éducation (sauf les deux écoles polytechniques fédérales et la Haute école fédérale de sport de Macolin), la gestion des hôpitaux (sauf les hôpitaux communaux et privés), la construction et l'entretien de la majorité des routes (sauf les autoroutes et routes nationales) et la police (contrairement à l'armée), d'autres cotisations sociales, ou encore le contrôle de la fiscalité. La souveraineté des cantons se limite donc à certains domaines et est en outre toujours limitée par le principe de la primauté du droit fédéral, ou force dérogatoire du droit fédéral (contrairement à l'équipollence des normes en vigueur en Belgique).
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130
+ Les cantons ont tous leur propre parlement (appelé Grand Conseil dans la plupart des cantons francophones) et leur gouvernement (appelé Conseil d'État dans la plupart des cantons francophones). La structure politique de la Suisse est composée du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Chaque canton définit la composition et le fonctionnement des trois pouvoirs. En principe, il appartient aux cantons d'appliquer non seulement le droit cantonal, mais aussi le droit fédéral (fédéralisme d'exécution, contrairement aux États-Unis et à la Belgique).
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+ Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée fédérale, qui est formée de deux chambres : le Conseil national (200 membres), formé des représentants du peuple, et le Conseil des États (46 membres). Au Conseil national, le nombre de sièges par canton est proportionnel à sa population. Au Conseil des États, les cantons possèdent deux sièges, à l'exception des cantons d'Obwald, Nidwald, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Appenzell Rhodes-Extérieures et Appenzell Rhodes-Intérieures qui ont un siège ; ils étaient appelés « demi-cantons » sous l'empire de la constitution de 1874 aujourd'hui remplacée par celle de 1999. Les membres du Conseil national sont élus pour 4 ans, tandis que le mandat des membres du Conseil des États dépend du droit cantonal.
133
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134
+ Organisé en régime directorial, le pouvoir exécutif est exercé par le Conseil fédéral, formé de sept membres (conseillers fédéraux), et de l'administration fédérale qui lui est subordonnée. Les membres du Conseil fédéral sont élus pour quatre ans par l'Assemblée fédérale, qui, en règle générale, reconduit les candidats sortants si ces derniers désirent poursuivre leurs fonctions. Cependant, cette règle tacite a été mise à mal lors de l'élection de décembre 2003 avec la non-réélection de la conseillère fédérale démocrate-chrétienne Ruth Metzler-Arnold, évincée au profit du candidat de l'Union démocratique du centre (UDC) Christoph Blocher, lui-même non réélu en 2007 et remplacé par Eveline Widmer-Schlumpf (UDC, puis PBD). Cette situation a donc modifié la répartition des sièges en fonction des partis politiques pour la première fois depuis l'introduction de la formule magique en 1959. Cette dernière vise à répartir les sièges du gouvernement fédéral proportionnellement au poids de chaque parti à l'Assemblée fédérale. Depuis 1959, et malgré la progression depuis le début des années 1990 de l'UDC, cette répartition n'avait jamais été modifiée et était composée comme suit : deux sièges pour le Parti radical-démocratique (PRD), 2 pour le Parti démocrate-chrétien (PDC), 2 pour le Parti socialiste (PSS) et un siège pour l'UDC. Les élections fédérales de l'automne 2003 ayant confirmé la montée en puissance de l'UDC, les partis gouvernementaux se sont résolus, sous une certaine pression populaire, à revoir la répartition des sièges du Conseil fédéral. Suite au départ d'Eveline Widmer-Schlumpf (PBD), il est désormais composé de deux sièges pour le PLR, 2 pour le PS, 2 pour l'UDC et 1 pour le PDC.
135
+
136
+ Le Conseil fédéral fonctionne selon le principe de collégialité, ce qui signifie que les décisions sont prises le plus possible par consensus. Si tel n'est pas le cas, un vote a lieu parmi les sept conseillers fédéraux. Selon ce principe, ceux qui s'opposent à une mesure qui est adoptée par le collège doivent tout de même défendre le projet au nom de celui-ci. Mais ce principe a connu quelques distorsions ces dernières années, notamment lors de campagnes précédant des votations populaires : un précédent plus ancien étant le refus de Kurt Furgler (PDC) de défendre la loi légalisant l'avortement devant le peuple pour des raisons de conscience, ce qui n'a pas empêché le souverain de l'adopter.
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+ Les sept départements fédéraux incluent le Département fédéral des affaires étrangères, le Département fédéral de l'intérieur, le Département fédéral de justice et police, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, le Département fédéral des finances, le Département fédéral de l'économie et le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication.
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+ Un président de la Confédération est élu pour une année parmi les conseillers fédéraux par l'Assemblée fédérale[47]. Son rôle est principalement symbolique et médiatique. Traditionnellement, les conseillers fédéraux sont élus président chacun à leur tour en fonction de leur ancienneté.
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+ Le pouvoir judiciaire est exercé par les tribunaux fédéraux.
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+ Une particularité de la démocratie suisse est que le peuple garde en permanence un contrôle sur ses élus, car la Suisse est une démocratie qui peut être qualifiée de semi-directe, dans le sens où elle a des éléments d'une démocratie représentative (élection des membres des parlements ainsi que des exécutifs cantonaux) et d'une démocratie directe. En effet, en Suisse, le corps électoral dispose de deux instruments qui lui permettent d'agir sur un acte décidé par l'État : il s'agit du référendum, qui peut être facultatif ou obligatoire, et de l'initiative populaire qui est le droit d'une fraction du corps électoral de déclencher une procédure permettant l'adoption, la révision, ou l'abrogation d'une disposition constitutionnelle.
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+ Le référendum facultatif permet de remettre en cause une loi votée par l'Assemblée fédérale. Il est facultatif car il nécessite la récolte de 50 000 signatures en l'espace de 100 jours pour qu'il aboutisse à une consultation populaire. Si tel n'est pas le cas, la loi est considérée comme adoptée. Lors de la votation, seule la majorité de la population est prise en compte. Le référendum obligatoire impose, comme son nom l'indique, automatiquement une consultation populaire dans les cas prévus par la constitution fédérale. Il implique la double majorité de la population et des cantons.
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+ L'armée suisse est composée des forces terrestres et des forces aériennes. La Suisse n'ayant pas de côte océanique, la marine est inexistante mais une flotte de bateaux armés est maintenue sur les lacs frontaliers. La particularité de l'armée suisse est son système de milice. Les soldats professionnels constituent seulement environ 5 % du personnel militaire. Le reste est formé par des citoyens conscrits âgés de 18 à 34 ans (dans certains cas jusqu'à 50 ans). Les citoyens suisses (à l'exception des binationaux) n'ont pas le droit de servir dans des armées étrangères à l'exception de la Garde pontificale.
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+ La structure du système de milice stipule que le soldat garde chez lui son propre équipement, incluant le bien connu couteau suisse et l'arme personnelle. Ceci n'est pas sans susciter des controverses de la part de certains partis politiques et d'associations. Le service militaire obligatoire concerne tous les citoyens suisses de sexe masculin. Ces derniers reçoivent en général leur ordre de marche vers 19 ans pour le recrutement. Les femmes peuvent aussi servir dans l'armée sur base volontaire. Annuellement, environ 24 000 personnes sont entraînées dans des écoles de recrue pendant 18 à 21 semaines. La réforme Armée XXI a été adoptée par vote populaire en 2003, remplaçant le modèle Armée 95 (qui lui-même avait remplacé le modèle Armée 61 avec près de 800 000 soldats mobilisables), et réduisant les effectifs de 400 000 à environ 210 000 personnes, parmi lesquelles 130 000 sont en service actif et 80 000 sont des unités de réserve[48].
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+ En tout, trois mobilisations générales ont été déclarées pour assurer l'intégrité et la neutralité de la Suisse. La première a été tenue en l'occasion de la guerre franco-prussienne de 1870. La seconde a été décidée à l'éclatement de la Première Guerre mondiale en août 1914. La troisième mobilisation de l'armée a pris place en septembre 1939, en réponse à l'attaque allemande de la Pologne ; Henri Guisan fut élu général.
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+ La Suisse, ne faisant pas partie de l'Union européenne, entretient néanmoins des relations étroites avec elle[49],[50], grâce à différents accords. Environ vingt accords principaux et une centaine d'accords secondaires, en tout, ont été conclus au fil des ans dont l'Accord de libre-échange (AELE) de 1972, l'Accord sur les assurances de 1989, les Accords bilatéraux I de 1999 et les Accords bilatéraux II de 2004.
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+ Sur le plan économique, au niveau du commerce extérieur en 2008, 62 % des exportations, pour un montant de 128 050,7 millions de francs suisses et 81,2 % des importations pour un montant de 151 775,2 millions de francs suisses, se sont faites avec l'Union européenne. Sur le plan humain, en 2008, 405 393 Suisses vivent dans l'Union européenne et 1 026 495 citoyens européens vivent en Suisse[51].
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+ Le peuple suisse a été amené à se prononcer à de nombreuses reprises depuis le 9 octobre 1992, où les Suisses refusèrent à 50,3 % de faire partie de l'Espace économique européen[52], sur les relations qu'il voulait entretenir avec l'Union européenne. Ce fut le cas notamment sur les accords bilatéraux et l'entrée de la Suisse dans l'espace Schengen qui, après acceptation, permirent aux citoyens membres de l'Union européenne de se voir faciliter l'entrée et l'emménagement en Suisse, et vice-versa[53].
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+ Sur le plan du transit des camions provenant de l'Union européenne, le peuple suisse s'est prononcé par référendum, en 1991, en faveur de l'introduction d'une redevance poids-lourds liées aux prestations et en 1992 sur la construction de nouvelles lignes ferroviaires à travers les Alpes, entièrement financée par la Suisse, pour inciter les camions européens circulant sur ses routes à transiter par voie de chemin de fer par le biais du ferroutage.
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+ Les habitants de la Suisse sont les Suisses[54]. En Suisse, les habitantes sont appelées Suissesses ou Suisse. Le terme Suissesse présent dans la Constitution de la Suisse de 1999 est adopté par l'administration fédérale[55]. Ce terme est mentionné à partir de 1786 dans le dictionnaire de l'agriculture et de la campagne: avec vocabulaire des mots de l'abbé Etienne-Modeste Besançon[56].
163
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+ Toutefois, certaines études linguistiques plus récentes ne retiennent, au féminin, que le gentilé « Suissesse ». C'est, notamment, le cas du linguiste Elmar Eggert (docteur en linguistique à l'université de Tours) qui, dans une étude de 2005, relève : « le gentilé, un Suisse, qui, dans sa forme féminine, se dit une Suissesse »[57]. Les linguistes Denis Maurel et Odile Piton estiment également que le féminin du gentilé Suisse est Suissesse, ainsi qu'ils l'ont énoncé lors du colloque international Fractal : linguistique et informatique : théorie et outils pour le traitement automatique des langues, qui s'est tenu en 1997 à Besançon, selon les conclusions rapportées par Claude Muller, Jean Royauté et Max Silberztein, dans leur ouvrage INTEX pour la linguistique et le traitement automatique des langues[58].
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+ Depuis 2008, Suissesse est le gentilé féminin recommandé par le ministère français des Affaires étrangères pour ses documents[59]. Dès 1993, l'arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales, pris conjointement par François Bayrou, ministre de l'Éducation nationale, et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, précise, au huitième point de son article deux : « L’adjectif de nationalité est identique au nom des habitants. La Suisse fait exception à cette règle (nom féminin : Suissesse, adjectif féminin : suisse) »[60]. Ce terme est aussi repris par le gouvernement canadien pour ses documents officiels[61]. Le code de rédaction interinstitutionnel de l'Union Européenne le mentionne également[62].
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+ Cependant, certaines sources, comme l'Encyclopædia Universalis, indiquent qu'il est préférable d'utiliser le gentilé Suisses pour les femmes également[63]. Le Dictionnaire des difficultés du français indique « Le substantif féminin Suissesse est parfois senti comme péjoratif et remplacé par l'adjectif suisse, qui a la forme unique. »[64].
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+ La population totale de la Suisse au deuxième trimestre de l'année 2016 s'élevait à 8 364 123, dont 4 221 943 femmes et 4 142 180 hommes ; 6 297 365 citoyens suisses et 2 066 758 étrangers (24,7 %)[65]. Parmi la population étrangère, 39 % résident en Suisse depuis 10 ans ou plus et 21 % sont nés en Suisse[66].
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+ En 2018, l'espérance de vie à la naissance était de 85,4 ans[67] pour les femmes et 81,7 ans pour les hommes pour une moyenne de 83,6 ans. Le taux de fécondité est remonté à 1,52[68] ; les Suisses ont un taux de 1,40 et les étrangères 1,86[69].
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174
+ La croissance de la population suisse entre 2005 et 2010 devrait être 0,4 %, l'indicateur conjoncturel de fécondité est prévu pour la même période à 1,42 enfants/femme, la mortalité infantile devrait être à 4,1 pour mille, l'espérance de vie des enfants nés et qui naîtront entre 2005 et 2010 sera 81,7 ans, la population urbaine constitue 75,2 %. Le nombre de médecins pour mille habitants est 3,8 ; l'espérance de scolarisation moyenne en année est à 15,3 ; 47 % des jeunes suivent une scolarisation au troisième degré[70].
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+ En 2001, 2,4 millions d'immigrés et de descendants d'immigrés vivaient en Suisse, soit 33 % de la population résidante permanente en Suisse : ce chiffre étant composé de deux tiers par les immigrés et d'un tiers par leurs descendants[71].
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+ La Suisse est également le pays en Europe, après le Luxembourg, qui compte proportionnellement en 2008 le plus de personnes issues de l'immigration (1re et 2e générations) parmi les personnes âgées de 25 à 54 ans avec 31,1 % d'immigrés et 15,3 % d'enfants d'au moins un immigré, soit un total de 46,4 %, loin devant la France (26,6 %), la Suède (25,8 %), l'Irlande (25,4 %), l'Autriche (25,3 %), le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,9 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %)[72].
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+ La Suisse a quatre langues nationales : l'allemand (62,2 % de la population en 2018), le français (23 %), l'italien (8 %) et le romanche (0,5 %)[73],[74]. En 2018, les langues les plus parlées à la maison par les résidents permanents de 15 ans ou plus sont : le suisse allemand (59,4 %), le français (23,5 %), l'allemand standard (10,6 %), l'italien (8,5 %), l'anglais (5 %), le portugais (3,8 %), l'albanais (3 %), l'espagnol (2,6 %), le serbe ou croate (2,5 %), des dialectes tessinois (1,3 %) et le romanche (0,6 %). Enfin, 6,9 % de la population résidente parle une autre langue à la maison[75]. Au travail, environ 43 % de la population utilise plus d'une langue au moins une fois par semaine. Les langues les plus fréquemment parlées sur le lieu de travail en Suisse sont le suisse-allemand (64 % des personnes actives), l'allemand standard (35 %), le français (29 %), l'anglais (20 %) et l'italien (9 %)[76],[n 7].
181
+
182
+ La Suisse est divisée en quatre zones linguistiques reconnues, en principe unilingues. Seuls quatre des vingt-six cantons sont plurilingues ; Berne, Fribourg et le Valais sont partagés entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, tandis que les Grisons sont partagés entre la région alémanique et la région romanche. Les deux seules villes à être considérées officiellement comme bilingues français-allemand sont Bienne et Fribourg[77].
183
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+ L'administration fédérale suisse a l'obligation de communiquer toutes ses publications en allemand, français et italien, tandis que certaines d'entre-elles sont également publiées en anglais et en romanche[78]. L'office fédéral de la culture est chargé, entre autres, de promouvoir le plurilinguisme en Suisse, notamment au travers de l'enseignement obligatoire[79].
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+ Les termes propres à la Suisse, que ce soit en allemand, français ou italien, sont des helvétismes[80].
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+ Le suisse allemand est la langue la plus répandue en Suisse. Celle-ci est en réalité un regroupement de dialectes alémaniques et est utilisée dans l'ensemble de la Suisse alémanique pour les relations de tous les jours et pour tous les contextes, mais seulement à l'oral. Malgré des différences régionales notables, tous les pratiquants du suisse allemand se comprennent entre eux. Pour les échanges écrits formels, l'allemand standard est cependant préféré[81]. Au total, 17 cantons sur 26 sont unilingues allemands.
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+
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+ La plupart des dialectes suisses allemands appartiennent au groupe du haut alémanique. Le dialecte de Bâle est le seul à avoir pour origine le bas alémanique, tandis que le dialecte de la vallée de Samnaun se rapproche de l'austro-bavarois[82]. L'enseignement dans une grande partie de la Suisse alémanique se fait en allemand standard[83].
191
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192
+ Le français de Suisse est parlé dans l'ouest du pays, région appelée Suisse romande, et diffère peu du français standard[81]. Quatre cantons sont unilingues français : Genève, Jura, Neuchâtel et Vaud.
193
+
194
+ Autrefois, la majeure partie des romands parlaient des patois francoprovençaux. Ceux-ci se sont éteints au cours du XXe siècle et sont encore parlés par la population âgée dans les cantons de Fribourg, du Valais et de Vaud[81]. Dans le canton du Jura, un dialecte d'oïl, le franc-comtois était la langue vernaculaire. Malgré l'appui institutionnel et le fait que le patois est inscrit dans la constitution jurassienne, le dialecte local est en voie de disparition[82].
195
+
196
+ L'italien est parlé dans le sud du pays, dans la région généralement appelée Suisse italienne. On y retrouve plusieurs dialectes, qui sont utilisés lors de conversations familières[82].
197
+
198
+ Le dialecte le plus répandu est le tessinois. Celui-ci s’apparente aux parlers lombards et fait partie du groupe gallo-italique. On retrouve également différents dialectes dans les vallées tessinoises, tous apparentés au lombard. Cependant, plus la région se trouve au nord, plus son dialecte a généralement de points communs avec d'autres dialectes alpins[82].
199
+
200
+ Le romanche est une langue romane et la seule langue nationale à être unique à la Suisse. Elle est pratiquée par environ 60 000 personnes dans certaines région du canton des Grisons[81]. Elle se compose de quatre dialectes : le sursilvan, le sutsilvan, le surmiran, le puter et le vallader. Ceux-ci se distinguent fortement par leur vocabulaire, leur prononciation et leur syntaxe, mais tous se comprennent entre eux. Au XXe siècle, le romanche a été standardisé sous l’appellation « rumantsch grischun », qui reprend les formes les plus courantes des dialectes afin de créer une langue uniformisée[82].
201
+
202
+ Langue nationale depuis 1938, le romanche est présent sur le passeport et les billets de banques suisses et peut être utilisé pour des démarches administratives depuis 1996. Son usage est malgré tout limité. Seules quatre universités suisses enseignent le romanche, et seuls certains textes officiels sont traduits[84].
203
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204
+ L'anglais est souvent utilisé dans le monde du travail. Enfin le latin sert parfois lorsqu'il faut désigner dans une seule langue des institutions suisses : Confœderatio helvetica (CH), Pro Helvetia, Pro Natura, Pro Infirmis, etc.
205
+
206
+ La Suisse a ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en 1997 et a reconnu à ce titre le yéniche comme une langue nationale sans territoire[85].
207
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208
+ Les membres de l'Assemblée fédérale s'expriment dans leur langue maternelle. Les débats en plénum du Conseil national font l'objet d'une traduction simultanée, ce qui n'est pas le cas du Conseil des États ainsi que des commissions parlementaires.
209
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210
+ Selon le recensement fédéral de la population 2010, la religion la plus répandue du pays est le catholicisme, avec presque 39 %[86] de la population. La deuxième religion est le protestantisme, avec 33 %[86] de la population. Généralement, les cantons se réclament de l'une des deux confessions. L'islam est la troisième religion avec 4,5 %[86] de la population. 40 000 à 50 000 alévis bektachis vivent en Suisse, la plupart sont d'origine turque[87]. 0,2 % de la population appartiennent aux communautés juives. La proportion des habitants se déclarant sans religion est de 20 %[86].
211
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212
+ Bénéficiant d'une réputation de sécurité, la Suisse connaît une évolution et se trouve dans les années 2010 au-dessus de la moyenne européenne en matière de cambriolages et d'actes de violence. La moitié des États européens enregistrerait pour ces délits un taux plus bas que la Suisse, alors qu'en 1984, celle-ci se trouvait encore en dernière position au niveau européen[88]. Le pays est également touché par un banditisme international. Des bandes spécialisées choisissent souvent la Suisse comme cible, encouragées en cela, selon le criminologue Martin Killias, par la clémence du droit pénal suisse[88].
213
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214
+ Les statistiques de la criminalité sont très variées selon les cantons, les cantons de Genève arrivant en tête en 2016 pour des vols par effraction avec un taux de 9,4 effractions pour 1 000 habitants (12 en 2015), devant Vaud 9,3 (9,9) et Bâle-Ville 8,8 (8,9) pour seulement 1,5 pour Appenzell Rhodes-Intérieures, 2,1 pour Uri et 2,5 pour Appenzell Rhodes-Extérieures, Lausanne et Genève étant en tête pour ce qui concerne les villes de plus de 30 000 habitants[89].
215
+
216
+ Au 31 décembre 2012, la population étrangère représente 23,3 % de la population de la Suisse[90]. Dans un rapport de 2007, Doudou Diène, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a constaté une dynamique raciste et xénophobe en Suisse. Selon ce document, les étrangers européens du sud-est ainsi que les extra-européens seraient les plus touchés. Le Conseil fédéral a pris note du rapport et a déclaré « qu'on ne peut pas, à partir de cas particuliers, tirer des conclusions générales quant à l'existence « d'une dynamique de racisme et de xénophobie en Suisse » comme le dit le rapport de l'ONU[91] ». Une étude conduite en 2006 par l'université de Genève avec le soutien du FNS a toutefois révélé que plus de 50 % des personnes interrogées ont des idées xénophobes[92]. Même si 90 % n'approuvent pas l'extrémisme de droite, 77 % voudraient que les étrangers soient mieux intégrés et 55 % voudraient une naturalisation facilitée. Dans certains cantons, le droit de vote est accordé aux étrangers sur les plans communal et cantonal. La disposition constitutionnelle leur donne parfois même le droit d'éligibilité.
217
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218
+ L'économie suisse figure parmi les plus prospères et les plus développées du monde[96] bien que la Suisse soit très pauvre en matières premières et ne dispose pas d'énergies fossiles. Orientée vers les services avec les banques et les assurances, le tourisme, le transport, ainsi que vers l'industrie avec notamment la mécanique de précision et des spécialités industrielles, le pays produit surtout des biens à forte valeur ajoutée. Le tourisme représente 2,4 % du produit national brut de la Suisse. Dans les cantons de montagne des Grisons, d'Appenzell Rhodes intérieures, du Valais et d'Obwald, plus de 10 % de la main-d'œuvre est cependant employée dans ce secteur.[97]
219
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220
+ Selon le Global Competitiveness Report 2011-2012 du forum économique mondial, la Suisse est le 19e pays industriel au monde au regard de sa production annuelle (100 milliards de dollars en 2010) et la plus forte production industrielle par habitant au monde avec 12 400 $ de production industrielle par habitant[98]. Le niveau de vie est l'un des plus élevés du monde. De plus, sa stabilité et sa neutralité ont attiré bon nombre de capitaux étrangers et d'organisations internationales comme l'ONU.
221
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222
+ Le secteur tertiaire représentait en 2005 72,4 % du PIB et 295 622 entreprises, il emploie 72,5 % de la population active ; en 1960, il en occupait 40 %[99]. Le secteur secondaire représentait en 2005 26,3 % du PIB (18 % du PIB de l'UE en 2006) et 76 927 entreprises, il emploie 23,7 % de la population active (17,9 % dans l'UE) ; en 1960, il occupait 25 % de la population environ[99]. Le secteur primaire représentait en 2005 1,3 % du PIB et 68 050 entreprises, il emploie 3,8 % de la population active ; en 1960, il occupait 15 % de la population environ[99].
223
+
224
+ Après plusieurs années de croissance nulle ou faible[100], une reprise s'est fait ressentir dès mi-2003. En 2004 la croissance du PIB est 2,5 %, puis 2,6 % en 2006. En 2006 et 2007 elle passe à 3,6 %. Durant le premier semestre 2008, le PIB n'augmente que modestement puis fléchit au deuxième semestre. À cause de l'effet de base, la croissance est 1,9 %, chiffre à relativiser étant donné la forte croissance démographique (+ 1,3 %). La Suisse a mieux résisté à la récession de 2008-2009 que d'autres pays. Le creux, atteint au deuxième trimestre 2009, a vu un recul total du PIB de 2,7 %, un taux bien inférieur au Japon (- 8,6 %), l'Allemagne (- 6,7 %), l'Italie (- 6,5 %), le Royaume-Uni (- 5,8 %), les États-Unis (- 3,8 %) ou la France (- 3,5 %)[101]. En 2009, le PIB s'établit à 535,3 milliards de francs suisses[102]. L'inflation est relativement faible : entre mai 1993 et avril 2010, le renchérissement annuel moyen se chiffre à 0,9 %[103]. La dette des collectivités publiques en 2011 se situe à 36,5 % du PIB[104]. En 2014, la croissance annuelle était de 1,9 %.
225
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226
+ Le 15 janvier 2015, la banque nationale suisse décide de laisser flotter le franc suisse face à l'euro avec pour conséquence de faire monter la monnaie helvétique de 1,20 CHF pour 1 € à 0,97 CHF pour 1 € ce qui provoque un ralentissement du PIB (-0,3 % au premier trimestre, +0,2 % au deuxième trimestre et 0 % au troisième trimestre), soit une baisse de 0,2 % par habitant. Les exportations de biens baissent et un tiers des entreprises du secteur de l'industrie des biens d'équipement devraient faire face à une perte opérationnelles. Les Suisses dépensent massivement leurs francs hors des frontières nationales et le « tourisme frontalier » augmente de 8 % en 2015[105].
227
+
228
+ Le taux de chômage, bien que variable selon les cantons, se maintient à un niveau très bas (3,7 % en 2009, 2,8 % en juin 2011 et 3,1 % en juin 2015, 3,4 % en janvier 2016)[106], le plus bas en Europe mais le nombre des demandeurs d'emploi, 158 629 personnes en décembre 2015, est à son plus haut niveau depuis avril 2010. Ce taux de chômage néanmoins très faible peut s'expliquer par une valorisation de l'apprentissage. En effet, deux tiers des plus de quinze ans font le choix de ce système de formation[107],[108],[109].
229
+
230
+ Cette liste est celle des cantons suisses classés selon la valeur de leur produit intérieur brut (PIB) annuel, en valeur nominale, par tête en Francs suisses en 2017 selon l'Office fédéral de la statistique[110] :
231
+
232
+ La Suisse n'est pas autosuffisante sur le plan énergétique. En 2006, 85 % de l'énergie finale consommée dans le pays provient d'importations : produits pétroliers, gaz naturel ou combustible nucléaire. La principale source d'énergie indigène est l'énergie hydraulique. Elle fournit plus de la moitié de l'électricité produite dans le pays. Les autres sources d'énergies indigènes sont le bois, les déchets industriels et les autres énergies renouvelables (géothermie, énergie éolienne, énergie solaire, etc.). La production d'électricité est principalement assurée par des installations hydroélectriques et des centrales nucléaires.
233
+
234
+ En mai 2011, suite aux accidents de Fukushima, le Conseil fédéral avait ordonné l'abandon total de l'énergie atomique pour 2034. Les électeurs suisses ayant rejeté en novembre 2016 à 54,23 % une initiative des Verts, proposant de limiter à 45 ans la durée de vie d'un réacteur, le conseil fédéral devra repousser l'échéance à 2050.
235
+
236
+ Le 21 mai 2017, les Suisses votent par référendum, à 58,2 %, pour la sortie progressive du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. Tous les partis apportent leur soutien sauf l'UDC, estimant que le coût de la transition serait trop élevé. Si la loi interdit la construction de nouvelles centrales, les centrales existantes pourront toutefois subsister tant que leur sûreté sera garantie[111],[112].
237
+
238
+ Les compétences des autorités fédérales suisses sont limitées en ce qui concerne l'école obligatoire, comprenant le primaire et le secondaire pour la partie qui concerne des élèves jusqu'à 16 ans. Dans ces secteurs, il est en conséquence peu approprié de parler d'un système éducatif suisse. En effet, même si des tentatives d'harmonisation ont d'ores et déjà abouti, avec notamment le projet HarmoS, il est légitime de considérer que la Suisse compte 26 systèmes éducatifs, soit un par canton. Cette règle du partage des compétences sur l'instruction se retrouve, depuis la constitution suisse de 1874, en particulier dans les quatre alinéas de l'article 27[113].
239
+
240
+ Concernant l'enseignement supérieur, l'offre de formation en Suisse est très importante. Elle se divise principalement en deux domaines ː celui des hautes écoles et celui de la formation professionnelle supérieure.
241
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242
+ Le domaine des hautes écoles comprend les hautes écoles universitaires (universités cantonales et Écoles polytechniques fédérales) ainsi que les hautes écoles spécialisées et les écoles supérieures. Le domaine de la formation professionnelle supérieure est constitué par toutes les autres formations de degré tertiaire préparant au brevet fédéral ou au diplôme fédéral. La formation professionnelle supérieure se caractérise par une offre large et diversifiée d'institutions privées.
243
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244
+ Il y a au total 12 universités en Suisse, parmi lesquelles dix sont gérées au niveau cantonal et proposent souvent des sujets non techniques.
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246
+ La plus ancienne université en Suisse fut fondée à Bâle en 1460 (faculté de médecine). Elle est devenue un centre de recherche en chimie et en médecine, mais en raison de son héritage intellectuel d'Érasme de Rotterdam au XVe siècle, l'université est généralement aussi compté parmi l'un des lieux de naissance de l'humanisme de la Renaissance[114]. L'université de Zurich constitue le plus grand campus du pays avec environ 25 000 étudiants[115].
247
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248
+ Les deux écoles polytechniques qui sont gérées par la confédération sont l'EPFL (fondée en 1853) et l'EPFZ (fondée en 1855). Elles jouissent toutes les deux d'une excellente réputation internationale. En 2016 l'EPFL a été classée 11e dans le domaine de l'ingénierie/technologie et des sciences informatiques par le classement académique des universités mondiales et l'EPFZ a été classée 9e en sciences naturelles et mathématiques par le même classement.
249
+
250
+ Le CERN, situé près de Genève, à la frontière franco-suisse, est le premier centre mondial de recherche en physique des particules[116]. Un autre centre de recherche important est l'Institut Paul Scherrer.
251
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252
+ Parmi les inventions et découvertes notables se trouvent le LSD (par le chimiste Albert Hofmann), le microscope à effet tunnel (prix Nobel) ou le très populaire velcro. Quelques technologies ont en outre permis l'exploration de nouveaux mondes, comme le ballon pressurisé d'Auguste Piccard ou le bathyscaphe qui permettra à Jacques Piccard d'atteindre l'endroit le plus profond du globe.
253
+
254
+ Un grand nombre de prix Nobel a été attribué à des scientifiques suisses, par exemple au mondialement célèbre Albert Einstein dans le domaine de la physique. Au total, pas moins de 113 prix Nobel sont associés, directement ou indirectement, à la Suisse ainsi qu'à des organisations internationales basées en Suisse[117].
255
+
256
+ La Suisse est l'un des dix membres fondateurs de l'Agence spatiale européenne (ESA), en 1975[118]. Elle est le septième plus grand contributeur au budget de l'ESA. Dans le secteur privé, quelques entreprises sont impliquées dans l'industrie spatiale telles qu'Oerlikon Space[119] et Maxon Motors[120] qui fournissent des structures pour véhicules spatiaux.
257
+
258
+ Chaque habitant qui est établi en Suisse a l'obligation d'être couvert par une assurance maladie, ainsi qu'une assurance accident. Le système de santé suisse est en 2018 classé meilleur d'Europe, notamment avec des délais courts et un accès direct aux spécialistes[121].
259
+
260
+ Par sa position géographique au centre de l'Europe, la Suisse possède un réseau routier et de chemin de fer dense (5 053 km de voies ferrées et 71 059 km de routes revêtues, dont 1 638 km d'autoroutes).
261
+
262
+ La traversée des Alpes constitue un enjeu important pour les transports européens puisque les Alpes (qui recouvrent une bonne partie du pays) séparent l'Italie du reste de l'Europe. Depuis l'industrialisation des pays européens, la Suisse améliore son réseau transalpin : tunnel ferroviaire du Saint-Gothard de 15 km en 1882, tunnel ferroviaire du Simplon de 20 km en 1906, tunnel routier du Grand-Saint-Bernard de 6 km en 1964, tunnel routier du San Bernardino de 7 km en 1967, tunnel routier du Saint-Gothard de 17 km en 1980, tunnel ferroviaire de base du Lötschberg de 34 km en 2007, tunnel ferroviaire de base du Saint-Gothard de 57 km en 2016.
263
+
264
+ Le transport ferroviaire international du pays s'élevait en 2008 à 9 766 millions de tonnes-kilomètres, ce qui représente le cinquième de la quantité totale transportée de cette manière en Europe (CEE + Norvège + Suisse)[122]. La majorité du réseau ferré est géré par les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF). Le Chemin de fer du Lötschberg, qui exploite le deuxième réseau ferroviaire suisse sur l'axe Suisse centrale - Italie via les tunnels du Lötschberg et du Simplon, ainsi que les chemins de fer rhétiques, qui desservent le canton des Grisons en voies étroites, sont deux compagnies privées importantes. Il y a en outre une multitude de petites entreprises privées.
265
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266
+ Le réseau routier est public, sauf le tunnel du Grand-Saint-Bernard. Une vignette annuelle permet d'utiliser les autoroutes nationales.
267
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268
+ Sur le plan du transport aérien, la Suisse possède 39 aérodromes, dont les aéroports internationaux de Zurich (23 millions de passagers par an), Genève (16 millions), Bâle/Mulhouse (7 millions), de Berne (200 000), de Sion en Suisse romande et de Lugano pour la Suisse italienne[123].
269
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270
+ En 2012, la Banque nationale suisse détient des réserves en euros pratiquement équivalentes à la moitié de celles cumulées des 17 banques centrales nationales de la zone euro. La Suisse se situe au cinquième rang des plus importantes réserves en devises étrangères détenues par des États, derrière la Chine, le Japon, l'Arabie saoudite et la Russie[124].
271
+
272
+ La Suisse est souvent considérée comme l'un des plus grands paradis financiers au monde : en 2013, selon les estimations de Boston Consulting Group, la Confédération est le premier centre financier offshore mondial avec 1 600 milliards d'euros d'avoirs[125]. Le pays représente 4,5 % des flux financiers internationaux et figure à la première place du classement des paradis fiscaux établi par l'association Tax Justice Network[126].
273
+
274
+ La Suisse, par sa situation géographique et son histoire, est imprégnée des cultures latines et germaniques ; les coutumes locales cohabitent selon les régions linguistiques du pays. En effet, le pays possède quatre langues nationales (l'allemand (64 %), le français (20 %), l'italien (6 %) et le romanche (<1 %)). Cette diversité culturelle, essentielle pour la cohésion du pays, participe de l'identité de la Suisse[127].
275
+
276
+ L'hymne national suisse officiel depuis 1981 est le Cantique suisse, composé en 1841 par Alberich Zwyssig (1808-1854) sur des paroles de Leonhard Widmer (1809-1867)[128].
277
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278
+ Au XVIIe siècle, la Confédération ne possédait pas encore de représentation symbolique forte. Mais au cours du siècle suivant, Helvetia et Guillaume Tell sont élevés au rang de symboles patriotiques suisse. Et à partir de 1848, Helvetia est élevée au rang d'emblème national du nouvel État fédéral. Ce symbole devient alors omniprésent, que ce soit sous la forme d'œuvre d'art, sur les monuments, sur les timbres ou sur les monnaies[129].
279
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280
+ Un certain nombre de mythes et de légendes sont associés aux épisodes anciens de l'histoire suisse.
281
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282
+ La notion de protection du patrimoine apparaît dès la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, sept sites culturels font partie du patrimoine mondial de l'UNESCO : la vieille ville de Berne, l'Abbaye de Saint-Gall, le Couvent bénédictin Saint-Jean-des-Sœurs, les trois châteaux de Bellinzone, le vignoble de Lavaux[130], le Chemin de fer rhétique dans le paysage de l'Albula et de la Bernina et l'urbanisme horloger des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle.
283
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284
+ De nombreux châteaux forts et fortifications du Moyen Âge sont construits par les familles dynastiques. Ils servent à la fois d'habitation et de moyen de défense. Mentionnons quelques châteaux forts : le château de Chillon, Lenzbourg, Mesocco, Berthoud, Kybourg ou les trois châteaux de Bellinzone. Les villes du Moyen Âge sont fortifiées. Certaines d'entre elles, comme Morat, sont préservées et ont conservé leurs remparts. Mais, dans la plupart des cas, seuls subsistent des vestiges au cœur des villes comme la Zeitturm de Zoug, la porte de Spalen à Bâle ou la Zytglogge de Berne.
285
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286
+ Des bâtiments religieux apparaissent dès le VIe siècle. Couvents, monastères, églises et cathédrales sont bâtis, parmi lesquels on peut mentionner le couvent de Saint-Gall, l'abbaye d'Einsiedeln, l'abbaye de Saint-Maurice, la cathédrale de Bâle, l'Abbatiale de Romainmôtier et la cathédrale de Lausanne[131].
287
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288
+ On trouve des édifices publics dont certains remontent à la période romaine, comme l'amphithéâtre d'Avenches, mais aussi des hôtels de ville, le plus ancien étant celui de Berne (1406)[132]. L'hôtel de ville de Bâle (1504 – 1514), avec ses façades de couleur rouge, est très caractéristique. La tour carrée dans la cour de l'hôtel de ville de Genève (1555) est un bâtiment typique de la Renaissance de tradition française en pierre de taille. Au XIXe siècle, de nouveaux bâtiments publics voient le jour comme les postes, les gares, les musées, les théâtres, les églises et les écoles. Citons le palais fédéral, la gare centrale de Zurich, le musée national suisse, le grand Théâtre de Genève et l'université de Zurich.
289
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290
+ La Suisse compte quelques ensembles urbains remarquables. La vieille ville de Berne, avec ses arcades, places et fontaines, est représentative de l'urbanisme médiéval en Europe. À la fin du XIXe siècle, les quartiers neufs naissent sur l'emplacement des anciennes fortifications des grandes villes, comme la Bahnhofstrasse de Zurich, la Ceinture fazyste de Genève ou le quartier St. Alban à Bâle[ca 1]. C'est également dans cette période que de nouvelles synagogues sont construites dans les quartiers neufs des grandes villes du pays : Genève (1859), Bâle (1866) et Zurich (1884). L'urbanisme devient planifié : en 1834, La Chaux-de-Fonds, qui est détruite par un incendie, sera reconstruite selon une nouvelle structure urbaine[ca 2] (voir Ensemble urbain du XIXe siècle de La Chaux-de-Fonds). Au début du XXe siècle sont créés des logements ouvriers basés sur le modèle du Werkbund, comme le lotissement Freidorf (1919 – 1921) à Muttenz, synthèse entre l'idéal de la cité-jardin et le mouvement coopératif[134]. Des cités satellites sont construites dans les banlieues des grandes villes durant la période entre 1945 et 1975, comme Le Lignon en périphérie de Genève[ca 3].
291
+
292
+ À partir du XVe siècle, les maisons civiles de style gothique en pierre apparaissent, par exemple, le Grimmenturm de la Spiegelgasse à Zurich, la maison Tavel à Genève, la Haus zum Rüden[135] à Zurich, la Haus zum Ritter à Schaffhouse, l'hôtel Ratzé (1583-1586) à Fribourg et la maison Serodine (1620) à Ascona[136]. Pendant la Renaissance, des arcades sont ouvertes au Tessin comme dans la cour du château de Muralto, l'ancien Palazzo Rusca à Lugano et le Collegio Papio à Ascona[ms 1]. En Suisse allemande, le premier bâtiment de style renaissance est le « palais Ritter » (1556) à Lucerne.
293
+
294
+ Les maisons particulières baroques sont richement décorées avec des encorbellements à un ou plusieurs étages, comme à Schaffhouse, et possèdent des oriels en pierre ou en bois comme à Saint Gall. À titre d'exemple, le Herrenstube et le Frontwagenturm à Schaffhouse. À Zurich, deux maisons de corporation sont construites en pierres de taille et présentent un aspect sévère : Zimmerleuten (1708) et Saffran (1719 – 1723)[ms 2]. L'ouest du pays est plus influencé par l'architecture baroque française; ce style s'impose en Suisse romande vers la fin du XVIIe siècle. Il en va ainsi des hôtels particuliers de la rue des Granges, à Genève, avec cour d'honneur[137]. On trouve aussi des exemples de style rococo[ms 3]. Parmi les bâtiments les plus importants pour l'architecture néo-baroque en Suisse se trouvent la cathédrale Saint-Ours et Saint-Victor à Soleure (1769) et l'Opéra de Zurich (1891). La ville de Soleure est généralement considérée comme « la plus belle ville baroque de Suisse »[133].
295
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296
+ À partir de 1800, de grandes villas classicistes sont conçues, comme le palais Eynard (1817 – 1821) à Genève ou la Villa Merian (1801) à Bâle/Münchenstein. Plus tard, au XXe siècle apparaissent quelques réalisations d'architecture moderne : la villa Le Lac (1923) et l'immeuble Clarté (1931) à Genève par Le Corbusier, ou la Cité Halen (1957 - 1961) par l'Atelier 5, près de Berne, un exemple de maisons individuelles contiguës en terrasse pour la classe moyenne[ca 4]. Mais on constate également encore la construction des plusieurs bâtiments dans le style de la Belle Époque, comme le Beau-Rivage Palace de Lausanne ou le siège de Swiss Re à Zurich en 1913.
297
+
298
+ La forte diversité des espaces naturels en Suisse se retrouve dans la grande variété de maisons rustiques, qui se déclinent selon diverses variétés alpines : les Gotthardhaus (maisons du Gothard), en bois, trouvées dans les vallées alpines isolées du Tessin, du Valais et dans les Grisons ; la maison valaisanne, en bois, typique du centre du Valais et du Val d'Hérens ; la maison tessinoise, en moellons ; la maison engadinoise décorée de peintures murales et de Sgraffite[ms 4],[mh 1] ; les maisons de l'Oberland bernois et Simmental, en bois massif travaillé à la scie, Strickbau ou en madriers carrés, taillés à la hache[138].
299
+
300
+ Sur le plateau suisse, la maison bernoise, recouverte d'une énormes toiture en croupe avec des charpentes agrémentées de motifs sculptés[ms 5],[139] ; les chaumières argoviennes[140] ; les maisons à colombage sur le plateau oriental et à Zurich ; les fermes à usages multiples (Dreisässenhäuser) au nord-ouest et sur le plateau romand, construites en pierre[141],[ms 5].
301
+
302
+ Dans le Jura, les fermes jurassiennes possèdent de larges façades pignon entièrement en pierre crépie à la chaux[ms 4],[mh 2],[142].
303
+
304
+ Les ouvrages d'arts tels que ponts et tunnels sont nombreux. Le Pont du Diable au cœur des Alpes sur la route du col du Saint-Gothard ou le Mittlere Brücke sur le Rhin à Bâle en sont des exemples historiques. Beaucoup de ponts médiévaux sont en bois comme le Kapellbrücke à Lucerne. Au XIXe siècle, des ponts suspendus à l'aide de câbles d'acier sont construits à Genève (pont de Saint-Antoine) et à Fribourg (Grand Pont). En 1834, à l'époque de sa construction, ce dernier était le plus long du genre[143],[ca 2]. De nombreux ponts et tunnels pour les chemins de fer comme le viaduc de Landwasser, les tunnels du Gothard et du Simplon sont construits au tournant du XXe siècle[ca 5]. Le pont de Salginatobel ou le viaduc de Chillon sont des ouvrages routiers du XXe siècle.
305
+
306
+ La plupart des fêtes sont locales ou régionales. Certaines fêtes sont célébrées dans toute la Suisse comme la fête nationale suisse, le Jeûne fédéral (à part Genève et dans les cantons catholiques) ou les principales fêtes religieuses. De différentes fêtes fédérales sont également trouvées ; Rassemblements associatifs avec un caractère patriotique plus ou moins prononcé selon l'époque, ce sont des concours ayant lieu tous les trois ans environ[144].
307
+
308
+ La fête nationale suisse est célébrée le 1er août. C'est un jour férié officiel dans toute la Suisse depuis 1994 seulement. Les jours fériés en Suisse sont de la compétence des cantons, qui déterminent eux-mêmes leur propres jours fériés, jusqu'à huit dans l'année. Légalement, les jours fériés sont assimilés à des dimanches. Les jours fériés varient donc beaucoup d'un canton à l'autre. Seuls Noël, le Nouvel An, le Jeudi de l'Ascension et le 1er août sont communs à tous, les autres fêtes (Le 2 janvier Saint-Berthold, Vendredi saint, le Lundi de Pâques, le Lundi de Pentecôte, Fête-Dieu, Assomption, Jeûne fédéral, Toussaint, Immaculée Conception et le 26 décembre) étant reconnues par les cantons selon leur tradition principalement religieuse (catholique ou protestante). Seule la fête nationale, le 1er août, est ancrée dans la constitution fédérale[145].
309
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310
+ Les jeux nationaux, qui se pratiquent notamment lors de fêtes fédérales ou cantonales, sont la lutte suisse, le lancer de la pierre et le Hornuss. La pratique du tir est élevée au rang de sport national. En plus des obligations de tir prévues dans le cadre du service militaire, donc de nombreuses fêtes de tir lors de fêtes locales, cantonales et fédérales. Parmi d'autres jeux traditionnellement pratiqués en Suisse, il existe le Jass, très populaire, le Eisstock et les combats de reines.
311
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312
+ La musique populaire suisse « typique » rurale n'est pas exclusivement suisse. Les traditions telles que le « Chant du soir », les « Ranz des vaches » ou le « yodel » se retrouvent dans d'autres régions alpines; des pièces variées, autant par la langue utilisée (allemand, français ou italien) que par le genre d'histoire racontée[146].
313
+
314
+ La Suisse a, depuis des siècles, une grande tradition de carnavals agrémentés de groupes musicaux avec leur style propre : les cliques et les groupes de Guggenmusik et de brass band. Les carnavals les plus connus sont ceux de Bâle, de Lucerne, de Soleure, de Fribourg, de Monthey et celui de Bellinzone. Les Brandons de Payerne est un des plus anciens carnavals de Suisse[147]. La musique folklorique jouée lors de fêtes traditionnelles comprend notamment le yodel. Lors de la fête fédérale des yodleurs, le cor des Alpes est également joué. Le ranz des vaches est le chant traditionnel a cappella des armaillis (vachers) dans le canton de Fribourg. Il est habituellement chanté durant la montée des troupeaux à l'alpage et le retour dans les étables à la fin de l'été.
315
+
316
+ Il y a peu de plats nationaux. Les nombreuses spécialités locales reflètent la diversité linguistique et géographique de la Suisse. Les traditions culinaires d'origine paysannes proposent des plats robustes et riches en calories, justifiés en partie par la nature montagneuse de la Suisse avec ses hivers longs et rudes[148]. Les plats représentatifs du pays sont les röstis ainsi que ses repas traditionnels au fromage comme la fondue au fromage et la raclette. Parmi les spécialités locales connues dans l'ensemble du pays, on trouve les Basler Läckerlis, la tarte aux noix des Grisons, la tourte au Kirsch de Zoug, l'émincé de veau à la zurichoise, le gratin de cardons genevois, le totché jurassien, la taillaule neuchâteloise, le papet vaudois ainsi que la polenta et le risotto à la tessinoise.
317
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318
+ Les produits typiques sont le chocolat dont les variantes au lait et fondant ont été créées respectivement par Daniel Peter en 1875 et Rudolf Lindt en 1879 ; de nombreuses formes de fromages tels que l'Emmental, le Gruyère, L'Etivaz, la Raclette, le Sbrinz, la Tête de Moine, le Vacherin fribourgeois ou le Vacherin Mont d'Or[149] ; la viticulture, principalement concentrée à l'ouest et au sud du pays ; ainsi que de nombreuses variétés de saucisses et viande séchée comme le cervelas ou cervelat[150], le saucisson vaudois, la viande séchée du Valais, la viande des Grisons ou des salamis tels que le Salametto. Certains produits alimentaires comme les aromates en poudre (Knorr[151] et les cubes de bouillon Maggi), le Rivella et l'Ovomaltine sont des classiques fabriqués de longue date. Le Cenovis à base végétale et le Parfait sont des pâtes à tartiner très connues de la Suisse[152].
319
+
320
+ « La culture est du ressort des cantons »[153]. Néanmoins, « la Confédération peut promouvoir les activités culturelles présentant un intérêt national et encourager l’expression artistique et musicale, en particulier par la promotion de la formation »[154]. La part du budget de la Confédération affecté à la culture est faible : 0,3 % du total. En chiffre cela représente environ 200 millions de francs suisses. Celle des cantons est variable en fonction de leur importance. À titre d'exemple, les budgets cantonaux de Zurich (322 millions de francs suisses en 2002), et Genève (234 millions), sont même plus élevés que la part de la Confédération. Les entreprises privées contribuent pour 320 millions de francs suisses[155]. Au niveau fédéral, l'Office fédéral de la culture (OFC) a pour mission de favoriser la diversité de la culture et de préserver son développement en toute indépendance.
321
+
322
+ L'organisme Présence Suisse promeut l'image de la Suisse à l'étranger. Dans le cadre de la culture il travaille avec Pro Helvetia[156],[157]. Pro Helvetia est une fondation fédérale dont les tâches concernent principalement la création contemporaine. Pro Helvetia possède quatre bureaux de liaison à l'étranger et gère également les centres culturels suisses[158]. Dans le cadre de la protection du patrimoine, la Confédération publie quatre inventaires : l'inventaire fédéral des sites construits à protéger en Suisse, l'inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d'importance nationale, l'inventaire des voies de communication historiques de la Suisse[159] et l'inventaire suisse des biens culturels d'importance nationale et régionale à protéger en cas de catastrophe[160].
323
+
324
+ Le mécénat est une forme de financement de la culture en Suisse pratiqué par les grandes entreprises, notamment les banques et assurances. L'aide va surtout aux grandes institutions au détriment des acteurs culturels indépendants. Elle prend la forme d'achat ou de commande d'œuvre ainsi que l'organisation de manifestations propres (concours ou expositions)[161].
325
+
326
+ Le pour-cent culturel Migros est un mode de financement volontaire de la culture en Suisse par la Migros, mis en place dès 1957[162]. Parmi d'autres organisations de protection du patrimoine on peut citer la Cinémathèque suisse, le Patrimoine suisse et Pro Natura.
327
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328
+ En 2015, la Suisse comptait 1 111 musées, qui ont totalisé 12,1 millions d'entrées cette année-là. Un tiers sont des établissements régionaux ou locaux. 71,4 % se trouvent en Suisse alémanique, 20,3 % en Suisse romande et 8,3 % en Suisse italienne[163]. Entre 1998 et 2015, il y a eu une augmentation de 200 musées, et leur nombre était trois fois moins important en 1950[164].
329
+
330
+ Les principaux musées des beaux-arts sont le Kunstmuseum de Bâle (plus ancien musée d'art accessible au public au monde)[165], le Kunstmuseum de Berne[166] et le Kunsthaus de Zurich[167]. Art contemporain : le musée d'Art moderne et contemporain (MAMCO)[168]. Collections privées : le Centre Paul-Klee à Berne, le Musée Tinguely à Bâle, la Fondation Beyeler à Riehen[169] et la Fondation Gianadda à Martigny. La Collection de l'art brut est un musée consacré à l'art brut, situé dans la ville vaudoise de Lausanne.
331
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332
+ Les Musées nationaux suisses dépendent de l'Office fédéral de la culture. Ils regroupent huit musées répartis dans différentes régions de la Suisse dont le principal est le musée national suisse de Zurich. Des musées présentant l'histoire : le musée des chartes fédérales (1936) à Schwytz[170],[171] et le musée international de la Réforme à Genève. Autres thèmes : le musée suisse des transports de Lucerne, le musée olympique à Lausanne, le musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, la Fondation Martin Bodmer à Cologny et le Musée suisse de l'habitat rural du Ballenberg.
333
+
334
+ Des foires et expositions ont lieu régulièrement, comme Art Basel, l'une des plus importantes foires d'art contemporain du monde avec près de 300 galeries représentées[172]. Les expositions nationales suisses sont des expositions ayant lieu tous les vingt-cinq ans environ depuis 1883. Leur but de rassembler et de répondre aux attentes socio-politiques des visiteurs autour de thèmes choisis. Elles sont ainsi le « miroir » de la société suisse à un moment donné. Parmi les salles de spectacle d'importance on peut citer le Schauspielhaus de Zurich (compté parmi les théâtres les plus importants du monde germanophone) et le Theater Basel à Bâle (nommé « théâtre de l'année » en 2009, 2012 et 2018 par le journal berlinois « Opernwelt »)[173] pour le théâtre ; le Grand Théâtre à Genève et l'Opéra de Zurich pour l'opéra ; le Victoria Hall de Genève et la Tonhalle de Zurich pour la musique classique. Des salles sont polyvalentes et se destinent à des événements d'ampleur régionale, voire nationale, tels que l'Aréna de Genève, l'Auditorium Stravinski de Montreux[174] ou le Palais de la culture et des congrès de Lucerne. Martigny accueil chaque année depuis 1960 la Foire du Valais recueillant plus de 200 000 personnes sur une dizaine de jours et avec ses 221 700 visiteurs en 2015, elle est devenue la foire la plus fréquentée de Suisse Romande. Elle se démarque des autres foires par son ambiance très festive.
335
+
336
+ Certains lieux publics, dont la fonction première n'est pas le spectacle scénique, reçoivent les événements rassemblant de nombreux spectateurs, tels que l'ancien aérodrome de Dübendorf qui a reçu les spectacles de Madonna (2008) et des Rolling Stones (2006)[175] ou des stades comme l'Hallenstadion de Zurich. De nombreux festivals : le Festival de musique de Lucerne a lieu au palais de la culture et des congrès de Lucerne, le Festival international de musique de Sion (jusqu'en 2001, c'était le Festival international de musique Tibor Varga[176]), les festivals de musique en plein air[177] comme le Paléo Festival Nyon à Nyon, l'un des plus grands festivals de musique en plein air d'Europe, le Rock Oz'Arènes un festival ayant lieu dans le cadre de l'amphithéâtre romain d'Avenches.
337
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338
+ Montreux abrite plusieurs festivals renommés : le Festival de la Rose d'or[178] (dès 2004 à Lucerne au Palais de la culture et des congrès de Lucerne[179]), le Septembre musical, le Montreux Jazz Festival (1967)[180] et le Festival du rire de Montreux[181]. Pour le cinéma, le Festival international du film de Locarno à Locarno (1946) est un festival de film d'auteurs indépendants disposant d'une réputation internationale. Le festival de bande dessinée BDSierre (1984 – 2004) a attiré jusqu'à 40 000 personnes, il était réputé au-delà de la Suisse. Il a disparu pour des raisons financières[182].
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+ La culture alternative est née au début des années 1980. Les revendications de la jeunesse pour des centres culturels autonomes, les manifestations de cette époque contre les valeurs établies ont changé les mentalités. La culture alternative est désormais reconnue plus ou moins officiellement et les centres autonomes sont, au XXIe siècle, des lieux incontournables de la création artistique[183]. Quelques centres culturels pour la jeunesse ou centres de culture alternative : la Rote Fabrik de Zurich (depuis 1980)[184], la Kultur Kaserne de Bâle (depuis 1980)[185], la Reithalle Berne (partiellement en 1981 – 1982 puis durablement dès 1987)[186],[187], Artamis à Genève (1996 - 2008)[188].
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+ La ville de Zurich connaît un autre festival de plein air : la Street Parade. Ce festival a lieu dans les rues du centre de la ville chaque deuxième samedi du mois d'août Comparable à la Love Parade de Berlin, au son de la musique « techno », chaque année cette manifestation attire plus de 700 000 personnes venues de tous les coins du pays[189].
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344
+ Plusieurs dizaines d'organisations et fédérations internationales sportives ont leur siège en Suisse : le Comité international olympique (CIO), le Tribunal arbitral du sport (TAS), la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), la Fédération internationale de football association (FIFA), la Fédération internationale de gymnastique (FIG), l'Union des associations européennes de football (UEFA), l'European Club Association (ECA), l'Association européenne d'athlétisme (EAA), la Fédération internationale d'escrime, etc.
345
+
346
+ Le hockey sur glace, le tennis, les sports hivernaux et le football sont très populaires. La gymnastique, le football, le tennis et le tir sportif sont les sports avec le plus grand nombre de licenciés par fédération[190]. En Formule 1, l'écurie Sauber est basée à Hinwil.
347
+
348
+ En tennis, la Suisse remporte la Coupe Davis en 2014, avec une équipe composée de Roger Federer, Stanislas Wawrinka, Marco Chiudinelli et Michael Lammer. En 1992, l'équipe dans laquelle figurait Marc Rosset (champion olympique en simple la même année), Jakob Hlasek, Thierry Grin et Claudio Mezzadri a été défaite en finale par les États-Unis. En 1998, l'équipe composée de Martina Hingis, Patty Schnyder et Emmanuelle Gagliardi subit le même sort face à l'Espagne.
349
+
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+ Le bâlois Roger Federer est considéré par de nombreux observateurs comme étant l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de ce sport, sinon le meilleur: il détient le record de 305 semaines passées à la première place du classement mondial de tennis ATP World Tour, ainsi que le record masculin de 20 victoires dans les tournois du Grand Chelem. Il a terminé l'année calendaire à la première place mondiale à cinq reprises (en 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009). Il est médaillé d'or en double messieurs avec Stanislas Wawrinka aux Jeux olympiques de Pékin 2008 puis vice-champion olympique en simple à Londres en 2012. Roger Federer a gagné à ce jour 102 titres, dont 26 tournois majeurs (Grand Chelem et Masters) et 28 Masters 1000. Son doublé Roland-Garros—Wimbledon en 2009 lui a permis de réaliser le Grand Chelem en carrière sur cinq surfaces différentes. Il est le tennisman qui a atteint le plus de finales dans un même tournoi du Grand Chelem (11 finales à Wimbledon) et est le recordman de victoires à Wimbledon, avec huit succès entre 2003 et 2017. Parmi ses nombreux records, on peut également souligner ses dix finales, vingt-trois demi-finales et trente-six quarts de finale consécutifs dans les tournois du Grand Chelem.
351
+
352
+ Chez les femmes, la Suisse compte en Martina Hingis la plus jeune numéro un de l'histoire en simple. La Saint-Galloise est restée au total 209 semaines au sommet de la hiérarchie féminine, se situant derrière des championnes comme Steffi Graf, Martina Navratilova, Serena Williams et Chris Evert. Elle a gagné au moins une fois tous les tournois du Grand Chelem en simple, en double et en double mixte, à l'exception du simple de Roland-Garros où elle a été battue deux fois en finale, ainsi qu'une médaille d'argent olympique en double avec Timea Bacsinszky.
353
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+ En 1922 fut mis en exploitation à Lausanne, le troisième émetteur public de radiodiffusion en Europe. Puis, au cours des années qui suivirent cette date, le pays vit la création de nombreuses sociétés de radiodiffusion. En 1923, la Suisse compte 980 concessionnaires radio[191].
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+
356
+ En 1930, les autorités fédérales réglementent la radiodiffusion, en regroupant l'ensemble des organisations régionales pour en faire une organisation de type fédéraliste, sous le nom de Société suisse de radiodiffusion (SSR), et qui se nomme aujourd'hui SRG SSR[191]. Durant cette période furent également mis en service les premiers émetteurs nationaux : à Sottens en mars 1931, Beromünster en mai de la même année et Monte Ceneri en octobre 1933. En 1953, la SSR inaugure un premier service expérimental de télévision[191].
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+
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+ Le Cervin près de Zermatt, Valais.
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+
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+ Face nord de l'Eiger, Berne.
361
+
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+ Le lac des Quatre-Cantons, Suisse centrale.
363
+
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+ Le glacier d'Aletsch, Valais.
365
+
366
+ Les chutes du Rhin, Schaffhouse.
367
+
368
+ Le lac d'Oeschinen, Berne.
369
+
370
+ Lacs de la haute Engadine, Grisons.
371
+
372
+ Les vignobles de Lavaux au bord du lac Léman, Vaud.
373
+
374
+ Massif du Säntis, Appenzell R. Intérieures.
375
+
376
+ Le Piz Bernina, Grisons.
377
+
378
+ Zurich.
379
+
380
+ Genève.
381
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+ Bâle.
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+
384
+ Berne.
385
+
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+ Lausanne.
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+ Lugano.
389
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+ Le château de Chillon au bord du Léman, Vaud.
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+
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+ Le Kapellbrücke, Lucerne.
393
+
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+ L'hôtel de ville de Bâle.
395
+
396
+ L'abbaye d'Einsiedeln, Schwyz.
397
+
398
+ Les châteaux de Bellinzone, Tessin.
399
+
400
+ Le jet d'eau de Genève.
401
+
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+ Le Glacier Express sur le viaduc de Landwasser, Grisons.
403
+
404
+ Train de la Wengernalpbahn dans la vallée de Lauterbrunnen, Berne.
405
+
406
+ Le pont de Salginatobel, Grisons.
407
+
408
+ Le versant sud de la ligne de faîte du Lötschberg, Valais.
409
+
410
+ La rampe sud du col du Saint-Gothard, Tessin.
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+ Différents codes internationaux, souvent constitués de 2 à 3 lettres dénomment la Suisse. Parmi les plus usités, on trouve :
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+ Les Ballets russes sont une célèbre compagnie d'opéra et de ballet créée en 1907 par Serge de Diaghilev, avec les meilleurs éléments du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Dès 1909, la compagnie entame une tournée internationale et, en 1911, Diaghilev coupe les ponts avec le Ballet impérial. La compagnie devient une troupe privée, indépendante, qui se fixe à Monte-Carlo, Paris et Londres, sans s'attacher à aucun théâtre en particulier.
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+ Les Saisons russes est un projet de grande envergure visant à présenter la culture russe au public européen. Plus de 400 manifestations sont prévues en France, en Belgique et au Luxembourg dans le cadre de ce festival, qui se prolongera jusqu'à la fin de l'année 2020 : des expositions, des représentations théâtrales, des concerts de musique symphonique, des spectacles de ballet, des projets cinématographiques, des tournées des plus grands collectifs de danse traditionnelle, ainsi que des festivals d'art du cirque et divers.
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+ En 2017, « Les Saisons russes » ont été organisées à un haut niveau au Japon, avec 250 évènements dans 40 villes. En 2018, « Les Saisons russes » ont conquis l'Italie, couvrant 310 évènements dans 74 villes. En 2019, 437 manifestations des « Saisons russes » se sont produites dans 90 villes d'Allemagne.
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+ La première saison des Ballets russes a lieu au théâtre du Châtelet, du 18 mai au 18 juin 1909, sous le patronage de la Société des grandes auditions créée par la comtesse Greffulhe[1]. Chaque année à cette période, la compagnie revient à Paris, d'abord au Châtelet, puis dans d'autres théâtres[2].
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+ À partir de 1911, la troupe donne également des représentations à Rome, à Vienne, au Grand Théâtre de Genève, à Barcelone et à Madrid. Elle danse aussi en Amérique du Sud dès 1913, aux États-Unis dès 1915 ; après la Première Guerre mondiale, elle se produit en Belgique entre 1922 et 1928, à Lausanne et Berne en 1923, aux Pays-Bas en 1924.
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+ La dernière représentation est donnée à Vichy le 4 août 1929. Malgré les tentatives de Serge Lifar et de Boris Kochno, la troupe ne survit pas à son fondateur, décédé à Venise le 19 août 1929, mais l'esprit en sera préservé jusqu'au Ballet du marquis de Cuevas.
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+ Diaghilev pour sa compagnie, va favoriser l'essor de talents originaux et la création de nouvelles chorégraphies dont plusieurs marquèrent l'histoire de la danse moderne.
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+ Le premier chorégraphe des ballets russes fut Michel Fokine issu du théâtre Mariinsky qui régla les chorégraphies des premières saisons des ballets russes dont Le Pavillon d'Armide, Les Danses polovtsiennes, Le Prince Igor, L'Oiseau de feu, Petrouchka, Le Spectre de la rose, Le Dieu bleu, Daphnis et Chloé. Écarté au profit de Nijinski, il est rappelé en 1914 pour créer trois autres ballets La Légende de Joseph, Midas, Papillons, avant de quitter définitivement la compagnie.
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+ Nijinsky fut à l'origine de deux des scandales les plus retentissants liés aux Ballets russes, avec ses chorégraphies de L'Après-midi d'un faune et Le Sacre du printemps. Il régla aussi la chorégraphie de Jeux. Ses chorégraphies novatrices ne furent pas comprises par le public, ni par des compositeurs ou des danseurs comme Igor Stravinsky et Ida Rubinstein, qui refusa de danser la grande nymphe de L'Après-midi d'un faune.
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+ Après le renvoi de Nijinsky en 1914 et le départ définitif de Fokine, Leonide Massine devient de 1915 à 1921 le chorégraphe en chef des Ballets russes pour qui il crée les chorégraphies de Soleil de nuit, La Meninas, Les Contes russes, Parade qui fit scandale lors de sa création, une nouvelle chorégraphie du Sacre du printemps, La Boutique fantasque, Le Tricorne, Le Chant du rossignol, et Pulcinella. En 1921 il quitte les Ballets russes, mais continua à partir de 1925 à composer de nouvelles chorégraphies pour la compagnie en alternance avec Bronislava Nijinska et George Balanchine.
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+ Assistante de son frère sur les chorégraphies du Faune et de Jeux, Bronislava Nijinska créa pour la compagnie de Diaghilev les chorégraphies de Noces et Renard de Stravinsky, Les Biches, Les Fâcheux, Le Train bleu et Une nuit sur le Mont Chauve.
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+ Faisant partie de la dernière génération de danseurs ayant intégré la compagnie, George Balanchine fut, à partir de 1926, le principal chorégraphe des Ballets russes, quand il composa les chorégraphies de Jack in the Box, La Chatte et Apollon musagète, ballet qui marqua les débuts d'une collaboration de longue date avec Stravinsky.
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+ Dernier danseur étoile des ballets russes, Serge Lifar fit aussi une nouvelle chorégraphie de Renard pour la dernière saison de la compagnie en 1929.
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+ Les spectacles révèlent aussi au public les talents de grands artistes :
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+ Les Ballets russes de Monte-Carlo (1932-1935) sont fondés par le colonel de Basil et René Blum. À la suite de la brouille de ses créateurs, la troupe est divisée en 1935 en :
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+ Les Ballets suédois, de 1920 à 1925, sous la direction de Rolf de Maré créés après la séparation de Michel Fokine d'avec les Ballets russes de Serge de Diaghilev[6]
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+ L’atmosphère des ballets russes à travers les costumes de Bakst se retrouve dans le domaine de la haute couture. Ses œuvres, ses dessins, ses costumes continuent aujourd’hui encore à inspirer les couturiers les plus divers. Parmi eux, Christian Lacroix, John Galliano pour Dior ou Karl Lagerfeld pour Chloé ont ravivé la mémoire de Bakst.[7] En 1976, Yves Saint Laurent présente sa collection Opéra – Ballets russes.[8] Amateur des ballets, des costumes de Léon Bakst, et de peintures orientalistes, Yves Saint Laurent réuni à la fois la Russie impériale, et son opéra. Fourrures, mousselines, soies, velours sont portés par les mannequins aux couleurs étincelantes.[9]
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+ Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude de la science ou des sciences avec rigueur et des méthodes scientifiques[1].
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+ Bien que savant soit le terme pur, formé à partir de la racine savoir, il est plus ou moins tombé en désuétude et remplacé par scientifique ou chercheur.
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+ Il arrive que des personnes (ex. : charlatans) s'auto-qualifient de scientifiques, le scepticisme scientifique est une pratique qui remet en doute leurs allégations.
6
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7
+ Du siècle des Lumières à nos jours, le savant devient peu à peu scientifique, chercheur ou ingénieur : le mot « scientifique » évoque aujourd'hui surtout les sciences pures, voire les « sciences dures » mais les savants étaient autrefois aussi les lettrés. Ainsi, le Journal des savants[2] est en France le plus ancien journal littéraire d'Europe. Il fut créé en 1665 par Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris, sous Colbert et avec un patronage royal à partir de 1701. Les sociétés savantes étaient éclectiques. Il existe toujours des enseignants-chercheurs.
8
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+ La distinction entre science, science appliquée et technologie n'est pas toujours claire, mais on admet que les ingénieurs ont des buts plus pratiques alors que les scientifiques étudient plutôt des phénomènes fondamentaux. Tous deux procèdent à partir de problèmes ou hypothèses et cherchent des solutions. Les scientifiques accomplissent souvent des tâches technologiques en concevant l'équipement expérimental et les prototypes de construction et quelques ingénieurs font de la recherche scientifique de premier ordre. Les ingénieurs mécaniciens, électriciens, chimistes et en aérospatiale sont souvent au premier rang de l'étude de nouveaux phénomènes et matériaux. Peter Debye fut diplômé en électrotechnique et passa un doctorat de physique avant d'être lauréat du prix Nobel de chimie. L'ingénieur Claude Shannon fonda la théorie moderne de l'information.
10
+
11
+ De l'Antiquité à nos jours, et surtout durant le XXe siècle, la part des scientifiques dans la population et leur nombre total a beaucoup augmenté (à titre d'exemple, selon la base de données Scopus d'Elsevier, ce seul éditeur a publié de 1996 à 2011 des articles scientifiques écrits (ou co-écrits) par 15 millions de scientifiques différents, de presque toutes les nationalités (mais surtout basés dans quelques pays riches et industrialisés).
12
+
13
+ Les statistiques montrent aussi qu'à partir des années 1980, les équipes scientifiques tendent à devenir plus étoffées et (grâce à Internet notamment) les collaborations interrégionales et internationales ont un coût qui diminue et se font plus nombreuses[3].
14
+
15
+ Les modes d'évaluation des chercheurs ont beaucoup évolué au XXe siècle, avec depuis les années 1990 une tendance au renforcement des exigences de rentabilité, de productivité et des financements par projet, qui a poussé de nombreuses universités à soutenir une démarche de partenariat avec le privé ou de dépôts de brevets (aux États-Unis, souvent déposés par des chercheurs ou équipes qui publient beaucoup[4]) ou de création de start-ups. Les scientifiques travaillant dans la recherche publique sont soumis à une forte pression de publication (traduite par une formule « Publier ou mourir »), mais il leur est souvent difficile de franchir le seuil des revues à comité de lecture (le 9 juillet 2014, John Ioannidis a montré dans la revue PLoS ONE, via un travail statistique[5], qu’il n’y a que moins de 1 % des scientifiques (soit 150 608 personnes) qui arrivent à gérer leur carrière en réussissant à publier au moins un article par an. Cependant, ces derniers dominent la sphère de l'information scientifique publiée (leur signature figurant sur 41 % de tous les documents publiés)[5]. Et dans les articles les plus cités, ce même groupe d'élite est retrouvé (co-auteurs de 87 % de ces articles)[5]. De plus, le rang des scientifiques ayant publié à plusieurs reprises plus d'un papier par an diminue de façon spectaculaire avec le nombre d’articles publiés par an (deux articles ou plus : 68 221 personnes ; trois ou plus : 37 953 personnes ; quatre ou plus : 23 342 personnes ; cinq ou plus : 15 464 personnes ; 10 ou plus : 3 269 personnes[5]. Une position dominante d'un scientifique dans un domaine donné peut l'amener à agir comme un mandarin ainsi que le présente Jean Labarre[6].
16
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+ L'avènement de l'Internet, des modes de travail collaboratif et ouvert, de revues « ouvertes » (par exemple : PLOS, qui publie ses articles sous licence CC-BY-SA) et récemment de mode d'enseignements plus ouverts (ex. : MOOCs) pourraient encore modifier la formation, la formation tout au long de la vie et le travail des scientifiques.
18
+
19
+ « Scientifique », du latin scientificus, est un adjectif désignant ce qui est relatif à la science (parfois par opposition à littéraire). Par extension, est utilisé comme qualificatif synonyme de caractère propre à la science : rigueur, exigence, etc. (ex : Cette méthode est scientifique). L'usage de scientifique pour désigner une personne est donc un substantif[7].
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+ Des professions qualifiées de « scientifiques » :
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+ Le scoutisme (de l'anglais scout, mot signifiant, à l'origine, éclaireur, lui-même issu de l'ancien français « escoute » signifiant écoute[1]) est un mouvement de jeunesse mondial créé par Lord Robert Baden-Powell, un général protestant britannique à la retraite, en 1907, à Brownsea. Aujourd'hui, le scoutisme (comprenant les guides, les éclaireuses et les éclaireurs) compte plus de 40 millions de membres dans 217 pays et territoires, de toutes les religions et de toutes les nationalités, représentés par plusieurs associations scoutes au niveau mondial.
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+ Le scoutisme est un mouvement de jeunesse reposant sur l'apprentissage de valeurs, telles que la solidarité, l'entraide et le respect. Son but est d'aider le jeune individu à former son caractère et à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel. Pour atteindre cet objectif, le scoutisme s'appuie sur des activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, destinées plutôt à un apprentissage intellectuel. Le scoutisme s'appuie sur une loi et une promesse et a généralement une dimension religieuse ou spirituelle.
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7
+ Les membres sont appelés « scouts » (suivant le terme anglais international d'origine) ou parfois « éclaireurs » (sa traduction) dans les pays francophones. Au sens strict, ces termes désignent les jeunes garçons âgés de 12 à 17 ans. Au sens plus large, les encadrants, les animateurs ou les anciens membres sont des scouts, ou « restent des scouts dans l'âme ». Le « scout » est connu du public par le port d'un foulard et d'une tenue plus ou moins complète.
8
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9
+ Le guidisme est l'équivalent féminin catholique du scoutisme. Le mouvement féminin autre est celui des éclaireuses. À partir des années 1950, certains mouvements scouts ont fait le choix de la mixité (ou « coéducation ») dans les unités, tandis que d'autres conservent aujourd'hui des unités ou troupes exclusivement masculines ou féminines.
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+ En Rhodésie du Sud en 1896, Frederick Russell Burnham avait enseigné des techniques de survie à Robert Baden-Powell, devenant ainsi l'une des sources d'inspiration de la création du scoutisme. Les prémices d'une idée de scoutisme datent du siège de Mafeking en Afrique du Sud au cours de la Seconde Guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle Baden-Powell sert comme officier de commandement. Avec beaucoup d'astuce et de courage communicatif, il réussit à sauver la ville de Mafeking qui était assiégée depuis 217 jours par des troupes ennemies quatre fois plus nombreuses. Baden-Powell utilisa les jeunes de la ville appelés les cadets comme messagers pour transmettre des messages à pied et à vélo, comme observateurs, sentinelles et éclaireurs.
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+ À la libération de la ville, le 16 mai 1900, Baden-Powell est acclamé comme un héros et est nommé major-général par la reine elle-même. Il prouva que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. Il publie ses observations sous le nom de « scouting » (l’art des éclaireurs) dans un petit fascicule destiné aux militaires appelé : « Aids to scouting ».
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+ À son retour en Angleterre, Baden-Powell fut accueilli triomphalement. Il constate que « Aids to scouting » a un immense succès auprès des garçons britanniques et est utilisé par des éducateurs. Il reçoit même beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Frappé par le spectacle d'une jeunesse britannique des quartiers désœuvrés livrée à la drogue et au tabac, souvent en mauvaise santé et délinquante, il décide de mettre l'expérience apprise à la guerre au service des jeunes gens, cette fois dans une optique de paix. « Sa carrière lui a permis de connaître les hommes pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes avec bienveillance et patience », commente Michel Seyrat, spécialiste de la pensée du fondateur du scoutisme[2].
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17
+ S'inspirant de nombreuses expériences éducatives auprès des mouvements de jeunesse de l'époque, il reprend des éléments entiers des méthodes d'autres associations, suscitant parfois des conflits comme celui qui l'oppose à Ernest Thompson Seton. Mais ce qui le caractérise c'est sa capacité à synthétiser toutes ces lectures et toutes les expériences sur lesquelles il s'est documenté pour produire un mouvement de jeunesse qui possède ses propres références et ses rites caractéristiques.
18
+ Notons parmi ses sources, les Wandervogel allemands ou autrichiens, les rites d'initiation zoulous, la gymnastique développée en Allemagne par F.L. Jahn, sans compter les codes de chevalerie dont il n'était pas le premier à s'inspirer, suivant en cela l'exemple de Ruskin aux États-Unis (Knight of King Arthur) ou le mouvement Woodcraft qui pratiquait déjà un système de badges.[réf. nécessaire]
19
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20
+ Mais ce qui marque également Robert Baden-Powell, c'est sa propre adolescence et son environnement familial. Son enfance est bercée par le récit des aventures de son grand-père, l'amiral William Henry Smyth. Il pratique la voile avec ses frères, ce qui lui inspire plus tard plusieurs récits autobiographiques, notamment la construction du voilier de son frère avec quelques amis du métier.
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+ Il apprend la répartition des responsabilités à bord, l'acquisition de compétences et la vie d'équipage. Un autre de ses ancêtres, John Smyth, explorateur, avait traversé l'Océan et sillonné la Virginie, alors territoire inexploré. Comment échapper à toutes ses influences quand sa mère l'autorise à accompagner Warington, l'ainé de Baden Powell, navigateur endurci, auprès duquel il acquiert une expérience de la navigation qui l'influencera durablement[3].
23
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+ « À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires. »
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26
+ En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons de différentes classes sociales sur l'île de Brownsea, qui débute le 29 juillet. Il y teste ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance. À la suite de ce camp, Sir William SMYTH (fondateur de la « boy’s brigade ») lui demande d’écrire un ouvrage sur la manière dont le « Scouting » pouvait être adapté à la jeunesse qu’il appelle : Scouting for boys (Éclaireurs).
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+ Baden-Powell pensait alors que ce livre pourrait donner des idées aux jeunes pour se regrouper en organisations. En effet, les premières patrouilles de scouts furent créées et Baden-Powell reçut de nombreuses demandes d'aide. Il les encouragea et le développement du mouvement scout commença au Royaume-Uni avec la création des scouts marins, des scouts de l'air et d'autres unités spécialisées.
29
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+ Baden Powell dirigea avec son frère Warington un camp nautique en 1908, à Buckler's Hard, dans le Hampshire, en Angleterre, peu après celui de Brownsea Island en 1907, avec là aussi une vingtaine de garçons posant les fondations des « Sea Scouts ». C'est ainsi que Baden-Powell en vint à lancer le scoutisme marin avec l'aide de son frère Warington, avocat à l'amirauté, marin expérimenté et promoteur de la navigation en canoë. Cependant, les scouts marins ne seront pas nommés ainsi avant 1912. Auparavant, en 1910, Warington aura écrit Sea Scouting and Seamanship for Boys, préfacé par son frère, le premier manuel de scoutisme marin, qui fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par les nombreux jeunes britanniques intéressés par cette nouvelle forme de scoutisme.
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32
+ Baden-Powell ne pouvant plus conseiller personnellement chaque jeune qui lui demandait de l'aide, il décida de mettre en place une formation des adultes pour l'encadrement. Le Wood Badge course est alors créé à ce propos. En 1919, Gilwell Park près de Londres est acheté afin d'être utilisé comme camp et site d'entraînement pour les adultes.
33
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34
+ Le scoutisme a commencé à se répandre à travers la Grande-Bretagne et l'Irlande bien avant la publication du Scouting for boys de Baden-Powell et il s'étend rapidement dans l'empire britannique. La première unité hors du Royaume-Uni connue a été transportée à Gibraltar en 1908 suivie par Malte peu de temps après. Le Canada devint le premier dominion possédant un programme Boy Scout, puis l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud quelques années après. Le Chili est le premier pays hors des dominions britanniques à posséder un mouvement scout reconnu. Le mouvement fait des émules en France à partir de 1909 à Nantes[4],[5].
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+ Le premier rally scout se tient au Crystal Palace à Londres en 1910. Il attira 10 000 garçons ainsi que de nombreuses filles. En 1910, la Belgique, l'Inde, Singapour, la Suède, la Suisse, le Danemark, la France, la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, le Mexique, l'Argentine, la Grèce et les États-Unis ont des Boy Scouts...
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+ En 2007, le scoutisme a célébré ses 100 ans d'existence, avec plusieurs grands événements tel que le renouvellement de la promesse qui a eu lieu le 1er août partout dans le monde, le JAMbe (rassemblement de 95 000 scouts et guides en Belgique, ce qui constitue un record[6]), le jamboree mondial à Chelmsford et sur l'île de Brownsea (Royaume-Uni), ou encore le jamboree de Chambord (France) réunissant plus de 17300 Scouts Unitaires de France (SUF) sur 23700, ou l'Aquajam réunissant des pionniers et caravelles français et espagnols dans les Pyrénées.
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+ En 2008, on compte plus de 28 millions de scouts et plus de 10 millions de guides dans le monde, répartis dans 216 pays[7],[8].
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+ Selon l'Organisation mondiale du mouvement scout, le but et les principes du mouvement scout sont[9] :
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+ Le mouvement scout a pour but de contribuer au développement des jeunes en les aidant à réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, sociales et spirituelles, en tant que personnes, citoyens responsables et membres des communautés locales, nationales et internationales.Il a aussi pour but de compléter l'éducation parentale.
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+ Selon le Chapitre I de la Constitution et Règlement Additionnel de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout
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+ Historiquement, deux sources distinctes ont contribué à la création du scoutisme :
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+ Ces deux sources donnent lieu aujourd'hui à des divergences d'application selon les associations qui les mettent en œuvre. On vit ensuite Baden Powell vouloir étendre son recrutement à toutes les couches de jeunes gens, du fait qu’il constituait une des premières formes d'encadrement des loisirs. Dès le départ, Baden Powell construit un mouvement de jeunesse dont il va établir les principes dans son livre Scouting for boys ainsi qu'une série de conférences.
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+ Le scoutisme est fondé sur un principe pédagogique qui cherche à donner des responsabilités à l’enfant et à l’adolescent pour former son caractère par le jeu et l'action dans la nature et à épanouir sa vie sociale dans le respect des valeurs traditionnelles de son milieu social. De manière régulière, le scoutisme propose des camps en milieu naturel et des activités d’entraide, de bienfaisance, humanitaires. À l'origine les jeunes étaient séparés par classe d’âge et par sexe, assurant différentes activités en fonction des groupes.
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+ Les organisateurs d'activités de scoutisme sont soumis aux obligations générales valant pour toute structure d'animation accueillant des mineurs. Cependant, ils bénéficient de conditions dérogatoires par rapport aux structures d'animation classiques, avec ou sans hébergement[10].
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56
+ La loi scoute est la règle que chaque jeune adhérent à un mouvement scout tente de respecter. Elle fait partie, comme la promesse, le système des patrouilles et les activités de plein air des principes édictés par lord Robert Baden-Powell dans son livre Éclaireurs édité en 1908.
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+ Il est important de souligner que le terme de loi chez les scouts n'a en aucun cas de sens légal. La loi est une série de « conseils de vie » qui sont proposés au jeune. C’est lui qui choisit de « faire de son mieux » pour suivre ces conseils, après réflexion et avec l’aide de ses chefs, de sa famille et des amis. En cas de non-respect de la loi, aucune sanction ne sera prise. Tout au plus une discussion lui permettra de prendre conscience pour faire mieux la fois suivante et ainsi progresser. Chaque jeune a donc la possibilité de s’approprier cette loi et de la mettre en application à son rythme en fonction de ses points forts et de ses faiblesses.
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+ Si les principes fondateurs sont les mêmes, la loi scoute diffère dans son contenu et sa formulation d'un mouvement à l'autre, et d'un âge à l'autre.
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+ La Promesse est l'engagement solennel que prend, au cours d'une cérémonie, le ou la jeune pour marquer son adhésion à la loi et aux valeurs du scoutisme. Elle fait partie des constantes de toutes les branches du scoutisme. Seule la forme change d'un mouvement à l'autre. Dans bien des associations la promesse contient une référence à Dieu. Quelques associations font de la promesse un engagement devant les pairs.
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+ « Soyez toujours fidèles à votre Promesse scoute même quand vous aurez cessé d'être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir ! » sont les derniers mots de la lettre d'adieu que Baden-Powell adresse à l'ensemble des éclaireurs.
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+ Les mots de Baden-Powell sur le scout à son image sont : recherche, observation, déduction, nautisme, secourisme, santé, discipline, responsabilités, chevalerie et patriotisme.
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+ La tenue est une des caractéristiques du mouvement scout comme le rappelle Baden-Powell lors du Jamboree de 1938 : « il recouvre les différences de pays et d'origines et leur fait sentir qu'ils appartiennent tous à la même Communauté du Monde. »
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+ Inspiré de celui porté par les troupes coloniales britanniques, l'uniforme original est constitué d'une chemise kaki, d'une culotte courte et d'un chapeau à larges bords (Quatre-bosses). Par ailleurs, Baden-Powell portait également un short puisque d'après lui, le fait d'être habillé de la même façon que les jeunes contribuait à réduire la distance qui les séparait des adultes. On lui prête aussi l'affirmation selon laquelle « on n'attrape pas froid par les genoux ! ».
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+ De nos jours, les tenues ont évolué. Si certains mouvements ont conservé une tenue classique, dans d'autres, les tenues se sont simplifiées et colorées. On en trouve des bleus, orange, rouges ou verts, ne gardant parfois de la tenue qu'une chemise et un foulard. De la même façon, les culottes courtes sont parfois remplacés par des pantalons, notamment dans les pays où la culture demande de la réserve ou pour des raisons climatiques. La jupe-pantalon peut aussi être adoptée pour les Guides dans certains pays. De même, le chapeau "quatre-bosses" peut être remplacé par un béret à deux flots, un bachi (béret à pompon, pour les marins) ou un calot, voire assez souvent, pas de couvre-chef du tout.
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+ Enfin, chaque association, dans les différents pays, dispose d'une couleur pour son uniforme et au sein d'une même association, il arrive que la couleur de la tenue diffère en fonction de l'âge.
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+ Le mouvement scout possède deux symboles internationaux : la fleur de lys utilisée par les organisations membres de l'Organisation mondiale du mouvement scout et le trèfle par les membres de l'Association mondiale des Guides et Éclaireuses. Ces badges font partie de l'uniforme officiel des scouts.
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+ Le badge de l'OMMS est circulaire et violet avec une fleur de lys en son centre. Il est entouré par un morceau de corde fermé par un nœud plat. La fleur de lys est un symbole ancien utilisé par Baden-Powell pour les scouts enrôlés dans l'armée britannique et qui est par la suite adopté et modifié par le mouvement scout. La pointe en flèche représente le Nord sur une boussole et avait pour but de guider les scouts sur le chemin de l'aide et de l'unité. De la même façon, les trois pointes de la fleur de lys représentent les trois devoirs envers Dieu (ou un "Idéal Élevé" pour les mouvements non confessionnaux), soi-même et les autres et rappellent également les trois principes de Franchise, Dévouement et Pureté. Les deux étoiles à cinq branches représentent la vérité et le savoir avec les dix branches symbolisant les dix points de la loi scoute. Enfin, le lien au bas de la fleur tend à montrer l'esprit de famille du scoutisme[11].
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+ Le symbolisme du trèfle de l'AMGE est assez similaire : les trois feuilles représentent les trois devoirs et les trois parties de la promesse scoute, les deux étoiles à cinq branches symbolisent la loi scoute et la veine au centre représente l'aiguille de la boussole montrant le droit chemin. Enfin, la base du trèfle représente la flamme de l'amour et les couleurs bleu et or le soleil qui brille sur tous les enfants du monde[12].
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+ Le svastika a également été utilisé par les Boy scouts. D'après « Johnny » Walker[13], la première utilisation par le scoutisme date du Thanks Badge de 1911. En effet, le dessin de la médaille du mérite de Baden-Powell en 1922 ajoutait un svastika à la fleur de lys en signe de bonne chance à celui qui la recevait. Comme Rudyard Kipling, il avait sans doute découvert ce symbole en Inde. Cependant, au cours de l'année 1934, de nombreux scouts ont demandé un changement dans le dessin du fait de l'utilisation du svastika par le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Une nouvelle médaille du mérite est alors éditée en 1935.
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+ Les mouvements chrétiens utilisent généralement le symbole de la croix sous diverses formes comme la croix de Jérusalem, la croix potencée.
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+ Le terme « totem », originaire des Indiens d'Amérique, a été repris par la tradition scoute dans certains pays. Il s'agit de qualifier son titulaire d'un nom d'animal suivi d'un adjectif, ce nom et cet adjectif représentant ses qualités morales et/ou physiques. Cet adjectif est parfois une qualité sur laquelle le jeune doit travailler, c'est une qualité à acquérir. Dans la tradition scoute, ce totem est donné à la suite d'une épreuve initiatique (constituant la « totémisation »). Le nom de l'animal devient alors une partie officielle connue de tous, l'usage de l'adjectif étant parfois réservé aux autres « sachems ».
87
+
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+ Toutefois, à la suite de dérives dans la pratique de la « totémisation », la majorité des mouvements scouts en France l'ont interdite. D'autres associations françaises l'ont réservée à leurs seuls aînés dans un cadre ludique. En Belgique et Suisse notamment, la totémisation subsiste mais dans un cadre rénové. Au Québec, la pratique de la totémisation demeure courante.
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+ Gamme d'activités pratiquées par les scouts, ici en Grande-Bretagne, en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne et en Indonésie :
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+ Repas trappeur.
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94
+ Veillées clôturant une journée.
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+ Woodcraft et campement.
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+ Activités en intérieur.
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+ Découverte de la nature.
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+ Bricolages.
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104
+ Activités manuelles à vocation d'apprentissage « scientifique ».
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106
+ Activités purement sportives.
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+ Apprentissage divers.
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+ Travaux d'intérêt général.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Il existe de nombreux mouvements de scoutisme à travers le monde, qui reprennent les principes éducatifs de Baden-Powell. Ces mouvements sont généralement affiliés aux deux fédérations mondiales, qui ont été mises en place sous la houlette de Robert Baden-Powell : l'Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS, ou WOSM en anglais), basée à Kuala Lumpur (Malaisie) et l'Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE, ou WAGGGS en anglais), basée à Londres (Royaume-Uni). Ces deux fédérations ne reconnaissent dans chaque pays qu’une seule association ou fédération d'associations à l'exception du Canada (à l'image du Scoutisme français).
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+
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+ Il existe d'autres fédérations internationales, comme l'union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE), basée à Château-Landon (France), qui regroupe des associations non-adhérentes à l'OMMS ou l'AMGE.
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+ Le scoutisme est à la base d’une abondante littérature pour adolescents, exaltant les vertus (dévouement, service…) mises en avant par le scoutisme.
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+ Le scoutisme est également largement exploité dans la littérature pour la jeunesse. Parmi les exemples les plus célèbres :
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+ Voici une liste alphabétique non exhaustive des albums de bande dessinée ayant trait au scoutisme :
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+ Voici une liste alphabétique non-exhaustive des films ayant trait au scoutisme :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5313.html.txt ADDED
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+ Le scoutisme (de l'anglais scout, mot signifiant, à l'origine, éclaireur, lui-même issu de l'ancien français « escoute » signifiant écoute[1]) est un mouvement de jeunesse mondial créé par Lord Robert Baden-Powell, un général protestant britannique à la retraite, en 1907, à Brownsea. Aujourd'hui, le scoutisme (comprenant les guides, les éclaireuses et les éclaireurs) compte plus de 40 millions de membres dans 217 pays et territoires, de toutes les religions et de toutes les nationalités, représentés par plusieurs associations scoutes au niveau mondial.
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+ Le scoutisme est un mouvement de jeunesse reposant sur l'apprentissage de valeurs, telles que la solidarité, l'entraide et le respect. Son but est d'aider le jeune individu à former son caractère et à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel. Pour atteindre cet objectif, le scoutisme s'appuie sur des activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, destinées plutôt à un apprentissage intellectuel. Le scoutisme s'appuie sur une loi et une promesse et a généralement une dimension religieuse ou spirituelle.
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+ Les membres sont appelés « scouts » (suivant le terme anglais international d'origine) ou parfois « éclaireurs » (sa traduction) dans les pays francophones. Au sens strict, ces termes désignent les jeunes garçons âgés de 12 à 17 ans. Au sens plus large, les encadrants, les animateurs ou les anciens membres sont des scouts, ou « restent des scouts dans l'âme ». Le « scout » est connu du public par le port d'un foulard et d'une tenue plus ou moins complète.
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+ Le guidisme est l'équivalent féminin catholique du scoutisme. Le mouvement féminin autre est celui des éclaireuses. À partir des années 1950, certains mouvements scouts ont fait le choix de la mixité (ou « coéducation ») dans les unités, tandis que d'autres conservent aujourd'hui des unités ou troupes exclusivement masculines ou féminines.
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+ En Rhodésie du Sud en 1896, Frederick Russell Burnham avait enseigné des techniques de survie à Robert Baden-Powell, devenant ainsi l'une des sources d'inspiration de la création du scoutisme. Les prémices d'une idée de scoutisme datent du siège de Mafeking en Afrique du Sud au cours de la Seconde Guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle Baden-Powell sert comme officier de commandement. Avec beaucoup d'astuce et de courage communicatif, il réussit à sauver la ville de Mafeking qui était assiégée depuis 217 jours par des troupes ennemies quatre fois plus nombreuses. Baden-Powell utilisa les jeunes de la ville appelés les cadets comme messagers pour transmettre des messages à pied et à vélo, comme observateurs, sentinelles et éclaireurs.
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+ À la libération de la ville, le 16 mai 1900, Baden-Powell est acclamé comme un héros et est nommé major-général par la reine elle-même. Il prouva que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. Il publie ses observations sous le nom de « scouting » (l’art des éclaireurs) dans un petit fascicule destiné aux militaires appelé : « Aids to scouting ».
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+ À son retour en Angleterre, Baden-Powell fut accueilli triomphalement. Il constate que « Aids to scouting » a un immense succès auprès des garçons britanniques et est utilisé par des éducateurs. Il reçoit même beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Frappé par le spectacle d'une jeunesse britannique des quartiers désœuvrés livrée à la drogue et au tabac, souvent en mauvaise santé et délinquante, il décide de mettre l'expérience apprise à la guerre au service des jeunes gens, cette fois dans une optique de paix. « Sa carrière lui a permis de connaître les hommes pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes avec bienveillance et patience », commente Michel Seyrat, spécialiste de la pensée du fondateur du scoutisme[2].
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+ S'inspirant de nombreuses expériences éducatives auprès des mouvements de jeunesse de l'époque, il reprend des éléments entiers des méthodes d'autres associations, suscitant parfois des conflits comme celui qui l'oppose à Ernest Thompson Seton. Mais ce qui le caractérise c'est sa capacité à synthétiser toutes ces lectures et toutes les expériences sur lesquelles il s'est documenté pour produire un mouvement de jeunesse qui possède ses propres références et ses rites caractéristiques.
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+ Notons parmi ses sources, les Wandervogel allemands ou autrichiens, les rites d'initiation zoulous, la gymnastique développée en Allemagne par F.L. Jahn, sans compter les codes de chevalerie dont il n'était pas le premier à s'inspirer, suivant en cela l'exemple de Ruskin aux États-Unis (Knight of King Arthur) ou le mouvement Woodcraft qui pratiquait déjà un système de badges.[réf. nécessaire]
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+ Mais ce qui marque également Robert Baden-Powell, c'est sa propre adolescence et son environnement familial. Son enfance est bercée par le récit des aventures de son grand-père, l'amiral William Henry Smyth. Il pratique la voile avec ses frères, ce qui lui inspire plus tard plusieurs récits autobiographiques, notamment la construction du voilier de son frère avec quelques amis du métier.
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+ Il apprend la répartition des responsabilités à bord, l'acquisition de compétences et la vie d'équipage. Un autre de ses ancêtres, John Smyth, explorateur, avait traversé l'Océan et sillonné la Virginie, alors territoire inexploré. Comment échapper à toutes ses influences quand sa mère l'autorise à accompagner Warington, l'ainé de Baden Powell, navigateur endurci, auprès duquel il acquiert une expérience de la navigation qui l'influencera durablement[3].
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+ « À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires. »
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+ En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons de différentes classes sociales sur l'île de Brownsea, qui débute le 29 juillet. Il y teste ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance. À la suite de ce camp, Sir William SMYTH (fondateur de la « boy’s brigade ») lui demande d’écrire un ouvrage sur la manière dont le « Scouting » pouvait être adapté à la jeunesse qu’il appelle : Scouting for boys (Éclaireurs).
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+ Baden-Powell pensait alors que ce livre pourrait donner des idées aux jeunes pour se regrouper en organisations. En effet, les premières patrouilles de scouts furent créées et Baden-Powell reçut de nombreuses demandes d'aide. Il les encouragea et le développement du mouvement scout commença au Royaume-Uni avec la création des scouts marins, des scouts de l'air et d'autres unités spécialisées.
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+ Baden Powell dirigea avec son frère Warington un camp nautique en 1908, à Buckler's Hard, dans le Hampshire, en Angleterre, peu après celui de Brownsea Island en 1907, avec là aussi une vingtaine de garçons posant les fondations des « Sea Scouts ». C'est ainsi que Baden-Powell en vint à lancer le scoutisme marin avec l'aide de son frère Warington, avocat à l'amirauté, marin expérimenté et promoteur de la navigation en canoë. Cependant, les scouts marins ne seront pas nommés ainsi avant 1912. Auparavant, en 1910, Warington aura écrit Sea Scouting and Seamanship for Boys, préfacé par son frère, le premier manuel de scoutisme marin, qui fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par les nombreux jeunes britanniques intéressés par cette nouvelle forme de scoutisme.
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+ Baden-Powell ne pouvant plus conseiller personnellement chaque jeune qui lui demandait de l'aide, il décida de mettre en place une formation des adultes pour l'encadrement. Le Wood Badge course est alors créé à ce propos. En 1919, Gilwell Park près de Londres est acheté afin d'être utilisé comme camp et site d'entraînement pour les adultes.
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+ Le scoutisme a commencé à se répandre à travers la Grande-Bretagne et l'Irlande bien avant la publication du Scouting for boys de Baden-Powell et il s'étend rapidement dans l'empire britannique. La première unité hors du Royaume-Uni connue a été transportée à Gibraltar en 1908 suivie par Malte peu de temps après. Le Canada devint le premier dominion possédant un programme Boy Scout, puis l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud quelques années après. Le Chili est le premier pays hors des dominions britanniques à posséder un mouvement scout reconnu. Le mouvement fait des émules en France à partir de 1909 à Nantes[4],[5].
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+ Le premier rally scout se tient au Crystal Palace à Londres en 1910. Il attira 10 000 garçons ainsi que de nombreuses filles. En 1910, la Belgique, l'Inde, Singapour, la Suède, la Suisse, le Danemark, la France, la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, le Mexique, l'Argentine, la Grèce et les États-Unis ont des Boy Scouts...
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+ En 2007, le scoutisme a célébré ses 100 ans d'existence, avec plusieurs grands événements tel que le renouvellement de la promesse qui a eu lieu le 1er août partout dans le monde, le JAMbe (rassemblement de 95 000 scouts et guides en Belgique, ce qui constitue un record[6]), le jamboree mondial à Chelmsford et sur l'île de Brownsea (Royaume-Uni), ou encore le jamboree de Chambord (France) réunissant plus de 17300 Scouts Unitaires de France (SUF) sur 23700, ou l'Aquajam réunissant des pionniers et caravelles français et espagnols dans les Pyrénées.
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+ En 2008, on compte plus de 28 millions de scouts et plus de 10 millions de guides dans le monde, répartis dans 216 pays[7],[8].
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+ Selon l'Organisation mondiale du mouvement scout, le but et les principes du mouvement scout sont[9] :
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+ Le mouvement scout a pour but de contribuer au développement des jeunes en les aidant à réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, sociales et spirituelles, en tant que personnes, citoyens responsables et membres des communautés locales, nationales et internationales.Il a aussi pour but de compléter l'éducation parentale.
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+ Selon le Chapitre I de la Constitution et Règlement Additionnel de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout
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+ Historiquement, deux sources distinctes ont contribué à la création du scoutisme :
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+ Ces deux sources donnent lieu aujourd'hui à des divergences d'application selon les associations qui les mettent en œuvre. On vit ensuite Baden Powell vouloir étendre son recrutement à toutes les couches de jeunes gens, du fait qu’il constituait une des premières formes d'encadrement des loisirs. Dès le départ, Baden Powell construit un mouvement de jeunesse dont il va établir les principes dans son livre Scouting for boys ainsi qu'une série de conférences.
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+ Le scoutisme est fondé sur un principe pédagogique qui cherche à donner des responsabilités à l’enfant et à l’adolescent pour former son caractère par le jeu et l'action dans la nature et à épanouir sa vie sociale dans le respect des valeurs traditionnelles de son milieu social. De manière régulière, le scoutisme propose des camps en milieu naturel et des activités d’entraide, de bienfaisance, humanitaires. À l'origine les jeunes étaient séparés par classe d’âge et par sexe, assurant différentes activités en fonction des groupes.
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+ Les organisateurs d'activités de scoutisme sont soumis aux obligations générales valant pour toute structure d'animation accueillant des mineurs. Cependant, ils bénéficient de conditions dérogatoires par rapport aux structures d'animation classiques, avec ou sans hébergement[10].
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+ La loi scoute est la règle que chaque jeune adhérent à un mouvement scout tente de respecter. Elle fait partie, comme la promesse, le système des patrouilles et les activités de plein air des principes édictés par lord Robert Baden-Powell dans son livre Éclaireurs édité en 1908.
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+ Il est important de souligner que le terme de loi chez les scouts n'a en aucun cas de sens légal. La loi est une série de « conseils de vie » qui sont proposés au jeune. C’est lui qui choisit de « faire de son mieux » pour suivre ces conseils, après réflexion et avec l’aide de ses chefs, de sa famille et des amis. En cas de non-respect de la loi, aucune sanction ne sera prise. Tout au plus une discussion lui permettra de prendre conscience pour faire mieux la fois suivante et ainsi progresser. Chaque jeune a donc la possibilité de s’approprier cette loi et de la mettre en application à son rythme en fonction de ses points forts et de ses faiblesses.
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+ Si les principes fondateurs sont les mêmes, la loi scoute diffère dans son contenu et sa formulation d'un mouvement à l'autre, et d'un âge à l'autre.
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+ La Promesse est l'engagement solennel que prend, au cours d'une cérémonie, le ou la jeune pour marquer son adhésion à la loi et aux valeurs du scoutisme. Elle fait partie des constantes de toutes les branches du scoutisme. Seule la forme change d'un mouvement à l'autre. Dans bien des associations la promesse contient une référence à Dieu. Quelques associations font de la promesse un engagement devant les pairs.
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+ « Soyez toujours fidèles à votre Promesse scoute même quand vous aurez cessé d'être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir ! » sont les derniers mots de la lettre d'adieu que Baden-Powell adresse à l'ensemble des éclaireurs.
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+ Les mots de Baden-Powell sur le scout à son image sont : recherche, observation, déduction, nautisme, secourisme, santé, discipline, responsabilités, chevalerie et patriotisme.
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+ La tenue est une des caractéristiques du mouvement scout comme le rappelle Baden-Powell lors du Jamboree de 1938 : « il recouvre les différences de pays et d'origines et leur fait sentir qu'ils appartiennent tous à la même Communauté du Monde. »
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+ Inspiré de celui porté par les troupes coloniales britanniques, l'uniforme original est constitué d'une chemise kaki, d'une culotte courte et d'un chapeau à larges bords (Quatre-bosses). Par ailleurs, Baden-Powell portait également un short puisque d'après lui, le fait d'être habillé de la même façon que les jeunes contribuait à réduire la distance qui les séparait des adultes. On lui prête aussi l'affirmation selon laquelle « on n'attrape pas froid par les genoux ! ».
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+ De nos jours, les tenues ont évolué. Si certains mouvements ont conservé une tenue classique, dans d'autres, les tenues se sont simplifiées et colorées. On en trouve des bleus, orange, rouges ou verts, ne gardant parfois de la tenue qu'une chemise et un foulard. De la même façon, les culottes courtes sont parfois remplacés par des pantalons, notamment dans les pays où la culture demande de la réserve ou pour des raisons climatiques. La jupe-pantalon peut aussi être adoptée pour les Guides dans certains pays. De même, le chapeau "quatre-bosses" peut être remplacé par un béret à deux flots, un bachi (béret à pompon, pour les marins) ou un calot, voire assez souvent, pas de couvre-chef du tout.
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+ Enfin, chaque association, dans les différents pays, dispose d'une couleur pour son uniforme et au sein d'une même association, il arrive que la couleur de la tenue diffère en fonction de l'âge.
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+ Le mouvement scout possède deux symboles internationaux : la fleur de lys utilisée par les organisations membres de l'Organisation mondiale du mouvement scout et le trèfle par les membres de l'Association mondiale des Guides et Éclaireuses. Ces badges font partie de l'uniforme officiel des scouts.
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+ Le badge de l'OMMS est circulaire et violet avec une fleur de lys en son centre. Il est entouré par un morceau de corde fermé par un nœud plat. La fleur de lys est un symbole ancien utilisé par Baden-Powell pour les scouts enrôlés dans l'armée britannique et qui est par la suite adopté et modifié par le mouvement scout. La pointe en flèche représente le Nord sur une boussole et avait pour but de guider les scouts sur le chemin de l'aide et de l'unité. De la même façon, les trois pointes de la fleur de lys représentent les trois devoirs envers Dieu (ou un "Idéal Élevé" pour les mouvements non confessionnaux), soi-même et les autres et rappellent également les trois principes de Franchise, Dévouement et Pureté. Les deux étoiles à cinq branches représentent la vérité et le savoir avec les dix branches symbolisant les dix points de la loi scoute. Enfin, le lien au bas de la fleur tend à montrer l'esprit de famille du scoutisme[11].
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+ Le symbolisme du trèfle de l'AMGE est assez similaire : les trois feuilles représentent les trois devoirs et les trois parties de la promesse scoute, les deux étoiles à cinq branches symbolisent la loi scoute et la veine au centre représente l'aiguille de la boussole montrant le droit chemin. Enfin, la base du trèfle représente la flamme de l'amour et les couleurs bleu et or le soleil qui brille sur tous les enfants du monde[12].
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+ Le svastika a également été utilisé par les Boy scouts. D'après « Johnny » Walker[13], la première utilisation par le scoutisme date du Thanks Badge de 1911. En effet, le dessin de la médaille du mérite de Baden-Powell en 1922 ajoutait un svastika à la fleur de lys en signe de bonne chance à celui qui la recevait. Comme Rudyard Kipling, il avait sans doute découvert ce symbole en Inde. Cependant, au cours de l'année 1934, de nombreux scouts ont demandé un changement dans le dessin du fait de l'utilisation du svastika par le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Une nouvelle médaille du mérite est alors éditée en 1935.
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+ Les mouvements chrétiens utilisent généralement le symbole de la croix sous diverses formes comme la croix de Jérusalem, la croix potencée.
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+ Le terme « totem », originaire des Indiens d'Amérique, a été repris par la tradition scoute dans certains pays. Il s'agit de qualifier son titulaire d'un nom d'animal suivi d'un adjectif, ce nom et cet adjectif représentant ses qualités morales et/ou physiques. Cet adjectif est parfois une qualité sur laquelle le jeune doit travailler, c'est une qualité à acquérir. Dans la tradition scoute, ce totem est donné à la suite d'une épreuve initiatique (constituant la « totémisation »). Le nom de l'animal devient alors une partie officielle connue de tous, l'usage de l'adjectif étant parfois réservé aux autres « sachems ».
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+ Toutefois, à la suite de dérives dans la pratique de la « totémisation », la majorité des mouvements scouts en France l'ont interdite. D'autres associations françaises l'ont réservée à leurs seuls aînés dans un cadre ludique. En Belgique et Suisse notamment, la totémisation subsiste mais dans un cadre rénové. Au Québec, la pratique de la totémisation demeure courante.
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+ Gamme d'activités pratiquées par les scouts, ici en Grande-Bretagne, en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne et en Indonésie :
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+ Repas trappeur.
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+ Veillées clôturant une journée.
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+ Woodcraft et campement.
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+ Activités en intérieur.
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+ Découverte de la nature.
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+ Bricolages.
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+ Activités manuelles à vocation d'apprentissage « scientifique ».
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+ Activités purement sportives.
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+ Apprentissage divers.
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+ Travaux d'intérêt général.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Il existe de nombreux mouvements de scoutisme à travers le monde, qui reprennent les principes éducatifs de Baden-Powell. Ces mouvements sont généralement affiliés aux deux fédérations mondiales, qui ont été mises en place sous la houlette de Robert Baden-Powell : l'Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS, ou WOSM en anglais), basée à Kuala Lumpur (Malaisie) et l'Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE, ou WAGGGS en anglais), basée à Londres (Royaume-Uni). Ces deux fédérations ne reconnaissent dans chaque pays qu’une seule association ou fédération d'associations à l'exception du Canada (à l'image du Scoutisme français).
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+
116
+ Il existe d'autres fédérations internationales, comme l'union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE), basée à Château-Landon (France), qui regroupe des associations non-adhérentes à l'OMMS ou l'AMGE.
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+
118
+ Le scoutisme est à la base d’une abondante littérature pour adolescents, exaltant les vertus (dévouement, service…) mises en avant par le scoutisme.
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+
120
+ Le scoutisme est également largement exploité dans la littérature pour la jeunesse. Parmi les exemples les plus célèbres :
121
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122
+ Voici une liste alphabétique non exhaustive des albums de bande dessinée ayant trait au scoutisme :
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124
+ Voici une liste alphabétique non-exhaustive des films ayant trait au scoutisme :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
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5
+ Scratch est un langage de programmation graphique manipulable et exécutable par le logiciel de même nom à vocation éducative. Ainsi, Scratch est à la fois un environnement de développement et un moteur d’exécution du langage Scratch mais aussi un site web.
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7
+ Ce dernier était initialement programmé en Smalltalk (et donc exécuté par Squeak). Il a été réécrit en ActionScript pour sa seconde version (et donc exécuté par Adobe Air ou dans le navigateur par Flash Player) puis en JavaScript pour la troisième version. Le code est sous licence libre, de plus en plus permissive au fur et à mesure des versions.
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9
+ Le logiciel est traduit en 70 langues et le site web comptait plus de 52 millions d'utilisateurs enregistrés en Février 2020, et plus de 49 millions de projets partagés[3].
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11
+ Avec Scratch, vous pouvez programmer vos propres histoires interactives, créer des jeux, des animations, des simulations 3D ou même des films !Et partager vos créations avec d'autres dans la communauté en ligne. Les autres utilisateurs peuvent aussi essayer aimer, commenter, remixer votre projet.
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13
+ Scratch aide les jeunes à apprendre à penser de façon créative, à raisonner systématiquement et à travailler de manière collaborative — des compétences essentielles pour vivre au 21e siècle.
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15
+ Scratch est un projet du groupe Lifelong Kindergarten au MIT Media Lab. Il est fourni gratuitement.
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17
+ Le slogan de Scratch est « Imagine, programme, partage ! » Slogan original (anglais) :« Imagine, Program, Share ».
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+ Le code du logiciel Scratch est publié, jusqu’à la version 1.3, sous la Scratch Source Code Licence (libre à l’exception du logo, de la marque et du système de téléversement sur le site web officiel)[5].
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21
+ La version 1.4 ainsi que les versions de la branche 2.x sont publiées sous la licence libre GPL dans sa seconde version afin de permettre une diffusion plus large du logiciel, et notamment dans les distributions Linux[6]. Cependant, la seconde génération écrite en ActionScript nécessite un moteur d’exécution Flash propriétaire et n’est donc pas incluse dans les dépôts de distributions telles que Debian.
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23
+ Le code de la troisième version, désormais écrite en JavaScript est disponible en licence BSD-3-clauses (à l’exception de Scratch-blocks, publié sous la licence Apache 2.0, libre également)[6] ; elle propose également un Editeur Off-line accessible sur le site du MIT Media Lab[7].
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25
+ En mai 2017, le site internet hébergeait 22 millions de projets (animation, simulation 3D, jeux…) avec une croissance quotidienne de 30 000 et comptait 35 millions d’utilisateurs enregistrés[8]. À la fin 2017, le logiciel compte 70 traductions[9].
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27
+ Les domaines d'utilisation de Scratch dépassent l'univers scolaire, mais une forte communauté d'enseignants, d'étudiants, de passionnés, exposent et partagent sur le site de Scratch leurs créations et leurs développements. Chaque projet publié sur la plateforme l'est sous licence Creative Commons « Attribution–Partage à l’identique » et peut donc être repris et modifié pour créer une version dérivée[10].
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29
+ Avec la réforme des collèges en France de 2015 apparaissent les notions de codage et de programmation, et la plateforme d'apprentissage Scratch peut être utilisée dans ce cadre. Le sujet 0 du DNB d'Éduscol[11] contient d'ailleurs un exercice dont les questions portent sur des algorithmes réalisés avec Scratch[11].
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+ Différents groupes académiques en mathématiques (au travers des travaux académiques mutualisés[12] et de l'appel à projet 2016) diffusent des scénarios d'usages de Scratch pour l'enseignement[13].
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33
+ Le langage Scratch est constitué de multiples briques (ou blocs) permettant d'exécuter une action précise.
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35
+ Il existe neuf catégories de blocs différentes (classées par couleurs)[14], et des catégories de blocs peuvent être ajoutées (cette organisation est celle décrite ci-dessous depuis la version 3.0 du 2 janvier 2019) :
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+ Catégories pouvant être ajoutées :
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+ Musique, Stylo, Détection vidéo, Synthèse vocale, Traduire
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+ Blocs "classiques" :
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+ Scratch dispose d'extensions, c'est-à-dire de blocs qui communiquent avec le monde réel, comme les extensions du Raspberry Pi, des Lego WeDo, etc..
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47
+ Bien qu'il soit fortement inspiré de Scratch et codirigé par Mitch Resnick, créateur initial de Scratch, ScratchJr est une réécriture complète de l'outil destinée aux plus jeunes (5-7 ans)[15],[16]. ScratchJr est sorti en juillet 2014 sur iPad, avant d'être porté en 2016 pour les tablettes sous Android.
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+ Interface de Scratch 1.0.
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+ Interface de Scratch 1.4.
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+ Interface de Scratch 2.0.
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+ Interface de Scratch 3.0
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Scratch est un langage de programmation graphique manipulable et exécutable par le logiciel de même nom à vocation éducative. Ainsi, Scratch est à la fois un environnement de développement et un moteur d’exécution du langage Scratch mais aussi un site web.
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+ Ce dernier était initialement programmé en Smalltalk (et donc exécuté par Squeak). Il a été réécrit en ActionScript pour sa seconde version (et donc exécuté par Adobe Air ou dans le navigateur par Flash Player) puis en JavaScript pour la troisième version. Le code est sous licence libre, de plus en plus permissive au fur et à mesure des versions.
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+ Le logiciel est traduit en 70 langues et le site web comptait plus de 52 millions d'utilisateurs enregistrés en Février 2020, et plus de 49 millions de projets partagés[3].
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+ Avec Scratch, vous pouvez programmer vos propres histoires interactives, créer des jeux, des animations, des simulations 3D ou même des films !Et partager vos créations avec d'autres dans la communauté en ligne. Les autres utilisateurs peuvent aussi essayer aimer, commenter, remixer votre projet.
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+ Scratch aide les jeunes à apprendre à penser de façon créative, à raisonner systématiquement et à travailler de manière collaborative — des compétences essentielles pour vivre au 21e siècle.
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+ Scratch est un projet du groupe Lifelong Kindergarten au MIT Media Lab. Il est fourni gratuitement.
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+ Le slogan de Scratch est « Imagine, programme, partage ! » Slogan original (anglais) :« Imagine, Program, Share ».
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+ Le code du logiciel Scratch est publié, jusqu’à la version 1.3, sous la Scratch Source Code Licence (libre à l’exception du logo, de la marque et du système de téléversement sur le site web officiel)[5].
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+ La version 1.4 ainsi que les versions de la branche 2.x sont publiées sous la licence libre GPL dans sa seconde version afin de permettre une diffusion plus large du logiciel, et notamment dans les distributions Linux[6]. Cependant, la seconde génération écrite en ActionScript nécessite un moteur d’exécution Flash propriétaire et n’est donc pas incluse dans les dépôts de distributions telles que Debian.
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+ Le code de la troisième version, désormais écrite en JavaScript est disponible en licence BSD-3-clauses (à l’exception de Scratch-blocks, publié sous la licence Apache 2.0, libre également)[6] ; elle propose également un Editeur Off-line accessible sur le site du MIT Media Lab[7].
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+ En mai 2017, le site internet hébergeait 22 millions de projets (animation, simulation 3D, jeux…) avec une croissance quotidienne de 30 000 et comptait 35 millions d’utilisateurs enregistrés[8]. À la fin 2017, le logiciel compte 70 traductions[9].
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+ Les domaines d'utilisation de Scratch dépassent l'univers scolaire, mais une forte communauté d'enseignants, d'étudiants, de passionnés, exposent et partagent sur le site de Scratch leurs créations et leurs développements. Chaque projet publié sur la plateforme l'est sous licence Creative Commons « Attribution–Partage à l’identique » et peut donc être repris et modifié pour créer une version dérivée[10].
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+ Avec la réforme des collèges en France de 2015 apparaissent les notions de codage et de programmation, et la plateforme d'apprentissage Scratch peut être utilisée dans ce cadre. Le sujet 0 du DNB d'Éduscol[11] contient d'ailleurs un exercice dont les questions portent sur des algorithmes réalisés avec Scratch[11].
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+ Différents groupes académiques en mathématiques (au travers des travaux académiques mutualisés[12] et de l'appel à projet 2016) diffusent des scénarios d'usages de Scratch pour l'enseignement[13].
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+ Le langage Scratch est constitué de multiples briques (ou blocs) permettant d'exécuter une action précise.
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+ Il existe neuf catégories de blocs différentes (classées par couleurs)[14], et des catégories de blocs peuvent être ajoutées (cette organisation est celle décrite ci-dessous depuis la version 3.0 du 2 janvier 2019) :
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+ Catégories pouvant être ajoutées :
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+ Musique, Stylo, Détection vidéo, Synthèse vocale, Traduire
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+ Blocs "classiques" :
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+ Scratch dispose d'extensions, c'est-à-dire de blocs qui communiquent avec le monde réel, comme les extensions du Raspberry Pi, des Lego WeDo, etc..
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+ Bien qu'il soit fortement inspiré de Scratch et codirigé par Mitch Resnick, créateur initial de Scratch, ScratchJr est une réécriture complète de l'outil destinée aux plus jeunes (5-7 ans)[15],[16]. ScratchJr est sorti en juillet 2014 sur iPad, avant d'être porté en 2016 pour les tablettes sous Android.
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+ Interface de Scratch 1.0.
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+ Interface de Scratch 1.4.
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+ Interface de Scratch 2.0.
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+ La sculpture est une activité artistique qui consiste à concevoir et réaliser des formes en volume, en relief, soit en ronde-bosse (statuaire), en haut-relief, en bas-relief, par modelage, par taille directe, par soudure ou assemblage. Le terme de sculpture désigne également l'objet résultant de cette activité.
2
+
3
+ Le mot sculpture vient étymologiquement du latin « sculpere » qui signifie « tailler » ou « enlever des morceaux à une pierre »[1]. Cette définition, qui distingue « sculpture » et « modelage », illustre l'importance donnée à la taille de la pierre dans la civilisation romaine. Au Xe siècle, on parle d'« ymagier » et la plupart du temps, le travail du sculpteur est un travail d'équipe avec un maître et des tailleurs de pierre, comme il est traité dans l'art roman et l'architecture romane. Plusieurs équipes travaillent simultanément sur les grands chantiers des cathédrales.
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5
+ Les plus anciennes sculptures réalisées par l'homme et ayant traversé le temps sont de petites figurines rudimentaires taillées, en pierre ou en os[2], qui servaient probablement à des pratiques magiques, d'ex-voto, d'échanges, de rituels qui permettaient de réaliser des transactions avec des forces surnaturelles ou sociales. La Vénus de Lespugue, sur ivoire de mammouth, en est un bel exemple. Certaines sculptures de taille plus imposante ont survécu aux millénaires qui nous séparent de leur créateur comme les bisons d'argile crue retrouvés dans la grotte du Tuc d'Audoubert en Ariège, les bas reliefs de l’abri sous roches du Roc-aux-Sorciers dans la Vienne ou les monolithes sculptés de Göbekli Tepe en Turquie. Il est probable que des objets modelés, en terre, ont aussi existé, mais en l'absence de techniques de pérennisation (cuisson), cela reste une hypothèse. D'autres sculptures, comme celles du Roc-aux-Sorciers, représentent des animaux sauvages, sans doute des représentations de l’alimentation des peuples de chasseurs-cueilleurs du Magdalénien.
6
+
7
+ Bien que cet usage, chamanique sans doute, ait décliné, la représentation humaine reste un thème fréquent des sculpteurs[réf. nécessaire]. Selon les époques et les civilisations, les artistes ont exécuté ces figurines de manière réaliste, ou bien, au contraire, ont pris une plus grande liberté pour interpréter leur sujet.
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9
+ En Occident, la sculpture a tardivement été dissociée de la peinture. À Paris, ces deux catégories d'artistes, que l'on distingue nettement aujourd'hui, appartenaient au Moyen Âge à la même communauté de métier des peintres et tailleurs d'images. En effet, avant l'invention des représentations en perspective moderne, le relief d'une image de grand format était rendue par un traitement en bas-relief du plan du tableau, comme sur les sculptures des églises romanes et des cathédrales gothiques (par exemple sur la cathédrale Notre-Dame de Paris dont les couleurs disparues viennent d'être retrouvées).
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+
11
+ En France, c'est avec la création des académies de peinture et de sculpture, en 1648, et d'architecture, en 1671, que les deux métiers deviennent officiellement distincts, même si, à la Renaissance, beaucoup d'artistes restent aussi bien peintres que sculpteurs.
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13
+ Au XIXe siècle, on distingue encore le « sculpteur » qui taille des matériaux solides : la pierre, le bois ou l'ivoire, pour créer une forme unique originale, et le « statuaire » qui réalise des modèles en terre (argile), en plâtre ou en cire destinés à être reproduits (technique indirecte de la « taille avec mise aux points ») ou moulés (technique de la « fonte à cire perdue » pour être coulés en métal, en bronze) le plus souvent.
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15
+ Pour créer une œuvre, plusieurs manières peuvent être envisagées, voire combinées entre elles.
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+ Le modelage : Jean-Antoine Houdon modelant le buste de Bonaparte Premier Consul, vers 1802-1803. Boilly Louis Léopold (1761-1845), huile sur toile.
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+ La sculpture en bronze nécessite une fonte du métal à 1 200 °C pour être coulé dans un moule.
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+ Psyché ranimée par le baiser de l'Amour d'Antonio Canova constitue une des prouesses de la taille du marbre.
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23
+ L'assemblage: Jean Tinguely devant son atelier avec un assemblage en cours. 1963. Photo Erling Mandelmann
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25
+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
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+
27
+ Les matériaux utilisés en sculpture nécessitent un savoir-faire plus ou moins simple à acquérir. La terre, que l'on peut aisément modeler, le bois tendre que l'on peut tailler sans trop d'effort sont certainement les plus employés. Mais n'oublions pas les matériaux qu'emploient les enfants, le sable des châteaux de sable, les poupées de chiffon ou les petits objets en pâte à sel, en pâte à modeler ou en pâte Fimo, aujourd'hui. Certaines de ces sculptures seront éphémères, en sable, mais aussi celles réalisées avec des fruits comme la courge d'Halloween. D'autres restent fragile, comme la terre sèche, même additionnée de fibres, ou certains coquillages simplement usés.
28
+
29
+ Le tressage de matières végétales fibreuses permet des réalisations où le degré de technicité peut devenir beaucoup plus élevé. Simplement avec de la paille, qui brille comme de l'or, des jeunes filles Songhaï ont fait leurs superbes colliers, si fragiles, de minuscules sculptures-bijoux. Les matériaux tendres, qui peuvent être usés, peuvent être d'origine animale comme l'os[7] et l'ivoire, ou végétale comme le bois, avec des essences plus ou moins dures, ou, au contraire, flexibles et aisément assemblées entre elles ou à d'autres matières, fibres, plumes, fleurs et feuilles.
30
+
31
+ La couleur naturelle des matériaux est souvent couverte partiellement ou totalement par d'autres couleurs, éventuellement sur un enduit qui transforme l'aspect de surface d'un matériau. Le bois pouvant être imprégné de matières minérales colorées qui le protègent des insectes, après un long séjour dans la terre.
32
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33
+ Le plâtre a été utilisé dès l'Antiquité pour le moulage. Les Romains de la République conservaient ainsi une galerie d'ancêtres par l'empreinte de leurs visages. Ce qui a donné lieu, sous l'Empire, à leur transposition dans des matériaux luxueux, marbres divers, qui ont soulevé l'indignation des contemporains. Rodin a fait un usage particulièrement créatif du plâtre. La Porte de l'Enfer en est un excellent exemple. Le plâtre reste une matière relativement fragile.
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+
35
+ Enfin certaines sculptures ont été réalisées pour durer. La terre cuite, qu'elle serve en poterie utilitaire aux formes recherchées et ornées ou pour des usages autres, comme une certaine « danseuse » néolithique de Haute Égypte, mondialement célèbre. La nature des ingrédients dont on compose la terre avant cuisson, le travail de préparation, le revêtement (la glaçure, l'émail) et surtout la température de cuisson, elle même, ont fait l'objet d'une recherche très méthodique en Chine pour aboutir à des grès (céramique) puis à la porcelaine, d'une résistance remarquable. Les mingqi chinois peuvent prendre toutes les formes, habitations, figurines, objets, êtres fantastiques. Les pierres les plus dures, les plus vitreuses, comme le jade, étant les plus difficiles à travailler, leur travail relève de la prouesse de personnes possédant un savoir hautement spécialisé et pouvant y consacrer leur vie. Ces matériaux sont donc, pour une part, d'origine minérale, pierre calcaire, grès (géologie), marbre, granite, quartzite, etc. et quelques-uns ont une très longue histoire, les silex, par exemple ont fait l'objet d'un travail inouî qui en fait de véritables sculptures. Les excentriques en silex, maya en sont un bon exemple. Mais le plus ancien dépôt funéraire, néandertalien (Sima de los Huesos, Espagne), est « tout simplement » un magnifique biface en quartzite rouge et jaune de 500 000 ans. Probablement c'est la nature et la couleur du matériau qui lui ont donné toute sa valeur.
36
+
37
+ Les arts du métal se sont développés très tôt avec l'or, puis le cuivre (on parle de culture chalcolithique), travaillés par martelage et fonderie, . Le bronze, comme l'étain, a bénéficié de différentes méthodes de moulage, à la cire perdue ou avec des moules nombreux, comme en Chine. Ils font l'objet d'un travail secondaire de retouche, d'assemblage et de polissage. D'autres matériaux, aussi, font l'objet de moulage. Ainsi le ciment ou le béton, mais ces matériaux peuvent également être travaillés en taille directe dans la période de prise. L'acier est beaucoup plus utilisé que l'aluminium en raison des problèmes techniques propres à la soudure de l'aluminium. Le sculpteur Richard Serra a largement utilisé la qualité des métaux qu'il utilise, comme de gigantesques plaques d'acier Corten, ou des configurations mettant en œuvre les propriétés du plomb, pour en faire éprouver « physiquement » la sensation de poids au spectateur.
38
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39
+ Le textile est utilisé sur des statuettes en bois, souvent peintes, depuis l'Antiquité. Les statuettes funéraires égyptiennes en ont préservé quelques exemplaires, alors que le XIVe siècle, en Italie, en voyait l'usage constant dans les innombrables ex-voto sculptés, portraits en pied ou même équestres qui étaient encore d'usage à l'époque de Donatello. Plus récemment, l'artiste Robert Morris a utilisé le mouvement naturel d'un feutre très épais, découpé, retombant sous son poids pour générer des formes sensuelles.
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41
+ La sculpture moderne et contemporaine utilise encore ces matériaux mais également le verre et les miroirs, des matériaux bruts, la glace et l'eau, les cristaux liquides et d'autres matériaux fabriqués par l'homme, tels que les matières plastiques, et en particulier les PMMA (polymétacrylate de méthyle) connus sous des noms déposés comme Plexiglas ou Altuglas, ainsi que n'importe quel objet trouvé. Le papier mâché est également un matériau extrêmement économique, et les techniques de réalisation de sculptures avec ce matériau sont simples à mettre en œuvre.
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43
+ L'utilisation du chocolat n'est pas exclue. Par ailleurs, le monde de la cuisine se plaît à créer ce qui ressemble à de la sculpture, par jeu.
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+ Dans ses derniers écrits, Joan Miró affirmait qu'à l'avenir, on pourrait imaginer des sculptures utilisant les gaz comme matériaux. Lui faisant écho, Louis Leygue, dans son discours de réception de Nicolas Schöffer à l'Académie des beaux-arts, définissait ainsi la sculpture :
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+
47
+ « La sculpture peut se réaliser selon trois procédés : celui qui consiste à prélever la matière dans un bloc compact, celui qui consiste à façonner une matière molle pour créer des formes, enfin celui qui consiste à fabriquer ce que l'on veut réaliser »
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+ On assiste ainsi, avec la multiplication des musées et des publications savantes, à une redécouverte de matériaux oubliés au fil des siècles.
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+ Si certains métaux, comme l'or, ont fasciné les hommes c'est que cette matière jouait avec la lumière. Le poli idéal que recherchait Brancusi se joue aussi de la lumière dans les photographies qu'il a réalisé de ses propres sculptures[8]. La lumière est une qualité de certains « matériaux ». De même, lorsqu'un sculpteur réalise une fontaine, l'eau est partie prenante des « matériaux » avec lequel il doit travailler, et même le mouvement qui est donné à l'eau. Le mouvement est alors une qualité du matériau « eau ». Jean Tinguely a su introduire le rapport entre ses assemblages d'objets de rebut, leurs mouvements heurtés et l'eau en mouvement avec les sons que la sculpture produit.
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53
+ Après László Moholy-Nagy (Modulateur Espace Lumière, 1929[9]), Nicolas Schöffer et bien d'autres artistes tels Marta Pan, ont été intéressés par les rapports de l'architecture et de la sculpture. Les deux premiers considérant la lumière comme un matériau autant que le mouvement. Marta Pan a réalisé ainsi des sculptures monumentales intégrées dans l’architecture des espaces publics et urbains, comme La Perspective dans le Parc des Sources de la Bièvre à Guyancourt[10]. Nicolas Schöffer souhaitait réaliser une « Tour Lumière Cybernétique » en 1963, en inter-action avec le quartier de La Défense, à Paris. L'espace, dont la qualité est d'être habité, pour Nicolas Schöffer, est un matériau au même titre que le mouvement qui anime ses sculptures[11].
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+ Les artistes du Land art ont, pour leur part, souhaité sortir des galeries d'art et des musées, avec les conventions et contraintes que cela supposait, tout en réalisant ou en nous montrant des « sculptures » qui rompent avec les traditions récentes. Les « matériaux » sont, ici, nombreux : matériaux naturels, comme la spirale en remblais de basalte / le Grand Lac Salé, dans Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) où la dimension du temps est essentielle. Tandis que pour James Turrell, c'est encore la lumière, naturelle, dans des espaces généralement construits en pleine nature (le Roden Crater). L'échelle, souvent monumentale de ces sculptures, prend en compte le paysage où les œuvres s'inscrivent, et la dimension temporelle sur de longues durées : la spirale, en basalte noir, de Robert Smithson, était pensée comme soumise aux fluctuations du lac, la spirale noire se borde alors de sel blanc, jusqu'à sa disparition dans les eaux salées, pendant les périodes de hautes-eaux, et sa réapparition, toute blanche, quelques années plus tard.
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57
+ Pour Dominique Gonzalez-Foerster, la littérature, le cinéma, la musique sont des matériaux qu'elle utilise comme avec des ciseaux, en sélectionnant des fragments pour ses installations[12]. Il faut alors considérer qu'avec des réalisations comme celles de Brancusi et de Robert Smithson, « à la jonction de l'immobilité et du mouvement » , la sculpture est à envisager dans un « champ élargi », selon l'expression retenue par Rosalind Krauss et où l'installation a sa place[13].
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+ Ainsi, des sculpteurs contemporains, ont ouvert la voie à des recherches nouvelles, associant des matériaux traditionnels à d'autres après réflexion sur leur pratique et sur l'histoire que leur en proposaient les musées, les manuels d'histoire de l'art et les archéologues. Pour d'autres ce furent les nouvelles technologies, les nouveaux matériaux et jusqu'aux « hautes technologies » qui leur offrirent de nouveaux matériaux.
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+
61
+ La réflexion sur la création contemporaine amène certains à une position radicalement opposée à ce qu'ils jugent comme des « dérives » encouragées par d'importants mécènes. Lesquels considèrent comme sculpture des créations qui soulèvent de vifs débats, en raison du choix des soi-disant « matériaux » mis en œuvre. Ainsi, une œuvre de Damien Hirst - artiste célèbre dans les années 1990 et qui réalisait des installations où il traite du rapport entre l'art, la vie et la mort - est composée d'une vitrine dans laquelle un véritable veau, avec un disque d'or entre les cornes, est conservé dans du formol. Des références culturelles nombreuses sont sollicitées, entre autres les réf��rences aux dieux de l'Égypte ancienne, le dieu taureau Apis, la déesse Hator et Isis[14]. Les débats suscités par cette œuvre semblent indiquer que tout ne puisse être considéré comme « matériaux », pour certains. Se poserait alors la question, à propos des « matériaux » artistiques, sur la permanence de tabous, dans les sociétés contemporaines, qu'il faudrait bien prendre en compte si l'on considère qu'une œuvre s'adresse à des publics.
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+ On distingue deux grandes catégories de sculptures : le relief et la ronde-bosse.
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+ Le relief est une sculpture qui demeure attachée à un arrière-plan, se dressant hors de cet arrière-plan. Selon le degré de projection des figures au-dessus du plan, les reliefs sont qualifiés différemment : le relief écrasé (stacciato relievo) : dont le relief est très faible. Les contours des figures sont finement incisés (ex : certains reliefs assyriens).
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67
+ La ronde-bosse est une sculpture conçue de façon à pouvoir être observée de tous les côtés, ou presque tous les côtés[15]. La ronde-bosse repose souvent sur le sol ou sur un socle. Elle est parfois logée dans une niche.
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69
+ On remarquera Michel-Ange jouant avec ces deux principes et exécutant des statues dont les personnages émergent du bloc (de marbre) mais pas complètement[16].
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+ Dès le début du XXe siècle, on note chez plusieurs artistes une forte envie de se dissocier du naturalisme, réalisme et l'art figuratif : « Ce n’est pas la forme extérieure des choses qui est réelle, mais leur essence. À partir de cette vérité, personne ne peut exprimer la réalité en imitant la surface externe des choses » (Brancusi).
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+ Si Brancusi est l’incontestable fondateur de la sculpture moderne et le maître la réduction afin de parvenir à la forme artistique pure, Marcel Duchamp est «l'inventeur» des ready-made[17].
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+ Brancusi suit, systématiquement, l’esprit primordial et les principes fondamentaux de la forme, la dégageant des aspects éphémères, accidentels ou contingents. Le ready-made est un objet trouvé considéré pour son caractère esthétique comme une œuvre d'art. La « réalisation » d'un ready-made consiste, en effet, à choisir un objet manufacturé et le désigner, donc le définir, comme œuvre d'art[18]. La démarche initiée par Brancusi et Duchamp a donné naissance à une grande partie de pratiques artistiques modernes et contemporaines telles que le non-figuratif, l'assemblage, l'accumulation, l'installation, le in-situ, le Concept Hundertwasser, le Concept Gaudi, le Concept Botarro, et plusieurs autres.
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+ Chaque année, au début de février, se déroule à l'occasion du festival de la neige de Sapporo un grand concours de sculpture sur glace. En France, l'équivalent est le festival de Valloire, et au Québec, celui du Carnaval de Québec.
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+ Les sculptures de sable en bord de mer sont souvent éphémères.
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+ Le scribe accroupi, antiquité égyptienne du musée du Louvre.
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+ Porte en bois sculpté. Tachkent.
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+ Bas-relief indien bouddhique.
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+ Vénus de Milo, sculpture grecque.
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+ Sculpture en bronze de Zadkine, La ville détruite, 1953, Rotterdam.
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+ Un des Anges d'Humbert, sculpture gothique en bois du XIIIe siècle, musée des beaux-arts d'Arras.
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+ Nanas, 1974, sculpture de Niki de Saint Phalle.
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+ Le pouce, 1963, César.
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+ Sculpture yombé sommet de sceptre, XIXe siècle.
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+ Buste de Louis XIV au musée des beaux-arts de Dijon, œuvre du sculpteur Antoine Coysevox.
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+ Anges à la vièle et au luth, sculpture sur bois de tilleul, Allemagne (v. 1490) - Musée de Bode, Berlin.
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+ Fabrique de statues en pierre à Bali.
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+ Figures porte cierge à Creuë. Sculptures naïves de la fin du XVe siècle.
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+ Sculpture Art déco de Robert Wlérick.
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+ Installation lumineuse, miroirs. Lee Bul, 2015.
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
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+ La sculpture est une activité artistique qui consiste à concevoir et réaliser des formes en volume, en relief, soit en ronde-bosse (statuaire), en haut-relief, en bas-relief, par modelage, par taille directe, par soudure ou assemblage. Le terme de sculpture désigne également l'objet résultant de cette activité.
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+ Le mot sculpture vient étymologiquement du latin « sculpere » qui signifie « tailler » ou « enlever des morceaux à une pierre »[1]. Cette définition, qui distingue « sculpture » et « modelage », illustre l'importance donnée à la taille de la pierre dans la civilisation romaine. Au Xe siècle, on parle d'« ymagier » et la plupart du temps, le travail du sculpteur est un travail d'équipe avec un maître et des tailleurs de pierre, comme il est traité dans l'art roman et l'architecture romane. Plusieurs équipes travaillent simultanément sur les grands chantiers des cathédrales.
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+ Les plus anciennes sculptures réalisées par l'homme et ayant traversé le temps sont de petites figurines rudimentaires taillées, en pierre ou en os[2], qui servaient probablement à des pratiques magiques, d'ex-voto, d'échanges, de rituels qui permettaient de réaliser des transactions avec des forces surnaturelles ou sociales. La Vénus de Lespugue, sur ivoire de mammouth, en est un bel exemple. Certaines sculptures de taille plus imposante ont survécu aux millénaires qui nous séparent de leur créateur comme les bisons d'argile crue retrouvés dans la grotte du Tuc d'Audoubert en Ariège, les bas reliefs de l’abri sous roches du Roc-aux-Sorciers dans la Vienne ou les monolithes sculptés de Göbekli Tepe en Turquie. Il est probable que des objets modelés, en terre, ont aussi existé, mais en l'absence de techniques de pérennisation (cuisson), cela reste une hypothèse. D'autres sculptures, comme celles du Roc-aux-Sorciers, représentent des animaux sauvages, sans doute des représentations de l’alimentation des peuples de chasseurs-cueilleurs du Magdalénien.
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+
7
+ Bien que cet usage, chamanique sans doute, ait décliné, la représentation humaine reste un thème fréquent des sculpteurs[réf. nécessaire]. Selon les époques et les civilisations, les artistes ont exécuté ces figurines de manière réaliste, ou bien, au contraire, ont pris une plus grande liberté pour interpréter leur sujet.
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9
+ En Occident, la sculpture a tardivement été dissociée de la peinture. À Paris, ces deux catégories d'artistes, que l'on distingue nettement aujourd'hui, appartenaient au Moyen Âge à la même communauté de métier des peintres et tailleurs d'images. En effet, avant l'invention des représentations en perspective moderne, le relief d'une image de grand format était rendue par un traitement en bas-relief du plan du tableau, comme sur les sculptures des églises romanes et des cathédrales gothiques (par exemple sur la cathédrale Notre-Dame de Paris dont les couleurs disparues viennent d'être retrouvées).
10
+
11
+ En France, c'est avec la création des académies de peinture et de sculpture, en 1648, et d'architecture, en 1671, que les deux métiers deviennent officiellement distincts, même si, à la Renaissance, beaucoup d'artistes restent aussi bien peintres que sculpteurs.
12
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13
+ Au XIXe siècle, on distingue encore le « sculpteur » qui taille des matériaux solides : la pierre, le bois ou l'ivoire, pour créer une forme unique originale, et le « statuaire » qui réalise des modèles en terre (argile), en plâtre ou en cire destinés à être reproduits (technique indirecte de la « taille avec mise aux points ») ou moulés (technique de la « fonte à cire perdue » pour être coulés en métal, en bronze) le plus souvent.
14
+
15
+ Pour créer une œuvre, plusieurs manières peuvent être envisagées, voire combinées entre elles.
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+ Le modelage : Jean-Antoine Houdon modelant le buste de Bonaparte Premier Consul, vers 1802-1803. Boilly Louis Léopold (1761-1845), huile sur toile.
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+
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+ La sculpture en bronze nécessite une fonte du métal à 1 200 °C pour être coulé dans un moule.
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+ Psyché ranimée par le baiser de l'Amour d'Antonio Canova constitue une des prouesses de la taille du marbre.
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+ L'assemblage: Jean Tinguely devant son atelier avec un assemblage en cours. 1963. Photo Erling Mandelmann
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
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+ Les matériaux utilisés en sculpture nécessitent un savoir-faire plus ou moins simple à acquérir. La terre, que l'on peut aisément modeler, le bois tendre que l'on peut tailler sans trop d'effort sont certainement les plus employés. Mais n'oublions pas les matériaux qu'emploient les enfants, le sable des châteaux de sable, les poupées de chiffon ou les petits objets en pâte à sel, en pâte à modeler ou en pâte Fimo, aujourd'hui. Certaines de ces sculptures seront éphémères, en sable, mais aussi celles réalisées avec des fruits comme la courge d'Halloween. D'autres restent fragile, comme la terre sèche, même additionnée de fibres, ou certains coquillages simplement usés.
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+ Le tressage de matières végétales fibreuses permet des réalisations où le degré de technicité peut devenir beaucoup plus élevé. Simplement avec de la paille, qui brille comme de l'or, des jeunes filles Songhaï ont fait leurs superbes colliers, si fragiles, de minuscules sculptures-bijoux. Les matériaux tendres, qui peuvent être usés, peuvent être d'origine animale comme l'os[7] et l'ivoire, ou végétale comme le bois, avec des essences plus ou moins dures, ou, au contraire, flexibles et aisément assemblées entre elles ou à d'autres matières, fibres, plumes, fleurs et feuilles.
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+ La couleur naturelle des matériaux est souvent couverte partiellement ou totalement par d'autres couleurs, éventuellement sur un enduit qui transforme l'aspect de surface d'un matériau. Le bois pouvant être imprégné de matières minérales colorées qui le protègent des insectes, après un long séjour dans la terre.
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+ Le plâtre a été utilisé dès l'Antiquité pour le moulage. Les Romains de la République conservaient ainsi une galerie d'ancêtres par l'empreinte de leurs visages. Ce qui a donné lieu, sous l'Empire, à leur transposition dans des matériaux luxueux, marbres divers, qui ont soulevé l'indignation des contemporains. Rodin a fait un usage particulièrement créatif du plâtre. La Porte de l'Enfer en est un excellent exemple. Le plâtre reste une matière relativement fragile.
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+ Enfin certaines sculptures ont été réalisées pour durer. La terre cuite, qu'elle serve en poterie utilitaire aux formes recherchées et ornées ou pour des usages autres, comme une certaine « danseuse » néolithique de Haute Égypte, mondialement célèbre. La nature des ingrédients dont on compose la terre avant cuisson, le travail de préparation, le revêtement (la glaçure, l'émail) et surtout la température de cuisson, elle même, ont fait l'objet d'une recherche très méthodique en Chine pour aboutir à des grès (céramique) puis à la porcelaine, d'une résistance remarquable. Les mingqi chinois peuvent prendre toutes les formes, habitations, figurines, objets, êtres fantastiques. Les pierres les plus dures, les plus vitreuses, comme le jade, étant les plus difficiles à travailler, leur travail relève de la prouesse de personnes possédant un savoir hautement spécialisé et pouvant y consacrer leur vie. Ces matériaux sont donc, pour une part, d'origine minérale, pierre calcaire, grès (géologie), marbre, granite, quartzite, etc. et quelques-uns ont une très longue histoire, les silex, par exemple ont fait l'objet d'un travail inouî qui en fait de véritables sculptures. Les excentriques en silex, maya en sont un bon exemple. Mais le plus ancien dépôt funéraire, néandertalien (Sima de los Huesos, Espagne), est « tout simplement » un magnifique biface en quartzite rouge et jaune de 500 000 ans. Probablement c'est la nature et la couleur du matériau qui lui ont donné toute sa valeur.
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+ Les arts du métal se sont développés très tôt avec l'or, puis le cuivre (on parle de culture chalcolithique), travaillés par martelage et fonderie, . Le bronze, comme l'étain, a bénéficié de différentes méthodes de moulage, à la cire perdue ou avec des moules nombreux, comme en Chine. Ils font l'objet d'un travail secondaire de retouche, d'assemblage et de polissage. D'autres matériaux, aussi, font l'objet de moulage. Ainsi le ciment ou le béton, mais ces matériaux peuvent également être travaillés en taille directe dans la période de prise. L'acier est beaucoup plus utilisé que l'aluminium en raison des problèmes techniques propres à la soudure de l'aluminium. Le sculpteur Richard Serra a largement utilisé la qualité des métaux qu'il utilise, comme de gigantesques plaques d'acier Corten, ou des configurations mettant en œuvre les propriétés du plomb, pour en faire éprouver « physiquement » la sensation de poids au spectateur.
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+ Le textile est utilisé sur des statuettes en bois, souvent peintes, depuis l'Antiquité. Les statuettes funéraires égyptiennes en ont préservé quelques exemplaires, alors que le XIVe siècle, en Italie, en voyait l'usage constant dans les innombrables ex-voto sculptés, portraits en pied ou même équestres qui étaient encore d'usage à l'époque de Donatello. Plus récemment, l'artiste Robert Morris a utilisé le mouvement naturel d'un feutre très épais, découpé, retombant sous son poids pour générer des formes sensuelles.
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+ La sculpture moderne et contemporaine utilise encore ces matériaux mais également le verre et les miroirs, des matériaux bruts, la glace et l'eau, les cristaux liquides et d'autres matériaux fabriqués par l'homme, tels que les matières plastiques, et en particulier les PMMA (polymétacrylate de méthyle) connus sous des noms déposés comme Plexiglas ou Altuglas, ainsi que n'importe quel objet trouvé. Le papier mâché est également un matériau extrêmement économique, et les techniques de réalisation de sculptures avec ce matériau sont simples à mettre en œuvre.
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+ L'utilisation du chocolat n'est pas exclue. Par ailleurs, le monde de la cuisine se plaît à créer ce qui ressemble à de la sculpture, par jeu.
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+ Dans ses derniers écrits, Joan Miró affirmait qu'à l'avenir, on pourrait imaginer des sculptures utilisant les gaz comme matériaux. Lui faisant écho, Louis Leygue, dans son discours de réception de Nicolas Schöffer à l'Académie des beaux-arts, définissait ainsi la sculpture :
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+ « La sculpture peut se réaliser selon trois procédés : celui qui consiste à prélever la matière dans un bloc compact, celui qui consiste à façonner une matière molle pour créer des formes, enfin celui qui consiste à fabriquer ce que l'on veut réaliser »
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+ On assiste ainsi, avec la multiplication des musées et des publications savantes, à une redécouverte de matériaux oubliés au fil des siècles.
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+ Si certains métaux, comme l'or, ont fasciné les hommes c'est que cette matière jouait avec la lumière. Le poli idéal que recherchait Brancusi se joue aussi de la lumière dans les photographies qu'il a réalisé de ses propres sculptures[8]. La lumière est une qualité de certains « matériaux ». De même, lorsqu'un sculpteur réalise une fontaine, l'eau est partie prenante des « matériaux » avec lequel il doit travailler, et même le mouvement qui est donné à l'eau. Le mouvement est alors une qualité du matériau « eau ». Jean Tinguely a su introduire le rapport entre ses assemblages d'objets de rebut, leurs mouvements heurtés et l'eau en mouvement avec les sons que la sculpture produit.
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+ Après László Moholy-Nagy (Modulateur Espace Lumière, 1929[9]), Nicolas Schöffer et bien d'autres artistes tels Marta Pan, ont été intéressés par les rapports de l'architecture et de la sculpture. Les deux premiers considérant la lumière comme un matériau autant que le mouvement. Marta Pan a réalisé ainsi des sculptures monumentales intégrées dans l’architecture des espaces publics et urbains, comme La Perspective dans le Parc des Sources de la Bièvre à Guyancourt[10]. Nicolas Schöffer souhaitait réaliser une « Tour Lumière Cybernétique » en 1963, en inter-action avec le quartier de La Défense, à Paris. L'espace, dont la qualité est d'être habité, pour Nicolas Schöffer, est un matériau au même titre que le mouvement qui anime ses sculptures[11].
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+ Les artistes du Land art ont, pour leur part, souhaité sortir des galeries d'art et des musées, avec les conventions et contraintes que cela supposait, tout en réalisant ou en nous montrant des « sculptures » qui rompent avec les traditions récentes. Les « matériaux » sont, ici, nombreux : matériaux naturels, comme la spirale en remblais de basalte / le Grand Lac Salé, dans Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) où la dimension du temps est essentielle. Tandis que pour James Turrell, c'est encore la lumière, naturelle, dans des espaces généralement construits en pleine nature (le Roden Crater). L'échelle, souvent monumentale de ces sculptures, prend en compte le paysage où les œuvres s'inscrivent, et la dimension temporelle sur de longues durées : la spirale, en basalte noir, de Robert Smithson, était pensée comme soumise aux fluctuations du lac, la spirale noire se borde alors de sel blanc, jusqu'à sa disparition dans les eaux salées, pendant les périodes de hautes-eaux, et sa réapparition, toute blanche, quelques années plus tard.
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+ Pour Dominique Gonzalez-Foerster, la littérature, le cinéma, la musique sont des matériaux qu'elle utilise comme avec des ciseaux, en sélectionnant des fragments pour ses installations[12]. Il faut alors considérer qu'avec des réalisations comme celles de Brancusi et de Robert Smithson, « à la jonction de l'immobilité et du mouvement » , la sculpture est à envisager dans un « champ élargi », selon l'expression retenue par Rosalind Krauss et où l'installation a sa place[13].
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+ Ainsi, des sculpteurs contemporains, ont ouvert la voie à des recherches nouvelles, associant des matériaux traditionnels à d'autres après réflexion sur leur pratique et sur l'histoire que leur en proposaient les musées, les manuels d'histoire de l'art et les archéologues. Pour d'autres ce furent les nouvelles technologies, les nouveaux matériaux et jusqu'aux « hautes technologies » qui leur offrirent de nouveaux matériaux.
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+ La réflexion sur la création contemporaine amène certains à une position radicalement opposée à ce qu'ils jugent comme des « dérives » encouragées par d'importants mécènes. Lesquels considèrent comme sculpture des créations qui soulèvent de vifs débats, en raison du choix des soi-disant « matériaux » mis en œuvre. Ainsi, une œuvre de Damien Hirst - artiste célèbre dans les années 1990 et qui réalisait des installations où il traite du rapport entre l'art, la vie et la mort - est composée d'une vitrine dans laquelle un véritable veau, avec un disque d'or entre les cornes, est conservé dans du formol. Des références culturelles nombreuses sont sollicitées, entre autres les réf��rences aux dieux de l'Égypte ancienne, le dieu taureau Apis, la déesse Hator et Isis[14]. Les débats suscités par cette œuvre semblent indiquer que tout ne puisse être considéré comme « matériaux », pour certains. Se poserait alors la question, à propos des « matériaux » artistiques, sur la permanence de tabous, dans les sociétés contemporaines, qu'il faudrait bien prendre en compte si l'on considère qu'une œuvre s'adresse à des publics.
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+ Le relief est une sculpture qui demeure attachée à un arrière-plan, se dressant hors de cet arrière-plan. Selon le degré de projection des figures au-dessus du plan, les reliefs sont qualifiés différemment : le relief écrasé (stacciato relievo) : dont le relief est très faible. Les contours des figures sont finement incisés (ex : certains reliefs assyriens).
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+ Brancusi suit, systématiquement, l’esprit primordial et les principes fondamentaux de la forme, la dégageant des aspects éphémères, accidentels ou contingents. Le ready-made est un objet trouvé considéré pour son caractère esthétique comme une œuvre d'art. La « réalisation » d'un ready-made consiste, en effet, à choisir un objet manufacturé et le désigner, donc le définir, comme œuvre d'art[18]. La démarche initiée par Brancusi et Duchamp a donné naissance à une grande partie de pratiques artistiques modernes et contemporaines telles que le non-figuratif, l'assemblage, l'accumulation, l'installation, le in-situ, le Concept Hundertwasser, le Concept Gaudi, le Concept Botarro, et plusieurs autres.
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+ Chaque année, au début de février, se déroule à l'occasion du festival de la neige de Sapporo un grand concours de sculpture sur glace. En France, l'équivalent est le festival de Valloire, et au Québec, celui du Carnaval de Québec.
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+ Le scribe accroupi, antiquité égyptienne du musée du Louvre.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ La pauvreté désigne la situation d’une personne ou d'un groupe de personnes qui est dans l'incapacité d'accéder à une nourriture en quantité suffisante, à l’eau potable, aux vêtements, à un logement et au chauffage de ce dernier lorsque le lieu de vie l'exige. La satisfaction de ces besoins de base est jugée comme indispensable à la vie décente d'un être humain[1]. Toutefois avec le progrès technique et l'amélioration des conditions de vie dans les pays développés, une définition plus large basée sur des seuils de pauvreté relatifs au revenu médian a vu le jour sans lien avec la satisfaction de ces besoins. Le terme « pauvreté », relatif à celui de richesse, fait ainsi davantage référence aux situations d'inégalités économiques et politiques entre individus et entre sociétés.
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+ Les sciences économiques tentent d'expliquer l'existence de la pauvreté, ainsi que les mécanismes de l'accroissement de la richesse. Les gouvernements ont un souci universel du phénomène de la pauvreté, et s’efforcent de la contrôler, si ce n’est par égard pour la vie des individus et des groupes de personnes parce que des conflits entre les pauvres et les riches ont jalonné l'histoire du monde, et peuvent donc menacer les pouvoirs existants. La pauvreté est une cause majeure de souffrance, et l'égalité entre les êtres humains est au centre de diverses conceptions morales, philosophiques et religieuses. Il existe différents types de pauvreté.
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+ La pauvreté est un phénomène qui peut être considéré sous divers aspects, en lien avec la richesse disponible, l'organisation du travail et le chômage, le développement des sociétés et les modes d'impositions des gouvernements, ainsi que les principes moraux et religieux qui peuvent se manifester en rapport avec les inégalités économiques.
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+ La pauvreté matérielle dans les cercles d'échanges économiques est associé à l'incapacité totale ou partielle d'obtenir de la nourriture, des vêtements et un abri pour se nourrir, s'habiller et se loger.
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+ Elle est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Du fait de sa simplicité, cette définition est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
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+ Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux conceptions politiques que l'on pourra en première approche qualifier de « socialistes » et de « libérales ». À travers le prisme socialiste, la pauvreté s'analyse avant tout comme étant le résultat d'une situation d'exclusion : les rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des mécanismes générateurs de discrimination et la principale cause de la pauvreté. La vision libérale considère la pauvreté comme étant l'incapacité ou l'impossibilité pour un individu d'accéder comme les autres à l'épanouissement et à la satisfaction de ses besoins fondamentaux, souvent pour des causes relevant de la volonté ou de la capacité de l'individu lui-même. Les deux conceptions, simplifiées ici, reconnaissent que la pauvreté peut aussi résulter d'incapacités physiques ou mentales se traduisant par un handicap, mais diffèrent sur les moyens d'y remédier.
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+ Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté.
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+ Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.
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+ La pauvreté peut résulter de situations chroniques hérités de la naissance, dont le cas extrême est l'esclavage, mais également se perpétuer de génération en génération par le biais de l’organisation sociale en lien avec l'accès à l’éducation, l’état de santé, ou des statuts politiques particuliers ; elle peut également survenir par des incidents dans la vie d'une personne, comme la spoliation, les catastrophes naturelles et la destruction de biens, le chômage, etc.
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25
+ Mais cela engendre souvent un cercle vicieux. La pauvreté oblige à se loger à bas prix, donc dans des quartiers ayant mauvaise réputation, où il y a peu de travail et une offre éducative dégradée, une criminalité sinon plus élevée du moins plus violente, une prévention médicale moins active, etc. Les chances de trouver un revenu par le travail sont moindres, la tentation plus forte de faire appel au travail illégal (« au noir »), à des sources de revenu illusoires (loteries, paris) ou dangereuses (crime, drogue) ou encore dégradantes (prostitution), les risques d'accidents sont plus importants, et l'exploitation par les mafias, ou groupes organisés, sont des facteurs de désocialisation, voire d'une insécurité à la fois personnelle et globale[8],[9].
26
+
27
+ Ce phénomène peut toucher les enfants et les adolescents, qui dans un tel contexte commencent leur vie avec un handicap, même si le pire n'est nullement atteint pour eux. Dans les pays en développement, où les ressources sont rares, les conséquences sont encore plus marquées (famines, catastrophes sanitaires...)[10].
28
+
29
+ En particulier, en Occident, la mobilité spatiale souvent nécessaire pour trouver un emploi hors de zones d'habitation qui en offrent peu est freinée par la pauvreté. Et le coût de cette mobilité (déménagement, frais de déplacements ou possession d'un véhicule) pèse d'autant plus lourd que les revenus sont faibles[11].
30
+
31
+ Au début du XXe siècle, Benjamin Seebohm Rowntree effectue de nombreuses enquêtes sur la pauvreté dans la Ville d'York et distingue ce qu'il appelle la pauvreté primaire (absence de ressources suffisantes) de la pauvreté secondaire (niveau de ressources qui pourrait être suffisant mais qui est compromis par une gestion déraisonnable ou des dépenses inconsidérées)
32
+
33
+ Serge Paugam[12] distingue trois formes de pauvreté :
34
+
35
+ En appliquant ce modèle aux différents pays d'Europe, plusieurs grandes régions se distinguent : au Sud, l'Italie, la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont des taux de pauvreté plus importants (plus de pauvres, et des pauvres plus démunis) qu'au Nord, mais les pauvres sont bien intégrés dans la population ; ils ne sont pas stigmatisés. Au Nord (pays scandinaves), le système préventif est très développé et maintient le niveau de vie des pauvres au prix d'un contrôle étroit de leur vie privée. Cette situation de pauvreté marginale correspond également grosso modo à la situation de la France des années 1960 et 1970.
36
+
37
+ En France, la pauvreté disqualifiante domine. Par ailleurs, il y aurait en France une double institutionnalisation de la pauvreté : d'une part par le revenu de solidarité active (RSA), sorte d'officialisation de la pauvreté, d'autre part en déléguant la distribution alimentaire aux associations comme Les Restos du cœur, à l'origine conçus comme un palliatif temporaire et qui sont maintenant pleinement intégrés à la gestion de la pauvreté[13].
38
+
39
+ Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés[14].
40
+
41
+ Les indicateurs du Pnud permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte, et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain, et la Suède à plus faible pauvreté humaine[15].
42
+
43
+ En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international[16], contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
44
+
45
+ Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39 %), Asie de l'Est (33 %) et en Afrique subsaharienne (17 %). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie[17].
46
+
47
+ Les appréciations divergent sur l'évolution de la pauvreté. Les clivages portent sur :
48
+
49
+ Durant la Révolution française est apparu un moment le « Quatrième ordre », celui des pauvres journaliers, des Infirmes, des Indigents... à côté des trois « ordres » (Noblesse, Clergé, tiers état) convoqués aux États g��néraux[18].
50
+ Selon un rapport de la Banque mondiale publié le 26 août 2008, le nombre des « extrêmement pauvres » dans le monde (vivant avec moins de 1,25 $ par jour) a diminué de 500 millions, et leur proportion dans la population totale est tombée de 52 % à 26 % entre 1981 et 2005, avec des revenus restant en dessous du seuil de 2 $ par jour[19].
51
+
52
+ Ces progrès diffèrent selon les régions. L'Asie de l'Est affichait le taux de pauvreté le plus élevé du monde avec 80 % en 1981. Ce taux est tombé à 18 % et 600 millions de personnes sont sorties de la très grande misère. Le taux de pauvreté recule aussi en Asie du Sud, en Amérique latine, aux Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cependant le nombre des très pauvres ne baisse pas.
53
+
54
+ Le taux de pauvreté de l'Afrique subsaharienne n'a pas diminué depuis vingt-cinq ans (50 %). Le nombre de très pauvres (en moyenne, moins de 0,70 dollar de revenu par jour) a pratiquement doublé, passant de 200 à 380 millions de personnes. En 2015, un tiers du milliard de pauvres du monde habitera l'Afrique subsaharienne[19],[21].
55
+
56
+ Les inégalités régionales s'accroissent donc surtout aux dépens de l'Afrique noire. Si l'on prend l'indicateur de pauvreté à 1,08 $. En 1981 un pauvre sur dix vivait en Afrique ; en 2003 c'est près d'un sur trois. L'autre grande zone où la pauvreté s'est accrue regroupe les pays de l'URSS. Elle a explosé après l'effondrement du bloc socialiste de 1990, la situation semble cependant s'améliorer sensiblement ces dernières années. Les deux grandes zones où la pauvreté a régressé sont l'Asie de l'est et l'Asie du sud, avec un résultat un peu moins bon pour l'Inde que dans le reste de la région. Enfin l'Amérique Latine, les Caraïbes et le Moyen-Orient restent relativement stables[20].
57
+
58
+ Cette mesure de la pauvreté et de son évolution contrarie l'idée popularisée dans certains milieux politiques que la situation économique se dégrade pour les plus pauvres du fait de la mondialisation et plus généralement du capitalisme ; elle suscite donc scepticisme et critique. Par exemple selon Thomas Pogge (un philosophe de la justice, et non un économiste)
59
+
60
+ « les méthodes de calcul de la Banque Mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec une méthode plus plausible on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue (…) Tant que la méthode actuelle de la Banque mondiale et les données qui se basent sur elle conserveront leur monopole dans les organisations internationales et dans la recherche universitaire sur la pauvreté, on ne pourra pas prétendre prendre ce problème réellement au sérieux[22]. »
61
+
62
+ Selon l'économiste François Bourguignon, professeur à l'École d'économie de Paris après avoir été économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale, la notion de « pauvreté extrême », sur laquelle se base la Banque Mondiale pour proclamer la réussite des Objectifs du millénaire pour le développement (elle aurait diminué de moitié sur les dix dernières années et d'un peu moins des deux tiers depuis 1990), dissimule une réalité de la pauvreté bien moins rassurante : doubler le seuil de pauvreté de 1,90 à 3,80 dollars par jour multiplie le nombre de pauvres par trois, le portant à plus de 2 milliards en 2015, et divise par deux son rythme de décroissance[23].
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64
+ En plus d'être en elle-même une situation de carences provoquant stress et détresse, la pauvreté est reliée à des phénomènes de stigmatisation et de marginalisation sociale et politique sur la base d’affirmations plus ou moins fondées, discutables, mais exprimées et perçues comme des préjugés[24]. Le phénomène est universel, et le recensement des préjugés contre les pauvres par des organismes comme ATD Quart Monde et la Mission régionale d'information sur l'exclusion (MRIE) de Rhône-Alpes a une portée générale ; on dit par exemple que « les pauvres sont des "paresseux" et des "incompétents" qui "se complaisent dans leur situation" ; que ce sont des "fraudeurs" et des "voleurs du système" », quand ils reçoivent une aide de l'État.
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66
+ Les préjugés contre les pauvres tendent parfois à remettre en question les droits des personnes, avec des affirmations telles que « ils font des enfants pour toucher des prestations sociales », ou « ils n'ont rien à dire sur rien parce qu'ils sont exemptés d'impôts ». Puisque ces préjugés sont véhiculés dans les médias, et qu'ils trouvent des échos ou même des défenseurs chez les politiciens, il demeure difficile pour les pauvres d'avoir une reconnaissance sociale et politique constructive, et de mener une lutte contre la pauvreté en tant que classe, alors que prévaut une espèce de lutte contre les pauvres, notamment de la part de ceux qui sont à peine plus riches et qui ont des emplois précaires ou mal payés.
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68
+ La société médiévale occidentale est une unité fondée sur la domination du christianisme et sur le programme universaliste de l’Église qui engendrent toute une variété d’attitudes, de comportements envers la pauvreté, tous argumentés à partir de la même source : l’Écriture Sainte[25]. Englobant une grande partie d’indigents, le terme de pauvreté au Moyen Âge peut aussi bien désigner l’infirme, que la veuve, l’orphelin, le lépreux ou encore le fou. C’est dans cette pluralité de la misère que les élites, les clercs et les aristocrates nous livrent des conceptions ambivalentes de la pauvreté qui témoignent non seulement d’un fort enracinement religieux mais aussi d’une évolution de ce terme au cours du Moyen Âge. Selon la définition donnée par Michel Mollat, le pauvre est « celui qui, de façon permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, d’humiliation, caractérisée par la privation des moyens, variables selon les époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent, relations, influence, pouvoir, science, qualification technique, honorabilité de la naissance, vigueur physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité personnelle »[26]. La pauvreté, pleinement acceptée dans la société médiévale, est investie d’un rôle structurel, l’Église en est la représentante et assure en grande partie l’aumône ainsi que les activités de bienfaisance.
69
+
70
+ La vision manichéenne propre aux écrits catholiques, cette lutte permanente entre le Bien et le Mal a des répercussions dans la conception même du pauvre puisqu’à « la pauvreté honnête et sanctifiante s’oppose la pauvreté pécheresse »[27]. Dans les mentalités médiévales, c’est Dieu qui décide du sort de chacun et qui est donc l’auteur de cette « inégalité divine » : tandis que les uns sont dotés de richesse et de puissance sociale, d’autres souffrent dans une grande misère. Dans cette pensée, l’homme doit accepter avec humilité sa condition puisque ce comportement sera alors garant du rachat de ses péchés et du Salut de son âme. Imprégné dans cette dualité, le pauvre et les sentiments qu’il inspire s’inscrivent pleinement dans cette dynamique chrétienne qui l’utilise pour pérenniser l’ordre social : la présence des pauvres est considérée comme s’inscrivant naturellement dans le plan du Salut[28]. Qu’il soit « bon » ou « mauvais », « volontaire » ou « involontaire », le pauvre est utile à la société médiévale en tant qu’intercesseur privilégié entre les riches et Dieu, lié par un contrat avec l’aumône. « Dieu aurait pu faire tous les hommes riches, mais il voulut qu’il y ait des pauvres en ce monde, afin que les riches aient une occasion de racheter leurs péchés »[29].
71
+
72
+ Si la société mérovingienne était plutôt méprisante à l’égard des pauvres, c’est seulement au cours des XIe et XIIe siècles, sous l’influence des Pères de l’Église et de l’activité monastique, que la pauvreté devient une valeur spirituelle. Ce sont ces Pères de l’Église qui ont fait la distinction entre pauvreté et indigence et ont prôné l’acceptation de la pauvreté matérielle comme étant le meilleur moyen d’accéder au Salut[30]. Selon cette doctrine, la pauvreté est valorisée lorsqu’elle procède d’un libre choix. À l’instar de Jésus, qui se dépouilla volontairement de sa puissance de roi et de fils de Dieu, le moine devient un « pauvre du Christ ». Tout acte de renoncement à ses biens matériels, à son rôle social et à son pouvoir est considéré comme digne d’être imité[31]. L’éloge de la pauvreté ne concerne alors, à ce moment-là, pas tous les pauvres, mais seulement une mince frange de la société, une élite en quête de perfection dans sa vie chrétienne, qui renonce volontairement à accomplir son rôle social. Cette « économie du Salut » reposerait alors sur une « répartition des tâches » puisque le message varie en fonction du milieu auquel il s’adresse : les indigents, qui ne font pas partie de cette catégorie de pauvres volontaires et qui subissent leur condition, sont encouragés à accepter humblement leur statut. En effet, dans leur cas, abandonner leur rôle social est un acte orgueilleux et non emplit d’humilité[32]. Cette recherche d’un idéal de vie ascétique ne concerne que le milieu aristocratique, puisque, dans une certaine mesure, la voie du Salut passe par la contestation de la réalité sociale de ce monde. Les mouvements érémitiques ont entraîné de nombreuses personnes à leur suite et sous leur impulsion, très rarement de pauvres, mais plutôt des hommes et des femmes d’origines aisées. Ces exclus volontaires, dans leur idéal d’imitation du Christ, partent vivre en forêt, loin de toute civilisation et vivent très modestement[33]. Quant aux monastères bénédictins, ils accordent une grande importance à l’accueil du pauvre involontaire (l'indigent). Il convient alors de l’accueillir honorablement, puisque, dans le dogme catholique, servir le pauvre c'est servir le Christ : les moines lui lavent les pieds, lui donnent à manger, puis lui proposent le gîte.
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74
+ Même inspirée de sentiments de charité, cette bienfaisance reste préméditée puisqu’elle constitue le moyen le plus sûr d’obtenir le Salut et permet, en même temps, au donateur d’augmenter son prestige social. Le pauvre reste un oublié au XIIe siècle, instrument du riche bienfaiteur, il est occulté par ce dernier[34]. Son rôle est d’abord et avant tout de recevoir : il doit prier pour le riche auprès du Christ. Il n’est pas sujet mais objet de sanctification[35]. Cette charité, considérée comme un devoir général, sanctionne, tout en la justifiant idéologiquement, la richesse : le riche peut désormais se racheter par l’aumône.
75
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+ Les XIIe et XIIIe siècles et leurs contextes économiques, culturels et politiques difficiles participent à une paupérisation de la population occidentale. Les famines qui se succèdent à de nombreuses reprises, la peste ainsi que les guerres fragilisent les populations et beaucoup sont contraints à l'exil. La pauvreté est complexe et se traduit par le manque de terres cultivables, l’endettement et l’explosion démographique que la production agricole avec ses outils peu développés n’arrive pas à englober[36]. Les monastères bénédictins perdent progressivement le monopole de la bienfaisance car les charges deviennent trop lourdes. Il y a beaucoup trop de pauvres à nourrir et certains établissements ont même dû se sacrifier[37]. C’est une période de mutation et de nouvelles impulsions pour les œuvres de bienfaisance au XIIe siècle. Les nouvelles élites bourgeoises s’investissent de plus en plus dans les milieux urbains auprès des pauvres et fondent même des hôpitaux. En effet, les progrès de la circulation monétaire ont permis à de nombreux laïcs de suppléer les seigneurs et les monastères[38].
77
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+ Dans un contexte d’effervescence intellectuelle propre au XIIe siècle, un nouveau regard sur le pauvre se construit par le biais du mouvement canonial. Sous l’impulsion de Saint-François et de Saint-Dominique, les Ordres mendiants proclame la valeur humaine du pauvre et la sacralise avec le Christ. Saint-François estime le pauvre pour sa valeur spirituelle et humaine propre et non plus en tant qu’instrument servile du salut du riche[39]. « Le pauvre est essentiellement l’homme que la faiblesse de ses moyens met à la merci de tous dans la société » disait Saint-Dominique. Allant chercher les modèles de pauvreté les plus aigus, les Ordres mendiants, d’abord placés en périphérie des villes, réussirent à s’intégrer au tissu urbain. Ayant eu un vif succès, la charge d’âmes qui leur fut accordée par l’autorité apostolique fit qu’une très large part des œuvres de miséricorde furent effectuées sous leur influence[40]. En contact constant avec la pauvreté, les Ordres mendiants détaillent de manière précise les différentes catégories de pauvres : affamés, aveugles, boiteux, infirmes, lépreux, orphelins et enfin les dépendants. L’enseignement de ces ordres a donné une vive impulsion au mouvement de la charité entre le XIIe et le XIIIe siècle, jamais un enseignement n’avait eu une diffusion aussi large et une base doctrinale aussi élaborée. Certains cependant comme Saint-Thomas d’Aquin critiquent cette austérité et ce renoncement à l’intégralité de ses biens. Selon lui la privation de biens matériels à un tel degré doit être combattue parce que les nécessités de la vie physique sont plus impératives que celles du bien-être spirituel lui-même[41].
79
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+ Dans ce mouvement de charité, les aumôneries princières apparaissent comme des versions laïques des aumôneries ecclésiastiques. Il s’agit de la première forme d’institution laïque d’assistance qui entrainera derrière elle d’autres initiatives semblables au XIIIe siècle au niveau des paroisses et des confréries[42]. La charité étant un devoir général, le roi se doit de nourrir chaque jour un certain nombre de pauvres : d’une part afin d’attester de sa religiosité, d’autre part pour affirmer sa puissance, sa capacité économique à soutenir chaque jour des centaines voir des milliers d’affamés. La pauvreté et la place qu’on lui accorde est une fois de plus l’instrument du prestige social des puissants. En somme, les initiatives, quelles soient laïques ou religieuses ont permis au cours des XIIe et XIIIe siècles de construire un réseau serré d’hôpitaux et des services réguliers d’aumônes. Les structures ainsi que les institutions mises en place se solidifient et s’organisent progressivement.
81
+
82
+ À cette valorisation spirituelle de la pauvreté succède une conception fortement dépréciative du pauvre au XIVe siècle. En effet, le contexte est une fois de plus très difficile : les disettes, l’instabilité monétaire, la hausse des prix des vivres et des loyers, les exigences fiscales et l’exploitation du travail manuel ont aggravé les conditions de vie de la population occidentale. De nouveaux pauvres viennent grossir les rangs des indigents : ce sont des villageois en difficultés. À la ville comme à la campagne, la pauvreté devient laborieuse : elle touche des personnes qui travaillent mais qui n’arrivent plus à vivre décemment avec leurs revenus. Certains sont même obligés de se mettre en position de dépendance, dans un contrat de servage, afin d’avoir la protection nécessaire pour vivre. À la campagne, le travail précaire et le resserrement des liens de dépendance sont de nouvelles composantes de la pauvreté paysanne[43].
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84
+ De nouveaux écrits critiques apparaissent entre le XIIIe et XIVe siècles et portent sur la condition des mendiants. Ils s’attachent à démontrer le caractère humiliant de la misère matérielle et de l’acte de mendier, c’est notamment le cas de Guillaume Saint-Amour qui est l’un des plus virulents sur ce sujet. Dans ce courant de pensée, la misère engendre le péché de convoitise parce que le pauvre refuse d’accepter avec humilité sa condition. Les comportements qui leur sont imputés sont l’ivrognerie, la paresse, la débauche et l’escroquerie comme faisant partie intégrante de leur vie. Ces écrits témoignent d’une attitude très négative de la part des ecclésiastiques de cette époque à l’égard des pauvres. La littérature des pauvres, notamment celle des vilains est significative à maints égards puisqu’elle témoigne de l’évolution des conceptions de la pauvreté au cours du Moyen Âge. Ainsi, jusqu’au XIIe siècle, la critique des pauvres dans la littérature moralisatrice en faisait des victimes de la méchanceté des élites et des puissants. Mais au XIIIe siècle un basculement s’opère et le pauvre devient à son tour l’objet de reproches[44].
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+ Les XVIIe et XVIIIe siècles apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l’abbé de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à concilier utilité et philanthropie. Il préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le système de l'hôpital général. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6 000 personnes, soit 1 % de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, 32 hôpitaux généraux existaient dans tout le pays. Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Élisabeth I institue des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les « Houses of correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Michel Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[45].
87
+
88
+ Cette politique d'enfermement systématique apparaît maintenant inhumaine et dangereuse sur le plan sanitaire. De nombreuses références existent, notamment les monographies consacrées à l'histoire d'un Hôpital : L'Hôtel-Dieu et l'hôpital général de Meaux aux XVIIe et XVIIIe siècles : étude des institutions et des populations reçues[46]. Elle est contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée. En France, la Révolution enclenche une évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté devient l'expression de dysfonctionnements dans la société. À la suite d'un vote de la Convention girondine, le décret du 19 mars 1793 affirme, conjointement au droit au travail, le droit à l'assistance pour tout homme hors d'état de travailler ; les secours publics sont une « dette sacrée ». Un traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du moment où le principal facteur de la pauvreté est un facteur économique, bien que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque, le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la République. Les personnes prises en charge font partie de catégories spécifiques : veuves, orphelins.
89
+
90
+ La Déclaration et programme d'action de Vienne affirment que l'extrême pauvreté et l'exclusion sociale sont la violation de la dignité humaine[47]. L'article 30 de la Charte sociale européenne aussi assure la protection contre la pauvreté et l'exclusion sociale[48].
91
+
92
+ Avec des nuances dans l'analyse ou la vision politique, la mise en place dans des pays développés de l'État-providence va contribuer à étendre l’aide sociale sous la pression d'hommes aussi divers que Charles Booth, Benjamin Seebohm Rowntree et David Lloyd George (en Angleterre), Villermé (France) et Bismarck (Allemagne).
93
+
94
+ Aux États-Unis, environ 80 % des personnes inculpées pour des crimes passibles d'une peine supérieure à un an d'incarcération vivent dans la pauvreté[49].
95
+
96
+ Chaque État-membre de l'OCDE et de la banque mondiale est invité à rédiger et mettre en œuvre un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté et l'ONU a de nombreuses politiques encourageant cette réduction, dans le cadre des objectifs du millénaire notamment.
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+ Depuis le XIXe siècle, certains pays occidentaux ont tenté de remédier à la pauvreté en instituant des garanties de ressources minimales.
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+ Pour les enfants :
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+ Pour les adultes, l'État peut chercher à :
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+ Mais c'est surtout au milieu du XXe siècle que certains États s'engagent dans un programme d'intervention directe massive, en prenant le contrôle des institutions privées (caisses de retraite, assurances chômage) et en diversifiant ses interventions.
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+
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+ Dans certains pays, l’État soutient des initiatives de type microcrédit[51].
107
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+ Les aides au revenu sans condition d'utilisation sont plus récentes. L'Allemagne fut l'une des premières à l'établir. En France, le revenu de solidarité active (RSA) fait partie de ce filet de sécurité destiné à garantir à ses bénéficiaires un revenu minimum.
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+
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+ Des associations mènent également une lutte contre la pauvreté.
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+
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+ En 1987, le rapport Brundtland, fondateur du concept de développement durable, faisait le constat d'« un avenir compromis », et identifiait la pauvreté comme l'un des symptômes de cette situation[52]. En 1992, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, un chapitre de l'Agenda 21 fut consacré à la lutte contre la pauvreté, exprimée en ces termes : « Une stratégie visant à lutter spécifiquement contre la pauvreté est donc l’une des conditions essentielles pour assurer un développement durable[53]. »
113
+
114
+ L'ONU a mis en place un plan de réduction de la pauvreté au sein de ses Objectifs du millénaire, ratifiés en 2000 par les États membres, et qui est depuis une priorité mondiale[54]. Le premier objectif du millénaire se donne deux cibles[55] :
115
+
116
+ L'« éradication de la pauvreté » est l'un des principaux objectifs de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, qui eut lieu à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin 2012.
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+
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+ La Banque mondiale a pour mission de lutter contre la pauvreté en finançant des projets pouvant réduire la misère. L'Unicef lutte en particulier contre la pauvreté des enfants. Certaines organisations non gouvernementales luttent également contre la pauvreté : Oxfam, ATD Quart Monde.
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+
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+ Le problème posé par la lutte contre la pauvreté, une mission qui fait tellement l’unanimité qu’elle ne nécessite ni argumentation, ni justification, est qu’elle occulte largement le débat sur les inégalités en matière de revenus comme de patrimoine[56].
121
+
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+ Comme dans les autres domaines politiques, l'évaluation de l'efficacité des politiques de luttes contre la pauvreté est très peu développée[57]. Néanmoins le domaine commence à percer, avec la constitution d'équipe de recherche[58] qui publient des résultats précis et exploitables[59], et l'attribution de prix prestigieux à des chercheurs du domaine et leur apparition dans des médias grand public[60].
123
+
124
+ Dans Population Matters, les éditeurs présentent une série d'articles réalisés par des économistes, relus par des spécialistes d'analyse politique, qui s'intéressent aux conséquences du boom démographique dans les pays émergents sur leur développement économique et discutent les choix politiques de ces pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en termes de croissance, de réduction de la pauvreté et des inégalités ainsi que du développement d'une agriculture durable. Les résultats sont catégoriques et en opposition aux propositions tenues jusqu'alors. Ces études soulignent l’efficacité du contrôle des naissances dans la réduction de la pauvreté[61]. Plus précisément (voir introduction page 6 et aussi Lori S. Ashford[62]) :
125
+
126
+ « Les paysans les plus pauvres du monde vivent majoritairement en Afrique. L'homme le plus pauvre du monde est sans doute l'un d'eux. C'est une femme, une femme africaine[63]. »
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+ Selon l'agronome René Dumont[64] : « Tous les jours elle doit marcher plus de deux heures pour se rendre à son lieu de travail. Elle porte sur sa tête jusqu'à 50 kg de charges, sur son dos son dernier enfant et dans le ventre, bien souvent, un enfant à naitre. Au Zaire, 70 % des tâches domestiques ou de production sont faites par des femmes. Les jeunes filles sont mises à contribution dès l'âge de 10 ans. Elles pilent le manioc, s'occupent des enfants plus jeunes. A 14 ans, elles seront mariées. »
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+ René Dumont raconte la suite de leur existence. Il a rencontré dans un village du Sénégal ce qu'il appelle des « paysans-pachas » : « Ils gardent auprès d'eux l'une de leurs coépouses et envoient les autres travailler en ville pour un an, pour y gagner la vie du « ménage ». Ces femmes travaillent douze heures par jour et seront jugées à leur retour au village par leur famille et leur mari au poids de leurs cadeaux. »
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+ Selon l'économiste Daniel Cohen[65] :
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+ « Il n'est pas excessif de dire que les femmes africaines sont les esclaves d'aujourd'hui. L'exploitation des femmes n'est pas seulement une insulte au reste de l'humanité qui en accepte hypocritement l'existence. Elle provoque un cercle auto-entretenu de pauvreté et d'exploitation. L'esclavage des femmes dispense en effet les hommes d'investir dans la machine. L'épargne sert à acheter une autre femme, qui donnera d'autres enfants qui travailleront pour le père ou seront vendus, si ce sont des filles. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Louis-Napoléon Bonaparte, avant de devenir Président de la république (Deuxième République; 1848) puis Empereur des Français (Second Empire; 1852), a écrit un bref ouvrage intitulé De l'extinction du paupérisme (1844) alors qu'il est enfermé au fort de Ham. Il y est enfermé pour avoir une énième fois tenté de renverser le régime en place (La Monarchie de Juillet dirigée par Louis-Philippe Ier). Il s'évade la même année, déguisé en ouvrier avant de rallier l'Angleterre.
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+ Un seau, également appelé chaudière en français québécois, est un récipient en forme de cylindre, ou de cône tronqué, à fond généralement plat, et muni d'une anse rabattable pour le transport. Il est utilisé pour le transport de liquides et parfois de solides. Il peut également être un emballage pour le stockage de certains produits industriels (comme la peinture) ou alimentaires (comme la crème fraîche), auquel cas il possède un couvercle de fermeture.
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+
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+ Les seaux métalliques possèdent souvent un « pied feuillard » en tôle plus épaisse, évitant au fond de toucher le sol, dans un souci de stabilité et de propreté.
4
+ L’anse des seaux est souvent métallique. Elle peut disposer d’une poignée en bois ou en matière plastique. Elle peut avoir en son milieu, une forme de boucle permettant le passage d’une corde (seaux à puits ou seaux pour mariniers).
5
+ L’anse s’articule souvent dans deux pièces latérales appelées « oreillons »
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+ Certains seaux peuvent avoir un bec verseur.
7
+
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+ Les dimensions et la forme varient en fonction de l’usage. Il existe en effet de nombreux seaux spécifiques :
9
+
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+ Seaux à chevaux fortement renforcés.
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+
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+ Seau à puits avec anneau pour le passage d’une corde
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+
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+ Seau à veaux en acier galvanisé à chaud
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+ Seau incendie, à fond bombé muni d’une poignée
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+
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+ Seaux à fleurs, avec poignées
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+ Pot à lessive et seau à douille
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+ Seau à charbon avec une anse et une poignée
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+ Détail : pied feuillard cerclant le fond d’un seau
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+ Cassotte sur un seau
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+ Autrefois, les seaux étaient façonnés en bois, à la façon des tonneaux. Longtemps, ils furent en tôle galvanisée, parfois en aluminium soudé, désormais ils sont le plus souvent en plastique moulé.
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+
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+ Leur contenance est généralement de plusieurs litres, à l'exception toutefois des seaux de plage, jouets utilisés par les enfants dans un bac à sable ou sur une plage pour former des pâtés de sable.
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+ Seau romain en bronze
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+ Seau en bois cerclé de fer
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+ Seau en matière plastique, muni d'un bec verseur
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+ Seau de plage, jouet d'enfant
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+ Les Ballets russes sont une célèbre compagnie d'opéra et de ballet créée en 1907 par Serge de Diaghilev, avec les meilleurs éléments du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Dès 1909, la compagnie entame une tournée internationale et, en 1911, Diaghilev coupe les ponts avec le Ballet impérial. La compagnie devient une troupe privée, indépendante, qui se fixe à Monte-Carlo, Paris et Londres, sans s'attacher à aucun théâtre en particulier.
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5
+ Les Saisons russes est un projet de grande envergure visant à présenter la culture russe au public européen. Plus de 400 manifestations sont prévues en France, en Belgique et au Luxembourg dans le cadre de ce festival, qui se prolongera jusqu'à la fin de l'année 2020 : des expositions, des représentations théâtrales, des concerts de musique symphonique, des spectacles de ballet, des projets cinématographiques, des tournées des plus grands collectifs de danse traditionnelle, ainsi que des festivals d'art du cirque et divers.
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+ En 2017, « Les Saisons russes » ont été organisées à un haut niveau au Japon, avec 250 évènements dans 40 villes. En 2018, « Les Saisons russes » ont conquis l'Italie, couvrant 310 évènements dans 74 villes. En 2019, 437 manifestations des « Saisons russes » se sont produites dans 90 villes d'Allemagne.
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+ La première saison des Ballets russes a lieu au théâtre du Châtelet, du 18 mai au 18 juin 1909, sous le patronage de la Société des grandes auditions créée par la comtesse Greffulhe[1]. Chaque année à cette période, la compagnie revient à Paris, d'abord au Châtelet, puis dans d'autres théâtres[2].
10
+
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+ À partir de 1911, la troupe donne également des représentations à Rome, à Vienne, au Grand Théâtre de Genève, à Barcelone et à Madrid. Elle danse aussi en Amérique du Sud dès 1913, aux États-Unis dès 1915 ; après la Première Guerre mondiale, elle se produit en Belgique entre 1922 et 1928, à Lausanne et Berne en 1923, aux Pays-Bas en 1924.
12
+
13
+ La dernière représentation est donnée à Vichy le 4 août 1929. Malgré les tentatives de Serge Lifar et de Boris Kochno, la troupe ne survit pas à son fondateur, décédé à Venise le 19 août 1929, mais l'esprit en sera préservé jusqu'au Ballet du marquis de Cuevas.
14
+
15
+ Diaghilev pour sa compagnie, va favoriser l'essor de talents originaux et la création de nouvelles chorégraphies dont plusieurs marquèrent l'histoire de la danse moderne.
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+
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+ Le premier chorégraphe des ballets russes fut Michel Fokine issu du théâtre Mariinsky qui régla les chorégraphies des premières saisons des ballets russes dont Le Pavillon d'Armide, Les Danses polovtsiennes, Le Prince Igor, L'Oiseau de feu, Petrouchka, Le Spectre de la rose, Le Dieu bleu, Daphnis et Chloé. Écarté au profit de Nijinski, il est rappelé en 1914 pour créer trois autres ballets La Légende de Joseph, Midas, Papillons, avant de quitter définitivement la compagnie.
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+
19
+ Nijinsky fut à l'origine de deux des scandales les plus retentissants liés aux Ballets russes, avec ses chorégraphies de L'Après-midi d'un faune et Le Sacre du printemps. Il régla aussi la chorégraphie de Jeux. Ses chorégraphies novatrices ne furent pas comprises par le public, ni par des compositeurs ou des danseurs comme Igor Stravinsky et Ida Rubinstein, qui refusa de danser la grande nymphe de L'Après-midi d'un faune.
20
+
21
+ Après le renvoi de Nijinsky en 1914 et le départ définitif de Fokine, Leonide Massine devient de 1915 à 1921 le chorégraphe en chef des Ballets russes pour qui il crée les chorégraphies de Soleil de nuit, La Meninas, Les Contes russes, Parade qui fit scandale lors de sa création, une nouvelle chorégraphie du Sacre du printemps, La Boutique fantasque, Le Tricorne, Le Chant du rossignol, et Pulcinella. En 1921 il quitte les Ballets russes, mais continua à partir de 1925 à composer de nouvelles chorégraphies pour la compagnie en alternance avec Bronislava Nijinska et George Balanchine.
22
+
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+ Assistante de son frère sur les chorégraphies du Faune et de Jeux, Bronislava Nijinska créa pour la compagnie de Diaghilev les chorégraphies de Noces et Renard de Stravinsky, Les Biches, Les Fâcheux, Le Train bleu et Une nuit sur le Mont Chauve.
24
+
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+ Faisant partie de la dernière génération de danseurs ayant intégré la compagnie, George Balanchine fut, à partir de 1926, le principal chorégraphe des Ballets russes, quand il composa les chorégraphies de Jack in the Box, La Chatte et Apollon musagète, ballet qui marqua les débuts d'une collaboration de longue date avec Stravinsky.
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+ Dernier danseur étoile des ballets russes, Serge Lifar fit aussi une nouvelle chorégraphie de Renard pour la dernière saison de la compagnie en 1929.
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+ Les spectacles révèlent aussi au public les talents de grands artistes :
30
+
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+ Les Ballets russes de Monte-Carlo (1932-1935) sont fondés par le colonel de Basil et René Blum. À la suite de la brouille de ses créateurs, la troupe est divisée en 1935 en :
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+
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+ Les Ballets suédois, de 1920 à 1925, sous la direction de Rolf de Maré créés après la séparation de Michel Fokine d'avec les Ballets russes de Serge de Diaghilev[6]
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+
35
+ L’atmosphère des ballets russes à travers les costumes de Bakst se retrouve dans le domaine de la haute couture. Ses œuvres, ses dessins, ses costumes continuent aujourd’hui encore à inspirer les couturiers les plus divers. Parmi eux, Christian Lacroix, John Galliano pour Dior ou Karl Lagerfeld pour Chloé ont ravivé la mémoire de Bakst.[7] En 1976, Yves Saint Laurent présente sa collection Opéra – Ballets russes.[8] Amateur des ballets, des costumes de Léon Bakst, et de peintures orientalistes, Yves Saint Laurent réuni à la fois la Russie impériale, et son opéra. Fourrures, mousselines, soies, velours sont portés par les mannequins aux couleurs étincelantes.[9]
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+ Stratigraphie
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+ Paléozoïque Cénozoïque
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+
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+ modifier
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+
7
+ Le Mésozoïque (du grec μέσος / mésos (« moyen, médian ») et ζωικός / zôikos (« animalier »)), anciennement appelé Ère secondaire ou Ère des Reptiles, est une ère géologique qui s'étend de −252,2 à −66,0 Ma, au cours de laquelle apparaissent de nombreuses espèces de mammifères et de dinosaures.
8
+
9
+ Sa limite inférieure correspond à l'extinction Permien-Trias et sa limite supérieure à l'extinction Crétacé-Paléogène.
10
+
11
+ Le terme mésozoïque a été créé en 1840 par le géologue britannique John Phillips[1]. Ce terme signifie la « vie au milieu », comparativement à la « vie ancienne » du Paléozoïque et de la « vie récente » du cénozoïque, car les fossiles retrouvés correspondent à différentes strates géologiques
12
+
13
+ Le terme Ère secondaire remonte au XVIIIe siècle en France.
14
+
15
+ Le Mésozoïque, d'une durée totale de 186,2 Ma, comprend les trois périodes suivantes[2] :
16
+
17
+ Au début du Mésozoïque, la totalité des terres émergées était rassemblée en un seul continent appelé Pangée[3]. À partir du début du Trias, la Pangée se divise en deux ensembles continentaux, Laurasia au Nord et Gondwana au Sud.
18
+
19
+ Laurasia se divise à son tour en Amérique du Nord et Eurasie tandis que Gondwana se sépare en quatre continents : Amérique du Sud, Afrique, Australie et Antarctique. La mer Thétys apparaît également durant cette période.
20
+
21
+ La géologie a des conséquences sur l'évolution des animaux terrestres, car la séparation des plaques par des mers ou des océans entraîne des contraintes évolutives différentes[3].
22
+
23
+ Pendant cette ère, un intense volcanisme est responsable de la fracturation de la Pangée.[réf. nécessaire]
24
+
25
+ Du point de vue du climat, l'uniformité qui régnait à l'époque primaire a disparu. L'étude des fossiles marins montre que la surface terrestre pouvait se diviser en trois zones climatiques, depuis chacun des pôles jusqu'à l'équateur. Il existait, comme aujourd'hui, des zones glaciales autour des pôles, caractérisées par une faune très pauvre, de la neige blanche et épaisse et des paysages montagneux ; des zones tempérées avec une faune plus riche, caractérisées surtout par l'abondance des coralliaires ; une zone équatoriale où la vie atteignait le maximum d'intensité.
26
+
27
+ Le climat était plus chaud qu'actuellement, et on n'a pas relevé de glaciation pendant tout le Mésozoïque[4]. S'il n'existait pas de calottes glaciaires aux pôles, le climat y était cependant rigoureux, puisqu'on n'y retrouve pas de fossiles d'animaux à « sang froid » comme les tortues ou les crocodiles[5].
28
+
29
+ L'atmosphère est chargée de gaz carbonique ce qui influence beaucoup l'environnement. La végétation devient moins luxuriante, ce qui ne l'empêche pas de présenter des formes beaucoup plus nombreuses et supérieures à celles de l'époque primaire. Les cryptogames n'ont plus des dimensions aussi gigantesques, mais les cycadées et les conifères envahissent les terrains désormais plus secs. Vers la fin de l'époque secondaire, on voit apparaître les monocotylédones et les dicotylédones angiospermes, qui prendront un grand développement pendant l'âge tertiaire.
30
+
31
+ Le Mésozoïque est connu sous le nom plus familier d'âge des dinosaures, mais il est aussi marqué par l'apparition des oiseaux, des mammifères et des plantes angiospermes.
32
+
33
+ Il est caractérisé par une famille nouvelle de céphalopodes, celle des ammonites, qui apparaît au début et s'éteint à la fin de cet âge.
34
+
35
+ La faune secondaire comprend des protozoaires parmi lesquels les foraminifères perforés sont très abondants ; des spongiaires ; des polypes ; les crinoïdes pentacrines sont très nombreux ; les insectes particulièrement abondants dans le Jurassique ; les bélemnites, voisines de la seiche, nombreuses aussi.
36
+
37
+ La faune supérieure comprend des poissons dont l'ossification est beaucoup plus avancée qu'à l'époque primaire : les téléostéens apparaissent dans le Trias.
38
+
39
+ Les principaux diapsides sont :
40
+
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+ Les oiseaux qui apparaissent à l'époque secondaire sont représentés d'abord par Archaeopteryx, le premier oiseau connu, puis par Hesperornis et Ichthyornis.
42
+
43
+ Enfin, les mammifères sont représentés par l'ordre des Protothériens, mammifères pourvus d'une poche marsupiale.
44
+
45
+ À la fin de cette ère, toutes les formes de vie modernes existent, bien que dans certains cas, et en particulier celui des mammifères, il s'agisse de formes primitives.
46
+
47
+ Les gisements connus se comptent par centaines, mais le plus spectaculaire (en termes de nombre de squelettes de vertébrés et de conservation) est le site des « collines brunes » (Ukhaa Tolgod), correspondant au Crétacé supérieur.
48
+ Il est situé en Mongolie dans le désert de Gobi[6]. Là, bien que seule une zone d'environ 4 km2 ait été complètement fouillée, cette zone est en 2015 « la plus forte concentration de crânes et de squelettes de mammifères jamais trouvée pour tout le Mésozoïque »[6] ; plus de 400 mammifères et lézards y ont été déclarés en 2015 rien que dans la zone de collecte principale, mais on a aussi trouvé des restes de l'oiseau Mononykus et des sites de nidification de dinosaures avec notamment le premier fossile connu d'embryon de dinosaure théropode[6]. Par rapport aux autres gisements du Mésozoïque, la diversité et l'abondance des théropodes, mammifères et lézards est ici anormalement élevée[6]. L'état exceptionnel des ossements de vertébrés d'Ukhaa Tolgod pourrait être expliqué par un paléoclimat aride ayant périodiquement causé une forte mortalité par des catastrophes de type tempête de sable majeure plutôt que coulée de boue ou enlisement ; en effet, si les faciès géologiques d'Ukhaa Tolgod sont de type fluvial, ils ont conservé des taux localement élevés de faciès éoliens qui plaident en faveur de l'hypothèse des tempêtes de sable, phénomène non retrouvé pour les gisements terrestres du Crétacé supérieur connus en Amérique du Nord et du Sud (où les fossiles sont presque tous trouvés dans des dépôts fluviaux)[6].
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+ Des gisements plus discrets mais qui ont eu une grande importance dans les mers sont les récifs d'éponges.
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3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Vous pouvez corriger, en discuter sur l’Atelier typographique ou créer la discussion.
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7
+ Industrie est un terme polysémique recouvrant originellement la plupart des travaux humains. Il s'agit à présent de la production de biens grâce à la transformation des matières premières ou des matières ayant déjà subi une ou plusieurs transformations et de l'exploitation des sources d'énergie.
8
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9
+ Oscillant depuis la préhistoire entre artisanat et mécanisation, l'activité industrielle s'intensifie au tournant du XVIIIe siècle puis au XIXe siècle grâce à l'utilisation des énergies fossiles et l’application de nouvelles technologies : ce phénomène est appelé révolution industrielle et est concomitant à l'apparition du capitalisme. De profonds changements sociaux l'ont accompagné alors que la société industrielle advenait. Ces transformations ont modifié l'industrie elle-même qui s'est rationalisée par :
10
+
11
+ En matière de secteurs économiques, la loi des trois secteurs indique que l'industrie recoupe pour l'essentiel le secteur secondaire. Plusieurs classifications des secteurs de l’industrie existent, il est par exemple possible de distinguer l'industrie manufacturière de l'industrie d'extraction (qui appartient alors au secteur primaire), ou l'industrie des biens de consommation de l'industrie des biens de production.
12
+
13
+ « Industrie » provient du terme (la) industria composé de (la) indo : dans et (la) struere : bâtir. Il a longtemps signifié : habileté à faire quelque chose, invention, savoir-faire[1] et, par extension, métier que l'on exerce pour vivre (profession mécanique, artistique ou mercantile[2]). Le mot a pris un sens plus restreint au XVIIIe siècle, peut-être[précision nécessaire] à l'époque de Law pour désigner « toute activité productive »[3], c'est-à-dire toutes celles qui concourent à la production des richesses : l'industrie agricole, l'industrie commerciale et l'industrie manufacturière[4]. Depuis le XIXe siècle, les activités relevant de l'agriculture sont exclues du champ de l'industrie qui désigne maintenant l'« ensemble des activités socio-économiques fondées sur la transformation des matières premières »[3].
14
+
15
+ Mais avant de s'imposer, « industrie » a dû supplanter les expressions arts et métiers, ou arts et manufactures[5], arts mécaniques, arts industriels. Industrie se dit aussi des Arts mécaniques et des manufactures en général, ordinairement par opposition à l' Agriculture (Dictionnaire de l'Académie française de 1932)
16
+
17
+ La Préhistoire voit l'apparition des premières activités humaines, qui peuvent être qualifiées d'industrielles, en excluant celles qui sont liées à l'agriculture.
18
+
19
+ De nouvelles techniques apparaissent au Moyen Âge, et avec elles de nouvelles industrialisations. Le XIIIe siècle voit par exemple, l'apparition de l'utilisation du charbon comme combustible. L'industrie drapière se développe en Flandre. Les nombreuses guerres nécessitent une production importante dans certains domaines, ainsi, le Clos des Galées à Rouen constituait un grand arsenal de la royauté française ; dans les années 1340, il parvient à livrer des projectiles (arc et arbalètes) par dizaines de milliers, des armes et armures par dizaines, voire par centaines. La construction de châteaux forts ou de cathédrales associait des centaines d'hommes sur les chantiers.
20
+
21
+ La principale innovation « industrielle » du Moyen Âge est la généralisation du moulin, découvert à la fin de l'Antiquité, qui assujettit la force de l'eau ou du vent : il y a certes les moulins pour le blé, mais les moulins trouvent d'autres usages : moulin à fouler ou fouleret, moulin à tan, à papier, etc.
22
+
23
+ Dans d'autres ateliers, on fabrique manuellement des parchemins en grande quantité, qui seront ensuite utilisés par le clergé ou même par des philosophes en Afrique du nord et en Andalousie.
24
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+ La Renaissance a été plutôt marquée par un renouveau de l'artisanat lors de la construction et de l'embellissement des châteaux bâtis par les princes et les rois, résidences qui perdent peu à peu leur vocation guerrière au profit du palais de prestige ; seules les industries de l'armement et des appartenances (vêtements, teintures, tapis, porcelaines) ont prospéré.
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+ Au XVIIe siècle, en France, Jean-Baptiste Colbert développe les manufactures dont les Gobelins, la manufacture d'armes de Saint-Étienne, Beauvais pour les tapisseries (1644), Aubusson pour les tapis, Reuilly abrite une « manufacture de glaces, cristaux et verre » (qui deviendra Saint-Gobain), la bonneterie à Troyes, la draperie à Abbeville, la papeterie à Angoulême. La faïence a alors remplacé la céramique et de grands centres de production sont créés comme la manufacture de Rouen.
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+ L'âge industriel est aussi important que l'apparition de l'agriculture au Néolithique : il y apparaît en effet une idée de rupture avec le passé. L'âge industriel est caractérisé par une croissance durable et irréversible de la production industrielle, accompagnée de transformations dans l'organisation de la production et dans les sociétés. En 1746, les jeunes entrepreneurs Jean-Jacques Schmalzer, Samuel Koechlin, Jean-Henri Dollfus et Jean-Jacques Feer créent une manufacture de tissus à Mulhouse. L'industrie se développera de manière fulgurante dans cette ville protestante, qui est alors une Cité-état connue sous le nom de République de Mulhouse.
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+ Les créations de manufactures se poursuivirent au XVIIIe siècle : une manufacture de porcelaine s'établit au château de Vincennes avant de déménager à Sèvres où elle se fera une réputation.
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+ Malgré les crises difficilement reçues par les contemporains, la tendance générale de la période 1790-1939 est caractérisée par l'expansion.
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+ La première révolution industrielle commence aux alentours de 1790, pour se terminer aux prémices de la suivante. Les inventions motrices de cette période sont liées à la vapeur et au charbon ; son centre d'activité principal est le Royaume-Uni, puis, quelques décennies plus tard, la révolution industrielle touche la Belgique, ultérieurement, le nord de la France, la Suisse, et enfin l'Allemagne.
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+ La deuxième révolution industrielle commence aux alentours de 1850, et s'arrête aux environs de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les inventions principales de cette période ont un rapport direct avec l'exploitation des découvertes en électricité.
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+ Trois facteurs ont permis à cette deuxième révolution industrielle d'aboutir :
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+ La révolution industrielle s'est accompagnée de profonds changements sociaux. Le penseur de la société industrielle en France a été Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon (1760-1825). Il a décrit le « passage de l'âge théologique et féodal à l'âge industriel et positif ». Il a donné lieu au courant du saint-simonisme très actif au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle[6].
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+ Au XXe siècle, grâce surtout à l'utilisation de combustibles fossiles, les activités industrielles ont été multipliées par 50, alors que la population mondiale a triplé, et que le volume de l'économie mondiale a été multiplié par 20, et la consommation de combustibles fossiles par 30[7].
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+ Des avancées technologiques sont susceptibles de conduire à un développement de l'industrie dans les domaines :
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+ Les termes révolution de l'information ou Société post-industrielle décrivent les tendances économiques, sociales et technologiques actuelles au-delà de la révolution industrielle.
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+ Le caractère industriel d'une activité est étroitement lié au processus de production mis en œuvre : division du travail, spécialisation et répétitivité des tâches, donc mécanisation, développement et spécialisation des fonctions administratives et de support, etc.
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+ On peut consulter les thèmes suivants :
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+ Dans toute forme d'industrie, on retrouve un procédé, une méthode de production. Souvent, leurs inventeurs cherchent à les protéger pour éviter que d'autres ne viennent les concurrencer. C'est en partant de ce principe de propriété intellectuelle, qu'ont été mis au point un certain nombre d'outils juridiques utilisés pour protéger un procédé, comme le brevet.
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+ Ensuite, entre le fournisseur et le client, apparaît la notion de contrat, qui fixe par écrit les termes d'un accord (commercial, d'assistance technique, de formation, de service après-vente, etc.).
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+ L’industrie fait essentiellement partie, par convention, du secteur secondaire, secteur définis dans les systèmes de comptabilité nationale ; elle produit des biens matériels[8]. On distingue l’industrie manufacturière et les industries d'extraction[8] plutôt classées dans le secteur primaire.
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+ Un découpage a priori de l'industrie en fonction des destinations des produits (bien de consommation, bien d'équipement, biens intermédiaires), recouvre une réalité économique caractérisée par la part relative des équipements et de main-d'œuvre dans la valeur ajoutée que l'on peut qualifier de capitalistique et non pas une convention de statisticien ou de comptable national. D'autres variables, comme la structure financière, celle de l'emploi, la croissance peut conduire à décomposer l'industrie en grands groupes de secteurs. Ceux-ci ne sont plus exclusivement caractérisés par la destination des produits. On distingue alors :
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+ Cette classification a été proposée par Alain Desrosières en 1972[9]. Elle visait à pallier un système de classification fragmenté d'un assez grand nombre de secteurs qui freine tout effort de synthèse. La séparation (entre E et I) est fondée sur la place dans la filière de production. Le groupe I élabore les matières premières, que le groupe E transforme en produits ouvrés très complexes. Les différences entre ces deux groupes relèvent donc surtout du degré de complexité des productions. En particulier, cette complexité plus grande des activités du groupe E expliquerait sa moins grande mécanisation (en 1972), et la part plus grande de la main-d'œuvre que dans le groupe I. « En revanche, la séparation entre le groupe C et les deux autres serait beaucoup plus historique : les industries du groupe C sont plus anciennes et traditionnelles, elles sont beaucoup moins avancées dans la mutation vers le mode de production capitaliste concentré et moderne qui est le propre des deux autres groupes ».
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+ Il existe de nombreuses classifications types des industries.
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+ Début XIXe siècle, dématérialisant de nombreux produits et services, d'autres industries apparaissent :
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+ Même si les industries permettent de réaliser une certaine économie de travail favorisant la créativité humaine[10],[11], le secteur de l'industrie est un secteur d'utilisation de l'énergie des plus importants.
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+ Le secteur de l'industrie selon l'Agence internationale de l'énergie comprend[12],[13] : Industrie sidérurgique (International Standard Industrial Classification - ISIC Groupe 241 et Classe 2431) ; Industrie chimique et pétrochimique (ISIC Divisions 20 et 21), à l'exclusion des matières premières pétrochimiques ; Industries de base des métaux non ferreux (ISIC Groupe 242 et Classe 2432) ; Minéraux non métalliques tels que le verre, la céramique, le ciment, etc. (ISIC Division 23) ; Matériel de transport (ISIC Divisions 29 et 30) ; Machines. Produits métalliques ouvrés, machines et équipements autres que les équipements de transport (ISIC Divisions 25 à 28] ; Mines (à l'exclusion des combustibles) et carrières (ISIC Divisions 07 et 08 et groupe 099] ; Nourriture et tabac (ISIC Divisions 10 à 12) ; Papier, pâte à papier (ISIC Divisions 17 et 18) ; Bois et produits du bois (autres que les pâtes et papiers) (Division 16) ; Construction (ISIC Divisions 41 et 43) ; Textile et cuir (ISIC Divisions 13 à 15), etc. (ISIC Divisions 22, 31 et 32).
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+ Le secteur de l'industrie selon l'Energy Information Administration américaine comprend toutes les installations et tous les équipements utilisés pour la production, le traitement ou l'assemblage des marchandises et bien de consommations. Le secteur industriel englobe les types d'activités de fabrication suivants (Codes 31-33 du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord - SCIAN) ; l'agriculture, la foresterie, la pêche et la chasse (code 11 de l'SCIAN) ; l'extraction minière, y compris l'extraction du pétrole et du gaz (code 21 de l'SCIAN) ; et la construction (code 23 de l'SCIAN). La consommation globale d'énergie dans ce secteur est en grande partie attribuable à la chaleur industrielle, à la réfrigération et à l'alimentation des machines, des quantités moindres étant utilisées pour le chauffage, la climatisation et l'éclairage des installations. Les combustibles fossiles sont également utilisés comme intrants de matières premières pour les produits manufacturés. Ce secteur comprend les générateurs qui produisent de l'électricité et/ou une production thermique utile principalement pour soutenir les activités industrielles susmentionnées[14].
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+ Tous les secteurs industriels, pour produire des biens matériels, sont des grands consommateurs de ressources naturelles et générateurs de pollutions diverses. Les secteurs industriels engendrent de la pollution des sols, de l'atmosphère terrestre, ou des nappes phréatiques.
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+ Les sites industriels interfèrent avec le milieu naturel : occupation de l'espace, perturbation des équilibres physico-chimiques et écologiques. Ces perturbations cumulées peuvent mener à une crise environnementale.
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+ Afin de limiter les impacts sur les milieux naturels ainsi que les impacts sociaux, la communauté internationale a élaboré depuis les années 1980 des politiques de développement durable, qui se traduisent dans les entreprises par la responsabilité sociétale des entreprises.
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+ Les entreprises du secteur industriel sont soumises au même environnement que les autres entreprises.
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+ Les autorités publiques essayent parfois d'accueillir ou de maintenir de grands sites industriels dans des territoires particuliers, à des fins d’aménagement du territoire. Pour cela, elles peuvent utiliser des subventions ; par exemple, l’Union européenne a versé des subventions aux industries qui étendent ou installent des sites de production dans la ville de Valenciennes, en France, la zone étant jugée en retard économique[15].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ En sport, un ballon est un objet de forme généralement sphérique mais pouvant parfois être ovale comme au rugby ou au football américain, fabriqué généralement en cuir, en plastique, ou en mousse.
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+ Les hommes jouent à des jeux de ballon ou balle depuis la plus Haute Antiquité. En Égypte, les ballons étaient faits avec des boyaux de chat concassés recouverts de feuilles de palmier tressées ou de peaux. En Asie, les ballons ancestraux étaient réalisés avec de la gomme arabique, que ne connaissaient pas les Européens. De même, dans les jeux de ballon mésoaméricains, les balles, d'après le chercheur Philippe Villemus, étaient en latex, la matière élastique obtenu à partir de la sève de l'hévéa. En Europe, les ballons, utilisés pour jouer à la soule ou au mob football, étaient réalisés à partir d'estomac de porc recouverts de cuir[1].
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+ Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings) est un roman en trois volumes de J. R. R. Tolkien paru en 1954 et 1955.
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+ Prenant place dans le monde de fiction de la Terre du Milieu, il suit la quête du hobbit Frodon Sacquet, qui doit détruire l'Anneau unique afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains de Sauron, le Seigneur des ténèbres. Plusieurs personnages lui viennent en aide, parmi lesquels son serviteur Sam, le mage Gandalf ou encore l'humain Aragorn, héritier d'une longue lignée de rois.
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+ À la suite du succès critique et commercial du Hobbit, Tolkien entreprend la rédaction du Seigneur des anneaux à la fin des années 1930 à la demande de son éditeur, Allen & Unwin[1]. Il lui faut douze ans pour parvenir à achever cette suite, qu'il truffe de références et d'allusions au monde du Silmarillion, la Terre du Milieu, sur lequel il travaille depuis 1917 et dans lequel Le Hobbit a été attiré « contre l'intention première » de son auteur[2].
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+ À l'origine, Tolkien souhaite publier Le Seigneur des anneaux en un seul volume, mais le prix du papier étant trop élevé en cette période d'après-guerre, l'œuvre est divisée en trois volumes : La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du roi (The Return of the King). C'est un succès commercial immédiat qui ne se dément pas tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle et donne lieu à des adaptations sur plusieurs supports, dont une série de trois films à grand budget réalisés par Peter Jackson et sortis entre 2001 et 2003.
10
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11
+ C'est une des œuvres fondamentales de la littérature dite de fantasy, terme que Tolkien explicite dans son essai Du conte de fées de 1939. Tolkien lui-même considérait son livre comme « un conte de fées […] pour des adultes », écrit « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire[3] ».
12
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13
+ Après un prologue décrivant les Hobbits et leurs mœurs, le passé de la Terre du Milieu et un rapide résumé des aventures de Bilbon Sacquet, le livre I s'ouvre sur le cent onzième anniversaire de ce dernier, soixante années après les événements décrits dans Le Hobbit. Au cours de la réception, Bilbon s'éclipse grâce à l'invisibilité que lui confère son anneau magique et quitte Hobbitebourg, laissant la plus grande partie de ses biens, anneau compris, à son neveu et héritier désigné, Frodon Sacquet. Dix-sept ans plus tard, leur vieil ami, le magicien Gandalf le Gris, révèle à Frodon que son anneau est en réalité l'Anneau unique, instrument du pouvoir de Sauron, le Seigneur Sombre, qui l'a perdu jadis ; s'il devait le retrouver, son pouvoir deviendrait insurmontable. Gandalf presse Frodon de quitter la Comté, qui n'est plus sûre pour lui et de se mettre en route pour le refuge qu'est Fondcombe, la demeure d'Elrond le Semi-elfe.
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15
+ Frodon vend sa demeure de Cul-de-Sac, dissimulant son départ sous le prétexte d'un déménagement au Pays-de-Bouc, à la lisière orientale de la Comté. Accompagné de son jardinier Sam Gamegie et d'un jeune ami, Peregrin Touque (Pippin), il échappe de justesse à plusieurs reprises aux Cavaliers noirs, serviteurs de Sauron chargés de retrouver l'Anneau unique. Les trois compagnons atteignent le Pays-de-Bouc, à l'est de la Comté, où Meriadoc Brandebouc (Merry) les rejoint. Les quatre hobbits poursuivent leur route vers l'est, échappant aux dangers de la Vieille Forêt et des Hauts des Galgals grâce à l'énigmatique Tom Bombadil. À Bree, ils font la connaissance de l'étrange Grands-Pas, un ami de Gandalf, qui devient leur guide. Les Cavaliers noirs, toujours à leurs trousses, parviennent à blesser Frodon près du Mont Venteux, mais grâce à l'elfe Glorfindel, il parvient à franchir le gué de Bruinen. Les Cavaliers, qui le suivent de près, sont emportés par une crue soudaine de la rivière, et Frodon s'évanouit.
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17
+ Au début du livre II, Frodon se réveille à Fondcombe, où il a reçu les soins d'Elrond et où il retrouve Bilbon. S'ensuit le Conseil d'Elrond, auquel assistent des représentants des principales races de la Terre du Milieu : Elfes, Nains et Hommes. Gandalf leur apprend la trahison de Saroumane, son supérieur dans l'Ordre des Mages, qui recherche l'Unique pour lui-même. Après avoir examiné toutes les possibilités qui s'offrent à eux, les participants au Conseil décident que le seul moyen de vaincre Sauron est de détruire l'Anneau en l'amenant au cœur du Mordor, pays de Sauron, et en le jetant dans la lave des Crevasses du Destin, là où il fut forgé. Frodon se déclare volontaire pour accomplir cette tâche, et une « Communauté de l'Anneau » est formée pour l'accompagner et l'aider : elle comprend Frodon et ses trois compagnons hobbits, Gandalf, Aragorn, Boromir du Gondor, Gimli le nain et Legolas l'elfe.
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+ La compagnie traverse l'Eregion déserte avant de tenter de franchir les Monts Brumeux par le col enneigé du Caradhras. Après leur échec face aux éléments déchaînés, Gandalf conduit ses compagnons dans les mines de Moria, ancienne cité naine désormais peuplée par des gobelins, mais il tombe dans un gouffre en affrontant le Balrog, une antique créature démoniaque. La Communauté, désormais menée par Aragorn, quitte la Moria et entre dans le pays elfique de Lothlórien, gouverné par Celeborn et Galadriel. Frodon et Sam regardent dans le miroir de Galadriel et voient des visions du passé, du présent et d'un possible futur. Terrifié par l'Œil de Sauron, Frodon propose de remettre l'Anneau à Galadriel, mais celle-ci surmonte la tentation. Les compagnons quittent la Lórien à bord de trois bateaux et descendent le grand fleuve Anduin. Arrivée à hauteur des chutes de Rauros, la Communauté se sépare après une attaque d'Orques et Frodon et Sam partent seuls en direction du Mordor.
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+ Le deuxième volume suit les différents chemins empruntés par les membres de la Communauté défunte.
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+ Au début du livre III, Boromir meurt en tentant de défendre Merry et Pippin, qui sont enlevés par les Uruk-hai de Saroumane. Après avoir offert des funérailles au capitaine du Gondor, Aragorn, Legolas et Gimli se lancent à leurs trousses à travers les plaines du Rohan. Aux abords de la forêt de Fangorn, ils retrouvent Gandalf, désormais le Blanc, qui a été renvoyé en Terre du Milieu pour achever sa mission après avoir péri en terrassant le Balrog. Les quatre compagnons se rendent à Edoras, où Gandalf libère le roi Théoden de l'emprise de son conseiller Gríma Langue de Serpent, un pantin de Saroumane. Ils participent à la guerre du Rohan contre les armées de Saroumane, qui sont vaincues lors de la bataille de Fort-le-Cor tandis qu'Orthanc, la forteresse de Saroumane, est prise d'assaut par les Ents, des créatures à l'apparence d'arbres menées par Sylvebarbe, auprès de qui Merry et Pippin ont trouvé refuge. Refusant de se repentir de ses erreurs, Saroumane est exclu de l'Ordre des Mages par Gandalf.
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+ Le livre IV suit Frodo et Sam sur la route du Mordor. Ils parviennent à capturer et à apprivoiser Gollum, l'ancien possesseur de l'Anneau, qui les suivait depuis la Moria. Il les guide vers une entrée secrète du Mordor, dans la vallée de Minas Morgul. Traversant l'Ithilien, ils sont capturés par Faramir, le frère de Boromir, qui les relâche lorsqu'il apprend l'importance de leur mission. À la fin du livre, Gollum trahit Frodon en le menant dans le repaire d'Arachne, l'araignée géante. Il survit, mais est fait prisonnier par les Orques de Cirith Ungol après que Sam lui a pris l'Anneau, le croyant mort empoisonné par le venin de l'araignée.
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+ Le livre V relate la lutte entre le Gondor et le Mordor, vue par Merry aux côtés du roi Théoden et Pippin à Minas Tirith, capitale du Gondor. La Cité Blanche, assiégée par des milliers d'Orques, est sauvée par l'arrivée des cavaliers du Rohan, puis par celle d'Aragorn, qui a libéré le sud du Gondor grâce à l'armée des Morts et s'est emparé de la flotte des pirates d'Umbar, alliés de Sauron. La bataille des champs du Pelennor se conclut par une défaite des forces de Sauron, mais ce dernier dispose encore de forces prodigieuses dont ne peuvent espérer triompher les Peuples libres. Afin de détourner l'attention de Sauron de la quête de Frodo, Aragorn mène une armée devant la Morannon, la Porte Noire du Mordor, pour y livrer une bataille désespérée.
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+
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+ Le livre VI revient à Sam, qui libère Frodon des Orques de Cirith Ungol. Les deux hobbits traversent à grand-peine le désert du plateau de Gorgoroth et atteignent le Mont Destin, Gollum sur leurs talons. La tentation se révèle alors trop forte pour Frodon, qui revendique l'Anneau et le passe à son doigt. Il est attaqué par Gollum, qui lui tranche le doigt à coups de dents pour récupérer l'Unique avant de tomber dans les flammes de la montagne en fêtant son triomphe. Par ce retournement de situation eucatastrophique, l'Anneau est détruit, Sauron définitivement vaincu et ses armées en déroute. Aragorn est couronné roi du Gondor et épouse sa promise Arwen, la fille d'Elrond. Après plusieurs semaines de festivités, les membres de la Communauté retournent chez eux. De retour dans la Comté, les quatre hobbits retrouvent leur pays ravagé par des brigands humains et des semi-orques. À Cul-de-Sac, après avoir mis les bandits en déroute, ils découvrent que le responsable de ce chaos n'est autre que Saroumane, qui trouve peu après la mort aux mains de Gríma. la Comté connaît par la suite une grande embellie, mais Frodon, blessé physiquement et mentalement, ne peut apprécier ce renouveau. Il finit par faire voile vers l'Ouest avec Bilbon pour y trouver la paix, accompagné des porteurs des Trois anneaux des Elfes, Galadriel, Elrond et Gandalf. Le Troisième Âge du Soleil et Le Seigneur des anneaux s'achèvent.
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31
+ Le récit proprement dit est suivi de six appendices, visant à donner de plus amples informations sur des éléments passés de l'histoire des peuples présents dans le livre.
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33
+ Un mois après la publication du Hobbit, le 21 septembre 1937, Stanley Unwin, l'éditeur de Tolkien, lui écrit qu'un « large public réclamerait à cor et à cri dès l'année suivante qu'il leur en dise plus au sujet des Hobbits ! », ce à quoi Tolkien, « inquiet », répond qu'il « ne saurai[t] que dire de plus à propos des Hobbits », mais qu'il n'a « en revanche que trop de choses à dire […] à propos du monde dans lequel ce Hobbit a fait intrusion »[4] : en effet, cela fait vingt ans qu'il travaille sur les textes du « Silmarillion ». Après une réponse encourageante d'Unwin[N 1], Tolkien promet qu'il commencera quelque chose dès que possible. Le 19 décembre, il écrit à C. A. Furth, de Allen & Unwin : « J'ai écrit le premier chapitre d'une nouvelle histoire sur les Hobbits — "Une réception depuis longtemps attendue"[5]. » Dans ce chapitre, le héros est encore Bilbon Sacquet, qui disparaît de Hobbitebourg lors de la réception donnée pour son soixante-dixième anniversaire : le trésor qu'il a rapporté d'Erebor est épuisé, et il éprouve le désir de repartir à l'aventure[6].
34
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+ Après plusieurs faux départs, Tolkien décide de placer l'anneau trouvé par Bilbon lors de son aventure au centre de cette suite : à l'origine simple objet magique, il devient au fil des réécritures le terrible Anneau unique forgé par Sauron[7]. L'histoire se met lentement en place : les hobbits Bingo, Frodon et Odo partent pour Fondcombe, dans un récit au ton encore bon enfant, proche de celui du Hobbit, qui subsistera en grande partie dans la version définitive des premiers chapitres du Livre I. Sur leur route, les hobbits croisent un cavalier entièrement drapé dans un manteau. Après un bref moment d'angoisse, le cavalier éclate de rire : il s'agit du magicien Gandalf[8]. Mais Tolkien abandonne aussitôt cette idée au profit d'une autre, bien plus sinistre : Bingo et ses compagnons sont désormais poursuivis par des Cavaliers Noirs. Dans une lettre à Stanley Unwin, Tolkien indique alors que l'histoire a pris « un tour inattendu[9] ».
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37
+ À la mi-septembre 1938, le récit atteint le milieu de la conversation entre Bingo, peu après rebaptisé Frodo, et le nain Glóin à Fondcombe. Tolkien s'arrête alors un moment et retravaille les premiers chapitres, car l'histoire évolue alors même qu'il l'écrit, nécessitant de fréquentes corrections pour accorder les passages les plus anciens avec les plus récents. Le livre couvre alors 300 pages manuscrites et Tolkien, optimiste, estime qu'il en faudra encore 200 pour le terminer[10]. Le récit est pourtant encore loin de sa version finale : par exemple, l'étranger que les hobbits rencontrent à Bree n'est pas encore Aragorn, Rôdeur descendant des rois de jadis, mais Trotter, un simple hobbit aventureux qui porte des chaussures de bois[11].
38
+
39
+ 1939 est une année difficile pour Tolkien : un accident survenu au cours de l'été se solde par une commotion cérébrale, et le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne un accroissement de ses responsabilités à Oxford. Il continue pourtant à travailler sur Le Seigneur des anneaux, qui atteint le chapitre « Les Mines de la Moria » (finalement « Un voyage dans le noir », chapitre 4 du Livre II) en décembre[12]. Il n'y revient pas avant août 1940, mais se consacre à des corrections dans le texte déjà existant, et ne recommence à écrire qu'à la fin de l'année 1941. Il termine alors le Livre II et commence le III, dont les quatre premiers chapitres sont écrits fin janvier. À l'automne, le Livre III est terminé.
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41
+ Le livre ne progresse plus avant le printemps 1944, lorsque Tolkien entame « dans la douleur[13] » le Livre IV. Tolkien écrit les chapitres et les fait lire au fur et à mesure à son ami C. S. Lewis et à son fils Christopher, qui se trouve alors en Afrique du Sud pour s'entraîner avec la Royal Air Force. Tous deux sont très enthousiastes, ce qui motive Tolkien : il achève le Livre IV à la fin du mois de mai, avant de s'arrêter de nouveau. Le 12 août, il écrit à Christopher : « Toute inspiration pour [Le Seigneur des anneaux] s'est complètement tarie, et j'en suis au même point qu'au printemps, avec toute l'inertie à surmonter de nouveau. Quel soulagement ce serait d'en finir[14]. »
42
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43
+ Tolkien commence le Livre V, persuadé qu'il s'agira du dernier, en octobre. Mais il n'avance guère, et ce n'est qu'en septembre 1946 qu'il progresse véritablement, après un long moment sans avoir travaillé sur le récit. Ce cinquième livre est achevé un peu plus d'un an plus tard, en octobre 1947, Tolkien ayant dans le même temps apporté le lot habituel de corrections aux premiers livres. Finalement, la rédaction du Seigneur des anneaux est achevée, du moins au brouillon, entre la mi-août et la mi-septembre 1948. Le livre inclut alors un épilogue centré sur Sam et ses enfants, mais Tolkien se laisse convaincre de l'omettre[15].
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45
+ Les brouillons du Seigneur des anneaux ont été publiés et étudiés par Christopher Tolkien dans les tomes 6 à 9 de son Histoire de la Terre du Milieu, non traduits en français : The Return of the Shadow, The Treason of Isengard, The War of the Ring et Sauron Defeated (1988-1992).
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+ En mai 1957, Tolkien vend les brouillons du Seigneur des anneaux (entre autres) pour 1 500 £ à l'université Marquette de Milwaukee, à la requête du bibliothécaire de cette dernière, William B. Ready. Avant de les envoyer, Tolkien entreprend de les annoter et de les classifier, mais la tâche se révèle trop longue, et en fin de compte, les papiers sont envoyés dans le désordre à Marquette en 1958. Tolkien s'aperçoit ultérieurement que certains papiers liés au Seigneur des anneaux (principalement parmi les brouillons les plus anciens) sont toujours en sa possession. Finalement, c'est son fils Christopher qui, après avoir étudié et publié ces brouillons dans le cadre de son Histoire de la Terre du Milieu, envoie ces documents à Marquette. L'université américaine possède plus de 9 200 pages concernant Le Seigneur des anneaux[16].
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+ Le Seigneur des anneaux est né des passions de Tolkien : la philologie, les contes de fées ainsi que les sagas norroises, notamment Beowulf et les Eddas, et le Kalevala, l'épopée nationale finlandaise. L'idée de l'Anneau unique qui gouverne le monde et trompe son porteur est présente dans le cycle des Nibelungen, saga germanique médiévale reprise par Richard Wagner dans sa tétralogie de L'Anneau du Nibelung. Tolkien nie cependant cette influence : « Ces deux anneaux sont ronds, et c'est là leur seule ressemblance », répond-il à l'introduction de la traduction suédoise du Seigneur des anneaux qui affirme que « l'Anneau est, d'une certaine manière, "der Nibelungen Ring"[17] ». Comme le soulignent Wayne G. Hammond et Christina Scull, l'anneau d'invisibilité est un objet courant dans la littérature, que l'on retrouve dans les contes de fées d'Andrew Lang, chez Chrétien de Troyes (Yvain ou le Chevalier au lion) et jusque dans La République de Platon avec l'anneau de Gygès[18].
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+ De la même façon, Tolkien réfute vigoureusement toute interprétation allégorique de son œuvre[3], en particulier celle visant à dresser un parallèle entre la guerre de l'Anneau et la Seconde Guerre mondiale :
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+ « La vraie guerre ne ressemble en rien à la guerre légendaire, dans sa manière ou dans son déroulement. Si elle avait inspiré ou dicté le développement de la légende, l'Anneau aurait certainement été saisi et utilisé contre Sauron ; celui-ci n'aurait pas été anéanti, mais asservi, et Barad-dûr n'aurait pas été détruite, mais occupée. Saruman, n'ayant pas réussi à s'emparer de l'Anneau, aurait profité de la confusion et de la fourberie ambiantes pour trouver, au Mordor, le chaînon manquant de ses propres recherches dans la confection d'anneaux ; et bientôt il aurait fabriqué son propre Grand Anneau, de manière à défier le Maître autoproclamé de la Terre du Milieu. Dans un tel conflit, les deux camps n'auraient eu que de la haine et du mépris pour les hobbits, qui n'auraient pas survécu longtemps, même en tant qu'esclaves. »
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+ — Avant-propos de la seconde édition du Seigneur des anneaux
56
+
57
+ Il ne nie toutefois pas avoir été influencé par la « noirceur » des années d'écriture du Seigneur des anneaux[19].
58
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59
+ Dans une lettre au père Robert Murray, Tolkien décrit Le Seigneur des anneaux comme « une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l'ai retravaillée[20] ». Plusieurs thèmes mythologiques et catholiques sous-tendent la narration : l'ennoblissement des humbles, la pitié, le libre arbitre, ainsi que l'attirance pour le pouvoir et la « tentation du Bien », celle qui vise à atteindre le Bien en usant de tous les moyens, même les plus mauvais, à laquelle Gandalf et Galadriel manquent de succomber. Mais pour Tolkien, l'élément au centre de son livre n'est autre que la Mort et le désir d'immortalité[21]. Cet aspect est étudié par Vincent Ferré dans son livre Tolkien : sur les rivages de la Terre du Milieu (Christian Bourgois, 2001).
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+
61
+ Le Seigneur des anneaux est globalement achevé en octobre 1949. En théorie, il devrait être publié par Allen & Unwin, à qui Tolkien avait promis une suite du Hobbit. Cependant, l'idée le prend de vouloir publier Le Seigneur des anneaux avec Le Silmarillion, qui avait été refusé par Allen & Unwin en 1937, lorsque Tolkien le leur avait soumis — refus qui, par ailleurs, a fait naître un certain ressentiment chez lui.
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+
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+ Durant l'automne 1949, Tolkien fait la connaissance de Milton Waldman, de la maison d'édition londonienne Collins, par l'entremise de Gervase Mathew, un membre des Inklings[22]. Waldman propose à Tolkien d'éditer les deux livres ensemble, offre que Tolkien s'empresse d'accepter. En février 1950, il écrit à Stanley Unwin qu'il exige que Le Silmarillion soit édité avec Le Seigneur des anneaux. Après quelques mésaventures, notamment une note de Rayner Unwin que Tolkien n'aurait pas dû lire, dans laquelle le fils de Stanley propose à son père d'éditer Le Seigneur des anneaux, puis de « laisser tomber » Le Silmarillion[23], Tolkien pose un ultimatum à Unwin : soit il prend les deux ouvrages, soit il n'en a aucun. Unwin refuse, n'ayant même pas vu le manuscrit du Seigneur des anneaux[24].
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+ Tolkien s'en remet alors à Waldman ; celui-ci l'assure que Collins éditera ses deux livres durant l'automne 1950. Mais Waldman, malade, est forcé de faire de fréquents séjours en Italie, et ses remplaçants sont beaucoup moins enthousiastes au sujet des deux volumineux livres de Tolkien. Au début de l'année 1952, rien n'est encore fait, si bien que Tolkien somme Collins de publier Le Seigneur des anneaux au plus tôt, sans quoi il se rapproprie le manuscrit. La longueur du texte affole les éditeurs, qui refusent net[N 2].
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+ Rayner Unwin, au courant de ses démêlés avec Collins, reprend alors contact avec Tolkien, qui fait son mea culpa et demande s'il est encore possible de faire quelque chose « pour déverrouiller les portes que j'ai moi-même claquées[25] ? », ce à quoi Unwin répond : « Nous voulons absolument vous publier — ce ne sont que les circonstances qui nous ont retenus. » S'ensuit un long travail de relecture et de correction, au cours duquel il est finalement décidé de publier le livre en trois volumes. Après beaucoup d'hésitations, les titres La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du Roi (The Return of the King) sont choisis, ce dernier contre l'avis de Tolkien qui préfère La Guerre de l'anneau (The War of the Ring), moins révélateur de l'issue du récit[26].
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+ Ce découpage en trois tomes fait que l'on décrit souvent le Seigneur des anneaux comme une trilogie, mais ce terme est techniquement incorrect, car il a été écrit et conçu d'un seul tenant. Néanmoins, Tolkien lui-même reprend dans ses lettres, de temps à autre, le terme de « trilogie » lorsqu'il est employé par ses correspondants[N 3]
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+ La Communauté de l'Anneau est publié au Royaume-Uni par Allen & Unwin le 29 juillet 1954, suivi par Les Deux Tours le 11 novembre 1954 et par Le Retour du Roi le 20 octobre 1955, ce tome ayant été retardé à cause des difficultés de Tolkien pour écrire les appendices[27]. Aux États-Unis, Houghton Mifflin publie le volume 1 le 21 octobre 1954, le volume 2 le 21 avril 1955 et le volume 3 le 5 janvier 1956. Défiant les prévisions pessimistes de Rayner Unwin, le premier tirage des deux premiers volumes, assez faible (4 500 exemplaires pour La Communauté de l'Anneau et 4 250 pour Les Deux Tours, couvrant les marchés britannique et américain) est rapidement épuisé, réclamant une réimpression rapide. Ce succès explique que le tirage initial du Retour du Roi, paru un an plus tard, ait été de 12 000 exemplaires[28].
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+ Au début des années 1960, Donald Wollheim, un auteur de science-fiction pour la maison d'édition Ace Books, estime que Le Seigneur des anneaux ne bénéficie pas de la protection du copyright américain à l'intérieur des États-Unis, en raison de l'édition en couverture rigide (hardcover) du livre chez Houghton Mifflin, compilée à partir de pages imprimées au Royaume-Uni pour l'édition britannique. Ace Books publie une édition pirate, sans avoir obtenu d'autorisation de la part de Tolkien et sans lui offrir aucune compensation. Tolkien le fait savoir clairement aux fans américains qui lui écrivent et passe l'été 1965 à réviser le texte du livre, corrigeant les fautes, adaptant quelques éléments de la mythologie toujours mouvante du Silmarillion et rédigeant un nouvel avant-propos, disant à propos de celui de la première édition : « confondre (comme il le fait) de véritables éléments personnels avec la "machinerie" du Conte est une grave erreur[29] ». Cette seconde édition du Seigneur des anneaux est publiée au format poche chez Ballantine Books en octobre 1965[28]. Ace Books finit par abandonner l'édition non autorisée et par signer un accord à l'amiable avec Tolkien, lui payant 4 % des bénéfices et s'engageant à ne pas réimprimer le livre[30]. Par la suite, Wollheim continue cependant à affirmer qu'Ace Books était dans son droit en publiant cette édition pirate. Ce n'est qu'en 1992 que cette controverse est tranchée par une décision de justice, qui statue que la première édition américaine du Seigneur des anneaux chez Houghton Mifflin était bien soumise au copyright américain[31].
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+ À l'occasion du cinquantième anniversaire de la publication du Seigneur des anneaux, une nouvelle édition du livre est parue, sous la direction de Wayne G. Hammond et Christina Scull. Un grand nombre de coquilles y sont corrigées, ainsi que certaines erreurs du texte lui-même. La liste des corrections se trouve dans l'ouvrage séparé The Lord of the Rings: A Reader's Companion.
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+ Avec la sortie de l'adaptation filmée, les ventes de livres grimpent. Selon David Brawn, l'éditeur de Tolkien chez HarperCollins, qui détient les droits pour le monde anglo-saxon, à l'exception des États-Unis : « En trois ans, de 2001 à 2003, il s'est vendu 25 millions d'exemplaires du Seigneur des anneaux — 15 millions en anglais et 10 millions dans les autres langues. Et au Royaume-Uni les ventes ont augmenté de 1000 % après la sortie du premier film de la trilogie »[32].
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+ Le livre a été traduit dans une trentaine de langues. La traduction initiale en français est due à Francis Ledoux et est publiée par l'éditeur Christian Bourgois en 1972-1973. Le premier tome reçoit le Prix du Meilleur livre étranger en 1973[33]. Cette traduction est sujette à débat : si elle est d'une certaine qualité littéraire (Ledoux a également traduit Charles Dickens, Daniel Defoe, Edgar Allan Poe, entre autres[34]), elle est truffée de coquilles et d'erreurs de traduction, certaines imputables au fait que Ledoux ne disposait pas du Silmarillion, notamment pour les pluriels des noms en quenya : the Valar est ainsi traduit par « le Valar » au lieu de « les Valar »[35]. Le premier tome d'une nouvelle traduction, assurée par Daniel Lauzon, est paru chez Christian Bourgois en 2014 sous le titre La Communauté de l'Anneau[36], suivi des Deux Tours en 2015 et du Retour du Roi en 2016[37].
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+ Philologue, connaissant une douzaine de langues anciennes et modernes (parmi lesquelles le norrois, le gotique, le vieil anglais, le latin, le grec, l'espagnol, le français, le finnois, le gallois, le russe ou l'italien[38]), Tolkien s'intéresse de près aux premières traductions de son livre (néerlandaise en 1956-1957, suédoise en 1959-1961) et émet plusieurs commentaires afin d'éclairer ses intentions dans la création de tel ou tel nom, en particulier les toponymes de la Comté, dans lesquels Tolkien a glissé nombre de jeux de mots philologiques à plusieurs niveaux. Conscient des difficultés posées par les noms propres de son œuvre, Tolkien aborde la question dans un long essai, « Guide to the Names in The Lord of the Rings », publié à titre posthume dans le recueil A Tolkien Compass (1975). Les dernières éditions de ce recueil ne contiennent plus l'essai de Tolkien, mais une version augmentée est reprise dans The Lord of the Rings: A Reader's Companion. Les problèmes posés par la traduction des livres de Tolkien ont par la suite été abordés par d'autres auteurs[39].
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+ Si la valeur littéraire du Seigneur des anneaux est reconnue presque universellement, le livre est longtemps l'objet d'un certain mépris universitaire qui s'inscrit dans un mouvement qu'Ursula K. Le Guin caractérise comme une « méfiance puritaine profonde à l'égard du fantastique ». Les accusations les plus récurrentes touchent au discours politique attribué au texte, tour à tour qualifié de paternaliste, réactionnaire, anti-intellectuel ou fasciste[40].
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+ À la parution de La Communauté de l'Anneau, les critiques sont dans l'ensemble mitigées. La plus élogieuse est celle de C. S. Lewis, ami de Tolkien, qui déclare, dans sa critique pour Time and Tide :
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+ « Ce livre est comme un éclair dans un ciel ensoleillé : aussi différent, aussi inattendu à notre époque que Les Chants d'Innocence l'étaient à la leur. Il est inadéquat de dire qu'à l'intérieur la romance héroïque, superbe, éloquente, et vierge de toute honte, a soudain réapparu dans une période à l'antiromantisme presque pathologique. Pour nous, qui vivons en ces étranges temps, le retour, et le soulagement pur qui en découle, est sans nul doute chose importante. Mais dans l'histoire du Roman elle-même, une histoire qui remonte jusqu'à l'Odyssée et au-delà, il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une avancée et d'une révolution : la conquête de nouveaux territoires. »
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+ — C. S. Lewis, « The Gods Return to Earth », dans Time and Tide, 14 août 1954
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+ Néanmoins, Lewis, auteur controversé, prévient Tolkien que son soutien « peut [lui] faire plus de mal que de bien[41] », et c'est effectivement ce qui se passe : plusieurs critiques préfèrent moquer l'enthousiasme de Lewis et sa comparaison du Seigneur des anneaux avec L'Arioste que s'attacher vraiment au livre de Tolkien. Beaucoup d'entre eux trouvent à redire au style : dans le Daily Telegraph, Peter Green trouve qu'il varie « du préraphaélite au Boy's Own Paper [un journal pour enfants] », et ajoute que le livre « devrait être immensément populaire chez les enfants de 10 ans qui ne préfèrent pas la science-fiction[42] ». Même ainsi, il reconnaît que « cet ouvrage informe exerce une fascination indéniable », et la plupart des critiques s'accordent avec lui : quels que soient les défauts qu'ils lui trouvent, Le Seigneur des anneaux possède quelque chose d'indéfinissable et de marquant, qui fait que « même une simple lecture ne sera pas oubliée de sitôt[43] ».
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+ Les critiques des deux autres volumes suivent peu ou prou le même modèle, mais la parution du Retour du Roi permet aux journalistes d'appréhender enfin Le Seigneur des anneaux dans son entièreté. C. S. Lewis publie une seconde critique dans Time and Tide, où il déclare que, s'il est encore trop tôt pour juger le livre, « il nous a fait quelque chose. Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes[44]. » À l'opposé se trouve la critique fameuse d'Edmund Wilson pour The Nation, selon laquelle peu de choses, dans le livre, « dépasse[nt] l'entendement d'un enfant de sept ans », et que les compliments qui lui sont faits ne sont dus qu'au fait que « certaines personnes – peut-être en particulier en Grande-Bretagne – ont toute leur vie un goût pour des déchets juvéniles »[45] ». Dans sa propre critique, W. H. Auden, qui a déjà déclaré au sujet de La Communauté de l'Anneau qu'« aucune œuvre de fiction ne [lui] a donné autant de plaisir ces cinq dernières années[46] », résume les réactions passionnées au Seigneur des anneaux : « Je ne me rappelle guère d'autre livre au sujet duquel nous ayons eu d'aussi violentes disputes. Personne ne semble avoir une opinion modérée ; soit, comme moi-même, les gens trouvent qu'il s'agit d'une œuvre maîtresse de son genre ou ils ne peuvent le supporter[47]. » Amusé par ces querelles, Tolkien compose ce petit quatrain[48] :
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+
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+ Le Seigneur des anneaux
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+ Est une de ces choses :
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+ Si vous l'aimez c'est bien
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+ Sinon vous criez bah !
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+ À la fin du XXe siècle, plusieurs sondages effectués au Royaume-Uni montrent l'engouement populaire suscité par Le Seigneur des anneaux : un sondage organisé par la chaîne de magasins Waterstone's et la chaîne Channel 4 en 1996 l'élit « plus grand livre du siècle », loin devant 1984 de George Orwell. Ce résultat est confirmé peu après par des sondages réalisés par le Daily Telegraph et la Folio Society. En 2003, Le Seigneur des anneaux arrive encore en tête d'un sondage de la BBC concernant le livre favori des sondés[49].
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+
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+ En France, le premier à évoquer Tolkien et son roman dans une publication est Jacques Bergier, tout d'abord par une mention dans Le Matin des magiciens (1960)[50], puis plus longuement dans Admirations, en 1970[51]. Celui-ci recommande ensuite Le Seigneur des anneaux à Christian Bourgois, qui le fait traduire et le publie en 1972-1973[52]. La réception de la presse est alors bonne, tant locale (Le Républicain lorrain) que nationale : Le Point, Le Figaro où Jean-Louis Curtis fait l'éloge d'un livre qu'il avait proposé à la publication chez Julliard[33].
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+
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+ Par la suite, outre la citation du Seigneur des anneaux comme source de La Gloire de l'Empire, de Jean d'Ormesson (1971) et l'admiration manifestée par Julien Gracq pour un livre « où la vertu romanesque ressurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu[53] », ou encore celle manifestée par le père Louis Bouyer, ami personnel de Tolkien, dans ses Lieux magiques de la légende du Graal, il faut attendre vingt ans pour qu'un premier ouvrage critique, écrit par Pierre Jourde, soit publié sur Tolkien, avant ceux d'Édouard Kloczko, de Nicolas Bonnal et de Vincent Ferré[54]. À la suite de la sortie des films de Peter Jackson, de nombreux ouvrages ont par la suite été traduits ou publiés.
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+
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+ Avant cette occasion, les critiques restent rares : divers articles dans la presse lors de la sortie des différentes traductions suivantes, articles commentés par Vincent Ferré comme pleins d'erreurs[33], un article de l'essayiste « traditionaliste » Julius Evola dans la revue Totalité qui célèbre la dimension spirituelle du livre en 1981, ou Les Cahiers de l'imaginaire l'année suivante[51]. Les critiques littéraires rouvrent en 2001 Le Seigneur des anneaux, comme Patrick Besson, qui publie dans Le Figaro un article titré « Le Seigneur des Fachos »[55], auquel répondent des spécialistes de Tolkien, parlant de « critiques largement réfutées[56] ». Du reste, Le Figaro littéraire fait sa une à la même époque sur « Tolkien : le dernier des magiciens » où Jean-Marie Rouart, de l'Académie française affirme que :
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+
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+ « Avec le retour de Tolkien, dont le succès brave tous les ukases de la littérature expérimentale ou minimaliste, le romanesque reprend sa revanche : une orgie de féerie, un bain dans l'imaginaire le plus débridé, un abandon dans l'irrationnel. »
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+ — Jean-Marie Rouart[57]
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+ Forrest J Ackerman est le premier à entrer en contact avec J. R. R. Tolkien, en 1957, pour lui proposer une adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux, alors que les ventes du livre restent confidentielles : il obtient les droits pour un an et penche pour un film en prise de vues réelle alors que l'auteur privilégie un film d'animation ; mais aucun producteur ne se montre intéressé[58].
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+ Durant les années 1960 et 1970, Le Seigneur des anneaux devient la base d'un véritable phénomène : le livre est considéré comme un symbole de la contreculture[59],[58]. On peut citer les slogans « Frodo Lives! » (« Frodon est vivant ») ou « Gandalf for President » (« Gandalf président »), très populaires chez les fans de Tolkien durant ces deux décennies, ou les nombreuses parodies d��rivées de l'œuvre, dont la plus connue est sans doute Lord of the Ringards (Bored of the Rings), écrite par des rédacteurs du Harvard Lampoon et publiée en 1969.
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+
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+ En plein succès, les Beatles cherchent à monter une adaptation cinématographique sur l'impulsion de John Lennon ; ils s'accordent à ce que ce dernier joue le rôle de Gollum, Paul McCartney celui de Frodon, George Harrison celui de Gandalf et Ringo Starr celui de Sam ; Heinz Edelmann, qui travaille alors pour le quatuor sur leur film d’animation Yellow Submarine, imagine « un genre d’opéra, une sorte d’impression opératique […] une distillation de l’ambiance et de l’histoire qui n’aurait pas suivi chaque recoin de l’intrigue » ; mais Stanley Kubrick décline la proposition de réaliser ce projet et J. R. R. Tolkien n'est pas séduit par l'idée[58],[60].
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+ Le studio United Artists achète les droits d'adaptation en 1969 pour 250 000 dollars : John Boorman est chargé de mener le projet et collabore avec Rospo Pallenberg ; les Beatles sont toujours envisagés par le studio dans le rôle des Hobbits ; mais le scénario élaboré est finalement rejeté par United Artists, ainsi que par d'autres studios dont Disney. Boorman et Pallenberg s'inspirent cependant de leur travail pour produire Excalibur (1981)[58].
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+ Le succès populaire du Seigneur des anneaux a pour effet d'étendre la demande pour la science-fiction et la fantasy. L'évolution de ce genre dans les années 1960 et 1970 est largement due au Seigneur des anneaux. Un grand nombre de livres dans la même veine sont alors publiés, comme Le Cycle de Terremer de Ursula K. Le Guin ou les livres de Shannara de Terry Brooks.
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+ L'industrie du jeu de rôle a aussi été fortement marquée par Le Seigneur des anneaux : Donjons et Dragons, l'ancêtre du genre, inclut de nombreuses races issues du roman : hobbits, elfes, nains, demi-elfes, orques et dragons. Gary Gygax, principal créateur du jeu, maintient cependant n'avoir été que peu influencé par Tolkien, n'ayant inclus ces éléments que pour rendre son jeu plus populaire[61]. L'univers de Tolkien a connu deux adaptations directes en jeu de rôle, la première en 1984 (JRTM, édité par Iron Crown Enterprises), la seconde à la suite de l'adaptation de Peter Jackson, en 2002 (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux, édité par Decipher).
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+ Le livre a également influencé de nombreux musiciens. Le groupe de rock anglais Led Zeppelin a composé plusieurs morceaux qui font explicitement référence au Seigneur des anneaux : Ramble On (sur Led Zeppelin II), The Battle of Evermore et Misty Mountain Hop (sur Led Zeppelin IV), et Over the Hills and Far Away (sur Houses of the Holy). Le Seigneur des anneaux est souvent considéré comme ayant eu une influence directe sur Stairway to Heaven, la plus célèbre composition du groupe[62], mais Robert Plant a déclaré qu'il n'en était rien[réf. nécessaire]. Le musicien suédois Bo Hansson consacre l'intégralité de Music Inspired by Lord of the Rings, son premier album, au livre de Tolkien. Mirage, le second album du groupe Camel, contient trois morceaux inspirés par le livre (Nimrodel, The Procession et The White Rider). Le pseudonyme de Steve Peregrin Took, percussionniste du groupe T. Rex, vient du nom du hobbit Peregrin Touque. Le groupe de rock progressif canadien Rush a été également influencé par l'œuvre de Tolkien, avec la chanson Rivendell, par exemple.
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+ L'œuvre de Tolkien a beaucoup inspiré les groupes de metal. La quasi-totalité de la discographie du groupe Summoning se fonde sur celle-ci. Le groupe de power metal allemand Blind Guardian a composé un grand nombre de morceaux contenant des références à l'œuvre de Tolkien[63]. Plusieurs groupes, comme Burzum, Gorgoroth ou Amon Amarth, tirent leurs noms de termes forgés par J. R. R. Tolkien, en général associés au Mordor : le terme burzum (qui apparaît dans les vers gravés sur l'Anneau unique) signifierait « ténèbres » en noir parler, Gorgoroth est le nom d'une région du Mordor, et Amon Amarth est le nom sindarin du Mont Destin.
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+ L'histoire du Seigneur des anneaux se déroule sur la Terre du Milieu, principal continent d'Arda, univers créé de toutes pièces par l'auteur. J. R. R. Tolkien appelle ce travail littéraire « sous-création » (aussi traduit par « subcréation »). En réalité, Le Seigneur des anneaux n'a pas lieu sur une autre planète ou dans une autre dimension : il s'agit simplement d'un « passé imaginaire » de la Terre :
129
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130
+ « J'ai construit, je le crois, une époque imaginaire, mais quant au lieu j'ai gardé les pieds sur ma propre Terre maternelle. Je préfère cela à la mode moderne qui consiste à rechercher des planètes lointaines dans "l'espace". Quoique curieuses, elles nous sont étrangères, et l'on ne peut les aimer avec l'amour de ceux dont nous partageons le sang. »
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132
+ — Lettre no 211 à Rhona Beare (14 octobre 1958)
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+ Ce « passé imaginaire » est décrit avec une précision chirurgicale par son créateur, qui va jusqu'à réécrire des passages entiers du Seigneur des anneaux afin que les phases de la lune soient cohérentes[N 4]. La géographie du récit a été soigneusement élaborée par l'auteur : « J'ai commencé, avec sagesse, par une carte, à laquelle j'ai subordonné l'histoire (globalement en apportant une attention minutieuse aux distances). Faire l'inverse est source de confusion et de contradictions[64]. » Les trois cartes que comprend Le Seigneur des anneaux (la carte générale, celle de la Comté et celle représentant le Gondor, le Rohan et le Mordor à grande échelle) ont été dessinées par Christopher Tolkien d'après des croquis de son père.
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+
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+ Tolkien a doté la Terre du Milieu d'une histoire propre, de la création du monde à la naissance des hommes en passant par celle des Elfes et des Nains. Cette histoire, qui n'apparaît qu'en retrait dans le texte du livre, à travers les nombreuses allusions qui y sont faites et les poèmes qui émaillent le récit, est détaillée dans les Appendices, ainsi que dans Le Silmarillion. Elle sous-tend néanmoins Le Seigneur des anneaux tout entier, lui conférant une grande profondeur. Comme son auteur le reconnaît lui-même :
137
+
138
+ « Une partie de l’attrait du Seigneur des anneaux est due, je pense, aux aperçus d’une vaste Histoire qui se trouve à l’arrière-plan : un attrait comme celui que possède une île inviolée que l’on voit de très loin, ou des tours d’une ville lointaine miroitant dans un brouillard éclairé par le soleil. S’y rendre, c’est détruire la magie, à moins que n’apparaissent encore de nouvelles visions inaccessibles. »
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+
140
+ — Lettre no 247 au colonel Worskett (20 septembre 1963)
141
+
142
+ Pour maintenir cette fiction historique, Tolkien prétend ne pas être l'auteur du Seigneur des anneaux, mais simplement son traducteur et éditeur, sa source étant le fictif Livre Rouge de la Marche de l'Ouest, c'est-à-dire les mémoires de Bilbon, qui forment Le Hobbit, et de Frodon, qui constituent Le Seigneur des anneaux. Par un procédé de mise en abyme, la page de titre de ce Livre Rouge est visible dans le dernier chapitre du Seigneur des anneaux, « Les Havres Gris » : il s'intitule La Chute du Seigneur des anneaux et le Retour du Roi[65].
143
+
144
+ La richesse du développement de la Terre du Milieu se voit aussi dans des domaines plus inattendus. Elle est peuplée de nombreuses créatures plus ou moins fantastiques, des mouches du Mordor aux trolls des cavernes. L'auteur s'est également soucié de la flore d'Arda dont l'elanor ou le mallorn sont les exemples les plus évidents. Pour ce qui est de l'astronomie, si les constellations et les planètes visibles dans le ciel nocturne sont les mêmes que les nôtres, elles reçoivent de nouveaux noms : par exemple, la Grande Ourse devient Valacirca, la « Faucille des Valar », et la planète Mars devient Carnil, « la Rouge ». Cette polyvalence ne va pas sans poser quelques problèmes à Tolkien, bien en peine de répondre à toutes les demandes de ses lecteurs :
145
+
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+ « … beaucoup réclament comme vous des cartes, d'autres veulent des indications sur la géologie plutôt que sur les lieux ; beaucoup veulent des grammaires et phonologies elfiques et des exemples ; certains veulent de la métrique et de la prosodie […] Les musiciens veulent des mélodies et une notation musicale ; les archéologues veulent des précisions sur la céramique et la métallurgie. Les botanistes veulent une description plus précise des mallorn, elanor, niphredil, alfirin, mallos et symbelmynë ; et les historiens veulent davantage de détails sur la structure sociale et politique du Gondor ; ceux qui ont des questions plus générales veulent des informations sur les Chariotiers, le Harad, les origines des Nains, les Morts, les Béorniens et les deux mages (sur cinq) disparus[66]. »
147
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+ Le travail de Tolkien débute par la création de langues puis la mise en place d'un décor et de personnages parlant ces langues, élaborées pendant plus de soixante ans. Au début, les récits sont en quelque sorte là pour donner de la crédibilité aux langues et rendre leur existence plus vraisemblable : à un fâcheux, Tolkien répond que Le Seigneur des anneaux est « une tentative pour créer une situation dans laquelle on pourrait avoir comme phrase de salutation habituelle elen síla lúmenn' omentielmo, et que cette phrase précédait de beaucoup le livre[67] ». Il s'agit clairement d'une exagération : l'expression elen síla lúmenn' omentielmo[68], qui signifie « une étoile brille sur l'heure de notre rencontre », n'est apparue qu'au cours de la rédaction du livre. Cette anecdote permet toutefois de saisir l'importance des langues dans l'œuvre de Tolkien, qu'il qualifie lui-même « d'inspiration fondamentalement linguistique[69] ».
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+ Après un premier projet de dessin animé avorté, dont le scénario a été abondamment commenté par Tolkien[70], suivi de tentatives plus ou moins abouties par les Beatles ou John Boorman[71], la première adaptation du Seigneur des anneaux sur grand écran sort en 1978. Ce film d'animation, réalisé par Ralph Bakshi, ne couvre qu'une partie du récit : il s'arrête à la bataille de Fort-le-Cor. Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a réalisé une seconde adaptation, intégrale, dont les trois volets sont sortis en salles entre 2001 et 2003.
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+ En 2014 la chaine Arte diffuse À la recherche du Hobbit, une série documentaire en cinq épisodes de 26 minutes, produite par Yannis Metzinger et Alexis Metzinger, et réalisée par Olivier Simonnet. La série amène le spectateur aux sources des légendes et des inspirations qui ont mené J. R. R. Tolkien à écrire les romans du Hobbit et du Seigneur des anneaux.
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+ En 1993, une série télé finoise intitulée : Hobitit, est créée. Elle compte une saison de 9 épisodes de 30 minutes. Elle présente uniquement les événements du Seigneur des Anneaux vécus par Frodon Sacquet et Samsagace Gamegie avec quelques exceptions comme la mort de Boromir.C'est aussi la seule adaptation où l'on voit Tom Bombadil et le nettoyage de la Comté.
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+ En novembre 2017, Amazon acquiert les droits TV mondiaux du Seigneur des anneaux et annonce la production d'une série médiéval-fantastique adaptée[72],[73].
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+ Deux versions radiophoniques du Seigneur des anneaux ont été produites par la BBC, en 1955 et en 1981. La première s'est faite sous le regard de Tolkien, qui a échangé une correspondance volumineuse avec le producteur Terence Tiller, tandis que la seconde, réalisée par Brian Sibley et Michael Bakewell, est généralement considérée comme la plus fidèle[74]. Une troisième adaptation a été réalisée aux États-Unis en 1979.
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+ De nombreux jeux sont adaptés de l'univers du Seigneur des anneaux. En premier lieu, plusieurs jeux de rôle en ont été directement dérivés, notamment par Iron Crown Enterprises (JRTM) et Decipher (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux). Par la suite, de nombreux jeux vidéo se sont inspirés de l'œuvre, ainsi que des jeux de société et de figurines. Les années 2000 ont connu une accentuation du phénomène à la suite du succès des adaptations cinématographiques de Peter Jackson.
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+ Dès 1965, Donald Swann met en musique six poèmes du Seigneur des anneaux et un des Aventures de Tom Bombadil, avec l'approbation de Tolkien, qui suggère un arrangement en plain-chant pour le Namárië. Les chansons sont publiées en 1967 dans le recueil The Road Goes Ever On: A Song Cycle, auquel Tolkien contribue en produisant des calligraphies des poèmes Namárië et A Elbereth Gilthoniel. La même année paraît chez Caedmon Records un enregistrement des chansons par William Elvin au chant et Donald Swann au piano[75].
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+ Entre 1984 et 1988, le compositeur néerlandais Johan de Meij écrit sa Symphonie no 1 « Le Seigneur des anneaux » pour orchestre d'harmonie en cinq mouvements. Elle est créée le 15 mars 1988 à Bruxelles sous la direction de Nobert Nozy. En 2001, De Meij l'adapte pour orchestre symphonique, et cette nouvelle version est créée la même année par l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.
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+ L'ensemble danois du Tolkien Ensemble a publié quatre albums entre 1997 et 2005 qui reprennent l'intégralité des poèmes du Seigneur des anneaux, parfois avec la participation de l'acteur Christopher Lee, qui interprète Saroumane dans les films de Peter Jackson.
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+ Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings) est un roman en trois volumes de J. R. R. Tolkien paru en 1954 et 1955.
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+ Prenant place dans le monde de fiction de la Terre du Milieu, il suit la quête du hobbit Frodon Sacquet, qui doit détruire l'Anneau unique afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains de Sauron, le Seigneur des ténèbres. Plusieurs personnages lui viennent en aide, parmi lesquels son serviteur Sam, le mage Gandalf ou encore l'humain Aragorn, héritier d'une longue lignée de rois.
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+ À la suite du succès critique et commercial du Hobbit, Tolkien entreprend la rédaction du Seigneur des anneaux à la fin des années 1930 à la demande de son éditeur, Allen & Unwin[1]. Il lui faut douze ans pour parvenir à achever cette suite, qu'il truffe de références et d'allusions au monde du Silmarillion, la Terre du Milieu, sur lequel il travaille depuis 1917 et dans lequel Le Hobbit a été attiré « contre l'intention première » de son auteur[2].
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+ À l'origine, Tolkien souhaite publier Le Seigneur des anneaux en un seul volume, mais le prix du papier étant trop élevé en cette période d'après-guerre, l'œuvre est divisée en trois volumes : La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du roi (The Return of the King). C'est un succès commercial immédiat qui ne se dément pas tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle et donne lieu à des adaptations sur plusieurs supports, dont une série de trois films à grand budget réalisés par Peter Jackson et sortis entre 2001 et 2003.
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+ C'est une des œuvres fondamentales de la littérature dite de fantasy, terme que Tolkien explicite dans son essai Du conte de fées de 1939. Tolkien lui-même considérait son livre comme « un conte de fées […] pour des adultes », écrit « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire[3] ».
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+ Après un prologue décrivant les Hobbits et leurs mœurs, le passé de la Terre du Milieu et un rapide résumé des aventures de Bilbon Sacquet, le livre I s'ouvre sur le cent onzième anniversaire de ce dernier, soixante années après les événements décrits dans Le Hobbit. Au cours de la réception, Bilbon s'éclipse grâce à l'invisibilité que lui confère son anneau magique et quitte Hobbitebourg, laissant la plus grande partie de ses biens, anneau compris, à son neveu et héritier désigné, Frodon Sacquet. Dix-sept ans plus tard, leur vieil ami, le magicien Gandalf le Gris, révèle à Frodon que son anneau est en réalité l'Anneau unique, instrument du pouvoir de Sauron, le Seigneur Sombre, qui l'a perdu jadis ; s'il devait le retrouver, son pouvoir deviendrait insurmontable. Gandalf presse Frodon de quitter la Comté, qui n'est plus sûre pour lui et de se mettre en route pour le refuge qu'est Fondcombe, la demeure d'Elrond le Semi-elfe.
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+ Frodon vend sa demeure de Cul-de-Sac, dissimulant son départ sous le prétexte d'un déménagement au Pays-de-Bouc, à la lisière orientale de la Comté. Accompagné de son jardinier Sam Gamegie et d'un jeune ami, Peregrin Touque (Pippin), il échappe de justesse à plusieurs reprises aux Cavaliers noirs, serviteurs de Sauron chargés de retrouver l'Anneau unique. Les trois compagnons atteignent le Pays-de-Bouc, à l'est de la Comté, où Meriadoc Brandebouc (Merry) les rejoint. Les quatre hobbits poursuivent leur route vers l'est, échappant aux dangers de la Vieille Forêt et des Hauts des Galgals grâce à l'énigmatique Tom Bombadil. À Bree, ils font la connaissance de l'étrange Grands-Pas, un ami de Gandalf, qui devient leur guide. Les Cavaliers noirs, toujours à leurs trousses, parviennent à blesser Frodon près du Mont Venteux, mais grâce à l'elfe Glorfindel, il parvient à franchir le gué de Bruinen. Les Cavaliers, qui le suivent de près, sont emportés par une crue soudaine de la rivière, et Frodon s'évanouit.
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+ Au début du livre II, Frodon se réveille à Fondcombe, où il a reçu les soins d'Elrond et où il retrouve Bilbon. S'ensuit le Conseil d'Elrond, auquel assistent des représentants des principales races de la Terre du Milieu : Elfes, Nains et Hommes. Gandalf leur apprend la trahison de Saroumane, son supérieur dans l'Ordre des Mages, qui recherche l'Unique pour lui-même. Après avoir examiné toutes les possibilités qui s'offrent à eux, les participants au Conseil décident que le seul moyen de vaincre Sauron est de détruire l'Anneau en l'amenant au cœur du Mordor, pays de Sauron, et en le jetant dans la lave des Crevasses du Destin, là où il fut forgé. Frodon se déclare volontaire pour accomplir cette tâche, et une « Communauté de l'Anneau » est formée pour l'accompagner et l'aider : elle comprend Frodon et ses trois compagnons hobbits, Gandalf, Aragorn, Boromir du Gondor, Gimli le nain et Legolas l'elfe.
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+ La compagnie traverse l'Eregion déserte avant de tenter de franchir les Monts Brumeux par le col enneigé du Caradhras. Après leur échec face aux éléments déchaînés, Gandalf conduit ses compagnons dans les mines de Moria, ancienne cité naine désormais peuplée par des gobelins, mais il tombe dans un gouffre en affrontant le Balrog, une antique créature démoniaque. La Communauté, désormais menée par Aragorn, quitte la Moria et entre dans le pays elfique de Lothlórien, gouverné par Celeborn et Galadriel. Frodon et Sam regardent dans le miroir de Galadriel et voient des visions du passé, du présent et d'un possible futur. Terrifié par l'Œil de Sauron, Frodon propose de remettre l'Anneau à Galadriel, mais celle-ci surmonte la tentation. Les compagnons quittent la Lórien à bord de trois bateaux et descendent le grand fleuve Anduin. Arrivée à hauteur des chutes de Rauros, la Communauté se sépare après une attaque d'Orques et Frodon et Sam partent seuls en direction du Mordor.
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+ Le deuxième volume suit les différents chemins empruntés par les membres de la Communauté défunte.
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+ Au début du livre III, Boromir meurt en tentant de défendre Merry et Pippin, qui sont enlevés par les Uruk-hai de Saroumane. Après avoir offert des funérailles au capitaine du Gondor, Aragorn, Legolas et Gimli se lancent à leurs trousses à travers les plaines du Rohan. Aux abords de la forêt de Fangorn, ils retrouvent Gandalf, désormais le Blanc, qui a été renvoyé en Terre du Milieu pour achever sa mission après avoir péri en terrassant le Balrog. Les quatre compagnons se rendent à Edoras, où Gandalf libère le roi Théoden de l'emprise de son conseiller Gríma Langue de Serpent, un pantin de Saroumane. Ils participent à la guerre du Rohan contre les armées de Saroumane, qui sont vaincues lors de la bataille de Fort-le-Cor tandis qu'Orthanc, la forteresse de Saroumane, est prise d'assaut par les Ents, des créatures à l'apparence d'arbres menées par Sylvebarbe, auprès de qui Merry et Pippin ont trouvé refuge. Refusant de se repentir de ses erreurs, Saroumane est exclu de l'Ordre des Mages par Gandalf.
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+ Le livre IV suit Frodo et Sam sur la route du Mordor. Ils parviennent à capturer et à apprivoiser Gollum, l'ancien possesseur de l'Anneau, qui les suivait depuis la Moria. Il les guide vers une entrée secrète du Mordor, dans la vallée de Minas Morgul. Traversant l'Ithilien, ils sont capturés par Faramir, le frère de Boromir, qui les relâche lorsqu'il apprend l'importance de leur mission. À la fin du livre, Gollum trahit Frodon en le menant dans le repaire d'Arachne, l'araignée géante. Il survit, mais est fait prisonnier par les Orques de Cirith Ungol après que Sam lui a pris l'Anneau, le croyant mort empoisonné par le venin de l'araignée.
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+ Le livre V relate la lutte entre le Gondor et le Mordor, vue par Merry aux côtés du roi Théoden et Pippin à Minas Tirith, capitale du Gondor. La Cité Blanche, assiégée par des milliers d'Orques, est sauvée par l'arrivée des cavaliers du Rohan, puis par celle d'Aragorn, qui a libéré le sud du Gondor grâce à l'armée des Morts et s'est emparé de la flotte des pirates d'Umbar, alliés de Sauron. La bataille des champs du Pelennor se conclut par une défaite des forces de Sauron, mais ce dernier dispose encore de forces prodigieuses dont ne peuvent espérer triompher les Peuples libres. Afin de détourner l'attention de Sauron de la quête de Frodo, Aragorn mène une armée devant la Morannon, la Porte Noire du Mordor, pour y livrer une bataille désespérée.
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+ Le livre VI revient à Sam, qui libère Frodon des Orques de Cirith Ungol. Les deux hobbits traversent à grand-peine le désert du plateau de Gorgoroth et atteignent le Mont Destin, Gollum sur leurs talons. La tentation se révèle alors trop forte pour Frodon, qui revendique l'Anneau et le passe à son doigt. Il est attaqué par Gollum, qui lui tranche le doigt à coups de dents pour récupérer l'Unique avant de tomber dans les flammes de la montagne en fêtant son triomphe. Par ce retournement de situation eucatastrophique, l'Anneau est détruit, Sauron définitivement vaincu et ses armées en déroute. Aragorn est couronné roi du Gondor et épouse sa promise Arwen, la fille d'Elrond. Après plusieurs semaines de festivités, les membres de la Communauté retournent chez eux. De retour dans la Comté, les quatre hobbits retrouvent leur pays ravagé par des brigands humains et des semi-orques. À Cul-de-Sac, après avoir mis les bandits en déroute, ils découvrent que le responsable de ce chaos n'est autre que Saroumane, qui trouve peu après la mort aux mains de Gríma. la Comté connaît par la suite une grande embellie, mais Frodon, blessé physiquement et mentalement, ne peut apprécier ce renouveau. Il finit par faire voile vers l'Ouest avec Bilbon pour y trouver la paix, accompagné des porteurs des Trois anneaux des Elfes, Galadriel, Elrond et Gandalf. Le Troisième Âge du Soleil et Le Seigneur des anneaux s'achèvent.
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+ Le récit proprement dit est suivi de six appendices, visant à donner de plus amples informations sur des éléments passés de l'histoire des peuples présents dans le livre.
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+ Un mois après la publication du Hobbit, le 21 septembre 1937, Stanley Unwin, l'éditeur de Tolkien, lui écrit qu'un « large public réclamerait à cor et à cri dès l'année suivante qu'il leur en dise plus au sujet des Hobbits ! », ce à quoi Tolkien, « inquiet », répond qu'il « ne saurai[t] que dire de plus à propos des Hobbits », mais qu'il n'a « en revanche que trop de choses à dire […] à propos du monde dans lequel ce Hobbit a fait intrusion »[4] : en effet, cela fait vingt ans qu'il travaille sur les textes du « Silmarillion ». Après une réponse encourageante d'Unwin[N 1], Tolkien promet qu'il commencera quelque chose dès que possible. Le 19 décembre, il écrit à C. A. Furth, de Allen & Unwin : « J'ai écrit le premier chapitre d'une nouvelle histoire sur les Hobbits — "Une réception depuis longtemps attendue"[5]. » Dans ce chapitre, le héros est encore Bilbon Sacquet, qui disparaît de Hobbitebourg lors de la réception donnée pour son soixante-dixième anniversaire : le trésor qu'il a rapporté d'Erebor est épuisé, et il éprouve le désir de repartir à l'aventure[6].
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+ Après plusieurs faux départs, Tolkien décide de placer l'anneau trouvé par Bilbon lors de son aventure au centre de cette suite : à l'origine simple objet magique, il devient au fil des réécritures le terrible Anneau unique forgé par Sauron[7]. L'histoire se met lentement en place : les hobbits Bingo, Frodon et Odo partent pour Fondcombe, dans un récit au ton encore bon enfant, proche de celui du Hobbit, qui subsistera en grande partie dans la version définitive des premiers chapitres du Livre I. Sur leur route, les hobbits croisent un cavalier entièrement drapé dans un manteau. Après un bref moment d'angoisse, le cavalier éclate de rire : il s'agit du magicien Gandalf[8]. Mais Tolkien abandonne aussitôt cette idée au profit d'une autre, bien plus sinistre : Bingo et ses compagnons sont désormais poursuivis par des Cavaliers Noirs. Dans une lettre à Stanley Unwin, Tolkien indique alors que l'histoire a pris « un tour inattendu[9] ».
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+ À la mi-septembre 1938, le récit atteint le milieu de la conversation entre Bingo, peu après rebaptisé Frodo, et le nain Glóin à Fondcombe. Tolkien s'arrête alors un moment et retravaille les premiers chapitres, car l'histoire évolue alors même qu'il l'écrit, nécessitant de fréquentes corrections pour accorder les passages les plus anciens avec les plus récents. Le livre couvre alors 300 pages manuscrites et Tolkien, optimiste, estime qu'il en faudra encore 200 pour le terminer[10]. Le récit est pourtant encore loin de sa version finale : par exemple, l'étranger que les hobbits rencontrent à Bree n'est pas encore Aragorn, Rôdeur descendant des rois de jadis, mais Trotter, un simple hobbit aventureux qui porte des chaussures de bois[11].
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+ 1939 est une année difficile pour Tolkien : un accident survenu au cours de l'été se solde par une commotion cérébrale, et le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne un accroissement de ses responsabilités à Oxford. Il continue pourtant à travailler sur Le Seigneur des anneaux, qui atteint le chapitre « Les Mines de la Moria » (finalement « Un voyage dans le noir », chapitre 4 du Livre II) en décembre[12]. Il n'y revient pas avant août 1940, mais se consacre à des corrections dans le texte déjà existant, et ne recommence à écrire qu'à la fin de l'année 1941. Il termine alors le Livre II et commence le III, dont les quatre premiers chapitres sont écrits fin janvier. À l'automne, le Livre III est terminé.
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+ Le livre ne progresse plus avant le printemps 1944, lorsque Tolkien entame « dans la douleur[13] » le Livre IV. Tolkien écrit les chapitres et les fait lire au fur et à mesure à son ami C. S. Lewis et à son fils Christopher, qui se trouve alors en Afrique du Sud pour s'entraîner avec la Royal Air Force. Tous deux sont très enthousiastes, ce qui motive Tolkien : il achève le Livre IV à la fin du mois de mai, avant de s'arrêter de nouveau. Le 12 août, il écrit à Christopher : « Toute inspiration pour [Le Seigneur des anneaux] s'est complètement tarie, et j'en suis au même point qu'au printemps, avec toute l'inertie à surmonter de nouveau. Quel soulagement ce serait d'en finir[14]. »
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43
+ Tolkien commence le Livre V, persuadé qu'il s'agira du dernier, en octobre. Mais il n'avance guère, et ce n'est qu'en septembre 1946 qu'il progresse véritablement, après un long moment sans avoir travaillé sur le récit. Ce cinquième livre est achevé un peu plus d'un an plus tard, en octobre 1947, Tolkien ayant dans le même temps apporté le lot habituel de corrections aux premiers livres. Finalement, la rédaction du Seigneur des anneaux est achevée, du moins au brouillon, entre la mi-août et la mi-septembre 1948. Le livre inclut alors un épilogue centré sur Sam et ses enfants, mais Tolkien se laisse convaincre de l'omettre[15].
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+ Les brouillons du Seigneur des anneaux ont été publiés et étudiés par Christopher Tolkien dans les tomes 6 à 9 de son Histoire de la Terre du Milieu, non traduits en français : The Return of the Shadow, The Treason of Isengard, The War of the Ring et Sauron Defeated (1988-1992).
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47
+ En mai 1957, Tolkien vend les brouillons du Seigneur des anneaux (entre autres) pour 1 500 £ à l'université Marquette de Milwaukee, à la requête du bibliothécaire de cette dernière, William B. Ready. Avant de les envoyer, Tolkien entreprend de les annoter et de les classifier, mais la tâche se révèle trop longue, et en fin de compte, les papiers sont envoyés dans le désordre à Marquette en 1958. Tolkien s'aperçoit ultérieurement que certains papiers liés au Seigneur des anneaux (principalement parmi les brouillons les plus anciens) sont toujours en sa possession. Finalement, c'est son fils Christopher qui, après avoir étudié et publié ces brouillons dans le cadre de son Histoire de la Terre du Milieu, envoie ces documents à Marquette. L'université américaine possède plus de 9 200 pages concernant Le Seigneur des anneaux[16].
48
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49
+ Le Seigneur des anneaux est né des passions de Tolkien : la philologie, les contes de fées ainsi que les sagas norroises, notamment Beowulf et les Eddas, et le Kalevala, l'épopée nationale finlandaise. L'idée de l'Anneau unique qui gouverne le monde et trompe son porteur est présente dans le cycle des Nibelungen, saga germanique médiévale reprise par Richard Wagner dans sa tétralogie de L'Anneau du Nibelung. Tolkien nie cependant cette influence : « Ces deux anneaux sont ronds, et c'est là leur seule ressemblance », répond-il à l'introduction de la traduction suédoise du Seigneur des anneaux qui affirme que « l'Anneau est, d'une certaine manière, "der Nibelungen Ring"[17] ». Comme le soulignent Wayne G. Hammond et Christina Scull, l'anneau d'invisibilité est un objet courant dans la littérature, que l'on retrouve dans les contes de fées d'Andrew Lang, chez Chrétien de Troyes (Yvain ou le Chevalier au lion) et jusque dans La République de Platon avec l'anneau de Gygès[18].
50
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51
+ De la même façon, Tolkien réfute vigoureusement toute interprétation allégorique de son œuvre[3], en particulier celle visant à dresser un parallèle entre la guerre de l'Anneau et la Seconde Guerre mondiale :
52
+
53
+ « La vraie guerre ne ressemble en rien à la guerre légendaire, dans sa manière ou dans son déroulement. Si elle avait inspiré ou dicté le développement de la légende, l'Anneau aurait certainement été saisi et utilisé contre Sauron ; celui-ci n'aurait pas été anéanti, mais asservi, et Barad-dûr n'aurait pas été détruite, mais occupée. Saruman, n'ayant pas réussi à s'emparer de l'Anneau, aurait profité de la confusion et de la fourberie ambiantes pour trouver, au Mordor, le chaînon manquant de ses propres recherches dans la confection d'anneaux ; et bientôt il aurait fabriqué son propre Grand Anneau, de manière à défier le Maître autoproclamé de la Terre du Milieu. Dans un tel conflit, les deux camps n'auraient eu que de la haine et du mépris pour les hobbits, qui n'auraient pas survécu longtemps, même en tant qu'esclaves. »
54
+
55
+ — Avant-propos de la seconde édition du Seigneur des anneaux
56
+
57
+ Il ne nie toutefois pas avoir été influencé par la « noirceur » des années d'écriture du Seigneur des anneaux[19].
58
+
59
+ Dans une lettre au père Robert Murray, Tolkien décrit Le Seigneur des anneaux comme « une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l'ai retravaillée[20] ». Plusieurs thèmes mythologiques et catholiques sous-tendent la narration : l'ennoblissement des humbles, la pitié, le libre arbitre, ainsi que l'attirance pour le pouvoir et la « tentation du Bien », celle qui vise à atteindre le Bien en usant de tous les moyens, même les plus mauvais, à laquelle Gandalf et Galadriel manquent de succomber. Mais pour Tolkien, l'élément au centre de son livre n'est autre que la Mort et le désir d'immortalité[21]. Cet aspect est étudié par Vincent Ferré dans son livre Tolkien : sur les rivages de la Terre du Milieu (Christian Bourgois, 2001).
60
+
61
+ Le Seigneur des anneaux est globalement achevé en octobre 1949. En théorie, il devrait être publié par Allen & Unwin, à qui Tolkien avait promis une suite du Hobbit. Cependant, l'idée le prend de vouloir publier Le Seigneur des anneaux avec Le Silmarillion, qui avait été refusé par Allen & Unwin en 1937, lorsque Tolkien le leur avait soumis — refus qui, par ailleurs, a fait naître un certain ressentiment chez lui.
62
+
63
+ Durant l'automne 1949, Tolkien fait la connaissance de Milton Waldman, de la maison d'édition londonienne Collins, par l'entremise de Gervase Mathew, un membre des Inklings[22]. Waldman propose à Tolkien d'éditer les deux livres ensemble, offre que Tolkien s'empresse d'accepter. En février 1950, il écrit à Stanley Unwin qu'il exige que Le Silmarillion soit édité avec Le Seigneur des anneaux. Après quelques mésaventures, notamment une note de Rayner Unwin que Tolkien n'aurait pas dû lire, dans laquelle le fils de Stanley propose à son père d'éditer Le Seigneur des anneaux, puis de « laisser tomber » Le Silmarillion[23], Tolkien pose un ultimatum à Unwin : soit il prend les deux ouvrages, soit il n'en a aucun. Unwin refuse, n'ayant même pas vu le manuscrit du Seigneur des anneaux[24].
64
+
65
+ Tolkien s'en remet alors à Waldman ; celui-ci l'assure que Collins éditera ses deux livres durant l'automne 1950. Mais Waldman, malade, est forcé de faire de fréquents séjours en Italie, et ses remplaçants sont beaucoup moins enthousiastes au sujet des deux volumineux livres de Tolkien. Au début de l'année 1952, rien n'est encore fait, si bien que Tolkien somme Collins de publier Le Seigneur des anneaux au plus tôt, sans quoi il se rapproprie le manuscrit. La longueur du texte affole les éditeurs, qui refusent net[N 2].
66
+
67
+ Rayner Unwin, au courant de ses démêlés avec Collins, reprend alors contact avec Tolkien, qui fait son mea culpa et demande s'il est encore possible de faire quelque chose « pour déverrouiller les portes que j'ai moi-même claquées[25] ? », ce à quoi Unwin répond : « Nous voulons absolument vous publier — ce ne sont que les circonstances qui nous ont retenus. » S'ensuit un long travail de relecture et de correction, au cours duquel il est finalement décidé de publier le livre en trois volumes. Après beaucoup d'hésitations, les titres La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du Roi (The Return of the King) sont choisis, ce dernier contre l'avis de Tolkien qui préfère La Guerre de l'anneau (The War of the Ring), moins révélateur de l'issue du récit[26].
68
+
69
+ Ce découpage en trois tomes fait que l'on décrit souvent le Seigneur des anneaux comme une trilogie, mais ce terme est techniquement incorrect, car il a été écrit et conçu d'un seul tenant. Néanmoins, Tolkien lui-même reprend dans ses lettres, de temps à autre, le terme de « trilogie » lorsqu'il est employé par ses correspondants[N 3]
70
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71
+ La Communauté de l'Anneau est publié au Royaume-Uni par Allen & Unwin le 29 juillet 1954, suivi par Les Deux Tours le 11 novembre 1954 et par Le Retour du Roi le 20 octobre 1955, ce tome ayant été retardé à cause des difficultés de Tolkien pour écrire les appendices[27]. Aux États-Unis, Houghton Mifflin publie le volume 1 le 21 octobre 1954, le volume 2 le 21 avril 1955 et le volume 3 le 5 janvier 1956. Défiant les prévisions pessimistes de Rayner Unwin, le premier tirage des deux premiers volumes, assez faible (4 500 exemplaires pour La Communauté de l'Anneau et 4 250 pour Les Deux Tours, couvrant les marchés britannique et américain) est rapidement épuisé, réclamant une réimpression rapide. Ce succès explique que le tirage initial du Retour du Roi, paru un an plus tard, ait été de 12 000 exemplaires[28].
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+ Au début des années 1960, Donald Wollheim, un auteur de science-fiction pour la maison d'édition Ace Books, estime que Le Seigneur des anneaux ne bénéficie pas de la protection du copyright américain à l'intérieur des États-Unis, en raison de l'édition en couverture rigide (hardcover) du livre chez Houghton Mifflin, compilée à partir de pages imprimées au Royaume-Uni pour l'édition britannique. Ace Books publie une édition pirate, sans avoir obtenu d'autorisation de la part de Tolkien et sans lui offrir aucune compensation. Tolkien le fait savoir clairement aux fans américains qui lui écrivent et passe l'été 1965 à réviser le texte du livre, corrigeant les fautes, adaptant quelques éléments de la mythologie toujours mouvante du Silmarillion et rédigeant un nouvel avant-propos, disant à propos de celui de la première édition : « confondre (comme il le fait) de véritables éléments personnels avec la "machinerie" du Conte est une grave erreur[29] ». Cette seconde édition du Seigneur des anneaux est publiée au format poche chez Ballantine Books en octobre 1965[28]. Ace Books finit par abandonner l'édition non autorisée et par signer un accord à l'amiable avec Tolkien, lui payant 4 % des bénéfices et s'engageant à ne pas réimprimer le livre[30]. Par la suite, Wollheim continue cependant à affirmer qu'Ace Books était dans son droit en publiant cette édition pirate. Ce n'est qu'en 1992 que cette controverse est tranchée par une décision de justice, qui statue que la première édition américaine du Seigneur des anneaux chez Houghton Mifflin était bien soumise au copyright américain[31].
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+ À l'occasion du cinquantième anniversaire de la publication du Seigneur des anneaux, une nouvelle édition du livre est parue, sous la direction de Wayne G. Hammond et Christina Scull. Un grand nombre de coquilles y sont corrigées, ainsi que certaines erreurs du texte lui-même. La liste des corrections se trouve dans l'ouvrage séparé The Lord of the Rings: A Reader's Companion.
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+ Avec la sortie de l'adaptation filmée, les ventes de livres grimpent. Selon David Brawn, l'éditeur de Tolkien chez HarperCollins, qui détient les droits pour le monde anglo-saxon, à l'exception des États-Unis : « En trois ans, de 2001 à 2003, il s'est vendu 25 millions d'exemplaires du Seigneur des anneaux — 15 millions en anglais et 10 millions dans les autres langues. Et au Royaume-Uni les ventes ont augmenté de 1000 % après la sortie du premier film de la trilogie »[32].
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+ Le livre a été traduit dans une trentaine de langues. La traduction initiale en français est due à Francis Ledoux et est publiée par l'éditeur Christian Bourgois en 1972-1973. Le premier tome reçoit le Prix du Meilleur livre étranger en 1973[33]. Cette traduction est sujette à débat : si elle est d'une certaine qualité littéraire (Ledoux a également traduit Charles Dickens, Daniel Defoe, Edgar Allan Poe, entre autres[34]), elle est truffée de coquilles et d'erreurs de traduction, certaines imputables au fait que Ledoux ne disposait pas du Silmarillion, notamment pour les pluriels des noms en quenya : the Valar est ainsi traduit par « le Valar » au lieu de « les Valar »[35]. Le premier tome d'une nouvelle traduction, assurée par Daniel Lauzon, est paru chez Christian Bourgois en 2014 sous le titre La Communauté de l'Anneau[36], suivi des Deux Tours en 2015 et du Retour du Roi en 2016[37].
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+ Philologue, connaissant une douzaine de langues anciennes et modernes (parmi lesquelles le norrois, le gotique, le vieil anglais, le latin, le grec, l'espagnol, le français, le finnois, le gallois, le russe ou l'italien[38]), Tolkien s'intéresse de près aux premières traductions de son livre (néerlandaise en 1956-1957, suédoise en 1959-1961) et émet plusieurs commentaires afin d'éclairer ses intentions dans la création de tel ou tel nom, en particulier les toponymes de la Comté, dans lesquels Tolkien a glissé nombre de jeux de mots philologiques à plusieurs niveaux. Conscient des difficultés posées par les noms propres de son œuvre, Tolkien aborde la question dans un long essai, « Guide to the Names in The Lord of the Rings », publié à titre posthume dans le recueil A Tolkien Compass (1975). Les dernières éditions de ce recueil ne contiennent plus l'essai de Tolkien, mais une version augmentée est reprise dans The Lord of the Rings: A Reader's Companion. Les problèmes posés par la traduction des livres de Tolkien ont par la suite été abordés par d'autres auteurs[39].
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+ Si la valeur littéraire du Seigneur des anneaux est reconnue presque universellement, le livre est longtemps l'objet d'un certain mépris universitaire qui s'inscrit dans un mouvement qu'Ursula K. Le Guin caractérise comme une « méfiance puritaine profonde à l'égard du fantastique ». Les accusations les plus récurrentes touchent au discours politique attribué au texte, tour à tour qualifié de paternaliste, réactionnaire, anti-intellectuel ou fasciste[40].
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+ À la parution de La Communauté de l'Anneau, les critiques sont dans l'ensemble mitigées. La plus élogieuse est celle de C. S. Lewis, ami de Tolkien, qui déclare, dans sa critique pour Time and Tide :
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+ « Ce livre est comme un éclair dans un ciel ensoleillé : aussi différent, aussi inattendu à notre époque que Les Chants d'Innocence l'étaient à la leur. Il est inadéquat de dire qu'à l'intérieur la romance héroïque, superbe, éloquente, et vierge de toute honte, a soudain réapparu dans une période à l'antiromantisme presque pathologique. Pour nous, qui vivons en ces étranges temps, le retour, et le soulagement pur qui en découle, est sans nul doute chose importante. Mais dans l'histoire du Roman elle-même, une histoire qui remonte jusqu'à l'Odyssée et au-delà, il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une avancée et d'une révolution : la conquête de nouveaux territoires. »
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+ — C. S. Lewis, « The Gods Return to Earth », dans Time and Tide, 14 août 1954
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+ Néanmoins, Lewis, auteur controversé, prévient Tolkien que son soutien « peut [lui] faire plus de mal que de bien[41] », et c'est effectivement ce qui se passe : plusieurs critiques préfèrent moquer l'enthousiasme de Lewis et sa comparaison du Seigneur des anneaux avec L'Arioste que s'attacher vraiment au livre de Tolkien. Beaucoup d'entre eux trouvent à redire au style : dans le Daily Telegraph, Peter Green trouve qu'il varie « du préraphaélite au Boy's Own Paper [un journal pour enfants] », et ajoute que le livre « devrait être immensément populaire chez les enfants de 10 ans qui ne préfèrent pas la science-fiction[42] ». Même ainsi, il reconnaît que « cet ouvrage informe exerce une fascination indéniable », et la plupart des critiques s'accordent avec lui : quels que soient les défauts qu'ils lui trouvent, Le Seigneur des anneaux possède quelque chose d'indéfinissable et de marquant, qui fait que « même une simple lecture ne sera pas oubliée de sitôt[43] ».
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+ Les critiques des deux autres volumes suivent peu ou prou le même modèle, mais la parution du Retour du Roi permet aux journalistes d'appréhender enfin Le Seigneur des anneaux dans son entièreté. C. S. Lewis publie une seconde critique dans Time and Tide, où il déclare que, s'il est encore trop tôt pour juger le livre, « il nous a fait quelque chose. Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes[44]. » À l'opposé se trouve la critique fameuse d'Edmund Wilson pour The Nation, selon laquelle peu de choses, dans le livre, « dépasse[nt] l'entendement d'un enfant de sept ans », et que les compliments qui lui sont faits ne sont dus qu'au fait que « certaines personnes – peut-être en particulier en Grande-Bretagne – ont toute leur vie un goût pour des déchets juvéniles »[45] ». Dans sa propre critique, W. H. Auden, qui a déjà déclaré au sujet de La Communauté de l'Anneau qu'« aucune œuvre de fiction ne [lui] a donné autant de plaisir ces cinq dernières années[46] », résume les réactions passionnées au Seigneur des anneaux : « Je ne me rappelle guère d'autre livre au sujet duquel nous ayons eu d'aussi violentes disputes. Personne ne semble avoir une opinion modérée ; soit, comme moi-même, les gens trouvent qu'il s'agit d'une œuvre maîtresse de son genre ou ils ne peuvent le supporter[47]. » Amusé par ces querelles, Tolkien compose ce petit quatrain[48] :
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+ Le Seigneur des anneaux
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+ Est une de ces choses :
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+ Si vous l'aimez c'est bien
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+ Sinon vous criez bah !
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+ À la fin du XXe siècle, plusieurs sondages effectués au Royaume-Uni montrent l'engouement populaire suscité par Le Seigneur des anneaux : un sondage organisé par la chaîne de magasins Waterstone's et la chaîne Channel 4 en 1996 l'élit « plus grand livre du siècle », loin devant 1984 de George Orwell. Ce résultat est confirmé peu après par des sondages réalisés par le Daily Telegraph et la Folio Society. En 2003, Le Seigneur des anneaux arrive encore en tête d'un sondage de la BBC concernant le livre favori des sondés[49].
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+ En France, le premier à évoquer Tolkien et son roman dans une publication est Jacques Bergier, tout d'abord par une mention dans Le Matin des magiciens (1960)[50], puis plus longuement dans Admirations, en 1970[51]. Celui-ci recommande ensuite Le Seigneur des anneaux à Christian Bourgois, qui le fait traduire et le publie en 1972-1973[52]. La réception de la presse est alors bonne, tant locale (Le Républicain lorrain) que nationale : Le Point, Le Figaro où Jean-Louis Curtis fait l'éloge d'un livre qu'il avait proposé à la publication chez Julliard[33].
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+ Par la suite, outre la citation du Seigneur des anneaux comme source de La Gloire de l'Empire, de Jean d'Ormesson (1971) et l'admiration manifestée par Julien Gracq pour un livre « où la vertu romanesque ressurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu[53] », ou encore celle manifestée par le père Louis Bouyer, ami personnel de Tolkien, dans ses Lieux magiques de la légende du Graal, il faut attendre vingt ans pour qu'un premier ouvrage critique, écrit par Pierre Jourde, soit publié sur Tolkien, avant ceux d'Édouard Kloczko, de Nicolas Bonnal et de Vincent Ferré[54]. À la suite de la sortie des films de Peter Jackson, de nombreux ouvrages ont par la suite été traduits ou publiés.
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+ Avant cette occasion, les critiques restent rares : divers articles dans la presse lors de la sortie des différentes traductions suivantes, articles commentés par Vincent Ferré comme pleins d'erreurs[33], un article de l'essayiste « traditionaliste » Julius Evola dans la revue Totalité qui célèbre la dimension spirituelle du livre en 1981, ou Les Cahiers de l'imaginaire l'année suivante[51]. Les critiques littéraires rouvrent en 2001 Le Seigneur des anneaux, comme Patrick Besson, qui publie dans Le Figaro un article titré « Le Seigneur des Fachos »[55], auquel répondent des spécialistes de Tolkien, parlant de « critiques largement réfutées[56] ». Du reste, Le Figaro littéraire fait sa une à la même époque sur « Tolkien : le dernier des magiciens » où Jean-Marie Rouart, de l'Académie française affirme que :
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+ « Avec le retour de Tolkien, dont le succès brave tous les ukases de la littérature expérimentale ou minimaliste, le romanesque reprend sa revanche : une orgie de féerie, un bain dans l'imaginaire le plus débridé, un abandon dans l'irrationnel. »
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+ — Jean-Marie Rouart[57]
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+ Forrest J Ackerman est le premier à entrer en contact avec J. R. R. Tolkien, en 1957, pour lui proposer une adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux, alors que les ventes du livre restent confidentielles : il obtient les droits pour un an et penche pour un film en prise de vues réelle alors que l'auteur privilégie un film d'animation ; mais aucun producteur ne se montre intéressé[58].
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+ Durant les années 1960 et 1970, Le Seigneur des anneaux devient la base d'un véritable phénomène : le livre est considéré comme un symbole de la contreculture[59],[58]. On peut citer les slogans « Frodo Lives! » (« Frodon est vivant ») ou « Gandalf for President » (« Gandalf président »), très populaires chez les fans de Tolkien durant ces deux décennies, ou les nombreuses parodies d��rivées de l'œuvre, dont la plus connue est sans doute Lord of the Ringards (Bored of the Rings), écrite par des rédacteurs du Harvard Lampoon et publiée en 1969.
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+ En plein succès, les Beatles cherchent à monter une adaptation cinématographique sur l'impulsion de John Lennon ; ils s'accordent à ce que ce dernier joue le rôle de Gollum, Paul McCartney celui de Frodon, George Harrison celui de Gandalf et Ringo Starr celui de Sam ; Heinz Edelmann, qui travaille alors pour le quatuor sur leur film d’animation Yellow Submarine, imagine « un genre d’opéra, une sorte d’impression opératique […] une distillation de l’ambiance et de l’histoire qui n’aurait pas suivi chaque recoin de l’intrigue » ; mais Stanley Kubrick décline la proposition de réaliser ce projet et J. R. R. Tolkien n'est pas séduit par l'idée[58],[60].
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+
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+ Le studio United Artists achète les droits d'adaptation en 1969 pour 250 000 dollars : John Boorman est chargé de mener le projet et collabore avec Rospo Pallenberg ; les Beatles sont toujours envisagés par le studio dans le rôle des Hobbits ; mais le scénario élaboré est finalement rejeté par United Artists, ainsi que par d'autres studios dont Disney. Boorman et Pallenberg s'inspirent cependant de leur travail pour produire Excalibur (1981)[58].
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+ Le succès populaire du Seigneur des anneaux a pour effet d'étendre la demande pour la science-fiction et la fantasy. L'évolution de ce genre dans les années 1960 et 1970 est largement due au Seigneur des anneaux. Un grand nombre de livres dans la même veine sont alors publiés, comme Le Cycle de Terremer de Ursula K. Le Guin ou les livres de Shannara de Terry Brooks.
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+ L'industrie du jeu de rôle a aussi été fortement marquée par Le Seigneur des anneaux : Donjons et Dragons, l'ancêtre du genre, inclut de nombreuses races issues du roman : hobbits, elfes, nains, demi-elfes, orques et dragons. Gary Gygax, principal créateur du jeu, maintient cependant n'avoir été que peu influencé par Tolkien, n'ayant inclus ces éléments que pour rendre son jeu plus populaire[61]. L'univers de Tolkien a connu deux adaptations directes en jeu de rôle, la première en 1984 (JRTM, édité par Iron Crown Enterprises), la seconde à la suite de l'adaptation de Peter Jackson, en 2002 (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux, édité par Decipher).
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+ Le livre a également influencé de nombreux musiciens. Le groupe de rock anglais Led Zeppelin a composé plusieurs morceaux qui font explicitement référence au Seigneur des anneaux : Ramble On (sur Led Zeppelin II), The Battle of Evermore et Misty Mountain Hop (sur Led Zeppelin IV), et Over the Hills and Far Away (sur Houses of the Holy). Le Seigneur des anneaux est souvent considéré comme ayant eu une influence directe sur Stairway to Heaven, la plus célèbre composition du groupe[62], mais Robert Plant a déclaré qu'il n'en était rien[réf. nécessaire]. Le musicien suédois Bo Hansson consacre l'intégralité de Music Inspired by Lord of the Rings, son premier album, au livre de Tolkien. Mirage, le second album du groupe Camel, contient trois morceaux inspirés par le livre (Nimrodel, The Procession et The White Rider). Le pseudonyme de Steve Peregrin Took, percussionniste du groupe T. Rex, vient du nom du hobbit Peregrin Touque. Le groupe de rock progressif canadien Rush a été également influencé par l'œuvre de Tolkien, avec la chanson Rivendell, par exemple.
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+ L'œuvre de Tolkien a beaucoup inspiré les groupes de metal. La quasi-totalité de la discographie du groupe Summoning se fonde sur celle-ci. Le groupe de power metal allemand Blind Guardian a composé un grand nombre de morceaux contenant des références à l'œuvre de Tolkien[63]. Plusieurs groupes, comme Burzum, Gorgoroth ou Amon Amarth, tirent leurs noms de termes forgés par J. R. R. Tolkien, en général associés au Mordor : le terme burzum (qui apparaît dans les vers gravés sur l'Anneau unique) signifierait « ténèbres » en noir parler, Gorgoroth est le nom d'une région du Mordor, et Amon Amarth est le nom sindarin du Mont Destin.
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+ L'histoire du Seigneur des anneaux se déroule sur la Terre du Milieu, principal continent d'Arda, univers créé de toutes pièces par l'auteur. J. R. R. Tolkien appelle ce travail littéraire « sous-création » (aussi traduit par « subcréation »). En réalité, Le Seigneur des anneaux n'a pas lieu sur une autre planète ou dans une autre dimension : il s'agit simplement d'un « passé imaginaire » de la Terre :
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+ « J'ai construit, je le crois, une époque imaginaire, mais quant au lieu j'ai gardé les pieds sur ma propre Terre maternelle. Je préfère cela à la mode moderne qui consiste à rechercher des planètes lointaines dans "l'espace". Quoique curieuses, elles nous sont étrangères, et l'on ne peut les aimer avec l'amour de ceux dont nous partageons le sang. »
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+ — Lettre no 211 à Rhona Beare (14 octobre 1958)
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+ Ce « passé imaginaire » est décrit avec une précision chirurgicale par son créateur, qui va jusqu'à réécrire des passages entiers du Seigneur des anneaux afin que les phases de la lune soient cohérentes[N 4]. La géographie du récit a été soigneusement élaborée par l'auteur : « J'ai commencé, avec sagesse, par une carte, à laquelle j'ai subordonné l'histoire (globalement en apportant une attention minutieuse aux distances). Faire l'inverse est source de confusion et de contradictions[64]. » Les trois cartes que comprend Le Seigneur des anneaux (la carte générale, celle de la Comté et celle représentant le Gondor, le Rohan et le Mordor à grande échelle) ont été dessinées par Christopher Tolkien d'après des croquis de son père.
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+ Tolkien a doté la Terre du Milieu d'une histoire propre, de la création du monde à la naissance des hommes en passant par celle des Elfes et des Nains. Cette histoire, qui n'apparaît qu'en retrait dans le texte du livre, à travers les nombreuses allusions qui y sont faites et les poèmes qui émaillent le récit, est détaillée dans les Appendices, ainsi que dans Le Silmarillion. Elle sous-tend néanmoins Le Seigneur des anneaux tout entier, lui conférant une grande profondeur. Comme son auteur le reconnaît lui-même :
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+
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+ « Une partie de l’attrait du Seigneur des anneaux est due, je pense, aux aperçus d’une vaste Histoire qui se trouve à l’arrière-plan : un attrait comme celui que possède une île inviolée que l’on voit de très loin, ou des tours d’une ville lointaine miroitant dans un brouillard éclairé par le soleil. S’y rendre, c’est détruire la magie, à moins que n’apparaissent encore de nouvelles visions inaccessibles. »
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+
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+ — Lettre no 247 au colonel Worskett (20 septembre 1963)
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+
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+ Pour maintenir cette fiction historique, Tolkien prétend ne pas être l'auteur du Seigneur des anneaux, mais simplement son traducteur et éditeur, sa source étant le fictif Livre Rouge de la Marche de l'Ouest, c'est-à-dire les mémoires de Bilbon, qui forment Le Hobbit, et de Frodon, qui constituent Le Seigneur des anneaux. Par un procédé de mise en abyme, la page de titre de ce Livre Rouge est visible dans le dernier chapitre du Seigneur des anneaux, « Les Havres Gris » : il s'intitule La Chute du Seigneur des anneaux et le Retour du Roi[65].
143
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144
+ La richesse du développement de la Terre du Milieu se voit aussi dans des domaines plus inattendus. Elle est peuplée de nombreuses créatures plus ou moins fantastiques, des mouches du Mordor aux trolls des cavernes. L'auteur s'est également soucié de la flore d'Arda dont l'elanor ou le mallorn sont les exemples les plus évidents. Pour ce qui est de l'astronomie, si les constellations et les planètes visibles dans le ciel nocturne sont les mêmes que les nôtres, elles reçoivent de nouveaux noms : par exemple, la Grande Ourse devient Valacirca, la « Faucille des Valar », et la planète Mars devient Carnil, « la Rouge ». Cette polyvalence ne va pas sans poser quelques problèmes à Tolkien, bien en peine de répondre à toutes les demandes de ses lecteurs :
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+
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+ « … beaucoup réclament comme vous des cartes, d'autres veulent des indications sur la géologie plutôt que sur les lieux ; beaucoup veulent des grammaires et phonologies elfiques et des exemples ; certains veulent de la métrique et de la prosodie […] Les musiciens veulent des mélodies et une notation musicale ; les archéologues veulent des précisions sur la céramique et la métallurgie. Les botanistes veulent une description plus précise des mallorn, elanor, niphredil, alfirin, mallos et symbelmynë ; et les historiens veulent davantage de détails sur la structure sociale et politique du Gondor ; ceux qui ont des questions plus générales veulent des informations sur les Chariotiers, le Harad, les origines des Nains, les Morts, les Béorniens et les deux mages (sur cinq) disparus[66]. »
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+ Le travail de Tolkien débute par la création de langues puis la mise en place d'un décor et de personnages parlant ces langues, élaborées pendant plus de soixante ans. Au début, les récits sont en quelque sorte là pour donner de la crédibilité aux langues et rendre leur existence plus vraisemblable : à un fâcheux, Tolkien répond que Le Seigneur des anneaux est « une tentative pour créer une situation dans laquelle on pourrait avoir comme phrase de salutation habituelle elen síla lúmenn' omentielmo, et que cette phrase précédait de beaucoup le livre[67] ». Il s'agit clairement d'une exagération : l'expression elen síla lúmenn' omentielmo[68], qui signifie « une étoile brille sur l'heure de notre rencontre », n'est apparue qu'au cours de la rédaction du livre. Cette anecdote permet toutefois de saisir l'importance des langues dans l'œuvre de Tolkien, qu'il qualifie lui-même « d'inspiration fondamentalement linguistique[69] ».
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+ Après un premier projet de dessin animé avorté, dont le scénario a été abondamment commenté par Tolkien[70], suivi de tentatives plus ou moins abouties par les Beatles ou John Boorman[71], la première adaptation du Seigneur des anneaux sur grand écran sort en 1978. Ce film d'animation, réalisé par Ralph Bakshi, ne couvre qu'une partie du récit : il s'arrête à la bataille de Fort-le-Cor. Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a réalisé une seconde adaptation, intégrale, dont les trois volets sont sortis en salles entre 2001 et 2003.
151
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+ En 2014 la chaine Arte diffuse À la recherche du Hobbit, une série documentaire en cinq épisodes de 26 minutes, produite par Yannis Metzinger et Alexis Metzinger, et réalisée par Olivier Simonnet. La série amène le spectateur aux sources des légendes et des inspirations qui ont mené J. R. R. Tolkien à écrire les romans du Hobbit et du Seigneur des anneaux.
153
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+ En 1993, une série télé finoise intitulée : Hobitit, est créée. Elle compte une saison de 9 épisodes de 30 minutes. Elle présente uniquement les événements du Seigneur des Anneaux vécus par Frodon Sacquet et Samsagace Gamegie avec quelques exceptions comme la mort de Boromir.C'est aussi la seule adaptation où l'on voit Tom Bombadil et le nettoyage de la Comté.
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+ En novembre 2017, Amazon acquiert les droits TV mondiaux du Seigneur des anneaux et annonce la production d'une série médiéval-fantastique adaptée[72],[73].
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+ Deux versions radiophoniques du Seigneur des anneaux ont été produites par la BBC, en 1955 et en 1981. La première s'est faite sous le regard de Tolkien, qui a échangé une correspondance volumineuse avec le producteur Terence Tiller, tandis que la seconde, réalisée par Brian Sibley et Michael Bakewell, est généralement considérée comme la plus fidèle[74]. Une troisième adaptation a été réalisée aux États-Unis en 1979.
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+ De nombreux jeux sont adaptés de l'univers du Seigneur des anneaux. En premier lieu, plusieurs jeux de rôle en ont été directement dérivés, notamment par Iron Crown Enterprises (JRTM) et Decipher (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux). Par la suite, de nombreux jeux vidéo se sont inspirés de l'œuvre, ainsi que des jeux de société et de figurines. Les années 2000 ont connu une accentuation du phénomène à la suite du succès des adaptations cinématographiques de Peter Jackson.
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+ Dès 1965, Donald Swann met en musique six poèmes du Seigneur des anneaux et un des Aventures de Tom Bombadil, avec l'approbation de Tolkien, qui suggère un arrangement en plain-chant pour le Namárië. Les chansons sont publiées en 1967 dans le recueil The Road Goes Ever On: A Song Cycle, auquel Tolkien contribue en produisant des calligraphies des poèmes Namárië et A Elbereth Gilthoniel. La même année paraît chez Caedmon Records un enregistrement des chansons par William Elvin au chant et Donald Swann au piano[75].
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+ Entre 1984 et 1988, le compositeur néerlandais Johan de Meij écrit sa Symphonie no 1 « Le Seigneur des anneaux » pour orchestre d'harmonie en cinq mouvements. Elle est créée le 15 mars 1988 à Bruxelles sous la direction de Nobert Nozy. En 2001, De Meij l'adapte pour orchestre symphonique, et cette nouvelle version est créée la même année par l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.
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+ L'ensemble danois du Tolkien Ensemble a publié quatre albums entre 1997 et 2005 qui reprennent l'intégralité des poèmes du Seigneur des anneaux, parfois avec la participation de l'acteur Christopher Lee, qui interprète Saroumane dans les films de Peter Jackson.
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3
+ La Seine (prononcé [ˈsɛn]) est un fleuve français, long de 774,76 kilomètres[1], qui coule dans le Bassin parisien et arrose notamment Troyes, Paris, Rouen et Le Havre. Sa source se situe à 446 m d'altitude[2] à Source-Seine, en Côte-d'Or, sur le plateau de Langres. Son cours a une orientation générale du sud-est au nord-ouest. La Seine se jette dans la Manche entre Le Havre et Honfleur. Son bassin versant, d'une superficie de 79 000 km2[3], englobe près de 30 % de la population du pays.
4
+
5
+ La forme la plus ancienne se trouve chez César : Sequana, Ier siècle av. J.-C.[4] ; le grec Strabon au Ier siècle écrit : Sēkouanós[4] ; Sēkoánas au IIe siècle chez Ptolémée[5] ; Sequana en 558[6] ; Segona, Sigona au VIe siècle (Grégoire de Tours)[6] ; Sequana au XIIIe siècle[7] ; Secana vers 1350 (Pouillé)[8].
6
+
7
+ La plupart des spécialistes considèrent l’origine du nom Sequana comme incertaine et obscure. Certains[Qui ?] y voient une erreur de transcription d'un ou de plusieurs mots celtiques différents. D'autres[Qui ?] un hydronyme préceltique, au motif que le groupe [kʷ] n'existe pas en celtique gaulois (et brittonique), où il a évolué en [p] (exemple : pinp[etos] « cinq[uième] » en gaulois[9], pimp en gallois, pemp en breton, par contre irlandais cinc, latin quinque > cinq, etc. —— ils procèdent tous de l'indo-européen *pénkʷe). Cependant, cette évolution a pu se produire postérieurement à l'attribution du nom Sequana par les premiers arrivants celtes : ceux-ci semblent en effet avoir parlé un « proto-celtique » où la mutation /kʷ/ > /p/ n'était pas encore réalisée, comme l'attestent certaines inscriptions celtibères retrouvées en Espagne.
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9
+ Mais rien n'empêche une réinterprétation du nom en *se-ku-ana[10]. L'élément -ana est fréquent par ailleurs en hydronymie et en toponymie. Il apparaît sous la forme à l'accusatif anam dans le glossaire d'Endlicher[11] ; il y est traduit par le latin paludem[12] (accusatif de palus, -udis « étang, marais »). Le nom de l'Yonne contiendrait plutôt l'élément -onno (cf. onno donné pour flumen « cours d’eau, rivière, fleuve », lui aussi répandu, dans ce même glossaire). On peut douter de la celticité de ces deux termes, notamment du mot onno, utilisés pourtant en gaulois, semble-t-il[12].
10
+
11
+ Pour expliquer Sequana, Ernest Nègre a proposé un hypothétique thème préceltique *seikw « verser, couler, ruisseler » suivi du suffixe gaulois -ana[13]. Une racine indo-européenne *seikʷ- de même signification a été conjecturée[14],[15].
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13
+ Jacques Lacroix le fait dériver d'un radical (S)Ico- « eau »[pas clair][16]. Albert Dauzat propose une racine hydronomique pré-celtique *sēc- (cf. Secalonia > Sologne, peut-être de *sec- « marécage »), dont des variantes figureraient dans d'autres hydronymes *seg-, *sac-/*sag-, *sic-/*sig-[17].
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+ Les Vikings la nommaient Signa qui est encore son nom en islandais.
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+ La Seine est partagée en cinq parties, d'amont en aval[18] :
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+ Le lac artificiel de la forêt d'Orient, en amont de Troyes, ainsi que le lac du Der-Chantecoq en amont de Saint-Dizier ont été créés dans les années 1960 et 1970 pour réguler le débit du fleuve.
20
+
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+ En Île-de-France et en Normandie, la faible déclivité de la vallée de la Seine a causé la formation de multiples et profonds méandres, parfois d'une très forte sinuosité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour la même raison, les effets de la marée se font sentir sur une centaine de kilomètres, jusqu’au barrage de Poses et se manifestaient jusqu’à un passé récent, par le phénomène du mascaret, appelé barre en Normandie. Le phénomène et le mot ont été popularisés par le roman de Maurice Leblanc appartenant à la série des Arsène Lupin : La Barre-y-va.
22
+
23
+ Les « sources officielles » de la Seine sont situées sur le territoire de la commune de Source-Seine, sur le plateau de Langres, à une altitude de 446 mètres[19],[2]. Les sources de la Seine sont la propriété de la ville de Paris depuis 1864. Une grotte artificielle a été construite l'année suivante pour abriter la source principale et la statue d'une nymphe symbolisant le fleuve. Cependant, la capitale s'en est désintéressée et la parcelle devrait revenir à la région Bourgogne qui souhaite valoriser le site[20]. Celui-ci abrite également les vestiges d'un temple gallo-romain (actuellement enfouis). Des objets témoignant du culte aux sources du fleuve (Dea Sequana) sont exposés au musée archéologique de Dijon.
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+ Source de la Seine.
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+ Premier pont sur la Seine.
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+ Le bassin versant de la Seine, d'une superficie de 79 000 km2[3], est quasi entièrement compris dans le Bassin parisien qui, d'un point de vue géologique, constitue un bassin sédimentaire affectant la forme d'une cuvette ouverte vers la Manche et l'Atlantique. Ce bassin est constitué par un empilement de formations géologiques à faible pente convergeant vers le centre et entre lesquelles s'intercalent d'importantes formations aquifères[21]. Le relief du bassin versant de la Seine ne s'élève généralement pas au-dessus de 300 mètres, sauf sur sa marge sud-est dans le Morvan où il culmine à 901 mètres (Haut-Folin). La modestie de l'altitude moyenne du bassin versant explique les faibles pentes des cours d'eau (entre 0,01 et 0,03 m pour 100 mètres) qui coulent globalement vers le nord-ouest, en se frayant leur chemin à travers les cuestas faisant saillie à l'est du bassin puis en incisant les plateaux du centre de la région[22].
30
+
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+ Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant de la Seine avec :
32
+
33
+ Il est possible que la Loire ait été, jusqu’au Miocène ou au Pliocène, un affluent de la Seine qu’elle rejoignait par le cours de l’actuel Loing[23]. La Seine traversait alors une vaste pénéplaine de nature argileuse sous un climat subtropical. Il y a trois millions d'années, la région subit un refroidissement et un soulèvement dû à la poussée des chaînes pyrénéenne et alpine au sud. Les glaciations de l'ère quaternaire firent baisser le niveau des mers et océans, si bien que la Seine se jetait alors au large de la Bretagne actuelle (la Manche était la vallée du Rhin augmentée de la Meuse, de la Tamise et de la Somme, entre autres)[24]. Cette période fut marquée par la migration des méandres du fleuve, encore visible en Normandie, et par une intense érosion rabotant les plateaux et formant des terrasses alluviales. L'aspect actuel de la Seine remonte à la fin de la dernière glaciation, vers -12 000[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Les régions et départements traversés sont les suivants, en allant de la source vers l'embouchure :
36
+
37
+ De Source-Seine (ex-Saint-Germain-Source-Seine) à Honfleur, il y a 164 communes riveraines de la Seine, parmi lesquelles Paris, capitale de la France. L'une d'elles, L'Île-Saint-Denis est même entourée par le fleuve.
38
+
39
+ Voici une liste des principaux affluents (longueur[1] supérieure à 100 km, ou bassin versant[3] supérieur à 1 000 km2 ou débit[3] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche du confluent) directs de la Seine et situés avec leur confluent par la distance (km) avec la limite Ouest de l'estuaire de la Seine 49° 26′ 14″ N, 0° 06′ 33″ E[1] selon son écoulement à l'aval, par l'altitude (m) (du plan d'eau en débit moyen, estimé au mieux d'après carte topographique), par la rive, par le nom du département (amont si limite interdépartementale), par la commune de la pointe de confluence, par les coordonnées puis avec les 3 données comparables pour la Seine (juste à l'amont du confluent) :
40
+
41
+ Confluent de l'Yonne (à droite) avec la Seine (à gauche et en bas).
42
+
43
+ Confluent de la Marne (à gauche) avec la Seine (à droite puis en bas).
44
+
45
+ Confluent de l'Oise (en bas) avec la Seine (en haut, de gauche à droite).
46
+
47
+ Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
48
+
49
+ Si le cours d'eau sortant d'une confluence portait exclusivement le nom de celui qui y était entré avec le plus fort débit annuel (module), le fleuve traversant la région parisienne ne serait pas la Seine, mais l'Yonne[26]. En effet, celle-ci a, à Montereau-Fault-Yonne, un débit et bassin versant supérieurs[3] à ceux de la Seine : respectivement 93 m3/s et près de 10 800 km2 pour l'Yonne, et 80 m3/s et 10 300 km2 pour la Seine[27]. La même inexactitude se reproduit d'ailleurs en amont : le bassin versant de l'Aube s'étend sur 4 700 km2, et son débit s'élève à 41 m3/s, contre 4 000 km2 et 33 m3/s pour la Seine. D'un point de vue strictement hydrographique, la Seine est donc un sous-affluent de l'Yonne par l'Aube. Des raisons culturelles et historiques ont empêché la correction de cette erreur[28],[29] ; un quiproquo que l'on rencontre aussi entre la Saône et le Doubs.
50
+
51
+ Dans un autre ordre d'idée, la Seine, bien qu'étant un fleuve, est parfois nommée "rivière", dans des ouvrages historiques[30],[31], dans la culture populaire contemporaine[32],[33] et même dans des textes officiels comme plusieurs articles du Code général des collectivités territoriales[34].
52
+
53
+ Le Bassin parisien connait un climat océanique avec un apport constant d'humidité véhiculé par les vents dominants d'ouest. La pluviométrie est comprise entre 800 mm et 1 100 mm dans les régions côtières s'abaisse jusqu'à 550 mm dans les régions centrales faute de relief (altitude inférieure à 200 m en Île-de-France) avec un minimum dans la Beauce pour remonter sur les marges orientales avec un maximum à 1 300 mm dans le Morvan[35]. La Seine et trois de ses principaux affluents — l'Aube, la Marne et l’Oise — qui circulent dans des régions aux caractéristiques similaires (régime océanique, faible relief et géologie identique) partagent le même régime hydrographique avec un débit maximal en janvier et un minimum en août. Le Bassin parisien comprend neuf aquifères qui s'intercalent entre les différentes couches géologiques. Le réseau hydrographique est relié en différents points directement à l'aquifère la moins profonde : en fonction de la hauteur des eaux elle alimente la Seine ou est alimentée par celle-ci. Enfin la couche d'alluvions, présente dans les vallées avec une épaisseur inférieure à 10 mètres, constitue une dixième formation aquifère très productive[36].
54
+
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+ Bien que la pluviométrie soit bien distribuée sur l'année, la Seine et ses affluents peuvent connaitre des périodes d'étiage sévère à la fin de l'été ou au contraire des crues importantes en hiver. Les crues sont de deux types : les crues rapides dans les parties amont du bassin à la suite de précipitations fortes et les crues lentes dans les vallées plus en aval qui font suite à des épisodes pluvieux prolongés[37]. Pour maîtriser les crues et les étiages d'importants travaux de régulation ont été réalisés dans la partie supérieure du cours de la Seine et de ses affluents. Son débit moyen à Paris est d'environ 328 m3/s et peut dépasser 1 600 m3/s en période de crue. Quatre grands lacs-réservoirs ont été créés entre 1960 et 1990 sur la Seine (lac d'Orient), la Marne (lac du Der-Chantecoq), l'Aube (lac d'Amance et lac d'Auzon-Temple) et l'Yonne (lac de Pannecière agrandi qui alimentait déjà le canal du Nivernais dès le XIXe siècle). Ces lacs qui constituent une réserve de 800 millions de mètres cubes permettent à la fois d'écrêter les crues et d'assurer un débit minimum d'étiage. Ils sont gérés par un établissement public, l'Institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine.
56
+
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+ En 1719, la sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique du pont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine. Une vague de dysenterie provoque des milliers de morts[39].
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+ À Paris, les crues sont mesurées depuis 1876 par une l'échelle hydrométrique installée au pont d'Austerlitz, néanmoins c'est la statue du zouave du pont de l'Alma qui reste l'indicateur le plus populaire (bien que cette mesure soit peu fiable à la suite des travaux du pont de l'Alma dans les années 1970 qui ont élevé la statue, rendant ainsi impossibles les comparaisons pré et post travaux). Au cours de la crue de janvier 1910, l'eau a atteint sur cette échelle la hauteur record de 8,68 mètres.
60
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+ Depuis 1870, la hauteur est prise à la station Paris Austerlitz. S'il n'y a pas eu de grandes crues depuis une soixantaine d'années, cinq grandes crues se sont produites au XXe siècle : en 1910, 1920, 1924, 1945 et 1955[40],[41]. Les plus anciennes crues de la Seine connues ont été relatées par Julien (crue de 358) et Grégoire de Tours (crue de février 582).
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+ Si les crues centennales sont redoutées, le réchauffement climatique conduit inversement à envisager plusieurs hypothèses de baisse du débit du fleuve sur la base des travaux du GIEC. Ainsi dans l'hypothèse d'une hausse des températures de 2 degrés d'ici 2100, le débit serait réduit de 5 % en hiver et de 10 % en été. En cas de hausse des températures de 4 degrés, le débit global chuterait de 30 % avec des valeurs entre 20 % et 40 % en période estivale. Ces scénarios impliquent une diminution de l'approvisionnement des nappes phréatiques et aurait aussi pour conséquence une plus forte pollution des eaux car « à volume de pollution égal, avec un débit des eaux amoindri, la concentration des pollutions sera plus élevée »[42].
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+
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+ Du 28 mai au 4 juin 2016, la Seine connaît une crue importante. Le niveau d'eau culmine à 6,10 mètres dans la nuit du 3 au 4 juin. C'est la plus grosse crue survenue a Paris depuis plus de 30 ans. Elle ne dépasse cependant pas les 6,18 mètres de la crue de 1982.
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+ À la fin du mois de janvier 2018, la Seine connaît une nouvelle forte crue, dont le niveau culminant est atteint dans la nuit du 28 au 29 janvier, à 5,84 mètres.
68
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+ La débâcle qui suit le gel de la Seine peut s'accompagner de crues liées à la pluie ou à la fonte de neige. En 1868, la débâcle peinte par Claude Monet ne fit monter le niveau des eaux que de 0,5 mètre à l'échelle du Pont-Royal[43]. Après plus de 30 jours de gel, la grande débâcle qui commença le 2 janvier 1880 fut un événement unique de l'histoire du climat parisien. Elle se généralisa le 3 janvier où, en 3 heures, le niveau des eaux monta de 1,50 mètre et continua de progresser. La seconde arche du pont des Invalides, côté rive droite, s'effondra[44].
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+ Glaçons sur la Seine à Bougival par Claude Monet, 1868.
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+ Après la débâcle, la Seine au pont de Suresnes par Alfred Sisley, 1880, Palais des beaux-arts de Lille.
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+ Le déversoir de Saint-Julien-les-Villas lors de la crue de mai 2013.
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+ Crue de la Seine le 4 juin 2016.
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+ La crue de la Seine en 2018 (Paris, port du Louvre).
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+ La Seine vue de Courbevoie en 2020.
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+ La Seine maritime ainsi qu'une partie de la basse Seine sont soumises au régime des marées, qui remontent jusqu'au barrage de Poses dans l'Eure[45] (60 cm de marnage). On pouvait encore observer jusque dans les années 1960[46] une imposante vague qui pouvait atteindre 4 m au moment des grandes marées et qu'on appelle mascaret, plus localement barre. Le phénomène atteignait son maximum à Caudebec-en-Caux, à mi-distance environ entre Le Havre et Rouen. Il a pratiquement disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve (dragage, endiguement et modification de l'estuaire).
84
+
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+ Pour les mariniers et les services de navigation fluviale, la Seine se décompose en :
86
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+ Depuis Troyes jusqu'à son confluent avec l'Aube à Marcilly-sur-Seine, elle est longée par le canal de la Haute-Seine qui n'est plus en service. De Marcilly-sur-Seine à Montereau-Fault-Yonne, la navigation est établie tantôt sur des dérivations latérales (trois au total), tantôt dans le lit du fleuve même. De Montereau-Fault-Yonne à Tancarville, la navigation se fait toujours dans le lit de la Seine. De Tancarville au Havre, les bateaux fluviaux peuvent emprunter le canal de Tancarville.
88
+
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+ La Seine est navigable sur une grande partie de son parcours. La responsabilité de la navigation appartient à Voies navigables de France jusqu'au pont Boieldieu à Rouen, et en particulier au Service de navigation sur la Seine en amont d'Amfreville-sous-les-Monts. Le bassin de ce Service de Navigation de la Seine s'étend aussi à ses principaux affluents (Oise, Marne, Yonne) et parfois à des canaux qui y sont reliés (canal de la Haute-Seine jusqu'à Méry-sur-Seine, par exemple). En revanche, il ne comprend pas les canaux parisiens (canal de l'Ourcq, canal Saint-Denis et canal Saint-Martin) qui sont gérés par la ville de Paris.
90
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+ La basse Seine, au sens maritime du terme, c'est-à-dire à partir de la mer jusqu'au pont Guillaume-le-Conquérant à Rouen est accessible aux navires de haute mer (jusqu’à 280 m de long et 150 000 tonnes). Sur cette partie du fleuve, longue d'environ 120 km, les quatre seuls ponts existants (le pont de Normandie, le pont de Tancarville, le pont de Brotonne et le pont levant Gustave-Flaubert) offrent un tirant d'air de 50 mètres et le fleuve est constamment dragué pour permettre aux bateaux ayant un tirant d'eau de 10 mètres de circuler. Compte tenu du nombre limité de ponts, plusieurs bacs permettent également de traverser le fleuve. Les installations portuaires y relèvent de l'autorité du grand port maritime de Rouen. Celui-ci, cinquième port maritime français avec environ 25 millions de tonnes de marchandises embarquées et débarquées, est spécialisé dans le trafic de céréales, engrais et produits pétroliers. Ses installations s'échelonnent le long du fleuve sur 120 km de l'agglomération de Rouen jusqu'à Honfleur.
92
+
93
+ Entre Rouen et Paris, la Seine a été canalisée au XIXe siècle. Sept barrages éclusés situés à Poses-Amfreville-sous-les-Monts, Notre-Dame-de-la-Garenne (Eure), Méricourt, Andrésy, Bougival, Chatou (Yvelines) et Suresnes (Hauts-de-Seine) permettent la navigation de péniches automotrices (350 t de fret) dites « bateaux automoteurs de gabarit Freycinet », de 38,5 mètres, de chalands automoteurs de rivière (de 800 à 1 350 t de fret), de 48 à 70 mètres, de convois de barges poussées (de 3 000 à 10 000 t de fret) et de caboteurs fluvio-maritimes (4 000 t de fret). ces barges transportent, entre autres choses, des conteneurs, des automobiles, des produits pétroliers, du ciment, etc.
94
+
95
+ Les installations portuaires situées en Île-de-France relèvent du port autonome de Paris, premier port fluvial français. Les principales installations portuaires pour le trafic de marchandises se situent à Limay (Yvelines) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine). En projet, une plate-forme multi-modale (voie d'eau, autoroute, voie ferrée) est en cours d'étude sur la commune d'Achères en aval de Conflans-Sainte-Honorine.
96
+
97
+ À Paris existe aussi un trafic de voyageurs, principalement touristique (bateaux-mouches), mais aussi une tentative d'utiliser la Seine pour les déplacements quotidiens (Batobus). Des navettes circulent régulièrement entre la Tour Eiffel et le Jardin des plantes ; toutefois, ce service semble intéresser davantage les touristes que les Parisiens, créant ainsi une concurrence gênante pour les bateaux-mouches. Un autre service voyageur (Voguéo) est également expérimenté entre la gare d'Austerlitz et Maisons-Alfort (sur la Marne).
98
+
99
+ Un projet de liaison fluviale à grand gabarit entre le bassin de la Seine et le bassin de l'Escaut, la liaison Seine-Escaut devrait être réalisé à l'horizon 2012, doublant le canal de Saint-Quentin (1810) et le canal du Nord (1960). Il mettra en communication les ports normands et l'Île-de-France avec le réseau navigable du Nord de la France et du Benelux en offrant le gabarit de la classe Vb européenne.[Passage à actualiser]
100
+
101
+ En aval de Rouen, seuls trois grands ponts enjambent la Seine (ponts de Brotonne, de Tancarville et de Normandie).
102
+
103
+ La Seine est une voie navigable très importante, reliant Paris à la Manche. De ce fait, deux des plus importants ports fluviaux de France s'y trouvent : Paris (port de Gennevilliers) et Rouen, qui est également un important port maritime permettant le transbordement (c'est le premier port céréalier d'Europe). Elle est navigable en amont de Paris jusqu’à Nogent-sur-Seine, important port céréalier. Autres ports fluviaux notables : Limay-Porcheville (agglomération de Mantes-la-Jolie), Montereau-Fault-Yonne (sites gérés par le port autonome de Paris). De nombreuses industries sont situées le long de la vallée de la Seine, automobile (Poissy, Flins, Cléon, Sandouville), pétrochimie (Port-Jérôme, Gonfreville-l'Orcher, Notre-Dame-de-Gravenchon, Grand-Couronne), centrales thermiques (Porcheville, Saint-Ouen).
104
+
105
+ L'eau de la Seine est utilisée pour le refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent.
106
+
107
+ On dénombrait en 2009 52 espèces de poissons d'eau douce dans l'ensemble du bassin de la Seine. Cette faune n'est que pour moitié d'origine naturelle. Les grandes glaciations qui ont touché plus particulièrement le Nord-Ouest de l'Europe durant le Quaternaire ont appauvri la diversité de la faune piscicole naturelle de la Seine (estimée à une trentaine d'espèces[N 2]) par rapport à celle des fleuves situés plus à l'est comme le Rhin (44 espèces autochtones) ou le Danube (une centaine d'espèces). Dès le Moyen Âge l'homme introduit la carpe commune. Au XVIIIe siècle la grémille, le carassin doré et le carassin commun apparaissent à leur tour soit du fait d'introductions volontaires soit par colonisation depuis d'autres bassins. Mais c'est à compter de la deuxième moitié du XIXe siècle que les introductions se multiplient. Elles résultent soit de tentatives d'acclimatation d'espèces exotiques soit de la volonté d'améliorer la productivité d'installations piscicoles. C'est à cette époque qu'apparaissent les espèces d'origine nord-américaine comme la truite arc-en-ciel (non acclimatée mais régulièrement introduite depuis), le poisson-chat et la perche soleil. Dans la deuxième moitié du XXe siècle débute une deuxième phase d'introduction encore plus massive avec des motivations différentes. L'extension du réseau de canaux favorise également l'arrivée d'espèces étrangères. À la fin du XXe siècle on comptait en tout 23 espèces non autochtones[N 3]. Mais les aménagements de la Seine et de ses affluents qui débutent à compter de 1850 pour favoriser la navigation créent des obstacles et suppriment les milieux naturels nécessaires aux espèces autochtones migratrices. L'esturgeon d'Europe, le saumon atlantique et la grande alose disparaissent au début du XXe siècle. La pollution croissante du fleuve qui culmine à la fin des années 1960 contribue à chasser les autres espèces de cette catégorie. Au début des années 1990, 7 des 10 espèces migratrices ont disparu[N 4] et seule une espèce, l'anguille, est encore aujourd'hui largement répandue[N 5],[50].
108
+
109
+ L'aménagement de la Seine en voie navigable, avec de nombreux barrages, a créé autant d'obstacles s'opposant au passage des poissons migrateurs. Un programme en cours, sous l'égide de VNF, vise à équiper tous les barrages de la Seine aval, entre Poses-Amfreville et Suresnes, de passes à poissons, ce qui permettra aux migrateurs de remonter jusqu'au confluent de la Marne[51]. Des saumons et des truites de mer ont été observés devant le barrages de Poses, à 150 km de l'embouchure, en 2007[52]. En 2008, 260 saumons ont été comptés dans la passe à poissons de ce barrage. Le 26 juillet 2008, pour la première fois depuis très longtemps, une truite de mer a été pêchée dans la Seine, au niveau du barrage de Suresnes, juste en aval de Paris[53]. S'agissant d'espèces de poissons migrateurs très sensibles aux conditions du milieu, ces événements indiquent une amélioration de la qualité des eaux de la Seine en aval de Paris. Le 3 octobre 2008, à hauteur du barrage de Suresnes en région parisienne, un saumon de 7 kg[54] a été pêché, pour la première fois à un point aussi éloigné en amont sur la Seine depuis 70 ans. Des chercheurs de l'INRA (en collaboration avec l'ONEMA et le CEMAGREF) ont été sollicités pour confirmer la présence de l'espèce sur la Seine[55].
110
+
111
+ Les résultats de l'étude, dévoilés en août 2009, montrent que les saumons pêchés dans la Seine ont des origines diverses. Aucun poisson issu d'élevage n'a officiellement été déversé dans la Seine depuis 1895, contrairement à ce qui a été fait dans d'autres bassins où des espèces avaient disparu.
112
+
113
+ Certains marais naturels des bords de Seine ont été revalorisés et remis en état dans le but de favoriser la faune et la flore, comme à Hénouville, Mesnil-sous-Jumièges ou au Trait.
114
+
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+ La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi. Un bilan a été publié en 2016 dans la perspective de la baignade dans la Seine (il est interdit depuis un arrêt préfectoral de 1923 de se baigner dans le fleuve[56]) et la Marne et d'épreuves olympiques aquatiques en 2024[57].
116
+
117
+ Le bassin de la Seine concentre 40 % de la production industrielle française et l'agriculture intensive occupe 60 % de la surface du bassin, avec pour résultat un fleuve dont le débit est parfois à moitié constitué d'eaux usées[58]. Au début des années 1960, les scientifiques considèrent la Seine comme presque biologiquement morte, seules trois espèces de poissons sur les 32 normalement présentes, indigènes ou non, étant parfois aperçues[58].
118
+
119
+ La loi sur l'eau de 1964 permet un redressement de l'écosystème des eaux de la Seine, complétée par la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. Des indicateurs de pollution sont créés et une aide financière et technique est proposée aux municipalités, aux agriculteurs et aux industriels. De 1991 à 2001, 10 milliards d'euros, dont 5,6 milliards par l'État, sont investis dans des infrastructures, dont 500 stations d'épuration[58].
120
+
121
+ En résultat, la qualité des eaux s'améliore de manière continue, surtout à Paris, qui abrite vingt espèces endémiques de poissons. Cependant les taux en azote sont toujours trop élevés, 66 % de la pollution provenant de l'agriculture, et la pollution par les nitrates et pesticides augmente, là aussi à cause de l'agriculture. Une autre pollution est liée aux eaux de pluie qui entraînent des polluants des zones urbaines : celles de Paris représentent à elles seules l'équivalent de tous les rejets des autres municipalités du bassin[58].
122
+
123
+ La Seine a fait l'objet d'une pollution au plutonium 239 en 1961 et au plutonium 238 en 1975. L'origine en est connue puisque la pollution est issue des installations du CEA à Fontenay-aux-Roses[59]. Selon l'ASN le risque sanitaire est toutefois quasi nul.
124
+
125
+ La Seine est le fleuve européen le plus pollué aux polychlorobiphényle (PCB) depuis vingt ans. Toxiques, les PCB s'accumulent dans les lipides tout le long de la chaîne alimentaire[60]. D'après des analyses effectuées par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 2008, 70 % des espèces de poissons sont impropres à la consommation à cause d'une contamination aux PCB. L'usage des PCB est interdit depuis 1987 mais, très utilisés dans les années 1970, ils se sont accumulés dans l'environnement. L'association Robin des Bois dénonce une absence de réglementation au niveau de la pêche afin de protéger la population d'une consommation à Paris, dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines[61]. Cette pollution aux PCB est étendue jusqu'à la baie de Seine où la pêche à la sardine est interdite en 2010[60].
126
+
127
+ En 2010, la Seine est touchée par une pollution de rondelles en plastique, pollution accidentelle, limitée et non dangereuse selon les autorités, provenant d'une station d'épuration[62].
128
+
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+ Les déchets de la Seine normande représentent un volume d’environ 30 000 m3 ou 9 000 tonnes, soit la production annuelle de déchets ménagers des habitants d’une ville de 20 000 habitants[63].
130
+
131
+ La Seine a inspiré de nombreux peintres, et aux XIXe et XXe siècles, les peintres suivants :
132
+
133
+ Bain à la Grenouillère par Claude Monet(Metropolitan Museum of Art).
134
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135
+ La Grenouillère par Pierre-Auguste Renoir(Nationalmuseum).
136
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137
+ La Seine à Argenteuil par Alfred Sisley(musée Faure).
138
+
139
+ La Seine à Port-Marly, le lavoir par Camille Pissaro(musée d'Orsay).
140
+
141
+ View of the Seine par Jonas Lie, 1909, Cummer Museum of Art and Gardens (en).
142
+
143
+ Le cours de la Seine est jalonné de nombreux sites touristiques.
144
+
145
+ En amont de Paris :
146
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147
+ À Paris, les rives de la Seine sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1991[67].
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149
+ En aval de Paris :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Seine (prononcé [ˈsɛn]) est un fleuve français, long de 774,76 kilomètres[1], qui coule dans le Bassin parisien et arrose notamment Troyes, Paris, Rouen et Le Havre. Sa source se situe à 446 m d'altitude[2] à Source-Seine, en Côte-d'Or, sur le plateau de Langres. Son cours a une orientation générale du sud-est au nord-ouest. La Seine se jette dans la Manche entre Le Havre et Honfleur. Son bassin versant, d'une superficie de 79 000 km2[3], englobe près de 30 % de la population du pays.
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+
5
+ La forme la plus ancienne se trouve chez César : Sequana, Ier siècle av. J.-C.[4] ; le grec Strabon au Ier siècle écrit : Sēkouanós[4] ; Sēkoánas au IIe siècle chez Ptolémée[5] ; Sequana en 558[6] ; Segona, Sigona au VIe siècle (Grégoire de Tours)[6] ; Sequana au XIIIe siècle[7] ; Secana vers 1350 (Pouillé)[8].
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+ La plupart des spécialistes considèrent l’origine du nom Sequana comme incertaine et obscure. Certains[Qui ?] y voient une erreur de transcription d'un ou de plusieurs mots celtiques différents. D'autres[Qui ?] un hydronyme préceltique, au motif que le groupe [kʷ] n'existe pas en celtique gaulois (et brittonique), où il a évolué en [p] (exemple : pinp[etos] « cinq[uième] » en gaulois[9], pimp en gallois, pemp en breton, par contre irlandais cinc, latin quinque > cinq, etc. —— ils procèdent tous de l'indo-européen *pénkʷe). Cependant, cette évolution a pu se produire postérieurement à l'attribution du nom Sequana par les premiers arrivants celtes : ceux-ci semblent en effet avoir parlé un « proto-celtique » où la mutation /kʷ/ > /p/ n'était pas encore réalisée, comme l'attestent certaines inscriptions celtibères retrouvées en Espagne.
8
+
9
+ Mais rien n'empêche une réinterprétation du nom en *se-ku-ana[10]. L'élément -ana est fréquent par ailleurs en hydronymie et en toponymie. Il apparaît sous la forme à l'accusatif anam dans le glossaire d'Endlicher[11] ; il y est traduit par le latin paludem[12] (accusatif de palus, -udis « étang, marais »). Le nom de l'Yonne contiendrait plutôt l'élément -onno (cf. onno donné pour flumen « cours d’eau, rivière, fleuve », lui aussi répandu, dans ce même glossaire). On peut douter de la celticité de ces deux termes, notamment du mot onno, utilisés pourtant en gaulois, semble-t-il[12].
10
+
11
+ Pour expliquer Sequana, Ernest Nègre a proposé un hypothétique thème préceltique *seikw « verser, couler, ruisseler » suivi du suffixe gaulois -ana[13]. Une racine indo-européenne *seikʷ- de même signification a été conjecturée[14],[15].
12
+
13
+ Jacques Lacroix le fait dériver d'un radical (S)Ico- « eau »[pas clair][16]. Albert Dauzat propose une racine hydronomique pré-celtique *sēc- (cf. Secalonia > Sologne, peut-être de *sec- « marécage »), dont des variantes figureraient dans d'autres hydronymes *seg-, *sac-/*sag-, *sic-/*sig-[17].
14
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15
+ Les Vikings la nommaient Signa qui est encore son nom en islandais.
16
+
17
+ La Seine est partagée en cinq parties, d'amont en aval[18] :
18
+
19
+ Le lac artificiel de la forêt d'Orient, en amont de Troyes, ainsi que le lac du Der-Chantecoq en amont de Saint-Dizier ont été créés dans les années 1960 et 1970 pour réguler le débit du fleuve.
20
+
21
+ En Île-de-France et en Normandie, la faible déclivité de la vallée de la Seine a causé la formation de multiples et profonds méandres, parfois d'une très forte sinuosité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour la même raison, les effets de la marée se font sentir sur une centaine de kilomètres, jusqu’au barrage de Poses et se manifestaient jusqu’à un passé récent, par le phénomène du mascaret, appelé barre en Normandie. Le phénomène et le mot ont été popularisés par le roman de Maurice Leblanc appartenant à la série des Arsène Lupin : La Barre-y-va.
22
+
23
+ Les « sources officielles » de la Seine sont situées sur le territoire de la commune de Source-Seine, sur le plateau de Langres, à une altitude de 446 mètres[19],[2]. Les sources de la Seine sont la propriété de la ville de Paris depuis 1864. Une grotte artificielle a été construite l'année suivante pour abriter la source principale et la statue d'une nymphe symbolisant le fleuve. Cependant, la capitale s'en est désintéressée et la parcelle devrait revenir à la région Bourgogne qui souhaite valoriser le site[20]. Celui-ci abrite également les vestiges d'un temple gallo-romain (actuellement enfouis). Des objets témoignant du culte aux sources du fleuve (Dea Sequana) sont exposés au musée archéologique de Dijon.
24
+
25
+ Source de la Seine.
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+ Premier pont sur la Seine.
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+
29
+ Le bassin versant de la Seine, d'une superficie de 79 000 km2[3], est quasi entièrement compris dans le Bassin parisien qui, d'un point de vue géologique, constitue un bassin sédimentaire affectant la forme d'une cuvette ouverte vers la Manche et l'Atlantique. Ce bassin est constitué par un empilement de formations géologiques à faible pente convergeant vers le centre et entre lesquelles s'intercalent d'importantes formations aquifères[21]. Le relief du bassin versant de la Seine ne s'élève généralement pas au-dessus de 300 mètres, sauf sur sa marge sud-est dans le Morvan où il culmine à 901 mètres (Haut-Folin). La modestie de l'altitude moyenne du bassin versant explique les faibles pentes des cours d'eau (entre 0,01 et 0,03 m pour 100 mètres) qui coulent globalement vers le nord-ouest, en se frayant leur chemin à travers les cuestas faisant saillie à l'est du bassin puis en incisant les plateaux du centre de la région[22].
30
+
31
+ Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant de la Seine avec :
32
+
33
+ Il est possible que la Loire ait été, jusqu’au Miocène ou au Pliocène, un affluent de la Seine qu’elle rejoignait par le cours de l’actuel Loing[23]. La Seine traversait alors une vaste pénéplaine de nature argileuse sous un climat subtropical. Il y a trois millions d'années, la région subit un refroidissement et un soulèvement dû à la poussée des chaînes pyrénéenne et alpine au sud. Les glaciations de l'ère quaternaire firent baisser le niveau des mers et océans, si bien que la Seine se jetait alors au large de la Bretagne actuelle (la Manche était la vallée du Rhin augmentée de la Meuse, de la Tamise et de la Somme, entre autres)[24]. Cette période fut marquée par la migration des méandres du fleuve, encore visible en Normandie, et par une intense érosion rabotant les plateaux et formant des terrasses alluviales. L'aspect actuel de la Seine remonte à la fin de la dernière glaciation, vers -12 000[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Les régions et départements traversés sont les suivants, en allant de la source vers l'embouchure :
36
+
37
+ De Source-Seine (ex-Saint-Germain-Source-Seine) à Honfleur, il y a 164 communes riveraines de la Seine, parmi lesquelles Paris, capitale de la France. L'une d'elles, L'Île-Saint-Denis est même entourée par le fleuve.
38
+
39
+ Voici une liste des principaux affluents (longueur[1] supérieure à 100 km, ou bassin versant[3] supérieur à 1 000 km2 ou débit[3] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche du confluent) directs de la Seine et situés avec leur confluent par la distance (km) avec la limite Ouest de l'estuaire de la Seine 49° 26′ 14″ N, 0° 06′ 33″ E[1] selon son écoulement à l'aval, par l'altitude (m) (du plan d'eau en débit moyen, estimé au mieux d'après carte topographique), par la rive, par le nom du département (amont si limite interdépartementale), par la commune de la pointe de confluence, par les coordonnées puis avec les 3 données comparables pour la Seine (juste à l'amont du confluent) :
40
+
41
+ Confluent de l'Yonne (à droite) avec la Seine (à gauche et en bas).
42
+
43
+ Confluent de la Marne (à gauche) avec la Seine (à droite puis en bas).
44
+
45
+ Confluent de l'Oise (en bas) avec la Seine (en haut, de gauche à droite).
46
+
47
+ Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
48
+
49
+ Si le cours d'eau sortant d'une confluence portait exclusivement le nom de celui qui y était entré avec le plus fort débit annuel (module), le fleuve traversant la région parisienne ne serait pas la Seine, mais l'Yonne[26]. En effet, celle-ci a, à Montereau-Fault-Yonne, un débit et bassin versant supérieurs[3] à ceux de la Seine : respectivement 93 m3/s et près de 10 800 km2 pour l'Yonne, et 80 m3/s et 10 300 km2 pour la Seine[27]. La même inexactitude se reproduit d'ailleurs en amont : le bassin versant de l'Aube s'étend sur 4 700 km2, et son débit s'élève à 41 m3/s, contre 4 000 km2 et 33 m3/s pour la Seine. D'un point de vue strictement hydrographique, la Seine est donc un sous-affluent de l'Yonne par l'Aube. Des raisons culturelles et historiques ont empêché la correction de cette erreur[28],[29] ; un quiproquo que l'on rencontre aussi entre la Saône et le Doubs.
50
+
51
+ Dans un autre ordre d'idée, la Seine, bien qu'étant un fleuve, est parfois nommée "rivière", dans des ouvrages historiques[30],[31], dans la culture populaire contemporaine[32],[33] et même dans des textes officiels comme plusieurs articles du Code général des collectivités territoriales[34].
52
+
53
+ Le Bassin parisien connait un climat océanique avec un apport constant d'humidité véhiculé par les vents dominants d'ouest. La pluviométrie est comprise entre 800 mm et 1 100 mm dans les régions côtières s'abaisse jusqu'à 550 mm dans les régions centrales faute de relief (altitude inférieure à 200 m en Île-de-France) avec un minimum dans la Beauce pour remonter sur les marges orientales avec un maximum à 1 300 mm dans le Morvan[35]. La Seine et trois de ses principaux affluents — l'Aube, la Marne et l’Oise — qui circulent dans des régions aux caractéristiques similaires (régime océanique, faible relief et géologie identique) partagent le même régime hydrographique avec un débit maximal en janvier et un minimum en août. Le Bassin parisien comprend neuf aquifères qui s'intercalent entre les différentes couches géologiques. Le réseau hydrographique est relié en différents points directement à l'aquifère la moins profonde : en fonction de la hauteur des eaux elle alimente la Seine ou est alimentée par celle-ci. Enfin la couche d'alluvions, présente dans les vallées avec une épaisseur inférieure à 10 mètres, constitue une dixième formation aquifère très productive[36].
54
+
55
+ Bien que la pluviométrie soit bien distribuée sur l'année, la Seine et ses affluents peuvent connaitre des périodes d'étiage sévère à la fin de l'été ou au contraire des crues importantes en hiver. Les crues sont de deux types : les crues rapides dans les parties amont du bassin à la suite de précipitations fortes et les crues lentes dans les vallées plus en aval qui font suite à des épisodes pluvieux prolongés[37]. Pour maîtriser les crues et les étiages d'importants travaux de régulation ont été réalisés dans la partie supérieure du cours de la Seine et de ses affluents. Son débit moyen à Paris est d'environ 328 m3/s et peut dépasser 1 600 m3/s en période de crue. Quatre grands lacs-réservoirs ont été créés entre 1960 et 1990 sur la Seine (lac d'Orient), la Marne (lac du Der-Chantecoq), l'Aube (lac d'Amance et lac d'Auzon-Temple) et l'Yonne (lac de Pannecière agrandi qui alimentait déjà le canal du Nivernais dès le XIXe siècle). Ces lacs qui constituent une réserve de 800 millions de mètres cubes permettent à la fois d'écrêter les crues et d'assurer un débit minimum d'étiage. Ils sont gérés par un établissement public, l'Institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine.
56
+
57
+ En 1719, la sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique du pont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine. Une vague de dysenterie provoque des milliers de morts[39].
58
+
59
+ À Paris, les crues sont mesurées depuis 1876 par une l'échelle hydrométrique installée au pont d'Austerlitz, néanmoins c'est la statue du zouave du pont de l'Alma qui reste l'indicateur le plus populaire (bien que cette mesure soit peu fiable à la suite des travaux du pont de l'Alma dans les années 1970 qui ont élevé la statue, rendant ainsi impossibles les comparaisons pré et post travaux). Au cours de la crue de janvier 1910, l'eau a atteint sur cette échelle la hauteur record de 8,68 mètres.
60
+
61
+ Depuis 1870, la hauteur est prise à la station Paris Austerlitz. S'il n'y a pas eu de grandes crues depuis une soixantaine d'années, cinq grandes crues se sont produites au XXe siècle : en 1910, 1920, 1924, 1945 et 1955[40],[41]. Les plus anciennes crues de la Seine connues ont été relatées par Julien (crue de 358) et Grégoire de Tours (crue de février 582).
62
+
63
+ Si les crues centennales sont redoutées, le réchauffement climatique conduit inversement à envisager plusieurs hypothèses de baisse du débit du fleuve sur la base des travaux du GIEC. Ainsi dans l'hypothèse d'une hausse des températures de 2 degrés d'ici 2100, le débit serait réduit de 5 % en hiver et de 10 % en été. En cas de hausse des températures de 4 degrés, le débit global chuterait de 30 % avec des valeurs entre 20 % et 40 % en période estivale. Ces scénarios impliquent une diminution de l'approvisionnement des nappes phréatiques et aurait aussi pour conséquence une plus forte pollution des eaux car « à volume de pollution égal, avec un débit des eaux amoindri, la concentration des pollutions sera plus élevée »[42].
64
+
65
+ Du 28 mai au 4 juin 2016, la Seine connaît une crue importante. Le niveau d'eau culmine à 6,10 mètres dans la nuit du 3 au 4 juin. C'est la plus grosse crue survenue a Paris depuis plus de 30 ans. Elle ne dépasse cependant pas les 6,18 mètres de la crue de 1982.
66
+
67
+ À la fin du mois de janvier 2018, la Seine connaît une nouvelle forte crue, dont le niveau culminant est atteint dans la nuit du 28 au 29 janvier, à 5,84 mètres.
68
+
69
+ La débâcle qui suit le gel de la Seine peut s'accompagner de crues liées à la pluie ou à la fonte de neige. En 1868, la débâcle peinte par Claude Monet ne fit monter le niveau des eaux que de 0,5 mètre à l'échelle du Pont-Royal[43]. Après plus de 30 jours de gel, la grande débâcle qui commença le 2 janvier 1880 fut un événement unique de l'histoire du climat parisien. Elle se généralisa le 3 janvier où, en 3 heures, le niveau des eaux monta de 1,50 mètre et continua de progresser. La seconde arche du pont des Invalides, côté rive droite, s'effondra[44].
70
+
71
+ Glaçons sur la Seine à Bougival par Claude Monet, 1868.
72
+
73
+ Après la débâcle, la Seine au pont de Suresnes par Alfred Sisley, 1880, Palais des beaux-arts de Lille.
74
+
75
+ Le déversoir de Saint-Julien-les-Villas lors de la crue de mai 2013.
76
+
77
+ Crue de la Seine le 4 juin 2016.
78
+
79
+ La crue de la Seine en 2018 (Paris, port du Louvre).
80
+
81
+ La Seine vue de Courbevoie en 2020.
82
+
83
+ La Seine maritime ainsi qu'une partie de la basse Seine sont soumises au régime des marées, qui remontent jusqu'au barrage de Poses dans l'Eure[45] (60 cm de marnage). On pouvait encore observer jusque dans les années 1960[46] une imposante vague qui pouvait atteindre 4 m au moment des grandes marées et qu'on appelle mascaret, plus localement barre. Le phénomène atteignait son maximum à Caudebec-en-Caux, à mi-distance environ entre Le Havre et Rouen. Il a pratiquement disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve (dragage, endiguement et modification de l'estuaire).
84
+
85
+ Pour les mariniers et les services de navigation fluviale, la Seine se décompose en :
86
+
87
+ Depuis Troyes jusqu'à son confluent avec l'Aube à Marcilly-sur-Seine, elle est longée par le canal de la Haute-Seine qui n'est plus en service. De Marcilly-sur-Seine à Montereau-Fault-Yonne, la navigation est établie tantôt sur des dérivations latérales (trois au total), tantôt dans le lit du fleuve même. De Montereau-Fault-Yonne à Tancarville, la navigation se fait toujours dans le lit de la Seine. De Tancarville au Havre, les bateaux fluviaux peuvent emprunter le canal de Tancarville.
88
+
89
+ La Seine est navigable sur une grande partie de son parcours. La responsabilité de la navigation appartient à Voies navigables de France jusqu'au pont Boieldieu à Rouen, et en particulier au Service de navigation sur la Seine en amont d'Amfreville-sous-les-Monts. Le bassin de ce Service de Navigation de la Seine s'étend aussi à ses principaux affluents (Oise, Marne, Yonne) et parfois à des canaux qui y sont reliés (canal de la Haute-Seine jusqu'à Méry-sur-Seine, par exemple). En revanche, il ne comprend pas les canaux parisiens (canal de l'Ourcq, canal Saint-Denis et canal Saint-Martin) qui sont gérés par la ville de Paris.
90
+
91
+ La basse Seine, au sens maritime du terme, c'est-à-dire à partir de la mer jusqu'au pont Guillaume-le-Conquérant à Rouen est accessible aux navires de haute mer (jusqu’à 280 m de long et 150 000 tonnes). Sur cette partie du fleuve, longue d'environ 120 km, les quatre seuls ponts existants (le pont de Normandie, le pont de Tancarville, le pont de Brotonne et le pont levant Gustave-Flaubert) offrent un tirant d'air de 50 mètres et le fleuve est constamment dragué pour permettre aux bateaux ayant un tirant d'eau de 10 mètres de circuler. Compte tenu du nombre limité de ponts, plusieurs bacs permettent également de traverser le fleuve. Les installations portuaires y relèvent de l'autorité du grand port maritime de Rouen. Celui-ci, cinquième port maritime français avec environ 25 millions de tonnes de marchandises embarquées et débarquées, est spécialisé dans le trafic de céréales, engrais et produits pétroliers. Ses installations s'échelonnent le long du fleuve sur 120 km de l'agglomération de Rouen jusqu'à Honfleur.
92
+
93
+ Entre Rouen et Paris, la Seine a été canalisée au XIXe siècle. Sept barrages éclusés situés à Poses-Amfreville-sous-les-Monts, Notre-Dame-de-la-Garenne (Eure), Méricourt, Andrésy, Bougival, Chatou (Yvelines) et Suresnes (Hauts-de-Seine) permettent la navigation de péniches automotrices (350 t de fret) dites « bateaux automoteurs de gabarit Freycinet », de 38,5 mètres, de chalands automoteurs de rivière (de 800 à 1 350 t de fret), de 48 à 70 mètres, de convois de barges poussées (de 3 000 à 10 000 t de fret) et de caboteurs fluvio-maritimes (4 000 t de fret). ces barges transportent, entre autres choses, des conteneurs, des automobiles, des produits pétroliers, du ciment, etc.
94
+
95
+ Les installations portuaires situées en Île-de-France relèvent du port autonome de Paris, premier port fluvial français. Les principales installations portuaires pour le trafic de marchandises se situent à Limay (Yvelines) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine). En projet, une plate-forme multi-modale (voie d'eau, autoroute, voie ferrée) est en cours d'étude sur la commune d'Achères en aval de Conflans-Sainte-Honorine.
96
+
97
+ À Paris existe aussi un trafic de voyageurs, principalement touristique (bateaux-mouches), mais aussi une tentative d'utiliser la Seine pour les déplacements quotidiens (Batobus). Des navettes circulent régulièrement entre la Tour Eiffel et le Jardin des plantes ; toutefois, ce service semble intéresser davantage les touristes que les Parisiens, créant ainsi une concurrence gênante pour les bateaux-mouches. Un autre service voyageur (Voguéo) est également expérimenté entre la gare d'Austerlitz et Maisons-Alfort (sur la Marne).
98
+
99
+ Un projet de liaison fluviale à grand gabarit entre le bassin de la Seine et le bassin de l'Escaut, la liaison Seine-Escaut devrait être réalisé à l'horizon 2012, doublant le canal de Saint-Quentin (1810) et le canal du Nord (1960). Il mettra en communication les ports normands et l'Île-de-France avec le réseau navigable du Nord de la France et du Benelux en offrant le gabarit de la classe Vb européenne.[Passage à actualiser]
100
+
101
+ En aval de Rouen, seuls trois grands ponts enjambent la Seine (ponts de Brotonne, de Tancarville et de Normandie).
102
+
103
+ La Seine est une voie navigable très importante, reliant Paris à la Manche. De ce fait, deux des plus importants ports fluviaux de France s'y trouvent : Paris (port de Gennevilliers) et Rouen, qui est également un important port maritime permettant le transbordement (c'est le premier port céréalier d'Europe). Elle est navigable en amont de Paris jusqu’à Nogent-sur-Seine, important port céréalier. Autres ports fluviaux notables : Limay-Porcheville (agglomération de Mantes-la-Jolie), Montereau-Fault-Yonne (sites gérés par le port autonome de Paris). De nombreuses industries sont situées le long de la vallée de la Seine, automobile (Poissy, Flins, Cléon, Sandouville), pétrochimie (Port-Jérôme, Gonfreville-l'Orcher, Notre-Dame-de-Gravenchon, Grand-Couronne), centrales thermiques (Porcheville, Saint-Ouen).
104
+
105
+ L'eau de la Seine est utilisée pour le refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent.
106
+
107
+ On dénombrait en 2009 52 espèces de poissons d'eau douce dans l'ensemble du bassin de la Seine. Cette faune n'est que pour moitié d'origine naturelle. Les grandes glaciations qui ont touché plus particulièrement le Nord-Ouest de l'Europe durant le Quaternaire ont appauvri la diversité de la faune piscicole naturelle de la Seine (estimée à une trentaine d'espèces[N 2]) par rapport à celle des fleuves situés plus à l'est comme le Rhin (44 espèces autochtones) ou le Danube (une centaine d'espèces). Dès le Moyen Âge l'homme introduit la carpe commune. Au XVIIIe siècle la grémille, le carassin doré et le carassin commun apparaissent à leur tour soit du fait d'introductions volontaires soit par colonisation depuis d'autres bassins. Mais c'est à compter de la deuxième moitié du XIXe siècle que les introductions se multiplient. Elles résultent soit de tentatives d'acclimatation d'espèces exotiques soit de la volonté d'améliorer la productivité d'installations piscicoles. C'est à cette époque qu'apparaissent les espèces d'origine nord-américaine comme la truite arc-en-ciel (non acclimatée mais régulièrement introduite depuis), le poisson-chat et la perche soleil. Dans la deuxième moitié du XXe siècle débute une deuxième phase d'introduction encore plus massive avec des motivations différentes. L'extension du réseau de canaux favorise également l'arrivée d'espèces étrangères. À la fin du XXe siècle on comptait en tout 23 espèces non autochtones[N 3]. Mais les aménagements de la Seine et de ses affluents qui débutent à compter de 1850 pour favoriser la navigation créent des obstacles et suppriment les milieux naturels nécessaires aux espèces autochtones migratrices. L'esturgeon d'Europe, le saumon atlantique et la grande alose disparaissent au début du XXe siècle. La pollution croissante du fleuve qui culmine à la fin des années 1960 contribue à chasser les autres espèces de cette catégorie. Au début des années 1990, 7 des 10 espèces migratrices ont disparu[N 4] et seule une espèce, l'anguille, est encore aujourd'hui largement répandue[N 5],[50].
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+
109
+ L'aménagement de la Seine en voie navigable, avec de nombreux barrages, a créé autant d'obstacles s'opposant au passage des poissons migrateurs. Un programme en cours, sous l'égide de VNF, vise à équiper tous les barrages de la Seine aval, entre Poses-Amfreville et Suresnes, de passes à poissons, ce qui permettra aux migrateurs de remonter jusqu'au confluent de la Marne[51]. Des saumons et des truites de mer ont été observés devant le barrages de Poses, à 150 km de l'embouchure, en 2007[52]. En 2008, 260 saumons ont été comptés dans la passe à poissons de ce barrage. Le 26 juillet 2008, pour la première fois depuis très longtemps, une truite de mer a été pêchée dans la Seine, au niveau du barrage de Suresnes, juste en aval de Paris[53]. S'agissant d'espèces de poissons migrateurs très sensibles aux conditions du milieu, ces événements indiquent une amélioration de la qualité des eaux de la Seine en aval de Paris. Le 3 octobre 2008, à hauteur du barrage de Suresnes en région parisienne, un saumon de 7 kg[54] a été pêché, pour la première fois à un point aussi éloigné en amont sur la Seine depuis 70 ans. Des chercheurs de l'INRA (en collaboration avec l'ONEMA et le CEMAGREF) ont été sollicités pour confirmer la présence de l'espèce sur la Seine[55].
110
+
111
+ Les résultats de l'étude, dévoilés en août 2009, montrent que les saumons pêchés dans la Seine ont des origines diverses. Aucun poisson issu d'élevage n'a officiellement été déversé dans la Seine depuis 1895, contrairement à ce qui a été fait dans d'autres bassins où des espèces avaient disparu.
112
+
113
+ Certains marais naturels des bords de Seine ont été revalorisés et remis en état dans le but de favoriser la faune et la flore, comme à Hénouville, Mesnil-sous-Jumièges ou au Trait.
114
+
115
+ La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi. Un bilan a été publié en 2016 dans la perspective de la baignade dans la Seine (il est interdit depuis un arrêt préfectoral de 1923 de se baigner dans le fleuve[56]) et la Marne et d'épreuves olympiques aquatiques en 2024[57].
116
+
117
+ Le bassin de la Seine concentre 40 % de la production industrielle française et l'agriculture intensive occupe 60 % de la surface du bassin, avec pour résultat un fleuve dont le débit est parfois à moitié constitué d'eaux usées[58]. Au début des années 1960, les scientifiques considèrent la Seine comme presque biologiquement morte, seules trois espèces de poissons sur les 32 normalement présentes, indigènes ou non, étant parfois aperçues[58].
118
+
119
+ La loi sur l'eau de 1964 permet un redressement de l'écosystème des eaux de la Seine, complétée par la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. Des indicateurs de pollution sont créés et une aide financière et technique est proposée aux municipalités, aux agriculteurs et aux industriels. De 1991 à 2001, 10 milliards d'euros, dont 5,6 milliards par l'État, sont investis dans des infrastructures, dont 500 stations d'épuration[58].
120
+
121
+ En résultat, la qualité des eaux s'améliore de manière continue, surtout à Paris, qui abrite vingt espèces endémiques de poissons. Cependant les taux en azote sont toujours trop élevés, 66 % de la pollution provenant de l'agriculture, et la pollution par les nitrates et pesticides augmente, là aussi à cause de l'agriculture. Une autre pollution est liée aux eaux de pluie qui entraînent des polluants des zones urbaines : celles de Paris représentent à elles seules l'équivalent de tous les rejets des autres municipalités du bassin[58].
122
+
123
+ La Seine a fait l'objet d'une pollution au plutonium 239 en 1961 et au plutonium 238 en 1975. L'origine en est connue puisque la pollution est issue des installations du CEA à Fontenay-aux-Roses[59]. Selon l'ASN le risque sanitaire est toutefois quasi nul.
124
+
125
+ La Seine est le fleuve européen le plus pollué aux polychlorobiphényle (PCB) depuis vingt ans. Toxiques, les PCB s'accumulent dans les lipides tout le long de la chaîne alimentaire[60]. D'après des analyses effectuées par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 2008, 70 % des espèces de poissons sont impropres à la consommation à cause d'une contamination aux PCB. L'usage des PCB est interdit depuis 1987 mais, très utilisés dans les années 1970, ils se sont accumulés dans l'environnement. L'association Robin des Bois dénonce une absence de réglementation au niveau de la pêche afin de protéger la population d'une consommation à Paris, dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines[61]. Cette pollution aux PCB est étendue jusqu'à la baie de Seine où la pêche à la sardine est interdite en 2010[60].
126
+
127
+ En 2010, la Seine est touchée par une pollution de rondelles en plastique, pollution accidentelle, limitée et non dangereuse selon les autorités, provenant d'une station d'épuration[62].
128
+
129
+ Les déchets de la Seine normande représentent un volume d’environ 30 000 m3 ou 9 000 tonnes, soit la production annuelle de déchets ménagers des habitants d’une ville de 20 000 habitants[63].
130
+
131
+ La Seine a inspiré de nombreux peintres, et aux XIXe et XXe siècles, les peintres suivants :
132
+
133
+ Bain à la Grenouillère par Claude Monet(Metropolitan Museum of Art).
134
+
135
+ La Grenouillère par Pierre-Auguste Renoir(Nationalmuseum).
136
+
137
+ La Seine à Argenteuil par Alfred Sisley(musée Faure).
138
+
139
+ La Seine à Port-Marly, le lavoir par Camille Pissaro(musée d'Orsay).
140
+
141
+ View of the Seine par Jonas Lie, 1909, Cummer Museum of Art and Gardens (en).
142
+
143
+ Le cours de la Seine est jalonné de nombreux sites touristiques.
144
+
145
+ En amont de Paris :
146
+
147
+ À Paris, les rives de la Seine sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1991[67].
148
+
149
+ En aval de Paris :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+
3
+ Un séisme ou tremblement de terre est une secousse du sol résultant de la libération brusque d'énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Cette libération d'énergie se fait par rupture le long d'une faille, généralement préexistante. Plus rares sont les séismes dus à l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Le lieu de la rupture des roches en profondeur se nomme le foyer ; la projection du foyer à la surface est l'épicentre du séisme. Le mouvement des roches près du foyer engendre des vibrations élastiques qui se propagent, sous la forme de paquets d'ondes sismiques, autour et au travers du globe terrestre. Il produit aussi un dégagement de chaleur par frottement, au point de parfois fondre les roches le long de la faille (pseudotachylites).
4
+
5
+ Il se produit de très nombreux séismes tous les jours mais la plupart ne sont pas ressentis par les humains. Environ cent mille séismes sont enregistrés chaque année sur la planète[1]. Les plus puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices. Les séismes les plus importants modifient la période de rotation de la Terre et donc la durée d’une journée (de l'ordre de la microseconde)[2].
6
+
7
+ La majorité des séismes se produisent à la limite entre les plaques tectoniques (séismes interplaques) de la terre, mais il peut aussi y avoir des séismes à l'intérieur des plaques (séismes intraplaques). La tectonique des plaques rend compte convenablement de la répartition des ceintures de sismicité à la surface du globe : les grandes ceintures sismiques du globe, caractérisées par la densité géographique des tremblements de terre, sont la ceinture de feu du Pacifique (elle libère 80 % de l'énergie sismique chaque année), la ceinture alpine (15 % de l'énergie annuelle) et les dorsales dans les océans (5 % de l'énergie annuelle)[3].
8
+
9
+ La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie (pratiquée par les sismologues) et l'instrument de mesure principal est le sismographe (qui produit des sismogrammes). L'acquisition et l'enregistrement du signal s'obtiennent dans une station sismique regroupant, outre les capteurs eux-mêmes, des enregistreurs, numériseurs et antennes GPS, pour le positionnement géographique et le temps.
10
+
11
+ Si le séisme de 1755 à Lisbonne est à l'origine de la naissance de la sismologie, le débat qu'il suscite ne fait pas progresser la connaissance de la genèse des séismes[4].
12
+
13
+ La simultanéité entre rupture de faille et tremblement de terre est observée et décrite au XIXe siècle par les scientifiques qui lient la formation des principaux séismes à un brusque glissement le long d'une faille au sein de la croûte terrestre et/ou dans la lithosphère sous-jacente. Mais les théories ne parviennent pas trancher quel phénomène est à l'origine de l'autre et ne peuvent expliquer le mécanisme. En 1884, le géologue américain Grove Karl Gilbert propose le premier modèle de « cycle sismique » linéaire et régulier, postulant que les séismes les plus importants ont l'intervalle de récurrence[5] le plus fort[6]. C'est en 1910, après le séisme de 1906 à San Francisco, qu'un géodésien californien, Harry Fielding Reid (en), émet la théorie du rebond élastiquethéorie du rebond élastique. Selon cette théorie, les contraintes déforment élastiquement la croûte de part et d'autre de la faille, provoquant le déplacement asismique des deux blocs séparés par cette zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive ou bloquée, et prend du retard par rapport à celles qui l'entourent, le séisme lui permettant de rattraper ce retard selon le rythme de son fonctionnement conçu comme régulier). Ce glissement est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes), l'énergie s'accumulant par la déformation élastique des roches. Lorsque leur résistance maximale est atteinte (phase cosismique), l'énergie est brusquement libérée et la rupture se produit par le brusque relâchement de contraintes élastiques préalablement accumulées par une lente déformation du sous-sol, ce qui provoque un jeu de la faille. Après un épisode sismique (phase post-sismique caractérisée par des répliques et des réajustements visco-élastiques), les roches broyées de la faille se ressoudent au cours du temps et la faille acquiert une nouvelle résistance. Le dispositif se réarme : la faille « se charge » puis se décharge brusquement par relaxation de contrainte. Reid explique ainsi le cycle sismique (cycle de chargement/déchargement)[7] complété par les différentes périodes sismiques de Wayne Thatcher[8]. Si ce modèle théorique de l'origine des tremblements de terre est encore couramment accepté par la communauté scientifique, il n'explique pas les récurrences sismiques irrégulières comme le révèle les traces laissées par les séismes (géomorphologie, paléosismologie, lichénométrie, dendrochronologie)[9].
14
+
15
+ Cette théorie est complétée en 1966 en prenant en compte le processus de friction. Les variations des propriétés de friction sur les failles, dues à plusieurs facteurs (faible couplage des deux blocs, déformation asismique, phénomènes transitoires de glissement lent, rôle de fluides, etc. ), expliquent les cycles sismiques irréguliers[10]. Une loi de friction spécifique pour la modélisation des transferts de contrainte, dépendant de la vitesse et du temps de contact entre les deux surfaces, est proposée à la fin des années 1970[11],[12].
16
+
17
+ Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir quatre origines : rupture d'une faille ou d'un segment de faille (séismes tectoniques) ; intrusion et dégazage d'un magma (séismes volcaniques) ; « craquements » des calottes glaciaires se répercutant dans la croûte terrestre (séismes polaires)[13] ; explosion, effondrement d'une cavité (séismes d'origine naturelle ou dus à l'activité humaine)[14]. En pratique on classe les séismes en quatre catégories selon les phénomènes qui les ont engendrés :
18
+
19
+ Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande partie des séismes tectoniques a lieu aux limites des plaques, où se produit un glissement entre deux milieux rocheux. Une autre partie a lieu sur le long d'un plan de fragilité existant ou néoformé. Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes) de déplacement asismique des deux blocs séparés par la zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive), et l'énergie s'accumule par la déformation élastique des roches[15]. Cette énergie et le glissement sont brusquement relâchés lors des séismes[16]. Dans les zones de subduction, les séismes représentent en nombre la moitié de ceux qui sont destructeurs sur la Terre, et dissipent 75 % de l'énergie sismique de la planète. C'est le seul endroit où on trouve des séismes profonds (de 300 à 645 kilomètres). Au niveau des dorsales médio-océaniques, les séismes ont des foyers superficiels (0 à 10 kilomètres), et correspondent à 5 % de l'énergie sismique totale. De même, au niveau des grandes failles de décrochement, ont lieu des séismes ayant des foyers de profondeur intermédiaire (de 0 à 20 kilomètres en moyenne) qui correspondent à 15 % de l'énergie. Le relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule secousse, et il peut se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une configuration stable. Ainsi, on constate des répliques à la suite de la secousse principale d'un séisme, d'amplitude décroissante, et sur une durée allant de quelques minutes à plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois plus dévastatrices que la secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui n'avaient été qu'endommagés, alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire une réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa magnitude. Par exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3 plusieurs mois plus tard même si cet enchaînement reste extrêmement rare.
20
+
21
+ Les séismes d'origine volcanique résultent de l'accumulation de magma dans la chambre magmatique d'un volcan. Les sismographes enregistrent alors une multitude de microséismes (trémor) dus à des ruptures dans les roches comprimées ou au dégazage du magma[14]. La remontée progressive des hypocentres (liée à la remontée du magma) est un indice prouvant que le volcan est en phase de réveil et qu'une éruption est imminente.
22
+
23
+ Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées différentiées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par des sismographes loin du pôle à travers le monde[13]. Ces « tremblements de terre glaciaires » du Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions climatiques[13]. Si l'on considère qu'une part du réchauffement climatique est d'origine humaine, une part des causes de ces séismes pourrait être considérée comme induits par l'Homme (voir ci-dessous).
24
+
25
+ Les séismes d'origine artificielle ou « séismes » de faible à moyenne magnitude sont dus à certaines activités humaines telles que barrages, pompages profonds, extraction minière, explosions souterraines ou nucléaires, ou même bombardements[17]. Ils sont fréquents et bien documentés depuis les années 1960-1970. Par exemple, rien que pour la France et uniquement pour les années 1971-1976, plusieurs séismes ont été clairement attribués à des remplissages de lacs-réservoirs, à l'exploitation de gisements pétrolifères ou aux mines :
26
+
27
+ Les tremblements de terre engendrent parfois des tsunamis, dont la puissance destructrice menace une part croissante de l'humanité, installée en bordure de mer. Ils peuvent aussi menacer les installations pétrolières et gazières offshore et disperser les décharges sous-marines contenant des déchets toxiques, déchets nucléaires et munitions immergées. On cherche à les prévoir, pour s'en protéger, à l'aide d'un réseau mondial d'alerte, qui se met en place, en Indonésie et Asie du Sud Est notamment.
28
+
29
+ Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et riche en eau perdra sa cohésion sous l'effet d'une secousse.
30
+
31
+ Risques de séismes dus aux essais dans les centrales géothermiques :
32
+
33
+ Un centre de recherche sur les centrales géothermiques, dans le nord-est de la France, expérimente des techniques de géothermie. L’expérience consiste à injecter de l'eau froide dans des poches de magma (2 trous préalablement forés, l'un pour l'entrée de l'eau froide et l'autre pour la sortie de l'eau transformée en vapeur, puis de la récupérer sous forme de vapeur, de la mettre en pression puis de faire tourner une turbine puis produire de l'électricité.
34
+
35
+ Conséquences de l'expérience :
36
+
37
+ L'injection d'eau froide dans les poches de magma agissait sur les failles environnantes, l'eau agissait comme lubrifiant et produisait des micro séismes qui pouvaient aller jusqu'à produire des fissures sur les murs des maisons.
38
+
39
+ Même si la Terre est le seul objet céleste où l'on ait mis en évidence une tectonique des plaques, elle n'est pas le seul à subir des vibrations (séismes localisés et oscillations à grande échelle). Ces vibrations peuvent être dues à une autre forme de tectonique (contraction ou dilatation de l'objet) ou à des impacts cosmiques[20].
40
+
41
+ Les missions Apollo ont déposé plusieurs sismomètres à la surface de la Lune. On a enregistré quatre types de séismes, d'origines différentes. Certains sont dus à la libération de contraintes engendrées par les effets de marée, d'autres à des impacts de météorites, d'autres encore à la libération de contraintes d'origine thermique. L'origine des séismes du quatrième type, forts, peu profonds et d'assez longue durée, est inconnue.
42
+
43
+ Le seul autre objet extraterrestre où l'on ait installé un sismomètre est Mars, fin 2018 (sonde InSight). Opérationnel début février 2019, le sismomètre SEIS (développé par l'Institut de physique du globe de Paris) a enregistré son premier séisme martien le 7 avril. Jusqu'à présent ces séismes sont très faibles, sur Terre ils seraient masqués par le bruit sismique des océans.
44
+
45
+ L'étude de Mercure montre la présence d'un grand nombre de failles inverses, caractéristiques d'une contraction globale de la planète (sans doute liée à son refroidissement progressif). La sonde Messenger, notamment, a révélé l'existence de telles failles traversant des cratères d'impacts petits et récents. On en déduit que Mercure est aujourd'hui encore sujette à une tectonique active, très certainement accompagnée de séismes.
46
+
47
+ La surface de Vénus est elle-aussi parcourue par des failles et des plissements. Il est vraisemblable que Vénus soit encore active tectoniquement, mais on n'en a pas la preuve. S'il y a de forts séismes on espère, à défaut de pouvoir les enregistrer directement (faute de sismomètre), en repérer des conséquences atmosphériques.
48
+
49
+ On ne sait rien de l'activité sismique de Jupiter, mais il est plausible qu'elle subisse des oscillations d'échelle planétaire à l'instar de Saturne, dont les oscillations se répercutent sur ses anneaux sous la forme d'ondes observables. Pour Uranus et Neptune on ne sait pas.
50
+
51
+ Depuis le survol de Pluton par la sonde New Horizons en 2014, on sait que cette planète naine a une activité géologique récente (et sans doute actuelle), qui se manifeste notamment par des failles, dont la formation ou la réactivation s'accompagne certainement de séismes. Les contraintes tectoniques peuvent être dues à des cycles de gel (partiel) et refonte de l'eau située en dessous de la croûte de glace.
52
+
53
+ Le soleil lui-même est sujet à des oscillations globales, étudiées par l'héliosismologie. Des oscillations similaires, observables dans d'autres étoiles, sont étudiées par l'astérosismologie.
54
+
55
+ L'hypocentre ou foyer sismique peut se trouver entre la surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur (limite du manteau supérieur) pour les événements les plus profonds.
56
+
57
+ La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion introduite en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter[21]. La magnitude se calcule à partir des différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme la distance à l'épicentre, la profondeur de l'hypocentre, la fréquence du signal, le type de sismographe utilisé, etc. La magnitude est une fonction continue logarithmique[21] : lorsque l'amplitude des ondes sismiques est multipliée par 10, la magnitude augmente d'une unité. Ainsi, un séisme de magnitude 7 provoquera une amplitude dix fois plus importante qu'un événement de magnitude 6, cent fois plus importante qu'un de magnitude 5.
58
+
59
+ La magnitude, souvent appelée magnitude sur l'échelle de Richter, mais de manière impropre, est généralement calculée à partir de l'amplitude ou de la durée du signal enregistré par un sismographe[21]. Plusieurs valeurs peuvent être ainsi calculées (Magnitude locale
60
+
61
+
62
+
63
+
64
+ M
65
+
66
+ L
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+ {\displaystyle M_{L}}
72
+
73
+ , de durée
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+ M
79
+
80
+ D
81
+
82
+
83
+
84
+
85
+ {\displaystyle M_{D}}
86
+
87
+ , des ondes de surfaces
88
+
89
+
90
+
91
+
92
+ M
93
+
94
+ S
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+ {\displaystyle M_{S}}
100
+
101
+ , des ondes de volumes
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+ M
107
+
108
+ B
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle M_{B}}
114
+
115
+ ). Ces différentes valeurs ne sont pas très fiables dans le cas des très grands tremblements de terre. Les sismologues lui préfèrent donc la magnitude de moment (notée
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ M
121
+
122
+ W
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+ {\displaystyle M_{W}}
128
+
129
+ ) qui est directement reliée à l'énergie libérée lors du séisme[21]. Des lois d'échelle relient cette magnitude de moment à la géométrie de la faille (surface), à la résistance des roches (module de rigidité) et au mouvement cosismique (glissement moyen sur la faille).
130
+
131
+ L'intensité macrosismique, qu'il ne faut pas confondre avec la magnitude, caractérise la sévérité de la secousse sismique au sol. Elle se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme sur des indicateurs communs en un lieu donné : effets sur les personnes, les objets, les mobiliers, les constructions, l'environnement. Le fait que ces effets soient en petit ou en grand nombre sur la zone estimée est en soi un indicateur du niveau de sévérité de la secousse. L'intensité est généralement estimée à l'échelle de la commune. On prendra par exemple en compte le fait que les fenêtres ont vibré légèrement ou fortement, qu'elles se sont ouvertes, que les objets ont vibré, se sont déplacés ou ont chuté en petit nombre ou en grand nombre, que des dégâts sont observés, en tenant compte des différentes typologies constructives (de la plus vulnérable à la plus résistante à la secousse), les différents degrés de dégâts (du dégât mineur à l'effondrement total de la construction) et si la proportion des dégâts observés est importante ou non (quelques maisons, ou l'ensemble des habitations)[22].
132
+
133
+ Les échelles d'intensité comportent des degrés généralement notés en chiffres romains, de I à XII pour les échelles les plus connues (Mercalli, MSK ou EMS). Parmi les différentes échelles, on peut citer :
134
+
135
+ Les relations entre magnitude et intensité sont complexes. L'intensité dépend du lieu d'observation des effets. Elle décroît généralement lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre en raison des atténuations dues à la distance (atténuation géométrique) ou au milieu géologique traversé par les ondes sismiques (atténuation anélastique ou intrinsèque), mais d'éventuels effets de site (écho, amplification locale, par exemple par des sédiments ou dans des pitons rocheux) peuvent perturber les courbes moyennes de décroissance que l'on utilise pour déterminer l'intensité et l'accélération maximale du sol qu'ont à subir les constructions sur les sites touchés, ou qu'ils auront à subir sur un site précis lorsqu'on détermine un aléa sismique.
136
+
137
+ Statistiquement, à 10 kilomètres d'un séisme de magnitude 6, on peut s'attendre à des accélérations de 2 mètres par seconde au carré, des vitesses du sol de 1 mètre par seconde et des déplacements d'une dizaine de centimètres; le tout, pendant une dizaine de secondes[23].
138
+
139
+ Au moment du relâchement brutal des contraintes de la croûte terrestre (séisme), deux grandes catégories d'ondes peuvent être générées. Il s'agit des ondes de volume qui se propagent à l'intérieur de la Terre et des ondes de surface qui se propagent le long des interfaces[24].
140
+
141
+ Dans les ondes de volume, on distingue :
142
+
143
+ Les ondes de surface (ondes de Rayleigh, ondes de Love) résultent de l'interaction des ondes de volume. Elles sont guidées par la surface de la Terre, se propagent moins vite que les ondes de volume, mais ont généralement une plus forte amplitude[24]. Généralement ce sont les ondes de surface qui produisent les effets destructeurs des séismes.
144
+
145
+ Les plus anciens relevés sismiques datent du VIIIe millénaire av. J.‑C.[réf. nécessaire].
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+ Tremblements de terre de magnitude au moins égale à 8.
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+ Tremblements de terre ayant fait plus de 15 000 morts d'après les estimations des autorités locales, placés dans l'ordre chronologique.
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+ L'ancienne méthode chinoise consistait en un vase de bronze comportant huit dragons sur le contour, le Houfeng Didong Yi du chinois Zhang Heng, mis au point en l'an 132 de l'ère commune. Une bille était placée dans la gueule de chaque dragon, prête à tomber dans la gueule d'un crapaud. Lorsqu'un séisme se produisait, la bille d'un des dragons (dépendant de l'endroit où se produisait le séisme) tombait dans la gueule d'un des crapauds. Cela indiquait la direction de l'épicentre du tremblement de terre, et vers où il fallait envoyer les secours.
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+ La localisation de l'épicentre par des moyens modernes se fait à l'aide de plusieurs stations sismiques (3 au minimum), et un calcul tridimensionnel. Les capteurs modernes permettent de détecter des événements très sensibles, tels qu'une explosion nucléaire.
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+ Le Centre sismologique euro-méditerranéen a quant à lui développé un processus de détection sismique basé sur l'analyse du trafic web et des contenus sur Twitter. La collecte de témoignages et de photos permet en outre de connaître l'intensité des séismes ressentis, et d'apprécier et géolocaliser les dégâts matériels.
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+ Les méthodes de prédiction reposent sur une prévision qui spécifie, avec leur incertitude, la position, la taille, la date du séisme, et donne une estimation de la probabilité de son propre succès. La possibilité de la prédiction sismique repose sur l'existence, et la reconnaissance des « précurseurs », signes avant-coureurs d'un séisme[39]. En l'absence de précurseurs fiables, ces méthodes sont accompagnée de non-détections qui entraînent des procès pour les spécialistes et des fausses alarmes qui provoquent une perte de confiance des populations alertées, et éventuellement évacuées à tort. Enfin dans les régions à forte sismicité comme l'Iran, les habitants ne prêtent plus attention aux petits chocs sismiques et aux prédictions de tremblements de terre destructeurs faites[40].
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+ Déjà en 1977, alors qu'il recevait une médaille de la Seismological Society of America (en), Charles Richter l'inventeur de l'échelle qui porte son nom commentait : « Depuis mon attachement à la sismologie, j'ai eu une horreur des prédictions et des prédicteurs. Les journalistes et le public bondissent sur la moindre évocation d'un moyen infime de prévoir les séismes, comme des cochons affamés se ruent sur leur mangeoire […] Ces éléments de prédiction sont un terrain de jeu pour les amateurs, les névrosés et les charlatans avides de publicité médiatique[41]. »
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+ On peut distinguer trois types de prévisions[42] : la prévision à long terme (sur plusieurs années), à moyen terme (sur plusieurs mois) et à court terme[43] (inférieur à quelques jours).
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+ Les prévisions à long terme reposent sur une analyse statistique des failles répertoriées et sur des modèles déterministes ou probabilistes des cycles sismiques. Elles permettent de définir des normes pour la construction de bâtiments, en général sous la forme d'une valeur d'accélération maximale du sol (pga, peak ground acceleration). Certaines failles telles celles de San Andreas en Californie ont fait l'objet d'études statistiques importantes ayant permis de prédire le séisme de Santa Cruz en 1989. Des séismes importants sont ainsi attendus en Californie, ou au Japon (Tokai, magnitude 8.3). Cette capacité prévisionnelle reste cependant du domaine de la statistique, les incertitudes sont souvent très importantes, on est donc encore loin de pouvoir prévoir le moment précis d'un séisme afin d'évacuer à l'avance la population ou la mettre à l'abri.
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+ Les prévisions à moyen terme sont plus intéressantes pour la population. Les recherches sont en cours pour valider certains outils, comme la reconnaissance de formes (dilatance).
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+ Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut pas prédire les séismes à court terme, c'est-à-dire déterminer la date et l'heure exacte d'un événement sismique, même si on peut souvent déterminer le lieu d'un futur séisme (une faille active principalement), et quelques autres caractéristiques. Cependant, la recherche fondamentale en sismologie s'emploie à tenter de découvrir des moyens de prédiction scientifiques.
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+ D'autres moyens ont été cités : par exemple, certains animaux semblent détecter les tremblements de terre : serpents, porcs, chiens... Deux heures avant un séisme à Yientsin, en 1969, les autorités chinoises ont lancé un avertissement fondé sur l’agitation des tigres, des pandas, des yacks et des cerfs du zoo. Aucune étude scientifique n’a réussi pour le moment à prouver ce phénomène[44].
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+ Les prévisions à court terme se basent sur des observations fines de l'évolution de zones à risque. On sait par exemple que les séismes sont souvent précédés de phénomènes de migration de gaz vers la surface[45] (migrations qui peuvent aussi contribuer à « lubrifier » certaines failles géologiques et parfois faciliter des effondrements susceptible d'engendrer un tsunami comme celui du Storrega ; On cherche à mieux comprendre les liens entre lithosphère, atmosphère et ionosphère qui pourraient aider à mieux prévoir certains séismes[46].
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+ Les moyens de détection peuvent avoir un coût important, pour des résultats non garantis, du fait de la grande hétérogénéité des signes précurseurs d'un séisme, voire leur absence dans des séismes pourtant de grande ampleur, tels que TangShan ou Michoacan, qui avaient été prévus à moyen terme mais non à court terme.
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+ Les gouvernements et autorités locales souhaitent des informations certifiées avant d'évacuer une population des sites suspectés mais les prédicteurs manquent de fiabilité[47]. Les États-Unis utilisent des outils de grande sensibilité autour des points statistiquement sensibles (tels que Parkfield en Californie) : vibrateurs sismiques utilisés en exploration pétrolière, extensomètres à fil d'invar, géodimètres à laser, réseau de nivellement de haute précision, magnétomètres, analyse des puits. Le Japon étudie les mouvements de l'écorce terrestre par GPS[48] et par interférométrie (VLBI), méthodes dites de géodésie spatiale. En Afrique du Sud, les enregistrements se font dans les couloirs des mines d'or, à 2 km de profondeur. La Chine se base sur des études pluridisciplinaires, tels que la géologie, la prospection géophysique ou l'expérimentation en laboratoire.
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+ La surveillance d'anomalies d'émission de radon (et de potentiel électrique) dans les nappes sont évoqués[49], basée sur l'hypothèse qu'avant un séisme le sous-sol pourrait libérer plus de radon (gaz radioactif à faible durée de vie). On a constaté (par exemple en Inde[50]) une corrélation entre taux de radon dans les nappes souterraines et activité sismique. Un suivi en temps réel du radon à coût raisonnable est possible[50]. On a aussi montré dans les Alpes françaises que les variations de niveaux (de plus de 50 mètres) de deux lacs artificiels modifiaient les émissions périphériques de radon[51].
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+ Des recherches récentes soutiennent une possible corrélation entre des modifications de l'ionosphère et la préparation de tremblements de terre, ce qui pourrait permettre des prédictions à court terme[52],[53].
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+ Des fibres optiques sont déjà couramment utilisées par les compagnies pétrogazières (leurs impuretés innées dont des « capteurs virtuels » : à l'extrémité d'une fibre, un « interrogateur » électronique envoie des impulsions-laser et analyse la lumière qui rebondit (rétrodiffusion) ; des anomalies du temps de rétrodiffusion signifie que la fibre s'est étirée ou contractée (ce qui se produit en cas d'exposition à une onde sismique ou une vibration induite à proximité)[54]. Selon B. Biondi (géophysicien de l'Université de Stanford), un « interrogateur » unique peut gérer 40 kilomètres de fibre et contrôler un capteur virtuel tous les deux mètres, des milliards de tels capteurs sont déjà présents dans les lignes de télécommunication dispersées dans le monde, qui pourraient donc être utilisés pour détecter des anomalies fines et améliorer la prédiction sismique[55], en distinguant notamment les ondes P (qui voyagent plus vite mais en faisant peu de dégâts) des onde S (plus lentes et causant plus de dégâts)[54]. On a d'abord cru qu'il fallait les coller à une surface rigide ou les noyer dans du béton mais on a récemment montré que des faisceaux de fibres lâches placés dans un simple tuyaux de plastique suffisent. L'information est de qualité moyenne mais elle peut être acquise sur de vastes territoires et à bas coût[54].
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