Le château de Versailles est un château et un monument historique français qui se situe à Versailles, dans les Yvelines, en France. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l'exception des années de la Régence de 1715 à 1723. Situés au sud-ouest de Paris, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française. Le château est constitué d'une succession d'éléments ayant une harmonie architecturale. Il s'étale sur 63 154 m2, répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée[1]. Le parc du château de Versailles s'étend sur 815 ha, contre plus de 8 000 ha avant la Révolution française[note 1], dont 93 ha de jardins. Il comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon (qui fut également résidence de Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier, et Napoléon III), le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie (aujourd’hui détruite), une orangerie et la pièce d'eau des Suisses. Le château de Versailles est situé au nord-ouest du territoire de la commune de Versailles sur la place d'Armes, à 16 kilomètres au sud-ouest de Paris, en France. On entend, par « château de Versailles », à la fois la construction palatiale et ses proches abords, ainsi que l'ensemble du domaine de Versailles, incluant alors — entre autres — les Trianons, le Grand Canal et le parc du château de Versailles. Avant le château, la première mention de Versailles remonte à 1038 dans une charte de l’abbaye Saint-Père de Chartres[2]. En 1561, le domaine de Versailles et sa demeure seigneuriale sont vendus à Martial de Loménie, secrétaire des finances de Charles IX[3]. Albert de Gondi, comte de Retz, favori italien de la reine Catherine de Médicis, devient, contre 35 000 livres, propriétaire de la seigneurie de Versailles et de son château, consistant alors en une demeure seigneuriale située à l’emplacement de l’actuel hôtel des Affaires étrangères et de la Marine[4]. En 1589, un mois avant qu'il ne devienne roi de France, le roi de Navarre séjourne à Versailles[5]. Revenant de Blois, il s'y arrête du 7 au 9 juillet et est reçu par Albert de Gondi ; il y retourne en 1604 et 1609. Dès 1607, le futur Louis XIII, alors âgé de six ans, fait sa première chasse à Versailles[6]. Au début du XVIIe siècle, les terres environnantes sont la propriété, d'une part, de la famille de Gondi et, d'autre part, du prieuré Saint-Julien de Versailles dont le prieur est Mathieu Mercerie. De 1622 à 1654, Jean-François de Gondi est archevêque de Paris dont dépend hiérarchiquement le prieuré Saint-Julien. Jean-François de Gondi, seigneur de Versailles, est donc propriétaire du domaine qui est acquis par le roi en 1623[7]. « La terre et seigneurie de Versailles » sont elles vendues au roi le 8 avril 1632 par ce même Jean-François de Gondi[8],[note 2]. Sur le terrain de l'actuel château de Versailles, ne se trouve alors qu'un moulin à vent[9]. En 1623 Louis XIII, atteint d’agoraphobie et pris d'un besoin de retraite spirituelle[10] décide de faire construire un modeste pavillon de chasse en brique et pierre au sommet du plateau de Versailles, sur le chemin allant de Versailles à Trianon[11], en un lieu appelé le Val-de-Galie. Il fait acheter le 23 mars 1624 le moulin et la maison du meunier sis sur la butte entourée de marais[12],[13]. On ignore le nom de l'architecte mais le maître maçon se nomme Nicolas Huaut[11]. Comme le mentionne le marché publié par Jean Coural en 1959[14], le bâtiment consiste alors en un simple corps de logis de 35 mètres de long sur 5,80 mètres de large, s'élevant sur trois niveaux (trois étages : rez-de-chaussée, premier étage et galetas) à sept travées auquel s'ajoutent deux ailes en retour[note 3], légèrement plus basses (deux étages) et également en sept travées, de 27,30 mètres de long sur 4,85 mètres de large[15]. L'ensemble est entouré de fossés précédés d'une terrasse et d'un jardin de deux hectares dessiné par l'intendant des jardins du roi Jacques Boyceau. L'avant de la cour est fermé par un mur percé d'une porte cochère surmontée d’un tympan sculpté aux armes royales[16]. Louis XIII participe personnellement à l'élaboration du plan de ce premier édifice[17] et en prend possession le 9 mars 1624. S’il constitue son rendez-vous de chasse favori, il ne forme pourtant qu’une construction rustique et purement utilitaire[12]. La disposition bastionnée de terre et les fossés qui l’entourent, rappellent encore certaines constructions féodales[4]. Ses matériaux de médiocre qualité (moellon avec mortier de chaux et sable enduit d'un crépi, encadrement des fenêtres en fausses pierres de plâtre) rappellent quant à eux l'hôtel de Guénégaud[18]. Louis XIII achète à Jean de Soisy un terrain dont la famille de celui-ci est propriétaire depuis le XIVe siècle[19] et y fait bâtir une nouvelle habitation. Dans sa petite demeure, il reçoit de temps à autre sa mère Marie de Médicis et son épouse Anne d’Autriche[12]. Elles ne font qu’y passer sans jamais y coucher, le château de Louis XIII ne comportant pas d'appartement pour les femmes[20]. L’appartement du roi comprend une petite galerie où était accroché un tableau représentant le siège de La Rochelle, puis viennent quatre pièces dont les murs sont couverts de tapisseries[12]. Le salon du roi occupe le centre de l’édifice, emplacement qui correspond aujourd'hui à celui du lit de Louis XIV[21]. Le 11 novembre 1630, le cardinal de Richelieu se rend secrètement à Versailles dans le but de regagner la confiance du roi en dépit des pressions exercées sur ce dernier par la reine mère et le parti dévot[22]. Cet événement sera connu, plus tard, sous le nom de journée des Dupes et constitue pour le château le premier acte politique d'importance avant qu'il ne devienne une résidence d'État[23]. Richelieu resta Premier ministre et la reine mère fut exilée. Ce château est surnommé à cause de sa petite taille « le chétif château », ou « le chestif chasteau » en ancien français, par le maréchal de Bassompierre[12]. Saint-Simon l'appelle aussi « le château de cartes », à cause de ses couleurs (les briques rouges, le toit d'ardoises noires et la pierre blanche) qui rappellent celles d'un jeu de cartes, ou « le méchant cabaret à rouliers » pour souligner ainsi la modestie de la construction de Louis XIII par rapport à celle de son fils[24]. Un inventaire de 1630 fait en effet état uniquement pour l'appartement du roi au premier étage de quatre pièces tendues de tapisseries, d'une antichambre, d'une garde-robe, d'un bureau et d'une chambre[14]. Le 8 avril 1632, Louis XIII rachète le domaine de Versailles à Jean-François de Gondi, archevêque de Paris[note 2]. En mai 1631 débutent des travaux d’agrandissement qui sont dirigés par l’ingénieur-architecte Philibert Le Roy : à chaque angle sont ajoutés des petits pavillons en décroché, les ailes sont remaniées ; en 1634, le mur fermant la cour est remplacé par un portique en pierre à six arcades garnies de ferronneries[26]. Le nouveau château reçoit sa première décoration florale ; les jardins sont agencés « à la française » par Boyceau et Menours[27], décorés d’arabesques et d’entrelacs. Les crépis sur moellons sont remplacés par des façades de briques et de pierre. Une terrasse servant de promenade, avec une balustrade décorée d’oves, est aménagée en 1639 devant la façade principale du château au-dessus du parterre qui est accessible par un escalier. Ce château correspond actuellement à la partie en U qui entoure la cour de marbre[28]. En 1643, sentant sa mort approcher, Louis XIII déclare : « Si Dieu me rend la santé, disait-il à son confesseur, le jésuite Jacques Dinet, j'arrêterai le cours du libertinage, j'abolirai les duels, je réprimerai l'injustice, je communierai tous les huit jours, et sitôt que je verrai mon dauphin en état de monter à cheval et en âge de majorité, je le mettrai en ma place et je me retirerai à Versailles avec quatre de vos Pères, pour m'entretenir avec eux des choses divines et pour ne plus penser de tout qu'aux affaires de mon âme et de mon salut[29] ». Le 14 mai, il meurt laissant le Royaume à son fils Louis XIV, âgé de quatre ans et trop jeune pour gouverner. Sous la régence d’Anne d'Autriche, Versailles cesse alors d'être une résidence royale pendant presque dix-huit ans[note 4]. À la mort de Louis XIII, le 14 mai 1643, son descendant, le jeune Louis XIV, n'est âgé que de quatre ans et huit mois. Selon un édit du défunt roi passé en avril, le gouvernement de la France est alors confié à sa veuve, Anne d'Autriche, assistée d'un conseil de régence comprenant le duc d'Orléans, lieutenant-général du Royaume, le cardinal Mazarin, le chancelier Séguier, les secrétaires d'État Bouthillier et son fils Chavigny. Mais la reine, qui ne souhaite pas gouverner avec ces créatures placées par Louis XIII et feu le cardinal de Richelieu[30], obtient du Parlement, le 15 mai 1643 l'administration du Royaume et l'éducation du jeune roi[31]. Bien vite, cependant, la reine prend conscience de l'extrême difficulté à exercer seule le pouvoir[32]. Elle fait donc appel au cardinal Mazarin en lui donnant, le 18 mai 1643, le poste de Premier ministre. Elle fait également de lui le tuteur de son fils. Le lendemain de la mort du roi[30], Louis et son jeune frère, le duc Philippe d’Anjou, ont quitté Saint-Germain-en-Laye pour s’installer à Paris, au Palais-Cardinal, rebaptisé Palais-Royal[33]. On sait que le futur Louis XIV était venu une première fois à Versailles en octobre 1641 avec son frère, pour échapper à une épidémie de vérole qui frappait Saint-Germain-en-Laye[34]. Après la mort de Louis XIII, le petit pavillon de chasse de Versailles, avec son architecture de brique et pierre désuète, tombe dans un oubli relatif. Jusque-là supervisé par Claude de Saint-Simon, père du célèbre mémorialiste, le domaine royal est administré, sans grande conviction, à partir de 1645 par le président au parlement de Paris, René de Longueil, qui prend la charge de capitaine des chasses et par Nicolas du Pont de Compiègne qui devient intendant. La terre de Versailles survit chichement avec 4 000 livres annuelles tirées du produit de ses fermes[35]. Le jeune Louis se rend à Versailles le 18 avril 1651, pour une partie de chasse, où il est reçu par le capitaine des chasses de Longueil. Il revient dîner sur les lieux les 15 et 28 juin[36]. Les troubles causés à Paris par la Fronde des princes contraignent le roi et la régente à un séjour forcé de trois mois à Poitiers d'octobre 1651 à janvier 1652. Au terme d'un voyage de retour de plusieurs mois, Anne d'Autriche et son fils font étape à Versailles le 27 avril 1652 pour dîner avant de rejoindre Saint-Germain-en-Laye. Le 14 novembre, le roi accompagné de Monsieur, son frère, et d'une partie de la cour va « prendre le divertissement de la Chasse à Versailles ». Il y retourne pour la même occupation les 8 et 22 janvier 1653. Le 3 avril, le jeune Louis passe la nuit à Versailles et y retourne deux semaines plus tard pour chasser. Le 20 mai, il vient chasser le renard en compagnie du cardinal Mazarin et reste dormir sur place[37]. Du fait de ces visites régulières, on remplace, dans la charge de capitaine des chasses, le président de Longueil, peu impliqué dans la gestion du domaine, par Louis Lenormand, sieur de Beaumont, le 28 juin 1653. Mais l'intérêt du souverain pour Versailles ne se confirme pas. Le jeune monarque de 14 ans préfère aller chasser à Vincennes. En cinq années, il ne vient à Versailles que quatre fois, de la fin 1654 à l'automne 1660[38]. Le domaine traverse alors une période de déshérence et d’irrégularités, marquée par les querelles violentes entre le colérique concierge du château, Henry de Bessay, sieur de Noiron (nommé en 1654), et le jardinier Guillaume Masson (nommé en 1652). En mars 1665 Noiron tire un coup de pistolet sur Masson et le menace de son épée. Le jardinier indélicat, quant à lui, exploite le parc à son profit en détournant du foin ou du bois, et en utilisant les terres comme pâturages pour ses bêtes ou celles de propriétaires des environs[39]. La situation ne s’améliore guère par la suite. Pour des raisons administratives, l’intendant Nicolas du Pont de Compiègne démissionne de sa charge. À sa place on nomme, le 11 mars 1659, Louis Lenormand, sieur de Beaumont, qui cumule donc la charge d’intendant avec celle de capitaine des chasses dont il est titulaire depuis cinq ans[40]. Mais M. de Beaumont se décharge des fonctions d’intendance, qui ne correspondent pas à son rang, sur son propre intendant, Denis Raimond qui se révèle peu efficace. Le laisser-aller règne sur le domaine royal, encore aggravé par l’assassinat, en forêt de Saint-Germain-en-Laye, de M. de Beaumont, le 3 mai 1660[41]. En septembre 1660, le roi amorce la reprise en main du domaine. Au lieu de donner un successeur à M. de Beaumont, il donne commission d’intendance à son proche serviteur, Jérôme Blouin, premier valet de chambre du roi, « ayant clefs des coffres de nostre chambre et couchant en icelle[42] ». Ce dernier remet de l'ordre dans la gestion du domaine en congédiant, sur ordre du roi, le jardinier Hilaire II Masson, accusé de déprédations. Louis XIV demande également que l'inventaire du château soit vérifié. Et le concierge Henry de Bessay, sieur de Noiron, doit, sur ordre du roi du 11 octobre 1660, se retirer à Saint-Germain-en-Laye[43]. Quatre mois après son mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche[44], Louis XIV va « prendre le divertissement de la Chasse[45] » avec son épouse à Versailles, le 25 octobre 1660. C’est à cette époque que l’intérêt du roi pour le domaine de son père se manifeste de façon explicite. Il envisage d’agrandir le jardin et de créer un nouveau parc d’une « étendue considérable[46] ». Dès le mois de novembre, Blouin se met en quête de financements pour ces travaux à venir. À cet effet, il remet en vente le fermage de la seigneurie et parvient non sans difficulté à le faire accepter par le receveur-fermier alors en place, Denis Gourlier, pour la somme de 5 200 livres[47]. Le premier changement effectif à Versailles concerne le verger. Le roi souhaite en faire régulariser la forme et augmenter la surface. Il veut également le clore d’un mur. Il ordonne que les terrains nécessaires à cette opération soient mis à sa disposition au 31 décembre 1660. Entre l’automne 1660 et le début de 1661, les travaux d’arpentages sont menés[48]. Le 9 mars 1661, alors que le cardinal Mazarin vient de mourir, Louis XIV annonce qu’il exercera le pouvoir directement, sans nommer un nouveau Premier ministre[49]. Le lendemain, sa première décision officielle consiste en la nomination de Jean-Baptiste-Amador de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, comme capitaine des chasses en remplacement de M. de Beaumont assassiné en 1660. Mais la gestion du domaine de Versailles, non mentionnée dans la capitainerie attribuée à Du Plessis, demeure sous le contrôle de Blouin. Dans les premiers mois de 1661, le roi charge le peintre Charles Errard de remettre en état les appartements du château. Mais avec la naissance prochaine du dauphin et le mariage à venir de Monsieur, frère du roi, la famille royale va s'agrandir. Il faut donc procéder rapidement à un réaménagement de la distribution des pièces. Le rez-de-chaussée et l'étage sont divisés en appartements royaux ou princiers, desservis par deux nouveaux escaliers dans les ailes latérales. L'escalier de Louis XIII au centre du corps de logis est supprimé[50]. L'historiographie romantique veut que les architectes et jardiniers de Versailles Charles Le Brun, André Le Nôtre et Louis Le Vau se soient inspirés du château de Vaux-le-Vicomte, mais en fait Louis XIV n'a pas eu à capter tous ces talents au service de Nicolas Fouquet au profit de la monarchie puisqu'ils sont au service du roi depuis des années[10]. Sans compter des modifications mineures effectuées à partir de 1661, auxquelles le roi ne consacra qu’une somme modeste d’un million et demi de livres[51], les phases de construction se déclenchèrent en 1664 avec la première campagne de construction. En dépit des résultats de la construction d’un des plus merveilleux palais d’Europe, les poursuites de Louis XIV déclenchèrent des critiques sournoises parmi ses courtisans[52]. Il reste cependant des témoignages de ces secrètes oppositions ; le lieu parut surtout mal choisi ; Saint-Simon le rapportant ainsi : Versailles, lieu ingrat, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui n’est pas bon[53]. À cette époque, Versailles n’était qu’une résidence d’agrément, où des fêtes étaient données dans les jardins, le Louvre demeurant officiellement le palais royal. Dans une lettre restée célèbre, Colbert se plaignit d’ailleurs que Louis XIV délaissât le Louvre : « Pendant le temps qu'elle a dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est assurément le plus superbe palais qu'il y ait au monde et le plus digne de la grandeur de Nostre Majesté. Et Dieu veuille que tout d'occasions qui la peuvent nécessiter d'entrer dans quelque grande guerre, en luy ostant les moyens d'achever ce superbe bastiment, ne luy donnent pas longtemps le déplaisir d'en avoir perdu le temps et l'occasion ! ... Ô quelle pitié, que le plus grand roy et le plus vertueux, de la véritable vertu qui fait les plus grands princes, fust mesuré à l'aune de Versailles[54] ! » Cette phase de construction résultait des exigences de logement pour les membres de la cour invités au divertissement nommé fête des Plaisirs de l’Île enchantée[55] : pendant une semaine en mai 1664, Louis XIV présenta le divertissement — un prélude en allégorie de la guerre de Dévolution — comme hommage officiel à sa mère, Anne d'Autriche, et à sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche ; mais en réalité, le roi offrit la fête à sa favorite, Louise de La Vallière[56]. Au cours des fêtes de 1664 et 1668, les courtisans mesurèrent l’incommodité du petit château, car beaucoup ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57]. Le roi, désireux d’agrandir celui-ci, confia cette tâche à Le Vau qui présenta plusieurs projets[58]. Le premier prévoyait la destruction du château primitif et son remplacement par un palais à l’italienne. Le deuxième projet proposait d’agrandir le château, côté jardin, par une enveloppe de pierre[58]. Sur les conseils de Colbert, le roi opta pour la seconde solution[59]. À partir de 1664, Louis XIV fit aménager Versailles de façon à pouvoir y passer plusieurs jours avec son Conseil et membres de la Cour[60]. Il décida de conserver le château initial bâti par Louis XIII, plus pour des raisons financières que sentimentales[58]. Le Vau tripla la superficie du château[58], qui fut décoré avec beaucoup de luxe, en reprenant notamment le thème du soleil[61], omniprésent à Versailles. Le jardin de Versailles, particulièrement apprécié par Louis XIV, fut orné de sculptures de Girardon et de Le Hongre[58]. En 1665, les premières statues sont installées dans le jardin et la grotte de Téthys construite[62]. La première orangerie, la ménagerie et la grotte de Téthys caractérisèrent la construction à cette époque. Deux ans plus tard, commença le creusement du Grand Canal[63]. Les oiseaux et mammifères de la ménagerie servirent de modèles entre 1669 et 1671, au flamand Pieter Boel, peintre du roi, pour les compositions intitulées les Douze mois, dans les dessins de Charles Le Brun pour la manufacture des Gobelins. Le Louvre conserve vingt de ces études[64]. La deuxième campagne de construction fut inaugurée avec le traité d’Aix-la-Chapelle, le traité qui a mis fin de la guerre de Dévolution, et fut célébrée par la fête qui aura lieu le 18 juillet 1668. Connue sous le terme de « Grand Divertissement royal de Versailles », elle sera marquée par la création de George Dandin, de Molière, et des Fêtes de l’Amour et du Hasard, de Lully[65]. Comme lors de la fête de 1664, certains courtisans ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57], ce qui conforta le Roi dans ses projets d’agrandir le château. Le projet finalement accepté[59] fut caractérisé par une enveloppe de pierre[58]. À cette époque, le château commença à prendre des aspects qu’on voit aujourd’hui. La modification la plus importante de cette période fut l’enveloppe du château de Louis XIII. L’enveloppe « connue également comme le château neuf afin de se distinguer du vieux château de Louis XIII » environna celui-ci au nord, à l’ouest et au sud. Le château neuf fournit des logements nouveaux pour le roi, la reine et les membres de la famille royale. Le premier étage fut réservé complètement pour deux appartements : le grand appartement de la Reine (côté sud) et le grand appartement du Roi (côté nord). Au rez-de-chaussée du château neuf, deux appartements furent aménagés : l’appartement des bains, côté nord ; l’appartement pour le frère et belle-sœur du roi, le duc et la duchesse d’Orléans. À l’ouest, une terrasse s'édifia sur les jardins ; celle-ci fut supprimée quelques années plus tard pour faciliter le passage entre les appartements du roi et de la reine. À son emplacement fut construite la galerie des Glaces. Au deuxième étage, des appartements furent aménagés pour d'autres membres de la famille royale et membres choisis de la cour[66]. À la mort de Louis Le Vau, le 11 octobre 1670, Colbert désigna les travaux architecturaux à François II d'Orbay[67]. [réf. nécessaire]Précisions de construction Avec le traité de Nimègue, qui mit fin à la guerre de Hollande, se déclencha la troisième campagne de construction à Versailles. Sous la direction de Jules Hardouin-Mansart, le château prit les aspects ce que nous lui connaissons aujourd’hui. La galerie des Glaces avec ses salons jumeaux — le salon de la Guerre et le salon de la Paix, les ailes au nord et au sud — dits respectivement « aile de Noble » et « aile des Princes » (également « aile du Midi ») et des travaux herculéens aux jardins furent les caractéristiques de marque de cette ère du règne du Roi-Soleil. À cette époque, Le Brun acheva le décor des grands appartements[68]. Les eaux marécageuses répandaient un « mauvais air » responsable d'épidémies de paludisme mortel chez les ouvriers du chantier et de fièvres tierces parmi les courtisans, ces derniers étant parfois soignés par de la poudre de l'écorce de quinquina, un médicament ramené du Pérou par les jésuites. Le comblement des marais, les efforts d'équipement et de salubrité dans les années 1680 permirent la régression des maladies[69]. Chronique de construction 1678 : 1679 : 1681 : 1682 : Dès lors que Louis XIV décida d'installer la Cour et le pouvoir central à Versailles, en 1682, le château rassembla des milliers de personnes : la famille royale et ses officiers commensaux (ceux qui la servaient), les courtisans et leurs propres domestiques, les ministres et leurs multiples commis, mais aussi tout un personnel de serviteurs, d'ouvriers, de marchands. Ces « gens du château », comme on les nommait, permettaient la bonne marche quotidienne de la « mécanique » versaillaise et de l'État[70]. Peu après la défaite de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), et vraisemblablement aussi par l’influence pieuse de Madame de Maintenon, Louis XIV se chargea d’entamer sa dernière campagne de construction à Versailles. La quatrième campagne de construction (1699-1710) fut caractérisée par l'élévation de la dernière chapelle (la chapelle du château de Versailles actuelle). Cette dernière fut dessinée par Jules Hardouin-Mansart et, après sa mort, achevée par Robert de Cotte en 1710, premiers architectes du Roi successifs. De même, l’agrandissement de l’appartement du roi fut entrepris à cette époque avec l’achèvement du salon de l'Œil-de-bœuf et la chambre du roi. Avec le parachèvement de la chapelle, virtuellement toutes les constructions du Roi-Soleil touchèrent à sa fin. Les constructions versaillaises ne se poursuivront que pendant le règne de Louis XV[71]. Les travaux importants se déroulèrent en période de paix. Inversement, en période de guerre, les travaux et dépenses connurent un net ralentissement. Une idée fausse répandue par l'historiographie de la Troisième République veut que le chantier de Versailles ait ruiné le pays. L'historien François Bluche a pu évaluer la charge des chantiers de Versailles en se basant sur les archives comptables des bâtiments du roi (archives comptabilisant ensemble le château de Versailles, les eaux et les jardins, mais aussi Trianon, Marly et Clagny), et les estime à 80 millions de livres tournoi[note 5], soit moins de 3 % annuels dans les dépenses de l'État (en prenant en compte les principales charges réparties entre 1664 et 1715)[72]. C'est l'hydraulique du parc du château de Versailles qui représenta la dépense la plus importante du chantier, le Roi-Soleil se voulant être le maître des eaux : sur 65 millions de livres tournois que coûtèrent l'ensemble des travaux du château avant 1690, 25[note 6] furent affectés aux eaux de Versailles, soit près de 40 %[73]. Dans une note datant de la fin du règne de Louis XIV, le premier architecte du Roi Jacques Gabriel recense que le château — hors ses dépendances en ville — dispose des appartements du roi et de la reine, de 20 appartements princiers et de 189 appartements à destination des courtisans[74]. Louis XIV organise l'année de sa mort sa dernière cérémonie à Versailles lors d'une audience extraordinaire accordée le 19 février 1715 dans la galerie des Glaces au Mehmet Rıza Beğ de Perse[75], l'ambassadeur du Chah Huseyin de Perse. Il est accompagné de l'Arménien Hagopdjan de Deritchan. C'est aussi la première manifestation d'envergure à laquelle assiste le futur Louis XV[76]. Le 13 août 1715 une seconde audience est accordée à l'ambassade qui débouche cette fois sur la signature du traité de commerce et d'amitié entre la France et la Perse. Celui-ci prévoit — notamment — l'établissement d'un consulat de Perse à Marseille, principal port de commerce avec l'Orient dont les Arméniens détenaient le monopole. Hagopdjan de Deritchan est ainsi choisi pour le rôle de premier consul dans le but de faciliter leurs activités et faire reconnaître le protectorat dont ils bénéficient. Cet événement révèle le contexte historique dans lequel Montesquieu écrit ses Lettres persanes[75] qu'il fait éditer en 1721 à Amsterdam sous le pseudonyme « Pierre Marteau » alors que la ville comptait de nombreux marchands arméniens et perses. Louis XV naît à Versailles le 15 février 1710. Les 3 et 4 septembre 1715, après la mort de Louis XIV, il accomplit ses premiers actes de roi lors de la messe célébrée pour lui à la chapelle de Versailles. Mais il n'est encore qu'un enfant. Son tuteur Philippe d’Orléans (dit le Régent, cousin au 2e degré de Louis XV) quitte Versailles le 9 septembre et s’installe dans sa résidence parisienne du Palais-Royal et la Cour aux Tuileries. Durant cette Régence, le duc de Noailles propose de raser le château[77]. En 1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visite Versailles et réside au Grand Trianon[78]. En 1722, âgé de 12 ans, Louis XV est fiancé à Marie-Anne-Victoire d'Espagne et la cour se réinstalle à Versailles dans les appartements de Louis XIV, après sept années passées à Vincennes puis aux Tuileries. Ce retour a lieu au moment de la puberté du roi. Selon certaines rumeurs, le Régent aurait voulu éloigner le jeune monarque de l'opinion parisienne. D'autres ont véhiculé l'idée que le cardinal aurait eu l'initiative du départ, pour ôter Louis XV de l'influence de l'entourage de Philippe d'Orléans. Il semble, d'après Bernard Hours, que le roi ait adhéré au projet. Hours se focalise sur des témoignages qui tendent à montrer son attachement au château de Versailles, tels ceux du maréchal de Villeroi. Ce retour symboliserait la prise de possession de l'héritage de son aïeul[79]. L'avocat Barbier raconte qu'en arrivant à Versailles le jeune Louis XV âgé de douze ans se serait couché sur le parquet de la Galerie des Glaces pour admirer les peintures de la voûte, et les courtisans l'auraient alors imité[80]. L'absence de la Cour durant six années a engendré une dégradation importante des lieux. Un fond spécial de 500 000 livres est affecté aux « réparations extraordinaires » entre les mois d'avril et juillet 1722. Trois projets de Louis XV furent menés à leur terme : l'achèvement du grand appartement avec l'aménagement du salon d'Hercule, le bassin de Neptune et l'ajout au château d'un opéra royal. C'est dans le domaine des arts que Louis XV rencontra le moins d'entraves à son action, il fut particulièrement moderne et novateur. Bien que peu attiré par la musique et la peinture, il voua le plus vif intérêt pour l'architecture. Le marquis d'Argenson, rapportant l'opinion de Madame de Pompadour, écrivait d'ailleurs dans son journal que : « La marquise et ses amis disent qu'on ne peut amuser le Roi absolument que de dessins d'architecture, que Sa Majesté ne respire qu'avec des plans et des dessins sur la table. »[81]. Passion héréditaire et personnelle, il eut pour précepte François Chavallier, proche de Vauban. Il n'est donc guère étonnant que Louis XV décida d'accommoder le château à ses propres goûts. La construction, l'ameublement et l'entretien des résidences royales étaient dévolus à deux services : les Bâtiments et le Garde-meuble. Au sein du premier service, la deuxième personne la plus importante après le directeur général était le premier architecte. En 1708, au décès de Mansart, ce poste fut dévolu à son beau-frère et disciple, Robert de Cotte. Ce dernier, épuisé et presque aveugle, meurt en 1734, sans s'être vu confier d'importants chantiers, tout à l'inverse de ses successeurs, les Gabriel père et fils. Le premier fut assisté du second, tant et si bien qu'il est difficile de distinguer la part de chacun dans nombre de projets. Dès le retour du roi en 1722, les appartements du Roi furent complètement modifiés. Le premier étage constitua l'appartement intérieur du Roi, conservant ses fonctions cérémoniales. Au second étage, en revanche, Louis XV fit aménager ses petits appartements et petits cabinets, d'usage privé. Cette même année il se fit installer un cabinet de tour, dans une mansarde et toujours au deuxième étage, donnant sur la cour de marbre. Le premier commissaire de police de la ville de Versailles Pierre Narbonne réalise un recensement de la cour de Versailles en 1722[82] : 4 000 personnes logées dans l'enceinte même du château et environ 2 700 personnes dans les dépendances (essentiellement le personnel appelé à l'époque les « utilités »[83]), sans compter les 1 434 hommes de la garde simple du roi pour lesquels aucun logement n'est noté[84]. En 1723, un cabinet des bains fut aménagé. Les façades d'une des cours intérieures reçurent des têtes de cerfs, ce qui lui donna l'appellation de cour des Cerfs. On peut voir dans cette initiative du Roi son goût prononcé pour la chasse. La nouvelle administration des Bâtiments, à la tête de laquelle se trouvait depuis 1708 le duc d’Antin, entame la décoration de la grande salle (salon d’Hercule) sous la responsabilité de Robert de Cotte qui dirige les travaux suivant les projets élaborés dans les dernières années du règne de Louis XIV. Ce salon achève le grand appartement de Le Brun et l’esprit de grandeur rejoint celui du siècle précédent. En 1729 débutent des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la Reine. Robert de Cotte fournit les dessins des nouvelles boiseries. Les travaux sont achevés par Gabriel père et fils en 1735. C'est également en 1729 que reprennent les travaux dans le salon d'Hercule. La décoration de ce nouveau salon débute, dès 1712. Il se trouve à l'emplacement de l'ancienne chapelle, détruite en 1710. Le chantier est placé sous la direction de Robert de Cotte, le décorateur de la nouvelle chapelle royale. Cependant la mort du roi Louis XIV, en 1715 interrompt le chantier. Les parois sont recouvertes de marbres choisis par Louis XIV de son vivant et décorées par deux œuvres de Véronèse. Le salon d’Hercule relie les appartements du Roi au vestibule de la chapelle. Plus tard, Gabriel envisage de remplacer l’escalier des Ambassadeurs par un nouvel escalier qui déboucherait dans cette salle. Celui-ci ne reprend qu'après le retour de Louis XV au château, en 1729. La nouveauté réside dans le plafond compartimenté d’aucun cadre sculpté. François Lemoyne saisit l’occasion de rivaliser avec Véronèse en peignant L’Apothéose d’Hercule entre 1733 et 1736 par François Lemoyne. Sur le mur du fond est exposée une immense toile de Véronèse offerte par la République de Venise au roi Louis XIV en 1664, Le Repas chez Simon. L'aménagement de la pièce fut terminé en 1736. Mais l'inauguration n'eut lieu que le 26 janvier 1739, par un « bal paré » donné à l'occasion du mariage de la fille aînée de Louis XV avec l'Infant d'Espagne. Le salon d'Hercule servit de cadre à d'exceptionnels « grands couverts » (en 1769 pour le mariage du duc de Chartres, ou en 1782 pour la naissance du Dauphin) et à des audiences extraordinaires comme celle de l'ambassade du sultan du Mysore Tipou Sahib en août 1788[85]. En 1737, Louis XV transforme le premier étage du corps central le long de la cour de Marbre, côté nord, en appartement privé destiné à l'habitation et au travail. Il fait renouveler les soieries des appartements du Roi et de la Reine. L'objectif était également de soutenir les manufactures de Lyon. Cette année-là voit également la construction d'un chenil pour les meutes de Louis XV. En 1738 à 1760, les pièces de l’appartement de collectionneurs de Louis XIV sont constamment remaniées. Les travaux commencent en 1738 par la création de la chambre à coucher privée du Roi, et se stabilisent vers 1760. En 1741, Philibert Orry, qui avait remplacé le duc d’Antin, fait procéder à l’achèvement du Bassin de Neptune. En 1742, Louis XV y accorde audience à Saïd Méhemet Pacha, ambassadeur extraordinaire du Grand Seigneur, sultan de l'Empire ottoman. Un traité d'alliance militaire contre l'Autriche est conclu avec l'Empire ottoman[86] dans la guerre de Succession d'Autriche. Il promet un soutien qui devait s'ajouter à ceux de la Prusse et de l'Empire russe[86], mais qui n'aura finalement pas lieu. Louis XV subira de plus un revers d'alliance de la part de la Russie. Versailles n'avait pas reçu d'ambassade depuis 1715. En 1745, à la tête de l’Administration des Bâtiments du Roi, Charles François Paul Le Normant de Tournehem succède à Philibert Orry, grâce à l’influence de sa pupille — peut-être même sa fille naturelle — Madame de Pompadour. Le 25 février 1745 se déroule le bal des Ifs[87]. En 1750, Louis XV introduit un nouveau type de pièces dans les appartements royaux : la salle à manger des retours de chasse. Il connaît une série d'histoires sentimentales de courte durée dans le parc aux cerfs. En 1751, mort de Tournehem qui est remplacé par le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour. Sous ses directives vont se révéler l’architecte Ange-Jacques Gabriel, et deux sculpteurs de boiseries, Verbeckt et Rousseau. C’est l’appartement de Marie Leczinska qui fournit à Gabriel et à Verbeckt l’occasion de travailler ensemble. En 1752, destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la Petite Galerie et du cabinet des Médailles. Ces témoins glorieux du règne de Louis XIV sont détruits pour la création d’un appartement destiné à l’aînée des Filles de France : Madame Adélaïde. Dernière vente de mobilier de Louis XIV après celle de 1741 et de 1751[10]. En 1755, la seconde transformation consiste à réunir l’ancien cabinet du Roi (ou du Conseil) avec le cabinet des Thermes (ou des Perruques) pour former le grand salon du Conseil. Jules Antoine Rousseau sculpte les boiseries dorées. Gabriel réutilise une partie des anciens panneaux pour décorer les murs. Au second étage se développent les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du château, aucune dorure ne colore les boiseries. Des couleurs vives et variées égayent les statues, peintes selon les techniques élaborées par Martin, l’inventeur du fameux « vernis Martin ». L’élément essentiel de cet appartement est une petite galerie éclairée sur la cour de Marbre. Des tableaux de Boucher, Carle van Loo, Lancret, Pater et Parrocel sont accrochés sur les boiseries colorées. Versailles demeure un haut lieu de la diplomatie française, le 1er mai 1756 : un traité d'alliance est signé à Versailles avec l'Autriche, il met fin à 250 ans de conflits avec les Habsbourg et opère en Europe un véritable renversement des alliances, qui fut défavorable à la France puisqu'elle perdit ses colonies d'Amérique à la suite de la Guerre de Sept Ans qui s'acheva en 1763[88]. Le 5 janvier 1757, un attentat est commis par Damiens contre le Roi dans la cour de marbre. Pendant toute sa carrière, Ange-Jacques Gabriel, nommé Premier architecte du roi en 1742, doit faire face à des problèmes de logement, la reine met en effet au monde huit princesses : Pour loger toutes ces princesses dans des appartements qui conviennent à leur rang, Gabriel effectue de multiples travaux. Au fil des années « Mesdames » changent d’appartements, passant de l’aile du Midi à l’aile du Nord, et au rez-de-chaussée du Corps central (et même au premier étage comme nous l’avons noté pour Adélaïde). Ces déménagements successifs aboutissent à la disparition complète de l’appartement des bains, de l’escalier des Ambassadeurs, et au cloisonnement de la Galerie basse. Ces appartements sont détruits par Louis-Philippe, quelques splendides boiseries ont échappé à ce saccage et témoignent du luxe qui régnait chez Mesdames. Selon la tradition établie sous Louis XIV, le dauphin et son épouse prennent possession des deux appartements du rez-de-chaussée situés sous l’appartement de la Reine et, en retour d’équerre, sous une partie de la galerie des Glaces. De merveilleuses décorations sont alors créées. Le XIXe siècle ravagea cet ensemble. Seules sont conservées la chambre du dauphin et la bibliothèque. De 1761 à 1768 Ange-Jacques Gabriel construit le Petit Trianon. En 1769, la princesse Adélaïde déménage et son appartement est réuni à celui de Louis XV. Les deux pièces importantes de l’appartement intérieur sont la nouvelle chambre du roi et son cabinet intérieur, cette dernière formant la plaque tournante entre les anciens salons et les « salles neuves » de l’appartement d’Adélaïde. Dans la seconde partie du règne de Louis XV des projets de reconstruction des façades en regard de la ville vont prendre corps. On reproche aux murs de Le Vau leurs matériaux et leur disposition. En 1770, le 16 mai, mariage du dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, célébré dans la chapelle royale. Dans un même temps a lieu l’inauguration de l’Opéra royal à l’occasion du festin royal, elle marque le sommet de l’art de Gabriel. En 1771 Gabriel présente au roi son « grand projet » de reconstruction de toutes les façades côté ville. Seule l’aile droite, qui menaçait ruine, fut édifiée. Avec son pavillon à colonnes, les règles de l’architecture classique furent respectées. Le roi donna son agrément à ce projet. Comme l’argent manquait dans les caisses royales, Madame Du Barry se chargea de réunir les fonds à cette opération. En 1772, les travaux du « grand projet » débutent et ne sont jamais achevés, mais donnent naissance à l’aile Louis XV. À l’intérieur de l’aile, les travaux du grand escalier dit grand degré débutent, mais ne seront achevés qu’en 1785. À la fin de l’Ancien Régime, le palais sera la résidence royale la plus luxueuse de toute l’Europe. Pendant que Gabriel poursuit son œuvre la vie de la cour continue, toujours brillante et luxueuse, émaillée de bals et de fêtes. La distraction favorite de ce siècle est le théâtre. On apprécie Voltaire pour ses tragédies et sa prose. Madame de Pompadour donne une grande impulsion à ce mouvement. Louis XV est responsable de la destruction d’ensembles splendides datant de Louis XIV, mais il a su créer à l’intérieur du palais de magnifiques décorations. Les jardins et en particulier Trianon se sont enrichis du Pavillon français et du Petit Trianon. Le roi apprécie le style incognito et multiplie les bals masqués. Néanmoins la monotonie de ces festivités n'obtient pas le succès de celles qu'organisait Louis XIV, malgré les dépenses qu'elles occasionnent. L'Opéra royal de Versailles est sans doute l’œuvre majeure de Gabriel, il fut inauguré le 16 mai 1770 à l'occasion du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette. Sous Louis XVI, la vie de cour à Versailles se perpétua, mais des restrictions d'ordre financier furent appliquées à la Maison du roi. De plus, l'entretien du château se révéla coûteux. L’absence de commodités (salle de bains, chauffage) dans les appartements rendit de plus en plus pressante la nécessité d’une rénovation profonde des bâtiments, mais le manque d’argent fit remettre le projet jusqu’à la Révolution française. Marie-Antoinette imposa d'importantes dépenses pour l'aménagement du Petit Trianon, ce qui contribua à la rendre impopulaire. Le 15 août, fête de l'Assomption, est commémoré par une grande procession à laquelle doivent assister tous les courtisans. Celle-ci rappelle la consécration de la France à Marie, décrétée par Louis XIII. C'est au cours de la cérémonie du 15 août 1785 que le roi fait arrêter dans la galerie des Glaces, pleine de monde, son grand aumônier, le prince-cardinal Louis de Rohan, compromis dans l'affaire dite du Collier de la reine. À son avènement en 1774, Louis XVI veut pour lui une pièce dédiée à sa détente. Le choix se porte sur une bibliothèque. Elle est commencée dès le début de son règne. Le décor, dessiné par Ange-Jacques Gabriel, est sculpté par Jules-Antoine Rousseau. Jean-Claude Quervelle réalise une grande table à plateau monoxyle pour permettre à Louis XVI d'exposer ses biscuits de Sèvres[89]. Deux globes, un terrestre et un céleste, complètent ce décor en 1777. C'est dans cette bibliothèque que Louis XVI décide de l'arrestation de son grand aumônier le 15 août 1785, après avoir été mal conseillé par le baron de Breteuil et son garde des Sceaux Armand Thomas Hue de Miromesnil. Cette pièce fut créée pour abriter une partie des collections de Louis XIV. Sous Louis XV, elle prit diverses affectations. Ainsi, elle servit au roi de pièce d'exposition pour son service de vaisselle d'or, d'où l'un de ses noms de « cabinet de la Vaisselle d'or ». Elle fut ensuite rattachée aux appartements de Madame Adélaïde, fille de Louis XV. Cette pièce devient dès lors son cabinet de musique où Adélaïde reçut des leçons de harpe de Beaumarchais. Mozart y aurait joué pour la famille royale en 1763. Sous Louis XVI, cette pièce redevient une pièce d'exposition. En 1788, Louis XVI y expose l'un de ses achats personnels, le cabinet des papillons. Versailles vit l’apogée de la France des Bourbons, mais aussi sa chute : c’est à Versailles que se tinrent les états généraux de 1789. Le 5 octobre 1789, malgré la pluie, le peuple de Paris, conduit par des femmes, marche sur Versailles où il se heurte aux grilles du château. Une fusillade éclate. Le peuple envahit le château, et ramène la famille royale à Paris. Abandonné après le départ de la famille royale pour Paris 6 octobre 1789, le château ne retrouvera jamais ses fastes. Avant de partir, le roi déclare au gouverneur du château : « Tâchez de me sauver mon Versailles ! »[90]. Avec eux, la famille royale emporte « le mobilier, les pendules, les tentures, le linge et tout le nécessaire »[90] : l'intendance en profite pour faire de grands ménages et des restaurations[90] ; néanmoins, et pour la première fois depuis 1723 (lorsque Louis XV revient à Versailles), « le gouverneur ordonne alors de fermer les contrevents, et le château sombre dans l'obscurité »[90]. Il est néanmoins préservé dans le but de le mettre à la disposition des citoyens pour en faire, comme il est prévu pour tous les châteaux royaux, un lycée, un gymnase, un musée du Génie[91]. La surveillance du château fut confiée à la Garde nationale de Versailles pour éviter les dégradations, ils menaient à bien cette mission aux côtés des Suisses restés au château[92]. Le mobilier du château est transporté dans des garde-meubles. Ainsi, le fameux secrétaire à cylindre de Louis XV par Oeben et Riesener, après avoir subi des modifications de son décor et de ses ornements (suppression de tout ce qui rappelait la royauté) est affecté à l'hôtel de la Marine[réf. nécessaire], place de la Concorde. Le château n'est pas plus pillé que soumis à des dégradations, sinon certains insignes de la royauté (fleurs de lys, couronnes, etc.) qui sont martelés[90]. En 1790 la municipalité de Versailles fit appel à la générosité du Roi pour venir en aide aux centaines d'ouvriers sans travail dont le nombre augmentait de jour en jour. Louis XVI versa un salaire à 600 travailleurs à partir du mois de janvier pour l'entretien du Grand Canal. Mais six mois plus tard, il cessa les paiements en expliquant qu'il ne pouvait plus subvenir à leurs besoins ; les travaux prirent fin et l'état du Grand Canal se dégrada jusqu'à ce qu'il se transforme en un marais putride. Un décret du 8 juillet 1792 protégea le Grand Canal en le réservant à l'installation d'une école de natation[92]. Au début de 1791, les tableaux, les glaces et tous les emblèmes trop explicites de la royauté sont décrochés des murs et des plafonds. Les œuvres d'art sont envoyées au Louvre, devenu le musée central des arts en 1792. Après le 10 août 1792, le concierge du palais, Boucheman, qui était déjà en poste sous Louis XVI, fut chargé de dresser la liste des personnes habitant toujours le château, il en dénombra 70 ; celles qui étaient installées sans motif reçurent l'ordre d'évacuer les lieux, entre le 12 et le 25 août des scellés furent apposés sur les portes des différents appartements. Les habitants qui étaient restés dans le château étaient essentiellement des personnes chargées de son entretien et de sa surveillance[92]. La Convention, le 10 juin 1793, après la chute de la monarchie, vend à l'encan le mobilier du château (17 000 pièces, qui vont de l'argenterie aux boutons de porte[93]) : 17 182 lots, étalés sur les années 1793-1796. Les plus belles pièces partent pour l'Angleterre, achetées par des mandataires du roi Georges III, et meublent ou décorent le palais de Buckingham ou le château de Windsor. Charles-François Delacroix, le père du peintre Eugène Delacroix, pense en 1793 qu'il faudrait le démolir et y passer la charrue[92] ; la Convention pense par ailleurs, un temps, à raser le château[90]. Les sans-culottes arrachent les fleurs des jardins pour planter des pommes de terre et des oignons[94], le Petit Trianon devient une gargote et des clubs révolutionnaires s'installent dans l'opéra et la chapelle royale[93]. Le château toutefois n'était pas totalement fermé au public, au mois d'août 1793 treize citoyens et huit « gardes-bosquets » disposaient des clés du château, ils étaient habilités à y faire entrer des groupes de visiteurs et à leur faire découvrir les salles du château et le parc de Versailles en échange d'une rémunération[92]. Entre la fin de l'année 1793 et le début de l'année 1794 le pourtour du Grand Canal fut mis en culture ; 200 pommiers furent plantés à son extrémité en 1795. Les matelots et les gondoliers du canal conservèrent leur logement, étant chargés de l'entretien de la flottille. En avril 1794 les animaux de la Ménagerie furent transférés au Muséum d'Histoire naturelle à Paris[92]. Il est quelque temps dépôt central du département de Seine-et-Oise pour les œuvres d'art pillées chez les nobles émigrés[90]. En 1795, il devient un « muséum » (confirmé par Bonaparte en 1799)[90] ; le 18 avril 1796, il prend le nom de musée central des arts, puis en 1797 de musée spécial de l'École française, abritant 350 chefs-d'œuvre, dont de Nicolas Poussin, alors que le musée du Louvre présente les collections de Hollande et des Pays-Bas[95]. Alors, « le château n'est plus qu'une carcasse vide, à l'exception notable des deux institutions qu'il abrite : le Muséum national et le dépôt central des objets d'art de Seine-et-Oise. Un fourre-tout où se distingue, entre autres, une partie des anciennes collections royales »[93]. En 1796 l’École centrale de Versailles fut installée dans l'aile des ministres nord du château, les salles de classes étaient meublées avec le mobilier de l'hôtel des Affaires étrangères, le potager du château fut mis à la disposition du professeur de sciences naturelles[92]. Le 1er novembre 1804, Duroc, grand maréchal du palais, prit possession du palais au nom de la couronne impériale. Le 3 janvier 1805 le pape Pie VII, venu pour le sacre de l'Empereur, bénissait la foule depuis la fenêtre centrale de la galerie des Glaces[96]. Les 13 et 22 mars 1805, l'Empereur visita le château et décida de repousser son installation dans le palais au profit du Grand Trianon. L'Empire installé, les aménagements de Versailles commencent : on commande en 1806 une série de tentures destinées à l'ameublement et on décida de faire tisser à la manufacture des Gobelins des tapisseries d'après des sujets impériaux[97] : l'Empereur et sa famille, l'Empereur et ses chefs de corps, les Grands Hommes de l'Antiquité et les statues du musée dont le Laocoon. Le 11 mars 1806, l'empereur confia à l'architecte Jacques Gondouin la transformation du palais. Gondouin présenta deux projets[98] : En 1806 et 1807, les dépenses liées aux nouvelles guerres entraînèrent l'arrêt des travaux, ce qui permit à Guillaume Trepsat et Pierre Fontaine de proposer leurs propres projets très proches du premier projet de Jacques Gondouin[99]. Après une visite du château le 11 mars 1808, l'Empereur abandonna le projet de Jacques Gondouin et ordonna la consolidation des bâtiments et la remise en état immédiate des lambris, glaces et serrures[100]. En 1810, après son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise, Napoléon Ier souhaita de nouveau s'installer dans un Versailles transformé ; il ordonna que des crédits spéciaux soient alloués et fit appel à Alexandre Dufour qui lança les premiers travaux très rapidement dont la remise en eau du Grand Canal[101]. Dufour souhaitait détruire la cour de marbre et de construire en avant une aile avec un pavillon central qui aurait abrité la salle du trône ; en pendant de la chapelle, il envisageait un théâtre qui en aurait repris le plan[102]. En 1811, à la suite de la naissance du roi de Rome, Napoléon Ier songea un temps à faire de Versailles son palais impérial[90], voire un palais pour son fils, avant qu'il ne décide la construction du palais du Roi de Rome à Chaillot[93]. La maison des enfants de France devait s'installer dans l'aile du Midi, près de leur mère, Marie-Louise qui aurait logé dans les appartements de la Reine. Deux projets retinrent l'attention de Napoléon Ier : La fin précipitée du Premier Empire empêcha la réalisation de ces travaux et Versailles resta inutilisé jusqu’au retour de la monarchie, l'empereur séjournant néanmoins de façon régulière au Grand Trianon[93]. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon Ier rappela ses projets pour Versailles[104]. Il s'agissait de transformer en un palais digne de l'Empire qu'il entendait construire[105]. Après la Restauration, Louis XVIII entreprend des travaux en vue de faire du château sa résidence d'été[90] pour six millions de francs[95] : néanmoins, conscient du risque couru à se réinstaller à Versailles, pour son image de souverain non-absolu, il recule, mais permet aux bâtiments une restauration bienvenue à la suite des déconvenues des deux dernières décennies[90], travaux que poursuit Charles X[90]. En 1815, Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix devient gouverneur de la Maison royale de Versailles et de Trianon, lieutenant-général, marguillier d'honneur de la paroisse et secrétaire général du gouvernement de Versailles. À ce titre, il représente le roi à Versailles et a en plus le soin de tout ce qui regarde la fabrique et l'œuvre de la paroisse Saint-Louis. Auguste de Rambaud, fils de son amie Agathe de Rambaud, ancien commissaire des guerres, est son secrétaire intime. Philippe Louis Marc Antoine de Noailles meurt le 15 février 1819 à Paris. Son éloge est prononcé à la Chambre des pairs par Armand-Maximilien-François-Joseph-Olivier de Saint-Georges, marquis de Vérac, mari d'une de ses nièces, et son successeur dans le gouvernement de Versailles. Louis-Philippe Ier confie à son ministre Camille Bachasson, comte de Montalivet, la tâche de transformer le château en musée : c’est de cette époque que date la dédicace « À toutes les gloires de la France », présente sur les frontons de l'aile Gabriel et du pavillon Dufour. En 1833 Louis-Philippe Ier décide, pour sauver Versailles de la ruine, de le transformer en un musée de l'histoire de France célébrant les conquêtes militaires de l'Ancien Régime, de la Révolution française, de l'Empire et même de la Restauration[107]. Très attaché à ce projet destiné à marquer l'entreprise de réconciliation nationale (entre monarchie et république[108]) menée par la monarchie de Juillet, le roi surveille de très près l'exécution des travaux et les commandes des tableaux. La restauration du château est dirigée par l'architecte Pierre Fontaine. Les travaux, payés sur la cassette personnelle du roi, s'élèvent à plus de 23 millions de francs. Louis-Philippe fait également restaurer le Grand Trianon pour son usage personnel. En octobre 1837, il y célèbre le mariage de sa fille, la princesse Marie avec le duc de Wurtemberg. Installée dans l'aile du Midi à la place des appartements des princes (ceux-ci sont littéralement détruits[108]), la galerie des Batailles a été conçue personnellement par Louis-Philippe. Elle surprend par ses vastes dimensions (120 mètres de long sur 13 mètres de large). Elle est ornée de trente-deux tableaux de grandes dimensions célébrant les actions militaires glorieuses de l'histoire de France depuis la bataille de Tolbiac en 496 jusqu'à celle de Wagram en 1809. Le peintre le plus sollicité a été Horace Vernet. Le musée de l'histoire de France du château de Versailles, dédié « à toutes les Gloires de la France », est inauguré officiellement par Louis-Philippe le 10 juin 1837, dans le cadre des festivités qui marquent le mariage du prince royal avec la princesse Hélène de Mecklembourg. Il comprend notamment la salle des Croisades dont les frises portent les armes et les noms des chevaliers croisés, ouverte au public en 1843. Le musée rencontre un très grand succès. Victor Hugo commente : « Ce que Louis-Philippe a fait à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c'est avoir été grand comme roi et impartial comme un philosophe ; c'est avoir fait un monument national d'un monument monarchique ; c'est avoir mis une idée immense dans un immense édifice ; c'est avoir installé le présent dans le passé, 1789 vis-à-vis de 1688, l'empereur chez le roi, Napoléon chez Louis XIV ; en un mot, c'est avoir donné à ce livre magnifique qu'on appelle l'histoire de France cette magnifique reliure qu'on appelle Versailles[109]. » Les collections du musée, consacrées d'abord aux peintures (6 000) et aux sculptures (1 500), puis aussi au remeublement du château, comptaient environ 65 000 œuvres en 2014[110], dont 18 861 en ligne sur le site du château au 1er décembre 2017 (8 593 estampes, 3 689 peintures et miniatures, 1 577 objets d'art, 1 403 dessins et pastels, 1 178 meubles, etc.)[111]. À lui seul, le Cabinet des dessins et gravures comprend au total 90 pastels, environ 1 400 dessins et environ 28 000 gravures, soit près de 30 000 œuvres et le Cabinet des médailles en compte 2 600. Sous le Second Empire, on assiste seulement à la « mise en place d'une salle commémorant les victoires de Crimée et d'Italie. Toutefois Napoléon III s'attache à conserver le château et ses dehors dans les meilleures conditions possibles »[112][réf. non conforme]. En 1855, il dîne avec la reine Victoria dans la galerie des Glaces[113]. L'impératrice Eugénie, qui vouait un culte à Marie-Antoinette[réf. nécessaire], fut à l'origine d'un regain d'intérêt pour le château de Versailles. C'est sous son influence que lors de l'Exposition universelle de 1867, des meubles prestigieux furent réintégrés dans le Patrimoine du château. Ainsi, le grand serre-bijoux de Schwerdfeger ou le bureau de Roentgen. La France est vaincue et le château devient le quartier général de l’armée prussienne lors du siège de Paris pendant la guerre de 1870. La galerie des Glaces sert d'hôpital[114], 400 lits sont installés dans le château et 1 000 pièces d'artillerie sur la place d'Armes[115]. Le roi et sa cour investissent Versailles le 5 octobre[115] ; ils fêtent Noël et le réveillon dans les appartements royaux, dînant de plats à base de salade de hareng[115]. Le Kronprinz royal prussien décore ses soldats sous la statue équestre de Louis XIV[115]. L’Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces le 18 janvier 1871, avec l'union décidée entre la confédération de l'Allemagne du Nord et les États du Sud sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck. Le roi de Prusse ne loge alors pas au château, mais à la préfecture[116]. Les troupes ne partent que le 6 mars, alors qu'Adolphe Thiers signe l'armistice. L'état de délabrement du château fait dire à Émile Zola en 1874 : « Quand l'homme ferme portes et fenêtres et qu'il part, c'est le sang de la maison qui s'en va. Elle se traîne des années au soleil, avec la face ravagée des moribondes ; puis, par une nuit d'hiver, vient un coup de vent qui l'emporte. C'est de cet abandon que meurt le château de Versailles. Il a été bâti trop vaste pour la vie que l'homme peut y mettre »[117]. En 1871, la Commune de Paris amène le gouvernement français et son administration à s'établir à Versailles[116] et notamment à la préfecture[118]. On installe alors l'Assemblée nationale dans l'ancien Opéra royal, puis on regroupe les 23 000 prisonniers de la Commune dans l'orangerie. Quelques-uns sont exécutés dans le parc, au mur des Fédérés (à Satory)[116]. En 1875, les lois constitutionnelles organisent un Parlement bicaméral : le Sénat continue de siéger dans l'Opéra royal alors que la Chambre des députés se dote d'une nouvelle salle, la salle du Congrès, plus grand hémicycle parlementaire d'Europe[119] construit dans l'ancienne grande cour de l'aile du Midi. En application de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris, les deux assemblées regagnent Paris en 1879, tout en conservant des locaux au sein du château jusqu'en 2005[116]. Sous les IIIe, IVe et Ve Républiques, le château reste en effet le lieu de réunion du Congrès du Parlement, chargé d'élire le président de la République française jusqu'en 1962 et de réviser la Constitution[116]. Pierre de Nolhac arrive au château de Versailles en 1887, en tant qu'attaché de conservation, puis est nommé conservateur du musée le 18 novembre 1892[120]. Entre-deux, le château et les jardins a été déserté pendant vingt ans, si bien qu'on en a même oublié le nom des bassins[116]. Dès son arrivée au château, il envisage de mettre en place de véritables galeries historiques, organisées de façon scientifique, par opposition à Louis-Philippe qui avait créé les premières galeries d'histoire dans une optique de glorification de l'histoire de France. Parallèlement, il entreprend de rendre au château son aspect antérieur à la Révolution. Pour atteindre ces deux buts, Nolhac supprime des salles, décroche des œuvres, remet au jour certains décors historiques, etc. Il raconte par exemple dans ses Mémoires : « la première salle sacrifiée fut celle des rois de France qui alignait sur la cour de Marbre les effigies imaginaires, ou authentiques, de nos rois depuis Clovis »[121]. La révolution opérée par Nolhac donne une notoriété nouvelle au château. Des membres de la haute société et de la noblesse se pressent pour découvrir les nouveaux aménagements, tel le duc d'Aumale, l'ancienne impératrice Eugénie ou encore Marcel Proust[116]. Nolhac s'emploie également à faire venir des personnalités étrangères. Le 8 octobre 1896, le tsar Nicolas II et son épouse arrivent à Versailles[122]. Nolhac organise également des événements qui visent à faire connaître le château à des donateurs potentiels. Le propriétaire du journal New York Herald, Gordon Bennett, donne 25 000 francs permettant de restructurer les salles du XVIIIe siècle. Le développement des dons privés amène à la création de la Société des amis de Versailles, en juin 1907. À l'approche de la Première Guerre mondiale, Nolhac met en place différents dispositifs visant à protéger le château. Les tapisseries de l'Histoire du Roy sont mises en caisse. Les œuvres et les objets précieux sont stockés sous l'aile Gabriel et l'accès est muré[115]. Ces précautions ont été inutiles parce qu'aucune destruction n'a été à déplorer au cours du conflit. En souvenir de l'humiliation subie par la France en 1871, le gouvernement français décide de faire signer dans la galerie des Glaces le traité de Versailles. Le 28 juin 1919 est signé ce traité de paix par David Lloyd George, Georges Clemenceau, et Thomas Woodrow Wilson aux côtés des représentants allemands. Ainsi la France récupère l'Alsace-Lorraine au même endroit où elle l'avait perdue. Le château et ses jardins demeurent néanmoins dans un piteux état[116]. Le 3 juillet 1919, Nolhac quitte ses fonctions, après trente-deux ans consacrés à Versailles. L'effort de Nolhac pour sortir de l'oubli le château n'a pas permis d'établir un financement pérenne. Ainsi, au sortir du conflit, le château qui n'a pas été entretenu fait face à d'importantes difficultés financières. À la suite de sa visite en France, John Davison Rockefeller décide de financer la réhabilitation du château de Versailles, notamment le gros œuvre et les pièces d'eau, dans le parc[116]. Il effectue un premier versement en 1924, un second en 1927. La générosité de ce ressortissant américain incite le gouvernement français à allouer un budget de restauration annuel au château. À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, l'inspecteur général des Beaux-Arts Pierre Ladoué prend des dispositions pour protéger les œuvres (les boiseries sont déposées et les pièces majeures sont envoyées en Sarthe ; on mure les accès à la galerie des Glaces[123]). Le drapeau nazi flotte sur le château[116], mais lorsque les Allemands arrivent, il ne reste pour tout personnel que le conservateur en chef, son épouse, et un pompier handicapé[123]. Cette période est marquée par les images de soldats allemands visitant la galerie des Glaces, lieu de naissance de l'Empire allemand. En juillet 1941, Goebbels visite le château[124]. À la fin de la guerre, les œuvres sont raccrochées et des travaux de restauration commencent, notamment dans la chambre de la Reine. En septembre 1944, le quartier général allié s'installe à l'hôtel Trianon Palace tout proche. Fred Astaire danse pour les soldats américains devant le château (du côté des jardins), lesquels visitent aussi les bâtiments pour observer les toiles[123]. Déjà, en 1951, le conservateur en chef, Charles Mauricheau-Beaupré alerte le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts, André Cornu, sur l'état de délabrement de Versailles : il pleut dans la galerie des Glaces, et les peintures sont menacées[125]. Après une visite d'une journée, le ministre chiffre les travaux de rénovation à environ 5 milliards de francs ; en février 1952, il sollicite, par voie radiophonique, l'aide des Français en leur faisant prendre conscience de l'état de l'ancien palais royal : « Vous dire que Versailles menace de ruine, c'est vous dire que la culture occidentale est sur le point de perdre un de ses plus nobles fleurons. Ce n'est pas seulement un chef-d'œuvre que l'art de la France doit craindre de voir disparaître, mais en chacun de nous une image de la France qu'aucune autre ne saurait remplacer »[125]. Aussitôt, plusieurs mécènes se font connaître : le gouverneur de la Banque de France (il donne dix millions de Francs), Georges Villiers (président du Conseil national du patronat français) ainsi que de nombreux artistes (les écrivains Roger Nimier et Jean Cocteau, les peintres Henri Matisse et Maurice Utrillo)[125], et surtout la population (enfants, soldats, etc.). Versailles a servi de palais national à la disposition de la présidence de la République. Il sert à accueillir des chefs d’État étrangers, comme John Kennedy en 1961[118], Élisabeth II en 1957[119] et 1972, le shah d’Iran en 1974, Mikhaïl Gorbatchev en 1985, Boris Eltsine en 1992 ou Vladimir Poutine en 2017. Pour cela, en 1959, le général de Gaulle réaménage le Grand Trianon, pour loger les chefs d'État étrangers et leur entourage[119] : une aile est par ailleurs réservée au président de la République française (avec « chambres, salons, cuisines, chapelle », etc.[119]) ; en 1999, ces pièces sont restituées au château. Le pavillon de la Lanterne est, lui, réservé au Premier ministre, jusqu'à 2007 où Nicolas Sarkozy en fait une résidence présidentielle secondaire[119]. Lieu symbolique, le château de Versailles est l’objet d’un attentat dans la nuit du 25 au 26 juin 1978[126]. La bombe à retardement posée par deux nationalistes bretons endommage une dizaine de salles dont la galerie des Batailles, faisant pour trois millions de francs de dégâts. En 1982, du 4 au 6 juin, il abrite le « sommet de Versailles », la 8e réunion du G7 avec les dirigeants des sept pays démocratiques les plus industrialisés. Le 28 avril 1995, par le décret no 95-463[127], le gouvernement a procédé à la création de l'Établissement public du musée et du domaine national de Versailles regroupant dans une structure unique le musée national du château de Versailles et le domaine national de Versailles. Ce nouveau statut confère à l'établissement public une autonomie de gestion financière et une personnalité juridique. En 2010, par le décret no 2010-1367[128], le nom de l'établissement public est modifié et devient Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Depuis 2001, le château fait partie du réseau des résidences royales européennes[129]. Dernières institutions publiques disposant de locaux au sein du château (environ 25 000 m2 de locaux principalement dans l’aile du Midi), en vertu de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris et de l’ordonnance no 58-1100 du 17 novembre 1958, l'Assemblée nationale et le Sénat acceptent en 2005, en adoptant une proposition de loi émise par Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée nationale, de « mettre à la disposition du public les locaux dits du Congrès, au château de Versailles »[130]. Toutefois, en adoptant un amendement, le Sénat a refusé la restitution de la salle des séances du Congrès, considérée comme un « lieu de mémoire de l’histoire parlementaire de notre pays ». Depuis septembre 2005, l'établissement public de Versailles a lancé le projet « Grand Versailles numérique » qui consiste à faire de Versailles le laboratoire du numérique culturel. L'objectif de ce programme, soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication, est d'imaginer, tester et déployer des outils numériques d'enrichissement de la visite réelle ou virtuelle du château et du domaine. Les premières expérimentations numériques ont été lancées en juin 2006. Le 23 février 2016 est inauguré le pavillon Dufour, entièrement modifié par l'architecte Dominique Perrault avec un espace d'accueil (consigne, audioguide, toilettes). Avant, il abritait plusieurs services du château (conservation, communication, présidence…) qui ont déménagé en 2014 dans le Grand Commun[131]. Le château de Versailles témoigne de l'art français aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour cela, le château ainsi que le domaine font l'objet de plusieurs protections au titre des monuments historiques[132]. Après une première mention sur la liste des monuments historiques de 1862, un arrêté détaillé est pris le 31 octobre 1906. Il concerne le palais et ses dépendances, le petit parc et ses dépendances, le Grand et le Petit Trianon avec leurs parcs respectifs et dépendances (dont la ferme de Gally), ainsi que le grand parc[132]. Un périmètre de protection étendu, en lieu et place des 500 mètres habituellement créés autour des monuments historiques est créé par décret du 15 octobre 1964. Il concerne une zone de cinq kilomètres de rayon autour de la Chambre du Roi[132] et d'un quadrilatère dans le prolongement du grand canal, de six kilomètres de long et de 2 à 3,5 kilomètres de large suivant les endroits[132]. L'ensemble du domaine est inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial établie par l'UNESCO[133]. En septembre 2016, la presse évoque l'hypothèse selon laquelle 4 lots de mobilier présents dans le château sont des faux[134],[135]. Ces copies avait été acquises entre 2008 et 2012 pour 2,7 millions d'euros[136]. Le château proprement dit comprend un corps central dans lequel sont situés les Grands Appartements. Ce corps central relie l'aide nord à l'aile sud, délimitant plusieurs cours ouvertes ou fermées. Le château est situé face à la ville, à la convergence du trident formé par l'avenue de Saint-Cloud, l'avenue de Paris et l'avenue de Sceaux. Il est organisé autour de trois cours ouvertes imbriquées qui donnent sur la place d'Armes, où se trouve depuis 2009 la statue équestre de Louis XIV. Chaque cour se distingue des autres par une rupture, coïncidant avec le degré d'approche du château. De la place d'Armes, on franchit la grille d'honneur pour accéder à la plus grande des cours, la cour d'honneur. Vient ensuite la grille royale, entièrement dorée, fermant l'accès à la cour royale. Tout au fond de la cour royale, surélevée de cinq marches, se trouve la cour de Marbre, pavée de marbre noir et blanc. Le corps central présente la forme d'un U encadrant la cour de Marbre, sur un rez-de-chaussée et deux étages. Chaque branche comprend plusieurs cours intérieures : petite cour du Roi et cour des Cerfs dans la partie nord, cour du Dauphin et cour de la reine dans la partie sud. Le rez-de-chaussée abrite des appartements princiers réservés à la famille royale au XVIIIe siècle, avec du nord au sud[137] : Au premier étage, le corps central comprend le Grand Appartement du Roi au nord, la galerie des Glaces à l'ouest côté jardin et le Grand Appartement de la Reine au sud[138] : Le petit appartement du roi et les cabinets intérieurs de la Reine se poursuivent au deuxième étage[139]. L'appartement de madame du Barry et l'appartement du marquis de Maurepas sont situés au-dessus de l'appartement intérieur du roi. Celui de la marquise de Pompadour surplombe en attique le Grand Appartement du Roi. Au pied du château se trouvent les parterres d'Eau, du Nord et du Midi sous lequel se trouve l'orangerie. Dans l'axe de la grande perspective qui part du parterre d'Eau, se trouvent le parterre de Latone et le Tapis vert qui ouvrent sur le Grand Canal. Les bosquets principaux[140] sont : le bosquet des Bains d'Apollon, le bosquet de la Colonnade, le bosquet des Dômes et celui des Rocailles. Les jardins accueillent les grandes eaux musicales et nocturnes organisées par Château de Versailles Spectacles, d’avril à octobre[141]. Six structures subsidiaires sont situées aux alentours du château de Versailles comptent dans l’histoire et dans l’évolution du château : la Ménagerie, le Trianon de porcelaine, le Grand Trianon — dit également Trianon de Marbre, le Petit Trianon, le hameau de la Reine et le pavillon de la Lanterne. Compte tenu de sa place dans l'histoire de France, le château a également marqué la littérature française : par exemple avec L'Allée du Roi de Françoise Chandernagor, la série des Angélique de Anne et Serge Golon. L'intrigue des romans d'Annie Jay s'y déroule au temps de Louis XIV. Le domaine est le cadre de nombreux films, et ce dès le début du XXe siècle[148]. Certains films ont marqué le château. En 1954, Sacha Guitry réalise Si Versailles m'était conté..., qui retrace l'histoire du château de Versailles au travers de quelques épisodes et portraits des personnalités qui y ont vécu. En 2006, Sofia Coppola réalise Marie-Antoinette, qui reçoit l'Oscar des meilleurs costumes. En 2012 Benoît Jacquot réalise Les Adieux à la reine tiré du livre éponyme de Chantal Thomas. En 2014, Alan Rickman réalise Les Jardins du roi, qui met en scène la construction des jardins de Versailles. En 2015, Canal+ sort la série franco-canadienne de fiction historique Versailles, qui met en scène les premières années au trône de Louis XIV ainsi que ses relations au sein de la cour. Le film fantastique The King's Daughter de Sean McNamara, prévu pour 2018, y a été tourné. Le château fut représenté en 1979 dans la série animée Lady Oscar, créée d'après le manga shōjo de Riyoko Ikeda La Rose de Versailles paru en 1972. « Le 8 avril 1632, fut présent l’illustrissime et révérendissime Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, seigneur de Versailles, reconnoît avoir vendu, cédé et transporté... à Louis XIII, acceptant pour Sa Majesté, messire Charles de L'Aubespine, garde des sceaux et chancelier des ordres du roi, et messire Antoine Rusé, marquis d'Effiat, surintendant des finances, etc., la terre et seigneurie de Versailles, consistant en vieil château en ruine et une ferme de plusieurs édifices ; consistant ladite ferme en terres labourables, en prés, bois, châtaigneraies, étangs et autres dépendances ; haute, moyenne et basse justice... avec l'annexe de la grange Lessart, appartenances et dépendances d’icelle, sans aucune chose excepter, retenir, ni réserver par ledit sieur archevêque, de ce qu'il a possédé audit lieu de Versailles, et pour d'icelle terre et seigneurie de Versailles, et annexe de la grange Lessart, jouir par Sadite Majesté et ses successeurs rois, comme de choses appartenantes. Cette vente, cession et transport faits, aux charges et devoirs féodaux seulement, moyennant la somme de soixante-mille livres tournois, que ledit sieur archevêque reconnoît avoir reçues de Sadite Majesté, par les mains de..., en pièces de seize sous, de laquelle somme il se tient content, en quitte Sadite Majesté et tout autre, etc. » — Jacques-François Blondel, Architecture françoise, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels & édifices les plus considérables de Paris., t. 4, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752-1756, p. 93. 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