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+ Le Panthéon de Rome est un édifice religieux antique situé sur la piazza della Rotonda (Rome), bâti sur l'ordre d'Agrippa au Ier siècle av. J.-C. . Endommagé par plusieurs incendies, il fut entièrement reconstruit sous Hadrien (début du IIe siècle). À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Il fut converti en église au VIIe siècle et est aujourd'hui la basilique Santa Maria ad Martyres. C’est le plus grand monument romain antique qui nous soit parvenu en état pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue jusqu'à nos jours. Il a donné son nom à un quartier de Rome.
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+ Le nom du Panthéon est issu de l'adjectif grec πάνθειον / pántheion, qui signifie « de tous les dieux ». La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grécisante Pantheon. La forme latinisée Pantheum est attestée chez Pline l'Ancien.
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+ Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité avec 150 pieds romains soit 43,30 m de diamètre à l'intérieur[1],[2] (ou 43,44 m[3]), qui reste la plus grande du monde en béton non armé. Après presque deux millénaires, cette construction remarquable ne présente pas de signe de faiblesse de sa structure en dépit des mutilations volontaires et des mouvements telluriques répétés[4].
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+ La construction du Panthéon fut menée en deux temps.
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+ Le Panthéon original fut construit en 27 av. J.-C., au début du règne d’Auguste, par Agrippa, compagnon d’Auguste[5], qui participait ainsi à la politique d’embellissement de la Ville, encouragée par Auguste[6]. Il édifia le Panthéon et les thermes d’Agrippa en marge de la partie urbanisée de Rome, près du Champ de Mars, région propice aux grands aménagements urbains.
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+ La date de cette construction correspond au troisième mandat du consul d’Agrippa, dont le nom est gravé sur le portique d’entrée. Sur cette inscription, on peut lire :
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+ ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire ». Ce troisième consulat date de 27 av. J.-C.. Toutefois, une date légèrement différente est parfois citée, 25 av. J.-C., à laquelle Dion Cassius dresse la liste des ouvrages achevés par Agrippa sur le Champ de Mars.
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+ D’après des fouilles menées à la fin du XIXe siècle, le premier temple était rectangulaire, avec un pronaos (partie antérieure du temple) ouvert vers le sud, et une cella (partie intérieure et fermée du temple) transversale plus large (environ 40 mètres) que longue. Il était construit en blocs de travertin et revêtu de plaques de marbre. Selon l’usage, il était entouré d’un espace libre, aujourd’hui en partie occupé par le temple d’Hadrien, et bordé au sud par la basilique de Neptune :
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+ Le grand incendie de Rome de l’année 80 détruisit plusieurs temples, dont le temple d’Agrippa. L’empereur Domitien les restaura, et selon Suétone, y fit graver son nom[9].
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+ Le Panthéon d’Agrippa fut détruit par un nouvel incendie en 110, sous Trajan. Il fut entièrement reconstruit sous le règne de l’empereur Hadrien[11], vers l’an 125, comme le révèlent les dates imprimées dans les briques, comprises entre 123 et 125. On peut supposer qu'Hadrien l’ait inauguré lors de son séjour prolongé à Rome entre 125 et 128. Il en fit même usage occasionnellement comme tribunal, rendant la justice en compagnie de quelques sénateurs[12].
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+ Le plan du nouvel édifice est exceptionnel, sans précédent dans l’architecture romaine. L’influence d’Hadrien sur la conception du bâtiment est envisageable, si l’on considère l’originalité de l’architecture de la villa qu’il se fit bâtir près de Rome. Le visiteur qui franchit le classique pronaos à colonnes du Panthéon, placé face au nord, quitte un monde rectiligne et lumineux pour se trouver enveloppé dans la pénombre d’une cella circulaire et non plus rectangulaire, surmontée d’une coupole immense, et éclairée uniquement par un grand orifice central. Des temples à cella ronde avaient été édifiés à l’époque archaïque à Rome, comme le temple de Vesta ou le temple d’Hercule Victor, mais dans des dimensions beaucoup plus modestes, et jamais accolés à un porche classique, comme ce fut le cas pour celui d'Agrippa.
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+ Selon Dion Cassius, le temple abritait de nombreuses statues, dont celles d’Arès (Mars), père de Romulus, celle d’Aphrodite (Venus), divinité ancestrale de la gens Iulia, ainsi que celle du divin Jules César. Toujours selon Dion Cassius, Auguste aurait repoussé la suggestion d’Agrippa d’ajouter sa propre statue aux trois précédentes[13], acceptant seulement de figurer dans le pronaos. L'entrée était donc gardée de part et d’autre par les statues d’Auguste et d’Agrippa, tous deux consuls en 27 av. J.-C., ce qui respectait en apparence la parité républicaine des pouvoirs et confirmait l’ascension d’Agrippa comme héritier potentiel d’Auguste.
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+ Plutôt qu’un culte impérial qui n’osait alors s’afficher comme tel, les dirigeants romains proposèrent un culte plus vaste et plus neutre, celui de tous les dieux, « Panthéon », ainsi nommé par Pline l'Ancien.
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+ Hadrien fut un empereur cosmopolite qui voyagea beaucoup en Orient, et qui était un grand admirateur de la culture grecque. Il semble que, pour lui, le Panthéon devait être le temple de tous les dieux, une sorte de geste œcuménique ou syncrétique à l’adresse de tous ceux qui dans l’empire romain n’adoraient pas les vieilles divinités de Rome, ou qui les adoraient sous d’autres noms. Toutefois, selon Henri Stierlin et de façon plus évidente, en combinant la sphère et le cercle, symboles helléniques de perfection, à la présence solaire, Hélios, divinité incarnée par les rois en Orient, Hadrien amplifiait implicitement le culte impérial, suivant une tendance orientalisante que poursuivront ses successeurs. Dès lors, quand Hadrien rend des décisions de justice dans son Panthéon, usage exceptionnel pour un temple, il se mettrait en scène comme une émanation de l’Hélios royal[14].
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+ Dans les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar place dans la bouche d’Hadrien cette vision du Panthéon, compatible avec ce que nous connaissons de la pensée romaine :
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+ « J'étais remonté pour la structure même de l’édifice aux temps primitifs et fabuleux de Rome, aux temples ronds de l’Étrurie antique. J’avais voulu que ce sanctuaire de tous les Dieux reproduisît la forme du globe terrestre et de la sphère stellaire, du globe où se renferment toutes les semences du feu éternel, de la sphère creuse qui contient tout[15]. C’était aussi la forme de ces huttes ancestrales où la fumée des plus anciens foyers humains s’échappait par un orifice situé au faîte. La coupole, construite d’une lave dure et légère, qui semblait participer encore au mouvement ascendant des flammes, communiquait avec le ciel par un grand trou alternativement noir et bleu. Ce temple ouvert et secret était conçu comme un cadran solaire. Les heures tournaient en rond sur ces caissons soigneusement polis par les artisans grecs ; le disque du jour y resterait suspendu comme un bouclier d’or ; la pluie formerait sur le pavement une flaque pure ; la prière s’échapperait comme une fumée vers ce vide où nous mettons les dieux. »
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+ — Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951, Plon
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+ La conception du nouvel édifice pourrait être l’œuvre de l'architecte Apollodore de Damas, contemporain d’Hadrien, déjà auteur probable des grandes réalisations de Trajan : forum, thermes et marchés de Trajan. Malheureusement, aucun document ne vient conforter cette hypothèse. Après l’impulsion apportée par les projets novateurs de Néron, suivis des réalisations colossales des Flaviens et de Trajan, les Romains maîtrisaient parfaitement les techniques de l’art du bâtiment, comme en témoignent les vastes coupoles de la domus aurea de Néron et des thermes de Baïes : celle du prétendu « temple de Vénus » a un diamètre de 26 m, celle du « temple de Diane » atteint 29,5 m et celle du temple d’Apollon, près de Baïes, parvient à un diamètre de 38 m. Elles sont toutes antérieures au règne d’Hadrien[14].
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+ Les connaissances techniques et le savoir-faire des bâtisseurs romains se déployèrent pour cette reconstruction du Panthéon : leur capacité à mobiliser efficacement une main-d’œuvre nombreuse, l’usage combiné de la pierre, de la brique et du mortier, la maîtrise des techniques du béton[16] de chaux coulée sur coffrage, contribuèrent au succès de la réalisation du nouveau temple. L’esthétique ne fut pas en reste, comme le montrent les effets géométriques, le choix décoratif des matériaux et le travail sur l’éclairage intérieur.
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+ La reconstruction du Panthéon conserva l’axe nord-sud de l’édifice, mais inversa l’orientation de l’entrée et la dirigea vers le nord. Le pronaos et le bâtiment de transition avec la rotonde occupèrent l’emplacement de l’ancien édifice, et la rotonde remplit l’espace entre l’ancienne entrée et la basilique de Neptune. Le nouveau temple fut entouré d’un portique sur trois côtés d’environ 60 m sur 120 m, et précédé d’une cour pavée de travertin[17].
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+ Le pronaos, qui mesure 33,1 m de large pour 15,6 m de profondeur[18], était surélevé par un podium de 1,3 m et accessible par un escalier de cinq marches. Au fil des siècles, le sol environnant s’est exhaussé, et la place qui entoure le Panthéon atteint maintenant le niveau du podium.
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+ Le portique de façade comporte 16 colonnes corinthiennes monolithes de granite, à chapiteaux de marbre, disposées sur trois rangs : huit colonnes en façade suivies de deux rangs de quatre colonnes. Les colonnes extérieures sont en granite gris clair, les quatre colonnes intérieures sont en granite rose plus sombre. Toutes proviennent des carrières d'Égypte. Les fûts de 12,5 m de hauteur pour un diamètre à la base de 1,5 m pèsent environ 69 tonnes. Innovation architecturale à noter, le fût des colonnes n’est pas cannelé, mais lisse. Deux colonnes ont été retirées au Moyen Âge à gauche et remplacées par des colonnes des thermes de Néron au XVIIe siècle[19].
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+ La colonnade ainsi disposée délimite trois nefs, la nef centrale conduit à la grande porte du temple, les deux nefs latérales donnent sur deux niches en demi-cercle qui devaient abriter des statues, probablement celles d’Auguste et d'Agrippa. La couverture du pronaos était en poutre et tuiles de bronze, aujourd’hui remplacées par des tuiles classiques, le pape Urbain VIII ayant fait fondre le bronze pour en faire le baldaquin de la basilique Saint-Pierre[20].
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+ Le temple a deux frontons surhaussés, le principal sur le portique, l'autre contre le mur massif qui fait la transition entre le pronaos et la rotonde. L’architrave porte deux inscriptions, celle de la fondation par Agrippa, et une seconde plus petite, mentionnant une restauration sous Septime Sévère. Le fronton, actuellement nu, était orné de décors en bronze fixés par des crampons. D’après la position des trous de fixation et la connaissance du répertoire décoratif impérial, on suppose la présence d’un aigle de bronze aux ailes déployées[19].
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+ Plan du Panthéon de Rome (le pronaos est au nord).
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+ Couverture du pronaos, anciennement en tuiles de bronze.
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+ Colonnade intérieure du pronaos : différences de teinte des colonnes.
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+ Aspect latéral du portique.
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+ Entre le pronaos et la rotonde un bâtiment intermédiaire, aussi large que le pronaos qu’il prolonge, soit 34 m, mais plus haut que lui, culmine au même niveau que la rotonde. Il forme le fond du pronaos et relie le pronaos à la cella, livrant passage de l’un à l’autre par son portail central. Sa couverture est en terrasse.
60
+
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+ Les actuelles portes de bronze, de proportion différente de celle de l’entrée, proviennent d’un autre édifice antique, et sont les plus grandes que l’Antiquité nous ait léguées. Les placages de marbre blanc qui couvraient les parois extérieures et les décoraient de pilastres cannelés sont partiellement en place.
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+
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+ Le Panthéon est donc articulé en trois blocs architecturaux aux volumes différenciés, pronaos en prisme, bâtiment de transition cubique et rotonde circulaire. L’unité visuelle et esthétique s’établit d’une part grâce au prolongement des corniches médiane et supérieure qui ceinturent le haut de la rotonde et du bâtiment de transition, d’autre part par le dessin d’un second fronton sur la façade du bâtiment de transition, en écho du fronton du pronaos.
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+
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+ La rotonde est un mur parfaitement circulaire de 58 m de diamètre extérieur qui forme une double paroi de près de 7 m d’épaisseur. Elle repose sur une fondation puissante, large de 7,30 m et profonde de 4,5 m[18]. Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7 m égal à sa hauteur intérieure, assure un double rôle : elle forme le décor de la cella, et elle soutient le poids de la coupole. Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux :
66
+
67
+ Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et trapézoïdales (voir plan). L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est bordée par deux colonnes corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune. L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte une structure différente : les colonnes y sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le niveau supérieur et qui renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux. La décoration du niveau inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au fronton alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux exèdres en allège le caractère massif créé par les colonnes de soutien. Ces édicules abritaient des statues sur piédestal[17].
68
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+ Le niveau supérieur, délimité par deux corniches circulaires, est un décor de transition, alternant de fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur et des rectangles de porphyre. Cette décoration réalisée en 1747 par Luigi Vanvitelli remplace la décoration romaine d’origine. Dans l’Antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière diffuse, indirectement captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur extérieur. Ces ouvertures engendraient une lueur quasi crépusculaire à la base de la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste. Elles ont été partiellement reconstituées en 1930 sur une petite portion à droite de l’entrée[1].
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+ Le dallage du sol, parfaitement restauré, est en marqueterie de dalles de pierres colorées (opus sectile). Il dessine un quadrillage où alternent des plaques de porphyre et de granite gris formant des motifs alternativement ronds et carrés. Pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie qui pénètrent par l’orifice de la coupole, ce dallage est légèrement convexe, avec une surélévation de 30 cm à environ 2 m du centre de la rotonde.
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+ Intérieurement, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains, soit 43,30 m de diamètre, d’une hauteur égale de 43,30 m[1],[2]. Cette sphère théorique est donc tangente à la surface du sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc, disposés sur cinq rangées (anneaux concentriques de béton de pouzzolane et de calcaire) de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet. Cette calotte est percée d’un oculus central de 8,7 m de diamètre. La technique des caissons permet d'alléger la coupole, de même que le matériau. Les anneaux inférieurs plus épais sont en effet en béton mélangé à des briques et blocs de tuff lourds tandis que les anneaux supérieurs sont de béton mélangé au tufs légers et pierres volcaniques poreuses[21].
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+ Une observation attentive des caissons montre que les rectangles qui les modèlent sont légèrement décentrés vers le haut. En effet, ces moulures ne sont pas centrées sur le milieu de la sphère inscrite dans la coupole, mais sur la base de cette sphère, qui correspond au centre du sol de la rotonde. Cette subtile correction crée un effet de perspective rayonnante pour l’observateur qui se tient au centre du temple[17].
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+ Les trous présents dans les caissons et dans la calotte laissent supposer la fixation d’éléments décoratifs en bronze. Certains dessins modernes de reconstitution proposent des étoiles de bronze, en symbolisme de la voûte céleste[22].
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+ L’oculus sommital, renforcé par un cerclage de bronze, est l’unique source de lumière directe, car l’entrée de la cella, tournée vers le nord, est protégée par le pronaos. Il projette un ovale de lumière qui défile lentement sur les caissons de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.
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+ Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de bronze doré.
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+ La structure interne de la construction centrale (rotonde et coupole), pour résister à tous les types de contraintes, doit tout à la fois compenser les forces d’enfoncement vertical au sommet de la voûte et les forces d’écartement à la base de la coupole.
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+ Les constructeurs romains ont résolu ces problèmes par deux moyens principaux : la recherche des matériaux les mieux adaptés et la maîtrise de l'orientation des poussées[22].
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+
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+ L’emploi massif du béton (opus caementicium), coulé entre des parements de briques (opus latericium), fait du bâtiment un bloc cohérent dont la rigidité assure une bonne résistance aux forces de déformation. Selon le niveau du bâtiment, ce béton inclut un granulat différent, adapté aux besoins de résistance ou de légèreté.
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+ Partant du pied du bâtiment, on trouve successivement cinq qualités de bétons : le mur de la rotonde, jusqu’à la première corniche extérieure, est constitué d'un béton laissant apparaître des éclats de tuf et de travertin, mais, entre les première et deuxième corniches, ce mur est fait d'un béton de tuf et de briques. Le premier anneau de la coupole et le mur extérieur au-dessus de la seconde corniche est en béton de briques concassées (mortier au tuileau), tandis que le second anneau de la coupole est fait d'un béton de tuf et de briques concassées. La calotte de la coupole a fait l'objet de soins tout particuliers, puisqu'elle est constituée d'un béton allégé en granulat de pierre ponce et tuf, d'épaisseur décroissante, de 5,90 m à la base jusqu'à 1,5 m seulement au niveau de l’oculus, recouvert d’une couche d'enduit d’étanchéité de 15 cm[22].
90
+
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+ Le mortier du béton romain est un mélange de sable et de chaux[23]. Il tend à se calcifier toujours davantage en vieillissant, ce qui lui assure une excellente tenue au fil des siècles. Ainsi coulée, la coupole constitue un dôme monolithe appelé voûte concrète, c'est-à-dire fait de matière « durcie » (« concreta » : cf. le mot français « concrétion »).
92
+
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+ Les contraintes statiques sont multiples : la base de la coupole (4) tend à pousser le mur qui la supporte vers l’extérieur. Ce cylindre n’est pas plein, mais évidé par les sept exèdres (3) et l’entrée du temple, et aussi par une enfilade de sections vides au niveau supérieur. Le poids de la coupole est ainsi supporté par les huit piliers massifs de maçonnerie qui séparent ces intervalles. Il a donc fallu à la fois compenser les poussées centrifuges et orienter les poussées verticales sur les huit piliers.
94
+
95
+ Pour parvenir à ce résultat, les bâtisseurs romains ont mis en œuvre plusieurs solutions :
96
+
97
+ Anneaux de charge en escalier, ceinturant la coupole.
98
+
99
+ Rotonde, parement de briques, ouverture de l’espace entre murs et arcs de décharge.
100
+
101
+ Gravure de Piranèse, montrant les arcs de décharge qui structurent la rotonde.
102
+
103
+ Comment les Romains ont-ils procédé pour monter la coupole du Panthéon ? Nous ne disposons pas de sources documentaires sur ce chantier précis ni sur d’autres, d’ailleurs. L’édification de la coupole en béton passe par la mise en place préalable d’un cintre et d'un coffrage.
104
+
105
+ Cent cinquante ans environ avant l’édification de cette coupole, Vitruve décrivait assez sommairement la technique pour disposer des planchers en forme de voûte[24], en construisant sur des cintres montés avec des solives et couverts de roseaux. Ici, la portée imposée aux cintres est importante (43 mètres), mais l’on sait que les basiliques romaines étaient couvertes de charpentes, avec des entraits de 25 à 30 m de portée, largeur observée sur les vestiges. On peut donc admettre l’hypothèse proposée dans Gründ d’un coffrage supporté par un cintre en charpente prenant appui sur les corniches intérieures de la rotonde[22].
106
+
107
+ Eugène Viollet-le-Duc, qui a étudié l'architecture antique, affine ces hypothèses par la description d'une technique de construction de voûte en deux étapes, observée sur divers bâtiments romains : montage en briques et mortier d'une première couche mince de la voûte constituée de nervures en brique qui définissent les caissons intérieurs sur un cintre léger en bois, puis, après durcissement de cette couche qui forme un coffrage solide et étanche, édification du reste de la voûte avec ses arcs de décharge et son épaisseur de béton[25]. Le procédé ainsi décrit est économique, car il ne nécessite qu'un cintrage en bois assez léger le temps de construire la première épaisseur, le cintrage porteur de la charge complète étant constitué par la première épaisseur de la voûte.
108
+
109
+ Une autre solution a été proposée par Pierre Gros[26] : il s'agit de remplir la rotonde de sable ou de terre, coffrer par-dessus, édifier la coupole, puis vider la rotonde. Cette technique simple est, comme la précédente, à la portée des bâtisseurs romains qui ont montré avec le mausolée d'Auguste leur capacité à monter et à remplir de terre un grand bâtiment cylindrique.
110
+
111
+ Des documents citent une restauration sous Antonin le Pieux, et une inscription sur l’architrave enregistre une autre restauration sous Septime Sévère en 202.
112
+
113
+ Étant dédié à tous les dieux, le Panthéon aurait pu développer l’accueil de divinités supplémentaires. Ce ne semble pas avoir été le cas : aucune source documentaire[27] n’indique qu’un des successeurs d’Hadrien n’ait ajouté une quelconque divinité au Panthéon, malgré les occasions que suggère notre idée moderne d’un syncrétisme mêlé d’œcuménisme : Hadrien divinisé en 138 aurait pu avoir son culte au Panthéon, il eut son temple particulier, dont un mur subsiste, intégré dans le bâtiment de la Bourse de Rome[28]. Plus tard, Héliogabale, qui voulut installer Baal à Rome, préféra lui bâtir un nouveau temple[29]. Alexandre Sévère, au sens religieux réputé syncrétique, abrita sa collection de héros et de divinités dans un laraire personnel. Enfin, quand Aurélien officialisa le culte de Sol invictus, il lui fit également construire un nouveau temple.
114
+
115
+ Le Panthéon dut connaître les vicissitudes qui frappèrent tous les temples antiques de Rome à la fin du IVe siècle : interdiction de sacrifice et de fréquentation des temples en 391[30], éphémère reprise des cérémonies traditionnelles en 393 lors de l’usurpation d’Eugène, interdiction par Théodose Ier de toute forme d’activité païenne en 392[31] qui s’impose à Rome à la défaite d’Eugène.
116
+
117
+ Les nombreuses statues et les décorations de bronze sur le fronton du Panthéon furent peut-être victimes des récupérations lors du siège de Rome par Alaric en 408, au cours duquel les ornements des temples furent prélevés pour payer la rançon exigée par Alaric[32], ou bien furent pillées pendant le sac de Rome de 410 ou celui de 455.
118
+
119
+
120
+
121
+ Les Byzantins reprirent le contrôle de Rome au VIe siècle. Visiblement le Panthéon, monument autrefois public, restait propriété impériale, puisqu'en 608, l’empereur byzantin Phocas en fit don au pape Boniface IV. Celui-ci le consacra comme église chrétienne à la Vierge Marie et aux martyrs (Sancta Maria ad Martyres, c’est-à-dire « Sainte-Marie aux Martyrs »), titre qu’elle porte encore de nos jours. Il fit transférer des restes anonymes prélevés dans les catacombes et installer un autel sur ces reliques[28].
122
+
123
+ Aux yeux d’un ancien Romain, s’il eût paru étrange d’admettre les pratiquants dans la cella, au lieu de célébrer le culte à ciel ouvert devant le temple, l’ensevelissement de dépouilles humaines dans le temple était un sacrilège : toute inhumation était bannie non seulement dans l’aire du temple, mais aussi dans l’espace sacré (pomœrium) de Rome. L’installation des reliques dans le Panthéon est un signe parmi d’autres de la disparition de ce tabou plus que millénaire. Néanmoins, on constate la puissance des principes architecturaux du Panthéon, dont la symétrie axiale imposa le placement de l’autel dans l’exèdre sud, face à l’entrée, et non à l’est selon l’usage chrétien. La consécration de l’édifice le sauva du vandalisme et des destructions délibérées qui ruinèrent la plupart des monuments de la Rome antique pendant le bas Moyen Âge.
124
+
125
+ En 663, l’empereur byzantin Constant II (641-668) qui menait campagne contre les Lombards en Italie du sud séjourna brièvement à Rome. À court de finances, il fit récupérer les tuiles de bronze doré qui couvraient la coupole du Panthéon[33]. Une couverture de plomb les remplaça en 735.
126
+
127
+ Les marbres intérieurs et le grand portail en bronze ont survécu, même si ce dernier a été restauré à plusieurs reprises comme en 1563[28]. En revanche, les marbres qui couvraient l'extérieur de la rotonde ont complètement disparu.
128
+
129
+ Vue du XVe siècle avec son clocheton central.
130
+
131
+ Le Panthéon, encore affublé des clochetons (les "oreilles d'ane") du Bernin, démontés en 1883. Photographie Behles & Sommer.
132
+
133
+ La place de la Rotonde et sa fontaine.
134
+
135
+ Panthéon et Piazza della Rotonda
136
+
137
+ Les grandes réalisations architecturales des papes de la Renaissance puisèrent largement les matériaux dans les vestiges de la Rome antique. Ainsi, le pape Urbain VIII Barberini (1623-1644) donna l’ordre à son architecte Le Bernin (1598-1660) de récupérer les bronzes qui décoraient l’intérieur ou couvraient le portique du Panthéon. Ils furent fondus pour réaliser de 1624 à 1635 le baldaquin de saint Pierre dans la nouvelle basilique Saint-Pierre[34]. Les responsables de ce pillage furent raillés par cette épigramme « Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (Ce que les Barbares n’ont pas fait, les Barberini l’ont fait)[28]. À la fin du pontificat d’Urbain VIII, Le Bernin ajouta deux clochetons aux extrémités du fronton du Panthéon, que les Romains surnommèrent « les oreilles d’âne du Bernin ». Ils furent éliminés en 1882, ce qui rétablit l’aspect originel du fronton[28].
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+ À deux reprises sous Urbain VIII puis sous Alexandre VII (1655-1667), il fallut remplacer une (ou deux[19]) colonnes tombées à l’angle gauche du pronaos (côté oriental), par des colonnes de granite provenant des thermes néroniens voisins. La colonne d’angle remplaçante est en granite rose, au lieu d’être gris clair, ce qui altère la régularité des colonnes de façade : en regardant l’agrandissement de la photo de face du pronaos, on constate cette différence de teinte.
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+ Enfin, en 1747, l’architecte et peintre baroque Luigi Vanvitelli restaura le décor intérieur de la rotonde, occultant les fenêtres qui étaient sous la coupole en les remplaçant par de fausses fenêtres[1].
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+ L’église du Panthéon fit l'objet d'un combat d'influence entre la papauté et la ville de Rome. Avec la formation du Royaume d'Italie, la Maison de Savoie obtint du pape de se faire attribuer l'église pour que les rois y soient inhumés, faisant de ce lieu un Panthéon moderne, d'où son nom actuel alors que les Italiens l'appelaient familièrement la Rotonna ou Ritonna (la « Rotonde »). La question romaine fut tranchée à la suite des accords du Latran en 1929, l'église assumant désormais le titre de Basilica Palatina (Basilique Palatine) et devenant l’église officielle de tous les Italiens[35].
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+ Aujourd’hui, le Panthéon est un carrefour touristique au cœur des vieux quartiers de Rome, et donne sur la Piazza della Rotonda (place de la Rotonde), à laquelle il a donné son nom. L’obélisque du Panthéon qui se dresse depuis 1578 sur la fontaine vient du sanctuaire égyptien voisin[28].
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+ Depuis la Renaissance, le Panthéon est utilisé comme tombeau. Parmi les personnalités qui reposent dans les exèdres transformées en chapelles, se trouvent Raphaël (1483-1520), selon ses dernières volontés[36], ses élèves Baldassarre Peruzzi (1481-1536) et Perin del Vaga (1501-1547), puis les peintres Giovanni da Udine (1487-1564), Taddeo Zuccaro (1529-1566) et Annibale Carracci (1560-1609), le compositeur Arcangelo Corelli (1653-1713), le cœur du cardinal diplomate Ercole Consalvi (mort en 1824) et deux rois d’Italie : Victor-Emmanuel II (mort en 1878) et Humbert Ier (mort en 1900), ainsi que l’épouse de ce dernier, la reine Marguerite de Savoie (morte en 1926)[28].
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+ Le corps du peintre Raphaël a été placé dans un sarcophage antique, sur lequel on peut lire l’inscription du poète Pietro Bembo (1470-1547) : « Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu’il est mort, elle craint de mourir ».
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+ Bien que l’Italie soit une république depuis 1946, des membres volontaires d’organisations monarchiques font dire des messes d’intention sur les tombes royales du Panthéon. Cela a parfois soulevé des protestations des milieux républicains, mais une messe n'étant jamais dite en l'honneur de quelqu'un, mais pour prier pour lui, les autorités catholiques ne voient aucune raison d'interdire ces pratiques. D’autres polémiques furent déclenchées par la question de transférer au Panthéon les restes de Victor-Emmanuel III et de Humbert II, derniers souverains italiens, compromis dans le fascisme.
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+ Le Panthéon est désormais une église, où l’on célèbre des messes et des mariages. Il est à ce titre fermé aux visiteurs durant les cérémonies liturgiques.
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+ Le Panthéon, modèle le mieux conservé de l’architecture monumentale romaine, a eu une énorme influence sur les architectes européens et américains (un exemple parmi tant d’autres, Andrea Palladio), de la Renaissance au XIXe siècle. De nombreuses salles publiques, universités et bibliothèques, ont repris sa composition (un portique à fronton et un dôme).
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+ Exemples d’édifices célèbres influencés par le Panthéon :
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+ Villa Capra, dite la Rotonda, de Andrea Palladio, Vicence.
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+ Le Panthéon de Paris vers 1830.
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+ La Low Memorial Library, de l'université Columbia à New York.
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+ La rotonde de l'université de Virginie, dessinée par Thomas Jefferson.
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+ Le Panthéon de Rome n’est pas inscrit en tant que tel au Patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il en fait partie comme élément du centre historique de Rome, classé en 1980.
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+ Dans la tradition interprétative de la mythologie grecque, les divinités olympiennes sont les divinités principales du culte. Elle tiennent leur nom du mont Olympe, sur lequel elles sont censées résider, encore que deux d'entre elles, Poséidon et Hadès ont leurs demeures à l'opposé.
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+ Comme dans de nombreuses autres cultures polythéistes, la religion grecque connaît l’existence de panthéons, soit des ensembles de divinités ayant chacune ses caractéristiques propres. En Grèce, le panthéon le plus connu est celui de l'Olympe. Si le nombre de ses divinités est fixé à douze, la liste en est mouvante et il n'existe en la matière aucune orthodoxie. Seules les religions monothéistes construisent au cours de leur histoire une orthodoxie.
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+ La liste traditionnelle comprend :
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+ Mais il arrive aussi qu'Arès et Dionysos soient remplacés par Hadès et Hestia[4]. De même, certains textes font d'Héraclès et Dionysos des Olympiens. La tradition n'explique jamais quels dieux sortent de la liste quand d'autres y entrent.
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+ En gras, les douze (en fait quatorze) divinités olympiennes. En italique, les mortels.
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+ Cette généalogie est cependant très variable selon les auteurs, les traditions et les époques : Homère fait par exemple de Zeus le père de presque tous les autres dieux (et notamment d'Aphrodite, qui est plus souvent considérée comme sa sœur). Des dieux tels qu'Arès et Aphrodite sont absents de certaines listes. Il faut bien se garder de prêter à la religion grecque une quelconque orthodoxie.
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+ Le Panthéon de Rome est un édifice religieux antique situé sur la piazza della Rotonda (Rome), bâti sur l'ordre d'Agrippa au Ier siècle av. J.-C. . Endommagé par plusieurs incendies, il fut entièrement reconstruit sous Hadrien (début du IIe siècle). À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Il fut converti en église au VIIe siècle et est aujourd'hui la basilique Santa Maria ad Martyres. C’est le plus grand monument romain antique qui nous soit parvenu en état pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue jusqu'à nos jours. Il a donné son nom à un quartier de Rome.
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+ Le nom du Panthéon est issu de l'adjectif grec πάνθειον / pántheion, qui signifie « de tous les dieux ». La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grécisante Pantheon. La forme latinisée Pantheum est attestée chez Pline l'Ancien.
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+ Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité avec 150 pieds romains soit 43,30 m de diamètre à l'intérieur[1],[2] (ou 43,44 m[3]), qui reste la plus grande du monde en béton non armé. Après presque deux millénaires, cette construction remarquable ne présente pas de signe de faiblesse de sa structure en dépit des mutilations volontaires et des mouvements telluriques répétés[4].
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+ La construction du Panthéon fut menée en deux temps.
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+ Le Panthéon original fut construit en 27 av. J.-C., au début du règne d’Auguste, par Agrippa, compagnon d’Auguste[5], qui participait ainsi à la politique d’embellissement de la Ville, encouragée par Auguste[6]. Il édifia le Panthéon et les thermes d’Agrippa en marge de la partie urbanisée de Rome, près du Champ de Mars, région propice aux grands aménagements urbains.
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+
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+ La date de cette construction correspond au troisième mandat du consul d’Agrippa, dont le nom est gravé sur le portique d’entrée. Sur cette inscription, on peut lire :
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+
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+ ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire ». Ce troisième consulat date de 27 av. J.-C.. Toutefois, une date légèrement différente est parfois citée, 25 av. J.-C., à laquelle Dion Cassius dresse la liste des ouvrages achevés par Agrippa sur le Champ de Mars.
16
+
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+ D’après des fouilles menées à la fin du XIXe siècle, le premier temple était rectangulaire, avec un pronaos (partie antérieure du temple) ouvert vers le sud, et une cella (partie intérieure et fermée du temple) transversale plus large (environ 40 mètres) que longue. Il était construit en blocs de travertin et revêtu de plaques de marbre. Selon l’usage, il était entouré d’un espace libre, aujourd’hui en partie occupé par le temple d’Hadrien, et bordé au sud par la basilique de Neptune :
18
+
19
+ Le grand incendie de Rome de l’année 80 détruisit plusieurs temples, dont le temple d’Agrippa. L’empereur Domitien les restaura, et selon Suétone, y fit graver son nom[9].
20
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21
+ Le Panthéon d’Agrippa fut détruit par un nouvel incendie en 110, sous Trajan. Il fut entièrement reconstruit sous le règne de l’empereur Hadrien[11], vers l’an 125, comme le révèlent les dates imprimées dans les briques, comprises entre 123 et 125. On peut supposer qu'Hadrien l’ait inauguré lors de son séjour prolongé à Rome entre 125 et 128. Il en fit même usage occasionnellement comme tribunal, rendant la justice en compagnie de quelques sénateurs[12].
22
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23
+ Le plan du nouvel édifice est exceptionnel, sans précédent dans l’architecture romaine. L’influence d’Hadrien sur la conception du bâtiment est envisageable, si l’on considère l’originalité de l’architecture de la villa qu’il se fit bâtir près de Rome. Le visiteur qui franchit le classique pronaos à colonnes du Panthéon, placé face au nord, quitte un monde rectiligne et lumineux pour se trouver enveloppé dans la pénombre d’une cella circulaire et non plus rectangulaire, surmontée d’une coupole immense, et éclairée uniquement par un grand orifice central. Des temples à cella ronde avaient été édifiés à l’époque archaïque à Rome, comme le temple de Vesta ou le temple d’Hercule Victor, mais dans des dimensions beaucoup plus modestes, et jamais accolés à un porche classique, comme ce fut le cas pour celui d'Agrippa.
24
+
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+ Selon Dion Cassius, le temple abritait de nombreuses statues, dont celles d’Arès (Mars), père de Romulus, celle d’Aphrodite (Venus), divinité ancestrale de la gens Iulia, ainsi que celle du divin Jules César. Toujours selon Dion Cassius, Auguste aurait repoussé la suggestion d’Agrippa d’ajouter sa propre statue aux trois précédentes[13], acceptant seulement de figurer dans le pronaos. L'entrée était donc gardée de part et d’autre par les statues d’Auguste et d’Agrippa, tous deux consuls en 27 av. J.-C., ce qui respectait en apparence la parité républicaine des pouvoirs et confirmait l’ascension d’Agrippa comme héritier potentiel d’Auguste.
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+ Plutôt qu’un culte impérial qui n’osait alors s’afficher comme tel, les dirigeants romains proposèrent un culte plus vaste et plus neutre, celui de tous les dieux, « Panthéon », ainsi nommé par Pline l'Ancien.
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29
+ Hadrien fut un empereur cosmopolite qui voyagea beaucoup en Orient, et qui était un grand admirateur de la culture grecque. Il semble que, pour lui, le Panthéon devait être le temple de tous les dieux, une sorte de geste œcuménique ou syncrétique à l’adresse de tous ceux qui dans l’empire romain n’adoraient pas les vieilles divinités de Rome, ou qui les adoraient sous d’autres noms. Toutefois, selon Henri Stierlin et de façon plus évidente, en combinant la sphère et le cercle, symboles helléniques de perfection, à la présence solaire, Hélios, divinité incarnée par les rois en Orient, Hadrien amplifiait implicitement le culte impérial, suivant une tendance orientalisante que poursuivront ses successeurs. Dès lors, quand Hadrien rend des décisions de justice dans son Panthéon, usage exceptionnel pour un temple, il se mettrait en scène comme une émanation de l’Hélios royal[14].
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+ Dans les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar place dans la bouche d’Hadrien cette vision du Panthéon, compatible avec ce que nous connaissons de la pensée romaine :
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+ « J'étais remonté pour la structure même de l’édifice aux temps primitifs et fabuleux de Rome, aux temples ronds de l’Étrurie antique. J’avais voulu que ce sanctuaire de tous les Dieux reproduisît la forme du globe terrestre et de la sphère stellaire, du globe où se renferment toutes les semences du feu éternel, de la sphère creuse qui contient tout[15]. C’était aussi la forme de ces huttes ancestrales où la fumée des plus anciens foyers humains s’échappait par un orifice situé au faîte. La coupole, construite d’une lave dure et légère, qui semblait participer encore au mouvement ascendant des flammes, communiquait avec le ciel par un grand trou alternativement noir et bleu. Ce temple ouvert et secret était conçu comme un cadran solaire. Les heures tournaient en rond sur ces caissons soigneusement polis par les artisans grecs ; le disque du jour y resterait suspendu comme un bouclier d’or ; la pluie formerait sur le pavement une flaque pure ; la prière s’échapperait comme une fumée vers ce vide où nous mettons les dieux. »
34
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+ — Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951, Plon
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+ La conception du nouvel édifice pourrait être l’œuvre de l'architecte Apollodore de Damas, contemporain d’Hadrien, déjà auteur probable des grandes réalisations de Trajan : forum, thermes et marchés de Trajan. Malheureusement, aucun document ne vient conforter cette hypothèse. Après l’impulsion apportée par les projets novateurs de Néron, suivis des réalisations colossales des Flaviens et de Trajan, les Romains maîtrisaient parfaitement les techniques de l’art du bâtiment, comme en témoignent les vastes coupoles de la domus aurea de Néron et des thermes de Baïes : celle du prétendu « temple de Vénus » a un diamètre de 26 m, celle du « temple de Diane » atteint 29,5 m et celle du temple d’Apollon, près de Baïes, parvient à un diamètre de 38 m. Elles sont toutes antérieures au règne d’Hadrien[14].
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+
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+ Les connaissances techniques et le savoir-faire des bâtisseurs romains se déployèrent pour cette reconstruction du Panthéon : leur capacité à mobiliser efficacement une main-d’œuvre nombreuse, l’usage combiné de la pierre, de la brique et du mortier, la maîtrise des techniques du béton[16] de chaux coulée sur coffrage, contribuèrent au succès de la réalisation du nouveau temple. L’esthétique ne fut pas en reste, comme le montrent les effets géométriques, le choix décoratif des matériaux et le travail sur l’éclairage intérieur.
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+ La reconstruction du Panthéon conserva l’axe nord-sud de l’édifice, mais inversa l’orientation de l’entrée et la dirigea vers le nord. Le pronaos et le bâtiment de transition avec la rotonde occupèrent l’emplacement de l’ancien édifice, et la rotonde remplit l’espace entre l’ancienne entrée et la basilique de Neptune. Le nouveau temple fut entouré d’un portique sur trois côtés d’environ 60 m sur 120 m, et précédé d’une cour pavée de travertin[17].
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+ Le pronaos, qui mesure 33,1 m de large pour 15,6 m de profondeur[18], était surélevé par un podium de 1,3 m et accessible par un escalier de cinq marches. Au fil des siècles, le sol environnant s’est exhaussé, et la place qui entoure le Panthéon atteint maintenant le niveau du podium.
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+ Le portique de façade comporte 16 colonnes corinthiennes monolithes de granite, à chapiteaux de marbre, disposées sur trois rangs : huit colonnes en façade suivies de deux rangs de quatre colonnes. Les colonnes extérieures sont en granite gris clair, les quatre colonnes intérieures sont en granite rose plus sombre. Toutes proviennent des carrières d'Égypte. Les fûts de 12,5 m de hauteur pour un diamètre à la base de 1,5 m pèsent environ 69 tonnes. Innovation architecturale à noter, le fût des colonnes n’est pas cannelé, mais lisse. Deux colonnes ont été retirées au Moyen Âge à gauche et remplacées par des colonnes des thermes de Néron au XVIIe siècle[19].
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+ La colonnade ainsi disposée délimite trois nefs, la nef centrale conduit à la grande porte du temple, les deux nefs latérales donnent sur deux niches en demi-cercle qui devaient abriter des statues, probablement celles d’Auguste et d'Agrippa. La couverture du pronaos était en poutre et tuiles de bronze, aujourd’hui remplacées par des tuiles classiques, le pape Urbain VIII ayant fait fondre le bronze pour en faire le baldaquin de la basilique Saint-Pierre[20].
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+
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+ Le temple a deux frontons surhaussés, le principal sur le portique, l'autre contre le mur massif qui fait la transition entre le pronaos et la rotonde. L’architrave porte deux inscriptions, celle de la fondation par Agrippa, et une seconde plus petite, mentionnant une restauration sous Septime Sévère. Le fronton, actuellement nu, était orné de décors en bronze fixés par des crampons. D’après la position des trous de fixation et la connaissance du répertoire décoratif impérial, on suppose la présence d’un aigle de bronze aux ailes déployées[19].
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+
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+ Plan du Panthéon de Rome (le pronaos est au nord).
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+ Couverture du pronaos, anciennement en tuiles de bronze.
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+ Colonnade intérieure du pronaos : différences de teinte des colonnes.
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+
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+ Aspect latéral du portique.
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+ Entre le pronaos et la rotonde un bâtiment intermédiaire, aussi large que le pronaos qu’il prolonge, soit 34 m, mais plus haut que lui, culmine au même niveau que la rotonde. Il forme le fond du pronaos et relie le pronaos à la cella, livrant passage de l’un à l’autre par son portail central. Sa couverture est en terrasse.
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+ Les actuelles portes de bronze, de proportion différente de celle de l’entrée, proviennent d’un autre édifice antique, et sont les plus grandes que l’Antiquité nous ait léguées. Les placages de marbre blanc qui couvraient les parois extérieures et les décoraient de pilastres cannelés sont partiellement en place.
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+
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+ Le Panthéon est donc articulé en trois blocs architecturaux aux volumes différenciés, pronaos en prisme, bâtiment de transition cubique et rotonde circulaire. L’unité visuelle et esthétique s’établit d’une part grâce au prolongement des corniches médiane et supérieure qui ceinturent le haut de la rotonde et du bâtiment de transition, d’autre part par le dessin d’un second fronton sur la façade du bâtiment de transition, en écho du fronton du pronaos.
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+
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+ La rotonde est un mur parfaitement circulaire de 58 m de diamètre extérieur qui forme une double paroi de près de 7 m d’épaisseur. Elle repose sur une fondation puissante, large de 7,30 m et profonde de 4,5 m[18]. Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7 m égal à sa hauteur intérieure, assure un double rôle : elle forme le décor de la cella, et elle soutient le poids de la coupole. Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux :
66
+
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+ Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et trapézoïdales (voir plan). L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est bordée par deux colonnes corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune. L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte une structure différente : les colonnes y sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le niveau supérieur et qui renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux. La décoration du niveau inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au fronton alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux exèdres en allège le caractère massif créé par les colonnes de soutien. Ces édicules abritaient des statues sur piédestal[17].
68
+
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+ Le niveau supérieur, délimité par deux corniches circulaires, est un décor de transition, alternant de fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur et des rectangles de porphyre. Cette décoration réalisée en 1747 par Luigi Vanvitelli remplace la décoration romaine d’origine. Dans l’Antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière diffuse, indirectement captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur extérieur. Ces ouvertures engendraient une lueur quasi crépusculaire à la base de la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste. Elles ont été partiellement reconstituées en 1930 sur une petite portion à droite de l’entrée[1].
70
+
71
+ Le dallage du sol, parfaitement restauré, est en marqueterie de dalles de pierres colorées (opus sectile). Il dessine un quadrillage où alternent des plaques de porphyre et de granite gris formant des motifs alternativement ronds et carrés. Pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie qui pénètrent par l’orifice de la coupole, ce dallage est légèrement convexe, avec une surélévation de 30 cm à environ 2 m du centre de la rotonde.
72
+
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+ Intérieurement, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains, soit 43,30 m de diamètre, d’une hauteur égale de 43,30 m[1],[2]. Cette sphère théorique est donc tangente à la surface du sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc, disposés sur cinq rangées (anneaux concentriques de béton de pouzzolane et de calcaire) de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet. Cette calotte est percée d’un oculus central de 8,7 m de diamètre. La technique des caissons permet d'alléger la coupole, de même que le matériau. Les anneaux inférieurs plus épais sont en effet en béton mélangé à des briques et blocs de tuff lourds tandis que les anneaux supérieurs sont de béton mélangé au tufs légers et pierres volcaniques poreuses[21].
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+ Une observation attentive des caissons montre que les rectangles qui les modèlent sont légèrement décentrés vers le haut. En effet, ces moulures ne sont pas centrées sur le milieu de la sphère inscrite dans la coupole, mais sur la base de cette sphère, qui correspond au centre du sol de la rotonde. Cette subtile correction crée un effet de perspective rayonnante pour l’observateur qui se tient au centre du temple[17].
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+
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+ Les trous présents dans les caissons et dans la calotte laissent supposer la fixation d’éléments décoratifs en bronze. Certains dessins modernes de reconstitution proposent des étoiles de bronze, en symbolisme de la voûte céleste[22].
78
+
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+ L’oculus sommital, renforcé par un cerclage de bronze, est l’unique source de lumière directe, car l’entrée de la cella, tournée vers le nord, est protégée par le pronaos. Il projette un ovale de lumière qui défile lentement sur les caissons de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.
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+
81
+ Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de bronze doré.
82
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+ La structure interne de la construction centrale (rotonde et coupole), pour résister à tous les types de contraintes, doit tout à la fois compenser les forces d’enfoncement vertical au sommet de la voûte et les forces d’écartement à la base de la coupole.
84
+
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+ Les constructeurs romains ont résolu ces problèmes par deux moyens principaux : la recherche des matériaux les mieux adaptés et la maîtrise de l'orientation des poussées[22].
86
+
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+ L’emploi massif du béton (opus caementicium), coulé entre des parements de briques (opus latericium), fait du bâtiment un bloc cohérent dont la rigidité assure une bonne résistance aux forces de déformation. Selon le niveau du bâtiment, ce béton inclut un granulat différent, adapté aux besoins de résistance ou de légèreté.
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+
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+ Partant du pied du bâtiment, on trouve successivement cinq qualités de bétons : le mur de la rotonde, jusqu’à la première corniche extérieure, est constitué d'un béton laissant apparaître des éclats de tuf et de travertin, mais, entre les première et deuxième corniches, ce mur est fait d'un béton de tuf et de briques. Le premier anneau de la coupole et le mur extérieur au-dessus de la seconde corniche est en béton de briques concassées (mortier au tuileau), tandis que le second anneau de la coupole est fait d'un béton de tuf et de briques concassées. La calotte de la coupole a fait l'objet de soins tout particuliers, puisqu'elle est constituée d'un béton allégé en granulat de pierre ponce et tuf, d'épaisseur décroissante, de 5,90 m à la base jusqu'à 1,5 m seulement au niveau de l’oculus, recouvert d’une couche d'enduit d’étanchéité de 15 cm[22].
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+ Le mortier du béton romain est un mélange de sable et de chaux[23]. Il tend à se calcifier toujours davantage en vieillissant, ce qui lui assure une excellente tenue au fil des siècles. Ainsi coulée, la coupole constitue un dôme monolithe appelé voûte concrète, c'est-à-dire fait de matière « durcie » (« concreta » : cf. le mot français « concrétion »).
92
+
93
+ Les contraintes statiques sont multiples : la base de la coupole (4) tend à pousser le mur qui la supporte vers l’extérieur. Ce cylindre n’est pas plein, mais évidé par les sept exèdres (3) et l’entrée du temple, et aussi par une enfilade de sections vides au niveau supérieur. Le poids de la coupole est ainsi supporté par les huit piliers massifs de maçonnerie qui séparent ces intervalles. Il a donc fallu à la fois compenser les poussées centrifuges et orienter les poussées verticales sur les huit piliers.
94
+
95
+ Pour parvenir à ce résultat, les bâtisseurs romains ont mis en œuvre plusieurs solutions :
96
+
97
+ Anneaux de charge en escalier, ceinturant la coupole.
98
+
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+ Rotonde, parement de briques, ouverture de l’espace entre murs et arcs de décharge.
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+
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+ Gravure de Piranèse, montrant les arcs de décharge qui structurent la rotonde.
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+
103
+ Comment les Romains ont-ils procédé pour monter la coupole du Panthéon ? Nous ne disposons pas de sources documentaires sur ce chantier précis ni sur d’autres, d’ailleurs. L’édification de la coupole en béton passe par la mise en place préalable d’un cintre et d'un coffrage.
104
+
105
+ Cent cinquante ans environ avant l’édification de cette coupole, Vitruve décrivait assez sommairement la technique pour disposer des planchers en forme de voûte[24], en construisant sur des cintres montés avec des solives et couverts de roseaux. Ici, la portée imposée aux cintres est importante (43 mètres), mais l’on sait que les basiliques romaines étaient couvertes de charpentes, avec des entraits de 25 à 30 m de portée, largeur observée sur les vestiges. On peut donc admettre l’hypothèse proposée dans Gründ d’un coffrage supporté par un cintre en charpente prenant appui sur les corniches intérieures de la rotonde[22].
106
+
107
+ Eugène Viollet-le-Duc, qui a étudié l'architecture antique, affine ces hypothèses par la description d'une technique de construction de voûte en deux étapes, observée sur divers bâtiments romains : montage en briques et mortier d'une première couche mince de la voûte constituée de nervures en brique qui définissent les caissons intérieurs sur un cintre léger en bois, puis, après durcissement de cette couche qui forme un coffrage solide et étanche, édification du reste de la voûte avec ses arcs de décharge et son épaisseur de béton[25]. Le procédé ainsi décrit est économique, car il ne nécessite qu'un cintrage en bois assez léger le temps de construire la première épaisseur, le cintrage porteur de la charge complète étant constitué par la première épaisseur de la voûte.
108
+
109
+ Une autre solution a été proposée par Pierre Gros[26] : il s'agit de remplir la rotonde de sable ou de terre, coffrer par-dessus, édifier la coupole, puis vider la rotonde. Cette technique simple est, comme la précédente, à la portée des bâtisseurs romains qui ont montré avec le mausolée d'Auguste leur capacité à monter et à remplir de terre un grand bâtiment cylindrique.
110
+
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+ Des documents citent une restauration sous Antonin le Pieux, et une inscription sur l’architrave enregistre une autre restauration sous Septime Sévère en 202.
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+
113
+ Étant dédié à tous les dieux, le Panthéon aurait pu développer l’accueil de divinités supplémentaires. Ce ne semble pas avoir été le cas : aucune source documentaire[27] n’indique qu’un des successeurs d’Hadrien n’ait ajouté une quelconque divinité au Panthéon, malgré les occasions que suggère notre idée moderne d’un syncrétisme mêlé d’œcuménisme : Hadrien divinisé en 138 aurait pu avoir son culte au Panthéon, il eut son temple particulier, dont un mur subsiste, intégré dans le bâtiment de la Bourse de Rome[28]. Plus tard, Héliogabale, qui voulut installer Baal à Rome, préféra lui bâtir un nouveau temple[29]. Alexandre Sévère, au sens religieux réputé syncrétique, abrita sa collection de héros et de divinités dans un laraire personnel. Enfin, quand Aurélien officialisa le culte de Sol invictus, il lui fit également construire un nouveau temple.
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+
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+ Le Panthéon dut connaître les vicissitudes qui frappèrent tous les temples antiques de Rome à la fin du IVe siècle : interdiction de sacrifice et de fréquentation des temples en 391[30], éphémère reprise des cérémonies traditionnelles en 393 lors de l’usurpation d’Eugène, interdiction par Théodose Ier de toute forme d’activité païenne en 392[31] qui s’impose à Rome à la défaite d’Eugène.
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+
117
+ Les nombreuses statues et les décorations de bronze sur le fronton du Panthéon furent peut-être victimes des récupérations lors du siège de Rome par Alaric en 408, au cours duquel les ornements des temples furent prélevés pour payer la rançon exigée par Alaric[32], ou bien furent pillées pendant le sac de Rome de 410 ou celui de 455.
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+
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+
121
+ Les Byzantins reprirent le contrôle de Rome au VIe siècle. Visiblement le Panthéon, monument autrefois public, restait propriété impériale, puisqu'en 608, l’empereur byzantin Phocas en fit don au pape Boniface IV. Celui-ci le consacra comme église chrétienne à la Vierge Marie et aux martyrs (Sancta Maria ad Martyres, c’est-à-dire « Sainte-Marie aux Martyrs »), titre qu’elle porte encore de nos jours. Il fit transférer des restes anonymes prélevés dans les catacombes et installer un autel sur ces reliques[28].
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+
123
+ Aux yeux d’un ancien Romain, s’il eût paru étrange d’admettre les pratiquants dans la cella, au lieu de célébrer le culte à ciel ouvert devant le temple, l’ensevelissement de dépouilles humaines dans le temple était un sacrilège : toute inhumation était bannie non seulement dans l’aire du temple, mais aussi dans l’espace sacré (pomœrium) de Rome. L’installation des reliques dans le Panthéon est un signe parmi d’autres de la disparition de ce tabou plus que millénaire. Néanmoins, on constate la puissance des principes architecturaux du Panthéon, dont la symétrie axiale imposa le placement de l’autel dans l’exèdre sud, face à l’entrée, et non à l’est selon l’usage chrétien. La consécration de l’édifice le sauva du vandalisme et des destructions délibérées qui ruinèrent la plupart des monuments de la Rome antique pendant le bas Moyen Âge.
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+
125
+ En 663, l’empereur byzantin Constant II (641-668) qui menait campagne contre les Lombards en Italie du sud séjourna brièvement à Rome. À court de finances, il fit récupérer les tuiles de bronze doré qui couvraient la coupole du Panthéon[33]. Une couverture de plomb les remplaça en 735.
126
+
127
+ Les marbres intérieurs et le grand portail en bronze ont survécu, même si ce dernier a été restauré à plusieurs reprises comme en 1563[28]. En revanche, les marbres qui couvraient l'extérieur de la rotonde ont complètement disparu.
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+
129
+ Vue du XVe siècle avec son clocheton central.
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+
131
+ Le Panthéon, encore affublé des clochetons (les "oreilles d'ane") du Bernin, démontés en 1883. Photographie Behles & Sommer.
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+ La place de la Rotonde et sa fontaine.
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+
135
+ Panthéon et Piazza della Rotonda
136
+
137
+ Les grandes réalisations architecturales des papes de la Renaissance puisèrent largement les matériaux dans les vestiges de la Rome antique. Ainsi, le pape Urbain VIII Barberini (1623-1644) donna l’ordre à son architecte Le Bernin (1598-1660) de récupérer les bronzes qui décoraient l’intérieur ou couvraient le portique du Panthéon. Ils furent fondus pour réaliser de 1624 à 1635 le baldaquin de saint Pierre dans la nouvelle basilique Saint-Pierre[34]. Les responsables de ce pillage furent raillés par cette épigramme « Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (Ce que les Barbares n’ont pas fait, les Barberini l’ont fait)[28]. À la fin du pontificat d’Urbain VIII, Le Bernin ajouta deux clochetons aux extrémités du fronton du Panthéon, que les Romains surnommèrent « les oreilles d’âne du Bernin ». Ils furent éliminés en 1882, ce qui rétablit l’aspect originel du fronton[28].
138
+
139
+ À deux reprises sous Urbain VIII puis sous Alexandre VII (1655-1667), il fallut remplacer une (ou deux[19]) colonnes tombées à l’angle gauche du pronaos (côté oriental), par des colonnes de granite provenant des thermes néroniens voisins. La colonne d’angle remplaçante est en granite rose, au lieu d’être gris clair, ce qui altère la régularité des colonnes de façade : en regardant l’agrandissement de la photo de face du pronaos, on constate cette différence de teinte.
140
+
141
+ Enfin, en 1747, l’architecte et peintre baroque Luigi Vanvitelli restaura le décor intérieur de la rotonde, occultant les fenêtres qui étaient sous la coupole en les remplaçant par de fausses fenêtres[1].
142
+
143
+ L’église du Panthéon fit l'objet d'un combat d'influence entre la papauté et la ville de Rome. Avec la formation du Royaume d'Italie, la Maison de Savoie obtint du pape de se faire attribuer l'église pour que les rois y soient inhumés, faisant de ce lieu un Panthéon moderne, d'où son nom actuel alors que les Italiens l'appelaient familièrement la Rotonna ou Ritonna (la « Rotonde »). La question romaine fut tranchée à la suite des accords du Latran en 1929, l'église assumant désormais le titre de Basilica Palatina (Basilique Palatine) et devenant l’église officielle de tous les Italiens[35].
144
+
145
+ Aujourd’hui, le Panthéon est un carrefour touristique au cœur des vieux quartiers de Rome, et donne sur la Piazza della Rotonda (place de la Rotonde), à laquelle il a donné son nom. L’obélisque du Panthéon qui se dresse depuis 1578 sur la fontaine vient du sanctuaire égyptien voisin[28].
146
+
147
+ Depuis la Renaissance, le Panthéon est utilisé comme tombeau. Parmi les personnalités qui reposent dans les exèdres transformées en chapelles, se trouvent Raphaël (1483-1520), selon ses dernières volontés[36], ses élèves Baldassarre Peruzzi (1481-1536) et Perin del Vaga (1501-1547), puis les peintres Giovanni da Udine (1487-1564), Taddeo Zuccaro (1529-1566) et Annibale Carracci (1560-1609), le compositeur Arcangelo Corelli (1653-1713), le cœur du cardinal diplomate Ercole Consalvi (mort en 1824) et deux rois d’Italie : Victor-Emmanuel II (mort en 1878) et Humbert Ier (mort en 1900), ainsi que l’épouse de ce dernier, la reine Marguerite de Savoie (morte en 1926)[28].
148
+
149
+ Le corps du peintre Raphaël a été placé dans un sarcophage antique, sur lequel on peut lire l’inscription du poète Pietro Bembo (1470-1547) : « Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu’il est mort, elle craint de mourir ».
150
+
151
+ Bien que l’Italie soit une république depuis 1946, des membres volontaires d’organisations monarchiques font dire des messes d’intention sur les tombes royales du Panthéon. Cela a parfois soulevé des protestations des milieux républicains, mais une messe n'étant jamais dite en l'honneur de quelqu'un, mais pour prier pour lui, les autorités catholiques ne voient aucune raison d'interdire ces pratiques. D’autres polémiques furent déclenchées par la question de transférer au Panthéon les restes de Victor-Emmanuel III et de Humbert II, derniers souverains italiens, compromis dans le fascisme.
152
+
153
+ Le Panthéon est désormais une église, où l’on célèbre des messes et des mariages. Il est à ce titre fermé aux visiteurs durant les cérémonies liturgiques.
154
+
155
+ Le Panthéon, modèle le mieux conservé de l’architecture monumentale romaine, a eu une énorme influence sur les architectes européens et américains (un exemple parmi tant d’autres, Andrea Palladio), de la Renaissance au XIXe siècle. De nombreuses salles publiques, universités et bibliothèques, ont repris sa composition (un portique à fronton et un dôme).
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+
157
+ Exemples d’édifices célèbres influencés par le Panthéon :
158
+
159
+ Villa Capra, dite la Rotonda, de Andrea Palladio, Vicence.
160
+
161
+ Le Panthéon de Paris vers 1830.
162
+
163
+ La Low Memorial Library, de l'université Columbia à New York.
164
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165
+ La rotonde de l'université de Virginie, dessinée par Thomas Jefferson.
166
+
167
+ Le Panthéon de Rome n’est pas inscrit en tant que tel au Patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il en fait partie comme élément du centre historique de Rome, classé en 1980.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Panthera leo
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+
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+ Espèce
4
+
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+ Synonymes
6
+
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+ Répartition géographique
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+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU A2abcd : Vulnérable
12
+
13
+ Statut CITES
14
+
15
+ Le lion (Panthera leo) est une espèce de mammifères carnivores de la famille des félidés. La femelle du lion est la lionne, son petit est le lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de 180 kg pour les lions de Kruger à 230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement 250 kg. Un mâle adulte se nourrit de 7 kg de viande chaque jour contre 5 kg chez la femelle. Le lion est un animal grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres félins. Son espérance de vie, à l'état sauvage, est comprise entre 7 et 12 ans pour le mâle et 14 à 20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les 30 ans en captivité.
16
+
17
+ Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la troupe. Le lion rugit. Il n'existe plus à l'état sauvage que 16 500 à 30 000 individus dans la savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'Inde. Il est surnommé « le roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres ». Entre 1993 et 2017, leur population a baissé de 43 %[1].
18
+
19
+ Le lion est le deuxième plus grand félidé, après le tigre, et ainsi le plus grand carnivore d'Afrique. Un mâle mesure de 172 à 250 centimètres de long[2] du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne 90 centimètres[3]. Les mâles atteignent une masse comprise entre 145 et 225 kilogrammes à l'âge adulte[3]. Les femelles adultes mesurent de 158 à 192 centimètres[2] sans la queue et possède une queue mesurant environ 85 cm. Elles pèsent entre 83 et 168 kg[3] et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle[4].
20
+
21
+ La taille au garrot peut varier de 100–128 cm[2] (en moyenne, 123 cm pour les mâles et 107 cm pour les femelles[3]). Les plus grands mâles pouvant exceptionnellement atteindre une taille à l'épaule de 1,50 m[5].[réf. nécessaire] Ils peuvent ainsi avoir une taille à l'épaule de 30 cm plus importante que celle des tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de 189–300 cm[6] du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est admis que le tigre est au maximum de 30 cm plus long que le lion soit une longueur de 2,80 m[7] du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’Afrique, les plus petits en Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un lion du Transvaal de 313 kg[8]. Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en captivité un poids de 375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de Colchester en Angleterre dont la masse a été reconnue par le Livre Guinness des records[9],[10].
22
+
23
+ Avec une longueur de crâne de 26,7 à 42 cm[11] en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins[11] devançant ainsi dans ce domaine le tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à 38 cm[11] environ.
24
+
25
+ Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines peuvent atteindre six centimètres de long[4]. Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des parasites.
26
+
27
+ Les mâles possèdent une longue crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du Tsavo, sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules, quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa constitution physique.
28
+
29
+ Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et la nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière[12]. Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles ainsi handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un animal affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été observés chez un même individu au cours du temps)[13].
30
+
31
+ En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
32
+
33
+ Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière, et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus chauds[13],[14].
34
+
35
+ Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au Bénin, par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus fins.
36
+
37
+ Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de vibrisses. Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à « sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées pour ressentir des vibrations terrestres[15].
38
+
39
+ Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des poils de leurs moustaches.
40
+
41
+ Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les gnous), et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même pour casser des os[15].
42
+
43
+ Leur pelage court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant visibles que de près[4].
44
+
45
+ Comme chez les tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens[16] dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal[Note 1]. Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris ou vert-gris. Les lèvres et les coussinets restent également normalement pigmentés.
46
+
47
+ Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée[17]. Chris McBride a été le premier à les observer en octobre 1975 et a écrit deux livres sur le sujet[18],[19]. En 2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'Agen[16] et quatre au parc zoologique de Jurques, près de Caen, le 20 mai 2007, de deux parents blancs également[20]. Le zoo de Beauval en Loir-et-Cher fut le premier parc français à présenter un couple de lions blancs au public[21].
48
+
49
+ Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions mélaniques (noir)[22].
50
+
51
+ Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
52
+
53
+ Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe[23].
54
+
55
+ Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de 60 km/h[24],[25], mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances. Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de l'ordre de 3,70 m en hauteur et 11 m de longueur[26].
56
+
57
+ Le lion, tout comme le léopard, le tigre, le jaguar et l'once ou panthère des neiges, fait partie du genre Panthera de la famille des Felidae.
58
+
59
+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien fossile de lion a été découvert à Laetoli en Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5 Ma.
60
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61
+ Panthera leo est identifié pour la première fois en Europe, sur le site italien d'Isernia, par le fossile d'un lion des cavernes primitif (Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des gorges d'Olduvai en Tanzanie, plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de Wiesbaden en Hesse et près de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'histoire de la Terre, les lions américains (Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à 3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ 2,40 mètres). La plupart des découvertes de lions en Europe sont des lions des cavernes (Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la période glaciaire de Mindel, ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs. Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces, les études sur l'ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique[27],[28]. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en Béringie - au niveau de l'actuel détroit de Béring - appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale qui disparut à la fin de la dernière période de glaciation.
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+ Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du XXe siècle mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours certaine[29]. En 2004, seules huit sous-espèces sont reconnues[30],[31],[32],[Note 2] ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le lion du Cap (Panthera leo melanochaita) est probablement non valide[30].
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+ Toutefois, de récentes analyses génétiques menées sur différentes sous-espèces de lion ont conduit à réduire le nombre de sous-espèces à deux : en 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît ainsi que le Lion d'Afrique (Panthera leo leo) et le lion d'Asie (Panthera leo persica)[33].
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+ Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en Eurasie et en Amérique. On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que, contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela a été prouvé par les lions de Rancho La Brea, en Californie, où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant l’hiver.
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+ La cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux Marozis[36], prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des années 1930, il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un autre félin.
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+ Les noms des hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
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+ Les mâles sont le plus souvent stériles, à cause de la fragilité des spermatozoïdes, mais les femelles peuvent être fertiles (règle d'Hardane (en))[37].
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+ Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le pléistocène supérieur, tandis que des cousins (Panthera leo spelaea, le lion des carvernes) occupaient la Sibérie et l'Europe centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à la fin de la dernière glaciation.
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+ La répartition du lion durant l'Holocène (l'époque géologique et climatique actuelle) jusqu'aux temps historiques est plus restreinte mais a cependant été importante. Elle couvrait presque toute l'Afrique, mais aussi l'Europe de l'Est et du Sud, ainsi que le Moyen-Orient et l'Inde. Les rares ossements retrouvés montrent qu'en Europe il était présent au moins dans la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne) au début de l'Holocène, tandis que dans la seconde moitié de l'Holocène (Néolithique et âge du bronze) des lions vivaient en Europe de l'Est (Hongrie, Ukraine, sud de la Russie), dans les Balkans et en Europe du Sud[38]. Le lion a perduré en Europe jusqu'à l'Antiquité. Il a été un symbole fort dans la culture européenne, abondamment représenté dans l'art mycénien puis dans l'art grec classique et l'art scythe entre autres. De nombreux auteurs qui leur étaient contemporains ont rapporté leur présence en Europe : Hérodote considérait le lion comme étant abondant en Thrace dans le nord de la Grèce en son temps au Ve siècle av. J.-C., mais Aristote le considère déjà comme rare au IVe siècle av. J.-C., et au Ier siècle de notre ère il semble avoir entièrement disparu. Sa disparition en Europe est probablement due à la concurrence avec l'homme (expansion de l'élevage pastoral), à la chasse de prestige dont il a longtemps fait l'objet (les scènes de chasses et de combats avec des lions sont omniprésentes dans l'art antique), ainsi que par leur capture intensive pour les arènes romaines. Il est cependant encore signalé au Daghestan au Moyen Âge[39]. Il était également autrefois bien présent en Anatolie, en Transcaucasie et au Proche-Orient, et il est ainsi mentionné dans la Bible[40]. Mais il a disparu du Levant au Moyen Âge, puis au XIXe siècle d'Anatolie et de l'est de la Syrie (Haute Mésopotamie), puis du sud de l'Irak en 1918, et enfin les derniers spécimens d'Iran sont mentionnés dans les années 1940.
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+ De la même manière, les populations de lions d'Asie (Panthera leo persica) ont en quasi-intégralité disparu au XXe siècle. Un dernier groupe de survivants s'est toutefois réfugié dans le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat, en Inde.
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+ Les derniers spécimens sauvages de lions de l'Atlas (Panthera leo leo) ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier à être abattu l'a été au Maroc en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka, Haut Atlas), et les autres ont dû dispara��tre lors de la destruction des forêts de Kabylie, au nord de Sétif, en 1958, durant la guerre d’indépendance algérienne.
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+ Aujourd'hui, sa diffusion est largement limitée à l'Afrique subsaharienne. Néanmoins, l'extrême sud de l'Afrique ne compte plus de lions depuis les années 1860, époque de l'extinction du lion du Cap (Panthera leo melanochaita). En Afrique du Nord, le lion de l'Atlas (Panthera leo leo) s'est éteint dans les années 1920. Les populations significatives de lions africains sont localisées dans les parcs nationaux du Kenya, de Tanzanie et d'Afrique du Sud et se font rares en dehors des zones protégées. Classé comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est exposé à un risque d'extinction.
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+ En Inde le lion d'Asie ne vit plus que dans un ultime refuge : le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat. Après être passé assez près de l'extinction au XXe siècle, des mesures efficaces de protection ont permis à la population de lions d'augmenter à nouveau ces dernières décennies dans cette réserve, pour atteindre en 2017 environ 650 spécimens (contre 523 en 2015 et 411 en 2010)[41]. La réserve étant désormais trop petite pour supporter une telle population de lions en croissance rapide, des projets de réintroduction dans d'autres régions d'Inde et en Iran sont régulièrement discutés.
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+ Bien qu'étant aujourd'hui confiné presque uniquement à la savane africaine, la répartition passée du lion montre qu'il a une grande capacité d'adaptation et peut vivre dans de nombreux habitats et sous des climats très différents (tempérés à tropicaux). Le lion est cependant inféodé aux milieux ouverts ou semi-ouverts plutôt secs. En Afrique l'habitat naturel du lion est donc principalement la savane, mais aussi les forêts décidues semi-ouvertes (forêt tropicale sèche) et les semi-déserts. L'espèce manque ainsi naturellement dans les forêts tropicales humides denses d'Afrique centrale, dans les marais à végétation trop haute, et dans les déserts les plus arides de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Inde le lion d'Asie pouvait vivre autrefois dans les mêmes régions que le tigre, car ils n'occupaient pas les mêmes habitats et ne chassaient pas les mêmes proies, le tigre vivant plutôt dans les forêts denses et autres végétations très fournies comme les marais. Il n'y avait donc que peu de concurrence entre ces deux espèces, leur niche écologique était bien différenciée.
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+ Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus. Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à 500 km2. Dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs selles et leur urine, qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une substance sécrétée par des glandes situées dans leurs coussinets[42].
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+ Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
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+ Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se nourrissent surtout de charognes[réf. nécessaire].
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+ De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures. Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un œstrus et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe, et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que les femelles attaquent le mâle assassin[43].
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+ En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures grossières, par exemple par le sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
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+ Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance[44]. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
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+ Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme certains autres félins, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d'affection. Les lions, tout comme d'autres félins sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats[15].
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+ Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans[45], leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles[46]. Il n'y a pas de saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'organe de Jacobson, se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce processus est qualifié de flehmen.
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+ Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat ventre et relève la croupe ; cette position, appelée lordose, permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela la garde instinctivement calme ; le pénis du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des ovules qui seront fécondés par les spermatozoïdes[15].,[47] Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours[46], soit terminé[48].
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+ Après une gestation d'environ quatre mois[49], la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre[46] lionceaux, aveugles, de 1,1 à 1,37 kg[46]. Durant leurs six premières semaines de vie environ[50], ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux, particulièrement à cause des hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines[46], la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
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+ À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois[51], les lionceaux sont sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère[46].
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+ La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans[46]. Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions ont toutefois vécu en parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans[46].
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+ Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité[52],[53].
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+ Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans[48]. Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits[51].
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+ Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à 21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste[54]. Il consomme en moyenne 7 kg de viande par jour[48]. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à 30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à 40 kg[55]. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
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+ Les proies principales sont les bovidés de grande, moyenne et petite taille :
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+ Il chasse aussi des buffles, jeunes éléphants, phacochères, zèbres, girafes, lapins, oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des éléphants adultes. Dans les zones humides du Savuti et du Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des hippopotames. Mais généralement la plupart des hippopotames, rhinocéros, éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
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+ Les antilopes très rapides, telles que les gazelles, les topis, les springboks et les impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapides et plus gros.
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+ Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
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+ Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins efficaces.
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+ Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors une approche discrète jusqu'à 30 m environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre. Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci étouffe.
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+ Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie, voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie, auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ 30 m est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ 6 m de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur[56]. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la veine jugulaire ou la carotide.
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+ Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les lycaons et les hyènes tachetées.
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+ Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes, koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et 47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques en terrain découvert (12 %) - d'après des études[24]. En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux sédentaires : girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins), oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les lionnes chassent parfois les impalas à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause de leur vue nettement inférieure à celle des fauves.
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+ Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse, par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits. Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres du groupe s'infligent d'importantes blessures.
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+ Souvent, les lions sont amenés à manger des charognes. Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à protéger leur butin d'autres animaux charognards comme les léopards ou les hyènes tachetées.
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+ Les relations entre lions et hyènes tachetées dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la chaîne alimentaire, se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer. Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très fréquent. Au cratère du Ngorongoro, la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents, aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires, comme Lions et Hyènes, face à face mortel[57]. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes[58].
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142
+ Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les guépards. Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres prédateurs[59] et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation[60].
143
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144
+ Les lions sont également en concurrence avec les crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles[61] et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile[62].
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146
+ « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
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+ — Proverbe africain
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+ Depuis l'Antiquité l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte, son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie des léopards, des hyènes ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme preuve d'un signe extérieur de vaillance[63] ou même pour les spectacles que constituaient les jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros mammifères les Big 5.
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+ En Afrique de l'Est, dès les années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de réserve de chasse comme le Parc national de Kilimandjaro et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées, liant cette pratique à des intérêts économiques. Le Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les années 2000, cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet, la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à 15 000 (au pire) au cours des années 1990[64]. La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au domptage et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au Botswana est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et 100 000 dollars aux caisses de l’État[64], la « taxe d'abattage » se situant autour de 80 000 euros contre 3 000 pour un guépard[65]. L'office de la gestion de la faune zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année[64]. En Afrique du Sud, près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480 lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour un prix variant de 6 000 à 8 000 USD la femelle et de 20 000 à 30 000 USD le mâle[66]. Une loi viserait à interdire cette pratique.
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+ En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
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+ Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le Parc national Kruger en Afrique du Sud. Depuis qu'en 1995, un premier cas mortel de tuberculose est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du secteur sud du parc par les bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des buffles chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 % des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (phtisie), tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions du parc Kruger sont contaminés par le virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
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+ En 1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la maladie de Carré[67],[68] face à laquelle ils sont très vulnérables.
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+ Les populations de lions sont tr��s concentrées car contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des années 1960[69]. Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité génétique nécessaire à la survie[70],[71],[72]. Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions[69].
161
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162
+ En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ; invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable[73]. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la réserve du Selous, le district de Rufiji et la région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection[73]. Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En 2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes[74] avait un défaut de dents.
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+ Il a existé quelques lions qui semblaient chercher des proies humaines. Les histoires des traques et des morts de ces rares spécimens appelés mangeurs d'hommes ont été écrites par leurs chasseurs. John Henry Patterson en 1907 a écrit The Man-eaters of Tsavo dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la proie en 1996. Le spécimen de Mfuwe est aussi connu.
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+ Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté[32]. L'UICN est partie en 2004 du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du gibier chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En Afrique de l'Ouest, le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300 individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine génétique.
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+ Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces « gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en Asie ; afin de pallier ce dernier point, le gouvernement indien a mis en place dans les années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le Kuno Wildlife Sanctuary : l'Asiatic Lion Reintroduction Project[75].
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+ Les lions vivent en captivité depuis l'Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les Romains les utilisaient dans leurs Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des ménageries, ancêtres des parcs zoologiques, au XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à Boston en 1716. En outre, les activités de divertissement, comme le domptage dans les cirques ou même les combats de lion, nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record étant détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986[76].
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+ Les monarques assyriens en élevaient au IXe siècle av. J.-C.[77] et Alexandre le Grand, selon la légende, vivait avec des lions apprivoisés par les Malhi du nord-ouest de l'Inde[78]. Plus tard, les Romains organisateurs des jeux en conservaient. Ainsi des Romains célèbres comme Sylla, Pompée, Jules César, ont ordonné la capture de centaines de lions à la fois[79]. Marco Polo rapporte que les princes indiens continuaient à en apprivoiser et que Kublai Khan gardait même des lions à l'intérieur de ses habitations[80].
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+ William de Malmesbury rapporte lui que des lions ont été conservés en Angleterre, à Woodstock par la volonté d'Henri Ier[81], le lion étant présent sur les héraldiques anglaises.
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+ Comme les tigres ou les requins, le lion attire le public[82], ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002 zoos existants détiennent environ 1000 lions africains et 100 lions asiatiques dans les années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces[82].
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+ Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne tenaient pas compte des sous-espèces, créant une pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte[83] et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'Association américaine des Zoos et des Aquariums. En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction impossible ou presque[29].
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+ La sous-espèce du lion de l'Atlas n'est existante qu'à travers d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au zoo de Port Lympne dans le Kent, au Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au Neuwied Zoo[84], quelques spécimens au zoo d'Amnéville[85]. La WildLink International, en collaboration avec l'Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'élevage conservatoire appelé Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc[84],[85].
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+ Les combats d'animaux générant des paris étaient courants au XVIIIe siècle. Des combats entre lions et chiens en général ont été organisés à Vienne en Autriche à partir de 1800 et en Angleterre à partir de 1825[86],[87].
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+ Les pionniers du domptage sont Henri Martin[88],[89],[90], un Français, et Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées[91]. Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr. Isaac Van Amburgh fit une tournée en Angleterre, devant la reine Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles[91]. Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre. Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir[92].
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+ Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
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+ Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace[93]. En France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration[94] même si certaines associations les trouvent peu virulentes[95]. L'Inde interdit même la possession de lion depuis 1998[94]. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal[96].
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+
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+ En Afrique, le couple George et Joy Adamson est célèbre pour avoir élevé et apprivoisé la lionne Elsa. Son histoire a été à l'origine de plusieurs livres, de documentaires, d'une adaptation cinématographique ainsi qu'une série télé.
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192
+ Si la détention de ce genre d'animaux est interdite pour les particuliers (Animaux dangereux/Code de l'environnement)[97], le trafic de félin connaît une triste mode et s'est accentué ces dernières années avec les réseaux sociaux[98]. D'après l'association One Voice, les cirques procureraient les animaux illégalement en cachant les naissances[99].
193
+
194
+ En octobre 2018, un lionceau a été saisi en banlieue parisienne à Valenton chez un particulier et une petite lionne de quelques semaines fût découverte le même jour dans un garage à Marseille. La santé de cette dernière était très préoccupante. Ils ont été pris en charge par l'équipe de l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine, dans les locaux de l'association Tonga Terre d'Accueil, refuge pour animaux sauvages saisis ou abandonnés, afin d'y être soigné[100]. Quelques semaines plus tard, en novembre 2018, un troisième lionceau est découvert par des policiers. Celui-ci fût trouvé à Paris sur les Champs-Elysées dans une Lamborghini[101]. Fin novembre, les trois lionceaux seront réunis pour qu'ils puissent grandir ensemble[102]. En Février 2020, une nouvelle lionne de 2 mois est abandonnée par un particulier devant le zoo d'Amnéville, le félin sera également placé à l'association Tonga Terre d'Accueil à l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine et y rejoindra les trois autres lionceaux[103].
195
+
196
+ En octobre 2019, un an après l'arrivée des premiers lionceaux, l'association Tonga Terre d'Accueil annonce le départ des quatre lionceaux dans un sanctuaire d'Afrique du Sud[104]. Ils quitteront Saint Martin la Plaine le 10 octobre 2019.
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199
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200
+ Dans de nombreuses cultures antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En Égypte, les pharaons furent représentés par des sphinx, lions à la tête humaine[105]. La plus célèbre de ces représentations est le Grand Sphinx de Gizeh. Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui[4]. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au royaume des morts[106] ou Mihos, le fils de Bastet à tête de lion[107], ont existé, comme de nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion : Pachet, Aker, Dédoun ou Tefnout par exemple[108].
201
+
202
+ Dans la mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par Héraklès, durant ses douze travaux[4]. Dans l'histoire d'Androclès, une des fables d'Ésope, le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ; quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer l'homme.
203
+
204
+ Dans les religions judéo-chrétiennes, le lion est un animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de saint Jérôme et son lion, du tétramorphe (lion de saint Marc) et de Daniel épargné par les lions[109] ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de Pierre faisant référence à Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »[110]. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises catholiques car il représente la force du croyant combattant le péché, et dans les objets : bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des chandeliers, les portails d'église[106]… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
205
+
206
+ Les chasseurs du Paléolithique supérieur (Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de 30 000 ans. Le lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du Paléolithique[111]. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard[109]. L'homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth de près de 30 centimètres de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une divinité[112].
207
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208
+ Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la royauté et du Soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. À Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de céramique en forme de lion du temps de Nabuchodonosor II[106]. L’art assyrien, qui a influencé l'art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses chasses aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques[109].
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+
210
+ Chez les Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'Agamemnon contre les ennemis et les démons[109]. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du lion de Némée dont la peau est l'attribut de Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du cirque, combattant contre des gladiateurs[106]. Dans l'art chrétien, le lion accompagne parfois saint Jérôme, ou la force, c'est le symbole de Marc l'Évangéliste, de la royauté. Roi des animaux dans le bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
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+ À partir de la Renaissance, les représentations animales deviennent de plus en plus anatomiquement précises : les artistes s'exercent à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[109]. Le Douanier Rousseau est célèbre pour ses peintures de la jungle, et notamment pour La bohémienne endormie où un lion solitaire s'approche d'une bohémienne endormie dans le désert. Au XIXe siècle, de nombreuses illustrations zoologiques faites par les naturalistes montrent précisément le lion[106]. En sculpture, le Lion de Lucerne a été sculpté pour commémorer les 760 morts et 350 survivants mercenaires suisses lors de la prise d'assaut du Palais des Tuileries à Paris par les révolutionnaires.
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214
+ Le lion n'est présent en Asie que dans la péninsule indienne, il est pourtant très présent dans l'art statuaire de l'ensemble des pays asiatiques. Des lions, représentés avec une crinière bouclée, montent la garde devant les pagodes, comme celle de Kuthodaw ou dans les temples bouddhistes[4]. Originaire d'Inde[113], la danse du lion est une danse traditionnelle effectuée au nouvel an chinois pour faire fuir les démons et apporter la chance[4].
215
+
216
+ La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »[114],[Note 3]. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les blasons de l'Écosse[115], de la Norvège[116], de la Belgique[106] ou de villes comme Lyon[117]. Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé, lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions du blason anglais sont des léopards. Une symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de sinople symboliserait la tempérance[118] et, selon Marcel Brion, les divers lions héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques[109]. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'aigle, seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La connaissance du lion par les Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la Méditerranée.
217
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218
+ Le lion est le symbole national de l'Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien Ashoka[4].
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+ La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par récupération. Par exemple, la marque automobile Peugeot utilise comme symbole les armoiries de Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis 1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le Crédit lyonnais a un lion pour mascotte. Le groupe bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
221
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222
+ Le Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion[119]. L'œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c'est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[120] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort[Note 4] et il réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux[106].
223
+
224
+ Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King[4]. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan[Note 5], dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison[121].
225
+
226
+ Au cinéma avec, entre autres, le film d'animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d'Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari[4]. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l'homme comme dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la Proie en 1996.
227
+
228
+ Le lion est à l’origine des prénoms Léon et Lionel, un diminutif[122]. En hébreu, on trouve les prénoms Arié (’aryeh, lion en hébreu et Ariel : « lion de Dieu »[123] et dans Lavi (לביא)[Quoi ?].
229
+
230
+ En arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire arabe - français de Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent Assad (’asad, le nom zoologique[Note 6]), Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et Hamza[124]. Le turc connaît les formes Aslan (nom zoologique) et Arslan, cette dernière étant aussi la forme mongole. Ce prénom a donné en russe Rouslan[125]. Le persan shir est connu par le général Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à Samarcande et, avec un élargissement de sens au tigre en hindî[126], par Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle.
231
+
232
+ Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux[127] s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de guerre afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le « lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les Anglais à la bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.
233
+
234
+ Le qualificatif de lion est aujourd'hui élogieux, le joueur de football camerounais de l'équipe des Lions indomptables Roger Milla était appelé « le vieux lion » par ses compatriotes parce qu'il fut le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde de football.
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1
+ Panthera pardus orientalis
2
+
3
+ Statut de conservation UICN
4
+
5
+ CR A1c, B1+2cd, E : En danger critique d'extinction
6
+
7
+ Sous-espèce
8
+
9
+ Le léopard de l’Amour (Panthera pardus orientalis), aussi appelé panthère de l'Amour et panthère de Chine, est une sous-espèce du léopard vivant dans le sud-est de la Russie (région du Primorié) et dans le nord-est de la Chine (province du Jilin).
10
+
11
+ Elle est classée « en danger critique d'extinction » depuis 1996 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Seuls 50 individus sauvages ont été recensés en 2012, en plus de 200 individus en captivité[1].
12
+
13
+ Son nom fait référence au fleuve Amour, qui coule en Sibérie et en Chine.
14
+
15
+ La première référence écrite au léopard de l'Amour remonte à 1637, dans un accord entre la Corée et la Chine où la première devait envoyer à la seconde 142 peaux chaque année entre 1637 et 1732[2].
16
+
17
+ Hermann Schlegel fut le premier explorateur à étudier le léopard de l'Amour en 1857[3]. Il le classa comme une espèce indépendante, Felis orientalis. La taxonimie actuelle, Panthera pardus orientalis, date de 1961.
18
+
19
+ La panthère de l’Amour diffère des autres sous-espèces par une épaisse fourrure tachetée qui ne ressemble à aucune autre. Le pelage des panthères du bassin de la rivière Amour, des montagnes du nord-est de la Chine et de la péninsule Coréenne est de couleur crème, surtout en hiver. Les rosettes des flancs sont de 5 cm × 5 cm, elles sont épaisses et bien espacées, les cercles sont épais et plus foncés au centre[4].
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21
+ Leur pelage est doux et leur fourrure est longue et épaisse. La longueur des poils du dos varie de 20-25 mm en été et jusqu’à 50 mm en hiver. Leur pelage d’hiver varie d’un jaune clair à un jaune-roux teinté de doré. Leur pelage d’été est plus brillant et les rosettes sont d’une couleur plus vive. Les panthères de l’Amour sont assez petites, les mâles mesurent entre 107 et 136 cm, avec une longueur de queue de 82 à 90 cm et une hauteur de 64 à 78 cm. Ils pèsent entre 32,2 et 53 kg (certains spécimens ont même atteint les 60 kg[5]) et les femelles entre 25 et 42,5 kg[6]. Le poids moyen pour les mâles est de 55 kg et pour les femelles de 34 kg[7].
22
+
23
+ En 1857, à l'époque où Hermann Schlegel découvrit ces animaux, ils couvraient alors un large territoire d’environ 3 000 km2 comprenant la frontière entre la Chine et la Corée du Nord[3].
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25
+ Les panthères de l’Amour vivaient au nord-est de l'Asie, depuis probablement Pékin et la péninsule coréenne. Dans les années 1950, leur répartition en Russie était limitée à l’extrême sud de la région de l’Oussouri. Elles ont été observées à 50 km au nord de Vladivostok et dans la Réserve naturelle de Kedrovaïa Pad. Les panthères de l’Amour vivent dans les zones montagneuses. On les retrouve là où vivent les cerfs Sika et où l’élevage de cerfs est pratiqué. En hiver, elles restent sur les pentes rocheuses non enneigées[6].
26
+
27
+ Dans les années 1970, la population russe s’est fragmentée en trois petites populations distinctes. Au début du siècle suivant, la seule population restante était celle du Sud-Ouest de Primorié, où elle occupait un territoire d’environ 3 000 km2 le long de la frontière entre la Chine et la Corée du Nord[8].
28
+
29
+ En 2009, l’unique site Web officiel de la Corée du Nord a rapporté qu’il y avait quelques léopards dans la réserve naturelle des monts Myohyang dans l'arrondissement de Hyangsan. C’est probablement la population vivant le plus au sud.
30
+
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+ En Chine, plusieurs panthères de l’Amour ont été photographiées par des pièges photographiques à Wangqing et Hunchun, à l’est de la province de Jilin.
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+ Les panthères de l’Amour sont extrêmement protectrices en ce qui concerne leur choix de territoire. Le territoire d’un individu est généralement situé dans le bassin d’une rivière et s’étend jusqu’aux frontières topographiques naturelles de la zone. Le territoire de deux individus peut parfois légèrement se chevaucher. Selon le sexe, l’âge et la taille de la famille, le territoire d’un individu peut mesurer entre 5 000 et 30 000 ha. Elles peuvent emprunter les mêmes sentiers, les mêmes trajets de migration et parfois se reposer aux mêmes endroits[9]. Là où les animaux sauvages sont présents en abondance, les léopards y vivent de manière permanente ou y migrent verticalement, suivant les troupeaux d’ongulés et évitant la neige. Dans la région de l’Ussuri, leurs proies principales sont les chevreuils, les cerfs Sika, les wapitis Manchurian, les cerfs porte-musc, les élans et les sangliers. Ils se nourrissent plus rarement de lièvres, de blaireaux, de volailles et de souris. Dans la Kedrovaya Pad Nature Reserve, les chevreuils constituent leurs proies principales tout au long de l’année, mais ils chassent également de jeunes ours noirs d’Asie de moins de deux ans[6].
34
+
35
+ Les panthères de l’Amour sont sexuellement matures entre 2 et 3 ans et peuvent se reproduire jusqu’à l’âge de 10-15 ans. Les chaleurs durent entre 12 et 18 jours, et dans des cas exceptionnels, jusqu’à 25 jours. La gestation dure entre 90 et 105 jours. À la naissance, les petits pèsent entre 500 et 700 grammes, ils ouvrent leurs yeux au 7e-10e jour et commencent à ramper au 12e-15e jour. Ils sortent de leur tanière au deuxième mois et commencent alors à manger de la viande. Ils continuent parallèlement à se nourrir de lait pendant cinq ou six mois. Les jeunes restent généralement avec leur mère jusqu’à ce qu’elle soit de nouveau en chaleur. Jusque dans les années 1970, les petits (de deux à trois) étaient vus dans la réserve naturelle de Kedrovaïa Pad, dans le Primorsky Krai et au nord-est de la Chine, généralement entre mars et mai. En captivité, certains individus ont vécu jusqu’à 21 ans[6].
36
+
37
+ Des études ont confirmé que les jeunes pouvaient rester avec leurs mères pendant deux ans. Dans la Kedrovaya Pad Nature Reserve, il a déjà été constaté que des petits de deux portées différentes restaient avec leur mère en même temps[9].
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39
+ Les panthères de l’Amour sont menacées par le braconnage, l’empiètement de la civilisation, la construction de routes, l’exploitation des forêts et les changements climatiques.
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+
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+ Les tigres peuvent éliminer les panthères si la densité de proies de grande et moyenne taille est faible. La compétition entre les deux prédateurs est censée diminuer en été, lorsque les petites proies sont plus abondantes. Les conditions hivernales sont moins favorables aux tigres, la compétition avec les panthères de l’Amour atteint donc un pic.
42
+
43
+ En 2015, un Léopard de l'Amour femelle est recueilli par un centre de réhabilitation de la faune atteinte par la maladie de Carré[7]. La propagation de cette maladie, peut-être par des contacts avec des chiens ou de petits carnivores sauvages[7], est une menace d'épizootie pour les petites populations du Léopard de l'Amour[7].
44
+
45
+ Le braconnage des léopards constitue l'une des principales menaces à sa survie. Entre février 2002 et avril 2003, sept peaux ou parties de peaux ont été confisquées, six en Russie et une en Chine. Le plus souvent, les léopards sont tués par des habitants de petits villages russes proches du territoire du félin. La plupart de ces villageois chassent de manière totalement illégale, ils n’ont pas de permis pour chasser ni pour posséder des armes. La plupart vivent près de zones protégées dans lesquelles il est interdit de chasser et même d’emmener une arme ou un chien dans la forêt[8].
46
+
47
+ Les feux allumés par les hommes représentent une menace majeure pour la panthère de l’Amour. Mettre le feu aux champs est une habitude dans la plupart des cas. Certains incendies sont commencés pour augmenter la fertilité des pâturages, tuer les tiques et d’autres insectes, faire apparaître les débris métalliques afin qu’ils puissent être facilement ramassés, abattre la végétation le long des voies de chemins de fer et stimuler la pousse des fougères qui sont vendues dans les magasins, servies au restaurant et exportées en Chine car elles constituent un plat populaire. Des études utilisant des images satellites et des techniques SIG ont révélé qu'environ 19 % du Sud-Ouest du Primorié brûle tous les ans, et qu’un total de 46 % a été brûlé en six ans. À cause de cela, la plupart des terres du Sud-Ouest du Primorié ont été converties en des prairies permanentes. Ces feux fréquents sont à l’origine de la dégradation de l’habitat des panthères, qui devient inhabitable. Les incendies répétés ont créé un paysage de savane que les léopards semblent éviter, sûrement, une fois encore, à cause de la faible densité d’ongulés[8].
48
+
49
+ Un certain nombre de plans pour développer les activités économiques au sud-ouest du Primorié ont vu le jour et ont commencé à constituer une sérieuse menace à la survie de la panthère de l’Amour. Le projet de construction d’un pipeline du centre de la Sibérie à la côte de la mer du Japon en traversant le Primorié a été abandonné. Le projet de construction d’une mine de charbon en plein cœur de territoire du léopard a également été abandonné grâce aux pressions des écologistes et du ministère des Ressources naturelles. La situation stratégique du sud-ouest du Primorié, proche du Primorski Krai, de la mer du Japon et de la frontière entre la Chine et la Corée le rend très attractif pour les activités économiques telles que le transport, l’industrie, le tourisme et le développement d’infrastructures[8].
50
+
51
+ Un problème majeur est la consanguinité potentielle, la population restante pourrait disparaître à cause d’une dégénération génétique, et ce, même sans l’influence humaine directe. Le taux de diversité est incroyablement bas, ce qui témoigne de la consanguinité au sein de la population depuis plusieurs générations. Ceci cause des sérieuses anormalités congénitales et reproductrices qui touchent la santé, la survie et la reproduction chez certaines petites populations dont la densité génétique est faible. Le taux de survie chez les petites a chuté de 1,9 pour une femelle en 1973, à 1,7 en 1984 et 1,0 en 1991. À part le déclin du remplacement naturel, il existe une forte probabilité de mortalité pour tous les âges en conséquence de maladies ou d’impacts humains directs[10].
52
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53
+ La Panthera pardus est inscrite sur l’Annexe I de la CITES[11].
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+ La Amur Leopard and Tiger Alliance (ALTA) est une initiative d’organisations de conservation russe et occidentale pour conserver la panthère de l’Amour et le tigre de Sibérie, et assurer un futur aux deux espèces dans l’Est russe et le Nord-Est chinois. L’ALTA opère dans l’Asie du Nord-Est en se fondant sur le principe que seules des actions de conservation coordonnées et faites en coopération avec toutes les parties concernées peuvent sauver ces espèces menacées de l’extinction. L’ALTA travaille main dans la main avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales locales, régionales et fédérales à la protection de la richesse biologique de la région à travers la conservation, le développement durable et la participation des communautés locales. Le Phoenix Fund (en) et la Wildlife Conservation Society fournissent un cadre local pour mettre en place les projets de l’ALTA, en collaborant étroitement avec de nombreuses agences russes et chinoises. En ce qui concerne la conservation de la panthère de l’Amour, l’ALTA a pour objectif de garder une population de 35 femelles adultes (100 au total) dans le sud-ouest du Primorié et dans la région de Jilin-Heilongjiang, et de créer une deuxième population de 20 femelles adultes (60 au total) sur l’ancien territoire de la panthère de l’Amour. Les projets de conservation de la panthère de l’Amour incluent[8] :
56
+
57
+ Depuis 1996, l’idée de réintroduire les panthères au sud du Sikhote-Aline a été évoquée parmi les membres de l’ALTA. Lors d’un séminaire en 2001, les grandes lignes et les principes d’un plan pour le développement d’une deuxième population de panthères de l’Amour à l’Extrême-Orient de la Russie ont été préparés. Afin que la réintroduction soit un succès, une question fondamentale doit trouver une réponse : pourquoi les panthères ont-elles disparu du Sud du Sikhote-Alin dans les années 1950 ? Il a été recommandé d’estimer les raisons de l’extinction locale, d’obtenir le soutien du peuple local, d’augmenter le nombre de proies dans les zones proposées pour la réintroduction, de s’assurer que les conditions sont propices à la réintroduction dans les zones sélectionnées, et d’assurer la survie de la population existante. Il y a deux sources de léopards pour la réintroduction : les panthères nées et élevées dans les zoos et les panthères élevées dans un centre de réintroduction qui sont passées par un programme de réhabilitation à la vie sauvage[10].
58
+
59
+ Si cette réintroduction réussit, il est clair que la conception du centre d’élevage et de réintroduction, et la gestion des panthères qui s’y trouvent, devront faire tout leur possible pour surmonter les difficultés imposées par l’origine captive des félins. Trois comportements nécessaires doivent être acquis avant de pouvoir les réintroduire : chasser et tuer des proies vivantes, éviter les hommes et éviter les tigres[12].
60
+
61
+ En mars 2009, durant sa rencontre avec Vladimir Poutine, le ministre des Ressources naturelles russe a assuré que le ministère prévoyait d’introduire des panthères de l’Amour nouvellement « importées » dans la zone et d’y créer en environnement approprié et protégé pour eux. Le gouvernement a déjà alloué les fonds nécessaires au projet[13].
62
+
63
+ En 2012, le parc national de la Terre du Léopard est créé par les autorités russes pour protéger le territoire du Léopard de l'Amour et du Tigre de Sibérie[7]. Le centre de réhabilitation du tigre TRNGO, situé près de Vladivostok, est également habilité à sauver le Léopard de l'Amour[7]. En 2015, deux léopards sont soignés par le centre. Si l'un d'entre eux décède, le second, dont les blessures ne permettent plus de le relâcher dans la nature, a été transféré au zoo de Moscou pour intégrer le programme d'élevage de l'Association européenne des zoos et aquariums[7].
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+
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+ Afin d'assurer la pérennité de la population captive, le Léopard de l'Amour est l'objet d'un programme d'élevage européen en captivité (EEP) géré par le zoo de Londres et le zoo de Moscou[14] et d'un programme américain pour les espèces menacées (SSP) géré par le zoo Henry Doorly[15].
66
+
67
+ Une population captive des panthères de l’Amour a été établie en 1961 à partir de neuf individus capturés dans la nature. Une étude de génétique moléculaire a révélé qu’au moins deux de ces panthères avaient des informations génétiques plus proches de Panthera pardus japonensis que de P. p. orientalis. Cette observation confirme donc les suspicions de mélange génétique entre les panthères de l’Amour et celles de la Chine du Nord parmi les individus captifs[16]. La population des zoos en Amérique et en Europe comprend une contribution considérable de gènes de l’individu d’origine 2 qui n’était pas une panthère de l’Amour. La stratégie du programme européen pour les espèces menacées (EEP) consiste à faire se reproduire les panthères en apportant le moins possible de ces gènes, tout en maintenant un niveau de diversité génétique acceptable. Tous les léopards contenant plus de 41 % de gènes de l’individu d’origine 2 ont été écartés de la reproduction depuis 1999. Grâce à cette stratégie, une diminution de la prédominance des gènes de l’individu d’origine 2 et une augmentation du nombre de léopards avec un faible pourcentage de ceux-ci ont été constatées[12].
68
+
69
+ Depuis décembre 2011, on dénombre 176 panthères de l’Amour réparties dans les zoos du monde entier. Au sein de l’EEP, 54 mâles, 40 femelles et 7 autres individus sont conservés. Dans les zoos américains et canadiens, 31 autres mâles et 41 femelles sont conservés au sein du Population Management Program[17].
70
+
71
+ Depuis novembre 2008, le zoo de Tallinn a lancé un programme diffusé sur le Web. Il permet aux internautes de suivre la vie des panthères de l’Amour du zoo en temps réel grâce à trois webcams, y compris une caméra infrarouge montrant leur tanière[18],[19].
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+
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+ En 2009, le WWF a demandé aux gens d’adopter l’une des dernières panthères de l’Amour à l’état sauvage pour soutenir les efforts de conservation.
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+
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+ Le documentaire d’Animal Planet The Last Leopard (2008) parle du sort des panthères de l’Amour en Russie.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Pavo cristatus
2
+
3
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Statut CITES
12
+
13
+ Le Paon bleu (Pavo cristatus) est une espèce d'oiseaux galliformes de la famille des Phasianidés. Son cri strident et la longue queue au plumage ocellé qui permet au mâle de « faire la roue », de même que les nuances métalliques - bleu paon - arborées par celui-ci, expliquent la notoriété de cet oiseau de grande taille. L'espèce est originaire des forêts d'Asie, plus principalement d'Inde, du Pakistan et du Sri Lanka, mais on l'élève un peu partout dans le monde comme animal domestique depuis l'Antiquité. Comme la plupart des Phasianidés, le dimorphisme sexuel est important et par ailleurs plusieurs variétés colorées ont été obtenues en plus du bleu d'origine : blanc, nigripenne et arlequin. Le paon bleu est traditionnellement utilisé comme ornement des grands parcs ou comme volaille comestible, et ses plumes ornent les chapeaux ou les bouquets. Dans la culture populaire c'est un symbole religieux et un thème récurrent des beaux arts.
14
+
15
+ Linné (1758) l’avait nommé Pavo cristatus. Le nom spécifique cristatus provient aussi du latin et veut dire « crêté, qui porte une crête » et fait référence à la huppe que le mâle et la femelle portent sur la tête, disposée en éventail.
16
+
17
+ Le mâle est facilement reconnaissable à son plumage, sa huppe et sa traîne. Il mesure 90 à 110 cm sans sa queue, atteignant 195 à 225 cm de longueur totale avec sa queue. La femelle est plus petite et mesure autour de 86 cm. Elle n'a pas de traîne et son plumage est moins éclatant.
18
+
19
+ Femelle.
20
+
21
+ Mâle.
22
+
23
+ Mâle en vol
24
+
25
+ Poussin et œufs.
26
+
27
+ Un paon et ses petits.
28
+
29
+ Détail d'une plume ocellée.
30
+
31
+ Un paon bleu de profil, à La Palma (îles Canaries).
32
+
33
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
34
+
35
+ La tête, le cou et la poitrine du plumage du mâle sont bleu-vert et violet avec des reflets métalliques. Autour des yeux se trouve une tache dénudée, et une crête de plumes, munies de barbes uniquement à leur extrémité, orne la couronne. Le bec, d'assez grande taille, est brun clair comme l'iris. Les plumes du dos sont vert doré avec des bordures couleur bronze, les couvertures alaires tertiaires blanches avec de fines rayures noires, les couvertures alaires primaires et secondaires d'un bleu-vert métallique et les rémiges et rectrices brunes. Les plumes sus-caudales au nombre de 100 à 150 en moyenne sont beaucoup plus longues que les rectrices et forment la traîne du paon. Ces plumes dites en « terminaison en queue de poisson » peuvent atteindre jusqu'à 1,5 mètre de longueur - elles grandissent jusqu'à la sixième année - mais en principe ne dépassent pas un mètre. Elles possèdent de longues barbes vert métallique avec des reflets bleus et de couleur bronze, formant, près de leur extrémité, une tache évoquant un œil et connue sous le nom d'ocelle (ocelles disposés à l'intersection de deux familles de spirales), dont le centre d'un bleu vif est entouré d'anneaux concentriques brun, jaune d'or et violet.
36
+
37
+ En ce qui concerne les reflets métalliques bleus et verts, il s'agit d'un effet d'optique dû à la diffusion de la lumière. Les plumes sont constituées d'un réseau de barbules, lui-même organisé en lamelles. Ce réseau de microstructures diffracte la lumière (la dévient en fonction de la longueur d’onde). La répétition du motif entraîne des interférences au niveau des ondes lumineuses ce qui, ajouté à la pigmentation par la kératine, produit les couleurs observées. La diffraction et les interférences résultant des microstructures périodiques sont à l'origine des variations de couleurs selon l’angle d’observation. Les couleurs disparaissent lorsqu'on observe les plumes à l'envers et par transparence[1].
38
+
39
+ Le Paon bleu vit au Pakistan à l’est du fleuve Indus, en Inde, au Sri Lanka et au Bangladesh d’où il a peut-être maintenant disparu. De petites populations introduites existent aux États-Unis (sud-est de la Californie), aux îles Hawaï (Maui, Niihau, Oahu, Hawaï), aux Bahamas (Little Exuma), en Afrique du Sud (Robben Island), en Nouvelle-Zélande (île du Nord) et en Australie (îles du détroit de Bass).
40
+
41
+ Dans son milieu naturel, de manière générale, le paon bleu est inféodé aux forêts caduques ouvertes, sèches ou humides et à proximité des cours d’eau.
42
+
43
+ L’ensemble des données montre que le régime alimentaire est omnivore. Il se compose de grains (sauvages et cultivés), de graines d’herbes, de particules d’herbes tendres, de feuilles, de pétales de fleurs avec une préférence pour les baies et les drupes de Carissa, Lantana, Zizyphus et les figues sauvages (Ficus). Les champs cultivés, en jachère ou en friche sont aussi visités. La nourriture animale comporte toutes sortes d’insectes et de leurs larves, des petits lézards, des grenouilles, des micro-mammifères et même des serpents[2].
44
+
45
+ Comme la majorité des Phasianidés et malgré sa taille imposante, le paon peut voler, mais c'est de préférence un animal terrestre qui marche, grimpe et court plutôt que de prendre son vol[3].
46
+
47
+ Le paon bleu est le plus actif entre 9 h et 11 h et entre 17 h et 18 h quand la lumière est suffisante, et la chaleur pas trop forte. Les femelles et les jeunes sont prompts à l’envol, parcourant la forêt d’un bout à l’autre, alors que les mâles volent beaucoup moins.
48
+
49
+ La plupart des auteurs ont décrit le mâle comme vivant en polygamie avec un harem de plusieurs femelles. Pourtant Sharma (1972) ne fait pas mention de cette organisation sociale et l'observation de paons en liberté montre que chaque mâle défend de petits territoires que visitent les femelles qui elles vivent en petits groupes. Rands et al. (1984) ont signalé ce même comportement chez des paons en semi-liberté en Grande-Bretagne.
50
+
51
+ Fait exceptionnel chez les oiseaux, les mâles et parfois les femelles présentent un comportement assimilable à un jeu en se poursuivant autour d'un buisson ou autres objets apparemment sans but spécifique et hors des périodes de reproduction.[réf. nécessaire]
52
+
53
+ Pour séduire les femelles, les plumes très longues du dos forment une traîne que le mâle déploie en éventail lors de la parade nuptiale.
54
+
55
+ Pour des prétendants dont la roue présente 140 à 170 ocelles, le succès de la parade ne dépend pas de ce nombre d'ocelles ni de la longueur des plumes, leur séduction diminuant lorsqu'ils en ont moins de 140 : application de la loi de Weber ou bien les femelles sont-elles sensibles à une combinaison de couleurs et de motifs[4]?
56
+
57
+ Selon l'ornithologue israélien Amotz Zahavi, il s'agit d'une illustration de la théorie du handicap, en gros, les mâles qui ont les meilleures capacités biologiques signalent cet état de fait de façon ostentatoire en affichant qu'ils peuvent même se permettre un encombrement et un surpoids au vol et à la course, alors que cela semble a priori réduire les chances de survie de l'individu[5].
58
+
59
+ De son côté, Ronald Aylmer Fisher, fait de la traîne du mâle un exemple classique d'emballement fisherien, parce que son développement ne donne aucun avantage à part celui d'attirer les paonnes.
60
+
61
+ Les mâles sont souvent observés aussi faisant la roue alors qu'ils sont seuls, sans femelle, ni rival à proximité. La paonne a des plumes plus ternes que le mâle, comme c'est le cas pour de nombreuses espèces d'oiseaux. Il arrive cependant qu'elle fasse également la roue, en période de reproduction ou d'excitation émotionnelle par exemple, ou en période d'élevage en cas de danger.[réf. souhaitée]
62
+
63
+ Son répertoire vocal comprend une série d’appels criards, sonores et claironnants dont le « léon » qu’il serait plus juste de transcrire par une sorte de « héhan » que les Anglais reproduisent d’ailleurs par « may-awe » ou « mee-ow ». Les indiens traduisent ce cri par « minh-ao » qui annoncerait la pluie car, disent-ils, il lance son cri particulièrement avant l’orage. Les deux sexes ont des cris similaires mais le mâle, plus vocal, les répète plus souvent[2].
64
+
65
+ On dit qu'il braille, criaille ou paonne[6].
66
+
67
+ La parade frontale prend toute son ampleur avec le déploiement de la traîne qui constitue la fameuse « roue du paon ». Ainsi, le mâle relève à la verticale et ouvre largement ses longues plumes ornementales, soutenues par les rectrices, en un immense éventail parsemé d’ocelles chatoyants. Il offre alors le spectacle de son corps bleu brillant, rayonnant au centre. Habituellement le mâle déploie sa traîne mais se tourne dans le sens opposé à l’entrée de l’arène quand s’approche une femelle. Lorsqu’elle entre dans l’arène, il fait la roue, en gardant le dos tourné, montrant ainsi l’envers de ses plumes bien moins coloré, et en agitant de haut en bas ses rémiges primaires entrouvertes. Le rythme des saccades s’accélère à mesure que la femelle se rapproche, produisant un bruissement d’ailes de plus en plus fort. Puis il se tourne subitement vers sa partenaire, comme pour créer un effet de surprise, cesse d’agiter ses rémiges primaires et se penche fortement vers elle tout en rabattant son éventail en avant. Parfois c’est la femelle qui le contourne pour se positionner en face de lui. Il se pavane alors à pas lents autour d’elle, dresse le cou, bombe le torse tout en exhibant ses plumes ocellées. Si la femelle, apparemment indifférente, continue à vaquer à ses occupations, il la suit lentement mais si elle lui fait face, il imprime des tremblements rapides à ses rectrices ce qui a pour effet de produire un frémissement des barbes et un chatoiement des ocelles sur les plumes ornementales. Ces tremblements ne durent que quelques secondes mais peuvent être répétés à chaque fois que la femelle relève la tête. Après quoi, il peut tourner à nouveau le dos et agiter ses rémiges primaires. Puis il lance un sifflement et se précipite vers la femelle, ce qui occasionne généralement sa fuite. Ce manège peut être répété plusieurs fois avant qu’elle se couche au sol devant le mâle, alors au comble de l’excitation, qui rabaisse aussitôt son éventail, se rue sur elle en criant et la couvre en étalant ses sus-caudales[2].
68
+
69
+ La période de nidification varie à travers son aire mais elle est liée, de façon générale, à la saison des pluies. Sharma (1972) a mené une étude de terrain dans la région de Jodhpur (Rajasthan, nord-ouest de l’Inde) et a précisé qu’il faut attendre 10 jours après les premières fortes averses de fin-juin pour trouver les premières pontes avec un pic pendant la seconde quinzaine de juillet et en août. Les pontes ne prennent un rythme régulier que lorsque les pluies ont atteint 30 mm et que la pousse des herbes commence à cacher les nids. Après 5 années d’observation, l’auteur conclut que « le retard et l’irrégularité des premières pluies réduisent la ponte ; au contraire une mousson précoce et importante l’augmente ».
70
+
71
+ Au moment de la couvaison, les mâles ne s'éloignent jamais beaucoup du nid et montent la garde en donnant l'alerte par un cri sonore au moindre changement de l'environnement. Les œufs ont une durée d'incubation de 28 à 30 jours[7].
72
+
73
+ Selon Sharma (1972), la destruction de pontes est due surtout aux chiens errants (75 % en zone sub-urbaine), à l’homme (dérangement par les enfants, ramassage par des chasseurs, collecte pour la fabrication d’aphrodisiaques).
74
+
75
+ L’espèce est considérée comme « globalement non menacée » (Birdlife International 2004) mais, en raison de son abondance en Inde, sauf dans le nord-est de l’Inde où elle est rare, voire absente, elle n’a fait l’objet que de peu d’études précises d’autant que son statut d’oiseau national lui confère une protection à travers tout le pays. Au Sri Lanka, elle est localement très commune dans les parcs naturels de Yala, Bundala et Wilpattu. Dans de nombreuses localités, elle est également protégée pour des motifs religieux (Yézidi,bouddhiste et hindouiste) ce qui explique qu’elle vit à proximité immédiate de l’homme, près des habitations, des temples ou aux abords des villages. Elle est largement répartie et souvent très commune à travers son aire, notamment dans les zones protégées. Au Pakistan, il reste seulement deux populations mais elles sont nombreuses, l’une dans l’extrême nord-est du Pendjab, l’autre dans l’extrême sud-est du Sind. Au Népal, l’espèce est localement commune, au Bhoutan, elle est répartie très localement dans les plaines du sud alors qu’au Bangladesh, elle est peut-être éteinte (Madge & McGowan 2002).
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+ Seuls le paon blanc, le paon nigripenne et le paon panaché sont considérés comme domestiques en droit français.
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+ « Le paon est la gloire de Dieu » disait déjà un ancien texte sanscrit. De tout temps, artistes, écrivains et poètes ont chanté et célébré sa beauté légendaire. Les Hindous le vénèrent encore comme le symbole du dieu Krishna. Il est l’oiseau national de l’Inde et bénéficie, de ce fait, d’un statut de protection gouvernementale mais il est également protégé pour des raisons religieuses et philosophiques. Ses cris puissants évoquent aussi, pour les Indiens, la voix de la déesse de la connaissance. Mais le paon est également vénéré dans les pays voisins. Ainsi, à Bhaktapur (près de Katmandou au Népal), on peut admirer, sur la façade d’un monastère brahmanique construit en 1763, la célèbre « fenêtre du paon », une sculpture en bois représentant un paon dont la queue forme une rosace de bois très finement ouvragée. La petite ville de Thimi (à l’ouest de Bhaktapur) est renommée dans toute la vallée pour le talent de ses potiers. Des hommes et des petits garçons façonnent, avec de l'argile locale, toutes sortes de récipients et de figurines. Ils créent notamment des éléphants et des paons miniatures sur le dos desquels ils plantent des fleurs ou des bâtonnets d’encens. Au Bhoutan, les danseurs de « la danse des chapeaux noirs » arborent, au sommet de leur chapeau, de petites plumes de paon ocellées. Les « chapeaux noirs » proclament la victoire du bouddhisme sur les mauvais esprits.
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+ L'histoire veut que l’introduction du paon bleu en Europe incombe à Alexandre le Grand (356-323 av. J. C.) mais le décryptage de hiéroglyphes, la lecture d’anciens documents grecs et la datation de bas-reliefs suggèrent une importation beaucoup plus ancienne. On sait, par exemple, que la flotte du roi Salomon (970-931 av. J. C.) ramena plusieurs spécimens, qu'Assourbanipal, roi d’Assyrie (669-627 av. J. C.) élevait déjà des paons dans des enclos et que Darius Ier, roi des Perses (522-486 av. J. C.) détenait aussi des paons dans ses jardins. La Mésopotamie entretenait, déjà vers 520 av. J. C. des échanges commerciaux avec l'Inde donc près de deux siècles avant les conquêtes d'Alexandre le Grand. Mentionné dans la Bible comme animal domestique, le paon fut élevé dans l'Antiquité en Égypte, en Palestine et en Macédoine vers 440 av. J. C. Il fut introduit chez les anciens Grecs qui le consacrèrent à Héra, déesse grecque du mariage. Mais après les nombreuses luttes fratricides que se livrèrent les différentes cités grecques, il disparut d'Asie Mineure et Alexandre le Grand ne fit que le réintroduire en Macédoine vers 330 av. J. C.
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+ On trouve des représentations de paons sur les fresques de Pompéi. Il était, pour les Romains, tout à la fois, un oiseau de table et d'agrément.
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+ Le Paon bleu est répandu comme oiseau domestique dans une grande partie du monde en raison de ses parures majestueuses. Ils errent en liberté sur les parcours et accompagnent les visiteurs, habitués à leur donner à manger, dans les parcs et jardins d'agglomération et parfois les parcs zoologiques.
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+
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+ Le paon est souvent donné en exemple pour illustrer le concept de sélection sexuelle (processus selon lequel la compétition entre les individus en vue de l'accouplement est un facteur de l'évolution de certains traits héréditaires) notamment en raison de phénomènes d'apparence contraire aux nécessités de survie ; on parle aussi de théorie du handicap (sa queue majestueuse le fait préférer des femelles mais le handicape pour fuir devant l'ennemi).
88
+
89
+ La couleur blanche ou noire du paon s'explique par la concentration de mélanine dans le plumage. L'absence de mélanine donnera un animal blanc aux yeux rouges (albinos), la plume blanche reflète l'intégralité du spectre lumineux, d'où l'absence de couleurs. La non migration totale ou partielle dans les plumes de ce pigment donnera un animal plus ou moins blanc aux yeux et aux pattes colorées (leucistique) comme dans le cas de la mutation alba du paon bleu (paon blanc) ou dans la mutation panachée. Au contraire, une concentration excessive en mélanine donnera un animal au plumage plus sombre (mélanistique) comme dans le cas de la mutation nigripennis du paon bleu (paon nigripenne)[8].
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+ Pavo cristatus (mâle).
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+ Queue de paon bleu (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation alba (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation nigripenne (couple).
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+ Queue de paon nigripenne (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation panachée (mâle).
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+ Paon blanc mâle, dans le Palmitos Park, aux Canaries. Mai 2018.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Taxons concernés
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+ Paon [pɑ̃] est un nom vernaculaire ambigu désignant certains oiseaux appartenant à plusieurs espèces et sous-espèces de la famille des phasianidés, classés dans les genres Pavo et Afropavo. Les paons sont donc proches des faisans et des pintades. Leur plumage remarquable est la raison de leur popularité dans la culture et les arts.
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+ Son nom est associé par jeu de mots à celui de Panoptès.
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+ La femelle du paon est appelée « paonne » (prononcer « panne ») et son petit « paonneau » (prononcer « panneau »)[1],[2].
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10
+ La succession des deux voyelles incite à rapprocher le mot "paon" de son nom طَاوُوس ṭāwūs en arabe et طاووس tâvus en persan. Taos est un prénom fréquent dans les familles kabyles, et fut donné à Taos Amrouche.
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12
+ On dit que le paon « braille » ou « criaille », c'est-à-dire « paonner », quand il pousse son cri caractéristique[1],[2].
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+
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+ Quand il étale les plumes de sa queue sous la forme d'un éventail, on dit que le paon « fait la roue » ; pour les Canadiens, c'est aussi un « paon rouant »[3]. Cette roue comprend des structures en forme d’œil, qui sont donc appelées ocelles. Le paon fait la roue pour attirer les femelles pendant la période de reproduction; il fait une "danse" en faisant bouger ses plumes de façon à ce qu'elles reflètent la lumière, rendant ainsi ses couleurs d'autant plus belles. Ou pour impressionner les autres mâles lors de combats singuliers.
15
+
16
+ Par analogie, certaines races de pigeon biset ayant été sélectionnées pour leur ressembler s'appellent pigeon paon. Certaines espèces de poissons combattants sont également appelées « paon de mer » en allusion à leurs nageoires étalées. Plusieurs espèces de papillons portent aussi le nom de ces oiseaux, comme le grand paon de nuit, en raison de leurs ailes ocellées.
17
+
18
+ Liste alphabétique des Phasianidés portant précisément ce terme dans leur nom normalisé, d'après la Commission internationale des noms français des oiseaux (CINFO).
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+
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+ Paon bleu (Pavo cristatus)
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+
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+ Paon du Congo (Afropavo congensis)
23
+
24
+ Paon spicifère (Pavo muticus)
25
+
26
+ Liste alphabétique des noms vernaculaires ou des noms vulgaires dont l’usage est attesté[5]
27
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms.
28
+
29
+ Le paon porte sur la tête une aigrette en couronne et le plumage de la queue du mâle peut se dresser en éventail : on dit le plus souvent qu'il fait la roue. Les plumes de la queue possèdent des ocelles ressemblant à des yeux.
30
+
31
+ Chez les paons, les mâles et les femelles ne se différencient qu'à l'âge de deux ans[réf. nécessaire]. À peine plus petite, la femelle se distingue par une queue beaucoup plus courte et un plumage nettement moins bigarré, plus propice au mimétisme. Cette particularité l'aide en effet à passer inaperçue lorsqu'elle doit rester sur le sol pour couver. La traîne du mâle peut atteindre 1,50 m de long, sauf chez le paon du Congo, plus proche de celle du dindon. Elle n'atteint sa taille adulte qu'au bout de trois ans[réf. nécessaire]. Le cri d'appel caractéristique du paon, « léon ! », peut s'entendre à plus d'un kilomètre à la ronde[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Le paon est un animal diurne. Il est vulnérable à l'éclairage artificiel nocturne qui accroit son degré de vigilance la nuit ; c'est ce qu'a montré une étude récente (2015)[8] lors de laquelle les chercheurs ont apposé des enregistreurs-accéléromètres sur la tête de paonnes, de manière à pouvoir suivre leurs mouvements de têtes en situation de nuit noire, ou dans un environnement nocturne perturbé par de la lumière. Ils ont constaté qu'en situation de pollution lumineuse, la vigilance nocturne des paonnes est significativement augmentée, et que ces oiseaux quand ils devaient faire face à un compromis entre vigilance et dormir la nuit passait moins de temps à dormir, probablement au détriment de leur santé[8]. Quand on leur donne le choix, ils ne choisissent néanmoins pas de se percher à l'ombre plutôt qu'à la lumière[8].
34
+
35
+ Les variations de nuances dans le plumage dépendent de la concentration ou de la migration partielle de la mélanine. Ces mutations sont courantes chez le Paon bleu d'élevage avec les variétés alba (blanc), nigripenne ou panachée.
36
+
37
+ Les couleurs chatoyantes et les ocelles sont provoqués par la structure complexe de la plume du paon[9].
38
+
39
+ De fait dans l'absolu la plume est de couleur noire permettant une absorption complète du spectre lumineux, les barbules étant hérissées de microlamelles parallèles.
40
+ Lorsque la plume est éclairée, selon le chemin parcouru par les radiations lumineuses dans les microlamelles, deux radiations lumineuses de même couleur peuvent s'annuler, la barbule recevant alors une lumière d'où a disparu une couleur, soit la couleur complémentaire.
41
+ La couleur qui apparaît à nos yeux dépend de l'écartement entre les microlamelles, celui-ci est de l'ordre de la longueur d'onde, soit quelques dixièmes de microns[9].
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+
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+ Ocelle de paon bleu turquoise
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+
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+ Barbules d'une plume de paon bleu.
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+
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+ Plume de paon bleu.
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+
49
+ Ocelle de paon bleu.
50
+
51
+ Les oiseaux très voyants paradent volontiers pour séduire leur partenaire ou écarter les rivaux.
52
+
53
+ Le paon mâle « fait la roue » pour séduire les femelles lors de sa parade nuptiale. Il étale en éventail les longues plumes de sa queue, puis tourne sur lui-même en les agitant pour faire admirer sa parure.
54
+
55
+ Du fait de son caractère extrême parmi les oiseaux, le paon a servi de cas d'école pour comprendre les modalités de la sélection sexuelle, l'un des piliers de la théorie de l'évolution.
56
+
57
+ En s'appuyant sur sa théorie de l'évolution fondée sur la sélection naturelle, Charles Darwin s'est interrogé sur l'existence des dimorphismes sexuels, comme les parures nuptiales colorées et complexes des oiseaux, et en particulier celle du paon. En effet, si l'on considère de manière restrictive que la sélection naturelle ne s'exercerait que sur la capacité de survie (accès à la nourriture et la capacité d'échapper aux prédateurs), un tel animal, très voyant, aux couleurs extravagantes, aux cris si aisément reconnaissables et perceptibles, consommant beaucoup d'énergie superflue pour son plumage aussi élaboré qu'inutile pour la survie, et courant aussi lentement, aurait dû disparaître depuis longtemps parce qu'il serait mal adapté à son environnement. Darwin disait lui-même de manière humoristique que les paons étaient son cauchemar[10]. Cela lui a en réalité permis de découvrir qu'une des composantes essentielles de sa théorie de la sélection naturelle est la sélection sexuelle : l'évolution d'un attribut sexuel apparu au départ par une simple fluctuation et s'étant développé parce que conférant un avantage reproductif, par l'attirance accrue des femelles.
58
+
59
+ Ronald Aylmer Fisher fait de la traîne du mâle un exemple classique d'emballement fisherien, parce que son développement ne donne aucun autre avantage sélectif que celui d'attirer les paonnes, et qu'un tel processus de sélection sexuelle, conférant un fort avantage pour la transmission de leurs caractères héréditaires aussi bien aux mâles qu'aux femelles qui participent à ce jeu, ne peut que s'emballer de générations en générations de manière exponentielle, jusqu'à créer des attributs sexuels exagérés par leur taille et leur raffinement, tant que ceux-ci ne provoquent pas de désavantage majeur pour la survie, auquel cas un équilibre s'installe ensuite entre la sélection sexuelle et les autres composantes de la sélection naturelle plus liées à la survie (capacité d’accéder à l'alimentation et d'échapper à la prédation, aux parasites et aux maladies).
60
+
61
+ Amotz Zahavi a aussi repris l'idée de Darwin pour développer sa théorie du handicap dans le cadre de la théorie de l'évolution.
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+ Dans la mythologie, le paon était l'animal préféré de la déesse grecque Héra épouse de Zeus (Junon chez les Romains, épouse de Jupiter).
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+
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+ D'après la mythologie grecque, les « yeux » visibles sur la queue du paon y furent placés par Héra pour commémorer son fidèle gardien, Argos, qui avait cent yeux (Ovide I, 625). Selon la légende, Argos fut engagé par Héra, jalouse de Io, une des nymphes courtisées par son époux Zeus (Jupiter), qu'elle soupçonnait d'adultère. Elle transforma la jeune femme en génisse et confia sa garde au géant pour espionner son époux. Argos possédait cent yeux et en gardait cinquante ouverts qui veillaient en permanence tandis que les cinquante autres dormaient, de sorte qu'il était impossible de tromper sa vigilance. Lorsque Zeus s'en rendit compte, il envoya alors Hermès le tuer, et délivrer Io. Héra décida de rendre hommage à la fidélité du géant Argos en mettant ses cent yeux dans la queue de son oiseau préféré, le paon.
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+
67
+ Le paon est aussi présent dans la culture indienne. En effet, le paon est associé au dieu Krishna de la religion hindouïste. Il est reconnu par la plume de paon qu'il possède sur sa tête (dans son chapeau). Par ailleurs, le paon est aussi l'animal sur lequel il survole les contrées.
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+
69
+ À la fin de l'Antiquité et au Moyen Âge, on croyait que la chair du paon était imputrescible. Pour cette raison, il est devenu symbole d’immortalité[11]. Il était considéré comme un mets de choix jusqu'au XVIIIe siècle[12].
70
+
71
+ En Occident, malgré son absence de la faune sauvage européenne, le paon est un oiseau qui fut importé dès l'Antiquité et dont l'élevage a été constant jusqu'à nos jours. C'est en effet un oiseau rustique et facile à élever, en compagnie des autres volailles plus ordinaires des basses-cours dont il partage les mêmes mœurs et les mêmes besoins. Par son aspect remarquable, il n'a pas manqué d'acquérir de nombreuses symboliques plus ou moins religieuses. Dans la Grèce antique déjà il était devenu l'oiseau emblème de la déesse Héra. Cet oiseau est très présent dans l'art gréco-romain, tout comme la perruche alexandre (ou la perruche à collier), autre oiseau exotique des mêmes contrées importé très tôt en Europe. Dans les mosaïques romaines antiques le paon est très souvent représenté peuplant une végétation imaginaire de rinceaux. Ce type de représentation s'est perpétué dans l'art paléochrétien et byzantin, puis dans l'art médiéval européen. On les rencontre par exemple à la basilique Saint-Vital de Ravenne (VIe siècle) et à la basilique Saint-Clément-du-Latran à Rome (XIIe siècle), et ce thème est encore repris et réinterprété au XIXe siècle, comme à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde de Marseille. Au Moyen Âge le paon était une possession traditionnelle des rois, des seigneurs et des abbayes, ornant leurs jardins en liberté, au même titre que les cygnes ou les colombes. Il est parmi les figures animales les plus présentes dans les enluminures des manuscrits durant tout le Moyen Âge en Europe, où il symbolise souvent la renaissance ou la résurrection, la capacité de renouvellement[13]. Des représentations très similaires se sont également perpétuées au Moyen-Orient, où le paon figure fréquemment de chaque côté de l'arbre de vie et symbolise l'incorruptibilité de l'âme et la dualité psychique de l'homme, selon un mode de représentation très proche de ce qu'on trouvait déjà dans l'art paléochrétien.
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+ Le drapeau de la Ligue nationale pour la démocratie birmane de Aung San Suu Kyi est de couleur rouge avec une étoile blanche et un paon jaune.
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+ En Inde, le paon est vénéré, et étroitement associé à la fertilité. Sa danse symbolise le réveil de la nature et l'approche de la mousson.
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+ Le Trône du Paon est le nom du trône des shah d'Iran, bien que cette appellation soit d'origine mongole.
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+ Sa symbolique héraldique a été adoptée par plusieurs familles (Santaria au Brésil, de Vennet-Sandres en France, Güttershap en Allemagne, Baguet en Belgique et Bartisu en Hongrie).
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+ Le paon est également associé à des représentations nationales ou religieuses.
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+ Symbole de la Birmanie
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+ Marchand de plumes de paon pour chatouiller au Carnaval de Paris 1895[14].
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+ Armoiries de la famille Plauen
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+ Trophée de la Plume de Paon, festival de Cornouaille.
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+ Dans deux poèmes lyriques sanskrit de Kalidasa (le Meghaduta et le Kumarasambhava), la beauté du paon a été utilisée en tant qu'image littéraire d'un style fleuri (IVe siècle).
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+ Les Vœux du paon est un poème courtois écrit par Jacques de Longuyon en 1312-1313 à la demande de Thiébaut de Bar, évêque de Liège.
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+
95
+ Plusieurs expressions de la langue française utilisent le terme paon : par exemple faire le paon signifie se mettre en valeur d'une façon ostentatoire, ou bien fier comme un paon ou orgueilleux comme un paon.
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+
97
+ Jusqu'au XVIIe siècle, le paon a été considéré comme un mets de choix sur les tables européennes. Les Romains en faisaient l'élevage.
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+ Partie de l'ancien décor pré-roman en stuc de l'église lombarde San Slavador de Brescia, Italie, VIIIe siècle.
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+
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+ Vierge à l'enfant dans un paysage, avec un paon. Aert van den Bossche, vers 1492-1498.
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+
103
+ Miniature indienne, Sarang ragini, Ragamala, vers 1605.
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+
105
+ Plat à décor de paon, céramique d'Iznik (Turquie), XVIIe siècle.
106
+
107
+ Paons, mâle et femelle, huile sur toile par Melchior d'Hondecoeter, 1681.
108
+
109
+ Le paon (1905), vitrail de Joseph Janin, jardin d'hiver de la Villa Bergeret .
110
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111
+ En Occident, le paon a notamment inspiré les artistes de l'Art nouveau à l'instar d'Aubrey Beardsley ou de la lampe Peacock des studios Tiffany. Dans les années soixante, ce sujet sera réutilisé par les graphistes de la mouvance psychédélique[15].
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1
+ Pavo muticus
2
+
3
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ EN A2cd+3cd+4cd : En danger C2a(i)
10
+
11
+ Statut CITES
12
+
13
+ Le Paon spicifère (Pavo muticus) est une espèce d'oiseau galliforme de la famille des phasianidés. Il est originaire d'Asie du Sud-Est. Ce paon vert a divergé du paon bleu il y a 70 000 ans. Il tire son nom normalisé de sa huppe en épis tandis que son nom scientifique signifie « paon muet ». En français il est aussi appelé Paon muet ou Paon vert[réf. nécessaire].
14
+
15
+ Le Paon spicifère mâle mesure environ 250 cm pour une masse de 5 kg tandis que la femelle est nettement plus petite (environ 85 cm).
16
+
17
+ Elle s’étendait autrefois du nord-est de l’Inde et du Bangladesh au Myanmar, au sud de la Chine (ouest et sud-ouest du Yunnan), à la Thaïlande, au Laos, au Cambodge, au Viêt-nam, à la péninsule Malaise et à Java. L’espèce est maintenant éteinte dans la péninsule Malaise, en Chine et probablement aussi au Bangladesh et dans le nord-est de l’Inde.
18
+
19
+ Cet oiseau est représenté par 3 sous-espèces :
20
+
21
+ Le nom latin muticus, attribué par Linné en 1766, est dérivé d’un autre mot latin mutilus qui signifie « mutilé, raccourci, tronqué » et non « muet » comme on peut le lire dans de très nombreux ouvrages (Delacour compris). En effet, Linné l’avait nommé Pavo muticus d’après une ancienne description d’Aldrovandi (botaniste italien, 1522-1605) qui l’avait lui-même appelé « paon du Japon » et décrit d’après un dessin envoyé au pape par l’empereur du Japon… L’histoire ne nous dit pas si le paon du dessin était représenté avec une queue tronquée ou bien s’il s’agissait d’un mâle sub-adulte ou encore d’une femelle mais c’est l’explication la plus probable. La seconde erreur de Linné est d’avoir repris cette information non vérifiée en admettant le Japon comme lieu d’origine. Enfin ce terme est totalement inapproprié pour l’une des espèces de faisans les plus grandes : la longueur totale peut approcher trois mètres (dont 1,60 m de traîne) pour certains vieux mâles. Le nom français « spicifère » (littéralement « porte-épi ») a été attribué par Buffon en raison de la forme de sa huppe en épi comparativement à celle du paon bleu qui est en éventail.
22
+
23
+ Le paon spicifère a abondamment alimenté la mythologie bouddhiste et shintoïste en Chine et au Japon où il était représenté sur des peintures et célébré dans des poèmes. On importait alors des paons d’Indochine, de Malaisie et de Java. L’arrivée en Europe du paon spicifère est cependant beaucoup plus tardive que celle du paon bleu. On pense qu’elle remonte au XVIIIe siècle car Bennett signale la présence de deux exemplaires vivants au zoo de Londres en 1831, envoyés de Birmanie par Lord Holmesdale. Polvliet déclare avoir élevé des jeunes en Hollande avant 1872 et Cornély (Bulletin de la Société d’acclimatation, 1874) rapporte en avoir obtenu en France en 1873.
24
+
25
+ Le paon spicifère est inféodé à la forêt ouverte, mixte et décidue, persistante ou semi-persistante, à larges feuilles, particulièrement le long des rivières ou à proximité des zones humides, en lisière de forêts, dans les formations secondaires ou de bambous, jusqu’à 915 m.
26
+
27
+ Beebe (1931) avait remarqué à Java que lorsque les termites sont abondants, le paon spicifère dédaigne les autres types de nourriture. Ses analyses de jabots ont confirmé cette prédominance de termites à côté de baies, de graines d’herbes, de poivriers, de pétales de fleurs, de criquets, de sauterelles et de petites phalènes. Le fait qu’il se nourrisse occasionnellement dans les zones de cultures (Madge & McGowan 2002) suggère une consommation de graines et de fruits cultivés.
28
+
29
+ Beebe (1918-22) avait observé que les groupes de paons mènent une vie très sédentaire, se nourrissant à différents endroits de leur territoire mais en gardant toujours les mêmes sites de dortoir et d’abreuvoir. Ils arrivent silencieusement chaque matin à la rivière où ils passent environ une demi-heure à boire et à se lisser les plumes. Cet auteur avait remarqué plus particulièrement un groupe composé d’un mâle, de deux femelles et d’un sub-adulte qui se dirigeait vers un ensemble de termitières pour s’y nourrir, le mâle très circonspect, fermant la marche.
30
+
31
+ Les combats entre mâles sont aussi fréquents que chez le paon bleu et la parade nuptiale similaire mais on ne sait pas vraiment si le paon spicifère adopte le même comportement social en ce qui concerne la défense du territoire visité par les femelles, c’est-à-dire le lek.
32
+
33
+ Elle diffère de celle du paon bleu par son timbre globalement moins criard et moins perçant. Le mâle lance un « kè-wo » sonore et claironnant, portant loin et souvent répété. La femelle, à la voix plus basse, émet un « ha-o-ha » résonnant et répété aussi plusieurs fois. Enfin les deux sexes produisent un puissant cri d’alarme « kwokkwok-kwok ».
34
+
35
+ Les mâles deviennent matures à trois ans et les femelles, un peu plus précoces, entre deux et trois ans.
36
+
37
+ La période de nidification semble liée à celle de la mousson. Dans le nord-est de l’Inde, la saison de reproduction a lieu de janvier à avril mais la période de juillet à septembre a aussi été rapportée. Au Bangladesh, elle a lieu en avril et en mai tandis qu’à Java, elle dure d’août à octobre. Dans la péninsule malaise, elle s’étend de novembre à mai avec le plumage nuptial complet en janvier-février et la perte de la traîne en juin-juillet. Le nid est construit sur le sol, habituellement bien dissimulé dans la végétation mais avec une bonne visibilité face au danger.
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+ La ponte comporte généralement trois à cinq œufs. L'incubation dure 28 jours.
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+ Le Paon vert vit du Nord de l'Inde et au Bangladesh jusqu'au Vietnam, au Laos, au Cambodge, au Myanmar, au Sud de la Chine (au Sud-Ouest du Yunnan), au Sud-Est du Tibet, en Malaisie et à Java.
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+ En Nouvelle-Zélande, notamment dans la vallée de Waiotahé, il a été introduit par les colons britanniques ; de nombreux individus sont retournés à l'état sauvage. Actuellement, les agriculteurs le considèrent comme une peste animale et exercent des pressions sur les autorités pour son éradication. Certains habitants, au lieu de le persécuter, aident cet oiseau à survivre pendant la saison hivernale.
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+ Des espèces totalement éteintes dans le monde sauvage ont été réintroduites, comme le paon vert (Pavo muticus) de Tenasserim en Malaisie[1]. Cependant, dans certains cas, une sous-espèce inadéquate fut réintroduite et il existe toujours une controverse pour savoir quelle fut la forme utilisée : malaisienne, javanaise ou de Tenasserim. Il est possible que les oiseaux choisis pour les dernières réintroductions ne correspondent pas à l’espèce d’origine. Des articles dans la presse locale avaient en effet prétendu faussement que la forme malaisienne éteinte était génétiquement identique à la forme sauvage vivant à Java, alors que les deux sous-espèces sont en fait génétiquement différentes[2].
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+ Les images des oiseaux prises près du zoo de Malacca ne correspondent à aucune de ces deux formes, au lieu de cela les oiseaux semblent identiques à une sous-espèce plus mate, le Paon vert P. m. Spicifer[3]. Malgré cela, les images ont été identifiées comme celle d’une sous-espèce en danger, voire éteinte connue sous le nom de paon vert de Tenasserim, qui est cousine du Spicifer. Les tests ADN, effectués en comparaison avec des peaux conservées dans les musées, ont cependant montré que les oiseaux réintroduits correspondaient à des oiseaux qui vécurent là, de telle sorte que soit le Spicifer/Tenasserim fut aussi retrouvé en Malaisie, soit les deux formes furent employées lors de la réintroduction.
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+ L’espèce est classée comme globalement « vulnérable » (Fuller & Garson 2000), le statut, variable selon les sous-espèces, est bien décrit dans la Monographie des faisans (volume 2) de Hennache & Ottaviani (2006).
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+ La population mondiale est inférieure à 10 000 individus, aussi l'espèce est considérée comme étant en danger par l'UICN. Elle est classée en annexe II par la CITES.
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+ En grammaire, on appelle adjectif (anciennement nom adjectif) une nature de mot qui s'adjoint au nom au sein d'un syntagme nominal pour exprimer une qualité (adjectif qualificatif), une relation (adjectif relationnel) ou pour permettre à celui-ci d'être actualisé au sein d'une phrase (adjectif déterminatif).
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+ L'adjectif qualificatif ou relationnel remplit la fonction syntaxique d'épithète lorsqu'il détermine une propriété spécifique de l'ensemble qu'il qualifie, souvent le nom. Il est dit attribut lorsqu'il détermine une propriété générique d'un ensemble évoqué par le nom, par l'intermédiaire d'une copule, laquelle est typiquement un verbe.
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+ Les adjectifs déterminatifs constituent avec les articles la classe des déterminants et se différencient des autres adjectifs leur distribution.
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+ Dans certaines langues flexionnelles, l'adjectif se décline. Lorsque ces langues ne possèdent pas de système casuel, on dit que l’adjectif s'accorde (avec le nom qu'il qualifie, généralement), c'est-à-dire qu'il reprend ses traits grammaticaux, comme le genre ou le nombre.
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+ L'adjectif présente deux caractéristiques principales :
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+ On distingue deux grands types d'adjectifs :
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+ L'adjectif qualificatif et l'adjectif relationnel ne présentent pas les mêmes propriétés. L'adjectif qualificatif, contrairement à l'adjectif relationnel possède les propriétés suivantes :
14
+
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+ L'adjectif qualificatif peut être complété par divers éléments qui viennent en préciser le sens. Il est alors le noyau d'un groupe adjectival. Les compléments de l'adjectif sont les suivants :
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+
17
+ Ces adjectifs indiquent la quantité du nom qu'ils complètent (ex : Deux lapins sont dans le champ).
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+
19
+ Ces adjectifs indiquent le rang (ex. : le cinquième étage).
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+
21
+ Les adjectifs indéfinis même et autre indiquent la ressemblance ou la différence (ex. : le même train).
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+
23
+ L'adjectif même, contrairement à l'adjectif autre, ne peut pas être attribut (ex. : La question est autre. / Elle est même.).
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+
25
+ L'adjectif épithète fait partie du groupe nominal : il constitue une expansion du nom (ex. : C'est un bel ouvrage.)
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+
27
+ L'adjectif attribut fait partie du groupe verbal. Il existe deux types d'adjectifs attributs, les attributs du sujet et du COD :
28
+
29
+ L'adjectif apposé est séparé par une virgule du groupe nominal ou du pronom auquel il se rapporte : il constitue une expansion détachée du groupe nominal (ex. : Émue, elle s'arrêta de parler.).
30
+
31
+ L'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom dont il dépend (ex. : une veste bleue / des vestes bleues).
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+
33
+ Lorsque l'adjectif se rapporte à plusieurs noms de genre différents, il se met au masculin pluriel (ex. : Lui et sa fille sont charmants.).
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+
35
+ Lorsque l'adjectif dépend d'un infinitif ou d'un groupe infinitif, il se met au masculin singulier (ex. : Prendre la route par ce temps serait imprudent.).
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+
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+ Certains adjectifs se terminent par un e au masculin comme au féminin : pâle, mâle, ovale, fidèle, frêle, grêle... etc. Ce sont des adjectifs épicènes.
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+ On distingue :
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+ Les adjectifs peuvent avoir une intensité faible, moyenne ou forte. Ces trois degrés s'expriment par divers moyens :
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+ Le comparatif compare deux éléments qui possèdent une même propriété. Il peut marquer :
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+
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+ Le complément du comparatif peut être :
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+ Le superlatif relatif isole un élément dans un groupe en affirmant qu'il possède moins ou plus que tous les autres telle propriété ou état. Il peut marquer :
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+
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+ En allemand, les adjectifs apportent comme en français une information sur la qualité ou la situation du terme auquel ils se rapportent. De la même façon, il peut être épithète, attribut ou apposé.
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+ Quand il est épithète, l'adjectif est placé à gauche de la base nominale et s'accorde en genre et en nombre avec elle.
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+ ex. : Das schöne Haus / Die schönen Häuser
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+ Quand il est attribut du sujet ou du COD, l'adjectif est invariable.
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+ Ex. : Das Haus ist schön. / Ich finde das Haus schön.
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+ Quand il est apposé, l'adjectif est invariable. Il peut être transformé en proposition subordonnée relative.
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+ Ex. : Das Haus, sehr schön, ist teuer. / Das Haus, das sehr schön ist, ist teuer.
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+ En anglais, les adjectifs épithètes se placent avant le substantif qu'ils qualifient. Lorsque plusieurs adjectifs qualifient un même substantif, ils sont placés selon un ordre précis[1],[2],[3], soit : opinion, taille et stature, âge (adjectifs indiquant l'ancienneté) et forme, origine, couleur, matière, but (ex. passenger car). Ainsi, on écrit par exemple : nice (opinion) little (taille) old (âge) round (forme) [round et old peuvent être intervertis] white (couleur) brick (matière) house. Par ailleurs, les adjectifs sont souvent placés par ordre du plus général au plus particulier, par exemple : an old medieval castle.
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+ Atlas est un nom de lieu notamment porté par :
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+ Atlas est un nom de famille notamment porté par :
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+ Atlas est un titre d'œuvre notamment porté par :
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+ ATLAS est l'acronyme de plusieurs associations.
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+ Le terme parent, relatif à la famille, désigne la personne qui élève et protège l'enfant. Au singulier, désigne plus largement celui qui est membre de la même famille qu'une autre personne[1]. Au pluriel, ceux dont on descend en ligne directe.
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3
+ Selon le philosophe Hans Jonas, la responsabilité parentale englobe tous les aspects de la vie des enfants, de la simple existence jusqu'aux intérêts les plus élevés. La responsabilité s'exprime d'abord du point de vue corporel, d'être là à tous moments dans la santé comme la maladie ; ensuite vient s'ajouter toujours davantage tout ce qui tombe sous la notion d'« éducation », dans tous les sens : les aptitudes, les relations, le comportement, le caractère, le savoir, dont la formation doit être surveillée et encouragée et, si possible, le bonheur[2].
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+ Le mot « parent » est utilisé en analyse transactionnelle dans les états du Moi, il désigne un ensemble de comportements.
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+ Le pape est l'évêque de Rome et le chef de l'Église catholique. Il est élu, après le décès ou la renonciation de son prédécesseur, par des cardinaux électeurs qui se réunissent en conclave pour délibérer et voter. Selon la tradition catholique (que ne partagent pas les autres confessions chrétiennes), l'autorité du pape se transmet par succession depuis l'apôtre saint Pierre lui-même, qui l'a reçue directement de Jésus-Christ. Cependant, la façon de concevoir et d'exercer cette autorité a évolué au cours des siècles. Le titre de « pape » apparaît dans des documents à partir du premier concile de Nicée en 325.
4
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+ Le pape est le monarque de l’État de la Cité du Vatican. Ce dernier, totalement enclavé par la ville de Rome en Italie, est le plus petit pays indépendant au monde par sa superficie (0,44 km2) et sa population (800 habitants).
6
+
7
+ Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio, sous le nom de François, élu le 13 mars 2013[1],[2] et qui succède à Benoît XVI[3]. Il devient ainsi le 266e pape[4].
8
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9
+ S'il s'agit du titre le plus populaire pour désigner l'évêque de Rome, à l'origine, le terme « pape » n’a rien d’un titre officiel[5] ; il provient du latin ecclésiastique papa qui provient lui-même du grec πάπας (papas), une forme tardive du mot πάππα (pappa), un terme familier et affectueux du langage enfantin qui désigne le père (« papa »)[6]. Cette marque d'affectueuse vénération, déjà présente chez Homère[7], passe en usage dans le christianisme oriental pour honorer les épiscopes puis les évêques[5], voire les prêtres[8].
10
+
11
+ Apparu en Occident au début du IIIe siècle, le titre est alors progressivement réservé aux évêques locaux, appliqué par exemple aussi bien à Cyprien de Carthage qu'à Augustin d'Hippone[5] mais également à l'évêque d'Alexandrie Héraclas (v. 250) dont les successeurs à la tête de l'Église copte orthodoxe usent encore du titre de nos jours[9].
12
+
13
+ La première attestation épigraphique d'une application à l'évêque de Rome est relevée dans la catacombe de Saint-Calixte, figurant sur le cubiculum d'un diacre nommé Severus à propos de l'évêque Marcellinus (296 – 304) : « jussu pp [papae] sui Marcellini »[10]. Depuis lors, l'abréviation de « papa » en « PP » devient fréquente puis constante, notamment dans la signature pontificale. Le titre tend alors à devenir spécifique à partir de la fin du IVe siècle mais la précision « Papa urbis Romae (aeternae) » (« Pape de la ville (éternelle) de Rome »), atteste d'un usage encore généralisé à l'ensemble des évêques[5].
14
+
15
+ Au VIe siècle, le titre papa est utilisé par la chancellerie de Constantinople pour s'adresser à l'évêque romain, un titre dont, à partir du VIIIe siècle, ses successeurs font usage pour se désigner eux-mêmes sans spécification[5]. En 968, le concile de Pavie enjoint l'archevêque Arnulfe II de Milan de renoncer à l'usage de cette titulature qui est exclusivement réservée à partir de la fin du XIe siècle au primat de Rome — « quod hoc unicum est in mundi » (« parce qu'il est unique au monde ») — à la suite d'un dictatus papae de Grégoire VII[5].
16
+
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+ Le prestige éminent de la position de l'évêque de Rome dans la chrétienté depuis l'Antiquité paléochrétienne[note 1] réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l'un au Vatican, près de l'ancien cirque de Néron, et l'autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »[note 2]. L'Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l'évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l'expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)[11]. Depuis 451 (lorsque le pape Léon Ier s'oppose au canon 28 du concile de Chalcédoine qui fait de Rome et de Constantinople des sièges égaux), l'affirmation par les papes de Rome de leur primauté effective et pas seulement honorifique, qui place d'office quiconque la refuse dans la position de schismatique ou d'hérétique, n'est acceptée ni par les Églises d'Orient, ni par les Églises protestantes. Cependant, dans l'Église catholique, cette primauté effective découle ipso facto du fait qu'il est l'évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l'Antiquité est le mot « évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd'hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d'« évêque de l'Église catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne : « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »[note 3].
18
+
19
+ L'origine de la fonction papale est avant tout d'ordre spirituel, ou mystique, bien avant d'être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l'apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l'apôtre de présider à l'unité de l'Église a été énoncé par le Christ, ce qui s'exprime dans l'évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l'évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (…) Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17). Il est cependant à noter qu'Augustin d'Hippone, dans son ouvrage Rétractations, affirme que dans Mt 16. 18-19, la pierre (ou roc) sur laquelle le Christ allait bâtir son église n'était pas Pierre mais le Christ lui-même[12].
20
+
21
+ Au IIe siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu'en atteste une lettre d'Ignace d'Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice[13]. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l'importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée, dans un texte qui entend combattre les gnostiques, présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (…) [car] en raison de son origine plus excellente[note 4] doit nécessairement s'accorder [avec elle] toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout[note 5], a été conservée la tradition qui vient des apôtres »[13].
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23
+ La revendication d'apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale de l'Empire à le faire, n'est pas contestée, pas plus que ne l'est celle d'autres villes orientales comme Corinthe ou Antioche ; ce n'est pas le cas de la revendication d'autorité et de primauté auxquelles elle prétend qui occasionnera nombre de débats, voire de schismes[13].
24
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25
+ En 195, sollicité par des adversaires de l'évêque Polycrate d'Éphèse, l'évêque de Rome Victor, dans ce qui peut être lu comme un exercice de l'autorité romaine sur les autres Églises, rompt la communion avec les quartodécimans parce que ces derniers fêtent Pâques le 14 Nisan, même jour que la Pâque juive — une tradition transmise par Jean l'Évangéliste —, tandis que les chrétiens de Rome la fêtent un dimanche[14]. Si cette première tentative est sans portée réelle, des documents attestent de la continuité dans cette « souveraine prétention » de l'Église de l'Urbs dans les décennies qui suivent[15]. Jean Guyon définit Victor Ier comme le premier évêque monarchique de Rome[16].
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27
+ Lorsque Constantin eut fait de l’Église chrétienne une Église d’État, les évêques devinrent des personnages officiels. Du point de vue de l’administration civile, l’Empire romain est divisé en provinces dont chacune était dirigée à partir de sa métropole (littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de l'administration des églises, cette désignation ne s'applique qu'à Rome, Antioche, Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. Les chefs ecclésiastiques de ces cités importantes appelés « patriarches »[17] obtinrent juridiction sur leurs collègues des petites villes « métropolites » à la fin du IIIe siècle ou au tout début du IVe siècle. L'évêque de Rome, qui se considérait comme le successeur de Saint Pierre, revendiquait en outre une suprématie générale sur l'Église tout entière.
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+ En 325, le Premier concile de Nicée entérine cet état de fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province, ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. La circonscription qui dépend d’Alexandrie regroupe toutes les provinces d'Égypte et de Libye. Bien que le concile ne précise pas quelles sont les limites des deux autres, on peut supposer qu’Antioche a la responsabilité de la Syrie, de la Palestine et des provinces limitrophes, et que Rome domine l’Italie (avec, peut-être, une certaine influence en Gaule et en Afrique, comme semble en témoigner le concile d’Arles en 314).
30
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31
+ Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien, et devient autonome, le second obtient immédiatement un rang après celui de Rome, celui-ci ayant la « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur l’administration civile : Constantinople est la capitale de l'empire d'Orient, Rome se veut son égale en Occident - insistant spécifiquement sur une première place symbolique - tandis qu'Alexandrie demeure une capitale économique incontournable. Au même moment, le siège d’Antioche voit sa circonscription rognée par ses deux voisines (Constantinople et Jérusalem).
32
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+ Pendant le IVe siècle, le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques (surtout provoqués par des hérésies toutes nées en Orient : arianisme, sabellianisme, macédonianisme, apollinarisme). Aux grands conciles qui se réunissent pour juger ces hérésies, l'évêque de Rome envoie toujours des légats (prêtres ou évêques) pour le représenter (les prêtres ne prennent pas part aux votes, seulement les évêques). Souvent, des évêques et des sièges patriarcaux d'Orient en conflit interne envoient des ambassades à l'évêque de Rome pour en obtenir un arbitrage (le cas le plus célèbre est celui de Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, en butte avec une partie du clergé, avec l'empereur Arcadius, l'impératrice Eudoxie, et avec Théophile, patriarche d'Alexandrie, en appelle à Rome et obtient le plein soutien du pape Innocent Ier). Ainsi, malgré une apparente faible implication dans les affaires de la chrétienté orientale, le prestige de Rome est généralement reconnu en tant qu'instance non directement liée aux conflits, et par conséquent susceptible d'adopter une position non partiale ; cette implication non partisane, jointe au fait que Rome est reconnue comme la ville du martyre des apôtres Pierre et Paul, conduit nombre d'instances (empereurs et évêque d'Orient) à lui demander à plusieurs reprises l'arbitrage romain, notamment lors de la crise arienne. Au Ve siècle, notamment lors des grands débats christologiques suscités par Nestorius puis par Eutychès, Rome s'implique davantage : ce sera avec le plein soutien du pape Célestin Ier, sollicité par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que Nestorius et le nestorianisme seront condamnés au d'concile œcuménique d'Éphèse en l'an 431. Déjà au IVe siècle, Théodose, à son avènement, avait proclamé que la loi religieuse de tout l’empire était « la foi de l’évêque de Rome et de l’évêque d’Alexandrie ». En l'an 451, au cours du Concile de Chalcédoine, à la lecture du Tome à Flavien, rédigé par le pape Léon Ier pour définir la foi catholique contre l'hérésie d'Eutychès niant les deux natures, divine et humaine, du Christ (et par conséquent niant l'union hypostatique et la communication des idiomes entre les deux natures), toute l'assemblée conciliaire, debout, acclama le pape au cri de : « Pierre vient de parler par la bouche de Léon ! » (exclamation que les notaires impériaux consignèrent dans les procès-verbaux des actes canoniques du Concile).
34
+
35
+ Au cours des siècles suivants (VIe siècle - VIIe siècle), à la suite de la chute de l'Empire d'Occident, le siège de Rome devient de plus en plus politiquement autonome et influent, notamment en Occident, alors considéré comme le territoire spécifiquement « patriarcal » du pontife romain. Dans le marasme général (peste à Rome, débordements catastrophiques du Tibre, invasions des Lombards), le pape Grégoire le Grand (590-604) est amené à organiser matériellement, à tous les niveaux, les besoins de la population romaine. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution :
36
+
37
+ Le pape, jusqu'en 1870, a été le souverain des États pontificaux. Il est aujourd'hui souverain de l'État de la Cité du Vatican sur lequel il possède la plénitude du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cette souveraineté sur un territoire, de dimension réduite, est la garantie d'indépendance de son pouvoir spirituel à l'égard de tous les États du monde. Le pape est avant tout le garant de l'unité et le chef visible de l'Église catholique (le Christ en étant le Chef invisible).
38
+
39
+ L'élection du pape est la prérogative exclusive du Collège des cardinaux de l'Église romaine, réunis en conclave (lieu fermé sous clefs) après la mort ou la renonciation du pape, et selon les strictes dispositions de la Constitution Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II du 22 février 1996 (succédant à des constitutions antérieures), et par le motu proprio Constitutione Apostolica du pape Benoît XVI promulgué le 11 juin 2007. Les cardinaux sont eux-mêmes créés par le Pontife romain et sont actuellement électeurs jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans. C'est seulement à partir du XIe siècle que l'élection du pape fut réservée aux cardinaux (décret de Nicolas II en date du 13 avril 1059). Antérieurement, pendant le premier millénaire, l'élection du pontife romain revenait canoniquement à l'Église de Rome, clercs et certains laïcs. Les interférences abusives du pouvoir politique finirent par pousser les papes à interdire une telle interférence.
40
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41
+ Le pape est élu à vie, mais garde la prérogative de résigner la charge apostolique, très rarement exercée : ainsi le pape Célestin V, en 1294, renonce quelques mois après son élection pour terminer sa vie dans un monastère. Grégoire XII, en 1415, fait annoncer sa démission le 4 juillet par la voix d'un procurateur, au sein du Concile de Constance dans le but de mettre fin au grand schisme. Pour la troisième fois de l'histoire, le 28 février 2013, le pape Benoît XVI renonce à sa charge pour raisons de santé et se retire dans un monastère.
42
+
43
+ Le règne d'un pape se nomme pontificat. L'origine de ce mot tient à l'un des titres des papes : Souverain pontife. La filiation de cette expression doit se trouver dans le titre du principal prêtre dans la Rome antique Pontifex maximus, porté jusqu'au VIe siècle par l'empereur de Byzance.
44
+
45
+ Formellement, le pape n'est pas un « chef spirituel » : il reçoit mission du Christ (selon la foi catholique), en tant qu'évêque de Rome et successeur de l'apôtre Pierre, de veiller et de présider à l'unité de toutes les Églises locales catholiques, c'est-à-dire tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome.
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47
+ Rome est menacée par les attaques des princes barbares : dès 410, la Ville éternelle est saccagée par les Wisigoths.
48
+
49
+ À la fin du Ve siècle, Gélase Ier envoya à l'empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme que le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, et que celui des évêques prévaut.
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51
+ Au milieu du VIIIe siècle, les papes, lassés d'une part des querelles dogmatiques sans cesse suscitées par la politique césaropapiste des empereurs byzantins, et ne voulant plus, d'autre part, se laisser « enfermer » dans le cadre de la pentarchie qu'ils n'avaient jamais réellement reconnue (car la notion de « pentarchie » réduisait trop le Saint-Siège au rang des autres sièges patriarcaux alors qu'il exerce seul l'autorité de l'apôtre Pierre), rompent avec la tutelle politique de Constantinople. En particulier, le pape Léon III, menacé par les Lombards, n'hésitera pas alors à recourir à la puissance montante des Carolingiens, avec Pépin le Bref puis Charlemagne. La Donation de Constantin, un « faux vrai » document, formalisé à cette époque mais entérinant un pouvoir temporel attesté dans les faits au moins depuis le pontificat du pape Grégoire le Grand (590-604). Ce document faisait croire qu'en quittant la Ville, l'empereur Constantin en aurait remis le pouvoir à l'évêque de Rome, ainsi que le pouvoir (potestas) sur l'Occident. C'est Pépin le Bref qui constitua l'embryon des États pontificaux en 754. En 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d'Occident à Rome.
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+ À cette époque, le pape, avec l'appui de l'empereur[18], envoie des missionnaires, notamment dans les îles britanniques ainsi que dans l'est et le nord de l'Europe, afin d'évangéliser les populations païennes[19].
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+ Le Xe siècle est marqué par la période sombre de la pornocratie pontificale sous l'influence de femmes débauchées et de la famille des comtes de Tusculum.
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+ La réforme grégorienne voit l'affirmation de la « monarchie pontificale » : le pape souverain, chef de l'Église universelle, exerce sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), disposant des glaives spirituel et temporel. Elle révèle aussi la tendance théocratique de la papauté, formulée notamment dans le Dictatus papæ[20]. Cette « monarchie pontificale » culmine sous Innocent III, l'Église est alors considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre[21].
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+ L'histoire de la papauté est inséparable de l'évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d'Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain.
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+
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+ Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l'empereur et à la croissance des royautés. L'autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l'affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.
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+ De 1378 à 1418, ce schisme voit coexister et s'affronter deux séries de papes, l'une siégeant à Rome et l'autre à Avignon. Sur le terrain politique, il découle de l'affrontement entre la papauté et les États modernes qui se créent à la fin du Moyen Âge et que la papauté n'a plus les moyens d'assujettir.
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+ Le conciliarisme est un mouvement de réforme qui se développe du XIVe au XVIe siècle et qui voit l'autorité suprême dans l'Église catholique passer des mains du pape à celles du concile œcuménique.
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67
+ La Réforme protestante est un mouvement religieux qui met en cause radicalement l'existence même d'un pape : les protestants reconnaissent l'autorité des Saintes Écritures (Sola scriptura), et non celle du pape.
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+ Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l'Église catholique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther[22] dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545. Il se déroule en dix-huit ans, sur vingt-cinq sessions, cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et trois villes.
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71
+ En réaction à la Réforme protestante, il définit le péché originel, la justification, une autorité de la Bible spécifique au catholicisme et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l'un des conciles les plus importants de l'histoire du catholicisme ; il sera le plus abondamment cité par le concile Vatican II.
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+ Régine Pernoud présente ce concile comme « la coupure entre l'Église médiévale et l'Église des temps classiques »[23].
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+ Plus de trois cents ans après le concile de Trente, Pie IX décide de convoquer un concile en 1869. Ce concile, le vingtième, s'ouvre en décembre 1869 et est ajourné le 20 octobre 1870 à cause de la guerre, reporté sine die du fait de l'invasion de Rome et de l'annexion des États pontificaux.
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+ Vatican I affirme, par l'encyclique Pastor Æternus du 18 juillet 1870, l'infaillibilité pontificale et condamne les « idées nouvelles » issues du Siècle des Lumières, au bénéfice de la primauté pontificale. Pastor Æternus indique :
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+ « C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème ».
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+ Le pape Jean XXIII, âgé de 82 ans, que l'on décrivait comme un pape de transition du fait de son âge lors de son élection, crée la surprise en annonçant un « aggiornamento » de l'Église catholique, c'est-à-dire un grand concile destiné à favoriser le dialogue de l'Église avec le monde moderne.
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+ Vatican II s'ouvre le 11 octobre 1962. Parmi les grandes réformes figurent l'ouverture envers les autres religions, la possibilité d'utiliser les langues vernaculaires au côté du latin pour les offices religieux et l'attention de l'Église aux problématiques sociales.
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+ En droit canonique, le pape est désigné sous l'appellation de « Pontife romain » (Pontifex Romanus), dérivé de l'appellation du grand prêtre romain (plus tard porté par les empereurs romains), en tant que représentant de Dieu sur terre : « Pontifex Maximus ».
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+ La signature papale prend la forme « NN. PP. x » c'est-à-dire « un tel, Pontifex Primus [premier pontife], numéro tant » (ainsi, le pape Paul VI signait « Paulus PP. VI »), et son nom est fréquemment accompagné dans les inscriptions par les abréviations « Pont. Max » ou « P.M. » — abréviation de l'ancien titre hérité de l'Antiquité latine Pontifex Maximus, littéralement « le bâtisseur suprême de ponts » (entre Dieu et les hommes). Le Christ est le pontife suprême et éternel entre Dieu et l'humanité. « Pontifex Maximus », concernant le pape, se traduit habituellement en français par « Souverain Pontife ».
88
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+ Les bulles, décrets et constitutions du pape sont signés « NN. Episcopus Ecclesia Catholicæ » (« NN. Évêque de l'Église catholique »), alors qu'elles débutent par l'appellation « NN. Episcopus Servus Servorum Dei » (« NN. Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), ce dernier titre datant du pape Grégoire Ier le Grand.
90
+
91
+ D'autres circonstances officielles voient l'usage de titres tels que Summus Pontifex, Sanctissimus Pater (Très Saint Père — cette formule est d'usage en France pour la correspondance adressée au pape), Beatissimus Pater, Sanctissimus Dominus Noster (Notre Très Saint Père), et à l'époque médiévale Domnus [et non Dominus] Apostolicus (Seigneur Apostolique).
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+
93
+ Dans l'Église catholique, un certain nombre d'insignes sont réservés au pape :
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+
95
+ Dans le domaine liturgique, seul le pape peut célébrer de droit à l'autel majeur des quatre basiliques majeures : basilique Saint-Pierre, archibasilique Saint-Jean-de-Latran, basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et basilique Sainte-Marie-Majeure. Un cardinal peut y célébrer, mais pour cela il reçoit un mandat d'autorisation, pratique en usage au moins depuis la Renaissance. Au XVIIe siècle, lorsqu'un cardinal célébrait à l'autel majeur d'une des quatre basiliques majeures de Rome, on affichait une indulgence papale sur l'un des piliers du ciborium pour le signifier à tous[27].
96
+
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+ Jusqu'à Paul VI (qui en abandonna l'usage), le pape possédait encore d'autres insignes particuliers :
98
+
99
+ N.B.
100
+
101
+ En termes de droit canonique, le pape est investi de sa charge directement par le Christ ; il ne tire la légitimité de sa charge ni de la succession des papes précédents, ni même du collège qui procède à son élection. Ce qui fait qu'un pape ne peut pas se donner un coadjuteur, ni choisir le pape suivant, ni interférer dans son élection[28]. De même, il ne saurait recevoir de mandat impératif du collège des cardinaux qui procède à son élection, malgré une tentative historique infructueuse d'obliger un futur pape à s'engager à respecter des capitulations.
102
+
103
+ La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis publiée par Jean-Paul II le 22 février 1996 réglemente dans les détails la procédure à suivre à la mort d'un pape (ou sa renonciation)[note 6],[29] jusqu'à l'élection du suivant[30].
104
+
105
+ Il est composé des cardinaux âgés de moins de quatre-vingts ans. Le pape Paul VI en avait fixé le nombre maximal à cent vingt, nombre que Jean-Paul II a confirmé par la constitution apostolique du 22 février 1996.
106
+
107
+ Elle n'est pas précisée par Universi Dominici Gregis. Néanmoins, la constitution apostolique sous-entend :
108
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109
+ En revanche, Universi Dominici Gregis envisage que le nouveau pape ne soit pas évêque et prévoit une ordination épiscopale immédiate (ce qui eut lieu lors de l'élection du pape Grégoire XVI, qui était cardinal, simple prêtre, mais non évêque). Elle mentionne également qu'il n'est pas nécessaire d'être présent au Vatican pour être élu. Nul cardinal ne peut se déclarer « candidat », sous peine d'excommunication majeure latæ sententiæ. L'élection pontificale ne comporte donc aucune « campagne », aucune « candidature », de quelque nature qu'elles soient : c'est un acte de l’Église strictement spirituel et liturgique. L'élu peut accepter ou refuser son élection. S'il l'accepte, on lui demande immédiatement de quel nom pontifical il veut être appelé. Ce changement de nom signifie que les actes de l'élu ne sont plus désormais ceux d'une personne à titre privé, mais les actes, par définition apostoliques, du Souverain Pontife.
110
+
111
+ Bien qu'en pratique, à l'époque moderne, le collège des cardinaux correspond à celui des ecclésiastiques éligibles, ce fait n'est pas pour autant une règle. En effet, sur le plan théorique, et en se référant à la Constitution Universi Dominici Gregis promulguée par Jean-Paul II, tout prêtre catholique peut être élu pape si la majorité requise des cardinaux opte pour lui.
112
+
113
+ À la mort ou en cas de renonciation du pape, les cardinaux se réunissent en conclave à la chapelle Sixtine suivant un mode particulièrement réglementé[30].
114
+
115
+ Le nombre des cardinaux électeurs ne peut pas dépasser cent vingt.
116
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117
+ Avant chaque scrutin, deux ou trois bulletins de vote sont distribués aux cardinaux électeurs, puis un tirage au sort est effectué pour désigner parmi eux trois scrutateurs, trois délégués pour recueillir les votes des malades, et trois réviseurs ; ce tirage au sort est fait publiquement par le dernier cardinal diacre.
118
+
119
+ Débute ensuite le scrutin proprement dit. Les cardinaux électeurs ont à leur disposition des bulletins de vote rectangulaires pouvant être pliés en deux comportant sur la partie supérieure l'inscription « Eligo in Summum Pontificem », le cardinal inscrit le nom de l'élu dans la partie inférieure.
120
+
121
+ Chaque cardinal se dirige ensuite vers l'autel de la chapelle où est placé un calice recouvert d'un plateau sur lequel il dépose son bulletin plié en deux. Il prononce alors la formule : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu », puis fait glisser son bulletin dans le calice.
122
+
123
+ Dès que tous les cardinaux électeurs ont voté, les scrutateurs procèdent au dépouillement et au décompte des voix. Une fois dépouillé chaque bulletin est enfilé à l'aide d'une aiguille le long d'un fil. Pour être élu, il faut obtenir deux tiers des voix. Si cette majorité n'est pas atteinte, les bulletins ainsi que toutes les notes des cardinaux sont brûlés dans le poêle de la chapelle Sixtine et un fumigène ajouté pour donner une fumée noire et un nouveau scrutin est organisé, aussi souvent que nécessaire à l'obtention d'une majorité des deux tiers.
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+
125
+ Si la majorité des deux tiers est atteinte, le cardinal doyen pose plusieurs questions à l'élu. « Tout d'abord, acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? ». Et aussitôt qu'il a reçu le consentement, il lui demande : « De quel nom voulez-vous être appelé ? ».
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+ Si l'élu n'est pas encore évêque, il est consacré immédiatement.
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+ Les bulletins de vote et les notes des cardinaux sont alors brûlés dans le poêle de la chapelle de façon à produire une fumée blanche.
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+ Le décompte des voix est remis au pape et est ensuite conservé dans les archives du Vatican, dans une enveloppe scellée qui ne peut être ouverte par personne, sauf autorisation expresse du souverain pontife.
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+ Le conclave prend fin aussitôt après que le nouveau souverain pontife a donné son consentement à son élection.
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+ Les cardinaux ont l'interdiction de dévoiler des renseignements sur le déroulement de l'élection sous peine d’excommunication.
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+ Le siège pontifical émet divers types d'actes[31], suivant l'importance du sujet traité et la nature des destinataires :
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+ Jorge Mario Bergoglio (en espagnol : [ˈxo̞ɾxe ˈmaɾjo β̞e̞ɾˈɣ̞oɣ̞ljo̞][a]), né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, est un homme d'Église argentin, actuel évêque de Rome et selon la tradition 266e pape[b] de l’Église catholique sous le nom de François (en latin : Franciscus)[c], depuis son élection le 13 mars 2013. Il était auparavant archevêque de Buenos Aires et cardinal.
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+ Bergoglio est le premier pape issu des rangs de la Compagnie de Jésus, le premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III au VIIIe siècle ainsi que le premier issu du continent américain[1]. Il est également le premier pape à prendre le nom de François, nom choisi en mémoire de saint François d'Assise.
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+ Jorge Mario Bergoglio[2] est né le 17 décembre 1936 au 531 de la rue Membrillar[3] dans le quartier populaire de Flores, au cœur de Buenos Aires[4]. Son père, Mario Josè Bergoglio, est un immigré italien venu du Piémont et arrivé en Argentine en 1927 ou plus probablement début 1929 (les biographes ne s'accordant pas sur la date exacte de cette immigration)[5], et sa mère, Régina Maria Sivori, née en Argentine, est fille d'immigrés italiens venant de Ligurie[6]. Le petit Jorge Mario est baptisé le 25 décembre 1936, jour de Noël, par le père Enrique Pozzoli (qui fut plus tard son directeur spirituel[7]) en la basilique Saint-Charles-Borromée-et-Marie-Auxiliatrice située dans le quartier d'Almagro à Buenos Aires : son parrain est Francisco Sivori et sa marraine Rosa Vassallo de Bergoglio[8].
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+ Le grand-père paternel de Jorge Mario, Giovanni Angelo Bergoglio, est originaire de Portacomaro Stazione[9], un hameau de Bricco Marmorito aujourd'hui rattaché à la commune d'Asti (Piémont)[10]. Le père de Jorge Bergoglio, Mario Josè Bergoglio, né à Turin (Piémont)[11], exerce la profession de comptable[12] employé des chemins de fer[12], et sa mère, Régina Maria Sivori, originaire de la région de Gênes (Ligurie)[13], est femme au foyer. Les parents de Jorge Bergoglio se marient le 12 décembre 1935 à Buenos Aires[14] et ont cinq enfants[15] (dont Jorge Mario est l'aîné) : trois garçons (Jorge Mario, Alberto et Oscar) et deux filles (Marta Regina et Maria Elena), parmi lesquels seule Maria Elena est encore en vie au moment de l'élection de Jorge[16]. Ainsi, bien que né en Amérique du Sud, Jorge Bergoglio a grandi dans un milieu familial largement européanisé[17], venant de deux régions italiennes, le Piémont et la Ligurie, mais dont les familles parentales n'étaient pas italophones dans la vie quotidienne. Il est marqué par « la sainteté de l’Iglesia » militante de ses parents et de sa grand-mère Rosa qui a beaucoup compté pour lui et dont il conserve le testament dans son bréviaire[18]. Des conflits familiaux entre ses oncles le marquent aussi[19].
10
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11
+ C'est dans l'église San José du quartier de Flores que Jorge Mario Bergoglio, à l’âge de dix-sept ans, lors d'une confession précédant la fête de la saint Matthieu[20] de 1953[21], fait l'expérience « de la miséricorde de Dieu » et qu’« il a eu une révélation divine, pour entrer dans les ordres »[22] et s'est senti appelé[21], « à l'instar d'Ignace de Loyola »[23]. Alors qu'il était fiancé à une jeune femme comme le révèle sa sœur[24], il entame une réflexion qui le conduit à rompre ses fiançailles et entrer dans les ordres ; jusqu'à son accession à la papauté, il est venu chaque année dans cette église célébrer une messe pour Pâques[25].
12
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13
+ Il étudie notamment au collège salésien Wilfrid Barón de Ramos Mejía en 1949 avant d'entrer dans l'école industrielle E.N.E.T (Escuela Nacional de Educación Técnica) no 27 Hipólito Yrigoyen où il obtient un diplôme de technicien en chimie[26].
14
+
15
+ Il subit en 1957 une ablation de la partie supérieure du poumon droit à la suite d'une pneumonie aiguë avec multiples kystes pulmonaires[27],[28]. Plusieurs causes sont évoquées : tuberculose contractée au contact des populations pauvres et traitée par pneumothorax en raison de la pénurie d'antibiotiques à cette époque[29], tabagisme excessif lors de son passage au séminaire[30]. Pendant ses études à Buenos Aires, il a subvenu à ses besoins financiers en faisant des ménages dans une usine locale et en travaillant en tant que videur dans un club mal famé de Córdoba (Argentine)[31],[32]. Ayant eu la vocation sacerdotale à dix-sept ans, il décide de devenir prêtre à l'âge de vingt et un ans[33].
16
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17
+ Jorge Mario Bergoglio a suivi une formation de technicien en chimie avant d'entrer au séminaire de Villa Devoto, puis au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 11 mars 1958. Il poursuit sa formation spirituelle au Chili et revient en 1963 à Buenos Aires pour ses études de philosophie.
18
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19
+ Après une expérience d'enseignement (régence) de la littérature dans un collège de Santa Fe (Colegio de la Inmaculada) et dans un collège de Buenos Aires (Colegio del Salvador[34]) (1964 à 1966[35]), il fait ses études de théologie au th��ologat de San Miguel dans la banlieue de Buenos Aires qui dépend de l'université jésuite del Salvador (1967 à 1970), puis est ordonné prêtre le 13 décembre 1969 par Mgr Ramón José Castellano, archevêque de Córdoba. Il continue ensuite ses études à la faculté théologique et philosophique San José de San Miguel.
20
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21
+ Outre l'espagnol, il parle couramment l'italien (langue de ses parents), l'allemand (langue de ses études de philosophie), le latin et possède des notions de portugais, français et anglais[36].
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23
+ Après une année (1971-1972) de Troisième An à Alcalá de Henares en Espagne, Jorge Mario Bergoglio est nommé maître des novices du Colegio Máximo San José, institution jésuite de San Miguel, en 1972, et fait profession solennelle le 22 avril 1973. Trois mois plus tard, le 31 juillet 1973, âgé de trente-six ans, il est nommé provincial[d] des jésuites d'Argentine en remplacement de Ricardo O'Farell pour une durée de six ans[37]. La Compagnie est alors en manque de vocations et se trouve divisée sur la question de la théologie de la libération[38] — vis-à-vis de laquelle sa position est contrastée[39] — quand prend place la dictature militaire entre 1976 et 1983. Ainsi, si certains commentateurs lui reprochent de ne pas avoir toujours défendu les jésuites socialement engagés, d'autres lui savent gré d'avoir préservé la Compagnie d'une crise majeure[40] et d'en avoir conservé l'unité[38].
24
+
25
+ Membre depuis la fin des années 1960 de l'organisation péroniste Organización Única del Trasvasamiento Generacional (OUTG), il confie, fin 1974, le contrôle de l'université del Salvador à d'ex-membres de cette organisation controversée, dissoute à la mort de Juan Perón[41].
26
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27
+ En 1980, à l'issue de sa charge de provincial il est nommé recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel (l'ancien Colegio Máximo San José), tout en y étant professeur de théologie. Il est également pendant cette période curé de la paroisse Saint-Joseph de San Miguel. Il communique régulièrement à travers ses homélies pour dénoncer la corruption de la classe politique et la crise des valeurs en Argentine[40]. Sa fermeté dans la direction de l'école lui crée des difficultés au sein de l'ordre qu'il avait dirigé, et en 1986, il se rend en Allemagne et commence une thèse à la faculté de philosophie et de théologie de Sankt Georgen de Francfort. Il ne s'y trouve pas à l'aise, et à son retour rapide en Argentine, il est relégué[42] à Córdoba comme prêtre de quartier et confesseur.
28
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29
+ Son attitude durant la dictature militaire entre 1976 et 1983 fait l'objet de controverses[40] : en 2000, il demande à l’Église argentine de reconnaître son rôle durant la période de la dictature et l'appelle à la pénitence pour purifier sa mémoire[40]. Mais en 2005, le journaliste Horacio Verbitsky, ancien membre des « Montoneros »[43] devenu directeur du quotidien pro-gouvernemental Pagina 12[44], reconnu au niveau international pour ses enquêtes[40], relance la polémique en publiant El Silencio[45]. Verbitsky affirme notamment que le père Bergoglio a collaboré avec la junte et n'a pas cherché à faire libérer deux jésuites travaillant sous son autorité, Franz Jalics et Orlando Yorio[46].
30
+
31
+ Ces accusations sont reprises par une partie de la presse latino-américaine et internationale au lendemain de l'élection du pape. Elles sont démenties par le Service d'Information du Vatican (VIS) le surlendemain ; le Vatican réitère ainsi les précédents démentis à ces allégations nées dans un climat anticlérical, arguant qu'elles n'ont jamais été concrètement fondées, qu'il a été entendu par la justice et qu'a contrario il existe de nombreux témoignages de personnes qu'il a protégées à l'époque de la dictature[47]. Un des trois magistrats chargés de l'examen des accusations en 2011 explique après étude des éléments qu'« il est totalement faux de dire que Jorge Bergoglio [aurait] livré ces prêtres » et que, par conséquent, la justice l'a innocenté[48]. L'un des jésuites, Orlando Yorio, mort en 2000, est resté persuadé que le Provincial n'était pas intervenu pour leur libération et qu'ils étaient d’ailleurs passés pour morts[49]. Peu après l'élection du cardinal argentin au pontificat, l'autre jésuite, Franz Jalics, estime qu'« il ne peut se prononcer sur [son] rôle dans ces événements »[50] et qu'après avoir discuté de ceux-ci avec le père Bergoglio — devenu archevêque — et concélébré une messe fraternelle avec lui, il considère l'histoire comme close[51], précisant encore[52] qu'« il est faux de prétendre que notre mise en détention a[it] été provoquée par le père Bergoglio »[53].
32
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33
+ Lorsqu'en octobre 2007, le prêtre Christian von Wernich est condamné pour torture, acte qualifié de crime contre l'humanité commis pendant la dictature, et qu'est évoqué le soutien apporté par la hiérarchie ecclésiastique à la junte, le cardinal Bergoglio exclut que l'Église puisse en tant qu'institution avoir une part dans les crimes de la « guerre sale », rejetant cette responsabilité sur des individus isolés[54]. Des représentants de familles de victimes et des Mères de la place de Mai considèrent que l'attitude de l’Église est hypocrite quand elle refuse de participer aux procès sur les exactions de la dictature. L'activiste des droits de l'homme et prix Nobel de la paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, lui-même arrêté et torturé, estime pour sa part que le père Bergoglio n'a pas été complice de la dictature et qu'on ne peut l'accuser de cela[55].
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35
+ Le biographe de Jorge Bergoglio, Sergio Rubín, explique que, d'une manière générale, l’Église catholique avait échoué à s'opposer à la junte, comme, du reste, une bonne partie de la société argentine d'alors[55]. Selon Marie-Monique Robin, journaliste qui a enquêté sur la dictature argentine, l’Église argentine n'avait même pas, à quelques exceptions près, tenté de s'opposer, et sa responsabilité est lourdement engagée[56]. Rubin affirme que le père Bergoglio avait alors pris des risques personnels importants pour sauver des « subversifs » des griffes de la dictature, sans en faire part avant 2010[55]. C'est ainsi qu'il a sauvé la vie de l'avocate Alicia Oliveira[57], persécutée par les militaires[44]. Le témoignage d'un ancien militant de gauche uruguayen, réfugié quelque temps en Argentine, va dans le même sens[58].
36
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37
+ En octobre 2012, la conférence épiscopale d'Argentine émet sous sa responsabilité une déclaration pour s'excuser de l'échec de l’Église à protéger la population durant la dictature et condamne cette période de violence, tant du côté de la junte que de la guérilla[55].
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39
+ Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires le 20 mai 1992, sur intervention de l'archevêque de la ville. Il quitte ainsi « l'exil » de Cordoba, à l'âge de cinquante-cinq ans. Il est nommé coadjuteur du même archidiocèse le 3 juin 1997. Le 28 février 1998, à la mort du cardinal Antonio Quarracino, il devient archevêque de l'archidiocèse de Buenos Aires[38].
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41
+ Bergoglio refuse alors de loger dans la résidence des archevêques de Buenos Aires et opte pour un petit appartement situé près de la cathédrale. Il confesse régulièrement dans cette cathédrale.
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+ Il se lève vers 4 h 30 le matin pour une journée de travail complète et sans arrêt. Afin de rester proche de ses prêtres, il crée une ligne téléphonique qui le relie à eux ; de plus, il déjeune régulièrement avec un de ses curés. Un jour, en 2009, il loge avec un de ses prêtres menacé de mort par des narcotrafiquants dans un bidonville[59].
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45
+ Il est aussi l'évêque ordinaire des fidèles de rite oriental[60].
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+ Jean-Paul II le crée cardinal-prêtre lors du consistoire du 21 février 2001 au titre cardinalice de San Roberto Bellarmino.
48
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+ À cette occasion, il refuse que ses compatriotes se rendent à Rome pour les festivités et ordonne que le produit de la quête pour financer les billets d'avion soit distribué aux pauvres[40]. Le Jeudi saint de la même année, à l'hôpital Francisco Muniz de Buenos Aires[f], il lave les pieds de douze personnes atteintes du SIDA[61].
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51
+ En novembre 2001, le cardinal, qui évite de se mettre en avant, refuse d'être élu à la tête de l'épiscopat argentin[40]. Réputé pour sa proximité avec les fidèles[38] dans la crise politique et économique que traverse alors l'Argentine et ses élites, il devient une référence et sa popularité ne cesse de grandir[40]. Ainsi, à la perte de reconnaissance du « pouvoir religieux » de l’Église et sa désinstitutionnalisation au sein de la société argentine, correspond dans le même temps une politisation non partisane de cette Église, à la suite du discrédit des partis politiques ; ce qui fait répéter au cardinal que c'est cette dernière qui met « la Patrie à l'épaule », poussant les partis au compromis politique[62].
52
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53
+ Cette situation n'est pas sans créer des frictions régulières et engendre à partir de 2003 une nette dégradation des liens entre l’État et l’Église catholique, notamment avec les gouvernements de Néstor et Cristina Kirchner qui font des droits de l'homme une politique d’État et remettent en cause la liaison entre « identité argentine » et « identité catholique »[62].
54
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55
+ Selon le vaticaniste Lucio Brunelli[63], lors du conclave d'avril 2005 pour élire un successeur à Jean-Paul II, Jorge Mario Bergoglio, réputé en outre pour sa solidité doctrinale[38], est le principal concurrent du cardinal Ratzinger qui aurait recueilli au quatrième et dernier tour du scrutin 84 voix, 26 voix s'étant portées en faveur du cardinal Bergoglio (et 5 votes dispersés). Sa pneumonectomie partielle qui le fatigue rapidement ayant pu jouer un rôle dans cette élection face à un Joseph Ratzinger perçu par les cardinaux comme plus énergique[28], il se serait alors retiré de la course, « presque en larmes »[64]. Si cette version a longtemps fait autorité, Marco Tosatti en donne une autre qui doute du retrait de Bergoglio qui aurait regroupé la minorité de blocage de la part des opposants à Ratzinger, mais qu'il aurait lui-même refusé d'évincer le favori de l'élection, et explique les difficultés de Joseph Ratzinger une fois élu par la faiblesse relative des suffrages portés sur lui, sans qu'on sache ce qui a favorisé le report de voix du dernier tour[65]. L'historien vaticaniste Hervé Yannou rapporte quant à lui que le cardinal Bergoglio aurait déclaré qu'il ne voulait pas être pape, et qu'il aurait dit, à une autre occasion, qu’appelé à ces hautes fonctions, il en mourrait[66].
56
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57
+ Le 15 mai 2007, lors de la Ve conférence générale du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) qui se déroulait dans le sanctuaire d'Aparecida au Brésil, le cardinal Bergoglio est élu président de la commission de rédaction du document final[67], appelé « document d'Aparecida »[68].
58
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59
+ Le 14 mars 2009, il effectue sa visite « ad limina» en tant que président de la conférence des évêques d'Argentine, il évoque devant le pape Benoît XVI, les difficultés de l'Argentine sur les changements qu'elle voit naître au sujet du mariage et de la famille[69].
60
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61
+ Au sein de la Curie romaine, il est membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, de la Congrégation pour le clergé, de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, du Conseil pontifical pour la famille et de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.
62
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63
+ Benoît XVI ayant annoncé le 11 février 2013 sa renonciation, un conclave est convoqué à partir du 12 mars 2013. Lors des discussions préalables, l'intervention du cardinal Bergoglio sur la nécessité pour l'église de se décentrer vers ses marges est particulièrement remarquée. Après environ vingt-quatre heures de délibérations et cinq tours de scrutin, il est élu le 13 mars 2013 au soir: la traditionnelle fumée blanche apparaît à 19 h 6[70].
64
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65
+ Signe d'un futur pontificat marqué par la simplicité, il est le premier pape à se présenter au balcon sans aucun ornement liturgique, portant une simple soutane blanche et une croix pectorale sobre[71]. Depuis le balcon de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, François, dont les premières paroles sont « Frères et sœurs, bonsoir », adresse sa bénédiction apostolique Bénédiction urbi et orbi (« À la ville et au monde ») d'abord à la « communauté diocésaine de Rome », déclarant que « le conclave a donné un évêque à Rome ». Il ajoute : « les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde »[72]. Il prie ensuite pour Benoît XVI qu'il appelle « évêque émérite »[73] — étant lui-même évêque de Rome — et récite en italien le Notre Père, le Je vous salue Marie, et la petite doxologie : Gloire au Père… (« Gloria Patri… »), puis demande à la foule de faire silence et de prier pour lui avant qu'il donne sa bénédiction.
66
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67
+ Pour son audience inaugurale, il reçoit dans une certaine cordialité la présidente d'Argentine, qui lui évoque la situation diplomatique des Malouines en demandant une intercession auprès du Royaume-Uni[74].
68
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69
+ La première « messe d'inauguration du ministère pétrinien de l'évêque de Rome »[75] devant 150 000 à 200 000 fidèles et 132 délégations officielles de pays du monde entier a lieu le 19 mars 2013 sur la place Saint-Pierre au Vatican[76]. Elle commence par la visite du pape au Tombeau de saint Pierre devant lequel il prie. La messe proprement dite a été précédée de la remise des insignes pontificaux : le pallium pétrinien est remis (imposition du pallium) en premier au pape par le cardinal protodiacre Tauran. Puis l'anneau du pêcheur est remis par le cardinal Sodano, premier de l'ordre des évêques : cette bague est en argent massif, et pas en or comme celle de ses prédécesseurs[77]. Dans son homélie, le pape invite « à avoir du respect pour tous, pour chaque personne, spécialement les enfants, les personnes âgées, ceux qui sont les plus fragiles et qui souvent se trouvent à la périphérie de notre cœur »[78].
70
+
71
+ Pour la première fois depuis 1054 et le grand schisme d'Orient, le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomeos Ier, est présent[79]. Reçu le lendemain par ce pape qui se présente lui-même habituellement comme évêque de Rome, le patriarche le qualifia de « premier évêque de la vénérable Église de Rome, qui préside dans la charité »[79].
72
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73
+ Albino Luciani (Jean-Paul Ier), Karol Wojtyła (Jean-Paul II) et Joseph Ratzinger (Benoît XVI), avaient tous trois été nommés cardinaux par Paul VI. Jorge Mario Bergoglio est le premier cardinal nommé par Jean-Paul II à devenir pape.
74
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75
+ Il choisit le nom de François annoncé par le cardinal protodiacre français Jean-Louis Tauran[80]. Il y avait 1 100 ans qu'un nouveau prénom de pape n'avait pas été introduit (même si Jean-Paul Ier avait pour la première fois introduit un nom composé, qui réunissait ceux de ses deux prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI)[81].
76
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77
+ Il a expliqué avoir choisi ce nom en référence à saint François d'Assise, le saint des pauvres (« François est le nom de la paix, et c'est ainsi que ce nom est venu dans mon cœur »)[82] après que le cardinal Claudio Hummes, préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé, archevêque émérite de São Paulo, lui a dit « Et n'oublie pas les pauvres[83] ! » Certains vaticanistes remarquent que ce nom peut être aussi compris en seconde intention comme une référence à saint François Xavier, cofondateur de la Compagnie de Jésus[84].
78
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79
+ Il a aussi choisi ce nom car « Il (saint François) nous enseigne le respect profond de toute la Création et de la protection de notre environnement que trop souvent, même si cela est parfois pour le bien, nous exploitons avec avidité, au détriment d'autrui »[85]. Le nouveau pape a demandé explicitement à être désigné par « François », et non « François premier ». Il aurait confié avoir songé à prendre le nom de Jean XXIV en hommage à Jean XXIII, s'il avait été élu en 2005[86].
80
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81
+ Le blason figurant sur les armoiries papales, rendues publiques le 18 mars 2013[23], est presque identique à celui qu'il utilisait en tant qu'archevêque de Buenos Aires et reprend en les mêlant les formes des blasons de ses deux prédécesseurs : la mitre pontificale à trois bandes d'or de Benoît XVI et les clés de saint Pierre dans la forme du blason de Jean-Paul II. En revanche, le pallium archiépiscopal que Benoît XVI avait placé le premier sous le blason disparaît.
82
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83
+ Le blason est de type « écu espagnol », d'azur à un soleil non figuré de 32 rais d'or, chargé du monogramme IHS surmonté d'une croix pattée au pied fiché dans la barre horizontale du H, le tout de gueules, soutenu de trois clous de sable appointés en bande, pal et barre, le tout accompagné en pointe d'une étoile d'or à huit branches[g] à senestre et d'une fleur de nard de même[h], versée et posée en bande, à dextre. Le meuble assez complexe situé en chef est le sceau de l'ordre des jésuites, qui reprend le monogramme du Christ, tandis que l'étoile symbolise la Vierge Marie, et la fleur de nard saint Joseph[23].
84
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85
+ Dans les armes que portait le cardinal Bergoglio comme archevêque de Buenos Aires, l'étoile et la fleur de nard étaient d'argent et non d'or. De plus, le 29 mars 2013, une nouvelle version des armoiries papales a été publiée, dans laquelle l'étoile, qui jusqu'alors était à cinq branches, est maintenant à huit branches, en référence aux huit béatitudes.
86
+
87
+ François a gardé sa devise archiépiscopale : « Miserando atque eligendo ». Celle-ci est tirée des Homélies de Bède le Vénérable[87]. Ce dernier, commentant le récit évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit : « Vidit ergo Jesus publicanum, et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi, Sequere me » (« Alors Jésus vit un publicain, et, parce qu'il le regardait avec des sentiments de miséricorde [ou : d'amour] et qu'il l'avait choisi, il lui dit : Suis-moi »). Cette homélie, où il est fait allusion à la miséricorde de Dieu, est reproduite dans la liturgie des Heures du jour de la saint Matthieu[i]. Le souverain pontife explique avoir ressenti sa vocation au cours de cette fête en 1953[23].
88
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89
+ Dès les lendemains de son accession au pontificat, François a entrepris des réformes ambitieuses destinées à une adaptation de la pastorale de l'Église au monde actuel. Dans un discours aux cardinaux prononcé peu avant son élection, il avait déjà souligné que « Le Christ frappe à la porte de l’Église, mais il frappe de l’intérieur ! Il veut qu’on ouvre les portes en grand, pour le laisser sortir. Pour aller rencontrer le monde et l’humanité »[90]. Peu après, dans l'avion qui le ramenait des Journées mondiales de la jeunesse de Rio de Janeiro, il expliquait aux journalistes que « Nous devons trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile »[91]. Les deux premières grandes réformes entreprises ont concerné les institutions centrales de l'Église au Vatican[92] et la pastorale de la famille[93]. Dans les deux cas, l'action de François s'est heurtée à de fortes résistances. Par ailleurs, François répète souvent son intention de lutter contre ce qu'il appelle le « cléricalisme », c'est-à-dire la trop grande distance entre les membres du clergé et les fidèles. Il rappelle que les clercs ont d'abord une obligation de service (ministerium en latin) envers les fidèles, et non des pouvoirs sur eux[94].
90
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91
+ Le 23 mars 2013, dans une rencontre sans précédent dans l'histoire de la chrétienté[95], François rencontre son prédécesseur Benoît XVI à Castel Gandolfo[96],[97],[98] lors d'un échange de près de trois heures[99],[100]. Bien qu'aucune information sur l'entretien n'ait filtré, certains commentateurs estiment que les deux hommes ont discuté des dossiers importants impliquant le Vatican, dont l'affaire « Vatileaks », ainsi que sur des questions plus ouvertes (réforme de la curie romaine, évolution du gouvernement de l’Église, point sur le dossier lefebvriste, finances vaticanes)[99].
92
+
93
+ Un mois après son élection et suivant l'une des recommandations importantes issues des congrégations générales, la secrétairerie d’État du Vatican rend publique la constitution d'un groupe de travail collégial de cardinaux pour conseiller le pape dans le gouvernement de l’Église et, plus particulièrement, étudier un projet de réforme de la curie en révisant la constitution apostolique Pastor Bonus promulguée par Jean-Paul II en 1988[101].
94
+
95
+ Suivant les recommandations de ce conseil, François se livre, pas à pas, à une réforme des structures de la curie, touchant en premier lieu ses organes de gestions administrative et financières, ses moyens de communication, puis ses dicastères eux-mêmes dans une démarche devant aboutir à la promulgation d'une nouvelle constitution apostolique régissant la curie.
96
+
97
+ Lors de l'audience générale du mercredi 24 avril 2013, François a qualifié l'Institut pour les œuvres de religion de « nécessaire jusqu'à un certain point », annonçant une réforme de la « Banque du Vatican »[102]. Par chirographe en date du 24 juin 2013, le pape crée une commission pontificale consultative chargée d'étudier la situation de l'institution et les pistes de réformes en vue de mieux l’harmoniser avec la mission de l’Église universelle et du siège apostolique[103]. Cette commission est placée sous la présidence du cardinal Raffaele Farina. Quelques jours plus tard, le 2 juillet, le directeur général et son adjoint quittent l'IOR[104]. Le 24 février 2014, il promulgue le Motu Proprio : Fidelis dispensator et prudens dans lequel il crée un secrétariat présenté comme un ministère de l'économie, afin de veiller à la préparation du budget et à la planification financière[105].
98
+
99
+ Engagé contre les scandales financiers de l'Institut pour les œuvres de religion, il lutte également contre ceux touchant les diocèses de l'Église comme en attestent les démissions de plusieurs évêques et archevêques[106].
100
+
101
+ Le 31 août 2013, le pape fait état de sa décision de nommer Mgr Pietro Parolin aux fonctions de secrétaire d’État du Saint-Siège en remplacement du cardinal Tarcisio Bertone à partir du 15 octobre de la même année. Doté d'un profil pastoral, attentif aux problèmes sociaux et aux personnes, ce diplomate aguerri de cinquante-huit ans est un bon connaisseur de la curie romaine, dont François s'est attelé à la réforme. Les commentateurs voient dans la nomination d'un profil diplomatique classique, choisi dans le corps des nonces apostoliques, la redéfinition d'un poste qui avait pris de plus en plus de poids au cours du pontificat de Benoît XVI[107].
102
+
103
+ Peu de temps avant sa nomination, celui-ci explique dans un entretien que le célibat des prêtres « n'est pas un dogme et [qu']on peut en discuter car c'est une tradition ecclésiastique » déclarant qu'il s'agit d'un « grand défi » pour le pape François[108].
104
+
105
+ Dès le début de son pontificat, François crée de nouveaux cardinaux (35 en une année), délaissant certaines villes traditionnellement cardinalices (dont Venise) et mettant l'accent sur des pasteurs dont le pape approuve la ligne pastorale et des prélats de pays du sud (Thaïlande, Cap-Vert, Birmanie, Vietnam, Nouvelle-Zélande, Tonga, etc.)[109]. Il réduit le poids de la Curie[110] au profit des prélats qui sont chargés d’un diocèse (seulement cinq des 44 cardinaux électeurs créés lors des trois premiers consistoires du pontificat travaillent à la Curie) et celui de l'Europe (en particulier, celui de l'Italie au bénéfice des autres parties du monde) : ainsi, lors du conclave de 2013, l'Europe fournissait 60 des 117 cardinaux électeurs (soit 51 %) et en 2020 plus que 52 sur 122 (42,6 %) ; et les électeurs italiens sont passés de 28 à 21 sur la même période. A contrario, l'Amérique latine compte 23 cardinaux électeurs, soit dix de plus qu'en 2013, l'Asie et l'Océanie en comptent 18 contre onze en 2013 et l'Afrique, dans le même temps, est passée de onze à seize. Les « périphéries » de l’Église (pays en guerre, pays où les chrétiens sont minoritaires, pays de grande pauvreté comme la Dominique, Haïti, les Îles Tonga, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Cap-Vert, la République centrafricaine, le Lesotho, le Bangladesh, la Malaisie, la Birmanie) ont, pour la première fois, des cardinaux[réf. nécessaire].
106
+
107
+ Le 8 septembre 2015, le pape publie deux motu proprios, Mitis Iudex Dominus Iesus (Le Seigneur Jésus, Juge Clément) et Mitis et misericors Iesus (Jésus, doux et miséricordieux), allégeant la procédure des éventuelles reconnaissances en invalidité des mariages catholiques[111] pour le premier et une modification du droit canonique oriental concernant le même domaine pour le second.
108
+
109
+ En canonisant les huit cents martyrs d'Otrante le 12 mai 2013, soit après deux mois de pontificat, François devient le pape ayant canonisé le plus grand nombre de personnes[112].
110
+
111
+ Il est parfois accusé de « brader » la sainteté ; en effet, en janvier 2014, il annonce la baisse des coûts nécessaires pour ouvrir un procès en canonisation afin de favoriser les « causes pauvres ». Il a aussi fréquemment recours à la canonisation équipollente, quand ses prédécesseurs en usaient exceptionnellement. Ainsi, par dérogation papale, il canonise Jean XXIII, qui n'a alors qu'un seul miracle officiellement reconnu. En une seule année, le pape a donc autorisé par dérogation papale la canonisation de six nouveaux saints : seul Léon XIII en avait fait davantage de cette façon, mais en vingt ans[112].
112
+
113
+ Le 11 juillet 2017, il publie le motu proprio Maiorem hac dilectionem, dans lequel il introduit l'offrande de la vie parmi les cas d'espèce dans la procédure de béatification et de canonisation[113].
114
+
115
+ Selon les propos qu'il a tenus lors d'une congrégation générale des cardinaux avant d'entrer en conclave, transcrits par lui-même à la demande du cardinal Jaime Ortega, le cardinal Bergoglio a une vision personnelle de l'Église qu'il articule en quatre points[114] :
116
+
117
+ Le 24 novembre 2013 sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, lors d'une messe solennelle clôturant symboliquement l'« Année de la foi (de) », le pape expose pour la première fois les reliques de saint Pierre et remet sa première lettre d'exhortation apostolique Evangelii gaudium dont les principaux thèmes sont la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne[118].
118
+
119
+ Lors du Jeudi saint du 28 mars 2013, dans le cadre de la célébration de la Cène, François lave les pieds de détenus du centre de détention pour mineurs de Casal del Marmo, dans la banlieue de Rome. Alors que le missel romain ne prévoit que la présence d'hommes dans cette cérémonie (viri)[119],[120], François lave les pieds de deux femmes (comme il l'avait déjà fait en tant que cardinal, notamment à la maternité Sarda de Buenos Aires en 2005[121]). L'une est italienne catholique et l'autre serbe musulmane[119]. Il déclare faire « un signe qui est une caresse de Jésus », soulignant : « Je le fais avec amour, pour moi qui suis évêque et prêtre, c'est un devoir »[122].
120
+
121
+ Lors du premier entretien à la presse de son pontificat[123], publié simultanément en septembre 2013 dans La Civiltà Cattolica et quinze autres revues culturelles jésuites, il opère ce que les commentateurs décrivent comme une « ouverture historique »[124], une « rupture »[125] porteuses de réformes[126], ou encore un « aggiornamento »[127] parfois qualifié de « révolutionnaire »[128]. Dans cet entretien long de trente pages, François rappelle qu'« une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance » et « qu'on ne peut pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives »[123]. Il prône ainsi l'ouverture, la miséricorde et l'accompagnement de l’Église catholique vis-à-vis des personnes divorcées, des personnes homosexuelles ou encore des femmes qui ont subi un avortement, expliquant que « l'ingérence spirituelle dans la vie des personnes n'est pas possible »[123]. Il s'agit pour l'Église de trouver un nouvel équilibre sans quoi « l'édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler »[123].
122
+
123
+ Le pape, plaçant l'Évangile avant la doctrine[129], compare l’Église à un « hôpital de campagne » après une bataille : on attend d'elle qu'elle soigne les blessures « avant d'aborder le reste ». Il estime ainsi qu'il faut « commencer par le bas ». Concernant la place des femmes dans l'Église, il estime nécessaire « d’agrandir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église » et appelle à réfléchir‚ sur la place précise des femmes, […] là où s’exerce l’autorité dans les différents domaines de l’Église »[123].
124
+
125
+ Il entend rompre avec la tradition centralisatrice de la curie romaine en invitant les églises locales à jouer un plus grand rôle et invite à s'inspirer des églises orthodoxes en matière de collégialité et de synodalité, tout en jugeant nécessaire de rendre « moins rigides dans leur forme » les consistoires et synodes catholiques[123]. Ainsi, il promeut une vision renouvelée de l’œcuménisme, fondée sur la conviction que les confessions chrétiennes ont à apprendre les unes des autres[123].
126
+
127
+ Au début de l'année 2015, le cardinal Mario Aurelio Poli demanda au ministère argentin des cultes de considérer la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X comme une association de fidèles de droit diocésain. Le 17 mars, la FSSPX fut donc inscrite sur le registre des instituts de vie consacrée catholiques. En effet, en Argentine, le catholicisme bénéficie d’un statut protégé par la Constitution et tout institut se disant catholique doit obtenir une reconnaissance de l’Église catholique romaine pour bénéficier de ce statut. Selon un juriste argentin interrogé par le blog Adelante la Fe « c’est un geste unique qui dépasse toutes les avancées faites par Benoît XVI ». Il ajouta qu’« un tel geste n’a pu être posé sans l’aval de Rome », d’autant plus que Mgr Poli était le propre successeur du alors futur Pape à la tête de son diocèse; ce dernier ayant déjà aidé la FSSPX à obtenir des visas pour son séminaire[130].
128
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129
+ En décembre 2013, le pape reçoit brièvement à la Maison Sainte-Marthe Mgr Bernard Fellay, supérieur de la FSSPX, venu participer à une réunion de la commission Ecclesia Dei[131].
130
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131
+ Le 1er avril 2016, le pape reçoit de nouveau Mgr Fellay. Selon Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei, la rencontre fut « très cordiale et constructive » et « représente un pas supplémentaire sur le chemin de la réconciliation »[131]. Cependant, trois mois plus tard, Mgr Fellay lit à l'issue de la réunion des supérieurs de la communauté un communiqué rejetant la main tendue du pape en affirmant que la Fraternité « ne recherche pas avant tout une reconnaissance canonique »[132].
132
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133
+ Pendant le Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, allant du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, le saint-père a déclaré que les fidèles approchant les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X pour se faire confesser durant le dit jubilé, auraient la possibilité de recevoir l'absolution, licite et valide, pour leurs péchés[133],[134]. Dans la lettre Misericordia et misera signée le jour de la clôture du jubilé, il décide de prolonger cette autorisation « jusqu’à ce que soient prises de nouvelles dispositions »[135]. De même, le 4 avril 2017, par une lettre de la Commission pontificale Ecclesia Dei, signée par son président le cardinal Gerhard Ludwig Müller et explicitement approuvée par François, le Saint-Siège autorise et fixe les règles pour les mariages de fidèles catholiques par des prêtres de la FSSPX[136].
134
+
135
+ François a fait le souhait de se rapprocher des jeunes, comme son prédécesseur, par le réseau social Twitter, le but étant d'évangéliser par des tweets. Ils sont publiés en neuf langues sur le compte nommé @Pontifex.
136
+ En 2014 et en 2015, il est, selon le cabinet Burson-Marsteller, le leader mondial le plus influent sur Twitter[137].
137
+
138
+ En juillet 2017, son compte Twitter dépasse les 35 millions d'abonnés[138].
139
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140
+ Le 19 mars 2016, un compte est également ouvert sur Instagram sous le nom de Franciscus. Il annonce alors : « Un nouveau chemin débute pour parcourir avec vous les voies de la miséricorde et de la tendresse de Dieu »[139].
141
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142
+ François a joué un rôle clé dans la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis. Le Vatican a en effet accueilli, avec le Canada, les pourparlers secrets engagés entre les États-Unis et Cuba. Ces négociations ont été un sujet majeur de l'entretien entre le pape et Barack Obama lors de la visite du président américain au Vatican à la fin de mars 2014[140].
143
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144
+ En mars 2017, à l'occasion du 60e anniversaire du Traité instituant la Communauté économique européenne, il a adressé un message d'espérance aux dirigeants européens. Il a été salué dans la salle royale du Vatican par le président du Parlement européen Antonio Tajani, puis par le président du Conseil italien Paolo Gentiloni[141].
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146
+ Pour son premier déplacement à l'étranger, François se rend au Brésil où se déroulent du 23 au 28 juillet 2013 les 28e Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro. L'évènement, clôturé par une messe sur la plage de Copacabana, rassemble plus de trois millions de fidèles dans une atmosphère festive visant à concurrencer les Églises évangéliques[142] vers lesquelles de nombreux catholiques brésiliens se sont détournés.
147
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148
+ S'entretenant de façon imprévue avec la presse lors de son retour, il n'esquive aucune question, déclarant que la voie à l'ordination des femmes n'est pas d'actualité et que « si une personne est gay et qu'elle cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l'Église catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser les homosexuels. Ils sont nos frères. Le problème n'est pas d'avoir cette tendance, c'est de faire du lobbying »[143]. Pour certains observateurs, cette approche d'une église catholique engageant le dialogue « avec le monde » contraste avec la position plus timide du théologien Benoît XVI, davantage tourné vers les problèmes éthiques et préconisant une Église plus pure, au risque d'en réduire le nombre de fidèles[142].
149
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150
+ Le 8 juillet 2013, le pape se rend sur l'île italienne de Lampedusa située au large de la Tunisie, porte d'entrée en Europe pour de nombreux migrants africains. Cette visite, décidée quelques jours auparavant en réponse à une recrudescence d'arrivée de migrants, se déroule avec un protocole très allégé, sans représentant du gouvernement italien ni représentant de l'épiscopat italien autre que l'évêque du lieu. Elle a pour objectif d'attirer l'attention du monde sur la situation des migrants et fustiger « La culture du bien-être » qui rend les hommes « insensibles aux cris d'autrui (...) et aboutit à une globalisation de l'indifférence »[144].
151
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152
+ Le 5 juillet 2013 c'est à nouveau une région pauvre de l'Italie méridionale, le Molise, qu'il visite. Ce déplacement est motivé notamment par l'ouverture de l’année jubilaire célestinienne, en mémoire du pape Célestin V dont on célèbre le huit-centième anniversaire de la naissance et qui est resté dans l'histoire pour avoir renoncé à la charge pontificale[145].
153
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154
+ Le 22 septembre 2013, le pape effectue une visite pastorale à Cagliari en Sardaigne. Les questions liées à la dignité humaine face aux épreuves que constituent la maladie, le chômage ou la précarité sont au centre de ce voyage dans une région durement frappée par la crise économique[146].
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+ Quelques jours plus tard, le 4 octobre 2013, en la fête de Saint François, le pape reprend son bâton de pèlerin et se rend à Assise, pour un déplacement à portée plus spirituelle sur les traces de celui dont il a pris le nom[147].
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158
+ Le 21 juin 2014, le pape se rend en visite pastorale en Calabre dans le diocèse de Cassano all'Ionio, diocèse dont l'évêque n'est autre que Nunzio Galantino, secrétaire général de la CEI. Dans cette région marquée par la puissance de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, il est allé à la rencontre des détenus de la prison de Castrovillari, puis a rencontré le clergé du diocèse à la cathédrale avant de célébrer une messe devant 250 000 fidèles au cours de laquelle il déclare « La Ndrangheta est ceci : adoration du mal et mépris du bien commun. [...] Ceux qui dans leur vie suivent cette voie du mal, comme le sont les mafieux, ne sont pas en communion avec Dieu : ils sont excommuniés ». Cette excommunication intervient trois mois après la veillée à Rome avec les victimes de la mafia italienne au cours de laquelle il avait imploré les mafieux à changer de comportement[148].
159
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160
+ Les 21 et 22 juin 2015, François se rend à Turin à l'occasion de l'ostension du Saint-Suaire[149]. Trois jours après la publication de l'encyclique Laudato si', il lance de nouveau un appel à dire « « non » à une économie du déchet » et au contraire à prêter attentions aux plus pauvres, aux plus faibles et aux migrants[150]. Ce voyage est aussi pour lui une occasion de retrouver ses racines piémontaises et de rencontrer une partie de sa famille résidant à Turin[151].
161
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162
+ Le 10 novembre 2015, il se rend à Florence et Prato à l'occasion du 5e congrès ecclésial italien[152]. Le 20 septembre 2016, il se déplace à Assise pour la clôture de la 30e journée mondiale de prière pour la paix, en présence de nombreux dignitaires d'autres religions[153].
163
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164
+ Le 25 mars 2017, le pape effectue une visite à Milan, initialement programmée en 2016 et repoussée en raison du Jubilé de la Miséricorde, où il visite un quartier populaire avant de rencontrer le clergé et les séminaristes du plus grand archidiocèse d'Europe au Duomo puis de partager le déjeuner des détenus de la prison San Vittore. Plus tard dans la journée, il célèbre une messe à Monza devant un million de fidèles et rencontre les jeunes rassemblés au stade San Siro[154].
165
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166
+ Huit jours plus tard, le 2 avril 2017, il se rend à Carpi en Émilie-Romagne, dans une région lourdement touchée par un séisme en 2012[155].
167
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168
+ Le 10 mars 2020, contrairement aux consignes données par les États et les autorités sanitaires, il appelle les prêtres à avoir « le courage » de rencontrer les personnes atteintes par le Covid-19[156]. Lors d’une messe à la Résidence Sainte-Marthe au Vatican, le 20 mars 2020, le pape explique, en s’appuyant sur le Catéchisme de l’Église catholique : « Si tu ne trouves pas de confesseur, il faut que tu t’adresses directement à Dieu [pour lui demander son pardon] » ; il précise la nécessité d’aller se confesser après la pandémie[157]. Dans la basilique Saint-Pierre, lors de la messe des Rameaux, loin de la cérémonie romaine habituelle, il appelle à regarder « les vrais héros », à savoir « ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres »[158].
169
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170
+ La première encyclique du pape François intitulée Lumen fidei (« la lumière de la foi ») est présentée le 5 juillet 2013. Cette encyclique, signée de François, est le fruit d'un travail largement entamé sous le pontificat de Benoît XVI, travail repris et complété par le nouveau pape. Publiée au cours de l'année de la foi, elle forme avec les encycliques de Benoît XVI Deus caritas est et Spe salvi une trilogie sur les vertus théologales (charité, espérance et foi)[159].
171
+
172
+ Sa deuxième encyclique, Laudato si' (« Loué sois-tu ! ») est présentée le 18 juin 2015. Quelques mois avant la conférence de Paris sur les changements climatiques, c'est la première encyclique à traiter spécifiquement des questions liées à la sauvegarde de la Création, à l'écologie intégrale et au développement durable. Dans cette encyclique, il constate les effets des activités humaines sur l'environnement (réchauffement climatique...), critique le court-termisme de notre civilisation, voit dans « la globalisation du paradigme technocratique » la cause de la crise écologique actuelle, se préoccupe de l'« inégalité planétaire » entre les pays du Nord et les pays du Sud et notamment des pays les plus pauvres, se montre attentif aux besoins des générations futures[160].
173
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174
+ Cette encyclique est considérée par le CERAS comme le document magistériel le plus important depuis le concile Vatican II[161].
175
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176
+ À l'occasion de cette encyclique, la revue Forbes rappelle alors que, comparé aux candidats à la présidence des États-Unis, le pape est le seul a posséder une expérience scientifique, le seul à exercer des responsabilités sur une population plus vaste que celle des États-Unis, et le seul à se fixer une feuille de route concernant l'équilibre durable de la Terre et de toute forme de vie existant dessus[162]. Pour Gérard Leclerc, il « s’engage très fort, avec l’Église entière, en faveur d’une remise en cause drastique des fondamentaux de la civilisation industrielle »[163].
177
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178
+ Sa première lettre d'exhortation apostolique, Evangelii gaudium (« La joie de l'Évangile »), est émise le 24 novembre 2013. Cette exhortation veut montrer que l'évangélisation est constitutive de l'Église et de la vie chrétienne et indique des points non négociables : le « sacerdoce réservé aux hommes » et la dignité des enfants à naître, autrement dit le refus de tout avortement. « On ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position sur cette question », prévient-il[164].
179
+
180
+ Sa seconde lettre d'exhortation apostolique, Amoris laetitia[165] (« La Joie de l'amour ») est émise le 19 mars 2016 et conclut les Synodes sur la famille de 2014 et 2015[166]. Elle donne la position actuelle de l'Église catholique sur la famille et la vie conjugale[167], et définit le discernement pour l'accès aux sacrements pour des divorcés remariés. Le pape y décrit notamment les attitudes pour un amour épanoui, et des thèmes comme la sexualité et l’érotisme[168], en soulignant pour la première fois l'importance de l'éducation sexuelle des enfants par les parents.
181
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182
+ Gaudete et exsultate, en date du 19 mars 2018 et publiée le 9 avril suivant traite de « l'appel à la sainteté dans le monde actuel ».
183
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184
+ Christus Vivit (« Il vit, le Christ »), émise le 25 mars 2019, traite de la jeunesse dans le monde à la suite du synode des 3-28 octobre 2018 et ayant pour thème « les jeunes, la foi et le discernement des vocations »[169].
185
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186
+ Le 12 février 2020 est publiée l'exhortation apostolique Querida Amazonia[170], qui fait suite au Synode des évêques sur l'Amazonie tenu à Rome en octobre 2019.
187
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188
+ Comme jésuite, Jorge Bergoglio a fait vœu de pauvreté. Comme archevêque et cardinal, il a mené une vie très simple, préférant par exemple emprunter les transports en commun plutôt qu'une voiture de fonction, et porté un intérêt particulier à la situation des pauvres[171]. Il a accepté en 1999 d'être membre honoraire du Rotary Club de Buenos Aires[172].
189
+
190
+ En tant que cardinal, il a dénoncé le « libéralisme sauvage d'un monde globalisé »[173], il lui est aussi arrivé d'aller passer la nuit dans un bidonville, chez l'un de ses prêtres menacé par les trafiquants de drogue[173]. Sa devise Miserando atque eligendo (« En ayant pitié [en aimant] et en choisissant ») montre l'intérêt du cardinal Bergoglio pour le problème du rejet, de l'exclusion et de toutes les sortes de misères[174].
191
+
192
+ En septembre 2009, s'exprimant au cours d'une conférence[j] sur « la dette sociale de notre temps »[k], il reprend le document de 1992 « Documento de Santo Domingo »[175] du Conseil épiscopal latino-américain, en disant que « la pauvreté extrême et les structures économiques injustes qui causent de grandes inégalités » sont des violations des droits de l'homme[176],[177],[178]. Il décrit également la dette sociale comme « immorale, injuste et non légitime »[179].
193
+
194
+ En 2013, plusieurs médias argentins et américains l'accusent d'être marxiste. Il s'en défend dans une interview à La Stampa, indiquant que « l'idéologie marxiste est erronée, mais dans ma vie j'ai rencontré de nombreux marxistes qui étaient des gens biens », dénonçant toutefois le fétichisme de l'argent et la dictature de l'économie sans visage et sans un but véritablement humain. Il défend par ailleurs un renforcement de l'État dans le contrôle de l'économie. Ces propos tranchent historiquement avec la doctrine sociale de l'Église, qui a toujours promu la responsabilité personnelle et la liberté d'entreprise[180].
195
+
196
+ En mai 2012, il critique sévèrement certains prêtres argentins qui — dans ce qu'il décrit comme un « néo-cléricalisme » détournent les sacrements de leur objet — refusent de baptiser les enfants de mères célibataires, affirmant que dénier le baptême aux enfants nés hors mariage est une forme de « gnosticisme hypocrite pharisien »[181] qui éloigne les gens du salut. L'archevêque de Buenos Aires appelle au contraire le clergé à aller au-devant des familles éloignées de la pratique religieuse pour proposer le baptême ; avec ses confrères il publie un guide sur « le baptême comme clef de la mission » pour proposer des moyens de vaincre les réticences[182],[183].
197
+
198
+ Alors qu'il était encore cardinal en Argentine, il affirmait à un journaliste que l’Église n’est pas contre l’éducation sexuelle[21], même s'il admet que l'Église n'a pas toujours abordé cette question de manière appropriée :
199
+
200
+ « Je crois qu’il doit y en avoir durant toute la phase de croissance des enfants, adaptée à chaque étape. En réalité l’Église a toujours donné une éducation sexuelle, même si j’admets qu’elle ne l’a pas toujours fait de manière adéquate. Ce qui se passe c’est qu’actuellement un grand nombre de ceux qui agitent les drapeaux de l’éducation sexuelle la conçoivent comme séparée de la personne humaine. Au lieu de compter sur une loi pour l’éducation sexuelle, pour que la personne soit totale, pleine, pour l’amour, on tombe alors dans une loi pour la génitalité. Et notre objection est là. Nous ne voulons pas que la personne humaine soit dégradée. C’est tout[21] ! »
201
+
202
+ Ainsi que le rappellent l'historien Hervé Yannou ou la revue jésuite America, le cardinal Bergoglio a toujours été « conservateur » sur le plan doctrinal[17], en particulier sur les questions familiales et éthiques relatives à la vie[40]. Concernant l'euthanasie, suivant la doctrine traditionnelle de l’Église catholique, il s'y est opposé publiquement.
203
+
204
+ Concernant l'avortement, il estime que c'est davantage un problème d'éthique, au-delà même du religieux, considérant qu'un être humain existe dès la « formation de son code génétique » : selon lui l'avortement est une privation du « premier des droits de l'homme, celui du droit à la vie. Avorter c'est tuer quelqu'un sans défense »[184] et ce n'est « jamais une solution »[185]. Il est ainsi opposé à l'avortement même en cas de viol de la mère, qualifiant de « lamentable » la loi argentine le dépénalisant, estimant avec la Conférence épiscopale argentine que lorsqu’on parle d’une femme enceinte, il s'agit de deux vies « qui doivent être préservées et respectées, car la vie est une valeur absolue ». Il explique : « La femme enceinte ne porte pas en elle une brosse à dents, ni une tumeur. La science enseigne que dès le moment de sa conception le nouvel être possède tout son code génétique. C’est impressionnant. Ce n’est donc pas une question religieuse, mais une question clairement morale avec des bases scientifiques, car nous sommes en présence d’un être humain »[21].
205
+
206
+ « Sur la femme » est le titre du chapitre 13 du livre d’entretien avec le rabbin Abraham Skorka paru en 2010[186]. À l’exemple de Jean-Paul II et du cardinal Ratzinger, Jorge Bergoglio se concentre sur la spécificité féminine. Il l'identifie à la figure de la mère tendre et accueillante. D’emblée c’est pour justifier l’impossibilité pour les femmes d’accéder à la prêtrise : « Dans le catholicisme, par exemple beaucoup de femmes conduisent une liturgie de la parole mais elles ne peuvent pas exercer le sacerdoce car dans le christianisme le souverain prêtre est Jésus, un homme. Et la tradition fondée théologiquement est que le sacerdoce passe par l’homme. La femme possède une autre fonction dans le christianisme, reflétée dans la figure de Marie. C’est elle qui accueille, qui contient, la mère de la communauté. La femme possède le don de la maternité, de la tendresse ».
207
+
208
+ Selon lui, ce rôle spécifique n’est pas le produit du machisme ; au contraire « si toutes ces richesses ne sont pas intégrées, une communauté religieuse se transforme en une société non seulement machiste mais aussi austère, dure et sacralisée ». Il déplore la « tentation machiste » dans l’Église qui a empêché de rendre visible la place des femmes dans la communauté. Il ajoute que « le fait que la femme ne puisse pas exercer le sacerdoce ne signifie pas qu’elle soit moindre qu’un homme » car Marie est « supérieure aux apôtres ».
209
+
210
+ Concernant la place des femmes dans la société, il déplore qu’au cours de l’histoire la femme « a été la plus frappée » et qu'elle a été traitée comme « un objet d’usage, une marchandise, une esclave et reléguée au second plan » malgré l’exemple des femmes héroïques de la Bible telles Ruth ou Judith. Mais il critique la « philosophie féministe ». Maintenant que « les féministes du XXe siècle ont obtenu ce qu’elles voulaient », placer les femmes dans une « lutte revendicative » leur ferait courir le risque d’un « machisme en jupons ».
211
+
212
+ Le cardinal Bergoglio s'est opposé, en vain, au projet de loi argentin de mariage entre personnes de même sexe[187].
213
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214
+ Ses positions ont pour cadre l'enseignement de l'Église catholique[187] qui appelle au respect des personnes homosexuelles (« Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste ») mais désapprouve les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés[précision nécessaire] » car ils « ferment l'acte sexuel au don de la vie »[188].
215
+
216
+ Dans une lettre du 22 juin 2010 aux moniales carmélites de la capitale argentine, le cardinal Bergoglio explique qu'il s'oppose au projet de loi afin de défendre « l'identité et la survie de la famille : père, mère et enfants » contre « le dessein du Démon, responsable du péché en ce monde, qui cherche sournoisement à détruire l’image de Dieu : un homme, une femme, qui reçoivent le mandat de croître, de se multiplier, et de dominer la terre. Ne soyons pas naïfs : il ne s’agit pas seulement d’un combat politique ; il s'agit de la prétention de détruire le plan de Dieu »[189]. La présidente argentine a jugé que les expressions « guerre de Dieu »[190] et « projets du démon »[191] « renvoient à l'époque de l'Inquisition, aux temps médiévaux »[192].
217
+
218
+ Le 5 juillet 2010, il adresse une lettre[193] au responsable de la Commission épiscopale pour les laïcs afin de soutenir la manifestation qu'il a initiée contre le projet de loi. Il le félicite car cette manifestation « ne sera pas dirigée contre des personnes étant donné que nous ne voulons pas juger ceux qui pensent et ressentent différemment que nous ». Il ajoute : « Je vous en conjure, qu'il n'y ait de votre part, ni dans vos paroles ni dans vos cœurs, aucune marque d'agressivité ou de violence envers aucun frère. Nous Chrétiens agissons comme les serviteurs de la vérité et pas comme ses maîtres ». Il présente « l'union d'un homme et d'une femme comme une réciproque réalisation, attention et soin et comme le chemin naturel pour la procréation. Cela confère au mariage une transcendance sociale et un caractère public. Le mariage précède l'État, il est le socle de la famille, la cellule de la société, antérieure à toute loi et même à l'Église. Par conséquent, l'adoption du projet de loi serait un grave recul anthropologique. Le mariage (formé d'un homme et d'une femme) n'est pas la même chose que l'union de deux personnes de même sexe. Distinguer n'est pas discriminer, mais respecter ; différencier pour discerner consiste à évaluer correctement, pas à discriminer. […] Nous ne pouvons pas enseigner aux générations futures qu'il est équivalent de se préparer à développer un projet familial fondé sur un engagement de relation stable entre un homme et une femme, que de vivre avec une personne du même sexe […] ».
219
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220
+ Dans un livre de dialogue avec le rabbin Abraham Skorka publié en décembre 2010 sous le titre Sobre el cielo y la tierra[194], Jorge Bergoglio estime que « dans une union de type privé, ne sont affectées ni tierce personne ni la société. Maintenant si on lui donne le statut matrimonial et que l’adoption reste autorisée, les enfants pourraient être affectés. Toute personne a besoin d'un père masculin et d'une mère féminine qui l'aident à former son identité »[195].
221
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222
+ Le théologien Leonardo Boff rapporte néanmoins que le cardinal aurait « approuvé expressément qu'un couple d'homosexuels adopte un enfant »[196].
223
+
224
+ Quant au biographe de l'archevêque, Sergio Rubín, il explique que le cardinal, conscient de la difficulté de s'opposer au mariage gay, avait initialement voulu inciter les évêques à militer en faveur de l'union civile et ce n'est qu'à la suite du refus de sa conférence épiscopale qu'il s'était engagé dans une lutte plus âpre, sans succès[197].
225
+
226
+ Dans une interview accordée en septembre 2013 aux revues jésuites, le pape François se refuse à condamner les personnes homosexuelles en tant que telles, déclarant : « L'ingérence spirituelle dans la vie des personnes n'est pas possible. Un jour, quelqu'un m'a demandé d'une manière provocatrice si j'approuvais l'homosexualité. Je lui ai alors répondu avec une autre question : « Dis-moi : Dieu, quand il regarde une personne homosexuelle, en approuve-t-il l'existence avec affection ou la repousse-t-il en la condamnant ? » Il faut toujours considérer la personne »[198].
227
+
228
+ Interrogé sur le droit de refuser de célébrer un mariage homosexuel, il a considéré le 28 septembre 2015 que le droit d'objection de conscience était un « droit humain »[199]. Cependant, la Cour européenne des droits de l'homme n'a jamais reconnu de droit à l'objection de conscience pour d'autres actes que le service militaire[200].
229
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230
+ Le 26 août 2018, au cours de la traditionnelle interview à bord de l'avion le ramenant de son voyage en Irlande, le Pape répond à la question du journaliste Javier Romero du groupe Rome Reports TV portant sur « ce qu’il conseillerait à un père auquel son enfant confie son homosexualité »[201]. Un extrait de sa réponse : « Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. » est alors relayée par la presse et suscite ainsi une vive polémique[202], le Vatican modifie le lendemain la déclaration du Pape précisant que le Pape n'a pas voulu évoquer une maladie psychiatrique[203], mais que « quand le pape se réfère à psychiatrie, il est clair qu’il cite cela comme un exemple, parmi « différentes démarches qu’ils peuvent faire ». Avec ce mot, il ne voulait pas dire qu’il s’agit d’une « maladie psychiatrique », mais que cela a peut-être quelque chose à voir avec la psychologie ». Certains vaticanistes précisent ensuite que la citation de départ a été complètement sortie de son contexte, rappelant ainsi notamment que le début de la réponse commençait par « Je dirais d’abord à ce papa de prier, de ne pas condamner, de dialoguer, de comprendre, de faire place à son fils ou à sa fille afin qu’il s’exprime », et finit notamment par « Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité : « Tu es mon fils, tu es ma fille, tel que tu es. Je suis ton père ou ta mère : parlons ». »[201].
231
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232
+ En 2015, il reçoit un homme transgenre rejeté par sa famille, et qui est venu avec sa compagne pour demander du soutien au pape. Ce dernier l'a donc reçu en visite privée. Il indique ensuite ne pas vouloir revoir la position de l'Église sur la transidentité et l'homosexualité, mais voudrait créer une « nouvelle culture » dans cette dernière, « plus accueillante » pour les personnes homosexuelles et transgenres[204].
233
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234
+ En 2016, il répond aux questions des journalistes dans son avion le ramenant du Caucase à Rome, et en profite pour reparler de cet échange : « Il a changé son identité civile, s’est marié et m’a écrit une lettre pour me dire que pour lui ce serait une consolation de venir avec son épouse : lui, qui était elle, mais est lui. Et je les ai reçus. Ils étaient contents ». Néanmoins, François précise que même s'il soutient les personnes transgenres et que ces dernières sont acceptées par Dieu et doivent être acceptées par l'Église, il considère l'enseignement des théories liées aux stéréotypes de genre à l'école comme une « colonisation idéologique », employant même le terme controversé « théorie du genre », et critiquant les manuels scolaires français, qui selon lui seraient des instruments pour changer les mentalités[205]. Il ajoute également : « ne dites pas que le pape sanctifiera les trans, je vois déjà les titres des journaux ! C'est un problème moral qui doit se résoudre comme on peut, mais toujours avec miséricorde »[206].
235
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236
+ En 2017, lors d'un discours prononcé devant l'Académie Pontificale pour la Vie il réitère sa position, indiquant qu'il refuse les opérations chirurgicales de réassignation sexuelle en tant que « manipulation des différences entre les sexes », car elles rendent pour la plupart les personnes trans stériles[207].
237
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238
+ Jorge Mario Bergoglio a été membre depuis la fin des années 1960 d’une organisation péroniste dite OUTG (Organisation unique du transfert générationnel) elle-ci se consacrait à la formation de jeunes cadres du péronisme, mouvement à la fois social et très hostile au marxisme[208]. Le politologue Paul Ariès explique dans le livre La face cachée du pape François (Max Milo, 2016) que l'OUTG résulte de la fusion d'un mouvement intitulé La Garde de fer et d'une autre organisation de la même mouvance idéologique. À la différences d'autres organisations péronistes, La Garde de fer rejetait la lutte armée comme méthode d'action contre la dictature[209]. Fin 1974, alors qu’il était provincial des jésuites depuis un an, il confia le contrôle de l’Université jésuite del Savaldor à d’anciens membres de cette organisation, qui venait d’être dissoute. Il fut de ceux qui ont voulu préserver l’héritage social du péronisme. Dans un livre d’entretien, El Jesuita, publié en 2010, il présente son parcours et insiste sur le fait que sa ligne a toujours été le souci des pauvres, l’organisation en leur faveur des structures sociales et l’évangélisation en ce sens.
239
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240
+ En 2002, dans une longue annexe sur le poème épique Le gaucho Martin Fierro de l'Argentin José Hernández (1834-1886), il développe des réflexions sur la notion de « patrie ». Il publie encore deux livres sur le même thème au sortir de la crise argentine : La patrie sur les épaules en 2004 et La nation comme responsabilité en 2005. Son attitude critique vis-à-vis du gouvernement des époux Kirchner a porté simultanément sur la faiblesse de leur politique sociale et sur la remise en cause du fondement catholique de l’identité de la nation argentine[210][réf. non conforme]. Ses relations avec Cristina Kirchner s’améliorent par la suite[211].
241
+
242
+ Dans le livre d'entretien Le Jésuite[212], le cardinal Bergoglio expose : « J'aime bien parler de la patrie, pas de pays ou de nation. Le pays est en dernière instance un fait géographique et la nation un fait légal, constitutionnel. En revanche, la patrie est ce qui donne l'identité. D'une personne qui aime le lieu où elle vit, on ne dit pas qu'elle est une payiste ou une nationaliste, mais une patriote. Patrie vient de père ; c'est elle comme je l'ai dit qui reçoit la tradition des pères, la poursuit, la fait progresser. la patrie est un héritage des pères dans le présent qui doit être perpétué. C'est pourquoi ceux qui parlent d'une patrie détachée de son héritage, aussi bien que ceux qui veulent la réduire à l'héritage sans lui permettre de croître, font erreur ».
243
+
244
+ Il déclare : « La douleur est un champ ouvert. Le ressentiment est comme une maison habitée par beaucoup de gens entassés, qui ne voient pas le ciel. La douleur, au contraire, c'est comme une ville où il y a foule, mais où l’on voit le ciel. Autrement dit la douleur est ouverte à la prière, à la tendresse, à la compagnie d’un ami, à mille choses qui donnent de la dignité à la personne. La douleur est une situation plus saine. C’est ce que me dit mon expérience »[21].
245
+
246
+ La démarche phare durant son pontificat est sa rencontre avec le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople lors de son premier voyage en terre Sainte en mai 2014, au cours de laquelle ils signent une déclaration commune dans laquelle ils affirment que cette rencontre est « une nouvelle et nécessaire étape sur la route de l’unité »[213].
247
+
248
+ Dans le cadre de la préparation du 50e anniversaire de l'encyclique Nostra Aetate, et d'un colloque sur cette déclaration conciliaire (fondatrice du dialogue interreligieux contemporain et marquant la réconciliation judéo-catholique), organisé au siège des Nations unies à New York le 16 décembre 2015[214], il rencontrera, le 9 décembre 2015, quelques participants lors d'une audience au Vatican, dont l'écrivain et philosophe français Bernard-Henri Lévy[215],[216].
249
+
250
+ En février 2016, il rencontre le patriarche Cyrille Ier de Moscou à Cuba afin d'intensifier les relations œcuméniques entre les Églises orthodoxe et catholique[217].
251
+
252
+ Les responsables de la communauté islamique de Buenos Aires accueille « avec enthousiasme » la nouvelle de l'élection de Bergoglio comme pape, notant qu'« il s'est toujours présenté comme un ami de la communauté islamique », et en faveur du dialogue[218], citant sa réaction à l'incident survenu lorsque Benoît XVI a cité un document médiéval qui décrivait Mahomet « comme maléfique et inhumain »[219]. Selon eux, Bergoglio a pris immédiatement ses distances avec la citation[219]. Bergoglio a visité une mosquée et une école islamique en Argentine, des visites que le Cheik Mohsen Ali, directeur de la diffusion de Islam, a qualifiées d'actions renforçant la relation entre les communautés catholique et islamique[218]. Dr Sumer Noufouri, secrétaire général du Centre islamique de la République argentine (CIRA) voit également l'élection de Bergoglio comme pape, comme une cause de joie et d'espoir de renforcement du dialogue entre les religions[218]. Noufouri a dit que la relation entre le CIRA et Bergoglio pendant une dizaine d'années avait aidé à construire un dialogue islamo-chrétien d'une façon réellement significative dans l'histoire des relations entre les religions monothéistes en Argentine[218]. Ahmed el-Tayeb, grand imam d'Al-Azhar et président de l'université Al-Azhar en Égypte, envoie ses félicitations après l'élection du pape[220]. Al-Tayeb avait « interrompu les relations avec le Vatican » pendant le pontificat de Benoît XVI, si bien que sa déclaration a été interprétée comme un « signe d'ouverture » pour l'avenir[220].
253
+
254
+ Peu après son élection, lors d'une réunion avec les ambassadeurs de 180 pays accrédités auprès du Saint-Siège, le pape François appelle à davantage de dialogue inter-religieux, « en particulier avec l'Islam »[221]. En 2017, il demande à ce que les droits des Rohingya, musulmans de Birmanie persécutés par le régime en place, soient respectés[222].
255
+
256
+ Le 23 mai 2016, une rencontre qualifiée d’historique a eu lieu au Vatican entre Ahmed el-Tayeb et le pape François[223],[224]. À cette visite suit, le 28 avril 2017, celle du pape à l'université al-Azhar[225]. Le 4 février 2019, Ahmed el-Tayeb rencontre à nouveau le pape François à Abu Dahbi, et signe avec lui un Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune[226].
257
+
258
+ En voyage au Maroc en mars 2019, il met en garde les chrétiens du pays contre le « prosélytisme », et précise que « l'Église croît non par prosélytisme mais par le témoignage » et conseille : « Continuez à vous faire proches de ceux qui sont souvent laissés de côté, des petits et des pauvres, des prisonniers et des migrants »[227].
259
+
260
+ Le cardinal Bergoglio a maintenu des relations suivies avec la communauté juive, par exemple en participant à des offices de Hanoucca ou de Seli'hot ou à des commémorations de la Nuit de Cristal et de l'attentat de 1994 contre la communauté juive argentine, auquel il apporte sa solidarité et demande justice[228]. Il s'est rendu à la synagogue de Buenos Aires, et y a « examiné son cœur »[229] et visite les lieux saints chrétiens en Israël en 1973[230]. Il a aussi coécrit l'ouvrage À propos du ciel et de la terre (en version originale Sobre el cielo y la tierra) avec le rabbin Abraham Skorka[231], recteur du Séminaire rabbinique latino-américain. Les deux auteurs y exposent leurs vues sur Dieu, le fondamentalisme, les athées, la mort, la Shoah, l'homosexualité ou le capitalisme[232].
261
+
262
+ Dès son élection, il adresse un message au grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni où il annonce son intention de contribuer au dialogue avec les juifs, dans un esprit de « collaboration renouvelée[233],[234] » et annonce que « de par leurs racines communes avec les juifs, les catholiques ne doivent pas être antisémites »[235]. Julio Schlosser, Rabbin de Buenos Aires, affirme être un ami du pape[230].
263
+
264
+ Le 28 mars 2013, le pape François affirme que le lien entre Catholiques et Juifs est un lien spirituel « très spécial »[230]. En octobre 2013, il condamne l'antisémitisme, et adresse une prière : « Que l'antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de chaque homme et de chaque femme ». Il s'unit à la commémoration de la déportation des Juifs de Rome en 1943 et déclare notamment : « Notre devoir est de garder bien présent devant nos yeux le destin de ces déportés, de percevoir leur peur, leur douleur, leur désespoir, pour ne pas les oublier »[236],[230].
265
+
266
+ En 2015, il affirme que ceux qui ne reconnaissent pas le peuple Juif et l'État Juif, et leur droit à l'existence, sont coupables d'antisémitisme[237],[230]. En décembre, il condamne à nouveau l'antisémitisme et affirme que le Vatican fait tout son possible avec ses amis Juifs[230].
267
+
268
+ En 2016, il est le troisième pape à se rendre au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et adresse une prière : « Seigneur, ait pitié de ton peuple, Seigneur pardon pour tant de cruauté »[238].
269
+
270
+ En 2019, le pape déplore de « voir combien aujourd'hui commence à renaître ici ou là l'habitude de persécuter les juifs », il déclare « Ce n'est ni humain ni chrétien. Ils sont nos frères et ne doivent pas être persécutés, c'est bien compris ? »[239].
271
+
272
+ En 2020, il accueille une délégation du Centre Simon-Wiesenthal, et réaffirme qu'il ne faut pas perde la mémoire de la Shoah et réaffirme « Je ne me lasse pas de condamner fermement toute forme d’antisémitisme »[240],[230].
273
+
274
+ Dès 2014, le pape François a travaillé sur une encyclique sur l'« écologie de l'humanité »[85]. Cette encyclique, Laudato si', datée du 24 mai 2015, a été officiellement rendue publique le 18 juin 2015. C'est la première encyclique qui porte sur la sauvegarde de la Création (son sous-titre est « sur la sauvegarde de la maison commune »), l'écologie intégrale et le développement durable. Le pape aborde la question du réchauffement climatique, qui devait être discutée lors de la conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21) en novembre/décembre 2015. Bien qu'il demande l'utilisation des énergies renouvelables au lieu des combustibles classiques, il pense que ce ne serait pas suffisant, sauf si la société refuse les appétits illimités de la consommation.
275
+
276
+ Alors qu'il préparait l'encyclique, il a soutenu une réunion de l'Académie pontificale des sciences en avril 2015, qui a porté sur les liens reliant la pauvreté, le développement économique et le changement climatique. La réunion comportait des présentations et des discussions par des scientifiques, des chefs religieux, et des économistes. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui exhortait les dirigeants mondiaux à un changement lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques en décembre 2015, a prononcé le discours d'ouverture.
277
+
278
+ Le lundi 10 août 2015, François a publié une lettre instituant le 1er septembre comme Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, rejoignant ainsi la pratique instituée par le patriarcat œcuménique de Constantinople[241].
279
+
280
+ Le 31 août 2016, il a institué un « dicastère pour le service du développement humain intégral » dont le large champ de compétence inclut la protection de la Création. Ce dicastère comprend trois commissions dont l'une est spécifiquement vouée à l'écologie[242].
281
+
282
+ Le 1er septembre 2016, à l'occasion de la deuxième journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, et dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde, il appelle les fidèles chrétiens, citant l'encyclique Laudato si', « à une profonde conversion intérieure » et propose d'inclure la sauvegarde de la Création dans les Œuvres de miséricorde[243].
283
+
284
+ Le 24 mai 2020, à l'occasion du cinquième anniversaire de son encyclique sur la sauvegarde de la maison commune, François lance une année Laudato si' (24 mai 2020 - 24 mai 2021). Cette initiative fait suite à la Semaine Laudato Si’, convoquée par le pape du 16 au 24 mai 2020, qui a impliqué les communautés catholiques du monde entier, permettant aux paroisses, diocèses, congrégations religieuses, associations, écoles et autres institutions d’approfondir leur engagement pour la sauvegarde de la Création et la promotion d'une écologie intégrale[244].
285
+
286
+ Au terme de l'audience générale du mercredi 24 avril 2013, le pape affirme aux grands-mères de la place de Mai présentes qu'elles peuvent « compter sur [lui] » concernant l’ouverture des archives de l’Église au sujet de la dictature argentine[245]. La semaine suivante, à l'occasion de la Fête du Travail, suivant ses prises de position plusieurs fois affirmées, il appelle à son audience hebdomadaire place Saint-Pierre les dirigeants politiques à « relancer le marché du travail » et lutter contre le chômage qui résulte pour lui « d'une vision économique de la société fondée sur le profit égoïste en dehors des règles de justice sociale », les appelant à se consacrer à la création d'emplois car « le travail est essentiel pour la dignité »[246]. Dénonçant le « travail d'esclave »[l], il affirme que « ne pas verser un salaire juste, ne pas donner du travail parce qu'on ne regarde que les comptes d'une entreprise, rechercher le seul profit - tout cela est contraire à Dieu »[247].
287
+
288
+ Le 24 mai 2014, devant des réfugiés de Syrie et d’Irak et de jeunes handicapés, en Jordanie, il demande : « Qui vend les armes à ces gens pour faire la guerre ? Voici la racine du mal ! La haine et la cupidité de l’argent dans la fabrication et dans la vente des armes. Cela doit nous faire penser à qui est derrière, qui donne à tous ceux qui sont en conflit les armes pour continuer le conflit ! Pensons, et, dans notre cœur, disons aussi une parole pour ces pauvres gens criminels, afin qu’ils se convertissent[248]. »
289
+
290
+ Au cours d'un voyage au Chili en janvier 2018, le pape François rend hommage aux milliers de victimes de la dictature d'Augusto Pinochet en leur dédiant une messe. Cette attitude semble ainsi contraster avec celle de son prédécesseur Jean-Paul II, qui lors de son voyage en 1988 n'avait, selon le journal Le Monde, pas renvoyé l'image d'une contestation du régime dictatorial[249].
291
+
292
+ Au cours d'un discours à l'Académie pontificale des sciences, François déclare croire à l'évolution des espèces et au Big Bang, tout en affirmant que ces deux concepts ne sont pas « en contradiction avec l'existence d'un créateur », mais au contraire « la requièrent »[250]. La théorie du Big Bang a été elle-même élaborée par le chanoine catholique belge Georges Lemaître, professeur à l'Université Catholique de Louvain (et reprise plus tard par Hubble).
293
+
294
+ Il tient régulièrement un discours d'accueil et d'appel à la « générosité » envers les réfugiés[251]. Il accueille une famille de réfugiés syriens au Vatican[252].
295
+
296
+ Fin 2018, il apporte son soutien au controversé Pacte mondial sur les migrations, dit « Pacte de Marrakech »[253]. Il prône « l'élargissement de canaux migratoires réguliers », appelant à « offrir aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d'entrée sûre et légale dans les pays de destination »[254].
297
+
298
+ Ses prises de position sur l'immigration divise l'Église et lui attire notamment les critiques du cardinal Sarah, qui déplore « l'effondrement de l'Occident » et une « crise culturelle et identitaire »[255].
299
+
300
+ Le pape François condamne l'individualisme libéral et la croyance en un « progrès matériel sans limite »[256]. Rappelant que le bien commun compte davantage que la propriété privée, il dénonce le fétichisme de la marchandise, la « vision consumériste de l'être humain » qui « tend à homogénéiser les cultures » et le pouvoir de l'argent[256]. Ces positions ont suscité chez certains de ses détracteurs des accusations de crypto marxisme[257] ou d'« antilibéralisme radical »[258].
301
+
302
+ Jeune, il a pratiqué le basket-ball[21], mais comme nombre d'Argentins, Jorge Mario Bergoglio apprécie grandement le football. De fait, depuis l'enfance, il est supporter du Club Atlético San Lorenzo de Almagro[259], situé dans le quartier porteño populaire de Boedo. Ce club dont le collectif est usuellement surnommé los Santos (« les Saints »), fait partie avec River Plate, Independiente, Boca Juniors et Racing des Cinq grands du football argentin. Il apprécie beaucoup son compatriote Lionel Messi qui évolue au FC Barcelone[260].
303
+
304
+ Enfant, il collectionnait les timbres[21].
305
+
306
+ Il aime beaucoup lire et il s'intéresse à la musique : dans le domaine musical, il cite l'ouverture Leonore III (nom donné à la troisième version de la pièce instrumentale placée en ouverture de l'opéra Fidelio, de Beethoven). Il déclare l'apprécier dans un enregistrement (maintenant ancien) effectué sous la direction du chef d'orchestre allemand Wilhelm Furtwängler[21]. Il apprécie aussi l'opéra proprement dit[261] (qui est une dénonciation de l’arbitraire, un appel à la liberté, traitant également de l'amour conjugal).
307
+
308
+ Son attirance pour l'art lyrique ne s'arrête pas là. Il est un admirateur des quatre opéras constituant Der Ring des Nibelungen (L'Anneau du Nibelung), tétralogie de Richard Wagner, toujours dans l'interprétation de Furtwängler[262]. Il cite un autre opéra de Wagner, Parsifal[263] (œuvre basée sur la légende médiévale selon laquelle le chevalier Perceval partit à la quête du Saint Graal, calice contenant le sang du Christ). Il l'évoque dans l'interprétation du chef Hans Knappertsbusch, en 1962, à Bayreuth.
309
+
310
+ Ses goûts le portent aussi bien vers la musique de piano de Mozart, jouée par Clara Haskil.
311
+
312
+ Concernant la musique d'inspiration religieuse, François considère que l’Et incarnatus est[m], extrait du Credo de la Messe en ut mineur de Mozart est « indépassable ».
313
+
314
+ Il apprécie également les Passions (d'inspiration luthérienne) de Jean-Sébastien Bach : il cite particulièrement, dans la Passion selon saint Matthieu, l’air d'alto « Erbarme dich, mein Gott »[123] (« Aie pitié, mon Dieu »), qui succède immédiatement, et de manière saisissante, au récit du reniement de saint Pierre (récitatif de ténor qui se termine pas les mots « und weinete bitterlich » : « et il pleura amèrement » ; ces derniers mots annoncent directement l'air qui suit, et introduisent l'intense bouleversement émotionnel né de la situation, avant d'aboutir au choral « Bin ich gleich von dir gewichen »[264], chanté à quatre voix, qui apporte une consolation[265] donnée aussi bien par le texte que par sa mise en musique).
315
+
316
+ Quant à ses lectures, outre les nouvelles du monde qu'il lit tous les matins[21], il déclare : « J’adore la poésie d’Hölderlin. J'aime aussi beaucoup de livres de la littérature italienne. J’ai dû lire I promessi sposi [Les Fiancés, d'Alessandro Manzoni] quatre fois, et autant de fois la Divine Comédie, de Dante. J’aime aussi Dostoïevski et Marechal »[21]. Il a d'ailleurs enseigné la littérature italienne, et en particulier Dante, au séminaire de Buenos Aires. Gerard Manley Hopkins l'a également marqué[123].
317
+
318
+ En ce qui concerne la danse, bien qu'il ait une préférence pour la milonga, il connaît très bien aussi le tango, qu'il a longtemps dansé quand il était jeune, au point d'en dire que « ça sortait de moi »[21].
319
+
320
+ En peinture, le pape admire Chagall — dont il cite la Crucifixion blanche — et Le Caravage. Il est particulièrement touché par La Vocation de saint Matthieu : « Ce doigt de Jésus… vers Matthieu. C’est comme cela que je suis, moi. C’est ainsi que je me sens, comme Matthieu »[123].
321
+
322
+ Concernant le cinéma, le film qu'il a « probablement le plus aimé » est La Strada de Federico Fellini mais il a aussi particulièrement apprécié Rome ville ouverte de Roberto Rossellini[123]. Il a vu tous les films avec Anna Magnani et Aldo Fabrizi quand il avait dix et douze ans, et que ses parents l'emmenaient fréquemment au cinéma[123].
323
+
324
+ En 2013, il est désigné « personnalité de l’année » par Time Magazine[267].
325
+
326
+ Il est nommé en 2015 par le magazine Foreign Policy parmi les cent penseurs mondiaux les plus influents et nommé par l’association britannique People for the Ethical Treatment of Animals personnalité de l'année[268].
327
+
328
+ Le 6 mai 2016, il reçoit à Rome le prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle, en raison de « ses efforts visant à promouvoir les valeurs européennes de paix, de tolérance, de compassion et de solidarité »[269], en présence du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
329
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330
+ En mai 2015, un cultivar de rose est nommé en son honneur par les Pépinières et roseraies Paul Croix[272],[273].
331
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332
+ Dans son album Le Choix du fou, sorti en 2017, Michel Sardou lui consacre une chanson intitulée San Lorenzo[274].
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334
+ En septembre 2018 paraît François, bande dessinée documentaire et biographique retraçant la vie de Jorge Bergoglio ; l'ouvrage est scénarisé par Arnaud Delalande et dessiné par Laurent Bidot avec le concours documentaire d'Yvon Bertorello. La Croix émet une critique très positive de cet album[276],[277] ; Pèlerin rejoint cet avis[278].
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+ Le pape est l'évêque de Rome et le chef de l'Église catholique. Il est élu, après le décès ou la renonciation de son prédécesseur, par des cardinaux électeurs qui se réunissent en conclave pour délibérer et voter. Selon la tradition catholique (que ne partagent pas les autres confessions chrétiennes), l'autorité du pape se transmet par succession depuis l'apôtre saint Pierre lui-même, qui l'a reçue directement de Jésus-Christ. Cependant, la façon de concevoir et d'exercer cette autorité a évolué au cours des siècles. Le titre de « pape » apparaît dans des documents à partir du premier concile de Nicée en 325.
4
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5
+ Le pape est le monarque de l’État de la Cité du Vatican. Ce dernier, totalement enclavé par la ville de Rome en Italie, est le plus petit pays indépendant au monde par sa superficie (0,44 km2) et sa population (800 habitants).
6
+
7
+ Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio, sous le nom de François, élu le 13 mars 2013[1],[2] et qui succède à Benoît XVI[3]. Il devient ainsi le 266e pape[4].
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9
+ S'il s'agit du titre le plus populaire pour désigner l'évêque de Rome, à l'origine, le terme « pape » n’a rien d’un titre officiel[5] ; il provient du latin ecclésiastique papa qui provient lui-même du grec πάπας (papas), une forme tardive du mot πάππα (pappa), un terme familier et affectueux du langage enfantin qui désigne le père (« papa »)[6]. Cette marque d'affectueuse vénération, déjà présente chez Homère[7], passe en usage dans le christianisme oriental pour honorer les épiscopes puis les évêques[5], voire les prêtres[8].
10
+
11
+ Apparu en Occident au début du IIIe siècle, le titre est alors progressivement réservé aux évêques locaux, appliqué par exemple aussi bien à Cyprien de Carthage qu'à Augustin d'Hippone[5] mais également à l'évêque d'Alexandrie Héraclas (v. 250) dont les successeurs à la tête de l'Église copte orthodoxe usent encore du titre de nos jours[9].
12
+
13
+ La première attestation épigraphique d'une application à l'évêque de Rome est relevée dans la catacombe de Saint-Calixte, figurant sur le cubiculum d'un diacre nommé Severus à propos de l'évêque Marcellinus (296 – 304) : « jussu pp [papae] sui Marcellini »[10]. Depuis lors, l'abréviation de « papa » en « PP » devient fréquente puis constante, notamment dans la signature pontificale. Le titre tend alors à devenir spécifique à partir de la fin du IVe siècle mais la précision « Papa urbis Romae (aeternae) » (« Pape de la ville (éternelle) de Rome »), atteste d'un usage encore généralisé à l'ensemble des évêques[5].
14
+
15
+ Au VIe siècle, le titre papa est utilisé par la chancellerie de Constantinople pour s'adresser à l'évêque romain, un titre dont, à partir du VIIIe siècle, ses successeurs font usage pour se désigner eux-mêmes sans spécification[5]. En 968, le concile de Pavie enjoint l'archevêque Arnulfe II de Milan de renoncer à l'usage de cette titulature qui est exclusivement réservée à partir de la fin du XIe siècle au primat de Rome — « quod hoc unicum est in mundi » (« parce qu'il est unique au monde ») — à la suite d'un dictatus papae de Grégoire VII[5].
16
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17
+ Le prestige éminent de la position de l'évêque de Rome dans la chrétienté depuis l'Antiquité paléochrétienne[note 1] réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l'un au Vatican, près de l'ancien cirque de Néron, et l'autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »[note 2]. L'Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l'évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l'expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)[11]. Depuis 451 (lorsque le pape Léon Ier s'oppose au canon 28 du concile de Chalcédoine qui fait de Rome et de Constantinople des sièges égaux), l'affirmation par les papes de Rome de leur primauté effective et pas seulement honorifique, qui place d'office quiconque la refuse dans la position de schismatique ou d'hérétique, n'est acceptée ni par les Églises d'Orient, ni par les Églises protestantes. Cependant, dans l'Église catholique, cette primauté effective découle ipso facto du fait qu'il est l'évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l'Antiquité est le mot « évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd'hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d'« évêque de l'Église catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne : « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »[note 3].
18
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19
+ L'origine de la fonction papale est avant tout d'ordre spirituel, ou mystique, bien avant d'être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l'apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l'apôtre de présider à l'unité de l'Église a été énoncé par le Christ, ce qui s'exprime dans l'évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l'évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (…) Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17). Il est cependant à noter qu'Augustin d'Hippone, dans son ouvrage Rétractations, affirme que dans Mt 16. 18-19, la pierre (ou roc) sur laquelle le Christ allait bâtir son église n'était pas Pierre mais le Christ lui-même[12].
20
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21
+ Au IIe siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu'en atteste une lettre d'Ignace d'Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice[13]. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l'importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée, dans un texte qui entend combattre les gnostiques, présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (…) [car] en raison de son origine plus excellente[note 4] doit nécessairement s'accorder [avec elle] toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout[note 5], a été conservée la tradition qui vient des apôtres »[13].
22
+
23
+ La revendication d'apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale de l'Empire à le faire, n'est pas contestée, pas plus que ne l'est celle d'autres villes orientales comme Corinthe ou Antioche ; ce n'est pas le cas de la revendication d'autorité et de primauté auxquelles elle prétend qui occasionnera nombre de débats, voire de schismes[13].
24
+
25
+ En 195, sollicité par des adversaires de l'évêque Polycrate d'Éphèse, l'évêque de Rome Victor, dans ce qui peut être lu comme un exercice de l'autorité romaine sur les autres Églises, rompt la communion avec les quartodécimans parce que ces derniers fêtent Pâques le 14 Nisan, même jour que la Pâque juive — une tradition transmise par Jean l'Évangéliste —, tandis que les chrétiens de Rome la fêtent un dimanche[14]. Si cette première tentative est sans portée réelle, des documents attestent de la continuité dans cette « souveraine prétention » de l'Église de l'Urbs dans les décennies qui suivent[15]. Jean Guyon définit Victor Ier comme le premier évêque monarchique de Rome[16].
26
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27
+ Lorsque Constantin eut fait de l’Église chrétienne une Église d’État, les évêques devinrent des personnages officiels. Du point de vue de l’administration civile, l’Empire romain est divisé en provinces dont chacune était dirigée à partir de sa métropole (littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de l'administration des églises, cette désignation ne s'applique qu'à Rome, Antioche, Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. Les chefs ecclésiastiques de ces cités importantes appelés « patriarches »[17] obtinrent juridiction sur leurs collègues des petites villes « métropolites » à la fin du IIIe siècle ou au tout début du IVe siècle. L'évêque de Rome, qui se considérait comme le successeur de Saint Pierre, revendiquait en outre une suprématie générale sur l'Église tout entière.
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+ En 325, le Premier concile de Nicée entérine cet état de fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province, ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. La circonscription qui dépend d’Alexandrie regroupe toutes les provinces d'Égypte et de Libye. Bien que le concile ne précise pas quelles sont les limites des deux autres, on peut supposer qu’Antioche a la responsabilité de la Syrie, de la Palestine et des provinces limitrophes, et que Rome domine l’Italie (avec, peut-être, une certaine influence en Gaule et en Afrique, comme semble en témoigner le concile d’Arles en 314).
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+ Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien, et devient autonome, le second obtient immédiatement un rang après celui de Rome, celui-ci ayant la « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur l’administration civile : Constantinople est la capitale de l'empire d'Orient, Rome se veut son égale en Occident - insistant spécifiquement sur une première place symbolique - tandis qu'Alexandrie demeure une capitale économique incontournable. Au même moment, le siège d’Antioche voit sa circonscription rognée par ses deux voisines (Constantinople et Jérusalem).
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+ Pendant le IVe siècle, le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques (surtout provoqués par des hérésies toutes nées en Orient : arianisme, sabellianisme, macédonianisme, apollinarisme). Aux grands conciles qui se réunissent pour juger ces hérésies, l'évêque de Rome envoie toujours des légats (prêtres ou évêques) pour le représenter (les prêtres ne prennent pas part aux votes, seulement les évêques). Souvent, des évêques et des sièges patriarcaux d'Orient en conflit interne envoient des ambassades à l'évêque de Rome pour en obtenir un arbitrage (le cas le plus célèbre est celui de Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, en butte avec une partie du clergé, avec l'empereur Arcadius, l'impératrice Eudoxie, et avec Théophile, patriarche d'Alexandrie, en appelle à Rome et obtient le plein soutien du pape Innocent Ier). Ainsi, malgré une apparente faible implication dans les affaires de la chrétienté orientale, le prestige de Rome est généralement reconnu en tant qu'instance non directement liée aux conflits, et par conséquent susceptible d'adopter une position non partiale ; cette implication non partisane, jointe au fait que Rome est reconnue comme la ville du martyre des apôtres Pierre et Paul, conduit nombre d'instances (empereurs et évêque d'Orient) à lui demander à plusieurs reprises l'arbitrage romain, notamment lors de la crise arienne. Au Ve siècle, notamment lors des grands débats christologiques suscités par Nestorius puis par Eutychès, Rome s'implique davantage : ce sera avec le plein soutien du pape Célestin Ier, sollicité par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que Nestorius et le nestorianisme seront condamnés au d'concile œcuménique d'Éphèse en l'an 431. Déjà au IVe siècle, Théodose, à son avènement, avait proclamé que la loi religieuse de tout l’empire était « la foi de l’évêque de Rome et de l’évêque d’Alexandrie ». En l'an 451, au cours du Concile de Chalcédoine, à la lecture du Tome à Flavien, rédigé par le pape Léon Ier pour définir la foi catholique contre l'hérésie d'Eutychès niant les deux natures, divine et humaine, du Christ (et par conséquent niant l'union hypostatique et la communication des idiomes entre les deux natures), toute l'assemblée conciliaire, debout, acclama le pape au cri de : « Pierre vient de parler par la bouche de Léon ! » (exclamation que les notaires impériaux consignèrent dans les procès-verbaux des actes canoniques du Concile).
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+ Au cours des siècles suivants (VIe siècle - VIIe siècle), à la suite de la chute de l'Empire d'Occident, le siège de Rome devient de plus en plus politiquement autonome et influent, notamment en Occident, alors considéré comme le territoire spécifiquement « patriarcal » du pontife romain. Dans le marasme général (peste à Rome, débordements catastrophiques du Tibre, invasions des Lombards), le pape Grégoire le Grand (590-604) est amené à organiser matériellement, à tous les niveaux, les besoins de la population romaine. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution :
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+ Le pape, jusqu'en 1870, a été le souverain des États pontificaux. Il est aujourd'hui souverain de l'État de la Cité du Vatican sur lequel il possède la plénitude du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cette souveraineté sur un territoire, de dimension réduite, est la garantie d'indépendance de son pouvoir spirituel à l'égard de tous les États du monde. Le pape est avant tout le garant de l'unité et le chef visible de l'Église catholique (le Christ en étant le Chef invisible).
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+ L'élection du pape est la prérogative exclusive du Collège des cardinaux de l'Église romaine, réunis en conclave (lieu fermé sous clefs) après la mort ou la renonciation du pape, et selon les strictes dispositions de la Constitution Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II du 22 février 1996 (succédant à des constitutions antérieures), et par le motu proprio Constitutione Apostolica du pape Benoît XVI promulgué le 11 juin 2007. Les cardinaux sont eux-mêmes créés par le Pontife romain et sont actuellement électeurs jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans. C'est seulement à partir du XIe siècle que l'élection du pape fut réservée aux cardinaux (décret de Nicolas II en date du 13 avril 1059). Antérieurement, pendant le premier millénaire, l'élection du pontife romain revenait canoniquement à l'Église de Rome, clercs et certains laïcs. Les interférences abusives du pouvoir politique finirent par pousser les papes à interdire une telle interférence.
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+ Le pape est élu à vie, mais garde la prérogative de résigner la charge apostolique, très rarement exercée : ainsi le pape Célestin V, en 1294, renonce quelques mois après son élection pour terminer sa vie dans un monastère. Grégoire XII, en 1415, fait annoncer sa démission le 4 juillet par la voix d'un procurateur, au sein du Concile de Constance dans le but de mettre fin au grand schisme. Pour la troisième fois de l'histoire, le 28 février 2013, le pape Benoît XVI renonce à sa charge pour raisons de santé et se retire dans un monastère.
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+ Le règne d'un pape se nomme pontificat. L'origine de ce mot tient à l'un des titres des papes : Souverain pontife. La filiation de cette expression doit se trouver dans le titre du principal prêtre dans la Rome antique Pontifex maximus, porté jusqu'au VIe siècle par l'empereur de Byzance.
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+ Formellement, le pape n'est pas un « chef spirituel » : il reçoit mission du Christ (selon la foi catholique), en tant qu'évêque de Rome et successeur de l'apôtre Pierre, de veiller et de présider à l'unité de toutes les Églises locales catholiques, c'est-à-dire tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome.
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+ Rome est menacée par les attaques des princes barbares : dès 410, la Ville éternelle est saccagée par les Wisigoths.
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+ À la fin du Ve siècle, Gélase Ier envoya à l'empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme que le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, et que celui des évêques prévaut.
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+ Au milieu du VIIIe siècle, les papes, lassés d'une part des querelles dogmatiques sans cesse suscitées par la politique césaropapiste des empereurs byzantins, et ne voulant plus, d'autre part, se laisser « enfermer » dans le cadre de la pentarchie qu'ils n'avaient jamais réellement reconnue (car la notion de « pentarchie » réduisait trop le Saint-Siège au rang des autres sièges patriarcaux alors qu'il exerce seul l'autorité de l'apôtre Pierre), rompent avec la tutelle politique de Constantinople. En particulier, le pape Léon III, menacé par les Lombards, n'hésitera pas alors à recourir à la puissance montante des Carolingiens, avec Pépin le Bref puis Charlemagne. La Donation de Constantin, un « faux vrai » document, formalisé à cette époque mais entérinant un pouvoir temporel attesté dans les faits au moins depuis le pontificat du pape Grégoire le Grand (590-604). Ce document faisait croire qu'en quittant la Ville, l'empereur Constantin en aurait remis le pouvoir à l'évêque de Rome, ainsi que le pouvoir (potestas) sur l'Occident. C'est Pépin le Bref qui constitua l'embryon des États pontificaux en 754. En 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d'Occident à Rome.
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+ À cette époque, le pape, avec l'appui de l'empereur[18], envoie des missionnaires, notamment dans les îles britanniques ainsi que dans l'est et le nord de l'Europe, afin d'évangéliser les populations païennes[19].
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+ Le Xe siècle est marqué par la période sombre de la pornocratie pontificale sous l'influence de femmes débauchées et de la famille des comtes de Tusculum.
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+ La réforme grégorienne voit l'affirmation de la « monarchie pontificale » : le pape souverain, chef de l'Église universelle, exerce sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), disposant des glaives spirituel et temporel. Elle révèle aussi la tendance théocratique de la papauté, formulée notamment dans le Dictatus papæ[20]. Cette « monarchie pontificale » culmine sous Innocent III, l'Église est alors considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre[21].
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+ L'histoire de la papauté est inséparable de l'évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d'Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain.
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+ Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l'empereur et à la croissance des royautés. L'autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l'affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.
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+ De 1378 à 1418, ce schisme voit coexister et s'affronter deux séries de papes, l'une siégeant à Rome et l'autre à Avignon. Sur le terrain politique, il découle de l'affrontement entre la papauté et les États modernes qui se créent à la fin du Moyen Âge et que la papauté n'a plus les moyens d'assujettir.
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+ Le conciliarisme est un mouvement de réforme qui se développe du XIVe au XVIe siècle et qui voit l'autorité suprême dans l'Église catholique passer des mains du pape à celles du concile œcuménique.
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+ La Réforme protestante est un mouvement religieux qui met en cause radicalement l'existence même d'un pape : les protestants reconnaissent l'autorité des Saintes Écritures (Sola scriptura), et non celle du pape.
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+ Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l'Église catholique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther[22] dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545. Il se déroule en dix-huit ans, sur vingt-cinq sessions, cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et trois villes.
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+ En réaction à la Réforme protestante, il définit le péché originel, la justification, une autorité de la Bible spécifique au catholicisme et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l'un des conciles les plus importants de l'histoire du catholicisme ; il sera le plus abondamment cité par le concile Vatican II.
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+ Régine Pernoud présente ce concile comme « la coupure entre l'Église médiévale et l'Église des temps classiques »[23].
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+ Plus de trois cents ans après le concile de Trente, Pie IX décide de convoquer un concile en 1869. Ce concile, le vingtième, s'ouvre en décembre 1869 et est ajourné le 20 octobre 1870 à cause de la guerre, reporté sine die du fait de l'invasion de Rome et de l'annexion des États pontificaux.
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+ Vatican I affirme, par l'encyclique Pastor Æternus du 18 juillet 1870, l'infaillibilité pontificale et condamne les « idées nouvelles » issues du Siècle des Lumières, au bénéfice de la primauté pontificale. Pastor Æternus indique :
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+ « C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème ».
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+ Le pape Jean XXIII, âgé de 82 ans, que l'on décrivait comme un pape de transition du fait de son âge lors de son élection, crée la surprise en annonçant un « aggiornamento » de l'Église catholique, c'est-à-dire un grand concile destiné à favoriser le dialogue de l'Église avec le monde moderne.
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+ Vatican II s'ouvre le 11 octobre 1962. Parmi les grandes réformes figurent l'ouverture envers les autres religions, la possibilité d'utiliser les langues vernaculaires au côté du latin pour les offices religieux et l'attention de l'Église aux problématiques sociales.
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+ En droit canonique, le pape est désigné sous l'appellation de « Pontife romain » (Pontifex Romanus), dérivé de l'appellation du grand prêtre romain (plus tard porté par les empereurs romains), en tant que représentant de Dieu sur terre : « Pontifex Maximus ».
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+ La signature papale prend la forme « NN. PP. x » c'est-à-dire « un tel, Pontifex Primus [premier pontife], numéro tant » (ainsi, le pape Paul VI signait « Paulus PP. VI »), et son nom est fréquemment accompagné dans les inscriptions par les abréviations « Pont. Max » ou « P.M. » — abréviation de l'ancien titre hérité de l'Antiquité latine Pontifex Maximus, littéralement « le bâtisseur suprême de ponts » (entre Dieu et les hommes). Le Christ est le pontife suprême et éternel entre Dieu et l'humanité. « Pontifex Maximus », concernant le pape, se traduit habituellement en français par « Souverain Pontife ».
88
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+ Les bulles, décrets et constitutions du pape sont signés « NN. Episcopus Ecclesia Catholicæ » (« NN. Évêque de l'Église catholique »), alors qu'elles débutent par l'appellation « NN. Episcopus Servus Servorum Dei » (« NN. Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), ce dernier titre datant du pape Grégoire Ier le Grand.
90
+
91
+ D'autres circonstances officielles voient l'usage de titres tels que Summus Pontifex, Sanctissimus Pater (Très Saint Père — cette formule est d'usage en France pour la correspondance adressée au pape), Beatissimus Pater, Sanctissimus Dominus Noster (Notre Très Saint Père), et à l'époque médiévale Domnus [et non Dominus] Apostolicus (Seigneur Apostolique).
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+
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+ Dans l'Église catholique, un certain nombre d'insignes sont réservés au pape :
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+ Dans le domaine liturgique, seul le pape peut célébrer de droit à l'autel majeur des quatre basiliques majeures : basilique Saint-Pierre, archibasilique Saint-Jean-de-Latran, basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et basilique Sainte-Marie-Majeure. Un cardinal peut y célébrer, mais pour cela il reçoit un mandat d'autorisation, pratique en usage au moins depuis la Renaissance. Au XVIIe siècle, lorsqu'un cardinal célébrait à l'autel majeur d'une des quatre basiliques majeures de Rome, on affichait une indulgence papale sur l'un des piliers du ciborium pour le signifier à tous[27].
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+ Jusqu'à Paul VI (qui en abandonna l'usage), le pape possédait encore d'autres insignes particuliers :
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+
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+ N.B.
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+
101
+ En termes de droit canonique, le pape est investi de sa charge directement par le Christ ; il ne tire la légitimité de sa charge ni de la succession des papes précédents, ni même du collège qui procède à son élection. Ce qui fait qu'un pape ne peut pas se donner un coadjuteur, ni choisir le pape suivant, ni interférer dans son élection[28]. De même, il ne saurait recevoir de mandat impératif du collège des cardinaux qui procède à son élection, malgré une tentative historique infructueuse d'obliger un futur pape à s'engager à respecter des capitulations.
102
+
103
+ La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis publiée par Jean-Paul II le 22 février 1996 réglemente dans les détails la procédure à suivre à la mort d'un pape (ou sa renonciation)[note 6],[29] jusqu'à l'élection du suivant[30].
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+
105
+ Il est composé des cardinaux âgés de moins de quatre-vingts ans. Le pape Paul VI en avait fixé le nombre maximal à cent vingt, nombre que Jean-Paul II a confirmé par la constitution apostolique du 22 février 1996.
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+ Elle n'est pas précisée par Universi Dominici Gregis. Néanmoins, la constitution apostolique sous-entend :
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109
+ En revanche, Universi Dominici Gregis envisage que le nouveau pape ne soit pas évêque et prévoit une ordination épiscopale immédiate (ce qui eut lieu lors de l'élection du pape Grégoire XVI, qui était cardinal, simple prêtre, mais non évêque). Elle mentionne également qu'il n'est pas nécessaire d'être présent au Vatican pour être élu. Nul cardinal ne peut se déclarer « candidat », sous peine d'excommunication majeure latæ sententiæ. L'élection pontificale ne comporte donc aucune « campagne », aucune « candidature », de quelque nature qu'elles soient : c'est un acte de l’Église strictement spirituel et liturgique. L'élu peut accepter ou refuser son élection. S'il l'accepte, on lui demande immédiatement de quel nom pontifical il veut être appelé. Ce changement de nom signifie que les actes de l'élu ne sont plus désormais ceux d'une personne à titre privé, mais les actes, par définition apostoliques, du Souverain Pontife.
110
+
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+ Bien qu'en pratique, à l'époque moderne, le collège des cardinaux correspond à celui des ecclésiastiques éligibles, ce fait n'est pas pour autant une règle. En effet, sur le plan théorique, et en se référant à la Constitution Universi Dominici Gregis promulguée par Jean-Paul II, tout prêtre catholique peut être élu pape si la majorité requise des cardinaux opte pour lui.
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+
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+ À la mort ou en cas de renonciation du pape, les cardinaux se réunissent en conclave à la chapelle Sixtine suivant un mode particulièrement réglementé[30].
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+
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+ Le nombre des cardinaux électeurs ne peut pas dépasser cent vingt.
116
+
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+ Avant chaque scrutin, deux ou trois bulletins de vote sont distribués aux cardinaux électeurs, puis un tirage au sort est effectué pour désigner parmi eux trois scrutateurs, trois délégués pour recueillir les votes des malades, et trois réviseurs ; ce tirage au sort est fait publiquement par le dernier cardinal diacre.
118
+
119
+ Débute ensuite le scrutin proprement dit. Les cardinaux électeurs ont à leur disposition des bulletins de vote rectangulaires pouvant être pliés en deux comportant sur la partie supérieure l'inscription « Eligo in Summum Pontificem », le cardinal inscrit le nom de l'élu dans la partie inférieure.
120
+
121
+ Chaque cardinal se dirige ensuite vers l'autel de la chapelle où est placé un calice recouvert d'un plateau sur lequel il dépose son bulletin plié en deux. Il prononce alors la formule : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu », puis fait glisser son bulletin dans le calice.
122
+
123
+ Dès que tous les cardinaux électeurs ont voté, les scrutateurs procèdent au dépouillement et au décompte des voix. Une fois dépouillé chaque bulletin est enfilé à l'aide d'une aiguille le long d'un fil. Pour être élu, il faut obtenir deux tiers des voix. Si cette majorité n'est pas atteinte, les bulletins ainsi que toutes les notes des cardinaux sont brûlés dans le poêle de la chapelle Sixtine et un fumigène ajouté pour donner une fumée noire et un nouveau scrutin est organisé, aussi souvent que nécessaire à l'obtention d'une majorité des deux tiers.
124
+
125
+ Si la majorité des deux tiers est atteinte, le cardinal doyen pose plusieurs questions à l'élu. « Tout d'abord, acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? ». Et aussitôt qu'il a reçu le consentement, il lui demande : « De quel nom voulez-vous être appelé ? ».
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+ Si l'élu n'est pas encore évêque, il est consacré immédiatement.
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+
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+ Les bulletins de vote et les notes des cardinaux sont alors brûlés dans le poêle de la chapelle de façon à produire une fumée blanche.
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+ Le décompte des voix est remis au pape et est ensuite conservé dans les archives du Vatican, dans une enveloppe scellée qui ne peut être ouverte par personne, sauf autorisation expresse du souverain pontife.
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+ Le conclave prend fin aussitôt après que le nouveau souverain pontife a donné son consentement à son élection.
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+ Les cardinaux ont l'interdiction de dévoiler des renseignements sur le déroulement de l'élection sous peine d’excommunication.
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+ Le siège pontifical émet divers types d'actes[31], suivant l'importance du sujet traité et la nature des destinataires :
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+ Le papier (du latin papyrus) est une matière fabriquée à partir de feuilles vertes d’arbres, de fibres cellulosiques végétales. Il se présente sous forme de feuilles minces et est considéré comme un matériau de base dans les domaines de l’écriture, du dessin, de l’impression, de l’emballage et de la peinture. Il est également utilisé dans la fabrication de composants divers, comme les filtres.
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+ L’histoire du papier remonte à l’Antiquité. Le papier porteur d’un message le plus ancien connu à ce jour date de l’an 8 av. J.-C. et a été trouvé en Chine.
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+ Le « papier » définit tout ce qui est constitué de fibres de cellulose en majorité, donc d’origine végétale, mises en suspension dans de l’eau puis égouttées sur une surface plane. Quel que soit le procédé employé, que ce soit propre ou sale, fin ou grossier, qu’il n’y ait que de la cellulose ou d’autres matières ajoutées (laine, soie notamment), c’est la mise en suspension dans l’eau des fibres et leur égouttage qui permettent de constituer le papier. On utilise souvent l’image de la guêpe qui confectionne son nid en régurgitant de la cellulose malaxée, même si rien n'indique que l’idée de fabriquer du papier provienne de cet exemple. Avant l’apparition du papier, les écrits étaient conservés sur des parchemins ou du papyrus et sur toutes sortes de surfaces (écorces, lamelles de bambou, tablettes d'argile, feuilles d’arbres, tablettes de cire, planchettes plus ou moins fines, soie, os et écailles, pierres ).
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7
+ Les tapas (feutre végétal fait du liber de certaines écorces battues et assemblées[1]) dont l’utilisation est connue à travers les représentations sur des parois rocheuses et dans des grottes dans le monde entier, utilisés sous forme de vêtements, de parures, peuvent être considérés comme les tout premiers ancêtres du papier. Il en est de même du papier d'amate des Aztèques obtenu par battage du liber de ficus employé à l'écriture des codex précolombiens.
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+ En Chine, les premiers témoignages de l'écriture chinoise sont gravés sur des os oraculaires[2] d'époque Shang et sur des moules servant à couler des objets en bronze. Les premières calligraphies au pinceau semblent avoir été écrites, sur des fiches, à l'intérieur des sections verticales de bambous fendus ou des tablettes de bois mince[3], tenues par des cordes et assemblées en rouleaux dès le IVe siècle avant notre ère. Les stèles gravées devaient en conserver et exposer publiquement la trace. Ainsi dès le premier empereur, Qin Shi Huang (-259 à -210), des stèles publiques furent installées dans chaque province, afin de dire ce qui était désormais la loi et les châtiments infligés aux contrevenants. La tombe no 3 de Mawangdui a livré le plus ancien traité d'astronomie ainsi qu'une carte, tracés à l'encre sur soie. Par ailleurs on conserve à l'Institut Archéologique du Gansu une correspondance privée, la plus ancienne conservée à ce jour (32-7 avant notre ère), à l'encre sur soie, en très bon état de conservation[4]. Les premiers vestiges d'un papier grossier, découverts sur l'ancien limes des Han, remontent en Chine au IIe siècle avant notre ère, et on dispose d'exemples de textes sur papier datant du IIe siècle[5].
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11
+ Trouvé en 2006 à Dunhuang (province du Gansu), le papier porteur d’un message le plus ancien connu à ce jour est daté de 8 av. J.-C., sous la dynastie des Han Occidentaux (-206 — 25)[6]. Il s’agit d’un fragment de lettre dont le papier est fait à partir de fibres de lin, sur laquelle une vingtaine de sinogrammes anciens ont été déchiffrés[6].[source insuffisante]
12
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+ La composition du papier en Chine ne comporte pas de riz mais consiste pour l'essentiel de fibres de lin, d'une certaine proportion de fibres de bambous et d'autres composants qui permettent de varier les papiers à l'infini, en couleur éventuellement. Sous les Han Orientaux, les stèles qui portent les textes des ouvrages « classiques », mis au programme des examens, pouvaient être estampés sur papier afin d'être étudiés. Les stèles pouvant porter aussi des figures, ou pouvait obtenir un bon estampage au moyen d'un papier humide qui venait se mouler sur les creux ; puis après séchage, encrage on pouvait effectuer sa reproduction sur papier par l'emploi d'un frotton[7]. Ce qui permit de diffuser images et textes depuis les Han jusqu'aux débuts de la xylographie.
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+ D’après une tradition chinoise, ce serait Cai Lun, « ministre de l’agriculture » qui, en 105, sous les Han Orientaux, aurait codifié pour la première fois l’art de fabriquer du papier et en aurait amélioré la technique afin de le produire en masse. Il devint dès lors le support ordinaire de l'écriture. La xylographie apparaît en Chine dans le courant du VIIIe siècle[8] et se développe rapidement dans un contexte populaire de diffusion du bouddhisme et d'usages populaires (sciences occultes, almanachs, lexiques et brèves encyclopédies populaires, manuels d'instruction élémentaires, recueils de modèles de compositions pour les concours officiels, ouvrages historiques…). Rapidement, les milieux dirigeants et les lettrés s'en servent : les Neuf Classiques sont imprimés à Kaifeng sur ordre impérial en 932 et 952.
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+ Le secret de la fabrication de papiers de qualité est resté chinois et japonais jusqu’au VIIIe siècle. Lors de la bataille de Talas en 751 (dans l'actuel Kirghizistan), les Arabes, victorieux, firent prisonniers de nombreux Chinois et récupérèrent ainsi le secret[9]. Ils comprirent rapidement l’intérêt de ce nouveau support tant dans la sphère religieuse que dans celle des sciences et techniques. Samarcande devint le tout premier centre de production du monde musulman. Par ailleurs la fabrication fut améliorée en incorporant à sa préparation des chiffons. La révolution du papier catalysa ainsi l'« âge d'or islamique ».
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+ Le papier se diffuse avec l'expansion de l'islam. On le retrouve à Bagdad en 793, au Caire en 900. Il arrive en Al-Andalus (sud de l'Espagne actuelle) à Xàtiva (San Felipe, Espagne) en 1056[10], puis se propage en Occident : en Sicile en 1102, à Fabriano (Italie) en 1276 mais sous une forme complètement différente, et dans le sud de la France au milieu du XIIIe siècle (aux archives de Marseille, est conservé le registre de minutes du notaire Giraud Amalric, qui date de 1248 et est écrit sur support papier). Il n'arrive dans le nord de la France qu'au milieu du XIVe siècle vers Troyes.
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+ Si la première fabrique de papier en Europe est située à Xàtiva près de Valence (Espagne), vers environ 1150[11], c'est à partir de Fabriano que la fabrication du papier va se diffuser en Italie, à Voltri, Padoue, Trévise, Gênes, et en Europe. À partir du filigrane de l'aigle nimbé, Charles-Moïse Briquet a montré qu'entre 1362 et 1386 ce papier se trouve en Italie mais aussi en Espagne, en France, en Suisse, en Hollande et en Belgique. Le journal d'un papetier de Fabriano de 1365, Lodovico di Ambrogio, permet de voir l'écoulement de sa production en Italie à Fano, à Pérouse et Venise, mais aussi à Aigues-Mortes et Montpellier. On voit que le 23 novembre 1365 il a expédié à Montpellier 1 333 kg de papier. Pendant trois années, il a expédié par Talamone 240 balles de papiers, soit 14 175 kg[12].
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+ Le papier a d'abord été considéré comme un ersatz fragile et a été utilisé pour rédiger les minutes d'un acte. En 1145, Roger II de Sicile a ordonné que tous les diplômes rédigés sur papier soient retranscris sur parchemins. Frédéric II de Hohenstaufen a interdit d'utiliser le papier dans les actes publics. Mais rapidement cette opposition n'a pas empêché la diffusion du papier pour la rédaction des actes à partir du sud de la France : en 1248, il est utilisé dans les registres notariaux de Marseille, et dans les registres des enquêteurs du Languedoc et d'Alphonse de Poitiers, en 1273-1274 dans les registres des enquêteurs royaux dans le Toulousain. Le papier est d'un usage courant en Suisse à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Un registre de la chancellerie royale daté de 1340 se trouve dans le Trésor des Chartes de Paris. Le papier est introduit aux Pays-Bas et en Allemagne du Nord. En 1415, Jean de Gerson déconseille encore de copier les textes sur du papier[13], mais déjà l'emploi du papier était devenu général.
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+ Rapidement, l'importation de papier d'Italie va être remplacé par une fabrication locale. Les marchands italiens, pour répondre à la croissance de la demande, font venir des techniciens pour former du personnel local. Dès le XIVe siècle des moulins à papier sont installés dans la région de Troyes, autour de Paris et dans le Comtat Venaissin. Le premier est installé vers 1348 à Torvoy-lez-Troyes (Champagne), une autre vers 1350 à Ambert (Auvergne)[14]. Au milieu du XVe siècle, la production française suffit pour satisfaire sa consommation et les moulins en Champagne commencent à exporter leur fabrication.
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+ La diffusion du papier a été possible grâce à deux modifications :
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+ Les fabricants de papier de Fabriano ont cherché à améliorer leur fabrication, en remplaçant les colles végétales utilisées par les Arabes par des gélatines et des colles animales, en améliorant le satinage du papier et en introduisant le filigrane pour distinguer chaque fabricant.
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+ Pour produire du papier, il faut de la chiffe blanche débarrassée de tout corps dur. Plusieurs étapes suivent alors avant de faire du papier :
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+ L'augmentation de la production de papier avec le développement de l'imprimerie va poser le problème de la ressource de sa matière première, le vieux chiffon. Le ramassage des vieux chiffons est fait par des marchands spécialisés, les chiffonniers, qui les amènent près des centres de production où le tri est fait. Rapidement, pour éviter de se trouver à la merci des chiffonniers qui leur imposeraient des prix exorbitants, les papetiers ont demandé des monopoles pour le ramassage de la chiffe. En 1366, le Sénat de Venise l'accorde aux papetiers de Trévise. En 1424, un papetier de Fabriano travaillant à Gênes l'obtient pour l'achat des vieux cordages., En Suisse, à Bâle, il est décidé que pendant les 24 heures qui suivent la mise en vente des vieux chiffons, seuls les Bâlois peuvent les acheter. En France, Colbert s'inquiète de ce problème mais sans apporter de solution. En 1754, on interdit aux ramasseurs de vieux chiffons d'établir des entrepôts près des ports et des frontières pour protéger l'industrie papetière française[16].
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+ Le papier est alors un bien rare et des édits sur le recyclage du papier sont prononcés[réf. nécessaire]. On y incorpore alors des vieux chiffons qui prennent vite de la valeur, d’où l’expression « se battre comme des chiffonniers »[réf. nécessaire].
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+ Comme cela avait été le cas quelques siècles auparavant en Chine, en créant un système d’impression à caractères mobiles vers 1440, Johannes Gutenberg, Johann Fust et Peter Schöffer ont donné naissance à l’imprimerie en Occident, ce qui a permis de vulgariser la connaissance par l’usage des livres. Cela augmente l’utilisation et donc la fabrication du papier. Celui-ci devient alors l’objet du début d’une industrie, avec utilisation de l’énergie hydraulique. En France, une grande production se faisait dans la région de Troyes qui exportait vers Paris, les Pays Hollandais. À partir du XVIIe siècle, en grande partie à cause de la guerre de Trente Ans, qui modifie les flux commerciaux dans la vallée du Rhin, le Sud-Ouest de la France devient une très grande région papetière dans laquelle les Néerlandais investissent massivement. La plupart des moulins sont reconstruits, agrandis. On en crée de nouveaux et, pendant plus d’un demi-siècle, jusqu’aux guerres de fin de règne de Louis XIV, ces régions deviennent l'un des plus grands centres de production de papier occidental. On a prétendu que la révocation de l’Édit de Nantes avait provoqué un exode massif et l’arrêt des papeteries, mais ce sont principalement les guerres et les difficultés qu’elles ont entraînées dans le commerce maritime entre le Sud-Ouest et la Hollande qui ont réduit les exportations de 70 à 80 %.
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+ En 1673, les Hollandais font une invention capitale pour l’industrie papetière, en mettant au point le cylindre hollandais, qui permet de remplacer la pile à maillets dans la trituration des chiffons, ils réalisent des gains en termes d’énergie, de main-d'œuvre et de rapidité ; malheureusement la qualité des pâtes s’en trouve amoindrie. Il faudra attendre le XVIIIe siècle et la révolution industrielle en Angleterre, les progrès des transmissions et de la métallurgie qu’elle entraîne, pour voir ce cylindre se répandre dans toute l’Europe. En fait la pile hollandaise a surtout permis le développement de la machine à papier qui va naître à la fin du XVIIIe siècle, en permettant de fabriquer avec la même quantité d’énergie trois à quatre fois plus de pâte sur un même site.
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+ Devant les difficultés récurrentes de la production de papier, le conseil d'État promulgue le 21 août 1777 un arrêt interdisant la sortie des matières premières à la fabrication du papier et de la colle et fixe les taxes qu'il faut acquitter pour les importer. De même la Convention nationale fixe le 3-9 avril 1793 l'interdiction de sortie des drilles  et chiffes hors de la République. Le 12 germinal an II, le Comité de salut public instaure un règlement qui impose, entre autres, la nomination d'officiers municipaux pour collecter les chiffons, linges et rognures de parchemins, mais aussi les bandes et charpies des hôpitaux. L'article 28 des douanes du 1-2 pluviôse an XIII renouvelle l'interdiction d'exportation des chiffons de toile, coton et laine.
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+ C’est incontestablement au XIXe siècle que la fabrication du papier s’industrialise avec l’invention de la première machine à papier en continu de Louis Nicolas Robert (1761- 1828) en 1798[17]. L’alimentation en pâte est alors faite en continu et le papier sort en bobine. En moins de vingt-cinq ans, l’ingénieur Bryan Donkin perfectionne « sa » machine (pas moins de 40 modèles différents). Vers 1825, les papetiers s’équipent en Europe et aux États-Unis : la machine est copiée, imitée. Vers 1850 apparaît la première machine à fabriquer le carton multicouches. À la même époque, on dénombre plus de 300 machines en Angleterre, près de 250 en France et presque autant en Allemagne. Chacun de ces engins, quoique très étroit et très lent comparé aux machines modernes, était capable d’assurer la production de dix cuves traditionnelles desservies à la main. Louis-Nicolas Robert ne tirera aucun bénéfice de son invention.
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+ La première machine à onduler française est installée en 1888 dans le Limousin. La marine à voile, grosse utilisatrice de chanvre (cordages et voiles) est remplacée progressivement par la marine à vapeur. La production de chanvre ralentit et celui-ci devient rare et cher. Des difficultés d’approvisionnement en chiffon se font sentir et l’industrie cherche de nouvelles matières premières. Le bois commence progressivement à remplacer le chanvre.
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+ Déjà en 1719 dans un mémoire présenté à l’Académie, René-Antoine Ferchault de Réaumur pressentait l’usage que l’on pouvait faire de la fibre de bois pour fabriquer du papier[18] après avoir étudié de près les nids de guêpe. L'Allemand Friedrich Gottlob KellerFriedrich Gottlob Keller dépose un brevet en 1844 sur la fabrication de pâte de bois, obtenue à l’aide d’une meule.
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+ La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par le recours à la chimie. Les travaux du Français Anselme Payen montrent que dans toute matière végétale existe une substance blanche et fibreuse, la cellulose, et qu’il est possible de la récupérer par des réactions chimiques. Ces découvertes permettent d’obtenir des fibres de meilleure qualité et donc d’augmenter les vitesses de production. En 1937, aux États-Unis, le Marihuana Tax Act, une taxe pour lutter contre la production de drogue à partir du cannabis, sonne le glas du chanvre en papeterie[19]. Il ne sera alors plus utilisé que pour les billets et le papier à cigarette. Les États-Unis deviendront rapidement le premier producteur de papier, majoritairement forestier, et le sont encore de nos jours, largement devant la Chine, le second (80,8 contre 37,9 millions de tonnes). L’industrialisation lourde est alors lancée. En 1908, la plus grosse machine a une laize (largeur) de 4,30 mètres et roule à 165 m/min. En 1910, la vitesse de 200 m/min est franchie. En 1935, la plus grosse machine fait 8,15 m de laize et tourne à 425 m/min. Le cap des 1 000 m/min est franchi en 1958. En 2000, la vitesse de 1 800 m/min est atteinte pour la fabrication du papier journal. Actuellement[Quand ?], les machines font jusqu’à 10 mètres de laize et tournent à près de 2 000 m/min.
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+ Au début du XXIe siècle, les problèmes écologiques, liés à la déforestation, à des problèmes quantitatifs et qualitatifs de gestion de l'eau et à la raréfaction de nombreuses ressources, poussent au retour au-devant de la scène des méthodes de recyclage ainsi qu’au retour progressif de la production de plantes à fibres à pousse rapide et écologique comme le chanvre ou le lin.
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+ Dans le cadre de la Responsabilité sociale et environnementale (RSE), et alors que la France est encore le 7e consommateur mondial de papier[20], et que plus 10 à 15 % du papier est importé de zones du monde où l'industrie papetière est source de déforestation ou d'artificialisation des forêts[20], de grandes ONG environnementales s'intéressent aussi à la politique plus ou moins vertueuse des entreprises et collectivités en matière de recyclage. Le WWF a ainsi en 2010 créé en France le PAP50[20], avec une première enquête publiée en 2010[21].
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+ Le concept de papier de pierre produit à partir de pierre sans eau ni cellulose se développe dans certains pays comme la Chine.
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+ Jusqu’au XIXe siècle, la matière première est exclusivement le chiffon de lin, de chanvre et ultérieurement de coton.
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+ La pâte à papier est le matériau de base. Elle peut être produite à partir de différents composants[22] incluant notamment : le bois et d’autres matières ligno-cellulosiques (bagasse de canne à sucre, paille) ; le papier (dans le cas du recyclage) ; les plantes fibreuses comme le chanvre ou le lin ; le tissu (chiffons de coton) ; et le crottin (de cheval ou d'éléphant par exemple)[23].
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+ Le tissu est trié, lavé et mis à pourrir pendant plusieurs semaines. Les chiffons sont ensuite découpés et effilochés dans plusieurs moulins munis de pile à maillets à clous. La rareté relative du textile a conduit à l’utilisation du bois. Le bois est écorcé puis défibré (les rondins sont « râpés » à l’aide d’une meule à laquelle on ajoute beaucoup d’eau). Les particules sont alors filtrées et nettoyées dans plusieurs bains successifs afin d’obtenir une pâte homogène. La pâte à papier moderne, elle, est généralement un mélange de fibres de bois et de papier auquel est ajouté un liant afin d’améliorer la résistance des feuilles produites.
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+ Procédé naturel : utilisation de la cellulose contenue dans les excréments d’herbivores non ruminants. En 1841, M. Tripot de Paris déposa un brevet pour fabriquer du papier « à partir de la fiente de tous les animaux herbivores ». Cette idée fut reprise par M. Jobard (directeur des Arts et Métiers de Bruxelles). Il estimait que la paille et le foin avaient déjà subi une première trituration sous la dent et dans l’estomac des chevaux. « Le crottin, disait-il, est en grande abondance : on peut obtenir de chaque cheval un kilogramme de papier par 24 heures ; une seule caserne de cavalerie suffirait à la consommation du Ministère de la guerre. Il est étonnant que l’on n’ait pas songé plus tôt à cette matière… »[23].
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+ L’idée est exploitée un peu plus tard par une usine, située aux Portes de Paris, qui fabriquait du papier et du carton avec le fumier des chevaux des écuries impériales. Certains papiers « bulle » en pâte demi-blanchie qui sortaient de ces ateliers étaient appréciés, paraît-il, pour envelopper la pâtisserie[24]. Depuis 1995, le moulin à papier de Brousses-et-Villaret, dans l’Aude[25], fabrique du papier avec la cellulose du crottin des éléphants de la réserve africaine de Sigean.
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+ Le papier fabriqué à base de tissus, majoritairement de chanvre (qui, en Europe, a été le seul type de papier utilisé jusqu’au milieu du XIXe siècle[26]) était déjà constitué de matières recyclées : vieux linges, cordages, filets de pêche déchiquetés. On appelle d’ailleurs ces papiers, toujours utilisés dans l’estampe par exemple, des papiers « torchon ». Le carton, quant à lui, est fabriqué à partir de papier récupéré depuis le XVIIIe siècle.
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+ Le papier recyclé est devenu une nécessité pour préserver l’environnement, aussi la valorisation des déchets papiers est-elle de plus en plus importante : en 2006, 6,9 millions de tonnes de papiers et cartons ont été récupérées en France, sur une consommation apparente de 10,7 millions de tonnes[27]. La pâte à papier recyclée est élaborée selon un procédé particulier. Les vieux papiers (issus en général de journaux, magazines et cartons) sont triturés (déchiquetés) dans un pulpeur avec de l'eau, la pâte ainsi obtenue est épurée (filtrée) puis stockée dans des cuves. Le désencrage reste facultatif, mais il est possible de retirer l’encre de la pâte en lui faisant subir plusieurs nettoyages successifs, avec du savon, de l’air, voire des dissolvants chimiques (les dissolvants pouvant être très polluants, ils doivent être utilisés le moins possible). Ces opérations de lavage et de traitement nécessitent beaucoup d'eau (au total 130 l pour fabriquer 500 feuilles de papier recyclé, contre seulement 51,1 l pour 500 feuilles produites à partir de bois). Mais le bilan de matières premières et le bilan énergétiques sont en faveur du papier recyclé[28].
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+ Le papier recyclé peut être utilisé pour la majorité des travaux d’impression ; d’ailleurs, les imprimeurs ont maintenant l’habitude de travailler avec ces papiers de plus en plus demandés. Des grammages allant du 45 g au 350 g sont ainsi facilement disponibles. La qualité d’impression sur ce type de papier est excellente, y compris pour les photos, et les journaux sont essentiellement d’origine recyclée.
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+ Le papier peut être recyclé en contenants: boîtes à œufs et à chaussures.
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+ Dans un premier temps, on a utilisé un cadre de bois recouvert d’un tamis d’abord végétal et non fixé (c’est toujours le cas en Orient) puis métallique à partir de 1275 en Italie. Cet ensemble s’appelle une forme et sert à puiser la pâte dans une cuve où elle a été diluée en fonction du grammage du papier à fabriquer. Après égouttage, on peut transférer la feuille sur un feutre. Différentes couches de feutres et de feuilles peuvent être pressées afin de retirer l’excédent d’eau, avant un séchage définitif à l’air libre dans un étendoir. En Orient, on continue dans certains endroits à utiliser la forme comme un moule et à faire sécher la feuille sur son moule. On utilise ainsi autant de formes que de feuilles fabriquées.
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+ La production s’effectue à l’aide de gigantesques machines dépassant souvent 100 mètres de long et jusqu’à 10 m de laize (largeur). La feuille est produite à une vitesse pouvant aller jusqu’à 1 800 m/min. On peut diviser la fabrication en deux étapes : la préparation de la pâte à papier et la fabrication du papier lui-même. La pâte à papier arrive très diluée (environ 1 %) dans la caisse de tête et passe entre deux « lèvres » afin d’avoir un jet bien uniforme. La solution est déposée sur une « table de formation » (tamis roulant) composée d'une toile et d'organes d'égouttage. L’eau utilisée pour le transport des fibres s’égoutte à travers les mailles de la toile, d’abord par simple gravitation. L’égouttage est complété par des racles (foils) dont la forme aérodynamique engendre une aspiration avec la vitesse de la toile et/ou la rotation de pontuseaux, rondins placés sous la toile pour la soutenir et dont le mouvement rotatif provoque une aspiration. Les fibres retenues par la toile commencent à former un tapis de plus en plus dense, il devient nécessaire d’éliminer l’eau par succion à l’aide des caisses aspirantes disposées sous la toile après les racles ou pontuseaux.
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+ Un cylindre égoutteur est éventuellement situé en travers de la toile entre deux caisses aspirantes et peut être revêtu d’une fine toile métallique et d’un motif soudé sur ce fond. Le motif marque la feuille encore humide et sera ainsi visible par transparence lorsque la feuille sera sèche. C’est ainsi que l’on obtient filigranes, vergeures, grains fantaisie. L’eau d’égouttage qui contient des fibres non retenues par la toile est recyclée. La feuille ainsi formée à la fin de la table passe par une section de presses (deux cylindres exerçant une pression sur la feuille) pour évacuer le maximum d’eau avant son séchage. À la sortie des presses, la feuille a perdu de son épaisseur et sa teneur en eau n’est plus que d’environ 60 %.
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+ La feuille qui sort des presses est suffisamment solide pour quitter le support de feutre et entrer directement en contact avec les sécheurs : de gros cylindres chauffants dont la température augmente progressivement, jusqu’à atteindre 120 °C, ce qui entraîne l’évaporation de l'eau restante dans la feuille. De cylindre en cylindre la température redescend progressivement. En fin de fabrication, le papier a une teneur en eau comprise entre 5 et 10 %.
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+ On peut alors ajouter des traitements de surface pour améliorer son imprimabilité en faisant passer la feuille dans une « size-press » (papier photo par exemple). La size-press, appelée « presse encolleuse », est placée avant les derniers sécheurs. Il s’agit de deux rouleaux disposés côte à côte horizontalement qui forment une cuvette que l’on alimente avec la sauce voulue. Le papier passant entre les deux rouleaux est enduit de sauce colorée pour teinter le papier par exemple.
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+ Certains papiers reçoivent un collage de surface dans le but d’assurer la cohésion extérieure de la feuille, afin de maintenir les fibres de surface susceptibles de se relever inopinément. Ces morceaux de fibres qui adhèrent mal peuvent encrasser les caractères des machines à écrire, accrocher la plume lors de l’écriture manuelle ou provoquer des imperfections dans les aplats imprimés. C’est ainsi que certains papiers sont colorés en surface, ou que le papier couché reçoit une première préparation.
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+ La feuille, une fois séchée, peut subir le calandrage, qui consiste à presser de nouveau la feuille entre plusieurs lourds rouleaux afin de rendre le papier bien lisse. On parle alors de papier glacé ou calandré. Afin d’en améliorer l’imprimabilité, on peut déposer à la surface du papier sur une seule face (papier étiquettes) ou sur les 2 faces (papier pour impression) une couche pigmentaire, on parle alors de papier « couché ». Ces couches pigmentaires sont principalement constituées de charges minérales (carbonates et kaolins principalement) ainsi que de latex synthétiques (styrènes butadiènes ou styrènes acryliques) et sont déposées au moyen de machines appelées « coucheuses ». Elles ont pour objectif de régler l’absorption des encres afin de conserver leurs pigments en surface. En sortie de la coucheuse le papier est d’aspect « mat » ou « semi mat » mais, après une opération de calandrage il peut être rendu « brillant ». On obtient alors une bobine qui est tronçonnée à la taille voulue à la bobineuse. Les bobines de papier peuvent être utilisées telles quelles (impression sur presse rotative) ou reconditionnées sous forme de feuilles de formats divers.
88
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89
+ Les couches pigmentaires et les apprêts (les « sauces ») sont fabriqués la plupart du temps dans un atelier séparé (la « cuisine »), comprenant broyeurs et mélangeurs. Les sauces une fois prêtes à l'emploi sont stockées en réservoirs, puis envoyées par canalisations directement sur les cylindres d'application.
90
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91
+ Le « papier », au sens générique du terme, désigne à la fois le papier et le carton[29]. Le carton se caractérise généralement par un grammage ou une rigidité plus élevés.
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+ On distingue les types de papiers par rapport à leur utilisation[30] :
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+ Les papiers et cartons peuvent être caractérisés par de multiples paramètres mécaniques, physiques, chimiques, etc.
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+ Ces unités découlent de la visite manuelle des feuilles de papier dans les anciennes salles de triage ; les ouvrières comptaient les feuilles de papier et les tenaient sur la main à raison de cinq par doigt.
98
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99
+ Le papier est d'abord le support de l'écriture, ce pourquoi il fut probablement pour la première fois utilisé, il y a environ 2 000 ans. On le retrouve donc en bureautique et en imprimerie et de plus en plus comme support d'images publicitaires.
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101
+ Dans la première moitié du XIXe siècle, il semble qu'il ait été simplement ligné. Le quadrillage, obtenu initialement par impression de plaques gravées rendant aléatoire l'assemblage des carreaux sur les grandes surfaces, sera réalisé ensuite (brevet déposé par Alexandre Reichmann le 14 mars 1846 à Paris[32]) par un cylindre quadrillé en 5 mm subdivisé en petits carrés de 1 mm ayant une teinte inférieure à celle des traits qui forment le quadrillé (papier millimétré). Ces proportions du quadrillé peuvent varier à l'infini et indifféremment, sur un support de papier pouvant varier en longueur et en largeur. Ce type de papier peut être utilisé en sciences, comme support de graphiques très précis. L'école obligatoire rend utile l'adoption du quadrillage pour faciliter l'acquisition d'une écriture régulière. Le cahier à petits carreaux semble avoir fait son apparition vers 1870-1890. Le brevet du quadrillage à « grands carreaux » (un carré de 0,8 cm de côté découpé horizontalement en quatre espaces de 0,2 cm de haut) est déposé par Jean-Alexandre Seyès le 16 août 1892, à Pontoise et s'impose dans l'enseignement français[33],[34].
102
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103
+ Les journaux publiés à grande échelle sont composés de papier journal, un type de papier moins cher et plus léger que les papiers classiques. À l’inverse, le papier glacé (un papier couché ou non avec un pelliculage mat ou brillant), qui peut être utilisé en photographie, présente une qualité et un poids nettement supérieurs.
104
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105
+ Le papier calque est un type de papier semi-transparent destiné à reproduire un dessin sur du papier traditionnel. Le papier carbone le permet aussi, bien qu’il soit également utilisé en décoration et en art postal.
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107
+ Originaire de Chine et très populaire au Japon, l’origami est l’art du pliage du papier. L’origami utilise une feuille, en général de forme carrée (mais ce n’est pas toujours le cas), que l’on ne découpe pas en principe. Les modèles d’origami commençant souvent par une même succession de plis, il arrive fréquemment qu’il faille partir d’une base. Il faut ensuite suivre un diagramme, schéma détaillant par une succession de figures chacun des plis à exécuter pour parvenir au modèle final. L’origami peut prendre des formes aussi simples qu’un chapeau ou qu’un avion de papier, ou aussi complexes que la tour Eiffel ou un animal.
108
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109
+ Il existe d’autres arts exploitant le papier, comme le kirigami, qui est l’art du coupage du papier. Le papier découpé chinois est une forme d’art qui existe depuis l’invention du papier en Chine, il y a environ 2 000 ans. Les motifs en sont des animaux, des fleurs, ou d’autres formes découpées aux ciseaux ou avec un couteau. Les papiers-découpés chinois servant essentiellement à l’ornementation des portes ou des fenêtres, ils sont aussi appelés fleurs de fenêtres ou silhouettes découpées. Le papier (ou le carton) découpé, plié et collé est également utilisé comme matériau dans la réalisation de modèles en papier en volume.
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+ Le quilling, en français paperolles, est une forme artistique alliant l'art du collage et l'art sculptural. C'est une discipline basée sur l'enroulement de bandes de papier pour former boucles, cercles et autres navettes, lesquelles sont collées sur l'arête d'un support pour constituer un sujet en trois dimensions. Elle fut surtout pratiquée pendant la Renaissance par des organisations pauvres pour vénérer Dieu, embellir les messages sacrés et ainsi promouvoir leurs croyances[35]. À partir du XVIIIe siècle, le genre se démocratise dans certains pays d'Europe où cette discipline devient populaire en s'installant dans le domaine de la décoration[35]. Aujourd'hui les paperolles bénéficient d'un regain d'intérêt en tant que loisir créatif mais aussi en tant qu'Art[36].
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+ Le pop-up, en français « livre animé », est un ouvrage structuré comportant des pages à mécanismes, qui, quand on l'ouvre, met en valeur une scène et/ou structure en trois dimensions. L'origine de cet art remonte à la fin du XVe siècle[37], mais il ne fut popularisé qu'à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle grâce à son insertion dans les livres anglais destinés à la jeunesse[38]. Il obtient un regain d'intérêt dans les années 1950 par le biais d'ouvrages de l'auteur tchécoslovaque Vojtěch Kubašta, qui le remit au goût du jour[37]. Cet art atteint son apogée dans les années 1970[37].
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+ Le papier est très présent dans les domaines de la décoration et de la fête. Le papier peint est utilisé pour couvrir et décorer les murs intérieurs d’une habitation ou d’un bâtiment, alors que certains objets décoratifs sont totalement en papier, comme les lampions. On peut aussi citer le papier marbré. Le papier est peu cher, et c’est sans doute ce qui en a fait un matériau très présent dans les fêtes. Les exemples les plus répandus sont bien sûr le serpentin, petite et fine bobine de papier, généralement de couleur, qu’on utilise au cours des fêtes et les confettis, qui sont des petits ronds de papier qu’on lance lors de certaines fêtes, célébrations ou évènements artistiques.
116
+
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+ Il sert également d’emballage (papier kraft, papiers de soie et papiers mousseline, papier cadeau, bolduc…) pour protéger mais aussi mettre en valeur. Le papier est également utilisé en architecture japonaise, pour fabriquer les panneaux des habitations traditionnelles japonaises et coréennes : les Shōji[39].
118
+
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+ On retrouve aussi le papier de façon moins évidente dans le mobilier domestique (éléments de cuisine (Formica), meubles en kit, plans de travail, tables de ping-pong…) ou les sols stratifiés mais aussi dans le mobilier urbain (panneaux décoratifs).
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+ Les plus grands producteurs de papier et carton en 2014[40]
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+ (en Mt)
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+ 2005/2014 (%)
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+ La concurrence des supports d'information numérique, portée par la démocratisation de l'usage d'internet et la multiplication de terminaux mobiles (liseuses électroniques, smartphones, tablettes, ordinateurs portables et fixes, etc.), a de fortes conséquences sur la consommation de papier. Elle ouvre des perspectives de marché pour les supports d'impressions grâce à la multiplication des imprimantes personnelles, mais la lecture sur écran permet à l'inverse de se passer du support papier. En conséquence, la consommation et la production de papiers graphiques subit une forte décroissance depuis plusieurs années sur les marchés matures tels que l'Amérique du Nord et l'Europe.
128
+
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+ Les papiers journaux et papiers pour magazines sont les principaux types de papiers négativement impactés par cette tendance relativement nouvelle. L'instantanéité de la transmission de l'information et l'interactivité des supports numériques offrent des avantages que ne permet pas les supports de lecture imprimés.
130
+
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+ La consommation de papiers et cartons pour emballages est notamment portée par l'intensité des échanges et donc la croissance économique. En effet, les marchandises sont souvent transportées dans des emballages en carton, en particulier en carton ondulés.
132
+
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+ La croissance du commerce en ligne induit également une consommation accrue de papiers et cartons d'emballage.
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+ Les politiques environnementales en faveur de la réduction des déchets et de limitation du recours aux ressources fossiles offrent des opportunités d'augmentation de la consommation d'emballages en papier et en carton. En effet, ces matériaux présentent l'avantage d'être produits à partir de ressources biologiques renouvelables, ils sont aisément recyclables et ils peuvent se substituer à d'autres matériaux, notamment aux plastiques.
136
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+ La consommation de papiers d'hygiène est relativement inélastique et augmente avec la croissance démographique. Bien que des alternatives non-jetables existent, les couches, les mouchoirs, les papiers absorbants restent difficilement substituables. L'avantage écologique des produits réutilisables par rapport aux produits papiers à usage unique est discutable puisqu'ils impliquent une grande consommation d'eau et de détergents pour leur lavage[41].
138
+
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+ Avant la phase d'informatisation massive de l’économie, le papier était le principal support de l'information. Les premiers projets d’informatisation ont été présentés comme un moyen de passer au « zéro papier » permettant d’économiser une part importante du coût du papier, notamment sur le plan environnemental. Des études[42] montrent cependant que la « dématérialisation » ne diminue pas en fait la consommation de papier et que celui-ci continue d’être employé comme support d’information (impressions pour un usage personnel, photocopies pour les réunions…). D'ailleurs, la consommation globale de papier a continué à croître malgré l’informatisation : entre 1988 et 1998, la consommation de papier dans les pays industrialisés a augmenté de 24 %, bien que, durant cette période, les capacités de stockage d’informations électroniques se développassent à grande vitesse[43].
140
+
141
+ Le « zéro papier » est donc, aux yeux de certains chercheurs, un mythe[44],[45]. Pour des chercheurs de l'École polytechnique universitaire de Montpellier, par exemple, ce n'est qu'un slogan derrière lequel s'abritent les industries de l'informatique et des télécommunications pour s'affranchir de leur responsabilité sociétale[43] et les nouvelles technologies, comme les tablettes numériques, n’ont jamais été introduites dans l’entreprise avec un objectif écologique[46]. La « dématérialisation » est cependant toujours présentée comme un moyen d’atteindre facilement des objectifs de développement durable bien que son bilan environnemental soit controversé[47]. Par exemple, la distribution de courrier par les services postaux est en chute libre dans le monde entier. En France, après « avoir crû jusqu’en 2001 », le volume de courrier a « commencé à décroître en 2002 au rythme d’un peu moins de 1 % par an et 3 % en 2008 »[48], 3,5 % en 2010[49], ce qui représente des masses considérables. En 2010, le groupe français La Poste anticipait « une évolution des usages du courrier entraînant une baisse de 30 % des volumes d'ici 2015, à l'instar des autres opérateurs postaux européens »[50]. Toujours en France, le plan France numérique 2020 prévoit que « le papier devra être définitivement abandonné et l'intégralité des démarches administratives devront être dématérialisées. »[51].
142
+
143
+ La fabrication du papier nécessite de grandes quantités d’eau : il faut de l’eau pour extraire la cellulose des fibres du bois et de l’énergie pour sécher le papier. Les usines de pâtes produisent de l'énergie en brûlant les liqueurs de cuisson et sont auto-suffisantes en énergie. Le chlore n'est plus utilisé en Europe mais est encore utilisé dans certains pays pour délignifier le papier. Il peut former des composés polluants s'il est présent en grande quantité en présence des noyaux phénoliques de la lignine. Les phénols chlorés ne sont cependant toxiques que lorsque plusieurs atomes de chlore sont présents. Des progrès importants ont été réalisés en utilisant des produits de Blanchiment moins polluants que le chlore (peroxyde d’hydrogène, dioxyde de chlore, dioxygène, ozone) et en améliorant le « bouclage » des circuits afin de réduire de façon importante la consommation d’eau[réf. nécessaire].
144
+
145
+ L’industrie papetière est soumise au respect de normes environnementales strictes, comme l’exploitation raisonnée des forêts, le recyclage des eaux usées. Les arbres proviennent de plantations dont la biodiversité est faible : bouleaux dans les pays nordiques, pins maritimes pour la forêt landaise ou eucalyptus en Amérique latine par exemple[réf. nécessaire]. La production de papier représente 40 % de l’exploitation forestière. Les industries papetières sont généralement propriétaires des forêts qu’elles exploitent de manière cyclique. Ainsi, au Brésil, il est possible de couper des eucalyptus de culture tous les quatre ans et cela suffit à une usine qui produit autant de papier que la France. La déforestation est le plus souvent due à la coupe de bois exotiques pour l’ameublement et à l’expansion des cultures. En effet, le bois utilisé par l’industrie papetière provient plutôt des sciures de bois (déchets de scierie) ou de jeunes arbres qu’il faut couper pour laisser s’épanouir les autres et que l’on appelle « bois d’éclaircie ». Ces éclaircies peuvent être celles de forêts gérées non durablement, voire être, dans certains pays comme le Brésil, tout bonnement illégales[réf. nécessaire].
146
+
147
+ La fabrication de papier recyclé nécessite moins d’eau et d’énergie que la fabrication classique de pâte à papier, mais une certaine quantité de produits chimiques qui ne sont pas sans impact environnemental : il faut généralement nettoyer et désencrer le papier récupéré avec des solutions savonneuses, et le reblanchir au dioxyde de chlore, au peroxyde d’hydrogène et/ou au dioxygène. Rappelons que le blanchiment est également nécessaire pour fabriquer du papier blanc à partir de fibres vierges. Le papier moins Blanchi, recyclé ou non, permet de limiter cette pollution supplémentaire. En tout état de cause, la fabrication de papier recyclé est souvent moins nuisible pour l’environnement (selon le type de papier) que celle de papier non recyclé[52]. Une étude de l’Ademe[53] confirme ce net avantage du papier graphique recyclé. Il faut de trois à douze mois pour qu’un journal se décompose dans la nature. Le recyclage du papier permet d’éviter de l’envoyer à la décharge ou de l’incinérer. Le papier peut être recyclé en moyenne jusqu’à cinq fois sans que la qualité de la fibre en soit altérée. Quant au papier carton (briques alimentaires…), il peut être recyclé une dizaine de fois et être transformé en meubles, en cartons ou en papier hygiénique.
148
+
149
+ Une tonne de papier récupéré ne permet de produire que 900 kg de papier recyclé ; soit une perte d'environ 10 % à chaque recyclage[54].
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+
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+ La production de papier est une activité industrielle intensive en énergie :
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+ Les consommations énergétiques dépendent :
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+
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+ La filière papier carton consomme de l'eau durant tout le circuit de fabrication. La plus grande partie des eaux utilisées dans le procédé papetier est recyclée. Après utilisation et traitement, plus de 90 % de l’eau prélevée est restituée au milieu naturel selon des conditions de rejet fixées par la réglementation et qui font l’objet de nombreux contrôles. L’industrie papetière a réduit ses prélèvements et rejets d’eau de plus de 80 % depuis le début des années 1980[55].
156
+
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+ Les processus papetiers font partie des industries les plus intensives en énergie. En France, près de 50 % de l’énergie consommée provient de la biomasse[56]. La production de pâtes à partir de bois ou de papier et cartons recyclés conduit à différents sous-produits qui peuvent être valorisés énergétiquement.C'est un avantage sur le plan économique, puisque l’industrie produit une grande partie de l’énergie qu’elle consomme, mais aussi sur le plan environnemental, puisque le CO2 émis par la combustion de la biomasse est réabsorbé par la biomasse en croissance en quelques années.
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+
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+ La consommation de papier est facile à mesurer. Elle est donc devenue l'un des axes de reporting environnemental (compte rendu environnemental) des collectivités et grandes entreprises. En 2010, les « politiques papier » de cinquante grandes entreprises françaises dont celles du CAC 40 (18 n'ont pas souhaité répondre) ont été analysées, avec la proportion de papier « responsable » qu'elles utilisent et les actions de maximisation du recyclage. Quelques-unes ont été classées « vertueuses », mais beaucoup peuvent fortement progresser. L'étude rappelle qu'un Français en moyenne consomme trois fois plus de papier et carton que dans le monde, et que 78 % des papiers graphiques consommés en France sont issus de l'importation[57]. Pour mieux juger leur niveau de performance environnementale, les entreprises peuvent s'appuyer sur des bases de données nationales[58],[59],[60] ou mondiales (FAO, FAOSTAT).
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+ La consommation de papier est un des axes de la politique RSE (responsabilité sociale ou sociétale des entreprises)
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+ Ordre
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+
3
+ Les Lépidoptères (Lepidoptera) sont un ordre d'insectes holométaboles dont la forme adulte (ou imago) est communément appelée papillon, dont la larve est appelée chenille, et la nymphe chrysalide.
4
+
5
+ Il s'agit d'un des ordres d'insectes les plus répandus et les plus largement connus dans le monde, comprenant entre 155 100 et 174 233 espèces décrites[1] (dont près de 7 000 en Europe et 5 000 en France[2]) réparties dans 136 familles et 43 super-familles[3]. Les plus anciennes traces fossiles de papillons montrent que ces insectes ailés vivaient déjà sur la planète il y a 201 millions d’années, au côté des premiers dinosaures[4].
6
+
7
+ Ils se caractérisent à l'état adulte par trois paires de pattes (comme tous les insectes) et par deux paires d'ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variées selon les espèces. Ils pondent des œufs qui donnent naissance à des chenilles. Ces dernières se transforment ensuite en chrysalides (s'abritant ou non dans un cocon préalablement tissé). Il en émerge enfin l'imago, ou papillon. Leur cycle biologique se trouve donc composé de quatre stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon. Ce sont des insectes à métamorphose complète.
8
+
9
+ Comme les abeilles et la plupart des pollinisateurs, dans une grande partie du monde, les papillons sont en forte régression, principalement en raison de l'intensification de certaines pratiques de l'agriculture[5] (monocultures, pesticides) et, localement, de la mortalité routière et de la pollution lumineuse ; ainsi, la mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN montre que pour 462 espèces de papillons indigènes évaluées en zone méditerranéenne, 19 sont menacées d'extinction (dont 15 endémiques de cette écorégion)[5].
10
+
11
+ Le terme « lépidoptère » dérive du latin scientifique lepidoptera, terme construit lui-même à partir du grec ancien λεπίς « écaille » et πτερόν « aile »)[6]. Bon nombre d’espèces sont désignées par un nom vernaculaire différent suivant leur stade de développement. Souvent seul le papillon est nommé, parfois, seule la chenille, car ravageuse, porte un nom. Plus exceptionnellement, les deux formes sont nommées, comme pour les espèces Nymphalis antiopa ou Bombyx mori.
12
+
13
+ Le mot « papillon » est dérivé du latin papilio « lui-même tiré de la racine pil (« aller, vaciller ») dont papilio serait une forme à redoublement (allusion probable aux battements des ailes et aux déplacements vifs de ces insectes) »[7].
14
+
15
+ Voir : liste de Lépidoptères par nom scientifique, de Lépidoptères par nom vernaculaire et de chenilles par nom vernaculaire.
16
+
17
+ Les Lépidoptères sont des holométaboles comme les diptères ou les coléoptères.
18
+
19
+ Au stade de l'imago, le papillon a une longévité variable selon l'espèce, de quelques jours (Bombyx du mûrier) ou semaines (Flambé, Machaon) à plusieurs mois (jusqu'à dix pour le Citron Gonepteryx rhamni).
20
+
21
+ Les Lépidoptères, sous la forme adulte (papillon), sont caractérisés par deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées, qui sont des soies aplaties ; le mot « lépidoptère » vient de cette caractéristique : lepidos veut dire « écaille » en grec et pteros, « aile »[9].
22
+
23
+ Une écaille alaire est une minuscule plaque chitineuse le plus souvent pigmentée dotée d'un pédicelle à sa base permettant son insertion sur la membrane. Certaines couleurs métalliques sont optiques par diffraction de la lumière (cas par exemple pour l'Europe du genre Apatura Grand mars changeant, Petit mars changeant).
24
+
25
+ Chez les papillons, les dessins et les couleurs alaires ont des fonctions multiples, comme la thermorégulation, l'évitement de la prédation et la reproduction. Parmi ces fonctions, le camouflage, l'aposématisme et le mimétisme sont phylogénétiquement très répandus et présentent une grande diversification évolutive[10]. La sélection naturelle privilégie les espèces qui réalisent le meilleur compromis évolutif (trade-offtrade-off dans la littérature scientifique) d’allocation des ressources entre ces différents traits d'histoire de vie[11],[12].
26
+
27
+ Des écailles spécialisées, qui forment les androconies, sont présentes sur la face supérieure des ailes des mâles et diffusent des phéromones sexuelles, notamment la danaidone, issues de glandes lors des parades nuptiales.
28
+
29
+ Les ocelles ou yeux peuvent être des ornementations de défense (chez le Paon du jour par exemple), c'est un bon moyen de reconnaissance des espèces (comme l'ocelle orange centré de noir à l'aile antérieure du Petit mars changeant absent chez le Grand mars changeant[13]).
30
+
31
+ Le revers brun ou noir de ses ailes présente souvent une livrée homochrome qui permet de se cacher à de nombreuses espèces présentant des couleurs vives sur le recto de leurs ailes (Paon du jour par exemple).
32
+
33
+ Certaines espèces présentent la particularité de ne porter que très peu d'écailles : cas du genre Cithaerias.
34
+
35
+ Les papillons sont des organismes héliophiles et souvent thermophiles, leurs ailes jouant un rôle de thermorégulation afin d'optimiser l'efficacité de leurs activités (vol, recherche de nourriture). Au repos, posé à l'ombre, l'échauffement est un processus endothermique et se manifeste par de rapides frémissements des ailes assez proches dans leur principe du frissonnement[14]. Au repos par temps ensoleillé, ils orientent les ailes par rapport aux rayons du soleil en fonction de la température ambiante (processus exothermique). Par temps frais et peu ensoleillé, ils adoptent la posture dorsale (ailes étalées comme celles d'un avion : ouverture totale ≥ 180°, partielle < 180°), prenant de véritables bains de soleil. Au contraire, lors de journées chaudes et ensoleillées, ils adoptent la posture latérale (ailes plaquées verticalement l'une contre l'autre au-dessus du corps) de façon à limiter la surface exposée aux rayons. Ils se protègent également de la surchauffe thoracique en volant énergiquement de place en place pour limiter le temps d'exposition[15]. Certains grands papillons de jour (comme le Flambé ou le Machaon)[16] alternent entre des phases de vol actif avec battements d'ailes et des phases de vol plané, ces dernières évitant également la surchauffe thoracique[17]. L'hypothèse du réchauffement corporel par un mécanisme direct (ailes absorbant directement le rayonnement du soleil et transmettant la chaleur au thorax via l'hémolymphe[18] est infirmée par les calculs et expérimentalement, la membrane alaire étant assez mauvaise conductrice de chaleur et la circulation de l'hémolymphe trop faible[19],[20]. L'hypothèse privilégiée est un mécanisme indirect : la chaleur émise par le rayonnement solaire est transférée au thorax par les ailes qui agissent comme des déflecteurs de chaleur par convection, leur angle plus ou moins ouvert favorisant la concentration du flux solaire sur la face dorsale du thorax[21]. Les bandes claires sur les ailes jouent également un rôle thermorégulateur : elles permettent à des papillons de réduire le stress thermique dans des environnements très chauds[22].
36
+
37
+ Paon du jour (Aglais io).
38
+
39
+ Mégère (Lasiommata megera).
40
+
41
+ Cithaerias andromeda esmeralda.
42
+
43
+ Acraea pharsalus.
44
+
45
+ Cymothoe caenis.
46
+
47
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
48
+
49
+ En raison de la structure de leur œil multiple, les papillons ont une vision probablement moins nette que celle d'un être humain, mais bien plus performante selon d'autres points de vue :
50
+
51
+ Leur corps est souvent caché par un épais revêtement de phanères.
52
+
53
+ Leurs pièces buccales sont transformées en proboscis (sauf chez certains petits groupes très primitifs pour ce caractère, tels les Micropterigidae munis de mandibules broyant le pollen), trompe enroulée en spirale au repos, pour aspirer le nectar. La trompe est formée par les galeas des maxilles qui sont fortement allongées et reliées entre elles par deux coaptations : l’antérieure formée de soies et la postérieure formée de crochets qui les solidarisent fortement, formant ainsi un canal qui permet l’aspiration du nectar. Toutes les autres pièces buccales sont atrophiées ou absentes, à l’exception des palpes labiaux qui protègent la trompe lorsqu’elle est enroulée au repos. La trompe des papillons est un outil de haute précision qui cumule les prouesses techniques. Au repos, elle reste enroulée en spirale comme un ressort de montre, sous l'effet d'une lame élastique qui court tout au long de sa paroi supérieure. Une succession d'anneaux de chitine - substance très résistante - maintient la canalisation béante quelle que soit sa courbure. Lorsque le papillon veut se nourrir, il contracte une série de plusieurs centaines de minuscules muscles obliques, situés dans l'épaisseur de la trompe, dont ils provoquent le déroulement. Au premier tiers de la longueur, des muscles spéciaux coudent la trompe vers le bas. Cette articulation souple favorise en particulier la recherche du nectar dans les corolles les plus étroites et les plus profondes. Sans même avoir à baisser la tête, le papillon déplace sa trompe pour explorer tous les recoins des fleurs qu'il visite. Dans la tête de l'insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l'action de muscles puissants. Elle fait office d'aspirateur. Grâce à des organes gustatifs très sensibles situés au bout de leurs pattes, ils savent immédiatement s'il y a lieu de déployer leur encombrant attirail d'aspiration.
54
+
55
+ Trompe et œil de papillon
56
+
57
+ Papillon aspirant du nectar de banane
58
+
59
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'œuf est pondu sur ou à proximité de la plante-hôte de la chenille qui souvent qualifie l'espèce (Piéride du chou ou Azuré du serpolet).
62
+
63
+ La larve, ou chenille, est de type broyeur avec deux glandes labiales séricigènes c’est-à-dire fabriquant un fil de soie.
64
+
65
+ La chrysalide se trouve ou non dans un cocon. Le développement des chenilles s’effectue généralement en cinq stades marqués par des mues jusqu’à la transformation en nymphe, ou chrysalide. Suivant les espèces, la nymphose a lieu sous terre ou à l’air libre et la chenille s’entoure parfois d’un cocon de fils de soie avant de se transformer.
66
+
67
+ Accouplement de piérides du navet
68
+
69
+ Œufs d'un papillon mexicain (Caligo eurilochus)
70
+
71
+ Chrysalide de Machaon
72
+
73
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
+
75
+ 99 % des espèces connues sont phytophages[24], c’est-à-dire se nourrissent de plantes. Les adultes se nourrissent pour la plupart de nectar des plantes à fleurs. Certains ont les pièces buccales classiques des Insectes, ce qui est un caractère primitif, d’autres ont une trompe atrophiée et ne se nourrissent pas à l’état adulte.
76
+
77
+ Chaque espèce de Lépidoptères peut présenter différents types de variabilité. Il existe des variations de taille, les individus pouvant être plus ou moins grands en fonction de la génération, de l'altitude ou encore du climat. Il existe également des variations, parfois très importantes, dans l'ornementation alaire[25] :
78
+
79
+ Dessus du mâle.
80
+
81
+ Dessus de la femelle.
82
+
83
+ Accouplement (vue de dessous, mâle à gauche).
84
+
85
+ Sous-espèce Limenitis arthemis arthemis.
86
+
87
+ Sous-espèce Limenitis arthemis astyanax.
88
+
89
+ Forme printanière levana.
90
+
91
+ Forme estivale prorsa.
92
+
93
+ Forme ilia.
94
+
95
+ Forme clytie.
96
+
97
+ Aglais io, spécimen classique.
98
+
99
+ Aglais io, spécimen aberrant.
100
+
101
+ La forme actuelle des stades de développement, de l'œuf à l'imago, existe sans doute depuis 150 Ma. Les 220 000 espèces vivent partout dans le monde excepté dans l'Antarctique et sont particulièrement nombreuses dans la région des tropiques. Elles sont presque toujours associées à des plantes supérieures (des angiospermes ou plantes à fleurs) et ont donc coévolué. Il est en effet vraisemblable que l'évolution qui a conduit à ce groupe qui possède un organe hautement spécialisé comme la trompe s’est accomplie en même temps que le développement des plantes à fleurs avant la fin du Tertiaire. Comme presque toutes les espèces ont des chenilles inféodées à une plante-hôte précise, l'évolution n'a sûrement dû se faire qu'en présence d'une seule plante-hôte ancestrale, donc pas avant le Tertiaire.
102
+
103
+ Les Lépidoptères fossiles ont tendance à être plus rares que ceux des autres insectes, parce qu’ils étaient moins abondants dans des types d'environnement comme les lacs et les étangs propices à la fossilisation et que les stades larvaires n’ont que la tête chitineuse comme partie dure susceptible d'être fossilisée.
104
+
105
+ Il existe cependant quelques fossiles, dans l’ambre ou dans des sédiments très fins. Des traces de galeries peuvent être observées sur des feuilles fossiles mais leur interprétation est délicate[26].
106
+
107
+ Le fossile le plus ancien Archaeolepis mane, issu de roches britanniques, a été daté d’environ 190 Ma[26], au jurassique. Ce sont des restes d’ailes qui montrent des écailles à cannelures parallèles sous microscope électronique et le réseau de nervures caractéristique commun aux Lépidoptères et Trichoptères. On ne connaît que deux autres fossiles du jurassique et treize du crétacé[26]. La période suivante, le tertiaire, est beaucoup plus riche en fossiles[27]. L’éocène en particulier, avec les gisements d’ambre de la Baltique est riche. Ceux-ci ne sont pas d’une grande utilité pour établir la phylogénie des Lépidoptères car ils sont déjà très proches des espèces modernes. Plus rarement, les Lépidoptères peuvent se trouver dans des sédiments de type lacustre : diatomite. Un bel exemple a été publié dans le Bulletin des lépidoptères de France[28].
108
+
109
+ D'après les fossiles du Jurassique d'Amphiesménoptères découverts (groupe constitué des ancêtres des Trichoptères et Lépidoptères, selon la classification de Willi Hennig), ces groupes se sont différenciés il y 56 Ma[29].
110
+
111
+ Les Kalligrammatidae, famille de névroptères dont on connaît plusieurs fossiles plus anciens que ceux des Lépidoptères, ont une morphologie similaire à ces derniers mais ne leur sont pas directement apparentés : il s'agit d'une convergence évolutive.[réf. nécessaire]
112
+
113
+ Les Lépidoptères constituent un ordre. Au sein de la classe des insectes, celui-ci est placé dans la sous-classe des ptérygotes, l'infra-classe des néoptères et le super-ordre des holométaboles (ou endoptérygotes, qui se caractérisent par leur cycle de développement à métamorphose complète).
114
+
115
+ L'étude des relations de parenté (phylogénie) entre les différents ordres d'insectes montre que les Lépidoptères sont le groupe frère de l'ordre des Trichoptères.
116
+
117
+ Phylogénie des ordres actuels d'insectes holométaboles, d'après Peters et al., 2014[30] et Misof et al., 2014[31] :
118
+
119
+ Hymenoptera (symphytes, guêpes, fourmis et abeilles)
120
+
121
+ Lepidoptera (papillons)
122
+
123
+ Trichoptera
124
+
125
+ Diptera (mouches, syrphes, moustiques, taons...)
126
+
127
+ Mecoptera (panorpes...)
128
+
129
+ Siphonaptera (puces)
130
+
131
+ Coleoptera (scarabées, coccinelles, hannetons...)
132
+
133
+ Strepsiptera
134
+
135
+ Raphidioptera
136
+
137
+ Megaloptera
138
+
139
+ Neuroptera (planipennes)
140
+
141
+
142
+
143
+ Carl von Linné dans Systema Naturae (1758) reconnaît trois groupes de Lépidoptères : les Papilio, les Sphinx et les Phalaena avec sept sous-groupes dans les Phalaena (Scoble, 1995). Cette séparation se retrouve aujourd’hui dans 9 des super-familles de Lépidoptères.
144
+
145
+ Après Linné, Denis et Schiffermüller (1775) sont suivis par Fabricius (1775) et Latreille (1796). Ils identifient beaucoup plus d’espèces en les regroupant dans ce qui sera reconnu comme des genres.
146
+
147
+ Hübner décrit beaucoup des genres modernes et Ochsenheimer et Friedrich Treitschke (1776-1842), dans une série de volumes sur la faune de Lépidoptères européens publiés entre 1807 et 1835, renforcent les fondements de leur classification en genres (Scoble, 1995).
148
+
149
+ G.A.W. Herrich-Schaffer (plusieurs volumes, 1843-1856), et Edward Meyrick (1895) basent leur classification sur le nervurage des ailes. Au même moment, Sir George Hampson travaille sur la distinction entre Microlepidoptera et Macrolepidoptera.
150
+
151
+ Parmi les premiers entomologistes à étudier les fossiles d’insectes et leur évolution, Samuel Hubbard Scudder (1837-1911) travaille sur les papillons. Il publiera une étude des gisements du Colorado. Andrey Vasilyevich Martynov (1879-1938) met en évidence la proximité des Lépidoptères et des Trichoptères (Grimaldi et Engel, 2005).
152
+
153
+ Parmi les apports majeurs du XXe siècle figure la séparation basée sur la structure de l’appareil génital des femelles en Monotrysia et Ditrysia par Carl Julius Bernhard Börner (1880-1953) en 1925 et 1939 (Scoble, 1995).
154
+
155
+ Willi Hennig (1913-1976) développe l’analyse cladistique et l’applique à la phylogénie des insectes. Niels P. Kristensen, E. S. Nielsen et D.R. Davis étudient les relations entre les familles de Monotrysia, Kristensen ayant travaillé sur la phylogénie des insectes et des grands groupes de Lépidoptères (Scoble 1995, Grimaldi et Engel, 2005). Alors qu’en général, les phylogénies basées sur les analyses de l’ADN diffèrent des phylogénies basées sur les analyses morphologiques, ce n'est pas le cas pour les Lépidoptères, au moins à grande échelle (Grimaldi et Engel, 2005). Les tentatives de regroupement des super-familles de Lépidoptères en grand groupes naturels ont toutes échoué car les critères actuels Microlepidoptera et Macrolepidoptera, Heterocera et Rhopalocera, Jugatae et Frenatae, Monotrysia et Ditrysia (Scoble, 1995) ne permettent pas de définir des groupes monophylétiques.
156
+
157
+ Ces classifications étaient basées essentiellement sur des caractères superficiels. Elles ont progressivement été abandonnées au profit d’analyses phylogénétiques fondées sur des critères morphologiques et moléculaires.
158
+
159
+ Dans une de ces classifications, les Lépidoptères se divisaient en :
160
+
161
+ Dans une autre classification, les Lépidoptères étaient divisés en quatre sous-ordres :
162
+
163
+ Une nouvelle classification phylogénétique s'est progressivement développée, qui n’est pas entièrement adoptée et fait l’objet d’une révision continue (toutes les analyses moléculaires n’ont pas encore été faites, pour plus d’informations sur la classification lire l’article sur la systématique).
164
+
165
+ Outre qu'il y a encore des désaccords sur certaines espèces, il est parfois délicat d'établir l'appartenance d'un papillon à une espèce ou à une autre, à cause du phénomène d'hybridation ou parce qu'un nom d'espèce couvre parfois en réalité plusieurs sous-espèces morphologiquement très proches et non encore identifiées en tant qu'espèces. Ces deux phénomènes sont plus fréquents que ne l'indiquent les guides de naturalistes[33]. Les taxonomistes ne prennent pas en compte des individus « douteux » (probablement des hybrides le plus souvent), parce que ces derniers rendent plus difficile la discrimination des espèces. L'hybridation naturelle se produirait entre environ 10 % de toutes les espèces animales, assez rarement en moyenne, mais avec des taux d'hybridation qui peuvent être plus importants pour certaines espèces (Mallet, 2005). Les données disponibles pour les papillons d'Europe (l'un des plus étudiés dans le monde) laissent penser qu'environ 16 % des 440 espèces de papillons européens sont connus pour hybrider dans la nature avec au moins une autre espèce proche de la leur. Parmi ceux-ci peut-être la moitié ou plus sont fertiles et ont montré des preuves de « rétrocroisements » dans la nature[34].
166
+
167
+ Une vaste synthèse publiée dans la revue Zootaxa en 2011[3] aboutit à la taxinomie suivante :
168
+
169
+ Ils sont présents partout dans le monde, mais chaque papillon a une aire de distribution qui lui est spécifique. Certaines espèces sont sédentaires, d'autres se disséminent, d'autres encore sont migratrices sur des distances plus ou moins longues.
170
+
171
+ Les papillons sont présents dans presque tous les environnements terrestres (hors zones très froides). Ils y représentent près de 10 % des 1 450 000 espèces d'insectes connues à la surface de la Terre, derrière les coléoptères (25 %). Assez facile à observer, les papillons diurnes sont les espèces d'insectes (hors espèces-nuisibles) les mieux connues et suivies au monde[38].
172
+
173
+ Très divers en termes d'exigences écologiques et souvent associés à une ou quelques espèces de plantes ou à un type d'habitat (la plupart des espèces sont monophages ou oligophages et étroitement inféodées à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables) ils sont d'excellents indicateurs biologiques)[39]. Ils sont vulnérables à de nombreux facteurs de dégradation de l'environnement et sont des pollinisateurs, ce qui en fait d'intéressants bioindicateurs. En Europe notamment on les utilise pour évaluer l'état et la santé des écosystèmes, l'état de certains services écosystémiques qui sont des ressources (et des indicateurs) important pour les questions de wikt:soutenabilité du développement.
174
+
175
+ Rien qu'au Royaume-Uni, il a été parcouru environ 750 000 km (l'équivalent de la distance terre-lune) pour réaliser des transects répétées d'échantillonnages de Lépidoptères depuis 1976[38]. Ces comptages ont permis de documenter les phénomènes de déclin et d'extinctions régionales et nationales, qui ont commencé avant 1900 (des inventaires des papillons butinant sur la pimprenelle étaient déjà fait en 1840 dans une zone protégée de Bavière en Allemagne)[38]. Partout, les résultats révèlent de graves pertes d'espèces en montrant que les espèces rares et spécialisées sont celles qui ont largement disparu et avant les autres, laissant des écosystèmes appauvris et dominés par quelques espèces communes et plus généralistes[38].
176
+
177
+ La disparition des papillons ne cesse de s'accélérer depuis quelques décennies[38]. Elle en dit donc long sur l’état de santé de l’environnement : ainsi un rapport de l'Agence européenne de l'environnement alerte sur le fait qu'en France comme en Europe, les papillons des prairies ont régressé de 50 % entre 1990 et 2011, principalement en raison de la dégradation progressive des écosystèmes, de l'agriculture intensive (pesticides) ou encore du réchauffement climatique[38]. En Grande-Bretagne, environ 70 % de la totalité des espèces de papillons auraient ainsi disparu en vingt ans[40].
178
+
179
+ La disparition des papillons, comme celle des abeilles et d'autres pollinisateurs) dans tout ou partie de leur aire de répartition, est en partie liée aux pesticides (désherbants qui tuent certaines de leurs plantes-hôtes, et insecticides, y compris depuis peu des insecticides dits biologiques produits à partir du bacille de thuringe (Bacillus thuringiensis ou Bt), très utilisés et ciblant les Lépidoptères, devenant une nouvelle et importante cause de disparition). Leur régression est aussi en partie causée par la réduction de la biodiversité florale du fait de la monoculture et de la transformation du paysage végétal par l'homme, qui a ainsi réduit la quantité des ressources alimentaires et leur diversité qualitative.
180
+
181
+ Quelques espèces, peu nombreuses, ont une aire en extension, voire un comportement invasif lié à l'extension de certaines cultures, comme c'est le cas de la pyrale du maïs, ou encore de la mineuse du marronnier, pour des raisons mal comprises ; mais de nombreuses espèces de Lépidoptères sont en forte régression ou ont récemment disparu de tout ou partie de leurs habitats naturels.
182
+
183
+ La destruction et la fragmentation de leurs habitats (notamment par l'agriculture intensive, l'urbanisation, la déforestation, l'assèchement des milieux humides, les gyrobroyages) et l'usage croissant de pesticides semblent être les principales causes de cette régression ; les insecticides mais aussi les désherbants ciblent en effet les plantes-hôtes de certaines chenilles. Le dérèglement climatique est une autre cause, qui explique aussi des changements rapides d'aires de répartition[42] ou des disjonctions de cycles de vie.
184
+
185
+ Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides insecticides, mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies, en raison de la fragmentation écopaysagère croissante, par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes).
186
+
187
+ En France métropolitaine, seules une quinzaine d'espèces sont protégées en 2012. Or au moins 16 papillons de jour sont menacés de disparition à court terme, alertent l'Union internationale pour la conservation de la nature[43], le Muséum national d'histoire naturelle et l'Office pour les insectes et leur environnement[44]. 18 papillons sont quasi-menacés selon la dernière liste rouge des espèces menacées en France, et beaucoup d'autres sont en voie de régression, parmi 253 espèces[44].
188
+
189
+ À titre d'exemple, l'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée « en danger critique » en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
190
+
191
+ Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
192
+
193
+ L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
194
+
195
+ Par exemple l'hermite, un papillon autrefois largement répandu en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie « vulnérable »[44].
196
+
197
+ L'Azuré du mélilot est lui classé « quasi menacé », alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.
198
+
199
+ Les éclairages nocturnes forment des remparts infranchissables pour de nombreuses espèces de papillons de nuit (Phototropisme négatif) qui ont besoin de se déplacer entre leurs zones de reproduction et nourrissage, et pour leurs migrations, bon nombre d'entre eux meurt d'épuisement en s'approchant de ces éclairages qui, dans ce cas, deviennent un piège dont ils ne sortiront plus (Phototropisme positif). Les Lépidoptères nocturnes sont majoritaires par rapport aux diurnes et participent grandement à la pollinisation parfois de façon spécifique, ils sont aussi la source alimentaire quasiment exclusive des Chiroptères qui sont, eux aussi, en grand danger.
200
+
201
+ La convention de Berne qui a pour but d'assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe par une coopération entre les États a été signée le 19 septembre 1979 à Berne en Suisse (entrée en vigueur le 1er juin 1982). Elle comporte en annexe une liste d'espèces qui comprend des papillons. Voici quelques exemples :
202
+
203
+ Une espèce est considérée comme nuisible Cacyreus marshalli le brun des pelargonium.
204
+
205
+ Des recommandations sont émises au niveau national en direction des Maires et Mairies qui convie à réduire voir éteindre quant cela est possible les éclairages nocturnes aillant pas ou peut d'utilité publique pour rétablir les Corridor biologique, Les ultraviolets sont particulièrement à proscrire des éclairages nocturnes, un label et décerné aux communes sous la forme d'étoiles (communes étoilées) cette appellation concerne toutefois principalement la réappropriation du ciel nocturne, la redécouverte de la voute céleste.
206
+
207
+ Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'étaient les excréments des chrysalides des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire[51].
208
+
209
+ Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme ; et deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs ; leur vue annonce une visite, ou la mort d’un proche.
210
+
211
+ Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses : la chrysalide est l’œuf qui contient la potentialité de l’être ; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C’est encore, si l’on préfère la sortie du tombeau.
212
+
213
+ Symbole du feu solaire et diurne, et pour cette raison de l’âme des guerriers, il représente le soleil dans le temple des guerriers aztèques et le dieu de feu porte comme emblème un pectoral nommé papillon d’obsidienne. L’obsidienne, comme le silex, est une pierre de feu. Toutes ces interprétations découlent probablement de l’association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes[52].
214
+
215
+ Dans la mythologie grecque, Psyché (l'âme), mariée à Éros (l'amour), acquiert des ailes de papillon ; la peinture française, nourrie de mythologie, fait figurer des papillons à côté de Psyché dans les tableaux qui la représentent. En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
216
+
217
+ Les papillons ont été représentés et il en reste des peintures datant pour la plus ancienne, en Égypte dans la tombe de Neferhotep de vers 3 000 ans avant notre ère.
218
+
219
+ En Europe, les plus anciennes peintures de papillons retrouvées sont celles d'enluminures du IXe siècle, puis dans divers tableaux de la peinture flamande, de la peinture hollandaise et de la peinture italienne mais ils sont particulièrement présents dans les natures mortes flamandes et hollandaises du XVIIe siècle.
220
+
221
+ Égypte ancienne tombe de Nakht
222
+
223
+ Livre d'heures d'Hastings
224
+
225
+ Lettrine enluminée, encre et peinture sur parchemin, XVIe siècle (Renaissance).
226
+
227
+ Philips de Marlier
228
+
229
+ Vincent van Gogh
230
+
231
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
232
+
233
+ Chine (voir aussi le plus grand parc mondial des papillons dans le District de Xishan)
234
+
235
+ Corée
236
+
237
+ États-Unis d'Amérique (Martin Johnson Heade)
238
+
239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ Dessin de Jacob HübnerParnassius phoebusssp sacerdos
242
+
243
+ Alfred Brehm
244
+
245
+ Moses Harris
246
+
247
+ Per Olof Christopher Aurivillius
248
+
249
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
250
+
251
+ De très nombreux papillons ont fait l'objet de tirages dans de nombreux pays.
252
+
253
+ Timbre de la poste allemande, le Gonepteryx rhamni
254
+
255
+ Timbre de la poste d'Azerbaïdjan, le Zegris menestho
256
+
257
+ Timbre de la poste de Russie
258
+
259
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
260
+
261
+ Des blasons représentant des papillons, par exemple celui de la ville de Monnières en Loire-Atlantique.
262
+
263
+ Tapisserie de Dubois et RedoutéSalon des Fleurs, château de Compiègne
264
+
265
+ Céramique italienne
266
+
267
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
268
+
269
+ The Princess Nobody illustrée par Richard Doyle
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271
+ À La Parisienne, hiver 1913-1914
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Ordre
2
+
3
+ Les Lépidoptères (Lepidoptera) sont un ordre d'insectes holométaboles dont la forme adulte (ou imago) est communément appelée papillon, dont la larve est appelée chenille, et la nymphe chrysalide.
4
+
5
+ Il s'agit d'un des ordres d'insectes les plus répandus et les plus largement connus dans le monde, comprenant entre 155 100 et 174 233 espèces décrites[1] (dont près de 7 000 en Europe et 5 000 en France[2]) réparties dans 136 familles et 43 super-familles[3]. Les plus anciennes traces fossiles de papillons montrent que ces insectes ailés vivaient déjà sur la planète il y a 201 millions d’années, au côté des premiers dinosaures[4].
6
+
7
+ Ils se caractérisent à l'état adulte par trois paires de pattes (comme tous les insectes) et par deux paires d'ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variées selon les espèces. Ils pondent des œufs qui donnent naissance à des chenilles. Ces dernières se transforment ensuite en chrysalides (s'abritant ou non dans un cocon préalablement tissé). Il en émerge enfin l'imago, ou papillon. Leur cycle biologique se trouve donc composé de quatre stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon. Ce sont des insectes à métamorphose complète.
8
+
9
+ Comme les abeilles et la plupart des pollinisateurs, dans une grande partie du monde, les papillons sont en forte régression, principalement en raison de l'intensification de certaines pratiques de l'agriculture[5] (monocultures, pesticides) et, localement, de la mortalité routière et de la pollution lumineuse ; ainsi, la mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN montre que pour 462 espèces de papillons indigènes évaluées en zone méditerranéenne, 19 sont menacées d'extinction (dont 15 endémiques de cette écorégion)[5].
10
+
11
+ Le terme « lépidoptère » dérive du latin scientifique lepidoptera, terme construit lui-même à partir du grec ancien λεπίς « écaille » et πτερόν « aile »)[6]. Bon nombre d’espèces sont désignées par un nom vernaculaire différent suivant leur stade de développement. Souvent seul le papillon est nommé, parfois, seule la chenille, car ravageuse, porte un nom. Plus exceptionnellement, les deux formes sont nommées, comme pour les espèces Nymphalis antiopa ou Bombyx mori.
12
+
13
+ Le mot « papillon » est dérivé du latin papilio « lui-même tiré de la racine pil (« aller, vaciller ») dont papilio serait une forme à redoublement (allusion probable aux battements des ailes et aux déplacements vifs de ces insectes) »[7].
14
+
15
+ Voir : liste de Lépidoptères par nom scientifique, de Lépidoptères par nom vernaculaire et de chenilles par nom vernaculaire.
16
+
17
+ Les Lépidoptères sont des holométaboles comme les diptères ou les coléoptères.
18
+
19
+ Au stade de l'imago, le papillon a une longévité variable selon l'espèce, de quelques jours (Bombyx du mûrier) ou semaines (Flambé, Machaon) à plusieurs mois (jusqu'à dix pour le Citron Gonepteryx rhamni).
20
+
21
+ Les Lépidoptères, sous la forme adulte (papillon), sont caractérisés par deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées, qui sont des soies aplaties ; le mot « lépidoptère » vient de cette caractéristique : lepidos veut dire « écaille » en grec et pteros, « aile »[9].
22
+
23
+ Une écaille alaire est une minuscule plaque chitineuse le plus souvent pigmentée dotée d'un pédicelle à sa base permettant son insertion sur la membrane. Certaines couleurs métalliques sont optiques par diffraction de la lumière (cas par exemple pour l'Europe du genre Apatura Grand mars changeant, Petit mars changeant).
24
+
25
+ Chez les papillons, les dessins et les couleurs alaires ont des fonctions multiples, comme la thermorégulation, l'évitement de la prédation et la reproduction. Parmi ces fonctions, le camouflage, l'aposématisme et le mimétisme sont phylogénétiquement très répandus et présentent une grande diversification évolutive[10]. La sélection naturelle privilégie les espèces qui réalisent le meilleur compromis évolutif (trade-offtrade-off dans la littérature scientifique) d’allocation des ressources entre ces différents traits d'histoire de vie[11],[12].
26
+
27
+ Des écailles spécialisées, qui forment les androconies, sont présentes sur la face supérieure des ailes des mâles et diffusent des phéromones sexuelles, notamment la danaidone, issues de glandes lors des parades nuptiales.
28
+
29
+ Les ocelles ou yeux peuvent être des ornementations de défense (chez le Paon du jour par exemple), c'est un bon moyen de reconnaissance des espèces (comme l'ocelle orange centré de noir à l'aile antérieure du Petit mars changeant absent chez le Grand mars changeant[13]).
30
+
31
+ Le revers brun ou noir de ses ailes présente souvent une livrée homochrome qui permet de se cacher à de nombreuses espèces présentant des couleurs vives sur le recto de leurs ailes (Paon du jour par exemple).
32
+
33
+ Certaines espèces présentent la particularité de ne porter que très peu d'écailles : cas du genre Cithaerias.
34
+
35
+ Les papillons sont des organismes héliophiles et souvent thermophiles, leurs ailes jouant un rôle de thermorégulation afin d'optimiser l'efficacité de leurs activités (vol, recherche de nourriture). Au repos, posé à l'ombre, l'échauffement est un processus endothermique et se manifeste par de rapides frémissements des ailes assez proches dans leur principe du frissonnement[14]. Au repos par temps ensoleillé, ils orientent les ailes par rapport aux rayons du soleil en fonction de la température ambiante (processus exothermique). Par temps frais et peu ensoleillé, ils adoptent la posture dorsale (ailes étalées comme celles d'un avion : ouverture totale ≥ 180°, partielle < 180°), prenant de véritables bains de soleil. Au contraire, lors de journées chaudes et ensoleillées, ils adoptent la posture latérale (ailes plaquées verticalement l'une contre l'autre au-dessus du corps) de façon à limiter la surface exposée aux rayons. Ils se protègent également de la surchauffe thoracique en volant énergiquement de place en place pour limiter le temps d'exposition[15]. Certains grands papillons de jour (comme le Flambé ou le Machaon)[16] alternent entre des phases de vol actif avec battements d'ailes et des phases de vol plané, ces dernières évitant également la surchauffe thoracique[17]. L'hypothèse du réchauffement corporel par un mécanisme direct (ailes absorbant directement le rayonnement du soleil et transmettant la chaleur au thorax via l'hémolymphe[18] est infirmée par les calculs et expérimentalement, la membrane alaire étant assez mauvaise conductrice de chaleur et la circulation de l'hémolymphe trop faible[19],[20]. L'hypothèse privilégiée est un mécanisme indirect : la chaleur émise par le rayonnement solaire est transférée au thorax par les ailes qui agissent comme des déflecteurs de chaleur par convection, leur angle plus ou moins ouvert favorisant la concentration du flux solaire sur la face dorsale du thorax[21]. Les bandes claires sur les ailes jouent également un rôle thermorégulateur : elles permettent à des papillons de réduire le stress thermique dans des environnements très chauds[22].
36
+
37
+ Paon du jour (Aglais io).
38
+
39
+ Mégère (Lasiommata megera).
40
+
41
+ Cithaerias andromeda esmeralda.
42
+
43
+ Acraea pharsalus.
44
+
45
+ Cymothoe caenis.
46
+
47
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
48
+
49
+ En raison de la structure de leur œil multiple, les papillons ont une vision probablement moins nette que celle d'un être humain, mais bien plus performante selon d'autres points de vue :
50
+
51
+ Leur corps est souvent caché par un épais revêtement de phanères.
52
+
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+ Leurs pièces buccales sont transformées en proboscis (sauf chez certains petits groupes très primitifs pour ce caractère, tels les Micropterigidae munis de mandibules broyant le pollen), trompe enroulée en spirale au repos, pour aspirer le nectar. La trompe est formée par les galeas des maxilles qui sont fortement allongées et reliées entre elles par deux coaptations : l’antérieure formée de soies et la postérieure formée de crochets qui les solidarisent fortement, formant ainsi un canal qui permet l’aspiration du nectar. Toutes les autres pièces buccales sont atrophiées ou absentes, à l’exception des palpes labiaux qui protègent la trompe lorsqu’elle est enroulée au repos. La trompe des papillons est un outil de haute précision qui cumule les prouesses techniques. Au repos, elle reste enroulée en spirale comme un ressort de montre, sous l'effet d'une lame élastique qui court tout au long de sa paroi supérieure. Une succession d'anneaux de chitine - substance très résistante - maintient la canalisation béante quelle que soit sa courbure. Lorsque le papillon veut se nourrir, il contracte une série de plusieurs centaines de minuscules muscles obliques, situés dans l'épaisseur de la trompe, dont ils provoquent le déroulement. Au premier tiers de la longueur, des muscles spéciaux coudent la trompe vers le bas. Cette articulation souple favorise en particulier la recherche du nectar dans les corolles les plus étroites et les plus profondes. Sans même avoir à baisser la tête, le papillon déplace sa trompe pour explorer tous les recoins des fleurs qu'il visite. Dans la tête de l'insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l'action de muscles puissants. Elle fait office d'aspirateur. Grâce à des organes gustatifs très sensibles situés au bout de leurs pattes, ils savent immédiatement s'il y a lieu de déployer leur encombrant attirail d'aspiration.
54
+
55
+ Trompe et œil de papillon
56
+
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+ Papillon aspirant du nectar de banane
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'œuf est pondu sur ou à proximité de la plante-hôte de la chenille qui souvent qualifie l'espèce (Piéride du chou ou Azuré du serpolet).
62
+
63
+ La larve, ou chenille, est de type broyeur avec deux glandes labiales séricigènes c’est-à-dire fabriquant un fil de soie.
64
+
65
+ La chrysalide se trouve ou non dans un cocon. Le développement des chenilles s’effectue généralement en cinq stades marqués par des mues jusqu’à la transformation en nymphe, ou chrysalide. Suivant les espèces, la nymphose a lieu sous terre ou à l’air libre et la chenille s’entoure parfois d’un cocon de fils de soie avant de se transformer.
66
+
67
+ Accouplement de piérides du navet
68
+
69
+ Œufs d'un papillon mexicain (Caligo eurilochus)
70
+
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+ Chrysalide de Machaon
72
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
+
75
+ 99 % des espèces connues sont phytophages[24], c’est-à-dire se nourrissent de plantes. Les adultes se nourrissent pour la plupart de nectar des plantes à fleurs. Certains ont les pièces buccales classiques des Insectes, ce qui est un caractère primitif, d’autres ont une trompe atrophiée et ne se nourrissent pas à l’état adulte.
76
+
77
+ Chaque espèce de Lépidoptères peut présenter différents types de variabilité. Il existe des variations de taille, les individus pouvant être plus ou moins grands en fonction de la génération, de l'altitude ou encore du climat. Il existe également des variations, parfois très importantes, dans l'ornementation alaire[25] :
78
+
79
+ Dessus du mâle.
80
+
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+ Dessus de la femelle.
82
+
83
+ Accouplement (vue de dessous, mâle à gauche).
84
+
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+ Sous-espèce Limenitis arthemis arthemis.
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+
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+ Sous-espèce Limenitis arthemis astyanax.
88
+
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+ Forme printanière levana.
90
+
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+ Forme estivale prorsa.
92
+
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+ Forme ilia.
94
+
95
+ Forme clytie.
96
+
97
+ Aglais io, spécimen classique.
98
+
99
+ Aglais io, spécimen aberrant.
100
+
101
+ La forme actuelle des stades de développement, de l'œuf à l'imago, existe sans doute depuis 150 Ma. Les 220 000 espèces vivent partout dans le monde excepté dans l'Antarctique et sont particulièrement nombreuses dans la région des tropiques. Elles sont presque toujours associées à des plantes supérieures (des angiospermes ou plantes à fleurs) et ont donc coévolué. Il est en effet vraisemblable que l'évolution qui a conduit à ce groupe qui possède un organe hautement spécialisé comme la trompe s’est accomplie en même temps que le développement des plantes à fleurs avant la fin du Tertiaire. Comme presque toutes les espèces ont des chenilles inféodées à une plante-hôte précise, l'évolution n'a sûrement dû se faire qu'en présence d'une seule plante-hôte ancestrale, donc pas avant le Tertiaire.
102
+
103
+ Les Lépidoptères fossiles ont tendance à être plus rares que ceux des autres insectes, parce qu’ils étaient moins abondants dans des types d'environnement comme les lacs et les étangs propices à la fossilisation et que les stades larvaires n’ont que la tête chitineuse comme partie dure susceptible d'être fossilisée.
104
+
105
+ Il existe cependant quelques fossiles, dans l’ambre ou dans des sédiments très fins. Des traces de galeries peuvent être observées sur des feuilles fossiles mais leur interprétation est délicate[26].
106
+
107
+ Le fossile le plus ancien Archaeolepis mane, issu de roches britanniques, a été daté d’environ 190 Ma[26], au jurassique. Ce sont des restes d’ailes qui montrent des écailles à cannelures parallèles sous microscope électronique et le réseau de nervures caractéristique commun aux Lépidoptères et Trichoptères. On ne connaît que deux autres fossiles du jurassique et treize du crétacé[26]. La période suivante, le tertiaire, est beaucoup plus riche en fossiles[27]. L’éocène en particulier, avec les gisements d’ambre de la Baltique est riche. Ceux-ci ne sont pas d’une grande utilité pour établir la phylogénie des Lépidoptères car ils sont déjà très proches des espèces modernes. Plus rarement, les Lépidoptères peuvent se trouver dans des sédiments de type lacustre : diatomite. Un bel exemple a été publié dans le Bulletin des lépidoptères de France[28].
108
+
109
+ D'après les fossiles du Jurassique d'Amphiesménoptères découverts (groupe constitué des ancêtres des Trichoptères et Lépidoptères, selon la classification de Willi Hennig), ces groupes se sont différenciés il y 56 Ma[29].
110
+
111
+ Les Kalligrammatidae, famille de névroptères dont on connaît plusieurs fossiles plus anciens que ceux des Lépidoptères, ont une morphologie similaire à ces derniers mais ne leur sont pas directement apparentés : il s'agit d'une convergence évolutive.[réf. nécessaire]
112
+
113
+ Les Lépidoptères constituent un ordre. Au sein de la classe des insectes, celui-ci est placé dans la sous-classe des ptérygotes, l'infra-classe des néoptères et le super-ordre des holométaboles (ou endoptérygotes, qui se caractérisent par leur cycle de développement à métamorphose complète).
114
+
115
+ L'étude des relations de parenté (phylogénie) entre les différents ordres d'insectes montre que les Lépidoptères sont le groupe frère de l'ordre des Trichoptères.
116
+
117
+ Phylogénie des ordres actuels d'insectes holométaboles, d'après Peters et al., 2014[30] et Misof et al., 2014[31] :
118
+
119
+ Hymenoptera (symphytes, guêpes, fourmis et abeilles)
120
+
121
+ Lepidoptera (papillons)
122
+
123
+ Trichoptera
124
+
125
+ Diptera (mouches, syrphes, moustiques, taons...)
126
+
127
+ Mecoptera (panorpes...)
128
+
129
+ Siphonaptera (puces)
130
+
131
+ Coleoptera (scarabées, coccinelles, hannetons...)
132
+
133
+ Strepsiptera
134
+
135
+ Raphidioptera
136
+
137
+ Megaloptera
138
+
139
+ Neuroptera (planipennes)
140
+
141
+
142
+
143
+ Carl von Linné dans Systema Naturae (1758) reconnaît trois groupes de Lépidoptères : les Papilio, les Sphinx et les Phalaena avec sept sous-groupes dans les Phalaena (Scoble, 1995). Cette séparation se retrouve aujourd’hui dans 9 des super-familles de Lépidoptères.
144
+
145
+ Après Linné, Denis et Schiffermüller (1775) sont suivis par Fabricius (1775) et Latreille (1796). Ils identifient beaucoup plus d’espèces en les regroupant dans ce qui sera reconnu comme des genres.
146
+
147
+ Hübner décrit beaucoup des genres modernes et Ochsenheimer et Friedrich Treitschke (1776-1842), dans une série de volumes sur la faune de Lépidoptères européens publiés entre 1807 et 1835, renforcent les fondements de leur classification en genres (Scoble, 1995).
148
+
149
+ G.A.W. Herrich-Schaffer (plusieurs volumes, 1843-1856), et Edward Meyrick (1895) basent leur classification sur le nervurage des ailes. Au même moment, Sir George Hampson travaille sur la distinction entre Microlepidoptera et Macrolepidoptera.
150
+
151
+ Parmi les premiers entomologistes à étudier les fossiles d’insectes et leur évolution, Samuel Hubbard Scudder (1837-1911) travaille sur les papillons. Il publiera une étude des gisements du Colorado. Andrey Vasilyevich Martynov (1879-1938) met en évidence la proximité des Lépidoptères et des Trichoptères (Grimaldi et Engel, 2005).
152
+
153
+ Parmi les apports majeurs du XXe siècle figure la séparation basée sur la structure de l’appareil génital des femelles en Monotrysia et Ditrysia par Carl Julius Bernhard Börner (1880-1953) en 1925 et 1939 (Scoble, 1995).
154
+
155
+ Willi Hennig (1913-1976) développe l’analyse cladistique et l’applique à la phylogénie des insectes. Niels P. Kristensen, E. S. Nielsen et D.R. Davis étudient les relations entre les familles de Monotrysia, Kristensen ayant travaillé sur la phylogénie des insectes et des grands groupes de Lépidoptères (Scoble 1995, Grimaldi et Engel, 2005). Alors qu’en général, les phylogénies basées sur les analyses de l’ADN diffèrent des phylogénies basées sur les analyses morphologiques, ce n'est pas le cas pour les Lépidoptères, au moins à grande échelle (Grimaldi et Engel, 2005). Les tentatives de regroupement des super-familles de Lépidoptères en grand groupes naturels ont toutes échoué car les critères actuels Microlepidoptera et Macrolepidoptera, Heterocera et Rhopalocera, Jugatae et Frenatae, Monotrysia et Ditrysia (Scoble, 1995) ne permettent pas de définir des groupes monophylétiques.
156
+
157
+ Ces classifications étaient basées essentiellement sur des caractères superficiels. Elles ont progressivement été abandonnées au profit d’analyses phylogénétiques fondées sur des critères morphologiques et moléculaires.
158
+
159
+ Dans une de ces classifications, les Lépidoptères se divisaient en :
160
+
161
+ Dans une autre classification, les Lépidoptères étaient divisés en quatre sous-ordres :
162
+
163
+ Une nouvelle classification phylogénétique s'est progressivement développée, qui n’est pas entièrement adoptée et fait l’objet d’une révision continue (toutes les analyses moléculaires n’ont pas encore été faites, pour plus d’informations sur la classification lire l’article sur la systématique).
164
+
165
+ Outre qu'il y a encore des désaccords sur certaines espèces, il est parfois délicat d'établir l'appartenance d'un papillon à une espèce ou à une autre, à cause du phénomène d'hybridation ou parce qu'un nom d'espèce couvre parfois en réalité plusieurs sous-espèces morphologiquement très proches et non encore identifiées en tant qu'espèces. Ces deux phénomènes sont plus fréquents que ne l'indiquent les guides de naturalistes[33]. Les taxonomistes ne prennent pas en compte des individus « douteux » (probablement des hybrides le plus souvent), parce que ces derniers rendent plus difficile la discrimination des espèces. L'hybridation naturelle se produirait entre environ 10 % de toutes les espèces animales, assez rarement en moyenne, mais avec des taux d'hybridation qui peuvent être plus importants pour certaines espèces (Mallet, 2005). Les données disponibles pour les papillons d'Europe (l'un des plus étudiés dans le monde) laissent penser qu'environ 16 % des 440 espèces de papillons européens sont connus pour hybrider dans la nature avec au moins une autre espèce proche de la leur. Parmi ceux-ci peut-être la moitié ou plus sont fertiles et ont montré des preuves de « rétrocroisements » dans la nature[34].
166
+
167
+ Une vaste synthèse publiée dans la revue Zootaxa en 2011[3] aboutit à la taxinomie suivante :
168
+
169
+ Ils sont présents partout dans le monde, mais chaque papillon a une aire de distribution qui lui est spécifique. Certaines espèces sont sédentaires, d'autres se disséminent, d'autres encore sont migratrices sur des distances plus ou moins longues.
170
+
171
+ Les papillons sont présents dans presque tous les environnements terrestres (hors zones très froides). Ils y représentent près de 10 % des 1 450 000 espèces d'insectes connues à la surface de la Terre, derrière les coléoptères (25 %). Assez facile à observer, les papillons diurnes sont les espèces d'insectes (hors espèces-nuisibles) les mieux connues et suivies au monde[38].
172
+
173
+ Très divers en termes d'exigences écologiques et souvent associés à une ou quelques espèces de plantes ou à un type d'habitat (la plupart des espèces sont monophages ou oligophages et étroitement inféodées à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables) ils sont d'excellents indicateurs biologiques)[39]. Ils sont vulnérables à de nombreux facteurs de dégradation de l'environnement et sont des pollinisateurs, ce qui en fait d'intéressants bioindicateurs. En Europe notamment on les utilise pour évaluer l'état et la santé des écosystèmes, l'état de certains services écosystémiques qui sont des ressources (et des indicateurs) important pour les questions de wikt:soutenabilité du développement.
174
+
175
+ Rien qu'au Royaume-Uni, il a été parcouru environ 750 000 km (l'équivalent de la distance terre-lune) pour réaliser des transects répétées d'échantillonnages de Lépidoptères depuis 1976[38]. Ces comptages ont permis de documenter les phénomènes de déclin et d'extinctions régionales et nationales, qui ont commencé avant 1900 (des inventaires des papillons butinant sur la pimprenelle étaient déjà fait en 1840 dans une zone protégée de Bavière en Allemagne)[38]. Partout, les résultats révèlent de graves pertes d'espèces en montrant que les espèces rares et spécialisées sont celles qui ont largement disparu et avant les autres, laissant des écosystèmes appauvris et dominés par quelques espèces communes et plus généralistes[38].
176
+
177
+ La disparition des papillons ne cesse de s'accélérer depuis quelques décennies[38]. Elle en dit donc long sur l’état de santé de l’environnement : ainsi un rapport de l'Agence européenne de l'environnement alerte sur le fait qu'en France comme en Europe, les papillons des prairies ont régressé de 50 % entre 1990 et 2011, principalement en raison de la dégradation progressive des écosystèmes, de l'agriculture intensive (pesticides) ou encore du réchauffement climatique[38]. En Grande-Bretagne, environ 70 % de la totalité des espèces de papillons auraient ainsi disparu en vingt ans[40].
178
+
179
+ La disparition des papillons, comme celle des abeilles et d'autres pollinisateurs) dans tout ou partie de leur aire de répartition, est en partie liée aux pesticides (désherbants qui tuent certaines de leurs plantes-hôtes, et insecticides, y compris depuis peu des insecticides dits biologiques produits à partir du bacille de thuringe (Bacillus thuringiensis ou Bt), très utilisés et ciblant les Lépidoptères, devenant une nouvelle et importante cause de disparition). Leur régression est aussi en partie causée par la réduction de la biodiversité florale du fait de la monoculture et de la transformation du paysage végétal par l'homme, qui a ainsi réduit la quantité des ressources alimentaires et leur diversité qualitative.
180
+
181
+ Quelques espèces, peu nombreuses, ont une aire en extension, voire un comportement invasif lié à l'extension de certaines cultures, comme c'est le cas de la pyrale du maïs, ou encore de la mineuse du marronnier, pour des raisons mal comprises ; mais de nombreuses espèces de Lépidoptères sont en forte régression ou ont récemment disparu de tout ou partie de leurs habitats naturels.
182
+
183
+ La destruction et la fragmentation de leurs habitats (notamment par l'agriculture intensive, l'urbanisation, la déforestation, l'assèchement des milieux humides, les gyrobroyages) et l'usage croissant de pesticides semblent être les principales causes de cette régression ; les insecticides mais aussi les désherbants ciblent en effet les plantes-hôtes de certaines chenilles. Le dérèglement climatique est une autre cause, qui explique aussi des changements rapides d'aires de répartition[42] ou des disjonctions de cycles de vie.
184
+
185
+ Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides insecticides, mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies, en raison de la fragmentation écopaysagère croissante, par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes).
186
+
187
+ En France métropolitaine, seules une quinzaine d'espèces sont protégées en 2012. Or au moins 16 papillons de jour sont menacés de disparition à court terme, alertent l'Union internationale pour la conservation de la nature[43], le Muséum national d'histoire naturelle et l'Office pour les insectes et leur environnement[44]. 18 papillons sont quasi-menacés selon la dernière liste rouge des espèces menacées en France, et beaucoup d'autres sont en voie de régression, parmi 253 espèces[44].
188
+
189
+ À titre d'exemple, l'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée « en danger critique » en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
190
+
191
+ Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
192
+
193
+ L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
194
+
195
+ Par exemple l'hermite, un papillon autrefois largement répandu en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie « vulnérable »[44].
196
+
197
+ L'Azuré du mélilot est lui classé « quasi menacé », alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.
198
+
199
+ Les éclairages nocturnes forment des remparts infranchissables pour de nombreuses espèces de papillons de nuit (Phototropisme négatif) qui ont besoin de se déplacer entre leurs zones de reproduction et nourrissage, et pour leurs migrations, bon nombre d'entre eux meurt d'épuisement en s'approchant de ces éclairages qui, dans ce cas, deviennent un piège dont ils ne sortiront plus (Phototropisme positif). Les Lépidoptères nocturnes sont majoritaires par rapport aux diurnes et participent grandement à la pollinisation parfois de façon spécifique, ils sont aussi la source alimentaire quasiment exclusive des Chiroptères qui sont, eux aussi, en grand danger.
200
+
201
+ La convention de Berne qui a pour but d'assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe par une coopération entre les États a été signée le 19 septembre 1979 à Berne en Suisse (entrée en vigueur le 1er juin 1982). Elle comporte en annexe une liste d'espèces qui comprend des papillons. Voici quelques exemples :
202
+
203
+ Une espèce est considérée comme nuisible Cacyreus marshalli le brun des pelargonium.
204
+
205
+ Des recommandations sont émises au niveau national en direction des Maires et Mairies qui convie à réduire voir éteindre quant cela est possible les éclairages nocturnes aillant pas ou peut d'utilité publique pour rétablir les Corridor biologique, Les ultraviolets sont particulièrement à proscrire des éclairages nocturnes, un label et décerné aux communes sous la forme d'étoiles (communes étoilées) cette appellation concerne toutefois principalement la réappropriation du ciel nocturne, la redécouverte de la voute céleste.
206
+
207
+ Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'étaient les excréments des chrysalides des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire[51].
208
+
209
+ Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme ; et deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs ; leur vue annonce une visite, ou la mort d’un proche.
210
+
211
+ Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses : la chrysalide est l’œuf qui contient la potentialité de l’être ; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C’est encore, si l’on préfère la sortie du tombeau.
212
+
213
+ Symbole du feu solaire et diurne, et pour cette raison de l’âme des guerriers, il représente le soleil dans le temple des guerriers aztèques et le dieu de feu porte comme emblème un pectoral nommé papillon d’obsidienne. L’obsidienne, comme le silex, est une pierre de feu. Toutes ces interprétations découlent probablement de l’association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes[52].
214
+
215
+ Dans la mythologie grecque, Psyché (l'âme), mariée à Éros (l'amour), acquiert des ailes de papillon ; la peinture française, nourrie de mythologie, fait figurer des papillons à côté de Psyché dans les tableaux qui la représentent. En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
216
+
217
+ Les papillons ont été représentés et il en reste des peintures datant pour la plus ancienne, en Égypte dans la tombe de Neferhotep de vers 3 000 ans avant notre ère.
218
+
219
+ En Europe, les plus anciennes peintures de papillons retrouvées sont celles d'enluminures du IXe siècle, puis dans divers tableaux de la peinture flamande, de la peinture hollandaise et de la peinture italienne mais ils sont particulièrement présents dans les natures mortes flamandes et hollandaises du XVIIe siècle.
220
+
221
+ Égypte ancienne tombe de Nakht
222
+
223
+ Livre d'heures d'Hastings
224
+
225
+ Lettrine enluminée, encre et peinture sur parchemin, XVIe siècle (Renaissance).
226
+
227
+ Philips de Marlier
228
+
229
+ Vincent van Gogh
230
+
231
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
232
+
233
+ Chine (voir aussi le plus grand parc mondial des papillons dans le District de Xishan)
234
+
235
+ Corée
236
+
237
+ États-Unis d'Amérique (Martin Johnson Heade)
238
+
239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ Dessin de Jacob HübnerParnassius phoebusssp sacerdos
242
+
243
+ Alfred Brehm
244
+
245
+ Moses Harris
246
+
247
+ Per Olof Christopher Aurivillius
248
+
249
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
250
+
251
+ De très nombreux papillons ont fait l'objet de tirages dans de nombreux pays.
252
+
253
+ Timbre de la poste allemande, le Gonepteryx rhamni
254
+
255
+ Timbre de la poste d'Azerbaïdjan, le Zegris menestho
256
+
257
+ Timbre de la poste de Russie
258
+
259
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
260
+
261
+ Des blasons représentant des papillons, par exemple celui de la ville de Monnières en Loire-Atlantique.
262
+
263
+ Tapisserie de Dubois et RedoutéSalon des Fleurs, château de Compiègne
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+
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+ Céramique italienne
266
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
268
+
269
+ The Princess Nobody illustrée par Richard Doyle
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+ À La Parisienne, hiver 1913-1914
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+ État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée
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+ (en) Independent State of Papua New Guinea
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+ (tpi) Independen Stet bilong Papua Niugini
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+ (ho) Independen Stet bilong Papua Niu Gini
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+ 9° 28′ S, 147° 12′ E
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée , en forme longue l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, est un pays d'Océanie occupant la moitié orientale de l'île de Nouvelle-Guinée sur une superficie de 462 840 km2 (l'autre moitié, la Nouvelle-Guinée occidentale, étant sous souveraineté indonésienne). Elle est située en Océanie proche, dans le sud-ouest de l'océan Pacifique, au nord de l'Australie, et à l'ouest des îles Salomon.
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+ Le nom du pays provient de « papou », mot qui, d'après le naturaliste Alfred Wallace, est issu du malais puwah-puwah ou papuwah qui signifie « crépu »[2]. L'ethnologue Français Christian Pelras, spécialiste du sud de l'île de Célèbes, écrit que des cartes établies au XVIIIe siècle par les Bugis mentionnent le nom de « Papua » pour désigner la Nouvelle-Guinée[3].
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+ Nouvelle-Guinée est le nom qu'a donné au XVIe siècle un explorateur espagnol, en raison de la ressemblance qu'il trouve aux habitants avec la population de Guinée équatoriale en Afrique. Le pays a obtenu son indépendance en 1975, et est membre du Commonwealth of Nations.
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+ Les premiers habitants, ancêtres des Papous, s'installent en Nouvelle-Guinée et dans des îles avoisinantes il y a quelque 50 000 ans. Il y a quelque 3 500 ans, des migrants austronésiens atteignent la Nouvelle-Guinée orientale et se mêlent aux populations papoues sur la côte septentrionale et dans les îles Bismarck.
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+ En 1884, le nord de l'actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée est annexé par l'Empire colonial allemand, puis le sud est fait protectorat de l'Empire britannique cette même année. Le territoire passe entièrement sous souveraineté britannique après la Première Guerre mondiale, et est confié à l'Australie. La Papouasie-Nouvelle-Guinée obtient paisiblement son indépendance, et devient membre du Commonwealth des nations, en 1975.
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+
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+ Le pays a vécu des conflits frontaliers avec l'Indonésie et des mouvements sécessionnistes, tel celui de l'île de Bougainville (1989-2001) où la guérilla aurait fait près de 20 000 morts[4] et où, en novembre 2019, un référendum sur l'indépendance a eu lieu. 176 928 électeurs ont voté en faveur de l’indépendance, soit plus de 98 % des suffrages exprimés. L’Île de Bougainville deviendra le 194e État membre de l'Organisation des Nations unies.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un royaume du Commonwealth, et donc une démocratie parlementaire. La reine Élisabeth II en est symboliquement le chef d'État. Elle est représentée par un gouverneur général.
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27
+ Le pouvoir exécutif est détenu par le Premier ministre, qui dirige le cabinet. Le Parlement, unicaméral, a cent onze sièges, dont vingt-deux sont occupés par les gouverneurs des vingt-deux provinces. Les parlementaires sont élus tous les cinq ans.
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+ Les élections attirent un grand nombre de candidats ; de nombreux membres du parlement sont élus avec moins de 10 % des voix.
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+ Depuis les années 1960, des tensions séparatistes sur l'île de Bougainville opposent les insulaires au pouvoir central. Ce conflit entraîne des affrontements violents dans les années 1980, l'échec de la stratégie de harcèlement judiciaire des propriétaires terriens de l'île (qui abrite la mine de cuivre de Panguna, aujourd'hui désaffectée) conduisant à une radicalisation du conflit, avec la création en 1988 de l'Armée révolutionnaire de Bougainville.
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+ En mai 2012, le Parlement national de Papouasie-Nouvelle-Guinée élit Peter O'Neill alors que le Premier ministre d'alors est à Singapour pour une opération du cœur. Le Premier ministre de facto dirige la police et l'armée et exerce le pouvoir bien que la Cour suprême ait jugé l'exercice du pouvoir par ce dernier illégal. Cette controverse n'est réglée que par les élections législatives de 2012 qui confortent Peter O'Neill dans son autorité.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée était divisée en vingt divisions principales (réparties en quatre régions) créées initialement comme districts lors de l'indépendance du pays le 16 septembre 1975, mais ayant acquis le statut de provinces en 1975 (à l'exception de la capitale nationale, restée un district séparé de la nouvelle province Centrale). Bougainville (anciennement la Province des Îles Salomon du Nord) a un statut distinct de région autonome (et sa capitale de jure, Arawa, a été largement détruite et déplacée de facto à Buka).
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+ En 2012, deux provinces ont été divisées en deux, portant le nombre de divisions principales à vingt-deux (le district de la capitale nationale, vingt provinces et la région autonome de Bougainville) avec les nouvelles provinces de Hela (séparée de celle des Hautes-Terres méridionales) et Jiwaka (séparée de celle des Hautes-Terres occidentales).
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+ Les provinces (et la région autonome de Bougainville) sont elles-mêmes subdivisées en districts. Les districts (y compris le district de la capitale nationale) sont eux-mêmes divisées en gouvernements de niveau local (GNL, en anglais : Local Level Government, LLG) tenant lieu de municipalités : les GNL ruraux (les plus nombreux) groupent une petite ville ou un village chef-lieu et divers villages environnants, les GNL urbains subdivisent les villes plus importantes (mais avec encore de nombreux petits villages, même dans ceux du district capitale).
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est essentiellement montagneuse (le mont Wilhelm culmine à 4 509 m) et couverte de forêt tropicale ombrophile.
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+ Située le long d'une faille tectonique, les tremblements de terre et les tsunamis en résultant sont relativement communs en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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+ La plus grande partie du pays est située sur l'île de Nouvelle-Guinée, où se trouve la capitale Port-Moresby, mais comprend aussi quelques îles, dont les plus importantes sont :
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée bénéficie d'un climat équatorial, qui se caractérise par une forte chaleur tout au long de l’année, mais également par une importante humidité. En plaine, la température moyenne annuelle s’élève à environ 24 °C. On assiste à une baisse rapide de la température ambiante lorsque l’altitude s’élève (gelées fréquentes). Les précipitations restent basses en dehors de la saison des fortes pluies, durant l'été austral et le début de l'automne.
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+
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+ Évolution de la température et des précipitations à Port Moresby (capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée) sur une année.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée fait partie de l'écozone australasienne, qui inclut également l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'est de l'Indonésie, et plusieurs archipels du Pacifique dont les Îles Salomon et Vanuatu. Géologiquement, l'île de Nouvelle-Guinée est une extension de la plaque australienne, connectée au segment australien par un plateau continental peu profond traversant le détroit de Torrès ; ce plateau était exposé dans le passé, en particulier pendant les périodes de glaciation, où le niveau des mers était plus bas que de nos jours, et formait un pont terrestre.
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+ Par conséquent, de nombreuses espèces d'oiseaux et de mammifères se trouvant en Nouvelle-Guinée ont des liens génétiques très proches de certaines espèces correspondantes en Australie. Une des caractéristiques que les deux étendues de terre ont en commun est l'existence de plusieurs espèces de mammifères marsupiaux, dont des kangourous et opossums (phalangeriformes), qui ne se trouvent nulle part ailleurs.
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+
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+ Une grande partie des autres îles sur le territoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, Bougainville, les Îles de l'Amirauté, les Îles Trobriand, et l'archipel des Louisiades, n'ont jamais été reliées à la Nouvelle-Guinée par des ponts terrestres. En conséquence, ces îles ont leur propre flore et faune ; en particulier, on ne retrouve pas les mammifères terrestres et les oiseaux inaptes au vol qui sont des espèces communes en Nouvelle-Guinée et en Australie.
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+ L'Australie et la Nouvelle-Guinée sont des morceaux de l'ancien supercontinent Gondwana, qui commença à se fragmenter en continents plus petits pendant la période du Crétacé, entre 66 et 130 millions d'années avant notre ère. L'Australie finit par se détacher de l'Antarctique il y a environ 45 millions d'années. Toutes les îles australasiennes abritent la flore antarctique, descendant de la flore du sud de Gondwana, dont les conifères podocarpacées, les pins Araucaria, et les Nothofagus. Ces familles de plantes sont toujours présentes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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+ La collision entre la plaque australienne et la plaque eurasienne est à l'origine de la Chaîne Centrale. La Chaîne Centrale est bien plus jeune et plus haute que les montagnes australiennes, et son altitude est tellement élevée qu'elle abrite des glaciers équatoriaux, rares. La Nouvelle-Guinée fait partie des tropiques humides, et plusieurs espèces de plantes tropicales indomalaises se trouvent aux alentours des détroits asiatiques, se mélangeant à la plus ancienne flore australienne et antarctique.
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+
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+ Au vu du rythme actuel de la déforestation, plus de la moitié des forêts du pays pourraient avoir disparu ou avoir été sévèrement dégradées avant 2021, selon une nouvelle étude satellite de la région[5]. Près d'un quart des forêts tropicales de Papouasie-Nouvelle-Guinée furent endommagées ou détruites entre 1972 et 2002[6].
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+ Les Portugais, puis les Espagnols, ont emprunté bananiers, cocotiers, cannes à sucre, et transmis la patate douce, qui a permis de développer la population humaine et de modifier ses activités.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est richement dotée de ressources naturelles, mais leur exploitation est entravée par le terrain accidenté et le coût élevé du développement de l'infrastructure. Récemment (aux environs de 2010), des gisements de gaz naturel gigantesques y ont été découverts. Leur exploitation, qui devrait démarrer dans trois ou quatre ans, s'élèvera à près de sept millions de tonnes par an.
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+ L'agriculture est le principal moyen de subsistance pour 85 % de la population.
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+ Les dépôts de minerais, dont le pétrole, le cuivre, et l'or, contribuent à 72 % des recettes d'exportation. En 1972, sur l'île de Bougainville, à mille kilomètres au nord-est de Port Moresby, les Australiens mirent en exploitation Panguna, l'une des plus grandes mines de cuivre à ciel ouvert du monde, qui fournissait 45 % des exportations.
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+ L'économie est en régression depuis 2000 mais s'est probablement légèrement améliorée en 2003. L'ancien premier ministre Mekere Morauta avait essayé de maintenir l'intégrité des institutions de l'État [Contradiction], de stabiliser le kina, de reconstituer la stabilité du budget national, de privatiser des entreprises publiques [Contradiction] quand cela était approprié[réf. nécessaire][Quand ?] [Contradiction] et d'assurer une paix durable sur Bougainville.
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+ Le gouvernement a pu s'attirer l'appui international, notamment en gagnant le soutien du FMI et de la Banque mondiale en fixant des prêts d'aide au développement. Les défis significatifs se posent au premier ministre actuel Michael Somare, y compris gagner davantage la confiance des épargnants, de continuer les efforts de privatisation des capitaux gouvernementaux[réf. nécessaire] [pourquoi ?] et maintenir l'appui des parlementaires.
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+ Sur les marchés des principales villes de la province des Highlands, le troc est encore couramment pratiqué, l'échange marchand supporté par les valeurs fiduciaires est devenu un mode « obligatoire » avec les personnes qui n'ont pas ou ont abandonné tout lien avec le quotidien des tribus et ethnies. En octobre 1998, des groupes ethniques de la région de Madang ont assigné à leur député le dépôt d'une proposition de loi visant à l'abolition de la monnaie-papier, et le retour à l'usage du Kina - et du Toea, sa subdivision - qui sont en fait des coquillages.
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+ La population de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'une des plus hétérogènes au monde. Le pays compte plusieurs centaines de groupes ethniques. Les ethnies papoues représentent 78 %, devant les Mélanésiens et les Négritos.
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+ En 2015, la population atteint 7 619 321 habitants selon la Banque Mondiale, soit une densité de 16 habitants par km²[7]. La croissance démographique est de 2,1 %, le taux de natalité de 28,88 ‰ et celui de mortalité de 7,7 ‰. L’espérance de vie en 2014 est de 62 ans. La population est jeune (âge moyen en 2014 : 22 ans). Le taux d’alphabétisation des adultes en 2014 est de 62,9 % (Banque Mondiale-FMI), soit le 192e rang mondial sur 215 pays. L’Indice de développement humain (2014) est de 0,505 soit le 158e rang mondial.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays où l'on dénombre le plus de langues différentes : plus de huit cents recensées au total[8], soit plus de 10 % du total des langues parlées dans le monde. Cependant, la plupart ont moins de 1 000 locuteurs.
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+ La langue indigène la plus parlée est l'enga, avec un peu moins de 200 000 locuteurs. Viennent ensuite le melpa (en) et le huli[9]. Les langues indigènes sont classés en deux grands groupes, les langues austronésiennes et les langues non-austronésiennes, ou langues papoues.
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+
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+ Il y a quatre langues officielles en Papouasie-Nouvelle-Guinée : l'anglais, la langue des signes de Papouasie-Nouvelle-Guinée (en), le tok pisin (créole de base anglaise) et le hiri motu (créole de base motu). La langue des signes est devenue une langue officielle en 2015, alors même qu'elle était encore en développement à partir d'une forme créole de la langue des signes australienne[10].
86
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+ En 2004, les dépenses publiques pour la santé étaient à 3 % du produit intérieur brut, tandis que les dépenses du secteur privé s'élevaient à 0,6 %[11]. Le pays a eu ou a, avec environ 2 % de la population adulte, le taux le plus élevé du VIH et du sida en Océanie[12]. Dans le début des années 2000, il y avait 5 médecins pour 100 000 habitants[11]. Avant les années 60, le cannibalisme était autorisé pour des raisons culturelles ce qui a causé la propagation d'une maladie nommée « Kuru »[13] chez le peuple Fore mais le cannibalisme a été aboli par l'Australie et la maladie a cessé de se propager.
88
+
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+ Selon le rapport créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 2011, 60,1 % de la population serait analphabète. Les femmes sont particulièrement touchées[11]. Une grande partie de l'éducation est dispensée par l'Église luthérienne[14]. En effet, plus de 500 écoles sont rattachées à l'Église évangélique luthérienne de Nouvelle-Guinée[15].
90
+
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+ Le pays dispose de plusieurs universités.
92
+
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+ Selon le recensement national de 2011, les principales dénominations chrétiennes sont l’Église catholique romaine 26%, Luthéranisme 18,4%, Église adventiste du septième jour 12,9%, Pentecôtisme 10,4%, Église Unie (Presbytérianisme/Méthodisme) 10,3%, alliances évangéliques 5,9%, Anglicanisme 3,2%, Union baptiste de Papouasie-Nouvelle-Guinée 2,8%, Armée du Salut 0,4%, soit au total un peu plus de 64% de protestants[16].
94
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+ Selon Amnesty International, la sorcellerie et la magie noire ont causé des tensions dans la population. En 2013, les journaux ont rapporté le meurtre par la foule de Kepari Leniata, identifiée par le journal local The National. Elle était une jeune femme de 20 ans, a été accusée de sorcellerie, d'avoir tué un enfant, et finit brûlée par la foule. Ces faits se sont produits à Mount Hagen, quatrième plus grande ville du pays. La foule a chassé les autorités (policiers, pompiers) qui voulaient s'interposer. Les journaux affichaient des photographies de son corps carbonisé[17],[18],[19].
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+ Souvent cela se produit lors d'un enterrement. La foule est alors rassemblée pour la cérémonie, partageant dans l'incompréhension un malheur. Soudainement une accusation fuse, désignant quelqu'un, souvent une femme, et chacun se jette sur cette personne pour se former une explication et se dégager de la douleur[20].
98
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+ Le phénomène est difficile à chiffrer ; l'ONU rapporte l'assassinat d'environ 200 personnes par an pour sorcellerie, ou complicité de sorcellerie. Le droit de tuer une sorcière était inscrit dans la Constitution jusqu'en 2013. En l'absence d'éducation, de police, l'assassinat de supposées sorcières est un moyen de purification, face à des événements douloureux et incompris. Ainsi, par la tradition du haus krai, chaque femme est épiée par le public et peut être accusée au moindre geste anormal. Plus prosaïquement, l'accusation de sorcellerie est un moyen pour les hommes de se défaire des femmes qui les gênent. Ou même, sous l'effet de l'alcool et de drogues, des femmes seules et isolées sont attaquées par des gangs sur ce motif. La croyance en la sorcellerie est une des plus profondes du pays[18],[19].
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+ Les victimes de ces croyances sont la plupart du temps des femmes, mais aussi de nombreux hommes. Elle touche un grand nombre d'enfants et de bébés car, selon ces croyances, l'esprit maléfique réside dans l'utérus, et donc « contamine » l'enfant ; ainsi même des bébés sont souvent tués[21].
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+ En 2018 la Cour nationale a condamné à mort huit personnes, à prison à perpétuité 88 personnes, pour le lynchage de supposés sorciers par une foule en 2014 dans la province de Madang. Toutefois, la peine capitale n'a pas été appliquée dans ce pays depuis 1954. Les croyant sorciers, la foule avait découpé en morceaux trois hommes et deux enfants âgés de 3 et 5 ans. La Cour affirme que la croyance en la sorcellerie n'est pas une circonstance atténuante pour ces meurtres[22].
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+ Les Kumuls, l'équipe de rugby à XIII nationale, 7e au rang RLIF, participe en 2008 à la coupe du monde de Rugby à XIII. Elle termine dernière de son groupe derrière 3 grandes nations du XIII, l'Australie, l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Australasie
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+
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+ Îles Ashmore-et-Cartier (Australie) · Australie · Île Christmas (Australie) · Îles Cocos (Australie) · Îles de la mer de Corail (Australie) · Île Norfolk (Australie) · Nouvelle-Zélande
114
+
115
+ Mélanésie
116
+
117
+ Fidji · Indonésie (Moluques, Nouvelle-Guinée occidentale) · Nouvelle-Calédonie (France) · Papouasie-Nouvelle-Guinée · Îles Salomon · Timor oriental · Vanuatu
118
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119
+ Micronésie
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+
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+ Guam (États-Unis) · Kiribati · Îles Mariannes du Nord (États-Unis) · Îles Marshall · États fédérés de Micronésie · Nauru · Ogasawara (Japon) · Palaos · Wake (États-Unis)
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+ Polynésie
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+ Archipel Juan Fernández (Chili) · Îles Cook · Hawaï (États-Unis) · Îles mineures éloignées des États-Unis (États-Unis) · Niue · Île de Pâques (Chili) · Îles Pitcairn (Royaume-Uni) · Polynésie française (France) · Samoa · Samoa américaines (États-Unis) · Tokelau (Nouvelle-Zélande) · Tonga · Tuvalu · Wallis-et-Futuna (France)
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+ État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée
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+ (en) Independent State of Papua New Guinea
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+ (tpi) Independen Stet bilong Papua Niugini
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+ (ho) Independen Stet bilong Papua Niu Gini
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+ 9° 28′ S, 147° 12′ E
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée , en forme longue l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, est un pays d'Océanie occupant la moitié orientale de l'île de Nouvelle-Guinée sur une superficie de 462 840 km2 (l'autre moitié, la Nouvelle-Guinée occidentale, étant sous souveraineté indonésienne). Elle est située en Océanie proche, dans le sud-ouest de l'océan Pacifique, au nord de l'Australie, et à l'ouest des îles Salomon.
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+ Le nom du pays provient de « papou », mot qui, d'après le naturaliste Alfred Wallace, est issu du malais puwah-puwah ou papuwah qui signifie « crépu »[2]. L'ethnologue Français Christian Pelras, spécialiste du sud de l'île de Célèbes, écrit que des cartes établies au XVIIIe siècle par les Bugis mentionnent le nom de « Papua » pour désigner la Nouvelle-Guinée[3].
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+ Nouvelle-Guinée est le nom qu'a donné au XVIe siècle un explorateur espagnol, en raison de la ressemblance qu'il trouve aux habitants avec la population de Guinée équatoriale en Afrique. Le pays a obtenu son indépendance en 1975, et est membre du Commonwealth of Nations.
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+ Les premiers habitants, ancêtres des Papous, s'installent en Nouvelle-Guinée et dans des îles avoisinantes il y a quelque 50 000 ans. Il y a quelque 3 500 ans, des migrants austronésiens atteignent la Nouvelle-Guinée orientale et se mêlent aux populations papoues sur la côte septentrionale et dans les îles Bismarck.
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+ En 1884, le nord de l'actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée est annexé par l'Empire colonial allemand, puis le sud est fait protectorat de l'Empire britannique cette même année. Le territoire passe entièrement sous souveraineté britannique après la Première Guerre mondiale, et est confié à l'Australie. La Papouasie-Nouvelle-Guinée obtient paisiblement son indépendance, et devient membre du Commonwealth des nations, en 1975.
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+ Le pays a vécu des conflits frontaliers avec l'Indonésie et des mouvements sécessionnistes, tel celui de l'île de Bougainville (1989-2001) où la guérilla aurait fait près de 20 000 morts[4] et où, en novembre 2019, un référendum sur l'indépendance a eu lieu. 176 928 électeurs ont voté en faveur de l’indépendance, soit plus de 98 % des suffrages exprimés. L’Île de Bougainville deviendra le 194e État membre de l'Organisation des Nations unies.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un royaume du Commonwealth, et donc une démocratie parlementaire. La reine Élisabeth II en est symboliquement le chef d'État. Elle est représentée par un gouverneur général.
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+ Le pouvoir exécutif est détenu par le Premier ministre, qui dirige le cabinet. Le Parlement, unicaméral, a cent onze sièges, dont vingt-deux sont occupés par les gouverneurs des vingt-deux provinces. Les parlementaires sont élus tous les cinq ans.
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+ Les élections attirent un grand nombre de candidats ; de nombreux membres du parlement sont élus avec moins de 10 % des voix.
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+ Depuis les années 1960, des tensions séparatistes sur l'île de Bougainville opposent les insulaires au pouvoir central. Ce conflit entraîne des affrontements violents dans les années 1980, l'échec de la stratégie de harcèlement judiciaire des propriétaires terriens de l'île (qui abrite la mine de cuivre de Panguna, aujourd'hui désaffectée) conduisant à une radicalisation du conflit, avec la création en 1988 de l'Armée révolutionnaire de Bougainville.
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+ En mai 2012, le Parlement national de Papouasie-Nouvelle-Guinée élit Peter O'Neill alors que le Premier ministre d'alors est à Singapour pour une opération du cœur. Le Premier ministre de facto dirige la police et l'armée et exerce le pouvoir bien que la Cour suprême ait jugé l'exercice du pouvoir par ce dernier illégal. Cette controverse n'est réglée que par les élections législatives de 2012 qui confortent Peter O'Neill dans son autorité.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée était divisée en vingt divisions principales (réparties en quatre régions) créées initialement comme districts lors de l'indépendance du pays le 16 septembre 1975, mais ayant acquis le statut de provinces en 1975 (à l'exception de la capitale nationale, restée un district séparé de la nouvelle province Centrale). Bougainville (anciennement la Province des Îles Salomon du Nord) a un statut distinct de région autonome (et sa capitale de jure, Arawa, a été largement détruite et déplacée de facto à Buka).
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+ En 2012, deux provinces ont été divisées en deux, portant le nombre de divisions principales à vingt-deux (le district de la capitale nationale, vingt provinces et la région autonome de Bougainville) avec les nouvelles provinces de Hela (séparée de celle des Hautes-Terres méridionales) et Jiwaka (séparée de celle des Hautes-Terres occidentales).
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+ Les provinces (et la région autonome de Bougainville) sont elles-mêmes subdivisées en districts. Les districts (y compris le district de la capitale nationale) sont eux-mêmes divisées en gouvernements de niveau local (GNL, en anglais : Local Level Government, LLG) tenant lieu de municipalités : les GNL ruraux (les plus nombreux) groupent une petite ville ou un village chef-lieu et divers villages environnants, les GNL urbains subdivisent les villes plus importantes (mais avec encore de nombreux petits villages, même dans ceux du district capitale).
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est essentiellement montagneuse (le mont Wilhelm culmine à 4 509 m) et couverte de forêt tropicale ombrophile.
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+ Située le long d'une faille tectonique, les tremblements de terre et les tsunamis en résultant sont relativement communs en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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+ La plus grande partie du pays est située sur l'île de Nouvelle-Guinée, où se trouve la capitale Port-Moresby, mais comprend aussi quelques îles, dont les plus importantes sont :
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée bénéficie d'un climat équatorial, qui se caractérise par une forte chaleur tout au long de l’année, mais également par une importante humidité. En plaine, la température moyenne annuelle s’élève à environ 24 °C. On assiste à une baisse rapide de la température ambiante lorsque l’altitude s’élève (gelées fréquentes). Les précipitations restent basses en dehors de la saison des fortes pluies, durant l'été austral et le début de l'automne.
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+ Évolution de la température et des précipitations à Port Moresby (capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée) sur une année.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée fait partie de l'écozone australasienne, qui inclut également l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'est de l'Indonésie, et plusieurs archipels du Pacifique dont les Îles Salomon et Vanuatu. Géologiquement, l'île de Nouvelle-Guinée est une extension de la plaque australienne, connectée au segment australien par un plateau continental peu profond traversant le détroit de Torrès ; ce plateau était exposé dans le passé, en particulier pendant les périodes de glaciation, où le niveau des mers était plus bas que de nos jours, et formait un pont terrestre.
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+ Par conséquent, de nombreuses espèces d'oiseaux et de mammifères se trouvant en Nouvelle-Guinée ont des liens génétiques très proches de certaines espèces correspondantes en Australie. Une des caractéristiques que les deux étendues de terre ont en commun est l'existence de plusieurs espèces de mammifères marsupiaux, dont des kangourous et opossums (phalangeriformes), qui ne se trouvent nulle part ailleurs.
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+ Une grande partie des autres îles sur le territoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, Bougainville, les Îles de l'Amirauté, les Îles Trobriand, et l'archipel des Louisiades, n'ont jamais été reliées à la Nouvelle-Guinée par des ponts terrestres. En conséquence, ces îles ont leur propre flore et faune ; en particulier, on ne retrouve pas les mammifères terrestres et les oiseaux inaptes au vol qui sont des espèces communes en Nouvelle-Guinée et en Australie.
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+ L'Australie et la Nouvelle-Guinée sont des morceaux de l'ancien supercontinent Gondwana, qui commença à se fragmenter en continents plus petits pendant la période du Crétacé, entre 66 et 130 millions d'années avant notre ère. L'Australie finit par se détacher de l'Antarctique il y a environ 45 millions d'années. Toutes les îles australasiennes abritent la flore antarctique, descendant de la flore du sud de Gondwana, dont les conifères podocarpacées, les pins Araucaria, et les Nothofagus. Ces familles de plantes sont toujours présentes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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+ La collision entre la plaque australienne et la plaque eurasienne est à l'origine de la Chaîne Centrale. La Chaîne Centrale est bien plus jeune et plus haute que les montagnes australiennes, et son altitude est tellement élevée qu'elle abrite des glaciers équatoriaux, rares. La Nouvelle-Guinée fait partie des tropiques humides, et plusieurs espèces de plantes tropicales indomalaises se trouvent aux alentours des détroits asiatiques, se mélangeant à la plus ancienne flore australienne et antarctique.
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+ Au vu du rythme actuel de la déforestation, plus de la moitié des forêts du pays pourraient avoir disparu ou avoir été sévèrement dégradées avant 2021, selon une nouvelle étude satellite de la région[5]. Près d'un quart des forêts tropicales de Papouasie-Nouvelle-Guinée furent endommagées ou détruites entre 1972 et 2002[6].
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+ Les Portugais, puis les Espagnols, ont emprunté bananiers, cocotiers, cannes à sucre, et transmis la patate douce, qui a permis de développer la population humaine et de modifier ses activités.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est richement dotée de ressources naturelles, mais leur exploitation est entravée par le terrain accidenté et le coût élevé du développement de l'infrastructure. Récemment (aux environs de 2010), des gisements de gaz naturel gigantesques y ont été découverts. Leur exploitation, qui devrait démarrer dans trois ou quatre ans, s'élèvera à près de sept millions de tonnes par an.
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+ L'agriculture est le principal moyen de subsistance pour 85 % de la population.
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+ Les dépôts de minerais, dont le pétrole, le cuivre, et l'or, contribuent à 72 % des recettes d'exportation. En 1972, sur l'île de Bougainville, à mille kilomètres au nord-est de Port Moresby, les Australiens mirent en exploitation Panguna, l'une des plus grandes mines de cuivre à ciel ouvert du monde, qui fournissait 45 % des exportations.
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+ L'économie est en régression depuis 2000 mais s'est probablement légèrement améliorée en 2003. L'ancien premier ministre Mekere Morauta avait essayé de maintenir l'intégrité des institutions de l'État [Contradiction], de stabiliser le kina, de reconstituer la stabilité du budget national, de privatiser des entreprises publiques [Contradiction] quand cela était approprié[réf. nécessaire][Quand ?] [Contradiction] et d'assurer une paix durable sur Bougainville.
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+ Le gouvernement a pu s'attirer l'appui international, notamment en gagnant le soutien du FMI et de la Banque mondiale en fixant des prêts d'aide au développement. Les défis significatifs se posent au premier ministre actuel Michael Somare, y compris gagner davantage la confiance des épargnants, de continuer les efforts de privatisation des capitaux gouvernementaux[réf. nécessaire] [pourquoi ?] et maintenir l'appui des parlementaires.
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+ Sur les marchés des principales villes de la province des Highlands, le troc est encore couramment pratiqué, l'échange marchand supporté par les valeurs fiduciaires est devenu un mode « obligatoire » avec les personnes qui n'ont pas ou ont abandonné tout lien avec le quotidien des tribus et ethnies. En octobre 1998, des groupes ethniques de la région de Madang ont assigné à leur député le dépôt d'une proposition de loi visant à l'abolition de la monnaie-papier, et le retour à l'usage du Kina - et du Toea, sa subdivision - qui sont en fait des coquillages.
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+ La population de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'une des plus hétérogènes au monde. Le pays compte plusieurs centaines de groupes ethniques. Les ethnies papoues représentent 78 %, devant les Mélanésiens et les Négritos.
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+ En 2015, la population atteint 7 619 321 habitants selon la Banque Mondiale, soit une densité de 16 habitants par km²[7]. La croissance démographique est de 2,1 %, le taux de natalité de 28,88 ‰ et celui de mortalité de 7,7 ‰. L’espérance de vie en 2014 est de 62 ans. La population est jeune (âge moyen en 2014 : 22 ans). Le taux d’alphabétisation des adultes en 2014 est de 62,9 % (Banque Mondiale-FMI), soit le 192e rang mondial sur 215 pays. L’Indice de développement humain (2014) est de 0,505 soit le 158e rang mondial.
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays où l'on dénombre le plus de langues différentes : plus de huit cents recensées au total[8], soit plus de 10 % du total des langues parlées dans le monde. Cependant, la plupart ont moins de 1 000 locuteurs.
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+ La langue indigène la plus parlée est l'enga, avec un peu moins de 200 000 locuteurs. Viennent ensuite le melpa (en) et le huli[9]. Les langues indigènes sont classés en deux grands groupes, les langues austronésiennes et les langues non-austronésiennes, ou langues papoues.
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+ Il y a quatre langues officielles en Papouasie-Nouvelle-Guinée : l'anglais, la langue des signes de Papouasie-Nouvelle-Guinée (en), le tok pisin (créole de base anglaise) et le hiri motu (créole de base motu). La langue des signes est devenue une langue officielle en 2015, alors même qu'elle était encore en développement à partir d'une forme créole de la langue des signes australienne[10].
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+ En 2004, les dépenses publiques pour la santé étaient à 3 % du produit intérieur brut, tandis que les dépenses du secteur privé s'élevaient à 0,6 %[11]. Le pays a eu ou a, avec environ 2 % de la population adulte, le taux le plus élevé du VIH et du sida en Océanie[12]. Dans le début des années 2000, il y avait 5 médecins pour 100 000 habitants[11]. Avant les années 60, le cannibalisme était autorisé pour des raisons culturelles ce qui a causé la propagation d'une maladie nommée « Kuru »[13] chez le peuple Fore mais le cannibalisme a été aboli par l'Australie et la maladie a cessé de se propager.
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+ Selon le rapport créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 2011, 60,1 % de la population serait analphabète. Les femmes sont particulièrement touchées[11]. Une grande partie de l'éducation est dispensée par l'Église luthérienne[14]. En effet, plus de 500 écoles sont rattachées à l'Église évangélique luthérienne de Nouvelle-Guinée[15].
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+ Le pays dispose de plusieurs universités.
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+ Selon le recensement national de 2011, les principales dénominations chrétiennes sont l’Église catholique romaine 26%, Luthéranisme 18,4%, Église adventiste du septième jour 12,9%, Pentecôtisme 10,4%, Église Unie (Presbytérianisme/Méthodisme) 10,3%, alliances évangéliques 5,9%, Anglicanisme 3,2%, Union baptiste de Papouasie-Nouvelle-Guinée 2,8%, Armée du Salut 0,4%, soit au total un peu plus de 64% de protestants[16].
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+ Selon Amnesty International, la sorcellerie et la magie noire ont causé des tensions dans la population. En 2013, les journaux ont rapporté le meurtre par la foule de Kepari Leniata, identifiée par le journal local The National. Elle était une jeune femme de 20 ans, a été accusée de sorcellerie, d'avoir tué un enfant, et finit brûlée par la foule. Ces faits se sont produits à Mount Hagen, quatrième plus grande ville du pays. La foule a chassé les autorités (policiers, pompiers) qui voulaient s'interposer. Les journaux affichaient des photographies de son corps carbonisé[17],[18],[19].
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+ Souvent cela se produit lors d'un enterrement. La foule est alors rassemblée pour la cérémonie, partageant dans l'incompréhension un malheur. Soudainement une accusation fuse, désignant quelqu'un, souvent une femme, et chacun se jette sur cette personne pour se former une explication et se dégager de la douleur[20].
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+ Le phénomène est difficile à chiffrer ; l'ONU rapporte l'assassinat d'environ 200 personnes par an pour sorcellerie, ou complicité de sorcellerie. Le droit de tuer une sorcière était inscrit dans la Constitution jusqu'en 2013. En l'absence d'éducation, de police, l'assassinat de supposées sorcières est un moyen de purification, face à des événements douloureux et incompris. Ainsi, par la tradition du haus krai, chaque femme est épiée par le public et peut être accusée au moindre geste anormal. Plus prosaïquement, l'accusation de sorcellerie est un moyen pour les hommes de se défaire des femmes qui les gênent. Ou même, sous l'effet de l'alcool et de drogues, des femmes seules et isolées sont attaquées par des gangs sur ce motif. La croyance en la sorcellerie est une des plus profondes du pays[18],[19].
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+ Les victimes de ces croyances sont la plupart du temps des femmes, mais aussi de nombreux hommes. Elle touche un grand nombre d'enfants et de bébés car, selon ces croyances, l'esprit maléfique réside dans l'utérus, et donc « contamine » l'enfant ; ainsi même des bébés sont souvent tués[21].
102
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103
+ En 2018 la Cour nationale a condamné à mort huit personnes, à prison à perpétuité 88 personnes, pour le lynchage de supposés sorciers par une foule en 2014 dans la province de Madang. Toutefois, la peine capitale n'a pas été appliquée dans ce pays depuis 1954. Les croyant sorciers, la foule avait découpé en morceaux trois hommes et deux enfants âgés de 3 et 5 ans. La Cour affirme que la croyance en la sorcellerie n'est pas une circonstance atténuante pour ces meurtres[22].
104
+
105
+ Les Kumuls, l'équipe de rugby à XIII nationale, 7e au rang RLIF, participe en 2008 à la coupe du monde de Rugby à XIII. Elle termine dernière de son groupe derrière 3 grandes nations du XIII, l'Australie, l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande.
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+
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+ La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
110
+
111
+ Australasie
112
+
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+ Îles Ashmore-et-Cartier (Australie) · Australie · Île Christmas (Australie) · Îles Cocos (Australie) · Îles de la mer de Corail (Australie) · Île Norfolk (Australie) · Nouvelle-Zélande
114
+
115
+ Mélanésie
116
+
117
+ Fidji · Indonésie (Moluques, Nouvelle-Guinée occidentale) · Nouvelle-Calédonie (France) · Papouasie-Nouvelle-Guinée · Îles Salomon · Timor oriental · Vanuatu
118
+
119
+ Micronésie
120
+
121
+ Guam (États-Unis) · Kiribati · Îles Mariannes du Nord (États-Unis) · Îles Marshall · États fédérés de Micronésie · Nauru · Ogasawara (Japon) · Palaos · Wake (États-Unis)
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+
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+ Polynésie
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+
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+ Archipel Juan Fernández (Chili) · Îles Cook · Hawaï (États-Unis) · Îles mineures éloignées des États-Unis (États-Unis) · Niue · Île de Pâques (Chili) · Îles Pitcairn (Royaume-Uni) · Polynésie française (France) · Samoa · Samoa américaines (États-Unis) · Tokelau (Nouvelle-Zélande) · Tonga · Tuvalu · Wallis-et-Futuna (France)
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+ Pâques est la fête la plus importante du christianisme[1]. Elle commémore la résurrection de Jésus, que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la Passion, c'est-à-dire « le troisième jour ». La solennité, précédée par la Semaine sainte, dernière partie du carême, commence dans la nuit précédent le dimanche de Pâques, par la veillée pascale.
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+ La date de Pâques est fixée au premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars, donc au plus tôt le 22 mars, si la pleine lune tombe le soir du 21, et au plus tard le 25 avril. Il ne s'agit pas de la lune observée, mais d'une lune dite ecclésiastique, méthode de calcul traditionnelle approchée. Les Églises occidentales, ayant adopté à la fois la réforme grégorienne du calendrier et une correction concomitante pour le cycle lunaire, ont souvent un jour de célébration différent de celui des Églises orthodoxes, le décalage pouvant être de 0, 1 ou 5 semaines, selon les années (exceptionnellement 4, si la lune est nouvelle à Rome, mais pas à Constantinople).
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+ Certaines Églises chrétiennes choisissent de pratiquer la Pâque quartodécimaine en concordance avec la Pâque juive.
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+ Le substantif « Pâques » est — comme le féminin[2],[3],[4] singulier « Pâque » — un emprunt[2] au latin[2] chrétien[3],[4] Pascha, un substantif neutre[4] pluriel[N 1] traité comme un féminin[4] singulier[N 1]. Le latin Pascha est lui-même emprunté au grec[4] Πάσχα / Páskha et celui-ci — par l'intermédiaire de l'araméen pasḥa,[3],[4] — à l'hébreu biblique[2],[3],[4] pesaḥ qui serait dérivé[3],[N 2] du verbe pasaḣ qui signifie « passer devant, épargner »[3],[4] car, selon la Bible[6], les juifs avaient reçu l'ordre de sacrifier un agneau indemne de toute tare et d'en badigeonner le sang sur les montants des portes afin que les puissances qui viendraient détruire les premiers nés égyptiens lors de la dixième plaie, passent au-dessus de ces portes sans s'arrêter[7]. Chaque année les juifs commémorent cet événement lors de la fête de Pessa'h. La Passion du Christ s'étant déroulée, selon les évangiles, durant ces célébrations, le christianisme a investi cette fête et sa symbolique, le Christ devenant l'agneau immolé pour sauver l'humanité de ses péchés[8].
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+ Le pluriel de Pâques ne fait pas référence à une pluralité de dates. La langue française distingue en effet la Pâque juive (ou Pessa'h) et la fête chrétienne de Pâques. La première commémore la sortie d'Égypte et la liberté retrouvée des enfants d'Israël. La fête chrétienne est multiple. Elle commémore à la fois la dernière Cène instituant l'eucharistie, la Passion du Christ et sa résurrection. C'est seulement après le XVe siècle que la distinction sémantique a été marquée par la graphie entre Pasque (ou Pâque) désignant la fête juive et Pasques (ou Pâques) désignant la fête chrétienne[9].
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+ Le jour de Pâques est un dimanche situé à des dates variables du calendrier grégorien comprises entre le 22 mars et le 25 avril. Des dates de jours fériés et de fêtes dépendent de ce jour de Pâques, comme le lundi de Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, le lundi de Pentecôte.
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+ À titre d'exemple, les dates contemporaines de Pâques sont les dimanches :
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+ Ces dates sont celles du calendrier grégorien, qui suit le mouvement du Soleil et les saisons.
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+ De tout temps et dans de nombreuses cultures païennes, au printemps, on fête la lumière, la renaissance de la nature après les longs mois d'hiver. Ce qui était parfois symbolisé par le retour ou le réveil d'une divinité[10]. Au Proche-Orient, comme leurs ancêtres Cananéens, les Hébreux et leurs voisins Babyloniens, Mésopotamiens, offrent à leurs dieux les prémices de leur moisson[11].
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+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle.
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+ Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la résurrection du Christ[12], événements dont les évangiles synoptiques situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, un vendredi 15 nissan du calendrier hébraïque, alors que l'évangile attribué à Jean situe la crucifixion de Jésus un vendredi 14 nissan. La fête de Pâques était célébrée de façon diverse par les églises chrétiennes primitives. Certaines des premières Églises continuaient à célébrer la Cène le jour de la Pâque juive, en particulier les Églises syriaques attachées à la tradition johannique qui identifiait le sacrifice du Christ à l'offrande pascale[13]. D'autres, telles l’Église de Rome, fêtaient Pâques le dimanche suivant la Pâque juive, mettant ainsi l'accent sur la résurrection au lendemain du shabbat[14]. En 387, Épiphane de Salamine témoigne de « l'existence de deux groupes qui fêtaient Pâques à date fixe : d'un côté ceux qui suivent les « mythes juifs », de l'autre un groupe qui, fixé en Cappadoce, célèbrent Pâques le 8 des calendes d'avril (25 mars). » Il précise que ces gens prétendaient avoir trouvé la date exacte de la crucifixion de Jésus dans des sources chrétiennes. Toutefois, Épiphane n'admet pas cette date et indique que d'autres versions donnent le 15 des calendes d'avril (18 mars) ou le 10 de ces calendes (23 mars). Il ajoute que d'après ses calculs, il s'agit du 13 des calendes d'avril (20 mars)[15].
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+ Le calendrier hébreu étant lunisolaire, tous les mois commencent à la nouvelle lune ; le 14 du mois de nissan correspond donc en général à la pleine lune à quelques jours près (c'est-à-dire le quatorzième après la nouvelle lune visible depuis Jérusalem la plus proche de l'équinoxe. Voir ci-après les détails sur la définition du concile de Nicée). L'année du calendrier juif compte 12 ou 13 mois lunaires ; pour que nissan reste le premier mois du printemps, l'intercalation d'un mois complémentaire était décidée par le Sanhédrin quand c'était nécessaire pour respecter le rythme des saisons[16]. Après le Ier concile de Nicée en 325, il fut décidé que le calcul de la date de Pâques se ferait selon une règle fixe[17]. Ainsi, « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après », donc le dimanche après la première pleine lune advenant pendant ou après l'équinoxe de printemps. Un problème, apparu plus tard, est la différence des pratiques entre les églises occidentales et les églises orthodoxes. Les premières adoptent en 1582 le calendrier grégorien pour calculer la date de Pâques, alors que les autres continuent à utiliser le calendrier julien originel. Le Conseil œcuménique des Églises proposa une réforme de la méthode de détermination de la date de Pâques lors d'un sommet à Alep (Syrie), en 1997. Cette réforme aurait permis d'éliminer les différences de dates entre églises occidentales et orientales[18] ; elle devait entrer en application en 2001, mais elle échoua.
25
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26
+ Le calcul de la date de Pâques est assez complexe ; il est connu sous le nom de comput. Il existe des tables traditionnelles, mais aussi des algorithmes plus mathématiques pour la retrouver. La première méthode développée par Carl Friedrich Gauss présentait quelques erreurs : en 1954 (la formule donnait le 25 avril au lieu du 18 avril) et en 1981 (le 26 avril au lieu du 19 avril). De nombreux autres mathématiciens ont depuis développé d'autres formules. Voir des calculs détaillés dans l'article du calcul de la date de Pâques.
27
+
28
+ Certains groupes religieux choisissent de pratiquer cette cérémonie en concordance avec la Pâque juive, c'est-à-dire le jour de la Pâque quartodécimaine pour l'Église de Dieu (Septième Jour) et certains baptistes du Septième Jour [réf. nécessaire], ou le jour du Mémorial pour les Témoins de Jéhovah[19].
29
+
30
+ En Europe, avant l'évangélisation, les cultes d'origine gréco-romaines se superposent aux croyances celtiques autour de la résurrection de la nature après l'hiver et de l’équinoxe.
31
+
32
+ En 725 en Grande-Bretagne, Bède le Vénérable mentionne la déesse Éostre qui symbolise le renouveau et annonce le printemps. Des rites étaient célébrées en son honneur à ce moment de l'année. Les noms anglais et allemand de Pâques, Easter et Ostern auraient dérivé de son nom, qui comme « aurore » signifie « qui se lève à l'est »[11].
33
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34
+ Les chrétiens se sont appuyés sur ces traditions pour instaurer leurs rites, puis ils ont imposé leur calendrier pour rompre définitivement avec les croyances antérieures[11].
35
+
36
+ Le dimanche de Pâques, comme tous les dimanches, est reconnu comme jour férié par tous les pays de tradition chrétienne. Le lundi de Pâques est également férié dans certains pays, comme la France (depuis la loi du 8 mars 1886) mais pas aux États-Unis, en Équateur, dans certaines communautés autonomes d'Espagne, au Mexique et en Argentine, ni au Portugal où le lundi est travaillé au moins dans certaines régions.
37
+
38
+ Le vendredi saint est aussi férié dans de nombreux pays : Brésil, Équateur, Mexique, Argentine, Cameroun, Allemagne, Norvège, Royaume-Uni, certains cantons de Suisse, Canada, certains États des États-Unis, certaines régions d'Espagne, etc.
39
+ Dans les départements français de l'Alsace, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Moselle, ainsi qu'en Polynésie française, le vendredi saint, qui précède le dimanche de Pâques, est également férié[20].
40
+
41
+ Pâques (aussi appelé le dimanche de Pâques) est la solennité la plus importante (juste devant Noël) de l'Église catholique, c'est-à-dire qu’il était traditionnellement obligatoire de chômer, d'assister à la messe et d'y communier après s'être confessé (« faire ses Pâques »). Elle est la première des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.
42
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43
+ La liturgie spécifique à Pâques commence par la vigile pascale, célébration aussi respectée par certains anglicans et luthériens. Souvent, la vigile pascale est l'occasion, pour les croyants, de recevoir le sacrement du baptême ou de la confirmation. La nuit du matin du dimanche de Pâques se font donc l'allumage du feu nouveau du cierge pascal, la bénédiction des fonts baptismaux, la lecture des prophéties et le chant des litanies des saints. Normalement, Pâques est le jour de l'année que choisissent les fidèles qui ne vont à la messe qu'une fois par an pour communier (d'où l'expression « faire ses Pâques »), ce qui leur impose d'aller se confesser au préalable. Depuis le Jeudi saint, il n'y a pas eu d'Eucharistie, seulement la célébration de la Passion du Seigneur du Vendredi saint, avec distribution d'hosties consacrées le jour d'avant. Symboliquement, pour les catholiques, la veillée pascale et son cierge traduisent la résurrection du Christ, le renouvellement solennel de l'engagement de leur baptême par l'ensemble des chrétiens.
44
+
45
+ Ainsi, le carême est terminé et l'accent est mis sur l'innocence retrouvée et sur la valeur de l'initiation chrétienne.
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+ Lorsque le jour est levé, s'ensuit alors l'office suivant : la messe de la Résurrection. Le Christ, aussi appelé le Rédempteur, a vaincu pour les mortels le péché, le démon et la mort même. Jésus-Christ s'est donc fait l'agneau de Dieu, l'Agnus Dei, sacrifié lors de la crucifixion, et qui enlève les péchés du monde par sa mort et sa résurrection. Cette messe de Pâques a donc une symbolique qui exprime ainsi l'apex de toute l'année liturgique des catholiques, car elle leur rappelle leurs devoirs de chrétiens grâce à ce renouveau spirituel. Pâques est aussi l'une des rares occasions pour le Pape de prononcer la célèbre bénédiction urbi et orbi. Enfin, ce dimanche vient clore le triduum pascal et commence le temps pascal.
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+ En Belgique, en France et en Italie, les cloches sont rendues silencieuses lors du Jeudi saint pour éviter qu'elles ne sonnent pendant les deux jours suivants. Durant le carême, on omet de chanter le Gloire à Dieu, en signe de pénitence. Alors, quand arrive la vigile pascale, on fait sonner les cloches pour manifester la joie qu'on a de sortir de la pénitence pendant qu'on le chante.
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+ Aux Philippines, au matin de Pâques (appelé localement Pasko ng Muling Pagkabuhay ou les Pâques de la Résurrection), la célébration est marquée par des actes de joie. À l'aube, Salubong, le premier d'entre eux, fait mettre ensemble de grandes statues de Jésus et Marie illustrant la première réunion de Jésus et de sa mère Marie après la résurrection. Peu de temps après, la messe de Pâques commence dans l'allégresse.
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+ Au Tyrol, l'effigie du Christ ressuscité apparaît par un procédé théâtral au centre du décor baroque des Ostergräber.
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+ La fête de Pâques est célébrée avec beaucoup de solennité par les chrétiens orthodoxes. Bien que certaines Églises orthodoxes divergent selon le calendrier de référence (grégorien ou julien), la date de Pâques est cependant commune à toutes les Églises orthodoxes (à l'exception de l’Église autonome de Finlande) parce qu'elle est partout fixée à partir du calendrier julien, quel que soit le calendrier liturgique suivi.
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+ Dans le calendrier grégorien, cela signifie qu'elle est fêtée entre le 4 avril et le 8 mai au plus tard.
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+ Le tropaire apolytikion de la Fête des Fêtes, « Le Christ est ressuscité des morts, par la mort, il a terrassé la mort ; à ceux qui sont dans les tombeaux il a fait don de la vie » est repris plusieurs dizaines de fois au cours de chaque office.
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+ Le premier office de Pâques est celui des matines du dimanche. Il débute dans l'obscurité la plus totale, avant que le célébrant ne sorte par les portes saintes avec un cierge allumé, disant « Venez prendre la lumière à la Lumière sans soir, et glorifiez le Christ ressuscité des morts ». De retour dans le sanctuaire, il entonne avec le clergé l'hymne « Ta Résurrection, ô Christ Sauveur, les anges la chantent dans les cieux ; accorde aussi à nous, sur terre, de Te glorifier avec un cœur pur ». Puis le clergé sort en procession, suivi de tous les fidèles, et continue de chanter l'hymne en tournant trois fois autour de l'église. Une fois revenu devant les portes, le célébrant chante la doxologie initiale, et lit l'évangile de la Résurrection selon saint Marc (Marc 16, 1-8). Puis il entonne les versets des stichères de Pâques, à quoi le chœur répond par le tropaire. Suit l'échange qui servira, toute la période de Pâques, de salutation : « Christ est ressuscité » à quoi l'on répond « En vérité, il est ressuscité ».
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+ En Grèce, le prêtre dit ensuite par trois fois devant la porte : « Levez vos portes, princes ; levez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera », à quoi des fidèles restés dans l'église répondent « Qui est ce Roi de Gloire ? » Le prêtre reprend : « Le Seigneur puissant et redoutable, le Seigneur redoutable au combat. » A la troisième fois, il ajoute à voix forte : « Le Seigneur des puissances, c'est lui le Roi de gloire ! » en poussant la porte ; et il entre. A l'intérieur de l'église, les portes du sanctuaire sont ouvertes (voire sorties de leurs gonds), et le restent jusqu'au dimanche suivant.
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+ L'office de matines est composé essentiellement du canon de Pâques, rédigé par saint Jean Damascène, auquel s'ajoute les ipakoï, ikos et kondakion de l'office, ainsi que l'hymne «  Ayant contemplé la Résurrection du Christ » chantée trois fois. Il est de coutume, en Russie, que les prêtres qui sortent encenser l'église à chaque ode du canon portent des vêtements de couleurs à chaque fois différentes. L'encensement se fait en clamant « Christ est ressuscité », avec la réponse habituelle.
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+ Après les matines ont lieu les heures de Pâques, intégralement chantées, puis la liturgie de saint Jean Chrysostome. L'évangile, dans la tradition slave, est proclamé dans autant de langues qu'il est possible de le faire avec le clergé en présence. Traditionnellement, suivent des agapes de rupture du Carême, qui peuvent durer toute la nuit.
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+ L'après-midi qui suit, on célèbre les vêpres de Pâques (au cours desquelles l'évangile est récité dans toutes les langues selon la tradition grecque), qui sont celles du lundi. Cela fait du dimanche de Pâques le seul jour qui ne possède pas de vêpres, mais seulement un office de matines, le seul jour « sans soir » de l'année liturgique.
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+ Toute la semaine qui suit (appelée Semaine Lumineuse) on continue de ne rien lire et de tout chanter, et de chanter les hymnes du cycle entier de la résurrection. On chante le tropaire de Pâques jusqu'au mercredi qui précède l'Ascension. Pendant la première semaine, il n'y a aucune restriction de nourriture ; puis, jusqu'à la Pentecôte, on retrouve le jeûne des mercredis et vendredis, allégé d'un cran : huile et vin y sont autorisés. Le Samedi Lumineux, on célèbre la dernière liturgie pascale, et l'on partage entre les paroissiens l'artos, un gâteau de pain qui a été cuit le samedi précédent.
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+ La fête de Pâques est la célébration la plus importante pour les chrétiens évangéliques[21],[22]. Elle est un rappel de la grâce de Dieu et de la puissance du salut en Jésus. Lors de la réunion du dimanche, le message est souvent lié à la résurrection et à l'impact de cet évènement dans la vie de ceux qui ont accepté Jésus, qui ont vécu la nouvelle naissance.
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+ De nombreuses coutumes datant de la plus haute antiquité destinées à accueillir le retour du printemps se rattachèrent à la fête de Pâques. L’œuf est le symbole de la germination qui se produit au début du printemps. De même le lièvre est un symbole antique qui a toujours représenté la fécondité[23]. En France et surtout au Québec, certains mythes populaires parlent de la cueillette de l'Eau de Pâques. Dans l'Église catholique québécoise, la cueillette de l'Eau de Pâques n'est pas un mythe, puisque lorsque la vigile pascale ou la messe du matin de Pâques se termine, il est réellement possible de remplir un petit pot avec un peu de l'eau qui vient d'être bénie pendant la célébration pour en rapporter chez soi. Le mythe à proprement parler voulait qu'on recueille l'eau de pluie tombée au matin de Pâques. On disait de cette eau ainsi recueillie qu'elle permettait de guérir des maladies. En Allemagne, en Suisse, en Autriche, en France dans la région d'Alsace et le département de la Moselle ainsi qu'en Martinique, Guyane, Guadeloupe et à La Réunion, le lundi de Pâques s'accompagne d'un autre jour férié : le « Karfreitag », soit le Vendredi saint. Pâques ressemble à Noël et il n'est pas rare que les gens s'offrent des cadeaux entre eux à cette occasion.
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+ En Allemagne et en France, le repas de Pâques est souvent l'occasion de partager un gigot d'agneau rôti accompagné de flageolets. En Alsace et dans certaines régions d'Allemagne, on confectionne un biscuit en forme d’agneau appelé Osterlammele ou Lamala. Cette tradition alsacienne catholique du Lammele est attestée par le théologien catholique Thomas Murner en 1519 : le fiancé offrait un agneau pascal à sa promise. On l’offrait aussi aux enfants au retour de la messe du jour de Pâques. Après le temps du carême, ce biscuit riche en œufs permettait d’écouler le stock d’œufs accumulé avant Pâques et dont la consommation était déconseillée, en attente de Pâques. L’agneau était décoré d'un étendard aux couleurs du Vatican (jaune et blanc) ou de l’Alsace (rouge et blanc). Cette tradition, comme la plupart, a perdu son caractère confessionnel et s'est sécularisée.
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+ Dans le Berry et plus largement dans le centre de la France les charcutiers fabriquent le Pâté de Pâques (ou Pâté du Berry) composé de farce et d'œufs durs entiers enroulés une pâte feuilletée[24].
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+ En Guyane, on déguste traditionnellement le dimanche de Pâques le bouillon d'awara, un mets typique de la région fait avec la pâte du fruit de l'awara.
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+ Pâques a donné naissance aux prénoms Pascal et Pascale.
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+ Selon les régions, les traditions populaires liées à la célébration de Pâques varient. Ces différences sont notamment notables autour des desserts que l'on peut retrouver.
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+ Dans la ville de Crest, dans la Drôme, on prépare la couve crestoise, sorte de gâteau sec, aussi appelé le Suisse dans la région lorsqu'il prend la forme d'un pantin. Ce sablé date du début du XVIIIe siècle et est d'origine provençale. Il s'agit d'une galette assez épaisse qui tire son nom de sa forme : un nid de poule avec ses œufs. Elle est généralement parfumée aux zestes d'agrume.
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+ En Italie, on déguste le Campanare della Nonna mais surtout on le partage en l'offrant à ceux que l'on aime. Il s'agit d'un biscuit classique, généralement en forme de cloche, de panier ou de poisson, surmonté d'un œuf de poule. On y goûte aussi la Colombe, une brioche à pâte levée recouverte d'un glaçage blanc décoré d'amandes.
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+ En Russie, il y a 2 desserts : le koulitch, une brioche beurrée avec des fruits secs ou confits et la paskha, une préparation à base de fromage blanc et de fruits confits. Le mot « paskha » peut aussi désigner en Ukraine le koulitch.
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+ Dans les pays chrétiens, l’œuf de Pâques est le cadeau le plus distribué le jour de Pâques ; les œufs sont apportés par les cloches de Pâques. Depuis le Jeudi saint, les cloches des églises catholiques sont silencieuses, en signe de deuil. La tradition populaire pour les enfants dit qu'elles sont parties pour Rome, et elles reviennent le jour de Pâques en ramenant des œufs qu'elles sèment à leur passage.
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+ Comme pour Noël, les Alsaciens, les Allemands, ainsi que les Suisses décorent leur maison à l’approche de Pâques. Les œufs de Pâques sont apportés par le lapin de Pâques (Osterhase, « lièvre de Pâques »))[25]. Chocolats et décorations diverses, souvent en forme de lapin, ornent ainsi les boutiques et les appartements. On y fait aussi des bouquets de Pâques sur lesquels on accroche divers sujets et des œufs peints. Les arbres de Pâques dans les jardins ont droit également à une parure multicolore avec l’arrivée du printemps ; les œufs et lapins poussent partout. Les Allemands, les Alsaciens et les Américains décorent des œufs cuits durs avec de la peinture ou des feutres.
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+ Les Américains espèrent que l’Easter Bunny leur apportera des lapins en chocolat et des sucreries dans un panier tressé.
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+ En Pologne, un panier garni est préparé le vendredi, conservé sans être mangé le samedi, et béni le jour-même par le prêtre.
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+ Dans les pays à majorité chrétienne orthodoxe, il y a beaucoup de coutumes qui plaisent particulièrement aux enfants. Des œufs sont peints pour cette journée, essentiellement en rouge, mais on utilise aussi d'autres couleurs. Il existe plusieurs traditions populaires et religieuses liées à Pâques :
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+ Tous les peuples orthodoxes respectent à Pâques la coutume suivante. Pendant toute la semaine les chrétiens orthodoxes se saluent par l’exclamation « Christ est ressuscité ! » (Христос васкрсе, en serbe cyrillique, Χριστός ἀνέστη en grec) à laquelle on répond « Il est vraiment ressuscité ! » (Ваистину васкрсе, en cyrillique, Ἀληθῶς ἀνέστη! en grec). En Hongrie, en Roumanie, en République tchèque et en Slovaquie, les jeunes filles colorent les œufs durs. Elles utilisent également de la cire qu'elles mettent autour de l'œuf. Une fois l'œuf coloré, la cire enlevée crée des motifs. Les garçons tressent avec des roseaux et des rubans colorés des fouets. Dans certaines régions rurales, le matin du lundi de Pâques, les garçons « s'habillent » et font le tour de leur voisinage pour « fouetter »[26] et arroser les jeunes filles en leur souhaitant des vœux. Les filles leur offrent des bonbons si ce sont des enfants, à manger et à boire, ou à défaut un verre d'alcool, si ce sont des adultes[26]. Les garçons repartent avec des œufs décorés, des chocolats, etc. La tournée se termine à midi. Cette ancienne tradition est encore célébrée avec plaisir pour les garçons, moins pour les filles qui doivent accepter ce châtiment affectueux avec le sourire.
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+ Cette tradition peut s'expliquer par le fait qu'aux alentours de l'équinoxe, la durée d'ensoleillement permet aux poules des latitudes européennes de recommencer à pondre après une pause hivernale[27].
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+ Puis au IVe siècle, l'Église ayant instauré l'interdiction de manger des œufs pendant le carême et les poules continuant à pondre, les œufs pondus depuis le début du carême — n'ayant pas été mangés — étaient alors décorés et offerts. De nos jours, le jeûne n'est plus prescrit aussi strictement mais la tradition d'offrir des œufs, y compris en chocolat, est restée.
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+ L’œuf de Pâques est un œuf décoré que l’on offre le matin du dimanche de Pâques. Il est souvent comestible et fait de chocolat ou de sucre.
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+ Dans la plupart des pays à dominante chrétienne, les noms de Pâques proviennent de l'hébreu pessa'h :
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+ Cependant, quelques langues nomment cette fête différemment :
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+ Dans la plupart des pays de tradition des églises orthodoxes ou orientales : « Christ est ressuscité ! », et on répond « En vérité, Il est ressuscité ! » Par exemple, en grec : « Χριστός Ανέστη! » - « Αληθώς Ανέστη! », en roumain « Hristos a înviat! » - « Adevărat a înviat!, en russe : « Христос воскресе! » - « Воистину воскресе! » ou encore en arabe : « ! المسيح قام, حقا قام ». En serbe, « Христос васкрсе », à laquelle on répond « il est vraiment ressuscité ! » « Ваистину васкрсе ». Ou encore, en arménien, « Քրիստոս հարեաւ ի մերելոց » (« Le Christ est ressuscité des morts »), phrase à laquelle on répond : « Օրհնեալ է յարութիւնն Քրիստոսի » (« Bénie soit la résurrection du Christ ! »)
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+ L'expression « faire ses Pâques » signifie de faire pénitence et de communier au corps du Christ au moins une fois l'an lors des commémorations pascales, généralement durant le carême et à Pâques[31] ou à un autre moment propice[29]. Paul VI a dit en audience : « La formule consacrée, populaire, « faire ses pâques » a précisément cette signification pratique, celle de rectifier le cours de notre vie en se référant à son orientation suprême, son orientation religieuse[32]. »
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+ Un atome (grec ancien ἄτομος [átomos], « insécable »)[1] est la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec un autre. Les atomes sont les constituants élémentaires de toutes les substances solides, liquides ou gazeuses. Les propriétés physiques et chimiques de ces substances sont déterminées par les atomes qui les constituent ainsi que par l'arrangement tridimensionnel de ces atomes.
2
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3
+ Contrairement à ce que leur étymologie suggère, les atomes ne sont pas indivisibles, mais sont eux-mêmes constitués de particules subatomiques[2]. Les atomes comprennent un noyau, qui concentre plus de 99,9 % de leur masse, autour duquel se distribuent des électrons, qui forment un nuage 10 000 à 100 000 fois plus étendu que le noyau lui-même[3],[4], de sorte que le volume d'un atome, grossièrement sphérique, est presque entièrement vide. Le noyau est formé de protons, porteurs d'une charge électrique positive, et de neutrons, électriquement neutres ; l'hydrogène fait exception, car le noyau de son isotope 1H, appelé protium, ne contient aucun neutron. Protons et neutrons, également appelés nucléons, sont maintenus ensemble dans le noyau par la liaison nucléaire, qui est une manifestation de l'interaction forte. Les électrons occupent des orbitales atomiques en interaction avec le noyau via la force électromagnétique. Le nuage électronique est stratifié en niveaux d'énergie quantifiés autour du noyau, niveaux qui définissent des couches et des sous-couches électroniques ; les nucléons se distribuent également selon des couches nucléaires, bien qu'un modèle approché assez commode popularise la structure nucléaire d'après le modèle de la goutte liquide.
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5
+ Plusieurs atomes peuvent établir des liaisons chimiques entre eux grâce à leurs électrons. D'une manière générale, les propriétés chimiques des atomes sont déterminées par leur configuration électronique, laquelle découle du nombre de protons de leur noyau. Ce nombre, appelé numéro atomique, définit un élément chimique. 118 éléments chimiques sont reconnus par l'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) depuis le 18 novembre 2016. Les atomes d'éléments différents ont des tailles différentes, ainsi généralement que des masses différentes, bien que les atomes d'un élément chimique donné puissent avoir des masses différentes selon les isotopes considérés. Les atomes les plus lourds, ou dont le noyau présente un déséquilibre trop important entre les deux types de nucléons, tendent à devenir plus instables, et sont alors radioactifs ; le plomb 208 est l'isotope stable le plus lourd.
6
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7
+ La théorie atomiste, qui soutient l'idée d'une matière composée de « grains » indivisibles (contre l'idée d'une matière indéfiniment sécable), est connue depuis l'Antiquité, et fut notamment défendue par Leucippe et son disciple Démocrite, philosophes de la Grèce antique, ainsi qu'en Inde, plus antérieurement, par l'une des six écoles de philosophie hindoue, le vaisheshika, fondé par Kanada. Elle fut disputée jusqu'à la fin du XIXe siècle et n'a plus été remise en cause depuis lors. L'observation directe d'atomes n'est devenue possible qu'au milieu du XXe siècle avec la microscopie électronique en transmission et l'invention du microscope à effet tunnel. C'est ainsi sur les propriétés des atomes que reposent toutes les sciences des matériaux modernes, tandis que l'élucidation de la nature et de la structure des atomes a contribué de manière décisive au développement de la physique moderne, et notamment de la mécanique quantique.
8
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9
+ Le diamètre estimé d'un atome « libre » (hors liaison covalente ou cristalline) est compris entre 62 pm (6,2×10-11 m) pour l'hélium et 596 pm (5,96×10-10 m) pour le césium[5], tandis que celui d'un noyau atomique est compris entre 2,4 fm (2,4×10-15 m) pour l'isotope 1H et 14,8 fm (1,48×10-14 m) environ pour le nucléide 238U[6] : le noyau d'un atome d'hydrogène est donc environ 40 000 fois plus petit que l'atome d'hydrogène lui-même.
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11
+ Le noyau concentre cependant l'essentiel de la masse de l'atome[7] : le noyau du lithium 7, par exemple, est environ 4 300 fois plus massif que les trois électrons qui l'entourent, l'atome de 7Li lui-même ayant une masse de l'ordre de 1,172×10−26 kg. Pour fixer les idées, la masse des atomes est comprise entre 1,674×10-27 kg pour le protium et 3,953×10-25 kg pour l'uranium 238, en s'en tenant aux isotopes qui ont une abondance significative dans le milieu naturel (il existe des noyaux plus lourds mais aussi bien plus instables que le nucléide 238U).
12
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13
+ Cette masse est généralement exprimée en unités de masse atomique (« uma », ou « u »), définie comme la douzième partie de la masse d'un atome de 12C non lié et à son état fondamental, soit 1 uma = 1,66054×10-27 kg ; dans cette unité, la masse du nucléide 238U vaut 238,050 782 6 uma. Une unité alternative également très employée en physique des particules est l'électron-volt divisé par le carré de la vitesse de la lumière (eV/c2), qui est homogène à une masse en vertu de la fameuse équation E = mc2 de la relativité restreinte, et qui vaut 1 eV/c2 = 1,783×10-36 kg ; dans cette unité, la masse du noyau 238U est égale à 221,7 GeV/c2.
14
+
15
+ Compte tenu de leur taille et de leur masse singulièrement réduites, les atomes sont toujours en très grand nombre dès qu'on manipule une quantité de matière macroscopique. On définit ainsi la mole comme étant la quantité de matière constituée par autant d'unités élémentaires (atomes, molécules, électrons, etc.) qu'il y a d'atomes dans 12 g de carbone 12, soit pas moins de 6,022×1023 unités élémentaires, ce qu'on appelle le nombre d'Avogadro.
16
+
17
+ Bien que son étymologie signifie « indivisible » en grec ancien, un atome est en réalité constitué de particules élémentaires plus petites, et peut donc être divisé ; mais il constitue bien la plus petite unité indivisible d'un élément chimique en tant que tel : en brisant, par exemple, un atome d'hélium, on obtiendra des électrons, des protons et des neutrons, mais on n'aura plus un corps simple ayant les propriétés de l'hélium.
18
+
19
+ Le modèle standard de la physique des particules décrit les nucléons comme des baryons composés de particules élémentaires appelées quarks :
20
+
21
+ Les électrons, quant à eux, sont des leptons, qui constituent, avec les quarks, le groupe des fermions. La grande différence entre quarks et leptons est que seuls les premiers connaissent toutes les interactions élémentaires, y compris l'interaction nucléaire forte, dont les médiateurs sont des bosons de jauge appelés gluons ; les leptons ne connaissent que l'interaction faible (via les bosons Z0 et W+) et l'interaction électromagnétique (via les photons).
22
+
23
+ Toutes ces particules connaissent a priori également l'interaction gravitationnelle, mais cette dernière n'a pas encore pu être intégrée au modèle standard de la physique des particules ; son intensité à l'échelle atomique est, quoi qu'il en soit, insignifiante comparée à l'intensité des trois autres interactions.
24
+
25
+ L'essentiel des propriétés physiques et chimiques des atomes est dû à leur nuage électronique. C'est la compréhension de la nature et de la structure de ce nuage électronique qui a ouvert la voie à la compréhension de la structure de l'atome lui-même et, in fine, a conduit au développement de la physique des particules.
26
+
27
+ Le noyau atomique étant chargé positivement, il forme un puits de potentiel pour les électrons, qui sont chargés négativement. Ce puits de potentiel est constitué de niveaux d'énergie définis par des nombres quantiques dont la combinaison détermine des orbitales atomiques conférant aux fonctions d'onde correspondantes des dimensions et des formes caractéristiques.
28
+
29
+ L'électron manifeste, comme tout objet quantique, une dualité onde-corpuscule, en vertu de laquelle il se comporte tantôt comme une particule géométriquement délimitée occupant une position déterminée, tantôt comme une onde susceptible de présenter, par exemple, des phénomènes d'interférences. Ces deux aspects de l'électron coexistent dans l'atome, bien que le modèle de Schrödinger soit exclusivement ondulatoire[8] :
30
+
31
+ Par conséquent, un électron ne peut pas « tomber sur le noyau » comme un objet tombe par terre, car cela signifierait que l'extension spatiale de sa fonction d'onde serait réduite à un point, ce qui n'est le cas d'aucune fonction propre de l'équation de Schrödinger : cette dernière impose, au contraire, qu'un électron, au voisinage du noyau, se « dilue » dans un volume (une orbitale) à la géométrie déterminée par les nombres quantiques qui satisfont cette équation. On peut donc considérer qu'un électron dans un atome est déjà tombé sur le noyau, dans la mesure où il est confiné dans son voisinage par le puits de potentiel électrostatique.
32
+
33
+ De surcroît, la fonction d'onde d'un électron n'est pas nulle à l'intérieur du noyau, bien que sa probabilité de s'y trouver soit faible, car le noyau est de taille très réduite comparée à celle des orbitales atomiques. Les fonctions d'ondes possibles pour les électrons d'un atome étant centrées sur le noyau, on peut donc dire que l'électron est en fait tombé dans le noyau, bien qu'il ne s'y trouve que très rarement : du point de vue quantique, plusieurs particules peuvent en effet occuper le même espace en vertu de leur nature ondulatoire. Une façon imagée — mais approchée — de voir les choses est d'imaginer, par analogie, que la fonction d'onde de l'électron serait comme « diffractée » par le noyau atomique, ce qui lui donnerait différentes formes, selon son état quantique, par lesquelles la probabilité de présence de l'électron atteindrait son maximum en certaines zones plus ou moins éloignées du noyau — typiquement, plusieurs dizaines de milliers de fois le rayon nucléaire[9].
34
+
35
+ Chaque électron est décrit, dans un atome, par un quadruplet de nombres quantiques (n, ℓ, mℓ, ms) satisfaisant l'équation de Schrödinger et appelés respectivement :
36
+
37
+ Le principe d'exclusion de Pauli stipule que deux fermions appartenant au même système de fermions (ici, au même atome) ne peuvent avoir tous leurs nombres quantiques égaux en même temps. Ce principe est fondamental car il est à l'origine de la configuration électronique des atomes : les électrons qui « s'empilent » dans l'atome doivent avoir chacun un état quantique distinct des autres, ce qui explique que toutes les orbitales atomiques sont progressivement occupées de la plus liée à la moins liée au noyau au fur et à mesure qu'on ajoute des électrons à l'atome ; c'est le principe d'Aufbau (« édification » en allemand) matérialisé par la règle de Klechkowski (appelée aussi règle de Madelung), qui sous-tend l'agencement du tableau périodique des éléments chimiques en blocs et en périodes :
38
+
39
+ Sa structure électronique confère à l'atome ses propriétés chimiques et magnétiques. Ainsi, les éléments chimiques sont communément classés dans un tableau périodique organisé en fonction de leurs propriétés chimiques et dont l'agencement est en réalité déterminé par la distribution des électrons sur les niveaux d'énergie des atomes.
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+
41
+ Le recouvrement de deux orbitales atomiques appartenant chacune à un atome distinct peut conduire à la formation d'une orbitale moléculaire constituant une liaison chimique entre deux atomes ; si les orbitales atomiques en recouvrement appartiennent au même atome, on dit qu'il y a hybridation.
42
+
43
+ Une orbitale moléculaire est dite liante lorsque les phases d'électron des orbitales atomiques sont de même signe (interférence constructive) ; elle est dite antiliante lorsque les orbitales atomiques ont des phases de signe opposé (interférence destructive).
44
+
45
+ Protons et neutrons forment un noyau atomique de dimension femtométrique. Le rayon nucléaire d'un atome dont le nombre de masse est A vaut environ
46
+
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+
52
+
53
+
54
+ 1
55
+ ,
56
+ 2
57
+
58
+
59
+ A
60
+
61
+ 3
62
+
63
+
64
+
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ {\displaystyle {\begin{smallmatrix}1,2{\sqrt[{3}]{A}}\end{smallmatrix}}}
73
+
74
+   fm, alors que l'atome lui-même a un rayon de l'ordre de la centaine de picomètres (environ 35 000 à 40 000 fois plus grand). Les protons étant chargés positivement, ils se repoussent au sein du noyau, mais l'intensité de cette répulsion électrostatique est très inférieure à celle de l'attraction entre nucléons induite par l'interaction nucléaire forte à des distances inférieures à 2,5 fm.
75
+
76
+ La géométrie des noyaux atomiques est généralement sphérique, bien que certains noyaux stables suffisamment massifs adoptent également des formes sphéroïdes étirées en ballon de rugby ou, au contraire, aplaties. Certains noyaux instables, dits noyaux à halo, sont caractérisés par un ou plusieurs nucléons aux fonctions d'ondes très distendues, qui donnent au noyau des contours flous et un volume apparent très augmenté ; ces noyaux ont une cohésion nucléaire à la limite extrême du champ d'action de l'interaction forte.
77
+
78
+ Dans le modèle de la goutte liquide, les protons tendent à se repousser les uns les autres et, par conséquent, à se concentrer vers l'extérieur des noyaux (aux « pôles » ou à l'« équateur » dans le cas de sphéroïdes), tandis que les neutrons tendent à s'accumuler au centre du noyau. Des dizaines de modèles ont été proposés afin d'expliquer les données expérimentales sur la nature et la structure des noyaux atomiques, mais aucun, à ce jour, ne suffit seul à rendre compte de l'ensemble des observations[10].
79
+
80
+ Le volume nucléaire, estimé expérimentalement par des techniques de diffraction de faisceaux d'électrons, correspond à peu près à l'empilement de sphères dures représentant les nucléons, avec une densité nucléaire constante, ce qui se conceptualise très bien avec le modèle de la goutte liquide. Néanmoins, certaines propriétés quantiques de la structure nucléaire semblent mieux décrites par le modèle en couches, élaboré par les physiciens allemands Maria Goeppert-Mayer et Hans Daniel Jensen, qui ont obtenu le prix Nobel de physique en 1963 pour cette avancée. Leur modèle considère les nucléons comme des fermions soumis au principe d'exclusion de Pauli et répartis sur des niveaux d'énergie quantifiés — les « couches nucléaires » — de façon similaire aux électrons à l'échelle de l'atome. Dans le noyau, protons et neutrons constituent deux populations de fermions distinctes vis-à-vis du principe d'exclusion de Pauli.
81
+
82
+ L'analogie avec les électrons a cependant ses limites, car, si les électrons interagissent entre eux et avec le noyau via l'interaction électromagnétique, les nucléons interagissent entre eux essentiellement via l'interaction nucléaire forte et l'interaction faible. Les niveaux d'énergie au sein du noyau ont ainsi une distribution différente de celle des niveaux d'énergie des électrons d'un atome. De plus, les phénomènes de couplage spin-orbite sont bien plus sensibles pour les nucléons que pour les électrons, ce qui redistribue les sous-couches nucléaires en fonction du spin (indiqué en indice dans le tableau ci-dessous)[11] :
83
+
84
+ La saturation d'une couche nucléaire confère au noyau atomique une stabilité supérieure à celle calculée par la formule de Weizsäcker, issue du modèle de la goutte liquide — ce qui n'est pas sans rappeler l'inertie chimique des gaz rares, caractérisés par la saturation de leur sous-couche électronique p périphérique. Le nombre de nucléons d'une population donnée correspondant à la saturation d'une couche nucléaire est appelé « nombre magique » ; le noyau du plomb 208, qui est le plus lourd des isotopes stables, est ainsi constitué de 82 protons et 126 neutrons : 82 et 126 sont deux nombres magiques, ce qui explique la stabilité de ce nucléide par rapport à ceux qui n'en diffèrent que d'un ou deux nucléons.
85
+
86
+ Chimie et physique se rejoignent sur ce point, de sorte que les notions relatives à ces deux domaines des sciences se recouvrent à leur sujet. Ainsi, en physique nucléaire, on appelle nucléide un noyau atomique défini par un nombre déterminé de protons et de neutrons, terme souvent confondu avec la notion équivalente d'isotope, qui relève davantage de la chimie.
87
+
88
+ Un élément chimique se définit comme l'ensemble des atomes et des ions dont le noyau comporte un nombre donné de protons. Ce nombre est le numéro atomique, noté Z, de l'atome ou de l'élément chimique correspondant. Ainsi, tous les atomes n'ayant qu'un seul proton dans leur noyau (Z = 1) correspondent à l'élément chimique hydrogène. Il en existe trois variétés principales : le protium 1H, couramment appelé hydrogène (seul nucléide stable dépourvu de neutron), le deutérium 2H (stable, dont le noyau est constitué d'un proton et d'un neutron), le tritium 3H (radioactif, dont le noyau est constitué d'un proton et de deux neutrons). Ces nucléides sont des isotopes, car leur noyau compte le même nombre de protons mais un nombre différent de neutrons.
89
+
90
+ La classification des atomes suit celle des éléments chimiques, dont les propriétés chimiques — mais aussi physiques — présentent une périodicité découverte au XIXe siècle et à l'origine du tableau périodique des éléments. On emploie indifféremment les termes isotope stable et nucléide stable, radioisotope et radionucléide, ou encore élément superlourd et atome superlourd.
91
+
92
+ Les particules élémentaires possèdent un nombre quantique appelé spin, analogue à un moment angulaire et mesuré en unités de constante de Planck réduite (parfois appelée « constante de Dirac ») désignée par le symbole ℏ, qui se lit « h barre ». C'est également le cas des protons et des neutrons du noyau atomique, dont la résultante des spins se manifeste par un moment magnétique nucléaire. La valeur de ce dernier est spécifique à chaque noyau ; à l'état fondamental, elle est nulle pour les nucléides ayant à la fois un nombre pair de protons et un nombre pair de neutrons.
93
+
94
+ Cette propriété est mise à profit en imagerie par résonance magnétique (IRM), fondée sur la résonance magnétique nucléaire (RMN) : un matériau soumis d'une part à un rayonnement électromagnétique, et d'autre part à un champ magnétique intense (de l'ordre du tesla) qui oriente les noyaux atomiques dans une direction privilégiée (mais en les séparant en deux populations correspondant aux deux sens de cette direction), absorbe une partie du rayonnement électromagnétique à une fréquence déterminée par le rapport gyromagnétique du noyau ciblé, ce qui permet de déterminer par spectroscopie la concentration spatiale de ce noyau — typiquement dans le domaine des radiofréquences pour les champs magnétiques ne dépassant pas 20 T.
95
+
96
+ La liaison nucléaire est généralement décrite comme une manifestation résiduelle entre nucléons de l'interaction nucléaire forte qui maintient ensemble les quarks constituant les nucléons. L'énergie de liaison nucléaire est définie comme l'énergie nécessaire pour arracher un nucléon quelconque au noyau considéré. Elle est de l'ordre de quelques mégaélectron-volts par nucléon, partant de 0 (par définition) pour le protium 1H pour atteindre 7,57 MeV/A avec l'uranium 238 en passant par un maximum à 8,795 MeV/A pour le nickel 62[12]. Cette propriété fondamentale explique pourquoi ce sont uniquement les atomes légers qui libèrent de l'énergie par fusion nucléaire tandis que ce sont uniquement les atomes lourds qui libèrent de l'énergie par fission nucléaire :
97
+
98
+ La physique des noyaux atomiques est gouvernée par les trois interactions fondamentales du modèle standard de la physique des particules : l'interaction forte, l'interaction faible et l'l'interaction électromagnétique. Chaque noyau atomique est défini par le nombre de protons et de neutrons qu'il contient, ainsi que par son énergie totale, l'ensemble définissant les différents « arrangements » des particules selon lesquels l'énergie totale du système peut être distribuée. Plus il y a d'arrangements possibles et plus le système est stable : l'état présentant le plus grand nombre d'arrangements possibles est appelé état fondamental ; c'est celui vers lequel tendent tous les autres états de ce système.
99
+
100
+ Toute transition d'un état du système vers un autre requiert une énergie d'activation, fournie, dans le cas des noyaux atomiques, par les fluctuations du vide quantique. Lorsque de telles fluctuations suffisent à faire basculer un noyau atomique d'un état donné vers un état d'énergie inférieure, ce noyau est dit instable : on a affaire à un radionucléide. Jusqu'au calcium (Z = 20), les éléments chimiques ont des isotopes stables pour lesquels le nombre N de neutrons est à peu près égal au nombre Z de protons, tandis qu'au-delà de Z = 20 le ratio N/Z tend vers 3/2. Les isotopes instables, appelé radioisotopes, connaissent une désintégration radioactive qui leur permet de se rapprocher d'un état de plus grande stabilité.
101
+
102
+ La radioactivité désigne l'ensemble des phénomènes physiques par lesquels un nucléide instable réorganise sa structure nucléaire afin de gagner en stabilité. Ces phénomènes de désintégration radioactive peuvent être les suivants :
103
+
104
+ Chaque radioisotope est caractérisé par une période radioactive, qui correspond au temps nécessaire pour que la moitié des atomes de cet isotope se soit désintégrée. Un même nucléide peut connaître plusieurs modes de désintégration, la proportion relative de chacun de ces modes étant appelée rapport de branchement.
105
+
106
+ Certaines théories extrapolent les résultats du modèle en couches et les propriétés des nombres magiques en prédisant l'existence d'un îlot de stabilité parmi les nucléides superlourds, pour un nombre magique de 184 neutrons et — selon les théories et les modèles — 114, 120, 122 ou 126 protons. Une approche plus moderne de la stabilité nucléaire montre toutefois, par des calculs fondés sur l'effet tunnel, que, si de tels noyaux superlourds doublement magiques seraient probablement stables du point de vue de la fission spontanée, ils devraient cependant connaître des désintégrations α avec une période radioactive de quelques microsecondes[13],[14],[15] Un îlot de relative stabilité pourrait néanmoins exister autour du darmstadtium 293, correspondant aux nucléides définis par Z compris entre 104 et 116, et N compris entre 176 et 186 : ces éléments pourraient avoir des isotopes présentant des périodes radioactives atteignant quelques minutes.
107
+
108
+ Le plus lourd des nucléides synthétisés jusqu'à présent est l'isotope 294Og[16],[17],[18],[19],[20] et les recherches se poursuivent au GSI afin de produire l'isotope 302120. On ignore précisément jusqu'à combien de nucléons un noyau atomique peut contenir : on estime habituellement la limite d'observabilité expérimentale à environ Z ≈ 130[21] et la limite théorique à Z = 173 : un 174e proton (ou neutron) conférerait à la couche nucléaire 1s1/2 une énergie de −511 keV, égale à la masse au repos d'un électron ou d'un positron ; un tel noyau serait donc instable par rapport à la désintégration β[22],[23].
109
+
110
+ Si les propriétés nucléaires de l'atome (masse, énergie nucléaire, radioactivité, etc.) relèvent de la physique, et particulièrement de la physique nucléaire et de la physique des particules, les propriétés des nuages électroniques des atomes (taille, énergie d'ionisation, conductivité électrique, valence, etc.) relèvent essentiellement de la chimie et de la science des matériaux.
111
+
112
+ Le nuage électronique d'un atome n'a pas de dimensions bien définies car il consiste en une superposition d'orbitales atomiques de nature probabiliste. Il n'existe donc pas de définition unique ni de mesure définitive de la taille des atomes : celle-ci est généralement définie en termes de distance moyenne entre noyaux d'atomes liés entre eux, mais cette distance varie en fonction de la nature chimique des atomes environnants, du nombre et de la géométrie des liaisons dans lesquelles l'atome est engagé, ou encore de la nature de ces liaisons (métallique, covalente, ionique, etc.). Une valeur théorique de l'extension des orbitales atomiques peut néanmoins être calculée pour chaque noyau atomique, ce qui donne une valeur en excès par rapport aux méthodes empiriques fondées sur la géométrie des mailles cristallines, ou aux mesures effectuées sur des molécules :
113
+
114
+
115
+
116
+
117
+
118
+ Au-delà des valeurs numériques, qui ne doivent être vues ici que comme indicatives, ce tableau permet d'illustrer deux tendances :
119
+
120
+ La contraction des lanthanides illustre bien ce dernier phénomène, et est à l'origine du fait que les atomes des métaux de transition des cinquième et sixième périodes ont des tailles à peu près égales : à peine deux picomètres de plus pour le hafnium et le tantale que pour le zirconium et le niobium ; il s'ensuit une augmentation sensible de la masse volumique des métaux correspondants, par exemple 6,5 et 13,3 g/cm3 respectivement pour le zirconium et le hafnium — soit plus qu'un doublement.
121
+
122
+ L'une des propriétés les plus remarquables des atomes est leur propension à former toute une variété de liaisons chimiques avec d'autres atomes, afin de constituer des édifices moléculaires, des cristaux, voire des agrégats atomiques (clusters, « superatomes »). Ces liaisons résultent du recouvrement d'orbitales atomiques appartenant à deux atomes pour former une orbitale moléculaire occupée par deux électrons provenant chacun d'un des deux atomes engagés dans la liaison (on parle dans ce cas de liaison covalente), mais peuvent aussi provenir de l'attraction électrostatique entre atomes de charge électrique opposée (un cation positif et un anion négatif : on parle alors de liaison ionique).
123
+
124
+ La réactivité chimique des atomes dépend du nombre d'électrons qu'ils possèdent dans leurs sous-couches électroniques périphériques (sous-couches s et p) — les électrons de valence. En vertu de la règle de l'octet, chaque atome tend en effet à atteindre un état où ses sous-couches s et p périphériques sont saturées d'électrons : deux électrons dans la sous-couche s et six électrons dans la sous-couche p. Par exemple, l'hydrogène n'a qu'un unique électron dans sa sous-couche 1s, de sorte qu'il s'associe avec un autre atome pour acquérir le second électron qu'il manque à cette sous-couche pour être saturée : on dit que l'hydrogène est monovalent. L'oxygène, lui, a quatre électrons dans sa sous-couche 2p, et s'associe donc avec deux autres atomes pour acquérir les deux électrons qui manquent à cette sous-couche pour être saturée : l'oxygène est donc divalent. Le carbone, ayant deux électrons dans sa sous-couche 2p, est tétravalent. Les gaz rares les plus légers tels que l'hélium et le néon, avec respectivement deux électrons dans la sous-couche 1s et six électrons dans la sous-couche 2p, sont à peu près inertes chimiquement car leur configuration électronique est déjà saturée d'électrons de valence — mais il existe une chimie des gaz rares concernant les gaz rares plus lourds, qui présentent une réactivité chimique non nulle en raison de l'écrantage du noyau par les électrons de cœur qui rend les électrons périphériques plus mobilisables.
125
+
126
+ La liaison covalente est une liaison forte : celle qui unit les deux atomes d'iode de la molécule I2 n'est que de 151 kJ/mol, mais atteint 436 kJ/mol pour la molécule H2, 498 kJ/mol pour O2, et 945 kJ/mol pour N2.
127
+
128
+ Un autre type de liaison chimique s'observe dans les métaux : la liaison métallique. Les atomes métalliques ont en effet la propriété, lorsqu'ils s'assemblent, de faire apparaître, par recouvrement de leurs orbitales atomiques périphériques, une « bande de conduction » qui peut être occupée par des électrons délocalisés (on parle « d'aromaticité métallique ») issus des orbitales les moins liées de ces atomes ; la conductivité électrique des métaux résulte du fait qu'il existe un nombre bien plus élevé de configurations électroniques possibles (on parle de densité d'états électroniques) qu'il y a d'électrons dans cette bande de conduction, de sorte que ces derniers y constituent un « gaz d'électrons ».
129
+
130
+ Des atomes appartenant à des molécules distinctes peuvent également interagir avec leur nuage électronique autrement que par liaison covalente ou ionique. Ainsi, un atome d'halogène déficitaire en électrons et facilement polarisable peut former une liaison halogène avec les atomes ou groupements fonctionnels riches en électrons, tels que des dérivés oxygénés ou azotés. De même, une molécule ayant un atome d'hydrogène acide peut former une liaison faible (de 5 à 20 kJ/mol) avec un atome électronégatif ayant des doublets non liants. Enfin, l'interaction des moments dipôlaires de deux atomes est à l'origine de la force de van der Waals, dont la force est du même ordre de grandeur que celle de la liaison hydrogène.
131
+
132
+ Compte tenu de leur configuration électronique, certains atomes auront davantage tendance que d'autres à attirer des électrons en formant des liaisons chimiques covalentes. Cette propriété est appelée l'électronégativité d'un atome. Elle dépend en premier lieu de leur nombre de masse et, corrélativement, de l'intensité de la liaison entre le noyau atomique et des électrons de valence. Elle est généralement évaluée à l'aide de l'échelle de Pauling, du nom de Linus Pauling qui la mit au point en 1932[25]. D'autres méthodes d'évaluation donnent des résultats légèrement différents, mais toutes révèlent les mêmes tendances à travers le tableau périodique.
133
+
134
+
135
+
136
+ La lecture de ce tableau permet de dégager deux tendances principales :
137
+
138
+ Le cas des gaz rares eux-mêmes est particulier car les plus légers d'entre eux sont chimiquement inertes, une véritable chimie des gaz rares n'existant que pour le krypton et, surtout, le xénon — le radon est trop radioactif pour présenter une chimie significative.
139
+
140
+ L'électronégativité n'est pas une notion atomique absolue, mais plutôt une propriété chimique relative aux atomes engagés dans une liaison avec d'autres atomes. La propriété atomique stricto sensu correspondant à l'électronégativité est appelée affinité électronique et correspond à l'énergie libérée par l'adjonction d'un électron à un atome neutre pour former un anion. Il s'agit donc d'une grandeur physique mesurable, contrairement à l'électronégativité.
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+ Les valeurs représentées par un astérisque dans le tableau ci-dessus sont voisines de zéro d'après l'interprétation quantique de la configuration électronique des atomes correspondants. On note que l'affinité électronique ne présente pas la périodicité régulière de l'électronégativité, mais qu'elle est tout de même la plus élevée pour les halogènes et sensiblement plus faible pour les métaux alcalins et, surtout, alcalino-terreux.
147
+
148
+ Comme les nucléons, les électrons possèdent un spin, analogue à un moment angulaire, intrinsèque à chaque électron, auquel se superpose un moment angulaire orbital, représenté par le nombre quantique secondaire, généré par la distribution probabiliste de l'électron dans son orbitale atomique, qui s'assimile à un « mouvement ». Ces deux moments angulaires se combinent pour constituer un champ magnétique autour de l'atome. Lorsque deux électrons occupent une case quantique de l'atome, ils ont chacun un spin opposé en vertu du principe d'exclusion de Pauli, ce qui annule le moment angulaire résultant ; mais les atomes et les ions qui ont un nombre impair d'électrons ont par conséquent un moment magnétique résultant non nul provenant du spin de leurs électrons.
149
+
150
+ Les matériaux ferromagnétiques ont la particularité d'orienter dans la même direction les moments magnétiques de leurs atomes par interaction d'échange, ce qui crée un champ magnétique macroscopique : c'est le cas, par exemple, de la magnétite Fe3O4. Certains matériaux orientent au contraire les moments magnétiques de leur atomes dans des directions alternativement opposées, ce qu'on appelle « antiferromagnétisme ».
151
+
152
+ Les matériaux paramagnétiques révèlent leur magnétisme intrinsèque uniquement sous l'effet d'un champ magnétique extérieur, qui aligne le moment magnétique de leurs atomes tant qu'il est présent (susceptibilité magnétique positive) ; dès que ce champ magnétique extérieur cesse d'être appliqué, la magnétisation d'un matériau paramagnétique disparaît. Les atomes ayant des électrons non appariés dans leurs sous-couches d et f ont des propriétés magnétiques intenses car ces électrons sont fortement localisés ; en particulier, les lanthanides font des aimants particulièrement puissants en raison de leur moment magnétique induit par jusqu'à sept électrons non appariés — notamment le néodyme et le samarium. Il existe une méthode d'analyse spectroscopique sous champ magnétique analogue à la résonance magnétique nucléaire (RMN) qui fait intervenir le spin des électrons au lieu de celui des noyaux : la résonance paramagnétique électronique (également appelée de façon plus propre « résonance de spin électronique »).
153
+
154
+ Le diamagnétisme, quant à lui, est un phénomène assez général dû au moment angulaire orbital des électrons et non au spin de ces derniers, qui consiste en l'apparition d'un champ magnétique de direction opposée à tout champ magnétique extérieur ; c'est un phénomène généralement de faible intensité, hormis quelques cas particuliers tels que, par exemple, l'or, le mercure, le bismuth et surtout les matériaux supraconducteurs (effet Meissner).
155
+
156
+ Un électron d'un atome peut être excité par absorption d'un photon incident, ce qui le fait occuper une orbitale atomique d'énergie supérieure à celle de son état fondamental. De nombreuses molécules aromatiques ou présentant des liaisons π conjuguées sont susceptibles d'être ainsi excitées simplement par éclairage ; leur relaxation vers l'état fondamental se traduit alors par l'émission d'un ou plusieurs photons, selon deux mécanismes distincts :
157
+
158
+ L'interaction d'atomes avec un rayonnement électromagnétique peut également se traduire par l'apparition de raies d'absorption ou d'émission à certaines longueurs d'onde particulières sur un spectre par ailleurs continu. Ces longueurs d'onde correspondent à l'énergie de transition entre couches électroniques et sous-couches électroniques : lorsqu'un atome est atteint par un photon ayant une énergie égale à l'une de ces transitions entre niveaux d'énergie électroniques, un électron peut absorber ce photon et passer à un niveau d'énergie supérieur, laissant une longueur d'onde déficitaire en photons, ce qui se matérialise dans le spectre par une raie d'absorption.
159
+
160
+ Chaque atome, chaque ion, et même chaque molécule ou radical libre, possède ainsi une signature spectrale caractéristique, très employée par exemple en astrophysique pour détecter leur présence et déterminer leur concentration dans le milieu interstellaire, voire l'espace intergalactique : la disposition des raies spectrales, leur éventuel décalage (décalage vers le rouge), leur largeur, leur netteté et leur éventuelle séparation en plusieurs composantes (ce qu'on appelle leur structure fine) sont ainsi des paramètres riches d'informations sur le milieu traversé par le rayonnement analysé entre sa source et sa détection par les instruments de spectroscopie.
161
+
162
+ La matière baryonique peut exister à l'état solide, liquide ou gazeux selon sa température et sa pression : les transitions entre ces états surviennent à des niveaux de température et de pression directement en rapport avec les propriétés des atomes et de leurs arrangements moléculaires qui constituent chaque matériau. Les états solide et liquide sont qualifiés d’états condensés, tandis que les états liquide et gazeux sont qualifiés d’états fluides. Les cristaux liquides (une mésophase) sont un état intermédiaire entre solide et liquide.
163
+
164
+ Il existe par ailleurs des états de la matière moins courants sur Terre et qui dérivent des précédents :
165
+
166
+ Les atomes constituent environ 4 % de l'énergie totale observable de l'univers, avec une concentration moyenne d'un atome pour quatre mètres cubes[28]. Dans le milieu interstellaire d'une galaxie telle que la Voie lactée, la concentration d'atomes varie selon les régions entre cent mille et un milliard d'atomes par mètre cube, bien que l'environnement immédiat du Soleil soit bien plus ténu : à peine cinquante mille atomes par mètre cube, ce qui définit précisément la bulle locale comme une cavité dans le milieu interstellaire formée par l'explosion de supernovas voisines il y a deux à quatre millions d'années[29]. Les étoiles se forment à partir de nuages denses, et les réactions de fusion nucléaire qui se déroulent en leur sein conduisent à la formation d'éléments chimiques plus lourds que l'hydrogène, l'hélium et le lithium produits à la suite du Big Bang.
167
+
168
+ Plus de 95 % des atomes de la Voie lactée se trouvent dans les étoiles, et les atomes « visibles » de notre galaxie représentent environ 10 % de sa masse : le reste de cette masse serait constitué d'une mystérieuse matière noire.
169
+
170
+ Dans les premières minutes de l'existence de l'univers, les quatre éléments les plus légers se sont formés au cours de la nucléosynthèse primordiale : environ 75 % d'hydrogène 1H, 25 % d'hélium 4He, 0,01 % de deutérium 2H, et des traces (de l'ordre de 10-10) de lithium 7Li. Cette nucléosynthèse aurait été trop brève pour permettre la synthèse d'éléments plus lourds que le lithium et pour permettre la fusion du deutérium. Les atomes proprement dits, avec leur nuage électronique, se seraient formés lors de la recombinaison, environ 377 000 ans après le Big Bang, et les premiers quasars et étoiles se seraient formés après 150 millions d'années.
171
+
172
+ La nucléosynthèse stellaire aurait alors pris le relais pour former tous les éléments chimiques jusqu'au fer par fusion successive de noyaux d'hélium :
173
+
174
+ À ce stade, la fusion cesse d'être exothermique et des réactions nécessitant un milieu très énergétique interviennent pour former les éléments plus lourds : capture neutronique (processus r, processus s), protonique (processus rp), et photodésintégration (processus p), qui interviennent tout à la fin de vie des étoiles, même peu massives, et surtout lors de l'explosion de supernovas.
175
+
176
+ Selon toute vraisemblance, la grande majorité des atomes qui constituent la Terre étaient déjà présents dans la nébuleuse solaire, dont l'effondrement gravitationnel aurait engendré le système solaire. Les atomes apparus depuis proviennent le plus souvent de la désintégration radioactive d'éléments primordiaux instables, et les rapports isotopiques des éléments correspondants offrent le moyen d'évaluer l'âge de la Terre par datation radiométrique[30]. Par ailleurs, l'abondance naturelle de l'hélium 3 sur Terre par rapport à l'hélium 4 des gisements de gaz naturel permet de déduire que 99 % de l'hélium 4 terrestre provient de la radioactivité α[31]. D'autres atomes, qualifiés de « cosmogéniques, » proviennent de l'interaction des rayons cosmiques avec l'atmosphère terrestre : c'est le cas bien connu du carbone 14, mais aussi, par exemple, du béryllium 10. Enfin, de très nombreux atomes synthétiques sont produits en laboratoire à des fins essentiellement scientifiques, parfois militaires, rarement industrielles (en raison du coût prohibitif des matériaux ainsi produits), tels que le silicium 42 (pour valider certaines hypothèses sur le modèle en couches décrivant la structure nucléaire), le plutonium 239 (matériau de choix pour les armes nucléaires), le technétium 99m (très utilisé en médecine nucléaire) ou encore l'américium 241 (employé industriellement dans les détecteurs de fumée).
177
+
178
+ Sous certaines conditions, il est possible d'exciter des atomes, par exemple avec un laser à colorant, pour placer certains de leurs électrons dans des orbitales atomiques correspondant à un nombre quantique principal n égal à plusieurs dizaines d'unités, voire supérieur à 100[32]. De tels atomes sont appelés atomes de Rydberg. Ils ont des propriétés remarquables, telles qu'une très grande susceptibilité électrique et magnétique[33], une relative stabilité, et des fonctions d'onde électroniques approchant, dans une certaine mesure, l'orbite décrite par un électron en mécanique classique autour du noyau. Les électrons de cœur écrantent le champ électrostatique du noyau du point de vue de l'électron périphérique, pour lequel le potentiel du noyau est identique à celui d'un atome d'hydrogène[34]. Le comportement de cet électron particulier est particulièrement bien décrit par le modèle de Bohr, pourtant très insuffisant pour modéliser les atomes « conventionnels ».
179
+
180
+ Les atomes de Rydberg ont une taille très supérieure à celle des atomes à l'état fondamental : l'état d'excitation jusqu'à n = 137 d'un atome d'hydrogène correspond à un rayon atomique d'environ 1 μm, soit cinq ordres de grandeur au-dessus du rayon d'un atome d'hydrogène à l'état fondamental (n = 1). Ils ne peuvent exister dans le milieu naturel terrestre car leur énergie d'ionisation y est bien inférieure à l'énergie thermique, mais représentent une partie importante de la matière du milieu interstellaire, où ils peuvent persister longtemps sans interaction avec d'autres atomes ni avec des champs électriques ou magnétiques susceptible de provoquer leur retour à l'état fondamental. La raie spectrale à 2,4 GHz révélatrice de la transition de nombre quantique principal entre n = 109 et n = 108 de l'atome d'hydrogène est ainsi très fréquemment observée par les astronomes[35].
181
+
182
+ Compte tenu de leur susceptibilité électrique et magnétique très élevée, les propriétés électriques et magnétiques des milieux contenant une proportion significative d'atomes de Rydberg sont sensiblement altérées par leur présence.
183
+
184
+ Différentes formes d'atomes exotiques ont été conjecturées, et parfois observées. C'est le cas, par exemple, des atomes muoniques, dans lesquels un électron est remplacé par un muon : ce dernier étant plus massif qu'un électron, il présente des orbitales plus proches du noyau, ce qui donne des « atomes » plus petits. De la même façon, un électron peut être remplacé par un hadron, tel qu'un méson, une particule Σ-, voire un antiproton. Le seul atome exotique ayant une durée de vie significative — qui n'excède cependant pas 2,2 μs — est le muonium, résultant de l'interaction d'un électron avec un muon μ+ servant de « noyau ». Ces formes d'atomes sont utiles pour vérifier certains aspects du modèle standard de la physique des particules, notamment les interactions élémentaires.
185
+
186
+ L'interaction d'un positron avec un antiproton donne un atome d'antihydrogène, qui est un atome d'antimatière. Il existe a priori un « antiatome » pour chaque atome ; la production d'antimatière demeure néanmoins une expérience particulièrement coûteuse en énergie, et seul l'antihydrogène 1H a été synthétisé à ce jour.
187
+
188
+ Il existe également tout une variété d'atomes « conventionnels » mais néanmoins absents du milieu naturel et donc produits artificiellement. Ces éléments synthétiques sont, à deux exceptions près[36], des transuraniens, qui sont de plus en plus instables à mesure que leur numéro atomique augmente.
189
+
190
+ La notion d'atome est particulièrement bien admise par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome est donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et rendre compte des résultats expérimentaux obtenus au fil du temps.
191
+
192
+ Il est possible que divers peuples aient développé la notion de « grain composant la matière », tant ce concept peut sembler évident lorsque l'on morcelle une motte de terre, ou en regardant une dune. Dans la culture européenne, ce concept apparaît pour la première fois dans la Grèce antique au Ve siècle av. J.-C., chez les philosophes présocratiques, notamment Leucippe (environ 460-370 av. J.-C.), Démocrite et plus tard Épicure. La théorie atomiste sera ensuite magnifiquement exposée par le Romain Lucrèce dans son œuvre De rerum natura[37], qu’il résume en affirmant que « les corps premiers sont [...] d’une simplicité impénétrable, et forment un ensemble homogène et étroitement cohérent de particules irréductibles [...] dont la nature ne permet pas qu’on puisse encore rien retrancher ni soustraire. [38]» Un des arguments majeurs développé par les atomistes est la permanence de l'univers qui suggère l'existence d'objets ultimement insécables rendant nécessaire une certaine quantité d'énergie pour disséquer la matière. Dans le cas contraire, toute énergie non nulle suffirait à dégrader la matière et userait l'univers qui prendrait peu à peu la forme de poussières impalpables. L'univers étant pensé ancien par les Grecs, cette idée d'une continuité de la matière était donc incompatible avec la stabilité du monde observée[39].
193
+
194
+ Il s'agit d'une conception du monde qui fait partie de la recherche des principes de la réalité, recherche qui caractérise les premiers philosophes : on suppose que la matière ne peut se diviser indéfiniment, qu'il y a donc une conservation des éléments du monde, qui se transforment ou se combinent selon des processus variés. La décomposition du monde en quatre éléments (eau, air, terre, feu) peut donc compléter cette thèse. L'atomisme est une solution concurrente, qui naît de l'opposition de l'être et du néant : l'atome est une parcelle d'être qui se conserve éternellement, sans quoi les choses finiraient par disparaître. Les atomes sont indivisibles ; ils composent la matière comme les lettres composent les mots. Ce fut sans doute un tournant philosophique majeur, à l'origine du matérialisme et de la séparation de la science et de la religion. Cependant, même si l'empirisme épicurien tente d'établir cette hypothèse sur des bases scientifiques, l'atome demeure une intuition sans confirmation.
195
+
196
+ Depuis des millénaires, on a remarqué que les produits se transforment : le feu, la métallurgie, la corrosion, la vie, la cuisson des aliments, la décomposition de la matière organique, etc. Par exemple, pour Empédocle, les transformations de la matière s'expliquaient de la manière suivante : il y avait quatre types d'éléments (eau, air, terre, feu) qui s'associaient et se dissociaient, en fonction de l'amour ou de la haine qu'ils se portaient — les fameux « atomes crochus ». Au Moyen Âge, les alchimistes ont étudié ces transformations et remarqué qu'elles suivent des règles bien précises. Vers 1760, des chimistes britanniques commencent à s'intéresser aux gaz produits par les réactions, afin d'en mesurer le volume et de les peser. Ainsi, Joseph Black, Henry Cavendish et Joseph Priestley découvrent différents « airs » (c'est-à-dire gaz) : l'« air fixe » (le dioxyde de carbone), l'« air inflammable » (le dihydrogène), l'« air phlogistiqué » (le diazote), l'« air déphlogistiqué » (le dioxygène)… (Le terme « phlogistique » provient de la théorie du chimiste allemand Georg Ernst Stahl, au début du XVIIIe siècle, pour expliquer la combustion ; cette théorie fut balayée par Lavoisier.)
197
+
198
+ Antoine Laurent de Lavoisier (chimiste français) énonce en 1775 que[40] : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (formulé d'une manière légèrement différente à l'époque) signifiant par là que :
199
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200
+ Cette notion marque la véritable naissance de la chimie. Les chimistes ont donc commencé à recenser les éléments dont sont composées toutes les substances et à créer une nomenclature systématique — oxygène : qui produit des acides (οξυs signifie « acide » en grec) — hydrogène : qui produit de l'eau… Par exemple, en 1774, Lavoisier, en suivant les travaux des chimistes britanniques, établit que l'air se compose d'« air vital » (dioxygène) et d'« air vicié et méphitique, mofette » (diazote) ; en 1785, il décompose l'eau (en faisant passer de la vapeur d'eau sur du fer chauffé au rouge) et montre donc que ce n'est pas un élément, mais que l'eau est décomposable en éléments (c'est en fait une pyrolyse). Le terme d'« analyse » provient d'ailleurs de cette notion de décomposition, lusis (λυσιs) signifie « dissolution » en grec : on décompose les produits (par attaque acide, en les brûlant, en les distillant, etc.) jusqu'à obtenir des substances simples reconnaissables facilement (l'hydrogène, l'oxygène, le carbone, le fer, etc.).
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+
202
+ On a donc la première constatation expérimentale de la décomposition de la matière en substances élémentaires.
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204
+ Un autre pas, fait en parallèle, vient de l'étude des propriétés des gaz et de la chaleur (thermodynamique).
205
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206
+ Les fluides (liquides et gaz) sont étudiés en Europe depuis l'Antiquité, mais c'est au milieu du XVIIe siècle que l'on commence vraiment à cerner leurs propriétés, avec l'invention du thermomètre (thermoscope de Santorre Santario, 1612), du baromètre et du vide pompé (Evangelista Torricelli, 1643), l'étude de l'expansion des gaz (Gilles Personne de Roberval, 1647), la pression atmosphérique (Blaise Pascal et Florin Perrier, 1648), les relations entre pression et volume (Robert Boyle en 1660, Edmé Mariotte en 1685), la notion de zéro absolu (Guillaume Amontons, 1702), etc.
207
+
208
+ René Descartes (mathématicien, physicien et philosophe français) émet l'idée, en 1644, que les gaz sont composés de particules tourbillonnantes. Mais il ne s'agit là encore que d'une conception imagée, sans appui expérimental ; dans le même ordre d'idées, Descartes pensait que c'était aussi un tourbillon de « matière subtile » qui entraînait la rotation des planètes (ceci fut mis en défaut par Isaac Newton avec l'attraction universelle en 1687).
209
+
210
+ Cependant, cette notion de corpuscules inspira d'autres scientifiques. Les mathématiciens suisses Jakob Hermann (1716) et Leonhard Euler (1729), mais surtout le physicien suisse Daniel Bernoulli (1733), effectuent des calculs en supposant que les gaz sont formés de particules s'entrechoquant, et leurs résultats sont en accord avec l'expérience. C'est la conception « cinétique » des gaz, c'est-à-dire l'explication de la température et de la pression par des particules en mouvement.
211
+
212
+ Une autre science se développe à la fin du XVIIIe siècle : la cristallographie. Ce qui intrigue les scientifiques, c'est l'observation des formes géométriques des cristaux naturels, et leur capacité à se cliver selon des plans lisses respectant ces symétries. Reprenant l'idée de classification des êtres vivants de Carl von Linné, on commence à rechercher et classer les minéraux (Jean-Baptiste Romé de L'Isle, minéralogiste français, 1772). L'abbé René-Just Haüy (cristallographe français), en 1781, suppose que la forme des cristaux reflète la symétrie d'une « brique élémentaire », le cristal étant un assemblage de ces briques. On retrouve ici cette notion de composant élémentaire de la matière.
213
+
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+ À ce stade, ressortaient trois notions :
215
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216
+ Ces notions ont en commun le fait que la matière homogène est composée de corpuscules tous semblables entre eux, mais trop petits pour être visibles. Les découvertes du XIXe siècle vont permettre de faire converger ces trois notions, et d'établir les notions de molécule et d'atome.
217
+
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+ John Dalton (chimiste et physicien britannique), en 1804, mesure les masses des réactifs et des produits de réaction, et en déduit que les substances sont composées d'atomes sphériques, identiques pour un élément, mais différents d'un élément à l'autre, notamment par la masse de ces atomes. Il découvre également la notion de pression partielle (dans un mélange de gaz, la contribution d'un gaz donné à la pression totale). Il fut le premier à émettre les idées de la théorie atomique.
219
+
220
+ En 1807, Louis Joseph Gay-Lussac (physicien et chimiste français), établit la loi reliant la température et la pression d'un gaz. En 1808, il établit que les gaz réagissent en proportions déterminées ; les rapports des volumes des réactifs et des produits de réaction sont des nombres entiers petits. Le fait que ce soit des nombres entiers, a induit fortement à penser que la matière n'est pas « continue » (pensée dominante à cette époque), mais faite d'éléments discontinus.
221
+
222
+ Amedeo Avogadro (physicien italien), en 1811, énonce, sans preuve, que pour une température et une pression fixées, un volume donné de gaz contient toujours le même nombre de molécules, et ce quel que soit le gaz. Il fait également l'hypothèse que les gaz sont polyatomiques, et définit nettement molécules et atomes. André-Marie Ampère (1814), Jean-Baptiste Dumas (1827) et William Prout (1834) arrivent à la même conclusion.
223
+
224
+ En 1813, Jöns Jacob Berzelius inventa et fit admettre universellement des formules chimiques analogues aux formules algébriques pour exprimer la composition des corps ; le système actuel de notation fut adopté grâce à lui qui le proposa.
225
+
226
+ En 1821, John Herapath (en) (mathématicien britannique) publie une théorie cinétique des gaz pour expliquer la propagation des sons, les changements de phase (vaporisation, liquéfaction) et la diffusion des gaz.
227
+ Robert Brown (botaniste britannique), en 1827, observe le mouvement de particules à l'intérieur de grains de pollen ; ceux-ci vont en ligne droite, et ne changent de direction que lors d'un choc avec un autre grain ou bien contre une paroi. C'est de ce comportement, le « mouvement brownien », que s'inspireront les physiciens pour décrire le mouvement des molécules de gaz.
228
+
229
+ Gabriel Delafosse, en 1840, suppose que l'on peut dissocier la composante élémentaire du cristal et son organisation ; ainsi, la brique élémentaire de Haüy pourrait être un réseau aux nœuds duquel se trouveraient des « molécules » ; ce serait la forme du réseau qui donnerait la forme au cristal et non pas nécessairement la forme des molécules.
230
+
231
+ Louis Pasteur (chimiste et biologiste français), en 1847, établit le lien entre la forme des molécules et la forme des cristaux (en fait, la molécule donne sa forme au réseau, et le réseau sa forme au cristal). Auguste Bravais (physicien français), en 1849, détermine les 32 réseaux cristallins possibles.
232
+
233
+ En 1858, Stanislao Cannizzaro insiste sur la distinction, précédemment émise par Avogadro sous forme d'hypothèse, entre le poids moléculaire et atomique et montre comment le poids atomique des éléments contenus dans des composés volatils peut être déduit de la connaissance de leur chaleur spécifique et comment le poids atomique des composés dont la densité de vapeur est inconnue peut aussi être déduite de la chaleur spécifique. La même année, Rudolf Clausius (physicien allemand) définit le libre parcours moyen d'une molécule dans un gaz (distance moyenne parcourue entre deux chocs). Partant de là, en 1859, James Clerk Maxwell (physicien écossais) introduit la notion de dispersion statistique des vitesses des molécules dans la cinétique des gaz. Ceci permit à Ludwig Boltzmann (physicien autrichien), en 1858, d'estimer la taille des molécules et de définir la répartition statistique des vitesses dans un gaz.
234
+
235
+ En 1863, John Alexander Reina Newlands publie le premier tableau périodique des éléments, ordonnés en fonction de leur masses atomiques relatives, et émit l'hypothèse, en 1865, de la « loi des octaves » selon laquelle les propriétés chimiques d'un élément de la table se retrouvent tous les huit éléments. Personne n'y croit à l'époque.
236
+
237
+ Dimitri Ivanovitch Mendeleïev (chimiste russe), en 1869, classe les atomes par masse croissante, et remarque qu'il y a bien une périodicité dans leurs propriétés chimiques. Il établit donc un tableau classant les éléments ; les trous dans ce tableau permirent de découvrir de nouveaux éléments.
238
+
239
+ La notion d'atome et de molécule a donc permis le succès de la thermodynamique statistique, de la chimie et de la cristallographie. À cette notion, vont correspondre des modèles qui seront affinés au cours du développement de la physique et particulièrement précisés par les découvertes de la physique quantique durant le XXe siècle, et notamment :
240
+
241
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
242
+
243
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
244
+
245
+ Dans l'histoire des sciences, plusieurs modèles de l'atome ont été développés, au fur et à mesure des découvertes des propriétés de la matière. Aujourd'hui encore, on utilise plusieurs modèles différents ; en effet, le modèle le plus récent est assez complexe, l'utilisation de modèles « anciens » ou partiellement faux, mais plus simples, facilite la compréhension, donc l'apprentissage et la réflexion.
246
+
247
+ Depuis l'antiquité grecque, on supposait que la matière pouvait se fractionner en petits morceaux jusqu'à obtenir des grains indivisibles, qu'elle était comme « de la poussière dans la lumière ». C'est avec l'expérience de Rutherford que l'on atteint enfin ce grain : les particules α, en traversant la matière, voient leur trajectoire perturbée, ce qui va permettre enfin de savoir comment est organisée cette « poussière »…
248
+
249
+ Les modèles présentés dans cette section sont trop éloignés de la réalité pour pouvoir être utilisés. Ils ne sont présentés ici qu'à titre historique.
250
+
251
+ Avec la découverte de l’électron en 1897, on savait que la matière était composée de deux parties : une négative, les électrons, et une positive, le noyau. Dans le modèle imaginé alors par Joseph John Thomson, les électrons, particules localisées, baignaient dans une « soupe » positive, à l’image des pruneaux dans le far breton (ou dans le plum-pudding pour les Britanniques ou encore comme des raisins dans un gâteau). Ce modèle fut invalidé en 1911 par l'expérience d’un de ses anciens étudiants, Ernest Rutherford.
252
+
253
+ L'expérience de Rutherford met en évidence que les charges positives ne sont pas « étalées » entre les électrons, mais sont concentrées en de petits points. Il bombarda une fine feuille d'or par un faisceau de particules alpha (particules de charges électriques positives). Il observa que les particules étaient déviées faiblement, ce qui ne correspondait pas au résultat prévu par le modèle de Thomson, pour lequel, elles n'auraient pas dû la traverser.
254
+
255
+ Rutherford imagine donc un modèle planétaire : l'atome est constitué d'un noyau positif autour duquel tournent des électrons négatifs. Entre le noyau — très petit par rapport à l'atome (environ 100 000 fois) — et ses électrons, un très grand vide existe.
256
+
257
+ Ce modèle fut très vite mis en défaut par les équations de Maxwell d'une part, qui prédisent que toute charge accélérée rayonne de l'énergie, et par les expériences montrant la quantification des niveaux d'énergie d'autre part.
258
+
259
+ Le modèle le plus simple pour représenter un atome est une boule indéformable. Ce modèle est très utilisé en cristallographie. Une molécule peut se voir comme plusieurs boules accolées, un cristal comme des boules empilées. On utilise parfois une représentation « éclatée » : les atomes sont représentés comme des petites boules espacées, reliées par des traits, permettant de faire ressortir les directions privilégiées, les angles et de visualiser le nombre des liaisons.
260
+
261
+ Ce modèle correspond bien à certaines propriétés de la matière, comme la difficulté de comprimer les liquides et les solides, ou bien le fait que les cristaux ont des faces bien lisses. En revanche, il ne permet pas d'expliquer d'autres propriétés, comme la forme des molécules : si les atomes n'ont pas de direction privilégiée, comment expliquer que les liaisons chimiques révèlent des angles bien définis ?
262
+
263
+ Un modèle fut développé par Niels Bohr en 1913 à partir des propriétés mises en évidence par Planck et Rutherford. Dans le modèle des sphères dures, l’atome est un objet entier, indécomposable. Or, on sait depuis le milieu du XIXe siècle que l’on peut en « arracher » des particules portant une charge électrique négative, les électrons. Dans le modèle de Bohr, l’atome est composé d’un noyau chargé positivement, et d’électrons tournant autour, les rayons des orbites des électrons ne pouvant prendre que des valeurs bien précises.
264
+
265
+ Le noyau est très compact, d’un diamètre d’environ 10-15 à 10-14 m, c’est-à-dire que le noyau est cent mille à un million de fois plus petit que l’atome ; il porte une charge électrique positive. C’est aussi la partie la plus lourde de l’atome, puisque le noyau représente au moins 99,95 % de la masse de l’atome. Les électrons sont ponctuels, c’est-à-dire que leur rayon est admis quasi nul (tout du moins plus petit que ce que l’on peut estimer). Ils portent une charge négative. Pour des raisons de lisibilité, le schéma ci-dessous n’est donc pas à l’échelle, en ce qui concerne les dimensions du noyau et des électrons, ni aussi pour les rayons des différentes orbites (on notera ici que le nombre d’électrons sur les orbites n’est pas prédit par le modèle).
266
+
267
+ Cette vision permet de décrire les phénomènes spectroscopiques fondamentaux, c’est-à-dire le fait que les atomes absorbent ou émettent seulement certaines longueurs d’onde (ou couleur) de lumière ou de rayons X. En effet, le système {noyau+électrons} étant stable et confiné, d’énergie négative, il ne possède qu’un ensemble discret d’états (et donc de niveaux) d’énergie : c’est le passage d’un état à l’autre de l’atome qui provoque une émission discrète d’énergie, ce qui explique donc les raies spectroscopiques des atomes. Le modèle de Bohr, décomposant l’atome en deux parties, un noyau et un nuage d'électrons, est plus précis que le modèle des sphères dures, pour lequel la surface de la sphère correspond à l’orbite des électrons extérieurs.
268
+
269
+ Cependant, très vite, le modèle de l’atome de Bohr ne permettra pas d’expliquer l’ensemble des observations (effet Zeeman, etc.). Il faut attendre 1924-1926 pour qu’avec Schrödinger, les orbites deviennent orbitales avec des énergies stationnaires : la mécanique quantique est née.
270
+
271
+ La naissance de la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie en 1924, généralisée par Erwin Schrödinger en 1926 amène à proposer un nouveau modèle, dont les aspects relativistes furent décrits par Paul Dirac en 1928 ; il permet d'expliquer la stabilité de l'atome et la description des termes spectroscopiques.
272
+
273
+ Dans ce modèle, les électrons ne sont plus des billes localisées en orbite, mais des nuages de probabilité de présence. Ce point de vue, révolutionnaire, peut choquer en première approche. Cependant la représentation que l'on pouvait se faire d'un électron — une petite bille ? — était dictée par les formes observées dans le monde macroscopique, transposées sans preuves dans le monde microscopique. Il faut bien se douter du fait que ce que l'on connaît de l'électron ne repose que sur des manifestations indirectes : courant électrique, tube cathodique (télévision)…
274
+
275
+ Depuis les années 1930, on modélise ainsi l'électron par une « fonction d'onde », généralement notée Ψ, dont le carré de la norme représente la densité de probabilité de présence. Pour représenter fidèlement les propriétés de l'électron, on ne dispose que de fonctions mathématiques compliquées ; cette abstraction rebute encore bien des physiciens. Nous essayons ci-dessous de donner une image de la notion de fonction d'onde, image nécessairement imparfaite.
276
+
277
+ De manière un peu plus exacte : un électron, hors d'un atome, est représenté par un paquet d'ondes, qui peut être considéré, dans certaines limites, comme une petite bille. La mécanique quantique démontre qu'un tel paquet d'ondes s'étale au cours du temps ; au contraire, un électron d'un atome conserve la structure de la fonction d'onde associée à l'orbite qu'il occupe (tant qu'il n'est pas éjecté de l'atome). La mécanique quantique postule donc, non la conservation de la forme (non connue) de l'électron, mais la conservation de l'intégrale de la probabilité de présence.
278
+
279
+ Dans le modèle de Schrödinger, les nuages correspondant aux différents électrons s'interpénètrent ; il n'est pas question de se donner une représentation individuelle des électrons chacun sur son orbite, comme cela était dans le cas du modèle de Bohr. Cela est d'autant plus vrai que les électrons sont des particules identiques indiscernables. Les effets d'échange amènent à considérer que chaque électron de l'atome est à la fois sur chaque orbitale occupée (correspondant à une configuration électronique donnée). L'ionisation de l'atome (l'arrachement d'un électron de l'atome) peut alors être représentée par le schéma simplifié ci-dessous.
280
+
281
+ Pour éviter des complications inutiles, on considérera l'atome le plus simple afin de montrer quelques schémas dévoilant les points fondamentaux du modèle :
282
+
283
+ Soit ρ(r, θ, φ) la densité de probabilité de présence au point de coordonnées sphériques (r, θ, φ). Pour l'état fondamental, la densité de probabilité, ρ, est maximale au centre de l'atome. Considérons maintenant la densité radiale de probabilité de présence (à la distance r du noyau, toutes les directions confondues) :
284
+
285
+ cette densité radiale est maximale pour r = r1 de la première orbite du modèle de Bohr (dans l'expression ci-dessus, on a tenu compte de la symétrie sphérique de ρ, identique pour toutes les directions). On a en fait :
286
+
287
+ En fonction de l'état quantique de l'électron (fondamental, excité…) ces nuages peuvent prendre différentes formes, qui sont décrites en particulier par les harmoniques sphériques. La forme la plus simple est la symétrie sphérique, montrée en particulier, ci-dessus, dans le cas de l'état fondamental, |1s>.
288
+
289
+ Des combinaisons linéaires de fonctions d'onde, utilisant des harmoniques sphériques distinctes, permettent l'apparition d'une anisotropie qui va devenir essentielle pour le passage de la notion d'atome à celle de molécule. Le schéma ci-contre montre une coupe de la densité de probabilité de présence de l'orbitale hybride |
290
+
291
+
292
+
293
+ 2
294
+ s
295
+
296
+ p
297
+
298
+ z
299
+
300
+
301
+
302
+
303
+ {\displaystyle 2sp_{z}}
304
+
305
+ > de l'atome d'hydrogène, coupe contenant Oz axe de symétrie de l'orbitale atomique. Pour cet exemple, l'axe Oz devient une direction privilégiée, mais de plus la densité de probabilité de présence s'étale plus loin pour une orientation donnée.
306
+
307
+ Ce modèle permet d'expliquer :
308
+
309
+ On notera pour terminer que des corrections relativistes sont à apporter, dans le cas des atomes de numéro atomique élevé, pour la détermination des niveaux internes (les vitesses des électrons sur les orbites du modèle de Bohr sont alors importantes).
310
+
311
+ Si la mécanique quantique permit d'expliquer rapidement les caractéristiques spectroscopiques des atomes et des molécules, le cœur de l'atome, son noyau, fut plus difficile à comprendre. Les difficultés sont ici de deux ordres : l'une correspondant à l'importance de l'énergie des particules sondes permettant d'atteindre les dimensions de l'ordre du fermi, l'autre à la nécessaire invention d'au moins une interaction supplémentaire permettant la stabilité d'un noyau constitué de protons (qui se repoussent électriquement) et de neutrons.
312
+
313
+ Cette compréhension de la cohésion du noyau devait aussi expliquer les phénomènes de radioactivité alpha, bêta et gamma, dont les premières observations dataient de la dernière décennie du XIXe siècle.
314
+
315
+ La décennie qui précéda la Seconde Guerre mondiale mena à la découverte des deux interactions maîtresses de la stabilité du cœur : l'interaction forte et l'interaction faible. La petitesse de la portée de ces deux interactions, respectivement 10-15 m et 10-18 m explique les difficultés expérimentales rencontrées. Les difficultés théoriques ne manquent pas, non plus ; il ne s'agit pas de lois physiques aussi simples que celles de l'électromagnétisme, même compliquées par la mécanique quantique, mais de la compréhension de toutes les particules élémentaires… L'invention des quarks et des gluons donne ainsi la vision actuelle de l'interaction qui maintient ensemble les nucléons.
316
+
317
+ Cette physique nucléaire mène aussi à l'explication de la nucléosynthèse, expliquant les aspects nucléaires du tableau de Mendeleïev. On se retrouve là dans le foisonnement de la naissance de l'univers et de la dynamique des étoiles.
318
+
319
+ Un atome est couramment désigné par son symbole chimique, complété par son nombre de masse A (égal au nombre de nucléons de l'atome) placé en haut et à gauche du symbole.
320
+
321
+ Exemple : le carbone 12 de nombre de masse 12 est noté
322
+
323
+
324
+
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+ Il est d'usage de compléter cette écriture par le numéro atomique Z, placé en bas et à gauche du symbole, pour décrire une réaction nucléaire dans laquelle intervient un isotope.
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+ Le carbone 12 est ainsi noté
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+ Pâques est la fête la plus importante du christianisme[1]. Elle commémore la résurrection de Jésus, que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la Passion, c'est-à-dire « le troisième jour ». La solennité, précédée par la Semaine sainte, dernière partie du carême, commence dans la nuit précédent le dimanche de Pâques, par la veillée pascale.
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+ La date de Pâques est fixée au premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars, donc au plus tôt le 22 mars, si la pleine lune tombe le soir du 21, et au plus tard le 25 avril. Il ne s'agit pas de la lune observée, mais d'une lune dite ecclésiastique, méthode de calcul traditionnelle approchée. Les Églises occidentales, ayant adopté à la fois la réforme grégorienne du calendrier et une correction concomitante pour le cycle lunaire, ont souvent un jour de célébration différent de celui des Églises orthodoxes, le décalage pouvant être de 0, 1 ou 5 semaines, selon les années (exceptionnellement 4, si la lune est nouvelle à Rome, mais pas à Constantinople).
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+ Certaines Églises chrétiennes choisissent de pratiquer la Pâque quartodécimaine en concordance avec la Pâque juive.
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+ Le substantif « Pâques » est — comme le féminin[2],[3],[4] singulier « Pâque » — un emprunt[2] au latin[2] chrétien[3],[4] Pascha, un substantif neutre[4] pluriel[N 1] traité comme un féminin[4] singulier[N 1]. Le latin Pascha est lui-même emprunté au grec[4] Πάσχα / Páskha et celui-ci — par l'intermédiaire de l'araméen pasḥa,[3],[4] — à l'hébreu biblique[2],[3],[4] pesaḥ qui serait dérivé[3],[N 2] du verbe pasaḣ qui signifie « passer devant, épargner »[3],[4] car, selon la Bible[6], les juifs avaient reçu l'ordre de sacrifier un agneau indemne de toute tare et d'en badigeonner le sang sur les montants des portes afin que les puissances qui viendraient détruire les premiers nés égyptiens lors de la dixième plaie, passent au-dessus de ces portes sans s'arrêter[7]. Chaque année les juifs commémorent cet événement lors de la fête de Pessa'h. La Passion du Christ s'étant déroulée, selon les évangiles, durant ces célébrations, le christianisme a investi cette fête et sa symbolique, le Christ devenant l'agneau immolé pour sauver l'humanité de ses péchés[8].
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+ Le pluriel de Pâques ne fait pas référence à une pluralité de dates. La langue française distingue en effet la Pâque juive (ou Pessa'h) et la fête chrétienne de Pâques. La première commémore la sortie d'Égypte et la liberté retrouvée des enfants d'Israël. La fête chrétienne est multiple. Elle commémore à la fois la dernière Cène instituant l'eucharistie, la Passion du Christ et sa résurrection. C'est seulement après le XVe siècle que la distinction sémantique a été marquée par la graphie entre Pasque (ou Pâque) désignant la fête juive et Pasques (ou Pâques) désignant la fête chrétienne[9].
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+ Le jour de Pâques est un dimanche situé à des dates variables du calendrier grégorien comprises entre le 22 mars et le 25 avril. Des dates de jours fériés et de fêtes dépendent de ce jour de Pâques, comme le lundi de Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, le lundi de Pentecôte.
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+ À titre d'exemple, les dates contemporaines de Pâques sont les dimanches :
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+ Ces dates sont celles du calendrier grégorien, qui suit le mouvement du Soleil et les saisons.
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+ De tout temps et dans de nombreuses cultures païennes, au printemps, on fête la lumière, la renaissance de la nature après les longs mois d'hiver. Ce qui était parfois symbolisé par le retour ou le réveil d'une divinité[10]. Au Proche-Orient, comme leurs ancêtres Cananéens, les Hébreux et leurs voisins Babyloniens, Mésopotamiens, offrent à leurs dieux les prémices de leur moisson[11].
20
+
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+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle.
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+ Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la résurrection du Christ[12], événements dont les évangiles synoptiques situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, un vendredi 15 nissan du calendrier hébraïque, alors que l'évangile attribué à Jean situe la crucifixion de Jésus un vendredi 14 nissan. La fête de Pâques était célébrée de façon diverse par les églises chrétiennes primitives. Certaines des premières Églises continuaient à célébrer la Cène le jour de la Pâque juive, en particulier les Églises syriaques attachées à la tradition johannique qui identifiait le sacrifice du Christ à l'offrande pascale[13]. D'autres, telles l’Église de Rome, fêtaient Pâques le dimanche suivant la Pâque juive, mettant ainsi l'accent sur la résurrection au lendemain du shabbat[14]. En 387, Épiphane de Salamine témoigne de « l'existence de deux groupes qui fêtaient Pâques à date fixe : d'un côté ceux qui suivent les « mythes juifs », de l'autre un groupe qui, fixé en Cappadoce, célèbrent Pâques le 8 des calendes d'avril (25 mars). » Il précise que ces gens prétendaient avoir trouvé la date exacte de la crucifixion de Jésus dans des sources chrétiennes. Toutefois, Épiphane n'admet pas cette date et indique que d'autres versions donnent le 15 des calendes d'avril (18 mars) ou le 10 de ces calendes (23 mars). Il ajoute que d'après ses calculs, il s'agit du 13 des calendes d'avril (20 mars)[15].
23
+
24
+ Le calendrier hébreu étant lunisolaire, tous les mois commencent à la nouvelle lune ; le 14 du mois de nissan correspond donc en général à la pleine lune à quelques jours près (c'est-à-dire le quatorzième après la nouvelle lune visible depuis Jérusalem la plus proche de l'équinoxe. Voir ci-après les détails sur la définition du concile de Nicée). L'année du calendrier juif compte 12 ou 13 mois lunaires ; pour que nissan reste le premier mois du printemps, l'intercalation d'un mois complémentaire était décidée par le Sanhédrin quand c'était nécessaire pour respecter le rythme des saisons[16]. Après le Ier concile de Nicée en 325, il fut décidé que le calcul de la date de Pâques se ferait selon une règle fixe[17]. Ainsi, « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après », donc le dimanche après la première pleine lune advenant pendant ou après l'équinoxe de printemps. Un problème, apparu plus tard, est la différence des pratiques entre les églises occidentales et les églises orthodoxes. Les premières adoptent en 1582 le calendrier grégorien pour calculer la date de Pâques, alors que les autres continuent à utiliser le calendrier julien originel. Le Conseil œcuménique des Églises proposa une réforme de la méthode de détermination de la date de Pâques lors d'un sommet à Alep (Syrie), en 1997. Cette réforme aurait permis d'éliminer les différences de dates entre églises occidentales et orientales[18] ; elle devait entrer en application en 2001, mais elle échoua.
25
+
26
+ Le calcul de la date de Pâques est assez complexe ; il est connu sous le nom de comput. Il existe des tables traditionnelles, mais aussi des algorithmes plus mathématiques pour la retrouver. La première méthode développée par Carl Friedrich Gauss présentait quelques erreurs : en 1954 (la formule donnait le 25 avril au lieu du 18 avril) et en 1981 (le 26 avril au lieu du 19 avril). De nombreux autres mathématiciens ont depuis développé d'autres formules. Voir des calculs détaillés dans l'article du calcul de la date de Pâques.
27
+
28
+ Certains groupes religieux choisissent de pratiquer cette cérémonie en concordance avec la Pâque juive, c'est-à-dire le jour de la Pâque quartodécimaine pour l'Église de Dieu (Septième Jour) et certains baptistes du Septième Jour [réf. nécessaire], ou le jour du Mémorial pour les Témoins de Jéhovah[19].
29
+
30
+ En Europe, avant l'évangélisation, les cultes d'origine gréco-romaines se superposent aux croyances celtiques autour de la résurrection de la nature après l'hiver et de l’équinoxe.
31
+
32
+ En 725 en Grande-Bretagne, Bède le Vénérable mentionne la déesse Éostre qui symbolise le renouveau et annonce le printemps. Des rites étaient célébrées en son honneur à ce moment de l'année. Les noms anglais et allemand de Pâques, Easter et Ostern auraient dérivé de son nom, qui comme « aurore » signifie « qui se lève à l'est »[11].
33
+
34
+ Les chrétiens se sont appuyés sur ces traditions pour instaurer leurs rites, puis ils ont imposé leur calendrier pour rompre définitivement avec les croyances antérieures[11].
35
+
36
+ Le dimanche de Pâques, comme tous les dimanches, est reconnu comme jour férié par tous les pays de tradition chrétienne. Le lundi de Pâques est également férié dans certains pays, comme la France (depuis la loi du 8 mars 1886) mais pas aux États-Unis, en Équateur, dans certaines communautés autonomes d'Espagne, au Mexique et en Argentine, ni au Portugal où le lundi est travaillé au moins dans certaines régions.
37
+
38
+ Le vendredi saint est aussi férié dans de nombreux pays : Brésil, Équateur, Mexique, Argentine, Cameroun, Allemagne, Norvège, Royaume-Uni, certains cantons de Suisse, Canada, certains États des États-Unis, certaines régions d'Espagne, etc.
39
+ Dans les départements français de l'Alsace, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Moselle, ainsi qu'en Polynésie française, le vendredi saint, qui précède le dimanche de Pâques, est également férié[20].
40
+
41
+ Pâques (aussi appelé le dimanche de Pâques) est la solennité la plus importante (juste devant Noël) de l'Église catholique, c'est-à-dire qu’il était traditionnellement obligatoire de chômer, d'assister à la messe et d'y communier après s'être confessé (« faire ses Pâques »). Elle est la première des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.
42
+
43
+ La liturgie spécifique à Pâques commence par la vigile pascale, célébration aussi respectée par certains anglicans et luthériens. Souvent, la vigile pascale est l'occasion, pour les croyants, de recevoir le sacrement du baptême ou de la confirmation. La nuit du matin du dimanche de Pâques se font donc l'allumage du feu nouveau du cierge pascal, la bénédiction des fonts baptismaux, la lecture des prophéties et le chant des litanies des saints. Normalement, Pâques est le jour de l'année que choisissent les fidèles qui ne vont à la messe qu'une fois par an pour communier (d'où l'expression « faire ses Pâques »), ce qui leur impose d'aller se confesser au préalable. Depuis le Jeudi saint, il n'y a pas eu d'Eucharistie, seulement la célébration de la Passion du Seigneur du Vendredi saint, avec distribution d'hosties consacrées le jour d'avant. Symboliquement, pour les catholiques, la veillée pascale et son cierge traduisent la résurrection du Christ, le renouvellement solennel de l'engagement de leur baptême par l'ensemble des chrétiens.
44
+
45
+ Ainsi, le carême est terminé et l'accent est mis sur l'innocence retrouvée et sur la valeur de l'initiation chrétienne.
46
+ Lorsque le jour est levé, s'ensuit alors l'office suivant : la messe de la Résurrection. Le Christ, aussi appelé le Rédempteur, a vaincu pour les mortels le péché, le démon et la mort même. Jésus-Christ s'est donc fait l'agneau de Dieu, l'Agnus Dei, sacrifié lors de la crucifixion, et qui enlève les péchés du monde par sa mort et sa résurrection. Cette messe de Pâques a donc une symbolique qui exprime ainsi l'apex de toute l'année liturgique des catholiques, car elle leur rappelle leurs devoirs de chrétiens grâce à ce renouveau spirituel. Pâques est aussi l'une des rares occasions pour le Pape de prononcer la célèbre bénédiction urbi et orbi. Enfin, ce dimanche vient clore le triduum pascal et commence le temps pascal.
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48
+ En Belgique, en France et en Italie, les cloches sont rendues silencieuses lors du Jeudi saint pour éviter qu'elles ne sonnent pendant les deux jours suivants. Durant le carême, on omet de chanter le Gloire à Dieu, en signe de pénitence. Alors, quand arrive la vigile pascale, on fait sonner les cloches pour manifester la joie qu'on a de sortir de la pénitence pendant qu'on le chante.
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+
50
+ Aux Philippines, au matin de Pâques (appelé localement Pasko ng Muling Pagkabuhay ou les Pâques de la Résurrection), la célébration est marquée par des actes de joie. À l'aube, Salubong, le premier d'entre eux, fait mettre ensemble de grandes statues de Jésus et Marie illustrant la première réunion de Jésus et de sa mère Marie après la résurrection. Peu de temps après, la messe de Pâques commence dans l'allégresse.
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+ Au Tyrol, l'effigie du Christ ressuscité apparaît par un procédé théâtral au centre du décor baroque des Ostergräber.
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+ La fête de Pâques est célébrée avec beaucoup de solennité par les chrétiens orthodoxes. Bien que certaines Églises orthodoxes divergent selon le calendrier de référence (grégorien ou julien), la date de Pâques est cependant commune à toutes les Églises orthodoxes (à l'exception de l’Église autonome de Finlande) parce qu'elle est partout fixée à partir du calendrier julien, quel que soit le calendrier liturgique suivi.
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+ Dans le calendrier grégorien, cela signifie qu'elle est fêtée entre le 4 avril et le 8 mai au plus tard.
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+ Le tropaire apolytikion de la Fête des Fêtes, « Le Christ est ressuscité des morts, par la mort, il a terrassé la mort ; à ceux qui sont dans les tombeaux il a fait don de la vie » est repris plusieurs dizaines de fois au cours de chaque office.
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+ Le premier office de Pâques est celui des matines du dimanche. Il débute dans l'obscurité la plus totale, avant que le célébrant ne sorte par les portes saintes avec un cierge allumé, disant « Venez prendre la lumière à la Lumière sans soir, et glorifiez le Christ ressuscité des morts ». De retour dans le sanctuaire, il entonne avec le clergé l'hymne « Ta Résurrection, ô Christ Sauveur, les anges la chantent dans les cieux ; accorde aussi à nous, sur terre, de Te glorifier avec un cœur pur ». Puis le clergé sort en procession, suivi de tous les fidèles, et continue de chanter l'hymne en tournant trois fois autour de l'église. Une fois revenu devant les portes, le célébrant chante la doxologie initiale, et lit l'évangile de la Résurrection selon saint Marc (Marc 16, 1-8). Puis il entonne les versets des stichères de Pâques, à quoi le chœur répond par le tropaire. Suit l'échange qui servira, toute la période de Pâques, de salutation : « Christ est ressuscité » à quoi l'on répond « En vérité, il est ressuscité ».
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+ En Grèce, le prêtre dit ensuite par trois fois devant la porte : « Levez vos portes, princes ; levez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera », à quoi des fidèles restés dans l'église répondent « Qui est ce Roi de Gloire ? » Le prêtre reprend : « Le Seigneur puissant et redoutable, le Seigneur redoutable au combat. » A la troisième fois, il ajoute à voix forte : « Le Seigneur des puissances, c'est lui le Roi de gloire ! » en poussant la porte ; et il entre. A l'intérieur de l'église, les portes du sanctuaire sont ouvertes (voire sorties de leurs gonds), et le restent jusqu'au dimanche suivant.
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+ L'office de matines est composé essentiellement du canon de Pâques, rédigé par saint Jean Damascène, auquel s'ajoute les ipakoï, ikos et kondakion de l'office, ainsi que l'hymne «  Ayant contemplé la Résurrection du Christ » chantée trois fois. Il est de coutume, en Russie, que les prêtres qui sortent encenser l'église à chaque ode du canon portent des vêtements de couleurs à chaque fois différentes. L'encensement se fait en clamant « Christ est ressuscité », avec la réponse habituelle.
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+
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+ Après les matines ont lieu les heures de Pâques, intégralement chantées, puis la liturgie de saint Jean Chrysostome. L'évangile, dans la tradition slave, est proclamé dans autant de langues qu'il est possible de le faire avec le clergé en présence. Traditionnellement, suivent des agapes de rupture du Carême, qui peuvent durer toute la nuit.
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+ L'après-midi qui suit, on célèbre les vêpres de Pâques (au cours desquelles l'évangile est récité dans toutes les langues selon la tradition grecque), qui sont celles du lundi. Cela fait du dimanche de Pâques le seul jour qui ne possède pas de vêpres, mais seulement un office de matines, le seul jour « sans soir » de l'année liturgique.
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+ Toute la semaine qui suit (appelée Semaine Lumineuse) on continue de ne rien lire et de tout chanter, et de chanter les hymnes du cycle entier de la résurrection. On chante le tropaire de Pâques jusqu'au mercredi qui précède l'Ascension. Pendant la première semaine, il n'y a aucune restriction de nourriture ; puis, jusqu'à la Pentecôte, on retrouve le jeûne des mercredis et vendredis, allégé d'un cran : huile et vin y sont autorisés. Le Samedi Lumineux, on célèbre la dernière liturgie pascale, et l'on partage entre les paroissiens l'artos, un gâteau de pain qui a été cuit le samedi précédent.
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+ La fête de Pâques est la célébration la plus importante pour les chrétiens évangéliques[21],[22]. Elle est un rappel de la grâce de Dieu et de la puissance du salut en Jésus. Lors de la réunion du dimanche, le message est souvent lié à la résurrection et à l'impact de cet évènement dans la vie de ceux qui ont accepté Jésus, qui ont vécu la nouvelle naissance.
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+ De nombreuses coutumes datant de la plus haute antiquité destinées à accueillir le retour du printemps se rattachèrent à la fête de Pâques. L’œuf est le symbole de la germination qui se produit au début du printemps. De même le lièvre est un symbole antique qui a toujours représenté la fécondité[23]. En France et surtout au Québec, certains mythes populaires parlent de la cueillette de l'Eau de Pâques. Dans l'Église catholique québécoise, la cueillette de l'Eau de Pâques n'est pas un mythe, puisque lorsque la vigile pascale ou la messe du matin de Pâques se termine, il est réellement possible de remplir un petit pot avec un peu de l'eau qui vient d'être bénie pendant la célébration pour en rapporter chez soi. Le mythe à proprement parler voulait qu'on recueille l'eau de pluie tombée au matin de Pâques. On disait de cette eau ainsi recueillie qu'elle permettait de guérir des maladies. En Allemagne, en Suisse, en Autriche, en France dans la région d'Alsace et le département de la Moselle ainsi qu'en Martinique, Guyane, Guadeloupe et à La Réunion, le lundi de Pâques s'accompagne d'un autre jour férié : le « Karfreitag », soit le Vendredi saint. Pâques ressemble à Noël et il n'est pas rare que les gens s'offrent des cadeaux entre eux à cette occasion.
75
+
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+ En Allemagne et en France, le repas de Pâques est souvent l'occasion de partager un gigot d'agneau rôti accompagné de flageolets. En Alsace et dans certaines régions d'Allemagne, on confectionne un biscuit en forme d’agneau appelé Osterlammele ou Lamala. Cette tradition alsacienne catholique du Lammele est attestée par le théologien catholique Thomas Murner en 1519 : le fiancé offrait un agneau pascal à sa promise. On l’offrait aussi aux enfants au retour de la messe du jour de Pâques. Après le temps du carême, ce biscuit riche en œufs permettait d’écouler le stock d’œufs accumulé avant Pâques et dont la consommation était déconseillée, en attente de Pâques. L’agneau était décoré d'un étendard aux couleurs du Vatican (jaune et blanc) ou de l’Alsace (rouge et blanc). Cette tradition, comme la plupart, a perdu son caractère confessionnel et s'est sécularisée.
77
+
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+ Dans le Berry et plus largement dans le centre de la France les charcutiers fabriquent le Pâté de Pâques (ou Pâté du Berry) composé de farce et d'œufs durs entiers enroulés une pâte feuilletée[24].
79
+
80
+ En Guyane, on déguste traditionnellement le dimanche de Pâques le bouillon d'awara, un mets typique de la région fait avec la pâte du fruit de l'awara.
81
+
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+ Pâques a donné naissance aux prénoms Pascal et Pascale.
83
+
84
+ Selon les régions, les traditions populaires liées à la célébration de Pâques varient. Ces différences sont notamment notables autour des desserts que l'on peut retrouver.
85
+
86
+ Dans la ville de Crest, dans la Drôme, on prépare la couve crestoise, sorte de gâteau sec, aussi appelé le Suisse dans la région lorsqu'il prend la forme d'un pantin. Ce sablé date du début du XVIIIe siècle et est d'origine provençale. Il s'agit d'une galette assez épaisse qui tire son nom de sa forme : un nid de poule avec ses œufs. Elle est généralement parfumée aux zestes d'agrume.
87
+
88
+ En Italie, on déguste le Campanare della Nonna mais surtout on le partage en l'offrant à ceux que l'on aime. Il s'agit d'un biscuit classique, généralement en forme de cloche, de panier ou de poisson, surmonté d'un œuf de poule. On y goûte aussi la Colombe, une brioche à pâte levée recouverte d'un glaçage blanc décoré d'amandes.
89
+
90
+ En Russie, il y a 2 desserts : le koulitch, une brioche beurrée avec des fruits secs ou confits et la paskha, une préparation à base de fromage blanc et de fruits confits. Le mot « paskha » peut aussi désigner en Ukraine le koulitch.
91
+
92
+ Dans les pays chrétiens, l’œuf de Pâques est le cadeau le plus distribué le jour de Pâques ; les œufs sont apportés par les cloches de Pâques. Depuis le Jeudi saint, les cloches des églises catholiques sont silencieuses, en signe de deuil. La tradition populaire pour les enfants dit qu'elles sont parties pour Rome, et elles reviennent le jour de Pâques en ramenant des œufs qu'elles sèment à leur passage.
93
+
94
+ Comme pour Noël, les Alsaciens, les Allemands, ainsi que les Suisses décorent leur maison à l’approche de Pâques. Les œufs de Pâques sont apportés par le lapin de Pâques (Osterhase, « lièvre de Pâques »))[25]. Chocolats et décorations diverses, souvent en forme de lapin, ornent ainsi les boutiques et les appartements. On y fait aussi des bouquets de Pâques sur lesquels on accroche divers sujets et des œufs peints. Les arbres de Pâques dans les jardins ont droit également à une parure multicolore avec l’arrivée du printemps ; les œufs et lapins poussent partout. Les Allemands, les Alsaciens et les Américains décorent des œufs cuits durs avec de la peinture ou des feutres.
95
+
96
+ Les Américains espèrent que l’Easter Bunny leur apportera des lapins en chocolat et des sucreries dans un panier tressé.
97
+
98
+ En Pologne, un panier garni est préparé le vendredi, conservé sans être mangé le samedi, et béni le jour-même par le prêtre.
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+
100
+ Dans les pays à majorité chrétienne orthodoxe, il y a beaucoup de coutumes qui plaisent particulièrement aux enfants. Des œufs sont peints pour cette journée, essentiellement en rouge, mais on utilise aussi d'autres couleurs. Il existe plusieurs traditions populaires et religieuses liées à Pâques :
101
+
102
+ Tous les peuples orthodoxes respectent à Pâques la coutume suivante. Pendant toute la semaine les chrétiens orthodoxes se saluent par l’exclamation « Christ est ressuscité ! » (Христос васкрсе, en serbe cyrillique, Χριστός ἀνέστη en grec) à laquelle on répond « Il est vraiment ressuscité ! » (Ваистину васкрсе, en cyrillique, Ἀληθῶς ἀνέστη! en grec). En Hongrie, en Roumanie, en République tchèque et en Slovaquie, les jeunes filles colorent les œufs durs. Elles utilisent également de la cire qu'elles mettent autour de l'œuf. Une fois l'œuf coloré, la cire enlevée crée des motifs. Les garçons tressent avec des roseaux et des rubans colorés des fouets. Dans certaines régions rurales, le matin du lundi de Pâques, les garçons « s'habillent » et font le tour de leur voisinage pour « fouetter »[26] et arroser les jeunes filles en leur souhaitant des vœux. Les filles leur offrent des bonbons si ce sont des enfants, à manger et à boire, ou à défaut un verre d'alcool, si ce sont des adultes[26]. Les garçons repartent avec des œufs décorés, des chocolats, etc. La tournée se termine à midi. Cette ancienne tradition est encore célébrée avec plaisir pour les garçons, moins pour les filles qui doivent accepter ce châtiment affectueux avec le sourire.
103
+
104
+ Cette tradition peut s'expliquer par le fait qu'aux alentours de l'équinoxe, la durée d'ensoleillement permet aux poules des latitudes européennes de recommencer à pondre après une pause hivernale[27].
105
+
106
+ Puis au IVe siècle, l'Église ayant instauré l'interdiction de manger des œufs pendant le carême et les poules continuant à pondre, les œufs pondus depuis le début du carême — n'ayant pas été mangés — étaient alors décorés et offerts. De nos jours, le jeûne n'est plus prescrit aussi strictement mais la tradition d'offrir des œufs, y compris en chocolat, est restée.
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+
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+ L’œuf de Pâques est un œuf décoré que l’on offre le matin du dimanche de Pâques. Il est souvent comestible et fait de chocolat ou de sucre.
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+ Dans la plupart des pays à dominante chrétienne, les noms de Pâques proviennent de l'hébreu pessa'h :
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+ Cependant, quelques langues nomment cette fête différemment :
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+ Dans la plupart des pays de tradition des églises orthodoxes ou orientales : « Christ est ressuscité ! », et on répond « En vérité, Il est ressuscité ! » Par exemple, en grec : « Χριστός Ανέστη! » - « Αληθώς Ανέστη! », en roumain « Hristos a înviat! » - « Adevărat a înviat!, en russe : « Христос воскресе! » - « Воистину воскресе! » ou encore en arabe : « ! المسيح قام, حقا قام ». En serbe, « Христос васкрсе », à laquelle on répond « il est vraiment ressuscité ! » « Ваистину васкрсе ». Ou encore, en arménien, « Քրիստոս հարեաւ ի մերելոց » (« Le Christ est ressuscité des morts »), phrase à laquelle on répond : « Օրհնեալ է յարութիւնն Քրիստոսի » (« Bénie soit la résurrection du Christ ! »)
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+ L'expression « faire ses Pâques » signifie de faire pénitence et de communier au corps du Christ au moins une fois l'an lors des commémorations pascales, généralement durant le carême et à Pâques[31] ou à un autre moment propice[29]. Paul VI a dit en audience : « La formule consacrée, populaire, « faire ses pâques » a précisément cette signification pratique, celle de rectifier le cours de notre vie en se référant à son orientation suprême, son orientation religieuse[32]. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le « parachutisme ou la chute libre » est une activité consistant à chuter d'une hauteur allant d'une centaine de mètres à plusieurs milliers (en sortant généralement d'un avion, mais tout autre aéronef peut être utilisé) pour ensuite retourner sur terre avec l'aide d'un parachute. Si la personne s'élance d'un point fixe (pont, falaise, etc), on parle alors plutôt de saut de base (base jump).
2
+
3
+ Après la sortie, le parachutiste est en chute libre pour une durée plus ou moins longue selon la discipline pratiquée, la hauteur à laquelle il a été largué et l'altitude relative d'ouverture. Il peut effectuer seul (voltige, free-fly) ou avec d'autres parachutistes (vol relatif) des figures durant la chute, et/ou sous voile (voile-contact), avant de rejoindre le sol en pilotant son parachute de manière à se poser au lieu prévu.
4
+
5
+ L'amélioration des équipements a permis aux militaires dans un premier temps d'utiliser cette pratique pour larguer des hommes et du matériel sur une zone rapidement, puis cette activité est devenue un loisir puis un sport encadré durant la seconde moitié du XXe siècle.
6
+
7
+ Le premier saut en parachute de pleine atmosphère est réalisé le 22 octobre 1797 par André-Jacques Garnerin[1],[2] : celui-ci atterrit dans le parc Monceau à Paris[3],[4] depuis son ballon à (di)hydrogène[2]. Le 12 octobre 1799[5], son élève et future épouse[5], Jeanne Labrosse, devient la première femme parachutiste[6], la première personne à sauter avec un parachute percé en son centre[5] ainsi que la première femme pilote de ballon[6]. Le 11 octobre 1802, elle dépose, au nom de son mari, le brevet no 195 sur l'appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d'un ballon après l'explosion de celui-ci[5],[7].
8
+
9
+ Le développement de l'avion au début du XXe siècle offre aux parachutistes un nouveau moyen de sauter comme le démontrent les pionniers Albert Berry et Grant Morton vers 1911-1912 (les dates ne sont pas bien définies). Puis en 1919, Leslie Irvin réalise le premier saut avec ouverture manuelle du parachute durant la chute.
10
+
11
+ Les militaires y voient alors un intérêt comme moyen de sauvegarde des ballons d'observation durant la Première Guerre mondiale. Son développement initial se fait donc chez les militaires, sous l'impulsion du capitaine Frédéric Geille, qui le développent et finissent par s'en servir également pour larguer du matériel, puis des hommes.
12
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+ Cet usage est largement fait durant la Seconde Guerre mondiale avec les grandes opérations aéroportées telles que la conquête de la Crète, celles précédant immédiatement le débarquement de Normandie et l'opération Market Garden.
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+ Il est toujours régulièrement utilisé pour les opérations utilitaires militaires, de secourisme ou de soutien de nos jours, et lors de stages de commandos.
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+ Durant la seconde moitié du XXe siècle, cette activité devient un loisir et plusieurs aventuriers défrichent le terrain tels que Léo Valentin (qui développe l'ancêtre de la Wingsuit et du deltaplane), Jean-Louis Potron et Jacques Chalon qui réalisent en 1956 le premier vol relatif en se passant un témoin durant une chute à plat face-sol, les sauts se font à trois (Jean Chasac, Gil Delamare et Colette Duval[8]), à cinq (Jacques Chalon, Jacques Déforges, Pierre Lard, Pierre Pero et Michel Sauerbach[8]) puis à neuf (Jacques Billard, Jacques Breton, Max Cros, Christian Ladouet, Jacques Lecland, Claude Michaud, GilbertPupin, Michel Perissinotto et Raymond Young[8]) et Colette Duval avec un saut à plus de 10 000 mètres en 1958.
18
+
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+ Lors des meetings aériens, des démonstrations de parachutistes sont parfois organisées avec des hommes tels que Salvatore Cannarozzo qui réalisent des ouvertures basses, chose particulièrement dangereuse et qui a depuis été interdite.
20
+
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+ En 1971, Steve Snyder commercialise, aux États-Unis, la première voile à caissons sous le nom de Paraplane[9] et c'est en 1972 que l'on trouve la première voile de ce type aux Championnats de France de Parachutisme. À la fin des années 1970 il n'y aura plus que ce type de voile à ces Championnats.
22
+
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+ Le parachute rectangulaire (aile) est amélioré. Pilotable et avec un atterrissage doux, il remplace alors le parachute hémisphérique utilisé par les militaires ou les sportifs.
24
+
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+ À partir des années 1980, toujours grâce à l'amélioration de l'équipement, le parachutisme s'est ouvert aux non-parachutistes via des sauts en tandem, où une personne est attachée à un moniteur tandem qui assure l'intégralité du saut. L'amélioration des caméras a également permis la création du rôle de vidéoman.
26
+
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+ Toujours à cette époque, des hommes tels que Patrick de Gayardon innovent et popularisent plusieurs domaines de la chute libre tels que le freestyle, le base jump et le skysurf.
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+
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+ Les premiers sauts de vol 3D (Vallaud et O.J.B.) : «Ils ont ouvert la voie, et quelle voie !» Gs.
30
+
31
+ Olav Zipser était un pionnier du parachutisme moderne.
32
+
33
+ Un parachute civil sportif et de loisir, possède une voilure rectangulaire bombée ayant remplacé les voiles hémisphériques d'autrefois, utilisées encore rarement dans le domaine militaire, permettant un atterrissage en douceur et non en roulé-boulé, mais plus petite que celle d'un parapente, étant adapté à la descente.
34
+
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+ L'ensemble comprend principalement :
36
+
37
+ Replié, il est environ de la taille et du poids d'un sac à dos bien rempli, moyen pour un individuel (environ 8 kg), plus grand pour un tandem (environ 25 kg).
38
+
39
+ Il est relié à un harnais que le parachutiste seul ou le moniteur enfile par les deux jambes et les épaules. Un passager tandem enfile un simple harnais et le moniteur l'attachera à lui par 4 crochets, deux aux épaules et deux au niveau des hanches en cours de montée de l'avion.
40
+
41
+ (À compléter et améliorer)
42
+
43
+ La météo est importante pour décider de sauter, les sauts pouvant par sécurité être reportés ou en attente, voire annulés pour la journée en cas de pluie, orage, brume importante ou forte couverture nuageuse.
44
+
45
+ La décision de lancer une séance de saut est décidée conjointement par le responsable de la zone (le directeur technique sur les centres fédéraux) et le pilote.
46
+
47
+ La montée s'effectue souvent dans un avion mais tout aéronef est utilisable pour sauter (montgolfière, ULM, hélicoptère...).
48
+
49
+ Les parachutistes se préparent (combinaison de saut, parachute, casque, lunettes de saut, altimètre initialisé à 0) et se vérifient les uns les autres (bonne mise en place du parachute, éléments sécurisés, etc.) puis se réunissent au point d'embarquement où l'avion vient se positionner pour l'embarquement et le départ.
50
+
51
+ Les parachutistes embarquent alors un par un dans l'ordre inverse des départs (le premier à sauter est le dernier à embarquer) en s'installant conformément à l'équipement de l'avion (serrés côte à côte sur une banquette, assis au sol les jambes enchevêtrées, etc.).
52
+
53
+ La montée jusqu'à environ 4000-4200 mètres dure au moins 15 minutes (selon le type d'avion et sa puissance), et se fait selon une trajectoire circulaire autour de la zone de saut, de telle sorte à rester proche du terrain d'arrivée et permettre ainsi aux parachutistes de se poser sur l'aérodrome ou à sa proximité immédiate.
54
+
55
+ Quelques minutes avant d'atteindre l'altitude maximale (soit vers 3 000 mètres pour un saut à 4 000 mètres), chacun re-vérifie son équipement (bonne position des poignées, bonne fermeture des sangles), termine de s'équiper (vêtements contre le froid et le vent si nécessaire, mise en place du casque et des lunettes, etc.) et salue les autres parachutistes d'un "check" de la main et d'un shaka.
56
+
57
+ Arrivé à l'altitude de largage, l'avion se place sur la trajectoire qui lui a été indiquée et ralentit. Sur indication du pilote, les parachutistes ouvrent alors la porte de l'avion et commencent à sauter soit immédiatement, soit sur une nouvelle indication du pilote (selon le type d'avion).
58
+
59
+ Entre chaque départ de parachutiste ou de groupe de parachutistes, un délai de quelques secondes est mis en place afin d'assurer une séparation horizontale d'environ 300 mètres.
60
+
61
+ C'est la phase la plus palpitante, forte source d'adrénaline souvent recherchée par les parachutistes, notamment due aux sensations importantes procurées à la fois par l'accélération du départ, la vitesse de chute, les sensations de l'air à cette vitesse (il devient possible de "s'appuyer" sur l'air pour se déplacer, tourner, etc.) et la hauteur impressionnante.
62
+
63
+ Une chute traditionnelle s'effectue depuis une hauteur située entre 3 000 mètres et 4 200 mètres, et dure généralement entre quarante et soixante secondes avant l'ouverture du parachute principal aux alentours de 1 200 mètres (plus ou moins haut selon l'expérience du parachutiste. 1 500 mètres en tandem. 1 000 mètres pour la plupart des parachutistes, 850 mètres minimum exigé par la fédération).
64
+
65
+ Dès le départ depuis l'avion jusqu'à l'ouverture du parachute, la vitesse du flux d'air est très importante, au départ due à la vitesse horizontale de l'avion avançant lui-même à environ 140 km/h (plus ou moins vite selon le type d'avion), remplacée progressivement par celle de la vitesse verticale (jusqu'à environ 200 km/h), créant un souffle sur les oreilles semblable à celui que l'on entend en ouvrant les vitres d'une voiture sur l'autoroute, et tout cri éventuel de surprise des novices, ou toute parole, est noyé dans ce bruit du vent durant toute la chute. Les groupes de parachutistes doivent alors bien mettre leurs figures au point durant la chute afin que chacun sache bien ce qu'il a à faire. Un moniteur avec son élève communique par gestes.
66
+
67
+ Des études graphiques ont été réalisées donnant la vitesse du parachutiste en fonction du temps. La courbe est une exponentielle de tangente la vitesse maximale[11].
68
+
69
+ Voir aussi : Physique du parachutisme
70
+
71
+ La vue est magnifique par beau temps, mais aussi dans le cas de certaines couvertures nuageuses (la vue "du dessus" des nuages peut être splendide) ainsi que le sentiment de liberté totale, de voler dans les airs, de pouvoir se mouvoir dans les trois dimensions (en cherchant à ralentir ou accélérer sa chute, on peut ainsi faire des figures avec d'autres parachutistes en passant dessus ou dessous), en dominant le paysage.
72
+
73
+ Il arrive de sauter et/ou ouvrir le parachute au-dessus et dans des nuages, occasionnant des sensations encore un peu différentes de surprise.
74
+
75
+ L'ouverture du parachute principal s'effectue par une poignée manuellement. Le parachutiste sent tout d'abord une courte décélération l'amenant en position droite, puis forte vers le haut, donnant la sensation illusoire de remonter, l'ouverture de la voile ralentissant en quelques secondes sa vitesse de descente de 200 km/h à 14 km/h.
76
+
77
+ Le bruit de l'air à vitesse modérée devient négligeable et un moniteur tandem et son passager peuvent cette fois facilement se parler.
78
+
79
+ Les virages, s'accompagnant d'une accélération vers le bas lorsqu'ils sont effectués fortement, s'effectuent en tirant sur la poignée de commande correspondante (gauche ou droite). Il est ainsi possible d'effectuer des rotations complètes à 360°. Le fait de tirer sur les deux commandes à la fois réduit par contre la vitesse horizontale et, dans un premier temps, la vitesse de descente.
80
+
81
+ La phase de descente sous voile depuis 1 500 mètres dure environ 5 minutes.
82
+
83
+ Par le biais des deux poignées de commande, les parachutistes peuvent facilement manœuvrer pour rejoindre leur aire de destination. À l'aide de la manœuvre dite "d'arrondi", l'arrivée au sol peut s'effectuer en douceur et même debout en marchant rapidement de quelques pas. Les parachutistes ramassent alors proprement leur parachute et retournent sur la zone de pliage (souvent un hangar).
84
+
85
+ La sensation de la phase de chute en particulier, procure une euphorie telle que notamment à l'arrivée après un premier saut, le désir est grand de remonter pour renouveler l'expérience.
86
+
87
+ Le pilote de l'avion après largage, redescend très vite en semi-piqué, arrivant parfois au point d'embarquement pour un nouveau départ avant les derniers parachutistes précédents.
88
+
89
+ Le repliage du parachute s'effectue généralement dans le hangar de l'aérodrome.
90
+
91
+ La voile principale est facile à plier. Les élèves l'apprennent dès le 1er saut. Un plieur confirmé réalisera l'action en moins de 5 minutes.
92
+
93
+ La voile de secours, elle, est conditionnée par un spécialiste, que l’on appelle le gréeur, qui va mettre jusqu'à 3 ou 4 heures à le faire minutieusement. Ce temps s'explique à la fois par la minutie du pliage et par le fait que le plieur va également vérifier l'état du parachute.
94
+
95
+ L'âge minimum pour commencer à sauter est de 15 ans (pour les centres membres de la Fédération Française de Parachutisme) si la personne satisfait aux critères médicaux.
96
+
97
+ Le saut en tandem consiste à sauter en étant accroché à un moniteur déjà expérimenté.
98
+
99
+ Il permet à toute personne de 15 ans ou plus de bonne condition physique, même novice, de découvrir les sensations de plaisir unique de la chute libre durant une minute, puis de voguer sous voile, sans nécessiter de technique particulière d'apprentissage, ni d'entrainement, excepté un court briefing préalable d'une dizaine de minutes au sol.
100
+
101
+ Les personnes handicapées peuvent également sauter, et pour ces dernières, en France le moniteur tandem doit être habilité et utiliser un harnais qui peut être spécifique selon le handicap.
102
+
103
+ Un simple certificat médical de non contre-indication datant de moins de six mois (absence de problème cardiaque, de colonne vertébrale, de déboîtement d'épaule, de sur-poids ou enceinte) du médecin généraliste suffit bien souvent.
104
+
105
+ Le saut se déroule à une altitude minimale de 3 000 mètres, souvent à plus de 4 000 mètres, pour une chute libre d'environ 30 secondes à 1 minute.
106
+
107
+ L'ouverture du parachute est déclenchée à 1 500 m d'altitude. Il est généralement possible de faire filmer son saut par un autre moniteur expérimenté chutant simultanément filmant en face des sauteurs en tandem.
108
+
109
+ Comme pour tout saut extrême, il arrive rarement que le passager débutant soit trop impressionné et apeuré par la hauteur pour se décider à sauter. Le pilote est alors contraint de le redescendre un peu moins rapidement que seul. Il renouvelle souvent sa tentative ultérieurement, se décidant à sauter la seconde fois, encouragé par le moniteur accompagnant[réf. nécessaire].
110
+
111
+ Le saut en tandem peut aussi être effectué par des parachutistes professionnels de l'aviation civile, auquel cas le certificat médical est facultatif et la limite d'âge de 15 ans aussi.
112
+
113
+ Le saut en tandem est l'objet d'une opposition récurrente entre les deux cadres juridiques d'exercice du parachutisme, celui de l'aéronautique, plus ancien, qui chapeaute toute l'activité parachutiste et toute l'activité aéronautique et celui du sport qui a délégation du ministère de la jeunesse et des sports pour la partie compétitive de l'activité.
114
+
115
+ Les parachutistes professionnels réalisent essentiellement des sauts de découverte du parachutisme alors que les centres de parachutisme sportif enseignent aussi la pratique du parachutisme et encadrent son aspect compétitif.
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117
+ Le saut en tandem étant le revenu principal des structures de parachutisme il est l'objet régulier de lobbying par les protagonistes pour modifier ou adapter son cadre réglementaire et technique.
118
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+ Plusieurs adeptes d'adrénaline hésitent pour un premier saut entre celui d'un saut en parachute en tandem ou un saut à l'élastique.
120
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+ Les sensations du parachutisme sont pour beaucoup les plus intenses pendant la chute libre durant toute une minute depuis un avion en passant de 4 200 mètres à 1 500 mètres d'altitude, ajouté à l'adrénaline au préalable dans l'avion durant la montée et même ensuite l'ouverture et la descente sous voile, comparé à un saut à l'élastique beaucoup plus court de quelques secondes, surtout depuis une grue, bien qu'un premier saut en tandem coûte entre 200 et 250 €, éventuellement 150 € pour les suivants.
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+
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+ Cependant d'autres personnes considèrent que la notion de référence de hauteur du sol étant moins importante à très grande altitude qu'un saut à l'élastique auquel s'ajoutent les oscillations successives, peut être moins impressionnant. La position difficile cambrée, bien que facilitée par le moniteur en tandem, n'est pas nécessaire pour un saut à l'élastique.
124
+
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+ Plusieurs simulateurs ont été récemment construits, où la personne évolue durant une session de 2 minutes ou 2 minutes 30 dans un grand tube en plexiglass à la base duquel se situe une forte soufflerie permettant le maintien de la personne dans les airs, éventuellement accompagnée d'un ou deux moniteurs la guidant, en position cambrée à l'analogue de celle de la chute libre. L'une de ses soufflerie est gérée par la société Aérokart, à Argenteuil. D'autres souffleries existent en France ou sont en construction : Wembii à Lille, IFly à Paris La-Villette, etc. Il existe aussi une soufflerie un Suisse à Sion : Realfly.
126
+
127
+ Les sensations d'accélérations ne sont pas présentes, exceptées les légères montées et descentes successives dans le tube, mais peuvent constituer une première expérience.
128
+
129
+ Ces souffleries permettent aussi aux équipes de s'entraîner et de s'améliorer beaucoup plus facilement qu'en enchainant les chutes libres : il est plus facile de rentrer et sortir de la soufflerie pour effectuer les débriefing, il n'y a pas de temps de montée, et le coût à la minute est généralement moins élevée et divisible par le nombre de participants volant simultanément (ce qui n'est pas le cas des places d'avion)
130
+
131
+ Il existe deux méthodes d'apprentissage pour être autonome en chute : la progression accompagnée en chute (PAC) et l'apprentissage traditionnel commençant par l'étape du saut en ouverture automatique (OA)
132
+
133
+ Quelle que soit la méthode, l'élève doit assurer lui-même son atterrissage. Une assistance radio est très souvent assurée par un moniteur au sol qui guide l'élève pour faire son circuit d'approche et lui indiquer le moment pour commencer la manœuvre d'atterrissage (appelée « arrondi »).
134
+
135
+ Dans les deux cas, il faut un certain nombre de sauts « en chute » pour obtenir le premier brevet (qui est de 15 sauts en France). Les sauts en ouverture automatique (OA) ne sont pas comptabilisés car la chute libre est considérée comme trop courte.
136
+
137
+ Chaque méthode a ses partisans, mais le résultat final reste bien entendu le même : parvenir à l'autonomie en chute libre.
138
+
139
+ La formation PAC est beaucoup plus rapide et permet de découvrir dès le premier saut les sensations de la chute libre.
140
+
141
+ Pour un stage PAC (de même que pour une formation en ouverture automatique), un certificat médical du médecin traitant est obligatoire.
142
+
143
+ Le stage de formation dure au moins cinq jours, mais peut être réparti par exemple sur plusieurs week-ends.
144
+
145
+ L'élève saute seul en chute libre dès le début, depuis 4 000 mètres de hauteur. Pour son premier saut, il est accompagné de deux moniteurs qui le tiennent, corrigent sa position en communiquant par signes avec lui, voire ouvrent son parachute en cas d'oubli ou de difficulté à atteindre la poignée d'ouverture. S'il n'y a pas de problème, la personne déclenche elle-même son parachute vers les 1 500 mètres de hauteur. Les cinq sauts suivant se feront avec un seul moniteur.
146
+
147
+ Selon la réussite de sa progression, le moniteur le laisse de plus en plus autonome, jusqu'à ce qu'il juge l'élève apte à sauter seul. Cela arrive le plus souvent dès le 7e saut.
148
+
149
+ Selon les pays, le programme des sauts suivants est soit très encadré, soit à l'appréciation du moniteur en fonction des résultats de l'élève (ce qui est le cas de la France). En France, la PAC est une adaptation de la formation américaine, l'Accelerated freefall (AFF) et il faut au minimum six sauts avec moniteur pour pouvoir sauter seul.
150
+
151
+ Cette méthode traditionnelle est la plus ancienne : très progressive, elle commence par des sauts à une hauteur de 1 200 mètres.
152
+
153
+ Le parachute est accroché dans l'avion par une longue sangle se dépliant. L'ouverture s'effectue ainsi automatiquement par tension de la sangle directement environ 3 à 4 secondes environ après la sortie de l'avion.
154
+
155
+ Durant la courte phase de chute, l'élève doit garder une position face au vent relatif produit par le déplacement de l'avion et simuler si possible les gestes d'ouverture du parachute (aussi appelés « poignées témoin »).
156
+
157
+ L'altitude et le temps avant ouverture augmente progressivement à chaque validation des exercices à réaliser, jusqu'à atteindre la hauteur de 4 000 mètres et ouvrir soi-même le parachute.
158
+
159
+ Les sauts effectués en formation traditionnelle sont moins chers, dus aux sauts moins hauts que la PAC, et au fait que le moniteur s'occupe de plusieurs élèves, mais un plus grand nombre est nécessaire pour atteindre son autonomie. Cette formation demande davantage d'engagement de l'élève qui quittera l'avion seul dès le 1er saut. Sur le plan financier, elle s'avère souvent plus intéressante qu'une PAC.
160
+
161
+ Les différentes phases d'apprentissage sont :
162
+
163
+ Après un stage réussi, les personnes peuvent sauter seules régulièrement, pour une somme qui ne comprend que la place d'avion et la location du matériel (les jeunes parachutistes investissant rarement dans un parachute personnel), ce qui représente environ 30 à 40 euros par saut (les parachutistes possédant leur propre matériel, parachute inclus, ne payant que la place d'avion soit environ 25 à 30 euros).
164
+
165
+ Brevets officiels de la Fédération française de parachutisme.
166
+
167
+ Prérequis : 15 sauts en chute minimum (les sauts effectués en "ouverture automatique" ne comptent pas, la durée de la "chute" étant limitée à la longueur de la sangle et donc trop courte - 3 secondes environ -)
168
+
169
+ Aptitude à maîtriser la chute libre à plat et à évoluer en sécurité sous voile. Sanctionne globalement l'aptitude de l'élève à se comporter en sécurité au sein d'une école de parachutisme.
170
+
171
+ Avec ce brevet, il est possible de faire des sauts individuels sans assistance de moniteurs, mais la pratique au sein d'une école agréée est obligatoire et un parachutiste titulaire du brevet C doit être présent dans l'avion pour autoriser le départ de l'élève.
172
+
173
+ C'est le brevet qui constitue une première étape vers l'autonomie.
174
+
175
+ Prérequis : 30 sauts en chute minimum, brevet A.
176
+
177
+ Aptitude à la chute libre.
178
+
179
+ Son obtention nécessite :
180
+
181
+ Le brevet B donne ensuite accès aux qualifications correspondant aux principales disciplines :
182
+
183
+ (B = "Brevet" ; Bi = "Brevet intermédiaire")
184
+
185
+ Prérequis : 100 sauts minimum, un des brevets B.
186
+
187
+ C'est le brevet de parachutiste autonome. Il s'obtient après avoir satisfait, à la suite d'un cours théorique, à un examen écrit (QCM) similaire à celui du brevet B
188
+
189
+ Il sanctionne la fin de la phase "école" et l'aptitude du parachutiste à s'intégrer dans un "stick". Outre la réussite du QCM, le parachutiste doit être capable :
190
+
191
+ Il est ainsi possible d'avoir un avion constitué uniquement de parachutistes BPA (en revanche, si un seul d'entre eux n'a que le brevet A ou B, un autre doit obligatoirement être titulaire du brevet C)
192
+
193
+ Il permet l'accès aux brevets C et D et l'emport d'une caméra.
194
+
195
+ Prérequis : 200 sauts minimum, un des brevets B.
196
+
197
+ L'obtention du brevet C nécessite :
198
+
199
+ Le brevet C confirme la capacité à encadrer les séances de sauts (pliage, embarquement, largage des élèves qui n'ont plus besoin d'être accompagnés par un moniteur) afin d'en assurer la sécurité. Il donne accès au rôle de "chef d'avion" (responsable de la sécurité à bord, avec le pilote)
200
+
201
+ Le brevet C donne accès (depuis 2011) à une qualification :
202
+
203
+ En tant que brevet d'encadrement, le brevet C donne également accès à des responsabilités au sein de sa zone de saut (après accord et validation du directeur technique) tel que vérificateur (pour vérifier le pliage convenable des élèves non titulaires de la qualification "auto-vérificateur"), plieur, etc.
204
+
205
+ Aptitude aux sauts hors centre d'activité : sauts de démonstration, de manifestation aérienne... ; et aux sauts spéciaux (montgolfière, etc).
206
+
207
+ Dans le cas d'un saut hors centre d'activité, le pratiquant doit pouvoir justifier d'un minimum de 300 sauts dont 50 au cours des douze derniers mois.
208
+
209
+ Le brevet et la licence de parachutisme professionnel (brevet et licence officiels de la direction générale de l'Aviation civile) sont historiquement les premiers diplômes civils liés au parachutisme et marquent la transition du parachutisme militaire au parachutisme civil dans les années 1950 bien avant la création des brevets d'États d'éducateur sportif de parachutisme[12]. Aujourd'hui ce brevet est la clé de voûte d'une activité de parachutisme dévolue à la découverte par le biais de sauts en parachute biplace. Les détenteurs de cette licence exercent dans un cadre différent de celui de l'enseignement et représentent avec leurs entreprises plus de 50 000 sauts de découverte réalisés chaque année partout en France et sont les acteurs majeurs de la démocratisation des sauts en parachute biplace sur le territoire français.
210
+
211
+ Des organismes de formation professionnelle permettent à une majorité des parachutistes issue des corps militaire du parachutisme de trouver ainsi une voie de reconversion en fin de carrière. Le syndicat des parachutistes professionnels participe à la réglementation de la pratique professionnelle. La licence de parachutisme professionnelle est aussi le titre réglementaire obligatoire pour effectuer des sauts de démonstration rémunérés dans le cadre de meeting aériens ou de cascades aériennes. La qualification « essai et réception » de cette licence permet aux parachutistes du centre d'essais en vol de tester les parachutes devant être autorisés en France par la direction générale de l'Aviation civile.
212
+
213
+ Plus ancienne discipline du parachutisme, la PA reste la discipline la plus visuelle pour le public. Épreuve d’adresse, la technique de pilotage de la voile est une condition essentielle à la réalisation de la performance. La capacité d’analyse des conditions météorologiques et les prises de décisions qui en découlent donnent une dimension tactique singulière à chaque saut. La particularité des voiles de PA est essentiellement caractérisée par l’épaisseur de leur profil qui assure des conditions de stabilité et de précision de pilotage étonnantes. La cible électronique à atteindre est à peine plus grande qu’une pièce de deux euros.
214
+
215
+ L'objectif est de poser un pied sur un plot de 2 cm de diamètre situé au centre d'une cible électronique placée sur un réceptacle en mousse. En compétition, à chaque saut, les juges mesurent l'écart entre le centre de la cible et le premier endroit que le parachutiste a touché. Pour le score des concurrents, on effectue la somme des distances obtenues aux différents sauts, l'objectif étant bien évidemment d'avoir le score le plus faible possible.
216
+
217
+ Lorsque le parachutiste pose son pied en plein cœur de la cible, on appelle cela un « carreau ». Les sauts s'effectuent depuis une altitude de 1 000 mètres environ. Pratiquée individuellement ou par équipe, la précision d’atterrissage bénéficie du circuit de compétitions nationales et internationales le plus étoffé, toutes disciplines du parachutisme sportif confondues.
218
+
219
+ En 2006, ce n’est pas moins de quatre épreuves de Coupe de France et un championnat de France ouvert à toutes les catégories d’âges, plus d’une dizaine de compétitions de clubs, régionales ou inter-ligues, un circuit international avec cinq étapes de Coupe d’Europe où participent près de quarante équipes à chaque étape, de nombreux trophées internationaux organisés en Europe et sur les autres continents, un Championnat du Monde junior, un championnat du monde militaire, un championnat du Monde.
220
+
221
+ Le brevet correspondant est B1.
222
+
223
+ Discipline de glisse par excellence, cette épreuve où la vitesse d’exécution prédomine garantit des sensations extrêmes. Après avoir atteint plus de 200 km/h[13] en quelques secondes de chute libre, la réalisation d’un enchaînement de six figures imposées fait appel à toutes les qualités physiques d’équilibre, de coordination, et d’explosivité. Chronométrée au centième de seconde, la prestation est également évaluée au regard de la qualité d’exécution de l’enchaînement des figures, comme dans de nombreuses disciplines artistiques.
224
+
225
+ Les figures à réaliser sont deux tours alternés, un salto arrière, à nouveau deux tours alternés et un deuxième salto arrière. Les juges mesurent le temps passé à faire ces six figures en « rajoutant » des secondes de pénalité au concurrent si elles ne sont pas réalisés proprement (les figures sont faites face à un axe de référence et sur un plan horizontal, tout écart de ces axes entraîne une pénalité).
226
+
227
+ Les sauts s'effectuent depuis une altitude de 2 300 mètres environ. Les Français excellent dans cette discipline où ils détiennent le record du monde (voir à: Franck Bernachot).
228
+
229
+ Combinaison « slick » (comme celle utilisée pour le kilomètre lancé en ski), casque et parachute profilé, le voltigeur de haut niveau est équipé d’un matériel de saut issu des dernières technologies. La voltige est la seule discipline individuelle pratiquée en compétition de parachutisme. Elle est associée à celle de la précision d’atterrissage dans le cadre des championnats du monde, et un classement « combiné » couronne les meilleurs athlètes dans les deux disciplines.
230
+
231
+ le brevet correspondant est B1.
232
+
233
+ Chaque équipe de quatre ou huit parachutistes doit réaliser un maximum de fois une série de figures imposées tirées au sort avant chaque compétition. Le temps limite pour réaliser ces figures est de 35 secondes pour les équipes de quatre, et de 50 secondes pour les équipes de huit.
234
+
235
+ Afin de permettre aux juges de comptabiliser le nombre de figures effectuées, chaque équipe possède un « videoman », qui emporte sur son casque une caméra numérique. Cet équipier vient s'ajouter aux quatre ou huit « performers », et fait partie intégrante de l'équipe : la qualité du film qu'il réalise est donc prise en compte dans la notation.
236
+
237
+ Si les juges ne peuvent pas voir correctement les figures sur la vidéo, l'équipe est pénalisée, le point en question étant comptabilisé comme « NJ » (non jugeable). Chaque figure simple (libre), rapporte un point, chaque figure complexe (bloc) rapporte 2 points, les NJ ne rapportent pas de points.
238
+
239
+ Les figures peuvent être fixes (libre) ou mobiles en binôme, trinôme, ou quadrinôme (blocks). Toutes les équipes doivent réaliser le même programme de figures, et l'équipe gagnante sera celle qui en a réalisé le plus, dans le temps imparti.
240
+
241
+ Aux derniers championnats du monde, à Prostejov (2014), l'équipe Belge HAYABUSA DEFENSE termine à la 1re place avec une moyenne de 26.4 points[14].
242
+
243
+ En VR 4 Open et en VR 8, le titre de champion du monde est matérialisé par une épée, l'« Excalibur », sur laquelle figurent les noms de tous les vainqueurs. Ce trophée est donc remis en jeu tous les deux ans, lors des championnats du monde.
244
+
245
+ Le Vol Relatif est la discipline la plus pratiquée dans le monde du parachutisme. Elle ne peut être pratiquée qu'après l'obtention du brevet B2, permettant la pratique de la chute libre à plusieurs.
246
+
247
+ Le circuit français est organisé en deux divisions (Nationale 1 et Nationale 2), et chaque année se tiennent les championnats de France, ainsi que deux à trois coupes de France, en VR 4 et en VR 8.
248
+
249
+ Le brevet correspondant est B2.
250
+
251
+ Cette discipline est le pendant du vol relatif, mais avec le parachute ouvert. Les parachutistes, largués à 2 000 mètres, ouvrent leurs voiles et construisent des figures, en s'accrochant par les pieds aux voiles des coéquipiers.
252
+
253
+ Le Voile Contact comporte des épreuves de :
254
+
255
+ Le revet correspondant est 'B3.
256
+
257
+ Inventé par Dominique Jacquet et Jean-Pascal Oron en 1986 sur la plate-forme de Corbas dans le Rhône.- J-P Oron se tuera accidentellement pendant la mise au point de ce nouveau sport - Laurent Bouquet développera le concept et tournera les premières images diffusée de ce sport. Popularisé par Patrick de Gayardon dans les années 1990, le sky surf se pratique à l'aide d'un surf spécial. Cette planche est fixée aux pieds du parachutiste, équipée d'une poignée de libération (dispositif permettant de se libérer du surf en cas de problème ou tout simplement pour atterrir). Les skysurfers se livrent à une forme de glissade qui leur permet d'évoluer sur l'air. Le sky surf se pratique aussi en compétition. Le rôle du coéquipier « videoman » est prépondérant, de fait ils créent à deux une chorégraphie dont les images filmées sont regardées par les juges, et de là, la note du saut.
258
+
259
+ Les équipes de France se sont particulièrement distinguées dans le cadre des rencontres internationales, et ce depuis sa création. Pour en citer quelques-uns :
260
+
261
+ L'équipe : Éric Fradet (S), Alessandro Iodice (V), a remporté :
262
+
263
+ Très populaire à la fin des années 1990, le sky surf est aujourd'hui devenu une discipline moins plébiscitée. Elle n'a d'ailleurs plus été prévu au programme de la coupe du monde à partir de l'année 2010.
264
+
265
+ Véritable « danse du ciel », le freestyle est un enchaînement de figures artistiques issues de gymnastique et du trampoline. Basée sur des figures imposées telles que le salto tendu ou sur des figures libres, la chorégraphie du saut laisse place à la créativité du parachutiste. En compétition, une équipe de freestyle est composée de deux parachutistes : un « performers » et un « videoman » .
266
+
267
+ Cette pratique de loisir consiste à réaliser des figures autres qu'à plat (tête en haut, tête en bas, dans l'angle, etc). Elle est de plus en plus prisée par les pratiquants à la recherche de nouvelles sensations et de nouveaux repères dans les trois dimensions. On distingue plusieurs types de sauts, parmi lesquels :
268
+
269
+ Les Brevets correspondants : B4 et un brevet intermédiaire, le Bi4 (modules tête en haut et track)
270
+
271
+ Le freefly, officiellement reconnu à la Fédération aéronautique Internationale depuis 2000, est une discipline officielle représentée à chaque championnat du monde. En compétition, une équipe de freefly est composée de trois parachutistes : deux « performers » et un « videoman » .
272
+
273
+ Le videoman, aussi bien en Freestyle qu'en Freefly est chargé de filmer les évolutions des autres performers, tout en participant lui-même à la chorégraphie aérienne. C'est sa vidéo qui est remise aux juges qui attribuent une note finale à chaque saut, composée d'une note technique et une note artistique. Chaque équipe devra réaliser 7 sauts : cinq sauts du même programme libre et deux sauts de programmes imposés:
274
+
275
+ - Le programme « libre » est un saut inventé par l'équipe. Il dure 42 secondes et doit être rythmé, technique, fluide tout en offrant un spectacle visuel original.
276
+
277
+ - Le programme « imposé » regroupe 4 figures à réaliser le mieux possible. Ce sont les mêmes figures pour toutes les équipes et il y a 2 sauts de ce type à réaliser pour présenter les 8 figures officielles reconnues par la FAI.
278
+
279
+ Pour les experts de la discipline, il existe aussi une autre pratique du freefly : le vol en grande formation, appelé aux états-unis par les précurseurs de cette discipline « BIG WAY ». Des records ont été établis et des tentatives pour battre le record de france sont organisées tous les deux ou trois ans. (Le record de freefly officiel actuel en france est un record de vol en position tête en bas à 48 parachutistes réalisée en août 2014 au centre de Pujaut, près d'Avignon). Chaque Fédération est responsable d'autoriser et reconnaitre ces records nationaux. Il existe également les records du monde de freefly réglementés par la FAI. On observe que sur ces records mondiaux, la france est représentée à hauteur d'environ 10%.
280
+
281
+ Dernière née, cette pratique à la croisée du vol relatif et du Free Fly, consiste à réaliser des figures en formation de type VR non plus à plat mais dans la verticale. Le VRV étant créé par les Américains, les premiers Français se sont rendus aux États-Unis afin d'apprendre la discipline et les différentes figures.
282
+
283
+ Le VRV est apparu pour la première fois aux championnats du monde en 2010. Comble de l'histoire, l'équipe de France, Team4Speed a fini 1re devant les États-Unis !
284
+ En 2011, à la coupe du Monde à Saarlouis, les 2 équipes de France (Team4Speed et FullPatate) finissent sur le podium, à la première et seconde place.
285
+
286
+ Imaginée et réalisée par Patrick de Gayardon, cette discipline de glisse en plein essor a pour but de passer d'un mouvement de chute à un mouvement de vol.
287
+
288
+ Pour cela, les parachutistes utilisent des combinaisons souples, en forme d'aile, pour transformer leur corps en une sorte d'aile d'avion. Ces combinaisons se gonflent d'air dès que le parachutiste sort de l'avion, générant alors une portance permettant au parachutiste de réduire sa vitesse de chute, en la convertissant en vitesse horizontale.
289
+
290
+ Loïc Jean Albert est une figure incontournable de cette discipline. Grâce à son travail de développement et à son talent, il a permis à cette discipline de progresser énormément, et surtout de se populariser, tout comme l'avait fait Patrick de Gayardon à son époque. Loïc est ainsi parvenu, grâce au prototype qu'il développe, à survoler une pente enneigée à moins de 3 mètres de hauteur près de Verbier en Suisse.
291
+
292
+ Les derniers prototypes permettent d'atteindre une finesse de 3 (3 km horizontaux pour 1 km vertical de parcouru).
293
+
294
+ La pratique de la wingsuit nécessite l'obtention de brevets (3 niveaux existants selon la surface de la combinaison : WS1, WS2, WS3) dont le pré-requis est de pouvoir justifier d'au minimum 150 sauts et d'être titulaire du BPA
295
+
296
+ Discipline très récente, une fois la voile (parachute) ouverte, le « Canopy Piloting » ou « swooping » (« flare ») consiste à prendre une vitesse verticale très importante sous son parachute au moyen d'un virage commencé entre 100 m et 600 m, et à la transformer en vitesse horizontale pour glisser sur le sol (herbe, sable mais surtout plans d'eau). Très spectaculaire, cette discipline nécessite une parfaite connaissance des caractéristiques de la voile pour éviter l'impact avec le sol.
297
+
298
+ Cette discipline connaît un grand succès et possède déjà son circuit de compétition.
299
+
300
+ En France, elle commence en 2011 à être encadrée par la Fédération française de parachutisme (FFP) avec la création d'un brevet spécifique qui sera nécessaire pour la participation aux compétitions nationales. Les premières formations pour les initiateurs de ce nouveau brevet sont organisées en 2012[16]
301
+
302
+ Les brevets correspondant sont le Bi5 (brevet intermédiaire) et B5.
303
+
304
+ « BASE » est un acronyme des termes anglais pour quatre catégories de points fixes « Buildings, Antennas, Spans, Earth ». Il consiste à sauter en parachute depuis des objets fixes, comme un immeuble, une antenne, un pont ou une falaise. Considéré comme un sport extrême, cette discipline n'est pas reconnue par la Fédération française de parachutisme et est à elle seule une discipline à part entière. Elle est cependant reconnue par la Fédération française des clubs alpins et de montagne sous la forme du paralpinisme.
305
+
306
+ A priori, la législation n'empêche pas le saut d'aéronef avec des objets quelconques, et dès lors que les prérequis (les brevets) sont acquis, il est récurrent que les parachutistes effectuent des sauts en emportant toute sorte d'objet. Ils veilleront toutefois à éviter les objets dangereux qui pourraient à de telles vitesses représenter un danger pour les parachutistes mais aussi pour les infrastructures au sol. À titre d'exemple, en mars 2013, deux parachutistes sautent à bord d'un bateau. pneumatique[21]. On mentionnera également différents types de défis inédits qui ont été entrepris en plein vol, comme résoudre un Rubik Cube, ou encore faire une bataille avec des pistolets à eau[22].
307
+
308
+ Le 11 septembre 2014, au-dessus de Lille-Bondues, 104 parachutistes réussissent à former ensemble durant leur chute libre dans le ciel une figure géométrique, battant le record de vol relatif, sautant à partir de 6 avions, détrônant le précédent de 35 parachutistes[23],[24].
309
+
310
+ Le nombre de sauts effectués par les moniteurs expérimentés, soit seuls, soit accompagnateurs en tandem, est très important, pouvant aller de 2 000 jusqu'à 20 000 sauts, effectuant parfois jusqu'à 15 sauts dans la journée en prenant plusieurs tandems successifs.
311
+
312
+ Le plaisir des sauts en chute libre procure une adrénaline régulière conduisant pour beaucoup de parachutistes à une certaine addiction.
313
+
314
+ Chaque année, la pratique du parachutisme provoque des dizaines de morts, mais le taux de mortalité est relativement faible et moins élevé que d'autres activités, et plus faible notamment en proportion que ceux dus aux accidents de la route. Aux États-Unis, Il y a 0,784 mort pour 100 000 sauts, selon les rapports IPC de la FAI[réf. nécessaire] de 2004 à 2011. En France 0,623 pour 100 000 sauts (calculé sur 6 ans de 2004 à 2007 et de 2010 à 2011). En Suisse 1,033 mort pour 100 000 sauts (de 2004 à 2011).
315
+
316
+ En France, l'accidentologie révèle que 85 % des accidents arrivent à l'atterrissage et 67 % sont imputables à une mauvaise conduite sous voile[25]. L'étude du profil des parachutistes accidentés révèle que la moitié est constituée de débutants ayant moins de 10 sauts[25]. L'étude de ces chiffres se confirme de 2003 à 2012 pour les périodes correspondant à une saison de parachutisme (de mars à novembre).
317
+ Ces statistiques montrent que les accidents les plus fréquents sont principalement dus à l'imprudence et très souvent à la panique (procédure de secours effectuée trop près du sol)[26] ou de façon incomplète (absence de libération de la voile principale ou libération partielle notamment). Les accidents imputables au matériel sont rarissimes. Le parachute rond en torche ne concerne plus le parachutisme sportif.
318
+
319
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4412.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,319 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le « parachutisme ou la chute libre » est une activité consistant à chuter d'une hauteur allant d'une centaine de mètres à plusieurs milliers (en sortant généralement d'un avion, mais tout autre aéronef peut être utilisé) pour ensuite retourner sur terre avec l'aide d'un parachute. Si la personne s'élance d'un point fixe (pont, falaise, etc), on parle alors plutôt de saut de base (base jump).
2
+
3
+ Après la sortie, le parachutiste est en chute libre pour une durée plus ou moins longue selon la discipline pratiquée, la hauteur à laquelle il a été largué et l'altitude relative d'ouverture. Il peut effectuer seul (voltige, free-fly) ou avec d'autres parachutistes (vol relatif) des figures durant la chute, et/ou sous voile (voile-contact), avant de rejoindre le sol en pilotant son parachute de manière à se poser au lieu prévu.
4
+
5
+ L'amélioration des équipements a permis aux militaires dans un premier temps d'utiliser cette pratique pour larguer des hommes et du matériel sur une zone rapidement, puis cette activité est devenue un loisir puis un sport encadré durant la seconde moitié du XXe siècle.
6
+
7
+ Le premier saut en parachute de pleine atmosphère est réalisé le 22 octobre 1797 par André-Jacques Garnerin[1],[2] : celui-ci atterrit dans le parc Monceau à Paris[3],[4] depuis son ballon à (di)hydrogène[2]. Le 12 octobre 1799[5], son élève et future épouse[5], Jeanne Labrosse, devient la première femme parachutiste[6], la première personne à sauter avec un parachute percé en son centre[5] ainsi que la première femme pilote de ballon[6]. Le 11 octobre 1802, elle dépose, au nom de son mari, le brevet no 195 sur l'appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d'un ballon après l'explosion de celui-ci[5],[7].
8
+
9
+ Le développement de l'avion au début du XXe siècle offre aux parachutistes un nouveau moyen de sauter comme le démontrent les pionniers Albert Berry et Grant Morton vers 1911-1912 (les dates ne sont pas bien définies). Puis en 1919, Leslie Irvin réalise le premier saut avec ouverture manuelle du parachute durant la chute.
10
+
11
+ Les militaires y voient alors un intérêt comme moyen de sauvegarde des ballons d'observation durant la Première Guerre mondiale. Son développement initial se fait donc chez les militaires, sous l'impulsion du capitaine Frédéric Geille, qui le développent et finissent par s'en servir également pour larguer du matériel, puis des hommes.
12
+
13
+ Cet usage est largement fait durant la Seconde Guerre mondiale avec les grandes opérations aéroportées telles que la conquête de la Crète, celles précédant immédiatement le débarquement de Normandie et l'opération Market Garden.
14
+
15
+ Il est toujours régulièrement utilisé pour les opérations utilitaires militaires, de secourisme ou de soutien de nos jours, et lors de stages de commandos.
16
+
17
+ Durant la seconde moitié du XXe siècle, cette activité devient un loisir et plusieurs aventuriers défrichent le terrain tels que Léo Valentin (qui développe l'ancêtre de la Wingsuit et du deltaplane), Jean-Louis Potron et Jacques Chalon qui réalisent en 1956 le premier vol relatif en se passant un témoin durant une chute à plat face-sol, les sauts se font à trois (Jean Chasac, Gil Delamare et Colette Duval[8]), à cinq (Jacques Chalon, Jacques Déforges, Pierre Lard, Pierre Pero et Michel Sauerbach[8]) puis à neuf (Jacques Billard, Jacques Breton, Max Cros, Christian Ladouet, Jacques Lecland, Claude Michaud, GilbertPupin, Michel Perissinotto et Raymond Young[8]) et Colette Duval avec un saut à plus de 10 000 mètres en 1958.
18
+
19
+ Lors des meetings aériens, des démonstrations de parachutistes sont parfois organisées avec des hommes tels que Salvatore Cannarozzo qui réalisent des ouvertures basses, chose particulièrement dangereuse et qui a depuis été interdite.
20
+
21
+ En 1971, Steve Snyder commercialise, aux États-Unis, la première voile à caissons sous le nom de Paraplane[9] et c'est en 1972 que l'on trouve la première voile de ce type aux Championnats de France de Parachutisme. À la fin des années 1970 il n'y aura plus que ce type de voile à ces Championnats.
22
+
23
+ Le parachute rectangulaire (aile) est amélioré. Pilotable et avec un atterrissage doux, il remplace alors le parachute hémisphérique utilisé par les militaires ou les sportifs.
24
+
25
+ À partir des années 1980, toujours grâce à l'amélioration de l'équipement, le parachutisme s'est ouvert aux non-parachutistes via des sauts en tandem, où une personne est attachée à un moniteur tandem qui assure l'intégralité du saut. L'amélioration des caméras a également permis la création du rôle de vidéoman.
26
+
27
+ Toujours à cette époque, des hommes tels que Patrick de Gayardon innovent et popularisent plusieurs domaines de la chute libre tels que le freestyle, le base jump et le skysurf.
28
+
29
+ Les premiers sauts de vol 3D (Vallaud et O.J.B.) : «Ils ont ouvert la voie, et quelle voie !» Gs.
30
+
31
+ Olav Zipser était un pionnier du parachutisme moderne.
32
+
33
+ Un parachute civil sportif et de loisir, possède une voilure rectangulaire bombée ayant remplacé les voiles hémisphériques d'autrefois, utilisées encore rarement dans le domaine militaire, permettant un atterrissage en douceur et non en roulé-boulé, mais plus petite que celle d'un parapente, étant adapté à la descente.
34
+
35
+ L'ensemble comprend principalement :
36
+
37
+ Replié, il est environ de la taille et du poids d'un sac à dos bien rempli, moyen pour un individuel (environ 8 kg), plus grand pour un tandem (environ 25 kg).
38
+
39
+ Il est relié à un harnais que le parachutiste seul ou le moniteur enfile par les deux jambes et les épaules. Un passager tandem enfile un simple harnais et le moniteur l'attachera à lui par 4 crochets, deux aux épaules et deux au niveau des hanches en cours de montée de l'avion.
40
+
41
+ (À compléter et améliorer)
42
+
43
+ La météo est importante pour décider de sauter, les sauts pouvant par sécurité être reportés ou en attente, voire annulés pour la journée en cas de pluie, orage, brume importante ou forte couverture nuageuse.
44
+
45
+ La décision de lancer une séance de saut est décidée conjointement par le responsable de la zone (le directeur technique sur les centres fédéraux) et le pilote.
46
+
47
+ La montée s'effectue souvent dans un avion mais tout aéronef est utilisable pour sauter (montgolfière, ULM, hélicoptère...).
48
+
49
+ Les parachutistes se préparent (combinaison de saut, parachute, casque, lunettes de saut, altimètre initialisé à 0) et se vérifient les uns les autres (bonne mise en place du parachute, éléments sécurisés, etc.) puis se réunissent au point d'embarquement où l'avion vient se positionner pour l'embarquement et le départ.
50
+
51
+ Les parachutistes embarquent alors un par un dans l'ordre inverse des départs (le premier à sauter est le dernier à embarquer) en s'installant conformément à l'équipement de l'avion (serrés côte à côte sur une banquette, assis au sol les jambes enchevêtrées, etc.).
52
+
53
+ La montée jusqu'à environ 4000-4200 mètres dure au moins 15 minutes (selon le type d'avion et sa puissance), et se fait selon une trajectoire circulaire autour de la zone de saut, de telle sorte à rester proche du terrain d'arrivée et permettre ainsi aux parachutistes de se poser sur l'aérodrome ou à sa proximité immédiate.
54
+
55
+ Quelques minutes avant d'atteindre l'altitude maximale (soit vers 3 000 mètres pour un saut à 4 000 mètres), chacun re-vérifie son équipement (bonne position des poignées, bonne fermeture des sangles), termine de s'équiper (vêtements contre le froid et le vent si nécessaire, mise en place du casque et des lunettes, etc.) et salue les autres parachutistes d'un "check" de la main et d'un shaka.
56
+
57
+ Arrivé à l'altitude de largage, l'avion se place sur la trajectoire qui lui a été indiquée et ralentit. Sur indication du pilote, les parachutistes ouvrent alors la porte de l'avion et commencent à sauter soit immédiatement, soit sur une nouvelle indication du pilote (selon le type d'avion).
58
+
59
+ Entre chaque départ de parachutiste ou de groupe de parachutistes, un délai de quelques secondes est mis en place afin d'assurer une séparation horizontale d'environ 300 mètres.
60
+
61
+ C'est la phase la plus palpitante, forte source d'adrénaline souvent recherchée par les parachutistes, notamment due aux sensations importantes procurées à la fois par l'accélération du départ, la vitesse de chute, les sensations de l'air à cette vitesse (il devient possible de "s'appuyer" sur l'air pour se déplacer, tourner, etc.) et la hauteur impressionnante.
62
+
63
+ Une chute traditionnelle s'effectue depuis une hauteur située entre 3 000 mètres et 4 200 mètres, et dure généralement entre quarante et soixante secondes avant l'ouverture du parachute principal aux alentours de 1 200 mètres (plus ou moins haut selon l'expérience du parachutiste. 1 500 mètres en tandem. 1 000 mètres pour la plupart des parachutistes, 850 mètres minimum exigé par la fédération).
64
+
65
+ Dès le départ depuis l'avion jusqu'à l'ouverture du parachute, la vitesse du flux d'air est très importante, au départ due à la vitesse horizontale de l'avion avançant lui-même à environ 140 km/h (plus ou moins vite selon le type d'avion), remplacée progressivement par celle de la vitesse verticale (jusqu'à environ 200 km/h), créant un souffle sur les oreilles semblable à celui que l'on entend en ouvrant les vitres d'une voiture sur l'autoroute, et tout cri éventuel de surprise des novices, ou toute parole, est noyé dans ce bruit du vent durant toute la chute. Les groupes de parachutistes doivent alors bien mettre leurs figures au point durant la chute afin que chacun sache bien ce qu'il a à faire. Un moniteur avec son élève communique par gestes.
66
+
67
+ Des études graphiques ont été réalisées donnant la vitesse du parachutiste en fonction du temps. La courbe est une exponentielle de tangente la vitesse maximale[11].
68
+
69
+ Voir aussi : Physique du parachutisme
70
+
71
+ La vue est magnifique par beau temps, mais aussi dans le cas de certaines couvertures nuageuses (la vue "du dessus" des nuages peut être splendide) ainsi que le sentiment de liberté totale, de voler dans les airs, de pouvoir se mouvoir dans les trois dimensions (en cherchant à ralentir ou accélérer sa chute, on peut ainsi faire des figures avec d'autres parachutistes en passant dessus ou dessous), en dominant le paysage.
72
+
73
+ Il arrive de sauter et/ou ouvrir le parachute au-dessus et dans des nuages, occasionnant des sensations encore un peu différentes de surprise.
74
+
75
+ L'ouverture du parachute principal s'effectue par une poignée manuellement. Le parachutiste sent tout d'abord une courte décélération l'amenant en position droite, puis forte vers le haut, donnant la sensation illusoire de remonter, l'ouverture de la voile ralentissant en quelques secondes sa vitesse de descente de 200 km/h à 14 km/h.
76
+
77
+ Le bruit de l'air à vitesse modérée devient négligeable et un moniteur tandem et son passager peuvent cette fois facilement se parler.
78
+
79
+ Les virages, s'accompagnant d'une accélération vers le bas lorsqu'ils sont effectués fortement, s'effectuent en tirant sur la poignée de commande correspondante (gauche ou droite). Il est ainsi possible d'effectuer des rotations complètes à 360°. Le fait de tirer sur les deux commandes à la fois réduit par contre la vitesse horizontale et, dans un premier temps, la vitesse de descente.
80
+
81
+ La phase de descente sous voile depuis 1 500 mètres dure environ 5 minutes.
82
+
83
+ Par le biais des deux poignées de commande, les parachutistes peuvent facilement manœuvrer pour rejoindre leur aire de destination. À l'aide de la manœuvre dite "d'arrondi", l'arrivée au sol peut s'effectuer en douceur et même debout en marchant rapidement de quelques pas. Les parachutistes ramassent alors proprement leur parachute et retournent sur la zone de pliage (souvent un hangar).
84
+
85
+ La sensation de la phase de chute en particulier, procure une euphorie telle que notamment à l'arrivée après un premier saut, le désir est grand de remonter pour renouveler l'expérience.
86
+
87
+ Le pilote de l'avion après largage, redescend très vite en semi-piqué, arrivant parfois au point d'embarquement pour un nouveau départ avant les derniers parachutistes précédents.
88
+
89
+ Le repliage du parachute s'effectue généralement dans le hangar de l'aérodrome.
90
+
91
+ La voile principale est facile à plier. Les élèves l'apprennent dès le 1er saut. Un plieur confirmé réalisera l'action en moins de 5 minutes.
92
+
93
+ La voile de secours, elle, est conditionnée par un spécialiste, que l’on appelle le gréeur, qui va mettre jusqu'à 3 ou 4 heures à le faire minutieusement. Ce temps s'explique à la fois par la minutie du pliage et par le fait que le plieur va également vérifier l'état du parachute.
94
+
95
+ L'âge minimum pour commencer à sauter est de 15 ans (pour les centres membres de la Fédération Française de Parachutisme) si la personne satisfait aux critères médicaux.
96
+
97
+ Le saut en tandem consiste à sauter en étant accroché à un moniteur déjà expérimenté.
98
+
99
+ Il permet à toute personne de 15 ans ou plus de bonne condition physique, même novice, de découvrir les sensations de plaisir unique de la chute libre durant une minute, puis de voguer sous voile, sans nécessiter de technique particulière d'apprentissage, ni d'entrainement, excepté un court briefing préalable d'une dizaine de minutes au sol.
100
+
101
+ Les personnes handicapées peuvent également sauter, et pour ces dernières, en France le moniteur tandem doit être habilité et utiliser un harnais qui peut être spécifique selon le handicap.
102
+
103
+ Un simple certificat médical de non contre-indication datant de moins de six mois (absence de problème cardiaque, de colonne vertébrale, de déboîtement d'épaule, de sur-poids ou enceinte) du médecin généraliste suffit bien souvent.
104
+
105
+ Le saut se déroule à une altitude minimale de 3 000 mètres, souvent à plus de 4 000 mètres, pour une chute libre d'environ 30 secondes à 1 minute.
106
+
107
+ L'ouverture du parachute est déclenchée à 1 500 m d'altitude. Il est généralement possible de faire filmer son saut par un autre moniteur expérimenté chutant simultanément filmant en face des sauteurs en tandem.
108
+
109
+ Comme pour tout saut extrême, il arrive rarement que le passager débutant soit trop impressionné et apeuré par la hauteur pour se décider à sauter. Le pilote est alors contraint de le redescendre un peu moins rapidement que seul. Il renouvelle souvent sa tentative ultérieurement, se décidant à sauter la seconde fois, encouragé par le moniteur accompagnant[réf. nécessaire].
110
+
111
+ Le saut en tandem peut aussi être effectué par des parachutistes professionnels de l'aviation civile, auquel cas le certificat médical est facultatif et la limite d'âge de 15 ans aussi.
112
+
113
+ Le saut en tandem est l'objet d'une opposition récurrente entre les deux cadres juridiques d'exercice du parachutisme, celui de l'aéronautique, plus ancien, qui chapeaute toute l'activité parachutiste et toute l'activité aéronautique et celui du sport qui a délégation du ministère de la jeunesse et des sports pour la partie compétitive de l'activité.
114
+
115
+ Les parachutistes professionnels réalisent essentiellement des sauts de découverte du parachutisme alors que les centres de parachutisme sportif enseignent aussi la pratique du parachutisme et encadrent son aspect compétitif.
116
+
117
+ Le saut en tandem étant le revenu principal des structures de parachutisme il est l'objet régulier de lobbying par les protagonistes pour modifier ou adapter son cadre réglementaire et technique.
118
+
119
+ Plusieurs adeptes d'adrénaline hésitent pour un premier saut entre celui d'un saut en parachute en tandem ou un saut à l'élastique.
120
+
121
+ Les sensations du parachutisme sont pour beaucoup les plus intenses pendant la chute libre durant toute une minute depuis un avion en passant de 4 200 mètres à 1 500 mètres d'altitude, ajouté à l'adrénaline au préalable dans l'avion durant la montée et même ensuite l'ouverture et la descente sous voile, comparé à un saut à l'élastique beaucoup plus court de quelques secondes, surtout depuis une grue, bien qu'un premier saut en tandem coûte entre 200 et 250 €, éventuellement 150 € pour les suivants.
122
+
123
+ Cependant d'autres personnes considèrent que la notion de référence de hauteur du sol étant moins importante à très grande altitude qu'un saut à l'élastique auquel s'ajoutent les oscillations successives, peut être moins impressionnant. La position difficile cambrée, bien que facilitée par le moniteur en tandem, n'est pas nécessaire pour un saut à l'élastique.
124
+
125
+ Plusieurs simulateurs ont été récemment construits, où la personne évolue durant une session de 2 minutes ou 2 minutes 30 dans un grand tube en plexiglass à la base duquel se situe une forte soufflerie permettant le maintien de la personne dans les airs, éventuellement accompagnée d'un ou deux moniteurs la guidant, en position cambrée à l'analogue de celle de la chute libre. L'une de ses soufflerie est gérée par la société Aérokart, à Argenteuil. D'autres souffleries existent en France ou sont en construction : Wembii à Lille, IFly à Paris La-Villette, etc. Il existe aussi une soufflerie un Suisse à Sion : Realfly.
126
+
127
+ Les sensations d'accélérations ne sont pas présentes, exceptées les légères montées et descentes successives dans le tube, mais peuvent constituer une première expérience.
128
+
129
+ Ces souffleries permettent aussi aux équipes de s'entraîner et de s'améliorer beaucoup plus facilement qu'en enchainant les chutes libres : il est plus facile de rentrer et sortir de la soufflerie pour effectuer les débriefing, il n'y a pas de temps de montée, et le coût à la minute est généralement moins élevée et divisible par le nombre de participants volant simultanément (ce qui n'est pas le cas des places d'avion)
130
+
131
+ Il existe deux méthodes d'apprentissage pour être autonome en chute : la progression accompagnée en chute (PAC) et l'apprentissage traditionnel commençant par l'étape du saut en ouverture automatique (OA)
132
+
133
+ Quelle que soit la méthode, l'élève doit assurer lui-même son atterrissage. Une assistance radio est très souvent assurée par un moniteur au sol qui guide l'élève pour faire son circuit d'approche et lui indiquer le moment pour commencer la manœuvre d'atterrissage (appelée « arrondi »).
134
+
135
+ Dans les deux cas, il faut un certain nombre de sauts « en chute » pour obtenir le premier brevet (qui est de 15 sauts en France). Les sauts en ouverture automatique (OA) ne sont pas comptabilisés car la chute libre est considérée comme trop courte.
136
+
137
+ Chaque méthode a ses partisans, mais le résultat final reste bien entendu le même : parvenir à l'autonomie en chute libre.
138
+
139
+ La formation PAC est beaucoup plus rapide et permet de découvrir dès le premier saut les sensations de la chute libre.
140
+
141
+ Pour un stage PAC (de même que pour une formation en ouverture automatique), un certificat médical du médecin traitant est obligatoire.
142
+
143
+ Le stage de formation dure au moins cinq jours, mais peut être réparti par exemple sur plusieurs week-ends.
144
+
145
+ L'élève saute seul en chute libre dès le début, depuis 4 000 mètres de hauteur. Pour son premier saut, il est accompagné de deux moniteurs qui le tiennent, corrigent sa position en communiquant par signes avec lui, voire ouvrent son parachute en cas d'oubli ou de difficulté à atteindre la poignée d'ouverture. S'il n'y a pas de problème, la personne déclenche elle-même son parachute vers les 1 500 mètres de hauteur. Les cinq sauts suivant se feront avec un seul moniteur.
146
+
147
+ Selon la réussite de sa progression, le moniteur le laisse de plus en plus autonome, jusqu'à ce qu'il juge l'élève apte à sauter seul. Cela arrive le plus souvent dès le 7e saut.
148
+
149
+ Selon les pays, le programme des sauts suivants est soit très encadré, soit à l'appréciation du moniteur en fonction des résultats de l'élève (ce qui est le cas de la France). En France, la PAC est une adaptation de la formation américaine, l'Accelerated freefall (AFF) et il faut au minimum six sauts avec moniteur pour pouvoir sauter seul.
150
+
151
+ Cette méthode traditionnelle est la plus ancienne : très progressive, elle commence par des sauts à une hauteur de 1 200 mètres.
152
+
153
+ Le parachute est accroché dans l'avion par une longue sangle se dépliant. L'ouverture s'effectue ainsi automatiquement par tension de la sangle directement environ 3 à 4 secondes environ après la sortie de l'avion.
154
+
155
+ Durant la courte phase de chute, l'élève doit garder une position face au vent relatif produit par le déplacement de l'avion et simuler si possible les gestes d'ouverture du parachute (aussi appelés « poignées témoin »).
156
+
157
+ L'altitude et le temps avant ouverture augmente progressivement à chaque validation des exercices à réaliser, jusqu'à atteindre la hauteur de 4 000 mètres et ouvrir soi-même le parachute.
158
+
159
+ Les sauts effectués en formation traditionnelle sont moins chers, dus aux sauts moins hauts que la PAC, et au fait que le moniteur s'occupe de plusieurs élèves, mais un plus grand nombre est nécessaire pour atteindre son autonomie. Cette formation demande davantage d'engagement de l'élève qui quittera l'avion seul dès le 1er saut. Sur le plan financier, elle s'avère souvent plus intéressante qu'une PAC.
160
+
161
+ Les différentes phases d'apprentissage sont :
162
+
163
+ Après un stage réussi, les personnes peuvent sauter seules régulièrement, pour une somme qui ne comprend que la place d'avion et la location du matériel (les jeunes parachutistes investissant rarement dans un parachute personnel), ce qui représente environ 30 à 40 euros par saut (les parachutistes possédant leur propre matériel, parachute inclus, ne payant que la place d'avion soit environ 25 à 30 euros).
164
+
165
+ Brevets officiels de la Fédération française de parachutisme.
166
+
167
+ Prérequis : 15 sauts en chute minimum (les sauts effectués en "ouverture automatique" ne comptent pas, la durée de la "chute" étant limitée à la longueur de la sangle et donc trop courte - 3 secondes environ -)
168
+
169
+ Aptitude à maîtriser la chute libre à plat et à évoluer en sécurité sous voile. Sanctionne globalement l'aptitude de l'élève à se comporter en sécurité au sein d'une école de parachutisme.
170
+
171
+ Avec ce brevet, il est possible de faire des sauts individuels sans assistance de moniteurs, mais la pratique au sein d'une école agréée est obligatoire et un parachutiste titulaire du brevet C doit être présent dans l'avion pour autoriser le départ de l'élève.
172
+
173
+ C'est le brevet qui constitue une première étape vers l'autonomie.
174
+
175
+ Prérequis : 30 sauts en chute minimum, brevet A.
176
+
177
+ Aptitude à la chute libre.
178
+
179
+ Son obtention nécessite :
180
+
181
+ Le brevet B donne ensuite accès aux qualifications correspondant aux principales disciplines :
182
+
183
+ (B = "Brevet" ; Bi = "Brevet intermédiaire")
184
+
185
+ Prérequis : 100 sauts minimum, un des brevets B.
186
+
187
+ C'est le brevet de parachutiste autonome. Il s'obtient après avoir satisfait, à la suite d'un cours théorique, à un examen écrit (QCM) similaire à celui du brevet B
188
+
189
+ Il sanctionne la fin de la phase "école" et l'aptitude du parachutiste à s'intégrer dans un "stick". Outre la réussite du QCM, le parachutiste doit être capable :
190
+
191
+ Il est ainsi possible d'avoir un avion constitué uniquement de parachutistes BPA (en revanche, si un seul d'entre eux n'a que le brevet A ou B, un autre doit obligatoirement être titulaire du brevet C)
192
+
193
+ Il permet l'accès aux brevets C et D et l'emport d'une caméra.
194
+
195
+ Prérequis : 200 sauts minimum, un des brevets B.
196
+
197
+ L'obtention du brevet C nécessite :
198
+
199
+ Le brevet C confirme la capacité à encadrer les séances de sauts (pliage, embarquement, largage des élèves qui n'ont plus besoin d'être accompagnés par un moniteur) afin d'en assurer la sécurité. Il donne accès au rôle de "chef d'avion" (responsable de la sécurité à bord, avec le pilote)
200
+
201
+ Le brevet C donne accès (depuis 2011) à une qualification :
202
+
203
+ En tant que brevet d'encadrement, le brevet C donne également accès à des responsabilités au sein de sa zone de saut (après accord et validation du directeur technique) tel que vérificateur (pour vérifier le pliage convenable des élèves non titulaires de la qualification "auto-vérificateur"), plieur, etc.
204
+
205
+ Aptitude aux sauts hors centre d'activité : sauts de démonstration, de manifestation aérienne... ; et aux sauts spéciaux (montgolfière, etc).
206
+
207
+ Dans le cas d'un saut hors centre d'activité, le pratiquant doit pouvoir justifier d'un minimum de 300 sauts dont 50 au cours des douze derniers mois.
208
+
209
+ Le brevet et la licence de parachutisme professionnel (brevet et licence officiels de la direction générale de l'Aviation civile) sont historiquement les premiers diplômes civils liés au parachutisme et marquent la transition du parachutisme militaire au parachutisme civil dans les années 1950 bien avant la création des brevets d'États d'éducateur sportif de parachutisme[12]. Aujourd'hui ce brevet est la clé de voûte d'une activité de parachutisme dévolue à la découverte par le biais de sauts en parachute biplace. Les détenteurs de cette licence exercent dans un cadre différent de celui de l'enseignement et représentent avec leurs entreprises plus de 50 000 sauts de découverte réalisés chaque année partout en France et sont les acteurs majeurs de la démocratisation des sauts en parachute biplace sur le territoire français.
210
+
211
+ Des organismes de formation professionnelle permettent à une majorité des parachutistes issue des corps militaire du parachutisme de trouver ainsi une voie de reconversion en fin de carrière. Le syndicat des parachutistes professionnels participe à la réglementation de la pratique professionnelle. La licence de parachutisme professionnelle est aussi le titre réglementaire obligatoire pour effectuer des sauts de démonstration rémunérés dans le cadre de meeting aériens ou de cascades aériennes. La qualification « essai et réception » de cette licence permet aux parachutistes du centre d'essais en vol de tester les parachutes devant être autorisés en France par la direction générale de l'Aviation civile.
212
+
213
+ Plus ancienne discipline du parachutisme, la PA reste la discipline la plus visuelle pour le public. Épreuve d’adresse, la technique de pilotage de la voile est une condition essentielle à la réalisation de la performance. La capacité d’analyse des conditions météorologiques et les prises de décisions qui en découlent donnent une dimension tactique singulière à chaque saut. La particularité des voiles de PA est essentiellement caractérisée par l’épaisseur de leur profil qui assure des conditions de stabilité et de précision de pilotage étonnantes. La cible électronique à atteindre est à peine plus grande qu’une pièce de deux euros.
214
+
215
+ L'objectif est de poser un pied sur un plot de 2 cm de diamètre situé au centre d'une cible électronique placée sur un réceptacle en mousse. En compétition, à chaque saut, les juges mesurent l'écart entre le centre de la cible et le premier endroit que le parachutiste a touché. Pour le score des concurrents, on effectue la somme des distances obtenues aux différents sauts, l'objectif étant bien évidemment d'avoir le score le plus faible possible.
216
+
217
+ Lorsque le parachutiste pose son pied en plein cœur de la cible, on appelle cela un « carreau ». Les sauts s'effectuent depuis une altitude de 1 000 mètres environ. Pratiquée individuellement ou par équipe, la précision d’atterrissage bénéficie du circuit de compétitions nationales et internationales le plus étoffé, toutes disciplines du parachutisme sportif confondues.
218
+
219
+ En 2006, ce n’est pas moins de quatre épreuves de Coupe de France et un championnat de France ouvert à toutes les catégories d’âges, plus d’une dizaine de compétitions de clubs, régionales ou inter-ligues, un circuit international avec cinq étapes de Coupe d’Europe où participent près de quarante équipes à chaque étape, de nombreux trophées internationaux organisés en Europe et sur les autres continents, un Championnat du Monde junior, un championnat du monde militaire, un championnat du Monde.
220
+
221
+ Le brevet correspondant est B1.
222
+
223
+ Discipline de glisse par excellence, cette épreuve où la vitesse d’exécution prédomine garantit des sensations extrêmes. Après avoir atteint plus de 200 km/h[13] en quelques secondes de chute libre, la réalisation d’un enchaînement de six figures imposées fait appel à toutes les qualités physiques d’équilibre, de coordination, et d’explosivité. Chronométrée au centième de seconde, la prestation est également évaluée au regard de la qualité d’exécution de l’enchaînement des figures, comme dans de nombreuses disciplines artistiques.
224
+
225
+ Les figures à réaliser sont deux tours alternés, un salto arrière, à nouveau deux tours alternés et un deuxième salto arrière. Les juges mesurent le temps passé à faire ces six figures en « rajoutant » des secondes de pénalité au concurrent si elles ne sont pas réalisés proprement (les figures sont faites face à un axe de référence et sur un plan horizontal, tout écart de ces axes entraîne une pénalité).
226
+
227
+ Les sauts s'effectuent depuis une altitude de 2 300 mètres environ. Les Français excellent dans cette discipline où ils détiennent le record du monde (voir à: Franck Bernachot).
228
+
229
+ Combinaison « slick » (comme celle utilisée pour le kilomètre lancé en ski), casque et parachute profilé, le voltigeur de haut niveau est équipé d’un matériel de saut issu des dernières technologies. La voltige est la seule discipline individuelle pratiquée en compétition de parachutisme. Elle est associée à celle de la précision d’atterrissage dans le cadre des championnats du monde, et un classement « combiné » couronne les meilleurs athlètes dans les deux disciplines.
230
+
231
+ le brevet correspondant est B1.
232
+
233
+ Chaque équipe de quatre ou huit parachutistes doit réaliser un maximum de fois une série de figures imposées tirées au sort avant chaque compétition. Le temps limite pour réaliser ces figures est de 35 secondes pour les équipes de quatre, et de 50 secondes pour les équipes de huit.
234
+
235
+ Afin de permettre aux juges de comptabiliser le nombre de figures effectuées, chaque équipe possède un « videoman », qui emporte sur son casque une caméra numérique. Cet équipier vient s'ajouter aux quatre ou huit « performers », et fait partie intégrante de l'équipe : la qualité du film qu'il réalise est donc prise en compte dans la notation.
236
+
237
+ Si les juges ne peuvent pas voir correctement les figures sur la vidéo, l'équipe est pénalisée, le point en question étant comptabilisé comme « NJ » (non jugeable). Chaque figure simple (libre), rapporte un point, chaque figure complexe (bloc) rapporte 2 points, les NJ ne rapportent pas de points.
238
+
239
+ Les figures peuvent être fixes (libre) ou mobiles en binôme, trinôme, ou quadrinôme (blocks). Toutes les équipes doivent réaliser le même programme de figures, et l'équipe gagnante sera celle qui en a réalisé le plus, dans le temps imparti.
240
+
241
+ Aux derniers championnats du monde, à Prostejov (2014), l'équipe Belge HAYABUSA DEFENSE termine à la 1re place avec une moyenne de 26.4 points[14].
242
+
243
+ En VR 4 Open et en VR 8, le titre de champion du monde est matérialisé par une épée, l'« Excalibur », sur laquelle figurent les noms de tous les vainqueurs. Ce trophée est donc remis en jeu tous les deux ans, lors des championnats du monde.
244
+
245
+ Le Vol Relatif est la discipline la plus pratiquée dans le monde du parachutisme. Elle ne peut être pratiquée qu'après l'obtention du brevet B2, permettant la pratique de la chute libre à plusieurs.
246
+
247
+ Le circuit français est organisé en deux divisions (Nationale 1 et Nationale 2), et chaque année se tiennent les championnats de France, ainsi que deux à trois coupes de France, en VR 4 et en VR 8.
248
+
249
+ Le brevet correspondant est B2.
250
+
251
+ Cette discipline est le pendant du vol relatif, mais avec le parachute ouvert. Les parachutistes, largués à 2 000 mètres, ouvrent leurs voiles et construisent des figures, en s'accrochant par les pieds aux voiles des coéquipiers.
252
+
253
+ Le Voile Contact comporte des épreuves de :
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+ Le revet correspondant est 'B3.
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+ Inventé par Dominique Jacquet et Jean-Pascal Oron en 1986 sur la plate-forme de Corbas dans le Rhône.- J-P Oron se tuera accidentellement pendant la mise au point de ce nouveau sport - Laurent Bouquet développera le concept et tournera les premières images diffusée de ce sport. Popularisé par Patrick de Gayardon dans les années 1990, le sky surf se pratique à l'aide d'un surf spécial. Cette planche est fixée aux pieds du parachutiste, équipée d'une poignée de libération (dispositif permettant de se libérer du surf en cas de problème ou tout simplement pour atterrir). Les skysurfers se livrent à une forme de glissade qui leur permet d'évoluer sur l'air. Le sky surf se pratique aussi en compétition. Le rôle du coéquipier « videoman » est prépondérant, de fait ils créent à deux une chorégraphie dont les images filmées sont regardées par les juges, et de là, la note du saut.
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+
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+ Les équipes de France se sont particulièrement distinguées dans le cadre des rencontres internationales, et ce depuis sa création. Pour en citer quelques-uns :
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+ L'équipe : Éric Fradet (S), Alessandro Iodice (V), a remporté :
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+ Très populaire à la fin des années 1990, le sky surf est aujourd'hui devenu une discipline moins plébiscitée. Elle n'a d'ailleurs plus été prévu au programme de la coupe du monde à partir de l'année 2010.
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+
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+ Véritable « danse du ciel », le freestyle est un enchaînement de figures artistiques issues de gymnastique et du trampoline. Basée sur des figures imposées telles que le salto tendu ou sur des figures libres, la chorégraphie du saut laisse place à la créativité du parachutiste. En compétition, une équipe de freestyle est composée de deux parachutistes : un « performers » et un « videoman » .
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+
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+ Cette pratique de loisir consiste à réaliser des figures autres qu'à plat (tête en haut, tête en bas, dans l'angle, etc). Elle est de plus en plus prisée par les pratiquants à la recherche de nouvelles sensations et de nouveaux repères dans les trois dimensions. On distingue plusieurs types de sauts, parmi lesquels :
268
+
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+ Les Brevets correspondants : B4 et un brevet intermédiaire, le Bi4 (modules tête en haut et track)
270
+
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+ Le freefly, officiellement reconnu à la Fédération aéronautique Internationale depuis 2000, est une discipline officielle représentée à chaque championnat du monde. En compétition, une équipe de freefly est composée de trois parachutistes : deux « performers » et un « videoman » .
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+
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+ Le videoman, aussi bien en Freestyle qu'en Freefly est chargé de filmer les évolutions des autres performers, tout en participant lui-même à la chorégraphie aérienne. C'est sa vidéo qui est remise aux juges qui attribuent une note finale à chaque saut, composée d'une note technique et une note artistique. Chaque équipe devra réaliser 7 sauts : cinq sauts du même programme libre et deux sauts de programmes imposés:
274
+
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+ - Le programme « libre » est un saut inventé par l'équipe. Il dure 42 secondes et doit être rythmé, technique, fluide tout en offrant un spectacle visuel original.
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+ - Le programme « imposé » regroupe 4 figures à réaliser le mieux possible. Ce sont les mêmes figures pour toutes les équipes et il y a 2 sauts de ce type à réaliser pour présenter les 8 figures officielles reconnues par la FAI.
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+
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+ Pour les experts de la discipline, il existe aussi une autre pratique du freefly : le vol en grande formation, appelé aux états-unis par les précurseurs de cette discipline « BIG WAY ». Des records ont été établis et des tentatives pour battre le record de france sont organisées tous les deux ou trois ans. (Le record de freefly officiel actuel en france est un record de vol en position tête en bas à 48 parachutistes réalisée en août 2014 au centre de Pujaut, près d'Avignon). Chaque Fédération est responsable d'autoriser et reconnaitre ces records nationaux. Il existe également les records du monde de freefly réglementés par la FAI. On observe que sur ces records mondiaux, la france est représentée à hauteur d'environ 10%.
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+
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+ Dernière née, cette pratique à la croisée du vol relatif et du Free Fly, consiste à réaliser des figures en formation de type VR non plus à plat mais dans la verticale. Le VRV étant créé par les Américains, les premiers Français se sont rendus aux États-Unis afin d'apprendre la discipline et les différentes figures.
282
+
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+ Le VRV est apparu pour la première fois aux championnats du monde en 2010. Comble de l'histoire, l'équipe de France, Team4Speed a fini 1re devant les États-Unis !
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+ En 2011, à la coupe du Monde à Saarlouis, les 2 équipes de France (Team4Speed et FullPatate) finissent sur le podium, à la première et seconde place.
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+ Imaginée et réalisée par Patrick de Gayardon, cette discipline de glisse en plein essor a pour but de passer d'un mouvement de chute à un mouvement de vol.
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+
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+ Pour cela, les parachutistes utilisent des combinaisons souples, en forme d'aile, pour transformer leur corps en une sorte d'aile d'avion. Ces combinaisons se gonflent d'air dès que le parachutiste sort de l'avion, générant alors une portance permettant au parachutiste de réduire sa vitesse de chute, en la convertissant en vitesse horizontale.
289
+
290
+ Loïc Jean Albert est une figure incontournable de cette discipline. Grâce à son travail de développement et à son talent, il a permis à cette discipline de progresser énormément, et surtout de se populariser, tout comme l'avait fait Patrick de Gayardon à son époque. Loïc est ainsi parvenu, grâce au prototype qu'il développe, à survoler une pente enneigée à moins de 3 mètres de hauteur près de Verbier en Suisse.
291
+
292
+ Les derniers prototypes permettent d'atteindre une finesse de 3 (3 km horizontaux pour 1 km vertical de parcouru).
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+
294
+ La pratique de la wingsuit nécessite l'obtention de brevets (3 niveaux existants selon la surface de la combinaison : WS1, WS2, WS3) dont le pré-requis est de pouvoir justifier d'au minimum 150 sauts et d'être titulaire du BPA
295
+
296
+ Discipline très récente, une fois la voile (parachute) ouverte, le « Canopy Piloting » ou « swooping » (« flare ») consiste à prendre une vitesse verticale très importante sous son parachute au moyen d'un virage commencé entre 100 m et 600 m, et à la transformer en vitesse horizontale pour glisser sur le sol (herbe, sable mais surtout plans d'eau). Très spectaculaire, cette discipline nécessite une parfaite connaissance des caractéristiques de la voile pour éviter l'impact avec le sol.
297
+
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+ Cette discipline connaît un grand succès et possède déjà son circuit de compétition.
299
+
300
+ En France, elle commence en 2011 à être encadrée par la Fédération française de parachutisme (FFP) avec la création d'un brevet spécifique qui sera nécessaire pour la participation aux compétitions nationales. Les premières formations pour les initiateurs de ce nouveau brevet sont organisées en 2012[16]
301
+
302
+ Les brevets correspondant sont le Bi5 (brevet intermédiaire) et B5.
303
+
304
+ « BASE » est un acronyme des termes anglais pour quatre catégories de points fixes « Buildings, Antennas, Spans, Earth ». Il consiste à sauter en parachute depuis des objets fixes, comme un immeuble, une antenne, un pont ou une falaise. Considéré comme un sport extrême, cette discipline n'est pas reconnue par la Fédération française de parachutisme et est à elle seule une discipline à part entière. Elle est cependant reconnue par la Fédération française des clubs alpins et de montagne sous la forme du paralpinisme.
305
+
306
+ A priori, la législation n'empêche pas le saut d'aéronef avec des objets quelconques, et dès lors que les prérequis (les brevets) sont acquis, il est récurrent que les parachutistes effectuent des sauts en emportant toute sorte d'objet. Ils veilleront toutefois à éviter les objets dangereux qui pourraient à de telles vitesses représenter un danger pour les parachutistes mais aussi pour les infrastructures au sol. À titre d'exemple, en mars 2013, deux parachutistes sautent à bord d'un bateau. pneumatique[21]. On mentionnera également différents types de défis inédits qui ont été entrepris en plein vol, comme résoudre un Rubik Cube, ou encore faire une bataille avec des pistolets à eau[22].
307
+
308
+ Le 11 septembre 2014, au-dessus de Lille-Bondues, 104 parachutistes réussissent à former ensemble durant leur chute libre dans le ciel une figure géométrique, battant le record de vol relatif, sautant à partir de 6 avions, détrônant le précédent de 35 parachutistes[23],[24].
309
+
310
+ Le nombre de sauts effectués par les moniteurs expérimentés, soit seuls, soit accompagnateurs en tandem, est très important, pouvant aller de 2 000 jusqu'à 20 000 sauts, effectuant parfois jusqu'à 15 sauts dans la journée en prenant plusieurs tandems successifs.
311
+
312
+ Le plaisir des sauts en chute libre procure une adrénaline régulière conduisant pour beaucoup de parachutistes à une certaine addiction.
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+ Chaque année, la pratique du parachutisme provoque des dizaines de morts, mais le taux de mortalité est relativement faible et moins élevé que d'autres activités, et plus faible notamment en proportion que ceux dus aux accidents de la route. Aux États-Unis, Il y a 0,784 mort pour 100 000 sauts, selon les rapports IPC de la FAI[réf. nécessaire] de 2004 à 2011. En France 0,623 pour 100 000 sauts (calculé sur 6 ans de 2004 à 2007 et de 2010 à 2011). En Suisse 1,033 mort pour 100 000 sauts (de 2004 à 2011).
315
+
316
+ En France, l'accidentologie révèle que 85 % des accidents arrivent à l'atterrissage et 67 % sont imputables à une mauvaise conduite sous voile[25]. L'étude du profil des parachutistes accidentés révèle que la moitié est constituée de débutants ayant moins de 10 sauts[25]. L'étude de ces chiffres se confirme de 2003 à 2012 pour les périodes correspondant à une saison de parachutisme (de mars à novembre).
317
+ Ces statistiques montrent que les accidents les plus fréquents sont principalement dus à l'imprudence et très souvent à la panique (procédure de secours effectuée trop près du sol)[26] ou de façon incomplète (absence de libération de la voile principale ou libération partielle notamment). Les accidents imputables au matériel sont rarissimes. Le parachute rond en torche ne concerne plus le parachutisme sportif.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le paradis ou jardin d'Éden représente souvent le lieu final où les humains seront soit récompensés de leur bon comportement ou de leur foi. C'est un concept important présenté au début de la Bible, dans le livre de la Genèse. Il a donc un sens particulier pour les religions dites abrahamiques.
2
+
3
+ Dans un sens plus élargi, le concept de paradis est présent dans presque toutes les religions. Les croyants parlent aussi du « Royaume de Dieu » qui sera manifesté à la fin du monde. Un concept semblable, le nirvāna, existe dans l'hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, même s'il représente dans ce cas davantage un état spirituel qu'un lieu physique.
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+
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+ Le terme paradis est issu d'une langue très ancienne, l'iranien avestique dans laquelle pairidaēza, signifie enceinte royale ou nobiliaire. Le terme se transmet ensuite au persan (pardēz, voulant dire enclos), puis au grec ancien παράδεισος (« paradeisos » signifiant un parc clos où se trouvent des animaux sauvages) pour aboutir enfin au latin chrétien (paradisus). Il apparaît pour la première fois vers -370 chez Xénophon, dans l’Anabase, pour désigner un grand parc peuplé d'animaux sauvages que le roi de Perse Cyrus le Grand avait fait installer pour pouvoir y chasser[1].
6
+
7
+ Selon son acception première dans le monde gréco-romain, le terme latin commun pǎrǎdīsus désigne un jardin d'agrément[2]. Mais il prend avec la christianisation le sens de jardin céleste proposé par la Bible grecque, à savoir παράδεισος désignant le « jardin [plus exactement l'enclos] de la Genèse ». La lecture des Pères de l’Église, tels que Tertullien ou Jérôme de Stridon confirme le décalque sémantique du grec sur le latin pour désigner, à la fois le jardin donné à Adam et Ève par Dieu lors de l'épisode de la Création et le « séjour des justes » (pareïs) au Ciel s'opposant à l’enfer inferi ou les limbes incertaines des païens.
8
+
9
+ Avec Augustin d'Hippone, le terme latin évoque de manière plus imagée et plus large un « lieu de bonheur spirituel ». La forme savante médiévale paradis remplace la forme pareïs à la fin du XIe siècle[3]. À partir du XIe siècle, le mot exprimant la félicité tout en conservant la notion de jardin, est utilisé dans la locution de « paradis terrestre », pour désigner un lieu riche et fécond.
10
+
11
+ Mais le terme est également entré par diverses analogies dans le lexique français usuel pour désigner certains concepts profanes, variés, avec une connotation plutôt positive. Il semble que le paradis ait très tôt désigné l'atrium ou cour intérieure des bâtiments ou grandes maisons construites selon la tradition romaine, espace de déambulation souvent entouré de portiques couverts, disposant de bassin d'impluvium ou de fontaine, et probablement végétalisé et fleuri, à l'instar des patios andalous, pour justifier l'appellation. Très tôt, au Moyen-âge, les jardins enclos ont parfois pu être dénommés « paradis », qu'ils soient des lieux de repos ou des havres de paix ou de jouissance pour le délassement des élites, ou de simples jardins productifs de modestes paysans, où ils se reposent du labeur des champs.
12
+
13
+ Attesté dès la fin du XIIe siècle par la graphie parewis de Marie de France, le mot ancien français parvis s'applique à l'espace situé devant une église, en général entouré d'une balustrade ou de portiques[4] ; ce mot représente l'évolution du terme latin « paradis » qui désignait la place devant la façade de l'église cathédrale, par exemple à Saint-Pierre-de-Rome ou devant la moindre église à façade ouvragée, où le rituel assignait la place du cercueil avant et après la messe du mort ou cérémonie mortuaire.
14
+
15
+ Au XIVe siècle, les habitations luxueuses, retraites spirituelles ou résidences isolées des chanoines peuvent être appelées des « paradis », dénomination justifiée par la définition déjà citée de Saint Augustin, et qui est parfois restée attachée à des lieux-dits ou écartés, voire des fermes ou de simples habitations.
16
+
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+ Attesté en France en 1606, le paradis représente la galerie supérieure d'un théâtre ou, de manière générale, les places situées en hauteur pour assister à un spectacle[5]. L'usage profane du mot paradis semble être très répandu après les grandes découvertes maritimes européennes, comme le prouve le pommier du paradis ou mala paradisiaca, attesté en 1542 ou par l'oiseau de paradis, décrit en 1585 et inspirant une constellation homonyme. Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, le « paradis » peut aussi désigner un bassin aménagé dans un port pour abriter des navires ou à défaut un petit port dans lequel les navires sont placés en sécurité.
18
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19
+ Xénophon raconte dans l’Anabase qu'à Sardes, en Asie Mineure, où Cyrus le Jeune a concentré le corps expéditionnaire des mercenaires grecs destiné à l'aider à reconquérir le pouvoir, ce dernier leur fait visiter son jardin. Les Grecs sont éblouis, ils ne connaissent rien de semblable. Pour nommer cette splendeur, Xénophon emploie le mot perse pour jardin entouré de murs : paradeisos[6].
20
+
21
+ Les descriptions de l'au-delà dans la mythologie gréco-romaine ne sont pas uniformes, selon qu'on se réfère à Homère, Virgile[7]... D'une manière générale, pour les anciens, l'univers des morts constitue une forme de négatif du monde des vivants, les Enfers (inferi) ou « ce qui est en dessous » — où les morts vivent sous forme d'ombres impalpables. C'est le royaume d'Hadès — Pluton pour les romains — et de son épouse Perséphone — Proserpine pour les Romains. Les âmes des morts passent devant les trois juges Éaque, Minos et Rhadamanthe qui statuent sur leur sort pour l'éternité.
22
+
23
+ Dans le mythe d'Er, Platon expose les conceptions populaires de l'après-vie en offrant une description fort concrète des punitions corporelles graduées qui attendent les méchants après la mort, alors que les personnes qui ont mené une vie bonne ont accès à la félicité. Il est le premier auteur à marquer la séparation géographique de l'enfer, du purgatoire et du paradis[8]. Alors que les méchants sont envoyés vers la gauche, dans une ouverture qui les mène aux enfers souterrains (le Tartare), les justes sont invités à prendre « la route qui montait à droite à travers le ciel », dans un endroit d'une beauté indicible, se réjouissant « de partir dans la prairie pour y camper comme dans une assemblée de fête »[9].
24
+
25
+ Ce séjour de félicité est traditionnellement désigné comme les champs Élysées ou les Îles des Bienheureux. Les élus y vivent dans un printemps éternel, sur une terre féconde qui produit trois récoltes par an, dans l'insouciance et l'oisiveté. Suivant Virgile, les élus ont en commun l'importance des services rendus à la communauté et on retrouve parmi eux des fondateurs de ville, de grands guerriers, des prêtres, des poètes ou encore des artistes[7]. Ces visions imagées de l'au-delà étaient cependant loin de faire consensus, comme en atteste par exemple le scepticisme de Juvénal qui parle de fables auxquelles nul ne pourrait croire excepté les nourrissons[10].
26
+
27
+ Lorsqu'un roi perse voulait honorer quelqu'un qui lui était cher, il le nommait « compagnon du jardin », et lui donnait le droit de marcher dans le jardin en sa compagnie. On trouve probablement un écho de cette pratique dans la Bible, où Dieu est décrit à l'image du roi: « ils entendirent le Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour » (Gn 3:8)[11]. Comparer Dieu à un roi perse peut être quelque peu étrange. L'extrait mentionné ci-dessus est quelque peu différent dans le texte établi par l'Abbaye de Maredsous : « Ils entendirent le bruit du Seigneur Dieu, qui passait dans le jardin à la brise du soir. », Gn 3,8.
28
+
29
+ Dans la Bible, l'apparition du jardin en Éden, bien que d'une grande sobriété dans sa description contrastant avec la luxuriance des jardins orientaux, doit à la civilisation perse : le mot Eden apparait dans plusieurs langues sémitiques pour désigner une plaine fertile ou une terre arable. Le terme perse pairi daēsa désignait le parc de la résidence de Cyrus le Grand (VIe siècle av. J.-C.) — auquel les hébreux doivent la fin de leur captivité à Babylone — à travers lequel passait le fleuve Méandre et où l'on trouvait un jardin d'agrément, un verger et un domaine réservé à la chasse[12].
30
+
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+ Dans la croyance mésopotamienne, tous les morts se retrouvent aux Enfers, sans espoir de salut, où ils vivent une existence morne et ténébreuse, condamnés à se nourrir de poussière et d'eau boueuse, incapables de subvenir à leurs besoins sans l'aide des vivants. Il ne semble pas exister de jugement post-mortem[13] — inutile en l'absence de théologie sotérologique — et seules les divinités échappent au « Pays du non-retour ». Il existe une exception notable au sort partagé par tous les humains, celui de Uta-Napishtim, seul humain à atteindre la vie éternelle grâce à la plante de vie[14].
32
+
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+ Néanmoins, les mythes orientaux ont toujours accordé une grande place aux jardins et aux éléments qui le composent, arbres, plantes et eau. Le souverain mythologique perse de l'âge d'or réside dans un jardin en hauteur où poussent des arbres magiques dont l'arbre de la vie et d'où coule l'eau de la vie qui rend la terre fertile. On retrouve la figuration symbolique de ces jardins mythologiques dans les temples mésopotamiens qui coiffent les ziggourats : dans un jardin suspendu où ruisselle l'eau d'une vasque à côté de laquelle se tient un serpent[15], des arbres de diverses essences, parmi lesquels l'arbre de la vie qui ouvre la porte du ciel font le cadre de la couche nuptiale des dieux. Dans l'épopée de Gilgamesh, le héros mésopotamien, à la quête de la plante de la vie qui confère l'immortalité, rejoint un jardin dont les feuillages sont en lapis-lazuli et les fruits en rubis[12].
34
+
35
+ Le livre hébreu de la Genèse ne parle que du « Jardin d'Éden » (Gan 'Eden). Traduction œcuménique de la Bible, livre de la Genèse :
36
+
37
+ On trouve le mot hébreu Pardès, seulement dans le sens de « verger », en trois occurrences de la Bible hébraïque : Cantique des Cantiques 4, 13, Ecclésiaste 2, 5 et Néhémie 2,8.
38
+
39
+ Mais dans la Septante cela devient « un paradis en Éden », et ainsi de suite.
40
+
41
+ Dans la littérature de l'époque du Second Temple, le paradis est parfois assimilé au troisième ciel. Par exemple dans l'Apocalypse de Moïse.
42
+
43
+ Le shéol est un lieu mentionné dans la Torah juive et où séjournent les âmes des croyants, en vue de leur disparition finale dans les derniers temps.
44
+
45
+ Dans la religion chrétienne, il y a deux paradis : le paradis terrestre et le paradis céleste.
46
+
47
+ L'expression « paradis terrestre » n'existe pas — en tant que telle — dans le texte hébreu de la Genèse (premier livre de l'Ancien Testament).
48
+
49
+ Le vocable est utilisé dans les titres de chapitres rajoutés dans certaines éditions (comme celle de la Vulgate), afin de rendre le texte original plus facile à lire. Le texte original de la Genèse est écrit sans aucune tête de chapitre (voir par exemple la Bible de Jérusalem) et ne mentionne donc aucun paradis terrestre. Sur le fond, l'expression désigne le lieu créé par Dieu pour Adam et sa femme (que l'homme désigna par Ève, puisque c'est elle qui donnera la vie à ses descendants, Ève signifierait donc la Vie), et où ces derniers devaient vivre ainsi que leurs descendants.
50
+
51
+ Selon le premier livre de la Bible, le livre de la Genèse décrit un jardin des délices ou jardin d'Éden, jardin merveilleux où poussent toutes sortes d'arbres et de plantes aux fruits délicieux, et où cohabitent en harmonie tous les animaux, sous la direction de l'Homme.
52
+
53
+ L'arbre de la connaissance du bien et du mal, présent dans le Paradis est une image allégorique du Livre de la Genèse suivant lequel Dieu plante dans le jardin d’Éden « deux arbres mystérieux » :
54
+
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+ « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l'Orient, et y plaça l'homme qu'il avait formé. Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger, « l'arbre de vie » au milieu du jardin et « l'arbre de la connaissance du bonheur et du malheur »
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+
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+ — (Genèse 2,8-9)[16]
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+
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+ Cependant, le serpent, compris par la suite comme étant Satan (voir (Ap 12,9), réussit à convaincre Adam et Ève de s'émanciper. Cette émancipation les conduit à connaître et expérimenter leur nature humaine, faite de « Bien » mais aussi de « Mal ». En conséquence :
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+
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+ Certaines confessions fondamentalistes chrétiennes préfèrent mettre l'accent sur des visions moins symboliques du Paradis et privilégient des interprétations plus strictes, centrées sur les idées de châtiment, de chute, et de péché originel.
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+
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+ Contrairement à l'Ancien Testament, le Nouveau Testament (texte grec), utilise le mot Paradis.
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+
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+ Selon l'idée commune, le paradis céleste est la demeure des âmes des justes après leur mort[20]. Ce n'est pas un lieu matériel mais un état spirituel, où les justes connaîtront le repos, le bonheur éternel, parfait et infini dans la contemplation de Dieu[21]. Le paradis terrestre était l'image du paradis céleste.
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+
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+ C'est également par choix que, à l'opposé, les âmes des personnes qui refusent Dieu se séparent de lui et cette « auto-exclusion » (catéchisme de l'Église catholique) constitue l'enfer[22] car on s'auto-exclut de facto de l'Amour et du Bonheur, Dieu étant l'un et l'autre[23].
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+
69
+ Dans l'Évangile selon Luc (Lc 23,42-43), le bon larron, crucifié à côté de Jésus lui demande :
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+ Remarque : D'autres traductions rendent ce texte ainsi :
72
+
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+ s'appuyant sur le fait que Jésus n'a été ressuscité que le troisième jour après et non le jour même de sa mort. De plus, après sa résurrection, Jésus déclare à Marie Madeleine :
74
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+ Cela laisse supposer que la promesse de Jésus faite à l'ancien malfaiteur ne sera accomplie que le jour de la Résurrection comme annoncée par Jésus lui-même en Jean  5. 28-29.
76
+
77
+ Dans le protestantisme, le paradis est vu comme un « service de Dieu au bénéfice d'un progrès moral universel »[réf. nécessaire].
78
+
79
+ Dans le christianisme évangélique, le paradis est vu comme le lieu promis par Jésus-Christ pour les croyants chrétiens qui auront été justifié par la foi et la grâce [26].
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+
81
+ La définition du paradis, pour l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormons), est fondée sur le chapitre 76 de Doctrine et Alliances, et sur l'épître aux Corinthiens (chapitre 1), dans la Bible.
82
+
83
+ L'au-delà est tout d’abord divisé en deux parties jusqu'au Jugement dernier ; il est ensuite divisé en quatre niveaux, dont trois sont qualifiés de degrés de gloire qui, à titre d'illustration, sont comparés à des corps célestes.
84
+
85
+ Avant le Jugement dernier, les esprits, séparés de leur corps physique au moment du décès, vont soit au paradis, soit vers la prison des esprits en fonction de leurs mérites acquis dans la vie.
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87
+ Après la résurrection et le jugement dernier, les gens sont envoyés dans l’un des quatre niveaux:
88
+
89
+ Les saints des derniers jours ne croient pas en la notion du péché originel, mais pensent être des enfants innocents à travers l'expiation. Par conséquent, tous les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité hériteront de cette gloire. Les hommes et les femmes qui ont contracté le mariage céleste sont admissibles, sous la tutelle de Dieu le Père, à devenir des dieux et des déesses en tant que cohéritiers avec Jésus-Christ.
90
+
91
+ Dieu le Père ne vient pas dans le royaume terrestre, mais Jésus-Christ les visite et le Saint-Esprit est avec eux.
92
+
93
+ Lieu extraordinaire et incommensurable réservé, selon le Coran et la tradition islamique, aux croyants préislamiques et aux musulmans pieux dans l'Au-delà pour l'éternité[27].
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+
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+ « Tandis que ceux qui croient, effectuent les œuvres salutaires, ceux-là sont le meilleur de la créature, leur salaire réside en leur Seigneur: jardins d'Éden, de sous lesquels des ruisseaux coulent: ils y seront éternels, à jamais. Dieu les aura en Son contentement, comme ils L'auront en le leur. Voilà qui ne concerne que les craignants du Seigneur[28]. »
96
+
97
+ Le Coran emploie le plus souvent le mot jardin (arabe : janna جنّة), au singulier ou au pluriel pour désigner le paradis. À onze reprises, l'expression « jardin d'Éden » est employée (ʿadn عدن, Éden). On trouve aussi à deux reprises le mot « paradis » (firdaws فردوس, pl. farādīs فراديس, venant du persan pārādīs پاراديس, jardin ; vignoble)[29].
98
+
99
+ Le Coran en donne aussi des descriptions :
100
+
101
+ « Et quant à ceux qui ont cru et fait de bonnes œuvres, bientôt Nous les ferons entrer aux Jardins sous lesquels coulent des ruisseaux. Ils y demeureront éternellement. Il y aura là pour eux des épouses purifiées. Et Nous les ferons entrer sous un ombrage épais[30] »
102
+
103
+ On y trouve des fleuves comme dans le paradis terrestre de la Genèse, mais il n'y coule pas seulement de l'eau :
104
+
105
+ « Il y aura là des fleuves dont l'eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent, des fleuves de miel purifié. Ils y trouveront aussi toutes sortes de fruits et le pardon de leur Seigneur[31] »
106
+
107
+ Il y a des vierges éternelles :
108
+
109
+ « Là, il y aura des vertueuses et des belles.
110
+ Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ?
111
+ Des houris cloîtrées dans les tentes,
112
+ Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ?
113
+ qu'avant eux aucun homme ou djinn n'a déflorées.
114
+ Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ?
115
+ Ils seront accoudés sur des coussins verts et des tapis épais et jolis.
116
+ Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous[32] ? »
117
+
118
+ De jeunes serviteurs :
119
+
120
+ « Parmi eux circuleront des garçons éternellement jeunes,
121
+ avec des coupes, des aiguières et un verre (rempli) d'une liqueur de source
122
+ qui ne leur provoquera ni maux de tête ni étourdissement ;
123
+ et des fruits de leur choix,
124
+ et toute chair d'oiseau qu'ils désireront.
125
+ Et ils auront des houris aux yeux, grands et beaux,
126
+ pareilles à des perles en coquille
127
+ en récompense pour ce qu'ils faisaient[33]. »
128
+
129
+ On peut y boire du vin, qui n'enivre pas :
130
+
131
+ « On leur sert à boire un nectar pur, cacheté,
132
+ laissant un arrière-goût de musc. Que ceux qui la convoitent entrent en compétition (pour l'acquérir)
133
+ Il est mélangé à la boisson de Tasnîm,
134
+ source dont les rapprochés boivent[34]. »
135
+
136
+ Selon Jean Herbert, indianiste français, « enfers et paradis ne sont considérés dans l’Inde que comme des lieux de résidence temporaire où nous allons dans certains cas recueillir la rétribution de nos bonnes et de nos mauvaises actions qui n’ont pas encore porté leurs fruits. « Un paradis qui serait éternel est une contradiction » [selon Vivekananda], et de même pour l’enfer. Certains textes, pris littéralement (par exemple la Bhagavad-Gita, I, 44), semblent indiquer le contraire, mais tous les commentateurs et, ce qui est plus important, tous les sages sont catégoriques. Ce caractère non éternel s’explique en particulier par deux considérations d’ordre logique. La première, c’est que puisque ces séjours ont un début, ils doivent, comme tout ce qui a un début, avoir aussi une fin. La seconde, c’est que les actions dont est capable l’homme étant nécessairement limitées, finies, et ne pouvant être infinies, leurs conséquences ne peuvent avoir le caractère d’infinité qu’elles n’ont pas elles-mêmes. La durée des châtiments et récompenses de ces actions humaines est donc forcément limitée et proportionnelle[35]. »
137
+
138
+ D'après les ésotéristes modernes, à savoir le théosophisme d'Helena Blavatsky, l'anthroposophie de Rudolf Steiner, Omraam Mikhaël Aïvanhov et tant d'autres, réincarnationnistes, il y a, après la mort du corps physique, survivance de certains corps subtils, puis enfer et paradis, enfin réincarnation. Aïvanhov écrit : à la mort, « vous quittez les différents corps dont vous devez vous libérer les uns après les autres : d'abord le corps physique, puis, quelque temps après, une semaine ou deux, le corps éthérique ; ensuite, le corps astral, et, là, c'est beaucoup plus long, parce que, dans le plan astral, sont entassés les passions, les convoitises, tous les sentiments inférieurs. Et c'est cela l'Enfer : le plan astral et le mental inférieur [le corps mental] où l'on doit rester quelque temps pour se purifier. Ensuite, vous vous libérez du corps mental, et c'est là que commence le Paradis, avec le premier ciel, le deuxième ciel, le troisième ciel... La tradition rapporte qu'il y en a sept. Ce n'est qu'après s'être complètement dépouillé qu'on entre nu dans le septième ciel ; 'tout nu' c'est-à-dire purifié, sans entraves. Et c'est le retour de l'homme sur la Terre, la naissance de l'enfant. Il s'habille tout d'abord de ses corps subtils (âtmique, bouddhique, causal), puis de ses corps mental, astral, éthérique, et enfin du corps physique » (L'homme à la conquête de sa destinée, Éditions Prosveta, 1981, p. 161-162).
139
+
140
+ D'après les œuvres d'Emanuel Swedenborg et d'Allan Kardec, plus une personne progresse et développe ses qualités durant sa vie terrestre, plus le monde qui l'accueille dans l'au-delà est évolué[36].
141
+
142
+ Dans le bouddhisme, il existe plusieurs Cieux (voir la cosmologie bouddhiste), qui font toujours partie du samsara (réalité illusoire). Ceux qui accumulent un bon karma peuvent renaître dans l'un d'entre eux. Cependant, leur séjour dans le Ciel n'est pas éternel ; éventuellement, ils utiliseront leur bon karma et subiront une renaissance dans un autre domaine, en tant qu'être humain, animal ou autre. Parce que le ciel est temporaire et fait partie du samsara, les bouddhistes se concentrent davantage sur l'évasion du cycle de renaissance et sur l'illumination (nirvana). Le Nirvana n'est pas un paradis, mais un état mental.
143
+
144
+ Selon la cosmologie bouddhiste, l'univers est impermanent et les êtres transmigrent à travers un certain nombre de « plans » existentiels dans lesquels ce monde humain n'est qu'un « royaume » ou un « chemin ». Ceux-ci sont traditionnellement envisagés comme un continuum vertical avec les Cieux existant au-dessus du royaume humain, et les royaumes des animaux, des fantômes affamés et des êtres de l'enfer qui existent sous celui-ci. Selon Jan Chozen Bays dans son livre Jizo Gardien des enfants, des voyageurs et autres voyagistes, le domaine de l'asura est un raffinement ultérieur du domaine céleste et a été inséré entre le royaume humain et les Cieux. Un ciel bouddhiste important est le Trāyastriṃśa, qui ressemble à l'olympe de la mythologie grecque.
145
+
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+ Dans la vision du monde Mahayana, il y a aussi des terres pures qui se situent en dehors de ce continuum et sont créées par les Bouddhas en obtenant l'illumination. La renaissance dans la terre pure d'Amitabha est perçue comme une assurance de la bouddhéité, car lorsque le processus de renaissance est achevé, les êtres ne retombent pas dans l'existence cyclique, à moins qu'ils ne choisissent de le faire pour sauver d'autres êtres, le but du bouddhisme étant l'obtention de l'illumination et la libération de soi-même et des autres du cycle de la naissance et de la mort.
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+ L'un des sutras bouddhistes affirme que cent ans de notre existence sont égaux à un jour et une nuit dans le monde des trente-trois dieux. Trente jours semblent s'ajouter à leur mois. Douze de ces mois deviennent un an, alors qu'ils vivent pendant mille années, bien que l'existence dans les cieux soit finalement finie et que les êtres qui y résident réapparaissent dans d'autres royaumes en fonction de leur karma.
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+ Le mot tibétain Bardo signifie littéralement « état intermédiaire ». En sanskrit, le concept a le nom antarabhāva.
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+ République du Paraguay
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+ (es) República del Paraguay Écouter
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+ (gn) Tetä Paraguáype
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+ 25° 17′ S, 57° 38′ O
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+ modifier
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+ Le Paraguay (/pa.ʁa.gwɛ/[3] ; en espagnol : /paɾaˈɣwaj/ Écouter ; en guarani : Paraguái /paɾaˈɰwaj/), en forme longue la république du Paraguay (en espagnol : República del Paraguay ; guarani : Tetã Paraguái), est un pays d'Amérique du Sud sans accès à la mer. Son territoire compte deux régions différentes séparées par la rivière Paraguay : la partie orientale, qui est la plus peuplée, et l'occidentale, qui intègre le Chaco Boreal ou Gran Chaco (le Chaco est une région naturelle qui s'étend de la Bolivie centrale à l'Argentine septentrionale incluse). Entouré par le Brésil à l'est-nord-est, la Bolivie au nord-ouest et l'Argentine au sud-sud-ouest, le Paraguay occupe une superficie de 406 752 km2, sa population est de 6 862 812 en juillet 2016[1], sans compter une diaspora de centaines de milliers de Paraguayens, notamment en Argentine, où ils ont souvent fait souche. Sa capitale est Asuncion.
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+
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+ La surface totale officielle du Paraguay est de 406 752 km2, constituée, en chiffres arrondis, d'une aire terrestre de 397 300 km2 et d'un espace aquatique de 9 450 km2[4]. Le Paraguay est un pays d'Amérique latine.
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+
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+ Le point culminant est le Cerro Peró, qui atteint 842 m d'altitude[5]. Le point le plus bas se situe au point de confluence entre le Paraguay et le Paraná, les deux plus grands cours d'eau, à 40 m d'altitude environ[6]. La surface irriguée du Paraguay est estimée à 670 km2 (donnée de 1993). Le fleuve Paraguay divise le pays en deux parties, le Paraguay oriental et le Paraguay occidental[7].
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+ Les principales villes sont : Asunción, Ciudad del Este, San Lorenzo, Luque, Capiata et Lambaré.
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+ Le pays était couvert, à l'est du fleuve Paraguay et au nord d'Asunción, de forêts tropicales denses, et près du fleuve Paraguay, de zones marécageuses. Au sud, de vastes zones inondables puis, se rapprochant du fleuve Paraná, de nouveau une forêt tropicale humide. À l'ouest, région du Chaco paraguayen, existaient au nord d'Asunción des forêts d'arbres de régions sèches (notamment le quebracho), de vastes zones de savanes et buissons de climat sec et une végétation de zone tropicale inondable. On rencontre encore dans les deux régions des variétés de palmiers. Par contre, le processus de dégradation s'est accéléré dans la région orientale depuis quelques décennies. Plus de 8 000 espèces de plantes ont été recensées au Paraguay, parmi lesquelles environ 15 % sont utilisées comme plantes médicinales (stévia, citronnelle paraguayenne)[8]. Toutes ces plantes, sont menacées à cause de la déforestation lié aux cultures de soja. En dix ans, le Paraguay est devenu le quatrième exportateur mondial de soja[9] et le sixième exportateur de bétail[10]. De plus, le soja est devenu le moteur principal de la croissance du pays. « Le Paraguay est le champion de la déforestation », a déclaré l’ancien ministre de l’Environnement José Luis Casaccia. « Seulement 13 % de la forêt originale de la partie orientale du pays subsiste encore, et si on continue comme ça, dans trente ans, il n’y aura plus un arbre », a-t-il ajouté[8].
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+ Le climat, sub-tropical humide, peut laisser place en hiver à des périodes de froid, celui-ci montant depuis le Sud de l'Argentine. Les pluies sont importantes dans l'Est, alors que le climat est semi-aride dans l'Ouest où existent au sud et sud-ouest des régions inondées chaque année (département de Villa Hayes, abords du fleuve Pilcomayo, frontière avec l'Argentine). En été les températures avoisinent 40 °C. L'hiver (juillet-septembre) est le mois le plus froid et sec. En juillet, on peut passer de 25 °C à 5 °C d'une journée à l'autre[11].
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+ Le Paraguay ne possédant pas d'accès à la mer, il est entouré par environ 3 450 km de frontières terrestres et fluviales. Ce pays possède une triple frontière avec le Brésil et l'Argentine. Ces trois pays sont séparés par la rivière Iguaçu et le fleuve Parama[12]. De chaque côté de la frontière, un obélisque aux couleurs de son pays est érigé[13]. Ce pays américain possède une frontière avec l'Argentine de 2 531 km, avec la Bolivie de 753 km, et avec le Brésil de 1 371 km[1].
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+
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+ L'histoire coloniale du Paraguay est très compliquée en comparaison de celle d'autres parties de l'Empire espagnol des « Indes ». Asunción a d'abord été un poste avancé pour Buenos Aires, puis cette place forte a été détruite par des Indiens. D'abord point de départ d'expéditions à la recherche de l'or des Incas, constatant que d'autres espagnols avaient atteint ce but, elle est devenue le centre administratif et la base de la conquête d'une grande partie du bassin du Rio de la Plata. Elle a constitué jusqu'au début du XVIe siècle la « province Géante des Indes » par défaut, mais a été rapidement démembrée. En effet, alors que les autres provinces voyaient leur territoire délimité — avec toutes les approximations qu'entraînaient les connaissances géographiques limitées de l'époque — c'est à la suite de la « refondation » de Buenos Aires depuis Asunción que, du fait de sa position géographique de port sur l'embouchure du Rio de la Plata, la première a pris l'ascendant et sera élevée à capitale de province, amputant l'aire de la province du Paraguay, puis sera choisie comme siège du nouveau vice-royaume du Rio de la Plata dont le Paraguay ne sera plus qu'une des « intendances ».
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+ Les Européens arrivèrent dans la région dans le premier tiers du XVIe siècle (Sebastián Gaboto, Juan de Solis, Aleixo Garcia, etc.), mais le premier acte de la couronne d'Espagne la concernant attribua à Pedro de Mendoza le titre d'« Adelantado » investi — à ses frais et profits (sauf le sixième pour la Couronne), mais pour le roi d'Espagne — de l'exploration et de la conquête du Rio de la Plata en date de 1534[14]. Il s'embarqua en 1535 et érigea en 1536 le (premier) fort de Buenos Aires. Le premier établissement qui deviendra Asunción a été fondé par Juan de Ayolas (18 janvier 1536). Puis sera fondé officiellement le fort d'Asunción par Juan de Salazar (es), le 15 août 1537, le jour de l'Assomption, (d'où son nom initial de « Muy Noble y Leal Ciudad de Nuestra Señora Santa María de la Asunción »), au cours d'une expédition pour retrouver un autre explorateur parti de Buenos Aires pour chercher une route vers le pays de l'or (le pays des Incas, le Pérou), le même Juan de Ayolas cité plus haut, le premier à affronter les Indiens Guaranis (« Carios » chez Schmidel[15],[16]).
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+ Plus d'un siècle et demi de l'histoire coloniale du Paraguay fut dominé par la question des « réductions » jésuites. À la suite d'une série d'ordonnances royales de 1607, les « réductions » (« regroupements », en français « missions ») d'Indiens par les jésuites furent affranchis de toute dépendance des pouvoirs civils, donc de l'application de l'« encomienda », institution selon laquelle les Indiens recevaient protection et éducation chrétienne de la part des colons en échange de temps de travail sur leur exploitation. En pratique, ce fut le recours au travail forcé. Les années 1610 à 1767 connurent la domination jésuite sur les Indiens Guaranis de la province jésuite du Paraguay, qui comprenait une partie du Sud de la région orientale du Paraguay actuel, mais aussi une petite frange du Brésil (aujourd'hui dans l'État de Rio Grande do Sul), la majeure partie de l'actuelle province argentine de « Misiones » et du Nord-Est de l'actuel Uruguay. Il convient ni de surestimer l'étendue de cette zone par rapport au Rio de la Plata (Il y a fréquemment confusion entre la province jésuite immense dont le siège était à Córdoba en Argentine et la zone effectivement couverte par les missions du Paraguay-Paraná), ni d'en sous-estimer l'importance économique et politique. À partir de 1609, les jésuites commencèrent à organiser les réductions, villages composés de plusieurs centaines ou milliers d'Indiens sédentarisés et encadrés seulement par deux jésuites. Leur organisation a pu évoquer un « communisme chrétien » (Clovis Lugon[17]) ou une « théocratie socialiste »[18], dans la mesure où la vie des Guaranis était communautaire[19] (jusqu'à la distribution chaque matin des outils pour aller travailler aux champs) et fortement encadrée par la religion (messe obligatoire à 5 h 30, le matin, et journée rythmée par les célébrations religieuses). Cependant, les qualificatifs de « communiste » ou de « socialiste » ne correspondent aucunement au système d'autorité ni à la réalité économique, dont le contrôle des exportations demeurait entre les mains de la Compagnie de Jésus. De même, le qualificatif d'« État » ne correspond à aucune réalité, l'habilitation des réductions résultant d'une décision royale comme l'expulsion des jésuites ordonnée par le pouvoir royal qui a fait disparaître le soi-disant « État »[réf. nécessaire][style à revoir].
30
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+ Cependant, le système des réductions jésuites soulevait l'hostilité des colons espagnols de première génération et de leurs enfants métis (il n'y avait pas de femmes espagnoles disponibles au XVIe siècle et en nombre insuffisant au siècle suivant), dans la mesure où les ordonnances d'Alfaro soustrayaient les Guaranis à l'encomienda. Des raids de colons désireux de rafler des esclaves furent organisés, et ce d'autant plus facilement que les réductions réunissaient une quantité importante d'Indiens en un même lieu. D'un côté, des colons espagnols tentaient des rancheadas, d'un autre côté, notamment dans les années 1630, des expéditions de chasse aux esclaves étaient organisées par les bandeirantes, colons portugais de la ville de São Paulo, pourtant située à quelque mille kilomètres des réductions de la région de Guaira qu'il fallut déplacer vers le sud. Ce fut une des motivations du roi d'Espagne pour autoriser les Guaranis à s'armer et à constituer des milices. En 1641 eut lieu la bataille du río Mbororé, victoire des Guaranis et de leurs jésuites contre les paulistes. Cependant, l'armement de milices guaranis répondaient aussi aux besoins nés de l'expansion de la colonie portugaise du Brésil, et elles durent intervenir, le plus souvent avec succès, notamment contre l'implantation portugaise de la Nova Colonia de Sacramento, sur le Rio de la Plata en face de Buenos Aires, ce qui conduisit, en 1750, à la signature du traité de Madrid, « traité des frontières » (limites), ou « d'échange » (permuta) entre les monarchies espagnole et portugaise : en échange de l'évacuation par les Portugais de la place de Colonia (aujourd'hui Colonia del Sacramento en Uruguay), zone de contrebande et de menace portugaise sur Buenos Aires, le roi d'Espagne, qui avait pourtant accordé aux jésuites l'administration de la zone, devait faire évacuer sept réductions situées à l'est du fleuve Uruguay et céder ce territoire aux Portugais. Le refus des Guaranis se manifesta par la guerre des Guaranis, de 1754 à 1756, sous l'égide du cacique (chef coutumier) et corregidor (« président » du « conseil municipal » d'une réduction) Nicolàs Ñeengirú[20].
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+ Un « cuartelazo », l'occupation du quartier général militaire à Asunción dans la nuit du 14 au 15 mai 1811 par quelques dizaines d'hommes, est retenu comme date officielle de la proclamation de l'indépendance. En réalité, la proclamation de 1811 fait allégeance à l'Espagne royale. Ce n'est, formellement, que le 1er octobre 1813 que l'indépendance sans aucune référence d'allégeance extérieure sera proclamée par le Congrès qui avait été convoqué pour le 30 septembre. Ainsi, le 16 mai 1811, un triumvirat, qui comprenait le futur docteur Francia, et qui avait été constitué à la suite de l'occupation du quartier général, prit position à l'égard de la Junte qui s'était établie à Buenos Aires, « reconnaissant toujours le malheureux souverain sous les auspices duquel nous vivons (Ferdinand VII), nous unissant et nous confédérant avec la ville de Buenos Aires elle-même », etc. Le 20 juin, les cinq membres (dont le Docteur Francia), d'une Junte désignée par le Congrès de la province du Paraguay prêtèrent serment de n'obéir à aucun autre souverain que Ferdinand VII. Le 12 octobre 1811 fut signé avec Buenos Aires un traité de commerce, sur les frontières et d'amitié qui, dans son article 5, consacra la reconnaissance par Buenos Aires de l'indépendance du Paraguay. Négocié principalement par le docteur Francia, celui-ci, après avoir patiemment éliminé ses rivaux et tissé un réseau dans le pays, deviendra d'abord consul aux côtés de Fulgencio Yegros (désignation par un Congrès le 12 octobre 1813), puis « dictateur temporaire » élu pour cinq ans le 3 octobre 1814 par un autre Congrès, et enfin un dernier Congrès le désignera « Suprême Dictateur à vie » le 30 mai 1816. Il le restera en effet jusqu'à sa mort survenue le 20 septembre 1840. Très controversé, son « règne », isolant presque complètement le pays du monde extérieur, a permis d'épargner au Paraguay les troubles constants qui ont agité les autres ex-colonies espagnoles et l'alphabétisation de la quasi-totalité de la population, même si l'enseignement était interdit, sauf exception, au-delà de ce que nous appellerions l'école primaire. La paix a permis à la population de jouir d'un relatif bien-être. Après un bref intermède militaire, il a été remplacé après sa mort par Carlos Antonio López, personnage aussi étrange, mais conscient que le pays ne pourrait demeurer éternellement fermé, celui-ci réitéra la proclamation de l'indépendance en 1842 afin de mettre un terme aux prétentions périodiques de Buenos Aires sur l'ancienne intendance. Il ouvrit précautionneusement les frontières, important des savoir-faire et des équipements modernes (chemin de fer, chantiers navals, etc.) et donna au pays une puissance économique pouvant permettre au pays de rivaliser avec celle de ses voisins, puissance relative concentrée géographiquement, ce qui était susceptible de lui conférer un avantage. Carlos Antonio Lopez, conscient que le temps travaillait contre le Paraguay, consacra une part notable des ressources à un effort militaire. Le Congrès l'autorisa en 1856 à désigner un successeur intérimaire par pli scellé. Il décéda le 10 septembre 1862 et le successeur en question était l'un de ses fils, Francisco Solano López, qu'il avait nommé à la tête de l'armée et qu'il avait envoyé conduire diverses ambassades auprès des puissances de l'époque. Ce dernier convoqua un Congrès pour le 12 octobre 1862 qui le « choisit » comme président. Fort des moyens économiques laissés par son père, il se prépara à la guerre qui devait éclater en 1864 avec le Brésil, puis en début 1865 avec l'Argentine et l'Uruguay, les trois pays se liguant par le traité de la Triple-Alliance (1er mai 1865). Le poids relatif du Paraguay inquiétait ses voisins. Son refus de se plier aux exigences du libre commerce[21] prôné par la Grande-Bretagne et déjà les États-Unis déplaisait aux intérêts argentins et brésiliens. Devant le grignotage par le Brésil des territoires à la frontière indéfinie du Nord-Est, le Paraguay réagit par un coup de main réussi[Quoi ?] au sud du Mato Grosso[réf. nécessaire]. Considérant que les opérations menées en Uruguay par le Brésil et ses alliés uruguayens (Venancio Flores, également proche de Mitre qui dirigeait l'Argentine) mettaient en cause les équilibres politiques dans le Río de la Plata, ce qui n'était pas infondé, Francisco Solano Lopez demanda à l'Argentine le libre passage de ses troupes pour atteindre l'Uruguay. La réponse tardant, très probablement à dessein, il expédia des troupes importantes au travers du territoire argentin. Le Paraguay déjà en guerre avec le Brésil, c'était là une occasion pour l'Argentine d'en finir avec les prétentions paraguayennes sur son actuelle province de Misiones. L'intervention de l'Uruguay désormais dirigée par Flores, n'a répondu qu'à un échange de bons procédés à titre personnel entre ce dernier et Mitre. En bref, les actes de guerre du Paraguay, dans le cas du Brésil répondant à sa pression militaire, n'ont fait qu'avancer une confrontation vraisemblablement inéluctable compte tenu de l'occupation de plus en plus serrée des territoires incontrôlés qui séparaient les pays d'Amérique latine entre eux. Francisco Solano Lopez, si ses décisions étaient compréhensibles, satisfaisait aussi sans doute ses rêves de gloire que la diplomatie, qu'il avait pourtant exercée avec un certain succès sous la direction de son père, ne comblait pas.
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+ Le Paraguay s'engagea dans un conflit qui, de bilatéral, se transforma donc en « guerre de la Triple-Alliance » contre ses trois ennemis coalisés, l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay (1865-1870). Les buts de guerre inscrits dans le traité de 1865 comprenaient l'attribution au Brésil et à l'Argentine des territoires qu'ils revendiquaient et l'imposition de la clause de la nation la plus favorisée, en finissant avec le protectionnisme qui avait permis le développement relatif du pays. Conduite imprudemment sur le plan stratégique dès le début de la guerre, quatre années ne furent que celles d'un lent repli avant la quasi-extermination de son peuple. Défait, l'acharnement principalement des armées brésiliennes et la résistance obstinée de Francisco Solano Lopez aboutit à sa mort au combat et à la dévastation complète de la partie peuplée du pays, les enfants d'environ quatorze ans étant enrôlés, à la réduction de sa population à une fraction de ce qu'elle était auparavant (probablement entre un tiers et la moitié), causant un déséquilibre démographique inouï entre les sexes (un homme pour deux à quatre femmes). La polygamie de fait se pratiquera par la force des choses et, compte tenu de la courte espérance de vie, le rééquilibrage démographique sera atteint une soixantaine d'années plus tard. Il y perdit aussi des territoires qu'il contrôlait mal autour de son actuelle région à l'est des fleuves Paraguay et Rio Paraná. Comme l'Uruguay, le pays devint « pays tampon » entre l'Argentine et le Brésil et connaîtra, désormais, une existence alignée sur celle des autres pays de la région : instabilité politique, exploitation du territoire par des intérêts d'abord anglo-argentins, puis aussi anglo-brésiliens. Ainsi exploitée, l'économie ne se rétablit au niveau antérieur à la guerre qu'une cinquantaine d'années plus tard. Le Paraguay dut affronter une deuxième guerre, la guerre du Chaco (1932-1935). Attaqué par la Bolivie, il gagna aux dépens de celle-ci la plus grande partie du Chaco qu'elle revendiquait. En fait, la région conquise n'était contrôlée par aucun pays à l'exception de ses franges, situation fréquente entre les anciennes colonies espagnoles et portugaises d'Amérique latine, qui a donné lieu au renouvellement de la théorie juridique dite de « l'uti possidetis juris : la terre appartenait à celui qui l'occupait, encore fallait-il prouver le caractère effectif de l'occupation et tenter de s'appuyer sur des titres. L'essentiel du territoire qui lui a été alors reconnu ne comprenait pas de ressources économiques notables (la thèse largement diffusée selon laquelle elle aurait été déclenchée pour y rechercher du pétrole sous l'influence américaine ne repose sur rien de sérieux), la principale ressource, le quebracho, un arbre à croissance lente au tronc riche en tanin alors indispensable aux industries du cuir, étant déjà sous souveraineté de fait paraguayenne et sous domination économique argentine le long du Haut-Paraguay.
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+ C'est après la fin de cette guerre que les forces politiques sous l'influence de l'Argentine puis, à moindre titre, du Brésil, regroupées, en synthèse, entre libéraux (les « bleus ») et libéraux nationalistes (les « rouges » ou « colorados »), durent céder le pouvoir à des régimes militaires sous la pression notamment des anciens combattants du Chaco et du Colonel Franco qui fondera le parti « Fébrériste ». L'orientation politique de ceux-ci alla d'une tendance démocratique (José Félix Estigarribia, « général de la victoire » de la guerre du Chaco, élu le 30 avril 1939, décédé dans un accident d'avion le 7 septembre 1940) jusqu'à une tendance influencée par une adaptation locale du fascisme (Général Victor Morinigo, 24 décembre 1940, avec perte progressive d'influence jusqu’au 12 janvier 1947), pour déboucher, les « colorados » alors dominants, sur une période de guerres civiles (1947), coups d'État et de troubles dont sortira finalement vainqueur le général Alfredo Stroessner en 1954 et renversement de l'influence des deux grands voisins au profit du Brésil.
38
+
39
+ Après avoir conquis le pouvoir, Alfredo Stroessner dissout le Parlement, interdit les partis d'opposition et purge le Parti Colorado. Tous les quatre ans, le régime organise des élections qui aboutissent chaque fois à la réélection du président. La Constitution est amendée afin de permettre une présidence à vie[22]. Plusieurs centaines, voire milliers, de personnes sont tuées pour des raisons politiques, au moins 20 000 individus sont torturés, 1,8 million de Paraguayens (environ le tiers de la population) choisissent l'exil pour des raisons politiques ou économiques.
40
+
41
+ Il bénéficie d'un fort soutien des États-Unis, du Brésil, alors sous dictature militaire, et du Chili après le coup d’État. Le président Richard Nixon va jusqu'à déclarer que le régime de Stroessner est un « modèle de démocratie viable pour l’Amérique latine ». « Guidé par la main experte du général Stroessner », déclare Gustavo Leigh, l'un des membres de la Junte chilienne derrière Pinochet, en ouverture du troisième congrès de la Confédération anticommuniste latino-américaine en 1977, « le Paraguay a été l'un des premiers en Amérique à dresser des barricades pour se défendre contre le germe communiste, dans une attitude exemplaire pour les peuples américains ». Des officiers américains participent à la formation de leurs homologues paraguayens aux techniques de torture. La plus célèbre, la pileta consistait à plonger des opposants dans une baignoire emplie d’excréments, jusqu’aux limites de leurs forces[23].
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+ Le régime est également responsable de la sédentarisation forcée et brutale des indigènes Aché à partir de 1967, sédentarisation accompagnée de meurtres et au cours de laquelle des indigènes connurent des conditions de travail proches de esclavage et des enfants furent volés. En 2013, les Aché ont porté plainte contre l’État paraguayen pour crimes contre l’humanité et génocide devant la justice argentine[24].
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+ Outre le soutien financier reçu des États-Unis, l’État paraguayen, grâce à sa situation géographique, fait de la contrebande l'une de ses principales sources de revenu. De l'alcool aux animaux exotiques, en passant par les drogues et les voitures, le volume de la contrebande serait de trois fois supérieur au chiffre officiel des exportations. Le régime de Stroessner emploie amplement la corruption pour conserver la fidélité des Forces armées. Entre 1954 et 1989, quelque 8 millions d'hectares (soit un tiers des terres agricoles du pays) ont été distribués à des proches du pouvoir, principalement des officiers, dont certains ont ainsi pu amasser des fortunes considérables. La forte concentration des richesses et des terres a fait du Paraguay l'un des pays les plus inégalitaires de la planète au cours de cette période[22].
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+
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+ Alfredo Stroessner est renversé par un coup d’État en 1989 et le Brésil lui a offert l'asile politique. Le Parti Colorado lui survit au prix d'une mise au goût du jour : les élections présidentielles sont donc désormais formellement libres. Le Paraguay n'a jamais traduit en justice les principaux responsables des actes de torture et assassinats perpétrés pendant la dictature (seuls quelques policiers et un civil ont été condamnés)[22].
48
+
49
+ L'homme d'affaires Juan Carlos Wasmosy, du parti Colorado au pouvoir, est élu président en 1993. En mars 1994, une marche organisée par 20 000 paysans réclamant une réforme agraire converge vers Asunción. Le pays connait également cette même année sa première grève générale depuis trente-cinq ans - qui aboutit à des hausses de salaire - et le gouvernement se trouve déstabilisé par une importante affaire de corruption qui entraine la démission du ministre des Finances[25]. Le président Wasmosy nomme, sous la pression de Washington, le général Ramon Rozas Rodriguez chef de la lutte anti-drogue. Celui-ci est assassiné par balles en octobre 1994, peu avant de présenté son rapport sur les activités illicites de hauts responsables des forces armées, du gouverneur de l'Alto Paraná Carlos Barreto Sarubbi, de l'homme d'affaires brésilien Fahd Jamil et de plusieurs agents de la DEA américaine. En avril 1996, il démet de sa fonction de commandant en chef de l'armée de terre le général Lino Oviedo, tenant d'une ligne dure à l'intérieur du Parti colorado et ne cachant plus ses ambitions politiques. Avec le soutien d'un grand nombre d'officiers, Oviedo menace le président de lancer ses chars à l'assaut de l'ordre constitutionnel. Réfugié dans l'enceinte de l'ambassade américaine, Wasmosy négocie et lui promet de le nommer ministre de la Défense. Il revient rapidement sur sa décision devant la pression de manifestation, des États-Unis (qui menacent de suspendre l'aide militaire) et du Mercosur (qui menace d'exclure le Paraguay en cas de retour d'un régime militaire).
50
+
51
+ Raúl Cubas Grau (Colorado) devient président en 1998. Les tensions à l'intérieur du Parti Colorado restent très vives et culminent avec l'assassinat en 1999 du vice-président Luis María Argaña, rival de Raúl Cubas Grau. Ce dernier, objet d'une procédure de destitution, démissionne et se réfugie au Brésil. Le président du Sénat, Luis Ángel González Macchi, le remplace. Il doit pourtant faire face à une procédure de destitution un an seulement après son arrivée au pouvoir, étant accusé d'avoir détourné à son profit 16 millions de dollars. Il parvient cependant à se maintenir au pouvoir à la faveur d'une "guerre de clans" à l'intérieur du parti colorado. Très impopulaire, il tente d'apaiser le mécontentement en acceptant de suspendre le processus de privatisations. Il déclare l’état d'urgence en juillet 2002. La répression de manifestations contre son gouvernement fait plusieurs morts et conduit à des centaines d'arrestations[26].
52
+
53
+ En aout 2004, au moins quatre cents personnes meurent dans l'incendie accidentel d'un centre commercial de la capitale, les propriétaires ayant fait fermer les portes afin d’empêcher les clients de partir sans payer[25].
54
+
55
+ Des élections pour renouveler le président et les deux chambres ont eu lieu le 27 avril 2003. Nicanor Duarte Frutos, du parti Colorado, a été élu président. Le 20 avril 2008, le parti Colorado voyait son règne de plus de soixante ans s'achever avec l'élection de Fernando Lugo, ancien évêque de gauche de l'Alliance patriotique pour le changement (APC), à la présidence du pays. Celui-ci a été déchu de la présidence par le Sénat le 22 juin 2012 et remplacé par son vice-président, Federico Franco. Cette destitution, très controversée, fut notamment qualifiée par la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner de « coup d'État », et valut au Paraguay une exclusion du Marché commun du Sud (Mercosur), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et de la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac), qui ne reconnurent pas la légitimité du nouveau gouvernement[27]. Horacio Cartes est élu en 2013 et Mario Abdo en 2018, tous deux membres du Parti Colorado.
56
+
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+ Le Paraguay est une république présidentielle. La Constitution de 1992 impose la division des pouvoirs.
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+ Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le président et le vice-président sont élus pour un mandat de cinq ans. Le président choisit après l'élection les membres de son cabinet.
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61
+ Le parlement est composé de deux chambres. La Chambre des députés (Cámara de Diputados) compte quatre-vingts membres et le Sénat en compte quarante-cinq. Les élections législatives pour le renouvellement des deux chambres ont lieu tous les cinq ans, en même temps que l’élection présidentielle.
62
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+ La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire. Les sénateurs et le président en choisissent les neuf membres en se basant sur les recommandations d'un conseil spécifique.
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+ La distinction civile la plus élevée du pays est l'ordre national du mérite du Paraguay.
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+ Le Paraguay est divisé en dix-sept départements, mais la capitale dispose d'un statut particulier. À la tête de chaque département, se trouve un gouverneur élu par les citoyens de la région. Voici la liste des départements :
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+ Le Paraguay est le seul pays à avoir un drapeau avec deux faces différentes.
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+
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+ La population du pays est de 6 862 812 en juillet 2016. Environ 95 % des Paraguayens sont métis, d'une ascendance à la fois européenne et amérindienne[1]. Selon la Dirección Nacional de Estadística (Censo Nacional Indígena), les Amérindiens étaient 87 000 en 2002 (soit 1,7 % de la population)[28]. La densité y est de 16,5 hab/km2 (Banque mondiale 2014).
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+
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+ Le Paraguay est classé parmi les pays les plus pauvres d'Amérique du Sud, et du monde. Son taux de pauvreté est de 22,6 % en 2014.
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+ L’espérance de vie, de ce pays, est de 72,9 ans (Banque mondiale 2014[réf. souhaitée]), le taux de natalité de 22,6 (DGEEC 2013[réf. souhaitée]), le taux de fécondité de 2,9 enfants par femme, et le taux d’alphabétisation 93,9 % (UNICEF 2012)[29].
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+ pyramide des âges[1] :
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+ 0-14 ans : 25,04 %
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+ 15-24 ans : 19,74 %
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+
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+ 25-54 ans : 40,56 %
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+
85
+ 55-64 ans : 7,74 %
86
+
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+ 65 ans et plus : 6,92 %
88
+
89
+ Au Paraguay, il existe deux langues officielles : le guarani et l'espagnol (castillan). Le Paraguay est l’un des rares pays d’Amérique latine où une langue indigène est reconnue depuis longtemps : elle est la langue nationale depuis 1967, et la langue co-officielle depuis 1992. Enfin, depuis 1994, un plan national d’éducation vise à enseigner les deux langues à tous les Paraguayens[30]. Même si les deux langues ont un statut égal, dans l’administration, la justice, l’enseignement et les médias, l’espagnol s’impose largement mais il n'y a que 6 % d'unilingues espagnols et ce pourcentage diminue car le bilinguisme s’étend malgré tout à toutes les sphères de la société : 55 % des Paraguayens peuvent donc s’exprimer en espagnol.
90
+
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+ 88 à 95 % de la population totale parle le guarani. 39,2 % sont unilingues guarani, 48,9 % sont bilingues guarani-espagnol et 2,7 % parlent une autre langue amérindienne avec parfois le guarani comme seconde langue.
92
+
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+ Il existe une vingtaine de langues amérindiennes vivantes : l’aché, l’ayoreo, le bolivien oriental (?), le chamacoco (en), le chiripá, le chorote iyo'wujwa, le guana, le guaraní, le guaraní mbyá, le guarani paraguayen, la lengua, le maká, le maskoy pidgin, le nivaclé, le pai tavytera (en), le sanapaná, le tapieté, le toba et le toba-maskoy, plus une langue disparue, l'emok.
94
+
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+ Les autres langues d'origine européenne parlées sont le portugais (3,2 %), l’allemand standard (immigration, environ 1 %), le bas allemand mennonite et l'italien.
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+ Il y a environ 11 médecins pour 10 000 personnes[31]. Il y a 18 infirmiers et sages-femmes pour 10 000 personnes[31]. L'espérance de vie en bonne santé était de 64 ans en 2007[31]. Le taux d'infection du VIH était de 0,5 % en 2007[31].
98
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99
+ Environ 90 % sont catholiques et 10 % sont protestants (principalement mennonites) ou mormons, entre autres religions.
100
+
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+ En 2019, Amnesty International reproche aux autorités paraguayennes d'adopter des résolutions bafouant « les droits aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation pacifique et l’égalité entre les personnes, entre autres. » L’organisation a également dénoncé le recours à des arguments de protection de la morale publique comme prétexte pour « restreindre de manière injustifiée les droits aux libertés de réunion et de manifestation pacifique, particulièrement des personnes LGBTI[32]. »
102
+
103
+ Selon l'Association internationale des personnes lesbiennes et gays (Ilga), le Paraguay est un pays problématique concernant les droits des personnes homosexuelles, atteintes par une « grande violence structurelle, laquelle est corrélée à une impunité de la LGBTphobie ».
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+ L'avortement est interdit en toutes circonstances, sauf au cours des 20 premières semaines de grossesse si la vie de la mère est menacée[33].
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+ Dans les années 2010, l’économie, en grande partie dirigée vers la production de soja, connait une croissance de 4 % en moyenne. La croissance économique ne permet néanmoins pas de faire reculer la pauvreté, qui atteint en 2018 selon les chiffres officiels plus de 26 % de la population. Cette croissance aurait surtout bénéficié aux investisseurs : d'après The New York Times, le Paraguay est « l’un des pays d’Amérique latine où l’écart entre les riches et les pauvres s’est le plus amplifié ces dernières années » ; dans les campagnes, 85 % des terres agricoles appartiennent à 2,6 % des propriétaires. En outre, des populations d’ascendances indigènes ont été expulsées afin de permettre l’implantation d'entreprises de soja[34].
108
+
109
+ Le marché de l’exportation du soja est très largement dominé par des multinationales (Cargill, Archer Daniels Midland, Bunge Limited, etc) et ne profite donc que peu à la population paraguayenne. Les entreprises d’exportation et les propriétaires terriens payent peu d’impôts. Ainsi, une étude de la CEPALC (un organisme de l’ONU) parue en 2018 indique que le Paraguay est un des pays où les entreprises participent le moins au budget de l’État[35].
110
+
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+ Les pesticides et autres produits chimiques sont utilisés massivement dans les champs de soja. Les normes environnementales du pays ne sont pas respectées par les entreprises et les produits agrochimiques contaminent l’environnement. En 2019, le Comité des droits de l’homme des Nations unies publie un jugement exhortant le Paraguay à entreprendre une enquête sur les fumigations massives de produits agrochimiques et l’empoisonnement des populations. Cependant, la situation ne tend guère à s'améliorer : « La grande corruption politique, l’extrême fragilité des institutions, la vulnérabilité sociale élevée, l’omnipotence des intérêts économiques dans les décisions politiques, tout comme la localisation [du pays] dans le cœur géographique du cône sud et son abondance de ressources naturelles font du Paraguay une cible attirante pour les intérêts géopolitiques impériaux », souligne le sociologue Tomás Palau. L'universitaire José Luis Insfrán note également que les hommes politiques du pays « sont subventionnés par les grandes entreprises, ce sont elles qui implantent les politiques »[36].
112
+
113
+ La monnaie paraguayenne est le guaraní paraguayen. 1 euro = 6 576,309 1 guaranis en août 2017.
114
+
115
+ Les principales ressources naturelles du Paraguay sont : le fer, le pétrole, le manganèse, le bois, le calcaire et l'énergie hydraulique[1]. De plus le Paraguay exporte plus de viande que l'Argentine et produit dix fois plus d'électricité qu'il n'en consomme grâce à l'hydroélectricité. Le pays est le quatrième exportateur de soja au monde (dont 97 % est génétiquement modifié[37]) et le sixième de bétail[29].
116
+
117
+ Plus de 80 % des terres cultivables sont possédés par 2,6 % de propriétaires terriens. Près de 8 millions d’hectares ont été octroyés de façon illégale, en violant la loi agraire, à des affidés du régime durant la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), et l’État n’a depuis rien entrepris pour identifier les bénéficiaires de cet enrichissement illicite. Parmi ces propriétaires, des généraux, des entrepreneurs et hommes politiques, d’anciens présidents de la République, le dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza Debayle, et même le Parti colorado au pouvoir. Plus de 130 leaders paysans ont été assassinés depuis la chute de Stroessner, en 1989[38].
118
+
119
+ Les méthodes pour s’approprier la terre au Paraguay sont nombreuses. L'’économiste Luis Rojas indique que la plus fréquente est d’acheter la terre aux petits producteurs : « On offre au paysan une somme qu’il n’a jamais vue de sa vie. Il s’imagine que c’est une fortune, part pour la ville, dépense tout en trois ou quatre mois et fait grossir les ceintures de misère, car il n’y a pas de boulot. » Oxfam estime que 900 000 personnes ont été expulsées des campagnes dans les dix dernières années, ce qui représente près d’un septième de la population. Cette foule de paysans sans terre grossit ainsi les ceintures de pauvreté autour d'Asunción, la capitale[35].
120
+
121
+ Le Paraguay est l'un des pays subissant les plus fort taux de déforestation. Quelque 2,5 millions d'hectares de forêts du Chaco paraguayen ont été perdus au cours de la décennie 2003-2013[37].
122
+
123
+ Les terres boisées publiques sont vendues à des éleveurs sud-américains, européens ou américains. Les forêts sont coupées ou brûlées pour permettre la culture du soja ou la création de pâturages pour le bétail. Au Paraguay, la vente et le défrichement des terres sont libéralisés par le manque de mesures régulatrices et l'un des taux de corruption les plus élevés en Amérique latine[37].
124
+
125
+ La perte d'habitats provoquée par la déforestation menace la biodiversité de la région : « L'abondance de plusieurs espèces a énormément diminué au cours des dernières années à cause de la déforestation », selon le parc national Teniente Agripino Enciso[37].
126
+
127
+ La culture du pays est relativement métissée, les peuples originaires sont la fierté du pays.
128
+
129
+ La population paraguayenne est multi-ethnique avec des Amérindiens, des Métis, des Européens, et des Asiatiques. La langue principale est l'espagnol, bien que le guarani est aussi langue officielle. En raison de cultures différentes, le Paraguay jouit d'une grande diversité dans des domaines comme l'art, la cuisine, la littérature et la musique.
130
+
131
+ Les missions jésuites de la Santisima Trinidad de Parana et Jesús de Tavarangue, sont les seuls lieux classés au patrimoine mondial de l'Unesco[39].
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ En géométrie, un parallélogramme est un quadrilatère dont les segments diagonaux se coupent en leurs milieux[1]
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+ En géométrie purement affine, un quadrilatère (ABCD) est un parallélogramme (au sens défini en introduction) si et seulement s'il satisfait l'une des propriétés équivalentes suivantes :
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+
7
+ Si de plus les quatre sommets sont trois à trois non alignés, ces propriétés sont aussi équivalentes à la suivante : les côtés opposés sont parallèles deux à deux, c'est-à-dire : (AB) // (CD) et (AD) // (BC)[2].
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+ En géométrie euclidienne, sous cette même hypothèse, ces propriétés sont aussi équivalentes à :
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+ Soient
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+ L'aire d'un parallélogramme est aussi donnée par un déterminant.
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+ Un antiparallélogramme est un quadrilatère croisé dont les côtés opposés ont la même longueur deux à deux.
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+ Dans un antiparallélogramme, les angles opposés ont la même mesure en valeur absolue.
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+ Il est désormais classique de définir la notion de parallélogramme à partir de celle de vecteur (voir supra) mais on peut inversement, à partir de la notion de milieu, définir (comme en introduction) celle de parallélogramme, puis celle d'équipollence de deux bipoints, et enfin celle de vecteur :
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+ On retrouve alors qu'un quadrilatère (ABCD) est un parallélogramme si et seulement si
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+ En géométrie, un parallélogramme est un quadrilatère dont les segments diagonaux se coupent en leurs milieux[1]
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+ En géométrie purement affine, un quadrilatère (ABCD) est un parallélogramme (au sens défini en introduction) si et seulement s'il satisfait l'une des propriétés équivalentes suivantes :
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+ Si de plus les quatre sommets sont trois à trois non alignés, ces propriétés sont aussi équivalentes à la suivante : les côtés opposés sont parallèles deux à deux, c'est-à-dire : (AB) // (CD) et (AD) // (BC)[2].
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+ En géométrie euclidienne, sous cette même hypothèse, ces propriétés sont aussi équivalentes à :
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+ du parallélogramme vaut :
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+ L'aire d'un parallélogramme est aussi donnée par un déterminant.
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+ Un antiparallélogramme est un quadrilatère croisé dont les côtés opposés ont la même longueur deux à deux.
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+ Dans un antiparallélogramme, les angles opposés ont la même mesure en valeur absolue.
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+ Il est désormais classique de définir la notion de parallélogramme à partir de celle de vecteur (voir supra) mais on peut inversement, à partir de la notion de milieu, définir (comme en introduction) celle de parallélogramme, puis celle d'équipollence de deux bipoints, et enfin celle de vecteur :
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+ On retrouve alors qu'un quadrilatère (ABCD) est un parallélogramme si et seulement si
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+ Un parapluie est un dispositif portable et pliable, permettant de se protéger de la pluie et servant aussi à se protéger du soleil. Les parasols et les ombrelles sont construits sur le même principe, mais ne sont pas forcément étanches et ne protègent généralement que du soleil.
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5
+ Le dispositif varie en taille et en forme, mais sa conception est fondamentalement la même : un bâton (ou mât) central soutient des tiges articulées (les baleines) par l'intermédiaire d'un anneau coulissant (ou coulant). Lorsque l'anneau est en position basse, les baleines sont complètement aplaties le long du mât ; lorsque l'anneau est en position haute, les baleines sont déployées et leur tension tend la toile en cercle autour du mât.
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+ Le nombre de baleines varie de quatre (pour les parasols carrés utilisés sur les marchés de plein air) à huit ou dix en général pour les parapluies. Elles sont réparties à intervalles réguliers sur le pourtour du mât.
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+ Sur les parapluies et les ombrelles, la tige centrale comporte une poignée à son extrémité inférieure, pour une meilleure prise en main.
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+ L'utilisation des parasols se fait plutôt à poste fixe ; l'extrémité inférieure de leur mât est donc généralement conçue pour s'emboîter dans un support ou pour être plantée dans le sol, de manière qu'un coup de vent ne puisse l'emporter.
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+ Depuis le début du XXIe siècle, les parapluies sont considérés comme des éléments consommables, à bas coût de production (inférieur à 1 euro). De mauvaise qualité, ils se cassent au moindre coup de vent, et leur durée de vie ne dépasse pas quelques jours d'utilisation. En France, c'est 10 millions de parapluies qui sont jetés dans les poubelles chaque année[1].
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+ Les divers peuples ont des habitudes parfois très différentes dans les usages du parapluie ou de l'ombrelle.
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+ Les archives de Toulouse indiquent que l'armée anglaise avait réquisitionné des parapluies chez les bergers des Pyrénées. Lors de la bataille de Toulouse (1814) cela leur donnait un net avantage sur les troupes françaises, parce que la poudre des fusils restait sèche, tandis que celle de l'adversaire était mouillée par la pluie et donc inutilisable[10].
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+ En Unicode, les symboles sont :
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+ Conçues sur le même système que le parapluie, elles sont en tissu léger et fin, souvent en dentelle. Elles étaient utilisées pour préserver le teint blanc des aristocrates lors des promenades estivales.
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+ En Chine, dès le XIe siècle, l'ombrelle est l'apanage des nobles : les branches sont fabriquées en bambou ou en santal et la couverture est en feuilles ou en plumes[9].
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24
+ Le mot ombrelle apparait en français vers le XVIe siècle, il vient de l'italien : ombrello (petite ombre)[9].
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+ Plus grand que l'ombrelle traditionnelle, leur rôle consiste essentiellement à protéger du soleil plusieurs personnes lors de sorties à la plage ou de pique-nique.
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+ Le parasitisme (du grec παρά / para, « à côté » et σῖτος sitos, « grain, blé, pain, nourriture », signifiant littéralement « qui prend la nourriture à côté de » et désignant à l'origine une fonction honorifique, celle de l’officier chargé de l'alimentation au prytanée d'Athènes[1]) est une relation biologique durable entre deux êtres vivants hétérospécifiques où un des protagonistes — le parasite — tire profit d'un organisme hôte pour se nourrir, s'abriter ou se reproduire[2]. Cette relation aura un effet négatif pour l’hôte. Les organismes qui ne sont pas parasites sont qualifiés de « libres ».
2
+
3
+ On trouve des parasites dans l'ensemble du monde vivant. Certains groupes sont composés quasi exclusivement de parasites (exemples : les plathelminthes monogènes), bien que la plupart comportent à la fois des espèces parasites et libres (exemple : les nématodes). Les vertébrés comportent très peu d'espèces parasites : les chauves souris hématophages se nourrissent du sang d'autres espèces, les lamproies rongent la peau de poissons pélagiques, les poissons-vampires (ou candirús) sucent le sang de gros siluridés amazoniens, certains poissons-perles (ou aurins) parasitent des holothuries. De nombreux parasites peuvent modifier le comportement de leur hôte, à l'avantage du parasite[3], phénomène maintenant classé parmi les interactions durables.
4
+
5
+ Bien que plus rarement utilisée, la définition du parasitisme correspond parfaitement aux interactions qui existent entre un virus ou une bactérie pathogène et son hôte. Les parasites sont parfois eux-mêmes victimes d'autres parasites, qui sont alors dits hyperparasites[4]. On appelle parasitoïdes les organismes qui, au cours de leur développement, tuent systématiquement leur hôte, ce qui les fait sortir du cadre du parasitisme au sens strict.
6
+
7
+ M. Van Beneden, auteur d'un gros ouvrage[5] Commensaux et parasites, publié en 1876, traitant uniquement des parasites des animaux, a une définition parfois nuancée du parasitisme. Il rapporte par exemple que la présence de plusieurs ténias dans les intestins des abyssiniens constitue un état de santé enviable, phrase critiquée par le médecin naturaliste P. Mégnin qui rappelle que « le Sarcoptes scabiei, entre autres tue en quelques mois les plus grands et les plus terribles carnassiers ». Ce dernier distingue clairement les parasites commensaux, les mutualistes et les parasites vrais (selon la définition du naturaliste Amédée Louis Michel Lepeletier « le parasite est celui qui vit aux dépens d'autrui en mangeant son bien et non sa nourrice même ». Il distingue aussi les parasites dangereux de ceux qu'il estime inoffensifs, en critiquant Van Beneden sur ce point[6][source secondaire nécessaire].
8
+
9
+ Jusqu'au milieu du XXe siècle, en théorie, une espèce était considérée comme « parasite » uniquement lorsque le bénéfice de la relation était manifestement unilatéral (parasitisme destructeur, voire rapidement mortel) pour l'hôte parasité. Certains parasitismes ont ensuite été considérés comme des cas particuliers de prédation (le parasite se nourrissant aux dépens de son hôte, sans « intention » de le tuer). Puis des études plus fines, faites dans une perspective plus systémique, ont montré que de nombreuses formes de parasitisme étaient également « utiles » à l'hôte et/ou à son espèce ou à la biocénose[7] ; par exemple, dans la nature, de nombreux parasites interviennent efficacement dans le rétrocontrôle de la démographie de populations dont les individus – sans parasitisme – pulluleraient rapidement, jusqu'à faire disparaître leurs ressources alimentaires[8]. On parle d'interactions durables pour décrire les relations complexes qui unissent la plupart des couples hôte-parasite.
10
+
11
+ Le parasitisme est un mode de vie ou survie, parfois défini par l'exploitation du vivant par le vivant (the conquest of life by life). On considère différents types de parasitisme selon la position du parasite dans l'hôte :
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13
+ Le crustacé Cymothoa exigua a été découvert dans les années 1920 au Pérou dans la gueule de poissons capturés au filet. Dans une étude faite de janvier à décembre 1984 ; 236 Cymothoa exigua adultes ont été trouvés parasitant 165 des 691 poissons Lutjanus peru de la famille des Lutjanidae[9]. C'est le seul parasite connu capable de remplacer fonctionnellement un organe de son hôte, en l'occurrence la langue du Lithognathus mormyrus (illustration ci-contre)[9]. Son développement est de type marsupial[9]. Selon Nichols et Murphy qui l'ont étudié[9], ce parasite ne semble que légèrement « nocif » pour son hôte, mais il augmente probablement le taux de mortalité naturelle, notamment durant les premières années de vie du poisson.
14
+
15
+ Certains champignons parasitent les fourmis, les transformant en « zombies » qui abandonnent leur colonie pour mordre une feuille ou une branche près du sol et s'y suspendre. Ce processus permet au champignon de prospérer. Cette forme de parasitisme existe au moins depuis 48 millions d'années[10]. Cette interaction hôte-parasite est très spécifique. Ainsi, une espèce de champignon ne peut induire ce comportement que chez une seule espèce de fourmi qui lui est propre[11].
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+
17
+ D'autres formes de parasitisme sont décrites chez les animaux, par exemple le parasitisme alimentaire appelé cleptoparasitisme, ou le parasitisme de couvée chez les oiseaux.
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+ Il existe également plusieurs types de parasitisme chez les plantes et de champignons parasites.
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21
+ La plupart des parasites semblent jouer un rôle important dans la sélection naturelle et l'évolution. On parle même de coévolution à leur égard, car la sélection naturelle favorise l'apparition constante de moyens de défense chez les hôtes ; le parasite évolue afin de posséder des adaptations qui lui permettent de rencontrer son hôte et de survivre sur ou dans l'hôte si la rencontre a eu lieu. Inversement, l'hôte évolue vers des adaptations qui lui permettent de ne pas rencontrer le parasite, de s'en débarrasser ou s'en défendre (y compris via le système immunitaire chez l'animal, ou la production de phytotoxines chez la plante). De là découlent une sorte de « courses aux armements » défensifs / offensifs, expression qui évoque les pressions de sélection réciproques que l'espèce-parasite et l'espèce-hôte exercent l'une contre l'autre sur de très longues périodes qui peuvent se chiffrer en millions d'années[12]. Si l'hôte est véritablement gagnant (par exemple, en produisant des toxines spécifiques ou en fuyant dans un habitat refuge, à l'abri du stade infestant), le parasite peut disparaître.
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+
23
+ La plupart des parasites se sont si spécialisés au cours du temps qu'ils ne peuvent parasiter qu'une ou quelques espèces parmi les millions qui existent. Le parasitisme est un mode de vie néanmoins très courant. Certains auteurs considèrent même qu'il est pratiqué par la majorité des espèces[13].
24
+
25
+ Les parasites sont caractérisés par une évolution réductrice des génomes[14] (perte de gènes) qui se traduit par des simplifications morpho-anatomiques (régression d'organes, notamment ceux des appareils locomoteurs en lien avec leur mode de fixation, des appareils digestifs ou végétatifs en lien avec la spécificité parasitaire qui est fonction de leur spécialisation physiologique et de l'ancienneté du parasitisme) ou biochimiques (inactivation/disparition de voies métaboliques, réduction de la biosynthèse d'acides aminés, d'enzymes, d'hormones, de vitamines, autant de métabolites fournis par l'hôte)[15].
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+ Ce tableau résume les possibilités d'interactions, en termes d'effets, entre une espèce A et une espèce B.
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+ Les interactions liant un prédateur et sa proie, ainsi qu'un parasite et son hôte sont de même nature, avec néanmoins certaines différences :
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31
+ Par convention, en médecine humaine et vétérinaire, on appelle parasite un métazoaire ou un protozoaire parasitant l'organisme et entraînant une parasitose (n'incluant donc ni virus (virose), ni bactérie (infection bactérienne), ni champignon (mycose)).
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33
+ La présence du parasite dans l’organisme est appelée parasitose. Lors de la parasitose, il y a action des leucocytes polynucléaires éosinophiles: l’hyper éosinophilie qui correspond à une augmentation de ces cellules de défense dans le sang.
34
+ L’action des cristalloïdes (protéines majeures) sont responsables de cette action antiparasitaire.
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+ Exemples : plasmodiums, tænias, leishmanias, sarcoptes, acanthobdelliformes etc. Voir parasitologie médicale.
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+ Le parasitisme (du grec παρά / para, « à côté » et σῖτος sitos, « grain, blé, pain, nourriture », signifiant littéralement « qui prend la nourriture à côté de » et désignant à l'origine une fonction honorifique, celle de l’officier chargé de l'alimentation au prytanée d'Athènes[1]) est une relation biologique durable entre deux êtres vivants hétérospécifiques où un des protagonistes — le parasite — tire profit d'un organisme hôte pour se nourrir, s'abriter ou se reproduire[2]. Cette relation aura un effet négatif pour l’hôte. Les organismes qui ne sont pas parasites sont qualifiés de « libres ».
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+ On trouve des parasites dans l'ensemble du monde vivant. Certains groupes sont composés quasi exclusivement de parasites (exemples : les plathelminthes monogènes), bien que la plupart comportent à la fois des espèces parasites et libres (exemple : les nématodes). Les vertébrés comportent très peu d'espèces parasites : les chauves souris hématophages se nourrissent du sang d'autres espèces, les lamproies rongent la peau de poissons pélagiques, les poissons-vampires (ou candirús) sucent le sang de gros siluridés amazoniens, certains poissons-perles (ou aurins) parasitent des holothuries. De nombreux parasites peuvent modifier le comportement de leur hôte, à l'avantage du parasite[3], phénomène maintenant classé parmi les interactions durables.
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+ Bien que plus rarement utilisée, la définition du parasitisme correspond parfaitement aux interactions qui existent entre un virus ou une bactérie pathogène et son hôte. Les parasites sont parfois eux-mêmes victimes d'autres parasites, qui sont alors dits hyperparasites[4]. On appelle parasitoïdes les organismes qui, au cours de leur développement, tuent systématiquement leur hôte, ce qui les fait sortir du cadre du parasitisme au sens strict.
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+ M. Van Beneden, auteur d'un gros ouvrage[5] Commensaux et parasites, publié en 1876, traitant uniquement des parasites des animaux, a une définition parfois nuancée du parasitisme. Il rapporte par exemple que la présence de plusieurs ténias dans les intestins des abyssiniens constitue un état de santé enviable, phrase critiquée par le médecin naturaliste P. Mégnin qui rappelle que « le Sarcoptes scabiei, entre autres tue en quelques mois les plus grands et les plus terribles carnassiers ». Ce dernier distingue clairement les parasites commensaux, les mutualistes et les parasites vrais (selon la définition du naturaliste Amédée Louis Michel Lepeletier « le parasite est celui qui vit aux dépens d'autrui en mangeant son bien et non sa nourrice même ». Il distingue aussi les parasites dangereux de ceux qu'il estime inoffensifs, en critiquant Van Beneden sur ce point[6][source secondaire nécessaire].
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+ Jusqu'au milieu du XXe siècle, en théorie, une espèce était considérée comme « parasite » uniquement lorsque le bénéfice de la relation était manifestement unilatéral (parasitisme destructeur, voire rapidement mortel) pour l'hôte parasité. Certains parasitismes ont ensuite été considérés comme des cas particuliers de prédation (le parasite se nourrissant aux dépens de son hôte, sans « intention » de le tuer). Puis des études plus fines, faites dans une perspective plus systémique, ont montré que de nombreuses formes de parasitisme étaient également « utiles » à l'hôte et/ou à son espèce ou à la biocénose[7] ; par exemple, dans la nature, de nombreux parasites interviennent efficacement dans le rétrocontrôle de la démographie de populations dont les individus – sans parasitisme – pulluleraient rapidement, jusqu'à faire disparaître leurs ressources alimentaires[8]. On parle d'interactions durables pour décrire les relations complexes qui unissent la plupart des couples hôte-parasite.
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+ Le parasitisme est un mode de vie ou survie, parfois défini par l'exploitation du vivant par le vivant (the conquest of life by life). On considère différents types de parasitisme selon la position du parasite dans l'hôte :
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+ Le crustacé Cymothoa exigua a été découvert dans les années 1920 au Pérou dans la gueule de poissons capturés au filet. Dans une étude faite de janvier à décembre 1984 ; 236 Cymothoa exigua adultes ont été trouvés parasitant 165 des 691 poissons Lutjanus peru de la famille des Lutjanidae[9]. C'est le seul parasite connu capable de remplacer fonctionnellement un organe de son hôte, en l'occurrence la langue du Lithognathus mormyrus (illustration ci-contre)[9]. Son développement est de type marsupial[9]. Selon Nichols et Murphy qui l'ont étudié[9], ce parasite ne semble que légèrement « nocif » pour son hôte, mais il augmente probablement le taux de mortalité naturelle, notamment durant les premières années de vie du poisson.
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+ Certains champignons parasitent les fourmis, les transformant en « zombies » qui abandonnent leur colonie pour mordre une feuille ou une branche près du sol et s'y suspendre. Ce processus permet au champignon de prospérer. Cette forme de parasitisme existe au moins depuis 48 millions d'années[10]. Cette interaction hôte-parasite est très spécifique. Ainsi, une espèce de champignon ne peut induire ce comportement que chez une seule espèce de fourmi qui lui est propre[11].
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+ D'autres formes de parasitisme sont décrites chez les animaux, par exemple le parasitisme alimentaire appelé cleptoparasitisme, ou le parasitisme de couvée chez les oiseaux.
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+ Il existe également plusieurs types de parasitisme chez les plantes et de champignons parasites.
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+ La plupart des parasites semblent jouer un rôle important dans la sélection naturelle et l'évolution. On parle même de coévolution à leur égard, car la sélection naturelle favorise l'apparition constante de moyens de défense chez les hôtes ; le parasite évolue afin de posséder des adaptations qui lui permettent de rencontrer son hôte et de survivre sur ou dans l'hôte si la rencontre a eu lieu. Inversement, l'hôte évolue vers des adaptations qui lui permettent de ne pas rencontrer le parasite, de s'en débarrasser ou s'en défendre (y compris via le système immunitaire chez l'animal, ou la production de phytotoxines chez la plante). De là découlent une sorte de « courses aux armements » défensifs / offensifs, expression qui évoque les pressions de sélection réciproques que l'espèce-parasite et l'espèce-hôte exercent l'une contre l'autre sur de très longues périodes qui peuvent se chiffrer en millions d'années[12]. Si l'hôte est véritablement gagnant (par exemple, en produisant des toxines spécifiques ou en fuyant dans un habitat refuge, à l'abri du stade infestant), le parasite peut disparaître.
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+ La plupart des parasites se sont si spécialisés au cours du temps qu'ils ne peuvent parasiter qu'une ou quelques espèces parmi les millions qui existent. Le parasitisme est un mode de vie néanmoins très courant. Certains auteurs considèrent même qu'il est pratiqué par la majorité des espèces[13].
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+ Les parasites sont caractérisés par une évolution réductrice des génomes[14] (perte de gènes) qui se traduit par des simplifications morpho-anatomiques (régression d'organes, notamment ceux des appareils locomoteurs en lien avec leur mode de fixation, des appareils digestifs ou végétatifs en lien avec la spécificité parasitaire qui est fonction de leur spécialisation physiologique et de l'ancienneté du parasitisme) ou biochimiques (inactivation/disparition de voies métaboliques, réduction de la biosynthèse d'acides aminés, d'enzymes, d'hormones, de vitamines, autant de métabolites fournis par l'hôte)[15].
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+ Ce tableau résume les possibilités d'interactions, en termes d'effets, entre une espèce A et une espèce B.
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+ Les interactions liant un prédateur et sa proie, ainsi qu'un parasite et son hôte sont de même nature, avec néanmoins certaines différences :
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+ Par convention, en médecine humaine et vétérinaire, on appelle parasite un métazoaire ou un protozoaire parasitant l'organisme et entraînant une parasitose (n'incluant donc ni virus (virose), ni bactérie (infection bactérienne), ni champignon (mycose)).
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+ La présence du parasite dans l’organisme est appelée parasitose. Lors de la parasitose, il y a action des leucocytes polynucléaires éosinophiles: l’hyper éosinophilie qui correspond à une augmentation de ces cellules de défense dans le sang.
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+ L’action des cristalloïdes (protéines majeures) sont responsables de cette action antiparasitaire.
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+ Exemples : plasmodiums, tænias, leishmanias, sarcoptes, acanthobdelliformes etc. Voir parasitologie médicale.
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+ Un atome (grec ancien ἄτομος [átomos], « insécable »)[1] est la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec un autre. Les atomes sont les constituants élémentaires de toutes les substances solides, liquides ou gazeuses. Les propriétés physiques et chimiques de ces substances sont déterminées par les atomes qui les constituent ainsi que par l'arrangement tridimensionnel de ces atomes.
2
+
3
+ Contrairement à ce que leur étymologie suggère, les atomes ne sont pas indivisibles, mais sont eux-mêmes constitués de particules subatomiques[2]. Les atomes comprennent un noyau, qui concentre plus de 99,9 % de leur masse, autour duquel se distribuent des électrons, qui forment un nuage 10 000 à 100 000 fois plus étendu que le noyau lui-même[3],[4], de sorte que le volume d'un atome, grossièrement sphérique, est presque entièrement vide. Le noyau est formé de protons, porteurs d'une charge électrique positive, et de neutrons, électriquement neutres ; l'hydrogène fait exception, car le noyau de son isotope 1H, appelé protium, ne contient aucun neutron. Protons et neutrons, également appelés nucléons, sont maintenus ensemble dans le noyau par la liaison nucléaire, qui est une manifestation de l'interaction forte. Les électrons occupent des orbitales atomiques en interaction avec le noyau via la force électromagnétique. Le nuage électronique est stratifié en niveaux d'énergie quantifiés autour du noyau, niveaux qui définissent des couches et des sous-couches électroniques ; les nucléons se distribuent également selon des couches nucléaires, bien qu'un modèle approché assez commode popularise la structure nucléaire d'après le modèle de la goutte liquide.
4
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5
+ Plusieurs atomes peuvent établir des liaisons chimiques entre eux grâce à leurs électrons. D'une manière générale, les propriétés chimiques des atomes sont déterminées par leur configuration électronique, laquelle découle du nombre de protons de leur noyau. Ce nombre, appelé numéro atomique, définit un élément chimique. 118 éléments chimiques sont reconnus par l'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) depuis le 18 novembre 2016. Les atomes d'éléments différents ont des tailles différentes, ainsi généralement que des masses différentes, bien que les atomes d'un élément chimique donné puissent avoir des masses différentes selon les isotopes considérés. Les atomes les plus lourds, ou dont le noyau présente un déséquilibre trop important entre les deux types de nucléons, tendent à devenir plus instables, et sont alors radioactifs ; le plomb 208 est l'isotope stable le plus lourd.
6
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7
+ La théorie atomiste, qui soutient l'idée d'une matière composée de « grains » indivisibles (contre l'idée d'une matière indéfiniment sécable), est connue depuis l'Antiquité, et fut notamment défendue par Leucippe et son disciple Démocrite, philosophes de la Grèce antique, ainsi qu'en Inde, plus antérieurement, par l'une des six écoles de philosophie hindoue, le vaisheshika, fondé par Kanada. Elle fut disputée jusqu'à la fin du XIXe siècle et n'a plus été remise en cause depuis lors. L'observation directe d'atomes n'est devenue possible qu'au milieu du XXe siècle avec la microscopie électronique en transmission et l'invention du microscope à effet tunnel. C'est ainsi sur les propriétés des atomes que reposent toutes les sciences des matériaux modernes, tandis que l'élucidation de la nature et de la structure des atomes a contribué de manière décisive au développement de la physique moderne, et notamment de la mécanique quantique.
8
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9
+ Le diamètre estimé d'un atome « libre » (hors liaison covalente ou cristalline) est compris entre 62 pm (6,2×10-11 m) pour l'hélium et 596 pm (5,96×10-10 m) pour le césium[5], tandis que celui d'un noyau atomique est compris entre 2,4 fm (2,4×10-15 m) pour l'isotope 1H et 14,8 fm (1,48×10-14 m) environ pour le nucléide 238U[6] : le noyau d'un atome d'hydrogène est donc environ 40 000 fois plus petit que l'atome d'hydrogène lui-même.
10
+
11
+ Le noyau concentre cependant l'essentiel de la masse de l'atome[7] : le noyau du lithium 7, par exemple, est environ 4 300 fois plus massif que les trois électrons qui l'entourent, l'atome de 7Li lui-même ayant une masse de l'ordre de 1,172×10−26 kg. Pour fixer les idées, la masse des atomes est comprise entre 1,674×10-27 kg pour le protium et 3,953×10-25 kg pour l'uranium 238, en s'en tenant aux isotopes qui ont une abondance significative dans le milieu naturel (il existe des noyaux plus lourds mais aussi bien plus instables que le nucléide 238U).
12
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13
+ Cette masse est généralement exprimée en unités de masse atomique (« uma », ou « u »), définie comme la douzième partie de la masse d'un atome de 12C non lié et à son état fondamental, soit 1 uma = 1,66054×10-27 kg ; dans cette unité, la masse du nucléide 238U vaut 238,050 782 6 uma. Une unité alternative également très employée en physique des particules est l'électron-volt divisé par le carré de la vitesse de la lumière (eV/c2), qui est homogène à une masse en vertu de la fameuse équation E = mc2 de la relativité restreinte, et qui vaut 1 eV/c2 = 1,783×10-36 kg ; dans cette unité, la masse du noyau 238U est égale à 221,7 GeV/c2.
14
+
15
+ Compte tenu de leur taille et de leur masse singulièrement réduites, les atomes sont toujours en très grand nombre dès qu'on manipule une quantité de matière macroscopique. On définit ainsi la mole comme étant la quantité de matière constituée par autant d'unités élémentaires (atomes, molécules, électrons, etc.) qu'il y a d'atomes dans 12 g de carbone 12, soit pas moins de 6,022×1023 unités élémentaires, ce qu'on appelle le nombre d'Avogadro.
16
+
17
+ Bien que son étymologie signifie « indivisible » en grec ancien, un atome est en réalité constitué de particules élémentaires plus petites, et peut donc être divisé ; mais il constitue bien la plus petite unité indivisible d'un élément chimique en tant que tel : en brisant, par exemple, un atome d'hélium, on obtiendra des électrons, des protons et des neutrons, mais on n'aura plus un corps simple ayant les propriétés de l'hélium.
18
+
19
+ Le modèle standard de la physique des particules décrit les nucléons comme des baryons composés de particules élémentaires appelées quarks :
20
+
21
+ Les électrons, quant à eux, sont des leptons, qui constituent, avec les quarks, le groupe des fermions. La grande différence entre quarks et leptons est que seuls les premiers connaissent toutes les interactions élémentaires, y compris l'interaction nucléaire forte, dont les médiateurs sont des bosons de jauge appelés gluons ; les leptons ne connaissent que l'interaction faible (via les bosons Z0 et W+) et l'interaction électromagnétique (via les photons).
22
+
23
+ Toutes ces particules connaissent a priori également l'interaction gravitationnelle, mais cette dernière n'a pas encore pu être intégrée au modèle standard de la physique des particules ; son intensité à l'échelle atomique est, quoi qu'il en soit, insignifiante comparée à l'intensité des trois autres interactions.
24
+
25
+ L'essentiel des propriétés physiques et chimiques des atomes est dû à leur nuage électronique. C'est la compréhension de la nature et de la structure de ce nuage électronique qui a ouvert la voie à la compréhension de la structure de l'atome lui-même et, in fine, a conduit au développement de la physique des particules.
26
+
27
+ Le noyau atomique étant chargé positivement, il forme un puits de potentiel pour les électrons, qui sont chargés négativement. Ce puits de potentiel est constitué de niveaux d'énergie définis par des nombres quantiques dont la combinaison détermine des orbitales atomiques conférant aux fonctions d'onde correspondantes des dimensions et des formes caractéristiques.
28
+
29
+ L'électron manifeste, comme tout objet quantique, une dualité onde-corpuscule, en vertu de laquelle il se comporte tantôt comme une particule géométriquement délimitée occupant une position déterminée, tantôt comme une onde susceptible de présenter, par exemple, des phénomènes d'interférences. Ces deux aspects de l'électron coexistent dans l'atome, bien que le modèle de Schrödinger soit exclusivement ondulatoire[8] :
30
+
31
+ Par conséquent, un électron ne peut pas « tomber sur le noyau » comme un objet tombe par terre, car cela signifierait que l'extension spatiale de sa fonction d'onde serait réduite à un point, ce qui n'est le cas d'aucune fonction propre de l'équation de Schrödinger : cette dernière impose, au contraire, qu'un électron, au voisinage du noyau, se « dilue » dans un volume (une orbitale) à la géométrie déterminée par les nombres quantiques qui satisfont cette équation. On peut donc considérer qu'un électron dans un atome est déjà tombé sur le noyau, dans la mesure où il est confiné dans son voisinage par le puits de potentiel électrostatique.
32
+
33
+ De surcroît, la fonction d'onde d'un électron n'est pas nulle à l'intérieur du noyau, bien que sa probabilité de s'y trouver soit faible, car le noyau est de taille très réduite comparée à celle des orbitales atomiques. Les fonctions d'ondes possibles pour les électrons d'un atome étant centrées sur le noyau, on peut donc dire que l'électron est en fait tombé dans le noyau, bien qu'il ne s'y trouve que très rarement : du point de vue quantique, plusieurs particules peuvent en effet occuper le même espace en vertu de leur nature ondulatoire. Une façon imagée — mais approchée — de voir les choses est d'imaginer, par analogie, que la fonction d'onde de l'électron serait comme « diffractée » par le noyau atomique, ce qui lui donnerait différentes formes, selon son état quantique, par lesquelles la probabilité de présence de l'électron atteindrait son maximum en certaines zones plus ou moins éloignées du noyau — typiquement, plusieurs dizaines de milliers de fois le rayon nucléaire[9].
34
+
35
+ Chaque électron est décrit, dans un atome, par un quadruplet de nombres quantiques (n, ℓ, mℓ, ms) satisfaisant l'équation de Schrödinger et appelés respectivement :
36
+
37
+ Le principe d'exclusion de Pauli stipule que deux fermions appartenant au même système de fermions (ici, au même atome) ne peuvent avoir tous leurs nombres quantiques égaux en même temps. Ce principe est fondamental car il est à l'origine de la configuration électronique des atomes : les électrons qui « s'empilent » dans l'atome doivent avoir chacun un état quantique distinct des autres, ce qui explique que toutes les orbitales atomiques sont progressivement occupées de la plus liée à la moins liée au noyau au fur et à mesure qu'on ajoute des électrons à l'atome ; c'est le principe d'Aufbau (« édification » en allemand) matérialisé par la règle de Klechkowski (appelée aussi règle de Madelung), qui sous-tend l'agencement du tableau périodique des éléments chimiques en blocs et en périodes :
38
+
39
+ Sa structure électronique confère à l'atome ses propriétés chimiques et magnétiques. Ainsi, les éléments chimiques sont communément classés dans un tableau périodique organisé en fonction de leurs propriétés chimiques et dont l'agencement est en réalité déterminé par la distribution des électrons sur les niveaux d'énergie des atomes.
40
+
41
+ Le recouvrement de deux orbitales atomiques appartenant chacune à un atome distinct peut conduire à la formation d'une orbitale moléculaire constituant une liaison chimique entre deux atomes ; si les orbitales atomiques en recouvrement appartiennent au même atome, on dit qu'il y a hybridation.
42
+
43
+ Une orbitale moléculaire est dite liante lorsque les phases d'électron des orbitales atomiques sont de même signe (interférence constructive) ; elle est dite antiliante lorsque les orbitales atomiques ont des phases de signe opposé (interférence destructive).
44
+
45
+ Protons et neutrons forment un noyau atomique de dimension femtométrique. Le rayon nucléaire d'un atome dont le nombre de masse est A vaut environ
46
+
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+
52
+
53
+
54
+ 1
55
+ ,
56
+ 2
57
+
58
+
59
+ A
60
+
61
+ 3
62
+
63
+
64
+
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ {\displaystyle {\begin{smallmatrix}1,2{\sqrt[{3}]{A}}\end{smallmatrix}}}
73
+
74
+   fm, alors que l'atome lui-même a un rayon de l'ordre de la centaine de picomètres (environ 35 000 à 40 000 fois plus grand). Les protons étant chargés positivement, ils se repoussent au sein du noyau, mais l'intensité de cette répulsion électrostatique est très inférieure à celle de l'attraction entre nucléons induite par l'interaction nucléaire forte à des distances inférieures à 2,5 fm.
75
+
76
+ La géométrie des noyaux atomiques est généralement sphérique, bien que certains noyaux stables suffisamment massifs adoptent également des formes sphéroïdes étirées en ballon de rugby ou, au contraire, aplaties. Certains noyaux instables, dits noyaux à halo, sont caractérisés par un ou plusieurs nucléons aux fonctions d'ondes très distendues, qui donnent au noyau des contours flous et un volume apparent très augmenté ; ces noyaux ont une cohésion nucléaire à la limite extrême du champ d'action de l'interaction forte.
77
+
78
+ Dans le modèle de la goutte liquide, les protons tendent à se repousser les uns les autres et, par conséquent, à se concentrer vers l'extérieur des noyaux (aux « pôles » ou à l'« équateur » dans le cas de sphéroïdes), tandis que les neutrons tendent à s'accumuler au centre du noyau. Des dizaines de modèles ont été proposés afin d'expliquer les données expérimentales sur la nature et la structure des noyaux atomiques, mais aucun, à ce jour, ne suffit seul à rendre compte de l'ensemble des observations[10].
79
+
80
+ Le volume nucléaire, estimé expérimentalement par des techniques de diffraction de faisceaux d'électrons, correspond à peu près à l'empilement de sphères dures représentant les nucléons, avec une densité nucléaire constante, ce qui se conceptualise très bien avec le modèle de la goutte liquide. Néanmoins, certaines propriétés quantiques de la structure nucléaire semblent mieux décrites par le modèle en couches, élaboré par les physiciens allemands Maria Goeppert-Mayer et Hans Daniel Jensen, qui ont obtenu le prix Nobel de physique en 1963 pour cette avancée. Leur modèle considère les nucléons comme des fermions soumis au principe d'exclusion de Pauli et répartis sur des niveaux d'énergie quantifiés — les « couches nucléaires » — de façon similaire aux électrons à l'échelle de l'atome. Dans le noyau, protons et neutrons constituent deux populations de fermions distinctes vis-à-vis du principe d'exclusion de Pauli.
81
+
82
+ L'analogie avec les électrons a cependant ses limites, car, si les électrons interagissent entre eux et avec le noyau via l'interaction électromagnétique, les nucléons interagissent entre eux essentiellement via l'interaction nucléaire forte et l'interaction faible. Les niveaux d'énergie au sein du noyau ont ainsi une distribution différente de celle des niveaux d'énergie des électrons d'un atome. De plus, les phénomènes de couplage spin-orbite sont bien plus sensibles pour les nucléons que pour les électrons, ce qui redistribue les sous-couches nucléaires en fonction du spin (indiqué en indice dans le tableau ci-dessous)[11] :
83
+
84
+ La saturation d'une couche nucléaire confère au noyau atomique une stabilité supérieure à celle calculée par la formule de Weizsäcker, issue du modèle de la goutte liquide — ce qui n'est pas sans rappeler l'inertie chimique des gaz rares, caractérisés par la saturation de leur sous-couche électronique p périphérique. Le nombre de nucléons d'une population donnée correspondant à la saturation d'une couche nucléaire est appelé « nombre magique » ; le noyau du plomb 208, qui est le plus lourd des isotopes stables, est ainsi constitué de 82 protons et 126 neutrons : 82 et 126 sont deux nombres magiques, ce qui explique la stabilité de ce nucléide par rapport à ceux qui n'en diffèrent que d'un ou deux nucléons.
85
+
86
+ Chimie et physique se rejoignent sur ce point, de sorte que les notions relatives à ces deux domaines des sciences se recouvrent à leur sujet. Ainsi, en physique nucléaire, on appelle nucléide un noyau atomique défini par un nombre déterminé de protons et de neutrons, terme souvent confondu avec la notion équivalente d'isotope, qui relève davantage de la chimie.
87
+
88
+ Un élément chimique se définit comme l'ensemble des atomes et des ions dont le noyau comporte un nombre donné de protons. Ce nombre est le numéro atomique, noté Z, de l'atome ou de l'élément chimique correspondant. Ainsi, tous les atomes n'ayant qu'un seul proton dans leur noyau (Z = 1) correspondent à l'élément chimique hydrogène. Il en existe trois variétés principales : le protium 1H, couramment appelé hydrogène (seul nucléide stable dépourvu de neutron), le deutérium 2H (stable, dont le noyau est constitué d'un proton et d'un neutron), le tritium 3H (radioactif, dont le noyau est constitué d'un proton et de deux neutrons). Ces nucléides sont des isotopes, car leur noyau compte le même nombre de protons mais un nombre différent de neutrons.
89
+
90
+ La classification des atomes suit celle des éléments chimiques, dont les propriétés chimiques — mais aussi physiques — présentent une périodicité découverte au XIXe siècle et à l'origine du tableau périodique des éléments. On emploie indifféremment les termes isotope stable et nucléide stable, radioisotope et radionucléide, ou encore élément superlourd et atome superlourd.
91
+
92
+ Les particules élémentaires possèdent un nombre quantique appelé spin, analogue à un moment angulaire et mesuré en unités de constante de Planck réduite (parfois appelée « constante de Dirac ») désignée par le symbole ℏ, qui se lit « h barre ». C'est également le cas des protons et des neutrons du noyau atomique, dont la résultante des spins se manifeste par un moment magnétique nucléaire. La valeur de ce dernier est spécifique à chaque noyau ; à l'état fondamental, elle est nulle pour les nucléides ayant à la fois un nombre pair de protons et un nombre pair de neutrons.
93
+
94
+ Cette propriété est mise à profit en imagerie par résonance magnétique (IRM), fondée sur la résonance magnétique nucléaire (RMN) : un matériau soumis d'une part à un rayonnement électromagnétique, et d'autre part à un champ magnétique intense (de l'ordre du tesla) qui oriente les noyaux atomiques dans une direction privilégiée (mais en les séparant en deux populations correspondant aux deux sens de cette direction), absorbe une partie du rayonnement électromagnétique à une fréquence déterminée par le rapport gyromagnétique du noyau ciblé, ce qui permet de déterminer par spectroscopie la concentration spatiale de ce noyau — typiquement dans le domaine des radiofréquences pour les champs magnétiques ne dépassant pas 20 T.
95
+
96
+ La liaison nucléaire est généralement décrite comme une manifestation résiduelle entre nucléons de l'interaction nucléaire forte qui maintient ensemble les quarks constituant les nucléons. L'énergie de liaison nucléaire est définie comme l'énergie nécessaire pour arracher un nucléon quelconque au noyau considéré. Elle est de l'ordre de quelques mégaélectron-volts par nucléon, partant de 0 (par définition) pour le protium 1H pour atteindre 7,57 MeV/A avec l'uranium 238 en passant par un maximum à 8,795 MeV/A pour le nickel 62[12]. Cette propriété fondamentale explique pourquoi ce sont uniquement les atomes légers qui libèrent de l'énergie par fusion nucléaire tandis que ce sont uniquement les atomes lourds qui libèrent de l'énergie par fission nucléaire :
97
+
98
+ La physique des noyaux atomiques est gouvernée par les trois interactions fondamentales du modèle standard de la physique des particules : l'interaction forte, l'interaction faible et l'l'interaction électromagnétique. Chaque noyau atomique est défini par le nombre de protons et de neutrons qu'il contient, ainsi que par son énergie totale, l'ensemble définissant les différents « arrangements » des particules selon lesquels l'énergie totale du système peut être distribuée. Plus il y a d'arrangements possibles et plus le système est stable : l'état présentant le plus grand nombre d'arrangements possibles est appelé état fondamental ; c'est celui vers lequel tendent tous les autres états de ce système.
99
+
100
+ Toute transition d'un état du système vers un autre requiert une énergie d'activation, fournie, dans le cas des noyaux atomiques, par les fluctuations du vide quantique. Lorsque de telles fluctuations suffisent à faire basculer un noyau atomique d'un état donné vers un état d'énergie inférieure, ce noyau est dit instable : on a affaire à un radionucléide. Jusqu'au calcium (Z = 20), les éléments chimiques ont des isotopes stables pour lesquels le nombre N de neutrons est à peu près égal au nombre Z de protons, tandis qu'au-delà de Z = 20 le ratio N/Z tend vers 3/2. Les isotopes instables, appelé radioisotopes, connaissent une désintégration radioactive qui leur permet de se rapprocher d'un état de plus grande stabilité.
101
+
102
+ La radioactivité désigne l'ensemble des phénomènes physiques par lesquels un nucléide instable réorganise sa structure nucléaire afin de gagner en stabilité. Ces phénomènes de désintégration radioactive peuvent être les suivants :
103
+
104
+ Chaque radioisotope est caractérisé par une période radioactive, qui correspond au temps nécessaire pour que la moitié des atomes de cet isotope se soit désintégrée. Un même nucléide peut connaître plusieurs modes de désintégration, la proportion relative de chacun de ces modes étant appelée rapport de branchement.
105
+
106
+ Certaines théories extrapolent les résultats du modèle en couches et les propriétés des nombres magiques en prédisant l'existence d'un îlot de stabilité parmi les nucléides superlourds, pour un nombre magique de 184 neutrons et — selon les théories et les modèles — 114, 120, 122 ou 126 protons. Une approche plus moderne de la stabilité nucléaire montre toutefois, par des calculs fondés sur l'effet tunnel, que, si de tels noyaux superlourds doublement magiques seraient probablement stables du point de vue de la fission spontanée, ils devraient cependant connaître des désintégrations α avec une période radioactive de quelques microsecondes[13],[14],[15] Un îlot de relative stabilité pourrait néanmoins exister autour du darmstadtium 293, correspondant aux nucléides définis par Z compris entre 104 et 116, et N compris entre 176 et 186 : ces éléments pourraient avoir des isotopes présentant des périodes radioactives atteignant quelques minutes.
107
+
108
+ Le plus lourd des nucléides synthétisés jusqu'à présent est l'isotope 294Og[16],[17],[18],[19],[20] et les recherches se poursuivent au GSI afin de produire l'isotope 302120. On ignore précisément jusqu'à combien de nucléons un noyau atomique peut contenir : on estime habituellement la limite d'observabilité expérimentale à environ Z ≈ 130[21] et la limite théorique à Z = 173 : un 174e proton (ou neutron) conférerait à la couche nucléaire 1s1/2 une énergie de −511 keV, égale à la masse au repos d'un électron ou d'un positron ; un tel noyau serait donc instable par rapport à la désintégration β[22],[23].
109
+
110
+ Si les propriétés nucléaires de l'atome (masse, énergie nucléaire, radioactivité, etc.) relèvent de la physique, et particulièrement de la physique nucléaire et de la physique des particules, les propriétés des nuages électroniques des atomes (taille, énergie d'ionisation, conductivité électrique, valence, etc.) relèvent essentiellement de la chimie et de la science des matériaux.
111
+
112
+ Le nuage électronique d'un atome n'a pas de dimensions bien définies car il consiste en une superposition d'orbitales atomiques de nature probabiliste. Il n'existe donc pas de définition unique ni de mesure définitive de la taille des atomes : celle-ci est généralement définie en termes de distance moyenne entre noyaux d'atomes liés entre eux, mais cette distance varie en fonction de la nature chimique des atomes environnants, du nombre et de la géométrie des liaisons dans lesquelles l'atome est engagé, ou encore de la nature de ces liaisons (métallique, covalente, ionique, etc.). Une valeur théorique de l'extension des orbitales atomiques peut néanmoins être calculée pour chaque noyau atomique, ce qui donne une valeur en excès par rapport aux méthodes empiriques fondées sur la géométrie des mailles cristallines, ou aux mesures effectuées sur des molécules :
113
+
114
+
115
+
116
+
117
+
118
+ Au-delà des valeurs numériques, qui ne doivent être vues ici que comme indicatives, ce tableau permet d'illustrer deux tendances :
119
+
120
+ La contraction des lanthanides illustre bien ce dernier phénomène, et est à l'origine du fait que les atomes des métaux de transition des cinquième et sixième périodes ont des tailles à peu près égales : à peine deux picomètres de plus pour le hafnium et le tantale que pour le zirconium et le niobium ; il s'ensuit une augmentation sensible de la masse volumique des métaux correspondants, par exemple 6,5 et 13,3 g/cm3 respectivement pour le zirconium et le hafnium — soit plus qu'un doublement.
121
+
122
+ L'une des propriétés les plus remarquables des atomes est leur propension à former toute une variété de liaisons chimiques avec d'autres atomes, afin de constituer des édifices moléculaires, des cristaux, voire des agrégats atomiques (clusters, « superatomes »). Ces liaisons résultent du recouvrement d'orbitales atomiques appartenant à deux atomes pour former une orbitale moléculaire occupée par deux électrons provenant chacun d'un des deux atomes engagés dans la liaison (on parle dans ce cas de liaison covalente), mais peuvent aussi provenir de l'attraction électrostatique entre atomes de charge électrique opposée (un cation positif et un anion négatif : on parle alors de liaison ionique).
123
+
124
+ La réactivité chimique des atomes dépend du nombre d'électrons qu'ils possèdent dans leurs sous-couches électroniques périphériques (sous-couches s et p) — les électrons de valence. En vertu de la règle de l'octet, chaque atome tend en effet à atteindre un état où ses sous-couches s et p périphériques sont saturées d'électrons : deux électrons dans la sous-couche s et six électrons dans la sous-couche p. Par exemple, l'hydrogène n'a qu'un unique électron dans sa sous-couche 1s, de sorte qu'il s'associe avec un autre atome pour acquérir le second électron qu'il manque à cette sous-couche pour être saturée : on dit que l'hydrogène est monovalent. L'oxygène, lui, a quatre électrons dans sa sous-couche 2p, et s'associe donc avec deux autres atomes pour acquérir les deux électrons qui manquent à cette sous-couche pour être saturée : l'oxygène est donc divalent. Le carbone, ayant deux électrons dans sa sous-couche 2p, est tétravalent. Les gaz rares les plus légers tels que l'hélium et le néon, avec respectivement deux électrons dans la sous-couche 1s et six électrons dans la sous-couche 2p, sont à peu près inertes chimiquement car leur configuration électronique est déjà saturée d'électrons de valence — mais il existe une chimie des gaz rares concernant les gaz rares plus lourds, qui présentent une réactivité chimique non nulle en raison de l'écrantage du noyau par les électrons de cœur qui rend les électrons périphériques plus mobilisables.
125
+
126
+ La liaison covalente est une liaison forte : celle qui unit les deux atomes d'iode de la molécule I2 n'est que de 151 kJ/mol, mais atteint 436 kJ/mol pour la molécule H2, 498 kJ/mol pour O2, et 945 kJ/mol pour N2.
127
+
128
+ Un autre type de liaison chimique s'observe dans les métaux : la liaison métallique. Les atomes métalliques ont en effet la propriété, lorsqu'ils s'assemblent, de faire apparaître, par recouvrement de leurs orbitales atomiques périphériques, une « bande de conduction » qui peut être occupée par des électrons délocalisés (on parle « d'aromaticité métallique ») issus des orbitales les moins liées de ces atomes ; la conductivité électrique des métaux résulte du fait qu'il existe un nombre bien plus élevé de configurations électroniques possibles (on parle de densité d'états électroniques) qu'il y a d'électrons dans cette bande de conduction, de sorte que ces derniers y constituent un « gaz d'électrons ».
129
+
130
+ Des atomes appartenant à des molécules distinctes peuvent également interagir avec leur nuage électronique autrement que par liaison covalente ou ionique. Ainsi, un atome d'halogène déficitaire en électrons et facilement polarisable peut former une liaison halogène avec les atomes ou groupements fonctionnels riches en électrons, tels que des dérivés oxygénés ou azotés. De même, une molécule ayant un atome d'hydrogène acide peut former une liaison faible (de 5 à 20 kJ/mol) avec un atome électronégatif ayant des doublets non liants. Enfin, l'interaction des moments dipôlaires de deux atomes est à l'origine de la force de van der Waals, dont la force est du même ordre de grandeur que celle de la liaison hydrogène.
131
+
132
+ Compte tenu de leur configuration électronique, certains atomes auront davantage tendance que d'autres à attirer des électrons en formant des liaisons chimiques covalentes. Cette propriété est appelée l'électronégativité d'un atome. Elle dépend en premier lieu de leur nombre de masse et, corrélativement, de l'intensité de la liaison entre le noyau atomique et des électrons de valence. Elle est généralement évaluée à l'aide de l'échelle de Pauling, du nom de Linus Pauling qui la mit au point en 1932[25]. D'autres méthodes d'évaluation donnent des résultats légèrement différents, mais toutes révèlent les mêmes tendances à travers le tableau périodique.
133
+
134
+
135
+
136
+ La lecture de ce tableau permet de dégager deux tendances principales :
137
+
138
+ Le cas des gaz rares eux-mêmes est particulier car les plus légers d'entre eux sont chimiquement inertes, une véritable chimie des gaz rares n'existant que pour le krypton et, surtout, le xénon — le radon est trop radioactif pour présenter une chimie significative.
139
+
140
+ L'électronégativité n'est pas une notion atomique absolue, mais plutôt une propriété chimique relative aux atomes engagés dans une liaison avec d'autres atomes. La propriété atomique stricto sensu correspondant à l'électronégativité est appelée affinité électronique et correspond à l'énergie libérée par l'adjonction d'un électron à un atome neutre pour former un anion. Il s'agit donc d'une grandeur physique mesurable, contrairement à l'électronégativité.
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+ Les valeurs représentées par un astérisque dans le tableau ci-dessus sont voisines de zéro d'après l'interprétation quantique de la configuration électronique des atomes correspondants. On note que l'affinité électronique ne présente pas la périodicité régulière de l'électronégativité, mais qu'elle est tout de même la plus élevée pour les halogènes et sensiblement plus faible pour les métaux alcalins et, surtout, alcalino-terreux.
147
+
148
+ Comme les nucléons, les électrons possèdent un spin, analogue à un moment angulaire, intrinsèque à chaque électron, auquel se superpose un moment angulaire orbital, représenté par le nombre quantique secondaire, généré par la distribution probabiliste de l'électron dans son orbitale atomique, qui s'assimile à un « mouvement ». Ces deux moments angulaires se combinent pour constituer un champ magnétique autour de l'atome. Lorsque deux électrons occupent une case quantique de l'atome, ils ont chacun un spin opposé en vertu du principe d'exclusion de Pauli, ce qui annule le moment angulaire résultant ; mais les atomes et les ions qui ont un nombre impair d'électrons ont par conséquent un moment magnétique résultant non nul provenant du spin de leurs électrons.
149
+
150
+ Les matériaux ferromagnétiques ont la particularité d'orienter dans la même direction les moments magnétiques de leurs atomes par interaction d'échange, ce qui crée un champ magnétique macroscopique : c'est le cas, par exemple, de la magnétite Fe3O4. Certains matériaux orientent au contraire les moments magnétiques de leur atomes dans des directions alternativement opposées, ce qu'on appelle « antiferromagnétisme ».
151
+
152
+ Les matériaux paramagnétiques révèlent leur magnétisme intrinsèque uniquement sous l'effet d'un champ magnétique extérieur, qui aligne le moment magnétique de leurs atomes tant qu'il est présent (susceptibilité magnétique positive) ; dès que ce champ magnétique extérieur cesse d'être appliqué, la magnétisation d'un matériau paramagnétique disparaît. Les atomes ayant des électrons non appariés dans leurs sous-couches d et f ont des propriétés magnétiques intenses car ces électrons sont fortement localisés ; en particulier, les lanthanides font des aimants particulièrement puissants en raison de leur moment magnétique induit par jusqu'à sept électrons non appariés — notamment le néodyme et le samarium. Il existe une méthode d'analyse spectroscopique sous champ magnétique analogue à la résonance magnétique nucléaire (RMN) qui fait intervenir le spin des électrons au lieu de celui des noyaux : la résonance paramagnétique électronique (également appelée de façon plus propre « résonance de spin électronique »).
153
+
154
+ Le diamagnétisme, quant à lui, est un phénomène assez général dû au moment angulaire orbital des électrons et non au spin de ces derniers, qui consiste en l'apparition d'un champ magnétique de direction opposée à tout champ magnétique extérieur ; c'est un phénomène généralement de faible intensité, hormis quelques cas particuliers tels que, par exemple, l'or, le mercure, le bismuth et surtout les matériaux supraconducteurs (effet Meissner).
155
+
156
+ Un électron d'un atome peut être excité par absorption d'un photon incident, ce qui le fait occuper une orbitale atomique d'énergie supérieure à celle de son état fondamental. De nombreuses molécules aromatiques ou présentant des liaisons π conjuguées sont susceptibles d'être ainsi excitées simplement par éclairage ; leur relaxation vers l'état fondamental se traduit alors par l'émission d'un ou plusieurs photons, selon deux mécanismes distincts :
157
+
158
+ L'interaction d'atomes avec un rayonnement électromagnétique peut également se traduire par l'apparition de raies d'absorption ou d'émission à certaines longueurs d'onde particulières sur un spectre par ailleurs continu. Ces longueurs d'onde correspondent à l'énergie de transition entre couches électroniques et sous-couches électroniques : lorsqu'un atome est atteint par un photon ayant une énergie égale à l'une de ces transitions entre niveaux d'énergie électroniques, un électron peut absorber ce photon et passer à un niveau d'énergie supérieur, laissant une longueur d'onde déficitaire en photons, ce qui se matérialise dans le spectre par une raie d'absorption.
159
+
160
+ Chaque atome, chaque ion, et même chaque molécule ou radical libre, possède ainsi une signature spectrale caractéristique, très employée par exemple en astrophysique pour détecter leur présence et déterminer leur concentration dans le milieu interstellaire, voire l'espace intergalactique : la disposition des raies spectrales, leur éventuel décalage (décalage vers le rouge), leur largeur, leur netteté et leur éventuelle séparation en plusieurs composantes (ce qu'on appelle leur structure fine) sont ainsi des paramètres riches d'informations sur le milieu traversé par le rayonnement analysé entre sa source et sa détection par les instruments de spectroscopie.
161
+
162
+ La matière baryonique peut exister à l'état solide, liquide ou gazeux selon sa température et sa pression : les transitions entre ces états surviennent à des niveaux de température et de pression directement en rapport avec les propriétés des atomes et de leurs arrangements moléculaires qui constituent chaque matériau. Les états solide et liquide sont qualifiés d’états condensés, tandis que les états liquide et gazeux sont qualifiés d’états fluides. Les cristaux liquides (une mésophase) sont un état intermédiaire entre solide et liquide.
163
+
164
+ Il existe par ailleurs des états de la matière moins courants sur Terre et qui dérivent des précédents :
165
+
166
+ Les atomes constituent environ 4 % de l'énergie totale observable de l'univers, avec une concentration moyenne d'un atome pour quatre mètres cubes[28]. Dans le milieu interstellaire d'une galaxie telle que la Voie lactée, la concentration d'atomes varie selon les régions entre cent mille et un milliard d'atomes par mètre cube, bien que l'environnement immédiat du Soleil soit bien plus ténu : à peine cinquante mille atomes par mètre cube, ce qui définit précisément la bulle locale comme une cavité dans le milieu interstellaire formée par l'explosion de supernovas voisines il y a deux à quatre millions d'années[29]. Les étoiles se forment à partir de nuages denses, et les réactions de fusion nucléaire qui se déroulent en leur sein conduisent à la formation d'éléments chimiques plus lourds que l'hydrogène, l'hélium et le lithium produits à la suite du Big Bang.
167
+
168
+ Plus de 95 % des atomes de la Voie lactée se trouvent dans les étoiles, et les atomes « visibles » de notre galaxie représentent environ 10 % de sa masse : le reste de cette masse serait constitué d'une mystérieuse matière noire.
169
+
170
+ Dans les premières minutes de l'existence de l'univers, les quatre éléments les plus légers se sont formés au cours de la nucléosynthèse primordiale : environ 75 % d'hydrogène 1H, 25 % d'hélium 4He, 0,01 % de deutérium 2H, et des traces (de l'ordre de 10-10) de lithium 7Li. Cette nucléosynthèse aurait été trop brève pour permettre la synthèse d'éléments plus lourds que le lithium et pour permettre la fusion du deutérium. Les atomes proprement dits, avec leur nuage électronique, se seraient formés lors de la recombinaison, environ 377 000 ans après le Big Bang, et les premiers quasars et étoiles se seraient formés après 150 millions d'années.
171
+
172
+ La nucléosynthèse stellaire aurait alors pris le relais pour former tous les éléments chimiques jusqu'au fer par fusion successive de noyaux d'hélium :
173
+
174
+ À ce stade, la fusion cesse d'être exothermique et des réactions nécessitant un milieu très énergétique interviennent pour former les éléments plus lourds : capture neutronique (processus r, processus s), protonique (processus rp), et photodésintégration (processus p), qui interviennent tout à la fin de vie des étoiles, même peu massives, et surtout lors de l'explosion de supernovas.
175
+
176
+ Selon toute vraisemblance, la grande majorité des atomes qui constituent la Terre étaient déjà présents dans la nébuleuse solaire, dont l'effondrement gravitationnel aurait engendré le système solaire. Les atomes apparus depuis proviennent le plus souvent de la désintégration radioactive d'éléments primordiaux instables, et les rapports isotopiques des éléments correspondants offrent le moyen d'évaluer l'âge de la Terre par datation radiométrique[30]. Par ailleurs, l'abondance naturelle de l'hélium 3 sur Terre par rapport à l'hélium 4 des gisements de gaz naturel permet de déduire que 99 % de l'hélium 4 terrestre provient de la radioactivité α[31]. D'autres atomes, qualifiés de « cosmogéniques, » proviennent de l'interaction des rayons cosmiques avec l'atmosphère terrestre : c'est le cas bien connu du carbone 14, mais aussi, par exemple, du béryllium 10. Enfin, de très nombreux atomes synthétiques sont produits en laboratoire à des fins essentiellement scientifiques, parfois militaires, rarement industrielles (en raison du coût prohibitif des matériaux ainsi produits), tels que le silicium 42 (pour valider certaines hypothèses sur le modèle en couches décrivant la structure nucléaire), le plutonium 239 (matériau de choix pour les armes nucléaires), le technétium 99m (très utilisé en médecine nucléaire) ou encore l'américium 241 (employé industriellement dans les détecteurs de fumée).
177
+
178
+ Sous certaines conditions, il est possible d'exciter des atomes, par exemple avec un laser à colorant, pour placer certains de leurs électrons dans des orbitales atomiques correspondant à un nombre quantique principal n égal à plusieurs dizaines d'unités, voire supérieur à 100[32]. De tels atomes sont appelés atomes de Rydberg. Ils ont des propriétés remarquables, telles qu'une très grande susceptibilité électrique et magnétique[33], une relative stabilité, et des fonctions d'onde électroniques approchant, dans une certaine mesure, l'orbite décrite par un électron en mécanique classique autour du noyau. Les électrons de cœur écrantent le champ électrostatique du noyau du point de vue de l'électron périphérique, pour lequel le potentiel du noyau est identique à celui d'un atome d'hydrogène[34]. Le comportement de cet électron particulier est particulièrement bien décrit par le modèle de Bohr, pourtant très insuffisant pour modéliser les atomes « conventionnels ».
179
+
180
+ Les atomes de Rydberg ont une taille très supérieure à celle des atomes à l'état fondamental : l'état d'excitation jusqu'à n = 137 d'un atome d'hydrogène correspond à un rayon atomique d'environ 1 μm, soit cinq ordres de grandeur au-dessus du rayon d'un atome d'hydrogène à l'état fondamental (n = 1). Ils ne peuvent exister dans le milieu naturel terrestre car leur énergie d'ionisation y est bien inférieure à l'énergie thermique, mais représentent une partie importante de la matière du milieu interstellaire, où ils peuvent persister longtemps sans interaction avec d'autres atomes ni avec des champs électriques ou magnétiques susceptible de provoquer leur retour à l'état fondamental. La raie spectrale à 2,4 GHz révélatrice de la transition de nombre quantique principal entre n = 109 et n = 108 de l'atome d'hydrogène est ainsi très fréquemment observée par les astronomes[35].
181
+
182
+ Compte tenu de leur susceptibilité électrique et magnétique très élevée, les propriétés électriques et magnétiques des milieux contenant une proportion significative d'atomes de Rydberg sont sensiblement altérées par leur présence.
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+
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+ Différentes formes d'atomes exotiques ont été conjecturées, et parfois observées. C'est le cas, par exemple, des atomes muoniques, dans lesquels un électron est remplacé par un muon : ce dernier étant plus massif qu'un électron, il présente des orbitales plus proches du noyau, ce qui donne des « atomes » plus petits. De la même façon, un électron peut être remplacé par un hadron, tel qu'un méson, une particule Σ-, voire un antiproton. Le seul atome exotique ayant une durée de vie significative — qui n'excède cependant pas 2,2 μs — est le muonium, résultant de l'interaction d'un électron avec un muon μ+ servant de « noyau ». Ces formes d'atomes sont utiles pour vérifier certains aspects du modèle standard de la physique des particules, notamment les interactions élémentaires.
185
+
186
+ L'interaction d'un positron avec un antiproton donne un atome d'antihydrogène, qui est un atome d'antimatière. Il existe a priori un « antiatome » pour chaque atome ; la production d'antimatière demeure néanmoins une expérience particulièrement coûteuse en énergie, et seul l'antihydrogène 1H a été synthétisé à ce jour.
187
+
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+ Il existe également tout une variété d'atomes « conventionnels » mais néanmoins absents du milieu naturel et donc produits artificiellement. Ces éléments synthétiques sont, à deux exceptions près[36], des transuraniens, qui sont de plus en plus instables à mesure que leur numéro atomique augmente.
189
+
190
+ La notion d'atome est particulièrement bien admise par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome est donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et rendre compte des résultats expérimentaux obtenus au fil du temps.
191
+
192
+ Il est possible que divers peuples aient développé la notion de « grain composant la matière », tant ce concept peut sembler évident lorsque l'on morcelle une motte de terre, ou en regardant une dune. Dans la culture européenne, ce concept apparaît pour la première fois dans la Grèce antique au Ve siècle av. J.-C., chez les philosophes présocratiques, notamment Leucippe (environ 460-370 av. J.-C.), Démocrite et plus tard Épicure. La théorie atomiste sera ensuite magnifiquement exposée par le Romain Lucrèce dans son œuvre De rerum natura[37], qu’il résume en affirmant que « les corps premiers sont [...] d’une simplicité impénétrable, et forment un ensemble homogène et étroitement cohérent de particules irréductibles [...] dont la nature ne permet pas qu’on puisse encore rien retrancher ni soustraire. [38]» Un des arguments majeurs développé par les atomistes est la permanence de l'univers qui suggère l'existence d'objets ultimement insécables rendant nécessaire une certaine quantité d'énergie pour disséquer la matière. Dans le cas contraire, toute énergie non nulle suffirait à dégrader la matière et userait l'univers qui prendrait peu à peu la forme de poussières impalpables. L'univers étant pensé ancien par les Grecs, cette idée d'une continuité de la matière était donc incompatible avec la stabilité du monde observée[39].
193
+
194
+ Il s'agit d'une conception du monde qui fait partie de la recherche des principes de la réalité, recherche qui caractérise les premiers philosophes : on suppose que la matière ne peut se diviser indéfiniment, qu'il y a donc une conservation des éléments du monde, qui se transforment ou se combinent selon des processus variés. La décomposition du monde en quatre éléments (eau, air, terre, feu) peut donc compléter cette thèse. L'atomisme est une solution concurrente, qui naît de l'opposition de l'être et du néant : l'atome est une parcelle d'être qui se conserve éternellement, sans quoi les choses finiraient par disparaître. Les atomes sont indivisibles ; ils composent la matière comme les lettres composent les mots. Ce fut sans doute un tournant philosophique majeur, à l'origine du matérialisme et de la séparation de la science et de la religion. Cependant, même si l'empirisme épicurien tente d'établir cette hypothèse sur des bases scientifiques, l'atome demeure une intuition sans confirmation.
195
+
196
+ Depuis des millénaires, on a remarqué que les produits se transforment : le feu, la métallurgie, la corrosion, la vie, la cuisson des aliments, la décomposition de la matière organique, etc. Par exemple, pour Empédocle, les transformations de la matière s'expliquaient de la manière suivante : il y avait quatre types d'éléments (eau, air, terre, feu) qui s'associaient et se dissociaient, en fonction de l'amour ou de la haine qu'ils se portaient — les fameux « atomes crochus ». Au Moyen Âge, les alchimistes ont étudié ces transformations et remarqué qu'elles suivent des règles bien précises. Vers 1760, des chimistes britanniques commencent à s'intéresser aux gaz produits par les réactions, afin d'en mesurer le volume et de les peser. Ainsi, Joseph Black, Henry Cavendish et Joseph Priestley découvrent différents « airs » (c'est-à-dire gaz) : l'« air fixe » (le dioxyde de carbone), l'« air inflammable » (le dihydrogène), l'« air phlogistiqué » (le diazote), l'« air déphlogistiqué » (le dioxygène)… (Le terme « phlogistique » provient de la théorie du chimiste allemand Georg Ernst Stahl, au début du XVIIIe siècle, pour expliquer la combustion ; cette théorie fut balayée par Lavoisier.)
197
+
198
+ Antoine Laurent de Lavoisier (chimiste français) énonce en 1775 que[40] : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (formulé d'une manière légèrement différente à l'époque) signifiant par là que :
199
+
200
+ Cette notion marque la véritable naissance de la chimie. Les chimistes ont donc commencé à recenser les éléments dont sont composées toutes les substances et à créer une nomenclature systématique — oxygène : qui produit des acides (οξυs signifie « acide » en grec) — hydrogène : qui produit de l'eau… Par exemple, en 1774, Lavoisier, en suivant les travaux des chimistes britanniques, établit que l'air se compose d'« air vital » (dioxygène) et d'« air vicié et méphitique, mofette » (diazote) ; en 1785, il décompose l'eau (en faisant passer de la vapeur d'eau sur du fer chauffé au rouge) et montre donc que ce n'est pas un élément, mais que l'eau est décomposable en éléments (c'est en fait une pyrolyse). Le terme d'« analyse » provient d'ailleurs de cette notion de décomposition, lusis (λυσιs) signifie « dissolution » en grec : on décompose les produits (par attaque acide, en les brûlant, en les distillant, etc.) jusqu'à obtenir des substances simples reconnaissables facilement (l'hydrogène, l'oxygène, le carbone, le fer, etc.).
201
+
202
+ On a donc la première constatation expérimentale de la décomposition de la matière en substances élémentaires.
203
+
204
+ Un autre pas, fait en parallèle, vient de l'étude des propriétés des gaz et de la chaleur (thermodynamique).
205
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206
+ Les fluides (liquides et gaz) sont étudiés en Europe depuis l'Antiquité, mais c'est au milieu du XVIIe siècle que l'on commence vraiment à cerner leurs propriétés, avec l'invention du thermomètre (thermoscope de Santorre Santario, 1612), du baromètre et du vide pompé (Evangelista Torricelli, 1643), l'étude de l'expansion des gaz (Gilles Personne de Roberval, 1647), la pression atmosphérique (Blaise Pascal et Florin Perrier, 1648), les relations entre pression et volume (Robert Boyle en 1660, Edmé Mariotte en 1685), la notion de zéro absolu (Guillaume Amontons, 1702), etc.
207
+
208
+ René Descartes (mathématicien, physicien et philosophe français) émet l'idée, en 1644, que les gaz sont composés de particules tourbillonnantes. Mais il ne s'agit là encore que d'une conception imagée, sans appui expérimental ; dans le même ordre d'idées, Descartes pensait que c'était aussi un tourbillon de « matière subtile » qui entraînait la rotation des planètes (ceci fut mis en défaut par Isaac Newton avec l'attraction universelle en 1687).
209
+
210
+ Cependant, cette notion de corpuscules inspira d'autres scientifiques. Les mathématiciens suisses Jakob Hermann (1716) et Leonhard Euler (1729), mais surtout le physicien suisse Daniel Bernoulli (1733), effectuent des calculs en supposant que les gaz sont formés de particules s'entrechoquant, et leurs résultats sont en accord avec l'expérience. C'est la conception « cinétique » des gaz, c'est-à-dire l'explication de la température et de la pression par des particules en mouvement.
211
+
212
+ Une autre science se développe à la fin du XVIIIe siècle : la cristallographie. Ce qui intrigue les scientifiques, c'est l'observation des formes géométriques des cristaux naturels, et leur capacité à se cliver selon des plans lisses respectant ces symétries. Reprenant l'idée de classification des êtres vivants de Carl von Linné, on commence à rechercher et classer les minéraux (Jean-Baptiste Romé de L'Isle, minéralogiste français, 1772). L'abbé René-Just Haüy (cristallographe français), en 1781, suppose que la forme des cristaux reflète la symétrie d'une « brique élémentaire », le cristal étant un assemblage de ces briques. On retrouve ici cette notion de composant élémentaire de la matière.
213
+
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+ À ce stade, ressortaient trois notions :
215
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216
+ Ces notions ont en commun le fait que la matière homogène est composée de corpuscules tous semblables entre eux, mais trop petits pour être visibles. Les découvertes du XIXe siècle vont permettre de faire converger ces trois notions, et d'établir les notions de molécule et d'atome.
217
+
218
+ John Dalton (chimiste et physicien britannique), en 1804, mesure les masses des réactifs et des produits de réaction, et en déduit que les substances sont composées d'atomes sphériques, identiques pour un élément, mais différents d'un élément à l'autre, notamment par la masse de ces atomes. Il découvre également la notion de pression partielle (dans un mélange de gaz, la contribution d'un gaz donné à la pression totale). Il fut le premier à émettre les idées de la théorie atomique.
219
+
220
+ En 1807, Louis Joseph Gay-Lussac (physicien et chimiste français), établit la loi reliant la température et la pression d'un gaz. En 1808, il établit que les gaz réagissent en proportions déterminées ; les rapports des volumes des réactifs et des produits de réaction sont des nombres entiers petits. Le fait que ce soit des nombres entiers, a induit fortement à penser que la matière n'est pas « continue » (pensée dominante à cette époque), mais faite d'éléments discontinus.
221
+
222
+ Amedeo Avogadro (physicien italien), en 1811, énonce, sans preuve, que pour une température et une pression fixées, un volume donné de gaz contient toujours le même nombre de molécules, et ce quel que soit le gaz. Il fait également l'hypothèse que les gaz sont polyatomiques, et définit nettement molécules et atomes. André-Marie Ampère (1814), Jean-Baptiste Dumas (1827) et William Prout (1834) arrivent à la même conclusion.
223
+
224
+ En 1813, Jöns Jacob Berzelius inventa et fit admettre universellement des formules chimiques analogues aux formules algébriques pour exprimer la composition des corps ; le système actuel de notation fut adopté grâce à lui qui le proposa.
225
+
226
+ En 1821, John Herapath (en) (mathématicien britannique) publie une théorie cinétique des gaz pour expliquer la propagation des sons, les changements de phase (vaporisation, liquéfaction) et la diffusion des gaz.
227
+ Robert Brown (botaniste britannique), en 1827, observe le mouvement de particules à l'intérieur de grains de pollen ; ceux-ci vont en ligne droite, et ne changent de direction que lors d'un choc avec un autre grain ou bien contre une paroi. C'est de ce comportement, le « mouvement brownien », que s'inspireront les physiciens pour décrire le mouvement des molécules de gaz.
228
+
229
+ Gabriel Delafosse, en 1840, suppose que l'on peut dissocier la composante élémentaire du cristal et son organisation ; ainsi, la brique élémentaire de Haüy pourrait être un réseau aux nœuds duquel se trouveraient des « molécules » ; ce serait la forme du réseau qui donnerait la forme au cristal et non pas nécessairement la forme des molécules.
230
+
231
+ Louis Pasteur (chimiste et biologiste français), en 1847, établit le lien entre la forme des molécules et la forme des cristaux (en fait, la molécule donne sa forme au réseau, et le réseau sa forme au cristal). Auguste Bravais (physicien français), en 1849, détermine les 32 réseaux cristallins possibles.
232
+
233
+ En 1858, Stanislao Cannizzaro insiste sur la distinction, précédemment émise par Avogadro sous forme d'hypothèse, entre le poids moléculaire et atomique et montre comment le poids atomique des éléments contenus dans des composés volatils peut être déduit de la connaissance de leur chaleur spécifique et comment le poids atomique des composés dont la densité de vapeur est inconnue peut aussi être déduite de la chaleur spécifique. La même année, Rudolf Clausius (physicien allemand) définit le libre parcours moyen d'une molécule dans un gaz (distance moyenne parcourue entre deux chocs). Partant de là, en 1859, James Clerk Maxwell (physicien écossais) introduit la notion de dispersion statistique des vitesses des molécules dans la cinétique des gaz. Ceci permit à Ludwig Boltzmann (physicien autrichien), en 1858, d'estimer la taille des molécules et de définir la répartition statistique des vitesses dans un gaz.
234
+
235
+ En 1863, John Alexander Reina Newlands publie le premier tableau périodique des éléments, ordonnés en fonction de leur masses atomiques relatives, et émit l'hypothèse, en 1865, de la « loi des octaves » selon laquelle les propriétés chimiques d'un élément de la table se retrouvent tous les huit éléments. Personne n'y croit à l'époque.
236
+
237
+ Dimitri Ivanovitch Mendeleïev (chimiste russe), en 1869, classe les atomes par masse croissante, et remarque qu'il y a bien une périodicité dans leurs propriétés chimiques. Il établit donc un tableau classant les éléments ; les trous dans ce tableau permirent de découvrir de nouveaux éléments.
238
+
239
+ La notion d'atome et de molécule a donc permis le succès de la thermodynamique statistique, de la chimie et de la cristallographie. À cette notion, vont correspondre des modèles qui seront affinés au cours du développement de la physique et particulièrement précisés par les découvertes de la physique quantique durant le XXe siècle, et notamment :
240
+
241
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
242
+
243
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
244
+
245
+ Dans l'histoire des sciences, plusieurs modèles de l'atome ont été développés, au fur et à mesure des découvertes des propriétés de la matière. Aujourd'hui encore, on utilise plusieurs modèles différents ; en effet, le modèle le plus récent est assez complexe, l'utilisation de modèles « anciens » ou partiellement faux, mais plus simples, facilite la compréhension, donc l'apprentissage et la réflexion.
246
+
247
+ Depuis l'antiquité grecque, on supposait que la matière pouvait se fractionner en petits morceaux jusqu'à obtenir des grains indivisibles, qu'elle était comme « de la poussière dans la lumière ». C'est avec l'expérience de Rutherford que l'on atteint enfin ce grain : les particules α, en traversant la matière, voient leur trajectoire perturbée, ce qui va permettre enfin de savoir comment est organisée cette « poussière »…
248
+
249
+ Les modèles présentés dans cette section sont trop éloignés de la réalité pour pouvoir être utilisés. Ils ne sont présentés ici qu'à titre historique.
250
+
251
+ Avec la découverte de l’électron en 1897, on savait que la matière était composée de deux parties : une négative, les électrons, et une positive, le noyau. Dans le modèle imaginé alors par Joseph John Thomson, les électrons, particules localisées, baignaient dans une « soupe » positive, à l’image des pruneaux dans le far breton (ou dans le plum-pudding pour les Britanniques ou encore comme des raisins dans un gâteau). Ce modèle fut invalidé en 1911 par l'expérience d’un de ses anciens étudiants, Ernest Rutherford.
252
+
253
+ L'expérience de Rutherford met en évidence que les charges positives ne sont pas « étalées » entre les électrons, mais sont concentrées en de petits points. Il bombarda une fine feuille d'or par un faisceau de particules alpha (particules de charges électriques positives). Il observa que les particules étaient déviées faiblement, ce qui ne correspondait pas au résultat prévu par le modèle de Thomson, pour lequel, elles n'auraient pas dû la traverser.
254
+
255
+ Rutherford imagine donc un modèle planétaire : l'atome est constitué d'un noyau positif autour duquel tournent des électrons négatifs. Entre le noyau — très petit par rapport à l'atome (environ 100 000 fois) — et ses électrons, un très grand vide existe.
256
+
257
+ Ce modèle fut très vite mis en défaut par les équations de Maxwell d'une part, qui prédisent que toute charge accélérée rayonne de l'énergie, et par les expériences montrant la quantification des niveaux d'énergie d'autre part.
258
+
259
+ Le modèle le plus simple pour représenter un atome est une boule indéformable. Ce modèle est très utilisé en cristallographie. Une molécule peut se voir comme plusieurs boules accolées, un cristal comme des boules empilées. On utilise parfois une représentation « éclatée » : les atomes sont représentés comme des petites boules espacées, reliées par des traits, permettant de faire ressortir les directions privilégiées, les angles et de visualiser le nombre des liaisons.
260
+
261
+ Ce modèle correspond bien à certaines propriétés de la matière, comme la difficulté de comprimer les liquides et les solides, ou bien le fait que les cristaux ont des faces bien lisses. En revanche, il ne permet pas d'expliquer d'autres propriétés, comme la forme des molécules : si les atomes n'ont pas de direction privilégiée, comment expliquer que les liaisons chimiques révèlent des angles bien définis ?
262
+
263
+ Un modèle fut développé par Niels Bohr en 1913 à partir des propriétés mises en évidence par Planck et Rutherford. Dans le modèle des sphères dures, l’atome est un objet entier, indécomposable. Or, on sait depuis le milieu du XIXe siècle que l’on peut en « arracher » des particules portant une charge électrique négative, les électrons. Dans le modèle de Bohr, l’atome est composé d’un noyau chargé positivement, et d’électrons tournant autour, les rayons des orbites des électrons ne pouvant prendre que des valeurs bien précises.
264
+
265
+ Le noyau est très compact, d’un diamètre d’environ 10-15 à 10-14 m, c’est-à-dire que le noyau est cent mille à un million de fois plus petit que l’atome ; il porte une charge électrique positive. C’est aussi la partie la plus lourde de l’atome, puisque le noyau représente au moins 99,95 % de la masse de l’atome. Les électrons sont ponctuels, c’est-à-dire que leur rayon est admis quasi nul (tout du moins plus petit que ce que l’on peut estimer). Ils portent une charge négative. Pour des raisons de lisibilité, le schéma ci-dessous n’est donc pas à l’échelle, en ce qui concerne les dimensions du noyau et des électrons, ni aussi pour les rayons des différentes orbites (on notera ici que le nombre d’électrons sur les orbites n’est pas prédit par le modèle).
266
+
267
+ Cette vision permet de décrire les phénomènes spectroscopiques fondamentaux, c’est-à-dire le fait que les atomes absorbent ou émettent seulement certaines longueurs d’onde (ou couleur) de lumière ou de rayons X. En effet, le système {noyau+électrons} étant stable et confiné, d’énergie négative, il ne possède qu’un ensemble discret d’états (et donc de niveaux) d’énergie : c’est le passage d’un état à l’autre de l’atome qui provoque une émission discrète d’énergie, ce qui explique donc les raies spectroscopiques des atomes. Le modèle de Bohr, décomposant l’atome en deux parties, un noyau et un nuage d'électrons, est plus précis que le modèle des sphères dures, pour lequel la surface de la sphère correspond à l’orbite des électrons extérieurs.
268
+
269
+ Cependant, très vite, le modèle de l’atome de Bohr ne permettra pas d’expliquer l’ensemble des observations (effet Zeeman, etc.). Il faut attendre 1924-1926 pour qu’avec Schrödinger, les orbites deviennent orbitales avec des énergies stationnaires : la mécanique quantique est née.
270
+
271
+ La naissance de la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie en 1924, généralisée par Erwin Schrödinger en 1926 amène à proposer un nouveau modèle, dont les aspects relativistes furent décrits par Paul Dirac en 1928 ; il permet d'expliquer la stabilité de l'atome et la description des termes spectroscopiques.
272
+
273
+ Dans ce modèle, les électrons ne sont plus des billes localisées en orbite, mais des nuages de probabilité de présence. Ce point de vue, révolutionnaire, peut choquer en première approche. Cependant la représentation que l'on pouvait se faire d'un électron — une petite bille ? — était dictée par les formes observées dans le monde macroscopique, transposées sans preuves dans le monde microscopique. Il faut bien se douter du fait que ce que l'on connaît de l'électron ne repose que sur des manifestations indirectes : courant électrique, tube cathodique (télévision)…
274
+
275
+ Depuis les années 1930, on modélise ainsi l'électron par une « fonction d'onde », généralement notée Ψ, dont le carré de la norme représente la densité de probabilité de présence. Pour représenter fidèlement les propriétés de l'électron, on ne dispose que de fonctions mathématiques compliquées ; cette abstraction rebute encore bien des physiciens. Nous essayons ci-dessous de donner une image de la notion de fonction d'onde, image nécessairement imparfaite.
276
+
277
+ De manière un peu plus exacte : un électron, hors d'un atome, est représenté par un paquet d'ondes, qui peut être considéré, dans certaines limites, comme une petite bille. La mécanique quantique démontre qu'un tel paquet d'ondes s'étale au cours du temps ; au contraire, un électron d'un atome conserve la structure de la fonction d'onde associée à l'orbite qu'il occupe (tant qu'il n'est pas éjecté de l'atome). La mécanique quantique postule donc, non la conservation de la forme (non connue) de l'électron, mais la conservation de l'intégrale de la probabilité de présence.
278
+
279
+ Dans le modèle de Schrödinger, les nuages correspondant aux différents électrons s'interpénètrent ; il n'est pas question de se donner une représentation individuelle des électrons chacun sur son orbite, comme cela était dans le cas du modèle de Bohr. Cela est d'autant plus vrai que les électrons sont des particules identiques indiscernables. Les effets d'échange amènent à considérer que chaque électron de l'atome est à la fois sur chaque orbitale occupée (correspondant à une configuration électronique donnée). L'ionisation de l'atome (l'arrachement d'un électron de l'atome) peut alors être représentée par le schéma simplifié ci-dessous.
280
+
281
+ Pour éviter des complications inutiles, on considérera l'atome le plus simple afin de montrer quelques schémas dévoilant les points fondamentaux du modèle :
282
+
283
+ Soit ρ(r, θ, φ) la densité de probabilité de présence au point de coordonnées sphériques (r, θ, φ). Pour l'état fondamental, la densité de probabilité, ρ, est maximale au centre de l'atome. Considérons maintenant la densité radiale de probabilité de présence (à la distance r du noyau, toutes les directions confondues) :
284
+
285
+ cette densité radiale est maximale pour r = r1 de la première orbite du modèle de Bohr (dans l'expression ci-dessus, on a tenu compte de la symétrie sphérique de ρ, identique pour toutes les directions). On a en fait :
286
+
287
+ En fonction de l'état quantique de l'électron (fondamental, excité…) ces nuages peuvent prendre différentes formes, qui sont décrites en particulier par les harmoniques sphériques. La forme la plus simple est la symétrie sphérique, montrée en particulier, ci-dessus, dans le cas de l'état fondamental, |1s>.
288
+
289
+ Des combinaisons linéaires de fonctions d'onde, utilisant des harmoniques sphériques distinctes, permettent l'apparition d'une anisotropie qui va devenir essentielle pour le passage de la notion d'atome à celle de molécule. Le schéma ci-contre montre une coupe de la densité de probabilité de présence de l'orbitale hybride |
290
+
291
+
292
+
293
+ 2
294
+ s
295
+
296
+ p
297
+
298
+ z
299
+
300
+
301
+
302
+
303
+ {\displaystyle 2sp_{z}}
304
+
305
+ > de l'atome d'hydrogène, coupe contenant Oz axe de symétrie de l'orbitale atomique. Pour cet exemple, l'axe Oz devient une direction privilégiée, mais de plus la densité de probabilité de présence s'étale plus loin pour une orientation donnée.
306
+
307
+ Ce modèle permet d'expliquer :
308
+
309
+ On notera pour terminer que des corrections relativistes sont à apporter, dans le cas des atomes de numéro atomique élevé, pour la détermination des niveaux internes (les vitesses des électrons sur les orbites du modèle de Bohr sont alors importantes).
310
+
311
+ Si la mécanique quantique permit d'expliquer rapidement les caractéristiques spectroscopiques des atomes et des molécules, le cœur de l'atome, son noyau, fut plus difficile à comprendre. Les difficultés sont ici de deux ordres : l'une correspondant à l'importance de l'énergie des particules sondes permettant d'atteindre les dimensions de l'ordre du fermi, l'autre à la nécessaire invention d'au moins une interaction supplémentaire permettant la stabilité d'un noyau constitué de protons (qui se repoussent électriquement) et de neutrons.
312
+
313
+ Cette compréhension de la cohésion du noyau devait aussi expliquer les phénomènes de radioactivité alpha, bêta et gamma, dont les premières observations dataient de la dernière décennie du XIXe siècle.
314
+
315
+ La décennie qui précéda la Seconde Guerre mondiale mena à la découverte des deux interactions maîtresses de la stabilité du cœur : l'interaction forte et l'interaction faible. La petitesse de la portée de ces deux interactions, respectivement 10-15 m et 10-18 m explique les difficultés expérimentales rencontrées. Les difficultés théoriques ne manquent pas, non plus ; il ne s'agit pas de lois physiques aussi simples que celles de l'électromagnétisme, même compliquées par la mécanique quantique, mais de la compréhension de toutes les particules élémentaires… L'invention des quarks et des gluons donne ainsi la vision actuelle de l'interaction qui maintient ensemble les nucléons.
316
+
317
+ Cette physique nucléaire mène aussi à l'explication de la nucléosynthèse, expliquant les aspects nucléaires du tableau de Mendeleïev. On se retrouve là dans le foisonnement de la naissance de l'univers et de la dynamique des étoiles.
318
+
319
+ Un atome est couramment désigné par son symbole chimique, complété par son nombre de masse A (égal au nombre de nucléons de l'atome) placé en haut et à gauche du symbole.
320
+
321
+ Exemple : le carbone 12 de nombre de masse 12 est noté
322
+
323
+
324
+
325
+
326
+
327
+
328
+
329
+ 12
330
+
331
+
332
+
333
+ C
334
+
335
+
336
+
337
+
338
+ {\displaystyle {}^{12}\mathrm {C} \,}
339
+
340
+ .
341
+
342
+ Il est d'usage de compléter cette écriture par le numéro atomique Z, placé en bas et à gauche du symbole, pour décrire une réaction nucléaire dans laquelle intervient un isotope.
343
+
344
+ Le carbone 12 est ainsi noté
345
+
346
+
347
+
348
+
349
+
350
+
351
+
352
+  
353
+ 6
354
+
355
+
356
+ 12
357
+
358
+
359
+
360
+ C
361
+
362
+
363
+
364
+
365
+ {\displaystyle {}_{\ 6}^{12}\mathrm {C} \,}
366
+
367
+ .
368
+
369
+ Ainsi, le carbone 14
370
+
371
+
372
+
373
+
374
+
375
+
376
+
377
+  
378
+ 6
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+
380
+
381
+ 14
382
+
383
+
384
+
385
+ C
386
+
387
+
388
+
389
+
390
+ {\displaystyle {}_{\ 6}^{14}\mathrm {C} \,}
391
+
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+ et le carbone 12
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+ {\displaystyle {}_{\ 6}^{12}\mathrm {C} \,}
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+ sont deux isotopes.
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+ Un parapluie est un dispositif portable et pliable, permettant de se protéger de la pluie et servant aussi à se protéger du soleil. Les parasols et les ombrelles sont construits sur le même principe, mais ne sont pas forcément étanches et ne protègent généralement que du soleil.
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+
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+ Le dispositif varie en taille et en forme, mais sa conception est fondamentalement la même : un bâton (ou mât) central soutient des tiges articulées (les baleines) par l'intermédiaire d'un anneau coulissant (ou coulant). Lorsque l'anneau est en position basse, les baleines sont complètement aplaties le long du mât ; lorsque l'anneau est en position haute, les baleines sont déployées et leur tension tend la toile en cercle autour du mât.
6
+
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+ Le nombre de baleines varie de quatre (pour les parasols carrés utilisés sur les marchés de plein air) à huit ou dix en général pour les parapluies. Elles sont réparties à intervalles réguliers sur le pourtour du mât.
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+ Sur les parapluies et les ombrelles, la tige centrale comporte une poignée à son extrémité inférieure, pour une meilleure prise en main.
10
+ L'utilisation des parasols se fait plutôt à poste fixe ; l'extrémité inférieure de leur mât est donc généralement conçue pour s'emboîter dans un support ou pour être plantée dans le sol, de manière qu'un coup de vent ne puisse l'emporter.
11
+
12
+ Depuis le début du XXIe siècle, les parapluies sont considérés comme des éléments consommables, à bas coût de production (inférieur à 1 euro). De mauvaise qualité, ils se cassent au moindre coup de vent, et leur durée de vie ne dépasse pas quelques jours d'utilisation. En France, c'est 10 millions de parapluies qui sont jetés dans les poubelles chaque année[1].
13
+
14
+ Les divers peuples ont des habitudes parfois très différentes dans les usages du parapluie ou de l'ombrelle.
15
+
16
+ Les archives de Toulouse indiquent que l'armée anglaise avait réquisitionné des parapluies chez les bergers des Pyrénées. Lors de la bataille de Toulouse (1814) cela leur donnait un net avantage sur les troupes françaises, parce que la poudre des fusils restait sèche, tandis que celle de l'adversaire était mouillée par la pluie et donc inutilisable[10].
17
+
18
+ En Unicode, les symboles sont :
19
+
20
+ Conçues sur le même système que le parapluie, elles sont en tissu léger et fin, souvent en dentelle. Elles étaient utilisées pour préserver le teint blanc des aristocrates lors des promenades estivales.
21
+
22
+ En Chine, dès le XIe siècle, l'ombrelle est l'apanage des nobles : les branches sont fabriquées en bambou ou en santal et la couverture est en feuilles ou en plumes[9].
23
+
24
+ Le mot ombrelle apparait en français vers le XVIe siècle, il vient de l'italien : ombrello (petite ombre)[9].
25
+
26
+ Plus grand que l'ombrelle traditionnelle, leur rôle consiste essentiellement à protéger du soleil plusieurs personnes lors de sorties à la plage ou de pique-nique.
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+ Un parc zoologique, aussi appelé jardin zoologique, ou plus communément zoo, est un espace où sont réunies de nombreuses espèces animales, pour la plupart sauvages, vivant dans des espaces clos. Ils ont pour but le divertissement, la conservation des espèces, la pédagogie et la recherche scientifique. On recense plus de 2 000 zoos dans le monde, attirant un ensemble de près de 350 millions de visiteurs par an[réf. nécessaire].
2
+
3
+ Le terme « jardin zoologique » a pour origine la discipline des sciences naturelles qui étudie les animaux : la zoologie, dont le nom dérive du grec ancien : ζῷον (zôon, « animal ») et λόγος (lógos, « science »). Le terme zoo fut utilisé, pour la première fois en Angleterre, comme abréviation pour le jardin zoologique de Londres fondé en 1828[1].
4
+
5
+ La plupart des parcs zoologiques sont membres d'une association continentale chargée de coordonner les missions de conservation, les principales sont : l'Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), l'Association des zoos et aquariums (AZA) en Amérique du Nord, l'Association latino-américaine des parcs zoologiques et aquariums (es) (ALPZA), la South East Asian Zoos Association (en) en Asie du Sud-Est, la South Asian Zoo Association for Regional Cooperation (en), en Asie du Sud (Inde, Népal, Bangladesh...) et l'Association des zoos et aquariums (ZAA), en Océanie. Au niveau mondial ces entités et certains de leurs zoos sont membres de l'Association mondiale des zoos et aquariums (WAZA).
6
+
7
+ Les collections d'animaux sauvages vivants ont évolué des ménageries aux parcs zoologiques en ayant pour objectifs pour le XXIe siècle de se transformer en centres de conservation de la nature.
8
+
9
+ Les ménageries, possédées par les monarques et les riches aristocrates, peuvent être considérées comme des institutions qui sont les prédécesseurs des jardins zoologiques modernes. À l'origine, les ménageries avaient pour seule fonction de maintenir en captivité des espèces exotiques pour le plaisir des visiteurs et la gloire de l'autorité.
10
+
11
+ À la fin du XVIIIe siècle, avec l'augmentation de l'intérêt scientifique pour les animaux, le souhait a grandi de vraiment observer et étudier les animaux vivants dans le but d'accroître les connaissances à leur sujet. Étant donné que les conditions de maintien en captivité dans les ménageries de cour étaient assez souvent inappropriées pour les animaux et ne leur permettaient pas de se comporter normalement, elles n'étaient pas non plus adaptées à l'observation scientifique et la recherche. Ainsi, d'autres institutions ont dû être construites.
12
+
13
+ Le passage de la ménagerie, majoritairement une collection privée, à une institution publique a marqué le début du concept moderne de zoo. Les collections établies au cours du XIXe siècle ont commencé à s'appeler elles-mêmes des jardins zoologiques. Dans certains cas, cela était tout simplement la mode lorsque les jardins zoologiques ont été considérés, à la différence des ménageries, comme des installations gérées par des professionnels, que ce soit le cas ou non. Dans d'autres cas, l'accent avait été mis sur l'éducation et la science plutôt que sur le divertissement[2].
14
+
15
+ Tout au long des XIXe et XXe siècles, de nombreux nouveaux jardins zoologiques et leurs installations connexes ont été créés pour différents motifs et objectifs : participation aux progrès de la science, expériences d'acclimatation et de domestication, ouverture à la nature, vulgarisation scientifique mondaine, légère et agréable, soutien à la domination de la nature sauvage, établissement d'un commerce d'animaux. La plupart des zoos du XIXe siècle avaient des restaurants ou des cafés et offraient différents événements culturels aux visiteurs. Les jardins zoologiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, se composaient de collections de type taxinomique en apparence analogue à celles de timbres-poste, avec autant que possible d'espèces de créatures représentées par seulement un ou deux spécimens (le mâle et/ou la femelle), de sorte qu'ils constituaient essentiellement des musées de créatures vivantes[3]. Les attitudes philosophiques et culturelles ainsi que les événements politiques, tels que l'impérialisme, ont eu une incidence sur l'apparence et les objectifs des jardins zoologiques. Selon les historiens Éric Baratay et Élisabeth Hardouin-Fugier, les zoos de cette période reflètent la détermination des nations impérialistes de classer et de dominer[4],[5].
16
+
17
+ Dans les années 1950, Bernhard Grzimek a utilisé le zoo et la société zoologique de Francfort pour populariser l'idée de conservation de la nature[6]. Quand l'écologie émergea comme une matière d'intérêt pour le public dans les années 1970, quelques zoos commencèrent à considérer que participer à la conservation de la nature devenait leur rôle central, avec Gerald Durrell[7] du zoo de Jersey, George Rabb[8] du zoo de Brookfield et William Conway[9] du zoo du Bronx (appartenant à la Wildlife Conservation Society), conduisant la discussion[10]. Depuis lors, les professionnels de zoo sont devenus de plus en plus conscients de la nécessité de s'engager dans la conservation de la nature[11].
18
+ Dans un monde où la pression s'est accrue comme jamais sur la vie sauvage et ses habitats, de plus en plus de zoos se voient comme des arches modernes pour les espèces rares et en danger.
19
+ Conçu comme une arche (de Noé) moderne, le concept du nouveau zoo s'est développé à partir de l'élevage en captivité (« conservation ex situ ») et de la conservation dans la nature (« conservation in situ ») auxquels s'est ajouté le concept du zoo congelé particulièrement en Amérique[12].
20
+ Des projets de zoos congelés ont été lancés, où des gamètes et des embryons vivants sont stockés dans des conditions de cryoconservation, afin de les préserver sur une très longue durée.
21
+
22
+ Aujourd'hui, les jardins zoologiques ont ainsi pour principale mission la conservation des espèces et la sensibilisation du public aux différents problèmes que connaît le monde animal (danger d'extinction, diminution du milieu naturel, braconnage, etc.).
23
+
24
+ Si les zoos créés dans les années 1960-1970 renfermaient des animaux prélevés dans le milieu naturel, cette action de prélèvement direct est réglementée ou interdite, selon les espèces, depuis la signature en 1973 de la convention de Washington. Quelques-uns de ces animaux capturés sont encore vivants et maintenus en captivité au tout début du XXIe siècle. Ils sont à l'origine d'une descendance plus ou moins importante. Certains ont ainsi permis la création de lignées dites « pures » en milieu captif, dans l'espoir d'effectuer plus tard des réintroductions dans le milieu naturel. Les zoos peuvent ainsi être considérés comme des « réserves génétiques » pour ces espèces menacées d'extinction.
25
+
26
+ Les changements dans les zoos servent à la fois l'idéologie de la protection de l'environnement et la gestion au jour le jour des besoins des jardins zoologiques à maintenir leurs collections. Beaucoup de zoos contemporains dirigés par des professionnels montrent moins d'espèces, donnent plus d'espace aux animaux et présentent les animaux sociaux en groupes ; les installations d'« immersion dans le paysage » reproduisent les habitats des animaux[13].
27
+
28
+ Pour marquer cette évolution tournée vers la protection de la nature et vers l’élevage des animaux sauvages, pour la plupart menacés de disparition, certains zoos à travers le monde ont choisi de changer de dénomination pour devenir des « parcs de conservation[14] de la vie sauvage » ou des « bioparcs[15] ».
29
+
30
+ Le jardin zoologique du XIXe siècle a fini par devenir le bioparc, ou le parc de conservation, de la fin du XXe siècle. Le concept de parc de conservation est en voie d'être rapidement remplacé par un plus récent, le centre de l'environnement du XXIe siècle[2].
31
+ En effet, il est annoncé que le rôle des jardins zoologiques devrait continuer à évoluer au cours du XXIe siècle. Au lieu d'être des musées vivants comme cela l'a été au XXe siècle, de plus en plus de zoos seront des centres de ressources de l'environnement dans lesquels les écosystèmes et la survie des espèces seront pris en charge. Il est également proposé que, comme agents possibles de conservation de la nature, les visiteurs de zoos devraient jouer un rôle actif dans ce processus[16].
32
+
33
+ Les parcs zoologiques ont quatre fonctions fondamentales à remplir : récréation, éducation, recherche, conservation.
34
+
35
+ Cet objectif, qui consiste à satisfaire le plaisir des visiteurs, est primordial pour les êtres humains mais est secondaire et le moins essentiel pour le bénéfice direct des animaux. En effet, la mission de récréation d'un jardin zoologique consiste à proposer un lieu de détente et de divertissement à un large public.
36
+
37
+ Les jardins zoologiques présentent des animaux originaires des cinq continents. Généralement, c'est le but qu'ils poursuivent pour susciter l'intérêt du public.
38
+
39
+ Dans leur communication auprès du grand public, les zoos ont l'habitude de se focaliser sur leur carnet rose pour mettre en avant les naissances de bébés animaux.
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+
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+ Pour permettre une découverte récréative de leurs animaux, certains parcs ont aménagé, à côté de la traditionnelle visite à pied, des circuits à parcourir en voiture, bus, train ou monorail.
42
+
43
+ Pour satisfaire un large public, certains parcs zoologiques ont évolué à travers le monde en direction des parcs de loisirs par ajout d'un certain nombre d'attractions touristiques : terrains de golfs, manèges de fêtes foraines, kiosques à musique, trains miniatures, bateaux-promenade, téléphériques, ascensions en ballon, parcours dans les arbres, cinémas panoramiques, reconstitution grandeur nature de dinosaures, labyrinthes végétaux, aires de jeux, structures gonflables, restaurants et boutiques de souvenirs...
44
+
45
+ En France, certains sites, comme la Vallée des Singes à Romagne ou le Marineland d'Antibes, ont rejoint le SNELAC, syndicat français chargé de la promotion des activités de loisirs de ses membres.
46
+
47
+ D'autres parcs privés (le CERZA en 2006, Beauval en 2008, le Pal et La Flèche en 2013) ont construit des structures d'hébergement de type hôtelier pour augmenter le temps de séjour de leurs visiteurs au-delà de la journée. Les lieux insolites d'hébergement permettant de dormir auprès des animaux se multiplient en 2016 sous la dénomination de « zoofaris »[17].
48
+
49
+ Et certains associent, de plus en plus, la traditionnelle présentation d'animaux avec la mise en valeur d'un cadre historique (cas du Château de Thoiry), paysager (tel le Bioparc de Doué-la-Fontaine, construit sur d'anciennes carrières de falun aménagées) ou botanique (par exemple l'ancien zoo de Saint-Jean-Cap-Ferrat où se développait une riche flore tropicale et subtropicale).
50
+
51
+ L'urbanisation, en éloignant les personnes du contact avec la nature sauvage, a diminué leur contact direct avec les animaux.
52
+
53
+ Les panneaux d'information sur la biodiversité et les pancartes signalétiques sur les espèces animales permettent aux jardins zoologiques de transmettre aux visiteurs un maximum de connaissances, en matière de sciences naturelles et de conservation de la nature, afin qu'ils prennent conscience de l'action destructrice des humains sur la nature.
54
+
55
+ Le zoo sensibilise ainsi les gens à approfondir leurs connaissances sur les animaux sauvages, sur le statut des espèces menacées, sur les menaces auxquelles celles-ci sont confrontées et les facteurs qui causent ces menaces, avec l'espoir de créer de l'intérêt pour arrêter et inverser les facteurs qui mettent en péril la survie de ces espèces.
56
+
57
+ En direction des générations futures, certains zoos élaborent, plus particulièrement, des programmes pédagogiques pour les écoles, adaptés au niveau d'études des enfants[18].
58
+
59
+ Dans certains parcs, des kiosques pédagogiques ponctuent le parcours de visite avec des explications scientifiques.
60
+
61
+ Les zoos ont aussi un rôle pédagogique dans la sensibilisation à la protection de la nature, en faisant connaître des espèces ou des milieux naturels menacés (comme Madagascar ou la forêt atlantique au Brésil), que la population a rarement l'occasion de prendre en intérêt dans d'autres circonstances. Quelquefois, ces actions sont menées de manière collective, comme les journées des amphibiens organisées en 2008 sous l'égide de la WAZA à travers le monde.
62
+
63
+ Les jardins zoologiques ont aussi une fonction importante de recherche sur les animaux sauvages, leur comportement social, leurs maladies, leur reproduction, etc.
64
+ Des disciplines, comme la zoologie, l'écologie, l'éthologie, la physiologie, la parasitologie et la médecine vétérinaire, font partie de cette fonction de recherche en biologie appliquée aux parcs zoologiques.
65
+
66
+ Les jardins zoologiques se consacrent à la recherche sur les animaux, vivant en captivité ou en liberté, pour acquérir des connaissances précises qui sont indispensables pour améliorer l'élevage en captivité et pour protéger la nature et la faune sauvage.
67
+
68
+ Les résultats des recherches en psychologie animale, sur le comportement des animaux, en partie pratiquées dans l'enceinte des zoos, trouvent une application dans tous les domaines abordés au zoo.
69
+
70
+ Tout ce qui aide à la reproduction des animaux sauvages, à leur santé et aussi à notre connaissance de leur mode de vie, contribue à leur préservation. Des programmes de recherche portent, par exemple, sur les techniques de reproduction assistée (les tests de grossesse, l'insémination artificielle, la fécondation in vitro, le transfert d'embryons), la nutrition, le traitement des maladies, et le suivi, notamment par radiopistage, des animaux dans la nature.
71
+
72
+ L'originalité du Domaine de La Haute-Touche repose sur son laboratoire de recherche, seul en France à être intégré à un parc zoologique[19].
73
+
74
+ La reproduction en captivité est une des actions principales des parcs zoologiques, or la reproduction en milieu naturel dépend de nombreux facteurs environnementaux, sociaux et physiologiques qui ne sont pas forcément reproductibles en captivité. Face à cela, de nombreuses études sont entreprises et certains parcs se spécialisent dans la reproduction d'un groupe précis d'espèces.
75
+
76
+ L'un des moyens d'éviter l'extinction de certaines espèces est de les élever en captivité. De nombreuses espèces ont déjà réussi à se reproduire en captivité et plus tard, quelques-unes après une période d'adaptation, ont pu être réintroduites dans la nature. L'élevage conservatoire de ces espèces est destiné à repeupler les biotopes affectés ou à renforcer les populations menacées.
77
+
78
+ Pour assurer leurs missions de centres de conservation de la nature au XXIe siècle, le monde des parcs zoologiques s'est structuré. Ceci passe par la création et la fédération d'associations nationales (SNDPZ, AFdPZ, CEPA en France, CAZA au Canada) et internationales (EAZA pour l'Europe[20], AZA pour l'Amérique du Nord, WAZA au niveau mondial) et la mise en place de Plans d'élevage européens (EEP) en 1985 et nord-américains (SSP) en 1981. Ces organisations tendent à regrouper les parcs dans leur volonté de conservation.
79
+
80
+ C'est dans ce cadre que l'Union européenne a formalisé dans une directive en 1999 applicable dès 2012, le "rôle des zoos dans la préservation de la biodiversité", et rédigé en 2015 un guide de bonnes pratiques[21].
81
+
82
+ Au-delà des frontières, il existe une grande coopération entre les zoos qui s'échangent ou se donnent les animaux sans leur appliquer de valeur monétaire. Ceci a pour but d'optimiser la reproduction et d'éviter toute consanguinité. Ainsi de nombreux échanges d'animaux entre les zoos (notamment au niveau européen) sont organisés de manière à faire se reproduire des individus importants du point de vue génétique pour ne pas perdre les gènes « naturels » et ainsi maintenir une lignée la plus pure possible pour une espèce donnée.
83
+
84
+ Certains zoos créent leur propre association ou participent activement à des projets de protection du milieu naturel.
85
+
86
+ Les parcs zoologiques contribuent aussi aux renforcements de population et aux réintroductions, non seulement en fournissant des animaux à relâcher, mais surtout en soutenant les projets de renforcements de population grâce à un appui financier et humain, un apport d'expertise, d'équipement et en coordonnant ces projets[22].
87
+
88
+ L’architecture de zoo a changé à plusieurs reprises en fonction de la compréhension croissante des besoins des animaux. Les constructions dans les zoos ont été conçues et aménagées de manière totalement différente en fonction de leur époque.
89
+
90
+ Dans les zoos du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui étaient basés sur l'architecture des ménageries de cour royale ou impériale, les animaux étaient en partie des objets de décoration pour des constructions de style baroque, romantique ou exotique. Aussi, beaucoup de ces constructions, à l'architecture intéressante dans l’histoire des parcs zoologiques, sont devenues un problème important pour les zoos d’aujourd'hui, surtout si elles sont placées sous la protection des monuments historiques, et que très peu d'entre elles peuvent être modifiées pour satisfaire à la protection et au respect de la vie des animaux. Le conflit entre la conservation des monuments et la conservation des animaux limite les possibilités d'utilisation des bâtiments anciens de manière significative. Un exemple en est le jardin zoologique de Schönbrunn, qui se trouve dans les étroites limites géographiques du patrimoine historique classé par l'UNESCO, et dont la conception moderne d’un zoo a dû adapter les bâtiments baroques pour le bien-être des animaux, sans modifier leur architecture extérieure.
91
+
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+ L’architecture de zoo, au XIXe siècle, s’est développée à partir de l’architecture du paysage et de jardins, depuis les premiers zoos qui à côté de leur orientation scientifique ont été également des parcs de promenade pour la bourgeoisie métropolitaine. L'architecte de jardins, Peter Joseph Lenné, par exemple, a conçu le jardin zoologique de Berlin, fondé en 1844 dans le style d'un parc paysager à l'anglaise. De même, le zoo de Dresde, ouvert en 1861 et quatrième zoo fondé en Allemagne, est basé sur un projet de Lenné, mais il a été en grande partie détruit, pendant la Seconde Guerre mondiale.
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+ Comme constructions d'enclos, ont largement dominé jusqu’au XXe siècle, des cages, avec des barreaux ou du grillage, de taille relativement petite, ne permettant qu'une liberté de mouvement très limitée pour les animaux, mais elles ont été incorporées, en partie, dans des bâtiments d'intérêt architectural. Les styles dominants dans l'architecture du XIXe siècle, ont été le romantisme (avec par exemple, des châteaux pour ours, des chalets suisses pour animaux paisibles) et l'exotisme (avec par exemple, des temples égyptiens, des mosquées orientales, des pagodes asiatiques). Spécialement dans le jardin zoologique de Berlin, existent encore quelques-uns de ces ouvrages qui ont été préservés ou reconstruits, comme la maison des antilopes, de style oriental, construite en 1871.
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+ Depuis le début du XXe siècle, les cages extérieures, dans la plupart des zoos, ont été progressivement remplacées par des enclos libres et naturalistes dans lesquels les animaux ne sont séparés des visiteurs que par des fossés. Ceux-ci sont basés sur une invention de Carl Hagenbeck, le concept d’enclos de liberté (all. Freianlage)[23] qui fut mis en œuvre de manière conséquente dans son premier parc animalier, fondé en 1907 à Stellingen dans la banlieue de Hambourg. Son concept, d'abord regardé avec scepticisme, a rapidement fait des émules dans les zoos du monde entier.
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+ Pendant les années 1930, quelques tentatives ont été faites pour introduire le design abstrait de l'architecture moderne dans la conception de zoo.
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+ L’installation des manchots du zoo de Londres, conçue en 1933-1934 par Berthold Lubetkin et le Groupe Tecton, fut une icône du mouvement moderne avec ses deux rampes en béton enroulées et imbriquées au-dessus du bassin de forme ovale[24].
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+ Au milieu du XXe siècle, surtout dans les années 1950 à 1970, le fonctionnalisme régnait comme jamais dans l’architecture moderne. Les zoos ont réalisé, pendant cette phase, des enclos stériles avec du béton, des carrelages en céramique et des éléments en acier inoxydable.
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+ Ces constructions visaient à intégrer les aspects d'hygiène et, par-dessus tout, l’innovation architecturale comme le nouveau brutalisme dans la conception de zoo moderne.
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+ Le pavillon des éléphants et des rhinocéros du zoo de Londres, conçu par Hugh Casson et construit en 1962-1965, en est un exemple[25].
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+ Également dans le parc animalier de Berlin, la maison Alfred Brehm, ouverte en 1963, est placée sous la protection des monuments historiques et contient la fauverie considérée comme la plus grande du monde, il y avait peu de possibilités de développement des installations appartenant à l'extérieur de la maison : les anciennes séries de cages situées dans les ailes de l'établissement pouvaient certes être agrandies, mais leur nombre et leur sens exact d'orientation a dû rester pour que le caractère architectural de la maison puisse être préservé.
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+ La conception de « zoo sans barreaux » fut construite selon le modèle architectural proposé par Carl Hagenbeck au début du XXe siècle, un modèle révolutionnaire pour l'époque, qui visait à présenter les animaux, sur des plateaux extérieurs avec des fossés et des enrochements, sans que le public en soit séparé par des barreaux. Les animaux étaient présentés, non dans des cages grillagées comme cela se faisait traditionnellement, mais dans des enclos et des bassins paysagés reproduisant, ou tentant de reproduire, des décors naturels sous forme de panoramas zoologiques (africain, arctique, indien, etc.) où prédateurs et proies semblent cohabiter. Les loges intérieures de nombreux animaux, cachées dans les rochers artificiels servant de décors, pouvaient aussi être visitées par le public.
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+
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+ Un type particulier de conception de zoo est dénommé « géo-zoo » où les animaux ne sont pas répartis en fonction de leur place dans la classification systématique, mais placés d'un point de vue géographique et maintenus dans des enclos collectifs où les espèces sont mélangées pour constituer des communautés animales comme dans la nature.
110
+ C’est le cas des espèces de la savane africaine telles que les girafes, les zèbres, les antilopes et les autruches (dans le cadre d'une plaine africaine), des espèces des plaines du sous-continent indien telles que les antilopes cervicapres, les nilgauts, les cerfs axis et les paons, des espèces provenant des plaines australiennes telles que les kangourous, les wallabies et les émeus, et des espèces originaires des pampas sud-américaines telles que les guanacos, les maras et les nandous.
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+ Depuis le milieu des années 1990, est apparue, en Europe, une nouvelle expérience de conception, influencée par les États-Unis, dans l'architecture des jardins zoologiques[26],[27]. De nombreux zoos gardent les animaux sauvages dans des enclos qui tentent de recréer leurs habitats naturels, pour le bénéfice à la fois des animaux résidents et des visiteurs. Beaucoup de spécialistes ont conçu des enclos dits d'« immersion dans le paysage » dans lesquels les visiteurs entrent réellement ou apparemment dans les habitats naturels des animaux. L'animal n'est donc pas un pur objet d'exposition, mais habite (et défend) son territoire. Selon les aménagements dans l'habitat, l'animal a - parfois au regret des visiteurs - aussi la possibilité de se soustraire à l'observateur. Quelques zoos ont des installations visitables à pied où les visiteurs peuvent pénétrer dans les enclos, les volières ou les serres, lorsqu'il s'agit d'espèces non dangereuses comme des lémuriens, des marmousets, des wallabies, des oiseaux, des lézards, des tortues, etc. Il est demandé aux visiteurs de rester dans les chemins qui leur sont réservés, et il leur est aussi interdit de montrer ou de manger de la nourriture dont les animaux pourraient s'emparer. Ces animaux au demeurant sauvages ne sont pas apprivoisés.
113
+
114
+ Les « zoos pour enfants » sont une autre particularité qui se trouve également dans de nombreux grands zoos, notamment américains, comme offre supplémentaire pour les jeunes enfants auprès desquels ces sections sont populaires.
115
+ Les « zoos pour enfants » comportent des enclos de contact appelés « enclos à caresses », dans lesquels les animaux sont le plus souvent familiers pour être approchés, ou assez dociles pour être caressés, et peuvent également être nourris.
116
+ Pour assurer la bonne santé des animaux, la nourriture est fournie par le zoo et vendue aux visiteurs par l'intermédiaire d'un distributeur automatique ou d'un kiosque situé à proximit��.
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+
118
+ Les établissements (ou espaces) zoologiques spécialisés, qui comprennent un certain nombre d'habitats spécifiques, sont nombreux :
119
+
120
+ S'ajoutent à ceux-ci, les parcs animaliers, qui se sont consacrés à la présentation et à l'élevage de certains groupes particuliers d'espèces animales, tels que la forêt des singes à Apeldoorn ou à Rocamadour (46), le parc des perroquets à Tenerife, la Ferme aux Crocodiles à Pierrelatte (26) et qui sont dédiés à l'exposition d'un écosystème comme le zoo alpin à Innsbruck.
121
+
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+ installations pour singes au zoo de São Paulo , au Brésil.
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+ le grand rocher au parc zoologique de Paris (zoo de Vincennes).
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+ ours blanc au zoo de Varsovie .
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+ cochons vietnamiens au zoo de Lisbonne .
129
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+ Le monde des zoos fait face à de multiples problèmes du point de vue du bien-être des animaux sauvages en captivité. Parmi ceux-ci, on compte « l'ennui », cause de stress. Le concept d'enrichissement du milieu a été développé pour répondre à cette problématique. Il s'agit d'améliorer l'environnement physique, social et psychologique des animaux. Dans cette optique, une politique actuelle tend à réaliser des enclos les plus proches possibles du milieu naturel (tâche parfois délicate : problème d'espace, d'écologie, d'environnement social...). Si cette incitation disparaît, les animaux sauvages peuvent entrer en dépression ou agir de façon anormale en captivité. Face à cet ennui et aux comportements dits stéréotypés (répétition d'un comportement précis : tourner en rond, suite de gestes...), des études d'enrichissements du milieu sont mises en place avec plus ou moins de réussite. Il est en effet difficile d'estimer le stress via les comportements stéréotypés du fait, entre autres, du manque de données sur les comportements naturels de certaines espèces.
131
+
132
+ Mais, dans l'ensemble, le développement de l'éthologie (étude du comportement animal) a permis de maîtriser la reproduction de nombreuses espèces en zoo, y compris d'espèces naguère considérées comme difficiles à élever voire à maintenir en captivité.
133
+
134
+ Dans une optique comportementaliste, certains parcs zoologiques pratiquent la sociabilisation des jeunes animaux nés en captivité avec pour objectif le bien-être de ces animaux à l'âge adulte vis-à-vis de la présence d'êtres humains. Tel est le cas, en Norvège, du zoo polaire implanté à Bardu pour l'élevage des louveteaux et des oursons.
135
+
136
+ Cette volonté d'améliorer le bien-être des animaux sauvages en captivité n'est toutefois pas facile à mettre en place du fait du manque de financement pour permettre aux parcs publics une restructuration efficace (comme pour le zoo de Vincennes dont la vétusté des installations a conduit à sa fermeture en 2008[28]) ou de la réticence de parcs privés qui ne veulent pas changer leur manière de faire. En effet, un zoo privé qui fait une recette importante ne veut pas forcément changer ses enclos (les faire plus spacieux et mieux structurés avec des niches pour que les animaux puissent se cacher du public), ce qui pourrait déplaire aux visiteurs.
137
+
138
+ Néanmoins, certains zoos se restructurent peu à peu et offrent aux animaux des enclos convenables, c'est-à-dire le plus proche possible du milieu naturel de l'espèce donnée. La majorité des zoos européens fait d'ailleurs des efforts en ce sens (à hauteur de leurs moyens financiers), malgré la persistance d'établissements rétrogrades.[réf. nécessaire]
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+
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+ Les parcs zoologiques prennent diverses dispositions pour assurer la sécurité des visiteurs.
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+
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+ Les clôtures des enclos et des cages, formées de grilles, grillages, fossés avec ou sans eau ou de plaques de verre, sont destinées à éviter toute évasion des animaux présentés.
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+ De plus, notamment pour les animaux reconnus dangereux, un espace de sécurité est délimité entre la zone où le public a accès et la clôture extérieure des enclos. La zone est limitée par une barrière de sécurité servant de garde-corps et de main courante aux visiteurs.
144
+
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+ Avant l’ouverture au public, il est habituel qu'une équipe de surveillants effectue une tournée de l'ensemble des enclos pour vérifier l’état des clôtures. Ces inspections régulières sont importantes car elles garantissent la sécurité des visiteurs.
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+ Pendant la période d’ouverture, les gardiens de zoo veillent aussi à ce que les visiteurs respectent les consignes de sécurité.
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+ Malgré la vigilance apportée par les parcs zoologiques, il arrive qu'occasionnellement des animaux parviennent à s'échapper de leurs enclos et causent des accidents dont les visiteurs peuvent être victimes.
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+ Un parc zoologique, aussi appelé jardin zoologique, ou plus communément zoo, est un espace où sont réunies de nombreuses espèces animales, pour la plupart sauvages, vivant dans des espaces clos. Ils ont pour but le divertissement, la conservation des espèces, la pédagogie et la recherche scientifique. On recense plus de 2 000 zoos dans le monde, attirant un ensemble de près de 350 millions de visiteurs par an[réf. nécessaire].
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3
+ Le terme « jardin zoologique » a pour origine la discipline des sciences naturelles qui étudie les animaux : la zoologie, dont le nom dérive du grec ancien : ζῷον (zôon, « animal ») et λόγος (lógos, « science »). Le terme zoo fut utilisé, pour la première fois en Angleterre, comme abréviation pour le jardin zoologique de Londres fondé en 1828[1].
4
+
5
+ La plupart des parcs zoologiques sont membres d'une association continentale chargée de coordonner les missions de conservation, les principales sont : l'Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), l'Association des zoos et aquariums (AZA) en Amérique du Nord, l'Association latino-américaine des parcs zoologiques et aquariums (es) (ALPZA), la South East Asian Zoos Association (en) en Asie du Sud-Est, la South Asian Zoo Association for Regional Cooperation (en), en Asie du Sud (Inde, Népal, Bangladesh...) et l'Association des zoos et aquariums (ZAA), en Océanie. Au niveau mondial ces entités et certains de leurs zoos sont membres de l'Association mondiale des zoos et aquariums (WAZA).
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+ Les collections d'animaux sauvages vivants ont évolué des ménageries aux parcs zoologiques en ayant pour objectifs pour le XXIe siècle de se transformer en centres de conservation de la nature.
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+ Les ménageries, possédées par les monarques et les riches aristocrates, peuvent être considérées comme des institutions qui sont les prédécesseurs des jardins zoologiques modernes. À l'origine, les ménageries avaient pour seule fonction de maintenir en captivité des espèces exotiques pour le plaisir des visiteurs et la gloire de l'autorité.
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11
+ À la fin du XVIIIe siècle, avec l'augmentation de l'intérêt scientifique pour les animaux, le souhait a grandi de vraiment observer et étudier les animaux vivants dans le but d'accroître les connaissances à leur sujet. Étant donné que les conditions de maintien en captivité dans les ménageries de cour étaient assez souvent inappropriées pour les animaux et ne leur permettaient pas de se comporter normalement, elles n'étaient pas non plus adaptées à l'observation scientifique et la recherche. Ainsi, d'autres institutions ont dû être construites.
12
+
13
+ Le passage de la ménagerie, majoritairement une collection privée, à une institution publique a marqué le début du concept moderne de zoo. Les collections établies au cours du XIXe siècle ont commencé à s'appeler elles-mêmes des jardins zoologiques. Dans certains cas, cela était tout simplement la mode lorsque les jardins zoologiques ont été considérés, à la différence des ménageries, comme des installations gérées par des professionnels, que ce soit le cas ou non. Dans d'autres cas, l'accent avait été mis sur l'éducation et la science plutôt que sur le divertissement[2].
14
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15
+ Tout au long des XIXe et XXe siècles, de nombreux nouveaux jardins zoologiques et leurs installations connexes ont été créés pour différents motifs et objectifs : participation aux progrès de la science, expériences d'acclimatation et de domestication, ouverture à la nature, vulgarisation scientifique mondaine, légère et agréable, soutien à la domination de la nature sauvage, établissement d'un commerce d'animaux. La plupart des zoos du XIXe siècle avaient des restaurants ou des cafés et offraient différents événements culturels aux visiteurs. Les jardins zoologiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, se composaient de collections de type taxinomique en apparence analogue à celles de timbres-poste, avec autant que possible d'espèces de créatures représentées par seulement un ou deux spécimens (le mâle et/ou la femelle), de sorte qu'ils constituaient essentiellement des musées de créatures vivantes[3]. Les attitudes philosophiques et culturelles ainsi que les événements politiques, tels que l'impérialisme, ont eu une incidence sur l'apparence et les objectifs des jardins zoologiques. Selon les historiens Éric Baratay et Élisabeth Hardouin-Fugier, les zoos de cette période reflètent la détermination des nations impérialistes de classer et de dominer[4],[5].
16
+
17
+ Dans les années 1950, Bernhard Grzimek a utilisé le zoo et la société zoologique de Francfort pour populariser l'idée de conservation de la nature[6]. Quand l'écologie émergea comme une matière d'intérêt pour le public dans les années 1970, quelques zoos commencèrent à considérer que participer à la conservation de la nature devenait leur rôle central, avec Gerald Durrell[7] du zoo de Jersey, George Rabb[8] du zoo de Brookfield et William Conway[9] du zoo du Bronx (appartenant à la Wildlife Conservation Society), conduisant la discussion[10]. Depuis lors, les professionnels de zoo sont devenus de plus en plus conscients de la nécessité de s'engager dans la conservation de la nature[11].
18
+ Dans un monde où la pression s'est accrue comme jamais sur la vie sauvage et ses habitats, de plus en plus de zoos se voient comme des arches modernes pour les espèces rares et en danger.
19
+ Conçu comme une arche (de Noé) moderne, le concept du nouveau zoo s'est développé à partir de l'élevage en captivité (« conservation ex situ ») et de la conservation dans la nature (« conservation in situ ») auxquels s'est ajouté le concept du zoo congelé particulièrement en Amérique[12].
20
+ Des projets de zoos congelés ont été lancés, où des gamètes et des embryons vivants sont stockés dans des conditions de cryoconservation, afin de les préserver sur une très longue durée.
21
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22
+ Aujourd'hui, les jardins zoologiques ont ainsi pour principale mission la conservation des espèces et la sensibilisation du public aux différents problèmes que connaît le monde animal (danger d'extinction, diminution du milieu naturel, braconnage, etc.).
23
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24
+ Si les zoos créés dans les années 1960-1970 renfermaient des animaux prélevés dans le milieu naturel, cette action de prélèvement direct est réglementée ou interdite, selon les espèces, depuis la signature en 1973 de la convention de Washington. Quelques-uns de ces animaux capturés sont encore vivants et maintenus en captivité au tout début du XXIe siècle. Ils sont à l'origine d'une descendance plus ou moins importante. Certains ont ainsi permis la création de lignées dites « pures » en milieu captif, dans l'espoir d'effectuer plus tard des réintroductions dans le milieu naturel. Les zoos peuvent ainsi être considérés comme des « réserves génétiques » pour ces espèces menacées d'extinction.
25
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26
+ Les changements dans les zoos servent à la fois l'idéologie de la protection de l'environnement et la gestion au jour le jour des besoins des jardins zoologiques à maintenir leurs collections. Beaucoup de zoos contemporains dirigés par des professionnels montrent moins d'espèces, donnent plus d'espace aux animaux et présentent les animaux sociaux en groupes ; les installations d'« immersion dans le paysage » reproduisent les habitats des animaux[13].
27
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28
+ Pour marquer cette évolution tournée vers la protection de la nature et vers l’élevage des animaux sauvages, pour la plupart menacés de disparition, certains zoos à travers le monde ont choisi de changer de dénomination pour devenir des « parcs de conservation[14] de la vie sauvage » ou des « bioparcs[15] ».
29
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30
+ Le jardin zoologique du XIXe siècle a fini par devenir le bioparc, ou le parc de conservation, de la fin du XXe siècle. Le concept de parc de conservation est en voie d'être rapidement remplacé par un plus récent, le centre de l'environnement du XXIe siècle[2].
31
+ En effet, il est annoncé que le rôle des jardins zoologiques devrait continuer à évoluer au cours du XXIe siècle. Au lieu d'être des musées vivants comme cela l'a été au XXe siècle, de plus en plus de zoos seront des centres de ressources de l'environnement dans lesquels les écosystèmes et la survie des espèces seront pris en charge. Il est également proposé que, comme agents possibles de conservation de la nature, les visiteurs de zoos devraient jouer un rôle actif dans ce processus[16].
32
+
33
+ Les parcs zoologiques ont quatre fonctions fondamentales à remplir : récréation, éducation, recherche, conservation.
34
+
35
+ Cet objectif, qui consiste à satisfaire le plaisir des visiteurs, est primordial pour les êtres humains mais est secondaire et le moins essentiel pour le bénéfice direct des animaux. En effet, la mission de récréation d'un jardin zoologique consiste à proposer un lieu de détente et de divertissement à un large public.
36
+
37
+ Les jardins zoologiques présentent des animaux originaires des cinq continents. Généralement, c'est le but qu'ils poursuivent pour susciter l'intérêt du public.
38
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39
+ Dans leur communication auprès du grand public, les zoos ont l'habitude de se focaliser sur leur carnet rose pour mettre en avant les naissances de bébés animaux.
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+
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+ Pour permettre une découverte récréative de leurs animaux, certains parcs ont aménagé, à côté de la traditionnelle visite à pied, des circuits à parcourir en voiture, bus, train ou monorail.
42
+
43
+ Pour satisfaire un large public, certains parcs zoologiques ont évolué à travers le monde en direction des parcs de loisirs par ajout d'un certain nombre d'attractions touristiques : terrains de golfs, manèges de fêtes foraines, kiosques à musique, trains miniatures, bateaux-promenade, téléphériques, ascensions en ballon, parcours dans les arbres, cinémas panoramiques, reconstitution grandeur nature de dinosaures, labyrinthes végétaux, aires de jeux, structures gonflables, restaurants et boutiques de souvenirs...
44
+
45
+ En France, certains sites, comme la Vallée des Singes à Romagne ou le Marineland d'Antibes, ont rejoint le SNELAC, syndicat français chargé de la promotion des activités de loisirs de ses membres.
46
+
47
+ D'autres parcs privés (le CERZA en 2006, Beauval en 2008, le Pal et La Flèche en 2013) ont construit des structures d'hébergement de type hôtelier pour augmenter le temps de séjour de leurs visiteurs au-delà de la journée. Les lieux insolites d'hébergement permettant de dormir auprès des animaux se multiplient en 2016 sous la dénomination de « zoofaris »[17].
48
+
49
+ Et certains associent, de plus en plus, la traditionnelle présentation d'animaux avec la mise en valeur d'un cadre historique (cas du Château de Thoiry), paysager (tel le Bioparc de Doué-la-Fontaine, construit sur d'anciennes carrières de falun aménagées) ou botanique (par exemple l'ancien zoo de Saint-Jean-Cap-Ferrat où se développait une riche flore tropicale et subtropicale).
50
+
51
+ L'urbanisation, en éloignant les personnes du contact avec la nature sauvage, a diminué leur contact direct avec les animaux.
52
+
53
+ Les panneaux d'information sur la biodiversité et les pancartes signalétiques sur les espèces animales permettent aux jardins zoologiques de transmettre aux visiteurs un maximum de connaissances, en matière de sciences naturelles et de conservation de la nature, afin qu'ils prennent conscience de l'action destructrice des humains sur la nature.
54
+
55
+ Le zoo sensibilise ainsi les gens à approfondir leurs connaissances sur les animaux sauvages, sur le statut des espèces menacées, sur les menaces auxquelles celles-ci sont confrontées et les facteurs qui causent ces menaces, avec l'espoir de créer de l'intérêt pour arrêter et inverser les facteurs qui mettent en péril la survie de ces espèces.
56
+
57
+ En direction des générations futures, certains zoos élaborent, plus particulièrement, des programmes pédagogiques pour les écoles, adaptés au niveau d'études des enfants[18].
58
+
59
+ Dans certains parcs, des kiosques pédagogiques ponctuent le parcours de visite avec des explications scientifiques.
60
+
61
+ Les zoos ont aussi un rôle pédagogique dans la sensibilisation à la protection de la nature, en faisant connaître des espèces ou des milieux naturels menacés (comme Madagascar ou la forêt atlantique au Brésil), que la population a rarement l'occasion de prendre en intérêt dans d'autres circonstances. Quelquefois, ces actions sont menées de manière collective, comme les journées des amphibiens organisées en 2008 sous l'égide de la WAZA à travers le monde.
62
+
63
+ Les jardins zoologiques ont aussi une fonction importante de recherche sur les animaux sauvages, leur comportement social, leurs maladies, leur reproduction, etc.
64
+ Des disciplines, comme la zoologie, l'écologie, l'éthologie, la physiologie, la parasitologie et la médecine vétérinaire, font partie de cette fonction de recherche en biologie appliquée aux parcs zoologiques.
65
+
66
+ Les jardins zoologiques se consacrent à la recherche sur les animaux, vivant en captivité ou en liberté, pour acquérir des connaissances précises qui sont indispensables pour améliorer l'élevage en captivité et pour protéger la nature et la faune sauvage.
67
+
68
+ Les résultats des recherches en psychologie animale, sur le comportement des animaux, en partie pratiquées dans l'enceinte des zoos, trouvent une application dans tous les domaines abordés au zoo.
69
+
70
+ Tout ce qui aide à la reproduction des animaux sauvages, à leur santé et aussi à notre connaissance de leur mode de vie, contribue à leur préservation. Des programmes de recherche portent, par exemple, sur les techniques de reproduction assistée (les tests de grossesse, l'insémination artificielle, la fécondation in vitro, le transfert d'embryons), la nutrition, le traitement des maladies, et le suivi, notamment par radiopistage, des animaux dans la nature.
71
+
72
+ L'originalité du Domaine de La Haute-Touche repose sur son laboratoire de recherche, seul en France à être intégré à un parc zoologique[19].
73
+
74
+ La reproduction en captivité est une des actions principales des parcs zoologiques, or la reproduction en milieu naturel dépend de nombreux facteurs environnementaux, sociaux et physiologiques qui ne sont pas forcément reproductibles en captivité. Face à cela, de nombreuses études sont entreprises et certains parcs se spécialisent dans la reproduction d'un groupe précis d'espèces.
75
+
76
+ L'un des moyens d'éviter l'extinction de certaines espèces est de les élever en captivité. De nombreuses espèces ont déjà réussi à se reproduire en captivité et plus tard, quelques-unes après une période d'adaptation, ont pu être réintroduites dans la nature. L'élevage conservatoire de ces espèces est destiné à repeupler les biotopes affectés ou à renforcer les populations menacées.
77
+
78
+ Pour assurer leurs missions de centres de conservation de la nature au XXIe siècle, le monde des parcs zoologiques s'est structuré. Ceci passe par la création et la fédération d'associations nationales (SNDPZ, AFdPZ, CEPA en France, CAZA au Canada) et internationales (EAZA pour l'Europe[20], AZA pour l'Amérique du Nord, WAZA au niveau mondial) et la mise en place de Plans d'élevage européens (EEP) en 1985 et nord-américains (SSP) en 1981. Ces organisations tendent à regrouper les parcs dans leur volonté de conservation.
79
+
80
+ C'est dans ce cadre que l'Union européenne a formalisé dans une directive en 1999 applicable dès 2012, le "rôle des zoos dans la préservation de la biodiversité", et rédigé en 2015 un guide de bonnes pratiques[21].
81
+
82
+ Au-delà des frontières, il existe une grande coopération entre les zoos qui s'échangent ou se donnent les animaux sans leur appliquer de valeur monétaire. Ceci a pour but d'optimiser la reproduction et d'éviter toute consanguinité. Ainsi de nombreux échanges d'animaux entre les zoos (notamment au niveau européen) sont organisés de manière à faire se reproduire des individus importants du point de vue génétique pour ne pas perdre les gènes « naturels » et ainsi maintenir une lignée la plus pure possible pour une espèce donnée.
83
+
84
+ Certains zoos créent leur propre association ou participent activement à des projets de protection du milieu naturel.
85
+
86
+ Les parcs zoologiques contribuent aussi aux renforcements de population et aux réintroductions, non seulement en fournissant des animaux à relâcher, mais surtout en soutenant les projets de renforcements de population grâce à un appui financier et humain, un apport d'expertise, d'équipement et en coordonnant ces projets[22].
87
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88
+ L’architecture de zoo a changé à plusieurs reprises en fonction de la compréhension croissante des besoins des animaux. Les constructions dans les zoos ont été conçues et aménagées de manière totalement différente en fonction de leur époque.
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+ Dans les zoos du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui étaient basés sur l'architecture des ménageries de cour royale ou impériale, les animaux étaient en partie des objets de décoration pour des constructions de style baroque, romantique ou exotique. Aussi, beaucoup de ces constructions, à l'architecture intéressante dans l’histoire des parcs zoologiques, sont devenues un problème important pour les zoos d’aujourd'hui, surtout si elles sont placées sous la protection des monuments historiques, et que très peu d'entre elles peuvent être modifiées pour satisfaire à la protection et au respect de la vie des animaux. Le conflit entre la conservation des monuments et la conservation des animaux limite les possibilités d'utilisation des bâtiments anciens de manière significative. Un exemple en est le jardin zoologique de Schönbrunn, qui se trouve dans les étroites limites géographiques du patrimoine historique classé par l'UNESCO, et dont la conception moderne d’un zoo a dû adapter les bâtiments baroques pour le bien-être des animaux, sans modifier leur architecture extérieure.
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+ L’architecture de zoo, au XIXe siècle, s’est développée à partir de l’architecture du paysage et de jardins, depuis les premiers zoos qui à côté de leur orientation scientifique ont été également des parcs de promenade pour la bourgeoisie métropolitaine. L'architecte de jardins, Peter Joseph Lenné, par exemple, a conçu le jardin zoologique de Berlin, fondé en 1844 dans le style d'un parc paysager à l'anglaise. De même, le zoo de Dresde, ouvert en 1861 et quatrième zoo fondé en Allemagne, est basé sur un projet de Lenné, mais il a été en grande partie détruit, pendant la Seconde Guerre mondiale.
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+ Comme constructions d'enclos, ont largement dominé jusqu’au XXe siècle, des cages, avec des barreaux ou du grillage, de taille relativement petite, ne permettant qu'une liberté de mouvement très limitée pour les animaux, mais elles ont été incorporées, en partie, dans des bâtiments d'intérêt architectural. Les styles dominants dans l'architecture du XIXe siècle, ont été le romantisme (avec par exemple, des châteaux pour ours, des chalets suisses pour animaux paisibles) et l'exotisme (avec par exemple, des temples égyptiens, des mosquées orientales, des pagodes asiatiques). Spécialement dans le jardin zoologique de Berlin, existent encore quelques-uns de ces ouvrages qui ont été préservés ou reconstruits, comme la maison des antilopes, de style oriental, construite en 1871.
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+ Depuis le début du XXe siècle, les cages extérieures, dans la plupart des zoos, ont été progressivement remplacées par des enclos libres et naturalistes dans lesquels les animaux ne sont séparés des visiteurs que par des fossés. Ceux-ci sont basés sur une invention de Carl Hagenbeck, le concept d’enclos de liberté (all. Freianlage)[23] qui fut mis en œuvre de manière conséquente dans son premier parc animalier, fondé en 1907 à Stellingen dans la banlieue de Hambourg. Son concept, d'abord regardé avec scepticisme, a rapidement fait des émules dans les zoos du monde entier.
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+ Pendant les années 1930, quelques tentatives ont été faites pour introduire le design abstrait de l'architecture moderne dans la conception de zoo.
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+ L’installation des manchots du zoo de Londres, conçue en 1933-1934 par Berthold Lubetkin et le Groupe Tecton, fut une icône du mouvement moderne avec ses deux rampes en béton enroulées et imbriquées au-dessus du bassin de forme ovale[24].
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101
+ Au milieu du XXe siècle, surtout dans les années 1950 à 1970, le fonctionnalisme régnait comme jamais dans l’architecture moderne. Les zoos ont réalisé, pendant cette phase, des enclos stériles avec du béton, des carrelages en céramique et des éléments en acier inoxydable.
102
+ Ces constructions visaient à intégrer les aspects d'hygiène et, par-dessus tout, l’innovation architecturale comme le nouveau brutalisme dans la conception de zoo moderne.
103
+ Le pavillon des éléphants et des rhinocéros du zoo de Londres, conçu par Hugh Casson et construit en 1962-1965, en est un exemple[25].
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+ Également dans le parc animalier de Berlin, la maison Alfred Brehm, ouverte en 1963, est placée sous la protection des monuments historiques et contient la fauverie considérée comme la plus grande du monde, il y avait peu de possibilités de développement des installations appartenant à l'extérieur de la maison : les anciennes séries de cages situées dans les ailes de l'établissement pouvaient certes être agrandies, mais leur nombre et leur sens exact d'orientation a dû rester pour que le caractère architectural de la maison puisse être préservé.
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+ La conception de « zoo sans barreaux » fut construite selon le modèle architectural proposé par Carl Hagenbeck au début du XXe siècle, un modèle révolutionnaire pour l'époque, qui visait à présenter les animaux, sur des plateaux extérieurs avec des fossés et des enrochements, sans que le public en soit séparé par des barreaux. Les animaux étaient présentés, non dans des cages grillagées comme cela se faisait traditionnellement, mais dans des enclos et des bassins paysagés reproduisant, ou tentant de reproduire, des décors naturels sous forme de panoramas zoologiques (africain, arctique, indien, etc.) où prédateurs et proies semblent cohabiter. Les loges intérieures de nombreux animaux, cachées dans les rochers artificiels servant de décors, pouvaient aussi être visitées par le public.
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+
109
+ Un type particulier de conception de zoo est dénommé « géo-zoo » où les animaux ne sont pas répartis en fonction de leur place dans la classification systématique, mais placés d'un point de vue géographique et maintenus dans des enclos collectifs où les espèces sont mélangées pour constituer des communautés animales comme dans la nature.
110
+ C’est le cas des espèces de la savane africaine telles que les girafes, les zèbres, les antilopes et les autruches (dans le cadre d'une plaine africaine), des espèces des plaines du sous-continent indien telles que les antilopes cervicapres, les nilgauts, les cerfs axis et les paons, des espèces provenant des plaines australiennes telles que les kangourous, les wallabies et les émeus, et des espèces originaires des pampas sud-américaines telles que les guanacos, les maras et les nandous.
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+ Depuis le milieu des années 1990, est apparue, en Europe, une nouvelle expérience de conception, influencée par les États-Unis, dans l'architecture des jardins zoologiques[26],[27]. De nombreux zoos gardent les animaux sauvages dans des enclos qui tentent de recréer leurs habitats naturels, pour le bénéfice à la fois des animaux résidents et des visiteurs. Beaucoup de spécialistes ont conçu des enclos dits d'« immersion dans le paysage » dans lesquels les visiteurs entrent réellement ou apparemment dans les habitats naturels des animaux. L'animal n'est donc pas un pur objet d'exposition, mais habite (et défend) son territoire. Selon les aménagements dans l'habitat, l'animal a - parfois au regret des visiteurs - aussi la possibilité de se soustraire à l'observateur. Quelques zoos ont des installations visitables à pied où les visiteurs peuvent pénétrer dans les enclos, les volières ou les serres, lorsqu'il s'agit d'espèces non dangereuses comme des lémuriens, des marmousets, des wallabies, des oiseaux, des lézards, des tortues, etc. Il est demandé aux visiteurs de rester dans les chemins qui leur sont réservés, et il leur est aussi interdit de montrer ou de manger de la nourriture dont les animaux pourraient s'emparer. Ces animaux au demeurant sauvages ne sont pas apprivoisés.
113
+
114
+ Les « zoos pour enfants » sont une autre particularité qui se trouve également dans de nombreux grands zoos, notamment américains, comme offre supplémentaire pour les jeunes enfants auprès desquels ces sections sont populaires.
115
+ Les « zoos pour enfants » comportent des enclos de contact appelés « enclos à caresses », dans lesquels les animaux sont le plus souvent familiers pour être approchés, ou assez dociles pour être caressés, et peuvent également être nourris.
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+ Pour assurer la bonne santé des animaux, la nourriture est fournie par le zoo et vendue aux visiteurs par l'intermédiaire d'un distributeur automatique ou d'un kiosque situé à proximit��.
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+
118
+ Les établissements (ou espaces) zoologiques spécialisés, qui comprennent un certain nombre d'habitats spécifiques, sont nombreux :
119
+
120
+ S'ajoutent à ceux-ci, les parcs animaliers, qui se sont consacrés à la présentation et à l'élevage de certains groupes particuliers d'espèces animales, tels que la forêt des singes à Apeldoorn ou à Rocamadour (46), le parc des perroquets à Tenerife, la Ferme aux Crocodiles à Pierrelatte (26) et qui sont dédiés à l'exposition d'un écosystème comme le zoo alpin à Innsbruck.
121
+
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+ installations pour singes au zoo de São Paulo , au Brésil.
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+
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+ le grand rocher au parc zoologique de Paris (zoo de Vincennes).
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+
126
+ ours blanc au zoo de Varsovie .
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+
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+ cochons vietnamiens au zoo de Lisbonne .
129
+
130
+ Le monde des zoos fait face à de multiples problèmes du point de vue du bien-être des animaux sauvages en captivité. Parmi ceux-ci, on compte « l'ennui », cause de stress. Le concept d'enrichissement du milieu a été développé pour répondre à cette problématique. Il s'agit d'améliorer l'environnement physique, social et psychologique des animaux. Dans cette optique, une politique actuelle tend à réaliser des enclos les plus proches possibles du milieu naturel (tâche parfois délicate : problème d'espace, d'écologie, d'environnement social...). Si cette incitation disparaît, les animaux sauvages peuvent entrer en dépression ou agir de façon anormale en captivité. Face à cet ennui et aux comportements dits stéréotypés (répétition d'un comportement précis : tourner en rond, suite de gestes...), des études d'enrichissements du milieu sont mises en place avec plus ou moins de réussite. Il est en effet difficile d'estimer le stress via les comportements stéréotypés du fait, entre autres, du manque de données sur les comportements naturels de certaines espèces.
131
+
132
+ Mais, dans l'ensemble, le développement de l'éthologie (étude du comportement animal) a permis de maîtriser la reproduction de nombreuses espèces en zoo, y compris d'espèces naguère considérées comme difficiles à élever voire à maintenir en captivité.
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+
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+ Dans une optique comportementaliste, certains parcs zoologiques pratiquent la sociabilisation des jeunes animaux nés en captivité avec pour objectif le bien-être de ces animaux à l'âge adulte vis-à-vis de la présence d'êtres humains. Tel est le cas, en Norvège, du zoo polaire implanté à Bardu pour l'élevage des louveteaux et des oursons.
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+
136
+ Cette volonté d'améliorer le bien-être des animaux sauvages en captivité n'est toutefois pas facile à mettre en place du fait du manque de financement pour permettre aux parcs publics une restructuration efficace (comme pour le zoo de Vincennes dont la vétusté des installations a conduit à sa fermeture en 2008[28]) ou de la réticence de parcs privés qui ne veulent pas changer leur manière de faire. En effet, un zoo privé qui fait une recette importante ne veut pas forcément changer ses enclos (les faire plus spacieux et mieux structurés avec des niches pour que les animaux puissent se cacher du public), ce qui pourrait déplaire aux visiteurs.
137
+
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+ Néanmoins, certains zoos se restructurent peu à peu et offrent aux animaux des enclos convenables, c'est-à-dire le plus proche possible du milieu naturel de l'espèce donnée. La majorité des zoos européens fait d'ailleurs des efforts en ce sens (à hauteur de leurs moyens financiers), malgré la persistance d'établissements rétrogrades.[réf. nécessaire]
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+
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+ Les parcs zoologiques prennent diverses dispositions pour assurer la sécurité des visiteurs.
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+
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+ Les clôtures des enclos et des cages, formées de grilles, grillages, fossés avec ou sans eau ou de plaques de verre, sont destinées à éviter toute évasion des animaux présentés.
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+ De plus, notamment pour les animaux reconnus dangereux, un espace de sécurité est délimité entre la zone où le public a accès et la clôture extérieure des enclos. La zone est limitée par une barrière de sécurité servant de garde-corps et de main courante aux visiteurs.
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+
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+ Avant l’ouverture au public, il est habituel qu'une équipe de surveillants effectue une tournée de l'ensemble des enclos pour vérifier l’état des clôtures. Ces inspections régulières sont importantes car elles garantissent la sécurité des visiteurs.
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+ Pendant la période d’ouverture, les gardiens de zoo veillent aussi à ce que les visiteurs respectent les consignes de sécurité.
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+ Malgré la vigilance apportée par les parcs zoologiques, il arrive qu'occasionnellement des animaux parviennent à s'échapper de leurs enclos et causent des accidents dont les visiteurs peuvent être victimes.
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+ Le terme parent, relatif à la famille, désigne la personne qui élève et protège l'enfant. Au singulier, désigne plus largement celui qui est membre de la même famille qu'une autre personne[1]. Au pluriel, ceux dont on descend en ligne directe.
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+ Selon le philosophe Hans Jonas, la responsabilité parentale englobe tous les aspects de la vie des enfants, de la simple existence jusqu'aux intérêts les plus élevés. La responsabilité s'exprime d'abord du point de vue corporel, d'être là à tous moments dans la santé comme la maladie ; ensuite vient s'ajouter toujours davantage tout ce qui tombe sous la notion d'« éducation », dans tous les sens : les aptitudes, les relations, le comportement, le caractère, le savoir, dont la formation doit être surveillée et encouragée et, si possible, le bonheur[2].
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+ Le mot « parent » est utilisé en analyse transactionnelle dans les états du Moi, il désigne un ensemble de comportements.
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+ Le parkour (PK)[1], ou art du déplacement (ADD)[1], est une discipline sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels, par des mouvements rapides et agiles (course à pied, sauts, gestes d’escalade, déplacements en équilibre, etc.) et sans l'aide de matériel[1],[2]. Les pratiquants sont dénommés « traceurs ».
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+
5
+ En tant que loisir ou discipline sportive autonome, le parkour est apparu en banlieue parisienne, à Lisses, au début des années 1990. Il est longtemps resté inconnu du grand public et des institutions sportives[3], mais il bénéficie désormais d'une certaine exposition médiatique (publicité, films, jeux vidéo).
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+
7
+ Le mot « parkour » est une référence au parcours du combattant mais son orthographe est simplifiée. Parkour s'abrège parfois en « PK » ou « pk ». Le terme s'utilise souvent de manière générale (comme dans cet article)[4], mais il désigne parfois un style spécifique basé sur des techniques « efficaces » et « utiles » (selon David Belle), par opposition à des techniques de franchissement plus spectaculaires.
8
+
9
+ L'expression « art du déplacement » est le terme officiel en France selon le Ministère des sports, pour désigner l'ensemble de ces activités sportives[1]. C'est à l'origine une périphrase pour éviter l'ancienne marque commerciale Parkour. Il est parfois utilisé pour désigner une variante enseignée par le groupe Yamakasi, avec des aspects acrobatiques.
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+
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+ Le free-running[1] ou free-run (« course libre ») est une expression plus récente, utilisée notamment par les anglophones ou pour distinguer des pratiques plus acrobatiques (saltos).
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+ Le grand public désignait parfois cette activité par « yamakasi », en référence au groupe français de traceurs et au film Yamakasi (2001).
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15
+ Les concepts du franchissement d’obstacles et du déplacement efficace existent depuis toujours. Des techniques de franchissement font notamment partie de la pratique de certains arts martiaux, de la gymnastique ou bien de l'entrainement militaire (parcours du combattant).
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+ En tant que discipline sportive autonome, David Belle est reconnu comme l’inventeur du parkour au début des années 1990 à Lisses (banlieue parisienne)[réf. nécessaire]. Il fut lui-même inspiré par son père, Raymond Belle[2], qui s’entraînait selon les concepts de Georges Hébert. En 1998, David Belle et Sébastien Foucan se séparent des Yamakasi. David Belle refonde un groupe appelé « Les Traceurs »[5]: c'est « la Relève »[6], qui participe à la médiatisation de cette discipline. Les sept autres membres fondateurs popularisent le parkour en France en 2001 grâce au film Yamakasi. Enfin, le dernier cofondateur, Sébastien Foucan, quitte la Relève et participe en 2003 au documentaire de la BBC, Jump London[7], qui fait découvrir la discipline aux Britanniques (sous les dénominations parkour et free running).
18
+
19
+ Dès 2004, le parkour devient un phénomène mondial sur Internet grâce au fort impact visuel de la discipline. Vers 2006, de nombreuses associations voient le jour[8]. À la même époque, il gagne les gymnases et une variante plus acrobatique fait son apparition : le free-running.
20
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21
+ En 2017, le parkour est également enseigné dans des écoles au Danemark[9].
22
+
23
+ Une séance classique de parkour se compose d’un échauffement, d’un travail technique ou physique ou d’une phase d’exploration, et d’une phase de retour au calme[10]. Cependant la pratique étant récente et peu encadrée, il arrive souvent que des pratiquants ne travaillent que les mouvements techniques au détriment de tous autres aspects.
24
+
25
+ Une façon très courante de s’entraîner est de partir en groupe de quelques personnes à travers la ville ou la campagne, en s’arrêtant de site en site pour travailler les gestes techniques. Les sites sont soit connus à l’avance, soit découverts au fur et à mesure de la déambulation.
26
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27
+ Le parkour se pratique en extérieur, dans le milieu urbain public ou dans les parcs et forêts mais aussi en salle pour s'entraîner sans se blesser. Ces endroits présentent en effet de nombreux obstacles tels que murs, barrières, arbres et cours d’eau. La plupart du temps l’entraînement se fait au niveau du sol, et parfois, pour des personnes très entraînées, en hauteur, par exemple entre des immeubles d’habitations.
28
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29
+ Avec son institutionnalisation, la pratique a gagné les gymnases. En général le matériel de gymnastique est détourné pour créer des obstacles et proposer un environnement en mousse moins dangereux. De même, des parkour-parks sont sortis de terre qui regroupent de nombreux obstacles en un même lieu[11].
30
+
31
+ Les fondamentaux sont un ensemble de gestes techniques utiles en toute circonstance. Ce sont par exemple la roulade (roulade sur l'épaule, similaire à celle que l'on retrouve dans des arts martiaux comme le judo et l'aïkido) et la réception[12]. On peut aussi regrouper sous cette dénomination des connaissances générales comme marcher sur une barrière et les bases de l’escalade.
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33
+ Les mouvements techniques, en général simplement nommés « les techniques » par abus de langage, permettent de franchir des obstacles d’une manière spécifique. Par exemple le saut de précision permet de franchir un vide avec un point de réception étroit : du rebord d’un muret à un autre. Dans l'idéal, le traceur doit adapter ses mouvements à tout obstacle qui est sur sa route sans suivre de schéma fixe. Cependant, il existe un grand nombre de mouvements typiques utilisés dans le parkour :
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+ On dit qu’un traceur « a le flow » (en anglais « écoulement ») quand il sait enchaîner de nombreux mouvements techniques avec une grande fluidité et une grande maîtrise technique. « Avoir le flow » est l'un des objectifs des pratiquants.
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+ Le parkour est considéré comme un sport extrême[17] à cause des risques de blessure en environnement extérieur mais surtout à cause de l’image spectaculaire véhiculée par les médias. Cela va à l’encontre du parkour en tant que méthode d’entraînement[18], qui ne cherche pas la performance mais la progression à un rythme personnel. Les traceurs emploient la devise « être et durer »[19] pour indiquer la nécessité d’une progression relativement lente mais réfléchie.
40
+
41
+ Ainsi, certains fondateurs et pratiquants se prononcent contre l’institution de compétitions de parkour[20]. En effet sous la pression du public, des traceurs pourraient tenter des mouvements au mépris du danger et se blesser gravement[21]. Cela n’empêche pas les traceurs de se fixer des défis personnellement ou entre amis, auquel cas ils peuvent avoir recours à une parade. Un petit nombre de pratiquants adoptent aussi du matériel de protection comme des gants et des protège-tibias.
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+ Des compétitions de freerun ont été organisées par Red Bull, les Red Bull Art Of Motion[22]. Les meilleurs free runners du monde entier viennent à cette compétition comme Pedro Salgado ou Alfred Scott. Chacun représente en quelque sorte son pays. Ils doivent d'abord effectuer une vidéo pour montrer leurs compétences afin de se qualifier pour la compétition.
44
+
45
+ Lors de la réalisation du documentaire Jump London en 2003, le mot parkour a été traduit par free-running pour le public anglais. La voix off indique bien dès l’introduction « this is Parkour, the anarchic new sport of free running » (« c’est le parkour, le nouveau sport anarchique de la course libre »)[7]. Ainsi le terme free running (sans trait d’union) est une locution qui signifie « course libre ».
46
+
47
+ Cependant avec la maturation de la pratique, il devient clair que certains pratiquants s’intéressent plus à l’aspect gymnastique et spectaculaire qu’à l’aspect utilitaire. Sébastien Foucan revendiquant un moyen d’expression personnel sans limitation, par rapport à David Belle qui revendique l’efficacité et l’utilité, la variante acrobatique du parkour s’approprie alors le terme free-running. Les acrobaties sont empruntées à la gymnastique, au tricking, etc. Les pratiquants sont nommés free-runners ou freerunners.
48
+
49
+ La définition floue du terme free-running a créé de nombreux abus. La simple reproduction de mouvements de gymnastique en extérieur (gymnastique urbaine), le tricking, les arts du cirque - qui pourtant ne comportent pas de déplacement à travers l’environnement - sont souvent dénommés free-running. Ce phénomène qui mélange de manière inexacte plusieurs pratiques sous la dénomination de free-running est principalement dû aux nouveaux arrivants dans la pratique, les néo-freerunners[23]. Cette discipline a été créée par Sébastien Foucan, un atlhète français. Le free-running est une variante du parkour principalement fondée sur la vitesse, contrairement à ce dernier qui regroupe aussi le tricking[24].
50
+
51
+ La plupart des techniques dites de free-running sont fondées sur la gymnastique, comme le salto arrière pour ne citer qu’un exemple. Selon chaque pratiquant les appellations peuvent différer. Les noms des acrobaties ne sont donc pas fixes, elles varient en fonction de ceux qui les utilisent. Cependant certaines techniques semblent provenir directement de la communauté du freerun, inspirées par l’environnement extérieur :
52
+
53
+ Tunnel flip
54
+
55
+ salto sur le côté en se déplaçant vers l'avant[25].
56
+
57
+ Devil drop
58
+
59
+ salto avant, depuis une position agrippée (mur/barrière)[25].
60
+
61
+ Cork
62
+
63
+ vrille effectuée par le lancement de la jambe vers le haut et vers l'avant.
64
+
65
+ Full
66
+
67
+ salto arrière en effectuant une vrille 360.
68
+
69
+ Palm flip
70
+
71
+ salto arrière effectuer en poussant le mur avec ces mains.
72
+
73
+ Wall front
74
+
75
+ salto avant effectuer en posant le pieds sur un mur.
76
+
77
+ 360 dive roll
78
+
79
+ roulade plongée en effectuant une vrille 360[25].
80
+
81
+ Les motivations des traceurs sont similaires aux pratiquants d’autres sports, particulièrement des sports extrêmes : développement physique, aspect communautaire, plaisir, connaissance et dépassement de soi, performance, passion… Ainsi le parkour peut être considéré comme une méthode d’entraînement, de développement physique ou un loisir sportif. De plus les traceurs évoquent des raisons spécifiques au parkour :
82
+
83
+ L'émergence du parkour, à l'identique d'autres nouvelles pratiques et sports urbains (skateboard, danses de rue, bmx, art de rue...), est une remise en cause des usages de l'espace public. Le parkour peut ainsi apparaître aux riverains comme une activité gênante, génératrice d'insécurité et de désordre, ou comme un acte de provocation. Néanmoins ces considérations à l'égard de ces activités urbaines se sont progressivement modifiées[28].
84
+
85
+ Dans des cas plus sérieux, les traceurs abîment involontairement le mobilier urbain par leurs sauts répétés (traces de chaussure ou dégradation de murs par exemple). Les traceurs ont pris conscience de ce problème et des initiatives ont vu le jour pour, par exemple, repeindre les murs salis.
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+ Les traceurs sont parfois critiqués pour le passage sur des terrains privés. Pourtant, suivant les législations des différents pays les lois ne condamnent pas automatiquement le passage sur un terrain privé ni l’escalade d’enceintes. En Suède, le passage sur un terrain privé est un droit : allemansrätt. Aux États-Unis au contraire, la moindre atteinte à la propriété privée peut être punie. En France, le passage sur un terrain privé ou l’escalade d’enceintes est différent de la violation de domicile, ne rendant pas la pratique en terrain privé systématiquement punissable.
88
+
89
+ Des autorités ont commencé à interdire le parkour dans le monde. Il est parfois reproché aux traceurs de troubler l’ordre public, mais c’est souvent l’assimilation avec la délinquance juvénile et une attitude non-conformiste qui condamnent arbitrairement le parkour[29]. Dans la plupart des cas l’interdiction est sans fondement juridique, puisque le parkour n’a de définition légale dans aucun pays sauf en Angleterre où le parkour a été reconnu comme un sport[30]. Dans certaines villes où les associations locales collaborent avec les acteurs locaux, le parkour est toléré, voire apprécié.
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+
91
+ Si le parkour est épisodiquement présent dans les médias généralistes ou sportifs, pour son aspect spectaculaire, il reste en grande partie underground. La pratique se fait majoritairement hors club de manière peu codifiée et non pas dans les structures sportives habituelles. Les traceurs se retrouvent et échangent grâce aux médias sociaux et à des forums Internet spécialisés. Les différentes teams se font connaître en publiant des vidéos sur Youtube. Des évènements occasionnels, les « parkour days », aussi appelées parkour jam à l'international, permettent la rencontre entre traceurs de villes ou de groupes différents.
92
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93
+ Le parkour gagne les médias en 2003 et 2004, ce qui crée un afflux important de nouveaux adeptes. Ainsi, dès 2006, des clubs s’organisent pour répondre à une demande d’encadrement de la pratique, particulièrement en Europe et aux États-Unis. Les clubs sont majoritairement soit des organisations commerciales soit des associations à but non lucratif, suivant les traditions nationales. Il faut retenir que ces clubs ne représentent qu’une partie des pratiquants, une proportion difficile à estimer s’entraîne hors club.
94
+
95
+ Il existe trois clubs où les fondateurs du parkour enseignent encore directement[31],[32],[33]. La légitimité des différentes associations à travers le monde est sujette à débat.
96
+
97
+ Par ailleurs, il n’existe en 2012 dans le monde qu’une seule organisation de parkour avec des pouvoirs consultatif et décisionnel officiels auprès d'un gouvernement : c’est Parkouruk en Angleterre, reconnue comme national governing body (« instance nationale responsable »)[34]. En 2017, certaines fédérations nationales se rassemblent pour former la fédération internationale Parkour Earth.
98
+
99
+ La Fédération internationale de gymnastique (FIG) intègre le parkour comme une de ses disciplines en 2017 en reconnaissant comme programme le Speed-Run (Sprint) and Freestyle. La FIG Parkour World Cup a lieu pour la première fois en avril 2018[35]. Il y a toutefois une levée de boucliers de la part des associations d'usagers[36]. Un premier championnat du monde est prévu à horizon 2020[37].
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101
+ En France, il n'existe aucune fédération sportive délégataire du Ministère des sports pour l'organisation du parkour. Les pratiquants de parkour pratiquent généralement en dehors de toute structure (hors-club). Il existe quelques associations sportives à but non lucratif, pour rassembler les pratiquants, encadrer et promouvoir ce sport, dialoguer avec les institutions (mairies).
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+ Des techniques athlétiques de franchissement ont été représentés au cinéma depuis plusieurs décennies : dans des films de cape et d'épée comme Le Signe de Zorro (1920) où Douglas Fairbanks réalise des franchissements spectaculaires[39], dans les films asiatiques d'arts martiaux ou d'autres films d'action. Mais certaines représentations récentes de franchissements et courses urbaines font explicitement référence à la pratique du parkour.
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+ Le parkour, ou ses techniques, est représenté dans quelques productions cinématographiques dont Yamakasi, le premier film qui lui soit réellement consacré. Dans une scène de poursuite à pied dans Casino Royale, James Bond poursuit un terroriste (interprété par Sébastien Foucan, un des fondateurs de la discipline) qui multiplie les sauts et les techniques propres à cette discipline.
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+ Le parkour est également populaire dans les films asiatiques, par exemple K-20 : L'Homme aux 20 visages, ou encore dans le blockbuster Prince of Persia : les sables du temps, où le héros du film, interprété par Jake Gyllenhaal, se déplace pendant les poursuites en utilisant les mouvements du parkour, ainsi que dans la série de jeux du même nom. De même, dans le film Top Cops, le personnage de Dave, interprété par Seann William Scott, pratique cet art dans des scènes comiques.
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+ Le parkour est également représenté dans Banlieue 13, Banlieue 13 ultimatum, Les Rivières pourpres 2 - Les anges de l'apocalypse, Les Fils du vent en 2004, Die Hard 4 : Retour en enfer, Top Cops, Par effraction, Taken, Babylon A.D., Brick Mansions, RUN[40], Tracers et Assassin's Creed.
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+ Un parlement est une assemblée — généralement élue — qui assure la représentation du peuple dans les États ou les divisions administratives (intra-étatiques tel le Parlement de Paris ou supra-étatiques tel le Parlement européen), et à ce titre est le « destin de la démocratie » selon Hans Kelsen. Il a deux fonctions : faire et défaire les lois, ce qui en fait le détenteur du pouvoir législatif, et contrôler l'action du gouvernement du pays.
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+ C'est un organe collégial qui peut avoir plusieurs rôles : un rôle de conseiller pour le pouvoir exécutif, un rôle de législateur, et enfin un rôle de représentant de la nation à l'étranger.
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+ Le parlement représente les citoyens mais peut aussi, par exemple dans un État fédéral, représenter des territoires.
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+ Il existe deux formes de parlement :
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+ Il peut également exister un parlement tricaméral, qui est donc constitué de trois chambres. Mais ce type de parlement fut peu adopté[réf. nécessaire] car il présente trop d’inconvénients : complexification et allongement excessifs du processus législatif, ou bien risque de dérive anti-démocratique[réf. nécessaire].
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+ La chambre dite « basse » est désignée au suffrage universel direct selon un mode de scrutin variable selon les États. L'élection des membres de la chambre haute peut varier selon les pays, pour certains ce sont les citoyens qui les élisent, pour d'autres ce sont des grands électeurs. La chambre haute est souvent dénommée Sénat.
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+
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+ En Europe, les parlements sont parfois nés contre le roi, pour consentir l'impôt. Vote et contrôle étaient alors étroitement liés. Aujourd'hui, les deux fonctions se sont étendues et séparées selon le principe de la séparation des pouvoirs.
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+ Le parlement délibère puis vote la loi ; dans certains pays et sous certaines conditions ces lois doivent être soumises aux citoyens avant de pouvoir entrer en vigueur ; dans d'autres pays le chef de l'exécutif doit signer la loi pour permettre à celle-ci d'entrer en vigueur. Le gouvernement, qui a parfois pu participer à son élaboration, l'exécute.
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+ Parallèlement, le parlement peut contrôler l'action du gouvernement :
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+ Dans un régime présidentiel, comme aux États-Unis, le parlement possède des pouvoirs législatifs et de contrôle très importants, mais ne peut renverser le gouvernement.
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+ Dans un régime d'assemblée, marqué par la confusion des pouvoirs, le parlement concentre les fonctions législatives et exécutives.
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+ Dans un régime parlementaire, le gouvernement émane du parlement, est responsable devant lui, et peut le dissoudre.
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+
25
+ En France, le Parlement est composé de deux chambres : le Sénat, dit « chambre haute », et l’Assemblée nationale, dite « chambre basse ». Depuis l'avènement de la Cinquième République, le président de la République dispose de pouvoirs assez importants, dont ceux de nommer le gouvernement et de dissoudre l'assemblée ; mais la représentation nationale est souveraine et dispose de larges pouvoirs de contrôle.
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+
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+ La capacité du parlement d'exercer effectivement ses pouvoirs est conditionnée à son organisation et à son fonctionnement interne, définis par un règlement et par le statut du député[1]. Trois types d'organes jouent un rôle majeur :
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+
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+ Les parlements apparaissent au Moyen Âge.
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+ Ils sont, en principe, issus de la Curia Regis (conseil du roi) dont ils sont l'établissement dans une région dépendant directement de la couronne.
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+ Le plus ancien parlement en Europe semble avoir été l'Althing, créé en 930 en Islande et se réunissant tous les ans. Il a surtout des fonctions de cour de justice pour régler les différends. Le parlement au sens moderne du terme est né en Angleterre : le Parlement d'Angleterre à partir du XIIIe siècle comprend des représentants élus des bourgeois et des chevaliers.
33
+
34
+ Avant la Révolution, le terme de parlement désigne en France une cour de justice jugeant en appel des juridictions d'une région, et dont le pouvoir législatif est purement jurisprudentiel. Des arrêts de règlements, pris collégialement toutes chambres réunies, permettent de codifier des questions de droit en faisant une synthèse de la jurisprudence.
35
+
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+ De nombreuses matières sont de la compétence de juridictions spéciales sous appel d'autres cours souveraines que les parlements, notamment pour les contentieux relatifs aux affaires ecclésiastiques, au domaine du roi (Eaux et Forêts, Amirauté, monnaie), à certaines professions (Maréchaussée, chambre de la Maçonnerie), aux questions fiscales.
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+ Les chambres des parlements ne représentent pas des catégories sociales, mais les différentes matières du contentieux. Ils n'ont pas le pouvoir de voter des impôts, ou de contrôler les décisions du gouvernement, ou de représenter des classes sociales comme en Angleterre après la Glorieuse Révolution.
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+ Cependant, ils sont chargés d'enregistrer et de publier les actes royaux après avoir vérifié leur cohérence avec le reste du droit de leur ressort, y compris les principes généraux. Sans cet enregistrement, les actes royaux ne sont pas applicables.
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+ En France, on comptait treize parlements et conseils souverains à la fin de l’Ancien Régime, le plus important étant le parlement de Paris.
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+ Le jansénisme parlementaire désigne, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un mouvement de la bourgeoisie qui commence avec la révolte des cabochiens et qui tend à considérer que tous les parlements forment ensemble un corps unique souverain, détenteur d'un pouvoir politique et source légitime du droit.
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+ République d’Autriche
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+ Republik Österreich
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+ 48° 12′ N, 16° 21′ E
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+ modifier
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+ L'Autriche (en allemand : Österreich Écouter), en forme longue la république d'Autriche (en allemand : Republik Österreich), est un État fédéral d'Europe centrale sans accès à la mer. Pays montagneux, il est entouré, dans le sens des aiguilles d'une montre, par l'Allemagne et la Tchéquie au nord, la Slovaquie et la Hongrie à l'est, la Slovénie et l'Italie au sud, et par la Suisse et le Liechtenstein à l'ouest. L'Autriche est membre de l'Union européenne et de la zone euro respectivement depuis 1995 et 1999. Sa langue officielle est l'allemand, mais depuis la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, six autres langues (hongrois, slovène, croate du Burgenland, tchèque, slovaque et romani) sont reconnues[4]. Sa capitale et plus grande ville est Vienne.
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+
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+ L'Autriche est l'un des États issus de la dislocation en 1918 de l'Autriche-Hongrie. Par le passé, elle a été un acteur majeur de l'histoire de l'Europe, au cœur de grandes entités politiques telles que le Saint-Empire romain germanique, la monarchie de Habsbourg, l'empire d'Autriche et la Confédération germanique. Les nombreuses épreuves temporelles qu'elle a vécu ont fait de ce pays une grande puissance mondiale. Mais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Autriche a adopté une politique de neutralité dans les relations internationales[5].
12
+
13
+ La première mention écrite du nom Austria[6] se trouve dans l'Historia gentis Langobardorum, et date de l'année 796. Österreich signifie en vieil allemand « le royaume de l'Est ». L'Autriche a longtemps été le plus oriental des pays de l'Ouest. Un croisement avec son équivalent latin, Austria (dès le XIIe siècle), a donné Austriche en moyen français, puis Autriche en français.
14
+
15
+ Österreich est dérivé de Ostarrichi, première mention du nom du pays sur un document qui date de 996. Auparavant, le pays est connu sous le nom d'Ostmark « Marche de l'est », créée par l'empereur germanique Otton Ier.
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+
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+ Les trois plus grandes villes sont, dans l'ordre, Vienne, Graz et Linz.
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+ Les Alpes occupent les deux tiers de la surface au sol de l'Autriche. Le point culminant du pays est le Grossglockner, qui s'élève à 3 797 m.
20
+
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+ Le fleuve le plus long est le Danube, qui traverse également l'Allemagne, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie et l'Ukraine. Son parcours en Autriche s'étend sur 350 km.
22
+
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+ Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré en Autriche[7].
24
+
25
+ La crise climatique affecte l'Autriche de diverses manières. Le rapport d'évaluation autrichien sur le changement climatique 2014 (Österreichischer Sachstandsbericht Klimawandel 2014) a abouti aux résultats suivants[8] : en Autriche, la température a augmenté de près de 2 °C au cours de la période allant de 1880 à 2014. Sur la même période, la température n'a globalement augmenté que de 0,85 °C. Les mesures prises jusqu'à présent par l'Autriche ne couvrent pas la contribution attendue du pays à la réalisation de l'objectif mondial de 2 °C. Au XXIe siècle, on peut s'attendre à une augmentation des précipitations au cours du semestre d'hiver et à une diminution du semestre d'été. La durée de l'enneigement s'est raccourcie au cours des dernières décennies, en particulier à moyenne et haute altitude (environ 1 000 m). Tous les glaciers mesurés en Autriche ont clairement perdu de la surface et du volume depuis 1980. Par exemple, dans les Alpes du sud de l'Ötztal, la plus grande zone glaciaire contiguë d'Autriche, la zone glaciaire est passée de 144,2 km2 en 1969 à 126,6 km2 en 1997 et 116,1 km2 en 2006. Les glissements de terrain, les coulées de boue, les éboulements et autres phénomènes gravitationnels augmentent considérablement dans les régions montagneuses. Le risque d'incendies de forêt augmentera en Autriche. Les perturbations dans les écosystèmes forestiers augmentent en intensité et en fréquence dans tous les scénarios climatiques discutés. Les écosystèmes à longue période de développement et les habitats des Alpes au-dessus de la limite des arbres sont particulièrement affectés par le changement climatique. Le tourisme d'hiver continuera de subir des pressions en raison de l'augmentation constante de la température.
26
+
27
+ En 2019, le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Autriche[9] est le 9 avril[10]. L'Autriche est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+
29
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
30
+
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+ En décembre 2018, l'Autriche comptait 350 sites dont :
32
+
33
+ L’infrastructure de transports autrichienne est liée directement à sa situation, d’une part au sein des Alpes, et d'autre part à sa situation de carrefour du centre de l’Europe centrale, que ce soit du point de vue des liaisons routières autant que ferroviaires. L'aménagement de voies de communication dans les Alpes nécessite de nombreux tunnels et ponts ayant pour caractéristiques de devoir résister à des conditions météorologiques extrêmes. Du fait de sa situation centrale, l’Autriche constitue un pays de transit, principalement pour les axes Nord-Sud et Nord-Sud-Est, et depuis la chute du rideau de fer également pour l'axe Est-Ouest. Cela implique ainsi un net surdimensionnement des voies de communication, notamment dans des zones écologiques sensibles, soulevant souvent des protestations de la part de la population.
34
+
35
+ Pour faire face à cette difficile combinaison d'intérêts à la fois économiques et écologiques, certaines mesures ont été rendues nécessaires, contribuant à faire de l'Autriche un pays aux avant-postes de la protection environnementale. La république alpine a par exemple très tôt imposé l'utilisation de pots catalytiques sur les véhicules motorisés. Certaines voies de circulation ne sont ouvertes qu’aux camions à la nuisance sonore réduite. Diverses dérégulations ont toutefois entraîné, principalement parmi certaines populations telles que celles de la vallée de l’Inn, un sentiment d'être oubliées par les instances de régulation agissant aux niveaux nationaux et internationaux, notamment par l’Union européenne.
36
+
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+ Le réseau routier autrichien se compose actuellement de :
38
+
39
+ Le réseau routier est entretenu principalement par l’État. Une taxe sur les véhicules existe sur le réseau autoroutier, sous la forme de vignette obligatoire (77,80 € en 2012 pour une vignette annuelle). Les camions doivent payer une redevance kilométrique (maximum 0,273 €/km) à la société ASFINAG (en).
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+
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+ La majorité du réseau ferroviaire est gérée par la société ÖBB (Österreichische Bundesbahnen). D’autres entreprises sont également présentes dans le transport ferré autrichien, détenues soit par les Länder, soit par le secteur privé.
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+
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+ Un réseau de S-Bahn est déployé actuellement dans les régions métropolitaine de chacune des capitales d'État : Vienne, Brégence, Graz, InnsbruckS-Bahn du Tyrol, Klagenfurt, LinzS-Bahn de Haute-Autriche, Salzbourg.
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+
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+ Vienne est la seule ville autrichienne à être équipée d’un véritable réseau de métro (U-Bahn). Certaines stations du réseau de tramway de Linz se trouvent sous terre. Les villes de Vienne, Graz, Linz, Innsbruck et Gmunden possèdent également un réseau de tramway. Le village de Serfaus, situé dans le Tyrol, possède le U-Bahn Serfaus, téléphérique souterrain, parfois considéré comme le métro le plus petit au monde.
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+
47
+ Le Danube est le fleuve le plus important pour le trafic maritime. Le Danube est utilisé pour les cargos et aussi pour les navires de croisière.[réf. nécessaire]
48
+
49
+ Déjà peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt), appartenant à l’Empire romain (Provinces Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie) puis en partie possédée par la Francie orientale, l’Autriche est pendant tout le Moyen Âge une des nombreuses principautés de langue allemande composant le Saint-Empire romain germanique. Grâce au Privilegium Minus et à la maison de Babenberg, indépendante de la Bavière depuis 1156, l'Autriche adoptée par la maison de Habsbourg en 1278 (Rodolphe Ier) a longtemps été la force dominante de l’Empire, plaçant à sa tête beaucoup de ses souverains, jusqu’à sa dissolution en 1806 par le « double-empereur » autrichien François II/I.
50
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51
+ À la fin du Moyen Âge, la maison de Habsbourg (plus tard Habsbourg-Lorraine) transforme ses possessions en puissance européenne par rattachement des pays germanophones et non-germanophones, centralise l’administration et le droit dans l’archiduché d'Autriche — notamment après la guerre de Succession d'Autriche par Marie-Thérèse et son fils Joseph II — et forme enfin en 1804 l’empire d'Autriche. En 1815 — après le congrès de Vienne — l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération germanique, mais l’opposition austro-prussienne domine, et la guerre austro-prussienne achève cette confédération en 1866 et résout la question allemande définitivement de la part de l’Autriche. En 1867, l’Autriche, sous le règne de François-Joseph Ier se tourne vers le Sud-Est de l’Europe de sorte que l’empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (allemand : Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie.
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53
+ La défaite des Empires centraux à la fin de la Première Guerre mondiale voit le territoire de la monarchie danubienne morcelé en plusieurs nouveaux États indépendants. L'Autriche est alors réduite à son territoire actuel. Le pays se laisse alors tenter par l'austrofascisme, puis par le nazisme. En 1938, l'Autriche est purement et simplement annexée au Troisième Reich : c’est l'Anschluss. La défaite hitlérienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, laisse le pays exsangue. Vienne, la capitale historique, connaît alors pendant dix ans un sort similaire à celui de Berlin avec une division quadripartite. En 1955, le pays recouvre sa souveraineté et mène une politique de stricte neutralité.
54
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55
+ Durant l'Antiquité, l'Autriche est peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt). Elle est ensuite partagée entre plusieurs provinces romaines, la Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie. Elle est intégrée à la Francie orientale qui devient le Saint-Empire romain germanique, après les grandes invasions en tant que marche de l'empire carolingien.
56
+
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+ En 1815, après le congrès de Vienne, l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération allemande, mais l’opposition austro-prussienne domine. Les tensions atteignent leur paroxysme au cours de la guerre austro-prussienne en 1866. La défaite autrichienne voit l'avènement de cette confédération la même année résolvant ainsi la question allemande à son détriment. Vienne est trois ans après l'épicentre du krach du siècle.
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+ Sous le règne de François-Joseph Ier, en 1867, l'Autriche se tourne vers le Sud-Est de l’Europe, de sorte que l’Empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie. François-Joseph meurt en 1916, à 86 ans, pendant la Première Guerre mondiale, après 68 ans de règne.
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+ Son petit-neveu et successeur Charles Ier d'Autriche, 29 ans, après de vaines tentatives de retour à la paix, accepte impuissant le 12 novembre 1918 la dislocation de son empire et part en exil.
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+ Lors de la scission de l'Autriche-Hongrie en 1918, les députés autrichiens allemands du parlement de Cisleithanie (Reichsrat) élus en 1911 décident de fonder un État d'Autriche allemande. L'Assemblée rédige une constitution déclarant que « l'Autriche allemande est une république démocratique » (article 1) et qu'elle « est une partie de la République allemande » (article 2). Les alliés de la Première Guerre mondiale s'opposent à cette idée, et le traité de Saint-Germain-en-Laye interdit le nom d'« Autriche allemande » et son unification éventuelle avec l'Allemagne (article 88), donnant naissance à l'ère de la Première République d'Autriche.
64
+
65
+ Considérablement réduite en taille après le traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919, l'Autriche connaît une grave crise économique au lendemain de la Grande Guerre. Ce n'est que grâce à l'intervention de la Société des Nations que sa situation s'améliore à la fin des années 1920. Plus tard, l'Autriche est rattachée à l'Allemagne hitlérienne entre 1938 et 1945. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est occupée par les armées alliées et ne retrouve sa pleine souveraineté qu'en 1955. La guerre froide en fait à nouveau une « marche » de l'Europe, cette fois face au bloc soviétique. Elle connaît alors un fort redressement économique durant cette période, avant d'adhérer à l'Union européenne en 1995.
66
+
67
+ Le Conseil national autrichien (Nationalrat, 183 sièges) est depuis le 29 septembre 2019[13] composé comme suit :
68
+
69
+ Heinz Fischer, du SPÖ, est élu président fédéral le 25 avril 2004 avec 52,41 % des voix contre 47,59 % des voix pour Benita Ferrero-Waldner. Il est intronisé le 8 juillet 2004, soit deux jours après le décès de son prédécesseur, Thomas Klestil. Le 25 avril 2010, Fischer est réélu avec 79,3 % des voix pour un nouveau mandat de six ans.
70
+
71
+ Le 22 mai 2016 a lieu le second tour de l'élection présidentielle de 2016 ; le vainqueur est Alexander Van der Bellen mais les résultats sont annulés et le scrutin, reporté au 4 décembre 2016, confirme la victoire d'Alexander Van der Bellen pour la présidence d'Autriche.
72
+
73
+ L'Autriche est un pays neutre, qui ne fait, par exemple, pas partie de l’OTAN, à la différence de la plupart des pays européens[14]. La neutralité autrichienne est une conséquence directe des négociations pour le Traité d'État autrichien (Staatsvertrag), signé le 15 mai 1955 à Vienne.
74
+
75
+ Le pays est membre de l'Association européenne de libre-échange de 1960 à 1995, puis rejoint l'Union européenne le 1er janvier 1995[15]. En 2002, l'Autriche abandonne le schilling autrichien et adopte l'euro.
76
+
77
+ L'Autriche est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
78
+
79
+ En 2000, après l'entrée au gouvernement du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), les quatorze autres États membres de l'Union européenne cessent toute rencontre bilatérale avec le gouvernement autrichien pendant sept mois, imposent des limitations à ses ambassadeurs et ôtent tout soutien à des candidats autrichiens à des postes dans les organisations internationales[16],[N 1].
80
+
81
+ L'armée autrichienne est de puissance réduite et participe peu aux opérations hors de son territoire.
82
+
83
+ L’organisation territoriale de l'Autriche se compose de plusieurs niveaux. Le premier échelon administratif, sous l’État fédéral, est l’État fédéré. Il existe cependant un échelon statistique supérieur, le groupe d’États. Viennent ensuite les districts et en dessous les communes.
84
+
85
+ L'Autriche est une République fédérant neuf États ou Bundesländer[19] :
86
+
87
+ Grâce notamment au poids important des sociétés spécialisées dans la sous-traitance, l'Autriche est essentiellement un pays de petites et moyennes entreprises.
88
+
89
+ Les secteurs-clés de l'industrie autrichienne :
90
+
91
+ Le tourisme est l'un des secteurs économiques les plus importants en Autriche : en 2018, sa valeur ajoutée directe est de 26,2 milliards d'euros, ce qui correspond à 8,7 % du PIB[21]. Le tourisme est uniformément réparti sur les saisons d'été et d'hiver.
92
+
93
+ Une estimation préliminaire de la population autrichienne en date du 1er janvier 2016[22], faisait état de 8 700 471 habitants. L'Autriche affiche au total une croissance de plus de 115 545 personnes en une année, et a connu ainsi une croissance démographique exceptionnelle de 1,35 %. L'essentiel de cet accroissement est le fait de l'immigration soutenue, le taux d'accroissement naturel étant nul.
94
+
95
+ La croissance fut de 53 200 habitants en 2005. Le taux moyen de 0,66 % observé en 2004-2005 était cinq fois supérieur au taux fort bas affiché au milieu des années 1990.
96
+
97
+ Mais, à l’instar de tous ses voisins, le pays fait en réalité partie du groupe de pays d’Europe centro-méridionale à bas taux de fécondité (1,41 en 2005). L’excédent des naissances est très faible (de -1 000 à + 5 000 personnes ces dernières années) et dû totalement à l’excédent naturel des étrangers. La totalité de l'accroissement de la population constaté est dû à une nouvelle vague d’immigration.
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99
+ Sur 78 000 naissances en 2005, plus de 9 000 étaient de nationalité étrangère, et bien plus encore en comptant les naissances liées à des parents immigrés ou étrangers fraîchement naturalisés. Le flux d’immigration nette a dépassé 50 000 personnes en 2004 comme en 2005. Le niveau des acquisitions de la nationalité autrichienne est élevé, surtout chez les jeunes et a atteint près de 35 000 étrangers en 2005, après des années 2003 et 2004 records (44 694 et 41 645). L'Autriche interdit cependant de travailler aux citoyens qui n'ont pas de nationalité de l'UE, afin de freiner l'immigration.
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+ L'espérance de vie en Autriche s'élève à 82,1 ans pour les femmes et à 76,4 ans pour les hommes.
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+ L'Autriche a donné le jour à de nombreux artistes célèbres, comme les compositeurs Franz Schubert, Johann Strauss (père et fils), Anton Bruckner et Gustav Mahler, les actrices Hedy Lamarr et Romy Schneider (certes née à Vienne, celle-ci n'a cependant jamais eu la nationalité autrichienne), les peintres Egon Schiele et Gustav Klimt, les écrivains Arthur Schnitzler, Thomas Bernhard, Ingeborg Bachmann, Elfriede Jelinek et Robert Musil, les architectes Adolf Loos, Otto Wagner, Josef Hoffmann. Beaucoup ont émigré, notamment à la fin des années 1930, et ont connu la notoriété dans des pays étrangers : l'écrivain Stefan Zweig, l'historien d'art Otto Benesch, la peintre Mariette Lydis, le compositeur Arnold Schoenberg, le musicien Erich Wolfgang Korngold, les cinéastes Max Reinhardt, Michael Haneke, la chorégraphe Margarethe Wallmann, l'acteur Arnold Schwarzenegger et beaucoup d'autres. En revanche, et contrairement à une idée répandue, le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart n'était pas autrichien : lorsqu'il est né, en 1756, la ville de Salzbourg était encore une principauté du Saint-Empire romain germanique, et ce n'est qu'après sa mort qu'elle a été rattachée à l'Autriche.
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+
105
+ La langue officielle de l’Autriche est l’allemand. L’allemand autrichien est différent dans sa prononciation et son lexique comparé à celui parlé en Allemagne. Il s’agit de la langue maternelle de 89 % de la population du pays, soit 7 115 780 personnes sur 8 032 926 Autrichiens[23].
106
+
107
+ En 2001, 73,6 % des Autrichiens étaient catholiques, 4,5 % protestants luthériens, 4,2 % musulmans, 5,5 % autres et 12 % sans religion.
108
+
109
+ En 2016, le nombre de musulmans s'établit à près de 600 000 provenant principalement de Bosnie et de Turquie[29]. Les alévis bektachi sont environ 60 000 en Autriche[30]. En 2010, l'État autrichien a officiellement reconnu l'alévisme comme un culte. Les cemevi ont un statut légal, les chefs religieux sont reconnus par l'État, les jours sacrés (kurban, ashura, Hizir et newroz) des alévis sont devenus des jours fériés, et des masters sur l'alévisme sont mis en place[31]. Les Autrichiens musulmans doivent faire face à une montée de l'intolérance religieuse : la majorité de la population considérerait que les musulmans ne devraient pas bénéficier de droits égaux à ceux des catholiques, et les agressions islamophobes sont en augmentation[32].
110
+
111
+ Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, tels le Concentus Musicus Wien, dirigé par Nikolaus Harnoncourt, et surtout l'Orchestre philharmonique de Vienne conduit par des chefs invités de renom.
112
+
113
+ Parmi les autres Autrichiens célèbres, on compte les compositeurs Franz Schubert, Anton Bruckner, Mozart (même si, Salzbourg, sa ville natale, n'a été rattachée à l'Autriche qu'après sa mort) et Gustav Mahler, les physiciens Ludwig Boltzmann, Erwin Schrödinger, et Wolfgang Pauli, le mathématicien Kurt Gödel, les économistes Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, les philosophes Karl Popper et Ludwig Wittgenstein, le psychanalyste Sigmund Freud, les écrivains Stefan Zweig, Robert Musil, Carl Zuckmayer, Elfriede Jelinek, Joseph Roth ou Thomas Bernhard, les peintres Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka ainsi que l’acteur et homme politique Arnold Schwarzenegger, l'acteur Christoph Waltz, le réalisateur doublement palmé à Cannes Michael Haneke, l'acteur Helmut Berger, mais aussi Adolf Hitler, émigré en Allemagne en 1913, et qui demande à renoncer à sa nationalité autrichienne le 7 avril 1925[33] ou encore le père fondateur du sionisme Theodor Herzl.
114
+
115
+ Située dans les Alpes, l'Autriche est la patrie de nombreux skieurs alpins, comme Toni Sailer, Hermann Maier, Annemarie Moser-Pröll, Anita Wachter et Benjamin Raich. Avec l'Euro 2008, organisé par la Suisse et l'Autriche, les joueurs de l'équipe nationale de football ont gagné aussi en popularité, comme Andy Ivanschitz, Jimmy Hoffer ou Sebastian Prödl.
116
+
117
+ Ce petit pays démographiquement parlant a aussi donné naissance à deux champions du monde de Formule 1 : Jochen Rindt (champion en 1970 à titre posthume) et Niki Lauda (champion en 1975, 1977 et 1984).
118
+
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+ La pratique religieuse y était de 35 % dans les années 1950[34].
120
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+ Lac de Neusiedl.
122
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+ Bassin de Vienne.
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+ Wachau.
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+ Hallstatt.
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+ Grossglockner.
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+ Vienne.
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+ Graz.
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+ Linz.
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+ Salzbourg.
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+ Des passages de cet article sont désuets ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
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+ L'Autriche a pour codes :
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+ 9e législature
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+ Bâtiment Louise-Weiss (Strasbourg)
6
+ Bâtiment Paul-Henri Spaak (Bruxelles)
7
+
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+ modifier
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+
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+ Le Parlement européen (PE) est l'organe parlementaire de l'Union européenne (UE) élu au suffrage universel direct. Il partage avec le Conseil de l'Union européenne le pouvoir législatif de l'Union européenne.
11
+
12
+ Le Parlement européen est composé de 705 députés, qui représentent environ 360 millions d'électeurs inscrits — participant aux élections européennes — provenant de 27 États (en 2020), le second plus grand électorat du monde, derrière celui de l'Inde, et le plus grand électorat transnational[1].
13
+
14
+ En 1976, le Conseil européen décide qu'à partir de 1979, le Parlement sera élu tous les cinq ans au suffrage universel direct, à la proportionnelle. Il ne dispose pas de l'initiative législative, dont la Commission européenne a le monopole. Bien que le Parlement soit la « principale » institution de l'Union européenne (il est mentionné en premier dans les traités et a la préséance cérémoniale sur toutes les autres autorités européennes[2]), le Conseil de l'Union européenne a des pouvoirs législatifs légèrement plus importants que lui car il adopte également des lois dans le cadre limité de la procédure législative spéciale.
15
+
16
+ Depuis le traité de Lisbonne, la procédure législative ordinaire, qui place le Conseil (représentant les États membres) et le Parlement européen (représentant la population) sur un pied d'égalité pour l'adoption d'une norme européenne, est devenue la procédure législative de droit commun[3]. Ainsi, les domaines dans lesquels celle-ci ne s'applique pas sont largement minoritaires (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont marginaux : le Parlement européen est ainsi très largement exclu de la Politique étrangère et de sécurité commune). Le Parlement a en outre le contrôle du volet dépenses (mais non du volet recettes) du budget européen[4].
17
+
18
+ Son siège est à Strasbourg en France, où se tiennent les séances plénières. Ses commissions, ainsi que les séances additionnelles se tiennent à l'Espace Léopold, à Bruxelles en Belgique. Son secrétariat général est installé à Luxembourg.
19
+
20
+ Les actes législatifs soumis à amendement ou approbation du Parlement dans le cadre de la procédure législative ordinaire (anciennement « codécision ») sont soit des règlements, « directement applicables dans tout État membre », soit des directives, qui « lient tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens », soit des décisions, obligatoires pour leurs destinataires (TFUE 288).
21
+
22
+ Le parlement approuve le président de la Commission européenne choisi par le Conseil européen, ainsi que la composition de la Commission, il peut la forcer à démissionner par l'emploi d'une motion de censure. Il participe au vote du budget de l'Union européenne et a le dernier mot pour les dépenses dites « non obligatoires ».
23
+
24
+ D'autres organisations européennes, telles que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Conseil de l'Europe et anciennement l'Union de l'Europe occidentale (UEO) ont des assemblées parlementaires dont les membres sont nommés par les parlements nationaux. Mais d'une part elles ne sont pas des institutions de l'Union européenne, et d'autre part elles n'ont pas de pouvoir législatif. Le Parlement européen est le seul à être directement élu par les citoyens et à avoir une compétence législative.
25
+
26
+ Par certains aspects, le Conseil de l'Union européenne et le Parlement européen sont comparables aux chambres haute et basse d'un système bicaméral mais, à quelques exceptions près et à la différence des parlements nationaux, ni le Parlement ni le Conseil ne peuvent être à l'initiative de proposition de textes législatifs, ce pouvoir étant réservé à la Commission européenne (article 17-2 du traité de l'Union européenne). Cependant, l'article 192 du traité d'Amsterdam (article 225 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne) précise que :
27
+
28
+ « Le Parlement européen peut, à la majorité des membres qui le composent, demander à la Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les questions qui lui paraissent nécessiter l'élaboration d'un acte de l'Union pour la mise en œuvre de la Constitution. Si la Commission ne soumet pas de proposition, elle en communique les raisons au Parlement européen. »
29
+
30
+ La portée pratique de cette faculté est renforcée par l'accord du 9 octobre 2003 entre les trois institutions (Conseil de l'Union européenne, Commission européenne, Parlement européen) par lequel la Commission s'engage à donner suite aux demandes qui lui sont faites :
31
+
32
+ « La Commission tient compte des demandes de présentation de propositions législatives faites par le Parlement européen ou le Conseil, formulées respectivement sur la base de l'article 192 ou de l'article 208 du traité CE. Elle fournit une réponse rapide et appropriée aux commissions parlementaires compétentes et aux organes préparatoires du Conseil[5]. »
33
+
34
+ Selon la Procédure législative ordinaire (dite de codécision), les actes législatifs sont adoptés conjointement par le Parlement et le Conseil sur proposition de la Commission (TFUE 289 et 251). Depuis le traité de Lisbonne cette procédure est devenue le cas général et couvre presque l'intégralité des secteurs en intégrant notamment les politiques de coopération policière et judiciaire. Les secteurs restants relèvent de la procédure de coopération et de la procédure de consultation (le Parlement rend un simple avis), ou de l'avis conforme (le texte est accepté ou rejeté par le Parlement sans possibilité d'amendement). L'article TFUE 294, qui précise la mécanique institutionnelle, dispose que pour être adoptés selon la procédure de codécision, les actes législatifs doivent être votés à la majorité par le Conseil et par le Parlement. En cas de désaccord, le Parlement peut rejeter le projet d'acte, ou l'amender à la majorité des parlementaires et non des présents (TFUE 294-7). Ces amendements issus du Parlement ne peuvent en outre être adoptés qu'à l'unanimité par le Conseil si la Commission européenne ne les approuve pas.
35
+
36
+ Le Parlement européen peut rejeter et amender la partie dépenses du budget (TFUE 314).
37
+ Il reste écarté des décisions sur les recettes de l'Union, c'est-à-dire ne vote pas la partie recettes du budget de l'Union, ne vote pas l'impôt, et est donc exclu de la fiscalité, dont le monopole appartient au Conseil après approbation à l'unanimité des États membres (TFUE 311). Cependant, la supervision des dépenses de l'Union européenne est l'une des compétences majeures des députés, notamment en accordant (ou pas) la « décharge » budgétaire à la Commission, par laquelle les députés valident la manière dont les fonds ont été gérés. En 1999 cette procédure avait mené à la démission de la Commission Santer, prouvant la montée en puissance du Parlement européen[6] : la Commission Santer est poussée à la démission à la suite du refus du Parlement de donner la décharge budgétaire pour l'année 1996.
38
+
39
+ Le Parlement élit pour cinq ans le président de la Commission européenne (TUE 14-1), mais seulement sur proposition du Conseil européen (les chefs d'État), qui tient compte des résultats des élections au Parlement européen (TUE 17-7). Les autres membres de la Commission sont désignés par le président « en raison de leur compétence générale et de leur engagement européen et parmi des personnalités offrant toutes garanties d'indépendance » (TUE17-3), et non pour correspondre à la majorité parlementaire.
40
+
41
+ Quand bien même les futurs membres sont auditionnés individuellement, le Parlement accepte ou rejette en bloc la composition de la Commission : ainsi, le 1er novembre 2004 l'élection de la première Commission Barroso est repoussée de plusieurs jours, le Parlement ayant menacé de refuser de l'avaliser si Rocco Buttiglione était maintenu au poste de Commissaire à la Justice. C'est finalement Franco Frattini qui le remplace, et le nouveau collège est présenté le 4 novembre[7].
42
+
43
+ Le Parlement européen exerce une certaine surveillance de toutes les activités de l'UE, en particulier celles de la Commission. Le Parlement peut ainsi censurer et donc démettre la Commission dans son ensemble, à la majorité des membres du parlement et des deux tiers des suffrages exprimés (TUE 17-8, TFUE 234).
44
+
45
+ Le Parlement peut donner un avis consultatif sur toute question au moyen des déclarations écrites. Le Parlement nomme également le médiateur européen pour 5 ans.
46
+
47
+ Le texte du traité sur l'Union européenne, modifié par le traité de Lisbonne (art. 14-2), dispose que : « le Parlement européen est composé de représentants des citoyens de l'Union. Leur nombre ne dépasse pas sept cent cinquante, plus le président. La représentation des citoyens est assurée de façon dégressivement proportionnelle, avec un seuil minimum de six députés par État membre. Aucun État membre ne se voit attribuer plus de quatre-vingt-seize sièges. »
48
+
49
+ Le Parlement européen représente plus de 500 millions de citoyens de l'Union[8]. Ses membres sont appelés députés européens. Les élections, au suffrage universel direct, se déroulent tous les cinq ans. Les citoyens de l'Union ne sont pas également représentés au Parlement européen : les petits États sont surreprésentés (comme Malte qui a un député pour 76 000 habitants) au détriment des grands pays (comme l'Allemagne avec un député pour 826 000 habitants ou la France avec un député pour 904 000 habitants) ; en fonction de la population de 2011[8], un électeur allemand pèse donc onze fois moins qu'un électeur maltais et un électeur français douze fois moins. De même la Belgique, le Portugal, la République tchèque, la Grèce, et les grandes régions françaises du Sud-est ou de l'Île-de-France ont chacun une population oscillant entre 10,4 et 11 millions d'habitants, mais les premiers éliront 24 députés, les dernières 13 à 14 seulement. Comme le nombre de députés accordé à chaque pays résulte des négociations dans les traités, il n'y a pas de formule précise sur la répartition des sièges parmi les États membres. Aucun changement de cette configuration ne peut se produire sans consentement unanime de tous les gouvernements.
50
+
51
+ Au sein de chaque État membre, le mode de scrutin est à la libre appréciation de chaque État membre. Cependant, il est soumis à trois règles :
52
+
53
+ Cette dernière règle pose un problème de représentativité pour les États avec plus de 20 députés. Par exemple, la France applique le seuil de 5%, ce qui a ainsi conduit à ignorer 19,7% des scrutins exprimés lors des élections de 2019[9].
54
+
55
+ Généralement, les pays candidats à l'adhésion à l'UE envoient auparavant au Parlement des observateurs dont le nombre et les modalités de désignation sont fixés dans les traités d'adhésion signés par ces pays.
56
+
57
+ Les observateurs peuvent assister aux débats et y prendre part sur invitation, mais ils ne peuvent pas voter ni exercer de fonctions officielles. Quand les pays deviennent membres de l'UE, leurs observateurs deviennent députés à part entière pendant une période d'intérim jusqu'aux prochaines élections européennes ou jusqu'à des élections intermédiaires dans les pays en question. Le nombre maximum de parlementaires (751 selon le traité de Lisbonne), peut donc temporairement être dépassé.
58
+
59
+ Ainsi, depuis l'automne 2005, la Bulgarie et la Roumanie disposaient respectivement de 18 et 35 observateurs. Ils ont été sélectionnés par les parlements nationaux parmi les partis de la majorité comme de l'opposition. Le 1er janvier 2007, ils sont devenus députés au Parlement européen, et des élections ont eu lieu en mai en Bulgarie et en novembre en Roumanie pour désigner de nouveaux élus jusqu'en 2009. Le Parlement européen a alors compté temporairement 785 députés, en attendant les élections européennes de juin 2009 qui ont ramené ce chiffre à 732, chiffre maximal fixé par le traité de Nice en 2003[N 1].
60
+
61
+ Extrêmement peu d’ex-ouvriers ont siégé sur les bancs du Parlement européen. En moyenne, selon les législatures, entre 0 % et 2 % des eurodéputés français depuis 1979 ont été ouvriers[10].
62
+
63
+ La Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) a établi, en septembre 1952, une Assemblée commune de 78 membres issus des parlements nationaux des six pays constituant la CECA. Dans cette assemblée, les députés disposaient du pouvoir de sanctionner la Haute Autorité, organe exécutif de la communauté. Une rupture politique eut lieu en mars 1957 avec la création de la Communauté économique européenne (CEE) dont l’Assemblée parlementaire européenne, renommée Parlement européen en 1962, était alors dotée du seul pouvoir de consultation[11],[12].
64
+
65
+ En 1979, le nombre de parlementaires a été une nouvelle fois augmenté et les membres ont été élus directement par le peuple pour la première fois pour une durée de cinq ans. Ensuite l'effectif du Parlement européen a simplement augmenté à chaque élargissement ; le nombre de députés a également été revu à la hausse en 1994 après la réunification allemande et le traité de Nice l'a porté à 732. Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, le Parlement européen compte 751 députés (750 plus le président du Parlement qui n'a pas le droit de vote), à partir de la législature suivante, élue en 2014. Depuis le départ du Royaume-Uni le 1er février 2020, le nom de députés a été ramené[13].
66
+
67
+ En 1957, comme l'avait alors exigé la France, le Parlement n'était qu'une assemblée composée de députés des parlements nationaux sans aucun pouvoir. Il n'était donc pas question de lui permettre de déposer des propositions de lois. Il a fallu attendre le traité d'Amsterdam pour qu'il acquière un pouvoir d'initiative législative très limité, puisqu'il ne peut aller plus loin que demander un projet de loi à la Commission. Les Allemands, notamment Helmut Kohl, qui vivent sous une démocratie parlementaire, ont au contraire sans cesse demandé une extension des pouvoirs du Parlement, et bien que s'étant heurté aux oppositions des Français, du général de Gaulle à François Mitterrand en passant par le célèbre « Appel de Cochin »[14] de Jacques Chirac, il a fini petit à petit par acquérir de plus en plus de poids sur la scène politique européenne, dans les seuls domaines où il a compétence :
68
+
69
+ Rappelons toutefois que les amendements issus du Parlement doivent être adoptés à l'unanimité par le Conseil des ministres si la Commission européenne ne les approuve pas. Le Parlement n'a en définitive qu'un droit de veto, et n'a pas le pouvoir d'imposer ses choix.
70
+
71
+ C'est jusqu'ici le traité d'Amsterdam qui a le plus augmenté les pouvoirs du Parlement européen. Le traité de Lisbonne s'inscrit également dans cette montée en puissance du Parlement européen en lui accordant le droit d'initiative constitutionnelle, et en rendant plus fréquent le recours à la procédure de codécision plutôt qu'à la procédure de l'avis conforme voire de la procédure de l'avis simple[17].
72
+
73
+ Les principaux représentants et organes du Parlement sont :
74
+
75
+ Le Parlement européen dispose également de délégations chargées des relations avec les parlements de pays non membres de l'Union[21].
76
+
77
+ Le Parlement a vingt commissions et deux sous-commissions parlementaires permanentes. Actuellement il existe deux commissions spéciales[22]. Le nom indiqué indique leur président élu en 2014.
78
+ Les commissions sont composées de 25 à 73 députés et sont dotées d'un président, d'un bureau et d'un secrétariat. Leur composition politique reflète celle de la plénière.
79
+
80
+ Les députés au Parlement européen sont souvent organisés en partis politiques européens ou en regroupements assimilés lorsque ceux-ci ne sont pas reconnus ; ces partis sont souvent eux-mêmes regroupés au sein d'un même groupe politique sur la base d'affinités idéologiques. Les groupes politiques dépassent souvent le cadre d'un seul parti européen. Les députés restent membres de leur partis politiques national et la discipline dans les partis et les groupes européens n'est pas rigide. Les délégations nationales et les députés eux-mêmes sont libres de changer de groupe, comme ils sont libres de leur vote.
81
+
82
+ Les partis politiques représentés au Parlement sont un type d'organisation politique reconnu par l'Union européenne depuis 1992 (traité de Maastricht) et éligible depuis 2003 pour recevoir des fonds communautaires sous certaines conditions[23].
83
+
84
+ En fait ces « partis » ne sont pas toujours des organisations auxquelles peuvent adhérer les citoyens et constituent davantage des fédérations de partis nationaux. Mis à part le Parti vert européen qui est doté d'une réelle organisation fédérative où seul le niveau européen est compétent pour définir la politique à conduire face à l'Union et au Parlement européen[réf. nécessaire], ces organisations ne présentent pas les mêmes traits distinctifs d'un parti : projet, organisation visant à la conquête du pouvoir par le moyen de la mobilisation électorale. Ce sont donc plutôt des lieux de rencontre et d'échange[24].
85
+
86
+ Les groupes politiques du Parlement européen sont distincts des partis politiques européens, bien qu'ils soient souvent liés. Généralement, les partis européens comptent également parmi leurs membres des partis appartenant à des pays européens extérieurs à l'UE. Au début de la sixième législature en 2004, il y avait sept groupes, ainsi que plusieurs députés non-inscrits.
87
+
88
+ Jusqu'en juin 2009, il fallait au moins 20 députés issus d'un cinquième des États membres pour former un groupe politique. Depuis juillet 2009, après les élections européennes de 2009, il faut 25 députés issus d'au moins un quart des États membres (c'est-à-dire de 7 États membres). Les députés européens ne peuvent être membres de plusieurs groupes à la fois. En revanche, ils peuvent n'appartenir à aucun groupe : on les appelle alors les « non-inscrits »[25].
89
+
90
+ Le Parlement européen dispose également de délégations dédiées à un pays ou à une zone géographique donnée. Ces délégations, constituées de députés européens, organisent des rencontres et des visites, et ont pour objectif de favoriser les échanges entre les parlementaires européens et leurs homologues étrangers[21]. Elles sont réunies dans une conférence des présidents des délégations.
91
+
92
+ Les prochaines élections se tiendront en 2024.
93
+
94
+ En 1979, lors de la première élection des représentants au Parlement européen, l'abstention s'élevait à 37 % en moyenne. Elle n'a depuis pas cessé d'augmenter pour atteindre 54,3 % en 2004.
95
+
96
+ L'abstention progresse pour la plupart des pays, sauf en Belgique, au Danemark, au Luxembourg et au Royaume-Uni, où le taux d'abstention est assez stable (proche de 67 % au Royaume-Uni). En 2004, le taux d'abstention a été d'autant plus élevé que la date d'adhésion était proche : 51 % pour les 10 pays les plus anciens, 54 % pour les 6 pays ayant adhéré entre 1981 et 1995, et 73 % pour les 10 pays ayant adhéré en 2004. Le record d'abstention, en 2004, est atteint par la Slovaquie avec 83 %, suivie par la Pologne (79 %). Au sein des six pays fondateurs, le taux d'abstention a en moyenne systématiquement augmenté de 1979 (30 %) à 2004 (48 %), ce taux passant même de 31 à 50 % si l'on exclut les 2 pays (Belgique et Luxembourg) où le vote est obligatoire[26].
97
+
98
+ Le Parlement européen n'a jamais connu de majorité partageant une même idéologie[27]. Le Parti populaire européen (PPE) et l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) « structurent la vie politique de l’assemblée européenne »[28]. Pascale Joannin, directrice générale de la fondation Robert-Schuman, estime que « la seule coalition majoritaire possible est celle du PPE et de S&D, soit l’alliance de la droite et de la gauche. Il n'y a aucune autre possibilité »[27].
99
+
100
+ En Belgique, l'élection des eurodéputés a lieu au scrutin de liste à la proportionnelle, sans panachage. Depuis 1979, l'élection se déroule dans le cadre de trois collèges électoraux : le collège néerlandais (en Flandre et à Bruxelles), le collège français (en Wallonie et à Bruxelles) et le collège germanophone (Communauté germanophone). La participation au vote en Belgique est obligatoire.
101
+
102
+ En France, l'élection des eurodéputés a lieu au scrutin de liste à la proportionnelle, sans panachage ni vote préférentiel. En 2004, un nouveau mode de scrutin a été mis en œuvre : pour la première fois, l'élection s'est déroulée dans le cadre de huit circonscriptions régionales Nord-Ouest, Sud-Est, Est, Massif-Central-Centre, Sud-Ouest, Île-de-France, Ouest, Outre-Mer. La participation à l'élection européenne en France a été inférieure à 43 %, en baisse de 4 points par rapport à celle de 1999. Pour l'élection de 2019, la France revient à une circonscription nationale unique[29].
103
+
104
+ Le taux d'abstention aux élections européennes a toujours été plus important au niveau national que pour la moyenne européenne[30], et a augmenté continuellement depuis la première élection en 1979. Le taux d'abstention est ainsi passé de 39,3 % à 43,3 % en 1984, 51,2 % en 1989, 47,2 % en 1994, 53,2 % en 1999, 57,2 % en 2004, avant d'atteindre 59,5 % en 2009[31] puis de redescendre à 49,9 % en 2019.
105
+
106
+ Le Parlement européen siège à Strasbourg, en France, au sein des bâtiments Louise Weiss et Winston Churchill (au Palais de l'Europe de 1977 à 1999). S'il n'y a bien qu'un seul siège, il y a néanmoins plusieurs lieux de travail : Strasbourg, Bruxelles (Belgique) et la ville de Luxembourg (Grand-Duché de Luxembourg). Ont lieu à Strasbourg les douze sessions plénières de l'année – une par mois sauf en août (aucune) et en septembre (deux) – qui actuellement durent chacune trois jours et demi. Ont lieu à Bruxelles les commissions parlementaires – la proximité du Conseil permet aux députés d'effectuer un travail important avec ce dernier – mais aussi six « mini-sessions » par an, officiellement appelées sessions plénières additionnelles. Enfin, la ville de Luxembourg a été dotée du Secrétariat général (administration et services de traduction et d'interprétation).
107
+
108
+ Cette situation définie par le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne[32] est la conséquence de l'histoire-même du Parlement européen. En 1952, Strasbourg (ville-frontière, lourdement marquée par la Seconde Guerre mondiale) devient le siège de l'assemblée de la CECA et symbolise dès lors la réconciliation franco-allemande. En 1965, la CECA, la CEE et Euratom fusionnent. L'assemblée de cette nouvelle institution siège à Strasbourg, tandis que sa Commission et son Conseil se fixent à Bruxelles. Le secrétariat général du Parlement à peine né, ainsi que les deux Cours de justice européennes reviennent à la ville de Luxembourg.
109
+
110
+ Il existe une vive polémique au sujet de la répartition entre trois villes (Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg) des bâtiments du parlement européen. En effet certains pensent qu'il serait préférable de n'avoir qu'une seule et unique ville abritant un seul parlement, mais aucune des trois villes ni aucun des trois pays ne souhaite céder sa part de l'institution, chacun avançant divers argument et rapports.
111
+
112
+ Selon un sondage, environ 90 % des députés se font les avocats d'un déménagement total du Parlement de Strasbourg à Bruxelles[33]. L'exemple le plus connu est celui de l'eurodéputée Cecilia Malmström qui a lancé en 2006 une pétition sur internet pour que le Parlement européen soit entièrement transféré à Bruxelles, arguant que la maintenance du site de Strasbourg coûterait plus de 200 millions d'euros de frais directs (les bâtiments) et indirects (les transports entre Bruxelles et Strasbourg). Les transports entre les deux villes pollueraient aussi comme 13 000 vols aller-retour entre Londres et New York. S'ajoutent à cet argument à la fois économique et écologique, des arguments de confort : déplacements fastidieux en train ou en avion des députés, de leurs assistants et de leur matériel. En outre, il n'y a de vols directs de Strasbourg qu'en destination de seulement six capitales européennes – par exemple pas de vol vers Vienne[34]. D'autres députés tels que la Belge Frédérique Ries, l'Allemand Alexander Alvaro ou la Néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert font également régulièrement entendre leurs voix dans ce sens. Le 20 novembre 2013, une résolution du Parlement a été adoptée par 483 contre 141 voix tendant à faire de Bruxelles le seul lieu du siège du parlement[35]. Dans un rapport de juillet 2014, la Cour des comptes européenne a mentionné que le coût du maintien du siège à Strasbourg était de 113 millions d'euros[36]. Toutefois, ce rapport indique que l'hypothèse inverse de concentrer les activités vers Strasbourg n'a pas été étudiée.
113
+
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+ Ces arguments et ces chiffres sont contestés par l'étude publiée en février 2012 par l'Association européenne des jeunes entrepreneurs, qui a notamment démontré, documents officiels du secrétariat général du Parlement à l'appui, que le coût annuel du siège s'élève à 51,5 millions d'euros et l'empreinte carbone à 4 199 tonnes de CO2, soit quatre et cinq fois moins que les chiffres régulièrement communiqués par les partisans d'un déménagement à Bruxelles (200 millions d'euros et 19 000 tonnes de CO2)[37].
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+
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+ Le siège bruxellois est apparu en 2017 comme fortement fragilisé par des infiltrations et une mauvaise conception, et nécessiterait d'importants travaux pour être utilisé définitivement comme siège du Parlement, voire une reconstruction. Devant ces révélations, la question du siège se pose de nouveau avec une nouvelle actualité[38].
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+
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+ Il existe plusieurs campagnes pro-Strasbourg, telles que la campagne OneCity ou bien l'association « Pour la Démocratie Européenne ». Selon cette dernière, les chiffres avancés lors de la campagne OneSeat sont basés sur d'anciennes estimations et ne font pas la différence entre les trajets des députés de chez eux à Bruxelles ou Strasbourg et ceux qu'ils font entre Bruxelles et Strasbourg. Le coût total du maintien des trois lieux de travail (et non pas de Strasbourg uniquement) avoisinerait les 150 millions d'euros[réf. souhaitée]. De plus, pour l'association basée à Strasbourg, certains arguments de « confort » avancés par les pro-Bruxelles, ne peuvent avoir plus de poids que l'idée de décentralisation (plusieurs capitales pour plusieurs pouvoirs) de la démocratie en Europe. Ces initiatives sont elles aussi soutenues par certains députés tels que la Luxembourgeoise Astrid Lulling ou l'Allemand Bernd Posselt (en).
119
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+ Toutefois, à partir de 2012, l'Association européenne des jeunes entrepreneurs (AEJE) a fait évoluer le débat en menant une étude complète sur la question du siège du Parlement européen. Cette étude a donné lieu à la publication de trois rapports nommés « le Siège dans tous ses États »[37] réalisé sous la direction de Pierre Loeb, coprésident de l'AEJE[39].
121
+
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+ En février 2018, le dernier rapport « le Siège dans tous ses États : Strasbourg l'évidence[40] », toujours sous la direction de Pierre Loeb, de Jean-Baptiste Horhant, avec l'aide de Pauline Brugeilles, Tristan Tottet et Elie Walther[40], pointe les défaillances du bâtiment Paul-Henri Spaak du Parlement européen de Bruxelles et les coûts de sa rénovation (entre 500 millions et 1 milliard d'euros). C'est pourquoi, le dernier rapport de l'AEJE préconise qu'à la prochaine mandature en mai 2019, le siège de Strasbourg soit le siège unique lors des rénovations des bâtiments de Bruxelles[40].
123
+
124
+ Ce rapport passe au crible les arguments historiques, institutionnels, politiques, financiers et environnementaux. Il fait le constat « à la fois de faiblesses et de lacunes, qui justifient certaines critiques, mais aussi de nombreuses contre-vérités émises à l'encontre du siège du parlement européen de Strasbourg, motivées pour partie par une approche anti-européenne ». Ainsi, il conclut à la nécessité « de respecter les traités existants qui prévoient la tri-localisation du Parlement européen à Strasbourg (siège), Bruxelles et Luxembourg »[réf. nécessaire]. Ce rapport a été présenté publiquement au Parlement européen le 14 février 2012, par un panel de six députés européens, la Bulgare Mariya Gabriel, le Tchèque Libor Rouček, le Luxembourgeois Frank Engel et les Françaises Véronique Mathieu, Sandrine Bélier et Nathalie Griesbeck, autour de Pierre Loeb[39].
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+
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+ Le rapport comprend trois grandes parties :
127
+
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+ À ce jour (2014), 6 601 groupes d'intérêt exerceraient une activité de lobbying au niveau de l'Union. Ce chiffre inclut juristes et consultants (804), représentants d'associations professionnelles et d'industriels (3 265), ONG (1 711), think-tanks et organisations académiques (478), organisations religieuses (40) et organisations locales, municipales ou régionales (303)[41].
129
+
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+ En comparaison, il y avait en 2014 plus de 11 100 lobbyistes accrédités à Washington, DC[42].
131
+
132
+ Le Parlement européen a également édicté un code de bonne conduite spécifiant notamment les conditions d'accès à ses locaux et membres[43] et le registre des accréditations[44]. Les députés doivent signer une déclaration financière visant à éviter tout conflit d'intérêt entre l'exercice du mandat et des activités annexes[N 9].
133
+
134
+ Le Parlamentarium est le centre des visiteurs. Il se répartit sur les deux sites du Parlement européen.
135
+
136
+ Le premier, situé sur son site de Bruxelles à côté de l'Espace Léopold, a officiellement été ouvert au public le 14 octobre 2011 par son président Jerzy Buzek. C'est une exposition permanente, montrant l'histoire de la construction européenne et se focalisant sur les rôles et activités du Parlement[45]. La visite se fait avec un guide multimédia disponible dans l'ensemble des langues officielles de l'Union européenne.
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+ De même, un deuxième Parlamentarium est inauguré le 3 juillet 2017 à Strasbourg par le président Antonio Tajani[46].
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+ Tous les ans, le Parlement européen décerne quatre prix à des personnes ou des organisations qui se sont distinguées dans le domaine des droits de l'homme, de la jeunesse, du cinéma ou de la citoyenneté européenne :
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+ Selon Olivier Costa, chercheur au CNRS, le Parlement européen a su être incubateur de nouveaux partis qui apparaissent plus tard au niveau national[47].
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+ Pearl Harbor (littéralement le « port des Perles ») est une baie peu profonde située sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaï, à l'ouest d'Honolulu. Pearl Harbor était jadis considérée comme la résidence de la déesse requin Ka'ahupahau, et de son frère Kahi'uka.
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, elle abrite une base navale des États-Unis, la base navale de Pearl Harbor, et le quartier général de la flotte du Pacifique des États-Unis d'une superficie, en 2013, de 5 304 hectares. Le port et la base sont implantés autour d'une rade au centre de laquelle se trouve l’île de Ford. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit. Pearl Harbor est devenue célèbre en raison de l'attaque aérienne surprise lancée par le Japon le 7 décembre 1941, qui allait provoquer l'entrée en guerre des États-Unis.
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+ En anglais, « pearl harbor » signifie « port des perles ». Les Hawaïens l'appellent :
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+ Le port était principalement utilisé pour la production d'huîtres perlières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Dans les années qui suivirent l’arrivée du capitaine James Cook (1778), les Européens considéraient que la rade ne pouvait accueillir un port à cause de la faible profondeur de ses eaux.
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+ Les États-Unis et le royaume d'Hawaï signèrent un traité de réciprocité en 1875, complété par la convention du 6 décembre 1884 et ratifié en 1887. Le 20 janvier de la même année, le Sénat des États-Unis autorisa la marine à louer Pearl Harbor comme base navale. En échange, les Hawaïens obtinrent le droit exclusif de pouvoir exporter aux États-Unis du sucre sans droit de douane. La guerre hispano-américaine de 1898 et le besoin des États-Unis de posséder une présence permanente dans le Pacifique conduisirent à l'annexion de l'archipel.
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+ Les chantiers navals de Pearl Harbor furent inaugurés en 1908 et l’île de Ford fut achetée par l’armée pour développer l’aviation militaire dans le Pacifique. Dans le contexte de l’expansionnisme japonais, le général Harry Yarnell anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire le 7 février 1932, ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures.
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+ En 1939, débute la Seconde Guerre mondiale. S'affrontent alors le camp des Alliés, comprenant la France et l’Angleterre, contre les pays de l’Axe, formé par l’Italie, l’Allemagne et le Japon. Entraîné par ses alliances avec l’Allemagne, et du fait du blocus américain sur le pétrole, le Japon provoqua l’entrée en guerre des États-Unis parmi les Alliés, avec pour 1er objectif la destruction de la base navale de Pearl Harbor[1].
18
+
19
+ En 1941, l’expansion du Japon sur le territoire chinois devenant alarmante, Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis de l'époque, décida de s’allier à la Chine. C’est pourquoi il gela, le 25 juillet, les avoirs financiers nippons en plus de provoquer un embargo des matières premières au Japon dont le pétrole, nécessaire à la production de son armement[2].
20
+
21
+ Le 20 novembre 1941, le Japon envoie aux États-Unis une note en cinq points, comme dernière proposition de négociation, demandant l’arrêt de l’embargo, du gel des crédits et de l’aide matérielle et morale à la Chine en échange de son retrait dans la péninsule indochinoise, en particulier d'Indochine française. Le 26 novembre, les États-Unis ripostent par une réponse en dix points, la note de « Hull ».Refusant de se soumettre aux restrictions menaçant son expansion, le Japon donne l’ordre de départ en date du 26 novembre à son aviation aéronavale embarquée sur six porte-avions. Fin novembre, les Japonais avaient atteint la baie d’Hito-Kappu au centre de l'île d'Iturup dans l'archipel des iles Kouriles, au nord du Japon d'alors (aujourd'hui appartenant à la Russie), ce qui met la flotte japonaise à 4000 miles de Pearl Harbor et à un endroit idéal pour passer inaperçue des Américains[3].
22
+
23
+ Un élément ayant permis l’attaque japonaise de ce grand port pétrolier fut l’espionnage. Effectivement, Otto Kuehn, un agent allemand affilié aux Japonais, fut arrêté à Hawaï après l’invasion et déclara au cours de son procès qu’il y avait jusqu’à 200 agents secrets japonais infiltrés et répartis sur chacune des îles. Ceux-ci communiquaient par signaux lumineux avec leurs sous-marins et possédaient plusieurs postes à des endroits stratégiques, camouflés grâce au relief montagneux. Ces espions infiltrés avaient ainsi fourni des documents présentant en détail l’île, et des éléments essentiels au projet d’attaque[4].
24
+
25
+ À la veille de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 à 8 h 15, la flotte de guerre américaine du Pacifique, stationnée à Pearl Harbor, comprenait 86 unités : vingt huit destroyers, neuf croiseurs, huit cuirassés, cinq sous-marins, un cuirassé-cible (l'USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base et 231 avions dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres, tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée, notamment, par 35 B-17, la DCA et les défenses littorales.
26
+
27
+ Les Japonais avaient recouru à une cache dans la baie d’Hito-Kappu sur l’île Etorofu, dans les îles Kouriles[5]. L'escadre japonaise comportait 353 avions, elle était située à environ 300 km au nord d'Oahu, à bord de six porte-avions. À 6 h, une première vague de 183 avions partait des porte-avions japonais, à environ 200 miles de Pearl Harbor, en direction de la base navale[6].
28
+
29
+ L'attaque se fit en deux vagues successives. La première attaque eut lieu à 7 h 49 précises et était composée de 43 chasseurs, 49 bombardiers à haute altitude, 51 bombardiers en piqué et 40 avions lance-torpilles. Les forces aériennes américaines disponibles à Hawaï ce jour-là comportaient 231 avions mais beaucoup furent endommagés au sol et ne purent servir. La disposition linéaire et entassée des avions sur terre fut une erreur des Américains, puisque les attaquants n’ont eu qu’à faire feu en les prenant en enfilade pour détruire et endommager la majorité des avions, attaquant également les dortoirs et réfectoires militaires au passage[6].
30
+
31
+ La première vague a pu bénéficier de l'effet de surprise bien que les renseignements américains possédaient les codes japonais, car ces derniers n'ont déchiffré le message annonçant l'attaque de Pearl Harbor qu'environ une demi-heure après l'attaque. Le personnel militaire était, pour la plupart, toujours endormi ou en train de prendre le petit déjeuner. La réaction des Américains se fit rapidement puisqu’environ cinq minutes après les premiers bombardements aériens, des soldats étaient déjà à leur poste de canonniers anti-aériens[6].
32
+
33
+ La deuxième vague eut pour mission d'achever les navires très endommagés, mais la fumée les empêchait de voir correctement leurs objectifs et ils lancèrent leurs bombes sur des navires moins endommagés. À 8 h, une alerte de détresse était lancée sur toute la flotte du Pacifique par l’amiral Husband Edward Kimmel : « AIR RAID ON PEARL HARBOR X THIS IS NOT DRILL. »[6].
34
+
35
+ À 9 h 45, l’attaque était déjà terminée et les Japonais en route vers leurs porte-avions, qu'ils atteignirent à 12 h 14. Ils repartaient vers leur pays une heure plus tard, avec seulement vingt-neuf avions et cinq sous-marins de poche en moins[6]. En définitive, l'amiral Nagumo ramenait une flotte aérienne presque intacte, mais il avait refusé une troisième attaque, sollicitée par son entourage.
36
+
37
+ Cette attaque incita le Congrès des États-Unis à entrer officiellement dans la Seconde Guerre mondiale, déclaration de guerre signée par le président Roosevelt le 11 décembre.
38
+
39
+ Le bilan de l’assaut contre Pearl Harbor fut que dix huit des quatre vingt seize bâtiments présents sur l’île d’Oahu furent démolis ou endommagés et que les dommages matériels s’élevèrent à 500 000 $. Les porte-avions n’étaient pas à la base navale le jour de l’attaque, mais huit des douze cuirassés furent coulés et endommagés, dont deux, l'USS Arizona et l'USS Oklahoma, furent perdus définitivement. Quatre destroyers furent détruits, trois croiseurs endommagés, ainsi que quatre navires auxiliaires, un mouilleur de mines et un navire. Cent quatre vingt huit avions ont été détruits et cent cinquante neuf endommagés. Les pertes humaines étaient estimées à 2 335 tués, 1 143 blessés, mais la population fut également touchée avec 68 civils décédés et 35 blessés[7].
40
+
41
+ L’Honolulu Star-Bulletin (1st extra) publie une édition spéciale de huit pages le 7 décembre 1941 titrée « War! : Oahu bombed by Japanese planes » (« Guerre ! : Oahu bombardé par des avions japonais »). Cette édition est la première édition de trois « extras » et 250 000 exemplaires sont imprimés le jour même de l’attaque de Pearl Harbor[8].
42
+
43
+ L’explosion de la soute à munitions du Shaw, un contre-torpilleur américain, a été causée par l’attaque aérienne japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941[9].
44
+
45
+ La base navale de Pearl Harbor est actuellement l'une des bases les plus importantes de l'United States Navy. Construite au tournant du XIXe siècle, elle abrite le siège de l'United States Pacific Fleet et une flotte permanente d’une dizaine de navires de surface et une quinzaine de sous-marins d’attaque.
46
+
47
+ Le film Hawaii-Midway Battle of the Sea and Sky : Storm in the Pacific Ocean, ayant pour titre américain I bombed Pearl Harbor, fut réalisé au Japon en 1960. Ce film aborde la Seconde Guerre mondiale, l’attaque sur Pearl Harbor et la défaite lors de la bataille de Midway du point de vue des Japonais[10].
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+ Un parlement est une assemblée — généralement élue — qui assure la représentation du peuple dans les États ou les divisions administratives (intra-étatiques tel le Parlement de Paris ou supra-étatiques tel le Parlement européen), et à ce titre est le « destin de la démocratie » selon Hans Kelsen. Il a deux fonctions : faire et défaire les lois, ce qui en fait le détenteur du pouvoir législatif, et contrôler l'action du gouvernement du pays.
2
+
3
+ C'est un organe collégial qui peut avoir plusieurs rôles : un rôle de conseiller pour le pouvoir exécutif, un rôle de législateur, et enfin un rôle de représentant de la nation à l'étranger.
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5
+ Le parlement représente les citoyens mais peut aussi, par exemple dans un État fédéral, représenter des territoires.
6
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7
+ Il existe deux formes de parlement :
8
+
9
+ Il peut également exister un parlement tricaméral, qui est donc constitué de trois chambres. Mais ce type de parlement fut peu adopté[réf. nécessaire] car il présente trop d’inconvénients : complexification et allongement excessifs du processus législatif, ou bien risque de dérive anti-démocratique[réf. nécessaire].
10
+
11
+ La chambre dite « basse » est désignée au suffrage universel direct selon un mode de scrutin variable selon les États. L'élection des membres de la chambre haute peut varier selon les pays, pour certains ce sont les citoyens qui les élisent, pour d'autres ce sont des grands électeurs. La chambre haute est souvent dénommée Sénat.
12
+
13
+ En Europe, les parlements sont parfois nés contre le roi, pour consentir l'impôt. Vote et contrôle étaient alors étroitement liés. Aujourd'hui, les deux fonctions se sont étendues et séparées selon le principe de la séparation des pouvoirs.
14
+
15
+ Le parlement délibère puis vote la loi ; dans certains pays et sous certaines conditions ces lois doivent être soumises aux citoyens avant de pouvoir entrer en vigueur ; dans d'autres pays le chef de l'exécutif doit signer la loi pour permettre à celle-ci d'entrer en vigueur. Le gouvernement, qui a parfois pu participer à son élaboration, l'exécute.
16
+
17
+ Parallèlement, le parlement peut contrôler l'action du gouvernement :
18
+
19
+ Dans un régime présidentiel, comme aux États-Unis, le parlement possède des pouvoirs législatifs et de contrôle très importants, mais ne peut renverser le gouvernement.
20
+
21
+ Dans un régime d'assemblée, marqué par la confusion des pouvoirs, le parlement concentre les fonctions législatives et exécutives.
22
+
23
+ Dans un régime parlementaire, le gouvernement émane du parlement, est responsable devant lui, et peut le dissoudre.
24
+
25
+ En France, le Parlement est composé de deux chambres : le Sénat, dit « chambre haute », et l’Assemblée nationale, dite « chambre basse ». Depuis l'avènement de la Cinquième République, le président de la République dispose de pouvoirs assez importants, dont ceux de nommer le gouvernement et de dissoudre l'assemblée ; mais la représentation nationale est souveraine et dispose de larges pouvoirs de contrôle.
26
+
27
+ La capacité du parlement d'exercer effectivement ses pouvoirs est conditionnée à son organisation et à son fonctionnement interne, définis par un règlement et par le statut du député[1]. Trois types d'organes jouent un rôle majeur :
28
+
29
+ Les parlements apparaissent au Moyen Âge.
30
+ Ils sont, en principe, issus de la Curia Regis (conseil du roi) dont ils sont l'établissement dans une région dépendant directement de la couronne.
31
+
32
+ Le plus ancien parlement en Europe semble avoir été l'Althing, créé en 930 en Islande et se réunissant tous les ans. Il a surtout des fonctions de cour de justice pour régler les différends. Le parlement au sens moderne du terme est né en Angleterre : le Parlement d'Angleterre à partir du XIIIe siècle comprend des représentants élus des bourgeois et des chevaliers.
33
+
34
+ Avant la Révolution, le terme de parlement désigne en France une cour de justice jugeant en appel des juridictions d'une région, et dont le pouvoir législatif est purement jurisprudentiel. Des arrêts de règlements, pris collégialement toutes chambres réunies, permettent de codifier des questions de droit en faisant une synthèse de la jurisprudence.
35
+
36
+ De nombreuses matières sont de la compétence de juridictions spéciales sous appel d'autres cours souveraines que les parlements, notamment pour les contentieux relatifs aux affaires ecclésiastiques, au domaine du roi (Eaux et Forêts, Amirauté, monnaie), à certaines professions (Maréchaussée, chambre de la Maçonnerie), aux questions fiscales.
37
+
38
+ Les chambres des parlements ne représentent pas des catégories sociales, mais les différentes matières du contentieux. Ils n'ont pas le pouvoir de voter des impôts, ou de contrôler les décisions du gouvernement, ou de représenter des classes sociales comme en Angleterre après la Glorieuse Révolution.
39
+
40
+ Cependant, ils sont chargés d'enregistrer et de publier les actes royaux après avoir vérifié leur cohérence avec le reste du droit de leur ressort, y compris les principes généraux. Sans cet enregistrement, les actes royaux ne sont pas applicables.
41
+
42
+ En France, on comptait treize parlements et conseils souverains à la fin de l’Ancien Régime, le plus important étant le parlement de Paris.
43
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44
+ Le jansénisme parlementaire désigne, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un mouvement de la bourgeoisie qui commence avec la révolte des cabochiens et qui tend à considérer que tous les parlements forment ensemble un corps unique souverain, détenteur d'un pouvoir politique et source légitime du droit.
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+ La parodie est une forme d'humour qui utilise le cadre, les personnages, le style et le fonctionnement d'une œuvre ou d'une institution pour s'en moquer[1].
4
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5
+ Elle se fonde entre autres sur l'inversion et l'exagération des caractéristiques appartenant au sujet parodié.
6
+
7
+ Selon Dominique Maingueneau[2], la parodie constitue une « stratégie de réinvestissement d'un texte ou d'un genre de discours dans d'autres » : il s'agit d'une stratégie de « subversion », visant à disqualifier l'auteur du texte ou du genre source, tandis que la stratégie opposée (la « captation », imitation positive) permet de « transférer sur le discours réinvestisseur l'autorité attachée au genre source ».
8
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9
+ Une parodie peut viser un genre en général, ou une œuvre en particulier. Dans le second cas, le nom est souvent une référence explicite à l'œuvre parodiée, par exemple Barry Trotter.
10
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11
+ Une autre distinction est celle du message envers l'œuvre parodiée. Une parodie peut être destinée à ceux qui aiment l'œuvre d'origine, ou au contraire la critiquer, et viser le public qui ne l'aime pas.
12
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13
+ On parle d'auto-parodie quand les auteurs de la parodie sont ceux de l'œuvre parodiée. Les producteurs de Heroes avaient diffusé sur internet la parodie Zeroes pour faire la promotion de la série[3].
14
+
15
+ En France, toute exploitation d’œuvres sans l’autorisation de son auteur constitue un acte de contrefaçon. Toutefois l’article L 122-5 du Code de la Propriété intellectuelle aménage certaines exceptions au droit d'auteur : il en est ainsi notamment de la parodie, le pastiche et la caricature, compte tenu des lois du genre[4].
16
+
17
+ C'est une exception par rapport au droit général[5], qui donne une telle propriété sur les œuvres qu'il est interdit d'écrire une suite à l'œuvre de quelqu'un d'autre.
18
+
19
+ En principe, une parodie doit se démarquer par son aspect comique ou sa raillerie. La parodie peut même constituer une critique de certains aspects de l'œuvre d'origine. Au contraire une parodie impossible à distinguer de l'œuvre d'origine constituerait une atteinte aux droits d'auteur.
20
+
21
+ Ainsi, en général, les ayants droit tolèrent même les parodies pornographiques. Dans le cas de Cinquante nuances de Grey (Fifty Shades of Grey), c'est au contraire parce que l'œuvre d'origine est elle-même à caractère érotique que les producteurs d'une parodie autoproclamée ont été assignés en justice[6].
22
+
23
+ À noter que l'existence d'une auto-parodie n'interdit pas la production de parodies par des tiers.
24
+
25
+ Toutefois certaines limites existent : une parodie peut porter un message politique, mais dans le cas de certains messages particulièrement controversés, les auteurs d'origine peuvent protester contre l'association de leur œuvre avec ces idées (par exemple si le message est considéré comme xénophobe par l'auteur ou ses ayants droit)[7].
26
+
27
+ De même la justice française a condamné une parodie de L'Aigle noir car la critique ne portait pas sur la chanson elle-même, mais sur les origines de la chanteuse[8].
28
+
29
+ Certains films peuvent également leur rendre hommage ou non.
30
+
31
+ (Du grec parodia = imitation bouffonne d’un chant poétique). Au départ, pendant comique de la tragédie, ensuite, ouvrage qui ridiculise un modèle sérieux connu, un courant littéraire déterminé ou une certaine manière d’écrire, en accentuant leurs caractéristiques thématiques ou formelles. Il peut avoir des visées comiques, mais la plupart du temps, il se charge d’une dimension polémique parce qu’il marque une rupture avec des ouvrages et des courants qui sont ressentis comme dépassés.
32
+
33
+ Exemple : Le Don Quichotte parodie les romans de la chevalerie, et les Gargantua et Pantagruel de Rabelais, le scolastique.
34
+
35
+ Souvent, l'habitude dans les parodies est de reprendre une chanson à succès du moment et d'en changer les paroles pour un sujet d'actualité.
36
+
37
+ Depuis peu, un nouveau phénomène envahit la toile. Le Lip Dub désigne une vidéo réalisée en plan séquence et en playback par des particuliers et vise à parodier une chanson souvent très connue.
38
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+ Le Parodyland Show existe depuis le 8 juillet 2007, c'est une radio hebdomadaire consacrée aux parodies de chansons. Tous les mercredis il est possible de télécharger gratuitement des émissions parodiques générales basées sur l'actualité, et des émissions spéciales (thèmes, parodistes, groupes de parodistes en particulier...).
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+ Dans la mythologie grecque, les Moires (en grec ancien Μοῖραι / Moîrai) sont trois divinités du Destin : Clotho (« la Fileuse »), Lachésis (« la Répartitrice ») et Atropos (« l'Inflexible »). Elles deviendront les Parques, dans la mythologie romaine.
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+ Leur ascendance est confuse : la Théogonie se contredit elle-même en citant Nyx seule au vers 217 (comme dans l’Hymne orphique qui leur est consacré et Les Euménides d'Eschyle), mais Zeus et Thémis plus loin (v. 904, repris par le pseudo-Apollodore). Cet attachement à Nyx se retrouve d'ailleurs chez les auteurs latins — dans la Préface d'Hygin et chez Cicéron — qui citent Érèbe pour père. D'autres traditions existent, qui toutes les rattachent à des divinités primordiales (Ouranos et Gaïa) d'après des fragments de Lycophron et d'Athénée, ou Chaos chez Quintus de Smyrne). Quant au poète crétois Épiménide, il les suppose, dans une tradition isolée, nées de Cronos et d'Évonymé et sœurs à la fois d'Aphrodite et des Euménides.
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+ Dans sa République, Platon en fait les filles d'Ananké, déesse de la Nécessité[1].
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+ Elles sont désignées sous le nom d'αἶσα / aîsa dans l’Iliade[2], et ne sont citées qu'une seule fois sous le nom collectif de Μοῖραι / Moîrai (XXIV, 49). Au vers 209 du même chant XXIV, le terme Moîra est employé au singulier pour désigner une déesse unique. L’Odyssée[3] associe quant à elle aisa et κλῶθες / klỗthes (« fileuses ») ; ce dernier terme est une référence probable aux Moires, même si cette épithète ne se rencontre nulle part ailleurs. Toujours dans l’Odyssée, il semble que le rôle de fileuses du destin ne leur soit pas réservé : Zeus[4] ou même les dieux tous ensemble[5] peuvent être impliqués. De manière générale, si le terme de moïra (« destinée ») est très présent dans les épopées homériques, celle-ci n'est que rarement personnifiée sous des traits divins.
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+ Elles apparaissent individuellement chez Hésiode, qui dénombre trois Moires qui « donnent d'avoir le bien et le mal »[6] :
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+ Dans le premier passage de la Théogonie[8], leur rôle est en outre de « [poursuivre] les crimes des hommes et des dieux et [de] ne [déposer] leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance ». Cependant, l'enchaînement des vers 218 et 219, jugé maladroit, et le fait que cette mention suive une référence donnée aux Kères, divinités chargées de traquer les criminels, font écarter ce passage comme une interpolation par plusieurs spécialistes[Qui ?] ; Martin Litchfield West l'a supprimé de son édition de la Théogonie.
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+ On peut se représenter leur travail de filage comme achevé au moment de la naissance ou se poursuivant pendant toute la vie jusqu'au moment où tout le fil a été entièrement dévidé de la quenouille. Les images employées par les poètes varient. Leur origine complexe traduit en fait le lien des Moires avec la naissance comme la mort et finalement avec le cycle complet de la vie dans une forme de cadencement du monde[9]. Dans la mythologie grecque, le Destin est parfois personnifié de façon distincte de Zeus, parfois confondu avec lui. Mais en général, Zeus et les autres dieux paraissent soumis au Destin, comme l'affirme Eschyle dans Prométhée enchaîné.
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+ Les Moires sont présentes lors de plusieurs grands événements : lors de la gigantomachie (où elles tuent Agrios et Thoas) ; lors du mariage de Pélée et de Thétis (au cours duquel elles chantent) ; pour ramener la paix dans l'Olympe, lorsque les dieux à l'unisson réclament à Zeus l'immortalité pour leurs conjoints ou leurs enfants mortels[réf. nécessaire].
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+ Lachésis, fille d'Ananké (la Nécessité), possède en outre une fonction spécifique dans la République de Platon, livre X (voir le Mythe d'Er le Pamphylien), qui lui attribue le rôle d'avoir sur ses « genoux des sorts et des modèles de vie » qui sont distribués lors d'une cérémonie à l'issue de laquelle les âmes des défunts sur le point de revenir sur terre se voient présenter les « sorts » correspondant à leur réincarnation future en hommes ou en animaux.
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+ Les Moires pouvaient être honorées comme déesses de la naissance ; les jeunes mariées athéniennes leur offraient des boucles de cheveux, et les femmes les invoquaient en prêtant serment.
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+ Le Parthénon — grec ancien : Ὁ Παρθενών / Parthenṓn (à l'origine génitif pluriel de παρθένος, nom féminin, « jeune fille, vierge »), littéralement « la « salle » ou la « demeure » des vierges[1] » —, est un temple grec[2],[3], situé sur l'Acropole d'Athènes, dédié à la déesse Athéna, que les Athéniens considéraient comme la patronne de leur cité.
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+ Réalisé entièrement en marbre pentélique, le Parthénon est à la fois un temple et un trésor, au sens antique du terme[4]. Le naos du Parthénon fut conçu pour abriter la statue chryséléphantine de la déesse Athéna Parthénos, œuvre monumentale de Phidias, à laquelle les Athéniens présentaient leurs offrandes. Si le culte rendu à la déesse avait habituellement lieu dans l'ancien temple d'Athéna de l'Acropole, qui abritait un xoanon représentant Athéna Polias, le Parthénon fut spécialement consacré à la déesse Athéna Parthénos[5], protectrice de la cité et déesse de la guerre et de la sagesse. Mais, concrètement, le Parthénon devait aussi protéger le trésor de la cité. Ce dépôt, composé essentiellement de métaux précieux, était conservé dans l'adyton du temple, regroupant en un même lieu, les fonds de la ville d'Athènes et de la ligue de Délos[6]. Les 1 150 kilos d’or de la statue d'Athéna pouvaient accessoirement être fondus en cas de nécessité.
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+ Symbole architectural de la suprématie athénienne à l'époque classique, le Parthénon est probablement le temple qui a le plus inspiré les architectes néo-classiques. Il a servi de modèle dans de nombreux pays occidentaux[N 1]. Ainsi, dans le courant du XIXe siècle, de nombreuses nations occidentales s'en inspirèrent pour héberger leurs institutions politiques — parlements, assemblées ou palais de justice — mais aussi leurs institutions culturelles — bibliothèques, universités ou musées — ou encore leurs institutions financières, comme les sièges de banques ou les bourses.
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+ L'origine du nom du Parthénon provient du mot grec παρθενών (parthénon), qui fait référence aux « appartements pour femmes célibataires » dans une maison et dans le cas du Parthénon semble avoir été utilisé au début uniquement pour une pièce particulière du temple[7]. On se demande de quelle salle il s'agit et comment elle a reçu ce nom. Le lexique grec-anglais de Liddell–Scott–Jones indique que cette salle était la cella occidentale du Parthénon, J. B. Bury[8], Jamauri D. Green soutiennent que le Parthénon était la pièce dans laquelle le peplos était présenté à Athéna lors des Panathénées, robes tissées par l'arrephoroi, un groupe de quatre jeunes filles choisies pour servir Athéna chaque année[9]. Christopher Pelling affirme qu'Athéna Parthénos aurait pu constituer un culte distinct d’Athéna, intimement lié à celui d’Athéna Polias, mais pas identique à celui-ci. Selon cette théorie, le nom du Parthénon signifierait « le temple de la déesse vierge » et fait référence au culte d'Athéna Parthénos qui était associé au temple. L'épithète parthénos νος (παρθένος) signifiait « jeune fille », mais aussi « femme vierge, célibataire »[10] et était surtout utilisée pour Artémis, la déesse des animaux sauvages, la chasse et la végétation, et pour Athéna stratégie et tactique, artisanat et raison pratique. Il a également été suggéré que le nom du temple fait allusion aux demoiselles (parthenoi), dont le sacrifice suprême garantissait la sécurité de la ville.
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+ Le premier cas dans lequel le mot Parthénon désigne clairement l'ensemble du bâtiment se trouve dans les écrits du IVe siècle av. J.-C. Dans les comptes du Ve siècle av. J.-C., la structure s'appelle simplement « ho naos » (« le temple »). Les architectes Iktinos et Callicrates auraient appelé le bâtiment Hekatompedos (« le cent pied ») dans leur traité (perdu) sur l'architecture athénienne, au IVe siècle av. J.-C. et plus tard, le bâtiment fut appelé Hekatompedos ou le Hekatompedon ainsi que le Parthénon. Plutarque, écrivain du Ier siècle, le décrivait comme le bâtiment Hekatompedos Parthenon, le Parthénon des Hekatompédos.
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+ Du fait que le Parthénon était dédié à la déesse grecque Athéna, il a parfois été appelé, en particulier au XIXe siècle, temple de Minerve, nom romain d’Athéna.
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+ Le Parthénon est érigé à l'instigation du stratège Périclès, entre -447 et -438, date de sa dédicace[11], par les architectes Ictinos et Callicratès, Phidias, le maître d'œuvre, assumant aussi la supervision de l'ensemble des sculptures[12]. Plus de 1 000 ouvriers auraient travaillé sur le chantier qui nécessita 22 000 tonnes de marbre extraits du mont Pentélique, à 17 km de l'acropole (et 700 m d'altitude). Les blocs circulaient certainement du côté sud du rocher[N 2] et montaient par le flanc ouest, le plus pratique, mais avec encore une pente à 30 degrés. Le chantier devait composer avec les lieux sacrés sur le plateau. Il est donc probable que les sculpteurs étaient installés à l'extrémité est du rocher et les tailleurs de pierre du côté ouest, devant le futur bâtiment. Il fallut cependant certainement dégager de la place, en disposant des offrandes qui s'étaient à nouveau accumulées. Les travaux de gros œuvre commencèrent en 447-446 av. J.-C. ; les colonnes furent érigées à partir de 442-441 av. J.-C. ; les portes furent terminées en 440-439 av. J.-C. ; la statue chryséléphantine fut installée en 438 av. J.-C. Les derniers comptes relatifs aux travaux évoquent un paiement, pour les sculpteurs des frontons, en 434-433 av. J.-C. Il est donc probable que le Parthénon fut terminé l'année suivante, en 432 av. J.-C.[13],[14].
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+ Le Parthénon est construit sur l'emplacement de deux édifices successivement détruits[15]. Le premier est un temple périptère et hexastyle en pōros, souvent qualifié d’Urparthenon (« Parthénon primitif ») ou d’Arkitektur H[16], probablement bâti au début du VIe siècle av. J.-C. et consacré vers -566-565 av. J.-C., lors de l'institution des Grandes Panathénées par Pisistrate[17]. Le second est ce que les archéologues appellent le « pré-Parthénon », dont le chantier commence probablement vers 500 av. J.-C., initialement en pōros[18]. Après la bataille de Marathon, les dimensions du bâtiment sont revues à la baisse (33,68 × 72,31 mètres) et l'on décide d'employer le marbre du Pentélique. Les travaux sont suspendus pendant les guerres médiques, probablement sur décision de Thémistocle[18]. L'édifice est détruit lors du sac de l'Acropole en 480 av. J.-C., par les Perses de Xerxès Ier, lors de la deuxième guerre médique[19].
18
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19
+ On possède encore quelques-uns des comptes financiers du chantier. Le Parthénon avec la statue d'Athéna et les Propylées aurait coûté 2 000 talents, somme colossale[N 3], qui provenait en partie du trésor de la ligue de Délos. Plutarque rapporte dans sa Vie de Périclès[20] que celui-ci proposa de prendre à sa charge les dépenses, pourvu qu'on inscrivît son nom sur le monument. L'anecdote témoigne des résistances rencontrées à l'époque face à ce projet pharaonique, y compris parmi les alliés d'Athènes. Théophraste indique que les poutres du Parthénon étaient faites en bois de cyprès, soulignant au passage la qualité de conservation du bois et de son essence[21].
20
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21
+ Le Parthénon est un bâtiment dorique, périptère, et octostyle, construit sur une crépis à trois degrés de 0,55 m de chacun. Le dernier degré sur lequel reposent les colonnes doriques est le stylobate tandis que le stéréobate est réalisé en pôros, variété de tuf tendre. Le bâtiment de 10 mètres de haut mesure 69,51 mètres sur 30,88 mètres, dimensions qui ne peuvent être comparées qu'à celles de grands temples ioniques, comme l’Héraion de Samos, les temples romains de Baalbeck ou l'Artémision d'Éphèse, qui dépassent la centaine de mètres[22].
22
+
23
+ Bien que le nombre d'or ait pu être remarqué dans les rapports de certaines longueurs, il existe un autre rapport qui est de 4/9[23]. En effet, lorsqu'on divise la largeur de l'édifice par sa longueur, le résultat est de l'ordre de 4/9 : on retrouve ce rapport entre la largeur des colonnes et la distance qui les sépare, ainsi qu'entre la hauteur de la façade et sa largeur[24].
24
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25
+ La façade principale ouvre à l'est, ce qui n'est pas habituel dans les temples doriques[25]. Elle dispose d'un escalier avec des marches deux fois moins hautes que les degrés du crépis[22].
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+
27
+ La colonnade extérieure (péristasis) est octostyle et non hexastyle, comme c'est l'usage à l'époque. Elle est dessinée selon un plan rigoureusement dorique et compte 46 colonnes, chacune composée de 10 à 12 tambours de 20 cannelures chacun. Le conflit d'angle propre aux édifices d'ordre dorique est ici résolu par la réduction du dernier entrecolonnement.
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29
+ Le sékos (partie fermée de l'édifice) est surélevé de deux degrés. Il est amphiprostyle, c'est-à-dire que sa colonnade est limitée aux petits côtés, et hexastyle (6 colonnes ioniques[N 4] plus hautes et plus étroites d'un tiers que les colonnes doriques)[26]. Sa nef centrale a une portée de onze mètres, encore jamais atteinte à l'époque ; ses étroites nefs latérales sont éclairées par deux fenêtres (9,75 × 4,20 m) de part et d’autre de la porte d’entrée, qui éclaire l’espace central. Le naos, large de 9,815 m., est entouré d'une colonnade faisant un retour derrière la statue[22].
30
+
31
+ L'édifice est aménagé de manière à mettre en valeur la statue de Phidias : la péristasis (espace de la colonnade extérieure), le pronaos (vestibule d'entrée dans le naos) et l'opisthodome (symétrique, à l'arrière du pronaos) sont fortement réduits pour ménager de la place. L'opisthodome ouvre sur une quatrième pièce assez rare dans les monuments grecs de l'époque classique : l’oikostôn parthenôn, lieu de réunion des jeunes filles chargées du service d’Athéna et qui donne son nom à l'édifice[22].
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+
33
+ Le Parthénon est construit en marbre du Pentélique. Son toit était couvert de 8 480 tuiles plates de marbre de 50 kg chacune, agrémentées d'antéfixes en palmettes polychromes et figurant des têtes de lions aux angles, qui faisaient office de gargouilles[22].
34
+
35
+ Un système de correction optique très précis permettait de donner l'illusion d'une verticalité et d'une horizontalité parfaites alors que les marches du stylobate convexe sont incurvées, le centre étant situé à 6,75 cm au-dessus des extrémités (stylobate des faces), 11 cm (stylobate des côtés)[27] ; les architraves sont incurvés aussi, ceux de la longueur ayant une convexité de 12 cm. En outre, les colonnes ne sont pas parallèles, mais leurs axes verticaux se rencontrent en un point de fuite situé à environ 5 km d'altitude (ce qui se perçoit d'autant plus que la colonne est loin du centre de l'édifice). Enfin, les colonnes elles-mêmes sont modifiées pour ces raisons optiques : les colonnes d'angles sont plus épaisses pour éviter de paraître trop minces si elles se détachaient sur le vide et ont une inclinaison diagonale accrue (10 cm) de manière à prévenir les poussées plus fortes qui s'exercent sur elles[28]. Technique courante, toutes les colonnes sont renflées de 4 cm au tiers de leur hauteur en partant du pied (c'est ce qu'on appelle l'entasis), l'œil ayant tendance à voir à cet endroit un étranglement. Le rayon de courbure des renflements dépassant 1,5 km, il semblerait que, pour fabriquer les tambours d'une même colonne, les ouvriers aient utilisé un modèle réduit « saucissonné » de cette colonne, de même largeur, mais n'ayant que le seizième de la hauteur réelle. De même, toujours dans ce souci d'atteindre la perfection visuelle, aucun des blocs de marbre constituant les murs n'était rigoureusement parallélépipédique. Tout cela permet d'expliquer en partie la durée et le coût des travaux de réfection actuels : il est absolument impossible d'intervertir deux constituants de l'édifice sous peine de voir son esthétique et sa stabilité en pâtir.
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+ Une question néanmoins demeure : comment les bâtisseurs du siècle de Périclès ont-ils pu achever cette construction en moins de neuf ans avec des outils beaucoup plus rustiques que les nôtres ? Actuellement on pense qu'ils utilisaient des procédures standardisées permettant une construction modulaire : l'architecte choisit les dimensions de l'ensemble et du détail en fonction d'une unité, le module de construction (en l'occurrence la largeur du triglyphe du Parthénon, sa largeur faisant 36 modules, sa longueur 81, ses colonnes 16 et l'entrecolonnement 5 modules) de façon à obtenir en plan et en élévation l'eurythmie[29].
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+ Outre l'aspect esthétique recherché, ces corrections visuelles apportent des avantages techniques : elles facilitent l'écoulement des eaux par la courbure du sol et renforcent la structure de l'ensemble par l'élargissement des colonnes d'angle. Cependant, elles rendent plus délicats non seulement la taille des blocs de pierre, mais aussi leur empilement et tout le travail de jointoiement :
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+ - ainsi, pour le montage d'une colonne, fallait-il être capable de déposer en douceur un tambour de plus d'une tonne suspendu au-dessus de celui qui allait le supporter, tout en ayant la possibilité de le déplacer facilement pour l'ajuster à la perfection ; pour cela, on encastrait les deux parties d'une broche métallique (en fer malléable ou en bronze) scellée avec du plomb fondu et d'une clavette en bois de cèdre dans deux demi-cubes en bois de cyprès (système à empolia et poloi) ménagés au centre de chacune des deux faces à mettre en contact pour maintenir deux tambours de colonne. On en avait retrouvé un certain nombre (la partie « mâle » dans l'une et la partie « femelle » dans l'autre), le guidage et le positionnement recherchés s'effectuant au cours de l'emboîtement progressif jusqu'au blocage final.
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+ - de même, après l'analyse d'une fissure qui traversait deux blocs jointés, on a mis en évidence des joints plus fins qu'un cheveu et d'une résistance telle que les deux éléments se sont comportés comme un seul bloc lors d'un tremblement de terre... De plus, selon un modèle de l'époque, on a pu reconstituer une meule métallique qui se manie à deux, qui porte des sortes d'entonnoirs sur le dessus (dans lesquels on verse du sable fin) et qui permet de poncer les faces d'un bloc de marbre sur une épaisseur de l'ordre du vingtième de millimètre.
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+ À l'origine, le Parthénon avait un riche décor de marbre peint, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du bâtiment.
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+ Le Parthénon est un bâtiment dorique périptère octostyle, avec des traits architecturaux ioniques. Il abritait la statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos sculptée par Phidias et consacrée en -439/-438.
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+ Il a été consacré à Athéna à cette date, même si sa construction s'est poursuivie jusqu'en -432, presque au début de la guerre du Péloponnèse. Le décor sculpté des métopes doriques de la frise surmontant le péristyle extérieur et de la frise ionique située sur la partie supérieure des murs de la cella a été achevée en -438.
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+ La richesse du décor sculpté de la frise et des métopes du Parthénon est en accord avec sa fonction de trésor. Dans l'opisthodome, situé à l'arrière de la cella, étaient gardées les contributions financières de la Ligue de Délos, dirigée par Athènes. Le décor en pierre était, à l'origine, très colorée.
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+ Le voyageur Pausanias[30], lors de sa visite à l'Acropole, à la fin du IIe siècle de notre ère, évoque brièvement les sculptures des frontons du bâtiment, réservant l'essentiel de sa description à la statue d'or et d'ivoire de la déesse. Les deux frontons sont actuellement très mutilés.
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+ Le fronton est de l'édifice dépeint l'épisode de la naissance d'Athéna, sortie toute armée du crâne de Zeus, son père. Selon la mythologie grecque, Athéna est la fille de Zeus et de Métis : celle-ci était enceinte, et sur le point de donner le jour à une fille, lorsque Zeus l'avala. Il le fit sur le conseil d'Ouranos et de Gaïa, qui lui révélèrent que si Métis avait une fille, elle aurait ensuite un garçon qui enlèverait à Zeus l'empire du ciel. Quand le temps de la délivrance fut venu, il éprouva un terrible mal de tête pour lequel il sollicita l'aide d'Héphaïstos, dieu du feu et de la forge. Pour soulager sa douleur, Zeus ordonna à Héphaïstos de lui fendre la tête d'un coup de hache. Ainsi fut fait, et de la tête de Zeus sauta la déesse Athéna toute armée : en s'élançant, elle poussa un cri de guerre dont retentirent le ciel et la terre[31]. La scène sculpturale représente le moment de la naissance d'Athéna.
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+
57
+ Malheureusement, les pièces du centre du fronton ont été détruites pour faire place à une croix lorsque le bâtiment fut transformé en église, probablement au Ve siècle, donc bien avant même que Jacques Carrey eût exécuté ses précieux dessins de 1674, de sorte que toutes les reconstructions ne sont que conjectures. Les principaux dieux olympiens se tenaient, selon toute vraisemblance, auprès de Zeus et Athéna pour assister au merveilleux événement, avec Héphaïstos et Héra probablement à leurs côtés. Les dessins de Carrey sont déterminants pour la reconstitution des côtés de la scène[32].
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+ Actuellement la majeure partie du fronton est exposé au British Museum à Londres.
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+ Les éléments visibles à Londres représentent respectivement, à l'angle gauche Helios qui émerge avec son char et marquait l'apparition du jour, Dionysos, Déméter et Perséphone, Iris.
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+ Sur la partie droite, Hestia, Dioné, sa fille Aphrodite, dans l'angle droit, la tête d'un des chevaux du char de Séléné qui disparaît à l'horizon (deux autres chevaux ainsi que le torse de Séléné sont conservés au Musée de l'Acropole d'Athènes.).
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+ Sur le fronton, le temps est représenté dans les deux coins par les chariots des frères et sœurs Hélios et Séléné, le premier étant la personnification du soleil ; le chariot émerge du coin gauche, alors que celui de Séléné qui, elle, est une déesse de la Lune, disparaît à l'horizon dans le coin droit.
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+ Partie gauche du fronton est du Parthénon, respectivement Dionysos, Déméter et Perséphone (Helios n'est pas visible sur la photo).
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+ Hestia, Dioné et sa fille Aphrodite. Figures K, L et M du fronton Est du Parthénon, vers 447-433 av. J.-C. British Museum
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+ Fronton est : naissance d'Athéna et métopes de la Centauromachie, British Museum, salle 18.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le fronton ouest, face aux Propylées, dépeint la querelle entre Athéna et Poséidon pour l'honneur de l'attribution de la ville (voir aussi : Athènes). Athéna et Poséidon figurent au centre de la composition, opposés en diagonale, la déesse tenant l'olivier et le dieu de la mer brandissant son trident pour fendre la terre. À leurs côtés se tiennent deux groupes de chevaux attelés à des chars et toute une foule de personnages légendaires de la mythologie athénienne qui emplit l'espace jusqu'aux extrémités du fronton.
74
+
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+ Les travaux sur les frontons se sont échelonnés de -438 à -432, et les sculptures des frontons du Parthénon figurent parmi les plus beaux exemples de l'art grec classique. Les figures sont sculptées dans un mouvement naturel, avec des corps pleins d'énergie qui jaillissent des minces vêtements. La distinction entre les dieux et les humains est floue dans cette composition où se mêlent idéalisme et naturalisme[32].
76
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+ La frise dorique extérieure est faite de triglyphes (trois bandes verticales) alternant avec des métopes (parties plates) sur lesquelles sont sculptées des scènes traditionnelles :
78
+
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+ Les quatre-vingt-douze métopes du Parthénon ont été sculptées en haut-relief, une pratique jusqu'alors réservée aux trésors (bâtiments utilisés pour conserver les offrandes aux dieux). Selon les archives de la construction du Parthénon, les sculptures des métopes datent des années -446 à -440. Leur conception est attribuée au sculpteur Calamis. Chacune des faces est conçue autour d'un thème.
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+
81
+ Les métopes conservent des traits du style sévère dans les visages et dans la limitation aux contours des détails corporels, sans indication des muscles, mais avec des veines saillantes bien visibles sur les personnages de la Centauromachie. Quelques-unes de ces métopes sont encore en place sur le bâtiment, mais elles sont gravement endommagées. Certaines d'entre elles sont conservées au musée de l'Acropole, d'autres sont au British Museum et l'une d'entre elles peut être vue au musée du Louvre[33].
82
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+ Les métopes du côté est du Parthénon, au-dessus de l'entrée principale, décrivent une Gigantomachie (bataille mythique entre les dieux de l'Olympe et les Géants). Zeus (no 8) figure au centre, suivi de son frère Poséidon (no 6) jetant l'île de Nisyros sur un géant vaincu. La victoire des dieux est célébrée par le Soleil qui émerge de la nuit avec son char (no 14), inaugurant une nouvelle ère. Ces métopes du côté est sont en très mauvais état et l'interprétation des leurs figures demeure très conjecturale.
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+
85
+ Les métopes du côté sud (I-XII et XXI-XXXVII), à l'exception des problématiques métopes XIII-XX aujourd'hui perdues, montrent la Centauromachie ou combat des Lapithes et des Centaures (combat mythique des Lapithes aidés par Thésée contre les Centaures, mi-hommes, mi-chevaux, en Thessalie). Les Centaures sont figurés avec des traits rappelant ceux des masques de théâtre ; ils sont vêtus de peaux d'animaux et sont armés de branches d'arbres. Les Lapithes sont figurés nus ou vêtus de la chlamyde ; ils portent des épées et des boucliers, avec des éléments métalliques véritables qui se trouvaient insérés dans la pierre. On distingue aussi des hydries, qui semblent indiquer une bataille se déroulant à l'intérieur de bâtiments. Contrairement à ce qu'on attendrait d'un point de vue moral, ce sont les Centaures qui semblent l'emporter sur les Lapithes, du moins à cette phase de la bataille.
86
+
87
+ Le bombardement vénitien de 1687 a gravement endommagé nombre de métopes du côté sud, surtout au centre du mur. Les métopes détruites ne nous sont connues que par les dessins attribués à Jacques Carrey (1674) et par quelques fragments parvenus jusqu'à nous. On ne peut déterminer avec certitudes ce qu'elles représentaient, probablement des scènes de mythes attiques, à mettre en rapport avec la Centauromachie déjà mentionnée.
88
+
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+ Les métopes de l'ouest montrent le combat contre les Amazones (combat consécutif à l'invasion légendaire d'Athènes par les Amazones en habits perses, en référence aux guerres médiques).
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91
+ Du côté nord du Parthénon, les métopes sont mal conservées, mais elles semblent avoir pour thème le sac de Troie.
92
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93
+ Le naos (ou cella) est décoré, de façon inattendue, au-dessus de l'architrave dorique, d'une frise ionique en continu, que l'on nomme généralement « frise du Parthénon » ou « frise des Panathénées », car elle semble représenter la grande procession qui se déroulait au cours de cette fête.
94
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95
+ De structure complexe, mesurant 160 m de long, comprenant 360 personnages, elle représente une procession comprenant hommes, héros éponymes des tribus grecques, dieux, chevaux d'une cavalcade et divers objets cultuels. De nombreux chars pour les apobatai (pluriel d'ἀποϐάτης / apobátês) sont aussi présents. Ce sont des guerriers en armes sautant en marche des chars pour y remonter après avoir couru à côté ; ces athlètes participaient à un concours et le meilleur d'entre eux recevait comme prix une amphore d'huile tirée des oliviers sacrés. Il est possible que cet exercice d'essence religieuse provienne du fait qu'Érichthonios passait pour l'inventeur du char.
96
+
97
+ Parmi les mortels se trouvent peut-être — les exégètes ne s'accordent pas — les ergastinai / ἐργαστῖναι, femmes chargées de tisser le péplos dont on habillait une statue de bois d'olivier d'Athéna Polias (Πολιάς, « protectrice de la cité », gardée dans l'ancien temple d'Athéna) pendant les Panathénées. Il est notable que des mortelles soient représentées : en effet c'est une des rares cérémonies auxquelles elles étaient conviées.
98
+
99
+ L'archéologue américaine Joan Breton Connelly a proposé une interprétation[34], qui, en général, n'est pas acceptée, du sujet de cette frise.
100
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101
+ Elle évoque une légende connue grâce aux bribes d'une pièce d'Euripide retrouvées sur un morceau de papyrus. Il s'agit de l'histoire d'Érechthée, l'un des premiers rois d'Athènes, qui dut repousser l'armée d'un rival, Eumolpe. Il consulte l'oracle de Delphes qui lui dit qu'il doit sacrifier l'une de ses filles, vierge, pour sauver la cité. Il va le faire et ainsi sauver son peuple.
102
+
103
+ Si l'on suppose que la frise représente cette légende :
104
+
105
+ Selon J.B. Connelly, cette proposition permet également d'expliquer la présence des dieux olympiens et la juxtaposition des éléments du sacrifice. Elle relève que de nombreux arguments alimentent cette interprétation, en particulier, le fait qu'Érechthée devait avoir son temple sur l'Acropole.
106
+
107
+ Les descriptions d'Athéna Parthénos parlent d'une statue chryséléphantine (d'or pour les draperies et d'ivoire pour les chairs), réalisée par Phidias à l'intérieur du Parthénon, de 12 m de hauteur (15 mètres avec sa base), composée d'une structure de bois sur laquelle étaient fixées des plaques d'ivoire et d'or. Ce matériau fragile et sujet à dessiccation était entretenu à l'aide d'une eau huilée qu'on laissait à disposition dans un bassin, au pied de la statue. La couche d'huile laissait une pellicule protectrice empêchant l'évaporation et donnant un lustre à l'ivoire[35].
108
+
109
+ Il existe plusieurs copies en marbre de cette statue : Athéna est figurée en armes, portant un casque et un bouclier orné d'une scène de combat contre les Amazones. Périclès et Phidias y auraient été inclus en tant que personnages, ce qui, pour l'époque, a pu passer pour scandaleux, l'art religieux devant rester anonyme et ne pas glorifier ses auteurs[réf. souhaitée].
110
+
111
+ Bien que le Parthénon reprenne le modèle architectural du temple grec et soit habituellement qualifié comme tel dès l'Antiquité (« naôs »), il n'est pas un temple au sens conventionnel du terme[36]. Un petit autel a bien été découvert à l'intérieur du bâtiment, sur l'emplacement d'un temple plus ancien probablement consacré à Athéna Erganê[36], mais l'Athéna qui fait l'objet du culte principal sur l'Acropole, notamment lors de la célébration des Panathénées, est Athéna Polias, dont la statue cultuelle, un xoanon (statue en bois), est conservée dans l'ancien temple d'Athéna, qui était le véritable temple de l'Acropole[37].
112
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113
+ La statue d'Athéna Parthénos qui occupe la salle principale à l'est n'est pas une statue de culte mais une offrande : elle n'a fait l'objet d'aucun rite connu[38]. On ne connaît aucun témoignage de ferveur religieuse à son endroit[37]. Aucune prêtresse n'y était attachée et on ne lui connaît aucun autel ou nom cultuel[39]. Selon Thucydide, Périclès la mentionne comme une réserve d'or : « la statue comport[e] de l'or affiné pour un poids de quarante talents et celui-ci p[eut] entièrement s'enlever[40]. » Il implique ainsi que le métal, obtenu par la fonte de monnaies contemporaines[41], peut être réutilisé sans risque d'impiété[39]. En outre, le Parthénon devrait plutôt s'appeler Parthénion (de la même façon que l'Artémision est le temple d'Artémis, l'Héraion le temple d'Héra, etc.) s'il était le temple d'Athéna Parthénos[réf. nécessaire]. À l'origine, le terme de Parthénon ne désigne que la salle Ouest du bâtiment, qui contient les offrandes et les réserves de métal monnayé, auparavant conservées dans le Vieux Temple d'Athéna Polias. Il n'y a pas pour l'instant d'explication convaincante pour cette appellation.
114
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115
+ Le Parthénon a été conçu comme le trésor destiné à accueillir la statue colossale d'Athéna Parthénos[42], œuvre de Phidias, et les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos, initialement constitué pour financer la guerre en cas d'attaque perse[6], mais en partie utilisé par Périclès, stratège d'Athènes, pour construire le Parthénon lui-même et embellir la cité. Ce détournement sera d'ailleurs dénoncé par les autres cités-États membres de la ligue de Délos. Le Parthénon est donc du point de vue de sa fonction comparable aux bâtiments votifs de Delphes (le Trésor des Athéniens par exemple), d'Olympie ou de Délos.
116
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117
+ Le Parthénon fut ravagé par un incendie durant l'Antiquité tardive. La charpente en bois brûla et le toit s'effondra à l'intérieur du bâtiment, y causant de graves dégâts. La chaleur intense fissura de nombreux éléments de marbre (murs, frontons, colonnades intérieures, etc.). Une restauration extensive fut réalisée. Les colonnes du naos furent remplacées par des colonnes prises sur deux portiques hellénistiques de l'agora romaine. Les deux niveaux furent dorénavant d'ordre dorique et les colonnes du premier niveau n'étaient plus cannelées. Les entablures des portiques furent récupérées pour restaurer les portes est du bâtiment, les blocs utilisés pour les portes ouest provenaient de multiples sources et certains portaient des inscriptions. De nouvelles poutres de marbre furent sculptées. Cependant, à de nombreux endroits, du plâtre fut utilisé et tenu par des rivets métalliques. Le toit fut refait avec des tuiles de terre cuite, mais il ne couvrait plus que l'intérieur, laissant découvert le péristyle. Des rigoles y furent donc creusées pour évacuer l'eau de pluie[43].
118
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119
+ Il est cependant difficile de lier cet incendie à un événement précis. Une première hypothèse[N 5] le datait d'après la conversion du bâtiment en église. Mais, comme le portail a été restauré alors que l'église l'avait remplacé par une abside, cette hypothèse ne tient pas. Il fut ensuite suggéré que la destruction était due à l'attaque hérule vers 267-268 et la restauration à Julien vers 362. Une autre hypothèse attribue la destruction aux Wisigoths d'Alaric vers 395-396 et la restauration au proconsul d'Illyrie Herculius entre 402 et 410, dont la statue fut érigée à côté de l'Athéna Promachos. Enfin, certains auteurs proposent que l'incendie n'aurait eu aucun lien avec ces attaques[44].
120
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121
+ Vers le Ve siècle, la statue d'Athéna aurait été emmenée à Constantinople par un empereur romain. On perd ensuite sa trace : elle fut peut-être détruite pendant le pillage de Constantinople lors de la quatrième croisade, en 1204.
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+ Il n'existe aucun texte permettant de dater avec précision la transformation du Parthénon en église. Il est probable qu'après les édits de Théodose, le Parthénon est resté une coquille vide sur l'Acropole, symbole de la défaite des dieux anciens tandis que le christianisme triomphant s'exprimait dans la cathédrale d'Athènes construite dans le complexe de la « bibliothèque d'Hadrien » au début du Ve siècle[45]. Les éléments archéologiques sont maigres. Des tombes chrétiennes ont été retrouvées du côté sud du bâtiment. Les monnaies qui y furent découvertes dataient des empereurs Justin Ier (518-527), Justinien (527-565) et Tibère II Constantin (578-582). Donc, la conversion pourrait dater du règne de l'un de ces empereurs. Une hypothèse probable serait que la cathédrale de la ville basse aurait été détruite ou endommagée par l'attaque slave de 582-583. Le siège épiscopal aurait alors été déplacé sur l'Acropole, plus sûre. Il est cependant difficile de savoir si le Parthénon était déjà une église avant de devenir cathédrale ou s'il devint l'un et l'autre en même temps. Par ailleurs, le graffiti chrétien le plus ancien remonte à 693. Il fait référence à la mort de l'évêque Andreas et désigne explicitement le Parthénon comme sa cathédrale. Il n'est donc certain que le bâtiment est devenu église (et cathédrale) qu'à cette date[46].
124
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125
+ La conversion en église a conduit à diverses transformations. L'orientation du bâtiment a été inversée, avec l'entrée principale, élargie, à l'ouest. Une petite abside a été construite, avec des éléments pris à divers bâtiments voisins, à l'emplacement du pronaos, entraînant la dépose d'une partie de la frise intérieure et de la partie centrale du fronton est[47],[48]. La salle ouest est devenue la nef de l'église, avec un baptistère installé au coin nord-ouest. Cette petite pièce était séparée du reste par une iconostase en pierre percée de deux portes. Les fonts étaient construits à partir de plaques de marbre réutilisées. Trois portes ont été ouvertes pour faire communiquer les salles ouest et est. Le naos originel fut peu modifié. Cependant, un plancher de bois fut installé entre les deux niveaux de colonnes pour créer une galerie. La colonne axiale fut détruite et remplacée par une arche afin que la galerie fasse le tour de la salle, du côté ouest. Les escaliers devaient se trouver au coin nord-ouest, le plus loin possible du sanctuaire[N 6]. Trois fenêtres furent creusées au niveau de la galerie de chaque côté, entraînant la dépose d'une plaque de la frise à chaque fois. Un exonarthex fut installé dans l'opisthodome, à l'ouest, fermé par des plaques posées entre les colonnes. Le péristyle extérieur resta sans toit, mais fut fermé par des murets percés à intervalles réguliers de portes et fenêtres[48].
126
+
127
+ Les sculptures du Parthénon subirent le vandalisme chrétien, avant même la crise iconoclaste. Des éléments des frontons furent, parfois irrémédiablement, détruits. Les métopes ouest, est et nord furent abîmées au point qu'il n'est plus possible de connaître avec certitude ce qu'elles représentaient. La métope 32 du côté nord (représentant deux femmes discutant, peut-être Héra et Hébé) y a échappé, peut-être fut-elle interprétée comme une Annonciation. Les métopes sud, peu vues, y échappèrent aussi ; peut-être aussi parce que le programme iconographique (des centaures) se trouvaient encore dans l'art byzantin de l'époque. Enfin, la frise y a échappé, peut-être parce qu'elle était difficilement accessible, et peu visible[47],[49].
128
+
129
+ Ce n'est qu'au Xe siècle que le Parthénon est de façon attestée devenu une église dédiée à la Vierge Marie. Lorsque Basile II passe par Athènes vers 1018-1019, de retour de sa campagne victorieuse contre les Bulgares, il y remercie Sainte Marie en faisant de nombreux cadeaux à son église, le Parthénon. Au XIIe siècle, l'épiclèse « Atheniotissa » était donnée à Marie, qui avait dès lors remplacé définitivement Athéna comme protectrice de la ville ; on trouve aussi « Panaghia Parthene », cependant la connexion directe n'était pas faite entre les deux figures. Les textes byzantins faisaient même la différence entre les deux virginités. Il n'y a donc pas substitution directe d'Athéna par Marie au Parthénon, mais remplacement d'une divinité ancienne, « pseudoparthénos », par la Vierge véritable, selon les chroniqueurs byzantins[50].
130
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131
+ Au XIIe siècle, l'église dans le Parthénon change à nouveau d'aspect. L'abside paléochrétienne est remplacée par une nouvelle abside plus grande qui intègre les deux colonnes centrales de l'ancien pronaos, nécessitant à nouveau la dépose d'une partie de la frise. Les fenêtres creusées dans l'abside réutilisent les éléments de l'architrave déposée. Le baptistère disparu, est remplacé par un bénitier de marbre. Le sanctuaire s'avance davantage dans la nef dont il est séparé par un templon de six petites colonnes de pierre verte. Le sol du sanctuaire est surélevé par rapport au reste du bâtiment. L'autel est installé sous un ciborium soutenu par quatre colonnes de porphyre. La courbe de l'abside accueille le synthronon, avec un trône central pour l'évêque métropolite. Un décor chrétien est alors réalisé : des fresques (disparues dans la nef) et une mosaïque (une vierge à l'enfant) dans l'abside. Cette dernière subsista quand le bâtiment fut transformé en mosquée et ne disparut que dans la démolition de 1765-1766[N 7]. Des fragments de fresques ont été retrouvés dans le narthex et l'exonarthex. Il semblerait qu'il y ait eu plusieurs niveaux de décor : avant l'iconoclasme et une restauration à l'époque de Basile II. Il subsiste aujourd'hui dans l'exonarthex une Vierge à l'enfant sur un trône, adorée par des anges, peinte directement sur le marbre, dans les tons rouge sombre. Dans le narthex, se discernent encore : à l'ouest, une Passion du Christ (avec des éléments d'une Crucifixion, une Déploration et les trois Marie au tombeau de Jésus ; au nord, trois registres de saints : en bas, des saintes, au milieu, des saints évêques et au-dessus, le groupe de la déisis ; au sud, trois bandes similaires sont seulement discernables[51].
132
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133
+ Après la Quatrième croisade et la création du duché d'Athènes, le Parthénon passe de la liturgie orthodoxe à la liturgie catholique, mais reste cathédrale. Un clocher est construit, à partir d'éléments récupérés sur les ruines des monuments avoisinants, au coin sud-est, à l'intérieur de l'exonarthex. On y accédait grâce à une porte dans le mur ouest du narthex ; il disposait d'un escalier en spirale et dépassait du toit du bâtiment. Certaines hypothèses en ont aussi fait une tour de vigie. Une arche de briques fut construite pour soutenir le fronton ouest. Un nouveau décor fut peint dans l'exonarthex jusque sur la base de la tour. On pouvait y voir une Vierge et un Jugement dernier. En 1970, un monstre écailleux chevauché par une figure humaine était encore visible[52].
134
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135
+ En 1456, Athènes est conquise par les Ottomans qui transforment le Parthénon-église en mosquée, dès avant 1460, peut-être au moment de la seconde visite du sultan Mehmet II dans la ville. Même s'il n'existe aucune source datant précisément la conversion, il était traditionnel dans le fonctionnement ottoman de transformer rapidement l'église principale ou la cathédrale de la ville conquise en mosquée afin de montrer symboliquement le changement politique[53]. Le bâtiment est peu modifié à cette époque, d'abord parce que Mehmet II admirait les monuments antiques et voulait qu'ils soient respectés. La tour-clocher fut transformée en minaret. L'église fut « vidée » pour devenir mosquée : meubles et partitions furent enlevés ; les fenêtres furent petit à petit murées ; un mihrab fut construit du côté sud de l'abside, pour indiquer la direction de La Mecque et un minbar fut installé en face. Cependant, le bénitier à l'entrée, le ciborium, le synthronon et le décor de mosaïque de l'abside furent conservés. Les décors antiques et chrétiens furent donc respectés[54].
136
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137
+ La fonction et l'histoire du bâtiment se sont perdues. Le « guide » écrit pour Mehmet II, daté de 1458-1460, appelle le Parthénon « l'église de la Mère de Dieu » et précise qu'il avait été à l'origine un temple dédié au dieu inconnu, construit par Apollon et un dénommé Eulogios. Des sources du XVIe siècle en parlent comme du « Panthéon » ou comme dédié encore au dieu inconnu[55]. Evliya Çelebi dans la première moitié du XVIIe siècle décrit le Parthénon en détail et avec exactitude. Cependant, il considère que c'était là que Platon enseignait (on montrait même alors son trône) et ne mentionne pas du tout que le bâtiment avait été une église. Il ne donne pas non plus de nom spécifique à la mosquée qui y était installée. Dans les documents de l'époque, elle est d'ailleurs juste appelée « mosquée d'Athènes », « mosquée du château d'Athènes » ou « grande mosquée »[56]. De nombreux visiteurs du XVIIe siècle ont témoigné du bon état de conservation du bâtiment. Contrairement à la réputation que leur firent les Européens plus tard, les Ottomans étaient généralement respectueux des monuments anciens qui se trouvaient sur leur territoire.
138
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139
+ En 1674, l'édifice est minutieusement dessiné, selon les hypothèses, par un artiste anonyme ou Arnould de Vuez, accompagnateur du marquis de Nointel, ambassadeur de Louis XIV de France auprès de la Sublime Porte. Ces relevés, dits à tort « de Carrey », sont aujourd'hui très précieux pour identifier les nombreux fragments des décors du Parthénon.
140
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141
+ En 1687, au cours de la Guerre de Morée, les Vénitiens attaquent Athènes et les Ottomans se fortifient sur l'Acropole, en utilisant le naos du Parthénon comme poudrière (peut-être parce qu'il semblait être ce qu'il y avait de plus solide sur l'Acropole)[57],[58]. Le 26 septembre, un tir de mortier vénitien touche le bâtiment et met le feu aux poudres qui finissent par exploser[59],[58]. Le toit et les murs s'effondrent, tout comme vingt et une colonnes[59],[58]. De nombreuses sculptures sont gravement endommagées, tant par l'explosion que par les tentatives de Francesco Morosini de s'emparer du fronton ouest qui tombe et se brise[58]. Les Vénitiens se retirent dès 1688. Les Ottomans se réinstallent sur l'Acropole et de nombreux débris du Parthénon sont réemployés dans la construction des maisons. Dans les décennies qui suivent, les voyageurs occidentaux se servent dans les ruines[58].
142
+
143
+ Une nouvelle mosquée est construite à l'intérieur du Parthénon après 1699. L'ambassadeur français Charles de Ferriol d'Argental visite le site à cette date et ne la mentionne pas. Sa construction a pu avoir lieu au moment de la restauration des remparts de l'Acropole en 1708. La nouvelle mosquée est même construite à l'intérieur de l'ancienne mosquée. Ce petit bâtiment carré est orienté nord-ouest sud-est et ne devait servir qu'à la garnison ottomane. Il est construit à partir de pierres de réemploi et n'a pas de minaret. Le minaret de l'ancienne mosquée (le clocher de l'ancienne église) avait beaucoup souffert lors de l'explosion de 1687 ; il fut définitivement rasé en 1765-1766. La mosquée fut rasée en 1843, au moment du début des grandes fouilles de l'Acropole[60].
144
+
145
+ Au XVIIIe siècle, les relations diplomatiques entre l'Europe et l'empire ottoman s'améliorent si bien que plus d'Européens voyagent à Athènes et dessinent ou peignent les ruines pittoresques du Parthénon, stimulant le philhellénisme. La société britannique des Dilettanti y envoie en 1751 le peintre James Stuart et l'architecte Nicholas Revett pour mesurer et dessiner les antiquités d'Athènes, notamment celle du Parthénon, et établir un plan de l'Acropole. Leur publication en 1787 fait date et autorité et marque la redécouverte scientifique de l'édifice[61]. Leur travail est poursuivi au XIXe siècle par l'École française d'Athènes qui détaille la polychromie de l'édifice et la pratique de courber les lignes horizontales[62].
146
+
147
+ En 1801-1802, Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, envoie à Londres l'essentiel des sculptures en marbre de la frise du Parthénon, des frontons et des métopes. Ils sont aujourd'hui encore exposés au British Museum qui les a acquis en 1816[63]. La Grèce en réclame depuis longtemps la restitution, notamment par l'entremise de son Ministre de la Culture, Melina Mercouri, de 1983 à 1989, et de 1993 à sa mort, en 1994.
148
+
149
+ La frise du Parthénon, au British Museum
150
+
151
+ Visite au British Museum : marbres du fronton est
152
+
153
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
154
+
155
+ Plan des restaurations de 2007
156
+
157
+ Restaurations de 2007
158
+
159
+ Les doctrines de restauration
160
+
161
+ Restaurations en cours
162
+
163
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
164
+
165
+ Un important programme de restauration du Parthénon a été entrepris après un tremblement de terre en 1893. De 1894 et 1933 l'architecte et ingénieur en chef Nikolaos Balanos a conduit ce chantier[64].
166
+
167
+ Une seconde campagne de restaurations, depuis les années 1980, tente de corriger les erreurs commises antérieurement : tambours et chapiteaux des 46 colonnes replacés au bon endroit, crampons de fer (leur oxydation provoquant une rouille qui, par dilatation, faisait exploser les blocs de marbre alors que les Grecs anciens les avaient revêtu de plomb qui évitait la rouille et dont la malléabilité prévenait les fissures lors des séismes) fixant les blocs ensemble remplacés par des éléments en titane[65]. Ce travail s'appuie sur les recherches de l'architecte Manolis Korres (ru). Prévue initialement pour une dizaine d'années, la campagne devrait finalement se terminer pour 2020 avec un budget de 100 millions de dollars[5].
168
+
169
+ Le chantier a débuté par le recensement des 100 000 fragments de marbre jonchant le sol (ce qui représente 20 000 tonnes de marbre)[5].
170
+
171
+ De 1986 à 1991, ont lieu les travaux de restauration de la façade est[65]. Les restaurations en septembre 2012 mettent en évidence les pierres restaurées par remplacement par des pierres blanches afin de les distinguer des éléments d’origine. C’est la solution retenue en Grèce pour l’application des doctrines et techniques de conservation - restauration recommandées par la « Charte de Venise ».
172
+
173
+ La charte de Venise est une « charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites » (1964).
174
+ Elle stipule notamment que les adjonctions du restaurateur ne doivent pas travestir l’édifice considéré en tant que source documentaire. L’exigence scientifique moderne est à ce point incontournable que reconstruire un mur peut sembler a priori une falsification du monument. Cependant, fermer des brèches et compléter ou rebâtir des tronçons peut s’avérer nécessaire et même indispensable pour garantir une conservation à long terme. Ne pas intervenir pour maintenir une ruine entraînerait une perte irrémédiable de témoins essentiels. Il faut alors délimiter nettement l’apport du restaurateur et du créateur, par exemple par une frontière incluse dans la maçonnerie tels des rangs de tuiles comme cela est pratiqué en Italie ou utiliser une pierre de couleur différente comme en Grèce.
175
+
176
+ Pour prendre en compte l’esprit de la Charte de Venise sur la lisibilité des apports contemporains, il faut en effet veiller à maintenir la cohérence, la force et le charme de l’image que le public s’est formée de l’édifice. La restauration s’arrête là où commence l’hypothèse. Par sa rigueur, sa prudence et son respect de la matière ancienne, par sa clarté et sa concision, la Charte de Venise est d’une actualité qui ne se dément pas. La protection des ruines, relève d’une logique à la fois historique et paysagère, doctrine qui a bénéficié d’une avancée philosophique et scientifique.
177
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178
+ « The Parthenon (Plate 1, Fig. 17) is probably the most celebrated of all Greek temples. »
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+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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+ Le Parthénon — grec ancien : Ὁ Παρθενών / Parthenṓn (à l'origine génitif pluriel de παρθένος, nom féminin, « jeune fille, vierge »), littéralement « la « salle » ou la « demeure » des vierges[1] » —, est un temple grec[2],[3], situé sur l'Acropole d'Athènes, dédié à la déesse Athéna, que les Athéniens considéraient comme la patronne de leur cité.
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+ Réalisé entièrement en marbre pentélique, le Parthénon est à la fois un temple et un trésor, au sens antique du terme[4]. Le naos du Parthénon fut conçu pour abriter la statue chryséléphantine de la déesse Athéna Parthénos, œuvre monumentale de Phidias, à laquelle les Athéniens présentaient leurs offrandes. Si le culte rendu à la déesse avait habituellement lieu dans l'ancien temple d'Athéna de l'Acropole, qui abritait un xoanon représentant Athéna Polias, le Parthénon fut spécialement consacré à la déesse Athéna Parthénos[5], protectrice de la cité et déesse de la guerre et de la sagesse. Mais, concrètement, le Parthénon devait aussi protéger le trésor de la cité. Ce dépôt, composé essentiellement de métaux précieux, était conservé dans l'adyton du temple, regroupant en un même lieu, les fonds de la ville d'Athènes et de la ligue de Délos[6]. Les 1 150 kilos d’or de la statue d'Athéna pouvaient accessoirement être fondus en cas de nécessité.
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+ Symbole architectural de la suprématie athénienne à l'époque classique, le Parthénon est probablement le temple qui a le plus inspiré les architectes néo-classiques. Il a servi de modèle dans de nombreux pays occidentaux[N 1]. Ainsi, dans le courant du XIXe siècle, de nombreuses nations occidentales s'en inspirèrent pour héberger leurs institutions politiques — parlements, assemblées ou palais de justice — mais aussi leurs institutions culturelles — bibliothèques, universités ou musées — ou encore leurs institutions financières, comme les sièges de banques ou les bourses.
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+ L'origine du nom du Parthénon provient du mot grec παρθενών (parthénon), qui fait référence aux « appartements pour femmes célibataires » dans une maison et dans le cas du Parthénon semble avoir été utilisé au début uniquement pour une pièce particulière du temple[7]. On se demande de quelle salle il s'agit et comment elle a reçu ce nom. Le lexique grec-anglais de Liddell–Scott–Jones indique que cette salle était la cella occidentale du Parthénon, J. B. Bury[8], Jamauri D. Green soutiennent que le Parthénon était la pièce dans laquelle le peplos était présenté à Athéna lors des Panathénées, robes tissées par l'arrephoroi, un groupe de quatre jeunes filles choisies pour servir Athéna chaque année[9]. Christopher Pelling affirme qu'Athéna Parthénos aurait pu constituer un culte distinct d’Athéna, intimement lié à celui d’Athéna Polias, mais pas identique à celui-ci. Selon cette théorie, le nom du Parthénon signifierait « le temple de la déesse vierge » et fait référence au culte d'Athéna Parthénos qui était associé au temple. L'épithète parthénos νος (παρθένος) signifiait « jeune fille », mais aussi « femme vierge, célibataire »[10] et était surtout utilisée pour Artémis, la déesse des animaux sauvages, la chasse et la végétation, et pour Athéna stratégie et tactique, artisanat et raison pratique. Il a également été suggéré que le nom du temple fait allusion aux demoiselles (parthenoi), dont le sacrifice suprême garantissait la sécurité de la ville.
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+ Le premier cas dans lequel le mot Parthénon désigne clairement l'ensemble du bâtiment se trouve dans les écrits du IVe siècle av. J.-C. Dans les comptes du Ve siècle av. J.-C., la structure s'appelle simplement « ho naos » (« le temple »). Les architectes Iktinos et Callicrates auraient appelé le bâtiment Hekatompedos (« le cent pied ») dans leur traité (perdu) sur l'architecture athénienne, au IVe siècle av. J.-C. et plus tard, le bâtiment fut appelé Hekatompedos ou le Hekatompedon ainsi que le Parthénon. Plutarque, écrivain du Ier siècle, le décrivait comme le bâtiment Hekatompedos Parthenon, le Parthénon des Hekatompédos.
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+ Du fait que le Parthénon était dédié à la déesse grecque Athéna, il a parfois été appelé, en particulier au XIXe siècle, temple de Minerve, nom romain d’Athéna.
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+ Le Parthénon est érigé à l'instigation du stratège Périclès, entre -447 et -438, date de sa dédicace[11], par les architectes Ictinos et Callicratès, Phidias, le maître d'œuvre, assumant aussi la supervision de l'ensemble des sculptures[12]. Plus de 1 000 ouvriers auraient travaillé sur le chantier qui nécessita 22 000 tonnes de marbre extraits du mont Pentélique, à 17 km de l'acropole (et 700 m d'altitude). Les blocs circulaient certainement du côté sud du rocher[N 2] et montaient par le flanc ouest, le plus pratique, mais avec encore une pente à 30 degrés. Le chantier devait composer avec les lieux sacrés sur le plateau. Il est donc probable que les sculpteurs étaient installés à l'extrémité est du rocher et les tailleurs de pierre du côté ouest, devant le futur bâtiment. Il fallut cependant certainement dégager de la place, en disposant des offrandes qui s'étaient à nouveau accumulées. Les travaux de gros œuvre commencèrent en 447-446 av. J.-C. ; les colonnes furent érigées à partir de 442-441 av. J.-C. ; les portes furent terminées en 440-439 av. J.-C. ; la statue chryséléphantine fut installée en 438 av. J.-C. Les derniers comptes relatifs aux travaux évoquent un paiement, pour les sculpteurs des frontons, en 434-433 av. J.-C. Il est donc probable que le Parthénon fut terminé l'année suivante, en 432 av. J.-C.[13],[14].
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+ Le Parthénon est construit sur l'emplacement de deux édifices successivement détruits[15]. Le premier est un temple périptère et hexastyle en pōros, souvent qualifié d’Urparthenon (« Parthénon primitif ») ou d’Arkitektur H[16], probablement bâti au début du VIe siècle av. J.-C. et consacré vers -566-565 av. J.-C., lors de l'institution des Grandes Panathénées par Pisistrate[17]. Le second est ce que les archéologues appellent le « pré-Parthénon », dont le chantier commence probablement vers 500 av. J.-C., initialement en pōros[18]. Après la bataille de Marathon, les dimensions du bâtiment sont revues à la baisse (33,68 × 72,31 mètres) et l'on décide d'employer le marbre du Pentélique. Les travaux sont suspendus pendant les guerres médiques, probablement sur décision de Thémistocle[18]. L'édifice est détruit lors du sac de l'Acropole en 480 av. J.-C., par les Perses de Xerxès Ier, lors de la deuxième guerre médique[19].
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+ On possède encore quelques-uns des comptes financiers du chantier. Le Parthénon avec la statue d'Athéna et les Propylées aurait coûté 2 000 talents, somme colossale[N 3], qui provenait en partie du trésor de la ligue de Délos. Plutarque rapporte dans sa Vie de Périclès[20] que celui-ci proposa de prendre à sa charge les dépenses, pourvu qu'on inscrivît son nom sur le monument. L'anecdote témoigne des résistances rencontrées à l'époque face à ce projet pharaonique, y compris parmi les alliés d'Athènes. Théophraste indique que les poutres du Parthénon étaient faites en bois de cyprès, soulignant au passage la qualité de conservation du bois et de son essence[21].
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+ Le Parthénon est un bâtiment dorique, périptère, et octostyle, construit sur une crépis à trois degrés de 0,55 m de chacun. Le dernier degré sur lequel reposent les colonnes doriques est le stylobate tandis que le stéréobate est réalisé en pôros, variété de tuf tendre. Le bâtiment de 10 mètres de haut mesure 69,51 mètres sur 30,88 mètres, dimensions qui ne peuvent être comparées qu'à celles de grands temples ioniques, comme l’Héraion de Samos, les temples romains de Baalbeck ou l'Artémision d'Éphèse, qui dépassent la centaine de mètres[22].
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+ Bien que le nombre d'or ait pu être remarqué dans les rapports de certaines longueurs, il existe un autre rapport qui est de 4/9[23]. En effet, lorsqu'on divise la largeur de l'édifice par sa longueur, le résultat est de l'ordre de 4/9 : on retrouve ce rapport entre la largeur des colonnes et la distance qui les sépare, ainsi qu'entre la hauteur de la façade et sa largeur[24].
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+ La façade principale ouvre à l'est, ce qui n'est pas habituel dans les temples doriques[25]. Elle dispose d'un escalier avec des marches deux fois moins hautes que les degrés du crépis[22].
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+ La colonnade extérieure (péristasis) est octostyle et non hexastyle, comme c'est l'usage à l'époque. Elle est dessinée selon un plan rigoureusement dorique et compte 46 colonnes, chacune composée de 10 à 12 tambours de 20 cannelures chacun. Le conflit d'angle propre aux édifices d'ordre dorique est ici résolu par la réduction du dernier entrecolonnement.
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+ Le sékos (partie fermée de l'édifice) est surélevé de deux degrés. Il est amphiprostyle, c'est-à-dire que sa colonnade est limitée aux petits côtés, et hexastyle (6 colonnes ioniques[N 4] plus hautes et plus étroites d'un tiers que les colonnes doriques)[26]. Sa nef centrale a une portée de onze mètres, encore jamais atteinte à l'époque ; ses étroites nefs latérales sont éclairées par deux fenêtres (9,75 × 4,20 m) de part et d’autre de la porte d’entrée, qui éclaire l’espace central. Le naos, large de 9,815 m., est entouré d'une colonnade faisant un retour derrière la statue[22].
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+ L'édifice est aménagé de manière à mettre en valeur la statue de Phidias : la péristasis (espace de la colonnade extérieure), le pronaos (vestibule d'entrée dans le naos) et l'opisthodome (symétrique, à l'arrière du pronaos) sont fortement réduits pour ménager de la place. L'opisthodome ouvre sur une quatrième pièce assez rare dans les monuments grecs de l'époque classique : l’oikostôn parthenôn, lieu de réunion des jeunes filles chargées du service d’Athéna et qui donne son nom à l'édifice[22].
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+ Le Parthénon est construit en marbre du Pentélique. Son toit était couvert de 8 480 tuiles plates de marbre de 50 kg chacune, agrémentées d'antéfixes en palmettes polychromes et figurant des têtes de lions aux angles, qui faisaient office de gargouilles[22].
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+ Un système de correction optique très précis permettait de donner l'illusion d'une verticalité et d'une horizontalité parfaites alors que les marches du stylobate convexe sont incurvées, le centre étant situé à 6,75 cm au-dessus des extrémités (stylobate des faces), 11 cm (stylobate des côtés)[27] ; les architraves sont incurvés aussi, ceux de la longueur ayant une convexité de 12 cm. En outre, les colonnes ne sont pas parallèles, mais leurs axes verticaux se rencontrent en un point de fuite situé à environ 5 km d'altitude (ce qui se perçoit d'autant plus que la colonne est loin du centre de l'édifice). Enfin, les colonnes elles-mêmes sont modifiées pour ces raisons optiques : les colonnes d'angles sont plus épaisses pour éviter de paraître trop minces si elles se détachaient sur le vide et ont une inclinaison diagonale accrue (10 cm) de manière à prévenir les poussées plus fortes qui s'exercent sur elles[28]. Technique courante, toutes les colonnes sont renflées de 4 cm au tiers de leur hauteur en partant du pied (c'est ce qu'on appelle l'entasis), l'œil ayant tendance à voir à cet endroit un étranglement. Le rayon de courbure des renflements dépassant 1,5 km, il semblerait que, pour fabriquer les tambours d'une même colonne, les ouvriers aient utilisé un modèle réduit « saucissonné » de cette colonne, de même largeur, mais n'ayant que le seizième de la hauteur réelle. De même, toujours dans ce souci d'atteindre la perfection visuelle, aucun des blocs de marbre constituant les murs n'était rigoureusement parallélépipédique. Tout cela permet d'expliquer en partie la durée et le coût des travaux de réfection actuels : il est absolument impossible d'intervertir deux constituants de l'édifice sous peine de voir son esthétique et sa stabilité en pâtir.
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+ Une question néanmoins demeure : comment les bâtisseurs du siècle de Périclès ont-ils pu achever cette construction en moins de neuf ans avec des outils beaucoup plus rustiques que les nôtres ? Actuellement on pense qu'ils utilisaient des procédures standardisées permettant une construction modulaire : l'architecte choisit les dimensions de l'ensemble et du détail en fonction d'une unité, le module de construction (en l'occurrence la largeur du triglyphe du Parthénon, sa largeur faisant 36 modules, sa longueur 81, ses colonnes 16 et l'entrecolonnement 5 modules) de façon à obtenir en plan et en élévation l'eurythmie[29].
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+ Outre l'aspect esthétique recherché, ces corrections visuelles apportent des avantages techniques : elles facilitent l'écoulement des eaux par la courbure du sol et renforcent la structure de l'ensemble par l'élargissement des colonnes d'angle. Cependant, elles rendent plus délicats non seulement la taille des blocs de pierre, mais aussi leur empilement et tout le travail de jointoiement :
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+ - ainsi, pour le montage d'une colonne, fallait-il être capable de déposer en douceur un tambour de plus d'une tonne suspendu au-dessus de celui qui allait le supporter, tout en ayant la possibilité de le déplacer facilement pour l'ajuster à la perfection ; pour cela, on encastrait les deux parties d'une broche métallique (en fer malléable ou en bronze) scellée avec du plomb fondu et d'une clavette en bois de cèdre dans deux demi-cubes en bois de cyprès (système à empolia et poloi) ménagés au centre de chacune des deux faces à mettre en contact pour maintenir deux tambours de colonne. On en avait retrouvé un certain nombre (la partie « mâle » dans l'une et la partie « femelle » dans l'autre), le guidage et le positionnement recherchés s'effectuant au cours de l'emboîtement progressif jusqu'au blocage final.
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+ - de même, après l'analyse d'une fissure qui traversait deux blocs jointés, on a mis en évidence des joints plus fins qu'un cheveu et d'une résistance telle que les deux éléments se sont comportés comme un seul bloc lors d'un tremblement de terre... De plus, selon un modèle de l'époque, on a pu reconstituer une meule métallique qui se manie à deux, qui porte des sortes d'entonnoirs sur le dessus (dans lesquels on verse du sable fin) et qui permet de poncer les faces d'un bloc de marbre sur une épaisseur de l'ordre du vingtième de millimètre.
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+ À l'origine, le Parthénon avait un riche décor de marbre peint, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du bâtiment.
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+ Le Parthénon est un bâtiment dorique périptère octostyle, avec des traits architecturaux ioniques. Il abritait la statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos sculptée par Phidias et consacrée en -439/-438.
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+ Il a été consacré à Athéna à cette date, même si sa construction s'est poursuivie jusqu'en -432, presque au début de la guerre du Péloponnèse. Le décor sculpté des métopes doriques de la frise surmontant le péristyle extérieur et de la frise ionique située sur la partie supérieure des murs de la cella a été achevée en -438.
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+ La richesse du décor sculpté de la frise et des métopes du Parthénon est en accord avec sa fonction de trésor. Dans l'opisthodome, situé à l'arrière de la cella, étaient gardées les contributions financières de la Ligue de Délos, dirigée par Athènes. Le décor en pierre était, à l'origine, très colorée.
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+ Le voyageur Pausanias[30], lors de sa visite à l'Acropole, à la fin du IIe siècle de notre ère, évoque brièvement les sculptures des frontons du bâtiment, réservant l'essentiel de sa description à la statue d'or et d'ivoire de la déesse. Les deux frontons sont actuellement très mutilés.
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+ Le fronton est de l'édifice dépeint l'épisode de la naissance d'Athéna, sortie toute armée du crâne de Zeus, son père. Selon la mythologie grecque, Athéna est la fille de Zeus et de Métis : celle-ci était enceinte, et sur le point de donner le jour à une fille, lorsque Zeus l'avala. Il le fit sur le conseil d'Ouranos et de Gaïa, qui lui révélèrent que si Métis avait une fille, elle aurait ensuite un garçon qui enlèverait à Zeus l'empire du ciel. Quand le temps de la délivrance fut venu, il éprouva un terrible mal de tête pour lequel il sollicita l'aide d'Héphaïstos, dieu du feu et de la forge. Pour soulager sa douleur, Zeus ordonna à Héphaïstos de lui fendre la tête d'un coup de hache. Ainsi fut fait, et de la tête de Zeus sauta la déesse Athéna toute armée : en s'élançant, elle poussa un cri de guerre dont retentirent le ciel et la terre[31]. La scène sculpturale représente le moment de la naissance d'Athéna.
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+ Malheureusement, les pièces du centre du fronton ont été détruites pour faire place à une croix lorsque le bâtiment fut transformé en église, probablement au Ve siècle, donc bien avant même que Jacques Carrey eût exécuté ses précieux dessins de 1674, de sorte que toutes les reconstructions ne sont que conjectures. Les principaux dieux olympiens se tenaient, selon toute vraisemblance, auprès de Zeus et Athéna pour assister au merveilleux événement, avec Héphaïstos et Héra probablement à leurs côtés. Les dessins de Carrey sont déterminants pour la reconstitution des côtés de la scène[32].
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+ Actuellement la majeure partie du fronton est exposé au British Museum à Londres.
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+ Les éléments visibles à Londres représentent respectivement, à l'angle gauche Helios qui émerge avec son char et marquait l'apparition du jour, Dionysos, Déméter et Perséphone, Iris.
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+ Sur la partie droite, Hestia, Dioné, sa fille Aphrodite, dans l'angle droit, la tête d'un des chevaux du char de Séléné qui disparaît à l'horizon (deux autres chevaux ainsi que le torse de Séléné sont conservés au Musée de l'Acropole d'Athènes.).
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+ Sur le fronton, le temps est représenté dans les deux coins par les chariots des frères et sœurs Hélios et Séléné, le premier étant la personnification du soleil ; le chariot émerge du coin gauche, alors que celui de Séléné qui, elle, est une déesse de la Lune, disparaît à l'horizon dans le coin droit.
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+ Partie gauche du fronton est du Parthénon, respectivement Dionysos, Déméter et Perséphone (Helios n'est pas visible sur la photo).
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+ Hestia, Dioné et sa fille Aphrodite. Figures K, L et M du fronton Est du Parthénon, vers 447-433 av. J.-C. British Museum
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+ Fronton est : naissance d'Athéna et métopes de la Centauromachie, British Museum, salle 18.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le fronton ouest, face aux Propylées, dépeint la querelle entre Athéna et Poséidon pour l'honneur de l'attribution de la ville (voir aussi : Athènes). Athéna et Poséidon figurent au centre de la composition, opposés en diagonale, la déesse tenant l'olivier et le dieu de la mer brandissant son trident pour fendre la terre. À leurs côtés se tiennent deux groupes de chevaux attelés à des chars et toute une foule de personnages légendaires de la mythologie athénienne qui emplit l'espace jusqu'aux extrémités du fronton.
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+ Les travaux sur les frontons se sont échelonnés de -438 à -432, et les sculptures des frontons du Parthénon figurent parmi les plus beaux exemples de l'art grec classique. Les figures sont sculptées dans un mouvement naturel, avec des corps pleins d'énergie qui jaillissent des minces vêtements. La distinction entre les dieux et les humains est floue dans cette composition où se mêlent idéalisme et naturalisme[32].
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+ La frise dorique extérieure est faite de triglyphes (trois bandes verticales) alternant avec des métopes (parties plates) sur lesquelles sont sculptées des scènes traditionnelles :
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+ Les quatre-vingt-douze métopes du Parthénon ont été sculptées en haut-relief, une pratique jusqu'alors réservée aux trésors (bâtiments utilisés pour conserver les offrandes aux dieux). Selon les archives de la construction du Parthénon, les sculptures des métopes datent des années -446 à -440. Leur conception est attribuée au sculpteur Calamis. Chacune des faces est conçue autour d'un thème.
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+ Les métopes conservent des traits du style sévère dans les visages et dans la limitation aux contours des détails corporels, sans indication des muscles, mais avec des veines saillantes bien visibles sur les personnages de la Centauromachie. Quelques-unes de ces métopes sont encore en place sur le bâtiment, mais elles sont gravement endommagées. Certaines d'entre elles sont conservées au musée de l'Acropole, d'autres sont au British Museum et l'une d'entre elles peut être vue au musée du Louvre[33].
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+ Les métopes du côté est du Parthénon, au-dessus de l'entrée principale, décrivent une Gigantomachie (bataille mythique entre les dieux de l'Olympe et les Géants). Zeus (no 8) figure au centre, suivi de son frère Poséidon (no 6) jetant l'île de Nisyros sur un géant vaincu. La victoire des dieux est célébrée par le Soleil qui émerge de la nuit avec son char (no 14), inaugurant une nouvelle ère. Ces métopes du côté est sont en très mauvais état et l'interprétation des leurs figures demeure très conjecturale.
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+ Les métopes du côté sud (I-XII et XXI-XXXVII), à l'exception des problématiques métopes XIII-XX aujourd'hui perdues, montrent la Centauromachie ou combat des Lapithes et des Centaures (combat mythique des Lapithes aidés par Thésée contre les Centaures, mi-hommes, mi-chevaux, en Thessalie). Les Centaures sont figurés avec des traits rappelant ceux des masques de théâtre ; ils sont vêtus de peaux d'animaux et sont armés de branches d'arbres. Les Lapithes sont figurés nus ou vêtus de la chlamyde ; ils portent des épées et des boucliers, avec des éléments métalliques véritables qui se trouvaient insérés dans la pierre. On distingue aussi des hydries, qui semblent indiquer une bataille se déroulant à l'intérieur de bâtiments. Contrairement à ce qu'on attendrait d'un point de vue moral, ce sont les Centaures qui semblent l'emporter sur les Lapithes, du moins à cette phase de la bataille.
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+ Le bombardement vénitien de 1687 a gravement endommagé nombre de métopes du côté sud, surtout au centre du mur. Les métopes détruites ne nous sont connues que par les dessins attribués à Jacques Carrey (1674) et par quelques fragments parvenus jusqu'à nous. On ne peut déterminer avec certitudes ce qu'elles représentaient, probablement des scènes de mythes attiques, à mettre en rapport avec la Centauromachie déjà mentionnée.
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+ Les métopes de l'ouest montrent le combat contre les Amazones (combat consécutif à l'invasion légendaire d'Athènes par les Amazones en habits perses, en référence aux guerres médiques).
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+ Du côté nord du Parthénon, les métopes sont mal conservées, mais elles semblent avoir pour thème le sac de Troie.
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+ Le naos (ou cella) est décoré, de façon inattendue, au-dessus de l'architrave dorique, d'une frise ionique en continu, que l'on nomme généralement « frise du Parthénon » ou « frise des Panathénées », car elle semble représenter la grande procession qui se déroulait au cours de cette fête.
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+ De structure complexe, mesurant 160 m de long, comprenant 360 personnages, elle représente une procession comprenant hommes, héros éponymes des tribus grecques, dieux, chevaux d'une cavalcade et divers objets cultuels. De nombreux chars pour les apobatai (pluriel d'ἀποϐάτης / apobátês) sont aussi présents. Ce sont des guerriers en armes sautant en marche des chars pour y remonter après avoir couru à côté ; ces athlètes participaient à un concours et le meilleur d'entre eux recevait comme prix une amphore d'huile tirée des oliviers sacrés. Il est possible que cet exercice d'essence religieuse provienne du fait qu'Érichthonios passait pour l'inventeur du char.
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97
+ Parmi les mortels se trouvent peut-être — les exégètes ne s'accordent pas — les ergastinai / ἐργαστῖναι, femmes chargées de tisser le péplos dont on habillait une statue de bois d'olivier d'Athéna Polias (Πολιάς, « protectrice de la cité », gardée dans l'ancien temple d'Athéna) pendant les Panathénées. Il est notable que des mortelles soient représentées : en effet c'est une des rares cérémonies auxquelles elles étaient conviées.
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+ L'archéologue américaine Joan Breton Connelly a proposé une interprétation[34], qui, en général, n'est pas acceptée, du sujet de cette frise.
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+ Elle évoque une légende connue grâce aux bribes d'une pièce d'Euripide retrouvées sur un morceau de papyrus. Il s'agit de l'histoire d'Érechthée, l'un des premiers rois d'Athènes, qui dut repousser l'armée d'un rival, Eumolpe. Il consulte l'oracle de Delphes qui lui dit qu'il doit sacrifier l'une de ses filles, vierge, pour sauver la cité. Il va le faire et ainsi sauver son peuple.
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+ Si l'on suppose que la frise représente cette légende :
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105
+ Selon J.B. Connelly, cette proposition permet également d'expliquer la présence des dieux olympiens et la juxtaposition des éléments du sacrifice. Elle relève que de nombreux arguments alimentent cette interprétation, en particulier, le fait qu'Érechthée devait avoir son temple sur l'Acropole.
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107
+ Les descriptions d'Athéna Parthénos parlent d'une statue chryséléphantine (d'or pour les draperies et d'ivoire pour les chairs), réalisée par Phidias à l'intérieur du Parthénon, de 12 m de hauteur (15 mètres avec sa base), composée d'une structure de bois sur laquelle étaient fixées des plaques d'ivoire et d'or. Ce matériau fragile et sujet à dessiccation était entretenu à l'aide d'une eau huilée qu'on laissait à disposition dans un bassin, au pied de la statue. La couche d'huile laissait une pellicule protectrice empêchant l'évaporation et donnant un lustre à l'ivoire[35].
108
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109
+ Il existe plusieurs copies en marbre de cette statue : Athéna est figurée en armes, portant un casque et un bouclier orné d'une scène de combat contre les Amazones. Périclès et Phidias y auraient été inclus en tant que personnages, ce qui, pour l'époque, a pu passer pour scandaleux, l'art religieux devant rester anonyme et ne pas glorifier ses auteurs[réf. souhaitée].
110
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111
+ Bien que le Parthénon reprenne le modèle architectural du temple grec et soit habituellement qualifié comme tel dès l'Antiquité (« naôs »), il n'est pas un temple au sens conventionnel du terme[36]. Un petit autel a bien été découvert à l'intérieur du bâtiment, sur l'emplacement d'un temple plus ancien probablement consacré à Athéna Erganê[36], mais l'Athéna qui fait l'objet du culte principal sur l'Acropole, notamment lors de la célébration des Panathénées, est Athéna Polias, dont la statue cultuelle, un xoanon (statue en bois), est conservée dans l'ancien temple d'Athéna, qui était le véritable temple de l'Acropole[37].
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+ La statue d'Athéna Parthénos qui occupe la salle principale à l'est n'est pas une statue de culte mais une offrande : elle n'a fait l'objet d'aucun rite connu[38]. On ne connaît aucun témoignage de ferveur religieuse à son endroit[37]. Aucune prêtresse n'y était attachée et on ne lui connaît aucun autel ou nom cultuel[39]. Selon Thucydide, Périclès la mentionne comme une réserve d'or : « la statue comport[e] de l'or affiné pour un poids de quarante talents et celui-ci p[eut] entièrement s'enlever[40]. » Il implique ainsi que le métal, obtenu par la fonte de monnaies contemporaines[41], peut être réutilisé sans risque d'impiété[39]. En outre, le Parthénon devrait plutôt s'appeler Parthénion (de la même façon que l'Artémision est le temple d'Artémis, l'Héraion le temple d'Héra, etc.) s'il était le temple d'Athéna Parthénos[réf. nécessaire]. À l'origine, le terme de Parthénon ne désigne que la salle Ouest du bâtiment, qui contient les offrandes et les réserves de métal monnayé, auparavant conservées dans le Vieux Temple d'Athéna Polias. Il n'y a pas pour l'instant d'explication convaincante pour cette appellation.
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+ Le Parthénon a été conçu comme le trésor destiné à accueillir la statue colossale d'Athéna Parthénos[42], œuvre de Phidias, et les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos, initialement constitué pour financer la guerre en cas d'attaque perse[6], mais en partie utilisé par Périclès, stratège d'Athènes, pour construire le Parthénon lui-même et embellir la cité. Ce détournement sera d'ailleurs dénoncé par les autres cités-États membres de la ligue de Délos. Le Parthénon est donc du point de vue de sa fonction comparable aux bâtiments votifs de Delphes (le Trésor des Athéniens par exemple), d'Olympie ou de Délos.
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+ Le Parthénon fut ravagé par un incendie durant l'Antiquité tardive. La charpente en bois brûla et le toit s'effondra à l'intérieur du bâtiment, y causant de graves dégâts. La chaleur intense fissura de nombreux éléments de marbre (murs, frontons, colonnades intérieures, etc.). Une restauration extensive fut réalisée. Les colonnes du naos furent remplacées par des colonnes prises sur deux portiques hellénistiques de l'agora romaine. Les deux niveaux furent dorénavant d'ordre dorique et les colonnes du premier niveau n'étaient plus cannelées. Les entablures des portiques furent récupérées pour restaurer les portes est du bâtiment, les blocs utilisés pour les portes ouest provenaient de multiples sources et certains portaient des inscriptions. De nouvelles poutres de marbre furent sculptées. Cependant, à de nombreux endroits, du plâtre fut utilisé et tenu par des rivets métalliques. Le toit fut refait avec des tuiles de terre cuite, mais il ne couvrait plus que l'intérieur, laissant découvert le péristyle. Des rigoles y furent donc creusées pour évacuer l'eau de pluie[43].
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+ Il est cependant difficile de lier cet incendie à un événement précis. Une première hypothèse[N 5] le datait d'après la conversion du bâtiment en église. Mais, comme le portail a été restauré alors que l'église l'avait remplacé par une abside, cette hypothèse ne tient pas. Il fut ensuite suggéré que la destruction était due à l'attaque hérule vers 267-268 et la restauration à Julien vers 362. Une autre hypothèse attribue la destruction aux Wisigoths d'Alaric vers 395-396 et la restauration au proconsul d'Illyrie Herculius entre 402 et 410, dont la statue fut érigée à côté de l'Athéna Promachos. Enfin, certains auteurs proposent que l'incendie n'aurait eu aucun lien avec ces attaques[44].
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+ Vers le Ve siècle, la statue d'Athéna aurait été emmenée à Constantinople par un empereur romain. On perd ensuite sa trace : elle fut peut-être détruite pendant le pillage de Constantinople lors de la quatrième croisade, en 1204.
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+ Il n'existe aucun texte permettant de dater avec précision la transformation du Parthénon en église. Il est probable qu'après les édits de Théodose, le Parthénon est resté une coquille vide sur l'Acropole, symbole de la défaite des dieux anciens tandis que le christianisme triomphant s'exprimait dans la cathédrale d'Athènes construite dans le complexe de la « bibliothèque d'Hadrien » au début du Ve siècle[45]. Les éléments archéologiques sont maigres. Des tombes chrétiennes ont été retrouvées du côté sud du bâtiment. Les monnaies qui y furent découvertes dataient des empereurs Justin Ier (518-527), Justinien (527-565) et Tibère II Constantin (578-582). Donc, la conversion pourrait dater du règne de l'un de ces empereurs. Une hypothèse probable serait que la cathédrale de la ville basse aurait été détruite ou endommagée par l'attaque slave de 582-583. Le siège épiscopal aurait alors été déplacé sur l'Acropole, plus sûre. Il est cependant difficile de savoir si le Parthénon était déjà une église avant de devenir cathédrale ou s'il devint l'un et l'autre en même temps. Par ailleurs, le graffiti chrétien le plus ancien remonte à 693. Il fait référence à la mort de l'évêque Andreas et désigne explicitement le Parthénon comme sa cathédrale. Il n'est donc certain que le bâtiment est devenu église (et cathédrale) qu'à cette date[46].
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+ La conversion en église a conduit à diverses transformations. L'orientation du bâtiment a été inversée, avec l'entrée principale, élargie, à l'ouest. Une petite abside a été construite, avec des éléments pris à divers bâtiments voisins, à l'emplacement du pronaos, entraînant la dépose d'une partie de la frise intérieure et de la partie centrale du fronton est[47],[48]. La salle ouest est devenue la nef de l'église, avec un baptistère installé au coin nord-ouest. Cette petite pièce était séparée du reste par une iconostase en pierre percée de deux portes. Les fonts étaient construits à partir de plaques de marbre réutilisées. Trois portes ont été ouvertes pour faire communiquer les salles ouest et est. Le naos originel fut peu modifié. Cependant, un plancher de bois fut installé entre les deux niveaux de colonnes pour créer une galerie. La colonne axiale fut détruite et remplacée par une arche afin que la galerie fasse le tour de la salle, du côté ouest. Les escaliers devaient se trouver au coin nord-ouest, le plus loin possible du sanctuaire[N 6]. Trois fenêtres furent creusées au niveau de la galerie de chaque côté, entraînant la dépose d'une plaque de la frise à chaque fois. Un exonarthex fut installé dans l'opisthodome, à l'ouest, fermé par des plaques posées entre les colonnes. Le péristyle extérieur resta sans toit, mais fut fermé par des murets percés à intervalles réguliers de portes et fenêtres[48].
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+ Les sculptures du Parthénon subirent le vandalisme chrétien, avant même la crise iconoclaste. Des éléments des frontons furent, parfois irrémédiablement, détruits. Les métopes ouest, est et nord furent abîmées au point qu'il n'est plus possible de connaître avec certitude ce qu'elles représentaient. La métope 32 du côté nord (représentant deux femmes discutant, peut-être Héra et Hébé) y a échappé, peut-être fut-elle interprétée comme une Annonciation. Les métopes sud, peu vues, y échappèrent aussi ; peut-être aussi parce que le programme iconographique (des centaures) se trouvaient encore dans l'art byzantin de l'époque. Enfin, la frise y a échappé, peut-être parce qu'elle était difficilement accessible, et peu visible[47],[49].
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+ Ce n'est qu'au Xe siècle que le Parthénon est de façon attestée devenu une église dédiée à la Vierge Marie. Lorsque Basile II passe par Athènes vers 1018-1019, de retour de sa campagne victorieuse contre les Bulgares, il y remercie Sainte Marie en faisant de nombreux cadeaux à son église, le Parthénon. Au XIIe siècle, l'épiclèse « Atheniotissa » était donnée à Marie, qui avait dès lors remplacé définitivement Athéna comme protectrice de la ville ; on trouve aussi « Panaghia Parthene », cependant la connexion directe n'était pas faite entre les deux figures. Les textes byzantins faisaient même la différence entre les deux virginités. Il n'y a donc pas substitution directe d'Athéna par Marie au Parthénon, mais remplacement d'une divinité ancienne, « pseudoparthénos », par la Vierge véritable, selon les chroniqueurs byzantins[50].
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+ Au XIIe siècle, l'église dans le Parthénon change à nouveau d'aspect. L'abside paléochrétienne est remplacée par une nouvelle abside plus grande qui intègre les deux colonnes centrales de l'ancien pronaos, nécessitant à nouveau la dépose d'une partie de la frise. Les fenêtres creusées dans l'abside réutilisent les éléments de l'architrave déposée. Le baptistère disparu, est remplacé par un bénitier de marbre. Le sanctuaire s'avance davantage dans la nef dont il est séparé par un templon de six petites colonnes de pierre verte. Le sol du sanctuaire est surélevé par rapport au reste du bâtiment. L'autel est installé sous un ciborium soutenu par quatre colonnes de porphyre. La courbe de l'abside accueille le synthronon, avec un trône central pour l'évêque métropolite. Un décor chrétien est alors réalisé : des fresques (disparues dans la nef) et une mosaïque (une vierge à l'enfant) dans l'abside. Cette dernière subsista quand le bâtiment fut transformé en mosquée et ne disparut que dans la démolition de 1765-1766[N 7]. Des fragments de fresques ont été retrouvés dans le narthex et l'exonarthex. Il semblerait qu'il y ait eu plusieurs niveaux de décor : avant l'iconoclasme et une restauration à l'époque de Basile II. Il subsiste aujourd'hui dans l'exonarthex une Vierge à l'enfant sur un trône, adorée par des anges, peinte directement sur le marbre, dans les tons rouge sombre. Dans le narthex, se discernent encore : à l'ouest, une Passion du Christ (avec des éléments d'une Crucifixion, une Déploration et les trois Marie au tombeau de Jésus ; au nord, trois registres de saints : en bas, des saintes, au milieu, des saints évêques et au-dessus, le groupe de la déisis ; au sud, trois bandes similaires sont seulement discernables[51].
132
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+ Après la Quatrième croisade et la création du duché d'Athènes, le Parthénon passe de la liturgie orthodoxe à la liturgie catholique, mais reste cathédrale. Un clocher est construit, à partir d'éléments récupérés sur les ruines des monuments avoisinants, au coin sud-est, à l'intérieur de l'exonarthex. On y accédait grâce à une porte dans le mur ouest du narthex ; il disposait d'un escalier en spirale et dépassait du toit du bâtiment. Certaines hypothèses en ont aussi fait une tour de vigie. Une arche de briques fut construite pour soutenir le fronton ouest. Un nouveau décor fut peint dans l'exonarthex jusque sur la base de la tour. On pouvait y voir une Vierge et un Jugement dernier. En 1970, un monstre écailleux chevauché par une figure humaine était encore visible[52].
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135
+ En 1456, Athènes est conquise par les Ottomans qui transforment le Parthénon-église en mosquée, dès avant 1460, peut-être au moment de la seconde visite du sultan Mehmet II dans la ville. Même s'il n'existe aucune source datant précisément la conversion, il était traditionnel dans le fonctionnement ottoman de transformer rapidement l'église principale ou la cathédrale de la ville conquise en mosquée afin de montrer symboliquement le changement politique[53]. Le bâtiment est peu modifié à cette époque, d'abord parce que Mehmet II admirait les monuments antiques et voulait qu'ils soient respectés. La tour-clocher fut transformée en minaret. L'église fut « vidée » pour devenir mosquée : meubles et partitions furent enlevés ; les fenêtres furent petit à petit murées ; un mihrab fut construit du côté sud de l'abside, pour indiquer la direction de La Mecque et un minbar fut installé en face. Cependant, le bénitier à l'entrée, le ciborium, le synthronon et le décor de mosaïque de l'abside furent conservés. Les décors antiques et chrétiens furent donc respectés[54].
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+ La fonction et l'histoire du bâtiment se sont perdues. Le « guide » écrit pour Mehmet II, daté de 1458-1460, appelle le Parthénon « l'église de la Mère de Dieu » et précise qu'il avait été à l'origine un temple dédié au dieu inconnu, construit par Apollon et un dénommé Eulogios. Des sources du XVIe siècle en parlent comme du « Panthéon » ou comme dédié encore au dieu inconnu[55]. Evliya Çelebi dans la première moitié du XVIIe siècle décrit le Parthénon en détail et avec exactitude. Cependant, il considère que c'était là que Platon enseignait (on montrait même alors son trône) et ne mentionne pas du tout que le bâtiment avait été une église. Il ne donne pas non plus de nom spécifique à la mosquée qui y était installée. Dans les documents de l'époque, elle est d'ailleurs juste appelée « mosquée d'Athènes », « mosquée du château d'Athènes » ou « grande mosquée »[56]. De nombreux visiteurs du XVIIe siècle ont témoigné du bon état de conservation du bâtiment. Contrairement à la réputation que leur firent les Européens plus tard, les Ottomans étaient généralement respectueux des monuments anciens qui se trouvaient sur leur territoire.
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+ En 1674, l'édifice est minutieusement dessiné, selon les hypothèses, par un artiste anonyme ou Arnould de Vuez, accompagnateur du marquis de Nointel, ambassadeur de Louis XIV de France auprès de la Sublime Porte. Ces relevés, dits à tort « de Carrey », sont aujourd'hui très précieux pour identifier les nombreux fragments des décors du Parthénon.
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141
+ En 1687, au cours de la Guerre de Morée, les Vénitiens attaquent Athènes et les Ottomans se fortifient sur l'Acropole, en utilisant le naos du Parthénon comme poudrière (peut-être parce qu'il semblait être ce qu'il y avait de plus solide sur l'Acropole)[57],[58]. Le 26 septembre, un tir de mortier vénitien touche le bâtiment et met le feu aux poudres qui finissent par exploser[59],[58]. Le toit et les murs s'effondrent, tout comme vingt et une colonnes[59],[58]. De nombreuses sculptures sont gravement endommagées, tant par l'explosion que par les tentatives de Francesco Morosini de s'emparer du fronton ouest qui tombe et se brise[58]. Les Vénitiens se retirent dès 1688. Les Ottomans se réinstallent sur l'Acropole et de nombreux débris du Parthénon sont réemployés dans la construction des maisons. Dans les décennies qui suivent, les voyageurs occidentaux se servent dans les ruines[58].
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+ Une nouvelle mosquée est construite à l'intérieur du Parthénon après 1699. L'ambassadeur français Charles de Ferriol d'Argental visite le site à cette date et ne la mentionne pas. Sa construction a pu avoir lieu au moment de la restauration des remparts de l'Acropole en 1708. La nouvelle mosquée est même construite à l'intérieur de l'ancienne mosquée. Ce petit bâtiment carré est orienté nord-ouest sud-est et ne devait servir qu'à la garnison ottomane. Il est construit à partir de pierres de réemploi et n'a pas de minaret. Le minaret de l'ancienne mosquée (le clocher de l'ancienne église) avait beaucoup souffert lors de l'explosion de 1687 ; il fut définitivement rasé en 1765-1766. La mosquée fut rasée en 1843, au moment du début des grandes fouilles de l'Acropole[60].
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+ Au XVIIIe siècle, les relations diplomatiques entre l'Europe et l'empire ottoman s'améliorent si bien que plus d'Européens voyagent à Athènes et dessinent ou peignent les ruines pittoresques du Parthénon, stimulant le philhellénisme. La société britannique des Dilettanti y envoie en 1751 le peintre James Stuart et l'architecte Nicholas Revett pour mesurer et dessiner les antiquités d'Athènes, notamment celle du Parthénon, et établir un plan de l'Acropole. Leur publication en 1787 fait date et autorité et marque la redécouverte scientifique de l'édifice[61]. Leur travail est poursuivi au XIXe siècle par l'École française d'Athènes qui détaille la polychromie de l'édifice et la pratique de courber les lignes horizontales[62].
146
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+ En 1801-1802, Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, envoie à Londres l'essentiel des sculptures en marbre de la frise du Parthénon, des frontons et des métopes. Ils sont aujourd'hui encore exposés au British Museum qui les a acquis en 1816[63]. La Grèce en réclame depuis longtemps la restitution, notamment par l'entremise de son Ministre de la Culture, Melina Mercouri, de 1983 à 1989, et de 1993 à sa mort, en 1994.
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+ La frise du Parthénon, au British Museum
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+ Visite au British Museum : marbres du fronton est
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Plan des restaurations de 2007
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+ Restaurations de 2007
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+ Les doctrines de restauration
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+ Restaurations en cours
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Un important programme de restauration du Parthénon a été entrepris après un tremblement de terre en 1893. De 1894 et 1933 l'architecte et ingénieur en chef Nikolaos Balanos a conduit ce chantier[64].
166
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+ Une seconde campagne de restaurations, depuis les années 1980, tente de corriger les erreurs commises antérieurement : tambours et chapiteaux des 46 colonnes replacés au bon endroit, crampons de fer (leur oxydation provoquant une rouille qui, par dilatation, faisait exploser les blocs de marbre alors que les Grecs anciens les avaient revêtu de plomb qui évitait la rouille et dont la malléabilité prévenait les fissures lors des séismes) fixant les blocs ensemble remplacés par des éléments en titane[65]. Ce travail s'appuie sur les recherches de l'architecte Manolis Korres (ru). Prévue initialement pour une dizaine d'années, la campagne devrait finalement se terminer pour 2020 avec un budget de 100 millions de dollars[5].
168
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169
+ Le chantier a débuté par le recensement des 100 000 fragments de marbre jonchant le sol (ce qui représente 20 000 tonnes de marbre)[5].
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171
+ De 1986 à 1991, ont lieu les travaux de restauration de la façade est[65]. Les restaurations en septembre 2012 mettent en évidence les pierres restaurées par remplacement par des pierres blanches afin de les distinguer des éléments d’origine. C’est la solution retenue en Grèce pour l’application des doctrines et techniques de conservation - restauration recommandées par la « Charte de Venise ».
172
+
173
+ La charte de Venise est une « charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites » (1964).
174
+ Elle stipule notamment que les adjonctions du restaurateur ne doivent pas travestir l’édifice considéré en tant que source documentaire. L’exigence scientifique moderne est à ce point incontournable que reconstruire un mur peut sembler a priori une falsification du monument. Cependant, fermer des brèches et compléter ou rebâtir des tronçons peut s’avérer nécessaire et même indispensable pour garantir une conservation à long terme. Ne pas intervenir pour maintenir une ruine entraînerait une perte irrémédiable de témoins essentiels. Il faut alors délimiter nettement l’apport du restaurateur et du créateur, par exemple par une frontière incluse dans la maçonnerie tels des rangs de tuiles comme cela est pratiqué en Italie ou utiliser une pierre de couleur différente comme en Grèce.
175
+
176
+ Pour prendre en compte l’esprit de la Charte de Venise sur la lisibilité des apports contemporains, il faut en effet veiller à maintenir la cohérence, la force et le charme de l’image que le public s’est formée de l’édifice. La restauration s’arrête là où commence l’hypothèse. Par sa rigueur, sa prudence et son respect de la matière ancienne, par sa clarté et sa concision, la Charte de Venise est d’une actualité qui ne se dément pas. La protection des ruines, relève d’une logique à la fois historique et paysagère, doctrine qui a bénéficié d’une avancée philosophique et scientifique.
177
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+ « The Parthenon (Plate 1, Fig. 17) is probably the most celebrated of all Greek temples. »
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+ Factions :Progressisme[8]Centrisme[9],[10]Conservatisme[10]Socialisme démocratique[11],[12],[13],[14]Populisme de gauche[15],[16],[17]Social-démocratie[18]
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+ Le Parti démocrate est un parti politique américain qui s'oppose, dans le contexte du système bipartite, au Parti républicain. Il est l'une des plus grandes organisations politiques mondiales avec plus de 44 millions d'adhérents en 2017.
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+ Le Parti démocrate conçoit la société américaine comme une union des communautés de citoyens. Il veut assurer la protection égale de leurs droits particuliers, notamment pour les moins puissants. Il est donc traditionnellement la « grande tente » dans laquelle les minorités se retrouvent[22], qu'elles soient ethniques (Afro-Américains depuis le New Deal, Hispaniques et Latino-Américains, Asio-Américains), religieuses (catholiques, musulmans et juifs) ou sociologiques (intellectuels, artistes). Son principal adversaire, le Parti républicain, est considéré a contrario comme un parti White Anglo-Saxon Protestant visant à imposer la force de l'Union par le respect des valeurs centrales qui permettent la réussite des meilleurs, proche des milieux d'affaires et financiers, soutenu par les professions libérales et les entrepreneurs.
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+ Le Parti démocrate est issu de la scission du Parti républicain-démocrate fondé par Thomas Jefferson en 1792[23]. Doyen des partis américains et mondiaux, il est à l'origine un parti anti-fédéraliste défendant la liberté des États face au pouvoir fédéral, et celle des propriétaires individuels face aux intérêts bancaires et industriels. À l'époque de la Guerre de Sécession, il défend également l'esclavage face au parti républicain de Lincoln, abolitionniste. Il évolue nationalement vers une vision moins conservatrice[24] et moins méfiante du pouvoir fédéral dès les années 1890, et plus nettement dans les années 1930 avec le président Franklin Delano Roosevelt, en valorisant le rôle de l'État dans la protection des minorités. Dans les années 1960 et 1970, il s'inscrit à gauche sous l'impulsion des sénateurs Hubert Humphrey, George McGovern ou Edward Moore Kennedy, puis se place vers le centre sous les mandats de Jimmy Carter et Bill Clinton avant de se réorienter à gauche sous la présidence de Barack Obama avec l'influence de Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Jesse Jackson, Keith Ellison et Nancy Pelosi.
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+ À l'échelle internationale, le Parti démocrate est, depuis 2013, membre de l'Alliance progressiste qui regroupe l'ensemble des partis politiques progressistes, sociaux-démocrates et socialistes proche de l'Internationale socialiste. Il est dirigé par le Comité national démocrate.
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+ L'ancêtre de l'actuel Parti démocrate est le Parti républicain-démocrate de Thomas Jefferson et James Madison qui s'était constitué entre 1793 et 1798 face au Parti fédéraliste de George Washington et de John Adams.
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+ Le débat entre partisans d'une unité centralisée (donc fédéraliste) et partisans du droit des États et de l'individu marque les premières années des États-Unis. Les fédéralistes sont dirigés par Adams, puritain, anglophile, soutenu par la bourgeoisie du Nord qui s'inquiète des désordres populaires. Les républicains-démocrates défendent l'idéal jeffersonien d'un peuple de petits propriétaires indépendants et égaux. Proche des valeurs de la Révolution française, ce parti refuse qu'une élite urbaine financière limite leurs particularismes et leur droit à l'expansion (conquête de l'Ouest, libre commerce). Cela conduit le parti à s'opposer aux taxes fédérales et à une banque centrale contrôlant la monnaie, ce qui en fait un partisan du libéralisme en économie. Le parti s'affiche contre les empiétements de l'État fédéral. Indirectement, en refusant une loi fédérale abolissant l'esclavage, il soutient l'« institution particulière », ce qui le rend très populaire dans l'électorat du sud, qui exporte le coton et est donc favorable à des droits de douanes faibles.
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+ Avec la victoire à la présidence de Jefferson en 1800, l'achat de la Louisiane à la France, qui double les terres ouvertes aux fermiers pour la « poursuite du bonheur », et la fin de la guerre de 1812 contre les Anglais qui assure la liberté du commerce et rend possible la doctrine Monroe (« l'Amérique aux Américains »), les républicains-démocrates prennent durablement le pouvoir. La régionalisation puis la disparition du Parti fédéraliste, permet au Parti démocrate d'être, pendant une trentaine d'années, le seul parti politique national d'importance des États-Unis (1795-1825). Il est alors dirigé par de grands propriétaires virginiens, Madison et Monroe succédant à Jefferson à la présidence.
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+ Le Parti républicain-démocrate se divise vers 1825. La montée électorale du représentant des fermiers de l'Ouest, le populiste Andrew Jackson, provoque l'inquiétude des élites virginiennes et puritaines qui finissent par lui préférer le fils de John Adams, John Quincy Adams qui crée le parti national-républicain. Cette scission entraîne un changement de nom du parti de Jackson, qui prend rapidement le nom de Parti démocrate. Adams étant connu pour son antiesclavagisme, Jackson reçoit le soutien du Sud grâce au sénateur Calhoun, important porte parole des états esclavagistes, théoricien du droit de « nullification » des lois fédérales par les états locaux. Jackson en outre, par son opposition populiste à l'élite Wasp, attire les fermiers de l'ouest et les nouveaux arrivants, en particulier catholiques (Irlandais puis Italiens). Le parti démocrate les fédère autour de la machine politique à New York que domine Martin Van Buren, un descendant de Néerlandais qui a le soutien des locofocos (en) (démocrates qui défendent les classes populaires). Cette coalition permet la victoire de Jackson à la présidentielle de 1829. La fonction publique est alors contrôlée par les démocrates (système des dépouilles).
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+ De 1833 à 1856, le parti de Jackson est principalement opposé au Parti whig. Ce parti, issu des partisans d'Adams, reconstitue un certain idéal fédéraliste, représente les milieux d'affaires du nord du pays voulant une économie de marché moderne, axée sur l'éducation morale, des droits de douane protégeant l'industrie et une banque centrale stabilisant la monnaie. Pour les Whigs, le commerce et les infrastructures ont plus de poids que la main-d'œuvre et la possession de terres. Ils reprochent à Jackson son autoritarisme et son populisme. Le parti de Jackson a une implantation sociale et géographique éloignée des élites urbaines : les migrants, les colons de l'ouest, le sud esclavagiste et les minorités new yorkaises ou bostoniennes se reconnaissent dans le populisme de Jackson ou l'autorité de Polk, futur président. Les chefs du parti conduisent une politique clientéliste, ouvrant de nouvelles terres à la conquête, politique annexionniste vis-à-vis des indiens, de la frontière canadienne et du Mexique (Polk). Mais le parti ne parvient ni à juguler la crise économique de 1837, liée à leur politique financière, ni, surtout à trouver un compromis durable sur l'esclavage dans les terres conquises : les démocrates du Nord (dont Van Buren) y sont hostiles, alors que l'extension est essentielle pour ceux du Sud qui se reconnaissent dans l'argumentation quasi sécessionniste de Calhoun qui finit par entrer en conflit avec Jackson et Polk.
22
+
23
+ Le Comité national démocrate (DNC) est structuré en 1848 pour tenter de conserver l'unité du parti, difficile à maintenir. Même si le parti adverse whig est lui aussi divisé et moribond à cause de ses ambiguïtés sur les annexions et sur la question esclavagiste, les présidents démocrates ne parviennent ni à maintenir ni à trouver un compromis sur la question de l'esclavage : Van Buren, président des États-Unis de 1837 à 1841, crée un parti antiesclavagiste, Fillmore, partisan du retour à un compromis Nord/Sud perd le soutien des sudistes de son parti, et Buchanan plus favorable à l'extension de l'esclavage, ne peut empêcher la rupture entre pro et anti-esclavagistes, à la fin des années 1850. Le parti se divise. Devant la crise des deux grands partis, se crée le Parti républicain composé d'anti-esclavagistes des deux bords. Lors de l'élection présidentielle de 1860, le Parti démocrate ne peut se mettre d'accord sur un candidat et se divise entre démocrates du nord (candidat Stephen A. Douglas modéré) et démocrates du sud (John Cabell Breckinridge esclavagiste). Cette division face au candidat Whig affaibli et surtout au parti républicain qui présente Abraham Lincoln permet à celui-ci d'être élu alors qu'il est minoritaire en voix.
24
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25
+ La défaite démocrate entraîne la sécession des États et des élus du Sud qui font du démocrate esclavagiste Jefferson Davis leur nouveau président. La Guerre de Sécession dure jusqu'en 1865, année de la victoire des Nordistes. Les démocrates du nord se divisent entre les pacifistes Copperheads et quelques unionistes qui rejoignent Lincoln (ainsi Andrew Johnson, seul sénateur démocrate antisécessionniste, colistier pour sa réélection). À la fin de la guerre les États rebelles sont privés du droit de vote lors des premières années de la période de la reconstruction après la guerre de Sécession. Privé du « solide Sud » le parti démocrate est laminé par les Républicains. Après l'assassinat de Lincoln, le démocrate Johnson devient président mais, isolé face à la majorité républicaine et considéré comme un traitre par les sudistes, il échappe de peu à une procédure d'impeachment. Dès 1868, la présidence revient pour de longues années aux républicains, les démocrates ne présentant pas vraiment de candidat en 1872 (soutien à Horace Greeley).
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+ Le Parti démocrate devient, après 1877, lorsque tous les anciens États confédérés ont été rétablis dans leurs droits et que l'occupation des troupes nordistes a pris fin, le refuge de tous les anciens esclavagistes et des ségrégationnistes. Jusqu'en 1964, où le candidat républicain l'emportera sur Lyndon B. Johnson dans ces États, le sud reste un bastion électoral imprenable où le parti démocrate fait souvent figure de parti unique et où les divergences politiques ne s'expriment qu'en son sein, opposant les populistes, les conservateurs et les modérés.
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+ Dans les États du nord, le Parti démocrate appuie son électorat sur les immigrants de la Nouvelle-Angleterre, particulièrement des Irlandais catholiques qu'ils avaient protégé contre l'hostilité des « natifs » ; dans les États de l'ouest, il est l'expression des classes populaires immigrées d'Europe, qui sont en butte avec l'administration républicaine au sujet des tarifs douaniers et de la restriction monétaire.
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+ Ainsi, face à un parti républicain, regroupant les WASP aisés et les esclaves libérés du sud, le parti démocrate recueille les suffrages des Blancs du sud, des autres minorités ethniques juives et catholiques, des couches populaires, ouvrières et des immigrants récents du nord-est. Les historiens socio-culturels notent une opposition entre les « piétistes » républicains (religion individuelle morale en lien direct avec la transcendance) et les « liturgistes » démocrates (membres de communautés reconnaissant l'intercession d'un clergé pour une présence immanente du mystère divin). Cette opposition n'est pas que théorique : elle a un rôle électoral quand, par exemple, les piétistes entendent prohiber l'alcool.
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+ Face à la domination des républicains, les démocrates fédèrent les couches dominées (nouveaux habitants de l'ouest, Blancs du sud et migrants catholiques et juifs des villes côtières). Ils menacent ainsi les républicains en particulier lors de l'élection de 1876, largement frauduleuse, où leur candidat, le New Yorkais Samuel Jones Tilden est majoritaire en voix. En échange de l'élection, les républicains doivent concéder un compromis dans les États du sud : ils mettent fin à la « Reconstruction », retirent l'armée et rendent le pouvoir local aux blancs démocrates. La Cour suprême réduit les droits (notamment du vote) des Afro-Américains : le sud est redevenu un bastion démocrate ségrégationniste. Ailleurs, le Parti démocrate, en particulier à New York, dans l'immeuble Tammany Hall, s'organise comme un réseau d'entraide, de patronage. Le système du bossisme y domine, avec pour effet de réduire le parti à une machine électorale et clientéliste. Vers 1880, l'immobilisme et la corruption, voire la fraude sont communs aux deux partis.
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+ Devant la multitude des scandales et du favoritisme (culminant avec l'assassinat du président républicain Garfield par un militant déçu), une génération nouvelle visant à s'afficher comme efficace, morale et rigoureuse, réforme profondément les pratiques et bouscule les vieilles machines électorales. La chute de William Tweed, démocrate de New York, assainit le Parti démocrate, en partie grâce à Samuel Jones Tilden. Le magistrat démocrate Grover Cleveland de l'État de New York obtient l'investiture de son parti en 1884 sur sa réputation réformiste. Leader d'une fraction du parti, les démocrates Bourbons très libéraux en économie, hostiles à toute intervention de l'État central sur l'économie, il parvient à remporter l'élection présidentielle face aux républicains divisés par la crise réformiste et les revendication des fermiers de l'ouest, en 1884 et en 1892 (étant majoritaire en voix en 1888 quoique battu). Il a su entraîner une partie de l'électorat républicain : son réformisme lui attire en effet la sympathie de certains jeunes républicains, les Mugwumps (dont Theodore Roosevelt) et son orientation très libérale en économie lui vaut la bienveillance des milieux boursiers. Pendant son mandat, Cleveland s'oppose systématiquement à toute intervention de l'État fédéral en faveur d'un groupe particulier (y compris les anciens combattants invalides de la guerre de Sécession). Sa politique étrangère se refuse à de nouvelles annexions (Hawaï) et renoue avec la doctrine Monroe, s'opposant par des interventions au Venezuela aux impérialismes européens en Amérique centrale.
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+ Toutefois ce réformisme libéral de Cleveland échoue lors de la crise économique de 1893. Dans son propre parti, le courant populiste des fermiers de l'ouest lui reproche sa politique de restriction monétaire, son soutien aux milieux financiers et son action contre les grèves. Sous l'impulsion de William Jennings Bryan, orateur inspiré, le parti adopte la plateforme du mouvement populiste. Cela le réoriente économiquement à gauche, comme partisan d'une plus grande circulation de la monnaie (bimétallisme) tout en restant sociétalement très conservateur et religieux. Bryan y perd le soutien des milieux d'affaire et échoue successivement trois fois contre les républicains, en particulier contre Theodore Roosevelt le républicain réformateur, impérialiste et nationaliste qui donne à la présidence un rôle hyperactif et « vole » aux démocrates le thème de la croisade antitrust.
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+ Le parti, devant l'échec de la voie populiste, se tourne, en 1912, vers un progressiste universitaire, axant son action sur ses principes moraux et sa rigueur. Woodrow Wilson se fait le champion de la lutte contre la corruption et les promoteurs, de la prise en compte de la volonté populaire (primaires au suffrage universel pour empêcher les jeux d'appareil). Il profite de la brouille des républicains entre l'ancien président et son successeur : l'élection de 1912 est une triangulaire où la conception démocratique (nouvelle liberté) de Wilson l'emporte sur la vision autoritaire de la new nation de l'ancien président Théodore Roosevelt et sur le Big Business des monopoles qui soutiennent le président républicain sortant Taft.
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+ Au pouvoir, Wilson applique une politique démocrate à partir d'un pouvoir exécutif fort (conformément à ses théories politiques) : il élargit le rôle du suffrage direct (le XVIIe amendement pour le Sénat, désormais élu directement par deux représentants par État, et en donnant par le XIXe le droit de vote aux femmes) protège l'électorat du sud ségrégationniste, les migrants (tentative de veto à des mesures anti-migration) et les minorités (nomination d'un Juif à la Cour suprême). Il fait voter des lois pour les fermiers, les travailleurs du rail, contre le travail des enfants (loi invalidée par la Cour suprême), contre les trusts et permet la création d'un impôt sur le revenu baisse les droits de douane. Mais il concède aussi à ses adversaires politiques en restant proche de la vision de l'exécutif de Théodore Roosevelt, en acceptant la création d'une réserve fédérale et en accédant à une revendication des moralistes (prohibition de l'alcool).
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+ En politique étrangère, Wilson pratique un interventionnisme mesuré (non impérialiste), visant à l'extension de la démocratie et à l'établissement d'une Société des Nations. Cela explique ses actions militaires en Amérique centrale l'intervention de 1917 au Mexique (en) puis son entrée en guerre tardive en 1917 (alors qu'il faisait campagne pour la paix en 1916 lors de sa réélection). Cela provoque la démission de l'ancien meneur démocrate, Bryan, resté pacifiste et assez rapidement l'hostilité de la population. Wilson prend momentanément pendant la guerre, des mesures de dirigisme économique qui peuvent avoir inspiré le new Deal.
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+ Face aux républicains à nouveau unis, isolationnistes, s'étant ralliés les milieux affairistes et moralistes (prohibition), les démocrates perdent l'élection de 1920. Les républicains dominent à nouveau la scène jusqu'en 1932. Les démocrates, malgré l'activité de certains chefs locaux (comme le cousin éloigné de l'ancien président Roosevelt, Franklin Delano Roosevelt à New York, candidat à la vice-présidence) ne peuvent faire face à la machine républicaine qui accompagne la croissance rapide de l'économie et souffrent dans les villes de la montée de mouvements de gauche (socialistes menés par Eugene Victor Debs). Le parti peine à trouver un projet commun. Il est fortement divisé sur la question de la prohibition ou sur celle de la condamnation du Ku Klux Klan (repoussée d'une voix lors de la convention de 1924).
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+ En 1927, André Siegfried décrit ainsi le Parti démocrate :
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+ « la tradition démocrate réside essentiellement dans la défense des minorités, des non-organisés. De ce fait, le parti ne trouve pas d'unité dans un principe constructif ; son esprit véritable est celui de l'opposition ; il ne maintient sa raison d'être que dans une perpétuelle et changeante coalition de mécontents. Protéger les immigrants contre les assimilateurs ; l'individu contre l'État, combattre l'oppression légale et sociale de la majorité, revendiquer pour les communautés locales, contre le gouvernement central, le droit de régler elles-mêmes leurs problèmes, c'est-à-dire préserver les États contre l'emprise excessive de la fédération… C'est toujours une clientèle locale brimée, ou s'estimant telle, qu'il soutient : le Sud contre le Nord, l'Ouest agricole contre l'Est capitaliste, les grandes cités cosmopolites contre l'américanisme protestant. Ses victoires sont nombreuses, mais elles restent de caractère local : gouverneurs, législatures d'États… »
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+ Face à la crise de 1929, et à l'échec du laissez-faire initial des républicains, les démocrates emportent l'élection de 1932. Franklin Delano Roosevelt conduit la politique du New Deal qui ramène durablement les démocrates au pouvoir grâce à un programme progressiste volontariste et keynésien. Il met ainsi fin à l'image rétrograde du parti en se faisant le champion de l'État-providence à l'européenne. Son interventionnisme social et économique est une nouveauté pour les démocrates jusqu'ici antidirigistes. Sa politique est donc contestée par la Cour suprême, par des démagogues, ou par des conservateurs, qui, y compris dans son parti lui reprochent soit son « socialisme » (ainsi le fit son vice-président John Nance Garner ou Wendell Willkie, un démocrate qui devient républicain et son opposant lors de la présidentielle de 1940), soit son interventionnisme anti-nazi (notamment l'ambassadeur Joseph Patrick Kennedy). Toutefois, la reprise économique puis les victoires militaires de la Seconde Guerre mondiale permettent à Roosevelt d'être trois fois réélu et aux démocrates de dominer le Congrès. La société américaine est profondément changée par la puissance nouvelle donnée au rôle social et économique donné à l'État. Dans un même temps, le Parti démocrate s'enracine auprès des couches populaires, en témoigne la création en 1944 du Minnesota Democratic-Farmer-Labor Party dans l'État éponyme, section locale toujours active du parti.
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+ Le successeur de Roosevelt, Harry S. Truman, fait difficilement face à une remontée des républicains au Congrès. Il ne parvient pas à imposer tout à fait sa politique sociale ambitieuse et se laisse déborder par la croisade anticommuniste qu'il avait pourtant tout d'abord approuvée, le maccarthysme (le vice-président de la commission est un démocrate, l'un des frères Kennedy, et cette politique était soutenue à l'époque par l'acteur syndicaliste démocrate Ronald Reagan qui se rapproche alors des républicains). Cela lui fait perdre le soutien de l'aile la plus progressiste du parti (incarnée par Henry Wallace) ce qui entraîne une progressive rupture avec la jeunesse, pendant que les électeurs du sud s'inquiètent des réformes sociales et antiségrégationnistes ce qui affaiblit le parti de Roosevelt et Truman. Les démocrates continuent de fédérer les minorités (catholiques italiens hispaniques ou irlandais, Juifs) et les ouvriers (parmi lesquels des Noirs du nord) qui se sentent désormais protégés par un État social. Mais la classe moyenne, et en particulier dans les États conservateurs du sud, très attachée à la ségrégation et très anticommuniste, s'inquiète de l'orientation sociale et ouverte aux Afro-Américains du parti.
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+ Le parti est divisé entre conservateurs du sud et modernistes progressistes des villes sur la question de la ségrégation raciale. Dès la fin des années 1940, les démocrates du nord, sous l'impulsion du Président Harry S. Truman et du Sénateur Hubert Humphrey, se prononcent pour la fin des inégalités de traitement entre Blancs et Noirs d'abord dans l'armée puis dans la société civile. C'est la consternation chez les « Southern Democrats » ségrégationnistes (les Dixiecrats) : ils soutiennent à l’élection présidentielle de 1948 Strom Thurmond, le gouverneur de Caroline du Sud contre le président démocrate sortant Harry S. Truman. Thurmond n'obtient que 2,4 % des suffrages sur le plan national, mais remporte la majorité dans quatre États du Sud, soit 39 votes des grands électeurs, ce qui manque de faire perdre Truman face à Thomas Dewey et contribue au recul des démocrates face aux républicains.
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+ Durant les années 1950, le Parti démocrate retrouve un semblant d'unité durant la présidence de Dwight D. Eisenhower, mais ne peut faire gagner Adlai Stevenson. En 1960, la dynamique campagne de John Fitzgerald Kennedy face à Richard Nixon permet au premier élu catholique d'entrer à la Maison-Blanche sur le thème de la Nouvelle Frontière qui veut étendre le rêve américain aux pauvres. Confronté à la crise des missiles de Cuba et au mouvement antiségrégationniste, Kennedy, puis, après son assassinat, son successeur Lyndon B. Johnson, conduisent une politique progressiste à l'intérieur, multipliant les lois sociales (en particulier l’affirmative action) et un anticommunisme à l'extérieur. Cela provoque le ralliement massif des jeunes et des Afro-Américains au parti.
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+ Mais cela provoque la perte des dixies : l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis déclarant la ségrégation raciale anticonstitutionnelle et les lois mettant fin à la discrimination raciale, font qu'en 1964, les États du sud votent pour la première fois pour un républicain, le conservateur Barry Goldwater, alors que dans le reste du pays le président Johnson est largement plébiscité. Ce départ des conservateurs du sud pousse le parti à gauche : l'accord des droits civiques aux Afro-Américains assure leur soutien politique qui compense la perte des voix des dixies. L'aile progressiste d'Eugene McCarthy ou de Robert Francis Kennedy a le soutien des jeunes opposés à la guerre du Viêt Nam. Mais, lors de la campagne de 1968, après l'assassinat de Robert Francis Kennedy, le choix par la convention de Chicago de Hubert Humphrey, vice-président, (antiségrégationniste, mais favorable à la guerre), provoque à la fois la protestation de la jeunesse radicale, et la scission avec l'aile la plus conservatrice : les Démocrates du Sud forment l'American Independent Party. Leur candidat, George Wallace, gouverneur de l'Alabama, obtient 13,5 % des suffrages et la majorité dans tous les États du Vieux Sud. Il prive le candidat démocrate Humphrey de toute chance de victoire face à Richard Nixon.
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+ Usés par la guerre du Viêt Nam qui les avait un temps coupés de la jeunesse libérale la plus à gauche, les démocrates se radicalisent, du fait de l'éloignement des démocrates conservateurs, et présentent en 1972 George McGovern, qui, accusé de complaisance avec le communisme, subit un échec cuisant face à Nixon. Les démocrates comprennent alors que, sans renier leurs idéaux de protection des minorités (Noirs ou Indiens), il leur faut présenter des candidats susceptibles de rallier les suffrages du sud. Ils ont aussi conscience que la majorité parlementaire dont ils disposent au Congrès depuis les années 1950 ne peut survivre à une désertion des électeurs blancs sudistes, lesquels représentent près d'une trentaine de sénateurs. En 1976, Jimmy Carter, gouverneur peu connu de Géorgie, membre des communautés évangéliques, réussit ainsi la synthèse entre les libéraux du nord et les conservateurs du sud, sans toutefois revenir sur le programme progressiste du Parti démocrate, pour accéder à la présidence. Mais son moralisme ne suffit pas face à la crise économique et sa politique des droits de l'homme échoue à l'étranger.
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+ La vague conservatrice de 1980, qui propulse Ronald Reagan à la Maison-Blanche et permet aux républicains d'obtenir, pour la première fois depuis 30 ans, la majorité au Sénat, est un avertissement sévère pour les démocrates. Si, comme au début des années 1970, ils semblent d'abord se radicaliser sur l'aile la plus sociale du parti, comme le montre la candidature de Walter Mondale en 1984, le mouvement des Nouveaux démocrates réoriente le parti vers le centre, et participe à la victoire de Bill Clinton, gouverneur de l'Arkansas, à l'élection présidentielle de 1992 face à un camp conservateur pour une fois divisé (la candidature du populiste de droite Ross Perot, qui obtint 19 % des suffrages, prive George H. W. Bush, avec 37,5 % des voix, d'un second mandat). Bill Clinton toutefois, ne parvient pas à imposer les réformes sociales dans le domaine de la santé : en 1994, le Parti démocrate, qui dominait le Congrès depuis le début des années 1950 (hormis le Sénat entre 1980 et 1986) connaît une défaite historique en perdant la majorité dans les deux assemblées ainsi que la majorité des postes de gouverneurs. Bill Clinton parvient toutefois à s'assurer une popularité personnelle grâce à son habile politique économique amenant à la prospérité des États-Unis et à se faire réélire en 1996. Il est partisan d'une troisième voie, libérale en économie, limitant l'assistanat.
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+ Après avoir dominé les deux chambres du Congrès quasiment sans interruption pendant 40 ans (durant quelques brèves périodes, le Sénat passe sous le contrôle républicain), le Parti démocrate perd la majorité en 1994 face au Parti républicain.
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+ En 2000, le scrutin présidentiel oppose le vice-président sortant Al Gore au fils de l'ancien président Bush, George W. Bush. Le résultat national est incertain et dépend de la Floride mais un recomptage y est nécessaire. Bush emporte l'élection de moins de 600 voix en Floride et la Cour suprême le déclare vainqueur par l'arrêt Bush v. Gore. Bush est toutefois minoritaire par le vote populaire.
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+ Durant la session 2004-2006, le parti est minoritaire au Sénat avec 44 sièges sur 100, à la Chambre des représentants avec 202 sièges sur 435 et en nombre de gouverneurs avec 22 postes sur 50. John Kerry échoue à l'élection présidentielle face au sortant, George W. Bush.
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+ Après 12 années en position minoritaire au Congrès (à l'exception des années 2001-2002 pour le Sénat), le Parti démocrate reprend le contrôle des deux chambres du Congrès après les élections du 7 novembre 2006 en arrachant la victoire au Sénat avec (51 sièges de démocrates et assimilés sur 100[25]) et en gagnant plus largement à la Chambre des représentants (233 sièges sur 435).
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+ En 2008, le sénateur de l'Illinois Barack Obama, gagnant des primaires présidentielles face à Hillary Clinton et passant pour une figure centriste, est élu président des États-Unis contre le candidat républicain John McCain. Il s'agit du premier ticket démocrate élu ne comprenant aucun candidat issu du sud ; néanmoins, trois États du sud votèrent pour Obama : la Floride, la Caroline du Nord et la Virginie. Cette élection constitue un profond bouleversement dans la situation du Parti démocrate, qui domine toutes les institutions nationales jusqu'en janvier 2011. Depuis cette date, la Chambre des représentants, issue des élections de novembre 2010, est dominée par les républicains (242 contre 193) tandis que le Sénat conserve une majorité démocrate (53 contre 47). Lors des élections américaines de la Chambre des représentants de 2012, ces nombres passent respectivement à 201 élus démocrates à la Chambre et 55 au Sénat[26].
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+ Durant sa présidence, Obama veut trancher avec son prédécesseur, qui avait lancé les guerres d'Afghanistan et d'Irak après les attentats du 11 septembre 2001. La protection de l'environnement, la réforme du financement du système de santé dite Obamacare, la réforme du système financier après la crise des subprimes et la défense des droits des minorités (le mariage gay est légalisé fédéralement en 2015 par la Cour suprême) sont les lignes directrices de sa présidence sur le plan intérieur. Se décrivant comme Bill Clinton comme étant membre des Nouveaux démocrates, centriste, il apparaît cependant plus à gauche que ce dernier et réussit donc à rassembler le parti derrière sa personne.
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+ Durant ces mêmes années, les électeurs affiliés au Parti démocrate évoluent progressivement vers la gauche. D'après un sondage de The Gallup Organization, les électeurs démocrates deviennent de plus en plus libéraux (libéralisme américain, c'est-à-dire de gauche)[27] :
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+ Par ailleurs, les démocrates s'opposent aux républicains à propos du réchauffement climatique : un sondage de 2014 du Pew Research Center indiquait que, sur un échantillon de plus de 2 000 personnes interrogées, 80 % des individus s'identifiant comme démocrates reconnaissaient l'origine anthropique du changement climatique, mais que cette proportion descendait à seulement 10 % chez les républicains conservateurs[28]. 57 % des conservateurs pensent même qu'il n'y a pas de preuve solide soutenant la thèse du réchauffement climatique (contre à peine 10 % des libéraux)[28].
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+ La défense des droits des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques et religieuses, la lutte contre le port d’armes, les inégalités sociales, l’amélioration du système scolaire, la taxation des plus hauts revenus, l'augmentation du salaire minimum ainsi que la dénonciation des spéculations économiques des systèmes bancaires et financiers sont au cœur des programmes de campagne des candidats aux primaires du Parti démocrate en vue de l’élection présidentielle 2016[29]. L'indépendant devenu démocrate Bernie Sanders, sénateur du Vermont, se présente comme « démocrate socialiste » et assume des positions sociales très peu jusqu'ici relayées à l'échelle nationale (salaire minimum universel à 15 dollars de l'heure, université gratuite, « révolution politique », opposition au libre-échange). Alors que les commentateurs politiques le voyaient rapidement balayé par la désormais ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton, il gagne des primaires avec des scores écrasants dans de petits États : 78 % dans l'Idaho, 79 % dans l'Utah, 80 % en Alaska, 70 % à Hawaï et 72 % dans l'État de Washington. Cependant, Clinton bénéficie de forts soutiens dans le sud des États-Unis et remporte la primaire.
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+ Lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, Clinton, bien qu'ayant obtenu le plus de voix, échoue à devenir la première femme présidente des États-Unis face au républicain Donald Trump, qui accède à la présidence des États-Unis grâce au mode de scrutin. Pour le journaliste américain Thomas Frank, cette défaite est liée à une tendance plus globale, qui a vu le parti se couper des classes populaires depuis la présidence de Bill Clinton, en s'appuyant sur les élites du système et en se rapprochant des milieux financiers[30].
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+ Le parti est à nouveau majoritaire à la Chambre des représentants après les élections de mi-mandat de 2018, avec 235 sièges sur 435. Cependant il recule au Sénat en perdant un siège bien qu'il recueille environ 59 % des voix au niveau national.
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+ Le parti demeure tiraillé entre :
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+ Localement, le Parti démocrate reste souvent plus conservateur[réf. nécessaire] que nationalement et donc proche de son adversaire républicain, notamment dans l'ouest non côtier, le centre et le sud des États-Unis où il a aussi longtemps disposé du soutien des Dixiecrats — les ségrégationnistes des États du sud, qui avaient fait obstruction au Congrès et au niveau des États en 1964 pour empêcher l'adoption de la loi sur les droits civiques. Au contraire, dans la région de la baie de San Francisco en Californie, dans le Puget Sound (Seattle et le comté de King dans l'État de Washington, le centre de l'Oregon) et l'ouest des Grands lacs (Minnesota et Wisconsin), les branches du Parti démocrate se situent plus à gauche.
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+ Les résultats des législatives sont cumulés sur tout le territoire des États-Unis et ne reflètent donc pas la grande diversité des électorats selon les États.
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+ D'autre part, la Chambre des représentants est renouvelée tous les deux ans donc la notion de victoire et de défaite est relative. Un parti peut gagner des sièges sur une élection et rester minoritaire à la chambre.
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+ Le terme de Jackass (« bougre d’âne », jeu de mots injurieux sur le patronyme Jackson) aurait été utilisé pour désigner le premier président démocrate, Andrew Jackson, lors de la campagne présidentielle de 1828. Une caricature de 1837, représentant Jackson chevauchant son parti figuré sous la forme d'un âne, serait la première transcription graphique de ce jeu de mot.
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+ Le 15 janvier 1870, une caricature politique de Thomas Nast parue dans le Harper's Weekly réutilise et popularise davantage cette image. Nommée A live Jackass Kicking a Dead Lion, (« Un âne bien vivant frappant un lion mort »), elle fait référence à la fable de Phèdre, Le Lion devenu vieux, le sanglier, le taureau et l'âne. Reprise par La Fontaine dans Le Lion devenu vieux, cette fable est à l'origine de l'expression « donner le coup de pied de l'âne » pour désigner une attaque lâche et sans risque contre un adversaire affaibli. Dans la caricature de Nast, l'âne incarne les journaux favorables aux Copperheads, ces démocrates nordistes qui étaient opposés à la politique et à l'héritage du républicain Abraham Lincoln et des membres de son administration. Parmi ces derniers, Edwin M. Stanton, mort l'année précédente, est figuré sous les traits du lion mort subissant de lâches outrages.
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+ L'âne, depuis lors largement utilisé pour représenter le parti, était donc un symbole plutôt négatif, mis en place par les adversaires des démocrates, avant une édulcoration progressive. C'est ce qui explique que, contrairement à l’éléphant républicain, l’âne n’a jamais été officiellement adopté comme logo du parti[39].
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+ Au début du XXe siècle, les États du Midwest, comme l'Ohio et l'Indiana, adoptent le coq, face à l'aigle des républicains. Au Missouri, les démocrates se présentèrent un temps sous l'emblème de la statue de la Liberté, abandonné par la suite pour éviter les confusions avec le symbole du Parti libertarien. Le coq et la statue de la Liberté étaient deux symboles significatifs de la sympathie que portent les démocrates américains à la France, notamment à travers le personnage de La Fayette.
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+ 1837 : première apparition de l'âne démocrate.
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+ Caricature « A live Jackass Kicking a Dead Lion ».
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+ Logo officieux du Parti démocrate.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.