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Gmail (couramment prononcé /ʒemɛjl/ en français européen, en anglais américain /ˈd͡ʒiˌmeɪl/[1]) est un service de messagerie électronique, gratuit pour les particuliers, proposé par Google. Les messages reçus sur un compte Gmail peuvent être lus via un client de messagerie, une application mobile ou avec un navigateur web. Certaines fonctionnalités du service ne sont cependant accessibles qu’à travers le navigateur web.
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L'adresse Gmail sert généralement d’identifiant pour l'authentification à de nombreux services proposés par Google (YouTube, Blogger, Android et Google Play Store, etc.), justifiant son slogan Tout Google avec un seul compte. Les utilisateurs de Gmail ne l'utilisent donc pas nécessairement pour échanger des courriers électroniques[2], mais simplement pour accéder à leur compte Google.
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À son lancement le 1er avril 2004, l’inscription nécessitait une invitation. Deux ans plus tard, la version bêta est ouverte au public. À l’époque, la capacité initiale était de 1 Go, et a augmenté régulièrement jusqu'au 13 mai 2013, date à laquelle Google décide d'unifier les espaces de stockage de ses différents services. Il est possible, en payant, d'augmenter son espace de stockage[3].
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En mai 2012, Gmail dépasse Hotmail et Yahoo! mail[4] en nombre de comptes. Cependant, la comparaison des chiffres est biaisée, car des adresses Gmail sont considérées comme actives alors qu'elles ne servent qu'à l'authentification[5]. En octobre 2018, Google revendique 1,5 milliard d'utilisateurs actifs dans le monde[6].
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L’interface Web disponible dans 40 langues[7] emploie les technologies JavaScript et AJAX, et est aussi disponible en « HTML simplifié ».
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Gmail articule son utilisation autour des filtres et des libellés. Des caractères sont utilisés pour effectuer des fonctions de recherche, un « | » pour ou, un « espace » pour ET, un « - » pour non et des « ( ) » pour regrouper des mots. Le joker « * » ne fonctionne pas[8].
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Comme beaucoup de clients de messagerie, Gmail se propose de récupérer les courriers hébergés chez d’autres fournisseurs suivant le protocole POP3. Cela signifie que ces courriers seront lisibles dans Gmail comme s’ils avaient été directement envoyés vers le compte Gmail. Ces courriers sont ensuite différenciés par l’apposition d’un libellé traduisant leur provenance et permettant à l’utilisateur de voir d’un coup d’œil si un courrier a été adressé à son adresse Gmail personnelle, à son adresse professionnelle ou à toute autre adresse électronique.
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Gmail permet également d’envoyer ses courriers en utilisant une autre adresse d’expédition, dès lors qu’il s’agit d’une adresse possédée par le détenteur du compte. L'adresse du compte gmail apparaîtra par défaut dans les en-têtes du message. Cependant une configuration SMTP associée à une modification des paramètres permet d'utiliser cette autre adresse en adresse principale.
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Gmail semble être le seul, ou un des seuls, fournisseur de boites aux lettres électronique grand public qui chiffre le message d'un bout à l'autre de la chaîne. En effet la connexion est chiffrée par une clé de 128 bits entre l'usager et les serveurs de gmail (que ce soit via l'interface web sécurisée en HTTPS ou via un client de messagerie qui utilisera du smtps). Puis pour transmettre le message au serveur smtp du destinataire, si celui-ci le permet, gmail utilise un chiffrement TLS[15].
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Les messages sont cependant en clair à un endroit de leur parcours, le temps de leur analyse statistique par les algorithmes de Google permettant de cerner les centres d'intérêt des correspondants.
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À sa création en 2004, la capacité de stockage était de 1 Go. Gmail présentait alors cette capacité importante comme la garantie de ne plus jamais avoir besoin de supprimer de courriels.
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La capacité a par la suite été revue à la hausse plusieurs fois pour atteindre 15 Go (gratuits ; il est possible de bénéficier d'une plus grande capacité de manière payante).
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Le 13 mai 2013, Google annonce l'unification des capacités de stockage de ses différents services, avec une capacité de 15 Go par défaut[16]. La capacité des boites Gmail n'augmente donc plus et dépend désormais également de l'utilisation des autres services par l'utilisateur.
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La présentation initiale, garantissant aux utilisateurs de ne plus jamais avoir à supprimer de courriels, est donc devenue trompeuse : en prenant l'habitude de ne rien supprimer, les utilisateurs qui dépassent les 15 Go sont devenus des clients payants de Google. L'impact écologique du stockage de courriels, vivement encouragé par cette pratique consistant à ne rien supprimer, est également critiquable.
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Évolution de la capacité :
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La taille maximale des pièces jointes est de 25 Mo mais un couplage avec Google Drive permet d'obtenir le même effet qu'une pièce jointe d'une taille allant jusqu'à 10 Go[17].
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Google développe son service de messagerie Gmail durant plusieurs années avant de le présenter au public. Le projet, qui porte le nom de code « Caribou », est confié à Paul Buchheit en août 2001. Celui-ci a déjà travaillé sur un projet de service de messagerie accessible depuis un navigateur web avant de rejoindre Google en 1999. La fonction de recherche est la première fonctionnalité mise en place. Buchheit réutilise celle développée pour Google Groupes, dont les performances pousseront Google à offrir une capacité de stockage de 1 Go aux utilisateurs lors du lancement de Gmail. Durant sa phase de développement, le service suscite le scepticisme au sein de l'entreprise, la messagerie n'ayant rien à voir avec le moteur de recherche Google, qui a fait connaître la firme, mais les fondateurs Larry Page et Sergey Brin lui apportent leur soutien[18].
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Paul Buchheit est épaulé par l'ingénieur Sanjeev Singh et par une petite équipe comptant au maximum une douzaine de personnes. À partir de 2003, Kevin Fox élabore l'interface du service. Afin de présenter une interface plus réactive que celle des services classiques développés en HTML, il tire parti de techniques de développement web qui seront désignées par le terme Ajax (Asynchronous JavaScript and XML). Google choisit de proposer au public un service gratuit, financé par de la publicité. La firme ne souhaite pas présenter des bannières publicitaires et opte pour des annonces textuelles ciblées. Début 2004, le service est utilisé en interne par les employés de Google. Sa date de lancement est fixée au 1er avril. Gmail est initialement disponible sur invitation, l'entreprise n'ayant pas encore déployé les serveurs nécessaires afin d'accueillir des millions d'utilisateurs[18].
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Depuis sa création le 1er avril 2004, le service Gmail a évolué plusieurs fois :
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En Angleterre, à la suite du procès intenté par une société exploitant un nom de domaine similaire, Google a été contraint de modifier sa marque « Gmail » en « Google Mail » dès octobre 2005. Ce fait s’est reproduit en Allemagne en février 2007.
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Lors du lancement du service, il était nécessaire d’être invité par un utilisateur disposant déjà d’un compte. À partir du 9 août 2006, il fut possible de créer des comptes sans parrainage en Australie et en Nouvelle-Zélande, et au Japon le 23 août 2006. En Égypte le 3 décembre 2006. Le 7 février 2007 en Europe, en Europe de l’Est, en Afrique, au Brésil, au Mexique, en Russie, à Hong Kong.
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À partir de février 2007, il est possible de s’inscrire à Gmail sans invitation, directement sur la page d’accueil, bien que Gmail soit encore annoncé comme étant en phase de bêta-test. Il reste possible d’envoyer une invitation type ou personnalisée depuis le menu de Gmail.
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Le 13 septembre 2008, la première version d'Android est publiée et contient une application mobile pour Gmail[réf. nécessaire].
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Le 7 juillet 2009, Google annonce la fin du statut de bêta pour Gmail[19].
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Le 22 octobre 2014, Google lance Google Inbox comme alternative à Gmail, avec comme principal intérêt celui de trier ses courriels automatiquement, de manière « intelligente »[20]. Inbox ferme en avril 2019.
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Lors de l’utilisation du webmail, des publicités ciblées AdWords s’affichent en fonction du contenu des messages reçus et envoyés. Pour cela, des robots analysent le contenu des messages et peuvent le mettre en relation avec les recherches effectuées sur le moteur de recherche Google grâce à l’utilisation de cookies. Les détracteurs de Gmail estiment qu’il s’agit là d’une absence de respect de la vie privée[21]. Les défenseurs rétorquent que d’autres sociétés le feraient aussi et que des anti-spams de services webmail analysent de la même manière les courriels.
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La société Microsoft, lors du lancement de son service Office 365, a diffusé un clip satirique montrant un postier (« mailman », en anglais) lisant le contenu des courriers qu’il transportait et en parlant avec leurs destinataires. Portant le logo de Google Mail, il y était nommé Gmail Man[22].
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En février 2006, Google Talk, service de messagerie instantanée de Google a bénéficié d’une intégration de ses services dans Gmail. En effet, il est possible d’utiliser la plupart des fonctions de messagerie instantanée depuis la page Gmail, ce qui permet de chatter tout en consultant ses courriels ou vice versa. Cependant, pour quelques langues comme l’arabe, cette option est absente. Gmail offre aussi à présent la possibilité de conserver l’intégralité des conversations issues de Google Talk. Ces modifications sont symbolisées par l’apparition d’un petit logo Google Talk en dessous de celui de Gmail.
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Depuis avril 2006, Gmail intègre un accès direct à Google Agenda[23]. Une nouvelle amélioration a été ajoutée en mai, en donnant accès direct à Google Talk depuis Gmail. Désormais cette intégration de Google Talk dans Gmail est améliorée par un système de vidéo-conférence avec possibilité du mode plein écran.
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Gmail existe sous forme d’application Java pour mobile afin d’avoir accès à sa boite de réception de façon plus rapide.
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Le 1er avril 2009, Gmail vient de mettre en place les Labs et thèmes pour la version française de Gmail[24].
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Rappelons que les Gmail Labs sont de petites extensions (56 en septembre 2010) qui permettent d’ajouter des fonctionnalités au service de courrier électronique. On y trouve de tout, de l’annulation de l’envoi d’un courrier à l’icône bêta sous le logo GMail, en passant par la prévisualisation des vidéos YouTube, des photos Picasa et Flickr.
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Le 9 février 2010, Gmail déploie son nouveau service social sur Gmail : Google Buzz. Le service permet à l’utilisateur de partager photos, liens et commentaires avec ses contacts. Des suggestions de contenus lui sont aussi proposées. Google Buzz a été arrêté le 15 décembre 2011 pour laisser la place à Google+.
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Depuis le 26 août 2010, Gmail propose un service de téléphonie VoIP intitulé « Call Phone ». À ce jour[Quand ?], le service est pleinement fonctionnel pour les utilisateurs américains et canadiens.
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En septembre 2010, Google innove en créant une boîte de réception prioritaire. Le but est de faciliter la lecture des messages lorsqu’ils sont nombreux en mettant en avant les courriels qui sont les plus susceptibles d’avoir de l’importance. Il s’agit d’un robot sur le serveurs Google qui permet de trier les courriels comme prioritaires ou non prioritaires, les prioritaires étant marqués d’un rectangle jaune. Il est possible d’améliorer le service en cochant ou en décochant la notation.
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Auparavant, Gmail utilisait une connexion non chiffrée pour récupérer les données des utilisateurs. Seule la page de connexion était chiffrée. Les utilisateurs pouvaient toutefois forcer Gmail à sécuriser la connexion en remplaçant l'URL http://mail.google.com/mail/ par https://mail.google.com/mail/, afin de réduire le risque d'écoute électronique des informations des utilisateurs, comme les courriels et les contacts, qui sont transmises en texte brut en tant que données JavaScript dans le code source de la page. Depuis juillet 2008, les utilisateurs pouvaient configurer un accès HTTPS pour Gmail dans les paramètres afin d'éviter tout accès non sécurisé via HTTP. Les accès via POP3 et IMAP utilisent le protocole Transport Layer Security (TLS). Désormais, Gmail propose par défaut une connexion HTTPS sécurisée.
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Si d'autres clients de messagerie, comme Mozilla Thunderbird, utilisent le protocole TLS lors de l'envoi des courriels vers les agents de transfert des messages des domaines de destination, ce n'est pas le cas de Gmail (excepté en cas de prise en charge), car cela implique qu'à un moment du processus de transmission, les courriels sont en texte brut et non chiffrés.
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Le 20 mars 2014, Google annonce la mise en œuvre d'améliorations de la sécurité dans Gmail à la suite des révélations faites en 2013 par Edward Snowden concernant les menaces sur la vie privée des internautes. L'envoi et la réception de tous les messages Gmail se font par le biais d'une connexion HTTPS chiffrée et « chaque message que vous envoyez ou recevez en interne, c'est-à-dire 100 % des courriels, est chiffré » sur les systèmes des entreprises[25],[26].
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En 2007, Gmail fait face à de graves failles de sécurité, notamment avec des attaques de type cross-site scripting visant la page d'accueil google.com, ou encore le piratage d'informations via un fichier stocké sur le serveur de Google et contenant tous les contacts de l'utilisateur actuellement connecté. Les vulnérabilités révélées sur Internet ont été rapidement corrigées[27],[28].
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Gmail inclut un système de filtrage antispam qui supprime automatiquement les messages signalés comme spams après 30 jours. Les utilisateurs peuvent désactiver cette fonction de filtrage en créant une règle dans laquelle tous les messages ignorent ce filtre. Les utilisateurs du protocole POP3 doivent vérifier le dossier Spam manuellement dans l'interface web puisque seuls les courriels envoyés vers la boîte de réception peuvent être récupérés via POP3. C'est l'un des inconvénients techniques du protocole POP3. En 2008, environ 75 % des courriels envoyés vers des comptes Gmail étaient filtrés comme spam[29].
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Afin de garantir la sécurité des comptes, Paul Buchheit, le créateur de Gmail, a pris la décision d'appliquer un système visant à déguiser les adresses IP des utilisateurs de Gmail[30],[31].
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Gmail analyse automatiquement les pièces jointes de tous les courriels entrants et sortants à la recherche de virus. Si un virus est détecté dans une pièce jointe que l'utilisateur tente d'ouvrir, Gmail essaie de supprimer le virus puis ouvre la pièce jointe nettoyée. Gmail analyse également toutes les pièces jointes des courriels sortants et empêche l'envoi des messages contenant un virus. Gmail n'autorise pas les utilisateurs à envoyer ou à recevoir des fichiers exécutables ou des archives contenant ce type de fichier[32].
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Le 5 juin 2012, une nouvelle fonction de sécurité a été ajoutée pour protéger les utilisateurs contre les cyber-attaques orchestrées par les gouvernements. Dès qu'une analyse Google signale qu'une autorité gouvernementale a tenté d'accéder à un compte sans autorisation, Gmail affiche un message d'avertissement à l'attention de l'utilisateur le prévenant que son compte ou son ordinateur est victime d'une cyber-attaque dont l'auteur pourrait être un gouvernement[33],[34].
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Le 11 avril 2013, le gestionnaire de compte inactif permet de paramétrer ou désactiver la suppression du compte considéré comme inactif. On peut choisir une suppression au bout de 3 mois à 18 mois. On peut aussi désactiver la suppression du compte inactif [35].
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D'autres services de messagerie se réservent le droit de fermer un compte si celui-ci n'a pas été utilisé pendant une certaine durée parfois inférieure à neuf mois consécutifs. Yahoo! Mail désactive les comptes non utilisés après douze mois d'inactivité[36],[37].
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Gmail prend en charge la validation en deux étapes, un type d'authentification à deux facteurs[38]. Lorsque ce processus est activé, les utilisateurs qui se connectent sur un nouvel ordinateur sont invités à saisir leurs nom d'utilisateur et mot de passe, puis à valider leur identité à l'aide d'une deuxième méthode. En général, les utilisateurs doivent saisir un code à 6 chiffres qui leur est envoyé par SMS ou par message vocal[39]. Les utilisateurs peuvent également configurer une application mobile compatible, comme Google Authenticator, qui génère automatiquement les codes. Cela permet aux utilisateurs d'accéder à leur compte même si le réseau téléphonique n'est pas disponible[40].
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Le 21 octobre 2014, Google annonce l'intégration de la norme Universal Second Factor (U2F) dans le navigateur Chrome qui permet l'utilisation d'une clé de sécurité physique pour la validation en deux étapes[41],[42],[43]. Les utilisateurs peuvent choisir d'utiliser la clé de sécurité U2F comme méthode principale pour la validation en deux étapes au lieu des codes de validation communiqués par SMS ou générés sur leurs téléphones[44]. La clé de sécurité offre une meilleure protection contre le phishing que les codes à 6 chiffres et ne requiert pas l'utilisation d'un appareil mobile[45].
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Google s'est associé à l'organisation National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC) pour lutter contre la pornographie infantile en recherchant sur les serveurs Gmail tout élément de maltraitance envers les enfants. En collaboration avec le NCMEC, Google a créé une base de données répertoriant les photos à caractère pédopornographique. Chaque image se voit attribuer une empreinte numérique unique. Google analyse ensuite le contenu Gmail à la recherche de ces empreintes numériques. Google signale toute image suspecte aux autorités[46].
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Afin de lutter contre l'hameçonnage (ou phishing), Google annonce le lancement pour son produit du projet pilote BIMI[47], avec un nombre limité d'utilisateurs concernés dans un premier temps[48]. Il s'agit d'un pilote impliquant des indicateurs de marque pour l’identification des messages, c'est à dire une identification visuelle officielle et vérifiée du correspondant, comme l'affichage du logo de l'entité dans le mail[49].
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Google annonçait 900 millions d'utilisateurs actifs en mai 2015, lors de la conférence Google I/O[50].
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En usage gratuit, 500 messages peuvent être envoyés par jour avec la limite de 500 destinataires (100 destinataires en utilisant POP ou IMAP) et la limite de 2 000 courriels par jour[51].
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Depuis le milieu de l'année 2014, Gmail était partiellement bloqué en Chine[52]. Depuis le 27 décembre 2014, la République populaire de Chine bloque l'accès à Gmail, comme c'était déjà le cas pour Twitter, Facebook et YouTube[53]. Il s'agit, du point de vue chinois, de défendre la souveraineté du pays sur ce qui se passe sur internet au sein de ses frontières[54], et sa capacité à le censurer.
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Le 10 février 2006, Google présente Gmail For Your Domain (Google pour votre domaine), incluant un ensemble de services Google à destination des entreprises. Le service a depuis évolué en Google Apps, puis G4W, et comprend les versions personnalisables de Google Agenda, Google Page Creator, etc. Avec plusieurs éditions disponibles, ce service cible aussi bien les PME que les grandes entreprises[55].
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Google Apps Partner Edition, une offre destinée aux fournisseurs d'accès à internet et portails, inclut des comptes Gmail personnalisables ainsi que d'autres services Google (comme Agenda et Docs)[56].
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Le golfe du Mexique est un golfe de l'océan Atlantique, situé au sud-sud-est de l'Amérique du Nord. Il s'étend sur une superficie de 1 550 000 km2. Il baigne la péninsule de Floride, la Louisiane , le Sud-Est du Texas, la côte orientale du Mexique et une partie du littoral nord de Cuba.
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L'Organisation hydrographique internationale définit les limites du golfe du Mexique de la façon suivante[1] :
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Les principaux pays qui bordent le golfe du Mexique sont :
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Le golfe du Mexique communique au sud-est avec la mer des Caraïbes par le canal du Yucatán (qui est inclus dans cette même mer) et à l'est avec l'océan Atlantique par le détroit de Floride. Sa profondeur maximale est estimée à l'abysse Sigsbee (en) entre 3 750 mètres et 4 384 mètres.
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C'est une zone écologiquement très riche, et une zone de pêche importante pour les États-Unis et Cuba.
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Pollution : en raison de la quantité toujours croissante d'azote et de phosphates dissous dans les eaux du golfe du Mexique, la pollution a plus que doublé depuis 1950. Selon les estimations actuelles, on trouve trois fois plus d'azote circulant dans le golfe qu'il y a 30 ans. Chaque été, il y a maintenant une zone au sud du littoral de la Louisiane, plus grande que l'État américain du Massachusetts avec plus de 18 000 km2, qui est hypoxique. Ces eaux ne transportent pas assez d'oxygène pour soutenir la vie marine.
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Il y a également fréquemment des proliférations d'efflorescences algales[2] qui tuent régulièrement (par anoxie ou par libération de toxines) les poissons et les mammifères marins et peuvent causer des problèmes respiratoires chez les humains et certains animaux domestiques lorsque les fleurs atteignent les rives. Cela se produit surtout sur la côte sud-ouest de la Floride, depuis les Keys jusqu'au comté de Pasco où se développe périodiquement l'une des plus grandes zones marines mortes (« marine dead zone ») du monde.
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La compagnie pétrolière Taylor Energy exploite plusieurs gisements sous-marins dont s'échappent quotidiennement des milliers — voire dizaines de milliers — de litres de pétrole. Si les cadres de l’entreprise ne reconnaissent qu'une quinzaine de litre déversés, un rapport de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique publié en juin 2019 fait état de 17 000 litres de pétrole quotidiennement et ce depuis 2004 — soit plus de 1 000 fois l’estimation donnée par la compagnie. Des experts de la Cour fédérale évoquent des quantités encore plus importantes, allant de 37 000 à 113 000 litres[3].
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L’administration Trump prend des mesures visant à étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines, notamment dans le golfe du Mexique.
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On sait peu de choses sur l'histoire géologique du bassin du golfe du Mexique avant la fin du Trias. Certains auteurs ont postulé la présence d'un bassin dans la zone pendant la majeure partie du Paléozoïque, mais la plupart des éléments semblent indiquer que les roches du Paléozoïque ne servent pas de base sur la plupart du bassin du golfe du Mexique. Il semble également que, à la fin du Paléozoïque, la région faisait partie du supercontinent de la Pangée[4].
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Il semble que l'actuel bassin du golfe du Mexique tire son origine de la fin du Trias, lors du clivage de la plaque nord-américaine, à l'époque où elle a commencé à se fissurer et à dériver loin des plaques de l'Afrique et de l'Amérique du Sud. La faille s'est probablement accentuée pendant le petit et le moyen Jurassique, avec la formation d'une croûte continentale « en extension » (ou « de transition ») le long de la partie centrale du bassin. Les avancées intermittentes de la mer dans l'ouest de la zone continentale, à la fin du moyen-Jurassique, a abouti à la formation d'un large dépôt salin. Il semble que le principal épisode de dérive ait eu lieu au début du Jurassique supérieur, après la formation des dépôts salins. C'est à cette période que le bloc du Yucatán se déplace vers le sud et se sépare de la plaque nord-américaine et qu'une véritable croûte océanique se forme dans la partie centrale du bassin[4].
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Depuis la fin du jurassique supérieur, le bassin a été une zone géologiquement stable, caractérisée par la persistance de sa partie centrale, probablement en raison du refroidissement et de la sédimentation du bassin au niveau de ses limites nord et nord-ouest, principalement pendant le Cénozoïque[4].
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À l'est, la plate-forme stable de Floride n'a pas été recouverte par la mer avant la fin du jurassique ou le début du Crétacé. La plate-forme du Yucatán était émergée jusqu'au milieu du Crétacé. Dès lors, les deux plates-formes furent submergées. Cette période géologique est caractérisée par la formation de carbonates et d'évaporites. La majorité du bassin était encerclé par des plates-formes de carbonate au crétacé inférieur et son flanc occidental était engagé dans une déformation compressive, à la fin du crétacé et au début du Tertiaire. Cet épisode compressif, l'Orogenèse laramienne, est à l'origine de la création de la Sierra Madre orientale, à l'est du Mexique[4].
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Christophe Colomb est crédité de la découverte des Amériques, mais au cours de ses quatre voyages, aucun de ses bateaux n'a jamais atteint le golfe du Mexique. Colomb navigua plutôt dans la région des Caraïbes, autour de Cuba et Hispaniola.
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La première exploration européenne du golfe est réalisée par Amerigo Vespucci, en 1497. Il suivit les lignes côtières d'Amérique centrale avant de rejoindre l'océan Atlantique par le détroit de Floride, entre la Floride et Cuba. Dans ses lettres, Vespucci décrit ce voyage et, une fois Juan de la Cosa revenu en Espagne, ils réalisèrent une carte du monde où Cuba était représentée comme une île.
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En 1506, Hernán Cortés prit part à la conquête d'Hispaniola et de Cuba, ce qui lui rapporta une grande propriété ainsi que des esclaves (amérindiens) en récompense. En 1510, il accompagna Diego Velázquez de Cuéllar dans son expédition pour la conquête de Cuba. En 1518, Velázquez le plaça à la tête d'une expédition pour l'exploration et la sécurisation de l'intérieur du Mexique afin de préparer la colonisation.
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En 1517, Francisco Hernández de Córdoba découvrit la péninsule du Yucatán. Ce fut la première rencontre avec une civilisation avancée aux Amériques, avec des bâtiments en dur et une organisation sociale complexe qui était comparable à celle de l'Ancien Monde. Ils avaient également des raisons de penser que ce territoire était riche en or. Tout ceci motiva le lancement de deux expéditions supplémentaires, en 1518 sous le commandement de Juan de Grijalva et en 1519 sous celui d'Hernán Cortés. Cette dernière conduisit à l'exploration espagnole, à l'invasion militaire et finalement à l'installation et la colonisation connue aujourd'hui sous le nom de conquête du Mexique. Hernández ne vécut pas assez longtemps pour voir la poursuite de son travail. Il mourut en effet en 1517 de ses blessures, de la soif extrême lors des voyages et de la déception quand il apprit que Velázquez avait privilégié Grijalva pour conduire l'expédition au Yucatán.
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En 1523, Ángel de Villafañe (en) naviguait jusqu'à Mexico quand son navire s'échoua le long des côtes de l'île Padre, au large du Texas, en 1554. Lorsqu'un mot de la catastrophe atteint la ville de Mexico, le vice-roi demanda à ce qu'une flotte de secours soit immédiatement envoyée et ordonna à Villafañe de retrouver le trésor des navires. Villafañe voyagea jusqu'à Pánuco où il loua un navire de transport. Il arriva en même temps que García de Escalante Alvarado (le neveu de Pedro de Alvarado), commandant de l'opération de sauvetage, le 22 juillet 1554. L'équipe travailla jusqu'au 12 septembre pour tenter de retrouver le trésor. Cette perte, ainsi que le grand nombre de catastrophes maritimes dans le golfe, conduiront à l'installation d'une colonie sur la côte nord du golfe pour protéger les expéditions et accélérer les opérations de sauvetage. En conséquence, l'expédition de Tristán de Luna y Arellano fut envoyée dans la baie de Pensacola, le 15 août 1559.
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Le 11 décembre 1526, Charles Quint accorde à Pánfilo de Narváez le droit de revendiquer les côtes du golfe, à la suite de l'expédition de Narváez. Le contrat lui laisse un an pour rassembler une armée, quitter l'Espagne, fonder au moins deux villes pouvant accueillir chacune une centaine de personnes et construire deux forteresses de plus le long des côtes. Le 7 avril 1528, ils débarquèrent au nord de ce qui est connu aujourd'hui sous le nom de baie de Tampa. Ils voyagèrent pendant deux jours vers le sud, à la recherche d'une grande rade que le capitaine Miruelo connaissait. Au cours de ces deux jours, l'un des cinq navires restants fut perdu sur la côte sauvage, mais on ne sait rien d'autre sur cette expédition.
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En 1697, Pierre Le Moyne d'Iberville s'embarqua pour la France et fut choisi par le ministre de la Marine pour mener une expédition afin de retrouver l'embouchure du fleuve Mississippi et de coloniser la Louisiane que les Anglais convoitaient. La flotte d'Iberville appareilla de Brest le 24 octobre 1698. Le 25 janvier 1699, Iberville atteint l'île de Santa Rosa en face de Pensacola, fondée par les Espagnols. Il navigua ensuite jusqu'à la baie de Mobile et explora l'île de Massacre Island, rebaptisée par la suite Dauphin Island. Il jeta l'ancre entre l'île de Cat Island et Ship Island et, le 13 février 1699, il explora le continent, Biloxi, avec son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville. Le 1er mai 1699, il acheva la construction d'un fort sur le flanc nord-est de la baie de Biloxi, à proximité de ce qui est aujourd'hui Ocean Springs. Ce fort était connu sous le nom de fort Maurepas ou Vieux Biloxi. Quelques jours plus tard, le 4 mai, Pierre Le Moyne repartit pour la France en laissant son jeune frère, Jean-Baptiste, comme commandant en second du commandant français.
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Les c��tes est, nord et nord-est du golfe s'étendent le long des États américains de Floride, d'Alabama, du Mississippi, de Louisiane et du Texas. Cette ligne côtière s'étend sur 2 700 km et reçoit les eaux de 33 fleuves majeurs ayant traversé 31 États[5]. Les côtes du sud et du sud-ouest s'étendent le long des États mexicains de Tamaulipas, Veracruz, Tabasco, Campeche, Yucatán et de Quintana Roo. Au sud-est se retrouve l'île de Cuba.
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Les bords du plateau continental du Yucatán et de Floride baignent dans des eaux plus fraîches et plus riches en nutriments grâce au phénomène de remontée d'eau. La croissance du plancton est ainsi stimulée dans la zone photique, ce qui attire poissons, crevettes et calmars[6]. Le drainage des fleuves ainsi que les retombées atmosphériques en provenance des installations industrielles des villes côtières fournissent également des nutriments à la zone. De ce fait, le golfe soutient les industries de pêche américaine, mexicaine et cubaine.
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Le Gulf Stream, un courant chaud de l'océan Atlantique et l'un des plus forts courants marins connus, prend son origine dans le golfe, dans la continuité de la boucle de courant Caraïbes-Yucatán. Les autres caractéristiques de courants océaniques incluent des vortex anticycloniques qui sont générés par la boucle et qui se déplacent vers l'ouest où ils finissent par se dissiper. On trouve également un vortex cyclonique dans la baie de Campeche.
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Le littoral du golfe est truffé de nombreuses petites baies et criques. De nombreux fleuves s'y jettent, et plus particulièrement le fleuve Mississippi dans le nord du golfe, ainsi que le río Grijalva et le río Usumacinta dans le sud. Les terres qui forment la côte du golfe (y compris les nombreuses barrières d'îles longues et étroites) ont une faible altitude et se caractérisent par la présence de marécages et de mangroves, ainsi que de plages de sable. Le golfe du Mexique est un excellent exemple de marge passive. Le plateau continental est relativement large à plusieurs endroits de la côte, notamment au niveau de la Floride et de la péninsule du Yucatán.
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L'eau chaude du golfe peut alimenter de puissants ouragans prenant naissance dans l'Atlantique et causant de lourdes pertes humaines et matérielles, comme ce fut le cas avec l'ouragan Katrina en 2005. Dans l'océan Atlantique, un ouragan a tendance à faire remonter à la surface l'eau froide des profondeurs, ce qui diminue la probabilité qu'un autre ouragan suive dans son sillage (car une eau chaude est une condition préalable à la formation d'un ouragan). Toutefois, la faible profondeur des eaux du golfe implique une colonne d'eau relativement chaude. En conséquence, quand un cyclone passe au-dessus, même si la température de l'eau peut vite descendre, elle rebondit généralement tout aussi rapidement et peut ainsi être le berceau d'une autre tempête tropicale[7].
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Bien que la zone du golfe soit considérée comme asismique, de légers tremblements de terre ont été enregistrés au cours de l'histoire (en général moins de 5,0 sur l'échelle de Richter). Le 10 septembre 2006, un tremblement de 6,0 a été enregistré à 400 km au large des côtes de la Floride. Celui-ci n'a causé aucun dégât, mais il a été ressenti dans tout le Sud des États-Unis[8]. Des séismes de ce genre peuvent causer des interactions entre la charge des sédiments sur le fond sous-marin et l'ajustement de la croûte terrestre[9]. Les forages pétroliers et l'extraction de gaz pourraient être à l'origine de petits séismes.
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La circulation dans le golfe du Mexique et les Caraïbes est similaire à un demi cul-de-sac. La circulation de surface forme une boucle, venant de l'Ouest de Cuba et repartant par le Sud de la Floride. Cette boucle peut, selon les périodes, pénétrer très peu dans le golfe ou au contraire profondément. Dans ce dernier cas, les courants forment des tourbillons (dans le sens des aiguilles d'une montre) et se déplaçant durant la saison vers le sud-sud-ouest[10]. Ils perdent peu à peu leur énergie en se déplaçant. Ce cycle se reproduit tous les 6 à 11 mois[11].
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Le plateau est surtout exploité pour le pétrole grâce à des plates-formes de forage en mer, dont la plupart sont situées à l'ouest du golfe et dans la baie de Campeche. Une autre importante activité commerciale est la pêche : vivaneau rouge, sériole, perche-tuile, espadon et mérou, mais aussi crevette et crabe. Les huîtres sont également récoltées à grande échelle dans beaucoup de baies et de bras de mer. Parmi les autres industries présentes le long des côtes, on retrouve la navigation maritime, la pétrochimie, la papeterie, la gestion d'entrepôts, des activités militaires et le tourisme.
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Google LLC /ˈguːgəl/[7] est une entreprise américaine de services technologiques fondée en 1998 dans la Silicon Valley, en Californie, par Larry Page et Sergey Brin, créateurs du moteur de recherche Google.
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C'est une filiale de la société Alphabet depuis août 2015.
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L'entreprise s'est principalement fait connaître à travers la situation monopolistique de son moteur de recherche, concurrencé historiquement par AltaVista puis par Yahoo! et Bing. Elle a ensuite procédé à de nombreuses acquisitions et développements et détient aujourd'hui de nombreux logiciels et sites web notables parmi lesquels YouTube, le système d'exploitation pour téléphones mobiles Android, ainsi que d'autres services tels que Gmail, Google Earth, Google Maps ou Google Play.
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Google s'est donné comme mission « d'organiser l'information à l'échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile »[8]. Cela dit, le moteur de recherche protège également les propriétés intellectuelles en désindexant[9] les sites qui tentent de violer les droits d'auteurs. Après Larry Page et Eric Schmidt, son DG est, depuis 2015, Pichai Sundararajan[10].
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Google est devenu l'une des premières entreprises américaines et mondiales par sa valorisation boursière, quelques années après une entrée en bourse originale. Début 2008, elle valait 176 milliards de dollars à Wall Street[11]. Le 1er février 2016, sa capitalisation boursière dépasse celle d'Apple et devient la première des États-Unis, avec un total de 550 milliards de dollars dispersés dans ses différentes catégories d'actions[12].
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En 2014, le classement Best Global Brands d'Interbrand positionne la marque Google en seconde position mondiale, derrière la marque Apple, avec une estimation de sa valeur à 107,43 milliards de dollars (+15 % par rapport à 2013), dépassant la barre des cent milliards de dollars pour la première fois depuis la création de ce classement en 1974[13]. En 2016, le classement Brand Z Top 100 place Google en première position devant Apple[14].
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La société compte environ 50 000 employés. La plupart travaillent au siège mondial : le Googleplex, à Mountain View en Californie.
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Google est l'une des plus imposantes entreprises du marché d'Internet et fait partie, avec Apple, Facebook, Amazon et Microsoft des géants du Web (aussi appelés GAFAM)[15],[16],[17],[18]. En 2011, Google possédait un parc de plus de 900 000 serveurs[19], contre 400 000 en 2006[20], ce qui en fait le parc de serveurs le plus important au monde (2 % du nombre total de machines), avec des appareils répartis sur 32 sites. Parallèlement, le moteur de recherche Google a indexé plus de 1 000 milliards de pages web en 2008[21]. En octobre 2010, Google représente 6,4 % du trafic Internet mondial et affiche une croissance supérieure à celle du web[22]. En Europe, Google aurait une part de marché de 93 % concernant les moteurs de recherche[23].
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Observant des gains de parts de marché qui se traduisent par plus de consultations, Google mise sur des changements d'infrastructure pour améliorer sa capacité technique. Par exemple, l'infrastructure Caffeine a pour but d'augmenter la rapidité du traitement des pages web afin de les indexer plus rapidement (il aurait ainsi gagné 50 % en rapidité)[24].
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Au-delà du moteur de recherche, Google offre gratuitement de nombreux logiciels et services[25] (email, suite bureautique, vidéo, photo, blog…) et se finance par la publicité à partir de l'an 2000 avec un principe de lien sponsorisé dans les résultats de recherche et une facturation au « coût par clic » pour les annonceurs[26]. Cependant, la situation croissante de monopole et les questions de vie privée inquiètent de plus en plus, de l'internaute occasionnel jusqu'à certaines grandes organisations. Google a également fait l'objet de plusieurs poursuites en justice, notamment pour plusieurs affaires de compatibilité de copyright et pour sa plateforme Google Livres.
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Le nom de l'entreprise Google a pour origine le terme mathématique « googol »[27] /ˈguːgəl/[7] ou gogol en français, qui désigne 10100, c'est-à-dire un nombre commençant par 1 suivi de cent zéros[28]. Larry Page et Sergey Brin demandèrent en 1997 , à d'autres étudiants en informatique, de l'aide pour nommer le fruit de leur travail. L'idée serait venue de Sean Anderson, qui suggéra « googolplex »[29], nom qui séduisit Larry Page. Il lui demanda d'aller enregistrer le nom de domaine « googol ». Sean Anderson se serait alors trompé dans l'entrée du nom, en frappant google.com[29]. D'autres sources affirment que, le nom de domaine googol.com[30] n'étant plus disponible (déjà attribué depuis avril 1995), le nom fut modifié volontairement[31].
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Quelle qu'en soit la raison, Google prend la place de googol, plus simple et plus facile à retenir pour un anglophone, et il deviendra célèbre dans le monde entier : en 2006 , le nom du moteur de recherche, puis de l'entreprise, figurait parmi les dix marques les plus connues au monde[32] et serait devenue, depuis, la première marque connue au niveau mondial[33],[34],[35],[36]. Certains dictionnaires ont désormais inclus le verbe to google (en français, googoliser ou googler) dans leurs pages, avec le sens utiliser le moteur de recherche Google pour obtenir un renseignement sur le web[37].
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Par ailleurs, la similitude avec le mot anglais goggles signifiant « lunettes », rappelle les deux [O] de la marque. Si on ne peut pas en attribuer l'origine, Google utilise ce jeu de mots dans un de ses services de recherche photo : Google Goggles[38]. Également, 10gogol (un chiffre 1 suivi d'un gogol de zéros) s'appelle un gogolplex, dont vient le nom du Quartier général de Google[39].
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Ce terme symbolise les buts que Google s'est fixés : « organiser l'immense volume d'information disponible sur le Web et dans le monde[28] ». En effet, si le nombre de pages web indexables est gigantesque (plus de mille milliard), il reste minime par rapport à un gogol. Ce nombre, dont est issu le nom Google, exprime les dimensions potentiellement colossales et universelles du monde d'internet, unique domaine d'activité de l'entreprise.
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Les fondements de l'histoire de l'entreprise Google commencent par la rencontre de deux étudiants de l'université Stanford en 1995. Sergey Brin alors âgé de vingt-trois ans et Larry Page de vingt-quatre ans sont « pratiquement en désaccord sur tout »[40]. Cela ne les empêche pourtant pas, en janvier 1996, de commencer à travailler sur un nouveau moteur de recherche[41],[42].
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Les fondateurs de Google, alors doctorants, observent la façon dont sont classés les résultats lorsqu'ils effectuent des recherches dans les bases de données scientifiques. Ils constatent que l’exploitation des informations contenues dans la structure hypertextuelle dépend de la nature des liens entre ces documents. Ainsi l’idée d’analyser les liens inter-documents reposait sur l’observation d’une caractéristique de la littérature scientifique et aux modes d’organisation du Science Citation Index (SCI), qui consiste à attribuer une valeur à une publication scientifique proportionnellement au nombre de publications qui la cite. Ce principe revient aux travaux de Jon Kleinberg qui avait mis au point pour IBM l’algorithme HITS (Hyperlink –Induced Topic Search) qui prenait en considération l’autorité d’une page en fonction du nombre de liens pointant vers elle[43]. C’est donc en s’inspirant des travaux de Jon Kleinberg que les deux étudiants mettent au point l’algorithme de classement des pages web appelé Pagerank. Cet algorithme prend en considération les liens pointant vers une page comme un vote pour cette page. Plus une page recevrait de vote, plus elle serait considérée comme étant pertinente et plus le vote de cette page, lorsqu’elle pointerait elle-même vers d’autres pages, aurait de la valeur[44].
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Ils nomment leur projet BackRub[40]. Ils imaginent un logiciel qui analyserait les relations entre les sites web afin d'offrir des meilleurs résultats que ceux donnés par leurs concurrents de l'époque, AltaVista notamment.
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Une fois leurs travaux terminés, les deux étudiants commencent à concrétiser leur projet de moteur de recherche et achètent à cet effet un téraoctet de disques durs d'occasion, afin de créer une base de données. Cette installation sommaire a pris place dans la chambre de Larry Page[45]. Sergueï loue un bureau et se met en quête de financements. David Filo, fondateur de Yahoo!, convient de l'intérêt de leurs recherches, mais les encourage à créer leur propre moteur de recherche plutôt que vendre leurs travaux[45].
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Andy Bechtolsheim, l'un des fondateurs de Sun Microsystems, se laisse convaincre par Sergueï et Larry et leur fait un chèque de 100 000 $ pour financer leur moteur. La société Google n'est toutefois pas encore créée et Larry garde le chèque dans son tiroir pendant quelques semaines, le temps d'achever les formalités légales[45]. Le nom de domaine « google.com » est enregistré le 15 septembre 1997[46]. Les deux entrepreneurs sollicitent parallèlement famille et amis et parviennent finalement à réunir un million de dollars pour fonder la compagnie. Google Inc. s'installe dans le garage Google de Menlo Park, loué par une amie, en septembre 1998. La société emploie alors trois personnes : Sergueï, Larry et Craig Silverstein, qui est aujourd'hui directeur de Google Technology[45].
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Alors que le moteur est toujours en phase version bêta, il répond à près de 10 000 requêtes par jour. En décembre 1998, PC Magazine classe Google dans sa liste des 100 meilleurs sites au monde[47],[GPress 1]. En février 1999, c'est 500 000 requêtes journalières que Google doit gérer. Devenant trop grand pour le « garage Google », Google se déplace, en mars, dans un bureau sur l'avenue de l'université de Palo Alto et huit personnes y travaillent désormais[45]. En août 1999, la barre des trois millions de recherches quotidiennes est franchie.
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Dès janvier 1999, la presse mondiale commence à se faire l'écho des performances de ce nouveau moteur de recherche. Le journal français Le Monde écrit ainsi que le choix technologique de Google « s'avère très efficace à l'usage ». Ainsi, une recherche avec les mots « Bill Clinton » renvoie d'abord au site de la Maison-Blanche, alors qu'AltaVista ne fait apparaître le site qu'après des dizaines d'autres références[48]. Autre avantage, Google affiche les mots-clés en gras dans le contexte d'une phrase pour chaque lien, alors qu'Altavista ne fournit, à l'époque, que les liens eux-mêmes. Le 7 juin 1999, Google obtient 25 000 000 $ de capitaux propres, fournis par des sociétés de capital risque[GPress 2]. Omid Kordestani quitte Netscape pour rejoindre Google en tant que vice-directeur des ventes. Michael Moritz et John Doerr, qui avaient contribué à l'essor de Sun Microsystems, Intuit, Amazon.com et Yahoo!, s'assoient autour de la table de ping-pong - qui sert de bureau de direction - en compagnie de Ram Shriram[45]. La société déménage une seconde fois vers son emplacement définitif, le Googleplex, situé à Mountain View, en Californie. Le moteur de recherche, jusque-là en version bêta, achève sa phase de test le 9 septembre. Google assure alors la gestion de trois millions de recherches par jour.
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Le 9 mai 2000, le moteur de recherche est disponible en dix nouvelles langues : allemand, danois, espagnol, finnois, français, italien, néerlandais, norvégien, portugais et suédois[49], permettant à la société de pénétrer de nouveaux marchés et de gagner en importance. Tout juste un mois plus tard, en juin 2000, Google est le premier moteur de recherche à avoir référencé un milliard de pages web. L'entreprise cherche à étendre la portée de son moteur en concentrant ses efforts sur l'Asie, avec les versions chinoise, japonaise et coréenne (12 septembre 2000)[GPress 3], puis au monde entier, totalisant vingt-six langues dès le 27 mars 2001[GPress 4]. Fin octobre 2000, Google signe un partenariat avec Yahoo! et commence à proposer de la publicité ciblée en fonction des mots-clés[50]. L'année 2000 se termine avec la publication de la barre d'outils Google (Google Toolbar), proposée depuis en téléchargement gratuit[GPress 5], et voit le trafic journalier du site dépasser les 100 millions de requêtes[45],[51], ce qui représente plus de 1 000 requêtes/seconde en moyenne. Par son succès et sa croissance exponentielle, l'entreprise devient un phénomène mondial de presse. En mars 2001, Larry Page et Sergueï Brin font appel à Eric Schmidt, le président de l'éditeur de logiciels Novell, pour prendre la direction de l'entreprise, en tant que président dans un premier temps[GPress 6], puis PDG à partir du 6 août 2001[GPress 7], cinq jours après l'ouverture du premier bureau à l'étranger, situé à Tokyo[40]. L'année 2001 s'achève donc par une conquête physique du monde et par l'annonce de la 3 milliardième page indexée[GPress 8]. Le 4 septembre 2001, Google obtient la validation de son brevet concernant PageRank.
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Le moteur de recherche continue ainsi sa croissance, en 2003, Google compte trois cent millions de requêtes par jour[52]. Il est décliné en plus de cent langues en 2004 et cent cinquante en 2010[40]. En 2010, Google est le premier moteur de recherche sur Internet, que 80 % d'internautes américains utilisent contre seulement 35 % de Chinois, qui préfèrent l'outil chinois Baidu. En Europe, sa part de marché serait de 93 %[23].
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Le 12 août 2011, le site annonce une mise à jour de son algorithme dénommée « Panda » dans l'ensemble des versions du site (excepté les versions chinoises, japonaises et coréenne) afin de faire baisser la visibilité des sites sans valeurs ajoutées comme les comparateurs de prix ou les agrégateurs de contenus[53] (à tel point que certains sites marchands de premier plan sont désormais victimes de « pénalité Google »[54]). Outre Motorola Mobility, Google a racheté environ 2 000 brevets à IBM en 2011[55] pour éviter de nouvelles attaques menées par Apple et Microsoft contre Android[56].
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En 2012, Google a indexé plus de 30 000 milliards de documents[57] et gère à peu près 3,5 milliards de requêtes de recherche quotidiennement.
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Google, comme Amazon, Apple et Facebook, a depuis sa fondation racheté de nombreuses entreprises pour alimenter sa croissance, élargir sa base d'utilisateurs et développer de nouvelles technologies. Parmi ses acquisitions on peut citer Picasa, Android, YouTube, DoubleClick et Waze.
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C'est à partir de 2002 que l'entreprise diversifie son activité, basée jusqu'alors sur son moteur de recherche. En cette année, Google propose aux entreprises le GB-1001 de Google Search Appliance, une solution à la fois matérielle et logicielle permettant de se « connecter à leur réseau informatique afin de bénéficier des fonctions de recherche sur leurs propres documents[40] ». Google n'a pas voulu révéler le nom de son partenaire de fabrication pour les dispositifs matériels, qu'il a décrit comme basés sur des composants Intel exploitant Linux. Ce produit pouvait s'installer en rack de serveurs, stocker un index de 150 000 documents (10go) au prix de 20 000 $. Il fut décliné en un autre modèle, le GB-8008, plus performant mais plus onéreux (250 000 $)[58].
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La fonction Google Labs est également une importante nouveauté de cette année. Elle permet aux utilisateurs curieux de tester les services et produits non finalisés, mais dont la sortie en public approche[59]. Par ailleurs, AdWords voit sa tarification s'établir au nombre de clics (20 février 2002). En septembre, le service en ligne Google Actualités est disponible et permet d'afficher des pages web relatives à l'actualité en fonction des mots-clés de l'utilisateur. Ce service se base au départ du plus de 4 000 sources[60]. Un mois plus tard s'ouvre un nouveau bureau en Australie, à Sydney alors que l'effectif total de l'entreprise dépasse les 1 600 employés[40]. De ce fait, la société inaugure son nouveau Googleplex, un complexe organisé architecturalement comme un campus, au 1600 Amphitheater Parkway à Mountain View, dans lequel travaillent 800 personnes.
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Le 22 janvier 2004 Google s'essaie au monde des réseaux sociaux en mettant au point son propre site de réseautage social : Orkut. Toutefois, ce projet ne rencontre pas le succès escompté, sauf au Brésil et en Inde. Par souci de communication, Google met en ligne son propre blog officiel pour y publier l'actualité de l'entreprise, de ses produits et technologies[40]. Le 29 avril 2004, l'entreprise émet une demande auprès de la Securities and Exchange Commission pour entrer en Bourse[GPress 9]. Cette demande aboutira le 18 août 2004 à son introduction sur le NASDAQ et la vente de 19 605 052 actions, au prix unitaire de 85 $[GPress 10]. La société réalise une introduction en bourse sous forme d'enchères inversées, une méthode inédite dans l'histoire des bourses de valeurs. En huit ans le cours de l'action sera multiplié par plus de huit, avec un pic en 2012 à plus de 700 dollars. Entre-temps, Google réalise en août 2005, un an après son introduction en Bourse, afin de disposer d'un « matelas de sécurité » total de 7 milliards de dollars de liquidités pour sa croissance[61], une des plus grandes augmentations de capital de l'histoire boursière, en levant un total de 4,2 milliards de dollars sous forme de 14.159.265 actions nouvelles, soit les huit premières décimales du nombre pi[62].
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Le 1er avril 2004 Google propose Gmail[GPress 11], son propre service de courrier électronique avec une capacité initiale de 1 Go annoncée doublée pour 2005. Cette capacité est totalement inédite et foudroie la concurrence, à l'exemple de MSN hotmail, dont la capacité lui était 500 fois inférieure[63]. Ce stockage révolutionne la messagerie, qui s'affranchit dès lors du stockage des messages sur l'ordinateur par l'intermédiaire de logiciels, tels qu'Outlook. Gmail instaure donc l'ère de la messagerie email en ligne. À son lancement, l'inscription nécessitait toutefois une invitation. Son succès se traduit par un nombre croissant d'utilisateurs, 176 millions début 2010[64].
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Google propose une visionneuse d'images par rachat début juillet 2004[GPress 12] de Picasa. Ce logiciel est couplé à un compte en ligne permettant de stocker une galerie de 100 Mo. Le service connaîtra un certain succès, mais devra lutter contre le service Flickr de Yahoo! lancé en début d'année et sera concurrencé par la Windows Live Photos en 2008. Le 6 octobre 2004, Google installe son centre européen à Dublin en Irlande avec un effectif de 150 personnes[Gblog 1]. Trois semaines plus tard, on apprend le rachat de Keyhole, une société de cartographie numérique qui sera à la base de Google Earth[GPress 13], sans toutefois publier le logiciel l'année même, qui se termine par le lancement de Google Desktop search le 14 octobre[Gblog 2], de Google Scholar quatre jours plus tard[Gblog 3], et de Google Print le 14 décembre[Gblog 4] (rebaptisé Google Recherche de livres), alors que l'index de recherche affiche huit milliards de pages web[Gblog 5]. L'entreprise emploie à cette date plus de 3 000 employés[40].
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En juin 2019, Google signe la quatrième plus grosse acquisition de son histoire en mettant la main sur Looker, une société américaine spécialisée dans l'analyse des données. L'opération, financée en numéraire pour un montant de 2,6 milliards de dollars, vise à renforcer la division Google Cloud[65].
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Au Google I/O 2014, Google présente le Google Cardboard, son premier casque de réalité virtuelle fabriqué avec du carton.
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En mai 2015, Google a dévoilé la seconde version de son Google Cardboard qui présente notamment l'avantage d'être bien plus facile à monter.
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En octobre 2016, Google présente un casque de réalité virtuelle, le Daydream View, uniquement compatible avec le Google Pixel[66].
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Lors de la Google I/O 2014, Google annonce le Projet Tango, une plateforme de création de contenue en réalité augmentée. Il est abandonné en fin 2017 et fait place a ARCore qui devient plus accessible.
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Le 8 février 2005, Google pénètre le monde de la cartographie numérique en lançant en ligne un de ses produits les plus populaires : Google Maps[Gblog 6]. Ce service est gratuit mais encore limité aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Le jeudi 27 avril 2006 il couvre la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, et par la suite, les régions disponibles s'élargissent. Moins de deux mois plus tard, les fonctions très populaires de calcul d'itinéraires et de vues satellites y sont intégrées[Gblog 7]. Ce service sera plus tard utilisé pour la géolocalisation des téléphones portables[Gblog 8] et des GPS. Le 20 avril, Google introduit dans le Labs une fonctionnalité d'affichage et de recherche dans l'historique et de statistique d'utilisation de moteur de recherche[Gblog 9]. Le 19 mai, l'entreprise convie les utilisateurs de son moteur de recherche à personnaliser leurs page d'accueil par le biais de iGoogle[Gblog 10]. Le 28 juin, le concept de Google Maps est repris pour le logiciel Google Earth qui intègre quelques améliorations, notamment la topographie en relief, certains bâtiments en 3d, puis la vue sous-marine. Maps conserve sa simplicité puisque les grandes innovations sont réservées aux logiciels multiplateformes. 3 ans auparavant, Google avait lancé son propre outil de traduction gratuit en ligne[Gblog 11]. Il connaîtra un succès énorme, tant pour les internautes que pour les élèves et contribuera une nouvelle fois à la renommée de l'entreprise. La même semaine, l'entreprise annonce la sortie de sa propre messagerie instantanée Google Talk. Ce logiciel est basé sur le protocole ouvert XMPP et permet la Voix sur IP[Gblog 12]. Il offrira par la suite la possibilité de chat vidéo et d'utilisation en ligne sans logiciel téléchargé préalablement. Toutefois, malgré ces innovations, l'échec se profilera puisqu'incapable de concurrencer Skype et Windows Live Messenger. C'est au tour de Google Reader de voir le jour début octobre[Gblog 13], Google Analytics le 14 novembre[Gblog 14], puis de l'adaptation à la téléphonie de son service Gmail le lendemain[GPress 14].
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Google a bâti sa réputation d'entreprise dynamique et innovante grâce à la publication de logiciels et services utiles pour tous, performants et surtout gratuits. Google compte alors 5 680 employés[40].
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Le 20 janvier 2006 Google s'attaque au marché chinois, qui représentait plus de 110 millions d'internautes[67], avec une tendance à la forte hausse pour les années à venir avec la démocratisation de l'accès à internet. Google déplore aussi en ce pays « un service qui, pour être franc, n'est pas très bon »[Gblog 15]. Entre temps, Google opère un des plus gros rachats jamais faits, en acquérant la plateforme de partage de vidéo en ligne YouTube pour 1.65 milliard de dollars d'actions de l'entreprise[GPress 15]. Le 9 mars, on apprend le rachat de l'entreprise Writely proposant un éditeur de traitement de texte en ligne, acquis pour 8 millions de dollars[68], dans l'intention de l'utiliser comme base pour le projet Google Documents utilisant le même concept, qui sera annoncé lui, six mois plus tard[Gblog 16]. Fin mars, c'est Google Finance qui sort des cartons de Google. Il s'agit d'un outil permettant de suivre en ligne les cours et les devises[Gblog 17]. Google Agenda, un agenda en ligne gratuit est annoncé le 13 avril[Gblog 18]. Ces multiples créations de services en ligne ont pour but d'instaurer la possibilité aux utilisateurs de Google de bénéficier de cloud computing. Ces services sont par la suite destinés aux professionnels par Google Apps, le 28 août 2006[Gblog 19]. Lors de sa sortie même, ces services entraient agressivement en concurrence avec d'autres services déjà bien installés[69].
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Le 30 août 2006, Google Livres un service permettant la lecture en ligne et le téléchargement d'ouvrages littéraires entrés dans le domaine public est mis au point[Gblog 20] et alimentera des nombreuses controverses. L'entreprise entame l'année 2007 avec 10 674 employés[40]. En mai, Google permet à n'importe quel internaute d'étudier le trafic, les recherches et les statistiques de son moteur de recherche par le biais de trends[Gblog 21]. Quelques jours plus tard, une importante mise à jour de Google Maps permet de naviguer virtuellement dans les rues de certaines villes à travers des photos omnidirectionnelles[70]. Il s'agit de Street View. Le fait de pouvoir regarder ce qui se passe chez les gens ou de voir par hasard n'importe qui dans la rue provoque également des controverses sur le respect de la vie privée. Le mois de mai s'achève par le lancement de Google Gears[Gblog 22]. La deuxième moitié de l'année 2007 se caractérise par le perfectionnement et l'adaptation de services existants à d'autres langues. Dernier fait marquant, l'annonce le 5 novembre d'un OS pour téléphones portables ; Android[Gblog 23], qui concurrencera Symbian OS et Windows Mobile. Cet événement s'inscrit dans la recherche de marché dans la téléphonie mobile qui offre de plus en plus des possibilités de navigation sur internet. On dénombre 16 805 employés dans l'entreprise en fin d'année[40].
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Le projet Google Apps est complété le 28 février 2008 par l'introduction de Google Sites qui permet à tout utilisateur Google de créer facilement son propre site web dans un domaine fourni par Google[Gblog 24]. C'est une alternative peu coûteuse - la version standard de Google Apps étant gratuite - par rapport à des produits commerciaux comme SharePoint de Microsoft. En mai, selon des principes similaires à ceux de Wikipédia, Google annonce son projet Knol[71]. Pendant les mois suivants, aucune sortie notable n'intervient, mais les équipes de Google travaillent sur les produits déjà lancés. En effet, l'entreprise cherche à rendre plus accessibles plusieurs de ses outils notamment Google Traduction, Google Finance et Street View[40]. Parallèlement, Maps devient un outil pour aider les secours lors de catastrophes naturelles, en fournissant des cartes satellites actualisées et en affichant diverses données. Quelques adaptations sont également annoncées, comme la prise en charge de l'Unicode 5.1[Gblog 25] et l'adoption de l'IPv6[Gblog 26]. L'effort d'internationalisation des logiciels et services se poursuit avec un objectif de traduction en 40 langues pour un public d'internautes estimé à 98 %[Gblog 27]. Cette activité relativement faible favorise la préparation de la sortie de son propre navigateur web, Google Chrome qui est officialisé le 1er septembre 2008[Gblog 28] par une bande dessinée[72], ce qui crée un buzz, du fait du contexte et de la notoriété acquise par l'entreprise américaine. Le navigateur connaîtra une croissance non négligeable puisqu'il atteindra deux ans plus tard 6 % des parts de marché. Plusieurs versions et mises à jour suivront.
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Le 27 mai 2009, Google a annoncé son intention de développer Google Wave, un produit affiché comme révolutionnaire. Il s'agit d'une application web dont le concept mélange les notions de services de courrier électronique, de messagerie instantanée, de wiki et de réseautage social, le tout associé à un correcteur orthographique et un traducteur instantané. Une première phase de test bêta pour le 30 septembre 2009 avec la distribution de 100 000 comptes[73] aux personnes qui se seront inscrites sur leur site avec la volonté de reporter les bugs.
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Le 7 juillet 2009, Google a annoncé le projet de développement Chrome OS, un système d'exploitation open-source basé sur Linux[Gblog 29]. Cet OS se veut léger et adapté aux netbooks en plein essor.
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En novembre 2009 Google Musique indexe de la musique sur le moteur de recherche aux États-Unis pour débuter[74]. Pour assurer son autonomie énergétique et réduire ses factures d'électricité, Google a annoncé en décembre 2009 son intention de fonder Google Energy. Dans ce but en janvier 2010 Google a demandé à pouvoir bénéficier d’un statut industriel[75].
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Après de longues rumeurs et certaines annonces, le 5 janvier 2010 Google présente officiellement son téléphone lors d'une conférence de presse à son siège, à Mountain View[76]. Ce Google phone est produit par HTC. Cette action s'inscrit une nouvelle fois dans l'ambition de conquête de l'Internet nomade. Ce choix se confirme par les fortes rumeurs du lancement d'un netbook fonctionnant sous Chrome OS signé par le géant californien[77]. Le 11 février, Google lance un appel d'offres pour fournir la mise en place d'un réseau de fibre optique à 1 Gbit/s pour 50 000 personnes, voire beaucoup plus[78]. Si cette annonce incite à penser que Google voulait devenir un FAI, l'entreprise a tempéré son ambition en affirmant qu'il s'agissait plus d'un test qu'autre chose[78]. Un mois plus tard, plus de 1 100 villes américaines, principalement sur la côte est, ont fait acte de candidature, appuyées par plus de 200 000 demandes individuelles[79].
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Dans le but de créer un concurrent de Facebook, Google Me, durant l'été 2010, l'entreprise de Mountain View se lance dans plusieurs opérations financières visant aux rachats de six entreprises dont l'activité lui permettrait d'arriver à ce but. Ainsi, ont été achetées Slide (entre 182 et 228 M$), Jambool, Angstro, Zynga (achetée entre 100 et 200 M$), Like.com (100 M$) et SocialDeck[80]. Le 28 juin 2011, Google lance son service de réseau social Google+ toujours dans l'optique de concurrencer Facebook. Mais en octobre 2011, Google annonce la fermeture de plusieurs services pour janvier 2012. Il s'agit de Buzz (un réseau social lancé en 2010), Jaiku (un réseau social acheté en 2007), Code Search (outil de recherche de code open source sur le web), les fonctions sociales intégrées à iGoogle et The University Research Program for Google Search (programme qui offrait des API d’accès aux résultats de recherche à des chercheurs universitaires)[81].
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En 2011, l'entreprise atteint le milliard de visiteurs uniques par mois[82]. Le 15 août 2011, Google annonce son intention d'acquérir Motorola Mobility pour la somme de 12,5 milliards $[83].
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L'année 2013 montre la volonté de Google de se développer dans le secteur de la robotique, avec l'acquisition de 8 sociétés du domaine, dont Boston Dynamics, réputée pour sa collaboration avec le Pentagone et pour ses robots capables de courir en terrains accidentés[84]. Le département Robotique de Google est dirigé par Andy Rubin, ancien responsable du développement d'Android OS. Selon John Markoff[85], ces acquisitions seraient les prémices de la construction de systèmes autonomes capables de tout faire : aide aux tâches ménagères, livraison à domicile ou encore soin aux personnes âgées. En janvier 2014, Google acquiert Nest Labs, une entreprise américaine spécialisée dans la domotique, pour 3,2 milliards de dollars[86] Au mois de janvier 2014, Google annonce le rachat de DeepMind pour 400 millions de dollars, une startup londonienne spécialisée dans l'intelligence artificielle[87]. Dans le même temps le 29 janvier 2014, Google annonce la vente des smartphones Motorola au groupe chinois Lenovo[88]. Dans le même temps, suivant un document de la bourse de Hong Kong, Google a pris le 30 janvier 2014, une participation de 5,94 % du capital de Lenovo[89].
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Le 19 février 2014, Google officialise un investissement de 40 millions de dollars dans Renaissance Learning, une startup spécialiste en logiciels et services cloud dans le domaine de l'éducation[90].
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Le 12 mars 2014, Google confirme le rachat de Green Throttle Games, une startup spécialisée dans les jeux vidéo[91].
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En juin 2014, Google lance un nouveau service d'enregistrement de nom de domaine[92].
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Confirmant son intérêt pour les nouvelles technologies, Google investit en octobre 2014 542 millions de dollars dans Magic Leap, jeune société spécialisée dans les interactions homme-machine[93],[94]
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Le 23 avril 2015, Google entre sur le marché de la téléphonie mobile aux États-Unis en lançant Project Fi. Il devient un opérateur virtuel en louant le réseau de ses partenaires T-Mobile et Sprint. Pour l'instant, seuls les propriétaires de téléphones Nexus 6 peuvent bénéficier de cette offre[95].
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Le 17 août 2015, Google a présenté son service « Sunroof », basé sur Google Maps, et qui permet de déterminer quelles sont les toitures adaptées à l'installation de panneaux solaires. À cette date, les expérimentations se limitent aux régions américaines de Boston, de la baie de San Francisco et de Fresno[96],[97].
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Le 28 avril 2016, Google dépose un brevet sur une lentille de contact électronique permettant d'améliorer la vue. Celle-ci serait directement greffée au patient afin de remplacer la lentille naturelle de l’œil. Grâce à ses capteurs, elle adapte la vision en fonction de la lumière ambiante pour permettre de voir de près comme de loin[98].
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En mai 2016, Google annonce conjointement avec Facebook leur projet de créer un câble sous-marin transatlantique à haut débit afin d'accélérer la vitesse d'accès à leurs services et au Cloud. Le projet du nom de MAREA devrait relier les villes de Virginia Beach aux États-Unis à Bilbao en Espagne[99].
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Le 16 septembre 2016 Google lance Trips, une nouvelle application qui permet d’organiser ses voyages et, une fois sur place, d’accéder à toutes les informations nécessaires, même sans connexion[100].
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En novembre 2016, Google présente une nouvelle application Cloud Jobs API permettant aux employeurs et aux demandeurs d'emploi de trouver des offres en les recherchant par mots-clefs. Google n'est pas nouveau sur le marché numérique du travail, depuis la création d'Adwords[101] en 2000, les agrégateurs d'offres d'emploi peuvent débourser de l'argent pour que leur site apparaisse en premier dans le moteur de recherche pour certains mots clefs (RH, développeur par exemple).
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En 2017, Google a payé 3 milliards de dollars à Apple pour rester le moteur de recherche par défaut sur les terminaux iOS contre un milliard trois années auparavant[102].
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En 2017, HTC vend une partie de ses activités notamment concernant ses téléphones pixels et certaines de ses licences et droits à Google pour 1,1 milliard de dollars[103].
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En décembre 2018, Google lance en France son système de paiement mobile avec une banque partenaire. Google Pay est accessible aux utilisateurs d’Android[104].
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En 2006, Google accepte de brider son moteur de recherche afin de pouvoir s'implanter en Chine. Le gouvernement chinois a en effet imposé certaines conditions pour l'entrée sur le marché d'internet, la censure notamment. Les cofondateurs expliqueront qu'« Afin de travailler à partir de la Chine, nous avons retiré certains contenus des résultats de recherches obtenus sur Google.cn, en application de la législation et de la réglementation locales »[105]. Ainsi, à partir du 25 janvier 2006[106], une recherche images sur « Tian'anmen » affiche, dans Google.fr, la célèbre photo de l'étudiant barrant la route aux chars, symbole des manifestations de la place Tian'anmen, tandis que, sur Google.cn, les résultats affichent des portraits de familles joyeuses ou des photos de monuments[107]. Cette action a fait couler beaucoup d'encre dans les médias mondiaux. Toutefois, une telle censure a été entreprise volontairement de la même manière à des sites racistes, islamistes ou révisionnistes, dans les versions française et allemande de Google[108], conformément au protocole additionnel à la convention sur la cybercriminalité de 2001.
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Cependant, le 12 janvier 2010, une attaque double pirate massive et « hautement sophistiquée » venue de Chine dite « Opération Aurora » a ciblé plus d'une vingtaine d'entreprises dont Adobe, Google et Intel. Cette opération a permis à ses auteurs le vol de secrets industriels et la copie des mails de milliers d'exilés chinois et de militants des droits de l'homme[109]. Ces atteintes, malgré le respect et l'application des conditions imposées par le gouvernement chinois, provoqueront la fureur de l'entreprise californienne, qui menacera de ne plus appliquer aucune censure en reconnaissant que cette décision pourrait la contraindre à quitter le pays, mais retirer directement ses services de Chine[Gblog 30],[110]. 2010 est l’année où google est censuré en Chine (sauf Hong Kong et Taiwan)[111].
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Cette annonce fut perçue par certains forums comme un bluff, puisque le marché de l'internet est très porteur (384 millions d'internautes fin 2009[67]) et que Microsoft a annoncé son intention de poursuivre ses activités avec Bing malgré tout[112]. Pour rendre hommage et affirmer leurs soutiens à de telles décisions, de nombreux Chinois déposèrent sur l'édifice portant le logo de l'entreprise fleurs, bougies et mots de soutien[113]. Ces actions sont devenues des phénomènes très médiatisés et l'affaire prit les tournures d'un incident diplomatique entre les États-Unis et la République populaire de Chine.
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Les trois principaux moteurs de recherche dominants en Chine, en 2016 sont[111] :
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En août 2015, Larry Page, ex-directeur de Google, annonce une importante réorganisation de l'entreprise. En effet, l'entreprise Google devient une filiale du nouveau groupe Alphabet. L'entité nommée Google se voit ainsi retirer toutes les activités qui ne concernent pas Internet ou l'informatique et qui deviennent des filiales à part entière d'Alphabet[114]. Ces filiales sont :
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Cependant, Google, qui est à présent dirigé par Sundar Pichai[115] garde, sans aucune modification, les autres marques plus connues du grand public, tel que le moteur de recherche Google, YouTube, Android, Google Play, Google Livres, AdSense[116].
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Pour les utilisateurs, cette restructuration ne change strictement rien, du moins à court terme. En effet, la restructuration et la création d'Alphabet permettent surtout d'améliorer la transparence de l'entreprise, et de séparer les activités qui ne rapportent pas d'argent (Calico, Google X) de la branche Internet, qui à elle seule rassemble presque tous les profits[117].
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En mai 2019, l'entreprise relance les Google Glass avec le modèle Enterprise Edition 2. Les Google Glass quittent le laboratoire X pour rejoindre la gamme des produits vendus directement par Google[118].
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Le 4 décembre 2019, Larry Page et Sergey Brin, co-fondateurs de Google et par extension Alphabet, annoncent leur départ de la direction de l'entreprise. Ainsi, Sundar Pichai devient le CEO de Google en plus d'Alphabet[119].
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Google possède des infrastructures et des bureaux partout dans le monde, même s'ils sont plus nombreux en Europe, aux États-Unis, en Inde et Chine littorale[120]. Le principal lieu où est mis en place le développement de Google est le Googleplex situé en Californie. Le googleplex est constitué de quatre principaux bâtiments, totalisant 47 038 m2 sur un terrain de 11 hectares. Le Googleplex abrite aussi le site de développement du système d'exploitation pour smartphones et appareils mobiles, appelé Android.
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Dans ce complexe, 350 salariés travaillent sous les ordres de Jean-Marc Tassetto. À l'ouverture de ce centre, Eric Schmidt a déclaré : « La France est l’un des plus importants centres de culture, d’affaires et de technologie au monde. Le pays a rapidement adopté Internet et les Français aiment de plus en plus Google. Nous souhaitions donc plus nous impliquer et je suis heureux que le plan d'investissement lancé en septembre 2010 donne maintenant naissance à des réalisations concrètes, comme l'Institut Culturel et le Centre de R&D. J'ai hâte de voir la suite de ces projets mis en œuvre[122]. » Le 1er février 2013, aux termes d'un accord conclu avec les éditeurs de presse français, la société s'engage à financer à hauteur de 60 millions d'euros un fonds d'aide à « la transition de la presse vers le monde du numérique »[123].En mars 2013, Nick Leeder, Australien francophone et formé notamment à l'INSEAD, succède à Jean-Marc Tassetto, démissionnaire[124],[125].
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Le moteur de recherche Google repose principalement sur l'exploitation de la technologie PageRank. Le premier brevet (US 6.285.999 B1, intitulé « Method for Node Ranking in a Linked Database »), déposé en janvier 1997 et enregistré le 9 janvier 1998, est la propriété de l'université Stanford[126]. Le texte du brevet est accessible sur le site du bureau des brevets des États-Unis, qui a licencié cette technologie à Google en 1998 (amendée en 2000 et 2003), deux mois après sa fondation. Il s'agit d'une licence exclusive jusqu'en 2011, l'exclusivité prenant fin à cette date[127].
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Les recherches qui ont abouti au développement de la technologie du PageRank ont été financées en partie par la National Science Foundation (Grant NSF - IRI-9411306-4). Il est donc précisé dans le brevet que le gouvernement a certains droits sur cette invention[128].
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Google existe en grande partie grâce aux logiciels libres sur lesquels il a été bâti dès l'origine, tels Linux, MySQL et Python, qu'il a contribué à améliorer en retour. Google emploie Andrew Morton, un contributeur très important au noyau Linux et a contribué au code de MySQL. Le logiciel libre permet à Google de repérer des programmeurs talentueux, capables non seulement d'imaginer des solutions techniques, mais aussi de les mettre en œuvre. Pour les attirer, Google a créé un environnement de travail où sont encouragées l'innovation, les idées techniques et la participation aux projets open source. Ainsi chaque développeur dispose de 20 % de temps libre pour travailler sur un projet de son choix, qu'il soit libre ou pas.
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Google a, de 2004 à 2014, soutenu la fondation Mozilla à travers un partenariat, car la mission de Mozilla - « préserver le choix et l'innovation sur l'Internet » - sert les intérêts de Google. Google est le moteur de recherche par défaut de la barre de recherche de Mozilla Firefox en Europe. Les internautes européens utilisant Firefox font des recherches sur Google et cliquent sur les publicités d'AdSense. Les revenus que Google en tire sont alors partagés avec Mozilla, ce qui leur permet d'avoir les moyens financiers pour améliorer les standards du Web et les logiciels qu'ils éditent (dont Firefox et Mozilla Thunderbird), ce qui pousse les autres éditeurs de navigateur web à faire de même. En définitive, c'est Internet dans son ensemble qui bénéficie de ces améliorations et Google (ou d'autres) peut alors utiliser ces nouvelles possibilités dans ses produits grâce à son cycle rapide d'innovation.
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Google participe à l'open source et le soutient :
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Google tire la majorité de ses revenus de la publicité avec différents mécanismes.
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Avec le système AdWords, littéralement publicité liée aux mots, Google vend des mots clés aux enchères. Si une personne fait une recherche avec ce mot, les liens des sites de ceux qui ont participé aux enchères s'inscrivent dans la partie des liens commerciaux selon un ordre déterminé par l'algorithme de Google[135]. Chaque fois qu'une personne sélectionne un de ces liens, l'annonceur concerné doit verser une certaine somme à Google. C'est ce qu'on appelle le coût par clic[26].
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Le système AdSense for search permet à un site web d'accueillir un moteur de recherche offrant la technologie de Google et par extension les publicités AdWords suivant les mots-clés sur ses pages web. Google reverse une partie de ses gains, toujours au coût par clic, à ce site web, le partage étant de 51 % pour l'éditeur et 49 % pour Google. De même le système AdSense for Content permet à un éditeur d'afficher les encarts publicitaires de Google sur son site web, qu'il soit consulté sur ordinateur ou sur mobile, les revenus générés sont répartis à hauteur de 68 % pour l’éditeur et de 32 % pour Google[26],[136].
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Gmail comporte un affichage publicitaire contextuel dans la fenêtre de lecture des emails, la rémunération de Google étant toujours au coût par clic[26]. YouTube comporte également des publicités. Le réseau Display de Google permet à un annonceur de cibler précisément les modes de diffusion et les sites de contenu de sa campagne publicitaire ; l'internaute ne consultant un moteur de recherche et donc la publicité que 5 % de son temps, Google optimise les canaux de diffusion de la publicité[137].
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En dehors des activités publicitaires, Google a d'autres sources de revenus. Pour l'espace de stockage en ligne, Google propose un espace gratuit de stockage à ses utilisateurs pour enregistrer les documents sur les serveurs Google, et y accéder depuis n'importe quel poste. Lorsqu'un utilisateur atteint la limite d'espace disque autorisé par utilisateur, il peut acheter de l'espace disque supplémentaire.
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Google Apps propose une solution de collaboration, qui réunit plusieurs outils bureautiques et de production. Une version gratuite est disponible, mais les organisations/entreprises désirant utiliser toutes les fonctionnalités de cette solution doivent payer mensuellement pour bénéficier de services supplémentaires.
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Google Play Store est un magasin en ligne destiné à la vente de musique, de livre, d'applications Android et d'appareil Google Nexus, tablettes et smartphones.
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Google est une des startups qui ont franchi sans encombre le krach du NASDAQ en 2001, notamment du fait qu'elle n'était pas cotée. L'entreprise s'est introduite en Bourse par un système peu usité d'enchères en mai 2004 qui a comprimé de 5,5 à 1,5 % les commissions perçues par les banques d'affaires ; introduite à 80 $, l'action cotait 250 $ un an plus tard, ce qui valorisait l'entreprise à près de 74 milliards de dollars. Début 2006, l'action coûte 460 $ environ, elle franchit la barre des 600 $ (609,62 $) le 8 octobre 2007, puis celle des 700 $ le 31 octobre 2007, ce qui la place au quatrième rang en termes de capitalisation à la Bourse de New York. Avec les différentes crises financières de fin 2007 et début 2008 sur les marchés financiers et l'annonce d'un probable rachat de Yahoo! par Microsoft, l'action Google a chuté passant de 712 $ fin 2007 à 609 $ en février 2008.
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Le code de l'action au NASDAQ est GOOG. Le 2 avril 2014, le cours est divisé entre GOOG et GOOGL, le premier regroupant les titres de classe A et le second de classe C. Les actions de classe B sont toutes détenues par les fondateurs, Larry Page et Serguey Brin, ce qui renforce leur contrôle sur la direction de l'entreprise[138].
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Le 20 décembre 2005, Time Warner annonçait que Google allait prendre 5 % de participation dans le capital de sa filiale AOL[139],[140].
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Afin d'éviter de payer les impôts auxquels sont soumises la plupart des entreprises américaines et européennes, Google utilise la technique dite d'« optimisation fiscale ». Les licences Europe, Moyen-Orient et Afrique de la marque sont exploitées par une société domiciliée aux Bermudes. Et « pour échapper au Trésor américain qui impose à hauteur de 35 % les bénéfices des entreprises rapatriés de l'étranger, la multinationale les laisse dormir aux Bahamas »[141].
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Selon Bloomberg, Google aurait réalisé une économie de 3,1 milliards de taxes sur les bénéfices en 2007 et 2009. En 2009, Google serait parvenu à abaisser son taux d'imposition à 2,4 % sur ses activités hors États-Unis, grâce à sa filiale irlandaise par laquelle transitent 88 % de ses activités internationales. Le taux d'imposition sur les bénéfices des sociétés, en Irlande, est, en effet, de 12,5 % contre 25 % en moyenne dans les autres pays où Google réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires. Mais Google a également cherché à réduire le montant des bénéfices imposables de sa filiale irlandaise en lui imposant de reverser des redevances à une filiale néerlandaise, condition sine qua non afin que l'Irlande accorde l'exonération fiscale à Google Ireland Holdings, société jumelle de Google Ireland Limited, la filiale opérationnelle. Google Ireland Holdings transfère ses redevances à la filiale néerlandaise qui les transfère ensuite aux Bermudes. Cette stratégie a permis à l'entreprise de cumuler plus de 39 milliards de dollars au comptant[142].
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Le véhicule juridique utilisée par Google aux Bermudes, Google Bermuda Unlimited a été adopté en 2006 et lui permet d’échapper à la fiscalité des pays où sont réalisées les ventes, mais également à l’obligation de publier ses comptes[143].
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Selon Paul Tang, économiste et membre de la délégation du Parti Travailliste hollandais (PvdA) au sein du groupe de l’alliance des socialistes et des démocrates au parlement européen (Progressive Alliance of Socialists & Democrats in the European Parliament (S&D)), Alphabet, la maison mère de Google, n’aurait été imposé que de 0,36 à 0,82 % de son chiffre d’affaires entre 2013 et 2015 à l’intérieur de la zone UE, alors qu’Alphabet est imposé de 6,49 % à 8,79 % hors UE[144]. Ainsi, au sein de l’union européenne, les pertes s’enregistrent à hauteur de 3 955 millions d’euros entre 2013 et 2015[144].
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Si un taux de taxation à hauteur de 2 à 5 % avait été appliqué entre 2013 et 2015 tel qu’il avait été suggéré par le conseil ECOFIN, les pertes en cas d’évasion fiscale vis-à-vis de ce taux (virtuel) auraient été comprises entre 1 262 et 3 155 millions d’euros au sein de l’UE[144].
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Le 18 décembre 2013, une étude menée par VRDCI[145] montre que les revenus de Google en France seraient supérieurs à ses déclarations. Entre novembre 2012 et novembre 2013, Google aurait réalisé 1,43 milliard d'euros en France, un chiffre loin des 193 millions d'euros déclarés par l'entreprise en France (lors de l'exercice fiscal 2012)[146].
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Au terme d'une enquête commencée en 2011, le fisc français en février 2014 aurait décidé d'infliger un redressement fiscal de près d'un milliard d'euros à Google pour s'être soustrait à l'impôt[147]. Lors de cette enquête (nom de code « Tulipe »), les membres du parquet ont travaillé durant une année hors connexion, pour garantir une confidentialité maximale autour du dossier[148].
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En 2017, le tribunal administratif de Paris annule ce redressement fiscal qui concerne la période de 2005 à 2010, au motif que Google ne disposait pas en France d’un établissement stable[149]. L'administration fiscale ayant fait recours, la justice donne raison à Google et confirme en avril 2019 l'annulation de ce redressement fiscal de 1,15 milliard d’euros[150].
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Selon le rapport de Paul Tang, en France, pour 55 millions d’utilisateurs en 2015 (représentant 14 % du flux internet en Europe) les pertes dues à l’évasion fiscale s’enregistrent à hauteur de 544 millions d’euros entre 2013 et 2015[144].
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Le logo de Google est très simple et provient de son moteur de recherche. Il est constitué du mot Google écrit en police Catull, dont les lettres sont colorées dans l'ordre suivant : bleu-rouge-jaune-bleu-vert-rouge. Cette composition n'a pas changé depuis 1999, si ce n'est la mention « bêta » et le point d'exclamation qui ont disparu. Il a été créé par Ruth Kedar, qui enseignait le design à l'université Stanford à l'époque où les fondateurs du moteur de recherche, Larry Page et Sergey Brin, étudiaient[151]. Cette architecture de couleur et de forme se retrouve sur plusieurs produits, notamment Gmail.
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Si le logo de l'entreprise ne change pas, celui de son moteur de recherche est régulièrement remplacé pendant un jour pour marquer ou commémorer un événement particulier. Ces logos, présents uniquement sur la page d'accueil, sont alors visuellement adaptés au thème de la journée. Ce sont les Google Doodles (« doodle » désigne un gribouillage en anglais et permet une paronomase avec « Google »). Il est possible de visualiser le logo Google en art ASCII en recherchant ce même terme dans le moteur de recherche de Google.
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Google a gardé son premier logo assez longtemps. Le logo est connu pour ses lettres multicolores et en relief. À partir de fin septembre 2013, Google change légèrement son logo, pour plus de modernisation : les couleurs sont plus pâles et les lettres sont désormais en deux dimensions.
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Le logo change à nouveau dès septembre 2015, pour prendre une police plus grasse et arrondie, tout en gardant les mêmes couleurs pour chaque lettre.
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Logo de la beta de Google (de 1998 à 1999).
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Logo de Google utilisé de 1999 à 2010.
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Logo de Google utilisé de 2010 à 2013.
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Logo de Google de 2013 à septembre 2015.
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Logo de Google depuis le 1er septembre 2015.
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Jusqu'en octobre 2015, le slogan de Google est Don't be evil[152] (« Ne soyez pas malveillants »). Au printemps 2004, la phrase figurait même en tête du courrier adressée aux investisseurs, quelque temps avant leur entrée en bourse. Larry Page a écrit que « Par cette phrase qui est notre devise, nous avons tenté de définir précisément ce qu'être une force bénéfique signifie - toujours faire la chose correcte, éthique ». Cette devise résume assez bien la volonté supposée de Larry Page et Sergey Brin qui tend à faire de Google une société qui œuvre pour un monde meilleur[153].
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La société a parfois été prise à partie sur son slogan, en particulier à propos du filtrage interdisant l'accès à certains sites ou à des pages contenant certains mots depuis la Chine. En particulier, google.cn veille à ne pas faire figurer sur ses pages de réponse les chaînes de caractères qui provoquent la déconnexion de l'utilisateur par les mécanismes de surveillance automatique que doivent assurer les fournisseurs d'accès. Elle a expliqué que, selon elle, mieux valait pour les utilisateurs chinois un Google imparfait que pas de Google du tout.
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En octobre 2015, le slogan est remplacé par Do the right thing[154].
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En avril 2018, Don't be evil a été complètement supprimé du code de conduite d'Alphabet[155]. Seule une mention subsiste, la dernière phrase : « And remember… don’t be evil, and if you see something that you think isn’t right – speak up ! » (« Et rappelez-vous... ne soyez pas malveillant, et si vous voyez quelque chose qui vous semble mal : exprimez-vous ! »)[156].
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Google est connu pour sa discrétion, voire son silence auprès des journalistes. Un exemple documenté est celui de Mark Jen, un nouvel employé qui arrive chez Google le lundi 17 janvier 2005. Celui-ci crée alors un blog, retraçant ses impressions sur la société. Mais peu à peu, le ton du blog devient contestataire, Mark Jen allant même jusqu'à déclarer que « Les avantages que procure Microsoft au niveau des soins ridiculisent ceux qu'offre Google. » Le 28 janvier, Mark Jen apprend son licenciement, à cause de son blog. Cet exemple illustre la volonté de discrétion de la société, les journalistes n'arrivant quasiment jamais à décrocher un entretien avec les deux fondateurs, Page et Brin[157].
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Pour être en accord avec sa politique de développement durable, des services de covoiturages sont organisés et les déplacements entre les bâtiments se font à vélo. Les bâtiments sont surmontés de plusieurs milliers de capteurs solaires. Dans la même visée, au lieu d'employer des tondeuses à gazon pour débroussailler les alentours du googleplex dans des mesures de lutte anti-incendie, l'entreprise a recruté 200 chèvres[158],[Gblog 31].
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Toutefois cet affichage est mis à mal par la réputation de la société d'être un très grand consommateur d'énergie[159], par le biais de ses grappes de serveurs.
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Fin juin 2011, Google injecte 280 millions de dollars dans l'entreprise SolarCity, ce qui porte ses investissements totaux dans les énergies vertes à 680 millions $[160].
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Fin septembre 2011, Google s'associe à Clean Power Finance (en) et investit 75 millions de dollars pour installer des systèmes d'énergie solaire chez des particuliers dans le but de démocratiser cette énergie auprès des citoyens[161].
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En juillet 2016, Google a fait installer l'intelligence artificielle DeepMind au sein de ses serveurs pour faire baisser sa facture d'électricité en refroidissement de 40 %[162].
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Google entend fonctionner avec une hiérarchie légère et peu contraignante. L'autonomie et un encadrement libéral offrent aux employés des postes de travail moins stressants. Des plannings sont établis pour établir les lignes directrices du travail collectif ; Google incite toutefois ses employés à adhérer à la politique du 80-20 : un horaire composé de 80 % de travail imposé par la direction et 20 % du temps consacré à des projets autonomes sans restrictions notables[163].
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Par ailleurs, Google s'efforce de créer un cadre de travail motivant. Appliquant les principes d'organisation adhocratique, il laisse ses employés libres de gérer l'environnement de leur poste de travail[164] et prône le travail en équipe. Pour ce faire, l'entreprise utilise des plannings communs et des wikis internes. Les lieux de travail sont également radicalement différents de ceux des autres entreprises : la direction offre à ses salariés l'utilisation gratuite de nombreuses installations de divertissement ou de bien-être. Le Googleplex, siège de l'entreprise, comporte des salles de repos, des salles de billard, des terrains de sport, une piscine, un service de massage ou de coiffure[163]. Les employés sont autorisés à amener leur chien, mais pas leur chat, au Googleplex[165].
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Cette politique de bien-être a pour objectif de générer une plus grande motivation et, en conséquence, une productivité accrue[165]. Parallèlement, cette vie professionnelle hors norme devrait fidéliser les employés[165], assurant ainsi la stabilité de la masse salariale[166],[167]. En effet, d'un point de vue sociologique, cette forme de travail se base sur une très forte intégration de ces derniers au sein de l'entreprise[168] : cette intégration permet aux valeurs de groupe de prendre l'ascendant sur les sentiments personnels et incite les employés à faire passer les intérêts de l'entreprise avant leurs intérêts propres.
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À mesure que Google se développe et prend une importance de plus en plus considérable dans la gestion des informations mondiales, se développent en parallèle de nombreuses critiques d'une entreprise dont quelques hommes politiques (par exemple Jean-Noël Jeanneney[169]) craignent qu'elle puisse abuser de sa position, notamment en recueillant des données très privées des internautes utilisant ses services, et en les utilisant, voire en louant l'usage, de manière abusive. Un nombre croissant d'instruments informatiques a ainsi été développé par différents groupes d'activistes et de militants pour limiter les capacités intrusives de Google. Il s'agit par exemple de masquer les publicités AdWords.
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Parmi ces instruments, on peut citer le réseau Tor (« The Onion Router », littéralement : « le routage en oignon »), qui anonymise les internautes (le résultat visible avec Google est que les publicités ne sont plus ciblées) ; le logiciel Scroogle, un « Google Scraper » développé par l'activiste Daniel Brandt[170] qui détourne le moteur de recherche, lui fournit une nouvelle adresse I.P. à chaque recherche, et accepte l’installation du cookie sur son serveur avant de le jeter à la poubelle ; ou encore l'extension pour Mozilla Firefox « Optimize Google, » qui permet de rendre anonyme le cookie Google, empêche Google Analytics de récolter des statistiques sur l'utilisateur et supprime également les publicités, à l'instar de Adblock Plus (extension de navigateur). Par ailleurs, certains sites militant pour la défense de la protection des informations privées[171] donnent des informations sur la manière dont les internautes peuvent faire valoir auprès des régies publicitaires, et notamment auprès de Doubleclick, leur droit d'exiger que les données les concernant ne soient pas récoltées (elles le sont par défaut, mais il existe un système d'opt-out).
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La régie publicitaire Doubleclick est rachetée par Google en 2007 pour 3,1 milliards de dollars ce qui induit une forte concentration du marché entre les mains d'un seul acteur, mais en dépit de protestations la Federal Trade Commission et la Commission européenne ont validé ce rachat[26].
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La question de savoir s'il vaut mieux à volume égal se voir présenter de la publicité non ciblée que ciblée reste évidemment un sujet de controverse[172].
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Au cours du premier semestre 2014, Google a dépensé 9,5 millions de dollars pour faire du lobbying, soit plus que presque toute autre entreprise. Selon Marc Rotenberg, président du Electronic Privacy Information Center, Google finance un grand nombre de groupes de réflexion axés sur la politique de l'internet et des télécommunications. Cette stratégie a réduit au silence les critiques contre l'entreprise au cours des dernières années[173]. D'après Barry Lynn de la New America Foundation, « Google est très agressif en jetant son argent autour de Washington et de Bruxelles, puis en tirant les cordes [...] Les gens ont peur de Google maintenant ». Toujours selon Lynn, Google essaye de « censurer les journalistes et les chercheurs qui luttent contre les monopoles dangereux »[174]. À la suite d'une publication louant les sanctions de l'Union européenne contre Google, Barry Lynn a été licencié de la New America Foundation et sa publication a été temporairement supprimée en raison d'un « problème interne non intentionnel »[174]. La New America Foundation est un think tank de Washington qui a reçu plus de 21 millions de dollars de Google. La New America Foundation est perçue comme une voix qui compte au sein de la gauche américaine[175],[174].
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En avril 2015, la commission européenne après enquête présente à Google une « communication de griefs » sur sa position dominante. La commission accuse le moteur de recherche de mettre en avant ses propres services au détriment de ceux de ses concurrents dans les résultats de recherche notamment son comparateur de prix Google Shopping et cela « en violation des règles de l’Union européenne en matière d’ententes et d’abus de position dominante » selon les termes de Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la concurrence. Cela présenterait également à l'utilisateur des résultats qui ne seraient pas les plus pertinents. D'autre part une enquête est également ouverte concernant des faits de distorsion de concurrence pour son système d’exploitation mobile Android. La peine encourue par Google serait une amende pouvant représenter 10 % de son chiffre d'affaires, soit environ six milliards de dollars[23],[176],[177]. En juin 2017, Google est condamné par les autorités de la concurrence européenne à une amende de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante via son comparateur de prix Google Shopping[178].
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Selon d'anciens cadres de Mozilla, Google aurait saboté Firefox pendant des années en y introduisant de petits bugs afin de favoriser l'application Google Chrome[179].
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Le 9 avril 2020, l'Autorité de la concurrence française a prononcé des mesures conservatoires à l'encontre de Google, l'obligeant à négocier la rémunération des éditeurs de presse en ligne[180].
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Les géants du web détiennent un quasi-monopole sur le flux d'informations et, en tant que tel, sont en mesure de manipuler le discours public[181]. Internet est un ensemble de services de base. La plupart de ces services sont détenus et gérés par des sociétés privées, qui hébergent le contenu et donnent aux utilisateurs la possibilité de le consulter ou d’en créer de nouveaux. Si ces fournisseurs de services de base ne veulent pas de quelque chose sur Internet, ils peuvent le censurer et le faire disparaître d'internet dans le monde entier[182]. Ce contrôle d'Internet est dans les faits concentré dans les mains de quelques entreprises massives qui font tout pour que le public n'en soit pas conscient[182].
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Selon l’éditorialiste Tucker Carlson, « Google est en 2017 la société la plus puissante de l'histoire du monde. Google contrôle la réalité et a déjà démontré une volonté troublante de fausser cette réalité à des fins idéologiques »[181]. Réagissant à un blocage des revenus grâce aux contenus publicitaires de centaines de vidéos sur Youtube, SkyNews écrit « c'est de l'intimidation. Le débat n'existe plus »[183].
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En avril 2017, Google développe un nouvel algorithme pour rendre plus difficile l'accès aux sites propageant des « théories du complot » et conforter la place des médias dominants. Toutefois, pour ses détracteurs, la mesure s'apparenterait à une censure des sites présentant des opinions différentes, dont la couverture et l’interprétation des événements s’opposent à celles des médias dominants. Certains sites, comme WikiLeaks ou des sites critiques de la politique extérieure des États-Unis, ont connu une baisse massive de visites[184].
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Google empêche l'accès au Google Play Store à de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Disconnect qui a porté plainte auprès de l'Union européenne[185], les applications AdBlock Plus en 2013 et AdBlock Fast en 2016[185] et d'une manière générale Google crée systématiquement des obstacles pour les utilisateurs Android pour télécharger d'autres magasins d'applications depuis Google Play[186]. En septembre 2017, le réseau social Gab.ai a intenté un procès contre Google qu'il accuse de violer les lois antitrust fédérales en ayant banni l'application du Google Play[187]. À cette occasion, Andrew Torba, chef de la direction de Gab.ai, a déclaré « Google est la plus grande menace pour la libre circulation de l'information »[187].
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La multiplication des services proposés par Google engrange une demande accrue de renseignements sur les utilisateurs : suivi de la navigation et stockage des mots-clés, scan des mails dans Gmail, des informations livrées dans les formulaires, entre autres. Cela pose à chaque innovation la question du respect de leur vie privée, comme le note la philosophe et philologue Barbara Cassin dans son ouvrage sur Google. Google croise ces données pour affiner le profil des utilisateurs, et améliorer le ciblage des publicités sur internet.
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Une telle concentration d'informations sur les individus et leur conservation inquiètent les organisations de défense de la vie privée sur internet, comme l'Electronic Frontier Foundation[188] ou le « Groupe de travail de l'article 29 »[189] de la Commission européenne, une nouvelle forme de surveillance très sophistiquée et un danger pour la liberté des personnes. Récemment, Google fut placé tout en bas du classement[190] élaboré par l'ONG Privacy International, qui dit de Google qu'elle est « ennemie du respect de la confidentialité en raison de la surveillance totale des utilisateurs ». Tout ceci est d'autant plus inquiétant depuis que Google a signé un contrat de sécurisation avec le NSA, services secrets des États-Unis, laissant présager la fourniture des informations des usagers à ces services[191]. Google est également attaqué en Allemagne par l'équivalent allemand de la CNIL, car sa Google Car collecterait toutes les informations sur les HotSpot Wi-Fi et leurs adresses MAC sur son passage[192]. Le 29 avril 2012, le New York Times révèle que cette collecte de données personnelle n'était ni fortuite ni une erreur, mais que des responsables avaient été avertis. Ces derniers n'ont pas stoppé la démarche[193],[194]. En 2004, Google, associé à AOL, Amazon.com, CNet, eBay, Microsoft et Yahoo!, a pratiqué aux États-Unis du lobbying contre le Spyware Control Act en Utah obligeant de demander l'accord explicite de l'utilisateur pour activer des options de traçage de ses choix ou avant l'installation d'un logiciel espion[195]. Les raisons de leur opposition, selon eux, étaient d'ordre technique et non éthique : dans la lettre envoyée au sénateur Valentine et au représentant Urquhart, ils reconnaissent les très bonnes intentions de la loi[196].
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Au sujet des éventuelles techniques de traçage employées par Google, Google Watch, site de l'activiste américain Daniel Brandt, tente de démontrer les failles et le manque de neutralité de Google et propose un proxy, Scroogle, permettant de soumettre une recherche Google sans être épié d'une quelconque façon. Il dénonce entre autres sa censure orientée, dans d'autres pays comme la République populaire de Chine[197], ou les États-Unis, concernant l'invasion de l'Irak et la prison d'Abou Ghraib. À ce sujet, Google a dans un premier temps refusé de se plier aux injonctions du gouvernement américain fin 2006 en ne lui donnant pas accès aux listes de recherche et URL qui lui étaient demandées pour contribuer à une loi sur la répression de la pédophilie. Néanmoins, ils ont ensuite remis 50 000 URL au gouvernement, mais le juge chargé de l'affaire a décidé que Google n'avait pas à remettre les listes de mots-clés demandées par le gouvernement[198]. En France, les garanties de respect de la vie privée apportées par la CNIL ne sont pas applicables à des services dont les serveurs sont situés hors du territoire national. Le refus de Google[199] de se soumettre aux lois locales crée donc une extension de fait de la juridiction américaine. Ce refus lui a valu le Big Brother Awards français 2007.
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En 2007, le chef du service expertise informatique de la CNIL juge ainsi : « En clair, Google peut contrôler toutes les données personnelles des individus. En exploitant de façon corrélée ces outils, Google pourrait se transformer en une redoutable société de surveillance. […] Les internautes doivent savoir qu'en utilisant les services de Google, ils lui donnent la possibilité de les surveiller »[200]. Seul Google n'a pas réagi à la recommandation du G29 (Union européenne), c'est-à-dire « de porter à six mois maximum, contre au moins douze mois aujourd’hui, la durée pendant laquelle les moteurs de recherche sur Internet ont le droit de conserver ou d’utiliser les données personnelles »[201].
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En 2012, Google modifie sa politique de règles de confidentialité, et prévoit de stocker et croiser tout élément concernant ses utilisateurs : données personnelles telles que nom, adresse, numéro de téléphone, numéro de carte de paiement, données techniques sur les appareils connectés et leurs paramétrages, journaux de consultation ou d'utilisation des outils Google[202].
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En 2013, le moteur de recherche communique le nombre de ses comptes internet surveillés par le gouvernement américain, dans le cadre du Patriot Act, qui cherche à prévenir d'éventuelles activités terroristes[203].
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Le 8 janvier 2014, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a sanctionné Google à une amende de 150 000 euros, estimant que les règles de confidentialité mises en œuvre par la firme depuis le 1er mars 2012 ne sont pas conformes à la Loi informatique et libertés en France[204]. La sanction pécuniaire s'accompagne de l'obligation de publier un communiqué sur la page d'accueil de Google.fr pendant 48 heures[205],[206].
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Le 13 mars 2014 la Cour européenne de justice a débouté Google dans une affaire de « droit à l’oubli numérique ». La Cour européenne de justice a estimé que l’exploitant d’un moteur de recherche est responsable des données personnelles qui apparaissent sur ses pages et de leur traitement[207]. Face à la pression effectuée par la Cour européenne de justice, Google s'est montré très réactif et a mis en place le 30 mai 2014 un formulaire de droit à l'oubli qui permet à l'internaute qui le souhaite de faire effacer certaines informations le concernant[208],[209]. Le résultat est au rendez-vous puisqu'en 24 h, la firme de Mountain View avait déjà reçu 12 000 requêtes[210]. Mi-juillet 2014, Google nomme un comité consultatif de dix experts, qui est chargé de rédiger un rapport avec des recommandations afin d'appliquer la mesure du « droit à l'oubli ». Il est constitué de Frank La Rue (rapporteur spécial de l'ONU sur les questions de la liberté d'expression), Jose Lui Pinar (ancien vice-président du groupe européen de commissaires à la protection de données), Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (ancienne ministre allemande de la Justice), Peggy Valcke (enseignante-chercheuse à l'université KU Leuven), Luciano Floridi (professeur à l'université d'Oxford), Sylvie Kauffmann (directrice éditoriale du Monde), Lidia Kolucka-Zuk (membre de l'association Trust for Civil Society in Central and Easter Europe) et Jimmy Wales (cofondateur de Wikipédia)[211].
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En août 2014, un utilisateur de la messagerie Gmail a été dénoncé aux autorités locales par Google à la suite de l’envoi d’une photo pédopornographique en pièce-jointe d’un mail[212]. Or, Google le dit clairement dans ses conditions d’utilisation : « Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris les e-mails) afin de vous proposer [...] Cette analyse a lieu lors de l'envoi, de la réception et du stockage des contenus[213]. » Ce fait divers met en lumière le contrôle massif des échanges effectué par Google. Cette méthode entre par ailleurs en contradiction avec l’article 29 de la CNIL qui stipule que : « L'accès à des données à caractère personnel aux fins de sécurité n'est pas acceptable dans une société démocratique dès lors qu'il est massif et sans condition. La conservation, l'accès et l'utilisation de données par les autorités nationales compétentes doivent être limitées à ce qui est strictement nécessaire et proportionné dans une société démocratique. Elles doivent être soumises à des garanties substantielles et effectives[214]. »
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Le 21 janvier 2018 en France, la CNIL condamne Google à une amende de 50 millions d'Euros « en application du règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) pour manque de transparence, information insatisfaisante et absence de consentement valable pour la personnalisation de la publicité »[215]. L'enquête de la CNIL, qui a duré plusieurs mois, a été ouverte après des plaintes collectives des associations None Of Your Business (en) et la Quadrature du Net. Il s'agit de la première décision d'une instance de régulation de sanctionner l'un des acteurs majeurs du numérique, en utilisant les dispositions du RGPD en vigueur depuis mai 2018[215].
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Google Latitude est un service créé en 2009 permettant de déterminer la position d'une personne s'étant enregistrée à ce service par le biais de son téléphone mobile. En 2009, ce service est disponible dans 27 pays[216].
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Ce service est sujet à controverse : on peut voir en Latitude un outil permettant de tracer les personnes, la vie privée peut donc être atteinte mais Google répond que cet outil a été conçu dans une autre optique : il permet par exemple de localiser sur Google Maps ses enfants, ses amis ou ses collègues[217].
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Le service a été supprimé le 9 août 2013[218].
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Google Books est un projet annexe de Google très critiqué à une certaine époque. Il consiste à numériser systématiquement le plus grand nombre possible de livres. Les critiques s'inquiètent de l'impact que la position dominante de Google peut avoir sur la numérisation des livres en général, et du traitement des droits d'auteur par Google (soit que la distribution internationale des versions numérisées violerait les droits dans certains pays, soit que la position de force de Google leur permettrait d'obtenir des concessions de droits jugées abusives).
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Les requêtes dans Google auraient un impact environnemental non négligeable quant aux émissions de gaz à effet de serre. Il a été mentionné dans des grands titres de la presse anglo-saxonne et française (en citant incorrectement un article de Alex Wissner-Gross qui ne fait aucune référence à Google) que le coût d'une requête serait de 14 grammes - ce qui n'a pas été étayé par l'étude. Selon les propres calculs de Google, ces requêtes ne pèsent que 0,2 g[226].
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Les fermes de serveurs de l'entreprise sont notamment réputées avoir une consommation, systèmes de refroidissement inclus, représentant plusieurs centrales nucléaires[227].
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Toutefois, cette assertion est douteuse, dans la mesure où les plus petites tranches de centrales nucléaires ayant une puissance de 900 MW, il faudrait, pour atteindre une telle puissance, que chacun des 900 000 serveurs Google requière une puissance d'un kilowatt, ce qui est peu probable du fait que la puissance habituelle d'un serveur est de l'ordre de 100 W au maximum et celle du système de refroidissement, une fraction de cette dernière.
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En octobre 2019, Google reconnait avoir fait des « contributions substantielles » à des organisations qui, selon The Guardian, « avaient fait campagne contre les législations sur le climat, remis en cause le besoin d’action contre le réchauffement climatique, ou ont activement cherché à revenir sur les initiatives de protection de l’environnement » (American Conservative Union, Competitive Enterprise Institute, American Enterprise Institute, Americans for Tax Reform, Cato Institute, Mercatus Center ou encore Heritage Foundation)[228].
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L'entreprise est mise en cause dans une affaire d'entente sur les salaires et d'entente sur le débauchage d'employés à grande échelle, dont l'origine remonte à 2005 avec des accords non écrits entre Steve Jobs et Eric Schmidt.
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En 2017, James Damore, un cadre de l'entreprise, fait circuler un mémo interne (Google's Ideological Echo ChamberGoogle's Ideological Echo Chamber – « La Chambre d'Echo Idéologique de Google ») d’une dizaine de pages mettant en garde sa hiérarchie contre les effets contreproductifs de la politique de l’entreprise en matière de diversité (en) et de parité homme-femme. Il reproche notamment à l’entreprise d’organiser des formations réservées « à un genre ou une race », et de favoriser les candidats issus de la diversité. Selon lui, Google a « un biais de gauche » sur les questions de la diversité et de l’inclusion, qui a « créé une monoculture politiquement correcte qui se perpétue en humiliant et en réduisant au silence ceux qui ne s’y conforment pas »[229]. La note, qualifiée de « sexiste » par de nombreux médias américains, et rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, fait scandale[230],[231]. L’ingénieur est licencié par Sundar Pichai le lundi 7 août 2017[232]. La réaction de Google au mémo et son licenciement de Damore sont critiqués par multiples chroniqueurs culturels, dont Margaret Wente of The Globe and Mail,[233], Erick Erickson de RedState,[234] David Brooks du New York Times[235],[236] (qui appelle Sundar Pichai à démissionner) et Clive Crook de Bloomberg View[237]. D'autres font objection à l'intensité de la réponse au mémo dans les médias et sur Internet, comme Kirsten Powers de CNN[238], Conor Friedersdorf de The Atlantic[239], et Jesse Singal dans le Boston Globe[240].
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En novembre 2016, Google a annoncé le lancement d’une version alpha de sa nouvelle API Google Cloud Jobs[241], qui permet de mettre en relation des employeurs et des demandeurs d’emploi grâce à des algorithmes d’apprentissage profond et une gigantesque base de données d’offres d’emploi et de curriculum vitae.
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Ce n’est pas la première fois que le géant de l’informatique s’attaque au marché de l’emploi. En effet, en octobre 2000, Google lance le dispositif Adwords permettant aux agrégateurs d’emploi d’acheter des mots-clefs pour que des demandeurs d’emploi soient redirigés sur les sites des agrégateurs en question[242].
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Google était alors jusque là, un intermédiaire entre les employeurs et les demandeurs d’emploi, si l’API Cloud Jobs est effectivement lancée publiquement, le géant californien mettra directement les deux parties en relation.Ce système est donc une bonne nouvelle pour les personnes qui ne sont pas satisfaites de leur travail car l’API permettra d’envoyer directement des offres d’emplois via des annonces sur navigateur ou sur les réseaux sociaux. Cela pourrait aider par exemple des travailleurs frustrés qui n’osent pas démissionner à trouver un emploi dans lequel ils seront davantage épanouis[243].
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De nombreuses controverses sont toutefois soulevées par cette initiative. En effet le rôle de l’action publique dans la régulation et la mise en forme du marché du travail est interrogé. La France, via Pôle Emploi, s’est engagée dans des démarchés de transparence du marché de l’emploi[244] et l’arrivée de la firme californienne ne risque pas d’aider en ce sens. De plus, confier les rênes du marché du travail à des algorithmes pose des questions sur l’identité des demandeurs d’emploi.
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« We believe that the best price/performance tradeoff for our applications comes from fashioning a reliable computing infrastructure from clusters of unreliable commodity PCs. »
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Google LLC /ˈguːgəl/[7] est une entreprise américaine de services technologiques fondée en 1998 dans la Silicon Valley, en Californie, par Larry Page et Sergey Brin, créateurs du moteur de recherche Google.
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C'est une filiale de la société Alphabet depuis août 2015.
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L'entreprise s'est principalement fait connaître à travers la situation monopolistique de son moteur de recherche, concurrencé historiquement par AltaVista puis par Yahoo! et Bing. Elle a ensuite procédé à de nombreuses acquisitions et développements et détient aujourd'hui de nombreux logiciels et sites web notables parmi lesquels YouTube, le système d'exploitation pour téléphones mobiles Android, ainsi que d'autres services tels que Gmail, Google Earth, Google Maps ou Google Play.
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Google s'est donné comme mission « d'organiser l'information à l'échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile »[8]. Cela dit, le moteur de recherche protège également les propriétés intellectuelles en désindexant[9] les sites qui tentent de violer les droits d'auteurs. Après Larry Page et Eric Schmidt, son DG est, depuis 2015, Pichai Sundararajan[10].
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Google est devenu l'une des premières entreprises américaines et mondiales par sa valorisation boursière, quelques années après une entrée en bourse originale. Début 2008, elle valait 176 milliards de dollars à Wall Street[11]. Le 1er février 2016, sa capitalisation boursière dépasse celle d'Apple et devient la première des États-Unis, avec un total de 550 milliards de dollars dispersés dans ses différentes catégories d'actions[12].
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En 2014, le classement Best Global Brands d'Interbrand positionne la marque Google en seconde position mondiale, derrière la marque Apple, avec une estimation de sa valeur à 107,43 milliards de dollars (+15 % par rapport à 2013), dépassant la barre des cent milliards de dollars pour la première fois depuis la création de ce classement en 1974[13]. En 2016, le classement Brand Z Top 100 place Google en première position devant Apple[14].
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La société compte environ 50 000 employés. La plupart travaillent au siège mondial : le Googleplex, à Mountain View en Californie.
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Google est l'une des plus imposantes entreprises du marché d'Internet et fait partie, avec Apple, Facebook, Amazon et Microsoft des géants du Web (aussi appelés GAFAM)[15],[16],[17],[18]. En 2011, Google possédait un parc de plus de 900 000 serveurs[19], contre 400 000 en 2006[20], ce qui en fait le parc de serveurs le plus important au monde (2 % du nombre total de machines), avec des appareils répartis sur 32 sites. Parallèlement, le moteur de recherche Google a indexé plus de 1 000 milliards de pages web en 2008[21]. En octobre 2010, Google représente 6,4 % du trafic Internet mondial et affiche une croissance supérieure à celle du web[22]. En Europe, Google aurait une part de marché de 93 % concernant les moteurs de recherche[23].
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Observant des gains de parts de marché qui se traduisent par plus de consultations, Google mise sur des changements d'infrastructure pour améliorer sa capacité technique. Par exemple, l'infrastructure Caffeine a pour but d'augmenter la rapidité du traitement des pages web afin de les indexer plus rapidement (il aurait ainsi gagné 50 % en rapidité)[24].
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Au-delà du moteur de recherche, Google offre gratuitement de nombreux logiciels et services[25] (email, suite bureautique, vidéo, photo, blog…) et se finance par la publicité à partir de l'an 2000 avec un principe de lien sponsorisé dans les résultats de recherche et une facturation au « coût par clic » pour les annonceurs[26]. Cependant, la situation croissante de monopole et les questions de vie privée inquiètent de plus en plus, de l'internaute occasionnel jusqu'à certaines grandes organisations. Google a également fait l'objet de plusieurs poursuites en justice, notamment pour plusieurs affaires de compatibilité de copyright et pour sa plateforme Google Livres.
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Le nom de l'entreprise Google a pour origine le terme mathématique « googol »[27] /ˈguːgəl/[7] ou gogol en français, qui désigne 10100, c'est-à-dire un nombre commençant par 1 suivi de cent zéros[28]. Larry Page et Sergey Brin demandèrent en 1997 , à d'autres étudiants en informatique, de l'aide pour nommer le fruit de leur travail. L'idée serait venue de Sean Anderson, qui suggéra « googolplex »[29], nom qui séduisit Larry Page. Il lui demanda d'aller enregistrer le nom de domaine « googol ». Sean Anderson se serait alors trompé dans l'entrée du nom, en frappant google.com[29]. D'autres sources affirment que, le nom de domaine googol.com[30] n'étant plus disponible (déjà attribué depuis avril 1995), le nom fut modifié volontairement[31].
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Quelle qu'en soit la raison, Google prend la place de googol, plus simple et plus facile à retenir pour un anglophone, et il deviendra célèbre dans le monde entier : en 2006 , le nom du moteur de recherche, puis de l'entreprise, figurait parmi les dix marques les plus connues au monde[32] et serait devenue, depuis, la première marque connue au niveau mondial[33],[34],[35],[36]. Certains dictionnaires ont désormais inclus le verbe to google (en français, googoliser ou googler) dans leurs pages, avec le sens utiliser le moteur de recherche Google pour obtenir un renseignement sur le web[37].
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Par ailleurs, la similitude avec le mot anglais goggles signifiant « lunettes », rappelle les deux [O] de la marque. Si on ne peut pas en attribuer l'origine, Google utilise ce jeu de mots dans un de ses services de recherche photo : Google Goggles[38]. Également, 10gogol (un chiffre 1 suivi d'un gogol de zéros) s'appelle un gogolplex, dont vient le nom du Quartier général de Google[39].
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Ce terme symbolise les buts que Google s'est fixés : « organiser l'immense volume d'information disponible sur le Web et dans le monde[28] ». En effet, si le nombre de pages web indexables est gigantesque (plus de mille milliard), il reste minime par rapport à un gogol. Ce nombre, dont est issu le nom Google, exprime les dimensions potentiellement colossales et universelles du monde d'internet, unique domaine d'activité de l'entreprise.
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Les fondements de l'histoire de l'entreprise Google commencent par la rencontre de deux étudiants de l'université Stanford en 1995. Sergey Brin alors âgé de vingt-trois ans et Larry Page de vingt-quatre ans sont « pratiquement en désaccord sur tout »[40]. Cela ne les empêche pourtant pas, en janvier 1996, de commencer à travailler sur un nouveau moteur de recherche[41],[42].
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Les fondateurs de Google, alors doctorants, observent la façon dont sont classés les résultats lorsqu'ils effectuent des recherches dans les bases de données scientifiques. Ils constatent que l’exploitation des informations contenues dans la structure hypertextuelle dépend de la nature des liens entre ces documents. Ainsi l’idée d’analyser les liens inter-documents reposait sur l’observation d’une caractéristique de la littérature scientifique et aux modes d’organisation du Science Citation Index (SCI), qui consiste à attribuer une valeur à une publication scientifique proportionnellement au nombre de publications qui la cite. Ce principe revient aux travaux de Jon Kleinberg qui avait mis au point pour IBM l’algorithme HITS (Hyperlink –Induced Topic Search) qui prenait en considération l’autorité d’une page en fonction du nombre de liens pointant vers elle[43]. C’est donc en s’inspirant des travaux de Jon Kleinberg que les deux étudiants mettent au point l’algorithme de classement des pages web appelé Pagerank. Cet algorithme prend en considération les liens pointant vers une page comme un vote pour cette page. Plus une page recevrait de vote, plus elle serait considérée comme étant pertinente et plus le vote de cette page, lorsqu’elle pointerait elle-même vers d’autres pages, aurait de la valeur[44].
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Ils nomment leur projet BackRub[40]. Ils imaginent un logiciel qui analyserait les relations entre les sites web afin d'offrir des meilleurs résultats que ceux donnés par leurs concurrents de l'époque, AltaVista notamment.
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Une fois leurs travaux terminés, les deux étudiants commencent à concrétiser leur projet de moteur de recherche et achètent à cet effet un téraoctet de disques durs d'occasion, afin de créer une base de données. Cette installation sommaire a pris place dans la chambre de Larry Page[45]. Sergueï loue un bureau et se met en quête de financements. David Filo, fondateur de Yahoo!, convient de l'intérêt de leurs recherches, mais les encourage à créer leur propre moteur de recherche plutôt que vendre leurs travaux[45].
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Andy Bechtolsheim, l'un des fondateurs de Sun Microsystems, se laisse convaincre par Sergueï et Larry et leur fait un chèque de 100 000 $ pour financer leur moteur. La société Google n'est toutefois pas encore créée et Larry garde le chèque dans son tiroir pendant quelques semaines, le temps d'achever les formalités légales[45]. Le nom de domaine « google.com » est enregistré le 15 septembre 1997[46]. Les deux entrepreneurs sollicitent parallèlement famille et amis et parviennent finalement à réunir un million de dollars pour fonder la compagnie. Google Inc. s'installe dans le garage Google de Menlo Park, loué par une amie, en septembre 1998. La société emploie alors trois personnes : Sergueï, Larry et Craig Silverstein, qui est aujourd'hui directeur de Google Technology[45].
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Alors que le moteur est toujours en phase version bêta, il répond à près de 10 000 requêtes par jour. En décembre 1998, PC Magazine classe Google dans sa liste des 100 meilleurs sites au monde[47],[GPress 1]. En février 1999, c'est 500 000 requêtes journalières que Google doit gérer. Devenant trop grand pour le « garage Google », Google se déplace, en mars, dans un bureau sur l'avenue de l'université de Palo Alto et huit personnes y travaillent désormais[45]. En août 1999, la barre des trois millions de recherches quotidiennes est franchie.
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Dès janvier 1999, la presse mondiale commence à se faire l'écho des performances de ce nouveau moteur de recherche. Le journal français Le Monde écrit ainsi que le choix technologique de Google « s'avère très efficace à l'usage ». Ainsi, une recherche avec les mots « Bill Clinton » renvoie d'abord au site de la Maison-Blanche, alors qu'AltaVista ne fait apparaître le site qu'après des dizaines d'autres références[48]. Autre avantage, Google affiche les mots-clés en gras dans le contexte d'une phrase pour chaque lien, alors qu'Altavista ne fournit, à l'époque, que les liens eux-mêmes. Le 7 juin 1999, Google obtient 25 000 000 $ de capitaux propres, fournis par des sociétés de capital risque[GPress 2]. Omid Kordestani quitte Netscape pour rejoindre Google en tant que vice-directeur des ventes. Michael Moritz et John Doerr, qui avaient contribué à l'essor de Sun Microsystems, Intuit, Amazon.com et Yahoo!, s'assoient autour de la table de ping-pong - qui sert de bureau de direction - en compagnie de Ram Shriram[45]. La société déménage une seconde fois vers son emplacement définitif, le Googleplex, situé à Mountain View, en Californie. Le moteur de recherche, jusque-là en version bêta, achève sa phase de test le 9 septembre. Google assure alors la gestion de trois millions de recherches par jour.
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Le 9 mai 2000, le moteur de recherche est disponible en dix nouvelles langues : allemand, danois, espagnol, finnois, français, italien, néerlandais, norvégien, portugais et suédois[49], permettant à la société de pénétrer de nouveaux marchés et de gagner en importance. Tout juste un mois plus tard, en juin 2000, Google est le premier moteur de recherche à avoir référencé un milliard de pages web. L'entreprise cherche à étendre la portée de son moteur en concentrant ses efforts sur l'Asie, avec les versions chinoise, japonaise et coréenne (12 septembre 2000)[GPress 3], puis au monde entier, totalisant vingt-six langues dès le 27 mars 2001[GPress 4]. Fin octobre 2000, Google signe un partenariat avec Yahoo! et commence à proposer de la publicité ciblée en fonction des mots-clés[50]. L'année 2000 se termine avec la publication de la barre d'outils Google (Google Toolbar), proposée depuis en téléchargement gratuit[GPress 5], et voit le trafic journalier du site dépasser les 100 millions de requêtes[45],[51], ce qui représente plus de 1 000 requêtes/seconde en moyenne. Par son succès et sa croissance exponentielle, l'entreprise devient un phénomène mondial de presse. En mars 2001, Larry Page et Sergueï Brin font appel à Eric Schmidt, le président de l'éditeur de logiciels Novell, pour prendre la direction de l'entreprise, en tant que président dans un premier temps[GPress 6], puis PDG à partir du 6 août 2001[GPress 7], cinq jours après l'ouverture du premier bureau à l'étranger, situé à Tokyo[40]. L'année 2001 s'achève donc par une conquête physique du monde et par l'annonce de la 3 milliardième page indexée[GPress 8]. Le 4 septembre 2001, Google obtient la validation de son brevet concernant PageRank.
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Le moteur de recherche continue ainsi sa croissance, en 2003, Google compte trois cent millions de requêtes par jour[52]. Il est décliné en plus de cent langues en 2004 et cent cinquante en 2010[40]. En 2010, Google est le premier moteur de recherche sur Internet, que 80 % d'internautes américains utilisent contre seulement 35 % de Chinois, qui préfèrent l'outil chinois Baidu. En Europe, sa part de marché serait de 93 %[23].
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Le 12 août 2011, le site annonce une mise à jour de son algorithme dénommée « Panda » dans l'ensemble des versions du site (excepté les versions chinoises, japonaises et coréenne) afin de faire baisser la visibilité des sites sans valeurs ajoutées comme les comparateurs de prix ou les agrégateurs de contenus[53] (à tel point que certains sites marchands de premier plan sont désormais victimes de « pénalité Google »[54]). Outre Motorola Mobility, Google a racheté environ 2 000 brevets à IBM en 2011[55] pour éviter de nouvelles attaques menées par Apple et Microsoft contre Android[56].
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En 2012, Google a indexé plus de 30 000 milliards de documents[57] et gère à peu près 3,5 milliards de requêtes de recherche quotidiennement.
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Google, comme Amazon, Apple et Facebook, a depuis sa fondation racheté de nombreuses entreprises pour alimenter sa croissance, élargir sa base d'utilisateurs et développer de nouvelles technologies. Parmi ses acquisitions on peut citer Picasa, Android, YouTube, DoubleClick et Waze.
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C'est à partir de 2002 que l'entreprise diversifie son activité, basée jusqu'alors sur son moteur de recherche. En cette année, Google propose aux entreprises le GB-1001 de Google Search Appliance, une solution à la fois matérielle et logicielle permettant de se « connecter à leur réseau informatique afin de bénéficier des fonctions de recherche sur leurs propres documents[40] ». Google n'a pas voulu révéler le nom de son partenaire de fabrication pour les dispositifs matériels, qu'il a décrit comme basés sur des composants Intel exploitant Linux. Ce produit pouvait s'installer en rack de serveurs, stocker un index de 150 000 documents (10go) au prix de 20 000 $. Il fut décliné en un autre modèle, le GB-8008, plus performant mais plus onéreux (250 000 $)[58].
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La fonction Google Labs est également une importante nouveauté de cette année. Elle permet aux utilisateurs curieux de tester les services et produits non finalisés, mais dont la sortie en public approche[59]. Par ailleurs, AdWords voit sa tarification s'établir au nombre de clics (20 février 2002). En septembre, le service en ligne Google Actualités est disponible et permet d'afficher des pages web relatives à l'actualité en fonction des mots-clés de l'utilisateur. Ce service se base au départ du plus de 4 000 sources[60]. Un mois plus tard s'ouvre un nouveau bureau en Australie, à Sydney alors que l'effectif total de l'entreprise dépasse les 1 600 employés[40]. De ce fait, la société inaugure son nouveau Googleplex, un complexe organisé architecturalement comme un campus, au 1600 Amphitheater Parkway à Mountain View, dans lequel travaillent 800 personnes.
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Le 22 janvier 2004 Google s'essaie au monde des réseaux sociaux en mettant au point son propre site de réseautage social : Orkut. Toutefois, ce projet ne rencontre pas le succès escompté, sauf au Brésil et en Inde. Par souci de communication, Google met en ligne son propre blog officiel pour y publier l'actualité de l'entreprise, de ses produits et technologies[40]. Le 29 avril 2004, l'entreprise émet une demande auprès de la Securities and Exchange Commission pour entrer en Bourse[GPress 9]. Cette demande aboutira le 18 août 2004 à son introduction sur le NASDAQ et la vente de 19 605 052 actions, au prix unitaire de 85 $[GPress 10]. La société réalise une introduction en bourse sous forme d'enchères inversées, une méthode inédite dans l'histoire des bourses de valeurs. En huit ans le cours de l'action sera multiplié par plus de huit, avec un pic en 2012 à plus de 700 dollars. Entre-temps, Google réalise en août 2005, un an après son introduction en Bourse, afin de disposer d'un « matelas de sécurité » total de 7 milliards de dollars de liquidités pour sa croissance[61], une des plus grandes augmentations de capital de l'histoire boursière, en levant un total de 4,2 milliards de dollars sous forme de 14.159.265 actions nouvelles, soit les huit premières décimales du nombre pi[62].
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Le 1er avril 2004 Google propose Gmail[GPress 11], son propre service de courrier électronique avec une capacité initiale de 1 Go annoncée doublée pour 2005. Cette capacité est totalement inédite et foudroie la concurrence, à l'exemple de MSN hotmail, dont la capacité lui était 500 fois inférieure[63]. Ce stockage révolutionne la messagerie, qui s'affranchit dès lors du stockage des messages sur l'ordinateur par l'intermédiaire de logiciels, tels qu'Outlook. Gmail instaure donc l'ère de la messagerie email en ligne. À son lancement, l'inscription nécessitait toutefois une invitation. Son succès se traduit par un nombre croissant d'utilisateurs, 176 millions début 2010[64].
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Google propose une visionneuse d'images par rachat début juillet 2004[GPress 12] de Picasa. Ce logiciel est couplé à un compte en ligne permettant de stocker une galerie de 100 Mo. Le service connaîtra un certain succès, mais devra lutter contre le service Flickr de Yahoo! lancé en début d'année et sera concurrencé par la Windows Live Photos en 2008. Le 6 octobre 2004, Google installe son centre européen à Dublin en Irlande avec un effectif de 150 personnes[Gblog 1]. Trois semaines plus tard, on apprend le rachat de Keyhole, une société de cartographie numérique qui sera à la base de Google Earth[GPress 13], sans toutefois publier le logiciel l'année même, qui se termine par le lancement de Google Desktop search le 14 octobre[Gblog 2], de Google Scholar quatre jours plus tard[Gblog 3], et de Google Print le 14 décembre[Gblog 4] (rebaptisé Google Recherche de livres), alors que l'index de recherche affiche huit milliards de pages web[Gblog 5]. L'entreprise emploie à cette date plus de 3 000 employés[40].
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En juin 2019, Google signe la quatrième plus grosse acquisition de son histoire en mettant la main sur Looker, une société américaine spécialisée dans l'analyse des données. L'opération, financée en numéraire pour un montant de 2,6 milliards de dollars, vise à renforcer la division Google Cloud[65].
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Au Google I/O 2014, Google présente le Google Cardboard, son premier casque de réalité virtuelle fabriqué avec du carton.
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En mai 2015, Google a dévoilé la seconde version de son Google Cardboard qui présente notamment l'avantage d'être bien plus facile à monter.
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En octobre 2016, Google présente un casque de réalité virtuelle, le Daydream View, uniquement compatible avec le Google Pixel[66].
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Lors de la Google I/O 2014, Google annonce le Projet Tango, une plateforme de création de contenue en réalité augmentée. Il est abandonné en fin 2017 et fait place a ARCore qui devient plus accessible.
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Le 8 février 2005, Google pénètre le monde de la cartographie numérique en lançant en ligne un de ses produits les plus populaires : Google Maps[Gblog 6]. Ce service est gratuit mais encore limité aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Le jeudi 27 avril 2006 il couvre la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, et par la suite, les régions disponibles s'élargissent. Moins de deux mois plus tard, les fonctions très populaires de calcul d'itinéraires et de vues satellites y sont intégrées[Gblog 7]. Ce service sera plus tard utilisé pour la géolocalisation des téléphones portables[Gblog 8] et des GPS. Le 20 avril, Google introduit dans le Labs une fonctionnalité d'affichage et de recherche dans l'historique et de statistique d'utilisation de moteur de recherche[Gblog 9]. Le 19 mai, l'entreprise convie les utilisateurs de son moteur de recherche à personnaliser leurs page d'accueil par le biais de iGoogle[Gblog 10]. Le 28 juin, le concept de Google Maps est repris pour le logiciel Google Earth qui intègre quelques améliorations, notamment la topographie en relief, certains bâtiments en 3d, puis la vue sous-marine. Maps conserve sa simplicité puisque les grandes innovations sont réservées aux logiciels multiplateformes. 3 ans auparavant, Google avait lancé son propre outil de traduction gratuit en ligne[Gblog 11]. Il connaîtra un succès énorme, tant pour les internautes que pour les élèves et contribuera une nouvelle fois à la renommée de l'entreprise. La même semaine, l'entreprise annonce la sortie de sa propre messagerie instantanée Google Talk. Ce logiciel est basé sur le protocole ouvert XMPP et permet la Voix sur IP[Gblog 12]. Il offrira par la suite la possibilité de chat vidéo et d'utilisation en ligne sans logiciel téléchargé préalablement. Toutefois, malgré ces innovations, l'échec se profilera puisqu'incapable de concurrencer Skype et Windows Live Messenger. C'est au tour de Google Reader de voir le jour début octobre[Gblog 13], Google Analytics le 14 novembre[Gblog 14], puis de l'adaptation à la téléphonie de son service Gmail le lendemain[GPress 14].
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Google a bâti sa réputation d'entreprise dynamique et innovante grâce à la publication de logiciels et services utiles pour tous, performants et surtout gratuits. Google compte alors 5 680 employés[40].
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Le 20 janvier 2006 Google s'attaque au marché chinois, qui représentait plus de 110 millions d'internautes[67], avec une tendance à la forte hausse pour les années à venir avec la démocratisation de l'accès à internet. Google déplore aussi en ce pays « un service qui, pour être franc, n'est pas très bon »[Gblog 15]. Entre temps, Google opère un des plus gros rachats jamais faits, en acquérant la plateforme de partage de vidéo en ligne YouTube pour 1.65 milliard de dollars d'actions de l'entreprise[GPress 15]. Le 9 mars, on apprend le rachat de l'entreprise Writely proposant un éditeur de traitement de texte en ligne, acquis pour 8 millions de dollars[68], dans l'intention de l'utiliser comme base pour le projet Google Documents utilisant le même concept, qui sera annoncé lui, six mois plus tard[Gblog 16]. Fin mars, c'est Google Finance qui sort des cartons de Google. Il s'agit d'un outil permettant de suivre en ligne les cours et les devises[Gblog 17]. Google Agenda, un agenda en ligne gratuit est annoncé le 13 avril[Gblog 18]. Ces multiples créations de services en ligne ont pour but d'instaurer la possibilité aux utilisateurs de Google de bénéficier de cloud computing. Ces services sont par la suite destinés aux professionnels par Google Apps, le 28 août 2006[Gblog 19]. Lors de sa sortie même, ces services entraient agressivement en concurrence avec d'autres services déjà bien installés[69].
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Le 30 août 2006, Google Livres un service permettant la lecture en ligne et le téléchargement d'ouvrages littéraires entrés dans le domaine public est mis au point[Gblog 20] et alimentera des nombreuses controverses. L'entreprise entame l'année 2007 avec 10 674 employés[40]. En mai, Google permet à n'importe quel internaute d'étudier le trafic, les recherches et les statistiques de son moteur de recherche par le biais de trends[Gblog 21]. Quelques jours plus tard, une importante mise à jour de Google Maps permet de naviguer virtuellement dans les rues de certaines villes à travers des photos omnidirectionnelles[70]. Il s'agit de Street View. Le fait de pouvoir regarder ce qui se passe chez les gens ou de voir par hasard n'importe qui dans la rue provoque également des controverses sur le respect de la vie privée. Le mois de mai s'achève par le lancement de Google Gears[Gblog 22]. La deuxième moitié de l'année 2007 se caractérise par le perfectionnement et l'adaptation de services existants à d'autres langues. Dernier fait marquant, l'annonce le 5 novembre d'un OS pour téléphones portables ; Android[Gblog 23], qui concurrencera Symbian OS et Windows Mobile. Cet événement s'inscrit dans la recherche de marché dans la téléphonie mobile qui offre de plus en plus des possibilités de navigation sur internet. On dénombre 16 805 employés dans l'entreprise en fin d'année[40].
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Le projet Google Apps est complété le 28 février 2008 par l'introduction de Google Sites qui permet à tout utilisateur Google de créer facilement son propre site web dans un domaine fourni par Google[Gblog 24]. C'est une alternative peu coûteuse - la version standard de Google Apps étant gratuite - par rapport à des produits commerciaux comme SharePoint de Microsoft. En mai, selon des principes similaires à ceux de Wikipédia, Google annonce son projet Knol[71]. Pendant les mois suivants, aucune sortie notable n'intervient, mais les équipes de Google travaillent sur les produits déjà lancés. En effet, l'entreprise cherche à rendre plus accessibles plusieurs de ses outils notamment Google Traduction, Google Finance et Street View[40]. Parallèlement, Maps devient un outil pour aider les secours lors de catastrophes naturelles, en fournissant des cartes satellites actualisées et en affichant diverses données. Quelques adaptations sont également annoncées, comme la prise en charge de l'Unicode 5.1[Gblog 25] et l'adoption de l'IPv6[Gblog 26]. L'effort d'internationalisation des logiciels et services se poursuit avec un objectif de traduction en 40 langues pour un public d'internautes estimé à 98 %[Gblog 27]. Cette activité relativement faible favorise la préparation de la sortie de son propre navigateur web, Google Chrome qui est officialisé le 1er septembre 2008[Gblog 28] par une bande dessinée[72], ce qui crée un buzz, du fait du contexte et de la notoriété acquise par l'entreprise américaine. Le navigateur connaîtra une croissance non négligeable puisqu'il atteindra deux ans plus tard 6 % des parts de marché. Plusieurs versions et mises à jour suivront.
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Le 27 mai 2009, Google a annoncé son intention de développer Google Wave, un produit affiché comme révolutionnaire. Il s'agit d'une application web dont le concept mélange les notions de services de courrier électronique, de messagerie instantanée, de wiki et de réseautage social, le tout associé à un correcteur orthographique et un traducteur instantané. Une première phase de test bêta pour le 30 septembre 2009 avec la distribution de 100 000 comptes[73] aux personnes qui se seront inscrites sur leur site avec la volonté de reporter les bugs.
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Le 7 juillet 2009, Google a annoncé le projet de développement Chrome OS, un système d'exploitation open-source basé sur Linux[Gblog 29]. Cet OS se veut léger et adapté aux netbooks en plein essor.
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En novembre 2009 Google Musique indexe de la musique sur le moteur de recherche aux États-Unis pour débuter[74]. Pour assurer son autonomie énergétique et réduire ses factures d'électricité, Google a annoncé en décembre 2009 son intention de fonder Google Energy. Dans ce but en janvier 2010 Google a demandé à pouvoir bénéficier d’un statut industriel[75].
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Après de longues rumeurs et certaines annonces, le 5 janvier 2010 Google présente officiellement son téléphone lors d'une conférence de presse à son siège, à Mountain View[76]. Ce Google phone est produit par HTC. Cette action s'inscrit une nouvelle fois dans l'ambition de conquête de l'Internet nomade. Ce choix se confirme par les fortes rumeurs du lancement d'un netbook fonctionnant sous Chrome OS signé par le géant californien[77]. Le 11 février, Google lance un appel d'offres pour fournir la mise en place d'un réseau de fibre optique à 1 Gbit/s pour 50 000 personnes, voire beaucoup plus[78]. Si cette annonce incite à penser que Google voulait devenir un FAI, l'entreprise a tempéré son ambition en affirmant qu'il s'agissait plus d'un test qu'autre chose[78]. Un mois plus tard, plus de 1 100 villes américaines, principalement sur la côte est, ont fait acte de candidature, appuyées par plus de 200 000 demandes individuelles[79].
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Dans le but de créer un concurrent de Facebook, Google Me, durant l'été 2010, l'entreprise de Mountain View se lance dans plusieurs opérations financières visant aux rachats de six entreprises dont l'activité lui permettrait d'arriver à ce but. Ainsi, ont été achetées Slide (entre 182 et 228 M$), Jambool, Angstro, Zynga (achetée entre 100 et 200 M$), Like.com (100 M$) et SocialDeck[80]. Le 28 juin 2011, Google lance son service de réseau social Google+ toujours dans l'optique de concurrencer Facebook. Mais en octobre 2011, Google annonce la fermeture de plusieurs services pour janvier 2012. Il s'agit de Buzz (un réseau social lancé en 2010), Jaiku (un réseau social acheté en 2007), Code Search (outil de recherche de code open source sur le web), les fonctions sociales intégrées à iGoogle et The University Research Program for Google Search (programme qui offrait des API d’accès aux résultats de recherche à des chercheurs universitaires)[81].
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En 2011, l'entreprise atteint le milliard de visiteurs uniques par mois[82]. Le 15 août 2011, Google annonce son intention d'acquérir Motorola Mobility pour la somme de 12,5 milliards $[83].
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L'année 2013 montre la volonté de Google de se développer dans le secteur de la robotique, avec l'acquisition de 8 sociétés du domaine, dont Boston Dynamics, réputée pour sa collaboration avec le Pentagone et pour ses robots capables de courir en terrains accidentés[84]. Le département Robotique de Google est dirigé par Andy Rubin, ancien responsable du développement d'Android OS. Selon John Markoff[85], ces acquisitions seraient les prémices de la construction de systèmes autonomes capables de tout faire : aide aux tâches ménagères, livraison à domicile ou encore soin aux personnes âgées. En janvier 2014, Google acquiert Nest Labs, une entreprise américaine spécialisée dans la domotique, pour 3,2 milliards de dollars[86] Au mois de janvier 2014, Google annonce le rachat de DeepMind pour 400 millions de dollars, une startup londonienne spécialisée dans l'intelligence artificielle[87]. Dans le même temps le 29 janvier 2014, Google annonce la vente des smartphones Motorola au groupe chinois Lenovo[88]. Dans le même temps, suivant un document de la bourse de Hong Kong, Google a pris le 30 janvier 2014, une participation de 5,94 % du capital de Lenovo[89].
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Le 19 février 2014, Google officialise un investissement de 40 millions de dollars dans Renaissance Learning, une startup spécialiste en logiciels et services cloud dans le domaine de l'éducation[90].
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Le 12 mars 2014, Google confirme le rachat de Green Throttle Games, une startup spécialisée dans les jeux vidéo[91].
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En juin 2014, Google lance un nouveau service d'enregistrement de nom de domaine[92].
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Confirmant son intérêt pour les nouvelles technologies, Google investit en octobre 2014 542 millions de dollars dans Magic Leap, jeune société spécialisée dans les interactions homme-machine[93],[94]
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Le 23 avril 2015, Google entre sur le marché de la téléphonie mobile aux États-Unis en lançant Project Fi. Il devient un opérateur virtuel en louant le réseau de ses partenaires T-Mobile et Sprint. Pour l'instant, seuls les propriétaires de téléphones Nexus 6 peuvent bénéficier de cette offre[95].
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Le 17 août 2015, Google a présenté son service « Sunroof », basé sur Google Maps, et qui permet de déterminer quelles sont les toitures adaptées à l'installation de panneaux solaires. À cette date, les expérimentations se limitent aux régions américaines de Boston, de la baie de San Francisco et de Fresno[96],[97].
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Le 28 avril 2016, Google dépose un brevet sur une lentille de contact électronique permettant d'améliorer la vue. Celle-ci serait directement greffée au patient afin de remplacer la lentille naturelle de l’œil. Grâce à ses capteurs, elle adapte la vision en fonction de la lumière ambiante pour permettre de voir de près comme de loin[98].
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En mai 2016, Google annonce conjointement avec Facebook leur projet de créer un câble sous-marin transatlantique à haut débit afin d'accélérer la vitesse d'accès à leurs services et au Cloud. Le projet du nom de MAREA devrait relier les villes de Virginia Beach aux États-Unis à Bilbao en Espagne[99].
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Le 16 septembre 2016 Google lance Trips, une nouvelle application qui permet d’organiser ses voyages et, une fois sur place, d’accéder à toutes les informations nécessaires, même sans connexion[100].
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En novembre 2016, Google présente une nouvelle application Cloud Jobs API permettant aux employeurs et aux demandeurs d'emploi de trouver des offres en les recherchant par mots-clefs. Google n'est pas nouveau sur le marché numérique du travail, depuis la création d'Adwords[101] en 2000, les agrégateurs d'offres d'emploi peuvent débourser de l'argent pour que leur site apparaisse en premier dans le moteur de recherche pour certains mots clefs (RH, développeur par exemple).
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En 2017, Google a payé 3 milliards de dollars à Apple pour rester le moteur de recherche par défaut sur les terminaux iOS contre un milliard trois années auparavant[102].
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En 2017, HTC vend une partie de ses activités notamment concernant ses téléphones pixels et certaines de ses licences et droits à Google pour 1,1 milliard de dollars[103].
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En décembre 2018, Google lance en France son système de paiement mobile avec une banque partenaire. Google Pay est accessible aux utilisateurs d’Android[104].
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En 2006, Google accepte de brider son moteur de recherche afin de pouvoir s'implanter en Chine. Le gouvernement chinois a en effet imposé certaines conditions pour l'entrée sur le marché d'internet, la censure notamment. Les cofondateurs expliqueront qu'« Afin de travailler à partir de la Chine, nous avons retiré certains contenus des résultats de recherches obtenus sur Google.cn, en application de la législation et de la réglementation locales »[105]. Ainsi, à partir du 25 janvier 2006[106], une recherche images sur « Tian'anmen » affiche, dans Google.fr, la célèbre photo de l'étudiant barrant la route aux chars, symbole des manifestations de la place Tian'anmen, tandis que, sur Google.cn, les résultats affichent des portraits de familles joyeuses ou des photos de monuments[107]. Cette action a fait couler beaucoup d'encre dans les médias mondiaux. Toutefois, une telle censure a été entreprise volontairement de la même manière à des sites racistes, islamistes ou révisionnistes, dans les versions française et allemande de Google[108], conformément au protocole additionnel à la convention sur la cybercriminalité de 2001.
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Cependant, le 12 janvier 2010, une attaque double pirate massive et « hautement sophistiquée » venue de Chine dite « Opération Aurora » a ciblé plus d'une vingtaine d'entreprises dont Adobe, Google et Intel. Cette opération a permis à ses auteurs le vol de secrets industriels et la copie des mails de milliers d'exilés chinois et de militants des droits de l'homme[109]. Ces atteintes, malgré le respect et l'application des conditions imposées par le gouvernement chinois, provoqueront la fureur de l'entreprise californienne, qui menacera de ne plus appliquer aucune censure en reconnaissant que cette décision pourrait la contraindre à quitter le pays, mais retirer directement ses services de Chine[Gblog 30],[110]. 2010 est l’année où google est censuré en Chine (sauf Hong Kong et Taiwan)[111].
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Cette annonce fut perçue par certains forums comme un bluff, puisque le marché de l'internet est très porteur (384 millions d'internautes fin 2009[67]) et que Microsoft a annoncé son intention de poursuivre ses activités avec Bing malgré tout[112]. Pour rendre hommage et affirmer leurs soutiens à de telles décisions, de nombreux Chinois déposèrent sur l'édifice portant le logo de l'entreprise fleurs, bougies et mots de soutien[113]. Ces actions sont devenues des phénomènes très médiatisés et l'affaire prit les tournures d'un incident diplomatique entre les États-Unis et la République populaire de Chine.
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Les trois principaux moteurs de recherche dominants en Chine, en 2016 sont[111] :
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En août 2015, Larry Page, ex-directeur de Google, annonce une importante réorganisation de l'entreprise. En effet, l'entreprise Google devient une filiale du nouveau groupe Alphabet. L'entité nommée Google se voit ainsi retirer toutes les activités qui ne concernent pas Internet ou l'informatique et qui deviennent des filiales à part entière d'Alphabet[114]. Ces filiales sont :
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Cependant, Google, qui est à présent dirigé par Sundar Pichai[115] garde, sans aucune modification, les autres marques plus connues du grand public, tel que le moteur de recherche Google, YouTube, Android, Google Play, Google Livres, AdSense[116].
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Pour les utilisateurs, cette restructuration ne change strictement rien, du moins à court terme. En effet, la restructuration et la création d'Alphabet permettent surtout d'améliorer la transparence de l'entreprise, et de séparer les activités qui ne rapportent pas d'argent (Calico, Google X) de la branche Internet, qui à elle seule rassemble presque tous les profits[117].
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En mai 2019, l'entreprise relance les Google Glass avec le modèle Enterprise Edition 2. Les Google Glass quittent le laboratoire X pour rejoindre la gamme des produits vendus directement par Google[118].
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Le 4 décembre 2019, Larry Page et Sergey Brin, co-fondateurs de Google et par extension Alphabet, annoncent leur départ de la direction de l'entreprise. Ainsi, Sundar Pichai devient le CEO de Google en plus d'Alphabet[119].
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Google possède des infrastructures et des bureaux partout dans le monde, même s'ils sont plus nombreux en Europe, aux États-Unis, en Inde et Chine littorale[120]. Le principal lieu où est mis en place le développement de Google est le Googleplex situé en Californie. Le googleplex est constitué de quatre principaux bâtiments, totalisant 47 038 m2 sur un terrain de 11 hectares. Le Googleplex abrite aussi le site de développement du système d'exploitation pour smartphones et appareils mobiles, appelé Android.
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Dans ce complexe, 350 salariés travaillent sous les ordres de Jean-Marc Tassetto. À l'ouverture de ce centre, Eric Schmidt a déclaré : « La France est l’un des plus importants centres de culture, d’affaires et de technologie au monde. Le pays a rapidement adopté Internet et les Français aiment de plus en plus Google. Nous souhaitions donc plus nous impliquer et je suis heureux que le plan d'investissement lancé en septembre 2010 donne maintenant naissance à des réalisations concrètes, comme l'Institut Culturel et le Centre de R&D. J'ai hâte de voir la suite de ces projets mis en œuvre[122]. » Le 1er février 2013, aux termes d'un accord conclu avec les éditeurs de presse français, la société s'engage à financer à hauteur de 60 millions d'euros un fonds d'aide à « la transition de la presse vers le monde du numérique »[123].En mars 2013, Nick Leeder, Australien francophone et formé notamment à l'INSEAD, succède à Jean-Marc Tassetto, démissionnaire[124],[125].
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Le moteur de recherche Google repose principalement sur l'exploitation de la technologie PageRank. Le premier brevet (US 6.285.999 B1, intitulé « Method for Node Ranking in a Linked Database »), déposé en janvier 1997 et enregistré le 9 janvier 1998, est la propriété de l'université Stanford[126]. Le texte du brevet est accessible sur le site du bureau des brevets des États-Unis, qui a licencié cette technologie à Google en 1998 (amendée en 2000 et 2003), deux mois après sa fondation. Il s'agit d'une licence exclusive jusqu'en 2011, l'exclusivité prenant fin à cette date[127].
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Les recherches qui ont abouti au développement de la technologie du PageRank ont été financées en partie par la National Science Foundation (Grant NSF - IRI-9411306-4). Il est donc précisé dans le brevet que le gouvernement a certains droits sur cette invention[128].
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Google existe en grande partie grâce aux logiciels libres sur lesquels il a été bâti dès l'origine, tels Linux, MySQL et Python, qu'il a contribué à améliorer en retour. Google emploie Andrew Morton, un contributeur très important au noyau Linux et a contribué au code de MySQL. Le logiciel libre permet à Google de repérer des programmeurs talentueux, capables non seulement d'imaginer des solutions techniques, mais aussi de les mettre en œuvre. Pour les attirer, Google a créé un environnement de travail où sont encouragées l'innovation, les idées techniques et la participation aux projets open source. Ainsi chaque développeur dispose de 20 % de temps libre pour travailler sur un projet de son choix, qu'il soit libre ou pas.
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Google a, de 2004 à 2014, soutenu la fondation Mozilla à travers un partenariat, car la mission de Mozilla - « préserver le choix et l'innovation sur l'Internet » - sert les intérêts de Google. Google est le moteur de recherche par défaut de la barre de recherche de Mozilla Firefox en Europe. Les internautes européens utilisant Firefox font des recherches sur Google et cliquent sur les publicités d'AdSense. Les revenus que Google en tire sont alors partagés avec Mozilla, ce qui leur permet d'avoir les moyens financiers pour améliorer les standards du Web et les logiciels qu'ils éditent (dont Firefox et Mozilla Thunderbird), ce qui pousse les autres éditeurs de navigateur web à faire de même. En définitive, c'est Internet dans son ensemble qui bénéficie de ces améliorations et Google (ou d'autres) peut alors utiliser ces nouvelles possibilités dans ses produits grâce à son cycle rapide d'innovation.
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Google participe à l'open source et le soutient :
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Google tire la majorité de ses revenus de la publicité avec différents mécanismes.
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Avec le système AdWords, littéralement publicité liée aux mots, Google vend des mots clés aux enchères. Si une personne fait une recherche avec ce mot, les liens des sites de ceux qui ont participé aux enchères s'inscrivent dans la partie des liens commerciaux selon un ordre déterminé par l'algorithme de Google[135]. Chaque fois qu'une personne sélectionne un de ces liens, l'annonceur concerné doit verser une certaine somme à Google. C'est ce qu'on appelle le coût par clic[26].
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Le système AdSense for search permet à un site web d'accueillir un moteur de recherche offrant la technologie de Google et par extension les publicités AdWords suivant les mots-clés sur ses pages web. Google reverse une partie de ses gains, toujours au coût par clic, à ce site web, le partage étant de 51 % pour l'éditeur et 49 % pour Google. De même le système AdSense for Content permet à un éditeur d'afficher les encarts publicitaires de Google sur son site web, qu'il soit consulté sur ordinateur ou sur mobile, les revenus générés sont répartis à hauteur de 68 % pour l’éditeur et de 32 % pour Google[26],[136].
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Gmail comporte un affichage publicitaire contextuel dans la fenêtre de lecture des emails, la rémunération de Google étant toujours au coût par clic[26]. YouTube comporte également des publicités. Le réseau Display de Google permet à un annonceur de cibler précisément les modes de diffusion et les sites de contenu de sa campagne publicitaire ; l'internaute ne consultant un moteur de recherche et donc la publicité que 5 % de son temps, Google optimise les canaux de diffusion de la publicité[137].
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En dehors des activités publicitaires, Google a d'autres sources de revenus. Pour l'espace de stockage en ligne, Google propose un espace gratuit de stockage à ses utilisateurs pour enregistrer les documents sur les serveurs Google, et y accéder depuis n'importe quel poste. Lorsqu'un utilisateur atteint la limite d'espace disque autorisé par utilisateur, il peut acheter de l'espace disque supplémentaire.
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Google Apps propose une solution de collaboration, qui réunit plusieurs outils bureautiques et de production. Une version gratuite est disponible, mais les organisations/entreprises désirant utiliser toutes les fonctionnalités de cette solution doivent payer mensuellement pour bénéficier de services supplémentaires.
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Google Play Store est un magasin en ligne destiné à la vente de musique, de livre, d'applications Android et d'appareil Google Nexus, tablettes et smartphones.
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Google est une des startups qui ont franchi sans encombre le krach du NASDAQ en 2001, notamment du fait qu'elle n'était pas cotée. L'entreprise s'est introduite en Bourse par un système peu usité d'enchères en mai 2004 qui a comprimé de 5,5 à 1,5 % les commissions perçues par les banques d'affaires ; introduite à 80 $, l'action cotait 250 $ un an plus tard, ce qui valorisait l'entreprise à près de 74 milliards de dollars. Début 2006, l'action coûte 460 $ environ, elle franchit la barre des 600 $ (609,62 $) le 8 octobre 2007, puis celle des 700 $ le 31 octobre 2007, ce qui la place au quatrième rang en termes de capitalisation à la Bourse de New York. Avec les différentes crises financières de fin 2007 et début 2008 sur les marchés financiers et l'annonce d'un probable rachat de Yahoo! par Microsoft, l'action Google a chuté passant de 712 $ fin 2007 à 609 $ en février 2008.
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Le code de l'action au NASDAQ est GOOG. Le 2 avril 2014, le cours est divisé entre GOOG et GOOGL, le premier regroupant les titres de classe A et le second de classe C. Les actions de classe B sont toutes détenues par les fondateurs, Larry Page et Serguey Brin, ce qui renforce leur contrôle sur la direction de l'entreprise[138].
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Le 20 décembre 2005, Time Warner annonçait que Google allait prendre 5 % de participation dans le capital de sa filiale AOL[139],[140].
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Afin d'éviter de payer les impôts auxquels sont soumises la plupart des entreprises américaines et européennes, Google utilise la technique dite d'« optimisation fiscale ». Les licences Europe, Moyen-Orient et Afrique de la marque sont exploitées par une société domiciliée aux Bermudes. Et « pour échapper au Trésor américain qui impose à hauteur de 35 % les bénéfices des entreprises rapatriés de l'étranger, la multinationale les laisse dormir aux Bahamas »[141].
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Selon Bloomberg, Google aurait réalisé une économie de 3,1 milliards de taxes sur les bénéfices en 2007 et 2009. En 2009, Google serait parvenu à abaisser son taux d'imposition à 2,4 % sur ses activités hors États-Unis, grâce à sa filiale irlandaise par laquelle transitent 88 % de ses activités internationales. Le taux d'imposition sur les bénéfices des sociétés, en Irlande, est, en effet, de 12,5 % contre 25 % en moyenne dans les autres pays où Google réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires. Mais Google a également cherché à réduire le montant des bénéfices imposables de sa filiale irlandaise en lui imposant de reverser des redevances à une filiale néerlandaise, condition sine qua non afin que l'Irlande accorde l'exonération fiscale à Google Ireland Holdings, société jumelle de Google Ireland Limited, la filiale opérationnelle. Google Ireland Holdings transfère ses redevances à la filiale néerlandaise qui les transfère ensuite aux Bermudes. Cette stratégie a permis à l'entreprise de cumuler plus de 39 milliards de dollars au comptant[142].
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Le véhicule juridique utilisée par Google aux Bermudes, Google Bermuda Unlimited a été adopté en 2006 et lui permet d’échapper à la fiscalité des pays où sont réalisées les ventes, mais également à l’obligation de publier ses comptes[143].
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Selon Paul Tang, économiste et membre de la délégation du Parti Travailliste hollandais (PvdA) au sein du groupe de l’alliance des socialistes et des démocrates au parlement européen (Progressive Alliance of Socialists & Democrats in the European Parliament (S&D)), Alphabet, la maison mère de Google, n’aurait été imposé que de 0,36 à 0,82 % de son chiffre d’affaires entre 2013 et 2015 à l’intérieur de la zone UE, alors qu’Alphabet est imposé de 6,49 % à 8,79 % hors UE[144]. Ainsi, au sein de l’union européenne, les pertes s’enregistrent à hauteur de 3 955 millions d’euros entre 2013 et 2015[144].
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Si un taux de taxation à hauteur de 2 à 5 % avait été appliqué entre 2013 et 2015 tel qu’il avait été suggéré par le conseil ECOFIN, les pertes en cas d’évasion fiscale vis-à-vis de ce taux (virtuel) auraient été comprises entre 1 262 et 3 155 millions d’euros au sein de l’UE[144].
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Le 18 décembre 2013, une étude menée par VRDCI[145] montre que les revenus de Google en France seraient supérieurs à ses déclarations. Entre novembre 2012 et novembre 2013, Google aurait réalisé 1,43 milliard d'euros en France, un chiffre loin des 193 millions d'euros déclarés par l'entreprise en France (lors de l'exercice fiscal 2012)[146].
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Au terme d'une enquête commencée en 2011, le fisc français en février 2014 aurait décidé d'infliger un redressement fiscal de près d'un milliard d'euros à Google pour s'être soustrait à l'impôt[147]. Lors de cette enquête (nom de code « Tulipe »), les membres du parquet ont travaillé durant une année hors connexion, pour garantir une confidentialité maximale autour du dossier[148].
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En 2017, le tribunal administratif de Paris annule ce redressement fiscal qui concerne la période de 2005 à 2010, au motif que Google ne disposait pas en France d’un établissement stable[149]. L'administration fiscale ayant fait recours, la justice donne raison à Google et confirme en avril 2019 l'annulation de ce redressement fiscal de 1,15 milliard d’euros[150].
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Selon le rapport de Paul Tang, en France, pour 55 millions d’utilisateurs en 2015 (représentant 14 % du flux internet en Europe) les pertes dues à l’évasion fiscale s’enregistrent à hauteur de 544 millions d’euros entre 2013 et 2015[144].
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Le logo de Google est très simple et provient de son moteur de recherche. Il est constitué du mot Google écrit en police Catull, dont les lettres sont colorées dans l'ordre suivant : bleu-rouge-jaune-bleu-vert-rouge. Cette composition n'a pas changé depuis 1999, si ce n'est la mention « bêta » et le point d'exclamation qui ont disparu. Il a été créé par Ruth Kedar, qui enseignait le design à l'université Stanford à l'époque où les fondateurs du moteur de recherche, Larry Page et Sergey Brin, étudiaient[151]. Cette architecture de couleur et de forme se retrouve sur plusieurs produits, notamment Gmail.
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Si le logo de l'entreprise ne change pas, celui de son moteur de recherche est régulièrement remplacé pendant un jour pour marquer ou commémorer un événement particulier. Ces logos, présents uniquement sur la page d'accueil, sont alors visuellement adaptés au thème de la journée. Ce sont les Google Doodles (« doodle » désigne un gribouillage en anglais et permet une paronomase avec « Google »). Il est possible de visualiser le logo Google en art ASCII en recherchant ce même terme dans le moteur de recherche de Google.
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Google a gardé son premier logo assez longtemps. Le logo est connu pour ses lettres multicolores et en relief. À partir de fin septembre 2013, Google change légèrement son logo, pour plus de modernisation : les couleurs sont plus pâles et les lettres sont désormais en deux dimensions.
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Le logo change à nouveau dès septembre 2015, pour prendre une police plus grasse et arrondie, tout en gardant les mêmes couleurs pour chaque lettre.
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Logo de la beta de Google (de 1998 à 1999).
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Logo de Google utilisé de 1999 à 2010.
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Logo de Google utilisé de 2010 à 2013.
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Logo de Google de 2013 à septembre 2015.
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Logo de Google depuis le 1er septembre 2015.
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Jusqu'en octobre 2015, le slogan de Google est Don't be evil[152] (« Ne soyez pas malveillants »). Au printemps 2004, la phrase figurait même en tête du courrier adressée aux investisseurs, quelque temps avant leur entrée en bourse. Larry Page a écrit que « Par cette phrase qui est notre devise, nous avons tenté de définir précisément ce qu'être une force bénéfique signifie - toujours faire la chose correcte, éthique ». Cette devise résume assez bien la volonté supposée de Larry Page et Sergey Brin qui tend à faire de Google une société qui œuvre pour un monde meilleur[153].
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La société a parfois été prise à partie sur son slogan, en particulier à propos du filtrage interdisant l'accès à certains sites ou à des pages contenant certains mots depuis la Chine. En particulier, google.cn veille à ne pas faire figurer sur ses pages de réponse les chaînes de caractères qui provoquent la déconnexion de l'utilisateur par les mécanismes de surveillance automatique que doivent assurer les fournisseurs d'accès. Elle a expliqué que, selon elle, mieux valait pour les utilisateurs chinois un Google imparfait que pas de Google du tout.
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En octobre 2015, le slogan est remplacé par Do the right thing[154].
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En avril 2018, Don't be evil a été complètement supprimé du code de conduite d'Alphabet[155]. Seule une mention subsiste, la dernière phrase : « And remember… don’t be evil, and if you see something that you think isn’t right – speak up ! » (« Et rappelez-vous... ne soyez pas malveillant, et si vous voyez quelque chose qui vous semble mal : exprimez-vous ! »)[156].
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Google est connu pour sa discrétion, voire son silence auprès des journalistes. Un exemple documenté est celui de Mark Jen, un nouvel employé qui arrive chez Google le lundi 17 janvier 2005. Celui-ci crée alors un blog, retraçant ses impressions sur la société. Mais peu à peu, le ton du blog devient contestataire, Mark Jen allant même jusqu'à déclarer que « Les avantages que procure Microsoft au niveau des soins ridiculisent ceux qu'offre Google. » Le 28 janvier, Mark Jen apprend son licenciement, à cause de son blog. Cet exemple illustre la volonté de discrétion de la société, les journalistes n'arrivant quasiment jamais à décrocher un entretien avec les deux fondateurs, Page et Brin[157].
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Pour être en accord avec sa politique de développement durable, des services de covoiturages sont organisés et les déplacements entre les bâtiments se font à vélo. Les bâtiments sont surmontés de plusieurs milliers de capteurs solaires. Dans la même visée, au lieu d'employer des tondeuses à gazon pour débroussailler les alentours du googleplex dans des mesures de lutte anti-incendie, l'entreprise a recruté 200 chèvres[158],[Gblog 31].
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Toutefois cet affichage est mis à mal par la réputation de la société d'être un très grand consommateur d'énergie[159], par le biais de ses grappes de serveurs.
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Fin juin 2011, Google injecte 280 millions de dollars dans l'entreprise SolarCity, ce qui porte ses investissements totaux dans les énergies vertes à 680 millions $[160].
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Fin septembre 2011, Google s'associe à Clean Power Finance (en) et investit 75 millions de dollars pour installer des systèmes d'énergie solaire chez des particuliers dans le but de démocratiser cette énergie auprès des citoyens[161].
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En juillet 2016, Google a fait installer l'intelligence artificielle DeepMind au sein de ses serveurs pour faire baisser sa facture d'électricité en refroidissement de 40 %[162].
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Google entend fonctionner avec une hiérarchie légère et peu contraignante. L'autonomie et un encadrement libéral offrent aux employés des postes de travail moins stressants. Des plannings sont établis pour établir les lignes directrices du travail collectif ; Google incite toutefois ses employés à adhérer à la politique du 80-20 : un horaire composé de 80 % de travail imposé par la direction et 20 % du temps consacré à des projets autonomes sans restrictions notables[163].
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Par ailleurs, Google s'efforce de créer un cadre de travail motivant. Appliquant les principes d'organisation adhocratique, il laisse ses employés libres de gérer l'environnement de leur poste de travail[164] et prône le travail en équipe. Pour ce faire, l'entreprise utilise des plannings communs et des wikis internes. Les lieux de travail sont également radicalement différents de ceux des autres entreprises : la direction offre à ses salariés l'utilisation gratuite de nombreuses installations de divertissement ou de bien-être. Le Googleplex, siège de l'entreprise, comporte des salles de repos, des salles de billard, des terrains de sport, une piscine, un service de massage ou de coiffure[163]. Les employés sont autorisés à amener leur chien, mais pas leur chat, au Googleplex[165].
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Cette politique de bien-être a pour objectif de générer une plus grande motivation et, en conséquence, une productivité accrue[165]. Parallèlement, cette vie professionnelle hors norme devrait fidéliser les employés[165], assurant ainsi la stabilité de la masse salariale[166],[167]. En effet, d'un point de vue sociologique, cette forme de travail se base sur une très forte intégration de ces derniers au sein de l'entreprise[168] : cette intégration permet aux valeurs de groupe de prendre l'ascendant sur les sentiments personnels et incite les employés à faire passer les intérêts de l'entreprise avant leurs intérêts propres.
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À mesure que Google se développe et prend une importance de plus en plus considérable dans la gestion des informations mondiales, se développent en parallèle de nombreuses critiques d'une entreprise dont quelques hommes politiques (par exemple Jean-Noël Jeanneney[169]) craignent qu'elle puisse abuser de sa position, notamment en recueillant des données très privées des internautes utilisant ses services, et en les utilisant, voire en louant l'usage, de manière abusive. Un nombre croissant d'instruments informatiques a ainsi été développé par différents groupes d'activistes et de militants pour limiter les capacités intrusives de Google. Il s'agit par exemple de masquer les publicités AdWords.
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Parmi ces instruments, on peut citer le réseau Tor (« The Onion Router », littéralement : « le routage en oignon »), qui anonymise les internautes (le résultat visible avec Google est que les publicités ne sont plus ciblées) ; le logiciel Scroogle, un « Google Scraper » développé par l'activiste Daniel Brandt[170] qui détourne le moteur de recherche, lui fournit une nouvelle adresse I.P. à chaque recherche, et accepte l’installation du cookie sur son serveur avant de le jeter à la poubelle ; ou encore l'extension pour Mozilla Firefox « Optimize Google, » qui permet de rendre anonyme le cookie Google, empêche Google Analytics de récolter des statistiques sur l'utilisateur et supprime également les publicités, à l'instar de Adblock Plus (extension de navigateur). Par ailleurs, certains sites militant pour la défense de la protection des informations privées[171] donnent des informations sur la manière dont les internautes peuvent faire valoir auprès des régies publicitaires, et notamment auprès de Doubleclick, leur droit d'exiger que les données les concernant ne soient pas récoltées (elles le sont par défaut, mais il existe un système d'opt-out).
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La régie publicitaire Doubleclick est rachetée par Google en 2007 pour 3,1 milliards de dollars ce qui induit une forte concentration du marché entre les mains d'un seul acteur, mais en dépit de protestations la Federal Trade Commission et la Commission européenne ont validé ce rachat[26].
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La question de savoir s'il vaut mieux à volume égal se voir présenter de la publicité non ciblée que ciblée reste évidemment un sujet de controverse[172].
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Au cours du premier semestre 2014, Google a dépensé 9,5 millions de dollars pour faire du lobbying, soit plus que presque toute autre entreprise. Selon Marc Rotenberg, président du Electronic Privacy Information Center, Google finance un grand nombre de groupes de réflexion axés sur la politique de l'internet et des télécommunications. Cette stratégie a réduit au silence les critiques contre l'entreprise au cours des dernières années[173]. D'après Barry Lynn de la New America Foundation, « Google est très agressif en jetant son argent autour de Washington et de Bruxelles, puis en tirant les cordes [...] Les gens ont peur de Google maintenant ». Toujours selon Lynn, Google essaye de « censurer les journalistes et les chercheurs qui luttent contre les monopoles dangereux »[174]. À la suite d'une publication louant les sanctions de l'Union européenne contre Google, Barry Lynn a été licencié de la New America Foundation et sa publication a été temporairement supprimée en raison d'un « problème interne non intentionnel »[174]. La New America Foundation est un think tank de Washington qui a reçu plus de 21 millions de dollars de Google. La New America Foundation est perçue comme une voix qui compte au sein de la gauche américaine[175],[174].
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En avril 2015, la commission européenne après enquête présente à Google une « communication de griefs » sur sa position dominante. La commission accuse le moteur de recherche de mettre en avant ses propres services au détriment de ceux de ses concurrents dans les résultats de recherche notamment son comparateur de prix Google Shopping et cela « en violation des règles de l’Union européenne en matière d’ententes et d’abus de position dominante » selon les termes de Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la concurrence. Cela présenterait également à l'utilisateur des résultats qui ne seraient pas les plus pertinents. D'autre part une enquête est également ouverte concernant des faits de distorsion de concurrence pour son système d’exploitation mobile Android. La peine encourue par Google serait une amende pouvant représenter 10 % de son chiffre d'affaires, soit environ six milliards de dollars[23],[176],[177]. En juin 2017, Google est condamné par les autorités de la concurrence européenne à une amende de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante via son comparateur de prix Google Shopping[178].
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Selon d'anciens cadres de Mozilla, Google aurait saboté Firefox pendant des années en y introduisant de petits bugs afin de favoriser l'application Google Chrome[179].
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Le 9 avril 2020, l'Autorité de la concurrence française a prononcé des mesures conservatoires à l'encontre de Google, l'obligeant à négocier la rémunération des éditeurs de presse en ligne[180].
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Les géants du web détiennent un quasi-monopole sur le flux d'informations et, en tant que tel, sont en mesure de manipuler le discours public[181]. Internet est un ensemble de services de base. La plupart de ces services sont détenus et gérés par des sociétés privées, qui hébergent le contenu et donnent aux utilisateurs la possibilité de le consulter ou d’en créer de nouveaux. Si ces fournisseurs de services de base ne veulent pas de quelque chose sur Internet, ils peuvent le censurer et le faire disparaître d'internet dans le monde entier[182]. Ce contrôle d'Internet est dans les faits concentré dans les mains de quelques entreprises massives qui font tout pour que le public n'en soit pas conscient[182].
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Selon l’éditorialiste Tucker Carlson, « Google est en 2017 la société la plus puissante de l'histoire du monde. Google contrôle la réalité et a déjà démontré une volonté troublante de fausser cette réalité à des fins idéologiques »[181]. Réagissant à un blocage des revenus grâce aux contenus publicitaires de centaines de vidéos sur Youtube, SkyNews écrit « c'est de l'intimidation. Le débat n'existe plus »[183].
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En avril 2017, Google développe un nouvel algorithme pour rendre plus difficile l'accès aux sites propageant des « théories du complot » et conforter la place des médias dominants. Toutefois, pour ses détracteurs, la mesure s'apparenterait à une censure des sites présentant des opinions différentes, dont la couverture et l’interprétation des événements s’opposent à celles des médias dominants. Certains sites, comme WikiLeaks ou des sites critiques de la politique extérieure des États-Unis, ont connu une baisse massive de visites[184].
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Google empêche l'accès au Google Play Store à de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Disconnect qui a porté plainte auprès de l'Union européenne[185], les applications AdBlock Plus en 2013 et AdBlock Fast en 2016[185] et d'une manière générale Google crée systématiquement des obstacles pour les utilisateurs Android pour télécharger d'autres magasins d'applications depuis Google Play[186]. En septembre 2017, le réseau social Gab.ai a intenté un procès contre Google qu'il accuse de violer les lois antitrust fédérales en ayant banni l'application du Google Play[187]. À cette occasion, Andrew Torba, chef de la direction de Gab.ai, a déclaré « Google est la plus grande menace pour la libre circulation de l'information »[187].
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La multiplication des services proposés par Google engrange une demande accrue de renseignements sur les utilisateurs : suivi de la navigation et stockage des mots-clés, scan des mails dans Gmail, des informations livrées dans les formulaires, entre autres. Cela pose à chaque innovation la question du respect de leur vie privée, comme le note la philosophe et philologue Barbara Cassin dans son ouvrage sur Google. Google croise ces données pour affiner le profil des utilisateurs, et améliorer le ciblage des publicités sur internet.
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Une telle concentration d'informations sur les individus et leur conservation inquiètent les organisations de défense de la vie privée sur internet, comme l'Electronic Frontier Foundation[188] ou le « Groupe de travail de l'article 29 »[189] de la Commission européenne, une nouvelle forme de surveillance très sophistiquée et un danger pour la liberté des personnes. Récemment, Google fut placé tout en bas du classement[190] élaboré par l'ONG Privacy International, qui dit de Google qu'elle est « ennemie du respect de la confidentialité en raison de la surveillance totale des utilisateurs ». Tout ceci est d'autant plus inquiétant depuis que Google a signé un contrat de sécurisation avec le NSA, services secrets des États-Unis, laissant présager la fourniture des informations des usagers à ces services[191]. Google est également attaqué en Allemagne par l'équivalent allemand de la CNIL, car sa Google Car collecterait toutes les informations sur les HotSpot Wi-Fi et leurs adresses MAC sur son passage[192]. Le 29 avril 2012, le New York Times révèle que cette collecte de données personnelle n'était ni fortuite ni une erreur, mais que des responsables avaient été avertis. Ces derniers n'ont pas stoppé la démarche[193],[194]. En 2004, Google, associé à AOL, Amazon.com, CNet, eBay, Microsoft et Yahoo!, a pratiqué aux États-Unis du lobbying contre le Spyware Control Act en Utah obligeant de demander l'accord explicite de l'utilisateur pour activer des options de traçage de ses choix ou avant l'installation d'un logiciel espion[195]. Les raisons de leur opposition, selon eux, étaient d'ordre technique et non éthique : dans la lettre envoyée au sénateur Valentine et au représentant Urquhart, ils reconnaissent les très bonnes intentions de la loi[196].
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Au sujet des éventuelles techniques de traçage employées par Google, Google Watch, site de l'activiste américain Daniel Brandt, tente de démontrer les failles et le manque de neutralité de Google et propose un proxy, Scroogle, permettant de soumettre une recherche Google sans être épié d'une quelconque façon. Il dénonce entre autres sa censure orientée, dans d'autres pays comme la République populaire de Chine[197], ou les États-Unis, concernant l'invasion de l'Irak et la prison d'Abou Ghraib. À ce sujet, Google a dans un premier temps refusé de se plier aux injonctions du gouvernement américain fin 2006 en ne lui donnant pas accès aux listes de recherche et URL qui lui étaient demandées pour contribuer à une loi sur la répression de la pédophilie. Néanmoins, ils ont ensuite remis 50 000 URL au gouvernement, mais le juge chargé de l'affaire a décidé que Google n'avait pas à remettre les listes de mots-clés demandées par le gouvernement[198]. En France, les garanties de respect de la vie privée apportées par la CNIL ne sont pas applicables à des services dont les serveurs sont situés hors du territoire national. Le refus de Google[199] de se soumettre aux lois locales crée donc une extension de fait de la juridiction américaine. Ce refus lui a valu le Big Brother Awards français 2007.
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En 2007, le chef du service expertise informatique de la CNIL juge ainsi : « En clair, Google peut contrôler toutes les données personnelles des individus. En exploitant de façon corrélée ces outils, Google pourrait se transformer en une redoutable société de surveillance. […] Les internautes doivent savoir qu'en utilisant les services de Google, ils lui donnent la possibilité de les surveiller »[200]. Seul Google n'a pas réagi à la recommandation du G29 (Union européenne), c'est-à-dire « de porter à six mois maximum, contre au moins douze mois aujourd’hui, la durée pendant laquelle les moteurs de recherche sur Internet ont le droit de conserver ou d’utiliser les données personnelles »[201].
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En 2012, Google modifie sa politique de règles de confidentialité, et prévoit de stocker et croiser tout élément concernant ses utilisateurs : données personnelles telles que nom, adresse, numéro de téléphone, numéro de carte de paiement, données techniques sur les appareils connectés et leurs paramétrages, journaux de consultation ou d'utilisation des outils Google[202].
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En 2013, le moteur de recherche communique le nombre de ses comptes internet surveillés par le gouvernement américain, dans le cadre du Patriot Act, qui cherche à prévenir d'éventuelles activités terroristes[203].
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Le 8 janvier 2014, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a sanctionné Google à une amende de 150 000 euros, estimant que les règles de confidentialité mises en œuvre par la firme depuis le 1er mars 2012 ne sont pas conformes à la Loi informatique et libertés en France[204]. La sanction pécuniaire s'accompagne de l'obligation de publier un communiqué sur la page d'accueil de Google.fr pendant 48 heures[205],[206].
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Le 13 mars 2014 la Cour européenne de justice a débouté Google dans une affaire de « droit à l’oubli numérique ». La Cour européenne de justice a estimé que l’exploitant d’un moteur de recherche est responsable des données personnelles qui apparaissent sur ses pages et de leur traitement[207]. Face à la pression effectuée par la Cour européenne de justice, Google s'est montré très réactif et a mis en place le 30 mai 2014 un formulaire de droit à l'oubli qui permet à l'internaute qui le souhaite de faire effacer certaines informations le concernant[208],[209]. Le résultat est au rendez-vous puisqu'en 24 h, la firme de Mountain View avait déjà reçu 12 000 requêtes[210]. Mi-juillet 2014, Google nomme un comité consultatif de dix experts, qui est chargé de rédiger un rapport avec des recommandations afin d'appliquer la mesure du « droit à l'oubli ». Il est constitué de Frank La Rue (rapporteur spécial de l'ONU sur les questions de la liberté d'expression), Jose Lui Pinar (ancien vice-président du groupe européen de commissaires à la protection de données), Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (ancienne ministre allemande de la Justice), Peggy Valcke (enseignante-chercheuse à l'université KU Leuven), Luciano Floridi (professeur à l'université d'Oxford), Sylvie Kauffmann (directrice éditoriale du Monde), Lidia Kolucka-Zuk (membre de l'association Trust for Civil Society in Central and Easter Europe) et Jimmy Wales (cofondateur de Wikipédia)[211].
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En août 2014, un utilisateur de la messagerie Gmail a été dénoncé aux autorités locales par Google à la suite de l’envoi d’une photo pédopornographique en pièce-jointe d’un mail[212]. Or, Google le dit clairement dans ses conditions d’utilisation : « Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris les e-mails) afin de vous proposer [...] Cette analyse a lieu lors de l'envoi, de la réception et du stockage des contenus[213]. » Ce fait divers met en lumière le contrôle massif des échanges effectué par Google. Cette méthode entre par ailleurs en contradiction avec l’article 29 de la CNIL qui stipule que : « L'accès à des données à caractère personnel aux fins de sécurité n'est pas acceptable dans une société démocratique dès lors qu'il est massif et sans condition. La conservation, l'accès et l'utilisation de données par les autorités nationales compétentes doivent être limitées à ce qui est strictement nécessaire et proportionné dans une société démocratique. Elles doivent être soumises à des garanties substantielles et effectives[214]. »
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Le 21 janvier 2018 en France, la CNIL condamne Google à une amende de 50 millions d'Euros « en application du règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) pour manque de transparence, information insatisfaisante et absence de consentement valable pour la personnalisation de la publicité »[215]. L'enquête de la CNIL, qui a duré plusieurs mois, a été ouverte après des plaintes collectives des associations None Of Your Business (en) et la Quadrature du Net. Il s'agit de la première décision d'une instance de régulation de sanctionner l'un des acteurs majeurs du numérique, en utilisant les dispositions du RGPD en vigueur depuis mai 2018[215].
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Google Latitude est un service créé en 2009 permettant de déterminer la position d'une personne s'étant enregistrée à ce service par le biais de son téléphone mobile. En 2009, ce service est disponible dans 27 pays[216].
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Ce service est sujet à controverse : on peut voir en Latitude un outil permettant de tracer les personnes, la vie privée peut donc être atteinte mais Google répond que cet outil a été conçu dans une autre optique : il permet par exemple de localiser sur Google Maps ses enfants, ses amis ou ses collègues[217].
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Le service a été supprimé le 9 août 2013[218].
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Google Books est un projet annexe de Google très critiqué à une certaine époque. Il consiste à numériser systématiquement le plus grand nombre possible de livres. Les critiques s'inquiètent de l'impact que la position dominante de Google peut avoir sur la numérisation des livres en général, et du traitement des droits d'auteur par Google (soit que la distribution internationale des versions numérisées violerait les droits dans certains pays, soit que la position de force de Google leur permettrait d'obtenir des concessions de droits jugées abusives).
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Les requêtes dans Google auraient un impact environnemental non négligeable quant aux émissions de gaz à effet de serre. Il a été mentionné dans des grands titres de la presse anglo-saxonne et française (en citant incorrectement un article de Alex Wissner-Gross qui ne fait aucune référence à Google) que le coût d'une requête serait de 14 grammes - ce qui n'a pas été étayé par l'étude. Selon les propres calculs de Google, ces requêtes ne pèsent que 0,2 g[226].
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Les fermes de serveurs de l'entreprise sont notamment réputées avoir une consommation, systèmes de refroidissement inclus, représentant plusieurs centrales nucléaires[227].
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Toutefois, cette assertion est douteuse, dans la mesure où les plus petites tranches de centrales nucléaires ayant une puissance de 900 MW, il faudrait, pour atteindre une telle puissance, que chacun des 900 000 serveurs Google requière une puissance d'un kilowatt, ce qui est peu probable du fait que la puissance habituelle d'un serveur est de l'ordre de 100 W au maximum et celle du système de refroidissement, une fraction de cette dernière.
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En octobre 2019, Google reconnait avoir fait des « contributions substantielles » à des organisations qui, selon The Guardian, « avaient fait campagne contre les législations sur le climat, remis en cause le besoin d’action contre le réchauffement climatique, ou ont activement cherché à revenir sur les initiatives de protection de l’environnement » (American Conservative Union, Competitive Enterprise Institute, American Enterprise Institute, Americans for Tax Reform, Cato Institute, Mercatus Center ou encore Heritage Foundation)[228].
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L'entreprise est mise en cause dans une affaire d'entente sur les salaires et d'entente sur le débauchage d'employés à grande échelle, dont l'origine remonte à 2005 avec des accords non écrits entre Steve Jobs et Eric Schmidt.
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En 2017, James Damore, un cadre de l'entreprise, fait circuler un mémo interne (Google's Ideological Echo ChamberGoogle's Ideological Echo Chamber – « La Chambre d'Echo Idéologique de Google ») d’une dizaine de pages mettant en garde sa hiérarchie contre les effets contreproductifs de la politique de l’entreprise en matière de diversité (en) et de parité homme-femme. Il reproche notamment à l’entreprise d’organiser des formations réservées « à un genre ou une race », et de favoriser les candidats issus de la diversité. Selon lui, Google a « un biais de gauche » sur les questions de la diversité et de l’inclusion, qui a « créé une monoculture politiquement correcte qui se perpétue en humiliant et en réduisant au silence ceux qui ne s’y conforment pas »[229]. La note, qualifiée de « sexiste » par de nombreux médias américains, et rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, fait scandale[230],[231]. L’ingénieur est licencié par Sundar Pichai le lundi 7 août 2017[232]. La réaction de Google au mémo et son licenciement de Damore sont critiqués par multiples chroniqueurs culturels, dont Margaret Wente of The Globe and Mail,[233], Erick Erickson de RedState,[234] David Brooks du New York Times[235],[236] (qui appelle Sundar Pichai à démissionner) et Clive Crook de Bloomberg View[237]. D'autres font objection à l'intensité de la réponse au mémo dans les médias et sur Internet, comme Kirsten Powers de CNN[238], Conor Friedersdorf de The Atlantic[239], et Jesse Singal dans le Boston Globe[240].
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En novembre 2016, Google a annoncé le lancement d’une version alpha de sa nouvelle API Google Cloud Jobs[241], qui permet de mettre en relation des employeurs et des demandeurs d’emploi grâce à des algorithmes d’apprentissage profond et une gigantesque base de données d’offres d’emploi et de curriculum vitae.
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Ce n’est pas la première fois que le géant de l’informatique s’attaque au marché de l’emploi. En effet, en octobre 2000, Google lance le dispositif Adwords permettant aux agrégateurs d’emploi d’acheter des mots-clefs pour que des demandeurs d’emploi soient redirigés sur les sites des agrégateurs en question[242].
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Google était alors jusque là, un intermédiaire entre les employeurs et les demandeurs d’emploi, si l’API Cloud Jobs est effectivement lancée publiquement, le géant californien mettra directement les deux parties en relation.Ce système est donc une bonne nouvelle pour les personnes qui ne sont pas satisfaites de leur travail car l’API permettra d’envoyer directement des offres d’emplois via des annonces sur navigateur ou sur les réseaux sociaux. Cela pourrait aider par exemple des travailleurs frustrés qui n’osent pas démissionner à trouver un emploi dans lequel ils seront davantage épanouis[243].
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De nombreuses controverses sont toutefois soulevées par cette initiative. En effet le rôle de l’action publique dans la régulation et la mise en forme du marché du travail est interrogé. La France, via Pôle Emploi, s’est engagée dans des démarchés de transparence du marché de l’emploi[244] et l’arrivée de la firme californienne ne risque pas d’aider en ce sens. De plus, confier les rênes du marché du travail à des algorithmes pose des questions sur l’identité des demandeurs d’emploi.
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« We believe that the best price/performance tradeoff for our applications comes from fashioning a reliable computing infrastructure from clusters of unreliable commodity PCs. »
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fr/2235.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,90 @@
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Google Maps est un service de cartographie en ligne. Le service a été créé par Google suite au rachat en octobre 2004 de la start-up australienne Where 2 Technologies. Lancé en février 2005 aux États-Unis et au Canada, puis en Grande-Bretagne (sous le nom de Google Local), Google Maps a été lancé mardi 25 avril 2006[1], simultanément en France, Allemagne, Espagne et Italie.
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C'est un service disponible sur PC, sur tablette et sur smartphone qui permet, à partir de l'échelle mondiale, de zoomer jusqu'à l'échelle d'une habitation. Des prises de vue fixes montrant les détails de certaines rues sont également accessibles grâce à une passerelle vers Google Street View.
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Plusieurs types de vue sont disponibles dans Google Maps : une vue en plan cartographique classique, avec nom des rues, quartier, villes et une vue en images satellites ou photographies aériennes, qui couvre aujourd'hui le monde entier, une vue en images obliques couvrant les grandes villes du monde et certaines villes secondaires et une vue avec le relief. Ce service n'est plus en version bêta depuis le 12 septembre 2007, et a été ajouté aux liens de la page d'accueil de Google.
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En octobre 2004, Google rachète la société Where 2 Technologies, spécialisée dans la cartographie interactive, afin d’intégrer ses technologies aux infrastructures de services de Google. À la suite de ce rachat, Google Maps est lancé le 8 février 2005 en Amérique du Nord.
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Google Maps offre les fonctionnalités suivantes :
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Les données cartographiques de Google Maps sont utilisées par des millions d'autres sites web et d'applications mobiles[2]
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Dans un certain nombre de villes, Google Maps propose des trajets accessibles en fauteuil roulant[3]. Depuis la carte, les utilisateurs peuvent aussi renseigner et noter les établissements en fonction de leur accessibilité[4].
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Logo de Google Maps (version bêta) de 2005 à 2007.
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Ancien logo de Google Maps de 2007 à 2015.
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Ancien logo de Google Maps français de 2007 à 2015.
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Ancien logo de Google Maps de 2015 à 2018.
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Ancien logo de Google Maps de 2018 à 2020.
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Logo actuel de Google Maps depuis 2020.
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Google Maps est conçue à partir de sources cartographiques publiques et privées, de données satellites et de contributions des utilisateurs[2]. Google Maps incite ses utilisateurs à enrichir ses cartes en y ajoutant de nouvelles informations (adresses, lieux, routes ...) ou en modifiant des informations incorrectes (mauvais tracés de route, routes fermées, routes manquantes, adresses ou emplacements de repères incorrects...)[5].
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La validation par la communauté des utilisateurs de Google Maps de certaines modifications sur les cartes pose parfois problème[2].
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Les utilisateurs peuvent aussi mettre à jour et renseigner l'accessibilité des lieux en fauteuil roulant et les facilités dans les transports en commun[3].
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C'est au début du mois d'avril 2005 que Google Maps s'enrichit de la vue par image satellite, en plus de la cartographie classique. Se différenciant des autres services proposant des images satellites statiques, Google Maps permet de naviguer et de se positionner où l'on veut sur la carte satellite.
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L'utilisation du terme photo satellite est cependant un abus de langage, car certaines photos urbaines sont des prises de vues aériennes prises à haute altitude.
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En juin 2005, des images haute résolution sont disponibles lorsqu'on zoome au maximum. Cette fonctionnalité est disponible sur de nombreuses zones urbanisées aux États-Unis, au Canada, mais aussi certaines portions de l'Islande, en Irak, au Koweït, au Mexique, aux Bahamas, en France, en Italie, au Japon et dans bien d'autres pays.
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Des bâtiments du gouvernement sont par contre visibles en image, telle que la Zone 51 dans le désert du Nevada. Cependant, Slashdot a publié un article selon lequel des arbres se trouveraient maintenant à un emplacement occupé par des bâtiments sur des photos précédentes.
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Une résolution basse est disponible sur le monde entier, et depuis juin 2005, Google Maps ajoute des photos haute résolution à de plus en plus de villes dans le monde, et notamment les grandes villes d'Europe.
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Le 20 juillet 2005, afin de célébrer l'anniversaire du premier homme sur la Lune le 21 juillet 1969, Google ajoute à Google Maps des images de la Lune, fournies par la NASA, permettant ainsi à l'utilisateur de naviguer sur la Lune. Les points d'atterrissage des différentes missions sont indiqués, de Apollo 11 à Apollo 17. Le service se nomme Google Moon.
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La cartographie vectorielle que propose Google Maps fournit une échelle continue avec création de tuiles à la demande avec une feuille de style de type CSS.
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Baidu Maps, Bing Cartes, Mappy, HERE WeGo, Qwant Maps offrent des services ressemblant à Google Maps. Ils ont ceci en commun que l'accès pour certains usages est gratuit, de contenir des vues aériennes zoomables, et de proposer un service de calcul d'itinéraire. À la différence des premiers cités, Mappy ne couvre que l'Europe.
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OpenStreetMap offre également une cartographie mondiale et un service de calcul d'itinéraires, et est entièrement gratuit et libre d'accès pour tous usages. Il n'offre pas de vues aériennes.
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La cartographie fournie par l'IGN sur son site Géoportail est de type Image matricielle. Il s'agit d'une cartographie à l'ancienne, qui conserve la notion d'échelle discrète (1/25 000, 1/100 000, etc.). Le site Géoportail peut aussi afficher d'autres couches, comme la carte géologique du BRGM.
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Il existe également plusieurs versions mobiles de Google Maps, qui utilisent les réseaux des téléphones notamment 3G ou 4G LTE, pour charger les cartes de la même manière que sur la version Internet. Les versions varient selon la définition d'écran des téléphones portables, le fait d'avoir un écran tactile, la puissance du processeur.
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Le positionnement par satellite est disponible sur la plupart des téléphones mobiles embarquant le matériel requis. Il est représenté par un point bleu et une flèche si les positions ont été jugées interprétables comme un mouvement.
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Selon les mobiles la navigation se fait au toucher ou avec le clavier. Sur les versions de smartphones récents, il est possible de choisir entre les trois modes d'affichage : « plan », « satellite », et « mixte » ; le dernier étant un mélange entre les deux premiers. Plus récemment la fonction « Street View » est disponible, permettant d'afficher des photos, comme pour la version internet, dans certaines grandes villes. Il est possible de créer des signets sur des emplacements. Une fonction de recherche est également présente. En plus de localiser l'endroit recherché, elle peut éventuellement, pour une entreprise par exemple, afficher des informations telles que son numéro de téléphone public, ou son site internet. Il est également possible de rechercher et de suivre un itinéraire. Enfin, une fonction de géolocalisation est disponible, qui utilise, selon l'équipement du téléphone, une puce GPS ou un système de triangulation grâce aux antennes GSM. Cette dernière solution est cependant beaucoup moins précise, en particulier en zone rurale.
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Avec la mise à disposition au public d'un outil lui permettant de visualiser, par photo satellite, le monde entier de manière précise, le projet a rencontré un véritable succès, si bien que des sites exclusivement dédiés à Google Maps ont vu le jour. Pour exemple, les sites Google Sightseeing et Google Globetrotting sont des répertoires de liens directs vers des monuments (tour Eiffel, statue de la Liberté, etc.), endroits connus ou endroits insolites (maison de Bill Gates par exemple), ceci dans le monde entier, en utilisant le service Google Maps.
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En 2009, un Monopoly géant a été organisé sur Google Maps en partenariat avec Hasbro, le but étant d'acheter toutes les rues disponibles sur Terre[6].
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Le 1er avril 2010, Google fit semblant d'avoir mis en œuvre la 3D. Pour ce faire, un petit bonhomme à gauche de l'écran portait des lunettes rouge et verte, en cliquant dessus, une impression de 3D était créée. Bien évidemment, ce fut un canular qui resta plus de deux jours sur la toile.
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Le 7 décembre 2012, Google publie sur le blog consacré à Google Maps un article révélant que le service dispose de plus d'un milliard d'utilisateurs mensuels[7].
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En 2018, selon les chiffres de ComScore qui analyse le trafic des sites Web, l'utilisation de Google Maps est très largement majoritaire. Sur les périphériques mobiles, smartphone et tablette, plus de 63 % des personnes ayant accédé à une carte l’ont fait avec Google Maps, contre 19,4 % et 5,5 % respectivement pour les sites Alibaba et Apple Plans[2].
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Différents easter eggs ont été installés sur le programme Street View :
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Par ailleurs, plusieurs lieux insolites, non visibles en tapant simplement leurs noms, sont visibles sur Google Maps : un cimetière d'avion aux USA (32° 08′ 59″ N, 110° 50′ 09″ O), la zone 51 (37° 14′ 35″ N, 115° 48′ 47″ O), ou des tracés étranges en Chine (40° 27′ 16″ N, 93° 44′ 41″ E).
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Durant la première semaine d'avril 2015, Google permet aux utilisateurs de jouer à Pac-Man dans le tracé des rues[9].
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En mars 2017, pour la sortie du film Kong : Skull Island de Jordan Vogt-Roberts, Google Maps permet de localiser Skull Island alors que cette île n'existe pas[10].
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En septembre 2019, aux États-Unis dans le comté de Palm Beach en Floride, une voiture immergée dans un étang est repérée par hasard par un internaute grâce à Google Maps. La police, alertée, extrait la voiture de l'eau et y découvre le squelette d'un homme disparu en 1997[11].
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Google Maps semble ne pas être neutre dans les cartes affichées.
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Alors qu'OpenStreetMap, Bing Maps, ViaMichelin ou la majorité des autres systèmes cartographiques affichent de manière aussi détaillée que possible les pays entourant la Corée du Nord, ça n'est pas le cas sur Google Maps. Par exemple, le gouvernement Sud-Coréen a interdit à Google Maps d'utiliser ses données cartographiques sous prétexte que cela pourrait représenter un problème face à Pyongyang[12].
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La Bande de Gaza, d'après Google Maps dont les données sont fournies par Mapa GIsrael, ne contient que quelques noms de villes et les routes y sont absentes et peu visibles, laissant également penser à un choix politique. Encore une fois, OpenStreetMap ou ViaMichelin affichent un niveau de détail proche de celui des pays voisins.
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Jean-Christophe Victor estime que plusieurs représentations cartographiques de frontières internationales discutées, effectués par Google Maps, sont soumises à des choix politiques et économiques ; il parle de « profonde malhonnêteté intellectuelle »[13].
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Avant juin 2018, les sites internet et applications mobiles exploitant les API du service de Google Maps, bénéficiaient d'un crédit de 25 000 cartes offertes par jour. Au-delà de 750 000 cartes chargées par mois, le tarif était de 0,5 dollar pour mille cartes[14].
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Depuis le 11 juin 2018, un crédit de deux cents dollars pour 28 000 chargements de cartes par mois est offert, puis le coût est de sept dollars pour mille cartes supplémentaires, avec des tarifs dégressifs selon des tranches pré-établies[14].
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fr/2236.html.txt
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Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev ou Gorbatchov[1] (en russe : Михаил Сергеевич Горбачёв, /mʲɪxɐˈil sʲɪrˈɡʲejɪvʲɪtɕ ɡərbɐˈtɕɵf/[2] Écouter), né le 2 mars 1931 à Privolnoïe (ru) dans l'actuel kraï de Stavropol, est un homme d'État soviétique et russe qui dirigea l'URSS entre 1985 et 1991.
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Résolument réformateur, il s'engagea à l'extérieur vers la fin de la guerre froide, et lança à l'intérieur la libéralisation économique, culturelle et politique connue sous les noms de perestroïka et de glasnost. Impuissant à maîtriser les évolutions qu'il avait lui-même enclenchées, sa démission marqua le point final de la dislocation de l'URSS, précédée de deux ans par l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est.
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Mikhaïl Gorbatchev est originaire du Caucase du Nord dans le kraï de Stavropol. De parents kolkhoziens ralliés au communisme[3], il est né avec un angiome sur le haut du front. Il est le fils de Sergueï Andreïevitch Gorbatchev (1909-1976), ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et conducteur d'engins agricoles au village de Privolnoïe, et de Maria Panteleïevna née Gopkalo (1911-1993). Son grand-père maternel, président du kolkhoze Krasnyï Oktiabr, est arrêté en été 1937, lors des Grandes Purges, car il aurait créé une organisation secrète. Il est ensuite torturé pendant 14 mois, avant d'être condamné à mort, mais après réexamen de son dossier, le procureur n'ayant relevé aucune « activité criminelle »[4], il échappe à la peine capitale. Il est libéré fin 1938, et redevient président du kolkhoze en 1939. Mikhaïl est profondément marqué par cet épisode : « Ce fut dans mon enfance que je connus mon premier véritable choc : mon grand-père fut arrêté. On l'emmena en pleine nuit…[5] ». Son grand-père paternel, qui refusait la collectivisation, avait également été condamné en janvier 1934, au moment de la grande famine, pour « sabotage » et envoyé aux travaux forcés dans la région d'Irkoutsk. Il acheva sa peine de prison par anticipation ; il travailla ensuite au kolkhoze de Privolnoïe[6].
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Après ses études de lycée, il travaille au côté de son père comme conducteur de moissonneuse-batteuse. En récompense, il est décoré de l'ordre du Drapeau rouge du Travail et envoyé à Moscou pour y faire des études supérieures[7]. Il y étudie le droit à l’université Lomonossov[8], où il rencontre Raïssa Titarenko, sa future femme. Il adhère d'abord aux jeunesses communistes, le Komsomol, puis au parti communiste en 1950. Gravissant les échelons comme apparatchik, il en devient le dirigeant pour la ville de Stavropol en 1962. Entre 1964 et 1967, il étudie à l’Institut d'agronomie de Stavropol et se spécialise dans les problèmes agricoles. Il est remarqué par Iouri Andropov, chef du KGB, qui passe ses vacances dans la région réputée pour ses stations thermales ; dès lors, sa carrière s'accélère grâce à Andropov et son mentor, l'idéologue Mikhaïl Souslov. Il est élu au Comité central en 1971 à 40 ans, secrétaire du Comité central, le 23 novembre 1978[9] et au Politburo en 1980, à l'âge de 49 ans.
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À la fin des années 1970, le KGB dirigé par Iouri Andropov, diligenta une enquête confidentielle pour évaluer le PNB soviétique selon les critères qualitatifs occidentaux et non plus seulement en volume comme le voulait la tradition soviétique. Le résultat fut très défavorable et apportait la preuve du déclin de l’Union soviétique dont l'économie était alors dépassée par celle du Japon et, dans les années suivantes, par la RFA — anciens ennemis de l’URSS. D’autre part, à partir de 1978, la Chine dirigée par Deng Xiaoping, entreprit une véritable révolution économique rétablissant de fait les règles capitalistes de l'économie de marché dans l'économie chinoise, lui donnant un dynamisme considérable.
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L’Union soviétique était ainsi confrontée à une situation géopolitique nouvelle et relativement inquiétante. N'étant plus capable de soutenir financièrement le rythme effréné de la course aux armements (si les États-Unis y consacraient 8 % du PIB, le budget militaire de l'URSS absorbait 15 à 20 % du PIB)[10], dans un contexte marqué par la stagnation économique et la baisse des cours du pétrole, l'URSS n'a pas d'autre choix que de songer à une détente et au désarmement.
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Consciente du danger, la direction vieillissante du PCUS porte au pouvoir le représentant d’une nouvelle génération — Gorbatchev a 54 ans — mais formé et testé à l'école du parti. Dès décembre 1984, Gorbatchev avait pu faire son entrée sur la scène diplomatique internationale, en se rendant en Grande-Bretagne, en visite à Margaret Thatcher : le numéro deux soviétique s'y était démarqué des autres dirigeants de Moscou, par son image d'ouverture et en annonçant que l'URSS était prête à une réduction bilatérale des armements nucléaires.
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Accédant au poste de Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique le 11 mars 1985, Gorbatchev tente d’insuffler une nouvelle jeunesse à l’économie de l’URSS. Il s’efforce de sauver le système par des réformes structurelles très profondes par rapport aux principes léninistes classiques. Symboliquement, sa première mesure concerne une vaste campagne contre l'alcoolisme : la prohibition instaurée en mai 1985 consiste à fermer la moitié des points de vente d'alcool et à majorer de 30 % le prix de la vodka ainsi que celui du vin et de la bière, ces mesures, très impopulaires, lui valent le surnom de « secrétaire minéral »[11]. Elles se traduisent également par une énorme production clandestine d'alcool de mauvaise qualité, la disparition du sucre des étalages et de moindres recettes (issues des taxes sur l'alcool) pour le budget de l'État[12].
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Gorbatchev tire son inspiration d'Alexandre Nikolaïevitch Iakovlev, ancien ambassadeur au Canada, qui lui fit prendre conscience de la faillite du système soviétique dans le domaine agricole puis, de façon plus générale, dans sa stratégie de confrontation avec l'Occident. Devenu son éminence grise, celui-ci lui inspire successivement la glasnost, la perestroïka puis l'acceptation de la réunification allemande. Il est aussi encouragé par des partis communistes occidentaux qui tenaient sous l'ère Brejnev à afficher leurs divergences sur la question de la démocratie : en plus du Parti communiste italien, le Parti communiste français : Georges Marchais rencontre Gorbatchev à Moscou dès septembre 1985.
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La seconde NEP qu'il tente de promouvoir échoue devant une opposition au sein du parti. Gorbatchev met alors en place une politique de glasnost (transparence) pour supprimer les reliquats de stalinisme, et la perestroïka (restructuration) pour combattre la stagnation économique dès 1985. Le premier symbole de la glasnost est manifeste en novembre 1985 : l'ouvrage de Boris Pasternak, Le Docteur Jivago, toujours interdit, est autorisé à paraître en URSS. C'est fin avril 1986, à l'occasion de la catastrophe de Tchernobyl, que le mot glasnost s'impose. En décembre 1986, il autorise Andreï Sakharov, assigné à résidence à Gorki depuis janvier 1980, à revenir à Moscou.
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Durant ses deux premières années au pouvoir, il renouvelle profondément la hiérarchie communiste : les deux tiers de la composition du bureau politique, soit 40 % des membres du comité central, sont ainsi écartés pour permettre à des réformateurs d'entrer en nombre au sein du comité central du PCUS[12].
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Gorbatchev propose d'ouvrir le dialogue avec Reagan et d'accélérer la normalisation des relations avec la Chine. Fin juin-début juillet 1985, Andreï Gromyko est remplacé aux Affaires extérieures par Edouard Chevardnadze qui participe à la conférence marquant le dixième anniversaire des accords d'Helsinki. Cette année, Gorbatchev propose « l'option zéro » au président américain Ronald Reagan au sujet des armes nucléaires, l'Union soviétique acceptant de suspendre ses essais nucléaires souterrains. Il décide aussi de reconduire le moratoire unilatéral concernant l'arrêt des essais nucléaires, le 6 août 1985, date anniversaire du bombardement d'Hiroshima. L'auteur du slogan « America is back » refuse de tenir compte de ces propositions. Gorbatchev prend l'initiative des traités de désarmement qui seront à l'origine de la rupture de l'équilibre de la terreur, installé depuis 1945. En 1986, il propose un plan d'élimination des armes nucléaires à l'horizon 2000. En octobre de la même année, il rencontre le président Reagan à Reykjavik, mais toujours sans résultat. C'est seulement en décembre 1987, à Washington, que les « deux Grands » s'accordent pour réduire de 50 % leurs arsenaux nucléaires, bien que les Américains refusent de renoncer à l'IDS.
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Le 1er janvier 1986, un mois et demi après une première rencontre entre les deux chefs d'État à Genève, dans un message de Nouvel An, le président américain adressa un court message télévisé à toute l'URSS, tandis que le président de l'URSS fit de même sur une chaîne de télévision américaine. Le projet séduit : chacun des deux présidents se montra très modéré dans son message ; la gorbymania commençait à toucher les États-Unis. Le magazine Time lui décerna le titre d'Homme de l’année en 1987, puis d'Homme de la Décennie en 1989 après la chute du Mur de Berlin. Mais le 1er janvier 1987 Gorbatchev refusa de renouveler cette initiative en raison du très net refroidissement entre les deux capitales qui suivit les expulsions de diplomates soviétiques des Nations unies (25 diplomates) et des États-Unis (55 diplomates) décidées par Reagan et des mesures de rétorsion par Gorbatchev (10 diplomates, suppression du personnel de service soviétique affecté à l'ambassade et aux consuls américains en URSS ainsi que l'imposition de la parité stricte du nombre de touristes dans les deux pays). Ce fut un aspect oublié de la nouvelle politique soviétique adoptée envers l'Occident depuis 1985 : en échange d'importantes concessions sur le désarmement, répondre du tac au tac à ce type de rebuffades. Si le dialogue était maintenu avec Washington après novembre 1986, il resta infructueux jusqu'en juin 1987. L'affaire Mathias Rust permit à Gorbatchev d'évincer les durs du régime, les plus hostiles à l'option zéro (le ministre de la défense notamment).
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Le 15 mai 1988, il décide de retirer les troupes soviétiques d'Afghanistan[13]. La décision devient effective un an plus tard.
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En 1989, en visite officielle en Chine pendant les manifestations de la place Tian'anmen (mais avant leur répression), on sollicite son opinion à propos de la muraille de Chine : « Très bel ouvrage », dit-il, « mais il y a déjà trop de murs entre les hommes ». Un journaliste lui demande : « Voudriez-vous qu'on élimine celui de Berlin ? » Gorbatchev répond très sérieusement : « Pourquoi pas ? ». À propos des manifestants démocrates qui troublent son séjour, il déclare : « L'URSS a également ses têtes brûlées qui veulent changer le socialisme du jour au lendemain. » Dans le monde communiste, il garde un allié en la personne de Fidel Castro, qu'il rencontre trois fois de 1986 à 1989, malgré ses réserves à l'égard de la Perestroïka : pratiquement jusqu'à sa chute en septembre 1991, Gorbatchev résiste aux pressions extérieures et intérieures voulant l'obliger à lâcher Cuba économiquement et militairement. Ainsi, fin février 1990, deux mois après l'attaque américaine à Panama et quelques jours après la défaite des sandinistes au Nicaragua, des avions supersoniques soviétiques arrivent à Cuba en soutien au régime castriste. Entre-temps, en décembre 1989, à Malte, Gorbatchev et Bush proclament officiellement la fin de la guerre froide. Cas unique dans le monde, Edouard Chevardnadze se rend à Qom en mars 1989 pour rencontrer l'ayatollah Khomeyni.
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En 1990, il reçoit le prix Nobel de la paix pour sa contribution à la fin de la guerre froide. En 1991, Gorbatchev signe avec le président Bush l'accord START I : les deux grandes puissances s'engagent à réduire leur arsenal nucléaire stratégique de 30 %.
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Entre-temps, la situation économique s'est aggravée, situation due pour partie à la chute des cours des produits pétroliers que le pays exporte, ainsi qu'à la gabegie régnante. La reconnaissance d'un marché souterrain a eu pour conséquence une augmentation considérable des prix[12].
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Ses réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (restructuration économique) n’a pas atteint les objectifs escomptés, aggravant les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales, entraînant un mécontentement populaire, tandis qu’une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (transparence), déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes, mal perçus par les Russes.
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Le 26 mars 1989, Gorbatchev créa une nouvelle Assemblée législative : le Congrès des Députés du Peuple d'Union Soviétique dont les deux-tiers étaient des membres élus au suffrage universel, à bulletin secret, sur candidatures multiples. Les premières élections législatives révélèrent l’échec des candidats de Gorbatchev et l’émergence des réformateurs et des nationalistes. Son gouvernement apparut trop modéré pour des réformateurs, partisans d’une économie libérale, et trop réformateur pour ceux qui souhaitaient un retour au communisme.
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En mars 1990, Gorbatchev fait une réforme constitutionnelle : il crée un poste de Président de l'URSS et diminue le rôle dirigeant du chef du Parti communiste de l'Union soviétique. Le 14 mars 1990, le Congrès des Députés du Peuple élit Gorbatchev pour un mandat de cinq ans. L'élection suivante (1995) était prévue au suffrage universel[14]. Pourtant, le 1er mai de la même année, il est hué par certains de ses concitoyens. En effet, il est très impopulaire aux yeux des conservateurs du Parti qui le considèrent comme le fossoyeur du régime soviétique.
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Les événements qui ont suivi, tels que la proclamation de souveraineté de la Russie au cours du 1er Congrès des députés du peuple de la RSFSR le 12 juin 1990[15] et l'élection à la présidence de la République socialiste fédérative soviétique de Russie de Boris Eltsine (élu dès le 1er tour au suffrage universel direct), un an plus tard, diminuent le pouvoir de Gorbatchev et la souveraineté de l'URSS. Le 17 mars 1991, un référendum portant sur la question du maintien de l'Union soviétique donne 76 % de réponses favorables au maintien. Il n'en sera pas tenu compte.
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Lors du putsch de Moscou en août 1991, parti en vacances dans sa villa de Foros en Crimée[16], il est un temps écarté du pouvoir par un quarteron d'officiels conservateurs du Parti communiste soviétique qui l'enferment dans sa résidence d'été. La date du putsch ne fut pas choisie au hasard, car c'est le 20 août que Gorbatchev devait signer un traité instaurant une nouvelle Union, appelée Union des républiques souveraines soviétiques (puis Union des républiques souveraines), réduisant notamment le rôle du KGB et de l’État centralisé, qui avaient tout à y perdre, au profit des républiques[17]. Le soutien d'Helmut Kohl s'avère insuffisant alors que le président François Mitterrand déclare vouloir attendre les intentions des « nouveaux dirigeants » soviétiques, reconnaissant de facto le gouvernement issu du putsch, et n'hésitant pas alors à lire en direct à la télévision une lettre envoyée par Guennadi Ianaïev, l'auteur du coup d'État[18]. Finalement, le putsch avorte, et Boris Eltsine, alors président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, devient le grand bénéficiaire de cet échec après avoir reçu dès les premières heures le soutien du président américain George H. W. Bush et du Premier ministre britannique John Major. Gorbatchev quitte la direction du Parti communiste de l'Union soviétique le 24 août 1991 et les activités du Parti communiste de Russie — le plus important d'URSS — sont suspendues par décret du président russe Eltsine le 29 août lors d'une séance du Soviet suprême. Le parti est purement dissout le 6 novembre.
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Dans ses Mémoires, Gorbatchev écrit amèrement : « De Foros [en Crimée, où il est retenu], j’ai eu une conversation avec le président Bush. François Mitterrand devait m’appeler, il ne l’a pas fait. »
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Les accords de Minsk signés le 8 décembre et les accords d'Alma-Ata signés le 21 novembre, créant la Communauté des États indépendants (CEI), sonnent le glas de l'Union soviétique. Gorbatchev démissionne de son poste de président de l'URSS le 25 décembre 1991[19] et le lendemain, le Soviet suprême dissout l'URSS et s'autodissout : la République socialiste fédérative soviétique de Russie devient la Fédération de Russie.
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Le 20 avril 1993, il fonde Green Cross International. Il fait en 1993 une apparition dans son propre rôle, dans le film Si loin, si proche ! de Wim Wenders.
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Le 14 avril 1996, il annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle de la Fédération de Russie[20], mais son score, le 16 juin, est très faible (386 069 voix, soit 0,5 % des suffrages). Il reste d'ailleurs un des dirigeants du XXe siècle les plus mal-aimés des Russes[21],[22].
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Il publie ses mémoires en 1996, dénonçant la politique de Boris Eltsine et sa « trahison » envers le référendum d'avril 1991 qui avait donné une majorité favorable au maintien de l'Union.
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Depuis le début de ce siècle, il est engagé avec des ONG écologistes et avec Daisaku Ikeda pour soutenir la cause pacifiste.
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Le 26 novembre 2001, il fonde le Parti social-démocrate de Russie. Il démissionne en mai 2004 après un désaccord avec le président du parti Konstantin Titov (en), car ce dernier n'a guère apprécié l'hostilité manifestée par Gorbatchev à l'encontre de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, lors des élections législatives de l'année précédente.
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Il reçoit, le 27 octobre 2005, le titre honorifique d’archonte du Patriarcat de Constantinople[23].
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Le 21 novembre 2006, il est opéré de l'artère carotide dans une clinique de Munich, en Allemagne[24]. C'est dans ce pays qu'avait été traitée son épouse Raïssa, qui avait succombé à une leucémie le 20 septembre 1999 à l'âge de 67 ans.
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Le 20 novembre 2007, Gorbatchev fonde un nouveau mouvement : l'Union des sociaux-démocrates (en) dont il est le chef[25],[26]. Le 30 novembre 2008, Gorbatchev et le milliardaire Alexandre Lebedev annoncent qu'ils fondent un nouveau parti : le Parti démocratique indépendant de Russie (en)[27],[28],[29].
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En 2009, il intervient dans le documentaire environnemental Nous resterons sur Terre.
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Le 16 février 2011, il critique vivement le Kremlin, car ce dernier lui a interdit de créer un nouveau parti social-démocrate en Russie. Propos qu'il rapportera également dans le film qui lui est consacré : Mikhaïl Gorbatchev, Simples Confidences[30],[31].
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Le 7 décembre 2011, il demande l'annulation des élections législatives russes de 2011, remportées par Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, et contestées en raison de fraudes présumées[32]. Le 24 décembre 2011, après une manifestation qui a réuni plus de 100 000 personnes à Moscou, Gorbatchev demande à Vladimir Poutine de quitter la tête du gouvernement[33].
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Avec la Green Cross International — qui dispose de 18 millions d'euros, financé par des donations privées et des subventions allouées par 34 États —, il continue à défendre l'environnement. Le 12 mars 2012, il est intervenu lors de l'ouverture du sixième Forum mondial de l'eau, à l'âge de 81 ans, devant les délégués de 140 pays. Dans une interview du journal Le Monde, il se dit sceptique quant à la création d'une organisation mondiale de l'environnement, mais très favorable à la création d'un tribunal international « chargé de juger ceux qui sont coupables de crimes écologiques, aussi bien des chefs d'entreprise que des chefs d'État ou de gouvernement »[34].
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En mai 2016, après avoir appuyé l'annexion de la Crimée, il est interdit d'entrée en Ukraine[35].
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En 2017, il s'inquiète de la course aux armements dans le monde et déclare que « le monde se prépare pour la guerre ». Il demande dans une tribune publiée par le Time à Donald Trump et Vladimir Poutine de faire voter une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies visant à interdire une éventuelle guerre nucléaire[36].
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Selon lui, « aussi longtemps qu’il existera des armes de destruction massive, principalement des armes nucléaires, le danger sera colossal ». Il identifie deux menaces planétaires : une guerre dévastatrice et la destruction des conditions de vie par le réchauffement climatique[37].
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Gorbatchev a aussi participé à des annonces publicitaires pour les restaurants Pizza Hut où des gens l'acclament pour la liberté qu'il aurait apportée aux Soviétiques, y compris celle d'avoir des restaurants occidentaux[42], et pour la compagnie de luxe Louis Vuitton, où on le voit, un sac Louis Vuitton à ses côtés, dans une voiture de luxe russe longeant le mur de Berlin[43].
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Vulpes est un genre de mammifère carnivores de la famille des canidés qui regroupe des animaux appelés renards. Ce genre a été créé en 1775 par Just Leopold Frisch.
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Ils se distinguent du genre Canis notamment par leurs pupilles ovales.
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La position du fennec dans le genre Vulpes n'est pas acceptée pour tous les auteurs. Il avait tout d'abord été placé dans un genre particulier Fennecus compte tenu de ses particularités morphologiques. Certains auteurs en font un membre du genre Canis.
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Même chose pour le renard polaire, qui est encore souvent nommé Alopex lagopus, au lieu de Vulpes lagopus.
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Le latin Vulpes vient de l'indo-européen commun h₂wl(o)p ~ h₂ulp qui désigne déjà le renard[1].
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Le genre compte douze espèces actuelles :
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(Renard du Bengale)
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(Shaw, 1800)
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(Renard de Blanford)
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Blanford, 1877
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(Renard du Cap)
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(A. Smith, 1833)
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(Renard corsac)
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(Linnaeus, 1768)
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(Renard du Tibet)
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(Renard polaire)
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(Linnaeus, 1758)
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(Renard nain)
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(Renard pâle)
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(Cretzschmar, 1827)
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(Renard de Rüppell)
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(Schinz, 1825)
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(Renard véloce)
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(Say, 1823)
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(Renard roux)
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(Linnaeus, 1758)
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(Fennec)
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(Zimmermann, 1780)
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Et peut-être dix espèces fossiles :
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Forsyth Major, 1877
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Thenius, 1954
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Tivadar Kormos, 1932
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Hartstone-Rose et al., 2013
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Savage (de), 1941
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Le goût (également écrit gout dans la nouvelle orthographe[1]), ou la gustation, est le sens qui permet d'identifier les substances chimiques sous forme de solutions par l'intermédiaire de chémorécepteurs situés sur la langue (récepteurs de Vugo). Il joue un rôle important dans l'alimentation en permettant d'analyser la saveur des aliments. La perception du goût est intimement liée à l'odorat et le terme « goût » englobe ces deux sens dans le langage courant.
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Un aliment est plus ou moins goûteux et on évalue sa sapidité en le goûtant afin de percevoir l'intensité des saveurs. S'il est perçu comme bon, il est qualifié de savoureux ou goûteux.
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L'odorat, qui permet de détecter les substances chimiques volatiles, est un sens proche de celui du goût. Il n'existe d'ailleurs pas de distinction entre goût et odorat en milieu aquatique[2]. Le vocabulaire français entretient ainsi une confusion en ce qui concerne le terme « goût » car, dans le langage courant, on dit par exemple « goût de fraise » ou « goût de fumée » pour désigner des arômes, lorsqu'ils sont perçus par rétro-olfaction. Le terme arôme, qui conviendrait en l'occurrence, est sous-utilisé et souvent compris comme arôme ajouté ou même synthétique (comme dans « chewing-gum arôme banane »). De plus, dans certaines circonstances, le terme arôme serait très surprenant (on dit « ce vin a un goût de bouchon » plutôt que « ce vin a un arôme de bouchon », alors que, sensoriellement parlant, cette dernière formulation serait la bonne). Le sens du mot goût varie donc selon son contexte.
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Les insectes peuvent reconnaître les goûts grâce aux chémorécepteurs à l'intérieur des soies présentes sur leurs pattes et leurs pièces buccales. Les soies renferment toutes quatre chémorécepteurs, chacun étant particulièrement sensible à un certain type de substance (sucré, salé…), dont les dendrites s'étendent jusqu'au pore à l'extrémité de la soie[2]. Les insectes possèdent aussi des soies olfactives, habituellement localisées sur leurs antennes, qui leur permettent de détecter les substances chimiques volatiles.
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Les cellules sensorielles spécialisées dans la gustation sont des cellules modifiées de l'épithélium qui portent une vingtaine de microvillosités sur le côté apical (microvillosités de Vugo)[2],[3]. Elles sont regroupées dans des structures sphériques, appelées calicules ou bourgeons gustatifs, dont la composition varie en fonction de la localisation.
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Chez l'être humain, il en existe environ 10 000[4] (extrêmes : 500 – 20 000)[réf. souhaitée], principalement localisés sur la face dorsale de la langue (75 %) ; le reste étant distribué sur le palais mou, le pharynx et même la partie supérieure de l'œsophage. Sur la langue, les bourgeons sont situés dans l'épithélium au niveau des papilles linguales (caliciformes, fungiformes et foliées). Chaque bourgeon compte 50 à 150 cellules sensorielles entourées par des cellules de soutien[réf. souhaitée]. Le bourgeon gustatif s'ouvre vers la cavité buccale par un pore. La portion antérieure de la langue est innervée par le nerf facial (VII bis) et véhicule préférentiellement les informations en réponse à une stimulation sucrée. La portion postérieure de la langue est innervée par le nerf Glossopharyngien (IX) et l'épiglotte par le nerf vague ou pneumogastrique (X), cette région a une tendance à transmettre le message amer.
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En fait chaque type de récepteur gustatif peut être stimulé par une large gamme de substances chimiques mais est particulièrement sensible à une certaine catégorie : sucré, salé, acide, amer et le glutamate (umami des japonais)[2].
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Plusieurs mécanismes interviennent dans la transduction des stimuli, aboutissant tous à une dépolarisation de la cellule réceptrice[2]. La membrane plasmique des chémorécepteurs sensibles à la salinité (notamment aux ions Na+) et à l'acidité (c'est-à-dire à la présence d'ions H+ que produisent les acides), possèdent des canaux ioniques que ces ions peuvent traverser. L'entrée d'ions Na+ ou H+ provoque une dépolarisation de la cellule réceptrice. Dans le cas des récepteurs de l'umami, la fixation de l'acide glutamique aux canaux ioniques à Na+ ouvre ces canaux, le Na+ diffuse ainsi dans la cellule réceptrice, induisant une dépolarisation. Pour les chémiorécepteurs sensibles à l'amertume, les molécules amères (la quinine par exemple) se fixent aux canaux ioniques à K+ ce qui entraîne leur fermeture. Ainsi, la membrane de la cellule réceptrice devient moins perméable aux ions K+, provoquant une dépolarisation de la cellule réceptrice. Enfin, les chémorécepteurs sensibles au sucré possèdent des récepteurs protéiques pour les glucides. Lorsqu'une molécule de glucide se fixe à un récepteur, cela établit une voie de transduction du stimulus qui provoque une dépolarisation.
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Dans tous les cas, cette dépolarisation induit la libération d'un neurotransmetteur agissant sur un neurone sensitif, qui achemine les potentiels d'action vers le cerveau[2]. C'est ensuite au niveau du cortex cérébral, dans la région préfrontale du cerveau, que toutes ces informations, et celles de l'odorat, sont traitées par l'organisme. Le cerveau parvient à percevoir les saveurs complexes en intégrant les stimuli distincts des différents types de récepteurs[2].
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Aristote distingue dans les saveurs le doux, l’amer, l’onctueux, le salé, l’aigre, l’âpre, l’astringent et l’acide. En 1751, Linné discerne 10 qualités gustatives, l'humide, le sec, l'acide, l'amer, le gras, l'astringent, le sucré, l'aigre, le muqueux et le salé. Ce n'est qu’en 1824 que le chimiste français Michel-Eugène Chevreul fait la distinction entre les sensibilités tactiles, olfactives et gustatives, la conception populaire continuant encore aujourd'hui à faire la confusion entre ces différentes perceptions[5].
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En 1864, le physiologiste Adolph Fick fixe le postulat selon lequel l’ensemble des perceptions gustatives est une combinaison additive de quatre saveurs primaires ou fondamentales qui seraient liées à quatre types de récepteurs sensoriels et quatre localisations sur la langue, ce qui permet au chimiste Georg Cohn en 1914 de classer quatre mille corps purs en « quatre goûts élémentaires »[6].
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Puis, une cinquième saveur primaire a été identifiée : l'umami (savoureux), en 1908, par le scientifique japonais Kikunae Ikeda.
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Les cinq saveurs primaires seraient donc les suivantes :
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Un sixième type de saveur primaire existerait pour les acides gras, appelé « oleogustus »[7]. En Asie, la pseudo-chaleur est parfois proposée comme étant la sixième saveur primaire[8].
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La neurobiologiste française Annick Faurion montre grâce à des expériences d'électrophysiologie dans les années 1980 que chaque molécule sapide possède une saveur particulière reconnue spécifiquement par le cerveau, tel l'acide glycyrrhizique qui donne le goût de la réglisse. Il n'y a donc pas cinq saveurs fondamentales mais tout un continuum gustatif. Cependant, faute d'un vocabulaire commun pour exprimer toutes les sensations perçues par chaque individu, les sociétés ont utilisé et utilisent encore un nombre limité de descripteurs de perceptions[9].
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Une autre saveur a été identifiée chez la souris[10] mais pas encore chez l’Homme :
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Enfin d'autres perceptions en bouche complètent celles des récepteurs de saveur.
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La schématisation à l'extrême voulant que les goûts soient perçus à des endroits précis de la langue proviendrait d'une traduction en 1942 des travaux d'un physiologiste allemand David P. Hänig (1901)[11] par le psychologue américain Edwin G. Boring[12]. Ce mythe a été corrigé depuis à plusieurs reprises, par Virginia Collins en 1974[13] et surtout par les travaux de Linda Bartoshuk[14] en 1993. Mais cette erreur continue à être enseignée dans les cours d’œnologie en français[15].
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Certaines théories font appel à une conception moins segmentée et plus synthétique, basée sur une perception globale. Ainsi dès 1940, Carl Pfaffmann a remis en cause cette classification traditionnelle, mais il a fallu attendre 1980 pour que l'on démontre définitivement que les molécules sapides sont toutes reconnues de manière spécifique par le cerveau.
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Selon Hänig (1901), les goûts primaires sont perçus par toutes les papilles, quelle que soit leur localisation. Des études récentes[16] de Monell Chemical Senses Center ont développé cette hypothèse par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit, le témoin parvenait à reconnaître la saveur, la cartographie des saveurs sur la langue serait alors fausse. La classification des goûts en cinq goûts primaires est réductrice. Il y a d’autres saveurs qui n’entrent pas dans cette classification :
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En outre, les réponses gustatives varient selon les individus. Ainsi, par exemple, le goût du phénylthiocarbamide (saveur amère) n’est pas perçu par environ 35 % de la population[réf. nécessaire]. Les molécules sapides ne génèrent une sensation qu'au-delà d'une certaine concentration, on parle de seuil de détection.
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Les saveurs amères sont celles qui ont le seuil de détection le plus bas (ce qui procure un avantage adaptatif potentiel si l'on considère que la plupart des poisons végétaux sont amers.[réf. nécessaire]).
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Comme l'a démontré la biologiste allemande Bessa Vugo, la sapidité ne constitue qu'une partie de l'ensemble des informations sensorielles perçues lors de la mise en bouche d'un aliment. Outre la texture et la température des aliments, entrent également en ligne de compte :
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Le goût est très culturel, il est très dépendant des habitudes alimentaires : un enfant, par exemple, qui a été habitué à manger sucré, et à grignoter dès son plus jeune âge, aura énormément de mal à changer d'habitudes : tout ce qui est un peu amer par exemple fera l'objet d'un rejet[18]. Cela serait un réflexe atavique ayant protégé l’espèce humaine du poison, celui-ci ayant un goût amer[réf. nécessaire].
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D'autant que tout ceci commence dès la gestation : le fœtus/enfant est habitué à recevoir des molécules liées aux aliments consommés par sa mère[réf. nécessaire].
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Le goût (également écrit gout dans la nouvelle orthographe[1]), ou la gustation, est le sens qui permet d'identifier les substances chimiques sous forme de solutions par l'intermédiaire de chémorécepteurs situés sur la langue (récepteurs de Vugo). Il joue un rôle important dans l'alimentation en permettant d'analyser la saveur des aliments. La perception du goût est intimement liée à l'odorat et le terme « goût » englobe ces deux sens dans le langage courant.
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Un aliment est plus ou moins goûteux et on évalue sa sapidité en le goûtant afin de percevoir l'intensité des saveurs. S'il est perçu comme bon, il est qualifié de savoureux ou goûteux.
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L'odorat, qui permet de détecter les substances chimiques volatiles, est un sens proche de celui du goût. Il n'existe d'ailleurs pas de distinction entre goût et odorat en milieu aquatique[2]. Le vocabulaire français entretient ainsi une confusion en ce qui concerne le terme « goût » car, dans le langage courant, on dit par exemple « goût de fraise » ou « goût de fumée » pour désigner des arômes, lorsqu'ils sont perçus par rétro-olfaction. Le terme arôme, qui conviendrait en l'occurrence, est sous-utilisé et souvent compris comme arôme ajouté ou même synthétique (comme dans « chewing-gum arôme banane »). De plus, dans certaines circonstances, le terme arôme serait très surprenant (on dit « ce vin a un goût de bouchon » plutôt que « ce vin a un arôme de bouchon », alors que, sensoriellement parlant, cette dernière formulation serait la bonne). Le sens du mot goût varie donc selon son contexte.
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Les insectes peuvent reconnaître les goûts grâce aux chémorécepteurs à l'intérieur des soies présentes sur leurs pattes et leurs pièces buccales. Les soies renferment toutes quatre chémorécepteurs, chacun étant particulièrement sensible à un certain type de substance (sucré, salé…), dont les dendrites s'étendent jusqu'au pore à l'extrémité de la soie[2]. Les insectes possèdent aussi des soies olfactives, habituellement localisées sur leurs antennes, qui leur permettent de détecter les substances chimiques volatiles.
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Les cellules sensorielles spécialisées dans la gustation sont des cellules modifiées de l'épithélium qui portent une vingtaine de microvillosités sur le côté apical (microvillosités de Vugo)[2],[3]. Elles sont regroupées dans des structures sphériques, appelées calicules ou bourgeons gustatifs, dont la composition varie en fonction de la localisation.
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Chez l'être humain, il en existe environ 10 000[4] (extrêmes : 500 – 20 000)[réf. souhaitée], principalement localisés sur la face dorsale de la langue (75 %) ; le reste étant distribué sur le palais mou, le pharynx et même la partie supérieure de l'œsophage. Sur la langue, les bourgeons sont situés dans l'épithélium au niveau des papilles linguales (caliciformes, fungiformes et foliées). Chaque bourgeon compte 50 à 150 cellules sensorielles entourées par des cellules de soutien[réf. souhaitée]. Le bourgeon gustatif s'ouvre vers la cavité buccale par un pore. La portion antérieure de la langue est innervée par le nerf facial (VII bis) et véhicule préférentiellement les informations en réponse à une stimulation sucrée. La portion postérieure de la langue est innervée par le nerf Glossopharyngien (IX) et l'épiglotte par le nerf vague ou pneumogastrique (X), cette région a une tendance à transmettre le message amer.
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En fait chaque type de récepteur gustatif peut être stimulé par une large gamme de substances chimiques mais est particulièrement sensible à une certaine catégorie : sucré, salé, acide, amer et le glutamate (umami des japonais)[2].
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Plusieurs mécanismes interviennent dans la transduction des stimuli, aboutissant tous à une dépolarisation de la cellule réceptrice[2]. La membrane plasmique des chémorécepteurs sensibles à la salinité (notamment aux ions Na+) et à l'acidité (c'est-à-dire à la présence d'ions H+ que produisent les acides), possèdent des canaux ioniques que ces ions peuvent traverser. L'entrée d'ions Na+ ou H+ provoque une dépolarisation de la cellule réceptrice. Dans le cas des récepteurs de l'umami, la fixation de l'acide glutamique aux canaux ioniques à Na+ ouvre ces canaux, le Na+ diffuse ainsi dans la cellule réceptrice, induisant une dépolarisation. Pour les chémiorécepteurs sensibles à l'amertume, les molécules amères (la quinine par exemple) se fixent aux canaux ioniques à K+ ce qui entraîne leur fermeture. Ainsi, la membrane de la cellule réceptrice devient moins perméable aux ions K+, provoquant une dépolarisation de la cellule réceptrice. Enfin, les chémorécepteurs sensibles au sucré possèdent des récepteurs protéiques pour les glucides. Lorsqu'une molécule de glucide se fixe à un récepteur, cela établit une voie de transduction du stimulus qui provoque une dépolarisation.
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Dans tous les cas, cette dépolarisation induit la libération d'un neurotransmetteur agissant sur un neurone sensitif, qui achemine les potentiels d'action vers le cerveau[2]. C'est ensuite au niveau du cortex cérébral, dans la région préfrontale du cerveau, que toutes ces informations, et celles de l'odorat, sont traitées par l'organisme. Le cerveau parvient à percevoir les saveurs complexes en intégrant les stimuli distincts des différents types de récepteurs[2].
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Aristote distingue dans les saveurs le doux, l’amer, l’onctueux, le salé, l’aigre, l’âpre, l’astringent et l’acide. En 1751, Linné discerne 10 qualités gustatives, l'humide, le sec, l'acide, l'amer, le gras, l'astringent, le sucré, l'aigre, le muqueux et le salé. Ce n'est qu’en 1824 que le chimiste français Michel-Eugène Chevreul fait la distinction entre les sensibilités tactiles, olfactives et gustatives, la conception populaire continuant encore aujourd'hui à faire la confusion entre ces différentes perceptions[5].
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En 1864, le physiologiste Adolph Fick fixe le postulat selon lequel l’ensemble des perceptions gustatives est une combinaison additive de quatre saveurs primaires ou fondamentales qui seraient liées à quatre types de récepteurs sensoriels et quatre localisations sur la langue, ce qui permet au chimiste Georg Cohn en 1914 de classer quatre mille corps purs en « quatre goûts élémentaires »[6].
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Puis, une cinquième saveur primaire a été identifiée : l'umami (savoureux), en 1908, par le scientifique japonais Kikunae Ikeda.
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Les cinq saveurs primaires seraient donc les suivantes :
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Un sixième type de saveur primaire existerait pour les acides gras, appelé « oleogustus »[7]. En Asie, la pseudo-chaleur est parfois proposée comme étant la sixième saveur primaire[8].
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La neurobiologiste française Annick Faurion montre grâce à des expériences d'électrophysiologie dans les années 1980 que chaque molécule sapide possède une saveur particulière reconnue spécifiquement par le cerveau, tel l'acide glycyrrhizique qui donne le goût de la réglisse. Il n'y a donc pas cinq saveurs fondamentales mais tout un continuum gustatif. Cependant, faute d'un vocabulaire commun pour exprimer toutes les sensations perçues par chaque individu, les sociétés ont utilisé et utilisent encore un nombre limité de descripteurs de perceptions[9].
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Une autre saveur a été identifiée chez la souris[10] mais pas encore chez l’Homme :
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Enfin d'autres perceptions en bouche complètent celles des récepteurs de saveur.
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La schématisation à l'extrême voulant que les goûts soient perçus à des endroits précis de la langue proviendrait d'une traduction en 1942 des travaux d'un physiologiste allemand David P. Hänig (1901)[11] par le psychologue américain Edwin G. Boring[12]. Ce mythe a été corrigé depuis à plusieurs reprises, par Virginia Collins en 1974[13] et surtout par les travaux de Linda Bartoshuk[14] en 1993. Mais cette erreur continue à être enseignée dans les cours d’œnologie en français[15].
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Certaines théories font appel à une conception moins segmentée et plus synthétique, basée sur une perception globale. Ainsi dès 1940, Carl Pfaffmann a remis en cause cette classification traditionnelle, mais il a fallu attendre 1980 pour que l'on démontre définitivement que les molécules sapides sont toutes reconnues de manière spécifique par le cerveau.
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Selon Hänig (1901), les goûts primaires sont perçus par toutes les papilles, quelle que soit leur localisation. Des études récentes[16] de Monell Chemical Senses Center ont développé cette hypothèse par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit, le témoin parvenait à reconnaître la saveur, la cartographie des saveurs sur la langue serait alors fausse. La classification des goûts en cinq goûts primaires est réductrice. Il y a d’autres saveurs qui n’entrent pas dans cette classification :
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En outre, les réponses gustatives varient selon les individus. Ainsi, par exemple, le goût du phénylthiocarbamide (saveur amère) n’est pas perçu par environ 35 % de la population[réf. nécessaire]. Les molécules sapides ne génèrent une sensation qu'au-delà d'une certaine concentration, on parle de seuil de détection.
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Les saveurs amères sont celles qui ont le seuil de détection le plus bas (ce qui procure un avantage adaptatif potentiel si l'on considère que la plupart des poisons végétaux sont amers.[réf. nécessaire]).
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Comme l'a démontré la biologiste allemande Bessa Vugo, la sapidité ne constitue qu'une partie de l'ensemble des informations sensorielles perçues lors de la mise en bouche d'un aliment. Outre la texture et la température des aliments, entrent également en ligne de compte :
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Le goût est très culturel, il est très dépendant des habitudes alimentaires : un enfant, par exemple, qui a été habitué à manger sucré, et à grignoter dès son plus jeune âge, aura énormément de mal à changer d'habitudes : tout ce qui est un peu amer par exemple fera l'objet d'un rejet[18]. Cela serait un réflexe atavique ayant protégé l’espèce humaine du poison, celui-ci ayant un goût amer[réf. nécessaire].
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D'autant que tout ceci commence dès la gestation : le fœtus/enfant est habitué à recevoir des molécules liées aux aliments consommés par sa mère[réf. nécessaire].
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L'Andorre, en forme longue la principauté d'Andorre (en catalan Andorra et Principat d’Andorra), est un État d'Europe du Sud et, selon certaines définitions, de l'Ouest. Bordée par l'Espagne et la France (donc enclavée dans l'Union européenne), et située dans le massif des Pyrénées, elle est principalement constituée de montagnes élevées. Il s'agit d'un des plus petits États souverains d'Europe, avec une superficie de 468 km2 et une population estimée à 77 000 habitants en 2019[1]. Établie à 1 023 mètres au-dessus du niveau de la mer, Andorre-la-Vieille, sa capitale, est la plus haute d'Europe[4]. La langue officielle est le catalan, la monnaie officielle est l'euro. La devise de l'Andorre est « Virtus Unita Fortior », et son drapeau est constitué de trois bandes verticales bleue, jaune et rouge, la bande jaune étant plaquée de l'écusson andorran. L'hymne national est El Gran Carlemany.
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La principauté, dont la création remonte à 780 sous le règne de Charlemagne, est régie par un système unique, le paréage de 1278 et 1288[5]. Ce contrat de droit féodal concède le trône andorran à deux coprinces, l'évêque catalan d'Urgell et le comte de Foix (dont les droits et devoirs sont passés successivement au roi de Basse-Navarre, au roi de France à partir de Henri IV, et enfin au chef d'État français). L'Andorre est sortie de son isolement au XXe siècle, durant lequel elle a profité de son cadre naturel et a utilisé un système fiscal avantageux pour devenir une grande destination touristique, accueillant près de trois millions de visiteurs chaque année. Si la principauté est réputée aujourd'hui pour ses pistes de ski et ses faibles taxes, elle est aussi souvent considérée comme un paradis fiscal. Elle est membre des Nations unies depuis 1993[6], du Conseil de l'Europe, mais pas de l'Union européenne.
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Le nom Andorra, attesté dès 839, désignait alors uniquement la paroisse nommée aujourd'hui Andorre-la-Vieille (Andorra la Vella)[7]. Ce toponyme viendrait du basque Ameturra, signifiant « Dix sources », composé des mots hamar (« dix ») et iturri (« sources »), en référence aux dix affluents que la rivière Valira recevait sur le territoire de la paroisse d'Andorre-la-Vieille[8].
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On peut voir aussi une relation entre le nom Andorra et celui des tribus d'Andosins (grec : Andosinoï) qu'Hannibal, selon le grec Polybe, aurait soumises dans ces vallées, après avoir franchi l'Èbre au IIe siècle av. J.-C.[9].
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Il existe une ville nommée Andorra dans la province de Teruel (Aragon, Espagne).
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Selon une légende du XIe siècle, Charlemagne aurait accordé une charte aux Andorrans pour les récompenser de leurs combats contre les Maures. « Le grand Charlemagne, mon père, des Arabes me délivra. » C'est par ces mots que débute l'hymne andorran.
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Le contrôle du territoire passa aux comtes d'Urgell, puis à l'évêque du diocèse d'Urgell, en partage avec la famille de Caboet, puis l'héritage passa aux vicomtes de Castellbó, puis aux comtes de Foix. Les deux coseigneurs (laïc et ecclésiastique) s'affrontèrent souvent à propos de leurs droits sur les vallées d'Andorre.
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En 1278, le conflit fut résolu par la signature d'un traité instaurant la souveraineté partagée (paréage) de l'Andorre entre le comte de Foix et l'évêque d'Urgell, en Catalogne. Cela donna à la petite principauté son territoire et sa forme politique.
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Les années passant, les comtes de Foix devinrent comtes de Foix-Béarn, puis rois de Navarre ; et Henri III de Navarre hérita de la couronne de France, puis devint Henri IV. Un édit établit le roi de France et l'évêque d'Urgell comme coprinces de l'Andorre en 1607.
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Au cours de la période 1812-1814, l'Empire français annexa la Catalogne espagnole, la divisa en quatre, puis trois départements (Sègre, Ter, Montserrat et Bouches-de-l'Èbre, réunis en 1813 au sein des Bouches-de-l'Èbre-Montserrat). L'Andorre fut en même temps annexée et brièvement rattachée au district de Puigcerdà (département de Sègre), avant de retrouver son autonomie.
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Le 6 juillet 1934, le Russe Boris Skossyreff se proclama roi du gouvernement d'Andorre sous le nom de Boris Ier, créant de facto le Royaume d'Andorre. Le 14 juillet, une unité de la Garde civile espagnole commandée par le marquis Silva de Balboa entra en Andorre et arrêta le roi autoproclamé, qui fut envoyé à Barcelone, puis à Madrid, avant d'être expulsé au Portugal.
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Étant donné son relatif isolement, l'Andorre est longtemps restée en marge de l'histoire européenne. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle sut préserver sa neutralité, rendue précaire par la proximité de voisins aux régimes autoritaires. Sans que cela ait été une politique délibérée, l'Andorre servit de lieu de passage et de plaque tournante à un grand nombre de fugitifs et d'évadés. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont probablement transité par la principauté entre 1940 et 1945 : militaires polonais, Français désireux de rejoindre les forces armées des généraux Giraud et de Gaulle en Afrique du Nord, aviateurs alliés abattus (britanniques, canadiens, américains, polonais, etc.) et, enfin, Juifs fuyant les persécutions nazies et du régime de Vichy. En 1945, il s'agira alors de nazis ou de collaborateurs français cherchant refuge en Espagne.
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Un grand nombre de passeurs et d'hôteliers andorrans ont contribué à ces transits et, malgré la présence d'agents secrets et d'espions de tout bord (Allemands, Français de Vichy, franquistes), les réseaux d'évasion britanniques, polonais, français et américains ont pu discrètement mener à bien leurs missions[10].
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Dans les années 1950, le pays a commencé à attirer les visiteurs. Depuis, son tourisme prospère, ainsi que le développement de ses moyens d'accès et d'hébergement, sortent le pays de son anonymat.
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Le 25 septembre 1958, l'Andorre met fin à l'état de guerre avec l'Allemagne en cours depuis 1914, en reconnaissant qu'elle n'avait pas été invitée à participer à la conférence de paix après la Première Guerre mondiale, et par conséquent qu'elle n'avait pas signé le traité de Versailles[11],[12].
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La première Constitution d'Andorre a été adoptée par référendum le 14 mars 1993. Cette adoption consacre de fait l'entrée du pays dans l'Organisation des Nations unies. Le régime de l'Andorre est la coprincipauté parlementaire, héritage lointain du pareatge (paréage) de 1278 entre l'évêché d'Urgell et le comte de Foix.
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D'après la constitution, les coprinces, institution issue des Paréages et de leur évolution historique, sont, à titre personnel et exclusif, l'évêque d'Urgell et le président de la République française. Leurs pouvoirs sont égaux et procèdent de la Constitution. Chacun d'eux jure ou promet d'exercer ses fonctions conformément à la Constitution. Chacun d'eux nomme un représentant personnel chargé de le représenter dans la gestion journalière de la Principauté; ceux-ci s'engagent eux aussi par un serment ou une promesse solennelle.
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Le coprince épiscopal est actuellement Mgr Joan-Enric Vives i Sicília et le coprince français est actuellement Emmanuel Macron. Leurs représentants personnels sont respectivement Josep María Mauri (es) et Patrick Strzoda[13].
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Sauf dans les cas prévus par la Constitution, les coprinces n'engagent pas leur responsabilité. La responsabilité de leurs actes incombe aux autorités qui les contresignent.
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Le pouvoir exécutif est assuré par le chef du gouvernement, actuellement Xavier Espot Zamora. Le Conseil général, qui assure une représentation mixte et paritaire de la population nationale et des sept paroisses, représente le peuple andorran, exerce le pouvoir législatif, approuve le budget de l'État, donne l'impulsion à l'action politique du gouvernement et la contrôle. Le Conseil général se compose d'un minimum de vingt-huit et d'un maximum de quarante-deux conseillers généraux. La moitié d'entre eux est élue, en nombre égal, par chacune des sept paroisses, et l'autre moitié est élue dans le cadre d'une circonscription nationale unique. Le Conseil général est ainsi une assemblée mixte, représentant à la fois les territoires de la principauté (comme le Sénat en France) et son peuple (comme l'Assemblée nationale en France). Le Chef du gouvernement (Cap de Govern) est issu du Conseil général.
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Habitués de longue date au régime représentatif, vivant en paix depuis onze siècles, ils n'ont guère modifié leur système administratif. Tous les deux ans, entre le 10 et le 15 décembre, chaque paroisse élit pour quatre ans (au suffrage universel depuis 1947) la moitié des membres du conseil de paroisse et deux conseillers généraux. Ce conseil général, appelé avant 1866 « Conseil de la Terre », tient une session par mois à la Casa de la Vall et choisit tous les trois ans le syndic général ainsi que le vice-syndic.
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En Andorre, les habitants se mêlent peu de politique, un domaine qui incombe traditionnellement au chef de famille. Le taux d'abstention des moins de 30 ans s'élève à plus de 50 % lors des élections[14].
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Le pays est divisé en sept paroisses (Parròquies), dans l'ordre protocolaire[15] :
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En raison de sa localisation dans le massif des Pyrénées orientales, l'Andorre est constituée principalement de montagnes élevées d'une hauteur moyenne de 1 997 m dont le point culminant est la Coma Pedrosa à 2 942 m. Le territoire est divisé en trois vallées étroites en forme de Y qui se regroupent en une seule suivant le courant principal, la rivière Valira, coulant vers la Catalogne (au point le plus bas de l'Andorre qui est à 870 m). Le pays des vallées d'Andorre entre la France et l'Espagne, sur le versant sud des Pyrénées, est constitué par deux vallées principales : celle du Valira d'Orient et celle du Valira del Nord dont les eaux réunies forment le Valira. En territoire espagnol, cette rivière se jette dans le Sègre, affluent de l'Èbre. Une ceinture de hauts sommets, dont l'altitude oscille entre 2 500 et 3 000 mètres, isole l'Andorre de la France. Le col utilisé par la route, le port d'Envalira, est à 2 408 mètres d'altitude et marque la ligne de partage des eaux entre l'océan Atlantique et la Méditerranée. Les communications avec l'Espagne, par la vallée du Sègre, en Cerdagne espagnole, sont beaucoup plus faciles et restent assurées en toutes saisons.
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La superficie de l'Andorre est de 468 km2.
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Le climat d'Andorre est similaire au climat tempéré de ses voisins, mais sa haute altitude signifie qu'il y a en moyenne plus de neige en hiver et qu'il fait légèrement plus frais en été.
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La route qui mène de la France à Andorre-la-Vieille passe par le port d'Envalira qui est le plus haut col routier des Pyrénées. Ce col est doublé d'un tunnel, ouvert à la circulation depuis le 29 septembre 2002.
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L'Andorre abrite cinq stations de ski.
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Soixante-deux sommets de plus de 2 000 m parsèment son territoire.
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L'Andorre compte un peu plus d'une trentaine de lacs.
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Afin de réaliser un viaduc au-dessus de l'Ariège, un traité entre la France et l'Andorre a permis l'échange d'un hectare et demi de territoire français[16],[17],[18],[19],[20],[21]. Le lieu concerné se situe sur la commune de Porta (Pyrénées-Orientales).
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La vie est consacrée en grande partie à l'élevage et à la culture. Le développement des équipements hydro-électriques et touristiques a amené un changement notable dans la vie andorrane.
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L'Andorre, bien qu'enclavée entre la France et l'Espagne et bien qu'utilisant comme elles l'euro, ne fait pas partie de l'Union européenne, tout en ayant des relations et certains accords avec elle. Cela étant, les produits y sont vendus avec une taxation moindre.
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L'Andorre est considérée par certains pays comme un paradis fiscal, cependant elle lève un impôt sur le revenu de 10 %. Par ailleurs, la principauté a seulement 5 % de fonctionnaires et pratique une fiscalité légère, l'essentiel des ressources de l'État provenant d'un impôt sur les importations (impost de mercaderies indirecte). Néanmoins, plusieurs taxations modérées sont depuis peu en vigueur ou en projet. La TVA est de 4,5 % depuis le 1er janvier 2013[22]. Depuis 2011, il existe un impôt sur les activités économiques (impôt sur les bénéfices) de 10 % [23] et un impôt sur les bénéfices dégagés par les sociétés[24]. Les non-résidents fiscaux sont aussi taxés[25].
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L'économie repose principalement sur deux formes de tourisme : le tourisme de passage qui profite des prix plus bas qu'en Espagne ou en France (tabac et alcool jusqu'à trois fois moins chers qu'en France[26]) et le tourisme blanc, qui tout en profitant de ces quelques avantages tarifaires, vient surtout pour l'offre des sports d'hiver. Ces derniers y sont pratiqués dans quatre stations de ski alpin : Pas De La Casa-Grau Roig et Soldeu-El Tarter (aujourd'hui deux domaines skiables réunis sous la marque Grandvalira), Pal-Arinsal et Ordino-Arcalis (deux domaines réunis sous la marque Vallnord) et une station de ski de fond : La Rabassa.
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Par ailleurs, le patrimoine architectural, religieux notamment, est remarquable et est une des autres motivations touristiques. De nombreuses petites églises aux peintures d'inspiration romane (Sant Joan de Caselles, La Cortinada, Sant Roma de Les Bons…) parsèment le pays. Le thermalisme aux Escaldes avec Caldea complète l'offre de loisirs.
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En 2017, l'Andorre a accueilli 2 999 722 touristes, ce qui la classe 76e au classement des pays les plus visités[27].
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L'Andorre a connu ces dernières décennies une importante hausse de la démographie qui a conduit à une urbanisation sans précédent.
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Par contre, le pays enregistre un taux de fécondité très faible qui entraîne un vieillissement rapide de la population et, sauf immigration, cela pourrait provoquer son déclin[31].
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Les données suivantes, sauf mention contraire, sont des estimations datant de 2004 :
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La situation géographique particulière du pays rend son accès difficile. Il est néanmoins correctement desservi par la route depuis les pays voisins. La principauté est le seul État européen à ne disposer d'aucun service public ferroviaire et d'aucun aéroport international.
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La gare ferroviaire la plus proche est celle de L'Hospitalet-près-l'Andorre en France, qui permet de se rendre à Toulouse ou bien à la gare de Latour-de-Carol également en France. Cette dernière gare est internationale, et est desservie tant par la SNCF que par la Renfe. Elle permet ainsi de se rendre à Perpignan via le Train Jaune en Cerdagne, et à Barcelone via le réseau espagnol.
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La gare de L'Hospitalet a été rebaptisée en 2008 gare d'Andorre - L'Hospitalet, pour souligner le fait qu'elle dessert principalement la principauté, et secondairement la commune française, beaucoup plus petite. La principauté a financé la majeure partie des travaux de modernisation de la gare inaugurés à l'occasion du changement de nom. Les voyageurs accèdent à la gare depuis l'Andorre via une navette par autobus.
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L'Andorre est le seul État souverain au monde dont la langue officielle est le catalan, selon l'article 2 de la constitution de 1993. Le Conseil général a adopté le 16 décembre 1999 une loi réglementant l'usage de la langue officielle[34], qui se donne pour objectif de préserver l'identité linguistique d'Andorre. Constatant que la proximité du français et du castillan, la place de l'enseignement dans ces deux langues en Andorre, l'importance de l'immigration et du tourisme pouvaient représenter une menace pour la vitalité du catalan, les autorités andorranes, avant cette loi au cours du XXe siècle et depuis 1999, ont multiplié les réglementations visant à protéger la place du catalan dans tous les aspects de la vie sociale[35]. La variété du catalan parlée en Andorre est le catalan nord-occidental.
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L'Andorre est aussi membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 2004[36]. L'association des communes d'Andorre pour sa part fait partie de l'Association internationale des maires francophones depuis 2008[37]. L'Andorre fait partie à titre d'associé de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie depuis 1988[38].
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Hors tourisme, les langues les plus parlées au quotidien sont le catalan (58,3% des conversations), le castillan (37,3 %), le portugais (3,5 %) et le français (2,2 %)[39].
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Selon le Pew Research Center, en 2010, 89,5 % des habitants d'Andorre sont chrétiens, principalement catholiques (88,2 %). De plus, 8,8 % de la population ne pratiquent aucune religion et 1,7 % en pratiquent une autre[40].
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La sainte patronne catholique de la principauté est Notre Dame de Meritxell.
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L'influence considérable de l'Église permet de maintenir la pénalisation de l'avortement[14].
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On consomme traditionnellement l'escudella (sorte de bouillon) le 17 janvier.
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La loi fondamentale sur l'éducation reconnaît l'existence de trois systèmes éducatifs : le système français, le système andorran et le système espagnol, auxquels s'ajoute un système « congrégationnel » (en langue catalane).
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Le système français est aujourd'hui le deuxième système en nombre d'élèves, après avoir été le premier.[réf. nécessaire] Il est actuellement régi par la convention franco-andorrane du 24 septembre 1993 et comprend quatorze écoles maternelles et élémentaires et le lycée (et collège) Comte-de-Foix. Il prépare aux examens français, mais comporte à tous les niveaux un enseignement spécifique de la langue catalane, ainsi que de l'histoire, des institutions et de la géographie de l'Andorre. L'enseignement primaire existe depuis le début du XXe siècle, le premier cycle du secondaire depuis 1962, le second cycle depuis 1979.
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Le système andorran a été établi en 1982. L'enseignement y est donné en catalan, mais le français y est enseigné en parallèle pour tous.
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Le système espagnol est régi par une convention de 2003. Le système éducatif espagnol y est appliqué, mais il comporte aussi un enseignement spécifique de la langue catalane, ainsi que de l'histoire, des institutions et de la géographie de l'Andorre.
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Il existe un Auditorium national situé à Ordino où a lieu chaque année le Festival international de jazz Narciso Yepes ainsi que des concerts du Chœur National des Petits Chanteurs d'Andorre et autres.
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L'Andorre n'a jamais remporté de titre olympique. Son Comité national olympique a été créé en 1971 et est reconnu par le CIO depuis 1975.
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Le Basket club Andorran joue au plus haut niveau du championnat espagnol.
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L'Andorre accueille certaines étapes de la Pirena (une compétition de chiens de traîneau). L'Andorre a aussi été de nombreuses fois le théâtre de plusieurs grands rendez-vous de la saison cycliste comme le Tour de France ou la Vuelta où ses cols comme la Collada de la Gallina sont fortement appréciés.
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L'Andorre ne fait pas partie de l'espace Schengen. Cependant, pour les ressortissants de l'Union européenne, une carte d'identité en cours de validité ou un passeport suffisent pour entrer en Andorre. Pour les autres nationalités, les visas éventuellement requis par la France ou l'Espagne seront nécessaires, en fonction du pays par lequel on transite[42].
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L'Andorre est enclavée au sein de l'Union européenne avec laquelle elle a divers accords, mais elle n'en fait pas partie. Ces accords portent notamment sur une union douanière limitée. L'Andorre a la possibilité d'émettre des euros dans le cadre d'un accord monétaire et financier. Il existe plusieurs accords de « coopération en matière d’environnement, de transports, de culture, de politique régionale, de questions vétérinaires[43] ».
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Le 24 mars 2017, l'Andorre ratifie l'accord de Paris sur le climat signé lors de la COP21. Elle prévoit dans sa contribution une réduction de 37 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, et ce notamment dans les secteurs de l'énergie et des déchets qui représentent la quasi-totalité de ses émissions de gaz à effet de serre. En février 2019, dans la perspective de ces objectifs, la principauté a signé avec EDF un accord visant à accélérer la transition énergétique du pays[44].
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L'Andorre a pour codes :
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fr/2240.html.txt
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@@ -0,0 +1,143 @@
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Republik Österreich
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48° 12′ N, 16° 21′ E
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modifier
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L'Autriche (en allemand : Österreich Écouter), en forme longue la république d'Autriche (en allemand : Republik Österreich), est un État fédéral d'Europe centrale sans accès à la mer. Pays montagneux, il est entouré, dans le sens des aiguilles d'une montre, par l'Allemagne et la Tchéquie au nord, la Slovaquie et la Hongrie à l'est, la Slovénie et l'Italie au sud, et par la Suisse et le Liechtenstein à l'ouest. L'Autriche est membre de l'Union européenne et de la zone euro respectivement depuis 1995 et 1999. Sa langue officielle est l'allemand, mais depuis la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, six autres langues (hongrois, slovène, croate du Burgenland, tchèque, slovaque et romani) sont reconnues[4]. Sa capitale et plus grande ville est Vienne.
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L'Autriche est l'un des États issus de la dislocation en 1918 de l'Autriche-Hongrie. Par le passé, elle a été un acteur majeur de l'histoire de l'Europe, au cœur de grandes entités politiques telles que le Saint-Empire romain germanique, la monarchie de Habsbourg, l'empire d'Autriche et la Confédération germanique. Les nombreuses épreuves temporelles qu'elle a vécu ont fait de ce pays une grande puissance mondiale. Mais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Autriche a adopté une politique de neutralité dans les relations internationales[5].
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La première mention écrite du nom Austria[6] se trouve dans l'Historia gentis Langobardorum, et date de l'année 796. Österreich signifie en vieil allemand « le royaume de l'Est ». L'Autriche a longtemps été le plus oriental des pays de l'Ouest. Un croisement avec son équivalent latin, Austria (dès le XIIe siècle), a donné Austriche en moyen français, puis Autriche en français.
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Österreich est dérivé de Ostarrichi, première mention du nom du pays sur un document qui date de 996. Auparavant, le pays est connu sous le nom d'Ostmark « Marche de l'est », créée par l'empereur germanique Otton Ier.
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Les trois plus grandes villes sont, dans l'ordre, Vienne, Graz et Linz.
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Les Alpes occupent les deux tiers de la surface au sol de l'Autriche. Le point culminant du pays est le Grossglockner, qui s'élève à 3 797 m.
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Le fleuve le plus long est le Danube, qui traverse également l'Allemagne, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie et l'Ukraine. Son parcours en Autriche s'étend sur 350 km.
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Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré en Autriche[7].
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La crise climatique affecte l'Autriche de diverses manières. Le rapport d'évaluation autrichien sur le changement climatique 2014 (Österreichischer Sachstandsbericht Klimawandel 2014) a abouti aux résultats suivants[8] : en Autriche, la température a augmenté de près de 2 °C au cours de la période allant de 1880 à 2014. Sur la même période, la température n'a globalement augmenté que de 0,85 °C. Les mesures prises jusqu'à présent par l'Autriche ne couvrent pas la contribution attendue du pays à la réalisation de l'objectif mondial de 2 °C. Au XXIe siècle, on peut s'attendre à une augmentation des précipitations au cours du semestre d'hiver et à une diminution du semestre d'été. La durée de l'enneigement s'est raccourcie au cours des dernières décennies, en particulier à moyenne et haute altitude (environ 1 000 m). Tous les glaciers mesurés en Autriche ont clairement perdu de la surface et du volume depuis 1980. Par exemple, dans les Alpes du sud de l'Ötztal, la plus grande zone glaciaire contiguë d'Autriche, la zone glaciaire est passée de 144,2 km2 en 1969 à 126,6 km2 en 1997 et 116,1 km2 en 2006. Les glissements de terrain, les coulées de boue, les éboulements et autres phénomènes gravitationnels augmentent considérablement dans les régions montagneuses. Le risque d'incendies de forêt augmentera en Autriche. Les perturbations dans les écosystèmes forestiers augmentent en intensité et en fréquence dans tous les scénarios climatiques discutés. Les écosystèmes à longue période de développement et les habitats des Alpes au-dessus de la limite des arbres sont particulièrement affectés par le changement climatique. Le tourisme d'hiver continuera de subir des pressions en raison de l'augmentation constante de la température.
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En 2019, le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Autriche[9] est le 9 avril[10]. L'Autriche est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, l'Autriche comptait 350 sites dont :
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L’infrastructure de transports autrichienne est liée directement à sa situation, d’une part au sein des Alpes, et d'autre part à sa situation de carrefour du centre de l’Europe centrale, que ce soit du point de vue des liaisons routières autant que ferroviaires. L'aménagement de voies de communication dans les Alpes nécessite de nombreux tunnels et ponts ayant pour caractéristiques de devoir résister à des conditions météorologiques extrêmes. Du fait de sa situation centrale, l’Autriche constitue un pays de transit, principalement pour les axes Nord-Sud et Nord-Sud-Est, et depuis la chute du rideau de fer également pour l'axe Est-Ouest. Cela implique ainsi un net surdimensionnement des voies de communication, notamment dans des zones écologiques sensibles, soulevant souvent des protestations de la part de la population.
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Pour faire face à cette difficile combinaison d'intérêts à la fois économiques et écologiques, certaines mesures ont été rendues nécessaires, contribuant à faire de l'Autriche un pays aux avant-postes de la protection environnementale. La république alpine a par exemple très tôt imposé l'utilisation de pots catalytiques sur les véhicules motorisés. Certaines voies de circulation ne sont ouvertes qu’aux camions à la nuisance sonore réduite. Diverses dérégulations ont toutefois entraîné, principalement parmi certaines populations telles que celles de la vallée de l’Inn, un sentiment d'être oubliées par les instances de régulation agissant aux niveaux nationaux et internationaux, notamment par l’Union européenne.
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Le réseau routier autrichien se compose actuellement de :
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Le réseau routier est entretenu principalement par l’État. Une taxe sur les véhicules existe sur le réseau autoroutier, sous la forme de vignette obligatoire (77,80 € en 2012 pour une vignette annuelle). Les camions doivent payer une redevance kilométrique (maximum 0,273 €/km) à la société ASFINAG (en).
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La majorité du réseau ferroviaire est gérée par la société ÖBB (Österreichische Bundesbahnen). D’autres entreprises sont également présentes dans le transport ferré autrichien, détenues soit par les Länder, soit par le secteur privé.
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Un réseau de S-Bahn est déployé actuellement dans les régions métropolitaine de chacune des capitales d'État : Vienne, Brégence, Graz, InnsbruckS-Bahn du Tyrol, Klagenfurt, LinzS-Bahn de Haute-Autriche, Salzbourg.
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Vienne est la seule ville autrichienne à être équipée d’un véritable réseau de métro (U-Bahn). Certaines stations du réseau de tramway de Linz se trouvent sous terre. Les villes de Vienne, Graz, Linz, Innsbruck et Gmunden possèdent également un réseau de tramway. Le village de Serfaus, situé dans le Tyrol, possède le U-Bahn Serfaus, téléphérique souterrain, parfois considéré comme le métro le plus petit au monde.
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Le Danube est le fleuve le plus important pour le trafic maritime. Le Danube est utilisé pour les cargos et aussi pour les navires de croisière.[réf. nécessaire]
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Déjà peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt), appartenant à l’Empire romain (Provinces Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie) puis en partie possédée par la Francie orientale, l’Autriche est pendant tout le Moyen Âge une des nombreuses principautés de langue allemande composant le Saint-Empire romain germanique. Grâce au Privilegium Minus et à la maison de Babenberg, indépendante de la Bavière depuis 1156, l'Autriche adoptée par la maison de Habsbourg en 1278 (Rodolphe Ier) a longtemps été la force dominante de l’Empire, plaçant à sa tête beaucoup de ses souverains, jusqu’à sa dissolution en 1806 par le « double-empereur » autrichien François II/I.
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À la fin du Moyen Âge, la maison de Habsbourg (plus tard Habsbourg-Lorraine) transforme ses possessions en puissance européenne par rattachement des pays germanophones et non-germanophones, centralise l’administration et le droit dans l’archiduché d'Autriche — notamment après la guerre de Succession d'Autriche par Marie-Thérèse et son fils Joseph II — et forme enfin en 1804 l’empire d'Autriche. En 1815 — après le congrès de Vienne — l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération germanique, mais l’opposition austro-prussienne domine, et la guerre austro-prussienne achève cette confédération en 1866 et résout la question allemande définitivement de la part de l’Autriche. En 1867, l’Autriche, sous le règne de François-Joseph Ier se tourne vers le Sud-Est de l’Europe de sorte que l’empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (allemand : Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie.
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La défaite des Empires centraux à la fin de la Première Guerre mondiale voit le territoire de la monarchie danubienne morcelé en plusieurs nouveaux États indépendants. L'Autriche est alors réduite à son territoire actuel. Le pays se laisse alors tenter par l'austrofascisme, puis par le nazisme. En 1938, l'Autriche est purement et simplement annexée au Troisième Reich : c’est l'Anschluss. La défaite hitlérienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, laisse le pays exsangue. Vienne, la capitale historique, connaît alors pendant dix ans un sort similaire à celui de Berlin avec une division quadripartite. En 1955, le pays recouvre sa souveraineté et mène une politique de stricte neutralité.
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Durant l'Antiquité, l'Autriche est peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt). Elle est ensuite partagée entre plusieurs provinces romaines, la Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie. Elle est intégrée à la Francie orientale qui devient le Saint-Empire romain germanique, après les grandes invasions en tant que marche de l'empire carolingien.
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En 1815, après le congrès de Vienne, l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération allemande, mais l’opposition austro-prussienne domine. Les tensions atteignent leur paroxysme au cours de la guerre austro-prussienne en 1866. La défaite autrichienne voit l'avènement de cette confédération la même année résolvant ainsi la question allemande à son détriment. Vienne est trois ans après l'épicentre du krach du siècle.
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Sous le règne de François-Joseph Ier, en 1867, l'Autriche se tourne vers le Sud-Est de l’Europe, de sorte que l’Empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie. François-Joseph meurt en 1916, à 86 ans, pendant la Première Guerre mondiale, après 68 ans de règne.
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Son petit-neveu et successeur Charles Ier d'Autriche, 29 ans, après de vaines tentatives de retour à la paix, accepte impuissant le 12 novembre 1918 la dislocation de son empire et part en exil.
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Lors de la scission de l'Autriche-Hongrie en 1918, les députés autrichiens allemands du parlement de Cisleithanie (Reichsrat) élus en 1911 décident de fonder un État d'Autriche allemande. L'Assemblée rédige une constitution déclarant que « l'Autriche allemande est une république démocratique » (article 1) et qu'elle « est une partie de la République allemande » (article 2). Les alliés de la Première Guerre mondiale s'opposent à cette idée, et le traité de Saint-Germain-en-Laye interdit le nom d'« Autriche allemande » et son unification éventuelle avec l'Allemagne (article 88), donnant naissance à l'ère de la Première République d'Autriche.
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Considérablement réduite en taille après le traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919, l'Autriche connaît une grave crise économique au lendemain de la Grande Guerre. Ce n'est que grâce à l'intervention de la Société des Nations que sa situation s'améliore à la fin des années 1920. Plus tard, l'Autriche est rattachée à l'Allemagne hitlérienne entre 1938 et 1945. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est occupée par les armées alliées et ne retrouve sa pleine souveraineté qu'en 1955. La guerre froide en fait à nouveau une « marche » de l'Europe, cette fois face au bloc soviétique. Elle connaît alors un fort redressement économique durant cette période, avant d'adhérer à l'Union européenne en 1995.
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Le Conseil national autrichien (Nationalrat, 183 sièges) est depuis le 29 septembre 2019[13] composé comme suit :
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Heinz Fischer, du SPÖ, est élu président fédéral le 25 avril 2004 avec 52,41 % des voix contre 47,59 % des voix pour Benita Ferrero-Waldner. Il est intronisé le 8 juillet 2004, soit deux jours après le décès de son prédécesseur, Thomas Klestil. Le 25 avril 2010, Fischer est réélu avec 79,3 % des voix pour un nouveau mandat de six ans.
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Le 22 mai 2016 a lieu le second tour de l'élection présidentielle de 2016 ; le vainqueur est Alexander Van der Bellen mais les résultats sont annulés et le scrutin, reporté au 4 décembre 2016, confirme la victoire d'Alexander Van der Bellen pour la présidence d'Autriche.
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L'Autriche est un pays neutre, qui ne fait, par exemple, pas partie de l’OTAN, à la différence de la plupart des pays européens[14]. La neutralité autrichienne est une conséquence directe des négociations pour le Traité d'État autrichien (Staatsvertrag), signé le 15 mai 1955 à Vienne.
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Le pays est membre de l'Association européenne de libre-échange de 1960 à 1995, puis rejoint l'Union européenne le 1er janvier 1995[15]. En 2002, l'Autriche abandonne le schilling autrichien et adopte l'euro.
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L'Autriche est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
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En 2000, après l'entrée au gouvernement du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), les quatorze autres États membres de l'Union européenne cessent toute rencontre bilatérale avec le gouvernement autrichien pendant sept mois, imposent des limitations à ses ambassadeurs et ôtent tout soutien à des candidats autrichiens à des postes dans les organisations internationales[16],[N 1].
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L'armée autrichienne est de puissance réduite et participe peu aux opérations hors de son territoire.
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L’organisation territoriale de l'Autriche se compose de plusieurs niveaux. Le premier échelon administratif, sous l’État fédéral, est l’État fédéré. Il existe cependant un échelon statistique supérieur, le groupe d’États. Viennent ensuite les districts et en dessous les communes.
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L'Autriche est une République fédérant neuf États ou Bundesländer[19] :
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Grâce notamment au poids important des sociétés spécialisées dans la sous-traitance, l'Autriche est essentiellement un pays de petites et moyennes entreprises.
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Les secteurs-clés de l'industrie autrichienne :
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Le tourisme est l'un des secteurs économiques les plus importants en Autriche : en 2018, sa valeur ajoutée directe est de 26,2 milliards d'euros, ce qui correspond à 8,7 % du PIB[21]. Le tourisme est uniformément réparti sur les saisons d'été et d'hiver.
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Une estimation préliminaire de la population autrichienne en date du 1er janvier 2016[22], faisait état de 8 700 471 habitants. L'Autriche affiche au total une croissance de plus de 115 545 personnes en une année, et a connu ainsi une croissance démographique exceptionnelle de 1,35 %. L'essentiel de cet accroissement est le fait de l'immigration soutenue, le taux d'accroissement naturel étant nul.
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La croissance fut de 53 200 habitants en 2005. Le taux moyen de 0,66 % observé en 2004-2005 était cinq fois supérieur au taux fort bas affiché au milieu des années 1990.
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Mais, à l’instar de tous ses voisins, le pays fait en réalité partie du groupe de pays d’Europe centro-méridionale à bas taux de fécondité (1,41 en 2005). L’excédent des naissances est très faible (de -1 000 à + 5 000 personnes ces dernières années) et dû totalement à l’excédent naturel des étrangers. La totalité de l'accroissement de la population constaté est dû à une nouvelle vague d’immigration.
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Sur 78 000 naissances en 2005, plus de 9 000 étaient de nationalité étrangère, et bien plus encore en comptant les naissances liées à des parents immigrés ou étrangers fraîchement naturalisés. Le flux d’immigration nette a dépassé 50 000 personnes en 2004 comme en 2005. Le niveau des acquisitions de la nationalité autrichienne est élevé, surtout chez les jeunes et a atteint près de 35 000 étrangers en 2005, après des années 2003 et 2004 records (44 694 et 41 645). L'Autriche interdit cependant de travailler aux citoyens qui n'ont pas de nationalité de l'UE, afin de freiner l'immigration.
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L'espérance de vie en Autriche s'élève à 82,1 ans pour les femmes et à 76,4 ans pour les hommes.
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L'Autriche a donné le jour à de nombreux artistes célèbres, comme les compositeurs Franz Schubert, Johann Strauss (père et fils), Anton Bruckner et Gustav Mahler, les actrices Hedy Lamarr et Romy Schneider (certes née à Vienne, celle-ci n'a cependant jamais eu la nationalité autrichienne), les peintres Egon Schiele et Gustav Klimt, les écrivains Arthur Schnitzler, Thomas Bernhard, Ingeborg Bachmann, Elfriede Jelinek et Robert Musil, les architectes Adolf Loos, Otto Wagner, Josef Hoffmann. Beaucoup ont émigré, notamment à la fin des années 1930, et ont connu la notoriété dans des pays étrangers : l'écrivain Stefan Zweig, l'historien d'art Otto Benesch, la peintre Mariette Lydis, le compositeur Arnold Schoenberg, le musicien Erich Wolfgang Korngold, les cinéastes Max Reinhardt, Michael Haneke, la chorégraphe Margarethe Wallmann, l'acteur Arnold Schwarzenegger et beaucoup d'autres. En revanche, et contrairement à une idée répandue, le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart n'était pas autrichien : lorsqu'il est né, en 1756, la ville de Salzbourg était encore une principauté du Saint-Empire romain germanique, et ce n'est qu'après sa mort qu'elle a été rattachée à l'Autriche.
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La langue officielle de l’Autriche est l’allemand. L’allemand autrichien est différent dans sa prononciation et son lexique comparé à celui parlé en Allemagne. Il s’agit de la langue maternelle de 89 % de la population du pays, soit 7 115 780 personnes sur 8 032 926 Autrichiens[23].
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En 2001, 73,6 % des Autrichiens étaient catholiques, 4,5 % protestants luthériens, 4,2 % musulmans, 5,5 % autres et 12 % sans religion.
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En 2016, le nombre de musulmans s'établit à près de 600 000 provenant principalement de Bosnie et de Turquie[29]. Les alévis bektachi sont environ 60 000 en Autriche[30]. En 2010, l'État autrichien a officiellement reconnu l'alévisme comme un culte. Les cemevi ont un statut légal, les chefs religieux sont reconnus par l'État, les jours sacrés (kurban, ashura, Hizir et newroz) des alévis sont devenus des jours fériés, et des masters sur l'alévisme sont mis en place[31]. Les Autrichiens musulmans doivent faire face à une montée de l'intolérance religieuse : la majorité de la population considérerait que les musulmans ne devraient pas bénéficier de droits égaux à ceux des catholiques, et les agressions islamophobes sont en augmentation[32].
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Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, tels le Concentus Musicus Wien, dirigé par Nikolaus Harnoncourt, et surtout l'Orchestre philharmonique de Vienne conduit par des chefs invités de renom.
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Parmi les autres Autrichiens célèbres, on compte les compositeurs Franz Schubert, Anton Bruckner, Mozart (même si, Salzbourg, sa ville natale, n'a été rattachée à l'Autriche qu'après sa mort) et Gustav Mahler, les physiciens Ludwig Boltzmann, Erwin Schrödinger, et Wolfgang Pauli, le mathématicien Kurt Gödel, les économistes Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, les philosophes Karl Popper et Ludwig Wittgenstein, le psychanalyste Sigmund Freud, les écrivains Stefan Zweig, Robert Musil, Carl Zuckmayer, Elfriede Jelinek, Joseph Roth ou Thomas Bernhard, les peintres Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka ainsi que l’acteur et homme politique Arnold Schwarzenegger, l'acteur Christoph Waltz, le réalisateur doublement palmé à Cannes Michael Haneke, l'acteur Helmut Berger, mais aussi Adolf Hitler, émigré en Allemagne en 1913, et qui demande à renoncer à sa nationalité autrichienne le 7 avril 1925[33] ou encore le père fondateur du sionisme Theodor Herzl.
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Située dans les Alpes, l'Autriche est la patrie de nombreux skieurs alpins, comme Toni Sailer, Hermann Maier, Annemarie Moser-Pröll, Anita Wachter et Benjamin Raich. Avec l'Euro 2008, organisé par la Suisse et l'Autriche, les joueurs de l'équipe nationale de football ont gagné aussi en popularité, comme Andy Ivanschitz, Jimmy Hoffer ou Sebastian Prödl.
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Ce petit pays démographiquement parlant a aussi donné naissance à deux champions du monde de Formule 1 : Jochen Rindt (champion en 1970 à titre posthume) et Niki Lauda (champion en 1975, 1977 et 1984).
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La pratique religieuse y était de 35 % dans les années 1950[34].
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Lac de Neusiedl.
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Bassin de Vienne.
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Le gouvernement est une institution qui exerce le pouvoir exécutif au sein d'une entité politique d'un pays. Dans un régime parlementaire tel que celui de la France, le gouvernement est responsable politiquement devant le Parlement (l'Assemblée nationale et le Sénat). Le gouvernement décide et entreprend les actions nécessaires à la conduite de l'État.
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En France, le gouvernement est nommé par le président de la République et placé sous son autorité. Il est dirigé par le Premier ministre (le responsable du gouvernement) et peut être renversé par une motion de censure votée par le Parlement. Dans l'usage courant, qui est restrictif, le gouvernement est constitué de l'ensemble des ministres. Mais le mot gouvernement est parfois utilisé dans un sens plus large, comprenant le président de la République, les ministres, le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) et le Conseil constitutionnel.
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Le terme de gouvernement apparaît au XIIe siècle, à partir du verbe gouverner avec le suffixe nominal -ment, qui venait lui-même du latin gubernare et est apparenté ou emprunté au grec ancien κυβερνάω, kybernáô « tenir le gouvernail »[2].
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Le gouvernement, en français, désigne à la fois :
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Jean-Christophe Mathias dénonce l'abandon du terme « gouvernement » au profit de celui de « gouvernance » en expliquant qu'il s'agit là d'une rupture du pouvoir décisionnaire de l'État garant de la souveraineté populaire, remplacé par une démocratie participative n'ayant - selon lui - aucun attribut réellement politique[4]. Pour ce chercheur indépendant,
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« le glissement du gouvernement à la gouvernance démontre que l'on est passé d'une civilisation de la souveraineté populaire incarnée dans la loi républicaine, garante de l'intérêt général, à une société pragmatiste, particulariste et utilitariste, garante d'intérêts économiques singuliers, dans laquelle la notion de bien commun n'a plus de place véritable[5]. »
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En anglais, le mot « government » s'applique non seulement au gouvernement au sens où on l'entend en français, mais aussi aux collectivités territoriales et aux administrations publiques, aussi bien centrales que locales. Par exemple, la Local Government Area australienne se traduit par zone d'administration locale. Le concept le plus proche en français est donc celui de collectivité publique, qui englobe les institutions politiques qui incarnent directement les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, ainsi que l'ensemble des administrations qui leur sont rattachées.
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Chaque pays utilise une dénomination spécifique, par exemple en Suisse Le Conseil d'État est le nom donné aux gouvernements des cantons romands.
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Suivant le contexte gouvernement peut s'écrire soit avec un majuscule, soit entièrement en minuscule[6].
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En Europe entre le Moyen Âge et l'apparition des gouvernements au sens moderne les souverains s'entourent de conseils.
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En droit international, le gouvernement, avec une population permanente, un territoire défini et la capacité à rentrer en relation avec d'autres états, est un élément constitutif d'un État[7].
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Une constitution est une loi fondamentale qui fixe l'organisation et le fonctionnement d'un État. Elle est à la fois l'acte politique et la loi fondamentale qui unit et régit de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble des rapports entre gouvernants et gouvernés au sein de cet État, en tant qu'unité d'espace géographique et humain. La Constitution protège les droits et les libertés de la population contre les abus de pouvoir potentiels.
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Si la fiction juridique veut que la Constitution fonde et encadre juridiquement l'État, il est entendu que l'histoire politique la précède et peut lui conférer à la fois sa légitimité circonstanciée et la permanence de son autorité. Cette histoire politique est alors réintroduite dans le droit en étant qualifiée de « pouvoir constituant primaire » (le pouvoir souverain qui établit une nouvelle Constitution).
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L'organisation politique de l'État détermine en partie la forme du gouvernement. Deux concepts d'organisation s'opposent l'État unitaire et l'État fédéral.
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Un État est dit unitaire lorsque sa population est soumise au même et unique pouvoir. C'est la forme la plus répandue d'État dans le monde. En général, l'État unitaire connaît des divisions territoriales, il existe des relais entre la population et le gouvernement.
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Un État est dit fédéral lorsqu'il est composé de plusieurs entités autonomes — nommées états fédérés — dotées de leur propre gouvernement Le statut de ces entités est généralement garanti par la Constitution, et ne peut être remis en cause par une décision unilatérale du gouvernement central fédéral. Il a répartition des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des états fédérés.
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Une confédération est une union d'États indépendants qui, par un ou plusieurs traités, délèguent l'exercice de certaines compétences à des organes communs destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines, sans constituer cependant un nouvel État superposé aux États membres. Alternativement, des confédérations se sont formées aussi par des traités entre des partenaires qui n'étaient pas indépendants avant la confédération.
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La vision contemporaine des pouvoirs découle en grande partie de la classification de Montesquieu définie dans De l'esprit des lois. Elle concerne la limitation du pouvoir par le pouvoir « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » :
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Les formes de gouvernement peuvent être vues depuis plusieurs points de vue théoriques, ceux-ci peuvent être complémentaires les uns des autres. Mais aussi, par leurs mise en œuvre pratique.
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Les trois principes de répartition du pouvoir pour un gouvernement communément cités et utilisé sont :
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Cette classification théorique est déjà donné par Hérodote dans Histoires[8],[9]. Mais il est possible d'ajouter l'anarchie comme quatrième principe, car aucun individu n'a le pouvoir de gouverner l'État.
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Cette notion se distingue de celle de Chef d'État.
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Un graffiti est une inscription exécutée sur une surface.
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On en retrouve, remontant à plusieurs siècles avant notre ère, de la simple marque de griffure à des représentations plus élaborées, en passant par des textes, parfois difficiles à déchiffrer.
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Au tournant des années 1960, advient l'invention de la peinture aérosol en bombe et des gros marqueurs, qui sont devenus les outils les plus utilisés pour ce genre de pratique.
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Dans la plupart des pays, cette activité, quelle que soit la nature de la surface, est considérée comme illégale.
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A priori, la signification du geste pose un gros problème d'interprétation sur les plans anthropologique et culturel. On ne saurait réduire cet acte, à une seule dimension : volonté de dégrader, geste politique, signature, geste esthétique ?
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Toute personne qui pratique le graffiti ne voit pas son geste comme étant absolument celui d'un « artiste ». De même, tout artiste qui se revendique comme adepte de l'art urbain ne considère pas systématiquement ses productions comme étant du graffiti. Enfin, si le graffiti est destiné à être vu (ce qui n'est pas toujours le cas), l'opinion que l'on en a dépend essentiellement du contexte.
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Le substantif masculin « graffiti » est un emprunt[1] à l'italien graffiti[1],[2],[3], pluriel de graffito[1],[2],[3], dérivé de grafio, du latin graphium (« éraflure ») qui tire son étymologie du grec graphein (γράφειν) qui signifie indifféremment écrire, dessiner ou peindre. On utilise donc le mot graffiti indifféremment au singulier et au pluriel mais l'utilisation du « s » à (graffitis) est admise dans l'usage[4].
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En France, les graffiti issus de la tradition nord-américaine (tags, graff, free style) côtoient les graffiti issus de la tradition ouest-européenne (collages, pochoirs). Les auteurs de ces graffiti sont appelés « graffeurs » ou « graffiti-artists » plutôt que « graffiteurs ». Au Québec, il n'est pas rare de les qualifier de « graffiti-artists » de « graffiteurs » ou de « writers », comme en anglais. Les mots-valise « calligraffiti » et « calligraffitiste », attribués à Bando dans Le Livre du graffiti[5] n'ont pas été retenus par l'usage ni par le milieu se réclamant de cette forme d'art urbain. En anglais, on évoque le plus souvent ces peintres par le terme de « graffiti-artists », « writers » ou encore « aerosol-artists ». Lorsque le graffeur passe dans le domaine des créations légales, Monzon parle de « peintre en aérosol ». Ces graffeurs se font connaître en apposant leur signature, communément appelée « blaze »[6], ou celle du collectif (généralement appelé « posse », « crew » ou « squad ») auquel ils appartiennent sous leurs œuvres, les murs, les métros ou encore les camions.
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Graffiti est le nom générique donné aux dessins ou inscriptions calligraphiées, peintes, ou tracées de diverses manières sur un support qui n'est pas prévu pour cela. Certains considèrent le graffiti comme une forme d'art qui mérite d'être exposée dans des galeries tandis que d'autres le perçoivent comme indésirable. Dans ses formes les plus élaborées, le graffiti est également une forme d'art graphique. Le « tag » est une signature ; il est soit apposé pour signer un graff soit utilisé seul et pour lui-même. Le « flop » est un lettrage en forme de bulle élaboré généralement d'un seul trait. Ce procédé étant assez difficile à réaliser, certains graffeurs préfèrent les peindre lettre par lettre.
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On distingue généralement le graffiti de la peinture murale, laquelle suppose un dispositif, une composition, des techniques, un temps d'exécution plus conséquents.
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Comme nous ignorons l'exacte signification des peintures rupestres, nous ignorons d'autant plus leur statut. Il nous reste des traces de mains en négatif, des dessins d'animaux, d'humains, d'objets, parfois des signes, des glyphes se répétant, qui, tous ensemble, en un même lieu, semble constituer un langage dont nous avons perdu les clefs. On sait juste que les parois des habitats primitifs qui étaient des cavités, occupées il y a 20, parfois 30 000 ans, sont recouvertes d'images et qu'elles sont parvenues jusqu'à nous[7].
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Les graffitis ont une grande importance en archéologie, mais ne sont pertinents que sous certaines conditions scientifiques : ils font partie, avec les textes épigraphiques, des témoignages écrits hors du champ littéraire, ils sont d'extraction populaire, constituant des marqueurs anthropologiques, regardés comme « preuves de vie » et parfois aptes à nous révéler (tout comme ceux d'aujourd'hui) des aspects inédits des sociétés qui les ont produits.
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Les graffitis antiques sont de nature très variée : annonces électorales, messages de supporters à certains athlètes (sportifs ou gladiateurs), « cri » politique, religieux, érotique, personnel, etc. Quelques exemples[8] : « Cornelia Helena est la maîtresse de Rufus », « J'ai baisé ici le 19 et le 13 des calendes de septembre », « Pyrrhus salue son confrère Chius. J'ai de la peine d'avoir appris que tu étais mort. Alors adieu », « Si tu as compris ce que peut l’amour, si tu as conscience d’être humain, prends pitié de moi, permets-moi de venir, Fleur de Vénus… », « Tu es une charogne, tu es un rien du tout », « Mur, je suis surpris que tu ne te sois pas effondré sous le poids des bêtises de tous ceux qui ont écrit sur toi ». Les graffitis de l'époque romaine sont généralement rédigés en latin vulgaire et apportent de nombreuses informations aux linguistes comme le niveau d'alphabétisation des populations (car ces textes comportent des fautes d'orthographe ou de grammaire). Du fait même de la présence de ces fautes, ces textes fournissent aussi des indices sur la manière dont le latin était prononcé par ses locuteurs.
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Pompéi, figé dans les cendres en 79, est l'un des rares sites suffisamment bien conservé pour révéler aux chercheurs d'authentiques graffitis d'époque. Les graffitis sont par essence éphémères et disparaissent (érosion, destruction du support, etc.). L’Antiquité et le Moyen Âge ont laissé de nombreux exemples de graffitis : l'Agora d'Athènes, la Vallée des rois en Égypte, les grands caravansérails du monde arabe, en recèlent. Ces inscriptions ont parfois une importance historique qui est loin d'être anecdotique, en prouvant par exemple que des mercenaires grecs ont servi en Égypte au VIIe siècle avant l'ère chrétienne[9]. Dans la cité d'Éphèse, on trouvait des graffitis publicitaires pour les prostituées, indiquant de manière graphique à combien de pas elles se trouvaient et pour combien d'argent.
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Le graffiti n'est pas propre au monde gréco-romain : on trouve des graffitis maya à Tikal (Guatemala), viking en Irlande ou à Rome, et runes varègues en Turquie. Des graffitis, parfois très anciens, sont trouvés dans des endroits abrités de la lumière, de l'humidité et sur des surfaces unies, tels que les cellules de prisons ou monacales et les casernes, les cales des bateaux, les caves, les catacombes (ceux des premiers chrétiens, dans les catacombes romaines, sont une importante source de documentation à leur sujet), sous les combles des bâtiments anciens, etc. La tour de la Lanterne à La Rochelle, en France, est riche de graffitis de prisonniers, ouvriers et marins, qui représentent souvent des embarcations. Certains mobiliers sont souvent gravés d'inscriptions : tables et bancs d'écoles[10], portes de toilettes publiques.
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Le premier musée des graffitis historiques a été créé par Serge Ramond en 1987 à Verneuil-en-Halatte dans l'Oise. Il regroupe plus de 3 500 moulages de graffitis de toute la France couvrant 10 000 ans d'histoire.
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Un musée du graffiti ancien existe également à Marsilly.
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Vers l'âge de la cinquantaine, Restif de la Bretonne, écrivain libertin du XVIIIe siècle, rapportait les évènements de sa vie sous forme de graffitis qu'il faisait sur les parapets des ponts de l'Île Saint-Louis lors de ses promenades nocturnes. Il a abandonné cette activité maniaque (qui a duré de 1780 à 1787) en constatant la disparition de ses inscriptions, après s'être rendu compte qu'une main « concurrente » les effaçait[11]. Il effectue alors le relevé de ses propres mots qu'il transcrit finalement dans un recueil publié à titre posthume et intitulé Mes inscriptions[12].
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Sur de nombreux monuments français, on relève des graffitis anciens. Au château de Vincennes, des graffitis de prisonniers s'étalent de 1550 à 1945. Le château de Chambord en compte deux milliers, dont un, revendiqué, de Victor Hugo ; au XVIIe siècle, l'historien Bernier note déjà que le château comporte « une infinité de noms, tant des étrangers que des Français, écrits sur les murs ». Victor Hugo est du reste un graffeur obstiné, qui revendique dans ses journaux ses différents forfaits et s'avère l’un des premiers à avoir documenté le graffiti, par ailleurs présent dans plusieurs de ses ouvrages. En 1849, Gustave Flaubert s'indigne de trouver dans le château de Chillon une « quantité de noms d'imbéciles écrits partout ». Lors de la Première Guerre mondiale, le château de Pierrefonds est réquisitionné pour loger des soldats ; 460 de leurs graffitis ont été dénombrés depuis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des messages sont inscrits par des Juifs au camp de Drancy, comme la famille Lonker : « Déportés le 11 février 43, destination inconnue, vive la France ! »[13],[14],[15].
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Le graffiti urbain se développe souvent dans un contexte de tensions politiques : pendant les révolutions, sous l'occupation, (le Reichstag à Berlin couvert de graffitis par les troupes russes), pendant la guerre d'Algérie, en mai 1968, sur le Mur de Berlin ou dans les régions où se posent des problèmes d'autonomie (notamment Bretagne des années 1970, et Irlande du Nord). Vers la fin des années 1960 et dans plusieurs pays des deux côtés de l'Atlantique, du fait notamment de la disponibilité d'aérosols de peintures « émaillées » (originellement destinées à la peinture d'automobiles), une partie des graffitis a gagné une vocation esthétique.
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Dans la période contemporaine, les graffitis de particuliers sur des monuments sont généralement mal vus, comme en 2013, lorsqu'un touriste chinois grave son nom dans le temple d'Amenhotep III (Égypte), ce qui conduit à une enquête publique en Chine et aux excuses du jeune homme et de sa famille. En 2017, des inscriptions sur le Lincoln Memorial, le Washington Monument et le National World War II Memorial (États-Unis) engendrent également une vague de protestation et une enquête de police. De nos jours, la loi française punit de 750 euros d'amende toute « dégradation intentionnelle » sur les monuments. Dans certains lieux, en France ou en Italie, des murs d'expression ou des opérations de conservation de messages électroniques des visiteurs sont mis en place. Début 2018, une saison culturelle « Sur les murs, histoire(s) de graffitis » est organisée dans plusieurs monuments français[13].
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Le mouvement nord-américain est très spectaculaire dans le métro de New York dont les rames se sont subitement couvertes de noms : Taki 183, Tracy 168 (en), Stay High 149, etc.[16]. En quelques années, ces « tags » (signatures) sont devenus de véritables typographies ; leurs auteurs ont décliné l'écriture de leurs messages (plus souvent leurs noms) afin d'en augmenter la visibilité, ou d'en développer le style, pour marquer ou s'affirmer par leur personnalité, et pour faire partie de la mémoire collective, ne serait-ce que dans leur milieu, parfois au moins comme simple précurseur d'un style. Le but du graffiti nord-américain était au départ d'obtenir « the Fame », c'est-à-dire la célébrité, la reconnaissance des autres tagueurs ou graffeurs leur signifiant par là qu'ils existent. Tous les moyens seront bons pour cela. La simple affirmation d'une identité (« je me surnomme Taki, j'habite la 183e rue »[17]) s'est doublé d'ambitions plastiques, qui se sont révélées être un autre moyen de se faire remarquer : ce n'est plus seulement le graffeur le plus actif ou celui qui prend le plus de risques qui obtient une forme de reconnaissance, mais aussi celui qui produit les œuvres les plus belles. Très rapidement, des styles standardisés (lettrage « bulles », lettrage « wild style ») et des pratiques (« top-to-bottom whole car »[18], « Whole Car Windows Down »[19], « throw-up »[20], etc.) se cristallisent. Des groupes (appelés « posses », « crews », « squads » ou « gangs »), comme la ville de New York en a toujours connu, se forment et permettent aux graffeurs de s'unir pour exécuter des actions spectaculaires (peindre plusieurs rames d'un train par exemple), pour ajouter un nom collectif à leur nom individuel mais aussi pour s'affronter entre groupes, de manière pacifique ou non. Ces groupes sont souvent constitués par origines ethniques et ont pour noms des acronymes en deux ou trois mots : Soul Artists (SA), The Crazy Artists (TCA), etc.
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En 1972, les artistes tels que Phase 2, Coco, Flint et d'autres, se regroupent et créent l'UGA (Union of Graffiti Artists).
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Ils exposent la même année au City College et en 1973 à la Razzor Gallery.
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En 1973, le New York Magazine lance le concours du plus beau graffiti du métro.
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De 1973 à 1983, les artistes exposent dans des galeries, d'abord associatives puis à la Fun Gallery de Patti Astor et à la galerie Fashion Moda pour enfin investir les galeries d'art contemporain traditionnelles (Tony Shafrazi Gallery ou encore Sydney Janis Gallery.
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Des graffeurs « légendaires » tels que Phase 2, Dondi, Rammellzee, Lee Quinones, Seen, Futura 2000, Fab Five Freddy y exposent leur travail.
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La culture hip-hop émerge du graffiti, né bien avant, mais aussi d'autres formes d'expression nées en même temps : une nouvelle danse plutôt acrobatique (break dance), un genre musical à base de textes parlés (rap), de mixage de disques (dee jaying), (scratch) et de fêtes en plein air (sound systems). Les deux pionniers les plus célèbres d'une conjonction entre break dance, rap, dee-jaying et graffitis sont Phase 2 et Fab Five Freddy.
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En 1983, le graffiti dans le métro est sévèrement réprimé et il commence à se déplacer sur les murs des quartiers défavorisés de la ville avant d'essaimer dans d'autres grandes villes américaines (Los Angeles, Chicago, Philadelphie, Houston) et dans diverses grandes villes européennes : Paris, Londres, Berlin, Amsterdam et Barcelone surtout. C'est à cette époque également que le milieu de l'art commence à s'y intéresser[21]. Des peintres qui ne sont pas spécialement issus des quartiers défavorisés de New York et qui ont généralement suivi un cursus classique en Arts ou en communication visuelle, intéressés par l'idée d'un art urbain ou d'un art clandestin, s'associent aux graffiteurs (comme Jenny Holzer, qui fera écrire ses « truismes » à la bombe par Lady Pink) ou s'approprient leur pratique (Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Kenny Scharf, Rammellzee).
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En 1960, Brassaï publie le livre Graffiti, fruit de trente ans de recherches, régulièrement réédité, qui propose le graffiti comme une forme d'Art brut, primitif, éphémère. Picasso y participe. C'est sans doute la première fois que l'on évoque le graffiti comme un art.
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Dans la foulée de mai 1968, les messages politiques de la rue parisienne gagnent en poésie et en qualité graphique. Ils sont notamment le fait d'étudiants en philosophie, en littérature, en sciences politiques ou en art et font souvent preuve d'humour absurde ou d'un sens de la formule plutôt étudié : « Cache-toi, objet ! », « Une révolution qui demande que l'on se sacrifie pour elle est une révolution à la papa. », « Le bonheur est une idée neuve. », « La poésie est dans la rue », « La vie est ailleurs », « Désobéir d'abord : alors écris sur les murs (Loi du 10 mai 1968) », « J'aime pas écrire sur les murs. », etc.[22]. Ces slogans sont indifféremment écrits au pinceau, au rouleau, à la bombe de peinture (plus rare) ou sur des affiches sérigraphiées. C'est de cet affichage sauvage et militant que naît une tradition parisienne du graffiti à vocation esthétique.
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En 1966, l'artiste Ernest Pignon-Ernest peint une silhouette au pochoir sur le plateau d'Albion (Vaucluse) en réponse à la présence de la force de frappe nucléaire sur ce territoire. Dans les années 1970, Ernest Pignon-Ernest produira des affiches sérigraphiées, sans slogans, qu'il exposera dans plusieurs grandes villes : « les expulsés », collés sur les murs de maisons en démolition et représentant à taille réelle des personnes tenant des valises ou un matelas, « Rimbaud », représentant le poète, jeune, toujours à taille réelle. Les sérigraphies urbaines d'Ernest Pignon-Ernest interpellent le passant et lui demandent quelle est la place de l'homme ou de la poésie dans la cité moderne.
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Pour se faire connaître, les groupes de musique Punk parisiens utilisent la bombe de peinture, le pochoir, les marqueurs au début des années 1980.
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Ainsi La Bande à Bonnot (dont le chanteur Spirit fondera en 1983 les Paris City Painters en références aux New York City Breakers qui se rebaptisera La Force Alphabétick ou Lucrate Milk, groupe Punk parisien avec Nina Childress, la chanteuse qui fera partie des Frères Ripoulins en compagnie de Closky, Piro KO devenu Pierre Huyghes, 3 Carrés, artistes français contemporains.
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De nombreux artistes s'intéressent à l'art urbain et clandestin, comme Gerard Zlotykamien, qui peint des silhouettes évoquant les ombres macabres restées sur les murs d'Hiroshima ; Jérôme Mesnager, auteur d'hommes peints en blanc qui courent sur les quais de la Seine ; les VLP (Vive La Peinture), qui investissent les palissades autour du trou des Halles en les recouvrant de fresques sauvages aux couleurs hyper-vitaminées. C'est aussi l'époque de la Figuration libre, une époque de créativité joyeuse et humoristique, née du Pop-Art, de Bazooka, du vidéo clip, du graffiti, souvent présente dans la rue, avec Robert Combas, Les Frères Ripoulin (qui peignaient sur des affiches posées clandestinement), du groupe Banlieue-Banlieue qui commence ses actions en 1982 avec des performances pendant des expositions-concerts et colle en banlieue d'immenses fresques peintes sur papier kraft.
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Outre la rue, les catacombes de Paris sont dès le départ aussi un lieu important du graffiti.
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Le graffiti « new-yorkais » apparaît en France dès 1982, avec Bando, franco-américain, qui importe cet art des États-Unis et invite les artistes américains à Paris, dont certains, comme A-One et son élève, JonOne, s'y installeront.
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Bando crée avec Ash, le Bomb Squad 2 et invite dans sa maison de Saint-Germain-des-Près les premiers artistes français, voisins de quartier, Spirit et Psyckoze.
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Ash crée, avec Jay et Skki, le groupe BBC (Bad Boy Crew) un des plus grands groupes de graffeurs en Europe.
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Il decouvre le terrain de Stalingrad et y invite Blitz, Lokiss, Scipion, Skki ou encore Saho, Boxer, Nasty, Sino, et Shuck2[23].
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Paris attire de nombreux graffeurs européens (Shoe, Lord Anthony Cahn, Tedys, Mode 2) mais aussi américains (Jonone, Futura 2000, T-Kid, A-One, Meo, Quik, et Sharp).
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Les premiers articles de presse consacrés à ce phénomène ne datent pourtant que de 1986[24].
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À la fin des années 1980, le graffiti « new-yorkais » et sa culture hip-hop prédominent et trouvent leur place dans les galeries (Agnes B)
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À Paris, le graffiti new-yorkais se trouve des lieux privilégiés comme les quais de la Seine, les palissades du Louvre ou du centre Georges-Pompidou, le terrain vague de Stalingrad/La Chapelle, puis s'étend progressivement aux cités des banlieues où la culture hip-hop trouve son second souffle en devenant plus populaire et moins bourgeoise.
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Le graffiti s'est progressivement étendu au-delà de la culture hip hop comme dans ce clip de la chanson Le lion est mort ce soir de Pow woW en 1992 où apparait un graffiti de lion peint par le graffeur Mode 2[25],[26].
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Le graffiti évolue rapidement. Au début des années 2000 arrive ce que l'on a appelé la « nouvelle génération » : le lettrage devient plus carré et l'évolution des technologies de spray lui permet de peindre plus vite, avec de nouvelles couleurs et de nouveaux effets. Cette génération s'inspire de celle dite « old school » mais s'affirme et fait disparaître les traces de la précédente par son activité intense et la pratique du « toyage » (« toying » : le fait de peindre sur un spot déjà occupé). Le mot « toy » en lui-même désigne un graffeur inexpérimenté ou maladroit (l'acronyme « toys » peut aussi signifier « tag over your shit »). Le terme français officiel pour désigner les artistes pratiquant le toying est gâcheur ou gâcheuse.
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En 1961, le Mur de Berlin est construit. Il sépare symboliquement et physiquement l'Europe socialiste dite « de l'Est » de l'Europe atlantiste dite « de l'Ouest ». Tandis que les Allemands de l'Est n'ont pas le droit d'approcher le mur, ceux de l'Ouest viennent de leur côté écrire des slogans, bénéficiant d'une totale bienveillance des autorités de l'Allemagne fédérale qui fait de Berlin à l'époque la capitale allemande de la liberté, de l'art et de la contre-culture : on y a le droit de consommer du hashish, de nombreux squats y prospèrent et c'est un des hauts lieux du punk, avec Londres et New York.
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De nombreux artistes viennent alors du monde entier pour peindre sur le mur qui est à peu près intégralement maculé au moment de sa destruction, en 1989. L’East Side Gallery est une section du mur de Berlin côté oriental, de 1,3 km de long, qui sert de support 106 fresques réalisées par des artistes du monde entier, La première peinture a été réalisée en décembre 1989, D'autres peintres ont suivi : Jürgen Grosse alias INDIANO, Kasra Alavi, Kani Alavi, Jim Avignon, Thierry Noir, Kim Prisu, Hervé Morlay, Ingeborg Blumenthal, Ignasi Blanch Gisberti, et d'autres... Parmi les œuvres, on peut discerner la reproduction du « Baiser de l'amitié » entre Erich Honecker et Léonid Brejnev, peinte par Dmitri Vrubel.
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À partir de 1977, le documentaliste-graffitiste Metallic Avau s'adonne aux bombages de graffitis textuels (« Arrêtez le monde je veux descendre »). En 1978, il commence à réaliser des reportages photo et constitue une documentation du graffiti, qui, aujourd'hui encore, est l'une des plus fournies d'Europe. Vers le milieu des années 1980, les tags et les graffs font leur apparition sur les murs bruxellois, avant de s'étendre à d'autres villes du pays[réf. nécessaire].
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A partir de 1980, le graff s'est installé à Toulouse, notamment dans la rue Gramat. Cette rue est à l'origine d'un projet de fresque collectif organisé par le Carrefour culturel Arnaud Bernard qui est une association de la ville de Toulouse. De nombreux artistes graffeurs ont participé à la réalisation de celle-ci tel que Dinho Bento, Snake, Panks et Miadana...
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Le graffeur War, réputé énigmatique, réalise des fresques murales dans l'ensemble de la ville[27].
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La barrière de séparation israélienne est depuis le début de sa construction un support d'expression. D'abord recouvert de slogans il est vite devenu le support d'œuvres d'art engagées, sous la forme de tags, graffitis et affiches plus ou moins créatifs, dont certains sont réalisés par des artistes connus, dont les affiches du photographe JR, les fresques de l’artiste de rue anglais Banksy ou les peintures et graffitis de Monsieur Cana, qui travaille également dans les camps de réfugiés palestiniens.
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En Espagne, la culture hip-hop perce plus tardivement que dans le reste de l'Europe[28]. La ville de Barcelone accueille pourtant une quantité extraordinaire de graffitis atypiques et créatifs qui mixent revendications sociales et politiques, graphisme underground et, dans une certaine mesure, culture hip-hop. Fin 1999, Pez, avec son Happy Fish, est à l'origine du mouvement Logo Art qui a pour objectif de contrecarrer la publicité envahissante en reproduisant un même personnage de façon plus ou moins différente et totalement gratuite sur les murs de la ville. C'est aussi là que Montana colors, la plus grande usine de matériel pour graffiti, fut créée.
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La pichação est un genre de graffiti particulier à la ville brésilienne de São Paulo, caractérisé par l'ampleur des zones couvertes et une simplicité dans l'écriture adaptée aux conditions difficiles dans lesquelles se déroulent l'exercice. L'apposition d'une signature et parfois d'un message est donc généralement plus importante que la recherche esthétique[29]. Les pichadores s'expriment avant tout sur les murs de la mégalopole et la recherche de visibilité les pousse à peindre des façades entières ou des surfaces situées dans des zones très difficiles d'accès. On retrouve entre eux des logiques de collaboration, qui sont d'ailleurs indispensables à l'atteinte de certains lieux par effraction ou escalade.
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La pichação est encore aujourd'hui une culture de rue, regardée par les habitants comme du vandalisme. Il est d'ailleurs pratiqué avant tout par une population peu éduquée, voire quasi-illettrée, qui le voit avant tout comme un mode de vie. Une séquence du film « Pixo »[30] montre cependant un besoin de reconnaissance pour certains, dont la frustration s'exprime par une intervention violente lors d'une exposition dans une faculté d'art. Si ce mouvement n'est pas présenté dans les galeries, des artistes et critiques internationaux s'intéressent de près à cet art vivant.
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Il existe de nombreuses techniques de graffiti ou d'art de rue assimilables, telles que : la peinture aérosol (avec ou sans pochoir), la peinture à l'aérographe, la gravure (sur des vitres, sur des murs, sur des plaques métalliques, sur l'écorce des arbres, etc.), le marqueur et le stylo, la craie, la peinture au rouleau ou au pinceau, l'acide (pour vitre ou pour métal)[31], la mousse (graffiti végétal), auxquels on peut adjoindre, dans une définition élargie du graffiti, l'affiche (voir : les sérigraphies de Antonio Gallego), les stickers, les moulages (en résine ou en plâtre collés sur les murs) et la mosaïque (voir : Space Invader).
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Le « caps » est la valve placée au sommet de la bombe, par laquelle sort la peinture. Il est amovible. Il en existe de différentes sortes ; il régule le débit de peinture.
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Caps utilisé surtout pour les lignes dans un graffiti, il permet de faire des traits relativement fins et précis.
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Tags, flops ou traits sont parfois réalisés avec un fat cap. Le fat cap est un cap qui une fois fixé à la bombe de peinture, permet de réaliser des traits épais. C'est le caps qui permet de créer des gros tracés ou d'effectuer des remplissages.
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Fatcap possédant un embout biseauté et rotatif et permettant des tracés de largeur variable. Utilisé pour le tag calligraphique ou les tracés précis.
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Le graffiti « new-yorkais » se caractérise par des formes relativement définies où la créativité individuelle s'exprime dans un cadre codé et impliquant l'adhésion à toute une culture (vocabulaire, lieux, préoccupations, goûts musicaux). Il existe généralement trois niveaux de production[32].
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Le « tag » (marque, signature) est le simple dessin du nom de l'artiste. Le geste est généralement très travaillé, à la manière des calligraphies chinoises ou arabes. C'est un logo plus qu'une écriture, et souvent, seuls les habitués parviennent à déchiffrer le nom qui est écrit. Les techniques utilisées sont généralement l'aérosol, le marqueur, l'autocollant (« sticker ») et, depuis la fin des années 2000, le pulvérisateur. Cette dernière technique, difficile à maîtriser, impose un style basique et lisible des lettres.
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Le throw-up, ou flop est une forme intermédiaire entre le tag et la pièce. La lettre subit une première mise en volume très simplifiée et souvent réalisée dans un style Bubble. En général, les throw-up sont réalisés en quelques minutes à l'aide de deux couleurs (un remplissage et un contour). Ils sont destinés à couvrir une surface moyenne, telle qu'un store métallique, un camion ou un mur de rue en un minimum de temps. Souvent, les artistes utilisent un fond comme des bulles où un nuage[33][réf. nécessaire].
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Les block-letters sont réalisés à la bombe ou au rouleau sur de grandes surfaces visibles de loin (bord d'autoroute, de voie ferrée). À l'origine de forme plutôt carrée (d'où leur nom), ils sont réalisés le plus souvent avec un remplissage chrome (qui est la seule couleur de bombe à recouvrir de façon efficace et durable les murs non apprêtés) et un contour noir, ou l'inverse. Ces dernières années, de plus en plus de graffeurs ont développé des block-letters au rouleau, ce qui a eu pour effet de rajouter de la couleur sur ces espaces péri-urbains.
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Lorsque le graffeur a le temps, sur des spots légaux (murs d'expression libre, festivals, commandes professionnelles) ou non (« Halls of Fame » situés dans des usines désaffectées, sous des ponts ou dans des terrains vagues), il peut laisser libre cours à la technique et aux finesses du graffiti en réalisant des pièces de façon individuelle ou en groupe. Dans ces cas-là, le travail des couleurs et des formes n'est plus contraint par le temps comme dans l'action illégale. Le style individuel de l'artiste se révèle tout comme l'époque déterminant ce style. Les initiés reconnaissent aisément les travaux de graffeurs ou de crews marquants tels que Daim (Allemagne) et ses pièces en 3D, HoNeT (France) et ses pièces simplistes et troisième degré sur train comme sur mur, les XL, Xtra Largos (Espagne) et leur compositions graphiques ou encore les MSK, Mad Society Kingdom, emmenant tout un style américain derrière leur travail dérivée de la typographie. Concernant les styles les plus couramment utilisés, on peut citer le Wildstyle (dans lequel les lettres sont difficilement lisibles, abstractisées, enchevêtrées et décoratives), la 3D (mise en relief et éclairage de lettres), l'Ignorant style (dans lequel des graffeurs expérimentés tentent de reproduire des effets de débutant et ou le second degré est de mise).
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Certains graffiti-artists peignent peu de lettres et se spécialisent dans le dessin de décors figuratifs ou abstraits, ou bien de personnages. Le graffiti new-yorkais s'inspire de plusieurs arts dits « mineurs », tels que la bande dessinée[34], le tatouage et l'affiche.
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La catégorie street art rassemble les pochoirs, les interventions sur mobilier urbain, les détournements publicitaires, les stickers, les affiches, les collages, les peintures qui ne sont pas centrées sur un lettrage, et les installations, notamment.
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Un personnage peut représenter un individu, un monstre, un super-héros, un animal, un portrait, une chimère, ou tout type de forme unifiée issue de l'imagination de l'artiste. Il peut être réalisé dans un style cartoon, réaliste comme les coléograffes de Twix [35] ou surréaliste.
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Une pièce est un ensemble de lettres stylisées, il s'agit d'une représentation élaborée du nom de l'artiste. Une pièce est réalisée avec trois couleurs ou plus et peut être accompagnée d'un personnage. Elle est souvent plus recherchée et complexe que les autres type de graffitis.
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Le sketch est une esquisse ou un dessin perfectionné sur support papier. Il peut être réalisé en noir et blanc ou en couleur. Il peut être simple ou complexe, représenter un lettrage, un personnage ou encore un paysage. Le graffeur expose parfois ses meilleurs sketchs dans un blackbook[36].
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En collant des demi-sphères sur les murs, le graffeur nantais The Blind a créé une forme de graffiti lisible par les non-voyants[37].
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Dès les débuts du graffiti, les writers ont pris un certain plaisir à voir voyager leur nom. Non seulement le déplacement offre une dimension supplémentaire à l´œuvre, mais elle permet en plus au tagueur de se faire connaitre à travers les différents quartiers de sa ville voire au-delà. Ainsi, différents types de véhicules sont tagués ou graffés : camionnettes, camions, métros, RER, trains, etc. Certains artistes ont même peint le Concorde exposé au Musée Delta d'Athis-Mons, à l'aéroport d'Orly[38].
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Les graffeurs sont souvent sollicités pour leurs capacités par le propriétaire du camion afin qu'il puisse le différencier des autres camions (comme au marché par exemple). Ceux qui sont payés font du travail propre en répondant aux attentes du camionneur mais il peut arriver que certains graffitis de camion soient recouverts par d'autres bandes rivales. C'est pour ça que les camionneurs sollicitent des graffeurs réputés dans le monde du graffiti.
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Whole car photographié à Munich, en Allemagne.
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Double-Whole train photographié en Allemagne.
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End to end photographié à Prague, en République tchèque.
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Top-to-bottom photographié à Berlin, en Allemagne.
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Les tunnels des réseaux de transports en commun souterrains sont des spots appréciés par les graffeurs. Dans les années 1980, voyant que leurs graffitis étaient effacés en surface et sur les rames, les writers sont descendus sous terre[40]. Outre que les pièces restent en place[41], ces spots présentent l'avantage qu´un grand nombre de gens passifs et donc enclins à regarder par la fenêtre passe devant chaque jour. Le côté répétitif du graffiti est ici renforcé par le fait que c´est souvent le même trajet qui est effectué quotidiennement par les voyageurs.
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Du fait de l´obscurité qui règne dans les tunnels, l'essentiel des graffs qui y sont exécutés sont des chromes qui deviennent lumineux au passage de la rame.
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Les voies ferrées sont comme les tunnels : ce sont des lieux de passage et le but pour un graffeur est que son œuvre soit admirée par le plus de monde possible. Elles restent tout de même un lieu dangereux pour certains et quelques artistes périssent chaque année sans pour autant arrêter l'expansion du graffiti car la voie ferrée est le principal lieu d'expression dans le monde.
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Les murs pignons auxquels donnent accès les toits constituent des endroits propices aux graffitis. Du fait de la difficulté de leur accès, des risques pris et de la forte visibilité de la peinture, l'œuvre dépasse sa seule figuration plastique et est enrichie d'une dimension sensationnelle. Le « writer » cherche à exprimer sa liberté de mouvement, parfois irréelle, en faisant de la verticalité une recherche. On appelle aussi cette pratique « élévation ».
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Aujourd'hui, les graffitis laissés par les visiteurs de cavernes choquent les spéléologues modernes et l'opinion publique. Les différentes opinions et la sensibilité du sujet trouvent leur origine dans la culture, la mode et un certain conformisme[42]. Ainsi, la manière d'appréhender la tradition des signatures permet d'élever au rang d’œuvres d'art des dessins préhistoriques et d'assimiler les graffitis à des souillures.
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Pourtant, les sites rupestres ou souterrains ont été décorés, effacés, surchargés durant de longues périodes, par différentes cultures sans qu'aucune réglementation n'ait été imposée aux intervenants. Les natifs (aborigènes, indiens, etc.) ne font d'ailleurs aucune différence entre ce qui a été dessiné il y a plusieurs milliers d'années et ce qui a été fait récemment. Certes, la tradition des signatures et graffitis dans les cavités naturelles est aujourd'hui un sujet plus sensible, mais renseigne sur les dates des incursions, les identités des protagonistes et les galeries connues à une période donnée. Les parois de la grotte ne sont qu'un support semblable aux pages d'un livre : elles peuvent fournir des indications précieuses sur la fréquentation des cavités.
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Cette discipline inventée par les graffeurs Astro et Kanos[réf. nécessaire] consiste à peindre un graffiti sur de la cellophane. Le cellograff (marque déposée par Cellograff et l'agence OSARO) est une démarche qui permet à ses auteurs de s’exprimer légalement dans l’espace urbain, ce procédé est en accord avec les institutions[réf. nécessaire]. Ce principe matérialise un vide pour créer de nouvelles surfaces en utilisant par exemple deux arbres pour tendre un mur artificiel et temporaire. Il offre une grande liberté plastique sans dégradations de l'espace urbain et se donne pour objectif de rendre une image positive du graffiti du fait de sa réversibilité.
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Les styles[43] appartiennent au jargon spécifique du graffiti de tradition new-yorkaise et hip-hop.
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Le wildstyle (littéralement style sauvage) est un style de graffiti dans lequel les lettres sont entremêlées, fusionnées et extravagantes. Leurs extrémités sont dynamiques et peuvent se transformer en flèches ou pointes. Les lettres sont tellement travaillées et déformées qu'il est difficile de déchiffrer un wildstyle pour les non initiés. C'est un style complexe à réaliser qui demande beaucoup de technique et d'entraînement. Dans ce style de graffiti, les lettres sont la plupart du temps tellement rapprochées qu'elles forment un bloc compact. Le wildstyle s'est d'abord développé à New York[44], puis a été singularisé par les européens pour en faire une esthétique propre, tout en maintenant le principe du lettrage déformé, stylisé et dynamique[45].
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Genre de graffiti. Également appelé flop ou throw-up, ce style circulaire aux extrémités parfois effilées est souvent réalisé très rapidement. L'impact d'un flop réside dans la répétition entre les lettres[réf. nécessaire].
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Style de graffiti issu des premières vagues de graffiti. Des années 1970 aux années 1980[réf. nécessaire]. Reprise des moyens et connaissances de l'époque avec par exemple des codes couleurs moins riches qu'aujourd'hui, des lettrages et personnages simplifiés et les origines des styles plus récents.
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Graffiti abstrait. La lisibilité du lettrage n'est pas la caractéristique fondamentale[réf. nécessaire].
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Ce style fait intervenir des formes en bloc dans le travail des lettres. Les formes sont carrées ou rectangulaires ce qui donne un effet de lourdeur, de solidité à la pièce[réf. nécessaire]. Le bloc letters se fait généralement dans des grandes dimensions et avec peu de moyens, en utilisant par exemple des rouleaux à peinture accrochés à des perches. Le but du bloc letters est de pouvoir se faire remarquer, sans trop chercher à développer le style. On le retrouve par exemple sur des toits, des facades d'immeubles ou des zones difficiles à atteindre
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Ce style de graffiti se veut une réaction aux différents styles, techniques, et compliqués comme le wildstyle ou la 3D. L'ignorant style est un style basique, enfantin mais innovant. Ne pas confondre un graffiti raté et un graffiti au style ignorant. Derrière la simplicité de ce genre de pièce se cache une technique bien particulière et une liberté des formes.
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Ce style qualifie tous les tags, flops, pièces vandales particulièrement violentes[Quoi ?][réf. nécessaire]. La coulure et l'occupation de l'espace en sont par exemple des moyens.
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Trait fin utile pour les finitions.
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De nombreuses raisons expliquent l'existence de graffitis. Certains relèvent de la communication pure et servent donc à diffuser un message, par exemple un message politique, souvent clandestin : nationalismes régionaux en Irlande du nord, en Bretagne ou en Corse, « V » de la victoire et de la liberté sous l'occupation nazie.
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Certains graffitis contiennent des informations secrètes ou publiques se rapportant au lieu qui leur sert de support. C'est le cas par exemple des graffitis discrets et codés laissés par les cambrioleurs sur des habitations pour indiquer à leurs collègues si le lieu est intéressant, dangereux, mal gardé, etc. C'est le cas aussi des étoiles de David ou des mentions « juden » peintes ostensiblement sur les boutiques de commerçants juifs par les nazis en Allemagne dans les années 1930, inscriptions qui étaient souvent des appels à vandaliser les lieux, à molester leurs locataires et à boycotter les commerces. Dans le même registre, certains graffitis sont des messages diffamatoires ou des dénonciations anonymes émanant de « corbeaux » divers. Certains graffitis servent à baliser un territoire, comme le font les gangs criminels tels que les Crips et les Bloods à Los Angeles.
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Parfois les graffitis peuvent être décrits comme des réactions à d'autres messages diffusés dans l'espace urbain, telles que les publicités détournées (« Le Pen » se voit ajouter « is » ou « dre ») ou commentées (« non à la malbouffe ! », « halte au porno ! ») et les panneaux de signalisation, ou des détournements d'autres graffitis (« vive le roi », qui devient « vive le rôti » dans les années 1930 en France). Le collectif des « déboulonneurs », créé en 2005, s'est par exemple spécialisé dans le graffiti sur des affiches publicitaires, dans un but militant de préservation du paysage.
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Les graffiti se trouvent aussi dans les cimetières et mémoriaux comme forme d’écriture spontanée et occasionnelle, au-delà des inscriptions funéraires gravées sur les monuments ou apposées sur les souvenirs placés par des proches. Les tombes des gens célèbres – chanteurs et chanteuses, poètes et poétesses, acteurs et actrices, hommes et femmes politiques - en sont des exemples éclatants. Mais cela concerne également des hommes et des femmes que la tradition ou la foi populaire a transformés en « saints », non reconnus par l'Église. Les visiteurs laissent des graffitis ou confient leurs pensées et leurs émotions à un support papier : simple billet ou longue lettre. Ces écrits posent des problèmes de gestion et de sauvegarde des monuments ; c’est pourquoi ils sont généralement et périodiquement éliminés, par la famille ou plus souvent par l’administration du lieu[46]. Comme pour d’autres lieux et à d’autres époques, ces formes d’écrits sont en réalité aussi des sources importantes pour l’histoire, mais également pour l’anthropologie et la sociologie[47].
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De nombreux graffiteurs-artistes affirment justement créer leurs images en réaction à la saturation publicitaire : à des images aux buts vénaux, ils opposent des images gratuites ; à des messages faisant la promotion de produits standardisés, ils opposent une publicité pour eux-mêmes. Il s'agit d'ailleurs parfois de publicité au sens propre : publicité pour un disque diffusé de manière confidentielle, pour un groupe de rock, pour un artiste, ou pour un parti politique, notamment. Certains graffitis sont la simple expression, anonyme ou non, de sentiments : cris du cœur divers, joie (« il fait beau et je suis content »), déclaration d'amour (« Mélissa je t'aime ») ou de haine. On recense depuis l'antiquité de nombreux exemples d'hommages à des défunts, sur leurs sépultures (voir par exemple les tombes de certains artistes ou poètes au cimetière du Père-Lachaise à Paris) ou dans d'autres lieux : le mur de la maison de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil à Paris, était couvert de graffiti-hommages après le décès du chanteur. Les hommages de ce type sont courants aussi dans le graffiti « new-yorkais »[48]. Les attentats du 11 septembre 2001 ont généré une grande quantité de graffitis mémoriels, rendant notamment hommage aux services (police, pompiers) de la ville. Il est fréquent aujourd'hui que lorsqu'un tagueur meurt, les tagueurs qui le connaissaient lui rendent hommage en continuant à poser son « blaze », suivi de la mention R.I.P. ou R.E.P.
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La mémoire en tant que trace est d'ailleurs un aspect important du graffiti : en gravant sur un arbre ses amours, en dessinant sur ses bancs d'école ou en inscrivant sur un mur le témoignage de son passage (comme les pionniers de la piste de l'Oregon, en 1864, ou comme « Kilroy » en 1944), l'auteur de graffiti transforme son support en un véritable pan de mémoire : mémoire collective, mémoire des événements, mémoire individuelle… Cette motivation prend un tour exemplaire avec Restif de la Bretonne qui tenait le journal de ses souvenirs sur les parapets des ponts de Paris. Le graffiti relève parfois de l'art visuel, de la littérature ou encore de l'humour. Il constitue alors une manifestation de l'esprit humain, poétique de par son aspect éphémère et altruiste de par son mode de diffusion. Enfin, certains graffitis relèvent du simple vandalisme, de l’incivilité, actions qui pour certains sociologues sont une manière d'affirmer son existence (« je casse donc je suis »). Certains jeunes peuvent en effet trouver à travers le graffiti, un désir de revanche sur la vie et d'affirmation de soi, ou encore un moyen d'oublier la morosité et la tristesse de leur vie.
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Le graffiti « hip-hop », ou « tag », qui représente 90 % des graffitis aux États-Unis[49] et sans doute autant dans la plupart des pays, est un cas complexe. Il se donne souvent des ambitions esthétiques mais constitue dans le même temps une forme de langage secret, destiné à n'être compris que par une population limitée, ce qui ne va pas sans irriter le public qui perçoit bien qu'on lui impose la vue d'images qui ne lui sont pas destinées[50].
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Le « tag » a effectivement sa culture propre. Chaque tagueur a un pseudonyme et une signature (blaze) qu'il utilise pour revendiquer des œuvres ambitieuses mais aussi (plus couramment, car c'est plus facile), pour signaler sa présence dans un lieu et se faire connaître, transformant la ville en une sorte de jeu de piste et de stratégie géant. Un tagueur peut avoir plusieurs talents : une capacité à peindre dans des endroits difficilement accessibles, l'énergie et le culot suffisants pour écrire son nom partout (le vocabulaire consacré est explicite : « exploser », « détruire », « cartonner », etc.) ou encore un talent artistique véritable. Le but du « tag » est apparemment difficile à expliquer. Il s'agit de la forme de graffiti qui déclenche le plus de controverses, notamment du fait de l'ampleur du phénomène mais aussi, sans doute, du fait qu'il est l'expression d'une culture bien définie. Pour une majorité de citadins, qui sont les premiers concernés par cette forme d'art qui s'exerce surtout en ville (et que certains taggueurs considèrent comme de la « réappropriation » du mobilier urbain), le tag est avant tout du vandalisme dont le but est la destruction ; ils peignent illégalement. Mais pour d'autres, le graffiti est un art de vivre, un loisir qu'ils pratiquent dans des terrains légaux, cette frontière entre ces deux faces est parfois inexistante : un graffeur ayant fait une superbe fresque colorée, dessinée, la journée, peut aller dans la rue et inscrire sa signature rapidement, illégalement pour qu'il puisse être reconnu. Cela fait partie d'un même ensemble, le tag et le graffiti.
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Le statut juridique du street art est complexe et peut fortement varier selon les pays. Il faut souligner dans certains pays la privation des droits d'auteur d'œuvres qui ont été réalisées dans l'illégalité, comme des graffitis réalisés en France sans l'autorisation du propriétaire du support.
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Assez tôt dans l'histoire du graffiti « new-yorkais », de jeunes artistes ont été rémunérés pour décorer des boîtes de nuit et des devantures ou des rideaux de fer de boutiques. Certains vivent véritablement de cette activité, notamment les artistes « légendaires » dont d'autres graffeurs débutants n'oseront pas saccager le travail : avoir un rideau de fer peint par un graffeur respecté est l'assurance[réf. nécessaire] que celui-ci ne sera plus constamment recouvert par d'autres tagueurs. Certains graffeurs vendent leur travail sous forme de toiles peintes, ou le déclinent sous forme de tee-shirts et autres décorations vestimentaires, de prestations graphiques (cf. la « Carte-Jeunes » de la fin des années 1980 dessinée par le peintre Megaton), d'illustrations pour des pochettes de disques, de bijoux, et de planches de skateboard. Des graffitis sont parfois exécutés, contre rémunération, en présence du public pendant certains évènements tels que des concerts ou des matchs de sports populaires.
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Le graffiti engendre un phénomène éditorial qui n'a rien de négligeable depuis la parution du livre Subway Art[51] qui sera suivi d'un grand nombre d'autres ouvrages et deviendra une section à part entière dans les rayons « Arts graphiques » des librairies. Une presse se développe aussi avec des journaux tels que Aérosol (1978) en Belgique, le International Graffiti Times' (1984) aux États-Unis, le pionnier 1 Tox, Paris Tonkar Magazine, Graff it!, Graf Bombz, Mix Grill ou le gratuit The Truth en France, Graphotism au Royaume-Uni, Sicopats en Espagne, Stress aux États-Unis, Bomber megazine aux Pays-Bas, etc.[52]. Les journaux « généralistes » consacrés au hip-hop ouvrent souvent largement leurs colonnes au graffiti.
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Beaucoup de magazines français, World signs par exemple, ont souffert, voire disparu, à la suite de la décision de la commission paritaire de ne plus attribuer aux magazines de graffiti de numéro de commission paritaire, sésame permettant aux magazines accrédités d'avoir un taux de TVA réduit de 2,1 % et des aides à l'acheminement postal[53], argumentant que ces magazines présentaient sous un jour favorable une activité réprimée par la loi.
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Des sites internet voient le jour fin des années 1990, comme Art Crimes, www.maquis-art.com, fatcap.org, bombingart.com, certains ont disparu et d'autres se sont structurés en SARL comme www.maquis-art.com ou en association loi 1901 comme AERO. Des boutiques consacrées à l'achat de matériel pour les graffeurs existent dans plusieurs grandes villes d'Europe ou d'Amérique du Nord. On y trouve notamment des peintures aux couleurs rares et aux propriétés couvrantes adaptées, des « caps » (le bouchon diffuseur de l'aérosol) servant à faire des traits aux formes précises — très fins ou très épais, par exemple —, des marqueurs très larges, des masques, et des lunettes ou des combinaisons de protection.
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Plusieurs marques de peintures aérosol plébiscitées par les graffeurs ont profité de cette célébrité : Krylon (en), Red Devil, Altona, Alac, SIM2, Dupli-color, Marabout-Buntlack. La plupart ont essayé de dissocier leur image de marque du graffiti, comme Krylon qui a lancé un programme de sensibilisation nommé Graffiti Hurts (le graffiti fait mal)[54]. Inversement, quelques marques telles que Clash paint, Beat paint, Montana colors et Montana Cans visent nettement la clientèle des graffiteurs.
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D'autres musées comme celui de la Mémoire des murs, unique en Europe, Verneuil-en-Halatte[60] dans l'Oise ou encore le musée des graffitis anciens, Marsilly (Charente-Maritime) ont permis à cette expression artistique marginale d'avoir un début de reconnaissance officielle. Le M.U.R. propose un panneau publicitaire au graffiti, Place Verte, à Paris.
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En dehors des fictions consacrées à la culture hip-hop, de nombreux récits recèlent des moments narratifs où les graffitis ont une importance sur le cours des événements.
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Les fictions donnant une importante place aux auteurs de graffitis relèvent généralement de la culture hip hop.
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Conjoint :Mabel Gardiner Hubbard (marié 1877–1922)Ascendants :Alexander Melville Bell, Eliza Grace Symonds BellDescendants :Quatre enfants. Deux fils morts durant leur enfance et deux fillesFamille :Gardiner Greene Hubbard (beau-père), Gilbert Hovey Grosvenor (beau-fils), Melville Bell Grosvenor (grand-père)
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Signature
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Alexander Graham Bell, né le 3 mars 1847 à Édimbourg en Écosse et mort le 2 août 1922 à Beinn Bhreagh au Canada, est un scientifique, un ingénieur et un inventeur scotto-canadien, naturalisé américain en 1882, qui est surtout connu pour l'invention du téléphone, pour laquelle l'antériorité d'Antonio Meucci a depuis été officiellement reconnue le 11 juin 2002 par la Chambre des représentants des États-Unis. Il a été lauréat de la médaille Hughes en 1913.
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La mère et la femme (Mabel Gardiner Hubbard) d'Alexander Bell étaient sourdes, ce qui a encouragé Bell à consacrer sa vie à apprendre à parler aux sourds[1]. Il était en effet professeur de diction à l'université de Boston et un spécialiste de l'élocution, profession connue aujourd'hui sous les noms de phonologue ou phoniatre[2]. Le père, le grand-père et le frère de Bell se sont joints à son travail sur l'élocution et la parole. Ses recherches sur l'audition et la parole l'ont conduit à construire des appareils auditifs, dont le couronnement fut le premier brevet pour un téléphone en 1876[3]. Toutefois, Bell considéra par la suite son invention la plus connue comme une intrusion dans son travail de scientifique et refusa même d'avoir un téléphone dans son laboratoire[4].
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D'autres inventions marquèrent la vie d'Alexander Graham Bell : les travaux exploratoires en télécommunications optiques, l'hydroptère en aéronautique. En 1888, il devint l'un des membres fondateurs de la National Geographic Society.
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Alexander Graham Bell est né à Édimbourg en Écosse le 3 mars 1847[5]. La résidence familiale se trouve au numéro 16, South Charlotte Street à Édimbourg. C'était un appartement spacieux que la famille avait pu acquérir grâce à la prospérité apportée par les conférences que donnait le père. Une plaque commémorative y est d'ailleurs apposée.
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Alexander avait deux frères : Melville James Bell (1845-1870) et Edward Charles Bell (1847-1867), tous deux morts de la tuberculose[6]. Son père Alexander Melville Bell était universitaire, dans la phonétique acoustique, et sa mère était Eliza Grace (née à Symonds)[7]. Alexandre, alors âgé de 10 ans, réclama à son père de pouvoir porter un deuxième prénom, comme ses frères[8]. Son père accepta et lui permit, à l'occasion de son 11e anniversaire. Il choisit « Graham » en raison de son admiration pour Alexandre Graham, un interne canadien soigné par son père, qui devint un ami de la famille[9].
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Dès son jeune âge, Alexander Graham Bell avait beaucoup d'intérêt pour les collections de spécimens naturels. Son père, qui sut reconnaître sa passion, commença donc à l’intéresser à la biologie. De l'autre côté, sa mère lui transmit son amour pour la musique. Celui-ci avait un véritable don pour jouer d'oreille mais il perdit cette capacité lorsqu'il apprit à lire la musique. Bell a d'ailleurs eu le désir de faire carrière dans la musique, grandement inspiré par les leçons du pianiste Benoît-Auguste Bertini. Même si ce désir disparut, l'expérience fut tout de même utile et il écrivit dans son autobiographie : « Je suis porté à croire […] que ma passion précoce pour la musique m'a bien préparé à l'étude scientifique des sons »[10].
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Alexander Graham Bell a eu la chance de passer sa jeunesse à Édimbourg en Écosse, une ville qui avait à l'époque pour surnom « L'Athènes du Nord » ou encore « La Mecque des scientifiques ». En effet la ville était nettement supérieure à Londres dans plusieurs domaines, notamment scientifiques, médicaux et littéraires. La ville fut le lieu de naissance de plusieurs inventions comme le navire en fer, le fusil à chargement par la culasse, et les méthodes chirurgicales antiseptiques de Joseph Lister. Sa famille accueillit des personnalités célèbres telles que Alexander John Ellis et Charles Wheatstone[10].
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En 1869, le révérend Thomas Henderson, un homme qu'Alexander Melville Bell rencontra lors de son voyage en Amérique du Nord, encouragea la famille à s'établir près de la région de Boston. La famille n'accepta d'abord pas l'invitation, mais ils changèrent d'avis à la suite de la mort de Melville James Bell en 1870. La famille arriva au Québec le 1er août 1870 et ils partirent pour Paris (Ontario), que le père d'Alec avait visité quelques années plus tôt accompagné de Melville James Bell. Quelques jours plus tard, la famille finit finalement par acheter Tutelo Heights, une maison en campagne près de Brantford qui donne sur la rivière Grand (Ontario).
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En 1857, le parcours scolaire d'Alexander Graham Bell débuta alors qu'il intégrait la Hamilton Place Academy. Le jeune Alex se considère comme un mauvais élève avec un grand manque d'ambition. Il est d'ailleurs solitaire et se trouve dans la rêverie. À la suite de l'achat de Milton Cottage par ses parents, Alex découvrit une grande variété d'endroits pour rêver. Par contre, ce manque d'ambition disparaîtra à l'âge de 15 ans lorsque celui-ci fut envoyé à Londres pendant un an pour vivre chez son grand-père. Plus tard, Alexander reconnut que son grand-père avait éveillé en lui la motivation qui guiderait l'ensemble de son œuvre et le fit rougir de son ignorance des matières scolaires. De plus, son grand-père le convainquit de l'importance de la parole qu'il considérait comme la caractéristique ultime de l'être humain. Au terme de son voyage, Alexander et son père rencontrèrent Charles Wheatstone, un scientifique de premier plan et chercheur en télégraphie. De 1868 à 1870, Bell fit un séjour au University College de Londres où il suivit des cours d'anatomie et de physiologie. Par contre, celui-ci ne continua pas jusqu'au diplôme[10].
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Comme ses frères, Bell reçut très jeune des cours à la maison par son père. Il fut également enrôlé très tôt à la Old Royal High School (en) d'Édimbourg en Écosse, qu'il quitta à l'âge de quinze ans, finissant seulement les quatre premières années[11]. Il ne fut pas un brillant élève, sa scolarité ayant plus été marquée par l'absentéisme et des résultats ternes. Son principal intérêt restait les sciences, et plus particulièrement en biologie, alors qu'il traitait les autres sujets avec indifférence, à la plus grande consternation de son père[12]. Après avoir quitté l'école, Bell déménagea à Londres pour vivre avec son grand-père, Alexandre Bell. Il prit goût à l'enseignement durant les années qu'il passa avec son grand-père, grâce aux longues et sérieuses discussions mais aussi de nombreuses heures d'études. Son grand-père fit de gros efforts pour que son petit-fils parle clairement et avec conviction, qualités nécessaires pour qu'il puisse être un bon enseignant[13].
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À l'âge de seize ans, Bell fut nommé étudiant-professeur de diction et de musique à la Weston House Academy (Elgin, Moray, Écosse). Il était lui-même étudiant en latin-grec, mais donnait des cours pour 10 $ la session[14]. L'année suivante, il rejoignit son frère Melville à l'université d'Édimbourg.
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En 1872, Alexander Graham Bell fait la rencontre de Gardiner Greene Hubbard, président de la Clarke Institution et conseiller juridique en propriété industrielle. Celui-ci apprend à Bell que sa fille Mabel Gardiner Hubbard est devenue sourde à l'âge de cinq ans en raison d'une scarlatine et propose à celui-ci de donner des cours à sa fille dans le but de retrouver la parole[15]. C'est en novembre 1873 qu'Alexander Graham Bell, alors âgé de 26 ans, commença à donner des cours à Mabel. Celui-ci tombe immédiatement amoureux de son élève de 15 ans.
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Dès son plus jeune âge, Bell disposait d'une grande curiosité pour le monde qui l'entourait, qui fut attisée par les collections d'espèces de plantes, les rêveries et les promenades à Milton Cottage. C'est en 1858 qu'Alexander Graham Bell mit au point sa première création, il avait alors 12 ans. Il jouait avec son meilleur ami Benjamin Herdman sur le terrain familial de ce dernier, lorsque le père de Benjamin, John Herdman, leur enjoignit de se rendre utiles. Le jeune Alexandre demanda ce qu'il pouvait faire. On lui expliqua que le blé devait être décortiqué à l'aide d'un procédé complexe et laborieux. C'est à ce moment qu'Alexander transforma une machine en un appareil qui combinait des palettes tournantes et un ensemble de brosses à ongles. Cette machine pour le décorticage du grain fut utilisée avec succès pendant plusieurs années. En retour, John Herdman donna aux deux garçons un petit atelier où « inventer »[10],[16]. Des années plus tard il créa le tout premier téléphone puis le téléphone à cornet.
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Bell montra très jeune un vif intérêt, et un talent, pour l'art, la poésie et la musique, soutenu en cela par sa mère. Bien que d'un naturel calme et introspectif, il faisait couramment des « blagues vocales » et de la ventriloquie pour divertir la famille[17]. Bell fut très affecté par la surdité graduelle de sa mère (elle commença à perdre l'audition quand Bell avait 12 ans) et apprit un petit manuel de langue des signes. Ainsi, il pouvait s'asseoir à côté d'elle et converser silencieusement dans le salon familial[18]. Il développa également une technique de parler par des sons clairs et modulés directement sur le front de sa mère, ce qui lui permettait d'entendre son fils relativement clairement[19]. La préoccupation de Bell au sujet de la surdité de sa mère le conduisit à étudier l'acoustique.
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Sa famille était depuis longtemps associée à l'enseignement de l'élocution : son grand-père M. Alexandre Bell à Londres, son oncle à Dublin et son père à Édimbourg étaient professeurs de diction. Son père a publié énormément à ce sujet, et nombre de ses travaux sont encore bien connus actuellement, surtout The Standard Elocutionist, apparu dans 168 éditions britanniques et vendu à plus de 250 000 exemplaires aux États-Unis seulement. Dans ce traité son père explique les méthodes qu'il a développées pour apprendre aux sourds-muets (appellation de l'époque) à articuler les mots et lire sur les lèvres des autres afin de comprendre les messages qui leur étaient adressés. Le père d'Alexandre lui avait expliqué ainsi qu'à ses frères de ne pas seulement écrire mais aussi identifier chaque symbole et le son l'accompagnant[20]. Alexandre devint si doué qu'il fut l'assistant de son père lors de démonstrations publiques où il étonna l'assistance par ses facultés à déchiffrer les symboles du latin, du gaélique et du sanskrit[20].
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Le père de Bell encouragea l'intérêt de son fils pour la parole et, en 1863, l'emmena voir un automate développé par Sir Charles Wheatstone. Cet automate était basé sur les précédents travaux de Baron Wolfgang von Kempelen[21]. « L'homme mécanique », très rudimentaire, simulait une voix humaine. Alexandre fut fasciné par cette machine. Il obtint une copie de l'ouvrage de von Kempelen (en allemand) et la traduisit péniblement. Il construisit alors avec son frère Melville leur propre automate (une tête). Leur père, très intéressé par ce projet, leur paya toutes les fournitures et pour les encourager, leur promit un « prix » s'ils réussissaient ce projet[21]. Alors que son frère construisait la gorge et le larynx, Alexandre surmonta la difficile tâche de recréer un crâne réaliste. Ces efforts furent récompensés car il créa une tête aussi vraie que nature, capable de prononcer seulement quelques mots[21]. Les garçons ajustèrent précautionneusement les « lèvres » et quand un soufflet d'air forcé passa à travers la trachée, un très reconnaissable « maman » se fit entendre, au plus grand plaisir des voisins qui vinrent voir l'invention du fils Bell[22].
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Intrigué par les résultats de cet automate, Bell continua ses expériences sur un sujet vivant, le Skye Terrier de la famille Trouve[23]. Après qu'il lui apprit à faire des grognements continus, Alexandre manipula les lèvres et les cordes vocales de son chien pour produire un son brut « Ow ah oo ga ma ma ». Avec un peu de volonté, les visiteurs pouvaient croire que le chien articulait « How are you grandma? » (« Comment allez-vous grand-mère ? »). Bell était assez joueur et ses expériences ont convaincu plus d'un visiteur d'avoir affaire à un chien parlant[24]. Quoi qu'il en soit, ces premières expériences avec les sons encouragèrent Bell à entreprendre ses premiers travaux sérieux sur le son en utilisant une fourchette modifiée pour étudier la résonance. À l'âge de 19 ans, il écrivit un rapport sur son travail et l'envoya au philologue Alexander Ellis, un collègue de son père qui sera plus tard décrit comme le professeur Henry Higgins dans Pygmalion[24]. Ellis lui répondit immédiatement lui expliquant que ses travaux étaient similaires à ceux existant en Allemagne. Consterné d'apprendre que le travail exploratoire avait déjà été entrepris par Hermann von Helmholtz qui avait transporté des voyelles avec une fourchette modifiée semblable à la sienne, il étudia de manière approfondie le livre du scientifique allemand (Sensations of Tone). Travaillant sur sa propre mauvaise traduction de l'édition originale allemande, Alexandre fit fortuitement la déduction qui fut la ligne directrice de tous ses futurs travaux sur la transmission du son, reportant : « Sans en connaître beaucoup sur le sujet, il me semblait que si les voyelles pouvaient être produites par de l'électricité, les consonnes pourraient également l'être, et ainsi il serait possible de reproduire la parole », et il remarqua aussi plus tard : « Je pensais qu'Helmholtz l'avait fait ... et que mon échec était seulement dû à ma méconnaissance de l'électricité. Ce fut une erreur constructive ... Si j'avais été capable de lire l'allemand en ce temps-là, je n'aurais sans doute jamais commencé mes expériences[25],[26]. »
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Pendant ses années passées à l'université d'Édimbourg (1864-1865) et à Elgin (Écosse) (1886-1887), Alexander pratiqua des expériences sur la physiologie de la parole et étudia la hauteur et la formation des voyelles. Encouragé par son père, Bell nota l'ensemble de ses résultats de ses recherches par écrit. Un peu plus tard, Alexander John Ellis découvrit les recherches et fut très impressionné par l'un des rapports de mars 1866. Il l'invita donc à entrer à la Philological Society de Londres bien que celui-ci soit encore un adolescent[10].
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En 1872, la rencontre avec Gardiner Greene Hubbard fut importante pour Bell, car celui-ci s'intéressait aux inventions électriques, plus particulièrement le télégraphe. De plus, Alexander Graham Bell correspondait toujours avec son père, et à la suite de l'envoi d'une lettre Bell explora l'idée de créer un télégraphe qui aurait la particularité d'envoyer plusieurs messages sur un même fil télégraphique. Il assista donc à différentes conférences au Massachusetts Institute of Technology, ce qui lui donna une piste pour la création du futur téléphone. Alexander Graham Bell commença donc à faire des expériences sur le télégraphe multiplex et y voyait une opportunité de briser le monopole de la Western Union Telegraph Company.[10]
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Bien qu'il ne soit pas le seul à avoir eu l'idée d'inventer le téléphone, Bell fut le premier à réussir de façon satisfaisante à transformer le son en impulsions électriques dans un émetteur et à transformer ces signaux en discours audible dans un récepteur. C'est en 1874, alors qu'il est de passage en Ontario, au moment où il venait de son phonoautographe qui lui est venu une théorie. Celle-ci disait que des anches magnétisées induiraient un courant ondulatoire qui serait transmis par fil à un électro-aimant qui convertirait ce courant en vibration qui se répercuterait sur un diaphragme, reproduisant ainsi le son original. Mais le principal problème était de savoir si la voix humaine était assez puissante pour induire le courant[10]. De retour dans la ville de Boston, Alexander loua un laboratoire dans le grenier de la boutique de son fournisseur de matériel électrique dans le but de poursuivre ses recherches et ses expériences jours et nuits. C'est pendant cette période qu'Alexander Graham Bell entame sa collaboration avec Thomas A. Watson.
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Bell a consacré sa vie à apprendre à parler aux sourds, encouragé par la surdité de sa mère et de sa femme. Il était professeur de diction à l'université de Boston et spécialiste de l'élocution, on dirait aujourd'hui « phonologue » ou « phoniatre »[27].
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La carrière d'Alexander Graham Bell dans le domaine de l'enseignement commença pas plus tard qu'à l'âge de seize ans. En effet, Alex sentait le besoin de devenir plus autonome et de subvenir lui-même à ses besoins. Ainsi, malgré son très jeune âge, celui-ci obtint un poste de professeur stagiaire dans le domaine de la musique et de l'élocution à la Weston House Academy, une école de garçons à Elgin (Écosse). Lors de cette période d'enseignement, Alexander Graham Bell reçoit en compensation une instruction en latin et en grec pour une période d'un an. En 1867, Alexander Melville Bell déposa un important traité et décida de prendre son fils comme assistant et lui confia la tâche d'enseigner à ses élèves sourds au cours de son absence[10],[15].
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Un peu plus tard, en 1868, son père lui demanda d'adapter ses techniques de langages visibles pour que celui-ci puisse enseigner à des enfants atteints de surdité dans une école dans ville de Kensington (Londres) pendant que celui-ci ferait une tournée de conférence sur le continent américain avec son frère, Melville James Bell. Deux ans après la visite de ceux-ci en Amérique du Nord, lorsque la famille Bell émigre en Ontario, Alexander Graham Bell quitta ses parents pour enseigner à l'école de Sarah Fuller (en) à Boston. Cet externat pour les sourds ouvrit un an après une conférence d'Alexander Melville Bell au Lowell Institute à Boston et avait pour but de mettre à l'essai les nouvelles méthodes orales d'enseignement. Pendant cette période, Alexander Graham Bell va à l'encontre de l'opinion publique qui stipulait que les personnes sourdes étaient forcément muettes et n'avaient pas leurs places dans la société de l'époque. Celui-ci réussit d'ailleurs à démontrer dans la capitale du Massachusetts comment utiliser les techniques de langage visible pour former les enseignants. Ainsi, après quelques semaines seulement, Bell parvint à enseigner aux enfants plus de 400 syllabes. Ce succès fut très bien accueilli, au point que Bell présentera son œuvre à la Clark Institution for Deaf-Mutes de Northampton (Massachusetts) ainsi qu'à l'American Asylum for the Education and Instruction of Deaf and Dumb à Hartford (Connecticut)[10]. La demande pour ses services devient alors importante et en 1872, Alexander Graham Bell ouvre sa propre école pour les malentendants dans la ville de Boston. Cette école sera ultérieurement rattachée à l'université de Boston où « Aleck » (surnom donné à Alexander Graham) sera nommé professeur de physiologie vocale en 1873[10],[15].
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Bell défendit ses convictions jusqu'à sa mort et se définit avant tout comme un enseignant pour les sourds et affirme que l'ensemble de son œuvre phonétique est sa plus grande contribution à l'humanité. Par contre, celui-ci fut au centre d'une controverse en raison de la vigueur avec laquelle celui-ci défendait le fait que les sourds peuvent parler sans utiliser la langue des signes qui était beaucoup plus largement utilisé à l'époque.
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Il épouse Mabel Gardiner Hubbard (1857-1923), la fille de son mécène Gardiner Greene Hubbard (premier président de la National Geographic Society), sourde à la suite d'une scarlatine, et élève de Graham Bell. Le couple aura quatre enfants.
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Vers 1870, il se rendit dans la réserve des Six Nations et traduit la langue mohawk en Visible Speech ; il devint en récompense chef honoraire de la tribu[28],[29].
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Inventeur chevronné, il est surtout connu pour être le père du téléphone, bien que cette paternité soit controversée (cf plus bas).
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« Venez Watson, j'ai besoin de vous ! » (« M.. Watson -- Come here -- I want to see you. ») est la première conversation téléphonique de l'histoire (le 10 mars 1876, à Boston) qu'il eut avec son assistant qui se trouvait alors dans une autre pièce[30].
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En 1876, à l'exposition du centenaire de l'indépendance des États-Unis à Philadelphie, Bell rencontre Dom Pedro II, empereur du Brésil. Ce dernier s'intéresse au téléphone de Bell et demande une démonstration. Bell lui récite le fameux monologue d'Hamlet de Shakespeare « To be, or not to be ». Il fonde la Bell Telephone Company.
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Alexander Graham Bell est initialement attiré par la musique. Il s’en détourne cependant au profit d’études sur la phonétique, suivant les traces de son père et probablement touché par les problèmes de surdité dont souffrait sa mère. Après des études à l'université d'Oxford (Angleterre), il s’établit au Canada en 1870, puis aux États-Unis d’Amérique un an plus tard. Il fonde en 1872 une école pour les malentendants et débute ses travaux qui aboutiront au téléphone[27]. Convaincu de pouvoir transformer les ondes sonores en impulsions électriques dès 1874, il réalise son rêve en 1876. L’invention connaît rapidement un succès retentissant qui aboutit en 1877 à la création de la compagnie téléphonique Bell. La fortune aidant, Bell fonde le Volta Laboratory et se tourne alors vers d’autres champs d’expérimentations, jetant les bases du gramophone, s’intéressant à l’aviation, et aux transports nautiques.
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En mars 1880, Graham Bell dépose à la Smithonian Institution un pli cacheté. La rumeur circule que Bell vient de mettre au point un appareil permettant la vision à distance. En fait il s'agit de la description du photophone, un appareil permettant de transmettre le son par un rayon lumineux, grâce aux propriétés photosensibles du téléphone. Bell a fait par la suite diverses déclarations à la presse concernant la possibilité de voir à distance par l'électricité (1885, 1893, 1894), confirmant qu'il considérait l'hypothèse comme plausible. Ses notes attestent qu'il a travaillé sur la question.[31]
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Il se joint à la National Geographic Society, dont il est président de 1897 à 1903. Quoiqu'il n'était pas l'un des 33 fondateurs originaux, Bell a eu une influence majeure sur la Société[32].
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En 1884, il fait partie des fondateurs de l'American Institute of Electrical Engineers (AIEE en abrégé) ; ils proviennent de diverses industries telles l'énergie électrique, la télégraphie et lui comme représentant de l'industrie du téléphone[33]. L'AIEE deviendra plus tard l'IEEE.
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Bell décède des suites des complications provoquées par son diabète le 2 août 1922, dans son domaine privé de Beinn Bhreagh, en Nouvelle-Écosse, à l'âge de 75 ans[34]. Bell était également atteint d'anémie pernicieuse. Sa dernière vision de la terre qu'il avait habitée fut un clair de lune sur la montagne à deux heures du matin. Assistant son mari après sa longue maladie, Mabel a murmuré : « ne me quitte pas ». En guise de réplique, Bell a tracé le signe « non » et a expiré[35].
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En apprenant la mort de Bell, le premier ministre canadien Mackenzie King a câblé à Mme Bell :
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« Le gouvernement vous exprime notre sentiment de perte irrémédiable pour le monde en la mort de votre distingué mari. Il sera à tout jamais une source de fierté de notre pays pour la grande invention, à laquelle son nom est associé pour toujours, et une partie de son histoire. Au nom des citoyens du Canada, permettez-moi de vous exprimer notre gratitude et notre sympathie combinées. »
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Le cercueil de Bell fut réalisé en pin de Beinn Bhreagh par son personnel de laboratoire, bordé de tissu de soie rouge qui était utilisé dans ses expériences de cerf-volant tétraédrique. Afin de célébrer sa mémoire, son épouse a demandé aux invités de ne pas porter le noir (la couleur funéraire traditionnelle) lors du service, au cours duquel le soliste Jean MacDonald a entonné un couplet de Robert Louis Stevenson, Requiem :
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Sous un vaste ciel étoilé,
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Creusez la tombe et laissez-moi reposer.
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Joyeux ai-je vécu et joyeux suis-je entré dans la mort
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Et je m'allonge en vous confiant le flambeau.
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Le 4 août 1922, dès la conclusion de l'enterrement de Bell, « tous les téléphones sur le continent de l'Amérique du Nord ont été réduits au silence pendant une minute en l'honneur de l'homme qui avait donné à l'humanité les moyens de communication directe à distance »[36]. Alexander Graham Bell a été enterré au sommet de la montagne de Beinn Bhreagh, où il résidait de plus en plus souvent dans les trente-cinq dernières années de sa vie, avec une vue sur le lac Bras d'Or. Son épouse Mabel et ses deux filles Elsie May et Marion lui survécurent.
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Bell est mort dans sa propriété de Baddeck. La plaque placée sur sa tombe comprend, comme il l'avait précisé, les mots "Mort citoyen des États-Unis"[37].
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Alexander Graham Bell et Elisha Gray inventèrent chacun de leur côté, et à la même période, la technique de conversation par téléphone. Gray déposa son brevet deux heures avant Bell mais c'est ce dernier qui reçut la gloire et la fortune, au grand malheur de Gray.
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Comme l'a reconnu la Chambre des représentants des États-Unis en 2002[38], le téléphone était aussi l'invention de l'italien Antonio Meucci. En effet, dès 1850, ce dernier avait créé le Télettrophone, ancêtre du téléphone dont il sera fait mention dans un journal américain dix ans plus tard. C'est à ce moment-là qu'Edward B. Grant, vice-président de la Western Union Telegraph Company, prend contact avec Meucci pour lui demander une démonstration, lui proposant d'entreposer son matériel dans ses locaux. On soupçonne alors Bell d'être allé jeter un coup d’œil au prototype de Meucci dans les locaux de la Western Union Telegraph Company. Il n'a ensuite eu qu'à attendre que Meucci perde les droits sur son invention, faute d'argent pour les payer, pour déposer son propre brevet en 1876.
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Bell est un personnage secondaire du jeu vidéo Assassin's Creed Syndicate. Il est un des alliés des héros qu'il aide en leur confectionnant des armes.
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Alexander Graham Bell apparaît à plusieurs reprises dans la série canadienne "Les enquêtes de Murdoch".
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Dans le cycle de vie des « plantes à graines », appelées spermatophytes, la graine[1] est la structure qui contient et protège l'embryon végétal. Elle est souvent contenue dans un fruit qui permet sa dissémination.
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La graine permet ainsi à la plante d'échapper aux conditions d'un milieu devenu hostile soit en s'éloignant, soit en attendant le retour de circonstances favorables.
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Elle provient d'une transformation de l'ovule fécondé. De ce fait, elle est composée à la fois de parties provenant du sporophyte maternel (les enveloppes de la graine), du gamétophyte (les tissus de réserve de la graine) et du sporophyte de la génération suivante : l'embryon.
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Elle a un rôle de protection du nouvel individu grâce à son enveloppe souvent durcie, et de nutrition grâce à des réserves de substances nourricières. Les graines ont en effet la propriété d'accumuler, sous une forme facile à conserver, des réserves destinées au développement futur de l'embryon. Elles constituent ainsi une source d'alimentation recherchée par les animaux (régime alimentaire granivore).
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Les graines ont pris place dans l'alimentation humaine, et une place fondamentale au sein de nombreuses cultures, depuis l'invention de l'agriculture : céréales, légumes secs… Une graine sélectionnées pour être semée est une semence.
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La graine est formée de l'extérieur vers l'intérieur par une enveloppe protectrice nommée tégument, entourant un tissu de réserves nutritives, et l'embryon.
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Les tissus protecteurs constituent une des caractéristiques principales de la structure graine. L’embryon est tout d'abord entouré par un tissu de réserves nutritives plus ou moins important selon les espèces. L'origine de ce tissu est variable.
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L'albumen peut être plus ou moins développé dans la graine. Il peut contenir toutes les réserves nutritives, qui seront utilisées par l'embryon lors de la germination. Les graines de ce type sont dites « albuminées ». Au contraire, dans les graines dites « exalbuminées », les réserves sont stockées directement dans les cotylédons, l'albumen étant alors très réduit.
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Autour des tissus de réserves se trouve le tégument qui constitue le tissu protecteur principal. Il est constitué d’une couche de plusieurs cellules et entoure complètement l'embryon et ses réserves. Il n’est ouvert que par un petit orifice, le micropyle, par où est rentré le tube pollinique pour permettre la fécondation, lors de la pollinisation.
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L'embryon, quant à lui, peut être minuscule et constitué de quelques cellules seulement, ou déjà avec une gemmule développée en tigelle, radicule et cotylédons. Les différentes stratégies évolutives possibles donnent suivant les espèces des graines dont le poids varie de 2 microgrammes pour une orchidée (par exemple la Goodyère rampante) à une vingtaine de kilogrammes pour une Arécacée, le coco-de-mer (Lodoicea maldivica).
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L'origine des plantes à graines est un mystère qui reste à ce jour non résolu. Cependant, des données de plus en plus nombreuses tendent à situer cette origine dans le Dévonien moyen. En effet, la description en 2004 de la proto-graine de Runcaria heinzelinii dans le Givetien de Belgique constitue une indication de cette origine ancienne des plantes à graines.
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Cependant, les premières plantes à graines « vraies » sont décrites dans le Dévonien supérieur qui est le théâtre probable de leur première radiation évolutive. Cette radiation va se poursuivre au cours des millions d'années qui suivront. Les plantes à graines deviendront progressivement un des éléments majeurs de pratiquement tous les écosystèmes actuels.
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Les Spermatophytes, ou plantes à graines, sont divisés en deux grands groupes, les Angiospermes et les Gymnospermes. Chez ces dernières, l'ovule, et donc la graine qui en résulte, est nu. Seules les Angiospermes produisent des fruits, issus du développement de l'ovaire qui entoure l'ovule. Il est donc un ovaire mûr. Cependant, il peut aussi être constitué d'autres parties de la fleur, on parle alors de faux-fruits ou pseudo-fruits.
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Les fruits sont classés en trois grands types :
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Il y a différents critères pour classer des graines.
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Les principaux tissus d'une graine sont le périsperme, l'albumen et l'embryon.
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En agriculture, l'enveloppe n'est pas vraiment avantageuse. Certes elle offre une protection mécanique et chimique à la graine contre divers stress biotiques ou abiotiques, mais elle constitue surtout un frein alimentaire (les monogastriques - les humains par exemple - ne digérant pas la cellulose) ainsi qu'un frein à la germination, en étanchéifiant la graine à l'eau et à l'oxygène.
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Les graines remplissent plusieurs fonctions pour les plantes qui les produisent. Parmi ces fonctions, la nutrition de l'embryon, la dispersion vers un nouvel emplacement et la dormance dans des conditions défavorables sont essentielles. Les graines sont fondamentalement des moyens de reproduction, et la plupart des graines sont le produit de la reproduction sexuelle qui produit un mélange du matériel génétique et de la variabilité phénotypique sur laquelle agit la sélection naturelle.
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Charles Darwin, un pionnier de la physiologie végétale, a notamment étudié les graines pour leur rôle dans l'évolution des stratégies de dispersion chez les plantes[2].
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Modes de disséminations :
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Chez de nombreuses plantes, la germination des graines n'est pas immédiate, et nécessite le passage par une période de repos pendant laquelle la germination est inhibée par divers mécanismes. Cette inhibition ou dormance peut être liée à :
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La longévité des graines, ou pouvoir germinatif, est généralement comprise, selon les espèces, entre deux et dix ans (céréales, épinard, courge)[3]. Cette longévité peut atteindre une centaine d'années (cassia, fistula), graines dites macrobiontiques. Certaines graines ont une très courte longévité, de quelques jours (peuplier) à quelques semaines (caféier), elles sont dites microbiontiques. Le cas extrême est celui des graines qui germent dans le fruit encore accroché à la plante-mère (Rhizophora, palétuvier) : graines vivipares.
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La germination est le phénomène par lequel l'embryon contenu dans la graine sort de sa période de vie ralentie et se développe grâce aux réserves de la graine.
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Dans les graines des graminées, l'embryon sécrète des hormones végétales de la famille des gibbérellines qui induisent dans un tissu particulier, la couche à aleurone, la synthèse d'alpha-amylase qui mobilise les réserves contenues dans l'albumen au profit de l'embryon.
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Les graines contiennent un embryon vivant, parfois fragile. De nombreux facteurs peuvent affecter leur viabilité[4]. D'une manière générale elles doivent être conservées au frais et au sec.
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Conservées dans de mauvaises conditions elles peuvent perdre rapidement leur qualité germinative. Elles peuvent également moisir, être consommées par des rongeurs ou affectées par divers ravageurs.
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Si les graines sont récoltées en vue de servir de semences pour la reproduction, elles doivent être récoltées à maturité et testées[5]. Ce travail autrefois artisanal et familial, associé à la sélection végétale, est de plus en plus effectué par les agriculteurs multiplicateurs en relation avec des semenciers, les pépiniéristes[6] ou les récolteurs professionnels de graines forestières.
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De nombreux matériels spécifiques ou adaptés sont utilisés pour récolter les différentes espèces (graminées, légumineuses, ...., graines de fleurs des champs ou de prairies) tels que des moissonneuses batteuses, des aspirateurs montés sur tracteur, des machines à tambour (pour sortir des graines des cônes femelles de résineux, etc.).
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Les graines sont généralement sélectionnées et triées (séparation des graines trop petites, endommagées, anormales ou parasitées)[7]. Elles sont préparées, nettoyées et séchées puis soigneusement stockées[8] dans des conditions thermohygrométrique[9] et de lumière correspondant à leurs besoins, à l'abri des parasites.
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Certaines graines devront subir une vernalisation (froid hivernal ou équivalent artificiel) et/ou une réhumidification ou une acidification avant le semis, pour permettre la germination.
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Les lots de graines sont généralement classés par espèces et provenance, avec un descriptif pour chaque contenant, de manière à conserver une traçabilité. Pour les petites quantités, de simples enveloppes de papier sont utilisées, stockées dans une boite en carton ou en bois, hors de meubles en bois aggloméré susceptible de dégager du formol pouvant inhiber les capacités germinatives de la graine.
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Des précautions doivent enfin parfois aussi être prises durant leur transport.
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Les graines d'arbres forestiers sont souvent récoltées dans des vergers à graines[10] qui ont aussi une vocation d'amélioration végétale,pouvant néanmoins être source de perte de diversité génétique par rapport à la régénération naturelle[réf. nécessaire] .
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« Une graine contient une plante en miniature (plantule) qui vit au ralenti, protégée par une enveloppe. Elle renferme des réserves de nourriture qui lui permettront de germer si les conditions sont favorables. La plantule peut alors grandir, et quand elle sera adulte, elle donnera à son tour des graines. »
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— Cartel : « Bébé plante », Jardin des plantes, école de botanique, Paris, 26 février 2011.
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Dans le cycle de vie des « plantes à graines », appelées spermatophytes, la graine[1] est la structure qui contient et protège l'embryon végétal. Elle est souvent contenue dans un fruit qui permet sa dissémination.
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La graine permet ainsi à la plante d'échapper aux conditions d'un milieu devenu hostile soit en s'éloignant, soit en attendant le retour de circonstances favorables.
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Elle provient d'une transformation de l'ovule fécondé. De ce fait, elle est composée à la fois de parties provenant du sporophyte maternel (les enveloppes de la graine), du gamétophyte (les tissus de réserve de la graine) et du sporophyte de la génération suivante : l'embryon.
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Elle a un rôle de protection du nouvel individu grâce à son enveloppe souvent durcie, et de nutrition grâce à des réserves de substances nourricières. Les graines ont en effet la propriété d'accumuler, sous une forme facile à conserver, des réserves destinées au développement futur de l'embryon. Elles constituent ainsi une source d'alimentation recherchée par les animaux (régime alimentaire granivore).
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Les graines ont pris place dans l'alimentation humaine, et une place fondamentale au sein de nombreuses cultures, depuis l'invention de l'agriculture : céréales, légumes secs… Une graine sélectionnées pour être semée est une semence.
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La graine est formée de l'extérieur vers l'intérieur par une enveloppe protectrice nommée tégument, entourant un tissu de réserves nutritives, et l'embryon.
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Les tissus protecteurs constituent une des caractéristiques principales de la structure graine. L’embryon est tout d'abord entouré par un tissu de réserves nutritives plus ou moins important selon les espèces. L'origine de ce tissu est variable.
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L'albumen peut être plus ou moins développé dans la graine. Il peut contenir toutes les réserves nutritives, qui seront utilisées par l'embryon lors de la germination. Les graines de ce type sont dites « albuminées ». Au contraire, dans les graines dites « exalbuminées », les réserves sont stockées directement dans les cotylédons, l'albumen étant alors très réduit.
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Autour des tissus de réserves se trouve le tégument qui constitue le tissu protecteur principal. Il est constitué d’une couche de plusieurs cellules et entoure complètement l'embryon et ses réserves. Il n’est ouvert que par un petit orifice, le micropyle, par où est rentré le tube pollinique pour permettre la fécondation, lors de la pollinisation.
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L'embryon, quant à lui, peut être minuscule et constitué de quelques cellules seulement, ou déjà avec une gemmule développée en tigelle, radicule et cotylédons. Les différentes stratégies évolutives possibles donnent suivant les espèces des graines dont le poids varie de 2 microgrammes pour une orchidée (par exemple la Goodyère rampante) à une vingtaine de kilogrammes pour une Arécacée, le coco-de-mer (Lodoicea maldivica).
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L'origine des plantes à graines est un mystère qui reste à ce jour non résolu. Cependant, des données de plus en plus nombreuses tendent à situer cette origine dans le Dévonien moyen. En effet, la description en 2004 de la proto-graine de Runcaria heinzelinii dans le Givetien de Belgique constitue une indication de cette origine ancienne des plantes à graines.
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Cependant, les premières plantes à graines « vraies » sont décrites dans le Dévonien supérieur qui est le théâtre probable de leur première radiation évolutive. Cette radiation va se poursuivre au cours des millions d'années qui suivront. Les plantes à graines deviendront progressivement un des éléments majeurs de pratiquement tous les écosystèmes actuels.
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Les Spermatophytes, ou plantes à graines, sont divisés en deux grands groupes, les Angiospermes et les Gymnospermes. Chez ces dernières, l'ovule, et donc la graine qui en résulte, est nu. Seules les Angiospermes produisent des fruits, issus du développement de l'ovaire qui entoure l'ovule. Il est donc un ovaire mûr. Cependant, il peut aussi être constitué d'autres parties de la fleur, on parle alors de faux-fruits ou pseudo-fruits.
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Les fruits sont classés en trois grands types :
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Il y a différents critères pour classer des graines.
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Les principaux tissus d'une graine sont le périsperme, l'albumen et l'embryon.
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En agriculture, l'enveloppe n'est pas vraiment avantageuse. Certes elle offre une protection mécanique et chimique à la graine contre divers stress biotiques ou abiotiques, mais elle constitue surtout un frein alimentaire (les monogastriques - les humains par exemple - ne digérant pas la cellulose) ainsi qu'un frein à la germination, en étanchéifiant la graine à l'eau et à l'oxygène.
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Les graines remplissent plusieurs fonctions pour les plantes qui les produisent. Parmi ces fonctions, la nutrition de l'embryon, la dispersion vers un nouvel emplacement et la dormance dans des conditions défavorables sont essentielles. Les graines sont fondamentalement des moyens de reproduction, et la plupart des graines sont le produit de la reproduction sexuelle qui produit un mélange du matériel génétique et de la variabilité phénotypique sur laquelle agit la sélection naturelle.
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Charles Darwin, un pionnier de la physiologie végétale, a notamment étudié les graines pour leur rôle dans l'évolution des stratégies de dispersion chez les plantes[2].
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Modes de disséminations :
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Chez de nombreuses plantes, la germination des graines n'est pas immédiate, et nécessite le passage par une période de repos pendant laquelle la germination est inhibée par divers mécanismes. Cette inhibition ou dormance peut être liée à :
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La longévité des graines, ou pouvoir germinatif, est généralement comprise, selon les espèces, entre deux et dix ans (céréales, épinard, courge)[3]. Cette longévité peut atteindre une centaine d'années (cassia, fistula), graines dites macrobiontiques. Certaines graines ont une très courte longévité, de quelques jours (peuplier) à quelques semaines (caféier), elles sont dites microbiontiques. Le cas extrême est celui des graines qui germent dans le fruit encore accroché à la plante-mère (Rhizophora, palétuvier) : graines vivipares.
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La germination est le phénomène par lequel l'embryon contenu dans la graine sort de sa période de vie ralentie et se développe grâce aux réserves de la graine.
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Dans les graines des graminées, l'embryon sécrète des hormones végétales de la famille des gibbérellines qui induisent dans un tissu particulier, la couche à aleurone, la synthèse d'alpha-amylase qui mobilise les réserves contenues dans l'albumen au profit de l'embryon.
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Les graines contiennent un embryon vivant, parfois fragile. De nombreux facteurs peuvent affecter leur viabilité[4]. D'une manière générale elles doivent être conservées au frais et au sec.
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Conservées dans de mauvaises conditions elles peuvent perdre rapidement leur qualité germinative. Elles peuvent également moisir, être consommées par des rongeurs ou affectées par divers ravageurs.
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Si les graines sont récoltées en vue de servir de semences pour la reproduction, elles doivent être récoltées à maturité et testées[5]. Ce travail autrefois artisanal et familial, associé à la sélection végétale, est de plus en plus effectué par les agriculteurs multiplicateurs en relation avec des semenciers, les pépiniéristes[6] ou les récolteurs professionnels de graines forestières.
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De nombreux matériels spécifiques ou adaptés sont utilisés pour récolter les différentes espèces (graminées, légumineuses, ...., graines de fleurs des champs ou de prairies) tels que des moissonneuses batteuses, des aspirateurs montés sur tracteur, des machines à tambour (pour sortir des graines des cônes femelles de résineux, etc.).
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Les graines sont généralement sélectionnées et triées (séparation des graines trop petites, endommagées, anormales ou parasitées)[7]. Elles sont préparées, nettoyées et séchées puis soigneusement stockées[8] dans des conditions thermohygrométrique[9] et de lumière correspondant à leurs besoins, à l'abri des parasites.
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Certaines graines devront subir une vernalisation (froid hivernal ou équivalent artificiel) et/ou une réhumidification ou une acidification avant le semis, pour permettre la germination.
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Les lots de graines sont généralement classés par espèces et provenance, avec un descriptif pour chaque contenant, de manière à conserver une traçabilité. Pour les petites quantités, de simples enveloppes de papier sont utilisées, stockées dans une boite en carton ou en bois, hors de meubles en bois aggloméré susceptible de dégager du formol pouvant inhiber les capacités germinatives de la graine.
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Des précautions doivent enfin parfois aussi être prises durant leur transport.
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Les graines d'arbres forestiers sont souvent récoltées dans des vergers à graines[10] qui ont aussi une vocation d'amélioration végétale,pouvant néanmoins être source de perte de diversité génétique par rapport à la régénération naturelle[réf. nécessaire] .
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« Une graine contient une plante en miniature (plantule) qui vit au ralenti, protégée par une enveloppe. Elle renferme des réserves de nourriture qui lui permettront de germer si les conditions sont favorables. La plantule peut alors grandir, et quand elle sera adulte, elle donnera à son tour des graines. »
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— Cartel : « Bébé plante », Jardin des plantes, école de botanique, Paris, 26 février 2011.
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Le kilogramme, dont le symbole est kg (en minuscules), est l'unité de base de masse dans le Système international d'unités (SI)[2].
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Le kilogramme est la seule unité SI de base possédant un préfixe (« kilo », symbole « k » utilisé pour désigner le millier d'une unité) dans son nom. Quatre des sept unités de base du Système international sont définies par rapport au kilogramme, donc sa stabilité est importante.
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Du temps où il était en vigueur, le prototype international du kilogramme était rarement utilisé ou manipulé. Des copies en étaient conservées par les laboratoires nationaux de métrologie autour du globe et lui ont été comparées en 1889, 1948 et 1989 pour des besoins de traçabilité. Le prototype international du kilogramme est commandé par la Conférence générale des poids et mesures (CGPM) sous l'autorité de la Convention du Mètre (1875), et est sous la garde du Bureau international des poids et mesures (BIPM) qui le conserve (au pavillon de Breteuil) au nom de la CGPM.
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Après la constatation que la masse du prototype varie au cours du temps, le Comité international des poids et mesures (CIPM) recommande en 2005 de redéfinir le kilogramme en termes de constante fondamentale de la nature. Dans sa session de 2011, la CGPM convient que le kilogramme devrait être redéfini en fonction de la constante de Planck, mais constatant que les travaux existants à cette date ne permettent pas de mettre en œuvre le changement[3], reporte la décision finale à 2014 puis à la 26e CGPM, qui s'est tenue en 2018 à Paris. Celle-ci permet de figer quatre constantes physiques et de définir un nouveau système d'unités, c'est-à-dire de redéfinir effectivement le kilogramme ; ces définitions entrent en vigueur le 20 mai 2019[4],[5].
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Le kilogramme peut désormais être réalisé à partir de la valeur fixée de la constante de Planck et à l'aide d'une balance de Kibble.
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Le gramme est originellement défini en 1795 comme la masse d'un centimètre cube « d'eau pure » à 4 °C[a], faisant du kilogramme l'égal de la masse d'un litre d'eau pure. Le prototype du kilogramme, fabriqué en 1799 et sur lequel s'appuie le kilogramme jusqu'en mai 2019, possède une masse égale à celle de 1,000 025 L d'eau pure.
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Depuis 1879 et jusqu'au 19 mai 2019, il est défini comme étant égal à la masse du prototype international du kilogramme déposé au BIPM au pavillon de Breteuil près de Paris[6].
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Depuis le 20 mai 2019, il est défini en fixant la valeur numérique de « la constante de Planck, h, égale à 6,626 070 15 × 10−34 J.s, unité égale à kg.m2 s−1 », le mètre et la seconde ayant déjà été définis auparavant en fixant « la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé, ∆νCs, comme égale à 9 192 631 770 Hz » pour déterminer la seconde de façon aisément reproductible et précisément mesurable, et en fixant « la vitesse de la lumière dans le vide, c, comme égale à 299 792 458 m/s » pour déterminer également le mètre en fonction de la seconde de façon aisément reproductible et précisément mesurable.[7]. Cette nouvelle définition a été officiellement approuvée par le BIPM le 16 novembre 2018, lors de la 26e conférence générale des poids et mesures[8].
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Le mot « kilogramme » est formé du préfixe « kilo », dérivant du grec ancien χίλιοι (chílioi) signifiant « mille »[9], et de « gramme », du grec ancien γράμμα (grámma) signifiant « petit poids »[10],[11]. Le mot « kilogramme » est écrit dans la loi française en 1795[12]. L'apocope « kilo » est une abréviation courante qui apparaît dès le XIXe siècle[13].
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Le symbole du kilogramme est « kg ».
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Le kilogramme est une unité de masse. Du point de vue physique, la masse est une propriété inertielle, décrivant la tendance d'un objet à conserver la même vitesse en l'absence d'une force extérieure. Selon les lois du mouvement de Newton, un objet de masse 1 kg accélère d'1 m/s2 quand on lui applique une force d'1 newton.
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Si le poids d'un système dépend de la force locale de la gravité, sa masse est invariante (tant qu'il ne se déplace pas à des vitesses relativistes[b]). En conséquence, pour un astronaute en micropesanteur, aucun effort n'est nécessaire pour maintenir un objet au-dessus du plancher : il est sans poids. Toutefois, comme les objets en micropesanteur conservent leur masse et donc leur inertie, un astronaute doit exercer une force dix fois plus importante pour donner la même accélération à un objet de 10 kg qu'à un objet d'1 kg.
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Comme sur Terre, le poids d'un objet est proportionnel à sa masse, sa masse en kilogramme est généralement mesurée en comparant son poids à celui d'un objet standard dont la masse est connue en kilogramme, à l'aide d'une balance. Le rapport de la force de gravitation exercée sur les deux objets est égal au rapport de leur masse.
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Le kilogramme sous-tend une grande partie du Système international d'unités tel qu'il est actuellement défini et structuré. Par exemple :
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Cette chaîne de dépendance se succède sur plusieurs unités de mesure SI. Par exemple :
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La magnitude des unités principales d'électricité (coulomb, volt, tesla et weber) est donc déterminée par le kilogramme, tout comme celle des unités de lumière, la candela étant définie grâce au watt et définissant à son tour le lumen et le lux. Si la masse du prototype international du kilogramme venait à changer, toutes ces unités varieraient en conséquence.
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Comme la magnitude de nombreuses unités SI est définie par la masse d'un objet de métal de la taille d'une balle de golf et vieux de plus de 130 ans, la qualité du prototype international est protégée avec application afin de préserver l'intégrité du système. Cependant, en dépit de la meilleure intendance, la masse moyenne de l'ensemble des prototypes et du prototype international a vraisemblablement divergé de plus de 5 µg depuis la troisième vérification périodique en 1989. De plus, les laboratoires de métrologie nationaux doivent attendre la quatrième vérification périodique pour confirmer cette tendance historique.
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La définition des unités SI est toutefois différente de leur réalisation pratique. Par exemple, le mètre est défini comme la distance parcourue par la lumière pendant 1/299792458 de seconde. Sa réalisation pratique prend typiquement la forme d'un laser hélium-néon et la longueur du mètre est délinéée comme 1 579 800,298 728 longueurs d'onde de la lumière de ce laser. Si, par hasard, on réalisait que la mesure officielle de la seconde avait dérivé de quelques parties par million (elle est en réalité extrêmement stable, avec une reproductibilité de quelques parties pour 1015[14]), cela n'aurait aucun effet automatique sur le mètre car la seconde — et donc la longueur du mètre — est absorbée par le laser qui en assume la réalisation pratique. Les scientifiques calibrant les appareils continueraient à mesurer le même nombre de longueurs d'onde du laser jusqu'à ce qu'un accord soit conclu pour procéder différemment. Dans le cas de la dépendance du monde extérieur à la valeur du kilogramme, si on déterminait que la masse du prototype international avait changé, cela n'aurait aucun effet automatique sur les autres unités de mesure, leur réalisation pratique fournissant un niveau d'abstraction les isolant. Si la variation de masse était définitivement prouvée, une solution consisterait à redéfinir le kilogramme comme égal à la masse du prototype plus une valeur de compensation.
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Sur le long terme, la solution consiste à libérer le système SI du prototype international en développant une réalisation pratique du kilogramme qui puisse être reproduite dans différents laboratoires en suivant une spécification définie. Les unités de mesure dans ces réalisations pratiques possèdent leur magnitude précisément définie et exprimée en termes de constantes physiques fondamentales. Le kilogramme serait ainsi basé sur une constante universelle invariante. Actuellement, aucune alternative n'a encore atteint l'incertitude de 20 parties par milliard (environ 20 µg) requise pour faire mieux que le prototype. Toutefois, la balance du watt du National Institute of Standards and Technology approche de ce but, avec une incertitude démontrée de 36 µg[15].
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Le système métrique est créé en France à l'initiative de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Le 30 mars 1791, le gouvernement français ordonne à l'Académie des sciences de déterminer précisément la magnitude des unités de base du nouveau système. L'Académie partage la tâche en cinq commissions ; celle chargée de la détermination de la masse comprend initialement Antoine Lavoisier et René Just Haüy ; Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794 et Haüy est temporairement emprisonné, ils sont remplacés à la commission par Louis Lefèvre-Gineau et Giovanni Fabbroni.
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Le concept d'utiliser une unité de volume d'eau pour définir une unité de masse est proposée par le philosophe anglais John Wilkins en 1668, afin de lier la masse et la longueur[17]. Le système métrique ayant par ailleurs défini le mètre, « qui a été adopté pour l'unité fondamentale de tout le système des mesures »[18], l'unité de poids qui en découle pouvait alors être le mètre cube d'eau d'une tonne (dont l'ordre de grandeur est celui des déplacements des navires), le décimètre cube d'un kilogramme (du même ordre de grandeur que la livre, d'usage courant sur les marchés pour peser les marchandises), le centimètre cube d'un gramme (du même ordre que le denier dans le système des poids de marc, poids des pièces monétaires courantes), ou le millimètre cube d'un milligramme (de l'ordre de la prime, utilisée pour les mesures de précision).
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Le gramme est introduit par la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) ; il est défini comme « le poids absolu d'un volume d'eau pure ��gal au cube de la centième partie du mètre, et à la température de la glace fondante »[19]. Le choix de l'unité de base se porte donc sur le centimètre cube d'eau, le même décret prévoyant également dans ce système métrique universel une unité mesure monétaire, « l’unité des monnaies prendra le nom de franc, pour remplacer celui de livre usité jusqu'aujourd'hui »[18] : le choix du gramme comme unité de poids préparant la voie à un franc métrique universel[c].
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Comme le commerce met en jeu des objets nettement plus massifs qu'un gramme, et comme un standard de masse constitué d'eau serait instable, un étalon provisoire est réalisé en métal, d'une masse 1 000 fois plus grande que le gramme : le kilogramme. Cet étalon provisoire est fabriqué en accord avec une mesure imprécise de la densité de l'eau réalisée auparavant par Lavoisier et Haüy, qui estiment que l'eau distillée à 0 °C a une masse de 18 841 grains dans l'ancien système des poids de marc[20].
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Dans le même temps, une commission est nommée pour déterminer précisément la masse d'un litre d'eau[19]. Bien que le décret mentionne spécifiquement de l'eau à 0 °C, les études de Lefèvre-Gineau et Fabbroni montrent que l'eau est au plus dense à 4 °C et qu'un litre pèse à cette température 18 827,15 grains, 99,9265 % de la valeur imprécise mesurée précédemment par Lavoisier et Haüy[d],[21].
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Le 22 juin 1799, un étalon en platine d'un kilogramme (nom originel, le grave), soit la masse d'un litre d'eau, est déposé (ainsi qu'un étalon du mètre) aux Archives de France. Le 10 décembre 1799, l'étalon est ratifié officiellement comme « kilogramme des Archives » et le kilogramme est défini comme égal à sa masse.
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Le 20 mai 1875, la Convention du Mètre formalise un peu plus le système métrique. L'unité de masse est redéfinie comme « kilogramme » (et non « gramme »), qui devient ainsi la seule unité de base incluant un préfixe multiplicateur[22]. Un nouvel étalon en platine iridié de masse pratiquement identique au kilogramme des Archives doit être réalisé dès cette même année, mais la coulée est rejetée car la proportion d'iridium, 11,1 %, se situe en dehors des 9 - 11 % spécifiés. Le prototype international du kilogramme est l'un des trois cylindres réalisés en 1879. En 1883, sa masse est mesurée comme indifférenciable de celle du kilogramme des archives. Ce n'est qu'en 1889, lors de la première CGPM, que le prototype international du kilogramme définit la magnitude du kilogramme ; il est conservé depuis au pavillon de Breteuil en France[23],[24].
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Les mesures modernes de la Vienna Standard Mean Ocean Water, une eau distillée pure avec une composition isotopique représentative de la moyenne des océans, montre qu'elle possède une masse volumique de 0,999 975 ± 0,000 001 kg/L à sa densité maximale (3,984 °C) sous une atmosphère standard (760 torr)[25],[26]. Ainsi, un décimètre-cube d'eau dans ces conditions n'est que 25 ppm moins massif que le prototype international du kilogramme (25 mg). La masse du kilogramme des Archives, réalisé il y a plus de deux siècles, est donc égale à celle d'un décimètre-cube d'eau à 4 °C à un grain de riz près.
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La Convention du Mètre, signée le 20 mai 1875, formalise le système métrique (prédécesseur du Système international d'unités actuel) ; depuis 1889, il définit la magnitude du kilogramme comme égale à la masse du prototype international du kilogramme (PIK en abrégé, ou IPK pour l'anglais International Prototype of the Kilogram)[24],[2], surnommé le « grand K ».
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Le PIK est constitué d'un alliage de 90 % de platine et 10 % d'iridium (proportions massiques), nommé « Pt-10Ir ». Il prend la forme d'un cylindre de 39,17 mm de hauteur et de diamètre afin de minimiser sa surface totale[27]. L'ajout d'iridium augmente fortement la dureté du platine tout en conservant certaines de ses propriétés : forte résistance à l'oxydation, très haute masse volumique (presque deux fois plus dense que le plomb et 21 fois plus que l'eau), conductivités électrique et thermique satisfaisantes, et faible susceptibilité magnétique. Le PIK et ses six copies sont stockés au Bureau international des poids et mesures, protégés chacun par trois cloches de verre scellées dans un coffre-fort spécial à « l'environnement contrôlé » dans la cave la plus basse du pavillon de Breteuil à Sèvres, dans la banlieue de Paris. Trois clés indépendantes sont nécessaires pour ouvrir ce coffre. Des copies officielles du PIK sont réalisées pour les États afin de servir de standards nationaux. Le PIK n'est extrait de son coffre que pour en réaliser des étalonnages tous les 50 ans environ (cette opération n'a eu lieu que trois fois depuis sa création), afin de fournir une traçabilité des mesures locales.
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Le Bureau international des poids et mesures fournit à ses États membres des copies du PIK de forme et composition quasi identiques, destinées à servir de standards de masse nationaux. Par exemple, les États-Unis possèdent quatre prototypes nationaux :
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Aucune des copies ne possède une masse exactement égale à celle du PIK : leur masse est calibrée et documentée avec des valeurs de décalage. Par exemple, en 1889, la masse du prototype américain K20 est déterminée comme égale à 39 µg de moins que le PIK (1 kg − 39 µg donc = 0,999 999 961 kg). Lors d'une vérification en 1948, sa masse est mesurée égale à 1 kg − 19 μg. La dernière vérification en 1999 lui détermine une masse identique à sa valeur initiale de 1889.
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La masse de K4 a constamment décliné par rapport à celle du PIK, car les standards de vérification étant plus souvent manipulés, ils sont plus sujets aux éraflures et autres usures. En 1889, K4 est délivré avec une masse officielle de 1 kg − 75 μg. En 1989, il est calibré à 1 kg − 106 μg et en 1999, à 1 kg − 116 μg ; c'est-à-dire qu'en 110 ans, K4 a perdu 41 µg par rapport au PIK[28].
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En Allemagne, il y a aussi quatre prototypes nationaux :
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Le kilogramme a été la dernière unité de base du Système international d'unités à être définie au moyen d'un étalon matériel fabriqué par l'homme. Par définition, l'erreur dans la valeur mesurée de la masse du « PIK » était, jusqu'en 2018, exactement zéro. Toutefois, tout changement dans sa masse pouvait être déduit en la comparant avec ses copies officielles stockées autour du monde, périodiquement retournées au Bureau international des poids et mesures pour vérification.
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Malgré les précautions d'utilisation et de conservation, la masse théorique (entendu dans ce sens, la masse qu'il a avec une autre définition du kilogramme[Laquelle ?]) du prototype a déjà varié de quelques microgrammes par rapport aux masses de copies[pas clair]. Il est souvent incorrectement dit que la masse théorique du prototype aurait diminué de l'équivalent d'un grain de sable de 0,4 mm de diamètre[30],[31],[32]. En fait, lorsqu'on mesure les copies par rapport à l'étalon on note que les masses des copies ont augmenté relativement au prototype (ce qui peut laisser croire que la masse du prototype a diminué par sa manipulation (éraflure microscopique par exemple). En plus, il est probable que la masse théorique du prototype a aussi augmenté (par ajout de poussière, de traces de doigts, de caoutchouc par exemple), mais moins que celles des copies. Il est aussi possible que les masses des copies et la masse théorique du prototype aient diminué mais que la masse théorique du prototype ait diminué plus rapidement que les masses des copies[33],[34]. En tout état de cause, par définition, la masse réelle du prototype était, elle, toujours restée immuable à 1 kg.
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Selon James Clerk Maxwell (1831 - 1879) :
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« Même si le repère cylindrique du kilogramme est abrité dans un coffre spécial, dans des conditions contrôlées au BIPM, sa masse (théorique) peut dériver légèrement au fil des ans et il est sujet à des modifications de masse (théorique) en raison de la contamination, la perte de matériau de surface par nettoyage, ou d'autres effets. Une propriété de la nature est, par définition, toujours la même et peut en théorie être mesurée n'importe où, alors que le kilogramme est accessible uniquement au BIPM et pourrait être endommagé ou détruit. »
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Au-delà de la simple usure qu'un prototype peut rencontrer, sa masse peut varier pour un certain nombre de raisons, certaines connues et d'autres inconnues. Comme le PIK et ses répliques sont stockés à l'air libre (bien que sous deux cloches ou plus), ils gagnent de la masse par adsorption et contamination atmosphérique à leur surface. Par conséquent, ils sont nettoyés selon un procédé mis au point par le BIPM entre 1939 et 1946, qui consiste à les frotter légèrement avec une peau de chamois imbibée à parts égales d'éther-oxyde et d'éthanol, suivi d'un nettoyage à la vapeur d'eau deux fois distillée, avant de laisser les prototypes reposer 7 à 10 jours[f]. Ce nettoyage retire de 5 à 60 µg de contaminants, selon la date du nettoyage précédent. Un deuxième nettoyage peut retirer jusqu'à 10 µg de plus. Après le nettoyage, et même s'ils sont stockés sous leurs cloches, le PIK et ses copies commencent immédiatement à gagner de la masse à nouveau pour les mêmes raisons. Le BIPM a développé un modèle de ce gain et a conclu qu'il s'élevait en moyenne à 1,11 µg par mois les trois premiers mois, puis 1 µg par an après[réf. nécessaire]. Comme les standards de vérification comme K4 ne sont pas nettoyés pour les calibrations de routine d'autres standards — une précaution minimisant leur usure potentielle — ce modèle est utilisé comme facteur correctif.
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Comme les 40 premières copies sont réalisées dans le même alliage que le PIK et stockées dans des conditions similaires, des vérifications périodiques permettent de contrôler sa stabilité. Il est devenu clair après la 3e vérification périodique réalisée entre 1988 et 1992 que les masses de tous les prototypes divergent lentement mais inexorablement les unes des autres. Il est également clair que la masse du PIK a perdu environ 50 µg en un siècle, et peut-être plus, en comparaison de ses copies officielles[29],[35]. La raison de cette divergence n'est pas connue. Aucun mécanisme plausible n'a été proposé pour l'expliquer[36],[37],[38].
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De plus, aucun moyen technique ne permet de déterminer si l'ensemble des prototypes souffre d'une tendance à plus long terme ou non, car leur masse « relative à un invariant de la nature est inconnue en dessous de 1 000 µg ou sur une période de 100 ou même 50 ans »[35]. Comme on ne sait pas quel prototype a été le plus stable dans l'absolu, il est tout aussi valable de dire que l'ensemble du premier lot de copies, en tant que groupe, a gagné en moyenne environ 25 µg en 100 ans sur le PIK[g].
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On sait par ailleurs que le PIK présente une instabilité à court terme d'environ 30 µg sur une période d'un mois après nettoyage[39]. La raison précise de cette instabilité n'est pas connue, mais on suppose qu'elle est liée à des effets de surface : des différences microscopiques entre les surfaces polies des prototypes, peut-être aggravées par l'absorption d'hydrogène par catalyse des composés organiques volatils qui se déposent lentement sur les prototypes et des solvants à base d'hydrocarbures utilisés pour les nettoyer[38],[34].
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Il est possible d'exclure certaines explications sur les divergences observées. Le BIPM explique, par exemple, que la divergence dépend plus du temps écoulé entre les mesures que du nombre de fois où les prototypes ont été nettoyés ou d'un changement possible dans la gravité locale ni de l'environnement[33]. Un rapport publié en 2013 par Cumpson de l'université de Newcastle upon Tyne, basé sur la spectrométrie photoélectronique X d'échantillons stockés à côté de plusieurs prototypes, suggère qu'une source de divergence pourrait remonter à du mercure absorbé par les prototypes situés à proximité d'instruments utilisant ce métal. Une autre source provient d'une contamination carbonacée. Les auteurs de ce rapport suggèrent que ces contaminants pourraient être enlevés en utilisant une lumière ultraviolette et un lavage à l'ozone[40].
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Les scientifiques constatent une plus grande variabilité des prototypes que ce qui était estimé à la base. La divergence croissante des masses des prototypes et l'instabilité à court terme du PIK ont initié des recherches pour améliorer les méthodes d'obtention d'une surface lisse à l'aide d'usinage au diamant sur les nouvelles répliques, et ont intensifié les recherches d'une nouvelle définition du kilogramme[37].
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En 2011, le kilogramme était la dernière unité SI toujours définie par un artéfact[41].
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En 1960, le mètre, précédemment défini par une simple barre de platine iridié avec deux marques gravées, est redéfini en termes de constantes physiques fondamentales et invariantes (la longueur d'onde de la lumière émise par une transition des atomes de krypton 86[42], puis plus tard la vitesse de la lumière) afin que le standard puisse être reproduit dans différents laboratoires en suivant des spécifications précises. Afin d'assurer la stabilité à long terme du Système international d'unités, la 21e Conférence générale des poids et mesures, en 2000[42], a recommandé que « les laboratoires nationaux poursuivent leurs efforts pour affiner les expériences qui relient l'unité de masse à des constantes fondamentales ou atomiques et qui pourraient, dans l'avenir, servir de base à une nouvelle définition du kilogramme. » En 2005, lors de la 24e réunion du Comité international des poids et mesures (CIPM), une recommandation similaire est émise pour le kilogramme[43].
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En octobre 2010, le CIPM vote pour soumettre une résolution à la Conférence générale des poids et mesures (CGPM), afin de les notifier de l'intention de définir le kilogramme à l'aide de la constante de Planck, h[44],[45]. Cette résolution est acceptée par la 24e conférence du CGPM[46] en octobre 2011 ; en outre, la date de la 25e conférence est avancée de 2015 à 2014[47]. Cette définition permet théoriquement à n'importe quel appareil de délinéer le kilogramme en termes de constantes de Planck[Quoi ?], dès qu'il possède une précision et une stabilité suffisantes. La balance du watt pourrait être capable de répondre à cette demande. Si la CGPM adopte cette nouvelle proposition, et si la nouvelle définition du kilogramme est retenue dans le SI, la constante de Planck, qui lie l'énergie des photons à leur fréquence, aurait une valeur fixe déterminée. Après accord international, le kilogramme ne serait plus défini par la masse du PIK. Toutes les unités SI dépendant du kilogramme et du joule auraient également leur magnitude définie au bout du compte, en termes d'oscillations de photons. En fixant la constante de Planck, la définition du kilogramme ne dépendrait que de celle de la seconde et du mètre. La définition de la seconde ne dépend que d'une seule constante physique : « la seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133[48] ». Le mètre dépend de la seconde et de la vitesse de la lumière c.
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Afin de remplacer le dernier artéfact en usage, une variété de techniques et d'approches très diverses ont été considérées et explorées. Certaines sont fondées sur des équipements et procédures permettant la production à la demande de nouveaux prototypes (moyennant toutefois un effort considérable), à l'aide de techniques de mesure et de propriétés de matériaux basées au bout du compte sur des constantes fondamentales. D'autres font usage d'appareils mesurant l'accélération ou le poids de masses test, exprimant leur magnitude en termes électriques permettant là encore de remonter à des constantes fondamentales. Toutes les approches dépendent de la conversion d'une mesure de poids en une masse et nécessitent donc une mesure précise de la force de la gravitation dans les laboratoires. Toutes fixent également une ou plusieurs constantes physiques à une valeur déterminée. À ce titre le Canada semble avoir pris une longueur d'avance avec son projet de définition du kilogramme[49].
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La balance de Kibble (ou balance du watt) est une balance à plateau simple qui mesure la puissance électrique nécessaire pour s'opposer au poids d'une masse test d'un kilogramme dans le champ de gravitation terrestre. Il s'agit d'une variante de la balance de l'ampère (en) qui emploie une étape de calibration supplémentaire annulant l'effet de la géométrie. Le potentiel électrique de la balance de Kibble est mesuré par tension Josephson standard, qui permet à la tension électrique d'être liée à une constante physique avec une grande précision et une haute stabilité. La partie résistive du circuit est calibrée par rapport à une résistance standard Hall quantique. La balance de Kibble nécessite une mesure précise de l'accélération locale de la gravitation, g, à l'aide d'un gravimètre.
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En avril 2007, l'installation de la balance de Kibble par le National Institute of Standards and Technology (NIST) démontre une incertitude standard relative combinée de 36 µg et une résolution à court terme de 10 à 15 µg [15]. La balance de Kibble du National Physical Laboratory possède une incertitude de 70,3 µg en 2007[50]. En 2009, Cette balance est désassemblée et transférée à l'institut canadien pour les standards de mesure nationaux (membre du Conseil national de recherches Canada), où la recherche et le développement de l'appareil se poursuit.
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Dans la balance de Kibble, qui fait osciller une masse de test de haut en bas contre l'accélération gravitationnelle locale g, la puissance mécanique requise est comparée à la puissance électrique, qui correspond au carré de la tension divisé par la résistance électrique. Cependant, g varie de façon significative — près de 1 % — suivant l'endroit de la Terre où est effectuée la mesure. Il existe également des variations saisonnières subtiles de g à cause du changement des nappes d'eau souterraines, et des variations bimensuelles et journalières due aux forces de marée de la Lune. Bien que g n'intervienne pas dans la nouvelle définition du kilogramme, elle intervient dans sa délinéation. g doit donc être mesurée avec autant de précision que les autres termes et doit donc être identifiable à des constantes physiques. Pour les mesures les plus précises, g est mesurée à l'aide de gravimètres absolus à chute de masse contenant un interféromètre à laser hélium-néon stabilisé par iode. Le signal d'interférence de sortie est mesuré par une horloge atomique à rubidium. Comme ce type de gravimètre dérive sa précision et sa stabilité de la constance de la vitesse de la lumière et des propriétés des atomes d'hélium, de néon et de rubidium, g est mesurée en termes de constantes physiques avec une très haute précision. Par exemple, dans le sous-sol de l'établissement du NIST de Gaithersburg en 2009, la valeur mesurée était typiquement contrainte à 8 ppm de 9,801 016 44 m s−2 [15].
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L'utilisation d'une balance de Kibble pour définir le kilogramme dépend de sa précision et de sa concordance avec la précision améliorée de la mesure de la masse d'une mole de silicium très pur, ce qui dépend de la précision du mètre « rayons X », qui pourra s'améliorer via les travaux du physicien Theodor W. Hänsch[51],[52]. En outre, une telle balance nécessite un ensemble de technologies suffisamment complexes pour ne pas pouvoir être produite en grand nombre. Si le kilogramme est redéfini à l'aide de la constante de Planck, il n'y aura au mieux que quelques balances de Kibble en opération dans le monde.
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La 26e conférence générale des poids et mesures, en novembre 2018, a d��cidé que le calcul du kilogramme se ferait par cette méthode à partir du 20 mai 2019[53].
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Avant la décision de 2018, plusieurs autres approches avaient été envisagées.
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Bien que n'offrant pas de réalisation pratique, il est possible de redéfinir la magnitude du kilogramme à l'aide d'un certain nombre d'atomes de carbone 12. Le carbone 12 (12C) est un isotope du carbone. La mole est actuellement définie comme « la quantité d'entités (particules élémentaires ou molécules) égale au nombre d'atomes dans 12 grammes de carbone 12 ». Cette définition implique que 1 000⁄12 (83⅓) moles de 12C ont exactement une masse d'un kilogramme. Le nombre d'atomes dans une mole, une quantité connue comme le nombre d'Avogadro, est déterminé expérimentalement et sa meilleure estimation actuelle est 6,022 141 29(27) × 1023 atomes[54]. La nouvelle définition du kilogramme proposerait de fixer la constante d'Avogadro à précisément 6,022 14 × 1023, le kilogramme étant défini comme la masse égale à 1 000⁄12 × 6,022 × 1023 atomes de 12C.
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La précision dans la valeur mesurée de la constante d'Avogadro est actuellement limitée par l'incertitude sur celle de la constante de Planck, 50 ppm depuis 2006. En fixant la constante d'Avogadro constante, l'incertitude sur la masse d'un atome de 12C — et la magnitude du kilogramme — ne pourrait être meilleure que 50 ppm. En adoptant cette définition, la magnitude du kilogramme serait sujet à des affinages ultérieurs, lorsqu'une meilleure valeur de la constante de Planck serait disponible.
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Une variation de la définition propose de définir la constante d'Avogadro comme précisément égale à 84 446 8893 (6,022 141 62 × 1023) atomes. Une réalisation imaginaire en serait un cube de 12C d'exactement 84 446 889 atomes de côté. Le kilogramme serait alors la masse égale à 84 446 8893 × 83⅓ atomes de 12C[55],[h].
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Une autre approche basée sur la constante d'Avogadro, le « projet Avogadro », propose de définir et délinéer le kilogramme par une sphère de silicium de 93,6 mm de diamètre. Le silicium a été retenu car il existe une infrastructure commerciale mature permettant de créer du silicium monocristalin ultra-pur et sans défaut, pour l'industrie des semi-conducteurs. Pour réaliser un kilogramme, une boule de silicium serait produite. Sa composition isotopique serait mesurée avec un spectromètre de masse afin de déterminer sa masse atomique relative moyenne. La boule serait coupée et polie en sphères. La taille d'une sphère serait mesurée par interférométrie optique avec une erreur de 0,3 nm sur son rayon, environ une unique couche d'atomes. L'espacement cristalin entre les atomes (environ 192 pm) serait mesurée par interférométrie aux rayons X, avec une incertitude d'environ 3 parties par milliards. Avec la taille de la sphère, sa masse atomique moyenne et son espacement atomique connus, le diamètre requis peut être calculé avec suffisamment de précision pour permettre de finir de la polir à un kilogramme.
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De telles sphères ont été réalisées pour le projet Avogadro et sont parmi les objets artificiels les plus ronds jamais réalisés. À l'échelle de la Terre, le point culminant de la meilleure de ces sphères — une zone de la taille d'un continent — s'écarterait de 2,4 m d'une sphère parfaite.
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Des tests sont en cours sur les sphères de silicium du projet Avogadro afin de déterminer si leur masse est la plus stable quand elles sont stockées dans le vide, dans un vide partiel ou à pression ambiante. Dans tous les cas, aucun moyen technique n'existe actuellement qui permet de prouver que leur stabilité à long terme est meilleure que celle du PIK, car les mesures de masse les plus précises et les plus sensibles sont réalisées avec des balances à deux plateaux, qui ne peuvent comparer la masse d'une sphère de silicium qu'avec une masse de référence (les balances à un seul plateau mesurent le poids par rapport à une constante physique et ne sont pas suffisamment précises, l'incertitude nécessaire étant de 10 à 20 parties par milliard). D'après ce que l'on sait de l'absence de stabilité du PIK et de ses copies, il n'existe aucun artefact d'une masse parfaitement stable permettant cette comparaison. De plus, le silicium s'oxyde pour former une fine couche (de l'ordre de 5 à 20 atomes) de silice et de monoxyde de silicium. Cette couche augmente légèrement la masse de la sphère, un effet qu'il faut prendre en compte lors du polissage final.
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Toutes les approches basées sur le silicium fixeraient la constante d'Avogadro, mais conduiraient à des définitions différentes pour le kilogramme. Une approche ferait usage de silicium avec ses trois isotopes naturels présents. Environ 7,78 % du silicium est formé de deux isotopes plus lourds, 29Si et 30Si. Comme pour l'approche au 12C, cette méthode définirait la magnitude du kilogramme en fixant la constante d'Avogadro à un certain nombre d'atomes de 12C ; la sphère de silicium en serait la réalisation pratique. Cette approche pourrait définir précisément la magnitude du kilogramme car les masses des trois nucléides de silicium relativement à celle du 12C sont connues avec précision (incertitudes relatives de 1 partie par milliard, ou mieux). Une méthode alternative utiliserait des techniques de séparation isotopique afin d'enrichir le silicium en un 28Si quasiment pur, qui possède une masse atomique relative de 27,976 926 532 5(19)[57]. Avec cette approche, la constante d'Avogadro serait fixée, mais également la masse atomique du 28Si. Le kilogramme serait alors défini comme la masse de 1 000⁄27,976 926 532 5 × 6,022 141 79 × 1023 atomes de 28Si. Mais même avec une telle définition, une sphère de 28Si dévierait nécessairement du nombre de moles requis pour compenser ses diverses impuretés isotopiques et chimiques, ainsi que prendre en compte l'oxydation en surface[58].
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Une autre approche basée sur la constante d'Avogadro et depuis abandonnée, l'accumulation d'ions, aurait défini et décliné le kilogramme en créant des prototypes de métal à la demande. Ils auraient été créés en accumulant des ions d'or ou de bismuth (des atomes auquel il manque un électron) et en les comptant en mesurant le courant électrique nécessaire pour les neutraliser. L'or (197Au) et le bismuth (209Bi) ont été choisis car ils peuvent être manipulés sans danger et possèdent la masse atomique la plus élevée parmi les éléments non-radioactifs (bismuth) ou parfaitement stables (or).
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Avec une définition basée sur l'or, la masse atomique relative de l'or aurait été fixée à exactement 196,966 568 7, au lieu de sa valeur actuelle de 196,966 568 7 (6). La constante d'Avogadro aurait là encore été fixée. Le kilogramme aurait été défini comme la masse égale à exactement 1 000⁄196,966 568 7 × 6,022 141 79 × 1023 atomes d'or.
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En 2003, des expériences avec de l'or et un courant de 10 µA mettent en évidence une incertitude relative de 1,5 %[59]. Des expériences ultérieures avec des ions bismuth et un courant de 30 mA espéraient accumuler une masse de 30 g en six jours et avoir une incertitude relative meilleure qu'1 ppm[39]. Au bout du compte, cette approche par accumulation d'ions s'est révélée inadaptée. Les mesures nécessitent des mois et les données sont trop erratiques pour pouvoir servir de remplacement au PIK[60].
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Un autre approche définirait le kilogramme comme :
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« la masse qui subirait une accélération de précisément 2 × 10−7 m s−2 lorsqu'elle est soumise à la force par mètre entre deux conducteurs parallèles, rectilignes, de longueur infinie, de section circulaire négligeable, placés à une distance d'un mètre l'un de l'autre dans le vide, et à travers desquels passe un courant électrique constant d'exactement 1⁄1,602 17 × 10−19 ampère. »
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Dans les faits, le kilogramme serait défini comme dérivé de l'ampère plutôt que la situation actuelle, où l'ampère est un dérivé du kilogramme. Cette redéfinition fixe la charge élémentaire (e) à exactement 1,602 17 × 10−19 coulomb.
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Une réalisation pratique basée sur cette définition délinée la magnitude du kilogramme directement dans ce qui définit la nature même de la masse : une accélération due à une force appliquée. Cependant, il est très difficile de concevoir une réalisation pratique basée sur l'accélération de masses. Des expériences ont été réalisées sur des années au Japon avec une masse de 30 g supraconductive supporté par lévitation diamagnétique et n'ont jamais atteint une incertitude meilleurs que dix parties par million. L'hystérésis était l'un des facteurs limitants. D'autres groupes ont effectué des recherches similaires à l'aide de différentes techniques pour faire léviter la masse[61],[62].
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Comme l'unité de base « kilogramme » comporte déjà un préfixe, les préfixes SI sont ajoutés par exception au mot « gramme » ou à son symbole g, bien que le gramme ne soit qu'un sous-multiple du kilogramme (1 g = 10−3 kg).
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Dans les anciens livres, seuls les multiples et sous-multiples du kilogramme sont utilisés :
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Dans la pratique, seuls les multiples du kilogramme sont utilisés :
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On utilise également des noms d'unités anciennes, mais arrondies à des valeurs « exactes » :
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Les unités anglo-saxonnes sont assez largement utilisées de par le monde. On utilise couramment les unités du système avoirdupois (av), et, dans certains cas spécifiques, les unités du système troy (t) : médicaments et métaux précieux.
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La table ci-dessous indique les correspondances entre les unités ; les valeurs en italiques indiquent les croisements entre les systèmes anglo-saxons.
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Le carat est une autre unité de masse.
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fr/2247.html.txt
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@@ -0,0 +1,338 @@
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(lb) Groussherzogtum Lëtzebuerg
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(de) Großherzogtum Luxemburg
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49° 36′ 33″ N, 6° 07′ 55″ E
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Le Luxembourg, en forme longue le Grand-Duché de Luxembourg[3],[b],[c] ou le grand-duché de Luxembourg[d], en luxembourgeois Lëtzebuerg Écouter et Groussherzogtum Lëtzebuerg, en allemand Luxemburg et Großherzogtum Luxemburg, est un pays d'Europe de l'Ouest sans accès à la mer[e]. Il est bordé par la Belgique à l'ouest et au nord, l'Allemagne à l'est, et la France au sud. Il comprend deux régions principales : l'Oesling au nord, qui est une partie du massif de l'Ardenne, et le Gutland au sud, prolongement de la Lorraine au sens géologique du terme. Le Luxembourg compte 602 005 habitants au 1er janvier 2018[1], et s'étend sur une superficie de 2 586 km2, faisant de lui l'une des plus petites nations souveraines d'Europe.
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Le Luxembourg est une démocratie représentative et une monarchie constitutionnelle avec un grand-duc pour chef d'État, faisant du pays le seul grand-duché encore existant en tant qu'État souverain. Son économie dynamique en fait un des pays les plus riches et des plus prospères du monde, avec le PIB par habitant le plus élevé du monde selon le FMI en 2014. L'économie est principalement centrée sur les activités financières (environ la moitié du produit intérieur brut), favorisée par une fiscalité attractive voire dérisoire dans certains domaines (quasi-exonération d'impôts pour les bénéfices issus de l'exploitation de brevets ou de logiciels). Selon l'ONG Oxfam, en 2017, le Luxembourg figure parmi « les paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises ». La localisation centrale du territoire luxembourgeois en Europe a historiquement fait de lui un lieu d'une grande importance stratégique pour de nombreuses puissances, depuis sa fondation en tant que fortin romain[8], son accueil d'un château franc durant le Haut Moyen Âge, et son rôle de bastion pour le chemin des Espagnols entre les XVIe et XVIIe siècle.
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Le Luxembourg est le plus petit membre fondateur de l'Union européenne, de la zone euro, de l'OTAN, de l'OCDE, de l'ONU, de l'OSCE et du Benelux, reflétant son consensus politique en faveur de l'intégration économique, politique et militaire. La ville de Luxembourg, sa capitale et sa plus grande ville, est le siège de plusieurs établissements et institutions de l'Union européenne. En 2012, le Luxembourg a été élu pour la première fois de son histoire à un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies. En raison de sa position géographique, la culture luxembourgeoise est une fusion de l'Europe germanique et romane, intégrant chacune des deux. De ce fait, le Luxembourg est un pays trilingue : le luxembourgeois, le français et l'allemand sont les trois langues officielles et, depuis 1984, le luxembourgeois a légalement le statut de « langue nationale »[9].
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Le Grand-Duché de Luxembourg est situé au cœur de l'Europe occidentale, entre la Belgique, l'Allemagne et la France. Le Grand-Duché présente deux régions naturelles : l'Oesling, au nord, et le Gutland, comprenant la vallée de la Moselle à l'est ainsi que le bassin minier au sud. La superficie totale du pays est de 2 586,4 km2, l'Oesling occupant 828 km2 et le Gutland 1 758 km2. Ses points culminants sont le Burrigplatz (559 m) et le Kneiff (560,3 m).
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Luxembourg est située à une altitude de 300 m au-dessus du niveau de la mer. La capitale surprend par le contraste entre les quartiers modernes, perchés sur un plateau rocheux découpé à pic, et les trois quartiers bas que sont Grund, Clausen et Pfaffenthal. Depuis les années 1960, le quartier européen avec les institutions européennes est implanté sur le plateau de Kirchberg, au nord-est de la ville.
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La variété des paysages constitue l'un des grands attraits du Luxembourg, qui se divise en deux régions principales, l'Oesling et le Gutland.
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Le pays est presque totalement inclus dans le bassin versant de la Moselle, donc du Rhin. Les quatre rivières les plus importantes du Grand-Duché sont la Moselle, la Sûre, l'Our et l'Alzette. Les autres sont la Mess, la Mamer, l'Eisch, l'Attert et la Wark à l'ouest ; la Wiltz, la Clerve et la Blees au nord ; l'Ernz blanche, l'Ernz noire, la Syre et la Gander à l'est. La Pétrusse est un cours d'eau mineur qui traverse la ville de Luxembourg, avant de se jeter dans l'Alzette. Mis à part la Chiers qui quitte le Sud-Ouest du pays pour le bassin de la Meuse, ainsi que la Fooschtbaach qui quitte le Nord du pays près de Hautbellain également pour le bassin de la Meuse, les rivières du Luxembourg sont tributaires du bassin du Rhin par l'intermédiaire de la Moselle.
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Le Luxembourg n'a pas un climat parfaitement défini : il oscille entre le climat océanique de la zone atlantique (écarts saisonniers faibles, hivers doux et pluvieux) et le climat continental des plaines de l'Europe orientale (écarts saisonniers marqués, hivers rudes et ét��s pluvieux). L'influence océanique amène des précipitations en toute saison et l'influence continentale amène un froid piquant et sec l'hiver. De mai à la mi-octobre, le climat est tempéré. Juin, juillet et août sont les mois les plus chauds ; juillet et août souvent les plus ensoleillés. En septembre et octobre, le Luxembourg connaît souvent son propre « été indien ». La température moyenne annuelle est de 9,4 °C, elle oscille entre −2,6 °C et 21,6 °C (1981-2010). De légères variations de température existent entre le nord et le sud du pays ; elles sont dues à une différence d'altitude et se situent autour de 2 °C.
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Le territoire du Grand-Duché est divisé en 102 communes — dont douze ont le statut de ville établi par la loi —. Les communes sont regroupées en douze cantons, qui ne sont pas des découpages à but administratif, ils servent uniquement à définir les quatre circonscriptions électorales et les deux arrondissements judiciaires (Luxembourg et Diekirch), au contraire des trois anciens districts (Diekirch, Grevenmacher et Luxembourg) abolis en 2015 et qui avaient notamment pour rôle la surveillance de la gestion des administrations communales ; l'État a repris l'ensemble de ces compétences.
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Les douze cantons sont :
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Sur le plan électoral, le Grand-Duché est subdivisé en quatre circonscriptions électorales : Nord, Est, Sud et Centre.
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Sur le plan judiciaire, le Grand-Duché est subdivisé en deux arrondissements, celui de Luxembourg et celui de Diekirch. L'arrondissement de Luxembourg possède deux centres de justice de paix (Luxembourg et Esch-sur-Alzette), l'arrondissement de Diekirch n'en possède qu'un (Diekirch).
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Le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) du pays[Note 1] est en 2019 le 15 février. Le Luxembourg est le pays de l'UE dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[11].
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, le Luxembourg comptait 66 sites dont[12],[13] :
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La superficie totale est de 702 km2, ce qui représente 27 % de la surface terrestre du territoire du Luxembourg[14].
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La plus ancienne forme du nom est Lucilinburhuc — petite forteresse ou fortin —, dans une charte en latin datée de 963. En 1056, on trouve Lucelenburc ; en 1261, on rencontre Lucembour ; en 1244, déjà, on avait Luxemburgum dans un texte rédigé en latin ; et au bas Moyen Âge, on trouve Luxemburg (1377) en allemand et Luxembourg (1446) en français.
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La forme orale Lëtzebuerg, que ce soit en francique mosellan ou en luxembourgeois contemporain, a pu, dans le passé, être transcrite Lützelburg en allemand de chancellerie ou dans des ouvrages publiés par des auteurs allemands ; on trouve aussi Lützenburg au XVIIe siècle (cf. Topographie de Matthäus Merian), voire d'autres graphies[15].
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Sur un territoire habité par le peuple celto-germanique des Trévires, envahi successivement par les Romains et les Francs ripuaires, le château fort de Luxembourg, noyau de la future ville de Luxembourg et du comté du même nom, est fondé en 963. C'est du moins la date qui figure sur la charte d'échange signée par Sigefroid, comte d'Ardenne, et l'abbaye Saint-Maximin de Trèves. Le premier cède un domaine sis à Feulen, près d'Ettelbruck, en échange d'un promontoire rocheux surplombant l'Alzette où se trouvent les ruines d'un ancien castel datant de la fin de l'époque romaine et appelé Lucilinburhuc (= petite forteresse). Ce castel en ruines, bientôt remplacé par un nouveau castrum ou château fort, laissera son nom à ce dernier, à la ville qui ne tardera pas à naître autour et au futur comté : Luxembourg, en luxembourgeois Lëtzebuerg. Ce n'est que peu avant le milieu du XIe siècle qu'apparaît le titre de comte de Luxembourg. Le premier à l'avoir porté était Giselbert (1047-1059).
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Au cours du Moyen Âge, les comtes sont souvent en guerre contre leurs voisins, notamment l'évêché de Metz et la cité de Metz, qui en sont créanciers, et le puissant archevêque de Trèves, qui a des biens dans l'espace luxembourgeois, cherche à contrôler seul la vallée de la Moselle (commerce entre Nancy et le Rhin) et à limiter l'expansionnisme des comtes de Luxembourg. En fait, les comtes de Luxembourg successifs cherchent à arrondir leur territoire tous azimuts. Finalement, le comté de Luxembourg trouvera ses limites là où des évêques solidement installés (Trèves, Liège, Metz…) et de puissantes abbayes (Stavelot-Malmedy, Prüm, Mettlach, Saint-Hubert…) sauront lui barrer la route.
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Le comte Henri est élu empereur en 1312. Son fils Jean épouse l'héritière du Royaume de Bohême. Les Luxembourg régneront sur l'Empire et la Bohême jusqu'en 1437 (sauf pendant le règne de Louis IV de Bavière). En 1354, Charles IV du Saint-Empire élève le comté et ses 'dépendances' (les comtés de Durbuy et de La Roche ainsi que le marquisat d'Arlon, notamment) au rang de duché. La Bohême et l'Empire passeront par mariage à la Maison de Habsbourg.
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La dernière duchesse de Luxembourg, Élisabeth de Goerlitz, vend le duché au duc Philippe III de Bourgogne en 1441. Par après, le duché passe par mariage à la Maison de Habsbourg en 1482. L'empereur Charles Quint le donne en héritage, avec l'ensemble des Pays-Bas espagnols, la Franche-Comté et le vaste domaine colonial à son fils Philippe II d'Espagne.
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Le comte de Mansfeld, gouverneur de la ville de Luxembourg, construit dans la basse-ville (faubourg de Clausen) un palais dans le style espagnol. Ce palais a pratiquement entièrement disparu, encore sous l'Ancien Régime. L'actuel palais grand-ducal dans la ville haute, pour sa part, remonte en partie au XVIe siècle : sa partie la plus ancienne avait été construite en remplacement de l'hôtel de ville qui avait brûlé.
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Dans le cadre de sa politique des Réunions, le roi de France Louis XIV, dont les troupes occupent déjà le Barrois et la Lorraine, annexe le duché en 1684 mais celui-ci est ensuite rendu au roi d'Espagne, son possesseur légitime, en 1697 tandis que le Barrois et la Lorraine voisins retrouvent leur indépendance. Il est, à la suite de la guerre de succession d'Espagne transmis en 1714/1715 à la branche autrichienne de la Maison de Habsbourg et forme désormais, avec les provinces belges, les Pays-Bas autrichiens. Il y a, à Vienne, une secrétairerie chargée des Pays-Bas autrichiens. Par mariage, la Maison de Habsbourg devient Maison de Habsbourg-Lorraine en 1736. À Bruxelles, un gouverneur général (ou une gouvernante générale, le cas échéant) représente l'empereur (ou l'impératrice, à l'époque de Marie-Thérèse d'Autriche). L'impératrice nomme gouverneur son beau-frère, le prince Charles-Alexandre de Lorraine et lui donne comme ordre de mission : « Soyez le premier coq du pays ». Ce prince très populaire s'éteindra en 1780.
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Les réformes imposées par l'empereur Joseph II mécontentent les populations et, en 1789, éclate une révolution qui, partant de Bruxelles gagne la plupart des provinces. D'abord battues, les armées autrichiennes reviennent puis sont chassées par les armées de la République française. Tout le territoire « autrichien », duché de Luxembourg compris, est alors annexé à la France en 1795 et bien vite transformé en neuf départements réunis à la France. La plus grande partie du ci-devant duché de Luxembourg forme le département des Forêts. Le traité de Campo-Formio, en 1797, réglera cette question en droit.
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Après la défaite française de 1815, le traité de Vienne intègre huit des neuf départements réunis au Royaume des Pays-Bas sous le roi Guillaume Ier (1815-1830). Le département des Forêts, pour sa part, bientôt augmenté à l'ouest et au nord-ouest de terres anciennement luxembourgeoises mais amputé de tout son territoire à l'est des rivières Moselle, Sûre et Our, sert à reconstituer un État luxembourgeois, intitulé « grand-duché » et donné en possession personnelle au désormais roi grand-duc Guillaume Ier. Simultanément, le nouvel État est intégré comme État-membre à la Confédération germanique. Ceci permet d'accorder à la Prusse, qui s'est étendue jusqu'en Rhénanie, un droit de garnison dans la forteresse (désormais fédérale) de Luxembourg.
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En 1830, le gros du grand-duché de Luxembourg, mécontent du gouvernement du Royaume uni des Pays-Bas, participe à la Révolution belge qui éclate à Bruxelles, se propage aux villes et campagnes et aboutit à l'indépendance de la Belgique. Guillaume Ier n'étant pas parvenu, par la suite, à reprendre ses provinces méridionales, formant désormais la Belgique, il finit par reconnaître l'indépendance de la Belgique après neuf ans de conflit, mais obtient de conserver la partie Est (germanophone au sens large) du Luxembourg avec la forteresse. La partie Ouest, elle, principalement romane (wallon et gaumais, à l'exception du Pays d'Arlon, en allemand et au patois luxembourgeois Areler Land, devient une province du jeune État belge. Le grand-duché, réduit en 1839 de plus de la moitié de son territoire de 1815, conserve son statut compliqué : union personnelle avec le royaume des Pays-Bas, membre de la Confédération germanique, avec la présence d'une garnison prussienne dans les murs de la forteresse fédérale de Luxembourg. Luxembourg est alors la place forte la plus importante d'Europe, située à 65 km au nord de Metz, la plus importante place-forte française.
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En 1866, à la suite de la guerre austro-prussienne remportée par la Prusse (bataille de Sadowa), la Confédération germanique est dissoute. Le Luxembourg se trouve désormais en dehors du monde allemand que la Prusse cherche à dominer. Mais il est vrai que le Luxembourg a été intégré au Zollverein dès 1842 ; et la Prusse « oublie » de retirer sa garnison de Luxembourg dès 1866. La crise luxembourgeoise en 1867, due à la volonté du roi grand-duc Guillaume III des Pays-Bas de vendre son grand-duché à Napoléon III, ce que l'Allemagne en voie d'unification (sous Otto von Bismarck) ne veut pas tolérer, a pour conséquence la reconnaissance internationale de l'indépendance du Grand-Duché et son statut de pays neutre, garanti par les pays signataires hormis la Belgique elle-même neutre. Bien sûr, la Prusse doit, à cette occasion, évacuer sa garnison, ce qui permet à Napoléon III de sauver au moins un peu la face. Metz devient alors la plus importante place-forte d'Europe ce qui explique la volonté de l'état-major allemand de l'annexer en 1871. Le Luxembourg - neutre sur les plans politique et militaire - est alors, Zollverein oblige, pour ainsi dire une province économique de l'Empire allemand. Vu l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand, le Grand-Duché de Luxembourg n'a plus qu'une toute petite frontière commune avec la France.
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En 1890, à la mort du roi grand-duc Guillaume III, qui n'avait pas d'héritier mâle alors que la loi luxembourgeoise ne permettait pas encore à une femme d'hériter de la couronne, le Grand-Duché passe à la maison de Nassau-Weilburg : c'est la fin de l'union personnelle, le Luxembourg et les Pays-Bas ont désormais des souverains différents bien que de la même maison. Le premier souverain de Luxembourg issu de la famille Nassau-Weilbourg n'est autre que le vieux duc de Nassau Adolphe, ancien allié de l'Autriche et, donc, déchu de son trône nassovien en 1866 au profit de la Prusse. À sa mort, son fils Guillaume hérite du trône grand-ducal. Cependant, Guillaume IV et son épouse Marie-Anne de Bragance n'ayant pas de descendance mâle mais six filles, la loi salique est abandonnée en 1907 au profit de la princesse Marie-Adélaïde, née en 1894, qui succède donc à Guillaume IV à la mort de ce dernier en 1912, la grande-duchesse ayant exercé la régence pendant la maladie de son mari.
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Pendant la Première Guerre mondiale, le Luxembourg est occupé par les Allemands, en violation de la neutralité, jusqu'en 1918. La grande-duchesse Marie-Adélaïde, contestée par une grande partie de la population du fait de certaines maladresses, voire erreurs politiques, choisit de se retirer dans un couvent et abdique au profit de sa sœur Charlotte qui, malgré certaines oppositions, épouse le prince Félix de Bourbon-Parme (beau-frère du dernier empereur d'Autriche). Les négociations du traité de Versailles en 1919 confirment l'indépendance du pays tandis qu'un référendum populaire (en septembre 1919) consolide l'indépendance du pays et la monarchie.
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En mai 1940, les Allemands violent à nouveau la neutralité luxembourgeoise et occupent le grand-duché[16]. La famille grand-ducale et le gouvernement, afin d'écarter tout risque d'être pris en otages par les nazis, s'exilent à Londres, ancrant l'autorité légitime luxembourgeoise dans le camp des Alliés. À l'instar de l'Alsace-Moselle française, le régime nazi considère le Luxembourg comme un territoire allemand (les jeunes seront ainsi enrôlés de force dans la Wehrmacht). Le pays est libéré en septembre 1944 par les troupes américaines mais subit d'énormes pertes et destructions lors de la contre-offensive von Rundstedt en décembre de la même année.
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Dès 1944, l'union du Benelux est conclue avec la Belgique et les Pays-Bas. Désormais, le pays s'inscrit dans le processus de la construction européenne. En 1948, le Luxembourg est membre fondateur du traité de Bruxelles et de l'OTAN. En 1952, Luxembourg-ville devient le siège de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). L'adhésion à la Communauté économique européenne est le point de départ d'une expansion économique et d'une augmentation toujours plus forte de l'immigration.
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Le Grand-Duché de Luxembourg, État souverain et indépendant depuis le traité de Londres du 19 avril 1839, est une démocratie parlementaire sous le régime d'une monarchie constitutionnelle, dont la couronne est héréditaire dans la Maison de Nassau. Par le mariage de la grande-duchesse Charlotte, elle est passée dans la maison de Bourbon-Parme lors de l'accession au trône de son fils Jean en 1964.
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Comme dans toute démocratie parlementaire, la séparation des pouvoirs est souple au Luxembourg : il existe de nombreux liens entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Seul le pouvoir judiciaire est totalement indépendant[17].
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La Chambre des députés, le gouvernement et le Conseil d'État interviennent dans le cadre de la procédure législative.
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La Chambre des députés (Parlement), composée de 60 députés élus au suffrage universel tous les cinq ans, détient seule le pouvoir législatif. Elle a pour principale fonction de voter les projets et propositions de loi. Les députés possèdent un droit d'initiative parlementaire, qui s'exerce par la présentation de propositions de loi.
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Ses membres sont répartis dans plusieurs groupes politiques : le Parti populaire chrétien-social (CSV), le Parti démocratique (DP), le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP), Les Verts, le Parti réformiste d'alternative démocratique (ADR), le Parti pirate (PPL) et La Gauche.
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Le grand-duc possède également un droit d'initiative en matière législative mais ce dernier est, de fait, exercé par le gouvernement. Ce droit d'initiative, appelé initiative gouvernementale, permet au gouvernement de présenter des projets de loi à la Chambre des députés — au sein de laquelle le gouvernement dispose normalement d’une majorité —, ceci étant le cas de figure courant. Les lois votées par la Chambre des députés sont promulguées et publiées par le grand-duc. C'est à la suite de sa publication dans le recueil de législation appelé Mémorial qu'un texte de loi acquiert force obligatoire.
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Le Conseil d'État est un organe consultatif de l'exécutif composé de 21 conseillers, nommés et démis par le grand-duc.
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En matière législative, le Conseil d'État est obligatoirement appelé à émettre son avis sur l'ensemble des projets et propositions de loi présentés à la Chambre des députés, et ce, préalablement au vote des députés. Les lois sont soumises deux fois au vote de la Chambre, le second vote intervenant au plus tôt trois mois après le premier. Si la Chambre des députés, en accord avec le Conseil d'État, en décide autrement, il y a dispense du second vote, ce qui est devenu la pratique usuelle.
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En matière réglementaire, tout projet de règlement grand-ducal doit être soumis à l'avis du Conseil d'État, sauf le cas d'urgence à apprécier par le grand-duc. Le Conseil d'État est par ailleurs appelé à émettre un avis sur tous les amendements apportés aux projets et propositions de loi ainsi qu'aux projets de règlements grand-ducaux.
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Dans le cadre de son avis, le Conseil d'État est tenu de contrôler a priori la conformité des textes de loi par rapport aux normes de droit supérieur que sont la Constitution, les conventions et les traités internationaux ainsi que les principes généraux du droit.
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Le pouvoir exécutif est exercé par le grand-duc et les membres du gouvernement, qui le secondent dans l'exercice de ses pouvoirs constitutionnels.
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Le grand-duc est le chef d'État. Sa personne est inviolable, ce qui signifie que sa responsabilité ne peut être engagée : il ne peut être accusé ni poursuivi. L'irresponsabilité du grand-duc a pour corollaire la responsabilité ministérielle. Pour qu'un acte du grand-duc puisse produire ses effets, il doit être contresigné par un membre du gouvernement, qui en assume l'entière responsabilité. Cette responsabilité est générale en ce qui concerne les actes en rapport direct ou indirect avec les fonctions ministérielles. Elle peut être aussi bien juridique, c'est-à-dire pénale ou civile, que politique. En principe, tout acte portant la signature du grand-duc doit au préalable avoir été soumis à la délibération du Conseil de gouvernement.
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Formellement, la Constitution accorde au grand-duc le droit d'organiser librement son gouvernement, c'est-à-dire de créer les ministères, de répartir les départements ministériels et d'en nommer les membres. Dans la pratique, le grand-duc choisit, sur base des résultats des élections législatives ayant lieu tous les cinq ans, l'informateur et/ou le formateur du gouvernement, ce dernier devenant en général Premier ministre. Le formateur présente l'équipe des membres du gouvernement au Grand-Duc, qui procède à leur nomination et assermentation. Le nombre des départements ministériels dépasse fort souvent le nombre des membres du gouvernement appelés à en être titulaires : un même ministre gère donc fréquemment plusieurs portefeuilles.
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Le gouvernement nommé présente son programme politique devant la Chambre des députés qui, par un vote en sa faveur, lui exprime sa confiance. Le gouvernement dispose ainsi d'une majorité à la Chambre des députés sur laquelle il peut s'appuyer.
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Le gouvernement dans son ensemble et les ministres à titre individuel sont politiquement responsables de leurs actes devant la Chambre des députés. La sanction de la responsabilité politique des ministres consiste en l'obligation de cesser leurs fonctions lorsque la Chambre des députés leur refuse sa confiance (motion de censure). Il est d'usage que les ministres démissionnent au premier vote hostile de la Chambre des députés. En vertu de la Constitution, le grand-duc a le droit de révoquer à tout moment un membre du gouvernement mais, en pratique, la démission d'un ministre ou du gouvernement entier est présentée par le Premier ministre au grand-duc.
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Les cours et tribunaux sont chargés par la Constitution d'exercer le pouvoir judiciaire. Ils sont indépendants dans l'exercice de leurs fonctions.
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À la Cour constitutionnelle s'ajoutent deux ordres de juridictions : celles relevant de l'ordre judiciaire (Cour supérieure de justice, tribunaux d'arrondissement, justices de paix) et celles relevant de l'ordre administratif (Cour administrative, Tribunal administratif).
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La Cour de justice de l'Union européenne siégeant à Luxembourg n'est pas une institution du Grand-duché mais de l'Union européenne.
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Les citoyens luxembourgeois sont appelés à voter à trois types d'élections (sans compter les référendums) :
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Pour les élections européennes, les ressortissants de l'Union européenne domiciliés depuis au moins deux ans au Luxembourg peuvent choisir d'élire soit les députés européens luxembourgeois, soit les députés européens du pays dont ils sont ressortissants[18]. Pour les élections communales, le vote est ouvert aux citoyens de l'Union européenne domiciliés dans leur commune depuis au moins cinq ans[19].
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En ce qui concerne les élections législatives (60 députés), le Grand-Duché est subdivisé en quatre circonscriptions électorales :
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Pour tous les électeurs inscrits sur une liste électorale, le vote est obligatoire et secret, quelle que soit l'élection. Il est prévu une amende comprise entre 100 et 250 € pour un absentéiste, pouvant être majorée entre 500 et 1 000 € en cas de récidive[20].
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Le Luxembourg, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), a supprimé en 1967 le service militaire obligatoire et entretient une armée de 3 000 hommes. La gendarmerie et la force de police ont fusionné en 2000 pour former la police grand-ducale.
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Le chef de l'armée est le grand-duc de Luxembourg mais le contrôle effectif revient au ministre de la défense. Le chef d'état-major de l'armée luxembourgeoise était, jusqu'en 2013, le général (en titre) Gaston Reinig[21]. Il a été remplacé depuis par le général (en titre) Mario Daubenfeld.
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L'armée est impliquée dans de nombreuses missions de paix, notamment en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan dans le cadre des missions internationales de l'ONU et de l'OTAN.
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Les dix-sept avions AWACS E-3 de l'OTAN sont officiellement enregistrés comme avions de guerre du Luxembourg tant pour des raisons politiques que pratiques. Ils sont basés à Geilenkirchen, en Allemagne.
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Les dépenses de défense représentaient 1,2 % du produit intérieur brut en 1997 et on estimait que cette proportion valait 0,9 % en 2005[22].
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Le premier drapeau connu était porté par le comte Guillaume de Luxembourg en 1123. Il était burelé, donc rayé horizontalement, probablement jaune et rouge.
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Aujourd'hui, le drapeau luxembourgeois se compose de trois bandes rouge, blanc et bleu ciel, disposées horizontalement. Même si les drapeaux du Luxembourg et des Pays-Bas se ressemblent beaucoup, le signe distinctif du drapeau néerlandais est la bande bleu outremer.
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La majorité des drapeaux tricolores modernes est plus ou moins dérivée de la tricolore de la Ire République française. Même le très ancien drapeau néerlandais ne fut officiellement fixé aux couleurs rouge, blanc et bleu qu'en 1795, sous influence française, par la République batave.
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Le drapeau luxembourgeois ainsi que les armoiries de l'État sont protégés par la loi du 23 juin 1972[23] sur les emblèmes nationaux. Le rouge du drapeau correspond à la couleur Pantone 032C, le bleu à la couleur Pantone 299C (règlement grand-ducal du 27 juillet 1993).
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L'hymne national est constitué de la première et de la dernière strophes du chant Ons Heemecht (Notre Patrie en français) de 1859, un texte du poète Michel Lentz, mis en musique par Jean Antoine Zinnen (en). Il fut joué pour la première fois en public lors d'une grande cérémonie à Ettelbruck en 1864.
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L'hymne national luxembourgeois lance un vibrant appel à la paix. Il exprime toute la joie du pays d'être parvenu à trouver son indépendance en 1839, dans la quiétude et la prospérité.
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Inspiré d'une sonnerie de trompette ou d'une fanfare de cavalerie, dont il n'existe pas de trace écrite avant le XVIe siècle, le Wilhelmus est entonné lorsqu'un des membres de la famille grand-ducale arrive à une cérémonie officielle et au moment où il prend congé.
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Depuis la fin du XVIIIe siècle, il est de coutume de célébrer l'anniversaire de la naissance du souverain. Sous le long règne de la grande-duchesse Charlotte (1919-1964), cette célébration avait lieu en plein hiver, le 23 janvier, le jour de l'anniversaire de la souveraine.
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Par arrêté grand-ducal du 23 décembre 1961[24], la date de la célébration publique de l'anniversaire du souverain et, par là même, la fête nationale, a été fixée au 23 juin de chaque année, notamment pour des raisons météorologiques. Les festivités commencent la veille au soir.
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Le terme de « fête nationale » ne figure pas dans les textes de loi. Elle y est décrite comme « jour de la célébration publique de l'anniversaire du Grand-Duc ».
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L'origine des armoiries de l'État luxembourgeois remonte au Moyen Âge. Elles furent fixées autour de l'année 1235 par le comte Henri V de Luxembourg. Dès 1123, le comte Guillaume de Luxembourg portait une bannière burelée sur son sceau équestre. La majeure partie des descendants de la première maison de Luxembourg ont porté un burelé, alors que les descendants de la maison de Namur ont porté un lion.
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Les armoiries du Grand-Duché de Luxembourg sont à trois échelons : les petites armoiries, les moyennes armoiries et les grandes armoiries. Elles sont essentiellement composées d'un burelé d'argent et d'azur de dix pièces au lion rampant de gueules, couronné, armé et lampassé d'or, la queue fourchue et passée en sautoir.
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Les armoiries sont protégées par la loi du 23 juin 1972[23] sur les emblèmes nationaux. La loi du 27 juillet 1993[25] a modifié et complété celle de 1972.
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Le Luxembourg était, après avoir recouvré son indépendance en 1867, un des pays européens les plus pauvres et sous-développés d'Europe, de façon qu'un tiers de la population a dû, au XIXe siècle, s'expatrier outre-mer (surtout aux États-Unis, au Canada et au Brésil) pour des raisons de famine et de misère générale.
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Le Luxembourg doit sa prospérité à la découverte du minerai de fer dans le sud du pays dans les années 1840. Cette découverte allait donner son nom à toute une région, le Minett — du terme lorrain « minette » —, et marquer le passage d'un État agraire à un État industriel.
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De ce fait, dans les décennies suivantes, une industrie sidérurgique de plus en plus importante, allant de pair avec l'exploitation minière sous terre, a vu le jour. À une certaine époque, presque la moitié de la population masculine active était employée en l'industrie lourde, soutenue par une communauté assez importante d'immigrants italiens venus en vagues au Luxembourg dès la fin du XIXe siècle pour y chercher du travail. Les diverses usines sidérurgiques indépendantes de l'époque se sont finalement unies sous une même enseigne, l'ARBED, dès lors le groupe sidérurgique national, groupe qui par la suite a vu une large expansion jusqu'à fonder même des usines par exemple au Brésil. De son meilleur temps sidérurgique, le Luxembourg, malgré sa petite taille, était devenu le septième producteur d'acier le plus important du monde. Cependant, malgré la subsistance d'entreprises spécialisées de sidérurgie, l'industrie lourde a globalement disparu du pays et le dernier haut-fourneau a fermé en 1997.
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En octobre 2019, le ministère de la santé a annoncé que le Grand-Duché allait légaliser la culture, la vente, et la consommation de cannabis. Cette annonce fait du Luxembourg le premier pays européen à légaliser le cannabis[26].
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Les débuts de l'industrie luxembourgeoise, qui remontent au milieu du XIXe siècle, sont dominés par la sidérurgie, ayant connu un essor considérable à partir de 1950. À cette époque-là, le Luxembourg a également attiré les premières entreprises américaines comme Goodyear (production de pneumatiques), DuPont (production de polyester) ou encore Monsanto (production de fil en nylon), tout en développant le secteur financier.
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Au cours des années 1970, les crises sidérurgique et pétrolière ont eu un impact considérable sur l'industrie sidérurgique, qui était encore le principal pilier de l'économie luxembourgeoise. La diversification industrielle s'est exprimée à partir de 1980 par la création de la Société nationale de crédit et d'investissement — établissement bancaire de droit public spécialisé dans le financement des entreprises luxembourgeoises —, de zones industrielles et d'une centaine de nouvelles entreprises. Ceci a eu comme conséquence une baisse de la part de la sidérurgie et une hausse de celle des autres industries sur le plan du produit intérieur brut (PIB) luxembourgeois.
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En 2002, l'Arbed (Aciéries réunies de Burbach, Eich, Dudelange) a fusionné avec deux autres groupes sidérurgiques, Usinor et Aceralia, pour devenir Arcelor, leader dans la production mondiale de l'acier. La fusion d'Arcelor avec Mittal Steel Company en 2006 a donné naissance au groupe ArcelorMittal, le numéro un mondial de l'acier.
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À partir de 2004, le gouvernement a mis en place une nouvelle politique de diversification économique dans une optique de spécialisation multisectorielle : technologies de l'information et de la communication, logistique, sciences et technologies de la santé, écotechnologies...
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Spécialisée à l'origine dans les activités liées à l'euromarché dans les années 1960 et 1970, la place financière s'est ensuite tournée vers la gestion privée et, à partir des années 1980, vers la domiciliation et l'administration de fonds d'investissement. Ce développement a été avantagé par une vie politique et sociale favorable ainsi que par un cadre légal et réglementaire ouvert aux évolutions des marchés. Les évolutions ont été favorisées par l'entente entre les gouvernements, le législateur et le secteur privé.
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Ce cadre législatif et réglementaire a attiré des banques, des compagnies d'assurance, des promoteurs de fonds d'investissement et des prestataires de services spécialisés du monde entier du fait d'une politique fiscale très favorable aux entreprises[27],[28].
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La place financière du Luxembourg est le deuxième centre mondial de fonds d'investissement après les États-Unis, le plus grand centre européen pour les captives de réassurance, le premier centre pour la distribution transfrontalière de l'assurance vie dans l'Union européenne et le premier centre de banque privée pour les clients internationaux dans la zone euro. Par ailleurs, le Luxembourg est le plus grand domicile pour les fonds islamiques en Europe et le principal centre européen d'affaires en monnaie chinoise pour plusieurs activités.
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Le Luxembourg est devenu la place la plus importante d'Europe sur le marché des fonds d'investissement. 46 % du produit intérieur brut du pays dépend de son rôle de place financière. La croissance de la place financière luxembourgeoise fait que fin mai 2011 l'on comptait 144 banques présentes sur le territoire, totalisant plus de 26 000 salariés. Par ailleurs, le Luxembourg est le deuxième centre de fonds d'investissement du monde, après les États-Unis et le plus grand centre de banque privée dans la zone euro.
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Le Luxembourg figurait, jusqu'au début des années 2010, sur une liste des paradis fiscaux, ce en raison d'un secret bancaire entre-temps aboli en grande partie, d'avantages extrêmes pour grands holdings, etc. Depuis le Grand-Duché ne fait plus partie d'aucune liste noire actuellement et ses efforts ont été reconnus au niveau international. Le Luxembourg a adopté, par exemple, l'ensemble des dispositions de l'OCDE pour combattre l'évasion fiscale[29],[30],[31].
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En 2014, éclate le Luxembourg Leaks, scandale financier révélant le contenu de centaines d'accords fiscaux très avantageux conclus par des cabinets conseils pour le compte de nombreux clients internationaux avec le fisc luxembourgeois. Les révélations ont un retentissement international, mettant en lumière les pratiques d'évitement fiscal mises en œuvre au Luxembourg[32].
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Selon l'ONG Oxfam, en 2017, le Luxembourg figure parmi « les paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises »[33].
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En novembre 2018, le Luxembourg est rappelé à l'ordre par la Commission Européenne pour ne pas avoir légiféré sur les règlements européens concernant la lutte contre le blanchiment d'argent[34],[35].
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Le Luxembourg a joué un rôle pionnier sur la scène médiatique en Europe. Deux géants des médias et des communications sont nés au Luxembourg et continuent aujourd'hui leur développement à partir du Grand-Duché : RTL Group, premier diffuseur européen de télévision et de radio[réf. nécessaire], et SES grâce à une flotte de plus de 50 satellites. Ce dernier est une entreprise créée par le gouvernement luxembourgeois dans les années 1980, en prévision de la future société digitale. Après l'ouverture du mur de Berlin, et l'opportunité d'une grande demande d'alors de la part des allemands de l'Est au niveau de la télévision numérique, la SES a pu percer grâce à ses premiers satellites ASTRA. Pour devenir à ce jour[Quand ?], le groupe détenteur de satellites de télécommunication le plus important du monde[réf. nécessaire]. L'État luxembourgeois détient à part égales avec SES la société LuxGovSat.
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Depuis, de nombreuses autres sociétés actives dans les domaines convergents des médias et des technologies de l'information et de la communication se sont établies autour de ces deux piliers au Luxembourg.
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En 2005, le Grand-Duché adhère à l'Agence spatiale européenne.
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Le Luxembourg affiche également un des taux de spécialistes en informatique les plus élevés au monde[réf. nécessaire]. Par ailleurs, la sécurité de l'information et les réseaux de télécommunications de haute performance constituent une priorité du gouvernement en matière de recherche et développement.
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En plus de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME), des multinationales de l'économie numérique comme Amazon, eBay, PayPal, iTunes ou encore Vodafone sont désormais[Quand ?] présentes au Grand-Duché. Parallèlement, diverses entreprises de haute technologie s'y sont implantées, à l'image du fabricant de scanners en trois dimensions Artec 3D.
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Le domaine de la production audiovisuelle bénéficie également de la politique du gouvernement par le biais de plusieurs schémas d'accompagnement public destinés à encourager son développement.
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Le gouvernement a procédé ces dernières années à des investissements importants en matière de recherche et d'innovation, et a mis en place toute une série d'instruments directs et indirects pour promouvoir ce domaine.
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Ainsi, un cadre légal relatif à la promotion de la recherche, du développement et de l'innovation a été créé en juin 2009 afin de stimuler la capacité d'innovation des entreprises et organismes de recherche privés.
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Le gouvernement a su mobiliser le montant de 700 millions d'euros en vue d'assurer la construction et l'équipement des bâtiments de l'université du Luxembourg ainsi que des institutions de recherche et d'innovation dans la Cité des sciences à Esch-Belval.
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Il a procédé au cours de ces dernières années à un investissement substantiel de l'ordre de 140 millions d'euros dans le développement du secteur des technologies de la santé, afin de favoriser la diversification économique dans un secteur de pointe en pleine croissance.
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Afin de consolider et de structurer davantage le système de recherche luxembourgeois, le gouvernement a regroupé en 2015 le Centre de recherche public Gabriel Lippmann et le Centre de recherche public Henri-Tudor au sein du Luxembourg Institute of Science and Technology, et a réuni l'Integrated Biobank of Luxembourg et le Centre de recherche public de la Santé au sein du Luxembourg Institute of Health. La recherche et l'innovation demeurent une priorité du gouvernement, ce dont témoigne l'enveloppe financière de 1,1 milliard d'euros pour la période 2014-2017, consacrée au contrat d'établissement de l'université du Luxembourg et aux contrats de performance des institutions de recherche publiques et du Fonds national de la recherche.
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De par sa position géographique au cœur des marchés européens et à une distance raisonnable des grands ports de fret européens tels qu'Anvers ou Rotterdam, le Luxembourg est une plateforme idéale pour les activités relevant du domaine de la logistique. Les activités ne se limitent cependant pas au simple transport de marchandises, mais le but est de fournir un service à valeur ajoutée (conditionnement, préparation, expédition et facturation des marchandises).
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Le Grand-Duché est ainsi une base opérationnelle pour de nombreux acteurs d'envergure mondiale dans le domaine de la logistique, tels que Cargolux, China Airlines, Cobelfret ou DB Schenker.
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L'aéroport international du Luxembourg occupe une des premières places sur le plan européen pour ce qui est du fret. Ce secteur est renforcé par la présence du Freeport Luxembourg, zone de libre-échange établie en 2014 à proximité de l'aéroport. Sur une surface de 22 000 m2 sont définis de nouveaux standards en matière de préservation, d'entreposage ainsi que de gestion d'œuvres d'art et d'objets de valeur.
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Par ailleurs, le gouvernement promeut le développement des écotechnologies visant à repenser toutes les activités produisant des biens et des services dans une perspective de développement économique durable.
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La Société nationale de crédit et d'investissement compte parmi ses nombreux instruments un prêt spécifique destiné à soutenir la recherche, le développement et l'innovation.
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Avec ses paysages bien diversifiés (surtout le Nord et l'Est), la vieille ville de Luxembourg et ses vestiges de la forteresse, classée à l'UNESCO, ses 80 châteaux forts et châteaux, ses multiples trésors culturels, ses nombreux musées (en partie de niveau international), le tourisme joue lui aussi un rôle non négligeable dans l'économie luxembourgeoise. Luxembourg est également connu comme haut-lieu de la gastronomie, le grand-duché détenant, à ce jour, le plus de restaurants et des chefs étoilés par habitants au monde. Les vins et 'champagnes' (appelés crémants au Luxembourg), développés le long de la Moselle luxembourgeoise, vins qui, il y a moins de 50 ans encore réputés être d'une qualité assez moyenne, ont connu un développement fulgurant, remportant ainsi à l'heure actuelle régulièrement de nombreux prix dans le cadre de foires ou concours internationaux.
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En 2015, le PIB par habitant du Luxembourg est le plus élevé au monde[36]. Ce chiffre est toutefois biaisé par le fait que les travailleurs frontaliers des trois pays voisins qui contribuent à générer une grande partie de ce PIB ne sont pas pris en compte lors du calcul du PIB/tête d'habitant. Leur nombre est en effet assez important pour fausser substantiellement les statistiques : en 2009, ils étaient près de 150 000 (environ 50 % de Français, 26 % de Belges et 24 % d'Allemands)[37]. En 2019, ce sont plus de 100,000 frontaliers résidant en France et travaillant au Grand-Duché qui sont recensés[38]. La dette publique de l'État luxembourgeois est une des plus faibles au monde.
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Le salaire minimum du Luxembourg est le plus élevé de l'Union européenne : plus de 2 071 euros brut par mois en 2018[39] soit environ 1 842 euros net.
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Le Luxembourg comptait 602 005 habitants le 1er janvier 2018 avec une croissance de la population de 68 % en 50 ans, croissance démographique plutôt exceptionnelle en comparaison avec les pays proches. Cette croissance démographique est principalement le fait de l'immigration. En effet, le solde migratoire, en moyenne annuelle, au Luxembourg était de 7,7 ‰ sur la période 1960-2011, alors qu'il n'était que de 1,1 ‰ dans l'UE-27 sur la même période. Dans les années 1990, le solde migratoire s'établit même à environ 10 ‰ en moyenne annuelle[40].
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Ainsi, 48 % de la population est de nationalité étrangère en 2018[1]. Sur les 602 005 résidents, on estime à environ 313 042 le nombre de Luxembourgeois, à 96 544 le nombre de Portugais devant les Français, qui représentent avec 45 822 individus le deuxième plus grand groupe d'étrangers[41].
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La Constitution luxembourgeoise permet à l'État d'organiser et de réglementer l'enseignement, obligatoire pour les enfants âgés de 4 à 16 ans. Ainsi, la majorité des écoles sont publiques et gratuites. Il existe cependant quelques écoles privées qui enseignent les mêmes programmes scolaires et préparent aux mêmes diplômes, mais elles sont payantes. À côté des écoles publiques et privées, quelques écoles étrangères payantes proposent un programme différent et ne délivrent par conséquent pas les mêmes diplômes.
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Les neuf premières années de scolarité, dont la première est facultative, sont regroupées sous l'appellation d'« enseignement fondamental », découpée en quatre cycles : le premier est constituée d'une année d'éducation précoce (facultative) et deux années d'éducation préscolaire (obligatoires), les trois autres constituent l'enseignement primaire.
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Les sept années suivantes constituent l'« enseignement secondaire », qui prépare aux études universitaires ou les six à huit années suivantes en ce qui concerne l'« enseignement secondaire technique », qui est orienté vers la vie professionnelle, en fonction de l'orientation choisie, bien qu'il permette aussi d'accéder à l'enseignement supérieur.
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Ensuite, l'enseignement supérieur est proposé soit :
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Le système scolaire luxembourgeois est marqué lui aussi par le multilinguisme, les trois langues officielles y sont pratiquées en fonction du cycle et des matières.
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Le Luxembourg est connu pour ses cyclistes, notamment grâce aux frères Fränk et Andy Schleck, ainsi que Kim Kirchen, tous les trois porteurs d'un maillot distinctif sur le Tour de France en 2008, ainsi que pour la deuxième place d'Andy Schleck aux classements généraux des Tours de France 2009 et 2011 et sa victoire a posteriori au Tour de France 2010 à la suite de l'affaire de dopage impliquant Alberto Contador[42].
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Quatre champions luxembourgeois ont remporté la Grande Boucle : François Faber en 1909 et Nicolas Frantz en 1927 et 1928, Charly Gaul en 1958 et enfin Andy Schleck en 2010.
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Le 6 août 2010, en cyclisme, le jeune Bob Jungels (17 ans) a remporté le Championnat du monde juniors du contre-la-montre[43].
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En athlétisme, Joseph Barthel a été champion olympique sur 1 500 mètres à Helsinki en 1952, et David Fiegen a été vice-champion d'Europe sur 800 mètres à Göteborg en 2006.
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En tennis féminin, Anne Kremer et Claudine Schaul se sont illustrées dans ce sport en remportant plusieurs tournois WTA et ITF, notamment Anne Kremer qui fut la première joueuse de tennis luxembourgeoise à atteindre le top 20 (18e le 29 juillet 2002). Gilles Müller, le no 1 du tennis luxembourgeois, a battu Rafael Nadal, au 2e tour de Wimbledon en 2005. Gilles Müller mérite par ailleurs d'être reconnu pour la qualité de son service. Il réussit des aces sans nécessairement s'appuyer sur une qualité de vitesse extraordinaire – ses premières balles sont régulièrement frappées entre 190 et 200 km/h, et très rarement au-dessus de 205 km/h. En 2008, il est le premier Luxembourgeois à atteindre les quarts de finale de l'US Open. Plus jeune, il a remporté le tournoi junior de l'US Open en 2001, année où il termine champion du monde junior.
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Bien que né en Autriche, le skieur Marc Girardelli a rapporté au Luxembourg, dont il a pris la nationalité, de nombreux titres mondiaux et médailles olympiques.
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Le Luxembourg peut se prévaloir d'un paysage médiatique étoffé et pluraliste. À côté d'une presse nationale dont les principaux quotidiens se qualifient volontiers d'opinion, les titres étrangers, les médias audiovisuels et les nouveaux supports sont abondants.
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Face à une population parfaitement polyglotte, l'utilisation des trois langues usuelles du pays — luxembourgeois, allemand, français — est une des particularités les plus frappantes de la presse luxembourgeoise. Certains d'entre eux accueillent aussi des articles dans l'autre langue et en luxembourgeois, tels le Luxemburger Wort dont le lectorat atteint environ 43 % de la population de plus de 15 ans[44]. Quelques journaux paraissent en portugais.
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Dans l'audiovisuel, ce n'est qu'au début des années 1990 que le monopole en place depuis les premiers pas de la radio dans les années 1920 tombe avec la libéralisation des ondes. Une grande partie de la population est abonnée à la télévision par câble. En outre, la télévision numérique terrestre est disponible au Luxembourg depuis 2006. Le secteur cinématographique se développe de plus en plus ces dernières années, avec des sociétés comme Samsa Film, Tarantula, ou encore Invictus Company Productions.
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Dans la presse écrite, du moins avant l'apparition d'organes de presse exclusivement francophones au début des années 2000, il est usuel de trouver côte à côte sur une même page des articles en langue allemande et en langue française.
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Le Luxembourg ne connaît par contre ni le phénomène de groupes de médias à capitaux familiaux, ni celui de médias dominés par des capitaux industriels. Quatre groupes de médias dominent le marché : RTL Group du côté de l'audiovisuel, Saint-Paul Luxembourg, Editpress et Maison Moderne du côté de la presse écrite.
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Son histoire, sa situation au sein d'un carrefour géographique et sa petite taille font du Luxembourg un pays largement multilingue. Le luxembourgeois (Lëtzebuergesch), qui est la langue maternelle des autochtones, a le statut de « langue nationale » depuis la loi du 24 février 1984. Il est toutefois peu utilisé par les expatriés résidant au Luxembourg, qui représentent environ 60% de la population. Le français, l'allemand et le luxembourgeois sont concurremment les trois langues administratives et quotidiennement parlées dans le pays[46]. Chaque citoyen ou résident peut, à son choix, s'adresser dans l'une de ces trois langues à l'administration, laquelle devra lui répondre dans la même langue.
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Le multilinguisme luxembourgeois n'obéit à aucune répartition territoriale entre différentes zones linguistiques, à la différence de pays multilingues tels que la Belgique ou la Suisse. Au Luxembourg, la répartition linguistique est plutôt « fonctionnelle » en ce que le choix de la langue dépend du domaine d'activité.
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Le français est l'unique langue utilisée pour la rédaction des lois, en raison de l'influence historique du code Napoléon sur le système juridique du Grand-Duché. Mais les débats à la Chambre des députés ont lieu majoritairement en luxembourgeois et plus rarement en français. Le français est la langue écrite généralement utilisée par l'administration et la justice (les décisions administratives ou jugements des tribunaux sont rédigés en français). Dans la vie quotidienne, le français est la langue souvent utilisée à l'écrit (les dépêches officielles, annonces publicitaires ou panneaux de circulation routière sont en français) ainsi que dans la vie commerciale. En raison du poids historique du journal germanophone Luxemburger Wort, l'allemand est très utilisé dans la presse écrite ainsi que dans les médias.
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L'administration fiscale et cadastrale est plutôt germanophone pour des raisons historiques. Le Luxembourg a adopté le modèle fiscal allemand et a été cadastré pour la première fois complètement par l'armée allemande, sous l'occupation pendant la Première Guerre mondiale. Les documents administratifs sont généralement délivrés en français et en allemand (déclarations de revenus, par exemple).
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L'école maternelle se fait en luxembourgeois. L'alphabétisation (première année primaire) se fait en allemand. Le français est enseigné à l'école dès l'âge de sept ans (deuxième année primaire). L'enseignement secondaire se fait majoritairement en français.
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Illustration du multilinguisme : il est fréquent que les journaux ou sites internet institutionnels fassent s'alterner des articles en français, en allemand et en luxembourgeois, sans que chaque article ne soit traduit dans les deux autres langues.
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Le Luxembourg est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie de même que de l'Organisation internationale de la francophonie.
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Selon le recensement de 2011, 16,08 % de la population du pays est de nationalité portugaise[47] et 15,7 % parle le portugais en tant que langue principale[48].
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L'anglais est rarement utilisé dans la vie quotidienne, mais vivement requis dans certains domaines de la vie socio-économique (secteur bancaire, compagnies aériennes, etc.) et étudié par tous les lycéens.
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Même si le portugais et l'anglais n'ont aucun statut linguistique officiel au Luxembourg, il arrive que certaines communications officielles importantes comportent également une traduction dans ces langues (exemples : les mesures nationales de sécurité nucléaire ou le projet de constitution européenne)
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L'article 19 de la Constitution luxembourgeoise garantit la liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions religieuses.
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Au Luxembourg, on considère que les communautés religieuses exercent un rôle public. Dans ce contexte, et comme le dispose l'article 22 de la Constitution, les sphères qui requièrent la coopération entre l'Église et l'État sont réglées par des conventions.
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Un accord[49] signé en janvier 2015 entre le gouvernement et les communautés religieuses établies au Luxembourg réformera les relations entre l'État et ces mêmes communautés. Les relations entre l'État et les cultes seront adaptées aux réalités sociétales, un cours commun « éducation aux valeurs » sera introduit dans l'enseignement public et les relations entre les communes et les cultes seront réformées en ce qui concerne les fabriques d'église.
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Il ressort de plusieurs enquêtes sur les valeurs au Luxembourg[50] que le pays connaît, malgré des certitudes morales affichées, un véritable effondrement de l'importance accordée à la religion.
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Parmi les grands événements religieux du Grand-Duché, on peut compter l'Oktav, la procession dansante d'Echternach et le pèlerinage à Notre-Dame de Fátima à Wiltz.
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Selon le Pew Research Center, en 2010, 70,4 % des habitants du Luxembourg sont chrétiens, principalement catholiques (65,9 %) et dans une moindre mesure protestants (3,2 %), alors que 26,8 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 2,3 % sont musulmans et 0,5 % pratiquent une autre religion[51].
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Une des principales caractéristiques de la littérature luxembourgeoise est due à l'environnement linguistique né de la situation géographique et de l'histoire du Luxembourg, qui se trouve à la croisée des cultures romane et germanique.
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C'est ainsi que s'est développé au fil des siècles un environnement linguistique unique, caractérisé par l'association et la coexistence au quotidien de trois langues : le luxembourgeois, l'allemand et le français. Le multilinguisme sous-tend la littérature luxembourgeoise et influence le parcours des écrivains luxembourgeois.
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D'un point de vue purement linguistique, il n'existe pas une littérature luxembourgeoise, mais à proprement parler, des littératures luxembourgeoises s'exprimant en trois, voire en quatre langues si l'on y compte les auteurs anglophones. Cette production polyphone est répertoriée sous le terme collectif de Luxemburgensia[52] qui englobe toutes les œuvres littéraires et documents imprimés soit rédigés par des Luxembourgeois, soit produits au Luxembourg, soit ayant pour sujet le Luxembourg, et ce quelle qu'en soit la langue.
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La littérature de langue allemande est la plus accessible et la plus répandue au Luxembourg, même si, depuis quelques années, des talents en langue luxembourgeoise se dévoilent de plus en plus. La littérature luxembourgeoise d'expression française est plus modeste en nombre de publications, mais très remarquée à l'étranger.
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L'amateur de spectacle vivant trouve au Luxembourg de nombreuses scènes, qui accueillent des spectacles de renommée internationale et présentent leurs propres créations.
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Au cours de la dernière trentaine d'années, le monde théâtral luxembourgeois s'est constamment développé, tant au niveau de l'offre en matière de spectacles, qu'au niveau des compagnies et des scènes, qui sont devenues de plus en plus nombreuses.
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À côté du théâtre, du ballet ou de l'opéra traditionnels, le spectacle s'est diversifié, pour présenter de la danse contemporaine, des spectacles jeune public, de l'improvisation, du théâtre de rue, etc.
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Depuis plusieurs années, les spectacles pour enfants et jeunes ont trouvé une place de plus en plus importante dans le paysage culturel luxembourgeois.
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Plusieurs compagnies se consacrent à la création de spectacles jeunes publics, et des événements comme le festival international de théâtre de marionnettes (festival bisannuel) ou Traffo[53], le programme Jeunes Publics du CarréRotondes, contribuent à faire du spectacle jeune public un élément incontournable des scènes luxembourgeoises.
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La musique est sans doute la discipline culturelle la plus présente dans la vie quotidienne des Luxembourgeois. De la pratique amateur dans les chorales, harmonies et fanfares locales à la prolifération de groupes de rock, en passant par les classes des écoles de musique et conservatoires, nombreux sont les citoyens qui ont, du moins à un certain moment de leur vie, fait de la musique. De plus, les Luxembourgeois se rendent volontiers à des concerts de tous styles et participent en masse à des festivals de musique en plein air telles que le Blues'n Jazz Rallye, le Zeltik, le Rock-A-Field ou encore la Fête de la musique.
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À part quelques artistes dans les années 1980 comme Jimmy Martin, peu de musiciens professionnels se sont fait connaître au Luxembourg. Cependant, de nombreux groupes semi-professionnels se sont créés dans les années 1990 comme les groupes T42, Moof ou encore No Name. Aujourd'hui, plus de 50 groupes existent au Luxembourg, ils sont soutenus par la Rockhal, un lieu culturel réputé au Grand-Duché. Certains groupes parviennent même à dépasser les frontières luxembourgeoises, comme Eternal Tango (de), Inborn ou Rome (Jerome Reuter).
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Le Luxembourg s'est également fait connaître sur la scène internationale pour sa participation au Concours Eurovision de la Chanson. Il a participé dès la première édition du Concours Eurovision de la Chanson en 1956, mais il participe pour la dernière fois en 1993 et n'est toujours pas revenu dans le concours. Il détient cependant cinq victoires à son actif.
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Avec l'inauguration de deux salles de concert majeures en 2005, la Philharmonie Luxembourg, Salle de concert Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, et la Rockhal, Centre de musiques amplifiées, la scène musicale du Luxembourg a gagné encore davantage en dimension.
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À la fin des années 1980, le législateur luxembourgeois a mis en place un cadre légal et réglementaire visant le soutien à la production audiovisuelle. Le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle (abrégé en Fonspa) est créé par la loi du 11 avril 1990. Cette loi a notamment pour but de soutenir, par un mécanisme d'avances sur recettes, la production, la coproduction et la distribution des œuvres d'origine luxembourgeoise.
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Le Luxembourg a su trouver sa place dans la production audiovisuelle mondiale si l'on en croit, entre autres témoins de cette évolution considérable, les nombreux prix obtenus dans les grands festivals internationaux par les cinéastes luxembourgeois.
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Le pays (co)produit annuellement une quinzaine de longs métrages, sans oublier les multiples documentaires et courts métrages. La professionnalisation du cinéma luxembourgeois a commencé dans les années 1990. Depuis lors, le Luxembourg dispose de plusieurs sites de tournage (Studio 352[54] à Contern et Filmland[55] à Kehlen), d'une académie du film (D'Filmakadémie[56]) et d'un prix de cinéma (Lëtzebuerger Filmpräis).
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D'un autre côté, les Luxembourgeois sont une nation de cinéphiles et aller voir un film constitue un de leurs passe-temps favoris. Pour répondre à cette demande, le Luxembourg dispose d'un grand nombre de cinémas dispersés à travers le pays. Les amateurs du grand écran trouveront aussi bien de petites salles traditionnelles que de grands complexes cinématographiques.
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La quasi-totalité des films est diffusée au Luxembourg en version originale, accompagnée de sous-titres. Rares sont les versions synchronisées, mis à part pour les films destinés aux enfants. L'ensemble des salles de cinéma luxembourgeoises projette les films en format numérique.
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Un musée de Ieoh Ming Pei contre un manoir datant du Moyen Âge, une place de l'Europe signée Ricardo Bofill contre les fortifications militaires de Vauban : l'architecture au Luxembourg, c'est avant tout une histoire de coexistence, de mélange entre les vestiges d'antan bien conservés et d'étonnantes créations modernes. Plus encore, cette architecture est révélatrice d'une histoire tumultueuse, d'un passé industriel marquant et d'un développement économique impressionnant.
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On trouve la forteresse millénaire au cœur du quartier de la vieille ville à Luxembourg, patrimoine mondial : il s'agit des vestiges d'une époque où Luxembourg était surnommé « le Gibraltar du Nord », justement à cause de son imposante forteresse, qui fut démantelée dès 1867. Or, des constructions résolument modernes, signées notamment Perrault, de Portzamparc, Meier et Böhm, viennent se mêler aux témoins du passé, seulement quelques pas plus loin, sur le plateau de Kirchberg. Simple champ aux alentours des années 1950, cette surface s'est rapidement transformée en centre européen, financier et culturel du pays.
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Au sud, les vestiges de la sidérurgie, autrefois pilier de l'économie luxembourgeoise, côtoient aujourd'hui des laboratoires de recherche ultramodernes, ainsi que les bureaux branchés de l'industrie créative. Un peu partout au pays, des architectes de renommée internationale ont marqué ce mélange aisé du passé, du présent et du futur de leurs idées et de leur savoir-faire. En même temps, la scène architecturale luxembourgeoise est extrêmement vivante : en 2013 quelque 900 architectes sont inscrits à l'Ordre des architectes et ingénieurs-conseils (OAI), s'y ajoutent 450 ingénieurs-conseils et une quarantaine d'architectes d'intérieur. Que ce soit au niveau des bâtiments publics (musées, centres culturels, Cité judiciaire) aux résidences privées, les architectes luxembourgeois savent imposer leur style, aussi à l'étranger.
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Le Luxembourg a pour codes :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,338 @@
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Grand-duché de Luxembourg
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(lb) Groussherzogtum Lëtzebuerg
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(de) Großherzogtum Luxemburg
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49° 36′ 33″ N, 6° 07′ 55″ E
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Le Luxembourg, en forme longue le Grand-Duché de Luxembourg[3],[b],[c] ou le grand-duché de Luxembourg[d], en luxembourgeois Lëtzebuerg Écouter et Groussherzogtum Lëtzebuerg, en allemand Luxemburg et Großherzogtum Luxemburg, est un pays d'Europe de l'Ouest sans accès à la mer[e]. Il est bordé par la Belgique à l'ouest et au nord, l'Allemagne à l'est, et la France au sud. Il comprend deux régions principales : l'Oesling au nord, qui est une partie du massif de l'Ardenne, et le Gutland au sud, prolongement de la Lorraine au sens géologique du terme. Le Luxembourg compte 602 005 habitants au 1er janvier 2018[1], et s'étend sur une superficie de 2 586 km2, faisant de lui l'une des plus petites nations souveraines d'Europe.
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Le Luxembourg est une démocratie représentative et une monarchie constitutionnelle avec un grand-duc pour chef d'État, faisant du pays le seul grand-duché encore existant en tant qu'État souverain. Son économie dynamique en fait un des pays les plus riches et des plus prospères du monde, avec le PIB par habitant le plus élevé du monde selon le FMI en 2014. L'économie est principalement centrée sur les activités financières (environ la moitié du produit intérieur brut), favorisée par une fiscalité attractive voire dérisoire dans certains domaines (quasi-exonération d'impôts pour les bénéfices issus de l'exploitation de brevets ou de logiciels). Selon l'ONG Oxfam, en 2017, le Luxembourg figure parmi « les paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises ». La localisation centrale du territoire luxembourgeois en Europe a historiquement fait de lui un lieu d'une grande importance stratégique pour de nombreuses puissances, depuis sa fondation en tant que fortin romain[8], son accueil d'un château franc durant le Haut Moyen Âge, et son rôle de bastion pour le chemin des Espagnols entre les XVIe et XVIIe siècle.
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Le Luxembourg est le plus petit membre fondateur de l'Union européenne, de la zone euro, de l'OTAN, de l'OCDE, de l'ONU, de l'OSCE et du Benelux, reflétant son consensus politique en faveur de l'intégration économique, politique et militaire. La ville de Luxembourg, sa capitale et sa plus grande ville, est le siège de plusieurs établissements et institutions de l'Union européenne. En 2012, le Luxembourg a été élu pour la première fois de son histoire à un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies. En raison de sa position géographique, la culture luxembourgeoise est une fusion de l'Europe germanique et romane, intégrant chacune des deux. De ce fait, le Luxembourg est un pays trilingue : le luxembourgeois, le français et l'allemand sont les trois langues officielles et, depuis 1984, le luxembourgeois a légalement le statut de « langue nationale »[9].
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Le Grand-Duché de Luxembourg est situé au cœur de l'Europe occidentale, entre la Belgique, l'Allemagne et la France. Le Grand-Duché présente deux régions naturelles : l'Oesling, au nord, et le Gutland, comprenant la vallée de la Moselle à l'est ainsi que le bassin minier au sud. La superficie totale du pays est de 2 586,4 km2, l'Oesling occupant 828 km2 et le Gutland 1 758 km2. Ses points culminants sont le Burrigplatz (559 m) et le Kneiff (560,3 m).
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Luxembourg est située à une altitude de 300 m au-dessus du niveau de la mer. La capitale surprend par le contraste entre les quartiers modernes, perchés sur un plateau rocheux découpé à pic, et les trois quartiers bas que sont Grund, Clausen et Pfaffenthal. Depuis les années 1960, le quartier européen avec les institutions européennes est implanté sur le plateau de Kirchberg, au nord-est de la ville.
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La variété des paysages constitue l'un des grands attraits du Luxembourg, qui se divise en deux régions principales, l'Oesling et le Gutland.
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Le pays est presque totalement inclus dans le bassin versant de la Moselle, donc du Rhin. Les quatre rivières les plus importantes du Grand-Duché sont la Moselle, la Sûre, l'Our et l'Alzette. Les autres sont la Mess, la Mamer, l'Eisch, l'Attert et la Wark à l'ouest ; la Wiltz, la Clerve et la Blees au nord ; l'Ernz blanche, l'Ernz noire, la Syre et la Gander à l'est. La Pétrusse est un cours d'eau mineur qui traverse la ville de Luxembourg, avant de se jeter dans l'Alzette. Mis à part la Chiers qui quitte le Sud-Ouest du pays pour le bassin de la Meuse, ainsi que la Fooschtbaach qui quitte le Nord du pays près de Hautbellain également pour le bassin de la Meuse, les rivières du Luxembourg sont tributaires du bassin du Rhin par l'intermédiaire de la Moselle.
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Le Luxembourg n'a pas un climat parfaitement défini : il oscille entre le climat océanique de la zone atlantique (écarts saisonniers faibles, hivers doux et pluvieux) et le climat continental des plaines de l'Europe orientale (écarts saisonniers marqués, hivers rudes et ét��s pluvieux). L'influence océanique amène des précipitations en toute saison et l'influence continentale amène un froid piquant et sec l'hiver. De mai à la mi-octobre, le climat est tempéré. Juin, juillet et août sont les mois les plus chauds ; juillet et août souvent les plus ensoleillés. En septembre et octobre, le Luxembourg connaît souvent son propre « été indien ». La température moyenne annuelle est de 9,4 °C, elle oscille entre −2,6 °C et 21,6 °C (1981-2010). De légères variations de température existent entre le nord et le sud du pays ; elles sont dues à une différence d'altitude et se situent autour de 2 °C.
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Le territoire du Grand-Duché est divisé en 102 communes — dont douze ont le statut de ville établi par la loi —. Les communes sont regroupées en douze cantons, qui ne sont pas des découpages à but administratif, ils servent uniquement à définir les quatre circonscriptions électorales et les deux arrondissements judiciaires (Luxembourg et Diekirch), au contraire des trois anciens districts (Diekirch, Grevenmacher et Luxembourg) abolis en 2015 et qui avaient notamment pour rôle la surveillance de la gestion des administrations communales ; l'État a repris l'ensemble de ces compétences.
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Les douze cantons sont :
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Sur le plan électoral, le Grand-Duché est subdivisé en quatre circonscriptions électorales : Nord, Est, Sud et Centre.
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Sur le plan judiciaire, le Grand-Duché est subdivisé en deux arrondissements, celui de Luxembourg et celui de Diekirch. L'arrondissement de Luxembourg possède deux centres de justice de paix (Luxembourg et Esch-sur-Alzette), l'arrondissement de Diekirch n'en possède qu'un (Diekirch).
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Le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) du pays[Note 1] est en 2019 le 15 février. Le Luxembourg est le pays de l'UE dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[11].
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, le Luxembourg comptait 66 sites dont[12],[13] :
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La superficie totale est de 702 km2, ce qui représente 27 % de la surface terrestre du territoire du Luxembourg[14].
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La plus ancienne forme du nom est Lucilinburhuc — petite forteresse ou fortin —, dans une charte en latin datée de 963. En 1056, on trouve Lucelenburc ; en 1261, on rencontre Lucembour ; en 1244, déjà, on avait Luxemburgum dans un texte rédigé en latin ; et au bas Moyen Âge, on trouve Luxemburg (1377) en allemand et Luxembourg (1446) en français.
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La forme orale Lëtzebuerg, que ce soit en francique mosellan ou en luxembourgeois contemporain, a pu, dans le passé, être transcrite Lützelburg en allemand de chancellerie ou dans des ouvrages publiés par des auteurs allemands ; on trouve aussi Lützenburg au XVIIe siècle (cf. Topographie de Matthäus Merian), voire d'autres graphies[15].
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Sur un territoire habité par le peuple celto-germanique des Trévires, envahi successivement par les Romains et les Francs ripuaires, le château fort de Luxembourg, noyau de la future ville de Luxembourg et du comté du même nom, est fondé en 963. C'est du moins la date qui figure sur la charte d'échange signée par Sigefroid, comte d'Ardenne, et l'abbaye Saint-Maximin de Trèves. Le premier cède un domaine sis à Feulen, près d'Ettelbruck, en échange d'un promontoire rocheux surplombant l'Alzette où se trouvent les ruines d'un ancien castel datant de la fin de l'époque romaine et appelé Lucilinburhuc (= petite forteresse). Ce castel en ruines, bientôt remplacé par un nouveau castrum ou château fort, laissera son nom à ce dernier, à la ville qui ne tardera pas à naître autour et au futur comté : Luxembourg, en luxembourgeois Lëtzebuerg. Ce n'est que peu avant le milieu du XIe siècle qu'apparaît le titre de comte de Luxembourg. Le premier à l'avoir porté était Giselbert (1047-1059).
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Au cours du Moyen Âge, les comtes sont souvent en guerre contre leurs voisins, notamment l'évêché de Metz et la cité de Metz, qui en sont créanciers, et le puissant archevêque de Trèves, qui a des biens dans l'espace luxembourgeois, cherche à contrôler seul la vallée de la Moselle (commerce entre Nancy et le Rhin) et à limiter l'expansionnisme des comtes de Luxembourg. En fait, les comtes de Luxembourg successifs cherchent à arrondir leur territoire tous azimuts. Finalement, le comté de Luxembourg trouvera ses limites là où des évêques solidement installés (Trèves, Liège, Metz…) et de puissantes abbayes (Stavelot-Malmedy, Prüm, Mettlach, Saint-Hubert…) sauront lui barrer la route.
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Le comte Henri est élu empereur en 1312. Son fils Jean épouse l'héritière du Royaume de Bohême. Les Luxembourg régneront sur l'Empire et la Bohême jusqu'en 1437 (sauf pendant le règne de Louis IV de Bavière). En 1354, Charles IV du Saint-Empire élève le comté et ses 'dépendances' (les comtés de Durbuy et de La Roche ainsi que le marquisat d'Arlon, notamment) au rang de duché. La Bohême et l'Empire passeront par mariage à la Maison de Habsbourg.
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La dernière duchesse de Luxembourg, Élisabeth de Goerlitz, vend le duché au duc Philippe III de Bourgogne en 1441. Par après, le duché passe par mariage à la Maison de Habsbourg en 1482. L'empereur Charles Quint le donne en héritage, avec l'ensemble des Pays-Bas espagnols, la Franche-Comté et le vaste domaine colonial à son fils Philippe II d'Espagne.
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Le comte de Mansfeld, gouverneur de la ville de Luxembourg, construit dans la basse-ville (faubourg de Clausen) un palais dans le style espagnol. Ce palais a pratiquement entièrement disparu, encore sous l'Ancien Régime. L'actuel palais grand-ducal dans la ville haute, pour sa part, remonte en partie au XVIe siècle : sa partie la plus ancienne avait été construite en remplacement de l'hôtel de ville qui avait brûlé.
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Dans le cadre de sa politique des Réunions, le roi de France Louis XIV, dont les troupes occupent déjà le Barrois et la Lorraine, annexe le duché en 1684 mais celui-ci est ensuite rendu au roi d'Espagne, son possesseur légitime, en 1697 tandis que le Barrois et la Lorraine voisins retrouvent leur indépendance. Il est, à la suite de la guerre de succession d'Espagne transmis en 1714/1715 à la branche autrichienne de la Maison de Habsbourg et forme désormais, avec les provinces belges, les Pays-Bas autrichiens. Il y a, à Vienne, une secrétairerie chargée des Pays-Bas autrichiens. Par mariage, la Maison de Habsbourg devient Maison de Habsbourg-Lorraine en 1736. À Bruxelles, un gouverneur général (ou une gouvernante générale, le cas échéant) représente l'empereur (ou l'impératrice, à l'époque de Marie-Thérèse d'Autriche). L'impératrice nomme gouverneur son beau-frère, le prince Charles-Alexandre de Lorraine et lui donne comme ordre de mission : « Soyez le premier coq du pays ». Ce prince très populaire s'éteindra en 1780.
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Les réformes imposées par l'empereur Joseph II mécontentent les populations et, en 1789, éclate une révolution qui, partant de Bruxelles gagne la plupart des provinces. D'abord battues, les armées autrichiennes reviennent puis sont chassées par les armées de la République française. Tout le territoire « autrichien », duché de Luxembourg compris, est alors annexé à la France en 1795 et bien vite transformé en neuf départements réunis à la France. La plus grande partie du ci-devant duché de Luxembourg forme le département des Forêts. Le traité de Campo-Formio, en 1797, réglera cette question en droit.
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Après la défaite française de 1815, le traité de Vienne intègre huit des neuf départements réunis au Royaume des Pays-Bas sous le roi Guillaume Ier (1815-1830). Le département des Forêts, pour sa part, bientôt augmenté à l'ouest et au nord-ouest de terres anciennement luxembourgeoises mais amputé de tout son territoire à l'est des rivières Moselle, Sûre et Our, sert à reconstituer un État luxembourgeois, intitulé « grand-duché » et donné en possession personnelle au désormais roi grand-duc Guillaume Ier. Simultanément, le nouvel État est intégré comme État-membre à la Confédération germanique. Ceci permet d'accorder à la Prusse, qui s'est étendue jusqu'en Rhénanie, un droit de garnison dans la forteresse (désormais fédérale) de Luxembourg.
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En 1830, le gros du grand-duché de Luxembourg, mécontent du gouvernement du Royaume uni des Pays-Bas, participe à la Révolution belge qui éclate à Bruxelles, se propage aux villes et campagnes et aboutit à l'indépendance de la Belgique. Guillaume Ier n'étant pas parvenu, par la suite, à reprendre ses provinces méridionales, formant désormais la Belgique, il finit par reconnaître l'indépendance de la Belgique après neuf ans de conflit, mais obtient de conserver la partie Est (germanophone au sens large) du Luxembourg avec la forteresse. La partie Ouest, elle, principalement romane (wallon et gaumais, à l'exception du Pays d'Arlon, en allemand et au patois luxembourgeois Areler Land, devient une province du jeune État belge. Le grand-duché, réduit en 1839 de plus de la moitié de son territoire de 1815, conserve son statut compliqué : union personnelle avec le royaume des Pays-Bas, membre de la Confédération germanique, avec la présence d'une garnison prussienne dans les murs de la forteresse fédérale de Luxembourg. Luxembourg est alors la place forte la plus importante d'Europe, située à 65 km au nord de Metz, la plus importante place-forte française.
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En 1866, à la suite de la guerre austro-prussienne remportée par la Prusse (bataille de Sadowa), la Confédération germanique est dissoute. Le Luxembourg se trouve désormais en dehors du monde allemand que la Prusse cherche à dominer. Mais il est vrai que le Luxembourg a été intégré au Zollverein dès 1842 ; et la Prusse « oublie » de retirer sa garnison de Luxembourg dès 1866. La crise luxembourgeoise en 1867, due à la volonté du roi grand-duc Guillaume III des Pays-Bas de vendre son grand-duché à Napoléon III, ce que l'Allemagne en voie d'unification (sous Otto von Bismarck) ne veut pas tolérer, a pour conséquence la reconnaissance internationale de l'indépendance du Grand-Duché et son statut de pays neutre, garanti par les pays signataires hormis la Belgique elle-même neutre. Bien sûr, la Prusse doit, à cette occasion, évacuer sa garnison, ce qui permet à Napoléon III de sauver au moins un peu la face. Metz devient alors la plus importante place-forte d'Europe ce qui explique la volonté de l'état-major allemand de l'annexer en 1871. Le Luxembourg - neutre sur les plans politique et militaire - est alors, Zollverein oblige, pour ainsi dire une province économique de l'Empire allemand. Vu l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand, le Grand-Duché de Luxembourg n'a plus qu'une toute petite frontière commune avec la France.
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En 1890, à la mort du roi grand-duc Guillaume III, qui n'avait pas d'héritier mâle alors que la loi luxembourgeoise ne permettait pas encore à une femme d'hériter de la couronne, le Grand-Duché passe à la maison de Nassau-Weilburg : c'est la fin de l'union personnelle, le Luxembourg et les Pays-Bas ont désormais des souverains différents bien que de la même maison. Le premier souverain de Luxembourg issu de la famille Nassau-Weilbourg n'est autre que le vieux duc de Nassau Adolphe, ancien allié de l'Autriche et, donc, déchu de son trône nassovien en 1866 au profit de la Prusse. À sa mort, son fils Guillaume hérite du trône grand-ducal. Cependant, Guillaume IV et son épouse Marie-Anne de Bragance n'ayant pas de descendance mâle mais six filles, la loi salique est abandonnée en 1907 au profit de la princesse Marie-Adélaïde, née en 1894, qui succède donc à Guillaume IV à la mort de ce dernier en 1912, la grande-duchesse ayant exercé la régence pendant la maladie de son mari.
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Pendant la Première Guerre mondiale, le Luxembourg est occupé par les Allemands, en violation de la neutralité, jusqu'en 1918. La grande-duchesse Marie-Adélaïde, contestée par une grande partie de la population du fait de certaines maladresses, voire erreurs politiques, choisit de se retirer dans un couvent et abdique au profit de sa sœur Charlotte qui, malgré certaines oppositions, épouse le prince Félix de Bourbon-Parme (beau-frère du dernier empereur d'Autriche). Les négociations du traité de Versailles en 1919 confirment l'indépendance du pays tandis qu'un référendum populaire (en septembre 1919) consolide l'indépendance du pays et la monarchie.
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En mai 1940, les Allemands violent à nouveau la neutralité luxembourgeoise et occupent le grand-duché[16]. La famille grand-ducale et le gouvernement, afin d'écarter tout risque d'être pris en otages par les nazis, s'exilent à Londres, ancrant l'autorité légitime luxembourgeoise dans le camp des Alliés. À l'instar de l'Alsace-Moselle française, le régime nazi considère le Luxembourg comme un territoire allemand (les jeunes seront ainsi enrôlés de force dans la Wehrmacht). Le pays est libéré en septembre 1944 par les troupes américaines mais subit d'énormes pertes et destructions lors de la contre-offensive von Rundstedt en décembre de la même année.
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Dès 1944, l'union du Benelux est conclue avec la Belgique et les Pays-Bas. Désormais, le pays s'inscrit dans le processus de la construction européenne. En 1948, le Luxembourg est membre fondateur du traité de Bruxelles et de l'OTAN. En 1952, Luxembourg-ville devient le siège de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). L'adhésion à la Communauté économique européenne est le point de départ d'une expansion économique et d'une augmentation toujours plus forte de l'immigration.
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Le Grand-Duché de Luxembourg, État souverain et indépendant depuis le traité de Londres du 19 avril 1839, est une démocratie parlementaire sous le régime d'une monarchie constitutionnelle, dont la couronne est héréditaire dans la Maison de Nassau. Par le mariage de la grande-duchesse Charlotte, elle est passée dans la maison de Bourbon-Parme lors de l'accession au trône de son fils Jean en 1964.
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Comme dans toute démocratie parlementaire, la séparation des pouvoirs est souple au Luxembourg : il existe de nombreux liens entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Seul le pouvoir judiciaire est totalement indépendant[17].
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La Chambre des députés, le gouvernement et le Conseil d'État interviennent dans le cadre de la procédure législative.
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La Chambre des députés (Parlement), composée de 60 députés élus au suffrage universel tous les cinq ans, détient seule le pouvoir législatif. Elle a pour principale fonction de voter les projets et propositions de loi. Les députés possèdent un droit d'initiative parlementaire, qui s'exerce par la présentation de propositions de loi.
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Ses membres sont répartis dans plusieurs groupes politiques : le Parti populaire chrétien-social (CSV), le Parti démocratique (DP), le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP), Les Verts, le Parti réformiste d'alternative démocratique (ADR), le Parti pirate (PPL) et La Gauche.
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Le grand-duc possède également un droit d'initiative en matière législative mais ce dernier est, de fait, exercé par le gouvernement. Ce droit d'initiative, appelé initiative gouvernementale, permet au gouvernement de présenter des projets de loi à la Chambre des députés — au sein de laquelle le gouvernement dispose normalement d’une majorité —, ceci étant le cas de figure courant. Les lois votées par la Chambre des députés sont promulguées et publiées par le grand-duc. C'est à la suite de sa publication dans le recueil de législation appelé Mémorial qu'un texte de loi acquiert force obligatoire.
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Le Conseil d'État est un organe consultatif de l'exécutif composé de 21 conseillers, nommés et démis par le grand-duc.
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En matière législative, le Conseil d'État est obligatoirement appelé à émettre son avis sur l'ensemble des projets et propositions de loi présentés à la Chambre des députés, et ce, préalablement au vote des députés. Les lois sont soumises deux fois au vote de la Chambre, le second vote intervenant au plus tôt trois mois après le premier. Si la Chambre des députés, en accord avec le Conseil d'État, en décide autrement, il y a dispense du second vote, ce qui est devenu la pratique usuelle.
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En matière réglementaire, tout projet de règlement grand-ducal doit être soumis à l'avis du Conseil d'État, sauf le cas d'urgence à apprécier par le grand-duc. Le Conseil d'État est par ailleurs appelé à émettre un avis sur tous les amendements apportés aux projets et propositions de loi ainsi qu'aux projets de règlements grand-ducaux.
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Dans le cadre de son avis, le Conseil d'État est tenu de contrôler a priori la conformité des textes de loi par rapport aux normes de droit supérieur que sont la Constitution, les conventions et les traités internationaux ainsi que les principes généraux du droit.
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Le pouvoir exécutif est exercé par le grand-duc et les membres du gouvernement, qui le secondent dans l'exercice de ses pouvoirs constitutionnels.
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Le grand-duc est le chef d'État. Sa personne est inviolable, ce qui signifie que sa responsabilité ne peut être engagée : il ne peut être accusé ni poursuivi. L'irresponsabilité du grand-duc a pour corollaire la responsabilité ministérielle. Pour qu'un acte du grand-duc puisse produire ses effets, il doit être contresigné par un membre du gouvernement, qui en assume l'entière responsabilité. Cette responsabilité est générale en ce qui concerne les actes en rapport direct ou indirect avec les fonctions ministérielles. Elle peut être aussi bien juridique, c'est-à-dire pénale ou civile, que politique. En principe, tout acte portant la signature du grand-duc doit au préalable avoir été soumis à la délibération du Conseil de gouvernement.
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Formellement, la Constitution accorde au grand-duc le droit d'organiser librement son gouvernement, c'est-à-dire de créer les ministères, de répartir les départements ministériels et d'en nommer les membres. Dans la pratique, le grand-duc choisit, sur base des résultats des élections législatives ayant lieu tous les cinq ans, l'informateur et/ou le formateur du gouvernement, ce dernier devenant en général Premier ministre. Le formateur présente l'équipe des membres du gouvernement au Grand-Duc, qui procède à leur nomination et assermentation. Le nombre des départements ministériels dépasse fort souvent le nombre des membres du gouvernement appelés à en être titulaires : un même ministre gère donc fréquemment plusieurs portefeuilles.
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Le gouvernement nommé présente son programme politique devant la Chambre des députés qui, par un vote en sa faveur, lui exprime sa confiance. Le gouvernement dispose ainsi d'une majorité à la Chambre des députés sur laquelle il peut s'appuyer.
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Le gouvernement dans son ensemble et les ministres à titre individuel sont politiquement responsables de leurs actes devant la Chambre des députés. La sanction de la responsabilité politique des ministres consiste en l'obligation de cesser leurs fonctions lorsque la Chambre des députés leur refuse sa confiance (motion de censure). Il est d'usage que les ministres démissionnent au premier vote hostile de la Chambre des députés. En vertu de la Constitution, le grand-duc a le droit de révoquer à tout moment un membre du gouvernement mais, en pratique, la démission d'un ministre ou du gouvernement entier est présentée par le Premier ministre au grand-duc.
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Les cours et tribunaux sont chargés par la Constitution d'exercer le pouvoir judiciaire. Ils sont indépendants dans l'exercice de leurs fonctions.
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À la Cour constitutionnelle s'ajoutent deux ordres de juridictions : celles relevant de l'ordre judiciaire (Cour supérieure de justice, tribunaux d'arrondissement, justices de paix) et celles relevant de l'ordre administratif (Cour administrative, Tribunal administratif).
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La Cour de justice de l'Union européenne siégeant à Luxembourg n'est pas une institution du Grand-duché mais de l'Union européenne.
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Les citoyens luxembourgeois sont appelés à voter à trois types d'élections (sans compter les référendums) :
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Pour les élections européennes, les ressortissants de l'Union européenne domiciliés depuis au moins deux ans au Luxembourg peuvent choisir d'élire soit les députés européens luxembourgeois, soit les députés européens du pays dont ils sont ressortissants[18]. Pour les élections communales, le vote est ouvert aux citoyens de l'Union européenne domiciliés dans leur commune depuis au moins cinq ans[19].
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En ce qui concerne les élections législatives (60 députés), le Grand-Duché est subdivisé en quatre circonscriptions électorales :
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Pour tous les électeurs inscrits sur une liste électorale, le vote est obligatoire et secret, quelle que soit l'élection. Il est prévu une amende comprise entre 100 et 250 € pour un absentéiste, pouvant être majorée entre 500 et 1 000 € en cas de récidive[20].
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Le Luxembourg, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), a supprimé en 1967 le service militaire obligatoire et entretient une armée de 3 000 hommes. La gendarmerie et la force de police ont fusionné en 2000 pour former la police grand-ducale.
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Le chef de l'armée est le grand-duc de Luxembourg mais le contrôle effectif revient au ministre de la défense. Le chef d'état-major de l'armée luxembourgeoise était, jusqu'en 2013, le général (en titre) Gaston Reinig[21]. Il a été remplacé depuis par le général (en titre) Mario Daubenfeld.
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L'armée est impliquée dans de nombreuses missions de paix, notamment en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan dans le cadre des missions internationales de l'ONU et de l'OTAN.
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Les dix-sept avions AWACS E-3 de l'OTAN sont officiellement enregistrés comme avions de guerre du Luxembourg tant pour des raisons politiques que pratiques. Ils sont basés à Geilenkirchen, en Allemagne.
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Les dépenses de défense représentaient 1,2 % du produit intérieur brut en 1997 et on estimait que cette proportion valait 0,9 % en 2005[22].
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Le premier drapeau connu était porté par le comte Guillaume de Luxembourg en 1123. Il était burelé, donc rayé horizontalement, probablement jaune et rouge.
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Aujourd'hui, le drapeau luxembourgeois se compose de trois bandes rouge, blanc et bleu ciel, disposées horizontalement. Même si les drapeaux du Luxembourg et des Pays-Bas se ressemblent beaucoup, le signe distinctif du drapeau néerlandais est la bande bleu outremer.
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La majorité des drapeaux tricolores modernes est plus ou moins dérivée de la tricolore de la Ire République française. Même le très ancien drapeau néerlandais ne fut officiellement fixé aux couleurs rouge, blanc et bleu qu'en 1795, sous influence française, par la République batave.
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Le drapeau luxembourgeois ainsi que les armoiries de l'État sont protégés par la loi du 23 juin 1972[23] sur les emblèmes nationaux. Le rouge du drapeau correspond à la couleur Pantone 032C, le bleu à la couleur Pantone 299C (règlement grand-ducal du 27 juillet 1993).
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L'hymne national est constitué de la première et de la dernière strophes du chant Ons Heemecht (Notre Patrie en français) de 1859, un texte du poète Michel Lentz, mis en musique par Jean Antoine Zinnen (en). Il fut joué pour la première fois en public lors d'une grande cérémonie à Ettelbruck en 1864.
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L'hymne national luxembourgeois lance un vibrant appel à la paix. Il exprime toute la joie du pays d'être parvenu à trouver son indépendance en 1839, dans la quiétude et la prospérité.
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Inspiré d'une sonnerie de trompette ou d'une fanfare de cavalerie, dont il n'existe pas de trace écrite avant le XVIe siècle, le Wilhelmus est entonné lorsqu'un des membres de la famille grand-ducale arrive à une cérémonie officielle et au moment où il prend congé.
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Depuis la fin du XVIIIe siècle, il est de coutume de célébrer l'anniversaire de la naissance du souverain. Sous le long règne de la grande-duchesse Charlotte (1919-1964), cette célébration avait lieu en plein hiver, le 23 janvier, le jour de l'anniversaire de la souveraine.
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Par arrêté grand-ducal du 23 décembre 1961[24], la date de la célébration publique de l'anniversaire du souverain et, par là même, la fête nationale, a été fixée au 23 juin de chaque année, notamment pour des raisons météorologiques. Les festivités commencent la veille au soir.
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Le terme de « fête nationale » ne figure pas dans les textes de loi. Elle y est décrite comme « jour de la célébration publique de l'anniversaire du Grand-Duc ».
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L'origine des armoiries de l'État luxembourgeois remonte au Moyen Âge. Elles furent fixées autour de l'année 1235 par le comte Henri V de Luxembourg. Dès 1123, le comte Guillaume de Luxembourg portait une bannière burelée sur son sceau équestre. La majeure partie des descendants de la première maison de Luxembourg ont porté un burelé, alors que les descendants de la maison de Namur ont porté un lion.
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Les armoiries du Grand-Duché de Luxembourg sont à trois échelons : les petites armoiries, les moyennes armoiries et les grandes armoiries. Elles sont essentiellement composées d'un burelé d'argent et d'azur de dix pièces au lion rampant de gueules, couronné, armé et lampassé d'or, la queue fourchue et passée en sautoir.
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Les armoiries sont protégées par la loi du 23 juin 1972[23] sur les emblèmes nationaux. La loi du 27 juillet 1993[25] a modifié et complété celle de 1972.
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Le Luxembourg était, après avoir recouvré son indépendance en 1867, un des pays européens les plus pauvres et sous-développés d'Europe, de façon qu'un tiers de la population a dû, au XIXe siècle, s'expatrier outre-mer (surtout aux États-Unis, au Canada et au Brésil) pour des raisons de famine et de misère générale.
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Le Luxembourg doit sa prospérité à la découverte du minerai de fer dans le sud du pays dans les années 1840. Cette découverte allait donner son nom à toute une région, le Minett — du terme lorrain « minette » —, et marquer le passage d'un État agraire à un État industriel.
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De ce fait, dans les décennies suivantes, une industrie sidérurgique de plus en plus importante, allant de pair avec l'exploitation minière sous terre, a vu le jour. À une certaine époque, presque la moitié de la population masculine active était employée en l'industrie lourde, soutenue par une communauté assez importante d'immigrants italiens venus en vagues au Luxembourg dès la fin du XIXe siècle pour y chercher du travail. Les diverses usines sidérurgiques indépendantes de l'époque se sont finalement unies sous une même enseigne, l'ARBED, dès lors le groupe sidérurgique national, groupe qui par la suite a vu une large expansion jusqu'à fonder même des usines par exemple au Brésil. De son meilleur temps sidérurgique, le Luxembourg, malgré sa petite taille, était devenu le septième producteur d'acier le plus important du monde. Cependant, malgré la subsistance d'entreprises spécialisées de sidérurgie, l'industrie lourde a globalement disparu du pays et le dernier haut-fourneau a fermé en 1997.
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En octobre 2019, le ministère de la santé a annoncé que le Grand-Duché allait légaliser la culture, la vente, et la consommation de cannabis. Cette annonce fait du Luxembourg le premier pays européen à légaliser le cannabis[26].
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Les débuts de l'industrie luxembourgeoise, qui remontent au milieu du XIXe siècle, sont dominés par la sidérurgie, ayant connu un essor considérable à partir de 1950. À cette époque-là, le Luxembourg a également attiré les premières entreprises américaines comme Goodyear (production de pneumatiques), DuPont (production de polyester) ou encore Monsanto (production de fil en nylon), tout en développant le secteur financier.
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Au cours des années 1970, les crises sidérurgique et pétrolière ont eu un impact considérable sur l'industrie sidérurgique, qui était encore le principal pilier de l'économie luxembourgeoise. La diversification industrielle s'est exprimée à partir de 1980 par la création de la Société nationale de crédit et d'investissement — établissement bancaire de droit public spécialisé dans le financement des entreprises luxembourgeoises —, de zones industrielles et d'une centaine de nouvelles entreprises. Ceci a eu comme conséquence une baisse de la part de la sidérurgie et une hausse de celle des autres industries sur le plan du produit intérieur brut (PIB) luxembourgeois.
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En 2002, l'Arbed (Aciéries réunies de Burbach, Eich, Dudelange) a fusionné avec deux autres groupes sidérurgiques, Usinor et Aceralia, pour devenir Arcelor, leader dans la production mondiale de l'acier. La fusion d'Arcelor avec Mittal Steel Company en 2006 a donné naissance au groupe ArcelorMittal, le numéro un mondial de l'acier.
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À partir de 2004, le gouvernement a mis en place une nouvelle politique de diversification économique dans une optique de spécialisation multisectorielle : technologies de l'information et de la communication, logistique, sciences et technologies de la santé, écotechnologies...
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Spécialisée à l'origine dans les activités liées à l'euromarché dans les années 1960 et 1970, la place financière s'est ensuite tournée vers la gestion privée et, à partir des années 1980, vers la domiciliation et l'administration de fonds d'investissement. Ce développement a été avantagé par une vie politique et sociale favorable ainsi que par un cadre légal et réglementaire ouvert aux évolutions des marchés. Les évolutions ont été favorisées par l'entente entre les gouvernements, le législateur et le secteur privé.
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Ce cadre législatif et réglementaire a attiré des banques, des compagnies d'assurance, des promoteurs de fonds d'investissement et des prestataires de services spécialisés du monde entier du fait d'une politique fiscale très favorable aux entreprises[27],[28].
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La place financière du Luxembourg est le deuxième centre mondial de fonds d'investissement après les États-Unis, le plus grand centre européen pour les captives de réassurance, le premier centre pour la distribution transfrontalière de l'assurance vie dans l'Union européenne et le premier centre de banque privée pour les clients internationaux dans la zone euro. Par ailleurs, le Luxembourg est le plus grand domicile pour les fonds islamiques en Europe et le principal centre européen d'affaires en monnaie chinoise pour plusieurs activités.
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Le Luxembourg est devenu la place la plus importante d'Europe sur le marché des fonds d'investissement. 46 % du produit intérieur brut du pays dépend de son rôle de place financière. La croissance de la place financière luxembourgeoise fait que fin mai 2011 l'on comptait 144 banques présentes sur le territoire, totalisant plus de 26 000 salariés. Par ailleurs, le Luxembourg est le deuxième centre de fonds d'investissement du monde, après les États-Unis et le plus grand centre de banque privée dans la zone euro.
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Le Luxembourg figurait, jusqu'au début des années 2010, sur une liste des paradis fiscaux, ce en raison d'un secret bancaire entre-temps aboli en grande partie, d'avantages extrêmes pour grands holdings, etc. Depuis le Grand-Duché ne fait plus partie d'aucune liste noire actuellement et ses efforts ont été reconnus au niveau international. Le Luxembourg a adopté, par exemple, l'ensemble des dispositions de l'OCDE pour combattre l'évasion fiscale[29],[30],[31].
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En 2014, éclate le Luxembourg Leaks, scandale financier révélant le contenu de centaines d'accords fiscaux très avantageux conclus par des cabinets conseils pour le compte de nombreux clients internationaux avec le fisc luxembourgeois. Les révélations ont un retentissement international, mettant en lumière les pratiques d'évitement fiscal mises en œuvre au Luxembourg[32].
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Selon l'ONG Oxfam, en 2017, le Luxembourg figure parmi « les paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises »[33].
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En novembre 2018, le Luxembourg est rappelé à l'ordre par la Commission Européenne pour ne pas avoir légiféré sur les règlements européens concernant la lutte contre le blanchiment d'argent[34],[35].
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Le Luxembourg a joué un rôle pionnier sur la scène médiatique en Europe. Deux géants des médias et des communications sont nés au Luxembourg et continuent aujourd'hui leur développement à partir du Grand-Duché : RTL Group, premier diffuseur européen de télévision et de radio[réf. nécessaire], et SES grâce à une flotte de plus de 50 satellites. Ce dernier est une entreprise créée par le gouvernement luxembourgeois dans les années 1980, en prévision de la future société digitale. Après l'ouverture du mur de Berlin, et l'opportunité d'une grande demande d'alors de la part des allemands de l'Est au niveau de la télévision numérique, la SES a pu percer grâce à ses premiers satellites ASTRA. Pour devenir à ce jour[Quand ?], le groupe détenteur de satellites de télécommunication le plus important du monde[réf. nécessaire]. L'État luxembourgeois détient à part égales avec SES la société LuxGovSat.
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Depuis, de nombreuses autres sociétés actives dans les domaines convergents des médias et des technologies de l'information et de la communication se sont établies autour de ces deux piliers au Luxembourg.
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En 2005, le Grand-Duché adhère à l'Agence spatiale européenne.
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Le Luxembourg affiche également un des taux de spécialistes en informatique les plus élevés au monde[réf. nécessaire]. Par ailleurs, la sécurité de l'information et les réseaux de télécommunications de haute performance constituent une priorité du gouvernement en matière de recherche et développement.
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En plus de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME), des multinationales de l'économie numérique comme Amazon, eBay, PayPal, iTunes ou encore Vodafone sont désormais[Quand ?] présentes au Grand-Duché. Parallèlement, diverses entreprises de haute technologie s'y sont implantées, à l'image du fabricant de scanners en trois dimensions Artec 3D.
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Le domaine de la production audiovisuelle bénéficie également de la politique du gouvernement par le biais de plusieurs schémas d'accompagnement public destinés à encourager son développement.
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Le gouvernement a procédé ces dernières années à des investissements importants en matière de recherche et d'innovation, et a mis en place toute une série d'instruments directs et indirects pour promouvoir ce domaine.
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Ainsi, un cadre légal relatif à la promotion de la recherche, du développement et de l'innovation a été créé en juin 2009 afin de stimuler la capacité d'innovation des entreprises et organismes de recherche privés.
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Le gouvernement a su mobiliser le montant de 700 millions d'euros en vue d'assurer la construction et l'équipement des bâtiments de l'université du Luxembourg ainsi que des institutions de recherche et d'innovation dans la Cité des sciences à Esch-Belval.
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Il a procédé au cours de ces dernières années à un investissement substantiel de l'ordre de 140 millions d'euros dans le développement du secteur des technologies de la santé, afin de favoriser la diversification économique dans un secteur de pointe en pleine croissance.
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Afin de consolider et de structurer davantage le système de recherche luxembourgeois, le gouvernement a regroupé en 2015 le Centre de recherche public Gabriel Lippmann et le Centre de recherche public Henri-Tudor au sein du Luxembourg Institute of Science and Technology, et a réuni l'Integrated Biobank of Luxembourg et le Centre de recherche public de la Santé au sein du Luxembourg Institute of Health. La recherche et l'innovation demeurent une priorité du gouvernement, ce dont témoigne l'enveloppe financière de 1,1 milliard d'euros pour la période 2014-2017, consacrée au contrat d'établissement de l'université du Luxembourg et aux contrats de performance des institutions de recherche publiques et du Fonds national de la recherche.
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De par sa position géographique au cœur des marchés européens et à une distance raisonnable des grands ports de fret européens tels qu'Anvers ou Rotterdam, le Luxembourg est une plateforme idéale pour les activités relevant du domaine de la logistique. Les activités ne se limitent cependant pas au simple transport de marchandises, mais le but est de fournir un service à valeur ajoutée (conditionnement, préparation, expédition et facturation des marchandises).
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Le Grand-Duché est ainsi une base opérationnelle pour de nombreux acteurs d'envergure mondiale dans le domaine de la logistique, tels que Cargolux, China Airlines, Cobelfret ou DB Schenker.
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L'aéroport international du Luxembourg occupe une des premières places sur le plan européen pour ce qui est du fret. Ce secteur est renforcé par la présence du Freeport Luxembourg, zone de libre-échange établie en 2014 à proximité de l'aéroport. Sur une surface de 22 000 m2 sont définis de nouveaux standards en matière de préservation, d'entreposage ainsi que de gestion d'œuvres d'art et d'objets de valeur.
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Par ailleurs, le gouvernement promeut le développement des écotechnologies visant à repenser toutes les activités produisant des biens et des services dans une perspective de développement économique durable.
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La Société nationale de crédit et d'investissement compte parmi ses nombreux instruments un prêt spécifique destiné à soutenir la recherche, le développement et l'innovation.
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Avec ses paysages bien diversifiés (surtout le Nord et l'Est), la vieille ville de Luxembourg et ses vestiges de la forteresse, classée à l'UNESCO, ses 80 châteaux forts et châteaux, ses multiples trésors culturels, ses nombreux musées (en partie de niveau international), le tourisme joue lui aussi un rôle non négligeable dans l'économie luxembourgeoise. Luxembourg est également connu comme haut-lieu de la gastronomie, le grand-duché détenant, à ce jour, le plus de restaurants et des chefs étoilés par habitants au monde. Les vins et 'champagnes' (appelés crémants au Luxembourg), développés le long de la Moselle luxembourgeoise, vins qui, il y a moins de 50 ans encore réputés être d'une qualité assez moyenne, ont connu un développement fulgurant, remportant ainsi à l'heure actuelle régulièrement de nombreux prix dans le cadre de foires ou concours internationaux.
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En 2015, le PIB par habitant du Luxembourg est le plus élevé au monde[36]. Ce chiffre est toutefois biaisé par le fait que les travailleurs frontaliers des trois pays voisins qui contribuent à générer une grande partie de ce PIB ne sont pas pris en compte lors du calcul du PIB/tête d'habitant. Leur nombre est en effet assez important pour fausser substantiellement les statistiques : en 2009, ils étaient près de 150 000 (environ 50 % de Français, 26 % de Belges et 24 % d'Allemands)[37]. En 2019, ce sont plus de 100,000 frontaliers résidant en France et travaillant au Grand-Duché qui sont recensés[38]. La dette publique de l'État luxembourgeois est une des plus faibles au monde.
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Le salaire minimum du Luxembourg est le plus élevé de l'Union européenne : plus de 2 071 euros brut par mois en 2018[39] soit environ 1 842 euros net.
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Le Luxembourg comptait 602 005 habitants le 1er janvier 2018 avec une croissance de la population de 68 % en 50 ans, croissance démographique plutôt exceptionnelle en comparaison avec les pays proches. Cette croissance démographique est principalement le fait de l'immigration. En effet, le solde migratoire, en moyenne annuelle, au Luxembourg était de 7,7 ‰ sur la période 1960-2011, alors qu'il n'était que de 1,1 ‰ dans l'UE-27 sur la même période. Dans les années 1990, le solde migratoire s'établit même à environ 10 ‰ en moyenne annuelle[40].
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Ainsi, 48 % de la population est de nationalité étrangère en 2018[1]. Sur les 602 005 résidents, on estime à environ 313 042 le nombre de Luxembourgeois, à 96 544 le nombre de Portugais devant les Français, qui représentent avec 45 822 individus le deuxième plus grand groupe d'étrangers[41].
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La Constitution luxembourgeoise permet à l'État d'organiser et de réglementer l'enseignement, obligatoire pour les enfants âgés de 4 à 16 ans. Ainsi, la majorité des écoles sont publiques et gratuites. Il existe cependant quelques écoles privées qui enseignent les mêmes programmes scolaires et préparent aux mêmes diplômes, mais elles sont payantes. À côté des écoles publiques et privées, quelques écoles étrangères payantes proposent un programme différent et ne délivrent par conséquent pas les mêmes diplômes.
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Les neuf premières années de scolarité, dont la première est facultative, sont regroupées sous l'appellation d'« enseignement fondamental », découpée en quatre cycles : le premier est constituée d'une année d'éducation précoce (facultative) et deux années d'éducation préscolaire (obligatoires), les trois autres constituent l'enseignement primaire.
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Les sept années suivantes constituent l'« enseignement secondaire », qui prépare aux études universitaires ou les six à huit années suivantes en ce qui concerne l'« enseignement secondaire technique », qui est orienté vers la vie professionnelle, en fonction de l'orientation choisie, bien qu'il permette aussi d'accéder à l'enseignement supérieur.
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Ensuite, l'enseignement supérieur est proposé soit :
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Le système scolaire luxembourgeois est marqué lui aussi par le multilinguisme, les trois langues officielles y sont pratiquées en fonction du cycle et des matières.
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Le Luxembourg est connu pour ses cyclistes, notamment grâce aux frères Fränk et Andy Schleck, ainsi que Kim Kirchen, tous les trois porteurs d'un maillot distinctif sur le Tour de France en 2008, ainsi que pour la deuxième place d'Andy Schleck aux classements généraux des Tours de France 2009 et 2011 et sa victoire a posteriori au Tour de France 2010 à la suite de l'affaire de dopage impliquant Alberto Contador[42].
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Quatre champions luxembourgeois ont remporté la Grande Boucle : François Faber en 1909 et Nicolas Frantz en 1927 et 1928, Charly Gaul en 1958 et enfin Andy Schleck en 2010.
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Le 6 août 2010, en cyclisme, le jeune Bob Jungels (17 ans) a remporté le Championnat du monde juniors du contre-la-montre[43].
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En athlétisme, Joseph Barthel a été champion olympique sur 1 500 mètres à Helsinki en 1952, et David Fiegen a été vice-champion d'Europe sur 800 mètres à Göteborg en 2006.
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En tennis féminin, Anne Kremer et Claudine Schaul se sont illustrées dans ce sport en remportant plusieurs tournois WTA et ITF, notamment Anne Kremer qui fut la première joueuse de tennis luxembourgeoise à atteindre le top 20 (18e le 29 juillet 2002). Gilles Müller, le no 1 du tennis luxembourgeois, a battu Rafael Nadal, au 2e tour de Wimbledon en 2005. Gilles Müller mérite par ailleurs d'être reconnu pour la qualité de son service. Il réussit des aces sans nécessairement s'appuyer sur une qualité de vitesse extraordinaire – ses premières balles sont régulièrement frappées entre 190 et 200 km/h, et très rarement au-dessus de 205 km/h. En 2008, il est le premier Luxembourgeois à atteindre les quarts de finale de l'US Open. Plus jeune, il a remporté le tournoi junior de l'US Open en 2001, année où il termine champion du monde junior.
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Bien que né en Autriche, le skieur Marc Girardelli a rapporté au Luxembourg, dont il a pris la nationalité, de nombreux titres mondiaux et médailles olympiques.
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Le Luxembourg peut se prévaloir d'un paysage médiatique étoffé et pluraliste. À côté d'une presse nationale dont les principaux quotidiens se qualifient volontiers d'opinion, les titres étrangers, les médias audiovisuels et les nouveaux supports sont abondants.
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Face à une population parfaitement polyglotte, l'utilisation des trois langues usuelles du pays — luxembourgeois, allemand, français — est une des particularités les plus frappantes de la presse luxembourgeoise. Certains d'entre eux accueillent aussi des articles dans l'autre langue et en luxembourgeois, tels le Luxemburger Wort dont le lectorat atteint environ 43 % de la population de plus de 15 ans[44]. Quelques journaux paraissent en portugais.
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Dans l'audiovisuel, ce n'est qu'au début des années 1990 que le monopole en place depuis les premiers pas de la radio dans les années 1920 tombe avec la libéralisation des ondes. Une grande partie de la population est abonnée à la télévision par câble. En outre, la télévision numérique terrestre est disponible au Luxembourg depuis 2006. Le secteur cinématographique se développe de plus en plus ces dernières années, avec des sociétés comme Samsa Film, Tarantula, ou encore Invictus Company Productions.
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Dans la presse écrite, du moins avant l'apparition d'organes de presse exclusivement francophones au début des années 2000, il est usuel de trouver côte à côte sur une même page des articles en langue allemande et en langue française.
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Le Luxembourg ne connaît par contre ni le phénomène de groupes de médias à capitaux familiaux, ni celui de médias dominés par des capitaux industriels. Quatre groupes de médias dominent le marché : RTL Group du côté de l'audiovisuel, Saint-Paul Luxembourg, Editpress et Maison Moderne du côté de la presse écrite.
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Son histoire, sa situation au sein d'un carrefour géographique et sa petite taille font du Luxembourg un pays largement multilingue. Le luxembourgeois (Lëtzebuergesch), qui est la langue maternelle des autochtones, a le statut de « langue nationale » depuis la loi du 24 février 1984. Il est toutefois peu utilisé par les expatriés résidant au Luxembourg, qui représentent environ 60% de la population. Le français, l'allemand et le luxembourgeois sont concurremment les trois langues administratives et quotidiennement parlées dans le pays[46]. Chaque citoyen ou résident peut, à son choix, s'adresser dans l'une de ces trois langues à l'administration, laquelle devra lui répondre dans la même langue.
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Le multilinguisme luxembourgeois n'obéit à aucune répartition territoriale entre différentes zones linguistiques, à la différence de pays multilingues tels que la Belgique ou la Suisse. Au Luxembourg, la répartition linguistique est plutôt « fonctionnelle » en ce que le choix de la langue dépend du domaine d'activité.
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Le français est l'unique langue utilisée pour la rédaction des lois, en raison de l'influence historique du code Napoléon sur le système juridique du Grand-Duché. Mais les débats à la Chambre des députés ont lieu majoritairement en luxembourgeois et plus rarement en français. Le français est la langue écrite généralement utilisée par l'administration et la justice (les décisions administratives ou jugements des tribunaux sont rédigés en français). Dans la vie quotidienne, le français est la langue souvent utilisée à l'écrit (les dépêches officielles, annonces publicitaires ou panneaux de circulation routière sont en français) ainsi que dans la vie commerciale. En raison du poids historique du journal germanophone Luxemburger Wort, l'allemand est très utilisé dans la presse écrite ainsi que dans les médias.
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L'administration fiscale et cadastrale est plutôt germanophone pour des raisons historiques. Le Luxembourg a adopté le modèle fiscal allemand et a été cadastré pour la première fois complètement par l'armée allemande, sous l'occupation pendant la Première Guerre mondiale. Les documents administratifs sont généralement délivrés en français et en allemand (déclarations de revenus, par exemple).
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L'école maternelle se fait en luxembourgeois. L'alphabétisation (première année primaire) se fait en allemand. Le français est enseigné à l'école dès l'âge de sept ans (deuxième année primaire). L'enseignement secondaire se fait majoritairement en français.
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Illustration du multilinguisme : il est fréquent que les journaux ou sites internet institutionnels fassent s'alterner des articles en français, en allemand et en luxembourgeois, sans que chaque article ne soit traduit dans les deux autres langues.
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Le Luxembourg est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie de même que de l'Organisation internationale de la francophonie.
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Selon le recensement de 2011, 16,08 % de la population du pays est de nationalité portugaise[47] et 15,7 % parle le portugais en tant que langue principale[48].
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L'anglais est rarement utilisé dans la vie quotidienne, mais vivement requis dans certains domaines de la vie socio-économique (secteur bancaire, compagnies aériennes, etc.) et étudié par tous les lycéens.
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Même si le portugais et l'anglais n'ont aucun statut linguistique officiel au Luxembourg, il arrive que certaines communications officielles importantes comportent également une traduction dans ces langues (exemples : les mesures nationales de sécurité nucléaire ou le projet de constitution européenne)
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L'article 19 de la Constitution luxembourgeoise garantit la liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions religieuses.
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Au Luxembourg, on considère que les communautés religieuses exercent un rôle public. Dans ce contexte, et comme le dispose l'article 22 de la Constitution, les sphères qui requièrent la coopération entre l'Église et l'État sont réglées par des conventions.
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Un accord[49] signé en janvier 2015 entre le gouvernement et les communautés religieuses établies au Luxembourg réformera les relations entre l'État et ces mêmes communautés. Les relations entre l'État et les cultes seront adaptées aux réalités sociétales, un cours commun « éducation aux valeurs » sera introduit dans l'enseignement public et les relations entre les communes et les cultes seront réformées en ce qui concerne les fabriques d'église.
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Il ressort de plusieurs enquêtes sur les valeurs au Luxembourg[50] que le pays connaît, malgré des certitudes morales affichées, un véritable effondrement de l'importance accordée à la religion.
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Parmi les grands événements religieux du Grand-Duché, on peut compter l'Oktav, la procession dansante d'Echternach et le pèlerinage à Notre-Dame de Fátima à Wiltz.
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Selon le Pew Research Center, en 2010, 70,4 % des habitants du Luxembourg sont chrétiens, principalement catholiques (65,9 %) et dans une moindre mesure protestants (3,2 %), alors que 26,8 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 2,3 % sont musulmans et 0,5 % pratiquent une autre religion[51].
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Une des principales caractéristiques de la littérature luxembourgeoise est due à l'environnement linguistique né de la situation géographique et de l'histoire du Luxembourg, qui se trouve à la croisée des cultures romane et germanique.
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C'est ainsi que s'est développé au fil des siècles un environnement linguistique unique, caractérisé par l'association et la coexistence au quotidien de trois langues : le luxembourgeois, l'allemand et le français. Le multilinguisme sous-tend la littérature luxembourgeoise et influence le parcours des écrivains luxembourgeois.
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D'un point de vue purement linguistique, il n'existe pas une littérature luxembourgeoise, mais à proprement parler, des littératures luxembourgeoises s'exprimant en trois, voire en quatre langues si l'on y compte les auteurs anglophones. Cette production polyphone est répertoriée sous le terme collectif de Luxemburgensia[52] qui englobe toutes les œuvres littéraires et documents imprimés soit rédigés par des Luxembourgeois, soit produits au Luxembourg, soit ayant pour sujet le Luxembourg, et ce quelle qu'en soit la langue.
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La littérature de langue allemande est la plus accessible et la plus répandue au Luxembourg, même si, depuis quelques années, des talents en langue luxembourgeoise se dévoilent de plus en plus. La littérature luxembourgeoise d'expression française est plus modeste en nombre de publications, mais très remarquée à l'étranger.
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L'amateur de spectacle vivant trouve au Luxembourg de nombreuses scènes, qui accueillent des spectacles de renommée internationale et présentent leurs propres créations.
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Au cours de la dernière trentaine d'années, le monde théâtral luxembourgeois s'est constamment développé, tant au niveau de l'offre en matière de spectacles, qu'au niveau des compagnies et des scènes, qui sont devenues de plus en plus nombreuses.
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À côté du théâtre, du ballet ou de l'opéra traditionnels, le spectacle s'est diversifié, pour présenter de la danse contemporaine, des spectacles jeune public, de l'improvisation, du théâtre de rue, etc.
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Depuis plusieurs années, les spectacles pour enfants et jeunes ont trouvé une place de plus en plus importante dans le paysage culturel luxembourgeois.
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Plusieurs compagnies se consacrent à la création de spectacles jeunes publics, et des événements comme le festival international de théâtre de marionnettes (festival bisannuel) ou Traffo[53], le programme Jeunes Publics du CarréRotondes, contribuent à faire du spectacle jeune public un élément incontournable des scènes luxembourgeoises.
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La musique est sans doute la discipline culturelle la plus présente dans la vie quotidienne des Luxembourgeois. De la pratique amateur dans les chorales, harmonies et fanfares locales à la prolifération de groupes de rock, en passant par les classes des écoles de musique et conservatoires, nombreux sont les citoyens qui ont, du moins à un certain moment de leur vie, fait de la musique. De plus, les Luxembourgeois se rendent volontiers à des concerts de tous styles et participent en masse à des festivals de musique en plein air telles que le Blues'n Jazz Rallye, le Zeltik, le Rock-A-Field ou encore la Fête de la musique.
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À part quelques artistes dans les années 1980 comme Jimmy Martin, peu de musiciens professionnels se sont fait connaître au Luxembourg. Cependant, de nombreux groupes semi-professionnels se sont créés dans les années 1990 comme les groupes T42, Moof ou encore No Name. Aujourd'hui, plus de 50 groupes existent au Luxembourg, ils sont soutenus par la Rockhal, un lieu culturel réputé au Grand-Duché. Certains groupes parviennent même à dépasser les frontières luxembourgeoises, comme Eternal Tango (de), Inborn ou Rome (Jerome Reuter).
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Le Luxembourg s'est également fait connaître sur la scène internationale pour sa participation au Concours Eurovision de la Chanson. Il a participé dès la première édition du Concours Eurovision de la Chanson en 1956, mais il participe pour la dernière fois en 1993 et n'est toujours pas revenu dans le concours. Il détient cependant cinq victoires à son actif.
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Avec l'inauguration de deux salles de concert majeures en 2005, la Philharmonie Luxembourg, Salle de concert Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, et la Rockhal, Centre de musiques amplifiées, la scène musicale du Luxembourg a gagné encore davantage en dimension.
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À la fin des années 1980, le législateur luxembourgeois a mis en place un cadre légal et réglementaire visant le soutien à la production audiovisuelle. Le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle (abrégé en Fonspa) est créé par la loi du 11 avril 1990. Cette loi a notamment pour but de soutenir, par un mécanisme d'avances sur recettes, la production, la coproduction et la distribution des œuvres d'origine luxembourgeoise.
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Le Luxembourg a su trouver sa place dans la production audiovisuelle mondiale si l'on en croit, entre autres témoins de cette évolution considérable, les nombreux prix obtenus dans les grands festivals internationaux par les cinéastes luxembourgeois.
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Le pays (co)produit annuellement une quinzaine de longs métrages, sans oublier les multiples documentaires et courts métrages. La professionnalisation du cinéma luxembourgeois a commencé dans les années 1990. Depuis lors, le Luxembourg dispose de plusieurs sites de tournage (Studio 352[54] à Contern et Filmland[55] à Kehlen), d'une académie du film (D'Filmakadémie[56]) et d'un prix de cinéma (Lëtzebuerger Filmpräis).
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D'un autre côté, les Luxembourgeois sont une nation de cinéphiles et aller voir un film constitue un de leurs passe-temps favoris. Pour répondre à cette demande, le Luxembourg dispose d'un grand nombre de cinémas dispersés à travers le pays. Les amateurs du grand écran trouveront aussi bien de petites salles traditionnelles que de grands complexes cinématographiques.
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La quasi-totalité des films est diffusée au Luxembourg en version originale, accompagnée de sous-titres. Rares sont les versions synchronisées, mis à part pour les films destinés aux enfants. L'ensemble des salles de cinéma luxembourgeoises projette les films en format numérique.
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Un musée de Ieoh Ming Pei contre un manoir datant du Moyen Âge, une place de l'Europe signée Ricardo Bofill contre les fortifications militaires de Vauban : l'architecture au Luxembourg, c'est avant tout une histoire de coexistence, de mélange entre les vestiges d'antan bien conservés et d'étonnantes créations modernes. Plus encore, cette architecture est révélatrice d'une histoire tumultueuse, d'un passé industriel marquant et d'un développement économique impressionnant.
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On trouve la forteresse millénaire au cœur du quartier de la vieille ville à Luxembourg, patrimoine mondial : il s'agit des vestiges d'une époque où Luxembourg était surnommé « le Gibraltar du Nord », justement à cause de son imposante forteresse, qui fut démantelée dès 1867. Or, des constructions résolument modernes, signées notamment Perrault, de Portzamparc, Meier et Böhm, viennent se mêler aux témoins du passé, seulement quelques pas plus loin, sur le plateau de Kirchberg. Simple champ aux alentours des années 1950, cette surface s'est rapidement transformée en centre européen, financier et culturel du pays.
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Au sud, les vestiges de la sidérurgie, autrefois pilier de l'économie luxembourgeoise, côtoient aujourd'hui des laboratoires de recherche ultramodernes, ainsi que les bureaux branchés de l'industrie créative. Un peu partout au pays, des architectes de renommée internationale ont marqué ce mélange aisé du passé, du présent et du futur de leurs idées et de leur savoir-faire. En même temps, la scène architecturale luxembourgeoise est extrêmement vivante : en 2013 quelque 900 architectes sont inscrits à l'Ordre des architectes et ingénieurs-conseils (OAI), s'y ajoutent 450 ingénieurs-conseils et une quarantaine d'architectes d'intérieur. Que ce soit au niveau des bâtiments publics (musées, centres culturels, Cité judiciaire) aux résidences privées, les architectes luxembourgeois savent imposer leur style, aussi à l'étranger.
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La Grande-Bretagne (en anglais : Great Britain ou plus rarement Britain, en gallois : Prydain Fawr, en scots : Great Breetain, en cornique : Breten Veur, en gaélique écossais : Breatainn Mhòr) est une île au large du littoral nord-ouest de l'Europe continentale. Elle représente la majorité du territoire du Royaume-Uni. En son acception politique, ce toponyme désigne l'Angleterre, le pays de Galles et l'Écosse ainsi que la plupart des territoires insulaires contigus à l'exclusion de l'Île de Man et des Îles Anglo-Normandes.
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Située à la jonction de l'Atlantique et de la mer du Nord, elle est séparée de l'Irlande par la mer d'Irlande et du continent par la Manche. C'est la plus grande île et la plus peuplée du continent européen.
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Grande-Bretagne est l'équivalent français de l'anglais Great Britain directement issu du moyen anglais Great Brittaigne[1], et de l'anglo-normand la Grande Brettayne, ce terme venant de l'ancien français Bretaigne. Il est dérivé du latin médiéval Britannia Maior — par opposition à Britannia Minor qui désignait la péninsule française —, déclinaison de Britannia ou Brittānia, « la terre des Brittons ». Britannia est une latinisation des dénominations grecques Πρεττανοί, Βρεττανίαι (employées par Phythéas, qui a fait un voyage d'exploration autour des Îles Britanniques entre 330 et 320 avant JC.), transcrites du celte britonnique *Pretani, ethnonyme qui pourrait faire référence aux corps peints ou tatoués des tribus peuplant les îles. Cependant, (Grande)-Bretagne ne supplantera qu'aux IXe et Xe siècles l'appellation Albion (dérivée du celtique Alba, « blanc », qui désigna par la suite uniquement l'Écosse).
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Historiquement, la Grande-Bretagne comprend les territoires de l'Angleterre, de l'Écosse et du pays de Galles plus des groupes périphériques appartenant à ces pays traditionnels, à l'exemple des Sorlingues, des Hébrides, des Orcades ou des Shetland, mais n'incorpore ni l'île de Man ni les îles Anglo-Normandes, conventionnellement comprises dans l'ensemble des Îles Britanniques, au même titre que l'Irlande. Cette division est fixée depuis environ un millénaire ; auparavant, il y avait en Grande-Bretagne davantage de pays traditionnels comme le royaume Picte dans les Highlands, le Dalriada des Scots, le Strathclyde des Bretons, le Gwynedd et le Dyfed des Gallois, la Domnonée cornouaillaise, et les royaumes anglo-saxons de Bernicie, Nordumbrie, Mercie, Anglie, Essex, Wessex, Sussex et Kent, dont les dénominations se sont conservées dans la mémoire de l'île ou comme noms de comtés ou de régions.
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Le terme Grande-Bretagne est parfois utilisé par erreur comme synonyme de Royaume-Uni, d'autant que tous les habitants du royaume sont citoyens britanniques (British). Le Royaume-Uni inclut cependant l'Irlande du Nord, qui ne fait pas partie de la Grande-Bretagne.
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La Grande-Bretagne est le pays d'origine de la géologie moderne, dont les principaux maîtres sont Charles Lyell et Richard Owen.
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L'île est séparée de celle d'Irlande par une mer présente à cause d'une dépression bathymétrique due à un sur-creusement par les calottes de la dernière période glaciaire; ce sont ces mêmes glaciers qui sont responsables du creusement des vallées glaciaires que sont les lochs ou fjords d'Écosse, vallées dont les axes, c'est-à-dire l'axe d'écoulement des glaces, sont justement dirigés vers cette mer entre Grande-Bretagne et Irlande où la calotte principale se trouvait.
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Avant de s'appeler « Grande-Bretagne », ce territoire (ou sa partie la plus au sud) s'appelait simplement « Bretagne » (Britannia en latin) et était peuplé, au sud, de Bretons, peuple de langue celtique résultant de différents courants migratoires issus du continent. Au nord vivaient les Pictes, peuple depuis longtemps celtisé mais d'origine plus ancienne (et discutée), contre les incursions duquel les Romains avaient élevé des limes, dont le mur d'Hadrien. À partir de la fin du IIIe siècle et plus fortement à partir du VIe siècle, une partie de la population celte de Bretagne migre sur le continent, en Armorique, Asturies et Galice : elle s'y romanise au contact des autochtones, soit en partie (« pays gallo » en Bretagne), soit intégralement (Asturies et Galice). On parle, depuis lors, de Bretagne insulaire (grande Bretagne ou Britannia maior) et de Bretagne continentale (petite Bretagne ou Britannia minor : actuelle Bretagne)[Note 1].
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En français, le terme « Bretagne » finit par s'attacher à la péninsule armoricaine, alors que le terme « Grande-Bretagne » désigne l'ancienne Bretagne insulaire. En anglais, le terme Britain est couramment employé pour parler de la « grande Bretagne »[Note 2], alors que Brittany désigne la Bretagne continentale.
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La Grande-Bretagne subit des invasions successives de peuplement. Au sud s'installent notamment des Angles et des Saxons. Plus au nord s'installent des Vikings, venus des actuels Danemark et Norvège.
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En 1066, l'Angleterre est conquise par les Normands de Guillaume le Conquérant.
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L'unification de la Grande-Bretagne en un État politique et souverain a été progressive. La conquête anglaise du pays de Galles s'acheva en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn, le dernier prince gallois indépendant. Le pays est devenu une partie constituante du Royaume d'Angleterre en 1536.
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Les couronnes d’Angleterre et d'Écosse sont portées par le même souverain depuis Jacques (James) Ier d’Angleterre et VI d’Écosse, qui monta sur le trône écossais en 1567 et sur le trône anglais en 1603, à la suite du décès de sa cousine Élisabeth Ire d'Angleterre. Le 20 octobre 1604, il s'autoproclama « King of Great Brittain, France and Ireland » (« Roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande »), titre qu'ont repris certains de ses successeurs. Sous le règne d'Anne Ire de Grande-Bretagne, depuis l'Acte d’Union de 1707, les parlements d'Angleterre et d'Écosse ont été fusionnés et les deux nations constituent un même royaume, la Grande-Bretagne.
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Le pays connaît la révolution industrielle plus tôt qu'ailleurs, de pair avec la libéralisation des échanges, le développement rapide du réseau de canaux et les innovations dans le charbon, la fonte au coke ou le coton.
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En 1801, la couronne d'Irlande, que les Anglais tenaient depuis le XIIe siècle, fusionna à son tour avec la Couronne britannique, créant ainsi le « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande », ou simplement le Royaume-Uni : cette fusion ne fut jamais acceptée par le clergé catholique d'Irlande, car cela revenait à soumettre l'île au chef de l'église anglicane et au pouvoir des protestants. Après plus d'un siècle de luttes, l’État libre d'Irlande quitta le royaume en 1922, le laissant avec le nom de « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ».
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C'est le premier pays à connaitre un essor fulgurant du chemin de fer puis un recours massif à la monnaie de papier, alors que les métaux précieux restent dominants ailleurs. L'Époque victorienne, ou les années de règne de Victoria Ire du Royaume-Uni, de 1837 à 1901 voient la Grande-Bretagne accentuer son leadership mondial.
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La Première Guerre mondiale remet en cause cette domination, au profit des États-Unis. Dès 1925, l'Angleterre annonce son retour à l'étalon-or, la livre étant passée à l'automne 1923 de 76 à 91 francs en dix semaines[2]. Cette décision de Winston Churchill, prise sous l'influence d'une "City" qui veut rester première place financière mondiale, est fustigée par l'économiste John Maynard Keynes, car reposant sur la parité d'une livre pour 4,86 dollars, qui pénalise l'industrie britannique[3]. L'indice de la production manufacturière n'atteint que 106 en 1928 en Grande-Bretagne, sur une base 100 en 1913, contre 118 en Allemagne et 139 en France[4].
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Les Anglais sont ainsi les perdants de la forte expansion des années 1920.
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Depuis 1952, Élisabeth II règne sur le royaume.
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Andrew Jackson, né le 15 mars 1767 près de Waxhaw (Caroline du Nord) et mort le 8 juin 1845 à Nashville (Tennessee), est un homme d'État américain, septième président des États-Unis de 1829 à 1837.
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Gouverneur militaire de la Floride en 1821, après avoir été commandant des forces américaines durant la bataille de La Nouvelle-Orléans en 1815, il est à la base de l'ère démocratique « jacksonienne ». Il a été une figure importante qui domina la politique américaine dans les décennies de 1820 et de 1830. Ses ambitions politiques combinées à une participation politique plus grande de la population amenèrent la création des partis politiques tels que nous les connaissons aujourd’hui. Son héritage est vu de manière plus contrastée aujourd’hui, comme un protecteur de la démocratie populaire et de la liberté individuelle mais décrié par certains pour son soutien à la déportation des Amérindiens à l'ouest du Mississippi et à l'esclavage. Renommé pour être impénétrable et dur, il était surnommé Old Hickory (faisant référence à la dureté du bois de noyer). Basant sa carrière dans le Tennessee naissant, Jackson a été le premier président à être associé à la « frontière américaine ». Son portrait apparaît actuellement sur les billets de vingt dollars.
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Andrew Jackson est né de l'union d'Andrew et d'Elizabeth Jackson, une famille d'Irlandais-Écossais, le 15 mars 1767, approximativement deux ans après leur émigration de Carrickfergus. Trois semaines après la mort de son père, Andrew est né dans les environs de Waxhaws entre la Caroline du Nord et celle du Sud. L'exactitude de son lieu de naissance est sujet à débat, Jackson déclarait être né dans une cabane à l'intérieur des frontières de la Caroline du Sud.
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Il a reçu une éducation sporadique à l'école du village. Durant la guerre d'indépendance, Jackson, à l'âge de 13 ans, rejoint le régiment local. Andrew et l'un de ses deux frères, Robert Jackson, sont faits prisonniers de guerre par les Britanniques et meurent presque de faim en captivité. Lorsqu'Andrew refuse de nettoyer les bottes d'un officier anglais, celui-ci lui envoie des coups d'épée, le laissant avec des cicatrices sur sa main gauche et sur sa tête, ainsi qu'avec une grande haine à l'égard des Anglais. Durant leur emprisonnement, les deux frères attrapent la variole. Leur mère obtient leur libération en arguant de leur âge, mais Robert meurt quelques jours plus tard. Sa mère meurt six mois après du choléra. Tous les membres de la famille immédiate d'Andrew Jackson meurent d'une cause liée à la guerre, qu'il impute aux Britanniques. Il devient orphelin à l'âge de 14 ans.
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Jackson est le dernier président des États-Unis à être ancien combattant de la guerre d'indépendance, et le deuxième à avoir été prisonnier de guerre après Washington.
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Retournant à ses études, après l'expulsion des Anglais, il devint avocat au barreau de Salisbury en Caroline du Nord (1784), puis avocat général de district à Nashville, dans le Tennessee (1788). Jackson y fit ses débuts dans le commandement militaire, à la tête de quelques milices, contre les Amérindiens qu'il repoussa loin des frontières.
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Le Tennessee étant admis à entrer dans l'Union, le jurisconsulte Jackson fut chargé de rédiger la Constitution du nouvel État. Représentant du Tennessee au Congrès général (1796), sénateur l'année suivante, il donna sa démission et revint dans ses foyers.
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Juge de la Cour suprême de l'État et commandant en chef de la milice du Tennessee, il ne conserve que ce dernier titre (1799), et se consacre à l'agriculture. Treize ans après, des hostilités éclatent en 1812, entre les États-Unis et l'Angleterre, faisant de Jackson, ancien magistrat, législateur et laboureur, le premier homme de guerre de l'Union, ou, selon l'expression emphatique adoptée par les Anglais, le lion de l'Amérique du Nord.
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Jackson s'est fait connaître par la guerre Creek puis la Première guerre séminole qui forceront les Amérindiens à émigrer à l’ouest du Mississippi pour permettre aux pionniers de s’installer. Dans le Sud, ces guerres sont au centre de la guerre de 1812 contre les Anglais, accusés de les fomenter (prétexte à la spoliation des Amérindiens, malgré les promesses et engagements du gouvernement fédéral).
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Son ami Edward Livingston, ex-maire et procureur de New York, connaît le droit maritime et les litiges consécutifs à la guerre d'indépendance. Il œuvre à cette guerre de 1812 qui éloigne les troupes fédérales, permettant à Andrew Jackson de lever une milice pour combattre les Creek, puis d'annexer leur terres lors de l'Alabama fever.
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Élevé au grade de major général des milices, Jackson est chargé en décembre 1812 de conduire un corps de volontaires sur le Mississippi. En résistant aux ordres contradictoires et injustes d'un employé du gouvernement central, il s'acquiert l'affection des miliciens. C'est au cours de cette guerre qu'il semble avoir gagné son surnom d'Old hickory, en référence à la dureté du bois de noyer.
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Sa difficile et périlleuse campagne contre les Amérindiens creeks (1813) se termina par un coup de force qui fit date dans les Annales militaires de l'Union. Jackson est informé que les Creeks, réfugiés dans les Florides, possession de l'Espagne, sont armés par le gouverneur espagnol de Pensacola, en violation de sa neutralité. Sans attendre l'autorisation qu'il demande à son gouvernement, Jackson pénètre dans les Florides. Deux espions anglais qu'il fait juger par cour martiale sont pendus. La place de Pensacola est emportée de vive force ; le gouverneur espagnol, les Amérindiens et les Anglais sont châtiés et Jackson se retire.
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En 1814, Jackson commande à la bataille de Horseshoe Bend, Alabama, où 700 Amérindiens creek sont tués alors qu’il ne perd que 49 hommes. Les Cherokees, prenant les Creeks à revers, permettent à Jackson et ses miliciens de gagner cette bataille. Un traité de paix est signé donnant aux colons américains accès à un territoire de près de 100 000 km2.
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À la fin de la même année, Jackson est en Floride où il se bat contre les Amérindiens séminoles. Ce peuple agricole occupait le Nord de la Floride à la demande des Espagnols, afin de protéger la colonie contre les États-Unis. Ils accueillaient également les esclaves en fuite, esclaves qui ont combattu à leurs côtés. Jackson est nommé gouverneur militaire de l’État en 1819 et le territoire est cédé par l'Espagne en 1821 par le traité d'Adams-Onís, moyennant une somme d'argent plutôt dérisoire compte tenu de la superficie de la Floride, et sans la moindre bataille avec les Espagnols (qui, il est vrai, étaient préoccupés par leurs possessions en Amérique du Sud ainsi qu'aux Caraïbes).
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Enfin, le 13 décembre 1814, Jackson est à La Nouvelle-Orléans en Louisiane pour se battre contre les Britanniques dans la dernière bataille de la guerre de 1812. La nouvelle de l’armistice signé la veille de Noël 1814 par le traité de Gand n'étant pas parvenue, la bataille se déroule le 8 janvier 1815[1] entre 8 000 soldats britanniques entraînés et environ 4 000 rustauds dont une grande partie sont des partisans du corsaire-pirate Jean Lafitte qui fait la loi dans la région des Caraïbes. La victoire vaudra à Jackson d’être considéré comme un héros national ; les pertes britanniques s’élèvent à 386 morts, 1 521 blessés et 552 disparus tandis que les pertes américaines sont seulement de 55 morts, 185 blessés, 93 disparus[2].
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C'est l'époque où le ressentiment contre l'Angleterre reste fort et la tentation d'aller vers le Mexique, pour peupler de nouveaux territoires, de plus en plus vive. Le gouvernement donne son feu vert à la Vine and Olive Colony, vaste compagnie coloniale cultivant en fait du coton et s'étendant sur 370 kilomètres carrés de terres vierges, fondée par des centaines de planteurs français de Saint-Domingue, dans ce qui n'était pas encore l'État d'Alabama mais le vaste territoire de Louisiane, racheté à la France napoléonienne en 1803. Ce secteur devient un haut lieu de l'histoire de la culture du coton.
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Le 17 juillet 1821, Jackson est élu gouverneur de Floride. Il se retira de nouveau à la campagne, et l'on peut remarquer que c'est après y avoir passé encore quatorze ans, comme cultivateur, qu'il fut élevé par les suffrages de ses concitoyens à la magistrature suprême (4 mars 1829).
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Il se présente à l’élection présidentielle de 1824 et obtient plus de suffrages populaires et de voix des grands électeurs que ses concurrents mais il n’a pas la majorité absolue. C’est un vote de la Chambre des représentants qui donne la présidence à John Quincy Adams. Cet événement entraîne une fracture au sein du parti républicain-démocrate (les trois présidents précédents : Thomas Jefferson, James Madison et James Monroe étaient issus de ses rangs). Les partisans de John Quincy Adams fondent le parti national-républicain tandis que les partisans de Jackson fondent le parti démocrate actuel des États-Unis.
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Jackson se représente en 1828 et, cette fois, emporte l'élection avec une majorité substantielle. C’est le premier président élu au suffrage universel qui vient d’être instauré dans un grand nombre d’États et sa réputation d’homme du peuple et de chasseur d’Indiens n’y est pas étrangère. Il appartient à la franc-maçonnerie[3].
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Il encourage la formation des groupes de vigilantes afin de surveiller les esclaves et les abattre en cas de rébellion. Il est lui-même propriétaire d'esclaves[4].
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Les États-Unis sont toujours confrontés à la rivalité entre la France et le Royaume-Uni qui gêne le commerce. Andrew Jackson soutient avec énergie la réclamation des 25 millions, élevée par le gouvernement des États-Unis auprès du cabinet français.[pas clair]
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Les problèmes ne seront réglés que vers 1836. Jackson réussit toutefois à négocier un accord qui, en 1830, autorise le commerce avec les possessions britanniques des Caraïbes. En 1837 Jackson reconnaît l’indépendance de la république du Texas qui était sous domination mexicaine.
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Proche du peuple, Jackson ne supporte pas les politiciens professionnels et les institutions qui tendent à acquérir un pouvoir indépendant. Il met son veto à la reconduction de la Banque centrale créée en 1781 par Alexander Hamilton pour gérer la dette nationale et renforcer le pouvoir fédéral. Il ne s’embarrasse pas non plus d’un gouvernement avec qui il se dispute souvent et il s’entoure de conseillers, son « gouvernement dans la cuisine », avec qui il prend ses décisions.[réf. nécessaire]
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Le Sud, surtout agricole, ne voulait pas des droits de douane élevés, au contraire du Nord qui mettait en place son industrie. La crise est résolue en 1833 par une forte baisse des droits de douane et marque la victoire de l’intérêt individuel des États sur le gouvernement fédéral.
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Jackson est évoqué et critiqué comme suit par Alexis de Tocqueville pour sa tendance à flatter les idées majoritaires de son époque, notamment la défiance vis-à-vis du pouvoir central, et pour les mettre en œuvre parfois avec violence et au mépris des institutions ou du droit :
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« (...) loin de se présenter comme le champion de la centralisation, le général Jackson est l’agent des jalousies provinciales ; ce sont les passions décentralisantes (si je puis m’exprimer ainsi) qui l’ont porté au souverain pouvoir. C’est en flattant chaque jour ces passions qu’il s’y maintient et y prospère. Le général Jackson est l’esclave de la majorité : il la suit dans ses volontés, dans ses désirs, dans ses instincts à moitié découverts, ou plutôt il la devine et court se placer à sa tête. (...)
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Après s’être ainsi abaissé devant la majorité pour gagner sa faveur, le général Jackson se relève ; il marche alors vers les objets qu’elle poursuit elle-même, ou ceux qu’elle ne voit pas d’un œil jaloux, en renversant devant lui tous les obstacles. Fort d’un appui que n’avaient point ses prédécesseurs, il foule aux pieds ses ennemis personnels partout où il les trouve, avec une facilité qu’aucun président n’a rencontrée ; il prend sous sa responsabilité des mesures que nul n’aurait jamais avant lui osé prendre ; il lui arrive même de traiter la représentation nationale avec une sorte de dédain presque insultant ; il refuse de sanctionner les lois du Congrès, et souvent omet de répondre à ce grand corps. C’est un favori qui parfois rudoie son maître. »
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— De la démocratie en Amérique[12]
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Sa présidence est parfois confrontée à une montée des violences, provoquées par le chômage, l’animosité des protestants à l'encontre des catholiques et en particulier des Irlandais, la question de l'esclavage ou la pauvreté. Alors que l'on compte 16 émeutes en 1834, il s'en produit 37 en 1837, provoquant des dizaines de morts[13].
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Il s’accommode dans certaines circonstances de la corruption si cela peut lui permettre d'affermir son influence politique. En échange du contrôle absolu de New York, il autorise ainsi Samuel Swartwout (en) à détourner 1 250 000 dollars, qu'il emporta avec lui dans sa fuite en Europe en 1836. Jesse Hoyt (en), nommé par Jackson pour remplacer Swartwout, rend au président les mêmes services que son prédécesseur, moyennant les mêmes privilèges (il détourna plus de 200 000 dollars des caisses publiques)[13].
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En 1830, avec l'augmentation de la population et la découverte d’or sur les territoires des Cherokees, Jackson signe une loi autorisant le déplacement forcé des Amérindiens, l’Indian Removal Act voté par le Congrès, afin d'exploiter ces terres. La Cour suprême juge la loi contraire à la Constitution, mais Jackson refuse d'appliquer le jugement. L'État de Géorgie attribue les terres des Cherokees au cours d’une loterie, et Jackson envoie des troupes pour déporter les Amérindiens à marches forcées au-delà du Mississippi. Cet épisode coûte la vie à 4 000 Cherokees environ (25 % de la population), au cours de leur déportation sur la piste des Larmes (Trail of Tears).
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Il introduit le système où les hautes fonctions fédérales sont attribuées aux amis qui ont aidé pendant la campagne électorale (système des dépouilles) et il fait pression sur les États pour élargir la base électorale. Ainsi, sous sa présidence, le nombre de citoyens participant à la vie politique est multiplié par 7.
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À la fin de son second mandat, en 1837, Jackson retourne dans sa maison au Tennessee. Après avoir servi dans l’armée, être devenu un héros et après avoir été président pendant huit ans il déclare qu’il rentre chez lui avec « à peine 80 dollars dans sa poche »[réf. nécessaire]. Il meurt le 8 juin 1845 ; son décès est aujourd’hui attribué à un empoisonnement au plomb à la suite d’une blessure reçue en 1813.
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La femme d’Andrew Jackson, Rachel Jackson, meurt le 22 décembre 1828 entre l���élection et la cérémonie d’installation à la présidence. Lorsque Jackson l’avait épousée, il avait 21 ans et elle vivait séparée de son premier mari dont elle croyait être légalement divorcée. En fait le divorce n’avait pas été prononcé et les deux époux durent se remarier ensuite. Cet épisode était considéré comme scandaleux par la bonne société et donna lieu à des rumeurs pendant la campagne électorale. Jackson reprocha longtemps à ses opposants d’être à l’origine, selon lui, du décès de sa femme. C'est donc sa nièce Emily Donelson qui assure l'office de première dame des États-Unis, puis sa belle-fille Sarah Jackson.
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La Grande-Bretagne (en anglais : Great Britain ou plus rarement Britain, en gallois : Prydain Fawr, en scots : Great Breetain, en cornique : Breten Veur, en gaélique écossais : Breatainn Mhòr) est une île au large du littoral nord-ouest de l'Europe continentale. Elle représente la majorité du territoire du Royaume-Uni. En son acception politique, ce toponyme désigne l'Angleterre, le pays de Galles et l'Écosse ainsi que la plupart des territoires insulaires contigus à l'exclusion de l'Île de Man et des Îles Anglo-Normandes.
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Située à la jonction de l'Atlantique et de la mer du Nord, elle est séparée de l'Irlande par la mer d'Irlande et du continent par la Manche. C'est la plus grande île et la plus peuplée du continent européen.
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Grande-Bretagne est l'équivalent français de l'anglais Great Britain directement issu du moyen anglais Great Brittaigne[1], et de l'anglo-normand la Grande Brettayne, ce terme venant de l'ancien français Bretaigne. Il est dérivé du latin médiéval Britannia Maior — par opposition à Britannia Minor qui désignait la péninsule française —, déclinaison de Britannia ou Brittānia, « la terre des Brittons ». Britannia est une latinisation des dénominations grecques Πρεττανοί, Βρεττανίαι (employées par Phythéas, qui a fait un voyage d'exploration autour des Îles Britanniques entre 330 et 320 avant JC.), transcrites du celte britonnique *Pretani, ethnonyme qui pourrait faire référence aux corps peints ou tatoués des tribus peuplant les îles. Cependant, (Grande)-Bretagne ne supplantera qu'aux IXe et Xe siècles l'appellation Albion (dérivée du celtique Alba, « blanc », qui désigna par la suite uniquement l'Écosse).
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Historiquement, la Grande-Bretagne comprend les territoires de l'Angleterre, de l'Écosse et du pays de Galles plus des groupes périphériques appartenant à ces pays traditionnels, à l'exemple des Sorlingues, des Hébrides, des Orcades ou des Shetland, mais n'incorpore ni l'île de Man ni les îles Anglo-Normandes, conventionnellement comprises dans l'ensemble des Îles Britanniques, au même titre que l'Irlande. Cette division est fixée depuis environ un millénaire ; auparavant, il y avait en Grande-Bretagne davantage de pays traditionnels comme le royaume Picte dans les Highlands, le Dalriada des Scots, le Strathclyde des Bretons, le Gwynedd et le Dyfed des Gallois, la Domnonée cornouaillaise, et les royaumes anglo-saxons de Bernicie, Nordumbrie, Mercie, Anglie, Essex, Wessex, Sussex et Kent, dont les dénominations se sont conservées dans la mémoire de l'île ou comme noms de comtés ou de régions.
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Le terme Grande-Bretagne est parfois utilisé par erreur comme synonyme de Royaume-Uni, d'autant que tous les habitants du royaume sont citoyens britanniques (British). Le Royaume-Uni inclut cependant l'Irlande du Nord, qui ne fait pas partie de la Grande-Bretagne.
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La Grande-Bretagne est le pays d'origine de la géologie moderne, dont les principaux maîtres sont Charles Lyell et Richard Owen.
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L'île est séparée de celle d'Irlande par une mer présente à cause d'une dépression bathymétrique due à un sur-creusement par les calottes de la dernière période glaciaire; ce sont ces mêmes glaciers qui sont responsables du creusement des vallées glaciaires que sont les lochs ou fjords d'Écosse, vallées dont les axes, c'est-à-dire l'axe d'écoulement des glaces, sont justement dirigés vers cette mer entre Grande-Bretagne et Irlande où la calotte principale se trouvait.
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Avant de s'appeler « Grande-Bretagne », ce territoire (ou sa partie la plus au sud) s'appelait simplement « Bretagne » (Britannia en latin) et était peuplé, au sud, de Bretons, peuple de langue celtique résultant de différents courants migratoires issus du continent. Au nord vivaient les Pictes, peuple depuis longtemps celtisé mais d'origine plus ancienne (et discutée), contre les incursions duquel les Romains avaient élevé des limes, dont le mur d'Hadrien. À partir de la fin du IIIe siècle et plus fortement à partir du VIe siècle, une partie de la population celte de Bretagne migre sur le continent, en Armorique, Asturies et Galice : elle s'y romanise au contact des autochtones, soit en partie (« pays gallo » en Bretagne), soit intégralement (Asturies et Galice). On parle, depuis lors, de Bretagne insulaire (grande Bretagne ou Britannia maior) et de Bretagne continentale (petite Bretagne ou Britannia minor : actuelle Bretagne)[Note 1].
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En français, le terme « Bretagne » finit par s'attacher à la péninsule armoricaine, alors que le terme « Grande-Bretagne » désigne l'ancienne Bretagne insulaire. En anglais, le terme Britain est couramment employé pour parler de la « grande Bretagne »[Note 2], alors que Brittany désigne la Bretagne continentale.
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La Grande-Bretagne subit des invasions successives de peuplement. Au sud s'installent notamment des Angles et des Saxons. Plus au nord s'installent des Vikings, venus des actuels Danemark et Norvège.
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En 1066, l'Angleterre est conquise par les Normands de Guillaume le Conquérant.
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L'unification de la Grande-Bretagne en un État politique et souverain a été progressive. La conquête anglaise du pays de Galles s'acheva en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn, le dernier prince gallois indépendant. Le pays est devenu une partie constituante du Royaume d'Angleterre en 1536.
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Les couronnes d’Angleterre et d'Écosse sont portées par le même souverain depuis Jacques (James) Ier d’Angleterre et VI d’Écosse, qui monta sur le trône écossais en 1567 et sur le trône anglais en 1603, à la suite du décès de sa cousine Élisabeth Ire d'Angleterre. Le 20 octobre 1604, il s'autoproclama « King of Great Brittain, France and Ireland » (« Roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande »), titre qu'ont repris certains de ses successeurs. Sous le règne d'Anne Ire de Grande-Bretagne, depuis l'Acte d’Union de 1707, les parlements d'Angleterre et d'Écosse ont été fusionnés et les deux nations constituent un même royaume, la Grande-Bretagne.
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Le pays connaît la révolution industrielle plus tôt qu'ailleurs, de pair avec la libéralisation des échanges, le développement rapide du réseau de canaux et les innovations dans le charbon, la fonte au coke ou le coton.
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En 1801, la couronne d'Irlande, que les Anglais tenaient depuis le XIIe siècle, fusionna à son tour avec la Couronne britannique, créant ainsi le « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande », ou simplement le Royaume-Uni : cette fusion ne fut jamais acceptée par le clergé catholique d'Irlande, car cela revenait à soumettre l'île au chef de l'église anglicane et au pouvoir des protestants. Après plus d'un siècle de luttes, l’État libre d'Irlande quitta le royaume en 1922, le laissant avec le nom de « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ».
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C'est le premier pays à connaitre un essor fulgurant du chemin de fer puis un recours massif à la monnaie de papier, alors que les métaux précieux restent dominants ailleurs. L'Époque victorienne, ou les années de règne de Victoria Ire du Royaume-Uni, de 1837 à 1901 voient la Grande-Bretagne accentuer son leadership mondial.
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La Première Guerre mondiale remet en cause cette domination, au profit des États-Unis. Dès 1925, l'Angleterre annonce son retour à l'étalon-or, la livre étant passée à l'automne 1923 de 76 à 91 francs en dix semaines[2]. Cette décision de Winston Churchill, prise sous l'influence d'une "City" qui veut rester première place financière mondiale, est fustigée par l'économiste John Maynard Keynes, car reposant sur la parité d'une livre pour 4,86 dollars, qui pénalise l'industrie britannique[3]. L'indice de la production manufacturière n'atteint que 106 en 1928 en Grande-Bretagne, sur une base 100 en 1913, contre 118 en Allemagne et 139 en France[4].
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Les Anglais sont ainsi les perdants de la forte expansion des années 1920.
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Depuis 1952, Élisabeth II règne sur le royaume.
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Les grandes découvertes sont la période historique qui s'étend du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle. Durant cette période, les monarchies et de riches compagnies commerciales européennes financent de grandes expéditions dans le but d'explorer le monde, cartographier la planète et établir des contacts directs avec l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Océanie. L'expression d’Âge des découvertes est également utilisée par les cartographes.
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Les Portugais vont explorer les côtes de l'Afrique sous l'impulsion du prince Henri dit « le Navigateur ». Ils atteignent l'océan Indien en 1488 en contournant le cap de Bonne-Espérance. Dinis Dias découvre le Cap-Vert en 1444. Le Sénégal est visité par Alvise Cadamosto en 1455 et quant à Gambie, elle est remontée par Diogo Gomes en 1456. En cherchant une nouvelle voie vers l'Asie, le navigateur italien Christophe Colomb — financé par la monarchie espagnole — traverse l'océan Atlantique et atteint en 1492 un « Nouveau Monde » : l'Amérique. Pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, le traité de Tordesillas (1494) partage le monde en deux zones d'explorations où chacun des protagonistes aura l'exclusivité des droits sur ces découvertes. En 1498, une expédition portugaise menée par Vasco de Gama réalise finalement le rêve d'établir une liaison maritime avec l'Inde en naviguant autour de l'Afrique. Peu après, ils atteignent les « îles aux épices » en 1512 et la Chine, un an plus tard. Les explorations vers l'ouest et vers l'est se superposent lorsque l'Espagnol Juan Sebastián Elcano termine la première circumnavigation de la Terre en 1522. Dans le même temps, les conquistadors espagnols explorent l'intérieur des terres américaines et détruisent les empires amérindiens. À partir du XVIe siècle les Français, les Anglais et les Hollandais se lancent dans la course et contestent le monopole ibérique sur le commerce maritime. Ils participent à l'exploration des Amériques mais surtout à celle de l'Océanie. Parallèlement aux explorations maritimes, les Russes explorent et conquièrent la quasi-totalité de la Sibérie.
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Au même titre que la Renaissance, l'« Âge des découvertes » constitue un pont entre Moyen Âge et Époque moderne. L'imprimerie (qui vient d'apparaître) contribue à répandre les récits d'exploration et les cartes de terres lointaines et alimente ainsi la montée de l'humanisme et du questionnement scientifique et intellectuel. L'expansion européenne mène à la mise en place des empires coloniaux : les contacts entre Ancien et Nouveaux Mondes produisent l'échange colombien qui désigne le transfert massif entre les hémisphères occidentaux et orientaux de plantes, d'animaux, de populations (dont les esclaves), de maladies infectieuses et de culture. Cette première mondialisation engendre des modifications écologiques, agricoles et culturelles parmi les plus importantes de l'histoire. L'exploration européenne continue jusqu'au XXe siècle, date à laquelle on estime que la totalité des terres émergées est cartographiée.
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Autrefois qualifiée de l'ère des grandes découvertes, l'historiographie préfère aujourd'hui reconnaître l'aspect bilatéral de la rencontre de deux civilisations[1]. En 1992, de nombreux colloques et publications célébrant le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique ont fait émerger l'expression de rencontre de deux mondes ou plus simplement de rencontres, en mettant en évidence que la notion des « grandes découvertes géographiques » n'est « qu'une construction intellectuelle du XIXe siècle, élaborée à son tour à partir d’une série de mythes fondateurs issus de stratégies éditoriales, politiques et religieuses du XVIe siècle, diffusés et consolidés par l’intermédiaire d’instruments, tels que l’iconographie et la littérature[2] ».
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Au début du XVe, les Européens ont une très bonne idée de l'Europe et du bassin Méditerranéen, et quelques notions du reste de l'Afrique et de l'Asie, mais ces dernières restent confuses. Ils se doutent aussi que la Terre est ronde mais ne connaissent pas bien ses dimensions[3]. À la fin du XVIe siècle, les Européens ont découvert la côte Est de l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale, les littoraux de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, ainsi qu'une grande partie de l'Asie (Sibérie, Inde).
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À la fin du siècle, il reste encore beaucoup de territoires inconnus des Européens, comme l'Australie ou le centre de l'Afrique (et sans parler des régions polaires), mais les Européens ont une connaissance beaucoup plus précise des masses continentales, comme en témoignent les cartes de l'époque[4].
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De nombreuses avancées technologiques diffusées à la fin du Moyen Âge, comme la caravelle ou l'astrolabe ont permis aux Européens une navigation plus sûre et grandement améliorée. La volonté de répandre la foi chrétienne et de découvrir de nouvelles voies maritimes et commerciales vers l'Asie a aussi joué en faveur des grandes découvertes.
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Les connaissances européennes sur l'Asie au-delà des limites de l'Empire byzantin reposent sur des documents vagues, souvent obscurcis par des légendes et remontent parfois à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand. Une autre source provient des Radhanites, marchands juifs qui établissent des routes commerciales entre l'Europe et le monde musulman à l'époque des Croisades. En 1154, le géographe arabe Al Idrissi réalise une carte, Tabula Rogeriana, rassemblant toutes les connaissances de son époque pour le compte du roi Roger II de Sicile[5],[6].
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Une série d'expéditions terrestres européennes à travers l'Eurasie à la fin du Moyen Âge constitue le prélude aux grandes découvertes[7]. Les Mongols, après avoir envahi une grande partie de l'Asie et menacé l'Europe, unifient une bonne partie de l'Eurasie et la Pax Mongolica garantit l'existence de routes de commerce sûres entre le Moyen-Orient et la Chine[8],[9]. Plusieurs Européens en profitent pour explorer l'Orient: La plupart sont Italiens car le commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient est contrôlé par les républiques maritimes comme Venise.
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Des ambassadeurs chrétiens sont envoyés jusqu'à Karakorum dans l'actuelle Mongolie. Parmi eux, on peut citer Jean de Plan Carpin, envoyé par le pape Innocent IV à la cour du Grand Khan de 1241 à 1247[8]. Au même moment, Iaroslav II Vladimirski et ses fils André II Vladimirski et Alexandre Nevski se rendent à Karakorum mais ne laissent aucun récit détaillé. D'autres voyageurs comme le Français André de Longjumeau (en 1245 et 1249) et le Flamand Guillaume de Rubrouck traversent l'Asie centrale jusqu'en Chine[10]. Marco Polo relate dans le Devisement du monde, le récit détaillé de ses voyages en Asie entre 1271 et 1295 en tant qu'hôte de la dynastie Yuan de Kubilai Khan[11].
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En 1291, les deux frères marchands Vandino et Ugolino Vivaldi partent de Gênes avec deux galères pour explorer l'Atlantique mais disparaissent le long de la côte marocaine, ce qui alimente les craintes sur la navigation dans l'Atlantique[12]. De 1325 à 1354, un érudit marocain Ibn Battûta réalise un impressionnant voyage qui l’amène de Tombouctou au sud à Bulghar (en actuelle Russie, sur la Volga) au nord et de Tanger à l’ouest à Quanzhou en Extrême-Orient. Ses récits sont compilés par Ibn Juzayy en un livre appelé Rihla (voyage). À partir de 1357, un livre retraçant les voyages supposés de Jean de Mandeville, le Livre des merveilles du monde, connaît un important succès malgré ses descriptions souvent fantastiques et douteuses.
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En 1400, une traduction latine de la Géographie de Ptolémée atteint l'Italie depuis Constantinople. La redécouverte des connaissances antiques permet aux cartographes de l'époque d'améliorer leur compréhension du monde. En 1439, Nicolò de' Conti publie un récit de ses voyages en Asie du Sud-Est et Athanase Nikitine fait de même pour l'Inde en 1472.
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Ces périples terrestres ont peu d'effets immédiats. L'Empire mongol s'effondre presque aussi vite qu'il était apparu et la route vers l'est devient beaucoup plus dangereuse. La peste noire du XIVe siècle ralentit le commerce terrestre tout comme la montée en puissance de l'Empire ottoman et force les Européens à chercher de nouvelles routes commerciales.
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En 1368, après le renversement de la dynastie Yuan, les Mongols perdent la plupart de la Chine au profit de la dynastie Ming. Les Chinois établissent des relations commerciales maritimes jusqu'en Arabie depuis la dynastie Tang (618-907). Entre 1405 et 1421, le troisième empereur Ming Yongle encourage une série de voyages lointains dans l'océan Indien sous le commandement de l'amiral Zheng He[13]. À la différence des futurs voyages européens, ces expéditions ont un caractère essentiellement diplomatique.
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Une large flotte de jonques est préparée pour ces voyages dont certaines mesurent plus de 60 mètres de longueur et des milliers de marins sont embarqués. Au moins sept expéditions sont lancées à partir de 1405, chacune étant plus ambitieuse que la précédente. Les flottes visitent l'Arabie, l'Afrique orientale, l'Inde, l'Insulinde et le Siam[14]. Zheng He offre des présents en or, en argent, en porcelaine et en soie et reçoit en échange des animaux exotiques comme des girafes, des autruches ou de l'ivoire[15],[16]. Cependant, la mort de l'empereur en 1433 entraîne l'arrêt brutal de ces expéditions très coûteuses pour le pouvoir. La Chine entre dans une période d'isolationnisme connue sous le nom d'haijin.
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Du XIIIe au XVe siècle, les républiques maritimes italiennes possèdent le monopole du commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient. Le commerce de la soie, des épices et de l'encens rend ces cités extraordinairement prospères et riches. Les épices sont parmi les produits les plus rares et les plus chers du Moyen Âge et se trouvent utilisés pour la médecine médiévale. Les épices — importées d'Asie et d'Afrique — sont à ce point importantes dans le concept médiéval de la théorie des humeurs que peu après la mise en place de routes de commerce maritimes, des apothicaires et des médecins comme Tomé Pires[17] ou Garcia de Orta envoyés en Inde pour étudier les espèces d'épices, rapportent leurs découvertes dans le Suma oriental[18] et dans les Colóquios dos simples e drogas da Índia. D'autres débouchés sont les rituels religieux, la cosmétique, la parfumerie et comme additif ou conservateur alimentaire[19].
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Les marins musulmans basés au Yémen et à Oman qui dominent les routes maritimes dans tout l'océan Indien, achètent les épices en Asie du Sud-Est et les transfèrent dans les riches villes marchandes de l'Inde comme Kozhikode (Calicut) puis jusque dans le golfe Persique et la mer Rouge. À partir de là, les épices sont transportées par terre jusqu'aux côtes méditerranéennes. Les marchands, principalement vénitiens, redistribuent ensuite ces produits dans toute l'Europe. Cependant, la montée en puissance de l'Empire ottoman et la chute de Constantinople en 1453 induisent une forte hausse des taxes qui prive les Européens d'importantes routes commerciales.
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Les Européens sont donc contraints de trouver de nouvelles voies d'approvisionnement. D'autant plus qu'ils souffrent d'un déficit grandissant en or et en argent[20] car les pièces utilisées pour acheter les épices et la soie affluent hors du continent pour l'Orient. La plupart des mines européennes s'épuisent ou deviennent inexploitables, compte tenu de la technologie disponible. Le manque de métaux précieux mène à la création d'un complexe système bancaire destiné à gérer les risques du commerce : la première banque véritable, l'Office de Saint Georges est fondée en 1407 à Gênes.
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Pour leurs premières expéditions, les Européens utilisent la boussole. Cependant, les progrès de la cartographie et de l'astronomie entraînent l'apparition de l'astrolabe, du quadrant plus précis, et de la navigation astronomique. Les navigateurs restent à proximité des côtes et pratiquent le cabotage, guidés par des portulans, cartes qui indiquent les routes les plus sûres et les dangers de la navigation. Ainsi, les marins partent d'un point connu et se dirigent avec leur boussole, en s'aidant des indications des portulans pour trouver leur route[21]. On doit ainsi aux Portugais, à la charnière des XVe et XVIe siècles, la mise au point du premier système de navigation universelle avec l'utilisation maritime des portulans et de la détermination de la latitude par la hauteur de l'étoile polaire et du soleil méridien[22].
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En 1297, après la fin de la Reconquista portugaise, le roi Denis Ier de Portugal s'intéresse personnellement au commerce et signe en 1317 un accord avec le marchand génois Manuel Pessanha, faisant de lui le premier amiral de la marine portugaise avec pour mission de défendre le pays contre les pirates musulmans[23]. L'épidémie de peste noire entraîne une sévère perte de population dans la seconde moitié du XIVe siècle et la plus grande partie de la population se tourne vers la mer pour pêcher et commercer le long des côtes[24]. Entre 1325 et 1357, le roi Alphonse IV de Portugal encourage le commerce maritime et lance les premières expéditions[25]. Les îles Canaries, connues depuis l'Antiquité, sont revendiquées à la fois par le Portugal et la Castille[26],[27]. En 1415, le Portugal s'empare de la ville de Ceuta dans le but de contrôler la navigation sur les côtes africaines. Le jeune prince Henri participe à l'attaque et réalise la richesse apportée par le commerce transsaharien. Depuis des siècles, les routes commerciales arabes lient la côte méditerranéenne à l'Afrique de l'Ouest à travers le Sahara. Les Africains fournissent des esclaves et de l'or en échange de sel et de produits manufacturés.
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Henri veut savoir jusqu'où s'étend la domination musulmane en Afrique pour pouvoir commercer par mer directement avec l'Afrique de l'Ouest[28], il cherche également à trouver le légendaire royaume chrétien du prêtre Jean pour pouvoir prendre les musulmans à revers[29] et une route maritime vers les Indes orientales pour participer au très profitable commerce des épices. Il crée un groupe de marchands, d'armateurs, de cartographes et d'investisseurs dans la forteresse de Sagres dans le but d'organiser des expéditions le long des côtes africaines jusqu'en Mauritanie. Il reçoit ainsi son surnom d'Henri le Navigateur. Madère est ainsi atteinte en 1419 et les Açores en 1427. Les portugais en prennent possession et les colonisent très rapidement.
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À cette époque, les cartes européennes s'arrêtent au cap Chaunar sur la côte africaine et personne ne sait s'il est possible de revenir de la mer des Ténèbres qui se trouve au-delà[30]. Malgré les mythes avertissant de la présence de monstres marins, le cap est franchi en 1421 et en 1434, Gil Eanes dépasse le dangereux cap Bojador mettant fin aux vieilles légendes.
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L'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle représente une avancée majeure : elle est capable de remonter le vent mieux que n'importe quel autre navire de l'époque[31]. Issues des bateaux de pêches, elles sont les premiers navires à pouvoir naviguer en haute-mer à distance des récifs côtiers. La diffusion des éphémérides permet la navigation astronomique et l'orientation en pleine mer sans repère terrestre. Ces tables révolutionnent la navigation en permettant de calculer la latitude. Le calcul de la longitude demeure cependant aléatoire[32],[33]. Ainsi, l'exploration peut continuer progressant d'environ un degré par an[34]. L'actuel Sénégal et la presqu'île du Cap-Vert sont atteints en 1444 par Dinis Dias. Un an plus tard António Fernandes avance jusqu'à l'actuelle Sierra Leone.
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La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 représente un choc pour la chrétienté et ralentit fortement le commerce avec l'Orient. En 1455, le pape Nicolas V rédige la bulle Romanus pontifex, qui renforce la précédente Dum Diversas de 1452, qui accordait toutes les terres découvertes au-delà du cap Bojador au roi Alphonse V de Portugal et à ses successeurs et autorisait l'asservissement des païens de ces régions[35]. Le roi commande alors une carte à des experts génois pour trouver une route vers l'Asie. Ceux-ci livrent la carte de Fra Mauro, probablement inspirée de la carte Kangnido d'origine chinoise, à Lisbonne en 1459[36].
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En 1456, Diogo Gomes atteint l'archipel du Cap-Vert. Dans la décennie qui suit, les capitaines vénitien Alvise Cadamosto et génois António Noli au service du roi Henri fondent la ville de Cidade Velha, première ville européenne sous les tropiques.
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Le prince Henri meurt en novembre 1460. Les faibles revenus issus des explorations font que le marchand Fernão Gomes reçoit en 1469 le monopole du commerce dans le golfe de Guinée en échange de quoi il est tenu d'explorer 100 miles par an durant cinq ans[37]. Avec son soutien, les navigateurs João de Santarém, Pedro Escobar, Lopo Gonçalves, Fernando Póo et Pêro de Sintra vont plus loin que ce qui avait été convenu. Ils atteignent l'hémisphère Sud et les îles du golfe de Guinée dont Sao Tomé-et-Principe et explorent la côte de l'actuel Ghana en 1471. Dans l'hémisphère sud, les marins découvrent la Croix du sud comme point de référence pour la navigation astronomique.
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En 1481, le nouveau roi Jean II de Portugal décide d'implanter le comptoir d'Elmina au Ghana pour exploiter les alluvions chargées d'or. En 1482, le fleuve Congo est exploré par Diogo Cão[38] qui en 1486 atteint le Cape Cross dans l'actuelle Namibie.
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L'avancée suivante est capitale. En 1488, Bartolomeu Dias franchit la pointe sud de l'Afrique qu'il nomme le « cap des Tempêtes » (Cabo das Tormentas) et continue jusqu'à l'actuel Port Elizabeth prouvant que l'océan Indien est accessible par l'Atlantique. Simultanément Pêro da Covilhã est envoyé secrètement par terre jusqu'en Éthiopie où il acquiert des informations sur la mer Rouge et la côte orientale de l'Afrique laissant supposer que la route des Indes est ouverte[39]. Le Cap des tempêtes est rapidement renommé « cap de Bonne-Espérance » (Cabo da Boa Esperança) par le roi Jean II à cause de l'espoir suscité par la possibilité d'une route vers l'Inde.
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Le voisin et rival du Portugal, la Castille avait commencé à s'implanter dans les îles Canaries au large de la côte africaine en 1402 mais avait été détourné par des problèmes internes et la poursuite de la guerre avec les musulmans durant la plus grande partie du XVe siècle. L'achèvement de la Reconquista et l'union des royaumes de Castille et d'Aragon à la fin du XVe siècle permettent à l'Espagne de se consacrer à la recherche de nouvelles voies maritimes. La Couronne d'Aragon est un important potentat maritime en Méditerranée contrôlant des territoires dans l'Est de l'Espagne, le Sud de la France, la Sardaigne, la Sicile, Malte et le Royaume de Naples et des possessions jusqu'en Grèce. En 1492, les monarques catholiques envahissent le Royaume Maure de Grenade et décident de financer l'expédition de Christophe Colomb dans l'espoir de contourner le monopole portugais sur les routes maritimes le long de l'Afrique en atteignant les « Indes » (Est et Sud de l'Asie) par l'Ouest[40]. Par deux fois, en 1485 et 1488, le projet de Colomb avait été refusé par le Portugal.
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Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos de la Frontera avec trois navires, une caraque, la Santa Maria et deux caravelles, La Pinta et La Niña. Colomb fait d'abord escale aux Canaries où il se réapprovisionne et avance dans l'Atlantique dans ce qui sera nommé la mer des Sargasses.
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L'expédition atteint les Bahamas le 12 octobre 1492 et Colomb pense avoir atteint les Indes occidentales. Il explore ensuite la côte Nord de Cuba et celle d'Hispaniola. Il est reçu par le cacique Guacanagari qui lui donne la permission de laisser quelques hommes derrière lui. Il fonde La Navidad dans l'actuel Haïti et y laisse 39 hommes[41]. Avant de repartir, il enlève une vingtaine d'autochtones dont seuls sept ou huit arrivèrent vivants en Espagne où ils firent forte impression à la cour du roi[42]. Il arrive à son port d'attache le 15 mars 1493 et la nouvelle de la découverte de nouvelles terres à l'ouest se répand rapidement en Europe[43].
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Colomb et les autres explorateurs espagnols sont initialement déçus par leurs découvertes. À la différence de l'Asie et de l'Afrique, les habitants des Caraïbes ont peu de choses à échanger avec les navires espagnols. Il faudra attendre l'exploration du continent pour que les richesses attendues ne soient découvertes.
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Après la découverte des « Indes occidentales », une répartition des zones d'influences devient nécessaire pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal[44]. Deux mois après le retour de Colomb, le pape Alexandre VI publie la bulle Inter caetera statuant que toutes les terres situées à l'ouest d'une ligne passant à 100 lieues des Açores appartenaient à l'Espagne. Il n'est cependant pas dit si les terres à l'est reviennent au Portugal. Le roi Jean II de Portugal n'est pas satisfait d'autant qu'une autre bulle donne à l'Espagne la souveraineté sur l'Inde même si celle-ci se trouve à l'est de ce méridien. Il négocie donc directement avec les monarques espagnols[45]. Un accord est trouvé en 1494 avec le traité de Tordesillas qui « divise » le monde entre les deux puissances. Dans ce traité, les Portugais reçoivent toutes les terres se trouvant à l'Est d'une ligne passant à 370 lieues des îles du Cap-Vert et les Espagnols toutes les terres à l'Ouest. Les autres puissances maritimes européennes (France, Angleterre, Pays-Bas…) se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres et ne peuvent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde.
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Très peu de choses étaient connues sur les territoires à l'ouest du méridien de Tordesillas. Peu après le premier voyage de Christophe Colomb, un grand nombre d'explorateurs se lancent à la découverte de ces nouvelles terres. Jean Cabot, un marin italien soutenu par le roi Henri VII d'Angleterre quitte Bristol en 1497. Probablement financé par la Society of Merchant Venturers, Cabot traverse l'Atlantique par le Nord dans l'espoir de trouver une route plus rapide vers les « Indes occidentales »[46] et arrive quelque part en Amérique du Nord, probablement à Terre-Neuve.
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En 1499, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos, financés par le roi du Portugal, découvrent le Labrador. Au même moment, les frères Gaspar et Miguel Corte-Real explorent les côtes du Groenland et de Terre-Neuve[47]. Les deux explorations sont mentionnées sur le planisphère de Cantino de 1502.
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En 1497, le nouveau roi Manuel Ier de Portugal envoie une flotte d'exploration vers l'Est menée par Vasco de Gama pour achever le projet de ses prédécesseurs de trouver une route vers l'Inde. En juillet 1499, ce dernier revient à Lisbonne avec un important chargement d'épices et la nouvelle selon laquelle les Portugais ont atteint l'Inde se répand rapidement en Europe[48]. Alors que Colomb organise deux nouveaux voyages vers l'Amérique centrale, une seconde expédition portugaise est assemblée pour partir en Inde. La flotte de treize navires et 1 500 hommes quitte Lisbonne le 9 mars 1500. Le commandant est Pedro Álvares Cabral et il est accompagné par les marins Bartolomeu Dias, Nicolau Coelho et le notaire Pero Vaz de Caminha. Pour éviter les eaux sans vent du golfe de Guinée, la flotte s'oriente vers le sud-ouest. Le 21 avril, une montagne apparaît à l'horizon et est nommé Monte Pascoal ; le 22 avril, la flotte accoste sur la côte du Brésil et trois jours plus tard, elle jette l'ancre dans une baie nommée Porto Seguro. Cabral soupçonne que cette nouvelle terre se trouve à l'est du méridien de Tordesillas et renvoie un navire vers le Portugal avec l'importante nouvelle. Pensant avoir découvert une île, Cabral nomme cette terre Ilha de Vera Cruz (île de la Vraie Croix). Certains historiens soutiennent que les Portugais connaissaient l'existence du saillant sud-américain auparavant d'où l'insistance du roi Jean II pour déplacer le méridien de Tordesillas vers l'Ouest[49].
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À l'invitation du roi Manuel Ier de Portugal, Amerigo Vespucci[50], Florentin travaillant à Séville pour la banque des Medicis, organise deux expéditions vers la Guyane avec Juan de la Cosa[51]. Voyages rendus célèbres par la publication entre 1502 et 1504 de trois lettres qui lui sont attribuées. Pour les Européens, il devient de plus en plus clair que Colomb n'a pas atteint l'Asie mais plutôt un Nouveau Monde, l'Amérique ainsi nommée en 1507, à Saint-Dié-des-Vosges, par les cartographes lorrains Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann. Probablement en référence à Amerigo Vespucci premier Européen à avoir suggéré que ces terres ne sont pas l'Asie mais bien un « Nouveau Monde »[52]. Le Mundus novus, titre latin d'un document basé sur les lettres de Vespucci à Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis connait un grand succès en Europe[53].
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Protégées de la compétition directe avec l'Espagne grâce au traité de Tordesillas, les expéditions portugaises vers l'Est avancent rapidement. Par deux fois, en 1485 et 1488, le Portugal refuse officiellement l'idée de Christophe Colomb de rallier les Indes en naviguant vers l'Ouest. Les experts du roi Jean II de Portugal pensent en effet que les estimations de distance fournies par Colomb (3 800 km) sont sous-évaluées[54]. De plus, Bartolomeu Dias — parti en 1487 avec l'objectif de dépasser la pointe Sud de l'Afrique — et les experts pensent que voyager vers l'Est serait bien plus court. Le franchissement du cap de Bonne-Espérance en 1488 et le voyage de Pêro da Covilhã en Éthiopie par la terre indiquent que les richesses de l'océan Indien sont accessibles depuis l'Atlantique.
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Sous l'impulsion du nouveau roi Manuel Ier de Portugal, une petite flotte d'exploration composée de quatre navires et de 170 hommes quitte le port de Lisbonne en juillet 1497 sous le commandement de Vasco de Gama. En décembre, la flottille dépasse le point où Dias avait fait demi-tour et entre dans des eaux inconnues. Le 20 mai 1498, ils arrivent à Calicut. Cependant Gama est handicapé par le manque de marchandises précieuses lui permettant d'acheter les produits rares qu'il convoite. Deux ans après leur départ, Gama et 55 hommes reviennent victorieusement au Portugal comme les premiers marins à avoir navigué directement d'Europe en Inde.
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En 1500, une seconde flotte bien plus imposante de treize navires et 1 500 hommes est envoyée en Inde. Sous le commandement de Pedro Álvares Cabral, elle découvre la côte brésilienne puis dans l'océan Indien, un des navires atteint Madagascar (1501) qui sera partiellement explorée par Tristan da Cunha en 1507. L'île Maurice est découverte en 1507 et Socotra est occupée en 1506. La même année, Lourenço de Almeida débarque au Sri Lanka, l'île nommée « Taprobane » par les Grecs et les Romains. Les premiers comptoirs sont établis à Kochi et à Calicut en 1501 puis à Goa en 1510.
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En 1511, Afonso de Albuquerque conquiert Malacca alors pivot du commerce en Asie et lance plusieurs missions diplomatiques à l'est : Duarte Fernandes est ainsi le premier Européen à être reçu à la cour du Royaume du Siam. Il découvre l'emplacement des fameuses « îles aux épices », les Moluques, alors seule zone de production de la muscade et du clou de girofle et y envoie une expédition menée par Antonio de Abreu où ils sont les premiers Européens en 1512[55]. Les Portugais installent un comptoir fortifié sur l'île de Ternate, le fort de São João Baptista de Ternate marquant ainsi leur présence en Insulinde.
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En mai 1513, Jorge Álvares atteint la Chine : il est le premier à accoster dans le delta de la rivière des Perles. Rafael Perestrelo, un cousin du célèbre Christophe Colomb est le premier à explorer la côte Sud de la Chine et à commercer à Guangzhou[56],[57]. Fernão Pires de Andrade visite la ville en 1517 et y établit un comptoir commercial. En 1557, les Portugais reçoivent l'autorisation d'occuper Macao.
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Pour renforcer le monopole sur le commerce dans l'océan Indien, Ormuz dans le golfe Persique est envahi par Afonso de Albuquerque en 1507 qui établit des relations diplomatiques avec la Perse. En 1513, en tentant de conquérir Aden, une expédition franchit le détroit de Bab-el-Mandeb et pénètre en mer Rouge. En 1521, une force menée par António Correia envahit Bahreïn annonçant une domination portugaise de 80 ans sur le golfe Persique[58]. En mer Rouge, Massaoua est le point le plus septentrional atteint par les Portugais jusqu'en 1541, lorsqu'une flotte atteint Suez.
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En 1513, à environ 70 km au sud d'Acandí, dans l'actuelle Colombie, l'Espagnol Vasco Núñez de Balboa est informé des nouvelles inattendues qui évoquent une « autre mer » riche en or. Ce qu'il note avec grand intérêt[59]. Avec peu de ressources et utilisant les informations données par les caciques, il traverse l'isthme de Panama avec 190 soldats, quelques guides locaux et une poignée de chiens. Utilisant un petit brigantin et une dizaine de canoës, ils longent la côte et accostent à l'embouchure du Río Chuchunaque. Le 6 septembre, l'expédition est renforcée par 1 000 hommes qui doivent lutter contre les Indiens Kuna avant d'atteindre les montagnes d'où l'on peut voir l'« autre mer ». Première vision d'un Européen de l'océan Pacifique depuis le Nouveau Monde. L'expédition descend ensuite la chaîne de montagne et navigue jusqu'à la baie de San Miguel. L'objectif principal de Balboa est la recherche d'or mais il découvre un groupe d'îles qu'il nomme l'archipel des perles, nom qu'il porte encore. En 1516, Juan Díaz de Solís navigue jusqu'au Rio de la Plata, dans l'actuelle Argentine, et meurt en tentant de trouver un passage vers le Pacifique par le sud.
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Dans le même temps, les Portugais présents en Asie du Sud-Est font les premières descriptions du Pacifique occidental en dépassant Bornéo et en atteignant Luçon dans les Philippines actuelles[60].
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Depuis 1516, de nombreux Portugais opposés au roi Manuel Ier de Portugal se rassemblent à Séville et entrent au service du roi nouvellement couronné Charles Ier d'Espagne (Charles Quint). Parmi eux se trouvent les explorateurs Diogo and Duarte Barbosa, Estevão Gomes, João Serrão et Fernand de Magellan, les cartographes Jorge Reinel et Diego Ribero et le marchand flamand Christopher de Haro. Fernand de Magellan qui avait navigué en Inde pour le compte du Portugal jusqu'en 1513 lorsque les Moluques sont découvertes et qui garde le contact avec Francisco Serrão qui y vivait[66],[67], développe l'idée que ces îles se trouvent dans l'hémisphère dévolu à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. Conscient des efforts espagnols pour trouver une route vers l'Inde en passant par l'est, Magellan leur présente un plan pour y arriver.
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Afin de convaincre le souverain espagnol de soutenir l’expédition, Magellan lui fait remettre, en septembre 1519[68], un mémoire (Lembrança geográfica) dont l’interprétation géographique, par José Manuel Garcia (historien)[69], conteste l’idée reçue selon laquelle Magellan ignorait tout de l’immensité de l’océan Pacifique[70], aboutissant ainsi aux mêmes conclusions que les travaux de Xavier de Castro (nom de plume de Michel Chandeigne[71]), Jocelyn Hamon et Luís Filipe Thomaz sur la question[72] [73] [74].
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Cette interprétation des différents calculs présentés par Magellan dans ce mémoire géographique laissent effectivement présager un très vaste océan entre le sud du continent américain et l’objectif premier de cette expédition maritime : l’archipel des Moluques (en Indonésie actuelle), ces légendaires « îles aux épices », alors productrices exclusives du clou de girofle[75] [76] [77] [78] [79].
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Magellan place ainsi les Moluques à environ 4° à l’est du domaine espagnol délimité par la démarcation extrême-orientale – hypothétique – du méridien né du traité de Tordesillas (1494), alors que cet archipel se situe, en réalité, à 5° à l’ouest (et donc dans le domaine portugais) : une erreur d’autant plus faible qu’il était alors impossible de mesurer avec exactitude les longitudes, et que l’emplacement de l’archipel moluquois ne put être mesuré précisément que deux ou trois siècles plus tard[80].
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Autre argument venant étayer cette interprétation, les conceptions géographiques évoquées dans le Lembrança geográfica de Magellan se retrouvent sur une carte maritime anonyme de 1519, document attribué au cartographe portugais Jorge Reinel qui, avec son père Pedro Reinel également cartographe, avait rejoint Magellan à Séville[81] [82].
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Dès lors, il ne peut être exclu que cette carte était identique aux deux planisphères saisis par les Portugais sur la Trinidad (nef amirale de la flotte) le 28 octobre 1522[83] [84], ou encore semblable au globe peint que, selon le chroniqueur espagnol Bartolomé de Las Casas, Magellan et le cosmographe Rui Faleiro auraient présenté au jeune Charles 1er des Espagnes (futur Charles Quint; empereur du Saint-Empire romain germanique), fin février ou début mars 1518 à Valladolid[85] [86] [87], entrevue royale couronnée de succès puisque le souverain espagnol décida d’avaliser le projet d’expédition vers les Moluques[88].
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Le roi d'Espagne et Christopher de Haro financent donc l'expédition de Magellan. Celle-ci est composée de cinq navires : le navire amiral et caravelle Trinidad et quatre caraques le San Antonio, la Concepcion, le Santiago et la Victoria ainsi que de 237 hommes de différentes nationalités. La flotte quitte Séville le 10 août 1519 avec l'objectif de rallier les Moluques en naviguant vers l'ouest pour les incorporer dans la zone d'influence espagnole[89].
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La flotte navigue toujours plus vers le sud en évitant les territoires portugais du Brésil et touche la première la Terre de Feu à l'extrémité sud des Amériques. Le 21 octobre 1520, partant du cap Virgenes elle entame un périlleux voyage à travers les 600 km du détroit que Magellan nomme « détroit de tous les saints », le moderne détroit de Magellan. Le 28 novembre, trois navires entrent dans le Pacifique, ainsi nommé à cause de son apparente tranquillité[90]. L'expédition parvient à traverser le Pacifique, en ne croisant que les îles Infortunées, deux atolls inhabités et atteint les Philippines en mars 1521. Magellan est tué lors de la bataille de Mactan et c'est son second Juan Sebastián Elcano qui prend le commandement de l'expédition qui atteint les Moluques en novembre 1521. Le 6 septembre 1522, la Victoria est le premier navire (et seul rescapé) à réaliser la circumnavigation du monde avec seulement 18 hommes d'équipage. 17 autres arriveront plus tard, 13 capturés par les Portugais au Cap-Vert quelques semaines plus tôt et 5 survivants du Trinidad qui avaient été faits prisonniers par les Portugais en Indonésie. Antonio Pigafetta, un érudit vénitien et assistant de Magellan tint un journal de bord qui reste la source principale d'information sur le voyage.
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Cette circumnavigation apporte à l'Espagne une connaissance précieuse du monde et de ses océans qui conduit à son installation aux Philippines. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une alternative réaliste à la route portugaise autour de l'Afrique[91] (le détroit de Magellan est trop éloigné et la traversée du Pacifique est trop longue depuis l'Espagne), plusieurs expéditions espagnoles utilisent cette voie pour naviguer depuis la côte mexicaine jusqu'aux Philippines. La seconde circumnavigation, par l'Anglais Francis Drake, n'aura lieu qu'entre 1577 et 1580.
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Peu après l'expédition de Magellan, les Portugais se dépêchent d'agrandir leur fort sur l'île de Ternate[92]. En 1525, Charles Ier d'Espagne envoie une nouvelle expédition pour coloniser les Moluques qu'il revendique comme faisant partie de la zone dévolue à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. La flotte de sept navires et 450 hommes est menée par García Jofre de Loaísa et compte parmi les plus brillants navigateurs espagnols dont Loaísa et Juan Sebastián Elcano qui meurent de maladie et le jeune Andrés de Urdaneta. Près du détroit de Magellan, un des navires est poussé par une tempête au-delà du 56e parallèle sud et le cap Horn est franchi pour la première fois. L'expédition atteint les Moluques avec de grandes difficultés et accoste à Tidore[92]. Le conflit avec les Portugais établis sur l'île voisine devient inévitable et une décennie d'escarmouches commence[94],[95].
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Comme aucun accord ne prévoyait de limite orientale à la séparation de Tordesillas, les deux royaumes se concertent pour régler le problème. De 1524 à 1529, les experts Portugais et Espagnols se rassemblent à Elvas-Bajadoz sur la frontière entre les deux pays pour déterminer la position exacte de l'antiméridien prolongeant celui de Tordesillas qui divise le monde en deux hémisphères de taille égale. Malgré le talent des scientifiques, les connaissances de l'époque sont insuffisantes pour donner une estimation exacte de la longitude et chaque groupe revendique la souveraineté des îles. Le problème est finalement réglé en 1529 après une longue négociation par le traité de Saragosse qui attribue les Moluques au Portugal et les Philippines à l'Espagne[96]. Des calculs ultérieurs montreront que les deux archipels se trouvent en fait en territoire portugais.
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Entre 1525 et 1528, le Portugal envoie plusieurs expéditions dans les Moluques. Gomes de Sequeira (pt) et Diogo da Rocha sont envoyés au nord par le gouverneur de Ternate, Jorge de Meneses et sont les premiers Européens à atteindre les Îles Carolines qu'ils nomment « îles de Sequeira »[97]. En 1526, Meneses accoste sur l'île de Waigeo en Nouvelle-Guinée. À partir de là, des historiens menés par l'Australien Kenneth McIntyre proposent une théorie selon laquelle les Portugais et en particulier Cristóvão de Mendonça seraient les premiers Européens à avoir atteint l'Australie.
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En 1527, l'Espagnol Hernán Cortés organise une flotte pour découvrir de nouvelles terres dans la « mer du Sud » (l'océan Pacifique) et demande à son cousin Alvaro de Saavedra de la commander. Le 31 octobre 1527, Saavedra quitte la Nouvelle-Espagne (Mexique) et arrive en Nouvelle-Guinée. Un des navires atteint les Moluques en octobre 1528. Dans une tentative pour rejoindre la Nouvelle-Espagne, il est repoussé par les alizés venant du Nord-Est. Dans une nouvelle tentative, il découvre les îles de l'Amirauté et les îles Marshall mais ne parvient toujours pas à aller contre les alizés. La route entre les Philippines et le Mexique fut finalement découverte en 1565 par Andrés de Urdaneta[98].
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Des rumeurs d'îles inconnues au nord-ouest d'Hispaniola arrivent en Espagne et convainquent le roi Ferdinand II d'Aragon d'organiser de nouvelles explorations dans la zone. Tandis que les Portugais réalisent d'énormes bénéfices dans l'océan Indien, les Espagnols entreprennent d'explorer l'intérieur des terres pour découvrir de l'or et des ressources précieuses. Les membres de ces expéditions, les Conquistadores sont généralement des nobles peu fortunés d'Espagne, individualistes, mercenaires dans l'âme qui entendent s'enrichir dans les « Indes » alors qu'ils n'y parvenaient en Europe. Ils s'équipent à leurs propres frais en échange d'une part des profits. Leur organisation ressemble plus à celle d'une milice qu'à celle d'une véritable armée professionnelle[99].
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Dans les Amériques, les Espagnols découvrent de puissants empires aussi vastes et peuplés que ceux d'Europe. La capitale de l'Empire aztèque, Tenochtitlan compte plus de 200 000 habitants. Pourtant, avec des troupes bien inférieures en nombre à celles des empires auxquels ils s'attaquent, les conquistadores parviennent à soumettre et à éliminer les plus puissants souverains, aidés par une supériorité technologique certaine, une détermination sans faille, des circonstances politiques exceptionnellement favorables et par la propagation de nombreuses maladies apportées par les Européens, qui déciment les habitants du Nouveau Monde pour qui elles sont complètement nouvelles (variole, grippe, typhus…). Une fois sa souveraineté établie, l'Espagne peut se concentrer sur l'extraction et l'exportation de l'or et de l'argent.
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En 1512, pour récompenser Juan Ponce de León d'avoir exploré Porto Rico en 1508, le roi Ferdinand II lui demande de chercher de nouvelles terres dont il pourrait devenir le gouverneur[100]. Avec trois navires et 200 hommes, León quitte Porto Rico en mars 1513 et arrive en Floride en avril. Il poursuit son voyage vers le nord et rencontre un puissant courant qui le ramène en arrière : première rencontre avec le Gulf Stream qui devient la principale route maritime de l'Amérique centrale vers l'Europe[101].
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En 1517, le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez de Cuéllar organise une flotte sous le commandement de Francisco Hernández de Córdoba pour explorer la péninsule du Yucatán. Cependant, une fois à terre, l'expédition est massacrée par les Mayas et seule une partie de l'équipage parvient à rentrer à Cuba. Velázquez organise alors une nouvelle expédition menée par son neveu, Juan de Grijalva, qui longe les côtes de l'État de Tabasco et découvre l'Empire aztèque. En 1518, Velázquez donne à Hernán Cortés le commandement d'une expédition destinée à sécuriser l'intérieur des terres du Mexique mais craignant que le gouverneur n'annule la mission, Cortés quitte Cuba en février 1519 dans un acte de mutinerie. Avec 11 navires, 500 hommes, 13 chevaux et quelques canons, il accoste sur la côte du Yucatán dans le territoire maya[102] qu'il revendique au nom de la couronne d'Espagne. Il remporte une victoire sur les indigènes et capture La Malinche qui deviendra sa maîtresse. Celle-ci parle le nahuatl (la langue aztèque) et le maya et connaît parfaitement les coutumes amérindiennes ce qui fait d'elle une interprète et une conseillère de très grande valeur. Grâce à elle, Cortés découvre la richesse de l'Empire aztèque.
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En juillet, il fonde Veracruz sur la côte mexicaine qui devient le principal port sur l'Atlantique de la Nouvelle-Espagne. Cortés demande à plusieurs reprises à rencontrer l'empereur Aztèque Moctezuma II qui refuse à chaque fois. En octobre, Cortés marche vers la capitale Tenochtitlan et noue des alliances avec les tribus locales mécontentes de la domination aztèque. Soutenu par 3 000 Tlaxcaltèques, il entre dans Cholula, la deuxième plus grande ville de l'Empire. Soupçonnant une possible traîtrise des Aztèques, Cortès lance une attaque préventive et massacre plusieurs dizaines de milliers de personnes avant d'incendier la cité.
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Arrivant à Tenochtitlan le 8 novembre avec une puissante armée, Cortès est reçu avec tous les égards par Moctezuma II qui sans doute espérait mieux le connaître pour ensuite pouvoir l'écraser[102]. L'empereur leur offre des cadeaux somptueux ce qui conforte les Espagnols dans l'idée que les Aztèques possèdent des quantités colossales d'or et mécontente la noblesse aztèque qui se méfie des Espagnols. Dans ses lettres à Charles V, Cortés raconte qu'il est considéré par les Aztèques comme un émissaire du dieu Quetzalcóatl ou Quetzalcóatl lui-même[103]. Cependant, il apprend que des chefs mexicains ont attaqué Veracruz et il décide de prendre en otage Moctezuma II.
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Dans le même temps, Velázquez lance une nouvelle expédition menée par Pánfilo de Narváez pour punir Cortés[102]. Ce dernier laisse 200 hommes à Tenochtitlan et quitte la ville avec le reste de son armée pour affronter Narváez. Il sort victorieux de la bataille et convainc les vaincus de se joindre à lui. Cependant, craignant une révolte, l'un des lieutenants de Cortés à Tenochtitlan profite d'une fête aztèque pour massacrer l'aristocratie ce qui déclenche un soulèvement de la population. Cortès revient rapidement dans la ville et tente d'obtenir le soutien de Moctezuma II mais l'empereur est mort, probablement tué par ses sujets en colère contre sa trahison[104]. Lors de la Noche Triste, les Espagnols parviennent à quitter la ville au prix de lourdes pertes[102]. Après leur victoire inespérée lors de la bataille d'Otumba, les Espagnols arrivent à Tlaxcala[102]. Profitant du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques, Cortès peut repartir à l'assaut de Tenochtitlan qui tombe le 13 août 1521. Le dernier empereur Cuauhtémoc est capturé, torturé et exécuté en février 1525 mettant fin à l'Empire aztèque. La ville de Tenochtitlan devint Mexico, la capitale de la Vice-Royauté de Nouvelle-Espagne.
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Une première tentative d'exploration de l'Ouest de l'Amérique du Sud est organisée par Pascual de Andagoya. Les indigènes lui ont parlé d'un territoire riche en or appelé « Pirú ». Ayant atteint le Río San Juan, Andagoya tombe malade et doit retourner au Panama, où il parle du « Pirú » comme étant le légendaire Eldorado. Cela ajouté aux succès d'Hernán Cortés retient l'attention de Pizarro.
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Francisco Pizarro avait accompagné Balboa dans sa traversée de l'isthme de Panama. En 1524, il forme un partenariat avec le prêtre Hernando de Luque et le soldat Diego de Almagro pour explorer le sud, s'accordant pour partager les profits. En septembre 1524, la première des trois expéditions part pour conquérir le Pérou avec 80 hommes et 40 chevaux. C'est un désastre : Pizarro ne dépasse même pas la Colombie et doit reculer à cause du mauvais temps, de la faim et de l'hostilité des indigènes. Les noms de lieux le long de leur route, Puerto deseado (port désiré), Puerto del hambre (port de la faim) and Puerto quemado (port brûlé) témoignent de leurs difficultés. Deux ans plus tard, une nouvelle expédition est organisée malgré le manque d'enthousiasme du gouverneur du Panama. En août 1526, les 160 hommes et deux navires atteignent le Río San Juan puis se séparent, Pizarro reste sur place pour explorer les marécages de la côte et Almagro est envoyé en arrière pour chercher des renforts. Ayant dépassé l'Équateur, l'un des navires de Pizarre capture un radeau de la Région de Tumbes. Celui-ci transporte des tissus, de la céramique mais surtout de l'or, de l'argent et des émeraudes. Après l'arrivée des renforts, la progression continue et ils atteignent Atacames où vit une importante population sous contrôle inca mais celle-ci semble si dangereuse que les Espagnols rebroussent chemin.
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Au printemps 1528, Pizarre retourne en Espagne où il rencontre l'empereur Charles Quint. Ce dernier écoute son récit et promet de le soutenir. La Capitulación de Toledo[105] autorise Pizarro à conquérir le Pérou. Celui-ci convainc ses frères Hernando Pizarro, Juan Pizarro et Gonzalo Pizarro de le suivre ainsi que Francisco de Orellana qui explorera par la suite l'Amazone. La troisième et dernière expédition quitte Panama le 27 décembre 1530. Avec trois navires et 180 hommes, elle accoste au Pérou et découvre un Empire Inca déchiré par la guerre civile. Deux frères Huascar et Atahualpa s'affrontent pour accéder au trône. Pizarro propose à ce dernier de l'aider dans sa lutte contre son frère et une rencontre est organisée à Cajamarca. Malgré une supériorité numérique écrasante (7 000 Incas contre 200 Espagnols), Atahualpa est capturé. Apprenant que Huascar avait été capturé par ses armées et craignant que les Espagnols ne le libèrent, il fait exécuter son frère et devient ainsi le nouvel empereur inca. Pour obtenir sa libération, Atahualpa fait livrer plusieurs tonnes d'or et d'argent aux Espagnols. Voyant le pouvoir et la puissance du souverain, les Espagnols décident de l'exécuter le 29 août 1533 dans sa cellule.
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En 1534, Pizarro envahit Cuzco et fonde la ville de Lima sur la côte péruvienne en janvier 1535. La conquête du pays ne fut achevée qu'en 1572 avec l'exécution du dernier Sapa Inca, Túpac Amaru.
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En 1543, trois marchands Portugais deviennent accidentellement les premiers occidentaux à commercer au Japon. Selon Fernão Mendes Pinto qui déclare avoir participé à ce voyage, ils arrivent sur l'île de Tanegashima où les habitants sont impressionnés par leurs arquebuses et commencent à les fabriquer sur une grande échelle[106].
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La conquête des Philippines est ordonnée par Philippe II d'Espagne en 1564 qui désigne Andrés de Urdaneta pour la conduire. Urdaneta accepte d'accompagner l'expédition mais refuse le commandement au profit de Miguel López de Legazpi. Après avoir passé quelque temps sur les îles, Urdaneta est envoyé chercher une voie maritime pour retourner en Nouvelle-Espagne : il fait route vers l'île de Cebu mais doit remonter jusqu'au 38e parallèle nord pour obtenir des vents favorables.
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Il suppose que les alizés du Pacifique font une gyre de la même manière que ceux de l'Atlantique. Il parvient ainsi à revenir jusqu'au cap Mendocino en Californie puis il longe la côte jusqu'au port d'Acapulco. Une route maritime est ainsi ouverte entre les Philippines et le Mexique : une fois par an, le galion de Manille, en réalité une flotte de plusieurs navires, fait l'aller-retour entre Acapulco et Manille pour amener les marchandises qui sont ensuite rapatriées en Europe à travers l'Atlantique.
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Les nations hors de la péninsule Ibérique refusèrent de reconnaitre le traité de Tordesillas. La France, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et l'Angleterre avaient chacune une longue tradition maritime et étaient engagées dans la « guerre de course ». Malgré les résistances ibériques, les nouvelles technologies et les cartes se répandirent vers le nord.
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En 1568, les Hollandais se soulèvent contre Philippe II d'Espagne menant à la guerre de Quatre-Vingts Ans. La guerre entre l'Espagne et l'Angleterre éclate également. En 1580, Philippe II devient roi du Portugal et l'union ibérique ainsi créée devient l'État le plus puissant d'Europe. Les troupes de Philippe envahissent les importantes cités commerciales de Bruges et de Gand. Anvers, alors le port le plus important du monde tombe en 1585. La population protestante reçut l'ordre de quitter la ville[107] et la plupart émigra à Amsterdam. Celle-ci était composée d'artisans expérimentés, de riches marchands et de réfugiés fuyant les persécutions religieuses comme les Juifs séfarades chassés d'Espagne et du Portugal puis plus tard les huguenots français. Les Pères pèlerins passèrent également du temps dans la ville avant de partir pour le Nouveau Monde. Cette intense immigration fut l'un des facteurs de l'expansion de la ville, d'un petit port en 1585, Amsterdam devint rapidement l'un des pôles financier et économique les plus importants au monde. Après la destruction de l'Invincible Armada en 1588, le commerce maritime connut une expansion fulgurante.
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L'émergence de la puissance maritime hollandaise fut rapide et remarquable. Durant des années, les marins hollandais avaient participé aux voyages portugais vers l'est en tant que matelots et cartographes. En 1592, Cornelis de Houtman fut envoyé par des marchands hollandais de Lisbonne pour collecter le plus d'informations possibles sur les Moluques. En 1595, le marchand et explorateur Jan Huygen van Linschoten, qui avait navigué avec les Portugais dans l'océan Indien, publia un carnet de voyage à Amsterdam sous le titre de Reys-gheschrift vande navigatien der Portugaloysers in Orienten (Rapport de voyage sur la navigation portugaise dans l'Orient)[108]. Cet ouvrage incluait les routes maritimes permettant de naviguer entre le Portugal et les Indes Orientales. La même année, Houtman suivit ces indications pour réaliser le premier voyage d'exploration hollandais qui découvrit une nouvelle voie maritime traversant l'océan Indien directement depuis Madagascar jusqu'au détroit de la Sonde en Indonésie où il signa un traité avec le sultan de Banten.
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Les premières compagnies à charte sont créées comme les Compagnies néerlandaise et anglaise des Indes orientales et la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies commencent à s'attaquer au monopole portugais dans l'océan Indien[109].
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L'expédition anglaise de 1497 menée par Jean Cabot fut la première d'une série de missions d'exploration de l'Amérique du Nord menées par la France et l'Angleterre. L'Espagne ne s'intéressa pas vraiment à ces territoires d'Amérique car ses ressources étaient concentrées en Amérique centrale et du Sud où la plus grande partie des richesses avaient été découvertes[110]. Ces expéditions avaient pour but principal la découverte du passage du Nord-Ouest permettant un commerce plus rapide avec l'Asie[110]. Celui-ci ne fut jamais découvert mais d'autres possibilités apparurent et au début du XVIIe siècle, des colonies de plusieurs pays européens commencèrent à s'implanter sur la côte est de l'Amérique du Nord.
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En 1524, Giovanni da Verrazzano, un Florentin naviguant au service du roi François Ier de France, motivé par l'« insolence » de la division du monde entre les Portugais et les Espagnols, est le premier Européen à visiter la côte atlantique des actuels États-Unis, remontant la côte depuis la Caroline du Sud jusqu'en Nouvelle-Écosse. La même année, Estevão Gomes, un cartographe portugais qui avait navigué avec Magellan explore la Nouvelle-Écosse puis la côte du Maine jusqu'à l'estuaire de l'Hudson qui deviendra New York avant d'arriver en Floride en août 1525. En conséquence de cette expédition, la carte du monde de Diego Ribero de 1529 reproduit de manière presque parfaite la côte Est de l'Amérique du Nord. De 1534 à 1536, l'explorateur français Jacques Cartier, qui avait peut-être participé aux missions de Verrazzano en Nouvelle-Écosse et au Brésil est le premier Européen à voyager à l'intérieur de l'Amérique du Nord en remontant le fleuve Saint-Laurent qu'il nomme « pays de Canada » d'après un nom iroquoien. Il revendique la région de l'actuel Québec au nom du roi de France François Ier[111],[112].
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L'exploration de la côte ouest commença au milieu du XVIe siècle. En 1539, Francisco de Ulloa explore la côte pacifique de l'actuel Mexique dont le golfe de Californie prouvant que la Basse-Californie est une péninsule[113], malgré cette découverte, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que le mythe de l'Île de Californie ne disparaisse. Son journal fournit la première utilisation recensée du mot « Californie ». João Rodrigues Cabrilho, un navigateur portugais naviguant pour le compte de la couronne d'Espagne fut l'un des premiers Européens à poser le pied en Californie en débarquant en septembre 1542 dans la baie de San Diego[114]. Il accosta également sur les îles du détroit au large de l'actuel Los Angeles et continua jusqu'à Point Reyes. Après sa mort de maladie, l'équipage continua au nord jusqu'à l'Oregon. À bord du Golden Hind, l'Anglais Francis Drake réalise la seconde circumnavigation du monde et explore la côte pacifique qu'il revendique sous le nom de Nouvelle-Albion[115].
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Entre 1609 et 1611, Henry Hudson, après une série de voyages pour le compte de marchands anglais pour découvrir un passage du Nord-Est vers l'Inde, explore la région autour de l'actuelle ville de New York. Il remonte l'Hudson et pose les bases de la colonisation hollandaise de la région. La dernière expédition de Hudson le mène très au nord à la recherche du passage du Nord-Ouest menant à la découverte du détroit et de la baie d'Hudson. Après avoir passé l'hiver dans la baie James, Hudson tente de reprendre sa route vers le nord au printemps 1611 mais son équipage se mutine et Hudson est abandonné sur une chaloupe.
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La France, les Provinces-Unies et l'Angleterre ne disposent pas d'une route maritime vers l'Asie que ce soit par l'Afrique ou par l'Amérique du Sud. Lorsqu'il devient évident qu'un tel passage n'existe pas à travers le continent américain, l'attention se tourne vers un passage — dénommé le passage du Nord-Est — au-delà du cercle polaire arctique. Le désir d'établir une telle voie de communication motive l'exploration européenne sur les côtes russes. En Russie, le premier à lancer l'idée d'établir une voie maritime entre l'Atlantique et le Pacifique est le diplomate Dmitri GuerassimovDmitri Guerassimov en 1525, alors que les colons sur les côtes de la mer Blanche, les Pomors avaient déjà exploré une partie du territoire depuis le XIe siècle.
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En 1553, les explorateurs anglais Hugh Willoughby et Richard Chancellor sont envoyés avec trois navires à la recherche du passage par la Company of Merchant Adventurers to New Lands. Durant le voyage à travers la mer de Norvège, les navires sont séparés par une tempête et Willoughby doit s'arrêter dans une baie près de l'actuelle frontière entre la Finlande et la Russie. Tout l'équipage dont Willoughby meurt de froid et le navire et le journal de bord sont retrouvés l'année suivante par un pêcheur russe. Richard Chancellor parvient à jeter l'ancre dans la mer Blanche et à se frayer un chemin jusqu'à Moscou et la cour du roi Ivan IV de Russie. Le pays s'ouvre au commerce et la Company of Merchant Adventurers devient la Compagnie de Moscovie.
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Le 5 juin 1594, le cartographe Willem Barentsz quitte Texel aux Pays-Bas avec trois navires en direction de la mer de Kara avec l'espoir de trouver le passage du Nord-Est au-delà de la Sibérie[116]. Sur l'île Williams, l'équipage rencontre pour la première fois un ours blanc et il parvient à le capturer pour le ramener en Hollande mais l'animal saccage le navire et doit être tué. Barentsz atteint la côte occidentale de la Nouvelle-Zemble et remonte l'île jusqu'à être bloqué par des icebergs. L'année suivante, Maurice de Nassau le met à la tête d'une nouvelle expédition de six navires chargé de marchandises destinées à être vendues en Chine[117]. La flotte rencontre le peuple des Samis mais doit faire demi-tour car le détroit de Kara est gelé.
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En 1596, les États généraux du Royaume des Pays-Bas annoncent qu'une grande récompense est offerte à celui qui naviguera « avec succès » le passage du Nord-Est. Le conseil municipal d'Amsterdam achète et équipe deux petits navires commandés par Jan Rijp et Jacob van Heemskerk pour trouver l'insaisissable passage sous le commandement de Barentsz. Ils partent en mai et en juin, la flotte découvre l'île aux Ours et le nord-ouest du Spitzberg. La flotte longe la côte de l'île Prins Karls Forland vers le sud et rejoint l'île aux Ours le 1er juillet ce qui provoque un désaccord. Barentsz veut contourner la Nouvelle-Zemble par le nord mais Rijp considère cela comme trop dangereux et refuse de le suivre. Barentsz atteint la Nouvelle-Zemble mais devient prisonnier des icebergs et de la banquise. Prisonniers, les 16 hommes d'équipage sont forcés de passer l'hiver sur place et ils démontent une partie du navire pour construire un abri de fortune et piègent les renards arctiques pour survivre. Au printemps suivant, la glace ne desserre pas son emprise sur le navire et les survivants atteints par le scorbut mettent deux chaloupes à la mer. Barentsz meurt le 20 juin 1597 et sept semaines sont nécessaires pour rejoindre Kola où l'équipage est secouru par un navire de pêche russe. 12 hommes rejoignent Amsterdam et deux membres d'équipage Jan Huygen van Linschoten et Gerrit de Veer publièrent leurs carnets sur ce voyage.
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En 1608, Henry Hudson fait une nouvelle tentative en tentant de dépasser le sommet de la Russie mais doit faire demi-tour après la Nouvelle-Zemble.
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Terra Australis incognita (latin, « la terre australe inconnue ») est un hypothétique continent qui apparait sur les cartes européennes du XVe au XVIIIe siècle et dont les origines remontent à Aristote. Elle est représentée sur les cartes de Dieppe datant du milieu du XVIe siècle par une ligne côtière juste au sud des îles des Indes orientales, souvent dessinée avec de nombreux détails alors que personne ne l'a encore vue. Les découvertes réduisent la zone de l'emplacement présumé du « continent » ; cependant, de nombreux cartographes comme Gérard Mercator (1569) et Alexander Dalrymple (1767)[118] invoquent l'hypothèse d'Aristote selon laquelle une grande masse de terres doit se trouver dans l'hémisphère Sud pour « faire contrepoids » aux masses terrestres connues de l'hémisphère Nord. Toutes nouvelles terres découvertes sont souvent rattachées à ce continent hypothétique.
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L'Espagnol Juan Fernández naviguant depuis le Chili en 1576 prétend avoir découvert le continent austral (probablement la Nouvelle-Zélande)[119] mais meurt avant d'avoir pu pousser plus avant ses recherches. Luis Váez de Torrès, un marin de Galice naviguant pour la couronne d'Espagne prouve l'existence d'un passage au sud de la Nouvelle-Guinée qui porte aujourd'hui son nom : le détroit de Torrès. Pedro Fernandes de Queirós, un Portugais naviguant pour l'Espagne aperçoit une grande île au sud de la Nouvelle-Guinée en 1606 qu'il nomme Australie et qu'il présente au roi d'Espagne comme la Terra Australis incognita.
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Le marin hollandais et gouverneur colonial Willem Janszoon est le premier Européen connu à avoir vu la côte australienne. Janszoon part de Hollande en direction des Indes orientales en décembre 1603 à bord du Duyfken (« petite colombe »), un des douze navires de la grande flotte de Steven van der Hagen (nl)[120]. Une fois sur place, Janszoon est envoyé à la recherche de nouveau débouchés pour le commerce, particulièrement dans le « grand territoire de Nova Guinea et des autres terres orientales et australes ». En novembre 1605, le Duyfken quitte Banten pour la côte occidentale de la Nouvelle-Guinée. Janszoon traverse ensuite l'extrémité orientale de la mer d'Arafura jusque dans le golfe de Carpentarie sans approcher le détroit de Torres. En février 1606, il accoste à l'embouchure de la Pennefather River sur la côte occidentale de la péninsule du cap York dans le Queensland. Janszoon cartographie 320 km de côtes qu'il pense être l'extrémité sud de la Nouvelle-Guinée. En 1615, Jacob Le Maire et Willem Schouten contournent le cap Horn prouvant que la Terre de Feu est une petite île.
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En 1642-1644, Abel Tasman, un explorateur et marchand hollandais au service de la VOC fait le tour de la Nouvelle-Hollande prouvant que l'Australie n'est pas une partie du mythique continent austral. Il est le premier Européen à atteindre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande puis les îles Fidji en 1643. Tasman, son navigateur Visscher et le marchand Gilsemans cartographient d'importantes zones de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique.
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Au cours de la moitié du XVIe siècle, le Tsarat de Russie envahit les Khanat de Kazan et d'Astrakhan, annexant ainsi toute la région de la Volga et ouvrant la voie des montagnes de l'Oural. De même que l'exploration et la colonisation de l'Amérique, la colonisation des territoires orientaux est animée par de riches marchands comme les Stroganoff avec le soutien d'aventuriers comme les cosaques. Le tsar Ivan IV de Russie offre de vastes territoires exempts de taxes à Anikey Stroganoff qui organise l'émigration à grande échelle vers ces territoires. Stroganoff développe l'agriculture, la chasse, la production de sel, la pêche et l'exploitation minière dans l'Oural ainsi que le commerce avec les tribus sibériennes.
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Vers 1578, Semyon Stroganoff et les autres fils d'Anikey Stroganoff engagent un chef cosaque appelé Yermak pour protéger leurs terres des attaques du Khan de Sibir Kuchum. À partir de 1580, Stroganoff et Yermak mettent en place une opération militaire pour chasser Kuchum. En 1581, Yermak commence son voyage dans les profondeurs de la Sibérie. Après quelques victoires mineures, Yermak écrase les armées de Kuchum lors de la bataille du Cap Chuvash près de l'actuel Perm en 1582. Les restes de l'armée du khan retraitent à travers la steppe et Yermak capture la capitale du Khanat, Qashliq près de l'actuel Tobolsk. Cependant Kuchum reste puissant et attaque Yermak par surprise. Ce dernier est blessé et se noie sous le poids de sa cotte de mailles en voulant traverser la Vagaï, un affluent de l'Irtych. Les cosaques doivent quitter la Sibérie mais grâce à l'exploration des principales voies navigables, les Russes peuvent revenir quelques années plus tard pour imposer leur domination.
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Au début du XVIIe siècle, l'expansion russe vers la Sibérie est ralentie par des problèmes internes liés à la période des troubles. Cependant, l'exploration et la colonisation des immenses territoires sibériens reprend menée par les cosaques à la recherche de précieuses fourrures et d'ivoire. Tandis que les cosaques viennent du sud de l'Oural, une autre vague de Russes provient de l'océan Arctique. Il s'agit des Pomors issus de la Région du Nord qui commercent déjà avec la ville de Mangazeïa depuis longtemps. En 1607, le village de Touroukhansk est fondé sur l'Ienisseï près de l'embouchure de la Toungouska inférieure et en 1619, la forteresse de Ienisseïsk est construite au confluent de l'Ienisseï et de l'Angara.
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Entre 1620 et 1624, un groupe de trappeurs mené par Demid Pyanda quitte Touroukhansk et remonte la Toungouska inférieure sur 2 300 km, hivernant près de la Viliouï et de la Léna. Il est le premier russe à rencontrer les Iakoutes et les Bouriates et explore la région de Sakha. Il montre que l'Angara et la Toungouska supérieure forment une seule et même rivière.
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En 1627, Piotr Beketov est nommé voïvode de l'Ienisseï et il réalise avec succès un voyage destiné à collecter les impôts des Bouriates de Transbaïkalie. Il est alors le premier russe à pénétrer en Bouriatie et il y fonde le premier village russe, Rybinsky. Beketov est ensuite envoyé explorer la Léna en 1631 et fonde Iakoutsk l'année suivante. Ses cosaques remontent l'Aldan pour construire des forteresses et collecter les impôts[121].
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Iakoutsk devient rapidement le point de départ principal des expéditions russes vers l'est, le sud et le nord. Maksim Perfilyev, qui avait été l'un des fondateurs de Ienisseïsk, fonde Bratsk le long de l'Angara en 1631 et en 1638, il est le premier russe à entrer en Transbaïkalie en venant de Iakoutsk[122],[123]. En 1643, Kurbat Ivanov mène un groupe de cosaques depuis Iakoutsk vers le sud des Monts Baïkal, découvre le lac Baïkal et visite l'île d'Olkhon. Par la suite, Ivanov fit la première carte et la première description du lac[124].
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En 1639, un groupe d'explorateurs mené par Ivan Moskvitine deviennent les premiers Russes à atteindre l'océan Pacifique et découvrent la mer d'Okhotsk. Les cosaques apprennent des populations locales que le large fleuve Amour coule bien plus au sud. En 1640, ils arrivent à l'embouchure du fleuve et découvrent probablement les îles Chantar sur le chemin vers le sud. Basé sur le rapport de Moskvitine, Kurbat Ivanov réalise la première carte de l'Extrême-Orient russe en 1642.
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En 1643, Vassili Poïarkov franchit les Monts Stanovoï et atteint la rivière Zeïa dans le pays des Daur qui payent un tribut à la dynastie chinoise des Qing. Après l'hiver, Poïarkov atteint le fleuve Amour qu'il descend jusqu'à l'embouchure. Comme ses cosaques s'étaient attirés l'hostilité des populations locales, Poïarkov décide de prendre une autre route pour le retour et construit des bateaux qui lui permettent de remonter le long des côtes de la mer d'Okhotsk avant de revenir finalement à Iakoutsk en 1646.
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En 1644, Mikhaïl Stadoukhine découvre le fleuve Kolyma et fonde Srednekolymsk. Un marchand nommé Fedot Alekseyev Popov organise une expédition encore plus vers l'est et Simon Dejnev devient capitaine de l'un des koch. L'expédition part de Srednekolymsk en direction de l'Arctique et dépasse le cap Dejnev devenant la première à franchir le détroit de Béring et à arriver dans la péninsule tchouktche et dans la mer de Béring. Tous les navires et presque tous les hommes dont Popov sont perdus dans des tempêtes ou lors d'affrontements avec les locaux. Un petit groupe mené par Dejnev atteint l'embouchure de l'Anadyr et est secouru par Stadoukhine venant de l'est par la terre[125]. Ce dernier poursuit l'exploration des côtes nord de la mer d'Okhotsk
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En 1649, Ierofeï Khabarov explore le bassin de l'Amour et revient avec une plus grande expédition en 1652. Cette fois, il rencontre une opposition armée de la part des Mandchous. Il passe l'hiver à Albazin puis descend l'Amour et fonde Achansk à proximité de l'actuel Khabarovsk. Il affronte les armées daouriennes, mandchoues, chinoises et même coréennes[126]. Par la suite, les Russes contrôlèrent la région de l'Amour jusqu'en 1689 lorsque le traité de Nertchinsk attribua ce territoire à la Dynastie Qing (la Russie récupérera cette zone lors du traité d'Aigun en 1858).
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Au début des années 1660, Kurbat Ivanov retourne explorer la péninsule tchouktche et rédige la première carte du détroit de Béring où apparait l'île Wrangel, les îles Diomède et l'Alaska encore inconnus à l'époque en se basant sur les informations collectées chez les Tchouktches.
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Ainsi, au milieu du XVIIe siècle, les Russes avaient exploré la quasi-totalité de la Sibérie à l'exception de l'Est de la péninsule de Kamtchatka et de certaines régions au-delà du cercle Arctique. La conquête du Kamtchatka fut terminée au début des années 1700 par Vladimir Atlassov tandis que l'exploration de l'Alaska et de la côte arctique sera finalisée par la grande expédition du Nord menée par Vitus Béring qui mit fin au rêve du passage du Nord-Est entre 1733 et 1743.
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L'expansion outremer de l'Europe met en contact le Nouveau et l'Ancien Monde et débouche sur l'échange colombien[127] impliquant le transfert de produits inexistants dans l'autre Monde. Les Européens apportent les bovins, les chevaux et les moutons dans le Nouveau Monde. Ils y découvrent le tabac, les pommes de terre et le maïs. D'autres produits jouent un rôle majeur dans le développement du commerce mondial comme la canne à sucre, le coton, l'argent et l'or qui sont rapatriés non seulement en Europe mais également dans tout l'Ancien Monde.
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Les nouveaux liens transocéaniques et leur domination par les Européens mènent à l'impérialisme. Ces derniers finissent par dominer la plus grande partie de la planète. Les appétits européens pour le commerce, les marchandises précieuses et cette domination affectent dramatiquement les autres régions du monde. L'Espagne mène une politique de destruction violente des empires amérindiens pour substituer son pouvoir aux leurs. Les autres nations suivent la même voie et anéantissent de nombreuses cultures à travers le monde en supprimant les rituels païens, en imposant le christianisme, de nouvelles langues et de nouvelles organisations culturelles et sociales. Dans de nombreuses régions comme l'Amérique du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine, les populations autochtones sont brutalisées et chassées de leurs terres avant d'être réduites au statut de minorités dépendantes.
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Parallèlement, en Afrique de l'Ouest, les états locaux fournissent des esclaves destinés aux plantations européennes de l'autre côté de l'Atlantique. Cette traite négrière change profondément la nature des sociétés et bouleverse les économies locales (voir commerce triangulaire).
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Les peuples amérindiens sont probablement ceux qui ont le plus souffert de l'expansion européenne car l'on estime qu'entre 50 et 90 % de leur population est décimée par les maladies importées par les Européens. Avant même leur première rencontre avec les Européens, certains peuples avaient déjà été anéantis[128].
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Au cours du XVIe siècle, l'économie chinoise sous la dynastie Ming est stimulée par le commerce avec les Portugais, les Espagnols et les Hollandais. La Chine est impliquée dans le nouveau commerce mondial de marchandises, de plantes et d'animaux connu sous le nom d'échange colombien. Le commerce avec l'Europe apporte des quantités importantes de capitaux. Cependant, le pays ne parvient pas à développer une économie capitaliste sur le modèle européen permettant l'apparition d'une bourgeoisie composée de marchands capable d'organiser le commerce maritime international et la colonisation des nouveaux territoires. La baisse des revenus commerciaux, les effets du petit âge glaciaire sur l'agriculture, les épidémies, la menace des nomades mongols et le soulèvement de Li Zicheng entraînent le long déclin de la Chine qui se poursuivra jusqu'au XXe siècle.
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Les plantes rapportées des Amériques par les colons espagnols au XVIe siècle participent à l'accroissement de la population en Asie[129]. Même si le gros des importations chinoises est composé d'argent, les Chinois achètent des plantes comme la patate douce, le maïs ou les arachides. Celles-ci peuvent être cultivées dans des zones où les cultures traditionnelles, le riz, le blé ou le millet ne poussent pas[130],[131]. La patate douce, en particulier, devient l'un des aliments de base de la population chinoise et conduit à son doublement entre le XVe et le XVIe siècle[132].
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Le jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610) est le premier Européen à pouvoir visiter la Cité interdite de Beijing où il traduit les textes chinois en latin et inversement. Il travaille en étroite collaboration avec le mathématicien Xu Guangqi (1562-1633).
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L'arrivée des Portugais au Japon en 1543 marque le début de l'époque du commerce Nanban au cours de laquelle les Japonais adoptent de nombreuses technologies et pratiques culturelles occidentales comme l'arquebuse, des armures et les navires de style européen, le christianisme et les arts décoratifs. Après que la Chine a interdit le commerce direct entre les marchands chinois et le Japon, les Portugais servent d'intermédiaire entre les deux pays. Ils achètent la soie chinoise et l'échangent contre l'argent japonais[133]. Cependant, après l'établissement d'une base commerciale espagnole à Manille, l'argent produit en Amérique remplace celui produit au Japon dans les achats chinois[134].
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Le développement du commerce maritime avec l'Asie et les Amériques modifie considérablement l'économie européenne. Les anciennes puissances navales de la Méditerranée comme la République de Venise ou la Ligue hanséatique en mer Baltique voient leur part dans le commerce stagner tandis que les ports de l'Atlantique connaissent un essor fulgurant. Les nouveaux produits comme le sucre, les épices, la soie et les porcelaines chinoises inondent le marché du luxe européen provoquant une mutation sociale.
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Le cœur économique de l'Europe se déplace de la Méditerranée vers l'Atlantique. La ville d'Anvers du Duché de Brabant devient le centre du commerce international[135] et la ville la plus riche de l'époque[136]. Centré sur Anvers puis sur Amsterdam, le siècle d'or néerlandais repose fortement sur les grandes découvertes. François Guichardin, un émissaire vénitien note que des centaines de navires transitent par Anvers chaque jour et que 2 000 chariots entrent dans la ville chaque semaine. Les navires portugais chargés de poivre et de cannelle déchargent leurs cargaisons dans le port et celles-ci sont distribuées dans tout le continent. L'administration est contrôlée par une oligarchie de marchands venant de toute l'Europe. La politique de tolérance en vigueur dans les Provinces-Unies attire de nombreux bourgeois juifs ou protestants persécutés dans leur pays.
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Les principales exportations chinoises sont la soie et la porcelaine, adaptées au goût des Européens. La porcelaine chinoise est tellement réputée qu'en Angleterre, le mot china devient un synonyme de porcelaine. Celle-ci apparaît dans de nombreux tableaux de l'âge d'or de la peinture néerlandaise. Le commerce florissant dans ce domaine pratiqué par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales importe 6 millions de produits en porcelaine entre 1602 et 1682[137],[138]. La porcelaine Medici fabriquée à Florence est la première à pouvoir égaler la porcelaine chinoise : la production européenne décolle après l'arrêt des exportations chinoises, décidé après la mort de Ming Wanli en 1620. La porcelaine bleu et blanc est rapidement imitée dans le monde entier comme à Arita au Japon, où les Portugais s'approvisionnent après la chute des exportations chinoises consécutive à l'effondrement de la dynastie Ming en 1644[139]. Finalement, en Europe, la faïence de Delft inspirée des motifs chinois s'impose à partir du milieu du XVIIe jusqu'au XVIIIe siècle.
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Antonio de Morga (1559-1636), un officiel espagnol à Manille réalise une liste exhaustive des produits échangés avec la Chine au début du XVIIe siècle. Il rapporte par exemple qu'un galion à destination des territoires espagnols du Nouveau Monde transporte à l'aller 50 000 paires de bas de soie et au retour rapporte 10 tonnes d'argent. Dans ce commerce, les marchands chinois sont actifs et beaucoup émigrent aux Philippines ou en Indonésie pour en profiter[130].
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L'accroissement de la richesse de l'Espagne coïncide avec un cycle de forte inflation en Europe. L'Espagne rapatrie des quantités colossales d'or et d'argent. La mine de Potosí en Bolivie produit à elle seule 240 tonnes d'argent par an entre 1560 et 1580[140]. Au cours du XVIe siècle, l'Espagne devient l'État le plus puissant d'Europe. Un voyageur français écrit en 1603 « En Espagne, tout est cher sauf l'argent »[141]. En inondant une Europe autrefois pauvre, cet argent provoque une importante inflation[142] aggravée par la stagnation de la population, les faibles salaires et la hausse du coût de la vie. Cet afflux n'enrichit cependant pas l'Espagne qui importe presque tous ses biens de l'étranger et devient de plus en plus dépendante des revenus fournis par son empire. Les nombreuses guerres ruinent le pays qui fait plusieurs fois défaut à la fin du XVIe siècle[143]. La perte du contrôle sur les Pays-Bas ruine davantage le royaume qui reste à la marge de l'essor européen.
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Certes, l'essor du capitalisme et l'apparition d'une classe moyenne de bourgeois joue un rôle moteur dans le développement de la colonisation des terres nouvellement découvertes grâce aux compagnies commerciales. Mais, finalement, ce sont les nations du Nord de l'Europe comme la France ou l'Angleterre qui, malgré leur retard initial, vont le plus profiter de ces grandes découvertes. À ce point démarre, pour 400 ans, une ère de domination européenne sur le monde.
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Sous le règne de Manuel Ier du Portugal se développe à la fin du XVe siècle un style artistique, nommé style manuélin à compter du XIXe siècle, qui se traduit par une abondance de motifs décoratifs liés aux découvertes et à la marine portugaise.
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La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba) et sous son nom ecclésiastique officiel de cathédrale Notre-Dame de l'Assomption (Catedral de Nuestra Señora de la Asunción), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C'est un monument majeur de l'architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Il s'agit du monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au XIIIe siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors la cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.
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La mosquée-cathédrale de Cordoue a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.
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Cordoue étant capitale d'une province romaine, la Bétique, un temple de Janus y fut érigé[1].
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En 572, la ville est prise par les Wisigoths. Abandonnant l'arianisme pour le catholicisme, ils construisent en 584, sur l'emplacement du temple, l'église Saint Vincent Martyr consacrée à Vincent de Saragosse[2].
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Par sa situation dans la ville, l’édifice finit par devenir la principale église de la cité, et résidence épiscopale. Un monastère y fut aussi édifié[3].
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Les restes en furent retrouvés lors de fouilles archéologiques dans les années 1930[4].
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Les premières traces de l'histoire de la mosquée de Cordoue apparaissent dans les écrits transmis par Rhazès qui rapporte qu'à l'origine les musulmans passèrent en 714 un accord avec les Wisigoths de Cordoue pour exproprier la moitié de leur plus grande église située à l'intérieur de la ville[5],[6]. C'est l'église Saint-Vincent qui est choisie, non loin du Guadalquivir, qui avait été construite en 584[7],[8] par les Wisigoths sur le site d'un temple romain dédié à Janus. Par la suite, toutes les églises hormis celle attenant à la mosquée seront détruites[6]. La construction de la mosquée de Cordoue débute près de trente ans après l'arrivée d'Abd al-Rahman Ier sur la péninsule, qui, fuyant Damas et la vengeance meurtrière des Abbassides parviendra à arracher ce bout de terre aux confins du monde musulman. Selon Ibn Idhari, Abd Al-Rahman ordonna la destruction de la partie chrétienne afin de faire du bâtiment uniquement une mosquée mais permet temporairement en contrepartie aux chrétiens de construire de nouveau des églises[8]. Le bâtiment est entièrement transformé en mosquée un an plus tard. Les ruines des églises et du temple furent réutilisées comme matériau de construction[9]. Des aspects architecturaux importants passèrent ainsi à l'architecture omeyyade tels l'arc outrepassé et l'alternance de brique et pierre, qui proviennent de l'architecture romaine tardive et paléochrétienne (mérovingienne et wisigothe) et étaient probablement des éléments qui caractérisaient déjà l'ancienne église mais avec un plan et un agencement différent (plan basilical),[10].
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La mosquée fut agrandie trois fois de suite par les successeurs d'Abd-Al-Rahman Ier, pour finir par couvrir 23 000 m2 (soit 2,3 ha), et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Cette mosquée n'est pas orientée par rapport à la Mecque[11]. Elle se présente aujourd'hui sous la forme d'un vaste quadrilatère d'environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant dix-neuf nefs et plus de 850 colonnes de réemploi (spolia) surmontées par des chapiteaux antiques et paléochrétiens de styles différents qui forment un ensemble hétéroclite.
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L'édifice initial, commencé en 786 par Abd-Al-Rahman Ier comprenait une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait complètement la salle de prières, de forme rectangulaire, composée de onze nefs, chacune ayant douze travées, disposées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte à l'opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. Hicham Ier fit réaliser plusieurs aménagements intérieurs, comme des galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d'ablutions.
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La longueur des travées fut à peu près doublée par Abd al-Rahman II en 833 et allongée une dernière fois par Al-Hakam II en 961. À chaque fois, le mihrab, placé au fond de l'allée principale dut être reconstruit. L'actuel mihrab, a été créé avec l'aide d'artistes byzantins envoyés à Cordoue par l'empereur de Byzance Nicéphore II à la demande du calife, ils ont aussi réalisé la coupole formée d'arcs entrecroisés et coiffée d'une coupole monolithique côtelée en marbre blanc superbement décorée de mosaïques inspirées de l'art byzantin.
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En 987, Al Mansour voulut augmenter encore la surface de la salle, mais la proximité du fleuve empêcha de poursuivre l'allongement des onze travées initiales dans la même direction : on ajouta donc vers l'est, sur toute la longueur de l'édifice, huit travées supplémentaires qui en doublèrent presque la surface et mirent le mihrab dans une position excentrée.
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La mosquée possédait alors 600 colonnes en marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche (superposées l'une à l'autre avec un espacement intermédiaire) qui permettent d'avoir un plafond haut, et donnent à l'édifice une impression plus légère.
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Quand Cordoue fut reprise aux Musulmans par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, les Castillans en firent à nouveau une église, comme à l'origine, puis une cathédrale. Ils murèrent l'ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu'une seule porte d'entrée (Puerta de Las Palmas). Ils abattirent quelques rangées de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371. Ils divisèrent également la dernière travée d'Almanzor, à l'est, pour y délimiter des chapelles.
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Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décidèrent de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes et offrant un contraste entre celle-ci et la blancheur du chœur inondé de lumière[12]. Ce monument allie les styles gothique, Renaissance et baroque et est magnifiquement décoré. Charles Quint, qui avait préservé le chef-d'œuvre d'architecture musulmane qu'est l'Alhambra, regretta la transformation de cet édifice : « Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que l’on voit partout. » Pour l’architecte David Trottin, toutefois, cette cathédrale est « un sommet de sophistication baroque lové dans les arches de la mosquée » : « Intervenir sur de l’existant permet de révéler l’architecture tout en créant des tensions intéressantes. Et ici c’est vraiment brillamment fait. Il y a une forme d’évidence dans la tension entre ces deux architectures qui ne s’étaient pas prévues l’une l’autre[12]. »
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Depuis 1236, la mosquée-cathédrale de Cordoue est officiellement une église, un lieu de culte catholique romain et est propriété de l'Église catholique. Elle a de plus le titre de cathédrale[13].
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Cette cathédrale fait l'objet de revendications de la part de musulmans. Alors que la pratique du culte musulman y est formellement interdite, la Commission islamique d'Espagne, « soutenue par le parti socialiste espagnol », réclame en 2004 l'autorisation d'y prier. En 2007, la Ligue arabe fait de même à l'OSCE et la Commission Islamique d'Espagne lance un appel en ce sens en 2008 à l'UNESCO[14]. Une demande rejetée par l'évêque de Cordoue en février 2010[15]. Certains essayent d'y prier sans autorisation. Ainsi, en 2010, plusieurs jeunes musulmans autrichiens y prièrent avant d’être expulsés et d'agresser gardes et policiers[14]. Pour Mansur Escudero, les tentatives de prières musulmanes dans le bâtiment sont nombreuses[16].
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La propriété de l'Église catholique est contestée par un « groupe de pression » qui souhaite une gestion publique du bâtiment et garantir la conservation du nom de mosquée[17]. Pour l'historien Christophe Barret, si « bien des militants de l'islam politique (...) se sont joints aux pétitionnaires », elle illustre le courant espagnol de gauche luttant pour une séparation de l'Église et de l'Etat et contre la loi permettant à l'Église de devenir propriétaire de ses lieux de culte[18].
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La mosquée-cathédrale de Cordoue fait l’objet d’un classement en Espagne au titre de bien d'intérêt culturel depuis le 21 novembre 1882[19] puis d'un classement au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1984.
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La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba) et sous son nom ecclésiastique officiel de cathédrale Notre-Dame de l'Assomption (Catedral de Nuestra Señora de la Asunción), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C'est un monument majeur de l'architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Il s'agit du monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au XIIIe siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors la cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.
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La mosquée-cathédrale de Cordoue a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.
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Cordoue étant capitale d'une province romaine, la Bétique, un temple de Janus y fut érigé[1].
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En 572, la ville est prise par les Wisigoths. Abandonnant l'arianisme pour le catholicisme, ils construisent en 584, sur l'emplacement du temple, l'église Saint Vincent Martyr consacrée à Vincent de Saragosse[2].
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Par sa situation dans la ville, l’édifice finit par devenir la principale église de la cité, et résidence épiscopale. Un monastère y fut aussi édifié[3].
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Les premières traces de l'histoire de la mosquée de Cordoue apparaissent dans les écrits transmis par Rhazès qui rapporte qu'à l'origine les musulmans passèrent en 714 un accord avec les Wisigoths de Cordoue pour exproprier la moitié de leur plus grande église située à l'intérieur de la ville[5],[6]. C'est l'église Saint-Vincent qui est choisie, non loin du Guadalquivir, qui avait été construite en 584[7],[8] par les Wisigoths sur le site d'un temple romain dédié à Janus. Par la suite, toutes les églises hormis celle attenant à la mosquée seront détruites[6]. La construction de la mosquée de Cordoue débute près de trente ans après l'arrivée d'Abd al-Rahman Ier sur la péninsule, qui, fuyant Damas et la vengeance meurtrière des Abbassides parviendra à arracher ce bout de terre aux confins du monde musulman. Selon Ibn Idhari, Abd Al-Rahman ordonna la destruction de la partie chrétienne afin de faire du bâtiment uniquement une mosquée mais permet temporairement en contrepartie aux chrétiens de construire de nouveau des églises[8]. Le bâtiment est entièrement transformé en mosquée un an plus tard. Les ruines des églises et du temple furent réutilisées comme matériau de construction[9]. Des aspects architecturaux importants passèrent ainsi à l'architecture omeyyade tels l'arc outrepassé et l'alternance de brique et pierre, qui proviennent de l'architecture romaine tardive et paléochrétienne (mérovingienne et wisigothe) et étaient probablement des éléments qui caractérisaient déjà l'ancienne église mais avec un plan et un agencement différent (plan basilical),[10].
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La mosquée fut agrandie trois fois de suite par les successeurs d'Abd-Al-Rahman Ier, pour finir par couvrir 23 000 m2 (soit 2,3 ha), et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Cette mosquée n'est pas orientée par rapport à la Mecque[11]. Elle se présente aujourd'hui sous la forme d'un vaste quadrilatère d'environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant dix-neuf nefs et plus de 850 colonnes de réemploi (spolia) surmontées par des chapiteaux antiques et paléochrétiens de styles différents qui forment un ensemble hétéroclite.
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L'édifice initial, commencé en 786 par Abd-Al-Rahman Ier comprenait une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait complètement la salle de prières, de forme rectangulaire, composée de onze nefs, chacune ayant douze travées, disposées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte à l'opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. Hicham Ier fit réaliser plusieurs aménagements intérieurs, comme des galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d'ablutions.
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La longueur des travées fut à peu près doublée par Abd al-Rahman II en 833 et allongée une dernière fois par Al-Hakam II en 961. À chaque fois, le mihrab, placé au fond de l'allée principale dut être reconstruit. L'actuel mihrab, a été créé avec l'aide d'artistes byzantins envoyés à Cordoue par l'empereur de Byzance Nicéphore II à la demande du calife, ils ont aussi réalisé la coupole formée d'arcs entrecroisés et coiffée d'une coupole monolithique côtelée en marbre blanc superbement décorée de mosaïques inspirées de l'art byzantin.
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En 987, Al Mansour voulut augmenter encore la surface de la salle, mais la proximité du fleuve empêcha de poursuivre l'allongement des onze travées initiales dans la même direction : on ajouta donc vers l'est, sur toute la longueur de l'édifice, huit travées supplémentaires qui en doublèrent presque la surface et mirent le mihrab dans une position excentrée.
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La mosquée possédait alors 600 colonnes en marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche (superposées l'une à l'autre avec un espacement intermédiaire) qui permettent d'avoir un plafond haut, et donnent à l'édifice une impression plus légère.
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Quand Cordoue fut reprise aux Musulmans par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, les Castillans en firent à nouveau une église, comme à l'origine, puis une cathédrale. Ils murèrent l'ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu'une seule porte d'entrée (Puerta de Las Palmas). Ils abattirent quelques rangées de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371. Ils divisèrent également la dernière travée d'Almanzor, à l'est, pour y délimiter des chapelles.
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Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décidèrent de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes et offrant un contraste entre celle-ci et la blancheur du chœur inondé de lumière[12]. Ce monument allie les styles gothique, Renaissance et baroque et est magnifiquement décoré. Charles Quint, qui avait préservé le chef-d'œuvre d'architecture musulmane qu'est l'Alhambra, regretta la transformation de cet édifice : « Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que l’on voit partout. » Pour l’architecte David Trottin, toutefois, cette cathédrale est « un sommet de sophistication baroque lové dans les arches de la mosquée » : « Intervenir sur de l’existant permet de révéler l’architecture tout en créant des tensions intéressantes. Et ici c’est vraiment brillamment fait. Il y a une forme d’évidence dans la tension entre ces deux architectures qui ne s’étaient pas prévues l’une l’autre[12]. »
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Depuis 1236, la mosquée-cathédrale de Cordoue est officiellement une église, un lieu de culte catholique romain et est propriété de l'Église catholique. Elle a de plus le titre de cathédrale[13].
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Cette cathédrale fait l'objet de revendications de la part de musulmans. Alors que la pratique du culte musulman y est formellement interdite, la Commission islamique d'Espagne, « soutenue par le parti socialiste espagnol », réclame en 2004 l'autorisation d'y prier. En 2007, la Ligue arabe fait de même à l'OSCE et la Commission Islamique d'Espagne lance un appel en ce sens en 2008 à l'UNESCO[14]. Une demande rejetée par l'évêque de Cordoue en février 2010[15]. Certains essayent d'y prier sans autorisation. Ainsi, en 2010, plusieurs jeunes musulmans autrichiens y prièrent avant d’être expulsés et d'agresser gardes et policiers[14]. Pour Mansur Escudero, les tentatives de prières musulmanes dans le bâtiment sont nombreuses[16].
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La propriété de l'Église catholique est contestée par un « groupe de pression » qui souhaite une gestion publique du bâtiment et garantir la conservation du nom de mosquée[17]. Pour l'historien Christophe Barret, si « bien des militants de l'islam politique (...) se sont joints aux pétitionnaires », elle illustre le courant espagnol de gauche luttant pour une séparation de l'Église et de l'Etat et contre la loi permettant à l'Église de devenir propriétaire de ses lieux de culte[18].
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La Grande Muraille[1] (chinois simplifié : 长城 ; chinois traditionnel : 長城 ; pinyin : Chángchéng ; Wade : Ch'ang²ch'eng² ; littéralement « la longue muraille »), aussi appelé « Les Grandes Murailles » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
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Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km[2]. En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li » (chinois simplifié : 万里长城 ; chinois traditionnel : 萬里長城 ; pinyin : Wànlǐ Chángchéng ; Wade : Wan⁴li³ Ch'ang²ch'eng²), le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois. Ce surnom peut cependant être pris dans son sens littéral par approximation, 6 700 km faisant 11 632 li dans sa valeur généralement considérée de 576 m ou 13 400 li dans sa valeur actuelle d’exactement 500 m. En moyenne, la muraille mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. En avril 2009, l'Administration d'État chargée du patrimoine culturel, ayant utilisé des technologies de mesure plus récentes[3], révise cette mesure et déclare une longueur de 8 851,8 km dont 6 259,6 km de murs, 359,7 km de tranchées et 2 232,5 km de barrières naturelles, telles des montagnes ou des rivières. Le même service a publié en juin 2012 une mise à jour de son étude, et estime désormais à 21 196,18 km la longueur totale de la Grande Muraille[4],[5]. Cette nouvelle estimation prend en compte des parties actuellement détruites.
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Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438[6]. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde[7].
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Si le terme « Grande Muraille » désigne principalement aujourd'hui les fortifications érigées pendant la dynastie Ming, plusieurs murailles construites lors des dynasties précédentes ont porté ce titre, les frontières de la Chine évoluant avec le temps.
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Six sections de la muraille portent des noms spécifiques :
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Traditionnellement, on divise l'histoire de la construction de la Grande Muraille en deux parties :
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Les peuples chinois construisent des murs depuis leurs plus anciennes dynasties : le mur des Erligang, construit près de la ville actuelle de Zhengzhou au début de la dynastie Shang (XVIIIe au XIIe siècle av. J.-C.) fait près de 7 km de circonférence et s'élève toujours de nos jours, en certains endroits, à plus de 10 m de haut.
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Au VIIIe siècle av. J.-C., début de la période dite des Printemps et des Automnes, la Chine suit un système féodal : le territoire est divisé en une centaine de fiefs ou États dirigés par des princes, en théorie tous réunis sous l'égide des rois de la dynastie Zhou. La plus vieille référence littéraire porte sur une muraille construite en 656 av. J.-C. par l'État de Qi.
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Cependant au cours du temps, ces États s'annexent les uns les autres pour former de grandes principautés et au VIe siècle av. J.-C., certaines principautés au sud font sécession, comme le Chu ou le Wu. La Chine est alors vite morcelée en plusieurs royaumes indépendants se faisant la guerre et ne reconnaissant à la dynastie régnante guère plus qu'un pouvoir symbolique : c'est le début de la période des Royaumes combattants.
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Vers cette époque, divers États entreprennent alors la construction de murailles pour se protéger de leurs voisins, ou des tribus non chinoises. Ainsi, vers le Ve siècle av. J.-C., l'État de Qi commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. Au milieu du IVe siècle av. J.-C., l'État de Wei entreprend à son tour la construction d'un mur sur sa frontière ouest à côté de celui du Qi, puis un deuxième mur sur sa frontière est. Il est imité par les États de Yan et Zhao. Des peuples non chinois construisent également des murailles, comme les Yiju pour se protéger du Qin.
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La technique utilisée pour dresser ces murailles est celle de la terre tassée. Ceux-ci profitèrent des caractéristiques particulières du sol chinois, un fin lœss très poussiéreux et s'agglomérant très facilement jusqu'à devenir l'équivalent en dureté de la pierre une fois tassé. Pressées entre deux planches, les couches de terre de quelques centimètres sont tassées les unes au-dessus des autres, une fois les planches retirées elles laissent un mur de terre compressé et très dur. Cette méthode permet de dresser rapidement des murs solides pouvant résister aisément plusieurs siècles, voire des millénaires.
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En 221 av. J.-C., le seigneur de guerre Ying Zheng achève l'unification de la Chine et fonde la dynastie Qin dont il se proclame empereur sous le nom de règne de Qin Shi Huang. Il entreprend alors de massives réformes. À la suite des attaques des tribus Xiongnu, au nord, il envoie le général Meng Tian pour que celui-ci repousse les Xiongnu, puis entreprenne la construction d'une grande muraille au-delà du fleuve Jaune pour protéger plus efficacement les territoires nouvellement conquis.
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Cependant, les détails de la construction de ce mur sont très mal connus et les avis des historiens diffèrent quant à ce qui a vraiment été accompli par Qin Shi Huang et Meng Tian. Il n'existe en tout qu'une seule source primaire relatant sa construction (principalement deux passages du Shiji), ainsi que quelques très courtes références dans les textes historiques ultérieurs comme le Livre des Han.
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« Après que la dynastie Qin eut unifié l'Empire, le général Meng Tian fut envoyé au nord avec 300 000 hommes pour repousser les tribus barbares. Il conquit le Henan et construisit une Grande Muraille en se servant des avantages topographiques. Il construisit des forteresses aux défilés. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li. Elle traversait le fleuve Jaune pour arriver à Yangshan. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 88 : Meng Tian.
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« Après que le Qin eut conquis les six royaumes, l'empereur envoya le général Meng Tian avec 100 000 hommes au nord pour attaquer les barbares. Il captura le Henan et construisit des défenses autour du fleuve Jaune. Il construisit quarante-quatre villes fortifiées pour surveiller le fleuve et des soldats furent mis en garnison à la frontière. Il utilisa les montagnes, les falaises, les torrents et les vallées. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li et traversait le fleuve Jaune entre Yangshan et Beijia. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 110 : Les Xiongnu.
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En dehors de ces deux textes, il n'existe pas d'autre récit concernant la muraille construite par Meng Tian. On ne sait donc ni quand elle a été construite, ni son tracé exact. Cette absence d'informations, et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus d'informations dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens, et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes combattants.
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Cependant malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par la réputation de l'empereur Qin Shi Huang qui a laissé l'image d'un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de « mur de dix mille li » (soit 5 760 km étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de « Grande Muraille ».
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En 210 av. J.-C., l'empereur Shi Huangdi meurt et la dynastie Qin qu'il avait fondée ne lui survit que quelques années. En 202 av. J.-C., Liu Bang, un ancien soldat aux origines paysannes se rend maître de la Chine et se proclame empereur sous le nom de temple de Gaozu. Affaibli par sa précédente guerre de succession contre Xiang Yu, Gaozu abandonne l'entretien de la Grande Muraille des Qin, et lorsque les Xiongnu, désormais unis en confédération, se montrent menaçants et franchissent la frontière, plutôt que d'adopter une position offensive par l'utilisation de murailles comme l'avait fait Shi Huangdi, Gaozu tente d'acheter la paix par des tributs et des « unions harmonieuses », ou heqin, c'est-à-dire l'offre de princesses chinoises aux shanyu des Xiongnu. Pendant quelques décennies, ses successeurs feront de même. Cependant la Grande Muraille n'est pas complètement abandonnée : sous l'empereur Wendi (180 à 157 av. J.-C.) un ministre recommande la création de tuntian aux frontières (sortes de colonies agraires militaires) protégées par de petites murailles dans le but de coloniser la région et gêner les incursions des Xiongnu.
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C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 133 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin, puis l'étend au fur et à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie-Intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours.
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Comme pour la muraille de la dynastie Qin, la matière première dépend alors des disponibilités des terrains tandis que le tracé et l'emplacement des tours de guet, garnisons et passages sont choisis en fonction des avantages stratégiques naturels offerts par la configuration des régions. La section construite dans le désert de Gobi est notamment remarquable par l'utilisation des cailloux présents dans les sables locaux : en tamisant le sable, les ouvriers obtiennent du gravier. Les murs sont alors bâtis en alternant les couches tassées de gravier, de terre et de roseaux, puis sont recouverts d'argile afin d'être à la fois protégés de l'érosion et difficiles à escalader.
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Des forts sont construits à côté des murailles, voire directement intégrés aux murs, et un système de signaux de fumée permet de prévenir d'une attaque xiongnu. Afin de garantir la rapidité de l'arrivée des renforts, l'armée fait principalement usage de cavalerie légère. La Grande Muraille traverse également les importantes routes commerciales, permettant le contrôle des imports. Sur environ vingt ans, Wudi aura prolongé la Grande Muraille de près de mille kilomètres. Vers 90 av. J.-C., les offensives xiongnu se font de plus en plus rares et durant environ un siècle et demi la construction de la muraille se voit ralentie.
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En 9 apr. J.-C., la dynastie Han est éclipsée par l'éphémère dynastie Xin avant d'être restaurée en 23 par l'empereur Geng Shidi. Celui-ci doit faire face à des guerres civiles, et lorsque l'empereur Guang Wudi monte sur le trône deux ans plus tard, son armée est trop affaiblie pour contenir efficacement les Xiongnu. Il ordonne la construction de quatre nouvelles murailles pour ralentir leur avancée et protéger la capitale. Finalement, vers 48, les Xiongnu connaissent des dissensions internes et se divisent en deux groupes : les Xiongnu septentrionaux et les Xiongnu méridionaux. Les Xiongnu méridionaux font tampon entre leurs homologues du Nord et la Chine ; ils se montrent relativement disposés à coexister avec ces derniers, ce qui met un hiatus à la construction de nouveaux murs.
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Vers la fin de la dynastie Han, l'Empire doit faire face à de nombreuses rébellions et guerres civiles, notamment la rébellion des Turbans jaunes (184-205). Même si les seigneurs de guerre du nord comme Yuan Shao ou Cao Cao doivent occasionnellement faire face aux rébellions des Xiongnu, l'état de l'Empire force plus à se concentrer sur les luttes intestines. Cao Cao parvient cependant à rallier les Xiongnu méridionaux à lui tout en les divisant en cinq groupes montés les uns contre les autres et donc moins enclins à se rebeller contre lui, diminuant par là grandement l'utilité de la Grande Muraille. À la fin de la dynastie Han, la Chine est divisée en Trois Royaumes séparés par des frontières et se faisant continuellement la guerre, rendant la construction et l'entretien de grandes murailles peu pertinents. Ce n'est pas avant la fin de la dynastie Wei du Nord, vers le VIe siècle, qu'apparaît le projet de construire une nouvelle Grande Muraille. Cependant ce projet ne sera jamais mis à exécution, et de tous les royaumes rivaux de l'époque, seul le Qi construit des murs.
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La dynastie Ming (明朝, míng cháo) est une lignée d'empereurs de Chine. Par abus de langage, la dynastie Ming désigne aussi l'époque couvrant la durée du règne de celle-ci. Elle suit la dynastie Yuan, précède la dynastie Qing et est fondée par la famille des Zhu.
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C'est sous la dynastie Ming que la muraille prend sa forme actuelle pour empêcher les armées mongoles et mandchoues d'envahir la Chine.
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La construction de la muraille s'étale sur deux périodes[9] :
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La Grande Muraille est située en Chine, au nord. Elle part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi.
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La Grande Muraille est la plus longue construction humaine au monde.
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Elle parcourt environ 6 700 kilomètres. Des études par satellite ont montré que de nombreux segments, d'une longueur totale d'environ 1 000 kilomètres, étaient de nos jours enfouis sous terre.
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Sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche[10]) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance[réf. nécessaire]. En revanche les mêmes études n'ont révélé aucune présence d'éléments osseux dans ce mortier contrairement à la légende, qui disait que sa solidité et sa blancheur était liée à la présence d'os humains.
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Contrairement à une idée reçue, cette construction n'est pas visible à l'œil nu depuis la Lune[11]. Non pas parce que sa longueur est insuffisante mais parce que sa largeur l'est. En effet, la muraille n'est pas plus large qu'une autoroute et aucune autoroute n'est visible à l’œil nu depuis la station spatiale internationale[note 1]. C'est William Stukeley qui, en 1754, aurait émis cette hypothèse sans jamais l'avoir vérifiée[12].
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Cependant le débat est de savoir si la muraille est visible depuis une orbite basse. L'astronaute américain Eugene Cernan affirme qu'on peut l'apercevoir à une distance de 160 à 320 km d'altitude[13], c'est-à-dire depuis l'espace. De cette hauteur, on voit tout : autoroutes, gros bâtiments et bien d'autres. D'après l’astronaute Leroy Chiao à l’issue de son séjour de six mois dans la station spatiale internationale, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu[14]. L'information, avec cliché à l’appui, a fait la une du quotidien China Daily, contredisant le taïkonaute Yang Liwei qui avait assuré, lors de son séjour spatial en 2003, n'avoir vu aucune trace de la muraille.
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Son ombre serait observable par un œil humain avec un soleil suffisamment bas sur l'horizon sur cette partie de la Terre[13].
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En 2004, le micro-satellite PROBA de l'Agence spatiale européenne, contrôlé depuis la station de Redu en Belgique, prend une photo de la muraille depuis une altitude de 600 km grâce à une caméra HRC (High Resolution Camera) compacte dont la résolution est supérieure à celle de l'œil humain[13].
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La Grande Muraille est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année[15].
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Les endroits les plus fréquentés sont[réf. nécessaire] les passes de Badaling, Mutianyu, Simatai, le fort de Juyongguan, Xifengkou, le fort de Jiayuguan et le fort de Shanhaiguan.
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La légende de Meng Jiangnü est en rapport avec la Grande Muraille.
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La Grande Muraille a servi de décor dans de nombreux jeux vidéo ; citons pour les principaux :
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La Grande Muraille à Badaling.
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Vue de Badaling.
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Autre vue de Badaling.
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À Mutianyu, près de Pékin.
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Une section à Jiayuguan, à l'extrême ouest.
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Entre Simatai et Jinshanling.
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Lever de soleil sur la Grande Muraille.
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Section près de Badaling.
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Extrémité de la Grande Muraille rejoignant la mer de Bohai.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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La Grande Muraille (1987) · Grottes de Mogao (1987) · Mausolée du premier empereur Qin (1987) · Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang (1987) · Site de l'homme de Pékin à Zhoukoudian (1987) · Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de Wudang (1994) · Ensemble historique du palais du Potala, Lhassa (1994) · Résidence de montagne et temples avoisinants à Chengde (1994) · Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à Qufu (1994) · Parc national de Lushan (1996) · Jardins classiques de Suzhou (1997) · Vieille ville de Lijiang (1997) · Vieille ville de Ping Yao (1997) · Palais d'Été, Jardin impérial de Pékin (1998) · Temple du Ciel, autel sacrificiel impérial à Pékin (1998) · Sculptures rupestres de Dazu (1999) · Anciens villages du sud du Anhui – Xidi et Hongcun (2000) · Mont Qingcheng et système d'irrigation de Dujiangyan (2000) · Grottes de Longmen (2000) · Tombes impériales des dynasties Ming et Qing (2000) · Grottes de Yungang (2001) · Capitales et tombes de l'ancien royaume de Koguryo (2004) · Centre historique de Macao (2005) · Yin Xu (2006) · Diaolou et villages de Kaiping (2007) · Tulou du Fujian (2008) · Mont Wutai (2009) · Monuments historiques de Dengfeng au « centre du ciel et de la terre » (2010) · Paysage culturel du lac de l'Ouest de Hangzhou (2011) · Site de Xanadu (2012) · Rizières en terrasse des Hani de Honghe (2013) · Le Grand Canal (2014) · Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang'an-Tian-shan (avec le Kazakhstan et le Kirghizistan) (2014) · Sites du tusi (2015) · Paysage culturel de l’art rupestre de Zuojiang Huashan (2016) · Kulangsu, un établissement historique international (2017) · Ruines archéologiques de la cité de Liangzhu (2019)
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Région d'intérêt panoramique et historique de Huanglong (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de la vallée de Jiuzhaigou (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan (1992) · Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (2003) · Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin (2006) · Karst de Chine du Sud (2007) · Parc national du mont Sanqingshan (2008) · Danxia de Chine (2010) · Site fossilifère de Chengjiang (2012) · Tianshan au Xinjiang (2013) · Shennongjia au Hubei (2016) · Qinghai Hoh Xil (2017) · Fanjingshan (2018) · Sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (Phase I) (2019)
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Mont Taishan (1987) · Mont Huangshan (1990) · Paysage panoramique du mont Emei, incluant le paysage panoramique du grand Bouddha de Leshan (1996) · Mont Wuyi (1999)
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La Grande Muraille[1] (chinois simplifié : 长城 ; chinois traditionnel : 長城 ; pinyin : Chángchéng ; Wade : Ch'ang²ch'eng² ; littéralement « la longue muraille »), aussi appelé « Les Grandes Murailles » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
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Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km[2]. En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li » (chinois simplifié : 万里长城 ; chinois traditionnel : 萬里長城 ; pinyin : Wànlǐ Chángchéng ; Wade : Wan⁴li³ Ch'ang²ch'eng²), le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois. Ce surnom peut cependant être pris dans son sens littéral par approximation, 6 700 km faisant 11 632 li dans sa valeur généralement considérée de 576 m ou 13 400 li dans sa valeur actuelle d’exactement 500 m. En moyenne, la muraille mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. En avril 2009, l'Administration d'État chargée du patrimoine culturel, ayant utilisé des technologies de mesure plus récentes[3], révise cette mesure et déclare une longueur de 8 851,8 km dont 6 259,6 km de murs, 359,7 km de tranchées et 2 232,5 km de barrières naturelles, telles des montagnes ou des rivières. Le même service a publié en juin 2012 une mise à jour de son étude, et estime désormais à 21 196,18 km la longueur totale de la Grande Muraille[4],[5]. Cette nouvelle estimation prend en compte des parties actuellement détruites.
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Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438[6]. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde[7].
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Si le terme « Grande Muraille » désigne principalement aujourd'hui les fortifications érigées pendant la dynastie Ming, plusieurs murailles construites lors des dynasties précédentes ont porté ce titre, les frontières de la Chine évoluant avec le temps.
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Six sections de la muraille portent des noms spécifiques :
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Traditionnellement, on divise l'histoire de la construction de la Grande Muraille en deux parties :
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Les peuples chinois construisent des murs depuis leurs plus anciennes dynasties : le mur des Erligang, construit près de la ville actuelle de Zhengzhou au début de la dynastie Shang (XVIIIe au XIIe siècle av. J.-C.) fait près de 7 km de circonférence et s'élève toujours de nos jours, en certains endroits, à plus de 10 m de haut.
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Au VIIIe siècle av. J.-C., début de la période dite des Printemps et des Automnes, la Chine suit un système féodal : le territoire est divisé en une centaine de fiefs ou États dirigés par des princes, en théorie tous réunis sous l'égide des rois de la dynastie Zhou. La plus vieille référence littéraire porte sur une muraille construite en 656 av. J.-C. par l'État de Qi.
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Cependant au cours du temps, ces États s'annexent les uns les autres pour former de grandes principautés et au VIe siècle av. J.-C., certaines principautés au sud font sécession, comme le Chu ou le Wu. La Chine est alors vite morcelée en plusieurs royaumes indépendants se faisant la guerre et ne reconnaissant à la dynastie régnante guère plus qu'un pouvoir symbolique : c'est le début de la période des Royaumes combattants.
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Vers cette époque, divers États entreprennent alors la construction de murailles pour se protéger de leurs voisins, ou des tribus non chinoises. Ainsi, vers le Ve siècle av. J.-C., l'État de Qi commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. Au milieu du IVe siècle av. J.-C., l'État de Wei entreprend à son tour la construction d'un mur sur sa frontière ouest à côté de celui du Qi, puis un deuxième mur sur sa frontière est. Il est imité par les États de Yan et Zhao. Des peuples non chinois construisent également des murailles, comme les Yiju pour se protéger du Qin.
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La technique utilisée pour dresser ces murailles est celle de la terre tassée. Ceux-ci profitèrent des caractéristiques particulières du sol chinois, un fin lœss très poussiéreux et s'agglomérant très facilement jusqu'à devenir l'équivalent en dureté de la pierre une fois tassé. Pressées entre deux planches, les couches de terre de quelques centimètres sont tassées les unes au-dessus des autres, une fois les planches retirées elles laissent un mur de terre compressé et très dur. Cette méthode permet de dresser rapidement des murs solides pouvant résister aisément plusieurs siècles, voire des millénaires.
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En 221 av. J.-C., le seigneur de guerre Ying Zheng achève l'unification de la Chine et fonde la dynastie Qin dont il se proclame empereur sous le nom de règne de Qin Shi Huang. Il entreprend alors de massives réformes. À la suite des attaques des tribus Xiongnu, au nord, il envoie le général Meng Tian pour que celui-ci repousse les Xiongnu, puis entreprenne la construction d'une grande muraille au-delà du fleuve Jaune pour protéger plus efficacement les territoires nouvellement conquis.
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Cependant, les détails de la construction de ce mur sont très mal connus et les avis des historiens diffèrent quant à ce qui a vraiment été accompli par Qin Shi Huang et Meng Tian. Il n'existe en tout qu'une seule source primaire relatant sa construction (principalement deux passages du Shiji), ainsi que quelques très courtes références dans les textes historiques ultérieurs comme le Livre des Han.
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« Après que la dynastie Qin eut unifié l'Empire, le général Meng Tian fut envoyé au nord avec 300 000 hommes pour repousser les tribus barbares. Il conquit le Henan et construisit une Grande Muraille en se servant des avantages topographiques. Il construisit des forteresses aux défilés. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li. Elle traversait le fleuve Jaune pour arriver à Yangshan. »
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« Après que le Qin eut conquis les six royaumes, l'empereur envoya le général Meng Tian avec 100 000 hommes au nord pour attaquer les barbares. Il captura le Henan et construisit des défenses autour du fleuve Jaune. Il construisit quarante-quatre villes fortifiées pour surveiller le fleuve et des soldats furent mis en garnison à la frontière. Il utilisa les montagnes, les falaises, les torrents et les vallées. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li et traversait le fleuve Jaune entre Yangshan et Beijia. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 110 : Les Xiongnu.
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En dehors de ces deux textes, il n'existe pas d'autre récit concernant la muraille construite par Meng Tian. On ne sait donc ni quand elle a été construite, ni son tracé exact. Cette absence d'informations, et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus d'informations dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens, et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes combattants.
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Cependant malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par la réputation de l'empereur Qin Shi Huang qui a laissé l'image d'un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de « mur de dix mille li » (soit 5 760 km étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de « Grande Muraille ».
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En 210 av. J.-C., l'empereur Shi Huangdi meurt et la dynastie Qin qu'il avait fondée ne lui survit que quelques années. En 202 av. J.-C., Liu Bang, un ancien soldat aux origines paysannes se rend maître de la Chine et se proclame empereur sous le nom de temple de Gaozu. Affaibli par sa précédente guerre de succession contre Xiang Yu, Gaozu abandonne l'entretien de la Grande Muraille des Qin, et lorsque les Xiongnu, désormais unis en confédération, se montrent menaçants et franchissent la frontière, plutôt que d'adopter une position offensive par l'utilisation de murailles comme l'avait fait Shi Huangdi, Gaozu tente d'acheter la paix par des tributs et des « unions harmonieuses », ou heqin, c'est-à-dire l'offre de princesses chinoises aux shanyu des Xiongnu. Pendant quelques décennies, ses successeurs feront de même. Cependant la Grande Muraille n'est pas complètement abandonnée : sous l'empereur Wendi (180 à 157 av. J.-C.) un ministre recommande la création de tuntian aux frontières (sortes de colonies agraires militaires) protégées par de petites murailles dans le but de coloniser la région et gêner les incursions des Xiongnu.
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C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 133 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin, puis l'étend au fur et à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie-Intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours.
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Comme pour la muraille de la dynastie Qin, la matière première dépend alors des disponibilités des terrains tandis que le tracé et l'emplacement des tours de guet, garnisons et passages sont choisis en fonction des avantages stratégiques naturels offerts par la configuration des régions. La section construite dans le désert de Gobi est notamment remarquable par l'utilisation des cailloux présents dans les sables locaux : en tamisant le sable, les ouvriers obtiennent du gravier. Les murs sont alors bâtis en alternant les couches tassées de gravier, de terre et de roseaux, puis sont recouverts d'argile afin d'être à la fois protégés de l'érosion et difficiles à escalader.
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Des forts sont construits à côté des murailles, voire directement intégrés aux murs, et un système de signaux de fumée permet de prévenir d'une attaque xiongnu. Afin de garantir la rapidité de l'arrivée des renforts, l'armée fait principalement usage de cavalerie légère. La Grande Muraille traverse également les importantes routes commerciales, permettant le contrôle des imports. Sur environ vingt ans, Wudi aura prolongé la Grande Muraille de près de mille kilomètres. Vers 90 av. J.-C., les offensives xiongnu se font de plus en plus rares et durant environ un siècle et demi la construction de la muraille se voit ralentie.
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En 9 apr. J.-C., la dynastie Han est éclipsée par l'éphémère dynastie Xin avant d'être restaurée en 23 par l'empereur Geng Shidi. Celui-ci doit faire face à des guerres civiles, et lorsque l'empereur Guang Wudi monte sur le trône deux ans plus tard, son armée est trop affaiblie pour contenir efficacement les Xiongnu. Il ordonne la construction de quatre nouvelles murailles pour ralentir leur avancée et protéger la capitale. Finalement, vers 48, les Xiongnu connaissent des dissensions internes et se divisent en deux groupes : les Xiongnu septentrionaux et les Xiongnu méridionaux. Les Xiongnu méridionaux font tampon entre leurs homologues du Nord et la Chine ; ils se montrent relativement disposés à coexister avec ces derniers, ce qui met un hiatus à la construction de nouveaux murs.
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Vers la fin de la dynastie Han, l'Empire doit faire face à de nombreuses rébellions et guerres civiles, notamment la rébellion des Turbans jaunes (184-205). Même si les seigneurs de guerre du nord comme Yuan Shao ou Cao Cao doivent occasionnellement faire face aux rébellions des Xiongnu, l'état de l'Empire force plus à se concentrer sur les luttes intestines. Cao Cao parvient cependant à rallier les Xiongnu méridionaux à lui tout en les divisant en cinq groupes montés les uns contre les autres et donc moins enclins à se rebeller contre lui, diminuant par là grandement l'utilité de la Grande Muraille. À la fin de la dynastie Han, la Chine est divisée en Trois Royaumes séparés par des frontières et se faisant continuellement la guerre, rendant la construction et l'entretien de grandes murailles peu pertinents. Ce n'est pas avant la fin de la dynastie Wei du Nord, vers le VIe siècle, qu'apparaît le projet de construire une nouvelle Grande Muraille. Cependant ce projet ne sera jamais mis à exécution, et de tous les royaumes rivaux de l'époque, seul le Qi construit des murs.
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La dynastie Ming (明朝, míng cháo) est une lignée d'empereurs de Chine. Par abus de langage, la dynastie Ming désigne aussi l'époque couvrant la durée du règne de celle-ci. Elle suit la dynastie Yuan, précède la dynastie Qing et est fondée par la famille des Zhu.
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C'est sous la dynastie Ming que la muraille prend sa forme actuelle pour empêcher les armées mongoles et mandchoues d'envahir la Chine.
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La construction de la muraille s'étale sur deux périodes[9] :
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La Grande Muraille est située en Chine, au nord. Elle part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi.
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La Grande Muraille est la plus longue construction humaine au monde.
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Elle parcourt environ 6 700 kilomètres. Des études par satellite ont montré que de nombreux segments, d'une longueur totale d'environ 1 000 kilomètres, étaient de nos jours enfouis sous terre.
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Sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche[10]) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance[réf. nécessaire]. En revanche les mêmes études n'ont révélé aucune présence d'éléments osseux dans ce mortier contrairement à la légende, qui disait que sa solidité et sa blancheur était liée à la présence d'os humains.
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Contrairement à une idée reçue, cette construction n'est pas visible à l'œil nu depuis la Lune[11]. Non pas parce que sa longueur est insuffisante mais parce que sa largeur l'est. En effet, la muraille n'est pas plus large qu'une autoroute et aucune autoroute n'est visible à l’œil nu depuis la station spatiale internationale[note 1]. C'est William Stukeley qui, en 1754, aurait émis cette hypothèse sans jamais l'avoir vérifiée[12].
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Cependant le débat est de savoir si la muraille est visible depuis une orbite basse. L'astronaute américain Eugene Cernan affirme qu'on peut l'apercevoir à une distance de 160 à 320 km d'altitude[13], c'est-à-dire depuis l'espace. De cette hauteur, on voit tout : autoroutes, gros bâtiments et bien d'autres. D'après l’astronaute Leroy Chiao à l’issue de son séjour de six mois dans la station spatiale internationale, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu[14]. L'information, avec cliché à l’appui, a fait la une du quotidien China Daily, contredisant le taïkonaute Yang Liwei qui avait assuré, lors de son séjour spatial en 2003, n'avoir vu aucune trace de la muraille.
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Son ombre serait observable par un œil humain avec un soleil suffisamment bas sur l'horizon sur cette partie de la Terre[13].
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En 2004, le micro-satellite PROBA de l'Agence spatiale européenne, contrôlé depuis la station de Redu en Belgique, prend une photo de la muraille depuis une altitude de 600 km grâce à une caméra HRC (High Resolution Camera) compacte dont la résolution est supérieure à celle de l'œil humain[13].
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La Grande Muraille est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année[15].
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Les endroits les plus fréquentés sont[réf. nécessaire] les passes de Badaling, Mutianyu, Simatai, le fort de Juyongguan, Xifengkou, le fort de Jiayuguan et le fort de Shanhaiguan.
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La légende de Meng Jiangnü est en rapport avec la Grande Muraille.
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La Grande Muraille a servi de décor dans de nombreux jeux vidéo ; citons pour les principaux :
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La Grande Muraille à Badaling.
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Vue de Badaling.
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Autre vue de Badaling.
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À Mutianyu, près de Pékin.
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Une section à Jiayuguan, à l'extrême ouest.
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Entre Simatai et Jinshanling.
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Lever de soleil sur la Grande Muraille.
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Section près de Badaling.
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Extrémité de la Grande Muraille rejoignant la mer de Bohai.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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La Grande Muraille (1987) · Grottes de Mogao (1987) · Mausolée du premier empereur Qin (1987) · Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang (1987) · Site de l'homme de Pékin à Zhoukoudian (1987) · Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de Wudang (1994) · Ensemble historique du palais du Potala, Lhassa (1994) · Résidence de montagne et temples avoisinants à Chengde (1994) · Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à Qufu (1994) · Parc national de Lushan (1996) · Jardins classiques de Suzhou (1997) · Vieille ville de Lijiang (1997) · Vieille ville de Ping Yao (1997) · Palais d'Été, Jardin impérial de Pékin (1998) · Temple du Ciel, autel sacrificiel impérial à Pékin (1998) · Sculptures rupestres de Dazu (1999) · Anciens villages du sud du Anhui – Xidi et Hongcun (2000) · Mont Qingcheng et système d'irrigation de Dujiangyan (2000) · Grottes de Longmen (2000) · Tombes impériales des dynasties Ming et Qing (2000) · Grottes de Yungang (2001) · Capitales et tombes de l'ancien royaume de Koguryo (2004) · Centre historique de Macao (2005) · Yin Xu (2006) · Diaolou et villages de Kaiping (2007) · Tulou du Fujian (2008) · Mont Wutai (2009) · Monuments historiques de Dengfeng au « centre du ciel et de la terre » (2010) · Paysage culturel du lac de l'Ouest de Hangzhou (2011) · Site de Xanadu (2012) · Rizières en terrasse des Hani de Honghe (2013) · Le Grand Canal (2014) · Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang'an-Tian-shan (avec le Kazakhstan et le Kirghizistan) (2014) · Sites du tusi (2015) · Paysage culturel de l’art rupestre de Zuojiang Huashan (2016) · Kulangsu, un établissement historique international (2017) · Ruines archéologiques de la cité de Liangzhu (2019)
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Région d'intérêt panoramique et historique de Huanglong (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de la vallée de Jiuzhaigou (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan (1992) · Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (2003) · Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin (2006) · Karst de Chine du Sud (2007) · Parc national du mont Sanqingshan (2008) · Danxia de Chine (2010) · Site fossilifère de Chengjiang (2012) · Tianshan au Xinjiang (2013) · Shennongjia au Hubei (2016) · Qinghai Hoh Xil (2017) · Fanjingshan (2018) · Sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (Phase I) (2019)
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Mont Taishan (1987) · Mont Huangshan (1990) · Paysage panoramique du mont Emei, incluant le paysage panoramique du grand Bouddha de Leshan (1996) · Mont Wuyi (1999)
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La Grande Muraille[1] (chinois simplifié : 长城 ; chinois traditionnel : 長城 ; pinyin : Chángchéng ; Wade : Ch'ang²ch'eng² ; littéralement « la longue muraille »), aussi appelé « Les Grandes Murailles » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
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Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km[2]. En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li » (chinois simplifié : 万里长城 ; chinois traditionnel : 萬里長城 ; pinyin : Wànlǐ Chángchéng ; Wade : Wan⁴li³ Ch'ang²ch'eng²), le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois. Ce surnom peut cependant être pris dans son sens littéral par approximation, 6 700 km faisant 11 632 li dans sa valeur généralement considérée de 576 m ou 13 400 li dans sa valeur actuelle d’exactement 500 m. En moyenne, la muraille mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. En avril 2009, l'Administration d'État chargée du patrimoine culturel, ayant utilisé des technologies de mesure plus récentes[3], révise cette mesure et déclare une longueur de 8 851,8 km dont 6 259,6 km de murs, 359,7 km de tranchées et 2 232,5 km de barrières naturelles, telles des montagnes ou des rivières. Le même service a publié en juin 2012 une mise à jour de son étude, et estime désormais à 21 196,18 km la longueur totale de la Grande Muraille[4],[5]. Cette nouvelle estimation prend en compte des parties actuellement détruites.
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Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438[6]. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde[7].
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Si le terme « Grande Muraille » désigne principalement aujourd'hui les fortifications érigées pendant la dynastie Ming, plusieurs murailles construites lors des dynasties précédentes ont porté ce titre, les frontières de la Chine évoluant avec le temps.
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Six sections de la muraille portent des noms spécifiques :
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Traditionnellement, on divise l'histoire de la construction de la Grande Muraille en deux parties :
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Les peuples chinois construisent des murs depuis leurs plus anciennes dynasties : le mur des Erligang, construit près de la ville actuelle de Zhengzhou au début de la dynastie Shang (XVIIIe au XIIe siècle av. J.-C.) fait près de 7 km de circonférence et s'élève toujours de nos jours, en certains endroits, à plus de 10 m de haut.
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Au VIIIe siècle av. J.-C., début de la période dite des Printemps et des Automnes, la Chine suit un système féodal : le territoire est divisé en une centaine de fiefs ou États dirigés par des princes, en théorie tous réunis sous l'égide des rois de la dynastie Zhou. La plus vieille référence littéraire porte sur une muraille construite en 656 av. J.-C. par l'État de Qi.
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Cependant au cours du temps, ces États s'annexent les uns les autres pour former de grandes principautés et au VIe siècle av. J.-C., certaines principautés au sud font sécession, comme le Chu ou le Wu. La Chine est alors vite morcelée en plusieurs royaumes indépendants se faisant la guerre et ne reconnaissant à la dynastie régnante guère plus qu'un pouvoir symbolique : c'est le début de la période des Royaumes combattants.
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Vers cette époque, divers États entreprennent alors la construction de murailles pour se protéger de leurs voisins, ou des tribus non chinoises. Ainsi, vers le Ve siècle av. J.-C., l'État de Qi commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. Au milieu du IVe siècle av. J.-C., l'État de Wei entreprend à son tour la construction d'un mur sur sa frontière ouest à côté de celui du Qi, puis un deuxième mur sur sa frontière est. Il est imité par les États de Yan et Zhao. Des peuples non chinois construisent également des murailles, comme les Yiju pour se protéger du Qin.
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La technique utilisée pour dresser ces murailles est celle de la terre tassée. Ceux-ci profitèrent des caractéristiques particulières du sol chinois, un fin lœss très poussiéreux et s'agglomérant très facilement jusqu'à devenir l'équivalent en dureté de la pierre une fois tassé. Pressées entre deux planches, les couches de terre de quelques centimètres sont tassées les unes au-dessus des autres, une fois les planches retirées elles laissent un mur de terre compressé et très dur. Cette méthode permet de dresser rapidement des murs solides pouvant résister aisément plusieurs siècles, voire des millénaires.
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En 221 av. J.-C., le seigneur de guerre Ying Zheng achève l'unification de la Chine et fonde la dynastie Qin dont il se proclame empereur sous le nom de règne de Qin Shi Huang. Il entreprend alors de massives réformes. À la suite des attaques des tribus Xiongnu, au nord, il envoie le général Meng Tian pour que celui-ci repousse les Xiongnu, puis entreprenne la construction d'une grande muraille au-delà du fleuve Jaune pour protéger plus efficacement les territoires nouvellement conquis.
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Cependant, les détails de la construction de ce mur sont très mal connus et les avis des historiens diffèrent quant à ce qui a vraiment été accompli par Qin Shi Huang et Meng Tian. Il n'existe en tout qu'une seule source primaire relatant sa construction (principalement deux passages du Shiji), ainsi que quelques très courtes références dans les textes historiques ultérieurs comme le Livre des Han.
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« Après que la dynastie Qin eut unifié l'Empire, le général Meng Tian fut envoyé au nord avec 300 000 hommes pour repousser les tribus barbares. Il conquit le Henan et construisit une Grande Muraille en se servant des avantages topographiques. Il construisit des forteresses aux défilés. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li. Elle traversait le fleuve Jaune pour arriver à Yangshan. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 88 : Meng Tian.
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« Après que le Qin eut conquis les six royaumes, l'empereur envoya le général Meng Tian avec 100 000 hommes au nord pour attaquer les barbares. Il captura le Henan et construisit des défenses autour du fleuve Jaune. Il construisit quarante-quatre villes fortifiées pour surveiller le fleuve et des soldats furent mis en garnison à la frontière. Il utilisa les montagnes, les falaises, les torrents et les vallées. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li et traversait le fleuve Jaune entre Yangshan et Beijia. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 110 : Les Xiongnu.
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En dehors de ces deux textes, il n'existe pas d'autre récit concernant la muraille construite par Meng Tian. On ne sait donc ni quand elle a été construite, ni son tracé exact. Cette absence d'informations, et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus d'informations dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens, et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes combattants.
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Cependant malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par la réputation de l'empereur Qin Shi Huang qui a laissé l'image d'un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de « mur de dix mille li » (soit 5 760 km étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de « Grande Muraille ».
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C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 133 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin, puis l'étend au fur et à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie-Intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours.
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Comme pour la muraille de la dynastie Qin, la matière première dépend alors des disponibilités des terrains tandis que le tracé et l'emplacement des tours de guet, garnisons et passages sont choisis en fonction des avantages stratégiques naturels offerts par la configuration des régions. La section construite dans le désert de Gobi est notamment remarquable par l'utilisation des cailloux présents dans les sables locaux : en tamisant le sable, les ouvriers obtiennent du gravier. Les murs sont alors bâtis en alternant les couches tassées de gravier, de terre et de roseaux, puis sont recouverts d'argile afin d'être à la fois protégés de l'érosion et difficiles à escalader.
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Des forts sont construits à côté des murailles, voire directement intégrés aux murs, et un système de signaux de fumée permet de prévenir d'une attaque xiongnu. Afin de garantir la rapidité de l'arrivée des renforts, l'armée fait principalement usage de cavalerie légère. La Grande Muraille traverse également les importantes routes commerciales, permettant le contrôle des imports. Sur environ vingt ans, Wudi aura prolongé la Grande Muraille de près de mille kilomètres. Vers 90 av. J.-C., les offensives xiongnu se font de plus en plus rares et durant environ un siècle et demi la construction de la muraille se voit ralentie.
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En 9 apr. J.-C., la dynastie Han est éclipsée par l'éphémère dynastie Xin avant d'être restaurée en 23 par l'empereur Geng Shidi. Celui-ci doit faire face à des guerres civiles, et lorsque l'empereur Guang Wudi monte sur le trône deux ans plus tard, son armée est trop affaiblie pour contenir efficacement les Xiongnu. Il ordonne la construction de quatre nouvelles murailles pour ralentir leur avancée et protéger la capitale. Finalement, vers 48, les Xiongnu connaissent des dissensions internes et se divisent en deux groupes : les Xiongnu septentrionaux et les Xiongnu méridionaux. Les Xiongnu méridionaux font tampon entre leurs homologues du Nord et la Chine ; ils se montrent relativement disposés à coexister avec ces derniers, ce qui met un hiatus à la construction de nouveaux murs.
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Vers la fin de la dynastie Han, l'Empire doit faire face à de nombreuses rébellions et guerres civiles, notamment la rébellion des Turbans jaunes (184-205). Même si les seigneurs de guerre du nord comme Yuan Shao ou Cao Cao doivent occasionnellement faire face aux rébellions des Xiongnu, l'état de l'Empire force plus à se concentrer sur les luttes intestines. Cao Cao parvient cependant à rallier les Xiongnu méridionaux à lui tout en les divisant en cinq groupes montés les uns contre les autres et donc moins enclins à se rebeller contre lui, diminuant par là grandement l'utilité de la Grande Muraille. À la fin de la dynastie Han, la Chine est divisée en Trois Royaumes séparés par des frontières et se faisant continuellement la guerre, rendant la construction et l'entretien de grandes murailles peu pertinents. Ce n'est pas avant la fin de la dynastie Wei du Nord, vers le VIe siècle, qu'apparaît le projet de construire une nouvelle Grande Muraille. Cependant ce projet ne sera jamais mis à exécution, et de tous les royaumes rivaux de l'époque, seul le Qi construit des murs.
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La dynastie Ming (明朝, míng cháo) est une lignée d'empereurs de Chine. Par abus de langage, la dynastie Ming désigne aussi l'époque couvrant la durée du règne de celle-ci. Elle suit la dynastie Yuan, précède la dynastie Qing et est fondée par la famille des Zhu.
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C'est sous la dynastie Ming que la muraille prend sa forme actuelle pour empêcher les armées mongoles et mandchoues d'envahir la Chine.
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La construction de la muraille s'étale sur deux périodes[9] :
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La Grande Muraille est située en Chine, au nord. Elle part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi.
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La Grande Muraille est la plus longue construction humaine au monde.
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Elle parcourt environ 6 700 kilomètres. Des études par satellite ont montré que de nombreux segments, d'une longueur totale d'environ 1 000 kilomètres, étaient de nos jours enfouis sous terre.
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Sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche[10]) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance[réf. nécessaire]. En revanche les mêmes études n'ont révélé aucune présence d'éléments osseux dans ce mortier contrairement à la légende, qui disait que sa solidité et sa blancheur était liée à la présence d'os humains.
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Contrairement à une idée reçue, cette construction n'est pas visible à l'œil nu depuis la Lune[11]. Non pas parce que sa longueur est insuffisante mais parce que sa largeur l'est. En effet, la muraille n'est pas plus large qu'une autoroute et aucune autoroute n'est visible à l’œil nu depuis la station spatiale internationale[note 1]. C'est William Stukeley qui, en 1754, aurait émis cette hypothèse sans jamais l'avoir vérifiée[12].
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Cependant le débat est de savoir si la muraille est visible depuis une orbite basse. L'astronaute américain Eugene Cernan affirme qu'on peut l'apercevoir à une distance de 160 à 320 km d'altitude[13], c'est-à-dire depuis l'espace. De cette hauteur, on voit tout : autoroutes, gros bâtiments et bien d'autres. D'après l’astronaute Leroy Chiao à l’issue de son séjour de six mois dans la station spatiale internationale, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu[14]. L'information, avec cliché à l’appui, a fait la une du quotidien China Daily, contredisant le taïkonaute Yang Liwei qui avait assuré, lors de son séjour spatial en 2003, n'avoir vu aucune trace de la muraille.
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Son ombre serait observable par un œil humain avec un soleil suffisamment bas sur l'horizon sur cette partie de la Terre[13].
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En 2004, le micro-satellite PROBA de l'Agence spatiale européenne, contrôlé depuis la station de Redu en Belgique, prend une photo de la muraille depuis une altitude de 600 km grâce à une caméra HRC (High Resolution Camera) compacte dont la résolution est supérieure à celle de l'œil humain[13].
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La Grande Muraille est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année[15].
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Les endroits les plus fréquentés sont[réf. nécessaire] les passes de Badaling, Mutianyu, Simatai, le fort de Juyongguan, Xifengkou, le fort de Jiayuguan et le fort de Shanhaiguan.
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La légende de Meng Jiangnü est en rapport avec la Grande Muraille.
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La Grande Muraille a servi de décor dans de nombreux jeux vidéo ; citons pour les principaux :
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La Grande Muraille à Badaling.
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Vue de Badaling.
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Autre vue de Badaling.
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À Mutianyu, près de Pékin.
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Une section à Jiayuguan, à l'extrême ouest.
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Entre Simatai et Jinshanling.
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Lever de soleil sur la Grande Muraille.
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Section près de Badaling.
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Extrémité de la Grande Muraille rejoignant la mer de Bohai.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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La Grande Muraille (1987) · Grottes de Mogao (1987) · Mausolée du premier empereur Qin (1987) · Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang (1987) · Site de l'homme de Pékin à Zhoukoudian (1987) · Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de Wudang (1994) · Ensemble historique du palais du Potala, Lhassa (1994) · Résidence de montagne et temples avoisinants à Chengde (1994) · Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à Qufu (1994) · Parc national de Lushan (1996) · Jardins classiques de Suzhou (1997) · Vieille ville de Lijiang (1997) · Vieille ville de Ping Yao (1997) · Palais d'Été, Jardin impérial de Pékin (1998) · Temple du Ciel, autel sacrificiel impérial à Pékin (1998) · Sculptures rupestres de Dazu (1999) · Anciens villages du sud du Anhui – Xidi et Hongcun (2000) · Mont Qingcheng et système d'irrigation de Dujiangyan (2000) · Grottes de Longmen (2000) · Tombes impériales des dynasties Ming et Qing (2000) · Grottes de Yungang (2001) · Capitales et tombes de l'ancien royaume de Koguryo (2004) · Centre historique de Macao (2005) · Yin Xu (2006) · Diaolou et villages de Kaiping (2007) · Tulou du Fujian (2008) · Mont Wutai (2009) · Monuments historiques de Dengfeng au « centre du ciel et de la terre » (2010) · Paysage culturel du lac de l'Ouest de Hangzhou (2011) · Site de Xanadu (2012) · Rizières en terrasse des Hani de Honghe (2013) · Le Grand Canal (2014) · Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang'an-Tian-shan (avec le Kazakhstan et le Kirghizistan) (2014) · Sites du tusi (2015) · Paysage culturel de l’art rupestre de Zuojiang Huashan (2016) · Kulangsu, un établissement historique international (2017) · Ruines archéologiques de la cité de Liangzhu (2019)
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Région d'intérêt panoramique et historique de Huanglong (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de la vallée de Jiuzhaigou (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan (1992) · Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (2003) · Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin (2006) · Karst de Chine du Sud (2007) · Parc national du mont Sanqingshan (2008) · Danxia de Chine (2010) · Site fossilifère de Chengjiang (2012) · Tianshan au Xinjiang (2013) · Shennongjia au Hubei (2016) · Qinghai Hoh Xil (2017) · Fanjingshan (2018) · Sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (Phase I) (2019)
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Mont Taishan (1987) · Mont Huangshan (1990) · Paysage panoramique du mont Emei, incluant le paysage panoramique du grand Bouddha de Leshan (1996) · Mont Wuyi (1999)
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La Grande Muraille[1] (chinois simplifié : 长城 ; chinois traditionnel : 長城 ; pinyin : Chángchéng ; Wade : Ch'ang²ch'eng² ; littéralement « la longue muraille »), aussi appelé « Les Grandes Murailles » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
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Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km[2]. En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li » (chinois simplifié : 万里长城 ; chinois traditionnel : 萬里長城 ; pinyin : Wànlǐ Chángchéng ; Wade : Wan⁴li³ Ch'ang²ch'eng²), le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois. Ce surnom peut cependant être pris dans son sens littéral par approximation, 6 700 km faisant 11 632 li dans sa valeur généralement considérée de 576 m ou 13 400 li dans sa valeur actuelle d’exactement 500 m. En moyenne, la muraille mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. En avril 2009, l'Administration d'État chargée du patrimoine culturel, ayant utilisé des technologies de mesure plus récentes[3], révise cette mesure et déclare une longueur de 8 851,8 km dont 6 259,6 km de murs, 359,7 km de tranchées et 2 232,5 km de barrières naturelles, telles des montagnes ou des rivières. Le même service a publié en juin 2012 une mise à jour de son étude, et estime désormais à 21 196,18 km la longueur totale de la Grande Muraille[4],[5]. Cette nouvelle estimation prend en compte des parties actuellement détruites.
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Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438[6]. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde[7].
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Si le terme « Grande Muraille » désigne principalement aujourd'hui les fortifications érigées pendant la dynastie Ming, plusieurs murailles construites lors des dynasties précédentes ont porté ce titre, les frontières de la Chine évoluant avec le temps.
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Six sections de la muraille portent des noms spécifiques :
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Traditionnellement, on divise l'histoire de la construction de la Grande Muraille en deux parties :
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Les peuples chinois construisent des murs depuis leurs plus anciennes dynasties : le mur des Erligang, construit près de la ville actuelle de Zhengzhou au début de la dynastie Shang (XVIIIe au XIIe siècle av. J.-C.) fait près de 7 km de circonférence et s'élève toujours de nos jours, en certains endroits, à plus de 10 m de haut.
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Au VIIIe siècle av. J.-C., début de la période dite des Printemps et des Automnes, la Chine suit un système féodal : le territoire est divisé en une centaine de fiefs ou États dirigés par des princes, en théorie tous réunis sous l'égide des rois de la dynastie Zhou. La plus vieille référence littéraire porte sur une muraille construite en 656 av. J.-C. par l'État de Qi.
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Cependant au cours du temps, ces États s'annexent les uns les autres pour former de grandes principautés et au VIe siècle av. J.-C., certaines principautés au sud font sécession, comme le Chu ou le Wu. La Chine est alors vite morcelée en plusieurs royaumes indépendants se faisant la guerre et ne reconnaissant à la dynastie régnante guère plus qu'un pouvoir symbolique : c'est le début de la période des Royaumes combattants.
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Vers cette époque, divers États entreprennent alors la construction de murailles pour se protéger de leurs voisins, ou des tribus non chinoises. Ainsi, vers le Ve siècle av. J.-C., l'État de Qi commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. Au milieu du IVe siècle av. J.-C., l'État de Wei entreprend à son tour la construction d'un mur sur sa frontière ouest à côté de celui du Qi, puis un deuxième mur sur sa frontière est. Il est imité par les États de Yan et Zhao. Des peuples non chinois construisent également des murailles, comme les Yiju pour se protéger du Qin.
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La technique utilisée pour dresser ces murailles est celle de la terre tassée. Ceux-ci profitèrent des caractéristiques particulières du sol chinois, un fin lœss très poussiéreux et s'agglomérant très facilement jusqu'à devenir l'équivalent en dureté de la pierre une fois tassé. Pressées entre deux planches, les couches de terre de quelques centimètres sont tassées les unes au-dessus des autres, une fois les planches retirées elles laissent un mur de terre compressé et très dur. Cette méthode permet de dresser rapidement des murs solides pouvant résister aisément plusieurs siècles, voire des millénaires.
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En 221 av. J.-C., le seigneur de guerre Ying Zheng achève l'unification de la Chine et fonde la dynastie Qin dont il se proclame empereur sous le nom de règne de Qin Shi Huang. Il entreprend alors de massives réformes. À la suite des attaques des tribus Xiongnu, au nord, il envoie le général Meng Tian pour que celui-ci repousse les Xiongnu, puis entreprenne la construction d'une grande muraille au-delà du fleuve Jaune pour protéger plus efficacement les territoires nouvellement conquis.
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Cependant, les détails de la construction de ce mur sont très mal connus et les avis des historiens diffèrent quant à ce qui a vraiment été accompli par Qin Shi Huang et Meng Tian. Il n'existe en tout qu'une seule source primaire relatant sa construction (principalement deux passages du Shiji), ainsi que quelques très courtes références dans les textes historiques ultérieurs comme le Livre des Han.
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« Après que la dynastie Qin eut unifié l'Empire, le général Meng Tian fut envoyé au nord avec 300 000 hommes pour repousser les tribus barbares. Il conquit le Henan et construisit une Grande Muraille en se servant des avantages topographiques. Il construisit des forteresses aux défilés. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li. Elle traversait le fleuve Jaune pour arriver à Yangshan. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 88 : Meng Tian.
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« Après que le Qin eut conquis les six royaumes, l'empereur envoya le général Meng Tian avec 100 000 hommes au nord pour attaquer les barbares. Il captura le Henan et construisit des défenses autour du fleuve Jaune. Il construisit quarante-quatre villes fortifiées pour surveiller le fleuve et des soldats furent mis en garnison à la frontière. Il utilisa les montagnes, les falaises, les torrents et les vallées. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li et traversait le fleuve Jaune entre Yangshan et Beijia. »
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— Sima Qian, Shiji, Chapitre 110 : Les Xiongnu.
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En dehors de ces deux textes, il n'existe pas d'autre récit concernant la muraille construite par Meng Tian. On ne sait donc ni quand elle a été construite, ni son tracé exact. Cette absence d'informations, et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus d'informations dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens, et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes combattants.
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Cependant malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par la réputation de l'empereur Qin Shi Huang qui a laissé l'image d'un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de « mur de dix mille li » (soit 5 760 km étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de « Grande Muraille ».
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En 210 av. J.-C., l'empereur Shi Huangdi meurt et la dynastie Qin qu'il avait fondée ne lui survit que quelques années. En 202 av. J.-C., Liu Bang, un ancien soldat aux origines paysannes se rend maître de la Chine et se proclame empereur sous le nom de temple de Gaozu. Affaibli par sa précédente guerre de succession contre Xiang Yu, Gaozu abandonne l'entretien de la Grande Muraille des Qin, et lorsque les Xiongnu, désormais unis en confédération, se montrent menaçants et franchissent la frontière, plutôt que d'adopter une position offensive par l'utilisation de murailles comme l'avait fait Shi Huangdi, Gaozu tente d'acheter la paix par des tributs et des « unions harmonieuses », ou heqin, c'est-à-dire l'offre de princesses chinoises aux shanyu des Xiongnu. Pendant quelques décennies, ses successeurs feront de même. Cependant la Grande Muraille n'est pas complètement abandonnée : sous l'empereur Wendi (180 à 157 av. J.-C.) un ministre recommande la création de tuntian aux frontières (sortes de colonies agraires militaires) protégées par de petites murailles dans le but de coloniser la région et gêner les incursions des Xiongnu.
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C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 133 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin, puis l'étend au fur et à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie-Intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours.
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Comme pour la muraille de la dynastie Qin, la matière première dépend alors des disponibilités des terrains tandis que le tracé et l'emplacement des tours de guet, garnisons et passages sont choisis en fonction des avantages stratégiques naturels offerts par la configuration des régions. La section construite dans le désert de Gobi est notamment remarquable par l'utilisation des cailloux présents dans les sables locaux : en tamisant le sable, les ouvriers obtiennent du gravier. Les murs sont alors bâtis en alternant les couches tassées de gravier, de terre et de roseaux, puis sont recouverts d'argile afin d'être à la fois protégés de l'érosion et difficiles à escalader.
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Des forts sont construits à côté des murailles, voire directement intégrés aux murs, et un système de signaux de fumée permet de prévenir d'une attaque xiongnu. Afin de garantir la rapidité de l'arrivée des renforts, l'armée fait principalement usage de cavalerie légère. La Grande Muraille traverse également les importantes routes commerciales, permettant le contrôle des imports. Sur environ vingt ans, Wudi aura prolongé la Grande Muraille de près de mille kilomètres. Vers 90 av. J.-C., les offensives xiongnu se font de plus en plus rares et durant environ un siècle et demi la construction de la muraille se voit ralentie.
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En 9 apr. J.-C., la dynastie Han est éclipsée par l'éphémère dynastie Xin avant d'être restaurée en 23 par l'empereur Geng Shidi. Celui-ci doit faire face à des guerres civiles, et lorsque l'empereur Guang Wudi monte sur le trône deux ans plus tard, son armée est trop affaiblie pour contenir efficacement les Xiongnu. Il ordonne la construction de quatre nouvelles murailles pour ralentir leur avancée et protéger la capitale. Finalement, vers 48, les Xiongnu connaissent des dissensions internes et se divisent en deux groupes : les Xiongnu septentrionaux et les Xiongnu méridionaux. Les Xiongnu méridionaux font tampon entre leurs homologues du Nord et la Chine ; ils se montrent relativement disposés à coexister avec ces derniers, ce qui met un hiatus à la construction de nouveaux murs.
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Vers la fin de la dynastie Han, l'Empire doit faire face à de nombreuses rébellions et guerres civiles, notamment la rébellion des Turbans jaunes (184-205). Même si les seigneurs de guerre du nord comme Yuan Shao ou Cao Cao doivent occasionnellement faire face aux rébellions des Xiongnu, l'état de l'Empire force plus à se concentrer sur les luttes intestines. Cao Cao parvient cependant à rallier les Xiongnu méridionaux à lui tout en les divisant en cinq groupes montés les uns contre les autres et donc moins enclins à se rebeller contre lui, diminuant par là grandement l'utilité de la Grande Muraille. À la fin de la dynastie Han, la Chine est divisée en Trois Royaumes séparés par des frontières et se faisant continuellement la guerre, rendant la construction et l'entretien de grandes murailles peu pertinents. Ce n'est pas avant la fin de la dynastie Wei du Nord, vers le VIe siècle, qu'apparaît le projet de construire une nouvelle Grande Muraille. Cependant ce projet ne sera jamais mis à exécution, et de tous les royaumes rivaux de l'époque, seul le Qi construit des murs.
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La dynastie Ming (明朝, míng cháo) est une lignée d'empereurs de Chine. Par abus de langage, la dynastie Ming désigne aussi l'époque couvrant la durée du règne de celle-ci. Elle suit la dynastie Yuan, précède la dynastie Qing et est fondée par la famille des Zhu.
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C'est sous la dynastie Ming que la muraille prend sa forme actuelle pour empêcher les armées mongoles et mandchoues d'envahir la Chine.
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La construction de la muraille s'étale sur deux périodes[9] :
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La Grande Muraille est située en Chine, au nord. Elle part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi.
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La Grande Muraille est la plus longue construction humaine au monde.
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Elle parcourt environ 6 700 kilomètres. Des études par satellite ont montré que de nombreux segments, d'une longueur totale d'environ 1 000 kilomètres, étaient de nos jours enfouis sous terre.
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Sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche[10]) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance[réf. nécessaire]. En revanche les mêmes études n'ont révélé aucune présence d'éléments osseux dans ce mortier contrairement à la légende, qui disait que sa solidité et sa blancheur était liée à la présence d'os humains.
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Contrairement à une idée reçue, cette construction n'est pas visible à l'œil nu depuis la Lune[11]. Non pas parce que sa longueur est insuffisante mais parce que sa largeur l'est. En effet, la muraille n'est pas plus large qu'une autoroute et aucune autoroute n'est visible à l’œil nu depuis la station spatiale internationale[note 1]. C'est William Stukeley qui, en 1754, aurait émis cette hypothèse sans jamais l'avoir vérifiée[12].
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Cependant le débat est de savoir si la muraille est visible depuis une orbite basse. L'astronaute américain Eugene Cernan affirme qu'on peut l'apercevoir à une distance de 160 à 320 km d'altitude[13], c'est-à-dire depuis l'espace. De cette hauteur, on voit tout : autoroutes, gros bâtiments et bien d'autres. D'après l’astronaute Leroy Chiao à l’issue de son séjour de six mois dans la station spatiale internationale, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu[14]. L'information, avec cliché à l’appui, a fait la une du quotidien China Daily, contredisant le taïkonaute Yang Liwei qui avait assuré, lors de son séjour spatial en 2003, n'avoir vu aucune trace de la muraille.
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Son ombre serait observable par un œil humain avec un soleil suffisamment bas sur l'horizon sur cette partie de la Terre[13].
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En 2004, le micro-satellite PROBA de l'Agence spatiale européenne, contrôlé depuis la station de Redu en Belgique, prend une photo de la muraille depuis une altitude de 600 km grâce à une caméra HRC (High Resolution Camera) compacte dont la résolution est supérieure à celle de l'œil humain[13].
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La Grande Muraille est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année[15].
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Les endroits les plus fréquentés sont[réf. nécessaire] les passes de Badaling, Mutianyu, Simatai, le fort de Juyongguan, Xifengkou, le fort de Jiayuguan et le fort de Shanhaiguan.
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La légende de Meng Jiangnü est en rapport avec la Grande Muraille.
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La Grande Muraille a servi de décor dans de nombreux jeux vidéo ; citons pour les principaux :
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La Grande Muraille à Badaling.
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Vue de Badaling.
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Autre vue de Badaling.
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À Mutianyu, près de Pékin.
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Une section à Jiayuguan, à l'extrême ouest.
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Entre Simatai et Jinshanling.
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Lever de soleil sur la Grande Muraille.
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Section près de Badaling.
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Extrémité de la Grande Muraille rejoignant la mer de Bohai.
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La Grande Muraille (1987) · Grottes de Mogao (1987) · Mausolée du premier empereur Qin (1987) · Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang (1987) · Site de l'homme de Pékin à Zhoukoudian (1987) · Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de Wudang (1994) · Ensemble historique du palais du Potala, Lhassa (1994) · Résidence de montagne et temples avoisinants à Chengde (1994) · Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à Qufu (1994) · Parc national de Lushan (1996) · Jardins classiques de Suzhou (1997) · Vieille ville de Lijiang (1997) · Vieille ville de Ping Yao (1997) · Palais d'Été, Jardin impérial de Pékin (1998) · Temple du Ciel, autel sacrificiel impérial à Pékin (1998) · Sculptures rupestres de Dazu (1999) · Anciens villages du sud du Anhui – Xidi et Hongcun (2000) · Mont Qingcheng et système d'irrigation de Dujiangyan (2000) · Grottes de Longmen (2000) · Tombes impériales des dynasties Ming et Qing (2000) · Grottes de Yungang (2001) · Capitales et tombes de l'ancien royaume de Koguryo (2004) · Centre historique de Macao (2005) · Yin Xu (2006) · Diaolou et villages de Kaiping (2007) · Tulou du Fujian (2008) · Mont Wutai (2009) · Monuments historiques de Dengfeng au « centre du ciel et de la terre » (2010) · Paysage culturel du lac de l'Ouest de Hangzhou (2011) · Site de Xanadu (2012) · Rizières en terrasse des Hani de Honghe (2013) · Le Grand Canal (2014) · Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang'an-Tian-shan (avec le Kazakhstan et le Kirghizistan) (2014) · Sites du tusi (2015) · Paysage culturel de l’art rupestre de Zuojiang Huashan (2016) · Kulangsu, un établissement historique international (2017) · Ruines archéologiques de la cité de Liangzhu (2019)
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Région d'intérêt panoramique et historique de Huanglong (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de la vallée de Jiuzhaigou (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan (1992) · Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (2003) · Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin (2006) · Karst de Chine du Sud (2007) · Parc national du mont Sanqingshan (2008) · Danxia de Chine (2010) · Site fossilifère de Chengjiang (2012) · Tianshan au Xinjiang (2013) · Shennongjia au Hubei (2016) · Qinghai Hoh Xil (2017) · Fanjingshan (2018) · Sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (Phase I) (2019)
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Mont Taishan (1987) · Mont Huangshan (1990) · Paysage panoramique du mont Emei, incluant le paysage panoramique du grand Bouddha de Leshan (1996) · Mont Wuyi (1999)
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La pyramide de Khéops ou grande pyramide de Gizeh est un monument construit par les Égyptiens de l'Antiquité, formant une pyramide à base carrée. Tombeau présumé du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie[1], au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh en Égypte. Elle est la plus grande des pyramides de Gizeh.
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Elle était considérée dans l'Antiquité comme la première des Sept Merveilles du monde. Seule des Sept Merveilles du monde à avoir survécu jusqu'à nos jours, elle est également la plus ancienne. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Ce monument phare de l'Égypte antique est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche.
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La grande pyramide, chef-d'œuvre de l'Ancien Empire de l'architecte Hémiounou, est la consécration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser, à Saqqarah. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints pour sa construction en font une pyramide à part qui ne cesse de questionner la recherche.
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Ce monument forme une pyramide à base carrée de 440 coudées royales anciennes, soit environ 230,5 mètres. Les valeurs empiriques d'aujourd'hui sont : au sud de 230,384 m, au nord 230,329 m, à l'ouest 230,407 m, à l'est 230,334 m, soit une erreur pour obtenir un carré parfait de seulement 12 secondes d'arc sur l'angle formé par ses diagonales[2].
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La pyramide construite sur un socle rocheux avait une hauteur initiale d'environ 146,58 m (280 coudées royales égyptiennes), c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome de 139 m, mais l'érosion l'a réduite de 9,58 m (environ dix-huit coudées royales) pour atteindre 137 m de hauteur[3]. Elle détient le record du monument le plus haut du monde jusqu'en 1311, année qui voit l'érection de la cathédrale de Lincoln dont la flèche atteint 160 m de hauteur[4]. Elle fait un périmètre de 922 m, une surface de 53 056 m2 et un volume originel de 2 592 341 m3 (aujourd'hui 2 352 000 m3)[4].
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L'estimation traditionnelle du nombre de blocs de pierres qui composent la pyramide est de 2,3 millions mais le calcul des égyptologues va de 600 000[5] à quatre millions[6]. La pyramide pèse près de cinq millions de tonnes. Le volume de matériau entassé (corps et revêtement) s'élevait à 2,5 millions de m3 ; aujourd'hui, il n'en reste qu'environ 2,34 millions[7].
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Les premières assises de la pyramide sont faites directement dans la roche naturelle du plateau de Gizeh. D'après une étude géologique et géomorphologique de 2008, le volume minimum de ce substrat est estimé à 23 % du volume total[8].
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Le parement ou revêtement était composé de pierres calcaires blanchâtres soigneusement jointoyées et polies qui renvoyaient les rayons du soleil, lui donnant l'aspect d'une véritable colline de lumière (ce qui explique qu'elle eut pour nom Akouit « la brillante », mais elle fut plutôt appelée Akhet Khoufou, « L'horizon de Khéops »[9]) et soulignant sa géométrie par un jeu d'ombre et de lumière[10]. Contrairement à la pyramide de Khéphren, elle n'a pas gardé dans sa partie supérieure son revêtement de calcaire mais il subsiste quelques blocs au niveau de la base de la face Nord. Le nucléus est constitué de blocs de calcaire plus ou moins équarris de moins bonne qualité que ceux du parement, les premiers étant issus d'une carrière à 400 m de la pyramide, les seconds de la carrière de Tourah. Les deux premières assises, ainsi que la maçonnerie de la grande galerie et des appartements funéraires sont construites en blocs de granit rose d'Assouan. Les blocs qui sont aujourd'hui visibles à l'extérieur sont noircis par la pollution et souvent cachés par la brume[11].
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Chaque bloc de pierre calcaire a un volume de 1,10 m3 et pèse en moyenne 2,5 t, ce qui fait pour la pyramide (en négligeant le poids des 130 blocs de granite) une masse totale de 5 000 000 t[3].
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Des vestiges d'une enceinte à redans, située à dix mètres autour de la pyramide, sont présents autour du monument. Ces redans sont des parties saines conservées du socle rocheux qui ont permis de diminuer le nombre de blocs à mettre en œuvre lors de la construction[12].
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La pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
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La grande pyramide de Khéops a bénéficié, pour sa construction, des développements et des innovations techniques des pyramides de son père Snéfrou à Dahchour. Elle ne semble avoir subi aucun changement de plans à l'extérieur. Ce point est par contre sujet à discussions en ce qui concerne l'intérieur du monument. Deux écoles s'affrontent : il y a les partisans d'un projet unique et les partisans de trois projets successifs[14]. Il semble que l'architecte en fut le vizir Hémiounou.
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L'entrée de la pyramide (1), située sur la face nord de la pyramide à une hauteur de 15,63 mètres[15], est surplombée par un système de décharge avec voûtes et linteaux monolithiques. Sa fonction est de protéger le couloir descendant de la masse située au-dessus. Cependant les dimensions de cette voûte semblent disproportionnées quand on considère les charges relativement faibles en cet endroit. Avait-elle une fonction plus symbolique[note 2] ?
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Cette entrée aurait été fermée au moyen d'une pierre mobile, ce qui confirmerait les indications de l'auteur antique Strabon. Ce type de dispositif de fermeture était déjà connu à Dahchour[16].
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On accède aujourd'hui aux infrastructures intérieures par la percée qu'effectua le corps expéditionnaire du calife Al-Mamoun, en 820, dans l'espoir d'y trouver un trésor (2). Le revêtement lisse de la pyramide était encore en place à cette époque et masquait le dispositif de fermeture antique[note 3], et les membres de l'expédition cherchèrent longtemps avant de trouver un endroit où la pierre sonnait creux. L'ouverture fut creusée quelques mètres sous la véritable entrée et débouche sur le couloir ascendant, juste derrière les blocs bouchant le passage (3). Les salles arbitrairement dénommées « chambre du roi » et « chambre de la reine » furent trouvées vides de tout trésor, et le coffre en granit ne renfermait pas de momie, selon le récit de l'expédition de 820. C'est dans une chambre de décharge au-dessus de la chambre du roi que l'égyptologue Vyse découvre en 1837 les seules inscriptions de la pyramide, le cartouche du roi Khéops, plusieurs fois tracé en rouge sur les blocs de pierre, si bien que le coffre est traditionnellement considéré comme le sarcophage ayant abrité la momie de Khéops[17]. La théorie de Gilles Dormion considère qu'il s'agit d'une chambre fausse destinée à tromper les voleurs[18].
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Le plan de la pyramide de Khéops est composé de trois niveaux principaux.
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Le couloir descendant (4) , incliné de 26°26'46" — soit une pente de 50% — et long de 105 mètres[15], aboutit à un couloir horizontal long de 8,90 mètres[15] menant à la chambre souterraine (5). Cette dernière, ainsi qu'une grande partie de la descenderie, a été creusée dans la roche naturelle et demeure inachevée. Dans le mur sud fut ébauché un corridor de seize mètres[15] de long ne débouchant sur rien. Un décaissement fut pratiqué dans le sol de la chambre. Les ingénieurs John Shae Perring et Howard Vyse y pratiquèrent en 1837[19], un puits profond de 11,60 mètres, lequel, espérèrent-ils, les conduirait jusqu'à la chambre sépulcrale. Leurs pensées étaient alors inspirées par le voyageur grec Hérodote selon qui le corps de Khéops reposait sur une île, entourée d'un canal et située en dessous de l'actuelle chambre souterraine. Leurs recherches ne menèrent à rien.
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L'aspect inachevé de la chambre souterraine semble prouver qu'elle constitue un premier projet abandonné, l'architecte ayant opté ensuite pour un aménagement dans la maçonnerie de la pyramide[20].
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La percée d'Al-Mamoun mène directement dans le couloir ascendant. Ce dernier fut aménagé par l'architecte de la grande pyramide dans l'appareillage de pierre existant, en perçant le plafond de la descenderie à 25 mètres de l'entrée[21]. Ce couloir est constitué de pierres placées en lits horizontaux sur plusieurs mètres. Il se prolonge ensuite avec une maçonnerie appareillée jusqu'à son extrémité. Trois blocs ceintures sont placés à intervalles réguliers dont la destination était très probablement d'accueillir des herses de fermeture[22]. Or, cette option a dû être rejetée pendant la construction, l'architecte ayant opté pour la mise en place de trois blocs bouchons de granite (3), blocs demeurant toujours aujourd'hui en bas du couloir ascendant.
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L'embranchement a la particularité d'offrir un accès à chaque niveau de la pyramide : tout d'abord à la descenderie, par un boyau reliant le bas de la grande galerie (9) à la grotte (12) et creusé à même la maçonnerie par les constructeurs, ensuite à la chambre de la reine (7), par un couloir horizontal (8), et enfin à la chambre du roi (10), en empruntant la grande galerie (9).
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Un boyau, reliant le bas de la descenderie à la surface au niveau du rocher naturel traversant une grotte naturelle (12) sans aucune forme construite. Il permettait l'évacuation des débris produits par les travaux dans la chambre souterraine. Ce puits fut rendu inopérant dès la pose des premières assises de pierres mais remis en fonction et accessible depuis l'embranchement quand la construction été fort bien entamée[23].
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Le couloir menant à la chambre de la reine (8) est appareillé dans une maçonnerie de belles pierres calcaires. Des particularités figurent sur ses murs tels que des faux joints et des joints anormalement croisés. Il y eut de nombreuses tentatives d'investigation (forages, mesures micro-gravimétriques) afin de déceler des couloirs secrets mais celles-ci furent sans succès[24].
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Le « ScanPyramids Big Void » (le grand vide) qui se trouve à environ quarante mètres de la chambre de la reine mesure au moins trente mètres de long et a des caractéristiques similaires aux galeries. Il a été dévoilé le jeudi 2 novembre 2017 après un scan de la pyramide de Khéops dans le cadre du projet Scanpyramids[25],[26].
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On accède à la « chambre de la reine » (7) (qui, en réalité, n'a jamais été destinée à une reine mais fut nommée ainsi par les explorateurs arabes). Cette chambre de base carrée[27], placée dans l'axe est-ouest de la pyramide, possède une couverture en voûte avec pierres disposées en chevrons. Une niche, protégée par une voûte en encorbellement, fut aménagée dans le mur est de la chambre. Une percée dans cette niche soulève aujourd'hui de nombreux débats. L'égyptologue Gilles Dormion a remarqué que cette sape s'avère être un boyau maçonné de cinq mètres (donc prévu par les constructeurs) prolongé par une sape de voleur de dix mètres[28]. La fonction de cette niche est toujours inconnue.
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Comme la « chambre du roi » cette pièce était munie de deux conduits dits de « ventilation » aménagés dans ses murs nord et sud. Ils étaient masqués par des dalles de fermeture qui ont été découvertes au XIXe siècle lors des explorations approfondies du monument[29].
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Ces conduits ont fait l'objet de plusieurs campagnes d'exploration dont la première en 1993 a été baptisée le projet Upuaut[note 4].
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Vue axonométrique de la chambre de la reine (7).
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La niche dans le mur est de la chambre de la reine.
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Le couloir à l'entrée de la chambre de la reine (1910).
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Entrée de la chambre de la reine (1910).
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La niche dans la chambre de la reine (1910).
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Un canal de ventilation de la chambre de la reine (1910).
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L'accès au couloir ascendant (1910).
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L'accès au couloir ascendant (à gauche, les blocs bouchons).
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La herse de granite (1910).
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Intérieur de la grotte (1910).
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Plan de la grotte (1910).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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La grande galerie (9) est l'élément architectural le plus impressionnant et le plus élaboré de l'Ancien Empire. D'une longueur de 47,80 mètres et d'une hauteur de 8,60 mètres par rapport à la verticale, la galerie est inclinée de 26°10'16"[30]. Elle est surmontée d'un plafond plat sans voûte, mais les assises sont des saillies en encorbellement sur quatre faces (technique héritée de la pyramide rouge ayant les saillies en encorbellement que sur deux faces et de la pyramide rhomboïdale à Dahchour . Une marche à l'extrémité supérieure de cette galerie donne sur une antichambre (11) menant à la chambre du roi (10). Cette antichambre comportait un système de fermeture avec herses obstruant le passage mais aujourd'hui disparues[note 5].
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La « chambre du roi » est un magnifique ouvrage de granit[note 6] de 10,47 mètres sur 5,23 mètres (soit vingt coudées sur dix coudées) et d'une hauteur de 5,84 mètres[31]. La chambre est surmontée par une imposante couverture de blocs de granit répartis sur cinq niveaux[31], le dernier niveau étant surmonté d'une voûte de décharge avec pierres disposées en chevrons[31],[32]. C'est dans cet espace que fut trouvée la seule inscription permettant d'attribuer, avec certitude, cette pyramide à Khéops. Le toit de cette couverture s'élève à plus de vingt mètres du sol de la chambre. Un coffre en granit, vide et sans couvercle, est disposé à l'ouest de la salle[31]. Comme dans la « chambre de la reine », deux conduits de ventilation (10) s'élèvent depuis la « chambre du roi » vers les faces nord et sud de la pyramide[31],[note 7]. La fonction de ces conduits d'aération fait l'objet de débats[33] : ventilation ? Corridor symbolique pour conduire l'âme du roi (incarnation du pharaon en dieu Rê pour le puits nord, en dieu Horus pour le puits sud) ?
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Au fond de la chambre, à l'ouest, la cuve en granit (haute d'un mètre, longue de 2,30 m et large de 0,89 m[34]) posée sur le sol présente des traces de scie et une brèche à un angle, probablement l'œuvre de pilleurs de tombes qui ont tout emporté alors que le couvercle, jamais découvert, devait être encore en place (les rebords du sarcophage montrent un dispositif d'encastrement qui est la preuve de l'existence de ce couvercle). Il est possible que ce sarcophage ne soit qu'un cénotaphe, un tombeau érigé en mémoire du pharaon mais non destiné à recevoir son corps, ou que Khéops soit mort dans une bataille sans que les prêtres aient pu récupérer son cadavre afin de lui rendre les derniers devoirs[35].
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Embranchement, vue de la grande galerie vers le couloir ascendant.
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La grande galerie (1910).
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La chambre du roi et le coffre en granit.
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La chambre du roi (1910).
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Intérieur de l'antichambre vers la chambre du roi (1910).
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Canal de « ventilation » sud de la chambre du roi (1910).
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Bien que nombre d'auteurs arabes aient relaté la découverte du corps du pharaon accompagné de son trésor funéraire, les contradictions que l'on peut relever dans ces différents récits sèment le doute sur la véracité de ces témoignages souvent réalisés des siècles plus tard. Cette incertitude, ainsi que la réputation d'inviolabilité de la grande pyramide, incitent de nombreux archéologues et historiens à rechercher la chambre funéraire qu'ils supposent toujours cachée dans la masse du monument. Cette recherche s'est accentuée ces vingt dernières années, aidée en cela par les nouvelles technologies de mesure et de détection.
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Une étude lancée en novembre 2015 a permis d'établir la carte thermique de la pyramide, réalisée dans le cadre de la mission Scanpyramids[36],[37]. Celle-ci avance l'hypothèse de l'existence d'une niche encore inconnue à une centaine de mètres de hauteur, sur l’arête nord-est. Le 2 novembre 2017, l'équipe de la mission publie un article dans la revue Nature qui fait état de la découverte d'un nouveau vide au cœur de la pyramide de Khéops[38]. Grâce à l'étude des muons, particules élémentaires venant de la haute-atmosphère ayant la capacité de traverser la matière mais ralentissant au fur et à mesure. Les capteurs doivent être placés sous la zone à étudier et ensuite comparer la quantité de muons. S'ils constatent un surplus à un endroit, c'est que les muons ont traversé moins de matière, donc du vide[39]. Cette cavité, baptisée « ScanPyramids Big Void », a une longueur minimale de trente mètres[40]. L'existence de cette cavité a été confirmée par trois différentes techniques de détection de muons, via trois instituts distincts : l'université de Nagoya, le laboratoire de recherche sur les particules japonais KEK ainsi que le CEA français.
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Edme François Jomard, pendant l'expédition militaire en Égypte menée par Bonaparte, a étudié la Grande pyramide et a fait avec d'autres savants de l'expédition des mesures de la base au niveau du rocher, de la hauteur revêtue, de la hauteur des triangles composant les quatre faces de la pyramide[41]. À partir des écrits d'Achille Tatius, les savants soupçonnaient que les dimensions de la pyramide étaient en rapport avec une ancienne mesure de la Terre faite par les Égyptiens, mais sans autre preuve. Il a essayé de retrouver ce rapport et de déterminer les valeurs en mètre des anciennes mesures égyptiennes. Pour faire son étude il n'utilise pas la hauteur de la pyramide car cette hauteur n'est qu'une ligne théorique non accessible par la mesure sur site au moyen des instruments dont pouvaient se servir les Égyptiens. Il se sert de la longueur de la base au niveau du socle et de la hauteur des triangles constituant les faces de la pyramide.
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Il remarque le rapport entre la base et la hauteur du triangle d'une face : 230,902 / 184,722 = 1,25. Il suppose que ce rapport n'est pas fortuit[42]. Il remarque aussi que la hauteur d'une face du triangle a la longueur d'un stade. Partant de l'idée que la détermination a été faite dans une base 60, si on multiplie cette valeur du stade par 600, on obtient : 110 833 mètres, ce qui est à quelques mètres près la valeur du degré en Moyenne Égypte, pour tenir compte de l'aplatissement de la Terre (cela donnerait une circonférence de la Terre de : 110,833 x 360 = 39 900 kilomètres, au lieu de deux fois la longueur d'un méridien, soit 40 008 kilomètres).
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Les dimensions de la pyramide données par les écrivains de l'Antiquité sont assez variables. Les longueurs des unités utilisées peuvent être différentes car, si le nom est le même, elles dépendent du pays de référence. Strabon indique que la hauteur de la pyramide est égale à un stade, mais il s'agit de la hauteur de la face triangulaire.
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L'unité de mesure dans la haute Antiquité était la coudée. Sa valeur a varié suivant les pays et les périodes. Elle a fait l'objet de nombreuses discussions entre égyptologues. On ne connaît pas la valeur de la coudée dans l'Ancien Empire. Jomard suppose que la base de la pyramide mesurait quatre-cents coudées donnant une longueur de coudée égale à 0,577 25 m qu'il appelle pyk belady. Cette valeur est différente de celle couramment admise pour la coudée royale = 0,524 m dans le Nouvel Empire[43]. Les études récentes ont montré la variation de la coudée dans le temps et l'espace rendant tout débat à partir de cette valeur inopérant si on ne connaît la valeur de la coudée utilisée au moment de la construction. Jomard rapporte la longueur de la base donnée par plusieurs auteurs de l'Antiquité : Hérodote donne une longueur de 800 pieds, Diodore de Sicile une longueur de 700 pieds, Pline l'ancien de 883 pieds.
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C'est l'égyptologue William Matthew Flinders Petrie qui, au XIXe siècle, est le premier à avoir attiré l'attention sur l'extraordinaire précision obtenue par les anciens Égyptiens[44]. L'erreur obtenue pour un carré parfait est de seulement 20 cm (seulement 4,4 cm selon Mark Lehner[45]).
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La hauteur initiale de la pyramide était de 147 mètres. En coudées égyptiennes, on obtient alors :
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Les quatre angles de la base sont :
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L'erreur moyenne sur les angles droits de la base est de 0° 3´ 6".
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L'erreur moyenne sur l'orientation suivant les quatre points cardinaux est aussi de 0° 3´ 6". La base de la pyramide a été nivelée avec une erreur de quelques centimètres.
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La base de la pyramide est horizontale à 21 mm près.
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Il est plus aisé de décrire l'aspect externe de la pyramide que le massif interne dont la conception n'est pas certaine. Le boyau, reliant la grande galerie à la descenderie, nous permet tout de même d'entrevoir la maçonnerie du massif de la pyramide qui se limite à un libage de blocs de calcaire grossièrement équarris.
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Les pierres de la grande pyramide ont des dimensions variant en fonction de la hauteur à laquelle elles se trouvent. Il semblerait évident de constater que plus on se rapproche du sommet de la pyramide et plus la hauteur des assises diminue. Or, cette règle n'est pas applicable ici. Les assises diminuent de hauteur jusqu'à un certain niveau au-dessus du sol puis, à partir de celui-ci augmentent en taille jusqu'à diminuer encore et ainsi de suite. Il existe ainsi dix-huit groupes d'un nombre variable d'assises. L'égyptologue Georges Goyon explique cette particularité par la provenance et la nature des matériaux employés, une carrière de calcaire dont le sous-sol est composé de strates d'épaisseurs variables. La pyramide est aujourd'hui composée de 201 assises d'une hauteur moyenne de 0,69 mètre, les dernières ayant disparu et le sommet se réduisant à une plate-forme de quelque cent mètres carrés.
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La pyramide ne représente pourtant pas un volume entièrement artificiel. Les égyptiens bénéficièrent en effet d'une éminence rocheuse sur laquelle ils édifièrent le corps de la maçonnerie. La limite supérieure de cette éminence est bien visible au niveau de la grotte. Cette particularité pose encore plus le problème de l'extrême précision avec laquelle ils accomplirent le nivellement de la base sur ses quatre côtés.
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Le parement, originellement composé de pierres en calcaire fin de Tourah, a presque complètement disparu. Il n'en subsiste plus que quelques blocs au niveau de la base[46], reposant sur les pierres du socle.
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À propos de la maçonnerie, Flinders Petrie note que :
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« Plusieurs mesures ont été faites de l'épaisseur des joints entre les pierres de parement. L'épaisseur moyenne pour celles du nord-est est de 0,002 pouce[note 8] et donc l'erreur moyenne par rapport à la ligne droite et au carré parfait n'est que de 0,01 pouce pour une longueur de 75 pouces sur la hauteur de la face. Bien que les pierres eussent été amenées à 1/50 de pouce l'une de l'autre, autrement dit au contact, l'ouverture moyenne du joint n'était que de 1/100 de pouce[47]. »
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Une grande encoche est nettement visible dans l'angle nord-est de la grande pyramide.
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En 2008, et sous l'impulsion de Jean-Pierre Houdin, l'égyptologue Bob Brier est monté jusqu'à cette plateforme afin de trouver des indices pour valider la théorie de l'architecte français. Brier eut la surprise de découvrir vers l'est une cavité aménagée dans la maçonnerie.
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Celle-ci est passée complètement inaperçue aux yeux de Georges Goyon et de William Matthew Flinders Petrie, qui scrutèrent méthodiquement en leur temps cette partie de l'édifice.
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Pourtant, il existe deux mentions de cette cavité :
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« Aux deux-tiers environ de mon escalade de l'angle nord-est de la pyramide, je trouvai une petite cavité d'environ douze pieds de profondeur et de douze pieds de hauteur, qui semble avoir été formée en ôtant les quelques larges blocs de pierre. »
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« [...] Je fus ainsi conduit par l'extrémité orientale de la face nord de la pyramide, jusqu'à une large brèche faite dans l'arête du nord-est, où on me dit qu'étant à la moitié de l'ascension, je devais me reposer et « donner, selon l'usage, une piastre d'Espagne à chaque homme. »[48] »
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La présence de cette pièce conforterait la théorie de Jean-Pierre Houdin selon laquelle la pyramide contiendrait une rampe interne ayant servi à la construction de l'édifice.
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Il ne subsiste aucune trace du pyramidion qui couronnait jadis le sommet de la grande pyramide. Le pyramidion qui est exposé actuellement près du coin sud-est n'est autre que celui de la petite pyramide satellite. Celui-ci est en calcaire et anépigraphe, à l'instar du pyramidion de la pyramide rouge édifiée par le père de Khéops, Snéfrou. Aucun indice ne permet cependant d'indiquer une quelconque similitude avec le pyramidion disparu.
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Les quatre faces de la pyramide seraient légèrement mais très précisément incurvées, cette forme géométrique étant très délicate à réaliser sur de telles dimensions. Ce phénomène, dit d'apothème, a été découvert en 1934 par André Pochan, avec l'hypothèse qu'il marquerait les équinoxes. Cependant, dans son ouvrage L'énigme de la grande pyramide sorti en 1971, il revient sur cette hypothèse, indiquant que le phénomène était visible plusieurs mois de l'année[49]. On rencontre ce phénomène également sur d'autres pyramides égyptiennes[note 9]. L'érosion, un effondrement interne ou un endommagement dû à la chute des pierres de parement, furent souvent invoqués, et souvent contestés[réf. nécessaire].
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Il est également possible que la méthode de construction en soit l'origine. En effet, Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont noté qu'à la pyramide de Mykérinos, cette concavité disparaissait au niveau du parement de granite. I.E.S. Edwards attribue cette particularité au fait que les lits de pierre sont légèrement creusés vers le centre de chaque assise, d'où la dépression[source insuffisante][50]. À l'heure actuelle, aucune explication satisfaisante n'existe sur cette particularité architecturale déjà remarquée au XVIIIe siècle. En effet l'hypothèse indiquant que cela servirait à marquer les équinoxes est contestée, le phénomène n'étant pas visible uniquement aux équinoxes et cela n'explique pas non plus pourquoi les quatre faces sont creusées alors qu'une seule aurait suffit. L'hypothèse d'un effondrement est également contestée : s'il y avait eu un effondrement, l'intérieur en aurait été touché, ce qui n'est pas le cas. Les ingénieurs s'accordent d'ailleurs à dire qu'il est impossible que les quatre faces se soient effondrées simultanément vers le centre[réf. nécessaire].
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Quand on étudie la géométrie de la grande pyramide, il est délicat de faire la distinction entre les intentions des constructeurs et les propriétés qui découlent des proportions de l'édifice. On mentionne souvent le nombre d'or et le nombre pi inscrits dans les proportions de la pyramide : les Égyptiens ont en effet choisi une pente, pour les faces, de 14/11 (la hauteur étant de 280 coudées et la base de 2 × 220 coudées, la pente est égale à 280/220 = 14/11). Cette valeur fut pour la première fois appliquée à la pyramide de Meïdoum mais ne constitue pas une règle chez les constructeurs de l'Ancien Empire puisque certaines pyramides ont une pente de 6/5 (pyramide rouge), 4/3 (pyramide de Khéphren) ou encore 7/5 (pyramide rhomboïdale).
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Ces deux résultats découlent donc de l'utilisation d'une pente de 14/11. S'il faut y voir une volonté délibérée de les inscrire dans la construction, le mérite en reviendrait à l'architecte qui utilisa pour la première fois cette pente à la pyramide de Meïdoum, achevée sous le règne de Snéfrou, Meïdoum servant de modèle à Khéops reproduite par homothétie[52].
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Il y eut de nombreuses théories visant à faire de la pyramide un observatoire astronomique. Ainsi le couloir descendant aurait pointé vers l'étoile polaire de l'époque, Alpha Draconis[note 10]. Les couloirs de ventilation côté sud auraient pointé pour l'un, vers l'étoile Sirius, et pour l'autre, vers l'étoile Alnitak. Cependant, ici encore et comme pour la plupart des pyramides d'Égypte, les couloirs d'accès avaient des pentes simples et faciles à mettre en œuvre. Ils étaient inclinés d'un angle compris entre 26° et 26°30' soit une pente de 1/2.
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Une propriété géométrique semble pourtant avoir été voulue par l'architecte de la grande pyramide. Les conduits de ventilation de la chambre de la reine atteindraient tous les deux le même niveau de la pyramide. Ce fait est vérifié pour les conduits de la chambre du roi[53].
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Des souterrains sont assimilés à une ébauche (à échelle réduite) de la descenderie et du couloir ascendant de la grande pyramide. Ils se trouvent à l'angle nord-est de la grande pyramide[47],[54].
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Nous reconnaissons dans ces vestiges, la descenderie, passage long de 21 mètres suivant une pente de 26°32' et dont la section est de 1,05 mètre sur 1,20. À 11 mètres de l'entrée, un passage associé au couloir ascendant prend naissance dans le plafond de la descenderie et rejoint le bas de la grande galerie qui est ébauchée jusqu'au niveau du sol. La section du couloir ascendant est plus large que celle de la descenderie afin d'accueillir des blocs bouchons. Un puits vertical de section carrée de 0,727 m, sans équivalent dans la grande pyramide, a été aménagé afin de relier l'extérieur au premier embranchement.
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L'une des principales différences entre l'agencement interne de la grande pyramide et de cette infrastructure est, outre celle des proportions, la disposition souterraine dans la maquette d'éléments figurant dans le corps de la maçonnerie de la grande pyramide. De plus, la descenderie n'a pas été creusée sur sa totalité et la chambre souterraine est absente.
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Bien qu'elle ne soit accompagnée d'aucune superstructure, l'égyptologue Mark Lehner[55] y voit une sépulture inachevée. Malgré les similitudes de plan entre la pyramide et cette structure, le débat n'est toujours pas tranché[note 11].
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La construction de la « grande pyramide » aurait débuté entre -2600 et -2550 suivant les sources[56], au début de la IVe dynastie, et aurait duré environ une vingtaine d'années selon l'historien antique Manéthon. L'année de début et la durée de construction de la pyramide sont des estimations généralement validées par les égyptologues, parce qu'elles correspondent aux vingt-trois à vingt-cinq années, suivant les sources, du règne du pharaon Khéops[57]. Ces estimations ne sont malheureusement attestées par aucun écrit contemporain, mais déduites logiquement par la destination admise de la pyramide comme étant le tombeau de ce pharaon, hypothèse elle-même non attestée par des écrits.
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En se fondant sur les données traditionnellement admises (pyramide constituée de 2,3 millions de blocs de pierre, durée de chantier de vingt-trois ans), il est estimé que 340 blocs étaient posés chaque jour, soit pour une durée de travail de dix heures par jour, un bloc placé toutes les deux minutes, ce qui aurait mobilisé la main-d'œuvre de plus de 10 000 ouvriers (le nombre prodigieux de 100 000 hommes, ne travaillant que trois mois dans l'année pendant la saison des crues, a été proposé par Hérodote)[58]. Les graffitis découverts dans la chambre supérieure de décharge révèlent que le chantier des pyramides de Gizeh était organisé militairement en équipes de 2 000 ouvriers, chacune de ces équipes étant scindée en deux groupes de 1 000 hommes (ceux œuvrant sur la Grande pyramide s'appelant « les amis de Khéops »), eux-mêmes divisés en cinq phyles (terme grec désignant une « tribu »), unités de 200 ouvriers à leurs tours séparés en dix équipes de vingt travailleurs regroupés selon leurs compétences[58].
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De très nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer la construction de la grande pyramide. Mais aucune ne s'avère définitivement convaincante.
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Plusieurs campagnes de fouilles, dirigées par l'égyptologue américain Mark Lehner entre 1988 et 2003, ont permis de retrouver la configuration probable du site de la pyramide au moment de sa construction. On a ainsi pu retrouver le village des ouvriers du chantier, les carrières qui ont fourni l'essentiel du calcaire de la pyramide et le port.
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En 2013, la mission archéologique franco-égyptienne (Institut français d'archéologie orientale (IFAO) met au jour d’anciens papyrus, datant probablement de l’époque de Khéops (-2589/-2566). Ils sont découverts dans le port de Ouadi el-Jarf, sur la mer Rouge qui approvisionnait les chantiers des pharaons de l'Ancien Empire. À usage essentiellement comptable, ces documents consignent les événements comme prescris par l’administration contemporaine. Des livraisons de pierres à destination de la pyramide de Khéops y sont clairement évoquées. Ainsi, le journal de bord du fonctionnaire Merer, décrit quotidiennement son activité : « L'inspecteur Merer a passé la journée avec son homme à charger des pierres dans les carrières de Tourah (…) Je suis allé livrer des pierres à la pyramide de Khéops »[59],[60].
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Les premiers historiens et voyageurs à nous relater leurs explorations sont des auteurs grecs et latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien[61]. Leurs descriptions sont plus centrées sur l'aspect historique et légendaire qui entoure le monument que sur la structure même de l'édifice. Hérodote, le premier voyageur dont les écrits nous soient parvenus, fait état d'inscriptions idéographiques sur les faces de la pyramide, détaillant ce qu'elle avait coûté en raifort, oignons et ail pour les ouvriers[61] (cette surprenante indication est reprise par Diodore). Seul Strabon, dans sa Géographie, cite une porte levante à l'entrée de la pyramide, permettant d'accéder à la descenderie ; mais il ne dit rien de la distribution interne.
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Plus tard, de nombreux auteurs arabes relatent les recherches du calife Al-Mamoun effectuées dans la grande pyramide en l'an 820. Mais les témoignages divergent. Selon certains, le calife n'aurait rien trouvé de plus qu'un sarcophage renfermant un corps corrompu[62]. Tandis que l'historien du Xe siècle, Maçoudi, raconte :
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« On pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui, on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers... L'épaisseur du mur était d'environ vingt coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait mille dinars chaque dinar pesant une once... Ce bassin était, dit-on, d'émeraude[63],[62] »
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L'écrivain du XIIe siècle, Kaisi, écrit qu'Al-Mamoun y trouva
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« une chambre carrée à la base et voûtée au sommet, très grande et au milieu de laquelle était creusé un puits de dix coudées de profondeur... On raconte qu'un homme y étant pénétré arriva à une petite chambre où se trouvait une statue d'homme en pierre verte comme la malachite. Cette statue fut apportée à Al-Mamoun. Elle avait un couvercle que l'on retira et l'on trouva le corps d'un homme revêtu d'une cuirasse d'or, incrustée de toutes sortes de pierreries ; sur la poitrine était posée une épée d'un prix inestimable, et près de la tête se trouvait un rubis rouge... La statue d'où ce mort avait été tiré fut jetée près de la porte du palais du gouvernement au Caire, où je la vis en l'an 511 (1117-1118 de l'ère chrétienne)[62] »
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De nombreuses allusions aux caractères gravés sur les faces de la pyramide seront faites jusqu'à leur détérioration. Selon Maçoudi, ces caractères étaient de plusieurs sortes ; grecs, phéniciens et d'autres inconnus. Il s'agissait sans doute de témoignages gravés par les voyageurs et accumulés durant plusieurs siècles[64].
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Ibn Khaldoun rapporte dans ses Prolégomènes[65] que le calife Al-Mamoun voulut détruire les pyramides et rassembla des ouvriers pour cela, mais il n’y parvint pas. Ses conseillers lui recommandèrent alors de les laisser en place en témoignage de la grandeur des Arabes, puisqu'ils avaient pu vaincre une civilisation capable de créer de tels monuments. Une partie des débris de surface des pyramides auraient servi dans la construction de quelques maisons du Caire, selon les dires recueillis par ce même historien.
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Au Moyen Âge et au début de la Renaissance, les pyramides sont assimilées aux greniers de Joseph, et rares sont les explorateurs à donner une description quelque peu fidèle des lieux. Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle et l'ouvrage Pyramidographia de John Greaves pour découvrir enfin un plan détaillé des agencements internes de la grande pyramide. On discerne la descenderie obstruée à mi-parcours par un amas de débris, la chambre de la reine encombrée de gravats, la grande galerie et la chambre du roi.
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Le livre Description de l'Égypte...[66] (livre de l'Abbé le Mascrier composé d'après les mémoires de Benoît de Maillet), dont la première édition date de 1735, relate le fait que Benoît de Maillet (ancien consul de France au Caire) a visité la grande Pyramide une quarantaine de fois. Un plan intérieur de la grande Pyramide y figure, plan qui sera repris par le livre Lettres sur l'Égypte... publié en 1785 (Claude-Étienne Savary).
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En 1754, l'ouvrage de l'historien Rollin édité par l'anglais Knapton est illustré d'une vue de la grande galerie.
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C'est entre les années 1798 et 1801 que la mission scientifique commandée par Vivant Denon durant la campagne d'Égypte va pouvoir établir les premières observations rigoureusement archéologiques de la grande pyramide. Outre de magnifiques planches représentant le site de Gizeh, la monumentale Description de l'Égypte, publiée sur l'ordre de Bonaparte nous livre les premières vues réalistes de l'intérieur de la grande pyramide, ainsi que des plans d'une très grande précision. La publication de la description va provoquer un véritable engouement. Les voyageurs et explorateurs vont se succéder durant le XIXe siècle. Les ingénieurs Howard Vyse et John Shae Perring vont fouiller, creuser et laisser de nombreuses traces de leurs passages dans la plupart des pyramides memphites et plus particulièrement dans la grande. Leurs résultats fournissent aujourd'hui encore des renseignements précieux pour qui veut étudier la grande pyramide.
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À partir de cette date, la grande pyramide sera étudiée et mesurée dans ses moindres détails par de très nombreux savants, spécialisés ou non dans cette discipline. Deux ouvrages sont alors largement diffusés : le très controversé Our Inheritance in the Great Pyramid, de l'astronome écossais Charles Piazzi Smyth et The Pyramids and Temples of Gizeh, de Flinders Petrie.
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Les pyramides de Gizeh (gravure de 1544)
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Coupe de la pyramide de Khéops (John Greaves, 1646)
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Plan intérieur de la grande Pyramide (Lettres sur l'Égypte, Claude Étienne Savary 1785)
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La grande galerie vers 1799 (Description de l'Égypte)
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Haut lieu touristique, les pyramides sont menacées par la rapide urbanisation du plateau de Gizeh.
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De ce fait une nouvelle politique de protection du plateau est en cours d'élaboration[Quand ?], avec notamment l'édification d'une clôture sur tout son pourtour délimitant ainsi la zone archéologique protégée et l'aménagement de deux entrées distinctes. L'accès des touristes non égyptiens se fait par le nord du site, précisément à proximité de la pyramide de Khéops[réf. souhaitée].
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Chacune des pyramides de Gizeh est tour à tour fermée une année pour réaliser des travaux de restauration et de conservation (nettoyage du sel[67], colmatage de fissures, développement d'un système de ventilation pour réduire l'humidité et l'odeur de renfermé). Le nombre de visiteurs de l'intérieur de la pyramide est limité à 300 par jour[68].
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Plusieurs thèses pseudo-scientifiques ont vu le jour, pour expliquer l'origine et la destination de ce monument :
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Certains n'hésitent pas à vandaliser le monument pour amener la preuve de leur théorie[82].
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Andrew Johnson, né le 29 décembre 1808 à Raleigh (Caroline du Nord) et mort le 31 juillet 1875 à Elizabethton (Tennessee), est un homme d'État américain, 17e président des États-Unis en fonction de 1865 à 1869. Membre du Parti démocrate et 16e vice-président des États-Unis élu en 1864 comme colistier d'Abraham Lincoln, Johnson succéda à ce dernier après son assassinat l'année suivante. Lors de la Reconstruction après la guerre de Sécession, il défend une réintégration rapide des États du Sud sans garantie pour les droits civiques des esclaves affranchis. Le Congrès dominé par les Républicains radicaux s'oppose fortement à cette politique et une procédure d'impeachment lancée contre le président échoue de justesse.
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Né dans un milieu défavorisé, Johnson devient tailleur puis conseiller municipal et maire de Greeneville avant d'être élu à la Chambre des représentants du Tennessee en 1835. Après un bref mandat au Sénat du Tennessee, Johnson est élu à la Chambre des représentants des États-Unis en 1843 où il siège pendant dix ans. Il devient ensuite gouverneur pendant quatre ans et est élu par la législature de l'État au Sénat des États-Unis en 1857. Durant ses années au Congrès, il défend la Homestead Bill qui est adoptée peu après son départ du Sénat en 1862.
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Lorsque les États du Sud, dont le Tennessee, font sécession pour former les États confédérés d'Amérique, Johnson reste un défenseur fervent de l'Union. En 1862, Lincoln le nomme gouverneur militaire du Tennessee dont une grande partie est reprise. En tant que démocrate partisan de la guerre et Sudiste et opposé à la sécession, Johnson est le candidat logique pour devenir le colistier de Lincoln. Il est choisi et son camp remporte largement l'élection présidentielle de 1864. Johnson prête le serment de vice-président le 4 mars 1865 et six semaines plus tard, l'assassinat de Lincoln le propulse à la présidence.
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Dans le cadre de la Reconstruction, Johnson veut réintégrer rapidement les États du Sud dans l'Union et il les autorisa à organiser des conventions et des élections pour reformer des gouvernements civils. Les électeurs sudistes réélisent cependant beaucoup d'anciens dirigeants confédérés et votent en faveur des Black Codes qui privent les Afro-Américains d'un grand nombre de leurs droits civiques. Le Congrès refuse d'accueillir les représentants du Sud et adopte des législations pour annuler leurs décisions. Dans ce qui devint la règle jusqu'à la fin de son mandat, Johnson pose son veto aux lois mais le Congrès passe outre. Johnson s'oppose en particulier au 14e amendement de la Constitution accordant la citoyenneté aux Afro-Américains. Alors que les relations entre les branches exécutive et législative se tendent, le Congrès vote le Tenure of Office Act qui limite la capacité de Johnson à limoger les membres de son Cabinet. Lorsqu'il persiste à vouloir renvoyer le secrétaire à la Marine Edwin M. Stanton, la Chambre des représentants lance une procédure de destitution qui échoue à une voix près au Sénat. Il perd l'investiture démocrate, remportée par Horatio Seymour, en vue de l'élection présidentielle de 1868.
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Après la fin de son mandat, il retourne au Tennessee avant de devenir le seul ancien président à être élu au Sénat en 1875 où il siège quelques mois avant sa mort. Même si les évaluations de sa présidence varient au cours du temps, il est actuellement considéré comme l'un des pires présidents américains du fait de son opposition à des droits garantis au niveau fédéral pour les Afro-Américains.
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Andrew Johnson est né à Raleigh en Caroline du Nord le 29 décembre 1808. Ses parents étaient Jacob Johnson (1778-1812) et Mary (« Polly ») McDonough (1783-1856) ; il avait un frère, William (1804-1865), et une sœur aînée, Elizabeth (1806-?), qui mourut en bas âge. Être né dans une cabane était un atout politique au XIXe siècle et Johnson n'hésitait pas à rappeler ses origines modestes lors des élections[4]. Jacob Johnson était un homme pauvre, comme l'était son père William, mais il devint officier dans la police municipale de Raleigh avant de se marier et de fonder une famille. Il mourut en 1812 probablement d'une crise cardiaque alors qu'il sonnait la cloche de la ville après avoir sauvé de la noyade trois hommes quand Andrew avait 3 ans[5]. Polly Johnson travaillait comme lavandière et elle continua cette activité car il s'agissait du seul revenu de la famille. À l'époque, ce travail était jugé peu convenable car il impliquait de se rendre seule dans les maisons d'autrui ; la famille Johnson était qualifiée de white trash et selon des rumeurs, Andrew, qui ne ressemblait pas à son frère, avait un père différent. Polly Johnson se remaria quelques mois plus tard avec Turner Doughtry qui était également pauvre[6].
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Polly Doughtry confia son fils William à un tailleur, James Selby, pour qu'il apprenne le métier. Andrew devint également apprenti dans le même atelier à l'âge de dix ans et selon la loi, il devait y rester jusqu'à son 21e anniversaire. Selby ne semble pas avoir eu une grande influence sur le futur président. L'un de ses employés fut chargé d'apprendre à lire et à écrire au garçon et fut logé chez sa mère en retour[7]. Andrew Johnson se découvrit une passion pour le savoir dans le magasin de Selby car des habitants venaient lire des livres pour divertir les tailleurs pendant leur travail et le garçon se rendait fréquemment dans l'échoppe pour les écouter avant même d'y être apprenti. Sa biographe, Annette Gordon-Reed, suggère que Johnson, connu pour ses qualités d'orateur, apprit les bases de cet art alors qu'il enfilait des aiguilles et coupait du tissu[8].
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Andrew Johnson n'appréciait cependant pas son travail chez James Selby et à l'âge de 15 ans, il s'enfuit avec son frère. Son employeur fit alors publier une annonce dans un journal, comme cela était la coutume pour les maîtres dont les apprentis avaient disparu : « Dix dollars de récompense. Se sont enfuis du souscripteur, deux garçons apprentis, légalement liés, appelés William et Andrew Johnson… [Versement] à toute personne qui me ramènera les dits apprentis à Raleigh, ou j'offrirai la récompense mentionnée plus haut pour le seul Andrew Johnson[9] ». Les garçons se rendirent à Carthage et Andrew y travailla comme tailleur pendant plusieurs mois. Craignant d'être pris et ramené à Raleigh, il s'installa ensuite à Laurens en Caroline du Sud. Il y poursuivit son activité et y rencontra son premier amour, Mary Wood, pour qui il avait fait une couette. Après le rejet de sa proposition de mariage, il rentra à Raleigh en espérant racheter son apprentissage mais il ne parvint pas à trouver un accord avec Selby. Comme beaucoup d'autres à la fin des années 1820, il prit alors la route de l'Ouest[10],[11].
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Johnson quitta la Caroline du Nord pour le Tennessee et fit la plus grande partie du voyage à pied. Après un bref séjour à Knoxville, il s'installa à Mooresville en Alabama[10],[12]. Il travailla ensuite comme tailleur à Columbia dans le Tennessee mais fut rappelé à Raleigh par sa mère et son beau-père qui souhaitaient émigrer vers l'ouest. Johnson et son groupe traversèrent les Montagnes bleues jusqu'à Greeneville dans le Tennessee. Il tomba immédiatement amoureux de la ville et lorsqu'il devint riche, acheta le terrain où il avait campé pour la première fois et y planta un arbre en souvenir[13].
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À Greeneville, Johnson créa un atelier de tailleur prospère à l'avant de sa maison. En 1827 alors qu'il avait 18 ans, il épousa Eliza McCardle de deux ans sa cadette et la fille d'un cordonnier local. Le couple fut marié par le juge de paix Mordecai Lincoln, un cousin de Thomas Lincoln dont le fils devint président. Ils restèrent ensemble pendant près de 50 ans et eurent cinq enfants, Martha (1828), Charles (1830), Mary (1832), Robert (1834) et Andrew Jr. (1852). Même si elle souffrait de tuberculose, Eliza soutint son mari dans ses entreprises. Elle lui enseigna les mathématiques et l'aida à améliorer son écriture[14],[15]. D'un caractère timide et réservé, Eliza Johnson resta à Greeneville durant l'ascension politique de son époux. Elle apparut peu en public pendant la présidence de Johnson et leur fille Martha joua le rôle d'hôtesse de la Maison-Blanche[16].
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L'atelier de Johnson prospéra durant les premières années du mariage et il put embaucher des assistants et investir avec succès dans le foncier[17]. Il se vanta plus tard de ses talents de tailleur : « Mon travail ne se déchirait ou ne cédait jamais[18] ». Il était un lecteur insatiable. Les livres sur les orateurs célèbres attisèrent son intérêt pour la politique et il débattait en privé avec ses clients sur les questions du jour. Il participa également à des débats à l'université de Greeneville[19].
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Johnson aida à organiser un groupe pour l'élection municipale de Greenville en 1829 et il fut élu conseiller municipal avec ses amis Blackston McDannel et Mordecai Lincoln[20],[21]. À la suite de la révolte d'esclaves menée par Nat Turner en 1831, une convention fut organisée pour rédiger une nouvelle constitution qui supprimait le droit de vote pour les noirs libres. La convention demanda également une réforme des taxes foncières et de nouvelles sources de financement pour l'infrastructure du Tennessee. La constitution fut soumise au vote populaire et Johnson fit campagne pour son adoption ; son succès lui assura une plus grande exposition au niveau de l'État. Le 4 janvier 1834, ses collègues conseillers l'élurent maire de Greeneville[22],[23].
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En 1835, Johnson se présenta pour le siège « flottant » que le comté de Greene partageait avec le comté voisin de Washington à la Chambre des représentants du Tennessee. Selon son biographe Hans Trefousse, Johnson « démolit » l'opposition lors des débats et remporta l'élection avec près de deux tiers des voix[24],[25]. Peu après être devenu représentant, Johnson acheta sa première esclave, Dolly, âgée de 14 ans qui eut par la suite trois enfants. Johnson était connu pour traiter ses esclaves avec bienveillance mais le fait que Dolly avait la peau sombre et que ses enfants soient bien plus clairs a poussé certains à avancer que Johnson en était le père[26]. Alors qu'il se trouvait à Greeneville, Johnson rejoignit la milice du Tennessee dans laquelle il atteignit le grade de colonel[27].
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Durant son premier mandat à la législature du Tennessee à Nashville, Johnson s'alliait selon les circonstances avec le parti démocrate ou avec le nouveau parti whig ; il admirait néanmoins le président Andrew Jackson, un démocrate du Tennessee. Les principaux partis hésitaient encore sur leurs valeurs fondamentales et sur leurs propositions car le système politique était en pleine évolution. Johnson votait souvent avec les whigs qui s'étaient regroupés pour s'opposer à Jackson car il craignait une trop grande concentration des pouvoirs dans la branche exécutive du gouvernement. À l'inverse, il s'opposait parfois à ces derniers car il rejetait des dépenses gouvernementales supérieures au strict minimum et se prononça contre les aides pour les chemins de fer alors que ses électeurs espéraient des améliorations dans les infrastructures de transport. Il fut par conséquent battu lors de l'élection suivante. Défait par Brookins Campbell, Johnson ne perdit pas d'autres élections pendant trente ans. En 1839, Johnson chercha à récupérer son siège, initialement en tant que whig mais lorsqu'un autre candidat voulut obtenir la nomination du parti, il se présenta sous l'étiquette démocrate et fut élu. À partir de ce moment, il soutint le parti démocrate et mit en place une puissante machine politique dans le comté de Greene[28],[29]. Johnson fut remarqué pour ses qualités d'orateur et à une époque où les discours informaient et divertissaient le public, les gens se pressaient pour l'écouter[30].
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En 1840, Johnson fut élu délégué du Tennessee pour la convention présidentielle démocrate et cela lui donna une plus grande exposition au niveau national. Le président démocrate Martin Van Buren fut battu par l'ancien sénateur de l'Ohio, William Henry Harrison mais Johnson Il fut élu au Sénat du Tennessee pour un mandat de deux ans[31]. Il vendit son prospère atelier de tailleur pour se concentrer sur la politique et il acheta de nouvelles propriétés dont une plus grande maison ainsi qu'une ferme où s'installèrent sa mère et son beau-père ; il possédait alors huit ou neuf esclaves[32].
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Ayant servi dans les deux chambres de la législature du Tennessee, Johnson considérait l'élection au Congrès comme l'étape suivante de sa carrière politique. En 1843, il fut le premier démocrate à être élu représentant du 1er district du Tennessee et il rejoignit la nouvelle majorité démocrate à la Chambre. Johnson défendit les intérêts des pauvres, adopta une position anti-abolitionniste, insista pour une réduction des dépenses gouvernementales et s'opposa aux droits de douane protectionnistes[33]. Comme Eliza resta à Greeneville, Johnson était seul à Washington ; il évitait les apparitions publiques et préférait étudier à la Bibliothèque du Congrès[34]. Même si le démocrate du Tennessee, James K. Polk fut élu président en 1844 et que Johnson avait fait campagne pour lui, les deux hommes avaient des relations difficiles. Alors que Johnson prenait des positions plus indépendantes au Congrès, Polk refusa certaines de ses propositions de nomination à des fonctions gouvernementales[35].
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Johnson considérait, comme de nombreux démocrates sudistes, que la Constitution protégeait la propriété privée, y compris les esclaves, et que ni le gouvernement fédéral ni les gouvernements des différents États ne pouvait abolir l'esclavage[36]. Il fut élu pour un second mandat en 1845 contre William Gannaway Brownlow en se présentant comme le défenseur des pauvres contre les riches. Durant ce second mandat, Johnson défendit la décision de Polk de déclarer la guerre au Mexique, ce que certains nordistes considéraient comme une tentative de gagner des territoires afin d'étendre l'esclavage vers l'ouest. Johnson s'opposa à l'amendement Wilmot qui proposait d'interdire l'esclavage dans les territoires conquis durant la guerre. Il présenta pour la première fois sa Homestead Bill (« loi sur la propriété ») qui accordait 160 acres (65 ha) aux colons souhaitant y vivre et qui pouvait ainsi en obtenir la propriété au bout de plusieurs années[37],[38]. Cette question était particulièrement importante pour Johnson en raison de ses origines modestes[37],[39].
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Durant l'élection présidentielle de 1848, les démocrates se divisèrent sur la question de l'esclavage et les abolitionnistes formèrent le parti du sol libre et choisirent l'ancien président Martin Van Buren comme leur candidat. Johnson fit campagne pour le candidat démocrate, l'ancien sénateur du Michigan, Lewis Cass. Du fait de la division du parti démocrate, le général Zachary Taylor appartenant au parti whig remporta facilement l'élection et arriva en tête dans le Tennessee[40]. Les relations de Johnson et de Polk restèrent mauvaises et durant sa dernière réception du Nouvel An en 1849, le président déclara :
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« Parmi les visiteurs que j'ai observé dans la foule aujourd'hui figurait l'honorable Andrew Johnson de la Chambre des représentants. Même s'il représente un district démocrate du Tennessee (mon propre État), c'est la première fois que je l'ai vu durant l'actuelle session du Congrès. Se déclarant démocrate, il m'a été politiquement, si ce n'est personnellement, hostile durant tout mon mandat. Il est très vindicatif et obstiné dans ses manières et sa conduite. S'il avait la virilité et l'indépendance de déclarer ouvertement son opposition, il sait qu'il ne serait jamais choisi par ses électeurs. Je n'ai pas conscience de lui avoir donné de raisons pour son hostilité[41]. »
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Comme les nouveaux chemins de fer étaient dans l'intérêt national et que son propre district avait besoin de meilleurs moyens de transports, Johnson changea sa position sur le sujet. Par la suite, il défendit l'aide gouvernementale pour l'East Tennessee and Virginia Railroad[42].
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Durant la campagne pour son quatrième mandat, Johnson se concentra sur trois questions : l'esclavage, le foncier et l'élection des juges. Il battit son opposant, Nathaniel Green Taylor, en août 1849 avec une avance plus importante que durant ses précédentes campagnes. Lorsque la Chambre se rassembla en décembre 1849, les divisions du parti démocrate empêchèrent la formation de la majorité nécessaire à élire un président. Johnson proposa une règle pour que le président soit choisi à la majorité relative ; il fut rejoint dans cette idée et le démocrate Howell Cobb fut élu[43].
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Les difficultés pour élire un président marquèrent le début d'une législature houleuse dont l'esclavage fut le sujet central. La question tournait autour de la proposition d'admission de la Californie dans l'Union en tant qu'État abolitionniste. Grâce au compromis de 1850 présenté par le sénateur Henry Clay du Kentucky, la Californie était autorisée à intégrer l'Union en tant qu'État libre et en échange les États du nord s'engageaient à restituer les esclaves fugitifs aux États du Sud. Johnson vota pour toutes les dispositions du compromis en dehors de l'abolition de l'esclavage dans la capitale[44]. Il présenta des résolutions en faveur d'amendements constitutionnels pour que le peuple choisisse directement les sénateurs (alors élus par les législatures des États) et le président (choisi par les grands électeurs) et que le mandat des juges fédéraux soit limité à 12 ans et non plus à vie ; elles furent toutes rejetées[45].
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Un groupe de démocrates opposés à Johnson choisit Landon Carter Haynes pour l'empêcher de briguer un cinquième mandat ; les whigs étaient tellement ravis par les luttes fratricides au sein du parti démocrate qu'ils ne présentèrent même pas un candidat de leur parti. Au cours d'âpres débats, Johnson défendit la Homestead Bill et Haynes répliqua qu'elle faciliterait l'abolition de l'esclavage. Johnson remporta l'élection avec 1 600 voix d'avance[45]. Même s'il n'était pas apprécié par le candidat démocrate pour la présidence, l'ancien sénateur du New Hampshire, Franklin Pierce, Johnson fit campagne pour lui. Pierce fut élu mais sans remporter le Tennessee[46]. En 1852, Johnson parvint à faire adopter sa Homestead Bill par la Chambre mais la loi échoua au Sénat[47]. Les whigs prirent le contrôle de la législature du Tennessee et, sous la direction de Gustavus Henry, ils redécoupèrent le 1er district de Johnson pour qu'il leur soit acquis[48]. Johnson se lamenta, « je n'ai aucun avenir politique[49] ».
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Si Johnson envisagea de quitter la politique après avoir décidé de ne pas se représenter, il changea rapidement d'avis[50]. Ses alliés politiques cherchèrent à lui offrir la nomination pour le poste de gouverneur et la convention démocrate le choisit à l'unanimité malgré l'animosité de certains délégués. Les whigs avaient remporté les deux dernières élections et contrôlaient encore la législature[51]. Ils présentèrent Gustavus Adolphus Henry, Sr. et le Henry-mandering du 1er district (jeu de mot sur le gerrymandering) devint le sujet central de la campagne[51]. Les deux hommes s'affrontèrent lors de nombreux débats dans les sièges des comtés avant que ces réunions ne soient annulées deux semaines avant l'élection d'août 1853 en raison de la maladie de l'un des membres de la famille de Henry[50],[52]. Johnson remporta l'élection par 63 413 voix contre 61 163[53],[54].
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Le gouverneur du Tennessee avait peu de poids politique car Johnson pouvait présenter des lois mais n'avait pas de droit de veto et la plupart des nominations étaient réalisées par la législature contrôlée par les whigs. La fonction lui offrait néanmoins une tribune politique qui lui permettait d'exprimer ses idées[55]. Johnson parvint à obtenir les nominations qu'il désirait en échange de son soutien au whig John Bell qui briguait l'un des sièges de l'État au Sénat. Dans son discours pour la deuxième année de son mandat, il mit l'accent sur le besoin de simplifier le système judiciaire de l'État, d'abolir la Banque du Tennessee et d'établir une agence chargée d'uniformiser les poids et mesures ; seule cette dernière idée fut adoptée. Johnson critiquait le système éducatif de l'État et suggéra que son budget soit accru par le biais de nouvelles taxes soit au niveau de l'État ou des comtés ; un financement mixte fut adopté[56].
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Même si le parti whig était sur le déclin au niveau national, il restait puissant dans le Tennessee et les perspectives démocrates y étaient mauvaises. Considérant qu'être réélu au poste de gouverneur était nécessaire pour pouvoir obtenir les fonctions supérieures auxquelles il aspirait, Johnson accepta de se représenter. Meredith P. Gentry fut choisi par les whigs et les deux hommes s'affrontèrent dans une douzaine de violents débats[57]. La campagne se porta sur les questions de l'esclavage, de la prohibition de l'alcool et du parti des Know Nothing, un groupe nativiste qui défendait la discrimination des catholiques. Johnson était en faveur du premier et s'opposait aux deux autres. Gentry était plus ambigu sur la question de l'alcool et avait obtenu le soutien des Know Nothing que Johnson qualifiait de société secrète[58]. Johnson remporta l'élection mais avec une avance plus faible qu'en 1853[57].
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Alors que l'élection présidentielle de 1856 approchait, Johnson espérait obtenir la nomination de son parti. Sa position selon laquelle les intérêts de l'Union seraient mieux défendus si l'esclavage était autorisé dans certaines régions en faisait un candidat de compromis pour le poste de président. Johnson ne fut cependant jamais en mesure de l'emporter et la nomination alla à l'ancien sénateur de Pennsylvanie, James Buchanan. Même s'il n'était pas convaincu par ce choix, Johnson fit campagne pour Buchanan et son colistier, l'ancien représentant du Kentucky, John Cabell Breckinridge, qui remportèrent l'élection[59].
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Johnson décida de ne pas briguer un troisième mandat de gouverneur car il visait un poste de sénateur. En 1857, alors qu'il revenait de Washington, D.C., son train dérailla et il fut gravement blessé au bras droit. Cette blessure l’handicapa dans les années qui suivirent[60].
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Avant l'adoption du 17e amendement de la Constitution en 1913, les sénateurs étaient élus par les législatures de chaque État. L'ancien gouverneur whig William B. Campbell (en) écrivit donc à son oncle, « la grande inquiétude des whigs est d'obtenir une majorité à la législature pour empêcher Andrew Johnson de devenir sénateur. Si les démocrates disposent de la majorité, il sera certainement leur choix et il n'existe aucun homme plus antipathique aux yeux des whigs et des Americans [Know Nothing] que Johnson[61] ». Toujours gouverneur, Johnson, fit de nombreux discours pendant la campagne et les démocrates remportèrent l'élection à la législature et au poste de gouverneur[62]. Son dernier discours de gouverneur lui donna la chance d'influencer ses électeurs et il fit des propositions populaires chez les démocrates. Deux jours plus tard, la législature le choisit pour siéger au Sénat. L'opposition fut effarée et le journal Whig de Richmond le qualifia de « radical le plus vil et de démagogue le plus malhonnête de l'Union[61] ».
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Johnson accéda à des fonctions plus importantes grâce à sa popularité auprès des agriculteurs modestes et des commerçants indépendants qui formaient une grande partie de l'électorat du Tennessee. Il était moins populaire chez les planteurs et les avocats qui dirigeaient le parti démocrate de l'État mais personne n'égalait ses qualités politiques. Après sa mort, un électeur écrivit de lui, « Johnson était toujours le même avec tout le monde… les honneurs qu'il accumulait ne lui faisaient pas oublier d'être aimable avec le plus humble des citoyens[63] ». Apparaissant toujours dans des costumes impeccablement taillés, Johnson donnait une image impressionnante[64] et il avait l'endurance nécessaire pour réaliser des campagnes prolongées avec des déplacements journaliers sur des mauvaises routes menant à un autre discours ou débat. Refusant généralement l'aide de la machine politique de son parti, il comptait sur un réseau d'amis, de conseillers et de relations[49]. Un de ces amis, Hugh Douglas, écrivit de lui, « vous avez été sur la route de nos grands hommes potentiels depuis longtemps. Au fond, beaucoup d'entre-nous n'ont jamais voulu de vous comme gouverneur mais aucun d'entre-nous n'aurait pu être élu à ce moment et nous voulions simplement vous utiliser. Ensuite, nous ne voulions pas que vous alliez au Sénat mais le peuple vous y enverrait[65] ».
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Le nouveau sénateur prit ses fonctions quand le Congrès se rassembla en décembre 1857. À nouveau, il s'installa à Washington, D.C. sans sa femme et ses enfants ; Eliza ne lui rendit visite qu'une seule fois en 1860 durant son premier mandat de sénateur. Johnson entreprit immédiatement de présenter la Homestead Bill au Sénat mais comme la plupart des sénateurs qui la soutenaient étaient nordistes (beaucoup avaient rejoint le nouveau parti républicain), la question fut rattrapée par la problématique de l'esclavage. Les sénateurs sudistes considéraient que ceux qui profiteraient le plus de cette loi ne seraient probablement pas les propriétaires d'esclaves sudistes. La question de l'esclavage fut compliquée par l'arrêt Scott v. Sandford de la Cour suprême des États-Unis plus tôt dans l'année qui indiquait que l'esclavage ne pouvait pas être interdit dans les territoires. Johnson, un sénateur et propriétaire d'esclaves d'un État du Sud, donna un discours important au Sénat au mois de mai 1858 pour essayer de convaincre ses collègues que la Homestead Bill et l'esclavage n'étaient pas incompatibles. La loi fut néanmoins rejetée par 30 voix contre 22 et les sénateurs sudistes formèrent une bonne partie de l'opposition[66],[67]. En 1859, elle échoua à nouveau et en 1860, une version diluée fut adoptée par les deux Chambres mais le président Buchanan apposa son veto sous la pression des sudistes[68].
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Johnson continua son opposition aux dépenses publiques et présida un comité pour les contrôler. Il fit campagne contre une loi de financement des infrastructures de Washington, D.C. en déclarant qu'il était injuste que des citoyens du Tennessee doivent financer les rues d'une ville extérieure à l'État même s'il s'agissait du siège du gouvernement. Il s'opposa à l'octroi d'argent pour financer la répression de la révolte des mormons dans le Territoire de l'Utah en demandant l'envoi de volontaires temporaires car il estimait que les États-Unis ne devaient pas avoir d'armée permanente[69].
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En octobre 1859, l'abolitionniste John Brown et ses partisans prirent d'assaut l'arsenal fédéral d'Harpers Ferry en Virginie pour préparer une insurrection des esclaves. L'incident accrut encore plus les tensions entre pro- et anti-esclavagistes à Washington, D.C. Johnson donna un discours au Sénat en décembre dans lequel il critiqua les nordistes qui mettaient en danger l'Union en cherchant à interdire l'esclavage. Le sénateur du Tennessee déclara que la phrase « tous les hommes sont créés égaux » de la Déclaration d'indépendance des États-Unis ne s'appliquait pas aux Afro-Américains car la constitution de l'Illinois contenait la phrase et qu'ils n'y avaient pas le droit de vote[70],[71].
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Johnson espérait qu'il ferait un candidat de compromis pour l'élection présidentielle de 1860 alors que le parti démocrate se déchirait sur la question de l'esclavage. Occupé par le passage de la Homestead Bill durant la convention démocrate à Charleston en Caroline du Sud, il chargea ses deux fils et son principal conseiller politique de le représenter dans les négociations en coulisses. La convention était dans l'impasse car aucun des candidats ne parvenait à rassembler les deux tiers des voix nécessaires mais les camps étaient trop divisés pour considérer Johnson comme un compromis. Au bout de cinq jours, 57 tours et le report de la convention à Baltimore dans le Maryland, le sénateur Stephen A. Douglas de l'Illinois fut choisi comme candidat démocrate pour la présidence. Les délégués sudistes, dont Johnson, refusèrent cette nomination et choisirent le vice-président John C. Breckinridge pour briguer la présidence. En plus de cette scission du parti démocrate, le sénateur John Bell du Tennessee se présenta au nom du parti de l'union constitutionnelle. Face à ces divisions, le candidat républicain, l'ancien représentant de l'Illinois, Abraham Lincoln fut facilement élu mais ne remporta quasiment aucune voix dans les États du Sud. L'élection de Lincoln, connu pour ses positions abolitionnistes, était inacceptable pour de nombreux sudistes. Même si la sécession n'avait pas été une question durant la campagne, les discussions à ce sujet commencèrent immédiatement dans les États du Sud[72],[73].
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Johnson prit la parole au Sénat après l'élection pour donner un discours bien reçu au Nord, « Je n'abandonnerai pas ce gouvernement… Non ; J'ai l'intention de me tenir à ses côtés… et j'invite tout homme qui est un patriote à… nous unir autour de l'autel de notre nation commune… et je jure devant Dieu et tout ce qui est sacré et saint que la Constitution doit être sauvée et l'Union préservée[74],[75] ». Comme les sénateurs sudistes annoncèrent qu'ils démissionneraient si leurs États faisaient sécession, Johnson rappela au sénateur du Mississippi, Jefferson Davis, que si les sudistes conservaient leurs sièges, les démocrates contrôleraient le Sénat et pourraient défendre les intérêts du Sud contre les atteintes de Lincoln[76]. Gordon-Reed indique que si la croyance de Johnson en une Union indivisible était sincère, il s'était aliéné les chefs sudistes, dont Davis, qui devint président des États confédérés d'Amérique formés par les États ayant fait sécession. Si Johnson avait rejoint la Confédération, il aurait eu peu d'influence sur son gouvernement[77].
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Johnson rentra au Tennessee alors que son État débattait de la question de la sécession. Le successeur de Johnson au poste de gouverneur, Isham G. Harris, et la législature organisèrent un référendum pour savoir si une convention devait être organisée pour autoriser la sécession ; après le refus de cette proposition lors du référendum, ils soumirent directement la question de la sécession au vote populaire. Malgré les menaces de mort et les agressions, Johnson fit campagne contre ces deux propositions en faisant parfois des discours avec un pistolet posé sur le pupitre devant lui. Même si la région de Johnson dans l'Est du Tennessee était opposé à la sécession, le second référendum fut remporté par les sécessionnistes et en juin 1861, le Tennessee rejoignit la Confédération. Croyant qu'il serait assassiné s'il restait, le sénateur quitta l'État par la trouée de la Cumberland où son groupe fut pris pour cible par des tireurs ; il laissa sa femme et sa famille à Greeneville[78],[79].
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En tant que seul membre d'un État ayant fait sécession à rester au Sénat, il était le plus influent des partisans sudistes de l'Union et avait l'attention de Lincoln pendant les premiers mois de la guerre[80]. Comme la plus grande partie du Tennessee était contrôlé par les troupes confédérées, Johnson resta dans le Kentucky et l'Ohio et essaya en vain de convaincre des commandants nordistes de mener une offensive dans l'Est du Tennessee[81].
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Le premier mandat de Johnson au Sénat se termina en mars 1862 quand Lincoln le nomma gouverneur militaire du Tennessee. La plus grande partie des régions centrale et occidentale qui avaient fait sécession avaient été reprises et si certains avançaient qu'un gouvernement civil devait simplement remplacer les autorités confédérées dans les territoires conquis, Lincoln choisit d'employer son pouvoir de commandant en chef pour nommer des gouverneurs militaires dans ces zones[82]. Le Sénat confirma rapidement le choix de Johnson et il reçut le grade de brigadier-général[83]. En représailles, les Confédérés confisquèrent la plus grande partie des possessions de Johnson, prirent ses esclaves et transformèrent sa maison en hôpital militaire[84]. En 1862, après le départ de Johnson du Sénat et en l'absence de la plupart des législateurs sudistes, le Homestead Act fut finalement adopté ; il est considéré que cette loi, avec les Morrill Land-Grant Acts et l'octroi de terres pour le chemin de fer transcontinental, a ouvert l'Ouest américain à la colonisation[85].
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En tant que gouverneur militaire, Johnson chercha à éliminer les influences confédérées, demanda aux fonctionnaires de prêter un serment de loyauté et fit fermer les journaux contrôlés par des sympathisants confédérés. Une grande partie de l'Est du Tennessee restait contrôlée par les Confédérés et au cours de l'année 1862, les troupes sudistes s'approchèrent à plusieurs reprises de Nashville. Les Confédérés autorisèrent Eliza Johnson et sa famille à franchir leurs lignes pour rejoindre Andrew Johnson[86],[87]. Nashville était continuellement menacé par les raids de cavalerie menés par le général Nathan Bedford Forrest et Johnson fit tout son possible pour défendre la ville. La menace fut finalement levée après la victoire du général nordiste William Starke Rosecrans lors de la bataille de la Stones River en janvier 1863 et une grande partie de l'Est du Tennessee fut repris durant l'année[88].
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Lorsque Lincoln délivra la Proclamation d'émancipation en janvier 1863 qui affranchissait les esclaves dans les territoires contrôlés par les Confédérés, le Tennessee ne fut pas concerné car il avait été en grande partie repris. La Proclamation accrut le débat sur le devenir des esclaves après la guerre car tous les unionistes ne soutenaient pas l'abolition. Johnson décida que l'esclavage devait se terminer et déclara « si l'institution esclavagiste… cherche à le renverser, alors le Gouvernement a le droit légitime de la détruire[89] ». Il soutint à contrecœur les efforts pour enrôler des anciens esclaves dans l'Armée de l'Union car il considérait qu'il serait plus approprié que les Afro-Américains réalisent des tâches subalternes, ce qui libérerait des blancs pour se battre[90]. Il parvint néanmoins à enrôler 20 000 soldats noirs dans les troupes de l'Union[91].
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En 1860, le colistier de Lincoln avait été le sénateur du Maine, Hannibal Hamlin. Ce dernier avait été un vice-président compétent, était en bonne santé et semblait favorable à un second mandat mais Johnson émergea comme un colistier potentiel de Lincoln pour l'élection de 1864[92]. Lincoln envisagea de choisir un démocrate favorable à la guerre et il envoya un agent sonder la volonté du général Benjamin Butler. En mai 1864, le président dépêcha le général Daniel Sickles en enquête à Nashville. Même si ce dernier nia qu'il était là pour rencontrer le gouverneur, le biographe de Johnson, Hans L. Trefousse, considère que le voyage de Sickles était lié au choix ultérieur de Johnson[92]. Selon l'historien Albert Castel dans son évaluation de la présidence de Johnson, Lincoln fut impressionné par l'administration de Johnson dans le Tennessee[86]. Gordon-Reed indique que si le ticket Lincoln-Hamlin était jugé géographiquement équilibré en 1860, « avoir Johnson, le démocrate sudiste favorable à la guerre sur le ticket envoyait le juste message sur la folie de la sécession et la capacité continue d'unité du pays[93] ». Un autre facteur était la volonté du secrétaire d'État William Seward d'empêcher le choix de son collègue de New York, l'ancien sénateur et démocrate favorable à la guerre Daniel S. Dickinson (en), pour la vice-présidence car Seward devrait probablement céder sa place en cas de victoire. Après que des journalistes l'eurent informé du probable objectif de la visite de Sickles, Johnson prit un rôle plus actif en donnant des discours et ses amis firent avancer sa candidature en coulisses[94].
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Pour faire campagne sur l'unité, Lincoln se présenta sous la bannière du Parti de l'Union nationale (en) plutôt que sous celle du Parti républicain[93]. À la convention organisée en juin 1864 à Baltimore, Lincoln fut facilement choisi même si certains avaient évoqué son remplacement par un membre du Cabinet ou l'un des généraux les plus populaires. Après ce choix, l'ancien secrétaire à la Guerre Simon Cameron présenta une résolution pour lui associer Hamlin mais elle fut rejetée. Lors du premier tour de vote pour le choix du vice-président, Johnson arriva en tête avec 200 voix contre 150 pour Hamlin et 108 pour Dickinson. Durant le second tour, les délégués du Kentucky se prononcèrent pour Johnson et ils furent rapidement suivis par les représentants des autres États. Johnson l'emporta alors par 491 votes contre 17 pour Hamlin et huit pour Dickinson. Lincoln exprima sa satisfaction concernant le résultat, « Andy Johnson, à mon avis, est un homme bien[95] ». Lorsque la nouvelle arriva à Nashville, une foule se rassembla et Johnson donna un discours affirmant que le choix d'un Sudiste signifiait que les États confédérés n'avaient pas véritablement quitté l'Union[95].
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Même s'il était alors inhabituel pour un candidat de faire activement campagne, Johnson donna de nombreux discours dans le Tennessee, le Kentucky, l'Ohio et l'Indiana. Il chercha également à accroître ses chances dans le Tennessee en rétablissant un gouvernement civil et en faisant que le serment de loyauté soit encore plus restrictif car les électeurs devaient jurer qu'ils s'opposaient à toutes négociations avec la Confédération. Le candidat démocrate pour la présidence, le général George McClellan, espérait éviter de nouvelles victimes en négociant et le serment eut pour conséquence de priver ses électeurs du droit de vote. Lincoln refusa d'annuler la décision de Johnson et leur ticket arriva en tête dans l'État par 25 000 voix d'avance. Le Congrès refusa de prendre en compte les résultats du Tennessee en raison des fraudes mais Lincoln et Johnson remportèrent facilement l'élection en arrivant en tête dans la plupart des États[96].
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Maintenant vice-président élu, Johnson était impatient de terminer le rétablissement d'une administration civile même si le calendrier électoral empêchait son application avant le jour d'investiture du 4 mars. Johnson espérait rester à Nashville pour accomplir cette tache mais les conseillers de Lincoln l'informèrent qu'il prêterait serment en même temps que Lincoln. Pendant l'hiver 1864-1865, les troupes de l'Union achevèrent la reconquête de l'Est du Tennessee dont Greeneville. Juste avant son départ, les électeurs du Tennessee adoptèrent le 22 février une nouvelle constitution qui abolissait l'esclavage. L'un des derniers actes de Johnson en tant que gouverneur militaire fut de confirmer les résultats[97].
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Johnson se rendit alors à Washington pour prêter serment même si selon Gordon-Reed, « à la lumière de ce qui s'est passé le 4 mars 1865, il aurait été préférable que Johnson soit resté à Nashville[98] ». Il était peut-être malade ; Castel évoqua une fièvre typhoïde[86] mais Gordon-Reed note que rien n'appuie ce diagnostic[98]. Dans la soirée du 3 mars, Johnson participa à une réception en son honneur et s'enivra fortement. Souffrant d'une gueule de bois le lendemain au Capitole, il demanda de l'alcool à son prédécesseur Hamlin. Ce dernier lui donna une bouteille de whisky et Johnson en prit deux grandes gorgées en déclarant, « j'ai besoin de toute mes forces pour cette occasion ». Au Sénat, il donna un discours décousu devant Lincoln, le Congrès et les dignitaires présents. Au milieu de cette adresse souvent incohérente, Johnson fit une pause et Hamlin profita de l'occasion pour lui faire rapidement prêter le serment du vice-président[99]. Lincoln, qui avait assisté tristement à la débâcle, prêta serment et délivra son second discours d'investiture qui fut acclamé[100].
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Dans les semaines qui suivirent son investiture, Johnson présida brièvement le Sénat et évita les moqueries en s'éloignant dans la résidence de son ami Francis Preston Blair dans le Maryland. Lorsqu'il revint à Washington, il avait l'intention de retourner dans le Tennessee pour se réinstaller à Greeneville avec sa famille. Il resta finalement à Washington quand il apprit que le général Ulysses S. Grant avait capturé la capitale sudiste, Richmond, ce qui laissait présager la fin de la guerre[101]. Lincoln déclara, en réponse aux critiques concernant le comportement de Johnson, que « je connais Andy Johnson depuis des années ; il a fait une erreur l'autre jour mais vous ne devez pas être inquiets ; Andy n'est pas un ivrogne[102] ».
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L'après-midi du 14 avril 1865, Lincoln et Johnson se virent pour la première fois depuis l'investiture. Trefousse et Gordon-Reed avancent que Johnson voulait « pousser Lincoln à ne pas être trop clément envers les traîtres[103],[104] ». Castel indique cependant que le sujet de leur conversation est inconnu[101]. Dans la soirée, le président Lincoln fut mortellement blessé par John Wilkes Booth, un sympathisant confédéré. Le tir contre le président faisait partie d'une conspiration visant à assassiner Lincoln, Johnson et Seward. Ce dernier fut grièvement blessé mais survécut tandis que George Atzerodt échoua dans sa tentative contre Johnson. Leonard J. Farwell réveilla Johnson dans sa chambre de Kirkwood House pour l'informer que Lincoln avait été abattu au théâtre Ford. Il se précipita au chevet du président où il resta un court moment et promit à son retour, « ils souffriront pour cela. Ils souffriront pour cela[105] ». Lincoln mourut à 7 h 22 et Johnson prêta serment entre 10 et 11 h en présence du juge en chef Salmon P. Chase et de la plupart des membres du Cabinet. Son comportement fut décrit comme « solennel et digne » par les journaux[106]; certains membres du Cabinet ne l'avaient pas vu depuis son investiture en mars[107]. À midi, Johnson présida la première réunion de son administration dans le bureau du secrétaire du Trésor et il reconduisit la totalité de ses membres[108].
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Les circonstances de l'assassinat ont donné lieu à des spéculations sur Johnson et sur l'avenir que lui attribuaient les conspirateurs. Le potentiel assassin de Johnson, Atzerodt, s'était enivré au lieu d'assassiner le vice-président. Dans le vain espoir de sauver sa vie après sa capture, il donna de nombreux détails concernant la conspiration mais ne dit rien pour corroborer l'idée que la tentative prévue contre Johnson n'était qu'une ruse. Les théoriciens du complot indiquent que le jour de l'assassinat, Booth se rendit à Kirkwood House et y laissa un mot à l'intention de Johnson portant l'inscription « Je ne veux pas vous déranger. Êtes-vous chez vous ? [signé] J. Wilkes Booth[109] ». Il est ainsi possible que Booth, craignant qu'Atzerodt ne réussisse pas à tuer Johnson, ou inquiet qu'il n'ait tout simplement pas le courage de l'assassiner, ait voulu par ce message tenter d'impliquer le vice-président dans la conspiration[110].
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Johnson présida les funérailles de Lincoln à Washington avant que la dépouille du défunt président ne soit envoyée à Springfield pour y être enterrée[111]. Peu après la mort de Lincoln, le général nordiste William Tecumseh Sherman rapporta qu'il avait, sans consulter Washington, signé un armistice avec le général confédéré Joseph E. Johnston par lequel les forces sudistes de Caroline du Nord se rendaient en échange du maintien de l'administration de l'État et la protection des propriétés privées. L'accord ne mentionnait pas l'émancipation des esclaves et cela était inacceptable pour Johnson et les membres du Cabinet. Le président envoya un message à Sherman pour lui demander d'obtenir la reddition des troupes confédérées sans faire de concessions politiques. Cela, associé à sa décision d'offrir une prime de 100 000 $ (1,4 million de dollars de 2011[112]) pour l'arrestation du président confédéré Jefferson Davis alors en fuite, donna à Johnson la réputation d'un homme qui serait dur envers le Sud. De manière plus controversée, il autorisa l'exécution de Mary Surratt pour son rôle dans l'assassinat de Lincoln. Elle fut pendue avec trois autres personnes, dont Atzerodt, le 7 juillet 1865[113].
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Lors de son accession à la présidence, Johnson dut répondre à la question du devenir des États du Sud. Lincoln avait autorisé la mise en place de gouvernements loyalistes en Virginie, en Arkansas, en Louisiane et dans le Tennessee au fur et à mesure que ces territoires étaient repris par les troupes nordistes. Il avait par ailleurs défendu un plan selon lequel des élections seraient organisés dans un État si 10 % des électeurs prêtaient allégeance à l'Union. Le Congrès considérait que cela était trop clément ; une loi demandant que la moitié des électeurs prêtent serment pour que l'État soit réintégré fut approuvée par les deux Chambres mais Lincoln y apposa son veto[114].
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Johnson avait trois objectifs pour la Reconstruction. Il défendit une réintégration rapide des États sur le fait qu'ils n'avaient jamais véritablement quitté l'Union et devaient donc être reconnus dès que des citoyens loyaux auraient formé un gouvernement. Pour Johnson, la question du droit de vote des Afro-Américains n'était pas prioritaire car cela avait toujours été de la responsabilité des États de décider qui avait le droit de vote. Il voulait ensuite que le pouvoir politique dans les États du Sud passe des planteurs à ceux qu'il appelait les « plébéiens ». Comme de nombreux Afro-Américains étaient encore économiquement liés à leurs anciens maîtres et risquaient de voter comme eux, leurs votes étaient une entrave pour les objectifs de Johnson. La troisième priorité de Johnson était l'élection présidentielle de 1868 car il voulait devenir président de plein droit[115].
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Le parti républicain s'était divisé en deux factions pendant la guerre de Sécession. Les républicains radicaux voulaient punir les principaux dirigeants de la Confédération et défendaient l'égalité des droits pour les Afro-Américains. Ils considéraient que les esclaves affranchis pouvaient être poussés à voter républicain en reconnaissance de leur émancipation ; les votes des noirs permettraient ainsi aux républicains de se maintenir au pouvoir et d'affaiblir les démocrates sudistes. Les républicains modérés voulaient également chasser les démocrates du pouvoir au niveau national et empêcher le retour des anciens confédérés mais ils étaient moins enthousiastes au sujet du droit de vote des noirs pour des raisons de politiques locales ou parce qu'ils considéraient qu'ils ne voteraient pas « correctement ». Les démocrates nordistes défendaient une réintégration immédiate des États du Sud et ne soutenaient pas le droit de vote des Afro-Américains car cela affaiblirait le contrôle démocrate du Sud[116].
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Johnson dut initialement mettre en place une politique de Reconstruction sans intervention législative car le Congrès ne devait pas se réunir avant décembre 1865[117]. Les républicains radicaux dirent au président que les États du Sud étaient économiquement dévastés et le pressèrent d'utiliser son pouvoir pour demander que l'octroi de droits aux esclaves affranchis soit une condition préalable à la réintégration des États sudistes. Johnson, avec le soutien d'autres officiels dont Seward, considérait en revanche que cette question était du ressort des États et non pas du gouvernement fédéral. Le Cabinet était divisé sur la question[118].
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Johnson prit ses deux premières décisions sur la Reconstruction le 29 mai avec le soutien unanime du Cabinet. La première était une proclamation qui reconnaissait la légitimité du gouvernement de Virginie mené par le gouverneur provisoire Francis Harrison Pierpont (en). La seconde était une amnistie de tous les anciens rebelles à l'exception de ceux dont la valeur des propriétés dépassait 20 000 $ (285 000 $ de 2011[112]) ; il nomma également un gouverneur temporaire pour la Caroline du Nord et autorisa la tenue d'élections. Aucune de ces proclamations ne comportaient de clauses concernant le droit de vote des Afro-Américains et les droits des esclaves affranchis. Le président autorisa la tenue de conventions dans les autres États pour qu'ils rédigent leurs constitutions[119].
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Alors que les États du Sud commençaient le processus de recréation de leurs gouvernements, Johnson jouissait d'un important soutien populaire pour ses politiques et il considéra donc qu'il disposait d'un soutien inconditionnel pour la réintégration rapide du Sud. S'il était largement soutenu au Sud, il sous-estima la détermination des Nordistes qui craignaient que la guerre n'ait été menée pour rien et demandaient la mise en place de politiques particulièrement dures. Il était important pour l'opinion publique nordiste que le Sud reconnaisse sa défaite, que l'esclavage soit aboli et que la vie des Afro-Américains soit améliorée. La question du droit de vote était moins importante car seule une poignée d'États nordistes (essentiellement en Nouvelle-Angleterre) accordaient les mêmes droits aux noirs qu'aux blancs ; de plus à la fin de l'année 1865, le Connecticut, le Wisconsin et le Minnesota rejetèrent des résolutions sur le suffrage des noirs avec d'importantes majorités. L'opinion publique toléra la clémence de Johnson à condition qu'il amène le Sud à reconnaître sa défaite. Au lieu de cela, les blancs sudistes furent encouragés et de nombreux États sudistes adoptèrent les Black Codes qui limitaient fortement les droits fondamentaux et civiques des Afro-Américains. La plupart des sudistes élurent des anciens confédérés au Congrès et les délégations étaient menées par le sénateur de Géorgie et ancien vice-président confédéré, Alexander Stephens. Le Congrès se réunit au début du mois de décembre 1865 et le discours conciliant de Johnson fut bien accueilli. Le Congrès refusa néanmoins que les législateurs sudistes puissent siéger et il créa un comité pour proposer des lois appropriées pour la Reconstruction[120].
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Il fait expulser les Noirs des parcelles de terrains que certains généraux nordistes leur avaient distribués. De manière générale, la structure économique du Sud, construite sur des caractéristiques racistes, est totalement conservée[121]. La société nordiste ne connait pas non plus de changement particulier. Les soldats démobilisés ne bénéficient pas de programme d'aide pour retrouver du travail ou un logement[121].
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Les Nordistes étaient ulcérés par l'idée que d'anciens membres du gouvernement confédérés comme Stephens soient des législateurs fédéraux à un moment où les blessures de la guerre étaient encore grandes ouvertes. Ils considéraient que les Black Codes plaçaient les Afro-Américains dans une situation à peine meilleure que l'esclavage. Les républicains craignaient également que la restauration des États du Sud ne permette aux démocrates de revenir au pouvoir[122],[123]. De plus, selon David O. Stewart dans son livre sur la procédure de destitution de Johnson, « la violence et la pauvreté qui oppressaient le Sud galvanisèrent l'opposition à Johnson[124] ».
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Le Congrès était réticent à affronter le président et commença par uniquement affiner les politiques de Johnson envers le Sud[125]. Selon Trefousse, « s'il fut une période où Johnson aurait pu parvenir à un accord avec les modérés du parti républicain, c'était dans la période qui suivit le retour du Congrès[126] ». Johnson était mécontent des provocations des États du Sud et du maintien de l'élite d'avant-guerre dans ces régions mais il ne se prononça pas publiquement à ce sujet en considérant que les Sudistes avaient le droit d'agir comme ils le souhaitaient même si cela n'était pas judicieux. À la fin du mois de janvier 1866, il devint convaincu que remporter une confrontation avec les républicains radicaux était nécessaire pour ses plans politiques, à la fois pour la Reconstruction et pour sa réélection en 1868. Il aurait préféré que le conflit porte sur les efforts législatifs pour affranchir les Afro-Américains dans le district de Columbia, une proposition qui avait été très largement rejetée lors d'un référendum. Une loi sur ce sujet fut adoptée par la Chambre des représentants mais à la déception de Johnson, elle fut rejetée par le Sénat avant qu'il ne puisse y apposer son veto[127].
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Le sénateur Lyman Trumbull de l'Illinois, le chef des républicains modérés et président du comité judiciaire, était impatient d'obtenir un compromis avec le président. Il présenta une législation au Congrès pour prolonger le mandat du Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands (« Bureau des réfugiés, des affranchis et des terres abandonnées ») au-delà de l'année 1867 et une autre pour accorder la citoyenneté aux esclaves affranchis. Trumbull rencontra plusieurs fois Johnson et était convaincu que le président ne s'opposerait pas à ces mesures. Johnson contredisait rarement ses visiteurs et donnait souvent l'impression à ses interlocuteurs qu'il était d'accord avec eux, même si cela n'était pas le cas. Le président s'opposa aux deux législations sur le principe qu'elles ne respectaient pas la souveraineté des États. De plus, les deux lois de Trumbull étaient impopulaires auprès des Sudistes blancs que Johnson espérait intégrer dans son nouveau parti. Le président mit son veto à la loi sur le Bureau of Refugees le 14 février 1866 à la grande joie des Sudistes et au désarroi indigné des législateurs républicains. Johnson considérait qu'il avait eu raison car une tentative pour outrepasser son veto échoua au Sénat le lendemain[127]. Il pensait également que les radicaux étaient à présent isolés et battus et que les républicains modérés se rallieraient à lui ; il ne comprit pas que les modérés voulaient également que les Afro-Américains soient traités avec équité[128].
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Le 22 février, date du Washington's Birthday, Johnson donna un discours improvisé à des partisans qui s'étaient rassemblés devant la Maison-Blanche et demandaient une déclaration en l'honneur du premier président. Dans son allocution d'une heure, il fit référence à lui-même plus de 200 fois. Plus grave, il parla « d'hommes… toujours opposés à l'Union » à qui il ne pouvait pas offrir la main de l'amitié qu'il avait tendue au Sud[129],[130]. Lorsque la foule lui demanda de qui il s'agissait, Johnson cita le représentant de Pennsylvanie, Thaddeus Stevens, le sénateur du Massachusetts, Charles Sumner, et l'abolitionniste Wendell Phillips qu'il accusa d'avoir planifié son assassinat. Les républicains considérèrent qu'il s'agissait d'une déclaration de guerre tandis qu'un allié démocrate de Johnson estima que son discours coûta 200 000 voix à son parti lors des élections de mi-mandat de 1866[131].
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Malgré les exhortations des modérés, Johnson rompit définitivement avec eux en mettant son veto le 27 mars au Civil Rights Act destiné à protéger les droits civiques des Afro-Américains. Dans le message accompagnant le veto, il indiqua qu'il s'opposait à la mesure car elle accordait la citoyenneté aux esclaves affranchis à un moment où 11 des 36 États étaient sous-représentés au Congrès et qu'elle était une mesure discriminatoire en faveur des noirs et contre les blancs[132],[133]. Le Congrès outrepassa ce veto trois semaines plus tard, ce qui représentait une première dans l'histoire américaine[134]. Le veto du Civil Rights Act de 1866 est généralement considéré comme l'erreur majeure de la présidence de Johnson car il convainquit les modérés que toute négociation était impossible. Dans son livre sur la Reconstruction, l'historien Eric Foner estime qu'il s'agit « de l'erreur de jugement la plus dévastatrice de sa carrière politique ». Selon Stewart, le veto fut « pour beaucoup l'erreur fondamentale [de Johnson] et elle annonça la confrontation permanente avec le Congrès qui domina le reste de sa présidence[135] ».
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Le Congrès proposa également un 14e amendement à la Constitution. Rédigé par Trumbull, il fut envoyé pour ratification dans les différents États ; Johnson y était opposé mais ne joua aucun rôle dans le processus. L'amendement ajoutait les dispositions les plus importantes du Civil Rights Act dans la Constitution mais allait également plus loin. Il étendait l'octroi de la citoyenneté à toute personne née aux États-Unis (à l'exception des Amérindiens dans les réserves indiennes), pénalisait les États qui ne donnaient pas le droit de vote aux esclaves affranchis et créait de nouveaux droits civiques qui seraient protégés par les tribunaux fédéraux. Il garantissait également que la dette publique fédérale serait remboursée mais interdisait tout paiement des dettes contractées par la Confédération pendant le conflit. Pour finir, il excluait les anciens confédérés des fonctions officielles même ci cela pouvait être annulé par le Congrès[136]. Les deux Chambres adoptèrent une nouvelle loi pour prolonger le mandat du Bureau of Refugees et le président y apposa à nouveau son veto ; cette fois-ci le veto fut outrepassé. À l'été 1866, lorsque le Congrès suspendit ses travaux en prévision de l'élection de novembre, la méthode de Johnson consistant à réintégrer les États par décret présidentiel sans garanties pour les Afro-Américains était gravement menacée. L'État du Tennessee ratifia le 14e amendement malgré l'opposition du président[137] et le Congrès admit immédiatement ses représentants, ce qui embarrassa Johnson[138].
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Les tentatives pour trouver un compromis échouèrent[139] et le paysage politique se cliva entre les républicains unis d'un côté et Johnson et ses alliés démocrates, du Nord et du Sud, de l'autre. Il demanda l'organisation d'une convention du parti de l'union nationale mais celle-ci ne parvint pas à apaiser la guerre politique qui se déroulait à la veille des élections de mi-mandat de 1866[140]. Les États du Sud n'étaient pas autorisés à voter et Johnson entreprit une tournée dans les États du Nord où il fit de nombreux discours en faveur des candidats démocrates. Cela fut un désastre politique en raison de ses comparaisons controversées entre le Christ et lui et ses échanges violents avec des perturbateurs qui furent jugés indignes de la présidence. Les républicains remportèrent une victoire triomphale et disposaient à présent de majorités écrasantes à la Chambre et au Sénat[141]. Johnson accusa les démocrates de n'avoir donné qu'un soutien timide au mouvement de l'union nationale[142].
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Même après la victoire républicaine en novembre 1866, Johnson considérait qu'il était en position de force. Le 14e amendement n'avait été ratifié par aucun des États sudistes ou frontaliers à l'exception du Tennessee et avait été rejeté par le Kentucky, le Delaware et le Maryland. Comme l'amendement devait être ratifié par les trois quarts des États pour être intégré à la Constitution, Johnson considérait que l'impasse jouait en sa faveur. Lorsqu'il se réunit à nouveau en décembre 1866, le Congrès commença à adopter des législations en outrepassant souvent le veto de Johnson. Le Nebraska fut ainsi intégré à l'Union ; les républicains gagnèrent deux sénateurs et l'État ratifia immédiatement l'amendement. Le veto de Johnson sur une loi accordant le même statut au territoire du Colorado ne fut pas annulé car un trop grand nombre de sénateurs considérait qu'il n'était pas justifié de créer un État avec uniquement 30 000 habitants[143].
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En janvier 1867, Thaddeus Stevens présenta une loi visant à dissoudre les gouvernements des États du Sud et à créer cinq districts militaires sous la loi martiale. Les États devraient à nouveau organiser des conventions constitutionnelles et les Afro-Américains pourraient voter ou devenir délégués à la différence des anciens confédérés qui n'avaient pas ces droits. Le Congrès ajouta à la loi que la réintégration de l'Union ne se ferait qu'après la ratification du 14e amendement par l'État. Johnson et les Sudistes essayèrent de trouver un compromis par lequel le Sud accepterait une version modifiée de l'amendement n'accordant que des droits limités aux Afro-Américains et n'excluant pas les anciens confédérés. Les républicains insistèrent sur le maintien complet de l'amendement et aucun accord ne fut trouvé. Johnson apposa son veto au premier de ces Reconstruction Acts le 2 mars 1867 mais le Congrès l'annula le même jour. Également le 2 mars, le Congrès adopta le Tenure of Office Act malgré le veto présidentiel en réponse aux déclarations de Johnson selon lesquelles il limogerait les membres de son Cabinet qui n'étaient pas d'accord avec lui. Cette loi qui imposait l'approbation du Sénat pour limoger un membre du Cabinet fut controversée car certains sénateurs doutaient de sa constitutionnalité et du fait de savoir si elle s'appliquait à Johnson dont les ministres clés avaient été nommés par Lincoln[143].
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Le secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton était un homme capable et travailleur mais à la personnalité difficile[144]. Johnson l'admirait mais il était également exaspéré par ses actions, soutenues par le général Grant, visant à saper la politique sudiste du président. Johnson envisagea de le limoger mais respectait son rôle pendant la guerre. De son côté, Stanton s'inquiétait de son possible successeur et refusa de démissionner même si ses mauvaises relations avec le président étaient bien connues[145].
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Le nouveau Congrès se rassembla pendant quelques semaines en mars 1867 avant d'ajourner les sessions et le comité judiciaire de la Chambre fut chargé d'évaluer s'il était possible de lancer une procédure d'Impeachment (« destitution ») contre Johnson. Le comité se rassembla, examina les comptes bancaires du président et convoqua les membres de son Cabinet. Lorsqu'un tribunal fédéral libéra l'ancien président confédéré Jefferson Davis sous caution le 13 mai, le comité enquêta pour savoir si Johnson avait entravé les poursuites judiciaires. Il apprit que Johnson était impatient de faire juger Davis et la majorité des membres du comité abandonnèrent les charges d'accusation contre Johnson ; le comité fut dissous le 3 juin[146].
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En juin, Johnson et Stanton s'opposèrent sur la question de savoir si les officiers militaires dirigeant les districts militaires du Sud pouvaient contourner les décisions des autorités civiles. Johnson demanda au procureur général Henry Stanbery de délivrer une déclaration indiquant qu'ils n'en avaient pas le droit. Il cherchait ainsi à obliger Stanton à prendre position soit pour, et donc soutenir sa position, soit contre, montrant ainsi son opposition au président et au reste du Cabinet. Stanton évita le sujet lors des réunions et des échanges. Lorsque le Congrès se réunit à nouveau en juillet, il adopta un Reconstruction Act qui clarifiait les pouvoirs des généraux et privait Johnson de son contrôle de l'armée dans le Sud. Comme le Congrès était ajourné jusqu'en novembre, le président décida de limoger Stanton et l'un des commandants de district, le général Philip Sheridan, qui avait révoqué le gouverneur du Texas et l'avait remplacé par quelqu'un d'impopulaire. Il en fut initialement fermement dissuadé par Grant. Le 5 août, le président demanda néanmoins la démission de Stanton mais le secrétaire refusa de la lui donner[147]. Johnson le suspendit en attente de la prochaine réunion du Congrès comme cela était permis par le Tenure of Office Act ; Grant accepta de le remplacer temporairement tout en continuant de diriger l'armée[148].
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Malgré ses protestations, Grant réalisa le transfert de Sheridan et d'un autre commandant de district, le général Daniel Sickles, qui avait irrité Johnson en appliquant fermement le plan du Congrès. Johnson délivra également une proclamation graciant la plupart des anciens Confédérés à l'exception de ceux qui avaient exercé des fonctions officielles dans la Confédération ou qui travaillaient dans l'administration fédérale avant la guerre et avaient donc brisé leurs serments de loyauté. Même si les républicains exprimèrent leur colère, les élections de 1867 tournèrent globalement en faveur des démocrates. Aucun siège du Congrès n'avait été renouvelé mais les démocrates reprirent le contrôle de la législature de l'Ohio et les électeurs dans l'Ohio, le Connecticut et le Minnesota rejetèrent des propositions visant à accorder le droit de vote aux Afro-Américains[149]. Ces résultats défavorables mirent temporairement un terme aux appels républicains à la destitution de Johnson qui fut enthousiasmé par les élections[150]. Néanmoins, quand le Congrès se réunit à nouveau en novembre, le comité judiciaire fut reformé et vota une résolution de destitution contre Johnson. Après de nombreux débats pour savoir si les actes du président pouvaient être qualifiés de « crimes ou délits majeurs » et donc entraîner une procédure de destitution suivant l'article II de la Constitution, la résolution fut rejetée par la Chambre des représentants le 7 décembre 1867 par 108 voix contre 57[151].
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Johnson informa le Congrès de la suspension de Stanton et de la nomination temporaire de Grant. En janvier 1868, le Sénat annula cette action et réinstalla Stanton en affirmant que le président avait violé le Tenure of Office Act. Grant démissionna malgré l'opposition de Johnson et les relations entre les deux hommes furent irrémédiablement ternies. Johnson limogea Stanton et nomma Lorenzo Thomas (en) à sa place. Stanton refusa de quitter son poste et le 24 février 1868, la Chambre accusa le président d'avoir intentionnellement violé le Tenure of Office Act par 128 voix contre 47 et il rédigea onze articles d'accusation[152].
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Le procès en destitution commença au Sénat le 5 mars 1868 et dura près de trois mois ; l'accusation était menée par George S. Boutwell, Benjamin Butler et Thaddeus Stevens tandis que William M. Evarts, Benjamin R. Curtis (en) et l'ancien procureur général Stanbery représentaient la défense ; le président du tribunal était le juge en chef Salmon Chase[153]. La défense de Johnson reposait sur une clause du Tenure of Office Act qui le rendait applicable uniquement aux membres du Cabinet nommé par l'administration en place. Comme Lincoln avait nommé Stanton, la défense affirma que Johnson n'avait pas violé la loi et que le président avait le droit de mettre en doute la constitutionnalité d'une loi du Congrès devant les tribunaux[154]. Les conseillers de Johnson insistèrent pour qu'il ne se rende pas à son procès et qu'il ne commente pas publiquement son déroulement ; à l'exception de deux entretiens en avril, il s'y conforma[155].
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Johnson manœuvra politiquement pour obtenir un acquittement. Il promit par exemple au sénateur de l'Iowa, James W. Grimes (en), qu'il n'entraverait pas les efforts de Reconstruction du Congrès. Grimes rapporta à un groupe de modérés, dont beaucoup votèrent pour son acquittement, qu'il croyait que Johnson tiendrait sa parole. Johnson promit également de nommer au poste de secrétaire à la Guerre, le respecté général John McAllister Schofield[156]. Le sénateur du Kansas, Edmund G. Ross, reçut l'assurance que les nouvelles constitutions influencées par les idées radicales ratifiées en Caroline du Sud et en Arkansas seraient transmises au Congrès sans opposition de la part du président ; cela permit à ces sénateurs d'avoir un alibi pour voter pour son acquittement[157]. En outre, les actionnaires des compagnies de chemins de fer qui distribuent de nombreux pots-de-vin aux parlementaires afin d’empêcher la destitution de Johnson, celui-ci étant acquis à leurs intérêts[121].
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Les sénateurs étaient également réticents à l'idée de destituer Johnson car son successeur aurait été le sénateur Benjamin Wade de l'Ohio, alors président pro tempore du Sénat. Wade, un lame duck qui quitta ses fonctions de sénateur au début de l'année 1869, était un radical qui défendait des mesures comme le droit de vote des femmes et était donc considéré comme particulièrement extrémiste pour l'époque[158],[159]. De plus, une présidence Wade était vue comme un obstacle aux ambitions de Grant[160].
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Grâce aux négociations, Johnson était confiant dans le résultat du procès et dans les jours qui précédèrent le verdict, les journaux rapportèrent que Stevens et les radicaux avaient abandonné. Le 16 mai, le Sénat vota sur le onzième article qui résumait les dix précédents et accusait Johnson d'avoir limogé Stanton en violation du Tenure of Office of Act alors que le Sénat avait déjà annulé sa décision. 35 sénateurs votèrent « coupable » et 19 « non coupable » soit une voix de moins que la majorité des deux tiers nécessaire pour une condamnation. Le Sénat fut ajourné pour la convention républicaine qui choisit Grant pour briguer la présidence. Il se réunit à nouveau le 26 mai et vota sur les second et troisième articles avec le même résultat de 35 voix contre 19 ; les opposants abandonnèrent alors la procédure de destitution[161],[162]. Stanton quitta son poste le 26 mai et le Sénat confirma par la suite la nomination de Schofield[163]. Lorsque Johnson demanda à Stanbery de reprendre ses fonctions de procureur général après son rôle de défenseur lors du procès, le Sénat refusa de confirmer sa nomination[164].
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Certains ont avancé, à l'époque et par la suite, que la corruption a joué un rôle dans l'issue du procès. Alors même qu'il était en cours, le représentant Butler commença une enquête, mena des auditions litigieuses et publia un rapport qui ne fut soutenu par aucun autre congressiste. Butler se concentra sur l'Astor House Group de New York, supposément mené par le boss politique (en) et éditeur Thurlow Weed. Cette organisation aurait levé de grandes sommes d'argent pour corrompre des sénateurs et obtenir l'acquittement de Johnson mais rien ne fut jamais prouvé[165].
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Peu après son accession à la présidence, Johnson s'accorda avec le secrétaire d'État William Henry Seward pour qu'il n'y ait pas de changements par rapport à la politique étrangère de Lincoln. Seward et Lincoln avaient été rivaux pour la nomination présidentielle en 1860 et l'ancien président espérait qu'il lui succède en 1868. Lorsque Johnson devint président en 1865, les Français étaient intervenus au Mexique pour y installer un gouvernement favorable à leurs intérêts. Alors que de nombreux politiques demandaient une intervention franche en faveur du Mexique, Seward privilégiait la diplomatie et avertit les Français que leur présence au Mexique était inacceptable. Même si le président avait une approche plus agressive, il se rallia à la position de son secrétaire d'État. En avril 1866, le gouvernement français informa Seward que ses troupes se replieraient en plusieurs étapes et le retrait fut achevé en novembre 1867[166].
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Seward était un expansionniste et il chercha des opportunités pour accroître le territoire des États-Unis. En 1867, le gouvernement russe décida que sa colonie en Amérique du Nord (aujourd'hui l'Alaska) était un boulet économique et craignait d'en perdre le contrôle du fait de l'expansion des implantations américaines sur place. Il demanda à son ambassadeur à Washington, le baron Edouard de Stoeckl de négocier la vente du territoire. De Stoeckl négocia adroitement et poussa Seward à accroître son offre de 5 à 7,2 millions de dollars[167] soit approximativement 13,3 milliards de dollars de 2011[112]. De Stoeckl et Seward se dépêchèrent de signer le traité le 30 mars 1867 car le Sénat était sur le point d'ajourner ses séances. Johnson et Seward présentèrent le document signé au Congrès mais furent informés qu'il ne pourrait pas être adopté avant la reprise parlementaire. Le président força le Sénat à siéger le 1er avril et l'accord fut approuvé par 37 voix contre 2[168]. Encouragé par son succès en Alaska malgré les critiques concernant le coût de l'acquisition de cette région reculée, Seward chercha de nouveaux territoires à acquérir mais son seul autre succès fut de revendiquer la souveraineté américaine sur l'atoll inhabité de Wake dans le Pacifique. Il négocia l'achat des Indes occidentales danoises et la population approuva le transfert lors d'un plébiscite mais le Sénat ne vota jamais sur le traité et il expira[169]. Ces îles furent finalement achetées en 1917 et forment aujourd'hui les îles Vierges des États-Unis.
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Seward échoua également dans la signature de la convention Johnson-Clarendon en règlement des réclamations de l'Alabama concernant les dégâts au commerce maritime américain causés par des corsaires confédérés comme le CSS Alabama construits en Grande-Bretagne. Négocié par l'ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, l'ancien sénateur du Maryland Reverdy Johnson à la fin de l'année 1868, le traité fut ignoré par le Sénat durant la présidence de Johnson. L'accord fut rejeté après son départ et l'administration Grant obtint des termes bien plus favorables lors du traité de Washington en 1871[170],[171].
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Johnson nomma neuf juges fédéraux durant sa présidence, tous dans des cours fédérales de district. Il ne nomma aucun juge à la Cour suprême. En avril 1866, il choisit Henry Stanbery pour remplacer le juge assesseur John Catron (en) décédé l'année précédente mais le Congrès cherchait à réduire la taille de la Cour. Celle-ci comptait dix juges et le Judicial Circuits Act de 1866 empêcha le remplacement des sièges vacants jusqu'à ce que la cour n'en compte plus que sept[172]. Ainsi James M. Wayne (en) ne fut pas remplacé après son décès en 1867. En 1869, le Judiciary Act ramena le nombre de juges à neuf et reste toujours en vigueur de nos jours. Johnson nomma son ami de Greeneville, Samuel Milligan, à la cour d'appel fédérale où il resta de 1868 jusqu'à sa mort en 1874[173],[174].
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Johnson espérait obtenir la nomination démocrate pour l'élection présidentielle de 1868 organisée à New York en juillet 1868. Il restait très populaire chez les Blancs du Sud et il renforça sa popularité en délivrant une proclamation, juste avant la convention, qui empêchait toute nouvelle poursuite judiciaire contre les anciens Confédérés qui n'étaient pas déjà inculpés ; ainsi seul Davis et quelques autres devaient être jugés. Lors du premier tour, Johnson arriva second derrière l'ancien représentant George H. Pendleton de l'Ohio, qui avait été son opposant pour la nomination à la vice-présidence en 1864. Johnson perdit progressivement ses soutiens durant les tours suivant et lors du 22e vote, le gouverneur de New York, Horatio Seymour, fut choisi et le président ne reçut que quatre voix, toutes de la part de délégués du Tennessee[175].
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L'opposition avec le Congrès ne cessa pas après l'échec de la procédure de destitution. Johnson proposa des amendements pour que le président ne puisse être élu que pour un unique mandat de six ans, que les élections présidentielles et sénatoriales se fassent au suffrage direct et que le mandat des juges soit limité dans la durée ; le Congrès ne débattit même pas de ces propositions. Les exemplaires du 14e amendement ratifiés par les États du Sud étaient envoyés au département d'État mais Johnson prenait son temps pour les transmettre au Congrès. Ce dernier adopta alors une loi en outrepassant le veto présidentiel pour qu'il soit obligé de les envoyer dans les dix jours qui suivaient leur réception. Johnson continua de différer ses obligations autant que possible mais fut obligé de déclarer en juillet 1868 que l'amendement était officiellement intégré à la Constitution[176].
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Les conseillers de Seymour essayèrent d'obtenir le soutien de Johnson mais il resta silencieux pendant la campagne électorale. Il ne mentionna Seymour, sans le soutenir, qu'en octobre alors que le vote avait déjà eu lieu dans certains États. Johnson regretta néanmoins la victoire de Grant, en partie du fait de l'animosité causée par l'affaire Stanton. Dans son discours annuel devant le Congrès en décembre, il demanda l'abrogation du Tenure of Office Act et dit aux législateurs que tout ce serait bien passé s'ils avaient accepté leurs collègues sudistes en 1865. Il célébra son 60e anniversaire à la fin du mois de décembre durant une fête à laquelle participèrent des centaines d'enfants ; le président-élu Grant refusa néanmoins que ses enfants y participent[177].
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Le jour de Noël 1868, Johnson délivra une amnistie générale qui s'appliquait à tous les anciens Confédérés y compris à Davis. Il gracia également Samuel Mudd dont la condamnation pour complicité dans l'assassinat de Lincoln (il avait réparé la jambe cassée de Booth) était controversée[177].
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Le 3 mars, Johnson organisa une grande réception publique à la Maison-Blanche à l'occasion de son dernier jour de présidence. Grant fit savoir qu'il ne souhaitait pas être dans la même calèche que l'ancien président, comme cela était la coutume et Johnson refusa de se rendre à la cérémonie d'investiture. Malgré les tentatives de Seward pour le faire changer d'avis, Johnson passa la matinée du 4 mars à régler les affaires de dernière minute avant de quitter la Maison-Blanche peu après midi pour se rendre dans la résidence d'un ami[178],[179].
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Après avoir quitté la présidence, Johnson resta quelques semaines à Washington avant de retourner à Greeneville pour la première fois en huit ans. De nombreuses célébrations furent organisées le long du trajet de retour en particulier dans le Tennessee et même dans les villes qui lui avaient été hostiles durant la guerre. Il avait prévu d'acheter une grande ferme près de Greeneville où il résiderait après la fin de son mandat de président[180].
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Certains s'attendaient à ce que Johnson brigue à nouveau le poste de gouverneur du Tennessee ou essaye de retourner au Sénat tandis que d'autres pensaient qu'il deviendrait le directeur d'une compagnie ferroviaire[171]. Il s'ennuyait à Greeneville et sa vie privée fut marquée par le suicide de son fils Robert en 1869[181]. Cherchant à justifier ses actions et à se venger de ses ennemis politiques, il se présenta à un poste de sénateur peu après son retour. Le Tennessee avait élu des représentants républicains mais les décisions juridiques qui restaurèrent le droit de vote de certains blancs et la violence du Ku Klux Klan qui dissuadait les Afro-Américains de voter entraînèrent une victoire démocrate lors des élections législatives d'août 1869. Bien que considéré comme le probable futur sénateur, il était haï par les républicains radicaux et par certains démocrates en raison de son rôle pendant la guerre. Il fut finalement battu par le républicain Henry Cooper par 54 voix contre 51[182]. En 1872, il y eut une élection spéciale pour un district congressionnel at-large du Tennessee ; Johnson chercha à obtenir la nomination démocrate mais lorsqu'il vit qu'il serait opposé à l'ancien général confédéré Benjamin F. Cheatham, il décida de se présenter en indépendant. Il arriva troisième mais la division du parti démocrate empêcha la victoire de Cheatham en faveur d'un ancien allié de Johnson dans le parti de l'union nationale, Horace Maynard[183].
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En 1873, Johnson contracta le choléra durant une épidémie mais s'en remit ; la même année, il perdit 73 000 $ (1,4 million de dollars de 2011[112]) lors de la faillite de la First National Bank de Washington même si une grande partie de cette somme lui fut remboursée[184]. Il commença à réfléchir à la prochaine élection au Sénat qui devait avoir lieu à la législature du Tennessee au début de l'année 1875. Johnson fit campagne auprès des organisations agricoles et il obtint facilement leur soutien. Peu d'Afro-Américains en dehors des grandes villes pouvaient voter du fait de l'affaiblissement des efforts de Reconstruction et ce schéma se répéta dans les autres États du Sud ; la période de domination blanche dura près d'un siècle. Lors des élections législatives dans l'État en août, 92 démocrates furent élus contre 8 républicains et Johnson se rendit à Nashville pour la session parlementaire. Lors du premier tour de l'élection sénatoriale le 20 janvier 1875, Johnson menait de 30 voix mais ne disposait pas de la majorité car il était opposé à trois anciens généraux confédérés, un ancien colonel et un ancien congressiste démocrate. Ses opposants essayèrent de s'accorder pour présenter un seul candidat mais échouèrent ; Johnson fut finalement élu le 26 janvier lors du 54e tour avec une seule voix d'avance et son élection fut célébrée dans tout Nashville[185],[186]. Il devint ainsi le premier ex-président américain élu au Sénat[187].
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Le retour de Johnson attira l'attention du pays et le journal St. Louis Republican le qualifia de « plus magnifique triomphe personnel que l'histoire politique américaine puisse montrer[186] ». Lors de son retour au Sénat le 5 mars 1875, il fut accueilli par des fleurs et fut assermenté en compagnie d'un ancien vice-président, Hannibal Hamlin, par l'occupant du poste, Henry Wilson, qui en tant que sénateur avait voté coupable lors de son procès. De nombreux républicains ignorèrent le nouvel arrivant même si certains, comme John Sherman de l'Ohio (qui avait voté pour sa condamnation) lui serrèrent la main. Johnson reste toujours le seul ancien président à être devenu sénateur. Il ne fit qu'un seul discours le 22 mars au cours duquel il critiqua violemment le déploiement de troupes fédérales par le président Grant pour soutenir le gouvernement de Reconstruction de la Louisiane. L'ancien président demanda si l'on était encore loin d'une dictature militaire et conclut son discours par « Puisse Dieu bénir ce peuple et sauver la Constitution[188] ».
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Johnson rentra à Greeneville après cette session parlementaire. À la fin du mois de juillet, convaincu que certains de ses opposants le diffamaient lors de la campagne pour le poste de gouverneur de l'Ohio, il décida de se rendre sur place. Il partit le 28 juillet et s'arrêta dans la ferme de sa fille Mary près d'Elizabethton (en) où habitait également sa fille Martha. Il fut victime d'un accident vasculaire cérébral dans la soirée mais refusa de se faire soigner avant le lendemain. Il ne récupéra pas et des médecins d'Elizabethon furent appelés ; il sembla bien répondre à leurs traitements mais subit une nouvelle attaque dans la soirée du 30 juillet et il mourut le lendemain matin à l'âge de 66 ans. Le président Grant eut le « douloureux devoir » d'annoncer la mort du seul ancien président encore en vie ; dans leurs nécrologies, les journaux du Nord se concentrèrent essentiellement sur sa loyauté durant la guerre tandis que ceux du Sud mirent l'accent sur ses actions de président. Les funérailles de Johnson furent organisées le 3 août à Greeneville[189],[190]. Selon ses souhaits, son corps fut enroulé dans un drapeau américain et une copie de la Constitution américaine fut placée sous sa tête. Le cimetière a été renommé cimetière national Andrew Johnson en 1906 tandis que sa maison et son atelier de tailleur forment aujourd'hui le site historique national Andrew Johnson[191].
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Jusqu'à la fin du XIXe siècle, il y eut assez peu de travaux historiques sur Johnson et sa présidence. Les mémoires des nordistes qui travaillèrent avec Johnson comme celles de l'ancien vice-président Henry Wilson et du sénateur du Maine, James Blaine, le représentaient comme un goujat obstiné dont les tentatives de favoriser le Sud durant la Reconstruction furent entravées par le Congrès[192]. Selon l'historien Howard K. Beale dans son étude de l'historiographie de la Reconstruction, « les hommes des décennies d'après-guerre étaient plus intéressés par la justification de leurs propres actions que par la recherche laborieuse de la vérité[193] ».
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Le début du XXe siècle vit les premières études historiques significatives sur Johnson. À la tête de ce mouvement se trouvait le lauréat du prix Pulitzer, James Ford Rhodes qui écrivit de l'ancien président[192]:
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« Johnson agit en accord avec sa personnalité. Il avait une force intellectuelle mais elle travaillait souvent sur ses acquis. Obstiné plutôt que ferme, il lui semblait sans aucun doute que suivre les conseils et faire des concessions étaient une preuve de faiblesse. Dans tous les cas, de son message de décembre au veto du projet de loi des droits civiques, il ne céda pas un pouce au Congrès. Les sénateurs et les représentants modérés (qui constituaient la majorité du parti de l'union) ne lui demandèrent que des concessions minimes ; leurs actions n'étaient qu'une demande pour qu'il s'allie avec eux afin de protéger le Congrès et le pays des politiques des radicaux… Sa querelle avec le Congrès a empêché la réadmission dans l'Union avec des conditions généreuses des membres de l'ancienne Confédération… Sa fierté et son désir de gagner l'ont rendu aveugle au véritable bien-être du Sud et de l'ensemble du pays[194] »
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Rhodes imputa les erreurs de Johnson à ses faiblesses personnelles et l'accusa d'être responsable pour les problèmes du Sud dans l'après-guerre[193]. D'autres historiens du début du XXe siècle comme John Burgess (en), Woodrow Wilson (qui devint par la suite président) et William Dunning, tous sudistes, étaient d'accord avec Rhodes en considérant que Johnson était imparfait et politiquement inepte mais conclurent qu'il avait essayé d'appliquer les plans de Lincoln pour le Sud du mieux qu'il pouvait[195]. L'auteur et historien Jay Tolson suggère que Wilson représenta la Reconstruction « comme un programme vengeur qui fit souffrir même les Sudistes repentis tout en bénéficiant aux opportunistes nordistes, les soi-disant carpetbaggers et aux blancs sudistes cyniques ou scalawags qui profitèrent des alliances avec les noirs pour obtenir des gains politiques[196] ».
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Au même moment, un autre groupe d'historiens entreprit de réhabiliter complètement Johnson en utilisant pour la première fois les sources primaires comme ses écrits, fournis par sa fille Martha avant sa mort en 1901 et les journaux de son secrétaire à la Marine Gideon Welles publiés pour la première fois en 1911. Les travaux qui en découlèrent, comme The Impeachment and Trial of President Andrew Johnson (1903) de David Miller DeWitt présentèrent Johnson sous un jour bien plus favorable. Dans History of the Reconstruction Period publié en 1913, James Schouler accusa Rhodes d'être « assez injuste envers Johnson », même s'il reconnaissait que beaucoup des problèmes de l'ancien président étaient liés à ses mauvais choix politiques. Après la publication de ces études, les historiens continuèrent de considérer que les profonds défauts de Johnson sabotèrent sa présidence mais jugèrent que ses politiques de Reconstruction étaient fondamentalement justes[197]. Une série de biographies dithyrambiques à la fin des années 1920 et au début des années 1930 qui « glorifiaient Johnson et condamnaient ses ennemis » accélèrent cette évolution[198],[199].
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En 1940, Howard K. Beale écrivit : « N'est-ce pas temps que nous étudions l'histoire de la Reconstruction sans supposer au préalable, au moins inconsciemment, que les carpetbaggers et les démocrates blancs du Sud étaient malfaisants, que les noirs étaient incompétents et illettrés et que tout le Sud a une dette envers les restaurateurs de la « suprématie blanche[200]» ? ». Malgré ces doutes, la vision favorable de Johnson survécut un temps. En 1942, Van Heflin joua l'ancien président comme un défenseur de la démocratie dans le film Tennessee Johnson. En 1948, un sondage de ses collègues par l'historien Arthur M. Schlesinger plaça Johnson dans le milieu du classement des présidents et dans un autre réalisé en 1956 par Clinton Rossiter, il se trouvait presque parmi les plus grands[201]. Foner note qu'au moment de ces études, « la période de Reconstruction qui suivit la guerre de Sécession était considérée comme une époque de corruption et de mauvaise gestion causée par l'octroi du droit de vote aux noirs[202] ».
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Les précédents historiens, dont Beale, considéraient que l'argent était le facteur central de la course de l'histoire et voyaient la Reconstruction comme une lutte économique entre les industriels du Nord, les planteurs du Sud et les agriculteurs du Midwest ; ils estimaient également que la réconciliation entre le Nord et le Sud aurait dû être la principale priorité de la Reconstruction. Dans les années 1950, les historiens commencèrent à s'intéresser au rôle décisif joué par les Afro-Américains et rejetèrent complètement les idées d'infériorité des noirs qui avaient marqué les précédents travaux et voyaient le Mouvement afro-américain des droits civiques comme une seconde Reconstruction ; certains auteurs déclarèrent qu'ils espéraient que leurs travaux permettraient de faire avancer la cause des droits civiques. Ces historiens sympathisaient avec les républicains radicaux dans leur désir d'aider les Afro-Américains et jugeaient que Johnson avait été impitoyable envers les esclaves affranchis. Dans de nombreuses études écrites depuis 1956 comme celle de Fawn McKay Brodie, Johnson est représenté comme le saboteur des efforts visant à améliorer le sort des esclaves affranchis[203] tandis que la Reconstruction est de plus en plus vue comme une tentative noble d'intégrer les Afro-Américains dans la société[196],[202].
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Au début du XXIe siècle, Johnson est couramment cité comme l'un des pires présidents de l'histoire américaine[196]. Selon l'historien Glenn W. Lafantasie, qui considère Buchanan comme le pire président, « Johnson est l'un des favoris pour le bas de la pile en raison de son impeachment… sa gestion complètement erronée de la politique de Reconstruction… sa personnalité énergique et son énorme suffisance[204] ». Tolson suggère que « Johnson est aujourd'hui méprisé pour avoir résisté aux politiques des républicains radicaux visant à sécuriser les droits et le bien-être des afro-américains récemment affranchis[196] ». Gordon-Reed note que Johnson, comme ses contemporains Pierce et Buchanan, sont généralement listés parmi les cinq pires présidents mais indique « qu'il n'y eut jamais de périodes plus difficiles dans la vie de cette nation. Les problèmes que ces hommes ont dû affronter étaient énormes. Il aurait fallu une succession de Lincoln pour les régler[205] ».
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Trefousse considère que l'héritage de Johnson est « la maintenance de la suprématie blanche. Son soutien aux conservateurs sudistes en sapant la Reconstruction fut sa contribution à la nation et elle secoua le pays durant les générations qui suivirent[206] ». Gordon-Reed conclut son étude de la vie de Johnson par :
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« Nous connaissons les résultats des échecs de Johnson ; son extraordinaire obstination, son racisme grossier et malveillant et sa compréhension primitive de la Constitution affaiblirent sa capacité de gestion éclairée et progressiste alors que ces qualités étaient si désespérément nécessaires. Dans le même temps, l'histoire de Johnson a une caractéristique miraculeuse : le garçon pauvre qui atteignait systématiquement le sommet, tombait en disgrâce et se battait pour recouvrer son honneur. Pour le meilleur ou pour le pire, il n'y a, comme on dit, « qu'en Amérique » que l'histoire de Johnson aurait pu se dérouler de cette manière[207]. »
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La pyramide de Khéops ou grande pyramide de Gizeh est un monument construit par les Égyptiens de l'Antiquité, formant une pyramide à base carrée. Tombeau présumé du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie[1], au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh en Égypte. Elle est la plus grande des pyramides de Gizeh.
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Elle était considérée dans l'Antiquité comme la première des Sept Merveilles du monde. Seule des Sept Merveilles du monde à avoir survécu jusqu'à nos jours, elle est également la plus ancienne. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Ce monument phare de l'Égypte antique est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche.
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La grande pyramide, chef-d'œuvre de l'Ancien Empire de l'architecte Hémiounou, est la consécration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser, à Saqqarah. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints pour sa construction en font une pyramide à part qui ne cesse de questionner la recherche.
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Ce monument forme une pyramide à base carrée de 440 coudées royales anciennes, soit environ 230,5 mètres. Les valeurs empiriques d'aujourd'hui sont : au sud de 230,384 m, au nord 230,329 m, à l'ouest 230,407 m, à l'est 230,334 m, soit une erreur pour obtenir un carré parfait de seulement 12 secondes d'arc sur l'angle formé par ses diagonales[2].
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La pyramide construite sur un socle rocheux avait une hauteur initiale d'environ 146,58 m (280 coudées royales égyptiennes), c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome de 139 m, mais l'érosion l'a réduite de 9,58 m (environ dix-huit coudées royales) pour atteindre 137 m de hauteur[3]. Elle détient le record du monument le plus haut du monde jusqu'en 1311, année qui voit l'érection de la cathédrale de Lincoln dont la flèche atteint 160 m de hauteur[4]. Elle fait un périmètre de 922 m, une surface de 53 056 m2 et un volume originel de 2 592 341 m3 (aujourd'hui 2 352 000 m3)[4].
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L'estimation traditionnelle du nombre de blocs de pierres qui composent la pyramide est de 2,3 millions mais le calcul des égyptologues va de 600 000[5] à quatre millions[6]. La pyramide pèse près de cinq millions de tonnes. Le volume de matériau entassé (corps et revêtement) s'élevait à 2,5 millions de m3 ; aujourd'hui, il n'en reste qu'environ 2,34 millions[7].
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Les premières assises de la pyramide sont faites directement dans la roche naturelle du plateau de Gizeh. D'après une étude géologique et géomorphologique de 2008, le volume minimum de ce substrat est estimé à 23 % du volume total[8].
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Le parement ou revêtement était composé de pierres calcaires blanchâtres soigneusement jointoyées et polies qui renvoyaient les rayons du soleil, lui donnant l'aspect d'une véritable colline de lumière (ce qui explique qu'elle eut pour nom Akouit « la brillante », mais elle fut plutôt appelée Akhet Khoufou, « L'horizon de Khéops »[9]) et soulignant sa géométrie par un jeu d'ombre et de lumière[10]. Contrairement à la pyramide de Khéphren, elle n'a pas gardé dans sa partie supérieure son revêtement de calcaire mais il subsiste quelques blocs au niveau de la base de la face Nord. Le nucléus est constitué de blocs de calcaire plus ou moins équarris de moins bonne qualité que ceux du parement, les premiers étant issus d'une carrière à 400 m de la pyramide, les seconds de la carrière de Tourah. Les deux premières assises, ainsi que la maçonnerie de la grande galerie et des appartements funéraires sont construites en blocs de granit rose d'Assouan. Les blocs qui sont aujourd'hui visibles à l'extérieur sont noircis par la pollution et souvent cachés par la brume[11].
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Chaque bloc de pierre calcaire a un volume de 1,10 m3 et pèse en moyenne 2,5 t, ce qui fait pour la pyramide (en négligeant le poids des 130 blocs de granite) une masse totale de 5 000 000 t[3].
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Des vestiges d'une enceinte à redans, située à dix mètres autour de la pyramide, sont présents autour du monument. Ces redans sont des parties saines conservées du socle rocheux qui ont permis de diminuer le nombre de blocs à mettre en œuvre lors de la construction[12].
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La pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
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La grande pyramide de Khéops a bénéficié, pour sa construction, des développements et des innovations techniques des pyramides de son père Snéfrou à Dahchour. Elle ne semble avoir subi aucun changement de plans à l'extérieur. Ce point est par contre sujet à discussions en ce qui concerne l'intérieur du monument. Deux écoles s'affrontent : il y a les partisans d'un projet unique et les partisans de trois projets successifs[14]. Il semble que l'architecte en fut le vizir Hémiounou.
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L'entrée de la pyramide (1), située sur la face nord de la pyramide à une hauteur de 15,63 mètres[15], est surplombée par un système de décharge avec voûtes et linteaux monolithiques. Sa fonction est de protéger le couloir descendant de la masse située au-dessus. Cependant les dimensions de cette voûte semblent disproportionnées quand on considère les charges relativement faibles en cet endroit. Avait-elle une fonction plus symbolique[note 2] ?
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Cette entrée aurait été fermée au moyen d'une pierre mobile, ce qui confirmerait les indications de l'auteur antique Strabon. Ce type de dispositif de fermeture était déjà connu à Dahchour[16].
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On accède aujourd'hui aux infrastructures intérieures par la percée qu'effectua le corps expéditionnaire du calife Al-Mamoun, en 820, dans l'espoir d'y trouver un trésor (2). Le revêtement lisse de la pyramide était encore en place à cette époque et masquait le dispositif de fermeture antique[note 3], et les membres de l'expédition cherchèrent longtemps avant de trouver un endroit où la pierre sonnait creux. L'ouverture fut creusée quelques mètres sous la véritable entrée et débouche sur le couloir ascendant, juste derrière les blocs bouchant le passage (3). Les salles arbitrairement dénommées « chambre du roi » et « chambre de la reine » furent trouvées vides de tout trésor, et le coffre en granit ne renfermait pas de momie, selon le récit de l'expédition de 820. C'est dans une chambre de décharge au-dessus de la chambre du roi que l'égyptologue Vyse découvre en 1837 les seules inscriptions de la pyramide, le cartouche du roi Khéops, plusieurs fois tracé en rouge sur les blocs de pierre, si bien que le coffre est traditionnellement considéré comme le sarcophage ayant abrité la momie de Khéops[17]. La théorie de Gilles Dormion considère qu'il s'agit d'une chambre fausse destinée à tromper les voleurs[18].
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Le plan de la pyramide de Khéops est composé de trois niveaux principaux.
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Le couloir descendant (4) , incliné de 26°26'46" — soit une pente de 50% — et long de 105 mètres[15], aboutit à un couloir horizontal long de 8,90 mètres[15] menant à la chambre souterraine (5). Cette dernière, ainsi qu'une grande partie de la descenderie, a été creusée dans la roche naturelle et demeure inachevée. Dans le mur sud fut ébauché un corridor de seize mètres[15] de long ne débouchant sur rien. Un décaissement fut pratiqué dans le sol de la chambre. Les ingénieurs John Shae Perring et Howard Vyse y pratiquèrent en 1837[19], un puits profond de 11,60 mètres, lequel, espérèrent-ils, les conduirait jusqu'à la chambre sépulcrale. Leurs pensées étaient alors inspirées par le voyageur grec Hérodote selon qui le corps de Khéops reposait sur une île, entourée d'un canal et située en dessous de l'actuelle chambre souterraine. Leurs recherches ne menèrent à rien.
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L'aspect inachevé de la chambre souterraine semble prouver qu'elle constitue un premier projet abandonné, l'architecte ayant opté ensuite pour un aménagement dans la maçonnerie de la pyramide[20].
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La percée d'Al-Mamoun mène directement dans le couloir ascendant. Ce dernier fut aménagé par l'architecte de la grande pyramide dans l'appareillage de pierre existant, en perçant le plafond de la descenderie à 25 mètres de l'entrée[21]. Ce couloir est constitué de pierres placées en lits horizontaux sur plusieurs mètres. Il se prolonge ensuite avec une maçonnerie appareillée jusqu'à son extrémité. Trois blocs ceintures sont placés à intervalles réguliers dont la destination était très probablement d'accueillir des herses de fermeture[22]. Or, cette option a dû être rejetée pendant la construction, l'architecte ayant opté pour la mise en place de trois blocs bouchons de granite (3), blocs demeurant toujours aujourd'hui en bas du couloir ascendant.
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L'embranchement a la particularité d'offrir un accès à chaque niveau de la pyramide : tout d'abord à la descenderie, par un boyau reliant le bas de la grande galerie (9) à la grotte (12) et creusé à même la maçonnerie par les constructeurs, ensuite à la chambre de la reine (7), par un couloir horizontal (8), et enfin à la chambre du roi (10), en empruntant la grande galerie (9).
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Un boyau, reliant le bas de la descenderie à la surface au niveau du rocher naturel traversant une grotte naturelle (12) sans aucune forme construite. Il permettait l'évacuation des débris produits par les travaux dans la chambre souterraine. Ce puits fut rendu inopérant dès la pose des premières assises de pierres mais remis en fonction et accessible depuis l'embranchement quand la construction été fort bien entamée[23].
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Le couloir menant à la chambre de la reine (8) est appareillé dans une maçonnerie de belles pierres calcaires. Des particularités figurent sur ses murs tels que des faux joints et des joints anormalement croisés. Il y eut de nombreuses tentatives d'investigation (forages, mesures micro-gravimétriques) afin de déceler des couloirs secrets mais celles-ci furent sans succès[24].
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Le « ScanPyramids Big Void » (le grand vide) qui se trouve à environ quarante mètres de la chambre de la reine mesure au moins trente mètres de long et a des caractéristiques similaires aux galeries. Il a été dévoilé le jeudi 2 novembre 2017 après un scan de la pyramide de Khéops dans le cadre du projet Scanpyramids[25],[26].
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On accède à la « chambre de la reine » (7) (qui, en réalité, n'a jamais été destinée à une reine mais fut nommée ainsi par les explorateurs arabes). Cette chambre de base carrée[27], placée dans l'axe est-ouest de la pyramide, possède une couverture en voûte avec pierres disposées en chevrons. Une niche, protégée par une voûte en encorbellement, fut aménagée dans le mur est de la chambre. Une percée dans cette niche soulève aujourd'hui de nombreux débats. L'égyptologue Gilles Dormion a remarqué que cette sape s'avère être un boyau maçonné de cinq mètres (donc prévu par les constructeurs) prolongé par une sape de voleur de dix mètres[28]. La fonction de cette niche est toujours inconnue.
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Comme la « chambre du roi » cette pièce était munie de deux conduits dits de « ventilation » aménagés dans ses murs nord et sud. Ils étaient masqués par des dalles de fermeture qui ont été découvertes au XIXe siècle lors des explorations approfondies du monument[29].
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Ces conduits ont fait l'objet de plusieurs campagnes d'exploration dont la première en 1993 a été baptisée le projet Upuaut[note 4].
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Vue axonométrique de la chambre de la reine (7).
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La niche dans le mur est de la chambre de la reine.
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Le couloir à l'entrée de la chambre de la reine (1910).
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Entrée de la chambre de la reine (1910).
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La niche dans la chambre de la reine (1910).
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Un canal de ventilation de la chambre de la reine (1910).
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L'accès au couloir ascendant (1910).
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L'accès au couloir ascendant (à gauche, les blocs bouchons).
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La herse de granite (1910).
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Intérieur de la grotte (1910).
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Plan de la grotte (1910).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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La grande galerie (9) est l'élément architectural le plus impressionnant et le plus élaboré de l'Ancien Empire. D'une longueur de 47,80 mètres et d'une hauteur de 8,60 mètres par rapport à la verticale, la galerie est inclinée de 26°10'16"[30]. Elle est surmontée d'un plafond plat sans voûte, mais les assises sont des saillies en encorbellement sur quatre faces (technique héritée de la pyramide rouge ayant les saillies en encorbellement que sur deux faces et de la pyramide rhomboïdale à Dahchour . Une marche à l'extrémité supérieure de cette galerie donne sur une antichambre (11) menant à la chambre du roi (10). Cette antichambre comportait un système de fermeture avec herses obstruant le passage mais aujourd'hui disparues[note 5].
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La « chambre du roi » est un magnifique ouvrage de granit[note 6] de 10,47 mètres sur 5,23 mètres (soit vingt coudées sur dix coudées) et d'une hauteur de 5,84 mètres[31]. La chambre est surmontée par une imposante couverture de blocs de granit répartis sur cinq niveaux[31], le dernier niveau étant surmonté d'une voûte de décharge avec pierres disposées en chevrons[31],[32]. C'est dans cet espace que fut trouvée la seule inscription permettant d'attribuer, avec certitude, cette pyramide à Khéops. Le toit de cette couverture s'élève à plus de vingt mètres du sol de la chambre. Un coffre en granit, vide et sans couvercle, est disposé à l'ouest de la salle[31]. Comme dans la « chambre de la reine », deux conduits de ventilation (10) s'élèvent depuis la « chambre du roi » vers les faces nord et sud de la pyramide[31],[note 7]. La fonction de ces conduits d'aération fait l'objet de débats[33] : ventilation ? Corridor symbolique pour conduire l'âme du roi (incarnation du pharaon en dieu Rê pour le puits nord, en dieu Horus pour le puits sud) ?
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Au fond de la chambre, à l'ouest, la cuve en granit (haute d'un mètre, longue de 2,30 m et large de 0,89 m[34]) posée sur le sol présente des traces de scie et une brèche à un angle, probablement l'œuvre de pilleurs de tombes qui ont tout emporté alors que le couvercle, jamais découvert, devait être encore en place (les rebords du sarcophage montrent un dispositif d'encastrement qui est la preuve de l'existence de ce couvercle). Il est possible que ce sarcophage ne soit qu'un cénotaphe, un tombeau érigé en mémoire du pharaon mais non destiné à recevoir son corps, ou que Khéops soit mort dans une bataille sans que les prêtres aient pu récupérer son cadavre afin de lui rendre les derniers devoirs[35].
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Embranchement, vue de la grande galerie vers le couloir ascendant.
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La grande galerie (1910).
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La chambre du roi et le coffre en granit.
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La chambre du roi (1910).
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Intérieur de l'antichambre vers la chambre du roi (1910).
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Canal de « ventilation » sud de la chambre du roi (1910).
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Bien que nombre d'auteurs arabes aient relaté la découverte du corps du pharaon accompagné de son trésor funéraire, les contradictions que l'on peut relever dans ces différents récits sèment le doute sur la véracité de ces témoignages souvent réalisés des siècles plus tard. Cette incertitude, ainsi que la réputation d'inviolabilité de la grande pyramide, incitent de nombreux archéologues et historiens à rechercher la chambre funéraire qu'ils supposent toujours cachée dans la masse du monument. Cette recherche s'est accentuée ces vingt dernières années, aidée en cela par les nouvelles technologies de mesure et de détection.
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Une étude lancée en novembre 2015 a permis d'établir la carte thermique de la pyramide, réalisée dans le cadre de la mission Scanpyramids[36],[37]. Celle-ci avance l'hypothèse de l'existence d'une niche encore inconnue à une centaine de mètres de hauteur, sur l’arête nord-est. Le 2 novembre 2017, l'équipe de la mission publie un article dans la revue Nature qui fait état de la découverte d'un nouveau vide au cœur de la pyramide de Khéops[38]. Grâce à l'étude des muons, particules élémentaires venant de la haute-atmosphère ayant la capacité de traverser la matière mais ralentissant au fur et à mesure. Les capteurs doivent être placés sous la zone à étudier et ensuite comparer la quantité de muons. S'ils constatent un surplus à un endroit, c'est que les muons ont traversé moins de matière, donc du vide[39]. Cette cavité, baptisée « ScanPyramids Big Void », a une longueur minimale de trente mètres[40]. L'existence de cette cavité a été confirmée par trois différentes techniques de détection de muons, via trois instituts distincts : l'université de Nagoya, le laboratoire de recherche sur les particules japonais KEK ainsi que le CEA français.
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Edme François Jomard, pendant l'expédition militaire en Égypte menée par Bonaparte, a étudié la Grande pyramide et a fait avec d'autres savants de l'expédition des mesures de la base au niveau du rocher, de la hauteur revêtue, de la hauteur des triangles composant les quatre faces de la pyramide[41]. À partir des écrits d'Achille Tatius, les savants soupçonnaient que les dimensions de la pyramide étaient en rapport avec une ancienne mesure de la Terre faite par les Égyptiens, mais sans autre preuve. Il a essayé de retrouver ce rapport et de déterminer les valeurs en mètre des anciennes mesures égyptiennes. Pour faire son étude il n'utilise pas la hauteur de la pyramide car cette hauteur n'est qu'une ligne théorique non accessible par la mesure sur site au moyen des instruments dont pouvaient se servir les Égyptiens. Il se sert de la longueur de la base au niveau du socle et de la hauteur des triangles constituant les faces de la pyramide.
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Il remarque le rapport entre la base et la hauteur du triangle d'une face : 230,902 / 184,722 = 1,25. Il suppose que ce rapport n'est pas fortuit[42]. Il remarque aussi que la hauteur d'une face du triangle a la longueur d'un stade. Partant de l'idée que la détermination a été faite dans une base 60, si on multiplie cette valeur du stade par 600, on obtient : 110 833 mètres, ce qui est à quelques mètres près la valeur du degré en Moyenne Égypte, pour tenir compte de l'aplatissement de la Terre (cela donnerait une circonférence de la Terre de : 110,833 x 360 = 39 900 kilomètres, au lieu de deux fois la longueur d'un méridien, soit 40 008 kilomètres).
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Les dimensions de la pyramide données par les écrivains de l'Antiquité sont assez variables. Les longueurs des unités utilisées peuvent être différentes car, si le nom est le même, elles dépendent du pays de référence. Strabon indique que la hauteur de la pyramide est égale à un stade, mais il s'agit de la hauteur de la face triangulaire.
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L'unité de mesure dans la haute Antiquité était la coudée. Sa valeur a varié suivant les pays et les périodes. Elle a fait l'objet de nombreuses discussions entre égyptologues. On ne connaît pas la valeur de la coudée dans l'Ancien Empire. Jomard suppose que la base de la pyramide mesurait quatre-cents coudées donnant une longueur de coudée égale à 0,577 25 m qu'il appelle pyk belady. Cette valeur est différente de celle couramment admise pour la coudée royale = 0,524 m dans le Nouvel Empire[43]. Les études récentes ont montré la variation de la coudée dans le temps et l'espace rendant tout débat à partir de cette valeur inopérant si on ne connaît la valeur de la coudée utilisée au moment de la construction. Jomard rapporte la longueur de la base donnée par plusieurs auteurs de l'Antiquité : Hérodote donne une longueur de 800 pieds, Diodore de Sicile une longueur de 700 pieds, Pline l'ancien de 883 pieds.
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C'est l'égyptologue William Matthew Flinders Petrie qui, au XIXe siècle, est le premier à avoir attiré l'attention sur l'extraordinaire précision obtenue par les anciens Égyptiens[44]. L'erreur obtenue pour un carré parfait est de seulement 20 cm (seulement 4,4 cm selon Mark Lehner[45]).
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La hauteur initiale de la pyramide était de 147 mètres. En coudées égyptiennes, on obtient alors :
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Les quatre angles de la base sont :
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L'erreur moyenne sur les angles droits de la base est de 0° 3´ 6".
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L'erreur moyenne sur l'orientation suivant les quatre points cardinaux est aussi de 0° 3´ 6". La base de la pyramide a été nivelée avec une erreur de quelques centimètres.
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La base de la pyramide est horizontale à 21 mm près.
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Il est plus aisé de décrire l'aspect externe de la pyramide que le massif interne dont la conception n'est pas certaine. Le boyau, reliant la grande galerie à la descenderie, nous permet tout de même d'entrevoir la maçonnerie du massif de la pyramide qui se limite à un libage de blocs de calcaire grossièrement équarris.
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Les pierres de la grande pyramide ont des dimensions variant en fonction de la hauteur à laquelle elles se trouvent. Il semblerait évident de constater que plus on se rapproche du sommet de la pyramide et plus la hauteur des assises diminue. Or, cette règle n'est pas applicable ici. Les assises diminuent de hauteur jusqu'à un certain niveau au-dessus du sol puis, à partir de celui-ci augmentent en taille jusqu'à diminuer encore et ainsi de suite. Il existe ainsi dix-huit groupes d'un nombre variable d'assises. L'égyptologue Georges Goyon explique cette particularité par la provenance et la nature des matériaux employés, une carrière de calcaire dont le sous-sol est composé de strates d'épaisseurs variables. La pyramide est aujourd'hui composée de 201 assises d'une hauteur moyenne de 0,69 mètre, les dernières ayant disparu et le sommet se réduisant à une plate-forme de quelque cent mètres carrés.
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La pyramide ne représente pourtant pas un volume entièrement artificiel. Les égyptiens bénéficièrent en effet d'une éminence rocheuse sur laquelle ils édifièrent le corps de la maçonnerie. La limite supérieure de cette éminence est bien visible au niveau de la grotte. Cette particularité pose encore plus le problème de l'extrême précision avec laquelle ils accomplirent le nivellement de la base sur ses quatre côtés.
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Le parement, originellement composé de pierres en calcaire fin de Tourah, a presque complètement disparu. Il n'en subsiste plus que quelques blocs au niveau de la base[46], reposant sur les pierres du socle.
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À propos de la maçonnerie, Flinders Petrie note que :
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« Plusieurs mesures ont été faites de l'épaisseur des joints entre les pierres de parement. L'épaisseur moyenne pour celles du nord-est est de 0,002 pouce[note 8] et donc l'erreur moyenne par rapport à la ligne droite et au carré parfait n'est que de 0,01 pouce pour une longueur de 75 pouces sur la hauteur de la face. Bien que les pierres eussent été amenées à 1/50 de pouce l'une de l'autre, autrement dit au contact, l'ouverture moyenne du joint n'était que de 1/100 de pouce[47]. »
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Une grande encoche est nettement visible dans l'angle nord-est de la grande pyramide.
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En 2008, et sous l'impulsion de Jean-Pierre Houdin, l'égyptologue Bob Brier est monté jusqu'à cette plateforme afin de trouver des indices pour valider la théorie de l'architecte français. Brier eut la surprise de découvrir vers l'est une cavité aménagée dans la maçonnerie.
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Celle-ci est passée complètement inaperçue aux yeux de Georges Goyon et de William Matthew Flinders Petrie, qui scrutèrent méthodiquement en leur temps cette partie de l'édifice.
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Pourtant, il existe deux mentions de cette cavité :
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« Aux deux-tiers environ de mon escalade de l'angle nord-est de la pyramide, je trouvai une petite cavité d'environ douze pieds de profondeur et de douze pieds de hauteur, qui semble avoir été formée en ôtant les quelques larges blocs de pierre. »
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« [...] Je fus ainsi conduit par l'extrémité orientale de la face nord de la pyramide, jusqu'à une large brèche faite dans l'arête du nord-est, où on me dit qu'étant à la moitié de l'ascension, je devais me reposer et « donner, selon l'usage, une piastre d'Espagne à chaque homme. »[48] »
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La présence de cette pièce conforterait la théorie de Jean-Pierre Houdin selon laquelle la pyramide contiendrait une rampe interne ayant servi à la construction de l'édifice.
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Il ne subsiste aucune trace du pyramidion qui couronnait jadis le sommet de la grande pyramide. Le pyramidion qui est exposé actuellement près du coin sud-est n'est autre que celui de la petite pyramide satellite. Celui-ci est en calcaire et anépigraphe, à l'instar du pyramidion de la pyramide rouge édifiée par le père de Khéops, Snéfrou. Aucun indice ne permet cependant d'indiquer une quelconque similitude avec le pyramidion disparu.
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Les quatre faces de la pyramide seraient légèrement mais très précisément incurvées, cette forme géométrique étant très délicate à réaliser sur de telles dimensions. Ce phénomène, dit d'apothème, a été découvert en 1934 par André Pochan, avec l'hypothèse qu'il marquerait les équinoxes. Cependant, dans son ouvrage L'énigme de la grande pyramide sorti en 1971, il revient sur cette hypothèse, indiquant que le phénomène était visible plusieurs mois de l'année[49]. On rencontre ce phénomène également sur d'autres pyramides égyptiennes[note 9]. L'érosion, un effondrement interne ou un endommagement dû à la chute des pierres de parement, furent souvent invoqués, et souvent contestés[réf. nécessaire].
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Il est également possible que la méthode de construction en soit l'origine. En effet, Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont noté qu'à la pyramide de Mykérinos, cette concavité disparaissait au niveau du parement de granite. I.E.S. Edwards attribue cette particularité au fait que les lits de pierre sont légèrement creusés vers le centre de chaque assise, d'où la dépression[source insuffisante][50]. À l'heure actuelle, aucune explication satisfaisante n'existe sur cette particularité architecturale déjà remarquée au XVIIIe siècle. En effet l'hypothèse indiquant que cela servirait à marquer les équinoxes est contestée, le phénomène n'étant pas visible uniquement aux équinoxes et cela n'explique pas non plus pourquoi les quatre faces sont creusées alors qu'une seule aurait suffit. L'hypothèse d'un effondrement est également contestée : s'il y avait eu un effondrement, l'intérieur en aurait été touché, ce qui n'est pas le cas. Les ingénieurs s'accordent d'ailleurs à dire qu'il est impossible que les quatre faces se soient effondrées simultanément vers le centre[réf. nécessaire].
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Quand on étudie la géométrie de la grande pyramide, il est délicat de faire la distinction entre les intentions des constructeurs et les propriétés qui découlent des proportions de l'édifice. On mentionne souvent le nombre d'or et le nombre pi inscrits dans les proportions de la pyramide : les Égyptiens ont en effet choisi une pente, pour les faces, de 14/11 (la hauteur étant de 280 coudées et la base de 2 × 220 coudées, la pente est égale à 280/220 = 14/11). Cette valeur fut pour la première fois appliquée à la pyramide de Meïdoum mais ne constitue pas une règle chez les constructeurs de l'Ancien Empire puisque certaines pyramides ont une pente de 6/5 (pyramide rouge), 4/3 (pyramide de Khéphren) ou encore 7/5 (pyramide rhomboïdale).
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Ces deux résultats découlent donc de l'utilisation d'une pente de 14/11. S'il faut y voir une volonté délibérée de les inscrire dans la construction, le mérite en reviendrait à l'architecte qui utilisa pour la première fois cette pente à la pyramide de Meïdoum, achevée sous le règne de Snéfrou, Meïdoum servant de modèle à Khéops reproduite par homothétie[52].
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Il y eut de nombreuses théories visant à faire de la pyramide un observatoire astronomique. Ainsi le couloir descendant aurait pointé vers l'étoile polaire de l'époque, Alpha Draconis[note 10]. Les couloirs de ventilation côté sud auraient pointé pour l'un, vers l'étoile Sirius, et pour l'autre, vers l'étoile Alnitak. Cependant, ici encore et comme pour la plupart des pyramides d'Égypte, les couloirs d'accès avaient des pentes simples et faciles à mettre en œuvre. Ils étaient inclinés d'un angle compris entre 26° et 26°30' soit une pente de 1/2.
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Une propriété géométrique semble pourtant avoir été voulue par l'architecte de la grande pyramide. Les conduits de ventilation de la chambre de la reine atteindraient tous les deux le même niveau de la pyramide. Ce fait est vérifié pour les conduits de la chambre du roi[53].
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Des souterrains sont assimilés à une ébauche (à échelle réduite) de la descenderie et du couloir ascendant de la grande pyramide. Ils se trouvent à l'angle nord-est de la grande pyramide[47],[54].
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Nous reconnaissons dans ces vestiges, la descenderie, passage long de 21 mètres suivant une pente de 26°32' et dont la section est de 1,05 mètre sur 1,20. À 11 mètres de l'entrée, un passage associé au couloir ascendant prend naissance dans le plafond de la descenderie et rejoint le bas de la grande galerie qui est ébauchée jusqu'au niveau du sol. La section du couloir ascendant est plus large que celle de la descenderie afin d'accueillir des blocs bouchons. Un puits vertical de section carrée de 0,727 m, sans équivalent dans la grande pyramide, a été aménagé afin de relier l'extérieur au premier embranchement.
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L'une des principales différences entre l'agencement interne de la grande pyramide et de cette infrastructure est, outre celle des proportions, la disposition souterraine dans la maquette d'éléments figurant dans le corps de la maçonnerie de la grande pyramide. De plus, la descenderie n'a pas été creusée sur sa totalité et la chambre souterraine est absente.
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Bien qu'elle ne soit accompagnée d'aucune superstructure, l'égyptologue Mark Lehner[55] y voit une sépulture inachevée. Malgré les similitudes de plan entre la pyramide et cette structure, le débat n'est toujours pas tranché[note 11].
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La construction de la « grande pyramide » aurait débuté entre -2600 et -2550 suivant les sources[56], au début de la IVe dynastie, et aurait duré environ une vingtaine d'années selon l'historien antique Manéthon. L'année de début et la durée de construction de la pyramide sont des estimations généralement validées par les égyptologues, parce qu'elles correspondent aux vingt-trois à vingt-cinq années, suivant les sources, du règne du pharaon Khéops[57]. Ces estimations ne sont malheureusement attestées par aucun écrit contemporain, mais déduites logiquement par la destination admise de la pyramide comme étant le tombeau de ce pharaon, hypothèse elle-même non attestée par des écrits.
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En se fondant sur les données traditionnellement admises (pyramide constituée de 2,3 millions de blocs de pierre, durée de chantier de vingt-trois ans), il est estimé que 340 blocs étaient posés chaque jour, soit pour une durée de travail de dix heures par jour, un bloc placé toutes les deux minutes, ce qui aurait mobilisé la main-d'œuvre de plus de 10 000 ouvriers (le nombre prodigieux de 100 000 hommes, ne travaillant que trois mois dans l'année pendant la saison des crues, a été proposé par Hérodote)[58]. Les graffitis découverts dans la chambre supérieure de décharge révèlent que le chantier des pyramides de Gizeh était organisé militairement en équipes de 2 000 ouvriers, chacune de ces équipes étant scindée en deux groupes de 1 000 hommes (ceux œuvrant sur la Grande pyramide s'appelant « les amis de Khéops »), eux-mêmes divisés en cinq phyles (terme grec désignant une « tribu »), unités de 200 ouvriers à leurs tours séparés en dix équipes de vingt travailleurs regroupés selon leurs compétences[58].
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De très nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer la construction de la grande pyramide. Mais aucune ne s'avère définitivement convaincante.
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Plusieurs campagnes de fouilles, dirigées par l'égyptologue américain Mark Lehner entre 1988 et 2003, ont permis de retrouver la configuration probable du site de la pyramide au moment de sa construction. On a ainsi pu retrouver le village des ouvriers du chantier, les carrières qui ont fourni l'essentiel du calcaire de la pyramide et le port.
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En 2013, la mission archéologique franco-égyptienne (Institut français d'archéologie orientale (IFAO) met au jour d’anciens papyrus, datant probablement de l’époque de Khéops (-2589/-2566). Ils sont découverts dans le port de Ouadi el-Jarf, sur la mer Rouge qui approvisionnait les chantiers des pharaons de l'Ancien Empire. À usage essentiellement comptable, ces documents consignent les événements comme prescris par l’administration contemporaine. Des livraisons de pierres à destination de la pyramide de Khéops y sont clairement évoquées. Ainsi, le journal de bord du fonctionnaire Merer, décrit quotidiennement son activité : « L'inspecteur Merer a passé la journée avec son homme à charger des pierres dans les carrières de Tourah (…) Je suis allé livrer des pierres à la pyramide de Khéops »[59],[60].
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Les premiers historiens et voyageurs à nous relater leurs explorations sont des auteurs grecs et latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien[61]. Leurs descriptions sont plus centrées sur l'aspect historique et légendaire qui entoure le monument que sur la structure même de l'édifice. Hérodote, le premier voyageur dont les écrits nous soient parvenus, fait état d'inscriptions idéographiques sur les faces de la pyramide, détaillant ce qu'elle avait coûté en raifort, oignons et ail pour les ouvriers[61] (cette surprenante indication est reprise par Diodore). Seul Strabon, dans sa Géographie, cite une porte levante à l'entrée de la pyramide, permettant d'accéder à la descenderie ; mais il ne dit rien de la distribution interne.
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Plus tard, de nombreux auteurs arabes relatent les recherches du calife Al-Mamoun effectuées dans la grande pyramide en l'an 820. Mais les témoignages divergent. Selon certains, le calife n'aurait rien trouvé de plus qu'un sarcophage renfermant un corps corrompu[62]. Tandis que l'historien du Xe siècle, Maçoudi, raconte :
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« On pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui, on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers... L'épaisseur du mur était d'environ vingt coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait mille dinars chaque dinar pesant une once... Ce bassin était, dit-on, d'émeraude[63],[62] »
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L'écrivain du XIIe siècle, Kaisi, écrit qu'Al-Mamoun y trouva
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« une chambre carrée à la base et voûtée au sommet, très grande et au milieu de laquelle était creusé un puits de dix coudées de profondeur... On raconte qu'un homme y étant pénétré arriva à une petite chambre où se trouvait une statue d'homme en pierre verte comme la malachite. Cette statue fut apportée à Al-Mamoun. Elle avait un couvercle que l'on retira et l'on trouva le corps d'un homme revêtu d'une cuirasse d'or, incrustée de toutes sortes de pierreries ; sur la poitrine était posée une épée d'un prix inestimable, et près de la tête se trouvait un rubis rouge... La statue d'où ce mort avait été tiré fut jetée près de la porte du palais du gouvernement au Caire, où je la vis en l'an 511 (1117-1118 de l'ère chrétienne)[62] »
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De nombreuses allusions aux caractères gravés sur les faces de la pyramide seront faites jusqu'à leur détérioration. Selon Maçoudi, ces caractères étaient de plusieurs sortes ; grecs, phéniciens et d'autres inconnus. Il s'agissait sans doute de témoignages gravés par les voyageurs et accumulés durant plusieurs siècles[64].
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Ibn Khaldoun rapporte dans ses Prolégomènes[65] que le calife Al-Mamoun voulut détruire les pyramides et rassembla des ouvriers pour cela, mais il n’y parvint pas. Ses conseillers lui recommandèrent alors de les laisser en place en témoignage de la grandeur des Arabes, puisqu'ils avaient pu vaincre une civilisation capable de créer de tels monuments. Une partie des débris de surface des pyramides auraient servi dans la construction de quelques maisons du Caire, selon les dires recueillis par ce même historien.
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Au Moyen Âge et au début de la Renaissance, les pyramides sont assimilées aux greniers de Joseph, et rares sont les explorateurs à donner une description quelque peu fidèle des lieux. Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle et l'ouvrage Pyramidographia de John Greaves pour découvrir enfin un plan détaillé des agencements internes de la grande pyramide. On discerne la descenderie obstruée à mi-parcours par un amas de débris, la chambre de la reine encombrée de gravats, la grande galerie et la chambre du roi.
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Le livre Description de l'Égypte...[66] (livre de l'Abbé le Mascrier composé d'après les mémoires de Benoît de Maillet), dont la première édition date de 1735, relate le fait que Benoît de Maillet (ancien consul de France au Caire) a visité la grande Pyramide une quarantaine de fois. Un plan intérieur de la grande Pyramide y figure, plan qui sera repris par le livre Lettres sur l'Égypte... publié en 1785 (Claude-Étienne Savary).
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En 1754, l'ouvrage de l'historien Rollin édité par l'anglais Knapton est illustré d'une vue de la grande galerie.
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C'est entre les années 1798 et 1801 que la mission scientifique commandée par Vivant Denon durant la campagne d'Égypte va pouvoir établir les premières observations rigoureusement archéologiques de la grande pyramide. Outre de magnifiques planches représentant le site de Gizeh, la monumentale Description de l'Égypte, publiée sur l'ordre de Bonaparte nous livre les premières vues réalistes de l'intérieur de la grande pyramide, ainsi que des plans d'une très grande précision. La publication de la description va provoquer un véritable engouement. Les voyageurs et explorateurs vont se succéder durant le XIXe siècle. Les ingénieurs Howard Vyse et John Shae Perring vont fouiller, creuser et laisser de nombreuses traces de leurs passages dans la plupart des pyramides memphites et plus particulièrement dans la grande. Leurs résultats fournissent aujourd'hui encore des renseignements précieux pour qui veut étudier la grande pyramide.
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À partir de cette date, la grande pyramide sera étudiée et mesurée dans ses moindres détails par de très nombreux savants, spécialisés ou non dans cette discipline. Deux ouvrages sont alors largement diffusés : le très controversé Our Inheritance in the Great Pyramid, de l'astronome écossais Charles Piazzi Smyth et The Pyramids and Temples of Gizeh, de Flinders Petrie.
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Les pyramides de Gizeh (gravure de 1544)
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Coupe de la pyramide de Khéops (John Greaves, 1646)
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Plan intérieur de la grande Pyramide (Lettres sur l'Égypte, Claude Étienne Savary 1785)
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La grande galerie vers 1799 (Description de l'Égypte)
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Haut lieu touristique, les pyramides sont menacées par la rapide urbanisation du plateau de Gizeh.
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De ce fait une nouvelle politique de protection du plateau est en cours d'élaboration[Quand ?], avec notamment l'édification d'une clôture sur tout son pourtour délimitant ainsi la zone archéologique protégée et l'aménagement de deux entrées distinctes. L'accès des touristes non égyptiens se fait par le nord du site, précisément à proximité de la pyramide de Khéops[réf. souhaitée].
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Chacune des pyramides de Gizeh est tour à tour fermée une année pour réaliser des travaux de restauration et de conservation (nettoyage du sel[67], colmatage de fissures, développement d'un système de ventilation pour réduire l'humidité et l'odeur de renfermé). Le nombre de visiteurs de l'intérieur de la pyramide est limité à 300 par jour[68].
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Plusieurs thèses pseudo-scientifiques ont vu le jour, pour expliquer l'origine et la destination de ce monument :
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Certains n'hésitent pas à vandaliser le monument pour amener la preuve de leur théorie[82].
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Les grandes découvertes sont la période historique qui s'étend du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle. Durant cette période, les monarchies et de riches compagnies commerciales européennes financent de grandes expéditions dans le but d'explorer le monde, cartographier la planète et établir des contacts directs avec l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Océanie. L'expression d’Âge des découvertes est également utilisée par les cartographes.
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Les Portugais vont explorer les côtes de l'Afrique sous l'impulsion du prince Henri dit « le Navigateur ». Ils atteignent l'océan Indien en 1488 en contournant le cap de Bonne-Espérance. Dinis Dias découvre le Cap-Vert en 1444. Le Sénégal est visité par Alvise Cadamosto en 1455 et quant à Gambie, elle est remontée par Diogo Gomes en 1456. En cherchant une nouvelle voie vers l'Asie, le navigateur italien Christophe Colomb — financé par la monarchie espagnole — traverse l'océan Atlantique et atteint en 1492 un « Nouveau Monde » : l'Amérique. Pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, le traité de Tordesillas (1494) partage le monde en deux zones d'explorations où chacun des protagonistes aura l'exclusivité des droits sur ces découvertes. En 1498, une expédition portugaise menée par Vasco de Gama réalise finalement le rêve d'établir une liaison maritime avec l'Inde en naviguant autour de l'Afrique. Peu après, ils atteignent les « îles aux épices » en 1512 et la Chine, un an plus tard. Les explorations vers l'ouest et vers l'est se superposent lorsque l'Espagnol Juan Sebastián Elcano termine la première circumnavigation de la Terre en 1522. Dans le même temps, les conquistadors espagnols explorent l'intérieur des terres américaines et détruisent les empires amérindiens. À partir du XVIe siècle les Français, les Anglais et les Hollandais se lancent dans la course et contestent le monopole ibérique sur le commerce maritime. Ils participent à l'exploration des Amériques mais surtout à celle de l'Océanie. Parallèlement aux explorations maritimes, les Russes explorent et conquièrent la quasi-totalité de la Sibérie.
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Au même titre que la Renaissance, l'« Âge des découvertes » constitue un pont entre Moyen Âge et Époque moderne. L'imprimerie (qui vient d'apparaître) contribue à répandre les récits d'exploration et les cartes de terres lointaines et alimente ainsi la montée de l'humanisme et du questionnement scientifique et intellectuel. L'expansion européenne mène à la mise en place des empires coloniaux : les contacts entre Ancien et Nouveaux Mondes produisent l'échange colombien qui désigne le transfert massif entre les hémisphères occidentaux et orientaux de plantes, d'animaux, de populations (dont les esclaves), de maladies infectieuses et de culture. Cette première mondialisation engendre des modifications écologiques, agricoles et culturelles parmi les plus importantes de l'histoire. L'exploration européenne continue jusqu'au XXe siècle, date à laquelle on estime que la totalité des terres émergées est cartographiée.
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Autrefois qualifiée de l'ère des grandes découvertes, l'historiographie préfère aujourd'hui reconnaître l'aspect bilatéral de la rencontre de deux civilisations[1]. En 1992, de nombreux colloques et publications célébrant le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique ont fait émerger l'expression de rencontre de deux mondes ou plus simplement de rencontres, en mettant en évidence que la notion des « grandes découvertes géographiques » n'est « qu'une construction intellectuelle du XIXe siècle, élaborée à son tour à partir d’une série de mythes fondateurs issus de stratégies éditoriales, politiques et religieuses du XVIe siècle, diffusés et consolidés par l’intermédiaire d’instruments, tels que l’iconographie et la littérature[2] ».
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Au début du XVe, les Européens ont une très bonne idée de l'Europe et du bassin Méditerranéen, et quelques notions du reste de l'Afrique et de l'Asie, mais ces dernières restent confuses. Ils se doutent aussi que la Terre est ronde mais ne connaissent pas bien ses dimensions[3]. À la fin du XVIe siècle, les Européens ont découvert la côte Est de l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale, les littoraux de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, ainsi qu'une grande partie de l'Asie (Sibérie, Inde).
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À la fin du siècle, il reste encore beaucoup de territoires inconnus des Européens, comme l'Australie ou le centre de l'Afrique (et sans parler des régions polaires), mais les Européens ont une connaissance beaucoup plus précise des masses continentales, comme en témoignent les cartes de l'époque[4].
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De nombreuses avancées technologiques diffusées à la fin du Moyen Âge, comme la caravelle ou l'astrolabe ont permis aux Européens une navigation plus sûre et grandement améliorée. La volonté de répandre la foi chrétienne et de découvrir de nouvelles voies maritimes et commerciales vers l'Asie a aussi joué en faveur des grandes découvertes.
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Les connaissances européennes sur l'Asie au-delà des limites de l'Empire byzantin reposent sur des documents vagues, souvent obscurcis par des légendes et remontent parfois à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand. Une autre source provient des Radhanites, marchands juifs qui établissent des routes commerciales entre l'Europe et le monde musulman à l'époque des Croisades. En 1154, le géographe arabe Al Idrissi réalise une carte, Tabula Rogeriana, rassemblant toutes les connaissances de son époque pour le compte du roi Roger II de Sicile[5],[6].
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Une série d'expéditions terrestres européennes à travers l'Eurasie à la fin du Moyen Âge constitue le prélude aux grandes découvertes[7]. Les Mongols, après avoir envahi une grande partie de l'Asie et menacé l'Europe, unifient une bonne partie de l'Eurasie et la Pax Mongolica garantit l'existence de routes de commerce sûres entre le Moyen-Orient et la Chine[8],[9]. Plusieurs Européens en profitent pour explorer l'Orient: La plupart sont Italiens car le commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient est contrôlé par les républiques maritimes comme Venise.
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Des ambassadeurs chrétiens sont envoyés jusqu'à Karakorum dans l'actuelle Mongolie. Parmi eux, on peut citer Jean de Plan Carpin, envoyé par le pape Innocent IV à la cour du Grand Khan de 1241 à 1247[8]. Au même moment, Iaroslav II Vladimirski et ses fils André II Vladimirski et Alexandre Nevski se rendent à Karakorum mais ne laissent aucun récit détaillé. D'autres voyageurs comme le Français André de Longjumeau (en 1245 et 1249) et le Flamand Guillaume de Rubrouck traversent l'Asie centrale jusqu'en Chine[10]. Marco Polo relate dans le Devisement du monde, le récit détaillé de ses voyages en Asie entre 1271 et 1295 en tant qu'hôte de la dynastie Yuan de Kubilai Khan[11].
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En 1291, les deux frères marchands Vandino et Ugolino Vivaldi partent de Gênes avec deux galères pour explorer l'Atlantique mais disparaissent le long de la côte marocaine, ce qui alimente les craintes sur la navigation dans l'Atlantique[12]. De 1325 à 1354, un érudit marocain Ibn Battûta réalise un impressionnant voyage qui l’amène de Tombouctou au sud à Bulghar (en actuelle Russie, sur la Volga) au nord et de Tanger à l’ouest à Quanzhou en Extrême-Orient. Ses récits sont compilés par Ibn Juzayy en un livre appelé Rihla (voyage). À partir de 1357, un livre retraçant les voyages supposés de Jean de Mandeville, le Livre des merveilles du monde, connaît un important succès malgré ses descriptions souvent fantastiques et douteuses.
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En 1400, une traduction latine de la Géographie de Ptolémée atteint l'Italie depuis Constantinople. La redécouverte des connaissances antiques permet aux cartographes de l'époque d'améliorer leur compréhension du monde. En 1439, Nicolò de' Conti publie un récit de ses voyages en Asie du Sud-Est et Athanase Nikitine fait de même pour l'Inde en 1472.
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Ces périples terrestres ont peu d'effets immédiats. L'Empire mongol s'effondre presque aussi vite qu'il était apparu et la route vers l'est devient beaucoup plus dangereuse. La peste noire du XIVe siècle ralentit le commerce terrestre tout comme la montée en puissance de l'Empire ottoman et force les Européens à chercher de nouvelles routes commerciales.
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En 1368, après le renversement de la dynastie Yuan, les Mongols perdent la plupart de la Chine au profit de la dynastie Ming. Les Chinois établissent des relations commerciales maritimes jusqu'en Arabie depuis la dynastie Tang (618-907). Entre 1405 et 1421, le troisième empereur Ming Yongle encourage une série de voyages lointains dans l'océan Indien sous le commandement de l'amiral Zheng He[13]. À la différence des futurs voyages européens, ces expéditions ont un caractère essentiellement diplomatique.
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Une large flotte de jonques est préparée pour ces voyages dont certaines mesurent plus de 60 mètres de longueur et des milliers de marins sont embarqués. Au moins sept expéditions sont lancées à partir de 1405, chacune étant plus ambitieuse que la précédente. Les flottes visitent l'Arabie, l'Afrique orientale, l'Inde, l'Insulinde et le Siam[14]. Zheng He offre des présents en or, en argent, en porcelaine et en soie et reçoit en échange des animaux exotiques comme des girafes, des autruches ou de l'ivoire[15],[16]. Cependant, la mort de l'empereur en 1433 entraîne l'arrêt brutal de ces expéditions très coûteuses pour le pouvoir. La Chine entre dans une période d'isolationnisme connue sous le nom d'haijin.
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Du XIIIe au XVe siècle, les républiques maritimes italiennes possèdent le monopole du commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient. Le commerce de la soie, des épices et de l'encens rend ces cités extraordinairement prospères et riches. Les épices sont parmi les produits les plus rares et les plus chers du Moyen Âge et se trouvent utilisés pour la médecine médiévale. Les épices — importées d'Asie et d'Afrique — sont à ce point importantes dans le concept médiéval de la théorie des humeurs que peu après la mise en place de routes de commerce maritimes, des apothicaires et des médecins comme Tomé Pires[17] ou Garcia de Orta envoyés en Inde pour étudier les espèces d'épices, rapportent leurs découvertes dans le Suma oriental[18] et dans les Colóquios dos simples e drogas da Índia. D'autres débouchés sont les rituels religieux, la cosmétique, la parfumerie et comme additif ou conservateur alimentaire[19].
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Les marins musulmans basés au Yémen et à Oman qui dominent les routes maritimes dans tout l'océan Indien, achètent les épices en Asie du Sud-Est et les transfèrent dans les riches villes marchandes de l'Inde comme Kozhikode (Calicut) puis jusque dans le golfe Persique et la mer Rouge. À partir de là, les épices sont transportées par terre jusqu'aux côtes méditerranéennes. Les marchands, principalement vénitiens, redistribuent ensuite ces produits dans toute l'Europe. Cependant, la montée en puissance de l'Empire ottoman et la chute de Constantinople en 1453 induisent une forte hausse des taxes qui prive les Européens d'importantes routes commerciales.
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Les Européens sont donc contraints de trouver de nouvelles voies d'approvisionnement. D'autant plus qu'ils souffrent d'un déficit grandissant en or et en argent[20] car les pièces utilisées pour acheter les épices et la soie affluent hors du continent pour l'Orient. La plupart des mines européennes s'épuisent ou deviennent inexploitables, compte tenu de la technologie disponible. Le manque de métaux précieux mène à la création d'un complexe système bancaire destiné à gérer les risques du commerce : la première banque véritable, l'Office de Saint Georges est fondée en 1407 à Gênes.
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Pour leurs premières expéditions, les Européens utilisent la boussole. Cependant, les progrès de la cartographie et de l'astronomie entraînent l'apparition de l'astrolabe, du quadrant plus précis, et de la navigation astronomique. Les navigateurs restent à proximité des côtes et pratiquent le cabotage, guidés par des portulans, cartes qui indiquent les routes les plus sûres et les dangers de la navigation. Ainsi, les marins partent d'un point connu et se dirigent avec leur boussole, en s'aidant des indications des portulans pour trouver leur route[21]. On doit ainsi aux Portugais, à la charnière des XVe et XVIe siècles, la mise au point du premier système de navigation universelle avec l'utilisation maritime des portulans et de la détermination de la latitude par la hauteur de l'étoile polaire et du soleil méridien[22].
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En 1297, après la fin de la Reconquista portugaise, le roi Denis Ier de Portugal s'intéresse personnellement au commerce et signe en 1317 un accord avec le marchand génois Manuel Pessanha, faisant de lui le premier amiral de la marine portugaise avec pour mission de défendre le pays contre les pirates musulmans[23]. L'épidémie de peste noire entraîne une sévère perte de population dans la seconde moitié du XIVe siècle et la plus grande partie de la population se tourne vers la mer pour pêcher et commercer le long des côtes[24]. Entre 1325 et 1357, le roi Alphonse IV de Portugal encourage le commerce maritime et lance les premières expéditions[25]. Les îles Canaries, connues depuis l'Antiquité, sont revendiquées à la fois par le Portugal et la Castille[26],[27]. En 1415, le Portugal s'empare de la ville de Ceuta dans le but de contrôler la navigation sur les côtes africaines. Le jeune prince Henri participe à l'attaque et réalise la richesse apportée par le commerce transsaharien. Depuis des siècles, les routes commerciales arabes lient la côte méditerranéenne à l'Afrique de l'Ouest à travers le Sahara. Les Africains fournissent des esclaves et de l'or en échange de sel et de produits manufacturés.
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Henri veut savoir jusqu'où s'étend la domination musulmane en Afrique pour pouvoir commercer par mer directement avec l'Afrique de l'Ouest[28], il cherche également à trouver le légendaire royaume chrétien du prêtre Jean pour pouvoir prendre les musulmans à revers[29] et une route maritime vers les Indes orientales pour participer au très profitable commerce des épices. Il crée un groupe de marchands, d'armateurs, de cartographes et d'investisseurs dans la forteresse de Sagres dans le but d'organiser des expéditions le long des côtes africaines jusqu'en Mauritanie. Il reçoit ainsi son surnom d'Henri le Navigateur. Madère est ainsi atteinte en 1419 et les Açores en 1427. Les portugais en prennent possession et les colonisent très rapidement.
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À cette époque, les cartes européennes s'arrêtent au cap Chaunar sur la côte africaine et personne ne sait s'il est possible de revenir de la mer des Ténèbres qui se trouve au-delà[30]. Malgré les mythes avertissant de la présence de monstres marins, le cap est franchi en 1421 et en 1434, Gil Eanes dépasse le dangereux cap Bojador mettant fin aux vieilles légendes.
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L'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle représente une avancée majeure : elle est capable de remonter le vent mieux que n'importe quel autre navire de l'époque[31]. Issues des bateaux de pêches, elles sont les premiers navires à pouvoir naviguer en haute-mer à distance des récifs côtiers. La diffusion des éphémérides permet la navigation astronomique et l'orientation en pleine mer sans repère terrestre. Ces tables révolutionnent la navigation en permettant de calculer la latitude. Le calcul de la longitude demeure cependant aléatoire[32],[33]. Ainsi, l'exploration peut continuer progressant d'environ un degré par an[34]. L'actuel Sénégal et la presqu'île du Cap-Vert sont atteints en 1444 par Dinis Dias. Un an plus tard António Fernandes avance jusqu'à l'actuelle Sierra Leone.
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La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 représente un choc pour la chrétienté et ralentit fortement le commerce avec l'Orient. En 1455, le pape Nicolas V rédige la bulle Romanus pontifex, qui renforce la précédente Dum Diversas de 1452, qui accordait toutes les terres découvertes au-delà du cap Bojador au roi Alphonse V de Portugal et à ses successeurs et autorisait l'asservissement des païens de ces régions[35]. Le roi commande alors une carte à des experts génois pour trouver une route vers l'Asie. Ceux-ci livrent la carte de Fra Mauro, probablement inspirée de la carte Kangnido d'origine chinoise, à Lisbonne en 1459[36].
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En 1456, Diogo Gomes atteint l'archipel du Cap-Vert. Dans la décennie qui suit, les capitaines vénitien Alvise Cadamosto et génois António Noli au service du roi Henri fondent la ville de Cidade Velha, première ville européenne sous les tropiques.
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Le prince Henri meurt en novembre 1460. Les faibles revenus issus des explorations font que le marchand Fernão Gomes reçoit en 1469 le monopole du commerce dans le golfe de Guinée en échange de quoi il est tenu d'explorer 100 miles par an durant cinq ans[37]. Avec son soutien, les navigateurs João de Santarém, Pedro Escobar, Lopo Gonçalves, Fernando Póo et Pêro de Sintra vont plus loin que ce qui avait été convenu. Ils atteignent l'hémisphère Sud et les îles du golfe de Guinée dont Sao Tomé-et-Principe et explorent la côte de l'actuel Ghana en 1471. Dans l'hémisphère sud, les marins découvrent la Croix du sud comme point de référence pour la navigation astronomique.
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En 1481, le nouveau roi Jean II de Portugal décide d'implanter le comptoir d'Elmina au Ghana pour exploiter les alluvions chargées d'or. En 1482, le fleuve Congo est exploré par Diogo Cão[38] qui en 1486 atteint le Cape Cross dans l'actuelle Namibie.
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L'avancée suivante est capitale. En 1488, Bartolomeu Dias franchit la pointe sud de l'Afrique qu'il nomme le « cap des Tempêtes » (Cabo das Tormentas) et continue jusqu'à l'actuel Port Elizabeth prouvant que l'océan Indien est accessible par l'Atlantique. Simultanément Pêro da Covilhã est envoyé secrètement par terre jusqu'en Éthiopie où il acquiert des informations sur la mer Rouge et la côte orientale de l'Afrique laissant supposer que la route des Indes est ouverte[39]. Le Cap des tempêtes est rapidement renommé « cap de Bonne-Espérance » (Cabo da Boa Esperança) par le roi Jean II à cause de l'espoir suscité par la possibilité d'une route vers l'Inde.
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Le voisin et rival du Portugal, la Castille avait commencé à s'implanter dans les îles Canaries au large de la côte africaine en 1402 mais avait été détourné par des problèmes internes et la poursuite de la guerre avec les musulmans durant la plus grande partie du XVe siècle. L'achèvement de la Reconquista et l'union des royaumes de Castille et d'Aragon à la fin du XVe siècle permettent à l'Espagne de se consacrer à la recherche de nouvelles voies maritimes. La Couronne d'Aragon est un important potentat maritime en Méditerranée contrôlant des territoires dans l'Est de l'Espagne, le Sud de la France, la Sardaigne, la Sicile, Malte et le Royaume de Naples et des possessions jusqu'en Grèce. En 1492, les monarques catholiques envahissent le Royaume Maure de Grenade et décident de financer l'expédition de Christophe Colomb dans l'espoir de contourner le monopole portugais sur les routes maritimes le long de l'Afrique en atteignant les « Indes » (Est et Sud de l'Asie) par l'Ouest[40]. Par deux fois, en 1485 et 1488, le projet de Colomb avait été refusé par le Portugal.
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Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos de la Frontera avec trois navires, une caraque, la Santa Maria et deux caravelles, La Pinta et La Niña. Colomb fait d'abord escale aux Canaries où il se réapprovisionne et avance dans l'Atlantique dans ce qui sera nommé la mer des Sargasses.
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L'expédition atteint les Bahamas le 12 octobre 1492 et Colomb pense avoir atteint les Indes occidentales. Il explore ensuite la côte Nord de Cuba et celle d'Hispaniola. Il est reçu par le cacique Guacanagari qui lui donne la permission de laisser quelques hommes derrière lui. Il fonde La Navidad dans l'actuel Haïti et y laisse 39 hommes[41]. Avant de repartir, il enlève une vingtaine d'autochtones dont seuls sept ou huit arrivèrent vivants en Espagne où ils firent forte impression à la cour du roi[42]. Il arrive à son port d'attache le 15 mars 1493 et la nouvelle de la découverte de nouvelles terres à l'ouest se répand rapidement en Europe[43].
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Colomb et les autres explorateurs espagnols sont initialement déçus par leurs découvertes. À la différence de l'Asie et de l'Afrique, les habitants des Caraïbes ont peu de choses à échanger avec les navires espagnols. Il faudra attendre l'exploration du continent pour que les richesses attendues ne soient découvertes.
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Après la découverte des « Indes occidentales », une répartition des zones d'influences devient nécessaire pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal[44]. Deux mois après le retour de Colomb, le pape Alexandre VI publie la bulle Inter caetera statuant que toutes les terres situées à l'ouest d'une ligne passant à 100 lieues des Açores appartenaient à l'Espagne. Il n'est cependant pas dit si les terres à l'est reviennent au Portugal. Le roi Jean II de Portugal n'est pas satisfait d'autant qu'une autre bulle donne à l'Espagne la souveraineté sur l'Inde même si celle-ci se trouve à l'est de ce méridien. Il négocie donc directement avec les monarques espagnols[45]. Un accord est trouvé en 1494 avec le traité de Tordesillas qui « divise » le monde entre les deux puissances. Dans ce traité, les Portugais reçoivent toutes les terres se trouvant à l'Est d'une ligne passant à 370 lieues des îles du Cap-Vert et les Espagnols toutes les terres à l'Ouest. Les autres puissances maritimes européennes (France, Angleterre, Pays-Bas…) se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres et ne peuvent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde.
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Très peu de choses étaient connues sur les territoires à l'ouest du méridien de Tordesillas. Peu après le premier voyage de Christophe Colomb, un grand nombre d'explorateurs se lancent à la découverte de ces nouvelles terres. Jean Cabot, un marin italien soutenu par le roi Henri VII d'Angleterre quitte Bristol en 1497. Probablement financé par la Society of Merchant Venturers, Cabot traverse l'Atlantique par le Nord dans l'espoir de trouver une route plus rapide vers les « Indes occidentales »[46] et arrive quelque part en Amérique du Nord, probablement à Terre-Neuve.
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En 1499, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos, financés par le roi du Portugal, découvrent le Labrador. Au même moment, les frères Gaspar et Miguel Corte-Real explorent les côtes du Groenland et de Terre-Neuve[47]. Les deux explorations sont mentionnées sur le planisphère de Cantino de 1502.
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En 1497, le nouveau roi Manuel Ier de Portugal envoie une flotte d'exploration vers l'Est menée par Vasco de Gama pour achever le projet de ses prédécesseurs de trouver une route vers l'Inde. En juillet 1499, ce dernier revient à Lisbonne avec un important chargement d'épices et la nouvelle selon laquelle les Portugais ont atteint l'Inde se répand rapidement en Europe[48]. Alors que Colomb organise deux nouveaux voyages vers l'Amérique centrale, une seconde expédition portugaise est assemblée pour partir en Inde. La flotte de treize navires et 1 500 hommes quitte Lisbonne le 9 mars 1500. Le commandant est Pedro Álvares Cabral et il est accompagné par les marins Bartolomeu Dias, Nicolau Coelho et le notaire Pero Vaz de Caminha. Pour éviter les eaux sans vent du golfe de Guinée, la flotte s'oriente vers le sud-ouest. Le 21 avril, une montagne apparaît à l'horizon et est nommé Monte Pascoal ; le 22 avril, la flotte accoste sur la côte du Brésil et trois jours plus tard, elle jette l'ancre dans une baie nommée Porto Seguro. Cabral soupçonne que cette nouvelle terre se trouve à l'est du méridien de Tordesillas et renvoie un navire vers le Portugal avec l'importante nouvelle. Pensant avoir découvert une île, Cabral nomme cette terre Ilha de Vera Cruz (île de la Vraie Croix). Certains historiens soutiennent que les Portugais connaissaient l'existence du saillant sud-américain auparavant d'où l'insistance du roi Jean II pour déplacer le méridien de Tordesillas vers l'Ouest[49].
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À l'invitation du roi Manuel Ier de Portugal, Amerigo Vespucci[50], Florentin travaillant à Séville pour la banque des Medicis, organise deux expéditions vers la Guyane avec Juan de la Cosa[51]. Voyages rendus célèbres par la publication entre 1502 et 1504 de trois lettres qui lui sont attribuées. Pour les Européens, il devient de plus en plus clair que Colomb n'a pas atteint l'Asie mais plutôt un Nouveau Monde, l'Amérique ainsi nommée en 1507, à Saint-Dié-des-Vosges, par les cartographes lorrains Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann. Probablement en référence à Amerigo Vespucci premier Européen à avoir suggéré que ces terres ne sont pas l'Asie mais bien un « Nouveau Monde »[52]. Le Mundus novus, titre latin d'un document basé sur les lettres de Vespucci à Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis connait un grand succès en Europe[53].
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Protégées de la compétition directe avec l'Espagne grâce au traité de Tordesillas, les expéditions portugaises vers l'Est avancent rapidement. Par deux fois, en 1485 et 1488, le Portugal refuse officiellement l'idée de Christophe Colomb de rallier les Indes en naviguant vers l'Ouest. Les experts du roi Jean II de Portugal pensent en effet que les estimations de distance fournies par Colomb (3 800 km) sont sous-évaluées[54]. De plus, Bartolomeu Dias — parti en 1487 avec l'objectif de dépasser la pointe Sud de l'Afrique — et les experts pensent que voyager vers l'Est serait bien plus court. Le franchissement du cap de Bonne-Espérance en 1488 et le voyage de Pêro da Covilhã en Éthiopie par la terre indiquent que les richesses de l'océan Indien sont accessibles depuis l'Atlantique.
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Sous l'impulsion du nouveau roi Manuel Ier de Portugal, une petite flotte d'exploration composée de quatre navires et de 170 hommes quitte le port de Lisbonne en juillet 1497 sous le commandement de Vasco de Gama. En décembre, la flottille dépasse le point où Dias avait fait demi-tour et entre dans des eaux inconnues. Le 20 mai 1498, ils arrivent à Calicut. Cependant Gama est handicapé par le manque de marchandises précieuses lui permettant d'acheter les produits rares qu'il convoite. Deux ans après leur départ, Gama et 55 hommes reviennent victorieusement au Portugal comme les premiers marins à avoir navigué directement d'Europe en Inde.
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En 1500, une seconde flotte bien plus imposante de treize navires et 1 500 hommes est envoyée en Inde. Sous le commandement de Pedro Álvares Cabral, elle découvre la côte brésilienne puis dans l'océan Indien, un des navires atteint Madagascar (1501) qui sera partiellement explorée par Tristan da Cunha en 1507. L'île Maurice est découverte en 1507 et Socotra est occupée en 1506. La même année, Lourenço de Almeida débarque au Sri Lanka, l'île nommée « Taprobane » par les Grecs et les Romains. Les premiers comptoirs sont établis à Kochi et à Calicut en 1501 puis à Goa en 1510.
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En 1511, Afonso de Albuquerque conquiert Malacca alors pivot du commerce en Asie et lance plusieurs missions diplomatiques à l'est : Duarte Fernandes est ainsi le premier Européen à être reçu à la cour du Royaume du Siam. Il découvre l'emplacement des fameuses « îles aux épices », les Moluques, alors seule zone de production de la muscade et du clou de girofle et y envoie une expédition menée par Antonio de Abreu où ils sont les premiers Européens en 1512[55]. Les Portugais installent un comptoir fortifié sur l'île de Ternate, le fort de São João Baptista de Ternate marquant ainsi leur présence en Insulinde.
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En mai 1513, Jorge Álvares atteint la Chine : il est le premier à accoster dans le delta de la rivière des Perles. Rafael Perestrelo, un cousin du célèbre Christophe Colomb est le premier à explorer la côte Sud de la Chine et à commercer à Guangzhou[56],[57]. Fernão Pires de Andrade visite la ville en 1517 et y établit un comptoir commercial. En 1557, les Portugais reçoivent l'autorisation d'occuper Macao.
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Pour renforcer le monopole sur le commerce dans l'océan Indien, Ormuz dans le golfe Persique est envahi par Afonso de Albuquerque en 1507 qui établit des relations diplomatiques avec la Perse. En 1513, en tentant de conquérir Aden, une expédition franchit le détroit de Bab-el-Mandeb et pénètre en mer Rouge. En 1521, une force menée par António Correia envahit Bahreïn annonçant une domination portugaise de 80 ans sur le golfe Persique[58]. En mer Rouge, Massaoua est le point le plus septentrional atteint par les Portugais jusqu'en 1541, lorsqu'une flotte atteint Suez.
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En 1513, à environ 70 km au sud d'Acandí, dans l'actuelle Colombie, l'Espagnol Vasco Núñez de Balboa est informé des nouvelles inattendues qui évoquent une « autre mer » riche en or. Ce qu'il note avec grand intérêt[59]. Avec peu de ressources et utilisant les informations données par les caciques, il traverse l'isthme de Panama avec 190 soldats, quelques guides locaux et une poignée de chiens. Utilisant un petit brigantin et une dizaine de canoës, ils longent la côte et accostent à l'embouchure du Río Chuchunaque. Le 6 septembre, l'expédition est renforcée par 1 000 hommes qui doivent lutter contre les Indiens Kuna avant d'atteindre les montagnes d'où l'on peut voir l'« autre mer ». Première vision d'un Européen de l'océan Pacifique depuis le Nouveau Monde. L'expédition descend ensuite la chaîne de montagne et navigue jusqu'à la baie de San Miguel. L'objectif principal de Balboa est la recherche d'or mais il découvre un groupe d'îles qu'il nomme l'archipel des perles, nom qu'il porte encore. En 1516, Juan Díaz de Solís navigue jusqu'au Rio de la Plata, dans l'actuelle Argentine, et meurt en tentant de trouver un passage vers le Pacifique par le sud.
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Dans le même temps, les Portugais présents en Asie du Sud-Est font les premières descriptions du Pacifique occidental en dépassant Bornéo et en atteignant Luçon dans les Philippines actuelles[60].
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Depuis 1516, de nombreux Portugais opposés au roi Manuel Ier de Portugal se rassemblent à Séville et entrent au service du roi nouvellement couronné Charles Ier d'Espagne (Charles Quint). Parmi eux se trouvent les explorateurs Diogo and Duarte Barbosa, Estevão Gomes, João Serrão et Fernand de Magellan, les cartographes Jorge Reinel et Diego Ribero et le marchand flamand Christopher de Haro. Fernand de Magellan qui avait navigué en Inde pour le compte du Portugal jusqu'en 1513 lorsque les Moluques sont découvertes et qui garde le contact avec Francisco Serrão qui y vivait[66],[67], développe l'idée que ces îles se trouvent dans l'hémisphère dévolu à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. Conscient des efforts espagnols pour trouver une route vers l'Inde en passant par l'est, Magellan leur présente un plan pour y arriver.
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Afin de convaincre le souverain espagnol de soutenir l’expédition, Magellan lui fait remettre, en septembre 1519[68], un mémoire (Lembrança geográfica) dont l’interprétation géographique, par José Manuel Garcia (historien)[69], conteste l’idée reçue selon laquelle Magellan ignorait tout de l’immensité de l’océan Pacifique[70], aboutissant ainsi aux mêmes conclusions que les travaux de Xavier de Castro (nom de plume de Michel Chandeigne[71]), Jocelyn Hamon et Luís Filipe Thomaz sur la question[72] [73] [74].
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Cette interprétation des différents calculs présentés par Magellan dans ce mémoire géographique laissent effectivement présager un très vaste océan entre le sud du continent américain et l’objectif premier de cette expédition maritime : l’archipel des Moluques (en Indonésie actuelle), ces légendaires « îles aux épices », alors productrices exclusives du clou de girofle[75] [76] [77] [78] [79].
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Magellan place ainsi les Moluques à environ 4° à l’est du domaine espagnol délimité par la démarcation extrême-orientale – hypothétique – du méridien né du traité de Tordesillas (1494), alors que cet archipel se situe, en réalité, à 5° à l’ouest (et donc dans le domaine portugais) : une erreur d’autant plus faible qu’il était alors impossible de mesurer avec exactitude les longitudes, et que l’emplacement de l’archipel moluquois ne put être mesuré précisément que deux ou trois siècles plus tard[80].
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Autre argument venant étayer cette interprétation, les conceptions géographiques évoquées dans le Lembrança geográfica de Magellan se retrouvent sur une carte maritime anonyme de 1519, document attribué au cartographe portugais Jorge Reinel qui, avec son père Pedro Reinel également cartographe, avait rejoint Magellan à Séville[81] [82].
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Dès lors, il ne peut être exclu que cette carte était identique aux deux planisphères saisis par les Portugais sur la Trinidad (nef amirale de la flotte) le 28 octobre 1522[83] [84], ou encore semblable au globe peint que, selon le chroniqueur espagnol Bartolomé de Las Casas, Magellan et le cosmographe Rui Faleiro auraient présenté au jeune Charles 1er des Espagnes (futur Charles Quint; empereur du Saint-Empire romain germanique), fin février ou début mars 1518 à Valladolid[85] [86] [87], entrevue royale couronnée de succès puisque le souverain espagnol décida d’avaliser le projet d’expédition vers les Moluques[88].
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Le roi d'Espagne et Christopher de Haro financent donc l'expédition de Magellan. Celle-ci est composée de cinq navires : le navire amiral et caravelle Trinidad et quatre caraques le San Antonio, la Concepcion, le Santiago et la Victoria ainsi que de 237 hommes de différentes nationalités. La flotte quitte Séville le 10 août 1519 avec l'objectif de rallier les Moluques en naviguant vers l'ouest pour les incorporer dans la zone d'influence espagnole[89].
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La flotte navigue toujours plus vers le sud en évitant les territoires portugais du Brésil et touche la première la Terre de Feu à l'extrémité sud des Amériques. Le 21 octobre 1520, partant du cap Virgenes elle entame un périlleux voyage à travers les 600 km du détroit que Magellan nomme « détroit de tous les saints », le moderne détroit de Magellan. Le 28 novembre, trois navires entrent dans le Pacifique, ainsi nommé à cause de son apparente tranquillité[90]. L'expédition parvient à traverser le Pacifique, en ne croisant que les îles Infortunées, deux atolls inhabités et atteint les Philippines en mars 1521. Magellan est tué lors de la bataille de Mactan et c'est son second Juan Sebastián Elcano qui prend le commandement de l'expédition qui atteint les Moluques en novembre 1521. Le 6 septembre 1522, la Victoria est le premier navire (et seul rescapé) à réaliser la circumnavigation du monde avec seulement 18 hommes d'équipage. 17 autres arriveront plus tard, 13 capturés par les Portugais au Cap-Vert quelques semaines plus tôt et 5 survivants du Trinidad qui avaient été faits prisonniers par les Portugais en Indonésie. Antonio Pigafetta, un érudit vénitien et assistant de Magellan tint un journal de bord qui reste la source principale d'information sur le voyage.
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Cette circumnavigation apporte à l'Espagne une connaissance précieuse du monde et de ses océans qui conduit à son installation aux Philippines. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une alternative réaliste à la route portugaise autour de l'Afrique[91] (le détroit de Magellan est trop éloigné et la traversée du Pacifique est trop longue depuis l'Espagne), plusieurs expéditions espagnoles utilisent cette voie pour naviguer depuis la côte mexicaine jusqu'aux Philippines. La seconde circumnavigation, par l'Anglais Francis Drake, n'aura lieu qu'entre 1577 et 1580.
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Peu après l'expédition de Magellan, les Portugais se dépêchent d'agrandir leur fort sur l'île de Ternate[92]. En 1525, Charles Ier d'Espagne envoie une nouvelle expédition pour coloniser les Moluques qu'il revendique comme faisant partie de la zone dévolue à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. La flotte de sept navires et 450 hommes est menée par García Jofre de Loaísa et compte parmi les plus brillants navigateurs espagnols dont Loaísa et Juan Sebastián Elcano qui meurent de maladie et le jeune Andrés de Urdaneta. Près du détroit de Magellan, un des navires est poussé par une tempête au-delà du 56e parallèle sud et le cap Horn est franchi pour la première fois. L'expédition atteint les Moluques avec de grandes difficultés et accoste à Tidore[92]. Le conflit avec les Portugais établis sur l'île voisine devient inévitable et une décennie d'escarmouches commence[94],[95].
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Comme aucun accord ne prévoyait de limite orientale à la séparation de Tordesillas, les deux royaumes se concertent pour régler le problème. De 1524 à 1529, les experts Portugais et Espagnols se rassemblent à Elvas-Bajadoz sur la frontière entre les deux pays pour déterminer la position exacte de l'antiméridien prolongeant celui de Tordesillas qui divise le monde en deux hémisphères de taille égale. Malgré le talent des scientifiques, les connaissances de l'époque sont insuffisantes pour donner une estimation exacte de la longitude et chaque groupe revendique la souveraineté des îles. Le problème est finalement réglé en 1529 après une longue négociation par le traité de Saragosse qui attribue les Moluques au Portugal et les Philippines à l'Espagne[96]. Des calculs ultérieurs montreront que les deux archipels se trouvent en fait en territoire portugais.
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Entre 1525 et 1528, le Portugal envoie plusieurs expéditions dans les Moluques. Gomes de Sequeira (pt) et Diogo da Rocha sont envoyés au nord par le gouverneur de Ternate, Jorge de Meneses et sont les premiers Européens à atteindre les Îles Carolines qu'ils nomment « îles de Sequeira »[97]. En 1526, Meneses accoste sur l'île de Waigeo en Nouvelle-Guinée. À partir de là, des historiens menés par l'Australien Kenneth McIntyre proposent une théorie selon laquelle les Portugais et en particulier Cristóvão de Mendonça seraient les premiers Européens à avoir atteint l'Australie.
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En 1527, l'Espagnol Hernán Cortés organise une flotte pour découvrir de nouvelles terres dans la « mer du Sud » (l'océan Pacifique) et demande à son cousin Alvaro de Saavedra de la commander. Le 31 octobre 1527, Saavedra quitte la Nouvelle-Espagne (Mexique) et arrive en Nouvelle-Guinée. Un des navires atteint les Moluques en octobre 1528. Dans une tentative pour rejoindre la Nouvelle-Espagne, il est repoussé par les alizés venant du Nord-Est. Dans une nouvelle tentative, il découvre les îles de l'Amirauté et les îles Marshall mais ne parvient toujours pas à aller contre les alizés. La route entre les Philippines et le Mexique fut finalement découverte en 1565 par Andrés de Urdaneta[98].
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Des rumeurs d'îles inconnues au nord-ouest d'Hispaniola arrivent en Espagne et convainquent le roi Ferdinand II d'Aragon d'organiser de nouvelles explorations dans la zone. Tandis que les Portugais réalisent d'énormes bénéfices dans l'océan Indien, les Espagnols entreprennent d'explorer l'intérieur des terres pour découvrir de l'or et des ressources précieuses. Les membres de ces expéditions, les Conquistadores sont généralement des nobles peu fortunés d'Espagne, individualistes, mercenaires dans l'âme qui entendent s'enrichir dans les « Indes » alors qu'ils n'y parvenaient en Europe. Ils s'équipent à leurs propres frais en échange d'une part des profits. Leur organisation ressemble plus à celle d'une milice qu'à celle d'une véritable armée professionnelle[99].
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Dans les Amériques, les Espagnols découvrent de puissants empires aussi vastes et peuplés que ceux d'Europe. La capitale de l'Empire aztèque, Tenochtitlan compte plus de 200 000 habitants. Pourtant, avec des troupes bien inférieures en nombre à celles des empires auxquels ils s'attaquent, les conquistadores parviennent à soumettre et à éliminer les plus puissants souverains, aidés par une supériorité technologique certaine, une détermination sans faille, des circonstances politiques exceptionnellement favorables et par la propagation de nombreuses maladies apportées par les Européens, qui déciment les habitants du Nouveau Monde pour qui elles sont complètement nouvelles (variole, grippe, typhus…). Une fois sa souveraineté établie, l'Espagne peut se concentrer sur l'extraction et l'exportation de l'or et de l'argent.
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En 1512, pour récompenser Juan Ponce de León d'avoir exploré Porto Rico en 1508, le roi Ferdinand II lui demande de chercher de nouvelles terres dont il pourrait devenir le gouverneur[100]. Avec trois navires et 200 hommes, León quitte Porto Rico en mars 1513 et arrive en Floride en avril. Il poursuit son voyage vers le nord et rencontre un puissant courant qui le ramène en arrière : première rencontre avec le Gulf Stream qui devient la principale route maritime de l'Amérique centrale vers l'Europe[101].
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En 1517, le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez de Cuéllar organise une flotte sous le commandement de Francisco Hernández de Córdoba pour explorer la péninsule du Yucatán. Cependant, une fois à terre, l'expédition est massacrée par les Mayas et seule une partie de l'équipage parvient à rentrer à Cuba. Velázquez organise alors une nouvelle expédition menée par son neveu, Juan de Grijalva, qui longe les côtes de l'État de Tabasco et découvre l'Empire aztèque. En 1518, Velázquez donne à Hernán Cortés le commandement d'une expédition destinée à sécuriser l'intérieur des terres du Mexique mais craignant que le gouverneur n'annule la mission, Cortés quitte Cuba en février 1519 dans un acte de mutinerie. Avec 11 navires, 500 hommes, 13 chevaux et quelques canons, il accoste sur la côte du Yucatán dans le territoire maya[102] qu'il revendique au nom de la couronne d'Espagne. Il remporte une victoire sur les indigènes et capture La Malinche qui deviendra sa maîtresse. Celle-ci parle le nahuatl (la langue aztèque) et le maya et connaît parfaitement les coutumes amérindiennes ce qui fait d'elle une interprète et une conseillère de très grande valeur. Grâce à elle, Cortés découvre la richesse de l'Empire aztèque.
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En juillet, il fonde Veracruz sur la côte mexicaine qui devient le principal port sur l'Atlantique de la Nouvelle-Espagne. Cortés demande à plusieurs reprises à rencontrer l'empereur Aztèque Moctezuma II qui refuse à chaque fois. En octobre, Cortés marche vers la capitale Tenochtitlan et noue des alliances avec les tribus locales mécontentes de la domination aztèque. Soutenu par 3 000 Tlaxcaltèques, il entre dans Cholula, la deuxième plus grande ville de l'Empire. Soupçonnant une possible traîtrise des Aztèques, Cortès lance une attaque préventive et massacre plusieurs dizaines de milliers de personnes avant d'incendier la cité.
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Arrivant à Tenochtitlan le 8 novembre avec une puissante armée, Cortès est reçu avec tous les égards par Moctezuma II qui sans doute espérait mieux le connaître pour ensuite pouvoir l'écraser[102]. L'empereur leur offre des cadeaux somptueux ce qui conforte les Espagnols dans l'idée que les Aztèques possèdent des quantités colossales d'or et mécontente la noblesse aztèque qui se méfie des Espagnols. Dans ses lettres à Charles V, Cortés raconte qu'il est considéré par les Aztèques comme un émissaire du dieu Quetzalcóatl ou Quetzalcóatl lui-même[103]. Cependant, il apprend que des chefs mexicains ont attaqué Veracruz et il décide de prendre en otage Moctezuma II.
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Dans le même temps, Velázquez lance une nouvelle expédition menée par Pánfilo de Narváez pour punir Cortés[102]. Ce dernier laisse 200 hommes à Tenochtitlan et quitte la ville avec le reste de son armée pour affronter Narváez. Il sort victorieux de la bataille et convainc les vaincus de se joindre à lui. Cependant, craignant une révolte, l'un des lieutenants de Cortés à Tenochtitlan profite d'une fête aztèque pour massacrer l'aristocratie ce qui déclenche un soulèvement de la population. Cortès revient rapidement dans la ville et tente d'obtenir le soutien de Moctezuma II mais l'empereur est mort, probablement tué par ses sujets en colère contre sa trahison[104]. Lors de la Noche Triste, les Espagnols parviennent à quitter la ville au prix de lourdes pertes[102]. Après leur victoire inespérée lors de la bataille d'Otumba, les Espagnols arrivent à Tlaxcala[102]. Profitant du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques, Cortès peut repartir à l'assaut de Tenochtitlan qui tombe le 13 août 1521. Le dernier empereur Cuauhtémoc est capturé, torturé et exécuté en février 1525 mettant fin à l'Empire aztèque. La ville de Tenochtitlan devint Mexico, la capitale de la Vice-Royauté de Nouvelle-Espagne.
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Une première tentative d'exploration de l'Ouest de l'Amérique du Sud est organisée par Pascual de Andagoya. Les indigènes lui ont parlé d'un territoire riche en or appelé « Pirú ». Ayant atteint le Río San Juan, Andagoya tombe malade et doit retourner au Panama, où il parle du « Pirú » comme étant le légendaire Eldorado. Cela ajouté aux succès d'Hernán Cortés retient l'attention de Pizarro.
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Francisco Pizarro avait accompagné Balboa dans sa traversée de l'isthme de Panama. En 1524, il forme un partenariat avec le prêtre Hernando de Luque et le soldat Diego de Almagro pour explorer le sud, s'accordant pour partager les profits. En septembre 1524, la première des trois expéditions part pour conquérir le Pérou avec 80 hommes et 40 chevaux. C'est un désastre : Pizarro ne dépasse même pas la Colombie et doit reculer à cause du mauvais temps, de la faim et de l'hostilité des indigènes. Les noms de lieux le long de leur route, Puerto deseado (port désiré), Puerto del hambre (port de la faim) and Puerto quemado (port brûlé) témoignent de leurs difficultés. Deux ans plus tard, une nouvelle expédition est organisée malgré le manque d'enthousiasme du gouverneur du Panama. En août 1526, les 160 hommes et deux navires atteignent le Río San Juan puis se séparent, Pizarro reste sur place pour explorer les marécages de la côte et Almagro est envoyé en arrière pour chercher des renforts. Ayant dépassé l'Équateur, l'un des navires de Pizarre capture un radeau de la Région de Tumbes. Celui-ci transporte des tissus, de la céramique mais surtout de l'or, de l'argent et des émeraudes. Après l'arrivée des renforts, la progression continue et ils atteignent Atacames où vit une importante population sous contrôle inca mais celle-ci semble si dangereuse que les Espagnols rebroussent chemin.
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Au printemps 1528, Pizarre retourne en Espagne où il rencontre l'empereur Charles Quint. Ce dernier écoute son récit et promet de le soutenir. La Capitulación de Toledo[105] autorise Pizarro à conquérir le Pérou. Celui-ci convainc ses frères Hernando Pizarro, Juan Pizarro et Gonzalo Pizarro de le suivre ainsi que Francisco de Orellana qui explorera par la suite l'Amazone. La troisième et dernière expédition quitte Panama le 27 décembre 1530. Avec trois navires et 180 hommes, elle accoste au Pérou et découvre un Empire Inca déchiré par la guerre civile. Deux frères Huascar et Atahualpa s'affrontent pour accéder au trône. Pizarro propose à ce dernier de l'aider dans sa lutte contre son frère et une rencontre est organisée à Cajamarca. Malgré une supériorité numérique écrasante (7 000 Incas contre 200 Espagnols), Atahualpa est capturé. Apprenant que Huascar avait été capturé par ses armées et craignant que les Espagnols ne le libèrent, il fait exécuter son frère et devient ainsi le nouvel empereur inca. Pour obtenir sa libération, Atahualpa fait livrer plusieurs tonnes d'or et d'argent aux Espagnols. Voyant le pouvoir et la puissance du souverain, les Espagnols décident de l'exécuter le 29 août 1533 dans sa cellule.
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En 1534, Pizarro envahit Cuzco et fonde la ville de Lima sur la côte péruvienne en janvier 1535. La conquête du pays ne fut achevée qu'en 1572 avec l'exécution du dernier Sapa Inca, Túpac Amaru.
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En 1543, trois marchands Portugais deviennent accidentellement les premiers occidentaux à commercer au Japon. Selon Fernão Mendes Pinto qui déclare avoir participé à ce voyage, ils arrivent sur l'île de Tanegashima où les habitants sont impressionnés par leurs arquebuses et commencent à les fabriquer sur une grande échelle[106].
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La conquête des Philippines est ordonnée par Philippe II d'Espagne en 1564 qui désigne Andrés de Urdaneta pour la conduire. Urdaneta accepte d'accompagner l'expédition mais refuse le commandement au profit de Miguel López de Legazpi. Après avoir passé quelque temps sur les îles, Urdaneta est envoyé chercher une voie maritime pour retourner en Nouvelle-Espagne : il fait route vers l'île de Cebu mais doit remonter jusqu'au 38e parallèle nord pour obtenir des vents favorables.
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Il suppose que les alizés du Pacifique font une gyre de la même manière que ceux de l'Atlantique. Il parvient ainsi à revenir jusqu'au cap Mendocino en Californie puis il longe la côte jusqu'au port d'Acapulco. Une route maritime est ainsi ouverte entre les Philippines et le Mexique : une fois par an, le galion de Manille, en réalité une flotte de plusieurs navires, fait l'aller-retour entre Acapulco et Manille pour amener les marchandises qui sont ensuite rapatriées en Europe à travers l'Atlantique.
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Les nations hors de la péninsule Ibérique refusèrent de reconnaitre le traité de Tordesillas. La France, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et l'Angleterre avaient chacune une longue tradition maritime et étaient engagées dans la « guerre de course ». Malgré les résistances ibériques, les nouvelles technologies et les cartes se répandirent vers le nord.
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En 1568, les Hollandais se soulèvent contre Philippe II d'Espagne menant à la guerre de Quatre-Vingts Ans. La guerre entre l'Espagne et l'Angleterre éclate également. En 1580, Philippe II devient roi du Portugal et l'union ibérique ainsi créée devient l'État le plus puissant d'Europe. Les troupes de Philippe envahissent les importantes cités commerciales de Bruges et de Gand. Anvers, alors le port le plus important du monde tombe en 1585. La population protestante reçut l'ordre de quitter la ville[107] et la plupart émigra à Amsterdam. Celle-ci était composée d'artisans expérimentés, de riches marchands et de réfugiés fuyant les persécutions religieuses comme les Juifs séfarades chassés d'Espagne et du Portugal puis plus tard les huguenots français. Les Pères pèlerins passèrent également du temps dans la ville avant de partir pour le Nouveau Monde. Cette intense immigration fut l'un des facteurs de l'expansion de la ville, d'un petit port en 1585, Amsterdam devint rapidement l'un des pôles financier et économique les plus importants au monde. Après la destruction de l'Invincible Armada en 1588, le commerce maritime connut une expansion fulgurante.
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L'émergence de la puissance maritime hollandaise fut rapide et remarquable. Durant des années, les marins hollandais avaient participé aux voyages portugais vers l'est en tant que matelots et cartographes. En 1592, Cornelis de Houtman fut envoyé par des marchands hollandais de Lisbonne pour collecter le plus d'informations possibles sur les Moluques. En 1595, le marchand et explorateur Jan Huygen van Linschoten, qui avait navigué avec les Portugais dans l'océan Indien, publia un carnet de voyage à Amsterdam sous le titre de Reys-gheschrift vande navigatien der Portugaloysers in Orienten (Rapport de voyage sur la navigation portugaise dans l'Orient)[108]. Cet ouvrage incluait les routes maritimes permettant de naviguer entre le Portugal et les Indes Orientales. La même année, Houtman suivit ces indications pour réaliser le premier voyage d'exploration hollandais qui découvrit une nouvelle voie maritime traversant l'océan Indien directement depuis Madagascar jusqu'au détroit de la Sonde en Indonésie où il signa un traité avec le sultan de Banten.
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Les premières compagnies à charte sont créées comme les Compagnies néerlandaise et anglaise des Indes orientales et la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies commencent à s'attaquer au monopole portugais dans l'océan Indien[109].
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L'expédition anglaise de 1497 menée par Jean Cabot fut la première d'une série de missions d'exploration de l'Amérique du Nord menées par la France et l'Angleterre. L'Espagne ne s'intéressa pas vraiment à ces territoires d'Amérique car ses ressources étaient concentrées en Amérique centrale et du Sud où la plus grande partie des richesses avaient été découvertes[110]. Ces expéditions avaient pour but principal la découverte du passage du Nord-Ouest permettant un commerce plus rapide avec l'Asie[110]. Celui-ci ne fut jamais découvert mais d'autres possibilités apparurent et au début du XVIIe siècle, des colonies de plusieurs pays européens commencèrent à s'implanter sur la côte est de l'Amérique du Nord.
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En 1524, Giovanni da Verrazzano, un Florentin naviguant au service du roi François Ier de France, motivé par l'« insolence » de la division du monde entre les Portugais et les Espagnols, est le premier Européen à visiter la côte atlantique des actuels États-Unis, remontant la côte depuis la Caroline du Sud jusqu'en Nouvelle-Écosse. La même année, Estevão Gomes, un cartographe portugais qui avait navigué avec Magellan explore la Nouvelle-Écosse puis la côte du Maine jusqu'à l'estuaire de l'Hudson qui deviendra New York avant d'arriver en Floride en août 1525. En conséquence de cette expédition, la carte du monde de Diego Ribero de 1529 reproduit de manière presque parfaite la côte Est de l'Amérique du Nord. De 1534 à 1536, l'explorateur français Jacques Cartier, qui avait peut-être participé aux missions de Verrazzano en Nouvelle-Écosse et au Brésil est le premier Européen à voyager à l'intérieur de l'Amérique du Nord en remontant le fleuve Saint-Laurent qu'il nomme « pays de Canada » d'après un nom iroquoien. Il revendique la région de l'actuel Québec au nom du roi de France François Ier[111],[112].
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L'exploration de la côte ouest commença au milieu du XVIe siècle. En 1539, Francisco de Ulloa explore la côte pacifique de l'actuel Mexique dont le golfe de Californie prouvant que la Basse-Californie est une péninsule[113], malgré cette découverte, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que le mythe de l'Île de Californie ne disparaisse. Son journal fournit la première utilisation recensée du mot « Californie ». João Rodrigues Cabrilho, un navigateur portugais naviguant pour le compte de la couronne d'Espagne fut l'un des premiers Européens à poser le pied en Californie en débarquant en septembre 1542 dans la baie de San Diego[114]. Il accosta également sur les îles du détroit au large de l'actuel Los Angeles et continua jusqu'à Point Reyes. Après sa mort de maladie, l'équipage continua au nord jusqu'à l'Oregon. À bord du Golden Hind, l'Anglais Francis Drake réalise la seconde circumnavigation du monde et explore la côte pacifique qu'il revendique sous le nom de Nouvelle-Albion[115].
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Entre 1609 et 1611, Henry Hudson, après une série de voyages pour le compte de marchands anglais pour découvrir un passage du Nord-Est vers l'Inde, explore la région autour de l'actuelle ville de New York. Il remonte l'Hudson et pose les bases de la colonisation hollandaise de la région. La dernière expédition de Hudson le mène très au nord à la recherche du passage du Nord-Ouest menant à la découverte du détroit et de la baie d'Hudson. Après avoir passé l'hiver dans la baie James, Hudson tente de reprendre sa route vers le nord au printemps 1611 mais son équipage se mutine et Hudson est abandonné sur une chaloupe.
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La France, les Provinces-Unies et l'Angleterre ne disposent pas d'une route maritime vers l'Asie que ce soit par l'Afrique ou par l'Amérique du Sud. Lorsqu'il devient évident qu'un tel passage n'existe pas à travers le continent américain, l'attention se tourne vers un passage — dénommé le passage du Nord-Est — au-delà du cercle polaire arctique. Le désir d'établir une telle voie de communication motive l'exploration européenne sur les côtes russes. En Russie, le premier à lancer l'idée d'établir une voie maritime entre l'Atlantique et le Pacifique est le diplomate Dmitri GuerassimovDmitri Guerassimov en 1525, alors que les colons sur les côtes de la mer Blanche, les Pomors avaient déjà exploré une partie du territoire depuis le XIe siècle.
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En 1553, les explorateurs anglais Hugh Willoughby et Richard Chancellor sont envoyés avec trois navires à la recherche du passage par la Company of Merchant Adventurers to New Lands. Durant le voyage à travers la mer de Norvège, les navires sont séparés par une tempête et Willoughby doit s'arrêter dans une baie près de l'actuelle frontière entre la Finlande et la Russie. Tout l'équipage dont Willoughby meurt de froid et le navire et le journal de bord sont retrouvés l'année suivante par un pêcheur russe. Richard Chancellor parvient à jeter l'ancre dans la mer Blanche et à se frayer un chemin jusqu'à Moscou et la cour du roi Ivan IV de Russie. Le pays s'ouvre au commerce et la Company of Merchant Adventurers devient la Compagnie de Moscovie.
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Le 5 juin 1594, le cartographe Willem Barentsz quitte Texel aux Pays-Bas avec trois navires en direction de la mer de Kara avec l'espoir de trouver le passage du Nord-Est au-delà de la Sibérie[116]. Sur l'île Williams, l'équipage rencontre pour la première fois un ours blanc et il parvient à le capturer pour le ramener en Hollande mais l'animal saccage le navire et doit être tué. Barentsz atteint la côte occidentale de la Nouvelle-Zemble et remonte l'île jusqu'à être bloqué par des icebergs. L'année suivante, Maurice de Nassau le met à la tête d'une nouvelle expédition de six navires chargé de marchandises destinées à être vendues en Chine[117]. La flotte rencontre le peuple des Samis mais doit faire demi-tour car le détroit de Kara est gelé.
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En 1596, les États généraux du Royaume des Pays-Bas annoncent qu'une grande récompense est offerte à celui qui naviguera « avec succès » le passage du Nord-Est. Le conseil municipal d'Amsterdam achète et équipe deux petits navires commandés par Jan Rijp et Jacob van Heemskerk pour trouver l'insaisissable passage sous le commandement de Barentsz. Ils partent en mai et en juin, la flotte découvre l'île aux Ours et le nord-ouest du Spitzberg. La flotte longe la côte de l'île Prins Karls Forland vers le sud et rejoint l'île aux Ours le 1er juillet ce qui provoque un désaccord. Barentsz veut contourner la Nouvelle-Zemble par le nord mais Rijp considère cela comme trop dangereux et refuse de le suivre. Barentsz atteint la Nouvelle-Zemble mais devient prisonnier des icebergs et de la banquise. Prisonniers, les 16 hommes d'équipage sont forcés de passer l'hiver sur place et ils démontent une partie du navire pour construire un abri de fortune et piègent les renards arctiques pour survivre. Au printemps suivant, la glace ne desserre pas son emprise sur le navire et les survivants atteints par le scorbut mettent deux chaloupes à la mer. Barentsz meurt le 20 juin 1597 et sept semaines sont nécessaires pour rejoindre Kola où l'équipage est secouru par un navire de pêche russe. 12 hommes rejoignent Amsterdam et deux membres d'équipage Jan Huygen van Linschoten et Gerrit de Veer publièrent leurs carnets sur ce voyage.
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En 1608, Henry Hudson fait une nouvelle tentative en tentant de dépasser le sommet de la Russie mais doit faire demi-tour après la Nouvelle-Zemble.
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Terra Australis incognita (latin, « la terre australe inconnue ») est un hypothétique continent qui apparait sur les cartes européennes du XVe au XVIIIe siècle et dont les origines remontent à Aristote. Elle est représentée sur les cartes de Dieppe datant du milieu du XVIe siècle par une ligne côtière juste au sud des îles des Indes orientales, souvent dessinée avec de nombreux détails alors que personne ne l'a encore vue. Les découvertes réduisent la zone de l'emplacement présumé du « continent » ; cependant, de nombreux cartographes comme Gérard Mercator (1569) et Alexander Dalrymple (1767)[118] invoquent l'hypothèse d'Aristote selon laquelle une grande masse de terres doit se trouver dans l'hémisphère Sud pour « faire contrepoids » aux masses terrestres connues de l'hémisphère Nord. Toutes nouvelles terres découvertes sont souvent rattachées à ce continent hypothétique.
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L'Espagnol Juan Fernández naviguant depuis le Chili en 1576 prétend avoir découvert le continent austral (probablement la Nouvelle-Zélande)[119] mais meurt avant d'avoir pu pousser plus avant ses recherches. Luis Váez de Torrès, un marin de Galice naviguant pour la couronne d'Espagne prouve l'existence d'un passage au sud de la Nouvelle-Guinée qui porte aujourd'hui son nom : le détroit de Torrès. Pedro Fernandes de Queirós, un Portugais naviguant pour l'Espagne aperçoit une grande île au sud de la Nouvelle-Guinée en 1606 qu'il nomme Australie et qu'il présente au roi d'Espagne comme la Terra Australis incognita.
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Le marin hollandais et gouverneur colonial Willem Janszoon est le premier Européen connu à avoir vu la côte australienne. Janszoon part de Hollande en direction des Indes orientales en décembre 1603 à bord du Duyfken (« petite colombe »), un des douze navires de la grande flotte de Steven van der Hagen (nl)[120]. Une fois sur place, Janszoon est envoyé à la recherche de nouveau débouchés pour le commerce, particulièrement dans le « grand territoire de Nova Guinea et des autres terres orientales et australes ». En novembre 1605, le Duyfken quitte Banten pour la côte occidentale de la Nouvelle-Guinée. Janszoon traverse ensuite l'extrémité orientale de la mer d'Arafura jusque dans le golfe de Carpentarie sans approcher le détroit de Torres. En février 1606, il accoste à l'embouchure de la Pennefather River sur la côte occidentale de la péninsule du cap York dans le Queensland. Janszoon cartographie 320 km de côtes qu'il pense être l'extrémité sud de la Nouvelle-Guinée. En 1615, Jacob Le Maire et Willem Schouten contournent le cap Horn prouvant que la Terre de Feu est une petite île.
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En 1642-1644, Abel Tasman, un explorateur et marchand hollandais au service de la VOC fait le tour de la Nouvelle-Hollande prouvant que l'Australie n'est pas une partie du mythique continent austral. Il est le premier Européen à atteindre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande puis les îles Fidji en 1643. Tasman, son navigateur Visscher et le marchand Gilsemans cartographient d'importantes zones de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique.
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Au cours de la moitié du XVIe siècle, le Tsarat de Russie envahit les Khanat de Kazan et d'Astrakhan, annexant ainsi toute la région de la Volga et ouvrant la voie des montagnes de l'Oural. De même que l'exploration et la colonisation de l'Amérique, la colonisation des territoires orientaux est animée par de riches marchands comme les Stroganoff avec le soutien d'aventuriers comme les cosaques. Le tsar Ivan IV de Russie offre de vastes territoires exempts de taxes à Anikey Stroganoff qui organise l'émigration à grande échelle vers ces territoires. Stroganoff développe l'agriculture, la chasse, la production de sel, la pêche et l'exploitation minière dans l'Oural ainsi que le commerce avec les tribus sibériennes.
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Vers 1578, Semyon Stroganoff et les autres fils d'Anikey Stroganoff engagent un chef cosaque appelé Yermak pour protéger leurs terres des attaques du Khan de Sibir Kuchum. À partir de 1580, Stroganoff et Yermak mettent en place une opération militaire pour chasser Kuchum. En 1581, Yermak commence son voyage dans les profondeurs de la Sibérie. Après quelques victoires mineures, Yermak écrase les armées de Kuchum lors de la bataille du Cap Chuvash près de l'actuel Perm en 1582. Les restes de l'armée du khan retraitent à travers la steppe et Yermak capture la capitale du Khanat, Qashliq près de l'actuel Tobolsk. Cependant Kuchum reste puissant et attaque Yermak par surprise. Ce dernier est blessé et se noie sous le poids de sa cotte de mailles en voulant traverser la Vagaï, un affluent de l'Irtych. Les cosaques doivent quitter la Sibérie mais grâce à l'exploration des principales voies navigables, les Russes peuvent revenir quelques années plus tard pour imposer leur domination.
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Au début du XVIIe siècle, l'expansion russe vers la Sibérie est ralentie par des problèmes internes liés à la période des troubles. Cependant, l'exploration et la colonisation des immenses territoires sibériens reprend menée par les cosaques à la recherche de précieuses fourrures et d'ivoire. Tandis que les cosaques viennent du sud de l'Oural, une autre vague de Russes provient de l'océan Arctique. Il s'agit des Pomors issus de la Région du Nord qui commercent déjà avec la ville de Mangazeïa depuis longtemps. En 1607, le village de Touroukhansk est fondé sur l'Ienisseï près de l'embouchure de la Toungouska inférieure et en 1619, la forteresse de Ienisseïsk est construite au confluent de l'Ienisseï et de l'Angara.
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Entre 1620 et 1624, un groupe de trappeurs mené par Demid Pyanda quitte Touroukhansk et remonte la Toungouska inférieure sur 2 300 km, hivernant près de la Viliouï et de la Léna. Il est le premier russe à rencontrer les Iakoutes et les Bouriates et explore la région de Sakha. Il montre que l'Angara et la Toungouska supérieure forment une seule et même rivière.
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En 1627, Piotr Beketov est nommé voïvode de l'Ienisseï et il réalise avec succès un voyage destiné à collecter les impôts des Bouriates de Transbaïkalie. Il est alors le premier russe à pénétrer en Bouriatie et il y fonde le premier village russe, Rybinsky. Beketov est ensuite envoyé explorer la Léna en 1631 et fonde Iakoutsk l'année suivante. Ses cosaques remontent l'Aldan pour construire des forteresses et collecter les impôts[121].
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Iakoutsk devient rapidement le point de départ principal des expéditions russes vers l'est, le sud et le nord. Maksim Perfilyev, qui avait été l'un des fondateurs de Ienisseïsk, fonde Bratsk le long de l'Angara en 1631 et en 1638, il est le premier russe à entrer en Transbaïkalie en venant de Iakoutsk[122],[123]. En 1643, Kurbat Ivanov mène un groupe de cosaques depuis Iakoutsk vers le sud des Monts Baïkal, découvre le lac Baïkal et visite l'île d'Olkhon. Par la suite, Ivanov fit la première carte et la première description du lac[124].
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En 1639, un groupe d'explorateurs mené par Ivan Moskvitine deviennent les premiers Russes à atteindre l'océan Pacifique et découvrent la mer d'Okhotsk. Les cosaques apprennent des populations locales que le large fleuve Amour coule bien plus au sud. En 1640, ils arrivent à l'embouchure du fleuve et découvrent probablement les îles Chantar sur le chemin vers le sud. Basé sur le rapport de Moskvitine, Kurbat Ivanov réalise la première carte de l'Extrême-Orient russe en 1642.
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En 1643, Vassili Poïarkov franchit les Monts Stanovoï et atteint la rivière Zeïa dans le pays des Daur qui payent un tribut à la dynastie chinoise des Qing. Après l'hiver, Poïarkov atteint le fleuve Amour qu'il descend jusqu'à l'embouchure. Comme ses cosaques s'étaient attirés l'hostilité des populations locales, Poïarkov décide de prendre une autre route pour le retour et construit des bateaux qui lui permettent de remonter le long des côtes de la mer d'Okhotsk avant de revenir finalement à Iakoutsk en 1646.
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En 1644, Mikhaïl Stadoukhine découvre le fleuve Kolyma et fonde Srednekolymsk. Un marchand nommé Fedot Alekseyev Popov organise une expédition encore plus vers l'est et Simon Dejnev devient capitaine de l'un des koch. L'expédition part de Srednekolymsk en direction de l'Arctique et dépasse le cap Dejnev devenant la première à franchir le détroit de Béring et à arriver dans la péninsule tchouktche et dans la mer de Béring. Tous les navires et presque tous les hommes dont Popov sont perdus dans des tempêtes ou lors d'affrontements avec les locaux. Un petit groupe mené par Dejnev atteint l'embouchure de l'Anadyr et est secouru par Stadoukhine venant de l'est par la terre[125]. Ce dernier poursuit l'exploration des côtes nord de la mer d'Okhotsk
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En 1649, Ierofeï Khabarov explore le bassin de l'Amour et revient avec une plus grande expédition en 1652. Cette fois, il rencontre une opposition armée de la part des Mandchous. Il passe l'hiver à Albazin puis descend l'Amour et fonde Achansk à proximité de l'actuel Khabarovsk. Il affronte les armées daouriennes, mandchoues, chinoises et même coréennes[126]. Par la suite, les Russes contrôlèrent la région de l'Amour jusqu'en 1689 lorsque le traité de Nertchinsk attribua ce territoire à la Dynastie Qing (la Russie récupérera cette zone lors du traité d'Aigun en 1858).
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Au début des années 1660, Kurbat Ivanov retourne explorer la péninsule tchouktche et rédige la première carte du détroit de Béring où apparait l'île Wrangel, les îles Diomède et l'Alaska encore inconnus à l'époque en se basant sur les informations collectées chez les Tchouktches.
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Ainsi, au milieu du XVIIe siècle, les Russes avaient exploré la quasi-totalité de la Sibérie à l'exception de l'Est de la péninsule de Kamtchatka et de certaines régions au-delà du cercle Arctique. La conquête du Kamtchatka fut terminée au début des années 1700 par Vladimir Atlassov tandis que l'exploration de l'Alaska et de la côte arctique sera finalisée par la grande expédition du Nord menée par Vitus Béring qui mit fin au rêve du passage du Nord-Est entre 1733 et 1743.
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L'expansion outremer de l'Europe met en contact le Nouveau et l'Ancien Monde et débouche sur l'échange colombien[127] impliquant le transfert de produits inexistants dans l'autre Monde. Les Européens apportent les bovins, les chevaux et les moutons dans le Nouveau Monde. Ils y découvrent le tabac, les pommes de terre et le maïs. D'autres produits jouent un rôle majeur dans le développement du commerce mondial comme la canne à sucre, le coton, l'argent et l'or qui sont rapatriés non seulement en Europe mais également dans tout l'Ancien Monde.
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Les nouveaux liens transocéaniques et leur domination par les Européens mènent à l'impérialisme. Ces derniers finissent par dominer la plus grande partie de la planète. Les appétits européens pour le commerce, les marchandises précieuses et cette domination affectent dramatiquement les autres régions du monde. L'Espagne mène une politique de destruction violente des empires amérindiens pour substituer son pouvoir aux leurs. Les autres nations suivent la même voie et anéantissent de nombreuses cultures à travers le monde en supprimant les rituels païens, en imposant le christianisme, de nouvelles langues et de nouvelles organisations culturelles et sociales. Dans de nombreuses régions comme l'Amérique du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine, les populations autochtones sont brutalisées et chassées de leurs terres avant d'être réduites au statut de minorités dépendantes.
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Parallèlement, en Afrique de l'Ouest, les états locaux fournissent des esclaves destinés aux plantations européennes de l'autre côté de l'Atlantique. Cette traite négrière change profondément la nature des sociétés et bouleverse les économies locales (voir commerce triangulaire).
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Les peuples amérindiens sont probablement ceux qui ont le plus souffert de l'expansion européenne car l'on estime qu'entre 50 et 90 % de leur population est décimée par les maladies importées par les Européens. Avant même leur première rencontre avec les Européens, certains peuples avaient déjà été anéantis[128].
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Au cours du XVIe siècle, l'économie chinoise sous la dynastie Ming est stimulée par le commerce avec les Portugais, les Espagnols et les Hollandais. La Chine est impliquée dans le nouveau commerce mondial de marchandises, de plantes et d'animaux connu sous le nom d'échange colombien. Le commerce avec l'Europe apporte des quantités importantes de capitaux. Cependant, le pays ne parvient pas à développer une économie capitaliste sur le modèle européen permettant l'apparition d'une bourgeoisie composée de marchands capable d'organiser le commerce maritime international et la colonisation des nouveaux territoires. La baisse des revenus commerciaux, les effets du petit âge glaciaire sur l'agriculture, les épidémies, la menace des nomades mongols et le soulèvement de Li Zicheng entraînent le long déclin de la Chine qui se poursuivra jusqu'au XXe siècle.
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Les plantes rapportées des Amériques par les colons espagnols au XVIe siècle participent à l'accroissement de la population en Asie[129]. Même si le gros des importations chinoises est composé d'argent, les Chinois achètent des plantes comme la patate douce, le maïs ou les arachides. Celles-ci peuvent être cultivées dans des zones où les cultures traditionnelles, le riz, le blé ou le millet ne poussent pas[130],[131]. La patate douce, en particulier, devient l'un des aliments de base de la population chinoise et conduit à son doublement entre le XVe et le XVIe siècle[132].
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Le jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610) est le premier Européen à pouvoir visiter la Cité interdite de Beijing où il traduit les textes chinois en latin et inversement. Il travaille en étroite collaboration avec le mathématicien Xu Guangqi (1562-1633).
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L'arrivée des Portugais au Japon en 1543 marque le début de l'époque du commerce Nanban au cours de laquelle les Japonais adoptent de nombreuses technologies et pratiques culturelles occidentales comme l'arquebuse, des armures et les navires de style européen, le christianisme et les arts décoratifs. Après que la Chine a interdit le commerce direct entre les marchands chinois et le Japon, les Portugais servent d'intermédiaire entre les deux pays. Ils achètent la soie chinoise et l'échangent contre l'argent japonais[133]. Cependant, après l'établissement d'une base commerciale espagnole à Manille, l'argent produit en Amérique remplace celui produit au Japon dans les achats chinois[134].
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Le développement du commerce maritime avec l'Asie et les Amériques modifie considérablement l'économie européenne. Les anciennes puissances navales de la Méditerranée comme la République de Venise ou la Ligue hanséatique en mer Baltique voient leur part dans le commerce stagner tandis que les ports de l'Atlantique connaissent un essor fulgurant. Les nouveaux produits comme le sucre, les épices, la soie et les porcelaines chinoises inondent le marché du luxe européen provoquant une mutation sociale.
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Le cœur économique de l'Europe se déplace de la Méditerranée vers l'Atlantique. La ville d'Anvers du Duché de Brabant devient le centre du commerce international[135] et la ville la plus riche de l'époque[136]. Centré sur Anvers puis sur Amsterdam, le siècle d'or néerlandais repose fortement sur les grandes découvertes. François Guichardin, un émissaire vénitien note que des centaines de navires transitent par Anvers chaque jour et que 2 000 chariots entrent dans la ville chaque semaine. Les navires portugais chargés de poivre et de cannelle déchargent leurs cargaisons dans le port et celles-ci sont distribuées dans tout le continent. L'administration est contrôlée par une oligarchie de marchands venant de toute l'Europe. La politique de tolérance en vigueur dans les Provinces-Unies attire de nombreux bourgeois juifs ou protestants persécutés dans leur pays.
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Les principales exportations chinoises sont la soie et la porcelaine, adaptées au goût des Européens. La porcelaine chinoise est tellement réputée qu'en Angleterre, le mot china devient un synonyme de porcelaine. Celle-ci apparaît dans de nombreux tableaux de l'âge d'or de la peinture néerlandaise. Le commerce florissant dans ce domaine pratiqué par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales importe 6 millions de produits en porcelaine entre 1602 et 1682[137],[138]. La porcelaine Medici fabriquée à Florence est la première à pouvoir égaler la porcelaine chinoise : la production européenne décolle après l'arrêt des exportations chinoises, décidé après la mort de Ming Wanli en 1620. La porcelaine bleu et blanc est rapidement imitée dans le monde entier comme à Arita au Japon, où les Portugais s'approvisionnent après la chute des exportations chinoises consécutive à l'effondrement de la dynastie Ming en 1644[139]. Finalement, en Europe, la faïence de Delft inspirée des motifs chinois s'impose à partir du milieu du XVIIe jusqu'au XVIIIe siècle.
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Antonio de Morga (1559-1636), un officiel espagnol à Manille réalise une liste exhaustive des produits échangés avec la Chine au début du XVIIe siècle. Il rapporte par exemple qu'un galion à destination des territoires espagnols du Nouveau Monde transporte à l'aller 50 000 paires de bas de soie et au retour rapporte 10 tonnes d'argent. Dans ce commerce, les marchands chinois sont actifs et beaucoup émigrent aux Philippines ou en Indonésie pour en profiter[130].
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L'accroissement de la richesse de l'Espagne coïncide avec un cycle de forte inflation en Europe. L'Espagne rapatrie des quantités colossales d'or et d'argent. La mine de Potosí en Bolivie produit à elle seule 240 tonnes d'argent par an entre 1560 et 1580[140]. Au cours du XVIe siècle, l'Espagne devient l'État le plus puissant d'Europe. Un voyageur français écrit en 1603 « En Espagne, tout est cher sauf l'argent »[141]. En inondant une Europe autrefois pauvre, cet argent provoque une importante inflation[142] aggravée par la stagnation de la population, les faibles salaires et la hausse du coût de la vie. Cet afflux n'enrichit cependant pas l'Espagne qui importe presque tous ses biens de l'étranger et devient de plus en plus dépendante des revenus fournis par son empire. Les nombreuses guerres ruinent le pays qui fait plusieurs fois défaut à la fin du XVIe siècle[143]. La perte du contrôle sur les Pays-Bas ruine davantage le royaume qui reste à la marge de l'essor européen.
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Certes, l'essor du capitalisme et l'apparition d'une classe moyenne de bourgeois joue un rôle moteur dans le développement de la colonisation des terres nouvellement découvertes grâce aux compagnies commerciales. Mais, finalement, ce sont les nations du Nord de l'Europe comme la France ou l'Angleterre qui, malgré leur retard initial, vont le plus profiter de ces grandes découvertes. À ce point démarre, pour 400 ans, une ère de domination européenne sur le monde.
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Sous le règne de Manuel Ier du Portugal se développe à la fin du XVe siècle un style artistique, nommé style manuélin à compter du XIXe siècle, qui se traduit par une abondance de motifs décoratifs liés aux découvertes et à la marine portugaise.
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Londres [lɔ̃dʁ][2] Écouter (en anglais : London [ˈlʌndən][3] Écouter) est la capitale et la plus grande ville d'Angleterre et du Royaume-Uni[4],[5]. La ville est située près de l'estuaire de la Tamise dans le sud-est de l'Angleterre. Londinium a été fondée par les Romains il y a presque 2 000 ans[6]. La Cité de Londres, le noyau historique de Londres avec une superficie de seulement 1,12 miles carrés (2,9 km²) conserve des frontières qui suivent de près ses limites médiévales[7]. Londres est gouvernée par le maire de Londres et l'Assemblée de Londres[8].
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Londres est considérée comme l'une des villes mondiales les plus importantes du monde[9],[10],[11] et a été qualifiée la plus puissante du monde[12], la plus désirable[13], la plus influente[14], la plus visitée[15], la plus chère[16],[17], la plus durable[18], la plus propice aux investissements[19], et la plus populaire pour le travail[20]. La ville exerce un impact considérable sur les arts, le commerce, l'éducation, le divertissement, la mode, les finances, les soins de santé, les médias, les services professionnels, la recherche et le développement, le tourisme et les transports[21],[22]. Londres se classe 26e sur 300 grandes villes pour ses performances économiques[23]. C'est l'un des plus grands centres financiers avec New York et Hong Kong[24],[25] et a le cinquième ou le sixième plus gros PIB urbain mondial[26]. C'est la ville la plus visitée mesurée par les arrivées internationales[27] et possède le système aéroportuaire le plus fréquenté par le trafic de passagers du monde[28]. C'est la première destination d'investissement[29],[30], et est la ville avec le plus de particuliers avec une situation nette au-dessus de 30 millions de dollars[31]. Les universités de Londres forment la plus grande concentration d'instituts d'enseignement supérieur en Europe[32], et Londres abrite des institutions très réputées comme l'Imperial College London en sciences naturelles et appliquées, la London School of Economics en sciences sociales[33],[34],[35]. En 2012, Londres est devenue la première ville à avoir accueilli trois Jeux olympiques d'été modernes[36].
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La région de Londres, composée de l'Inner London et de l'Outer London, comptait environ 8 908 000 habitants en 2018 et réalise un cinquième du produit intérieur brut du Royaume-Uni[37]. En 2018, l'aire urbaine de Londres comptait 9 787 426 habitants. En 2018, Eurostat estime que son aire métropolitaine est peuplée de 14 257 962 habitants, la plus peuplée de l'Union européenne[38]. En Europe,
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elle est la troisième agglomération après Moscou et Istanbul et la 25e mondiale[39]. Ses habitants s'appellent les Londoniens (en anglais : Londoners).
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Londres contient quatre sites du patrimoine mondial: la Tour de Londres; Kew Gardens; le site comprenant le palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église St Margaret; et le village historique de Greenwich où l'Observatoire royal de Greenwich définit le premier méridien (0 ° de longitude) et l'heure moyenne de Greenwich[40]. Les autres monuments incluent le palais de Buckingham, le London Eye, Piccadilly Circus, la cathédrale Saint-Paul, Tower Bridge, Trafalgar Square et The Shard. Londres possède de nombreux musées, galeries, bibliothèques dont le British Museum, la National Gallery, le Natural History Museum, le Tate Modern, la British Library[41]. Le métro de Londres est le plus ancien réseau ferroviaire souterrain du monde.
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Londres est située à 163 km au sud-est de Birmingham, à 262 km au sud-est de Manchester, à 272 km au sud-sud-est de Leeds, à 344 km au nord-nord-ouest de Paris, à 534 km au sud-sud-est d'Édimbourg et à 556 km au sud-sud-est de Glasgow. La capitale britannique borde la
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Tamise, un fleuve du Sud de l'Angleterre et dont le cours se termine en mer du Nord méridionale.
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La dénomination courante Londres peut désigner plusieurs ensembles géographiques ou administratifs différents, pouvant parfois prêter à confusion.
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Jusqu'en 1889, la définition de «Londres» n'était réservée qu'au mile carré de la Cité de Londres, dont la ville était originaire à l'époque romaine. Suite à son énorme expansion, qui avait amené le tissu urbain à absorber toute la Cité de Westminster et d'autres banlieues, le plus vaste comté de Londres a été créé en 1889, couvrant 303 km² et dont l'existence a duré de 1889 à 1965 : à cette période le terme Londres était identifié à cette zone, qui s'appelle aujourd'hui Inner London. En 1965, le comté de Londres a été supprimé au profit du Grand Londres, beaucoup plus vaste, incorporant des quartiers extérieurs, appelés aujourd'hui Outer London : l'ensemble correspond à l'immense ville actuelle qui couvre une superficie de 1 577 km² et compte 8 631 000 habitants (2017).
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L'emploi le plus courant fait référence au Grand Londres (Greater London), une des neuf subdivisions régionales de l'Angleterre, formé du territoire sous l'autorité du Greater London Authority et du maire de Londres. C'est cet ensemble d'environ 1 600 km2 pour 7,5 millions d'habitants qui est couramment désigné lorsque l'on parle de la capitale britannique. Le Grand Londres est divisé en deux zones, Inner London et Outer London. Les deux zones sont considérées comme des régions NUTS-2. Cependant, le Grand Londres n'est pas officiellement une cité, dont le statut, strictement défini au Royaume-Uni, est attribué à une ville par le monarque britannique sur des critères précis. Avant sa création en 1965, le territoire du Grand Londres faisait partie des comtés du Kent, Middlesex, Surrey, Essex et du Hertfordshire.
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La cité de Londres (City of London, abrégé en City, ou bien Square Mile en référence à sa superficie de 1 mile carré), située au cœur du Grand Londres, correspond à la définition historique de Londres. C'est là que la ville moderne est née et c'est aujourd'hui le plus ancien quartier de la capitale. C'est également une circonscription à part entière avec un statut spécial. La cité de Londres et le reste du Grand Londres[42] forment deux régions dites de « lieutenance » (Lieutenancy areas) différentes.
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La vaste agglomération londonienne peut être décrite par la région urbaine de Londres, qui correspond à la zone occupée par les banlieues, et qui occupe un territoire à peu près similaire à la région du Grand Londres mais avec une population légèrement supérieure. Au-delà de la région urbaine se trouve l'aire urbaine de Londres (London commuter belt ou London Metropolitain Area) qui regroupe les territoires habités par des personnes se déplaçant quotidiennement (commuters) pour aller travailler à Londres. La région urbaine de Londres s'est considérablement agrandie durant l'époque victorienne puis de nouveau pendant l'entre-deux-guerres. Son expansion s'est arrêtée dans les années 1940 à cause de la Seconde Guerre mondiale et de la politique dite de la ceinture verte et sa superficie n'a pas beaucoup évolué depuis. Les limites du district de la Metropolitan Police et de la zone desservie par les transports londoniens ont évolué au fil du temps mais correspondent aujourd'hui approximativement à celle du Grand Londres.
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D'autres termes tels que Inner London, Outer London, Central London, North London, South London, East London, East End of London, West London ou bien West End of London sont parfois utilisés, non traduits, pour désigner des quartiers, des unités statistiques ou des circonscriptions de Londres.
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Contrairement à de nombreuses autres capitales, le statut de « capitale du Royaume-Uni » de Londres n'a jamais été officiellement accordé à la ville par décret ou par charte écrite. Sa position actuelle s'est établie par convention constitutionnelle, Londres étant le siège du pouvoir britannique. Son statut de capitale de facto en fait un élément de la constitution non écrite du Royaume-Uni. La capitale de l'Angleterre a été transférée de Winchester à Londres après la conquête normande.
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Il se peut que les Romains aient marqué le centre de Londinium avec la pierre de Londres, toujours visible à Cannon Street[43]. Les coordonnées du centre de Londres (traditionnellement situé à la croix d'Éléonore à Charing Cross, près de l'intersection de Trafalgar Square et de Whitehall) sont approximativement 51° 30′ 29″ N, 0° 07′ 29″ O. Trafalgar Square est également devenu un lieu central de célébration et de manifestation.
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Le Grand Londres se situe à 50 km à l'ouest de l'estuaire de la Tamise et s'étend sur une superficie de 1 579 km2, ce qui en fait la commune la plus vaste d'Europe après Moscou, et au 37e rang mondial[44].
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L'altitude y varie du niveau de la mer jusqu'à 245 m (Biggin Hill, au sud de l'agglomération[45]).
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Le fleuve, qui traverse la ville d'ouest en est, a eu une influence majeure sur le développement de la ville. Londres a été fondée à l'origine sur la rive nord de la Tamise et n'a disposé, pendant plusieurs siècles, que d'un seul pont, le pont de Londres (London Bridge). Le foyer principal de la ville s'est en conséquence cantonné sur cette rive de la Tamise, jusqu'à la construction, au XVIIIe siècle, d'une série d'autres ponts. La ville s'est alors étendue dans toutes les directions, cette expansion n'étant gênée par aucun obstacle naturel, dans une campagne presque dépourvue de reliefs, à l'exception de quelques collines (Parliament Hill, Primrose Hill).
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La Tamise était autrefois plus large et moins profonde qu'aujourd'hui. Les rives du fleuve ont été massivement aménagées, la plupart des affluents ont été détournés et sont à présent souterrains, parfois transformés en égouts (ainsi, la rivière Fleet dont le nom subsiste dans Fleet Street, l'ancienne rue des journaux). La Tamise est sujette à la marée et Londres est largement inondable. Les menaces d'inondation augmentent d'ailleurs avec le temps compte tenu de l'élévation régulière du niveau de l'eau à marée haute et de la lente inclinaison de la Grande-Bretagne (relèvement au nord, abaissement au sud) causée par un phénomène de relèvement isostatique. Un barrage, la barrière de la Tamise, a été construit à travers la Tamise à Woolwich dans les années 1970, pour pallier cette menace. En 2005 cependant, il a été suggéré la construction d'un barrage d'une quinzaine de kilomètres de long plus en aval afin de parer les risques futurs d'inondation.
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Avec ses 40% d'espaces verts et aquatiques, Londres est considérée comme une des capitales les plus vertes au monde. La société d'histoire naturelle de Londres y a recensé plus de deux mille espèces de plantes à fleurs à travers la ville ainsi que 60 espèces d'oiseaux, 47 variétés de papillons et 270 sortes d'araignées. Les amphibiens sont également très présents sur l’ensemble de la ville, avec les tritons, les grenouilles rousses et les crapauds notamment. Les reptiles, avec les lézards vivipares, les couleuvres et les vipères se trouvent en revanche quasi exclusivement dans l'Outer London. La ville compte ainsi 38 sites d'intérêt scientifique particulier, deux réserves naturelles nationales ainsi que 76 réserves naturelles locales. Parmi la faune présente à Londres, on trouve également une population de 10 000 renards. Ceux- ci sont nettement moins craintifs que leurs congénères de la campagne. Ils côtoient les piétons dans la rue, et élèvent leurs petits dans les jardins des maisons.
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Le climat de Londres symbolise parfaitement le climat de type océanique. Les précipitations sont régulières toute l'année souvent sous forme de bruine, contrairement à l'Ouest du Royaume-Uni où elles sont d'intensité plus forte. La moyenne annuelle des précipitations s'établit à 622,5 mm[46], février étant le mois le plus sec de l'année. Ce niveau est inférieur à Rome ou Sydney. Londres est en fait une des capitales européennes les plus sèches, disposant de ressources d'eau par personne inférieures à celles d'Israël par exemple[47], l'impression de temps maussade vient surtout du fait que l'ensoleillement annuel est faible. Des villes aussi pluvieuses mais avec un ensoleillement élevé ne provoquent pas cette impression de temps maussade qu'on trouve à Londres.
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43 |
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44 |
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Les étés sont tempérés, les jours de fortes chaleurs sont rares et les hivers sont froids mais rarement glaciaux. Le mois le plus chaud est juillet avec une température moyenne à Kew Gardens de 18.0 °C n'excédant que rarement les 33 °C, quoique des niveaux plus élevés soient devenus plus fréquents récemment, les températures estivales en journée varient généralement entre 20 et 25 °C. La plus haute température fut de 38,1 °C, mesurée dans les jardins botaniques royaux de Kew, le 10 août 2003, pendant la canicule de 2003[48]. Le mois le plus froid est janvier avec des températures moyennes de 2,4 °C à 7,9 °C. La température la plus froide fut de −16,1 °C, le 1er janvier 1962 à Northolt[49].
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45 |
+
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46 |
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Les chutes de neige abondantes sont presque inconnues. Au cours des hivers les plus récents, la neige a rarement excédé un pouce d'épaisseur (soit moins de 3 cm). Ceci est notamment dû au fait que la vaste agglomération londonienne crée un microclimat, avec une chaleur enfermée par les immeubles de la ville. La nuit, la température y est parfois de 5 à 9 °C supérieure aux zones environnantes[50]. Le célèbre smog londonien, mélange de brouillard et de fumée, est devenu rarissime dans les rues de la capitale anglaise. En 1952, l'épisode de grand smog avait provoqué la mort de 4 000[51] à 12 000 personnes.
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Un rapport de 2013 de la City of London Corporation a déclaré que Londres est la "ville la plus verte" d'Europe avec 14 000 hectares de parcs publics, de bois et de jardins.
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Les parcs royaux de Londres sont des parcs qui appartiennent à la Couronne britannique. Ces huit parcs sont des réserves naturelles ainsi que des jardins botaniques[53]. Il s'agit de :
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Vue aérienne de Hyde Park.
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L'entrée de Hyde Park.
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Le jardin botanique de Kew Gardens, avec ses 125 hectares, possède la plus grande collection de plantes vivantes au monde. En 2003, les jardins ont été classés par l'UNESCO liste des sites du patrimoine mondial. Il existe également des parcs administrés par les borough Councils de Londres, comme Victoria Park dans l'East End et Battersea Park dans le centre. Certains plus informels, espaces semi-naturels existent également, comme les 320 hectares de la lande d'Hampstead Heath au Nord ou Wimbledon Common au sud.
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On décrit souvent Londres par quartiers (Bloomsbury, Mayfair, Whitechapel par exemple). Ces noms n'ont pas d'utilisation officielle mais désignent souvent des paroisses (parishes) ou des circonscriptions (city wards) et sont restés en usage par tradition, chacun faisant référence à un quartier distinct avec ses propres caractéristiques mais sans délimitation officielle.
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Il existe cependant une zone centrale de Londres qui possède une définition et un statut stricts, la Cité de Londres (City of London). Souvent appelée simplement la City, c'est l'un des plus grands quartiers financiers (central business district) mondiaux[54]. La City possède son propre corps gouvernant et ses propres frontières, lui donnant ainsi une complète autonomie politique et administrative. Le nouveau quartier financier et commercial des docklands se situe à l'est de la City et est dominé par Canary Wharf. L'autre quartier d'affaires se trouve dans la Cité de Westminster qui abrite également le gouvernement britannique et l'abbaye de Westminster.
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Le West End est le principal quartier commerçant et regroupe les principales attractions telles que Oxford Street, Leicester Square, Covent Garden et Piccadilly Circus. West London regroupe des zones résidentielles huppées telles que Notting Hill, Knightsbridge ou le district de Kensington et Chelsea où le prix moyen d'une maison dans certains quartiers est d'environ 5 500 000 livres[55] et où une maison a été vendue 60 millions de livres[56]. D'après un classement 2007 réalisé par le groupe immobilier Knight Frank et Citi Private Bank, filiale de Citigroup, Londres est la ville la plus chère du monde dans le domaine de l'immobilier résidentiel de luxe : 36 800 euros en moyenne par mètre carré dans ce secteur[57].
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Un autre quartier huppé est celui de Hampstead dans le borough de Camden, où vivent d'ailleurs de nombreuses personnalités londoniennes.
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Les zones situées à l'est de Londres regroupent l'East End et les banlieues de l'Essex. La zone appelée East London a vu naître le développement industriel de Londres. Les nombreux terrains abandonnés qu'on y trouve aujourd'hui sont en plein re-développement, notamment grâce au plan Thames Gateway, qui inclut London Riverside et la Lower Lea Valley, qui a pu accueillir le parc olympique ainsi que le stade des Jeux olympiques d'été de 2012. North London et South London sont également des termes utilisés pour désigner les deux zones de Londres séparées par la Tamise.
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La densité de population varie considérablement à Londres. Le centre regroupe de nombreux emplois tandis que la périphérie de la ville regroupe des zones résidentielles plus ou moins densément peuplées, la densité étant plus élevée dans la proche banlieue (Inner London) que dans les banlieues plus éloignées (Outer London). Les zones densément peuplées regroupent principalement des immeubles de grande hauteur et les gratte-ciel de Londres sont concentrés dans les deux quartiers d'affaires, tels que le 30 St Mary Axe, Tower 42 et l'immeuble de la Lloyd dans la Cité de Londres, One Canada Square, 8 Canada Square et 25 Canada Square à Canary Wharf.
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Récemment, la construction de très grands bâtiments a été encouragée par le plan londonien et de nombreux hauts bâtiments devraient voir le jour, particulièrement dans la Cité de Londres et à Canary Wharf[58]. Le Shard London Bridge, de 310 m pour 72 étages, près de London Bridge station, la tour Bishopsgate Tower de 288 m ainsi que 30 autres projets de gratte-ciel de plus de 150 m de hauteur proposés ou en construction, tels que le One Blackfriars de 163 m, pourraient transformer l'apparence de la ville.
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Au nombre des bâtiments remarquables de Londres figurent également la mairie à Southwark, le muséum d'histoire naturelle de Londres[59], la British Library à Somers Town, la grande cour du British Museum et le Dôme du millénaire près de la Tamise à Canary Wharf. La centrale électrique de Battersea, aujourd'hui désaffectée mais en voie de réhabilitation, est un symbole marquant, tandis que certaines gares, notamment Saint-Pancras et Paddington, sont de bons exemples de l'architecture victorienne.
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Il n'existe pas un unique style architectural permettant de décrire Londres. Différents styles et influences se sont accumulés et mélangés au fil des années. De nombreux bâtiments sont construits en briques de couleur rouge-orangé ou brun foncé comme à Downing Street, décorés de ciselures et de moulures. Nombre de quartiers sont caractérisés par des bâtiments en stuc ou blanchis à la chaux. Peu de constructions sont antérieures au grand incendie de 1666 à l'exception de quelques restes romains, de la tour de Londres et de quelques restes de l'époque Tudor. La majorité des constructions datent de l'époque édouardienne ou victorienne.
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De nombreux monuments célèbrent des personnalités ou des événements qui ont marqué la ville. Le Monument, situé dans la Cité de Londres, commémore le grand incendie de 1666, offrant une vaste perspective sur le cœur historique de la ville, où l'incendie a débuté. Marble Arch et Wellington Arch, situées respectivement à l'extrémité nord et sud de Park Lane, sont liées à la monarchie britannique de même que l'Albert Memorial et le Royal Albert Hall à Kensington. La colonne Nelson est un monument national situé à Trafalgar Square et sert généralement à marquer le centre de Londres.
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Les régions aux alentours de Londres (aujourd'hui situées à l'intérieur des frontières du Grand Londres) semblent avoir été habitées par des Bretons insulaires depuis les temps préhistoriques, mais aucune trace archéologique n'a été mise au jour au nord du pont de Londres, lieu où la ville est véritablement née et d'où elle s'est développée. Les plus anciennes traces certaines d'installations durables remontent à l'an 43 et sont dues aux Romains qui, à la suite de leur conquête de la Bretagne, y bâtissent une première ville[60]. Ce premier campement est appelé Londinium. Le pont de Londres se trouvait au centre du tout nouveau réseau de routes créé par les Romains et était un lieu de passage privilégié pour traverser la Tamise, ce qui a attiré de nombreux commerçants et ainsi contribué à la croissance de la ville. Londres est vite devenue un important centre d'échanges et de commerce, la Tamise permettant d'acheminer facilement des marchandises jusqu'au cœur de la ville[61].
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Seulement 18 ans après la fondation de la ville par les Romains, la reine Boadicée, à la tête du peuple celte des Iceni, se dresse contre l'invasion romaine et prend Londres pour cible[62]. Le gouverneur Suetonius Paulinus, alors occupé à exterminer les druides sur l'île d'Anglesey, ne peut constituer à temps une armée pour contrer l'invasion celte. La ville est partiellement évacuée, mais des milliers de commerçants sont tués. Londres est alors totalement pillée et détruite. Des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour la présence de débris brûlés recouvrant des pièces et des poteries datant de 60, à l'intérieur des limites de la ville romaine[62].
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La ville est rapidement reconstruite et prospère de nouveau, à l'image du commerce en Bretagne, remplaçant Colchester en tant que capitale de la province romaine de Bretagne. Il n'existe cependant pas d'informations permettant de dater et d'expliquer le transfert de la capitale. Vers le IIe siècle, la ville s'entoure de murailles : le mur de Londres. Pendant plus d'un millénaire, les frontières de la ville sont marquées par ce mur qui délimite une zone largement englobée aujourd'hui par celle de la City. À son apogée au IIIe siècle, la population de Londinium atteint entre 45 000 et 60 000 personnes suivant les sources. Lorsque l'Empire romain commence à décliner, les troupes protégeant la ville sont rappelées sur le continent, Londres commence à péricliter et sa population diminue. Il existe peu d'informations sur cette période appelée Dark Ages of London (« Les âges sombres de Londres »), mais après le départ des Romains de Grande-Bretagne en 410, il est largement établi qu'au Ve siècle, Londres est en ruine et pratiquement abandonnée[63].
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La position privilégiée de la ville sur la Tamise en fait un lieu stratégique et vers l'an 600, les Anglo-Saxons fondent une nouvelle ville, Lundenwic, à environ 1 km en amont de la ville romaine, à l'endroit où se trouve aujourd'hui Covent Garden[63]. Un port de pêche et de commerce est probablement localisé à l'embouchure de la rivière Fleet. Lundenwic prospère jusqu'en 851, lorsque la ville est envahie et complètement rasée par les Vikings. Après cette occupation viking, Alfred le Grand rétablit la paix et fait déplacer la ville dans les murailles de la vieille cité romaine (alors appelée Lundenburgh) en 886. La ville originale est devenue Ealdwic (« vieille ville »), dont le nom a survécu jusqu'à aujourd'hui pour donner Aldwych.
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Ensuite, sous le contrôle de plusieurs rois anglais, Londres connaît une nouvelle phase de prospérité, devenant un lieu de pouvoir ainsi qu'un centre d'échanges et de commerce. Cependant, les raids vikings reprennent au Xe siècle et atteignent leur apogée en 1013, lorsque la ville fut assiégée par le Danois Knut le Grand et que le roi Æthelred le Malavisé est contraint de s'enfuir. Lors d'une contre-attaque, l'armée du roi Æthelred remporte une victoire en détruisant le pont de Londres alors que la garnison danoise se trouve dessus. Knut finit cependant par devenir roi d'Angleterre et ses descendants règnent jusqu'en 1042. Un roi saxon, Édouard le Confesseur, leur succède et refonde l'abbaye de Westminster ainsi que le palais de Westminster. À cette époque, Londres est devenu la cité la plus grande et la plus prospère d'Angleterre, bien que le siège du gouvernement se trouve toujours à Winchester.
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Après la bataille d'Hastings, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre dans la toute nouvelle abbaye de Westminster, le jour de Noël 1066. Il accorde certains privilèges aux habitants de Londres tout en construisant un château au sud-est de la ville pour maintenir le contrôle sur la population. Ce château, agrandi par les rois suivants, sert de résidence royale puis de prison et est aujourd'hui connu sous le nom de tour de Londres.
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En 1097, Guillaume le Roux commence la construction du hall de Westminster, près de l'abbaye du même nom. Ce hall est à l'origine du palais de Westminster, la résidence royale tout au long du Moyen Âge. Westminster devient le siège de la cour royale et du gouvernement, tandis que la Cité de Londres voisine forme un centre d'échanges et de commerce prospère sous l'autorité de sa propre administration, la Corporation of London. Les villes aux alentours se développent et forment la base du cœur de Londres moderne, remplaçant Winchester en tant que capitale du royaume d'Angleterre au XIIe siècle.
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Le 2 juin 1216, le prince Louis (futur Louis VIII) s'empare de la ville jusqu'en 1217.
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Après la défaite de l'Invincible Armada espagnole en 1588, une certaine stabilité politique en Angleterre permet à Londres de se développer davantage. En 1603, Jacques VI d'Écosse monte sur le trône d'Angleterre et s'efforce d'unifier les deux pays. Ses lois anticatholiques le rendent très impopulaire et il est victime d'une tentative d'assassinat le 6 novembre 1605, la fameuse conspiration des poudres.
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Plusieurs épidémies de peste noire touchent Londres au début du XVIIe siècle, culminant avec la grande peste de Londres de 1665, qui tue environ 20 % de la population. L'année suivante, le grand incendie de 1666 détruit une grande partie des maisons en bois de la ville. La reconstruction de Londres occupe toute la décennie suivante.
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De 1825 à 1925, Londres est la ville la plus peuplée au monde[64]. Cette croissance est accélérée par la construction des premières lignes de chemin de fer à Londres, rapprochant considérablement les villes avoisinantes. Porté par un essor boursier exceptionnellement rapide, ce réseau ferroviaire s'étend rapidement et permet à ces villes de croître tout en permettant à Londres de s'étendre et d'englober les villages aux alentours, à l'image de Kensington. L'apparition des premiers embouteillages en centre-ville mène à la création, en 1863, du premier système de transport souterrain au monde, le métro de Londres, accélérant encore le développement de l'urbanisation[65]. Grâce à cette croissance rapide, Londres devient l'une des premières villes à dépasser le million d'habitants et la première à dépasser les cinq millions.
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Le gouvernement local de Londres éprouve des difficultés à gérer l'expansion rapide de la ville, surtout au niveau des infrastructures. Entre 1855 et 1889, le Metropolitan Board of Works supervise la croissance des infrastructures. Il est remplacé par le comté de Londres, géré par le London County Council, la première assemblée élue au niveau de la ville, jusqu'en 1965.
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Le Blitz et les bombardements allemands de la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale entraînent la mort d'environ 30 000 personnes[66] et la destruction de nombreuses habitations et bâtiments dans la ville. La reconstruction dans les années 1950, 1960 et 1970 se caractérise par une absence d'unité architecturale, typique du Londres moderne. En 1965, les limites de Londres sont modifiées pour tenir compte de l'expansion de la ville en dehors du comté de Londres. Le nouveau territoire agrandi, administré par le Greater London Council, prend le nom de Grand Londres.
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Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, une large immigration provenant des pays du Commonwealth décolonisés fait de Londres une des villes européennes les plus ethniquement cosmopolites. L'intégration des nouveaux immigrants ne se fait pas toujours en douceur, avec par exemple les émeutes de Brixton dans les années 1980, mais elle se déroule mieux que dans d'autres régions britanniques. Après l'abolition du Greater London Council en 1987, Londres est privé d'une administration centrale jusqu'à la création, en 2000, de la Greater London Authority et du poste du Maire de Londres (Mayor of London).
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Le renouveau économique des années 1980 rétablit Londres sur le devant de la scène internationale. En 2012, Londres devient la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois[67], tandis qu'en 2015 la population municipale dépasse 8,63 millions d'habitants, son plus haut niveau depuis 1939[68]. En 2016, Londres est la première capitale occidentale à élire un maire musulman, le travailliste Sadiq Khan[69].
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En tant que siège du gouvernement et principale agglomération du Royaume-Uni, la ville connaît de nombreux épisodes terroristes. L'IRA provisoire tente de mettre le gouvernement britannique sous pression au sujet des négociations en Irlande du Nord, interrompant fréquemment les activités de la ville avec des alertes à la bombe ou des attentats jusqu'au cessez-le-feu de 1997. Le 7 juillet 2005, une série d'attentats est perpétrée dans les transports en commun londoniens par des kamikazes islamistes, 24 heures seulement après que l'organisation des Jeux olympiques de 2012 est confiée à la ville. Le 22 mars 2017, un attentat revendiqué par l'État islamique est commis par Khalid Masood sur le pont de Westminster et dans l'enceinte du Parlement ; il fait 3 morts (4 si on compte le terroriste) et une cinquantaine de blessés[70],[71]. La Police métropolitaine a précisé que Masood ne faisait pas partie d'une organisation terroriste et qu'il a agi seul[72]. 3 mois plus tard, une autre attaque terroriste touche le centre de la ville.
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La gestion de Londres s'effectue sur deux niveaux : au niveau de la ville, sous l'autorité du Greater London Authority (GLA) et à un niveau plus local au sein des 33 districts londoniens.
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Le Greater London Authority est responsable du plan londonien définissant la stratégie de développement de Londres, des services de police (Metropolitan Police Authority), de lutte contre les incendies (London Fire Brigade), de la plupart des transports (Transport for London) et du développement économique (London Development Agency). Le GLA est composé du maire de Londres, qui dispose des pouvoirs exécutifs, et de la London Assembly qui examine les propositions du maire et vote ou rejette ses propositions de budget chaque année. Le GLA est une administration relativement récente (2000) créée afin de remplacer le Greater London Council (GLC) aboli en 1986. Le siège de la Greater London Authority et du maire de Londres (City Hall) se trouvent au bord de la Tamise, près du Tower Bridge.
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Depuis le 6 mai 2016, le poste de maire de Londres est occupé par le travailliste Sadiq Khan.
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Les 33 districts sont formés des 32 boroughs et de la Cité de Londres et sont responsables des services locaux non pris en charge par le GLA tels que l'aménagement local, les écoles, les services sociaux, les routes locales et le ramassage des ordures. Chacun des districts a à sa tête un conseil (council) élu tous les quatre ans. La cité de Londres n'est pas dirigée par une autorité locale classique mais par la Corporation of London élue par les résidents et les entreprises et qui n'a pratiquement pas changé de forme depuis le Moyen Âge. La Corporation of London a à sa tête le Lord Mayor of London, qui est un poste différent de celui du maire de Londres.
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La Cité de Londres possède sa propre force de police, la City of London Police indépendante du Metropolitan Police Service qui est responsable du reste du Grand Londres.
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Les services de santé sont gérés par le gouvernement national grâce au National Health Service, sous la responsabilité, à Londres, d'un seul NHS Strategic Health Authority[73].
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Un code postal « postcode » sert à délivrer le courrier et correspond ainsi à une adresse particulière. En Grande-Bretagne, un code postal se présente de la manière suivante WY11 1ZZ. Les deux premières lettres pour la ville, les numéros pour une région, les lettres et numéros à une zone résidentielle. Un code postal indique la rue de résidence mais aussi de quel côté de la rue on habite.
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Les codes postaux de Londres sont divisés en Nord, Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest, Ouest et Est. Chaque code postal débute par N, NW, SE, SW, W ou E et les zones du centre-ville par EC et WC. Chaque zone correspondant à un code postal mesure 1-10 km2 selon la densité de population, en donnant la première lettre du code postal on indique tout de suite dans quel endroit on habite à Londres. Londres est aussi divisée en arrondissements, qui sont une subdivision administrative de la ville[74].
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Donc, la zone postale de Londres ne correspond pas au Grand Londres. La majorité de la banlieue de Londres a les codes postaux différents, représentant les quartiers principaux. Ces codes postaux débutent par BR, CR, DA, HA, EN, IG, KT, RM, SM, TW et UB, qui signifient respectivement Bromley, Croydon, Dartford, Harrow, Enfield, Ilford, Kingston upon Thames, Romford, Sutton, Twickenham et Uxbridge.
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Londres est le siège du gouvernement du Royaume-Uni situé au palais de Westminster à Westminster. Plusieurs annexes du gouvernement sont situées aux alentours du Parlement, particulièrement le long de Whitehall où se trouve la résidence du Premier ministre au 10 Downing Street.
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Bien qu'utilisée pour la première fois au XIXe siècle par John Bright pour décrire l'Angleterre elle-même[75], l'expression Mother of the Parliament (mère des parlements) est souvent utilisée pour faire référence au parlement britannique[76] car il est souvent considéré comme le premier à avoir instauré un système composé d'une chambre haute et d'une chambre basse élues et a été suivi par beaucoup d'autres systèmes politiques, notamment en Europe et dans les pays du Commonwealth.
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Dans le cadre des élections à la Chambre des communes, Londres est divisée en 73 circonscriptions électorales qui élisent chacune un député (Member of Parliament, MP). Lors des élections de 2015, le Parti travailliste a emporté 45 des 73 sièges londoniens, le Parti conservateur 27 et les Libéraux-démocrates le dernier[77].
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Des relations sont en construction avec Tokyo (Japon) et Shanghai (Chine).
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Londres a toujours été un important foyer de population. À la fois, ville, aire urbaine et région urbaine la plus peuplée du Royaume-Uni, elle a également été la plus peuplée d'Europe et du monde avant de connaître un léger déclin.
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Le Grand Londres, composé de Inner London et Outer London, compte 8 615 000 habitants en 2014. L'aire urbaine de Londres compte près de 10 millions d'habitants tandis que l'aire métropolitaine, sa zone d'influence directe, compte 15 millions d'habitants. D'après Eurostat, Londres est la première ville la plus peuplée et la deuxième aire urbaine la plus importante d'Europe de l'Ouest après Paris[79]. La ville se classe également au quinzième rang des villes les plus peuplées du monde et au quinzième rang des aires urbaines les plus peuplées.
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La région du Grand Londres occupe une superficie de 1 572 km2 et la densité de population est de 5 285 habitants par km2, soit une densité plus de 10 fois supérieure à celle de l'Écosse, de l'Irlande du Nord, du pays de Galles ou de n'importe quelle autre région anglaise. Cette densité cache cependant des disparités au sein de 32 districts. En 2005, le borough royal de Kensington et Chelsea (Inner London) comptait 16 178 hab./km2 contre 2 011 pour Bromley (Outer London)[80].
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La structure de la population de Londres est légèrement différente de celle de l'Angleterre ou du Royaume-Uni. L'attractivité de Londres a entraîné une immigration vers la capitale de personnes en âge de travailler depuis le reste du pays ou l'étranger. La proportion de personnes entre 20 et 44 ans représente 42,8 % contre 35,1 à l'échelle nationale. En contrepartie, la proportion de personnes âgées de 60 ans et plus (14,4 %) est inférieure à la moyenne nationale (18,4 %)[81].
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Londres comptait sans doute un peu plus de 50 000 habitants en 1500. Elle s'est rapidement développée aux XVIe siècle et XVIIe siècle. Un peu avant 1700, elle dépasse les 500 000 habitants et devient la ville la plus peuplée d'Europe devant Paris. Elle est environ vingt fois plus peuplée que Bristol, la deuxième ville d'Angleterre à l'époque[83]. En 1801, lors du premier recensement, la ville comptait 959 300 habitants[84]. Après cette date, dans un contexte d'industrialisation rapide, la population s'accroît fortement et en 1831, la ville atteint 1 655 000 habitants[84]. Sa population dépasse celle de Pékin, et la ville devient donc la plus peuplée au monde. Elle le reste jusqu'en 1925, date à laquelle elle est dépassée par New York[85]. La population de Londres a culminé à 8 615 245[84] en 1939 puis a décliné jusqu'à 6 608 598 au recensement de 1981 avant de remonter jusqu'à 8 173 900 lors du recensement de 2011.
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Londres est l'une des villes possédant la plus grande diversité d'origines. Le recensement de 2011 a enregistré que 2 998 264 personnes, soit 36,7% de la population de Londres, sont nées à l'étranger, faisant de Londres la ville avec la deuxième plus grande population d'immigrants, derrière New York, en termes absolus. D'après le recensement démographique de 2011, 59,8 % des 8,2 millions de Londoniens se considèrent comme appartenant au groupe « Blanc », 12 % des habitants se considèrent comme Indiens, Pakistanais ou Bengalis, 13,3 % se considèrent comme noirs (environ 7 % de Noirs africains et 4,2 % de Noirs des Caraïbes), 1,5 % se disent Chinois et 5 % se considèrent comme issus de plusieurs origines.
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En 2001, 27 % des Londoniens sont nés en dehors du Royaume-Uni et 21,8 % hors de l'Union européenne. Les Irlandais (d'Irlande et d'Irlande du Nord) sont environ 200 000, tout comme les Écossais et les Gallois.
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Londres est également une des villes les plus actives du monde sur le plan linguistique. Une étude menée en 2005 a montré que plus de trois cents langues différentes y sont parlées et qu'on peut y trouver 50 communautés ethniques comptant plus de 10 000 membres[87].
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Les chiffres de l'Office for National Statistics montrent que le nombre de Londoniens nés à l'étranger atteignait 2 288 000 en 2006 contre 1 630 000 en 1997[88].
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Le tableau ci-contre donne le pays de naissance des résidents de Londres en 2011, date du dernier recensement britannique.
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D'après le recensement de 2011, on dénombrait à Londres 48,4 % de chrétiens (catholiques, protestants, anglicans ou autres), 12,4 % de musulmans, 5 % d'hindous, 1,8 % de juifs, 1,5 % de sikhs, 1 % de bouddhistes, 0,6 % d'autres religions, 20,7 % de personnes sans religion et 8,5 % de personnes ne déclarant pas leur religion[89].
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Du point de vue de la religion, Londres a été, tout au long de son histoire, dominée par le christianisme et compte un nombre important d'églises, notamment dans la City. La cathédrale Saint-Paul ainsi que la cathédrale de Southwark sont à la tête de l'Église anglicane tandis que les cérémonies officielles et royales se déroulent soit à Saint-Paul soit à l'abbaye de Westminster (à ne pas confondre avec la cathédrale de Westminster qui est un édifice relativement récent ainsi que la plus grande cathédrale romaine catholique d'Angleterre et du pays de Galles). Malgré ceci, le pourcentage d'anglicans pratiquants est très bas. En revanche, ce taux est beaucoup plus élevé dans les communautés romaines catholiques et chrétiennes orthodoxes[90],[91].
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Londres abrite également d'importantes communautés musulmane, hindoue, sikhe et juive. De nombreux musulmans vivent à Tower Hamlets et à Newham et le plus important édifice musulman est la grande mosquée de Londres près de Regent's Park. On estime à 600 000 le nombre de musulmans vivant dans la capitale britannique[92].
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La communauté hindoue de Londres réside dans les quartiers nord-ouest de Harrow et de Brent, où se trouve un des plus grands temples hindous d'Europe, le temple Neasden[93]. La communauté sikhe se trouve elle dans l'Est et dans l'Ouest de Londres, qui abrite également un des plus grands temples sikhs situés hors d'Inde. La majorité des Britanniques de confession juive se trouve à Londres, particulièrement à Stamford Hill et Golders Green dans le Nord de Londres[94].
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En 2014, Londres est la cinquième ville du monde en termes de PUB, et la première d'Europe devant Paris intramuros[95]. Le Grand Londres réalise environ un quart du PIB du Royaume-Uni, et l'aire métropolitaine de Londres environ un tiers[96]. La productivité est nettement supérieure à la moyenne nationale[97]. Très fortement tertiarisée[98], Londres connaît une importante spécialisation dans la finance. La capitale britannique est la première place financière du monde et l'un des principaux centres d'affaires internationaux[99]. D'après une étude de fDi Markets datant de 2016, Londres est la deuxième ville mondiale ayant reçu le plus d'investissements directs étrangers après Singapour[100]. La ville se hisse première mondiale pour sa connectivité et deuxième pour son potentiel économique et son environnement favorable aux affaires[100].
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L'immigration joue un rôle majeur, elle concerne des personnes de qualification très diverses, mais une des caractéristiques de la ville est sa capacité à attirer les hauts revenus et les personnes avec de hautes qualifications[101].
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Les inégalités économiques sont fortes. Londres compte de nombreuses poches de pauvreté et le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale (4,3 % au Royaume-Uni en 2017 contre 4,9 % à Londres[102]) et 53 % des enfants de ces quartiers vivent dans un état de pauvreté[103].
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Le nombre de personnes sans-domicile fixe à Londres a augmenté de 169 % entre 2010 et 2019[104].
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Les prix de vente et de location augmentent régulièrement, obligeant de nombreuses personnes à partager un appartement parce qu'elles n'ont pas les moyens d'en louer un pour elles seules. Il est devenu courant à Londres qu'un logement n'ait pas de salon parce que celui-ci est loué comme chambre à coucher[105].
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L'économie de Londres s'est orientée vers les services beaucoup plus tôt que d'autres villes européennes, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Le succès de Londres dans le secteur tertiaire s'explique surtout par plusieurs des facteurs[106] :
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Londres a concentré entre 2008 et 2017 35 % des créations d'emplois du Royaume-Uni, notamment grâce à un modèle économique favorisant les grandes métropoles[107].
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Environ 85 % de la population du Grand Londres (soit 3,2 millions de personnes) travaillent dans le secteur des services. 500 000 personnes travaillent dans l'industrie et la construction (en proportions égales)[108].
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Londres concentre ses activités financières et juridiques dans cinq centres différents : la City, Westminster, Canary Wharf, Camden & Islington et Lambeth & Southwark.
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La principale activité économique de Londres est le secteur financier dont les exportations financières, (c'est-à-dire les services aux entreprises fournis par des sociétés londoniennes à des entreprises étrangères dans le secteur des services financiers (indépendamment de l'immobilier)), contribuent grandement à la balance des paiements du Royaume-Uni[109]. Plus de 360 000 personnes travaillent dans le secteur de la finance de Londres en 2015 qui abrite plus de 480 banques, soit plus que n'importe quelle autre ville au monde[110]. La City est le plus grand centre d'affaires d'Europe en termes de flux de capitaux et s'impose comme une véritable place financière de premier plan après lois Sarbanes-Oxley qui accroissent les exigences comptables pour les entreprises cotées à la bourse de Wall Street[111]. Lors d'une récente étude publiée par Mastercard, Londres surpasse New York dans quatre des six domaines de l'étude dont la stabilité économique, la facilité de faire des affaires et le volume des flux financiers[112]. Le maire de New York Michael Bloomberg a déclaré que New York risquait de perdre son statut de capitale financière du monde au profit de Londres à cause du droit et des systèmes de régulation et d'immigration moins stricts du Royaume-Uni[113]. En 2016, la City de Londres générait un peu plus de 2 % du PIB britannique et 0,38 % du PIB de l'Union Européenne soit une création en moyenne de plus de 24 milliards de dollars par kilomètre carré par an[111].
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Un second centre financier se développe à Canary Wharf, à l'est de la City, et compte le quartier général des banques HSBC et Barclays, de l'agence Reuters ainsi que de nombre des plus grands cabinets d'avocats au monde. Les quartiers généraux européens de J.P. Morgan, Citi, Bank of America, Morgan Stanley et American Express sont aussi localisés à Canary Wharf[114]. En 2005, Londres a traité 31 % des transactions sur le marché des changes et traite quotidiennement environ 753 milliards de dollars, soit plus qu'à New York[115],[116].
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Plus de la moitié des 100 premières entreprises britanniques (FTSE 100) et plus de 100 des 500 plus grandes entreprises européennes ont leur siège à Londres. Plus de 70 % des entreprises du FTSE 100 ont leur siège dans l'aire urbaine de Londres et 75 % des entreprises du Fortune 500 ont un bureau à Londres[111].
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Les médias sont particulièrement concentrés à Londres et l'industrie de la distribution des médias en est le deuxième secteur le plus compétitif[117]. La BBC est un employeur clé de la ville tandis que de nombreux autres médias ont leur siège à Londres.
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Le port de Londres a été le plus important du monde mais arrive aujourd'hui en troisième position au Royaume-Uni. 50 millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année[118]. La plupart de ces marchandises transitent cependant par Tilbury qui se trouve en dehors des limites du Grand Londres.
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La Chambre de commerce et d'industrie de Londres est la plus grande organisation indépendante de réseautage et d'assistance commerciale de la capitale britannique. Elle représente les intérêts de milliers d'entreprises[119].
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Pour sa part la Bourse de Londres, crée en 1801, est un marché boursier située dans la ville. Il s'agit d'un des plus grands marchés de la planète[120].
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Londres est une des principales destinations touristiques au monde. Ce secteur génère entre 280 000[121] et 350 000[122] emplois selon les sources. En 2008, les revenus du tourisme représentaient 10,5 milliards £[123]. En 2014, Londres a reçu 17,4 millions de touristes étrangers, pour un total d'environ 28 millions[124].
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Londres bénéficie de son statut de capitale anglophone en Europe et attire ainsi chaque année de très nombreux étudiants du continent venus apprendre la langue anglaise. Une importante économie du tourisme estudiantin s'est développée autour de cette manne, certains n'hésitant pas à en profiter par des pratiques à la limite de la légalité[125].
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Les principaux sites touristiques londoniens sont concentrés dans le West End, qui comprend les grands magasins d’Oxford Street, les théâtres, et les quartiers tels que Soho, Covent Garden, Mayfair, Piccadilly Circus et la place de Leicester Square. Les monuments les plus célèbres de Londres sont Westminter Abbey, Big Ben, le British Museum, la Tate Gallery, le Tate Modern, Madame Tussauds, les palais de Westminster et de Buckingham, l’Imperial War Museum, le Science Museum, la National Gallery, la National Portrait Gallery, le Tower Bridge, la tour de Londres, London Eye, la cathédrale Saint-Paul et Arsenal Football Club Museum. Le nombre de chambres d'hôtel à Londres en 2015 s'élevait à 138 769, le nombre le plus élevé en Europe.
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Selon une étude du King's collège de Londres, la pollution à l’hydroxyde d'azote provoque plus de 9 000 décès prématurés à Londres chaque année[126].
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Le palais de Buckingham est la résidence officielle des monarques du Royaume-Uni depuis 1837. Il se situe dans la ville de Londres. C'est aussi le siège administratif du monarque régnant au Royaume-Uni[127],[128],[129].
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Le palais compte 775 chambres dont 19 chambres d'État. Il mesure 108 mètres de long sur l'avant, 120 mètres de profondeur (incluant le quadrilatère central) et 24 mètres de haut[129].
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50 000 personnes par année participent à des banquets d'État se déroulant au palais de Buckingham. Sa Majesté y tient aussi des audiences hebdomadaires avec le Premier ministre[129],[130].
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Les transports sont un des quatre domaines de compétence du maire de Londres[131]. Le réseau de transport public, géré par Transport for London (TfL), est un des plus étendus au monde[132] mais subit tous les jours des embouteillages, retards et problèmes de maintenance. Un programme de 7 milliards de livres a été mis en place pour tenter d'améliorer le réseau à l'horizon de 2012, pour l'inauguration des Jeux olympiques[133]. Malgré un coût des plus élevés d'Europe, l'ensemble du réseau londonien a cependant été déclaré meilleur réseau de transport au monde (devant New York et Paris) par 25 % des 2 000 personnes interrogées lors d'un sondage réalisé par TripAdvisor[134].
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L'élément central du réseau de transport de la capitale britannique est le métro de Londres, Underground ou London Tube appelé familièrement The Tube, composé de 274 stations et 16 lignes interconnectées pour une longueur totale de 408 km. Il existe de nombreux projets d'extensions, notamment la Elizabeth line dont l'ouverture est prévue pour fin 2018[135]. Inauguré en 1863, c'est le plus ancien réseau au monde[65]. Il comporte même la toute première ligne de métro électrique, la City & South London Railway, mise en service en 1890[136]. Trois millions de trajets par jour, soit environ un milliard par an, sont effectués sur l'ensemble du réseau du métro[137], qui dessert principalement le centre historique de Londres ainsi que les banlieues de la ville situées au nord de la Tamise mais s'étend jusqu'au-delà des frontières du Grand Londres. Les banlieues sud et sud-est sont moins desservies par le métro mais bénéficient d'un important réseau de trains de banlieue. Le Docklands Light Railway, inauguré en 1987, dessert l'Est de Londres et Greenwich sur les deux rives de la Tamise.
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Londres est un point central du réseau ferroviaire britannique avec 14 gares reparties dans la ville proposant des services de banlieue, grandes lignes, liaisons internationales et liaisons avec les principaux aéroports. La plupart des zones de l'agglomération non desservies par le métro ou le DLR sont accessibles par rail depuis une des gares centrales.
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Ces 14 gares sont Blackfriars, Cannon Street, Charing Cross, Euston, Fenchurch Street, King's Cross, Liverpool Street, London Bridge, Moorgate, Marylebone, Paddington, St. Pancras, Victoria et Waterloo.
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Les trains de banlieue ne traversent généralement pas la ville mais s'arrêtent dans une des 14 gares de la ville situées autour du centre historique. Crossrail est un projet de réseau express régional qui devrait entrer en fonction en 2021 et qui permettra de relier les banlieues est et ouest en traversant Londres dans un souterrain. Un train urbain, l'Overground est entré en service en novembre 2007. Le service de train Eurostar relie la gare de Saint-Pancras à Lille et Paris (France), par l'Eurotunnel, en 1 h 20 et 2 h 15 respectivement, Bruxelles (Belgique) en 1 h 50, mais aussi, depuis 2015, Lyon en un peu moins de 6 h puis Avignon en 7 h et Marseille en 7 h 30. Il y a aussi des projets de réinsertion du tramway dans le centre de Londres.
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Le Tramlink est un réseau de tramway qui dessert la banlieue sud de Londres : les boroughs de Croydon, Bromley, Sutton et Merton.
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Le London Inner Ring Road (périphérique situé autour du centre de Londres), les routes A406 et A205 (dans la banlieue) ainsi que l'autoroute M25 (plus éloignée) contournent la ville et relient les nombreuses voies allant vers le centre-ville de Londres (Inner London). Le périphérique M25 est la plus longue autoroute circulaire en Europe avec ses 195 km de long. Un projet d'autoroutes sillonnant l'agglomération (appelées London Ringways) avait été lancé en 1962 mais a été en grande partie abandonné au début des années 1970-1971 à cause des objections des riverains et des coûts élevés[138]. En 2003, un péage urbain a été introduit afin de réduire le trafic en centre-ville. À quelques exceptions près, les automobilistes doivent payer 8 livres par jour pour pénétrer à l'intérieur d'une zone correspondant au centre de Londres. Les automobilistes résidant au sein de la zone payante payent 10 %, payables soit pour 5 jours au tarif de 4 £ ou 16 £ pour quatre semaines.
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Les taxis noirs londoniens sont célèbres dans le monde entier pour avoir été montrés à maintes reprises au cinéma et à la télévision. Le taxi londonien a une longue histoire: les voitures sont noires, et ils sont traditionnellement appelés Blacks Cabs, ou Hackney Cabs dont le nom dérive du quartier Hackney où déjà en 1654, il est devenu nécessaire de réglementer le service et le trafic. Jusqu'au début du XXe siècle, les taxis étaient constitués de voitures hippomobiles. Puis vint l'avènement de la voiture et les taxis londoniens prennent aujourd'hui l'apparence des berlines noires: en 2011, il y avait environ 22 000 taxis noirs dans la ville.
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Un autre symbole de Londres est le célèbre bus rouge à impériale, à un étage (single-decker) ou à deux étages (double-decker). Le réseau de bus de Londres est l'un des plus importants au monde, avec environ 8 500 bus, plus de 700 lignes de bus et environ 19 500 arrêts de bus. Londres possède le plus grand réseau accessible aux fauteuils roulants du monde et, depuis le 3ème trimestre 2007, est devenu plus accessible aux passagers malentendants et malvoyants à mesure que les annonces audiovisuelles étaient introduites. La plupart des lignes d'autobus du réseau de Londres fonctionnent en journée et en soirée. Certaines lignes fonctionnent même 24 heures sur 24. L'autobus est le moyen de transport principalement utilisé pour les déplacements locaux et transporte plus de passagers que le métro[139]. Chaque jour de la semaine, les bus londoniens transportent 6 millions de passagers sur plus de 700 itinéraires différents. Le nombre de voyages a atteint 1,8 milliard en 2005/2006[140].
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Londres, pour soutenir sa politique d'éradication de la voiture, investit très lourdement dans le transport individuel cycliste. C'est ainsi qu'en 2006 Londres a investi 38 millions d'euros dans les voies cyclables et les parkings à vélo. Le vélo-partage contribue également à accroitre la mobilité urbaine des Londoniens : en 2016, les vélos Santander construits par PBSC Solutions Urbaines au Canada étaient au nombre de 13 600 répartis sur 570 stations.
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Londres est également une plate-forme de correspondance aérienne mondiale. En 2017, plus de 170 millions de passagers ont transité dans un des 6 aéroports de Londres[141] (London Heathrow, Gatwick, Stansted, Luton, London City, London Southend), ce qui en fait la ville la plus fréquentée au monde. L'aéroport d'Heathrow est le deuxième plus important au monde en nombre de passagers internationaux[142] et propose une gamme complète de vols intérieurs, européens ou intercontinentaux. Une part importante du trafic international ainsi que nombre de vols de compagnies aériennes à bas prix sont prises en charge par l'aéroport de Gatwick. Les aéroports de Stansted et de Luton sont spécialisés dans les vols court-courriers des compagnies à bas prix. L'aéroport de Londres-City, le plus petit et le plus proche de Londres, est plutôt, de par sa proximité avec les centres financiers de la capitale, spécialisé dans les vols privés et accueille des vols court-courriers ainsi qu'un important trafic de jets privés[143]. L'aéroport de Londres-Southend est le nouveau venu dans le choix des voyageurs. Finalement, il y a l'aérodrome de Biggin Hill, dans le Sud-Est de Londres, utilisé seulement par les jets privés.
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Le transport le long de la Tamise, qui est entièrement navigable, est également une coutume séculaire à Londres, remontant en fait à 1555 et la fondation par le gouvernement anglais de la Company of Watermen and Lightermen, dans le but de contrôler la navigation fluviale pour le transport de fret et passagers, qui existe toujours. La Tamise est utilisée par les bateaux de tourisme et les bateaux-bus. Les services sont assurés par London River Services.
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Les jetées de Londres (en anglais : Pier) sont dispersées sur tout le cours de la rivière. En aval, les jetées principales sont :
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Le premier et seul téléphérique de Londres, connu sous le nom d'Emirates Air Line, a ouvert ses portes en juin 2012. Traversant la Tamise, reliant la péninsule de Greenwich et les Royal Docks à l'est de la ville, le téléphérique est intégré au système de billetterie Oyster Card de Londres, bien que des tarifs spéciaux soient facturés. Ayant coûté 60 millions de livres sterling, il transporte plus de 3 500 passagers par jour, bien que sa capacité soit nettement supérieure. Semblable au programme de location de vélos de Santander Cycles, le téléphérique est parrainé dans le cadre d'un accord de 10 ans avec la compagnie aérienne Emirates.
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Londres est un centre mondial de recherche et d'enseignement dans le supérieur. Selon le classement QS des universités de 2015/16, Londres est la ville avec la plus forte concentration d'universités de première classe dans le monde et sa population étudiante internationale de 110 000 est plus grande que toute autre ville dans le monde[144]. Une étude menée en 2014 par PricewaterhouseCoopers annonce Londres comme la capitale mondiale de l'éducation dans le supérieur[145].
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Un certain nombre d'établissements d'enseignement de premier plan sont basés à Londres. Dans le classement 2015 de QS, l'Imperial College London atteint la 2e place mondiale, University College London (UCL) la 5e, and King's College London (KCL) est classée 16e[146]. La London School of Economics est souvent décrite comme une institution phare pour la recherche en sciences sociales[147]. La London Business School est considérée comme l'une des meilleures écoles de second cycle universitaire en économie et administration. En 2015, son programme MBA est classé deuxième mondial par le Financial Times[148].
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Avec plus de 120 000 étudiants à Londres, l'université fédérale de Londres est la plus grande université du Royaume-Uni[149]. Elle inclut cinq universités indépendantes — City, King's College London, Queen Mary, Royal Holloway et UCL — et des institutions plus petites et plus spécialisées telles que Birkbeck, le Courtauld Institute of Art, Goldsmiths, Guildhall School of Music and Drama, la London Business School, la London School of Economics, la London School of Hygiene & Tropical Medicine, la Royal Academy of Music, la Central School of Speech and Drama, le Royal Veterinary College et la School of Oriental and African Studies[150]. Les membres de l'université de Londres ont leur propres procédures d'admission, et certaines offrent leur propre diplôme.
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Il existe d'autres universités n'étant pas affiliées à l'université de Londres, comme le prestigieux Imperial College London ou encore Brunel University, Kingston University, London Metropolitan University, University of East London, University of West London, University of Westminster, London South Bank University, Middlesex University, et la University of the Arts London (qui est la plus grande université d'arts en Europe). Il existe de plus trois universités internationales à Londres — Regent's University London, Richmond, The American International University in London et Schiller International University.
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Londres inclut cinq écoles de médecines de pointe — Barts and The London School of Medicine and Dentistry (Queen Mary), l'école de médecine de King's College London (la plus grande école médicale d'Europe), l'école de médecine de l'Imperial College, l'école de médecine de UCL et St George's, University of London. C'est l'un des plus grands centre de recherche biomédicale avec notamment l'institut Francis Crick[151] fondé par l'Imperial College, King's College et UCL.
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Il y a un grand nombre d'écoles de commerce à Londres, dont la London School of Business and Finance, la Cass Business School, la Hult International Business School, ESCP Europe, l'European Business School London, l'Imperial College Business School, la London Business School et la UCL School of Management.
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Au sein de la cité de Westminster, le quartier de West End regroupe un grand nombre d'attractions autour de Leicester Square, où de nombreux films sont joués en avant-première britannique et mondiale, et Piccadilly Circus et ses publicités électroniques couvrant de nombreux bâtiments.
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Dans cette zone se trouvent également le quartier des théâtres de Londres qui regroupe de nombreux cinémas, bars, pubs, boîtes de nuit, restaurants ainsi que le quartier chinois de Londres. Un peu plus à l'est se trouve Covent Garden. Shoreditch et Hoxton, situés à Hackney dans l'East End regroupent également de nombreux bars, restaurants, night-clubs et galeries. Upper Street, une rue de 2 km de long du district d'Islington, compterait plus de bars que n'importe quelle autre rue au Royaume-Uni. C'est également la première rue à proposer un accès internet sans fil dans ses cafés.[réf. nécessaire]
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Oxford Street, souvent citée comme étant la plus longue rue commerçante au monde, regroupe plus de 300 commerces sur environ 2 km, depuis Marble Arch, et accueille près de 200 millions de clients par an[152]. Bond Street à Mayfair abrite de nombreuses boutiques de luxe, de même que le quartier de Knightsbridge où se situe Harrods. Les quartiers de Knightsbridge (Sloane Street), Mayfair (Bond Street, Brook Street) et Chelsea (King's Road) regroupent de nombreux créateurs et boutiques de mode dont Vivienne Westwood, John Galliano, Stella McCartney, Manolo Blahnik et Jimmy Choo. Londres abrite également de nombreux marchés, dont Camden market pour la mode, Portobello Road pour les antiquités et Borough Market pour les produits bios.
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Londres fait partie des 4 capitales de la mode, aux côtés de Paris, Milan et New York. La Fashion Week de Londres qui a lieu depuis 1984 compte parmi les plus importantes semaines de la mode du monde.
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Londres est connue pour son rôle mélangeant créativité débridée et conservatisme, sa mode de rue, ainsi que sa mode masculine traditionnelle symbolisée par Savile Row. Dans les années 1960, c'est le Swinging London : Londres compte alors près de deux mille magasins de vêtements, et Carnaby Street en est l'épicentre, mais aussi King's Road à Chelsea. A la fin des années 1970, c'est la mode punk, notamment représentée par Vivienne Westwood, qui remet Londres sur le devant de la scène. Au début du XXIè siècle des créateurs comme John Galliano, Alexander Mc Queen, Stella McCartney ou Jimmy Choo témoignent du dynamisme de la ville. Le Central Saint Martins College of Art and Design est une des plus prestigieuses écoles de mode et de stylisme au monde. La ville occupe ainsi une place éminente sur la scène mondiale dans les secteurs liés au luxe. En 2017 Londres s'est classée deuxième ville dans le monde, après Paris, pour le nombre d'ouvertures dans le secteur du luxe et des produits premium.
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Londres abrite également de nombreuses écoles des arts du spectacle comme la Central School of Speech and Drama, d'où sont sortis Judi Dench et Laurence Olivier, la London Academy of Music and Dramatic Art, où ont été formés Jim Broadbent et Donald Sutherland entre autres, ainsi que la Royal Academy of Dramatic Art, qui compte Joan Collins et Roger Moore parmi ses anciens élèves. Le Festival du film de Londres, organisé par le British Film Institute, se tient dans la ville tous les ans en octobre.
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Londres possède un panel de musées parmi les plus importants au monde. On en compte 240 (contre 173 à Paris), musées, galeries et autres institutions, dont beaucoup sont gratuits et sont des attractions touristiques majeures et jouent un rôle de recherche. Le premier d'entre eux à avoir été créé était le British Museum de Bloomsbury, en 1753. Contenant à l'origine des antiquités, des spécimen d'histoire naturelle et la bibliothèque nationale, le musée compte maintenant 7 millions d'artefacts provenant du monde entier. En 1824, la National Gallery a été fondée pour abriter la collection nationale britannique de peintures occidentales. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la localité de South Kensington a été développée comme " Albertopolis ", un quartier culturel et scientifique. Trois grands musées nationaux s'y trouvent: le Victoria and Albert Museum, plus grand musée d'arts appliqués du monde, le musée d'histoire naturelle, et le Science Museum. La National Portrait Gallery a été fondée en 1856 pour abriter des représentations de personnages de l'histoire britannique; ses collections comprennent désormais la plus vaste collection de portraits au monde. La galerie nationale d'art britannique est à la Tate Britain, créée à l'origine comme une annexe de la National Gallery en 1897. La Tate Gallery, comme on l'appelait auparavant, est également devenue un centre majeur de l'art moderne; en 2000, cette collection a déménagé à la Tate Modern, une nouvelle galerie installée dans l'ancienne centrale électrique de Bankside. On peut également citer le National Maritime Museum de Greenwich, le plus grand de son genre au monde, la Wallace Collection, une des plus belles collections privées d'art au monde, ou le célèbre Madame Tussauds.
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La British Library est l'une des plus grandes bibliothèques du monde et la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Il existe de nombreuses autres bibliothèques de recherche, dont la Wellcome Library et le Dana Center , ainsi que des bibliothèques universitaires , notamment la British Library of Political and Economic Science à LSE, la Central Library à Imperial, la Maughan Library à King's et la Bibliothèque de Senate House à l'Université de Londres.
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Londres est une des capitales mondiales de la musique classique et pop/rock.[réf. nécessaire] La ville abrite le siège d'une des quatre grands majors du disque, EMI Group, ainsi que d'innombrables musiciens, groupes, orchestres et professionnels de la musique.
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Cinq orchestres professionnels sont basés à Londres : l'Orchestre symphonique de Londres, l'Orchestre philharmonique de Londres, l'Orchestre philharmonique royal, l'Orchestre Philharmonia et l'Orchestre symphonique de la BBC. De nombreux autres orchestres sont également situés dans la ville : l'Orchestre de l'âge des Lumières, le London Sinfonietta et les ensembles London Mozart Players et English Chamber Orchestra. Le point culminant de la saison classique se produit tous les ans en été avec The Proms, une série d'environ 70 concerts de musique classique au Royal Albert Hall.
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Londres possède deux principaux opéras : le Royal Opera House et le Coliseum Theatre. Les ballets Royal Ballet et l'English National Ballet se produisent au Royal Opera House, au Sadler's Wells Theatre et au Royal Albert Hall.
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Voir la page « Musique à Londres »
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Londres abrite de nombreuses salles de concerts pop/rock telles Earls Court et Wembley Arena, la Carling Brixton Academy ou l'Hammersmith Apollo, et d'innombrables salles plus intimistes. De nombreux artistes résidents à Londres et dans les Home Counties environnants. La ville a vu s'ouvrir le tout premier Hard Rock Cafe ainsi que les célèbres studios Abbey Road.
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En tant que principale agglomération du Royaume-Uni, Londres a joué un rôle majeur dans la naissance des différents courants de musiques urbaines, punk et électroniques,[réf. nécessaire] tels que le drum and bass, garage, grime et dubstep. De nombreux artistes de hip-hop britannique[153] habitent également à Londres.
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En 2006, DJ Magazine a publié une enquête réalisée auprès de 600 DJ internationaux qui a établi que Londres abritait trois des meilleurs night-clubs au monde : le Fabric[154], The End et le Turnmills. En 2007, lors d'un nouveau sondage, le Fabric a été classé en deuxième position et The End en quatrième position ; six clubs londoniens se trouvent dans les cinquante premières places[155].
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Londres joue un rôle important dans l'industrie cinématographique. Quatre grands studios sont situés dans la ville : Pinewood, Ealing, Shepperton, Elstree, ainsi que Leavesden. De nombreuses entreprises spécialisées dans la postproduction et les effets spéciaux, comme Working Title Films ont leur siège à Londres. De nombreux films ont pour cadre la ville et ont été tournés à Londres même : Oliver Twist (1948), Scrooge (1951), Peter Pan (1953), Les 101 Dalmatiens (1961), My Fair Lady (1964), Mary Poppins (1964), Blow Up (1966), Du sang sur la Tamise (1980), Coup de foudre à Notting Hill (1999), 28 jours plus tard (2002), Love Actually (2003), V for Vendetta (2005), Match Point (2005), The Queen (2006) ou Le Discours d'un Roi (2010). Ce sont aussi et surtout les célèbres sagas Harry Potter (qui s'est déroulée entre autres à Londres gare de King's Cross par exemple) et James Bond (comme dans Skyfall en 2012). Les acteurs et cinéastes londoniens célèbres comprennent Charlie Chaplin, Alfred Hitchcock, Michael Caine, Helen Mirren, Gary Oldman, Christopher Nolan, Jude Law, Benedict Cumberbatch, Tom Hardy, Keira Knightley et Daniel Day-Lewis. La National Film and Television School créée en 1971 est une des plus prestigieuses écoles de cinéma du monde. Depuis 2008, les British Academy Film Awards ont eu lieu au Royal Opera House. Londres est un centre majeur pour la production télévisuelle, avec des studios dont le BBC Television Centre, The Fountain Studios et The London Studios.
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Londres est un des premiers centres de communication au monde avec la présence d'un grand nombre d'entreprises de communication[156]. La plupart des grands médias britanniques et tous les grands réseaux de télévisions nationaux, dont BBC News, le plus important service d'information au monde[157], ont leur siège à Londres. Environ 53 % des emplois britanniques liés à la télévision et à la radio sont concentrés à Londres[158]. Cette concentration a souvent amené certains commentateurs à critiquer le centrage du Royaume-Uni sur Londres[156]. Cela a amené certains grands médias à délocaliser certains de leurs locaux : la BBC a annoncé en juin 2004 que ses services sport et jeunesse seraient transférés à Manchester, au nord de l'Angleterre[159]. Les autres réseaux installés à Londres comptent parmi eux ITV, Channel 4, Channel 5 et BSkyB. Tout comme la BBC, ces médias produisent parfois leurs programmes ailleurs au Royaume-Uni mais Londres reste tout de même le principal lieu de production. Les programmes locaux sont proposés par les services régionaux des principaux réseaux : BBC London sur BBC One et ITV London sur ITV1.
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Il existe de nombreuses chaînes de radio disponibles à Londres. Les radios locales comprennent Capital Radio, Heart 106.2, Kiss 100 et Xfm. Les radios d'informations et de débats comprennent BBC London, LBC 97.3 et LBC News 1152.
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Le marché des journaux à Londres est dominé par les éditions nationales des grands journaux britanniques, tous édités dans la capitale. Jusque dans les années 1970, la plupart des journaux nationaux étaient concentrés sur Fleet Street mais dans les années 1980, ils ont été délocalisés dans des entrepôts plus spacieux, susceptibles d'accueillir des imprimeries automatiques. La plupart se trouvent aujourd'hui dans l'Est de Londres. À Wapping, en 1986, SOGAT 82, le syndicat des imprimeurs s'est fortement opposé à ces délocalisations, menant à de nombreux affrontements avec les forces de police[160]. La dernière grande agence de presse de Fleet Street, Reuters, a déménagé à Canary Wharf en 2005 mais Fleet Street reste un terme toujours fortement associé à la presse nationale.
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Il existe deux journaux locaux à Londres, l'Evening Standard et Metro, tous les deux gratuits. Ils sont disponibles dans la rue ainsi que dans le métro et les gares. Time Out Magazine, un guide indépendant hebdomadaire fournit la liste des concerts, films, pièces de théâtre et autres activités culturelles depuis 1968. Il existe de nombreux autres journaux locaux dans l'agglomération londonienne, rapportant des informations très locales.
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Londres est au centre de l'industrie télévisuelle et cinématographique britannique, avec les principaux studios à l'ouest de la ville et un important secteur de post-production basé à Soho. Londres est, avec New York, un des deux principaux centres d'édition de langue anglaise.
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Tout au long de l'année il y a de très nombreux événements, à commencer par le défilé du nouvel an (relativement récent), un feu d'artifice au London Eye ; La deuxième plus grande fête de rue au monde, le carnaval de Notting Hill, a lieu chaque année à la fin août. Les défilés traditionnels incluent le Lord Mayor's Show (Procession du Lord Maire) de novembre, un événement séculaire célébrant la nomination annuelle d'un nouveau Lord-maire de la City de Londres avec une procession dans les rues de la ville, et Trooping the Colour, un spectacle militaire officiel organisé par les régiments du Commonwealth et britanniques pour célébrer l'anniversaire officiel de la Reine. Le Boishakhi Mela est un festival du nouvel an bengali célébré par la communauté bangladaise britannique. Il s'agit du plus grand festival asiatique en plein air d'Europe, et du deuxième plus grand festival de rue du Royaume-Uni, attirant plus de 80 000 visiteurs de tout le pays.
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Au XXe siècle, Londres a accueilli à de nombreuses occasions des événements sportifs d'envergure mondiale, comme les Jeux olympiques d'été à trois reprises, en 1908, en 1948 et en 2012, ce qui en fait la première ville à recevoir les J.O. à trois reprises. En 1934, les Jeux du Commonwealth se sont également tenus dans la capitale britannique.
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Le sport le plus populaire à Londres est le football (tant par le nombre de joueurs que par le nombre de spectateurs)[162]. La ville possède quatorze clubs de foot de Football League dont six qui évoluent en Premier League pour la saison 2016/2017 (Arsenal, Chelsea, Crystal Palace,Tottenham Hotspur, Watford et West Ham United), les autres clubs évoluant dans les trois divisions inférieures (l'AFC Wimbledon, Brentford, Charlton Athletic, Dagenham & Redbridge, Fulham, Leyton Orient, Millwall et Queens Park Rangers). Il existe également de nombreux clubs non-leagues ou amateurs. Londres compte quatre clubs de rugby évoluant dans le championnat d'Angleterre (London Irish, Saracens, London Wasps et Harlequins) bien que seuls les Harlequins jouent vraiment à Londres (les autres clubs jouent en dehors du Grand Londres). Le club des Harlequins Rugby League évolue lui en Super League. Les autres clubs londoniens de rugby sont Richmond FC, Blackheath RC, Rosslyn Park et Barnes R.F.C. Londres accueille aussi tous les ans un tournoi de rugby à sept comptant pour les World Rugby Sevens Series, le London rugby sevens.
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Twickenham, dans l'Ouest de Londres, est le stade national de rugby et peut accueillir 82 000 spectateurs. Le nouveau stade de Wembley peut accueillir désormais jusqu'à 90 000 spectateurs pour l'équipe d'Angleterre de football ainsi que pour les finales de la Coupe d'Angleterre de football, la Coupe de la ligue de football et de rugby. Les autres stades de football principaux sont l'Emirates Stadium pour Arsenal (60 000 places), Stamford Bridge pour Chelsea (41 000 places), Tottenham Hotspur Stadium (62 000 places) pour Tottenham, Craven Cottage pour Fulham. Le club de West Ham United a quitté son stade d'Upton Park en 2016 pour s'établir dans le stade olympique de Londres construit à l'occasion des JO 2012.
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Le cricket se joue principalement à Londres sur deux terrains de test cricket, le Lord's Cricket Ground (qui accueille le Middlesex CC) à St. John's Wood et l'Oval (qui accueille le Surrey CC) à Kennington. Le baseball devient de plus en plus populaire avec Londres ayant plusieurs ligues et équipes fortes comprenant Croydon Pirates et London Mets. Les autres rendez-vous annuels sportifs à Londres incluent le mythique tournoi de Wimbledon qui se tient au All England Lawn Tennis and Croquet Club à Wimbledon, le plus ancien et le plus prestigieux tournoi de tennis au monde, le marathon de Londres qui accueille 35 000 participants, la Boat Race qui, depuis 153 ans, voit s'affronter sur la Tamise, entre Putney et Mortlake, les clubs d'aviron, de l'université de Cambridge et d'Oxford, et également le meeting international d'athlétisme London Grand Prix.
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Londres a accueilli les Jeux olympiques d'été en 2012. La Lower Lea Valley est choisi pour devenir le parc et le village olympique. Les installations sont reliées entre elles par une navette à haute vitesse, surnommé The Olympic Javelin. Des transports sont créés pour être capables de déplacer 240 000 personnes par heure[163]. Après la clôture des jeux, la région est transformée en un grand parc urbain[164], en bureaux et en logements.
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Londres est une capitale gastronomique et propose des plats internationaux éclectiques. Les Londoniens parlent souvent de la cuisine. Les pubs et la nourriture qu'ils proposent sont très à la mode[165]. Enfin des plats britanniques typiques comme le fish and chips (poisson-frites), le haggis (panse de brebis farcie), les pies (tourtes à l'anglaise de diverses garnitures) ou encore le Sunday roast (le rôti de bœuf du dimanche, ou roast beef à l'origine du terme français rosbif) font aussi partie de la gastronomie londonienne[166].
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Le Sunday roast.
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Le fish and chips.
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Les armes de Londres se blasonnent de cette façon : « d'argent à la croix de gueules, le canton dextre du chef chargé d'une épée du même. »[167]
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Les taux de criminalité varient considérablement d'une région à l'autre de Londres. La police métropolitaine publie des statistiques détaillées sur les crimes, ventilées par catégorie au niveau des arrondissements et des quartiers, sur son site web depuis 2000.
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En 2015, il y a eu 118 homicides, soit une augmentation de 25,5 % par rapport à 2014. La criminalité connaît un nouvel accroissement en février et mars 2018, après une augmentation du taux d'homicide de 40 % en trois ans[168]. La capitale britannique dépasse ainsi les chiffres de la ville de New York[169],[170]. Néanmoins, les chiffres pour 2017 sont de 116 meurtres à Londres pour un total annuel de 290 à New York[171].
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La plupart des victimes sont noires et ces homicides seraient essentiellement liés au trafic de drogue et aux règlements de comptes entre gangs de dealers[172].
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Voir les pages « Culture à Londres », « Catégorie:Personnage de fiction habitant Londres »
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Les personnages de Sherlock Holmes, Jack l'Éventreur et d'Oliver Twist sont connus et rattachés à l'histoire culturelle de Londres.
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Voir les pages « Œuvre littéraire se déroulant à Londres » et « Roman se déroulant à Londres »
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Londres a inspiré de nombreux auteurs et été le sujet de multiples œuvres de littérature. William Shakespeare a passé une grande partie de sa vie et a également travaillé à Londres. Son contemporain Ben Jonson a également vécu à Londres et certains de ses écrits, notamment L'Alchimiste, se déroulent dans la ville. Concernant ceux ayant écrit l'histoire de la ville, on peut citer Samuel Pepys (1633-1703), qui a notamment relaté de grands événements comme l'épidémie de peste de Londres et le grand incendie de 1666. Charles Dickens (1812-1870) est étroitement associés à la ville, dont la description d'un Londres embrumé, neigeux et crasseux aux rues remplies de balayeurs et pickpockets a eu une influence majeure sur la perception de la ville à l'époque victorienne.
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Life of Johnson (en), la biographie de James Boswell se déroule principalement à Londres et est à l'origine de la fameuse citation de Samuel Johnson : « Quand un homme en a assez de Londres, il en a assez de la vie car il y a à Londres tout ce que la vie peut apporter » (When a man is tired of London, he is tired of life; for there is in London all that life can afford)[173]. Le Journal de l'année de la peste (en) de Daniel Defoe est une œuvre de fiction basée sur la grande peste de 1665.
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À travers Phileas Fogg, héros du roman Le Tour du monde en quatre-vingts jours (paru en 1872), son auteur Jules Verne se plait à représenter l'archétype du gentleman anglais victorien, vu par les Français. Cet « homme-horloge », très stoïque, mène une vie réglée à la minute près, exerçant quotidiennement les mêmes activités, se résumant à celles pratiquées au Reform Club, club de gentlemen londonien. Le roman de 1933 de George Orwell Dans la dèche à Paris et à Londres décrit la vie des pauvres dans les deux capitales britannique et française. Peter Ackroyd est un écrivain moderne qui a également été influencé par la ville, notamment dans London: The Biography, The Lambs of London et Hawksmoor. Bloomsbury et le quartier d'Hampstead ont traditionnellement été au cœur du courant de littérature de Londres. Le poète Paul Verlaine s'y installa en 1875 durant deux ans et y séjourna à plusieurs reprises. Il évoque sa vie londonienne dans plusieurs de ses œuvres, telles que Un tour à Londres (1894), plusieurs de ses lettres (notamment à Edmond Lepelletier), ainsi que quelques dessins.
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Londres est une ville privilégiée dans les polars, où elle sert de décor de manière très récurrente. Un incontournable de ce genre est la série des aventures de Sherlock Holmes d'Arthur Conan Doyle, dépeignant la ville au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Un autre héros célèbre de la littérature policière britannique vit dans cette ville, le détective belge Hercule Poirot, créé par Agatha Christie et apparu en 1920.
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Londres inspira aussi beaucoup la littérature fantastique, comme l'illustre le roman de Robert Louis Stevenson L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886).
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Voir la page « Londres dans la peinture »
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Un des peintres anglais les plus célèbres, le romantique William Turner, représenta Londres dans plusieurs de ses œuvres, comme dans une série de Vues de Londres depuis Greenwich, ou bien L'Incendie de la Chambre des Lords et des Communes (1835). Quant à William Hogarth, il est à l'origine d'une série de six tableaux et gravures, réalisées entre 1731 et 1732 : La Carrière d'une prostituée.
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La capitale anglaise attira beaucoup les artistes européens (en particulier français) de la fin du XIXe siècle, qui leur permettait de se dépayser sans aller loin ; ce fut principalement le cas des peintres[174]. Un des meilleurs exemples est certainement Claude Monet, qui y séjourna plusieurs fois, y résida et y exposa. Dans ses œuvres, il confondit dans les mêmes brouillards impressionnistes les villes de Londres, de Venise ou la Normandie. Parmi ses œuvres londoniennes, on peut citer la série des Parlements de Londres (19 peintures du Parlement, conçues entre 1900 et 1905), celle des Charing Cross Bridge (série de 37 tableaux peints entre 1899 et 1904, représentant le Hungerford Bridge) et, plus généralement, des représentations de la Tamise. Toujours en matière de ponts, son compatriote Alfred Sisley peignit en 1874 Sous le pont de Hampton Court. James Tissot, lui, préféra représenter le portique de la National Gallery dans quelques-unes de ses œuvres. Dans les scènes historiques, Édouard Cibot représenta en 1835 Anne Boleyn à la Tour de Londres, où l'on voit Anne Boleyn (mère de la reine Élisabeth Ire), accusée d'intriguer, emprisonnée à la tour de Londres.
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Walter Sickert, postimpressionniste anglais d'origine allemande, était fasciné par l'affaire de Jack l'Éventreur. Il était convaincu de loger dans la même chambre que le criminel occupait avant son arrivée. C'est pour cela qu'il nomma cette pièce la Jack the Ripper's bedroom et qu'il représenta (vers 1907) sur une peinture de ce titre. Il fut lié à cette affaire, au point qu'il figure sur la liste des suspects ayant pu jouer le rôle de l'assassin ou de son complice.
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Le peintre et graveur américain James McNeill Whistler aussi figura la ville dans ses œuvres. Il immortalisa dans Nocturne en bleu et or - le Vieux Pont de Battersea (vers 1872-1875) l'ancien pont de Battersea, détruit en 1885 pour être remplacé l'année suivante par la version actuelle.
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Voir la page « Bande dessinée se déroulant à Londres »
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Dans les bandes dessinées ayant pour cadre la capitale britannique, on peut citer celles reprenant des personnages littéraires tels que Sherlock Holmes, dont plusieurs séries de BD reprennent le héros ou des personnages secondaires. Mais il existe aussi beaucoup de séries originales la mettant en scène.
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Pour les britanniques, on peut citer plusieurs oeuvres scénarisée par Alan Moore, telle que série de comics La Ligue des gentlemen extraordinaires (depuis 1999), dessinée par Kevin O’Neill, réunissant plusieurs héros de la littérature du XIXe siècle. Du même auteur, la BD américaine dessinée par Eddie Campbell, From Hell (1991-1996), suit l'affaire Jack l'Éventreur.
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En dehors de la Grande-Bretagne, on pense bien-sûr à la série de science-fiction Blake et Mortimer, créée par le bédéiste belge Edgar P. Jacobs en 1946. Les deux héros résident dans Londres et plusieurs épisodes s'y déroulent, dont le principal est La Marque jaune (1953-1954), dans lequel un mystérieux criminel y sème la terreur. Toujours dans la BD belge, un double épisode de la série Largo Winch (Jean Van Hamme et Philippe Francq) prend également place dans cette ville : Chassé-croisé / Vingt secondes.
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Dans Astérix chez les Bretons (1965), épisode de la série française Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, les héros passent par le Londres antique, Londinium. Celui-ci parodie la ville moderne, avec ses bardes à succès, sa tour prison lugubre, ses bus impériaux…
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Voir la page « Jeu vidéo se déroulant à Londres »
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Ailuropoda melanoleuca
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Le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) est une espèce de mammifères, habituellement classée dans la famille des ursidés (Ursidae), endémique de la Chine centrale. Il fait partie de l'ordre des Carnivores, même si son régime alimentaire est constitué à 99 % de végétaux, principalement du bambou.
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Il ne vit que dans le centre de la Chine, dans des régions montagneuses recouvertes de forêts d'altitude, des provinces du Sichuan et du Gansu (dans les régions traditionnelles de l'Amdo et du Kham du Tibet oriental), ainsi qu'au Shaanxi, entre 1 000 et 4 000 mètres.
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Morphologiquement, son nom chinois est « grand chat-ours » (大熊猫, dà xióngmāo)[1]. En tibétain son nom signifie ours-panaché (tibétain : དོམ་ཁྲ, Wylie : dom khra). Le nom scientifique du panda géant est Ailuropoda melanoleuca, melanoleuca signifiant « noir-blanc ». Ailuropoda vient du grec αἴλουρος qui signifie « chat » (d'aiolos « qui se meut sans cesse », et oura « queue ») et de pous - podos qui signifie pied. L'espèce Ailurus fulgens désigne le panda roux. L'étymologie d'Ailurus est la même[2].
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Jusqu'en 1901, le panda géant était connu par les anglophones sous le nom de « parti-coloured bear[3] ». Par la suite, il fut lié au panda roux (Ailurus fulgens), dont il possède des caractéristiques communes comme le « sixième doigt » ou « faux pouce », qu'il partage également avec Simocyon batalleri, l'ancêtre européen d'il y a 9 millions d'années du panda roux, ayant la taille d'un puma, retrouvé à Batallones-1, près de Madrid[4]. Ailurus fulgens appartient en réalité à une autre famille, les Ailuridae, dans la superfamille des Musteloidea, qui comprend également les belettes, les moufettes et les procyonidés.
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Le panda géant est volumineux et massif : il pèse de 80 à 125 kg, avec une moyenne de 105,5 kg ; il mesure de 1,50 à 1,80 mètre de longueur, avec une moyenne de 1,65 mètre[5]. Comme chez la majorité des grands mammifères, les femelles sont généralement plus petites et moins massives[6].
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Le panda est noir et blanc. Il est majoritairement constitué de blanc, avec les oreilles, les pattes et le contour des yeux noirs. Son pelage épais le protège du froid des régions de haute altitude où il vit.
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Le panda possède six doigts dont un « faux pouce » opposable à ses cinq doigts. Phénomène de convergence évolutive, il provient de la transformation d'un os du poignet modifié (l'os sésamoïde). Stephen Jay Gould a utilisé cette particularité anatomique comme un exemple de « bricolage évolutif » dans son essai Le Pouce du panda[7]. Ce pouce est une adaptation liée à l'alimentation (il sert notamment à attraper les tiges de bambou dont il se nourrit en grande quantité) ou au déplacement[8].
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Herbivore, il a de puissantes dents, pour broyer les bambous. Il possède 42 dents.
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Son ouïe et son odorat sont très fins : il utilise surtout ces deux sens pour s'orienter et se repérer. Sa vue, en revanche, est plutôt médiocre : moins bonne que celle du chat ou de l'homme.
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Le Panda de Qinling est une sous-espèce de panda résidant uniquement dans les montagnes de Qinling en Chine a une altitude de 100 à 3 000 m[9]. Il se distingue notamment par sa fourrure ventrale brune.
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La classification taxonomique précise du panda a longtemps été discutée. Ainsi, « dans le passé, le panda roux a été classé dans une famille séparée, les Ailuridae avec le panda géant », mais cette classification est aujourd'hui abandonnée au bénéfice d'un classement du Panda géant chez les ursidés, classification basée sur sa dentition, l'étude de son squelette et la génétique[10],[11].
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Autre classification devenue obsolète, « tant le panda géant [...] que petit panda roux (Ailurus fulgens) ont été regroupés dans le passé comme procyonidés », la famille des ratons laveurs. Même si cette classification est également abandonnée, elle rappelle que les ursidés et les procyonidés sont deux sous-groupes assez proches parmi les carnivora[12].
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Deux sous-espèces sont distinguées, la sous-espèce type A. m. melanoleuca et A. m. qinlingensis, le panda de Qinling qui se trouve dans la province du Shaanxi.
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Sa description tardive en Occident s'explique par son habitat situé dans des régions difficiles d'accès aux Européens avant le milieu du XIXe siècle.
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« Le panda géant est confiné à la Chine du centre-sud. Actuellement, il se trouve dans certaines parties de six chaînes de montagnes isolées (Minshan, Qinling, Qionglai, Liangshan, Daxiangling et Xiaoxiangling), dans les provinces du Gansu, du Shaanxi et du Sichuan (environ 75 % de la population habite la province du Sichuan). L'habitat du panda englobe environ 30 000 kilomètres carrés entre 102 et 108,3° de longitude est, et 28,2 à 34,1° de latitude nord[10] ».
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Il habite des forêts de bambous, un habitat qui n'a cessé de régresser au bénéfice de l'agriculture, ne lui laissant aujourd'hui que des îlots dispersés et isolés les uns des autres[10].
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Le panda géant est habituellement représenté mangeant paisiblement du bambou plutôt que chassant, ce qui ajoute à son image de l'innocence. En effet, bien que classé parmi les Carnivores (classe des Carnivora)[10], cet animal se nourrit principalement de végétaux. Même s'il a été rapporté qu'il mange à l'occasion des œufs et des insectes, son régime alimentaire est constitué à 99 % de végétaux, quasi uniquement de bambous (jusqu'à 20 kg par jour), bien que cette plante soit peu digeste[10], mais peut inclure ponctuellement d'autres végétaux, et même un peu de viande (petits rongeurs, poissons...[13]). Son origine de Carnivore explique d'ailleurs qu'il dispose d'un système digestif capable de digérer de la viande[14]. Son microbiote serait plus proche de celui de ses homologues carnassiers ou omnivores, que de celui des herbivores stricts[15]. Il possède peu des bactéries que l'on retrouve chez les herbivores, tels que les ruminants, qui décomposent la cellulose, composant principal du bambou. Les scientifiques pensent que les pandas ont commencé à manger du bambou à une époque lointaine où les autres sources de nourriture sont devenues rares, et auraient vécu sur cette niche alimentaire depuis quatre millions d'années[13].
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Son faux pouce lui permet de cueillir et de tenir les tiges de bambou. Il passe près de 14 heures par jour à les mastiquer en raison de sa faible capacité à assimiler la cellulose (privé de cæcum, comme n'importe quel ursidé, il ne peut en digérer que 17 %). Les pousses sont avalées tout entières, mais il ne garde que le cœur et rejette l'écorce. Le transit intestinal dure environ huit heures. Beaucoup de forêts de bambous chinoises sont aujourd'hui exploitées par l'homme ou ont été défrichées pour devenir des terres cultivables. C'est une des raisons de la forte régression de l'espèce, qui ne dispose plus de son aliment de base.
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Le génome du panda a été séquencé par une équipe chinoise en 2010[14] : ses 21 000 gènes contiennent notamment tous ceux codant les enzymes caractéristiques d'un régime carnivore (typique des ursidés) mais celui qui code le récepteur de la saveur de l'umami est muté, ce qui pourrait rendre inactif ce récepteur sensible à la saveur des viandes, et ainsi expliquer en partie pourquoi le panda a un régime alimentaire essentiellement végétarien, alors qu'il est, du point de vue phylogénétique, un carnivore[14].
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Les pandas atteignent une maturité sexuelle entre 5 ans et demi et 6 ans. Ils ne peuvent se reproduire que quelques jours par an, ce qui rend leur reproduction difficile. La durée de la gestation est d'environ 112 à 163 jours (137,5 jours en moyenne). La mère peut donner naissance à un ou deux petits, rarement trois, avec une moyenne de 1,7 petit par portée[5]. Cependant celle-ci ne s'occupe que d'un seul petit et les autres meurent rapidement, peut-être parce que l'énergie nécessaire pour en élever plus est trop élevée, mais le débat n'est pas clos sur cette question. En ce qui concerne les animaux en captivité, afin d'éviter cette perte, des chercheurs américains font actuellement des études sur le fait d'alterner les petits, ainsi la mère s'occupe des deux petits sans s'en rendre compte. À sa naissance, le petit pèse à peine entre 85 et 140 grammes (110 grammes en moyenne)[5] et est élevé uniquement par sa mère. Après environ 46 semaines, le petit est totalement sevré, et il peut se débrouiller seul à environ 18 mois[5].
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Ayant une fécondité naturellement faible, ils ont aussi beaucoup de difficultés à se reproduire en captivité. Le mâle, avec sa nourriture à portée de main, prend l'habitude de ne pas faire d'efforts, même pour se reproduire. Des problèmes psychologiques renforcent ce phénomène.
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Au Centre de recherche sur la reproduction des pandas géants à Chengdu (Chine), seulement 10 % d'entre eux s'accouplent, et seulement 30 % des femelles accouplées font des petits.
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Afin de sauvegarder cette espèce menacée, les zoos et les centres d'élevage ont souvent recours à l'insémination artificielle. Les premiers succès de cette technique ont été obtenus au zoo de Pékin dès 1978.
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L'espérance de vie en captivité est de 20-25 ans, le record de longévité étant détenu par Jia Jia, une femelle hébergée à l'Ocean Park Hong Kong, qui est morte à 38 ans le 16 octobre 2016 (l'équivalent de 100 années humaines)[16]. Dans la nature, la longévité de l'animal est mal connue, mais serait d'une quinzaine d'années[17].
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Un panda femelle est mort en 2014 dans un zoo en Chine après des symptômes gastroentériques et respiratoires. La cause de la mort a été attribuée à une infection par Toxoplasma gondii, agent de la toxoplasmose, une maladie qui peut affecter la plupart des animaux à sang chaud et les humains[18].
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Leur habitat est réduit à six régions dispersées en Chine, dans des forêts de montagnes situées de 1 800 à 3 500 m d’altitude.
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Il y a, en 2014, 26 réserves[17] qui hébergent environ 60 % des 1 000[17] à 3 000[19] pandas survivants.
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Au sein de ces parcs protégés comme en pleine nature, les animaux sont éparpillés en minuscules groupes ne circulant pas librement d’une montagne à l’autre en raison des vallées occupées par l’homme, ce qui ne favorise pas la reproduction.
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Cette espèce, très menacée, figure sur la liste des espèces de l'annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, dite convention de Washington).
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En Chine, tuer un panda a longtemps été passible de peine de mort, mais cette peine a été remplacée par de la prison en 2010[20].
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Leur habitat se réduit sans cesse, car les hommes abattent de plus en plus les forêts pour le bois et l'agriculture, et il reste donc de moins en moins de bambous.
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De plus, les pandas géants sont parfois tués pour leur pelage ou meurent dans des pièges qui ont été placés pour attraper d'autres animaux. Le léopard des neiges peut aussi exercer une prédation, en particulier sur des jeunes[17].
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Le bambou lui-même représente un problème pour la survie des pandas géants. Une fois que le bambou fleurit — tous les 65 à 120 ans environ — il meurt, et il faut compter dix ans avant que de nouvelles pousses aient une taille suffisante pour servir de nourriture. Parfois, des forêts entières de bambous disparaissent ainsi, et le panda n'a plus de quoi se nourrir. Autrefois, lors des périodes de floraison grégaire, les pandas pouvaient migrer vers d'autres zones où des cohortes de bambous non florifères étaient en phase de croissance. Cependant, la fragmentation du territoire induite par l'expansion de l'agriculture, empêche désormais les pandas de se déplacer comme il le faisaient auparavant vers des zones de bambous en phase de végétation. Ainsi, la menace principale pour la population de pandas est principalement liée à la destruction de leur habitat plutôt qu'à la floraison grégaire des bambous[21].
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La fragmentation de leur habitat est particulièrement dangereuse pour les pandas, vu qu'ils doivent s'adapter aux cycles de vie des bambous. De petites populations isolées de pandas géants, dont le régime alimentaire se compose quasi exclusivement de diverses variétés de bambou que l'on trouve dans les hautes régions montagneuses, sont confrontées à un risque de croisements d'animaux de même souche. De tels croisements réduisent la résistance aux maladies, l'adaptabilité aux changements environnementaux et les taux de reproduction[réf. nécessaire].
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Plusieurs projets de protection ont été mis sur pied, comprenant entre autres la création de 33 réserves réparties dans les provinces de Sichuan, Gansu et Shaanxi, en Chine, à l’est du plateau tibétain, où vivent les pandas géants.
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Les programmes de protection du panda englobent aussi la formation de gardes spécialisés dans la lutte contre le braconnage, la mise au point de plans de gestion pour toutes les réserves, nouvelles et existantes, et la poursuite de l’étude des pandas sur le terrain.
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Les pandas géants font l'objet d'un important programme d'élevage en captivité en Chine, et dans une moindre mesure dans d'autres pays. Les scientifiques chinois ont développé des techniques de fécondation artificielle pour contourner le principal problème concernant la reproduction des pandas géants : le fait que ceux-ci ne soient naturellement en chaleur que quelques jours par an.
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« En 2005, 21 pandas, nés à la suite d'inséminations artificielles, ont survécu en Chine[22]. »
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Hors de Chine, très peu de zoos en détiennent (24 actuellement : trois aux États-Unis, un au Mexique, un en Russie, un à Singapour, un en Indonésie, un en Espagne, un au Danemark, un en Autriche, un en Allemagne, un en Finlande, un en Thaïlande, trois au Japon, un en Australie, un en France, un au Royaume-Uni, un au Canada, un en Belgique, un en Malaisie, un en Corée du Sud et un aux Pays-Bas[23]). Dans les années 1970 et 80, plusieurs autres zoos (Paris, Londres, Moscou…) avaient « leur » panda, généralement offert à titre de cadeau diplomatique par la Chine. Depuis 1984, les pandas acquis par des zoos étrangers sont loués par le gouvernement chinois, à un prix très élevé (l'argent allant à un fonds de protection des pandas dans leur milieu naturel, sous la direction de la CITES[24]). De ce fait, très peu de zoos en possèdent, d'autant que le simple entretien de l'animal est très onéreux, et que sa reproduction est exceptionnelle. Ainsi, le zoo d'Ueno près de Tokyo s'est vu prêter en février 2011 deux pandas pour dix ans, pour un prix de 950 000 dollars par an[25]. Le 15 janvier 2012, deux pandas géants, Yuan Zi et Huan Huan, ont été accueillis au ZooParc de Beauval, en Loir-et-Cher (France)[26], ils ont eu un petit Yuan Meng (« un souhait qui se réalise ») né le 4 août 2017. Le 25 mars 2013, deux autres pandas géants, Da Mao (le mâle) et Er Shun (la femelle), ont été accueillis au zoo de Toronto, au Canada, pour une période de cinq ans (2013-2018). Ils sont ensuite allés au zoo de Calgary et doivent y rester pendant cinq autres années (2018-2023) pour enfin retourner en Chine. La femelle, Er Shun, a donné naissance à des jumeaux le 13 octobre 2015. Ces jumeaux ont été nommés Jia Panpan (« Espoir canadien » en chinois) et Jia Yueyue (« Joie canadienne » en chinois).
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Un autre couple de pandas géants, Xing Hui (le mâle) et Hao Hao (la femelle), est arrivé le 23 février 2014 au parc zoologique de Pairi Daiza, en province de Hainaut (Belgique) pour une période de quinze ans. Fécondée par insémination artificielle en février 2016, la femelle Hao Hao a donné naissance à un petit le 2 juin 2016[27]. Ce petit a été nommé Tian Bao (« Trésor du Ciel » en chinois). Le 8 août 2019, à Pairi Daiza (en Belgique), la femelle Hao Hao donne à nouveau naissance suite à une insémination effectuée en avril 2019 et cette fois-ci, elle accouche de faux jumeaux[28], un mâle surnommé Baby Boy et une femelle surnommée Baby Girl en attendant qu'ils reçoivent chacun un nom officiel.
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Des textes chinois du XIIe et du VIIe siècle av. J.-C. font mention du panda[29]. Un livre ancien de géographie le décrit comme un « animal noir et blanc qui ressemble à un ours et se nourrit de cuivre et de fer », cela à cause de la réputation qu’il avait de lécher et de mordiller les ustensiles de cuisine dans les villages[réf. nécessaire].
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Le missionnaire Armand David l'a fait connaître pour la première fois en Occident en 1869.
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Il existe différents mythes à propos des taches noires du panda qui diffèrent un peu selon les sources et le lieu d'origine.
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Un mythe chinois populaire raconte qu'autrefois, les pandas étaient complètement blancs, mais, qu'un jour, quand la plus jeune de quatre sœurs mourut, les autres trempèrent les mains dans de la cendre en signe de deuil. En pleurant, ils se frottèrent les yeux pour essuyer leurs larmes, se consolèrent en entourant leurs bras autour d'eux et se bouchèrent les oreilles pour ne pas entendre les pleurs. Le mythe veut que ces taches de cendre soient restées sur leur fourrure.
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Un autre mythe, provenant du Tibet, raconte que ce serait une bergère qui aurait sauvé d'un léopard un bébé panda qui se promenait avec sa mère. La bergère qui s'interposa pour défendre le jeune panda mourut, et tous les pandas, émus par son courage, pleurèrent avec de la cendre dans les mains pour respecter les rites de l'endroit[30].
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En réalité, les taches blanches du visage, du cou et du ventre du panda ont une fonction de camouflage, permettant au panda de se dissimuler dans la neige, pour ne laisser apparaître que ses yeux et ses oreilles. Les taches noires au niveau des oreilles seraient un signe de férocité, servant à effrayer les panthères des neiges et les chacals, et la tache noire autour des yeux pourrait permettre aux pandas de s'identifier[31].
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Espèce
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Le Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) est une espèce de requin de la famille des Lamnidés et de l'ordre des lamniformes (et non des Carcharhiniformes car dépourvu de paupière nictitante). Il est le seul représentant actuel du genre Carcharodon.
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Avec une taille maximale supérieure à 6 m de long, c'est l'un des plus grands poissons prédateurs vivant actuellement dans les océans. La population des grands requins blancs a diminué de 75 % dans l’Atlantique Nord-Ouest[1].
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Il est considéré comme un requin dangereux puisqu'il est responsable d'attaques contre les hommes, la grande majorité d'entre elles étant non mortelles[2]. Néanmoins, contrairement à certaines idées reçues, il n'est pas un « mangeur d'hommes » et l'homme n'est pas une proie pour lui, la plupart des attaques étant dues à une erreur d'analyse visuelle du requin. Le grand requin blanc a une alimentation très variée : pinnipèdes, poissons, tortues marines, cétacés...
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Ce type de requin est connu du grand public pour avoir été le sujet du best-seller Les Dents de la mer de Peter Benchley et de son adaptation cinématographique par Steven Spielberg.
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Le grand requin blanc mesure en moyenne de 4 à 6 m de long. À approximativement 26 ans, âge de sa maturité sexuelle, il mesure 3,50 à 4,10 m. Les requins blancs de Méditerranée sont plus massifs que leurs cousins océaniques. Les femelles sont matures plus tard, environ 33 ans et mesurent alors 4 à 5 m[3].
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La taille du plus grand spécimen jamais pêché a fait l'objet d'un grand nombre de débats, de conjectures et de fausses informations[4].
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Pendant des décennies, le livre Guinness des records, ainsi que les travaux de nombreux ichtyologues, présentaient deux spécimens comme les plus grands jamais capturés : l'un de 11 m capturé dans les eaux sud australiennes près de Port Fairy dans les années 1870, et l'un de 11,30 m capturé au Nouveau-Brunswick, Canada dans les années 1930. Richard Ellis et John E. McCosker, dans leur livre The Great White Shark (1991), dédient un chapitre entier à ce sujet. Ils concluent que le plus grand spécimen jamais capturé et mesuré correctement devait faire 6,40 m (mesuré à plat sur le sol et non suspendu à un filin) pour 3 324 kg. Il a été pêché à Cuba en 1945. Le requin blanc de 7,13 m, capturé en 1987 à Malte, ne devait mesurer d'après les experts qu'entre 5,30 et 5,70 m[5].
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Concernant les records non vérifiés de plus de 10 mètres, Richard Ellis et John E. McCosker doutent de la fiabilité des mesures, notant qu'elles étaient trop importantes en les comparant aux très grands requins blancs avérés que l'on a pu répertorier. Le requin blanc de 11,30 m prétendument pêché au New Brunswick (Canada) a été mal identifié car il s'agissait d'un requin pèlerin, ayant un corps de forme similaire au requin blanc. La question du requin blanc de 11 m de Port Fairy dans les eaux australiennes a été réglée dans les années 1970, lorsque J. E. Reynolds a examiné les mâchoires du requin et a conclu qu'il ne faisait que 5 m de long. Il a suggéré qu'une erreur avait été commise dans l'enregistrement original en 1870.
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Pour conclure, la taille maximale est estimée à 7,5 m de long tout au plus, par des spécialistes comme l'Italien Alessandro de Maddalena, mais les grands requins blancs de plus de 6 mètres sont extrêmement rares. Aucun grand requin blanc atteignant les 7 mètres n'a jamais été capturé.
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La masse du grand requin blanc mâle varie entre 680 et 2 000 kg. Celui de la femelle est compris entre 1 000 et 1 900 kg. Ellis et McCosker écrivent en ce qui concerne la masse des requins blancs et concluent qu'ils peuvent peser jusqu'à 3 tonnes mais notent également que le plus lourd pesé scientifiquement pesait 3,3 tonnes.
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Profil.
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« Deep Blue » est le surnom donné à l'un des plus grands spécimens de requin blanc jamais observés à partir de l'année 2013.
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Il s'agit d'une femelle vivant au large de l'île Guadalupe (Mexique). Sa taille est estimée à 20 pieds, soit 6,09 mètres[6].
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Ce requin femelle fascine aussi bien les scientifiques que le grand public. L'une des vidéos faites en 2013 par le biologiste marin Mauricio Hoyos Padilla et mise en ligne sur YouTube en juin 2015 a déjà été vue plus de 7 millions de fois au 14 août 2015, date de sa présentation au JT de 20 heures de France 2.
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Il s'agit d'un requin femelle, dont l'imposante taille donne à penser qu'elle a environ 50 ans[6].
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Or, pour mettre bas, les requins femelles se rapprochent des côtes afin de libérer leurs petits dans des eaux peu profondes, où il y a moins d'animaux prédateurs et où la nourriture est plus abondante. Mais ces zones proches des côtes sont très exposées à plusieurs menaces humaines.
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En 2015, le biologiste Mauricio Hoyos Padilla et son association Pelagios-Kakunjá souhaitent donc réunir des dons pour sécuriser les endroits où les requins femelles mettent bas, en taguant les requins femelles en vue de créer une base de données permettant de développer de nouvelles stratégies de conservation près des côtes de l'île Guadalupe[7],[8],[9].
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En 2004, une femelle grand requin blanc, surnommée Nicole, parcourt l'hémisphère sud. Puis en 2013, une autre femelle, surnommée Lydia, traversant l'Atlantique, devient la coqueluche des réseaux sociaux comme Deep Blue.
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Il possède un museau conique assez long. Ses dents, tranchantes comme des lames de rasoir, sont plates, triangulaires, dentelées et peuvent mesurer 76 mm de long en maximum (60 mm dépassant des « gencives »). S'il advient qu'une dent tombe, une autre de la rangée arrière (ses mâchoires sont pourvues de quatre à six rangées), qui est inclinée vers l'intérieur, s'avance vers l'avant de la mâchoire pour prendre sa place. Seules les deux premières rangées sont fonctionnelles.
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Les mâchoires du grand requin blanc sont impressionnantes. Elles mesurent 90 cm de large pour un spécimen de 6 mètres (il s'agit de la largeur totale, la largeur de la bouche sur un requin vivant de 6 m étant de 60 cm.).
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Les fentes branchiales, très longues, n'encerclent pas la tête. Elles précèdent les nageoires pectorales falciformes bien développées, ainsi que des fossettes précaudales et de fortes carènes caudales, caractéristiques des Lamnidae. La nageoire caudale est courte, presque symétrique en forme de croissant. L'espérance de vie est évaluée par la pollution radioactive à 40 ans pour les femelles et à 73 ans pour les mâles[10]. Il possède entre 44 et 52 dents[3].
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Le grand requin blanc possède une ouïe et un odorat très sensibles. Il est capable de sentir une goutte de sang dans plus de 4,6 millions de litres d'eau et d'entendre une proie à 1 km de distance. De plus, sous le museau, des récepteurs sensibles aux champs magnétiques lui permettent de détecter bruits et vibrations de basses fréquences à plusieurs centaines de mètres. Ce sont les ampoules de Lorenzini. Elles lui permettent, entre autres, de détecter des animaux en détresse. Il faut également savoir que le grand expert du grand requin blanc, Andre Hartmann (le premier homme à nager et toucher le grand prédateur hors d'une cage) a découvert qu'en touchant ces ampoules, le requin devient quasiment inoffensif et se laisse dériver pendant quelques secondes le ventre à la surface. Il a aussi une vue supérieure à l'être humain. Bien qu'il ait effectivement une vue supérieure aux hommes, sa vue de près reste néanmoins mauvaise, et c'est pourquoi dans certains cas une proie très proche de lui peut lui échapper, du fait qu'il ne l'aperçoit pas immédiatement. En revanche, sa vue de loin reste excellente et d'une très grande précision. Il fait partie des rares espèces de poissons capable d’utiliser sa vue à l’air libre: des requins blancs vivant à proximité de colonies de phoques ont ainsi été vus avec la tête émergée de façon à observer les phoques réfugiés sur des rochers.
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Contrairement à d'autres requins le grand requin blanc n'a pas de paupières. C'est pourquoi il roule ses yeux en arrière lors d'une attaque.
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L'habitat du grand requin blanc est principalement côtier dans les eaux tempérées, mais il a aussi été observé en zones épipélagiques dans l'océan. C'est un amateur des eaux peu profondes, mais un spécimen a cependant été pêché sur une longue ligne de 1 280 m. Il aime toutefois évoluer dans plus de 30 m de fond, ce qui explique, en partie, pourquoi il y a plus d'attaques de ce requin sur les côtes où l'on atteint très vite des grandes profondeurs. Il possède une faculté d'adaptation aux températures très importantes. Il peut réguler la température de son corps jusqu'à 20 °C au-dessus de la température ambiante, ce qui explique sa présence dans des eaux parfois relativement froides.
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Espèce cosmopolite, on trouve le grand requin blanc dans toutes les mers tempérées du globe et parfois même dans les mers tropicales, suivant probablement les migrations des baleines qui viennent y mettre bas. Il est particulièrement présent en Australie, en Afrique du Sud, et en Californie ainsi que dans les Caraïbes. Le grand requin blanc est également présent dans l'océan Pacifique, notamment au large des côtes hawaiiennes, du Japon aux Philippines, de la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande. Il a même été observé au large des côtes d'Alaska. Il serait devenu rare en mer Méditerranée, conséquence directe de l'intensification du trafic commercial entre l'Europe et l'Afrique du Nord dont la pollution engendrée perturbait son habitat, d'après un rapport de 2008 de l'ONG Greenpeace.
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Il se déplace le plus souvent seul ou en couple, mais jamais en colonie. S'il arrive d'observer un même spécimen plusieurs années de suite dans les mêmes eaux, la territorialité n'a jamais pu être démontrée. En revanche, il semblerait que les animaux les plus grands effectuent parfois de très longs trajets. En 2005, un grand requin blanc femelle, qui a été doté d'un capteur de localisation, a traversé, aller-retour, l'océan Indien, du Cap (Afrique du Sud) jusqu'aux côtes méridionales d'Australie. Soit un périple de près de 10 000 km en moins de neuf mois. Une autre a effectué la traversée de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande à la Grande barrière de corail. Les raisons de telles traversées demeurent encore très mystérieuses car il n'y a pas de lien avec la migration des grands cétacés. Une récente étude génétique montre que les spécimens présents en Méditerranée sont arrivés d'Australie il y a 450 000 ans.
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A la différence de presque tous les poissons, cette espèce est gigantotherme (c'est-à-dire qu'elle conserve une température corporelle chaude), ce qui implique de manger plus et/ou économiser son énergie. Yuuki Watanabe et ses collègues ont récemment (publication 2019) équipé huit requins de cette espèce de balises de suivi (au large de l'Australie)[11]. Leur vitesse était généralement comprise entre 2,9 et 4,9 km/h ce qui est lent comparé à la nage jusqu'alors supposée la plus efficace pour ce requin[11]. Les requins doivent toujours se mouvoir pour alimenter leurs branchies. Les chercheurs ont notés que ces animaux plongent souvent, mais en planant, c'est-à-dire sans faire d'efforts[11]. Une hypothèse est que ce comportement lui permet de respirer en consommant aussi peu d'énergie que possible, pour ensuite mieux chasser en surface des animaux rapides et agiles tels que phoques ou gros poissons[11].
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Son cycle de reproduction n'est pas bien connu. On estime que le mâle atteint sa maturité sexuelle à 26 ans et la femelle à 33 ans[12],[13]. Il est ovovivipare : les œufs se développent et éclosent dans l'utérus de la femelle, avec cannibalisme utérin (comme les autres lamnidés). Le temps de gestation n’est pas encore connu, car jusqu'à maintenant il n'a encore jamais été observé un accouplement de grand requin blanc. Il est estimé entre 12 et 18 mois. La période de reproduction est de 2 à 3 ans[14]. Les jeunes grands requins blancs, à la naissance, mesurent entre 1,09 et 1,60 m[3] et sont déjà des prédateurs capables de survivre.
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Ils se reproduisent au printemps. Son espérance de vie est évaluée à plus de 70 ans[15].
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La croissance de la population est faible, avec un taux intrinsèque d'accroissement naturel de 0,04 à 0,056[14].
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Le grand requin blanc est de nature plutôt solitaire et il est rare que plusieurs individus se rassemblent pour chasser. Il se situe au sommet de la chaîne alimentaire dans l'océan juste en dessous de l'orque. Du fait de sa taille, de son métabolisme et de ses capacités physiques exceptionnelles, il n'a que très peu de concurrents, hormis l'orque. Il se nourrit de poissons de grande taille (comme le thon, l'espadon ou le tarpon), de calmars, de tortues marines, de phoques et de dauphins. Les jeunes se nourrissent exclusivement de poissons. D'après l'analyse d'émetteurs placés dans leurs estomacs, les grands requins blancs prennent un repas en moyenne tous les trois jours, d'une masse qui avoisine 3 % de leur masse corporel. Quand les proies sont rares, ils peuvent attendre plusieurs semaines avant de s'alimenter[16].
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Les rares cas d'attaque sur l'homme sont plus considérés comme des « accidents », en majorité sur des surfeurs ou véliplanchistes, une forme ovoïde battant des « nageoires » à la surface et rappelant à ce prédateur sa proie favorite. Son attaque se décompose en plusieurs phases : d'abord le « coup de dents » qui va saigner la proie, le grand requin blanc n'avalant pas des quartiers de viande d'une grosse proie du premier coup. Puis, lorsque la proie est inerte, commence alors l'alimentation à proprement parler. Les attaques contre l'homme se terminent dans la majorité des cas après le coup de dents. En effet, lors de la morsure, des récepteurs situés dans la gueule « goûtent » la proie, ce qui permet au requin de savoir si celle-ci est suffisamment riche en graisse. L'homme n'apporte pas assez de graisse pour le requin ; le squale ne reconnaissant pas le goût de sa proie l'abandonne, et les rares cas mortels résultent de l'hémorragie (artère ou membre sectionnés). Il est évident que la pression exercée par la mâchoire (plus de cinquante centimètres de diamètre) et les dents coupantes comme des lames de rasoir laissent un résultat impressionnant, souvent désastreux, sur un corps humain.
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Un grand requin blanc saisit un appât au large de l'île Guadalupe.
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Toujours près de l'île mexicaine de Guadalupe.
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Un grand requin blanc mord à l'appât dans la False Bay, en Afrique du Sud.
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La couleur du dos de l'animal varie du gris-noir (Afrique du Sud, Australie, Californie) au marron clair pour la Méditerranée, où l'on a observé un comportement alimentaire différent, peut-être une adaptation au milieu méditerranéen : des chasses de thons, de marlins, un comportement plus opportuniste et tourné vers les grands poissons plutôt que les mammifères marins devenus rares dans cette région (raréfaction du Phoque moine). Comme lui, d'ailleurs. À noter que les grands requins blancs de la région du Cap ont adopté une technique de chasse unique en son genre. Pour surprendre une otarie, le requin se met à l'affût près du fond et, après avoir repéré une proie qui s'agite en surface, s'élance comme une torpille (sa vitesse est telle qu'il bondit hors de l'eau) pour la percuter, gueule grande ouverte, et la happer en retombant. Les scientifiques ont désigné cette forme d'attaque auparavant méconnue sous le nom anglais de breaching, ce qui veut dire « créer une brèche ».
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Le grand requin blanc a aussi démontré une certaine intelligence par rapport aux autres requins. Il est le seul squale à sortir la tête hors de l'eau pour observer son environnement extérieur. Certaines expériences scientifiques ont démontré qu'il était aussi capable d'apprendre des tours, à l'instar des dauphins et orques, pour obtenir du poisson. D'autres scientifiques ont réussi l'exploit de nager avec des grands requins blancs sans cage de protection, voire de s'accrocher à son aileron dorsal. Le spécialiste André Hartmann s'est même permis de « caresser » le museau de grands blancs, mettant les squales en état d'immobilité tonique.[réf. nécessaire]
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En 1758, Carl von Linné fut le premier à décrire le grand requin blanc, sous le nom Squalus Carcharias. Andrew Smith lui donna le nom générique de Carcharodon en 1833 et en 1873, le nom générique et le nom spécifique furent associés pour donner Carcharodon carcharias. Carcharodon vient du grec karcharos (aiguisé) et odous (dent). Le mot karcharias signifie « requin » en grec.
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Le grand requin blanc est le seul représentant du genre Carcharodon. Il serait apparu au milieu du Miocène. Les premières dents fossilisées retrouvées datent de 16 millions d'années. Sa phylogénie est controversée. Certains taxonomistes font de lui un descendant direct du requin préhistorique, le Mégalodon. Selon des hypothèses plus récentes, le grand requin blanc ne serait en fait qu'un « cousin », regroupé dans la famille des Lamnidés. Cette hypothèse ferait du grand requin blanc le descendant de Isurus hastalis, le mako préhistorique.
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Son génome (qui intéresse notamment les cancérologues du fait qu'il semble protéger l'espèce des cancers) a été récemment complété et publié en 2019 par le Centre de recherche sur les requins de la Fondation Save Our Seas de la Nova Southeastern University (NSU) et par l'Institut de recherche Guy Harvey (IRSH), du Collège de médecine vétérinaire de l'Université Cornell et par l'aquarium de Monterey Bay [17]. Il est très long (une fois et demie plus grand que le génome humain) et il semble particulièrement riche en éléments stabilisateurs et réparateurs de l'ADN. Certains gènes pourraient aussi expliquer leur capacité à cicatriser très rapidement[17].
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Les requins attaquent les hommes ; le nombre d'attaques peut être estimé comme faible. Toutes espèces confondues entre 2007 et 2016, durant dix années, une source américaine recense environ 800 attaques dans le monde entier, soit environ 80 par année. 61 des 766 attaques sont mortelles, soit plus de 6 par année. 23 des 61 morts l'ont été entre 2013 et 2016[18]. Les raisons conduisant le requin à s'attaquer à un homme ne sont pas connues ; le manque de données ne permet pas d'explication fiable. Le comportement en milieu naturel des requins est également mal connu (et peu étudié).
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Néanmoins, le grand requin blanc est le requin le plus souvent impliqué lors des attaques sur l'homme[19] devant le requin tigre et le requin bouledogue. Cela peut s'expliquer par le fait que le territoire de chasse du requin blanc inclut notamment les rivages côtiers où se concentrent les activités humaines (notamment les sports nautiques). Il peut y avoir une confusion entre l'homme et les proies habituelles des requins blancs (phoques ou pinnipèdes) qui induiraient des attaques.
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Le comportement du requin blanc vis-à-vis de l'homme n'est pas systématiquement agressif ni hostile : de nombreux plongeurs ont nagé près de requins blancs sans que ceux-ci manifestent une quelconque hostilité envers eux.
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Lorsque le requin attaque l'homme, il en dépèce d'abord un membre puis se désintéresse souvent de cette proie.
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Observé et connu en Méditerranée depuis l'Antiquité (surtout en Italie, Sicile, Sardaigne, Corse[20], Tunisie, mer Adriatique, îles Baléares, Libye, Grèce, côtes françaises[21]...), il y est toujours présent aujourd'hui mais beaucoup plus rare, la population serait d’environ 350 individus d'après une source, de 2003[22].
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Les grands requins blancs de Méditerranée se distinguent des spécimens australiens, sud-africains ou américains par la couleur de leur dos ; celle-ci tend vers le marron clair[23]. Il est parfois confondu par les plaisanciers avec le requin pèlerin (inoffensif pour l'homme), qui lui aussi est de couleur marron sur le dos, et de taille imposante. Cependant, il est bien différent, rien qu'au niveau de sa mâchoire, son aileron, ses nageoires pectorales, son corps de forme fusiforme, son régime alimentaire et son comportement.
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Des études génétiques récentes faites par des chercheurs de la Royal Society B suggèrent, que cette population serait très différente de la population américaine, mais plus proche de celle d'Australie et de Nouvelle-Zélande. En conséquence, les quelques différences entre les requins australiens et de la Méditerranée suggèrent qu'ils se séparèrent il y a 450 000 ans. Durant l'âge de glace et à cause des nombreux effets du changement climatique, quelques individus d'Australie migrèrent vers l'Afrique du Sud, et, portés par les courants chauds, se déplacèrent plus au nord. Certains se seraient trompés de voie migratoire, et seraient passés par le détroit de Gibraltar[24] qui était beaucoup plus large à cette époque, qu'il l'est aujourd'hui.
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De 1876 à 2010, soit en plus d'un siècle, sont recensées 31 attaques de grands requins blancs en Méditerranée. Le plus souvent, selon les spécialistes, ce prédateur mord « pour goûter », mais ne mange pas l'homme. Ce comportement est indifférent, du point de vue des blessures infligées. Ainsi, une quinzaine de personnes attaquées sont décédées à la suite de blessures graves, essentiellement en Italie, en Tunisie, en Croatie ainsi qu'en Grèce, là où ces requins sont les plus abondants. Le long des côtes françaises de Méditerranée, une ou deux attaques officielles non mortelles recensées (1876-1999)[25], l'une d'entre elles date de 1998, touchant les bouteilles d'un plongeur[26] au large du Cap d'Antibes.
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D'après le biologiste Nicolas Ziani, les abords des côtes françaises servent de nurserie à certains squales comme le requin gris, le requin bleu ou les grands requins blancs qui viennent accoucher en eaux profondes[réf. nécessaire]. Afin de suivre en temps réel leurs déplacements, savoir quand ils arrivent et quand ils repartent, l’association Ailerons a coordonné au mois d’août 2011 deux campagnes de marquage de squales au large de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Une fois les requins capturés, des balises satellites seront installées sur leur peau pour déterminer leur zone de migration.
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En Méditerranée, la proportion infime de requins dangereux en fait une menace très faible. Le grand requin blanc, victime de sa mauvaise réputation, est répertorié comme une espèce en voie de disparition. À tel point que certains experts cherchent une manière de le réintroduire dans la nature, grâce peut-être à la création de zones spéciales[27].
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Il est extrêmement difficile de conserver cet animal en aquarium ; les individus meurent généralement au bout de quelques mois s'ils ne sont pas relâchés. Le record de 198 jours de captivité est détenu par l'Aquarium de la baie de Monterey en Californie, qui avait accueilli une jeune femelle de 1,50 m de long entre septembre 2004 et avril 2005 dans un bassin de 16 000 mètres cubes. Après six mois de captivité, elle avait dû être relâchée devant une agressivité de plus en plus importante et des blessures sur le museau[28]. En 2015 encore, l'aquarium de Churaumi au Japon a expose un requin blanc mâle de 3,5 mètres après une capture accidentelle, mais l'animal a survécu pendant 3 jours[29].
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Il a été popularisé au cinéma par la tétralogie Les Dents de la mer (titre original : Jaws), dont le premier volet est sorti en salles en 1975. Cette tétralogie a largement contribué à la terreur qu'il inspire dans l'imaginaire collectif, sentiment moyennement justifié au regard des statistiques. Cet imaginaire collectif s'inspire des recherches scientifiques, bien antérieures au cycle, qui ont considéré le grand requin blanc comme une des rares espèces de squales, dangereuses pour l'être humain (cinq ou six sur plusieurs centaines) ; si minoritaires soient ces espèces au sein de la famille des squales elles existent. Dans une approche plus écologique, sa dangerosité pour l'humain est combattue dans Orca, film tourné en 1977 non par la chasse humaine mais par l'intervention d'une orque qui sauve un plongeur imprudent.
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De nombreuses personnes croient encore qu'il n'est qu'une machine sanguinaire et lui attribuent beaucoup plus d'intelligence qu'il n'en possède[30]. Sa taille maximale est souvent surévaluée. Mais depuis des années, des scientifiques réhabilitent ce requin, le démystifient. Plusieurs de leurs émissions ont fait le tour du monde, montrant ce qu'est vraiment le grand requin blanc dans la réalité. Peter Benchley, l'auteur du best-seller Les Dents de la mer adapté pour le célèbre film de Steven Spielberg, a aussi défendu la cause du grand requin blanc.
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Il aura fallu des décennies avant que l'être humain commence à véritablement comprendre le grand requin blanc. André Hartman, un plongeur professionnel sud-africain mondialement connu, est le premier à être sorti de la cage pour nager en sa compagnie. D'autres l'ont imité, dont Jean-Michel Cousteau et François Sarano (sur le tournage du films Océans [Perrin/Cluzaud], séquence réalisée à Guadalupe, île de la côte Pacifique mexicaine, avec une femelle).
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Le grand requin blanc est aujourd'hui une espèce menacée, ajouté à l'annexe II de la CITES sur une proposition de Madagascar et de l'Australie à la CoP13[31]. La proposition se base sur la constatation d'une forte diminution des prises depuis les années 1970 (diminution>70%) et un faible renouvellement de la population[14]. Si le suivi de la population réelle est très difficile à évaluer, les scientifiques s'accordent pour considérer que leur nombre est en chute rapide[32]. Sa pêche est désormais interdite dans de nombreux pays comme l'Australie, l'Afrique du Sud[32], Nouvelle Zélande[33]. Mais cette interdiction est régulièrement violée car les gens ont toujours peur du Carcharodon carcharias. Les pêcheurs le pêchent pour sa viande, ses dents (vendues comme souvenirs aux touristes) mais le plus souvent pour ses ailerons. La pollution de la mer et la raréfaction de ses proies favorites ont aussi un impact très négatif. Bien que la situation du grand requin blanc soit préoccupante, il ne faut surtout pas oublier que la majorité des espèces de squales sont menacées par l'homme.
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On appelle Grand Schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le christianisme latin au tournant des XIVe et XVe siècles (1378-1417), divisant pendant quarante ans l'Europe chrétienne en deux courants rivaux.
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Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d'un système féodal qui ne répond plus aux besoins d'une société en pleine mutation. En effet, l'Église romaine n'a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l'avait rendue indispensable à l'exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d'États modernes que l'Église n'a plus les moyens de rassembler culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l'affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII, qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du pape et de l'empereur débouchent sur l'affrontement entre guelfes et gibelins du XIIe au XIVe siècle.
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Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l'installation en 1309 de la papauté en Avignon puis en 1378, au Grand Schisme.
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Celui-ci, inscrit dans une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse, est marqué par deux successions pontificales simultanées, l'une à Rome et l'autre en Avignon (dont les tenants en titre sont qualifiés d'antipapes par leurs adversaires). L'Église, dont une partie du rôle social et culturel a été prise en charge par la bourgeoisie depuis le XIIIe siècle, sort moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : le gallicanisme se développe, les particularismes nationaux s'exacerbent, le sentiment religieux se modifie, de nouvelles hérésies émergent[1].
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Depuis le Xe siècle et le mouvement de la paix de Dieu, l'Église impose l'image d'une société divisée en trois ordres[3]. Laissant le pouvoir temporel et militaire à la noblesse, elle devient le garant moral de l'équilibre social. Concentrant toutes les connaissances depuis la fin de l'Antiquité, principal promoteur de l'enseignement et des progrès scientifiques et techniques (principalement au sein des abbayes), le clergé se positionne comme l'élément central et indispensable de la société médiévale. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives[4] et les écoles[5] ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an[6]. Maîtrisant les échanges culturels et bénéficiant des meilleures connaissances techniques, les abbayes se taillent vite la part du lion dans le tissu économique encore majoritairement agricole. L'Église connaît l'apogée de sa puissance économique, culturelle, politique et même militaire, du fait des ordres militaires qui permettent de pouvoir compter sur des forces armées permanentes sans avoir à les solder, pendant les croisades.
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Mais à partir de la fin du XIIIe siècle, l'équilibre entre les trois ordres se rompt. D'une part, la bourgeoisie, désormais bailleur de fonds des princes et des hauts dignitaires de l'Église, détient une puissance économique qui la rend progressivement politiquement indispensable[7]. D'autre part, pour les besoins du commerce, puis pour assurer sa propre ascension sociale, elle a pris en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques[8] et finançant un mécénat culturel[9] ainsi que nombre d'œuvres sociales[4]. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt)[10], artisans (tels Jacopo et Giovanni Dondi, concepteurs de l'horloge à échappement[11])… La place de choix accordée à l'Église dans la société pour son rôle culturel et social, se justifie de moins en moins.
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Alors que le clergé était à la pointe du progrès scientifique et philosophique avec des universitaires comme Roger Bacon, Robert Grossetête, Pierre de Maricourt, Pierre Abélard ou Thomas d'Aquin, certains de ses membres craignent d'être dépassés par des évolutions qui remettent en cause sa place. Un tournant est pris le 7 mars 1277, lorsque l'évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne les averroïstes (Siger de Brabant) et certaines thèses de Thomas d'Aquin[12]. L'Église devient une force conservatrice tout en laissant développer des positions mystiques, laissant la bourgeoisie prendre un rôle croissant dans le progrès scientifique et philosophique[12].
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Confrontée à sa perte d'influence spirituelle, elle tente d'accaparer le pouvoir temporel, ce à quoi Philippe le Bel réagit très violemment, s'appuyant en particulier sur les universitaires et la bourgeoisie dont il renforce le pouvoir politique en créant les États généraux. Les XIVe et XVe siècles sont marqués par la lutte entre deux conceptions de la société qui transparaît en filigrane dans la guerre de Cent Ans où l'ordre féodal est menacé par la demande de reconnaissance politique des villes, avec pour exemple Étienne Marcel ou l'ordonnance cabochienne…
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Philippe IV le Bel a besoin de ressources pour entretenir une armée et une marine capables de maîtriser les velléités d'autonomie des riches villes flamandes. Il décide de lever, en 1295, un impôt exceptionnel sur le clergé, la « décime ». Le pape Boniface VIII, qui tire des revenus abondants de France, répond par la bulle de 1296, Clericis laicos, à l'intention des souverains, que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication.
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En rétorsion, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une part importante de ses ressources. Les rapports avec Rome se tendent et en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII affirme la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et, de ce fait, la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église[13]. C'en est trop pour Philippe le Bel, qui réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, puis également des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris. Le roi cherche l'appui de tous ses sujets, afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape[14]. Ce dernier menace d'excommunier Philippe IV et de jeter l'interdit sur le royaume de France.
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Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie son Garde des Sceaux, le chevalier Guillaume de Nogaret, avec une petite escorte armée, vers l'Italie, afin d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, qui lui fait savoir que le pape s'est réfugié à Anagni. Le 8 septembre 1303, lors d'un entretien tumultueux, le pape Boniface VIII est menacé par Guillaume de Nogaret. Il meurt quelques semaines plus tard[14].
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Son successeur, Benoît XI, est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère détestable. Il annule la plupart des mesures de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304.
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Pendant onze mois, de pénibles tractations se déroulent entre le parti français, conduit par la famille romaine des Colonna, et le parti du défunt Boniface VIII, emmené par les Caetani. On décide finalement de choisir le pape à l'extérieur du Sacré Collège des cardinaux, et l'unanimité ou presque se fait sur le nom de Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Le 5 juin 1305, les cardinaux, réunis en conclave à Pérouse, portent à la tête de l'Église Bertrand de Got qui choisit le nom de Clément V. C'est le premier pape français depuis l'élection de Calixte II en 1119. Il monte sur le trône de Saint Pierre à l'âge de quarante ans alors que l'Église traverse une grave crise politique.
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Le nouveau pape renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et des risques liés au conflit des guelfes et des gibelins[15]. Il choisit en définitive de se faire couronner à Lyon, en terre d'Empire, le 1er novembre.
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Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel, mais repousse sa demande d'ouvrir un procès posthume contre Boniface VIII, qui aurait pu justifier a posteriori l'attentat d'Anagni[15]. En 1307, il a un entretien avec le roi capétien où il est question en particulier du sort des Templiers. Philippe le Bel veut supprimer cet influent et riche ordre de moines-chevaliers. C'est chose faite le vendredi 13 octobre 1307, sans que le pape ait pu s'y opposer.
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Comme il n'est toujours pas en mesure de s'établir à Rome et veut suivre de près le procès des Templiers, Clément V décide en 1309 de s'établir « provisoirement » dans un couvent de dominicains à Avignon, sur des terres d'Empire qui lui sont cédées par le roi de Sicile, par ailleurs comte de Provence.
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Même « provisoire », cet établissement aux frontières du royaume de France traduit l'abaissement de la papauté, depuis l'époque où Innocent III, un siècle plus tôt, prétendait soumettre les rois à son autorité.
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Cinq papes d'Avignon successifs et 80 % des cardinaux qui nomment légats et gouverneurs des provinces ecclésiastiques d’Italie, sont français[15] et généralement proches du roi de France. Ceci se fait au détriment des Italiens habitués à recevoir les bénéfices liés à ces charges. Ce mécontentement est amplifié par les soubresauts du conflit opposant les guelfes — partisans de la papauté et suivant le roi de Naples de la maison d'Anjou au parti gibelin — dont les représentants de la puissante famille des Visconti sont les dirigeants désignés.
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De 1360 à 1375, en Haute-Italie, une succession d'affrontements oppose la ligue du pape aux Visconti[16]. Or, dans les années 1370, Grégoire XI exprime le souhait — souhait déjà exprimé par son prédécesseur — de ramener le siège pontifical à Rome. Pour cela, le souverain pontife doit s'assurer de l'accord des Visconti avant de regagner la Curie romaine. En 1371, les seigneurs de Milan, Bernabò et Galeazzo Visconti, en guerre contre le marquisat d'Este, menacent les possessions de l'Église. Une coalition attachée aux intérêts pontificaux se forme contre les villes libres de Toscane, sous la conduite de Nicolas Roger de Beaufort et de Raymond de Turenne, dans laquelle s'illustra John Hawkwood, à la tête de l'armée papale. La coalition des armées du pape, comprenant les princes de Montferrat, Este et Carrare, le royaume de Naples, la Maison de Savoie, les républiques de Gênes et de Florence, s'oppose alors à Milan[17].
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Défaits en 1373, les deux princes de la famille de Visconti sont déclarés parjures et déchus de leur rang de chevalier par le pape, bien qu'une trêve soit signée en juin 1375 à Bologne[18].
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La trêve n'est que de courte durée. La grande famine qui touche Florence en 1374 met de nouveau le feu aux poudres en Italie centrale. En effet, la ville se voit refuser par l'abbé de Marmoutier, vicaire général, toute importation de grain. Florence prend alors la tête du parti des mécontents en Toscane et se révolte au nom des libertas des villes italiennes et contre la « nouvelle captivité à Babylone ». Elle trouve dans la venue du condottiere Hawkwood sur le contado florentin, prétexte à une déclaration de guerre[19]. Ces incidents cachent un problème plus profond : inquiets des succès de la papauté et de son influence croissante dans ses États, les Florentins se rallient à Bernabò Visconti en juillet 1375[20]. Bernabò et les Florentins tentent de faire éclater des insurrections dans le territoire pontifical, spécialement chez ceux, nombreux, exaspérés par l’attitude et la rapacité des légats du pape en Italie. Ainsi, en 1376, la plupart des cités d'Italie sont en révolte contre les légats pontificaux. Ils réussissent si bien qu’en peu de temps le pape est dépossédé de la totalité de son patrimoine.
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Fortement irrité par les démarches séditieuses des Florentins, Grégoire XI place la République sous interdit, excommuniant tous ses habitants, y compris femmes et enfants. De plus, pour faire bonne mesure, il les proscrit, eux et leurs possessions[21]. La perte financière des Florentins est inestimable. Ils sollicitent l'intervention de Catherine de Sienne auprès de Grégoire XI, mais, dans le même temps, sabotent tous ses efforts en reprenant les hostilités contre le pape.
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Au milieu de ces graves troubles, Grégoire XI, exauçant les prières pressantes de Catherine[a], décide de ramener le siège pontifical à Rome et de rejoindre la Curie. Si sa décision est prise dès février 1374, le voyage est ajourné en raison du conflit milanais[20]. En dépit des protestations du roi de France et de la majorité des cardinaux, il quitte Avignon le 13 septembre 1376 et embarque à Marseille le 2 octobre pour l’Italie. Il parvient à Corneto, via Gênes, le 6 décembre. Il y reste jusqu’à ce que les arrangements nécessaires aient été pris à Rome au sujet de son gouvernement et de sa future installation. Le 13 janvier 1377, il quitte Corneto, débarque à Ostie le jour suivant et remonte le Tibre vers le monastère San Paolo, d’où il effectue son entrée solennelle dans Rome le 17 janvier 1377.
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Mais son retour à Rome n’a pas mis un terme aux hostilités. Le terrible massacre de Césène, commandité par le cardinal Robert de Genève, futur Clément VII, aliène toute sympathie pour la papauté dans le cœur des Italiens[22]. Les incessantes émeutes romaines conduisent Grégoire XI à se retirer à Anagni vers la fin du mois de mai 1377.
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S’étant peu à peu remis de ses émotions, il gagne le Saint-Siège. Mais gravement malade, se sentant menacé dans son palais même, il finit cependant par prendre Rome en aversion et seule la mort l’empêche de retourner à Avignon. Fait extraordinaire, le souverain pontife, sentant les troubles qui allaient surgir, laisse au Camerlingue une bulle mentionnant des recommandations sur sa succession. Il meurt en effet à Rome le 27 mars 1378, alors que des négociations en vue d’un processus de paix débutaient à Sarzana, laissant l'Église dans une situation périlleuse[23].
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L’événement déclencheur de la grande crise papale est la scission du Sacré Collège à la suite de l'élection d’Urbain VI (1378-1389), successeur à Rome de Grégoire XI.
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La crise et le schisme qui s'ensuit est un événement particulièrement bien documenté du fait du grand nombre de pièces que suscita la polémique. Dans cette querelle le rôle du droit fut réaffirmé. Le schisme offrait le tableau d'une Europe divisée, d'une Église déchirée et d'une papauté affaiblie, et exacerbait les manifestations de la conscience troublée de la chrétienté occidentale.
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Soixante-dix ans après le départ du souverain pontife pour Avignon, Rome accueille une partie des cardinaux du Sacré Collège dans une ambiance fiévreuse[b]. La foule romaine, secondée par les habitants du contado, soucieuse de garder un pape « romain ou au moins italien »[25], déclenche une émeute le 8 avril, jour de l'élection. De ce fait, celle-ci n'est ni tout à fait libre, ni tout à fait valide. L'archevêque de Bari, Barthélemy Prignano reçoit la tiare et prend le nom d'Urbain VI le 18 avril 1378[26]. Si l'élection s'est faite en grande partie sous la pression du peuple romain en armes, les cardinaux ont opté, dans la précipitation, pour un homme peu puissant et connu pour sa modération passée.
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À peine élu, Urbain VI se brouille avec une partie des cardinaux restés à Avignon et scandalise par sa volonté réformatrice parfois brutale. Il cherche à imposer au Collège une vie conforme à l'idéal évangélique, demandant aux cardinaux de renoncer à leurs pensions et d'investir dans la restauration de l'Église. C'est rapidement deux conceptions de l'Église, du fonctionnement de ses institutions et de l'aspect bénéficial, de sa fiscalité et du rôle de ses princes — l'une avignonnaise, l'autre romaine — qui s'opposent[27]. Les cardinaux, en majorité français, habitués aux fastes et aux intrigues de couloirs grâce auxquelles ils ont pu accéder à leurs charges si rémunératrices, voient d'un très mauvais œil ce pape moralisateur et intransigeant[28].
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Profitant de sa brouille avec la reine de Naples, Jeanne Ire, les cardinaux en dissidence s'y réunissent et, rappelant la non-canonicité de l'élection, le somment d'abdiquer le 2 août[29]. Le 18 septembre, à Rome, Urbain VI nomme vingt-neuf nouveaux cardinaux dont vingt Italiens[29]. Les cardinaux français obtiennent le soutien de la Reine de Naples, opposée aux Visconti, puis font jouer leurs réseaux d'influence (le Saint-Siège est l'épicentre diplomatique de l'Occident)[30] et convainquent les conseillers de Charles V, puis le roi lui-même, de la non-validité de l'élection d'Urbain VI[31],[c]. Le 20 septembre 1378, lors d'un conclave à Fondi, dans la région de Rome, le Sacré Collège élit l'un des siens, le cardinal Robert de Genève, qui prend le titre de Clément VII (1378-1394). Le schisme est consommé.
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L'Occident chrétien se divise alors. Comme le remarque Hélène Millet, « du fait de la guerre de Cent Ans, le partage en deux camps était pour ainsi dire déjà effectif et la reconnaissance de tel ou tel pontife par les princes devint un élément comme un autre du jeu politique »[33]. Dans le camp clémentiste, le royaume de Naples et la France sont rejoints par les alliés de Charles V : la Castille, l'Écosse et les duchés de Lorraine, de Bretagne, d'Autriche et du Luxembourg. Rejoignent donc l'obédience romaine, les ennemis du royaume de Naples (l'Italie du Nord, les royaumes angevins de Hongrie et de Pologne) et ceux du royaume de France (l'Angleterre, les Flandres).
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Le territoire de la Suisse actuelle est particulièrement touché de par sa situation entre les camps, situation renforcée par son morcellement politique. Dans la plupart des diocèses suisses, il y a alors deux évêques d'obédience opposée[34]. Les royaumes espagnols restent neutres jusqu'en 1381, puis se rangent dans le parti clémentin à la suite d'un débat minutieux[29],[33]. Le « roi de Germanie » monnaye son ralliement à Urbain VI qui confirme le choix de son fils Wenceslas par les électeurs[35]. L'adhésion de Charles IV du Saint-Empire à l'obédience urbaniste fit se ranger la frange orientale de l’Empire derrière le pape avignonnais. Reste que dans le détail, à l'échelle des régions et des diocèses, la géographie du schisme demeure bien souvent incertaine et les fidélités précaires : Pays-Bas, Brabant, Portugal furent des régions particulièrement déchirées[36].
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En France, Charles V, le plus influent souverain d’Europe, apparaît aux yeux des cardinaux clémentistes, comme l'arbitre de la chrétienté. L'attitude du Valois et du clergé français demeura secrète jusqu'au 16 novembre, date de l'assemblée de Vincennes où le souverain reçut de la part de nobles et de prélats conquis, un assentiment à sa diplomatie. Bien que le royaume de France eût accepté le nouveau pontife[37], Charles V adresse son accord aux cardinaux rebelles le 16 novembre 1378[31]. Ce pape français, attaché par sa famille à la famille royale, et même cousin éloigné du roi[d], n'ayant pu s'imposer par les armes en Italie, gagne Avignon en 1379[29].
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Pendant plus de quarante ans, l'Italie est le théâtre d'un conflit où les grandes familles, les condottieres et les cités jouent le rôle le plus actif. Tiraillée entre l'influence angevine et le parti des Visconti, la péninsule vit pendant une génération des hésitations et des troubles où les choix sont guidés plus par la nécessité que par de véritables convictions[38].
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Le pape romain a dans ces conditions la plus grande difficulté à asseoir son autorité sur ses propres États, exception faite de l'Urbs, et les ressources fiscales des grands feudataires se tarissent. L'influence grandissante de Gian Galeazzo Visconti, se fait ressentir jusqu'à Pise, Sienne et même Pérouse, qui se soumet en 1400. À la mort de Boniface IX, Ladislas de Duras dut jouer un rôle prépondérant pour dix ans au sein de l'État pontifical avant de laisser la place au condottiere Braccio da Montone[39].
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En 1378, Clément VII remporte quelques succès : il prend le château Saint-Ange à la tête de 2 000 Bretons et s'empare de Rome. Jeanne de Naples qui depuis 25 ans soutient le pape contre les Visconti et les autres représentants du parti gibelin, se prononce en sa faveur, lui avance 64 000 florins et fait arrêter les représentants d'Urbain VI à Naples. Ce dernier qui depuis 25 ans recrute des Tard-Venus, reprend la ville et fait juger Jeanne pour hérésie avant de l'excommunier. Clément VII doit fuir l'Italie et se réfugier en Avignon[40].
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Urbain VI encourage alors les prétentions des grands oncles angevins de Jeanne[e] : le roi de Hongrie, le duc d'Andria et Charles III de Duras[41],[42]. Se retrouvant dans une situation critique, Jeanne fait appel à Clément VII qui lui conseille d'avoir recours aux services de Louis d'Anjou. En échange de son aide, elle l'adopte le 29 juin 1380 à la place de Charles III de Duras. Cet accord concrétise les ambitions que le duc d'Anjou nourrissait depuis longtemps. Charles III n'hésite alors plus et en novembre 1380 descend vers Naples à la tête d'une armée composée majoritairement de troupes hongroises[42]. En juin 1381, Charles de Duras est investi roi de Naples, sous le nom de Charles III, par le pape Urbain VI.
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Louis Ier d'Anjou n'intervient pas immédiatement. Ne mesurant peut-être pas la gravité de la situation dans le royaume de Naples, il est préoccupé par la succession de son frère Charles V mort alors que Charles VI n'a que 12 ans.
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Othon de Brunswick, le mari de Jeanne de Naples, ne dispose que de maigres forces et ne peut arrêter les troupes de Charles III qui franchissent les frontières du royaume le 28 juin 1381. Le 16 juillet, Charles de Duras pénètre dans Naples et assiège la reine retirée dans le Château-Neuf. Ne recevant aucun secours, elle capitule le 25 août 1381 et est placée en détention au château de l'Œuf, puis à celui de Nocera. Le 27 juillet 1382, il fait étouffer Jeanne dans sa prison[41]. En septembre 1382, Louis d'Anjou débarque enfin à Aquila. Il est couronné roi de Naples par Clément VII[43], sans pouvoir chasser Charles de Duras et meurt en 1384 laissant sa couronne à son fils Louis II d'Anjou, âgé de 7 ans. La régence est assurée par sa veuve, Marie de Blois qui rallie une à une les villes de Provence[44]. Charles de Duras est assassiné à Buda en 1386 pour s'être mêlé de la succession de Hongrie[45].
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Le comté de Provence se retrouve alors coupé en deux : Marseille et Avignon tiennent pour le pape d’Avignon, alors qu’Aix-en-Provence se range du côté romain. Les évêques ne savent plus à qui obéir et certains vendent leur siège[43].
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Jusqu’à la mort d’Urbain VI, l’influence de Clément VII grandit dans tous les États. Ladislas, fils de Charles de Duras, luttant contre Louis II d'Anjou et essayant de rattacher les États pontificaux à son royaume, s'empare deux fois de Rome. Les cardinaux italiens y élisent un nouveau pape, Boniface IX qui lui est favorable. Ainsi les chrétiens ont toujours deux papes et Naples et la Provence, deux souverains. Boniface rallie les états italiens alors que la France apporte son soutien à Clément[43]. En 1414, le royaume de Naples sombre dans l'anarchie, laissant la voie libre à la conquête aragonaise.
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Clément VII sait que le royaume de France est le seul soutien suffisamment puissant pour lui permettre de reconquérir Rome. En 1388, quand Charles VI prend le pouvoir des mains de ses oncles, il a besoin de l'affirmer. Il envisage donc une action de prestige : remettre Clément VII sur le siège pontifical et mettre ainsi fin au schisme[46]. On prépare une armée de 12 000 lances, mais, en Angleterre, Richard II, déjà en mauvaise posture, doit lui aussi faire montre d'autorité. Il fait savoir au roi de France que s'il entrait en Italie, l'armée anglaise interviendrait en France. En mars 1391, ne pouvant risquer une guerre ruineuse sur deux fronts, Charles VI fait savoir à Clément VII qu'il renonce au projet[47].
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Cependant, Jean Galéas Visconti, seigneur de Milan, et les Florentins continuent leur lutte pour le contrôle de l'Italie. Il joue la carte française (il est marié à Isabelle de France). Sa fille Valentine Visconti (1368 † 1408) épouse en 1389 Louis d'Orléans, le frère de Charles VI. On fait miroiter au frère du roi de France le don du royaume d'Adria prélevé sur les États pontificaux ce qui en fait le meilleur soutien de Clément VII, de son successeur Benoît XIII et des Visconti[48]. Savone est prise en 1394 et Gênes se livre à Charles VI en 1392[48]. Les projets hégémoniques des Visconti suscitent la création d'une ligue regroupant contre lui les Florentins, les maisons d'Este et Laurensi ainsi que le pape Boniface IX[49].
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À sa mort, en 1402, la régence est confiée à sa veuve Catherine qui gouverne avec Francisco Barbavara, son ancien chambellan[49]. Ils sont renversés, ce qui profite à la ligue : le pape récupère Bologne, Pérouse et d'autre villes d'Ombrie. De nombreuses cités du Nord recouvrent leur indépendance[49].
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Jean de Gand, duc de Lancastre et régent d'Angleterre, étant marié à une fille de Pierre le Cruel, se verrait bien roi de Castille. Un accord est trouvé avec le pape pour faire prêcher une croisade contre les Castillans qui soutiennent Clément VII[50]. En fin de compte, Rome ne finance pas cette croisade et Jean de Gand s'entend avec le Portugal. Le conflit dure 20 ans.
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La situation financière de l'Église déjà mauvaise sous les papes d'Avignon s'aggrave : il y a deux saints sièges, avec deux administrations pontificales[51]. Le contrôle de Bruges est un enjeu économique majeur pour les deux papes car le produit de la fiscalité pontificale en Europe du Nord y transite[52]. Depuis 1379, les Flandres, Gand en tête, sont révoltées contre Louis de Male sous la conduite de Philippe van Artevelde. Il se rapproche des Anglais car les importations de laine anglaise sont cruciales pour l’industrie drapière flamande. De ce fait, il passe sous l’obédience d’Urbain VI. Une croisade française soutenue par Clément VII le vainc à Roosebeke en 1382. Dès lors, Urbain VI réagit et fait prêcher la croisade en Angleterre par Henri Despenser, évêque de Norwich. Celle-ci est acceptée par le Parlement anglais le 23 février 1393[53]. Les Anglais saccagent Gand et s’attirent l’inimitié des Flamands. Louis de Male rappelle les Français à son secours et une trêve est vite obtenue. À sa mort en 1385, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, prend possession du comté ; il sait être conciliant, permettant à chacun de choisir son obédience. Toute la Flandre lui fait allégeance, ce qui règle le conflit[54].
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Venceslas Ier succède à son père Charles IV à la tête du Saint-Empire romain germanique en 1378. Son père pour faciliter son élection a pris le parti d'Urbain VI, mais celui-ci ne l'a jamais couronné. Venceslas Ier obtient de l'empereur la promesse d'une intervention contre les clémentins en contrepartie du prélèvement d'une décime en terre d'Empire[55]. Mais sous l'influence de son cousin Charles VI de France, il ne monte pas l'expédition. Il développe une politique conciliante vis-à-vis des hussites contre les exigences de l'Église romaine qui les juge hérétiques. Accusé de consacrer plus de temps à ses terres tchèques qu'à ses devoirs impériaux et de céder aux exigences françaises en matière papale (d'autant qu'ils ont payé pour renverser Clement VII), il est déposé par les princes-électeurs germaniques en août 1400 en faveur de Robert Ier. Venceslas refuse cependant de reconnaître sa légitimité.
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L'état de guerre permanent occasionné par la voie de fait a évidemment des conséquences pour les finances des deux papes. Les ressources sont dès le départ divisées par deux, mais la guerre a elle-même un coût[56]. D'une part, il faut financer les « croisades » et autres expéditions contre les territoires tenus par l'obédience adverse. D'autre part, les ambitions locales libérées par le schisme font que l'Italie et la Provence sont en guerre de manière quasi continue, ce qui gêne les échanges. Les cités pontificales de Rome et d'Avignon ont moins d'argent à réinjecter et jouent moins leur rôle de centres de consommation. Ruinés, les deux papes recourent à une augmentation vertigineuse de la pression fiscale. Évidemment, les religieux rechignent à payer et préfèrent se tourner vers les États[57]. L'idée du gallicanisme fait son chemin et la voie est ouverte pour la soustraction d'obédience[58].
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Le schisme est vécu de plus en plus douloureusement par les fidèles, par les pouvoirs laïcs et les prélats. Face à la confusion, se dressent des voix dans toute l'Europe, savants, mystiques et prophètes[59], princes et autorités ecclésiales. Le schisme a été, dès l'annonce du bris du conclave, un objet de sollicitude de la part des membres de l'université de Paris. À ce titre, Jean de Gerson apparaît comme une figure de premier ordre, artisan d'un appareillage intellectuel pour penser le schisme et pour en venir à bout. Dans son De jurisdictione spirituali et temporali de 1405 — où lois humaines, naturelles et divines sont distinguées et séparées — la théorie de « soustraction d'obédience » prenait forme.
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En 1394, il y a déjà plus de quinze ans que deux papes rivaux se retrouvent à la tête de la chrétienté. Boniface IX siège à Rome et reçoit l'appui de la Vénétie, de l'Angleterre, de l'Allemagne, de la Pologne, du Portugal et de la Hongrie. Dans le camp de Benoît XIII, pape d'Avignon, se rangent la France, la Castille, l'Aragon, l'Écosse, la Bretagne[60], la Savoie et le royaume de Chypre.
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Cette année-là, Philippe le Hardi, régent de la France depuis la folie du roi Charles VI, demande à l'Université de Paris de lui présenter une recommandation sur les moyens de mettre fin au schisme. En effet, avec une politique fiscale agressive qui prive le clergé d'une grande part des bénéfices issus de ses charges, Benoît XIII s'est mis à dos nombre de religieux[61]. Philippe le Hardi qui suit une politique conciliante vis-à-vis de la papauté de Rome pour ménager les Flamands, a tout intérêt à mettre fin au schisme. Après plusieurs mois de délibérations, l'Université présente trois solutions : la voie de compromis (laisser aux pontifes le soin de mettre fin eux-mêmes au schisme), la voie de cession (il faut les démettre simultanément et en élire un autre) ou la réunion d'un concile qui aurait pour but de trancher le problème.
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En février 1395, le Conseil du roi appuie le principe d'une démarche pour la voie de cession (Louis d'Orléans, partisan de la voie de fait, qui sert ses intérêts italiens a été évincé par Philippe le Hardi)[61]. Cependant, ni Benoît XIII, ni Boniface IX, n'acceptent de se démettre. On décide alors de les y obliger en ayant recours à une soustraction d'obédience. Entre l'Université de Paris et le Saint-Siège, les positions se raidissent. Dès lors, les Parisiens font valoir leurs vieux projets de réforme de l'Église et voient en Philippe le Hardi leur champion[61]. En 1398, un Conseil national des évêques tenu à Paris vote une ordonnance retirant au pape les bénéfices et les taxes ecclésiastiques au profit du roi de France. Autrement dit, l'Église de France se gouvernera elle-même et c'est le roi qui légiférera en matière religieuse. Seule l'autorité spirituelle est reconnue au pape d'Avignon. La France est bientôt imitée par la Sicile, la Castille et la Navarre.
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Entêté, Benoît XIII refuse de plier, même si les fonds ne rentrent plus. Assiégé dans sa citadelle pendant plusieurs mois par des ennemis locaux, il parvient à s'enfuir en 1403 et se réfugie chez le comte de Provence, Louis II d'Anjou, qui s'opposait depuis le début à la soustraction d'obédience[62].
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La soustraction d'obédience s'avère vouée à l'échec. Plusieurs évêques commencent à se plaindre, surtout lorsque le gouvernement français commence à taxer les revenus des paroisses[62]. Le camp orléaniste a pris, dès 1401, parti contre la soustraction d'obédience. Le 29 avril 1403, la Castille restitue son obédience au pape. La France suit le 28 mai. On en revient aux tractations diplomatiques qui ne donneront aucun résultat, les pontifes de Rome et d'Avignon campant toujours sur leurs positions. Pour remercier Louis d'Orléans de son soutien, le pape lui offre 50 000 francs (aux dépens de la fiscalité imposée aux clercs), ce qui a pour effet de dresser l'Université contre lui et de la faire basculer un peu plus en faveur du Parti bourguignon[63].
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En 1407, l'Université de Paris, avec l'appui du duc de Bourgogne et du Parlement de Paris, décide par elle-même une nouvelle soustraction d'obédience qui ne donnera pas plus de résultat que la première fois.
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L'Église se trouve dans l'impossibilité de résoudre la bicéphalie, elle ne peut démettre l'un des deux pontifes[51]. Certains cardinaux unionistes choisissent la voie du conciliarisme pour mettre fin au schisme. Ils font connaître par lettre leur volonté de convoquer un concile pour le printemps 1409. Les cardinaux durent déployer une grande énergie pour gagner à leur projet un maximum de participants. L'appel se fit jusqu'à l'empire byzantin. L'entreprise est couronnée de succès puisque 500 représentants de deux obédiences se réunissent au concile de Pise, du 25 mars au 7 août[64]. Ils y décident de déposer les deux papes et d'en élire un nouveau. Le 5 juin, la condamnation des deux pontifes rivaux est prononcée et les cardinaux pisans élisent Alexandre V (1409-1410) le 26 juin. Mais les cardinaux sont excommuniés par les deux papes rivaux et la situation empire : il y a alors trois papes (dont deux antipapes)[51].
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En 1410, la chrétienté est alors partagée en trois obédiences : celle de Jean XXIII, qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie ; celle de Benoît XIII, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac ; celle de Grégoire XII, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne ; en Allemagne, la Bavière, le palatinat du Rhin, les duchés de Brunswick et de Lunebourg, le landgraviat de Hesse, l'électorat de Trèves, une partie des électorats de Mayence et de Cologne, les évêchés de Worms, de Spire et de Werden[65].
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Jean XXIII, antipape à Pise, chassé de Rome en 1413 par Ladislas, roi de Naples et de Hongrie, se met sous la protection de l'empereur Sigismond. De concert avec ce prince, il convoque un concile général à Constance pour le 1er novembre 1414. Les motifs allégués de la convocation sont l'extirpation du schisme et la réunion des fidèles sous un seul et même pasteur, la réforme de l'Église et la confirmation de la foi contre les erreurs de John Wyclif, de Jan Hus et de Jérôme de Prague[65].
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C’est lors de ce concile, présidé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny que devait, entre 1414 et 1418 être résolu le problème de la bicéphalie (voire de la tricéphalie) de l’Église. Guide vigilant, l'empereur Sigismond devait y jouer un rôle primordial : trois mois avant la bulle de convocation, il fit parvenir un édit universel annonçant la tenue d'une assemblée, le 1er octobre 1414, dans la ville impériale — assemblée où tous les princes furent conviés ainsi que Manuel de Constantinople. « Avoué de l'Église », il suivit avec zèle l'exécution des décisions prises lors des assemblées.
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Constance, durant quatre années d'activité, vit sa population plus que quadrupler et devint, pour un temps, la nouvelle capitale du monde chrétien[66].
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Les membres du concile ont recours au conciliarisme pour mettre fin à la crise. Fort du soutien impérial, le concile proclame sa supériorité sur le pape : « Ce synode, légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, formant un concile général représentant l’Église catholique militante, tient immédiatement de Jésus-Christ son pouvoir, auquel toute personne de tout état, de toute dignité, même papale, est tenue d’obéir, en ce qui regarde l’extinction et l’extirpation du dit schisme (Obedire tenetur in his quæ pertinent ad fidem et extirpationem dicti schismatis) »[67]. L'assemblée des évêques se positionne au-dessus du pape et prévoit ses prochaines convocations.
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Jean XXIII, qui déjà quittait Constance le 21 mars 1415, fut déposé le 29 mai. Le pape romain Grégoire XII fut lui poussé à abdiquer (ce que Grégoire XII accepta par esprit de paix pour faire « table rase » de l’ensemble de la crise). Il convoqua à nouveau le concile par la voix de son légat et démissionna par procurateur le 4 juillet 1415. Ce qui mit fin, canoniquement, au Grand Schisme.
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Martin V, fut élu à la quasi-unanimité le 11 novembre 1417, fête de saint Martin, par un conclave élargi pour la circonstance : le collège des cardinaux de toutes obédiences, renforcé par six députés de chaque nation du concile : France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne.
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Martin V eut la bonne idée d’annoncer au préalable qu’il ne remettrait pas en cause les nominations de cardinaux effectuées par les deux autres antipapes (qui, dès lors, étaient reconnus comme papes légitimes dans leurs obédiences respectives jusqu’à la date des prises de fonction de Martin V), ce qui a probablement facilité le consensus à son sujet.
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Mais l’antipape d’Avignon, Benoît XIII, retiré à Peníscola, dans la couronne d'Aragon (dernier État à le reconnaître), refuse de s’incliner, quoique quasiment dépourvu de tout appui. Il meurt antipape en 1423. Trois de ses quatre derniers cardinaux élisent tout de même, à Peníscola, l’antipape Clément VIII, qui finit par renoncer quand le roi d’Aragon Alphonse V, lui-même, se rallie au pape de Rome Martin V[69].
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Jean Carrier, le quatrième cardinal, jugeant l’élection de Clément VIII en Aragon irrégulière, conçoit d'élire secrètement Bernard Garnier « pape » de l’Église d’Avignon à Rodez, suscitant un nouveau schisme ultra-minoritaire (et non reconnu) de l’ancienne Église d’Avignon (néanmoins non assimilé au Grand Schisme que l’élection régulière de Martin V par les cardinaux des trois anciennes obédiences avait résolu), avant de reprendre lui-même le titre sous le même nom de Benoît XIV. Les titres des successeurs de Clément VIII (qui lui s’était rallié à Rome en 1429) sont qualifiés dans les anciens textes d’antipapes imaginaires puisque aucune élection ni aucun conclave officiel n’eut lieu. Aucun des clergés des Églises de Rome, Pise, Avignon et couronne d'Aragon ne leur confère d’ailleurs le titre de pape ni même celui d’antipape. Ce schisme perd vite ses appuis et ses derniers soutiens dans le clergé se soumettent au pape de Rome ou sont totalement réprimés en 1467.
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La division de l'Église ouvre un espace aux critiques et aux remises en cause. Des théories nouvelles telles que celles de John Wyclif peuvent se répandre, alors que les ecclésiastiques se déchirent entre partisans du pape et de l’antipape qui se discréditent mutuellement. Le terrain est préparé pour la Réforme dont Wyclif est l’un des précurseurs[70].
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Les deux papes s'excommuniant réciproquement comme schismatiques, le doute s'installe quant à la validité des sacrements prodigués par les deux obédiences[51]. Au-delà du discrédit jeté sur les deux Églises, le pape et l'antipape voulant s'assurer le soutien des ecclésiastiques, des universitaires et des princes envoient de nombreux ambassadeurs dans toute l'Europe, prêts à faire des concessions et notamment en matière de nominations ecclésiastiques. L'autorité du Saint-Siège s'en trouve inévitablement affaiblie. Les courants de pensée réformateurs ou hétérodoxes sont donc peu combattus durant cette période.
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En particulier, les thèses de John Wyclif (1320-1384) qui cherchent à régler les désordres existants dans l'Église, se propagent en Angleterre. Elles prônent un retour à l'intégralité de la Bible ainsi qu'à l'augustinisme. Il remet en cause l'autorité et la juridiction pontificale et préconise la désignation du pape par voie conciliaire[71]. Il dénie aux prêtres en état de péché mortel la possibilité de remettre les fautes. Wyclif laisse clairement entendre que l'Église d'Angleterre est pécheresse et coupable de corruption[72],[73]. Ses ouvrages reflètent ces préoccupations : le De civili domino e De domino divino (1375) refuse aux prêtres et à la communauté ecclésiale tout pouvoir temporel, le De officio regis soutient le pouvoir régalien qui l'a chargé de réaffirmer ses droits dans la tradition anglo-normande, le De veritate Scripturæ Sanctæ sanctionne ses précédentes thèses par l'appui des Écritures (1378). Cette même année, cependant, une réconciliation se tient entre Grégoire XI et le roi. Mais le théologien poursuit son entreprise avec le De potestate papæ (1379), soutenu par l'influent duc de Lancastre – Jean de Gand[74] alors régent du royaume et par le duc de Northumbrie. Il gagne ainsi les faveurs d'une partie de la noblesse. Sa volonté de redistribuer les richesses de l'Église permet à ses thèses religieuses de trouver une plus large audience. En 1378, le théologien Wyclif se fait pasteur. La population londonienne et, pendant un certain temps, les ordres mendiants s'intéressent à ses idées nouvelles[75] qui sont propagées en Angleterre par des prédicateurs itinérants appelés les « pauvres prêcheurs » ou Lollards. Trois synodes viennent condamner ses idées qui ne cessent de se répandre.
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Il fait des adeptes à l'étranger tels Jan Hus qui prêche dans une Bohème déchirée par les luttes intestines. Jean Hus est frappé d'excommunication, les œuvres de Wyclif, qui est chassé de la ville, sont brûlées. Il poursuit dans les campagnes sa prédication évangélique, prédication qui entraîne un soulèvement populaire. Alors que l'Église divisée essaie de se rassembler au concile de Constance pour mettre fin à la crise, il est convié pour faire valoir ses opinions. Il y met en difficulté les intellectuels de l'université de Paris et les plus grands canonistes romains. Emprisonné, il est brûlé vif pour hérésie[76]. Mais cette période a permis aux idées de Wyclif de se diffuser : elles peuvent être considérées comme précurseurs de la Réforme[f].
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L'usage d'attribuer les bénéfices anglais vacants à des favoris de la Curie est mal perçu par les alliés britanniques de Boniface IX. Le pape introduit en effet une nouvelle forme de revenu, l'annates perpetuæ, qui attribuait au pape la moitié du revenu engrangé lors de la première année de tout bénéfice attribué au sein de la curie. Ce qui favorise l'écho des griefs prononcés par Wycliff contre l'Église. Afin de s'opposer à cette pratique, le Parlement anglais confirme et étend les droits du roi, lui donnant un droit de véto sur ses nominations en Angleterre. Boniface IX doit céder face à l'unité anglaise et satisfaire aux exigences du roi.
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Aux XIVe et XVe siècles, l'évolution se fait vers la structuration d'États modernes avec l'instauration d'impôts permanents. Ceux-ci sont difficilement acceptés par la population ; cependant les monarques, et en particulier Charles V et Charles VII, ont fait admettre l'idée que l'impôt permettait à l'État de restaurer la sécurité nécessaire aux échanges[78]. Charles V a même suivi une politique de grands travaux visant à relancer l'économie en réinjectant des liquidités et à assurer la paix sociale par l'emploi (en évitant que les vagabonds n'aillent grossir les rangs des compagnies)[79]. Les papes, confrontés à la chute de leurs recettes et à la nécessité de financer le conflit contre l'obédience adverse, ont augmenté considérablement décimes et annates sans pouvoir les justifier par un bénéfice palpable pour leurs contribuables. Dès lors, les clercs se rebellent contre cette fiscalité et se tournent vers les États[57]. Cela se traduit par les tentatives de soustractions d'obédiences menées par Philippe le Hardi soutenu par l'Université de Paris, lesquelles aboutissent à une indépendance de fait de l'Église de France entre 1398 et 1403[62]. Un grand pas est alors fait vers le gallicanisme.
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Après l'épreuve du grand schisme d'Occident, l'Église peine à retrouver de l'autorité, et doit affronter la crise conciliaire. Le concile de Constance de 1418 a bien pris quelques mesures pour restaurer un semblant de discipline, mais, à Rome, le souverain pontife n'arrive pas à rétablir son influence. Aussi Martin V — élu à Constance — convoque un nouveau concile, mais il meurt avant qu'il ne se tienne : Eugène IV le réunit, d'abord à Sienne, puis à Bâle, en 1431[80].
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Mais, loin de retrouver son autorité, le pape se heurte à une violente opposition de l'assemblée conciliaire : elle proclame sa prééminence sur le pape qui lui, brandit la menace de la dissolution. L'empereur Sigismond et le roi Charles VII proposent une médiation pour éviter un nouveau schisme. Elle permet de trouver un accord transitoire ; le concile peut se poursuivre. Il décide en particulier la suppression d'une redevance, importante source de revenus pour Rome, les annates. Pour contrer ces initiatives, le pape convoque un autre concile à Ferrare, en janvier 1438. Eugène IV ayant réussi à faire pression sur les autorités politiques, seul un petit groupe demeure à Bâle qui élit un antipape[80]. On défait à Ferrare les décisions prises à Bâle.
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Au vu des désordres générés par le conciliarisme, Charles VII décide d'organiser l'Église de France à sa manière, en se référant aux réformes entérinées au concile de Bâle. Le 7 juillet 1438, le roi promulgue la Pragmatique Sanction de Bourges qui reprend, avec quelques modifications, une vingtaine de décrets pris par le concile dans l'esprit duquel elle s'inscrit et donne un statut particulier à l'Église de France. Elle constitue en quelque sorte une alliance entre le souverain et le clergé[80], limite les prérogatives du pape en réaffirmant la suprématie des conciles qui ont clairement défini les pouvoirs du Saint-Siège[81].
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Dans son préambule, la Pragmatique Sanction de Bourges dénonce les abus de la papauté. Le premier article déclare la suprématie des conciles généraux sur le Saint-Siège et limite les pouvoirs du pape. Ainsi la libre élection des évêques et des abbés par les chapitres et les monastères est rétablie: elle supprime les nominations par le Saint-Siège et son droit de réserve. La royauté obtient de pouvoir « recommander » ses candidats aux élections épiscopales et abbatiales auprès des chapitres. L'ordonnance de Bourges établit aussi des juridictions permettant de limiter les appels (souvent onéreux) faits à Rome. Enfin, elle fixe un âge minimum pour devenir cardinal, réduit la possibilité du pontife de lever un certain nombre d'impôts (suppression des annates) et restreint les effets de l'excommunication et de l'interdit.
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Fin politique, Charles VII réussit ce que Philippe le Bel a vainement tenté de réaliser. Bien que se référant à Rome, l'Église de France acquiert une grande autonomie. Le roi s'assure la loyauté du clergé français.
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Cependant, La Pragmatique Sanction est inacceptable pour le pape, malgré le soutien apporté par Charles VII à Eugène IV contre l'antipape élu par les irréductibles de Bâle. Le premier article sur la prééminence des conciles est, à ses yeux, rédhibitoire. Privé de précieux revenus, le Saint-Siège demande l'abrogation de la Pragmatique Sanction, ou du moins que celle-ci soit sérieusement amendée.
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On entame des discussions interminables. La Pragmatique Sanction est acceptée par le clergé français et par la plupart des parlements, à l'exception de ceux de Bretagne et de Bourgogne.
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Les fondements de la société médiévale à trois ordres sont ébranlés par la crise de la féodalité qui sévit depuis la fin du XIIIe siècle. Le poids de la fiscalité augmente avec la modernisation de l’État et devient insupportable avec les dépenses dues à la guerre de Cent Ans, Charles V obligeant les Anglais à entretenir des garnisons en permanence en Aquitaine et dans les places qu’ils tiennent en Normandie, en Bretagne et en Picardie. Entre 1377 et 1380, l’impôt par capitation est multiplié par trois[82].
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Les contribuables anglais biaisent (en particulier en ne comptant pas les femmes) et l’administration réagit en établissant des listes précises en 1381[82]. Les prêches enflammés des Lollards, aux accents égalitaristes, sont bien accueillis par cette population au bord de la révolte. Les idées de John Wyclif vont en grande partie dans le sens des franciscains, aussi bénéficient-elles au départ de puissants appuis politiques (Jean de Gand en tête), et prennent des accents farouchement égalitaristes. Quand se déclenche la révolte des paysans anglais, ils sont entre 20 000 et 50 000 à marcher sur Londres qui leur ouvre spontanément ses portes[83] : ils demandent l’abolition du servage, l’abolition du système contraignant de règlementation du travail et redistribution des terres d’église aux paysans. Les fondements de la société médiévale sont menacés[84]. Richard II temporise en négociant avec leur chef Wat Tyler, pendant que Robert Knolles monte une armée. Quand celle-ci est prête, Tyler est assassiné en pleins pourparlers, comme le fut Guillaume Carle. Décapité, le mouvement s’effondre.
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Le grand schisme correspond à une crise religieuse qui s’inscrit dans la crise plus large de la société féodale. John Wycliff est l’une des voix qui s’élèvent pour résoudre cette crise morale, ses idées sont annonciatrices de la Réforme, qui constituera une véritable tentative d’adaptation de la religion chrétienne à la société de la Renaissance.
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On appelle Grand Schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le christianisme latin au tournant des XIVe et XVe siècles (1378-1417), divisant pendant quarante ans l'Europe chrétienne en deux courants rivaux.
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Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d'un système féodal qui ne répond plus aux besoins d'une société en pleine mutation. En effet, l'Église romaine n'a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l'avait rendue indispensable à l'exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d'États modernes que l'Église n'a plus les moyens de rassembler culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l'affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII, qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du pape et de l'empereur débouchent sur l'affrontement entre guelfes et gibelins du XIIe au XIVe siècle.
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Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l'installation en 1309 de la papauté en Avignon puis en 1378, au Grand Schisme.
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Celui-ci, inscrit dans une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse, est marqué par deux successions pontificales simultanées, l'une à Rome et l'autre en Avignon (dont les tenants en titre sont qualifiés d'antipapes par leurs adversaires). L'Église, dont une partie du rôle social et culturel a été prise en charge par la bourgeoisie depuis le XIIIe siècle, sort moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : le gallicanisme se développe, les particularismes nationaux s'exacerbent, le sentiment religieux se modifie, de nouvelles hérésies émergent[1].
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Depuis le Xe siècle et le mouvement de la paix de Dieu, l'Église impose l'image d'une société divisée en trois ordres[3]. Laissant le pouvoir temporel et militaire à la noblesse, elle devient le garant moral de l'équilibre social. Concentrant toutes les connaissances depuis la fin de l'Antiquité, principal promoteur de l'enseignement et des progrès scientifiques et techniques (principalement au sein des abbayes), le clergé se positionne comme l'élément central et indispensable de la société médiévale. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives[4] et les écoles[5] ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an[6]. Maîtrisant les échanges culturels et bénéficiant des meilleures connaissances techniques, les abbayes se taillent vite la part du lion dans le tissu économique encore majoritairement agricole. L'Église connaît l'apogée de sa puissance économique, culturelle, politique et même militaire, du fait des ordres militaires qui permettent de pouvoir compter sur des forces armées permanentes sans avoir à les solder, pendant les croisades.
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Mais à partir de la fin du XIIIe siècle, l'équilibre entre les trois ordres se rompt. D'une part, la bourgeoisie, désormais bailleur de fonds des princes et des hauts dignitaires de l'Église, détient une puissance économique qui la rend progressivement politiquement indispensable[7]. D'autre part, pour les besoins du commerce, puis pour assurer sa propre ascension sociale, elle a pris en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques[8] et finançant un mécénat culturel[9] ainsi que nombre d'œuvres sociales[4]. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt)[10], artisans (tels Jacopo et Giovanni Dondi, concepteurs de l'horloge à échappement[11])… La place de choix accordée à l'Église dans la société pour son rôle culturel et social, se justifie de moins en moins.
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Alors que le clergé était à la pointe du progrès scientifique et philosophique avec des universitaires comme Roger Bacon, Robert Grossetête, Pierre de Maricourt, Pierre Abélard ou Thomas d'Aquin, certains de ses membres craignent d'être dépassés par des évolutions qui remettent en cause sa place. Un tournant est pris le 7 mars 1277, lorsque l'évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne les averroïstes (Siger de Brabant) et certaines thèses de Thomas d'Aquin[12]. L'Église devient une force conservatrice tout en laissant développer des positions mystiques, laissant la bourgeoisie prendre un rôle croissant dans le progrès scientifique et philosophique[12].
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Confrontée à sa perte d'influence spirituelle, elle tente d'accaparer le pouvoir temporel, ce à quoi Philippe le Bel réagit très violemment, s'appuyant en particulier sur les universitaires et la bourgeoisie dont il renforce le pouvoir politique en créant les États généraux. Les XIVe et XVe siècles sont marqués par la lutte entre deux conceptions de la société qui transparaît en filigrane dans la guerre de Cent Ans où l'ordre féodal est menacé par la demande de reconnaissance politique des villes, avec pour exemple Étienne Marcel ou l'ordonnance cabochienne…
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Philippe IV le Bel a besoin de ressources pour entretenir une armée et une marine capables de maîtriser les velléités d'autonomie des riches villes flamandes. Il décide de lever, en 1295, un impôt exceptionnel sur le clergé, la « décime ». Le pape Boniface VIII, qui tire des revenus abondants de France, répond par la bulle de 1296, Clericis laicos, à l'intention des souverains, que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication.
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En rétorsion, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une part importante de ses ressources. Les rapports avec Rome se tendent et en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII affirme la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et, de ce fait, la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église[13]. C'en est trop pour Philippe le Bel, qui réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, puis également des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris. Le roi cherche l'appui de tous ses sujets, afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape[14]. Ce dernier menace d'excommunier Philippe IV et de jeter l'interdit sur le royaume de France.
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Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie son Garde des Sceaux, le chevalier Guillaume de Nogaret, avec une petite escorte armée, vers l'Italie, afin d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, qui lui fait savoir que le pape s'est réfugié à Anagni. Le 8 septembre 1303, lors d'un entretien tumultueux, le pape Boniface VIII est menacé par Guillaume de Nogaret. Il meurt quelques semaines plus tard[14].
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Son successeur, Benoît XI, est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère détestable. Il annule la plupart des mesures de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304.
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Pendant onze mois, de pénibles tractations se déroulent entre le parti français, conduit par la famille romaine des Colonna, et le parti du défunt Boniface VIII, emmené par les Caetani. On décide finalement de choisir le pape à l'extérieur du Sacré Collège des cardinaux, et l'unanimité ou presque se fait sur le nom de Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Le 5 juin 1305, les cardinaux, réunis en conclave à Pérouse, portent à la tête de l'Église Bertrand de Got qui choisit le nom de Clément V. C'est le premier pape français depuis l'élection de Calixte II en 1119. Il monte sur le trône de Saint Pierre à l'âge de quarante ans alors que l'Église traverse une grave crise politique.
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Le nouveau pape renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et des risques liés au conflit des guelfes et des gibelins[15]. Il choisit en définitive de se faire couronner à Lyon, en terre d'Empire, le 1er novembre.
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Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel, mais repousse sa demande d'ouvrir un procès posthume contre Boniface VIII, qui aurait pu justifier a posteriori l'attentat d'Anagni[15]. En 1307, il a un entretien avec le roi capétien où il est question en particulier du sort des Templiers. Philippe le Bel veut supprimer cet influent et riche ordre de moines-chevaliers. C'est chose faite le vendredi 13 octobre 1307, sans que le pape ait pu s'y opposer.
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Comme il n'est toujours pas en mesure de s'établir à Rome et veut suivre de près le procès des Templiers, Clément V décide en 1309 de s'établir « provisoirement » dans un couvent de dominicains à Avignon, sur des terres d'Empire qui lui sont cédées par le roi de Sicile, par ailleurs comte de Provence.
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Même « provisoire », cet établissement aux frontières du royaume de France traduit l'abaissement de la papauté, depuis l'époque où Innocent III, un siècle plus tôt, prétendait soumettre les rois à son autorité.
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Cinq papes d'Avignon successifs et 80 % des cardinaux qui nomment légats et gouverneurs des provinces ecclésiastiques d’Italie, sont français[15] et généralement proches du roi de France. Ceci se fait au détriment des Italiens habitués à recevoir les bénéfices liés à ces charges. Ce mécontentement est amplifié par les soubresauts du conflit opposant les guelfes — partisans de la papauté et suivant le roi de Naples de la maison d'Anjou au parti gibelin — dont les représentants de la puissante famille des Visconti sont les dirigeants désignés.
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De 1360 à 1375, en Haute-Italie, une succession d'affrontements oppose la ligue du pape aux Visconti[16]. Or, dans les années 1370, Grégoire XI exprime le souhait — souhait déjà exprimé par son prédécesseur — de ramener le siège pontifical à Rome. Pour cela, le souverain pontife doit s'assurer de l'accord des Visconti avant de regagner la Curie romaine. En 1371, les seigneurs de Milan, Bernabò et Galeazzo Visconti, en guerre contre le marquisat d'Este, menacent les possessions de l'Église. Une coalition attachée aux intérêts pontificaux se forme contre les villes libres de Toscane, sous la conduite de Nicolas Roger de Beaufort et de Raymond de Turenne, dans laquelle s'illustra John Hawkwood, à la tête de l'armée papale. La coalition des armées du pape, comprenant les princes de Montferrat, Este et Carrare, le royaume de Naples, la Maison de Savoie, les républiques de Gênes et de Florence, s'oppose alors à Milan[17].
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Défaits en 1373, les deux princes de la famille de Visconti sont déclarés parjures et déchus de leur rang de chevalier par le pape, bien qu'une trêve soit signée en juin 1375 à Bologne[18].
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La trêve n'est que de courte durée. La grande famine qui touche Florence en 1374 met de nouveau le feu aux poudres en Italie centrale. En effet, la ville se voit refuser par l'abbé de Marmoutier, vicaire général, toute importation de grain. Florence prend alors la tête du parti des mécontents en Toscane et se révolte au nom des libertas des villes italiennes et contre la « nouvelle captivité à Babylone ». Elle trouve dans la venue du condottiere Hawkwood sur le contado florentin, prétexte à une déclaration de guerre[19]. Ces incidents cachent un problème plus profond : inquiets des succès de la papauté et de son influence croissante dans ses États, les Florentins se rallient à Bernabò Visconti en juillet 1375[20]. Bernabò et les Florentins tentent de faire éclater des insurrections dans le territoire pontifical, spécialement chez ceux, nombreux, exaspérés par l’attitude et la rapacité des légats du pape en Italie. Ainsi, en 1376, la plupart des cités d'Italie sont en révolte contre les légats pontificaux. Ils réussissent si bien qu’en peu de temps le pape est dépossédé de la totalité de son patrimoine.
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Fortement irrité par les démarches séditieuses des Florentins, Grégoire XI place la République sous interdit, excommuniant tous ses habitants, y compris femmes et enfants. De plus, pour faire bonne mesure, il les proscrit, eux et leurs possessions[21]. La perte financière des Florentins est inestimable. Ils sollicitent l'intervention de Catherine de Sienne auprès de Grégoire XI, mais, dans le même temps, sabotent tous ses efforts en reprenant les hostilités contre le pape.
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Au milieu de ces graves troubles, Grégoire XI, exauçant les prières pressantes de Catherine[a], décide de ramener le siège pontifical à Rome et de rejoindre la Curie. Si sa décision est prise dès février 1374, le voyage est ajourné en raison du conflit milanais[20]. En dépit des protestations du roi de France et de la majorité des cardinaux, il quitte Avignon le 13 septembre 1376 et embarque à Marseille le 2 octobre pour l’Italie. Il parvient à Corneto, via Gênes, le 6 décembre. Il y reste jusqu’à ce que les arrangements nécessaires aient été pris à Rome au sujet de son gouvernement et de sa future installation. Le 13 janvier 1377, il quitte Corneto, débarque à Ostie le jour suivant et remonte le Tibre vers le monastère San Paolo, d’où il effectue son entrée solennelle dans Rome le 17 janvier 1377.
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Mais son retour à Rome n’a pas mis un terme aux hostilités. Le terrible massacre de Césène, commandité par le cardinal Robert de Genève, futur Clément VII, aliène toute sympathie pour la papauté dans le cœur des Italiens[22]. Les incessantes émeutes romaines conduisent Grégoire XI à se retirer à Anagni vers la fin du mois de mai 1377.
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S’étant peu à peu remis de ses émotions, il gagne le Saint-Siège. Mais gravement malade, se sentant menacé dans son palais même, il finit cependant par prendre Rome en aversion et seule la mort l’empêche de retourner à Avignon. Fait extraordinaire, le souverain pontife, sentant les troubles qui allaient surgir, laisse au Camerlingue une bulle mentionnant des recommandations sur sa succession. Il meurt en effet à Rome le 27 mars 1378, alors que des négociations en vue d’un processus de paix débutaient à Sarzana, laissant l'Église dans une situation périlleuse[23].
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L’événement déclencheur de la grande crise papale est la scission du Sacré Collège à la suite de l'élection d’Urbain VI (1378-1389), successeur à Rome de Grégoire XI.
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La crise et le schisme qui s'ensuit est un événement particulièrement bien documenté du fait du grand nombre de pièces que suscita la polémique. Dans cette querelle le rôle du droit fut réaffirmé. Le schisme offrait le tableau d'une Europe divisée, d'une Église déchirée et d'une papauté affaiblie, et exacerbait les manifestations de la conscience troublée de la chrétienté occidentale.
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Soixante-dix ans après le départ du souverain pontife pour Avignon, Rome accueille une partie des cardinaux du Sacré Collège dans une ambiance fiévreuse[b]. La foule romaine, secondée par les habitants du contado, soucieuse de garder un pape « romain ou au moins italien »[25], déclenche une émeute le 8 avril, jour de l'élection. De ce fait, celle-ci n'est ni tout à fait libre, ni tout à fait valide. L'archevêque de Bari, Barthélemy Prignano reçoit la tiare et prend le nom d'Urbain VI le 18 avril 1378[26]. Si l'élection s'est faite en grande partie sous la pression du peuple romain en armes, les cardinaux ont opté, dans la précipitation, pour un homme peu puissant et connu pour sa modération passée.
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À peine élu, Urbain VI se brouille avec une partie des cardinaux restés à Avignon et scandalise par sa volonté réformatrice parfois brutale. Il cherche à imposer au Collège une vie conforme à l'idéal évangélique, demandant aux cardinaux de renoncer à leurs pensions et d'investir dans la restauration de l'Église. C'est rapidement deux conceptions de l'Église, du fonctionnement de ses institutions et de l'aspect bénéficial, de sa fiscalité et du rôle de ses princes — l'une avignonnaise, l'autre romaine — qui s'opposent[27]. Les cardinaux, en majorité français, habitués aux fastes et aux intrigues de couloirs grâce auxquelles ils ont pu accéder à leurs charges si rémunératrices, voient d'un très mauvais œil ce pape moralisateur et intransigeant[28].
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Profitant de sa brouille avec la reine de Naples, Jeanne Ire, les cardinaux en dissidence s'y réunissent et, rappelant la non-canonicité de l'élection, le somment d'abdiquer le 2 août[29]. Le 18 septembre, à Rome, Urbain VI nomme vingt-neuf nouveaux cardinaux dont vingt Italiens[29]. Les cardinaux français obtiennent le soutien de la Reine de Naples, opposée aux Visconti, puis font jouer leurs réseaux d'influence (le Saint-Siège est l'épicentre diplomatique de l'Occident)[30] et convainquent les conseillers de Charles V, puis le roi lui-même, de la non-validité de l'élection d'Urbain VI[31],[c]. Le 20 septembre 1378, lors d'un conclave à Fondi, dans la région de Rome, le Sacré Collège élit l'un des siens, le cardinal Robert de Genève, qui prend le titre de Clément VII (1378-1394). Le schisme est consommé.
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L'Occident chrétien se divise alors. Comme le remarque Hélène Millet, « du fait de la guerre de Cent Ans, le partage en deux camps était pour ainsi dire déjà effectif et la reconnaissance de tel ou tel pontife par les princes devint un élément comme un autre du jeu politique »[33]. Dans le camp clémentiste, le royaume de Naples et la France sont rejoints par les alliés de Charles V : la Castille, l'Écosse et les duchés de Lorraine, de Bretagne, d'Autriche et du Luxembourg. Rejoignent donc l'obédience romaine, les ennemis du royaume de Naples (l'Italie du Nord, les royaumes angevins de Hongrie et de Pologne) et ceux du royaume de France (l'Angleterre, les Flandres).
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Le territoire de la Suisse actuelle est particulièrement touché de par sa situation entre les camps, situation renforcée par son morcellement politique. Dans la plupart des diocèses suisses, il y a alors deux évêques d'obédience opposée[34]. Les royaumes espagnols restent neutres jusqu'en 1381, puis se rangent dans le parti clémentin à la suite d'un débat minutieux[29],[33]. Le « roi de Germanie » monnaye son ralliement à Urbain VI qui confirme le choix de son fils Wenceslas par les électeurs[35]. L'adhésion de Charles IV du Saint-Empire à l'obédience urbaniste fit se ranger la frange orientale de l’Empire derrière le pape avignonnais. Reste que dans le détail, à l'échelle des régions et des diocèses, la géographie du schisme demeure bien souvent incertaine et les fidélités précaires : Pays-Bas, Brabant, Portugal furent des régions particulièrement déchirées[36].
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En France, Charles V, le plus influent souverain d’Europe, apparaît aux yeux des cardinaux clémentistes, comme l'arbitre de la chrétienté. L'attitude du Valois et du clergé français demeura secrète jusqu'au 16 novembre, date de l'assemblée de Vincennes où le souverain reçut de la part de nobles et de prélats conquis, un assentiment à sa diplomatie. Bien que le royaume de France eût accepté le nouveau pontife[37], Charles V adresse son accord aux cardinaux rebelles le 16 novembre 1378[31]. Ce pape français, attaché par sa famille à la famille royale, et même cousin éloigné du roi[d], n'ayant pu s'imposer par les armes en Italie, gagne Avignon en 1379[29].
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Pendant plus de quarante ans, l'Italie est le théâtre d'un conflit où les grandes familles, les condottieres et les cités jouent le rôle le plus actif. Tiraillée entre l'influence angevine et le parti des Visconti, la péninsule vit pendant une génération des hésitations et des troubles où les choix sont guidés plus par la nécessité que par de véritables convictions[38].
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Le pape romain a dans ces conditions la plus grande difficulté à asseoir son autorité sur ses propres États, exception faite de l'Urbs, et les ressources fiscales des grands feudataires se tarissent. L'influence grandissante de Gian Galeazzo Visconti, se fait ressentir jusqu'à Pise, Sienne et même Pérouse, qui se soumet en 1400. À la mort de Boniface IX, Ladislas de Duras dut jouer un rôle prépondérant pour dix ans au sein de l'État pontifical avant de laisser la place au condottiere Braccio da Montone[39].
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En 1378, Clément VII remporte quelques succès : il prend le château Saint-Ange à la tête de 2 000 Bretons et s'empare de Rome. Jeanne de Naples qui depuis 25 ans soutient le pape contre les Visconti et les autres représentants du parti gibelin, se prononce en sa faveur, lui avance 64 000 florins et fait arrêter les représentants d'Urbain VI à Naples. Ce dernier qui depuis 25 ans recrute des Tard-Venus, reprend la ville et fait juger Jeanne pour hérésie avant de l'excommunier. Clément VII doit fuir l'Italie et se réfugier en Avignon[40].
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Urbain VI encourage alors les prétentions des grands oncles angevins de Jeanne[e] : le roi de Hongrie, le duc d'Andria et Charles III de Duras[41],[42]. Se retrouvant dans une situation critique, Jeanne fait appel à Clément VII qui lui conseille d'avoir recours aux services de Louis d'Anjou. En échange de son aide, elle l'adopte le 29 juin 1380 à la place de Charles III de Duras. Cet accord concrétise les ambitions que le duc d'Anjou nourrissait depuis longtemps. Charles III n'hésite alors plus et en novembre 1380 descend vers Naples à la tête d'une armée composée majoritairement de troupes hongroises[42]. En juin 1381, Charles de Duras est investi roi de Naples, sous le nom de Charles III, par le pape Urbain VI.
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Louis Ier d'Anjou n'intervient pas immédiatement. Ne mesurant peut-être pas la gravité de la situation dans le royaume de Naples, il est préoccupé par la succession de son frère Charles V mort alors que Charles VI n'a que 12 ans.
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Othon de Brunswick, le mari de Jeanne de Naples, ne dispose que de maigres forces et ne peut arrêter les troupes de Charles III qui franchissent les frontières du royaume le 28 juin 1381. Le 16 juillet, Charles de Duras pénètre dans Naples et assiège la reine retirée dans le Château-Neuf. Ne recevant aucun secours, elle capitule le 25 août 1381 et est placée en détention au château de l'Œuf, puis à celui de Nocera. Le 27 juillet 1382, il fait étouffer Jeanne dans sa prison[41]. En septembre 1382, Louis d'Anjou débarque enfin à Aquila. Il est couronné roi de Naples par Clément VII[43], sans pouvoir chasser Charles de Duras et meurt en 1384 laissant sa couronne à son fils Louis II d'Anjou, âgé de 7 ans. La régence est assurée par sa veuve, Marie de Blois qui rallie une à une les villes de Provence[44]. Charles de Duras est assassiné à Buda en 1386 pour s'être mêlé de la succession de Hongrie[45].
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Le comté de Provence se retrouve alors coupé en deux : Marseille et Avignon tiennent pour le pape d’Avignon, alors qu’Aix-en-Provence se range du côté romain. Les évêques ne savent plus à qui obéir et certains vendent leur siège[43].
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Jusqu’à la mort d’Urbain VI, l’influence de Clément VII grandit dans tous les États. Ladislas, fils de Charles de Duras, luttant contre Louis II d'Anjou et essayant de rattacher les États pontificaux à son royaume, s'empare deux fois de Rome. Les cardinaux italiens y élisent un nouveau pape, Boniface IX qui lui est favorable. Ainsi les chrétiens ont toujours deux papes et Naples et la Provence, deux souverains. Boniface rallie les états italiens alors que la France apporte son soutien à Clément[43]. En 1414, le royaume de Naples sombre dans l'anarchie, laissant la voie libre à la conquête aragonaise.
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Clément VII sait que le royaume de France est le seul soutien suffisamment puissant pour lui permettre de reconquérir Rome. En 1388, quand Charles VI prend le pouvoir des mains de ses oncles, il a besoin de l'affirmer. Il envisage donc une action de prestige : remettre Clément VII sur le siège pontifical et mettre ainsi fin au schisme[46]. On prépare une armée de 12 000 lances, mais, en Angleterre, Richard II, déjà en mauvaise posture, doit lui aussi faire montre d'autorité. Il fait savoir au roi de France que s'il entrait en Italie, l'armée anglaise interviendrait en France. En mars 1391, ne pouvant risquer une guerre ruineuse sur deux fronts, Charles VI fait savoir à Clément VII qu'il renonce au projet[47].
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Cependant, Jean Galéas Visconti, seigneur de Milan, et les Florentins continuent leur lutte pour le contrôle de l'Italie. Il joue la carte française (il est marié à Isabelle de France). Sa fille Valentine Visconti (1368 † 1408) épouse en 1389 Louis d'Orléans, le frère de Charles VI. On fait miroiter au frère du roi de France le don du royaume d'Adria prélevé sur les États pontificaux ce qui en fait le meilleur soutien de Clément VII, de son successeur Benoît XIII et des Visconti[48]. Savone est prise en 1394 et Gênes se livre à Charles VI en 1392[48]. Les projets hégémoniques des Visconti suscitent la création d'une ligue regroupant contre lui les Florentins, les maisons d'Este et Laurensi ainsi que le pape Boniface IX[49].
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À sa mort, en 1402, la régence est confiée à sa veuve Catherine qui gouverne avec Francisco Barbavara, son ancien chambellan[49]. Ils sont renversés, ce qui profite à la ligue : le pape récupère Bologne, Pérouse et d'autre villes d'Ombrie. De nombreuses cités du Nord recouvrent leur indépendance[49].
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Jean de Gand, duc de Lancastre et régent d'Angleterre, étant marié à une fille de Pierre le Cruel, se verrait bien roi de Castille. Un accord est trouvé avec le pape pour faire prêcher une croisade contre les Castillans qui soutiennent Clément VII[50]. En fin de compte, Rome ne finance pas cette croisade et Jean de Gand s'entend avec le Portugal. Le conflit dure 20 ans.
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La situation financière de l'Église déjà mauvaise sous les papes d'Avignon s'aggrave : il y a deux saints sièges, avec deux administrations pontificales[51]. Le contrôle de Bruges est un enjeu économique majeur pour les deux papes car le produit de la fiscalité pontificale en Europe du Nord y transite[52]. Depuis 1379, les Flandres, Gand en tête, sont révoltées contre Louis de Male sous la conduite de Philippe van Artevelde. Il se rapproche des Anglais car les importations de laine anglaise sont cruciales pour l’industrie drapière flamande. De ce fait, il passe sous l’obédience d’Urbain VI. Une croisade française soutenue par Clément VII le vainc à Roosebeke en 1382. Dès lors, Urbain VI réagit et fait prêcher la croisade en Angleterre par Henri Despenser, évêque de Norwich. Celle-ci est acceptée par le Parlement anglais le 23 février 1393[53]. Les Anglais saccagent Gand et s’attirent l’inimitié des Flamands. Louis de Male rappelle les Français à son secours et une trêve est vite obtenue. À sa mort en 1385, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, prend possession du comté ; il sait être conciliant, permettant à chacun de choisir son obédience. Toute la Flandre lui fait allégeance, ce qui règle le conflit[54].
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Venceslas Ier succède à son père Charles IV à la tête du Saint-Empire romain germanique en 1378. Son père pour faciliter son élection a pris le parti d'Urbain VI, mais celui-ci ne l'a jamais couronné. Venceslas Ier obtient de l'empereur la promesse d'une intervention contre les clémentins en contrepartie du prélèvement d'une décime en terre d'Empire[55]. Mais sous l'influence de son cousin Charles VI de France, il ne monte pas l'expédition. Il développe une politique conciliante vis-à-vis des hussites contre les exigences de l'Église romaine qui les juge hérétiques. Accusé de consacrer plus de temps à ses terres tchèques qu'à ses devoirs impériaux et de céder aux exigences françaises en matière papale (d'autant qu'ils ont payé pour renverser Clement VII), il est déposé par les princes-électeurs germaniques en août 1400 en faveur de Robert Ier. Venceslas refuse cependant de reconnaître sa légitimité.
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L'état de guerre permanent occasionné par la voie de fait a évidemment des conséquences pour les finances des deux papes. Les ressources sont dès le départ divisées par deux, mais la guerre a elle-même un coût[56]. D'une part, il faut financer les « croisades » et autres expéditions contre les territoires tenus par l'obédience adverse. D'autre part, les ambitions locales libérées par le schisme font que l'Italie et la Provence sont en guerre de manière quasi continue, ce qui gêne les échanges. Les cités pontificales de Rome et d'Avignon ont moins d'argent à réinjecter et jouent moins leur rôle de centres de consommation. Ruinés, les deux papes recourent à une augmentation vertigineuse de la pression fiscale. Évidemment, les religieux rechignent à payer et préfèrent se tourner vers les États[57]. L'idée du gallicanisme fait son chemin et la voie est ouverte pour la soustraction d'obédience[58].
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Le schisme est vécu de plus en plus douloureusement par les fidèles, par les pouvoirs laïcs et les prélats. Face à la confusion, se dressent des voix dans toute l'Europe, savants, mystiques et prophètes[59], princes et autorités ecclésiales. Le schisme a été, dès l'annonce du bris du conclave, un objet de sollicitude de la part des membres de l'université de Paris. À ce titre, Jean de Gerson apparaît comme une figure de premier ordre, artisan d'un appareillage intellectuel pour penser le schisme et pour en venir à bout. Dans son De jurisdictione spirituali et temporali de 1405 — où lois humaines, naturelles et divines sont distinguées et séparées — la théorie de « soustraction d'obédience » prenait forme.
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En 1394, il y a déjà plus de quinze ans que deux papes rivaux se retrouvent à la tête de la chrétienté. Boniface IX siège à Rome et reçoit l'appui de la Vénétie, de l'Angleterre, de l'Allemagne, de la Pologne, du Portugal et de la Hongrie. Dans le camp de Benoît XIII, pape d'Avignon, se rangent la France, la Castille, l'Aragon, l'Écosse, la Bretagne[60], la Savoie et le royaume de Chypre.
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Cette année-là, Philippe le Hardi, régent de la France depuis la folie du roi Charles VI, demande à l'Université de Paris de lui présenter une recommandation sur les moyens de mettre fin au schisme. En effet, avec une politique fiscale agressive qui prive le clergé d'une grande part des bénéfices issus de ses charges, Benoît XIII s'est mis à dos nombre de religieux[61]. Philippe le Hardi qui suit une politique conciliante vis-à-vis de la papauté de Rome pour ménager les Flamands, a tout intérêt à mettre fin au schisme. Après plusieurs mois de délibérations, l'Université présente trois solutions : la voie de compromis (laisser aux pontifes le soin de mettre fin eux-mêmes au schisme), la voie de cession (il faut les démettre simultanément et en élire un autre) ou la réunion d'un concile qui aurait pour but de trancher le problème.
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En février 1395, le Conseil du roi appuie le principe d'une démarche pour la voie de cession (Louis d'Orléans, partisan de la voie de fait, qui sert ses intérêts italiens a été évincé par Philippe le Hardi)[61]. Cependant, ni Benoît XIII, ni Boniface IX, n'acceptent de se démettre. On décide alors de les y obliger en ayant recours à une soustraction d'obédience. Entre l'Université de Paris et le Saint-Siège, les positions se raidissent. Dès lors, les Parisiens font valoir leurs vieux projets de réforme de l'Église et voient en Philippe le Hardi leur champion[61]. En 1398, un Conseil national des évêques tenu à Paris vote une ordonnance retirant au pape les bénéfices et les taxes ecclésiastiques au profit du roi de France. Autrement dit, l'Église de France se gouvernera elle-même et c'est le roi qui légiférera en matière religieuse. Seule l'autorité spirituelle est reconnue au pape d'Avignon. La France est bientôt imitée par la Sicile, la Castille et la Navarre.
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Entêté, Benoît XIII refuse de plier, même si les fonds ne rentrent plus. Assiégé dans sa citadelle pendant plusieurs mois par des ennemis locaux, il parvient à s'enfuir en 1403 et se réfugie chez le comte de Provence, Louis II d'Anjou, qui s'opposait depuis le début à la soustraction d'obédience[62].
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La soustraction d'obédience s'avère vouée à l'échec. Plusieurs évêques commencent à se plaindre, surtout lorsque le gouvernement français commence à taxer les revenus des paroisses[62]. Le camp orléaniste a pris, dès 1401, parti contre la soustraction d'obédience. Le 29 avril 1403, la Castille restitue son obédience au pape. La France suit le 28 mai. On en revient aux tractations diplomatiques qui ne donneront aucun résultat, les pontifes de Rome et d'Avignon campant toujours sur leurs positions. Pour remercier Louis d'Orléans de son soutien, le pape lui offre 50 000 francs (aux dépens de la fiscalité imposée aux clercs), ce qui a pour effet de dresser l'Université contre lui et de la faire basculer un peu plus en faveur du Parti bourguignon[63].
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En 1407, l'Université de Paris, avec l'appui du duc de Bourgogne et du Parlement de Paris, décide par elle-même une nouvelle soustraction d'obédience qui ne donnera pas plus de résultat que la première fois.
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L'Église se trouve dans l'impossibilité de résoudre la bicéphalie, elle ne peut démettre l'un des deux pontifes[51]. Certains cardinaux unionistes choisissent la voie du conciliarisme pour mettre fin au schisme. Ils font connaître par lettre leur volonté de convoquer un concile pour le printemps 1409. Les cardinaux durent déployer une grande énergie pour gagner à leur projet un maximum de participants. L'appel se fit jusqu'à l'empire byzantin. L'entreprise est couronnée de succès puisque 500 représentants de deux obédiences se réunissent au concile de Pise, du 25 mars au 7 août[64]. Ils y décident de déposer les deux papes et d'en élire un nouveau. Le 5 juin, la condamnation des deux pontifes rivaux est prononcée et les cardinaux pisans élisent Alexandre V (1409-1410) le 26 juin. Mais les cardinaux sont excommuniés par les deux papes rivaux et la situation empire : il y a alors trois papes (dont deux antipapes)[51].
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En 1410, la chrétienté est alors partagée en trois obédiences : celle de Jean XXIII, qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie ; celle de Benoît XIII, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac ; celle de Grégoire XII, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne ; en Allemagne, la Bavière, le palatinat du Rhin, les duchés de Brunswick et de Lunebourg, le landgraviat de Hesse, l'électorat de Trèves, une partie des électorats de Mayence et de Cologne, les évêchés de Worms, de Spire et de Werden[65].
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Jean XXIII, antipape à Pise, chassé de Rome en 1413 par Ladislas, roi de Naples et de Hongrie, se met sous la protection de l'empereur Sigismond. De concert avec ce prince, il convoque un concile général à Constance pour le 1er novembre 1414. Les motifs allégués de la convocation sont l'extirpation du schisme et la réunion des fidèles sous un seul et même pasteur, la réforme de l'Église et la confirmation de la foi contre les erreurs de John Wyclif, de Jan Hus et de Jérôme de Prague[65].
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C’est lors de ce concile, présidé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny que devait, entre 1414 et 1418 être résolu le problème de la bicéphalie (voire de la tricéphalie) de l’Église. Guide vigilant, l'empereur Sigismond devait y jouer un rôle primordial : trois mois avant la bulle de convocation, il fit parvenir un édit universel annonçant la tenue d'une assemblée, le 1er octobre 1414, dans la ville impériale — assemblée où tous les princes furent conviés ainsi que Manuel de Constantinople. « Avoué de l'Église », il suivit avec zèle l'exécution des décisions prises lors des assemblées.
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Constance, durant quatre années d'activité, vit sa population plus que quadrupler et devint, pour un temps, la nouvelle capitale du monde chrétien[66].
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Les membres du concile ont recours au conciliarisme pour mettre fin à la crise. Fort du soutien impérial, le concile proclame sa supériorité sur le pape : « Ce synode, légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, formant un concile général représentant l’Église catholique militante, tient immédiatement de Jésus-Christ son pouvoir, auquel toute personne de tout état, de toute dignité, même papale, est tenue d’obéir, en ce qui regarde l’extinction et l’extirpation du dit schisme (Obedire tenetur in his quæ pertinent ad fidem et extirpationem dicti schismatis) »[67]. L'assemblée des évêques se positionne au-dessus du pape et prévoit ses prochaines convocations.
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Jean XXIII, qui déjà quittait Constance le 21 mars 1415, fut déposé le 29 mai. Le pape romain Grégoire XII fut lui poussé à abdiquer (ce que Grégoire XII accepta par esprit de paix pour faire « table rase » de l’ensemble de la crise). Il convoqua à nouveau le concile par la voix de son légat et démissionna par procurateur le 4 juillet 1415. Ce qui mit fin, canoniquement, au Grand Schisme.
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Martin V, fut élu à la quasi-unanimité le 11 novembre 1417, fête de saint Martin, par un conclave élargi pour la circonstance : le collège des cardinaux de toutes obédiences, renforcé par six députés de chaque nation du concile : France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne.
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Martin V eut la bonne idée d’annoncer au préalable qu’il ne remettrait pas en cause les nominations de cardinaux effectuées par les deux autres antipapes (qui, dès lors, étaient reconnus comme papes légitimes dans leurs obédiences respectives jusqu’à la date des prises de fonction de Martin V), ce qui a probablement facilité le consensus à son sujet.
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Mais l’antipape d’Avignon, Benoît XIII, retiré à Peníscola, dans la couronne d'Aragon (dernier État à le reconnaître), refuse de s’incliner, quoique quasiment dépourvu de tout appui. Il meurt antipape en 1423. Trois de ses quatre derniers cardinaux élisent tout de même, à Peníscola, l’antipape Clément VIII, qui finit par renoncer quand le roi d’Aragon Alphonse V, lui-même, se rallie au pape de Rome Martin V[69].
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Jean Carrier, le quatrième cardinal, jugeant l’élection de Clément VIII en Aragon irrégulière, conçoit d'élire secrètement Bernard Garnier « pape » de l’Église d’Avignon à Rodez, suscitant un nouveau schisme ultra-minoritaire (et non reconnu) de l’ancienne Église d’Avignon (néanmoins non assimilé au Grand Schisme que l’élection régulière de Martin V par les cardinaux des trois anciennes obédiences avait résolu), avant de reprendre lui-même le titre sous le même nom de Benoît XIV. Les titres des successeurs de Clément VIII (qui lui s’était rallié à Rome en 1429) sont qualifiés dans les anciens textes d’antipapes imaginaires puisque aucune élection ni aucun conclave officiel n’eut lieu. Aucun des clergés des Églises de Rome, Pise, Avignon et couronne d'Aragon ne leur confère d’ailleurs le titre de pape ni même celui d’antipape. Ce schisme perd vite ses appuis et ses derniers soutiens dans le clergé se soumettent au pape de Rome ou sont totalement réprimés en 1467.
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La division de l'Église ouvre un espace aux critiques et aux remises en cause. Des théories nouvelles telles que celles de John Wyclif peuvent se répandre, alors que les ecclésiastiques se déchirent entre partisans du pape et de l’antipape qui se discréditent mutuellement. Le terrain est préparé pour la Réforme dont Wyclif est l’un des précurseurs[70].
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Les deux papes s'excommuniant réciproquement comme schismatiques, le doute s'installe quant à la validité des sacrements prodigués par les deux obédiences[51]. Au-delà du discrédit jeté sur les deux Églises, le pape et l'antipape voulant s'assurer le soutien des ecclésiastiques, des universitaires et des princes envoient de nombreux ambassadeurs dans toute l'Europe, prêts à faire des concessions et notamment en matière de nominations ecclésiastiques. L'autorité du Saint-Siège s'en trouve inévitablement affaiblie. Les courants de pensée réformateurs ou hétérodoxes sont donc peu combattus durant cette période.
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En particulier, les thèses de John Wyclif (1320-1384) qui cherchent à régler les désordres existants dans l'Église, se propagent en Angleterre. Elles prônent un retour à l'intégralité de la Bible ainsi qu'à l'augustinisme. Il remet en cause l'autorité et la juridiction pontificale et préconise la désignation du pape par voie conciliaire[71]. Il dénie aux prêtres en état de péché mortel la possibilité de remettre les fautes. Wyclif laisse clairement entendre que l'Église d'Angleterre est pécheresse et coupable de corruption[72],[73]. Ses ouvrages reflètent ces préoccupations : le De civili domino e De domino divino (1375) refuse aux prêtres et à la communauté ecclésiale tout pouvoir temporel, le De officio regis soutient le pouvoir régalien qui l'a chargé de réaffirmer ses droits dans la tradition anglo-normande, le De veritate Scripturæ Sanctæ sanctionne ses précédentes thèses par l'appui des Écritures (1378). Cette même année, cependant, une réconciliation se tient entre Grégoire XI et le roi. Mais le théologien poursuit son entreprise avec le De potestate papæ (1379), soutenu par l'influent duc de Lancastre – Jean de Gand[74] alors régent du royaume et par le duc de Northumbrie. Il gagne ainsi les faveurs d'une partie de la noblesse. Sa volonté de redistribuer les richesses de l'Église permet à ses thèses religieuses de trouver une plus large audience. En 1378, le théologien Wyclif se fait pasteur. La population londonienne et, pendant un certain temps, les ordres mendiants s'intéressent à ses idées nouvelles[75] qui sont propagées en Angleterre par des prédicateurs itinérants appelés les « pauvres prêcheurs » ou Lollards. Trois synodes viennent condamner ses idées qui ne cessent de se répandre.
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Il fait des adeptes à l'étranger tels Jan Hus qui prêche dans une Bohème déchirée par les luttes intestines. Jean Hus est frappé d'excommunication, les œuvres de Wyclif, qui est chassé de la ville, sont brûlées. Il poursuit dans les campagnes sa prédication évangélique, prédication qui entraîne un soulèvement populaire. Alors que l'Église divisée essaie de se rassembler au concile de Constance pour mettre fin à la crise, il est convié pour faire valoir ses opinions. Il y met en difficulté les intellectuels de l'université de Paris et les plus grands canonistes romains. Emprisonné, il est brûlé vif pour hérésie[76]. Mais cette période a permis aux idées de Wyclif de se diffuser : elles peuvent être considérées comme précurseurs de la Réforme[f].
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L'usage d'attribuer les bénéfices anglais vacants à des favoris de la Curie est mal perçu par les alliés britanniques de Boniface IX. Le pape introduit en effet une nouvelle forme de revenu, l'annates perpetuæ, qui attribuait au pape la moitié du revenu engrangé lors de la première année de tout bénéfice attribué au sein de la curie. Ce qui favorise l'écho des griefs prononcés par Wycliff contre l'Église. Afin de s'opposer à cette pratique, le Parlement anglais confirme et étend les droits du roi, lui donnant un droit de véto sur ses nominations en Angleterre. Boniface IX doit céder face à l'unité anglaise et satisfaire aux exigences du roi.
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Aux XIVe et XVe siècles, l'évolution se fait vers la structuration d'États modernes avec l'instauration d'impôts permanents. Ceux-ci sont difficilement acceptés par la population ; cependant les monarques, et en particulier Charles V et Charles VII, ont fait admettre l'idée que l'impôt permettait à l'État de restaurer la sécurité nécessaire aux échanges[78]. Charles V a même suivi une politique de grands travaux visant à relancer l'économie en réinjectant des liquidités et à assurer la paix sociale par l'emploi (en évitant que les vagabonds n'aillent grossir les rangs des compagnies)[79]. Les papes, confrontés à la chute de leurs recettes et à la nécessité de financer le conflit contre l'obédience adverse, ont augmenté considérablement décimes et annates sans pouvoir les justifier par un bénéfice palpable pour leurs contribuables. Dès lors, les clercs se rebellent contre cette fiscalité et se tournent vers les États[57]. Cela se traduit par les tentatives de soustractions d'obédiences menées par Philippe le Hardi soutenu par l'Université de Paris, lesquelles aboutissent à une indépendance de fait de l'Église de France entre 1398 et 1403[62]. Un grand pas est alors fait vers le gallicanisme.
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Après l'épreuve du grand schisme d'Occident, l'Église peine à retrouver de l'autorité, et doit affronter la crise conciliaire. Le concile de Constance de 1418 a bien pris quelques mesures pour restaurer un semblant de discipline, mais, à Rome, le souverain pontife n'arrive pas à rétablir son influence. Aussi Martin V — élu à Constance — convoque un nouveau concile, mais il meurt avant qu'il ne se tienne : Eugène IV le réunit, d'abord à Sienne, puis à Bâle, en 1431[80].
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Mais, loin de retrouver son autorité, le pape se heurte à une violente opposition de l'assemblée conciliaire : elle proclame sa prééminence sur le pape qui lui, brandit la menace de la dissolution. L'empereur Sigismond et le roi Charles VII proposent une médiation pour éviter un nouveau schisme. Elle permet de trouver un accord transitoire ; le concile peut se poursuivre. Il décide en particulier la suppression d'une redevance, importante source de revenus pour Rome, les annates. Pour contrer ces initiatives, le pape convoque un autre concile à Ferrare, en janvier 1438. Eugène IV ayant réussi à faire pression sur les autorités politiques, seul un petit groupe demeure à Bâle qui élit un antipape[80]. On défait à Ferrare les décisions prises à Bâle.
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Au vu des désordres générés par le conciliarisme, Charles VII décide d'organiser l'Église de France à sa manière, en se référant aux réformes entérinées au concile de Bâle. Le 7 juillet 1438, le roi promulgue la Pragmatique Sanction de Bourges qui reprend, avec quelques modifications, une vingtaine de décrets pris par le concile dans l'esprit duquel elle s'inscrit et donne un statut particulier à l'Église de France. Elle constitue en quelque sorte une alliance entre le souverain et le clergé[80], limite les prérogatives du pape en réaffirmant la suprématie des conciles qui ont clairement défini les pouvoirs du Saint-Siège[81].
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Dans son préambule, la Pragmatique Sanction de Bourges dénonce les abus de la papauté. Le premier article déclare la suprématie des conciles généraux sur le Saint-Siège et limite les pouvoirs du pape. Ainsi la libre élection des évêques et des abbés par les chapitres et les monastères est rétablie: elle supprime les nominations par le Saint-Siège et son droit de réserve. La royauté obtient de pouvoir « recommander » ses candidats aux élections épiscopales et abbatiales auprès des chapitres. L'ordonnance de Bourges établit aussi des juridictions permettant de limiter les appels (souvent onéreux) faits à Rome. Enfin, elle fixe un âge minimum pour devenir cardinal, réduit la possibilité du pontife de lever un certain nombre d'impôts (suppression des annates) et restreint les effets de l'excommunication et de l'interdit.
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Fin politique, Charles VII réussit ce que Philippe le Bel a vainement tenté de réaliser. Bien que se référant à Rome, l'Église de France acquiert une grande autonomie. Le roi s'assure la loyauté du clergé français.
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Cependant, La Pragmatique Sanction est inacceptable pour le pape, malgré le soutien apporté par Charles VII à Eugène IV contre l'antipape élu par les irréductibles de Bâle. Le premier article sur la prééminence des conciles est, à ses yeux, rédhibitoire. Privé de précieux revenus, le Saint-Siège demande l'abrogation de la Pragmatique Sanction, ou du moins que celle-ci soit sérieusement amendée.
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On entame des discussions interminables. La Pragmatique Sanction est acceptée par le clergé français et par la plupart des parlements, à l'exception de ceux de Bretagne et de Bourgogne.
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Les fondements de la société médiévale à trois ordres sont ébranlés par la crise de la féodalité qui sévit depuis la fin du XIIIe siècle. Le poids de la fiscalité augmente avec la modernisation de l’État et devient insupportable avec les dépenses dues à la guerre de Cent Ans, Charles V obligeant les Anglais à entretenir des garnisons en permanence en Aquitaine et dans les places qu’ils tiennent en Normandie, en Bretagne et en Picardie. Entre 1377 et 1380, l’impôt par capitation est multiplié par trois[82].
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Les contribuables anglais biaisent (en particulier en ne comptant pas les femmes) et l’administration réagit en établissant des listes précises en 1381[82]. Les prêches enflammés des Lollards, aux accents égalitaristes, sont bien accueillis par cette population au bord de la révolte. Les idées de John Wyclif vont en grande partie dans le sens des franciscains, aussi bénéficient-elles au départ de puissants appuis politiques (Jean de Gand en tête), et prennent des accents farouchement égalitaristes. Quand se déclenche la révolte des paysans anglais, ils sont entre 20 000 et 50 000 à marcher sur Londres qui leur ouvre spontanément ses portes[83] : ils demandent l’abolition du servage, l’abolition du système contraignant de règlementation du travail et redistribution des terres d’église aux paysans. Les fondements de la société médiévale sont menacés[84]. Richard II temporise en négociant avec leur chef Wat Tyler, pendant que Robert Knolles monte une armée. Quand celle-ci est prête, Tyler est assassiné en pleins pourparlers, comme le fut Guillaume Carle. Décapité, le mouvement s’effondre.
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Le grand schisme correspond à une crise religieuse qui s’inscrit dans la crise plus large de la société féodale. John Wycliff est l’une des voix qui s’élèvent pour résoudre cette crise morale, ses idées sont annonciatrices de la Réforme, qui constituera une véritable tentative d’adaptation de la religion chrétienne à la société de la Renaissance.
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La séparation des Églises d'Orient et d'Occident, également appelée grand schisme d'Orient par les catholiques, schisme de Rome par les orthodoxes, et schisme de 1054 par les historiens, est l’éloignement progressif puis la rupture entre les Églises qui s’étaient, sous l'impulsion du Basileus Justinien (527-565), constituées en « Pentarchie » dans l’Empire romain d'Orient et ses États successeurs.
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Les grandes querelles christologiques avaient déjà commencé à éloigner l'Église de Rome et les Églises d’Orient bien avant la rupture. Des facteurs politiques, comme l’invasion normande des possessions byzantines d’Italie, ou socioculturels, comme l’aspiration de la Papauté à dominer la scène politique, jouèrent au cours des siècles suivants un rôle au moins aussi important que les querelles théologiques, comme celle du Filioque.
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Une première rupture survient le 16 juillet 1054 entre le patriarcat d'Occident (Papauté) et le patriarcat de Constantinople, lorsque le cardinal Humbert de Moyenmoutier déposa sur le maître-autel de Sainte-Sophie une bulle excommuniant le patriarche Michel Ier Cérulaire et ses proches collaborateurs, excommunication qui fut suivie de celle du cardinal et de ses assistants par le patriarche.
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L’incident de juillet 1054 tombe presque aussitôt dans l’oubli. C’est essentiellement le détournement en 1204 de la quatrième croisade, le sac de Constantinople par les croisés et la constitution de patriarcats latins sur le territoire des patriarcats grecs qui consomment la rupture, forçant bon nombre d’évêques orthodoxes à l’exil et soumettant durablement des populations orthodoxes au pouvoir des seigneurs francs et de l’Église catholique romaine, dite latine[1]. Ces événements déconsidèrent l’Église catholique romaine aux yeux des populations orthodoxes[1], mais aussi les Églises orthodoxes aux yeux des populations catholiques, dont les lettrés écrivirent par la suite l’histoire de manière à rejeter sur l’Orient seul la responsabilité du schisme[2].
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Lorsque les apôtres répandirent le message du Christ, ils le firent avec la sensibilité propre à chacun d’eux, laquelle se refléta dans la doctrine des Églises qu’ils fondèrent. Des divisions se firent bientôt jour tant à l’intérieur des Églises[3] qu’entre les apôtres eux-mêmes (par exemple : conflit entre Paul et Pierre sur la conduite à tenir à l’endroit des païens)[4].
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À ces différences personnelles s’ajoutèrent rapidement celles propres au milieu qui recevait ce message. Les provinces orientales de l’Empire romain avaient le grec comme langue d’usage et avaient conservé la culture hellénistique, plus individualiste et portée vers la philosophie que la culture romaine des provinces occidentales, plus autoritaire et juridique[5]. L’éducation y étant plus répandue qu’en Occident, laïcs autant qu’ecclésiastiques prenaient grand plaisir à la spéculation théologique. Lorsque les opinions devenaient trop partagées sur un point particulier, on faisait appel à une assemblée générale à laquelle tous les membres de l’Église étaient appelés à participer pour dégager ce qui serait considéré comme article de foi[6].
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En cas d’échec, on parlait de « schisme » pour décrire la rupture entre diverses factions au sein d’une Église et d’« hérésie » pour décrire une doctrine considérée comme fausse[7].
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L’édit de Milan, en 313, établit la liberté de religion dans l’ensemble de l’Empire sans favoriser trop ouvertement les chrétiens au début, la majorité de la classe dirigeante et de l’armée étant encore païenne[8]. Pour éviter de provoquer celle-ci, Constantin (306-337) en vint à contrôler la nouvelle Église dont il nommait personnellement les évêques, lesquels devinrent des fonctionnaires impériaux. Ils furent bientôt 1 800, dont 1 000 dans les territoires parlant grec et 800 dans les territoires parlant latin[9].
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Convaincu que le devoir de l’Empereur était de maintenir sur terre le même ordre et la même harmonie que Dieu dans le ciel[N 1], Constantin fut rapidement confronté à deux hérésies, celle des donatistes en Afrique du Nord[N 2] et l’arianisme qui prêchait que seul Dieu le Père existait de toute éternité alors que le Fils avait été créé à un moment déterminé. Cette dernière hérésie s’était rapidement répandue dans les diverses tribus germaines ; parmi les chefs germains, seul le Franc Clovis (481-511), lorsqu’il se convertit sous l’influence de sa femme, adopta la foi romaine plutôt que la foi arienne[10].
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Devant la résistance des ariens, Constantin décida de convoquer, en 325, le premier concile œcuménique, dit de Nicée, auquel environ 300 évêques participèrent[N 3], dont seulement six d’Occident, pour lesquels une bonne partie des discussions était étrangère. Outre divers problèmes disciplinaires propres aux Églises d’Orient, le concile devait résoudre le problème dogmatique posé par les propositions de l’évêque Arius. Peu au fait des subtilités théologiques et probablement mal à l’aise en grec, Constantin décida que le Fils était « de la même substance » (en grec, homoousios ; en latin approximatif, consubstantialis) que le Père, terme qui fut intégré dans le Credo ou symbole de Nicée. Arius et ses partisans furent alors excommuniés. Réadmis dans l’Église au concile de Jérusalem en 325, ils furent à nouveau condamnés en 333. Arius mourut en 336[11].
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Le concile de Nicée (canon 6) établit également trois grands patriarcats, soit, par ordre de primauté, Rome, Alexandrie et Antioche[N 4]. Cet honneur venait du fait que ces évêchés avaient été fondées par des apôtres : Rome et Antioche par saint Pierre, Alexandrie par saint Marc. Rome jouissait d’un statut particulier non seulement parce que c’était là qu’avaient été martyrisés saint Pierre et saint Paul, mais aussi parce qu’elle était la capitale de l’Empire romain et, jusqu’à son transfert à Constantinople, la résidence de l’Empereur. Toutefois, si l’évêque de Rome jouissait d’un respect particulier, celui-ci découlait de l’importance de la ville et non du titulaire du poste et cette primauté ne fut ni clairement définie, ni légalement instituée. Il s’agissait de « primauté d’honneur » et non de « suprématie de pouvoir ». Lors du deuxième concile œcuménique qui se réunit à Constantinople en 381, on décida d’élever l’évêque de Constantinople, jusque-là simple suffragant de l’évêque d’Héraclée, au rang de patriarche et de lui donner la deuxième place puisque Constantinople était la « Nouvelle Rome » (3e canon). La nouvelle place de l'Église de Constantinople en tant que patriarcat fut confirmée lors du concile de Chalcédoine en 451 (28e canon) alors que le patriarcat de Jérusalem faisait son apparition[N 5]. Ainsi, un siècle plus tard, ces cinq patriarcats constitueront, sous l'impulsion de l'empereur Justinien (527-565), la « Pentarchie » avec comme ordre de préséance : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem[12].
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Le donatisme avait surtout affecté l’Afrique du Nord, l’arianisme les peuples fédérés de l’Empire romain, dont des peuples germaniques christianisés. Les grandes querelles christologiques qui déchirèrent l’Église au cours des siècles suivants contribuèrent à éloigner les Églises d'Orient et d'Occident et aboutirent à la sécession des deux communautés chrétiennes de Syrie et d’Égypte[13].
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Apparue au Ve siècle dans l'Empire romain d'Orient en réaction au nestorianisme[N 6], la doctrine du monophysisme affirmait que le Fils n'avait qu'une seule nature, la nature divine, laquelle aurait absorbé sa nature humaine[14]. Le concile de Chalcédoine en 451 avait condamné cette doctrine et proclamé que le Christ avait deux natures, la nature divine et la nature humaine, jointes en une seule personne (en grec hypostasis). La notion des deux natures du Christ offensait les gens d’Alexandrie qui, y voyant des relents de nestorianisme, tendaient à favoriser le monophysisme[15], alors que Rome et Antioche voulaient maintenir la distinction entre les deux natures (duophysisme). Constantinople se trouvait prise entre les deux positions. En dépit de ses efforts de conciliation, l’Empereur dut s’incliner devant la volonté du pape Léon Ier (440-461) et le concile décida que le Christ avait deux natures, distinctes mais inséparables[16]. Les réactions en Syrie, en Égypte et en Palestine ne se firent pas attendre : la nomination d’un nouvel évêque se solda par un bain de sang dans les rues d’Alexandrie, alors que les moines se rebellèrent et installèrent un nouvel évêque à Jérusalem[17].
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La querelle religieuse laissait déjà entrevoir l’opposition entre l'évêque de Rome (dont le Pape avait lui-même défini la position dans un document, le Tome) et les autres patriarches d'Orient, Constantinople jouant un rôle de médiation. En 482, l’empereur Zénon (474-491), avec l’appui du patriarche Acacius, tenta d’apaiser la querelle en proclamant un édit d’union, appelé Hénotikon, qui réaffirmait sa foi dans les crédos de Nicée et de Constantinople, sa condamnation des hérésies de Nestorius et d’Eutychès, mais ne décidait rien quant à « la » ou « les » nature(s) du Christ et interdisait de soulever dorénavant la question[18]. Plutôt que de s’opposer directement à l’Empereur, le pape Simplice (468-483) excommunia le patriarche alors que son successeur, Félix III (483-492), décida de le déposer. Ceci devait conduire à un schisme entre les deux Églises qui dura de 484 à 519 ; un compromis proposé par le pape Anastase II (496-498) devait lui valoir d’être placé au nombre des damnés dans la Divine Comédie de Dante[19].
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L’Hénotikon ne régla pas la question qui refit surface sous l’empereur Justinien (527-565). Celui-ci devait composer avec trois forces opposées où se mêlaient politique et religion. D’un côté, il devait éviter de s’opposer trop ouvertement aux monophysites d’Orient pour ne pas s’aliéner l’Égypte — et mettre ainsi en danger l’approvisionnement de sa capitale comme risquer de voir les provinces de Syrie et de Mésopotamie s’allier avec la Perse voisine, menaçante et hostile. D’un autre côté, il devait se rallier le Pape, qui lui reprochait son inaction devant le schisme, et l’Italie, où Totila risquait de remettre en question les gains de Bélisaire. Enfin, il devait contenter la population de Constantinople, où certaines grandes familles étaient profondément attachées à Chalcédoine alors que d’autres, comme celle de l’ancien empereur Anastase et l’impératrice elle-même, étaient monophysites[20]. Il tenta de régler la question indirectement en faisant condamner trois théologiens détestés[21] par les monophysites dans l’espoir de les rallier à l’Église officielle. Le Ve concile œcuménique de 553, qui officialisait cette condamnation, vit ses décrets fort mal accueillis en Occident, surtout par le pape Vigile (537-555) que Justinien fit enlever afin de le contraindre à accepter les Trois Chapitres, sans pour autant rallier les monophysites[22].
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La crise du monophysisme avait contribué à aliéner les populations orientales de Constantinople. Les successeurs de Justinien cherchent à ramener les dissidents au sein de l'Église et donc de l’Empire. Le compromis est le monothélisme.
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Cette doctrine fut énoncée par le patriarche Serge de Constantinople avec l’appui de l’empereur Héraclius Ier (610-641). En effet, ce dernier cherchait à rétablir l’autorité impériale et patriarcale de Constantinople sur les provinces d’Égypte, de Palestine et de Syrie, récemment récupérées sur les Perses sassanides. Le monothélisme s’inscrivait dans le duophysisme proclamé à Chalcédoine tout en précisant qu’il n’y avait en Jésus qu’une seule volonté (θήλεμα) et une seule énergie (ένέργεια), d’où les termes monothélisme et monoénergisme. Bien accueillie par les monophysites d’Égypte qui regagnèrent l’orthodoxie, elle se heurta aux objections de plusieurs théologiens dont Sophrone de Jérusalem. Se ravisant, le patriarche Serge promulgua un décret interdisant en 633 à tout chrétien de parler du nombre des énergies de Jésus. À Rome, le pape Honorius Ier (625-638) confirma le décret mais laissait la porte ouverte à une seule volonté du Christ. En 638, l’Empereur fit afficher sur la porte de Sainte-Sophie une profession de foi, l’Ecthèse, qui reconnaissait au Christ une volonté unique.
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Non seulement les monophysites n’y adhérèrent pas, mais l’Echtèse provoqua un conflit entre les patriarcats d'Occident et de Constantinople (638-655). En Italie, le Nord du pays, que tentait de défendre la Papauté, était aux mains des Lombards alors que le Sud demeurait possession byzantine. En 640, le pape Jean IV (640-642) condamna le monothélisme tout comme son successeur, Théodore Ier (642-649). Le nouvel empereur, Constant II (641-668) promulgua, en 648, un nouveau décret, le Typos, qui abolit l’Ecthèse et interdit à nouveau de parler des volontés et des énergies du Christ. Le successeur de Théodore, le pape Martin Ier (649-655) (qui était monté sur le trône sans faire ratifier sa nomination par l’Empereur) réagit en convoquant l’année suivante un concile à Latran qui condamna le monothélisme et affirma la dualité des volontés et des énergies. En 653, l’Empereur fit alors arrêter le pape qui meurt exilé en Crimée deux ans plus tard. Finalement, l’empereur Constantin IV (668-685) convoqua un concile œcuménique, le troisième concile de Constantinople, qui proclama « deux volontés naturelles et deux activités naturelles agissant de concert pour le salut du genre humain »[23],[24].
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À partir de cette époque, Constantinople cessa de jouer les médiateurs entre l'Orient et l'Occident. Le patriarcat de Jérusalem ayant été conquis par les Arabes en 637, suivie des patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, le patriarcat de Constantinople devint le représentant de l’ensemble de l’Orient. Le fossé entre Rome et Constantinople se creusa à l’occasion du concile Quinisexte ou in Trullo tenu en 691 et 692 à l’instigation de l’empereur Justinien II (685-711) sans consultation du Pape. Il rassembla 220 évêques orientaux et visait à discuter de discipline ecclésiastique plutôt que de questions dogmatiques comme les précédents. Ses 102 canons ou décisions traitaient de la discipline dans le clergé et de bonnes mœurs pour les clercs comme pour les laïcs. Certains canons fustigeaient l’Église d'Arménie et d’autres l’Église de Rome, comme le jeûne du samedi durant le carême ou le mariage des prêtres. Rome, qui n’avait pas encore reconnu le canon 28 de Chalcédoine confirmant l’égalité de privilège entre l’ancienne et la nouvelle Rome, s’éleva contre le canon 36 selon lequel « les deux Églises devaient jouir d’une même estime en matière ecclésiastique et jouir de privilèges égaux », Constantinople venant après Rome « dans le temps, mais non en termes d’honneur »[25]. Le pape d’alors, Serge Ier (687-701), désavoua ses légats et refusa de signer les actes du concile. Ce ne fut qu’en 711 que son deuxième successeur se rendit à Constantinople et résolut les problèmes en litige[26].
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Avec le VIIIe siècle s’apaisent les querelles sur la nature du Christ pendant qu’une autre se développe : celle du culte des images[27].
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Le concile Quinisexte avait, dans son 82e canon, recommandé que l’on abandonne la pratique de représenter le Christ sous forme d’un agneau ou du symbole « XP » pour faire place à des représentations anthropomorphiques. Depuis, le culte des images avait pris, surtout en Grèce, une telle importance que l’on voyait souvent en elles des « doubles » des saints qu’elles devaient représenter ; on leur attribuait divers miracles comme le don de la parole, le suintement d’huile ou de sang[28]. À la veille même de la première crise iconoclaste, en 718, on croyait fermement que le portrait de la Vierge conservé au monastère d’Hodegon, près des murs de Constantinople, lorsque paradé sur les murailles, émettrait une lumière aveuglante ou des flammes qui consumeraient les assaillants[29]. Ces croyances allaient, toutefois, à l’encontre de la foi monophysite des chrétiens d’Arménie et des Pauliciens répandus en Orient[30]. La « querelle des Images » mettait ainsi en lumière les différences religieuses entre les provinces grecques et les provinces asiatiques de l’Empire byzantin.
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Déjà alarmé par les défaites de l’Empire face aux Arabes, l’empereur Léon III (717-741) aurait pris la décision d’interdire la vénération des images lors d’une éruption volcanique qui ravagea l’île de Thera en 726[31]. Cette querelle se déroula en deux étapes. Au cours de la première, de 730 à 787, les empereurs Léon III et Constantin V (741-775) adoptèrent une attitude de plus en plus intransigeante et violente à l’endroit du culte des images. Si le pape Grégoire II (715-731) réagit assez mollement, son successeur Grégoire III (731-741) condamna l’iconoclasme byzantin. En représailles, l'empereur Léon III sépara alors l'Italie du Sud et la Sicile, hellénisés, ainsi que la Sardaigne et l'ancien Illyricum pour les rattacher au Patriarcat de Constantinople avec les revenus qui y étaient attachés. Dès lors, les frontières religieuses entre les patriarcats d'Occident (Papauté) et de Constantinople coïncidèrent avec les frontières politiques de l’Empire byzantin[32].
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Le règne de l’impératrice Irène (797-802) marqua une pause qui se termina avec l’arrivée au pouvoir de Léon V l'Arménien (813-820). Le règne de ce dernier fut marqué par une persécution plus féroce bien que de moins d’envergure que celle de Constantin V. Toutefois, son successeur, Michel II (820-829), adopta une politique plus conciliante qui coïncida avec l’éloignement de la menace que faisaient planer les Arabes sur l’existence de l’Empire. Elle se termina officiellement lorsque l’impératrice Théodora (régence 842-856) réunit un synode en 843 qui confirma la légitimité de celui de 787[33].
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Comme l’écrivit Georges Ostrogorsky, « le grand résultat politique de la querelle des images fut ainsi de rejeter Rome hors de l’Orient grec, mais aussi Constantinople de l’Occident latin »[34].
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Du troisième au cinquième siècle, des peuples venus de Europe du Sud Est (les Goths; Ostrogoth et Wisigoth), de l’Europe du Nord Est (les Francs dont plusieurs furent également légionnaires sur la frontière romaine..) et de l'Europe du Centre Est (les Alamans) morcelèrent l’ancien Empire romain d’Occident en petits royaumes[35]. En de nombreux endroits, l’Église fut la seule force demeurant sur place qui put négocier avec les nouveaux maîtres. Elle y préserva en même temps l’héritage de la Rome antique puisque les Barbares, peuples illettrés, durent conserver les systèmes administratif et juridique romains. Mais le latin était déjà une langue que seuls les clercs pouvaient parler ; contrairement aux us de Constantinople, les clercs étaient les seuls à pouvoir discuter de théologie et le peuple ne se sentait guère concerné par des sujets qui, à Constantinople, pouvaient provoquer des révolutions[36].
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Le règne de l'empereur Justinien (527-565) marqua le point culminant de l’influence impériale sur la vie de l’Église (le césaropapisme). C'est sous son règne et son impulsion que la « Pentarchie » est explicitement mise en place comme mode de gouvernement de l’Église, regroupant les cinq grands patriarches, à savoir, dans l'ordre de préséance : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Persuadé d’être comme les empereurs d’autrefois le représentant du Christ sur la Terre, il nommait papes et patriarches et traitait les uns et les autres comme des fonctionnaires impériaux, des subalternes[N 7], se réservant les décisions non seulement dans les questions d’organisation ecclésiastique, mais aussi de dogme et de liturgie, convoquant des conciles et rédigeant des traités théologiques. Comme l’a montré la question monophysite qui divisait Orient et Occident, il n’y avait pas à l’époque de distinction précise entre vie religieuse et vie politique[37].
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Après que Justinien Ier eut repris l’Italie, l'empereur Maurice (582-602) transféra son représentant, l’exarque, à Ravenne, laissant ainsi au Pape le soin de défendre Rome[38]. C’est alors que naquit la Papauté médiévale avec le pape Grégoire Ier (590-604). Né à Rome vers 540 dans une riche famille patricienne, celui-ci devint préfet de la ville de Rome avant de séjourner quelques années comme ambassadeur à Constantinople. Comme le voulait la coutume, il fut nommé par l’Empereur et son choix fut ratifié par les évêques. À de nombreuses reprises, Grégoire mit l’Empereur en garde contre la nouvelle menace que faisaient planer sur l’Italie les Lombards ariens venant du Nord. Et lorsque Agilulf se présenta devant la Ville éternelle, le pape prit sur lui d’entrer en négociations avec lui malgré les protestations de l’Empereur, qui le traita de « sot », et de l’exarque Romanus qui refusa de reconnaître les ententes conclues entre le Pape et le chef lombard[39].
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Pour la première fois, on vit avec Grégoire Ier un pape s’opposer à l’Empereur, non plus sur des points de foi ou de dogme, mais sur des questions juridiques. Si le pape se reconnaissait sujet de l’Empereur, il n’en revendiquait pas moins la prééminence de la Papauté sur tous les patriarcats, tant sur le plan spirituel que disciplinaire[40]. Il intervint ainsi dans les affaires internes des patriarcats de Constantinople et d’Orient et s’insurgea contre le titre de « patriarche œcuménique » que s’était attribué le patriarche Jean le Jeûneur de Constantinople sous le règne de son prédécesseur, Pélage II (579-590)[41].
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L’avance des Lombards se faisant de plus en plus inexorable, le pape Étienne II (752-757) appela au secours Pépin le Bref (751-768) qu’il avait sacré roi des Francs deux ans plus tôt. Ce dernier remit au Pape les terres dont les Lombards s’étaient emparés, y compris l’exarchat de Ravenne : ce fut le début des États pontificaux, créés à partir de territoires byzantins[42]. Quelques années plus tard, le roi lombard Didier ayant dénoncé le traité conclu avec Étienne II, le pape Adrien Ier (772-795) résolut de faire appel à Charlemagne (768-814). Répondant à cet appel, Charlemagne traversa une première fois les Alpes, défit le roi Didier en 774 à Pavie et confirma les dons de son père[43]. Selon Kazhdan, Adrien cessa de reconnaître la souveraineté de Constantinople sur Rome à un moment non précisé de son règne[44]. Les relations entre la Papauté et l’Empire byzantin se détérioraient. Le rapport du concile qu’avaient dressé les légats du pape était loin d’être positif : on avait retranché du message papal lu devant l’assemblée des évêques les passages où celui-ci s’élevait contre la nomination du patriarche Tarasse et l’utilisation par celui-ci du titre de « patriarche œcuménique »[N 8], pas plus que n’avait été mentionné le retour à la juridiction papale des évêchés d’Italie du Sud, de Sicile, de Sardaigne et de l'ancien Illyricum[45].
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Quatre ans après son élection, le nouveau pape, Léon III (795-816), fut victime d’un complot organisé par de jeunes nobles et ne dut son salut qu’à sa fuite vers la cour de Charlemagne à Paderborn. De retour à Rome sous la protection de Charlemagne, qui devait agir comme juge, il fut accusé de simonie, parjure et adultère. Le 23 décembre, le pape jura solennellement qu’il était innocent de ces accusations et deux jours plus tard, il couronna Charles en le proclamant « imperator Augustus ». Ce faisant, le pape renversait la situation et se donnait le droit d’investir l’Empereur des Romains, ce qui sous-entendait la supériorité de l’Église sur l’Empire[46].
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Il pouvait alors justifier cette autorité par un faux document, la donation de Constantin, selon lequel Constantin, reconnaissant la primauté du pape d’alors, Sylvestre (314-335), lui aurait donné le droit de concéder la couronne impériale à qui bon lui semblerait. Ce faux, fabriqué au sein de la curie au tournant du siècle, justifie les prétentions de la Papauté jusqu’à ce qu’il soit dénoncé au milieu du XVe siècle par un humaniste de la Renaissance, Lorenzo Valla[47].
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Ce schisme politico-religieux, qui n’affecta que le patriarcat de Constantinople mais qui devait être la cause indirecte du schisme de 1054, fut le résultat de la chute du patriarche Ignace et de sa protectrice, l’impératrice Théodora. Le nouvel empereur, Michel III (842-867), fit remplacer Ignace par Photius (858-867/877-886)[N 9], un laïc haut fonctionnaire responsable de la chancellerie impériale. Celui-ci reçut tous les ordres ecclésiastiques en six jours de façon à être intronisé pour les fêtes de Noël 858. Choqué par cette procédure, le pape Nicolas Ier (858-867) décida trois ans plus tard d’envoyer des légats à Constantinople avec mission d’enquêter sur ces irrégularités. Il se disait prêt à passer l’éponge sur celles-ci pourvu que l'Italie du Sud, la Sicile, la Sardaigne et l'ancien Illyricum soient replacées sous la juridiction du patriarcat d'Occident. Or l’Illyricum recoupait la majorité des Balkans, où la Bulgarie et la Moravie à l’Ouest songeaient à se convertir au christianisme[48].
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Constantinople ne pouvait accepter ces conditions. Aussi un concile tenu à Rome en 863 décréta qu’Ignace était toujours le patriarche légitime et réduisit Photius au rang de laïc. Ce n’est que deux ans plus tard que l’Empereur rompit le silence dans une lettre qui rappelait au pape qu’il avait été invité à envoyer des délégués pour discuter de l’iconoclasme et non des affaires intérieures du patriarcat de Constantinople. La réponse du pape Nicolas montrait à quel point la mésentente était grande entre les deux Églises : il y affirmait que seul le pape pouvait convoquer un concile et que sans sa permission nul patriarche ne pouvait être nommé ou déposé. De plus, l’autorité de Rome s’étendait « super omnem terram, id est, super omnem ecclesiam » ; en tant que pape, il avait donc le pouvoir de juger du cas d’Ignace[49].
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À la même époque, le tsar Boris, qui avait demandé en vain l’envoi d’un patriarche grec, se tourna vers Rome qui se hâta de lui envoyer des missionnaires francs, lesquels professaient le Credo en y incluant la formule du Filioque. Furieux, Photius convoqua un synode qui déclara le pape déposé et anathématisé en 867. Sur ces entrefaites, l'empereur Basile le Macédonien (867-886) renversa Michel III et s’empara du pouvoir, tout prêt à sacrifier Photius pour être reconnu par le pape et le parti des Ignatiens[50].
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Ignace fut donc réinstallé en novembre 867. À peu près à la même époque, le pape Nicolas mourut et fut remplacé par Adrien II (867-872). Un synode se tint à Saint-Pierre de Rome en 869 qui condamna Photius et le synode de 867, ne reconnaissant les évêques qui l’avaient appuyé que s’ils signaient un « libellus satisfactionis » qui affirmait que la Foi avait été maintenue par la Papauté. Après quoi, le Pape envoya des légats à un concile devant se tenir à Constantinople à l’automne. Contrairement aux attentes de Rome, non seulement les évêques se montrèrent hostiles au libellus, mais le concile conclut que l’accord des cinq patriarches était nécessaire pour toute décision de nature théologale (canon 21). La Papauté fut à nouveau défaite lorsque la question du siège dont relèverait la Bulgarie fut mise aux votes : le concile décida qu’il appartenait à l’Empereur de trancher la question. Le pape était près d’excommunier Ignace lorsque celui-ci mourut en 877. L’Empereur choisit alors de réinstaller Photius dont il avait appris à apprécier les talents. Ce dernier pour sa part voulait une réconciliation avec Rome, tout comme le pape Jean VIII (872-882). Un nouveau concile fut donc tenu à Constantinople en 879 qui annula les actes du concile de 869, affirma la parfaite orthodoxie de Rome, tout en anathématisant ceux qui ajouteraient quelque chose au Credo de Nicée (autre effet des difficultés linguistiques, le grec des légats n’était peut-être pas suffisant pour qu'ils sachent ce qu’ils signaient). Par ailleurs, l’Empereur envoya un message assignant l’Église de Bulgarie à Rome — ce que refusa le tsar bulgare. L’harmonie était ainsi retrouvée entre Rome et Constantinople de telle sorte que lorsqu’un nouveau schisme se déclara, à l’intérieur du patriarcat de Constantinople cette fois, concernant le quatrième mariage de l’empereur Léon VI (886-912), le tact du patriarche et la prudence du pape évitèrent tout nouveau conflit[51].
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Si la fin du schisme de Photius marqua le début d’une période d’apaisement entre les deux hiérarchies, elle fut aussi le point de départ d’une autre querelle à l’origine du schisme de 1054 : la querelle du Filioque[52]. Dans une Encyclique aux patriarches de l’Est, le patriarche Photius dénonçait cet ajout au credo de Nicée par l’Église d’Occident qu’il accusait d’hérésie[53]. Le Credo de Nicée (325) disait simplement que Dieu le Fils « procédait » du Père et restait silencieux sur la nature du Saint-Esprit. Cet ajout (« ex patre filioque procedit ») affirmait que le Saint Esprit procédait à la fois du Père et du Fils[N 10].
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Cette expression avait été adoptée au IIIe concile de Tolède en 589 pour contrer l’arianisme prévalant alors en Espagne wisigothique jusqu'à la conversion du roi Récarède. À partir de là, elle fut adoptée en Gaule pour lutter contre les chefs francs qui étaient tous ariens. Tous, sauf Clovis, qui s’était converti au catholicisme romain[54]. Charlemagne, dans sa lutte contre les autres chefs francs, voulut faire pression pour qu’elle soit introduite dans le Credo, ce à quoi s’opposa fermement le pape Léon III (795-816). Au cours du IXe siècle, la formule fut progressivement adoptée par les Églises d’Allemagne et de Lorraine. Des clercs allemands l’apportèrent à Rome. L’influence allemande grandissant à Rome, un des successeurs de Léon III, le pape Benoît VIII (1012-1024), qui avait désespérément besoin de l’appui du Saint-Empire romain germanique dans la lutte qui l’opposait aux grandes familles romaines, finit par s’y résoudre 200 ans plus tard, lorsque l’empereur Henri II alla se faire couronner à Rome[55].
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L’hostilité à l’endroit de l’influence allemande aidant, c’est moins la question de la procession du Saint Esprit qui faisait problème que de savoir si le Pape était habilité à imposer seul une telle décision à l’ensemble de l’Église. Pour les Orientaux, le symbole de Nicée ayant été adopté par un concile réunissant toutes les Églises ne pouvait être modifié que par un autre concile œcuménique[56].
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On glissait ainsi du plan théologique au plan de l’administration de l’Église. Dans son édit 131, l’empereur Justinien avait promulgué que le gouvernement de la chrétienté serait confié aux cinq patriarches de l’Église (« Pentarchie ») sous l’égide d’un empire universel. Rome se voyait concéder la primauté en raison de son lien historique avec la capitale impériale. Tel que mentionné plus haut, il s’agissait donc d’une primauté d’honneur allant à la ville et non à l’individu qui y occupait le poste de patriarche. Du reste, cette primauté d’honneur n’était définie nulle part et n’impliquait aucune suprématie sur les autres patriarches[57], qui restent indépendants concernant leurs affaires intérieures.
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En Occident, les invasions avaient fait du Pape l’unique force pouvant tenir tête aux Barbares. Celui-ci était ainsi naturellement devenu non seulement le guide spirituel, mais aussi temporel des chrétiens d’Italie[58]. Et si, comme on l’a vu avec Charlemagne, la Papauté eut besoin de l’aide matérielle de l’Empereur des Romains pour maintenir son pouvoir temporel sur la ville de Rome, elle tente de s’en émanciper dès que le Saint-Empire romain est créé. L’harmonie qui régna entre l'empereur des Romains Otton Ier (962-973) et le Pape d’alors fut remplacée dans les siècles suivants par une opposition croissante entre les deux. Le pape Grégoire VII (1073-1085) parvient à humilier l’empereur germanique Henri IV (1084-1105) à Canossa en 1077[59] et publia le Dictatus Papæ, un recueil de 27 propositions affirmant la suprématie papale, incluant le pouvoir de nommer et de rejeter les souverains temporels et se réservant le titre exclusif de souverain « universel » ou œcuménique, une allusion directe à son collègue de Constantinople.
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Si ces sujets concernaient surtout les hautes sphères de la hiérarchie, la question du célibat ecclésiastique, imposé par Grégoire VII à toute l’Église sans concertation avec les autres évêques de la « Pentarchie », touchait l’ensemble du clergé et traduisait l’influence des réformateurs de Lorraine qui avaient l’appui de l’Empereur germanique et de ceux de l’abbaye de Cluny[N 11]. De même, à leurs yeux, les critiques adressées par le patriarcat d'Occident aux patriarcats de Constantinople et d'Orient concernant l’utilisation du pain avec levain, le jeûne du samedi durant la période du carême ou le baptême par une immersion au lieu de trois étaient autant de preuves que le patriarcat d'Occident voulait leur imposer ses propres coutumes germaniques et ignorait complètement leur propre développement historique[60].
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Oisif et paralytique, l'empereur byzantin, le basileus Constantin IX Monomaque ne quittait guère le palais à Constantinople et voyait dans la dignité impériale une retraite dorée lui permettant de s’amuser. Ne demandant que la paix et la tranquillité, il désirait maintenir l’alliance avec Rome contre les Normands qui avaient conquis les territoires byzantins du Sud de l’Italie[61]. En 1051, le pape Léon IX s'empare de Bénévent après que Pandolf III en ait été chassé. En 1053, les Normands menacent de récupérer la principauté de Bénévent. Représentant authentique de la réforme clunisienne, le pape Léon IX était dans un dilemme. S’il désirait l’alliance des Byzantins pour lutter contre les Normands, il ne voulait nullement voir ces territoires retourner sous l’autorité de Constantinople. Le pape forme une armée avec les Byzantins et lance la bataille de Civitate le 18 juin 1053. Vaincu par les Normands, le pape est emmené en captivité pendant neuf mois à Bénévent, où il commença l’étude du grec[62]. Les Normands autorisèrent son premier secrétaire, le cardinal Humbert, à venir l’assister. En mars 1054, le pape fut libéré et retourna à Rome.
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Depuis que le pape Benoît VIII avait fini par se résoudre au Filioque en l'an 1014, le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire persistait d'accuser cette doctrine d'hérésie et fit fermer les églises latines à Constantinople. Le cardinal Humbert réussit à convaincre le pape Léon IX d’envoyer des légats à Constantinople pour tenter un rapprochement entre l'Église latine et l'Église de Constantinople, ouvrant la voie à une coopération politique sur les territoires d’Italie du Sud.
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Humbert rédigea à cette fin deux lettres pour la signature du pape. L’une, destinée au patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire, jetait le doute sur la canonicité de son élection, rejetait les accusations de Cérulaire contre l’Église latine et l’accusait de s’ingérer dans les affaires des Église d’Antioche et Jérusalem. L’autre, destinée à l’Empereur byzantin, le basileus Constantin IX, traitait surtout de questions politiques, mais sa dernière phrase se plaignait de la conduite du patriarche Cérulaire[63].
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Formée de trois légats : Humbert, Pierre d'Amalfi, archevêque d’Amalfi (territoire byzantin) et du cardinal Frédéric de Lorraine, chancelier du Saint-Siège et futur pape Étienne IX (règne 1057 – † 1058), la délégation partit pour Constantinople en avril 1054.
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Le pape Léon IX mourut le 19 avril 1054. Durant le voyage, Humbert apprend la nouvelle par pigeons voyageurs. La nouvelle parvint à Constantinople quelques semaines plus tard. La délégation possède un écrit plénipotentiaire lui permettant d'excommunier ses contradicteurs si les négociations n'arrivaient pas à aboutir. Le mandat des légats n'est plus valable du fait de la mort du pape. En vertu des précédents, les légats du pape auraient dû retourner à Rome chercher de nouvelles instructions du successeur de Léon IX. Une fois arrivé à Constantinople, Humbert aurait pu attendre des instructions quant à la manière de mener au mieux la négociation dont il a été chargé.
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Insatisfaits dès l’abord de l’accueil qu’ils reçurent, les légats du pape se rendirent d’abord chez le patriarche Cérulaire, où ils lui remirent avec hauteur la lettre qui lui était destinée avant de se retirer sans échanger les compliments d’usage. Le patriarche fut choqué du ton de la lettre et mit en doute le statut de la délégation.
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La délégation, toutefois, reçut un accueil très cordial du basileus Constantin IX, alors que le patriarche décidait simplement de l’ignorer et de ne plus avoir de contact avec elle. Le climat se dégrada avec la publication de la lettre du pape Léon IX ainsi que de deux documents qu’Humbert avait apportés avec lui. La lettre du pape provoqua une réponse, polie mais ferme, d’un moine du monastère de Studium du nom de Nicetas Stethatus. Elle provoqua la fureur du cardinal Humbert qui répondit par un torrent d’insultes. Inquiet pour l’avenir de l’entente qu’il souhaitait, l’empereur Constantin IX força le moine à se rétracter et consentit même à discuter avec le cardinal Humbert de la question du Filioque, alors que le patriarche Cérulaire continuait à garder le silence et que le peuple s’irritait de cette ingérence dans les affaires de son patriarcat[64].
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Mais l'élection d'un nouveau pape tardait. Alors le samedi 16 juillet 1054, les trois ex-légats se rendirent à la basilique Sainte-Sophie alors que l’on s’apprêtait à célébrer l’office de l’après-midi. Devant les fidèles, Humbert, sans mot dire, dépose sur l'autel de la basilique une bulle excommuniant le patriarche Cérulaire et ses assistants. Les légats repartent non sans avoir symboliquement secoué la poussière de leurs souliers. Deux jours plus tard, ils quittaient Constantinople après avoir pris congé de l’empereur Constantin IX, lequel, toujours aussi courtois, les combla de présents[65].
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Le rapport que fit le cardinal Humbert de sa mission fut reçu avec enthousiasme, l’anathème prononcé contre le patriarche Cérulaire étant vu comme la juste rétribution des accusations grecques contre l’Église latine. Le cardinal conserva sa place comme chef de file de la curie romaine.
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Fort de l’appui de son Église, le patriarche Cérulaire alla se plaindre à l’empereur Constantin IX pendant que la population ameutée grondait contre cette insulte au patriarcat de Constantinople. L’Empereur dut annoncer que la bulle incriminée serait solennellement brûlée ; le dimanche 24 juillet, un synode convoqué à la hâte jeta l’anathème sur le cardinal Humbert et ses assistants, sans mentionner toutefois le pape ou l’Église d'Occident en général, espérant sans doute une déclaration du prochain pape à l’effet que la délégation avait outrepassé ses pouvoirs[66]. Si crise il y avait à Constantinople, il s’agissait plutôt d’une crise interne dans laquelle le patriarche avait marqué des points contre le basileus soupçonné de sympathies pro-latines[67].
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Le principal résultat devait être une acrimonie grandissante entre les patriarcats d'Occident (Église d'Occident) et de Constantinople qui se traduisit à Constantinople par la publication d’un pamphlet intitulé Contre les Francs[68].
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En dépit de son caractère spectaculaire, cet épisode ne fut considéré à Constantinople que comme l’une des péripéties qui marquaient de plus en plus souvent les relations entre les hauts dirigeants des deux Églises : les excommunications étaient dirigées vers leurs dignitaires et non contre les deux Églises elles-mêmes, il n’y avait donc pas de schisme à proprement parler.
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La réaction fut plus marquée en Occident où les réformes entreprises par les empereurs allemands pour restaurer la crédibilité et l’influence morale de la papauté portaient fruit. Ce ne fut qu’en septembre 1054 qu’Henri III nomma un nouveau pape en la personne de Victor II (pape de 1055 à 1057), évêque d’Eichstatt en Allemagne. Il ne devait arriver à Rome qu’au mois d’avril 1055, ignorant probablement tout de cette délégation[69].
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L'année 1054 marque traditionnellement le schisme entre les églises occidentale et orientale, même si la portée réelle de l'évènement est mineure et que les relations diplomatiques perdureront encore deux siècles entre les deux sièges[70].
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Cet incident ne mit nullement un terme aux négociations politiques dont le Saint-Siège espérait une aide militaire pour contenir des Normands dont la progression semblait irrésistible. Le basileus pour sa part voyait dans une intervention du Saint-Siège le seul espoir de maintenir une apparence de souveraineté sur les territoires du Sud de l’Italie[N 12],[71]. Les églises latines de Constantinople furent rouvertes et le successeur de Léon IX, Victor II, envoya une lettre très amicale à l’impératrice Théodora (qui avait entretemps prié le patriarche de limiter son activité aux affaires de l’Église) lui demandant de réduire les taxes frappant les pèlerins se rendant à Jérusalem, politique amicale que poursuivit également son successeur, Étienne IX. Le pape envoya une délégation à Constantinople pour discuter de ces points, mais celle-ci avait tout juste atteint Bari qu’arriva la nouvelle de la mort du pape. Instruits par les évènements de 1054, les délégués retournèrent prudemment à Rome[72].
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Son successeur, Nicolas II (pape de 1058 à 1061) accéda au trône pontifical grâce à l’influence du futur Grégoire VII et mena une politique anti-impériale (entendre contre l’empereur germanique). Il affranchit la papauté en 1059 de la tutelle impériale en remettant l’élection du pape entre les mains du seul collège des cardinaux et interdit la nomination des évêques sans l’approbation du pape. Réalisant que la domination normande sur le Sud de l’Italie était un phénomène irréversible, il se rendit la même année en Italie du Sud et reçut les serments de fidélité des princes normands Richard Ier d'Aversa et Robert Guiscard[73]. Bien que ce geste ait été dirigé contre l’empire germanique, il provoqua un ressentiment considérable à Constantinople. Sans parler de schisme, on se rendait bien compte que les deux Églises n’étaient plus sur la même longueur d’onde et que la question d’une « réunification » s’imposait[74].
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Toutefois, le terme même de réunification n’avait pas la même signification dans les deux capitales. Le nouveau pape, Grégoire VII (pape de 1073 à 1085, un règne beaucoup plus long que ceux de ses prédécesseurs immédiats), développait la théorie selon laquelle le pouvoir spirituel du pape s’étendait au domaine politique et que la papauté était à l’empereur et aux autres monarques européens ce que le Soleil était par rapport à la Lune[N 13]. Cette doctrine ne pouvait être acceptée à Constantinople, qui tenait depuis longtemps que l’autorité suprême de l’Église en matière doctrinale résidait dans un concile œcuménique où toutes les Églises étaient appelées à participer, et en matière de gouvernance entre les mains de la pentarchie, c’est-à-dire du collège formé par les patriarches de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Si le patriarche de Rome avait droit à une primauté d’honneur vaguement définie, il en allait de même de l’empereur de Constantinople, au titre de vice-roi de Dieu sur terre[75]. À partir de ce moment, la réunification des Églises devint un sujet de négociation perpétuel jusqu’à la chute finale de Byzance.
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En 1078, soit vingt-quatre ans après l’incident de 1054, le basileus Michel VII (né vers 1050 – † 1090) fut renversé par une révolution de palais qui porta au trône Nicéphore Boteniatès (règne de 1078 à 1081), lequel annula la promesse de mariage entre le fils de Michel VII et la fille de Robert Guiscard[76]. Furieux, celui-ci annonça qu’on avait trouvé à Rome le malheureux Michel VII évadé de Constantinople. Le pape prit fait et cause pour ce prétendant et excommunia solennellement l’empereur Boteniatès : c’était la première fois depuis plusieurs siècles qu’éclatait une rupture formelle des liens entre la papauté et la cour impériale de Constantinople[77]. Encore une fois, l’épisode n’eut pas tellement de répercussions, Constantinople s’enfonçant dans une guerre civile dont Alexis Comnène (règne de 1081 à 1118) sortit vainqueur. Mais lorsque le pape excommunia également ce dernier et que celui-ci, après avoir fait fermer les églises latines de Constantinople, chercha un rapprochement avec Henri IV qui luttait contre Grégoire VII et ses alliés normands, un changement subtil d’alliances se produisit : jusqu’alors, lorsque les choses allaient mal entre le basileus et le patriarche, le premier pouvait toujours s’appuyer sur Rome pour forcer le patriarche à adopter son point de vue. À partir de ces deux excommunications, basileus et patriarche commencèrent à faire front commun contre Rome[78].
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Les choses changèrent avec la mort de Grégoire VII et l’élection d’Urbain II (pape de 1088 à 1099). Le pape, qui voyait dans l’Église byzantine le seul moyen de délivrer les Églises d’Orient du joug des Turcs, prit l’initiative en envoyant une ambassade au basileus, lui demandant de faire rouvrir les églises latines et de rétablir le nom du pape dans les diptyques de Constantinople ; en même temps, il levait l’excommunication qui pesait sur Alexis Ier. Tout aussi désireux d’avoir l’appui du pape dans la lutte contre les Turcs, Alexis invita le pape dans sa réponse à venir tenir un concile à Constantinople pour régler ces questions. Le basileus obtint du synode patriarcal que le nom du pape soit rétabli dans les diptyques pourvu que, comme le voulait l’usage, le pape envoyât sa lettre systatique ou profession de foi aux autres patriarches. Dans la lettre qu’il envoya au pape, le patriarche Nicolas III confirmait que les églises latines étaient rouvertes et pouvaient utiliser le rite qu’elles désiraient. De plus il affirmait qu’il n’existait pas de schisme entre les deux Églises. Le pape, satisfait de cette réponse, passa outre au fait que le patriarche le qualifiait de « frère » et non de « père » et, s’il n’envoya jamais la lettre systatique demandée, c’était sans doute pour éviter de soulever la question du Filioque[79].
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S’ensuivit une décennie de paix et d’amitié entre les deux Églises. Hélas, la bonne volonté manifestée par le pape fut aussi la cause d’un terrible malentendu[80]. Pour Urbain II, l’union entre les Églises d’Orient et d’Occident signifiait aussi une union contre l’islam. Or, l’idée même de croisade était étrangère à la pensée byzantine. Alors que le pape appelait à un grand rassemblement des peuples chrétiens pour reconquérir Jérusalem et la Palestine, Alexis désirait surtout l’aide d’un nombre restreint de chevaliers bien aguerris pour combattre non l’Islam en général, mais les Turcs qui grignotaient son empire[81]. De plus, l’idée même d’une guerre sainte était inacceptable pour les Byzantins qui ne pouvaient concevoir de guerre « juste » même si elle pouvait s’avérer nécessaire et qui s’étonnèrent toujours de voir les aumôniers accompagner les soldats et, plus encore, des évêques diriger des troupes[82]. Ce malentendu initial devait accroître l’hostilité entre chrétiens d’Orient et d’Occident. À l’indiscipline et à la totale inutilité des troupes de paysans conduites par Pierre l’Ermite, succéda la hargne et les pillages des militaires conduits par Godefroi de Bouillon, Baudouin de Boulogne, Hugues de Vermandois et autres chevaliers francs. Pour leur part, les autorités byzantines ne virent dans les chefs croisés que des mercenaires pouvant les aider à rétablir les frontières de l’empire byzantin aussi bien en Europe qu’en Asie[83],[N 14].
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Lorsque les croisades débutèrent, les deux Églises maintenaient des relations froides mais polies. Chacune d’elles conservait son indépendance dans sa propre sphère géographique sans qu’il soit question de schisme entre elles. Les enjeux étaient effectivement considérables : Constantinople ne perdait pas tout espoir de reprendre pied en Italie du Sud grâce à l’hostilité entre la papauté et l’empereur germanique alors que le pape espérait toujours pouvoir replacer l’Église d’Orient dans son giron. Ainsi, Alexis proposa en 1112 de venir à Rome recevoir la couronne impériale et envoya au pape un projet de réunion des Églises — admettant ainsi qu’il existait tout de même une certaine séparation. Mais, comme il arrivera maintes fois jusqu’au concile de Lyon et au concile de Florence, l’idée achoppa dès que l’on passa du plan diplomatique au plan théologique[84].
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Au début, grâce surtout à la diplomatie du représentant papal, Adhémar du Puy, tout alla bien. Lors de la prise d’Antioche par Bohémond de Tarente (vers 1054 – † 1111), le patriarche Jean l’Oxite avait eu à subir de nombreux sévices de la part des Turcs. Il fut r��tabli sur le trône patriarcal par les croisés et les chroniqueurs du temps firent l’éloge de son courage. Dans la cathédrale Saint-Pierre d’Antioche, les offices religieux étaient célébrés suivant les usages aussi bien latins que grecs. Vers la même époque, Adhémar du Puy prit aussi contact avec le patriarche de Jérusalem en exil à Chypre et rédigea même au nom de Siméon une lettre dans laquelle ce dernier était présenté comme le supérieur de tous les évêques, grecs aussi bien que latins. Malheureusement, Adhémar du Puy devait s’éteindre en 1098 ; ses successeurs firent preuve d’une bien moins grande largesse d’esprit[85].
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Lorsque les croisés capturèrent Jérusalem, le patriarche Siméon était décédé et ses évêques en exil. Ils choisirent donc l’un des leurs comme patriarche. Arnold de Choques fut ainsi le premier patriarche latin de Jérusalem. Sa nomination se révéla une grave erreur, puisqu'il ira jusqu’à torturer les moines orthodoxes pour leur faire confesser où ils avaient caché la Vraie Croix lors du départ de Siméon pour Chypre. Son successeur, Daimbert de Pise, fit pis encore : il tenta de réserver l’église du Saint-Sépulcre à l’usage exclusif des Latins et chassa les orthodoxes de leurs établissements à Jérusalem et dans ses environs. Toutefois, le roi Baudoin Ier (1171, emp. latin 1194 – † 1205 ou 1206) se hâta de rétablir les Grecs dans leurs droits. Après lui, la couronne se fit le défenseur des intérêts du peuple contre le clergé latin[86].
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Toutefois, si les relations demeurèrent tendues entre les deux communautés, il est évident qu’à la fin du XIe siècle, tant à Rome qu’à Constantinople, les autorités des deux Églises ne considéraient pas qu’il y avait schisme entre elles[87]. Les choses ne changèrent guère non plus à Alexandrie qui ne faisait pas partie des territoires occupés par les Latins. Par contre, à Jérusalem et à Antioche, les autorités franques s’attendaient à ce que l’épiscopat grec acceptât l’autorité de la nouvelle hiérarchie latine, sans pour autant que le moyen et le bas clergé n'aient semblé être affectés, la barrière linguistique constituant une protection efficace pour son autonomie. Si leurs cathédrales furent confisquées, ils purent conserver leurs églises où la liturgie était célébrée selon leur rites, en grec ou en syriaque ; les monastères demeurèrent ouverts et purent accueillir pèlerins grecs et latins[88].
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Ce fut à Antioche que les choses se gâtèrent. La capture d’Antioche par Bohémond de Tarente, le fils de Robert Guiscard[89], mettait le patriarche Jean dans une situation impossible. Bohémond savait que l’empereur tenterait de reprendre la ville et que le patriarche et le peuple prendraient son parti ; Bohémond traita le malheureux patriarche sans ménagement. Lorsque des évêques latins furent nommés aux sièges de Tarse, Artah, Mamistra et Édesse, ils se rendirent à Jérusalem pour être consacrés par le patriarche latin Daimbert, ignorant l’existence et les droits du patriarche grec d’Antioche. Jean quitta donc Antioche pour se réfugier à Constantinople avec le haut clergé où il démissionna ; l’empereur et le haut clergé lui choisirent un successeur grec. À partir de 1100, il y eut donc deux patriarches pour la Palestine, un patriarche latin occupant effectivement le siège et un patriarche grec en exil, chacun se réclamant de la succession apostolique. C’est à partir de ce moment que le schisme prit vraiment corps[90].
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Si l’existence de deux patriarches pour le territoire d’Antioche fut la première manifestation d’un schisme, l’appui donné par le pape Pascal II à Bohémond fut la deuxième. Les relations entre Rome et Constantinople se dégradèrent lorsque Baudoin Ier écrivit au pape Pascal II (règne de 1099 à 1118) en 1102 pour se plaindre du manque de collaboration de l’empereur Alexis. Furieux, le pape prit position pour les Latins. Et lorsque Bohémond de Tarente se rendit à Rome, il n’eut aucune difficulté à convaincre celui-ci de la trahison des croisés par le basileus et de la nécessité de prêcher une croisade, non plus contre les Turcs mais contre Constantinople[91]. Le pape avait bien dans le passé excommunié les empereurs Nicéphore et Alexis, mais cette excommunication touchait les deux hommes, non leur peuple, tout comme l’excommunication de l’empereur Henri par Grégoire VII ne s’étendait pas à l’ensemble de l’empire germanique. Prêcher une croisade contre l’Empire et par conséquent contre l’ensemble des orthodoxes équivalait à considérer ceux-ci comme schismatiques au même titre que les infidèles. Cette croisade se solda par un fiasco. Bohémond dut se reconnaître vassal du basileus et consentit au rétablissement de la ligne grecque au trône patriarcal. Cet accord demeura toutefois lettre morte, Antioche étant alors aux mains du neveu de Bohémond, Tancrède, lequel n’avait nulle envie de devenir vassal de l’empereur et de voir le patriarcat retourner aux mains des Grecs[92].
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Le schisme entre les patriarcats d’Orient et celui d’Occident se concrétisa ainsi avec la création par les croisés de patriarcats latins dans leurs propres colonies, existant parallèlement aux patriarcats grecs, chaque communauté ne se référant qu’à son propre patriarche[93].
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Si les trois premiers Comnène, pour des motifs plutôt politiques que religieux, eurent soin de maintenir de bons rapports avec Rome, la période des croisades ne fit que renforcer l’animosité du peuple byzantin contre les occidentaux (Francs et marchands italiens), animosité reflétée et entretenue par la hiérarchie orthodoxe[94]. Sur le plan religieux, le renouveau de la papauté était vu à Constantinople comme une tentative arrogante de domination universelle, alors que l’addition du Filioque et certaines pratiques comme l’utilisation de pain sans levain pour l’eucharistie étaient perçues comme une volonté d’imposer unilatéralement les usages de l'Occident à l’ensemble de la chrétienté. Sur le plan matériel, la population eut à souffrir de l’habitude des croisés de s’emparer de ce qu’ils voulaient, nourriture sur la route ou œuvres d’art dans les villes, alors que les croisés accusaient l’empereur et ses conseillers de traîtrise et de manque de coopération dans la reconquête des Lieux saints[95].
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Tout au long de ces trois règnes, de nombreuses lettres, ambassades et discussions théologiques furent échangées montrant que, si crise il y avait, les parties désiraient à tout prix éviter une rupture finale et irrémédiable[N 15].
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La deuxième croisade (1147-1149) devait élargir l’animosité existant entre les autorités politiques et religieuses aux peuples occidentaux et orientaux de la chrétienté. Après avoir arraché Jérusalem aux mains des musulmans en 1099, les croisés avaient fondé quatre États latins (royaume de Jérusalem, principauté d’Antioche, comté d’Édesse et comté de Tripoli) qui se trouvèrent rapidement isolés en Orient. Prêchée par Bernard de Clairvaux, cette croisade était conduite par le roi de France et l’empereur germanique et réunissait des princes de toute l’Europe occidentale. Effrayé par la dimension de cette armée qui devait traverser son empire et redoutant une attaque de Roger II de Sicile (1095 – † 1154), l’empereur Manuel conclut une alliance avec le sultan seldjoukide Mas`ûd[96]. Il fut aussitôt considéré comme traître à la cause chrétienne par les croisés.
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Durant leur passage dans les Balkans, les armées germaniques se livrèrent au pillage, si bien que lorsqu’elles arrivèrent, les armées françaises trouvèrent vides les points d’approvisionnement préparés par l’empereur à l’intention des croisés. Les deux armées pillèrent les environs de Constantinople, provoquant la colère de leurs habitants. Arrivés les premiers à Constantinople, les Allemands ignorèrent les avis du basileus et se dirigèrent vers Édesse à travers l’Anatolie où ils furent mis en déroute par les Turcs près de Dorylée. Instruit par l’expérience germanique, le roi de France décida d’éviter l’Anatolie en choisissant un itinéraire plus long, appareillant pour la Syrie à bord de bateaux siciliens. Mais Byzance étant en guerre avec la Sicile, des navires byzantins capturèrent les premiers, y compris les bagages du roi de France qui ne les put recouvrer que quelques mois plus tard[97].
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Si la deuxième croisade n’eut pratiquement aucun résultat en Terre sainte, elle contribua ainsi à accroître considérablement la rancœur des croisés contre les Byzantins qu’ils accusèrent de complicité avec l’ennemi turc et de mauvaise foi à l’endroit des princes d’Antioche. Les Byzantins pour leur part considérèrent les Francs et Germains comme barbares, indisciplinés et peu sûrs, jugement qui s’étendait à l’Église dont ils faisaient partie. Il est à noter toutefois que les relations de Constantinople avec les princes latins d’Outremer (sauf pour Antioche), qui comprenaient mieux la géopolitique de la région, demeurèrent excellentes, et que même l’échec de l’expédition en Égypte conduite avec le royaume de Jérusalem en 1169 ne nuisit guère à leurs relations[98].
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Les choses empirèrent encore avec la mort de Manuel en 1180. En dépit des heurts mentionnés plus haut, l’attitude amicale du basileus pour tout ce qui venait d’Occident, notamment les privilèges octroyés aux marchands génois, vénitiens et pisans, avait provoqué l’ire de la population. Elle se traduisit par une tentative de renverser l’impératrice-régente, une Italienne, un atroce massacre de Francs et d’Italiens à Constantinople en 1182 ainsi que le sac de toutes les églises latines et le meurtre du légat papal. Quelque cinquante bateaux latins qui se trouvaient au port de Constantinople réussirent à appareiller avec réfugiés, soldats et marchands. Trois ans plus tard, ils prirent leur revanche en mettant à sac Thessalonique. Les relations entre Rome et Constantinople furent rompues et ne reprirent que lorsque le nouvel empereur, Andronic (1183 – † 1185), fut lui-même remplacé par son cousin, Isaac II Ange (1185-1195 et 1203-1204). Mais l’alliance conclue par celui-ci avec Saladin continua à lui valoir la haine des Occidentaux, surtout après que Saladin eut conquis Jérusalem et eut réinstallé un patriarche grec dans la sainte cité en 1187. La conquête de Chypre par Richard Cœur de Lion et la subordination du clergé grec au clergé latin dans l’ile aggrava encore cette rancœur[99].
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C’est à cette époque que l’Église grecque produisit l’un de ses plus grands juristes, Théodore Balsamon (né vers 1130/1140, mort vers 1195/1200)[100]. Nommé évêque d’Antioche (en exil puisque les Latins occupaient ce siège), il défendait des thèses hostiles à l’Église latine. Pour lui, empereur et patriarche constantinopolitains étaient les deux principales autorités de l’Empire et la bonne entente entre les deux était essentielle. Mais alors que le patriarche ne s’occupait que du bien-être spirituel de la population, l’empereur devait voir à la fois au bien-être spirituel et matériel du peuple, d’où sa prééminence sur le patriarche, Soumis seulement à la Foi telle que définie dans les sept conciles œcuméniques, il était donc supérieur au pape et ne pouvait soumettre l’Église byzantine à la volonté de Rome[101]. Pour lui, l’Église occidentale s’était depuis plusieurs années séparée de la communion des quatre autres patriarcats et était devenue étrangère à l’orthodoxie[102].
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Si Balsamon et l’Église constantinopolitaine considéraient que l’Église de Rome s’était séparée des quatre autres Églises de la Pentarchie, il semble bien qu’à la fin du siècle les Latins considéraient pour leur part que l’Église de Constantinople, par son refus d’accepter la suprématie de Rome, était en état de schisme, même si ni l’une ni l’autre partie ne pouvait dire depuis quand précisément ce fossé s'était creusé.
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La quatrième croisade devait mettre fin à cette incertitude. Le pape Innocent III (pape de 1198 à 1216) souhaitait la mise sur pied d’une croisade dès le début de son pontificat. Pour lui, Byzance ne devait pas être prise par les armes, mais, après s’être soumise à Rome par l’union des Églises, devait se joindre aux autres forces chrétiennes pour reprendre la Terre sainte. Toutefois, le contrôle de la croisade lui échappa dès que les croisés choisirent comme chef le marquis Boniface de Montferrat (né vers 1150, roi de Thessalonique de 1205 à 1207), ami de l’empereur germanique Philippe de Souabe qui refusait de reconnaître la suprématie pontificale. Ne pouvant payer leur transport vers la Terre sainte, les croisés durent se plier aux désirs des Vénitiens et aider ceux-ci à reprendre la ville de Zara (aujourd’hui Zadar), possession du roi de Hongrie, fervent catholique. Le pape comprit immédiatement son erreur initiale et excommunia les croisés[N 16],[103].
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À Zara, ils furent rejoints par le jeune Alexis, fils de l’empereur déposé Isaac Ange, qui s’était échappé de Constantinople pour se réfugier à la cour de Philippe de Souabe (né en 1177, roi des Romains de 1198 à 1208). Pourvu qu’on l’aidât à récupérer le trône, il promit aux croisés une aide militaire et de vastes sommes d’argent ainsi que le passage de l'Église d'Orient dans l'obédience romaine. Mais une fois Constantinople prise et le jeune Alexis installé sur le trône avec son père, il fut bien incapable de tenir ses promesses, les coffres étant vides, et fut renversé par un courtisan. Croisés et Vénitiens se partagèrent alors l’Empire. Il fut entendu entre eux que si le trône impérial revenait à un croisé, le patriarcat irait aux Vénitiens et vice-versa. Le doge Dandolo réussit à écarter du trône Boniface de Montferrat, sympathique aux Génois, et à faire nommer le Vénitien Thomas Morosini premier patriarche latin de Constantinople, en lieu et place du patriarche Jean X Camaterus qui alla trouver refuge à Didymotique[N 17],[104].
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Innocent III n’avait été consulté ni par les chanoines de Sainte-Sophie nommés par les Vénitiens pour élire le patriarche, ni même consulté sur le choix de Morosini. Réalisant que le but des croisés n’était pas d’aller en Terre sainte, sincèrement choqué par les massacres de chrétiens, schismatiques mais chrétiens tout de même, il commença par déclarer la nomination de Morosini nulle et non avenue avant de nommer lui-même Morosini patriarche et d’exiger que Rome nomme ses successeurs[105].
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Plusieurs problèmes se posaient au niveau ecclésiastique. La création des États latins et l’arrivée massive de gens venus d’Europe exigeaient la création d’une Église latine avec sa hiérarchie et ses clercs pour s’occuper de ces gens qui ne parlaient pas le grec. Par ailleurs, il existait déjà une hiérarchie grecque s’occupant de la population locale. L’��glise grecque ne pouvait ni être simplement abolie, ni latinisée. Innocent III ordonna que la hiérarchie grecque puisse exister comme par le passé pourvu qu’elle reconnaisse la suprématie de Rome et inscrive le nom du pape et du patriarche latin de Constantinople dans ses diptyques. C’était trop demander à la plupart des évêques grecs qui prirent le chemin de l’exil et allèrent se réfugier dans les États successeurs d’Épire, de Trébizonde ou de Nicée[106].
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Une dernière chance de réunir les deux Églises se présenta en 1206 lors de la mort à Didymotique du patriarche Jean X Camaterus. Les évêques demeurés dans le nouvel empire latin se réunirent et écrivirent une lettre au pape offrant d’accepter la suprématie de Rome et de reconnaître le pape comme treizième apôtre à la condition qu’eux-mêmes puissent avoir leur propre patriarche qui partagerait leur langue, leurs coutumes et leurs traditions. Un concile serait ensuite convoqué pour discuter des différences entre les deux Églises. Aucune suite ne fut donnée à leur demande, le pape estimant sans doute qu’elle conduirait à reconnaitre la lignée patriarcale grecque comme étant la lignée légitime et apostolique alors que la lignée latine serait considérée comme intruse[107].
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Un ultime effort fut fait par Jean III Doukas Vatatzes (né vers 1192, empereur de 1221 à 1254), empereur de Nicée, en 1234. Il incita son patriarche, Germanus II, à écrire au pape pour l’inviter à envoyer des représentants à la cour de Nicée. Rome envoya deux moines dominicains et deux franciscains. Les Grecs qui espéraient plutôt un concile général étaient semble-t-il prêts à accepter que l’usage latin de pain sans levain pour l’eucharistie n’était pas condamnable, mais exigeaient l’omission du Filioque du Credo. Pour leur part, les moines exigèrent d’entrée de jeu la soumission des Grecs à l’autorité pontificale de Rome. Le ton s’échauffa rapidement et bientôt les deux parties se séparèrent en s’accusant mutuellement d’être hérétiques, terme employé dans le même sens que celui de schismatiques[108].
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Dès lors, plus personne ne pouvait douter qu’il existait bien un schisme entre les Églises chrétiennes d’Orient et d’Occident.
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Dès lors, une vision péjorative de l’ « autre chrétienté », qualifiée de « schismatique », se diffuse dans chacune des églises, d’Orient et d’Occident.
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En Orient, les « Latins », aussi appelés « Francs », sont décrits par de nombreux auteurs grecs comme Anne Comnène, Georges Cédrène, Nicétas Choniatès ou Jean Skylitzès comme hérétiques, barbares, malodorants, brutaux, rapaces, arrogants : ils inspireront toute une historiographie empreinte d’anti-occidentalisme, qui influencera en partie le panslavisme[109] et encore plus le slavophilisme[110]. On retrouve cette perception négative non seulement dans les positions anti-européennes de divers mouvements grecs ou des gouvernements russes post-soviétiques, mais plus profondément chez des auteurs comme Alexandre Soljénitsyne qui voit l'Occident comme amoral et matérialiste[111].
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En Occident, symétriquement, la Grèce et les Grecs étaient jadis objet de suspicion, mépris voire dégoût[112]. Paul Tannery relie cela à la réécriture, par les clercs d’Occident, de l’histoire du christianisme, qui tend à rejeter la responsabilité du schisme sur les seuls « Grecs », à présenter l’église de Rome comme seule héritière légitime de l’Église primitive et à rendre acceptables d’une part le sac de Constantinople par la quatrième croisade et d’autre part le fait qu’après avoir quitté la Pentarchie, Rome s’en soit éloignée théologiquement et canoniquement au fil des 14 conciles qui lui sont propres. De son côté, l’historien allemand Hieronymus Wolf réécrit, lui, l’histoire romaine en lançant l’appellation et le concept d’« Empire byzantin » en 1557, pour séparer l’histoire de l’Empire romain d'Orient, présenté de manière péjorative, de celle de l’empire d'Occident, revendiqué comme « matrice de l’Europe occidentale »[113].
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(Histoire de l’Église de Constantin à Charlemagne. Utile pour connaître les causes éloignées du schisme).
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Les Grands Lacs d'Amérique du Nord forment un groupe de cinq vastes lacs situés sur ou près de la frontière entre le Canada et les États-Unis en Amérique du Nord. Ils constituent le groupe de lacs d'eau douce le plus étendu au monde avec une superficie de 244 100 km2 et un volume de 23 000 km3. Associé au fleuve Saint-Laurent, émissaire du lac Ontario, le complexe constitue le plus important des systèmes d'eau douce de surface du monde avec approximativement 18 % des réserves mondiales[1].
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Quatre des Grands Lacs chevauchent la frontière canado-américaine. Seul le lac Michigan se situe entièrement sur le territoire des États-Unis.
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Un sixième, le lac Sainte-Claire, se trouve entre les lacs Huron et Érié. Ce plus petit lac fait également partie du système, mais il n'est pas compté officiellement parmi les Grands Lacs. En fait, on peut observer des milliers de petits lacs dans cette région.
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Les Grands Lacs se jettent dans le fleuve Saint-Laurent. Ils contiennent environ 18 % de l'eau douce liquide de la surface de la Terre : 23 000 km3[2].
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La surface cumulée des lacs est de 244 100 km2, environ la même taille que le Royaume-Uni. Les côtes des Grands Lacs mesurent approximativement 16 900 km[3]. Toutefois, la longueur des berges est impossible à mesurer exactement et ne constitue pas une mesure bien définie.
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Lac Supérieur.
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Lac Ontario.
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Encore au XVIIe siècle, les Grands Lacs ne portent pas leurs noms définitifs.
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Le lac Michigan et le lac Huron ont atteint des records de bas niveau en 2013[6].
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Les Grands Lacs se sont formés à la fin de la dernière ère glaciaire (glaciation du Wisconsin), il y a environ 10 000 ans, quand l'inlandsis laurentidien recula en laissant de grandes quantités d'eau de fonte.
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La région des Grands Lacs fait partie de la grande dépression centrale d'Amérique du Nord s'étendant vers le sud en direction de la plaine du Mississippi.
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Le bassin des Grands Lacs est influencé par quatre facteurs météorologiques principaux : les masses d'air provenant d'autres régions, la situation à l'intérieur du continent et l'influence modératrice de la masse d'eau qu'ils représentent[7]. La circulation des systèmes météorologiques est en général est-ouest mais les vents en surface varient selon la position de ces systèmes et font alterner des apports de chaleurs et d'humidité venant du golfe du Mexique et de l'air sec et froid de l'Arctique ce qui donne une grande variabilité quotidienne et mensuelle.
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En été, les dépressions ont tendance à passer au nord de la région ce qui permet à l'air chaud et humide du golfe du Mexique de dominer. Cette situation est propice à la formation de smog et les vents généralement du sud-ouest peuvent également en apporter du bassin industriel du Midwest[7]. Le passage de fronts froids qui amènent de l'air plus froid en altitude rend la masse d'air instable et déclenche des orages parfois violents[7]. L'ensoleillement réchauffe également la couche d'eau superficielle des lacs et une thermocline se forme entre la surface et les couches inférieures[7]. Les eaux moins profondes du lac Érié sont particulièrement affectées par ce phénomène.
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En hiver, la région est caractérisée par le passage de plus en plus au sud des dépressions provenant de l'ouest ou du sud-ouest. Ceci donne des tempêtes de neige qui peuvent se changer en pluie verglaçante ou même en pluie sur les secteurs sud[7]. Dans les anticyclones qui dominent les mois les plus froids, l'air arctique passant au-dessus des lacs non gelés va donner des bourrasques de neige dans les zones côtières sous le vent dominant appelées « Snow Belt » par les anglophones[7]. Les averses associées à ces bourrasques peuvent laisser de très grandes quantités de neige le long d'une bande étroite de la côte comme dans le cas de la tempête de neige Aphid du 12-13 octobre 2006.
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La libération de la chaleur emmagasinée par les lacs tempère cependant le climat près du rivage ; et des parties du sud de l'Ontario, du Michigan et de l'ouest de l'État de New York ont des hivers plus cléments que des régions continentales situées plus loin des rives[7]. Malgré tout la température de surface des lacs diminue graduellement et un couvert de glace se forme généralement sur le lac Érié au cours de l'hiver, situation amplifiée par sa plus faible profondeur. Les autres lacs gardent le plus souvent certaines zones sans glace. Les bourrasques diminuent donc d'intensité plus tard en saison à mesure que la glace recouvrent les lacs.
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Le printemps et l'automne sont caractérisés par un temps variable lorsque les dépressions passent rapidement sur la région. Le ciel est plutôt nuageux, les orages occasionnels et les vents violents fréquents[7]. La tempête de 1913 sur les Grands Lacs est un tel exemple de très forte tempête automnale.
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Au début du printemps, l'air plus chaud et l'ensoleillement qui augmente commencent à faire fondre la neige et la glace lacustre. Comme l'eau prend plus de temps à se réchauffer que l'air, la température des lacs augmente plus lentement que les terres. Les brises des lacs rafraîchissent donc le climat durant cette période. L'effet inverse se produit à l'automne. Ce phénomène retarde le bourgeonnement des feuilles et la floraison des plantes au printemps mais protège du gel les arbres fruitiers à l'automne. Ceci permet une zone végétative près des rives ouest des lacs de même que plus au sud, favorisant en particulier l'exploitation de vignobles[7].
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Huit États américains et une province canadienne (Ontario) bordent les Grands Lacs :
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Environ 30 millions de personnes[8] habitent dans le bassin des Grands Lacs. Plusieurs métropoles se situent sur les rives de ces lacs : les plus peuplées sont Chicago, Toronto, Détroit, Milwaukee et Cleveland rassemblées dans un espace transfrontalier appelé Main Street America. La région des Grands Lacs est également un bassin industriel important.
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Chicago, États-Unis.
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Toronto, Canada.
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Cleveland, États-Unis.
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Les grands lacs contiennent 22 684 km3 d'eau douce[9], ce qui compte pour 84% de l'eau douce de surface de l'Amérique du Nord et environ 21% de l'eau douce de surface mondiale[10].
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Bien qu'ils contiennent un grand pourcentage de l'eau douce du globe, les Grands Lacs sont peu exploités pour leur eau. Ils ne sont la source que d'une faible part de l'eau potable consommée en Amérique du Nord (environ 4,2 %). L'eau constitue avant tout, de manière générale, une ressource de proximité qui ne peut être facilement exportée. De plus la quantité d'eau annuelle renouvelable, bien que très importante, n'est pas plus élevée que pour beaucoup de grands fleuves du monde. Celle-ci peut être approximée au débit anuel du fleuve Saint-Laurent, l'émissaire du système, à la sortie du lac Ontario. Une partie importante de l'eau consommée par les villes bordant les lacs provient plutôt des cours-d'eau et des nappes qui alimentent les lacs, tandis que les lacs eux-mêmes sont fréquemment le réceptacle finale des eaux usées après épuration. Cependant l'eau usée rejetée par l’agglomération de Chicago alimente le Chicago Sanitary and Ship Canal, navigable, et est donc détournée vers le bassin du Mississippi. C'est également le cas d'une partie des villes située le long du canal Érié, ce qui détourne une petite quantité d'eau vers l'Hudson. La région des Grands Lacs n'ayant pas de surface significative d'agriculture irriguée (avec évapotranspiration de l'eau), la consommation nette (en excluant l'eau qui retourne dans le système) est très faible en comparaison de la ressource.
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Les Grands Lacs constituent depuis le début de la présence humaine une importante voie de communication fluviale. À partir du XIXe siècle, de grands ouvrages, (canaux, déversoirs, écluses, ports) ont permis à ce mode de transport de s'accélérer considérablement. Parallèlement à la construction du réseau ferroviaire, les Grands Lacs ont ainsi été reliés à l'océan Atlantique, via le fleuve Saint-Laurent, et au Golfe du Mexique, via le Mississippi. Ceci permit notamment l'essor de Chicago, devenue une plaque tournante pour les céréales et le bétail, exportés ensuite en Europe.
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Ces ouvrages ont été refaits et augmentés durant les années 1950 et constituent maintenant la voie maritime du Saint-Laurent créée en 1959. Celle-ci relie, sur plus de 1 000 km, l'océan Atlantique aux importants ports situés sur les différents lacs et le continent à l'ouest du Lac Supérieur. Elle est donc un débouché économique pour les Grandes Plaines américaines et les Prairies canadiennes grâce au trafic combiné par navire cargo et transport ferroviaire au Canada ou transport ferroviaire aux États-Unis. De grands navires, les vraquiers, ou laquiers ont été spécialement conçus pour la navigation sur les Grands Lacs.
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Une « Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent » encadre la gestion de l'eau[11].
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« Le Conseil régional des ressources en eau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent (Conseil régional) a été créé le 13 décembre 2005 lors de la ratification de l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du Fleuve Saint-Laurent par les gouverneurs des États des Grands Lacs, ainsi que les premiers ministres de l’Ontario et du Québec[12]. »
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Une base de données permet de documenter les utilisations annuelles par les États et Provinces riveraines[13].
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Malgré leur taille, les Grands Lacs ont connu une pollution de l'eau croissante et localement alarmante par les métaux lourds et divers produits chimiques (à partir de Toronto et Hamilton notamment). La non-tarification de l'eau et les bas coûts de l'énergie et du bois, ainsi que les facilités de transport par voie d'eau ont attiré autour des Grands Lacs des usines métallurgiques, des papeteries, des usines chimiques, de production d'automobiles et de nombreux autres produits manufacturés qui ont massivement pollué ces lacs durant plus d'un siècle pour certaines. Des produits rémanents métalliques et des POP liposolubles se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire, jusque chez les bélugas et baleines de l'estuaire du Saint-Laurent.
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Les lacs reçoivent des sels de déglaçage résultant du déneigement des routes. Ils subissent une eutrophisation d'origine agricole et urbaine (eaux usées) qu'ils ne peuvent dégrader. À ceci s'ajoutent des problèmes écologiques graves et nouveaux liés aux concentrations croissantes de produit affectant la fertilité ou se comportant comme des leurres hormonaux, ou liés à l’introduction d'espèces invasives (Moule zébrée par exemple).
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Tous les lacs (le lac Ontario en particulier) sont aussi concernés par une pollution par les nano- et microplastiques[14],[15],[16], polluants qu'on a aussi trouvé dans les cours d'eau qui alimentent les grands lacs[17].
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Au Canada, les services en environnement et ressources naturelles veillent à la protection des Grands Lacs en ciblant « les menaces pour la qualité de l’eau des Grands Lacs et la santé de leur écosystème[18]. »
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Depuis les accords signés à partir de 1978 entre les États-Unis et le Canada, divers programmes de réhabilitation et de suivi sont en cours pour dépolluer les lacs et décontaminer le fleuve Saint-Laurent, avec les gouvernements, collectivités, écoles et ONG, avec des résultats plus ou moins significatifs selon les polluants. Les émissions acides industrielles ont été fortement réduites, mais d'autres polluants continuent à poser problème.
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En 1980, la Commission mixte internationale Canada États-Unis avait identifié 42 sites prioritaires jugés « préoccupants » en raison de la gravité de la pollution de leurs eaux[8]. Il faut aussi lutter contre la pollution de l'air : les pluies qui lessivent les panaches de pollution deviennent acides et contiennent du mercure, des pesticides, des nutriments et de nombreux polluants émis par les usines, les véhicules et les villes : de 90 à 95 % des produits chimiques qui contaminent le lac Supérieur auraient une origine atmosphérique.
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fr/2269.html.txt
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Les Grands Lacs d'Amérique du Nord forment un groupe de cinq vastes lacs situés sur ou près de la frontière entre le Canada et les États-Unis en Amérique du Nord. Ils constituent le groupe de lacs d'eau douce le plus étendu au monde avec une superficie de 244 100 km2 et un volume de 23 000 km3. Associé au fleuve Saint-Laurent, émissaire du lac Ontario, le complexe constitue le plus important des systèmes d'eau douce de surface du monde avec approximativement 18 % des réserves mondiales[1].
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Quatre des Grands Lacs chevauchent la frontière canado-américaine. Seul le lac Michigan se situe entièrement sur le territoire des États-Unis.
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Un sixième, le lac Sainte-Claire, se trouve entre les lacs Huron et Érié. Ce plus petit lac fait également partie du système, mais il n'est pas compté officiellement parmi les Grands Lacs. En fait, on peut observer des milliers de petits lacs dans cette région.
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Les Grands Lacs se jettent dans le fleuve Saint-Laurent. Ils contiennent environ 18 % de l'eau douce liquide de la surface de la Terre : 23 000 km3[2].
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La surface cumulée des lacs est de 244 100 km2, environ la même taille que le Royaume-Uni. Les côtes des Grands Lacs mesurent approximativement 16 900 km[3]. Toutefois, la longueur des berges est impossible à mesurer exactement et ne constitue pas une mesure bien définie.
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Le lac Michigan et le lac Huron ont atteint des records de bas niveau en 2013[6].
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Les Grands Lacs se sont formés à la fin de la dernière ère glaciaire (glaciation du Wisconsin), il y a environ 10 000 ans, quand l'inlandsis laurentidien recula en laissant de grandes quantités d'eau de fonte.
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Le bassin des Grands Lacs est influencé par quatre facteurs météorologiques principaux : les masses d'air provenant d'autres régions, la situation à l'intérieur du continent et l'influence modératrice de la masse d'eau qu'ils représentent[7]. La circulation des systèmes météorologiques est en général est-ouest mais les vents en surface varient selon la position de ces systèmes et font alterner des apports de chaleurs et d'humidité venant du golfe du Mexique et de l'air sec et froid de l'Arctique ce qui donne une grande variabilité quotidienne et mensuelle.
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En été, les dépressions ont tendance à passer au nord de la région ce qui permet à l'air chaud et humide du golfe du Mexique de dominer. Cette situation est propice à la formation de smog et les vents généralement du sud-ouest peuvent également en apporter du bassin industriel du Midwest[7]. Le passage de fronts froids qui amènent de l'air plus froid en altitude rend la masse d'air instable et déclenche des orages parfois violents[7]. L'ensoleillement réchauffe également la couche d'eau superficielle des lacs et une thermocline se forme entre la surface et les couches inférieures[7]. Les eaux moins profondes du lac Érié sont particulièrement affectées par ce phénomène.
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En hiver, la région est caractérisée par le passage de plus en plus au sud des dépressions provenant de l'ouest ou du sud-ouest. Ceci donne des tempêtes de neige qui peuvent se changer en pluie verglaçante ou même en pluie sur les secteurs sud[7]. Dans les anticyclones qui dominent les mois les plus froids, l'air arctique passant au-dessus des lacs non gelés va donner des bourrasques de neige dans les zones côtières sous le vent dominant appelées « Snow Belt » par les anglophones[7]. Les averses associées à ces bourrasques peuvent laisser de très grandes quantités de neige le long d'une bande étroite de la côte comme dans le cas de la tempête de neige Aphid du 12-13 octobre 2006.
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La libération de la chaleur emmagasinée par les lacs tempère cependant le climat près du rivage ; et des parties du sud de l'Ontario, du Michigan et de l'ouest de l'État de New York ont des hivers plus cléments que des régions continentales situées plus loin des rives[7]. Malgré tout la température de surface des lacs diminue graduellement et un couvert de glace se forme généralement sur le lac Érié au cours de l'hiver, situation amplifiée par sa plus faible profondeur. Les autres lacs gardent le plus souvent certaines zones sans glace. Les bourrasques diminuent donc d'intensité plus tard en saison à mesure que la glace recouvrent les lacs.
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Le printemps et l'automne sont caractérisés par un temps variable lorsque les dépressions passent rapidement sur la région. Le ciel est plutôt nuageux, les orages occasionnels et les vents violents fréquents[7]. La tempête de 1913 sur les Grands Lacs est un tel exemple de très forte tempête automnale.
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Au début du printemps, l'air plus chaud et l'ensoleillement qui augmente commencent à faire fondre la neige et la glace lacustre. Comme l'eau prend plus de temps à se réchauffer que l'air, la température des lacs augmente plus lentement que les terres. Les brises des lacs rafraîchissent donc le climat durant cette période. L'effet inverse se produit à l'automne. Ce phénomène retarde le bourgeonnement des feuilles et la floraison des plantes au printemps mais protège du gel les arbres fruitiers à l'automne. Ceci permet une zone végétative près des rives ouest des lacs de même que plus au sud, favorisant en particulier l'exploitation de vignobles[7].
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Environ 30 millions de personnes[8] habitent dans le bassin des Grands Lacs. Plusieurs métropoles se situent sur les rives de ces lacs : les plus peuplées sont Chicago, Toronto, Détroit, Milwaukee et Cleveland rassemblées dans un espace transfrontalier appelé Main Street America. La région des Grands Lacs est également un bassin industriel important.
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Bien qu'ils contiennent un grand pourcentage de l'eau douce du globe, les Grands Lacs sont peu exploités pour leur eau. Ils ne sont la source que d'une faible part de l'eau potable consommée en Amérique du Nord (environ 4,2 %). L'eau constitue avant tout, de manière générale, une ressource de proximité qui ne peut être facilement exportée. De plus la quantité d'eau annuelle renouvelable, bien que très importante, n'est pas plus élevée que pour beaucoup de grands fleuves du monde. Celle-ci peut être approximée au débit anuel du fleuve Saint-Laurent, l'émissaire du système, à la sortie du lac Ontario. Une partie importante de l'eau consommée par les villes bordant les lacs provient plutôt des cours-d'eau et des nappes qui alimentent les lacs, tandis que les lacs eux-mêmes sont fréquemment le réceptacle finale des eaux usées après épuration. Cependant l'eau usée rejetée par l’agglomération de Chicago alimente le Chicago Sanitary and Ship Canal, navigable, et est donc détournée vers le bassin du Mississippi. C'est également le cas d'une partie des villes située le long du canal Érié, ce qui détourne une petite quantité d'eau vers l'Hudson. La région des Grands Lacs n'ayant pas de surface significative d'agriculture irriguée (avec évapotranspiration de l'eau), la consommation nette (en excluant l'eau qui retourne dans le système) est très faible en comparaison de la ressource.
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Les Grands Lacs constituent depuis le début de la présence humaine une importante voie de communication fluviale. À partir du XIXe siècle, de grands ouvrages, (canaux, déversoirs, écluses, ports) ont permis à ce mode de transport de s'accélérer considérablement. Parallèlement à la construction du réseau ferroviaire, les Grands Lacs ont ainsi été reliés à l'océan Atlantique, via le fleuve Saint-Laurent, et au Golfe du Mexique, via le Mississippi. Ceci permit notamment l'essor de Chicago, devenue une plaque tournante pour les céréales et le bétail, exportés ensuite en Europe.
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Ces ouvrages ont été refaits et augmentés durant les années 1950 et constituent maintenant la voie maritime du Saint-Laurent créée en 1959. Celle-ci relie, sur plus de 1 000 km, l'océan Atlantique aux importants ports situés sur les différents lacs et le continent à l'ouest du Lac Supérieur. Elle est donc un débouché économique pour les Grandes Plaines américaines et les Prairies canadiennes grâce au trafic combiné par navire cargo et transport ferroviaire au Canada ou transport ferroviaire aux États-Unis. De grands navires, les vraquiers, ou laquiers ont été spécialement conçus pour la navigation sur les Grands Lacs.
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Malgré leur taille, les Grands Lacs ont connu une pollution de l'eau croissante et localement alarmante par les métaux lourds et divers produits chimiques (à partir de Toronto et Hamilton notamment). La non-tarification de l'eau et les bas coûts de l'énergie et du bois, ainsi que les facilités de transport par voie d'eau ont attiré autour des Grands Lacs des usines métallurgiques, des papeteries, des usines chimiques, de production d'automobiles et de nombreux autres produits manufacturés qui ont massivement pollué ces lacs durant plus d'un siècle pour certaines. Des produits rémanents métalliques et des POP liposolubles se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire, jusque chez les bélugas et baleines de l'estuaire du Saint-Laurent.
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Les lacs reçoivent des sels de déglaçage résultant du déneigement des routes. Ils subissent une eutrophisation d'origine agricole et urbaine (eaux usées) qu'ils ne peuvent dégrader. À ceci s'ajoutent des problèmes écologiques graves et nouveaux liés aux concentrations croissantes de produit affectant la fertilité ou se comportant comme des leurres hormonaux, ou liés à l’introduction d'espèces invasives (Moule zébrée par exemple).
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Tous les lacs (le lac Ontario en particulier) sont aussi concernés par une pollution par les nano- et microplastiques[14],[15],[16], polluants qu'on a aussi trouvé dans les cours d'eau qui alimentent les grands lacs[17].
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Au Canada, les services en environnement et ressources naturelles veillent à la protection des Grands Lacs en ciblant « les menaces pour la qualité de l’eau des Grands Lacs et la santé de leur écosystème[18]. »
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Depuis les accords signés à partir de 1978 entre les États-Unis et le Canada, divers programmes de réhabilitation et de suivi sont en cours pour dépolluer les lacs et décontaminer le fleuve Saint-Laurent, avec les gouvernements, collectivités, écoles et ONG, avec des résultats plus ou moins significatifs selon les polluants. Les émissions acides industrielles ont été fortement réduites, mais d'autres polluants continuent à poser problème.
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En 1980, la Commission mixte internationale Canada États-Unis avait identifié 42 sites prioritaires jugés « préoccupants » en raison de la gravité de la pollution de leurs eaux[8]. Il faut aussi lutter contre la pollution de l'air : les pluies qui lessivent les panaches de pollution deviennent acides et contiennent du mercure, des pesticides, des nutriments et de nombreux polluants émis par les usines, les véhicules et les villes : de 90 à 95 % des produits chimiques qui contaminent le lac Supérieur auraient une origine atmosphérique.
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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L'andrologie (du grec ancien : ἀνδρός / andrós, génitif de ἀνήρ / anếr, « homme ») est la spécialité médicale qui s'occupe de la santé masculine, en particulier pour les problèmes de l'appareil reproducteur masculin et les problèmes urologiques particuliers aux individus mâles. La gynécologie s'occupe des aspects médicaux de la femme.
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Les procédures médicales et chirurgicales spécifiques aux mâles comprennent la vasectomie et la vasovasostomie (l'une des procédures d'inversion de la vasectomie) mais aussi des interventions en rapport avec divers problèmes génito-urinaires masculins, tels :
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Les Grands Lacs d'Amérique du Nord forment un groupe de cinq vastes lacs situés sur ou près de la frontière entre le Canada et les États-Unis en Amérique du Nord. Ils constituent le groupe de lacs d'eau douce le plus étendu au monde avec une superficie de 244 100 km2 et un volume de 23 000 km3. Associé au fleuve Saint-Laurent, émissaire du lac Ontario, le complexe constitue le plus important des systèmes d'eau douce de surface du monde avec approximativement 18 % des réserves mondiales[1].
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Quatre des Grands Lacs chevauchent la frontière canado-américaine. Seul le lac Michigan se situe entièrement sur le territoire des États-Unis.
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Un sixième, le lac Sainte-Claire, se trouve entre les lacs Huron et Érié. Ce plus petit lac fait également partie du système, mais il n'est pas compté officiellement parmi les Grands Lacs. En fait, on peut observer des milliers de petits lacs dans cette région.
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Les Grands Lacs se jettent dans le fleuve Saint-Laurent. Ils contiennent environ 18 % de l'eau douce liquide de la surface de la Terre : 23 000 km3[2].
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La surface cumulée des lacs est de 244 100 km2, environ la même taille que le Royaume-Uni. Les côtes des Grands Lacs mesurent approximativement 16 900 km[3]. Toutefois, la longueur des berges est impossible à mesurer exactement et ne constitue pas une mesure bien définie.
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Encore au XVIIe siècle, les Grands Lacs ne portent pas leurs noms définitifs.
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Le lac Michigan et le lac Huron ont atteint des records de bas niveau en 2013[6].
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Les Grands Lacs se sont formés à la fin de la dernière ère glaciaire (glaciation du Wisconsin), il y a environ 10 000 ans, quand l'inlandsis laurentidien recula en laissant de grandes quantités d'eau de fonte.
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La région des Grands Lacs fait partie de la grande dépression centrale d'Amérique du Nord s'étendant vers le sud en direction de la plaine du Mississippi.
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Le bassin des Grands Lacs est influencé par quatre facteurs météorologiques principaux : les masses d'air provenant d'autres régions, la situation à l'intérieur du continent et l'influence modératrice de la masse d'eau qu'ils représentent[7]. La circulation des systèmes météorologiques est en général est-ouest mais les vents en surface varient selon la position de ces systèmes et font alterner des apports de chaleurs et d'humidité venant du golfe du Mexique et de l'air sec et froid de l'Arctique ce qui donne une grande variabilité quotidienne et mensuelle.
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En été, les dépressions ont tendance à passer au nord de la région ce qui permet à l'air chaud et humide du golfe du Mexique de dominer. Cette situation est propice à la formation de smog et les vents généralement du sud-ouest peuvent également en apporter du bassin industriel du Midwest[7]. Le passage de fronts froids qui amènent de l'air plus froid en altitude rend la masse d'air instable et déclenche des orages parfois violents[7]. L'ensoleillement réchauffe également la couche d'eau superficielle des lacs et une thermocline se forme entre la surface et les couches inférieures[7]. Les eaux moins profondes du lac Érié sont particulièrement affectées par ce phénomène.
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En hiver, la région est caractérisée par le passage de plus en plus au sud des dépressions provenant de l'ouest ou du sud-ouest. Ceci donne des tempêtes de neige qui peuvent se changer en pluie verglaçante ou même en pluie sur les secteurs sud[7]. Dans les anticyclones qui dominent les mois les plus froids, l'air arctique passant au-dessus des lacs non gelés va donner des bourrasques de neige dans les zones côtières sous le vent dominant appelées « Snow Belt » par les anglophones[7]. Les averses associées à ces bourrasques peuvent laisser de très grandes quantités de neige le long d'une bande étroite de la côte comme dans le cas de la tempête de neige Aphid du 12-13 octobre 2006.
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La libération de la chaleur emmagasinée par les lacs tempère cependant le climat près du rivage ; et des parties du sud de l'Ontario, du Michigan et de l'ouest de l'État de New York ont des hivers plus cléments que des régions continentales situées plus loin des rives[7]. Malgré tout la température de surface des lacs diminue graduellement et un couvert de glace se forme généralement sur le lac Érié au cours de l'hiver, situation amplifiée par sa plus faible profondeur. Les autres lacs gardent le plus souvent certaines zones sans glace. Les bourrasques diminuent donc d'intensité plus tard en saison à mesure que la glace recouvrent les lacs.
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Le printemps et l'automne sont caractérisés par un temps variable lorsque les dépressions passent rapidement sur la région. Le ciel est plutôt nuageux, les orages occasionnels et les vents violents fréquents[7]. La tempête de 1913 sur les Grands Lacs est un tel exemple de très forte tempête automnale.
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Au début du printemps, l'air plus chaud et l'ensoleillement qui augmente commencent à faire fondre la neige et la glace lacustre. Comme l'eau prend plus de temps à se réchauffer que l'air, la température des lacs augmente plus lentement que les terres. Les brises des lacs rafraîchissent donc le climat durant cette période. L'effet inverse se produit à l'automne. Ce phénomène retarde le bourgeonnement des feuilles et la floraison des plantes au printemps mais protège du gel les arbres fruitiers à l'automne. Ceci permet une zone végétative près des rives ouest des lacs de même que plus au sud, favorisant en particulier l'exploitation de vignobles[7].
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Huit États américains et une province canadienne (Ontario) bordent les Grands Lacs :
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Environ 30 millions de personnes[8] habitent dans le bassin des Grands Lacs. Plusieurs métropoles se situent sur les rives de ces lacs : les plus peuplées sont Chicago, Toronto, Détroit, Milwaukee et Cleveland rassemblées dans un espace transfrontalier appelé Main Street America. La région des Grands Lacs est également un bassin industriel important.
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Chicago, États-Unis.
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Cleveland, États-Unis.
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Les grands lacs contiennent 22 684 km3 d'eau douce[9], ce qui compte pour 84% de l'eau douce de surface de l'Amérique du Nord et environ 21% de l'eau douce de surface mondiale[10].
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Bien qu'ils contiennent un grand pourcentage de l'eau douce du globe, les Grands Lacs sont peu exploités pour leur eau. Ils ne sont la source que d'une faible part de l'eau potable consommée en Amérique du Nord (environ 4,2 %). L'eau constitue avant tout, de manière générale, une ressource de proximité qui ne peut être facilement exportée. De plus la quantité d'eau annuelle renouvelable, bien que très importante, n'est pas plus élevée que pour beaucoup de grands fleuves du monde. Celle-ci peut être approximée au débit anuel du fleuve Saint-Laurent, l'émissaire du système, à la sortie du lac Ontario. Une partie importante de l'eau consommée par les villes bordant les lacs provient plutôt des cours-d'eau et des nappes qui alimentent les lacs, tandis que les lacs eux-mêmes sont fréquemment le réceptacle finale des eaux usées après épuration. Cependant l'eau usée rejetée par l’agglomération de Chicago alimente le Chicago Sanitary and Ship Canal, navigable, et est donc détournée vers le bassin du Mississippi. C'est également le cas d'une partie des villes située le long du canal Érié, ce qui détourne une petite quantité d'eau vers l'Hudson. La région des Grands Lacs n'ayant pas de surface significative d'agriculture irriguée (avec évapotranspiration de l'eau), la consommation nette (en excluant l'eau qui retourne dans le système) est très faible en comparaison de la ressource.
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Les Grands Lacs constituent depuis le début de la présence humaine une importante voie de communication fluviale. À partir du XIXe siècle, de grands ouvrages, (canaux, déversoirs, écluses, ports) ont permis à ce mode de transport de s'accélérer considérablement. Parallèlement à la construction du réseau ferroviaire, les Grands Lacs ont ainsi été reliés à l'océan Atlantique, via le fleuve Saint-Laurent, et au Golfe du Mexique, via le Mississippi. Ceci permit notamment l'essor de Chicago, devenue une plaque tournante pour les céréales et le bétail, exportés ensuite en Europe.
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Ces ouvrages ont été refaits et augmentés durant les années 1950 et constituent maintenant la voie maritime du Saint-Laurent créée en 1959. Celle-ci relie, sur plus de 1 000 km, l'océan Atlantique aux importants ports situés sur les différents lacs et le continent à l'ouest du Lac Supérieur. Elle est donc un débouché économique pour les Grandes Plaines américaines et les Prairies canadiennes grâce au trafic combiné par navire cargo et transport ferroviaire au Canada ou transport ferroviaire aux États-Unis. De grands navires, les vraquiers, ou laquiers ont été spécialement conçus pour la navigation sur les Grands Lacs.
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Une « Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent » encadre la gestion de l'eau[11].
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« Le Conseil régional des ressources en eau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent (Conseil régional) a été créé le 13 décembre 2005 lors de la ratification de l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du Fleuve Saint-Laurent par les gouverneurs des États des Grands Lacs, ainsi que les premiers ministres de l’Ontario et du Québec[12]. »
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Une base de données permet de documenter les utilisations annuelles par les États et Provinces riveraines[13].
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Malgré leur taille, les Grands Lacs ont connu une pollution de l'eau croissante et localement alarmante par les métaux lourds et divers produits chimiques (à partir de Toronto et Hamilton notamment). La non-tarification de l'eau et les bas coûts de l'énergie et du bois, ainsi que les facilités de transport par voie d'eau ont attiré autour des Grands Lacs des usines métallurgiques, des papeteries, des usines chimiques, de production d'automobiles et de nombreux autres produits manufacturés qui ont massivement pollué ces lacs durant plus d'un siècle pour certaines. Des produits rémanents métalliques et des POP liposolubles se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire, jusque chez les bélugas et baleines de l'estuaire du Saint-Laurent.
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Les lacs reçoivent des sels de déglaçage résultant du déneigement des routes. Ils subissent une eutrophisation d'origine agricole et urbaine (eaux usées) qu'ils ne peuvent dégrader. À ceci s'ajoutent des problèmes écologiques graves et nouveaux liés aux concentrations croissantes de produit affectant la fertilité ou se comportant comme des leurres hormonaux, ou liés à l’introduction d'espèces invasives (Moule zébrée par exemple).
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Tous les lacs (le lac Ontario en particulier) sont aussi concernés par une pollution par les nano- et microplastiques[14],[15],[16], polluants qu'on a aussi trouvé dans les cours d'eau qui alimentent les grands lacs[17].
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Au Canada, les services en environnement et ressources naturelles veillent à la protection des Grands Lacs en ciblant « les menaces pour la qualité de l’eau des Grands Lacs et la santé de leur écosystème[18]. »
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Depuis les accords signés à partir de 1978 entre les États-Unis et le Canada, divers programmes de réhabilitation et de suivi sont en cours pour dépolluer les lacs et décontaminer le fleuve Saint-Laurent, avec les gouvernements, collectivités, écoles et ONG, avec des résultats plus ou moins significatifs selon les polluants. Les émissions acides industrielles ont été fortement réduites, mais d'autres polluants continuent à poser problème.
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En 1980, la Commission mixte internationale Canada États-Unis avait identifié 42 sites prioritaires jugés « préoccupants » en raison de la gravité de la pollution de leurs eaux[8]. Il faut aussi lutter contre la pollution de l'air : les pluies qui lessivent les panaches de pollution deviennent acides et contiennent du mercure, des pesticides, des nutriments et de nombreux polluants émis par les usines, les véhicules et les villes : de 90 à 95 % des produits chimiques qui contaminent le lac Supérieur auraient une origine atmosphérique.
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Un gratte-ciel[1] (calque de l'anglais skyscraper) ou tour est un bâtiment de très grande hauteur. Il n'existe pas de définition officielle ni de hauteur minimale à partir de laquelle un immeuble est qualifié de gratte-ciel, cette dernière notion étant essentiellement relative : ce qui est perçu comme gratte-ciel peut varier fortement en fonction de l’époque ou du lieu. Toutefois, la société allemande Emporis qui recense les gratte-ciels de la planète considère qu'un gratte-ciel est un édifice composé de plusieurs étages et qui mesure au moins 100 m de hauteur[2]. Pour les gratte-ciels d'au moins 300 mètres de hauteur, les Anglo-saxons utilisent le terme de « supertall » et de « megatall » pour les gratte-ciels d'au moins 600 mètres de hauteur[3].
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Par ailleurs, ne sont pas considérées[4] comme gratte-ciels certaines tours comme la tour Eiffel (1889), car il s'agit d'une tour d'observation et non pas d'un immeuble constitué d'une juxtaposition d'étages. Le terme de gratte-ciel (datant de 1911[5]) est une traduction de l'anglais sky scraper (qui date de 1891) et provient du vocabulaire maritime
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Le substantif masculin[6],[7],[8] gratte-ciel, composé de gratte, forme conjuguée de gratter, et de ciel[6], est un calque[7],[8],[9] de l'anglais[8] américain[6],[7],[9] sky-scraper, lui-même composé de sky (« ciel ») et de scraper (« qui gratte »)[7].
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Il existe depuis l'antiquité des bâtiments de grande hauteur. Généralement, il ne s’agit pas d’immeubles d'habitation, mais plutôt de monuments. Ainsi, la pyramide de Khéops, dont la hauteur atteint presque 150 mètres, est un tombeau. On peut citer aussi le phare d'Alexandrie (135 mètres) ou les ziggourats de Babel ou aussi la tour Hassan (44 mètres) à Rabat. Au Moyen Âge, les flèches de certaines cathédrales dépassent aisément les 100 mètres de hauteur comme celles de Strasbourg (142 mètres), Rouen (151 mètres, dont la flèche fut construite au XIXe siècle), et de Lincoln (160 mètres avant son effondrement).
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Parmi les plus anciens immeubles d'habitation de haute taille, on peut citer le donjon du château de Vincennes, construit au XIVe siècle et qui, mesurant 50 mètres de hauteur, est le plus grand d'Europe. De nombreuses tours de fonction militaire ou nobiliaire furent construites durant le Moyen Âge à Bologne en Italie. Selon les estimations, il y aurait eu de 80 à 100 tours de ce genre à Bologne. La plus haute ayant résisté au temps est la tour Asinelli (97,2 mètres).
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Le gratte-ciel, à proprement parler, naît aux États-Unis vers la fin du XIXe siècle. La reconstruction de Chicago après le grand incendie de 1871 a permis l’émergence d’une nouvelle approche de la construction d’immeubles afin de réduire les coûts liés à l’augmentation du prix des terrains. Il fallait trouver un moyen pour se protéger en même temps de l’eau (surélévation) et du feu (ossature d’acier et non plus de bois), ce moyen devait être rapide, solide, facile d’assemblage. C’est ainsi que William Le Baron Jenney fut amené à élaborer un système de structure interne sur laquelle repose tout l’édifice, le mur extérieur n’ayant plus rien à porter. Il tira également parti de l'invention de l'ascenseur mécanique et notamment de l'ascenseur de sécurité par Elisha Otis. Les premiers architectes de ce que l’on a appelé plus tard l’école de Chicago ont créé par leurs œuvres et par leur influence un modèle de développement urbain qui a caractérisé toutes les villes américaines au XXe siècle.
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Il est difficile de dire quel fut le premier gratte-ciel de l’Histoire. Ce « titre » est disputé entre le New York Tribune Building, dessiné par Richard Morris Hunt (New York, 1875, 79 mètres), et le Home Insurance Building (Chicago, 1885). Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c'est le grand mouvement de construction de gratte-ciels à New York dès la fin du XIXe siècle. New York commence son développement en matière de gratte-ciel avec la construction du New York World Building (94 mètres). C’est une course au plus haut building qui commence : Manhattan Life Insurance Building (1894, 106 mètres), le Park Row Building (1899, 119 mètres), puis la Metropolitan Life Tower franchit la barre des 200 m en 1909, mais est finalement dépassée par le Woolworth Building (1913, 241 mètres). Le mouvement se poursuit après la Première Guerre mondiale par le 40 Wall Street, mais surtout par le Chrysler Building puis l’Empire State Building qui atteint 381 mètres, en 1931.
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Arrêté par la crise économique des années 1930, le mouvement de construction de gratte-ciels reprend dans les années 1960, à New York et à Chicago et, à un moindre niveau, dans d’autres villes du monde. Le World Trade Center (New York) devient le plus haut gratte-ciel du Monde en 1973 avec 417 mètres, il est dépassé en 1974 par la Willis Tower (anciennement connue sous le nom de Sears Tower) à Chicago qui mesure 442,3 m. C’est une véritable bataille qui est engagée entre ces deux villes.
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Près de 10 %[10] des monteurs d'acier (en) (en anglais « iron worker », ouvrier qui rivette les poutres suspendues dans le vide à l'aide de clés à mâchoire) appartiennent à la tribu des Mohawks[11], les autres étant principalement des Terre-Neuviens d’origine irlandaise ou des descendants d'immigrants venus d’Allemagne ou de Norvège. Un mythe tenace, popularisé par des œuvres comme High Steel de Don Owen, Spudwrench : l'homme de Kahnawake d'Alanis Obomsawin, Pardon aux Iroquois, Les Mohawk, Charpentiers de l'acier d'Edmund Wilson, ou les photographies de Lewis Wickes Hine, veut que ces bâtisseurs de charpentes métalliques se recrutent dans ces populations qui auraient une insensibilité naturelle au vertige[12].
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Dans les années 1990, et surtout 2000, la construction de gratte-ciels reprend avec vigueur. C’est en Asie, dans des régions à forte croissance économique, que le développement est le plus spectaculaire. De nombreuses tours ont vu le jour ou sont en construction dans le monde chinois. La Taipei 101, inaugurée en 2004 à Taïwan était, à l'époque de sa construction, le plus haut gratte-ciel achevé du monde. Les pays du Golfe, et spectaculairement les Émirats arabes unis, ont également multiplié les constructions. La Burj Khalifa a atteint, le 17 janvier 2010, sa hauteur finale de 828 mètres[13], tandis que la Kingdom Tower en construction à Djeddah (Arabie saoudite) devrait atteindre plus de 1 000 mètres en 2018.
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Les gratte-ciels sont traditionnellement construits sous forme d’une tour monolithique organisée autour d’un noyau central comprenant notamment les voies de circulation verticale (escaliers, ascenseurs) et les réseaux (eau, électricité, communications…). La structure porteuse peut être concentrée dans ce noyau central, ou répartie sur des piliers. Certains édifices ont également bénéficié d’une armature entièrement métallique. En matière de construction, il y a une rivalité entre les tenants de la construction en béton, plus résistant au feu, et les tenants de la construction en acier. À l'origine, les gratte-ciels avaient une structure en acier, les murs n'étant pas porteurs. Pour les très grandes hauteurs, l'acier est souvent préféré, car le béton devient trop lourd, manque de flexibilité et n'est pas assez résistant. Cependant, des bétons haute résistance ont été progressivement mis au point. Ainsi, pour pouvoir édifier la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa, la filiale BTP de Samsung a mis au point un béton capable de supporter une pression de 800 kg au centimètre carré. 330 000 mètres cubes de béton auront été utilisés pour cette tour[14].
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La concentration des circulations en un point du bâtiment pose le problème de son évacuation en cas d’urgence si ces circulations sont rendues impraticables (notamment à cause d’un incendie). De la même manière, la concentration des structures porteuses peut rendre le bâtiment vulnérable si elles sont endommagées. Un autre problème rencontré est l’éclairage des zones les plus centrales : au-delà d’une certaine distance, la lumière naturelle n’est plus suffisante pour qu’on puisse se passer d’éclairage artificiel.
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Dans les zones hautement sismiques, comme le Japon, la construction d'immeubles de grande hauteur pose de redoutables problèmes de sécurité. Des systèmes complexes de vérins et de balanciers permettent aux immeubles de garder leur stabilité en cas de séismes.
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La construction d'un gratte-ciel de 100 à 150 m de hauteur dure de 2 à 3 ans en général mais elle peut être plus rapide. Ainsi l'Empire State Building à New York, haut de 381 mètres et terminé en 1931, a été construit en un an et 45 jours. La Burj Khalifa à Dubaï (plus haute tour du monde avec 828 mètres) a nécessité 6 ans de travaux de janvier 2004 à janvier 2010. Il arrive souvent que les travaux s'arrêtent du fait de difficultés financières et qu'ils s'étalent sur une ou plusieurs décennies. Ainsi la construction de la Blue Tower à Varsovie a nécessité 26 années. En Chine les travaux de l'une des plus hautes tours du pays, le Shanghai World Financial Center de Shanghai, ont duré de 1997 à 2008 du fait d'une interruption de plusieurs années.
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La durée de vie d'un gratte-ciel peut dépasser les 100 ans. Ainsi, les gratte-ciels de New York construits durant les années 1890 existent toujours à ce jour, du moins les plus hauts. La plupart du temps, un gratte-ciel n'est détruit que pour faire place à un immeuble plus élevé.
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Une approche plus récente cherche à rompre avec la conception classique monolithique, et propose d’organiser le bâtiment sous forme de modules constitués autour de plusieurs noyaux de circulations verticales. Chaque noyau deviendrait le point central d’une plus petite entité tout en constituant une sorte de « super-pilier » de l’ensemble. Les promoteurs de ce type de construction indiquent qu’un tel édifice serait moins susceptible de s’effondrer si l’un de ces piliers était endommagé, tout en vantant une capacité d’évacuation largement améliorée. Les espaces utiles du bâtiment sont répartis sous forme de « grappes » sur les piliers pour bénéficier au maximum de la lumière naturelle. De plus, un incendie survenant dans l’un des modules aurait peu de chances de se propager à d’autres zones de l’immeuble. La principale limitation de cette approche devient alors une occupation plus faible du volume total alloué au bâtiment. Ce concept n’a cependant pas encore été appliqué.
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Depuis quelques années, il y a une très forte tendance à construire des immeubles qui s'inscrivent dans une démarche de développement durable. Ainsi, sur certains gratte-ciel on trouve désormais des éoliennes, des panneaux solaires, des systèmes de récupération et de recyclage de l'eau, et aussi la présence de végétaux.
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Parmi les gratte-ciel écologiques construits ou en projet :
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Il y a des normes dans ce domaine telles que la norme HQE (Haute qualité environnementale) en France ou la norme LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) aux États-Unis.
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Au Japon, les ingénieurs et les architectes ont imaginé des tours de plusieurs milliers de mètres de hauteur à l'image de la X-Seed 4000 qui comprendrait 800 étages sur 4 000 mètres.
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Les principaux cabinets d’architecture ou d’ingénierie qui conçoivent aujourd’hui des gratte-ciels de très grande hauteur sont :
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La construction d’un gratte-ciel est très liée à la bonne santé économique de la ville ou de la région dans laquelle il est construit. Construire un gratte-ciel de 100 étages coûte plus cher que construire deux tours équivalentes de cinquante étages[16], principalement car sa durée de construction est deux fois plus longue, avec une plus forte immobilisation du capital. Les intérêts financiers peuvent représenter 40 % du coût de construction d’une tour de très grande hauteur[16].
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Le coût de construction d'une tour de 200 mètres de hauteur est le double de celui d'un immeuble classique de bureaux ; 4 000 euros HT/m² contre 2 000 euros. Ce surcoût s'explique par la nécessité de mettre davantage de matériaux pour résister au vent et au poids et aussi du fait de la nécessité de devoir monter ces matériaux très haut. Le respect des normes de consommation énergétique pour les très hautes tours est aussi très difficile. De plus une tour coûte en charge 20 à 30 % de plus, notamment du fait des ascenseurs et du coût de la sécurité[17].
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Selon Adrian Smith, architecte américain et l’un des principaux concepteurs de gratte-ciels, la construction d’un bâtiment de très grande hauteur est donc difficilement voire rarement rentable[16]. Pour cela, il faut être extrêmement vigilant à l’immobilisation du capital, à l’utilisation finale des locaux et surtout au contrôle des terrains aux alentours. En effet, la construction d’une très grande tour donne de la valeur au quartier environnant comme cela s’est produit par exemple avec le secteur de Pudong à Shanghai (Jin Mao Tower) ou à Canary Wharf à Londres (Tour Radden). La rentabilité économique d’une tour de très grande hauteur est donc à replacer dans une rentabilité globale sur plusieurs années d’un quartier ou d’une ville. D’où l’émergence des plus hautes tours actuelles dans des villes en plein développement, à la recherche de notoriété ou de visibilité et dans un pays ou région avec d’importants capitaux disponibles comme c’est le cas pour les émirats pétroliers du Golfe ou les provinces maritimes chinoises.
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La construction d’un bâtiment de grande hauteur permettait aussi à l’entreprise qui l’occupait une rationalisation de son activité en regroupant tous ses salariés en un même lieu et une augmentation de sa notoriété et de son image. Ce fut le cas de la Willis Tower à Chicago ou des tours Petronas à Kuala Lumpur[16]. Le coût total d'un gratte-ciel de plus de 150 mètres de hauteur atteint souvent plusieurs centaines de millions de $ et peut atteindre plusieurs milliards de $.
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Quelques exemples[18] :
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La société Emporis a par ailleurs dressé une liste de bâtiments les plus coûteux de l'histoire. Parmi les gratte-ciels il y a[20] :
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Il arrive parfois que les travaux soient interrompus pour des raisons financières. Lors de la crise financière d'automne 2008, les travaux ont ainsi été interrompus sur la Tour de Russie à Moscou et sur la Chicago Spire à Chicago.
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Une étude de la banque Barclays a relevé que l'apogée de la construction de gratte-ciels coïncidait souvent avec une période de crise économique. Ainsi l'achèvement de la construction de l’Empire State Building et du Chrysler Building en 1930/1931 coïncide avec la grande crise économique des années 1930.
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L'achèvement des tours du World Trade Center et de la Willis Tower aux États-Unis en 1973/1974 coïncide avec le début de la crise économique des années 1970. La fin de la construction des Tours Petronas en Malaisie et de la Baiyoke Tower II en Thaïlande en 1997, plus hautes tours de ces pays et de la région, a coïncidé avec le début de la crise économique asiatique de 1997. La construction de la plus haute tour du monde à Dubaï en 2010 a coïncidé à un mois près à une grave crise économique dans la ville-État[21].
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Cela peut s'expliquer par le fait que la construction des plus hautes tours symbolise les excès des périodes de boom économique auxquelles succèdent des périodes de crise (cycle économique), le cycle étant particulièrement marqué dans l'immobilier, une activité d'investissement comme la construction aéronautique ou la construction navale
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Le gratte-ciel était devenu un symbole des États-Unis, son pays d'origine. C'est là que se trouvaient la majorité des plus hauts immeubles mondiaux jusqu'aux années 1980. Chicago et New York, sont aujourd'hui comme hier les deux villes du continent où la densité de gratte-ciel est la plus élevée, mais la plupart des grandes villes possèdent désormais un quartier d'affaires (Central business district) comprenant plusieurs tours relativement hautes. Les constructions, qui avaient connu une éclipse durant les années 1940 et 1950, sont vigoureusement reparties dans les années 1960 et ont connu leur apogée dans les années 1980, notamment dans les États du Sud. Le rythme des constructions a diminué dans les années 1990 avant de repartir aujourd'hui. Le rythme de constructions nouvelles est actuellement bien inférieur à celui de l'Asie, mais assez soutenu tout de même, et ce, en dépit du traumatisme qu'a représenté la destruction du World Trade Center.
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Les constructions se concentrent aujourd'hui dans les agglomérations de New York, Chicago, Las Vegas et en Floride. Depuis le début des années 1990, l'agglomération de Miami (Floride) connaît ainsi un important renouvellement urbain. Beaucoup d'immeubles de grand luxe donnant sur la mer y sont construits pour accueillir notamment les retraités du Nord des États-Unis, mais aussi des investisseurs étrangers. Parmi les gratte-ciel de Miami, on peut noter les tours Blue and Green Diamond à Miami Beach, le Trump Royale à Sunny Isles Beach, le Jade at Brickell Bay, la Portofino Tower à Miami Beach, le Trump international Sonesta Beach Resort à Sunny Isles Beach. Le grand magnat de l'immobilier, Donald Trump, est assez présent dans ces constructions avec des associés locaux. Miami est désormais l'agglomération américaine qui comprend le plus de gratte-ciels après New York et Chicago et devant Houston. Les gratte-ciels de l'agglomération de Miami sont souvent très récents, sur les 50 immeubles les plus hauts de l'agglomération, 43 ont été construits depuis l'an 2000. Cependant la crise immobilière (décembre 2008) fait apparaître que trop d'immeubles ont été construits. Le prix des appartements baisse, la spéculation sur la hausse constante des prix a cessé.
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Beaucoup de gratte-ciel se sont construits ces dernières années dans les autres villes de Floride comme Jacksonville, Orlando, Tampa, St Petersburg. De nombreux gratte-ciel sont également en construction ou en projet à Las Vegas, une ville en plein boom. Ces immeubles sont souvent associés à des casinos et sont de taille gigantesque. Le plus haut immeuble de la ville est The Palazzo inauguré en 2007 et qui mesure près de 200 mètres. Des tours impressionnantes y ont été construites, telles que la Planet Hollywood Towers. Au Texas, il y a de très grands gratte-ciel à Houston et dans l'agglomération de Dallas. Ils remontent dans une large mesure au début des années 1980 et au boom du pétrole. Certains approchent ou dépassent les 300 mètres de hauteur comme c'est le cas de la JPMorgan Chase Tower. À l'époque, un nombre excessif de tours ont été construites, ce qui a provoqué la faillite de nombreuses banques qui les ont financées et un faible nombre de constructions pendant de longues années.
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À un moment, la Federal Aviation Administration, l'autorité fédérale américaine de l'aviation civile, a interdit la construction d'immeubles de plus de 600 mètres[16]. Donald Trump, l'un des plus grands promoteurs mondiaux de gratte-ciel, qui envisageait la construction d'un immeuble de cette hauteur avant les attentats du 11 septembre, a abandonné de peur que cette nouvelle tour ne devienne une cible[16]. Dans l'ensemble, beaucoup de gratte-ciel américains se caractérisent par une très grande recherche esthétique, comme c'est par exemple le cas de la Hearst Tower, et des représentants du style de toutes les époques.
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Au 25 octobre 2015, les villes des États-Unis où il y avait le plus de gratte-ciel sont[22] :
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Au Canada, bien que l'espace ne manque pas, de nombreuses villes ont choisi de se développer verticalement. C'est le cas de Montréal, Vancouver, Calgary, Edmonton et surtout Toronto, une agglomération qui compte près de 200 tours dépassant les 100 m avec des gratte-ciels tels que la Scotia Plaza, le One King Street West, la Canada Trust Tower
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Au Mexique, malgré le risque sismique, de nombreux gratte-ciels ont été construits récemment dans la capitale Mexico ainsi qu'à Acapulco. Le plus haut gratte-ciel du Mexique est la Torre Mayor haute de 225 mètres achevée en 2003. Parmi les gratte-ciels notables de la capitale du Mexique, il y a la Corporativo Santa Fe 505, la Torre Empresarial Altiva.
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En Amérique du Sud, la construction de gratte-ciels est en plein essor au Brésil surtout depuis les années 1990 ainsi qu'au Panama. À Panama, il y a une extraordinaire frénésie de construction. La ville de Panama accueille en effet des retraités d'Amérique du Nord qui veulent profiter du soleil et d'une monnaie indexée sur le dollar américain. Fin 2008, la capitale du pays comptait près d'une quarantaine de tours dépassant les 150 mètres de hauteur, soit en service, soit en construction.
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Leur conception est souvent audacieuse, comme c'est le cas de la Trump Ocean Club International Hotel & Tower haute de 293 mètres ou la Bahia Pacifica. Au Chili s'impose la plus haute tour d'Amérique du Sud et d'Amérique Latine. De plus, la deuxième la plus haut de l'hémisphère sud. Torre Gran Costanera à une hauteur de 300 mètres. À noter que son concepteur est César Pelli, l'un des plus grands architectes de la planète, d'origine argentine. La plupart des gratte-ciel se situent dans la capitale Santiago.
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Les gratte-ciels brésiliens se caractérisent par leur faible hauteur. Aucun d'entre eux n'atteint les 200 mètres (en 2014). Beaucoup de gratte-ciels brésiliens se concentrent à São Paulo, qui est la ville d'Amérique latine qui comprend le plus de gratte-ciel.
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Au Venezuela, à Caracas, on peut voir les tours jumelles du Complexe du Parque Central de 225 m de haut construite en 1979 et 1984. En Argentine, de nombreux gratte-ciels ont été construits depuis les années 1990 essentiellement à Buenos Aires, où se situe la plus haute tour du pays, la Torre Cavia achevée en 2009 et haute de 173 mètres.
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Caractéristique rare, on trouve en Amérique du Sud des gratte-ciels très anciens, construits dans les années 1940 tel le Altino Arantes à São Paulo et même dans les années 1920 (Palacio Barolo à Buenos Aires).
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Le développement des gratte-ciels y est, sauf dans quelques villes, assez récent, mais de grande ampleur. C’est à Taïwan, Singapour, Hong Kong et au Japon que furent créés les premiers très hauts immeubles de la région. Au Japon, le manque de place a poussé à la construction en hauteur, mais les risques sismiques imposaient d’importantes contraintes techniques. De ce fait la construction de gratte-ciels y était très limitée jusque dans les années 1980. Mais l'explosion du prix des terrains durant la décennie et la libéralisation des règles de l'urbanisme a entraîné une très grande vague de constructions depuis les années 1990 avec des immeubles tels que la Landmark Tower, de 293 m de hauteur, située dans la banlieue de Tokyo à Yokohama ce qui en fait l'un des immeubles les plus haut du Japon après la Tokyo Skytree.
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Hong Kong est historiquement la ville du gratte-ciel dans le monde chinois, et est la ville comptant le plus d’immeubles de très grande hauteur dans le monde. On y compte près de 3 000 immeubles d'une hauteur supérieure ou égale à 30 étages. Le plus haut gratte-ciel de la ville est le International Commerce Centre de 484 m de hauteur. Les constructions se sont surtout multipliées à partir des années 1980. La prospérité et le manque d’espace peuvent expliquer ce phénomène. 7 millions de personnes vivent sur 1 000 km2. Parmi les gratte-ciel emblématiques de la ville, outre le Two International Finance Center, la tour de la Banque de Chine, la Cosco Tower, le United Centre, le 1 Ho Man tin Hill Road.
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Le mouvement de construction continue à Hong Kong, mais il s’est surtout étendu à d’autres villes chinoises, où il est stimulé par forte croissance urbaine et l’expansion économique. Le gratte-ciel représente un symbole de la réussite économique de villes telles que Shenzhen, Shanghai, Canton, Pékin, Chongqing et beaucoup ont une esthétique spectaculaire du Porte de l'Orient à Suzhou près de Shanghai, du Wuhan World Trade Tower dans le centre du pays ou encore du Moresky 360 à Wuxi. Les gratte-ciel chinois sont pour la plupart très récents. À l'exception de ceux situés à Hong Kong presque aucun d'entre eux n'est antérieur à 1980.
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Certains projets très importants sont actuellement à l’étude en Corée du Sud comme la Lotte World Tower haute de 556 mètres. La plupart des gratte-ciels se concentrent à Séoul une des villes de la planète qui en comporte le plus, ainsi qu'à Busan. En Corée du Nord se trouve l'un des bâtiments les plus hauts de la planète, l'Hôtel Ryugyong haut de 330 mètres sur 105 étages, en train d'être achevé après une longue période d'interruption.
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À Taïwan, les gratte-ciels se concentrent essentiellement dans les trois plus grandes villes du pays, la capitale Taipei, Kaohsiung dans le sud et Taichung dans le centre du pays. À Taipei se trouve le Taipei 101 qui a son inauguration en 2004 était le plus haut gratte-ciel du monde. Ses ascenseurs étaient à son inauguration les plus rapides du monde. À Kaohsiung figure un gratte-ciel exceptionnel la Tuntex Sky Tower de 348 m de hauteur.
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Aux Philippines, la quasi-totalité des nombreux gratte-ciels se concentre dans la capitale Manille et notamment le quartier d'affaires de Makati.
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Au Vietnam, il y a plusieurs centaines de gratte-ciels tous très récents qui se concentrent essentiellement à Saigon et à Hanoi. C'est dans cette ville que se trouve la Tour de Keangnam Hanoï Landmark inaugurée en 2012 et qui avec ses 336 mètres était la tour la plus haute du pays. La plus grande tour maintenant se trouve maintenant à Saigon: Landmark 81, avec 461 mètres.
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En Thaïlande, la plupart des gratte-ciels se concentrent à Bangkok où ils sont particulièrement nombreux et à Pattaya. La tour la plus haute du pays est la Baiyoke Tower II haute de 304 mètres (hors antenne). Elle a été achevée en 1997 à la fin d'une période de croissance économique record, pendant laquelle de très (voire trop) nombreuses tours ont été construites.
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La Malaisie a détenu pendant plusieurs années le titre du plus haut gratte-ciel du monde, avec ses tours jumelles, les Petronas Twin Towers à Kuala Lumpur, construites en 1998. Le toit n’atteint que 378 mètres, mais le mât culmine à 452 mètres.
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Les gratte-ciels se concentrent à Kuala Lumpur, la capitale, et dans l'île de Penang où sont présentes de très nombreuses sociétés étrangères.
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À Singapour, comme à Hong Kong, la forte densité de population a imposé la construction d'immeubles de grande hauteur. Il y a en effet plus de 5 millions d'habitants sur un territoire de 710 km2. Cependant, les autorités de la ville n'ont pas autorisé la construction de tours géantes de plus de 300 mètres de hauteur.
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En Indonésie, l'écrasante majorité des gratte-ciels se concentrent à Jakarta où ils se comptent par dizaines. L'une des plus hautes tours du pays est la Wisma 46, haute de 250 mètres.
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Dans le domaine des gratte-ciels, l’essor du Moyen-Orient est plus récent encore que celui de l’Asie, mais particulièrement marqué. Dans ces régions peu densément peuplées, la construction de gratte-ciels se justifie essentiellement par une volonté de prestige, de développement architectural et touristique. On y trouve donc des tours particulièrement hautes et spectaculaires.
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Ce sont les Émirats arabes unis, et notamment Dubaï, qui ont le plus retenu l’attention. À Dubaï, la construction de gratte-ciel à vraiment commencé à partir du milieu des années 1990 avec l'hôtel Burj-Al-Arab inauguré en 1999 et qui est l'un des hôtels les plus luxueux du monde. La construction de gratte-ciels n’est qu’un volet de grands projets visant à faire de l’émirat un centre de tourisme et d’affaires de premier plan. En 2014 Dubaï compte 18 immeubles de plus de 300 mètres de hauteur (par comparaison il n'y en a que 6 à New York). Parmi ceux-ci se trouve le Burj Khalifa qui est le plus haut édifice du monde du haut de ses 828 m.
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Beaucoup de gratte-ciels de Dubaï se caractérisent par une très grande recherche esthétique et certains sont très originaux. Par exemple, le Burj Al Arab (321 mètres) rappelle la forme d'une voile et est construit sur une île artificielle. La plupart des sommets des gratte-ciel de la ville se sont pas occupés et n'ont qu'une vocation décorative : c'est par exemple le cas de l'Emirates Tower One culminant à 355 m mais dont le dernier étage accessible est situé à une hauteur de 241 m.
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Dubaï a servi d'exemple aux autres émirats tels que Abou Dabi, Ajman, Charjah, Fujaïrah et Ras el Khaïmah qui, eux aussi, se sont lancés dans la construction d'immeubles de grandes hauteurs, bien que peu d'entre eux atteignent les dimensions spectaculaires des plus hauts bâtiments de Dubaï. La construction de ces gratte-ciel se fait dans une large mesure avec des travailleurs venant d'Inde, du Pakistan et du Bangladesh. Leurs conditions de vie et de travail sont très dures (chaleur, soleil, bas salaire)[23] et les suicides sont nombreux.
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Les constructions à Dubaï ont été très nombreuses ces dernières années. Il y avait en 2012 environ 460 tours de plus de 100 mètres de hauteur pour une agglomération de 3 millions d'habitants. D'après la société Emporis en janvier 2011, sur les 100 plus hauts immeubles en construction dans le monde, 20 le sont à Dubaï[24].
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Les autres États du Golfe se sont également lancés dans la construction d'immeubles de très grande hauteur sur une échelle plus modeste qu'à Dubaï. Au Qatar, Doha est la ville du golfe qui a le plus de gratte-ciel après Dubaï et Abou Dhabi. D'autres très grands gratte-ciel ont été construits ou sont en construction à Manama capitale de l'État de Bahreïn ou dans la ville de Koweït. Dans celle-ci, la Al Hamra Tower de 412 mètres de hauteur a été achevée en 2011.
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En Arabie saoudite, des gratte-ciels d'une beauté spectaculaire ont été construits ou sont en construction tels que le Kingdom Centre à Riyad ou l'Abraj Al Bait hôtel à La Mecque. La Kingdom Tower, située à Jeddah devrait devenir la plus haute du monde vers 2018. Sa hauteur finale est tenue secrète, mais doit cependant dépasser les 1 000 mètres.
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En Israël, la forte densité d'habitants a imposé la construction de plusieurs dizaines d'immeubles de très grande hauteur. La plupart se situent dans l'agglomération de Tel Aviv où se trouve, à Ramat Gan, la plus haute tour du pays, la City Gate Ramat Gan, haute de 244 mètres. La plupart de ces édifices ont été construits depuis les années 1990. Certains sont assez originaux comme c'est le cas de la tour Sail Tower à Haïfa.
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Au Liban, à Beyrouth les très nombreuses destructions durant la guerre civile ont imposé la reconstruction de la capitale. Beaucoup d'immeubles de grande hauteur ont été construits depuis le début du siècle, tels que par exemple la Marina Tower.
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Le premier immeuble de plus de 100 mètres de hauteur en Europe a été construit dans l'Italie mussolinienne, avec en 1940 la Torre Piacentini à Gênes. Mais c'est dans les années 1950 que commence vraiment la construction de tours de grande hauteur en Europe, en, Italie (Milan, Naples), Belgique (Bruxelles, Anvers), France (Amiens), Espagne (Madrid, Gijon), URSS (Moscou, Riga), Pologne (Varsovie), Allemagne. Les constructions de tours se sont ensuite multipliées notamment en France, en Belgique, en Allemagne, et Grande-Bretagne, mais elles ont été très décriées. Beaucoup de villes limitent donc la construction d’immeubles de grande hauteur pour préserver le paysage urbain traditionnel. Des quartiers de gratte-ciels de bureaux ont donc été construits plus en périphérie : la Défense en banlieue parisienne, le Quartier Nord de Bruxelles et plus récemment Canary Wharf dans l’Est londonien. Des tours de logements sociaux ont également été construites dans des zones périphériques, mais leur hauteur n’est pas assez élevée pour que l’on puisse parler de gratte-ciel.
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Le plus haut gratte-ciel du continent européen est la tour Tour Vostok à Moscou, inaugurée en 2016, comportant 95 étages et culminant à 374 mètres.
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On observe actuellement un nouvel intérêt pour les gratte-ciel dans les grandes villes européennes, notamment à Londres, Francfort, Milan, Paris, Varsovie, Moscou et Bruxelles. En France, l'une des premières tentatives pour construire des immeubles d'habitations de grande hauteur remonte aux années 1930 avec, à Villeurbanne dans l'agglomération lyonnaise, la construction du quartier des Gratte-Ciels à l'initiative du maire de l'époque Lazare Goujon, un programme ambitieux d'immeubles atteignant jusqu'à 17 étages et 65 mètres.
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Toujours dans les années 1930, l'architecte Le Corbusier développa des projets de gratte-ciels dans l'île de la Cité à Paris.
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En 1952, fut achevée la tour Perret à Amiens. Haute de 104 mètres, ce fut le premier gratte-ciel de France et l'un des tout premiers gratte-ciels du continent européen. À partir des années 1970, de nouvelles tours sont érigées comme Les Horizons (haute de 100 mètres) à Rennes. Mais c'est surtout en région parisienne, dans le quartier de La Défense, à partir des années 1960, que commencèrent à grande échelle les constructions de gratte-ciels avec, par exemple en 1970, la Tour Les Poissons. Au début des années 1970, dans Paris même, de très nombreuses tours sont lancées dans les 13e, 14e, 15e, 17e, 19e arrondissements.
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Tours d'habitations essentiellement, mais aussi tours de bureaux comme la Tour Montparnasse achevée en 1973, qui, avec ses 210 mètres de hauteur, fut à son époque le plus haut bâtiment d'Europe. À la fin des Trente Glorieuses en 1974, la région parisienne était de très loin l'agglomération européenne comportant le plus de gratte-ciels. Mais beaucoup de Parisiens étaient hostiles aux tours. Les autorités en limitèrent les possibilités de construction dans Paris même. La Tour Montparnasse est le plus haut gratte-ciel de Paris intra-muros. En effet, en 1977, la hauteur maximale des constructions dans Paris a été fixée à Modèle:Uité dans les arrondissements du centre et 37 mètres aux alentours, notamment sous l'impulsion du président français de l'époque, hautement hostile aux tours : Valéry Giscard d'Estaing.
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Dans le quartier d'affaires de La Défense, un plan de relance de la construction de tours a été lancé en 2006. De nombreux gratte-ciels sont en projet notamment la Tour Signal, la Tour Phare, et les deux tours du Hermitage Plaza. Ces dernières seront les plus hautes de l'Union européenne avec leurs 323 mètres et 93 étages. Certains prendront la place d'immeubles moins hauts construits durant les années 1960. De la sorte la France devrait voir son parc de gratte-ciel connaître une grande croissance avec en effet une dizaine de gratte-ciels de plus de 150 mètres de hauteur en projet, dont quatre géants dépassant les 300 mètres. Cependant, la crise économique de 2008-2010 a remis en cause ou retardé certains de ces projets. En province, Lyon comptait en 2017 trois immeubles de plus de 100 mètres de hauteur : la tour Part-Dieu (anciennement tour du Crédit lyonnais), haute de 165 mètres, inaugurée en 1977, la tour Oxygène avec ses 115 mètres, achevée en 2010 et la tour Incity achevée en 2015. D'autres immeubles de plus de 100 mètres sont en projet. La construction d'une tour de plus de 200 mètres de hauteur, la tour Eva, est toutefois suspendue en 2014[25]). La ville de Marseille possède aujourd’hui la tour CMA CGM (aussi appelée French Line ou tour Jacques-Saadé) d'une hauteur de 147 mètres, la plus haute de la ville. D'autres tours de grandes envergures sont également en projet dans le cadre du projet Euroméditerranée. On trouve des tours de plus de 100 mètres également à Lille (Euralille), Amiens (tour Perret) ,Nantes (Tour Bretagne), Rennes (Les Horizons), Mulhouse (tour de l'Europe). A Toulouse, une tour de 150 mètres l'Occitanie Tower est prévu au sein du futur quartier d'affaires Toulouse Euro-Sud-Ouest.
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En Allemagne, la capitale des gratte-ciels est Francfort-sur-le-Main parfois surnommée Mainhattan. Le centre-ville ayant été détruit pendant la guerre, des terrains ont été libérés. Parmi les gratte-ciel emblématiques de la ville, la Messeturm (tour de la foire) conçue par l'architecte d'origine allemande Helmut Jahn et la Commerzbank Tower qui, à sa construction était, avec ses 259 m, la plus haute tour de l'UE. Beaucoup de ces tours abritent des banques, des compagnies d'assurances et des compagnies financières liées à la bourse de Francfort, l'une des plus importantes d'Europe, après Londres et Paris.
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La Belgique a fait partie des tout premiers pays européens à construire des gratte-ciels. Les premières tours sont apparues dans les villes Belges en 1930 avec la Tour des Paysans (Boerentoren en Néerlandais) à Anvers haute de 87,5 mètres, suivi de la Résidence de la Cambre à Bruxelles. En 1958, Bruxelles accueille l'Exposition Universelle, et fait construire pour l'occasion le Centre International Rogier, un immense complexe de logements et de bureaux et commerces intégrant une tour de 117 mètres de haut appelée "Tour Martini" (Tour Rogier aujourd'hui). Elle fût le premier gratte-ciel européen de type "Moderne"[26]. Depuis l'exposition universelle jusqu'à la fin des années 1980, Bruxelles est victime de la "Bruxellisation", terme dédié qui définit d'immenses chamboulements urbanistiques ou des quartiers entier sont rasés pour laisser place à d'importants projets immobiliers modernes comme le projet "Manhattan"[27] (le World Trade Center de Bruxelles, le Manhattan Center ), ou d'autres projets de tours qui feront apparaitre des gratte-ciels qui sont éparpillées dans tous les coins de la capitale belge (la Tour du Midi, la Finance Tower, la Tour ITT...). Aujourd'hui Bruxelles compte une vingtaine de tours d'une hauteur moyenne de 120 mètres, avec une concentration principale dans le quartier d'affaires Nord. La tour la plus haute de la ville et du pays reste la tour du Midi depuis sa construction en 1967.
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Au Royaume-Uni, les tours se situent essentiellement à Londres, où, depuis le lancement du quartier Canary Wharf, au début des années 1990, leur construction a été relancée. Parmi les tours construites ces dernières années, la Heron Tower haute de 242 mètres, la Shard London Bridge de 310 mètres de hauteur (soit la hauteur de la Tour Eiffel), inaugurée en 2013. Plusieurs dizaines de nouvelles tours sont prévues dans les années à venir dans l'agglomération londonienne. Ces dernières années des gratte-ciel ont été également construits dans des villes moyennes comme Leeds, Manchester, Swansea (The Tower at Meridian Quay), Sheffield, Liverpool (West Tower), Birmingham (10 Holloway Circus)
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Aux Pays-Bas, à partir des années 1990, un grand nombre de gratte-ciels ont été construits en particulier à Rotterdam (tour de la Meuse, tour Millenium) à Amsterdam (tour Rembrandt) et à La Haye où se trouve un gratte-ciel qui a remporté un prix d'architecture (le Emporis Skyscraper Award), le Het Strijkijzer.
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En Espagne, le boom immobilier de ces dernières années a entraîné la construction de nombreux d'immeubles de grande hauteur, notamment dans les cités balnéaires telles que Benidorm, Villajoyosa ainsi que dans la capitale Madrid où quatre tours de plus de 200 mètres ont été inaugurés en 2007 et 2008 dont la plus haute du pays la Torre de Cristal.
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En Italie, il y a peu de gratte-ciels. Ils se concentrent à Naples et à Milan. À Milan des gratte-ciels ont été construits dans les années 1950 à une époque où on en construisait très peu dans le monde (cas de la tour Pirelli). Pour l'instant, la tour Unicredit avec ses 218 mètres est la plus haute depuis son achèvement en 2012. D'autres tours sont en construction comme celles du centre City Life où trois tours entre 170 et 218 mètres sont en construction et comme la tour de la mode de 220 mètres. Plusieurs projets sont en train de prendre forme ou déjà réalisées comme la tour du Palazzo Lombardia de 167 mètres de hauteur.
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En 2019, le premier gratte-ciel a été achevé en Finlande au Kalasatama d'Helsinki, près du centre commercial Redi[28] Le bâtiment, appelé Majakka, est le premier des huit tours prévues.[29]. Le bâtiment est le deuxième plus haut bâtiment des pays nordiques après le Turning Torso à Malmö, en Suède.
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En Pologne les gratte-ciel se concentrent à Varsovie où se trouve notamment le palais de la culture et de la science de style stalinien.
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En Russie, où il y a un manque important d’espaces modernes de bureaux, de très nombreux gratte-ciels sont en construction, en particulier à Moscou où à l'époque de Staline dans les années 1950 avaient été construits les premiers grands gratte-ciel d'Europe (hauteur > 150 mètres) dans un style unique au monde. À partir de l'an 2000, avec la très forte reprise économique, les constructions ont repris à un très grand rythme. Moscou est désormais la ville d'Europe qui compte le plus de gratte-ciels avec en 2009 une quarantaine de tours dépassant les 150 mètres et près de 200 immeubles de plus de 100 mètres de hauteur la plupart construits depuis l'an 2000. En 2014 trois des quatre plus hauts gratte-ciels d'Europe sont situés à Moscou. Certains sont très ambitieux comme la tour Vostok. Elle est haute de 374 mètres, sur 95 étages. Dans les autres grandes villes, de nombreux projets sortent de terre, à Saint-Pétersbourg (Lakhta Center), Samara (Ladya 2), Iekaterinbourg (Antey-3), Saratov, Volgograd (Les voiles de la Volga), Oufa (Tour de la banque Uralsib), Novosibirsk. Les gratte-ciel russes se caractérisent souvent par une grande originalité comme c'est le cas de la Paveletskaya Tower à Moscou. D'autres gratte-ciel perpétuent le style stalinien comme c'est le cas du Triumph-Palace construit en 2005 ou de l'Edelweiss construit en 2003. Presque tous ont été conçus par des architectes russes.
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Dans la partie européenne de la Turquie à Istanbul ont été construits depuis les années 1990 un très grand nombre de gratte-ciels dont la Isbank Tower 1 haute de 181 mètres, le Sisli Plaza. En 2010, a été achevé le Sapphire of Istanbul haut de 261 mètres qui est le plus haut gratte-ciel de Turquie.
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La première tour de 16 étages et plus à avoir été construite en Afrique est l'immeuble Liberté, d'une hauteur de 78 mètres et de 17 étages, conçue par l'architecte suisse Léonard René Morandi et achevée en 1950 à Casablanca, au Maroc. À noter qu'il y avait d'autres gratte-ciels de 13, 14 et 15 étages dans plusieurs pays d'Afrique dont le Maroc. Au Maroc, certaines villes contiennent des IGH et gratte-ciels : , Rabat, Casablanca, Tanger principalement. La Marina de Casablanca, en construction, aura des tours de 150 m et plus, tout comme dans la nouvelle cité financière à Anfa Park où est prévue la construction de plusieurs gratte-ciels de plus de 200 mètres de hauteur notamment celle de BMCE Bank ainsi que d'une tour de 554 mètres (Nour Tower) battant ainsi le record de hauteur au Maroc et du Maghreb détenu par les Twin Tower de Casablanca 120 m et d'Afrique en devançant le Carlton Centre (223 m) en Afrique du Sud. La Tour Maroc Telecom, construite par l'architecte Jean-Paul Viguier avec 21 étages, possède environ 150 m si l'on comprend l'antenne, Tanger compte plusieurs projets d'IGH notamment Tanger City Center et la Perle de Tanger.
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En Égypte, plusieurs gratte-ciels sont également construits, notamment à Alexandrie et au Caire, mais peu dépassent les 150 mètres. La Tour du Caire, plus haut gratte-ciel d'Égypte, mesure 187 mètres.
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En Côte d'Ivoire, le quartier du Plateau d'Abidjan se distingue par ses nombreux gratte-ciels (essentiellement bâtis pendant la période du « miracle ivoirien » des années 1970) qui abritent principalement les bureaux de divers ministères et agences étatiques. L'image de ces hauts bâtiments qui se détachent au bord de la lagune Ébrié vaut à Abidjan son surnom de « Manhattan des Tropiques ».[réf. nécessaire]
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En Afrique du Sud, et notamment à Johannesbourg de nombreux gratte-ciel ont été édifiés surtout dans les années 1970, le plus haut étant le Carlton Centre (222 m) suivi par le Pearls Of Umhlanga à Umhlanga Rocks. Parmi les gratte-ciel notables, le Michelangelo dans la banlieue de Johannesbourg, l'Embassy Building à Durban, le Triangle House au Cap. L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique qui compte le plus de gratte-ciel. Ensuite on a sûrement le Maroc, l'Égypte, L'Algérie, Sénégal, Kenya...
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Il y a de très nombreux gratte-ciels en Australie du fait de la concentration de la population dans quelques villes millionnaires. La tour la plus haute du pays (hors antenne) est la Eureka Tower, haute de près de 297 mètres[30] sur 91 étages, située à Melbourne. C'était à son inauguration, en 2006, la plus haute tour d'habitation du monde. Sydney comprend une centaine d'immeubles de 100 mètres de hauteur et plus. Il faut noter la présence de nombreux gratte-ciels dans la ville balnéaire de Gold Coast au sud de Brisbane, qui comprend en 2014 la deuxième tour la plus haut d'Australie, la tour Q1, qui comprend 78 étages (275 mètres de hauteur hors antenne).
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En Nouvelle-Zélande, la plupart des gratte-ciels sont concentrés dans la plus importante ville du pays, Auckland. La tour la plus haute du pays est le Vero Centre, haute de 170 mètres.
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Les villes (villes sans agglomération) qui en comportent le plus sont au 14 mai 2017, selon la société Emporis[22] :
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Cependant, il faut prendre ces chiffres avec prudence. Emporis ne recense pas tous les gratte-ciels, notamment pour les pays d'Amérique du Sud et d'Asie. Pour les villes asiatiques, les chiffres d'Emporis ne sont pas cohérents avec les chiffres de sa base de données. Il faut donc considérer ces chiffres comme un minimum, les chiffres pour l'Asie étant probablement beaucoup plus élevés, au minimum deux fois plus élevés pour la Chine.
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Dans l'ensemble de la planète, il se construit depuis 2010 plus de 1 200 gratte-ciels d'au moins 100 mètres de hauteur chaque année et ce nombre augmente très rapidement. La plupart sont construits en Asie en particulier en Chine. Ainsi d'après le Council on Tall Buildings and Urban Habitat sur les 128 gratte-ciels d'au moins 200 mètres de hauteur achevés en 2016, 67 % sont situés en Chine, les États-Unis venant en seconde position suivie de la Corée du Sud[31].
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D'après Skyscraperpage, il y a eu plus de gratte-ciels d'au moins 300 mètres de hauteur construit en 6 ans de 2011 à 2016 que des origines des gratte-ciel au XIXe siècle à 2010. Les perspectives de construction de gratte-ciels sont très favorables en Chine où, durant les prochaines années, des centaines de millions d'habitants vont quitter les campagnes pour s’installer en ville et surtout en Inde où il y a encore très peu de gratte-ciels vu la taille du pays.
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En Europe, les pays situés à l'est doivent rapidement s'équiper en immeubles de bureaux modernes et les pays de la moitié ouest, comme la France, développent de nouveaux centres urbains tels que La Défense.
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Dans beaucoup de pays, pour éviter l'étalement urbain qui rend difficile la rentabilisation des transports en communs et préserver les terres agricoles, les autorités densifient les villes existantes en autorisant la construction d'immeubles de grande hauteur. C'est par exemple le cas au Canada dans des agglomérations comme Toronto ou Vancouver.
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Par ailleurs, l'évolution des techniques de conception et de construction facilite les constructions en hauteur et la philosophie libérale incite les élus locaux de certains pays à mettre en place une planification urbaine plus souple.
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Chaque année aux États-Unis, des millions d'oiseaux migrateurs meurent en percutant les façades des immeubles des gratte-ciels. La plupart des oiseaux qui migrent le font de nuit (pour éviter les prédateurs) et se repérent grâce aux étoiles[32]. Les associations écologistes et de protection des oiseaux essaient de sensibiliser les villes et les États à cette question et proposent de nouvelles normes de construction et d'éclairage[32].
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Selon les sources, les chiffres concernant la hauteur d'un gratte-ciel peuvent diverger. La question est en effet de savoir si l'on compte ou non les antennes et flèches ou simplement la hauteur du dernier étage. Officiellement, on compte dans la hauteur d'un gratte-ciel les antennes si elles font partie de la structure de l'édifice - on les appellera d'ailleurs plutôt « flèches » en anglais : spire. C'est-à-dire que, si l'on enlevait la flèche, on modifierait radicalement l'architecture et l'esthétique du bâtiment. L'exemple type du gratte-ciel à flèche est le Chrysler Building à New York. En revanche, si des antennes ont été rajoutées a posteriori sur le gratte-ciel, mais sans faire partie de la structure de l'édifice, elles ne sont pas comptabilisées.
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Cette distinction, qui peut paraître inutile, a en fait pris toute son importance en 1997, lorsque les tours Petronas à Kuala Lumpur ont ravi le titre de plus haut gratte-ciel du monde à la Willis Tower de Chicago. La taille officielle des premières est de 452 m contre 442 m pour la Willis Tower. Mais, pour les tours Petronas, il s'agit de la hauteur de la flèche structurale, le toit s'élevant en fait à 410 m. Alors que pour la Willis Tower, c'est bien le toit qui s'élève à 442 m, les deux immenses antennes (qui culminent à 527 m) ne faisant pas partie de la structure. Ainsi, si l'on mettait ces trois tours côte à côte, un spectateur aurait, au premier coup d'œil, l'impression que la Willis Tower est bien plus grande.
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Les bâtiments dont le nom est en gras ont détenu le titre de plus haut gratte-ciel du monde à leur achèvement.
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Un gratte-ciel[1] (calque de l'anglais skyscraper) ou tour est un bâtiment de très grande hauteur. Il n'existe pas de définition officielle ni de hauteur minimale à partir de laquelle un immeuble est qualifié de gratte-ciel, cette dernière notion étant essentiellement relative : ce qui est perçu comme gratte-ciel peut varier fortement en fonction de l’époque ou du lieu. Toutefois, la société allemande Emporis qui recense les gratte-ciels de la planète considère qu'un gratte-ciel est un édifice composé de plusieurs étages et qui mesure au moins 100 m de hauteur[2]. Pour les gratte-ciels d'au moins 300 mètres de hauteur, les Anglo-saxons utilisent le terme de « supertall » et de « megatall » pour les gratte-ciels d'au moins 600 mètres de hauteur[3].
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Par ailleurs, ne sont pas considérées[4] comme gratte-ciels certaines tours comme la tour Eiffel (1889), car il s'agit d'une tour d'observation et non pas d'un immeuble constitué d'une juxtaposition d'étages. Le terme de gratte-ciel (datant de 1911[5]) est une traduction de l'anglais sky scraper (qui date de 1891) et provient du vocabulaire maritime
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Le substantif masculin[6],[7],[8] gratte-ciel, composé de gratte, forme conjuguée de gratter, et de ciel[6], est un calque[7],[8],[9] de l'anglais[8] américain[6],[7],[9] sky-scraper, lui-même composé de sky (« ciel ») et de scraper (« qui gratte »)[7].
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Il existe depuis l'antiquité des bâtiments de grande hauteur. Généralement, il ne s’agit pas d’immeubles d'habitation, mais plutôt de monuments. Ainsi, la pyramide de Khéops, dont la hauteur atteint presque 150 mètres, est un tombeau. On peut citer aussi le phare d'Alexandrie (135 mètres) ou les ziggourats de Babel ou aussi la tour Hassan (44 mètres) à Rabat. Au Moyen Âge, les flèches de certaines cathédrales dépassent aisément les 100 mètres de hauteur comme celles de Strasbourg (142 mètres), Rouen (151 mètres, dont la flèche fut construite au XIXe siècle), et de Lincoln (160 mètres avant son effondrement).
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Parmi les plus anciens immeubles d'habitation de haute taille, on peut citer le donjon du château de Vincennes, construit au XIVe siècle et qui, mesurant 50 mètres de hauteur, est le plus grand d'Europe. De nombreuses tours de fonction militaire ou nobiliaire furent construites durant le Moyen Âge à Bologne en Italie. Selon les estimations, il y aurait eu de 80 à 100 tours de ce genre à Bologne. La plus haute ayant résisté au temps est la tour Asinelli (97,2 mètres).
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Le gratte-ciel, à proprement parler, naît aux États-Unis vers la fin du XIXe siècle. La reconstruction de Chicago après le grand incendie de 1871 a permis l’émergence d’une nouvelle approche de la construction d’immeubles afin de réduire les coûts liés à l’augmentation du prix des terrains. Il fallait trouver un moyen pour se protéger en même temps de l’eau (surélévation) et du feu (ossature d’acier et non plus de bois), ce moyen devait être rapide, solide, facile d’assemblage. C’est ainsi que William Le Baron Jenney fut amené à élaborer un système de structure interne sur laquelle repose tout l’édifice, le mur extérieur n’ayant plus rien à porter. Il tira également parti de l'invention de l'ascenseur mécanique et notamment de l'ascenseur de sécurité par Elisha Otis. Les premiers architectes de ce que l’on a appelé plus tard l’école de Chicago ont créé par leurs œuvres et par leur influence un modèle de développement urbain qui a caractérisé toutes les villes américaines au XXe siècle.
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Il est difficile de dire quel fut le premier gratte-ciel de l’Histoire. Ce « titre » est disputé entre le New York Tribune Building, dessiné par Richard Morris Hunt (New York, 1875, 79 mètres), et le Home Insurance Building (Chicago, 1885). Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c'est le grand mouvement de construction de gratte-ciels à New York dès la fin du XIXe siècle. New York commence son développement en matière de gratte-ciel avec la construction du New York World Building (94 mètres). C’est une course au plus haut building qui commence : Manhattan Life Insurance Building (1894, 106 mètres), le Park Row Building (1899, 119 mètres), puis la Metropolitan Life Tower franchit la barre des 200 m en 1909, mais est finalement dépassée par le Woolworth Building (1913, 241 mètres). Le mouvement se poursuit après la Première Guerre mondiale par le 40 Wall Street, mais surtout par le Chrysler Building puis l’Empire State Building qui atteint 381 mètres, en 1931.
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Arrêté par la crise économique des années 1930, le mouvement de construction de gratte-ciels reprend dans les années 1960, à New York et à Chicago et, à un moindre niveau, dans d’autres villes du monde. Le World Trade Center (New York) devient le plus haut gratte-ciel du Monde en 1973 avec 417 mètres, il est dépassé en 1974 par la Willis Tower (anciennement connue sous le nom de Sears Tower) à Chicago qui mesure 442,3 m. C’est une véritable bataille qui est engagée entre ces deux villes.
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Près de 10 %[10] des monteurs d'acier (en) (en anglais « iron worker », ouvrier qui rivette les poutres suspendues dans le vide à l'aide de clés à mâchoire) appartiennent à la tribu des Mohawks[11], les autres étant principalement des Terre-Neuviens d’origine irlandaise ou des descendants d'immigrants venus d’Allemagne ou de Norvège. Un mythe tenace, popularisé par des œuvres comme High Steel de Don Owen, Spudwrench : l'homme de Kahnawake d'Alanis Obomsawin, Pardon aux Iroquois, Les Mohawk, Charpentiers de l'acier d'Edmund Wilson, ou les photographies de Lewis Wickes Hine, veut que ces bâtisseurs de charpentes métalliques se recrutent dans ces populations qui auraient une insensibilité naturelle au vertige[12].
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Dans les années 1990, et surtout 2000, la construction de gratte-ciels reprend avec vigueur. C’est en Asie, dans des régions à forte croissance économique, que le développement est le plus spectaculaire. De nombreuses tours ont vu le jour ou sont en construction dans le monde chinois. La Taipei 101, inaugurée en 2004 à Taïwan était, à l'époque de sa construction, le plus haut gratte-ciel achevé du monde. Les pays du Golfe, et spectaculairement les Émirats arabes unis, ont également multiplié les constructions. La Burj Khalifa a atteint, le 17 janvier 2010, sa hauteur finale de 828 mètres[13], tandis que la Kingdom Tower en construction à Djeddah (Arabie saoudite) devrait atteindre plus de 1 000 mètres en 2018.
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Les gratte-ciels sont traditionnellement construits sous forme d’une tour monolithique organisée autour d’un noyau central comprenant notamment les voies de circulation verticale (escaliers, ascenseurs) et les réseaux (eau, électricité, communications…). La structure porteuse peut être concentrée dans ce noyau central, ou répartie sur des piliers. Certains édifices ont également bénéficié d’une armature entièrement métallique. En matière de construction, il y a une rivalité entre les tenants de la construction en béton, plus résistant au feu, et les tenants de la construction en acier. À l'origine, les gratte-ciels avaient une structure en acier, les murs n'étant pas porteurs. Pour les très grandes hauteurs, l'acier est souvent préféré, car le béton devient trop lourd, manque de flexibilité et n'est pas assez résistant. Cependant, des bétons haute résistance ont été progressivement mis au point. Ainsi, pour pouvoir édifier la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa, la filiale BTP de Samsung a mis au point un béton capable de supporter une pression de 800 kg au centimètre carré. 330 000 mètres cubes de béton auront été utilisés pour cette tour[14].
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La concentration des circulations en un point du bâtiment pose le problème de son évacuation en cas d’urgence si ces circulations sont rendues impraticables (notamment à cause d’un incendie). De la même manière, la concentration des structures porteuses peut rendre le bâtiment vulnérable si elles sont endommagées. Un autre problème rencontré est l’éclairage des zones les plus centrales : au-delà d’une certaine distance, la lumière naturelle n’est plus suffisante pour qu’on puisse se passer d’éclairage artificiel.
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Dans les zones hautement sismiques, comme le Japon, la construction d'immeubles de grande hauteur pose de redoutables problèmes de sécurité. Des systèmes complexes de vérins et de balanciers permettent aux immeubles de garder leur stabilité en cas de séismes.
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La construction d'un gratte-ciel de 100 à 150 m de hauteur dure de 2 à 3 ans en général mais elle peut être plus rapide. Ainsi l'Empire State Building à New York, haut de 381 mètres et terminé en 1931, a été construit en un an et 45 jours. La Burj Khalifa à Dubaï (plus haute tour du monde avec 828 mètres) a nécessité 6 ans de travaux de janvier 2004 à janvier 2010. Il arrive souvent que les travaux s'arrêtent du fait de difficultés financières et qu'ils s'étalent sur une ou plusieurs décennies. Ainsi la construction de la Blue Tower à Varsovie a nécessité 26 années. En Chine les travaux de l'une des plus hautes tours du pays, le Shanghai World Financial Center de Shanghai, ont duré de 1997 à 2008 du fait d'une interruption de plusieurs années.
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La durée de vie d'un gratte-ciel peut dépasser les 100 ans. Ainsi, les gratte-ciels de New York construits durant les années 1890 existent toujours à ce jour, du moins les plus hauts. La plupart du temps, un gratte-ciel n'est détruit que pour faire place à un immeuble plus élevé.
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Une approche plus récente cherche à rompre avec la conception classique monolithique, et propose d’organiser le bâtiment sous forme de modules constitués autour de plusieurs noyaux de circulations verticales. Chaque noyau deviendrait le point central d’une plus petite entité tout en constituant une sorte de « super-pilier » de l’ensemble. Les promoteurs de ce type de construction indiquent qu’un tel édifice serait moins susceptible de s’effondrer si l’un de ces piliers était endommagé, tout en vantant une capacité d’évacuation largement améliorée. Les espaces utiles du bâtiment sont répartis sous forme de « grappes » sur les piliers pour bénéficier au maximum de la lumière naturelle. De plus, un incendie survenant dans l’un des modules aurait peu de chances de se propager à d’autres zones de l’immeuble. La principale limitation de cette approche devient alors une occupation plus faible du volume total alloué au bâtiment. Ce concept n’a cependant pas encore été appliqué.
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Depuis quelques années, il y a une très forte tendance à construire des immeubles qui s'inscrivent dans une démarche de développement durable. Ainsi, sur certains gratte-ciel on trouve désormais des éoliennes, des panneaux solaires, des systèmes de récupération et de recyclage de l'eau, et aussi la présence de végétaux.
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Parmi les gratte-ciel écologiques construits ou en projet :
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Il y a des normes dans ce domaine telles que la norme HQE (Haute qualité environnementale) en France ou la norme LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) aux États-Unis.
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Au Japon, les ingénieurs et les architectes ont imaginé des tours de plusieurs milliers de mètres de hauteur à l'image de la X-Seed 4000 qui comprendrait 800 étages sur 4 000 mètres.
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Les principaux cabinets d’architecture ou d’ingénierie qui conçoivent aujourd’hui des gratte-ciels de très grande hauteur sont :
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La construction d’un gratte-ciel est très liée à la bonne santé économique de la ville ou de la région dans laquelle il est construit. Construire un gratte-ciel de 100 étages coûte plus cher que construire deux tours équivalentes de cinquante étages[16], principalement car sa durée de construction est deux fois plus longue, avec une plus forte immobilisation du capital. Les intérêts financiers peuvent représenter 40 % du coût de construction d’une tour de très grande hauteur[16].
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Le coût de construction d'une tour de 200 mètres de hauteur est le double de celui d'un immeuble classique de bureaux ; 4 000 euros HT/m² contre 2 000 euros. Ce surcoût s'explique par la nécessité de mettre davantage de matériaux pour résister au vent et au poids et aussi du fait de la nécessité de devoir monter ces matériaux très haut. Le respect des normes de consommation énergétique pour les très hautes tours est aussi très difficile. De plus une tour coûte en charge 20 à 30 % de plus, notamment du fait des ascenseurs et du coût de la sécurité[17].
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Selon Adrian Smith, architecte américain et l’un des principaux concepteurs de gratte-ciels, la construction d’un bâtiment de très grande hauteur est donc difficilement voire rarement rentable[16]. Pour cela, il faut être extrêmement vigilant à l’immobilisation du capital, à l’utilisation finale des locaux et surtout au contrôle des terrains aux alentours. En effet, la construction d’une très grande tour donne de la valeur au quartier environnant comme cela s’est produit par exemple avec le secteur de Pudong à Shanghai (Jin Mao Tower) ou à Canary Wharf à Londres (Tour Radden). La rentabilité économique d’une tour de très grande hauteur est donc à replacer dans une rentabilité globale sur plusieurs années d’un quartier ou d’une ville. D’où l’émergence des plus hautes tours actuelles dans des villes en plein développement, à la recherche de notoriété ou de visibilité et dans un pays ou région avec d’importants capitaux disponibles comme c’est le cas pour les émirats pétroliers du Golfe ou les provinces maritimes chinoises.
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La construction d’un bâtiment de grande hauteur permettait aussi à l’entreprise qui l’occupait une rationalisation de son activité en regroupant tous ses salariés en un même lieu et une augmentation de sa notoriété et de son image. Ce fut le cas de la Willis Tower à Chicago ou des tours Petronas à Kuala Lumpur[16]. Le coût total d'un gratte-ciel de plus de 150 mètres de hauteur atteint souvent plusieurs centaines de millions de $ et peut atteindre plusieurs milliards de $.
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Quelques exemples[18] :
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La société Emporis a par ailleurs dressé une liste de bâtiments les plus coûteux de l'histoire. Parmi les gratte-ciels il y a[20] :
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Il arrive parfois que les travaux soient interrompus pour des raisons financières. Lors de la crise financière d'automne 2008, les travaux ont ainsi été interrompus sur la Tour de Russie à Moscou et sur la Chicago Spire à Chicago.
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Une étude de la banque Barclays a relevé que l'apogée de la construction de gratte-ciels coïncidait souvent avec une période de crise économique. Ainsi l'achèvement de la construction de l’Empire State Building et du Chrysler Building en 1930/1931 coïncide avec la grande crise économique des années 1930.
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L'achèvement des tours du World Trade Center et de la Willis Tower aux États-Unis en 1973/1974 coïncide avec le début de la crise économique des années 1970. La fin de la construction des Tours Petronas en Malaisie et de la Baiyoke Tower II en Thaïlande en 1997, plus hautes tours de ces pays et de la région, a coïncidé avec le début de la crise économique asiatique de 1997. La construction de la plus haute tour du monde à Dubaï en 2010 a coïncidé à un mois près à une grave crise économique dans la ville-État[21].
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Cela peut s'expliquer par le fait que la construction des plus hautes tours symbolise les excès des périodes de boom économique auxquelles succèdent des périodes de crise (cycle économique), le cycle étant particulièrement marqué dans l'immobilier, une activité d'investissement comme la construction aéronautique ou la construction navale
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Le gratte-ciel était devenu un symbole des États-Unis, son pays d'origine. C'est là que se trouvaient la majorité des plus hauts immeubles mondiaux jusqu'aux années 1980. Chicago et New York, sont aujourd'hui comme hier les deux villes du continent où la densité de gratte-ciel est la plus élevée, mais la plupart des grandes villes possèdent désormais un quartier d'affaires (Central business district) comprenant plusieurs tours relativement hautes. Les constructions, qui avaient connu une éclipse durant les années 1940 et 1950, sont vigoureusement reparties dans les années 1960 et ont connu leur apogée dans les années 1980, notamment dans les États du Sud. Le rythme des constructions a diminué dans les années 1990 avant de repartir aujourd'hui. Le rythme de constructions nouvelles est actuellement bien inférieur à celui de l'Asie, mais assez soutenu tout de même, et ce, en dépit du traumatisme qu'a représenté la destruction du World Trade Center.
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Les constructions se concentrent aujourd'hui dans les agglomérations de New York, Chicago, Las Vegas et en Floride. Depuis le début des années 1990, l'agglomération de Miami (Floride) connaît ainsi un important renouvellement urbain. Beaucoup d'immeubles de grand luxe donnant sur la mer y sont construits pour accueillir notamment les retraités du Nord des États-Unis, mais aussi des investisseurs étrangers. Parmi les gratte-ciel de Miami, on peut noter les tours Blue and Green Diamond à Miami Beach, le Trump Royale à Sunny Isles Beach, le Jade at Brickell Bay, la Portofino Tower à Miami Beach, le Trump international Sonesta Beach Resort à Sunny Isles Beach. Le grand magnat de l'immobilier, Donald Trump, est assez présent dans ces constructions avec des associés locaux. Miami est désormais l'agglomération américaine qui comprend le plus de gratte-ciels après New York et Chicago et devant Houston. Les gratte-ciels de l'agglomération de Miami sont souvent très récents, sur les 50 immeubles les plus hauts de l'agglomération, 43 ont été construits depuis l'an 2000. Cependant la crise immobilière (décembre 2008) fait apparaître que trop d'immeubles ont été construits. Le prix des appartements baisse, la spéculation sur la hausse constante des prix a cessé.
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Beaucoup de gratte-ciel se sont construits ces dernières années dans les autres villes de Floride comme Jacksonville, Orlando, Tampa, St Petersburg. De nombreux gratte-ciel sont également en construction ou en projet à Las Vegas, une ville en plein boom. Ces immeubles sont souvent associés à des casinos et sont de taille gigantesque. Le plus haut immeuble de la ville est The Palazzo inauguré en 2007 et qui mesure près de 200 mètres. Des tours impressionnantes y ont été construites, telles que la Planet Hollywood Towers. Au Texas, il y a de très grands gratte-ciel à Houston et dans l'agglomération de Dallas. Ils remontent dans une large mesure au début des années 1980 et au boom du pétrole. Certains approchent ou dépassent les 300 mètres de hauteur comme c'est le cas de la JPMorgan Chase Tower. À l'époque, un nombre excessif de tours ont été construites, ce qui a provoqué la faillite de nombreuses banques qui les ont financées et un faible nombre de constructions pendant de longues années.
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À un moment, la Federal Aviation Administration, l'autorité fédérale américaine de l'aviation civile, a interdit la construction d'immeubles de plus de 600 mètres[16]. Donald Trump, l'un des plus grands promoteurs mondiaux de gratte-ciel, qui envisageait la construction d'un immeuble de cette hauteur avant les attentats du 11 septembre, a abandonné de peur que cette nouvelle tour ne devienne une cible[16]. Dans l'ensemble, beaucoup de gratte-ciel américains se caractérisent par une très grande recherche esthétique, comme c'est par exemple le cas de la Hearst Tower, et des représentants du style de toutes les époques.
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Au 25 octobre 2015, les villes des États-Unis où il y avait le plus de gratte-ciel sont[22] :
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Au Canada, bien que l'espace ne manque pas, de nombreuses villes ont choisi de se développer verticalement. C'est le cas de Montréal, Vancouver, Calgary, Edmonton et surtout Toronto, une agglomération qui compte près de 200 tours dépassant les 100 m avec des gratte-ciels tels que la Scotia Plaza, le One King Street West, la Canada Trust Tower
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Au Mexique, malgré le risque sismique, de nombreux gratte-ciels ont été construits récemment dans la capitale Mexico ainsi qu'à Acapulco. Le plus haut gratte-ciel du Mexique est la Torre Mayor haute de 225 mètres achevée en 2003. Parmi les gratte-ciels notables de la capitale du Mexique, il y a la Corporativo Santa Fe 505, la Torre Empresarial Altiva.
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En Amérique du Sud, la construction de gratte-ciels est en plein essor au Brésil surtout depuis les années 1990 ainsi qu'au Panama. À Panama, il y a une extraordinaire frénésie de construction. La ville de Panama accueille en effet des retraités d'Amérique du Nord qui veulent profiter du soleil et d'une monnaie indexée sur le dollar américain. Fin 2008, la capitale du pays comptait près d'une quarantaine de tours dépassant les 150 mètres de hauteur, soit en service, soit en construction.
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Leur conception est souvent audacieuse, comme c'est le cas de la Trump Ocean Club International Hotel & Tower haute de 293 mètres ou la Bahia Pacifica. Au Chili s'impose la plus haute tour d'Amérique du Sud et d'Amérique Latine. De plus, la deuxième la plus haut de l'hémisphère sud. Torre Gran Costanera à une hauteur de 300 mètres. À noter que son concepteur est César Pelli, l'un des plus grands architectes de la planète, d'origine argentine. La plupart des gratte-ciel se situent dans la capitale Santiago.
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Les gratte-ciels brésiliens se caractérisent par leur faible hauteur. Aucun d'entre eux n'atteint les 200 mètres (en 2014). Beaucoup de gratte-ciels brésiliens se concentrent à São Paulo, qui est la ville d'Amérique latine qui comprend le plus de gratte-ciel.
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Au Venezuela, à Caracas, on peut voir les tours jumelles du Complexe du Parque Central de 225 m de haut construite en 1979 et 1984. En Argentine, de nombreux gratte-ciels ont été construits depuis les années 1990 essentiellement à Buenos Aires, où se situe la plus haute tour du pays, la Torre Cavia achevée en 2009 et haute de 173 mètres.
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Caractéristique rare, on trouve en Amérique du Sud des gratte-ciels très anciens, construits dans les années 1940 tel le Altino Arantes à São Paulo et même dans les années 1920 (Palacio Barolo à Buenos Aires).
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Le développement des gratte-ciels y est, sauf dans quelques villes, assez récent, mais de grande ampleur. C’est à Taïwan, Singapour, Hong Kong et au Japon que furent créés les premiers très hauts immeubles de la région. Au Japon, le manque de place a poussé à la construction en hauteur, mais les risques sismiques imposaient d’importantes contraintes techniques. De ce fait la construction de gratte-ciels y était très limitée jusque dans les années 1980. Mais l'explosion du prix des terrains durant la décennie et la libéralisation des règles de l'urbanisme a entraîné une très grande vague de constructions depuis les années 1990 avec des immeubles tels que la Landmark Tower, de 293 m de hauteur, située dans la banlieue de Tokyo à Yokohama ce qui en fait l'un des immeubles les plus haut du Japon après la Tokyo Skytree.
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Hong Kong est historiquement la ville du gratte-ciel dans le monde chinois, et est la ville comptant le plus d’immeubles de très grande hauteur dans le monde. On y compte près de 3 000 immeubles d'une hauteur supérieure ou égale à 30 étages. Le plus haut gratte-ciel de la ville est le International Commerce Centre de 484 m de hauteur. Les constructions se sont surtout multipliées à partir des années 1980. La prospérité et le manque d’espace peuvent expliquer ce phénomène. 7 millions de personnes vivent sur 1 000 km2. Parmi les gratte-ciel emblématiques de la ville, outre le Two International Finance Center, la tour de la Banque de Chine, la Cosco Tower, le United Centre, le 1 Ho Man tin Hill Road.
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Le mouvement de construction continue à Hong Kong, mais il s’est surtout étendu à d’autres villes chinoises, où il est stimulé par forte croissance urbaine et l’expansion économique. Le gratte-ciel représente un symbole de la réussite économique de villes telles que Shenzhen, Shanghai, Canton, Pékin, Chongqing et beaucoup ont une esthétique spectaculaire du Porte de l'Orient à Suzhou près de Shanghai, du Wuhan World Trade Tower dans le centre du pays ou encore du Moresky 360 à Wuxi. Les gratte-ciel chinois sont pour la plupart très récents. À l'exception de ceux situés à Hong Kong presque aucun d'entre eux n'est antérieur à 1980.
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Certains projets très importants sont actuellement à l’étude en Corée du Sud comme la Lotte World Tower haute de 556 mètres. La plupart des gratte-ciels se concentrent à Séoul une des villes de la planète qui en comporte le plus, ainsi qu'à Busan. En Corée du Nord se trouve l'un des bâtiments les plus hauts de la planète, l'Hôtel Ryugyong haut de 330 mètres sur 105 étages, en train d'être achevé après une longue période d'interruption.
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À Taïwan, les gratte-ciels se concentrent essentiellement dans les trois plus grandes villes du pays, la capitale Taipei, Kaohsiung dans le sud et Taichung dans le centre du pays. À Taipei se trouve le Taipei 101 qui a son inauguration en 2004 était le plus haut gratte-ciel du monde. Ses ascenseurs étaient à son inauguration les plus rapides du monde. À Kaohsiung figure un gratte-ciel exceptionnel la Tuntex Sky Tower de 348 m de hauteur.
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Aux Philippines, la quasi-totalité des nombreux gratte-ciels se concentre dans la capitale Manille et notamment le quartier d'affaires de Makati.
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Au Vietnam, il y a plusieurs centaines de gratte-ciels tous très récents qui se concentrent essentiellement à Saigon et à Hanoi. C'est dans cette ville que se trouve la Tour de Keangnam Hanoï Landmark inaugurée en 2012 et qui avec ses 336 mètres était la tour la plus haute du pays. La plus grande tour maintenant se trouve maintenant à Saigon: Landmark 81, avec 461 mètres.
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En Thaïlande, la plupart des gratte-ciels se concentrent à Bangkok où ils sont particulièrement nombreux et à Pattaya. La tour la plus haute du pays est la Baiyoke Tower II haute de 304 mètres (hors antenne). Elle a été achevée en 1997 à la fin d'une période de croissance économique record, pendant laquelle de très (voire trop) nombreuses tours ont été construites.
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La Malaisie a détenu pendant plusieurs années le titre du plus haut gratte-ciel du monde, avec ses tours jumelles, les Petronas Twin Towers à Kuala Lumpur, construites en 1998. Le toit n’atteint que 378 mètres, mais le mât culmine à 452 mètres.
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Les gratte-ciels se concentrent à Kuala Lumpur, la capitale, et dans l'île de Penang où sont présentes de très nombreuses sociétés étrangères.
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À Singapour, comme à Hong Kong, la forte densité de population a imposé la construction d'immeubles de grande hauteur. Il y a en effet plus de 5 millions d'habitants sur un territoire de 710 km2. Cependant, les autorités de la ville n'ont pas autorisé la construction de tours géantes de plus de 300 mètres de hauteur.
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En Indonésie, l'écrasante majorité des gratte-ciels se concentrent à Jakarta où ils se comptent par dizaines. L'une des plus hautes tours du pays est la Wisma 46, haute de 250 mètres.
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Dans le domaine des gratte-ciels, l’essor du Moyen-Orient est plus récent encore que celui de l’Asie, mais particulièrement marqué. Dans ces régions peu densément peuplées, la construction de gratte-ciels se justifie essentiellement par une volonté de prestige, de développement architectural et touristique. On y trouve donc des tours particulièrement hautes et spectaculaires.
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Ce sont les Émirats arabes unis, et notamment Dubaï, qui ont le plus retenu l’attention. À Dubaï, la construction de gratte-ciel à vraiment commencé à partir du milieu des années 1990 avec l'hôtel Burj-Al-Arab inauguré en 1999 et qui est l'un des hôtels les plus luxueux du monde. La construction de gratte-ciels n’est qu’un volet de grands projets visant à faire de l’émirat un centre de tourisme et d’affaires de premier plan. En 2014 Dubaï compte 18 immeubles de plus de 300 mètres de hauteur (par comparaison il n'y en a que 6 à New York). Parmi ceux-ci se trouve le Burj Khalifa qui est le plus haut édifice du monde du haut de ses 828 m.
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Beaucoup de gratte-ciels de Dubaï se caractérisent par une très grande recherche esthétique et certains sont très originaux. Par exemple, le Burj Al Arab (321 mètres) rappelle la forme d'une voile et est construit sur une île artificielle. La plupart des sommets des gratte-ciel de la ville se sont pas occupés et n'ont qu'une vocation décorative : c'est par exemple le cas de l'Emirates Tower One culminant à 355 m mais dont le dernier étage accessible est situé à une hauteur de 241 m.
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Dubaï a servi d'exemple aux autres émirats tels que Abou Dabi, Ajman, Charjah, Fujaïrah et Ras el Khaïmah qui, eux aussi, se sont lancés dans la construction d'immeubles de grandes hauteurs, bien que peu d'entre eux atteignent les dimensions spectaculaires des plus hauts bâtiments de Dubaï. La construction de ces gratte-ciel se fait dans une large mesure avec des travailleurs venant d'Inde, du Pakistan et du Bangladesh. Leurs conditions de vie et de travail sont très dures (chaleur, soleil, bas salaire)[23] et les suicides sont nombreux.
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Les constructions à Dubaï ont été très nombreuses ces dernières années. Il y avait en 2012 environ 460 tours de plus de 100 mètres de hauteur pour une agglomération de 3 millions d'habitants. D'après la société Emporis en janvier 2011, sur les 100 plus hauts immeubles en construction dans le monde, 20 le sont à Dubaï[24].
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Les autres États du Golfe se sont également lancés dans la construction d'immeubles de très grande hauteur sur une échelle plus modeste qu'à Dubaï. Au Qatar, Doha est la ville du golfe qui a le plus de gratte-ciel après Dubaï et Abou Dhabi. D'autres très grands gratte-ciel ont été construits ou sont en construction à Manama capitale de l'État de Bahreïn ou dans la ville de Koweït. Dans celle-ci, la Al Hamra Tower de 412 mètres de hauteur a été achevée en 2011.
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En Arabie saoudite, des gratte-ciels d'une beauté spectaculaire ont été construits ou sont en construction tels que le Kingdom Centre à Riyad ou l'Abraj Al Bait hôtel à La Mecque. La Kingdom Tower, située à Jeddah devrait devenir la plus haute du monde vers 2018. Sa hauteur finale est tenue secrète, mais doit cependant dépasser les 1 000 mètres.
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En Israël, la forte densité d'habitants a imposé la construction de plusieurs dizaines d'immeubles de très grande hauteur. La plupart se situent dans l'agglomération de Tel Aviv où se trouve, à Ramat Gan, la plus haute tour du pays, la City Gate Ramat Gan, haute de 244 mètres. La plupart de ces édifices ont été construits depuis les années 1990. Certains sont assez originaux comme c'est le cas de la tour Sail Tower à Haïfa.
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Au Liban, à Beyrouth les très nombreuses destructions durant la guerre civile ont imposé la reconstruction de la capitale. Beaucoup d'immeubles de grande hauteur ont été construits depuis le début du siècle, tels que par exemple la Marina Tower.
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Le premier immeuble de plus de 100 mètres de hauteur en Europe a été construit dans l'Italie mussolinienne, avec en 1940 la Torre Piacentini à Gênes. Mais c'est dans les années 1950 que commence vraiment la construction de tours de grande hauteur en Europe, en, Italie (Milan, Naples), Belgique (Bruxelles, Anvers), France (Amiens), Espagne (Madrid, Gijon), URSS (Moscou, Riga), Pologne (Varsovie), Allemagne. Les constructions de tours se sont ensuite multipliées notamment en France, en Belgique, en Allemagne, et Grande-Bretagne, mais elles ont été très décriées. Beaucoup de villes limitent donc la construction d’immeubles de grande hauteur pour préserver le paysage urbain traditionnel. Des quartiers de gratte-ciels de bureaux ont donc été construits plus en périphérie : la Défense en banlieue parisienne, le Quartier Nord de Bruxelles et plus récemment Canary Wharf dans l’Est londonien. Des tours de logements sociaux ont également été construites dans des zones périphériques, mais leur hauteur n’est pas assez élevée pour que l’on puisse parler de gratte-ciel.
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Le plus haut gratte-ciel du continent européen est la tour Tour Vostok à Moscou, inaugurée en 2016, comportant 95 étages et culminant à 374 mètres.
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On observe actuellement un nouvel intérêt pour les gratte-ciel dans les grandes villes européennes, notamment à Londres, Francfort, Milan, Paris, Varsovie, Moscou et Bruxelles. En France, l'une des premières tentatives pour construire des immeubles d'habitations de grande hauteur remonte aux années 1930 avec, à Villeurbanne dans l'agglomération lyonnaise, la construction du quartier des Gratte-Ciels à l'initiative du maire de l'époque Lazare Goujon, un programme ambitieux d'immeubles atteignant jusqu'à 17 étages et 65 mètres.
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Toujours dans les années 1930, l'architecte Le Corbusier développa des projets de gratte-ciels dans l'île de la Cité à Paris.
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En 1952, fut achevée la tour Perret à Amiens. Haute de 104 mètres, ce fut le premier gratte-ciel de France et l'un des tout premiers gratte-ciels du continent européen. À partir des années 1970, de nouvelles tours sont érigées comme Les Horizons (haute de 100 mètres) à Rennes. Mais c'est surtout en région parisienne, dans le quartier de La Défense, à partir des années 1960, que commencèrent à grande échelle les constructions de gratte-ciels avec, par exemple en 1970, la Tour Les Poissons. Au début des années 1970, dans Paris même, de très nombreuses tours sont lancées dans les 13e, 14e, 15e, 17e, 19e arrondissements.
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Tours d'habitations essentiellement, mais aussi tours de bureaux comme la Tour Montparnasse achevée en 1973, qui, avec ses 210 mètres de hauteur, fut à son époque le plus haut bâtiment d'Europe. À la fin des Trente Glorieuses en 1974, la région parisienne était de très loin l'agglomération européenne comportant le plus de gratte-ciels. Mais beaucoup de Parisiens étaient hostiles aux tours. Les autorités en limitèrent les possibilités de construction dans Paris même. La Tour Montparnasse est le plus haut gratte-ciel de Paris intra-muros. En effet, en 1977, la hauteur maximale des constructions dans Paris a été fixée à Modèle:Uité dans les arrondissements du centre et 37 mètres aux alentours, notamment sous l'impulsion du président français de l'époque, hautement hostile aux tours : Valéry Giscard d'Estaing.
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Dans le quartier d'affaires de La Défense, un plan de relance de la construction de tours a été lancé en 2006. De nombreux gratte-ciels sont en projet notamment la Tour Signal, la Tour Phare, et les deux tours du Hermitage Plaza. Ces dernières seront les plus hautes de l'Union européenne avec leurs 323 mètres et 93 étages. Certains prendront la place d'immeubles moins hauts construits durant les années 1960. De la sorte la France devrait voir son parc de gratte-ciel connaître une grande croissance avec en effet une dizaine de gratte-ciels de plus de 150 mètres de hauteur en projet, dont quatre géants dépassant les 300 mètres. Cependant, la crise économique de 2008-2010 a remis en cause ou retardé certains de ces projets. En province, Lyon comptait en 2017 trois immeubles de plus de 100 mètres de hauteur : la tour Part-Dieu (anciennement tour du Crédit lyonnais), haute de 165 mètres, inaugurée en 1977, la tour Oxygène avec ses 115 mètres, achevée en 2010 et la tour Incity achevée en 2015. D'autres immeubles de plus de 100 mètres sont en projet. La construction d'une tour de plus de 200 mètres de hauteur, la tour Eva, est toutefois suspendue en 2014[25]). La ville de Marseille possède aujourd’hui la tour CMA CGM (aussi appelée French Line ou tour Jacques-Saadé) d'une hauteur de 147 mètres, la plus haute de la ville. D'autres tours de grandes envergures sont également en projet dans le cadre du projet Euroméditerranée. On trouve des tours de plus de 100 mètres également à Lille (Euralille), Amiens (tour Perret) ,Nantes (Tour Bretagne), Rennes (Les Horizons), Mulhouse (tour de l'Europe). A Toulouse, une tour de 150 mètres l'Occitanie Tower est prévu au sein du futur quartier d'affaires Toulouse Euro-Sud-Ouest.
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En Allemagne, la capitale des gratte-ciels est Francfort-sur-le-Main parfois surnommée Mainhattan. Le centre-ville ayant été détruit pendant la guerre, des terrains ont été libérés. Parmi les gratte-ciel emblématiques de la ville, la Messeturm (tour de la foire) conçue par l'architecte d'origine allemande Helmut Jahn et la Commerzbank Tower qui, à sa construction était, avec ses 259 m, la plus haute tour de l'UE. Beaucoup de ces tours abritent des banques, des compagnies d'assurances et des compagnies financières liées à la bourse de Francfort, l'une des plus importantes d'Europe, après Londres et Paris.
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La Belgique a fait partie des tout premiers pays européens à construire des gratte-ciels. Les premières tours sont apparues dans les villes Belges en 1930 avec la Tour des Paysans (Boerentoren en Néerlandais) à Anvers haute de 87,5 mètres, suivi de la Résidence de la Cambre à Bruxelles. En 1958, Bruxelles accueille l'Exposition Universelle, et fait construire pour l'occasion le Centre International Rogier, un immense complexe de logements et de bureaux et commerces intégrant une tour de 117 mètres de haut appelée "Tour Martini" (Tour Rogier aujourd'hui). Elle fût le premier gratte-ciel européen de type "Moderne"[26]. Depuis l'exposition universelle jusqu'à la fin des années 1980, Bruxelles est victime de la "Bruxellisation", terme dédié qui définit d'immenses chamboulements urbanistiques ou des quartiers entier sont rasés pour laisser place à d'importants projets immobiliers modernes comme le projet "Manhattan"[27] (le World Trade Center de Bruxelles, le Manhattan Center ), ou d'autres projets de tours qui feront apparaitre des gratte-ciels qui sont éparpillées dans tous les coins de la capitale belge (la Tour du Midi, la Finance Tower, la Tour ITT...). Aujourd'hui Bruxelles compte une vingtaine de tours d'une hauteur moyenne de 120 mètres, avec une concentration principale dans le quartier d'affaires Nord. La tour la plus haute de la ville et du pays reste la tour du Midi depuis sa construction en 1967.
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Au Royaume-Uni, les tours se situent essentiellement à Londres, où, depuis le lancement du quartier Canary Wharf, au début des années 1990, leur construction a été relancée. Parmi les tours construites ces dernières années, la Heron Tower haute de 242 mètres, la Shard London Bridge de 310 mètres de hauteur (soit la hauteur de la Tour Eiffel), inaugurée en 2013. Plusieurs dizaines de nouvelles tours sont prévues dans les années à venir dans l'agglomération londonienne. Ces dernières années des gratte-ciel ont été également construits dans des villes moyennes comme Leeds, Manchester, Swansea (The Tower at Meridian Quay), Sheffield, Liverpool (West Tower), Birmingham (10 Holloway Circus)
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Aux Pays-Bas, à partir des années 1990, un grand nombre de gratte-ciels ont été construits en particulier à Rotterdam (tour de la Meuse, tour Millenium) à Amsterdam (tour Rembrandt) et à La Haye où se trouve un gratte-ciel qui a remporté un prix d'architecture (le Emporis Skyscraper Award), le Het Strijkijzer.
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En Espagne, le boom immobilier de ces dernières années a entraîné la construction de nombreux d'immeubles de grande hauteur, notamment dans les cités balnéaires telles que Benidorm, Villajoyosa ainsi que dans la capitale Madrid où quatre tours de plus de 200 mètres ont été inaugurés en 2007 et 2008 dont la plus haute du pays la Torre de Cristal.
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En Italie, il y a peu de gratte-ciels. Ils se concentrent à Naples et à Milan. À Milan des gratte-ciels ont été construits dans les années 1950 à une époque où on en construisait très peu dans le monde (cas de la tour Pirelli). Pour l'instant, la tour Unicredit avec ses 218 mètres est la plus haute depuis son achèvement en 2012. D'autres tours sont en construction comme celles du centre City Life où trois tours entre 170 et 218 mètres sont en construction et comme la tour de la mode de 220 mètres. Plusieurs projets sont en train de prendre forme ou déjà réalisées comme la tour du Palazzo Lombardia de 167 mètres de hauteur.
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En 2019, le premier gratte-ciel a été achevé en Finlande au Kalasatama d'Helsinki, près du centre commercial Redi[28] Le bâtiment, appelé Majakka, est le premier des huit tours prévues.[29]. Le bâtiment est le deuxième plus haut bâtiment des pays nordiques après le Turning Torso à Malmö, en Suède.
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En Pologne les gratte-ciel se concentrent à Varsovie où se trouve notamment le palais de la culture et de la science de style stalinien.
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En Russie, où il y a un manque important d’espaces modernes de bureaux, de très nombreux gratte-ciels sont en construction, en particulier à Moscou où à l'époque de Staline dans les années 1950 avaient été construits les premiers grands gratte-ciel d'Europe (hauteur > 150 mètres) dans un style unique au monde. À partir de l'an 2000, avec la très forte reprise économique, les constructions ont repris à un très grand rythme. Moscou est désormais la ville d'Europe qui compte le plus de gratte-ciels avec en 2009 une quarantaine de tours dépassant les 150 mètres et près de 200 immeubles de plus de 100 mètres de hauteur la plupart construits depuis l'an 2000. En 2014 trois des quatre plus hauts gratte-ciels d'Europe sont situés à Moscou. Certains sont très ambitieux comme la tour Vostok. Elle est haute de 374 mètres, sur 95 étages. Dans les autres grandes villes, de nombreux projets sortent de terre, à Saint-Pétersbourg (Lakhta Center), Samara (Ladya 2), Iekaterinbourg (Antey-3), Saratov, Volgograd (Les voiles de la Volga), Oufa (Tour de la banque Uralsib), Novosibirsk. Les gratte-ciel russes se caractérisent souvent par une grande originalité comme c'est le cas de la Paveletskaya Tower à Moscou. D'autres gratte-ciel perpétuent le style stalinien comme c'est le cas du Triumph-Palace construit en 2005 ou de l'Edelweiss construit en 2003. Presque tous ont été conçus par des architectes russes.
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Dans la partie européenne de la Turquie à Istanbul ont été construits depuis les années 1990 un très grand nombre de gratte-ciels dont la Isbank Tower 1 haute de 181 mètres, le Sisli Plaza. En 2010, a été achevé le Sapphire of Istanbul haut de 261 mètres qui est le plus haut gratte-ciel de Turquie.
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La première tour de 16 étages et plus à avoir été construite en Afrique est l'immeuble Liberté, d'une hauteur de 78 mètres et de 17 étages, conçue par l'architecte suisse Léonard René Morandi et achevée en 1950 à Casablanca, au Maroc. À noter qu'il y avait d'autres gratte-ciels de 13, 14 et 15 étages dans plusieurs pays d'Afrique dont le Maroc. Au Maroc, certaines villes contiennent des IGH et gratte-ciels : , Rabat, Casablanca, Tanger principalement. La Marina de Casablanca, en construction, aura des tours de 150 m et plus, tout comme dans la nouvelle cité financière à Anfa Park où est prévue la construction de plusieurs gratte-ciels de plus de 200 mètres de hauteur notamment celle de BMCE Bank ainsi que d'une tour de 554 mètres (Nour Tower) battant ainsi le record de hauteur au Maroc et du Maghreb détenu par les Twin Tower de Casablanca 120 m et d'Afrique en devançant le Carlton Centre (223 m) en Afrique du Sud. La Tour Maroc Telecom, construite par l'architecte Jean-Paul Viguier avec 21 étages, possède environ 150 m si l'on comprend l'antenne, Tanger compte plusieurs projets d'IGH notamment Tanger City Center et la Perle de Tanger.
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En Égypte, plusieurs gratte-ciels sont également construits, notamment à Alexandrie et au Caire, mais peu dépassent les 150 mètres. La Tour du Caire, plus haut gratte-ciel d'Égypte, mesure 187 mètres.
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En Côte d'Ivoire, le quartier du Plateau d'Abidjan se distingue par ses nombreux gratte-ciels (essentiellement bâtis pendant la période du « miracle ivoirien » des années 1970) qui abritent principalement les bureaux de divers ministères et agences étatiques. L'image de ces hauts bâtiments qui se détachent au bord de la lagune Ébrié vaut à Abidjan son surnom de « Manhattan des Tropiques ».[réf. nécessaire]
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En Afrique du Sud, et notamment à Johannesbourg de nombreux gratte-ciel ont été édifiés surtout dans les années 1970, le plus haut étant le Carlton Centre (222 m) suivi par le Pearls Of Umhlanga à Umhlanga Rocks. Parmi les gratte-ciel notables, le Michelangelo dans la banlieue de Johannesbourg, l'Embassy Building à Durban, le Triangle House au Cap. L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique qui compte le plus de gratte-ciel. Ensuite on a sûrement le Maroc, l'Égypte, L'Algérie, Sénégal, Kenya...
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Il y a de très nombreux gratte-ciels en Australie du fait de la concentration de la population dans quelques villes millionnaires. La tour la plus haute du pays (hors antenne) est la Eureka Tower, haute de près de 297 mètres[30] sur 91 étages, située à Melbourne. C'était à son inauguration, en 2006, la plus haute tour d'habitation du monde. Sydney comprend une centaine d'immeubles de 100 mètres de hauteur et plus. Il faut noter la présence de nombreux gratte-ciels dans la ville balnéaire de Gold Coast au sud de Brisbane, qui comprend en 2014 la deuxième tour la plus haut d'Australie, la tour Q1, qui comprend 78 étages (275 mètres de hauteur hors antenne).
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En Nouvelle-Zélande, la plupart des gratte-ciels sont concentrés dans la plus importante ville du pays, Auckland. La tour la plus haute du pays est le Vero Centre, haute de 170 mètres.
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Les villes (villes sans agglomération) qui en comportent le plus sont au 14 mai 2017, selon la société Emporis[22] :
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Cependant, il faut prendre ces chiffres avec prudence. Emporis ne recense pas tous les gratte-ciels, notamment pour les pays d'Amérique du Sud et d'Asie. Pour les villes asiatiques, les chiffres d'Emporis ne sont pas cohérents avec les chiffres de sa base de données. Il faut donc considérer ces chiffres comme un minimum, les chiffres pour l'Asie étant probablement beaucoup plus élevés, au minimum deux fois plus élevés pour la Chine.
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Dans l'ensemble de la planète, il se construit depuis 2010 plus de 1 200 gratte-ciels d'au moins 100 mètres de hauteur chaque année et ce nombre augmente très rapidement. La plupart sont construits en Asie en particulier en Chine. Ainsi d'après le Council on Tall Buildings and Urban Habitat sur les 128 gratte-ciels d'au moins 200 mètres de hauteur achevés en 2016, 67 % sont situés en Chine, les États-Unis venant en seconde position suivie de la Corée du Sud[31].
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D'après Skyscraperpage, il y a eu plus de gratte-ciels d'au moins 300 mètres de hauteur construit en 6 ans de 2011 à 2016 que des origines des gratte-ciel au XIXe siècle à 2010. Les perspectives de construction de gratte-ciels sont très favorables en Chine où, durant les prochaines années, des centaines de millions d'habitants vont quitter les campagnes pour s’installer en ville et surtout en Inde où il y a encore très peu de gratte-ciels vu la taille du pays.
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En Europe, les pays situés à l'est doivent rapidement s'équiper en immeubles de bureaux modernes et les pays de la moitié ouest, comme la France, développent de nouveaux centres urbains tels que La Défense.
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Dans beaucoup de pays, pour éviter l'étalement urbain qui rend difficile la rentabilisation des transports en communs et préserver les terres agricoles, les autorités densifient les villes existantes en autorisant la construction d'immeubles de grande hauteur. C'est par exemple le cas au Canada dans des agglomérations comme Toronto ou Vancouver.
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Par ailleurs, l'évolution des techniques de conception et de construction facilite les constructions en hauteur et la philosophie libérale incite les élus locaux de certains pays à mettre en place une planification urbaine plus souple.
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Chaque année aux États-Unis, des millions d'oiseaux migrateurs meurent en percutant les façades des immeubles des gratte-ciels. La plupart des oiseaux qui migrent le font de nuit (pour éviter les prédateurs) et se repérent grâce aux étoiles[32]. Les associations écologistes et de protection des oiseaux essaient de sensibiliser les villes et les États à cette question et proposent de nouvelles normes de construction et d'éclairage[32].
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Selon les sources, les chiffres concernant la hauteur d'un gratte-ciel peuvent diverger. La question est en effet de savoir si l'on compte ou non les antennes et flèches ou simplement la hauteur du dernier étage. Officiellement, on compte dans la hauteur d'un gratte-ciel les antennes si elles font partie de la structure de l'édifice - on les appellera d'ailleurs plutôt « flèches » en anglais : spire. C'est-à-dire que, si l'on enlevait la flèche, on modifierait radicalement l'architecture et l'esthétique du bâtiment. L'exemple type du gratte-ciel à flèche est le Chrysler Building à New York. En revanche, si des antennes ont été rajoutées a posteriori sur le gratte-ciel, mais sans faire partie de la structure de l'édifice, elles ne sont pas comptabilisées.
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Cette distinction, qui peut paraître inutile, a en fait pris toute son importance en 1997, lorsque les tours Petronas à Kuala Lumpur ont ravi le titre de plus haut gratte-ciel du monde à la Willis Tower de Chicago. La taille officielle des premières est de 452 m contre 442 m pour la Willis Tower. Mais, pour les tours Petronas, il s'agit de la hauteur de la flèche structurale, le toit s'élevant en fait à 410 m. Alors que pour la Willis Tower, c'est bien le toit qui s'élève à 442 m, les deux immenses antennes (qui culminent à 527 m) ne faisant pas partie de la structure. Ainsi, si l'on mettait ces trois tours côte à côte, un spectateur aurait, au premier coup d'œil, l'impression que la Willis Tower est bien plus grande.
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Les bâtiments dont le nom est en gras ont détenu le titre de plus haut gratte-ciel du monde à leur achèvement.
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Le terme de gravure désigne l'ensemble des techniques artistiques, artisanales ou industrielles qui utilisent l’incision ou le creusement pour produire une image, un texte ou toute autre inscription dans la matière.
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Le principe consiste à inciser ou à creuser à l'aide d'un outil ou d'un mordant une matrice. Après encrage, celle-ci est imprimée sur du papier ou sur un autre support. L'œuvre finale ainsi obtenue s'appelle une estampe. Par abus de langage, « gravure », « estampe » et « tirage » sont souvent confondus.
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Le terme « estampe » est utilisé pour désigner l'œuvre résultant d'un procédé de gravure. Le tirage papier est généralement multiple.
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Le terme « illustration » est utilisé quand la gravure est utilisée pour mettre en valeur un texte (remarque : le tirage peut parfois utiliser un procédé d'imprimerie et le nombre d'exemplaires est alors important).
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La gravure est un terme générique. On peut graver pour réaliser une plaque (nom sur boite aux lettres), un timbre, un exlibris, une illustration et une estampe.
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La lithographie (du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») ou la sérigraphie (estampes par écrans de soie) ne devraient strictement pas être considérées comme techniques de gravure mais plutôt comme d’autres moyens de reproduire en multiple de dessins.
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La première technique identifiée est la xylographie (du grec xylo, « bois » et graphein, « écrire »), apparue en Chine au VIIe siècle. Parallèlement à l'invention de l'imprimerie en Europe, ces techniques connaîtront un développement considérable à partir de la Renaissance.
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Durant la Préhistoire (pétroglyphes), l'Antiquité (gravure lapidaires), l'œuvre finale est l'objet gravé. Cependant, dès le Moyen Âge, la gravure va être largement utilisée comme technique d'impression et de reproduction des images. Après avoir gravé le dessin sur un support dur et plat, l'artiste procède à l'encrage de la gravure et la transpose sur un nouveau support, en général une feuille de papier. Il existe trois grands procédés de gravure de reproduction, qui recouvrent des techniques diverses.
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On parle de taille d'épargne, ou de gravure en relief lorsque « la planche est creusée partout où l'impression ne doit pas avoir d'effet ; le dessin seul est conservé au niveau initial de la surface de la planche, il est épargné »[1]. L'impression d'une gravure en taille d'épargne peut se faire à la main, ou sur une presse typographique. C'est la technique employée pour la gravure sur bois et la linogravure.
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Thomas Bewick, illustration pour History of British Birds (1847), gravure sur bois de bout.
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Gravure sur bois de fil (1897), La Nuit, Félix Vallotton
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Linogravure, 2 couleurs, Ivo Kruusamägi
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Linogravure en 4 couleurs, Ethel Spowers(1890-1947)
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La gravure en taille-douce, ou gravure en creux, se pratique le plus souvent sur du cuivre. Contrairement à la taille d'épargne, l'encre va se déposer dans les creux gravés par l'artiste. L'impression de la plaque se fait sur une presse à taille-douce.
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La gravure sur verre et cristal s'exécute suivant différentes manières. Cette technique verrière de l'atelier à froid permet de créer un décor sur la surface du verre.
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Certains auteurs[2] ajoutent la gravure à plat (ou impression à plat, ou planographie)[3] aux deux précédentes catégories. C'est le cas de la lithographie, du monotype ou de la sérigraphie qui ne nécessitent pas de reliefs, et ne sont donc pas des « gravures » au sens strict du terme mais assimilés comme tels. Cependant, la première forme de la lithographie, inventée et lentement mise au point par Aloys Senefelder, à partir de 1796, était une technique d’impression basée sur un très faible relief.
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Ces trois procédés recouvrent des techniques diverses, qui peuvent être catégorisées de la façon suivante.
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La gravure sur pierre est présente depuis l'Antiquité. Les graveurs sur pierre sont appelés lapicides.
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La gravure sur bois est connue depuis au moins le VIIe siècle en Chine, les plus anciennes traces sont vers les portes occidentales chinoises de la Route de la soie, aux grottes de Mogao, à Dunhuang. Elles étaient utilisées à l'origine pour les sutras, livres des canons bouddhiques. Les Chinois inventèrent également le papier (en -206, sous la dynastie des Han occidentaux), ce qui permit, avec l'imprimerie, de diffuser rapidement et à moindre coût des ouvrages en tout genre, puis à partir du XIe siècle, sous la dynastie Song du Nord, pour imprimer les billets de banque ou des publicités, des cartes à jouer ou divers autres objets du quotidien commencèrent à être imprimés[pas clair].
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On sait que les Arabes se sont approprié cette technique lors d'une bataille avec les Chinois dans l'actuel Xinjiang.
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Les Mongols qui ont conquis et dirigé la Chine sous la Dynastie Yuan, fondée par Kubilai Khan, au XIIIe siècle ont également eu accès à cette technique et avaient l'habitude de déplacer techniciens et techniques d'un bout à l'autre de leur empire, le plus vaste jamais créé, étendu jusqu'en Europe de l'Est et en Afrique du Nord à l'ouest, et en Corée et Sibérie à l'est.
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Bien que de nombreuses techniques venues d'Orient, parmi lesquelles de nombreuses découvertes en mathématiques (chiffres dits arabes, l'algèbre), les armes (trébuchet, armes à feu, arbalète), le papier, le moulin à vent et autres techniques orientales soient arrivées en Europe à l'époque des croisades et des échanges qui ont suivi, il n'y a pas de preuve formelle que cette technique ait été introduite en Occident par la route de la soie. Certains spécialistes supposent que la technique de la xylographie a été réinventée dans la vallée du Rhin, soit en Europe du Nord, la localiser plus finement est impossible[réf. nécessaire].
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Le bois Protat[4], la plus ancienne matrice occidentale en bois, est datée autour de 1380 : plus précisément, il s'agit du fragment d'une planche en bois de noyer (0,60 × 0,23 cm), qui fut exécutée à Laives, canton de Sennecey (Saône-et-Loire), en Bourgogne, et qui représente, sur une face, Le Centurion et les deux soldats et sur l'autre, L'Ange de l'Annonciation[5]. Signalons aussi le Saint Christophe retrouvé dans la bibliothèque de Buxheim collé sur un manuscrit de 1423[6].
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La xylographie précède l'imprimerie. Les techniques de gravure sont très liées au support, car celui-ci doit être peu onéreux pour que l'utilisation d'un original recopiable soit intéressante, d'où l'importance de l'introduction du papier. L'évolution de la production xylographique va donc suivre le développement de l'imprimerie.
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La gravure sur bois se développe parallèlement à l'utilisation du papier, vers 1400. Elle permet de reproduire des estampes en grande quantité et touche un public populaire. La gravure sur cuivre, permettant des reproductions plus détaillées, est plus onéreuse et s'adresse à des commanditaires cultivés. Elle se généralise à partir de 1430 dans la vallée du Rhin et profite des techniques de l'orfèvrerie : Schongauer et Dürer sont orfèvres de formation.
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Il est difficile avant Schongauer d'attribuer les œuvres : on désigne ces graveurs anonymes le plus souvent « par le nom de leur manière »[6] :
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La Vénétie, la Dalmatie, l'Émilie et la Lombardie voient la xylographie et la gravure sur cuivre se développer dans la première moitié du XVe siècle : voir à ce propos la collection d'images de dévotion du notaire Jacopo Rubieri (né à Parme en 1430).
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Au cours de cette période, la gravure oscille entre la reproduction et le genre autonome qui puise l'essentiel de son inspiration dans le libertinage et les fêtes.
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Deux précurseurs du mouvement baroque :
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Avec les artistes suivants, le baroque s'affirme tant dans les sujets que dans la technique :
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Anvers et les Flandres sont de véritables pépinières d'artistes ; ces derniers feront, presque tous, le voyage en Italie afin de parfaire leur technique.
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Parmi eux, retenons :
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L'engouement des collectionneurs du XVIIIe siècle pour les vues de paysages italiens oriente la production des graveurs tels Vanvitelli (1653-1736), Giuseppe Vasi (1710-1782), Luca Carlevarijs (1663-1730), Marco Ricci (1617-1730). Ce dernier, dans ses eaux-fortes, introduira les traits minuscules et dentelés afin de traduire les effets de lumière et le mouvement des frondaisons.
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Les illustrations de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert montrent combien cet art contribua à populariser la culture.
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Au XVIIIe siècle, la gravure sur cuivre sous ses diverses formes (taille-douce, eau-forte, etc) prédomine. La gravure sur bois se cantonne à l'imagerie populaire.
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Introduite en France par Charles Thompson, vers 1818, cette technique est utilisée de manière universelle par l'édition et la presse. Des centaines de graveurs, desquels se détachent de grands noms, comme Héliodore Pisan, François Pannemaker et fils, Hippolyte Lavoignat, travaillent quotidiennement pour interpréter les œuvres des grands illustrateurs comme Honoré Daumier, Gustave Doré, Grandville, entre autres. Avec la croissance de la presse, la gravure sur bois tend à devenir une industrie de reproduction, servie par des techniciens virtuoses, mais souvent dépourvue de créativité.
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Les tentatives de retour à une gravure sur bois originale, avec des graveurs comme Auguste Lepère, arrive trop tard à la fin du XIXe siècle, la gravure étant supplantée par les techniques basées sur la photographie (similigravure).
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La création de sociétés regroupant les graveurs est un des événements importants de la seconde moitié du XIXe siècle : Société des aquafortistes en 1862, Société des peintres-graveurs français en 1889. Le modèle en est la Society of Engravers, fondée à Londres en 1802.
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L'École de Barbizon est à l'initiative de la revue Eau-forte, et expérimente de nouvelles techniques comme le cliché-verre[16]. Millet et Corot vont adopter cette nouvelle technique (Le Petit Berger, Corot, Milan, 1855, A. Bertarelli). Antonio Fontanesi redécouvre l'eau-forte d'invention : il a recours à la morsure à répétition (effets de lumière). Il utilise aussi le cliché-verre.
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Giovanni Fattori (1825-1908) est un des grands maîtres de l'eau-forte, ce qui fera dire à Baudelaire : « Parmi les expressions de l'art plastique, l'eau-forte est celle qui se rapproche le plus de l'expression littéraire et qui est la mieux faite pour l'homme spontané[17]. »
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Rodolphe Ackermann (20 avril 1764 à Stollberg, Électorat de Saxe-30 mars 1834 à Finchley, Londres) est un libraire, lithographe, éditeur et l'un des pionniers de l'illustration des livres d'art. Il a notamment contribué à démocratiser la technique de l'aquatinte ou aquateinte, procédé de gravure à l'eau-forte.
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Whistler (1834-1903) est initié à la gravure avec Fantin-Latour, Courbet, et Legros. Il débutera par l'eau-forte pour ensuite travailler la pointe sèche en 1871 (Portrait de la famille Leyland). Francis Hayden (1818-1910), mixera les techniques pour traduire les effets d'atmosphère : pointe sèche, brunissoir, morsure, aquatinte.
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Les impressionnistes, comme Manet vont utiliser gravure et lithographie afin de traduire une atmosphère (La danseuse Lola de Valence, Paris, Bibliothèque nationale). Degas fera de même en y ajoutant le monotype (Femme à sa toilette, 1885, Paris, bibliothèque d'Art et d'Archéologie). Pissarro est plus amateur de gravure sur bois (Femmes faisant de l'herbe, 1895). Il ne faut pas oublier Pierre Renoir, Paul Cézanne, Vincent van Gogh. Quant à Paul Gauguin (1848-1903), il a une prédilection pour la gravure sur bois (Te Faruru, 1893, Chicago, Art Institute).
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Débarrassée de ses contraintes utilitaires, la gravure revient à un pur domaine artistique, retrouvant et modernisant les techniques traditionnelles. Le XXe siècle redécouvre le bois de fil, sa simplicité et sa valeur expressive, avec des artistes comme Félix Vallotton (La Manifestation, Lausanne, galerie Vallotton) et Edvard Munch.
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Les artistes des mouvements Die Brücke et du Blaue Reiter sont attirés par la gravure sur bois où ils peuvent jouer avec la simplification des formes.
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Matisse expérimente toutes les techniques : xylogravure, eau-forte, pointe sèche (Henri Matisse gravant, 1900), lithographie (Grande odalisque avec pantalon à bayadère, 1925, Berne, E.W.K. collection), aquatinte et linogravure.
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Giorgio Morandi (1890-1964) « parvient à fusionner une lumière génératrice de la forme, un volume qui la construit plastiquement et une couleur qui permet de la distinguer en se plaçant comme ton ou “couleur position[6]” ». Maîtrise du trait, morsure unique grâce au mordant hollandais lui permettent de transcrire les flots de lumière.
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Picasso (1881-1973) a énormément gravé : pas moins de 2 000 œuvres connues. Initié par Roger Lacourière en 1933 au burin et à l'aquatinte avec du sucre, il créera la Suite Vollard. Il essaie tous les procédés et les renouvelle : les différents états nous montrent un artiste perfectionniste.
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Georges Gimel (1898-1962), à partir de 1921, réalise de nombreux bois gravés au burin et des aquatintes au sel pour des illustrations : Musiciens, préface d’André Cœuroy, portrait de Déodat de Séverac, retenu par la Bibliothèque nationale de France[18]. Il met au point des xylographies avec lesquelles il exécute des tissus imprimés pour la décoration et pour la haute couture.
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Valentin Le Campion (1903-1952) se spécialise dans les ex-libris.
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Claude Jumelet (1946-) est un ancien élève de l'École Estienne. C'est un graveur taille-doucier très récompensé, maître-graveur à l'Imprimerie des Timbres-poste de Périgueux et membre d'Art du timbre gravé.
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Jacky Larrivière (1946-) Idem ci-dessus.
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L'utilisation de nouveaux matériaux et de nouveaux procédés[10], notamment dans les œuvres de Jean Fautrier, Raoul Ubac, Johnny Friedlaender, Stanley Hayter, Henri-Georges Adam, George Ball, Roger Vieillard, Marcel Fiorini, Louttre.B ou Pierre Courtin, libère la gravure de toute subordination au dessin ou à la peinture et, l'engageant dans la reconnaissance de ses moyens spécifiques, assure l'entière autonomie de son expression.
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Les ateliers de gravure, comme celui de Stanley William Hayter (Atelier 17), de Joëlle Serve (atelier 63), de tirage comme l'atelier Lacourière-Frélaut vont participer au renouveau de la gravure. Philippe Mohlitz, George Ball ou Érik Desmazières remettent à l'honneur le burin, Mario Avati la manière noire, Philippe Favier la pointe sèche, et de nombreux artistes, jeunes et moins jeunes, s'intéressent à la gravure pour la variété des techniques et leurs multiples combinaisons. Un débouché existe dans la gravure en taille-douce de certains timbres-poste avec les anciens élèves issus de l'École Estienne groupés dans l'association Art du timbre gravé.
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Dans les années 1960, il y a un autre type de gravure qui a fait son apparition en France pour l'industrie de l'Art funéraire. Cette gravure venant vraisemblablement des pays de l’Est, à Paris il y avait deux Yougoslaves et un Russe.
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Cette technique de gravure se réalise sur du granit noir fin, poli comme un miroir, à l'aide de pointes à tracer au diamant. En principe, c'est du Marlin, du Zimbabwe, de Chine, il existe également un granit noir fin venant de Suède qui est le plus onéreux des granits.
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Cette gravure a deux désignations, du fait qu'elle se réalise sur du granit, c'est une lithogravure, la technique est dite à la pointe sèche.
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C'est une gravure lapidaire unique où la maîtrise du dessin et de la connaissance de la matière à graver est obligatoire, ainsi qu'avoir une bonne sensibilité artistique. Dans les interstice de cette gravure il faut mettre de la peinture pour donner tout son éclat à cette gravure et qu'elle résiste aux intempéries puisqu'elle est réalisé pour l'Art funéraire (Voir la Vierge aux Lys, ci-contre, de Michel Robardet, signature en bas à gauche).
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Avec les techniques modernes, il existe de la gravure au sablage, à la fraise électrique, au laser et dont les opérateurs se servent d'ordinateurs, ce qui enlève le côté artistique de la gravure à main levée.
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Les roches (du latin populaire rocca) sont des matériaux naturels généralement solides et formés, essentiellement ou en totalité, par un assemblage de minéraux, comportant parfois des fossiles (notamment dans les roches sédimentaires), du verre résultant du refroidissement rapide d'un liquide (volcanisme, friction...) ou des agrégats d'autres roches. Les roches peuvent être formées d'une seule espèce minérale (roches monominérales) ou de plusieurs (roches polyminérales) :
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L'ensemble présente une certaine homogénéité statistique. La classification des roches est complexe, car elle est basée sur un grand nombre de critères.
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La roche présente une grande diversité d'aspects décrits comme suit :
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La science de la description et de l'analyse des roches se nomme la pétrographie (du grec petra, « pierre », et graphê, « description »). La pétrologie (du grec petra et logos, « étude ») quant à elle, étudie les mécanismes de formation et de transformation des roches. La discipline scientifique associée à l'étude des mouvements et déformations des roches s'appelle la mécanique des roches.
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Un bloc de roche constitue un rocher.
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Les roches sont classées selon leur composition, leur origine ou la modalité de leur formation ; d'abord en quatre grandes catégories :
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On peut également classer les roches en trois types, selon leurs propriétés :
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Les roches présentent une dureté qui varie énormément. Le talc et le gypse présentent un indice très faible et s'érodent très facilement. Le corindon et le diamant, quant à eux font partie des roches les plus dures[1].
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L'homogénéité des roches varie en fonction des minéraux. On en distingue quatre types de textures[2] :
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Les roches peuvent plus ou moins se dilater.
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Certaines roches sont perméables, c'est-à-dire qu'elles laissent passer l'eau à grande échelle (perméables en petit, sur un petit échantillon) ou à petite échelle (perméable en grand, par des fissures ou diaclases, par exemple dans les terrains karstiques) ; d'autres sont imperméables, telles que l'argile. Les roches poreuses, comme le grès, permettent à l'eau de s'infiltrer. Les roches poreuses peuvent être des roches-réservoirs (gaz naturel, pétrole, eau). Aussi, d'autres roches et minéraux sont solubles[3],[4] :
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Plusieurs critères génétiques conduisent à la diagnose pétrographique et la pétrologie de la roche[5] :
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Associés à une analyse minéralogique, ces critères permettent de déterminer le nom d'une roche.
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Les roches servent dans de nombreuses utilisations, notamment :
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La gravitation, l'une des quatre interactions fondamentales qui régissent l'Univers, est l'interaction physique responsable de l'attraction des corps massifs. Elle se manifeste notamment par l'attraction terrestre qui nous retient au sol, la gravité, qui est responsable de plusieurs manifestations naturelles ; les marées, l'orbite des planètes autour du Soleil, la sphéricité de la plupart des corps célestes en sont quelques exemples. D'une manière plus générale, la structure à grande échelle de l'Univers est déterminée par la gravitation.
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Plusieurs théories ont tenté de rendre compte de la gravitation. Actuellement encore, la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein (1915) reste la plus satisfaisante. Elle considère la gravitation comme une manifestation de la courbure de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. La loi de la gravitation de Newton, élaborée à la fin du XVIIe siècle, demeure cependant une excellente approximation dans les cas non relativistes (vitesses faibles par rapport à celle de la lumière et masses de l'ordre de la masse solaire ou inférieures).
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À l’échelle microscopique, la gravitation est la plus faible des quatre interactions fondamentales de la physique ; elle devient dominante au fur et à mesure que l’échelle de grandeur augmente. Avec la force électromagnétique, elle est l'une des deux interactions à agir au-delà de la dimension du noyau atomique. De plus, comme elle est toujours attractive, elle domine sur les forces électromagnétiques qui l'emportent à plus courte portée, étant tantôt attractives, tantôt répulsives.
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La théorie de la gravitation est ainsi toujours l'objet de nombreuses recherches, et la communauté scientifique considère qu'élaborer une théorie plus complète de la gravitation, capable de prendre en compte les effets de nature microscopique (quantiques), et pour cette raison appelée gravitation quantique, est un des grands défis à relever pour la physique du XXIe siècle.
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Penser, comme Aristote, que sur Terre (et avec l'hypothèse du vide atmosphérique) plus un corps est lourd, plus il tombe vite c'est faire une confusion entre quantité et qualité :
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Ainsi, bien qu'elles soient intimement associées dans nos expériences et nos sensations courantes, les deux grandeurs (poids et vitesse de chute) sont bien distinctes.
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La distinction ci-dessus entre qualité et quantité n'explique pas qu'en l'absence d'air, du bois et du métal tombent exactement à la même vitesse. Ce fait expérimental laisse penser que ces deux matières différentes (ainsi que toutes les autres) ont en commun la même qualité. Les expérimentations et les réflexions sur ce sujet ont donné le principe d'équivalence.
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En termes plus précis et plus scientifiques, la relativité générale étudie la gravitation et, comme « qualité commune » aux corps dans le problème posé ci-dessus, permet de proposer « l'énergie », bien qu'en toute rigueur cette théorie admet comme hypothèse l'existence de cette « qualité commune » (en admettant le principe d'équivalence) et qu'elle exclut toute idée d'attraction et de force gravitationnelle.
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En laissant tomber simultanément des objets de poids, formes ou volumes très différents, par exemple une balle de mousse et une bille de métal de même diamètre, depuis une hauteur d'homme, on peut penser qu'il y a égalité des vitesses de chute[a]. Mais quand la hauteur de chute est plus grande, des différences perceptibles apparaissent, du fait des frottements de l'air. Galilée sera le premier à comprendre que les frottements sont la seule cause des différences de vitesses entre ces corps.
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18 |
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Le philosophe grec Archimède a découvert le centre de gravité d'un triangle[1]. Il a également postulé que si deux poids égaux n'avaient pas le même centre de gravité, le centre de gravité des deux poids combinés serait au milieu de la ligne qui joint leurs centres de gravité respectifs[2].
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+
L'architecte et ingénieur romain Vitruve postule dans l'ouvrage De Architectura que la gravité d'un objet ne dépend pas de son poids mais plutôt de sa nature[3].
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Dans l'Inde ancienne, Aryabhata a identifié la force pour expliquer pourquoi les objets ne sont pas projetés vers l'extérieur lorsque la Terre tourne. Brahmagupta a décrit la gravité comme une force d'attraction et a utilisé le terme «Gurutvaakarshan» pour décrire cette dernière[4],[5].
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Par une expérience, mythique, réalisée du haut de la tour de Pise, le savant italien Galilée (1564-1642) aurait constaté que des balles lourdes et de poids différents ont le même temps de chute, mais, quand il explique dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde pourquoi il en est ainsi dans le vide, il justifie par des expériences de pensée : notamment en imaginant deux pierres de même poids et forme, chutant simultanément et reliées ou non par un lien, formant ainsi deux corps séparés de même poids ou bien un seul de poids double, mais ayant dans tous les cas la même vitesse de chute[6].
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Vers 1604, Galilée utilise un constat : un objet en chute libre possède une vitesse initiale nulle, mais quand il arrive au sol, sa vitesse… n'est pas nulle. Donc la vitesse varie durant la chute. Galilée propose une loi simple : la vitesse varierait continûment à partir de 0, et proportionnellement au temps écoulé depuis le début de la chute.
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Ainsi : vitesse = constante × temps écoulé.
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Il en conclut, après un calcul similaire à la démonstration établie plus de deux siècles auparavant par Nicolas Oresme[réf. nécessaire], que, pendant une chute, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps écoulé.
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32 |
+
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33 |
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Plus précisément : distance = ½ constante × temps écoulé2 (avec la même constante que ci-dessus).
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34 |
+
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35 |
+
Son idée est confirmée dans une expérience, avec du matériel construit de sa main : une gouttière inclinée le long de laquelle des clochettes sont disposées pour indiquer le passage de la bille.
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36 |
+
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37 |
+
La constante sera notée g (accélération de la pesanteur) et sa valeur déterminée expérimentalement (environ 9,81 m/s2). La pesanteur varie notamment selon le lieu sur Terre. Par convention sa valeur normale est fixée à g0 = 9,80665 m·s−2.
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38 |
+
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39 |
+
Mathématicien autant que physicien, Isaac Newton mit au point, entre 1665 et 1685, sa théorie de la mécanique basée sur l’étude de l’accélération, et non seulement de la vitesse comme le faisaient Galilée et René Descartes.
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40 |
+
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41 |
+
Newton chercha à unifier les lois connues pour les objets sur Terre et les lois observées pour les astres, notamment la gravitation terrestre et les mouvements des planètes, en considérant et traitant la gravitation comme une force.
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42 |
+
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43 |
+
En considérant deux corps ponctuels exerçant une force gravitationnelle l’un sur l’autre, une justification de la loi de Newton est la suivante :
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44 |
+
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45 |
+
En écrivant le principe fondamental de la dynamique pour le corps A de masse inerte
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46 |
+
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47 |
+
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48 |
+
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49 |
+
m
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50 |
+
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51 |
+
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52 |
+
{\displaystyle m}
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53 |
+
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54 |
+
, on obtient
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55 |
+
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56 |
+
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57 |
+
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58 |
+
m
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59 |
+
.
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60 |
+
a
|
61 |
+
=
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62 |
+
G
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63 |
+
⋅
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64 |
+
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65 |
+
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66 |
+
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67 |
+
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68 |
+
m
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69 |
+
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70 |
+
A
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71 |
+
|
72 |
+
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73 |
+
.
|
74 |
+
|
75 |
+
m
|
76 |
+
|
77 |
+
B
|
78 |
+
|
79 |
+
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80 |
+
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81 |
+
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82 |
+
d
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83 |
+
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84 |
+
2
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85 |
+
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86 |
+
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87 |
+
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88 |
+
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89 |
+
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90 |
+
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91 |
+
{\displaystyle m.a=G\cdot {\frac {m_{A}.m_{B}}{d^{2}}}}
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92 |
+
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93 |
+
. On constate que pour que l’accélération
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94 |
+
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95 |
+
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96 |
+
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97 |
+
a
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98 |
+
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99 |
+
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100 |
+
{\displaystyle a}
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101 |
+
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102 |
+
(et donc la vitesse) d’un corps en chute libre sur terre soit indépendante de sa masse inertielle
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103 |
+
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104 |
+
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105 |
+
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106 |
+
m
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107 |
+
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108 |
+
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109 |
+
{\displaystyle m}
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110 |
+
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111 |
+
(comme l’a expérimenté Galilée), il faut que
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112 |
+
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113 |
+
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114 |
+
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115 |
+
m
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116 |
+
=
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117 |
+
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118 |
+
m
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119 |
+
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120 |
+
A
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121 |
+
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122 |
+
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123 |
+
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124 |
+
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125 |
+
{\displaystyle m=m_{A}}
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126 |
+
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127 |
+
pour ce corps, c’est-à-dire que la « masse gravifique » soit égale à la masse inertielle, indépendamment de la nature du corps (en fait la proportionnalité entre ces masses suffit, avec le même coefficient pour tous les matériaux, ensuite on peut les rendre égales avec un choix des unités de mesure). Newton a testé cette égalité pour de nombreux matériaux, et depuis les expériences n’ont jamais cessé, avec de plus en plus de raffinements (balance d’Eötvös, etc.). Depuis, cette égalité a été appelée le principe d’équivalence faible.
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128 |
+
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129 |
+
L’action à distance (sans contact, à travers le vide) et la propagation instantanée de la force de gravitation ont aussi suscité des doutes, y compris de Newton.
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130 |
+
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131 |
+
Dans l’écriture vectorielle moderne, la force gravitationnelle s’écrit :
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132 |
+
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133 |
+
La loi newtonienne de la gravitation permet d'expliquer l'origine de la loi de Galilée : en notant r le rayon terrestre et mT la masse de la Terre, on obtient
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134 |
+
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135 |
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g
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=
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+
G
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+
⋅
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+
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+
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+
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+
m
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+
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146 |
+
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147 |
+
T
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148 |
+
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149 |
+
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150 |
+
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+
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152 |
+
r
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+
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154 |
+
2
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+
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+
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161 |
+
{\displaystyle g=G\cdot {\frac {m_{\mathrm {T} }}{r^{2}}}}
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162 |
+
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163 |
+
m·s−2 soit approximativement 9,8 m/s2.
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164 |
+
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165 |
+
La théorie newtonienne est bien vérifiée expérimentalement. D’un point de vue technique, elle suffit pour faire voler des objets plus lourds que l’air et pour envoyer des hommes sur la Lune. La force de pesanteur est la résultante de la force de gravité et de forces axifuges (la force centrifuge liée à la rotation de la terre sur elle-même, de la loi de l’inertie du mouvement, etc.).
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166 |
+
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167 |
+
Joseph-Louis Lagrange a réécrit, à partir de 1762, la théorie de la gravitation et l'ensemble de la physique en y introduisant le principe de moindre action qui avait été formulé par Pierre Louis Maupertuis vers 1744.
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168 |
+
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169 |
+
William Rowan Hamilton, vers 1830, a substitué au principe de moindre action la notion d'énergie, qui est une constante pour tout système isolé (c’est-à-dire : sans interaction avec l'extérieur) et qui sera de la plus grande importance pour la physique relativiste et en mécanique quantique, au XXe siècle.
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170 |
+
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171 |
+
L'idée d'un champ de force, introduite par Michael Faraday, ne permit qu'une réécriture de la théorie de la gravitation newtonienne, mais cette notion se révélera féconde quand il s'agira de concevoir la gravitation relativiste. Le champ ou champ de force de la gravitation est une propriété de l'espace due à la masse d'un corps. Une autre masse entrant en contact avec ce champ est soumise à une influence, une force, due au champ. Ainsi, l'influence gravitationnelle n'est pas, dans ce cadre, créée et transportée instantanément d'un corps à l'autre, mais est déjà présente dans tout l'espace sous la forme du champ et à son contact un corps voit sa dynamique modifiée. Toutefois, le champ est lui-même instantanément modifié par le corps qui le crée.
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172 |
+
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173 |
+
Si M est la masse du corps ponctuel émetteur du champ, et si r est la distance entre ce corps et le point de l'espace que l'on considère, le champ en ce point s'exprime par
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174 |
+
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175 |
+
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176 |
+
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177 |
+
V
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178 |
+
(
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179 |
+
r
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180 |
+
)
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181 |
+
=
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182 |
+
−
|
183 |
+
|
184 |
+
|
185 |
+
|
186 |
+
G
|
187 |
+
.
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188 |
+
M
|
189 |
+
|
190 |
+
r
|
191 |
+
|
192 |
+
|
193 |
+
|
194 |
+
,
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195 |
+
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196 |
+
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197 |
+
{\displaystyle V(r)=-{\frac {G.M}{r}}\,,}
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198 |
+
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199 |
+
le « potentiel gravitationnel » .
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200 |
+
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201 |
+
Un corps ponctuel de masse m étant en contact avec ce champ, la force qu'il subit est
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202 |
+
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203 |
+
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204 |
+
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205 |
+
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206 |
+
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207 |
+
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208 |
+
F
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209 |
+
→
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210 |
+
|
211 |
+
|
212 |
+
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213 |
+
(
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214 |
+
r
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215 |
+
)
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216 |
+
=
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217 |
+
−
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218 |
+
m
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219 |
+
|
220 |
+
|
221 |
+
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222 |
+
∇
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223 |
+
→
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224 |
+
|
225 |
+
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226 |
+
|
227 |
+
V
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228 |
+
(
|
229 |
+
r
|
230 |
+
)
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231 |
+
=
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232 |
+
−
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233 |
+
|
234 |
+
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235 |
+
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236 |
+
G
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237 |
+
.
|
238 |
+
M
|
239 |
+
.
|
240 |
+
m
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241 |
+
|
242 |
+
|
243 |
+
r
|
244 |
+
|
245 |
+
2
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246 |
+
|
247 |
+
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248 |
+
|
249 |
+
|
250 |
+
.
|
251 |
+
|
252 |
+
|
253 |
+
|
254 |
+
|
255 |
+
u
|
256 |
+
→
|
257 |
+
|
258 |
+
|
259 |
+
|
260 |
+
|
261 |
+
|
262 |
+
|
263 |
+
r
|
264 |
+
→
|
265 |
+
|
266 |
+
|
267 |
+
|
268 |
+
|
269 |
+
|
270 |
+
|
271 |
+
{\displaystyle {\vec {F}}(r)=-m{\vec {\nabla }}V(r)=-{\frac {G.M.m}{r^{2}}}.{\vec {u}}_{\vec {r}}}
|
272 |
+
|
273 |
+
, où
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274 |
+
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275 |
+
|
276 |
+
|
277 |
+
|
278 |
+
|
279 |
+
|
280 |
+
|
281 |
+
u
|
282 |
+
→
|
283 |
+
|
284 |
+
|
285 |
+
|
286 |
+
|
287 |
+
|
288 |
+
|
289 |
+
r
|
290 |
+
→
|
291 |
+
|
292 |
+
|
293 |
+
|
294 |
+
|
295 |
+
|
296 |
+
|
297 |
+
{\displaystyle {\vec {u}}_{\vec {r}}}
|
298 |
+
|
299 |
+
est le vecteur unitaire de même direction et de même sens que
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300 |
+
|
301 |
+
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302 |
+
|
303 |
+
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304 |
+
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305 |
+
|
306 |
+
r
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307 |
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→
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308 |
+
|
309 |
+
|
310 |
+
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311 |
+
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+
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313 |
+
{\displaystyle {\vec {r}}}
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314 |
+
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315 |
+
qui va de M à m.
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316 |
+
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317 |
+
Après avoir énoncé la théorie de la relativité restreinte en 1905, Albert Einstein cherche à la rendre compatible avec la gravitation, dont l'effet est supposé se propager à une vitesse infinie dans la théorie de Newton, alors que la vitesse de la lumière est la vitesse maximale pour toute interaction selon la relativité restreinte.
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318 |
+
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319 |
+
Vers 1915, on émet l'hypothèse que la gravitation n'est pas une force au sens classique, que l'on donne à ce mot en physique, mais une manifestation de la déformation de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. Cette hypothèse résulte de l'observation que tous les corps tombent de la même façon dans un champ de gravitation, quelles que soient leur masse ou leur composition chimique. Cette observation, a priori fortuite en théorie newtonienne, mais remarquablement vérifiée expérimentalement, est formalisée sous le nom de principe d'équivalence et amène naturellement à considérer que la gravitation est une manifestation de la géométrie à 4 dimensions de l'espace-temps. Au terme traditionnel de force se substitue alors celui plus générique d'interaction.
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320 |
+
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321 |
+
La théorie ainsi construite, qui porte le nom de relativité générale, incorpore le principe de relativité, et la théorie newtonienne en est une approximation dans la limite des champs gravitationnels faibles et des vitesses petites devant celle de la lumière. En effet, les déformations de l'espace-temps prévues sous l'effet des corps massifs, quand ceux-ci ont une forte accélération, ne se propagent pas plus vite que la vitesse de la lumière, ce qui résout le paradoxe de l'instantanéité apparente de l'interaction newtonienne. Il en résulte des ondes gravitationnelles, détectées pour la première fois le 14 septembre 2015.
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322 |
+
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323 |
+
La gravitation newtonienne est suffisante pour décrire la majorité des phénomènes observés à l'échelle des étoiles. Elle suffit, par exemple, pour décrire l'évolution des planètes du Système solaire, à quelques détails près comme l'avance du périhélie de Mercure et l'effet Shapiro.
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324 |
+
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325 |
+
Mais la relativité générale est nécessaire pour modéliser certains objets et phénomènes astronomiques particuliers : les étoiles à neutrons, les mirages gravitationnels, les objets très compacts tels que les trous noirs, etc.
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326 |
+
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327 |
+
La gravitation étant la force dominante à l'échelle des distances astronomiques, les théories newtonienne et einsteinienne ont été confrontées depuis leurs créations respectives aux observations de la structure à grande échelle de l'univers. Si aux échelles des étoiles et des galaxies, la gravitation newtonienne est suffisante, dans beaucoup de situations, la théorie newtonienne est en difficulté. Par exemple, elle est incapable d'offrir une description cohérente d'un univers homogène infini alors que la relativité générale est parfaitement en mesure de décrire une telle situation.
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328 |
+
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329 |
+
La relativité générale seule ne suffit cependant pas pour décrire la structure à grande échelle de l'Univers. Il faut lui adjoindre des hypothèses sur la répartition spatiale de la matière. Les observations indiquent qu'à grande échelle, l'univers est remarquablement homogène (à plus petite échelle, la matière est bien sûr répartie de façon non uniforme : l'espace entre les étoiles d'une même galaxie est essentiellement vide, tout comme l'espace entre les galaxies). Ce fait observationnel avait au départ été supposé par Einstein, qui lui avait donné le nom de principe cosmologique. Sous cette hypothèse, la relativité générale permet, assez facilement du reste, une modélisation cohérente de l'Univers. Il existe cependant, outre la matière visible constituant les étoiles, et le gaz des galaxies, une matière noire aux propriétés et à la distribution encore très mal connues.
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330 |
+
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331 |
+
La dynamique de l'Univers va, elle, dépendre des propriétés de la matière qui le compose, en particulier de son équation d'état. On peut montrer que, sauf cas particulier, l'Univers ne peut être statique : il est soit en contraction, soit en expansion globales. De toute manière, une structure globale uniforme de l'Univers serait instable : les parties les plus denses, même très faiblement, finiraient par s'effondrer sous leur propre poids, attirant la matière des parties les moins denses, et les laissant entièrement vides. (Cependant, à moyenne échelle, l'Univers a une « structure d'éponge » et il existe d'énormes bulles sans matière visible).
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332 |
+
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333 |
+
Bien que la théorie de « l'Expansion » tienne peu compte des nombreuses interactions existant entre la matière et les rayonnements électromagnétiques (sinon, par exemple, seul le radar existerait ; on n'aurait pas de four à micro-ondes) ; les observations confirment globalement cette prédiction puisque l'on observe une récession apparente des galaxies, celles-ci s'éloignant de nous d'autant plus vite qu'elles sont éloignées. Le décalage spectral des lumières lointaines fut découvert par Edwin Hubble à la fin des années 1920. Plus tard, son élève, Allan Sandage introduisit le concept de l'Expansion, à la suite des travaux de Lemaître et Gamow. Elle indique que l'univers tel que nous le connaissons est issu d'une phase extraordinairement dense et chaude : le Big Bang. Plusieurs observations quantitatives confirment l'histoire du Big Bang, à partir de sa première minute. Le destin de l'univers n'est pas connu avec certitude, car le comportement à long terme de la matière est incertain. On a observé une accélération de l'expansion de l'univers, due à une force de répulsion à très longue distance, prévue comme une possibilité dans la Relativité Générale. Ceci semble être le signe probable que l'expansion durera indéfiniment, sans donner lieu à une phase de recontraction (Big Crunch) ou ; que cette expansion n'est qu'une apparence, très commode pour rendre compte de nombreuses observations.
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334 |
+
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335 |
+
La relativité générale a été conçue sur l'hypothèse de la continuité de l'espace-temps (et même sa différentiabilité) et sur l'hypothèse de la continuité de la matière (entre autres pour construire le tenseur de densité d'énergie-impulsion). Cette deuxième hypothèse est clairement une approximation au regard de la physique quantique.
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336 |
+
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337 |
+
La physique quantique étant l'exploration de l'infiniment petit, l'expérimentation de la gravitation dans ce cadre se heurte à un problème majeur : les trois autres forces qui y règnent sont au moins 1025 fois plus fortes, alors qu'il est déjà difficile d'expérimenter sur elles ; du coup les effets de la gravitation se perdent dans les inévitables imprécisions des mesures.
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338 |
+
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339 |
+
Cette difficulté expérimentale n'a pas empêché les tentatives théoriques de construire une gravitation quantique, sans résultat susceptible à ce jour de vérification expérimentale.
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340 |
+
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On peut toutefois remarquer que :
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342 |
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343 |
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Exemples de théories quantiques de la gravitation : théorie M, supergravité, géométrie non commutative, gravitation quantique à boucles.
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344 |
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2276.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,345 @@
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La gravitation, l'une des quatre interactions fondamentales qui régissent l'Univers, est l'interaction physique responsable de l'attraction des corps massifs. Elle se manifeste notamment par l'attraction terrestre qui nous retient au sol, la gravité, qui est responsable de plusieurs manifestations naturelles ; les marées, l'orbite des planètes autour du Soleil, la sphéricité de la plupart des corps célestes en sont quelques exemples. D'une manière plus générale, la structure à grande échelle de l'Univers est déterminée par la gravitation.
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Plusieurs théories ont tenté de rendre compte de la gravitation. Actuellement encore, la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein (1915) reste la plus satisfaisante. Elle considère la gravitation comme une manifestation de la courbure de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. La loi de la gravitation de Newton, élaborée à la fin du XVIIe siècle, demeure cependant une excellente approximation dans les cas non relativistes (vitesses faibles par rapport à celle de la lumière et masses de l'ordre de la masse solaire ou inférieures).
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À l’échelle microscopique, la gravitation est la plus faible des quatre interactions fondamentales de la physique ; elle devient dominante au fur et à mesure que l’échelle de grandeur augmente. Avec la force électromagnétique, elle est l'une des deux interactions à agir au-delà de la dimension du noyau atomique. De plus, comme elle est toujours attractive, elle domine sur les forces électromagnétiques qui l'emportent à plus courte portée, étant tantôt attractives, tantôt répulsives.
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La théorie de la gravitation est ainsi toujours l'objet de nombreuses recherches, et la communauté scientifique considère qu'élaborer une théorie plus complète de la gravitation, capable de prendre en compte les effets de nature microscopique (quantiques), et pour cette raison appelée gravitation quantique, est un des grands défis à relever pour la physique du XXIe siècle.
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Penser, comme Aristote, que sur Terre (et avec l'hypothèse du vide atmosphérique) plus un corps est lourd, plus il tombe vite c'est faire une confusion entre quantité et qualité :
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Ainsi, bien qu'elles soient intimement associées dans nos expériences et nos sensations courantes, les deux grandeurs (poids et vitesse de chute) sont bien distinctes.
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La distinction ci-dessus entre qualité et quantité n'explique pas qu'en l'absence d'air, du bois et du métal tombent exactement à la même vitesse. Ce fait expérimental laisse penser que ces deux matières différentes (ainsi que toutes les autres) ont en commun la même qualité. Les expérimentations et les réflexions sur ce sujet ont donné le principe d'équivalence.
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+
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+
En termes plus précis et plus scientifiques, la relativité générale étudie la gravitation et, comme « qualité commune » aux corps dans le problème posé ci-dessus, permet de proposer « l'énergie », bien qu'en toute rigueur cette théorie admet comme hypothèse l'existence de cette « qualité commune » (en admettant le principe d'équivalence) et qu'elle exclut toute idée d'attraction et de force gravitationnelle.
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+
En laissant tomber simultanément des objets de poids, formes ou volumes très différents, par exemple une balle de mousse et une bille de métal de même diamètre, depuis une hauteur d'homme, on peut penser qu'il y a égalité des vitesses de chute[a]. Mais quand la hauteur de chute est plus grande, des différences perceptibles apparaissent, du fait des frottements de l'air. Galilée sera le premier à comprendre que les frottements sont la seule cause des différences de vitesses entre ces corps.
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Le philosophe grec Archimède a découvert le centre de gravité d'un triangle[1]. Il a également postulé que si deux poids égaux n'avaient pas le même centre de gravité, le centre de gravité des deux poids combinés serait au milieu de la ligne qui joint leurs centres de gravité respectifs[2].
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+
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+
L'architecte et ingénieur romain Vitruve postule dans l'ouvrage De Architectura que la gravité d'un objet ne dépend pas de son poids mais plutôt de sa nature[3].
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Dans l'Inde ancienne, Aryabhata a identifié la force pour expliquer pourquoi les objets ne sont pas projetés vers l'extérieur lorsque la Terre tourne. Brahmagupta a décrit la gravité comme une force d'attraction et a utilisé le terme «Gurutvaakarshan» pour décrire cette dernière[4],[5].
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Par une expérience, mythique, réalisée du haut de la tour de Pise, le savant italien Galilée (1564-1642) aurait constaté que des balles lourdes et de poids différents ont le même temps de chute, mais, quand il explique dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde pourquoi il en est ainsi dans le vide, il justifie par des expériences de pensée : notamment en imaginant deux pierres de même poids et forme, chutant simultanément et reliées ou non par un lien, formant ainsi deux corps séparés de même poids ou bien un seul de poids double, mais ayant dans tous les cas la même vitesse de chute[6].
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+
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Vers 1604, Galilée utilise un constat : un objet en chute libre possède une vitesse initiale nulle, mais quand il arrive au sol, sa vitesse… n'est pas nulle. Donc la vitesse varie durant la chute. Galilée propose une loi simple : la vitesse varierait continûment à partir de 0, et proportionnellement au temps écoulé depuis le début de la chute.
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+
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+
Ainsi : vitesse = constante × temps écoulé.
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+
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Il en conclut, après un calcul similaire à la démonstration établie plus de deux siècles auparavant par Nicolas Oresme[réf. nécessaire], que, pendant une chute, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps écoulé.
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+
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+
Plus précisément : distance = ½ constante × temps écoulé2 (avec la même constante que ci-dessus).
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+
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Son idée est confirmée dans une expérience, avec du matériel construit de sa main : une gouttière inclinée le long de laquelle des clochettes sont disposées pour indiquer le passage de la bille.
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+
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+
La constante sera notée g (accélération de la pesanteur) et sa valeur déterminée expérimentalement (environ 9,81 m/s2). La pesanteur varie notamment selon le lieu sur Terre. Par convention sa valeur normale est fixée à g0 = 9,80665 m·s−2.
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38 |
+
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39 |
+
Mathématicien autant que physicien, Isaac Newton mit au point, entre 1665 et 1685, sa théorie de la mécanique basée sur l’étude de l’accélération, et non seulement de la vitesse comme le faisaient Galilée et René Descartes.
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40 |
+
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41 |
+
Newton chercha à unifier les lois connues pour les objets sur Terre et les lois observées pour les astres, notamment la gravitation terrestre et les mouvements des planètes, en considérant et traitant la gravitation comme une force.
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42 |
+
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+
En considérant deux corps ponctuels exerçant une force gravitationnelle l’un sur l’autre, une justification de la loi de Newton est la suivante :
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44 |
+
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+
En écrivant le principe fondamental de la dynamique pour le corps A de masse inerte
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46 |
+
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47 |
+
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48 |
+
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49 |
+
m
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50 |
+
|
51 |
+
|
52 |
+
{\displaystyle m}
|
53 |
+
|
54 |
+
, on obtient
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55 |
+
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56 |
+
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57 |
+
|
58 |
+
m
|
59 |
+
.
|
60 |
+
a
|
61 |
+
=
|
62 |
+
G
|
63 |
+
⋅
|
64 |
+
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65 |
+
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66 |
+
|
67 |
+
|
68 |
+
m
|
69 |
+
|
70 |
+
A
|
71 |
+
|
72 |
+
|
73 |
+
.
|
74 |
+
|
75 |
+
m
|
76 |
+
|
77 |
+
B
|
78 |
+
|
79 |
+
|
80 |
+
|
81 |
+
|
82 |
+
d
|
83 |
+
|
84 |
+
2
|
85 |
+
|
86 |
+
|
87 |
+
|
88 |
+
|
89 |
+
|
90 |
+
|
91 |
+
{\displaystyle m.a=G\cdot {\frac {m_{A}.m_{B}}{d^{2}}}}
|
92 |
+
|
93 |
+
. On constate que pour que l’accélération
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94 |
+
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95 |
+
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96 |
+
|
97 |
+
a
|
98 |
+
|
99 |
+
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100 |
+
{\displaystyle a}
|
101 |
+
|
102 |
+
(et donc la vitesse) d’un corps en chute libre sur terre soit indépendante de sa masse inertielle
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103 |
+
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104 |
+
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105 |
+
|
106 |
+
m
|
107 |
+
|
108 |
+
|
109 |
+
{\displaystyle m}
|
110 |
+
|
111 |
+
(comme l’a expérimenté Galilée), il faut que
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112 |
+
|
113 |
+
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114 |
+
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115 |
+
m
|
116 |
+
=
|
117 |
+
|
118 |
+
m
|
119 |
+
|
120 |
+
A
|
121 |
+
|
122 |
+
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123 |
+
|
124 |
+
|
125 |
+
{\displaystyle m=m_{A}}
|
126 |
+
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127 |
+
pour ce corps, c’est-à-dire que la « masse gravifique » soit égale à la masse inertielle, indépendamment de la nature du corps (en fait la proportionnalité entre ces masses suffit, avec le même coefficient pour tous les matériaux, ensuite on peut les rendre égales avec un choix des unités de mesure). Newton a testé cette égalité pour de nombreux matériaux, et depuis les expériences n’ont jamais cessé, avec de plus en plus de raffinements (balance d’Eötvös, etc.). Depuis, cette égalité a été appelée le principe d’équivalence faible.
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128 |
+
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129 |
+
L’action à distance (sans contact, à travers le vide) et la propagation instantanée de la force de gravitation ont aussi suscité des doutes, y compris de Newton.
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130 |
+
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131 |
+
Dans l’écriture vectorielle moderne, la force gravitationnelle s’écrit :
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132 |
+
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133 |
+
La loi newtonienne de la gravitation permet d'expliquer l'origine de la loi de Galilée : en notant r le rayon terrestre et mT la masse de la Terre, on obtient
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134 |
+
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135 |
+
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136 |
+
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137 |
+
g
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138 |
+
=
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139 |
+
G
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140 |
+
⋅
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141 |
+
|
142 |
+
|
143 |
+
|
144 |
+
m
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145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
T
|
148 |
+
|
149 |
+
|
150 |
+
|
151 |
+
|
152 |
+
r
|
153 |
+
|
154 |
+
2
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155 |
+
|
156 |
+
|
157 |
+
|
158 |
+
|
159 |
+
|
160 |
+
|
161 |
+
{\displaystyle g=G\cdot {\frac {m_{\mathrm {T} }}{r^{2}}}}
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162 |
+
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163 |
+
m·s−2 soit approximativement 9,8 m/s2.
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164 |
+
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165 |
+
La théorie newtonienne est bien vérifiée expérimentalement. D’un point de vue technique, elle suffit pour faire voler des objets plus lourds que l’air et pour envoyer des hommes sur la Lune. La force de pesanteur est la résultante de la force de gravité et de forces axifuges (la force centrifuge liée à la rotation de la terre sur elle-même, de la loi de l’inertie du mouvement, etc.).
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166 |
+
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167 |
+
Joseph-Louis Lagrange a réécrit, à partir de 1762, la théorie de la gravitation et l'ensemble de la physique en y introduisant le principe de moindre action qui avait été formulé par Pierre Louis Maupertuis vers 1744.
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168 |
+
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169 |
+
William Rowan Hamilton, vers 1830, a substitué au principe de moindre action la notion d'énergie, qui est une constante pour tout système isolé (c’est-à-dire : sans interaction avec l'extérieur) et qui sera de la plus grande importance pour la physique relativiste et en mécanique quantique, au XXe siècle.
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170 |
+
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171 |
+
L'idée d'un champ de force, introduite par Michael Faraday, ne permit qu'une réécriture de la théorie de la gravitation newtonienne, mais cette notion se révélera féconde quand il s'agira de concevoir la gravitation relativiste. Le champ ou champ de force de la gravitation est une propriété de l'espace due à la masse d'un corps. Une autre masse entrant en contact avec ce champ est soumise à une influence, une force, due au champ. Ainsi, l'influence gravitationnelle n'est pas, dans ce cadre, créée et transportée instantanément d'un corps à l'autre, mais est déjà présente dans tout l'espace sous la forme du champ et à son contact un corps voit sa dynamique modifiée. Toutefois, le champ est lui-même instantanément modifié par le corps qui le crée.
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172 |
+
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173 |
+
Si M est la masse du corps ponctuel émetteur du champ, et si r est la distance entre ce corps et le point de l'espace que l'on considère, le champ en ce point s'exprime par
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174 |
+
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175 |
+
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176 |
+
|
177 |
+
V
|
178 |
+
(
|
179 |
+
r
|
180 |
+
)
|
181 |
+
=
|
182 |
+
−
|
183 |
+
|
184 |
+
|
185 |
+
|
186 |
+
G
|
187 |
+
.
|
188 |
+
M
|
189 |
+
|
190 |
+
r
|
191 |
+
|
192 |
+
|
193 |
+
|
194 |
+
,
|
195 |
+
|
196 |
+
|
197 |
+
{\displaystyle V(r)=-{\frac {G.M}{r}}\,,}
|
198 |
+
|
199 |
+
le « potentiel gravitationnel » .
|
200 |
+
|
201 |
+
Un corps ponctuel de masse m étant en contact avec ce champ, la force qu'il subit est
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202 |
+
|
203 |
+
|
204 |
+
|
205 |
+
|
206 |
+
|
207 |
+
|
208 |
+
F
|
209 |
+
→
|
210 |
+
|
211 |
+
|
212 |
+
|
213 |
+
(
|
214 |
+
r
|
215 |
+
)
|
216 |
+
=
|
217 |
+
−
|
218 |
+
m
|
219 |
+
|
220 |
+
|
221 |
+
|
222 |
+
∇
|
223 |
+
→
|
224 |
+
|
225 |
+
|
226 |
+
|
227 |
+
V
|
228 |
+
(
|
229 |
+
r
|
230 |
+
)
|
231 |
+
=
|
232 |
+
−
|
233 |
+
|
234 |
+
|
235 |
+
|
236 |
+
G
|
237 |
+
.
|
238 |
+
M
|
239 |
+
.
|
240 |
+
m
|
241 |
+
|
242 |
+
|
243 |
+
r
|
244 |
+
|
245 |
+
2
|
246 |
+
|
247 |
+
|
248 |
+
|
249 |
+
|
250 |
+
.
|
251 |
+
|
252 |
+
|
253 |
+
|
254 |
+
|
255 |
+
u
|
256 |
+
→
|
257 |
+
|
258 |
+
|
259 |
+
|
260 |
+
|
261 |
+
|
262 |
+
|
263 |
+
r
|
264 |
+
→
|
265 |
+
|
266 |
+
|
267 |
+
|
268 |
+
|
269 |
+
|
270 |
+
|
271 |
+
{\displaystyle {\vec {F}}(r)=-m{\vec {\nabla }}V(r)=-{\frac {G.M.m}{r^{2}}}.{\vec {u}}_{\vec {r}}}
|
272 |
+
|
273 |
+
, où
|
274 |
+
|
275 |
+
|
276 |
+
|
277 |
+
|
278 |
+
|
279 |
+
|
280 |
+
|
281 |
+
u
|
282 |
+
→
|
283 |
+
|
284 |
+
|
285 |
+
|
286 |
+
|
287 |
+
|
288 |
+
|
289 |
+
r
|
290 |
+
→
|
291 |
+
|
292 |
+
|
293 |
+
|
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{\displaystyle {\vec {u}}_{\vec {r}}}
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est le vecteur unitaire de même direction et de même sens que
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r
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qui va de M à m.
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Après avoir énoncé la théorie de la relativité restreinte en 1905, Albert Einstein cherche à la rendre compatible avec la gravitation, dont l'effet est supposé se propager à une vitesse infinie dans la théorie de Newton, alors que la vitesse de la lumière est la vitesse maximale pour toute interaction selon la relativité restreinte.
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Vers 1915, on émet l'hypothèse que la gravitation n'est pas une force au sens classique, que l'on donne à ce mot en physique, mais une manifestation de la déformation de l'espace-temps sous l'effet de l'énergie de la matière qui s'y trouve. Cette hypothèse résulte de l'observation que tous les corps tombent de la même façon dans un champ de gravitation, quelles que soient leur masse ou leur composition chimique. Cette observation, a priori fortuite en théorie newtonienne, mais remarquablement vérifiée expérimentalement, est formalisée sous le nom de principe d'équivalence et amène naturellement à considérer que la gravitation est une manifestation de la géométrie à 4 dimensions de l'espace-temps. Au terme traditionnel de force se substitue alors celui plus générique d'interaction.
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La théorie ainsi construite, qui porte le nom de relativité générale, incorpore le principe de relativité, et la théorie newtonienne en est une approximation dans la limite des champs gravitationnels faibles et des vitesses petites devant celle de la lumière. En effet, les déformations de l'espace-temps prévues sous l'effet des corps massifs, quand ceux-ci ont une forte accélération, ne se propagent pas plus vite que la vitesse de la lumière, ce qui résout le paradoxe de l'instantanéité apparente de l'interaction newtonienne. Il en résulte des ondes gravitationnelles, détectées pour la première fois le 14 septembre 2015.
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La gravitation newtonienne est suffisante pour décrire la majorité des phénomènes observés à l'échelle des étoiles. Elle suffit, par exemple, pour décrire l'évolution des planètes du Système solaire, à quelques détails près comme l'avance du périhélie de Mercure et l'effet Shapiro.
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Mais la relativité générale est nécessaire pour modéliser certains objets et phénomènes astronomiques particuliers : les étoiles à neutrons, les mirages gravitationnels, les objets très compacts tels que les trous noirs, etc.
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La gravitation étant la force dominante à l'échelle des distances astronomiques, les théories newtonienne et einsteinienne ont été confrontées depuis leurs créations respectives aux observations de la structure à grande échelle de l'univers. Si aux échelles des étoiles et des galaxies, la gravitation newtonienne est suffisante, dans beaucoup de situations, la théorie newtonienne est en difficulté. Par exemple, elle est incapable d'offrir une description cohérente d'un univers homogène infini alors que la relativité générale est parfaitement en mesure de décrire une telle situation.
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La relativité générale seule ne suffit cependant pas pour décrire la structure à grande échelle de l'Univers. Il faut lui adjoindre des hypothèses sur la répartition spatiale de la matière. Les observations indiquent qu'à grande échelle, l'univers est remarquablement homogène (à plus petite échelle, la matière est bien sûr répartie de façon non uniforme : l'espace entre les étoiles d'une même galaxie est essentiellement vide, tout comme l'espace entre les galaxies). Ce fait observationnel avait au départ été supposé par Einstein, qui lui avait donné le nom de principe cosmologique. Sous cette hypothèse, la relativité générale permet, assez facilement du reste, une modélisation cohérente de l'Univers. Il existe cependant, outre la matière visible constituant les étoiles, et le gaz des galaxies, une matière noire aux propriétés et à la distribution encore très mal connues.
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La dynamique de l'Univers va, elle, dépendre des propriétés de la matière qui le compose, en particulier de son équation d'état. On peut montrer que, sauf cas particulier, l'Univers ne peut être statique : il est soit en contraction, soit en expansion globales. De toute manière, une structure globale uniforme de l'Univers serait instable : les parties les plus denses, même très faiblement, finiraient par s'effondrer sous leur propre poids, attirant la matière des parties les moins denses, et les laissant entièrement vides. (Cependant, à moyenne échelle, l'Univers a une « structure d'éponge » et il existe d'énormes bulles sans matière visible).
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Bien que la théorie de « l'Expansion » tienne peu compte des nombreuses interactions existant entre la matière et les rayonnements électromagnétiques (sinon, par exemple, seul le radar existerait ; on n'aurait pas de four à micro-ondes) ; les observations confirment globalement cette prédiction puisque l'on observe une récession apparente des galaxies, celles-ci s'éloignant de nous d'autant plus vite qu'elles sont éloignées. Le décalage spectral des lumières lointaines fut découvert par Edwin Hubble à la fin des années 1920. Plus tard, son élève, Allan Sandage introduisit le concept de l'Expansion, à la suite des travaux de Lemaître et Gamow. Elle indique que l'univers tel que nous le connaissons est issu d'une phase extraordinairement dense et chaude : le Big Bang. Plusieurs observations quantitatives confirment l'histoire du Big Bang, à partir de sa première minute. Le destin de l'univers n'est pas connu avec certitude, car le comportement à long terme de la matière est incertain. On a observé une accélération de l'expansion de l'univers, due à une force de répulsion à très longue distance, prévue comme une possibilité dans la Relativité Générale. Ceci semble être le signe probable que l'expansion durera indéfiniment, sans donner lieu à une phase de recontraction (Big Crunch) ou ; que cette expansion n'est qu'une apparence, très commode pour rendre compte de nombreuses observations.
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La relativité générale a été conçue sur l'hypothèse de la continuité de l'espace-temps (et même sa différentiabilité) et sur l'hypothèse de la continuité de la matière (entre autres pour construire le tenseur de densité d'énergie-impulsion). Cette deuxième hypothèse est clairement une approximation au regard de la physique quantique.
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La physique quantique étant l'exploration de l'infiniment petit, l'expérimentation de la gravitation dans ce cadre se heurte à un problème majeur : les trois autres forces qui y règnent sont au moins 1025 fois plus fortes, alors qu'il est déjà difficile d'expérimenter sur elles ; du coup les effets de la gravitation se perdent dans les inévitables imprécisions des mesures.
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Cette difficulté expérimentale n'a pas empêché les tentatives théoriques de construire une gravitation quantique, sans résultat susceptible à ce jour de vérification expérimentale.
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On peut toutefois remarquer que :
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Exemples de théories quantiques de la gravitation : théorie M, supergravité, géométrie non commutative, gravitation quantique à boucles.
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