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Un évêque Écouter est celui qui a autorité sur une Église chrétienne particulière ou un diocèse. Sous des formes et des modalités très différentes, la fonction épiscopale existe, à l'origine, depuis les débuts de l'Église catholique, ainsi que dans l'Église orthodoxe (y compris les Églises orthodoxes orientales). Elle existe aussi dans la communion anglicane et dans certaines Églises protestantes.
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Aujourd'hui dans le catholicisme, chaque évêque est consacré par un ou plusieurs évêques issus d'une chaîne d'ordonnateurs qui, théoriquement, remonte dans le temps jusqu'à l'un des apôtres du Christ. C'est ce qu'on appelle la succession apostolique. Dans le langage juridique du droit canonique catholique, l'évêque est appelé ordinaire local[1].
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Dans le protestantisme et le christianisme évangélique, le ministère d'évêque est présent dans toutes les dénominations, souvent avec d'autres noms comme président du conseil ou surveillant général. Certains dénominations utilisent spécifiquement ce titre.
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Le mot « évêque » provient du mot gallo-roman *EPISCU[2], forme raccourcie du mot latin episcopus, lui-même issu du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire littéralement « surveillant » ou « superviseur », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation ou d'une communauté. Le mot est plusieurs fois utilisé dans les Épîtres de Paul (dans les textes grecs des Evangiles, les textes les plus anciens).
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Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs (ce mot est la meilleure traduction) dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire.
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La fonction de surveillance dans l’Église pour le ministère d’évêque est mentionnée dans Actes des Apôtres chapitre 20 verset 28[4]. Les caractéristiques et qualités pour ce ministère sont expliquées dans le première épître à Timothée, chapitre 3[5].
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Aux alentours de 95, la Première lettre aux Corinthiens
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de Clément Ier a attesté de la structure hiérarchique de l'église chrétienne [6]. La plus ancienne organisation de l'Église de Jérusalem ressemble à celle des synagogues juives, mais elle a un conseil ou un collège de pasteur, le presbytérium.
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Ce qu'on appelle la succession apostolique consiste en la consécration d'un nouvel évêque par un, ou plusieurs évêques, eux-mêmes validement consacrés. Le concile de Nicée a précisé qu'il fallait la présence d'au moins trois évêques. Mais en cas de nécessité, la présence d'un seul suffit. Cette règle est appliquée par les catholiques, les orthodoxes et d'une façon générale, par l'Église anglicane quoique les deux précédents dénient à cette dernière la validité de ladite succession (tout comme aux nestoriens apparus au Ve siècle).
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Chez les protestants, la succession apostolique n'est pas considérée comme devant être historique (alors même qu'elle est parfois un fait historique, comme dans les églises luthériennes scandinaves), mais comme spirituelle.
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Le ministère épiscopal change dans le courant du IIe siècle qui voit progressivement la figure de l'évêque présider ce presbytérium : les premiers episkopoi sont élus par les membres de l'Eκκλησία / ekklêsia, l'assemblée des fidèles (clergé et peuple de la ville, avec en plus les évêques suburbicaires pour l'élection de l'évêque de Rome), à la manière dont une association élit aujourd'hui ses dirigeants[7]. Le dimanche qui suit, le nouvel évêque élu à vie est consacré comme évêque par l'ensemble des évêques de la province, au moyen de l'imposition des mains, au sein de la synaxe eucharistique. À partir du Ve siècle, le corps électoral se restreint aux grands laïcs et au clergé local. Dans les premiers temps, la zone de juridiction d'un évêque peut souvent, notamment en Afrique du Nord, se restreindre à une ville ou à une bourgade, sans être un "diocèse" complet au sens où on le connaîtra plus tard. L'autorité d'un évêque ne découle pas de la Bible, mais de sa connexion aux apôtres en ligne de succession ; les sièges apostoliques ayant été directement fondés ou visités par un Apôtre peuvent se réclamer plus facilement de sa tradition, dont on garde jalousement le récit, l'évêque étant le gardien de cette tradition dans la communion plus large de l'Eglise.
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L'évêque est le premier des prêtres d'une église locale et, avec le reste de ses frères évêques, le successeur des apôtres[8]. Très rapidement, une hiérarchie entre les évêques finit cependant par apparaître, les évêques de villes politiquement plus importantes, pouvant aussi souvent se réclamer d'une origine apostolique plus directe, président aux affaires des évêques d'une région donnée. Ceux-là seront, plus tard, désignés par le terme d'archevêque.
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Dans la théologie de l'épiscopat on peut distinguer trois éléments constitutifs, de droit divin, de la fonction épiscopale, et tous les trois également d'origine apostolique :
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Ces trois éléments, normalement unis et coordonnés l'un à l'autre, peuvent être accidentellement disjoints. La titulature et la juridiction peuvent varier, en cas de démission, ou de mutation de siège, par exemple. Le pouvoir d'ordre est donné pour toujours : sacerdos in aeternum.
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La titulature et la juridiction sont distinctes pour chaque évêque ; ce sont elles qui constituent la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir d'ordre, quant à lui, est unique et identique pour tous les évêques. Il fonde ce qu'on appelle la collégialité épiscopale. Tous trois, titulature, pouvoir d'ordre et juridiction, sont une participation au sacerdoce du Christ, unique vrai prêtre et pasteur.
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L'évêque dans l'Eglise catholique se reconnait à différents attributs :
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Dans l'Église catholique, les évêques sont nommés par le pape, à partir de listes transmises à Rome par le nonce apostolique, établies par les évêques d'une même province ou même région ecclésiastique. Chaque évêque a le droit de faire des propositions.
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Dans le passé, la désignation des évêques a souvent donné lieu à des luttes entre les pouvoirs politiques et l'Église romaine, par exemple la fameuse querelle des Investitures, au XIe siècle, entre les papes et les empereurs romains germaniques.
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De nos jours, les évêques sont nommés par le Saint-Siège, cette règle connaissant des exceptions, comme en France pour l'évêque aux armées qui est fonctionnaire, et pour l'archevêque de Strasbourg et l'évêque de Metz, qui sont nommés formellement par le Président de la République française (cf. Concordat en Alsace-Moselle pour plus de détails) mais sur proposition de Rome, et quelques diocèses de Suisse.
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D'autre part, dans les Églises orientales catholiques, les évêques des Églises patriarcales et archiépiscopales majeures sont désignés par le synode ou par le patriarche.
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L'évêque occupe le degré suprême de la hiérarchie ecclésiastique. Il est le successeur des apôtres qui préside à l'eucharistie. Il est l'icône du Christ et le pasteur d'une église particulière dont il porte le nom dans sa titulature. Il est le surveillant et le responsable de la doctrine et de l'enseignement de ses ouailles. Il veille à la communion à l'intérieur de son église et à la communion de son église avec les autres églises orthodoxes.
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Seuls les hiéromoines (moines prêtres) accèdent à l'épiscopat. Il en découle que les évêques orthodoxes sont astreints non seulement au célibat mais aussi au monachisme, contrairement aux prêtres orthodoxes qui peuvent être mariés s'ils l'étaient déjà avant leur ordination diaconale.
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L'évêque orthodoxe n'est pas « responsable d'une portion du peuple de Dieu » selon la formule du catholicisme. Il est, par la grâce de son épiscopat et par la sainte eucharistie qu'il préside ou qui est célébrée en son nom, celui qui a le pouvoir sacramentel de transformer en Église le troupeau de fidèles qui se rassemble autour de lui.
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Les vêtements de l'évêque célébrant à l'autel :
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La tenue solennelle de l'évêque présidant au chœur est la mandia, traîne violette ornée de bandes rouges et blanches.
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Les vêtements de l'évêque en tenue de ville sont :
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Les Églises anglicanes (certaines sont appelées épiscopaliennes) ont conservé l'épiscopat, qui fait partie de leur héritage d'avant la décision de rupture d'Henri VIII[7]. L'ordination sacramentale à vie par trois évêques, la conservation de la succession apostolique (souvent dite historique) et les devoirs et responsabilités de l'évêque suivent les grandes lignes de l'épiscopat catholique et orthodoxe .
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Les évêques sont soit nommés, soit élus, suivant les us et coutumes de chacune des trente-huit provinces (églises nationales) de la Communion anglicane.
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Les femmes sont admises à l'épiscopat dans majorité des provinces anglicanes y compris l'Angleterre[12],[13]. La première femme à devenir évêque anglican, Barbara Harris (en), a été élue évêque suffragante dans le diocèse épiscopalien du Massachusetts en 1988 et consacrée le 11 février 1989.
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De façon courante à la ville, ils portent souvent une chemise violette, ce qui n'est jamais le cas des évêques catholiques.
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Les vêtements à l'autel sont semblables à ceux des évêques catholiques. Au chœur, pourtant, les évêques anglicans portent des vêtements très particuliers :
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À part le récent développement du ministère féminin considéré comme une pierre d'achoppement, l'Anglican-Roman Catholic International Consultation ou Commission internationale anglicane-catholique romaine a conclu que la théologie et la pratique de l'épiscopat des deux Églises sont identiques, dans un document rédigé conjointement en 2007[14].
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Le pape Léon XIII a explicitement déclaré dans sa bulle Apostolicae Curae de 1896, que l'Église catholique considère les ordinations anglicanes comme invalides. Cette position théologique est confirmée par le Cardinal Ratzinger, futur pape Beno��t XVI, dans sa note doctrinale qui accompagne le motu proprio Ad Tuendam Fidem du 18 mai 1998, où il écrit (§ 11, vers la fin) que cette vérité fait partie des vérités « du second alinéa » (cf. canon 750 §2), tranchées de façon définitive et devant être tenues par tous. À la suite de la bulle de 1896, des évêques anglicans se sont fait réordonner par des évêques ordonnés de façon certainement valide mais qui n'étaient pas en communion avec Rome (orthodoxes, etc.).
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Enfin, la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus de 2009 prévoit des dispositions pour les anglicans qui voudraient revenir à l'Église catholique. Les prêtres et évêques anglicans pourront être ordonnés ; si un ancien évêque anglican est marié, il pourra être ordonné prêtre catholique, mais il pourra bénéficier de certains privilèges : port des insignes épiscopaux, participation à la Conférence épiscopale avec le rang d'« évêque émérite ».
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Dans le protestantisme (au sens strict, Irvingiens exceptés), seules certaines Églises luthériennes, méthodistes et quelques rares Églises réformées connaissent un ministère épiscopal personnel, qui est une fonction de l'Église et non un ordre sacramentel[15]. Les luthériens français désignent cette fonction par le terme d'inspecteur ecclésiastique. À noter que dans les pays scandinaves et dans une partie de l'Allemagne, la succession apostolique historique a été conservée puisque les diocèses catholiques sont devenus luthériens en bloc lors de la Réforme. Dans l'Église luthérienne, on garde le souvenir de cette étymologie en nommant les évêques des inspecteurs ecclésiastiques.
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Ces fonctions sont électives, c'est-à-dire démocratiques ; le suffrage des fidèles s'exerçant soit directement au premier degré, soit au second degré. Dans la plupart des confessions protestantes acceptant le ministère épiscopal, la continuité apostolique est généralement entendue comme signifiant la fidélité à l'enseignement apostolique - une succession spirituelle donc, et non historique.
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Dans les autres Églises protestantes, au niveau de l'Église locale, le ministère épiscopal est celui des pasteurs (traditionnellement élus), et collégialement des anciens. Le consistoire, ou conseil presbytéral est élu par l'assemblée générale qui élit aussi, dans le système presbytéro-synodal, un certain nombre de délégués au synode. Au niveau d'une union nationale, le ministère d'unité est assuré par les synodes et conseils élus par eux, avec parfois une forte concentration sur la personne de leur président. À défaut, il l'est par la collégialité des pasteurs.
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Les églises protestantes connaissent un épiscopat féminin, comme elles connaissent les ministères pastoraux féminins.
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En 1918, Alma Bridwell White fut consacrée évêque méthodiste par William Baxter Godbey, et fut donc la première femme évêque aux États-Unis.
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Dans le christianisme évangélique, le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques [16].
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Dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'évêque est un homme devant détenir la prêtrise de Melchisédek et avoir été ordonné et mis à part en tant que Grand Prêtre. Il est choisi parmi les membres de la paroisse (instance locale). Il est appelé à cet office par la présidence de Pieu (instance régionale). La durée de cet appel est d'environ 5 ans, jusqu'au moment de sa relève par la présidence de Pieu.
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Un évêque « saint des derniers jours » est marié et mari d'une seule femme (Bible 1 Timothée 3:1-7[17]). Il administre à titre bénévole, en parallèle de ses activités professionnelles et familiales, les affaires temporelles et spirituelles de la paroisse. Il ne porte aucune tenue spécifique à sa charge.
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L'Everest, en tibétain : ཇོ་མོ་གླང་མ, Wylie : jo mo glang ma, THL : jomo lang ma parfois translitterré Chomolungma, en népalais : सगरमाथा, Sagarmāthā, aussi appelé mont Everest, est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (province no 1) et la Chine (région autonome du Tibet).
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Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, son altitude est établie à 8 848 mètres et il est identifié comme le plus haut sommet du monde. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 en l'honneur de George Everest, arpenteur général des Indes orientales de 1830 à 1843, et, dès les années 1920, de lui attirer l'intérêt des alpinistes qui se lancent à l'assaut de ses pentes. Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le versant nord au Tibet. Toutefois, les conditions climatiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s'ils ont atteint le sommet. En 1950, le Népal autorise l'accès à la montagne depuis le sud offrant des possibilités d'ascension par l'arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, Edmund Hillary et Tensing Norgay deviennent les premiers hommes à atteindre le sommet de l'Everest. Dès lors, les exploits en tous genres s'enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d'accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes. Pourtant, le tourisme de masse se popularise, fragilisant le milieu naturel malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988. Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l'ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l'ont réussie, bien aidés, pour la majorité d'entre eux, par les porteurs sherpas.
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Identifié comme « pic B » à partir de 1847 (car le Kangchenjunga était considéré à cette époque comme le plus haut sommet du monde) puis appelé « pic XV » en 1849 (numération romaine de Michael Hennessy, arpenteur général britannique, nommant les sommets de la chaîne de l'Himalaya d'est en ouest)[2], la montagne acquiert en 1865 son nom anglais qui lui est donné par Andrew Waugh, alors arpenteur général britannique des Indes orientales[3]. Généralement, le nom local est respecté, à l'instar du Kangchenjunga et du Dhaulagiri, mais le Népal et le Tibet étant fermés aux voyageurs étrangers, il écrit :
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« Mon respecté chef et prédécesseur le colonel Sir George Everest m'a enseigné à désigner tout objet géographique par son véritable nom local ou indigène. Mais voici une montagne, probablement la plus haute au monde, dont nous n'avons pu trouver aucun nom local. L'appellation indigène, si elle en a une, ne sera très probablement pas découverte avant que nous soyons autorisés à pénétrer au Népal. En attendant il m'incombe le privilège comme le devoir d'assigner… un nom, par lequel cette montagne puisse être connue des citoyens et des géographes et devenir un mot d'usage courant dans les nations civilisées. »
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— Andrew Waugh, Proceedings of the Royal Geographical Society of London[4]
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Pourtant, de nombreux noms locaux existent, le plus connu étant probablement depuis plusieurs siècles l'appellation tibétaine Chomolungma figurant même sur une carte de 1733 publiée à Paris par le géographe français Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville. Quoi qu'il en soit, Waugh prétexte qu'avec la pléthore de noms locaux, il aurait été difficile d'en favoriser un plus répandu parmi les autres[3],[5]. Il décide alors de le baptiser d'après son prédécesseur de 1830 à 1843, d'abord en utilisant l'orthographe Mont Everest puis Mount Everest. Pourtant, celui-ci objecte en 1857 que le nom est impossible à écrire en hindi ou à prononcer par les « natifs de l'Inde ». Malgré cela, la Royal Geographical Society l'entérine officiellement en 1865, soit un an avant la mort de George Everest[3]. La prononciation anglaise moderne d'Everest (API : [ˈɛvərɪst] ou [ˈɛvrɪst])[6] est d'ailleurs différente de la prononciation du nom de famille qui était [ˈiːvrɪst][7]. La prononciation française, quant à elle, diffère encore de l'original, puisque l'on dit [ˈevrɛst].
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Le nom tibétain est donc Chomolungma ou Qomolangma (ཇོ་མོ་གླིང་མ) signifiant la « Déesse (Chomo) mère (suffixe ma) des vents (lung) » et la translittération en chinois est Zhūmùlǎngmǎ Fēng (chinois simplifié : 珠穆朗玛峰, chinois traditionnel : 珠穆朗瑪峰) ou Shèngmǔ Fēng (聖母峰) signifiant « déesse de l'univers » tandis que la traduction littérale donne Shèngmǔ Fēng (chinois simplifié : 圣母峰, chinois traditionnel : 聖母峰). En ancien sanskrit, la montagne a pour nom Devgiri, en français « la montagne sainte », et Devadurga, prononcé en anglais deodungha au XIXe siècle[8]. Au début des années 1960, le gouvernement népalais prend conscience que l'Everest n'a aucun nom népalais. Ce manque est dû au fait que la montagne n'était pas connue et n'avait donc pas de nom au Népal ethnique, c'est-à-dire, la vallée de Katmandou et ses abords. Le gouvernement se décide alors à trouver un nom pour la montagne. Chomolangma, pourtant utilisé par les Sherpas, n'est pas acceptable car il aurait été contraire à l'idée d'unification du pays (« népalisation »). Aussi, un nouveau nom est inventé par Baburam Acharya : Sagarmāthā (सगरमाथा), en français la « tête du ciel »[9].
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En 2002, le journal chinois Le Quotidien du Peuple édite un article alléguant un point de droit contre l'utilisation continue du nom anglais dans le monde occidental, insistant sur le fait que la montagne devrait être mentionnée par son nom tibétain. Le journal se justifie par le fait que le nom local précédait chronologiquement le nom anglais : le mont Qomolangma aurait été repéré selon eux sur une carte chinoise il y a plus de 280 ans[10]. Dans le même ordre d'idées, une campagne menée entre autres par l'ancien Premier ministre de l'Inde, Atal Bihari Vajpayee, a tenté de convaincre l'opinion que la montagne devrait être renommée d'après Radhanath Sikdar, l'auteur des calculs établissant l'altitude du sommet en 1852, mais la montagne n'étant pas en territoire indien, la dénomination a été rejetée[11].
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L'Everest s'élève à la frontière entre la ville-préfecture de Shigatsé dans la région autonome du Tibet en Chine et le district de Solukhumbu dans la province no 1 au Népal. Il culmine à 8 848 mètres d'altitude dans le Mahalangur Himal, un massif de l'Himalaya, ce qui en fait le point culminant de l'Asie et le plus haut des sept sommets. Il se situe à 160 kilomètres à l'est-nord-est de Katmandou, 260 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de Thimphou, 450 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Lhassa et environ 600 kilomètres au nord de Calcutta et du golfe du Bengale. Les sommets de plus de 8 000 mètres les plus proches sont le Lhotse, avec 8 516 mètres d'altitude à trois kilomètres à vol d'oiseau au sud, le Makalu, avec 8 463 mètres d'altitude à vingt kilomètres à vol d'oiseau au sud-est, et le Cho Oyu, avec 8 201 mètres d'altitude à vingt-huit kilomètres à vol d'oiseau au nord-ouest.
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L'Everest est un pic pyramidal. Il a été modelé par l'érosion, en particulier glaciaire. Il possède trois faces, la sud-ouest, la nord et l'est, séparées par autant d'arêtes quasi-rectilignes, l'ouest, la nord-est et la sud. Un glacier s'épanche de chacun des versants : respectivement le glacier du Khumbu au travers de la Western Cwm aussi appelée « vallée du Silence », le glacier du Rongbuk et le glacier de Kangshung. La face nord est la plus difficile d'accès car moins enneigée et plus rocheuse que la face sud-ouest. Elle abrite le couloir Hornbein et le Grand couloir appelé aussi couloir Norton. Les arêtes ouest et sud-est délimitent la frontière entre la République populaire de Chine et le Népal. L'arête nord-est relie le Changtse, culminant à 7 543 mètres d'altitude, via le col Nord situé à 7 020 mètres d'altitude. L'arête sud-est relie le Lhotse, culminant à 8 516 mètres d'altitude, via le sommet secondaire de l'Everest simplement appelé sommet Sud, culminant à 8 751 mètres d'altitude, et le col Sud situé à 7 904 mètres d'altitude tandis que l'arête ouest relie le Khumbutse, culminant à 6 636 mètres d'altitude, via l'Épaule occidentale et le col Lho-La situé à 6 026 mètres d'altitude.
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En 1856, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes orientales depuis 1843, annonce après plusieurs années de mesures menées dans le cadre du « grand projet de topographie trigonométrique » que le « pic XV » a été mesuré officiellement à 8 840 mètres d'altitude[3],[12].
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En 1955, une étude indienne aboutit pour la première fois à la valeur de 8 848 mètres d'altitude. Comme l'équipe de Waugh, ils ont réalisé leurs mesures au moyen de théodolites mais ils ont eu l'avantage de pouvoir s'approcher beaucoup plus près de l'Everest[12]. Cette altitude est confirmée en 1975 par une étude chinoise. Dans les deux cas, c'est le manteau neigeux qui a été pris en considération[13].
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En mai 1999, une expédition américaine menée par Bradford Washburn enfouit une balise GPS dans la roche. Acceptée par la National Geographic Society, elle permet de déterminer à 8 849,87 mètres d'altitude le sommet rocheux et à un mètre l'épaisseur de la couverture de glace et de neige[14]. Le 9 octobre 2005, après plusieurs mois de mesures et de calculs, le bureau national de topographie et de cartographie de la République populaire de Chine annonce officiellement que l'altitude de l'Everest est de 8 844,43 mètres ± 0,21 mètres. Les autorités proclament qu'il s'agit de la mesure la plus précise jamais effectuée[15]. Les résultats de Bian Qiantao, chercheur à l'Institut de géologie et de géophysique de l'Académie chinoise des sciences suggèrent que l'Himalaya et le plateau Tibétain ne continueront pas à s'élever indéfiniment[16]. Pourtant, cette nouvelle valeur ajoutée aux 3,5 mètres d'épaisseur de glace et de neige rencontrée par l'équipe chinoise[13] est en accord avec l'altitude de 8 848 mètres que continue de reconnaître le gouvernement népalais[17].
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Toutefois, l'épaisseur du manteau neigeux varie en fonction du temps ce qui rend la mesure de l'altitude durablement impossible avec la précision énoncée en 1999 et 2005. Pour autant, l'altitude du sommet rocheux est tout aussi incertaine en raison de la forme du géoïde et des ondulations de la croûte terrestre. De plus, à moindre échelle, des mouvements tectoniques sont à l'origine d'une augmentation de l'altitude de quatre millimètres par an ainsi que d'un déplacement latéral de l'ordre de trois à six millimètres par an en direction du nord-est[14],[18], voire de vingt-sept millimètres selon une autre source[19].
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Une carte photogrammétrique détaillée à l'échelle 1:50000e de la région de Khumbu incluant le versant sud de l'Everest a été réalisée dans le cadre de l'expédition internationale en Himalaya de 1955 par Erwin Schneider qui en a profité pour tenter l'ascension du Lhotse. Une carte topographique de l'Everest encore plus détaillée a été produite à la fin des années 1980 sous la direction de Bradford Washburn, à l'aide de photographies aériennes[20].
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L'Everest est le plus haut sommet du monde depuis le niveau de la mer. Toutefois, d'autres montagnes peuvent prétendre au titre de plus haute montagne de la Terre suivant les critères utilisés.
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On considère par exemple que le Mauna Kea sur l'île de Hawaï est la plus haute montagne à partir de sa base[Note 1]. En effet, même si elle ne dépasse que de 4 205 mètres le niveau de la mer, elle s'élève à 10 200 mètres au-dessus du plancher océanique[21],[22].
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Par la même mesure de la base au sommet, le Denali situé en Alaska est aussi plus haut que l'Everest. Malgré son altitude de 6 190 mètres, il s'élève au-dessus d'un plateau de 300 à 900 mètres d'altitude, ce qui lui confère une élévation verticale par rapport à sa base de 5 300 à 5 900 mètres[23]. Par comparaison l'Everest s'élève de 3 650 à 4 650 mètres au-dessus du plateau Tibétain[20].
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De son côté, le Chimborazo, culminant à 6 268 mètres d'altitude en Équateur à un peu plus d'un degré de latitude Sud, est le sommet le plus éloigné du centre de la Terre : il en est distant de 6 384,4 kilomètres contre 6 382,3 kilomètres en ce qui concerne l'Everest, soit une différence de 2 168 mètres due au renflement de la sphère terrestre au niveau de l'équateur[21],[22],[24].
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Quoi qu'il en soit, l'Everest est loin d'être le relief possédant l'altitude la plus élevée dans le système solaire : sur Vénus, les Maxwell Montes culminent à environ 11 000 mètres[25] alors que le record absolu est détenu par l'Olympus Mons sur Mars avec 21 229 mètres d'altitude[26].
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L'Everest s'est formé, comme l'ensemble de l'Himalaya, au cours de l'orogenèse alpine. La convergence de la plaque indienne vers la plaque eurasienne a contribué à la fermeture de la Téthys à partir de l'Éocène, il y a environ 50 millions d'années, et s'est soldée par la collision des masses continentales du sous-continent indien avec le reste du continent asiatique. La plaque indienne, plus petite et plus légère, continue de plonger sous la plaque eurasienne au rythme de trois centimètres par an et ainsi la croûte continentale pousse et soulève la chaîne himalayenne de quelques millimètres par an. La pression a créé un métamorphisme des roches en profondeur.
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Les roches de l'Everest sont divisées en trois formations géologiques. Ces unités sont séparées par des failles normales de détachement le long desquelles elles coulissent. Du sommet à la base, il s'agit des formations de Qomolangma, du Col Nord et de Rongbuk[27],[28].
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La formation de Qomolangma s'étend du sommet jusqu'à l'altitude de 8 600 mètres. Elle est également connue sous les noms de formation de l'Everest ou de Jolmo Lungama. Elle consiste en une alternance de couches calcaires et de dolomies recristallisées parallèles de couleur gris foncé, grisâtres ou blanches avec des traces d'argiles et de siltites. La présence de fragments microscopiques de crinoïdes a été découverte à l'intérieur de ces calcaires[29]. Plus tard, des analyses pétrographiques d'échantillons de calcaires datant de l'Ordovicien prélevés près du sommet ont mis en évidence une composition à base de grains carbonatés et de fragments de trilobites, de crinoïdes et d'ostracodes. D'autres échantillons se sont révélés trop altérés et recristallisés pour que leur composition d'origine puisse être reconstituée. La formation de Qomolangma est fractionnée par plusieurs failles inverses qui se terminent au niveau de la faille normale dite du « détachement de Qomolangma ». La partie inférieure de cette formation, en contact avec la zone de détachement, est fortement déformée sur une épaisseur moyenne de cinq mètres[27],[28].
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La formation du Col Nord est divisée en deux ou trois parties. Entre 8 600 et 8 200 mètres d'altitude, la Yellow Band, littéralement « bande jaune » en français, consiste en une séquence de strates de marbres à base de diopside-épidote d'un brun-jaune bien distinctif, intercalées avec des phyllites à base de muscovite-biotite, et des semischistes. L'étude pétrographique des marbres collectés à 8 300 mètres d'altitude a mis en évidence que les débris fossiles calcaires à entroques recristallisés constituent au moins 5 % de la roche. La partie supérieure de la Yellow Band en contact avec la zone de détachement de Qomolangma est elle aussi fortement déformée sur une épaisseur de cinq mètres. Une faille en brèche de cinq à quarante centimètres de largeur la sépare de la formation de Qomolangma[27],[28]. Entre 8 200 et 7 600 mètres d'altitude, la formation du Col Nord est constituée d'une alternance de phyllites à base de biotite-quartz et de chlorite-biotite et dans une moindre mesure de micaschistes à base de biotite-séricite-quartz ; entre 7 600 et 7 000 mètres d'altitude, elle est composée de micaschistes à base de biotite-quartz, d'épidote-quartz et de biotite-calcite-quartz, et de fines strates de marbres à quartzose. Ces roches métamorphiques sont le résultat d'un métamorphisme dans une mer profonde de flyschs composés de sédiments de mudstone, de schiste, de grès argileux, de grès calcaires, de grauwacke et de sables calcaires. La faille normale qui délimite la partie inférieure de la formation du Col Nord est une zone de détachement régionale appelée « détachement du Lhotse »[27],[28].
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La formation de Rongbuk, en dessous de 7 000 mètres d'altitude, forme la base de l'Everest. Elle est constituée de micaschistes à orthose-sillimanite et de gneiss avec de nombreuses intrusions sous forme de sill et de dyke à base de leucogranite dont l'épaisseur varie d'un centimètre à 1 500 mètres[28],[30].
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Les conditions climatiques sur l'Everest sont extrêmes. En janvier, mois le plus froid, la température au sommet est en moyenne de −36 °C et le ressenti peut être de −60 °C. En juillet, mois le plus chaud, la température moyenne est de −19 °C et il gèle en permanence[31].
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De juin à septembre, l'Everest subit la mousson. Le vent et les précipitations proviennent de l'océan Indien au sud. Des masses de nuages et des violentes tempêtes de neige s'abattent fréquemment à cette époque de l'année. De novembre-décembre à février-mars, les courant-jets à dominante sud-ouest redescendent depuis le nord. Des vents violents balayent le sommet à plus de 285 km/h. Durant les saisons intermédiaires, habituellement plus sèches et propices à l'ascension du sommet, des tempêtes peuvent toutefois se produire et surprendre les alpinistes avec des vents chargés de sable ou parfois des chutes de trois mètres de neige en vingt-quatre heures. Ainsi, à la fin de l'hiver et au cours du printemps, les vents d'ouest sont dominants. Un air chargé d'humidité s'élève le long des versants méridionaux de l'Himalaya et se condense en formant un nuage blanc et effilé en direction de l'est. Lorsque le vent souffle à 80 km/h environ, le nuage est à hauteur du sommet ; en dessous de cette vitesse, il s'élève tandis que si le vent souffle plus fort, le nuage est plus bas[31].
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Le camp de base du versant Sud, aux alentours de 5 300 mètres d'altitude, reçoit en moyenne 450 millimètres de précipitations par an[31].
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Les pentes inférieures de l'Everest sont couvertes de manière éparse de touffes d'herbes et de buissons nains adaptés à l'étage alpin. Au-delà de 5 000 mètres d'altitude, Rhododendron nivale est le seul buisson capable de survivre aux conditions extrêmes. Dans les hautes vallées poussent également Hippophae tibetana, Ephedra gerardiana, Juniperus indica, Dasiphora fruticosa, Gentiana ornata, Leontopodium jacotianum et Meconopsis horridula[32]. En 1924, des membres de l'expédition britannique récoltent des lichens entre 4 600 et 5 500 mètres d'altitude, ce qui permet l'année suivante à R. Paulson d'identifier trente espèces différentes[33]. Ces lichens, ainsi que des mousses et deux espèces de plantes à fleurs, Arenaria polytrichoides et Tanacetum gossypinum, sont présents jusqu'à 5 750 mètres[32]. Euophrys omnisuperstes, une minuscule espèce d'araignée sauteuse noire, a été trouvée en 1924 par R.W.G. Hingston à 6 700 mètres d'altitude. Cela en fait l'organisme non-microscopique permanent confirmé le plus haut sur Terre[34]. Elle vit au fond des crevasses et il a été démontré en 1954 qu'elle se nourrit d'insectes gelés transportés sur place par le vent ainsi que de collemboles vivant jusqu'à 6 000 mètres d'altitude et se nourrissant de champignons et de lichens[35]. Au-delà de 6 700 mètres d'altitude, seules des espèces microscopiques peuvent survivre durablement.
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En 2020, des chercheurs de l'université d'Exeter publient une étude sur l'écosystème végétal du massif en comparant les images prises entre 1993 et 2018 par les satellites Landsat. Ils constatent une extension faible mais significative de la superficie végétale subnivale entre 4 150 et 6 000 mètres d'altitude, et en particulier entre 5 000 et 5 500 m[36],[37].
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Des oiseaux tels que l'Oie à tête barrée (Anser indicus) ont été aperçus volant à hauteur du sommet tandis que des Chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), communément appelés gorak en népalais, se nourrissent parfois de déchets, de charognes voire de cadavres humains au col Sud[38], voire plus haut puisque le corps de George Mallory a été retrouvé à 8 160 mètres d'altitude avec les joues dévorées[39].
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En 1808, les Britanniques lancent le « grand projet de topographie trigonométrique » des Indes orientales afin de déterminer la localisation et nommer les plus hauts sommets du monde. L'étude commence au sud du pays et se déplace progressivement vers le nord en utilisant douze porteurs pour le transport de chacun des théodolites. Ces appareils pèsent plus de 500 kilogrammes et permettent de mesurer avec précision la hauteur des montagnes. Elle atteint le pied de l'Himalaya dans les années 1830 mais le Népal refuse l'accès de son territoire aux Britanniques, craignant des heurts politiques et une possible annexion. Plusieurs requêtes sont envoyées par les scientifiques mais toutes sont rejetées. Ils sont contraints de poursuivre leurs observations depuis le Teraï, une région parallèle au Népal et à l'Himalaya. Les pluies torrentielles rendent les observations difficiles. Le paludisme provoque la mort de trois experts et impose l'évacuation de deux autres[3].
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Néanmoins, en 1847, les Britanniques persévèrent et commencent des études détaillées des sommets de l'Himalaya depuis des postes d'observation situés à plus de 240 kilomètres de distance. Les conditions climatiques restreignent la durée de travail à trois mois dans l'année. En novembre 1847, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes, réalise de nombreuses observations depuis le poste de Sawajpore situé à l'extrémité orientale de la chaîne. À cette époque, le Kangchenjunga, mesuré depuis à 8 586 mètres d'altitude ce qui le place en troisième position, est alors considéré depuis une dizaine d'années comme étant le plus haut sommet sur Terre. Il note avec intérêt l'existence d'un sommet à 230 kilomètres en arrière de celui-ci. John Armstrong, un des fonctionnaires de Waugh, l'aperçoit également depuis une position un peu plus occidentale et l'identifie trivialement comme le « pic B ». Plus tard, Waugh admettra que les mesures effectuées sur le pic B le désignaient comme plus élevé que le Kangchenjunga mais qu'étant donné la distance importante, des observations rapprochées étaient nécessaires pour s'en assurer. Pour ce faire, l'année suivante, Waugh renvoie un géomètre dans la région du Teraï, mais des nuages empêchent toute mesure[3].
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En 1849, Waugh affecte James Nicolson à cette région. Ce dernier réussit à faire des observations à 190 kilomètres de distance depuis Jirol. Il emporte avec lui le plus gros des théodolites et se dirige vers l'est en réalisant trente mesures depuis cinq positions différentes, la plus proche à 175 kilomètres du sommet. Il se retire à Patna, sur le Gange, pour effectuer les calculs nécessaires. Ses relevés lui fournissent une altitude moyenne de 9 200 mètres mais ils ne tiennent pas compte de la réfraction qui distord les mesures. La valeur a cependant l'avantage de donner une indication sur l'altitude du pic B comparée à celle du Kangchenjunga. Malheureusement, Nicolson est affaibli par le paludisme et doit quitter les Indes sans terminer ses calculs. Michael Hennessy, un des assistants de Waugh, qui a commencé à désigner les sommets avec des chiffres romains, renomme le Kangchenjunga « pic IX » et le pic B « pic XV »[3].
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En 1852, Radhanath Sikdar, mathématicien et géomètre indien originaire du Bengale, stationne sur le site principal des géomètres à Dehradun. Il est le premier à reconnaître dans le sommet le point culminant de l'Himalaya en faisant appel à des calculs trigonométriques basés sur les relevés de Nicolson[40]. L'annonce officielle est repoussée durant plusieurs années, le temps que les calculs soient inlassablement répétés. En 1854, Waugh reprend lui-même le travail laissé par Nicolson et, avec son équipe, passe près de deux ans à résoudre les problèmes de réfraction, de pression atmosphérique et de température qui se posent sur de telles distances. Finalement, en mars 1856, il révèle sa découverte dans une lettre à son adjoint à Calcutta. Le pic IX est estimé à 28 156 pieds soit 8 582 mètres d'altitude et le pic XV à 29 002 pieds soit 8 840 mètres. Waugh conclut que le pic XV est « plus que probablement le plus haut du monde »[3]. En réalité, le pic XV a été mesuré à exactement 29 000 pieds soit 8 839 mètres mais deux pieds ont été arbitrairement rajoutés afin d'éviter l'impression que la mesure était une estimation grossièrement arrondie[41].
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La première personne à évoquer la possibilité d'une ascension de l'Everest est Clinton Thomas Dent, président de l’Alpine Club, en 1885 dans Above the Snow Line[42].
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En 1904, l'expédition militaire britannique menée par Francis Younghusband parvient à négocier le passage des frontières du Tibet. À cette occasion, J. Claude White réalise la première photographie de la face Est depuis Kampa Dzong à une distance de 150 kilomètres. Mais il faut attendre 1921 pour que la Royal Geographical Society obtienne l'autorisation de véritablement explorer la montagne. La première expédition est financée par le Mount Everest Committee, dirigée par le colonel Charles Howard-Bury, et composée de Harold Raeburn, George Mallory, Brian Donahue, Guy Bullock et Edward Oliver Wheeler. Sa mission est seulement de cartographier la montagne et de repérer l'itinéraire le plus facile vers le sommet. La santé de Raeburn l'oblige toutefois à abandonner ses compagnons et Mallory assume le rôle de chef d'expédition. Bien qu'ils ne soient pas équipés pour atteindre le sommet, ils parviennent au col Nord avant d'être forcés de faire demi-tour, surpris par la mousson. L'expérience de Mallory lui permet d'affirmer que l'itinéraire vers le sommet paraît long mais envisageable pour une expédition bien préparée[43].
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La seconde expédition de 1922, menée par Charles Granville Bruce, est composée d'Edward Lisle Strutt, George Mallory, George Ingle Finch, Edward F. Norton, Henry T. Morshead, Howard Somervell, Arthur Wakefield, John Noel, Tom George Longstaff, Geoffrey Bruce, John Morris, Colin G. Crawford, et jusqu'à 160 porteurs[44],[45]. Ces deux derniers atteignent la North Ridge et l'altitude de 8 320 mètres lors d'une deuxième tentative avec assistance respiratoire, ce qui constitue un record mondial[46]. Mais une avalanche fait les premières victimes d'une ascension en tuant sept Sherpas et met un terme à la troisième et dernière tentative de l'expédition[47].
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La troisième expédition en 1924, menée à nouveau par Charles Granville Bruce mais qui renonce, atteint du paludisme, puis par Edward F. Norton, est composée de George Mallory, Bentley Beetham, Geoffrey Bruce, John de Vars Hazard, R.W.G. Hingston, Andrew Irvine, John Noel, Noel Odell, E.O. Shebbeare et Howard Somervell. Norton réussit à établir, lors d'une deuxième tentative, un nouveau record d'altitude avec 8 570 mètres qui tiendra jusqu'en 1952[43]. Lors d'une troisième tentative, Mallory et Irvine disparaissent alors qu'ils sont aperçus par Odell en route pour le sommet[45]. L'énigme demeure quant à savoir s'ils ont atteint le sommet alors qu'aucune preuve concluante ne permet de l'affirmer de manière certaine malgré la découverte du corps de Mallory en 1999[45].
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Lors d'un entretien accordé le 18 mars 1923 à un journaliste du New York Times qui lui demandait pourquoi il souhaitait à ce point escalader l'Everest, George Mallory avait simplement répondu par la phrase devenue probablement la plus connue de l'alpinisme :
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« Because it’s there (Parce qu'il est là)[48] »
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— George Mallory, The New York Times
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Dans les années 1930, plusieurs autres expéditions britanniques sont tentées, sans succès. La plus importante est celle de 1933 menée par Hugh Ruttledge qui voit Lawrence Wager avec Percy Wyn-Harris et Eric Shipton avec Frank Smythe successivement échouer dans leur tentative d'atteindre le sommet[43]. En 1935, Tensing Norgay sert pour la première fois de porteur auprès de Shipton et de ses compagnons Bill Tilman, C.B.M. Warren, E.G.H. Kempson, L.V. Bryant, and E.H.L. Wigram[43]. Au total, sept missions britanniques se lanceront à l'assaut de la face Nord de l'Everest[49]. La Seconde Guerre mondiale puis la prise de contrôle du Tibet par les autorités chinoises en 1950 mettent un terme aux ascensions pour une longue période, à l'exception d'une tentative illégale réalisée en mars 1947 par le Canadien Earl Denman accompagné de Tensing Norgay et Ang Dawa Sherpa. Il faudra attendre une expédition chinoise pour que la voie Nord-Est soit enfin vaincue le 25 mars 1960, bien que des controverses subsistent.
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La fermeture du Tibet à cause de l'invasion chinoise oblige les expéditions à se tourner vers le Népal qui s'ouvre aux étrangers en 1950. C'est Bill Tilman accompagné de Charles Houston, Oscar Houston et Betsy Cowles qui, cette année-là, réalise la première approche de l'Everest par le sud[49]. Cette ouverture est à l'origine de l'expression « conférence au sommet » inventée par Winston Churchill[50].
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En 1951, une expédition soutenue par l’Alpine Club et la Royal Geographical Society est une nouvelle fois menée par Eric Shipton avec Tom Bourdillon, Michael Ward, W.H. Murray et les Néo-zélandais Edmund Hillary et H. Riddiford. Ils franchissent pour la première fois la cascade de glace de Khumbu, s'aventurent dans la vallée du Silence et jusque sur les pentes du Pumori pour constater que la face Sud offre au moins une possibilité d'ascension[49].
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En 1952, la Swiss Foundation for Alpine Research lance des expéditions à l'assaut du sommet. Au printemps, Édouard Wyss-Dunant, Gabriel Chevalley, Raymond Lambert, René Dittert, L. Flory, R. Aubert, A. Roch, J. Asper, E. Hofstetter et Tensing Norgay installent le camp VI au col Sud et le camp VII à 8 380 mètres d'altitude sur l'arête Sud-Est. Lambert et Norgay atteignent l'altitude de 8 595 mètres. En dépit de l'excellente ambiance entre Suisses et Sherpas, des problèmes de logistique et des appareils d'assistance respiratoire les contraignent à renoncer. Jamais une expédition n'avait eu autant de chances de réussite, mais l'expérience acquise par Norgay se révélera déterminante l'année suivante[49]. À l'automne, une nouvelle tentative est entreprise par G. Chevalley, R. Lambert, E. Reiss, J. Buzio, A. Spohel, G. Gross, N.G. Dyhrenfurth et T. Norgay en escaladant le Lhotse. Cet itinéraire est aujourd'hui la voie normale. Deux accidents, dont un qui fait la première victime depuis vingt ans, obligent l'expédition à rebrousser chemin[49].
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En 1953, une nouvelle expédition est lancée. Elle est dirigée par le Britannique John Hunt. Il est accompagné des alpinistes Charles Evans, G. Band, T. Bourdillon, A. Gregory, Edmund Hillary, W.G. Lowe, C. Noyce, Michael Ward, M. Westmacott, C.G. Wylie et du Sherpa Tensing Norgay. Le 22 avril, l'expédition atteint la cascade de glace. Le camp VI est installé vers 7 000 mètres d'altitude au pied du Lhotse. Le col Sud est atteint par la voie ouverte à l'automne précédent. Ils bénéficient même des vivres et des réserves d'oxygène laissés par les Suisses. Le 26 mai, la première tentative d'atteindre le sommet est réalisée par Evans et Bourdillon mais ils font demi-tour après avoir atteint le sommet Sud situé à 8 751 mètres d'altitude[51]. Ils laissent toutefois des réserves d'oxygène pour la paire suivante. Le même jour, des Sherpas montent, à la demande de Hunt, le camp IX sur l'arête Sud-Est, à 8 500 mètres d'altitude. Finalement, le 29 mai, une seconde tentative permet à Edmund Hillary et Tensing Norgay de poser le pied au sommet. Partis du camp IX à 6 h 30, ils franchissent le sommet Sud à 9 h 0 et atteignent leur objectif à 11 h 30[49]. Norgay admettra deux années plus tard que Hillary l'a devancé au sommet[52]. Là, ils prennent plusieurs photographies et ensevelissent quelques sucreries ainsi qu'une petite croix. De retour au col Sud, ils sont accueillis par Lowe. Hillary s'exclame alors :
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« Well, George, we knocked the bastard off! (Et bien, George, on se l'est fait le salaud !)[49] »
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— Edmund Hillary
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Les nouvelles du succès de l'expédition parviennent rapidement à Londres le matin du 2 juin 1953, jour du couronnement de la reine Élisabeth II. De retour à Katmandou, quelques jours plus tard, Hunt, citoyen britannique, et Hillary, sujet de la reine souveraine de la Nouvelle-Zélande au sein du royaume du Commonwealth, découvrent qu'ils ont été faits chevaliers de l'ordre de l'Empire britannique[53]. Le Népalais Tensing Norgay reçoit la George Medal[52].
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En avril 1933, Lucy Houston, une ancienne danseuse de cabaret britannique devenue millionnaire, fonde le Houston Everest Flight of 1933 afin de survoler pour la première fois le sommet. La formation aérienne décolle de Purnia, à 250 kilomètres au sud, en Inde. Elle est menée par le marquis Douglas Douglas-Hamilton, futur duc de Hamilton, aux commandes de Westland Wallace. Les avions tournent près de quinze minutes autour du sommet pour réaliser des photographies[69],[70],[71].
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Le 21 octobre 1991, deux montgolfières s'envolent vers l'Everest. L'une d'elles survole le sommet à près de 10 300 mètres d'altitude[72]. Le 24 mai 2004, un Britannique, Richard Meredith-Hardy, accomplit le premier survol de l'Everest en ULM ; il y avait eu jusque-là trois tentatives infructueuses[73].
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Le 14 mai 2005, un Eurocopter AS-350 Écureuil atterrit pour la première fois au sommet et recommence le lendemain. Ce record est validé par la Fédération aéronautique internationale[74].
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Le 1er février 2014, un planeur Stemme piloté par Klaus Ohlmann survole pour la première fois le sommet[75].
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Le 10 mai 1996 est la journée la plus noire de l'histoire de l'ascension de l'Everest, jusqu'à l'avalanche de 2014. Des alpinistes amateurs entament la montée avec des guides chevronnés, Scott Fischer et Rob Hall, tous deux travaillant pour des agences différentes mais choisissant de faire l'ascension ensemble. Ils négligent les conditions météorologiques qui se dégradent[76] et parviennent au sommet entre 13 h 0[77] et 15 h 45. Ce retard est imputable à l'amateurisme des « touristes »[78]. Au sommet, une violente tempête de neige s'abat. Un des clients de Rob Hall s'écroule et le guide reste avec lui. L'alpiniste meurt rapidement et, isolé, Rob Hall ne peut résister au froid et s'engourdit : disposant d'une radio, il communiquera avec son épouse enceinte, jusqu'à sa mort. Scott Fischer succombe pendant la descente, en proie à un sévère mal aigu des montagnes entraînant un œdème cérébral ; aucun de ses compagnons, trop épuisés, n'a pu lui porter secours. Les touristes sont éparpillés dans la nuit sans pouvoir trouver les tentes, pourtant à quelques mètres d'eux. Un alpiniste kazakh chevronné, Anatoli Boukreev, s'élance dans l'obscurité malgré les températures avoisinant −40 °C et ramène un à un les égarés, sauf deux agonisants[Note 2], la Japonaise Yasuko Namba, sans doute déjà morte, et l'Américain Beck Weathers, inconscient et en difficulté respiratoire. La surprise est pourtant grande quand le lendemain arrive au camp Beck Weathers, réveillé de son coma, membres et visage gelés. Toutefois, huit personnes périssent ce jour-là, toutes expéditions confondues, portant le bilan à quinze victimes pour l'année 1996[79].
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Une analyse scientifique rendue publique dans New Scientist en mai 2004 a révélé que des conditions météorologiques particulières ont pu provoquer une chute du taux d'oxygène dans l'air de 6 % qui se traduit pour l'organisme par 14 % d'oxygène en moins dans le sang[80].
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Jon Krakauer, membre de l'expédition, délégué par le magazine américain Outside, a rapporté avec précision ce drame dans Tragédie à l'Everest[81]. Une polémique a éclaté avec Anatoli Boukreev sur la façon dont Krakauer a relaté les événements ce qui vaudra au Kazakh de publier sa version des faits[82]. Plusieurs autres survivants ont également fait connaître la façon dont ils ont vécu cette journée. Quoi qu'il en soit, cette tragédie a eu un vaste retentissement et a suscité de nombreuses questions sur la commercialisation de l'Everest.
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La République populaire de Chine a élargi la piste de 100 kilomètres de long menant au camp de base tibétain à 5 154 mètres d'altitude, au pied du glacier du Rongbuk, dans le but de faciliter l'acheminement du nombre croissant de touristes. Les travaux ont commencé le 18 juin 2007 et se sont achevés en avril suivant pour un budget évalué à 150 millions de yuans soit environ 15 millions d'euros. Ces aménagements ont été réalisés malgré les protestations concernant la dégradation écologique. En outre, une antenne-relais de China Telecom pour la téléphonie mobile a été installée à 1 500 mètres du camp de base pour couvrir le sommet avec un réseau et un confortable hôtel a été construit à une heure de marche en aval[83].
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À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin, la flamme a été acheminée le 8 mai, avec deux semaines de retard, au sommet de l'Everest par dix-neuf alpinistes chinois, dont une majorité de Tibétains, et une équipe de tournage de huit personnes[84]. La montée, télévisée, tout comme la descente se sont déroulées par le col Nord. La flamme — en fait une réplique pendant que l'originale continuait son parcours — a dû être protégée du manque d'oxygène et du vent par une lampe de mineur spéciale[85]. Au sommet, les alpinistes d'origine han se sont exclamés « Nous avons réussi ! » et « Pékin vous accueille[86]. »
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La région de l'Everest est la terre des Sherpas, groupe ethnique qui a migré du Tibet à 2 000 kilomètres de leur habitat actuel au nord-est du Népal il y a 500 ans environ. Ils occupent désormais principalement les deux régions de Solu et de Khumbu. Douze clans distincts peuplent cette dernière. Les Sherpas sont notamment 2 500 à vivre au sein du parc national de Sagarmatha. Ils parlent un dialecte tibétain et pratiquent très majoritairement un bouddhisme tibétain empli de superstitions, de croyances et de cérémonies issues d'un mélange de traditions animistes et de religion Bön. Ce sont traditionnellement des agriculteurs, des pasteurs et des commerçants adaptés à la vie en haute altitude et qui se déplacent souvent à l'aide d'animaux tels que des yaks et des dzos. Depuis plusieurs décennies, ils profitent du tourisme et se sont spécialisés comme porteurs lors des expéditions au sommet des plus hautes montagnes, l'Everest en tête. Ils sont reconnus comme des hommes forts, endurants et courageux. Ils sont toutefois régulièrement remplacés par des Rai, des Tamang ou des Gurung[32],[87].
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L'Everest est une montagne sacrée pour les Sherpas. Ils pensent qu'elle abrite des esprits, des démons mais aussi des arbres[88]. Elle serait également le siège de Jomo Miyo Sangma Lang, l'une des « cinq sœurs de la longue vie » qui fournissent de la nourriture aux habitants du haut des cinq plus hauts sommets himalayens[89]. Le maître bouddhiste Padmasambhava aurait organisé une course jusqu'au sommet de l'Everest. Après quelque temps de méditation et de combat contre les démons, il aurait défié un des lamas de la religion Bön afin de déterminer qui était le plus puissant. Padmasambhava aurait été transporté vers le sommet par un rayon de lumière et le lama, vaincu, y aurait laissé son tambour. Depuis, chaque fois qu'une avalanche se produit jusque dans la vallée, les Sherpas jouent du tambour pour chasser les esprits.
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Avant toute ascension, les Sherpas pratiquent la pūjā, une cérémonie pour vénérer les victimes de la montagne, apaiser leurs pensées, tranquilliser leur âme et demander la clémence aux esprits de la montagne. Entre Dingboche et le Lobuche, sur le chemin du camp de base, un cimetière a été construit en l'hommage aux victimes des ascensions. Chacune est représentée par un cairn. Des stûpas, des moulins et drapeaux de prières, ainsi que des mantras sont présents au pied de l'Everest pour pratiquer les cérémonies.
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L'Everest a deux voies d'ascension principales, l'arête Sud-Est par le Népal et l'arête Nord-Est par le Tibet, ainsi que beaucoup d'autres itinéraires. Des deux itinéraires principaux, l'arête du Sud-Est est techniquement plus facile et est par conséquent l'itinéraire le plus fréquenté. Ce fut l'itinéraire emprunté par Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953 et le premier à avoir été reconnu parmi les quinze itinéraires[90] identifiés en 1996. Cependant, la décision d'emprunter cette première voie est due à des raisons géopolitiques et non à des choix techniques puisque la frontière chinoise était fermée aux étrangers depuis 1949. Le 20 août 1980, l'Italien Reinhold Messner est le premier à atteindre le sommet en solitaire et sans assistance respiratoire ni autre appui supplémentaire. Il emprunte l'itinéraire plus difficile du nord-ouest via le col Nord de la face Nord et le Grand couloir. Il réalise toute l'ascension seul pendant trois jours depuis son camp de base à 6 500 mètres d'altitude. Cet itinéraire est reconnu comme le huitième itinéraire permettant d'atteindre le sommet.
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La plupart des tentatives sont effectuées aux mois d'avril et mai avant la mousson d'été. À ce moment de l'année, un changement du courant-jet réduit les vitesses moyennes de vent en haute altitude. D'autres tentatives sont réalisées après la mousson aux mois de septembre et octobre mais la neige tombée pendant la mousson et des conditions météorologiques plus instables rendent l'ascension plus difficile.
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Les pionniers laissent désormais la place à un business lucratif. Des dizaines d'opérateurs proposent des expéditions jusqu'au sommet moyennant des sommes pouvant approcher les 50 000 à 70 000 dollars[91]. Ces expéditions commerciales traditionnelles durent environ deux mois, transformant les camps de base en véritables villes. La démocratisation des technologies permettant une acclimatation à domicile, grâce notamment à des tentes hypoxiques, tend à réduire cette durée.
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L'ascension par l'arête Sud-Est commence par un trek jusqu'au camp de base situé à 5 380 mètres d'altitude sur le versant Sud de l'Everest, au Népal. Les expéditions voyagent habituellement par les airs de Katmandou jusqu'à Lukla situé à 2 860 mètres d'altitude et passent par Namche Bazar. De là, les grimpeurs montent jusqu'au camp de base. Cette marche d'approche prend habituellement de six à huit jours, servant ainsi de voyage d'acclimatation en altitude afin d'éviter le mal aigu des montagnes. L'équipement et l'approvisionnement sont acheminés par des yaks, des dzos (croisement entre un yak et une vache) ou des porteurs jusqu'au camp de base sur le glacier du Khumbu. Quand Hillary et Tensing ont réalisé l'ascension de l'Everest en 1953, ils sont partis directement de la vallée de Katmandou car, à l'époque, aucune route n'allait plus loin.
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Les grimpeurs passent en général deux semaines au camp de base afin de s'acclimater à l'altitude. Pendant ce temps, les Sherpas et quelques membres de l'expédition installent des cordes fixes et des échelles dans la dangereuse cascade de glace de Khumbu. Séracs, crevasses et blocs de glace font de ce passage l'un des plus dangereux de l'ascension. Beaucoup de grimpeurs et de Sherpas ont été tués dans cette section. Pour réduire le risque, les grimpeurs commencent habituellement leur montée bien avant l'aube quand les températures encore basses maintiennent par le gel la plupart des blocs de glace en place. Au-dessus de la cascade de glace se situe le camp I à 6 065 mètres d'altitude[92].
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À partir du camp I, les grimpeurs remontent la « combe Ouest », en anglais Western Cwm, au pied du Lhotse, où le camp II ou camp de base avancé (Advanced Base Camp ou ABC) est établi à 6 500 mètres d'altitude. Cette vallée glaciaire qui s'élève doucement est entravée d'énormes crevasses en son centre qui empêchent l'accès aux parties supérieures du glacier. Les grimpeurs sont obligés de passer sur le côté droit, près du pied du Nuptse, le long d'un passage étroit connu sous le nom de Nuptse corner. Cette vallée est également appelée « vallée du silence » du fait de la topographie qui protège du vent. À cause de l'altitude élevée, par un jour clair et sans vent, la chaleur peut devenir difficilement supportable pour des grimpeurs[92].
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Du camp II, les grimpeurs montent sur les pentes du Lhotse à l'aide de cordes fixes jusqu'au camp III, situé sur un petit plateau à 7 470 mètres d'altitude. De là, il reste encore 500 mètres de dénivelé à gravir pour atteindre le col Sud où se trouve le camp IV à 7 920 mètres d'altitude. Du camp III au camp IV, les grimpeurs sont confrontés à deux difficultés majeures : l'« éperon des Genevois » et la « Bande jaune ». L'éperon des Genevois est une nervure formée par une enclume de roche noire surnommée ainsi par une expédition suisse en 1952. La Bande jaune est une section de marbres qui nécessite généralement une centaine de mètres de cordes fixes pour la traverser[92].
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À partir du camp IV au col Sud, les grimpeurs entrent dans la « zone de la mort » : en raison de l'altitude, le fonctionnement des organes se détériore inexorablement et le temps passé dans cette zone doit être réduit au minimum nécessaire. Les grimpeurs commencent généralement l'assaut final autour de minuit. Il leur reste encore plus de 900 mètres de dénivelé qu'il est raisonnable de réaliser en dix à douze heures à cette altitude. Les grimpeurs atteindront d'abord le « balcon » à 8 400 mètres d'altitude, une petite plate-forme où ils peuvent se reposer et contempler les crêtes au sud et à l'est dans les premières lueurs de l'aube. Continuant leur ascension de l'arête, ils sont alors confrontés à une série de marches rocheuses qui les incitent souvent à traverser vers l'est dans un profond manteau de neige où le risque d'avalanche est élevé. À 8 750 mètres d'altitude, un petit dôme de glace et de neige marque le sommet Sud[92].
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Du sommet Sud, les grimpeurs suivent l'arête Sud-Est, arête très effilée le long de ce qui est connu sous le nom de la « traversée de la corniche ». C'est la section la plus exposée de l'ascension car un faux pas vers la gauche enverrait le grimpeur 2 400 mètres en contrebas au pied de la face Sud, tandis qu'un faux pas vers la droite et le grimpeur dévalerait les 3 050 mètres de la face du Kangshung sur le versant septentrional, côté tibétain. À la fin de cette traversée, c'est la dernière difficulté : le « ressaut Hillary », un mur de roche de douze mètres de haut à 8 760 mètres d'altitude. Hillary et Tensing furent les premiers à surmonter cet obstacle et ils l'ont fait avec l'équipement de l'époque et sans cordes fixes. De nos jours, la plupart des grimpeurs traversent ce passage en utilisant des cordes fixes que des Sherpas auront installées auparavant. À partir de là, l'ascension jusqu'au sommet, relativement aisée, traverse des pentes douces mais particulièrement exposées. Toutefois, les grimpeurs doivent également traverser un passage rocheux où s'entremêlent de vieilles cordes fixes et qui peut devenir un calvaire en cas de mauvais temps[92].
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Les grimpeurs passent en général moins d'une demi-heure sur le toit du monde car ils doivent redescendre au camp IV avant la nuit. Ils doivent aussi faire attention aux conditions météorologiques qui se dégradent souvent dans l'après-midi ainsi qu'à leurs réserves d'oxygène[92].
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L'ascension de l'arête Nord-Est de l'Everest commence par la face Nord du côté tibétain en Chine. Le camp de base situé à 5 180 mètres d'altitude sur la moraine du glacier du Rongbuk est accessible après un trek. Pour atteindre le camp II, les grimpeurs empruntent la moraine du glacier oriental de Rongbuk jusqu'au pied du Changtse à environ 6 100 mètres d'altitude. Le camp III (ABC — camp de base avancé) est situé sous le col Nord à 6 500 mètres d'altitude. Pour atteindre le camp IV au col Nord à 7 010 mètres d'altitude, les grimpeurs montent le glacier au pied du col où des cordes fixes sont généralement installées. Du col Nord, les grimpeurs montent l'arête rocheuse Nord jusqu'au camp V à environ 7 775 mètres d'altitude. L'itinéraire emprunte la face Nord avant d'atteindre l'emplacement du camp VI à 8 230 mètres d'altitude. Du camp VI, les grimpeurs entament l'assaut final du sommet[93].
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Les grimpeurs doivent d'abord parcourir leur itinéraire via trois bandes rocheuses connues sous les noms de « premier ressaut » de 8 500 à 8 534 mètres d'altitude, « deuxième ressaut » de 8 577 à 8 626 mètres d'altitude et « troisième ressaut » de 8 690 à 8 800 mètres d'altitude. Au-dessus, la voie emprunte les pentes sommitales entre 50 et 60 degrés[93].
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Un autre itinéraire moins fréquenté et plus dangereux passe par la face est de l'Everest. Cette face rocheuse fait 3 350 mètres de dénivelé[20]. La première sur cette voie est accomplie en 1983 par une équipe américaine.
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L'ascension commence par une longue marche d'approche par le glacier de Kangshung. Arrivé au pied de la face Est, le grimpeur doit se préparer à plus de 3 000 mètres de dénivelé de parois verglacées, exposées aux avalanches. L'isolement de cette face fait qu'une retraite est difficile et dangereuse. George Mallory avait d'ailleurs noté dans son carnet d'expédition : « D'autres hommes, moins sages, pourraient tenter cette face, mais clairement, ce n'est pas pour nous »[94].
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Entre 1921 et 2006, plus de 14 000 alpinistes ont participé à des expéditions sur l'Everest, dont un peu plus de 6 000 Sherpas[95]. Au 31 décembre 2011, 5 654 personnes[96] sont parvenues au sommet depuis l'exploit d'Edmund Hillary et Tensing Norgay, dont 286 femmes. Le Népal est en tête du « palmarès » puisqu'il comptabilise 2 264 alpinistes au sommet ; il est suivi des États-Unis avec 536, de la Chine avec 299, du Royaume-Uni avec 264 et du Japon avec 169[97]. 59 % des ascensions réussies ont lieu par le col Sud et l'arête Sud-Est contre 39 % par le col Nord et l'arête Nord-Est[98]. Seuls 142 alpinistes sont parvenus au sommet sans assistance respiratoire[99]. Cependant, 219 alpinistes sont décédés depuis 1922[100].
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Le record de vitesse absolu d'une ascension, avec assistance respiratoire, est de 8 heures et 10 minutes détenu depuis le 21 mai 2004 par le Sherpa Pemba Dorjie[101]. La plus jeune personne au sommet est un Américain de 13 ans, Jordan Romero, qui fit l'ascension en 2010 avec son père[102] suivi d'une Népalaise âgée de 15 ans. Depuis 2008, le Japonais Yūichirō Miura est officiellement reconnu comme la personne la plus âgée à avoir atteint le toit du monde, à l'âge de 76 ans, malgré deux opérations du cœur, alors que le Népalais Min Bahadur Sherchan, arrivé deux jours avant lui au sommet, n'a pas pu prouver être âgé de 77 ans[103]. Yūichirō Miura renouvelle son record 5 ans plus tard, en atteignant le sommet le 23 mai 2013 à l'âge de 80 ans[104]. Tamae Watanabe devient, en mai 2002, la femme la plus âgée à gravir l'Everest, à l'âge de 63 ans. Dix ans plus tard, elle bat à nouveau ce record en gravissant l'Everest à l'âge de 73 ans[105].
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Point de passage obligé de l'itinéraire classique vers le sommet, le col Sud est devenu une véritable décharge. Les expéditions y abandonnent matériel et déchets qui réapparaissent quand fondent les plaques de neige. Mandatée par le gouvernement népalais et l'UNESCO, une équipe dirigée par l'alpiniste Pierre Royer a commencé son grand nettoyage au printemps 1993. Au mois de mai, l'expédition, avec une vingtaine de Sherpas, a redescendu huit tonnes de déchets (bouteilles d'oxygène, plastiques, verres, toiles, etc.)[106].
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Le gouvernement népalais essaye de lutter contre ces déchets. Il impose ainsi à chaque expédition la nécessité de prouver qu'elle n'a pas abandonné son matériel, sous peine de perdre une caution de 4 000 dollars. En mars 2014, il annonce qu'à partir du mois suivant, tout alpiniste doit redescendre huit kilogrammes de déchets en plus de son propre matériel, sous peine de poursuites[107],[108].
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Green Boots est le surnom donné au cadavre non identifié d'un alpiniste devenu un repère pour les expéditions s'attaquant à l'Everest. Il s'agit d'un homme mort probablement lors de la tempête de 1996 ou au début des années 2000. Il est devenu le symbole du manque de solidarité qui sévit parfois en alpinisme.
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En 2006, David Sharp meurt lors de l'ascension de l'Everest. Alors qu'il est en difficulté, il est ignoré par une quarantaine d'autres grimpeurs qui choisissent de poursuivre leur ascension, ce qui provoque une polémique sur l'éthique des grimpeurs, qui continue en 2012, les alpinistes progressant au milieu de cadavres des expéditions précédentes ou d'alpinistes mourants[109]. L'abandon de David Sharp est critiqué par Edmund Hillary. Environ 150 cadavres parsèment les pentes du sommet de l'Everest, la plupart sur les voies d'accès, et selon Mike Dillon, un cinéaste australien, toutes les personnes ayant atteint le sommet par la voie nord en 2006 ont déclaré en avoir vu[110]. En 2010, quand a lieu une expédition d'enlèvement des cadavres, l'organisateur commente l'abandon de Sharp comme « allant à l'encontre de toutes les valeurs de l'alpinisme »[111].
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En 2012, victime de son succès et des systèmes de routage météo qui permettent d'anticiper les créneaux de beau temps plusieurs jours à l'avance, l'ascension de l'Everest est parfois la scène de jusqu'à 200 alpinistes faisant la queue pendant des heures pour pouvoir gravir la dernière section jusqu'au sommet, ce qui a été fatal à plusieurs alpinistes dans la « zone de mort ». L'État népalais impose à tout étranger, pour escalader chaque haute montagne, une « autorisation de sommet », sorte de permis d'ascension coûtant 18 000 euros en 2014[112] et autorise une trentaine d'expéditions, soit plus de 700 personnes[113]. Les prix pour l'ascension vont jusqu'à 200 000 dollars avec des grimpeurs de moins en moins expérimentés. Les alpinistes doivent toujours enjamber des corps lors de l'ascension[114]. En 2013, les cadavres sont décrits comme « balisant » le sentier le plus utilisé[115]. Fin mai 2019, le nombre de grimpeurs essayant d’atteindre le sommet au cours de la même journée crée un bouchon qui provoque la mort de plusieurs alpinistes[116].
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En 2014, au moins 13 sherpas meurent dans le plus grand accident ayant lieu sur l'Everest depuis la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest. Les avalanches provoquées par le séisme du 25 avril 2015 font à nouveau de nombreuses victimes parmi les alpinistes étrangers et les sherpas.
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Le versant népalais de l'Everest est classé depuis le 19 juillet 1976 au sein du parc national de Sagarmatha qui s'étend sur 114 800 hectares, recouvrant une grande partie de la région de Khumbu, au nord-est du pays. 69 % de la superficie du parc se situe au-dessus de 5 000 mètres d'altitude et s'avère pratiquement stérile. Le reste est constitué de 28 % de prairies d'altitude et de 3 % de forêts, constituant six des onze biotopes identifiés au Népal. Le parc a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979[32].
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La réserve naturelle du Qomolangma est une réserve de biosphère située en Chine sur la partie septentrionale de l'Everest[117]. L'once ou léopard des neiges est l'emblème de la réserve naturelle du Qomolangma[118].
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Dans une chanson titrée simplement Everest, Ani DiFranco oppose la profondeur du Pacifique à la hauteur de la montagne et Cliff Richard affirme dans Climbing Up Mount Everest que l'escalader est comme de ramper inconscient jusqu'à Memphis ou de creuser un trou jusqu'en Chine pour découvrir que l'être aimé ne vous aime plus. L'auteur-compositeur-interprète Fabien Martin a sorti en 2003 un album et une chanson intitulés Ever Everest.
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Ever Everest
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Rien n' s'efface
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Les nuits passent
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Et les rêves restent
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Le groupe de musique belge Girls in Hawaii a publié en 2013 un album qui s'intitule Everest et dans lequel se trouve Mallory's height, une chanson évoquant l'histoire de George Mallory.
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L'aventure funeste de George Mallory et Andrew Irvine a inspiré plusieurs œuvres (Mallory & Irvine - À la recherche des fantômes de l'Everest), certaines plus romancées. Ainsi, dans la fiction, Le Sommet des dieux est un manga qui raconte la découverte, par un photographe et alpiniste japonais, puis le vol de l'appareil photographique de Mallory censé aider à résoudre l'énigme concernant l'ascension de 1924 avec Andrew Irvine[119]. L'ascension qui a vaincu le sommet en 1953 a également fait l'objet d'un livre d'Edmund Hillary, Au sommet de l'Everest : Il y a 50 ans l'Everest, l'expédition qui a vaincu le toit du monde, ainsi qu'un documentaire titré La Conquête de l'Everest sorti en 1954. D'autres alpinistes ont depuis livré leur propre expérience. La tragédie de 1996 a motivé plusieurs récits de la part des rescapés et a inspiré de nombreuses adaptations bibliographiques et cinématographiques, souvent adaptées de ces témoignages. Mort sur le toit du monde et Everest sont, par exemple, tirés de Tragédie à l'Everest de Jon Krakauer. Les Enfants de l'Everest, de National Geographic, fait un tour d'horizon des exploits accomplis vers le sommet.
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Everest Ascent est un jeu vidéo d'aventure sorti en 1983 dont le but était d'atteindre le sommet en moins de vingt jours en gérant correctement ses ressources pour conserver ses Sherpas[120].
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Il apparaît aussi dans le film 2012. Les arches manquent d'entrer en collision avec sa face Nord.
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Le film Everest relate les faits de la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest.
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L'Everest, en tibétain : ཇོ་མོ་གླང་མ, Wylie : jo mo glang ma, THL : jomo lang ma parfois translitterré Chomolungma, en népalais : सगरमाथा, Sagarmāthā, aussi appelé mont Everest, est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (province no 1) et la Chine (région autonome du Tibet).
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Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, son altitude est établie à 8 848 mètres et il est identifié comme le plus haut sommet du monde. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 en l'honneur de George Everest, arpenteur général des Indes orientales de 1830 à 1843, et, dès les années 1920, de lui attirer l'intérêt des alpinistes qui se lancent à l'assaut de ses pentes. Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le versant nord au Tibet. Toutefois, les conditions climatiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s'ils ont atteint le sommet. En 1950, le Népal autorise l'accès à la montagne depuis le sud offrant des possibilités d'ascension par l'arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, Edmund Hillary et Tensing Norgay deviennent les premiers hommes à atteindre le sommet de l'Everest. Dès lors, les exploits en tous genres s'enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d'accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes. Pourtant, le tourisme de masse se popularise, fragilisant le milieu naturel malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988. Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l'ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l'ont réussie, bien aidés, pour la majorité d'entre eux, par les porteurs sherpas.
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Identifié comme « pic B » à partir de 1847 (car le Kangchenjunga était considéré à cette époque comme le plus haut sommet du monde) puis appelé « pic XV » en 1849 (numération romaine de Michael Hennessy, arpenteur général britannique, nommant les sommets de la chaîne de l'Himalaya d'est en ouest)[2], la montagne acquiert en 1865 son nom anglais qui lui est donné par Andrew Waugh, alors arpenteur général britannique des Indes orientales[3]. Généralement, le nom local est respecté, à l'instar du Kangchenjunga et du Dhaulagiri, mais le Népal et le Tibet étant fermés aux voyageurs étrangers, il écrit :
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« Mon respecté chef et prédécesseur le colonel Sir George Everest m'a enseigné à désigner tout objet géographique par son véritable nom local ou indigène. Mais voici une montagne, probablement la plus haute au monde, dont nous n'avons pu trouver aucun nom local. L'appellation indigène, si elle en a une, ne sera très probablement pas découverte avant que nous soyons autorisés à pénétrer au Népal. En attendant il m'incombe le privilège comme le devoir d'assigner… un nom, par lequel cette montagne puisse être connue des citoyens et des géographes et devenir un mot d'usage courant dans les nations civilisées. »
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— Andrew Waugh, Proceedings of the Royal Geographical Society of London[4]
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Pourtant, de nombreux noms locaux existent, le plus connu étant probablement depuis plusieurs siècles l'appellation tibétaine Chomolungma figurant même sur une carte de 1733 publiée à Paris par le géographe français Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville. Quoi qu'il en soit, Waugh prétexte qu'avec la pléthore de noms locaux, il aurait été difficile d'en favoriser un plus répandu parmi les autres[3],[5]. Il décide alors de le baptiser d'après son prédécesseur de 1830 à 1843, d'abord en utilisant l'orthographe Mont Everest puis Mount Everest. Pourtant, celui-ci objecte en 1857 que le nom est impossible à écrire en hindi ou à prononcer par les « natifs de l'Inde ». Malgré cela, la Royal Geographical Society l'entérine officiellement en 1865, soit un an avant la mort de George Everest[3]. La prononciation anglaise moderne d'Everest (API : [ˈɛvərɪst] ou [ˈɛvrɪst])[6] est d'ailleurs différente de la prononciation du nom de famille qui était [ˈiːvrɪst][7]. La prononciation française, quant à elle, diffère encore de l'original, puisque l'on dit [ˈevrɛst].
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Le nom tibétain est donc Chomolungma ou Qomolangma (ཇོ་མོ་གླིང་མ) signifiant la « Déesse (Chomo) mère (suffixe ma) des vents (lung) » et la translittération en chinois est Zhūmùlǎngmǎ Fēng (chinois simplifié : 珠穆朗玛峰, chinois traditionnel : 珠穆朗瑪峰) ou Shèngmǔ Fēng (聖母峰) signifiant « déesse de l'univers » tandis que la traduction littérale donne Shèngmǔ Fēng (chinois simplifié : 圣母峰, chinois traditionnel : 聖母峰). En ancien sanskrit, la montagne a pour nom Devgiri, en français « la montagne sainte », et Devadurga, prononcé en anglais deodungha au XIXe siècle[8]. Au début des années 1960, le gouvernement népalais prend conscience que l'Everest n'a aucun nom népalais. Ce manque est dû au fait que la montagne n'était pas connue et n'avait donc pas de nom au Népal ethnique, c'est-à-dire, la vallée de Katmandou et ses abords. Le gouvernement se décide alors à trouver un nom pour la montagne. Chomolangma, pourtant utilisé par les Sherpas, n'est pas acceptable car il aurait été contraire à l'idée d'unification du pays (« népalisation »). Aussi, un nouveau nom est inventé par Baburam Acharya : Sagarmāthā (सगरमाथा), en français la « tête du ciel »[9].
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En 2002, le journal chinois Le Quotidien du Peuple édite un article alléguant un point de droit contre l'utilisation continue du nom anglais dans le monde occidental, insistant sur le fait que la montagne devrait être mentionnée par son nom tibétain. Le journal se justifie par le fait que le nom local précédait chronologiquement le nom anglais : le mont Qomolangma aurait été repéré selon eux sur une carte chinoise il y a plus de 280 ans[10]. Dans le même ordre d'idées, une campagne menée entre autres par l'ancien Premier ministre de l'Inde, Atal Bihari Vajpayee, a tenté de convaincre l'opinion que la montagne devrait être renommée d'après Radhanath Sikdar, l'auteur des calculs établissant l'altitude du sommet en 1852, mais la montagne n'étant pas en territoire indien, la dénomination a été rejetée[11].
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L'Everest s'élève à la frontière entre la ville-préfecture de Shigatsé dans la région autonome du Tibet en Chine et le district de Solukhumbu dans la province no 1 au Népal. Il culmine à 8 848 mètres d'altitude dans le Mahalangur Himal, un massif de l'Himalaya, ce qui en fait le point culminant de l'Asie et le plus haut des sept sommets. Il se situe à 160 kilomètres à l'est-nord-est de Katmandou, 260 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de Thimphou, 450 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Lhassa et environ 600 kilomètres au nord de Calcutta et du golfe du Bengale. Les sommets de plus de 8 000 mètres les plus proches sont le Lhotse, avec 8 516 mètres d'altitude à trois kilomètres à vol d'oiseau au sud, le Makalu, avec 8 463 mètres d'altitude à vingt kilomètres à vol d'oiseau au sud-est, et le Cho Oyu, avec 8 201 mètres d'altitude à vingt-huit kilomètres à vol d'oiseau au nord-ouest.
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L'Everest est un pic pyramidal. Il a été modelé par l'érosion, en particulier glaciaire. Il possède trois faces, la sud-ouest, la nord et l'est, séparées par autant d'arêtes quasi-rectilignes, l'ouest, la nord-est et la sud. Un glacier s'épanche de chacun des versants : respectivement le glacier du Khumbu au travers de la Western Cwm aussi appelée « vallée du Silence », le glacier du Rongbuk et le glacier de Kangshung. La face nord est la plus difficile d'accès car moins enneigée et plus rocheuse que la face sud-ouest. Elle abrite le couloir Hornbein et le Grand couloir appelé aussi couloir Norton. Les arêtes ouest et sud-est délimitent la frontière entre la République populaire de Chine et le Népal. L'arête nord-est relie le Changtse, culminant à 7 543 mètres d'altitude, via le col Nord situé à 7 020 mètres d'altitude. L'arête sud-est relie le Lhotse, culminant à 8 516 mètres d'altitude, via le sommet secondaire de l'Everest simplement appelé sommet Sud, culminant à 8 751 mètres d'altitude, et le col Sud situé à 7 904 mètres d'altitude tandis que l'arête ouest relie le Khumbutse, culminant à 6 636 mètres d'altitude, via l'Épaule occidentale et le col Lho-La situé à 6 026 mètres d'altitude.
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En 1856, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes orientales depuis 1843, annonce après plusieurs années de mesures menées dans le cadre du « grand projet de topographie trigonométrique » que le « pic XV » a été mesuré officiellement à 8 840 mètres d'altitude[3],[12].
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En 1955, une étude indienne aboutit pour la première fois à la valeur de 8 848 mètres d'altitude. Comme l'équipe de Waugh, ils ont réalisé leurs mesures au moyen de théodolites mais ils ont eu l'avantage de pouvoir s'approcher beaucoup plus près de l'Everest[12]. Cette altitude est confirmée en 1975 par une étude chinoise. Dans les deux cas, c'est le manteau neigeux qui a été pris en considération[13].
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En mai 1999, une expédition américaine menée par Bradford Washburn enfouit une balise GPS dans la roche. Acceptée par la National Geographic Society, elle permet de déterminer à 8 849,87 mètres d'altitude le sommet rocheux et à un mètre l'épaisseur de la couverture de glace et de neige[14]. Le 9 octobre 2005, après plusieurs mois de mesures et de calculs, le bureau national de topographie et de cartographie de la République populaire de Chine annonce officiellement que l'altitude de l'Everest est de 8 844,43 mètres ± 0,21 mètres. Les autorités proclament qu'il s'agit de la mesure la plus précise jamais effectuée[15]. Les résultats de Bian Qiantao, chercheur à l'Institut de géologie et de géophysique de l'Académie chinoise des sciences suggèrent que l'Himalaya et le plateau Tibétain ne continueront pas à s'élever indéfiniment[16]. Pourtant, cette nouvelle valeur ajoutée aux 3,5 mètres d'épaisseur de glace et de neige rencontrée par l'équipe chinoise[13] est en accord avec l'altitude de 8 848 mètres que continue de reconnaître le gouvernement népalais[17].
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Toutefois, l'épaisseur du manteau neigeux varie en fonction du temps ce qui rend la mesure de l'altitude durablement impossible avec la précision énoncée en 1999 et 2005. Pour autant, l'altitude du sommet rocheux est tout aussi incertaine en raison de la forme du géoïde et des ondulations de la croûte terrestre. De plus, à moindre échelle, des mouvements tectoniques sont à l'origine d'une augmentation de l'altitude de quatre millimètres par an ainsi que d'un déplacement latéral de l'ordre de trois à six millimètres par an en direction du nord-est[14],[18], voire de vingt-sept millimètres selon une autre source[19].
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Une carte photogrammétrique détaillée à l'échelle 1:50000e de la région de Khumbu incluant le versant sud de l'Everest a été réalisée dans le cadre de l'expédition internationale en Himalaya de 1955 par Erwin Schneider qui en a profité pour tenter l'ascension du Lhotse. Une carte topographique de l'Everest encore plus détaillée a été produite à la fin des années 1980 sous la direction de Bradford Washburn, à l'aide de photographies aériennes[20].
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L'Everest est le plus haut sommet du monde depuis le niveau de la mer. Toutefois, d'autres montagnes peuvent prétendre au titre de plus haute montagne de la Terre suivant les critères utilisés.
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On considère par exemple que le Mauna Kea sur l'île de Hawaï est la plus haute montagne à partir de sa base[Note 1]. En effet, même si elle ne dépasse que de 4 205 mètres le niveau de la mer, elle s'élève à 10 200 mètres au-dessus du plancher océanique[21],[22].
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Par la même mesure de la base au sommet, le Denali situé en Alaska est aussi plus haut que l'Everest. Malgré son altitude de 6 190 mètres, il s'élève au-dessus d'un plateau de 300 à 900 mètres d'altitude, ce qui lui confère une élévation verticale par rapport à sa base de 5 300 à 5 900 mètres[23]. Par comparaison l'Everest s'élève de 3 650 à 4 650 mètres au-dessus du plateau Tibétain[20].
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De son côté, le Chimborazo, culminant à 6 268 mètres d'altitude en Équateur à un peu plus d'un degré de latitude Sud, est le sommet le plus éloigné du centre de la Terre : il en est distant de 6 384,4 kilomètres contre 6 382,3 kilomètres en ce qui concerne l'Everest, soit une différence de 2 168 mètres due au renflement de la sphère terrestre au niveau de l'équateur[21],[22],[24].
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Quoi qu'il en soit, l'Everest est loin d'être le relief possédant l'altitude la plus élevée dans le système solaire : sur Vénus, les Maxwell Montes culminent à environ 11 000 mètres[25] alors que le record absolu est détenu par l'Olympus Mons sur Mars avec 21 229 mètres d'altitude[26].
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L'Everest s'est formé, comme l'ensemble de l'Himalaya, au cours de l'orogenèse alpine. La convergence de la plaque indienne vers la plaque eurasienne a contribué à la fermeture de la Téthys à partir de l'Éocène, il y a environ 50 millions d'années, et s'est soldée par la collision des masses continentales du sous-continent indien avec le reste du continent asiatique. La plaque indienne, plus petite et plus légère, continue de plonger sous la plaque eurasienne au rythme de trois centimètres par an et ainsi la croûte continentale pousse et soulève la chaîne himalayenne de quelques millimètres par an. La pression a créé un métamorphisme des roches en profondeur.
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Les roches de l'Everest sont divisées en trois formations géologiques. Ces unités sont séparées par des failles normales de détachement le long desquelles elles coulissent. Du sommet à la base, il s'agit des formations de Qomolangma, du Col Nord et de Rongbuk[27],[28].
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La formation de Qomolangma s'étend du sommet jusqu'à l'altitude de 8 600 mètres. Elle est également connue sous les noms de formation de l'Everest ou de Jolmo Lungama. Elle consiste en une alternance de couches calcaires et de dolomies recristallisées parallèles de couleur gris foncé, grisâtres ou blanches avec des traces d'argiles et de siltites. La présence de fragments microscopiques de crinoïdes a été découverte à l'intérieur de ces calcaires[29]. Plus tard, des analyses pétrographiques d'échantillons de calcaires datant de l'Ordovicien prélevés près du sommet ont mis en évidence une composition à base de grains carbonatés et de fragments de trilobites, de crinoïdes et d'ostracodes. D'autres échantillons se sont révélés trop altérés et recristallisés pour que leur composition d'origine puisse être reconstituée. La formation de Qomolangma est fractionnée par plusieurs failles inverses qui se terminent au niveau de la faille normale dite du « détachement de Qomolangma ». La partie inférieure de cette formation, en contact avec la zone de détachement, est fortement déformée sur une épaisseur moyenne de cinq mètres[27],[28].
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La formation du Col Nord est divisée en deux ou trois parties. Entre 8 600 et 8 200 mètres d'altitude, la Yellow Band, littéralement « bande jaune » en français, consiste en une séquence de strates de marbres à base de diopside-épidote d'un brun-jaune bien distinctif, intercalées avec des phyllites à base de muscovite-biotite, et des semischistes. L'étude pétrographique des marbres collectés à 8 300 mètres d'altitude a mis en évidence que les débris fossiles calcaires à entroques recristallisés constituent au moins 5 % de la roche. La partie supérieure de la Yellow Band en contact avec la zone de détachement de Qomolangma est elle aussi fortement déformée sur une épaisseur de cinq mètres. Une faille en brèche de cinq à quarante centimètres de largeur la sépare de la formation de Qomolangma[27],[28]. Entre 8 200 et 7 600 mètres d'altitude, la formation du Col Nord est constituée d'une alternance de phyllites à base de biotite-quartz et de chlorite-biotite et dans une moindre mesure de micaschistes à base de biotite-séricite-quartz ; entre 7 600 et 7 000 mètres d'altitude, elle est composée de micaschistes à base de biotite-quartz, d'épidote-quartz et de biotite-calcite-quartz, et de fines strates de marbres à quartzose. Ces roches métamorphiques sont le résultat d'un métamorphisme dans une mer profonde de flyschs composés de sédiments de mudstone, de schiste, de grès argileux, de grès calcaires, de grauwacke et de sables calcaires. La faille normale qui délimite la partie inférieure de la formation du Col Nord est une zone de détachement régionale appelée « détachement du Lhotse »[27],[28].
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La formation de Rongbuk, en dessous de 7 000 mètres d'altitude, forme la base de l'Everest. Elle est constituée de micaschistes à orthose-sillimanite et de gneiss avec de nombreuses intrusions sous forme de sill et de dyke à base de leucogranite dont l'épaisseur varie d'un centimètre à 1 500 mètres[28],[30].
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Les conditions climatiques sur l'Everest sont extrêmes. En janvier, mois le plus froid, la température au sommet est en moyenne de −36 °C et le ressenti peut être de −60 °C. En juillet, mois le plus chaud, la température moyenne est de −19 °C et il gèle en permanence[31].
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De juin à septembre, l'Everest subit la mousson. Le vent et les précipitations proviennent de l'océan Indien au sud. Des masses de nuages et des violentes tempêtes de neige s'abattent fréquemment à cette époque de l'année. De novembre-décembre à février-mars, les courant-jets à dominante sud-ouest redescendent depuis le nord. Des vents violents balayent le sommet à plus de 285 km/h. Durant les saisons intermédiaires, habituellement plus sèches et propices à l'ascension du sommet, des tempêtes peuvent toutefois se produire et surprendre les alpinistes avec des vents chargés de sable ou parfois des chutes de trois mètres de neige en vingt-quatre heures. Ainsi, à la fin de l'hiver et au cours du printemps, les vents d'ouest sont dominants. Un air chargé d'humidité s'élève le long des versants méridionaux de l'Himalaya et se condense en formant un nuage blanc et effilé en direction de l'est. Lorsque le vent souffle à 80 km/h environ, le nuage est à hauteur du sommet ; en dessous de cette vitesse, il s'élève tandis que si le vent souffle plus fort, le nuage est plus bas[31].
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Le camp de base du versant Sud, aux alentours de 5 300 mètres d'altitude, reçoit en moyenne 450 millimètres de précipitations par an[31].
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Les pentes inférieures de l'Everest sont couvertes de manière éparse de touffes d'herbes et de buissons nains adaptés à l'étage alpin. Au-delà de 5 000 mètres d'altitude, Rhododendron nivale est le seul buisson capable de survivre aux conditions extrêmes. Dans les hautes vallées poussent également Hippophae tibetana, Ephedra gerardiana, Juniperus indica, Dasiphora fruticosa, Gentiana ornata, Leontopodium jacotianum et Meconopsis horridula[32]. En 1924, des membres de l'expédition britannique récoltent des lichens entre 4 600 et 5 500 mètres d'altitude, ce qui permet l'année suivante à R. Paulson d'identifier trente espèces différentes[33]. Ces lichens, ainsi que des mousses et deux espèces de plantes à fleurs, Arenaria polytrichoides et Tanacetum gossypinum, sont présents jusqu'à 5 750 mètres[32]. Euophrys omnisuperstes, une minuscule espèce d'araignée sauteuse noire, a été trouvée en 1924 par R.W.G. Hingston à 6 700 mètres d'altitude. Cela en fait l'organisme non-microscopique permanent confirmé le plus haut sur Terre[34]. Elle vit au fond des crevasses et il a été démontré en 1954 qu'elle se nourrit d'insectes gelés transportés sur place par le vent ainsi que de collemboles vivant jusqu'à 6 000 mètres d'altitude et se nourrissant de champignons et de lichens[35]. Au-delà de 6 700 mètres d'altitude, seules des espèces microscopiques peuvent survivre durablement.
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En 2020, des chercheurs de l'université d'Exeter publient une étude sur l'écosystème végétal du massif en comparant les images prises entre 1993 et 2018 par les satellites Landsat. Ils constatent une extension faible mais significative de la superficie végétale subnivale entre 4 150 et 6 000 mètres d'altitude, et en particulier entre 5 000 et 5 500 m[36],[37].
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Des oiseaux tels que l'Oie à tête barrée (Anser indicus) ont été aperçus volant à hauteur du sommet tandis que des Chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), communément appelés gorak en népalais, se nourrissent parfois de déchets, de charognes voire de cadavres humains au col Sud[38], voire plus haut puisque le corps de George Mallory a été retrouvé à 8 160 mètres d'altitude avec les joues dévorées[39].
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En 1808, les Britanniques lancent le « grand projet de topographie trigonométrique » des Indes orientales afin de déterminer la localisation et nommer les plus hauts sommets du monde. L'étude commence au sud du pays et se déplace progressivement vers le nord en utilisant douze porteurs pour le transport de chacun des théodolites. Ces appareils pèsent plus de 500 kilogrammes et permettent de mesurer avec précision la hauteur des montagnes. Elle atteint le pied de l'Himalaya dans les années 1830 mais le Népal refuse l'accès de son territoire aux Britanniques, craignant des heurts politiques et une possible annexion. Plusieurs requêtes sont envoyées par les scientifiques mais toutes sont rejetées. Ils sont contraints de poursuivre leurs observations depuis le Teraï, une région parallèle au Népal et à l'Himalaya. Les pluies torrentielles rendent les observations difficiles. Le paludisme provoque la mort de trois experts et impose l'évacuation de deux autres[3].
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Néanmoins, en 1847, les Britanniques persévèrent et commencent des études détaillées des sommets de l'Himalaya depuis des postes d'observation situés à plus de 240 kilomètres de distance. Les conditions climatiques restreignent la durée de travail à trois mois dans l'année. En novembre 1847, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes, réalise de nombreuses observations depuis le poste de Sawajpore situé à l'extrémité orientale de la chaîne. À cette époque, le Kangchenjunga, mesuré depuis à 8 586 mètres d'altitude ce qui le place en troisième position, est alors considéré depuis une dizaine d'années comme étant le plus haut sommet sur Terre. Il note avec intérêt l'existence d'un sommet à 230 kilomètres en arrière de celui-ci. John Armstrong, un des fonctionnaires de Waugh, l'aperçoit également depuis une position un peu plus occidentale et l'identifie trivialement comme le « pic B ». Plus tard, Waugh admettra que les mesures effectuées sur le pic B le désignaient comme plus élevé que le Kangchenjunga mais qu'étant donné la distance importante, des observations rapprochées étaient nécessaires pour s'en assurer. Pour ce faire, l'année suivante, Waugh renvoie un géomètre dans la région du Teraï, mais des nuages empêchent toute mesure[3].
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En 1849, Waugh affecte James Nicolson à cette région. Ce dernier réussit à faire des observations à 190 kilomètres de distance depuis Jirol. Il emporte avec lui le plus gros des théodolites et se dirige vers l'est en réalisant trente mesures depuis cinq positions différentes, la plus proche à 175 kilomètres du sommet. Il se retire à Patna, sur le Gange, pour effectuer les calculs nécessaires. Ses relevés lui fournissent une altitude moyenne de 9 200 mètres mais ils ne tiennent pas compte de la réfraction qui distord les mesures. La valeur a cependant l'avantage de donner une indication sur l'altitude du pic B comparée à celle du Kangchenjunga. Malheureusement, Nicolson est affaibli par le paludisme et doit quitter les Indes sans terminer ses calculs. Michael Hennessy, un des assistants de Waugh, qui a commencé à désigner les sommets avec des chiffres romains, renomme le Kangchenjunga « pic IX » et le pic B « pic XV »[3].
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En 1852, Radhanath Sikdar, mathématicien et géomètre indien originaire du Bengale, stationne sur le site principal des géomètres à Dehradun. Il est le premier à reconnaître dans le sommet le point culminant de l'Himalaya en faisant appel à des calculs trigonométriques basés sur les relevés de Nicolson[40]. L'annonce officielle est repoussée durant plusieurs années, le temps que les calculs soient inlassablement répétés. En 1854, Waugh reprend lui-même le travail laissé par Nicolson et, avec son équipe, passe près de deux ans à résoudre les problèmes de réfraction, de pression atmosphérique et de température qui se posent sur de telles distances. Finalement, en mars 1856, il révèle sa découverte dans une lettre à son adjoint à Calcutta. Le pic IX est estimé à 28 156 pieds soit 8 582 mètres d'altitude et le pic XV à 29 002 pieds soit 8 840 mètres. Waugh conclut que le pic XV est « plus que probablement le plus haut du monde »[3]. En réalité, le pic XV a été mesuré à exactement 29 000 pieds soit 8 839 mètres mais deux pieds ont été arbitrairement rajoutés afin d'éviter l'impression que la mesure était une estimation grossièrement arrondie[41].
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La première personne à évoquer la possibilité d'une ascension de l'Everest est Clinton Thomas Dent, président de l’Alpine Club, en 1885 dans Above the Snow Line[42].
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En 1904, l'expédition militaire britannique menée par Francis Younghusband parvient à négocier le passage des frontières du Tibet. À cette occasion, J. Claude White réalise la première photographie de la face Est depuis Kampa Dzong à une distance de 150 kilomètres. Mais il faut attendre 1921 pour que la Royal Geographical Society obtienne l'autorisation de véritablement explorer la montagne. La première expédition est financée par le Mount Everest Committee, dirigée par le colonel Charles Howard-Bury, et composée de Harold Raeburn, George Mallory, Brian Donahue, Guy Bullock et Edward Oliver Wheeler. Sa mission est seulement de cartographier la montagne et de repérer l'itinéraire le plus facile vers le sommet. La santé de Raeburn l'oblige toutefois à abandonner ses compagnons et Mallory assume le rôle de chef d'expédition. Bien qu'ils ne soient pas équipés pour atteindre le sommet, ils parviennent au col Nord avant d'être forcés de faire demi-tour, surpris par la mousson. L'expérience de Mallory lui permet d'affirmer que l'itinéraire vers le sommet paraît long mais envisageable pour une expédition bien préparée[43].
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La seconde expédition de 1922, menée par Charles Granville Bruce, est composée d'Edward Lisle Strutt, George Mallory, George Ingle Finch, Edward F. Norton, Henry T. Morshead, Howard Somervell, Arthur Wakefield, John Noel, Tom George Longstaff, Geoffrey Bruce, John Morris, Colin G. Crawford, et jusqu'à 160 porteurs[44],[45]. Ces deux derniers atteignent la North Ridge et l'altitude de 8 320 mètres lors d'une deuxième tentative avec assistance respiratoire, ce qui constitue un record mondial[46]. Mais une avalanche fait les premières victimes d'une ascension en tuant sept Sherpas et met un terme à la troisième et dernière tentative de l'expédition[47].
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La troisième expédition en 1924, menée à nouveau par Charles Granville Bruce mais qui renonce, atteint du paludisme, puis par Edward F. Norton, est composée de George Mallory, Bentley Beetham, Geoffrey Bruce, John de Vars Hazard, R.W.G. Hingston, Andrew Irvine, John Noel, Noel Odell, E.O. Shebbeare et Howard Somervell. Norton réussit à établir, lors d'une deuxième tentative, un nouveau record d'altitude avec 8 570 mètres qui tiendra jusqu'en 1952[43]. Lors d'une troisième tentative, Mallory et Irvine disparaissent alors qu'ils sont aperçus par Odell en route pour le sommet[45]. L'énigme demeure quant à savoir s'ils ont atteint le sommet alors qu'aucune preuve concluante ne permet de l'affirmer de manière certaine malgré la découverte du corps de Mallory en 1999[45].
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Lors d'un entretien accordé le 18 mars 1923 à un journaliste du New York Times qui lui demandait pourquoi il souhaitait à ce point escalader l'Everest, George Mallory avait simplement répondu par la phrase devenue probablement la plus connue de l'alpinisme :
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« Because it’s there (Parce qu'il est là)[48] »
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— George Mallory, The New York Times
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Dans les années 1930, plusieurs autres expéditions britanniques sont tentées, sans succès. La plus importante est celle de 1933 menée par Hugh Ruttledge qui voit Lawrence Wager avec Percy Wyn-Harris et Eric Shipton avec Frank Smythe successivement échouer dans leur tentative d'atteindre le sommet[43]. En 1935, Tensing Norgay sert pour la première fois de porteur auprès de Shipton et de ses compagnons Bill Tilman, C.B.M. Warren, E.G.H. Kempson, L.V. Bryant, and E.H.L. Wigram[43]. Au total, sept missions britanniques se lanceront à l'assaut de la face Nord de l'Everest[49]. La Seconde Guerre mondiale puis la prise de contrôle du Tibet par les autorités chinoises en 1950 mettent un terme aux ascensions pour une longue période, à l'exception d'une tentative illégale réalisée en mars 1947 par le Canadien Earl Denman accompagné de Tensing Norgay et Ang Dawa Sherpa. Il faudra attendre une expédition chinoise pour que la voie Nord-Est soit enfin vaincue le 25 mars 1960, bien que des controverses subsistent.
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La fermeture du Tibet à cause de l'invasion chinoise oblige les expéditions à se tourner vers le Népal qui s'ouvre aux étrangers en 1950. C'est Bill Tilman accompagné de Charles Houston, Oscar Houston et Betsy Cowles qui, cette année-là, réalise la première approche de l'Everest par le sud[49]. Cette ouverture est à l'origine de l'expression « conférence au sommet » inventée par Winston Churchill[50].
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En 1951, une expédition soutenue par l’Alpine Club et la Royal Geographical Society est une nouvelle fois menée par Eric Shipton avec Tom Bourdillon, Michael Ward, W.H. Murray et les Néo-zélandais Edmund Hillary et H. Riddiford. Ils franchissent pour la première fois la cascade de glace de Khumbu, s'aventurent dans la vallée du Silence et jusque sur les pentes du Pumori pour constater que la face Sud offre au moins une possibilité d'ascension[49].
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En 1952, la Swiss Foundation for Alpine Research lance des expéditions à l'assaut du sommet. Au printemps, Édouard Wyss-Dunant, Gabriel Chevalley, Raymond Lambert, René Dittert, L. Flory, R. Aubert, A. Roch, J. Asper, E. Hofstetter et Tensing Norgay installent le camp VI au col Sud et le camp VII à 8 380 mètres d'altitude sur l'arête Sud-Est. Lambert et Norgay atteignent l'altitude de 8 595 mètres. En dépit de l'excellente ambiance entre Suisses et Sherpas, des problèmes de logistique et des appareils d'assistance respiratoire les contraignent à renoncer. Jamais une expédition n'avait eu autant de chances de réussite, mais l'expérience acquise par Norgay se révélera déterminante l'année suivante[49]. À l'automne, une nouvelle tentative est entreprise par G. Chevalley, R. Lambert, E. Reiss, J. Buzio, A. Spohel, G. Gross, N.G. Dyhrenfurth et T. Norgay en escaladant le Lhotse. Cet itinéraire est aujourd'hui la voie normale. Deux accidents, dont un qui fait la première victime depuis vingt ans, obligent l'expédition à rebrousser chemin[49].
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En 1953, une nouvelle expédition est lancée. Elle est dirigée par le Britannique John Hunt. Il est accompagné des alpinistes Charles Evans, G. Band, T. Bourdillon, A. Gregory, Edmund Hillary, W.G. Lowe, C. Noyce, Michael Ward, M. Westmacott, C.G. Wylie et du Sherpa Tensing Norgay. Le 22 avril, l'expédition atteint la cascade de glace. Le camp VI est installé vers 7 000 mètres d'altitude au pied du Lhotse. Le col Sud est atteint par la voie ouverte à l'automne précédent. Ils bénéficient même des vivres et des réserves d'oxygène laissés par les Suisses. Le 26 mai, la première tentative d'atteindre le sommet est réalisée par Evans et Bourdillon mais ils font demi-tour après avoir atteint le sommet Sud situé à 8 751 mètres d'altitude[51]. Ils laissent toutefois des réserves d'oxygène pour la paire suivante. Le même jour, des Sherpas montent, à la demande de Hunt, le camp IX sur l'arête Sud-Est, à 8 500 mètres d'altitude. Finalement, le 29 mai, une seconde tentative permet à Edmund Hillary et Tensing Norgay de poser le pied au sommet. Partis du camp IX à 6 h 30, ils franchissent le sommet Sud à 9 h 0 et atteignent leur objectif à 11 h 30[49]. Norgay admettra deux années plus tard que Hillary l'a devancé au sommet[52]. Là, ils prennent plusieurs photographies et ensevelissent quelques sucreries ainsi qu'une petite croix. De retour au col Sud, ils sont accueillis par Lowe. Hillary s'exclame alors :
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« Well, George, we knocked the bastard off! (Et bien, George, on se l'est fait le salaud !)[49] »
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— Edmund Hillary
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Les nouvelles du succès de l'expédition parviennent rapidement à Londres le matin du 2 juin 1953, jour du couronnement de la reine Élisabeth II. De retour à Katmandou, quelques jours plus tard, Hunt, citoyen britannique, et Hillary, sujet de la reine souveraine de la Nouvelle-Zélande au sein du royaume du Commonwealth, découvrent qu'ils ont été faits chevaliers de l'ordre de l'Empire britannique[53]. Le Népalais Tensing Norgay reçoit la George Medal[52].
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En avril 1933, Lucy Houston, une ancienne danseuse de cabaret britannique devenue millionnaire, fonde le Houston Everest Flight of 1933 afin de survoler pour la première fois le sommet. La formation aérienne décolle de Purnia, à 250 kilomètres au sud, en Inde. Elle est menée par le marquis Douglas Douglas-Hamilton, futur duc de Hamilton, aux commandes de Westland Wallace. Les avions tournent près de quinze minutes autour du sommet pour réaliser des photographies[69],[70],[71].
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Le 21 octobre 1991, deux montgolfières s'envolent vers l'Everest. L'une d'elles survole le sommet à près de 10 300 mètres d'altitude[72]. Le 24 mai 2004, un Britannique, Richard Meredith-Hardy, accomplit le premier survol de l'Everest en ULM ; il y avait eu jusque-là trois tentatives infructueuses[73].
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Le 14 mai 2005, un Eurocopter AS-350 Écureuil atterrit pour la première fois au sommet et recommence le lendemain. Ce record est validé par la Fédération aéronautique internationale[74].
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Le 1er février 2014, un planeur Stemme piloté par Klaus Ohlmann survole pour la première fois le sommet[75].
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Le 10 mai 1996 est la journée la plus noire de l'histoire de l'ascension de l'Everest, jusqu'à l'avalanche de 2014. Des alpinistes amateurs entament la montée avec des guides chevronnés, Scott Fischer et Rob Hall, tous deux travaillant pour des agences différentes mais choisissant de faire l'ascension ensemble. Ils négligent les conditions météorologiques qui se dégradent[76] et parviennent au sommet entre 13 h 0[77] et 15 h 45. Ce retard est imputable à l'amateurisme des « touristes »[78]. Au sommet, une violente tempête de neige s'abat. Un des clients de Rob Hall s'écroule et le guide reste avec lui. L'alpiniste meurt rapidement et, isolé, Rob Hall ne peut résister au froid et s'engourdit : disposant d'une radio, il communiquera avec son épouse enceinte, jusqu'à sa mort. Scott Fischer succombe pendant la descente, en proie à un sévère mal aigu des montagnes entraînant un œdème cérébral ; aucun de ses compagnons, trop épuisés, n'a pu lui porter secours. Les touristes sont éparpillés dans la nuit sans pouvoir trouver les tentes, pourtant à quelques mètres d'eux. Un alpiniste kazakh chevronné, Anatoli Boukreev, s'élance dans l'obscurité malgré les températures avoisinant −40 °C et ramène un à un les égarés, sauf deux agonisants[Note 2], la Japonaise Yasuko Namba, sans doute déjà morte, et l'Américain Beck Weathers, inconscient et en difficulté respiratoire. La surprise est pourtant grande quand le lendemain arrive au camp Beck Weathers, réveillé de son coma, membres et visage gelés. Toutefois, huit personnes périssent ce jour-là, toutes expéditions confondues, portant le bilan à quinze victimes pour l'année 1996[79].
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Une analyse scientifique rendue publique dans New Scientist en mai 2004 a révélé que des conditions météorologiques particulières ont pu provoquer une chute du taux d'oxygène dans l'air de 6 % qui se traduit pour l'organisme par 14 % d'oxygène en moins dans le sang[80].
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Jon Krakauer, membre de l'expédition, délégué par le magazine américain Outside, a rapporté avec précision ce drame dans Tragédie à l'Everest[81]. Une polémique a éclaté avec Anatoli Boukreev sur la façon dont Krakauer a relaté les événements ce qui vaudra au Kazakh de publier sa version des faits[82]. Plusieurs autres survivants ont également fait connaître la façon dont ils ont vécu cette journée. Quoi qu'il en soit, cette tragédie a eu un vaste retentissement et a suscité de nombreuses questions sur la commercialisation de l'Everest.
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La République populaire de Chine a élargi la piste de 100 kilomètres de long menant au camp de base tibétain à 5 154 mètres d'altitude, au pied du glacier du Rongbuk, dans le but de faciliter l'acheminement du nombre croissant de touristes. Les travaux ont commencé le 18 juin 2007 et se sont achevés en avril suivant pour un budget évalué à 150 millions de yuans soit environ 15 millions d'euros. Ces aménagements ont été réalisés malgré les protestations concernant la dégradation écologique. En outre, une antenne-relais de China Telecom pour la téléphonie mobile a été installée à 1 500 mètres du camp de base pour couvrir le sommet avec un réseau et un confortable hôtel a été construit à une heure de marche en aval[83].
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À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin, la flamme a été acheminée le 8 mai, avec deux semaines de retard, au sommet de l'Everest par dix-neuf alpinistes chinois, dont une majorité de Tibétains, et une équipe de tournage de huit personnes[84]. La montée, télévisée, tout comme la descente se sont déroulées par le col Nord. La flamme — en fait une réplique pendant que l'originale continuait son parcours — a dû être protégée du manque d'oxygène et du vent par une lampe de mineur spéciale[85]. Au sommet, les alpinistes d'origine han se sont exclamés « Nous avons réussi ! » et « Pékin vous accueille[86]. »
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La région de l'Everest est la terre des Sherpas, groupe ethnique qui a migré du Tibet à 2 000 kilomètres de leur habitat actuel au nord-est du Népal il y a 500 ans environ. Ils occupent désormais principalement les deux régions de Solu et de Khumbu. Douze clans distincts peuplent cette dernière. Les Sherpas sont notamment 2 500 à vivre au sein du parc national de Sagarmatha. Ils parlent un dialecte tibétain et pratiquent très majoritairement un bouddhisme tibétain empli de superstitions, de croyances et de cérémonies issues d'un mélange de traditions animistes et de religion Bön. Ce sont traditionnellement des agriculteurs, des pasteurs et des commerçants adaptés à la vie en haute altitude et qui se déplacent souvent à l'aide d'animaux tels que des yaks et des dzos. Depuis plusieurs décennies, ils profitent du tourisme et se sont spécialisés comme porteurs lors des expéditions au sommet des plus hautes montagnes, l'Everest en tête. Ils sont reconnus comme des hommes forts, endurants et courageux. Ils sont toutefois régulièrement remplacés par des Rai, des Tamang ou des Gurung[32],[87].
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L'Everest est une montagne sacrée pour les Sherpas. Ils pensent qu'elle abrite des esprits, des démons mais aussi des arbres[88]. Elle serait également le siège de Jomo Miyo Sangma Lang, l'une des « cinq sœurs de la longue vie » qui fournissent de la nourriture aux habitants du haut des cinq plus hauts sommets himalayens[89]. Le maître bouddhiste Padmasambhava aurait organisé une course jusqu'au sommet de l'Everest. Après quelque temps de méditation et de combat contre les démons, il aurait défié un des lamas de la religion Bön afin de déterminer qui était le plus puissant. Padmasambhava aurait été transporté vers le sommet par un rayon de lumière et le lama, vaincu, y aurait laissé son tambour. Depuis, chaque fois qu'une avalanche se produit jusque dans la vallée, les Sherpas jouent du tambour pour chasser les esprits.
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Avant toute ascension, les Sherpas pratiquent la pūjā, une cérémonie pour vénérer les victimes de la montagne, apaiser leurs pensées, tranquilliser leur âme et demander la clémence aux esprits de la montagne. Entre Dingboche et le Lobuche, sur le chemin du camp de base, un cimetière a été construit en l'hommage aux victimes des ascensions. Chacune est représentée par un cairn. Des stûpas, des moulins et drapeaux de prières, ainsi que des mantras sont présents au pied de l'Everest pour pratiquer les cérémonies.
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L'Everest a deux voies d'ascension principales, l'arête Sud-Est par le Népal et l'arête Nord-Est par le Tibet, ainsi que beaucoup d'autres itinéraires. Des deux itinéraires principaux, l'arête du Sud-Est est techniquement plus facile et est par conséquent l'itinéraire le plus fréquenté. Ce fut l'itinéraire emprunté par Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953 et le premier à avoir été reconnu parmi les quinze itinéraires[90] identifiés en 1996. Cependant, la décision d'emprunter cette première voie est due à des raisons géopolitiques et non à des choix techniques puisque la frontière chinoise était fermée aux étrangers depuis 1949. Le 20 août 1980, l'Italien Reinhold Messner est le premier à atteindre le sommet en solitaire et sans assistance respiratoire ni autre appui supplémentaire. Il emprunte l'itinéraire plus difficile du nord-ouest via le col Nord de la face Nord et le Grand couloir. Il réalise toute l'ascension seul pendant trois jours depuis son camp de base à 6 500 mètres d'altitude. Cet itinéraire est reconnu comme le huitième itinéraire permettant d'atteindre le sommet.
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La plupart des tentatives sont effectuées aux mois d'avril et mai avant la mousson d'été. À ce moment de l'année, un changement du courant-jet réduit les vitesses moyennes de vent en haute altitude. D'autres tentatives sont réalisées après la mousson aux mois de septembre et octobre mais la neige tombée pendant la mousson et des conditions météorologiques plus instables rendent l'ascension plus difficile.
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Les pionniers laissent désormais la place à un business lucratif. Des dizaines d'opérateurs proposent des expéditions jusqu'au sommet moyennant des sommes pouvant approcher les 50 000 à 70 000 dollars[91]. Ces expéditions commerciales traditionnelles durent environ deux mois, transformant les camps de base en véritables villes. La démocratisation des technologies permettant une acclimatation à domicile, grâce notamment à des tentes hypoxiques, tend à réduire cette durée.
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L'ascension par l'arête Sud-Est commence par un trek jusqu'au camp de base situé à 5 380 mètres d'altitude sur le versant Sud de l'Everest, au Népal. Les expéditions voyagent habituellement par les airs de Katmandou jusqu'à Lukla situé à 2 860 mètres d'altitude et passent par Namche Bazar. De là, les grimpeurs montent jusqu'au camp de base. Cette marche d'approche prend habituellement de six à huit jours, servant ainsi de voyage d'acclimatation en altitude afin d'éviter le mal aigu des montagnes. L'équipement et l'approvisionnement sont acheminés par des yaks, des dzos (croisement entre un yak et une vache) ou des porteurs jusqu'au camp de base sur le glacier du Khumbu. Quand Hillary et Tensing ont réalisé l'ascension de l'Everest en 1953, ils sont partis directement de la vallée de Katmandou car, à l'époque, aucune route n'allait plus loin.
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Les grimpeurs passent en général deux semaines au camp de base afin de s'acclimater à l'altitude. Pendant ce temps, les Sherpas et quelques membres de l'expédition installent des cordes fixes et des échelles dans la dangereuse cascade de glace de Khumbu. Séracs, crevasses et blocs de glace font de ce passage l'un des plus dangereux de l'ascension. Beaucoup de grimpeurs et de Sherpas ont été tués dans cette section. Pour réduire le risque, les grimpeurs commencent habituellement leur montée bien avant l'aube quand les températures encore basses maintiennent par le gel la plupart des blocs de glace en place. Au-dessus de la cascade de glace se situe le camp I à 6 065 mètres d'altitude[92].
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À partir du camp I, les grimpeurs remontent la « combe Ouest », en anglais Western Cwm, au pied du Lhotse, où le camp II ou camp de base avancé (Advanced Base Camp ou ABC) est établi à 6 500 mètres d'altitude. Cette vallée glaciaire qui s'élève doucement est entravée d'énormes crevasses en son centre qui empêchent l'accès aux parties supérieures du glacier. Les grimpeurs sont obligés de passer sur le côté droit, près du pied du Nuptse, le long d'un passage étroit connu sous le nom de Nuptse corner. Cette vallée est également appelée « vallée du silence » du fait de la topographie qui protège du vent. À cause de l'altitude élevée, par un jour clair et sans vent, la chaleur peut devenir difficilement supportable pour des grimpeurs[92].
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Du camp II, les grimpeurs montent sur les pentes du Lhotse à l'aide de cordes fixes jusqu'au camp III, situé sur un petit plateau à 7 470 mètres d'altitude. De là, il reste encore 500 mètres de dénivelé à gravir pour atteindre le col Sud où se trouve le camp IV à 7 920 mètres d'altitude. Du camp III au camp IV, les grimpeurs sont confrontés à deux difficultés majeures : l'« éperon des Genevois » et la « Bande jaune ». L'éperon des Genevois est une nervure formée par une enclume de roche noire surnommée ainsi par une expédition suisse en 1952. La Bande jaune est une section de marbres qui nécessite généralement une centaine de mètres de cordes fixes pour la traverser[92].
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À partir du camp IV au col Sud, les grimpeurs entrent dans la « zone de la mort » : en raison de l'altitude, le fonctionnement des organes se détériore inexorablement et le temps passé dans cette zone doit être réduit au minimum nécessaire. Les grimpeurs commencent généralement l'assaut final autour de minuit. Il leur reste encore plus de 900 mètres de dénivelé qu'il est raisonnable de réaliser en dix à douze heures à cette altitude. Les grimpeurs atteindront d'abord le « balcon » à 8 400 mètres d'altitude, une petite plate-forme où ils peuvent se reposer et contempler les crêtes au sud et à l'est dans les premières lueurs de l'aube. Continuant leur ascension de l'arête, ils sont alors confrontés à une série de marches rocheuses qui les incitent souvent à traverser vers l'est dans un profond manteau de neige où le risque d'avalanche est élevé. À 8 750 mètres d'altitude, un petit dôme de glace et de neige marque le sommet Sud[92].
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Du sommet Sud, les grimpeurs suivent l'arête Sud-Est, arête très effilée le long de ce qui est connu sous le nom de la « traversée de la corniche ». C'est la section la plus exposée de l'ascension car un faux pas vers la gauche enverrait le grimpeur 2 400 mètres en contrebas au pied de la face Sud, tandis qu'un faux pas vers la droite et le grimpeur dévalerait les 3 050 mètres de la face du Kangshung sur le versant septentrional, côté tibétain. À la fin de cette traversée, c'est la dernière difficulté : le « ressaut Hillary », un mur de roche de douze mètres de haut à 8 760 mètres d'altitude. Hillary et Tensing furent les premiers à surmonter cet obstacle et ils l'ont fait avec l'équipement de l'époque et sans cordes fixes. De nos jours, la plupart des grimpeurs traversent ce passage en utilisant des cordes fixes que des Sherpas auront installées auparavant. À partir de là, l'ascension jusqu'au sommet, relativement aisée, traverse des pentes douces mais particulièrement exposées. Toutefois, les grimpeurs doivent également traverser un passage rocheux où s'entremêlent de vieilles cordes fixes et qui peut devenir un calvaire en cas de mauvais temps[92].
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Les grimpeurs passent en général moins d'une demi-heure sur le toit du monde car ils doivent redescendre au camp IV avant la nuit. Ils doivent aussi faire attention aux conditions météorologiques qui se dégradent souvent dans l'après-midi ainsi qu'à leurs réserves d'oxygène[92].
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L'ascension de l'arête Nord-Est de l'Everest commence par la face Nord du côté tibétain en Chine. Le camp de base situé à 5 180 mètres d'altitude sur la moraine du glacier du Rongbuk est accessible après un trek. Pour atteindre le camp II, les grimpeurs empruntent la moraine du glacier oriental de Rongbuk jusqu'au pied du Changtse à environ 6 100 mètres d'altitude. Le camp III (ABC — camp de base avancé) est situé sous le col Nord à 6 500 mètres d'altitude. Pour atteindre le camp IV au col Nord à 7 010 mètres d'altitude, les grimpeurs montent le glacier au pied du col où des cordes fixes sont généralement installées. Du col Nord, les grimpeurs montent l'arête rocheuse Nord jusqu'au camp V à environ 7 775 mètres d'altitude. L'itinéraire emprunte la face Nord avant d'atteindre l'emplacement du camp VI à 8 230 mètres d'altitude. Du camp VI, les grimpeurs entament l'assaut final du sommet[93].
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Les grimpeurs doivent d'abord parcourir leur itinéraire via trois bandes rocheuses connues sous les noms de « premier ressaut » de 8 500 à 8 534 mètres d'altitude, « deuxième ressaut » de 8 577 à 8 626 mètres d'altitude et « troisième ressaut » de 8 690 à 8 800 mètres d'altitude. Au-dessus, la voie emprunte les pentes sommitales entre 50 et 60 degrés[93].
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Un autre itinéraire moins fréquenté et plus dangereux passe par la face est de l'Everest. Cette face rocheuse fait 3 350 mètres de dénivelé[20]. La première sur cette voie est accomplie en 1983 par une équipe américaine.
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L'ascension commence par une longue marche d'approche par le glacier de Kangshung. Arrivé au pied de la face Est, le grimpeur doit se préparer à plus de 3 000 mètres de dénivelé de parois verglacées, exposées aux avalanches. L'isolement de cette face fait qu'une retraite est difficile et dangereuse. George Mallory avait d'ailleurs noté dans son carnet d'expédition : « D'autres hommes, moins sages, pourraient tenter cette face, mais clairement, ce n'est pas pour nous »[94].
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Entre 1921 et 2006, plus de 14 000 alpinistes ont participé à des expéditions sur l'Everest, dont un peu plus de 6 000 Sherpas[95]. Au 31 décembre 2011, 5 654 personnes[96] sont parvenues au sommet depuis l'exploit d'Edmund Hillary et Tensing Norgay, dont 286 femmes. Le Népal est en tête du « palmarès » puisqu'il comptabilise 2 264 alpinistes au sommet ; il est suivi des États-Unis avec 536, de la Chine avec 299, du Royaume-Uni avec 264 et du Japon avec 169[97]. 59 % des ascensions réussies ont lieu par le col Sud et l'arête Sud-Est contre 39 % par le col Nord et l'arête Nord-Est[98]. Seuls 142 alpinistes sont parvenus au sommet sans assistance respiratoire[99]. Cependant, 219 alpinistes sont décédés depuis 1922[100].
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Le record de vitesse absolu d'une ascension, avec assistance respiratoire, est de 8 heures et 10 minutes détenu depuis le 21 mai 2004 par le Sherpa Pemba Dorjie[101]. La plus jeune personne au sommet est un Américain de 13 ans, Jordan Romero, qui fit l'ascension en 2010 avec son père[102] suivi d'une Népalaise âgée de 15 ans. Depuis 2008, le Japonais Yūichirō Miura est officiellement reconnu comme la personne la plus âgée à avoir atteint le toit du monde, à l'âge de 76 ans, malgré deux opérations du cœur, alors que le Népalais Min Bahadur Sherchan, arrivé deux jours avant lui au sommet, n'a pas pu prouver être âgé de 77 ans[103]. Yūichirō Miura renouvelle son record 5 ans plus tard, en atteignant le sommet le 23 mai 2013 à l'âge de 80 ans[104]. Tamae Watanabe devient, en mai 2002, la femme la plus âgée à gravir l'Everest, à l'âge de 63 ans. Dix ans plus tard, elle bat à nouveau ce record en gravissant l'Everest à l'âge de 73 ans[105].
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Point de passage obligé de l'itinéraire classique vers le sommet, le col Sud est devenu une véritable décharge. Les expéditions y abandonnent matériel et déchets qui réapparaissent quand fondent les plaques de neige. Mandatée par le gouvernement népalais et l'UNESCO, une équipe dirigée par l'alpiniste Pierre Royer a commencé son grand nettoyage au printemps 1993. Au mois de mai, l'expédition, avec une vingtaine de Sherpas, a redescendu huit tonnes de déchets (bouteilles d'oxygène, plastiques, verres, toiles, etc.)[106].
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Le gouvernement népalais essaye de lutter contre ces déchets. Il impose ainsi à chaque expédition la nécessité de prouver qu'elle n'a pas abandonné son matériel, sous peine de perdre une caution de 4 000 dollars. En mars 2014, il annonce qu'à partir du mois suivant, tout alpiniste doit redescendre huit kilogrammes de déchets en plus de son propre matériel, sous peine de poursuites[107],[108].
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Green Boots est le surnom donné au cadavre non identifié d'un alpiniste devenu un repère pour les expéditions s'attaquant à l'Everest. Il s'agit d'un homme mort probablement lors de la tempête de 1996 ou au début des années 2000. Il est devenu le symbole du manque de solidarité qui sévit parfois en alpinisme.
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En 2006, David Sharp meurt lors de l'ascension de l'Everest. Alors qu'il est en difficulté, il est ignoré par une quarantaine d'autres grimpeurs qui choisissent de poursuivre leur ascension, ce qui provoque une polémique sur l'éthique des grimpeurs, qui continue en 2012, les alpinistes progressant au milieu de cadavres des expéditions précédentes ou d'alpinistes mourants[109]. L'abandon de David Sharp est critiqué par Edmund Hillary. Environ 150 cadavres parsèment les pentes du sommet de l'Everest, la plupart sur les voies d'accès, et selon Mike Dillon, un cinéaste australien, toutes les personnes ayant atteint le sommet par la voie nord en 2006 ont déclaré en avoir vu[110]. En 2010, quand a lieu une expédition d'enlèvement des cadavres, l'organisateur commente l'abandon de Sharp comme « allant à l'encontre de toutes les valeurs de l'alpinisme »[111].
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En 2012, victime de son succès et des systèmes de routage météo qui permettent d'anticiper les créneaux de beau temps plusieurs jours à l'avance, l'ascension de l'Everest est parfois la scène de jusqu'à 200 alpinistes faisant la queue pendant des heures pour pouvoir gravir la dernière section jusqu'au sommet, ce qui a été fatal à plusieurs alpinistes dans la « zone de mort ». L'État népalais impose à tout étranger, pour escalader chaque haute montagne, une « autorisation de sommet », sorte de permis d'ascension coûtant 18 000 euros en 2014[112] et autorise une trentaine d'expéditions, soit plus de 700 personnes[113]. Les prix pour l'ascension vont jusqu'à 200 000 dollars avec des grimpeurs de moins en moins expérimentés. Les alpinistes doivent toujours enjamber des corps lors de l'ascension[114]. En 2013, les cadavres sont décrits comme « balisant » le sentier le plus utilisé[115]. Fin mai 2019, le nombre de grimpeurs essayant d’atteindre le sommet au cours de la même journée crée un bouchon qui provoque la mort de plusieurs alpinistes[116].
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En 2014, au moins 13 sherpas meurent dans le plus grand accident ayant lieu sur l'Everest depuis la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest. Les avalanches provoquées par le séisme du 25 avril 2015 font à nouveau de nombreuses victimes parmi les alpinistes étrangers et les sherpas.
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Le versant népalais de l'Everest est classé depuis le 19 juillet 1976 au sein du parc national de Sagarmatha qui s'étend sur 114 800 hectares, recouvrant une grande partie de la région de Khumbu, au nord-est du pays. 69 % de la superficie du parc se situe au-dessus de 5 000 mètres d'altitude et s'avère pratiquement stérile. Le reste est constitué de 28 % de prairies d'altitude et de 3 % de forêts, constituant six des onze biotopes identifiés au Népal. Le parc a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979[32].
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La réserve naturelle du Qomolangma est une réserve de biosphère située en Chine sur la partie septentrionale de l'Everest[117]. L'once ou léopard des neiges est l'emblème de la réserve naturelle du Qomolangma[118].
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Dans une chanson titrée simplement Everest, Ani DiFranco oppose la profondeur du Pacifique à la hauteur de la montagne et Cliff Richard affirme dans Climbing Up Mount Everest que l'escalader est comme de ramper inconscient jusqu'à Memphis ou de creuser un trou jusqu'en Chine pour découvrir que l'être aimé ne vous aime plus. L'auteur-compositeur-interprète Fabien Martin a sorti en 2003 un album et une chanson intitulés Ever Everest.
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Pour le cœur le visage
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Parfois j'envisage
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Un paysage
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Ever Everest
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Rien n' s'efface
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Les nuits passent
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Et les rêves restent
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Le groupe de musique belge Girls in Hawaii a publié en 2013 un album qui s'intitule Everest et dans lequel se trouve Mallory's height, une chanson évoquant l'histoire de George Mallory.
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L'aventure funeste de George Mallory et Andrew Irvine a inspiré plusieurs œuvres (Mallory & Irvine - À la recherche des fantômes de l'Everest), certaines plus romancées. Ainsi, dans la fiction, Le Sommet des dieux est un manga qui raconte la découverte, par un photographe et alpiniste japonais, puis le vol de l'appareil photographique de Mallory censé aider à résoudre l'énigme concernant l'ascension de 1924 avec Andrew Irvine[119]. L'ascension qui a vaincu le sommet en 1953 a également fait l'objet d'un livre d'Edmund Hillary, Au sommet de l'Everest : Il y a 50 ans l'Everest, l'expédition qui a vaincu le toit du monde, ainsi qu'un documentaire titré La Conquête de l'Everest sorti en 1954. D'autres alpinistes ont depuis livré leur propre expérience. La tragédie de 1996 a motivé plusieurs récits de la part des rescapés et a inspiré de nombreuses adaptations bibliographiques et cinématographiques, souvent adaptées de ces témoignages. Mort sur le toit du monde et Everest sont, par exemple, tirés de Tragédie à l'Everest de Jon Krakauer. Les Enfants de l'Everest, de National Geographic, fait un tour d'horizon des exploits accomplis vers le sommet.
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Everest Ascent est un jeu vidéo d'aventure sorti en 1983 dont le but était d'atteindre le sommet en moins de vingt jours en gérant correctement ses ressources pour conserver ses Sherpas[120].
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Il apparaît aussi dans le film 2012. Les arches manquent d'entrer en collision avec sa face Nord.
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Le film Everest relate les faits de la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest.
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L'Amérique centrale est une bande de terre reliant l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.
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La différence entre les frontières géographiques et les frontières administratives, ainsi que l'histoire coloniale et les ressemblances et différences culturelles dans la région font varier la définition de l'Amérique centrale selon le contexte.
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Dans sa définition la plus commune, l'Amérique centrale comprend les pays suivants :
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On peut dans certains cas ajouter à ces pays les Antilles.
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L'Amérique centrale s'étend de l'isthme de Tehuantepec dans le Sud du Mexique (le Mexique est majoritairement situé en Amérique du Nord) au nord, à l'isthme de Darién (Panama) au sud[2]. Elle est bordée par le golfe du Mexique au nord, la mer des Caraïbes à l'est, et par l'océan Pacifique au sud et à l'ouest.
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La cordillère néovolcanique est considérée comme la division géologique séparant l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale.
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À l'époque coloniale l'Amérique centrale était partiellement contrôlée par la Capitainerie générale du Guatemala qui recouvrait les régions aujourd'hui occupées par le Guatemala, la Belize, le Honduras, le Salvador, le Nicaragua et le Costa Rica. À l'indépendance (1821-1822), la Capitainerie devient les Provinces unies d'Amérique centrale puis la République fédérale d'Amérique centrale. Les États que l'on connaît aujourd'hui sont devenus indépendants de cette fédération dans les années 1830.
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Ce passé, excluant le Panama rattaché à l'histoire colombienne et le Belize très vite colonisé par les Anglais, a permis à une identité centre-américaine de se développer dans ces pays. Il existe d'ailleurs une différence en espagnol entre la définition géographique, « América Central » (Amérique centrale), et la définition historique et politique, « Centroamérica » (Centre-Amérique).
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Il existe aujourd'hui des organisations régionales résultant de ce passé, comme le marché commun centraméricain (MCCA) ou le plus récent Système d'intégration centraméricain (SICA), dont les membres fondateurs sont les cinq pays « historiques » : Guatemala, Honduras, Salvador, Nicaragua et Costa Rica. Par simplification, on définit souvent ces cinq pays comme l'Amérique centrale ; le Belize et le Panama sont alors considérés comme caribéens (à l'instar des trois Guyanes).
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Mais le Panama a intégré le parlement centre-américain en 1992 et a comme projet de s'intégrer au SICA dans les prochaines années. Le Belize, lui, est déjà membre du SICA mais pas du MCCA, préférant la Communauté caribéenne (CARICOM). Quant au parlement centre-américain, il accueille depuis 2004 des députés de la République dominicaine (ce pays s'intégrant économiquement et politiquement de plus en plus à l'Amérique centrale). On peut donc s'apercevoir que la définition politique de l'Amérique centrale est encore très floue.
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La majorité de la population est métis (mélange entre espagnole et indigène), pour la majorité représentée à travers les pays comme le Honduras, le Salvador, le Panama, le Nicaragua, le Belize et le Guatemala. Le seul pays d'Amérique centrale où la population est surtout de couleur blanche est le Costa Rica, bien qu'il existe d'importantes minorités au Nicaragua et au Guatemala, elles sont majoritairement descendantes des colons espagnols et immigrants allemands, italiens, suisses, néerlandais, français et suédois.[Information douteuse]
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La population indigène est estimée à environ 8 millions d'habitants, en plus de 30 groupes indigènes. Presque tous vivent au Guatemala, et le reste sont des minorités limitées.[réf. nécessaire]
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Il y a de grandes communautés d'ascendance africaine et mulâtre au Belize, au Panama et certaines minorités au Costa Rica et au Nicaragua.[réf. nécessaire]
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L'Amérique centrale est traversée par un système montagneux appelé « la Cordillère centrale » dont les sommets peuvent dépasser les 4 000 mètres. Située à l'intersection de la plaque caraïbe, de la plaque nord-américaine et de la plaque de Cocos, une chaîne volcanique longe la côte Pacifique du nord au sud de la région.
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La côte caraïbe est constituée d'une forêt tropicale, qui n'est en réalité que la prolongation de l'Amazonie, très peu hospitalière. Grâce à cette forêt tropicale, l'Amérique centrale abrite 7 % de la biodiversité mondiale. La côte Pacifique, plus hospitalière car plus sèche grâce au relief la protégeant du climat caribéen, abrite quant à elle la majeure partie de la population centre-américaine.
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L'espagnol est la langue officielle dans tous les pays, sauf au Belize où la langue officielle est l'anglais. L'anglais est courant sur les côtes où il y a beaucoup d'ascendance africaine[réf. nécessaire], tandis que les Indiens continuent à parler leur langue maternelle[pas clair].
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La religion principale est le catholicisme, mais l'évangélisme est en augmentation.
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La région est particulièrement attractive pour les entreprises (notamment de confection) en raison de sa proximité géographique avec les États-Unis, des salaires très bas et des avantages fiscaux considérables. En outre, la baisse des cours du café et autres produits d'exportation et les mesures d’ajustement structurel encouragées par les instances financières internationales ont en partie ruiné l'agriculture, favorisant l'émergence des Maquiladoras. Ce secteur constitue 42 % du total des exportations du Salvador, 55 % du Guatemala, et 65 % du Honduras. Pourtant, son apport à l’économie de ces pays est contesté ; les matières premières sont importées, les emplois sont précaires et peu rémunérés, et les exonérations d’impôts fragilisent les finances publiques[3].
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Elles font aussi l'objet de critiques pour les conditions de travail des employés : insultes et violences physiques, licenciements abusifs (notamment d'ouvrières enceintes), horaires, non-paiement des heures supplémentaires. Selon Lucrecia Bautista, coordinatrice du secteur maquilas du cabinet d'audit Coverco, « les réglementations en matière du droit du travail sont régulièrement violées dans les maquilas et il n'existe aucune volonté politique pour imposer leur application. Face aux infractions, l'inspection du travail fait preuve d'une remarquable mansuétude. Il s'agit de ne pas décourager les investisseurs. » Les syndicalistes sont sujets à des pressions, et parfois à des séquestrations ou assassinats. Dans certains cas, des chefs d'entreprises ont fait appel aux services des maras. Enfin, des listes noires comprenant des noms de syndicalistes ou militants politiques circulent dans les milieux patronaux[3].
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En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
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Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
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Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
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Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
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Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
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Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
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Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
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Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
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Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
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À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
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Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
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La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
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La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
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Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
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Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
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Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
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Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
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L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
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L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
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L'évolution est constatée :
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À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
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À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
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Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
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Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
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Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
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Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
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L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
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Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
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Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
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Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
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La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
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Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
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L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
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La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
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Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
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La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
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Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
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L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
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L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
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L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
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Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
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Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
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Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
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L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
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La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
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La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
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La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
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Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
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Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
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La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
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Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
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Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
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Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
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L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
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Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
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Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
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La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
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Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
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Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
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En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
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L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
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Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
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L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
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L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
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Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
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On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
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Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
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Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
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En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
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Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
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Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
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Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
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Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
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L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
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En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
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Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
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Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
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Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
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Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
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Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
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L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
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Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
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Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
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Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
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Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
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Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
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Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
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Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
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Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
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L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
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L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
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La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
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L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
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Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
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Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
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Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
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La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
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Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
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Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
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L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
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La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
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Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
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Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
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Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
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Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
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Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
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Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
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Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
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Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
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Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
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Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
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Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
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À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
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Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
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La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
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La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
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Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
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Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
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Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
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Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
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L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
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L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
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L'évolution est constatée :
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À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
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À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
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Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
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Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
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Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
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Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
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L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
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Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
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Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
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Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
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La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
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Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
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L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
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La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
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Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
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La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
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Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
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L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
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L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
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L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
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Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
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Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
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Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
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L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
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La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
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La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
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La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
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Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
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Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
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La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
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Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
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Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
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Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
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L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
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Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
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Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
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La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
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Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
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Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
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En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
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L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
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Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
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L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
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L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
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Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
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On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
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Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
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Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
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En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
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Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
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Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
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Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
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Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
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L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
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En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
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Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
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Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
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Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
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Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
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Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
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L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
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Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
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Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
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Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
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Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
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Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
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Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
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Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
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Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
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L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
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L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
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La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
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L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
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Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
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Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
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Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
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La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
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Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
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Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
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L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
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La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
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Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
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Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
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Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels (mais pouvant être rapides ou lents) peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce (dite « espèce-mère »), à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des « espèces-filles ». Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution[2].
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Certains philosophes de l’Antiquité (Lucrèce, 98-54 avant notre ère, en particulier) ont approché le phénomène de l’évolution, mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des théories proposent des explications scientifiques, c’est-à-dire réfutables ou démontrables. Jean-Baptiste de Lamarck a le premier formulé une théorie scientifique transformiste fondée sur deux principes complémentaires : complexification de l'organisme et diversification adaptative.
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Puis, à partir de 1859 avec la publication de L'Origine des espèces par Charles Darwin[3], le modèle darwinien de l’évolution s’est progressivement imposé dans la communauté scientifique comme celui expliquant un maximum de faits observables avec un minimum de postulats (principe de parcimonie). Darwin illustre, avec des observations détaillées, la thèse que les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes, mais se diversifient avec le temps, ou disparaissent[4]. Comme cause des changements qui se produisent peu à peu au sein d’une population, il propose l’idée de la sélection naturelle, équivalent naturel et spontané de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs d’animaux domestiques[5]. Les espèces sont profondément conditionnées par leur milieu naturel, aujourd’hui appelé écosystème.
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Toutefois, Darwin, contrairement à une croyance répandue, même à l'université, ne rejetait pas les mécanismes lamarckiens d'habituation et de transmission des caractères acquis ; il y a juste ajouté les variations spontanées et la sélection naturelle. Ce n'est qu'un an après la mort de Darwin, en 1883, qu'August Weismann a postulé la séparation des lignées germinale et somatique, ce qui implique l'impossibilité de la transmission des caractères acquis. Il ne restait donc, dans l’œuvre de Darwin plus que le mécanisme variations-sélection comme vraisemblable.
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Avec la découverte de la génétique par Gregor Mendel, les modèles de l’évolution se sont peu à peu affinés[6]. Ainsi, depuis les années 1930, la théorie synthétique de l'évolution fait l’objet d’un large consensus scientifique[7]. Les recherches actuelles poursuivent l’étude des mécanismes qui permettent d’expliquer les phénomènes évolutifs[8]. Des processus découverts après 1950, comme ceux des gènes architectes, de la coévolution et de l’endosymbiose, permettent de mieux saisir les mécanismes génétiques en action, d’appréhender l’évolution des espèces les unes par rapport aux autres ou de décrire plus précisément les différents rythmes de l’évolution.
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Les logiques évolutives sont utilisées et étudiées dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'anthropologie, la biologie de la conservation, l'écologie, la médecine, la paléontologie, la philosophie, et la psychologie.
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Les hommes ont cherché l'origine de la diversité du vivant dès la période antique. L'idée d'évolution est déjà présente chez des philosophes grecs[10] et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce). Cependant, Aristote, comme beaucoup d'autres, avait une conception relativement fixiste du vivant (même si cela dépend des textes : la question ne se posant pas chez lui, il n'y apporte pas de réponse claire). Cette vision est restée prédominante dans la pensée occidentale jusqu'au XVIIIe siècle, confortée par la religion chrétienne dans laquelle toutes les espèces sont créées par Dieu au commencement du monde, déjà « parfaites » (début de la Genèse). Les grandes religions monothéistes ont diffusé cette représentation fixiste dans une vaste partie du monde. De plus ces religions confèrent à l'homme une place à part dans le vivant : il serait créé à part, à l'image de Dieu et moralement supérieur à toutes les autres espèces[10].
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Durant le Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien[11]. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
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Dans le monde musulman, l'idée d'évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l'idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution[12]. Au XIIIe siècle, le philosophe Nasir ad-Din at-Tusi soutient la sélection des meilleurs et l'adaptation des espèces à leur environnement[13]. Ces écrits se sont heurtés au dogme de la genèse et ont été oubliés pendant des siècles.
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À la Renaissance des savants comme Jérôme Cardan[14], Giordano Bruno[15] et Giulio Cesare Vanini[16] remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l'origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l'idée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l'Inquisition, certains le paieront de leur vie[17].
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Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d'animaux vivants[18] ébranlent les idées fixistes et font naître l'idée d'une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l'idée d'évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, naturaliste passionné qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d'étude (qui deviendra le Muséum National d'Histoire Naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d'extinctions brutales au cours des temps géologiques[19]. Il admet ainsi que les espèces terrestres n'ont pas toujours été celles observées aujourd'hui, sans pour autant accepter l'évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les 6 000 ans estimés jusque-là pour l'âge de la Terre sont trop courts pour y intégrer ces extinctions successives[19].
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La première théorie véritablement scientifique d'une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d'une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste. Il considère que les espèces peuvent se transformer selon deux principes :
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La publication, en 1809, dans Philosophie zoologique, de sa théorie transformiste entraîne de virulents débats au sein de l'Académie des sciences car elle entre en contradiction avec les idées en vigueur à l'époque et notamment le fixisme. Contrairement à une idée répandue, Lamarck n'avance aucune théorie de la transmission des caractères acquis (contrairement à ce que fera Darwin en 1868), il se contente de reprendre les idées admises sur ce point depuis Aristote.
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Malgré les critiques de Cuvier, qui devient son principal opposant, les idées transformistes reçoivent une adhésion croissante à partir de 1825 et rendent les naturalistes plus réceptifs aux théories évolutionnistes[20].
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Charles Darwin publie en 1859 son livre De l'origine des espèces[21] où il expose une suite d'observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations. Cette théorie évoque « la descendance avec modification » des différentes espèces. Les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces s'adaptent en permanence à leur milieu. Il baptise sélection naturelle cette sélection des individus les mieux adaptés en opposition à la sélection artificielle que pratiquent les agriculteurs, jardiniers et éleveurs ; cette dernière étant le socle expérimental empirique sur lequel Darwin s'appuie pour développer sa théorie.
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Darwin propose dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » qui explique la transmission des caractères acquis, mais elle sera par la suite infirmée par diverses études sur l'hérédité. August Weismann, à la fin du XIXe siècle, théorise la séparation stricte entre les cellules germinales (germen) et les cellules corporelles (soma), ce qui interdit la transmission des caractères acquis. La redécouverte des lois de Mendel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'hérédité et donne naissance à la génétique. Elle est à l'origine de nouvelles méthodes dans l'étude de l'évolution, comme la génétique des populations.
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Dans les années 1940, la Théorie synthétique de l'évolution, fondée entre autres par Theodosius Dobzhansky et Ernst Mayr, naît de l'articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et de la génétique mendelienne. La découverte de l'ADN et la biologie moléculaire viennent parachever cet édifice scientifique. Depuis la biologie de l'évolution est intégrée à toutes les disciplines de la biologie et, en parallèle de son développement, contribue aussi bien à retracer l'histoire évolutive du vivant, qu'à trouver des remèdes aux maladies les plus complexes telles que le SIDA ou le cancer. Plus récemment, l'étude de l'évolution profite du développement de l'informatique et des progrès de la biologie moléculaire, notamment du séquençage du génome qui permet le développement de la phylogénie par un apport très important de données.
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L'évolution est la théorie scientifique qui s'intéresse aux espèces et explique les mécanismes de leur apparition à partir d'espèces existantes ou passées. L'espèce, concept plus que réalité tangible, est le taxon de base de la systématique, bien qu'on puisse aussi parler de sous-espèces. La réalité biologique est qu'une espèce est constituée de populations dont les individus peuvent se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile.
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L'évolution du vivant commence avec l'origine de la vie il y a au moins 3,8 milliards d'années. Les premières étapes, qui ne sont pas connues précisément, ont conduit à l'apparition des trois grands groupes d'organismes actuels connus, les bactéries, les archées et les eucaryotes. L' histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d'un arbre phylogénétique.
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L'évolution est constatée :
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À l'échelle des temps géologiques, et sur le plan du phénotype, l'évolution conduit à des changements morphologiques, anatomiques, physiologiques et comportementaux des espèces. Charles Darwin a imaginé les bases de ce qui est devenu la Théorie de l'Évolution notamment en observant les ressemblances et les différences entre les différentes espèces de pinsons des différentes îles de l'archipel des Galapagos au cours de son voyage à bord du HMS Beagle. L'histoire évolutive des lémuriformes sur l'île de Madagascar est un exemple frappant illustrant la théorie de l'évolution sur un écosystème précis.
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À une échelle de temps plus proche de celle que peut observer un humain, l'évolution ne se manifeste généralement qu'au sein des espèces : apparition de populations de bactéries résistantes aux antibiotiques, de populations d'insectes résistantes aux insecticides, etc. Dans certains cas toutefois, elle donne lieu à l'apparition rapide de nouvelles espèces, comme cela a par exemple sans doute été le cas pour la Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), apparue en Europe à la suite de l'introduction post-colombienne de cette culture d'origine méso-américaine vraisemblablement par évolution à partir d'une espèce locale, Ostrinia scapularis[22].
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Avant de considérer ces arguments, il faut rappeler qu'au sein de l'expression « théorie de l'évolution », le terme « théorie » signifie « modèle explicatif », et non pas « idée hypothétique ». Il en est de même, par exemple, avec « théorie de la gravitation » : malgré cette formulation, la réalité de la gravité ne fait pas débat.
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Si on arrive à établir un lien de parenté entre deux espèces différentes, alors cela veut dire qu'une espèce ancestrale s'est transformée en, au moins, une de ces deux espèces. Il y a donc bien eu évolution.
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Un lien de parenté entre espèces fossiles ou actuelles peut être mis en évidence par le partage d'au moins un caractère homologue, c'est-à-dire provenant d'un ancêtre. Ces indices de parenté sont décelables au niveau de la morphologie, au niveau moléculaire et parfois même, pour des espèces très proches, au niveau du comportement.
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Il est en général impossible d'affirmer qu'une espèce fossile est l'ancêtre d'une espèce actuelle, car il ne sera jamais garanti que l'espèce actuelle ne s'est pas différenciée à partir d'une autre espèce proche, mais qui n'aurait pas été découverte. En effet, la conservation de restes d'espèces éteintes est un événement relativement improbable surtout pour les périodes les plus anciennes. On peut seulement estimer les liens de parenté, avec les autres espèces déjà connues, actuelles ou fossiles. Par exemple le fossile de fleur le plus ancien a été daté de 140 millions d'années. Cet organe est donc apparu sur Terre, il y a au moins 140 millions d'années. Mais d'autres espèces proches, avec des fleurs, existaient aussi certainement à cette époque. Personne n'est capable d'affirmer laquelle de ces espèces est l'ancêtre des plantes à fleur actuelles. On ne cherchera que les relations de parenté, les relations d'ancêtre à descendant ne pouvant jamais être reconstituées.
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L'âge d'une espèce fossile, en revanche, indique l'âge minimum d'apparition des caractères qu'elle possède. Il est alors possible de reconstruire l'histoire de l'évolution, en plaçant sur une échelle des temps l'apparition des différents caractères. Les fossiles nous indiquent que l'ordre d'apparition des innovations évolutives est tout à fait en accord avec l'idée d'une évolution, qui dans un schéma général, part de structures simples vers des structures plus complexes. C'est aussi en accord avec une origine aquatique des êtres vivants, puisque les espèces fossiles les plus anciennes vivaient dans l'eau.
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Chez certaines espèces de Lacertidés américains du genre Cnemidophorus, ou lézards à queue en fouet, il n'existe plus que des femelles. Ces espèces pratiquent donc une reproduction asexuée. Cependant des simulacres d'accouplements persistent : pour se reproduire une femelle monte sur une autre dans un comportement similaire à celui des espèces sexuées. Ce comportement d'origine hormonale est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques[26].
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Introduit en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo sur l'île dalmate de Pod Mrcaru en mer Adriatique, le lézard des ruines (Podarcis siculus) y a été abandonné à lui-même durant plus de trois décennies, l'accès à l'île ayant été interdit par les autorités yougoslaves, puis par les conflits liés à l'éclatement de ce pays. En 2004, une équipe scientifique dirigée par Duncan Irschick et Anthony Herrel put revenir sur l'île et découvrit que Podarcis siculus avait évolué en 36 ans, soit environ trente générations, de façon très significative. Le lézard a grandi, sa mâchoire est devenue plus puissante, et surtout il a changé de régime alimentaire : d'insectivore il est devenu herbivore, et des valves cæcales sont apparues au niveau des intestins, ce qui lui permet de digérer les herbes... Cette découverte confirme, s'il en était encore besoin, que l'évolution n'est pas une théorie parmi d'autres, mais un phénomène biologique concrètement observable, et pas seulement chez les virus, les bactéries ou les espèces domestiquées[27]. Il faut cependant noter qu'il n'y a eu aucune modification de l'ADN du lézard pendant son séjour sur l’île, ce qui revient à dire que l'information génétique était suffisante pour s'adapter à ses nouvelles conditions de vie. Il faut aussi noter qu'environ 1 % de la population des lézards des ruines possèdent des valves alors que leur régime alimentaire est resté insectivore[27]. Cet exemple ne signifie pas pour autant une évolution au sens de l'apparition d'une nouvelle espèce. Il y a une adaptation évidente de notre lézard à son nouvel environnement.
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Si l'on veut retranscrire les concepts en systématique, il faut considérer la théorie cladistique, selon laquelle les grades évolutifs (qui induisent une vision de l'évolution aujourd'hui obsolète[28]) ne sont plus pris en compte, en faveur des clades[29].
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La paléobiologie, étude de la vie des temps passés, permet de reconstituer l'histoire des êtres vivants. Cette histoire donne aussi des indices sur les mécanismes évolutifs en jeu dans l'évolution des espèces. La paléontologie s'occupe plus particulièrement des restes fossiles des êtres vivants. La paléogénétique, science récente, s'intéresse au matériel génétique ayant survécu jusqu'à aujourd'hui[30]. Ces deux approches sont limitées par la dégradation du matériel biologique au cours du temps. Ainsi, les informations issues des restes sont d'autant plus rares que l'être vivant concerné est ancien. De plus, certaines conditions sont plus propices que d'autres à la conservation du matériel biologique. Ainsi, les environnements anoxiques ou très froids entravent la dégradation des restes. Les restes vivants sont donc lacunaires et sont bien souvent insuffisants pour retracer l'histoire évolutive du vivant.
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Tous les êtres vivants actuels étant issus d'un même ancêtre commun, ils partagent des caractéristiques héritées de cet ancêtre. L'analyse des ressemblances entre êtres vivants donne de nombreuses informations sur leurs relations de parenté, et permet de retracer l'histoire évolutive des espèces. La phylogénie est la discipline scientifique qui cherche à retracer les relations entre êtres vivants actuels et fossiles à partir de l'analyse comparative des caractères morphologiques, physiologiques ou moléculaires. L'analyse comparative permet de retracer l'histoire évolutive des différents caractères dans les lignées du vivant. L'évolution des caractères ne suit pas nécessairement celle des espèces, certains caractères (dits convergents) peuvent être apparus plusieurs fois de manière indépendante dans différentes lignées.
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L'évolution des caractères et des lignées peut être associée à des évènements géologiques ou biologiques marquant l'histoire de la Terre, ce qui permet de proposer des hypothèses sur les mécanismes à l'origine de l'évolution des espèces.
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La nature des caractères pouvant être analysés est extrêmement diverse, et il peut s'agir aussi bien de caractères morphologiques (taille, forme ou volume de différentes structures), anatomiques (structure, organisation des organes), tissulaires, cellulaires ou moléculaires (séquences protéiques ou nucléiques). Ces différents caractères apportent des informations diverses et souvent complémentaires. Actuellement, les caractères moléculaires (en particulier les séquences d'ADN) sont privilégiés, du fait de leur universalité, de leur fiabilité et du faible coût des technologies associées. Ils ne peuvent cependant pas être utilisés lors de l'étude de fossiles pour lesquels seuls les caractères morphologiques sont en général informatifs.
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La modélisation en biologie de l'évolution se base sur les mécanismes de l'évolution mis en évidence pour mettre en place des modèles théoriques. Ces modèles peuvent produire des résultats qui dépendent des hypothèses de départ de ce modèle, ces résultats pouvant être comparés à des données réellement observées. On peut ainsi tester la capacité du modèle à refléter la réalité, et, dans une certaine mesure, la validité de la théorie sous-jacente à ce modèle.
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Les modèles dépendent souvent de paramètres, lesquels ne peuvent pas toujours être déterminés a priori. La modélisation permet de comparer les résultats du modèle et ceux de la réalité pour de nombreuses valeurs différentes de ces paramètres, et ainsi déterminer quelles sont les combinaisons de paramètres qui permettent au modèle de décrire au mieux la réalité. Ces paramètres correspondent souvent à des paramètres biologiques, et on peut ainsi estimer à partir du modèle certains paramètres biologiques difficiles à mesurer. La justesse de l'estimation de ces paramètres dépend cependant de la validité du modèle, laquelle est parfois difficile à tester.
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La modélisation permet enfin de prédire certaines évolutions à venir, en utilisant les données actuelles comme données de départ du modèle.
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Rappelons que le modèle est une simplification de la réalité dans un but opératoire, la prédiction ou l'explication. La théorie synthétique de l'évolution obéit à des lois et serait en partie reproductible mais elle reconnaît le rôle du hasard et de la contingence qui interviennent au niveau du gène (mutations génétiques), du génome (recombinaisons), des populations (flux et dérive génétique). Cette théorie n'est ni prévisible, ni prédictible dans la mesure où elle explique l'évolution de manière probabiliste, c'est-à-dire ni totalement déterministe, ni purement aléatoire, grâce à la sélection naturelle[31].
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L'évolution expérimentale est la branche de la biologie qui étudie l'évolution par de réelles expériences, à l'inverse de l'étude comparative des caractères, qui ne fait que regarder l'état actuel des êtres vivants. Les expériences consistent généralement en l'isolement d'une ou plusieurs espèces dans un milieu biologique contrôlé. On laisse alors ces espèces évoluer pendant un certain temps, en appliquant éventuellement des changements contrôlés de conditions environnementales. On compare enfin certaines caractéristiques des espèces avant et après la période d'évolution.
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L'évolution expérimentale permet non seulement d'observer l'évolution en cours, mais aussi de vérifier certaines prédictions énoncées dans le cadre de la théorie de l'évolution, et tester l'importance relative de différents mécanismes évolutifs.
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L'évolution expérimentale ne peut étudier que des caractères évoluant rapidement, et se limite donc à des organismes se reproduisant rapidement, notamment des virus ou des unicellulaires, mais aussi certains organismes à génération plus longue comme la drosophile ou certains rongeurs.
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Un exemple : l'expérience de Luria et Delbrück.
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Les principaux moteurs ou facteurs de l'évolution (appelés aussi forces évolutives ou forces sélectives) sont, au niveau individuel, les mutations ponctuelles et les recombinaisons génétiques soumises au filtre de la sélection naturelle, et au niveau des populations, les flux et la dérive génétique[32].
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Parce que les individus d'une population possèdent des caractères héritables différents, et que seule une partie de ces individus accède à la reproduction, les caractères les plus adaptés à l'environnement sont préférentiellement conservés par la sélection naturelle. De plus, le hasard de la reproduction sexuée rend partiellement aléatoires les caractères qui seront transmis, par effet de dérive génétique. Ainsi, la proportion des différents caractères d'une population varie d'une génération à l'autre, conduisant à l'évolution des populations.
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L'apparition de nouveaux caractères se produit dans un individu, pas dans l'espèce entière. Un nouveau caractère se répand ensuite (ou pas) sous l'effet de la sélection naturelle ou de la dérive génétique. Un ou plusieurs nouveaux gènes peuvent être acquis :
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La plupart des individus d'une espèce sont uniques et différents les uns des autres[35]. Ces différences sont observables à toutes les échelles, du point de vue morphologique jusqu'à l'échelle moléculaire. Cette diversité des populations a deux origines principales : les individus sont dissemblables parce qu'ils ne possèdent pas la même information génétique et parce qu'ils ont subi des influences environnementales différentes.
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La diversité génétique se manifeste par des variations locales de la séquence d'ADN, formant différents variants de la même séquence appelés allèles. Cette variabilité a plusieurs origines. Des allèles peuvent être formés spontanément par mutation de la séquence d'ADN. Par ailleurs, la reproduction sexuée contribue à la diversité génétique des populations de deux manières : d'une part, la recombinaison génétique permet de diversifier les combinaisons d'allèles réunies sur un même chromosome. D'autre part, une partie du génome de chaque parent est sélectionnée aléatoirement pour former un nouvel individu, dont le génome est par conséquent unique.
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La diversité issue de l'environnement s'acquiert tout au long de l'histoire de l'individu, depuis la formation des gamètes jusqu'à sa mort. L'environnement étant unique à chaque endroit et à chaque moment, il exerce des effets uniques sur chaque individu, et ce à toutes les échelles, de la morphologie jusqu'à la biologie moléculaire. Ainsi, deux individus possédant la même information génétique (c'est par exemple le cas pour les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux ») sont tout de même différents. Ils peuvent notamment avoir une organisation et une expression différente de l'information génétique.
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Les êtres vivants sont capables de se reproduire, transmettant ainsi une partie de leurs caractères à leurs descendants. On distingue la reproduction asexuée, ne faisant intervenir qu'un individu, de la reproduction sexuée pendant laquelle deux individus mettent en commun une partie de leur matériel génétique, formant ainsi un individu génétiquement unique.
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Les caractères génétiques, c'est-à-dire l'ensemble des séquences d'acide nucléique d'un individu, ne sont pas tous transmis de la même manière lors de la reproduction asexuée, qui est une reproduction clonale, l'ensemble des séquences nucléiques est copié et l'information génétique contenue chez les deux descendants est alors identique. En revanche, lors de la reproduction sexuée, il arrive fréquemment qu'une partie seulement du matériel génétique soit transmise. Chez les Métazoaires, les chromosomes sont fréquemment associés par paire, et seul un chromosome de chaque paire et de chaque parent est transmis à l'enfant. De plus, si les parents fournissent tous les deux la moitié du contenu nucléaire, le matériel cytoplasmique est souvent fourni par un seul des deux parents (la mère chez les mammifères). Ainsi, le matériel génétique contenu dans les organites semi-autonomes, tels que les chloroplastes et les mitochondries, n'est transmis que par une partie des individus de l'espèce (les femelles chez les mammifères).
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La théorie synthétique de l'évolution, paradigme dominant actuel, se fonde sur un déterminisme génétique intégral et écarte donc toute transmission héréditaire de caractères acquis au cours de la vie de l'individu. Néanmoins de plus en plus de travaux scientifiques remettent en cause ce modèle et rétablissent pour partie l'idée d'une transmission héréditaire de caractères acquis que défendait le lamarckisme[36].
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Tout d'abord, certains caractères dits épigénétiques concernent la structure et l'organisation des génomes sont transmis par les parents en même temps que les molécules d'acide nucléique elles-mêmes. De plus, la mère fournit l'environnement cytoplasmique de la cellule-œuf du descendant, et transmet ainsi un certain nombre de caractéristiques cellulaires à l'enfant. Des modifications épigénétiques conservées dans la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. Chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré[37]. L'étude de l'épigénétique, longtemps délaissée, connaît un grand essor depuis la fin du séquençage de nombreux génomes, dont celui de l'homme.
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Ainsi, une étude de 2009 du MIT affirme mettre en évidence une hérédité de certains caractères acquis chez des rongeurs[38]. Par ailleurs, l’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subie par des individus pourraient en effet être transmis aux descendants.
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Lors de la reproduction sexuée, la transmission des caractères (notamment des allèles) comporte une grande part de hasard due à la recombinaison homologue, et au brassage génétique. Ainsi, on observe une variation aléatoire des fréquences alléliques d'une génération à l'autre, appelée dérive génétique. La dérive génétique génère donc une composante aléatoire dans l'évolution des populations. Ainsi, deux populations d'une même espèce n'échangeant pas de matériel génétique vont diverger jusqu'à former, si le temps d'isolement génétique est suffisant, deux espèces différentes. La dérive génétique est donc un des moteurs de la spéciation.
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L'effet de la dérive génétique est particulièrement visible lorsqu'un faible nombre d'individus est à l'origine d'une population beaucoup plus nombreuse. C'est le cas lorsque se forme un goulot d'étranglement c'est-à-dire qu'une population est décimée et se reconstitue, ou lorsque quelques individus d'une population migrent pour aller coloniser un nouvel espace et former une nouvelle population (effet fondateur). Lorsqu'un tel évènement se produit, un allèle même faiblement représenté dans la population de départ peut se retrouver en forte proportion dans la population nouvellement formée sous le simple effet d'un hasard dans le tirage des individus à l'origine de la nouvelle population. Inversement, un allèle fortement représenté peut ne pas être tiré, et disparaît de la nouvelle population. Par ailleurs, la formation d'une nouvelle population à partir d'un faible nombre d'individus a pour effet d'augmenter la consanguinité dans la population et augmente le pourcentage d'homozygotie, ce qui fragilise la population.
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Dans la très grande majorité des espèces, le nombre de cellules-œufs produit est bien plus grand que le nombre d'individus arrivant à l'âge de la maturité sexuelle et parmi ceux-ci, une partie seulement accède à la reproduction. Ainsi, seule une partie des individus formés se reproduit à la génération suivante. Il existe donc une sélection des individus perpétuant l'espèce, seuls les individus n'étant pas éliminés par les conditions environnementales pouvant se reproduire. Cette sélection a été baptisée sélection naturelle.
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Comme il existe une variabilité au sein des espèces, les individus possédant des caractères différents, et qu'une partie de ces caractères sont héréditaires, les caractères permettant à l'individu de survivre et de mieux se reproduire seront préférentiellement transmis à la descendance, par rapport aux autres caractères. Ainsi la proportion des caractères au sein des espèces évolue au cours du temps.
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La sélection naturelle peut prendre des formes très variées. La sélection utilitaire est une élimination des individus les moins capables de survivre et les moins féconds, alors que la sélection sexuelle conserve préférentiellement les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel. Bien que ces sélections soient complémentaires, on observe souvent des conflits, chaque forme de sélection pouvant favoriser l'évolution d'un caractère dans un sens différent.
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Il est parfois observé une sélection d'individus qui favorisent la survie ou la reproduction d'individus qui leur sont ou non apparentés, comme c'est le cas chez les insectes eusociaux ou lorsqu'un individu se sacrifie pour permettre la survie de son groupe ou de sa descendance. En sociobiologie, ces comportements altruistes s'expliquent notamment par les théories controversées de la sélection de parentèle, de la sélection de groupe et de l'altruisme réciproque. La sélection de parentèle prédit qu'il peut être plus avantageux pour un individu de favoriser beaucoup la reproduction d'un individu apparenté (donc avec lequel il partage des caractères) que de se reproduire un peu ou pas du tout, la sélection de groupe repose sur le même principe mais du point de vue du groupe et pourrait expliquer certains actes chez l'homme comme les guerres ou la xénophobie, l'altruisme réciproque se penche sur les cas d'altruisme entre individus non-apparentés et induit une contribution réciproque dont l'aide donnée en retour peut être différée dans le temps.
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Enfin, la sélection artificielle n'est qu'une forme de sélection naturelle exercée par l'humain.
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En conséquence de la sélection naturelle, les espèces conservent préférentiellement les caractères les plus adaptés à leur environnement, et y sont donc de mieux en mieux adaptées. Les pressions de sélection en jeu dans cette adaptation sont nombreuses et concernent tous les aspects de l'environnement, des contraintes physiques jusqu'aux espèces biologiques interagissantes.
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L'adaptation de plusieurs espèces différentes sous l'effet des mêmes pressions environnementales peut conduire à l'apparition répétée et indépendante du même caractère adaptatif chez ces espèces, par un phénomène de convergence évolutive. Par exemple, chez les mammifères les cétacés et les siréniens ont tous deux développé des nageoires, de manière indépendante. L'évolution de ces nageoires montre une adaptation convergente à la vie aquatique.
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Cependant, l'effet de la sélection naturelle est réduit par celui de la dérive génétique. Ainsi, un caractère avantageux pourra ne pas être sélectionné à cause de l'inertie donnée par la dérive. De plus, la loi de Dollo (loi sur l'irréversibilité de l'évolution) stipule qu'un caractère perdu ou abandonné au cours de l'évolution ne saurait réapparaître au sein d'une même lignée d'organismes.
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L’évolution peut également se faire par mutualisme. Des relations interspécifiques s’établissent à bénéfices réciproques. Les plus abouties sont les symbioses. La théorie endosymbiotique est généralement admise aujourd’hui pour expliquer la genèse de la cellule eucaryote. L’endocytose des bactéries pourpres a rendu possible la respiration et la production d’énergie. Plus tard l’endocytose de cyanobactéries a permis la photosynthèse. Ces acquisitions ont représenté des innovations évolutives déterminantes pour l’émergence de nouvelles espèces[39]. La soudaineté de l'apparition des cellules à noyau dans les traces fossiles laisse penser que les nouvelles cellules ont été générées par un processus radicalement différent de la simple mutation ou du transfert de gènes. C'est par symbiose que des procaryotes en auraient pénétré d'autres donnant naissance aux eucaryotes. La symbiose crée sans transition de nouvelles espèces - comme les amibes bactérisées - qui n'ont pas évolué progressivement par accumulation de mutations sur une très longue durée[40].
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L'évolution d'une population sous l'effet du hasard et des contraintes environnementales peut aboutir à la disparition de la population et éventuellement de l'espèce à laquelle elle appartient. Inversement, deux populations peuvent s'individualiser au sein d'une même espèce jusqu'à former deux espèces distinctes par un processus nommé spéciation.
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Le sauvetage évolutif est un processus théorique où une population résiste aux pressions environnementales par des changements génétiques avantageux pour échapper à l'extinction. Ces derniers peuvent avoir deux origines : une mutation qui apparaît, ou bien un allèle rare déjà présent dans la population.
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On distingue le sauvetage démographique et le sauvetage génétique du sauvetage évolutif[41].
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Bien que la dispersion soit un aspect clé des trois stratégies de survie de la population[42], le sauvetage évolutif est le seul qui soit guidé mécaniquement par l'évolution adaptative[43].
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Jusqu’au XXe siècle l’évolution est comprise d’un point de vue Darwinien et Néo-Darwinien. On pense que seuls les processus écologiques expliquent les variations de populations à court terme. L’évolution n’est réservée qu’aux changements à long terme. Cependant, plusieurs observations ont montré des changements rapides dans les populations, tels que la résistance aux pesticides. Anthony David Bradshaw est le premier à soulever ce problème en 1991[44].
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En 1995, Richard Gomulkiewicz et Robert Holt commencent à formaliser le concept par des modèles simples de dynamique évolutive et populationnelle dans la revue Évolution[45].
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Ce concept a évolué depuis et est défini en 2012 par Andrew Gonzalez et ses collaborateurs : « le sauvetage évolutif survient lorsque l'adaptation génétique permet à une population de se rétablir des effets démographiques induits par des changements environnementaux qui, autrement, entraîneraient la disparition de l'espèce »[43]. Cette définition renforce l'idée qu’un brutal changement environnemental éloigne une population de sa niche fondamentale vers un ensemble de conditions dans lesquelles peu d'individus, voire aucun, sont capables de survivre et de se reproduire.
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Le sauvetage évolutif peut être caractérisé graphiquement par une courbe en U représentant la taille de la population au cours du temps.
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Ici, on considère un changement environnemental brutal qui abaisse la fitness (valeur sélective) de la population en dessous de 1. La population ne peut donc plus se renouveler, et sa taille décroît de façon géométrique. Généralement, ce déclin mène à une extinction. Pour survivre, la population doit donc rapidement s’adapter. Chez une population en danger, l’adaptation prend une nouvelle dimension, celle de la course contre l’extinction.
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Cette courbe en U est une combinaison de deux autres courbes : le déclin géométrique des individus qui portent l’allèle sauvage et l’augmentation des individus qui portent l’allèle bénéfique[46],[41].
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L’origine du sauvetage évolutif dépend du taux de mutation et de la fréquence d’allèle rare à la génération 0. Elle ne dépend pas de la fitness du nouvel allèle. En effet, les allèles rares sans avantage sélectif dans l’environnement d’origine sont susceptibles d’être perdus rapidement par stochasticité. Un sauvetage par mutation est donc plus probable. Cependant le temps requis pour l’apparition d’une nouvelle mutation bénéfique rend le sauvetage plus lent que si l’allèle existe déjà, et donc plus tardif. Ce faisant, la phase 1 de diminution de la population dure plus longtemps, et la perte de diversité est encore plus importante[46].
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En plaçant une population dans un environnement stressant, on peut avoir une réaction immédiate telle que l’acclimatation (réponse physiologique pour atteindre un état d’équilibre). Sur le long terme, on observe plutôt de l’adaptation (réponse évolutive pour atteindre un état d’équilibre). Dans le cas du sauvetage évolutif, l’adaptation peut se faire sur une échelle de temps très court. L’enjeu des études expérimentales ou des observations sont donc de différencier ces deux paramètres et de les détecter[47].
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Différence entre la fitness moyenne d’une population et la fitness d’une population composée entièrement d’individus avec des génotypes optimaux. Cette différence de fitness s’explique par la présence d’allèles délétères. Elle est influencée par le taux de consanguinité et la dérive génétique.
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Sous l'effet du changement environnemental, la persistance de la population dépend de la plasticité phénotypique, de la dispersion ou de l'évolution adaptative. Une expérience de Stewart & al. (2017) se concentre sur l’évolution adaptative et sa limitation par la charge génétique. Ils étudient les effets de l’évolution sur l’adaptation des petites populations lors d’un changement d’environnement grâce au modèle du coléoptère rouge de farine (Tribolium castaneum)[48]. Dans leurs expériences, les avantages de l’évolution sont contrebalancés par des processus génétiques non adaptés notamment la consanguinité et la dérive génétique. En effet, la sélection de traits avantageux réduit la diversité génétique et augmente la proportion d’homozygotes dans la population. Ils ont donc une charge génétique importante, diminuant la fitness des populations. Dans le cas d’un changement environnemental, ce phénomène associé à une petite taille de population réduit la probabilité d’un sauvetage évolutif.
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Un autre exemple possible de sauvetage évolutif dans la nature est la réponse sélective des serpents noirs (Pseudechis porphyriacus) aux crapauds de canne à sucre (Bufos marinus). Ces crapauds mortellement toxiques ont été introduits en Australie en 1935, et ont rapidement provoqué la disparition de plusieurs espèces endémiques de serpents. Une étude de Ben L. Phillips et Richard Shine a révélé que les serpents noirs exposés aux crapauds avaient une préférence réduite pour ces proies, mais aussi une résistance accrue à leur toxine. Des expériences en laboratoire ont montré que ces changements n’étaient pas dû à l'apprentissage ou à l’immunité acquise après ingestion de la toxine. Ces résultats suggèrent fortement que le comportement et la physiologie du serpent noir ont évolué en réponse à la présence de crapauds, et l'ont fait rapidement : en moins de 23 générations de serpents[49].
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Ces études sur le sauvetage évolutif révèlent de nouvelles perspectives en biologie de la conservation. Cependant, elles permettent aussi d’expliquer certains phénomènes dans d’autre domaines d’étude, comme en médecine. En effet, la résistance aux antibiotiques de plusieurs pathogènes correspond à un sauvetage évolutif. On cherche dans ce cas à l’éviter.
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Enfin, même si les populations naturelles peuvent supporter des variations environnementales intenses, elles échouent généralement à s’adapter au stress anthropique, tel que la pollution ou l’acidification. On observe alors une extinction de ces populations.
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L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui, et de nombreux points sur les mécanismes de l'évolution ne sont pas éclaircis. Certaines questions déjà soulevées par Charles Darwin n'ont d'ailleurs toujours pas de réponse certaine.
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Une des grandes questions de la théorie de l'évolution est l'origine des rangs taxinomiques supérieurs à celui de l'espèce. En outre, la manière dont est apparue la majorité des 33 embranchements animaux, issus de l'explosion cambrienne, pose encore problème. Ainsi, la théorie gradualiste estime que les changements interviennent de manière progressive au cours de l'évolution, alors que la théorie des équilibres ponctués, formulée par Stephen Jay Gould et Niles Eldredge défend qu'il existe des sauts évolutifs majeurs. Selon cette théorie, le mécanisme d'évolution est tantôt accéléré tantôt ralenti, voire pratiquement nul durant de longues périodes[50]. Or au Cambrien, les paléontologues s'accordent à reconnaître des changements écologiques majeurs[51] qui pourraient selon cette théorie être à l'origine de l'apparition d'organismes appartenant aux clades actuels. De plus l'absence de fossile durant presque 100 millions d'années avant les faunes de Burgess et la rareté des sites fossilifères précambriens suggèrent l'existence de lignées fantômes précédant l'explosion cambrienne. Les formes de vie auxquelles appartiennent les animaux de Burgess n'auraient tout simplement pas été retrouvées à l'état fossile durant de longues périodes[52].
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Il a été longtemps admis que l'évolution s'accompagnait d'un accroissement de la complexité des êtres vivants. Cependant, cette idée, largement influencée par l'anthropocentrisme, est fortement débattue aujourd'hui[53]. La complexité n'ayant pas de définition précise à l'heure actuelle, il est difficile de vérifier une éventuelle augmentation de complexité. Par ailleurs, lorsque cette idée est admise, les origines de cette augmentation de complexité sont, elles aussi, source de controverse. En fait, tout cela a déjà été clairement expliqué par Lamarck.
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Un certain nombre d'auteurs étudient la complexité de façon formelle, tels qu'Edgar Morin et Eugene Koonin (en). Ce dernier, dans son livre The Logic of Chance[54], consacre un chapitre entier à l'origine de la complexité biologique. Il considère que « l'augmentation de la complexité est […] une tendance évolutive majeure » et que « l'émergence et l'évolution de la complexité aux niveaux du génotype et du phénotype […] (représentent) un problème central, si ce n'est le problème central en biologie ». Plus précisément, il se demande pourquoi l'évolution n'en est pas restée au niveau des procaryotes autotrophes les plus simples, et a en fait mené à l'émergence de procaryotes complexes et, surtout, et de façon beaucoup plus frappante, des eucaryotes, avec leur génome gigantesque et régulé de façon très élaborée, de nombreux types cellulaires ; et « même capables de développer des théories mathématiques de l'évolution ».
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Les critiques de ces auteurs soulignent la supposée proximité de leurs idées avec la notion d’une échelle des êtres, allant du simple au complexe, alors que l’évolution n’a pas de sens et peut aussi aller vers la simplification[55]. Ceux-ci mettent également en avant le fait que le monde vivant est essentiellement microbien, avec des micro-organismes simples ; les poissons, apparus bien avant les mammifères et plus simples qu’eux, constituent plus de la moitié des vertébrés[56].
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Le matérialisme scientifique est une forme historique et radicale de matérialisme de la seconde moitié du XIXe siècle associée au développement des sciences et à la naissance de la biologie moderne. Il défend une vision générale du monde fondée sur l'idée d'évolution et censée reposer sur les connaissances issues des sciences de la nature[57].
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Aujourd'hui, on doit au physicien et philosophe Mario Bunge la réintroduction en philosophie de l'expression « matérialisme scientifique » pour désigner sa propre conception matérialiste, qu'il définit par sa proximité avec l'ensemble des sciences[58]. Le matérialisme – qui s'affirme chez lui comme évolutionniste, organiciste, émergentiste, biologique et systémiste – s'est diversifié. Mais c'est bien la conception du matérialisme de Mario Bunge qui est aujourd'hui soutenue par Marc Silberstein, qui déclare que « le matérialisme est effectif s'il possède les attributs suivants : s'il est moniste, réaliste, scientifique, émergentiste et systémiste, réductionniste quant aux objets, aux entités et aux processus du monde mais non éliminativiste quant aux propriétés »[59].
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Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge[60] :
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Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, de manière co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence[61]
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L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, à cause de la sélection par les éleveurs et les cultivateurs, se produit depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Ainsi, l'homme peut créer une sélection dite artificielle sur son environnement, volontairement pour des raisons économiques, ou involontairement via la pression de chasse, cueillette ou pêche[62].
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L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.
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La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie, marquée par un très fort ethnocentrisme, du pour l'essentiel au caractère colonial et impérialiste des nations occidentales, a été très fortement remise en question par la suite. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des « chemins » divergents, ne poursuivent pas les mêmes « objectifs », et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant la société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionnisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.
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L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc.) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.
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Le concept d'évolution a profondément influencé la culture populaire, non seulement à travers la fascination exercée par les « mondes perdus » et les faunes préhistoriques[63] mais aussi par la généralisation de la prise de conscience que tout évolue et que l'espèce humaine n'est ni le « sommet » de l'évolution, ni une espèce « supérieure », en encore moins une espèce « prédestinée » à dominer le monde, mais une espèce-relique d'une lignée autrefois buissonnante, beaucoup plus dépendante des autres espèces qu'elles ne le sont d'elle, bref un épiphénomène de l'évolution[64].
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Les critiques de la théorie de l'évolution se répartissent en :
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Du fait, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal comprise et/ou, parfois, mal admise hors de la communauté scientifique. Dans les sociétés occidentales, la théorie de l'évolution se heurte à une vive opposition de la part de certains milieux religieux, notamment pour son incompatibilité avec la Bible et le Coran. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l'idée même d'évolution des espèces ou la théorie de la sélection naturelle.[réf. nécessaire]
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La théorie évolutionniste est-elle compatible avec la croyance en Dieu ? En fait, Ernst Mayr dit à ce sujet : « Il me semble évident que Darwin a perdu la foi un an sinon deux, avant de formuler sa théorie de la sélection naturelle (sur laquelle il a sans doute travaillé plus de dix ans). Par conséquent, il n'est pas infondé d'avancer que la biologie et l'adhésion à la théorie de la sélection naturelle risquent de vous éloigner de Dieu »[65].
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Le biologiste Richard Dawkins, dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu (2008), pense que la sélection naturelle est « supérieure » à l'« hypothèse de Dieu » qu'il qualifie d'« improbabilité statistique », et défend l'athéisme.
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Le biologiste Kenneth R. Miller (en) estime que la pensée évolutionniste n'est pas forcément incompatible avec la foi en un Dieu[66]. Pour lui les écrits de la Bible sont des métaphores.
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L'évolution est encore aujourd'hui rejetée par certains milieux religieux, tenants du créationnisme, surtout protestants et musulmans.
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La position de l'Église catholique sur ce sujet est plus nuancée, tout en maintenant l'innerance de la Bible[67]. En 1996 le pape Jean-Paul II déclare devant L'Académie ponticale des sciences : « aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis-1950), de nouvelles connaissances (la) conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse »[68].
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Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.
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Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé que soit aussi enseigné le pastafarisme (qui a été inventé à cette occasion).
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Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle »[69]. Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.
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Lorsqu'il y a deux dates, la première est celle de la première parution, dans la langue d'origine.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Le terme d'existence en soi est ambigu, il recouvre de multiples sens. Dans le langage trivial il désigne le fait d'être, d'être de manière réelle, il est ainsi utilisé dans un usage tout aussi indéterminé chez beaucoup de philosophes comme équivalent au terme d'« être ». Outre le fait d'exister il intervient nous dit le Petit Larousse dans plusieurs expressions courantes pour signaler une durée (une longue existence), au sens de vie (être las de son existence), un mode de vie (changer d'existence), etc.
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En métaphysique, notamment chez Thomas d'Aquin, il forme avec le terme d'« essence » un couple complémentaire, l'essence serait les idées des choses, ce qu'elles sont « en soi » et l'existence le fait d'être dans la réalité, d'avoir été créées pour les croyants.
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Cependant, au sens étymologique, « existence » possède une signification plus précise. Existere (en latin archaïque exsistere, soit ex + sistere), « sortir de », « se manifester, se montrer »[1], interprété par certains philosophes comme « être hors de soi », donc être auprès des choses. On lit en effet dans le dictionnaire Gaffiot [2] qu'en latin le verbe exsisto (existo) a deux significations principales. Sens 1 : sortir de , s'élever de, et par dérivation, naître de. Sens 2 : se dresser, se manifester, se montrer. [3] Ce deuxième sens sera évidemment très exploité par Heidegger. Au sens d' « être hors de soi », « existence » ne pourrait s'appliquer qu'à l'homme proprement dit, et nullement aux simples choses : seul l'homme existe. C'est en ce sens que l'existentialisme et Jean-Paul Sartre usent de ce terme. Il en est de même chez Martin Heidegger dans son livre Être et Temps[4] et chez Emmanuel Levinas[5]. L'existence chez Heidegger ne concerne que l'homme ; les choses et les animaux sont simplement là. Dans l'existence, on trouve l'idée de vie, avec ses fragilités et ses incertitudes, mais aussi celle d'un mouvement, d'un « avoir-à-être » ou d'un « faire-place-à-être » (entendu comme exposition à l'être) qui ne concerne que le Dasein.
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Être, c'est exister. Ainsi l'existence est-elle quelque chose d'immédiat, qui constitue le commencement de tout.
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En ce sens, l'existence est le simple fait d'être, l'être conçu sans détermination aucune, sans prédicat, sans rien : l'être commence par l'indétermination de l'existence, indétermination du fait d'être pur et simple. Ainsi, cette première idée de l'existence nous la ferait concevoir par une connaissance immédiate[Laquelle ?]. De ce point de vue :
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La connaissance de ce qu'est l'existence est ainsi issue originellement de l'existence même. Chacun aurait donc un savoir immédiat de l'immédiat. Ces points soulèvent quelques-unes des difficultés fondamentales de la philosophie :
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Au sein de cette dernière distinction, on peut estimer que la philosophie a traditionnellement choisi l'être au détriment de l'existence, ce qui se traduit par la formulation d'Aristote : L'objet éternel de toutes les recherches présentes et passées, le point toujours en suspens : qu'est-ce que l'être ? Revient à demander qu'est-ce que la substance ?(Métaphysique, Z, 1, 1028 b 5) À la suite de Platon, la recherche d'Aristote se porte donc sur l'essence, et non sur l'existence, et l'existence serait ainsi occultée : l'existence doit toujours métaphysiquement se penser par rapport à l'essence ; l'essence est la condition d'intelligibilité de l'existence.
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De ce point de vue essentialiste, il découle plusieurs conséquences importantes :
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Or, cette métaphysique pose un problème très simple : si l'existence dépend à ce point de l'essence (définition, intelligibilité, structure de l'être, raison d'être, etc.) alors pourquoi quelque chose existe-t-il en dehors de l'essence ?
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Une réponse est que Dieu a créé les essences et accomplit ce passage du possible au réel que la raison humaine ne parvient pas à penser (voir aussi Platon, Timée). Mais le problème est toujours le même : comment une essence suprême peut-elle poser hors d'elle quelque chose de contingent et d'inférieur, l'existence ?
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Face à ces problèmes, on peut vouloir penser l'existence d'une manière autonome, indépendamment de l'essence. C'est le renversement existentiel de la métaphysique : le fait d'exister devient le point de départ de la pensée, ce qui donne sens véritablement à notre expérience. C'est l'existence sans essence, i.e. sans raison et sans hiérarchie.
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L'existence, dans la métaphysique occidentale, est en dehors du concept : en ce sens, on ne peut lui reprocher d'avoir ignoré l'existence, puisque l'existence est simplement ce qui échappe à l'essence : l'existence ne se déduit pas du concept, elle n'est pas un prédicat mais une position — ce qui est posé ici et maintenant (cf. Kant).
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Mais l'existence est aussi ce qui est individuel, et par conséquent elle relève non du savoir sur ce qui est, mais de la subjectivité. C'est donc l'individu qui est l'existant, et la connaissance de sa réalité passe par sa conscience et par ses actes (sa volonté). Or, c'est cet aspect de l'existence qu'ignore la spéculation métaphysique, à laquelle s'opposent les philosophies qui partent de l'individu, de sa liberté et de ses choix de vie.
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La réalité de l'existence peut être appréhendée de manière affective (cf. la sensibilité chez Rousseau), indépendamment de la raison, i.e. que ce qui en est saisi ne se déduit pas de l'essence, n'est pas démontrable, est irréfutable (Nietzsche) et semble donc surtout un phénomène irrationnel. Mais cette conscience affective peut être conçue comme une « humeur » (Stimmung, cf. Heidegger) a priori, i.e. une tonalité de l'existence qui précède la saisie des choses dans leur particularité. Cette tonalité est alors contemporaine de ce qui est appelé « ouverture au monde ».
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Dans les philosophies [Lesquelles ?] de l'existence, la liberté est un absolu, l'essence indépassable de l'existence. Mais cette liberté ne peut être son propre fondement, car il y a une facticité originaire de la liberté qui en révèle donc la finitude insurmontable. La liberté est néanmoins l'homme même, son existence et elle définit la condition humaine : nous sommes condamnés à la liberté, nous y sommes jetés, exactement comme nous sommes jetés-là dans le monde.
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« Le passé n'existe que par les traces qu'il a laissées dans le présent » (Paul Valéry).
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On sait que, vers la fin de sa vie, Mozart a écrit une symphonie qui n'a jamais été jouée et dont le manuscrit a été perdu.
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Cette symphonie existe-elle encore aujourd'hui « quelque part », ou est-elle néant absolu ?
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L'être est de nos jours l'objet des sciences, physique, biologie, psychologie, sciences qui opèrent selon un certain nombre de notions dont elles n'éclaircissent pas la signification comme, l'espace, le temps, la perception, le souvenir constate Emmanuel Levinas[6]. Or le naturalisme contemporain réintègre dans l'espace et le temps tous les phénomènes (physiques et subjectifs ) dans une unité conforme aux lois de nature, régie par la loi de causalité. En privilégiant l'existence et en refoulant la vie « tout ce qui est , est soit physique et appartient comme tel à la connexion de la nature physique, soit psychique, mais alors il n'est qu'une simple variable dépendante du physique, tout au plus un fait secondaire qui l'accompagne parallèlement »[7]. Il y aurait une véritable tentation du naturalisme en phénoménologie écrit Jean-Daniel Thumser dans sa thèse[8].
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Emmanuel Levinas, s'élève contre cette tendance car pour cet auteur, l'existence ne signifie pas partout la même chose « chaque région de l'être est l'objet d'une ontologie régionale »[9]
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Le concept d'existence a connu un renouvellement important grâce aux développements de la logique mathématique avec Frege que Russell a ensuite repris et développé dans un célèbre article On Denoting. Le grand apport de Frege est l'introduction d'un nouveau quantificateur en logique, ∃.
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Pour Frege affirmer l'existence d'un objet ne consiste pas à lui attribuer une nouvelle qualité ou prédicat. La phrase « il existe une montagne d'or » ne signifie pas qu'on doive attribuer deux qualités à cette montagne a) qu'elle est en or et b) qu'elle existe. Dire d'un objet qu'il existe n'est donc nullement une prédication selon Frege mais revient à affirmer que l'ensemble des objets qualifiés de « montagne d'or » n'est pas vide.
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Le terme d'existence en soi est ambigu, il recouvre de multiples sens. Dans le langage trivial il désigne le fait d'être, d'être de manière réelle, il est ainsi utilisé dans un usage tout aussi indéterminé chez beaucoup de philosophes comme équivalent au terme d'« être ». Outre le fait d'exister il intervient nous dit le Petit Larousse dans plusieurs expressions courantes pour signaler une durée (une longue existence), au sens de vie (être las de son existence), un mode de vie (changer d'existence), etc.
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En métaphysique, notamment chez Thomas d'Aquin, il forme avec le terme d'« essence » un couple complémentaire, l'essence serait les idées des choses, ce qu'elles sont « en soi » et l'existence le fait d'être dans la réalité, d'avoir été créées pour les croyants.
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Cependant, au sens étymologique, « existence » possède une signification plus précise. Existere (en latin archaïque exsistere, soit ex + sistere), « sortir de », « se manifester, se montrer »[1], interprété par certains philosophes comme « être hors de soi », donc être auprès des choses. On lit en effet dans le dictionnaire Gaffiot [2] qu'en latin le verbe exsisto (existo) a deux significations principales. Sens 1 : sortir de , s'élever de, et par dérivation, naître de. Sens 2 : se dresser, se manifester, se montrer. [3] Ce deuxième sens sera évidemment très exploité par Heidegger. Au sens d' « être hors de soi », « existence » ne pourrait s'appliquer qu'à l'homme proprement dit, et nullement aux simples choses : seul l'homme existe. C'est en ce sens que l'existentialisme et Jean-Paul Sartre usent de ce terme. Il en est de même chez Martin Heidegger dans son livre Être et Temps[4] et chez Emmanuel Levinas[5]. L'existence chez Heidegger ne concerne que l'homme ; les choses et les animaux sont simplement là. Dans l'existence, on trouve l'idée de vie, avec ses fragilités et ses incertitudes, mais aussi celle d'un mouvement, d'un « avoir-à-être » ou d'un « faire-place-à-être » (entendu comme exposition à l'être) qui ne concerne que le Dasein.
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Être, c'est exister. Ainsi l'existence est-elle quelque chose d'immédiat, qui constitue le commencement de tout.
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En ce sens, l'existence est le simple fait d'être, l'être conçu sans détermination aucune, sans prédicat, sans rien : l'être commence par l'indétermination de l'existence, indétermination du fait d'être pur et simple. Ainsi, cette première idée de l'existence nous la ferait concevoir par une connaissance immédiate[Laquelle ?]. De ce point de vue :
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Au sein de cette dernière distinction, on peut estimer que la philosophie a traditionnellement choisi l'être au détriment de l'existence, ce qui se traduit par la formulation d'Aristote : L'objet éternel de toutes les recherches présentes et passées, le point toujours en suspens : qu'est-ce que l'être ? Revient à demander qu'est-ce que la substance ?(Métaphysique, Z, 1, 1028 b 5) À la suite de Platon, la recherche d'Aristote se porte donc sur l'essence, et non sur l'existence, et l'existence serait ainsi occultée : l'existence doit toujours métaphysiquement se penser par rapport à l'essence ; l'essence est la condition d'intelligibilité de l'existence.
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Une réponse est que Dieu a créé les essences et accomplit ce passage du possible au réel que la raison humaine ne parvient pas à penser (voir aussi Platon, Timée). Mais le problème est toujours le même : comment une essence suprême peut-elle poser hors d'elle quelque chose de contingent et d'inférieur, l'existence ?
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Face à ces problèmes, on peut vouloir penser l'existence d'une manière autonome, indépendamment de l'essence. C'est le renversement existentiel de la métaphysique : le fait d'exister devient le point de départ de la pensée, ce qui donne sens véritablement à notre expérience. C'est l'existence sans essence, i.e. sans raison et sans hiérarchie.
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L'existence, dans la métaphysique occidentale, est en dehors du concept : en ce sens, on ne peut lui reprocher d'avoir ignoré l'existence, puisque l'existence est simplement ce qui échappe à l'essence : l'existence ne se déduit pas du concept, elle n'est pas un prédicat mais une position — ce qui est posé ici et maintenant (cf. Kant).
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Mais l'existence est aussi ce qui est individuel, et par conséquent elle relève non du savoir sur ce qui est, mais de la subjectivité. C'est donc l'individu qui est l'existant, et la connaissance de sa réalité passe par sa conscience et par ses actes (sa volonté). Or, c'est cet aspect de l'existence qu'ignore la spéculation métaphysique, à laquelle s'opposent les philosophies qui partent de l'individu, de sa liberté et de ses choix de vie.
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La réalité de l'existence peut être appréhendée de manière affective (cf. la sensibilité chez Rousseau), indépendamment de la raison, i.e. que ce qui en est saisi ne se déduit pas de l'essence, n'est pas démontrable, est irréfutable (Nietzsche) et semble donc surtout un phénomène irrationnel. Mais cette conscience affective peut être conçue comme une « humeur » (Stimmung, cf. Heidegger) a priori, i.e. une tonalité de l'existence qui précède la saisie des choses dans leur particularité. Cette tonalité est alors contemporaine de ce qui est appelé « ouverture au monde ».
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L'être est de nos jours l'objet des sciences, physique, biologie, psychologie, sciences qui opèrent selon un certain nombre de notions dont elles n'éclaircissent pas la signification comme, l'espace, le temps, la perception, le souvenir constate Emmanuel Levinas[6]. Or le naturalisme contemporain réintègre dans l'espace et le temps tous les phénomènes (physiques et subjectifs ) dans une unité conforme aux lois de nature, régie par la loi de causalité. En privilégiant l'existence et en refoulant la vie « tout ce qui est , est soit physique et appartient comme tel à la connexion de la nature physique, soit psychique, mais alors il n'est qu'une simple variable dépendante du physique, tout au plus un fait secondaire qui l'accompagne parallèlement »[7]. Il y aurait une véritable tentation du naturalisme en phénoménologie écrit Jean-Daniel Thumser dans sa thèse[8].
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Le concept d'existence a connu un renouvellement important grâce aux développements de la logique mathématique avec Frege que Russell a ensuite repris et développé dans un célèbre article On Denoting. Le grand apport de Frege est l'introduction d'un nouveau quantificateur en logique, ∃.
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L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
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Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
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Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
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D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
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En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
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Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
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Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
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De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
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Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
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Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
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De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
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Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
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Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
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Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
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Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
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Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
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Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
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Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
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À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
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Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
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Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
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L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
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Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
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La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
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Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
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Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
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À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
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Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
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Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
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De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
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En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
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Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
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En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
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Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
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Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
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Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
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Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
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Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
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En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
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Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
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À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
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Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
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Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
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Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
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Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
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Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
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Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
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Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
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Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
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Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
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Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
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Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
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C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
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Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
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La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
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Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
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Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
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Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
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Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
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Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
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Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
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Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
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L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
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La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
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D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
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La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
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Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
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Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
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La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
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Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
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Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
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Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
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Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
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Une mine est un gisement exploité de matériaux (par exemple d'or, de charbon, de cuivre, de diamants, de fer, de sel, d'uranium, etc.).
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Elle peut être à ciel ouvert ou souterraine. Dans les années 1980, environ 20 milliards de tonnes de matériaux étaient extraits annuellement des seules mines à ciel ouvert dans le monde dont plus de la moitié des minerais[1] alors que plus de six milliards de tonnes de charbon, 1,6 milliard de tonnes de minerai de fer, 190 millions de tonnes de minerai d'aluminium sont présumés extraits du sous-sol par des galeries et puits au début du XXIe siècle.
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La distinction entre mine et carrière tient à la nature du matériau extrait (stratégique ou précieux pour la mine, de moindre valeur pour la carrière) ; en France, c'est le code minier qui définit cela.
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Des mines existent depuis la Préhistoire (puits creusés dans la craie pour l'extraction du silex, puits ou galeries d'extraction de différents minerais (fer et cuivre notamment).
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À partir du XIXe siècle, les progrès techniques et de la géologie ont permis d'exploiter plus rapidement des gisements de plus en plus profonds, jusque sous la mer à partir d'une plate-forme de forage, non sans impacts environnementaux, sociaux et sanitaires directs ou indirects. L'extraction minière est responsable d'un grand nombre de morts, dans les galeries, ou à la suite de la silicose, l'asbestose ou à des cancers dus à la radioactivité. Les déchets, poussières des « stériles minières » sont parfois à l'origine de pollutions graves différées dans l'espace ou le temps (à partir des métaux lourds notamment). Certaines mines ont engendré un phénomène d'acidification du milieu, auto-entretenu (ce phénomène est dit « drainage minier acide »). Des mines abandonnées sont aussi à l'origine d'effondrement du sol superficiel. Des séismes induits peuvent être produits par les grandes mines.
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En France, il y a eu de très nombreuses mines dans presque toutes les régions. Les gisements de charbon se trouvent dans le Nord-Pas-de-Calais (plus grand réseau de galeries souterraines au monde), en Lorraine (où l'on trouvait également des gisements très importants de minerai de fer), dans le Massif central, en Provence, dans le Sud-Ouest (exemple : Carmaux) mais aussi autour de Saint-Étienne. La Russie possède aussi de nombreux gisements de charbon (exemples : Donbass et Sibérie). Le Royaume-Uni possède quant à lui d'importants gisements de charbon au nord (Lowlands en Écosse), au Pays de Galles, autour de Manchester, dans le centre (Midlands) et dans le Yorkshire.
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L'exploitation du sous-sol date au moins de la fin du néolithique en Europe[2]. Les hommes creusaient déjà dans la roche des puits et des galeries parfois de plusieurs dizaines de mètres pour la recherche de minéraux variés (silex, ocre, variscite, etc.).
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La plupart des plus anciennes mines destinées à la métallurgie datent de la Protohistoire, mais certaines ont commencé à se développer dès le Néolithique, au moyen d'outils rustiques mais efficaces tels que des galets de roche dure utilisés comme broyeurs[3].
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Comme en témoignent certains restes préhistoriques de charbon de bois retrouvés dans d'anciennes petites mines de par le monde, l'homme préhistorique a précocement appris à aussi utiliser le feu et peut-être le feu et l'eau pour disloquer la roche et « ouvrir » des mines[4] (technique confirmée par l'expérimentation et l'archéométrie) ; et même le feu a-t-il été utilisé pour « l'abattage » dans les galeries, notamment dans le sud de la France[4]).
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Les archéologues ont ainsi retrouvé dans les années 1980 des traces de ces techniques minières préhistoriques[5], plus d'une dizaine de mines de cuivre (avec un peu d'antimoine et d'argent[6]). Ces mines ont été creusées dans la région de Cabrières dans l'Hérault il y a plusieurs milliers d'années (4310 ± 75 BP[7]), à la fin du Néolithique, et étaient considérées à l'époque de leur découverte comme le plus vieux site minier de France[8],[9].
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Les premières constructions en pierre ont été une origine probable aux premières (carrières, et l'agriculture aux marnières). Il fallait creuser le sol pour extraire de la pierre ayant une qualité suffisante pour bâtir et certaines pierres se taillent plus facilement aussitôt extraites, avant qu'elles ne durcissent[réf. souhaitée].
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En creusant en profondeur, on atteignait une couche de roche non dégradée par la microfaune et flore du sol, ou les racines d'arbres (une « veine »), puis on creusait horizontalement pour extraire la roche de cette couche (la couche suivant les plis géologiques). Ces puits et couloirs pouvaient ensuite servir à se protéger des agressions[réf. souhaitée].
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On trouve la trace dès la très haute antiquité de l'exploitation des mines d'argent du Laurion, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Athènes. À l'époque classique, les Athéniens déployèrent une énergie et une inventivité spectaculaires pour en tirer le maximum de minerai. Au XXIe siècle, de nombreux vestiges de ces mines (puits, galeries, ateliers de surface) marquent le paysage de la région.
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À l'époque romaine de nombreuses et importantes exploitations minières se développent dans certaines régions comme l'Hispanie ainsi que dans les Balkans en Dalmatie et en Mésie et plus tard en Dacie. L'exploitation minière romaine est connue par les textes des auteurs anciens comme Strabon ou Pline l'Ancien, ainsi que par des inscriptions, comme les tables de bronze de Vipasca, règlement d'un district minier situé près de l'actuelle ville d'Aljustrel au Portugal ou encore comme les inscriptions figurant sur les lingots de métal. Les fouilles archéologiques ont aussi révélé différentes techniques d'extraction et le matériel utilisés par les mineurs. Ceux-ci appartenaient à des catégories de population variées : si sous la République la main d'œuvre servile semble avoir dominé, sous l'Empire l'importance des travailleurs salariés locaux semble s'être considérablement accrue. Bien des sites miniers romains sont cependant encore mal connus[10].
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Le Moyen Âge a vu l'exploitation de mines dans presque tous les pays d'Europe, que ce soit des mines de fer ou de non ferreux. Très abondant à la surface de la planète, le minerai de fer est disponible dans de petits gisements à la surface du sol ou à faible profondeur. Les hommes du Moyen Âge ont surtout exploité les gîtes de ce type qui n'exigeaient pas d'équipements sophistiqués. La diffusion du procédé indirect de réduction du minerai, apparu au XVe, a considérablement transformé les conditions d'extraction. La demande de plus en plus importante, la possibilité de traiter des minerais moins fusibles, ont conduit à rechercher des gisements plus abondants même si leur qualité était moindre.
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Dans la majorité des cas, les métaux non-ferreux provenaient de mines ouvertes pour produire de l'argent presque à partir de minerais complexes tels que des sulfures de cuivre et de plomb. Pendant longtemps, le plomb argentifère, plus facile à traiter, a fait l'objet de l'extraction la plus intensive. À l'époque carolingienne, les mines de Melle, en Poitou, fournissent la part la plus importante de l'argent produit dans l'Empire. Au XIe siècle, d'autres centres d'extraction apparaissent dans le Harz, en Forêt-Noire et dans les Vosges.
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Le XIIe siècle, temps de croissance des échanges et d'instauration de pouvoirs nouveaux, connaît une intense activité minière en Italie, en Europe centrale et en France.
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Au cours du XIIIe siècle, l'Italie continue d'être un producteur important. Cependant, l'Europe centrale, en particulier la Bohême, prend la première place. Les mines françaises connaissent aussi un grand développement : le premier règlement minier français conservé, la charte d'Hierle en Languedoc, date de 1272. Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, s'attache à développer la production minière dans ses domaines du Midi[11].
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La crise européenne du milieu du XIVe siècle au milieu du XVe siècle conduit à un bouleversement de l'activité minière qui recule en France et en Italie, mais qui reste forte en Europe centrale.
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La seconde moitié du XVe voit un nouvel essor de la production dans laquelle s'impliquent les plus grandes fortunes. C'est le cas de Jacques Cœur ou encore de Jacob Fugger. Dans le même temps se met en place un nouveau système d'exploitation fondé sur le transport par roulage et par l'usage de plus en plus important de l'énergie hydraulique.
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Jacob Fugger, banquier d'Augsbourg, est le plus grand entrepreneur minier de la Renaissance. Il contribue à financer la politique de Charles Quint et prend le contrôle des mines de cuivre de Neusohl en Hongrie (en Slovaquie actuelle) mais doit les abandonner en 1546 en raison des complications nées des guerres austro-turques et des guerres de religion entre catholiques et protestant[12]. Il obtient des Habsbourg le monopole des mines d'argent et de cuivre du Tyrol[13]. Les mines d'argent d'Europe centrale sont la principale source du marché européen : le traité De re metallica ( « Sur les métaux ») publié en 1556 par l'humaniste allemand Georgius Agricola témoigne d'un cycle de production à son apogée au moment où le marché européen commence à sentir l'afflux des métaux précieux causé par la conquête espagnole de l'Amérique[11].
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Les mines d'argent du Potosi dans la Vice-royauté du Pérou (aujourd'hui en Bolivie) sont exploitées à partir de 1545, et celles de Zacatecas en Nouvelle-Espagne (actuel Mexique), à partir de 1548. Les techniques sont très rudimentaires comparées à celles en usage en Europe centrale et l'exploitation dépend du travail de milliers d'Indiens soumis à la corvée, la mita, au prix d'une forte mortalité[14].
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Au XVIIe siècle, l’exploitation du fer Oregrounds en Wallonie puis en Suède donne un grand essor à la production d'acier. L'exploitation du charbon de terre, longtemps confinée à quelques régions comme le pays de Liège, se développe au XVIIIe siècle et marque le début de la Révolution industrielle[15].
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L’ONU (UNCTAD[16]) distingue[17] trois types d'exploitation :
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Sur la planète au début du XXIe siècle, 15 millions d'artisans-mineurs environ se livreraient à cette activité. Ce nombre a doublé en dix ans. En Afrique, 4,5 à 6 millions de personnes creusent des mines durant toute ou une partie de l'année, dont 30 % à 40 % sont des femmes. De cette population dépendent environ 40 millions de personnes, soit 1 Africain sur 20[18]. Certains auteurs estiment que ce mouvement va encore s'amplifier dans les zones riches en ressources et que par exemple au Zimbabwe, le nombre d’artisans-mineurs pourrait tripler de 2000 à 2010[19].
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Les cinq principaux majors dominant la scène mondiale au début du XXIe siècle sont BHP Billiton, Rio Tinto, Vale, Xstrata et Anglo American, ces compagnies qui disposent de la maîtrise technologique et oligopolistique étant de plus en plus en compétition avec les compagnies des pays émergents[20].
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Plusieurs exploitations minières ou projets miniers font face à des contestations de la part des communautés locales. En plus des permis règlementaires à obtenir, les compagnies doivent aussi s'assurer d'avoir un "permis social d'opération" qui permet aux activités de se dérouler dans un cadre acceptable pour la population touchée[21],[22]
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L'exploitation des mines pose de nombreux problèmes, et fait donc intervenir de nombreux domaines des sciences. C'est la raison pour laquelle dans la plupart des pays se sont créées des écoles spécifiques d'ingénieurs, les écoles des mines.
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Les mines de charbon sont organisées par étages à partir desquels on exploite les couches. Chaque mineur creuse une couche pour en extraire le charbon que l'on charge ensuite dans des berlines. Ce travail est très difficile car il faut creuser de façon à ne pas faire effondrer la galerie, en plus de cela, il y règne une chaleur étouffante, car il n'y a quasiment pas d'air qui circule. Le seul moyen trouvé pour créer une ventilation a été de construire au minimum deux puits. Le premier sert à la montée et la descente des mineurs et la montée du charbon. L'autre sert seulement à la ventilation.
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En remontant une tonne de charbon, on extrait sept tonnes de sous-produits (éventuellement susceptible de contenir des toxiques ou de poser problèmes via la poussière ou la turbidité des eaux de ruissellement) que l'on évacue sur les terrils ou des bassins (ex : bacs à schlams des exploitations de charbon).
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Elle s'appuie sur les données géologiques et historiques, la découvertes de gîtes minéraux bénéficiant aussi des progrès de la Géochimie, des techniques de sondages (sismiques notamment) et de la modélisation. Des SIGs miniers sont ainsi apparus qui aident les prospecteurs en leur donnant un accès combiné au MNT (Modèle numérique de terrain), à l'imagerie satellitale, aux cartes géologiques (métadonnées), aux données concernant le risque sismique, le volcanisme, aux ressources géothermales connues, aux gisements connus, aux données géochronologiques, flux de chaleur, gravimétrie, tomographie 3D, risques naturels, cadastres, données environnementales (trame verte, pollutions, pédologie...), etc.
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Il s'appuie sur la Géophysique et la Résistance des matériaux et sur les ressources locales disponibles, en prenant de plus en plus en compte, en amont les besoins de renaturation et restauration écopaysagère du site en fin de vie, voire durant les différentes phases de l'exploitation. Les grands projets font l'objet d'une étude d'impact approfondie, et de mesures compensatoires ou conservatoires.
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Il existe différents cas de figure pour atteindre le gisement à exploiter et permettre l'évacuation des produits. Si le gisement est relativement horizontal (en plateure) et si la couche de morts-terrains n'est pas trop épaisse, on pourra exploiter à ciel ouvert (voir ci-dessous).
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Si le gisement affleure dans une zone accidentée, par exemple des collines surplombant une vallée, on pourra atteindre et exploiter le gisement par des galeries horizontales (les fendues du bassin de la Loire) débouchant à flanc de coteau. C'est, par exemple le cas dans le bassin ferrifère de Lorraine pour les mines d'Hussigny-Godbrange, Charles Ferdinand ou Kraemer.
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Par contre, si le gisement n'affleure pas du tout ou n'affleure pas dans de bonnes conditions il faudra creuser (on dit foncer) des puits afin de l'atteindre. C'est la solution la plus coûteuse pour l'exploitation et la moins rentable, c'est aussi la majorité des cas. Les deux solutions peuvent aussi se combiner (cas des mines de La Mure ou de la mine de fer de Soumont).
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Le cas de la mine de fer de Saint-Rémy-sur-Orne, en Normandie, est intéressant puisqu'une partie du gisement est au-dessus du carreau de la mine. La majorité des produits sont toutefois descendus au-dessous du niveau du puits, roulée jusqu'au puits pour être remontée au niveau du carreau pour y être traitée, solution moins coûteuse qu'une sortie à flanc de coteau dans une zone pauvre en routes et moyens d'évacuation.
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Le puits dessert les différents étages d'exploitation, chaque niveau s'appelle une recette ou accrochage.
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On distingue les tailles des travers-bancs. Les tailles servent directement à l'exploitation du gisement. En général pour exploiter un gisement on creuse une galerie de tête la plus haute et une galerie de base la plus basse. Le gisement est découpé en panneaux entre ces deux galeries et délimités par des tailles transversales les joignant. Ces tailles permettent d'exploiter le massif mais aussi d'organiser l'aérage, c'est-à-dire la circulation de l'air dans les travaux. La galerie de base permet également l'évacuation des produits abattus (le déblocage) vers le roulage qui les emmènera ensuite vers le puits d'extraction. Les galeries peuvent être taillées dans le produit exploité (charbon, minerai) en général ou au rocher de part et d'autre de la couche. La galerie de roulage détermine le niveau de la recette du puits. L'ensemble des travaux qui permettent la délimitation d'un panneau s'appellent les travaux préparatoires (ou traçage). Ils sont bien sûr fondamentaux.
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Les travers-bancs sont presque toujours creusés au rocher ; ils permettent la liaison entre le ou les puits et le gisement exploité (galerie de roulage). En effet en général les puits sont foncés non dans le gisement mais à l'extérieur dans le rocher. Un puits creusé dans le charbon par exemple, entraîne une perte de l'exploitation puisqu'il faudra maintenir autour du puits une zone non exploitée dite stot de sécurité ou investison (de tels stots sont obligatoires sous les zones habitées, les routes, les chemins de fer...).
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Le même raisonnement vaut pour les mines exploitées à flanc de coteau. Dans ce cas les fendues débouchent directement au jour à flanc du coteau. Depuis la catastrophe de Courrières, il y obligation d'avoir au moins deux débouchés au jour (2 puits ou 1 puits et 1 débouché à flanc de coteau par exemple).
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Pour relier les différents niveaux d'exploitation entre eux (on parle aussi d'étage) la liaison peut se faire soit par le puits, soit par un bure (ou faux-puits ) soit encore par plan incliné. On appelle bure un puits intérieur ne débouchant pas au jour reliant deux niveaux. Le plan incliné est une galerie ou travers-bancs plus souvent incliné et généralement muni d'un treuil afin de hisser les berlines ou d'un convoyeur à bande.
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La technique du soutènement a pour objet l'ensemble des travaux utiles pour maintenir les excavations souterraines.
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Le chargement est l'opération qui consiste, juste après l'abattage, à charger manuellement ou mécaniquement le minerai extrait en vue de son évacuation par berlines ou par convoyeurs (voir roulage) vers le puits.
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Le chargement peut être manuel (pelletage) ou mécanisé (scraper, pelles à godets, chargeuses à pattes de homard)
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Le roulage est le transport des produits (charbon, minerai mais aussi le stérile) depuis le front de taille (ou plus exactement depuis le point de chargement du système de déblocage des chantiers) jusqu'à la recette inférieure du puits d'extraction, puis éventuellement, depuis la recette supérieure du puits aux ateliers de traitement. Le transport des produits, dans les mines industrialisées, s'effectue dans des bennes (ou berlines) de contenance variée selon les exploitations (de 500 litres à 25 000 litres) traînées à bras dans les exploitations non mécanisées, par un cheval (ou âne ou mulet) puis par locotracteurs, électrique, air comprimé, essence ou diesel ou tout simplement par gravité. Il s'agit en général de voies étroites inférieures à 1 m de large. Le roulage est un facteur fondamental dans l'exploitation d'une mine, il conditionne en effet, avec le puits, la capacité d'extraction.
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Avant de passer à l'exploitation industrielle souterraine, les régions minières connaissaient souvent une exploitation artisanale de couches affleurantes. Il s'agissait d'exploitation à ciel ouvert connue sous le nom de cayat, cayauderie, perrières (dans le bassin houiller de la Loire). Il est à remarquer que bien que les anciennes régions minières ont toutes de nombreuses rues du cayat, le sens de l'expression s'est perdu.
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Chevalements 19 et 11 à Loos-en-Gohelle.
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Terrils du 11-19 à Loos-en-Gohelle.
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Roue du châssis à molette.
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Câble tressé à plat pour manœuvrer les cages d'ascenseurs.
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Câble dans son logement dans la salle des machines.
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L'aérage ou la ventilation est l'alimentation en air frais d'une mine.
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Les mineurs emportaient autrefois un canari en cage, qui lorsqu'il s'agitait, ou même mourait, ou encore donnait des signes de suffocation était le signe qu'il fallait remonter[réf. nécessaire].
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L'étude de l'éclairage ne présente qu'un intérêt secondaire dans les mines exemptes de grisou ou de poussières.
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L'opération d'abattage consiste à détacher la roche à extraire du massif et �� la réduire en éléments plus petits[réf. nécessaire] pour la manutentionner et la transporter. Cette opération peut être faite de plusieurs manières :
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S'il n'est pas un accident « violent », le feu de mine de charbon est un problème grandissant, notamment en Chine. On estime actuellement qu'environ 1 % de la production de gaz à effet de serre provient de ces feux de mine (20 millions de tonnes de charbon partiraient ainsi en fumée chaque année). A température ambiante, le charbon réagit naturellement et spontanément avec l'oxygène de l'air pour donner du gaz carbonique. Si la chaleur ainsi créée n'est pas évacuée (ex. par ventilation), cette dernière augmente la température du charbon jusqu'à atteindre le seuil de combustion. Le feu de mine est donc très fréquent dans les mines affleurantes ou à ciel ouvert.
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Une mine à ciel ouvert ou open pit[23] consiste à déplacer de grandes quantités de sol et de sous-sol pour ensuite extraire le minerai. On met en place une mine à ciel ouvert lorsque le minerai se trouve relativement proche de la surface. On creuse la roche par dynamitage et le minerai est ensuite chargé sur d’énormes engins pour traitement.
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Mine de cuivre à ciel ouvert, Chino Copper Mine, Nouveau-Mexique, États-Unis.
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Mine de charbon à ciel ouvert (Cévennes, France).
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Mine de charbon à ciel ouvert (Wyoming, États-Unis).
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Dégradation de la forêt tropicale due à la mine de charbon de Siderópolis (Brésil).
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Mine à ciel ouvert : extraction de lignite à Garzweiler (Allemagne).
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Les mines à déplacement du sommet, ou mountain-top removal (MTR) en anglais, sont un type particulier de mine à ciel ouvert, utilisée presque exclusivement dans les montagnes des États-Unis[24]. La végétation est d’abord détruite, puis le sol arraché[24]. Les déblais sont simplement poussés dans les fonds de vallée, ce qui permet de niveler une région accidentée, mais provoque aussi une pollution importante[24].
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Dans les Appalaches, le colmatage des fonds de vallée fait disparaître 500 montagnes et 200 km de cours d’eau par an, augmentant ainsi le risque d'inondations[24]. Le paysage subsistant est généralement lunaire.
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L'après-mine est l'ensemble des conséquences de la cessation d'une activité minière.
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Cet article contient une chronologie des satellites artificiels et sondes spatiales organisée dans l'ordre des dates de lancement.
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Beaucoup de missions spatiales portent simultanément plusieurs noms. Un seul a été choisi pour ce tableau.
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Il s'agit d'une sélection des satellites et sondes lancés, choisis essentiellement pour des raisons historiques ou des fonctions innovantes. L'ensemble des lancements est consultable dans les articles détaillés indiqués en début de chaque section. Le nombre d'objets lancés correspond au nombre total d'engins construits et lancés, succès et échecs au lancement inclus.
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Une explosion est une augmentation rapide de volume et une libération d'énergie, généralement avec génération de hautes températures et de gaz. Plus cette transformation s'effectue rapidement, plus la matière résultante se trouve en surpression ; en se détendant jusqu'à l'équilibre avec la pression atmosphérique, elle crée un souffle déflagrant ou détonant, selon sa vitesse, et une émission de bruit.
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Les explosions[1] peuvent être classées en fonction de la vitesse de l'onde qu'elles engendrent :
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Une explosion peut résulter :
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Les effets les plus visibles et sonores sont ceux de la déflagration et de l'onde destructrice (blast) et des retombées qu'elle suscite.
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À distance équivalente de l'explosion, dans l'eau l'onde de choc peut avoir des effets délétères encore plus importants sur les êtres vivants que dans l'air.
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L'explosion est aussi source d'infrasons inaudibles pour l'Homme mais perceptibles par des instruments ou certains animaux à grande distance.
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Elle a aussi de potentiels effets toxiques et écotoxiques, plus ou moins différés selon les composants de l'explosif (et de l'amorce quand elle existe). Les vapeurs et fumées de tir contiennent généralement des composés toxiques. Les lieux, organismes ou objets détruits par une explosion peuvent eux-mêmes être à l'origine de pollution ou contamination biologique, physique, chimique, radioactive, etc.
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Enfin, des chercheurs de l'université de Reading ont récemment montré (dans la revue Annales Geophysicae)[2] que les grosses explosion (bombes thermonucléaires, ainsi que les bombes (pesant jusqu'à dix tonnes) larguées par avions pendant la Seconde Guerre mondiale) sont suffisamment puissantes pour affaiblir et perturber la très haute-atmosphère, jusqu'au niveau de l'ionosphère (mille kilomètres au-dessus de l'explosion, zone qui n'est normalement perturbée que par de grands évènements tels que éruptions solaires, éruptions volcaniques, grands séismes, gros orages et réchauffements stratosphériques soudains)[3]. Ceci a été démontré via l'analyse d'enregistrements radio recueillis quotidiennement par des opérateurs militaires lors de 152 raids aériens alliés de 1943 à 1945[4], plus ou moins parasités par les particules chargées dans la haute atmosphère : le taux de particules chargées dans l’ionosphère diminue significativement lors de chaque raids, probablement à cause des ondes de choc des bombes. On estime rétrospectivement que chaque raid a un impact sur la haute atmosphère équivalent à au moins 300 coups de foudre. On peut supposer que les passages répétés du mur du son par des avions à réaction dans certaines zones d'entraînement et de guerre ont un effet similaire, or, perturber l'ionosphère peut gêner les systèmes GPS, les radiotélescopes et les communications radio[4].
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Les conséquences, sur l'homme, d'une explosion sont au nombre de quatre :
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Il peut aussi y avoir un effondrement de structure (bâtiment, mur), ainsi que des brûlures dans le cas d'une expansion de gaz chauds ou d'un rayonnement intense.
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L'Amérique centrale est une bande de terre reliant l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.
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La différence entre les frontières géographiques et les frontières administratives, ainsi que l'histoire coloniale et les ressemblances et différences culturelles dans la région font varier la définition de l'Amérique centrale selon le contexte.
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Dans sa définition la plus commune, l'Amérique centrale comprend les pays suivants :
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On peut dans certains cas ajouter à ces pays les Antilles.
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L'Amérique centrale s'étend de l'isthme de Tehuantepec dans le Sud du Mexique (le Mexique est majoritairement situé en Amérique du Nord) au nord, à l'isthme de Darién (Panama) au sud[2]. Elle est bordée par le golfe du Mexique au nord, la mer des Caraïbes à l'est, et par l'océan Pacifique au sud et à l'ouest.
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La cordillère néovolcanique est considérée comme la division géologique séparant l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale.
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À l'époque coloniale l'Amérique centrale était partiellement contrôlée par la Capitainerie générale du Guatemala qui recouvrait les régions aujourd'hui occupées par le Guatemala, la Belize, le Honduras, le Salvador, le Nicaragua et le Costa Rica. À l'indépendance (1821-1822), la Capitainerie devient les Provinces unies d'Amérique centrale puis la République fédérale d'Amérique centrale. Les États que l'on connaît aujourd'hui sont devenus indépendants de cette fédération dans les années 1830.
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Ce passé, excluant le Panama rattaché à l'histoire colombienne et le Belize très vite colonisé par les Anglais, a permis à une identité centre-américaine de se développer dans ces pays. Il existe d'ailleurs une différence en espagnol entre la définition géographique, « América Central » (Amérique centrale), et la définition historique et politique, « Centroamérica » (Centre-Amérique).
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Il existe aujourd'hui des organisations régionales résultant de ce passé, comme le marché commun centraméricain (MCCA) ou le plus récent Système d'intégration centraméricain (SICA), dont les membres fondateurs sont les cinq pays « historiques » : Guatemala, Honduras, Salvador, Nicaragua et Costa Rica. Par simplification, on définit souvent ces cinq pays comme l'Amérique centrale ; le Belize et le Panama sont alors considérés comme caribéens (à l'instar des trois Guyanes).
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Mais le Panama a intégré le parlement centre-américain en 1992 et a comme projet de s'intégrer au SICA dans les prochaines années. Le Belize, lui, est déjà membre du SICA mais pas du MCCA, préférant la Communauté caribéenne (CARICOM). Quant au parlement centre-américain, il accueille depuis 2004 des députés de la République dominicaine (ce pays s'intégrant économiquement et politiquement de plus en plus à l'Amérique centrale). On peut donc s'apercevoir que la définition politique de l'Amérique centrale est encore très floue.
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La majorité de la population est métis (mélange entre espagnole et indigène), pour la majorité représentée à travers les pays comme le Honduras, le Salvador, le Panama, le Nicaragua, le Belize et le Guatemala. Le seul pays d'Amérique centrale où la population est surtout de couleur blanche est le Costa Rica, bien qu'il existe d'importantes minorités au Nicaragua et au Guatemala, elles sont majoritairement descendantes des colons espagnols et immigrants allemands, italiens, suisses, néerlandais, français et suédois.[Information douteuse]
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La population indigène est estimée à environ 8 millions d'habitants, en plus de 30 groupes indigènes. Presque tous vivent au Guatemala, et le reste sont des minorités limitées.[réf. nécessaire]
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Il y a de grandes communautés d'ascendance africaine et mulâtre au Belize, au Panama et certaines minorités au Costa Rica et au Nicaragua.[réf. nécessaire]
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L'Amérique centrale est traversée par un système montagneux appelé « la Cordillère centrale » dont les sommets peuvent dépasser les 4 000 mètres. Située à l'intersection de la plaque caraïbe, de la plaque nord-américaine et de la plaque de Cocos, une chaîne volcanique longe la côte Pacifique du nord au sud de la région.
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La côte caraïbe est constituée d'une forêt tropicale, qui n'est en réalité que la prolongation de l'Amazonie, très peu hospitalière. Grâce à cette forêt tropicale, l'Amérique centrale abrite 7 % de la biodiversité mondiale. La côte Pacifique, plus hospitalière car plus sèche grâce au relief la protégeant du climat caribéen, abrite quant à elle la majeure partie de la population centre-américaine.
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L'espagnol est la langue officielle dans tous les pays, sauf au Belize où la langue officielle est l'anglais. L'anglais est courant sur les côtes où il y a beaucoup d'ascendance africaine[réf. nécessaire], tandis que les Indiens continuent à parler leur langue maternelle[pas clair].
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La religion principale est le catholicisme, mais l'évangélisme est en augmentation.
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La région est particulièrement attractive pour les entreprises (notamment de confection) en raison de sa proximité géographique avec les États-Unis, des salaires très bas et des avantages fiscaux considérables. En outre, la baisse des cours du café et autres produits d'exportation et les mesures d’ajustement structurel encouragées par les instances financières internationales ont en partie ruiné l'agriculture, favorisant l'émergence des Maquiladoras. Ce secteur constitue 42 % du total des exportations du Salvador, 55 % du Guatemala, et 65 % du Honduras. Pourtant, son apport à l’économie de ces pays est contesté ; les matières premières sont importées, les emplois sont précaires et peu rémunérés, et les exonérations d’impôts fragilisent les finances publiques[3].
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Elles font aussi l'objet de critiques pour les conditions de travail des employés : insultes et violences physiques, licenciements abusifs (notamment d'ouvrières enceintes), horaires, non-paiement des heures supplémentaires. Selon Lucrecia Bautista, coordinatrice du secteur maquilas du cabinet d'audit Coverco, « les réglementations en matière du droit du travail sont régulièrement violées dans les maquilas et il n'existe aucune volonté politique pour imposer leur application. Face aux infractions, l'inspection du travail fait preuve d'une remarquable mansuétude. Il s'agit de ne pas décourager les investisseurs. » Les syndicalistes sont sujets à des pressions, et parfois à des séquestrations ou assassinats. Dans certains cas, des chefs d'entreprises ont fait appel aux services des maras. Enfin, des listes noires comprenant des noms de syndicalistes ou militants politiques circulent dans les milieux patronaux[3].
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Une fable est un court récit en vers ou en prose qui vise à donner de façon plaisante une leçon de vie. Elle se caractérise souvent par un récit fictif de composition naïve et allégorique mettant en scène des animaux qui parlent, des êtres humains ou d’autres entités à l'aspect animal mais personnifiés[1]. Une morale est exprimée à la fin ou au début de la fable. Celle-ci est parfois implicite, le lecteur devant la dégager lui-même.
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Pour Phèdre, le fabuliste latin, « Le mérite de la fable est double : elle suscite le rire et donne une leçon de prudence[2]. » Cette portée didactique des fables peut expliquer que les fables ont circulé et ont été reprises d'une culture à une autre. Selon G. K. Chesterton, « la fable est une sorte d'alphabet de l'humanité au moyen duquel on a pu écrire les premières certitudes philosophiques; et pour cette raison les figures devaient fonctionner comme des abstractions algébriques ou des pièces d'un jeu d'échecs[3].»
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Au sens premier, le mot « fable » (fabula,ae : la légende) désigne l'histoire ou enchaînement d'actions qui est à la base d'un récit imaginaire, quel qu'il soit. C'est en ce sens que, dans la Poétique, Aristote désigne la « fable » comme un des six éléments qui constituent une tragédie, conjointement avec les mœurs, le langage, la pensée, l'appareil scénique et la mélopée[4].
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Le mot fable vient du latin fabula (« propos, parole »), qui désigne le fait de parler en inventant (d'où dérive aussi le terme « fabuler »). En grec, il n'y avait pas non plus de mot spécial pour nommer le genre de la fable, qui était désignée par le mot signifiant récit: μύθος (qui a donné le mot « mythe »). Pour référer au genre, l'usage se répand très tôt de désigner les fables comme des aesopica (littéralement : « propos d'Ésope »), ce qui se traduira au Moyen Âge par ysopets ou isopets.
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La fable est une forme particulière d’apologue, qui désigne tout récit à portée moralisante. Elle se distingue de la parabole, qui met en scène des êtres humains et laisse le sens ouvert à la discussion[5]. Elle se distingue aussi de l'exemplum, qui est un récit présenté comme véridique. Elle est distincte enfin du fabliau, qui est un conte satirique ou moral, souvent grivois, dont le genre s'est épanoui en France entre le XIIe siècle et le XIVe siècle[6].
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La fable plonge ses racines dans la nuit des temps et se retrouve dans toutes les cultures. Elle a fait partie de la tradition orale bien avant l'invention de l'écriture. Elle est toujours active dans les pays où la culture orale demeure vivace et proche de la nature, comme c'est le cas notamment en Afrique ou dans les sociétés rurales.
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La Mésopotamie semble avoir été le berceau du genre, en raison de la découverte qu'on y a faite de nombreuses fables remontant jusqu'à deux mille ans avant notre ère[7]. Des tablettes provenant de bibliothèques scolaires de l’époque sumérienne racontent brièvement des histoires de renard flatteur, de chien maladroit (« Le chien du forgeron, n’ayant pu renverser l’enclume, renversa le pot d’eau ») ou de moustique présomptueux (« Un moustique s’étant posé sur le dos d’un éléphant lui demanda si son poids lui était supportable ou s’il devrait plutôt s’envoler »). Beaucoup de ces textes montrent une grande affinité avec les proverbes et ont une construction antithétique (« Ce que tu as trouvé, tu n’en parles pas ; mais ce que tu as perdu, tu en parles. ») Toutefois, ils ne possèdent pas de morale explicite[8]. Le Talmud contient plusieurs enseignements illustrés de fables de Renard, fables qui sont passées dans la littérature occidentale par les compilations chrétiennes d'"exemples" servant à la composition des sermons[9].
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À ses débuts, la fable n'existait pas en tant que genre autonome, mais seulement sous forme d'extrait inséré à titre d'illustration dans un texte en vers ou en prose[10]. Ainsi, la première fable connue se trouve chez Hésiode dans Les Travaux et les jours, écrit aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C.. C'est l'histoire du Rossignol et l’Épervier, qui raconte comment un rossignol pris dans les serres d’un épervier se fait faire la leçon.
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La fable se constitue en tant que genre littéraire avec Ésope, le plus grand fabuliste de l'Antiquité, qui a vécu entre les VIIe et VIe siècles avant J.C, et qui serait originaire de la Thrace, près de la mer Noire. Considéré comme le père de la fable, il lui a donné son nom. Les Anciens distinguaient en effet entre la fable ésopique, qui met en scène des animaux ou des objets inanimés, et la fable libyenne, où des hommes ont affaire à des animaux ou s'entretiennent avec eux[11].
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La vie d'Ésope nous est connue grâce à un récit laissé par Maxime Planude, érudit byzantin du XIIIe siècle, qui reprenait probablement un texte grec du Ier siècle. La Fontaine a adapté ce récit et l'a placé en tête de son recueil de fables sous le titre « La Vie d'Ésope le Phrygien ». On a souvent mis en doute la réalité historique de la prodigieuse destinée de cet ancien esclave nubien bègue et difforme qui réussit à se faire affranchir et en vient à conseiller les rois grâce à son habileté à résoudre des énigmes. On a souligné notamment les parallèles avec l'histoire d'Ahiqar, qui circulait en Syrie à l'époque de la vie d'Ésope.
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Ésope était déjà très populaire à l’époque classique, comme le montre le fait que Socrate lui-même aurait consacré ses derniers moments de prison avant sa mort à mettre en vers des fables de cet auteur. Il s’en serait expliqué à son disciple de la façon suivante : « Un poète doit prendre pour matière des mythes [...] Aussi ai-je choisi des mythes à portée de main, ces fables d’Ésope que je savais par cœur, au hasard de la rencontre[12]. » Diogène Laërce attribue même une fable à Socrate, laquelle commençait ainsi : « Un jour, Ésope dit aux habitants de Corinthe qu'on ne doit pas soumettre la vertu au jugement du populaire. » Or, il s'agit là d'un précepte aujourd’hui typiquement associé au philosophe plutôt qu'au fabuliste. Socrate se servait sans doute du nom d'Ésope pour faire passer ses préceptes au moyen d'apologues[13].
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Au IVe siècle av. J.-C., Démétrios de Phalère publie le premier recueil de fables historiquement attesté. Ce recueil, perdu, a donné naissance à d’innombrables versions. Une de celles-ci a été conservée sous la forme d’un ensemble de manuscrits datant probablement du Ier siècle, collection appelée Augustana. C’est à celle-ci que l’on se réfère lorsqu’on parle aujourd’hui des « fables d'Ésope ». Elle compte plus de 500 fables, toutes en prose, parmi lesquelles figurent les plus populaires, tels Le Corbeau et le Renard, Le lièvre et la Tortue, Le Bûcheron et la Mort, Le Vent et le Soleil, etc. (Version moderne intégrale sur Wikisource). Il est probable que le nom d'Ésope a servi à regrouper toute sorte de récits qui circulaient jusque-là de façon orale et qui présentaient des caractéristiques communes[14].
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De la Grèce, la fable passe à Rome. Horace propose une remarquable adaptation du Rat de ville et du Rat des champs (Satires, II, 6)[15] que certains critiques estiment supérieure à la version de Jean de La Fontaine. Il sera suivi par Phèdre qui, comme Ésope, est né en Thrace et était esclave avant d'être affranchi par Auguste. On lui doit six livres de fables, dont le premier s'ouvre avec Le Loup et l'Agneau[16]. Avec ce recueil entièrement écrit en vers, Phèdre va véritablement faire de la fable un genre poétique à part entière. Il ne se contente pas d'adapter Ésope en latin, mais fait aussi preuve d'originalité : sur les 126 fables que compte son recueil, moins de la moitié sont directement empruntées à Ésope[17]. Même si ces fables ne lui attirent pas la gloire de son vivant, Phèdre fera des émules.
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Le poète Babrius, un Romain hellénisé contemporain de Phèdre, récrit en grec les fables ésopiques et les met en vers. On connaît de lui deux recueils, qui totalisent 123 fables.
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La vogue de la fable grandit dans le monde gréco-romain. On trouve diverses références à des fables chez l'auteur grec Lucien de Samosate, notamment celle des singes dansants, qui joue sur l'opposition entre l'inné et l'acquis, thème commun à de nombreuses fables, notamment chez La Fontaine et Florian[18]. Au IVe siècle, le poète romain Avianus en laisse 42, pour la plupart des adaptations de Phèdre, mais dont plusieurs, qui ne sont attestées nulle part ailleurs, sont fort bien construites. Son contemporain, Aphthonios a laissé un recueil de 40 fables en prose. Par la filière latine, les fables d'Ésope passeront au Moyen Âge et inspireront d'innombrables successeurs.
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La fable a connu un succès remarquable en Inde. On en trouve déjà dans la grande épopée du Mahâbhârata, fondatrice de l'hindouisme, ainsi que dans les récits du Jātaka et le Kathâsaritsâgara[19], mais la collection la plus importante se trouve dans le Pañchatantra. Originellement rédigé en sanskrit entre -300 et 570 par un brahmane du nom de Pilpay dans la région du Cachemire, ce recueil de fables avait pour but d'enseigner la sagesse aux princes et le succès dans la vie. Il a connu d'innombrables remaniements et versions dérivées, dont l'une s'intitule Hitopadesha ou L'Instruction utile, datant du XIIe siècle. On trouve dans le Pañchatantra le bestiaire habituel des fables (âne, lion, singe, serpent, etc.), avec la différence que deux chacals, Karataka et Damanaka, y jouent le rôle du renard européen, tout en se comportant parfois sottement[20]. Ce recueil compte 70 fables, majoritairement en prose.
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Cet ouvrage arrivera en Occident au terme d'un cheminement fort complexe, attestant de l'intérêt que la fable a pu susciter dans différentes cultures[21]. Le Livre de Pilpay est introduit en Perse par le roi sassanide Khosro Ier (531-579) qui, ayant appris l'existence en Inde d'un ouvrage contenant la source de toute formation intellectuelle, avait donné mission à son médecin de se le procurer. L'ouvrage est alors traduit en moyen-persan sous le titre Kalîleh va Demneh, qui est la version la plus ancienne du Pañchatantra à laquelle on puisse remonter, l'original indien de l'époque ne nous étant pas parvenu[22]. Après la conquête de la Perse par les Arabes au VIIe siècle, il est traduit en arabe sous le titre Kalîla wa Dimna (ou Kelileh va Demneh) par Abdullah Ibn al-Muqaffa (vers 750), qui transpose les récits originaux dans un contexte arabe. Les fables y sont insérées dans un récit continu dont les deux chacals — Calila (Karataka) et Dimna (Damanaka) — sont les protagonistes.
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Aucun ouvrage originaire de l'Inde n'a été aussi répandu[23]. Avec plus de 200 versions en une soixantaine de langues, notamment le turc, le syriaque, le malais et l'éthiopien[22], il a influencé les littératures d'Asie, d'Afrique du nord et d'Europe[24]. Il est traduit en grec par Syméon Seth à la demande de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène (XIe siècle) et en hébreu par Jacob ben Eléazar de Tolède au début du XIIIe siècle. L'ouvrage est alors remarqué par le roi de Castille Alphonse X le Sage, qui le fait traduire de l'arabe en espagnol sous le titre Calila y Dimna en (1251)[25]. En 1263, Jean de Capoue traduit en latin la version hébraïque pour le cardinal Orsini en lui donnant pour titre Directorium humanae vitae (litt. « La conduite de la vie humaine »)[26]. En 1313, à la demande de la reine Jeanne de Navarre, Raymond de Béziers en publie une autre édition, qui reprend pour l'essentiel celle de Jean de Capoue tout en y intégrant des données de la version espagnole[27].
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Une version persane sera à son tour traduite en français par Gilbert Gaulmin en 1644 sous le titre Le Livre des lumières ou la Conduite des Rois, composée par le sage indien Pilpay, traduite en français par David Sahid, d'Ispahan, ville capitale de Perse. En 1666, Pierre Poussines fait une autre traduction du Pañchatantra sous le titre Specimen sapientiae Indorum veterum, en se basant sur la version grecque de Syméon Seth[28]. Ce sont ces deux ouvrages que connaîtra La Fontaine et qui inspireront plusieurs fables de son deuxième recueil, ainsi qu'il le reconnaît dans l'introduction de ce recueil. Ce sont notamment L'Ours et l'Amateur des jardins, La Laitière et le Pot au lait, Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre, La Tortue et les deux Canards, Les Poissons et le Cormoran, et Le Loup et le Chasseur[29].
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À une époque ancienne, avant l'apparition du Kalîla wa Dimna, la fable semble avoir été rattachée dans le monde arabe au nom de Locman le Sage (aussi écrit Loqman ou Luqman). Celui-ci aurait vécu à la même époque qu'Ésope et aurait également été esclave. Le Coran le mentionne comme étant un sage[30]. En 1615, Thomas van Erpe publie une traduction latine d'un recueil contenant 34 fables, attribuées à Loqman par un auteur anonyme, mais dont la plupart appartiennent en fait au corpus ésopique traditionnel. Tout comme pour Ésope, le nom de Locman semble avoir fonctionné dans le monde arabe comme un « aimant générique », agglutinant les récits du même genre qui circulaient dans la tradition orale. Le nom de Locman le Sage sera dès lors parfois attaché à la fable comme un des fondateurs mythiques du genre et La Fontaine le mentionne comme tel dans l'introduction de son deuxième recueil (Livre VII).
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Le grand poète persan Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207-1273), qui a étudié les fables d'Ésope dans sa jeunesse, en fait une adaptation originale dans son livre Masnavî-ye-Masnavî. Fils d'un théologien soufi et lui-même considéré comme un saint, il donne aux fables une morale souvent mystique, très différente de la morale classique. La leçon à en tirer n'est pas tant de se méfier des autres que de soi-même et de la partie animale de son âme[31].
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La fable a une très longue histoire en Chine et existait déjà sous forme orale trois mille ans avant notre ère. Lors de la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants, elle devient un genre littéraire à part entière et fait son apparition dans nombre d'œuvres de l’ère pré-Qin, mais tous les livres de cette époque ont malheureusement été détruits sur ordre de l'empereur Qin Shi Huang en 213 av. J.-C. Les fables chinoises ne sont pas associées à la plume d’un seul auteur. La langue courante garde la mémoire des fables de Tchouang-tseu et de nombreuses fables populaires anonymes[32]. Celles-ci reflètent les aspirations, les demandes et l’idéal des masses laborieuses. De nos jours, on les lit encore et on en tire des leçons. Beaucoup de fables chinoises sont même devenues des expressions populaires de quatre mots, comme « Zhuang zhou meng die » (庄周梦蝶), qui évoque le rêve du papillon de Tchouang-tseu Evan la victime.
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Le mot chinois pour désigner la « fable » (寓言yùyán) est apparu pour la première fois dans « Chapitre Fable » de Tchouang-tseu. Il signifie « exprimer des pensées par des paroles » —ce qui est comparable au sens premier du mot fable en latin et en grec.
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Les fables chinoises peuvent être divisées en quatre genres, selon les époques[33] :
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La fable continue à se transmettre à travers tout le Moyen Âge sous la forme de recueils, les Ysopets (déformation d'Ésope). Un recueil attribué à Romulus, qui compte 84 fables en latin, dont 51 sont traduites de Phèdre, est immensément populaire durant toute cette période et sera un des premiers ouvrages à être imprimé[34]. Parmi les auteurs dont la tradition a conservé le nom, on aussi trouve Syntipas et pseudo-Dosithée, dont on ne sait trop s'ils font référence à des personnages réels ou mythiques. La qualité littéraire est alors délaissée au profit des moralités[35]. (Pour un article détaillé, voir Isopet.)
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Il en va tout autrement de Marie de France (1154-1189), qui publie un recueil de fables sous le titre Ysopet. Sur une centaine de pièces, les deux tiers sont d'origine inconnue et proviennent peut-être du répertoire oral de son époque. Les autres sont tirées d'Ésope.
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La thématique de la fable prend une singulière expansion avec le Roman de Renart, collection de récits dus à des clercs anonymes du XIIe siècle. Dans ces histoires inspirées d'Ysengrinus, œuvre latine du poète flamand Nivard de Gand, la lutte du goupil contre le loup sert de prétexte à une vigoureuse satire de la société féodale et de ses injustices. La fable cède ici la place à une comédie animale où tout se tient.
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En Angleterre, Eudes de Cheriton (1190 - 1246/47)rédige en latin un recueil de fables, dont plusieurs proviennent d'Ésope et de divers auteurs. Il utilise la fable conjointement avec des paraboles et des exempla pour alimenter sermons et prêches[36].
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Contrairement à la vogue qu'avait connue le genre au Moyen Âge, les poètes de la Pléiade ne se sont pas intéressés à la fable. On peut citer cependant Jean-Antoine de Baïf qui en a écrit une vingtaine, dont certaines sont d'une sécheresse remarquable[37], tandis que Mathurin Régnier insère dans une de ses satires La Lionne, le Loup et le Mulet[38].
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On trouve aussi des fables en prose intégrées à des contes, des nouvelles ou des satires. Dans Les Nouvelles récréations et joyeux devis, publié en 1558, Bonaventure Des Périers conte l'histoire de « la bonne femme qui portoit une potee de laict au marché », ancêtre de La Laitière et le Pot au lait de La Fontaine[39]. Marguerite de Navarre en introduit également dans son Heptaméron. Il en va de même pour Noël du Fail dans Les Baliverneries d'Eutrapel (1548) et Les Contes et Discours d’Eutrapel (1585).
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Avec la redécouverte des sources grecques par les humanistes, les recueils de fables antiques se multiplient. En Angleterre, William Caxton publie en 1484 le premier recueil de fables ésopiques à partir de sources antiques grecques et latines, tout en leur donnant une dose d'humour apte à séduire un large public. Cet ouvrage deviendra une référence incontournable dans le monde anglophone jusqu'à la parution d'une nouvelle traduction par le folkloriste Joseph Jacobs à la fin de XIXe siècle[40].
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En Italie, Laurentius Abstémius publie en 1495 un recueil de 100 fables intitulé Hecatomythium[41], dont certaines sont traduites d'Ésope tandis que d'autres sont de son invention. Il y ajoute par la suite un second recueil de 100 fables, qu'il publie avec des fables de Lorenzo Valla, Érasme, Aulu-Gelle et quelques autres. La Fontaine s'en inspirera pour une vingtaine de ses fables. Giovanni Maria Verdizotti publiera à son tour un recueil de 100 fables en 1570, intitulé Cento favole bellissime.
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En France, Gilles Corrozet publie en 1542 Les Fables du très ancien Ésope, une traduction en vers du texte grec accompagnée de somptueuses illustrations (ci-joint). Cinq ans plus tard, Guillaume Haudent publie Trois cent soixante et six apologues d’Ésope traduits en vers. En 1610, le Suisse Isaac Nicolas Nevelet, alors âgé de 20 ans, publie Mythologia Aesopica[42], ouvrage qui comprend le texte grec et une traduction latine des fables d'Ésope et de Babrius, auxquelles s'ajoutent celles de Phèdre, Avianus et Abstémius.
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Par ailleurs, le genre des emblèmes, très à la mode pendant tout le XVIe siècle, exploite sous une forme synthétique et hautement visuelle la matière de la fable. Après n’avoir désigné que la seule gravure, le sens du mot « emblème » va s’étendre pour s’appliquer également au poème qui lui sert de légende ou de commentaire. On écrit alors des livres d’emblèmes, à l’imitation de ceux de l’Italien Alciato. En France, Guillaume Guéroult semble s’être spécialisé dans ce genre avec le Blason des Oyseaux (1551), les Hymnes du Temps et de ses parties (1560) et les Figures de la Bible (1564), toujours composés sur le modèle d’une gravure accompagnée d’une courte pièce de vers. Parmi les emblèmes de Guéroult traitant de fables ésopiques également reprises par Jean de La Fontaine, on compte Le Corbeau et le Renard, Le Singe et le Chat, L'Araignée et l'Hirondelle, La Cour du Lion, L'Astrologue qui se laisse tomber dans un puits, La Cigale et la Fourmi et La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf.
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D’autres écrivains pratiquent la fable en Europe, tel le portugais Sá de Miranda.
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Au XVIIe siècle, la fable revient à la mode et les recueils se multiplient. Ce succès s'explique en partie par le développement de l'éducation et la place que l'on faisait à la fable dans les écoles pour entraíner à manier la langue et faire des exercices de grec et de latin. Cela crée un contexte favorable à l'épanouissement du genre.
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Après s'être essayé à divers genres poétiques, Jean de La Fontaine (1621-1695) publie son premier recueil de fables en 1668 (livres I à VI). Devant le succès obtenu, il en publiera deux autres, en 1678 et 1694, pour un total de 243 pièces, dont plusieurs sont des apologues et ne mettent pas en scène des animaux[43]. Ces recueils le consacreront comme le plus grand fabuliste de tous les temps.
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Puisant ses sources dans la littérature mondiale de tous les temps (Ésope, Phèdre, Horace, Abstémius, Marie de France, Jean de Capoue, Guéroult, etc.), La Fontaine ne se contente pas de traduire ou d'actualiser des pièces connues, mais imprime sa marque sur le genre par des récits vivants, variés et délicieusement racontés, qui font une large place au dialogue et témoignent d'une grande précision dans l'observation, jointe à une ironie douce, qui touche souvent à la satire et parfois à la philosophie.
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Immensément populaires durant plus de trois siècles et étudiées par des générations d'écoliers, ces fables ont profondément marqué la littérature française. Leur célébrité s'est très vite étendue au-delà des frontières. En 2013, le site OpenLibrary en dénombrait 395 éditions, dont 57 en format ebook, ce qui témoigne de l'intérêt toujours actuel de cette œuvre[44].
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Antoine Houdar de La Motte (1672-1731) explore de son côté une poétique des fables qui rompt délibérément avec les auteurs antiques, considérant que les opinions communes sont souvent infondées et que la connaissance a évolué depuis Ésope et Phèdre[45]. Ses fables font preuve d'une certaine inspiration, même si la langue n'a pas le charme de celle de La Fontaine[46].
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Un autre nom a survécu durablement au côté de celui de La Fontaine : celui de Florian (1755-1794). Son recueil compte une centaine de fables dans lesquelles on sent parfois l’inspiration de l’Anglais John Gay ou de l’Espagnol Tomás de Iriarte. Certaines de ses fables sont à orientation publique et visent à vulgariser les idées de la philosophie des Lumières sur la nature humaine et la nécessité pour les gouvernants de respecter des principes moraux ; d'autres sont à orientation privée et enseignent des principes de sagesse, d'amour du travail et de charité.
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Les fables de Florian sont parfois jugées mieux adaptées aux enfants que celles de La Fontaine parce que le message en est moins ambigu et les oppositions entre les personnages moins tranchées :
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« il proposait aux dames mignonnes et fardées, en façon de fables, de jolies énigmes, et leur arrangeait un bouquet de moralités fades; il peignait d'après l' Émile la tendresse conjugale, les leçons maternelles, le devoir des rois, l'éducation des princes[47]. »
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Nombre de récits, en effet, se terminent par une réconciliation générale et la vertu l'emporte toujours. Parmi les thèmes abordés, on trouve ceux du rapport de l'enfant à ses parents adoptifs : Les Serins et le Chardonneret, l'importance de l'entraide : L'Aveugle et le Paralytique et la présence d'inventions modernes, comme dans la fable du Singe qui montre la lanterne magique. Certaines de ses moralités sont passées en proverbes, tel que « Pour vivre heureux, vivons cachés » du Grillon ou « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » de Le Vacher et le garde-chasse). Toutefois, la psychologie des animaux est loin d'y être aussi bien informée que dans les fables de La Fontaine[47].
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La fable est également pratiquée par les philosophes des Lumières : Diderot en introduit à l'occasion dans ses Lettres ou dans ses Mélanges philosophiques[48]. Le succès prodigieux de la fable inspire alors bien des vocations : du grand seigneur au commis, en passant par le magistrat, le curé ou le marchand, tout un chacun s’essaie au genre de la fable. En 1777, Jean-Jacques Boisard publie un recueil qui en contient 1 001, tandis que le jésuite François-Joseph Desbillons en produit 560 l'année suivante. Même Napoléon Bonaparte, avant d’être sacré empereur, en compose une, jugée assez bonne à l’époque. Tous ces auteurs sont tombés dans l’oubli.
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Gotthold Ephraim Lessing illustre le genre en Allemagne, Ignacy Krasicki en Pologne.
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Au XIXe siècle, la fable ne sera plus guère pratiquée en France, si l'on excepte des auteurs comme Victor Cholet (L'Ésope, fables politiques, 1832) ou Jean-Pons-Guillaume Viennet, qui publie un recueil en 1843. La relative désaffection du public français à l'égard de la fable coïncide avec la «montée » du roman[49]. Cependant, Victor Hugo en septembre 1852, va dans son recueil Les Châtiments, utiliser la fable pour dénoncer le comportement de Louis-Napoléon Bonaparte [50]. Il compare celui-ci à un singe dans sa Fable ou histoire.
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En Russie, toutefois, la fable connaît un accès de popularité avec Ivan Krylov, qui en fait son genre de prédilection. Cristóbal de Beña (es) (Fábulas políticas) et Juan Eugenio Hartzenbusch en feront autant en Espagne. Au Canada, le romancier, journaliste et conteur Pamphile Lemay (1837-1918) publie en 1882 un recueil intitulé Fables canadiennes[51]. Ces fables sont tombées dans un certain oubli[réf. nécessaire].
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Ambrose Bierce utilise la fable à des fins de satire politique aux États-Unis. Est parfois aussi rattaché au genre de la fable, pris dans son acception la plus large d'apologue, La Ferme des animaux (Animal Farm) de George Orwell[52]. Publié en 1945, cet apologue décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent puis prennent le pouvoir et chassent les hommes, à la suite de leur négligence à leur endroit. Dans cette fable animalière, Orwell propose une satire de la Révolution russe et une critique du stalinisme. Blackham y voit un développement de la fable Le Loup et le Chien[53].
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Franz Kafka (1883-1924) a laissé dans ses brouillons quelques fables, telle Petite fable, dans laquelle une souris poursuivie par un chat voit les murs d'un couloir se rétrécir inexorablement devant elle. Le Départ met en scène le même univers angoissant que ses romans. Dans cette veine ésopique dévoyée, la morale est absente et les certitudes ont fait place à un sentiment d'incertitude généralisée[54].
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La fable fait l'objet de pastiches et de parodies. C'est le cas notamment chez James Joyce avec The Ondt and the Gracehoper inséré dans Finnegans Wake, où se trouve aussi Mooske and the Gripes[55]. Dans La cimaise et la fraction, Raymond Queneau applique à la première fable de La Fontaine la règle S+7 qui consiste à remplacer chacun des substantifs par celui qui le suit en septième position dans le dictionnaire[56]. Eugène Ionesco introduit dans La Cantatrice chauve une pseudo-fable, Le Chien et le Bœuf. Pierre Perret récrit les fables de La Fontaine en argot. Roland Dubillard publie Le bouchon et le fabuliste, aussi intitulée Fable du fabuliste incertain[57].
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Dans une veine plus classique, la fable continue à intéresser certains écrivains du XXe siècle. Le poète et dramaturge Jean Anouilh publie Fables en 1962. Dans un esprit que l’Encyclopedia Britannica rattache directement à La Fontaine, Pierre Gamarra publie La Mandarine et le Mandarin (1970), qui contient des fables « d'une drôlerie remarquable et d'une grande virtuosité technique[58]».
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Au milieu du XXe siècle, la psychanalyste Louisa Düss a mis en place une méthode d'exploration des conflits inconscients de l'enfant à l'aide d'un corpus de « fables » construit à cette fin. Une étude des réponses à ces récits permettrait de « déceler les troubles affectifs causés chez l'enfant par une situation familiale anormale[59]». Il faut noter cependant que les fables de ce corpus ne se conforment pas au schéma classique, car aucun des récits proposés ne comporte de résolution ou dénouement. À titre d'exemple : « C'est la fête de mariage de Papa et de Maman. Ils s'aiment beaucoup et ils ont fait une belle fête. Pendant la fête, l'enfant se lève et va tout seul au fond du jardin. Pourquoi? ».
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Il est difficile de présenter un schéma narratif valable pour toutes les fables, car depuis la plus haute antiquité, les recueils de fables pouvaient regrouper une grande variété de récits : histoires d'animaux, contes, récits mythologiques, anecdotes, bons mots et explications de type étiologique[60]. Cette section ne concerne donc que les fables les plus typiques.
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Selon Houdar de La Motte, la fable s'organise à partir de la morale que l'on veut démontrer :
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« pour faire un bon apologue, il faut d'abord se proposer une vérité morale, la cacher sous l'allégorie d'une image qui ne pèche ni contre la justesse, ni contre l'unité, ni contre la nature; amener ensuite des acteurs que l'on fera parler dans un style familier mais élégant, simple mais ingénieux, animé de ce qu'il y a de plus riant et de plus gracieux, en distinguant bien les nuances du riant et du gracieux, du naturel et du naïf[61]. »
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La fable classique raconte une seule et unique action[62], qui repose sur des jeux d'opposition très nets entre deux personnages[63], tout comme dans les récits mythiques analysés par Claude Lévi-Strauss. Dès Ésope et Phèdre, ces oppositions sont énoncées le plus souvent dans le titre, qui annonce, par exemple, une histoire mettant aux prises une biche et une vigne, une grenouille et un bœuf, un corbeau et un renard, etc. D'entrée de jeu, le lecteur se trouve donc en présence d'une situation conflictuelle, qui va constituer le moteur du récit et en nouer l'intrigue[64]. Dans les fables à deux personnages, « la fable connaît toujours un conflit, c.-à-d. un antagonisme entre les acteurs, basé sur des intérêts divergents[65]».
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Souvent, les deux personnages se trouvent dans des positions subjectives fort dissemblables. L'un se vante de sa force, de ses habiletés ou de son importance : il est en position haute ; l'autre apparaît comme faible ou dépourvu de ressources : il occupe la position basse. Grâce à un évènement narratif imprévu, celui qui était en position haute se retrouvera en position basse et vice versa. On peut en voir une illustration dans la fable Le Chêne et le Roseau de La Fontaine (I, 22). Le chêne (A1), qui se vantait au début de sa solidité et méprisait le faible roseau (B1), est renversé par la tempête (A2) alors que le roseau se retrouve intact (B2) parce qu’il a su plier sans se rompre. Les deux personnages ont donc effectué un parcours inverse. Ce schéma est désigné comme « un double renversement[66] ». Il se rencontre dans des dizaines de fables, souvent les plus populaires, tels Le Corbeau et le Renard, Le Lion et le Moucheron, Le Lion et le Rat, La Colombe et la Fourmi, Le Coq et le Renard, Le Cheval et le Loup, Le Cheval et l'Âne, Les Deux Coqs, Le Loup et le Renard, Le Chat et le Renard, Le Trésor et les Deux Hommes, Le Lièvre et la Tortue, Le Renard et la Cigogne[67].
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Parfois, le renversement se fait au profit d'un troisième personnage, comme dans Les Voleurs et l'Âne, La Grenouille et le Rat, L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette, Le Chat, la Belette et le petit Lapin, Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf, L'Huître et les Plaideurs. Parfois encore, le modèle du double renversement est quelque peu syncopé, comme dans La Cigale et la Fourmi où la situation initiale montrant l'avantage de la cigale sur la fourmi n'est évoquée qu'à la fin de la fable (« — Que faisiez-vous au temps chaud? — Nuit et jour à tout venant / Je chantais ne vous déplaise »). C'est le cas aussi pour Le Rat de ville et le Rat des champs où La Fontaine commence par l'invitation du rat de ville alors que dans la version ésopique, tout comme dans celle d'Horace, cette invitation ne venait qu'après un repas chez le rat des champs que le cousin de la ville avait snobé pour la simplicité de ses mets[68]. Par contre, dans L'Âne chargé d'éponges et l'Âne chargé de sel, La Fontaine a renforcé la structure du modèle ésopique, en faisant intervenir deux protagonistes plutôt qu'un seul. Dans nombre de fables, la fable se développe ainsi sur des relations antithétiques entre des sujets, des objets, des situations ou des propriétés. Cela permet de verrouiller le sens de la fable et de véhiculer une morale facile à déduire, particulièrement dans la fable antique.
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À la différence de ses prédécesseurs, La Fontaine joue souvent sur l'ambiguïté pour donner plus de piquant à ses fables. Par exemple, alors que dans la tradition ésopique, la morale de la fable La cigale et les fourmis indique clairement que la cigale est à blâmer pour son insouciance, la leçon est loin d'être aussi claire dans l'adaptation qu'en a faite La Fontaine, en raison des jeux sur le signifiant (rejets, sonorités, rimes, rythmes)[69],[70].
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La fable se prête moins bien que le conte traditionnel à ce que le lecteur s'identifie d'entrée de jeu avec un personnage. Qui choisir, en effet, du chat ou du renard, du renard ou de l'écureuil, du lion ou du rat, de la cigale ou de la fourmi ? Cette difficulté pour le lecteur à se projeter dans le récit, en s'identifiant d'emblée à un personnage, a pour effet de le maintenir dans l'expectative et de le placer dans la position d'un observateur ou plus précisément d'un juge. La fable s'adresse ainsi davantage à l'intelligence et à la faculté de jugement qu'à un goût d'évasion ou de rêverie sentimentale[71]. C'est ce qui en a fait un genre privilégié pour servir à « l'éducation des peuples », ainsi que le montre son histoire ci-dessus.
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Loin d'être une annexe au récit, la morale (ou moralité) en est le résumé, l'argument sur lequel celui-ci est construit, elle constitue un élément essentiel de la fable. Selon Hegel, « La fable est comme une énigme qui serait toujours accompagnée de sa solution[72]. » Taine, pour sa part, compare la morale au CQFD des théorèmes de géométrie[73].
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Alors que la fable est souvent définie comme un « petit récit, le plus souvent en vers, d'où l'on tire une moralité[74] », Claude Simon, rejoignant Houdar de La Motte, inverse le processus dans la création : « Pour le fabuliste, il y a d'abord une moralité et ensuite seulement l'histoire qu'il imagine à titre de démonstration imagée, pour illustrer la maxime, le précepte ou la thèse que l'auteur cherche par ce moyen à rendre plus frappants[75] ».
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Dans certaines fables dont le sens est évident, la morale n'est pas formulée explicitement, l'auteur préférant laisser au lecteur le plaisir de la déduire lui-même du récit.
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On appelle la morale promythion (ou prologue) quand elle est placée en tête de la fable, epimythion (ou épilogue) quand elle y fait suite. Dans le Pañchatantra, la morale est mentionnée au début et à la fin de chaque fable[76].
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La valeur « morale » des fables a souvent été critiquée. Selon Jean-Jacques Rousseau la morale de la fable est souvent douteuse, voire purement immorale, et inappropriée à l'éducation des enfants :
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Un siècle après Rousseau, Lamartine est encore plus sévère dans son jugement sur La Fontaine:
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Ces critiques seraient justifiées si la fable se présentait effectivement comme une leçon de vertu, alors que sa caractéristique principale est d'être « une structure narrative spécifique qui impose d'elle-même une interprétation transcendante[79] », c'est-à-dire une interprétation qui dépasse le niveau apparent du récit.
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Même si certaines fables ont une portée éthique, comme chez Hésiode, la plupart sont des histoires de mise en garde, enseignant comment survivre dans le monde hostile des sociétés traditionnelles, où le pouvoir des puissants s'exerce sans contrepoids et où l'on risque toujours d'avoir affaire à plus fort ou plus habile que soi. Par leur dénouement, où le personnage qui se vantait de ses avantages au début est durement puni à la fin, la fable recommande à chacun de « garder un profil bas ». Le philosophe Michel Serres exprime cette idée autrement : « il faut éviter d'être pris dans les avatars du minor et du major […] Si vous voulez gagner, jouez le minorant[80]».
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Il en va de même pour les fables du Pañchatantra, dont un spécialiste résume ainsi les morales : dans la plupart des cas, le vice est récompensé, tandis que la vertu est parfois punie, la tricherie se révélant le plus sûr moyen de réussir[81].
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La fable met aussi en garde contre les actes inconsidérés et l'absence de réflexion préalable à une action, comme de descendre dans un puits sans avoir envisagé le moyen d'en remonter (Le Renard et le Bouc). Elle prévient en somme contre le piège des automatismes[82] et tire ses meilleurs effets de situations où se produit chez l'un des personnages une réaction réflexe inappropriée : ouvrir la bouche pour montrer la beauté de son chant (Le Corbeau et le Renard) ou pour répondre à un défi alors que la situation exigeait qu'on la garde fermée (La Tortue et les Deux Canards), ou parce qu'on est emporté par son avidité (Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre). Ou encore, un ami met trop de force pour écraser une mouche (L'Ours et l'Amateur des jardins). Même Jupiter ne peut s'empêcher d'accomplir un acte réflexe (L'Aigle et l'Escarbot). Il en va de même de la jeune femme qui se laisse emporter par son imagination au point de perdre le peu qu'elle avait (La Laitière et le Pot au lait)[83]. Ces actions manquées provoquent le rire chez le lecteur, car, ainsi que l'avait noté le philosophe Henri Bergson, « le comique est ce par où le personnage se livre à son insu, le geste involontaire, le mot inconscient[84]».
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Bien des fables se présentent encore comme des réponses à un problème ou comme le déchiffrement d'une énigme. C'est le cas notamment dans Le Lion malade et le Renard, Le Charretier embourbé, Les deux Rats, le Renard, et l’Œuf ou La Cour du Lion[85].
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Une allégorie consiste dans la juxtaposition d'un sens apparent et d'un sens caché[86]. La fable est donc une forme d'allégorie, car l'histoire imagée qui y est racontée est mise en relation avec une morale abstraite, donnant une portée générale à ce qui n'était en apparence qu'une anecdote. Ainsi, dans Le Renard et la Cigogne, la morale ne fait que dégager la leçon du récit et en tirer une portée générale :
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Un second niveau allégorique apparaît lorsque chacun des personnages du récit, ou chacun des éléments de l'action, doit être interprété à un niveau métaphorique pour que le sens du récit apparaisse. C'est le cas, par exemple, dans Le Voyage de Florian, où il faut apercevoir le rapport entre les moments de la vie humaine et ceux d'un voyage qui commence à l'aube et s'achève le soir. Ce mécanisme d'interprétation serait une caractéristique générique de la fable, qui « a érigé en système la capacité que possède tout récit de se terminer par une évaluation[87]».
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Les personnages animaliers se prêtent au jeu de l'allégorie car ils sont souvent identifiables à des caractéristiques morales en raison de leur physique ou de leur comportement. Le chien est ainsi considéré comme le symbole de la fidélité tandis que le loup symbolise le côté sauvage et brutal. La colombe représente l'attachement amoureux, la fourmi l'ardeur au travail, le renard la ruse, l'âne la stupidité, l'éléphant la force, le paon la vanité, le lion la puissance, l'agneau l'innocence, etc. Cette façon d'attribuer des traits humains à des animaux est de l'anthropomorphisme. Les animaux permettent ainsi de représenter de façon vivante des idées abstraites. Comme l'ont signalé nombre de critiques, La Fontaine décrit ses animaux avec des traits d'une grande justesse, qui en font plus que de simples abstractions : « Si le lion n'agissait qu'en roi, s'il n'avait pas pour Louvre « un antre, vrai charnier », si, lorsqu'il établit son budget, il ne comptait pas sur ses ongles, la fable serait froide et sans vie[88] ».
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Comme elle présente des actions simples accomplies par des personnages très typés, la fable se prête bien à l'illustration et celle-ci renforce l'attrait du récit tout en déclenchant d'emblée chez le lecteur un processus d'interprétation. Illustrée, la fable parle directement au lecteur et le séduit, particulièrement chez les jeunes.
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Dès l'apparition de l'imprimerie, les recueils de fables sont accompagnés d'illustrations, notamment chez Steinhowel (1476), Corrozet (1542), Nevelet (1610). Le premier recueil de fables de La Fontaine est illustré par François Chauveau (La Cigale et la Fourmi. Ces recueils attireront par la suite les plus grands illustrateurs, notamment Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Charles Monnet (1732-1808), Tony Johannot (1803-1852), Jean-Jacques Grandville (1803-1847), Gustave Doré (1832-1883) ou Marc Chagall (1887-1985). Le recueil de La Fontaine est probablement l'œuvre la plus illustrée de la littérature française[réf. souhaitée].
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La bande dessinée s'est aussi intéressée à la fable, soit pour illustrer des recueils classiques et leur donner une nouvelle vie comme chez Anouk[89], soit pour la parodier comme l'a fait Gotlib dans la Rubrique-à-brac (1970).
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Une fable est un court récit en vers ou en prose qui vise à donner de façon plaisante une leçon de vie. Elle se caractérise souvent par un récit fictif de composition naïve et allégorique mettant en scène des animaux qui parlent, des êtres humains ou d’autres entités à l'aspect animal mais personnifiés[1]. Une morale est exprimée à la fin ou au début de la fable. Celle-ci est parfois implicite, le lecteur devant la dégager lui-même.
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Pour Phèdre, le fabuliste latin, « Le mérite de la fable est double : elle suscite le rire et donne une leçon de prudence[2]. » Cette portée didactique des fables peut expliquer que les fables ont circulé et ont été reprises d'une culture à une autre. Selon G. K. Chesterton, « la fable est une sorte d'alphabet de l'humanité au moyen duquel on a pu écrire les premières certitudes philosophiques; et pour cette raison les figures devaient fonctionner comme des abstractions algébriques ou des pièces d'un jeu d'échecs[3].»
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Au sens premier, le mot « fable » (fabula,ae : la légende) désigne l'histoire ou enchaînement d'actions qui est à la base d'un récit imaginaire, quel qu'il soit. C'est en ce sens que, dans la Poétique, Aristote désigne la « fable » comme un des six éléments qui constituent une tragédie, conjointement avec les mœurs, le langage, la pensée, l'appareil scénique et la mélopée[4].
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Le mot fable vient du latin fabula (« propos, parole »), qui désigne le fait de parler en inventant (d'où dérive aussi le terme « fabuler »). En grec, il n'y avait pas non plus de mot spécial pour nommer le genre de la fable, qui était désignée par le mot signifiant récit: μύθος (qui a donné le mot « mythe »). Pour référer au genre, l'usage se répand très tôt de désigner les fables comme des aesopica (littéralement : « propos d'Ésope »), ce qui se traduira au Moyen Âge par ysopets ou isopets.
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La fable est une forme particulière d’apologue, qui désigne tout récit à portée moralisante. Elle se distingue de la parabole, qui met en scène des êtres humains et laisse le sens ouvert à la discussion[5]. Elle se distingue aussi de l'exemplum, qui est un récit présenté comme véridique. Elle est distincte enfin du fabliau, qui est un conte satirique ou moral, souvent grivois, dont le genre s'est épanoui en France entre le XIIe siècle et le XIVe siècle[6].
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La fable plonge ses racines dans la nuit des temps et se retrouve dans toutes les cultures. Elle a fait partie de la tradition orale bien avant l'invention de l'écriture. Elle est toujours active dans les pays où la culture orale demeure vivace et proche de la nature, comme c'est le cas notamment en Afrique ou dans les sociétés rurales.
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La Mésopotamie semble avoir été le berceau du genre, en raison de la découverte qu'on y a faite de nombreuses fables remontant jusqu'à deux mille ans avant notre ère[7]. Des tablettes provenant de bibliothèques scolaires de l’époque sumérienne racontent brièvement des histoires de renard flatteur, de chien maladroit (« Le chien du forgeron, n’ayant pu renverser l’enclume, renversa le pot d’eau ») ou de moustique présomptueux (« Un moustique s’étant posé sur le dos d’un éléphant lui demanda si son poids lui était supportable ou s’il devrait plutôt s’envoler »). Beaucoup de ces textes montrent une grande affinité avec les proverbes et ont une construction antithétique (« Ce que tu as trouvé, tu n’en parles pas ; mais ce que tu as perdu, tu en parles. ») Toutefois, ils ne possèdent pas de morale explicite[8]. Le Talmud contient plusieurs enseignements illustrés de fables de Renard, fables qui sont passées dans la littérature occidentale par les compilations chrétiennes d'"exemples" servant à la composition des sermons[9].
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À ses débuts, la fable n'existait pas en tant que genre autonome, mais seulement sous forme d'extrait inséré à titre d'illustration dans un texte en vers ou en prose[10]. Ainsi, la première fable connue se trouve chez Hésiode dans Les Travaux et les jours, écrit aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C.. C'est l'histoire du Rossignol et l’Épervier, qui raconte comment un rossignol pris dans les serres d’un épervier se fait faire la leçon.
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La fable se constitue en tant que genre littéraire avec Ésope, le plus grand fabuliste de l'Antiquité, qui a vécu entre les VIIe et VIe siècles avant J.C, et qui serait originaire de la Thrace, près de la mer Noire. Considéré comme le père de la fable, il lui a donné son nom. Les Anciens distinguaient en effet entre la fable ésopique, qui met en scène des animaux ou des objets inanimés, et la fable libyenne, où des hommes ont affaire à des animaux ou s'entretiennent avec eux[11].
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La vie d'Ésope nous est connue grâce à un récit laissé par Maxime Planude, érudit byzantin du XIIIe siècle, qui reprenait probablement un texte grec du Ier siècle. La Fontaine a adapté ce récit et l'a placé en tête de son recueil de fables sous le titre « La Vie d'Ésope le Phrygien ». On a souvent mis en doute la réalité historique de la prodigieuse destinée de cet ancien esclave nubien bègue et difforme qui réussit à se faire affranchir et en vient à conseiller les rois grâce à son habileté à résoudre des énigmes. On a souligné notamment les parallèles avec l'histoire d'Ahiqar, qui circulait en Syrie à l'époque de la vie d'Ésope.
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Ésope était déjà très populaire à l’époque classique, comme le montre le fait que Socrate lui-même aurait consacré ses derniers moments de prison avant sa mort à mettre en vers des fables de cet auteur. Il s’en serait expliqué à son disciple de la façon suivante : « Un poète doit prendre pour matière des mythes [...] Aussi ai-je choisi des mythes à portée de main, ces fables d’Ésope que je savais par cœur, au hasard de la rencontre[12]. » Diogène Laërce attribue même une fable à Socrate, laquelle commençait ainsi : « Un jour, Ésope dit aux habitants de Corinthe qu'on ne doit pas soumettre la vertu au jugement du populaire. » Or, il s'agit là d'un précepte aujourd’hui typiquement associé au philosophe plutôt qu'au fabuliste. Socrate se servait sans doute du nom d'Ésope pour faire passer ses préceptes au moyen d'apologues[13].
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Au IVe siècle av. J.-C., Démétrios de Phalère publie le premier recueil de fables historiquement attesté. Ce recueil, perdu, a donné naissance à d’innombrables versions. Une de celles-ci a été conservée sous la forme d’un ensemble de manuscrits datant probablement du Ier siècle, collection appelée Augustana. C’est à celle-ci que l’on se réfère lorsqu’on parle aujourd’hui des « fables d'Ésope ». Elle compte plus de 500 fables, toutes en prose, parmi lesquelles figurent les plus populaires, tels Le Corbeau et le Renard, Le lièvre et la Tortue, Le Bûcheron et la Mort, Le Vent et le Soleil, etc. (Version moderne intégrale sur Wikisource). Il est probable que le nom d'Ésope a servi à regrouper toute sorte de récits qui circulaient jusque-là de façon orale et qui présentaient des caractéristiques communes[14].
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De la Grèce, la fable passe à Rome. Horace propose une remarquable adaptation du Rat de ville et du Rat des champs (Satires, II, 6)[15] que certains critiques estiment supérieure à la version de Jean de La Fontaine. Il sera suivi par Phèdre qui, comme Ésope, est né en Thrace et était esclave avant d'être affranchi par Auguste. On lui doit six livres de fables, dont le premier s'ouvre avec Le Loup et l'Agneau[16]. Avec ce recueil entièrement écrit en vers, Phèdre va véritablement faire de la fable un genre poétique à part entière. Il ne se contente pas d'adapter Ésope en latin, mais fait aussi preuve d'originalité : sur les 126 fables que compte son recueil, moins de la moitié sont directement empruntées à Ésope[17]. Même si ces fables ne lui attirent pas la gloire de son vivant, Phèdre fera des émules.
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Le poète Babrius, un Romain hellénisé contemporain de Phèdre, récrit en grec les fables ésopiques et les met en vers. On connaît de lui deux recueils, qui totalisent 123 fables.
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La vogue de la fable grandit dans le monde gréco-romain. On trouve diverses références à des fables chez l'auteur grec Lucien de Samosate, notamment celle des singes dansants, qui joue sur l'opposition entre l'inné et l'acquis, thème commun à de nombreuses fables, notamment chez La Fontaine et Florian[18]. Au IVe siècle, le poète romain Avianus en laisse 42, pour la plupart des adaptations de Phèdre, mais dont plusieurs, qui ne sont attestées nulle part ailleurs, sont fort bien construites. Son contemporain, Aphthonios a laissé un recueil de 40 fables en prose. Par la filière latine, les fables d'Ésope passeront au Moyen Âge et inspireront d'innombrables successeurs.
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La fable a connu un succès remarquable en Inde. On en trouve déjà dans la grande épopée du Mahâbhârata, fondatrice de l'hindouisme, ainsi que dans les récits du Jātaka et le Kathâsaritsâgara[19], mais la collection la plus importante se trouve dans le Pañchatantra. Originellement rédigé en sanskrit entre -300 et 570 par un brahmane du nom de Pilpay dans la région du Cachemire, ce recueil de fables avait pour but d'enseigner la sagesse aux princes et le succès dans la vie. Il a connu d'innombrables remaniements et versions dérivées, dont l'une s'intitule Hitopadesha ou L'Instruction utile, datant du XIIe siècle. On trouve dans le Pañchatantra le bestiaire habituel des fables (âne, lion, singe, serpent, etc.), avec la différence que deux chacals, Karataka et Damanaka, y jouent le rôle du renard européen, tout en se comportant parfois sottement[20]. Ce recueil compte 70 fables, majoritairement en prose.
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Cet ouvrage arrivera en Occident au terme d'un cheminement fort complexe, attestant de l'intérêt que la fable a pu susciter dans différentes cultures[21]. Le Livre de Pilpay est introduit en Perse par le roi sassanide Khosro Ier (531-579) qui, ayant appris l'existence en Inde d'un ouvrage contenant la source de toute formation intellectuelle, avait donné mission à son médecin de se le procurer. L'ouvrage est alors traduit en moyen-persan sous le titre Kalîleh va Demneh, qui est la version la plus ancienne du Pañchatantra à laquelle on puisse remonter, l'original indien de l'époque ne nous étant pas parvenu[22]. Après la conquête de la Perse par les Arabes au VIIe siècle, il est traduit en arabe sous le titre Kalîla wa Dimna (ou Kelileh va Demneh) par Abdullah Ibn al-Muqaffa (vers 750), qui transpose les récits originaux dans un contexte arabe. Les fables y sont insérées dans un récit continu dont les deux chacals — Calila (Karataka) et Dimna (Damanaka) — sont les protagonistes.
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Aucun ouvrage originaire de l'Inde n'a été aussi répandu[23]. Avec plus de 200 versions en une soixantaine de langues, notamment le turc, le syriaque, le malais et l'éthiopien[22], il a influencé les littératures d'Asie, d'Afrique du nord et d'Europe[24]. Il est traduit en grec par Syméon Seth à la demande de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène (XIe siècle) et en hébreu par Jacob ben Eléazar de Tolède au début du XIIIe siècle. L'ouvrage est alors remarqué par le roi de Castille Alphonse X le Sage, qui le fait traduire de l'arabe en espagnol sous le titre Calila y Dimna en (1251)[25]. En 1263, Jean de Capoue traduit en latin la version hébraïque pour le cardinal Orsini en lui donnant pour titre Directorium humanae vitae (litt. « La conduite de la vie humaine »)[26]. En 1313, à la demande de la reine Jeanne de Navarre, Raymond de Béziers en publie une autre édition, qui reprend pour l'essentiel celle de Jean de Capoue tout en y intégrant des données de la version espagnole[27].
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Une version persane sera à son tour traduite en français par Gilbert Gaulmin en 1644 sous le titre Le Livre des lumières ou la Conduite des Rois, composée par le sage indien Pilpay, traduite en français par David Sahid, d'Ispahan, ville capitale de Perse. En 1666, Pierre Poussines fait une autre traduction du Pañchatantra sous le titre Specimen sapientiae Indorum veterum, en se basant sur la version grecque de Syméon Seth[28]. Ce sont ces deux ouvrages que connaîtra La Fontaine et qui inspireront plusieurs fables de son deuxième recueil, ainsi qu'il le reconnaît dans l'introduction de ce recueil. Ce sont notamment L'Ours et l'Amateur des jardins, La Laitière et le Pot au lait, Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre, La Tortue et les deux Canards, Les Poissons et le Cormoran, et Le Loup et le Chasseur[29].
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À une époque ancienne, avant l'apparition du Kalîla wa Dimna, la fable semble avoir été rattachée dans le monde arabe au nom de Locman le Sage (aussi écrit Loqman ou Luqman). Celui-ci aurait vécu à la même époque qu'Ésope et aurait également été esclave. Le Coran le mentionne comme étant un sage[30]. En 1615, Thomas van Erpe publie une traduction latine d'un recueil contenant 34 fables, attribuées à Loqman par un auteur anonyme, mais dont la plupart appartiennent en fait au corpus ésopique traditionnel. Tout comme pour Ésope, le nom de Locman semble avoir fonctionné dans le monde arabe comme un « aimant générique », agglutinant les récits du même genre qui circulaient dans la tradition orale. Le nom de Locman le Sage sera dès lors parfois attaché à la fable comme un des fondateurs mythiques du genre et La Fontaine le mentionne comme tel dans l'introduction de son deuxième recueil (Livre VII).
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Le grand poète persan Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207-1273), qui a étudié les fables d'Ésope dans sa jeunesse, en fait une adaptation originale dans son livre Masnavî-ye-Masnavî. Fils d'un théologien soufi et lui-même considéré comme un saint, il donne aux fables une morale souvent mystique, très différente de la morale classique. La leçon à en tirer n'est pas tant de se méfier des autres que de soi-même et de la partie animale de son âme[31].
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La fable a une très longue histoire en Chine et existait déjà sous forme orale trois mille ans avant notre ère. Lors de la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants, elle devient un genre littéraire à part entière et fait son apparition dans nombre d'œuvres de l’ère pré-Qin, mais tous les livres de cette époque ont malheureusement été détruits sur ordre de l'empereur Qin Shi Huang en 213 av. J.-C. Les fables chinoises ne sont pas associées à la plume d’un seul auteur. La langue courante garde la mémoire des fables de Tchouang-tseu et de nombreuses fables populaires anonymes[32]. Celles-ci reflètent les aspirations, les demandes et l’idéal des masses laborieuses. De nos jours, on les lit encore et on en tire des leçons. Beaucoup de fables chinoises sont même devenues des expressions populaires de quatre mots, comme « Zhuang zhou meng die » (庄周梦蝶), qui évoque le rêve du papillon de Tchouang-tseu Evan la victime.
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Le mot chinois pour désigner la « fable » (寓言yùyán) est apparu pour la première fois dans « Chapitre Fable » de Tchouang-tseu. Il signifie « exprimer des pensées par des paroles » —ce qui est comparable au sens premier du mot fable en latin et en grec.
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Les fables chinoises peuvent être divisées en quatre genres, selon les époques[33] :
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La fable continue à se transmettre à travers tout le Moyen Âge sous la forme de recueils, les Ysopets (déformation d'Ésope). Un recueil attribué à Romulus, qui compte 84 fables en latin, dont 51 sont traduites de Phèdre, est immensément populaire durant toute cette période et sera un des premiers ouvrages à être imprimé[34]. Parmi les auteurs dont la tradition a conservé le nom, on aussi trouve Syntipas et pseudo-Dosithée, dont on ne sait trop s'ils font référence à des personnages réels ou mythiques. La qualité littéraire est alors délaissée au profit des moralités[35]. (Pour un article détaillé, voir Isopet.)
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Il en va tout autrement de Marie de France (1154-1189), qui publie un recueil de fables sous le titre Ysopet. Sur une centaine de pièces, les deux tiers sont d'origine inconnue et proviennent peut-être du répertoire oral de son époque. Les autres sont tirées d'Ésope.
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La thématique de la fable prend une singulière expansion avec le Roman de Renart, collection de récits dus à des clercs anonymes du XIIe siècle. Dans ces histoires inspirées d'Ysengrinus, œuvre latine du poète flamand Nivard de Gand, la lutte du goupil contre le loup sert de prétexte à une vigoureuse satire de la société féodale et de ses injustices. La fable cède ici la place à une comédie animale où tout se tient.
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En Angleterre, Eudes de Cheriton (1190 - 1246/47)rédige en latin un recueil de fables, dont plusieurs proviennent d'Ésope et de divers auteurs. Il utilise la fable conjointement avec des paraboles et des exempla pour alimenter sermons et prêches[36].
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Contrairement à la vogue qu'avait connue le genre au Moyen Âge, les poètes de la Pléiade ne se sont pas intéressés à la fable. On peut citer cependant Jean-Antoine de Baïf qui en a écrit une vingtaine, dont certaines sont d'une sécheresse remarquable[37], tandis que Mathurin Régnier insère dans une de ses satires La Lionne, le Loup et le Mulet[38].
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On trouve aussi des fables en prose intégrées à des contes, des nouvelles ou des satires. Dans Les Nouvelles récréations et joyeux devis, publié en 1558, Bonaventure Des Périers conte l'histoire de « la bonne femme qui portoit une potee de laict au marché », ancêtre de La Laitière et le Pot au lait de La Fontaine[39]. Marguerite de Navarre en introduit également dans son Heptaméron. Il en va de même pour Noël du Fail dans Les Baliverneries d'Eutrapel (1548) et Les Contes et Discours d’Eutrapel (1585).
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Avec la redécouverte des sources grecques par les humanistes, les recueils de fables antiques se multiplient. En Angleterre, William Caxton publie en 1484 le premier recueil de fables ésopiques à partir de sources antiques grecques et latines, tout en leur donnant une dose d'humour apte à séduire un large public. Cet ouvrage deviendra une référence incontournable dans le monde anglophone jusqu'à la parution d'une nouvelle traduction par le folkloriste Joseph Jacobs à la fin de XIXe siècle[40].
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En Italie, Laurentius Abstémius publie en 1495 un recueil de 100 fables intitulé Hecatomythium[41], dont certaines sont traduites d'Ésope tandis que d'autres sont de son invention. Il y ajoute par la suite un second recueil de 100 fables, qu'il publie avec des fables de Lorenzo Valla, Érasme, Aulu-Gelle et quelques autres. La Fontaine s'en inspirera pour une vingtaine de ses fables. Giovanni Maria Verdizotti publiera à son tour un recueil de 100 fables en 1570, intitulé Cento favole bellissime.
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En France, Gilles Corrozet publie en 1542 Les Fables du très ancien Ésope, une traduction en vers du texte grec accompagnée de somptueuses illustrations (ci-joint). Cinq ans plus tard, Guillaume Haudent publie Trois cent soixante et six apologues d’Ésope traduits en vers. En 1610, le Suisse Isaac Nicolas Nevelet, alors âgé de 20 ans, publie Mythologia Aesopica[42], ouvrage qui comprend le texte grec et une traduction latine des fables d'Ésope et de Babrius, auxquelles s'ajoutent celles de Phèdre, Avianus et Abstémius.
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Par ailleurs, le genre des emblèmes, très à la mode pendant tout le XVIe siècle, exploite sous une forme synthétique et hautement visuelle la matière de la fable. Après n’avoir désigné que la seule gravure, le sens du mot « emblème » va s’étendre pour s’appliquer également au poème qui lui sert de légende ou de commentaire. On écrit alors des livres d’emblèmes, à l’imitation de ceux de l’Italien Alciato. En France, Guillaume Guéroult semble s’être spécialisé dans ce genre avec le Blason des Oyseaux (1551), les Hymnes du Temps et de ses parties (1560) et les Figures de la Bible (1564), toujours composés sur le modèle d’une gravure accompagnée d’une courte pièce de vers. Parmi les emblèmes de Guéroult traitant de fables ésopiques également reprises par Jean de La Fontaine, on compte Le Corbeau et le Renard, Le Singe et le Chat, L'Araignée et l'Hirondelle, La Cour du Lion, L'Astrologue qui se laisse tomber dans un puits, La Cigale et la Fourmi et La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf.
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D’autres écrivains pratiquent la fable en Europe, tel le portugais Sá de Miranda.
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Au XVIIe siècle, la fable revient à la mode et les recueils se multiplient. Ce succès s'explique en partie par le développement de l'éducation et la place que l'on faisait à la fable dans les écoles pour entraíner à manier la langue et faire des exercices de grec et de latin. Cela crée un contexte favorable à l'épanouissement du genre.
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Après s'être essayé à divers genres poétiques, Jean de La Fontaine (1621-1695) publie son premier recueil de fables en 1668 (livres I à VI). Devant le succès obtenu, il en publiera deux autres, en 1678 et 1694, pour un total de 243 pièces, dont plusieurs sont des apologues et ne mettent pas en scène des animaux[43]. Ces recueils le consacreront comme le plus grand fabuliste de tous les temps.
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Puisant ses sources dans la littérature mondiale de tous les temps (Ésope, Phèdre, Horace, Abstémius, Marie de France, Jean de Capoue, Guéroult, etc.), La Fontaine ne se contente pas de traduire ou d'actualiser des pièces connues, mais imprime sa marque sur le genre par des récits vivants, variés et délicieusement racontés, qui font une large place au dialogue et témoignent d'une grande précision dans l'observation, jointe à une ironie douce, qui touche souvent à la satire et parfois à la philosophie.
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Immensément populaires durant plus de trois siècles et étudiées par des générations d'écoliers, ces fables ont profondément marqué la littérature française. Leur célébrité s'est très vite étendue au-delà des frontières. En 2013, le site OpenLibrary en dénombrait 395 éditions, dont 57 en format ebook, ce qui témoigne de l'intérêt toujours actuel de cette œuvre[44].
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Antoine Houdar de La Motte (1672-1731) explore de son côté une poétique des fables qui rompt délibérément avec les auteurs antiques, considérant que les opinions communes sont souvent infondées et que la connaissance a évolué depuis Ésope et Phèdre[45]. Ses fables font preuve d'une certaine inspiration, même si la langue n'a pas le charme de celle de La Fontaine[46].
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Un autre nom a survécu durablement au côté de celui de La Fontaine : celui de Florian (1755-1794). Son recueil compte une centaine de fables dans lesquelles on sent parfois l’inspiration de l’Anglais John Gay ou de l’Espagnol Tomás de Iriarte. Certaines de ses fables sont à orientation publique et visent à vulgariser les idées de la philosophie des Lumières sur la nature humaine et la nécessité pour les gouvernants de respecter des principes moraux ; d'autres sont à orientation privée et enseignent des principes de sagesse, d'amour du travail et de charité.
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Les fables de Florian sont parfois jugées mieux adaptées aux enfants que celles de La Fontaine parce que le message en est moins ambigu et les oppositions entre les personnages moins tranchées :
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« il proposait aux dames mignonnes et fardées, en façon de fables, de jolies énigmes, et leur arrangeait un bouquet de moralités fades; il peignait d'après l' Émile la tendresse conjugale, les leçons maternelles, le devoir des rois, l'éducation des princes[47]. »
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Nombre de récits, en effet, se terminent par une réconciliation générale et la vertu l'emporte toujours. Parmi les thèmes abordés, on trouve ceux du rapport de l'enfant à ses parents adoptifs : Les Serins et le Chardonneret, l'importance de l'entraide : L'Aveugle et le Paralytique et la présence d'inventions modernes, comme dans la fable du Singe qui montre la lanterne magique. Certaines de ses moralités sont passées en proverbes, tel que « Pour vivre heureux, vivons cachés » du Grillon ou « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » de Le Vacher et le garde-chasse). Toutefois, la psychologie des animaux est loin d'y être aussi bien informée que dans les fables de La Fontaine[47].
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La fable est également pratiquée par les philosophes des Lumières : Diderot en introduit à l'occasion dans ses Lettres ou dans ses Mélanges philosophiques[48]. Le succès prodigieux de la fable inspire alors bien des vocations : du grand seigneur au commis, en passant par le magistrat, le curé ou le marchand, tout un chacun s’essaie au genre de la fable. En 1777, Jean-Jacques Boisard publie un recueil qui en contient 1 001, tandis que le jésuite François-Joseph Desbillons en produit 560 l'année suivante. Même Napoléon Bonaparte, avant d’être sacré empereur, en compose une, jugée assez bonne à l’époque. Tous ces auteurs sont tombés dans l’oubli.
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Gotthold Ephraim Lessing illustre le genre en Allemagne, Ignacy Krasicki en Pologne.
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Au XIXe siècle, la fable ne sera plus guère pratiquée en France, si l'on excepte des auteurs comme Victor Cholet (L'Ésope, fables politiques, 1832) ou Jean-Pons-Guillaume Viennet, qui publie un recueil en 1843. La relative désaffection du public français à l'égard de la fable coïncide avec la «montée » du roman[49]. Cependant, Victor Hugo en septembre 1852, va dans son recueil Les Châtiments, utiliser la fable pour dénoncer le comportement de Louis-Napoléon Bonaparte [50]. Il compare celui-ci à un singe dans sa Fable ou histoire.
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En Russie, toutefois, la fable connaît un accès de popularité avec Ivan Krylov, qui en fait son genre de prédilection. Cristóbal de Beña (es) (Fábulas políticas) et Juan Eugenio Hartzenbusch en feront autant en Espagne. Au Canada, le romancier, journaliste et conteur Pamphile Lemay (1837-1918) publie en 1882 un recueil intitulé Fables canadiennes[51]. Ces fables sont tombées dans un certain oubli[réf. nécessaire].
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Ambrose Bierce utilise la fable à des fins de satire politique aux États-Unis. Est parfois aussi rattaché au genre de la fable, pris dans son acception la plus large d'apologue, La Ferme des animaux (Animal Farm) de George Orwell[52]. Publié en 1945, cet apologue décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent puis prennent le pouvoir et chassent les hommes, à la suite de leur négligence à leur endroit. Dans cette fable animalière, Orwell propose une satire de la Révolution russe et une critique du stalinisme. Blackham y voit un développement de la fable Le Loup et le Chien[53].
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Franz Kafka (1883-1924) a laissé dans ses brouillons quelques fables, telle Petite fable, dans laquelle une souris poursuivie par un chat voit les murs d'un couloir se rétrécir inexorablement devant elle. Le Départ met en scène le même univers angoissant que ses romans. Dans cette veine ésopique dévoyée, la morale est absente et les certitudes ont fait place à un sentiment d'incertitude généralisée[54].
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La fable fait l'objet de pastiches et de parodies. C'est le cas notamment chez James Joyce avec The Ondt and the Gracehoper inséré dans Finnegans Wake, où se trouve aussi Mooske and the Gripes[55]. Dans La cimaise et la fraction, Raymond Queneau applique à la première fable de La Fontaine la règle S+7 qui consiste à remplacer chacun des substantifs par celui qui le suit en septième position dans le dictionnaire[56]. Eugène Ionesco introduit dans La Cantatrice chauve une pseudo-fable, Le Chien et le Bœuf. Pierre Perret récrit les fables de La Fontaine en argot. Roland Dubillard publie Le bouchon et le fabuliste, aussi intitulée Fable du fabuliste incertain[57].
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Dans une veine plus classique, la fable continue à intéresser certains écrivains du XXe siècle. Le poète et dramaturge Jean Anouilh publie Fables en 1962. Dans un esprit que l’Encyclopedia Britannica rattache directement à La Fontaine, Pierre Gamarra publie La Mandarine et le Mandarin (1970), qui contient des fables « d'une drôlerie remarquable et d'une grande virtuosité technique[58]».
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Au milieu du XXe siècle, la psychanalyste Louisa Düss a mis en place une méthode d'exploration des conflits inconscients de l'enfant à l'aide d'un corpus de « fables » construit à cette fin. Une étude des réponses à ces récits permettrait de « déceler les troubles affectifs causés chez l'enfant par une situation familiale anormale[59]». Il faut noter cependant que les fables de ce corpus ne se conforment pas au schéma classique, car aucun des récits proposés ne comporte de résolution ou dénouement. À titre d'exemple : « C'est la fête de mariage de Papa et de Maman. Ils s'aiment beaucoup et ils ont fait une belle fête. Pendant la fête, l'enfant se lève et va tout seul au fond du jardin. Pourquoi? ».
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Il est difficile de présenter un schéma narratif valable pour toutes les fables, car depuis la plus haute antiquité, les recueils de fables pouvaient regrouper une grande variété de récits : histoires d'animaux, contes, récits mythologiques, anecdotes, bons mots et explications de type étiologique[60]. Cette section ne concerne donc que les fables les plus typiques.
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Selon Houdar de La Motte, la fable s'organise à partir de la morale que l'on veut démontrer :
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« pour faire un bon apologue, il faut d'abord se proposer une vérité morale, la cacher sous l'allégorie d'une image qui ne pèche ni contre la justesse, ni contre l'unité, ni contre la nature; amener ensuite des acteurs que l'on fera parler dans un style familier mais élégant, simple mais ingénieux, animé de ce qu'il y a de plus riant et de plus gracieux, en distinguant bien les nuances du riant et du gracieux, du naturel et du naïf[61]. »
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La fable classique raconte une seule et unique action[62], qui repose sur des jeux d'opposition très nets entre deux personnages[63], tout comme dans les récits mythiques analysés par Claude Lévi-Strauss. Dès Ésope et Phèdre, ces oppositions sont énoncées le plus souvent dans le titre, qui annonce, par exemple, une histoire mettant aux prises une biche et une vigne, une grenouille et un bœuf, un corbeau et un renard, etc. D'entrée de jeu, le lecteur se trouve donc en présence d'une situation conflictuelle, qui va constituer le moteur du récit et en nouer l'intrigue[64]. Dans les fables à deux personnages, « la fable connaît toujours un conflit, c.-à-d. un antagonisme entre les acteurs, basé sur des intérêts divergents[65]».
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Souvent, les deux personnages se trouvent dans des positions subjectives fort dissemblables. L'un se vante de sa force, de ses habiletés ou de son importance : il est en position haute ; l'autre apparaît comme faible ou dépourvu de ressources : il occupe la position basse. Grâce à un évènement narratif imprévu, celui qui était en position haute se retrouvera en position basse et vice versa. On peut en voir une illustration dans la fable Le Chêne et le Roseau de La Fontaine (I, 22). Le chêne (A1), qui se vantait au début de sa solidité et méprisait le faible roseau (B1), est renversé par la tempête (A2) alors que le roseau se retrouve intact (B2) parce qu’il a su plier sans se rompre. Les deux personnages ont donc effectué un parcours inverse. Ce schéma est désigné comme « un double renversement[66] ». Il se rencontre dans des dizaines de fables, souvent les plus populaires, tels Le Corbeau et le Renard, Le Lion et le Moucheron, Le Lion et le Rat, La Colombe et la Fourmi, Le Coq et le Renard, Le Cheval et le Loup, Le Cheval et l'Âne, Les Deux Coqs, Le Loup et le Renard, Le Chat et le Renard, Le Trésor et les Deux Hommes, Le Lièvre et la Tortue, Le Renard et la Cigogne[67].
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Parfois, le renversement se fait au profit d'un troisième personnage, comme dans Les Voleurs et l'Âne, La Grenouille et le Rat, L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette, Le Chat, la Belette et le petit Lapin, Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf, L'Huître et les Plaideurs. Parfois encore, le modèle du double renversement est quelque peu syncopé, comme dans La Cigale et la Fourmi où la situation initiale montrant l'avantage de la cigale sur la fourmi n'est évoquée qu'à la fin de la fable (« — Que faisiez-vous au temps chaud? — Nuit et jour à tout venant / Je chantais ne vous déplaise »). C'est le cas aussi pour Le Rat de ville et le Rat des champs où La Fontaine commence par l'invitation du rat de ville alors que dans la version ésopique, tout comme dans celle d'Horace, cette invitation ne venait qu'après un repas chez le rat des champs que le cousin de la ville avait snobé pour la simplicité de ses mets[68]. Par contre, dans L'Âne chargé d'éponges et l'Âne chargé de sel, La Fontaine a renforcé la structure du modèle ésopique, en faisant intervenir deux protagonistes plutôt qu'un seul. Dans nombre de fables, la fable se développe ainsi sur des relations antithétiques entre des sujets, des objets, des situations ou des propriétés. Cela permet de verrouiller le sens de la fable et de véhiculer une morale facile à déduire, particulièrement dans la fable antique.
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À la différence de ses prédécesseurs, La Fontaine joue souvent sur l'ambiguïté pour donner plus de piquant à ses fables. Par exemple, alors que dans la tradition ésopique, la morale de la fable La cigale et les fourmis indique clairement que la cigale est à blâmer pour son insouciance, la leçon est loin d'être aussi claire dans l'adaptation qu'en a faite La Fontaine, en raison des jeux sur le signifiant (rejets, sonorités, rimes, rythmes)[69],[70].
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La fable se prête moins bien que le conte traditionnel à ce que le lecteur s'identifie d'entrée de jeu avec un personnage. Qui choisir, en effet, du chat ou du renard, du renard ou de l'écureuil, du lion ou du rat, de la cigale ou de la fourmi ? Cette difficulté pour le lecteur à se projeter dans le récit, en s'identifiant d'emblée à un personnage, a pour effet de le maintenir dans l'expectative et de le placer dans la position d'un observateur ou plus précisément d'un juge. La fable s'adresse ainsi davantage à l'intelligence et à la faculté de jugement qu'à un goût d'évasion ou de rêverie sentimentale[71]. C'est ce qui en a fait un genre privilégié pour servir à « l'éducation des peuples », ainsi que le montre son histoire ci-dessus.
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Loin d'être une annexe au récit, la morale (ou moralité) en est le résumé, l'argument sur lequel celui-ci est construit, elle constitue un élément essentiel de la fable. Selon Hegel, « La fable est comme une énigme qui serait toujours accompagnée de sa solution[72]. » Taine, pour sa part, compare la morale au CQFD des théorèmes de géométrie[73].
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Alors que la fable est souvent définie comme un « petit récit, le plus souvent en vers, d'où l'on tire une moralité[74] », Claude Simon, rejoignant Houdar de La Motte, inverse le processus dans la création : « Pour le fabuliste, il y a d'abord une moralité et ensuite seulement l'histoire qu'il imagine à titre de démonstration imagée, pour illustrer la maxime, le précepte ou la thèse que l'auteur cherche par ce moyen à rendre plus frappants[75] ».
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Dans certaines fables dont le sens est évident, la morale n'est pas formulée explicitement, l'auteur préférant laisser au lecteur le plaisir de la déduire lui-même du récit.
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On appelle la morale promythion (ou prologue) quand elle est placée en tête de la fable, epimythion (ou épilogue) quand elle y fait suite. Dans le Pañchatantra, la morale est mentionnée au début et à la fin de chaque fable[76].
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La valeur « morale » des fables a souvent été critiquée. Selon Jean-Jacques Rousseau la morale de la fable est souvent douteuse, voire purement immorale, et inappropriée à l'éducation des enfants :
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Un siècle après Rousseau, Lamartine est encore plus sévère dans son jugement sur La Fontaine:
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Ces critiques seraient justifiées si la fable se présentait effectivement comme une leçon de vertu, alors que sa caractéristique principale est d'être « une structure narrative spécifique qui impose d'elle-même une interprétation transcendante[79] », c'est-à-dire une interprétation qui dépasse le niveau apparent du récit.
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Même si certaines fables ont une portée éthique, comme chez Hésiode, la plupart sont des histoires de mise en garde, enseignant comment survivre dans le monde hostile des sociétés traditionnelles, où le pouvoir des puissants s'exerce sans contrepoids et où l'on risque toujours d'avoir affaire à plus fort ou plus habile que soi. Par leur dénouement, où le personnage qui se vantait de ses avantages au début est durement puni à la fin, la fable recommande à chacun de « garder un profil bas ». Le philosophe Michel Serres exprime cette idée autrement : « il faut éviter d'être pris dans les avatars du minor et du major […] Si vous voulez gagner, jouez le minorant[80]».
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Il en va de même pour les fables du Pañchatantra, dont un spécialiste résume ainsi les morales : dans la plupart des cas, le vice est récompensé, tandis que la vertu est parfois punie, la tricherie se révélant le plus sûr moyen de réussir[81].
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La fable met aussi en garde contre les actes inconsidérés et l'absence de réflexion préalable à une action, comme de descendre dans un puits sans avoir envisagé le moyen d'en remonter (Le Renard et le Bouc). Elle prévient en somme contre le piège des automatismes[82] et tire ses meilleurs effets de situations où se produit chez l'un des personnages une réaction réflexe inappropriée : ouvrir la bouche pour montrer la beauté de son chant (Le Corbeau et le Renard) ou pour répondre à un défi alors que la situation exigeait qu'on la garde fermée (La Tortue et les Deux Canards), ou parce qu'on est emporté par son avidité (Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre). Ou encore, un ami met trop de force pour écraser une mouche (L'Ours et l'Amateur des jardins). Même Jupiter ne peut s'empêcher d'accomplir un acte réflexe (L'Aigle et l'Escarbot). Il en va de même de la jeune femme qui se laisse emporter par son imagination au point de perdre le peu qu'elle avait (La Laitière et le Pot au lait)[83]. Ces actions manquées provoquent le rire chez le lecteur, car, ainsi que l'avait noté le philosophe Henri Bergson, « le comique est ce par où le personnage se livre à son insu, le geste involontaire, le mot inconscient[84]».
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Bien des fables se présentent encore comme des réponses à un problème ou comme le déchiffrement d'une énigme. C'est le cas notamment dans Le Lion malade et le Renard, Le Charretier embourbé, Les deux Rats, le Renard, et l’Œuf ou La Cour du Lion[85].
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Une allégorie consiste dans la juxtaposition d'un sens apparent et d'un sens caché[86]. La fable est donc une forme d'allégorie, car l'histoire imagée qui y est racontée est mise en relation avec une morale abstraite, donnant une portée générale à ce qui n'était en apparence qu'une anecdote. Ainsi, dans Le Renard et la Cigogne, la morale ne fait que dégager la leçon du récit et en tirer une portée générale :
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Un second niveau allégorique apparaît lorsque chacun des personnages du récit, ou chacun des éléments de l'action, doit être interprété à un niveau métaphorique pour que le sens du récit apparaisse. C'est le cas, par exemple, dans Le Voyage de Florian, où il faut apercevoir le rapport entre les moments de la vie humaine et ceux d'un voyage qui commence à l'aube et s'achève le soir. Ce mécanisme d'interprétation serait une caractéristique générique de la fable, qui « a érigé en système la capacité que possède tout récit de se terminer par une évaluation[87]».
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Les personnages animaliers se prêtent au jeu de l'allégorie car ils sont souvent identifiables à des caractéristiques morales en raison de leur physique ou de leur comportement. Le chien est ainsi considéré comme le symbole de la fidélité tandis que le loup symbolise le côté sauvage et brutal. La colombe représente l'attachement amoureux, la fourmi l'ardeur au travail, le renard la ruse, l'âne la stupidité, l'éléphant la force, le paon la vanité, le lion la puissance, l'agneau l'innocence, etc. Cette façon d'attribuer des traits humains à des animaux est de l'anthropomorphisme. Les animaux permettent ainsi de représenter de façon vivante des idées abstraites. Comme l'ont signalé nombre de critiques, La Fontaine décrit ses animaux avec des traits d'une grande justesse, qui en font plus que de simples abstractions : « Si le lion n'agissait qu'en roi, s'il n'avait pas pour Louvre « un antre, vrai charnier », si, lorsqu'il établit son budget, il ne comptait pas sur ses ongles, la fable serait froide et sans vie[88] ».
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Comme elle présente des actions simples accomplies par des personnages très typés, la fable se prête bien à l'illustration et celle-ci renforce l'attrait du récit tout en déclenchant d'emblée chez le lecteur un processus d'interprétation. Illustrée, la fable parle directement au lecteur et le séduit, particulièrement chez les jeunes.
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Dès l'apparition de l'imprimerie, les recueils de fables sont accompagnés d'illustrations, notamment chez Steinhowel (1476), Corrozet (1542), Nevelet (1610). Le premier recueil de fables de La Fontaine est illustré par François Chauveau (La Cigale et la Fourmi. Ces recueils attireront par la suite les plus grands illustrateurs, notamment Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Charles Monnet (1732-1808), Tony Johannot (1803-1852), Jean-Jacques Grandville (1803-1847), Gustave Doré (1832-1883) ou Marc Chagall (1887-1985). Le recueil de La Fontaine est probablement l'œuvre la plus illustrée de la littérature française[réf. souhaitée].
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La bande dessinée s'est aussi intéressée à la fable, soit pour illustrer des recueils classiques et leur donner une nouvelle vie comme chez Anouk[89], soit pour la parodier comme l'a fait Gotlib dans la Rubrique-à-brac (1970).
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facebookcorewwwi.onion (Tor)
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Facebook [ˈfeɪsbʊk][3] Écouter (litt. « trombinoscope » en anglais) est un réseau social en ligne qui permet à ses utilisateurs de publier des images, des photos, des vidéos, des fichiers et documents, d'échanger des messages, joindre et créer des groupes et d'utiliser une variété d'applications.
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Facebook est fondé en 2004 par Mark Zuckerberg et ses camarades de l'université Harvard, Chris Hughes, Eduardo Saverin, Andrew McCollum et Dustin Moskovitz. D'abord réservé aux étudiants de cette université, il s'est ensuite ouvert à d'autres universités américaines avant de devenir accessible à tous en septembre 2006. Le nom du site provient des albums photo (« trombinoscopes » ou « facebooks » en anglais) regroupant les photos des visages de tous les élèves prises en début d'année universitaire.
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Troisième site web le plus visité au monde après Google et YouTube selon Alexa[4], il franchit en juin 2017 le nombre de 2 milliards d'utilisateurs actifs[5]. Le 24 août 2015, pour la première fois, un milliard de personnes ont utilisé Facebook dans la même journée[6].
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Facebook fait régulièrement l'objet de débats, tant sur le plan politique que juridique, économique, culturel et social. Son influence dans la sphère publique et la manière dont il affecte la vie sociale de ses utilisateurs, son usage des données personnelles, son rôle dans la propagation des fake news, sa responsabilité dans la banalisation des discours de haine, son inaction face à du contenu enfreignant ses propres règles, ou bien encore sa politique de régulation des contenus sont ainsi souvent discutés dans l'actualité.
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Mark Zuckerberg fonde « The Facebook », initialement à l'adresse thefacebook.com, le 4 février 2004[7]. L'inscription est d'abord limitée aux étudiants de l'Université Harvard et dès le premier mois, plus de la moitié de la population de premier cycle de l'Université Harvard était inscrite sur le service[8]. Eduardo Saverin (aspect commercial), Dustin Moskovitz (programmeur), Andrew McCollum (graphiste) et Chris Hughes ont rejoint Zuckerberg pour l'aider à promouvoir le site. En mars, Facebook s'est élargi aux universités Stanford, Columbia et Yale[fb 1]. Cette expansion a continué avec l'ouverture de Facebook à l'Ivy League et aux écoles de la région de Boston et, progressivement, à la plupart des universités au Canada et aux États-Unis[9]. En juin 2004, Facebook établit son siège social à Palo Alto, en Californie[fb 1].
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La société enlève l'article « The » de son nom après l'achat du nom de domaine facebook.com en 2005 pour la somme de 200 000 dollars[10]. En septembre 2005, elle a lancé une version pour les écoles secondaires, ce qui, pour Zuckerberg, était la prochaine étape logique[11]. À cette époque, pour rejoindre le réseau d'une école secondaire, il fallait une invitation[12]. Facebook a ensuite élargi ses membres aux employés de plusieurs sociétés, dont Microsoft et Apple[13].
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Dès le 26 septembre 2006, toute personne d'au moins 13 ans possédant une adresse électronique valide a pu posséder un compte[fb 2],[fb 3]. Le 13 août 2007, une partie du code source de la page d’index du site a été piratée et publiée sur Internet[14].
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Le 23 juillet 2008, Facebook présente les avancées de sa plateforme appelant ses développeurs, dont le nombre dépasse 400 000, à connecter leurs sites Web à Facebook via Facebook Connect[15]. Facebook améliore son système de micro-blogging. D'après Le Monde, cette nouveauté vise à défendre ses parts de marché face au concurrent Twitter, qui bénéficie d'une forte couverture médiatique[16].
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Le 21 janvier 2010, un livre non officiel retrace l'histoire de Facebook, de l'université Harvard en 2003 jusqu'au courant de l'année 2009[17]. Le film The Social Network (ou Le Réseau social au Québec), retraçant la création de « The Facebook » à Harvard, est sorti le 1er octobre dans les salles nord-américaines[18] et le 13 octobre en France[19]. Le 23 septembre 2010, Facebook et tous les services utilisant son API ont été coupés pendant plus de deux heures à la suite d'une modification erronée de la configuration du site par les développeurs[20]. Le 15 novembre, Mark Zuckerberg annonce le lancement d'un système de messagerie e-mail, qui aura pour nom de domaine @facebook.com, afin de concurrencer Gmail et Hotmail, les webmail de Google et Microsoft[21].
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Le 17 mai 2012, Facebook lance la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire des valeurs technologiques, tant en levée de fonds qu'en capitalisation boursière[22], et au second rang historique pour l'ensemble des États-Unis derrière Visa et devant celle de General Motors, avec 421 millions d'actions au prix de 38 dollars chacune, qui lui donne une valorisation de 104 milliards de dollars[23]. Exactement un an avant, le réseau social professionnel LinkedIn avait été valorisé à 9 milliards de dollars, le même niveau que Peugeot et plus que Cap Gemini ou Iliad. Tout comme Google en 2004, Facebook a contenu les frais payés aux banques, versant selon Dan Scholnick, de la société de capital-risque Trinity Ventures, seulement 1 % du montant de l'opération[24]. Néanmoins le cours chute rapidement, le titre perdant jusqu’à 24 % moins de deux semaines après l’introduction[25].
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En 2013, quelques mois après la certification des pages pour les marques ou les personnalités, Facebook lance l'application Facebook Mentions qui permet aux célébrités qui ont des pages ou des profils certifiés d'accéder à des fonctionnalités différentes.
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Le 14 janvier 2014, Facebook rachète la société Branch Media, spécialisée dans la curation et le partage de contenus, pour 15 millions de dollars[26]. Le 24 février 2014, un porte parole de Facebook annonce à l'AFP la suppression de son système de messagerie e-mail : @facebook.com. En mars 2014, Facebook rachète Oculus VR, créateur du casque de réalité virtuelle Oculus Rift[27]. En juin 2014, Facebook lance Slingshot (application de partage de photos) pour concurrencer Snapchat[28], mais sans succès[29]. En octobre 2014, Facebook lance Rooms, une application (exclusivement mobile) qui permet de créer des salons de discussion (forums)[30],[31]. Le 15 juin, Facebook a annoncé le lancement de l'application Moments, dont l'objectif est de partager de manière privée ses photos[32].
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En septembre 2015, Facebook annonce qu'il va tester la mise en place d'un bouton d'empathie, contrebalançant le bouton « J'aime », qui peut être difficile à utiliser pour des statuts marquant des moments difficiles par exemple[33].
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Facebook prépare, la même année, un réseau social d'entreprise, Facebook at work, qui permettra aux utilisateurs de discuter entre collègues, de se mettre en relation avec d’autres professionnels ou encore de partager des documents. Le modèle économique choisi est le freemium : l’accès sera gratuit mais certaines fonctions seront payantes[34]. Le 26 octobre 2015, Facebook annonce le lancement d'une nouvelle fonctionnalité en réponse aux demandes des utilisateurs[35]. Ils pourront, s'ils le souhaitent, recevoir sur leur mobile des notifications les informant d'événements ayant trait à l'actualité de leur ville, des résultats sportifs ou encore des actualités météo[36].
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Le 19 novembre 2015, Facebook commence à tester une série d'outils permettant aux utilisateurs ayant subi une rupture de limiter les relations avec leurs anciens partenaires. L'utilisateur peut par exemple choisir de limiter l'apparition sur son fil d'actualité de publications de son ex[37]. En décembre 2015, Facebook permet à ses utilisateurs d'insérer une mini-vidéo de 7 secondes en guise de photo de profil. Cette courte vidéo s'animera automatiquement lorsqu'un autre membre de Facebook visitera la page personnelle de l'utilisateur[38].
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En janvier 2016, Facebook lance cinq nouveaux boutons de réactions. S'ajoutant alors au classique « J'aime », les utilisateurs du réseau social pourront alors exprimer d'autres émotions via des emojis : « J'adore », « Haha », « Wouah », « Triste », « Grrr » et « Merci » (à partir du 29 mai 2016 pour ce dernier). Facebook explique vouloir donner « plus de moyens de partager rapidement sa réaction à une publication »[39].
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En mai 2016, Facebook et Google annoncent conjointement leur projet de créer un câble sous-marin transatlantique à haut débit afin d'accélérer la vitesse d'accès à leurs services et au cloud. Le projet, du nom de MAREA, devrait relier les villes de Virginia Beach aux États-Unis et Bilbao en Espagne.
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En octobre 2016, Facebook lance le réseau social d'entreprise Workplace. Jusqu’ici baptisé Facebook at work, cette déclinaison du réseau social est à destination des entreprises et prétend rivaliser avec les intranets et les boîtes mail en accélérant la communication entre salariés[40].
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Le 1er mars 2017, Facebook lance un test visant à détecter les messages suicidaires sur le réseau social, à l’aide d’un programme d’intelligence artificielle. En se basant sur de précédents messages signalés par des utilisateurs comme suicidaires, ce programme informatique a été « entraîné » à repérer ce type de publication[41].
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En juillet 2017, Facebook annonce la mise en place d'une fonctionnalité permettant aux sites d'information de proposer des articles payants[42].
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Comme application de réseau social, Facebook permet à ses utilisateurs d'entrer des informations personnelles et d'interagir avec d'autres utilisateurs. Les informations susceptibles d'être mises à la disposition du réseau concernent l'état civil, les études et les centres d'intérêt. Ces informations permettent de retrouver des utilisateurs partageant les mêmes intérêts. Ces derniers peuvent former des groupes et y inviter d'autres personnes. Les interactions entre membres incluent le partage de correspondance et de documents multimédias. Ce principe existe sur d'autres réseaux sociaux généralistes, comme Orkut, ou s'adressant au monde du business, comme Viadeo.
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Ancienne entrée du complexe de Facebook au Stanford Research Park à Palo Alto en Californie.
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Entrée du complexe de Facebook à Menlo Park en Californie.
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Dans le campus.
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C'est un système de connexion créé par Facebook permettant aux développeurs de sites web de permettre à leurs utilisateurs de se connecter via leur compte Facebook. Ce système requiert pour les développeurs l'API (interface de programmation) de Facebook et une application. Ceci permet ensuite au développeur d'utiliser le système Facebook Graph Search afin de récupérer des informations relatives à l'utilisateur Facebook.
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Logotype de thefacebook du 4 février 2004 au 31 juillet 2005.
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Logotype de Facebook du 1er août 2005 au 30 juin 2015.
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Logotype de Facebook depuis le 1er juillet 2015.
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Facebook propose à ses utilisateurs des fonctionnalités optionnelles appelées « applications », représentées par de petites boîtes superposées sur plusieurs colonnes qui apparaissent à l’affichage de la page de profil de l'utilisateur. Ces applications modifient la page de l'utilisateur et lui permettent de présenter des informations aux personnes qui visiteraient sa page ou d'en échanger. L'utilisateur trouvera par exemple : une liste d'amis, une liste des amis qu'il a en commun avec d’autres amis, une liste des réseaux auxquels l'utilisateur et ses amis appartiennent, une liste des groupes auxquels l'utilisateur appartient, une boîte pour accéder aux photos associées au compte de l'utilisateur, un « mini-feed » résumant les derniers évènements concernant l'utilisateur ou ses amis, sur Facebook et un « mur » (« wall », en anglais) permettant aux amis de l'utilisateur de laisser de petits messages auxquels l'utilisateur peut répondre.
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Facebook propose constamment à ses utilisateurs de nouveaux amis potentiels. Le réseau social mise ainsi sur sa capacité à accroître les interactions entre ses utilisateurs et donc à leur faire consommer de la publicité[43].
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Par ailleurs une fonction de messagerie instantanée, disponible depuis avril 2008, permet de signaler à ses amis sa présence en ligne et, si nécessaire, de discuter dans un « salon » privé (l'application ne permettant pas, en octobre 2010, de réunir plus de deux personnes dans un même salon). Depuis février 2010, le chat de Facebook utilise le protocole de communication XMPP, afin de permettre aux utilisateurs de s’y connecter avec n'importe quel client de messagerie instantanée compatible avec ce protocole[fb 4]. Le chat reste cependant réservé aux membres de Facebook[44].
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Le choix des applications à afficher est laissé à l'utilisateur, qui peut en ajouter après avoir consulté le catalogue ou bien en supprimer, changer leur agencement sur la page ou en cacher certaines au public. Les applications permettent aussi aux membres de Facebook de jouer gratuitement à des jeux. Il y a plusieurs types d'applications incluant jeux de simulation (par exemple, FarmVille, Island Paradise, Fifa Superstar, Top Eleven Football Manager) et petits jeux d'arcade (par exemple, Paf le chien). Le fait que Facebook soit ouvert aux applications tierces depuis mai 2007[45] a contribué au succès du site. De nombreux concepteurs, débutants ou experts, ont développé une application. Selon Facebook, il existait au 30 novembre 2007 plus de 8 000 applications, développées ou non par Facebook. Des outils et des cadres de développements (framework, interface de programmation, exemples de code…) sont proposés aux développeurs afin que ces derniers puissent formater leurs conceptions aux normes de Facebook. Le FBML par exemple, qui constitue le langage de mise en page standard sur Facebook, est un cousin du HTML compréhensible pour le développeur.
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Depuis novembre 2010, il est possible d'obtenir une adresse e-mail se terminant par @facebook.com[21]. Outre le fait que plus de 200 millions d'utilisateurs sont actifs sur mobile en 2010, les usages les plus marquants sont Open Graph, Facebook Connect et la monnaie virtuelle Facebook Credits (en)[46].
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Depuis le 29 janvier 2011, Facebook change la manière d'envoyer des messages puisque maintenant l'utilisateur visualise l'historique des conversations, des SMS, des messages dans une nouvelle interface [réf. nécessaire]. Depuis le 6 juillet 2011, Facebook permet de réaliser des appels vidéos en partenariat avec Skype[47]. Ces appels peuvent aussi se faire en groupe de deux ou plusieurs.
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Le 11 octobre 2011, Facebook a annoncé le lancement de son application pour iPad. Cette application, attendue depuis 18 mois, reprend l'ensemble des fonctionnalités du réseau social tout en l'adaptant à la tablette, avec notamment la possibilité de visionner les photos en plein écran[48]. À la suite de sa première conférence marketing qui a eu lieu le 29 février 2012[49], Facebook a également lancé le « Journal » pour les pages[50]. Le nouveau format « Timeline » s'applique à toutes les pages à partir du 19 mai 2012
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Le 5 mars 2012, Facebook lance sa version pour ordinateur de Facebook Messenger. La société avait déjà lancé la version pour mobile durant l'été 2011.
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En août 2012, Facebook révèle que 8,7 % de ses 955 millions d'utilisateurs, soit 83 millions, sont des « faux comptes » : ce sont soit des comptes dupliqués, soit des comptes mal classifiés (représentant un animal, une société…), soit des comptes indésirables[51].
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En novembre 2012, Facebook prend ses distances avec Zynga, son fournisseur de jeu attitré[52], indépendamment de Facebook.
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En janvier 2013, Facebook présente son nouveau moteur de recherche dédié : Graph Search[53].
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En mars 2013[54], Facebook annonce un nouveau format[fb 5], radicalement différent pour ses utilisateurs. Il est disponible en France depuis le mois d'avril 2013 après inscription sur une liste d'attente[55]. Il sera progressivement imposé à tous.
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Après le séisme d'avril 2015 au Népal, le site web lance le service Facebook Safety check, qui permet d'informer ses proches ou de donner des informations concernant d'autres personnes lors de catastrophes naturelles, et ainsi faciliter les recherches des personnes disparues[56]. Ce système est réutilisé à l'occasion des attentats survenus à Paris, le 13 novembre 2015.
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En mars 2019[57], de nombreux titres de presse annoncent que Facebook serait sur le point de créer sa propre cryptomonnaie, le Facebook Coin[58] (FBCoin). Cette division est dirigée par David Marcus, ex président de Paypal et de Facebook Messenger. En juin 2019 le nom de cette crypo-monaie, Libra, est officialisé[59].
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Facebook modère les messages qui sont publiés par les utilisateurs en fonction de ces propres règles intitulées « Standards de la communauté »[60]. Le réseau social a choisi de rendre public ces directives internes d'application de ces standards en avril 2018 afin de faciliter pour les utilisateurs la compréhension du travail de modération effectué par ses équipes[61]. C'est un sujet sensible pour Facebook qui est régulièrement mis en cause pour n'avoir pas assez rapidement supprimé des contenus violents comme lors des attentats de Christchurch[62], ou supprimé à tort des œuvres d'art représentant des nus[63].
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En mai 2017, le quotidien The Guardian indiquait que Facebook employait seulement 4 500 modérateurs et avait prévu d'en embaucher 3 000 autres[64]. Même si un soutien psychologique leur est proposé, les mauvaises conditions de travail de ces employés, sous-payés et surchargés, témoigne du manque de considération du réseau social à cette période pour cette activité[65]. En juillet 2017, une loi votée en Allemagne contraint les réseaux sociaux à supprimer les contenus haineux en moins de 24h sous peine d'être condamnés à de lourdes amendes[66].
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En 2018, afin de lutter contre la diffusion de « fake news », Facebook prévoit de demander aux utilisateurs de noter les médias afin de les classer par niveau de fiabilité[67].
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Le 15 juin 2017, À la suite des attaques terroristes récentes, Monika Bickert, directrice de la gestion de la politique mondiale de Facebook et Brian Fishman ancien directeur de recherche au Combating Terrorism Center (en) de West Point ont lancé un nouveau blog du réseau social appelé Questions difficiles[68]. Dans leur premier article, ils annoncent que Facebook Inc. a embauché plus de 150 experts du Contre-terrorisme et élargi l'utilisation d'intelligence artificielle capable de comprendre diverses langues et analyser les images afin d'empêcher les terroristes d'utiliser le réseau social pour le recrutement et la propagande. Ce développement est la conséquence de l'initiative de la Première ministre britannique Theresa May après les attentats de Londres et Manchester, pour amener les autres dirigeants des pays du G7 à implémenter une nouvelle réglementation des entreprises actrices dans les médias sociaux afin de les obliger à prendre des mesures supplémentaires contre les contenus extrémistes[69].
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Faisant suite à la diffusion des images lors de l'attaque des mosquées de Christchurch en avril 2019, le média a mis en oeuvre des mesures contre les images terroristes en directe et leur viralité. Les mesures phares prises par le média résulte de l’interdiction du média pour certains utilisateurs , notamment Facebook Live.
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Pour la thématique des copies de contenus, Facebook cherche une nouvelle solution technologique en partenariat avec l’Université du Maryland, Cornell, et l’Université de Californie, Berkeley[70].
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En novembre 2018, le quotidien Le Monde indique que Facebook revendique maintenant 30 000 personnes travaillant sur la modération des contenus dont 800 personnes au Competence Call Center de Barcelone. ces efforts ont permis de limiter fortement la propagande terroriste sur le réseau social mais la lutte contre la désinformation reste une préoccupation[71]. Par exemple, en mars 2018, l'ONU avait mis en cause Facebook concernant les violences contre les Rohingya en Birmanie, pour avoir laissé se propager des discours de haine[72]. En mars 2019, afin d'améliorer la modération, Mark Zuckerberg propose aussi de « confier à des organismes tiers le soin de définir des standards sur la diffusion des contenus violents et haineux, et d’évaluer les entreprises sur la base de ces standards », la loi française sur la manipulation de l’information et la loi allemande sur contenus haineux sur internet vont dans ce sens mais le travail de régulation reste à effectuer[73], comme le formule notamment le Rapport rendu au gouvernement français en mai 2019 Créer un cadre français de responsabilisation des réseaux sociaux : agir en France avec une ambition européenne[74].
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En mai 2019, Facebook annonce une amélioration de la rémunérations et des conditions de travail des modérateurs qui travaillent aux États-Unis[75]. Cette annonce répond aux critiques récurrentes faites à la plateforme de négliger les collaborateurs qui lisent ou visionnent les contenus indésirables[76].
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Mark Zuckerberg rencontre le président français Macron en mai 2019, pour discuter de la modération des contenus sur les réseaux sociaux[77]. Facebook soutient la volonté de régulation mais critique le montant des sanctions possible et souhaite une harmonisation des régulations nationales[78].
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Le troisième rapport de Facebook sur l’état de la modération sur son réseau couvre la période allant d'octobre 2018 à mars 2019[79]. Les indicateurs publiés mesurent la façon dont Facebook agit sur les contenus interdits par les «Standards de la communauté»[60] : nudité et activité sexuelles, harcèlement, faux comptes, discours de haine, biens réglementés, spam, propagande terroriste et violence. Facebook estime que 5% des comptes actifs mensuels sont des faux. Au premier trimestre de 2019, plus de 4 millions de messages exprimant des discours de haine ont été supprimés dont 65,4% de façon proactive avant qu'un utilisateur ne signale le contenu[80]. Facebook reconnait devoir encore améliorer la modération en particulier concernant le détection automatique de contenus[79].
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Larry Rosen, un spécialiste de la psychologie des nouvelles technologies, et Dominguez Hills, du California State University, ont mis en évidence la possibilité d'une corrélation entre l'utilisation de Facebook et des tendances narcissiques, la dépendance à l'alcool et d'autres troubles mentaux. En revanche, Facebook peut aussi susciter l'empathie virtuelle — la capacité de ressentir les émotions d'autrui à distance[81]. En ce qui concerne le capital social et les phénomènes de socialisation, l'émergence de Facebook et des réseaux sociaux en général ont constitué des éléments d'évolution importante. Dans son ouvrage intitulé Strength of weak ties (1973)[82] le sociologue américain Mark Granovetter a théorisé la séparation entre les « liens forts », ceux tissés avec ses proches fondés sur une confiance réciproque, et les « liens faibles » qui s'établissent entre de simples « connaissances » et n'exigent pas dès lors le même engagement mutuel. Dans cette perspective, le sociologue français Dominique Cardon voit en Facebook une plateforme sociale qui promeut les interactions « entre individus qui se connaissent ou appartiennent à des cercles sociaux de proximité »[83]. Il indique cependant que ce ne sont ni « les contacts aventureux avec les inconnus, ni l’échange intime avec les proches » qui sont privilégiés mais plutôt « des liens faibles… intermédiaires de la vie sociale : copains de toujours ou d’occasion, collègues, partenaires d’activité, amis d’amis, connaissances lointaines »[83]. Autrement dit, si Facebook rend possible un épanouissement des liens forts en facilitant notamment la communication entre les amis proches, il permet aussi un important développement relationnel au-delà des cercles intimes. Dans cette lignée d'idée, une enquête[84] du think tank américain Pew Internet Project effectuée en novembre 2010 auprès de 2 255 Américains sur les sites de réseaux sociaux a permis de mettre en évidence le fait que les « amis » sur Facebook sont majoritairement des amis d’amis et des connaissances avec lesquelles on n’a pas de lien social actif. Mais, dans le même temps, l’intérêt des réseaux sociaux tels que Facebook est, selon cette étude, que ces amis entretiennent aussi les liens forts : les utilisateurs de Facebook ont plus confiance dans les autres (leurs amis notamment) que les non utilisateurs, ils ont plus d’interactions sociales et obtiennent plus de soutien moral de la part de leurs amis.
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Les usagers de Facebook gèrent leur propre image sur cette plateforme et donc créent leur propre « agence de communication »[85]. Leur but est de mettre de l’avant leur singularité et leur identité numérique afin d’avoir le plus de « j’aime » possible de la part de leurs amis virtuels lorsqu’ils publient des photos. Ils souhaitent avoir le plus d’amis Facebook possible[86]. De ce fait, une certaine compétition implicite émane de cette plateforme[87]. Avoir le plus de « j’aime » ainsi que d'amis Facebook serait alors un gage de popularité et d’approbation auprès de la communauté alors que de ne pas en avoir suffisamment peut aller jusqu’à anéantir un utilisateur[86]. Cela s’explique par le fait que les utilisateurs sont en pleine quête de visibilité et recherchent par le fait même à faire valoir leur propre idéal virtuel[85]. Par conséquent, l’estime de soi des utilisateurs de Facebook est donc renforcée ou bien affaiblie tout dépendamment des réactions obtenues quant à leurs photos, qu’elles soient positives ou bien négatives et finalement du nombre de « j’aime ». Les usagers ont donc de la pression quant à l’image qu’ils projettent sur ce réseau social numérique[86]. Cela va même jusqu’à affecter les relations sociales des usagers. Effectivement, certains d’entre eux ne parviennent pas à établir des relations en face-à-face dans la vraie vie et ainsi développer un attachement émotionnel et social en dehors de la plateforme. Leurs seuls amis seraient donc des amis virtuels, ce qui crée un sentiment de solitude et de dépression chez les utilisateurs[88].
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Facebook connaît un bon nombre de controverses. Le site a été bloqué par intermittence dans plusieurs pays dont la République populaire de Chine[89], le Viet Nam[90], l'Iran[91], l'Ouzbékistan[92], le Pakistan[93], la Syrie[94] et le Bangladesh sur différentes bases. Par exemple, le site a été banni de certains pays pour son contenu jugé antisémite et religieusement discriminatoire. Le site a également été bloqué par un bon nombre d'entreprises pour empêcher les employés d'y accéder durant leurs heures de travail[95]. Les données personnelles des utilisateurs de Facebook ont également été menacées et la sécurité des comptes a été compromise à plusieurs reprises.
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En juillet 2011, les autorités allemandes discutent de la prohibition des événements organisés sur Facebook. La décision est basée sur le squattage d'individus à des événements alors qu'ils n'étaient, à l'origine, pas invités[96],[97]. Comme à Hambourg où 1 600 « invités » se sont présentés au 16e anniversaire d'une adolescente alors que l'invitation avait été incorrectement marquée pour le public. Une centaine de policiers ont été déployés. Un policier a été agressé et onze participants ont été arrêtés pour agression, dégradations et résistance aux autorités[98].
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En juin 2013, à la suite des révélations de l'affaire PRISM par Edward Snowden, il apparaît que Facebook a collaboré avec la NSA, lui permettant l'accès libre à toutes les données de l'ensemble des utilisateurs[99]. Quelques jours après ces révélations, l'ancien garant de la protection des données de Facebook est embauché par la NSA, comme l'annonce le New York Times[100].
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En mai 2017, le Guardian publie une enquête indiquant que les modérateurs de Facebook ont reçu pour instruction de tolérer les posts négationnistes et contestant la véracité de la Shoah sauf si ceux-ci sont signalés et publiés à partir de pays (France, Allemagne, Autriche, Israël) où de tels propos sont illégaux et punissables de peines d’emprisonnement, ce seulement afin d’éviter le risque de procès et d’amendes contre Facebook qui engage sa responsabilité en tant que plateforme médiatique[101].
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En mai 2019, Chris Hughes dénonce le pouvoir incontrôlable du réseau social qu'il a contribué à créer avec Mark Zuckerberg[102]. Il demande au gouvernement américain de démanteler le monopole et de séparer Facebook, Instagram et WhatsApp[103].
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En mai 2016, d'anciens employés de Facebook révèlent qu'à l'époque où ils travaillaient pour l'entreprise, les sujets remontés parmi les « contenus populaires » étaient sélectionnés par une équipe de curateurs qui écartaient délibérément les sujets politiques à tendance conservatrice. À l'inverse, certains sujets peu populaires, comme le mouvement Black Lives Matter, étaient remontés manuellement par l'équipe[104],[105],[106]. Selon l'AFP, ce traitement éditorialisé n'aurait pas été le résultat d'instructions données par la direction mais serait venu de l'initiative de « jeunes journalistes orientés par leurs opinions politiques marquées à gauche ». En revanche, des consignes ont été données pour que des sujets, tels le mouvement militant Black Lives Matter, ne suscitant pas d'intérêt suffisant, soient pourtant intégrés aux tendances[107].
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Les géants du web détiennent un quasi-monopole sur le flux d'informations et, en tant que tel, sont en mesure de manipuler le discours public[108]. Internet est un ensemble de services de base. La plupart de ces services sont détenus et gérés par des sociétés privées, qui hébergent le contenu et donnent aux utilisateurs la possibilité de le consulter ou d’en créer de nouveaux. Si ces fournisseurs de services de base ne veulent pas de quelque chose sur Internet, ils peuvent le censurer et le faire disparaître d'internet dans le monde entier[109]. Ce contrôle d'Internet est dans les faits concentré dans les mains de quelques entreprises massives qui font tout pour que le public n'en soit pas conscient[109].
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En avril 2017, l'auteur et chercheur Jonathan Taplin s’inquiète dans le New York Time du danger que représentent les cinq plus grands groupes internet américain[110]. Il cite alors Louis Brandeis pour qui « dans une société démocratique, l'existence de grands centres de pouvoir privé est dangereuse pour la liberté du peuple »[110]. Selon Taplin, les autorités américaines « devraient décider assez rapidement si Google, Facebook et Amazon sont des monopoles naturels qui doivent être réglementés, ou si nous autorisons le statu quo à continuer, en prétendant que ces monolithes ne causent pas de dégâts à notre vie privée et à la démocratie »[110]. Certaines rumeurs laissaient en 2017 penser que Mark Zuckerberg pourrait pousser le mélange des genres jusqu'à être candidat en 2020 pour les élections présidentielles américaines pour le parti démocrate[111].
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Lors de l'élection présidentielle française de 2017, Facebook a annoncé avoir supprimé plus de 30 000 comptes[112]. En décembre 2017, le réseau social supprime les pages de l'essayiste Alain Soral et du site internet Égalité et Réconciliation[113].
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Le 11 octobre 2018, le réseau social a supprimé plus de 800 pages et comptes qui partageaient principalement des contenus politiques justifiant sa décision en expliquant que ces pages avaient un « comportement inauthentique » et qu'elles « travaillaient à tromper les utilisateurs sur qui elles sont et ce qu'elles font ». Au total, 559 pages et 251 comptes ont été supprimés de la plateforme. Parmi les pages touchées on retrouve des médias conservateurs, comme Right Wing News (plus de 3,1 millions d'abonnés) ou encore Nation In Distress (également plus de 3 millions d'abonnés), mais aussi des médias de gauche, comme AntiMedia (2,1 millions d'abonnés), ou encore Free Thought Project (3,1 millions d'abonnés). Selon Nicholas Bernabe, fondateur d'AntiMedia, « cela pourrait en fait être perçu comme une ingérence de Facebook dans les élections, car nous ne sommes qu'à quelques semaines [des élections de mi-mandat], et ils visent 800 pages de médias à orientation politique afin de les supprimer »[114],[115].
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En août 2019, Mediapart souligne que Facebook a « anéanti l’audience d’une partie de la gauche radicale »[116].
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Facebook a également été poursuivi en justice[117],[118] et pratique l'évasion fiscale[119]. En France, Facebook parvient à réduire de 99 % ses impôts en envoyant ses profits aux îles Caïmans en ne déclarant un chiffre d'affaires que de 12,9 millions d'euros alors qu'il peut être estimé à 266 millions d'euros[120].
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Selon Paul Tang, économiste et membre de la délégation du Parti Travailliste hollandais (PvdA) au sein du groupe de l’alliance des socialistes et des démocrates au parlement européen (Progressive Alliance of Socialists & Democrats in the European Parliament (S&D)), l'UE subit, entre 2013 et 2015, une perte estimée entre 1 453 et 2 415 millions d'euros[121] de Facebook — en posant que le taux de taxation sur le sol de l'Union européenne (0,03 % en 2015) doit se revoir en fonction du taux de taxation appliqué en dehors du sol européen (28 % en 2015 hors UE). Même si un taux à hauteur de 2 à 5 % (à un taux jugé correct par le conseil ECOFIN pour compenser des pertes subies - bien qu’il n’atteigne pas les 28 % constaté hors UE) du chiffre d'affaires avait été appliqué dès le départ tel que la proposition avait été suggérée par le conseil, les pertes dues à l'évasion fiscale en cas de fraude vis-à-vis de ce taux (virtuel), auraient été comprises entre 327 et 817 millions d'euros[121] entre 2013 et 2015.
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Le réseau social constitue des « dossiers fantômes »[122] sur les internautes, y compris ceux qui n'ont pas de compte. Si la réglementation française en matière de protection de la vie privée est plus stricte qu'aux États-Unis, les données personnelles n'en sont pas moins stockés par l'entreprise[43].
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En effet, le réseau social se nourrit d'un grand nombre de données personnelles. Selon les données fournies par Facebook, 350 millions de photos sont postées sur les sites des réseaux sociaux chaque jour. Comme d'autres groupes du secteur, Facebook a été critiqué à cause des problématiques touchant au respect de la vie privée des utilisateurs tout au long de ces dizaines d'années d'existence[123].
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En Belgique, une étude de l'université catholique de Louvain de 2015 accuse Facebook de violer la législation européenne en matière de vie privée et de défense des consommateurs, notamment du fait des nouvelles règles de confidentialités adoptées en janvier dernier[124],[125]. En 2016, la cour d’appel de Bruxelles a donné raison au réseau social concernant l'utilisation d'un cookie « datr » qui permet notamment de suivre les internautes non membres[126].
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Le 17 octobre 2015, Alex Stamos, responsable de la sécurité, annonce que les utilisateurs surveillés ou piratés par ou pour des États seraient prévenus via un message[127].
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L'association europe-v-facebook créée par Max Schrems met l'accent sur le respect de la législation européenne sur la protection des données. Elle accuse Facebook Ireland Ltd., la base européenne de l'entreprise, d'enfreindre le droit européen sur l'utilisation des données, et de participer au programme de surveillance Prism de la NSA[128]. Elle critique la transparence des données des utilisateurs chez Facebook. Par exemple, un contenu effacé par l'utilisateur n'est en fait pas réellement supprimé, et l'utilisation que fait Facebook de ces données est souvent peu claire. De plus, Facebook utilise le principe de l‘opt-out à son avantage : les paramètres par défaut laissent la plupart de vos données personnelles visibles sans restriction. En outre, Facebook encourage aussi d'autres utilisateurs à lui donner ces informations. Par exemple, taguer les gens sur des photos et synchroniser des numéros de téléphones mobiles.
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Selon le sociologue Antonio Casilli, la vie privée est devenue un enjeu collectif et il réfute l'idée d'une fin de la vie privée qui serait due aux réseaux sociaux. Pour lui, il s'agit d'une négociation permanente entre les géants des réseaux sociaux, les utilisateurs et les pouvoirs publics. L'histoire de Facebook est un représentant sur ce thème et il y a des conflits, soit contre des associations ou des institutions étatiques[129].
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De façon à proposer de « nouveaux amis » à ses utilisateurs, Facebook peut utiliser la localisation de leurs téléphones portables pour connaître les personnes qu'elles ont pu rencontrer dans la vie réelle. Le réseau social est également capable de déterminer si les personnes se font face ou marchent ensemble en comparant les données de leurs téléphones portables[43].
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Grâce à ses collectes massives informations Facebook peut connaître l'état du moral de ses utilisateurs. En mai 2017, un rapport interne de l'entreprise démontre que ses algorithmes sont capables de déterminer comment les adolescents pouvaient se sentir « stressés », « surchargés », « anxieux » ou avoir l'impression « d'être un échec »[43].
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Facebook fait la promotion d'un service VPN gratuit via son application mobile, qui agit en fait comme un spyware collectant et analysant les données utilisateur pour « améliorer les produits de Facebook et ses services ». Comme l'expose elle-même l'application VPN dans sa politique de confidentialité, elle traque les données utilisateur relatives « aux applications installées sur votre appareil, votre usage de ces applications, les sites web que vous avez visités et le volume de données utilisé »[130].
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Facebook partage les données de ses utilisateurs avec 60 fabricants de smartphones; il s'agit notamment de récupérer des informations personnelles sur des utilisateurs de Facebook, ainsi que leurs amis, et leurs statuts marital, leurs opinion politiques, ou leur participation à un événement sans le savoir[131].
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Une fuite de données personnelles concernant 540 millions d'utilisateurs de Facebook est établie le 4 avril 2019[132]. En décembre de la même année, une autre fuite concerne 267 millions de ses utilisateurs[133].
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L'implication et l'influence de Facebook durant les élections générales britanniques de 2017 est remise en question, les J'aime et partages se traduisant en « votes pour les partis politiques à un rythme croissant ». Carl Miller, directeur d'un recherche d'un centre d'analyse des médias sociaux estime que « les gouvernements doivent réglementer l'utilisation par les partis politiques de Facebook et rendre transparentes leurs dépenses sur la plate-forme ». Elizabeth Denham (en), commissaire à l'information et responsable de l'autorité indépendante de Grande-Bretagne sur l'information publique a déclaré en mai 2017 qu'une enquête formelle s'ouvrait concernant « l'utilisation de l'analyse de données à des fins politiques ». L'enquête concerne principalement la campagne avant le référendum de Brexit en juin 2016, mais potentiellement aussi dans d'autres campagnes[134].
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Facebook mènerait une campagne active de censure et de répression de ses membres Palestiniens à la suite d'un accord avec le gouvernement israélien. Selon le Centre arabe pour le développement des médias sociaux, un message sur 9 contiendrait un appel à la violence ou une insulte à caractère raciste contre les Palestiniens et la Palestine. Sur le Facebook israélien, un post haineux anti-palestinien serait même publié toutes les 71 secondes. En parallèle, chaque année, 10 000 posts publiés par des Palestiniens sont effacés et des centaines de comptes d’activistes et de journalistes palestiniens ont été supprimés en 2018, y compris celui l’agence de presse palestinienne Safa. L’organisation américaine Jewish Voice for Peace a lancé un appel mondial afin d'interpeller Facebook sur ce traitement infligé aux internautes palestiniens[135].
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Fin 2017, Facebook annonce la mise en ligne d'une version pour enfants de Messenger. L'entreprise se défend de toute dérive, expliquant que cette version n'aura pas d'objectif commercial et restera sous le contrôle des parents[136].
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En janvier 2018, la comédienne Sandra Naoum s'est vue retirer son sponsoring ainsi que plusieurs articles à cause de la présence d'images de poitrines féminines destinée à illustrer son projet de film L'amazone traitant du cancer du sein. Elle dénonce, dans une tribune du Huffington post, « une hypocrisie de la part du réseau social, les publications objectifiantes et violentes envers les femmes proliférant en toute impunité alors que celles qui sont valorisantes pour ces dernières sont systématiquement supprimées »[137].
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En février 2018, Facebook supprime la diffusion d'une photo de la Vénus de Willendorf, statuette paléolithique mondialement connue[138].
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En mars 2018, Facebook se retrouve au cœur du scandale de l'affaire Cambridge Analytica. Cette société aurait participé en 2016 à la campagne électorale de Donald Trump en collectant et en exploitant à leur insu les données personnelles de cinquante millions d'utilisateurs du réseau social. Les données ont été obtenues en violation des règles d'utilisation des données de Facebook. Les données ont été transmises par un universitaire de l'Université de Cambridge, Aleksandr Kogan, qui avait accès aux données de Facebook uniquement à des fins de recherche. Le chercheur a ensuite remis les données à une entreprise tierce, qui n'avait pas été autorisée à les utiliser, qui les a employées pour faire du ciblage politique[139].
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La révélation de l'affaire a fait chuter de 7 % l'action Facebook à la Bourse de New York le 19 mars 2018[140],[141],[142]. Christopher Wylie, l'ancien employé de Cambridge Analytica ayant révélé l'affaire, voit son compte Facebook suspendu par l'entreprise peu de jours après[143]. À la suite de cette affaire, Facebook est de nouveau mis en cause pour un bug informatique. En effet, par défaut certains messages auraient été rendus « publics » et non plus accessibles qu'aux amis sans que les utilisateurs le souhaitent. Ce bug aurait affecté 14 millions de personnes entre le 18 et le 27 mai 2018[144].
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Par la suite, une grande commission internationale de parlementaires provenant de huit pays[précision nécessaire] est formée afin d'interroger la société Facebook sur la série de scandales. Le 27 novembre 2018, des documents attestent qu'un ingénieur de la société avait informé l'entreprise dès octobre 2014 d'une fuite de données potentielle[145]. En effet, des requêtes faites à partir d'adresses IP d'origine russe, à l'aide d'une clé de l'API du site photographique Pinterest, ont pu extraire des milliards de points de données par jour[146]. Richard Allan (en), vice-président des affaires publiques de Facebook présent à la place de Mark Zuckerberg, indique que les documents présentés sont « au mieux partiels, au pire trompeur »[146].
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Le 28 septembre 2018, une faille a exposé les données personnelles de 50 millions de comptes[147].
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Réévalué à 30 millions de compte, la faille présente depuis juillet 2017 a permis aux pirates de dérober :
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Les auteurs du piratage ou leurs intentions ne sont pas encore dévoilés, une enquête du FBI étant toujours en cours. On sait cependant que les pirates étaient bien organisés et avaient de bonnes infrastructures[148].
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En décembre 2018, une publication piégée a été partagée par de nombreux utilisateurs. Il s’agissait d’une image qui se dupliquait automatiquement sur le profil de l’utilisateur. Le 21 décembre 2018, le porte parole de Facebook indique que l’ensemble de ces publications a été supprimées et que le problème est résolu[149].
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Facebook dispose d'un « règlement de la communauté » et d'un dispositif permettant de signaler les contenus enfreignant cette dernière. Ce dernier a été critiqué pour son inutilité, certains signalements pourtant légitimes étant débouté la plupart du temps par un message affirmant que le contenu n'est pas problématique, avec pour conséquence un fort sentiment d'impunité dans les affaires de cyberharcèlement.
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En 2016, le journal L'Express a rapporté le cas d'une vidéo montrant un viol, pour lesquels de nombreux signalements se sont soldés par des fins de non-recevoir affirmant erronément qu'elle « n'enfreint pas les règlements de la communauté ». Interrogée à ce sujet, la société Facebook a répondu que ce n'était « effectivement pas normal et que cette vidéo enfreignait bel et bien le règlement de la communauté ». Finalement, la vidéo a été supprimée. Toujours selon la société, il s'agirait « probablement d'un bug », ce qu'a démenti la branche française de Facebook, qui n'a toutefois donné aucune information quant à la raison possible du caractère tardif de cette suppression ainsi que des fins de non-recevoir erronées qui avaient précédé[150].
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Lors d'un test effectué en vue d'un rapport sur le cybersexisme, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a effectué un test consistant à signaler un grand nombre de publications problématiques. Seuls 8 % des signalements ont abouti à une suppression effective[151].
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La lenteur de la réaction du réseau social a de nouveau été pointée du doigt quand une publication de vente aux enchères du droit d'épouser une jeune fille mineure est apparue sur le réseau social le 25 octobre 2018 et devenu viral en très peu de temps. La publication ne sera pourtant supprimée que le 9 novembre de la même année, soit après que la jeune fille en question n'ait été mariée[152].
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Le 25 juin 2019, Le secrétaire d'état Français au numérique Cédric O annonce que Facebook fournira désormais les adresses IP des publicateurs de contenus haineux, chose qu'ils ne faisaient jusque-là que pour les contenus relevant du terrorisme ou de la pédopornographie. Cette mesure ne concernera toutefois que la France[153].
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Lors d'une audition en 2018, Mark Zuckerberg fait une déclaration importante concernant le statut de son réseau social : « Je suis d’accord sur le fait que nous sommes responsables du contenu. »[154]. Cette déclaration faite le 11 avril 2018 devant le Congrès américain, change considérablement le statut de ce réseau social, qui était reconnu, avant ce changement de paradigme, comme un hébergeur « ce qui lui permet (...) de ne pas être responsable pour les contenus publiés par ses utilisateurs[154]. » En tant qu'hébergeur, Facebook n'était pas responsable des contenus publiés par les utilisateurs, sauf si la nature illicite de ce contenu lui était rapporté[154]. Dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde, l'avocate en droit des nouvelles technologies Zoé Villain affirme que : « la question de savoir si Facebook est responsable des contenus (photos, vidéos, écrits) est cruciale pour les ayants droit[154]. » De par cette déclaration, Facebook devient un média au même titre que les autres éditeurs et plus précisément un éditeur numérique[154].
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Le 13 aout 2019, Facebook reconnait avoir écouté et retranscrit des conversations privées tenues via Messenger afin d'améliorer le ciblage publicitaire. Mark Zuckerberg avait affirmé ne pas faire ça lors d'une audition devant le congrès en avril 2018[155].
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En juillet 2018, une interview donnée au média Recode provoque une polémique : Mark Zuckerberg informe qu'il ne compte pas censurer les pages niant l'existence de la Shoah, dans la mesure où ces propos sont certes faux, mais « pas intentionnellement »[156],[157].
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En France, Facebook aurait attiré 3,6 millions de visiteurs entre 2007 et 2008. En 2008, un nombre croissant d’effacements volontaires de profils est observé. En octobre 2008, Facebook annonce plus de 4 millions d'utilisateurs actifs dans le pays[165]. En avril 2010, selon l’outil de ciblage des campagnes publicitaires sur Facebook, près de 9,7 millions de Français sont présents sur le site — plaçant la France dans la liste des premiers pays par utilisateurs du site —, soit un taux de pénétration dans la population d'environ 16 %[166]. D'après Les Échos, néanmoins, un certain nombre de suspicions existent concernant l'exactitude des chiffres d’audience avancés par Facebook[167]. Selon Médiamétrie, avec plus de 11 millions de visiteurs uniques en décembre 2008, Facebook se classe parmi les vingt sites internet les plus visités[168].
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En février 2011, les statistiques parlent de 20,54 millions d'utilisateurs (+1,6 million en six mois), soit 31,8 % de la population et 46 % des internautes français. De plus, plus de la moitié des utilisateurs ont entre 18 et 34 ans (31 % de 18-24 ans et 28 % de 25-34 ans)[169].
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Le 2 juin 2015 Facebook annonce l'ouverture à Paris d'un laboratoire spécialisé dans la recherche sur l'intelligence artificielle[170].
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Début septembre 2015, Facebook France annonce avoir atteint les 30 millions d'utilisateurs mensuels actifs en France soit une progression de près de 2 millions d'utilisateurs par rapport à novembre 2014. Ainsi près de 2/3 des internautes français sont aussi utilisateurs de Facebook. D'autre part, 22 millions se connecteraient chaque jour sur le réseau, 17 millions via un mobile[171],[172]
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Pour le 2e trimestre 2018, Facebook compte 33 millions d’utilisateurs mensuels actifs en France[173].
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Fin 2019, Facebook a franchi la barre des 37 millions d'utilisateurs en France[174].
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En Belgique, des statistiques d’août 2011 à janvier 2012[175] indiquent que 4 444 920 internautes sont connectés à Facebook dont 50,7 % d’hommes et 49,30 % de femmes. Plus de 25 % d’utilisateurs ont entre 25 et 34 ans. Cette étude d'E-net Business indique que Facebook a connu une croissance de 4,56 % utilisateurs sur cette même période[175]. En 2012, 6 millions de Belges sont présents sur Facebook, soit 58,1 % de la population du pays.
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En 2018, Facebook compte 7,3 millions d’utilisateurs mensuels actifs en Belgique[176].
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En 2017, Facebook affiche 4.2 millions d'utilisateurs mensuels actifs en Suisse selon Facebook Insights soit +16% par rapport à 2016. Les utilisateurs de plus de 35 ans sont désormais majoritaires et représentent 54% des profils actifs en Suisse[177].
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Début 2011, 620 millions d'utilisateurs, dont la moitié se connecte au moins une fois par jour et passe 55 minutes (en moyenne) par jour sur le site. Il y a un milliard de contenus mis en ligne par jour (vidéos, statuts, photos, articles, etc.)[169]. D'après les informations publiées par Facebook, les utilisateurs dans le monde se répartissent alors comme suit :
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En octobre 2012, d'après Socialbakers.com, le pays avec le plus fort taux de pénétration était Monaco, dont 91 % des habitants étaient inscrits sur Facebook[180]. En France, le taux de pénétration était alors de 39 %[180]. À cette même date, les dix plus grands pays par nombre d'utilisateurs inscrits étaient[180] :
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À la fin 2014, Facebook annonce 1,39 milliard d'utilisateurs actifs mensuels(en) « Facebook Reports Fourth Quarter and Full Year 2014 Results », 28 janvier 2015 dont 890 millions se connectent tous les jours (soit 64 % des comptes actifs).
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En mars 2015, Facebook dénombre 1,44 milliard d'utilisateurs actifs mensuels[181].
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En décembre 2015, Facebook dénombre 1,59 milliard d'utilisateurs actifs mensuels et approximativement 83,6 % des 1,04 milliard d'utilisateurs actifs quotidiens sont situés en dehors des États-Unis et du Canada[182].
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Au 31 mars 2017, Facebook comptabilisent 1,94 milliard d'utilisateurs. Les nouvelles inscriptions proviennent essentiellement de la région Asie-Pacifique[183].
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Le graphique ci-à droite présente l’évolution du nombre d’utilisateurs (en millions) de Facebook dans le monde, d’après les chiffres donnés dans la salle de presse du site[fb 1].
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Un graphique montrant l'évolution du nombre d'utilisateurs actifs mensuels sur Facebook de 2008 à 2014 est disponible sur Statista[184].
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En juin 2017, Facebook a dépassé le cap des deux milliards d'utilisateurs[185].
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En octobre 2018, Facebook indique 2,27 milliards d’utilisateurs actifs par mois dans le monde et 1,49 milliards d’utilisateurs actifs par jour[186].
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Pour l'année 2015 ,Facebook France annonce avoir atteint les 30 millions d’utilisateurs mensuels actifs[187] et le pays devient la première au monde pour le nombre de contenus Facebook censurés avec la suppression de 37 695 pages suite à des requêtes gouvernementales. Le rapport présenté par le réseau social précise que 32 100 cas ont concerné la diffusion d'une photographie montrant l’intérieur du Bataclan suite aux attentats du 13 novembre 2015[188], et constituant une « atteinte grave à la dignité humaine » et une « atteinte au secret de l'enquête » selon la justice française[189]. La France a également restreint la diffusion de contenu promouvant le négationnisme et l’apologie du terrorisme[188].
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Entre juillet 2013 et décembre 2018, la France fait 42 989 requêtes officielles de demandes de suppressions de posts et commentaires sur Facebook. Elle est ainsi le deuxième pays le plus actif derrière l'Inde et devant le Mexique. La plupart des demandes sur cette période concernent des images des corps des victimes des attentats de 2015 postées sur Facebook[190].
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Facebook est, au 22 mai 2017, disponible en 107 langues[191]. Les premières traductions à être lancées, en février 2008, sont les versions en espagnol et en allemand[192]. La version française de France a été mise en ligne le 10 mars 2008[193] puis la version en français canadien, le 6 avril 2009[194],[195].
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D'autres langues ont également été introduites sur le site ou sont en cours d'introduction, principalement des langues très répandues, mais également des langues régionales (le basque, le catalan)[196] ainsi que l'espéranto[196]. Facebook demande aux utilisateurs de son site de contribuer à la traduction de l'interface dans leur langue maternelle. Tout utilisateur du réseau peut proposer une traduction des phrases originales en anglais. Ces propositions de traduction sont ensuite soumises aux internautes qui votent pour la meilleure. Les traductions « officielles » des phrases sont, en définitive, celles ayant été considérées comme les meilleures par les utilisateurs de Facebook. Il existe également quelques versions humoristiques (leet speak et anglais façon « pirate »).
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Voici la liste des 96 langues d'interface disponibles sur Facebook au 22 septembre 2015 :
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Selon SimilarWeb, en juin 2015, les langues ayant eu le plus grand nombre de visites effectuées depuis un ordinateur de bureau (le mobile n'étant pas pris en compte), sont l'anglais (visites indéterminées mais tout de même premier[197] car facebook.com sans sous-domaine est à la fois l'interface pour les américains et pour le monde entier une fois logué), l'espagnol (299 millions de visites), le portugais (180 millions) et le français (148 millions).
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Toujours selon SimilarWeb, sur les trois derniers mois d'avril à juin 2015, les langues ayant eu le plus grand nombre de pays ou territoires l'utilisant en tant que langue d'interface sur Facebook (sur les 225 suivis), sont l'anglais du Royaume-Uni (215 pays/territoires, et inconnu pour l'anglais des États-Unis), le français de France (197), l'espagnol d'Amérique latine (194) et le portugais du Brésil (183).
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Le site a inspiré certains domaines de médias comme le cinéma et la télévision :
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Ces exemples notables incluent The Social Network (sortie en octobre 2010), film parodié dans l'épisode 11 des Simpson (saison 23) intitulé Le Rest'oh social ou encore l'épisode 4 de South Park (14e saison) intitulé Vous avez 0 ami (parodie). Le réseau social inspire également quelques humoristes français tels que Gad Elmaleh, Jérôme Commandeur ou encore Kev Adams.
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La faim désigne la sensation, apparaissant après un certain temps sans manger, qui pousse un être vivant à rechercher de la nourriture.
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Métaphoriquement, ce mot peut s'appliquer à la recherche d'un autre objet, comme dans l'expression : avoir faim de culture.
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La faim ne répond pas qu'à des critères physiologiques (besoins énergétiques en calories). Le désir de manger est en effet un acte complexe soumis à des influences d'origine interne (taux de glucides et d'hormones dans le sang, tel celui de la ghréline, taux de lipides et masse adipeuse, etc.) mais aussi externes (signaux sensoriels tels que la vue, l'odorat) et à une certaine forme de conditionnement (état dépressif, influence émotionnelle).
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La faim est une sensation qui se produit notamment quand le niveau de glycogène dans le foie tombe sous un certain niveau, précédant habituellement le désir de manger. Cette sensation provient de cellules sensibles à une très faible chute de la glycémie (une baisse de 5 % du taux de glucose dans le sang entraîne une hypoglycémie), localisées dans l'hypothalamus[1], puis est libérée par des récepteurs dans le foie. Un mécanisme alternatif proposé est que lorsque l'organisme détecte la réduction des lipides dans les adipocytes, l'hypothalamus déclenche des sensations de faim (rappel ancestral de la tendance adaptative de l'homme, en temps de famine cyclique, à stocker de la matière grasse)[2].
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Bien qu'un être humain puisse survivre plusieurs semaines sans manger[3], la sensation de faim commence en général après quelques heures sans manger.
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La sensation de faim est un appel du corps à trouver de la nourriture. Elle est généralement due à une diminution du taux de glucose dans le sang (diminution d’environ 5 %). Ceci déclenche une réaction par le cerveau qui induit la recherche de nourriture.
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Cette sensation de faim peut aussi être la cause de la production d’enzyme par l’estomac agissant sur l’hypothalamus (cerveau), cependant cette hypothèse reste encore un peu floue selon Gilles Mithieux directeur de l’unité de nutrition de l’INSERM.
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Elle peut aussi s’expliquer par des phénomènes beaucoup plus simples qui sont l’horloge biologique (heure à laquelle nous avons l’habitude de manger) ou bien la vue, l’odeur d’aliments.
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Il est ainsi important de répondre à cet appel en mangeant car c’est une demande naturelle de l’organisme pour qu’il puisse exercer ses différentes fonctions, par exemple la production d’énergie à partir de glucose ou de lipides nous permettant de faire fonctionner chaque organe de notre corps. Comme le cerveau qui a besoin d’énergie car à lui seul il dépense 15 à 20 % de l’énergie totale assimilée par le corps.
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Quand les contractions liées à la faim commencent dans l'estomac, le sujet éprouve parfois des douleurs dans l'antre de l'estomac, phénomène appelé « faim douloureuse »[4], qui ne commence pas avant 12 à 24 heures suivant la dernière absorption de nourriture. Une contraction due à la faim dure environ 30 secondes, et les douleurs continuent pendant 30 à 45 minutes, puis la faim persiste pendant 30 à 150 minutes[5]. Les contractions individuelles sont d'abord clairement séparées, mais deviennent quasiment continues après un certain temps[5]. L'état émotionnel de la personne peut faire varier ou prévenir les contractions[5]. L'intensité de la faim dépend aussi de la glycémie et devient plus élevée pour les diabétiques[5]. La faim atteint sa plus grande intensité après trois à quatre jours mais peut diminuer les jours suivants[6], sans disparaître cependant[7]. Les contractions sont plus intenses pour les sujets jeunes, en bonne santé et avec un fort taux de tonus gastrointestinal. Les intervalles entre les contractions augmentent avec l'âge[5].
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La prise alimentaire comprend trois phases : la phase pré-prandiale caractérisée par l'intensité de la faim, marqueur qui ne mesure pas le besoin quantitatif de la prise alimentaire mais son urgence plus ou moins grande ; la phase prandiale correspond à l'ingestion au cours de laquelle se met en place le processus de rassasiement (extinction de la motivation de manger à la suite de la disparition progressive de la sensation de faim ou du plaisir de manger)[8] ; la phase postprandiale caractérisée par l'état de satiété qui, contrairement au rassasiement, procure une sensation de bien-être[9].
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La régulation de la prise alimentaire fait partie d'un système complexe mettant en jeu le centre décisionnaire cérébral, l'hypothalamus, et la signalisation hormonale provenant de l'ensemble de l'organisme incluant le système gastro-intestinal et les cellules adipeuses. Les principales hormones de cette signalisation régulant l'appétit et la satiété sont la cholécystokinine, la leptine, le peptide YY, le glucagon-like peptide-1 et la ghréline[10].
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D'autres facteurs sont aussi responsables de la satiété. Les influx provenant de l'estomac via le nerf vague permettent à l'encéphale d'évaluer la quantité d'aliments ingérés. L'intensité et la fréquence des influx déterminent aussi la nature des nutriments. Par exemple, pour une même quantité, les protéines sont plus satiétogènes que les glucides ou les lipides, déclenchant une réponse nerveuse plus forte pour des protéines que pour du glucose. Ceci renseigne l'encéphale sur la quantité de quelques nutriments spécifiques ingérés[11].
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De plus, la concentration de glucagon et d'insuline présents dans le sang joue aussi un rôle important tout comme la leptine provenant des adipocytes (cellules adipeuses)[11].
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Certains facteurs psychologiques et les habitudes influent aussi sur la satiété. Le renforcement et la punition (voir psychologie pour les définitions de ces termes) peuvent être attribués aux goûts des aliments par exemple[11].
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De plus, une diminution de température peut provoquer la faim car 60 % de l'énergie convertie lors de la transformation des nutriments est libérée sous forme de chaleur, ce qui permet d'augmenter la température corporelle[11].
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Plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte mais même à ce jour la satiété n'est pas totalement comprise.
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La satiété précoce est un trouble de la satiété dont la caractéristique est la sensation d'avoir le ventre plein alors que très peu de nourriture a été ingérée, ou avant de terminer un repas de taille normale. Plusieurs affections médicales peuvent causer une satiété précoce. L'existence de cicatrices ou la compression du duodénum peut ralentir ce processus d'évacuation des aliments de l'estomac. Parfois, les nerfs aboutissant à l'estomac sont dysfonctionnels, ce qui ralentit l'évacuation des aliments de l'estomac. Il peut s'agir également dans certains cas de cancers, d'ulcères et de cas de diabète[12].
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Lorsque la faim se prolonge, différentes situations surviennent :
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Enfant en état de sous-nutrition en Inde.
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Fillette souffrant du kwashiorkor au Nigeria.
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Lizzie van Zyl, en inanition dans le camp de concentration de Bloemfontein.
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La FAO estimait en 2006 que 854 millions de personnes souffraient de la faim dans le monde[14] et de 815 millions en 2017[15]. Par comparaison, ce chiffre était presque double en 1950[16].
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Selon Jean Ziegler (rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à mars 2008), la mortalité due à la sous-alimentation représentait 58 % de la mortalité totale en 2006 : "Dans le monde, environ 62 millions de personnes, toutes causes de décès confondues, meurent chaque année. En 2006, plus de 36 millions sont mortes de faim ou de maladies dues aux carences en micro-nutriments"[17].
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La lutte contre la faim dans le monde est l'un des huit objectifs du millénaire pour le développement définis en 2000 par l'ONU. Il s'agit d'un objectif difficile à atteindre, en raison de la hausse du prix des matières premières et agricoles, des subventions aux agricultures des pays développés, de l'utilisation des parcelles pour la production d'agrocarburants mais reste tout de même réalisable puisque chaque année l'homme produit en valeur calorique de quoi nourrir 12 milliards d'individus[18]. Causes principales de la faim dans le monde :
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Les causes de la faim dans le monde sont multiples et interdépendantes. De façon pragmatique, elles peuvent être regroupées en deux types d’inaccessibilité à l’alimentation : l’inaccessibilité économique, quand la nourriture est disponible mais trop chère pour que la population puisse l’acheter et l’inaccessibilité physique ou géographique, quand la nourriture n’est simplement pas disponible[19].
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Ces deux types d’inaccessibilités trouvent leurs causes dans différents facteurs.
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Dans un système de libre marché, les prix sont définis par l’offre et la demande. Quand les prix des denrées alimentaires flambent, les populations des pays les plus pauvres, qui dépensent près de 70 % de leur budget dans l'alimentation[20], perdent l'accès à la nourriture.
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La croissance démographique et la croissance des niveaux de vie dans les pays en développement font inéluctablement pression sur la demande alimentaire. La croissance des niveaux de vie en Chine ou en Inde permet à ceux qui la vivent d’abord de manger à leur faim puis de passer à un régime plus carnivore et l’élevage est une activité très consommatrice de céréales[21]. Selon les sources, il faudrait jusqu’à 17 kg de céréales pour produire un kilogramme de viande de bœuf[22].
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Deux facteurs supplémentaires participent à la pression sur la demande alimentaire : la demande en biocarburants et la spéculation. Avec l’augmentation des prix du pétrole, la production de biocarburants gagne en rentabilité et devient plus attractive pour les investisseurs. Pour se développer, elle a besoin de matières premières végétales qu’elle trouve également sur le marché alimentaire[23]. D’après Nicolas Sarkozy[24] mais aussi Jean Ziegler[25], la spéculation sur le marché des denrées alimentaires est la raison pouvant justifier la flambée des prix connue en 2008[19].
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Enfin, le gaspillage n’entraîne pas une augmentation de la demande dans le temps, mais gonfler celle-ci et fait donc pression sur les prix. D'après le Programme des Nations unies pour l'environnement[26], la moitié de la production alimentaire mondiale n'est pas consommée[19].
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L’évolution du prix du pétrole influence l’offre alimentaire. En effet, dans un système d’agriculture industrielle, cette augmentation entraîne celle des coûts de production à travers le coût des engrais et des pesticides. Enfin, dans un système mondialisé, elle a également un impact sur le coût du transport[27].
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L’offre alimentaire et le libre marché sont également faussés par la concurrence déloyale que se livrent les différents États[28] : les subventions, comme celles octroyées dans le cadre de la politique agricole commune, permettent à des agriculteurs de pratiquer le dumping sur les marchés extérieurs. D’autres moyens existent pour fausser la concurrence : quota, droit de douane, règles sanitaires…
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L’inaccessibilité physique (ou géographique) est due en partie au phénomène d’urbanisation vécu par les pays du Sud depuis quelques décennies. La FAO note d’ailleurs que les populations rurales souffrent globalement moins de la faim car elles ont encore accès à un terrain pour produire l’essentiel de leur alimentation[29]. Cette urbanisation est due à la pauvreté des campagnes mais elle est aussi parfois entraînée par les politiques d’expropriation menées par certains États dans le but de revendre les terres à de grands groupes industriels ou à des fonds spéculatifs (hedge funds)[30].
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L’inaccessibilité physique est également due au manque de rendement agricole et aux mauvaises infrastructures du Sud. Des capacités de stockage défaillantes entraînent une détérioration des récoltes. Les voies de transports insuffisantes rendent difficiles l’approvisionnement et le déploiement de l’aide d’urgence en cas de famine[31]. En outre, les retards d’irrigation dans les pays pauvres, gardent leurs productions agricoles dépendantes à 95 % des pluies[32]. L’outillage rudimentaire des populations rurales pèse sur leurs récoltes au niveau local mais a aussi un impact sur l’offre agricole mondiale[19].
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La guerre et les guerres civiles ainsi que les problèmes climatiques (sècheresses, inondations…) ont une influence sur la sous-alimentation à de nombreux niveaux.
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Les conflits entraînent souvent la déportation des populations. Ils empêchent donc la culture des champs mais aussi l’utilisation des récoltes. S’ils ne détruisent pas les infrastructures, ils empêchent, en rendant dangereuse, leur utilisation. Il en va de même pour les problèmes climatiques[19].
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Les accords de libre-échange sont également considérés comme une cause importante de la faim dans le monde. Le fait d'ouvrir les frontières, notamment avec l'Europe via les APE, déstabilisent énormément les agricultures dans les pays du sud, notamment en Afrique. En cause, l'ouverture du libre-échange sans les contreparties pour les pays pauvres, marginalisent encore plus ces régions[33].
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Chiffres Nintendo de fin de commercialisation[2] :
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La Nintendo Entertainment System, par abréviation NES, également couramment appelée Nintendo en France[3],[4],[5], est une console de jeux vidéo de génération 8 bits fabriquée par l'entreprise japonaise Nintendo et distribuée à partir de 1985 (1987 en Europe). Son équivalent japonais est la Family Computer (ファミリーコンピュータ, Famirī Konpyūta?), ou Famicom (ファミコン, Famikon?), sortie quelques années avant, en 1983. En Corée du Sud, la NES porta le nom de Hyundai Comboy (컴보이) et en Inde, celui de Tata Famicom.
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La console connut un succès mondial, ce qui aida à redynamiser l'industrie du jeu vidéo après le krach du jeu vidéo de 1983, et ce qui fixa les normes pour les consoles suivantes, du game design aux procédures de gestion.
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Super Mario Bros. fut le jeu le plus vendu sur la console. Son succès fut tel que ce jeu justifiait bien souvent l'achat de la console à lui tout seul, devenant ainsi un killer game.
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La Nintendo Entertainment System est la 12e console de jeux vidéo la plus vendue de tous les temps avec 61,91 millions d'unités vendues.
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L'histoire de la NES commence au Japon en 1981. Sa longévité est la plus importante de toutes les consoles (devant l'Atari 2600 et la PlayStation). Au total, 1 251 jeux ont été développés pour la console, tous continents confondus[6].
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Après avoir rencontré le succès avec une série de jeux d'arcade au début des années 1980, Nintendo planifia dès novembre 1981[7] la production d'une console de salon à cartouches interchangeables, un dispositif non inclus sur les Color TV Game. Par souci d'économie, la première Famicom était rouge car le plastique rouge était le moins cher de tous à l'époque[8]. Sa conception commence en 1981 sous le nom de code Young Computer (Ordinateur Jeune). À cette époque, le président Hiroshi Yamauchi déclare à ses employés qu'il voulait une console dont les performances seront telles que la concurrence ne pourrait ni la copier, ni l'égaler avant au moins trois ans[7]. De plus, elle devrait coûter moins de 10 000 ¥. Masayuki Uemura et son équipe conçoivent le système en faisant preuve d'ingéniosité et en économisant sur le moindre détail pour arriver aux exigences du président.
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Après deux ans de travail, elle sort au Japon le 15 juillet 1983 pour 14 800 ¥, accompagnée de trois portages de jeux d'arcade à succès de Nintendo : Donkey Kong, Donkey Kong Jr. et Popeye. La barre des 10 000 ¥ est dépassée, mais elle reste la machine la moins chère de l'époque, et en prime la plus puissante du marché. Les débuts de la Famicom (Family Computer) sont plutôt difficiles : pendant les premières semaines, beaucoup ont critiqué la console en la jugeant peu fiable, sujette à des anomalies de fonctionnement et à de gros ralentissements. Après le rappel du produit et sa réédition avec une nouvelle carte mère, la popularité de la Famicom grimpe. Contre toute attente, elle est vendue à 500 000 exemplaires en deux mois, devenant la console la mieux vendue au Japon vers la fin de l'année 1984[9]. Encouragé par ce succès, Nintendo tourne bientôt son attention vers le marché nord-américain. En parallèle, à la fin des années 1980, un foyer japonais sur trois est équipé de la Famicom[10], et Nintendo est l'entreprise japonaise la plus rentable, devant Toyota[11]. Nintendo vendait la Famicom à prix coûtant, ne jugeant pas nécessaire de gagner de l'argent dessus. Tous leurs bénéfices provenaient donc des jeux[12]. En 2010, la console compte 39 titres dépassant le million d'exemplaires vendus[6].
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Nintendo ne se sentant pas de taille pour concurrencer Atari, à une époque où Atari et jeu vidéo étaient pour ainsi dire synonymes, fait appel à eux pour la distribution de la console en Amérique, et commence les négociations, notamment pour la nommer « Nintendo Video Gaming System ».[réf. nécessaire] Atari refuse l'affaire[source insuffisante][13], ayant déjà engagé le développement de la future Atari 7800[14] qui succédera à l'Atari 2600.
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En 1983 survient le krach du jeu vidéo. Les consoles attirent alors beaucoup moins, le public se tournant vers les ordinateurs familiaux. Dans ce contexte morose, Nintendo pense alors ajouter à sa console un clavier, un enregistreur de cassettes, une manette de jeu sans fil, un joystick, ainsi qu'une cartouche spéciale BASIC. Le tout est rebaptisé « Nintendo Advanced Video System ». Bien qu'ayant été officiellement présentés au CES de 1984, ces ajouts seront abandonnés[15]. Finalement, Nintendo dévoila sa version américaine de la Famicom en juin 1985 au Summer Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas. Avec un aspect plus « tendance » et son nouveau nom, la Nintendo Entertainment System (NES) s'est avéré aussi populaire en Amérique que la Famicom au Japon. Au départ, seuls 50 000 exemplaires sont mis en vente, uniquement à New York, et se vendent rapidement. Devant le succès de ce test, la compagnie approvisionne de nouveaux stocks dans tout le pays. La NES joua un rôle majeur dans la redynamisation de l'industrie du jeu vidéo, affaiblie par le krach du jeu vidéo de 1983. Nintendo commence le 18 octobre 1985 à vendre en dehors des États-Unis, et en février de l'année suivante, c'est tout le nord de l'Amérique qui est approvisionné[16]. Nintendo sort simultanément dix-huit titres de lancement[17] : 10-Yard Fight, Baseball, Clu Clu Land, Donkey Kong Jr. Math, Duck Hunt, Excitebike, Golf, Gyromite, Hogan's Alley, Ice Climber, Kung Fu, Mach Rider, Pinball, Stack-Up, Super Mario Bros., Tennis, Wild Gunman, et Wrecking Crew[18].
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Pour le restant de la décennie, Nintendo devint le leader incontesté des marchés américains et japonais du jeu vidéo, et ses jeux établirent de nouveaux records de vente. Cependant, la console n'était pas encore implantée dans le reste du monde occidental. Ainsi, en Europe et en Australie, elle sortit dans deux régions séparées de vente, la « A » et la « B »[19]. La distribution dans la région « B », se composant de la majeure partie du continent européen, est le travail de différentes compagnies, Nintendo étant responsable de la plupart des sorties de cartouches. La console sort en 1986 pour la région « B ». Mattel se charge de la distribution pour la région « A », comprenant le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Italie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, à partir de 1987. À partir de 1990, une branche européenne de Nintendo assure la distribution dans l'ensemble de l'Europe[20]. Au même moment, Sega concurrence la console de Nintendo avec sa Master System également dans de nombreux pays du monde. Mais en dépit de cette dernière, la NES est devenue en 1990 la console la plus populaire de l'histoire du jeu vidéo[21], Nintendo estimant en avoir vendu 62 millions d'exemplaires, et 500 millions de jeux à travers le monde[22]. La NES n'est pas disponible en Union soviétique[23].
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La NES devait initialement être commercialisée en septembre 1987 en même temps que la Master System[24] mais la livraison par bateau venant du Japon prit du retard[25]. Elle ne sera ainsi commercialisée que vers la fin octobre 1987[1] et distribuée par ASD. La France reçoit du Japon 40 000 consoles pour son lancement[25], mais il ne s'en écoulera que 10 000 en cette fin d'année 1987[1]. La console sort en deux bundles : un avec Super Mario Bros. et un autre avec Gyromite et son Robot ainsi que Duck Hunt et son Zapper gris[25]. 27 jeux accompagnent le lancement[26] et un total d'une trentaine seront disponibles d'ici Noël 1987. Elle est vendue en France à 1 490 francs, ce qui est un peu plus cher que les 199,99 $ affichés aux États-Unis en 1985 (sachant que 1 $ est environ égal à 0,80 € en 1986, 199,99 $ font environ 160 €, soit 1 050 francs en 1987)[27]. La différence de prix entre la NES et la Famicom est due aux coûts d'exportation et aux différences matérielles des deux consoles.
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Le premier article de presse français pour la NES française se trouve dans le Science et Vie Micro de juillet-août 1987. La première publicité télévisée pour la NES en France date de décembre 1987. En janvier 1988, Bandaï reprend la distribution à ASD, qu'elle aurait dû avoir dès avril 1987[28]. ASD aura fait perdre un temps précieux à Nintendo pour implanter sa NES en France face à sa concurrente la Master System de Sega : lancement en octobre au lieu d'avril et faibles ventes (entre 10 000 et 40 000). Bandaï en profite pour lancer une dizaine de nouveaux jeux[29] et faire passer le prix du bundle avec Super Mario Bros. de 1190 FF à 990 FF[30]. En 1988, il ne se vendra que 33 000 consoles et 45 000 jeux[30]. La base installée de la NES est donc de 43 000 à la fin 1988. Le jeu le plus attendu de l'histoire de la NES en France sera, et de loin, d'après la hotline de Nintendo, Zelda II: The Adventure of Link, qui bénéficiera ainsi de la plus grosse campagne publicitaire pour un jeu NES en France, suivi par Super Mario Bros. 3 et TMNT[31]. Super Mario Bros. 3 sera l'un des plus gros succès de la NES en France[31].
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La base installée passe le million à la mi-1991[32] et atteint 1,8 million au 31 décembre 1993[32]. Le pic de ventes de la NES en France est atteint en 1991 avec 697 000 consoles vendues, les ventes de NES s'effondreront à la sortie de la Super Nintendo en avril 1992. Nintendo n'avait prévu de sortir sa 16-bits Super Nintendo en France qu'en septembre 1992 mais devant la pression de la concurrence, à savoir Sega et sa 16-bits MegaDrive sortie en septembre 1990, Nintendo la sort à la hâte en avril. La décision fut peut-être bonne pour la guerre des 16-bits mais on peut se demander si la NES n'a pas été tuée trop vite en France avec la sortie de sa remplaçante 16-bits, en 1991 les ventes de NES étaient au plus haut et ne montraient aucun signe de ralentissement. Au total il se vendra 6 millions de jeux sur la NES française[33], bundles inclus, ce qui ne fait que 3 jeux par console (à comparer aux 12 jeux par console au Japon et sans bundles).
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Durant le début des années 1990, les fabricants remplacent leurs consoles par des systèmes à 16 bits, technologiquement supérieurs, comme la MegaDrive de Sega (connue sous le nom de Sega Genesis en Amérique du Nord). La fin de la domination de la NES est due notamment à sa propre succession, la Super Nintendo Entertainment System (SNES). Nintendo continue de soutenir la NES pendant la première moitié de la décennie, hors Europe, sortant même une nouvelle version de la console en 1993, la Famicom AV (ou Family Computer AV) au Japon et la Nintendo Entertainment System Top Loader (ou NES 2) en Amérique, pour la rajeunir et corriger quelques erreurs de conception[14]. En 1995, en raison de ventes déclinantes et du manque de nouveaux jeux, Nintendo of America arrête officiellement la distribution de la console. Malgré cela, Nintendo of Japan continue de produire le nouveau modèle de la Famicom, jusqu'à ce que la compagnie arrête officiellement sa production en octobre 2003. Les développeurs ont donc cessé la réalisation de jeux pour la NES, mais un certain nombre de franchises et de séries de grandes qualités ont été adaptées sur de nouvelles consoles et restent populaires à ce jour. Super Mario Bros., The Legend of Zelda, et Metroid de Nintendo sont des franchises qui ont fait leurs débuts sur la NES, de même que Mega Man de Capcom, que la série des Castlevania de Konami, et celle des Dragon Quest de Enix et des Final Fantasy de Square Soft.
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Un marché de collectionneurs s'est développé dans les années suivant la « mort » officielle de la NES en occident, à partir de magasins spécialisés, de brocantes à domicile et de marchés aux puces, faisant redécouvrir la NES à de nombreux joueurs. Couplée à la croissance de l'émulation, la fin des années 2000 est presque un deuxième âge d'or pour cette console.
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Le 14 juillet 2016, Nintendo annonce la sortie de la Nintendo Classic Mini: Nintendo Entertainment System, une version modifiée de la console d'origine avec quelques différences notables : une taille réduite, une connexion HDMI, des connecteurs identiques à une wiimote, une version modifiée de la manette d'origine ne se différenciant de cette dernière que par la connectique.
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Trente jeux pré-installés accompagnent la console (Balloon Fight, Bubble Bobble, Castlevania, Castlevania II: Simon's Quest, Donkey Kong, Donkey Kong Jr., Double Dragon II: The Revenge, Dr Mario, Excitebike, Final Fantasy, Galaga, Ghosts'n Goblins, Gradius, Ice Climber, Kid Icarus, Kirby's Adventure, Mario Bros., Mega Man 2, Metroid, Ninja Gaiden, Pac-Man, Punch-Out!! Featuring Mr Dream, StarTropics, Super C, Super Mario Bros., Super Mario Bros. 2, Super Mario Bros. 3, Tecmo Bowl, The Legend of Zelda et Zelda II: The Adventure of Link).
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Aucun port cartouche n'est présent sur la console et il n'est pas possible d'ajouter de nouveaux jeux à la console. La console sort le 12 novembre 2016 en Europe au prix de 60 euros, tandis que les manettes supplémentaires sont proposées à 10 euros[34],[35]. Au Japon, Nintendo propose la Nintendo Classic Mini: Family Computer à partir du 10 novembre avec une liste de jeux légèrement différentes de la version NES Mini[36].
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Bien que n'étant pas une nouvelle console à proprement parler, la NES Mini s'est illustrée par d'excellents résultats de ventes, dépassant même ceux de la Wii U durant la même période. Selon NPD Group, la console se serait écoulée en novembre 2016 aux États-Unis à 196 000 unités[37].
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La plateforme technique n'ayant pas subi de changements, la puissance de la console est restée la même par rapport au modèle original, cependant et malgré tout, les composants utilisés à l'intérieur de la console sont totalement différents, d'abord parce que la taille relativement petite du nouveau modèle impose d'utiliser des composants et circuits moins grands qu'auparavant, mais aussi par souci d'âge, le modèle original étant sorti il y a plus de trente ans, il serait impossible de produire les mêmes composants électroniques de l'époque. Les manettes sont pratiquement les mêmes, mis à part une sensation en main légèrement améliorée, les contrôleurs gardant absolument le même design emblématique et n'ayant pas subi de miniaturisation quant à leur taille, contrairement à la console.
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Durant toute son existence, la NES est distribuée dans des paquetages promotionnels. La console reste la même, ainsi que son câble Péritel RVB, que son câble d'alimentation et que ses deux manettes, mais chaque paquetage est empaqueté avec des jeux et des accessoires différents.
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Pour sa sortie en Amérique du Nord, la NES est distribuée dans deux paquetages différents. Le premier, le Control Deck, est vendu à 199.99$ (157 €) et comprend le jeu Super Mario Bros.[38]. Le second paquetage, le Deluxe Set, est vendu à 249,99 $ (196 €) et est constitué d'un R.O.B., d'un NES Zapper et de deux jeux : Duck Hunt et Gyromite[39].
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Durant le reste de la durée de vie commerciale de la NES en Amérique du Nord, Nintendo a fréquemment ressorti la console dans de nouveaux paquetages promotionnels, pour profiter de nouveaux accessoires ou de jeux populaires. Ainsi le NES Action Set, un paquetage sorti en novembre 1988 à 199,99 $ (157 €), remplace les deux premiers paquetages. Il comprend le NES Zapper et une version multicartouche de Super Mario Bros. et Duck Hunt[38]. L'Action Set devint le plus vendu des paquetages promotionnels sortis par Nintendo. En décembre 1988, pour coïncider avec la sortie du Power Pad, Nintendo distribue le paquetage Power Set, comprenant l'Action Set, le Power Pad et l'ajout du jeu World Class Track Meet sur la multicartouche[40]. Le même mois sort également le paquetage NES Sports Set, incluant un NES Satellite, quatre manettes de jeu et une version multicartouche des jeux Super Spike V'Ball et Nintendo World Cup[41].
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Deux autres paquetages promotionnels contenant le modèle original de la NES furent commercialisés : le Challenge Set, qui inclut le titre Super Mario Bros. 3, et le Bundle Basic Set, incluant uniquement la console, ses câbles et les deux manettes[42]. D'autres paquetages promotionnels voient également le jour en Europe, reprenant le contenu du Basic Set, en y ajoutant un jeu, comme le paquetage Tortues Ninja qui contient le jeu Teenage Mutant Hero Turtles[43],[44].
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Enfin, avec la mise sur le marché de la NES 2, Nintendo produit un nouveau paquetage promotionnel appelé Control Deck, comprenant le nouveau modèle de la NES, deux manettes de jeu refaites et une version multicartouche des jeux Final Fantasy I et Final Fantasy II. Sorti en octobre 1993, ce dernier paquetage est vendu 49,99 $ (39 €) et reste en production jusqu'à la fin de la NES. Il s'en est vendu un million d'exemplaires[39],[14].
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La manette de jeu utilisée par la NES et la Famicom a l'apparence d'une brique, avec quatre boutons disposés simplement : deux boutons ronds appelés « B » et « A », un bouton « Start » et un bouton « Select ». Elle dispose également d'un D-pad, conçu par un employé de Nintendo, Gunpei Yokoi, pour leurs consoles Game and Watch, remplaçant les joysticks plus encombrants présents sur les manettes de l'époque. Il est également possible que la manette de la NES et de la Famicom ait été directement influencée par la manette de la console Vectrex sortie en 1982. Ces manettes se ressemblent fortement : un D-pad et un joystick analogique du côté gauche, et quatre boutons horizontalement disposés du côté droit. En raison de sa forme, la manette de jeu de la NES 2 était surnommée aux États-Unis « dogbone » (littéralement « os de chien »)[45].
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La Famicom utilise deux manettes de jeu, qui sont câblées au dos de la console. La seconde manette est privée des boutons « Start » et « Select », mais dispose d'un petit microphone. Relativement peu de jeux se sont servis de ce dispositif. Les premières unités produites de Famicom avaient des boutons « B » et « A » carrés et en caoutchouc. Ils ont été rapidement remplacés par des boutons circulaires en plastique solide, car les boutons carrés restaient coincés dans la coque de la manette une fois enfoncés. La NES utilise deux manettes de jeu branchables, à insérer dans des ports 7 broches (pins) sur le devant de la console. Les boutons « Start » et « Select » sont présents sur les deux manettes de la NES, et le microphone a été retiré. Le reste de la manette reste identique à celui de la Famicom.
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D'autres accessoires, faisant parfois office de gadgets, ont été conçus pour la console, utilisés dans des jeux leur étant spécifiques, comme le NES Zapper, le Power Pad, le R.O.B. ou le Power Glove. La Famicom dispose d'un port d'extension D-sub sur le devant de la console, auquel peuvent être raccordés de nombreux appareils auxiliaires. Sur la NES, ces accessoires sont généralement branchés sur l'un des deux ports à l'avant de la console, à la place d'une manette traditionnelle.
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Avec la sortie de la Famicom AV et de la NES 2, le manette principale a été relookée : il s'agit de la manette « Dogbone ». Bien que la disposition originale des boutons ait été maintenue, la manette dispose d'une meilleure ergonomie, proche de la manette de la Super Nintendo. Elle est compatible sur toutes les consoles NES du monde (exceptée la première Famicom). À noter que les manettes NES originales sont tout à fait compatibles avec la Famicom AV et la NES 2.
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Ces dernières années, la manette originale de la Famicom est devenue un des symboles de la console. Nintendo a d'ailleurs imité plusieurs fois l'aspect visuel de la manette sur de récents produits, comme pour la Game Boy Advance SP Famicom 20th Anniversary, en édition limitée.
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Afin de limiter artificiellement l'importation des jeux, Nintendo sépare le marché mondial en quatre parties : les régions « A » et « B » de l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. De ce fait, presque toutes les cartouches de la NES possèdent un code, inscrit à l'avant de la coque. Ces codes sont du type « NES-xx-YYY ». Les « xx » constituent un identifiant (ID) unique pour chaque jeu. L'ID peut être constitué de deux lettres, ou d'une lettre et d'un chiffre (par exemple, « CV » pour Castlevania et « B2 » pour Bubble Bobble). Les « YYY » sont l'ID d'un pays ou d'une zone de distribution. Il est constitué uniquement de lettres (par exemple « USA », « EEC » ou « FRA »). En Europe notamment, de nombreux jeux sont sortis sous plusieurs versions dans un même pays, en conséquence de ce codage.
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Les cartouches japonaises sont de couleurs, de formes et de tailles différentes, et arborent souvent des dessins typés manga. Les emballages sont également de couleurs et de tailles différentes, contiennent une notice illustrée en couleur, et sont généralement remplis de cadeaux en tous genres, tels que des autocollants ou des cartes collector. Les emballages occidentaux ont quant à eux une apparence standardisée. Les cartouches sont grises (hormis certaines versions de The Legend of Zelda et Zelda II qui sont dorées) et de grand format. Les notices sont plus petites, en couleurs pour celles de Nintendo mais mal traduites et monochromes pour les jeux d'éditeurs tiers. Les boîtes au format A5 ne servent que d'emballage[46].
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Il existe également des cartouches pirates, qui sont principalement apparues sur le marché asiatique et qui contiennent en général un grand nombre de jeux, pouvant dépasser parfois les cent titres. Sur ces cartouches se trouvent des jeux licenciés piratés, des copies plus ou moins bonnes de jeux populaires, de nombreux jeux techniquement dépassés, beaucoup de jeux de cartes, de puzzles et autres, et parfois des jeux inconnus mais de très bon niveau. On trouve aussi sur le marché des cartouches de tests et autres prototypes, utilisés par les développeurs pendant leurs travaux. Elles sont signées à la main directement sur la coque. Ce genre de cartouches est très recherché par les collectionneurs.
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Les cartouches de la NES ont trois composants principaux : de la mémoire ROM qui contient le programme, une autre puce de ROM (ou de RAM) pour les graphismes, et une puce d'authentification nommée 10NES, qui permet de communiquer avec la console pour valider l'authenticité du jeu (afin que seules les cartouches fabriquées par Nintendo puissent fonctionner). Normalement, la mémoire ROM du programme est limitée à 32 ko, et la mémoire ROM (ou RAM) des graphismes à 8 ko. Mais en modifiant les composants électroniques à l'intérieur de la cartouche, il est possible pour les programmeurs de « personnaliser » les cartouches pour leur ajouter les possibilités qu'ils désirent.
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Au départ, des circuits intégrés logiques simples vont permettre aux programmeurs d'avoir plus de ROM en faisant du bankswitching, c'est-à-dire en jonglant entre plusieurs banques de mémoires en changeant les lignes du bus d'adresses de poids fort. Cependant Nintendo va vite se mettre à fabriquer ses propres circuits intégrés pour avoir accès à de meilleures fonctionnalités. Ces puces sont les MMC (on dit que MMC veut dire Multi Memory Controller, ou Memory Management Controller, mais ce ne sont là que des rumeurs) et il en existe plusieurs versions.
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Il y a également d'autres puces, fabriquées par d'autres programmeurs que Nintendo, notamment la série des VRC de Konami, le FME-7 de Sunsoft ou le N106 de Namco. Elles ne sont utilisées que dans les jeux Famicom japonais.
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Bien que la Famicom japonaise et la NES internationale aient inclus essentiellement le même matériel, il y avait des différences majeures entre les deux systèmes :
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Quand Nintendo a sorti la NES aux États-Unis, l'apparence de celle-ci était délibérément différente de celle des autres consoles de jeu. Nintendo a voulu distinguer son produit de ceux des concurrents, et éviter la réputation généralement pauvre que les consoles avaient acquise après le krach du jeu vidéo de 1983. Un des résultats de ce parti pris est le port cartouches horizontal à l'avant de la console, reposant sur un socket ZIF. Le connecteur ZIF fonctionne très bien quand les cartouches et lui-même sont propres, et que les broches du connecteur sont nouvelles. Malheureusement, le connecteur ZIF n'est pas véritablement zero insertion force (littéralement, force d'insertion nulle). Quand un joueur insère une cartouche dans la NES, la force appuyant la cartouche dans son port plie légèrement les broches de contact. L'insertion et le déplacement répétés des cartouches usent rapidement les broches, et le ZIF se montre en fait bien plus vulnérable à la saleté et la poussière qu'un connecteur standard industriel. Ces problèmes viennent du choix de Nintendo à propos des matériaux utilisés : le connecteur ZIF du port cartouche est fait d'un alliage bon marché qui est fortement sujet à la corrosion. De plus, des accessoires comme la cartouche de cheat (triche) Game Genie ont tendance à aggraver ce problème, en pliant volontairement les broches du port cartouches pendant une partie.
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Il se présentait également un problème avec la puce d'authentification 10NES : il concerne les clignotements répétés de la diode rouge, dont le rôle normal est d'indiquer si la console est éteinte ou allumée. La puce d'authentification exige une synchronisation précise afin de permettre au système de démarrer. L'encrassement, le vieillissement et les connecteurs pliés perturbent souvent la synchronisation, ce qui a pour effet de faire clignoter la diode et bloquer le démarrage du jeu. Les techniques des joueurs pour résoudre ce problème sont plutôt nombreuses, mais les trois plus connues sont de nettoyer les broches de la cartouche au moyen d'alcool pharmaceutique et de cotons tiges (marche aussi avec de l'eau), de souffler sur les connecteurs de la cartouche, et de frapper sur le côté de la console après insertion d'une cartouche. Cependant, l'utilisation fréquente de ces deux dernières techniques peut endommager les cartouches et la console. En effet, souffler dans la cartouche tendrait à augmenter le taux d'oxydation des broches et frapper la console est logiquement déconseillé. Une autre technique consiste à ouvrir la console afin de redresser les ports cartouches avec un tournevis plat. En 1989, Nintendo a sorti le NES Cleaning Kit pour aider les cartouches et les consoles des joueurs à rester propres.
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Quand est sortie la NES 2, dont le port cartouches est situé sur le dessus de la console, Nintendo a corrigé le problème du ZIF en le remplaçant par un connecteur standard, et a éliminé la puce 10NES. Les deux versions de la Famicom ont utilisé des connecteurs standard, de même que les consoles suivantes de Nintendo, la Super Nintendo et la Nintendo 64.
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Pour remédier à ces défauts de matériel, des « Nintendo Authorized Repair Centers » (Centres autorisés de réparation de Nintendo) sont apparus aux États-Unis. D'après Nintendo, un programme d'autorisation a été conçu pour s'assurer que les machines soient correctement réparées. Nintendo livrait les pièces de rechange nécessaires aux seuls magasins qui avaient souscrit à ce programme. Dans la pratique, le processus d'autorisation n'apportait rien, si ce n'est le privilège de payer des frais à Nintendo[réf. nécessaire].
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Le processeur 6502, qui est américain, était également utilisé par Apple pour ses Apple II.
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La différence entre les versions Famicom et NES se situe surtout au niveau de l'apparence et non pas au niveau de l'électronique interne, quasiment identique.
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À l'époque, le quasi-monopole de Nintendo sur le marché des consoles de salon avait une grosse influence sur l'industrie, dépassant même celle d'Atari à son apogée du début des années 1980. Plusieurs pratiques de gestion de Nintendo pendant cette période ont été fortement critiquées, et ont pu avoir joué un certain rôle dans sa croissance en part de marché tout au long des années 1990. À la différence d'Atari, qui n'est jamais allé activement au-devant des développeurs tiers, et jusqu'à essayer de forcer Activision à cesser la production de jeux sur Atari 2600, Nintendo avait anticipé et encouragé la participation des développeurs tiers sur sa console. Une participation qui devait cependant respecter les conditions de Nintendo. À cet effet, une puce d'authentification, le 10NES, se trouve dans chaque console et dans chaque cartouche officiellement licenciée. Si la puce de la console ne peut détecter celle à l'intérieur de la cartouche, le jeu ne se charge pas. Nintendo combina ceci avec une campagne marketing introduisant le Nintendo Seal of Quality. Ces publicités montraient un magicien en robe violette, qui expliquait aux consommateurs que le Nintendo Seal of Quality était l'unique assurance qu'un jeu était bon, et, implicitement, que tous les jeux sans ce sceau étaient mauvais. En réalité, ce symbole signifiait seulement que le développeur avait payé les frais de licence, et n'avait rien à voir avec la qualité du jeu.
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Cette démarche était intéressée, car les développeurs et éditeurs tiers étaient dès lors contraints de payer des frais de licence à Nintendo, de se soumettre à l'assurance qualité de Nintendo, d'acheter les kits de développement de Nintendo, et de passer par Nintendo pour la fabrication des cartouches et des emballages. Nintendo a testé et fabriqué tous les jeux avec ses propres installations (soit pour une partie des frais de licence, soit pour un coût additionnel), s'est réservé le droit de fixer les prix des jeux, a censuré le matériel qu'il considérait comme inacceptable, a décidé du nombre de cartouches de chaque jeu qu'il fabriquerait, et a placé des limites sur le nombre de titres qu'il permettrait à un éditeur tiers de produire sur une période donnée (cinq par an). Cette dernière restriction a mené plusieurs éditeurs à établir ou utiliser des filiales pour contourner la politique de Nintendo (comme la filiale Ultra de Konami ou la filiale LJN d'Acclaim Entertainment).
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Ces pratiques avaient pour dessein non seulement de garder les développeurs sous contrôle, mais également de manipuler le marché lui-même : en 1988, Nintendo a commencé à orchestrer des ruptures de stock intentionnelles de jeux afin d'augmenter la demande des consommateurs. Nintendo refusait de pourvoir pleinement aux besoins des détaillants, une politique que Peter Main, directeur de la communication chez Nintendo of America, appelait pudiquement « gestion des stocks ». Les détaillants, qui tiraient un grand pourcentage de leur bénéfice des ventes de hardware et de jeux Nintendo (comme Toys "R" Us qui avait publié que 17 % de ses ventes et dont 22 % de ses bénéfices venaient des marchandises de Nintendo), étaient relativement impuissants à mettre un terme à ces pratiques. En 1988, plus de 33 millions de cartouches de NES ont été vendues aux États-Unis, mais les évaluations suggèrent qu'avec la demande réelle, ces chiffres auraient pu monter vers les 45 millions. Puisque Nintendo contrôlait la production de toutes les cartouches, il pouvait imposer ses règles aux développeurs tiers. Ces contraintes rigoureuses sur la production ont pu affecter plusieurs petits développeurs, car même lorsque la demande pour leurs jeux était forte, Nintendo limitait la production et donc leurs bénéfices[50].
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Plusieurs compagnies ont commencé à produire des jeux non licenciés, refusant de payer les frais de licence, ou ayant été rejetés par Nintendo. La plupart de ces compagnies ont créé des circuits qui envoyaient une pointe de tension pour saturer la puce d'authentification de la NES. Atari a également créé une ligne de produits non licenciés pour la NES, en utilisant sa filiale Tengen, et a utilisé sa propre technique de contournement : la compagnie a obtenu une description de la puce d'authentification via le United States Patent and Trademark Office, en affirmant qu'elle en avait besoin pour se défendre contre des réclamations. Tengen a alors employé ces documents pour concevoir sa propre puce dénommée Rabbit, qui reproduisait la fonction du 10NES. Nintendo a entamé des poursuites contre Tengen, que la compagnie américaine perdit en raison de l'utilisation frauduleuse du brevet édité. Les réclamations sur le droit de la concurrence de Tengen contre Nintendo n'ont jamais abouti[51].
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Quelques jeux non licenciés sortis en Europe et en Australie étaient sous forme de dongle qui se reliait à un jeu licencié, afin d'utiliser la puce d'authentification du jeu autorisé pour démarrer la console. Bien que le succès de Nintendo dans les poursuites de telles compagnies ait été variable (comme dans le cas de Galoob contre Nintendo of America, où le tribunal a donné raison à Galoob et à son Game Genie), la plupart des sociétés attaquées par Nintendo ont finalement été contraintes de se retirer des affaires ou d'interrompre leur production, en raison des amendes ou des frais de cour occasionnés par des procès prolongés. Le cas de Color Dreams, qui produisait des jeux vidéo chrétiens via leur filiale Wisdom Tree, est une exception notable. Nintendo ne les a jamais poursuivis, craignant une réaction hostile des joueurs.
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Les compagnies qui ont produit les jeux et/ou les accessoires non licenciés pour le marché occidental incluent : Active Enterprises, American Game Cartridges, American Video Entertainment, Bunch Games, Camerica, Codemasters, Color Dreams, Galoob, Home Entertainment Suppliers, Panesian, Tengen et Wisdom Tree. Après l'arrivée de la MegaDrive (Sega Genesis en Amérique du Nord), Nintendo a commencé à faire face à une vraie concurrence, et au début des années 1990 a été forcé de réévaluer sa politique envers les développeurs tiers, dont beaucoup commençaient déjà à produire pour d'autres systèmes. Quand la NES 2 est sortie, la puce d'authentification 10NES fut retirée de la console, marquant la fin de cette politique envers les développeurs tiers.
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Un marché de fausses NES a émergé pendant l'apogée de la console, en particulier là où Nintendo n'avait pas officiellement diffusé la console. Ces clones, ou Famiclones, furent vite appréciés, notamment la Dendy (Денди en russe), une reproduction fabriquée en Russie et dans d'autres nations de l'ancienne Union soviétique, où elle était la console la plus populaire de l'époque, appréciée autant que l'étaient la NES et la Famicom en Amérique et au Japon. Le marché des clones a persisté, et s'est même épanoui après l'arrêt de la production de la NES. Alors que celle-ci disparaissait des mémoires, de nombreux clones ont adopté l'apparence de consoles plus récentes. Des clones de la NES ont été vendus avec l'aspect visuel des MegaDrive, des Super Nintendo, et ressemblant même à des consoles plus récentes d'une quinzaine d'années, comme la GameCube, la PlayStation 2 et la Xbox. Certains de ces clones n'en sont pas restés aux fonctionnalités originales de la NES, comme la Pocket Fami, une console portable avec écran LCD couleurs, ou comme les clones utilisant de faux Famicom Keyboard pour devenir des sortes d'ordinateurs personnels.
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Comme pour les jeux et accessoires non licenciés, Nintendo n'hésitait pas à recourir à des actions en justice pour contrecarrer les fabricants et interdire la vente des contrefaçons. De plus, de nombreux fabricants incluaient directement des copies de jeux sous licence Nintendo dans leurs clones, ce qui est une infraction au droit de la propriété intellectuelle dans beaucoup de pays. Ainsi, en 2004, Nintendo of America a gagné un procès contre les fabricants du Power Player Super Joy III, un clone de la NES qui était vendu en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. Bien que la plupart des copies de la NES n'aient pas été produites avec la licence de Nintendo, le Twin Famicom, conçu par Sharp Corporation, fut une des exceptions. Il était compatible avec les cartouches de la Famicom et les disquettes du Famicom Disk System, était disponible dans deux couleurs (rouge et noire) et ses manettes câblées étaient semblables à celles utilisées par la Famicom, seule la forme de la console étant différente.
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Nintendo distribua en France, à la disposition des revendeurs, des bornes d'arcade dénommées M82 Demo Unit, qui permettaient aux clients de tester gratuitement des jeux. Ces bornes, fabriquées par Bandaï, utilisent le même matériel et les mêmes cartouches que la NES, et sont également zonées. Elles disposent de cinq prises manettes et de douze ports cartouches, dans lesquels le revendeur place les jeux de son choix. Le client choisit un des jeux à l'aide d'un bouton, et une partie commence pour une durée limitée, déterminée par le revendeur (comme trois minutes, six minutes, etc.). Des bornes similaires existaient au Japon et en Amérique du Nord.
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Sorti sur les trois continents à partir de 1989, le PlayChoice-10 est une borne d'arcade peu commune, puisque le client paye une certaine somme d'argent en fonction du temps qu'il veut jouer. Basé sur l'architecture de la NES, il comporte dix ports cartouches, deux joysticks et deux écrans. L'écran du bas affiche le jeu, et celui du haut la liste des jeux, suivi des informations sur le jeu choisi, comme une liste des commandes ou la durée restante de la partie. Malgré l'énorme succès du Playchoice 10, Nintendo en arrêta la production en 1992.
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Le VS. System, distribué uniquement au Japon, est une borne d'arcade qui se trouvait généralement dans les bars. Également conçue sur le modèle de la NES, il en existait deux versions : le classique Unisystem pour un seul joueur, et le Dualsystem pour deux joueurs via deux bornes interposées. À la différence du Playchoice, les parties n'étaient pas à durée limitée mais s'achevaient en fonction du « Game Over », comme sur les bornes d'arcade classiques. Cette machine est aujourd'hui très rare.
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Ces trois bornes d'arcade utilisaient souvent les mêmes jeux, c'est-à-dire trois ou quatre grands classiques comme les Super Mario Bros., des anciens succès d'arcade comme Donkey Kong ou Excitebike, et quelques nouveaux jeux.
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En biologie, la famille est un taxon qui regroupe les genres qui présentent le plus de similitudes entre eux. Elle constitue le cinquième niveau de la classification classique (c'est-à-dire n'utilisant pas la notion de distance génétique) des espèces vivantes (voir systématique).
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Concernant les terminaisons latines indiquant le rang, le nom des familles se termine par le suffixe -aceae (par suffixation -āceae, pluriel féminin du latin -āceus « ressemblance ») chez les plantes, algues et champignons et -idae chez les animaux (par suffixation -idés, -idae, du grec eidos « forme, apparence »)[1].
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La traduction en français de ces termes, quand elle est attestée, est un pluriel finissant généralement en -acées et -idés.
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Les rangs taxonomiques[a] utilisés en systématique pour la classification hiérarchique du monde vivant sont les suivants (par ordre décroissant) :
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En biologie, la famille est un taxon qui regroupe les genres qui présentent le plus de similitudes entre eux. Elle constitue le cinquième niveau de la classification classique (c'est-à-dire n'utilisant pas la notion de distance génétique) des espèces vivantes (voir systématique).
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Une famille est une communauté de personnes réunies par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines, selon l'anthropologue Claude Lévi-Strauss[1]. Elle est dotée d'un nom, d'un domicile, et crée entre ses membres une obligation de solidarité morale venant du mariage religieux et une obligation matérielle (notamment entre époux, d’une part, et entre parents et enfants, d’autre part), censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif. Si cette notion est universelle, le nombre de personnes qu'elle inclut ou la solidarité accordée est variable, c'est même une des notions centrales dans la culture. Il en découle de grandes différences par exemple dans le droit, dans la transmission du patrimoine ou la religion.
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Selon Engels « Famulus » veut dire « esclave domestique » et la familia, c'est l'ensemble des esclaves qui appartiennent à un même homme. Encore au temps de Gaïus la familia, « id est patrimonium » (c'est-à-dire la part d'héritage) était léguée par testament. L'expression fut inventée par les Romains afin de désigner un nouvel organisme social dont le chef tenait sous l'autorité paternelle romaine la femme, les enfants et un certain nombre d'esclaves, et avait, sur eux tous, droit de vie et de mort[2].
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La famille est essentiellement définie par les liens de parenté (relation de parenté) constatés par la généalogie familiale. Elle recouvre aujourd'hui des ensembles plus ou moins importants et diversifiés allant de la famille nombreuse à la famille monoparentale, en passant par la famille dite famille recomposée. Les relations de parenté résultent principalement de la filiation, de l'alliance, et l'adoption, selon des règles qui diffèrent selon les sociétés et les époques. Elles tendent généralement à recommander et promouvoir des relations exogamiques entre les personnes. D'où l'interdit visant généralement les relations sexuelles, et donc les alliances, entre les membres d'une même famille (endogamie) et a fortiori celui de l'inceste.
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L'étendue, la composition de la famille, le nombre des personnes considérées comme en faisant partie, sont déterminés par le degré de parenté permettant de savoir où commencent les droits et devoirs attachés à la notion de parenté et à l'obligation de solidarité. A titre de point de repère, des travaux combinant généalogie et modélisation montrent que le plus récent ancêtre commun à l'humanité tout entière n'aurait qu'entre 2000 et 4000 ans[3]. Dans les sociétés traditionnelles, les familles élargies (qu'on désigne actuellement sous l'appellation de clan), comportent des dizaines, voire des centaines de ménages ayant des fonctions diversifiées. Elles possèdent un patrimoine communautaire, comportant des terres, des maisons, des métiers, qui sont attribués ou loués comme biens privatifs pour permettre aux nouveaux ménages de s'établir. Les familles claniques permettent la réaffiliation, non seulement de personnes isolées, mais aussi des familles étrangères complètes[4]. Dans la Rome antique, mais aussi en Europe sous l'Ancien Régime, le terme de familia s'étend à l'ensemble de la maisonnée, c'est-à-dire aux domestiques, aux esclaves et même aux clients. Dans les sociétés modernes, la famille s'est progressivement restreinte à un seul degré de parenté ou d'alliance : la famille nucléaire. Pour les statisticiens français, la famille, ou ménage, est un ensemble d'au moins deux personnes — soit un couple avec ou sans enfant(s), soit un parent seul vivant avec au moins un enfant.
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Le terme famille est également utilisé par analogie symbolique pour désigner des regroupements dont les liens ne sont pas fondés sur la parenté. De même, des personnes partageant des pratiques ou des idéologies communes peuvent parler de famille, alors qu'aucun lien de sang ne les lie : on parle ainsi de famille politique, de frères d'armes, etc. Il existe par exemple la famille religieuse dans les couvents et les communautés : ainsi les religieux s'appellent-ils entre eux frère, sœur, père, mère. Des entreprises ont également ce type de politique : mettre les employés dans une atmosphère et des relations telles qu'ils se sentent appartenir à la même famille que les autres employés et que leurs dirigeants. On utilise alors parfois le terme de gestion paternaliste du personnel.
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Les membres de la famille ont des statuts différenciés issus de la généalogie familiale, et attribués en fonction de l'âge, du sexe, du rang dans la filiation, des talents, et de divers autres critères d'attribution de rôles sociaux ou économiques. Dans l'aire de civilisation européenne, ces statuts sont les suivants.
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C'est la famille réduite à un seul degré de parenté ou d'alliance :
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On entendra également des expressions comme :
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L'ethnologie fait de l'étude des systèmes de parenté et des relations de parenté un objet de recherche à part entière outillé par un système de notation de la parenté. Ces travaux cherchent à comprendre les diverses règles qui président à la composition et au développement de la famille : des règles d'alliance : inceste, exogamie, endogamie, monogamie, polygamie, polyandrie, mariage homosexuel ; des règles de filiation : patrilinéarité, matrilinéarité, ambilinéarité (en), filiation cognatique (ou indéterminée), parallèle, croisée, ou encore clonage[7].
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Le mot famille vient du mot latin fama qui veut dire réputation. De fait, les membres d'une même famille portent le même nom et jouissent d'un crédit et d'un honneur qu'ils doivent entretenir et défendre en commun. La famille s'est caractérisée, jusqu'à une période très récente, par la possession d'une personnalité collective exercée par un chef de famille, dont la suppression[8] marque la fin de son existence comme structure d'organisation juridique autonome. De nombreux chercheurs, comme Claudine Attias-Donfut, mettent en avant le rôle des grands-parents. Le sociologue Serge Guérin insiste sur le fait que le senior forme la génération pivot assurant le lien solidaire au sein de la famille entre les parents âgés et les enfants et petits-enfants.
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Selon Emmanuel Todd, plusieurs systèmes familiaux peuvent être caractérisés en croisant deux critères principaux (relations entre parents et enfants, relations au sein de la fratrie) et un critère secondaire (relations endogames ou exogames) :
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Pour l'Organisation des Nations unies, l'article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme garantit théoriquement depuis 1945 que dans le cadre de
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« Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
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— Article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme
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Le droit européen garantit également le droit à vivre en famille (article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme[9]
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En droit français, les personnes mariées se doivent « secours et assistance ». Les ascendants et les descendants, par filiation ou par alliance, se doivent aussi l'aliment. Mais plus les frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs.
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Dans les sociétés traditionnelles, ce sont rarement les personnes, et plutôt les familles qui avaient une capacité juridique et politique complète. Dans la famille, les membres ont des statuts diversifiés selon le sexe, l'âge, de la position généalogique, etc., et qui changent selon des règles coutumières de succession.
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Ainsi en France avant 1789, les votes pour élire les syndics des communautés de village ou de métier, les conseils municipaux, se font par feu, c'est-à-dire par famille restreinte représentée par son chef qui légalement le père de famille : une famille, un vote. De même, pour les actions en justice, et tous les actes juridiques importants, sauf lorsque la femme exerce une activité publique en nom propre (dame de X = seigneur de X, marchande publique, etc.), c'est le représentant légal de la famille qui en a la capacité (comme actuellement dans une entreprise dont les membres n'ont pas la capacité juridique de l'engager). En cas de veuvage, la femme qui a la charge d'enfants mineurs devient presque toujours chef de famille et acquiert la pleine capacité juridique et politique. Avant, seul l’aîné touchait l'héritage de ses parents (les biens, la ferme, etc.).
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En France, le droit de la famille a évolué au travers de la législation et de la jurisprudence, avec parmi les dates clés :
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La famille est valorisée dans les sociétés traditionnelles car représentant l'unité de base de la société, mais aussi le principal lieu d'éducation et de solidarité. De nombreux sociologues ont mis en avant la multiplicité des formes de familles qui est une des caractéristiques essentielles de la société. Comme souligné dans un article s’intéressant à la migration matrimoniale de Maurice, les modèles familiaux évoluent et se modifient suite aux situations de migration[12]. Des auteurs comme Odile Roy évoquent la notion de pluralisme familial[13]. Pour le chercheur Serge Guérin, avec le vieillissement de la population, une autre figure émerge avec l'aidant familial.
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La famille, avec son mode de transmission parent-enfant, est considéré comme le lieu par excellence de la transmission des patrimoines (financier, culturel, social) et donc de la reproduction des groupes sociaux et culturels. Certains socialistes et anarchistes (tel Karl Marx dans le Manifeste du Parti communiste) ont réclamé l'abolition de la famille au profit d'une éducation collective des enfants nés dans la communauté. Certaines expériences ont été tentées dans des communautés relevant du socialisme utopique, mais généralement sans succès[14].
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La famille est également un cadre d'évolution et de développement des qualités des parents. La vie familiale améliorerait ainsi la capacité à gérer des équipes dans la vie professionnelle : « Le vécu familial donne aux managers des sentiments positifs qu'ils transfèrent sur leur lieu de travail et qui facilitent la performance. Il les aide à développer leur capacité à prendre en compte les autres, ce qui est crucial pour encadrer les autres, travailler en équipe ou se référer à ses supérieurs »[15]. Sont également citées les qualités de négociation, compromis, de résolution des conflits et de mener de front plusieurs tâches.
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La question de la bonne parentalité, ou de la parentalité suffisante, est au cœur des représentations contemporaines de la famille. Cette notion évolue dans le temps et diffère en fonction des sociétés. Comme l’a montré le sociologue Pascal Gaberel, elle est cadrée par des politiques sociales établissant des indicateurs statistiques qui définissent implicitement les normes de la bonne parentalité[16].
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L'attitude des pouvoirs politiques vis-à-vis de la famille dépend de l'idéologie politique du gouvernant :
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Les politiques familiales peuvent poursuivre des objectifs de natalité, de solidarité en s'efforçant de réduire le surcoût entraîné par la présence d'enfants. Ainsi, le dispositif dit de quotient familial, la gratuité ou la modulation des tarifs des prestations ou services dédiés aux enfants ou à leur mère, ou l'édition de réglementations favorables à la maternité (congé maternel, octroi de points retraite…).
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Au XIXe siècle, l'avènement de la République française marque le déclin de l'influence sociétale de l'Église catholique. Tandis que les découvertes scientifiques[Lesquelles ?] remettent en cause les vues traditionnelles sur la reproduction humaine[réf. nécessaire], l'institution catholique remanie, dans une lecture néothomiste, son discours religieux sur l'ordre naturel des choses issu de la volonté divine au fil des lois découvertes par les sciences naturelles, infléchissant sa conception naturalisante des liens familiaux. À la même époque, elle combine cette définition naturalisante avec la mise en avant du culte de la Sainte Famille – instauré en 1893 – qui doit représenter les liens entre Dieu et l’Église : la cellule familiale humaine devient une véritable « cellule d’Église », cellule de base de la reproduction sociale, seul cadre légitime et naturel des rapports sexuels possiblement féconds[17].
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Depuis, les milieux catholiques valorisent fortement la famille, considérée comme la cellule de base de la société. Ceci par souci de préservation et de transmission des valeurs fondamentales, notamment morales et religieuses, voire des traditions. Plus récemment, en France, dans le cadre de l'élaboration du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe et des quelques discussions sur le sujet, pour justifier sa position, l'Église avance des arguments anthropologiques et juridiques, c'est-à-dire des arguments de nature beaucoup plus large que de simples arguments religieux.
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L'encyclique Caritas in Veritate sur le « développement humain intégral » insiste sur ce point :
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« Dans cette perspective, les États sont appelés à mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans le respect de sa nature relationnelle[18]. »
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L'économie de la famille est une branche de la théorie économique consacrée à l'étude de la famille. Elle s'est notamment développée à la suite de l'ouvrage de Gary Becker A Treatise on the Family (en) (Traité sur la famille, 1981).
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Une famille est une communauté de personnes réunies par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines, selon l'anthropologue Claude Lévi-Strauss[1]. Elle est dotée d'un nom, d'un domicile, et crée entre ses membres une obligation de solidarité morale venant du mariage religieux et une obligation matérielle (notamment entre époux, d’une part, et entre parents et enfants, d’autre part), censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif. Si cette notion est universelle, le nombre de personnes qu'elle inclut ou la solidarité accordée est variable, c'est même une des notions centrales dans la culture. Il en découle de grandes différences par exemple dans le droit, dans la transmission du patrimoine ou la religion.
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Selon Engels « Famulus » veut dire « esclave domestique » et la familia, c'est l'ensemble des esclaves qui appartiennent à un même homme. Encore au temps de Gaïus la familia, « id est patrimonium » (c'est-à-dire la part d'héritage) était léguée par testament. L'expression fut inventée par les Romains afin de désigner un nouvel organisme social dont le chef tenait sous l'autorité paternelle romaine la femme, les enfants et un certain nombre d'esclaves, et avait, sur eux tous, droit de vie et de mort[2].
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La famille est essentiellement définie par les liens de parenté (relation de parenté) constatés par la généalogie familiale. Elle recouvre aujourd'hui des ensembles plus ou moins importants et diversifiés allant de la famille nombreuse à la famille monoparentale, en passant par la famille dite famille recomposée. Les relations de parenté résultent principalement de la filiation, de l'alliance, et l'adoption, selon des règles qui diffèrent selon les sociétés et les époques. Elles tendent généralement à recommander et promouvoir des relations exogamiques entre les personnes. D'où l'interdit visant généralement les relations sexuelles, et donc les alliances, entre les membres d'une même famille (endogamie) et a fortiori celui de l'inceste.
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L'étendue, la composition de la famille, le nombre des personnes considérées comme en faisant partie, sont déterminés par le degré de parenté permettant de savoir où commencent les droits et devoirs attachés à la notion de parenté et à l'obligation de solidarité. A titre de point de repère, des travaux combinant généalogie et modélisation montrent que le plus récent ancêtre commun à l'humanité tout entière n'aurait qu'entre 2000 et 4000 ans[3]. Dans les sociétés traditionnelles, les familles élargies (qu'on désigne actuellement sous l'appellation de clan), comportent des dizaines, voire des centaines de ménages ayant des fonctions diversifiées. Elles possèdent un patrimoine communautaire, comportant des terres, des maisons, des métiers, qui sont attribués ou loués comme biens privatifs pour permettre aux nouveaux ménages de s'établir. Les familles claniques permettent la réaffiliation, non seulement de personnes isolées, mais aussi des familles étrangères complètes[4]. Dans la Rome antique, mais aussi en Europe sous l'Ancien Régime, le terme de familia s'étend à l'ensemble de la maisonnée, c'est-à-dire aux domestiques, aux esclaves et même aux clients. Dans les sociétés modernes, la famille s'est progressivement restreinte à un seul degré de parenté ou d'alliance : la famille nucléaire. Pour les statisticiens français, la famille, ou ménage, est un ensemble d'au moins deux personnes — soit un couple avec ou sans enfant(s), soit un parent seul vivant avec au moins un enfant.
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Le terme famille est également utilisé par analogie symbolique pour désigner des regroupements dont les liens ne sont pas fondés sur la parenté. De même, des personnes partageant des pratiques ou des idéologies communes peuvent parler de famille, alors qu'aucun lien de sang ne les lie : on parle ainsi de famille politique, de frères d'armes, etc. Il existe par exemple la famille religieuse dans les couvents et les communautés : ainsi les religieux s'appellent-ils entre eux frère, sœur, père, mère. Des entreprises ont également ce type de politique : mettre les employés dans une atmosphère et des relations telles qu'ils se sentent appartenir à la même famille que les autres employés et que leurs dirigeants. On utilise alors parfois le terme de gestion paternaliste du personnel.
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Les membres de la famille ont des statuts différenciés issus de la généalogie familiale, et attribués en fonction de l'âge, du sexe, du rang dans la filiation, des talents, et de divers autres critères d'attribution de rôles sociaux ou économiques. Dans l'aire de civilisation européenne, ces statuts sont les suivants.
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L'ethnologie fait de l'étude des systèmes de parenté et des relations de parenté un objet de recherche à part entière outillé par un système de notation de la parenté. Ces travaux cherchent à comprendre les diverses règles qui président à la composition et au développement de la famille : des règles d'alliance : inceste, exogamie, endogamie, monogamie, polygamie, polyandrie, mariage homosexuel ; des règles de filiation : patrilinéarité, matrilinéarité, ambilinéarité (en), filiation cognatique (ou indéterminée), parallèle, croisée, ou encore clonage[7].
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Le mot famille vient du mot latin fama qui veut dire réputation. De fait, les membres d'une même famille portent le même nom et jouissent d'un crédit et d'un honneur qu'ils doivent entretenir et défendre en commun. La famille s'est caractérisée, jusqu'à une période très récente, par la possession d'une personnalité collective exercée par un chef de famille, dont la suppression[8] marque la fin de son existence comme structure d'organisation juridique autonome. De nombreux chercheurs, comme Claudine Attias-Donfut, mettent en avant le rôle des grands-parents. Le sociologue Serge Guérin insiste sur le fait que le senior forme la génération pivot assurant le lien solidaire au sein de la famille entre les parents âgés et les enfants et petits-enfants.
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Selon Emmanuel Todd, plusieurs systèmes familiaux peuvent être caractérisés en croisant deux critères principaux (relations entre parents et enfants, relations au sein de la fratrie) et un critère secondaire (relations endogames ou exogames) :
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Pour l'Organisation des Nations unies, l'article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme garantit théoriquement depuis 1945 que dans le cadre de
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En droit français, les personnes mariées se doivent « secours et assistance ». Les ascendants et les descendants, par filiation ou par alliance, se doivent aussi l'aliment. Mais plus les frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs.
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Dans les sociétés traditionnelles, ce sont rarement les personnes, et plutôt les familles qui avaient une capacité juridique et politique complète. Dans la famille, les membres ont des statuts diversifiés selon le sexe, l'âge, de la position généalogique, etc., et qui changent selon des règles coutumières de succession.
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Ainsi en France avant 1789, les votes pour élire les syndics des communautés de village ou de métier, les conseils municipaux, se font par feu, c'est-à-dire par famille restreinte représentée par son chef qui légalement le père de famille : une famille, un vote. De même, pour les actions en justice, et tous les actes juridiques importants, sauf lorsque la femme exerce une activité publique en nom propre (dame de X = seigneur de X, marchande publique, etc.), c'est le représentant légal de la famille qui en a la capacité (comme actuellement dans une entreprise dont les membres n'ont pas la capacité juridique de l'engager). En cas de veuvage, la femme qui a la charge d'enfants mineurs devient presque toujours chef de famille et acquiert la pleine capacité juridique et politique. Avant, seul l’aîné touchait l'héritage de ses parents (les biens, la ferme, etc.).
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En France, le droit de la famille a évolué au travers de la législation et de la jurisprudence, avec parmi les dates clés :
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La famille est valorisée dans les sociétés traditionnelles car représentant l'unité de base de la société, mais aussi le principal lieu d'éducation et de solidarité. De nombreux sociologues ont mis en avant la multiplicité des formes de familles qui est une des caractéristiques essentielles de la société. Comme souligné dans un article s’intéressant à la migration matrimoniale de Maurice, les modèles familiaux évoluent et se modifient suite aux situations de migration[12]. Des auteurs comme Odile Roy évoquent la notion de pluralisme familial[13]. Pour le chercheur Serge Guérin, avec le vieillissement de la population, une autre figure émerge avec l'aidant familial.
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La famille, avec son mode de transmission parent-enfant, est considéré comme le lieu par excellence de la transmission des patrimoines (financier, culturel, social) et donc de la reproduction des groupes sociaux et culturels. Certains socialistes et anarchistes (tel Karl Marx dans le Manifeste du Parti communiste) ont réclamé l'abolition de la famille au profit d'une éducation collective des enfants nés dans la communauté. Certaines expériences ont été tentées dans des communautés relevant du socialisme utopique, mais généralement sans succès[14].
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La famille est également un cadre d'évolution et de développement des qualités des parents. La vie familiale améliorerait ainsi la capacité à gérer des équipes dans la vie professionnelle : « Le vécu familial donne aux managers des sentiments positifs qu'ils transfèrent sur leur lieu de travail et qui facilitent la performance. Il les aide à développer leur capacité à prendre en compte les autres, ce qui est crucial pour encadrer les autres, travailler en équipe ou se référer à ses supérieurs »[15]. Sont également citées les qualités de négociation, compromis, de résolution des conflits et de mener de front plusieurs tâches.
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La question de la bonne parentalité, ou de la parentalité suffisante, est au cœur des représentations contemporaines de la famille. Cette notion évolue dans le temps et diffère en fonction des sociétés. Comme l’a montré le sociologue Pascal Gaberel, elle est cadrée par des politiques sociales établissant des indicateurs statistiques qui définissent implicitement les normes de la bonne parentalité[16].
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L'attitude des pouvoirs politiques vis-à-vis de la famille dépend de l'idéologie politique du gouvernant :
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Les politiques familiales peuvent poursuivre des objectifs de natalité, de solidarité en s'efforçant de réduire le surcoût entraîné par la présence d'enfants. Ainsi, le dispositif dit de quotient familial, la gratuité ou la modulation des tarifs des prestations ou services dédiés aux enfants ou à leur mère, ou l'édition de réglementations favorables à la maternité (congé maternel, octroi de points retraite…).
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Au XIXe siècle, l'avènement de la République française marque le déclin de l'influence sociétale de l'Église catholique. Tandis que les découvertes scientifiques[Lesquelles ?] remettent en cause les vues traditionnelles sur la reproduction humaine[réf. nécessaire], l'institution catholique remanie, dans une lecture néothomiste, son discours religieux sur l'ordre naturel des choses issu de la volonté divine au fil des lois découvertes par les sciences naturelles, infléchissant sa conception naturalisante des liens familiaux. À la même époque, elle combine cette définition naturalisante avec la mise en avant du culte de la Sainte Famille – instauré en 1893 – qui doit représenter les liens entre Dieu et l’Église : la cellule familiale humaine devient une véritable « cellule d’Église », cellule de base de la reproduction sociale, seul cadre légitime et naturel des rapports sexuels possiblement féconds[17].
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Depuis, les milieux catholiques valorisent fortement la famille, considérée comme la cellule de base de la société. Ceci par souci de préservation et de transmission des valeurs fondamentales, notamment morales et religieuses, voire des traditions. Plus récemment, en France, dans le cadre de l'élaboration du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe et des quelques discussions sur le sujet, pour justifier sa position, l'Église avance des arguments anthropologiques et juridiques, c'est-à-dire des arguments de nature beaucoup plus large que de simples arguments religieux.
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L'encyclique Caritas in Veritate sur le « développement humain intégral » insiste sur ce point :
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« Dans cette perspective, les États sont appelés à mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans le respect de sa nature relationnelle[18]. »
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L'économie de la famille est une branche de la théorie économique consacrée à l'étude de la famille. Elle s'est notamment développée à la suite de l'ouvrage de Gary Becker A Treatise on the Family (en) (Traité sur la famille, 1981).
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Un fantôme est une apparition, une vision ou une illusion, interprétée comme une manifestation surnaturelle d'une personne décédée.
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Les fantômes sont également appelés revenants, spectres ou, plus rarement, ombres[1]. Toutefois les termes ne sont pas rigoureusement synonymes : un revenant est l'apparition d'un mort connu, dans une apparence identique à celle qu'il avait de son vivant et qui se comporte comme un vivant, tandis qu'un fantôme est une image floue, lumineuse, brumeuse et inconsistante, qui paraît flotter au-dessus du sol[2],[3]. Les fantômes peuvent prendre un nom spécifique en raison de leurs origines et de leurs caractéristiques, tels les lémures romains ou les wilis slaves.
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On qualifie souvent de « fantôme » le phénomène connu sous le nom de poltergeist, ou « esprit frappeur », qui se manifeste par des bruits et des déplacements inexplicables d'objets, et qui est généralement lié à la présence d'un enfant perturbé, mais n'implique pas de lien avec un défunt.
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Le terme « fantôme » est fréquemment associé à d'autres formes d'apparitions, telles qu'auto-stoppeuse fantôme, vaisseau fantôme ou dirigeable fantôme. Par extension, le terme est souvent ajouté à des noms de choses matérielles abandonnées (ville fantôme, stations fantômes du métro de Paris), disparues (membre fantôme, île fantôme), ou échappant à la perception directe (cabinet fantôme, énergie fantôme, alimentation fantôme), clandestines (détenus fantômes). Dans les archives et les bibliothèques, on laisse une « fiche fantôme » à la place d'un document retiré d'un fonds jusqu'à son retour.
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Le nom « fantôme » dérive du grec ancien φάντασμα, transcrit en phantasma en latin. Il a été ensuite repris d'une version méridionale fantauma, pour se fixer en fantosme au XIIe siècle, puis ultérieurement en fantôme par transposition classique du sens. Ses origines sont identiques à celles de fantasme. Il désigne initialement une illusion avant de prendre, en 1165, son sens courant actuel[4].
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Selon le professeur Charles Richet : « les fantômes, sauf de rarissimes apparitions d’animaux, ont une forme humaine, vêtus des vêtements qu’ils portaient à l’époque de leur vie terrestre. Tantôt ils ont l’apparence parfaite de la vie, tantôt ils sont transparents et nuageux comme des ombres ; généralement ils semblent entrer par une porte, et poursuivre leur route jusqu’à une autre chambre, où ils disparaissent. Souvent ils naissent à l’improviste et se résolvent en vapeur, en passant à travers les murs et les portes closes. Tantôt ils marchent, tantôt ils sont comme suspendus dans l’air. L’arrivée du fantôme se révèle presque toujours par un vague sentiment d’horreur, la sensation d’une présence, coïncidant avec un souffle glacé : presque toujours ils semblent être totalement indifférents aux personnes vivantes qui sont là à les regarder. Parfois ils se livrent à quelque occupation domestique, parfois ils font des gestes désespérés. On observe de grandes différences dans leur allure[5]. »
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La tradition voudrait que les apparitions soient vêtues de blanc, au motif probable que les défunts reviennent, assez logiquement, enveloppés dans le linceul dans lequel ils ont été inhumés. En fait, toutes les tenues ou presque sont recensées, à l'exception notoire de la nudité qui est rarissime. Les revenants revêtent le plus souvent le costume qu'ils portaient habituellement de leur vivant. Pour expliquer ce fait, Frank Podmore, membre du comité directeur de la Society for Psychical Research d'Angleterre (Société pour la recherche psychique ou SPR), a avancé que les apparitions, n'existant que dans l'esprit du visionnaire, celui-ci leur faisait porter la tenue qui lui paraissait convenir au personnage[6].
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La classique image du fantôme traînant des chaînes est due à l'antique description de Pline le jeune (voir ci-dessous) et ne figure pratiquement jamais dans les récits ultérieurs. Le linceul blanc n'est apparu dans l'iconographie médiévale qu'à partir du XIIIe siècle[7] et s'est répandu au XIVe siècle[8].
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Selon divers sondages effectués dans le monde depuis 1980, il apparaît que la croyance à l'existence des fantômes est largement répandue dans la population, tout en variant fortement selon les pays : 13 % en France (2000)[9], 21 % au Québec (2001)[10], 50 % chez les Chinois de Hong Kong (1981)[11], 51 % aux États-Unis (2009)[9] (18 % disent en avoir déjà rencontré[12]), 52 % au Royaume-Uni (2013)[13].
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Un sondage réalisé en 1991 chez les jeunes français âgés de 8 à 16 ans indiquait que 16 % estimaient « que les fantômes peuvent exister »[14]. Dans certains pays, tel la Thaïlande, la croyance aux fantômes est quasi générale[15]. Il semble que l'opinion de nombre de personnes pourrait se résumer à la savoureuse réponse de Madame du Deffand : « Est-ce que je crois aux fantômes ? Non, mais j'en ai peur ! »[16].
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Depuis la nuit des temps, la plupart des traditions, des religions et des philosophies considèrent que l'être humain est composé d'un corps mortel et d'une âme immortelle ou encore, d'un corps, d'un esprit et d'une âme. l'Égypte antique avait une conception de l'être beaucoup plus complexe, mais distinguait entre autres le corps (djet) et l'âme (bâ). On retrouve une pensée analogue dans la plupart des civilisations du monde, avec des liens plus ou moins établis entre les notions d'âme, d'esprit, d'ombre ou de double[17],[18].
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Le thème de morts revenant hanter les vivants est aussi ancien qu'universel. Le bâ égyptien possède la faculté de se manifester sur le plan terrestre pour venger le défunt.
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En occident, on trouve la trace du mythe des fantômes dès l'antiquité : Ulysse dialogue avec eux[N 1] dans le chant XI de l'Odyssée à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., et ils ont un rôle dans les tragédies Électre et Ajax, écrites par Sophocle au IVe siècle av. J.-C. : « Je vois bien que nous ne sommes, nous tous qui vivons ici, rien de plus que des fantômes ou que des ombres légères[19]. »
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Un des plus anciens récits concret qui nous soit parvenu, est dû à Pline le Jeune (61-114). Pour demander son avis à son ami Sura sur l'existence des fantômes, il relate dans une de ses Lettres l'incident survenu au philosophe Athénodore le Cananite, dans une maison qu'il venait de louer à très bon marché car elle était hantée par un terrible spectre qui faisait fuir ses habitants[20] : « dans le silence de la nuit, on entendait un froissement de fers, et, en écoutant avec attention, le retentissement de chaînes agitées. Le bruit semblait d'abord venir de loin, et ensuite s'approcher ; bientôt apparaissait le spectre : c'était un vieillard maigre et hideux, à la barbe longue, aux cheveux hérissés; ses pieds et ses mains étaient chargés de fers qu'il secouait. »
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Athénodore s'installe dans la maison et attend l'arrivée du fantôme. Celui-ci ne tarde pas à se manifester bruyamment et l'invite à le suivre : « le fantôme marchait d'un pas lent ; il semblait accablé par le poids des chaînes. Arrivé dans la cour de la maison, il s'évanouit tout à coup aux yeux du philosophe. Celui-ci marque le lieu où il a disparu par un amas d'herbes et de feuilles. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur demande de faire fouiller en cet endroit. On trouve des ossements encore enlacés dans des chaînes, le corps, consumé par le temps et par la terre, n'avait laissé aux fers que ces restes nus et dépouillés. On les rassemble, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. »
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Hantises et apparitions sont des évènements qui sont signalés en tous temps et en tous lieux, non seulement chez les grecs et les romains de l'antiquité, mais aussi dans toute l'Europe médiévale, et ce jusqu'à nos jours.
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Malgré les propositions du chercheur britannique Hylary Evens[21], il n'existe pas de classification universellement reconnue des apparitions fantomatiques. On peut toutefois en distinguer les principales catégories. Dans le système de classification de Vallée, les poltergeists sont des « anomalies à effets physiques » de type AN-II, tandis que les fantômes sont des « entités » relevant du type AN-III.
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Les poltergeists, ou esprit frappeurs, sont souvent qualifiés de « fantômes », bien qu'ils constituent une catégorie particulière. « On regroupe traditionnellement toutes ces manifestations sous le terme générique de petite hantise, qui diffère de la grande en ce quelle exclut les apparitions, les revenants, les fantômes[22]. ».
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Il s'agit essentiellement de mouvements d'objets inexplicables, de jets de pierres, de bruits sans cause physique apparente, de perturbations des appareillages électriques, de lumières, de départs de feux, etc. Les apparitions de formes floues sont très rares, ainsi que la référence possible à un ou plusieurs défunts. Ces phénomènes seraient le plus souvent liés à la présence d'un ou d'une adolescent(e) perturbé(e).[pas clair]
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La Parapsychological Association qui regroupe des chercheurs issus de divers continents donne des informations sur ce phénomène[23].
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Claude Lecouteux distingue les « vrais » revenants, défunts qui décident délibérément de revenir pour diverses raisons, par opposition aux « faux » revenants, constitués par des morts dont la présence semble perdurer quelque temps après leur décès, comme s'ils n'arrivaient pas à disparaître définitivement, ou bien tirés de l'au-delà pour défendre leur sépulture ou répondre à un appel de nécromancie[24].
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Pour Xavier Yvanoff, « le revenant est un mort qui apparaît revêtu de son enveloppe corporelle. Il est rarement anonyme. C'est un mort que l'on a connu au village et qui « revient » en chair et en os pour se présenter devant les vivants, le plus souvent à l'endroit où il a vécu. Physiquement, il possède le même corps qu'un vivant. C'est parfois à s'y méprendre et sa pâleur supposée est une idée fausse[25]. » On peut a priori classer dans cette catégorie les Auto-stoppeuses fantômes, si toutefois elles ne sont pas seulement légendaires, qui paraissent suffisamment réelles pour être prises en stop par des automobilistes abusés.
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Selon plusieurs récits légendaires du Moyen Âge, il arrive que des morts récents se manifestent et semblent refuser de se laisser mener au tombeau. Selon une tradition largement partagée, les morts « habitent » leurs tombeaux et il est malvenu de les y déranger. Il arrive que le défunt manifeste lui-même son mécontentement et menace l'intrus de l'amener à le rejoindre[26].
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Une autre catégorie concerne les défunts qui sont contraints de revenir parmi les vivants à cause d'opérations de nécromancie. Dans son roman Métamorphoses écrit au IIe siècle, Apulée fait le récit d'un prophète égyptien qui fait revenir un cadavre à la vie : « il y a ici un Égyptien nommé Zatchlas, prophète du premier ordre. Dès longtemps il s'est engagé avec moi, au prix d'une somme considérable, à évoquer temporairement une âme du fond des enfers, et à lui faire animer de nouveau le corps qu'elle aurait quitté[27]. » « un léger soulèvement se manifeste vers la poitrine du mort, son pouls recommence à battre, ses poumons à jouer ; le cadavre se met sur son séant; la voix du jeune homme se fait entendre : J'avais déjà bu l'eau du Léthé, dit-il, et presque franchi les marais du Styx. Pourquoi me rengager dans les tristes devoirs de cette vie éphémère? Cessez, cessez, de grâce, et me rendez à mon repos. Ainsi parla le cadavre[28]. »
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Selon une ancienne légende polonaise du XVIe siècle, un sorcier du nom de Pan Twardowski qui, tel Faust, aurait vendu son âme au diable en échange de pouvoirs surnaturels, réalisa l'apparition de la défunte reine de Pologne Barbara Radziwiłł à la demande de son époux, le roi Sigismond II.
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Le spiritisme est considéré comme la forme contemporaine d'invocation de l'esprit des morts et, à ce titre, l'héritier d'une tradition de nécromancie qui remonte à l'antiquité. Les communications se font par l'intermédiaire d'un médium en état de transe, à l'aide de divers supports tels que les tables tournantes, le Ouija, l'écriture automatique, etc.
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La forme la plus aboutie est la matérialisation d'une substance, de nature indéterminée appelée ectoplasme (ou périsprit pour Allan Kardec), qui peut prendre des formes variées, censées représenter la manifestation d'un défunt. Bien que relatée par de nombreux témoins dignes de foi, l'existence des ectoplasmes n'a jamais été scientifiquement démontrée. À l’évidence, les apparitions des supposés revenants ectoplasmiques sont souvent constituées de morceaux de gaze ou de tissus légers entourant des photographies ou des dessins[29]. Beaucoup de médiums ont été surpris en pleine fraude manifeste. Le médium Florence Cook réussissait l'exploit de provoquer, par trucage, la manifestation d'un ectoplasme extrêmement réaliste (on pouvait le toucher et même lui prendre le pouls !) appelé « Katie King », qui n'était autre que Florence Cook elle-même déguisée.
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Les ectoplasmes se distinguent fondamentalement des fantômes dans la mesure où, exclusivement émis par le corps du médium, ils n'ont aucune autonomie, et disparaissent dès sa sortie de transe.
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Les fantômes sont des apparitions, d'une forme généralement humaine (très rarement animale), entière ou partielle, ou des phénomènes lumineux telles des lueurs colorées, masses noires...
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La majorité des ouvrages portant sur les cas d'apparitions relatent que la majorité des témoignages ne font pas mention de formes floues ou diffuses : les descriptions sont pour la plupart précises et détaillées comme le mentionne entre autres Camille Flammarion dans Fantômes et sciences d'observation et la plupart des parapsychologues : observations assez détaillées pour reconnaître un homme, une femme, les vêtements qu'ils portent, corpulence...
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La perception des fantômes est souvent influencée par la culture et la Pop Culture.
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Par exemple le cliché du fantôme vu exclusivement pendant la nuit est un mythe. Depuis 1880, les observations d'apparitions sont relatées à n'importe quels moments de la journée comme le rappel le parapsychologue Loyd Auerbach[30].
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Il en est de même pour les clichés relatifs aux cimetières et aux châteaux. Les fantômes qui hantent les vieilles demeures sont également un mythe : ces phénomènes se produisent n'importent où. Néanmoins ce mythe est véhiculé par de nombreuses émission de type "chasseur de fantômes".
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Il est à noter qu'en parapsychologie, les cas d’apparitions valables sont ceux vus par X témoins, se répétant au fil du temps et qui s'accompagnent d'effets physiques[31].
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Actuellement, Ces phénomènes sont parfois vus par plusieurs personnes simultanément mais, dans quelques cas, avec des différences dans les détails observés[32].
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Il arrive que ces manifestations se répètent aux mêmes endroits, sans que l'on puisse déterminer, faute de preuve définitive avec certitude le personnage dont il pourrait s'agir, ni du motif de sa localisation dans un lieu précis. Les parapsychologues utilisent alors le terme « d'apparition récurrente localisée ».
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Dans de nombreux cas, les témoins disent ne pas avoir été effrayés par l'apparition elle-même, mais s'inquiètent du sens qu'elle pourrait éventuellement avoir, pour eux ou leurs proches, tel l'annonce d'un décès[33]. C'est le rôle qui est traditionnellement tenu par certaines dames blanches. Pour Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières[34]. »
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Parmi les différentes sortes de dames blanches, certaines entrent incontestablement dans la catégorie des fantômes. Ce sont :
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Dans certaines circonstances particulièrement dramatiques, telles que l'accident ou l'agonie d'une personne, il arriverait parfois que son fantôme apparaisse instantanément à ses proches[35]. Dans une étude publiée en Angleterre en 1886 et portant sur 17 000 personnes, les chercheurs posaient comme hypothèse qu'il s'agissait d'un message télépathique, émis involontairement par la victime, et reçu par le destinataire sous la forme d'une hallucination[36].
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Dans une lettre adressée à Camille Flammarion en 1896, le jeune compositeur André Bloch relate, qu'alors que lui et sa mère séjournaient à Rome, cette dernière vit apparaître à côté d'elle son jeune neveu René Kraemer, âgé de 14 ans, qui la regardait en riant tout en lui disant : « mais oui, je suis bien mort ». De retour à Paris quinze jours plus tard, ils eurent la confirmation de la nouvelle de son décès qui s'était produit au moment précis de la vision[37].
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C'est le titre original anglais (Phantasms of the Living) d'un ouvrage, rédigé en 1886 et paru en France en 1891 sous le titre modifié « Les hallucinations télépathiques »[36], rédigé par Frederic Myers et Edmund Gurney, avec la participation de Frank Podmore, tous trois membres de la Society for Psychical Research anglaise.
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Il arrive parfois, qu'en dehors de tout motif grave, des individus apparaissent à leurs proches, ou dans des lieux qui leur sont familiers, tout en étant physiquement à des distances considérables. Une telle aventure est survenue à Goethe : un jour qu'il se promenait sur une route avec un ami, il eut la surprise de rencontrer un autre ami du nom de Frédéric. Il l'interpella, mais celui-ci disparut sans répondre. De retour à son domicile, Goethe eut la surprise d'y trouver ledit Frédéric qui, assoupit, lui dit avoir rêvé leur rencontre sur la route[38].
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Ce phénomène de dédoublement est connu sous le nom de bilocation lorsqu'il concerne des mystiques, des bienheureux ou des saint tel le Padre Pio[39]. Pour les ésotéristes, il pourrait s'agir de cas de dédoublement astral, le corps astral étant perçu exceptionnellement par des tiers.
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Un autre phénomène consiste en la vision de son propre corps sous la forme d'un double fantomatique fréquemment transparent[40]. Cette hallucination est connue sous le nom allemand de Doppelgänger et est considérée en neurologie comme un phénomène autoscopique. Il semble que ce soit une expérience de ce type que relate Guy de Maupassant dans sa nouvelle Lui ?, présentée comme une lettre à un ami[41].
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De nombreuses légendes circulent au sujet de prétendues armées de fantômes, se manifestant sur des champs de bataille ou des lieux au passé historique :
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Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand fait état d'un chat noir qui hanterait l'escalier d'une tour du château de Combourg, appelée de ce fait « la tour du chat »[43]. En 1876, lors de travaux de restauration, on découvrit dans un mur les restes desséchés d'un chat, probablement emmuré vivant au Moyen Âge pour conjurer le mauvais sort selon les coutumes de l'époque.
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Le folklore anglo-saxon est riche en légendes concernant des fantômes de chiens noirs, presque toujours malveillants. C'est une d'elles, provenant du Dartmoor, qui aurait inspiré à Arthur Conan Doyle son roman Le Chien des Baskerville.
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Dans un de ses ouvrages, Jean Prieur relate une douzaine de témoignages de la manifestation post-mortem d'animaux familiers. Dans un de ceux-ci, une chienne sauvage nommée Polka se laissait caresser et nourrir par une famille, mais repartait ensuite loger dans une carrière au fond d'un bois. Un jour, la chienne disparut et l'on apprit qu'elle avait été gravement blessée par une voiture à la suite de quoi elle était probablement partie agoniser dans un fourré. Toutefois les trois membres de la famille continuèrent à entendre des gémissements et des grattements à leur porte sans voir l'animal. Intrigués, ils se rendirent à sa cachette habituelle et la découvrirent morte depuis plusieurs jours, avec auprès d'elle trois chiots nouveau-nés, dont un vivait encore[44].
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Ernest Bozzano recense neuf cas de fantômes d'animaux, tout en notant :
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« on comprendra que les fantômes d’animaux présentent rarement la même valeur probante que ceux d’êtres humains, soit parce qu’on peut plus difficilement les séparer des fantômes purement hallucinatoires, soit parce qu’il n’est pas toujours facile d’exclure que les percipients se soient trompés, en prenant des animaux vivants pour des fantômes d’animaux[45]. »
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Pour mémoire, on peut citer également les chasses fantastiques qui associent les fantômes des composantes classiques des chasses à courre : cavaliers, chevaux et meutes de chiens.
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Il existe de nombreux récits relatant des phénomènes de hantise, réels ou légendaires, survenus à bord de bateaux, de trains, d'avions et même de sous-marins. Mais il arrive aussi parfois que ce soit les véhicules eux-mêmes qui se comportent comme des fantômes[46].
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Un vaisseau fantôme est un navire maudit qui, selon la légende, est condamné à errer sur les océans, conduit par un équipage de squelettes et de fantômes. Le plus célèbre des vaisseaux fantômes est le Hollandais volant, jadis appelé quelquefois Le voltigeur hollandais[47], également connu sous les noms anglais The Flying Dutchman[48] ou allemand Der Fliegende Hollander, ce dernier étant le titre original du premier des dix opéras majeurs[49] de Richard Wagner.
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Il en existe d'autres, tels le Vaisseau fantôme de la baie des Chaleurs au Canada ou le Caleuche, vaisseau fantôme appartenant au folklore de l'archipel des îles Chiloé au Chili ou encore le Princess Augusta près de l'île américaine de Block Island, près de New York aux États-Unis.
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On connaît aussi de nombreuses traditions, notamment celtiques, concernant des barques peuplées de défunts.
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Les trains fantômes ne sont pas uniquement des attractions de fête foraine. Plusieurs légendes rapportent la présence d'« authentiques » trains spectraux.
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À la suite de la grande émotion populaire suscitée par l'assassinat du président Abraham Lincoln en 1865, sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'à sa sépulture, située dans l'Illinois, à bord d'un train spécial drapé de noir qui fit un très long détour pour qu'un grand nombre de personnes, massées sur son passage, puissent lui rendre un dernier hommage[50]. Depuis lors, la légende court qu'on peut parfois le voir passer, surtout la nuit ; il ne s'arrête pas dans les gares qu'il traverse, mais les horloges stoppent à sa venue[51],[52]. Une description en a été publiée dans le journal Albany Time : « il passe sans un bruit. S'il y a un clair de Lune, des nuages viennent couvrir la Lune pendant que le train fantôme suit sa route. Après le passage de la locomotive, le train funèbre défile lui-même, avec drapeaux et banderoles. La voie semble couverte d'un tapis noir et le cercueil est visible au centre de la voiture, tandis que tout autour de lui, dans les airs et dans le train derrière, se trouvent un grand nombre d'hommes en bleu, certains avec des cercueils sur le dos, d'autres s'appuyant dessus[53]. »
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Dans la nuit du 28 décembre 1879, eut lieu la catastrophe ferroviaire du pont sur le Tay. Au cours d'une terrible tempête, le train de nuit reliant Édimbourg à Dundee dérailla en passant sur le très long pont surplombant le fleuve Tay en Écosse, entraînant la chute de 13 travées. Il n'y eut aucun survivant parmi les 75 passagers. Peu de temps après le drame, on prétendit que de nombreux fantômes hantaient les alentours. Le pont fut reconstruit en 1887 et le trafic ferroviaire fut rétabli mais, un 28 décembre quelques années plus tard, on observa le passage à vive allure d'un train non programmé qui disparut une fois arrivé au milieu du pont[52].
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Les sites où se sont produits la chute d'avions victimes de catastrophes aériennes seraient parfois survolés par des appareils fantômes. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un spitfire qui avait été abattu pendant les hostilités, aurait été souvent vu au-dessus du terrain d'aviation de Biggin Hill près de Londres, ancienne base de la Royal Air Force. Par les nuits d'orage, un avion fantôme survolerait la ville de Weybridge dans le Surrey en Angleterre, lieu où il s'est abattu durant une tempête en 1965[54].
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Dans les années 1930 à Londres, un des célèbres bus rouge à impériale, portant le No 7, aurait provoqué de nombreux accrochages et au moins un accident mortel. Tôt le matin, il fonçait sur les automobilistes, au carrefour de Saint Mark's Road et de Cambridge Gardens, près la station de métro de Ladbroke Grove, avant de disparaître mystérieusement. Le phénomène aurait disparu rapidement après que les autorités eurent rectifié le tracé du carrefour[55],[56].
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La presque totalité des apparitions de fantômes ne sont connues que par les récits du ou des témoins, souvent repris d'ouvrage en ouvrage sans vérification. Dans nombre de cas, le récit est tenu d'un tiers, comme l'indique très honnêtement Pline le Jeune dans son célèbre récit : « Cette histoire, je la crois sur la foi d'autrui. ». D'ailleurs Pline semble n'être guère convaincu, car le récit s’insère dans la question qu'il pose à son ami sur le sujet :
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« Je voudrais donc bien savoir si vous pensez que les fantômes sont quelque chose de réel, s'ils ont une forme qui leur soit propre, si vous leur attribuez une puissance divine, ou si ce ne sont que de vaines images qui tracent dans une imagination troublée par la crainte[57]. »
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De ce fait, la preuve de leur authenticité est problématique. Certaines histoires relèvent clairement du folklore ou de la légende, sans que l'origine du mythe puisse être connue[58]. Pour d'autres, la qualité des témoins suggère que leur récit est recevable, tout en tenant compte des possibilités d'illusions ou d'hallucinations. S'y ajoutent évidemment les dérèglements psychologiques et psychiatriques, les inventions, les canulars et autres supercheries.
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Nombre de témoignages ont été transmis par des lettres de prétendus témoins ou de proches des narrateurs. La quasi-totalité des nombreux exemples cités par Camille Flammarion dans ses ouvrages sur les manifestations post-mortem sont tirés des milliers de lettres reçues sans vérification. Comme l'indique Anne Jaffé, disciple de Jung :
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« Ces lettres ne peuvent pas, en elles-mêmes, être considérées comme contributions à la science [sic] de la parapsychologie telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui[59]. »
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Si des photographes, tel l'anglais Simon Marsden, se sont spécialisés dans la photographie de lieux sinistres et/ou réputés hantés[60], les photographies des fantômes eux-mêmes sont très rares et controversées.
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Le plus célèbre cliché de revenant a été pris le 19 septembre 1936, dans le grand escalier du château de Raynham Hall dans le Norfolk, par deux photographes du magazine Country Life, Captain Provand et Indre Shira[61]. La silhouette, surnommée The Brown Lady (La Demoiselle brune), pourrait être celle de Lady Dorothy Townshend, épouse de Charles Townshend, propriétaire de Raynham Hall au début du XVIIe siècle.
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Depuis ce jour, même si plusieurs photographies sont troublantes, telle celle réalisée en 2010 par Kevin Horkin dans les ruines du château de Gwrych au Pays-de-Galles[62],[63], aucune n'est considérée comme authentique, les risques de trucage ou d'anomalie involontaire explicable étant considérables.
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Célébrité n'est pas synonyme d'authenticité. Dans les années 1990, l'abbaye de Mortemer fut au cœur de l'actualité paranormale lorsqu'une journaliste du nom de Muriel Motte prétendit avoir photographié, à plusieurs reprises, la silhouette d'un spectre hantant les ruines la nuit. En fait, il s'agissait de la photographie floutée des restes du clocher de l'abbatiale éclairés par un projecteur[64].
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Dans la plupart des cas, lorsqu'il s'agit d'anciennes prises de vues, la cause la plus probable est une double exposition. Sinon il peut s'agir d'un reflet ou d'un objet parasite proche de l'objectif de l'appareil. Dans le cas où la photographie est prise dans l'obscurité - totale ou relative - l'appareil mélange une image nette, prise pendant le bref éclair du flash, avec une image floue et diffuse enregistrée pendant la période de pause d'une ou deux secondes qui suit l'éclair. Il peut en résulter un sujet qui semble entouré par une forme diffuse[65]. Depuis la généralisation des appareils photographiques numériques et la large diffusion de logiciels de retouche d'image, le trucage photographique est à la portée de tous et facilite la productions de fausses images de fantômes.
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Le phénomène des orbes, ou orbs, petites taches circulaires blanchâtres qui apparaissent sur les photographies numériques prises à l'aide d'un flash, a propagé l'idée qu'il s'agissait de la trace laissée par des esprits fantomatiques. D'autres origines (plasma, ovni...) ont été avancées par les tenants du paranormal. En fait, les orbes sont des images parasites provoquées par la réflexion de la lumière du flash sur des particules présentes dans l'air à proximité de l'objectif. Il peut s'agir de poussières diverses, de moucherons, de flocons de neige, de pollen, de gouttelettes d'eau, etc.
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Les vidéos de fantômes et autres poltergeists circulant sur internet sont légion. La plupart sont très peu convaincantes. Quelques-unes sont plus particulièrement célèbres (ou réussies...).
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Fin 2003, une caméra de surveillance du château de Hampton Court a enregistré l'image d'un personnage en costume, supposé être le fantôme d'Henry VIII, refermant une porte[66]. La vidéo a été reprise et diffusée par de nombreuses chaînes de télévision mais, pour Richard Wiseman, professeur de psychologie à l'université du Hertfordshire, cité par le Daily Telegraph, il s'agit « soit d'un coup de publicité du palais, ce dont je doute, soit d'un visiteur qui a voulu se rendre utile en refermant la porte[67]. »
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Une vidéo, fréquemment reprise dans les médias et présentée comme ayant été jugée authentique par des experts, est censée avoir enregistré l'image d'un enfant fantôme courant dans un ancien cimetière américain avant de grimper dans un arbre[68]. En fait, un examen attentif met en évidence une coupure dans l'enregistrement et suggère l'explication beaucoup plus rationnelle d'un enfant bien réel jetant un tissu dans un arbre[69].
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La caméra de surveillance d'un parking de Tokyo a filmé l'étrange déplacement d'une silhouette féminine, semblant se déplacer à reculons avant de disparaître[70]. L'enregistrement est présenté comme authentique.
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Une vidéo amateur circulant sur internet présente un groupe de touristes japonais se filmant au sommet d'une falaise bordant la mer. Sur une brève séquence on aperçoit nettement, en arrière-plan, une personne se jetant dans le vide[71]. L'origine précise de cette vidéo semble inconnue. La possibilité d'un trucage est donc considérable, d'autant qu'il n'est fait référence à aucun suicide réel survenu à cet endroit.
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La plupart des messages supposés émis par des esprits désincarnés ne sont pas directement audibles par les humains. On ne peut les écouter que par le truchement d'enregistrements électroniques.
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Thomas Edison, l'inventeur du phonographe en 1877, espérait encore en 1920 mettre au point un appareil permettant de capter directement les messages des esprits. Il ne s'agissait pas à proprement parler des fantômes, mais l'idée était proche. « Je prétends qu'on peut construire un appareil si sensible que, s'il y a des êtres dans un autre monde, qui souhaitent entrer en rapport avec nous dans ce monde ci, les chances qu'ils puissent le faire avec cet appareil seront bien meilleures qu'avec les tables tournantes[72]... ». Par la suite, Edison affirma qu'il avait plaisanté en faisant cette annonce.
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En 1959, le producteur de cinéma suédois Friedrich Jürgenson (1903–1987), parti se promener avec un magnétophone aux environs de Stockholm pour enregistrer des chants d'oiseaux, eut la surprise d'entendre des voix derrière leurs pépiements. Intrigué, il multiplia les enregistrements. Pensant avoir identifié des messages en provenance d'amis ou de parents défunts, il publia ses découvertes en 1964. Konstantin Raudive, un ancien professeur de psychologie, se pencha à son tour durant neuf ans sur le sujet et réunit plus de 10 000 échantillons de voix. En 1968, il rédigea un livre accompagné d'un disque[73] sur le fruit de ses recherches qu'il poursuivit jusqu'à sa mort en 1974[74].
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Les enregistrements par un magnétophone de messages audibles sont très rares. On les connaît surtout dans les cas de poltergeists ou sont enregistrés de bruits divers et des rauques voix spectrales. (utilisation des « fausses cordes vocales » des humains victimes du phénomène[N 2]).
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On appelle « chasseurs de fantômes » les personnes qui se sont spécialisées dans l'étude des phénomènes de hantise. Le thème a été popularisé de façon comique dans le célèbre film américain SOS Fantômes sorti en 1984. Dans la réalité, la plupart des chasseurs de fantômes ne cherchent pas à combattre ces phénomènes, mais plutôt à les analyser en collectant un maximum de renseignements.
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L'Anglais Harry Price (1881-1948), fondateur en 1925 du National Laboratory of Psychical Research à Londres, fut probablement le plus célèbre chercheur dans ce domaine au XXe siècle. Il publia une douzaine d'ouvrages, dont deux furent consacrés au presbytère de Borley présenté comme « le lieu le plus hanté d'Angleterre ».
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De nos jours, de nombreuses personnes, ou associations d'amateurs, se proclament chasseurs de fantômes, sans pour autant avoir une attitude réellement scientifique. Malgré l'emploi fréquent de divers détecteurs et appareils sophistiqués, censés fournir des preuves des phénomènes observés, leurs recherches n'apportent rien de concret aux études sur le sujet[75].
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Pour Emmanuel Kant (1724-1804), « on peut être sûr que jamais une académie des sciences ne choisira un pareil sujet, pour le mettre au concours ; non pas que chacun de ses membres soit persuadé de la futilité et du mensonge de toutes ces narrations, mais bien parce que la loi de la prudence met de sages bornes à l'examen de ces questions. Les histoires de revenants rencontreront toujours des croyants secrets et seront toujours l'objet, en public, d'une incrédulité de bon ton[76]. »
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De la seconde partie du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe, et encore jusqu'à nos jours, de nombreux savants et parapsychologues ont enquêté sur ces phénomènes. Parmi ceux-ci on peut citer : Camille Flammarion (1842-1925) astronome, Charles Richet (1850-1935) prix Nobel de médecine, Frank Podmore (1856-1910) écrivain, Ernest Bozzano (1862-1943) parapsychologue, Jean Prieur (1914-2016) professeur de français, Claude Lecouteux (1943-) docteur ès lettres, Walter von Lucadou (1945-) physicien et psychologue, etc. Ils se sont souvent regroupés dans des instituts tels que la Society for Psychical Research (Société pour la recherche psychique ou SPR) fondée en 1882 en Angleterre, ou l'Institut métapsychique international (IMI) créé en 1919 en France.
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Actuellement, la communauté scientifique considère en général que, méprises et tromperies mises à part, la plupart des manifestations de fantômes présentées comme authentiques n'ont pas de réalité faute de preuves indiscutables. D'autre part, selon le Dictionnaire sceptique, rédigé par le professeur Robert Todd Carroll en 1994 dans le cadre "d'essais sceptiques", « la plupart des maisons hantées sont très vieilles et, par conséquent, remplies de courants d’air. Les scientifiques qui ont enquêté sur de tels lieux ont pu expliquer à la fois les bruits et les changements de température en trouvant la source des courants d’air, souvent des espaces vides entre les murs ou des déplacements d’air causés par des ondes sonores de basses fréquences, produites par des objets bien concrets, comme des ventilateurs[77]. »
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De plus, les données actuelles de la SPR et de l'ASSAP démontrent que les hantises et les apparitions se produisent dans des lieux tout à fait ordinaires. Les affirmations qui associent les lieux de hantises à de vieilles demeures ne reposent sur aucune preuve tangible scientifique, tout comme l'interprétation populaire que les fantômes soient le fruit exclusif de revenants :
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"L’association de fantômes avec des demeures seigneuriales, des châteaux en ruines et des auberges solitaires, sans doute utile au commerce, ne semble pas être corroborée par les constats actuels. On pourrait s’attendre à ce que « le conditionnement » joue un rôle important dans la production d’attentes propices aux expériences d’apparitions, mais en réalité, les endroits où les apparitions ont été rapportées étaient étonnamment mondains et prosaïques. 70,5% des expériences sont rapportées à la maison (y compris le jardin). Sur les 29,5% restants, lorsqu'ils n'étaient pas à la maison, près du quart se sont produits pendant que le destinataire était en voiture. Seulement 16% des cas sont survenus à l'extérieur[78].
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Par contre, la vieille maison, les lieux lugubres associés aux "fantômes" semblent trouver leurs sources dans la culture, la pop culture et l'imaginaire collectif. Ces facteurs culturels, pour certains psychologues nourrissent l'interprétation psycho-sociologique de ces phénomènes selon la culture et croyances des personnes qui les vivent. C'est ce que soutient par exemple, le chercheur indépendant Jean-Michel Abrassart pour la plupart des expériences dites "extraordinaires".
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La sceptique Hayley Stevens affiliée au Committee for Skeptical Inquiry quant à elle, dénonce que la plupart des explications "scientifiques" sont souvent toutes aussi inexactes que les explications "spirituelles" où du moins sujettes à caution pour expliquer le paranormal :
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« Une bonne partie de mon temps de recherche à ce sujet implique non seulement d'examiner les choses étranges que vivent les gens, mais également de scruter les explications aux sonorités scientifiques que les gens offrent pour « démystifier » le surnaturel. Très souvent, ces explications sont aussi fausses que certaines des affirmations surnaturelles - par exemple, l’affirmation selon laquelle la moisissure vous fait voir des fantômes. Cela semble scientifique, mais ce n’est pas vrai[79]».
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D'autres sceptiques comme Sharon Hill[80] et Ben Radford[81] membres également du SCI dénoncent aussi certaines dérives et inexactitudes dans les médias. Par exemple, certains magazines scientifiques grand public ou youtubeurs affirment que les "fantômes" s'expliquent par les infrasons, les champs magnétiques ou encore des moisissures. Pourtant, aucune preuve et aucune réplication scientifique à ce jour ne soutiennent ces allégations qui sont paradoxalement relayées massivement sur internet sans esprit critique, sans analyser et recouper les sources. Enfin, d'autres chercheurs dont la plupart des parapsychologues pointent les dérives du pseudo-scepticisme (raisonnement circulaire, biais, arguments d'autorité...) relatifs à des à priori concernant l'étude ouverte et rigoureuse du paranormal.
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Le terme "pseudo-sceptique" a été popularisé à l'origine par Marcello Truzzi, l'un des membres fondateurs du SCICOP devenu plus tard CSI.
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Selon le chercheur Renaud Evrard, président actuel de la Parapsychological Association[82]:
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"« La Parapsychological Association est fondée en 1957 et en 1969 elle est affiliée à la très académique association américaine pour le progrès des sciences […] La parapsychologie est donc un domaine de recherche fascinant parce qu’il nous mène aux portes de l’inconnu, parce qu’il y a des gens brillants qui explorent ses frontières et parce que c’est avec les données de la parapsychologie que se construisent de nouvelles théories physiques, sur la rétrocausalité par exemple, et de nouvelles théories en psychologie. Cependant, les chercheurs sont tellement en avance, tellement dans une subversion des savoirs acquis, qu’il est plus facile de les ignorer, de les décrédibiliser, plutôt que d’intégrer les perspectives qu’ils nous apportent"[83].
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Pour Pascale Catala[N 3] : « seule une approche rationnelle, se fondant sur diverses disciplines scientifiques (physique, psychologie, psychiatriques, sociologie, neurophysiologiques, etc. permettra de démêler le vrai du faux[84]. »
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En 2017, dans le cadre de l’émission « the infinite monkey cage » animée par Neil De Grasse Tyson, le physicien Brian Cox affirme formellement que les fantômes ne sont pas réels avec comme preuve suivante : "Si nous voulons faire une place aux fantômes dans nos vies, nous devons inventer une extension du modèle standard de la physique des particules qui a jusqu'alors totalement échappé aux expériences menées à l'aide du grand collisionneur de hadrons. C'est presque inconcevable aux échelles d'énergie typiques des interactions de particules dans notre corps". Il affirme que l'accélérateur de particules du grand collisionneur de hadrons aurait immanquablement détecté l'existence des fantômes. Il démontre également que les fantômes violeraient la deuxième loi de la thermodynamique, qui stipule que l'énergie se perd et que les fantômes, ainsi, ne sauraient maintenir leur existence au-delà d'une durée significative[85]. Toutefois Neil De Grasse Tyson a rappelé à Brian Cox qu’il n’est pas du tout impossible que de nouveaux modèles scientifiques puissent compléter voire révolutionner les théories courantes même s'il n'a pas n'a pas encore trouvé un phénomène qui défie toutes ses connaissances[86].
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En 2016, Bill Nye, vulgarisateur scientifique dans le cadre de son émission "big think"[87]affirme également que le fantômes et l’après vie n'existent pas faute de preuves convaincantes. Ces affirmations lui a valu la critique d' Hayley Stevens sceptique Anglaise et membre du CSI (Committee for Skeptical Inquiry) :
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« Bien que Nye ait techniquement raison de penser que la recherche n’a fourni aucune preuve de la survie de « l’âme » humaine, il ne s’agit pas de la somme totale de fantômes ni même de recherches paranormales […] Certaines personnes qui croient aux fantômes ne croient pas que les fantômes soient l'âme humaine. Certaines personnes ne croient pas que les maisons hantées sont hantées par des fantômes, d'autres croient aux fantômes mais pas aux maisons hantées. C’est pourquoi la recherche se poursuit. La confiance avec laquelle Nye a rejeté ces idées suggère qu’il est un expert, mais ses affirmations incorrectes prouvent le contraire»[88].
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Bien que certains physiciens ne soutiennent pas l'hypothèse du dualisme comme Brian Cox ou encore Sean Caroll, d'autres physiciens et chercheurs sont en désaccord comme Roger Penrose, Stuart Hameroff, Fred Alan Wolf ou encore Brian Josephson.
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L'ASSAP (L’Association pour l’étude scientifique des phénomènes anormaux) propose une approche holistique de ces phénomènes sans tomber dans le biais de confirmation populaire que les "apparitions" soient des "esprits". Pour l'ASSAP :
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« La vérité est que, pour le moment, nous ne savons tout simplement pas ce que sont les fantômes! Il existe un certain nombre de possibilités intéressantes, mais malheureusement, peu de personnes les recherchent. Malheureusement, la plupart des gens sont obsédés par l'idée de "l'esprit" pour laquelle il existe très peu de preuves. C'est une situation provoquée en grande partie par les médias et nous ne pouvons rien y faire[89] »
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Les hallucinations sont définies comme des perceptions en l'absence de stimuli externes. Elles doivent être distinguées des illusions, qui résultent de perceptions altérées de stimuli externes existant, et des hallucinoses, qui sont des perceptions en l'absence de stimuli externes mais avec conservation de la conscience de la nature endogène (qui a une cause interne) de la perception[90].
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Une des caractéristiques importantes de l'état psychotique est l'absence de prise de conscience suffisante de la nature pathologique des symptômes (Anosognosie). Les patients pensent que leur comportement, et les expériences hallucinatoires qu'ils vivent, ne sont en aucune manière inhabituels ou étranges[91].
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Un trouble du sommeil relativement fréquent[N 4], connu sous le nom de paralysie du sommeil, peut probablement expliquer bon nombre de cas de hantise, lorsque ceux-ci se produisent quand le témoin est couché dans un lit[92].
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Le sujet, sur le point de s'endormir ou de s'éveiller, mais tout à fait conscient, se trouve dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement volontaire. À cette sensation désagréable, sont couramment associées des hallucinations auditives telles que bruits de pas, voix et sons divers ainsi que des impressions d'oppression, de suffocation et de présence d'une personne maléfique dans la pièce. Les hallucinations visuelles sont assez peu fréquentes[93],[94].
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Beaucoup moins communes sont d'autres impressions, comme des sensations de vibration, de douleur ou de froid, des odeurs, des mouvements des couvertures, etc. Ces hallucinations sont ressenties comme des faits réels, accompagnés d'un sentiment de danger extrême, voire de risque mortel. Plus rarement encore, le ressenti peut être de la colère, de la tristesse, une sensation d'extase, voire des désirs érotiques[95].
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Toutefois, en avril 2008, dans l'ouvrage "Haunted Swindon" le chercheur Dave wood (président de l'ASSAP) et le chercheur Sewell ont découvert que la plupart des apparitions visuelles avaient lieu dans l'après-midi. Dans leurs échantillon, 37% des observations se sont produites pendant la journée, mais après avoir éliminé les cas associés à la paralysie du sommeil et aux phénomènes de limite du sommeil, les chercheurs identifient 50% des cas survenant en plein jour et 50% dans l'obscurité.
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Une patiente de vingt-deux ans, sans antécédents psychiatriques, traitée à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) pour un problème d'épilepsie a eu la désagréable sensation qu'une personne, placée derrière elle, cherchait à l'étreindre, lorsque les chercheurs ont stimulé les électrodes placées dans son cerveau à la jonction temporo-pariétale[96]. Un dysfonctionnement de cette zone cérébrale est déjà soupçonné d'être à l'origine de la sensation de voyage astral[97].
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En 2014, Olaf Blanke et son équipe mettent en évidence chez des sujets sains une sensation de présence, en créant une illusion en laboratoire. 30 % des volontaires en bonne santé ont décrit le sentiment d’avoir quelqu’un derrière eux, qui les touchait[98].
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En 2016, lors d'une interview, Giulio Rognini, l'un des scientifiques qui a conduit cette expérience avec Olaf Blanke insiste bien sur le fait que leurs résultats en neurosciences expliquent juste une petite partie des expériences inhabituelles liées aux apparitions et maisons hantées[99].
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Les travaux en psychologie anomalistique démontrent que le conditionnement et que des facteurs environnementaux peuvent biaiser la perception de certaines personnes. Afin que certaines personnes fassent l'expérience de hantise, cela demande l'association de plusieurs facteurs :
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- Un lieu réputé hanté.
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- Une histoire se focalisant sur ce lieu hanté ou des rumeurs.
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- Prendre un échantillon de personne croyant au paranormal.
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En 1997 et 1998, des chercheurs comme Hourran et Lange ont travaillé sur diverses expériences au sujet du conditionnement psychologique dans le cadre des Hantises en prenant deux groupes. Au premier groupe, ils suggèrent que le théâtre est « hanté ». Au second groupe, les chercheurs les informent que le lieu est simplement en rénovation. Les personnes croyant visiter un lieu hanté ont décrit plus de ressentis inhabituels que les autres.
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En 2003, les hypothèses de Hourran et Lange sont poursuivis par d'autres chercheurs (Wiseman, Watt, Stevens, Greening & O’Keeffe)
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Cette étude a été publiée dans The British Journal of Psychology.
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il s’agissait de recueillir les expériences inhabituelles rapportées par les visiteurs d’un château réputé hanté, transformé en musée. Voici les résultats
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" Le protocole est essentiellement le même que celui de Schmeidler, avec la même ambiance suggestive lors de l’explication de la consigne. 46,5 % des participants dirent avoir eu au moins une expérience inhabituelle. Les deux tiers des expériences étaient des ressentis de variation inhabituelle de la température, et le dernier tiers correspondait à des ressentis de vertiges, maux de têtes, malaises, étouffements, la pression d’une certaine « force », une odeur dégoûtante, une sensation de présence et des émotions intenses".
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Le chercheur Renaud Evrard[100] co-fondateur de CIRCEE[101] (Centre d’Information, de Recherche et de Consultation sur les Expériences Exceptionnelles) remarque toutefois que :
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"ces ressentis étranges sont tout de même éloignés des observations d’apparitions, de déplacements inexpliqués d’objets ou de coups dans les murs. D’ailleurs, seuls 3 % des participants attribuèrent avec certitude leur ressenti à la présence d’un fantôme, et 10 % dirent que c’en était peut-être un. Même quand l’expérience fut renouvelée dans un lieu plus intimiste, la majorité des gens n’étaient pas convaincus d’avoir affaire à un fantôme malgré le récit de quelques observations encore plus étranges"[102].
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Pascale Catala partage également les observations suivantes sujet des travaux de Wiseman :
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" Aucun facteur causal n’a été démontré[...]Les corrélations trouvées ne sont pas très intéressantes ou spécifiques. La variation de champ magnétique n’ayant pas été retrouvée dans la deuxième expérience, il reste des effets liés à la luminosité ou la taille de la pièce... : ces caractéristiques peu spécifiques ne sont pas exploitables.
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Il y a extrapolation à partir des expériences inhabituelles à des sujets de l’étude, aux témoignages de hantise en général.
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Alors qu’on ne parle pratiquement jamais en France des études scientifiques sur les fantômes, la presse a relayée abondamment ces conclusions."[103].
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Enfin, une récente étude de la psychologue Annalisa Ventola[104] met en exergue que les personnes qui font l'expérience des hantises et des '"fantômes" n'ont pas de déficit cognitifs[105]. L'étude de Ventola a porté sur 313 étudiants.
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Des recherches scientifiques ont permis de mettre en cause les infrasons – sons émis à des fréquences inférieures à 20 hertz (Hz), inaudibles pour l’oreille humaine – dans la production de sentiments d’anxiété, de peur ou de tristesse, voire dans la production d’hallucinations. Les effets physiologiques et psychologiques des infrasons ont été découverts au début du XXe siècle. La propagande nazie les aurait utilisés pour accentuer l’excitation des foules pendant les discours d’Adolf Hitler et aurait ultérieurement cherché à construire des armes soniques qui semblent être restées au stade expérimental. Fin 1963, le docteur Vladimir Gavreau, chercheur au laboratoire d’électro-acoustique de Marseille, fut confronté aux violents malaises, migraines et nausées répétés de ses collaborateurs. Après de longues recherches tous azimuts, il découvrit que leur cause était un ventilateur qui émettait des sons inaudibles, d'une fréquence de 7 Hz[106],[107].
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En 2003, Au cours d’une expérience conduite par le docteur Richard Lord, chercheur acousticien au National Physical Laboratory et par le professeur Richard Wiseman, psychologue à l'université du Hertfordshire, des sons à très basse fréquence ont été émis au cours de quatre morceaux joués pendant un concert réunissant 750 personnes à Londres. À la sortie, 22 % des spectateurs ont déclaré avoir eu des réactions de peur ou de tristesse au cours des passages en question. Selon le professeur Wiseman : « Certains chercheurs ont suggéré que ce niveau de son peut être relevé dans certaines maisons dites hantées et ainsi provoquer des sensations curieuses couramment attribuées à la présence d'un fantôme - nos découvertes confirment cette hypothèse »[108]. Le vent s’engouffrant dans les longs corridors et les conduits de cheminée des châteaux pourrait être à l’origine de ces infrasons.
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Vic Tandy, ingénieur à l’université de Coventry, a eu une expérience inhabituelle en 1998 relatif à un cas de hantise sur son lieu de travail : sensation de malaises et sensation de voir une apparition mal définie en périphérie de son champ de visions. Tandy a trouvé la cause du présumé fantôme : des sons d’une fréquence d’environ 19 Hz qui provenaient d'un ventilateur qui peuvaient faire, selon lui, résonner le globe oculaire humain, provoquant des troubles de la vision et des hallucinations[109],[110].
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Néanmoins, il est important de remettre ces hypothèses ci-dessus dans leur contexte et de préciser que d'autres chercheurs ont tenté de répliquer l'expérience de Vic Tandy et de Richard Wiseman, à savoir valider ou réfuter l'hypothèse des infrasons et champs magnétiques dans le cadre des hantises et de possibles sources d'apparitions.
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En 2004, Chris French psychologue spécialisé en psychologie anomalistique a tenté une expérience associant des champs magnétiques élevés ainsi que des ondes sonores à basses fréquences sans démontrer de relation de cause à effet[111].
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En 2005, une nouvelle expérience scientifique a été tentée par Roger Schwenke et John Meyer[112] qui ont dirigé l'équipe Meyer Sound dans la conception d'un banc d'essai spécial qui produirait des niveaux sonores très élevés aux fréquences infrasonores afin de trouver un lien tangible entre les infrasons et les hallucinations visuelles. Dans le cadre de cette expérience, personne n'a halluciné et les effets psychologiques peu concluant. Ce projet a été présenté dans le cadre de l'émission scientifique et de débunking Mythbusters[113].
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En 2009, French a aussi recommencé une autre tentative sans démontrer de preuves évidentes : « environ 80% des volontaires ont dit qu'ils se sentaient étourdis, la moitié ont dit qu'ils avaient l'impression de tourner et 23% se sentaient détachés de leur corps ont rapporté les chercheurs en 2009 dans le journal Cortex. 23% ont également déclaré avoir ressenti une présence, et 8% ont ressenti de la terreur, et 5% des participants ont déclaré être excités sexuellement »[114].
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Steeve Parson, étudie également l’impact du son dans l’expérience des fantômes et hantises, membre de la SPR, il propose une analyse très détaillée sur le site Psi Encyclopedia. L’article de Parson est également disponible sur le Journal of the Society for Psychical Research Vol. 76.3 No. 908 July 2012, 2012 [115].
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Selon lui :
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" L'infrason seul ne produit pas d'expériences anormales et paranormales. La gamme de fréquence autour de 18Hz ne produit pas les expériences apparitionnelles (comme suggéré par Tandy et Lawrence). "
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La Terre baigne naturellement dans un champ magnétique qui lui est propre, dont la composante verticale à sa surface est stable aux alentours de 500 milligauss. Dans les années 1980, en étudiant le comportement des sourciers, le professeur Yves Rocard a estimé qu'un être humain pouvait être sensible à une variation de magnétisme de l'ordre du milligauss[116]. Or, dans certains lieux supposés hantés, il a été mesuré des champs magnétiques beaucoup plus considérables, allant jusqu'à 825 milligauss. Il a été envisagé que certaines personnes pourraient y être particulièrement sensibles, et interpréter leur ressenti en fonction de leurs croyances personnelles[117],[118].
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En 1990, le chercheur en neuroscience Michael Persinger a inventé un appareil qu'il nomme Casque de dieu, censé produire des hallucinations ou des états altérés de conscience par stimulations magnétiques du cerveau, dont les effets pourraient pourraient expliquer certaines perceptions inhabituelles. Il tenta d'étendre ce concept aux lieux supposés hantés. Mais ses allégations n'ont été ni répliquées ni validées par la communauté scientifique. Pour sa part, le parapsychologue Mattew Didier, fondateur de la « Toronto ghost and Haunting research society » n'a trouvé aucune corrélation lors de ses propres recherches sur le terrain et, en 2004, c'est le chercheur Pehr Granqvist qui ne corrobore pas non plus les allégations de Persinger[119]. En 2018, une étude du psychologue David Maij, a démontré que le casque de Dieu de Persinger tend à fonctionner comme un placebo[120].
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D'autres études ont tenté en vain d'établir une corrélation entre les champs magnétiques et la perception des phénomènes de hantise :
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En 2015, Shane Rogers, ingénieur environnemental affirme que les "fantômes" sont des hallucinations dans des vieilles demeures causés une intoxication par des moisissures. Toutefois Rogers n'a jamais publiés ses résultats comme le souligne Hayley Stevens en se rendant sur le site de l'université de Clarkson[126]. Enfin, sur des sites médicaux, il n'existe aucune preuves évidentes que les moisissures peuvent produire des hallucinations élaborées dans de vielles demeures[127].
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Les recherches aux sujets des "fantômes" et des maisons hantées sont toujours d'actualité car se sont des phénomènes dont la réalité sociale est indiscutable. Actuellement, les approches académiques sur les "fantômes" et maisons hantées sont multiples au niveau de des différentes disciplines académiques ( physique, psychologie, neurosciences, sociologie...) et nombre d'études sont disponibles sur google scholar, académia, frontiers in psychology, la Parapsychological association et Psi Encyclopedia.
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Selon Renaud Evrard :
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"Les seules choses dont nous sommes sûrs c’est un, que des gens croient au paranormal, deux, que des gens disent faire l’expérience du paranormal. Les statistiques dans les pays industrialisés indiquent, depuis les années 1970, qu’entre 50 % et 70 % des populations croient à ces phénomènes, et qu’entre 30 % à 50 % pensent avoir vécu au moins une expérience paranormale au cours de leur vie. Ce sont des chiffres énormes ! N’importe quel autre phénomène qui aurait une telle propension ou prévalence dans la population ferait partie des objets d’étude classiques.Mais, comme il s’agit de paranormal, cela reste en marge académiquement. [128]."
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De nouvelles statistiques indiquent également que 75,9 % des américains croient aux phénomènes dits paranormaux[129].
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"Fantômes" et hantises arrivent en tête des expériences dites inhabituelles.
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C'est réalité sociale a fait l'objet d'une nouvelle étude académique " Things That Go Bump in the Literature: An Environmental Appraisal of “Haunted Houses[130]” en date du 12 juin 2020, qui met en commun le travail de 9 chercheurs qui ont fait le bilan sur 20 années de recherches sur des facteurs environnementaux pouvant biaiser ou altérer les perceptions humaines comme sources possibles de biais cognitifs.
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Au-delà d'une analyse critique au sujet des infrasons, champs magnétiques, moisissures, la qualité de l'air, la température et la suggestion, cette étude pluridisciplinaire au terme de cette rétrospective arrive à la conclusion suivante :
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"Nous concluons donc qu'un modèle exclusivement ou principalement environnemental - c'est-à-dire s'appuyant sur des signaux intégrés discrets, la qualité de l'air, la température, les infrasons, les niveaux d'éclairage ou les champs électromagnétiques - est actuellement insuffisant comme explication générale de ce qui imprime à certains endroits ou paramètres un personnage hanté (ou flippant) ou sert de source prédominante d'expériences anormales dans ces contextes[...]En conséquence, les efforts scientifiques pour décrire les maisons hantées et les phénomènes connexes en termes environnementaux devraient aborder plusieurs questions. Premièrement, notre revue de la littérature a révélé une pénurie de recherches détaillées et de qualité dans ce domaine. Les études futures doivent donc s'efforcer de mesurer les facteurs physiques discrets de manière plus cohérente, globale et précise [...]En terminant, il serait négligent de ne pas mentionner de modèle environnemental pour les repaires poussés à l'extrême".
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Pour les parapsychologues, la recherche actuelle sur "les fantômes" pointe des anomalies qui se produisent dans des lieux dont les mécaniques sont inconnus ou des informations véhiculées par le PSI que les témoins interprètent en fonction de leurs cultures, convictions personnelles et croyances.
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" Le point de vue qui prévaut aujourd'hui est que bon nombre des effets physiques mystérieux attribués historiquement aux fantômes (esprits désincarnés), tels que le mouvement d'objets, les sons étranges, les odeurs énigmatiques et la défaillance de l'équipement électrique, sont en réalité des phénomènes de poltergeist. On pense que les apparitions qui se produisent sans effets physiques associés sont soit des effets psychologiques normaux (c'est-à-dire des hallucinations), soit éventuellement de véritables informations médiées par le psi[131]".
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En juillet 2019, c'est tenu le 69e congrès de la parapsychological association. Actuellement, les parapsychologues tentent toujours d'élaborer des hypothèses et des axes de recherches afin de mieux appréhender les mécanismes liées aux hantises et poltergeists au travers de 160 ans de dossiers documentés à la lumière de différentes disciplines académiques comme la physique, les neurosciences ou encore la psychologie cognitive.
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Actuellement, il existe des divergences entre la psychologie anomalistique et la parapsychologie. En effet, certains chercheurs en psychologie anomalistique tentent de réduire ces phénomènes à des mécanismes connus, tandis que la majorité des parapsychologues proposent d'autres pistes d'explorations. Toutefois, des "sceptiques" comme Chris French "Anomalistic Psychology: Exploring Paranormal Belief and Experience" reconnaissent que les travaux actuels en parapsychologie répondent aux critères des meilleures expériences en psychologie et que les travaux et la recherche correspondent aux standards académiques.
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Pour les chercheurs Watt et Sheldrake, la parapsychologie et la discipline scientifique qui fait l'objet de plus de contrôles. [132],[133]
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Le "sceptique" Jean-Michel Abrassart reconnait également la qualité de certaines recherches des parapsychologues et l'intêret de la parapsychologie[134].
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En France, Renaud Evrard aborde actuellement ces phénomènes par le prisme d'une sociologie de l'anomalistique[135]
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Thomas Rabeyron Professeur de psychologie clinique et psychopathologie aborde ces phénomènes au travers d'une démarche clinique des expérience exceptionnelles[136]
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Enfin, les chercheurs académiques encouragent les "amateurs" comme la plupart des chasseurs de fantômes à ne pas faire n'importe quoi et de la pseudo-science, notamment à cause d'une lecture inappropriée de gadgets et en faisant l'usage du "freak show" sur les réseaux sociaux. C'est ce que pointent entre autres Renaud Evrard et Abrassart dans le billet suivant : "Le YouTube hanté : Internet en tant que dispositif d’évocation de fantômes"[137].
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Pour Ben Radford, la science ne réfute pas l'existence des "fantômes", mais de bonnes preuves sont nécessaires[138].
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Les relations détaillées d'apparitions de fantômes et de lieux supposés hantés suffiraient, à eux seuls, à remplir une bibliothèque. Il est donc exclu d'engager ici une telle entreprise. Quelques cas sont toutefois particulièrement célèbres :
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L'abbaye de Mortemer dans l'Eure serait hantée par le fantôme de Mathilde l'Emperesse, petite-fille de Guillaume le Conquérant, qui apparaîtrait les nuits de pleine Lune. La fameuse photo du spectre de Mathilde fut démystifié rationnellement en octobre 2011 dans l'émission de télévision R.I.P.[139].
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Les jardins du Trianon seraient parfois peuplés de fantômes. L'après-midi du 10 août 1901, deux touristes anglaises s'égarèrent dans les jardins du château de Versailles proches du Trianon. Elles y firent la rencontre insolite de plusieurs personnages en tenue du XVIIIe siècle. Dans un climat qu'elles qualifièrent d'« anormal, insolite et déplaisant », elles échangèrent plusieurs phrases avec eux avant de retrouver un environnement « normal » devant l'entrée du Petit Trianon où elles achevèrent leur visite. En confrontant ultérieurement leurs souvenirs, elles découvrirent qu'elles n'avaient pas remarqué parfois les mêmes choses. Elles publièrent leur aventure en 1911 sous des pseudonymes[140], une traduction française en fut publiée en 1959[141]. Des témoignages assez proches auraient été enregistrés en 1908, 1928 et 1955[142]. Dans les années 1930, un chercheur du nom de R.J. Sturge-Whiting fit une analyse approfondie des témoignages. Il conclut que les deux visiteuses n'avaient, en réalité, rencontré que du personnel du château et d'autres touristes[143].
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Le château de Veauce (Allier) : cette forteresse serait hantée par le fantôme de Lucie, une jeune domestique morte de faim dans une tour du château. L'ancien propriétaire, le baron Ephraïm Tagori de la Tour, prétendait la rencontrer toutes les nuits sur un chemin de ronde[144]. L'événement a fait l'objet d'un reportage, réalisé par Jean-Yves Casgha en août 1984 et diffusé le 8 juillet 1992 dans l'émission Mystères de TF1[145], et dans l'émission RIP : Recherches, investigations, paranormal le 26 mars 2014 sur Planète+ A&E[146].
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Le château de Combourg : celui-ci, situé à Combourg en Ille-et-Vilaine serait d'après Chateaubriand qui y passé une partie de son enfance, hanté par le fantôme d'un chat accompagné par une jambe de bois.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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« Albion est - qui l'ignore ? - île de fantômes[147]. »
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La Tour de Londres est supposée être visitée par les spectres des nombreuses victimes qui y ont été enfermées, torturées ou exécutées durant des siècles. Parmi les plus célèbres se trouvent Anne Boleyn qui y apparaîtrait fréquemment, parfois sans sa tête. Walter Raleigh se promènerait les nuits de pleine lune sur les remparts proches de ses anciens appartements, Henri Percy (9e comte de Northumberland) déambulerait pour sa part sur les remparts de Martin tower et Guilford Dudley viendrait s'asseoir près d'une fenêtre de Beauchamp tower. Margaret Pole, 8e comtesse de Salisbury, ferait revivre aux témoins les circonstances atroces de sa décapitation et les deux jeunes princes, Édouard V d'Angleterre et Richard de Shrewsbury, emprisonnés dans la Tour et disparus de façon inexpliquée seraient apparus à plusieurs reprises. S'y ajoutent de nombreuses autres apparitions plus ou moins clairement identifiées[148]. Il semblerait que la dernière apparition remonte au 13 février 1957, date à laquelle deux gardes de la Tour aperçurent une silhouette blanche, qui pourrait être le spectre de Jeanne Grey, entre les créneaux du sommet de la salt tower[149].
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Le Château de Hampton Court : le 22 décembre 2003, une caméra de surveillance a enregistré une forme fantomatique attribuée à Henry VIII. Le palais, outre d'autres apparitions d'Henri VIII dans les couloirs du château, est réputé pour abriter le fantôme de Catherine Howard, cinquième femme du souverain, condamnée pour adultère[150].
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Le presbytère de Borley fut proclamé par Harry Price « La maison la plus hantée d'Angleterre »[151] en 1940. Ce sinistre bâtiment, construit en 1863 aurait été le lieu de multiples apparitions et poltergeists de 1929 jusqu'à son incendie en 1939, voire sur l'emplacement de ses ruines durant encore une dizaine d'années. Toutefois, l'épouse du révérend Smith, qui habitait le lieu à cette époque, a déclaré à plusieurs reprises ne pas croire que le presbytère ait été hanté. Une étude approfondie, publiée en 1955, aboutit aux mêmes conclusions[152],[153].
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Le château de Raynham Hall, dans le Norfolk, est célèbre par la photo du fantôme de la « Demoiselle brune » prise en 1936 dans son grand escalier. Il pourrait s'agir de Lady Dorothy Townshend, seconde épouse de Charles Townshend, second vicomte de Raynham et propriétaire du château au début du XVIIe siècle. Officiellement morte et inhumée en 1726, une légende relate que son époux aurait simulé son décès pour la maintenir ensuite enfermée dans une pièce isolée du château pendant plusieurs années.
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Le village de Pluckley, dans le Kent serait un des villages les plus hantés d’Angleterre. De très nombreux fantômes y ont été observés, dont plusieurs dans l'auberge[154].
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La Maison-Blanche serait hantée par le fantôme d'Abraham Lincoln, président des États-Unis assassiné en 1865. Le premier témoignage remonte à l'épouse de Calvin Coolidge (président de 1923 à 1929) qui aurait aperçue sa silhouette à une fenêtre du Bureau ovale. Il aurait ensuite été vu à plusieurs reprises durant la présidence de Franklin Delano Roosevelt (1933-1945) par diverses personnes, dont la reine Wilhelmine des Pays-Bas durant son séjour dans la chambre de Lincoln à la Maison-Blanche[51].
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Le sanatorium de Waverly Hills est situé au 8101, Dixie Highway à Louisville dans l'État du Kentucky. L'établissement est très populaire aux États-Unis, où il est présenté comme étant « l'endroit le plus hanté d'Amérique » et a été l'objet de plusieurs shows et émissions télévisées[155].
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Outre le fait qu'il s'agit plutôt d'un cas de poltergeist, et malgré son extrême popularité, l'Affaire d'Amityville qui a inspiré un roman et un film célèbres, demeure extrêmement douteuse car la plupart des phénomènes décrits ont trouvé une explication banale. Par ailleurs, de nombreuses contradictions et déformations dans les propos des membres de la famille de George Lutz jettent un voile de discrédit sur leurs témoignages.
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La réserve indienne d'Isleta au Nouveau-Mexique a été le siège de la légende du Padre Padilla dont le corps était réputé se relever de sa tombe et errer dans le village certains soirs[156],[157]. Le 25 avril 1895, Anton Docher décida d'enquêter sur ce phénomène en présence d'autres témoins et ouvrit la tombe du Padre Padilla[158],[159]. Au cours de cette enquête, Anton Docher se blessa au bras et la gangrène s'installa à tel point que les médecins préconisèrent l'amputation et que les habitants évoquèrent la malédiction du père Padilla. Anton Docher pria alors la dépouille du Padre Padilla pour sa guérison et la blessure disparut comme par miracle[160],[161],[162],[163],[164],[165].
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En Espagne, se dresse le fantôme de Catalina Lercaro. Elle était une jeune femme qui vivait dans la ville de San Cristobal de La Laguna à Tenerife. Elle appartenait à une famille de marchands génois riches. Catalina, est forcée d'épouser un homme plus âgé qu'elle, qui jouit d'une bonne position. De désespoir, la jeune Catalina se tue en sautant dans un puits se trouvant dans la cour de la maison[166]. Son corps est enterré sous le plancher d'une chambre dans la maison en raison du refus de l'Église catholique de l'enterrer dans le cimetière à cause de son suicide[167]. Depuis, de nombreuses personnes affirment avoir vu le fantôme de Catalina Lercaro se promener à travers la maison, actuellement le musée de l'Histoire de Tenerife.
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Le thème du fantôme, et ses nombreux dérivés, a donné lieu à une si abondante littérature qu'il serait vain de tenter d'en établir une liste[N 5]. En dehors des innombrables recueils « d'histoires de fantômes », et des essais ou études sur ce sujet, partiellement listés dans la bibliographie, on peut relever parmi les textes classiques d'écrivains célèbres :
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Les fantômes ont toujours représenté un thème particulièrement riche, que Georges Méliès mettait en scène, dès
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1896, avec l'apparition de trois spectres dans son film Le Manoir du diable[168]. Progressivement, les personnages de fantômes s'affranchirent du genre fantastique pour gagner des œuvres plus romantiques ou légères, telle la comédie populaire SOS Fantômes.
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Selon une étude américaine, le nombre de productions reprenant ce thème n'a cessé de croître depuis les années 1960, aidées en cela par les facilités offertes par le développement des effets spéciaux et des images de synthèse[169].
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Le thème de la spectralité renvoie également à l'essence même du cinéma (cet art des images en mouvement, basé sur phénomène optique, capable de reproduire, et de "redonner vie", au présent, à actions passées et à des corps disparus)[170].
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L’Amérique du Nord est un continent à part entière ou un sous-continent de l'Amérique suivant le découpage adopté pour les continents.
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Elle est entourée par l'océan Pacifique à l'ouest, l'océan Arctique au nord et l'océan Atlantique à l'est. L'isthme de l'Amérique centrale la relie à l'Amérique du Sud. Les Caraïbes, région quelquefois incluse dans l'Amérique du Nord, ferment le golfe du Mexique.
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Les limites de ce qui est nommé l'Amérique du Nord diffèrent selon les points de vue. Pour l'Organisation des Nations unies, l'Amérique du Nord comprend uniquement le Canada, les États-Unis, les Bermudes ainsi que Saint-Pierre et Miquelon[2]. Cependant, le Mexique est membre de l'Accord de libre-échange nord-américain et communément admis dans le sous-continent.
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Le nord du continent américain regroupe donc les pays suivants :
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De 1907 à 1934, Terre-Neuve fut également un dominion (état indépendant membre de l'Empire britannique).
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Au sud du Mexique, on retrouve un certain nombre de pays que l'on regroupe sous le nom d'Amérique centrale :
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On peut dans certains cas ajouter à ces pays les Antilles. Cet archipel est divisé en deux grands ensembles :
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Héritage des différentes vagues d'immigration qui ont marqué son histoire, l'Amérique du Nord présente deux groupes ethno-culturels bien différenciés:
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Sur le continent la langue principale est l'anglais (aux États-Unis et au Canada), suivi de l'espagnol (aux États-Unis et au Mexique) et du français (au Canada et minoritairement aux États-Unis). D'autres langues locales, issues des civilisations amérindiennes, subsistent, quoique faiblement.
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L'Amérique du Nord est le deuxième continent le plus riche du monde après l'Europe en ce qui concerne la richesse par habitant. Pour ce qui est de la richesse totale, l'Amérique du Nord se classe troisième après l'Asie et l'Europe.
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Les États-Unis et le Canada font partie des pays les plus développés au monde.
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Outre la colonisation viking des Amériques, il est très probable que les Mélanésiens de Polynésie aient eu un contact ancien avec l'Amérique du Sud, hypothèse attestée entre autres par l'analyse génétique de la patate douce, originaire d'Amérique du Sud mais présente depuis longtemps en Océanie (voir Amérique du Sud et peuplement de l'Océanie pour plus de détails). En 2005, des analyses linguistiques (sur des mots en chumash et en gabrielino) et archéologiques plaidèrent également en faveur d'un contact entre les populations polynésiennes de Hawaï et la Californie [4].
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La culture populaire retient couramment la découverte de Christophe Colomb comme le premier contact des européens avec le continent américain. Pourtant, l'ensemble continental avait déjà été atteint depuis le Xe siècle, puisque c'est à cette époque que le Groenland, île américaine (au sens géographique), a été découvert par une expédition de Vikings (menée par le célèbre Erik le Rouge). De plus, selon de récentes avancées de la recherche archéologique, ils furent aussi les premiers Européens à atteindre le Canada : au tournant du XIe siècle, des expéditions partirent du Groenland et tentèrent une colonisation de Terre-Neuve[5]. Cependant, certaines thèses postulent des contacts épisodiques remontant jusqu'à l'Antiquité[6].
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Voir les articles : Colonisation européenne des Amériques, Colonisation britannique des Amériques, Colonisation espagnole de l'Amérique, Colonisation française des Amériques, Nouvelle-France, Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Néerlande, Amérique du Nord britannique.
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Dans le cas d'un découpage de l'Amérique en 2 continents, la limite historique avec l'Amérique du Sud est le canal de Panama, mais il est plus généralement admis aujourd'hui que ce soit le bouchon du Darién, zone située de part et d'autre de la frontière entre le Panama et la Colombie.
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Si l'Amérique est considérée comme constituée de 3 sous-continents, l'Amérique du Nord est séparée de l'Amérique centrale par l'isthme de Tehuantepec.
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La disposition du relief nord-américain est longitudinale : la région se décompose en ensembles différenciés qui se succèdent d’est en ouest. La partie orientale est dominée par des plaines littorales étroites au nord (Canada et Nouvelle-Angleterre) et plus larges au sud (Floride). Derrière ces espaces plats se trouvent des chaînes de montagnes peu élevées, de formation ancienne et érodées : les Appalaches ne dépassent guère les 2 000 mètres d’altitude. Le plateau des Laurentides constitue l’essentiel de la presqu’île du Labrador. En allant vers l’ouest, on rencontre des espaces relativement plats et peu élevés, parsemés de lacs (lac de l’Ours, grand lac des Esclaves, lac Winnipeg et les Grands Lacs). Plus au sud, la vallée du Mississippi représente l’épine dorsale du centre de l’Amérique du Nord. Ensuite, la région des Grandes Plaines puis le piémont des Rocheuses se succèdent à des altitudes de plus en plus hautes. L’ouest de l’Amérique du Nord est une succession de chaînes plus ou moins parallèles qui constituent un obstacle à la circulation. Cet ensemble montagneux, plus large aux États-Unis qu’au Canada, est entrecoupé de hauts plateaux et de fossés d’effondrement. Les derniers espaces avant l’océan Pacifique se caractérisent par une grande activité volcanique et sismique : il s’agit d’une portion importante de la ceinture de feu du Pacifique.
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Parc national de Bryce Canyon (États-Unis)
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Les Grands Lacs : le lac Érié, en hiver
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Le Denali, point culminant de l’Amérique du Nord (États-Unis)
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Les montagnes Rocheuses (Canada/États-Unis)
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Les Appalaches (Canada/États-Unis)
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Cancún au Mexique
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Selon une étude publiée en septembre 2019 par des chercheurs de l’université Cornell (New York), l’American Bird Conservancy et le Centre de recherches national de la faune du Canada, le nombre d’oiseaux en Amérique du Nord a diminué de 2,9 milliards depuis les années 1970. L'étude montre que, outre les espèces en voie de disparition, les oiseaux communs considérés comme abondants subissent également une « disparition massive »[7]. Les causes seraient la disparition de leur habitat ainsi que l’utilisation massive de pesticides[8].
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Vison américain.
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Pronghorn.
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L’Amérique du Nord a perdu 15 % de ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) entre 2000 et 2013[9].
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Les cervidés (Cervidae, du latin cervus « cerf », apparenté au grec κεραός / keraos, « cornu ») forment une famille de mammifères ruminants présentant un nombre pair de doigts. Elle comprend notamment les cerfs, les chevreuils, les rennes, les élans et les daims, ainsi que des espèces moins connues appelées pudus.
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La particularité des cervidés est de porter des bois, des organes osseux caducs présents sur la tête des mâles. Il existe toutefois quelques exceptions:
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Les bois des cervidés forment un trophée (terme cynégétique employé aussi bien pour la parure sur l'animal vivant, que dans le sens plus connu de trophée de chasse). Ils muent chaque année ; le produit de la mue (les bois morts délaissés) s'appelle la « mue »[1].
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Les cervidés constituent les derniers grands ruminants sauvages des régions tempérées. À travers le monde, il en existe quarante-quatre espèces réparties en dix-sept genres.
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Les cervidés les plus fréquents dans les forêts d'Europe sont le cerf élaphe, Cervus elaphus le chevreuil, Capreolus capreolus et le daim, Dama dama. En Scandinavie, s'y ajoutent le renne, Rangifer tarandus, et l'élan, Alces alces, également présent en Europe centrale. D'autres espèces ont été acclimatées en Europe et peuvent s'y rencontrer occasionnellement, comme le cerf Sika, Cervus nippon.
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Ils sont nettement divisés en deux ensembles phylogénétiquement cohérents : l'un, paléarctique et asiatique : cervidés européens ; l'autre, néarctique et néotropical : cervidés américains. Trois espèces seulement échappent à la règle, avec une répartition holarctique : le cerf élaphe, ou wapiti, en Amérique, le renne, ou caribou et l'élan, ou orignal.
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La taille des cervidés varie de celle d'un lièvre pour le pudu à celle d'un grand cheval pour l'élan.
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Ils sont divisés en quatre sous-familles :
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Alces alces
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Blastocerus dichotomus
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Capreolus capreolus
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Hippocamelus antisensis
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Mazama americana
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Odocoileus virginianus
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Ozotoceros bezoarticus
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Pudu puda
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Rangifer tarandus
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Axis axis
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Cervus elaphus
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Dama dama
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Elaphodus cephalophus
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Elaphurus davidianus
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Muntiacus muntjak
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Cervus duvaucelii
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Rusa alfredi
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Hydropotes inermis
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Phylogénie des familles actuelles de cétartiodactyles (hors cétacés), d'après Price et al., 2005[2] et Spaulding et al., 2009[3]:
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Camelidae (chameaux, lamas...)
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Suidae (porcins)
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Tayassuidae (pécaris)
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Cetacea (cétacés)
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Hippopotamidae (hippopotames)
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Tragulidae (chevrotains)
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Antilocapridae (antilocapres)
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Giraffidae (girafes, okapi...)
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Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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Cervidae (cerfs, rennes...)
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Moschidae (cerfs porte-musc)
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Malgré l’orthographe du mot en français, le terme « cerf-volant » n’a probablement pas de lien avec le « cerf », mais signifierait « serpent volant » (ancien français serp-volante)[10].
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Le terme populaire automobile[a] (simplification historique de l'expression « voiture légère automobile ») désigne un véhicule à roues, motorisé et destiné au transport terrestre de quelques personnes et de leurs bagages[1]. L'abréviation populaire « voiture » est assez courante, bien que ce terme désigne de nombreux types de véhicules qui ne sont pas tous motorisés[2].
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L'automobile s'est progressivement imposée dans les pays développés comme le principal mode de transport pour la circulation des individus et des marchandises. Son industrie a été l'un des secteurs les plus importants et les plus influents depuis le début du XXe siècle.
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L'automobile a révolutionné le transport et a entraîné de profonds changements sociaux, en particulier dans le rapport des individus à l'espace. Elle a favorisé le développement des échanges économiques et culturels et conduit au développement massif de nouvelles infrastructures. Tout un univers culturel s'est construit à partir de sa diffusion comme objet de consommation grand public et elle représente aujourd'hui — à l'instar d'autres inventions du XXe siècle comme la radio, la télévision ou le réfrigérateur — un équipement largement considéré comme indispensable dans les foyers des pays développés. À la fois moyen de distinction sociale et instrument de loisir, l'automobile occupe une place éminente dans le mode de vie contemporain.
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L'industrie automobile est, par métonymie, un secteur économique important pour les pays possédant des constructeurs.
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L'automobile est un moyen de transport privé parmi les plus répandus. Sa capacité est généralement de deux à cinq personnes, mais peut varier de une à neuf places.
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L'usage limite l'emploi du terme automobile aux véhicules possédant quatre roues, ou plus rarement trois ou six roues, de dimensions inférieures à celle des autobus et des camions, mais englobe parfois les camionnettes. Bien qu'étant des « véhicules automobiles », les motocyclettes ne sont pas habituellement classées dans cette catégorie.
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Le terme « automobile » est un adjectif issu de la concaténation du préfixe grec αὐτός (soi-même) et du suffixe latin mobilis (mobile). Il a été créé, initialement, pour désigner les voitures automobiles lors de l'invention des premières « voitures sans chevaux », qui étaient munies d'un moteur avec source d'énergie embarquée[3]. Le terme permettait de faire la distinction d'avec les autres voitures alors tractées, notamment diligences, calèches, carrioles, chariots. Ces autres voitures étaient mues par des animaux de trait (généralement des chevaux, avec les voitures hippomobiles, ou des bœufs) et plus tard le chemin de fer.
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Le substantif « automobile » est attesté vers 1890, mais son genre, aujourd'hui seulement féminin, a fait pour les linguistes l'objet de débats[4]: le féminin fait référence à la notion de voiture automobile, alors que le masculin fait référence à la notion de véhicule automobile[5]. L'Académie française s'est ainsi prononcée dès 1901 pour le genre féminin[6], mais la polémique ne s'est éteinte que bien après, le masculin étant attesté ponctuellement jusqu'en 1944[4],[réf. nécessaire].
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Pour parler d'un véhicule de tourisme, les termes automobiles et voiture peuvent être utilisés, toutefois avec la réglementation du secteur des définitions parfois différentes ont été utilisées, notamment dans la convention de Vienne sur la circulation routière. Dans les accords internationaux la catégorie de véhicule qui se rapproche le plus de la voiture est la catégorie M1.
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Le terme véhicule automobile est plus large que le terme voiture automobile, il couvre l'ensemble des véhicules motorisés d'au moins quatre roues ainsi, dès 1956, Chapelain note que : « De par leur destination les véhicules automobiles sont classés en: − voitures de tourisme; − véhicules utilitaires; − véhicules spéciaux[7] »
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En France, le code de la route définit la voiture particulière comme un véhicule de catégorie M1, quatre roues, neuf places au plus, ne répondant pas à la définition du véhicule de la catégorie L6e ou L7e et ayant un poids total autorisé en charge inférieur ou égal à 3,5 tonnes[8]. Aujourd'hui, en France on désigne une Voiture de tourisme souvent comme une « voiture », et parfois comme une « auto », mais très rarement « automobile », pas assez spécifique et devenu désuet. Le terme automobile reste employé comme adjectif.
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Au Québec, le code de la sécurité routière définit le «véhicule automobile» comme « un véhicule routier motorisé qui est adapté essentiellement pour le transport d’une personne ou d’un bien »
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En Suisse, la loi définit les véhicules automobiles dans son article 7:
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« 1 Est réputé véhicule automobile au sens de la présente loi tout véhicule pourvu d’un propre dispositif de propulsion lui permettant de circuler sur terre sans devoir suivre une voie ferrée.
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2 Les trolleybus et véhicules analogues sont soumis à la présente loi dans la mesure prévue par la législation sur les entreprises de trolleybus. »
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Dans l'union européenne, les différentes notions nationales ont été harmonisées dans le but du marché commun par la directive 70/156/CEE du Conseil, du 6 février 1970, qui base l'alignement sur les définitions des accords internationaux :
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En raison de sa large diffusion et de son usage dans les milieux les plus variés, la voiture automobile est aujourd'hui appelée par de nombreux noms familiers, comme « auto », « bagnole », ou « char »[9] en Amérique du nord francophone, et argotiques, comme « tacot », « caisse », « tire »[10], « guimbarde », « chignole », « charrette » en Europe, ainsi que « minoune » au Canada[réf. souhaitée].
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Le principe de l'automobile consiste à placer sur un châssis roulant un groupe motopropulseur et tous les accessoires nécessaires à son fonctionnement. Ces éléments sont contrôlés par le conducteur via des commandes, le plus souvent sous la forme d'un volant de direction et de pédales commandant l'accélération, le freinage et souvent l'embrayage.
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Un châssis ou une carrosserie autoporteuse supporte et réunit tous les composants de l'automobile. Le châssis est monté sur quatre roues, dont deux sont directrices ou plus rarement les quatre, permettant sa mobilité. Des suspensions réalisent quant à elles une liaison élastique entre le châssis et les roues. Une carrosserie, en partie vitrée, constituant un habitacle fermé muni de sièges, permet le transport de personnes assises, par tout temps tandis que les cabriolets reçoivent une capote ou un toit escamotable.
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Les automobiles sont généralement propulsées par un moteur à combustion interne, mais un ou plusieurs moteurs électriques peuvent également fonctionner de concert avec le moteur thermique, voire le remplacer. La puissance mécanique fournie par le moteur est transmise aux roues par l'intermédiaire des organes de transmission dont une boîte de vitesses. Un réservoir permet le stockage du carburant nécessaire au fonctionnement du moteur thermique, tandis qu'une batterie, rechargée par un alternateur entrainé par le moteur, alimente en électricité tous les organes et accessoires le nécessitant.
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Les instruments de contrôle et les commandes tels que le volant, les pédales, l'indicateur de vitesse ou le tachymètre, permettent la conduite de l'automobile. Enfin, les éléments de confort (chauffage, ventilation, climatisation, autoradio, etc.) et de sécurité (éclairage, ABS, etc.) sont des accessoires en nombre toujours croissant.
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Le premier véhicule automobile fonctionnel a été inventé en 1769 par Nicolas Joseph Cugnot sous le nom de fardier de Cugnot[11] mais il faut attendre la deuxième moitié du XIXe siècle et les progrès liés à la révolution industrielle pour que les véhicules automobiles personnels se développent et prennent finalement leur nom actuel d'automobile.
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La naissance de l'automobile s'est faite par l'adaptation d'une machine à vapeur sur un châssis autonome mais des problèmes techniques et sociaux ont retardé son développement. L'encombrement de la chaudière, les matériaux inadaptés aux hautes pressions et les châssis supportant mal les vibrations furent les principaux obstacles techniques et la dangerosité perçue et réelle de ces engins sur les routes à l'époque a conduit à des législations contraignantes, comme le Locomotive Act au Royaume-Uni[12].
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L'aventure automobile a commencé dans la vallée d'Aoste (Italie), où les premières expériences réussies ont eu lieu en 1864. Ce fut Innocent Manzetti d'Aoste qui réalisa une voiture à vapeur qui pouvait circuler le long des rues[13]. Les journaux d'Aoste et de Turin en parlèrent entre 1869 et 1870[14].
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En France, les premières automobiles produites et commercialisées sont à vapeur (L'Obéissante d'Amédée Bollée en 1873[15]) et, les premiers prototypes utilisant les nouveaux moteurs à explosion moins encombrants au milieu des années 1880 sous l'impulsion d'un ingénieur français Édouard Delamare-Deboutteville et d'un ingénieur allemand Gottlieb Daimler. En 1881, Charles Jeantaud sort sa première voiture automobile électrique, équipée de batteries d'accumulateurs Faure, la Tilbury.
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Très rapidement ce genre de prototypes a connu le succès grâce à d'autres réalisateurs et conduit à ce qu'en 1895 environ 350 automobiles circulaient sur le territoire français, contre 75 en Allemagne, et seulement 80 aux États-Unis.[réf. nécessaire] En 1900 la France est le premier producteur mondial d’automobiles avec près de 50 % de la production. C'était une époque où on ne parlait pas vraiment de fabricants d'automobiles, mais plutôt de carrossiers car le châssis était acheté séparément.
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Le développement des connaissances liées à l'électricité mène à la réalisation des premières voitures électriques : on a donc trois modes de propulsion en concurrence au tournant du XXe siècle. La vapeur est rapidement supplantée et le développement rapide des performances des voitures électriques est stoppé par l'absence de progrès notable dans le stockage de l'énergie, c'est donc le moteur à explosion qui l'emporte sur les autres modes de propulsion. Cette époque est celle de la course à la vitesse, et c'est d'abord la voiture électrique qui s'y illustre (La Jamais contente est la première à franchir la barre des 100 km/h, en 1899[16]) avant d'être supplantée par la voiture à moteur à explosion. C'est aussi la période de naissance des premières compétitions automobiles, telle Paris-Rouen en 1894. L'automobile reste alors un produit de luxe, à l'usage contraignant, utilisé sur des infrastructures totalement inadaptées.
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L'histoire de la voiture a fait naître et vivre différents métiers. À ce moment de l'histoire, construire une voiture était une affaire collective dans laquelle carrossiers, mais aussi charrons, serruriers, malletier, selliers-garnisseurs, bourreliers, plaqueurs et peintres étaient impliqués ensemble. Tout était fait sur mesure, des carrosseries qui s'adaptaient aux châssis, en passant par les sièges ou les bagages arrimés à l'arrière pour les premiers voyages.
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Deux facteurs vont contribuer à son développement : le revêtement progressif des routes en ville puis en campagne afin de faciliter l'usage des bicyclettes et des voitures, et le développement de nouvelles méthodes de production (taylorisme, fordisme, toyotisme), qui mènent à la première voiture de grande série, la Ford T. Celle-ci pose définitivement l'empreinte de l'automobile sur la société du XXe siècle. Les innovations se succèdent ensuite, mais sans changement fondamental conceptuel. Les grandes lignes de l'automobile de série actuelle sont tracées par Lancia en 1922 avec la Lambda à carrosserie autoporteuse et suspension avant indépendante, Chrysler en 1934 avec la Airflow qui introduit l'aérodynamique dans l'automobile de série, Citroën et le développement de la Traction Avant à partir de 1934, puis l'introduction des freins à disque sur la DS en 1955, ou encore par Porsche et la boîte de vitesses à synchroniseurs coniques de la 356[17]. Après la guerre, la société de consommation contribue aussi au succès de l'automobile. Selon l'historien J-C Daumas, c'est dans les années 1950-1960 que beaucoup de salariés acquièrent leur première voiture[18].
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L'automobile a connu dans tous les pays une longue période d'engouement ; le temps moyen passé au volant a connu une forte croissance avec aux États-Unis un driving boom ; de 1970 à 2004, la distance parcourue au volant par un Américain moyen a presque doublé (+ 85 %), passant de 8 700 à 16 100 km/an. Ensuite cette tendance s'est stabilisée jusqu'en 2011 et une légère diminution en 2012 (1 000 km/an en moins par conducteur)[19]. Sur cette base, un scénario prospectif dit « Ongoing Decline » a postulé en 2013 que par imitation de la jeune génération actuelle, le déclin de l'appétence pour l'automobile pourrait se poursuivre[20]. Dans plusieurs pays, le désir de posséder une voiture ou un permis de conduire semble s'atténuer, dans les zones urbaines notamment. Ce mouvement est le plus marqué chez la génération Y : les 16-34 ans prennent moins le volant ; -23 % de 2001 à 2009 du nombre de km/an parcourus[20].
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En occident, le rythme le plus rapide de croissance du marché a été lié à l'engouement pour la voiture des « années folles ». Il fut ensuite marqué par des crises (krach de 1929, Seconde Guerre mondiale, crises de l'énergie...) qui ont plusieurs fois redistribué les cartes industrielles, favorisant les regroupements, et provoqué le retour en grâce des petites automobiles ; l'apogée de ce phénomène étant atteinte en Allemagne dans les années 1950 avec les micro-voitures telles l'Isetta.
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Les Trente Glorieuses ont relancé l'essor de tous les secteurs automobiles, traduit par une augmentation du choix, de la production et de l'accession à l'automobile, via l'ouverture du recours au crédit dans les années 1960[21], élan stoppé par le premier choc pétrolier. Celui-ci, conjugué à la hausse de l'insécurité routière, aura des conséquences durables sur la relation entre l'automobile et la société, conduisant en particulier à une forte vague de réglementation de la vitesse.
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Puis les aspects socioenvironnementaux (écologie, sécurité routière) sont devenus des enjeux, tant pour la conception des automobiles et des transports à la fin de XXe siècle, que pour les choix des consommateurs, conduisant à des innovations telles que le downsizing, la motorisation hybride lancée sur la Toyota Prius (1997) puis la Honda Insight (1999) et, le retour de la voiture tout électrique Renault Zoé, Tesla tous modèles.
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L'industrie automobile prend une place importante dans l'industrie de plusieurs grands pays industrialisés. Elle prend parfois un aspect stratégique compte tenu à la fois de sa proximité historique avec les industries militaires, de l'importance qu'elle peut prendre dans le produit intérieur brut et l'emploi de certains pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne) et de l'image que l'automobile peut donner d'un pays auprès de l'extérieur (le design italien, l'american way of life, la mécanique allemande, le zéro défaut japonais, l'innovation française, etc.).
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Le secteur de l'industrie automobile est aujourd'hui organisé en grands groupes d'assembleurs finaux qui utilisent des pièces en provenance d'un grand nombre de fournisseurs et de sous-traitants, mais qui maintiennent généralement en interne les activités industrielles les plus lourdes comme la tôlerie ou la production des moteurs.
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En 2013, la production globale s'élève à 83 millions de voitures particulières, soit 20 % de plus qu'en 2008[25].
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Les équipementiers, dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 milliards d'euros, sont Denso, Delphi, Visteon, Valeo, Faurecia, Magna International, Bosch.
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En date de 2012, les principaux producteurs mondiaux d'automobiles, par groupe, en 2010 (VP) incluent :
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La vente d'automobiles représente aussi un important secteur économique. La diffusion de la production automobile est généralement assurée par un réseau d'entreprises indépendantes, pour les constructeurs nationaux, ou via un importateur, avec le même type de réseau, pour les autres. L'importateur peut ne pas être une filiale du fabricant. Le réseau est généralement assuré d'une exclusivité régionale. Ce schéma classique de distribution a été mis à mal par les règles de libre concurrence s'exerçant dans de nombreux pays, et a conduit au développement des mandataires automobiles.
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En outre, la consommation automobile représente la part la plus importante du volume des crédits à la consommation, avec, en France en 2001, 37 % du volume de crédit affecté à l'achat de voitures neuves, et 66 % si on y ajoute les voitures d'occasion[26].
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Dès sa naissance, l'automobile a été perçue comme une invention dangereuse. Son évolution, destinée à répondre à la problématique soulevée par la prévention et la sécurité routières telles qu'elle était perçue au cours des années, a été tortueuse. Hormis la gestion du réseau routier ou du comportement des usagers, les problèmes soulevés sont ceux de la sécurité passive — la protection des occupants en cas d'accident de la route — et de la sécurité active — la prévention afin d'éviter l'accident. Historiquement, seul ce dernier aspect a continûment été amélioré ; L'amélioration de la sécurité passive n'a commencé que dans les années 1970, période de recrudescence des accidents mortels.
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Les premières voitures allaient à la vitesse du cheval mais contrairement à lui, étaient incapables d'être stoppées rapidement, surtout sur un réseau routier inadapté. La difficulté de leur conduite et la peur de cet engin nouveau ont conduit certains pays à légiférer très strictement en la matière, en imposant aux voitures d'êtres précédées d'un homme à pied (« Locomotive Act » au Royaume-Uni par exemple)[27].
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Le changement de perception par le grand public s'est produit lorsque l'automobile s'est démocratisée. Des années 1920 aux années 1960, la sécurité routière, ou son absence, n'émeuvent personne. La vitesse est libre hors agglomération et les comportements inciviques banals. En France, l'hécatombe a connu un sommet en 1972 avec 16 548 morts cette année-là, qui est marquée par la création de l'organisme interministériel de la sécurité routière[28]. Une baisse significative a été obtenue par la suite grâce à l'amélioration des véhicules, à la mise en place des limitations de vitesse, de l'obligation de port de la ceinture de sécurité, grâce à l'extension des autoroutes et à la réduction de la consommation de psychotropes et notamment l'alcool, pour arriver à environ 6 000 tués en France au début des années 2000.
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Cette évolution observable dans les pays développés est loin d'être généralisée. L'augmentation extrêmement rapide du nombre de véhicules en circulation dans les pays en développement (Chine, Inde, etc.) ou l'absence d'intervention pour la sécurité routière dans d'autres (Russie, Iran, etc.), conduit à une mortalité routière toujours en hausse à l'échelle mondiale, et pourrait devenir une des trois premières causes de mortalité[29]. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en juin 2009 le premier rapport mondial sur la sécurité routière de 178 pays qui conclut que les accidents de la route font chaque année 1,2 million de morts et 20 à 50 millions de traumatismes non mortels. Plus de 90 % des accidents ont lieu dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui comptent moins de la moitié du parc automobile mondial[30].
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Les évolutions des suspensions, des pneumatiques et l'apport de systèmes électroniques de contrôle de stabilité et d'autres aides à la conduite ont permis des progrès intéressants en matière de tenue de route des automobiles, favorisant la sécurité routière. Les automobiles dont la tenue de route est considérée comme dangereuse par les journalistes automobiles sont devenues rarissimes, alors que leur fréquence dans les années 1960 était plus significative.
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Il semble que les prochaines améliorations en matière de sécurité porteront moins sur la limitation des dégâts causés par les accidents que sur la réduction de leur nombre et de leur impact. En effet, les avancées de l'électronique et les efforts des constructeurs et équipementiers ont donné le jour à des équipements très sophistiqués qui se sont ou devraient progressivement se généraliser sur tous les véhicules. Le plus connu d'entre eux est l'ABS, permettant d'éviter le blocage des roues lors d'un freinage important du véhicule, et qui permet de conserver le contrôle de sa trajectoire[31]. Plus récemment, les constructeurs automobiles tentent de s'attaquer au problème primordial du comportement du conducteur, en intégrant des systèmes actifs destinés à pallier les défaillances de celui-ci, soit en le sollicitant directement (systèmes détectant le niveau de vigilance du conducteur), soit en le remplaçant (par exemple via des systèmes anti-collision pouvant freiner sans l'intervention du conducteur ou des voitures complètement autonomes).
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Les systèmes proposés par Mobileye (composés d’une caméra intelligente et d’un écran LED posé sur le tableau de bord) proposent plusieurs types d’alertes sonores et visuelles en temps réel d’aide à la conduite.
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Les systèmes de sécurité actifs ou passifs précédemment décrits contribuent à produire des voitures plus sûres. L'efficacité de ces systèmes est testée et mesurée lors d'essais de choc (ou crash tests) par des organismes internationaux comme l'EuroNCAP pour la communauté européenne. Une voiture sûre pour ses passagers constitue désormais un argument de vente pour les constructeurs automobiles qui font de gros efforts sur la question.
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De véritables progrès ont été faits depuis quelques années, notamment en ce qui concerne les « airbags » (coussins gonflables de sécurité) ou les ceintures à prétensionneurs évitant un choc violent du conducteur sur le volant. Sur les cabriolets, des arceaux situés derrière les sièges remontent très rapidement lorsque le calculateur estime qu'il y a un risque de retournement. Les constructeurs automobiles travaillent également sur des systèmes encore plus performants. Un important progrès dans ce domaine réside dans le fait que le nombre de coussins gonflables est passé de deux à huit en quelques années. Désormais plus aucune voiture ne sort sans en être équipée.
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Si les passagers sont de mieux en mieux protégés, ce n'était en revanche pas forcément le cas des piétons. Les nouvelles normes de sécurité prennent en compte les dommages portés à ceux-ci lors d'un choc frontal. Ces changements ont amené les constructeurs à développer des capots et des boucliers avant capables d'absorber une partie de l'énergie du choc afin de limiter les dégâts infligés aux piétons. Certains véhicules sont ainsi équipés de déclencheurs pyrotechniques qui soulèvent de quelques centimètres le capot lors d'un accident, pouvant éviter ou limiter le choc d'un piéton avec le bloc moteur.
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Le rapport entre l'automobile et la sécurité routière ne consiste pas seulement à évaluer la sécurité du véhicule considéré seul, mais aussi à étudier l'interaction entre les véhicules et les accidents. De ce point de vue, les 4x4, SUV, camionnettes et monospaces sont fréquemment critiqués en raison de l'obstruction du champ visuel des autres conducteurs qu'ils causent. Mais c'est surtout leur dangerosité en cas de collision avec une automobile légère ou un usager vulnérable qui leur est reprochée.
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Lors d'une collision entre deux véhicules, ceux-ci doivent dissiper la totalité de leur énergie cinétique, sous forme d'énergie mécanique (déformation des véhicules) ou cinétique (rebond possible d'un des véhicules). L'énergie cinétique étant proportionnelle à la masse, ces véhicules lourds provoquent des dégâts bien supérieurs à ceux d'un véhicule plus léger à vitesse égale. La dangerosité de ce type de véhicule pour les usagers vulnérables, en particulier les piétons, est liée à deux aspects : d'une part leur comportement routier inférieur (capacité d'évitement inférieure, distances de freinage plus longues) augmente le risque de collision avec un piéton dans les zones urbaines où la vitesse est inférieure à 60 km/h, et d'autre part la conception de ces véhicules est plus dangereuse pour les piétons lors d'accidents dans des zones où la vitesse est inférieure à 60 km/h[32].
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Ce problème avéré de conception est mis en évidence par les tests EuroNCAP de choc avec un piéton, et parfois accentué par un accessoire à l'utilité discutable, le pare-buffle. Les propriétaires de ces voitures sont donc considérés par certains comme mettant en danger la vie d'autrui, et faisant le choix de leur sécurité propre au détriment de la sécurité des autres usagers de la route, idée contredite par certaines statistiques d'accidents[33]. À l'opposé, les défenseurs de ce genre de véhicule font valoir qu'une moyenne de comportement ne condamne pas l'ensemble des conducteurs. On ne peut juger un individu coupable par défaut, surtout de rouler dans un véhicule homologué. S'il y a une insuffisance, elle serait alors à chercher dans les objectifs que se fixent les administrations dont le rôle est d'assurer la sécurité de la population.
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La première course automobile est créée en 1894, reliant Paris à Rouen (distance de 130 km)[34]. Ces compétitions se multiplient et l'on voit émerger divers types d'épreuves mettant en œuvre des véhicules très différents.
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Certaines de ces compétitions voient s'affronter des modèles standards commercialisés à grande échelle, mais plus ou moins lourdement modifiés, par exemple les rallyes ou le supertourisme, alors que d'autres mettent en scène des véhicules spécialement conçus pour la course, comme la Formule 1, ou les Sport-prototypes qui participent aux 24 Heures du Mans. Le succès dans ces sports dépend tout autant du véhicule et de l'équipe qui le prépare que du pilote. Certaines catégories couronnent d'ailleurs à la fois le meilleur pilote et le meilleur constructeur ou la meilleure écurie.
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La compétition automobile peut être extrêmement physique (accélération centrifuge en courbe, en phases d'accélération et aux freinages), en F1, il n'est pas rare de dépasser les 4 g. Un pilote peut perdre jusqu'à cinq kilos lors d'un Grand Prix ou d'une course d'endurance (déshydratation).
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Les confrontations entre constructeurs ou contre la montre sont aussi les deux moyens permettant l'innovation et le développement technologique. C'est notamment pour tester la fiabilité des moteurs thermiques qu'ont été créés les premiers rallyes au début du XXe siècle. C'est dans cette même optique qu'en 2014 est lancé un championnat de formule électrique ou que sont construits des démonstrateurs de technologies tels que la Venturi VBB 2.5 véhicule le plus rapide du monde, flashé à 495 km/h[35] par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) en 2010.
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L'organisation du sport automobile est chapeautée par la Fédération internationale de l'automobile, qui collabore avec des fédérations sportives nationales, dont la Fédération française du sport automobile, qui compte 70 000 licenciés. Il existe une variété de compétitions amateur et professionnelles, du karting aux formules monoplaces, ou du slalom au rallye, en passant par la course de côte, ainsi que des filières permettant la progression compétitive des jeunes pilotes.
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L'entretien et la réparation des automobiles occupe une part importante dans le nombre d'emplois, mais surtout dans le nombre d'entreprises, liées à la filière de l'automobile. Ce sont l'ensemble des concessionnaires, garages, réseaux de vente de pièces détachées et d'accessoires (centres auto ou démolisseurs), pour la plupart des PME. C'est aussi, sur la durée de vie d'un véhicule, un coût financier non négligeable. Enfin, lorsqu'une réparation n'est plus possible ou souhaitée, on trouve dans cette filière les professionnels du recyclage des véhicules en fin de vie. Les réseaux d'entretien et de ventes d'accessoires sont aussi associés au phénomène du tuning, qui a eu pour effet de donner naissance à des rassemblements durant lesquels les voitures concourent pour leur technique ou leur aspect esthétique.
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Dans le cadre de la sécurité routière, de nombreux pays ont estimé nécessaire d'introduire un contrôle technique des véhicules automobiles, afin d'améliorer l'état du parc roulant et à en faire sortir les véhicules dangereux ou trop polluants. Un premier contrôle est effectué après 3 ou 4 ans, puis tous les ans ou tous les 2 ans selon les pays. Le coût du contrôle est très variable ; au Japon par exemple, son coût d'au minimum 70 000 ¥, soit 600 €, incite les usagers à se débarrasser de leur véhicule avant l'échéance[36].
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Dès ses débuts, l'automobile a posé un problème de cohabitation avec les autres usagers des rues et des routes. Aussi dès la fin du XIXe siècle, les responsables de la sécurité ont commencé à réglementer son usage[37], d'abord par des permis de conduire, puis par le Code de la route, apparu en France en 1921[38]. Aujourd'hui, un permis de conduire est requis dans pratiquement tous les pays du monde, mais son obtention, et l'apprentissage de la conduite en général peuvent prendre des formes très différentes. Un âge minimal est requis, souvent celui de la majorité, donc compris entre 16 et 21 ans, pour conduire seul une automobile. L'apprentissage est généralement effectué dans une auto-école, mais il reste, en France, légalement possible d'apprendre la conduite sans passer par ce type d'organismes. En France un nouveau permis de conduire sera délivré à partir de lundi 16 septembre 2013[39], ce nouveau permis doté d’une carte à puce électronique et d’une bande MRZ est ultra-sécurisé et quasiment infalsifiable. Les statistiques de la sécurité routière ayant montré la prépondérance des jeunes conducteurs parmi les accidentés de la route, des mesures spécifiques pour les premières années après l'obtention du permis sont prises dans beaucoup de pays : identification visible des jeunes conducteurs (A en France, L en Allemagne, Suisse, Royaume-Uni...), limitations de vitesses abaissées pour eux, ou encore limitation du rapport poids-puissance des véhicules (cas de l'Italie).
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En raison de son importance économique, le secteur de l'automobile, comprenant aussi bien la production que l'entretien, est un très gros employeur. Le seul secteur de la conception et de la production emploie environ 1,9 million de personnes en l'Europe des quinze, et 1,1 million aux États-Unis, soit jusqu'à plus de 10 % de la population active dans le cas de l'Allemagne[40].
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En 2012, l'industrie automobile en France emploie directement 583 000 personnes (matières premières, construction, équipements) et 2,351 millions au sens large, ce qui comprend les emplois dans l'industrie, dans l'usage de l'automobile (vente, maintenance, assurances, auto-écoles, presse, vente de carburants...) et les transports (transport routier de marchandises et de voyageurs, construction et entretien des routes...), soit environ 9 % de la population active[41]. Cette importance économique nécessite une filière de formation adaptée.
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En France, celle-ci part du CAP pour aller jusqu'aux écoles d'ingénieurs généralistes telles que les Écoles centrales, ou spécialisées comme l'ESTACA, l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs ou l'ISAT, en passant par des BEP, baccalauréats professionnels et des BTS dont celui de d'après-vente automobile.
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Reflets d'un secteur économique, les salons sont pour ses entreprises l'occasion de rivaliser en grandeur, innovations, etc. Dans le cas de l'automobile, cela se traduit entre autres par la production de concept-cars. Les principaux salons sont[42] :
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En France il existe de nombreux magazines automobiles, aussi bien destinés aux professionnels qu'au grand public. Une partie des journalistes spécialisés sont regroupés au sein de l'association française de la presse automobile (AFPA). Les magazines automobiles francophones généralistes hors de France sont beaucoup plus rares. Ce secteur se distingue outre ses journaux d'actualité, par un grand nombre de magazines consacrés aux véhicules de collection en général, on bien à un type de véhicule précis (spécialité du groupe Michel Hommell), et enfin quelques magazines de tuning. Les plus lus sont Auto Moto, L'Automobile Magazine et Auto Plus[43].
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Parmi les principaux magazines d'actualités, on retrouve :
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Et parmi les magazines spécialisés :
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Parmi les principaux sites internet, on retrouve :
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Le rôle de la publicité est de présenter un produit sous un angle le plus positif possible, en faisant abstraction des défauts ou en déformant la réalité pour qu’il soit vendu le plus possible auprès des consommateurs, et il en va ainsi de tous les produits de consommation. Dans le cas des publicités pour les automobiles, il y a grand écart entre l’image qui est présentée et la réalité, car l’'élément récurrent pour promouvoir l'automobile, outre le modèle en lui-même, concerne les sentiments de liberté et d'indépendance que pourrait procurer l'automobile. Pour créer ces impressions auprès des consommateurs, les publicitaires mettent en avant dans les publicités télévisées, les magazines, les journaux, l'automobile dans un contexte idéal, où l'automobile (et ses occupants) est quasi systématiquement seule sur les routes, pour éviter certes de montrer d’autres marques, mais aussi dans un contexte où il n'y a aucun obstacle à son parcours, où il n'y a jamais d'embouteillage, de feu de circulation, de panneau de stop, de panneau de cédez-le-passage, de radar de contrôle routier, ou d'accident de la route notamment. Dans les publicités télévisées, une automobile s’arrête pour ainsi dire uniquement pour mettre en avant les performances de freinage. L'automobile évolue également souvent dans un environnement verdoyant ou en osmose avec la nature, alors qu'elle est l'une des principales sources de pollution de l'air qui se répercute sur la faune et la flore, y compris les voitures dites « vertes », car pour fabriquer et entretenir des voitures « vertes », il faut aussi extraire des matières premières qui sont source de pollution, ainsi que par sa contribution au mitage du territoire, par la création et l'entretien de routes, d'autoroutes ou de voies d'accès.[interprétation personnelle]
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L'automobile a eu une place centrale dans de nombreux romans ou nouvelles et de nombreux films (notamment américains).
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La généralisation de l'automobile à l'échelle planétaire depuis la fin du siècle dernier pose des problèmes quant au réchauffement climatique, à la pollution, à la sécurité et à la santé des personnes et en particulier des plus faibles (piétons, cyclistes, enfants, personnes âgées, etc.), à l'utilisation des ressources naturelles et en particulier à l'épuisement des réserves de pétrole.
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L'impact sur l'environnement s'accroît avec l'augmentation du poids de l'automobile. En effet un véhicule lourd a un besoin en énergie plus important qu'un petit. L'aérodynamisme du véhicule devient prépondérant lorsque la vitesse augmente, les véhicules à surface frontale élevée sont alors défavorisés.
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La recherche d'améliorations sur les moteurs est guidée par deux objectifs contradictoires : les pouvoirs publics imposent des normes environnementales de plus en plus sévères, qui vont à l'encontre de la diminution de la consommation. Par exemple, les obstacles à l'échappement (pot catalytique, filtre à particules) entraînent une augmentation de la consommation. Depuis la prise de conscience publique de l'impact environnemental des automobiles, le niveau de compromis est passé progressivement d'une forte volonté de réduire les polluants locaux, sources directes de maladies et de décès, durant les années 1970 à 1990, à une réglementation axée aujourd'hui vers une diminution des émissions de CO2. L'aspect des polluants locaux est traité à l'échelle européenne par les normes successives d'émissions (normes dites « Euro » 1 à 6), tandis que l'aspect des émissions de CO2 est pour l'instant traité par l'intermédiaire des objectifs globaux des constructeurs, ou via des législations fiscales nationales.
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Au cours de sa fabrication, de sa maintenance et de son recyclage, l'automobile, comme de nombreux autres produits manufacturés, génère de la pollution, contribue à la raréfaction des ressources non renouvelables et consomme de l'énergie, dite énergie grise.
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Autour de l'automobile, il faut prendre en compte l'infrastructure et la logistique nécessaire pour la fabrication, le transport, la maintenance, la réparation, le recyclage, la publicité ou l'organisation de salons automobiles ou dans un autre registre, pour soigner les blessés lors des accidents ou pour le contrôle policier des automobilistes lors de leurs déplacements. Cela comprend notamment, la fabrication et l'entretien d'usines, de garages, de stations-service, de stations de lavage, d'ateliers de réparation automobiles, de machines, d'outils, de pièces de rechange, de produits d'entretien ou de nettoyage, et du transport pour acheminer ces différents éléments du lieu d'extraction des matières premières tout au long de la chaîne de valeur jusqu'au lieu de vente du produit fini. La production de ces différents produits et services nécessite à son tour d'autres consommations intermédiaires.
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L'impact environnemental le plus connu est la pollution atmosphérique due aux gaz d'échappements, qui peut aggraver les maladies respiratoires[44]. Avec les appareils de chauffage domestique, l'automobile est devenue le principal responsable de la pollution urbaine et du smog[réf. nécessaire], situation chronique dans la plupart des grandes villes surtout en période anticyclonique[interprétation personnelle]. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET), la pollution atmosphérique aux particules fines, liée pour près d'un tiers aux rejets polluants des voitures[45], serait responsable chaque année du décès prématuré de 6 500 à 9 500 personnes en France[46].
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Par ailleurs, une étude européenne de 2005 estime que les particules en suspension, produites notamment par les véhicules diesel et par d'autres secteurs économiques (chauffage, industrie, agriculture), ont causé 42 090 décès prématurés en 2000 en France[47],[48].
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Les principaux rejets des pots d'échappement automobiles sont[49] :
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Ces rejets sont soumis à réglementations dans différents pays, par exemple les normes européennes d'émission pour l'Union européenne. Ces normes sont attachées à des cycles de conduite normalisés, comme le nouveau cycle européen de conduite ou ses homologues américains censés représenter un comportement routier typique. Les seuils adoptés par ces réglementations baissent régulièrement au cours des années.
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Pour un modèle donné, une voiture à essence consomme un plus grand volume de carburant qu'une fonctionnant au Diesel car l'essence a une énergie volumique plus faible que le gazole. Mais aussi, le rendement thermodynamique d'un moteur essence est inférieur[réf. à confirmer][55]. La quasi-totalité des conducteurs observent des consommations supérieures à celles mesurées selon les normes dans des cycles de conduite fixés, qui sont pourtant celles utilisées commercialement[réf. à confirmer][56].
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L'automobile a d'autres effets négatifs sur l'environnement :
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La massification de l'automobile dans les soci��tés occidentales au cours du XXe siècle a eu des conséquences sociales nombreuses et profondes. Elle a contribué notamment au développement des banlieues puis de la périurbanisation, et au succès du modèle de la grande distribution. Les automobiles ont nécessité une adaptation et un développement considérable du réseau routier.
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Les infrastructures routières nécessitent d'importants investissements[59],[60] et dépenses de fonctionnement. Elles fragmentent les paysages, morcellent les forêts, dénaturent le territoire et endommagent les écosystèmes et la santé. Selon les « détracteurs » de l'automobile comme les partisans du mouvement international Carfree, cet argent, investi dans des moyens de transports alternatifs ou plus communautaires permettrait un service de transport plus efficace, plus soutenable et durable et moins émetteur de gaz à effet de serre[61]. Pour certains, l'automobile renforce certaines inégalités sociales : les personnes pauvres et vulnérables ont moins d'accès à certains services tout en étant plus directement exposées aux nuisances de l'automobile et routières (bruits, pollution de l'air, accidents, détours imposés aux piétons et aux cyclistes, relégation urbaine, etc.).
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L'automobile génère ainsi en amont et en aval de son usage[62] des coûts cachés (externalités, environnementales notamment) estimés par l'université technique de Dresde en 2012[63] à 373 milliards d'euros par an pour l'Europe (UE-27), pour les coûts évaluables. Chaque voiture immatriculée génère ainsi en moyenne 1 600 euros de coûts sociaux et environnementaux impayés (soit au total environ 3 % du PIB européen)[64]. La plupart des scénarios de prospective envisagent une augmentation des transports à horizon 2050, éventuellement au profit d'alternatives (dont « décarbonées »[65]) à la voiture dans les zones urbaines et périurbaines, selon les choix individuels et collectifs qui seront faits[66].
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Si l'automobile est critiquée, pour d'autres elle est au contraire un formidable objet technologique qui évolue en permanence et est de moins en moins polluant[réf. nécessaire]. Elle est indispensable à de nombreuses personnes pour travailler et se déplacer ; l'industrie automobile, dans laquelle l'Europe et la France continuent d'occuper une place importante au niveau mondial, fournit directement ou indirectement un emploi à des millions de personnes. Enfin, conduire et avoir une voiture peut être un plaisir et doit pour certains rester une liberté qui, pour l'immense majorité des automobilistes, qui sont aussi des piétons ou des utilisateurs d'autres modes de transport, s'exerce dans le respect d'autrui.
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La liberté de déplacement (en horaire et en itinéraire) qu'octroie la voiture personnelle la rend en effet plus souple que les transports collectifs. Au demeurant, ceux-ci ne peuvent répondre à tous les besoins, notamment dans les endroits éloignés des centres urbains, ou pour tout transport de charges ne serait-ce que modérément lourdes ou volumineuses.
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Une autre approche, tenant compte de certains reproches formulées à l'encontre de la voiture personnelle, est en développement depuis le début des années 1990. On a vu se développer les solutions du covoiturage, de l'autopartage, ou plus simplement de la location de voiture, qui toutes optimisent l'usage d'un véhicule donné.
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Face à ces controverses, mais aussi face à la pression financière ou légale exercée par les États, des associations de défense de l'automobile et des automobilistes sont nées, qu'elles soient historiques ou récentes. Les plus importantes historiquement sont les Automobile Club, nés autour de 1900, dont l'Automobile Club de l'Ouest, l'Automobile Club, ou l'ADAC allemand, qui, avec 20 millions de membres, est sans doute le plus important à l'échelle mondiale. Leur travail concerne aussi bien la défense politique que pratique, la promotion du sport automobile ou l'assistance routière, tout particulièrement pour l'ADAC ou le Touring Club Suisse. Plus récemment, en France, face à la montée de la répression des associations plus revendicatives sont apparues, comme 40 millions d'automobilistes ou la Ligue de Défense des Conducteurs[67].
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« Sources that were identified as being common key categories for six of the seven main pollutants were Road transportation, Manufacturing industries and construction, National navigation (shipping) Agriculture/forestry/fishing and Residential. The importance of the Road transportation category in terms of the contribution it makes to total EU‑27 emissions is clear — it is the most significant source of NOX, CO, and NMVOCs, and the second most important source for PM10 and PM2.5 emissions. »
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La farine est une poudre obtenue en broyant et en moulant des céréales ou d'autres produits agricoles alimentaires solides, souvent des graines. La farine issue de céréales contenant du gluten, comme le blé, est l'un des principaux éléments de l'alimentation de certains peuples du monde.D'autres peuples encore utilisent des céréales comme le maïs pour s'alimenter et faire de la farine (exemple : Mexique) Elle est à la base de la fabrication des pains, des pâtes, des crêpes, des pâtisseries et de plusieurs mets.
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L'activité de transformation de la céréale en farine s'appelle la meunerie ou minoterie. Le meunier est le transformateur qui l'exerce. Le lieu où l'on moud le blé est le moulin.
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Le grain de blé est constitué de trois parties : l'amande, le germe et l'enveloppe. Le germe est jeté ou mélangé à l'enveloppe pour constituer les gros sons et les sons fins, qui entrent dans la composition des pains au son ou complet. L'amande, cœur du grain de blé, est moulue pour obtenir la farine blanche. L'industrie de la meunerie y ajoute des additifs afin de modifier sa qualité.
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Autrefois, les farines étaient vieillies avant utilisation afin qu'elles s'oxydent[1], la maturation d'une farine la rendant plus blanche naturellement.
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La farine ne provient pas uniquement des céréales et des graines. On peut consommer par exemple des écorces comestibles ou des racines. Ces farines ne sont pas utilisées dans les pays du Nord ni vendues sur le marché.
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Les farines sont classées selon leur teneur en matières minérales (en son) exprimée en pourcentage, après cuisson à plus de 600 °C, par rapport à la masse de départ. On calcule ce qu'on nomme le « taux de cendre ». Plus la proportion de son est importante dans la farine, plus le numéro caractéristique du type de farine est élevé, moins la farine est blanche.
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Pour le blé, la classification française est la suivante :
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Pour le seigle, plus riche en minéraux que le blé, la classification française est la suivante :
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La farine est réalisée par broyage des céréales entre des meules de pierre ou des cylindres d'acier. Aujourd'hui, quand on dit que la farine a été faite « sur pierre », cela signifie généralement que le grain a été moulu par une pierre de roulement sur une roue en pierre immobile, verticalement ou horizontalement, le grain s'écoulant entre les deux. Bon nombre de petits moulins exploitent encore ce procédé, certains à manivelle et d'autres électriques. Le frottement des meules de pierre aboutit marginalement à un effritement du matériau. La sécurité de cet aspect n'a pas été vérifiée, mais les recherches sur la dentition des squelettes médiévaux indiquent que cette forme de fraisage conduit à une usure excessive des dents. Les moulins à rouleaux en acier n'ont pas ce problème. Mais, du fait de la rapidité de leur rotation, ils chauffent excessivement la farine, détruisant au passage les vitamines sensibles.[réf. nécessaire]
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Le pain, les pâtes, les crackers, de nombreux gâteaux, et bien d'autres aliments sont fabriqués en utilisant de la farine. La farine de blé est aussi utilisée pour faire un roux.
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La poussière de farine en suspension dans l'air est explosive, car c'est un mélange d'une fine poudre inflammable avec de l'air[2]. Dans les ateliers du Moyen Âge, les bougies, les lampes et autres sources de feu étaient interdites. Certaines explosions dévastatrices se sont produites dans les moulins à farine, comme celle de Washburn A Mill (en), à Minneapolis, en 1878[3], qui a fait dix-huit morts.
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La farine peut être dégradée et prendre un goût désagréable quand elle a été partiellement consommée par certaines larves d'insectes (mite alimentaire, par exemple). Elle peut être source d'empoisonnement alimentaire, par exemple en cas de production à partir de blé moisi, dégradé par l'ergot du seigle ou par certaines bactéries. Elle peut encore être source d'intoxication grave si elle contient des traces de pesticides très toxiques, mercuriels notamment (aujourd'hui interdits, mais qui ont été source d'une épidémie d'intoxication mercurielle en Irak en 1972[4]). Ces composants toxiques peuvent également toucher l'embryon ou le fœtus[4].
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Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme[1] et totalitarisme[2] au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l'individualisme codifié par la pensée philosophique des Lumières[3],[4]. Issu de diverses composantes de la philosophie européenne du XIXe siècle[5], le fascisme a trouvé dans les circonstances économiques et historiques de l'après-première guerre mondiale le contexte qui lui a permis d'accéder au pouvoir, d'abord en Italie dans les années 1920 avec Mussolini, puis sous une variante accentuée, militariste, en Allemagne dans les années 1930 avec le nazisme et Hitler.
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« Au sens étroit, le fascisme est une doctrine politique proprement italienne. Au sens large, une tentative européenne, personnalisée par le génie des nations qui ont essayé de le promouvoir. C’est une tentative européenne de refonder l’Ordre d’ancien régime avant la grande cassure de 1789, mais en évitant de reproduire les travers qui ont précipité sa chute. Il s’agissait donc de refonder une société proprement organiciste et de refonder une aristocratie. »
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— Joseph Mérel, Fascisme & Monarchie
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Le terme fascisme s'applique au sens strict à la période mussolinienne de l'histoire italienne et au sens large à un système politique aux caractéristiques inspirées par l'exemple italien mais qui a pu prendre des aspects différents selon les pays. Des débats existent entre les historiens quant à la qualification de certains régimes (France de Vichy, Espagne franquiste[6]...). La différence entre fascisme et totalitarisme fait l'objet de nombreux débats[7].
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Opposé à l'individualisme[8] et repoussant l'idéologie démocratique au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d'État menée contre les opposants assimilés à des ennemis intérieurs, l'unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l'état conduit une politique dirigiste mais maintient le système économique et les activités professionnelles[9].
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En même temps, le fascisme rejette la notion d'égalité au nom d'un ordre hiérarchique naturel : il définit un « homme nouveau », un idéal de pureté nationale et raciale qui nourrit en particulier l'antisémitisme, l'homophobie, l'exclusion des personnes atteintes d'un handicap et exalte les corps régénérés ainsi que les vertus de la terre, du sang et de la tradition, tout comme il affirme une hiérarchie entre les peuples forts et les peuples faibles qui doivent être soumis. De façon générale, le fascisme exalte la force et s’appuie sur les valeurs traditionnelles de la masculinité, reléguant les femmes dans leur rôle maternel. Il célèbre dans cet esprit les vertus guerrières en développant une esthétique héroïque et grandiose[10].
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Révélateur d'une crise de la modernité et luttant contre le sentiment de décadence de la civilisation, le fascisme s'appuie aussi sur une vision idéalisée du passé et sur l'émotion collective qu'il met en scène dans la théâtralité dynamique d'une religion civile (culte du chef, uniformes, rassemblements, propagande) et suscite ainsi une fascination idéologique et esthétique avérée[11].
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Dans son acception la plus large, le terme est employé pour disqualifier l'ennemi politique, par exemple par les Soviétiques durant la guerre froide ou par certains partis politiques dans les démocraties libérales. Par ailleurs, le fascisme est encore revendiqué par certaines mouvances d'extrême droite (les néofascistes) comme le parti italien CasaPound dont les membres aiment se faire appeler « Fascistes du troisième millénaire »[12].
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Le mot fascisme est prononcé [fa.ʃism], calque de la prononciation italienne [faˈʃizmo] ; ou plus rarement [fa.sism][13],[14],[15].
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Le mot (en italien fascismo) vient de l'italien « fascio » (« faisceau »), faisant référence au fasces lictoriae[16], emblème de l'autorité initié sous la République romaine, qui fut ensuite repris notamment sous la Révolution française, puis vers 1919, par les milices squadristes de Benito Mussolini, qui avaient initialement groupé des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, déçus et épris d'ordre.
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Au sens le plus strict, il désigne donc le régime de Benito Mussolini. Si historiquement le nazisme apparaît proche du fascisme, bien d'autres régimes politiques ont été qualifiés, à tort ou à raison, de fascistes par leurs opposants, comme l'Égypte nassérienne, le régime des Talibans, le stalinisme, le péronisme, etc. Dans le débat politique contemporain, les adhérents à certaines idéologies politiques tendent à associer le fascisme avec leurs ennemis, ou le définissent comme étant l'opposé de leurs propres visions politiques.
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En son sens large, le fascisme se définit comme une réaction aux valeurs de l'humanisme démocratique du siècle des Lumières. Issu des frustrations engendrées par ce nouveau modèle de société, le fascisme rejette les droits de l'homme, le communisme, l'anarchisme, les libertés individuelles et le libéralisme politique.
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« Le fait est que le XIXe siècle était le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie, ceci ne signifie pas que le XXe siècle doit aussi être le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie. Les doctrines politiques passent ; les nations restent. Nous sommes libres de croire que ceci est le siècle de l'autorité, un siècle tendant vers la « droite », un siècle fasciste. Si le XIXe siècle était le siècle de l'individualisme (le libéralisme implique l'individualisme), nous sommes libres de croire que ceci est le siècle « collectif », et ainsi le siècle de l'État. »
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— Benito Mussolini, La Doctrine politique et sociale du fascisme (1933)[réf. souhaitée].
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Lors d'un discours du 2 avril 1924, Benito Mussolini reprend une citation du philosophe Friedrich Nietzsche : « vivre dangereusement », citation qui doit être la règle pour le fascisme, sa définition ; Mussolini déclare ainsi :
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« Vivre dangereusement : je voudrais que ce fût là le mot d'ordre du fascisme italien. Vivre dangereusement, cela veut dire être prêt à tout, à quelque sacrifice, à quelque danger possible, à quelque action que ce soit, quand il s'agit de défendre sa patrie. La vie telle que le conçoit le fasciste est grave, austère et religieuse : elle est vécue tout entière dans un monde porté par les forces responsables et morales de l'esprit. Le fasciste doit mépriser la vie commode. Son credo est l'héroïsme tandis que celui du bourgeois est l'égoïsme. Le fascisme est enfin une conception religieuse qui considère l'Homme dans son rapport sublime avec une loi et une volonté qui dépasse l'individu. Pour le fascisme, le monde n'est pas ce monde matériel qui apparaît à la surface, où l'homme est un individu isolé de tous les autres, existant en soi, et gouverné par une loi qui le mène à ne vivre qu'une vie de plaisir égoïste et momentanée. Le fascisme est né d'une réaction contre le siècle présent et contre le matérialisme dégénéré et agnostique[17]. »
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Le fascisme souhaite être pragmatique avant tout, c'est ce qu'explique Mussolini dans son quotidien Il Popolo d'Italia le 23 mars 1919 : « Nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes, réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu, le cadre dans lequel nous sommes contraints de vivre et d'agir »[18].
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Les origines du fascisme font l'objet d'un débat parfois âpre parmi les historiens.
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« Définir le fascisme, c'est avant tout en écrire l'histoire. »
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— Angelo Tasca, La naissance du fascisme
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Pour Zeev Sternhell et ses partisans, l'idéologie fasciste a principalement été forgée en France, entre les années 1880 et 1914, par conjonction entre une radicalisation antidémocratique de certains mouvements d'extrême gauche (notamment le syndicalisme révolutionnaire) avec une nouvelle droite nationaliste, formant la « droite révolutionnaire », dont est issue le fascisme[19]. Zeev Sternhell souligne pour sa part :
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« Pour l'étude du préfascisme, plus tard du fascisme, la France fournit un champ d'observation quasi idéal. Non seulement l'idéologie fasciste y atteint sa maturité plus rapidement qu'ailleurs, mais encore son expression intellectuelle y est d'une qualité exceptionnelle. L'oeuvre de Giovanni Gentile mise à part, l'Europe n'a rien donné de comparable à la production idéologique et littéraire du fascisme français. »
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— Zeev Sternell, Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France
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Henri Michel est d'avis que le « fascisme […] est à la fois un et multiple », ajoute : « Dans chaque pays, il trouve dans le passé national quelques-uns de ses éléments, mais il puise aussi dans son fonds commun pour modeler le présent et façonner l'avenir. » ; cherchant des antécédents au fascisme français, il remonta jusqu'au bonapartisme : « Napoléon Ier et Napoléon III ont frayé la voie au fascisme, par la dictature, le culte du grand homme, la recherche de l'appui populaire par le plébiscite, la restructuration du corps social – par une nouvelle noblesse ou par la promotion d'une classe d'hommes d'affaires »[20],[21].
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Une opinion très répandue est que le fascisme français des années 1930 puisa sa source dans un courant intellectuel qui s'était développé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Parmi ceux qui concourent ainsi à sa formation, on peut mentionner : Édouard Drumont, Paul Déroulède, Gustave Le Bon, Joseph Arthur de Gobineau, Gustave Tridon, René de La Tour du Pin, Charles Maurras, Maurice Barrès, Georges Sorel, Julius Evola, Joséphin Péladan, Georges Valois, Robert Brasillach, Eugène Deloncle, Blanc de Saint-Bonnet, Henri Martin, Georges Thiébaud, Jules Guérin, Lucien Rebatet et plusieurs autres. Les conceptions caractéristiques de ce courant exprimaient un nationalisme exclusif, un antisémitisme agressif, un racisme marqué, un goût prononcé de l'autoritarisme et une violente opposition à des valeurs comme : révolution, république, libéralisme politique, démocratie, parlementarisme, et bien entendu, socialisme[22].
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Toutefois, la doctrine économique libérale ne s'oppose pas au fascisme. Il y eût des connivences dans une perspective anticommuniste avec lesquels Mussolini parvient à posséder le soutien financier d’industriels et de grands propriétaires qui financent les groupes fascistes encouragés à faire le coup de poing contre la gauche pour défendre la propriété privée[23] :
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« Giolitti, entre juin 1920 et juin 1921, veut voir dans les fascistes une organisation que l’on peut intégrer à la démocratie libérale. Soucieux comme il le dit, de « constitutionnaliser le fascisme » en l’associant au fonctionnement de la vie politique italienne, il fait associer des fascistes aux listes des partis libéraux lors des élections municipales d’octobre 1920, puis lors des législatives de mars 1921. »
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Mussolini déclare, lors de son premier discours en tant que député au Parlement italien, le 21 juin 1921 : « Je suis un libéral […]. Il faut abolir l’État collectiviste tel que la guerre nous l’a transmis, par la nécessité des choses, et revenir à l’État manchestérien »[24].
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Pour des auteurs comme Pierre Milza, la Première Guerre mondiale est tout à fait essentielle dans la formation de l'idéologie fasciste, bien qu'il ait nuancé son point de vue en reconnaissant que Sternhell avait partiellement raison en soulignant la parenté entre certains idéologues français d'avant 1914 et les théoriciens du fascisme. Traitant de la France du début du XXe siècle, Pierre Milza et Marianne Benteli soulignent[25] :
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« Nous avons vu, en étudiant les préfascismes, qu'il existait en France, depuis les premières années du XXe siècle, deux courants de ce type. L'un, de tradition "jacobine" et plébiscitaire, représenté par Barrès et par les partisans attardés d'une solution césarienne (bonapartisme et boulangisme). L'autre, d'inspiration monarchiste et traditionaliste, incarné par Maurras et par l'Action Française. Ni l'un ni l'autre ne débouchèrent, au lendemain de la guerre, sur un véritable mouvement fasciste. »
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— Pierre Milza et Marianne Benteli, Le fascisme au XXe siècle
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Cependant, pour Ernst Nolte, il est évident que « l'Action française a été la première organisation de quelque importance et de statut intellectuel à révéler des traits caractéristiques fascistes »[26] et « qu'il faudrait qualifier l'Action française de fascisme précoce, et que d'un certain point de vue, elle est plus proche du national-socialisme que du fascisme italien »[27]. Cette prise de position d'Ernst Nolte à l'égard de l'Action française est la seule de son espèce[28]. Toutefois, afin de défendre sa thèse Ernst Nolte insiste[29] :
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« Elle se créa, avec les Camelots du roi, une troupe qui sut s'imposer par la violence [...] Elle chercha et trouva des contacts avec le syndicalisme révolutionnaire et attira un temps sur ses voies un homme de la taille de Georges Sorel [...] Il faut reconnaître que l'Action française s'en distinguait nettement, par le fanatisme avec lequel elle rendait responsable de tout "protestants, juifs, francs-maçons et métèques", et voyait dans la révolution non pas la voie d'une restauration, mais le retablissement de la tradition, enfin affranchie de toutes menaces.
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L'Action française préfigure en fait dans une certaine mesure le fascisme, et pas seulement dans le domaine subtil de l'idéologie. Ceci est bien démontré par le fait que, des multiples formations que la gauche française taxa de fascisme, certaines des plus importantes sortirent de l'Action française comme d'une matrice et qu'elles ne surent renchérir sur l'Action française que par quelques détails extérieurs, tout en restant bien loin derrière elle du point de vue de l'efficacité rélle. »
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— Ernst Nolte, Les mouvements fascistes, l'Europe de 1919 à 1945
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Sous l'occupation nazie, la doctrine de l'Action française eut une énorme influence idéologique sur le gouvernement de Vichy. Charles Maurras appuya avec zèle la « révolution nationale » guidée par le maréchal Pétain[30].
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Pour Robert Paxton, le Ku Klux Klan (KKK) constitue la première forme de mouvement fasciste, ou protofasciste[31], et il rejoint en partie Sternhell sur les origines françaises de l'idéologie.
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Pour l'historien américain, le fascisme se développe selon cinq phases :
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Son modèle social est davantage centré sur la nation que sur les individus qui la composent. Il cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Pour cela, il faut que cette collectivité partage une histoire et un destin communs et qu'elle se construise sur la volonté de perpétuer son ciment culturel. Il est donc primordial pour les fascistes de préserver l'homogénéité (ethnique, religieuse ou de classe) de cette collectivité nationale.
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Le fascisme se définit lui-même comme « totalitaire », et peut se résumer par une formule de Mussolini : « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! »[32],[33]. Mussolini expliqua que « pour le fasciste, tout est dans l’État, et rien d’humain ni de spirituel n’existe et a fortiori n’a de valeur, en dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et domine toute la vie du peuple »[34]. Toutefois, il précisa : « qu'on ne pense pas que l'État, tel que nous le concevons et le voulons, prenne le citoyen par la main comme le père prend celle de son jeune fils pour le guider »[35]. De plus, Julius Evola expliqua que « lorsque le fascisme présenta un caractère totalitaire, on doit donc penser à une déviation par rapport à son exigence la plus profonde et la plus valable »[35]. En outre, pour Hannah Arendt, connue pour ses travaux sur le totalitarisme, le fascisme italien ne fut pas un régime totalitaire[36].
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Excluant tout contre-pouvoir, le fascisme italien est un système qui se veut totalitaire. Il s'est appuyé sur des groupes de choc, les Chemises noires, qui ont été complètement militarisées après la prise du pouvoir. À la différence d'autres totalitarismes, le fascisme a cherché cependant à obtenir l'adhésion populaire plutôt que de recourir à des méthodes coercitives. Utilisant des techniques comme la démagogie et le populisme, il lui est arrivé d'obtenir un fort soutien populaire et même de maintenir certaines formes démocratiques, comme le suffrage universel (pendant deux années). Tout comme Hitler, Mussolini a été « invité » au pouvoir par l'assentiment des autorités de l'époque avec la célèbre Marche sur Rome.
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Il s'agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l'insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d'urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser.
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Cette mobilisation permet de réprimer sévèrement toute contestation sans perdre la caution populaire. Il suffit de désigner l'homme à abattre comme « ennemi », « traître », « sous-homme ». Mais le fascisme italien n'a pas pratiqué les massacres de masse de type hitlérien, même s'il n'a pas hésité à faire exécuter des opposants politiques, y compris exilés (Carlo et Nello Rosselli) et à les reléguer (îles Lipari notamment).
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« Nous représentons un principe nouveau dans le monde, nous représentons l’antithèse nette, catégorique, définitive de la démocratie, de la ploutocratie, de la maçonnerie, en un mot, de tout le monde des immortels principes de 1789 »[37]
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— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme
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L'historien italien Renzo de Felice et l'historien français Frédéric Le Moal renvoient pour leur part le fascisme « à sa nature révolutionnaire et à son lien avec la Révolution française » dans sa période jacobine[38], ce qui n'est pas le cas d'autres historiens comme Johann Chapoutot, lequel pense que le projet politique nazi est un projet contre-révolutionnaire voulant détruire l'héritage de la Révolution française[39]. Ralph Schor observe également que cette thèse « semble contredite par bien d’autres aspects du régime comme l’exaltation des traditions et de la Rome antique, la défense de l’ordre moral, de la société patriarcale, du monde rural et de ses valeurs, le maintien du pouvoir représenté par le capital, les mesures prises pour supprimer la lutte des classes, la relative liberté laissée aux intellectuels et aux artistes », ce qui conduit ce dernier auteur à considérer que Le Moal « finit par quasiment nier la complexité du mouvement qu’il étudie et par minorer ou oublier les emprunts faits par le fascisme aux droites »[40].
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Un autre point caractéristique du fascisme est la prégnance de la hiérarchie sociale : le groupe doit être mené par un chef, surnommé en Italie le Duce (« le Guide »), dont l'autorité ne saurait être remise en question. C'est au cours de sa période socialiste que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, selon un terme en usage dans la gauche italienne[41]. Avec le fascisme, l'emploi du terme est systématisé et le Duce devient le conducteur de la révolution fasciste. Néanmoins, ce n'est qu'après le congrès de Vérone de novembre 1921 qui permit la transformation du mouvement en parti que Mussolini fut reconnu comme Duce du fascisme, même si ce titre n'impliquait pas l'autorité dictatoriale qu'obtint cette même année Hitler au sein du parti national-socialiste[41]. En effet, avant ce congrès, Mussolini dut faire face à une révolte des principaux chefs squadristes contre sa prétention à être reconnu comme fondateur et Duce du fascisme.
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Le fascisme, à la différence du nazisme, n'était pas raciste à l'origine. Il adopte un discours ouvertement raciste à partir de 1935 (la conquête de l'Éthiopie est justifiée par l'infériorité raciale des Éthiopiens), et légifère en ce sens à partir de 1937 (interdiction du concubinage et du mariage entre colons et Africains), en se radicalisant de plus en plus. « Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes. Toute l'œuvre que jusqu'à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme. Dans les discours du Chef, la référence aux concepts de la race a toujours été très fréquente. La question du racisme en Italie doit être traitée d'un point de vue purement biologique sans intentions philosophiques ou religieuses. », extrait de La difesa della razza, dirigée par Telesio Interlandi, année I, numéro 1, 5 août 1938, page 2 (In Dossier Cliotexte sur le Fascisme italien).
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Ce racisme devient ouvertement antisémite à partir de 1938 (Lois raciales fascistes), dans un contexte d'alliance avec l'Allemagne de Hitler. Encore ces lois d'exclusion étaient-elles moins dures et comportaient-elles beaucoup plus de dérogations que les lois antisémites de Hitler et de Pétain.
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Toutefois il faut noter qu'à une période où l'on ne peut certainement pas supposer des influences hitlériennes, c'est-à-dire en avril 1921, lors d'un discours prononcé à Bologne, Benito Mussolini mit la naissance du fascisme en relation avec « un profond et constant besoin de notre race aryenne et méditerranéenne qui, à un moment donné, s'est sentie menacée dans les fondements mêmes de son existence »[42]. De plus, dans le programme du Parti national fasciste du 27 décembre 1921, la nation est comparée à la race : « La nation n’est pas la simple somme des individus vivants ni l’instrument des fins des partis, mais un organisme comprenant la série indéfinie des générations dont les individus sont des éléments passagers ; c’est la synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race... »[43],[44],[45]. L'affirmation selon laquelle « c'est avec la race qu'on fait l'histoire » est de la même année, la phrase suivante de 1927 : « il faut veiller sérieusement sur le destin de la race ; il faut prendre soin de la race »[42]. En 1938, durant le congrès général du parti fasciste, Mussolini rappela ces antécédents précis pour repousser l'accusation selon laquelle le fascisme singeait simplement les allemands, ajoutant même que toutes les fois où il avait parlé de lignée il avait voulu « se référer à la race »[42].
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Il faut également différencier le racisme biologique du nazisme avec le racisme italien. Mussolini lut l'ouvrage Synthèse d'une doctrine de la race de Julius Evola, et a approuvé les thèses du philosophe traditionaliste italien de manière inconditionnelle et voulut prendre en s'appuyant sur elles des initiatives, qui n'ont pas pu être réalisées[46]. Evola voulut donner à l'Italie fasciste une doctrine raciale s'inspirant des enseignements traditionnels et non des « aberrations du scientisme moderne »[46]. Il tente de définir une conception « traditionnelle » de la race[47], défendant une approche « spirituelle » de celle-ci[48] et créant le concept de « race de l’esprit » qui innove par rapport aux théories biologistes raciologiques issues du XIXe siècle en proposant une doctrine raciste psychologisante[49].
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Les rapports des fascismes avec les religions, et des religion avec le fascisme, sont hétéroclites. La tension totalitaire des fascismes les a souvent conduit à essayer de supprimer les religions afin de leur substituer une religion politique, celle de l’État total. D'autres fascismes, comme le franquisme, l'impérialisme japonais ou le fascisme italien, ont au contraire mobilisé les religions préexistantes pour se construire et se fortifier[50].
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Le fascisme est d'abord le nom que le mouvement et le régime de Mussolini se sont donné. Le terme provient de la fondation après la Première Guerre mondiale, par Mussolini, du mouvement « Fasci italiani di combattimento » (« faisceaux italiens de combat »), à l'origine des termes « fasciste » et « fascisme ». Le mot fasci lui-même est une référence à la Rome antique (les magistrats romains étaient précédés d'un certain nombre de gardes, les licteurs, chargés de ces faisceaux, symboles d'autorité, de violence de la loi[51]) et aux fasci, mouvements et sociétés secrètes des années 1890, composés de paysans révolutionnaires italiens[52].
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Il naît en tant que mouvement décentralisé en mars 1919, sur les frustrations d'une « victoire mutilée », thème agité par les nationalistes en raison de la tournure des négociations lors du Congrès de Versailles, concernant le sort des terres irrédentes de Dalmatie, d'Istrie, de Fiume/Rijeka, mais aussi en réaction au communisme en pleine expansion. Le fascisme est alors le mouvement exalté, le mouvement d'un pays qui tente de retrouver une puissance perdue, un empire perdu, un honneur perdu. Le nationalisme, soutenu par la plupart des artistes de l'époque (Gabriele D'Annunzio, les futuristes italiens, tels Filippo Tommaso Marinetti) devient le fer de lance du fascisme. Le populisme de Benito Mussolini et la passivité (due à la pacification des milices des fascios, soutenues par les classes dirigeantes et Ivanoe Bonomi, le ministre de la Guerre de Giovanni Giolitti de 1920 à 1921[53]), vont permettre à la dictature de s'installer doucement, de la Marche sur Rome du 28 octobre 1922 à l'assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924 qui va déboucher sur la déclaration de la dictature et la promulgation des lois fascistissimes en 1926.
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À l'origine, sans réelle idéologie, le fascisme est influencé par les lectures de Mussolini et des opinions politiques de son père[54]. Ainsi intègre-t-il une version remaniée de concepts tels que l'obéissance entière à l'État d'Hegel, le darwinisme social de Joseph Arthur de Gobineau, la vénération du héros de Friedrich Nietzsche et la violence de Georges Sorel[54].
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En 1914, le royaume d'Italie, membre de la Triple-Alliance aux côtés des empires allemand et autrichien, reste d'abord hors de la guerre. Le peuple italien, qui vient de vivre de dures luttes sociales, est pacifiste dans son immense majorité. Benito Mussolini, réputé très radical, est le rédacteur en chef d’Avanti!, le quotidien du Parti socialiste italien.
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Lorsque la guerre s'étend à l'Europe, il engage soudain son journal pour l'entrée en guerre aux côtés de la France. Exclu du parti socialiste, entraînant une partie de la fraction anarcho-syndicaliste qui voit dans le conflit le point de départ d'une révolution mondiale[55], il fonde le Popolo d'Italia, avec des subsides des services secrets français et du patronat italien. Le Popolo d'Italia milite pour une guerre rédemptrice qui doit régénérer l'Italie. En 1915, après avoir signé le Pacte de Londres avec la France et le Royaume-Uni, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche. Mais le front des Alpes est difficilement tenable, et Venise est menacée (défaite de Caporetto, 1917). Cependant, au prix de souffrances inouïes, l'armée italienne remporte la victoire de Vittorio Veneto, qui précipite la défaite et l'éclatement de l'Autriche-Hongrie en octobre 1918.
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Aux traités de 1919-1920, l'Italie repousse sa frontière jusqu'aux Alpes du Tyrol, mais la côte dalmate, qu'elle considère comme italienne, est donnée à la Serbie pour former un nouvel État, la Yougoslavie. L'opinion italienne est déçue : « tous ces sacrifices pour rien » ; c'est la thématique de la « victoire mutilée ». À la tête de volontaires armés de toutes tendances politiques, le poète Gabriele D'Annunzio occupe Fiume (Rijeka) et y règne plus d'un an. Il y invente un folklore que les fascistes copieront (par exemple le cri de ralliement « Eia, Eia Alala ! ») en même temps qu'un certain romantisme utilisé par le futur régime. Dans ce sens, d'Annunzio est un précurseur du fascisme.
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En 1920, l'agitation sociale monte d'un cran : les ouvriers occupent les usines et forment des conseils ouvriers afin de gérer par eux-mêmes les usines et la distribution. Le 21 janvier 1921, le Parti communiste d'Italie est fondé. Mais les organisations ouvrières et les syndicats sont attaqués par des « cogneurs » payés par certains patrons, et le pouvoir en place reste complaisant face à cette milice qui combat des « organisations subversives ». Les squadristes, après s'être ligués sous la direction de Mussolini forment eux aussi un parti, le Parti national fasciste, en novembre 1921. Le mouvement ouvrier italien sera décapité en 1922 malgré la résistance du mouvement des Arditi del Popolo telle qu'à Parme, les partis socialiste et communiste n'ayant pas pris la direction des mouvements insurrectionnels.
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L'équipement fasciste comporte une chemise noire (issue de la tenue des troupes de choc de l'armée italienne créées en 1917 : les Arditi), divers types de matraques, dont un gourdin appelé manganello, et un purgatif puissant, l'huile de ricin, qu'ils font avaler de force à certains de leurs adversaires. Bientôt, les fascistes tiennent le haut du pavé et Mussolini les groupe en un parti, avec une idéologie musclée, qui profite de l'échec de la gauche et de la peur de la droite.
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En 1922, le parti national fasciste a 35 députés au Parlement, élus en 1921 sous l'étiquette de Blocs nationaux (en), et plus de 700 000 membres.
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Après avoir chassé les organisations de gauche des villes du nord de la péninsule, les milices fascistes menacent de lancer une marche sur Rome. À peine celle-ci débute-t-elle que le roi Victor-Emmanuel III nomme Mussolini président du conseil. Mussolini respecte d'abord le jeu démocratique, en étant à la tête d'une large coalition allant jusqu'au centre droit. Mais en mai 1924, le chef de file du parti socialiste italien, Giacomo Matteotti, par ailleurs député, dénonce les élections législatives, remportées avec succès par le parti fasciste en partie à la suite d'une modification des modalités de scrutin, et réclame leur annulation : il est assassiné le 10 juin, assassinat qui est revendiqué par Mussolini dans un discours devant le Parlement le 3 janvier 1925. Pour couper court à toute agitation, Mussolini instaure un régime d'exception : les lois fascistissimes (1926) ; les autres partis politiques sont interdits, leurs députés sont déchus, la presse est censurée, une police secrète, l'OVRA (organisation de vigilance et répression de l'antifascisme), est instaurée ainsi qu'un fichier de suspects politiques et un « Tribunal spécial ».
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Vers 1929, la dictature du parti fasciste imbibe toute la société (seule la vie culturelle reste relativement libre, à condition de ne pas critiquer le régime). Des milliers de démocrates s'exilent pour échapper à la prison ou à la déportation sur des îles. Le pape Pie XI signe les accords du Latran avec l'État fasciste italien qui lui concède l'existence de l'État du Vatican.
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L'idéologie fasciste est fondée sur :
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Les fascistes définissent leur conception économique comme une « troisième voie » entre capitalisme et marxisme. Leur politique se traduit par une extension considérable du contrôle gouvernemental de l'économie sans toutefois d'expropriation massive de la propriété des moyens de production. Le gouvernement nationalise les industries clés, contrôle les changes et fait investir massivement l'État. Il essaie entre autres de créer des corporations puissantes qui regroupent plusieurs entreprises d'un même secteur, le tout supervisé par l'État. Les fascistes instituent le contrôle des prix, le contrôle des salaires et autres mesures de planisme économique, ils instituent une affectation des ressources dominée par la régulation étatique, spécialement dans les secteurs financiers et des matières premières. L'économie est mise au service de l'État[56].
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Le refus du capitalisme et du marxisme se traduit par une politique économique d'abord fluctuante. Le premier né des régimes fascistes aura à affronter le problème du déficit alimentaire global du pays, autant qu'une immense population de paysans sans terres, dans une Italie encore majoritairement rurale. Les thèmes du discours de Mussolini sur la question agricole deviendront des exemples classiques pour les dirigeants autoritaires ouest-européens de la période 1930-1960 : ils consistent d'abord à glorifier la terre et le travail qu'elle requiert. Puis à promettre des améliorations significatives des conditions de vie des paysans et enfin de développer de coûteuses mesures destinées à contrebalancer les importations alimentaires. La réalité ne correspondit jamais complètement aux envolées lyriques des fascistes sur ce sujet.
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Le discours mussolinien ne s'embarrasse pas de finesse : les paysans y sont décrits comme une « population robuste et saine », « source d'équilibre » pour l'État et enfin « fleuve de sang nouveau ». Les premières mesures publicisées entre 1923 et 1933 sont les suivantes : intensification du programme existant de colonisation intérieure par de grands travaux de drainages des zones humides, d'enrichissement mécanique des sols et d'apports massifs d'intrants agricoles, d'irrigation, d'électrification et de percement de routes rurales destinées à désenclaver les anciens centres de production. L'ensemble des mesures est détaillé dans la Bonifica Integrale et adopté par les lois et décrets du 30 décembre 1923, du 18 mai 1924, du 24 décembre 1928 et du 13 février 1933. Entre « bataille du blé » et assèchement des marais pontins promus par une abondante campagne cinématographique, les efforts fascistes aboutissent de facto à une auto-suffisance céréalière au début des années 1930.
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L'effort de la Bonifica Integrale aura coûté 6 milliards 200 millions de lires entre 1923 et 1934, soit plus que le total de 1 milliard 800 millions dépensés jusque là par le jeune État italien : Il s'agit d'un effort considérable pour les finances publiques, sachant que les coûts sont supportés de 75 à 92 % par l'État, le reste incombant aux propriétaires. Ceux-ci sont expulsés s'ils ne peuvent s'acquitter de leur part : les plus petits pour l'essentiel. Habituellement, les terres nouvelles créées par ces efforts sont concédées en parcelles de tailles moyennes. Dans l'exemple des Marais Pontins, les 45 000 hectares de terres insalubres depuis la plus haute Antiquité sont lotis par parcelles de 10 à 30 hectares.
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La Bataille du blé lancée en pleine session de nuit le 25 juin 1925, sur le registre mélodramatique, par Benito Mussolini lui-même, va par le biais de concours de productivité, de compétitions quantitatives, occuper le devant de la scène médiatique italienne durant dix étés. Elle est aussi l'opportunité pour les petits paysans de livrer leurs récoltes à des organisations coopératives et à un prix avantageux fixé par l'État. Les grands propriétaires du Sud bénéficient quant à eux d'un appareil de subventions à l'exportation de leurs productions extensives, oléagineuses ou viticoles.
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En revanche, la condition des paysans sans terre s'améliore moins nettement : leur salaire journalier fixé réglementairement ne s'élève qu'à 7,5 lires/jour, pas les 8 lires promises par le Duce. Les syndicats de Braccianti sont remplacés par des syndicats fascistes. La loi sur l'assurance chômage du 30 décembre 1923 les exclut du système. Le premier décret agraire et fasciste, du 11 janvier 1923, les avait déjà privés de la protection du décret Visochi, lequel avait sanctionné positivement les occupations des terres inemployées des latifundiaires durant l'immédiat après-guerre. Ces domaines cultivés souvent collectivement retournent donc à leurs anciens propriétaires. Par ailleurs, la loi du 8 juin 1924 annulera les droits d'usage collectif des biens communaux établis sur les anciens domaines féodaux, rendant ceux-ci aux anciens seigneurs.
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Les dirigeants de la Confédération Fasciste de l'Agriculture ne se recrutent pas chez les Braccianti. Ils autorisent ainsi le retour au paiement du salaire en nature. La proposition mussolinienne de partage des revenus des récoltes entre plusieurs métayers, la « comparticipation », remporte un vif succès là où elle est mise en œuvre, puisque les « journaliers sans terre » reçoivent 30 % des produits de l'exploitation. En échange, les agrariens peuvent toujours licencier leurs journaliers sans préavis ni indemnités. Les dirigeants de la Confédération réduisent progressivement la part des métayers de 70 à 50 % avant 1929. Les agrariens sont dans ce secteur également bénéficiaires de la politique fasciste. Cette dégradation de la condition de vie des plus modestes paysans italiens n'est pas surprenante, puisqu'historiquement les bandes fascistes primitives servaient aussi de milices aux grands latifundiaires, durant les désordres de l'après guerre: Brisant les piquets de grève, incendiant les locaux syndicaux et nettoyant les domaines occupés de leurs occupants sans titres de propriété. Dans la mesure où les principaux soutiens du fascisme naissant sont ces latifundiaires, on conçoit qu'ils aient été les principaux bénéficiaires des politiques agricoles du fascisme.
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Les faisceaux de combat apparaissent en réaction aux troubles sociaux, notamment ceux de Milan. Le programme révolutionnaire du mouvement en 1919 est d'inspiration nationaliste et socialiste dans un mélange particulièrement progressiste et confus.
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La défaite aux élections de 1919 amène les groupements les plus à gauche à se retirer des fascios. Avec l'évolution du mouvement, nombre des idées du programme seront rejetées.
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Dans un climat social difficile (grèves et agitations) qui fait craindre à la démocratie libérale un soulèvement social révolutionnaire comme en Russie (Révolution d'Octobre), en Allemagne (Révolution allemande), et d'autres pays dans lequel des troubles révolutionnaires existent, Mussolini annonce en 1921, avant son accession au pouvoir, son soutien au libéralisme et au capitalisme :
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Rocca et Corsini établiront, par la suite, un programme pour le PNF favorable au libéralisme économique « manchestérien ».
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Arrivé au pouvoir, allié à une vaste coalition, le gouvernement de Mussolini, sous l'impulsion du libéral Alberto De Stefani (en), qui succède aux libéraux, poursuit la politique économique libérale du précédent gouvernement : « Nous voulons dépouiller l'État de tous ses attributs économiques : assez de l'État cheminot, de l'État postier, de l'État assureur » (Benito Mussolini, 1922[57]).
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Le tournant s'opère dans la deuxième moitié des années 1920 : Alberto De Stefani démissionne en 1925[58], promulgation des lois fascistissimes en 1926, vote des lois sur le corporatisme en 1927, et en 1929 crise économique mondiale[57].
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Les fascistes monopolisent petit à petit le pouvoir. Après l'assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924, ils établissent une dictature, les lois fascistissimes sont promulguées en 1926 et Mussolini donne au fascisme la célèbre formule : « Tout dans l'État, rien hors de l'État et rien contre l'État » ; il désavoue et attaque (dans le sillage de la Confindustria[réf. nécessaire]), à la suite d'une crise économique, le libéralisme économique :
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« Le fascisme est absolument opposé aux doctrines du libéralisme, à la fois dans la sphère politique et dans la sphère économique. […] L'État fasciste veut gouverner dans le domaine économique pas moins que dans les autres ; cela fait que son action, ressentie à travers le pays de long en large par le moyen de ses institutions corporatives, sociales et éducatives, et de toutes les forces de la nation, politiques, économiques et spirituelles, organisées dans leurs associations respectives, circule au sein de l'État. »
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— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme (1935).
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Mussolini mène alors une politique dirigiste : grands travaux, protectionnisme, stimulation de la consommation, constitution de monopoles, encadrement et restriction des droits des ouvriers, bataille du blé.
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Le corporatisme est institué : système de guildes qui encadre les relations patrons/ouvriers et salariés afin qu'ils planifient l'économie dans l'intérêt général, ministère des Corporations, Conseil national des Corporations, Chambre des Faisceaux et Corporations.
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Au premier abord, ce corporatisme fait songer à la doctrine de l’Action française, à la théorie des corps intermédiaires ; aussi la doctrine de Mussolini était-elle mentionnée avec éloges par toute une fraction de la droite française qui ne dissimulait pas son hostilité à l’Allemagne hitlérienne. En fait, le corporatisme fasciste ne ressemblait que superficiellement au corporatisme de l’Action française, qui était essentiellement un moyen de contrebalancer l’influence de l’État. Les corporations italiennes, au contraire, sont au service de l’État. Comme dit Gaëtan Pirou, « il s’agit beaucoup moins d’un système auto-organisateur des intérêts économiques que d’une ingénieuse présentation derrière laquelle s’aperçoit le pouvoir politique, qui exerce sa dictature sur l’économie comme sur la pensée ». Il s’agit moins d’un corporatisme analogue à celui de l’Ancien Régime que d’une théorie de l’État corporatif. Les institutions corporatives ne font qu’attester la domestication des intérêts économiques. Le mot de corporation, pour Mussolini, doit être pris dans son sens étymologique de « constitution en corps », cette constitution en corps qui est la fonction essentielle de l’État, celle qui assure son unité et sa vie.
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Le 2 octobre 1925, le Pacte (du palais) Vidoni, signé entre la Confindustria et les représentants du régime fasciste abolit les unions catholiques, socialistes dont la CGIL ou indépendantes, les remplaçant par celles contrôlées par le fascisme[59]. La Confindustria et la Confédération des Corporations fascistes se proclament représentants exclusifs des industriels et le monopole syndical fasciste est approuvé, un tel pacte comprend deux autres demandes, la limitation du droit de grève (qui sera supprimé le 3 avril 1926), et l'auto-fascisation de la Confindustria[60].
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Le régime reçoit son appui des grands industriels, des petits capitalistes, des classes moyennes, des petits fonctionnaires, mais aussi des paysans et des ouvriers les plus pauvres (lumpenprolétariat dans la théorie marxiste).
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Dans les années 1930, l'Italie récupère de la Grande Dépression et connaît une croissance économique. Mais elle est contrariée par les sanctions internationales suivant l'invasion de l'Éthiopie en octobre 1935, par le support militaire coûteux aux nationalistes espagnols et in fine par l'échec de la politique d'autarcie.
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À côté d'une politique totalitaire sanglante et antisémite sous la direction allemande, la République sociale italienne (RSI), ou « République de Salò », tente de mettre en œuvre une politique de nationalisation. Choix d'autant plus aisé que les élites économiques et culturelles, par conviction ou par opportunisme, prennent de plus en plus leurs distances avec le fascisme.
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Le fascisme italien va susciter des imitateurs dans plusieurs pays à travers le monde des années 1930 et 1940. Plusieurs d'entre eux vont demeurer des mouvements minoritaires tandis que d'autres, au pouvoir, sont en général considérés par les historiens davantage comme autoritaires que comme véritablement fascistes, bien qu'ils puissent avoir des inclinations fascistes. Parmi ceux-ci, on peut citer :
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Benito Mussolini a tenté de fédérer des partis politiques européens favorables à sa politique à travers les CAUR, les Comitati d'Azione per l'Universalità di Roma.
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Après la défaite, une partie des anciens fascistes se sont organisés en opposition légale dans le Mouvement social italien, qui se référait explicitement à la mémoire de Mussolini. Ce parti a obtenu des scores électoraux appréciables (sans atteindre la majorité), surtout dans les régions pauvres du Sud[62]. Toléré par les gouvernements démocrates-chrétiens, qui y voyaient un dérivatif au communisme, il a cependant toujours été exclu des combinaisons gouvernementales.
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Dans sa nouvelle formule, l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, le parti a abjuré ses anciens principes totalitaires[63] et a pu participer aux gouvernements de Silvio Berlusconi. Un certain nombre de nostalgiques du Duce ont quitté le parti pour fonder le Mouvement social - Flamme tricolore. D'autres, comme Alessandra Mussolini, sont initialement restés au sein d'AN mais l'ont progressivement quitté. Alliance nationale a fini par abandonner toutes ses références au fascisme et s'est fondu en 2009 dans le Peuple de la liberté.
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En Espagne, le néofascisme est surtout assimilé[réf. nécessaire] aux mouvements politiques se réclamant du franquisme, comme Fuerza Nueva, créé en 1966 et les différents partis se présentant comme héritiers de la Phalange espagnole, organisation fasciste ayant appuyé Francisco Franco dans son ascension au pouvoir.
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Plusieurs explication divergentes ou opposées ont été données du phénomène fasciste, depuis sa création.
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Dans la foulée de la crise du marxisme, des historiens[64],[65] ont proposé une autre grille de lecture, assemblant dans une même catégorie le « communisme stalinien » et le fascisme : le totalitarisme. Les totalitarismes ont en commun un régime total d'un parti gouvernant les actions et les pensées des personnes. La notion a aussi connu un certain succès en raison des convergences historiques comme celle du pacte germano-soviétique. Outre les historiens, la notion de totalitarisme se trouve chez Friedrich Hayek (La Route de la servitude en particulier), et Hannah Arendt. Elle est cependant critiquée comme étant une arme idéologique, reliquat de la Guerre froide. Les points communs sont généralement présentés comme les suivants :
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Dans les années 1990, l'historien George Mosse développe l'idée que les sociétés européennes seraient devenues brutales dès la Première Guerre mondiale, et auraient connu par la suite un processus de brutalisation dont le fascisme serait une illustration dans certains pays européens.
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Tout d'abord, le retour à la normalité de l'avant-guerre se fait de manière lente, comme en Allemagne. Les escadrons perpétuent cet état de violence latente, au moins jusqu'en 1922. Mais, à la différence des Corps Francs, durant la période squadriste, les fascistes n'auraient jamais appelé à exterminer physiquement leurs adversaires, qu'ils se contentaient de chasser ou de réduire au silence[66].
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En outre, il développe l'idée que le mythe du surhomme fasciste ne se veut pas un retour à une étape antérieure, mais une création révolutionnaire, entendue au sens de rupture avec un ordre existant[67].
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Emilio Gentile, professeur à Rome, estime que la question du fascisme italien a été « sous-exposée » après 1945 afin de reconstruire l'Italie sur le mythe d'une Italie résistante. En 2008, il estime que Hannah Arendt n'avait pas les informations nécessaires pour affirmer que le régime fasciste n'était pas un État totalitaire[68]. Il y a donc eu une relecture historiographique au fil des XXe et XXIe siècles. Il a ensuite été étudié comme la « voie italienne vers le totalitarisme ». Mais, dans tous les cas, la question des racines italiennes aurait été occultée, empêchant la construction d'une Italie réconciliée avec son identité nationale[69].
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Ernesto Galli Della Loggia (it), professeur d'histoire à l'université de Milan spécialiste notamment de l'antifascisme, estime, contrairement à Emilio Gentile, que l'Histoire du fascisme a été « sur-exposée » car instrumentalisée par certains partis issus de la Résistance italienne au fascisme, notamment par le Parti communiste italien, ce qui aurait conduit selon lui à une certaine banalisation du fascisme dans la vie politique italienne[69].
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Se fondant sur la mauvaise réputation du mouvement fasciste, la gauche en France a souvent eu recours au terme « fasciste » pour disqualifier un adversaire : l'organisation des Croix-de-feu en a fait les frais[70], ainsi que le général de Gaulle[71]. Le Parti communiste français a aussi utilisé l'insulte à l'encontre de ses concurrents à gauche, les membres de la SFIO[72]. Le terme « fascisme » utilisé en tant qu'insulte est souvent raccourci en « facho » (apparu à partir de 1968), voire en « faf »[13].
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Le « rassemblement populaire » de 1935 qui est élu sous le nom de « Front populaire » s'est constitué aussi pour combattre le « fascisme »[73]. L'historien Michel Winock estime que le « fascisme » en France n'a pas vraiment existé dans une forme structurée[74], alors que d'autres comme Zeev Sternhell, Ernst Nolte ou Robert Soucy estiment que la France a bien connu des mouvements fascistes entre les deux guerres mondiales[réf. nécessaire].
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Le dernier exemple en date en est le procès intenté et perdu par Marine Le Pen contre Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait caractérisée par ce terme durant la campagne pour l'élection présidentielle de 2012[75].
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Cette tendance à taxer son adversaire de fascisme n'est pas exclusive à la gauche française ; durant la Guerre froide, la propagande de la République démocratique allemande communiste affirmait construire le Mur de Berlin non pas pour empêcher que les Allemands de l'Est fuient le régime, mais comme mur de « protection antifasciste »[76].
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D'après Damon Mayaffre, spécialiste de l'analyse du discours politique, « le reproche que l'on a pu faire aux forces de gauche après guerre de manier l'invective « fasciste ! » à tort et à travers (notamment en 1958 contre le pouvoir gaulliste) peut être fait dès le départ pour l'entre-deux-guerres. La confusion dans la pensée de la gauche entre mouvement réactionnaire, mouvement autoritaire ou mouvement fasciste est originelle ; elle a toujours été entretenue pour mobiliser. Par simplification et par manichéisme le « fascisme » est souvent, dans une conjoncture donnée, l'ennemi à combattre, comme la « droite » ou la « réaction » le sont dans d'autres conjonctures »[77].
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Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme[1] et totalitarisme[2] au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l'individualisme codifié par la pensée philosophique des Lumières[3],[4]. Issu de diverses composantes de la philosophie européenne du XIXe siècle[5], le fascisme a trouvé dans les circonstances économiques et historiques de l'après-première guerre mondiale le contexte qui lui a permis d'accéder au pouvoir, d'abord en Italie dans les années 1920 avec Mussolini, puis sous une variante accentuée, militariste, en Allemagne dans les années 1930 avec le nazisme et Hitler.
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« Au sens étroit, le fascisme est une doctrine politique proprement italienne. Au sens large, une tentative européenne, personnalisée par le génie des nations qui ont essayé de le promouvoir. C’est une tentative européenne de refonder l’Ordre d’ancien régime avant la grande cassure de 1789, mais en évitant de reproduire les travers qui ont précipité sa chute. Il s’agissait donc de refonder une société proprement organiciste et de refonder une aristocratie. »
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— Joseph Mérel, Fascisme & Monarchie
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Le terme fascisme s'applique au sens strict à la période mussolinienne de l'histoire italienne et au sens large à un système politique aux caractéristiques inspirées par l'exemple italien mais qui a pu prendre des aspects différents selon les pays. Des débats existent entre les historiens quant à la qualification de certains régimes (France de Vichy, Espagne franquiste[6]...). La différence entre fascisme et totalitarisme fait l'objet de nombreux débats[7].
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Opposé à l'individualisme[8] et repoussant l'idéologie démocratique au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d'État menée contre les opposants assimilés à des ennemis intérieurs, l'unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l'état conduit une politique dirigiste mais maintient le système économique et les activités professionnelles[9].
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En même temps, le fascisme rejette la notion d'égalité au nom d'un ordre hiérarchique naturel : il définit un « homme nouveau », un idéal de pureté nationale et raciale qui nourrit en particulier l'antisémitisme, l'homophobie, l'exclusion des personnes atteintes d'un handicap et exalte les corps régénérés ainsi que les vertus de la terre, du sang et de la tradition, tout comme il affirme une hiérarchie entre les peuples forts et les peuples faibles qui doivent être soumis. De façon générale, le fascisme exalte la force et s’appuie sur les valeurs traditionnelles de la masculinité, reléguant les femmes dans leur rôle maternel. Il célèbre dans cet esprit les vertus guerrières en développant une esthétique héroïque et grandiose[10].
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Révélateur d'une crise de la modernité et luttant contre le sentiment de décadence de la civilisation, le fascisme s'appuie aussi sur une vision idéalisée du passé et sur l'émotion collective qu'il met en scène dans la théâtralité dynamique d'une religion civile (culte du chef, uniformes, rassemblements, propagande) et suscite ainsi une fascination idéologique et esthétique avérée[11].
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Dans son acception la plus large, le terme est employé pour disqualifier l'ennemi politique, par exemple par les Soviétiques durant la guerre froide ou par certains partis politiques dans les démocraties libérales. Par ailleurs, le fascisme est encore revendiqué par certaines mouvances d'extrême droite (les néofascistes) comme le parti italien CasaPound dont les membres aiment se faire appeler « Fascistes du troisième millénaire »[12].
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Le mot fascisme est prononcé [fa.ʃism], calque de la prononciation italienne [faˈʃizmo] ; ou plus rarement [fa.sism][13],[14],[15].
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Le mot (en italien fascismo) vient de l'italien « fascio » (« faisceau »), faisant référence au fasces lictoriae[16], emblème de l'autorité initié sous la République romaine, qui fut ensuite repris notamment sous la Révolution française, puis vers 1919, par les milices squadristes de Benito Mussolini, qui avaient initialement groupé des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, déçus et épris d'ordre.
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Au sens le plus strict, il désigne donc le régime de Benito Mussolini. Si historiquement le nazisme apparaît proche du fascisme, bien d'autres régimes politiques ont été qualifiés, à tort ou à raison, de fascistes par leurs opposants, comme l'Égypte nassérienne, le régime des Talibans, le stalinisme, le péronisme, etc. Dans le débat politique contemporain, les adhérents à certaines idéologies politiques tendent à associer le fascisme avec leurs ennemis, ou le définissent comme étant l'opposé de leurs propres visions politiques.
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En son sens large, le fascisme se définit comme une réaction aux valeurs de l'humanisme démocratique du siècle des Lumières. Issu des frustrations engendrées par ce nouveau modèle de société, le fascisme rejette les droits de l'homme, le communisme, l'anarchisme, les libertés individuelles et le libéralisme politique.
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« Le fait est que le XIXe siècle était le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie, ceci ne signifie pas que le XXe siècle doit aussi être le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie. Les doctrines politiques passent ; les nations restent. Nous sommes libres de croire que ceci est le siècle de l'autorité, un siècle tendant vers la « droite », un siècle fasciste. Si le XIXe siècle était le siècle de l'individualisme (le libéralisme implique l'individualisme), nous sommes libres de croire que ceci est le siècle « collectif », et ainsi le siècle de l'État. »
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— Benito Mussolini, La Doctrine politique et sociale du fascisme (1933)[réf. souhaitée].
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Lors d'un discours du 2 avril 1924, Benito Mussolini reprend une citation du philosophe Friedrich Nietzsche : « vivre dangereusement », citation qui doit être la règle pour le fascisme, sa définition ; Mussolini déclare ainsi :
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« Vivre dangereusement : je voudrais que ce fût là le mot d'ordre du fascisme italien. Vivre dangereusement, cela veut dire être prêt à tout, à quelque sacrifice, à quelque danger possible, à quelque action que ce soit, quand il s'agit de défendre sa patrie. La vie telle que le conçoit le fasciste est grave, austère et religieuse : elle est vécue tout entière dans un monde porté par les forces responsables et morales de l'esprit. Le fasciste doit mépriser la vie commode. Son credo est l'héroïsme tandis que celui du bourgeois est l'égoïsme. Le fascisme est enfin une conception religieuse qui considère l'Homme dans son rapport sublime avec une loi et une volonté qui dépasse l'individu. Pour le fascisme, le monde n'est pas ce monde matériel qui apparaît à la surface, où l'homme est un individu isolé de tous les autres, existant en soi, et gouverné par une loi qui le mène à ne vivre qu'une vie de plaisir égoïste et momentanée. Le fascisme est né d'une réaction contre le siècle présent et contre le matérialisme dégénéré et agnostique[17]. »
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Le fascisme souhaite être pragmatique avant tout, c'est ce qu'explique Mussolini dans son quotidien Il Popolo d'Italia le 23 mars 1919 : « Nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes, réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu, le cadre dans lequel nous sommes contraints de vivre et d'agir »[18].
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Les origines du fascisme font l'objet d'un débat parfois âpre parmi les historiens.
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« Définir le fascisme, c'est avant tout en écrire l'histoire. »
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— Angelo Tasca, La naissance du fascisme
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Pour Zeev Sternhell et ses partisans, l'idéologie fasciste a principalement été forgée en France, entre les années 1880 et 1914, par conjonction entre une radicalisation antidémocratique de certains mouvements d'extrême gauche (notamment le syndicalisme révolutionnaire) avec une nouvelle droite nationaliste, formant la « droite révolutionnaire », dont est issue le fascisme[19]. Zeev Sternhell souligne pour sa part :
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« Pour l'étude du préfascisme, plus tard du fascisme, la France fournit un champ d'observation quasi idéal. Non seulement l'idéologie fasciste y atteint sa maturité plus rapidement qu'ailleurs, mais encore son expression intellectuelle y est d'une qualité exceptionnelle. L'oeuvre de Giovanni Gentile mise à part, l'Europe n'a rien donné de comparable à la production idéologique et littéraire du fascisme français. »
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— Zeev Sternell, Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France
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Henri Michel est d'avis que le « fascisme […] est à la fois un et multiple », ajoute : « Dans chaque pays, il trouve dans le passé national quelques-uns de ses éléments, mais il puise aussi dans son fonds commun pour modeler le présent et façonner l'avenir. » ; cherchant des antécédents au fascisme français, il remonta jusqu'au bonapartisme : « Napoléon Ier et Napoléon III ont frayé la voie au fascisme, par la dictature, le culte du grand homme, la recherche de l'appui populaire par le plébiscite, la restructuration du corps social – par une nouvelle noblesse ou par la promotion d'une classe d'hommes d'affaires »[20],[21].
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Une opinion très répandue est que le fascisme français des années 1930 puisa sa source dans un courant intellectuel qui s'était développé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Parmi ceux qui concourent ainsi à sa formation, on peut mentionner : Édouard Drumont, Paul Déroulède, Gustave Le Bon, Joseph Arthur de Gobineau, Gustave Tridon, René de La Tour du Pin, Charles Maurras, Maurice Barrès, Georges Sorel, Julius Evola, Joséphin Péladan, Georges Valois, Robert Brasillach, Eugène Deloncle, Blanc de Saint-Bonnet, Henri Martin, Georges Thiébaud, Jules Guérin, Lucien Rebatet et plusieurs autres. Les conceptions caractéristiques de ce courant exprimaient un nationalisme exclusif, un antisémitisme agressif, un racisme marqué, un goût prononcé de l'autoritarisme et une violente opposition à des valeurs comme : révolution, république, libéralisme politique, démocratie, parlementarisme, et bien entendu, socialisme[22].
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Toutefois, la doctrine économique libérale ne s'oppose pas au fascisme. Il y eût des connivences dans une perspective anticommuniste avec lesquels Mussolini parvient à posséder le soutien financier d’industriels et de grands propriétaires qui financent les groupes fascistes encouragés à faire le coup de poing contre la gauche pour défendre la propriété privée[23] :
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« Giolitti, entre juin 1920 et juin 1921, veut voir dans les fascistes une organisation que l’on peut intégrer à la démocratie libérale. Soucieux comme il le dit, de « constitutionnaliser le fascisme » en l’associant au fonctionnement de la vie politique italienne, il fait associer des fascistes aux listes des partis libéraux lors des élections municipales d’octobre 1920, puis lors des législatives de mars 1921. »
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Mussolini déclare, lors de son premier discours en tant que député au Parlement italien, le 21 juin 1921 : « Je suis un libéral […]. Il faut abolir l’État collectiviste tel que la guerre nous l’a transmis, par la nécessité des choses, et revenir à l’État manchestérien »[24].
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Pour des auteurs comme Pierre Milza, la Première Guerre mondiale est tout à fait essentielle dans la formation de l'idéologie fasciste, bien qu'il ait nuancé son point de vue en reconnaissant que Sternhell avait partiellement raison en soulignant la parenté entre certains idéologues français d'avant 1914 et les théoriciens du fascisme. Traitant de la France du début du XXe siècle, Pierre Milza et Marianne Benteli soulignent[25] :
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« Nous avons vu, en étudiant les préfascismes, qu'il existait en France, depuis les premières années du XXe siècle, deux courants de ce type. L'un, de tradition "jacobine" et plébiscitaire, représenté par Barrès et par les partisans attardés d'une solution césarienne (bonapartisme et boulangisme). L'autre, d'inspiration monarchiste et traditionaliste, incarné par Maurras et par l'Action Française. Ni l'un ni l'autre ne débouchèrent, au lendemain de la guerre, sur un véritable mouvement fasciste. »
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— Pierre Milza et Marianne Benteli, Le fascisme au XXe siècle
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Cependant, pour Ernst Nolte, il est évident que « l'Action française a été la première organisation de quelque importance et de statut intellectuel à révéler des traits caractéristiques fascistes »[26] et « qu'il faudrait qualifier l'Action française de fascisme précoce, et que d'un certain point de vue, elle est plus proche du national-socialisme que du fascisme italien »[27]. Cette prise de position d'Ernst Nolte à l'égard de l'Action française est la seule de son espèce[28]. Toutefois, afin de défendre sa thèse Ernst Nolte insiste[29] :
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« Elle se créa, avec les Camelots du roi, une troupe qui sut s'imposer par la violence [...] Elle chercha et trouva des contacts avec le syndicalisme révolutionnaire et attira un temps sur ses voies un homme de la taille de Georges Sorel [...] Il faut reconnaître que l'Action française s'en distinguait nettement, par le fanatisme avec lequel elle rendait responsable de tout "protestants, juifs, francs-maçons et métèques", et voyait dans la révolution non pas la voie d'une restauration, mais le retablissement de la tradition, enfin affranchie de toutes menaces.
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L'Action française préfigure en fait dans une certaine mesure le fascisme, et pas seulement dans le domaine subtil de l'idéologie. Ceci est bien démontré par le fait que, des multiples formations que la gauche française taxa de fascisme, certaines des plus importantes sortirent de l'Action française comme d'une matrice et qu'elles ne surent renchérir sur l'Action française que par quelques détails extérieurs, tout en restant bien loin derrière elle du point de vue de l'efficacité rélle. »
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— Ernst Nolte, Les mouvements fascistes, l'Europe de 1919 à 1945
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Sous l'occupation nazie, la doctrine de l'Action française eut une énorme influence idéologique sur le gouvernement de Vichy. Charles Maurras appuya avec zèle la « révolution nationale » guidée par le maréchal Pétain[30].
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Pour Robert Paxton, le Ku Klux Klan (KKK) constitue la première forme de mouvement fasciste, ou protofasciste[31], et il rejoint en partie Sternhell sur les origines françaises de l'idéologie.
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Pour l'historien américain, le fascisme se développe selon cinq phases :
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Son modèle social est davantage centré sur la nation que sur les individus qui la composent. Il cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Pour cela, il faut que cette collectivité partage une histoire et un destin communs et qu'elle se construise sur la volonté de perpétuer son ciment culturel. Il est donc primordial pour les fascistes de préserver l'homogénéité (ethnique, religieuse ou de classe) de cette collectivité nationale.
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Le fascisme se définit lui-même comme « totalitaire », et peut se résumer par une formule de Mussolini : « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! »[32],[33]. Mussolini expliqua que « pour le fasciste, tout est dans l’État, et rien d’humain ni de spirituel n’existe et a fortiori n’a de valeur, en dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et domine toute la vie du peuple »[34]. Toutefois, il précisa : « qu'on ne pense pas que l'État, tel que nous le concevons et le voulons, prenne le citoyen par la main comme le père prend celle de son jeune fils pour le guider »[35]. De plus, Julius Evola expliqua que « lorsque le fascisme présenta un caractère totalitaire, on doit donc penser à une déviation par rapport à son exigence la plus profonde et la plus valable »[35]. En outre, pour Hannah Arendt, connue pour ses travaux sur le totalitarisme, le fascisme italien ne fut pas un régime totalitaire[36].
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Excluant tout contre-pouvoir, le fascisme italien est un système qui se veut totalitaire. Il s'est appuyé sur des groupes de choc, les Chemises noires, qui ont été complètement militarisées après la prise du pouvoir. À la différence d'autres totalitarismes, le fascisme a cherché cependant à obtenir l'adhésion populaire plutôt que de recourir à des méthodes coercitives. Utilisant des techniques comme la démagogie et le populisme, il lui est arrivé d'obtenir un fort soutien populaire et même de maintenir certaines formes démocratiques, comme le suffrage universel (pendant deux années). Tout comme Hitler, Mussolini a été « invité » au pouvoir par l'assentiment des autorités de l'époque avec la célèbre Marche sur Rome.
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Il s'agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l'insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d'urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser.
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Cette mobilisation permet de réprimer sévèrement toute contestation sans perdre la caution populaire. Il suffit de désigner l'homme à abattre comme « ennemi », « traître », « sous-homme ». Mais le fascisme italien n'a pas pratiqué les massacres de masse de type hitlérien, même s'il n'a pas hésité à faire exécuter des opposants politiques, y compris exilés (Carlo et Nello Rosselli) et à les reléguer (îles Lipari notamment).
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« Nous représentons un principe nouveau dans le monde, nous représentons l’antithèse nette, catégorique, définitive de la démocratie, de la ploutocratie, de la maçonnerie, en un mot, de tout le monde des immortels principes de 1789 »[37]
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— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme
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L'historien italien Renzo de Felice et l'historien français Frédéric Le Moal renvoient pour leur part le fascisme « à sa nature révolutionnaire et à son lien avec la Révolution française » dans sa période jacobine[38], ce qui n'est pas le cas d'autres historiens comme Johann Chapoutot, lequel pense que le projet politique nazi est un projet contre-révolutionnaire voulant détruire l'héritage de la Révolution française[39]. Ralph Schor observe également que cette thèse « semble contredite par bien d’autres aspects du régime comme l’exaltation des traditions et de la Rome antique, la défense de l’ordre moral, de la société patriarcale, du monde rural et de ses valeurs, le maintien du pouvoir représenté par le capital, les mesures prises pour supprimer la lutte des classes, la relative liberté laissée aux intellectuels et aux artistes », ce qui conduit ce dernier auteur à considérer que Le Moal « finit par quasiment nier la complexité du mouvement qu’il étudie et par minorer ou oublier les emprunts faits par le fascisme aux droites »[40].
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Un autre point caractéristique du fascisme est la prégnance de la hiérarchie sociale : le groupe doit être mené par un chef, surnommé en Italie le Duce (« le Guide »), dont l'autorité ne saurait être remise en question. C'est au cours de sa période socialiste que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, selon un terme en usage dans la gauche italienne[41]. Avec le fascisme, l'emploi du terme est systématisé et le Duce devient le conducteur de la révolution fasciste. Néanmoins, ce n'est qu'après le congrès de Vérone de novembre 1921 qui permit la transformation du mouvement en parti que Mussolini fut reconnu comme Duce du fascisme, même si ce titre n'impliquait pas l'autorité dictatoriale qu'obtint cette même année Hitler au sein du parti national-socialiste[41]. En effet, avant ce congrès, Mussolini dut faire face à une révolte des principaux chefs squadristes contre sa prétention à être reconnu comme fondateur et Duce du fascisme.
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Le fascisme, à la différence du nazisme, n'était pas raciste à l'origine. Il adopte un discours ouvertement raciste à partir de 1935 (la conquête de l'Éthiopie est justifiée par l'infériorité raciale des Éthiopiens), et légifère en ce sens à partir de 1937 (interdiction du concubinage et du mariage entre colons et Africains), en se radicalisant de plus en plus. « Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes. Toute l'œuvre que jusqu'à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme. Dans les discours du Chef, la référence aux concepts de la race a toujours été très fréquente. La question du racisme en Italie doit être traitée d'un point de vue purement biologique sans intentions philosophiques ou religieuses. », extrait de La difesa della razza, dirigée par Telesio Interlandi, année I, numéro 1, 5 août 1938, page 2 (In Dossier Cliotexte sur le Fascisme italien).
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Ce racisme devient ouvertement antisémite à partir de 1938 (Lois raciales fascistes), dans un contexte d'alliance avec l'Allemagne de Hitler. Encore ces lois d'exclusion étaient-elles moins dures et comportaient-elles beaucoup plus de dérogations que les lois antisémites de Hitler et de Pétain.
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Toutefois il faut noter qu'à une période où l'on ne peut certainement pas supposer des influences hitlériennes, c'est-à-dire en avril 1921, lors d'un discours prononcé à Bologne, Benito Mussolini mit la naissance du fascisme en relation avec « un profond et constant besoin de notre race aryenne et méditerranéenne qui, à un moment donné, s'est sentie menacée dans les fondements mêmes de son existence »[42]. De plus, dans le programme du Parti national fasciste du 27 décembre 1921, la nation est comparée à la race : « La nation n’est pas la simple somme des individus vivants ni l’instrument des fins des partis, mais un organisme comprenant la série indéfinie des générations dont les individus sont des éléments passagers ; c’est la synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race... »[43],[44],[45]. L'affirmation selon laquelle « c'est avec la race qu'on fait l'histoire » est de la même année, la phrase suivante de 1927 : « il faut veiller sérieusement sur le destin de la race ; il faut prendre soin de la race »[42]. En 1938, durant le congrès général du parti fasciste, Mussolini rappela ces antécédents précis pour repousser l'accusation selon laquelle le fascisme singeait simplement les allemands, ajoutant même que toutes les fois où il avait parlé de lignée il avait voulu « se référer à la race »[42].
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Il faut également différencier le racisme biologique du nazisme avec le racisme italien. Mussolini lut l'ouvrage Synthèse d'une doctrine de la race de Julius Evola, et a approuvé les thèses du philosophe traditionaliste italien de manière inconditionnelle et voulut prendre en s'appuyant sur elles des initiatives, qui n'ont pas pu être réalisées[46]. Evola voulut donner à l'Italie fasciste une doctrine raciale s'inspirant des enseignements traditionnels et non des « aberrations du scientisme moderne »[46]. Il tente de définir une conception « traditionnelle » de la race[47], défendant une approche « spirituelle » de celle-ci[48] et créant le concept de « race de l’esprit » qui innove par rapport aux théories biologistes raciologiques issues du XIXe siècle en proposant une doctrine raciste psychologisante[49].
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Les rapports des fascismes avec les religions, et des religion avec le fascisme, sont hétéroclites. La tension totalitaire des fascismes les a souvent conduit à essayer de supprimer les religions afin de leur substituer une religion politique, celle de l’État total. D'autres fascismes, comme le franquisme, l'impérialisme japonais ou le fascisme italien, ont au contraire mobilisé les religions préexistantes pour se construire et se fortifier[50].
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Le fascisme est d'abord le nom que le mouvement et le régime de Mussolini se sont donné. Le terme provient de la fondation après la Première Guerre mondiale, par Mussolini, du mouvement « Fasci italiani di combattimento » (« faisceaux italiens de combat »), à l'origine des termes « fasciste » et « fascisme ». Le mot fasci lui-même est une référence à la Rome antique (les magistrats romains étaient précédés d'un certain nombre de gardes, les licteurs, chargés de ces faisceaux, symboles d'autorité, de violence de la loi[51]) et aux fasci, mouvements et sociétés secrètes des années 1890, composés de paysans révolutionnaires italiens[52].
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Il naît en tant que mouvement décentralisé en mars 1919, sur les frustrations d'une « victoire mutilée », thème agité par les nationalistes en raison de la tournure des négociations lors du Congrès de Versailles, concernant le sort des terres irrédentes de Dalmatie, d'Istrie, de Fiume/Rijeka, mais aussi en réaction au communisme en pleine expansion. Le fascisme est alors le mouvement exalté, le mouvement d'un pays qui tente de retrouver une puissance perdue, un empire perdu, un honneur perdu. Le nationalisme, soutenu par la plupart des artistes de l'époque (Gabriele D'Annunzio, les futuristes italiens, tels Filippo Tommaso Marinetti) devient le fer de lance du fascisme. Le populisme de Benito Mussolini et la passivité (due à la pacification des milices des fascios, soutenues par les classes dirigeantes et Ivanoe Bonomi, le ministre de la Guerre de Giovanni Giolitti de 1920 à 1921[53]), vont permettre à la dictature de s'installer doucement, de la Marche sur Rome du 28 octobre 1922 à l'assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924 qui va déboucher sur la déclaration de la dictature et la promulgation des lois fascistissimes en 1926.
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À l'origine, sans réelle idéologie, le fascisme est influencé par les lectures de Mussolini et des opinions politiques de son père[54]. Ainsi intègre-t-il une version remaniée de concepts tels que l'obéissance entière à l'État d'Hegel, le darwinisme social de Joseph Arthur de Gobineau, la vénération du héros de Friedrich Nietzsche et la violence de Georges Sorel[54].
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En 1914, le royaume d'Italie, membre de la Triple-Alliance aux côtés des empires allemand et autrichien, reste d'abord hors de la guerre. Le peuple italien, qui vient de vivre de dures luttes sociales, est pacifiste dans son immense majorité. Benito Mussolini, réputé très radical, est le rédacteur en chef d’Avanti!, le quotidien du Parti socialiste italien.
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Lorsque la guerre s'étend à l'Europe, il engage soudain son journal pour l'entrée en guerre aux côtés de la France. Exclu du parti socialiste, entraînant une partie de la fraction anarcho-syndicaliste qui voit dans le conflit le point de départ d'une révolution mondiale[55], il fonde le Popolo d'Italia, avec des subsides des services secrets français et du patronat italien. Le Popolo d'Italia milite pour une guerre rédemptrice qui doit régénérer l'Italie. En 1915, après avoir signé le Pacte de Londres avec la France et le Royaume-Uni, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche. Mais le front des Alpes est difficilement tenable, et Venise est menacée (défaite de Caporetto, 1917). Cependant, au prix de souffrances inouïes, l'armée italienne remporte la victoire de Vittorio Veneto, qui précipite la défaite et l'éclatement de l'Autriche-Hongrie en octobre 1918.
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Aux traités de 1919-1920, l'Italie repousse sa frontière jusqu'aux Alpes du Tyrol, mais la côte dalmate, qu'elle considère comme italienne, est donnée à la Serbie pour former un nouvel État, la Yougoslavie. L'opinion italienne est déçue : « tous ces sacrifices pour rien » ; c'est la thématique de la « victoire mutilée ». À la tête de volontaires armés de toutes tendances politiques, le poète Gabriele D'Annunzio occupe Fiume (Rijeka) et y règne plus d'un an. Il y invente un folklore que les fascistes copieront (par exemple le cri de ralliement « Eia, Eia Alala ! ») en même temps qu'un certain romantisme utilisé par le futur régime. Dans ce sens, d'Annunzio est un précurseur du fascisme.
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En 1920, l'agitation sociale monte d'un cran : les ouvriers occupent les usines et forment des conseils ouvriers afin de gérer par eux-mêmes les usines et la distribution. Le 21 janvier 1921, le Parti communiste d'Italie est fondé. Mais les organisations ouvrières et les syndicats sont attaqués par des « cogneurs » payés par certains patrons, et le pouvoir en place reste complaisant face à cette milice qui combat des « organisations subversives ». Les squadristes, après s'être ligués sous la direction de Mussolini forment eux aussi un parti, le Parti national fasciste, en novembre 1921. Le mouvement ouvrier italien sera décapité en 1922 malgré la résistance du mouvement des Arditi del Popolo telle qu'à Parme, les partis socialiste et communiste n'ayant pas pris la direction des mouvements insurrectionnels.
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L'équipement fasciste comporte une chemise noire (issue de la tenue des troupes de choc de l'armée italienne créées en 1917 : les Arditi), divers types de matraques, dont un gourdin appelé manganello, et un purgatif puissant, l'huile de ricin, qu'ils font avaler de force à certains de leurs adversaires. Bientôt, les fascistes tiennent le haut du pavé et Mussolini les groupe en un parti, avec une idéologie musclée, qui profite de l'échec de la gauche et de la peur de la droite.
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En 1922, le parti national fasciste a 35 députés au Parlement, élus en 1921 sous l'étiquette de Blocs nationaux (en), et plus de 700 000 membres.
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Après avoir chassé les organisations de gauche des villes du nord de la péninsule, les milices fascistes menacent de lancer une marche sur Rome. À peine celle-ci débute-t-elle que le roi Victor-Emmanuel III nomme Mussolini président du conseil. Mussolini respecte d'abord le jeu démocratique, en étant à la tête d'une large coalition allant jusqu'au centre droit. Mais en mai 1924, le chef de file du parti socialiste italien, Giacomo Matteotti, par ailleurs député, dénonce les élections législatives, remportées avec succès par le parti fasciste en partie à la suite d'une modification des modalités de scrutin, et réclame leur annulation : il est assassiné le 10 juin, assassinat qui est revendiqué par Mussolini dans un discours devant le Parlement le 3 janvier 1925. Pour couper court à toute agitation, Mussolini instaure un régime d'exception : les lois fascistissimes (1926) ; les autres partis politiques sont interdits, leurs députés sont déchus, la presse est censurée, une police secrète, l'OVRA (organisation de vigilance et répression de l'antifascisme), est instaurée ainsi qu'un fichier de suspects politiques et un « Tribunal spécial ».
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Vers 1929, la dictature du parti fasciste imbibe toute la société (seule la vie culturelle reste relativement libre, à condition de ne pas critiquer le régime). Des milliers de démocrates s'exilent pour échapper à la prison ou à la déportation sur des îles. Le pape Pie XI signe les accords du Latran avec l'État fasciste italien qui lui concède l'existence de l'État du Vatican.
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L'idéologie fasciste est fondée sur :
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Les fascistes définissent leur conception économique comme une « troisième voie » entre capitalisme et marxisme. Leur politique se traduit par une extension considérable du contrôle gouvernemental de l'économie sans toutefois d'expropriation massive de la propriété des moyens de production. Le gouvernement nationalise les industries clés, contrôle les changes et fait investir massivement l'État. Il essaie entre autres de créer des corporations puissantes qui regroupent plusieurs entreprises d'un même secteur, le tout supervisé par l'État. Les fascistes instituent le contrôle des prix, le contrôle des salaires et autres mesures de planisme économique, ils instituent une affectation des ressources dominée par la régulation étatique, spécialement dans les secteurs financiers et des matières premières. L'économie est mise au service de l'État[56].
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Le refus du capitalisme et du marxisme se traduit par une politique économique d'abord fluctuante. Le premier né des régimes fascistes aura à affronter le problème du déficit alimentaire global du pays, autant qu'une immense population de paysans sans terres, dans une Italie encore majoritairement rurale. Les thèmes du discours de Mussolini sur la question agricole deviendront des exemples classiques pour les dirigeants autoritaires ouest-européens de la période 1930-1960 : ils consistent d'abord à glorifier la terre et le travail qu'elle requiert. Puis à promettre des améliorations significatives des conditions de vie des paysans et enfin de développer de coûteuses mesures destinées à contrebalancer les importations alimentaires. La réalité ne correspondit jamais complètement aux envolées lyriques des fascistes sur ce sujet.
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Le discours mussolinien ne s'embarrasse pas de finesse : les paysans y sont décrits comme une « population robuste et saine », « source d'équilibre » pour l'État et enfin « fleuve de sang nouveau ». Les premières mesures publicisées entre 1923 et 1933 sont les suivantes : intensification du programme existant de colonisation intérieure par de grands travaux de drainages des zones humides, d'enrichissement mécanique des sols et d'apports massifs d'intrants agricoles, d'irrigation, d'électrification et de percement de routes rurales destinées à désenclaver les anciens centres de production. L'ensemble des mesures est détaillé dans la Bonifica Integrale et adopté par les lois et décrets du 30 décembre 1923, du 18 mai 1924, du 24 décembre 1928 et du 13 février 1933. Entre « bataille du blé » et assèchement des marais pontins promus par une abondante campagne cinématographique, les efforts fascistes aboutissent de facto à une auto-suffisance céréalière au début des années 1930.
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L'effort de la Bonifica Integrale aura coûté 6 milliards 200 millions de lires entre 1923 et 1934, soit plus que le total de 1 milliard 800 millions dépensés jusque là par le jeune État italien : Il s'agit d'un effort considérable pour les finances publiques, sachant que les coûts sont supportés de 75 à 92 % par l'État, le reste incombant aux propriétaires. Ceux-ci sont expulsés s'ils ne peuvent s'acquitter de leur part : les plus petits pour l'essentiel. Habituellement, les terres nouvelles créées par ces efforts sont concédées en parcelles de tailles moyennes. Dans l'exemple des Marais Pontins, les 45 000 hectares de terres insalubres depuis la plus haute Antiquité sont lotis par parcelles de 10 à 30 hectares.
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La Bataille du blé lancée en pleine session de nuit le 25 juin 1925, sur le registre mélodramatique, par Benito Mussolini lui-même, va par le biais de concours de productivité, de compétitions quantitatives, occuper le devant de la scène médiatique italienne durant dix étés. Elle est aussi l'opportunité pour les petits paysans de livrer leurs récoltes à des organisations coopératives et à un prix avantageux fixé par l'État. Les grands propriétaires du Sud bénéficient quant à eux d'un appareil de subventions à l'exportation de leurs productions extensives, oléagineuses ou viticoles.
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En revanche, la condition des paysans sans terre s'améliore moins nettement : leur salaire journalier fixé réglementairement ne s'élève qu'à 7,5 lires/jour, pas les 8 lires promises par le Duce. Les syndicats de Braccianti sont remplacés par des syndicats fascistes. La loi sur l'assurance chômage du 30 décembre 1923 les exclut du système. Le premier décret agraire et fasciste, du 11 janvier 1923, les avait déjà privés de la protection du décret Visochi, lequel avait sanctionné positivement les occupations des terres inemployées des latifundiaires durant l'immédiat après-guerre. Ces domaines cultivés souvent collectivement retournent donc à leurs anciens propriétaires. Par ailleurs, la loi du 8 juin 1924 annulera les droits d'usage collectif des biens communaux établis sur les anciens domaines féodaux, rendant ceux-ci aux anciens seigneurs.
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Les dirigeants de la Confédération Fasciste de l'Agriculture ne se recrutent pas chez les Braccianti. Ils autorisent ainsi le retour au paiement du salaire en nature. La proposition mussolinienne de partage des revenus des récoltes entre plusieurs métayers, la « comparticipation », remporte un vif succès là où elle est mise en œuvre, puisque les « journaliers sans terre » reçoivent 30 % des produits de l'exploitation. En échange, les agrariens peuvent toujours licencier leurs journaliers sans préavis ni indemnités. Les dirigeants de la Confédération réduisent progressivement la part des métayers de 70 à 50 % avant 1929. Les agrariens sont dans ce secteur également bénéficiaires de la politique fasciste. Cette dégradation de la condition de vie des plus modestes paysans italiens n'est pas surprenante, puisqu'historiquement les bandes fascistes primitives servaient aussi de milices aux grands latifundiaires, durant les désordres de l'après guerre: Brisant les piquets de grève, incendiant les locaux syndicaux et nettoyant les domaines occupés de leurs occupants sans titres de propriété. Dans la mesure où les principaux soutiens du fascisme naissant sont ces latifundiaires, on conçoit qu'ils aient été les principaux bénéficiaires des politiques agricoles du fascisme.
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Les faisceaux de combat apparaissent en réaction aux troubles sociaux, notamment ceux de Milan. Le programme révolutionnaire du mouvement en 1919 est d'inspiration nationaliste et socialiste dans un mélange particulièrement progressiste et confus.
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La défaite aux élections de 1919 amène les groupements les plus à gauche à se retirer des fascios. Avec l'évolution du mouvement, nombre des idées du programme seront rejetées.
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Dans un climat social difficile (grèves et agitations) qui fait craindre à la démocratie libérale un soulèvement social révolutionnaire comme en Russie (Révolution d'Octobre), en Allemagne (Révolution allemande), et d'autres pays dans lequel des troubles révolutionnaires existent, Mussolini annonce en 1921, avant son accession au pouvoir, son soutien au libéralisme et au capitalisme :
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Rocca et Corsini établiront, par la suite, un programme pour le PNF favorable au libéralisme économique « manchestérien ».
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Arrivé au pouvoir, allié à une vaste coalition, le gouvernement de Mussolini, sous l'impulsion du libéral Alberto De Stefani (en), qui succède aux libéraux, poursuit la politique économique libérale du précédent gouvernement : « Nous voulons dépouiller l'État de tous ses attributs économiques : assez de l'État cheminot, de l'État postier, de l'État assureur » (Benito Mussolini, 1922[57]).
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Le tournant s'opère dans la deuxième moitié des années 1920 : Alberto De Stefani démissionne en 1925[58], promulgation des lois fascistissimes en 1926, vote des lois sur le corporatisme en 1927, et en 1929 crise économique mondiale[57].
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Les fascistes monopolisent petit à petit le pouvoir. Après l'assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924, ils établissent une dictature, les lois fascistissimes sont promulguées en 1926 et Mussolini donne au fascisme la célèbre formule : « Tout dans l'État, rien hors de l'État et rien contre l'État » ; il désavoue et attaque (dans le sillage de la Confindustria[réf. nécessaire]), à la suite d'une crise économique, le libéralisme économique :
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« Le fascisme est absolument opposé aux doctrines du libéralisme, à la fois dans la sphère politique et dans la sphère économique. […] L'État fasciste veut gouverner dans le domaine économique pas moins que dans les autres ; cela fait que son action, ressentie à travers le pays de long en large par le moyen de ses institutions corporatives, sociales et éducatives, et de toutes les forces de la nation, politiques, économiques et spirituelles, organisées dans leurs associations respectives, circule au sein de l'État. »
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— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme (1935).
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Mussolini mène alors une politique dirigiste : grands travaux, protectionnisme, stimulation de la consommation, constitution de monopoles, encadrement et restriction des droits des ouvriers, bataille du blé.
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Le corporatisme est institué : système de guildes qui encadre les relations patrons/ouvriers et salariés afin qu'ils planifient l'économie dans l'intérêt général, ministère des Corporations, Conseil national des Corporations, Chambre des Faisceaux et Corporations.
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Au premier abord, ce corporatisme fait songer à la doctrine de l’Action française, à la théorie des corps intermédiaires ; aussi la doctrine de Mussolini était-elle mentionnée avec éloges par toute une fraction de la droite française qui ne dissimulait pas son hostilité à l’Allemagne hitlérienne. En fait, le corporatisme fasciste ne ressemblait que superficiellement au corporatisme de l’Action française, qui était essentiellement un moyen de contrebalancer l’influence de l’État. Les corporations italiennes, au contraire, sont au service de l’État. Comme dit Gaëtan Pirou, « il s’agit beaucoup moins d’un système auto-organisateur des intérêts économiques que d’une ingénieuse présentation derrière laquelle s’aperçoit le pouvoir politique, qui exerce sa dictature sur l’économie comme sur la pensée ». Il s’agit moins d’un corporatisme analogue à celui de l’Ancien Régime que d’une théorie de l’État corporatif. Les institutions corporatives ne font qu’attester la domestication des intérêts économiques. Le mot de corporation, pour Mussolini, doit être pris dans son sens étymologique de « constitution en corps », cette constitution en corps qui est la fonction essentielle de l’État, celle qui assure son unité et sa vie.
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Le 2 octobre 1925, le Pacte (du palais) Vidoni, signé entre la Confindustria et les représentants du régime fasciste abolit les unions catholiques, socialistes dont la CGIL ou indépendantes, les remplaçant par celles contrôlées par le fascisme[59]. La Confindustria et la Confédération des Corporations fascistes se proclament représentants exclusifs des industriels et le monopole syndical fasciste est approuvé, un tel pacte comprend deux autres demandes, la limitation du droit de grève (qui sera supprimé le 3 avril 1926), et l'auto-fascisation de la Confindustria[60].
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Le régime reçoit son appui des grands industriels, des petits capitalistes, des classes moyennes, des petits fonctionnaires, mais aussi des paysans et des ouvriers les plus pauvres (lumpenprolétariat dans la théorie marxiste).
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Dans les années 1930, l'Italie récupère de la Grande Dépression et connaît une croissance économique. Mais elle est contrariée par les sanctions internationales suivant l'invasion de l'Éthiopie en octobre 1935, par le support militaire coûteux aux nationalistes espagnols et in fine par l'échec de la politique d'autarcie.
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À côté d'une politique totalitaire sanglante et antisémite sous la direction allemande, la République sociale italienne (RSI), ou « République de Salò », tente de mettre en œuvre une politique de nationalisation. Choix d'autant plus aisé que les élites économiques et culturelles, par conviction ou par opportunisme, prennent de plus en plus leurs distances avec le fascisme.
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Le fascisme italien va susciter des imitateurs dans plusieurs pays à travers le monde des années 1930 et 1940. Plusieurs d'entre eux vont demeurer des mouvements minoritaires tandis que d'autres, au pouvoir, sont en général considérés par les historiens davantage comme autoritaires que comme véritablement fascistes, bien qu'ils puissent avoir des inclinations fascistes. Parmi ceux-ci, on peut citer :
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Benito Mussolini a tenté de fédérer des partis politiques européens favorables à sa politique à travers les CAUR, les Comitati d'Azione per l'Universalità di Roma.
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Après la défaite, une partie des anciens fascistes se sont organisés en opposition légale dans le Mouvement social italien, qui se référait explicitement à la mémoire de Mussolini. Ce parti a obtenu des scores électoraux appréciables (sans atteindre la majorité), surtout dans les régions pauvres du Sud[62]. Toléré par les gouvernements démocrates-chrétiens, qui y voyaient un dérivatif au communisme, il a cependant toujours été exclu des combinaisons gouvernementales.
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Dans sa nouvelle formule, l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, le parti a abjuré ses anciens principes totalitaires[63] et a pu participer aux gouvernements de Silvio Berlusconi. Un certain nombre de nostalgiques du Duce ont quitté le parti pour fonder le Mouvement social - Flamme tricolore. D'autres, comme Alessandra Mussolini, sont initialement restés au sein d'AN mais l'ont progressivement quitté. Alliance nationale a fini par abandonner toutes ses références au fascisme et s'est fondu en 2009 dans le Peuple de la liberté.
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En Espagne, le néofascisme est surtout assimilé[réf. nécessaire] aux mouvements politiques se réclamant du franquisme, comme Fuerza Nueva, créé en 1966 et les différents partis se présentant comme héritiers de la Phalange espagnole, organisation fasciste ayant appuyé Francisco Franco dans son ascension au pouvoir.
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Plusieurs explication divergentes ou opposées ont été données du phénomène fasciste, depuis sa création.
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Dans la foulée de la crise du marxisme, des historiens[64],[65] ont proposé une autre grille de lecture, assemblant dans une même catégorie le « communisme stalinien » et le fascisme : le totalitarisme. Les totalitarismes ont en commun un régime total d'un parti gouvernant les actions et les pensées des personnes. La notion a aussi connu un certain succès en raison des convergences historiques comme celle du pacte germano-soviétique. Outre les historiens, la notion de totalitarisme se trouve chez Friedrich Hayek (La Route de la servitude en particulier), et Hannah Arendt. Elle est cependant critiquée comme étant une arme idéologique, reliquat de la Guerre froide. Les points communs sont généralement présentés comme les suivants :
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Dans les années 1990, l'historien George Mosse développe l'idée que les sociétés européennes seraient devenues brutales dès la Première Guerre mondiale, et auraient connu par la suite un processus de brutalisation dont le fascisme serait une illustration dans certains pays européens.
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Tout d'abord, le retour à la normalité de l'avant-guerre se fait de manière lente, comme en Allemagne. Les escadrons perpétuent cet état de violence latente, au moins jusqu'en 1922. Mais, à la différence des Corps Francs, durant la période squadriste, les fascistes n'auraient jamais appelé à exterminer physiquement leurs adversaires, qu'ils se contentaient de chasser ou de réduire au silence[66].
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En outre, il développe l'idée que le mythe du surhomme fasciste ne se veut pas un retour à une étape antérieure, mais une création révolutionnaire, entendue au sens de rupture avec un ordre existant[67].
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Emilio Gentile, professeur à Rome, estime que la question du fascisme italien a été « sous-exposée » après 1945 afin de reconstruire l'Italie sur le mythe d'une Italie résistante. En 2008, il estime que Hannah Arendt n'avait pas les informations nécessaires pour affirmer que le régime fasciste n'était pas un État totalitaire[68]. Il y a donc eu une relecture historiographique au fil des XXe et XXIe siècles. Il a ensuite été étudié comme la « voie italienne vers le totalitarisme ». Mais, dans tous les cas, la question des racines italiennes aurait été occultée, empêchant la construction d'une Italie réconciliée avec son identité nationale[69].
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Ernesto Galli Della Loggia (it), professeur d'histoire à l'université de Milan spécialiste notamment de l'antifascisme, estime, contrairement à Emilio Gentile, que l'Histoire du fascisme a été « sur-exposée » car instrumentalisée par certains partis issus de la Résistance italienne au fascisme, notamment par le Parti communiste italien, ce qui aurait conduit selon lui à une certaine banalisation du fascisme dans la vie politique italienne[69].
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Se fondant sur la mauvaise réputation du mouvement fasciste, la gauche en France a souvent eu recours au terme « fasciste » pour disqualifier un adversaire : l'organisation des Croix-de-feu en a fait les frais[70], ainsi que le général de Gaulle[71]. Le Parti communiste français a aussi utilisé l'insulte à l'encontre de ses concurrents à gauche, les membres de la SFIO[72]. Le terme « fascisme » utilisé en tant qu'insulte est souvent raccourci en « facho » (apparu à partir de 1968), voire en « faf »[13].
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Le « rassemblement populaire » de 1935 qui est élu sous le nom de « Front populaire » s'est constitué aussi pour combattre le « fascisme »[73]. L'historien Michel Winock estime que le « fascisme » en France n'a pas vraiment existé dans une forme structurée[74], alors que d'autres comme Zeev Sternhell, Ernst Nolte ou Robert Soucy estiment que la France a bien connu des mouvements fascistes entre les deux guerres mondiales[réf. nécessaire].
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Le dernier exemple en date en est le procès intenté et perdu par Marine Le Pen contre Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait caractérisée par ce terme durant la campagne pour l'élection présidentielle de 2012[75].
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Cette tendance à taxer son adversaire de fascisme n'est pas exclusive à la gauche française ; durant la Guerre froide, la propagande de la République démocratique allemande communiste affirmait construire le Mur de Berlin non pas pour empêcher que les Allemands de l'Est fuient le régime, mais comme mur de « protection antifasciste »[76].
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D'après Damon Mayaffre, spécialiste de l'analyse du discours politique, « le reproche que l'on a pu faire aux forces de gauche après guerre de manier l'invective « fasciste ! » à tort et à travers (notamment en 1958 contre le pouvoir gaulliste) peut être fait dès le départ pour l'entre-deux-guerres. La confusion dans la pensée de la gauche entre mouvement réactionnaire, mouvement autoritaire ou mouvement fasciste est originelle ; elle a toujours été entretenue pour mobiliser. Par simplification et par manichéisme le « fascisme » est souvent, dans une conjoncture donnée, l'ennemi à combattre, comme la « droite » ou la « réaction » le sont dans d'autres conjonctures »[77].
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Angelo-Fausto Coppi, dit Fausto Coppi[Note 1], né le 15 septembre 1919 à Castellania dans le Piémont et mort le 2 janvier 1960 à Tortone, est un cycliste italien. Professionnel de 1940 à 1959, il est considéré comme l'un des plus grands coureurs de l'histoire du cyclisme, ce qui lui vaut le surnom de « campionissimo ». Premier coureur à réaliser le doublé Tour d'Italie-Tour de France en 1949 (exploit réédité en 1952), il remporte notamment cinq Tours d'Italie, deux Tours de France, cinq Tours de Lombardie, trois Milan-San Remo, un Paris-Roubaix, une Flèche wallonne, quatre Championnats d'Italie sur route et trois championnats du monde : un sur route et deux en poursuite. Il détient également le record de l'heure de 1942 à 1956. Sa carrière a été marquée par sa rivalité avec Gino Bartali. Coureur complet, son palmarès compte des victoires majeures dans différents types de compétition, sur route et sur piste. Il a acquis nombre de victoires au bout de longues échappées solitaires.
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Il est également reconnu pour avoir changé l'approche de la compétition cycliste par son intérêt pour la diététique, les évolutions techniques de la bicyclette, les méthodes d'entraînement, la médecine sportive. Il meurt en 1960 après avoir contracté la malaria en Haute-Volta.
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Fausto Coppi est né le 15 septembre 1919 à Castellania, petit village de quelques dizaines d'habitants de la province d'Alexandrie. Fils de Domenico Coppi et d’Angiolina Boveri, il est le quatrième d’une famille de cinq enfants. Ses parents sont d'humbles paysans[1], et Fausto les aide dans les difficiles travaux des champs entre douze et treize ans[2].
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Sa première bicyclette est un vieux vélo, au cadre « beaucoup trop grand pour lui, à l'émail éclaté ou fortement craquelé de partout »[3], et il admire le champion italien de sa région Costante Girardengo. À 14 ans, il devient commis-charcutier à Novi Ligure, à 20 km de chez lui. Il s'y rend à bicyclette, et effectue donc deux fois cette distance chaque jour, en plus des livraisons. En 1935, son oncle Fausto, officier dans la marine marchande, voyant son intérêt pour le cyclisme, lui donne 400 lires afin qu'il s'achète un vélo de course[4]. Avec celui-ci, le jeune Fausto s'entraîne, tout en conservant son emploi à Novi Ligure. En 1937, il dispute ses premières courses pour non-licenciés et gagne pour la première fois lors de la dernière course de l'année. Entrevoyant une carrière cycliste, il décide en 1938 de revenir à Castellania, où il peut s'entraîner davantage tout en aidant son père aux champs, et prend une licence amateur. Il gagne sa première course en tant que licencié en fin d'année, à Castelletto d'Orba[5].
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C’est à partir cette année qu'il est appelé par Biagio Cavanna à faire partie des coureurs dont il s'occupe. Cavanna est un masseur réputé de grands sportifs, dont Costante Girardengo. Il est devenu aveugle quelque temps plus tôt. Étant client de la boucherie qui employait Fausto Coppi, celui-ci le connaissait depuis plusieurs années. Cavanna l'incite à prendre en 1939 une licence d'« indépendant », statut intermédiaire entre amateurs et professionnels, permettant de disputer quelques courses avec ces derniers. En mai, Coppi remporte une épreuve du championnat d'Italie des indépendants, avec sept minutes d'avance sur les suivants. Il gagne de la même manière la Coupe de la ville de Pavie. Cavanna estime qu'il est temps pour lui de se frotter aux professionnels et l'inscrit au Tour du Piémont, auquel participe Gino Bartali, vainqueur du dernier Tour de France. Cavanna a auparavant parlé de Coppi à Eberardo Pavesi, directeur de l'équipe Legnano de Bartali : ce Tour du Piémont est donc un test pour un éventuel passage chez les professionnels. En raison de cet engagement, Fausto Coppi doit repousser une proposition de Girardengo, qui souhaite le recruter dans l'équipe Maino[6].
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Coppi est la révélation de ce Tour du Piémont. Se trouvant encore parmi les favoris après 200 km, il attaque à Castelnuovo et se retrouve seul en tête à 40 km de l'arrivée. Sa course est cependant stoppée par un saut de chaîne dans la côte de Moriondo. Replaçant sa chaîne sur un braquet trop grand, il peine dans l'ascension et est rattrapé par Bartali. Surpris de voir le jeune Coppi parvenir à le suivre, il lui demande de collaborer à l'échappée, avec trois autres coureurs. Bartali s'échappe ensuite seul dans la col de la Rezza et part gagner à Turin. Coppi prend la troisième place et est félicité par le vainqueur[7]. Dès le soir de la course, Eberardo Pavesi signe un contrat avec Coppi, l'engageant dans l'équipe Legnano pour une durée d'un an renouvelable[8]. Coppi termine l'année 1939 en indépendant. Il gagne d'autres courses, dont le difficile circuit de Varèse, dernière épreuve du championnat des indépendants. En fin d'année, il est deuxième de la Coppa Bernocchi, course professionnelle, puis troisième du Tour de la province de Milan, course dans laquelle il est associé à Severino Rigoni : il bat lors de la poursuite le champion d'Italie Olimpio Bizzi[9].
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Durant ses premiers mois au sein de la Legnano, Coppi est une aide précieuse pour la victoire de Gino Bartali lors de la classique Milan-San Remo. Après avoir contesté la tactique proposée par Bartali et obtenu gain de cause auprès du directeur d'équipe Eberardo Pavesi, Fausto Coppi respecte son engagement en poursuivant toutes les échappées, jusqu'à épuisement[10]. Il prend finalement la huitième place. Durant ce début d'année, il est 21e du Tour de Toscane et 12e du Tour du Piémont. Il connaît toutefois des périodes de découragement[11].
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Le Tour d'Italie, qui part de Milan le 19 mai, est annoncé comme un duel entre Bartali et Giovanni Valetti, mais également entre leurs équipes respectives, Legnano et Bianchi. Lors de la deuxième étape, Bartali tombe dans la descente du col de la Scoffera en voulant éviter un chien : il arrive plus de cinq minutes après le vainqueur, Pierino Favalli. Bien qu'un médecin lui prescrive un repos de cinq jours après avoir constaté une hémorragie interne au genou, Bartali continue la course. Deux jours plus tard, Coppi est autorisé à se lancer seul à la poursuite des échappées. Il est deuxième à Grossetto, derrière Adolfo Leoni de la Bianchi, et malgré la rupture d'une manivelle dans les derniers hectomètres, qui occasionne une chute et un bris de selle, il accède à la deuxième place du classement général. Il recule à la quatrième place lors de la huitième étape, entre Fiuggi et Terni, à cause d'une chute qui lui fait perdre trois minutes. Alors que le Giro arrive à sa moitié, Pavesi ne fait plus de Coppi un équipier, mais le second de Bartali, qui a désormais un quart d'heure de retard au classement général. Lors de la onzième étape, Coppi attaque à l'Abetone. Il rattrape Ezio Cecchi, échappé plus tôt, et effectue le reste de la course seul, augmentant ainsi son avance dans les différents cols. Il gagne l'étape à Modène avec 3 min 45 s d'avance sur ses suivants, et prend le maillot rose avec une minute d'avance. Alors que Bartali, toujours souffrant et perdant du temps de jour en jour, songe à abandonner, il est convaincu par Pavesi de continuer en se mettant au service de Coppi. Lors de la 17e étape, les deux coureurs s'échappent en début de parcours et passent ensemble les cols du Falzarego, du Pordoi et de la Sella, non sans se mettre mutuellement à l'épreuve. Bartali gagne l'étape et Coppi garde le maillot rose. Bartali s'impose à nouveau lors de la 19e étape à Vérone. Lors de la dernière étape, Coppi est retardé par un saut de chaîne et pénètre dans l'Arena de Milan 32 secondes après ses adversaires. Ce retard est sans conséquence : il gagne son premier Giro dès sa première participation, avec 2 min 40 s d'avance sur Enrico Mollo et 11 min 45 s sur Giordano Cottur. Bartali termine à la neuvième place et gagne le Grand Prix de la montagne[12],[13]. Coppi est alors âgé de vingt ans, huit mois et vingt-cinq jours, record de précocité pour cette course. Il gagnera encore quatre fois le Giro entre 1947 et 1953, devenant avec cinq succès le recordman de l'épreuve avec Alfredo Binda et Eddy Merckx.
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Incorporé plus tôt dans le 38e régiment d'infanterie de Tortona, Fausto Coppi a bénéficié d'une permission pour disputer ce Giro. Il a également la possibilité de s'entraîner durant la journée et de rentrer le soir à la caserne. Peu après ce premier grand succès, il obtient un premier titre sur piste en battant au championnat d'Italie de poursuite le tenant du titre Olimpio Bizzi, au vélodrome Vigorelli de Milan. En octobre, le Tour de Lombardie n'a plus d'enjeu pour le championnat d'Italie[Note 2] : Bartali a obtenu suffisamment de points lors des précédentes épreuves pour emporter le titre, et est même autorisé à revêtir le maillot tricolore lors de cette dernière course. Malgré deux crevaisons, une chute et un saut de chaîne, Fausto Coppi est l'un des cinq coureurs en tête au col du Ghisallo. Il distance ses adversaires et se trouve seul en tête, puis est rattrapé par Bartali. Celui-ci le distance peu avant le sommet et s'en va gagner. Coppi est seizième de cette course et sixième du championnat d'Italie. En décembre, il est invité à affronter au vélodrome d'Oerlikon, près de Zurich, le jeune champion suisse Ferdi Kübler dans une épreuve de poursuite. Devant le public suisse persuadé de la victoire de son champion, Coppi inflige une large défaite à Kübler, le rattrapant avant la fin des cinq kilomètres de course[14].
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En 1941, du fait de la Seconde Guerre mondiale, le Tour d'Italie n'est plus disputé. Fausto Coppi fait en revanche main basse sur les classiques italiennes. Il commence, au printemps, par battre Bartali chez lui au Tour de Toscane, pour sa première victoire sur ce type de course. Il gagne ensuite le Tour de Vénétie, le Tour d'Émilie et les Trois vallées varésines. En fin d'année, il s'incline au sprint lors de la Coupe Marin, à Pavie, battu par Bartali qui le considère désormais comme son principal adversaire. Coppi gagne aussi le Tour de la province de Milan, en duo avec Mario Ricci, et conserve le titre de champion national de poursuite. La fin d'année est marquée par la mort de son père. Très affecté, c'est poussé par son frère Livio que Fausto Coppi finit par reprendre l'entraînement[15].
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Encore hors de forme lors de Milan-San Remo en début d'année 1942 (21e), Coppi obtient plusieurs places d'honneur durant le printemps. Le championnat d'Italie, disputé cette fois lors d'une épreuve unique en juin, est l'occasion d'un premier vrai affrontement avec Bartali cette saison. Coppi parvient seul à rattraper deux échappés qui comptaient plus de quatre minutes d'avance, Bizzi et Ricci, et à battre ce dernier au sprint à Rome. Il décroche son premier titre de champion d'Italie sur route. Quelques jours plus tard, il s'aligne au championnat de poursuite. Il se fracture cependant une clavicule en tombant à l'échauffement. Son adversaire en finale, Cino Cinelli, accepte de repousser la finale au mois d'octobre. Remis de sa blessure, Coppi bat Cinelli et obtient son troisième titre de champion[16].
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Le 7 novembre, au vélodrome Vigorelli, il devient le nouveau détenteur du record de l'heure, le précédent ayant été établi par le Français Maurice Archambaud en 45,840 km. Quelques jours auparavant, Fiorenzo Magni tente aussi de battre ce record et échoue, parcourant 44,440 km. Coppi bat le record d'Archambaud de 31 mètres, soit 45,871 kilomètres parcourus. Cette performance est mise en doute, entre autres par Archambaud. L'absence des sacs de sables réglementaires au bord de la piste (absence visible sur photographies) et un tableau de marche présentant des anomalies (des tours de piste trop lents et d'autres accomplis « à la vitesse d'un sprinteur ») étayent ces remises en question. Le record n'est homologué qu'en février 1947 « après d'interminables discussions, le dossier n'ayant pas été déposé à l'Union cycliste internationale dans les délais réglementaires de six mois ». En 1948, une nouvelle réglementation ramène le record à 45,798 km et celui d'Archambaud à 45,767 km. Coppi ne tente pas d'améliorer son record, qui est battu en 1956 par Jacques Anquetil[17].
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Alors qu'il bénéficiait jusque-là de la bienveillance d'un colonel passionné de cyclisme, Coppi se retrouve sous les ordres d'un nouveau colonel qui suspend ses permissions. En mars 1943, il est envoyé avec son régiment en Tunisie. Les troupes italiennes y font face aux unités du général Montgomery. Coppi est fait prisonnier par les Anglais au cap Bon le 13 avril 1943. Il est détenu au camp de Medjez el-Bab, puis à celui de Blida en Algérie. Il y devient chauffeur de poids lourds, ce qui lui permet en février 1945 d'être affecté à un camp de la Royal Air Force à Caserte, et donc de rentrer en Italie[18]. Faisant connaître son désir de reprendre le cyclisme, il est engagé temporairement par une entreprise napolitaine nommée Nulli, et bénéficie d'une permission pour aller disputer une première compétition au vélodrome Appio de Rome, puis d'autres dans le sud du pays. Il en remporte d'ailleurs deux, en solitaire. À la fin du conflit en mai 1945, Coppi est libéré et rentre à Castellania. Il ne tarde pas à reprendre sa domination sur les pistes et les routes d'Italie, gagnant le Circuit des As au Vigorelli, le circuit de Lugano, le circuit d'Ospedaletti. Lors de Milan-Varzi, il se classe deuxième. Son frère Serse, qui a pris une licence amateur en 1941 et qui court alors en indépendant, gagne la course[19]. En cette fin d'année 1945, Fausto Coppi épouse Bruna et s'installe avec elle à Sestri. Il connaît un premier accès de malaria, pour lequel il subit un traitement à base de quinine[20].
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En 1946, Fausto Coppi n'est plus membre de la Legnano, contrairement à Bartali, mais est désormais membre de l'équipe Bianchi. Lors de la première course de l'année, Milan-San Remo, il réalise l'un des grands exploits de sa carrière. Dès le début de course, il accompagne un groupe de coureurs échappés. Dans le col de Turchino, seul le Français Lucien Teisseire l'accompagne, avant de lâcher prise. Coppi effectue seul les 140 derniers kilomètres et s'impose à San Remo, après 270 kilomètres d'échappée, avec 14 minutes d'avance sur Teisseire, et plus de 18 sur les suivants, dont Mario Ricci troisième et Gino Bartali, quatrième[21],[22].
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Coppi rencontre de nouveau Bartali en mai au Championnat de Zurich, et se sent trahi par lui. Les deux champions, échappés ensemble, s'étaient entendus et Bartali ne devait pas contester la victoire. Au lieu de cela, il passe Coppi sur la ligne d'arrivée. Coppi s'impose quelques jours plus tard au Tour de Romagne, et aborde le Tour d'Italie où un duel avec Bartali est annoncé. Lors de la cinquième étape, il s'impose à Bologne. Il est cependant tombé et il souffre d'une côté fêlée. Affaibli, il perd 4 minutes sur Bartali lors de la neuvième étape. À l'issue de la douzième étape, le docteur Campi lui conseille de se retirer ; il poursuit néanmoins et attaque lors des étapes suivantes. Lors de la quinzième étape, il est suivi par Bartali. Ils arrivent ensemble à Auronzo : Coppi gagne et Bartali prend le maillot rose. Le lendemain, Coppi attaque dans le Falzareggo et parvient à semer Bartali. Il se retrouve seul à 150 km de l'arrivée. Son avance culmine à cinq minutes et il est alors virtuellement maillot rose. À l'arrivée, Bartali n'a plus qu'une minute et 12 secondes de retard et sauve sa place, grâce à l'aide d'Aldo Bini. Lors de la dernière étape dans les Dolomites, Coppi attaque à 30 km de l'arrivée, alors que Bartali est arrêté par une crevaison. Celui-ci parvient tout de même à garder la première place, pour 47 secondes. Le classement général ne change plus. Coppi gagne la dernière étape mais en est déclassé pour un sprint irrégulier[23].
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Au championnat du monde sur route à Zurich, Coppi et Bartali sont considérés comme favoris. Coppi perd ses chances de victoire à cause d'une crevaison. En septembre, il se rend pour la première fois en France. En l'espace de quatre jours, il y gagne le Critérium du Trocadéro et le Grand Prix des Nations. Après une victoire à Lugano, il termine sa saison sur route au Tour de Lombardie, qu'il gagne en solitaire. Sa saison sur piste, en fin d'année, à Paris et à Bruxelles, est moins fructueuse[24].
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En 1947, la rivalité de Bartali et Coppi prend de l'ampleur. Le premier gagne Milan-San Remo en début de saison, puis Coppi le devance en mai au Tour de Romagne. Tous deux sont favoris du Giro. Ils s'affrontent une première fois lors de la quatrième étape, que Coppi gagne tandis que Bartali prend le maillot rose. Quelques jours plus tard, Coppi est près d'abandonner après que son frère Serse a été renversé par une moto pendant la course. Il poursuit et gagne la neuvième étape. Il attaque lors de l'étape Pieve di Cadore – Trente et s'impose en solitaire avec plus de quatre minutes d'avance sur un groupe comprenant Bartali. Il est désormais premier du classement général et ne quitte plus cette place jusque la fin de la course. Il gagne son deuxième Giro.
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Une semaine après cette victoire, il obtient un nouveau titre de champion d'Italie de poursuite. En juillet, il participe aux championnats du monde sur piste à Paris. En demi-finale de la poursuite, il domine le favori Gerrit Schulte. Il bat en finale son compatriote Antonio Bevilacqua et s'adjuge son premier titre mondial.
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En août, il est cinquième du Tour de Suisse, dont il gagne une étape, puis domine le Tour de Vénétie après 170 km d'échappée en solitaire. En septembre, à l'issue de la cinquième et dernière épreuve du championnat d'Italie, la Coppa Bernocchi, il s'adjuge un nouveau titre national[Note 2]. Le même mois il gagne À travers Lausanne et le Tour d'Émilie en étant encore échappé seul pendant 170 km. Il surclasse une nouvelle fois la concurrence au Tour de Lombardie, couru dans le froid et la boue, et termine la saison sur route avec une deuxième victoire au Grand Prix des Nations[25]. Durant l'hiver qui suit, Coppi est invaincu lors des 21 poursuites qu'il dispute. Il devient particulièrement populaire auprès du public parisien du Vélodrome d'Hiver[26].
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Après sa saison dans les vélodromes, Coppi revient à la route en Belgique, au Circuit Het Volk, course de 240 km caractérisée par ses pavés, et dont il dira qu'elle est « une des plus dures [qu'il ait] disputé ». Il s'y impose mais est rétrogradé à la deuxième place pour un changement non réglementaire de roue. Son succès est toutefois considéré comme une première pour un étranger en Belgique, depuis ceux des frères Pélissier[27].
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Cinq jours plus tard, le Milan-San Remo est le premier disputé dans le cadre du nouveau challenge Desgrange-Colombo. Rassemblant neuf courses majeures en Belgique, en France et en Italie, ce challenge incite les coureurs à se rendre davantage à l'étranger et accroît l'intensité et l'intérêt des compétitions[28]. Coppi s'impose à San Remo avec près de six minutes d'avance, en ayant parcouru seul les 40 derniers kilomètres. Bartali est relégué à onze minutes et se console avec le Tour de Toscane[29].
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Au Tour d'Italie, le duel annoncé entre Coppi et Bartali n'a pas lieu. Le marquage auquel se livrent les deux coureurs permet à d'autres, Fiorenzo Magni, Ezio Cecchi, de prendre le large au classement général. Dans les Dolomites, lors des 16e et 17e étapes, Coppi refait une partie de son retard en s'imposant les deux fois en solitaire. À l'issue de la 17e étape, Magni s'empare du maillot rose après avoir bénéficié de l'aide de supporters dans l'ascension du Passo Pordoi. Les équipes de Coppi et Cecchi portent réclamation et Magni reçoit une pénalité de deux minutes. Jugeant la sanction trop faible, Coppi et l'équipe Bianchi quittent le Giro, que Magni remporte[30].
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En juillet, il laisse Gino Bartali représenter l'Italie au Tour de France : « la présence de Bartali suffit, et il est inutile que deux champions d'un même pays luttent entre eux sur terre étrangère[31]. » Bartali remporte sa deuxième « grande boucle ». Coppi le retrouve en août, aux Trois vallées varésines et le bat après être resté « dans sa roue » pour rejoindre un groupe d'échappés. La rivalité entre les deux coureurs atteint un sommet au championnat du monde sur route à Fauquemont aux Pays-Bas. Les deux champions s'observent durant la course et laissent plusieurs coureurs s'échapper, chacun préférant s'assurer que l'autre ne gagne pas. Ils finissent par se retirer de la course, consternant leurs publics et leurs dirigeants. En septembre, la fédération italienne prononce une suspension de deux mois à leur encontre[32],[33].
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Trois jours après le championnat sur route, Coppi dispute le championnat du monde de poursuite et s'incline en finale face à Gerrit Schulte. La sanction frappant Coppi et Bartali est levée afin qu'ils puissent disputer le Tour d'Émilie. Coppi s'y impose et termine deuxième du championnat d'Italie, dont le Tour d'Émilie est la cinquième et dernière épreuve, à un point de Vito Ortelli[Note 2]. Fin octobre, Coppi domine le Tour de Lombardie en battant le record de vitesse, le record d'ascension du col de Ghisello et en arrivant avec près de cinq minutes d'avance sur le deuxième[34].
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C'est durant cette année, lors des Trois vallées varésines, que Coppi rencontre pour la première fois Giulia Occhini, qui devient une admiratrice, puis sa maîtresse et son épouse quelques années plus tard[35].
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Pour la troisième et dernière fois de sa carrière, Fausto Coppi remporte la classique Milan-San Remo en début de saison 1949. Il s'impose seul, avec plus de 4 minutes d'avance sur le deuxième. En avril, il gagne au vélodrome Vigorelli un match de poursuite contre Gerrit Schulte, qu'il a battu auparavant lors d'une des deux seules poursuites auxquelles il a participé durant l'hiver. Trois jours plus tard, il est troisième de la Flèche wallonne, remportée par Rik Van Steenbergen[36]. Il dispute son premier Paris-Roubaix. Il en prend la douzième place tandis que son frère Serse, vainqueur du sprint du peloton, est déclaré vainqueur ex æquo neuf mois après la course : à l'arrivée, les coureurs de tête sont mal aiguillés, n'arrivent pas au vélodrome de Roubaix par l'entrée prévue et les frères Coppi posent une réclamation qui ne trouve une réponse définitive qu'au congrès de l'UCI en fin d'année.
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De retour en Italie, Fausto Coppi écrase le Tour de Romagne en étant échappé en solitaire pendant plus de 60 kilomètres[37].
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Au Tour d'Italie, il s'impose une première fois lors de la quatrième étape, battant au sprint Adolfo Leoni et Gino Bartali. Accusant près de dix minutes de retard sur Leoni, porteur du maillot rose, Coppi passe à l'attaque dans les Dolomites, lors de la onzième étape. Il s'impose avec près de sept minutes d'avance sur Bartali, Leoni, qui garde la première place. Lors de la 17e étape, « une des plus dures que connut le Giro durant son histoire », Coppi accomplit l'un de ses plus grands exploits. S'échappant dans le col de la Madeleine, il parcourt seul les 190 derniers kilomètres. Il arrive avec 12 minutes d'avance sur Bartali, deuxième. Après cette démonstration, Coppi gagne le Giro, Bartali finissant deuxième à 23 min 47, et apparaît comme le favori du Tour de France[38]. Ses exploits lors de ce Tour ont été narrés par Dino Buzzati, qui suivait la course en tant que journaliste au Corriere della Sera, et qui sous-titre l'ensemble de ses chroniques « Le duel Coppi - Bartali »[39].
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Coppi conditionne sa première participation au Tour avec l'équipe d'Italie à l'absence de Bartali, souhaitant avoir une équipe soudée autour de lui. Plusieurs réunions sont nécessaires au directeur de l'équipe italienne, Alfredo Binda, pour accorder les deux champions, dont la dernière à Chiavari aboutit à la signature d'un document transcrivant leurs « droits et devoirs »[40],[41]. Après que les Italiens ont perdu du temps lors des premières étapes, Coppi décide d'attaquer lors de Rouen-Saint-Malo (5e étape). Alors qu'il est dans le groupe de tête, il chute avec le maillot jaune Jacques Marinelli. Il doit attendre sept minutes pour voir arriver son vélo de remplacement. Bien qu'attendu dans un premier temps par ses équipiers, dont Bartali, Coppi perd encore du temps, « pédale presque à une cadence de facteur » et arrive avec 18 min 40 de retard. Reprochant au directeur d'équipe Binda de ne pas avoir été derrière lui pendant l'échappée, il décide alors d'abandonner avant de se raviser. Trois jours plus tard, il gagne le contre-la-montre entre Les Sables-d'Olonne et La Rochelle. Dans les Pyrénées, les Italiens prévoient que Coppi et Bartali s'échappent ensemble. Ils ne parviennent pas à mettre leur plan à exécution, mais Coppi est troisième d'étape et remonte à la huitième place du classement général. Lors de la première étape alpestre, entre Cannes et Briançon, Coppi et Bartali parviennent cette fois à s'échapper ensemble. Ils collaborent en bonne entente et Coppi laisse à Bartali la victoire d'étape, le jour de ses 35 ans. Celui-ci est désormais maillot jaune, devant Coppi. Le lendemain, dans l'ascension du col du Petit-Saint-Bernard, ils procèdent de la même manière. Bartali subit cependant une crevaison. Coppi reçoit l'autorisation de ne pas l'attendre. Il gagne à Aoste avec près de 5 minutes d'avance sur Bartali, 10 sur Jean Robic, et prend le maillot jaune. Lors du contre-la-montre entre Colmar et Nancy, il écrase la concurrence. Il rejoint Jean Robic et Stan Ockers, partis respectivement 8 et 12 minutes avant lui, et met hors-délai 20 coureurs, repêchés par la direction de course. Il gagne avec 7 minutes d'avance sur Bartali, deuxième. Il devient le premier coureur à gagner la même année Tour d'Italie et Tour de France[42]. Depuis six coureurs ont remporté le Tour de France et le Tour d'Italie la même année : Jacques Anquetil en 1964, Eddy Merckx en 1970, 1972 et 1974, Bernard Hinault en 1982 et 1985, Stephen Roche en 1987, Miguel Indurain en 1992 et 1993, et Marco Pantani en 1998.
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Après ces deux succès majeurs, Coppi échoue dans sa quête d'un titre de champion du monde sur route, sur un parcours plat, à Copenhague. Échappé en fin de course avec Rik Van Steenbergen et Ferdi Kübler, il tente plusieurs attaques et est battu au sprint par ces deux coureurs[43]. Il décroche en revanche un nouveau titre en poursuite. En gagnant en solitaire le Tour de Vénétie, il s'adjuge également le championnat d'Italie sur route[Note 2]. Il termine cette saison, « la plus brillante de sa carrière », en gagnant le Tour de Lombardie dont il bat le record de vitesse[44]. Il est lauréat de la deuxième édition du challenge Desgrange-Colombo, en ayant remporté quatre des dix courses qui le composent.
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Lors du Milan-San Remo 1950, Fausto Coppi connaît une déception : bien qu'il ait démontré sa supériorité en rejoignant le groupe de tête après une crevaison, il voit Gino Bartali gagner au sprint. Rassuré sur sa forme après une victoire au Tour de la province de Reggio de Calabre, il se concentre sur Paris-Roubaix. Il y obtient une de ses plus grandes victoires. Il réalise une nouvelle démonstration, parcourant seul les 40 derniers kilomètres et arrive avec 3 minutes d'avance sur Maurice Diot, deuxième, qui l'accompagnait avant sa dernière attaque. Celui-ci, considérant Coppi « hors-concours », déclare : « J'ai gagné Paris-Roubaix ! » Quelque temps plus tard, Coppi écrase la Flèche wallonne, arrivant avec 5 minutes d'avance sur le deuxième, après une échappée solitaire d'une centaine de kilomètres[45].
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Après avoir pris la deuxième place de Rome-Naples-Rome, Coppi prend le départ du Tour d'Italie. Lors de la neuvième étape, il est victime d'une chute qui lui cause une triple fracture du bassin. Immobilisé un mois, il reprend la compétition en septembre. Il est deuxième du nouveau Grand Prix de Lugano contre-la-montre, cinquième du Tour du Piémont, troisième du Tour de Lombardie, et termine la saison avec une deuxième place au Trophée Baracchi, associé à Serse[46].
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Le début de saison 1951 de Fausto Coppi est gâché par une fracture de la clavicule, survenue lors d'une chute à l'arrivée de la classique Milan-Turin, début mars. Il reprend la compétition une semaine avant le Giro, au Tour de Romagne. Il en prend la deuxième place, battu au sprint par Fiorenzo Magni. Il prend ainsi le départ du Tour d'Italie rassuré et confiant. Il en gagne la sixième étape, un contre-la-montre. Deux étapes plus tard, il doit cependant abandonner tout espoir de gagner ce Giro et reporte ses ambitions sur les étapes des Dolomites. Lors de la 17e étape, il accompagne Louison Bobet dans une attaque au col de Misurina et prend la deuxième place de l'étape derrière lui. Il remporte l'étape suivante, courue entre Cortina d'Ampezzo et Bolzano, devançant au sprint les Suisses Ferdi Kübler et Hugo Koblet. Il termine quatrième de ce Giro, remporté par Fiorenzo Magni[47].
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En préparant le Tour de France, Fausto Coppi dispute fin juin le Tour du Piémont. À l'arrivée, son frère Serse chute. Pris de maux de tête à son retour à l'hôtel, il est transporté à l'hôpital où il meurt. Brisé, Fausto Coppi déclare alors : « Je renonce au Tour de France et je renoncerai probablement au cyclisme[48]. »
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Il est tout de même au départ de la « grande boucle » à Metz, sans croire en ses chances de gagner : « J'ai décidé de participer à l'épreuve parce que cela me procurera une diversion morale. Parce que c'est mon devoir de coureur. » Il est troisième du contre-la-montre à Angers (7e étape). Dans les Pyrénées, après avoir suivi le groupe de tête entre Dax et Tarbes, il « livre un véritable festival » lors de l'étape Tarbes-Luchon, en compagnie de Koblet. Il passe en tête aux cols d'Aspin et de Peyresourde, mais doit s'incliner derrière Koblet à l'arrivée[49]. Lors de la 16e étape, il « connaît l'une des plus grandes défaillances de sa carrière. » Aidé par ses équipiers, il échappe de peu à l'élimination. Retrouvant sa forme, et plus libre du fait de son retard au classement général, il s'échappe lors de la 20e étape, entre Gap et Briançon. Il gagne avec plus de 4 minutes d'avance sur le maillot jaune Hugo Koblet. Il termine le Tour à la dixième place[50].
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Après avoir gagné deux critériums, Coppi, malade, doit renoncer à participer aux championnats du monde. En septembre, il gagne le Grand Prix de Brasschaat, puis encore le Grand Prix de Lugano contre-la-montre, où il rattrape Koblet, parti deux minutes avant lui. En fin de saison, il est troisième du Tour de Lombardie, battu au sprint par Louison Bobet et Giuseppe Minardi[51].
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Après avoir pris la quatrième place des Six Jours de Paris et la 37e place de Milan-San Remo, Fausto Coppi arrive à Paris-Roubaix avec des ambitions. Il y figure dans un groupe en tête de course, aux côtés de Ferdi Kübler, rejoint par Rik Van Steenbergen. Au vélodrome de Roubaix, celui-ci s'impose au sprint devant Coppi.
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Coppi est au départ du Giro en mai, à Milan, avec un nouveau coéquipier, le Français Raphaël Géminiani. Il gagne la cinquième étape, un contre-la-montre, puis endosse le maillot rose à l'issue de la dixième étape, remportée par Van Steenbergen. Deux jours plus tard, Géminiani attaque, accompagné de Coppi. Celui-ci part seul dans l'ascension du Passo Pordoi et gagne l'étape avec plus de cinq minutes d'avance sur ses poursuivants. Il gagne le deuxième contre-la-montre (14e étape) et remporte ce Tour d'Italie avec plus de neuf minutes d'avance sur Fiorenzo Magni, 2e, et Ferdi Kübler, 3e. Il a en outre la satisfaction de voir Géminiani enlever le Grand Prix de la montagne convoité par Bartali[52].
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Fausto Coppi refuse de disputer le Tour de France avec Gino Bartali, n'ayant pas confiance en la volonté de collaborer de celui-ci. Le désaccord est tel que l'Union vélocipédique italienne annonce renoncer à envoyer une équipe italienne au Tour, avant qu'un compromis n'intervienne quelques jours plus tard. Trois protagonistes importants des récents Tours de France et d'Italie sont absents : Louison Bobet, Hugo Koblet et Ferdi Kübler[53]. Deuxième de la cinquième étape à Namur, Coppi gagne la septième étape, un contre-la-montre, malgré deux crevaisons. Lors de la dixième étape, le Tour arrive pour la première fois en haut de la montée de l'Alpe d'Huez. Jean Robic attaque au début de l'ascension, suivi par Géminiani, rapidement lâché, et Coppi. Celui-ci part seul, gagne l'étape avec 1 minute 20 d'avance sur Robic et prend le maillot jaune. Le lendemain, il s'échappe seul sur les pentes du Galibier et gagne à Sestrières avec 7 minutes d'avance. La domination de Fausto Coppi sur cette « grande boucle » est telle qu'à Perpignan, après la 15e étape, les organisateurs augmentent les prix alloués aux deuxième et troisième de la course, afin d'en maintenir l'intérêt et l'animation. Coppi s'impose à nouveau dans les Pyrénées à Pau, après être passé en tête aux cols de l'Aubisque et du Tourmalet, et au puy de Dôme. Il remporte ce Tour avec plus de 28 minutes d'avance sur Stan Ockers et plus de 34 sur Bernardo Ruiz. Aucun coureur ne s'est depuis imposé avec une telle avance. Comme lors de sa première victoire, Coppi s'adjuge également le Grand Prix de la montagne[54].
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Blessé à l'omoplate à cause d'une chute en août, Coppi gagne en octobre le Grand Prix de Lugano contre-la-montre en battant le record de moyenne horaire et termine la saison avec une dernière victoire au Grand Prix de la Méditerranée[55].
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Le Tour d'Italie et le championnat du monde sur route sont les grands objectifs de l'année 1953 pour Fausto Coppi. Il gagne au sprint la 4e étape du Giro, marquée par la chute de l'autre favori, Hugo Koblet. Ayant bien récupéré, ce dernier prend le maillot rose et gagne la 8e étape, un contre-la-montre. L'équipe Bianchi remporte de peu le contre-la-montre par équipes, à Modène (11e étape). La 18e étape donne lieu à une poursuite entre Koblet, passé en tête au Passo Pordoi, et Coppi. Celui-ci dépasse le coureur suisse et est en tête au col de la Sella, puis est à son tour rejoint par Koblet. Coppi s'impose au sprint à Bolzano et Koblet garde la première place du classement général. Le lendemain, Coppi attaque dans l'ascension du Stelvio et gagne à Bormio. Koblet, qui n'a pas su le suivre, perd plus de 3 minutes et lui cède le maillot rose, à la veille de l'arrivée à Milan. Fausto Coppi gagne là son cinquième et dernier Tour d'Italie[56].
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Coppi renonce au Tour de France afin de remporter un titre qui manque à son palmarès, le championnat du monde sur route, qui a lieu le 30 août, à Lugano. Charly Gaul et Giancarlo Astrua sont en tête de la course pendant 135 kilomètres, avant d'être rejoints par d'autres coureurs, dont Coppi. Celui-ci part lors d'une ascension de la Crespera de Breganzona[57]. Seul le Belge Germain Derijcke parvient à l'accompagner, pendant 70 km. Voyant Derijcke faiblir, Coppi accélère sur la Crespera et le distance à une dizaine de kilomètres de l'arrivée. Il gagne la course avec 6 minute 16 secondes d'avance sur Derijcke, et plus de 7 sur Ockers, troisième. Comme Alfredo Binda en 1927, il s'adjuge le Giro et le maillot arc-en-ciel la même année[58].
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Quelques jours plus tard, il bat lors d'un match de poursuite Sydney Patterson, vainqueur des deux derniers championnats du monde de la discipline, améliorant son record personnel, à 49,153 km/h de moyenne. En fin de saison, il est associé au champion du monde amateur Riccardo Filippi au Trophée Baracchi. Les deux coureurs s'imposent en battant le record de l'épreuve à une vitesse moyenne de 45,713 km/h[59].
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Fausto Coppi commence la saison 1954 avec une victoire au Circuit de Cagliari. Il dispute ensuite Paris-Nice, dont il gagne la troisième étape. Lors de la première épreuve du championnat d'Italie[Note 2], le Tour de la province de Reggio de Calabre, il est battu au sprint par Giuseppe Minardi. Il s'impose quelques jours plus tard au Tour de Campanie.
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Au Tour d'Italie, Coppi s'empare du maillot rose au premier jour de course, grâce à la victoire de la Bianchi en contre-la-montre par équipes. Souffrant de brûlures d'estomac, il perd onze minutes le lendemain. Il perd encore du temps lors d'étapes suivantes et est sifflé par le public aux arrivées. Son moral est bas, la curiosité croissante de la presse pour sa relation avec la « Dame blanche », Giulia Occhini, le mine. Il retrouve son lustre en gagnant la 20e étape, dans les Dolomites. Il termine à la quatrième place du Giro et gagne le Grand Prix de la montagne.
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En juillet, une chute à l'entraînement, due à une roue de secours tombée d'un camion devant lui, lui cause plusieurs blessures et un mois d'inactivité. Il reprend la compétition au Tour de Suisse. Il en remporte deux étapes, dont le contre-la-montre qu'il écrase, et le Grand Prix de la montagne, délaissant le classement général. Au championnat du monde sur route, il chute en fin de course et prend la sixième place. Quelques jours plus tard, il gagne la Coppa Bernocchi en contre-la-montre. En fin de saison, il s'impose au sprint au Tour de Lombardie et gagne avec Riccardo Filippi le Trophée Baracchi en battant le record de l'épreuve[60].
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En 1955, Coppi gagne comme l'année précédente la première course qu'il dispute, le Circuit de Cagliari. Début avril, il domine le Tour de Campanie, arrivant avec 5 minutes d'avance sur le deuxième, Fiorenzo Magni[61]. Il est ensuite deuxième de Paris-Roubaix, où il devance au sprint Louison Bobet. Celui-ci fustige Coppi, qui n'a pas selon lui fourni les efforts nécessaires pour rattraper Jean Forestier, échappé et vainqueur de la course : « Ce traître, ce lâcheur. […] J'ai couru pour gagner mais Fausto n'a couru qu'avec l'intention de me battre[62]. »
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Au cours du Tour d'Italie 1955, « plus calme que les autres années »[63], il remporte la 20e étape : il accompagne Magni dans une échappée et collabore avec lui jusqu'à San Pellegrino Terme, où il le bat au sprint. Au classement général, Magni est désormais premier et gagne le Giro le lendemain, avec 13 secondes d'avance sur Coppi. Il est reproché à ce dernier de ne pas avoir tenté de reprendre ces secondes à San Pellegrino. « J'aurais pu le faire, dit Coppi, mais je considérais qu'une telle tactique eût été déloyale puisque Magni, au cours de notre échappée, avait fourni la plus grosse part du travail. »
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En septembre, il gagne le Tour des Apennins et les Trois vallées varésines contre-la-montre. À 37 ans, il acquiert son quatrième et dernier titre de champion d'Italie sur route[Note 2] et gagne une troisième fois le Trophée Baracchi avec Riccardo Filippi[64].
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Coppi voit son début d'année 1956 gâché par le typhus. Il est de ce fait incapable de courir pendant plusieurs mois et son contrat avec Bianchi suspendu. Il crée alors sa propre équipe, avec pour sponsor le fabricant d'apéritif Carpano[65]. Il reprend la compétition en mai, au Tour du Piémont, qu'il ne termine pas[66]. Au Tour d'Italie, il doit abandonner après qu'une chute lui a causé une entorse à la cheville et un déplacement de vertèbre. De retour en course, il gagne le Grand Prix de Lugano contre-la-montre. En fin de saison, il est deuxième du Tour de Lombardie. Il y est battu au sprint par le Français André Darrigade, qu'il avait fait recruter par Bianchi pour les courses italiennes. Au Trophée Baracchi, Coppi et Filippi sont battus par Darrigade et Rolf Graf[67].
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En mars 1957, Fausto Coppi est victime d'une chute lors du Circuit de Sassari, qui lui cause une fracture du fémur. Il reprend la course en août. En novembre, il obtient sa dernière victoire sur route, au Trophée Baracchi, où il fait équipe avec le jeune Ercole Baldini[68].
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Parti à l'étranger pour pouvoir épouser Giulia, Coppi gagne les Six Jours de Buenos Aires en mars 1958. De retour en Europe, il participe à Paris-Nice, qu'il quitte au lendemain d'une nouvelle chute. La Bianchi l'accueille afin qu'il dispute avec elle son dernier Giro. Il n'en est plus « qu'un pâle figurant » et finit à la 32e place. Grâce à une septième place aux Trois vallées varésines, il obtient sa sélection en équipe d'Italie pour le championnat du monde à Reims. Il y est une aide précieuse dans la conquête du maillot arc-en-ciel par Ercole Baldini[69].
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Coppi est à nouveau privé de courir en début d'année 1959, à cause d'une chute lors du Tour du Levant puis une autre à l'entraînement. Il prend la 44e place d'un dernier Paris-Roubaix en avril. Au Tour d'Espagne, il termine avec ses coéquipiers au troisième et cinquième rang des deux étapes disputées en contre-la-montre par équipes. Il ne termine pas cette course, la dernière par étapes qu'il dispute. Il est quatrième du Grand Prix de Lugano en octobre et cinquième du Baracchi en novembre, avec Louison Bobet. Il annonce s'associer avec Bartali, avec lequel il est réconcilié, pour devenir capitaine de route de l'équipe que celui-ci lance, baptisée San Pellegrino[70].
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Début décembre 1959, Fausto Coppi est appelé par Raphaël Géminiani pour l'accompagner en voyage en Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso) à l'occasion de la commémoration du premier anniversaire du statut de colonie autonome. Coppi ne devait pas être du voyage mais la défection de dernière minute de Louison Bobet lui vaut un appel de Géminiani pour lui proposer la place vacante. Selon ce dernier, Coppi est décrit comme heureux à l'idée de revoir l'Afrique, lui qui avait été fait prisonnier en 1943, en Tunisie[71]. Jacques Anquetil, Roger Rivière, Henri Anglade et Roger Hassenforder sont également présents. Ils participent à un critérium à Ouagadougou et à un safari. Coppi est classé deuxième du critérium, gagné par Anquetil[72].
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De retour en Europe le 18 décembre, Fausto Coppi téléphone à Raphaël Géminiani quelques jours avant Noël. Il l'informe de la constitution d'une équipe cycliste prévue pour l'année 1961, et pour laquelle il souhaite que Géminiani fournisse quelques coureurs français. Tous constatent qu'ils ne se sentent pas bien[73].
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Géminiani est pris de tremblements en fin d'après-midi le 25 décembre 1959, suivis d'une très forte fièvre le lendemain. D'abord soigné pour une crise hépatique, puis la jaunisse et la typhoïde, sa température grimpe à 41,6 °C. Le docteur Mora qui s'occupe de Géminiani ne comprend pas ce qui se passe, mais le hasard veut qu'il tombe sur le docteur Bruggière, médecin colonial, de passage à Clermont-Ferrand. Ce dernier demande si Géminiani n'a pas été en Afrique récemment, c'est ce qui le sauve. Une prise de sang permet de diagnostiquer une infection parasitaire par Plasmodium falciparum, autrement dit une malaria mortelle. Ce parasite transmis par la piqûre d'un moustique femelle (anophèle) s'attaque aux globules rouges et faute de traitement, conduit à une mort certaine en huit à dix jours. Les doses massives de quinine qui lui sont administrées sauvent Raphaël Géminiani.
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Dès que le mal qui ronge Géminiani est identifié, sa femme et son frère s'empressent de téléphoner chez Fausto Coppi. Malgré les efforts déployés pour expliquer que Coppi a vraisemblablement la même maladie que Géminiani, les médecins italiens avec un mauvais diagnostic continuent de traiter Coppi par des injections de cortisone pour autre chose que la malaria. Fausto Coppi meurt le 2 janvier 1960, à 40 ans, à l'hôpital de Tortona[74]. Il est enterré dans l’église de sa ville natale[75]. Les circonstances de cette mort suscitent l'incompréhension du public et une polémique durant les jours et semaines qui suivent[76].
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En 2002, la presse italienne relaie des rumeurs selon lesquelles Coppi aurait été empoisonné par un Ivoirien voulant venger la mort de son fils, cycliste[77],[78],[79]. À l'issue d'une enquête, le tribunal de Tortona confirme la mort de Coppi par malaria[80].
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Avec un total de 118 victoires sur route[81], dont deux Tours de France, cinq Tours d'Italie, un championnat du monde, cinq Tours de Lombardie, trois Milan-San Remo, un Paris-Roubaix, une Flèche wallonne, ainsi qu'un record de l'heure et deux titres de champion du monde de poursuite, Fausto Coppi est considéré comme l'un des plus grands coureurs de l'histoire du cyclisme. Un « champion fantastique, coureur hors du commun » pour Pierre Chany[82], « un dieu, un mythe » au « fabuleux palmarès »[83], « tenu par beaucoup comme le plus talentueux cycliste de tous les temps, [il] a bien sûr marqué l'histoire du sport »[84]. Ainsi, Jacques Goddet, directeur du Tour de France de 1937 à 1988 et fondateur du journal L'Équipe, dit :
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« Le numéro un dans les résultats, c'est Eddy Merckx. Il y a pour moi quelqu'un qui est au-dessus de ce numéro un, c'est Fausto Coppi, parce qu'il s'est manifesté dans des conditions qui atteignaient le divin, le surhomme, par sa morphologie, par sa nature physique[81]. »
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Le journaliste cycliste et historien de ce sport, Jacques Marchand, créateur du Tour de l'Avenir complète, qu'avec Pierre Chany et Jacques Goddet, ils se réunissaient régulièrement pour évoquer leurs souvenirs:
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« Jacques Goddet proposait des petits jeux de mémoire et nous devions inscrire sur un papier, par exemple, le coureur cycliste qui nous avait le plus impressionné. Résultat? Les trois bulletins portaient le même nom: celui de Fausto Coppi[85]. »
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Dans ses Mythologies, Roland Barthes définit ainsi le mythe attaché à Fausto Coppi :
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« Héros parfait. Sur le vélo il a toutes les vertus. Fantôme redoutable[86]. »
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Le superlatif italien « campionissimo », utilisé successivement pour désigner Costante Girardengo[87], Alfredo Binda[88], Gino Bartali, ne sera plus employé pour aucun autre champion que Coppi après sa mort[83]. Quelques années après sa mort, le gouvernement italien a fait ériger à Castellania un mausolée où reposent Fausto Coppi et son frère Serse[89]. Des stèles honorent sa mémoire au col du Stelvio, au col Pordoi et au col de Larche. En 1965, l'appellation « Cima Coppi » apparaît au Tour d'Italie pour désigner lors de chaque édition le sommet de la course[90]. En 2001, un an après la mort de Gino Bartali, une course à étapes italienne créée en 1984 est rebaptisée Semaine internationale Coppi et Bartali, en hommage à ces deux coureurs[91]. En 2002, Coppi fait partie des 44 coureurs retenus dans le « Hall of Fame » de l'Union cycliste internationale[92]. Cette année également, un monument en sa mémoire est inauguré à Turin, avec à sa base 21 pierres venant de lieux où Coppi s'est illustré pendant sa carrière[93]. Dans cette même ville, un stade vélodrome (it) porte son nom. En 2010, la poste saint-marinaise émet deux timbres à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Fausto Coppi et du dixième anniversaire de celle de Gino Bartali. Ce diptyque les représente s'échangeant un bidon pendant une course[94].
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En mars 2019, le Conseil régional du Piémont approuve le souhait du Conseil municipal de Castellania de renommer le village Castellania Coppi en l'honneur du cycliste, né dans la commune 100 ans plus tôt[95].
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Fausto Coppi mesurait 1,77 m, pour 67 à 68 kg durant la saison cycliste, 72 à 74 kg pendant l'intersaison[96]. Sa silhouette lui a valu le surnom de « héron » (en italien airone). Pierre Chany le décrit ainsi[97] :
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« La morphologie de Fausto Coppi s'éloigne on ne peut plus des canons de la plastique. Il présente des jambes démesurément longues, un buste court, une poitrine en forme de tonnelet, des épaules étriquées, des mollets étiques. Ses os paraissent trop lourds, qui saillent sous sa peau, des os fragiles comme du cristal, qui casseront souvent, trop souvent. Cette morphologie le sert merveilleusement. Sous une carrosserie légère et friable - bien que ses masses musculaires au niveau supérieur de la cuisse soient impressionnantes -, il dissimule un moteur de fort cyclindrée, et bénéficie d'une répartition de poids idéale. Dans la vie quotidienne, il fait penser à un échassier, mais il approche de la perfection du style sur sa bicyclette. Au paroxysme de l'effort, son buste reste bien en ligne, ses jambes tournent avec onctuosité, et ses traits figés dans l'indifférence trahissent moins l'effort que l'ennui. »
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Coppi avait un pouls de 42 à 44 battements par minute et une « capacité respiratoire normale de 6 litres, qui atteint souvent 6,6 litres, voire 6,7 ». Cette capacité respiratoire importante, considérée comme un avantage, est attribuée à une caractéristique de son thorax : « le diamètre antéro-postérieur est plus important, contrairement à la règle anatomique, que le diamètre transversal[98]. »
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Il s'est souvent imposé seul, avec plusieurs minutes d'avance sur ses poursuivants. Selon Pierre Chany, « ses victoires répétées, ses nombreuses et longues échappées solitaires, son goût du panache, le rendent sympathique au public[99]. » Fausto Coppi est réputé n'avoir jamais été rattrapé par ses poursuivants lorsqu'il s'est échappé entre 1946 et 1954[100]. Il regrette cependant sa façon de courir, qualifiant d'« effort insensé » ses longues échappées et ses victoires avec une avance importante[Note 3]. Pour Jean-Pierre de Mondenard, cette débauche d'énergie peut expliquer le rapide déclin de Coppi durant les dernières années de sa carrière[101].
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Le palmarès de Coppi comprend des victoires en montagne, en contre-la-montre, des courses à étapes et des classiques, ainsi que des compétitions sur piste, ce qui fait de lui un coureur complet. Il suscite en cela l'admiration de son principal rival, Gino Bartali :
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« En plaine, je ne rougis pas de l'avouer, pour marcher à son allure j'avais besoin d'être aidé par un autre coureur. Pas lui. Pour Fausto, la victoire était à sa portée dans n'importe quelle course. Ce n'était pas mon cas. Lui était, en tout, complet[102]. »
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Fausto Coppi est reconnu pour avoir, par son intérêt pour les évolutions techniques de la bicyclette, la diététique, les méthodes d'entraînement, la médecine sportive, changé l'approche de leur sport par les coureurs cyclistes. Ainsi pour Jacques Augendre, Coppi « inventa le cyclisme moderne et révolutionna un sport empirique pour le transformer en science précise[103]. » Selon Pierre Chany, il « [révolutionne] le cyclisme, et par sa valeur extraordinaire, et par l'étendue de ses recherches dans le domaine de l'entraînement et de la diététique. »[104].
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Pour Jean-Paul Ollivier, la « fièvre de connaissance » de Coppi s'explique par la prise de conscience à la fin de la Deuxième Guerre mondiale « des carences de son organisme, délabré par des années de malnutrition lors de sa captivité en Tunisie », et par sa rivalité avec Gino Bartali. Fausto Coppi prend ainsi souvent conseil au Centre médico-sportif de Milan. Il s'inspire des recommandations de divers diététiciens dont il lit les ouvrages, dont Gayelord Hauser qui, lorsqu'il le rencontre en 1952, découvre que le coureur a amélioré ses méthodes. Soucieux de sa bicyclette, Coppi s'est attaché les services d'un mécanicien, Pinella De Grandi, et adaptait son matériel aux circonstances de courses. « Il fut le premier à utiliser un vélo plus léger, pour les tests contre la montre et, comme il tenait à ce que la communauté cycliste tout entière puisse bénéficier de ses découvertes, il répandait la notion des pommades chauffantes, des cale-pédales, des souliers spécialement étudiés pour la compétition. » Il pousse les fabricants à innover et à améliorer leur matériel et participe à la conception de vêtements « plus élégants et plus fonctionnels. » En matière d'entraînement, il rompt avec l'habitude des longues sorties, « de 8 heures de selle à 25 km/h de moyenne », et leur préfère des séances de 150 à 200 kilomètres à un rythme de compétition[105].
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Les apports de Coppi sont reconnus par ses pairs, tels que Raphaël Géminiani[Note 4] ou Gino Bartali, qui cherchait à connaître les techniques qu'il adoptait (cf infra). Louison Bobet, qui a bénéficié des conseils de Coppi au début de sa carrière, s'est présenté comme un « disciple » de celui-ci[106] : « Maintenant, je sais comment pratiquer mon métier ; Coppi m'a ouvert de nouvelles perspectives[107]. »
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Fausto Coppi n'a pas caché durant sa carrière faire usage d'amphétamines, appelées la bomba, « chaque fois que c'était nécessaire[108]. » La lutte antidopage n'existe pas à cette époque. La conscience des effets négatifs et des dangers des amphétamines grandit dans les années 1960 à la suite de plusieurs incidents, parfois mortels. Les premières lois antidopage sont votées en 1965, les premières sanctions interviennent en 1966[109]. Pour Jean-Pierre de Mondenard, Fausto Coppi a joué un rôle important dans la généralisation de l'usage des amphétamines par les cyclistes[110] : « déjà pourvu d'aptitudes cyclistes très au-dessus de la moyenne, [il] a imposé à ses pairs, pour le suivre à vélo, d'adopter les mêmes nouvelles pilules de la performance - les amphétamines[111]. » Rik Van Steenbergen en témoigne : « Le premier dont j'ai su qu'il se dopait fut l'inégalable champion Fausto Coppi […]. À cette époque, on ne jetait pas de hauts cris pour cela. Tous les grands champions après lui ont eu recours au dopage. Ils devaient bien[112]. »
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La rivalité entre Gino Bartali et Fausto Coppi apparaît dès les débuts professionnels de ce dernier. Engagé par Legnano comme « domestique » de Bartali pour le Tour d'Italie 1940, il s'impose à sa place, Bartali hors de forme daignant l'aider après avoir songé à abandonner. La Seconde Guerre mondiale interrompt leur carrière. La rivalité réapparaît rapidement avec la victoire de Coppi lors de Milan-San Remo 1946, et « s'exacerbe, [...] soigneusement entretenue par la presse »[113]. Elle atteint un sommet au championnat du monde sur route de 1948, lorsqu'ils se neutralisent et abandonnent la course. Leur rivalité rend également difficile la composition de l'équipe italienne pour le Tour de France, dirigée par Alfredo Binda. Elle n'empêche cependant pas des ententes : ainsi ils dominent à deux le Tour de France 1949, s'échappant ensemble en deux occasions, et Coppi permet à Bartali de gagner l'étape le jour de ses 35 ans. La mort de Fausto Coppi en 1960 anéantit le projet de collaboration au sein de l'équipe San Pellegrino, lancée par Gino Bartali avec Coppi pour capitaine de route[114].
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Agacé de la supériorité que Coppi tire en étant le premier à adopter « les progrès de la médécine sportive » et « les perfectionnements du vélo », Bartali s'échine à découvrir ses « secrets » et établit un « plan d'investigation » pour connaître ses découvertes : en course, il descend dans les mêmes hôtels que lui, et fouille sa chambre une fois que Coppi l'a quittée, au risque d'arriver en retard au départ : « Je raflais tous les flacons, bouteilles, fioles, tubes, cartons, boîtes, suppositoires,...[...] J'étais devenu si expert dans l'interprétation de toute cette pharmacie que je devinais à l'avance le comportement que Fausto allait avoir au cours de l'étape[115]. » Lors du Tour d'Italie 1946, il voit Coppi boire dans une fiole et s'en débarrasser en la lançant dans un pré. Il revient la chercher après le Giro et la fait analyser : son contenu se révèle être « un reconstituant de marque française que l'on pouvait couramment acheter sans ordonnance médicale. [...] J'en commandai une caisse entière[115]! »
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Bartali traque également les faiblesses de Coppi : « Je l'étudiais, le regardais, le scrutais, le passais au crible, longtemps, sans me lasser, avec la volonté forcenée de trouver quelque chose. Tandis que nous roulions dans le peloton, mes yeux, irrésistiblement attirés par ses mollets, ne pouvaient s'en détacher, guettant le moindre indice de ce qui pouvait révéler une faiblesse. Et puis, un jour, ma ténacité reçut sa récompense. [...] Dans le creux de son genou droit, une veine se gonflait et apparaissait sur cinq à six centimètres dès que le prenait la toxémie musculaire à laquelle est soumis tout coureur pendant l'effort. [...] À ce moment, Fausto devenait vulnérable et sa plastique s'altérait. » Il dit avoir utilisé cette faille lors du Tour d'Italie 1948 : plaçant derrière Coppi son équipier Giovanni Corrieri, il attaque dès que celui-ci lui crie : « La veine ! La veine ! » : « à l'arrivée, Fausto avait 4 minutes de retard[116],[40]. »
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Fausto Coppi et Gino Bartali jouissent tous deux d'une grande popularité durant leur carrière. Celle de Coppi égale celle de Bartali après sa victoire au Tour de France 1949. Marcel Hansenne écrit ainsi dans Le Parisien libéré le 21 juillet 1949 : « Il y a en Italie une religion que je ne soupçonnais pas : celle de Bartali et de Coppi »[117]. Leurs triomphes dans l'après-guerre, en 1948 et 1949, en font des « icônes [de la] reconstruction » italienne[118].
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Outre leur rivalité sportive, les personnalités de Coppi et Bartali révèlent un antagonisme, ainsi décrit par Curzio Malaparte :
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« Bartali appartient à tous ceux qui croient aux traditions et à leur immuabilité, à ceux qui acceptent le dogme. Il est un homme métaphysique protégé par les saints. Coppi n'a personne au Ciel pour s'occuper de lui. Son manager, son masseur n'ont pas d'ailes. Il est seul, seul sur sa bicyclette. Il ne pédale pas avec un ange perché sur son épaule droite. Bartali prie en pédalant. Coppi, rationaliste, cartésien, sceptique et pétri de doutes, ne croit qu'au moteur qu'on lui a confié : c'est-à-dire son corps[119],[40]. »
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Leur rivalité illustre la dualité de l'Italie d'après-guerre. Tandis que l'Italie du Nord, qui « aspire à une libération des mœurs » s'identifie à Coppi, engagé dans une relation adultérine et soutenu par une frange plus libérale de la population, le Sud, où l'« on se réfère au dogme de l'Église », adopte Bartali, « le pieux ». Les deux piliers de la vie politique italienne se disputent, en vain, les deux champions : le Parti communiste contacte Coppi pour qu'il soit des leurs aux élections législatives de 1948 et la Démocratie chrétienne tente d'attirer aussi bien Bartali que Coppi[120],[121],[40].
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Marié en 1945 à Bruna, dont il a une fille née en 1947[122], Fausto Coppi a fait scandale en Italie en entretenant une relation adultère puis en épousant Giulia Occhini, surnommée « la Dame blanche ». Fausto Coppi rencontre Giulia Occhini lors des Trois vallées varésines en 1948. Elle accompagne son mari, le docteur Locatelli, amateur de cyclisme et admirateur de Coppi. Venue lui demander un autographe, elle développe une admiration fanatique pour Coppi à partir de ce jour[35]. Ils entament une correspondance en 1950, pendant la convalescence suivant sa triple fracture du bassin[123]. Leur relation amoureuse commence en 1953[124] et éclate à la une des journaux lorsque tous deux quittent leur domicile conjugal, après le Tour d'Italie 1954, et s'installent à la « villa Carla », à Novi Ligure[125]. En 1955, ils sont tous deux condamnés à des peines de prison avec sursis pour abandon de domicile[126]. Coppi régularise leur union en 1958 au Mexique, mais l'acte n'est pas reconnu en Italie[127]. Ils ont un fils, né en Argentine en 1955, prénommé Faustino[128] et qui ne portera jamais officiellement le nom de Coppi[129].
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Le palmarès de Fausto Coppi atteint les 118 victoires sur route. Sur la piste, Fausto Coppi a couru 95 poursuites, dont certaines sur 10 km, et en a gagné 88. Il a battu le record du monde de l'heure en 1942 (45,871 km/h). Son record, longtemps jugé inaccessible, n'a été battu qu'en 1956 par Jacques Anquetil. En 1949, Fausto Coppi remporte le Challenge Desgranges-Colombo (terminant second du classement en 1952), qui récompensait par addition de points acquis dans les grandes épreuves de la saison le meilleur cycliste sur route de l'année.
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Fausto Coppi a participé trois fois au Tour de France avec l'équipe d'Italie. Il l'a gagné deux fois, en 1949 et 1952. Il a également remporté le Grand Prix de la montagne lors de ses deux victoires, et neuf étapes au cours de ses trois participations :
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En treize participations au Tour d'Italie, Fausto Coppi s'est imposé cinq fois. Il détient ainsi avec Alfredo Binda et Eddy Merckx le record de victoires de cette course. Il s'est en outre classé deux fois deuxième et a gagné trois fois le Grand Prix de la montagne et 22 étapes :
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un fauteuil roulant (en langage familier « chaise roulante ») est une aide technique à la mobilité qui permet de transporter une personne assise sans peine sur une surface plane.
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En France, son appellation officielle est « Véhicule pour Handicapé Physique » (VHP).
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Les premiers meubles à roulettes ont été inventés en Chine au Ve siècle av. J.-C. : des lits pour enfants ont ainsi été découverts sur des frises. Ce n'est qu'à partir du VIe siècle que l'on trouve des fauteuils permettant de transporter des personnes[2].
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Un fauteuil roulant a été fabriqué spécialement pour Philippe II d'Espagne (1527-1598)[3]. Il figure sur un croquis datant de 1595 dans une chaise avec des roues.
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Nicolas Grollier de Servières (1596-1689), ingénieur lyonnais et inventeur de machines fantastiques, construisit et exposa dans son cabinet de curiosités un fauteuil roulant dont le dessin fut publié par son petit-fils en 1719[4].
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Un horloger allemand paralysé invente en 1665 un fauteuil à trois roues, avec une manivelle sur la roue avant.
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En 1783, John Dawson de Bath en Angleterre, invente une chaise roulante nommée d'après sa ville d'origine[5].
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À l'origine littéralement « chaises avec des roues », les fauteuils roulants, bien que souffrant d'une image plutôt négative, sont devenus de véritables objets technologiques faisant appel à une technicité importante. Il est difficile de parler de fauteuils roulants au singulier tant l'offre actuelle est importante, diversifiée et adaptée à des besoins très différents. En France uniquement, il est distribué plus de 450 modèles par une cinquantaine de fabricants. Il n'existe pas à l'heure actuelle de consensus sur leur classification, même si de grandes catégories se dessinent.
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La première occurrence de compétition sportive pour handicapés se tient en 1948 à Londres, avec en particulier une épreuve de basket-ball en fauteuil[6]. Une institution chargée de gérer le sport en fauteuil roulant est créée en 1951, l'nternational Stoke Mandeville Federation.
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Flemming Moller a déposé un brevet en 2005 concernant la chaise roulante moderne[7].
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En milieu hospitalier, pour le transport de patients, on utilise des chaises sans motorisation, avec quatre roulettes, une à chaque pied de la chaise. En préhospitalier, de telles chaises sont utilisées pour l'évacuation de victimes supportant la station assise, ce qui facilite le brancardage ; ce sont en général des modèles pliants qui se rangent aisément dans l'ambulance ou le véhicule d'intervention. On parle en général de chaise de transport ou de chaise d'évacuation.
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Les paraplégiques (handicapés moteurs des membres inférieurs) et certains tétraplégiques (handicapés moteurs des membres inférieurs et supérieurs) ayant suffisamment de force dans les bras utilisent en général des fauteuils dont les roues arrière sont de grand diamètre. Ils peuvent ainsi propulser le fauteuil en mettant les roues arrière en mouvement, par l'intermédiaire d'un volant solidaire de la roue.
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Il est important de distinguer la personne active (enfant ou adulte dans la force de l'âge) ayant été victime d'un accident médullaire ou autre (avec comme conséquence une paraplégie ou une tétraplégie partielle), de la personne âgée, dont les pathologies diverses associées au vieillissement font que ses capacités physiques globales sont amoindries ou très amoindries. Dans cette deuxième catégorie on peut aussi ranger les personnes souffrant de pathologies neuro-musculaires. En effet les besoins de l'un ou de l'autre sont alors très différents. C'est pourquoi l'offre de fauteuil roulant est une offre très diversifiée.
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Les nuances sont subtiles mais bien réelles. Certains patients auront besoin d'un fauteuil roulant manuel pour se déplacer, d'autres devront s'équiper de fauteuil roulant électrique pour garder leur autonomie.[8]
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Le poids d'un fauteuil varie de 150 kg pour un modèle électrique complexe à 15 kg pour un modèle standard manuel, et descend désormais jusqu'à moins de 5 kg par l'emploi de matériaux spécifiques (alliages complexes d'aluminium, carbone) mais surtout aussi grâce à un travail du tube bien particulier. Les tubes peuvent être à épaisseur variable afin de "garder de la matière" là où elle est nécessaire. L'emploi du titane existe, mais son aspect cassant impose de fortes épaisseurs de tubes qui annulent l'avantage de sa faible masse volumétrique. Les prix des modèles légers sont élevés, en raison des technologies utilisées et de la qualité des matériaux, mais surtout en raison du temps passé pour la construction sur mesure et l'adaptation parfaite du modèle pour un confort maximal de l'utilisateur. Cela permet d'exploiter au mieux ses ressources musculaires et d'avoir un maximum de mobilité et de liberté au quotidien.
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Dans cette optique, le fauteuil roulant devient un vrai véhicule et ses caractéristiques essentielles sont celles d'un véhicule; on parle alors de voie, d'empattement, de chasse, de carrossage, de centre de gravité, d'assiette, de diamètre de roue, de pneumatique. Tous ces paramètres vont jouer pour avoir un fauteuil maniable ou au contraire très stable mais difficile à propulser, adapté à l'extérieur, ou fait pour des salles de sport, etc. Pour les patients les plus jeunes (et les moins jeunes parfois), un facteur irrationnel mais néanmoins fondamental concerne le « look » du fauteuil ; il faut dire que certains fauteuils sont d'une grande esthétique, tout à fait comparable à un vélo très haut de gamme. Par ailleurs, le fauteuil roulant est une des premières choses que les gens voient lorsqu'une personne handicapée arrive, il est donc important de bien présenter.
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Avoir le meilleur fauteuil possible est essentiel pour vaincre son environnement. Il faut dire que souvent, des aménagements anodins lorsque l'on peut marcher, deviennent tout à fait problématiques lorsqu'on y est confronté en fauteuil roulant. Par exemple, un commerce avec une marche à l'entrée, ou par exemple, une personne handicapée en fauteuil roulant monte sur un trottoir avec un bateau (aménagement d'une portion de trottoir avec une pente et une marche de hauteur très réduite), se déplace sur toute la longueur de la rue, et se retrouve coincé parce qu'il n'y a pas de bateau. Songez de même aux trottoirs qui ne sont que rarement parfaitement horizontaux ; le moindre devers demande à corriger sans arrêt les trajectoires ce qui est très éprouvant. Tout est obstacle potentiel.
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Des efforts grandissants sont faits pour que l'environnement urbain soit accessible du mieux possible, principalement dans les grandes villes ; mais beaucoup de chemin est encore à faire et très nombreuses sont les villes qui n'y prêtent pas assez d'attention. (Par exemple; des villes qui proposent de transporter par un service spécialisé les personnes en fauteuil roulant de la commune, lorsque le réseau de transport en commun n'a pas de matériel roulant accessible, refusent de prendre en charge des personnes handicapée de passage, tandis que tout un chacun peut utiliser les bus sans discrimination sur le lieu de domicile). Une loi passée en 2005, Accessibilité de la voirie et des espaces publics en France, indique que le domaine public devra être entièrement accessible à compter de 2015. Toutefois, cette loi ne prévoit pas de supprimer les trottoirs surélevés pour mettre l'ensemble de l'espace public sur le même plan, tel que dans beaucoup de pays du Nord de l'Europe, ce qui éviterait pourtant les soucis d'accès ou de détours nécessaires pour accéder aux bateaux. Certaines villes, comme Évry ou Nantes, l'ont bien compris et sont aujourd'hui les exemples à suivre.
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Des équipements relativement récents (une dizaine d'années) mais encore peu répandus en France comme les assistances électriques à la propulsion [9]: le but est de garder le concept du fauteuil roulant manuel et son aspect visuel, mais les roues d'origine sont remplacées par des roues incorporant moteur et batteries (à ne pas confondre avec les motorisations).
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Le but est de permettre à quelqu'un possédant un capital musculaire des membres supérieurs faible (tétraplégique, malade neuro-musculaire) de quand même rouler en fauteuil roulant manuel (ce qui est moins dur psychologiquement à accepter) plutôt que de passer à un fauteuil électrique.
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Ou bien ils conviennent à une personne « simplement » paraplégique qui veut aller au travail sans transpirer pendant son trajet.
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Chaque cas est particulier et chacun apprivoise son fauteuil en fonction de son usage.
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Les fabricant de fauteuils roulants sont majoritairement saxons (allemand, suisse allemand, autrichien, etc.), la culture du handicap est beaucoup plus forte dans ces pays et globalement dans toute l'Europe du Nord, pour qui les notions d'ergonomie et de design au sens des fonctionnalités apportées est un réel souci.
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Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, les problèmes sont tout aussi nombreux et là aussi des solutions peuvent être envisagées pour augmenter leurs autonomie, comme des scooters électriques et des fauteuils permettant de monter et descendre les marches d'escalier[10].
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Les personnes porteuses de handicap ne pouvant pas se propulser utilisent en général un fauteuil motorisé, dirigé par une poignée de type joystick. Ce type de fauteuil coûte de 2702.81 euros (=prix de remboursement de base par la sécurité sociale) à plus de 20000 euros (fauteuil à propulsion électrique et verticalisation électrique + système sans fil de contrôle d'environnement par exemple). La sécurité sociale rembourse suivant les équipements de 2702,81 euros à 3938,01 euros, la différence resta à charge de l'utilisateur.
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Les fauteuils tout terrain (FTT) sont des fauteuils roulants pour personnes handicapées qui permettent leur utilisation sur des terrains escarpés. Ils comportent en général 4 roues qui sont indépendamment suspendues et freinées par des freins à disques hydrauliques. Il existe aussi des modèles à trois roues (une seule roue à l'avant) et des dispositifs amovibles, qui permettent de rendre son fauteuil ordinaire tout-terrain.
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Pour permettre aux personnes dépendantes d'un fauteuil roulant de vivre de manière indépendante, des logements adaptés ont été conçus ou aménagés. Pour cela, ils doivent pouvoir y accéder, y circuler et en utiliser toutes les fonctions de manière autonome. Certaines communes ou associations dressent l'inventaire de ces habitations.
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Les critères sont notamment :
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Il y a différents types de fauteuil roulant. Il faut bien vérifier les caractéristiques du fauteuil lors de l'aménagement du domicile.
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Pour la pratique de certains handisports, les sportifs en situation de handicap peuvent utiliser des fauteuils de compétition, plus légers et plus maniables que les fauteuils qu'ils utilisent dans la vie quotidienne. Ces fauteuils de sport ont autant de différence avec un fauteuil de « tous les jours » qu'une voiture de série avec une voiture de compétition. On peut aussi comparer un fauteuil de sport à une chaussure de sport : de même qu'il existe des chaussures « de ville » et d'autres modèles spécifiques pour différents sports (basket-ball, tennis, faire de la course à pied…), il existe des fauteuils pour les déplacements quotidiens et d'autres qui sont spécialement dessinés/équipés pour le handisport (modèles différents pour le handibasket, le tennis handisport, l'athlétisme en fauteuil… et ainsi de suite). Certains sportifs, tel que Aaron Fotheringham participeront ainsi à rendre les fauteuils roulants quasiment indestructibles.
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Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
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Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
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Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
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Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
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D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
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Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
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D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
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Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
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Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
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Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
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L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
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On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
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On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
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Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
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Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
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Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
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Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
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Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
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La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
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Abeille européenne (Apis mellifera).
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Abeille indienne (Apis cerana).
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Abeille géante (Apis dorsata).
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Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
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Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
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Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
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La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
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Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
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Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
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Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
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Andrena vaga sur une feuille.
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Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
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Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
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Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
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Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
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L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
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L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
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Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
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Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
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Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
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Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
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Vue dorsale des trois principales espèces.
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Vue latérale des trois principales espèces.
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Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
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Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
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Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
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Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
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Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
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Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
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Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
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À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
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Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
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La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
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Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
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Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
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Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
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Ampulicidae (guêpes à blattes)
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(Heterogynaidae) Hypothèse 1
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Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
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Crabroninae
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Bembicini
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Astatinae et Nyssonini
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(Heterogynaidae) Hypothèse 2
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Pemphredoninae et Philanthinae
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Anthophila (abeilles)
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Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
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Melittidae (avec l'abeille à culotte)
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Apidae (abeilles sociales)
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Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
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Andrenidae (abeilles des sables)
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Halictidae (abeilles de la sueur)
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Colletidae (abeilles à face jaune)
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Stenotritidae
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Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
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Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
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Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
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Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
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Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
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Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
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La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
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Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
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171 |
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En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
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Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
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174 |
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Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
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L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
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Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
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Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
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Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
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Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
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À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
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Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
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L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
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Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
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Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
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En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
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L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
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Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
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L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
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Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
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Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
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L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
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En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
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Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
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Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
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Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
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Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
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Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
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Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
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Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
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Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
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"En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
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Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
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Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
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Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
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Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
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Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
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Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
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Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
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En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
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Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
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En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
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Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
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Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
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Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
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Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
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La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
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L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
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Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
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Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
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En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
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La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
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En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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L’Amérique du Nord est un continent à part entière ou un sous-continent de l'Amérique suivant le découpage adopté pour les continents.
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Elle est entourée par l'océan Pacifique à l'ouest, l'océan Arctique au nord et l'océan Atlantique à l'est. L'isthme de l'Amérique centrale la relie à l'Amérique du Sud. Les Caraïbes, région quelquefois incluse dans l'Amérique du Nord, ferment le golfe du Mexique.
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Les limites de ce qui est nommé l'Amérique du Nord diffèrent selon les points de vue. Pour l'Organisation des Nations unies, l'Amérique du Nord comprend uniquement le Canada, les États-Unis, les Bermudes ainsi que Saint-Pierre et Miquelon[2]. Cependant, le Mexique est membre de l'Accord de libre-échange nord-américain et communément admis dans le sous-continent.
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Le nord du continent américain regroupe donc les pays suivants :
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De 1907 à 1934, Terre-Neuve fut également un dominion (état indépendant membre de l'Empire britannique).
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Au sud du Mexique, on retrouve un certain nombre de pays que l'on regroupe sous le nom d'Amérique centrale :
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On peut dans certains cas ajouter à ces pays les Antilles. Cet archipel est divisé en deux grands ensembles :
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(CAD)
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Héritage des différentes vagues d'immigration qui ont marqué son histoire, l'Amérique du Nord présente deux groupes ethno-culturels bien différenciés:
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Sur le continent la langue principale est l'anglais (aux États-Unis et au Canada), suivi de l'espagnol (aux États-Unis et au Mexique) et du français (au Canada et minoritairement aux États-Unis). D'autres langues locales, issues des civilisations amérindiennes, subsistent, quoique faiblement.
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L'Amérique du Nord est le deuxième continent le plus riche du monde après l'Europe en ce qui concerne la richesse par habitant. Pour ce qui est de la richesse totale, l'Amérique du Nord se classe troisième après l'Asie et l'Europe.
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Les États-Unis et le Canada font partie des pays les plus développés au monde.
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Outre la colonisation viking des Amériques, il est très probable que les Mélanésiens de Polynésie aient eu un contact ancien avec l'Amérique du Sud, hypothèse attestée entre autres par l'analyse génétique de la patate douce, originaire d'Amérique du Sud mais présente depuis longtemps en Océanie (voir Amérique du Sud et peuplement de l'Océanie pour plus de détails). En 2005, des analyses linguistiques (sur des mots en chumash et en gabrielino) et archéologiques plaidèrent également en faveur d'un contact entre les populations polynésiennes de Hawaï et la Californie [4].
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La culture populaire retient couramment la découverte de Christophe Colomb comme le premier contact des européens avec le continent américain. Pourtant, l'ensemble continental avait déjà été atteint depuis le Xe siècle, puisque c'est à cette époque que le Groenland, île américaine (au sens géographique), a été découvert par une expédition de Vikings (menée par le célèbre Erik le Rouge). De plus, selon de récentes avancées de la recherche archéologique, ils furent aussi les premiers Européens à atteindre le Canada : au tournant du XIe siècle, des expéditions partirent du Groenland et tentèrent une colonisation de Terre-Neuve[5]. Cependant, certaines thèses postulent des contacts épisodiques remontant jusqu'à l'Antiquité[6].
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Chronologie :
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Voir les articles : Colonisation européenne des Amériques, Colonisation britannique des Amériques, Colonisation espagnole de l'Amérique, Colonisation française des Amériques, Nouvelle-France, Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Néerlande, Amérique du Nord britannique.
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Dans le cas d'un découpage de l'Amérique en 2 continents, la limite historique avec l'Amérique du Sud est le canal de Panama, mais il est plus généralement admis aujourd'hui que ce soit le bouchon du Darién, zone située de part et d'autre de la frontière entre le Panama et la Colombie.
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Si l'Amérique est considérée comme constituée de 3 sous-continents, l'Amérique du Nord est séparée de l'Amérique centrale par l'isthme de Tehuantepec.
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La disposition du relief nord-américain est longitudinale : la région se décompose en ensembles différenciés qui se succèdent d’est en ouest. La partie orientale est dominée par des plaines littorales étroites au nord (Canada et Nouvelle-Angleterre) et plus larges au sud (Floride). Derrière ces espaces plats se trouvent des chaînes de montagnes peu élevées, de formation ancienne et érodées : les Appalaches ne dépassent guère les 2 000 mètres d’altitude. Le plateau des Laurentides constitue l’essentiel de la presqu’île du Labrador. En allant vers l’ouest, on rencontre des espaces relativement plats et peu élevés, parsemés de lacs (lac de l’Ours, grand lac des Esclaves, lac Winnipeg et les Grands Lacs). Plus au sud, la vallée du Mississippi représente l’épine dorsale du centre de l’Amérique du Nord. Ensuite, la région des Grandes Plaines puis le piémont des Rocheuses se succèdent à des altitudes de plus en plus hautes. L’ouest de l’Amérique du Nord est une succession de chaînes plus ou moins parallèles qui constituent un obstacle à la circulation. Cet ensemble montagneux, plus large aux États-Unis qu’au Canada, est entrecoupé de hauts plateaux et de fossés d’effondrement. Les derniers espaces avant l’océan Pacifique se caractérisent par une grande activité volcanique et sismique : il s’agit d’une portion importante de la ceinture de feu du Pacifique.
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Parc national de Bryce Canyon (États-Unis)
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Les Grands Lacs : le lac Érié, en hiver
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Le Denali, point culminant de l’Amérique du Nord (États-Unis)
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Cancún au Mexique
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Selon une étude publiée en septembre 2019 par des chercheurs de l’université Cornell (New York), l’American Bird Conservancy et le Centre de recherches national de la faune du Canada, le nombre d’oiseaux en Amérique du Nord a diminué de 2,9 milliards depuis les années 1970. L'étude montre que, outre les espèces en voie de disparition, les oiseaux communs considérés comme abondants subissent également une « disparition massive »[7]. Les causes seraient la disparition de leur habitat ainsi que l’utilisation massive de pesticides[8].
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Vison américain.
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Raton laveur.
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Chien de prairie.
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Castor.
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Lynx roux (Lynx rufus).
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Pronghorn.
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L’Amérique du Nord a perdu 15 % de ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) entre 2000 et 2013[9].
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Un bidonville, comme défini par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, est la partie défavorisée d'une ville caractérisée par des logements très insalubres, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière. D'après les Nations unies, le pourcentage de citadins qui vit dans des bidonvilles est passé de 47 à 37 % dans les pays en développement entre 1990 et 2005[1]. Cependant, à cause de l'accroissement de la population mondiale et surtout de la population urbaine, le nombre d'habitants des bidonvilles est en augmentation. Un milliard de personnes sur la planète vivaient dans des bidonvilles en 2008[2] et les prévisions sont de deux milliards pour 2030[3].
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Le mot « bidonville » a été employé pour la première fois par un médecin dans la Voix du Tunisien à propos d'habitats précaires à Tunis[4],[5] pour désigner littéralement des « maisons en bidons », c'est-à-dire un ensemble d'habitations construites par des travailleurs installés dans la ville, avec des matériaux de récupération, cependant, la première attestation de Bidonville en tant que toponyme remonte à un article paru dans la revue l'exportateur français où la vue d'ensemble de Bidonville est exposée sur une carte postale de Casablanca datant de 1932. Pour illustrer l’ambiguïté qui demeure encore aujourd’hui entre le toponyme d'origine et le générique, la même carte postale est reproduite dans un ouvrage de Mohammed Nachoui en 1998, mais la légende en fait tout simplement: «un bidonville»[6]. Ce mot a progressivement pris une signification plus large pour rejoindre les termes anglais shanty town et slum. Ce dernier a été forgé au début du XIXe siècle, probablement par l'écrivain James Hardy Vaux pour décrire les taudis de Dublin[7], mais signifiait davantage « racket » ou « commerce criminel » à l'époque ; shanty town signifie littéralement « quartier/ville de taudis ».
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D'autres noms existent, propres à chaque langue, voire à chaque pays ou chaque ville. On trouve ainsi les « bidonvilles » dans les pays francophones, mais pas seulement comme le montre l'exemple des mapane ou matiti au Gabon. Il existe une grande variété de noms locaux : les gecekondus en Turquie, les favelas au Brésil, les musseques en Angola, jhugi ou bustee en Inde, kachi abadi au Pakistan, slum, kijiji ou korogocho au Kenya, mudduku au Sri Lanka, imijondolo/township en Afrique du Sud, karyane et brarek au Maroc, bairro de lata au Portugal, lušnynai en Lituanie ou encore kartonsko naselje en Serbie. Dans les pays hispanophones, on trouve barrio en République dominicaine, ranchos au Venezuela, asentamientos au Guatemala, cantegriles en Uruguay, ciudades perdidas ou colonias (mais ce terme peut aussi s'appliquer à des quartiers chics) au Mexique et dans le sud du Texas, invasiones en Équateur et Colombie, poblaciones callampas, poblas ou campamentos au Chili, chacarita au Paraguay, chabolas en Espagne, pueblos jóvenes ou barriadas au Pérou, villas miseria en Argentine ou precario/tugurio au Costa Rica. Les Achwayates en Algérie.
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Les premières définitions des bidonvilles remontent au XIXe siècle, en particulier sous l'impulsion du chercheur et philanthrope britannique Charles Booth, auteur de Life and Labour of the People of London. Le bidonville y est vu comme « un amalgame de conditions de logement sordides, de surpeuplement, de maladie, de pauvreté et de vice »[8], incluant ainsi une dimension morale.
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Dans The slums of Baltimore, Chicago, New York and Philadelphia de 1894, les slums sont définis comme des « zones de ruelles sales, notamment lorsqu'elles sont habitées par une population de misérables et de criminels »[9].
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Cette dimension morale va diminuer au cours du XXe siècle, en réalisant que les habitants des bidonvilles sont plus souvent victimes que générateurs de la criminalité et sont dans des situations différentes d'appréhension du problème par les urbanistes d'état et de villes selon le pays[10]. Chaque pays, voire chaque ville utilise une définition différente, avec des critères adaptés à la situation locale.
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Il n'y a pas actuellement de « définition universelle » des bidonvilles. Une définition très simple telle que proposée par l'UN-Habitat est :
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« Une zone urbaine très densément peuplée, caractérisée par un habitat inférieur aux normes et misérable[11]. »
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Cette définition inclut les éléments de base de la plupart des bidonvilles : surpeuplement, habitat de mauvaise qualité, et pauvreté. Mais face aux diverses définitions générales, l'UN-Habitat a eu besoin d'une définition opérationnelle, utilisable par exemple pour recenser le nombre d'habitants des bidonvilles ; elle a donc recensé les caractéristiques communes des bidonvilles, d'après les définitions existantes[12] :
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Afin de pouvoir effectuer un recensement global, l'UN-Habitat a ainsi retenu une définition opérationnelle, adoptée officiellement au sommet des Nations unies de Nairobi en 2002. Elle s'en tient aux dimensions physiques et légales des implantations, et laisse de côté les dimensions sociales, plus difficile à quantifier. Les critères retenus sont :
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« l'accès inadéquat à l'eau potable, l'accès inadéquat à l'assainissement et aux autres infrastructures, la mauvaise qualité des logements, le surpeuplement, et le statut précaire de la résidence[12]. »
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Un « bidonville », au sens des Nations unies, est donc une zone urbaine présentant certains de ces aspects. Des seuils ont été définis, comme 20 litres d'eau potable par jour et par personne provenant d'une source « améliorée », ou une surface minimale de 5 m2 par personne ; sur le terrain, ces seuils sont toutefois adaptés à la situation.
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Selon un rapport sur l’urbanisation mondiale durable, du Worldwatch institute (ONG, organisme de recherche indépendante), alors que la part de l'argent consacrée au logement ou au loyer ne cesse d'augmenter, plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes censées s’ajouter à la population mondiale d’ici 2030 (environ 70 millions de personnes supplémentaires par an pour les années 2000) pourrait vivre dans des bidonvilles si l'on ne reconsidère pas les priorités de développement global.
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Selon un rapport des Nations unies de juin 2006, près d'un citadin sur trois habite déjà dans un bidonville[13]. En Afrique, la croissance de ces quartiers précaires atteint 4,5 % par an[14]. Dans les pays développés, 6,4 % de la population totale vit dans des bidonvilles ou des taudis[15].
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Les bidonville-ghettos se retrouvent essentiellement dans les grandes villes d'Asie du Sud et du Sud-Est. Ils sont symptomatiques de ces mégapoles en devenir qui ont pensé l'urbanisation pour leur hypercentre mais n'ont pas pu anticiper ce qui se passerait dans leurs faubourgs. À Jakarta, par exemple, les ONG estiment que chaque année, 50 000 migrants rejoignent des bidonvilles. À New Delhi, ils seraient 60 000. À Manille, Jakarta, Phnom Penh, Calcutta et même Hô-Chi-Minh-Ville, les zones de précarité ont pris une telle ampleur qu'elles atteignent le centre-ville mais ne jouissent d'aucune des infrastructures disponibles.
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La majeure partie des bidonvilles, à leur début, sont dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...). La pauvreté, la promiscuité, le manque d'hygiène et la présence de bouillons de culture réunissent les conditions de développement de foyers infectieux, pouvant être source de pandémies futures.
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De nombreuses associations agissent pour améliorer cette situation et parfois des États, en rendant légale l'occupation des sols, ont investi dans l'infrastructure.
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Cependant, dans la majeure partie des pays du monde, la « résorption des bidonvilles » a consisté à repousser toujours plus loin du centre-ville les familles et groupes habitant ces bidonvilles. En dispersant ainsi les personnes, les réseaux de survie, fondés sur les relations entre les gens, se trouvent cassés, rendant plus aléatoire encore la possibilité de se sortir de cette situation.
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Dans les pays en développement, la plupart des bidonvilles sont situés en périphérie, mais les habitants cherchent cependant à se rapprocher le plus possible de lieux où ils pourraient trouver du travail.
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Les bidonvilles sont des zones bondées, dues à l’exode rural et aux statuts économiques faibles des personnes y résidant qui ne leur permet pas d’avoir un logement classique. La plupart du temps, dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...), les bidonvilles sont des foyers infectieux permettant la prolifération de nombreuses maladies. Au commencement, les nombreux ruraux allant vers les villes dans l’espoir d’y trouver un travail, sont souvent accompagnés de leurs animaux de ferme porteurs de maladies alors inconnues pour la ville.
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Parallèlement au problème de la surpopulation, les bidonvilles sont majoritairement construits dans des sites dangereux, que ce soit au niveau géologique ou au niveau sanitaire. En effet, certains sont construits à flancs de collines et d’autres sur des décharges publiques. Les habitations des bidonvilles sont construites avec des matériaux de récupération tels que la ferraille et le plastique. Ces logements sont très petits et non adaptés aux nombreuses personnes qui y vivent. Cette proximité entre les individus multiplie fortement les risques de propagation des maladies. Outre les maladies infectieuses, les habitants des bidonvilles développent de nombreuses maladies respiratoires telles que l’asthme, en raison de l’absence de fenêtres en nombre suffisant et plus généralement d’ouvertures sur l’extérieur.
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Le manque d’eau est un problème récurrent dans les bidonvilles. Ce problème entraîne une mauvaise hygiène corporelle et également une mauvaise hygiène de vie qui provoque de nombreuses infections et maladies telles que le choléra ou la galle. En effet, les habitants des bidonvilles sont généralement contraints de boire et de cuisiner avec de l’eau contaminée. Quant à l’eau potable, elle reste un bien de luxe, vendue à des tarifs inaccessibles pour cette population.
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Le manque d’eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies hydriques[16].
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Très peu de bidonvilles disposent de systèmes d’évacuation des eaux usées ou des déchets solides. Les habitants sont donc obligés de les jeter à même le sol ce qui signifie qu’ils vivent entourés de déchets, de matières fécales et d’eaux polluées qui constituent un terrain favorisant le développement d'insectes porteurs de maladies telles que la malaria. En ce qui concerne les infrastructures sanitaires telles que les toilettes et les douches, elles sont absentes ou en nombre nettement insuffisant. Dans les bidonvilles du Kenya, différentes solutions sont mises en œuvre afin d’améliorer la qualité des toilettes[17]. Cela reste cependant, à l’échelle de la planète, des initiatives touchant peu de personnes. De plus, les déchets, en se consumant, dégagent des vapeurs toxiques. Celles-ci s’ajoutent aux rejets toxiques provenant des usines, ce qui dégrade d’autant plus la qualité de l’air, entraînant une augmentation considérable des infections respiratoires. Selon une étude de l’OMS, on dénombre chaque année dans les pays en voie de développement 50 millions de cas de problèmes respiratoires, cardio-vasculaires et de cancers directement en lien avec la pollution de l’air[18].
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L’accès aux soins est fortement inégal. Il y a une corrélation entre l’accès aux soins et le statut socio-économique : seuls les plus nantis fréquentent les infrastructures de soins. Les habitants des bidonvilles n’ayant pas de couverture sociale suffisante pour accéder aux soins, le corps médical n’y est pas suffisamment présent.
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Au Canada, en Australie, aux États-Unis, comme dans les autres terres colonisées par la Grande-Bretagne, le terme historique de township est perçu comme un campement de colons organisé sous le système cantonal de partage des terres.
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Le terme historique de township est cependant resté et est aujourd’hui associé aux villes et villages bâtis sur les campements d'origine.
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Après la Seconde Guerre mondiale, du fait de la destruction de certaines cités, du niveau de pauvreté, de l'exode rural et de la venue de main-d'œuvre étrangère, se pose un problème crucial de logement pour les sans-abri. Les bidonvilles de Nanterre (situé à l'emplacement actuel de la préfecture des Hauts-de-Seine) et de Noisy-le-Grand furent les plus notoires en périphérie de Paris. Il faudra attendre presque la moitié des années 1970 pour que la politique de résorption des bidonvilles impulsée par le premier ministre Jacques Chaban-Delmas porte totalement ses fruits et que ces bidonvilles disparaissent avec le relogement des familles qui y vivaient. L'abbé Pierre sera l'un de ceux qui porteront assistance aux habitants des bidonvilles, surtout pendant l'hiver 1954, qui fut particulièrement froid. Avec l'argent rassemblé à la suite de son appel à la radio, il fera construire des cités d'urgence (dont celle de Noisy-le-Grand ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, les bâtiments sont en forme de demi-bidon métallique[23]). Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM. Selon l'état des lieux des bidonvilles en France métropolitaine effectué en juillet 2018[24] par la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (DIHAL), 16 096 personnes habitent dans 497 sites en France dont plus d'un tiers en Ile-de-France (33 %).
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Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta jusqu’à 10 000 habitants.
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Au début du XXIe siècle, en France, perdurent de micro-bidonvilles, généralement cachés à la vue, le long de voies de communication ou dans des friches industrielles :
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De plus en plus, aux Philippines, la population se concentre dans les métropoles. Dans cette région de l'Asie du Sud-Est, le taux de croissance des bidonvilles est de 1,34 %[28] par an.
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Vivre dans ce milieu a de nombreux impacts nocifs sur la vie d'un individu. Les urban poors, vivant dans des habitats de la solidité d'une cabane sur des terrains non propices à la construction, sont à chaque fois les premiers touchés par les catastrophes naturelles. Chaque année, les Philippines sont traversées par près de 30 cyclones[29].
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Dans les grandes villes, plus particulièrement dans les bidonvilles où bien souvent des déchets se consument dégageant des vapeurs toxiques, la qualité de l'air est médiocre. Plus de 60 % des infections respiratoires y sont liées. Le sol et l'eau, pollués par les déchets et rejets des humains et des industries contaminent les personnes qui l'exploitent. Autre problématique : celle de l'accès à l'eau et la potabilité de celle-ci. Le manque d'eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies liées à l'eau[30].
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Aux Philippines, à cause de l'exode des cerveaux, il n'y a qu'1,14 médecin et 4,26 infirmiers pour 1000 habitants[31]. Et comme le secteur de la santé se privatise et que l'état de la santé publique se dégrade toujours plus - le gouvernement n'y consacre que 1,4 % de son PNB[32] -, l'accès aux soins n'est pas garanti.
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Le bien-être et la santé mentale relèvent également de l'état de santé général. Dans les zones urbaines, celle-ci prend diverses formes. Aux Philippines, les violences faites aux femmes sont une réalité quotidienne. Les femmes pauvres doivent plus souvent faire face que les autres aux agressions de leur partenaire[33].
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Sortir cent millions de personnes des bidonvilles en vingt ans, telle était l'ambition de l'ONU en 2000 ; un objectif dépassé, à en croire l'institution internationale.
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Le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles croît dans le monde à un rythme de 30 à 50 millions de personnes par an.
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D'ici à 2050, la population des bidonvilles et des taudis, dans le monde pourrait atteindre 1.5 milliard en 2020, et 3 milliards en 2050, (soit un tiers de la population mondiale) si rien n'est fait pour enrayer la tendance[34]. En 2010, 828 millions de personnes vivaient dans des taudis. Ils seront 59 millions de plus en 2020.
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Pour le sens commun, la fertilité désigne à la fin du XXe siècle la capacité des personnes, des animaux ou des plantes à produire une descendance viable et abondante. Le terme était généralement appliqué aux femmes, ou aux femelles des animaux, mais s'appliquent de plus en plus aux sujets mâles, au fur et à mesure des progrès dans la vision des mécanismes de la reproduction et de la meilleure connaissance du rôle de l'homme ou du mâle.
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Un couple dit fertile est un couple qui a commencé une grossesse après moins d'un an de rapports sexuels non protégés pendant la période fertile. Un couple qui a besoin de plus d’un an est considéré comme infertile, et un couple qui a besoin de l’assistance à la procréation médicalement assistée est considéré comme stérile[1],[2],[3]. L'indice de fécondité mesure en démographie le nombre d'enfants par femme.
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Par extension, le terme de fertilité peut s'appliquer aux pâturages, au sol (fertilité des sols) ou au paysage, ainsi qu'à l'esprit humain.
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Le mot provient du latin fertilitas. À partir de 1606, l'Académie française n'utilise le mot qu'associé à la terre et à l'esprit. Le Dictionnaire de l'Académie française, dans sa 8e édition (1932-1935) n'évoque toujours pas la qualité du spermatozoïde ou de l'ovule, ni la santé reproductive, la fertilité n'étant définie que comme « la qualité de ce qui est fertile », la « fertilité d'une terre » étant le seul exemple donné, l'autre concernant à propos de l'esprit, la fertilité de l'imagination. Au XVIIIe siècle, le Dictionnaire critique de la langue française[4] estime que le mot fertilité ne devrait concerner que la terre et les plantes et que, pour les animaux, on devrait dire fécondité. Ses explications laissent entendre que la fécondité serait plutôt liée à la nature, la fertilité tenant plus de l'art (sic), ce qu'évoquent les citations suivantes : « La chaleur du soleil, la pluie du ciel fécondent la terre ; le labour, les engrais la fertilisent ». « Un esprit, heureusement né, peut être fécond en grandes idées : un esprit naturellement moins fécond, peut devenir fertile par la culture, l'étude et le travail ».
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La fertilité humaine dépend de nombreux facteurs (nutrition, comportements sexuels, culture, instinct, endocrinologie, facteur temps, économie, mode de vie, émotions, expositions à des polluants ou médicaments reprotoxiques…).
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La fertilité animale n'est pas moins complexe, et peut présenter des mécanismes étonnants.
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La fertilité des mammifères et de toutes les espèces animales peut être affectée par certains polluants, ou perturbateurs endocriniens[5], qui peuvent être facteurs directs ou indirects de délétion de la spermatogenèse ou des ovules, ou perturbant tout ou partie du cycle de la reproduction en raison de leur toxicité pour l'ovule, l'embryon, le fœtus ou parce qu'ils interfèrent avec les processus biologiques nécessaires au bon déroulement de la grossesse ou de la production des œufs. Ces phénomènes sont mal compris et sont probablement liés à des cocktails de polluants (synergies, potentialisation). La production moyenne de spermatozoïdes ne cesse de décroître dans les pays riches et au rythme des 30 dernières années, en 2070, si le déclin devait se poursuivre, la production moyenne de spermatozoïde sera proche de zéro[6].
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Ontogenèse et séquelles de développement : La quantité et qualité des spermatozoïdes dépend fortement de la qualité des tubes séminifères qui contiennent les cellules germinales et les cellules de Sertoli. Ils se mettent en place chez l'embryon et se développeront sous l'action de la testostérone. L'exposition du fœtus ou de l'embryon à certains toxiques (uranium par exemple) ou perturbateurs endocriniens peut affecter ce processus, de manière irréversible pour le futur adulte.
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Une sous-fertilité masculine peut notamment être induite par une exposition excessive au mercure (par exemple acquis via plus de quatre repas de poisson par semaine à Hong-Kong où les consommateurs avaient alors des taux de mercure plus élevés dans les cheveux et étaient les plus touchés par une sous-fertilité (avec également des problèmes de peau, et des autismes plus fréquents chez les enfants ayant les plus haut taux de mercure sanguin, urinaire et dans les cheveux)[7].
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Les Amérindiens d'Aamjiwnaang, dans une réserve située au cœur de la « chemical valley » du Canada, exposés au mercure, dioxines, HCBs ou PCBs connaissent une modification du sex ratio de leurs enfants : Constanze MacKenzie, de l'université d'Ottawa, a montré que le ratio à la naissance est passé de un garçon pour une fille en 1984 à un garçon pour deux filles en 1999. Et le taux de fausse couche y est de 39 % (contre 25 % habituellement) ; 23 % des enfants de moins de 16 ans souffrent d'ADHD (hyperactivité avec déficit d'attention), au lieu de 4 % habituellement.
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Les biologistes désignent par le mot fitness les chances de reproduction réussie (par exemple exprimées par une probabilité, ou par le pourcentage des jeunes qui survivront jusqu'à la maturité sexuelle et qui seront en mesure de se reproduire). Cette capacité semble globalement se dégrader dont en France, où 15 à 25 % des couples en 2010/2012 n'arrivent pas à produire une grossesse après un an sans contraception, selon l’InVS qui préconise un meilleur suivi épidémiologique de ce problème, et notamment de la délétion de la spermatogenèse et du « syndrome de dysgénésie testiculaire »[8].
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Contrairement à l’homme qui est continuellement fertile ; la femme l’est quelques jours par mois ( « période fertile »). Elle ovule généralement une fois par mois (dans le cas de plusieurs ovulations, celles-ci ont lieu sous 24h), à la fin de la phase folliculaire. Un rapport sexuel est fécondant de 5 à 8 jours (en fonction des couples) ; le reste de son cycle, la femme est non fertile. L’une des indications du niveau de fertilité de la femme est la courbe de température.
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Le taux de reproduction de l'homme était mal connu chez les plus de 50 ans, car leur compagne - à ce même âge - ne fait plus d'enfants à cause de la ménopause.
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Ce taux a été étudié selon l'âge, au Canada, à partir de données démographiques du XVIIIe siècle (époque où la plupart des produits chimiques de synthèse aujourd'hui accusés de porter atteinte à la fertilité masculine n'existaient pas). Cette étude a porté sur la fécondité, durant 5 ans (1640 à 1775), de 29 000 couples de cette époque ; 1350 de ces hommes échantillonnés avaient plus de 40 ans avec une femme de moins de 30 ans, à une époque où le remariage des veufs était systématique même après 50 ans avec des femmes plus jeunes. À cette époque, les plus de 50 ans avaient en moyenne une fécondité correspondant à 90 % de celle des hommes de moins de 30 ans (2,5 enfants contre 2,8). Ce pourcentage était encore de 80 % pour les 60 ans et plus (2,2 enfants en moyenne), pour ensuite rapidement baisser[10].
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Depuis les années 1950, la fertilité masculine tend à chuter, alors qu'augmentent les cancers du testicule et de la prostate et que diminuent le nombre et la qualité de la spermatogenèse (délétion de la spermatogenèse, syndrome de dysgénésie testiculaire), avec des variations spatiales et parfois temporelles marquées évoquant des causes environnementales (encore mal comprises).
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Deux cas records de femmes ayant eu 69 enfants sont fréquemment cités : d'une part madame Vassilyev en Russie, et d'autre part madame Bernard Scheinberg en Autriche.
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Madame Vassilyev aurait été la première épouse de Feodor Vassilyev, qui a donc eu 69 enfants d'elle et encore 18 enfants d'une seconde épouse[11]. Les 69 enfants se seraient répartis comme suit : quatre fois des quadruplés, sept fois des triplés et seize fois des jumeaux. Avec sa deuxième femme il aurait eu deux fois des triplés et six fois des jumeaux.
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Madame Scheinberg serait morte à 58 ans après avoir donné naissance à 69 enfants[12],[13]. Monsieur Scheinberg se serait remarié après le décès de sa femme et aurait encore eu 18 enfants d'un second mariage[12].
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Cependant, le cas de madame Vassilyev est invérifiable car elle aurait vécu au XVIIIe siècle[14]. Concernant le cas de madame Scheinberg, les articles et livres qui y font référence ne citent pas leurs sources. De plus, le nombre d'enfants (le même dans les deux cas, curieusement) fait considérer ces cas comme suspects.
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Plusieurs cas de femmes vivant actuellement et ayant 17, 18 ou 19 enfants sont par contre documentés[15].
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(ru) Росси́я
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55° 45' N, 37° 42' E
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La Russie (en russe : Россия, Rossiïa prononciation), en forme longue la fédération de Russie[a] (en russe : Российская Федерация, Rossiïskaïa Federatsiïa prononciation), est un état fédéral transcontinental. À la suite de la révolution russe en 1917, la Russie devient l’une des Républiques de l’Union des républiques socialistes soviétiques dont elle devient état continuateur en 1991.
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Plus vaste État de la planète, la Russie est à cheval sur l'Asie du Nord (74,7 % de sa superficie) et sur l'Europe (25,3 %). Le territoire s'étend ainsi d'ouest en est, de l'enclave de Kaliningrad au district autonome de Tchoukotka, sur plus de 9 000 kilomètres et pour une superficie de 17 125 191 km2. Bien qu'entourée de nombreuses mers et de deux océans, la Russie est caractérisée par un climat continental avec des milieux particulièrement froids et hostiles sur la majeure partie du territoire.
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La population russe est estimée à près de 147 millions d'habitants en 2019[1], ce qui en fait le neuvième pays le plus peuplé de la planète. 78 % de ses habitants vivent en Europe[5].
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La Russie dispose de ressources minières (houille, fer, nickel, diamant, etc.) et énergétiques (pétrole, gaz naturel, hydroélectricité) abondantes, qui en font l'un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux. Le pays se dote, à l'époque de l'Union soviétique, d'une industrie lourde puissante (aciéries, raffineries, industrie chimique, etc.). Les secteurs liés à l'armement, au nucléaire et à l'aérospatiale sont également fortement développés, ce qui a permis au pays de jouer un rôle pionnier dans la conquête de l'espace.
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Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui va en s'aggravant après la révolution ratée de 1905 et la défaite russe dans la guerre russo-japonaise. À la suite des pénuries causées par la Première Guerre mondiale et les difficultés de l'armée sur le front de l'Est, le mécontentement populaire débouche en 1917 sur la Révolution de Février, qui provoque la chute de la dynastie impériale des Romanov et l'abdication de son tsar, Nicolas II, en mars 1917. La Révolution d'Octobre 1917, quant à elle, renverse la jeune République russe et permet la prise du pouvoir des bolcheviks. Grâce à la volonté de Vladimir Lénine, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) est ensuite proclamée en 1922. Ce pays est composé de plusieurs républiques socialistes soviétiques, parmi lesquelles la Russie représente un poids majeur : plus vaste superficie, plus grande population, noyau historique ; tout en abritant la capitale, Moscou, ainsi que les appareils du gouvernement soviétique.
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Après la Seconde Guerre mondiale (1941-1945) qui a causé la mort de 27 millions de Soviétiques, l'URSS devient une véritable superpuissance. Durant la guerre froide, le pays est le fer de lance de l'idéologie communiste, opposée à la doctrine américaine. L'Union soviétique développe l'arme nucléaire dès 1949, stupéfie le monde par son avance dans le domaine spatial et est engagée dans de nombreux conflits afin de maintenir et d'étendre son influence. Fin 1991, le pays éclate en quinze États indépendants, dont la Russie, qui a hérité des trois quarts du territoire de l'ancienne superpuissance, de plus de la moitié de sa population, des deux tiers de son industrie et de la moitié de sa production agricole. La Russie occupe ainsi la place de l'URSS dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, et a également assumé le passif financier de l'URSS et l'armement nucléaire soviétique. La Russie est aussi fondatrice de la Communauté des États indépendants (CEI) qui rassemble dix ex-républiques soviétiques.
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La Russie d'aujourd'hui est une fédération constituée de 85 sujets disposant d'une autonomie politique et économique variable. Le découpage, tenant compte entre autres de la présence de minorités, existait déjà dans l'ancienne URSS. Après la fin du système soviétique, le pays a graduellement adopté une économie de marché et un régime parlementaire pluraliste. Aspirant à suivre la mondialisation, la Russie se considère par ailleurs comme étant le pont entre l'Europe et l'Asie. Aujourd'hui, la Russie fait partie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). En 2019, la Russie est la onzième puissance économique mondiale en matière de PIB à valeur nominale[6] et sixième en parité de pouvoir d'achat[7].
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Avec les anciennes républiques soviétiques, la Russie a conservé des relations amicales avec les républiques d'Asie centrale, la Biélorussie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Ces relations sont nettement plus froides avec l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui ont intégré l'Union européenne et l'OTAN en 2004, ainsi qu'avec la Géorgie où une guerre a éclaté en 2008. Enfin, les relations demeurent complexes et partagées avec la Moldavie et surtout l'Ukraine, notamment depuis la crise de Crimée en 2014.
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Le territoire de la Russie est constitué majoritairement de vastes plaines où prédominent les steppes au sud, la forêt au nord et la toundra le long des rivages de l'océan Arctique. Les principaux massifs montagneux se situent le long de la frontière méridionale : ce sont le Caucase, dont le point culminant, le mont Elbrouz (5 642 mètres) est également le sommet le plus élevé d'Europe et les montagnes de l'Altaï. À l'est se trouvent le massif de Verkhoïansk et la chaîne de volcans de la presqu'île du Kamtchatka, dominée par le Klioutchevskoï, un strato-volcan de 4 835 mètres. L'Oural, qui sépare selon un axe nord-sud la Russie d'Europe de la Russie d'Asie, est un massif montagneux érodé riche en ressources minières.
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L'énorme ceinture forestière d'une largeur de 1 200 km en « Russie européenne » dont l'Oural est la barrière naturelle, et de 2 000 km en Sibérie constitue la plus grande réserve forestière de la planète. Les surfaces cultivées présentent 8,9 % de la surface cultivable de la planète.
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Le littoral de la Russie a une longueur de 37 653 km : il s'étire essentiellement le long de l'océan Arctique et de l'océan Pacifique ; il comprend également de relativement petites portions de côtes sur la mer Baltique, la mer Noire et la mer Caspienne.
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Les principales îles et archipels comprennent en océan Arctique la Nouvelle-Zemble, l'archipel François-Joseph, l'archipel de Nouvelle-Sibérie, et dans le Pacifique l'île Sakhaline et l'archipel des Kouriles dont les îles les plus méridionales sont revendiquées par le Japon.
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Plus de 100 000 rivières arrosent la Russie dont certaines figurent parmi les plus importantes de la planète. La Volga, qui draine un bassin versant de 1,4 million de kilomètres carrés, est le plus long fleuve d'Europe (3 350 km) et a joué un rôle majeur dans l'histoire du pays. Les grands fleuves sibériens figurent parmi les géants de la planète : ce sont l'Ienisseï (débit moyen 19 800 m3/s), l'Ob, la Léna et l'Amour tous caractérisés par des débits énormes et des débâcles particulièrement violentes lorsque l'été arrive, et remet ainsi en mouvement les eaux prises dans les glaces. Les principales étendues d'eau sont le lac Baïkal, qui contient 20 % de l'eau douce lacustre de la planète, le lac Ladoga et le lac Onega.
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Plus de la moitié du pays est située au nord du 60° de latitude tandis que seule une faible partie se trouve au sud du 50° de latitude. Les montagnes qui ferment les frontières méridionales (Altaï…) empêchent la remontée des masses d'air chaud venues des régions plus méridionales ; par contre, les plaines qui dominent dans le Nord du pays laissent pénétrer loin à l'intérieur des terres les masses d'air refroidies par l'océan Arctique. Il en résulte une température moyenne de −5,5 °C avec une grande amplitude thermique entre l'hiver et l'été.
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Dans pratiquement tout le pays, il n'existe que deux grandes saisons : l'hiver et l'été ; le printemps et l'automne sont généralement de très courte durée et le passage des températures les plus chaudes aux températures les plus froides est extrêmement rapide. Le mois le plus froid est janvier (février sur les côtes). Les températures hivernales vont en s'abaissant à la fois du sud au nord et de l'ouest à l'est (beaucoup plus continental) : on relève ainsi une température moyenne en février de −8 °C à Saint-Pétersbourg située à l'extrême-ouest, −27 °C dans les plaines de Sibérie occidentale, et −43 °C à Iakoutsk située en Sibérie orientale à peu près à la latitude de Saint-Pétersbourg. Le record du froid est détenu par la ville de Oïmiakon (−72 °C relevé). Le vent du sud généré par l'anticyclone qui stationne en hiver sur la majeure partie de la Russie, réduit les différences de température entre les régions situées à des latitudes différentes. En été, le mois le plus chaud est généralement juillet (la température moyenne en Russie est de 20 °C). Les températures peuvent être très élevées dans les régions continentales (jusqu'à 38 °C au sud). L'amplitude des températures est généralement extrêmement élevée. L'été peut être très chaud et humide y compris en Sibérie. Une petite partie de la côte de la mer Noire près de Sotchi a un climat subtropical.
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Le climat continental limite fortement la pluviométrie. Si à l'ouest les précipitations annuelles sont de 600 mm dans les régions baltiques et de 525 mm à Moscou, elles tombent à 425 mm à Novossibirsk (en Sibérie).
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La durée de l'hiver, le froid intense et les variations brutales de température ont un énorme impact sur le mode de vie de la population et le fonctionnement de l'économie. Dans la partie la plus froide du pays, le sous-sol ne dégèle jamais : on parle de pergélisol (permafrost en anglais, merzlota en russe) ; l'eau stagne en surface et crée de gigantesques marécages – paysage récurrent de la Sibérie ; la présence du sous-sol gelé génère des contraintes très coûteuses sur le mode de construction des bâtiments et des infrastructures. Les grands fleuves sont généralement pris par les glaces d'octobre/novembre à avril/mai bloquant toute circulation fluviale ; au printemps, la débâcle des glaces entraîne souvent des inondations catastrophiques sur les plus grands fleuves sibériens.
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Du fait de sa taille, le pays présente de nombreux types de paysages parmi lesquels prédominent des étendues relativement plates couvertes selon la latitude de toundra, de taïga, de forêts ou de steppes. La Russie d'Europe, définie de manière arbitraire comme la partie du pays située à l'ouest de l'Oural, présente successivement en allant du nord au sud les paysages suivants : au nord la partie la plus froide est le règne de la toundra à laquelle succèdent en allant vers le sud les forêts de conifères, puis les forêts mixtes (feuillus et conifères), les prairies, et enfin la steppe semi-désertique (près de la mer Caspienne). Le changement de végétation suit celui du climat. La Sibérie – la partie située à l'est de l'Oural – présente la même succession de paysages, mais c'est surtout la taïga, forêt plus ou moins clairsemée composée majoritairement de conifères, qui prédomine.
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La Russie est une fédération constituée de 85 sujets de la fédération de Russie qui sont des unités territoriales du niveau supérieur de la fédération de Russie :
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Les sujets de la fédération de Russie ont un pouvoir exécutif (un chef, un gouverneur, un maire), un pouvoir législatif (parlements régionaux) et un pouvoir judiciaire. Les républiques ont une Constitution tandis qu'on parle de statut pour les autres sujets de la fédération. Chaque sujet de la fédération de Russie envoie deux représentants au Conseil de la Fédération (le sénat de la fédération de Russie).
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Pour des raisons différentes, les sujets de la fédération de Russie sont regroupés en :
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La Russie possède des frontières terrestres avec 14 pays. Dans l'ordre inverse des aiguilles d'une montre, en partant du plus au nord, ont des frontières avec la Russie : la Norvège sur 196 km, la Finlande sur 1 313 km, l'Estonie sur 290 km, la Lettonie sur 292 km, la Biélorussie sur 959 km, la Lituanie sur 227 km, la Pologne sur 206 km, l'Ukraine sur 1 576 km, la Géorgie sur 723 km, l'Azerbaïdjan sur 284 km, le Kazakhstan sur 6 846 km, la Chine sur 3 645 km, la Mongolie sur 3 441 km, la Corée du Nord sur 19 km[8]. Elle possède également des frontières avec deux républiques séparatistes de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud-Alanie dont elle a reconnu l'indépendance en 2008.
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La Rus' de Kiev ou principauté de Kiev (Ruthénie) est le premier État organisé à s'être formé dans la région occupée aujourd'hui par l'Ukraine, la Biélorussie et une partie de la Russie occidentale (862). Fondée par des Vikings venus de Scandinavie (les Varègues en russe) puis dirigée par la dynastie des Riourikides, elle forme un État peu structuré dont les sujets sont les tribus de Slaves orientaux vivant dans la région et qui seront progressivement conquises. Les princes varègues développent la route commerciale qui relie la mer Baltique et la mer Noire en empruntant le fleuve Dniepr (la route des Varègues). Ils réussissent, par la force des armes, à s'imposer à l'empire byzantin en tant que partenaire commercial. La principauté de Kiev doit combattre les peuples nomades des steppes venus de l'est : Petchenègues, Coumans, etc. Sous le règne de Vladimir, le territoire s'étend et en 988, ce grand prince se convertit à la religion de l'empire byzantin, le christianisme orthodoxe : celle-ci deviendra religion d'État et sera l'un des facteurs de l'unité nationale russe. La Principauté de Kiev se désintègre au fil des années sous les coups de boutoir des peuples nomades après une longue période d'instabilité interne en raison des partages successoraux entre les descendants de Vladimir. Elle fait place à une quinzaine de principautés situées sur les territoires des actuelles Ukraine, Biélorussie et de la partie européenne de la Russie. Ainsi, en 1276, la grande-principauté de Moscou voit le jour.
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Les princes, qui dirigent ces principautés et ont la propriété éminente de la terre, emploient des armées encadrées par des boyards qui deviendront progressivement des propriétaires terriens. Ils règnent sur une masse de paysans à cette époque généralement libres. La principauté de Vladimir-Souzdal et surtout la république de Novgorod toutes deux situées au nord de la Principauté de Kiev vont profiter de leur indépendance pour se développer. La république de Novgorod, cité-État dotée d'un système de gouvernement original, prospère grâce à ses échanges commerciaux avec les pays de la Baltique. Elle repousse à plusieurs reprises les tentatives d'expansion des chevaliers teutoniques.
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En 1226, un peuple nomade guerrier venu de Mongolie, appelé Tataro-Mongols par les Russes, attaque les principautés. Entre 1237 et 1242, le khan Batou petit-fils de Gengis Khan, défait les unes après les autres les armées des princes et réduit en cendres les principales villes dont Vladimir, Kiev et Moscou. Les populations sont massacrées ou réduites en esclavage. Seule Novgorod et dans une certaine mesure Pskov, situées au nord-est, réussissent à conserver une certaine autonomie. Les Mongols n'occupent pas les territoires vaincus mais les principautés doivent payer tribut et reconnaître la suzeraineté des Mongols qui fondent un État au sud de la Volga : la Horde d'or. Cette vassalité ne prendra fin que trois siècles plus tard.
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Les Mongols tatars ont profondément marqué la Russie, ethniquement avec l'installation de peuples turcophones, culturellement avec l'islamisation des peuples de l'Est de Moscou, entre Vladimir et Kazan qui renforcera le poids de l'Église face à l'occupation musulmane. Le vocabulaire russe s'enrichit de nombreux termes de la langue mongole tels que yam (poste) et tamga (péage). Administrativement, les Russes intègrent les tribus ainsi que les levées de troupes. Comme les Mongols, les princes russes iront jusqu'à imposer à leurs sujets de maintenir un service de relais de poste. Enfin, militairement, l'armée russe reprendra à son compte l'usage de la cavalerie légère[9].
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Du XIIIe au XVIe siècle, l'une de ces principautés, la Moscovie (dont la capitale est Moscou), dirigée par des princes habiles, annexe progressivement toutes les autres pour devenir la Russie. Le prince Dimitri IV de Russie vainc une première fois les Mongols à la bataille de Koulikovo (1380). Toutefois, ce mouvement d'unification se heurte aux rivalités et à la tradition de partage des territoires entre les différents fils du prince, ce qui engendra une guerre civile entre 1425 et 1453. Monté sur le trône en 1462, Ivan III, qu'un voyageur vénitien décrit comme un « homme de haute taille, penché en avant et beau », libère la Moscovie du joug des Mongols dont l'empire est désormais fragmenté en plusieurs khanats, puis absorbe les principales principautés russes encore indépendantes dont Novgorod (1478) et Principauté de Tver (1485). En 1485, Ivan III prend le titre de « souverain de toute la Rus' », désirant montrer sa volonté de reconstituer tout l'héritage de Vladimir. À la fin du règne d'Ivan III le territoire de la Moscovie a quadruplé. Son fils Vassili III (1505–1533) poursuit l'extension territoriale en annexant la cité-État de Pskov (1510) et la principauté de Riazan (1521) ainsi que Smolensk (1514). Ivan le Terrible, premier prince à se faire désigner sous le titre de tsar, parachève ces conquêtes en s'emparant des principaux khanats mongols mais il perd l'accès à la mer Baltique face à une coalition de l'Empire suédois avec la Pologne et la Lituanie. Désormais l'expansion de la Russie vers l'est n'a plus d'obstacle sérieux. La colonisation par les paysans russes du vaste bassin de la Volga et de l'Oural prend son essor. Des paysans et fugitifs, les cosaques, s'installent sur les marges et s'organisent en « armée » tout en jouant les rôles de pionniers et de garde-frontières. Ivan le Terrible se considère alors logiquement comme l'unique héritier de Vladimir, bien qu'il ne possède pas la ville de Kiev aux mains de la dynastie lituanienne des Jagellon. Cette dernière avait conquis la plupart des territoires de la Rus' occidentale.
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L'extinction de la dynastie des descendants de Riourik (qui remontait aux mythiques princes varègues) déclenche le Temps des troubles jusqu'à ce qu'une nouvelle dynastie, les Romanov, monte sur le trône (1613). Plusieurs souverains brillants vont aux XVIIe et XVIIIe siècles accroître la taille de l'Empire russe avec l'aide des cosaques.
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Pierre Ier le Grand (1682–1725), au prix d'une longue guerre avec la Suède, obtient un accès à la mer Baltique ; il fait construire Saint-Pétersbourg qui devient à compter de 1712 la nouvelle capitale, symbolisant ainsi l'ouverture du pays vers l'Europe. Une puissante industrie métallurgique, la première d'Occident à l'époque, est édifiée dans l'Oural et permet de soutenir l'effort de guerre.
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Catherine II de Russie (1762-1796), autocrate éclairée, achève la conquête des steppes situées au bord de la mer Noire après avoir défait l'empire ottoman et le khanat de Crimée et repousse vers l'ouest les frontières de l'empire russe grâce au partage de la Pologne.
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L'actuelle Ukraine et la Russie Blanche (Biélorussie) sont désormais entièrement en territoire russe. Durant toute cette période, les cosaques occupent progressivement la Sibérie et atteignent l'océan Pacifique en 1640. Irkoutsk au bord du lac Baïkal est fondé en 1632, la région du détroit de Béring et l'Alaska sont explorés dans les années 1740.
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Un code édicté en 1649 lie désormais le paysan et ses descendants à la terre et à son propriétaire généralisant le servage, à contre-sens de l'évolution du statut du paysan en Europe occidentale. En contrepartie, les propriétaires terriens sont astreints à servir leur souverain. Catherine II confirme et renforce ces dispositions. Le mécontentement des paysans et d'une classe naissante d'ouvriers, exploités par leurs propriétaires et lourdement taxés par la fiscalité d'un État en pleine croissance déclenchent aux XVIIe et XVIIIe siècles de nombreuses révoltes paysannes dont la plus importante, menée par le cosaque Pougatchev, parvient à menacer le trône avant d'être écrasée (1773). L'Église à l'époque joue un rôle essentiel dans la société russe et possède plus des deux tiers des terres. La réforme du dogme orthodoxe russe par le patriarche Nikon (1653) est à l'origine du schisme des vieux-croyants sévèrement réprimé.
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Pierre le Grand puis Catherine II font venir un grand nombre de colons allemands (par exemple les Allemands de la Volga), d'artisans et de savants occidentaux souvent allemands, pour moderniser le pays, édifier des industries et jeter les fondements des établissements d'enseignement et de diffusion du savoir. Les bases de la langue littéraire russe sont définies par Mikhaïl Lomonossov. Les premiers journaux sont publiés à cette époque. La noblesse russe s'occidentalise, surtout sous l'influence de la philosophie allemande et de la langue française, et certains de ses membres s'enthousiasmeront pour les idées des Lumières, et parfois même de la Révolution française.
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L'Empire russe joue un rôle décisif durant la guerre de Sept Ans puis, cinquante ans plus tard, dans les guerres napoléoniennes ; ces conflits font de la Russie une puissance européenne. Mû, comme tous les souverains européens, par une idéologie conservatrice et hostile aux idées de la Révolution française, Alexandre Ier participe à deux coalitions contre Napoléon Ier et essuie des défaites coûteuses. Alexandre Ier choisit alors, par renversement d'alliance, le camp de la France (traités de Tilsit), mais la paix ne durera que cinq ans (1807–1812). Il profite de cette pause pour attaquer la Suède et annexer la Finlande.
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En 1812, les hostilités reprennent. La Grande Armée de Napoléon parvient à s'emparer de Moscou mais doit en repartir, chassée par l'incendie de la ville. Les armées russes harcèlent alors un ennemi décimé par la faim et le froid et, en 1814, elles occupent Paris.
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L'Empire russe joue un rôle majeur dans le congrès de Vienne et la Sainte-Alliance, qui veut régir le destin de l'Europe post-napoléonienne : il s'oppose à la reconstitution de l'État polonais et participe militairement à la répression des soulèvements contre les monarchies (Hongrie 1849), à l'instar de l'empire d'Autriche.
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L'Empire russe poursuit, sous son règne et celui de ses successeurs, son expansion dans le Caucase et vers les bouches du Danube, au détriment de l'Empire perse et de l'empire ottoman. La Géorgie (vassale de l'Empire Perse) est annexée en 1813 (traité de Golestan). La partie orientale de la Principauté de Moldavie (vassale de l'Empire ottoman) est annexée en 1812 et forme le gouvernement de Bessarabie (Traité de Bucarest de 1812). L'Arménie, le Daghestan et une partie de l'Azerbaïdjan sont annexés en 1828 au terme d'un conflit de quatre ans avec l'Empire perse (Traité de Turkmantchaï). Au décès d'Alexandre (1825), des officiers réformistes, les décembristes, se soulèvent en vain pour demander une réforme de la monarchie. Cette tentative de soulèvement d'officiers issus de l'aristocratie va servir aussi de modèle à de nombreux intellectuels russes au cours du siècle suivant, inspirés par la philosophie de Hegel ou de Kropotkine. En 1829 l'Empire russe se fait céder par l'Empire ottoman les Bouches du Danube. Nicolas Ier bénéficie d'une bonne croissance économique, mais renforce l'appareil répressif. Il écrase violemment un soulèvement armé de la Pologne (1831). Le déclin de l'empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances européennes, est à l'origine d'un conflit entre la Russie et les autres puissances européennes, Grande-Bretagne en tête: la guerre de Crimée. Défait à Sébastopol (1856), Alexandre II, le successeur de Nicolas, doit céder le sud de la Bessarabie avec les Bouches du Danube, et perd les droits de passage entre la mer Noire et la Méditerranée. Un dernier conflit victorieux avec l'Empire ottoman (1878), déclenché par l'insurrection bosniaque de 1876[10], lui permet de retrouver un accès au Danube et parachève la conquête du Caucase. Ce conflit inquiète cependant les investisseurs car la Turquie refuse de signer le protocole élaboré à Londres par les grandes puissances.
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La Russie obtient aussi la création dans les Balkans d'un royaume de Bulgarie, et la reconnaissance par les Ottomans de l'indépendance de la Serbie et de la Roumanie. Cet accroissement d'influence ravive l'hostilité du Royaume-Uni (Le Grand Jeu).
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De nombreuses jacqueries contre l'aristocratie terrienne endettée et attachée de ce fait au système du servage, ont lieu durant cette période. L'industrie se développe surtout dans les mines et le textile mais reste très en retrait par rapport à l'Angleterre et à l'Allemagne (environ 600 000 ouvriers vers 1860). Une nouvelle classe de commerçants et de petits industriels – souvent d'anciens serfs libérés par rachat – apparaît, mais ses effectifs sont relativement peu nombreux.
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L'enseignement se répand dans les classes les plus aisées et de nombreuses écoles supérieures sont fondées. La littérature russe connaît un premier épanouissement avec des écrivains majeurs comme Tourgueniev, Pouchkine ou Gogol qui témoignent des tourments de la société russe. Cet essor culturel s'étend également à l'architecture et à la musique (Glinka).
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Alexandre II tente de tirer les leçons de la défaite de la guerre de Crimée. Le pays, qui s'étend désormais sur 12,5 millions de kilomètres carrés et compte 60 millions d'habitants, est handicapé par son fonctionnement archaïque. Des réformes structurelles sont mises en train par le tsar : la mesure la plus importante est l'abolition du servage de 1861 qui inclut l'attribution à l'ancien serf d'une terre, souvent trop petite pour le nourrir, au prix d'un endettement à long terme vis-à-vis de l'État. Des conseils locaux élus au suffrage censitaire – les Zemstvos – sont créés à compter de 1864 : dotés de pouvoir leur permettant de gérer les affaires locales et de construire routes, écoles et hôpitaux, ils peuvent lever des impôts pour les financer. Ce type de structure est étendu par la suite aux villes (douma urbaine). Enfin le code juridique introduit les procédures d'accusation et de défense et crée une justice théoriquement indépendante du pouvoir jusqu'à l'échelon du district. Le régime conserve malgré tout un caractère autocratique et fortement policier. Les réformes vont d'ailleurs attiser la violence de groupes d'intellectuels nihilistes et Alexandre finira par tomber sous leurs coups (1881). Sous son règne, l'empire a poursuivi son expansion coloniale en Asie centrale : après l'annexion des terres des kazakhs achevée en 1847, les trois khanats du territoire ouzbek (Kokand, Boukhara et Khiva) sont conquis au cours des trois décennies suivantes puis annexés ou placés sous protectorat (1876). Cette avancée place les limites de l'empire russe aux portes de l'empire britannique aux Indes. La tension (Grand Jeu) entre les deux pays va rester très vive jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé en 1907 (convention anglo-russe). La Pologne se soulèvera sans succès en 1863.
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Il est principalement connu pour ses réformes, notamment l'abolition du servage. Malgré les grandes réformes libérales mises en place, il est assassiné, le 13 mars 1881, lors d'un attentat organisé par le groupe anti-tsariste Narodnaïa Volia.
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Alexandre III, lorsqu'il monte sur le trône en 1881, mène en réaction à l'assassinat de son père une politique de contre-réformes. Les dispositions autoritaires sont maintenues ou renforcées : les partis politiques et les syndicats sont interdits, le droit de circulation est limité, la presse est censurée. Sur le plan économique l'industrie se développe rapidement grâce, entre autres, aux investissements étrangers et à la construction d'un réseau ferroviaire qui atteint 30 000 km en 1890. De nouvelles régions s'industrialisent (Ukraine) tandis que certaines renforcent leur caractère industriel comme la région de Saint-Pétersbourg et surtout celle de Moscou. Mais la main-d'œuvre abondante dégagée par l'abolition du servage et la croissance démographique ne trouve pas entièrement à s'employer dans l'industrie (trois millions d'ouvriers en 1913). De nombreux paysans viennent coloniser les terres vierges de l'empire situées dans le Sud et l'Est (vallée inférieure de la Volga, Oural, Sibérie) de l'empire. Le Transsibérien permet de désenclaver les immenses territoires de la Sibérie et facilite cette migration, tandis que le financement de l'industrialisation se fait principalement par les emprunts russes venus surtout de France.
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Le premier tronçon du Transsibérien ouvre dès 1888 et Moscou émet quatre emprunts de 500 millions de francs-or. En 1904, la France compte 1,6 million de créanciers du réseau ferré, de l'État et des municipalités russes[11], tandis que l'alliance franco-russe mise en place en 1892 tente de faire pièce à la Triplice.
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L’agriculture a toujours un poids écrasant : en 1897 la Russie compte 97 millions de paysans pour une population totale de 127 millions d’habitants.[réf. nécessaire] Ceux-ci ne possèdent généralement pas les terres qu'ils cultivent (25 % seront propriétaires en 1914). Le taux d'alphabétisation est très faible et la mortalité infantile est élevée (environ 180 ‰). L'excédent démographique est absorbé par les villes dont le nombre croît rapidement : à la veille de la Première Guerre mondiale, la population citadine dépasse les 25 millions d'habitants. La Russie continue d'accroître son aire d'influence : en Chine et en Corée elle se heurte aux intérêts japonais. La guerre russo-japonaise qui s'ensuit se termine par une défaite complète (1905 à Tsushima) : la modernisation du Japon a été sous-estimée et l'éloignement du champ de bataille a créé d'énormes contraintes logistiques.
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La défaite de Tsushima de 1905 déclenche le premier soulèvement généralisé de la population russe contre le régime. La révolution russe de 1905 est d'abord un mouvement paysan qui touche essentiellement la région des terres noires. Les ouvriers se joignent au mouvement par la suite[12]. La loyauté des forces armées va sauver le régime. Nicolas II, qui est monté sur le trône en 1894, est obligé de donner des gages d'ouverture. Une assemblée (douma) élue est dotée de pouvoirs législatifs. Mais les élections de deux doumas successives donnent une large majorité à l'opposition. La loi électorale est alors modifiée pour obtenir une chambre des députés favorable au pouvoir.
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L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. La fusillade meurtrière du Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg mit le feu aux poudres. Le régime impérial survécut à cette première attaque d'envergure, mais le mécontentement grandit et l'opposition se radicalisa. La grève générale d'octobre 1905 réussit à faire céder le régime. Une constitution libérale fut octroyée ; mais dans les deux ans qui suivirent, la contre-attaque de Nicolas II réduisait à néant les espoirs soulevés par cette révolution.
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La mutinerie du cuirassé Potemkine, immortalisée en 1925 par Le Cuirassé Potemkine, film de Sergueï Eisenstein, en est restée un symbole.
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La Russie entre en guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie en 1914 pour venir en aide à la Serbie, son alliée. L'Empire russe déclenche une offensive en Pologne orientale mais est sévèrement battue. Les troupes russes doivent abandonner la Pologne. Début 1917 éclatent des mouvements sociaux, suscités par le poids de la guerre sur l'économie, les pertes sur un front réduit à une stratégie défensive, l'instabilité des dirigeants et la défiance vis-à-vis du tsar. Le refus des troupes de réprimer les manifestations et la lassitude des classes dirigeantes obligent le tsar Nicolas II à abdiquer ; ainsi éclate la Révolution de Février 1917 et la Russie devient une république. Un gouvernement provisoire est alors constitué, présidé par Alexandre Kerenski. Tout en esquissant des réformes, celui-ci tente malgré tout de respecter les engagements de la Russie vis-à-vis de ses alliés en poursuivant la guerre. L'impopularité de cette dernière mesure est exploitée par le parti des bolcheviks qui, le 25 octobre 1917 (7 novembre 1917 dans le calendrier grégorien), renverse le gouvernement à Saint-Pétersbourg (alors capitale de la Russie) par les armes (Révolution d'Octobre). La paix est signée avec les Allemands (à Brest-Litovsk, en Biélorussie actuelle) au prix d'énormes concessions territoriales (Pologne, partie de l'Ukraine, pays Baltes, etc., soit environ 800 000 km2). Une guerre civile va opposer pendant trois ans les Russes blancs (républicains ou monarchistes), assistés par les puissances occidentales, aux bolcheviks. Après leur victoire, le 22 décembre 1922, les bolcheviks instaurent l'Union des républiques socialistes soviétiques ; la Russie devient une des républiques de l'Union.
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Dès la prise du pouvoir, le nouveau régime tourne à la dictature réprimant toute opposition même au sein du parti bolchevik. L'ensemble des moyens de production industrielle est placé sous le contrôle de l'État. À la fin de la guerre civile en 1921, le pays est exsangue : la désorganisation des transports et les réquisitions agricoles déclenchent une famine qui fait un million de victimes autour de la Volga. Le mécontentement gagne et le régime doit assouplir son programme : c'est la NEP qui autorise une forme limitée d'économie privée. En quelques années, les productions agricole et industrielle se rétablissent. Lénine, mort en 1924, laisse sa « succession » ouverte. Staline va en quelques années se hisser au pouvoir en éliminant physiquement ses rivaux. Le plan de collectivisation est repris avec vigueur et les terres agricoles sont regroupées par la force au sein de grandes coopératives. Une nouvelle famine éclate, cette fois-ci majoritairement en Ukraine (1932–1933) et dans le Kouban. Le développement de l'économie est désormais planifié de façon centralisée et le pouvoir, qui se concentre à Moscou (redevenue capitale du pays en 1918), mène un vaste programme d'industrialisation (surtout dans le domaine de l'industrie lourde) à l'aide des plans quinquennaux. Le gouvernement incite les travailleurs au dépassement des normes de productivité (stakhanovisme) au nom de l'avenir radieux. La machine de propagande communiste fonctionne à plein régime. En même temps, Staline mène une politique répressive qui envoie au goulag ou à la mort plusieurs millions de personnes avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ce qui ne l'empêche pas d'instaurer un véritable culte de personnalité. C'est la montée du stalinisme.
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Le Pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939, pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique contient des protocoles secrets établissant les modalités de partage de la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie entre le Reich et l'Union soviétique. La Pologne est ainsi partagée en deux en septembre 1939. De même, Staline annexe les trois États baltes et force la Roumanie à lui céder la Bessarabie et les régions moldaves. Ces protocoles sont mis en œuvre sans difficulté véritable, sauf en ce qui concerne la Finlande (qui doit être placée sous influence soviétique), où se déroule la guerre d'Hiver. Ainsi, l'Union soviétique et l'Allemagne nazie se partagent une partie de l'Europe, sans que cela ne déclenche de réaction notoire de la part de la France et de la Grande-Bretagne.
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Staline, qui a signé avant le début de la Seconde Guerre mondiale un pacte de non-agression avec Hitler comprenant une clause de partage de la Pologne et des Pays baltes, est attaqué par l'Allemagne en juin 1941 (opération Barbarossa). L'Armée rouge sous-équipée et désorganisée par les purges staliniennes recule en essuyant des pertes qui se chiffrent en millions. L'avancée allemande est bloquée devant Stalingrad en janvier 1943, puis repoussée vers l'ouest, notamment à la suite de la bataille de Koursk opposant du 5 juillet au 23 août 1943 les forces allemandes aux forces soviétiques sur un immense saillant de 23 000 km2 situé au Sud-Ouest de la Russie, à la limite de l'Ukraine, entre Orel au nord et Belgorod au sud. C'est l'une des batailles qui ont déterminé l'issue de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Les généraux soviétiques reprennent progressivement l'initiative et l'Armée rouge, renforcée par des livraisons d'armes alliées, reconquiert les territoires perdus, libère les pays de l'Europe orientale puis rentre victorieuse dans Berlin (mai 1945), au prix d'un terrible bilan de 20 à 30 millions de victimes (dont presque la moitié de civils). Staline et ses alliés occidentaux ont conclu un accord sur un partage de l'Europe en zones d'influence qui entérine le rôle joué par l'URSS dans le conflit (conférence de Yalta). Les pays d'Europe orientale et l'Allemagne de l'Est se voient bientôt imposer un régime socialiste piloté par l'URSS.
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La guerre a saigné l'URSS (plus de 20 millions de victimes dont une majorité de civils) et détruit une bonne partie de ses installations industrielles et de ses villes. L'immédiat après-guerre est une période de reconstruction. Le pays retrouve son niveau de production industrielle d'avant-guerre puis le double en 1952. L'industrie nucléaire se développe, avec la création du complexe nucléaire Maïak. L'URSS effectue son premier essai nucléaire en 1949, accédant ainsi au rang de seconde puissance nucléaire mondiale.
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Dans le même temps, le culte de la personnalité est porté à son comble par Staline. Peu après le décès de celui-ci en 1953, Nikita Khrouchtchev accède au pouvoir (1953) et dénonce les excès de son prédécesseur. Sur le plan intérieur commence une période de relative prospérité ; les droits des citoyens sont mieux respectés, c'est le début d'une certaine libéralisation. L'URSS stupéfie le monde par son avance dans le domaine spatial en mettant en orbite le premier Spoutnik et en y envoyant Youri Gagarine, premier homme dans l'espace. Sur le plan international, l'URSS élargit son influence à de nombreux pays du tiers monde et parvient par des investissements massifs dans l'armement à faire jeu égal avec les États-Unis, notamment dans le domaine nucléaire et des missiles balistiques. Cette période de guerre froide se traduit par de nombreux conflits ou tensions un peu partout dans le monde entre les deux superpuissances et leurs alliés. La crise de Cuba en 1962 manque de dégénérer en un conflit nucléaire. L'accession de Léonid Brejnev au pouvoir (1964) se traduit par une relative détente entre les deux grands, grâce aux travaux de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe mais également, sur le plan intérieur, par une réduction des tentatives de réforme qui n'avaient pas réussi à son prédécesseur (Programme des terres vierges entre autres). L'écart entre le niveau de vie des Soviétiques et celui des habitants des pays occidentaux s'accroît. La tension entre les deux superpuissances reprend à compter de 1979 à la suite de l'invasion de l'Afghanistan et de l'arrivée de Ronald Reagan à la tête des États-Unis en 1980.
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Voir aussi : Chronologie de l'URSS – Guerre froide
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Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985 en prenant la tête du PCUS avec la volonté de réformer le régime pour combattre la stagnation économique et les reliquats du stalinisme, mais ses réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (restructuration économique) n'a pas atteint les objectifs escomptés ayant aggravé les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales entrainant un mécontentement populaire, tandis qu'une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (transparence), déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes, mal perçus par les Russes.
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En 1989, pour la première fois depuis le début de l'ère soviétique, des élections libres ont lieu, les partis politiques sont autorisés en 1990. Cette ouverture est surtout l'occasion pour les peuples des différentes nationalités composant l'URSS de manifester leurs souhaits de souveraineté. Vers 1991, un véritable dualisme du pouvoir s'installe au Kremlin - la puissance montante des structures étatiques russes libérées de la tutelle du PCUS, avec Boris Eltsine en tête, face aux organes du pouvoir soviétique et communiste, archaïque et conservateur, essayant en vain de freiner les réformes gorbatcheviennes et de préserver le système soviétique. Un coup d'État en août 1991 mené par les conservateurs échoue et accélère la fin de l'Union.
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Le 21 décembre 1991, le PCUS est dissous par Mikhaïl Gorbatchev et l'URSS s'effondre : les républiques qui la constituaient prennent leur indépendance, le CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle) créé en 1949 et le Pacte de Varsovie (1955) ne sont plus. La Russie, qui en constitue le noyau historique, reprend de l'ancienne grande puissance mondiale les trois quarts de son territoire, plus de la moitié de sa population, les deux tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole. Principale héritière de l'URSS, elle occupe désormais sa place dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais assume également le passif financier de l'ancienne URSS. Une union politique et économique, la CEI, est fondée en 1991 pour tenter de maintenir des liens privilégiés entre les pays issus de l'URSS.
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Bien que la Russie, dirigée par Boris Eltsine à partir de 1991, soit l'héritière de l'Union soviétique, elle ne peut endosser le rôle de superpuissance. La fédération de Russie est confrontée à de nombreux problèmes internes, parmi lesquels l'élaboration laborieuse d'un système politique démocratique et une guerre de sécession en Tchétchénie, et laisse la grande politique mondiale aux Américains et à leurs alliés.
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Voir aussi : Union des républiques socialistes soviétiques – Putsch de Moscou – Communauté des États indépendants
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Eltsine, le premier président de la Russie postsoviétique, donne une inflexion libérale au nouveau régime. La société russe, qui a dû abandonner le socialisme, est profondément bouleversée. Quelques oligarques construisent des fortunes. Mais le déclin de l'outil économique, l'affaiblissement de l'État fédéral provoquent une chute catastrophique du niveau de vie des Russes.
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La transition vers l'économie de marché est alors apparue inéluctable pour la fédération russe née fin 1991. Deux approches économistes s'opposaient vis-à-vis des modalités de cette transition vers le capitalisme.
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Appuyés par les instances internationales (FMI, BERD, etc.), les partisans de la « thérapie de choc » (Jeffrey Sachs) l'emportèrent et conseillèrent le gouvernement russe.
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À partir de 1992, la Russie privatisa massivement, la thérapie de choc étant mise en œuvre de façon complète à partir de 1994 : à cette époque, plus de 50 % du secteur public (112 625 entreprises d'État) avaient été privatisées. Au niveau économique, la planification dirigiste et centralisée de l'économie est ainsi abandonnée sans transition au profit d'un mode de fonctionnement s'inspirant des thèses libérales des économistes de l'école de Chicago. Les moyens de production ont été en grande partie privatisés, dans des conditions souvent obscures.
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La transition rapide vers une économie de marché capitaliste provoque au cours des années 1990 un effondrement total de l'économie. Le PIB est divisé par deux en quelques années, et une crise financière majeure en 1998, plonge une grande partie de la population dans de graves difficultés (exceptée une infime minorité de nouveaux riches, surnommés « nouveaux Russes »). La privatisation assortie de l'ouverture des marchés des capitaux facilite la ruée des capitaux hors du pays.
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Si l'on prend le seuil de pauvreté de 2 $ par jour, 23,8 % de la population vit désormais dans la pauvreté sous le nouveau régime capitaliste, contre seulement 2 % en 1989 sous le régime communiste[13]. Le chômage, qui s'élevait à moins de 0,1 % de la population active au début des années 1990, a grimpé à 0,8 % en 1992 et jusqu'à 7,5 % en 1994, quatre fois plus vite qu'en Biélorussie (0,5 % en 1992 et 2,1 % en 1994), qui a elle adopté une méthode plus graduelle de libéralisation.
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Pour le prix Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz, la thérapie de choc a été une grave erreur. Dans son livre, La Grande Désillusion il écrit ainsi : « Les privatisations ont été réalisées avant d’avoir mis en place le cadre juridique et institutionnel nécessaire. L’argument du FMI était que des droits de propriété sont essentiels pour l’efficacité d’une économie. Mais rien ne s’est déroulé selon ce scénario. Les privatisations ont accru les possibilités de pillage et les raisons de piller au lieu de réinvestir dans l’avenir du pays. L’absence de lois assurant une bonne gouvernance d’entreprise a incité ceux qui parvenaient à prendre le contrôle d’une firme à voler les actionnaires, en pillant les actifs des entreprises ».
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Lorsque la présidence de Boris Eltsine touche à sa fin, l'économie russe est au plus bas. Le PIB a baissé de 7,5 % par an en moyenne entre 1990 et 1998, à une époque où la Chine, autre pays en transition, connaissait un taux de croissance annuel moyen de 10 %.
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De plus, l'armée est tenue en échec dans le conflit qui l'oppose aux séparatistes islamistes en Tchétchénie. Les élections de 1993 se traduisent par une montée du courant nationaliste (22,92 % des votes vont au Parti libéral-démocrate de Russie de Vladimir Jirinovski, contre 7,81 % en juin 1991) et le maintien d'un vote communiste important (12,40 % des votes, contre 16,85 % en juin 1991). Une nouvelle constitution, adoptée en décembre 1993 après une grave crise constitutionnelle et la mise au pas du Congrès des députés du peuple à l'aide de l'armée, donne un tour plus présidentiel au régime. La période est également caractérisée par de grands mouvements de population entre les États composant l'URSS (population russe des États voisins se repliant en Russie, émigration des Russes de religion juive ou d'origine allemande, fuite des cerveaux) et au sein même de la Russie (abandon des campagnes et des zones les plus éloignées en Sibérie). Le désordre économique et politique se prolonge jusqu'en 1998 date à laquelle le système financier russe s'effondre : entre 1990 et 1998 le PIB aura chuté de 45 %.
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Vladimir Poutine, porté au pouvoir en 2000, se donne pour objectif de rétablir le fonctionnement de l'État et de l'économie par le biais d'un régime présidentiel fort. Le nouveau président bénéficie de l'envolée du cours des matières premières, dont la Russie est le plus grand producteur. Il lance des réformes structurelles visant entre autres à rétablir la « verticale des pouvoirs ». Des mesures ont été prises contre la fraude fiscale, ce qui s'est traduit par l'arrestation de certains oligarques. Depuis 2000, la Russie connaît une croissance forte (augmentation du PIB de 7 % en moyenne) étroitement liée à la montée des prix des matières premières et plus particulièrement du pétrole et du gaz. L'afflux de revenus qui en découle permet le développement du secteur tertiaire (banque, assurance, distribution) et la croissance de la consommation intérieure. Vladimir Poutine tente de redonner à la Russie un rôle de premier plan sur la scène internationale en profitant, entre autres, des déboires américains en Irak, et de renouer des liens privilégiés avec les anciennes républiques composant l'URSS en maniant alternativement la manière forte (Biélorussie, Ukraine) et une approche plus diplomatique. Son successeur, Dmitri Medvedev, élu en mars 2008, est plus libéral, mais continue d'appliquer la politique générale de Poutine. Par ailleurs, la guerre d'Ossétie en 2008 étend l'influence russe dans le Caucase, en particulier en Abkhazie et en Ossétie du Sud-Alanie. Vladimir Poutine lui succède à nouveau après l'élection présidentielle de mars 2012.
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En 2014, à la suite de la crise de Crimée, le gouvernement de Vladimir Poutine est critiqué par les autres pays du G8 qui suspendent son adhésion au groupe, reformant ainsi temporairement le G7.
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Vladimir Poutine est réélu au premier tour de l'élection présidentielle du 18 mars 2018.
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La Constitution de 1993, adoptée à la suite de la crise constitutionnelle de 1993 qui avait opposé le président Boris Eltsine à l'Assemblée et n'avait pu être résolue que par l'intervention des chars, définit la Russie comme une fédération et une république présidentielle dans laquelle le président, en tant que chef de l'État, dirige la Nation et le président du gouvernement dirige le gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le chef du gouvernement.
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Le président est élu au suffrage universel pour une période de six ans depuis 2012. Son mandat est renouvelable une seule fois. La dernière élection présidentielle a eu lieu le 18 mars 2018.
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Le pouvoir législatif est représenté par l'Assemblée fédérale composée de :
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La constitution russe garantit l'égalité de tous les citoyens devant la loi et l'indépendance des juges. Les procès doivent être publics et le droit de la défense est garanti aux accusés.
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Selon la loi fédérale, le dirigeant d'un sujet de la fédération de Russie est élu soit par les citoyens de la fédération de Russie résidant dans ce sujet sur la base du suffrage universel, égal et direct, au scrutin secret, soit par les députés de l'organe législatif de ce sujet sur la proposition du président de la fédération de Russie, qui a aussi le droit de destituer le dirigeant d'un sujet de la fédération de Russie et d'en désigner un par intérim (jusqu'aux élections prochaines dans ce sujet de la fédération de Russie).
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Les principaux partis sont le parti progouvernemental « Russie unie » (238 sièges à la Douma aux élections de 2011), le Parti communiste de la fédération de Russie (92 sièges), Russie juste (64 sièges), et le Parti libéral-démocrate de Russie (56 sièges). La majorité des trois quarts est nécessaire à la destitution du chef de l'État.
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Le président de la Russie est Vladimir Poutine (réélu le 18 mars 2018, pour son quatrième mandat).
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Voir aussi : Union de la Russie et de la Biélorussie
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L'actuelle armée russe, formée en 1992, est l'héritière de l'ancienne Armée rouge qui fut l'Armée soviétique de 1922 à 1991, année de la dislocation de l'URSS. Elle a hérité de l'armement et de l'équipement de l'armée soviétique située sur le territoire russe, ainsi que de la totalité de l'arsenal nucléaire soviétique qui lui a été transféré par le Kazakhstan, l'Ukraine et la Biélorussie.
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La Russie est l'un des cinq pays reconnus officiellement par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme possédant l'arme nucléaire. Elle possède d'ailleurs le plus vaste arsenal nucléaire au monde avec plus de 16 000 têtes nucléaires[14] dont 3 500 sont opérationnelles. Au cours de son histoire, l'URSS aura produit quelque 50 000 têtes nucléaires.
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Après la chute de l'URSS, malgré la baisse des effectifs et du budget, l'armée russe reste une armée de premier plan à l'échelle mondiale.
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La Russie est en tête des exportations d'armes, devant la France (5,2 milliards de dollars) et derrière les États-Unis (26,9 milliards de dollars) avec un excédent de 7,2 milliards de dollars américains, émanant de son secteur de l'armement[15]. Les principaux clients de la Russie sont l'Inde et la Chine en tête, puis notamment l'Iran, le Venezuela et l'Algérie[16],[17].
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La Russie doit se protéger contre diverses « menaces » : indépendantistes au sein de la Russie, rivalités avec ses voisins de l'Ouest, d'Asie Mineure, du Japon, de Mongolie et de Chine. Elle surveille de près les détroits turcs pour accéder à la Méditerranée, le « verrou » danois pour accéder à l'océan Atlantique et à l'Est, le « verrou » japonais pour l'océan Pacifique, et l'Arctique notamment pour le pétrole[18].
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Articles détaillés : Géopolitique de la Russie, Communauté des États indépendants, Organisation du traité de sécurité collective, Communauté économique eurasienne, Communauté économique centre-asiatique et Union de la Russie et de la Biélorussie.
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Voir aussi : Armée impériale russe, Armée rouge, Marine soviétique, Spetsnaz, Marine russe, VVS, Relations entre la Russie et l'Union européenne.
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De l'égalité initiale, en l'an 1000, avec l'Europe, le PIB par habitant russe n'a cessé de fléchir. Les Mongols rassemblés sous Gengis Khan ruinent son économie au XIIIe siècle. Les tsars fondent un empire fondé sur la puissance militaire et le féodalisme mais ne peuvent « rattraper » le retard pris sur l'Europe. Les efforts entrepris par Moscou ont permis à l'époque soviétique quelques rebonds au XXe siècle, vite retombés lors de la dislocation de l'URSS, le PIB par habitant russe n'atteignant que 50 % du PIB franco-allemand et 40 % du PIB américain au début du XXIe siècle[20]. De son passé soviétique, la Russie a hérité d'une industrie métallurgique lourde puissante et concurrentielle, d'un savoir-faire pointu dans les domaines de l'aéronautique, de l'armement et de l'énergie.
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La Russie fait partie des pays économiquement développés : PIB de 2 056 milliards de $ en 2010 (nominatif), 2 097 milliards de $ (en parité de pouvoir d'achat[21], 7e rang en 2007). Son économie est marquée par le poids des industries extractives : gaz naturel (1er producteur et exportateur mondial), pétrole (1er producteur)[22], charbon (6e pays producteur), métaux non ferreux.
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L'agriculture, longtemps handicapée par la collectivisation des exploitations agricoles sous le régime soviétique, malgré le labourage des terres vierges dans les années 1970, composant avec un environnement naturel globalement peu favorable et immense, est structurellement déficitaire (déficit en valeur de 10 milliards de $). Mais la Russie peut être considérée comme une puissance agricole forte – la Russie est le premier producteur mondial d'orge, de framboise, de groseille. Elle est aussi un gros producteur de betterave, de blé et de pomme de terre.
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La répartition du PIB (secteur primaire 7 % – secondaire 37 % – tertiaire 56 %) reflète la montée en puissance des services.
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Le fonctionnement de l'économie russe a subi des transformations radicales après les réformes entamées par Gorbatchev dans la 2e moitié des années 1980 (perestroïka), caractérisées par le passage d'une économie planifiée (dont l'ensemble des moyens de production étaient contrôlés par l'État) à un mode de fonctionnement basé sur l'économie de marché.
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Ce processus de transformation est à l'origine d'une crise économique profonde, culminant avec la crise financière en 1998, dont la Russie s'est progressivement relevée depuis : le PIB a retrouvé en 2007 son niveau de 1990. L'évolution du prix des matières premières a grandement favorisé la reprise économique amorcée en 1998. Avec une croissance du PIB supérieure à 6 % en moyenne depuis cette date, l'État russe a pu régler par anticipation les emprunts contractés au plus fort de la crise financière et ramener la dette publique à 8 % fin 2007.
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L'inflation est désormais contenue (6,1 % en 2011 contre 36,5 % en 1999). La Russie s'est constituée la troisième réserve de change du monde (504 milliards de $ en février 2012) grâce à une balance des paiements excédentaire de 10 % du PIB durant cette période. Le budget de l'État, régulièrement excédentaire grâce à une gestion prudente de la manne financière constituée par des rentrées fiscales plus efficaces et au prix assez élevé des hydrocarbures, a permis la constitution en 2004 d'un fonds de stabilisation qui se montait à 130 milliards de dollars en septembre 2007. L'État russe a retrouvé des moyens financiers permettant de lancer des projets d'envergure (infrastructures, soutien à l'investissement).
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Des secteurs importants de l'industrie russe sont, depuis la libéralisation de l'économie, confrontés à la concurrence des entreprises étrangères : celle-ci n'est freinée que dans des domaines jugés stratégiques (construction automobile, ressources minières et énergétiques, industrie de l'armement). La Russie reste le premier exportateur mondial d'armes (avions de chasse, sous-marins, etc.). Mal préparée, l'industrie légère russe a vu ses parts de marché fondre sur le marché national. Le phénomène touche également des industries de pointe comme la construction aéronautique. Les exportations sont désormais en grande partie composées de produits à faible valeur ajoutée (hydrocarbures et métaux représentaient en 2005 82 % des exportations en volume et non en valeur[23]). La croissance de cette économie peu diversifiée est très sensible aux évolutions du prix des matières premières.
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Le PIB par habitant s'élevait en 2007 à 12 200 $ et le taux de chômage à 6,6 % (2006). Mais ce PIB est très inégalement réparti. La libéralisation de l'économie a accentué un phénomène qu'avait jusqu'à présent contrebalancé le régime socialiste. La richesse s'est plutôt concentrée au cours de la décennie dans quelques régions favorisées : les deux métropoles de Moscou et Saint-Pétersbourg, les régions sibériennes où sont situées les gisements d'hydrocarbures et quelques régions industrielles (Tatarstan, Iekaterinbourg, Samara, etc.). La ville de Moscou concentre à elle seule 22 % du PIB russe[24].
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Le taux de TVA est rehaussé de 18 % à 20 % en 2019[25].
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Les statistiques officielles de la fédération de Russie reconnaissent trois formes d'exploitations agricoles. Les organisations agricoles, les fermes privées et les lopins de terre. La culture du blé et des pommes de terre en représente une large part. La Russie est cinquième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis, car elle a très fortement augmenté ses récoltes entre 2012 et 2016.
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L'élevage porcin et de volaille est également très répandu. En revanche, l'élevage de bovins est essentiellement destiné à la production laitière[réf. nécessaire]. La betterave sucrière est également une réussite du secteur agricole. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa huitième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[26], grâce à une progression de près d'un cinquième des volumes de betterave récoltés.
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Les conditions climatiques de la Russie ne lui permettent une mise en culture de ses terres que sur une période relativement courte (environ sept mois de l'année). La dimension de sa surface agricole utilisée et le facteur climatique permettent sans doute d'expliquer que son agriculture est plutôt extensive qu'intensive.
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Les variations paysagères et structurales de l'espace agricole russe se fait largement suivant un gradient nord-sud définit essentiellement par le climat. Cette variation régionale est visible par le degré de mise en culture du territoire, par la densité de population et par la taille des bourgs.
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L'adaptation de la Russie à l'économie de marché et la fin de l'exploitation agricole uniquement par les kolkhozes provoque un exode rural auquel les autorités tentent de faire face.
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La Russie est riche en ressources énergétiques. Elle possède les plus grandes réserves de gaz naturel du monde (32 % des réserves prouvées, 23 % des réserves probables), ainsi que les deuxièmes plus grandes réserves de charbon (10 % des réserves prouvées, 14 % des réserves probables), les huitièmes pour le pétrole (12 % des réserves prouvées, 42 % des réserves probables), et 8 % des réserves prouvées d'uranium[27].
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La production d'énergie de la Russie atteignait en 2011[28] un total de 1,31 milliard de Tep, dont 42 % pour le gaz naturel, 39 % pour le pétrole, 14 % pour le charbon ; le nucléaire (3,5 %) et les énergies renouvelables pèsent peu à côté de ces mastodontes, bien que la Russie compte plusieurs centrales hydroélectriques et nucléaires parmi les plus puissantes du monde.
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La Russie était en 2012 le 2e producteur de pétrole et de gaz naturel du monde, 6e pour le charbon, 3e producteur d'électricité nucléaire en 2011 et 5e pour l'hydroélectricité[29].
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Une part importante (45,6 %) de cette énorme production est exportée : 48 % du pétrole, 30 % du gaz naturel et 45 % du charbon ; la Russie était en 2011 le 2e exportateur de pétrole du monde et en 2012 le 1er exportateur de gaz naturel et le 4e de charbon[28].
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La consommation d'énergie de la Russie est très élevée : 5,15 Tep par habitant en 2011 (France : 3,88) et les émissions de gaz à effet de serre de la Russie étaient de 11,65 tonnes de CO2 par habitant (France : 5,04 tCO2/hab ; États-Unis : 16,94 tCO2/hab ; Chine : 5,92 tCO2/hab)[29].
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La compagnie des chemins de fer russes (RJD) connecte toutes les villes importantes de Russie.
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Le Transsibérien est le plus célèbre des trains russes. Le train rapide Allegro relie Helsinki à Saint-Pétersbourg depuis 2010. Le réseau ferroviaire régional se nomme « Elektritschka ».
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Principales plates-formes de correspondances :
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Compagnies aériennes :
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La population de la Russie s'établit approximativement à 146,78 millions d'habitants en 2019[1], avec un taux d'urbanisation élevé (73 % de la population). La densité est de 8,5 hab./km2, mais la population est très inégalement répartie sur le territoire : de 26,9 en Russie d'Europe (Oural compris) elle tombe à 2,5 en Russie d'Asie. L'urbanisation tend à dépeupler la « Russie profonde » au profit de grandes métropoles et plus particulièrement des villes de la Russie européenne.
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Après la Seconde Guerre mondiale, qui avait entraîné la mort d'environ 27 millions de personnes[30] (civils et militaires), la population avait retrouvé son niveau d'avant-guerre en 1955 (111 millions), puis s'était accrue de près de 35 % en atteignant son maximum en 1992 (148,7 millions). Cependant plusieurs phénomènes sont venus modifier cette dynamique démographique dont la plus importante est sans doute la « normalisation » de la fécondité russe qui a effectué à compter de 1988 sa transition démographique et présente désormais un taux de natalité proche de celui des autres pays d'Europe de l'Est, c'est-à-dire très bas.
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La population de la Russie augmente depuis 2009 du fait de l'immigration, d'une hausse de la natalité et d'une baisse de la mortalité. En 2013, le taux de natalité s'établit à 13,3 ‰ tandis que le taux de mortalité s'élève à 13,1 ‰. L'indice de fécondité est de 1,7 enfant par femme. Depuis 2007, pour enrayer la diminution de la population, l'administration Vladimir Poutine octroie un capital maternité de 267 500 roubles (environ 6 300 euros) à la naissance du second enfant. Depuis 2019, la population russe rebaisse.
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Le déficit naturel est en partie compensé par des flux migratoires en provenance des pays issus de l'éclatement de l'URSS. L'immigration, qui était dans les années 1990 essentiellement le fait de russophones, a aujourd'hui des origines plus mélangées (immigration chinoise et ouzbek)[réf. nécessaire]. En 2008, la Russie comptait quelque 10 millions d'immigrés[31]. La crise économique, l'augmentation du chômage et la redéfinition de l'identité russe provoquent une montée de la xénophobie dans le pays : 74 meurtres à caractère racistes ont été recensés en 2007, 114 en 2008[31], ce qui est à mettre en perspective avec les statistiques inférieures des autres pays européens connaissant désormais eux aussi ce phénomène. Par ailleurs, le courant d'émigration en direction d'Israël, des États-Unis et de l'Allemagne, très important durant les années 1990, s'est aujourd'hui pratiquement tari et fut bien inférieur à certaines prévisions[32].
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L'espérance de vie est inférieure à la moyenne européenne pour les femmes (75 ans) mais l'est surtout pour les hommes : pour ceux-ci l'âge moyen au décès est de 63 ans[33] (inférieur de 9 ans à la moyenne européenne et de 14 ans à la moyenne française[34]) soit un taux de mortalité de 15 ‰ pour un taux de natalité est de 9 ‰. L'espérance de vie a connu une chute dramatique pendant la période de chaos politique et économique des années 1990, à la suite de la disparition de l'Union soviétique. Cela s'explique par divers facteurs : l'alcoolisme de masse, le suicide, un système de santé déficient qui ne réussit pas à stopper le développement rapide du SIDA et la tuberculose[35]. Ainsi, la Russie a connu pendant la crise de la période de transition quatre fois plus de morts violentes que les États-Unis[35] : en effet, elle se classait à l'époque au deuxième rang mondial pour les homicides (28,4 pour 100 000 habitants en 2000[36]) et troisième pour les suicides (38,4 pour 100 000 habitants en 2002[37]). L'arrivée, plus tardive qu'à l'Ouest, de certaines épidémies comme le sida explique aussi la situation : à la fin de 2005, la Russie enregistrait près de 350 000 infections au VIH[38]. L'alcoolisme en Russie était un problème de santé publique de premier plan. Un plan gouvernemental restreignant la vente d'alcool, en augmentant le prix et en interdisant la publicité, a fait baisser la consommation de 43 % entre 2003 et 2016[39],[40]. Cette baisse a contribué à la hausse de l'espérance de vie, qui a atteint un niveau record en 2018, pour s'établir à 78 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes. Au début des années 1990, l'espérance de vie des hommes n'était que de 57 ans[39].Face à cette situation, le gouvernement russe a inscrit dans son programme la mise en place d'une politique nataliste reposant sur des incitations financières pour la naissance des 2e et 3e enfants. Ainsi, en 2009, la population russe a augmenté pour la première fois depuis 1995, sous l'effet conjugué depuis quatre ans d'une remontée de la natalité et d'une baisse de la mortalité[41].
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Après le rattachement de la Crimée à la fédération le 18 mars 2014, la population Russe a subitement augmenté d'environ deux millions d'habitants, portant le total à environ 146,5 millions d'habitants.
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Malgré la faiblesse de la densité moyenne, la Russie est un pays fortement urbanisé : près des trois-quarts des Russes (73 %) résident en ville, soit 106,5 millions de ses habitants au sein d'environ 1 100 villes et 1 400 bourgs. Quelque 20 % des Russes se concentrent dans des villes de plus d'un million d'habitants et 45 % dans des zones urbaines de plus de cent mille âmes[42].
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Le russe est la langue d'État de la fédération. Par ailleurs 37 langues ont un statut de langue d'État dans les républiques, et 15 autres langues ont un statut officiel. Un grand nombre d'autres langues sont parlées en Russie.
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La Russie compterait en 2014, environ 77 % de croyants (dont 70 % de chrétiens)[43].
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Le dénombrement des pratiquants est toutefois difficile et le CIA Factbook donnait l'évaluation suivante en 2006[8] :
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Le taux d'alphabétisation est très élevé, parmi les plus élevés au monde : 100 % (2003–2008). Les populations n'appartenant pas à l'ethnie russe sont souvent bilingues (exemples : russe et tatar, russe et oudmourte, russe et iakoute, russe et arménien).
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Entre 2003 et 2008, le taux de scolarisation brut pour les hommes et femmes est de 96 % et le taux de scolarisation net est de 91 %. Dans un cadre éducatif, 21 % des enfants scolarisés utilisent un accès à Internet, en 2007. Le taux de suivi en dernière année d'école primaire est de 99 %, entre 2003 et 2008, d'après les données administratives russes. Le taux de scolarisation au secondaire est de 85 % pour les hommes et de 83 % pour les femmes entre 2003 et 2008[44].
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La littérature russe prend son essor à Saint-Pétersbourg avec Alexandre Pouchkine, qui est considéré comme l'un des fondateurs de la littérature moderne russe et est parfois surnommé le « Shakespeare russe ». Parmi les poètes et écrivains russes les plus célèbres figurent Nicolas Gogol, Mikhaïl Lermontov, Fiodor Dostoïevski, Léon Tolstoï et Anton Tchekhov. Les écrivains les plus marquants de la période soviétique sont Boris Pasternak, Alexandre Soljenitsyne, Vladimir Maïakovski, Mikhaïl Cholokhov et les poètes Evgueni Evtouchenko et Andreï Voznessenski.
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Un grand nombre de groupes ethniques vivant en Russie ont des traditions folkloriques très variées. La musique russe du XIXe siècle est caractérisée par l'existence de deux courants musicaux : celui représenté par le compositeur Mikhaïl Glinka et ses successeurs, dont le Groupe des Cinq, qui ont inclus des éléments folkloriques et religieux dans leurs compositions et la Société musicale russe dirigée par Anton et Nikolaï Rubinstein aux accents plus traditionnels. La tradition du romantisme tardif incarnée par Tchaïkovski ou encore Nikolaï Rimski-Korsakov (bien qu'également successeur de Glinka), fut prolongée au XXe siècle par Sergueï Rachmaninov, l'un des derniers grands compositeurs de musique romantique.
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Les compositeurs du XXe siècle de renommée mondiale comprennent Alexandre Scriabine, Igor Stravinsky, Sergueï Rachmaninov, Serge Prokofiev et Dmitri Chostakovitch. À l'époque soviétique, la musique était sous surveillance constante du régime, car elle était un moyen d'éduquer les masses socialistes, et elle ne devait pas être influencée, selon la propagande officielle, « par la décadence bourgeoise ». Les conservatoires de Russie ont produit des générations de solistes de renommée mondiale. Parmi les plus connus figurent les violonistes David Oïstrakh, Leonid Kogan et Gidon Kremer, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, les pianistes Vladimir Horowitz, Sviatoslav Richter et Emil Gilels et la cantatrice Galina Vichnevskaïa.
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Tchaïkovski composa des ballets connus dans le monde entier comme Le Lac des cygnes, Casse-Noisette et La Belle au bois dormant. Au début du XXe siècle, les danseurs russes Anna Pavlova et Vaslav Nijinski devinrent célèbres et les déplacements à l'étranger des Ballets russes influencèrent fortement le développement de la danse dans le monde. Le ballet soviétique a préservé à la perfection les traditions du XIXe siècle et les écoles de chorégraphie de l'Union soviétique ont fait naître de grandes étoiles, admirées partout comme Maïa Plissetskaïa, Rudolf Noureev et Mikhaïl Barychnikov. Le ballet du Bolchoï à Moscou et le celui du Mariinsky à Saint-Pétersbourg sont universellement prisés.
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Alors que le cinéma a souvent été considéré comme une forme de divertissement bon marché à destination des classes populaires, la production cinématographique en Russie a eu dès 1917 un rôle culturel important : immédiatement après la révolution de 1917, le cinéma soviétique a exploré les possibilités et les limites du montage avec par exemple des films comme Le Cuirassé Potemkine. Le régime utilisait cet art pour former les masses, mais il tenta cependant de le faire avec des formes nouvelles et une grande créativité. Des réalisateurs soviétiques comme Sergueï Eisenstein et Andreï Tarkovski marquèrent leur époque et eurent une grande influence sur les cinéastes contemporains. Eisenstein fut l'élève du metteur en scène et théoricien Lev Koulechov, qui mit au point les principes du montage cinématographique dans la première école du cinéma créée au monde, l'institut du cinéma de l'Union à Moscou. En 1932, Staline promulgua le réalisme socialiste soviétique comme fondement de l'art soviétique, ce qui freina la créativité mais beaucoup d'œuvres produites à cette époque sont des réussites artistiques comme Tchapaev, Quand passent les cigognes et la Ballade du soldat.
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Le cinéma soviétique fut en crise dans les années 1980 et 1990. Les réalisateurs russes n'étaient plus obligés d'affronter la censure, mais les réductions des subventions d'État ne leur permettaient de produire qu'un nombre réduit de films. Le début du XXIe siècle quant à lui se caractérisa par un accroissement des entrées en salle et en conséquence une prospérité accrue de l'industrie cinématographique.
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L'art de la vidéo est très populaire dans la Russie moderne. La Russie est l'un des marchés prioritaires pour YouTube[45]. L'épisode le plus populaire de la série animée russe Masha et Michka a plus de 3 milliards de vues[46]. La chaîne « +100500 », qui héberge des critiques de vidéos pour des vidéos amusantes et BadComedian (en), qui fait des critiques pour des films populaires, est particulièrement populaire. De nombreuses bandes annonces de films russes ont été nominées aux Golden Trailer Awards[47],[48]. Beaucoup de vidéos de Nikolay Kurbatov (en), éditeur russe, poète et publiciste, le fondateur de bande-annonce de poétique et de construction de la bande-annonce[49] ont été téléchargés sur les grandes chaînes YouTube, ont été utilisés comme bandes-annonces principales et entrés dans le livre des records[50],[51].
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Voir aussi : Culture russe (catégorie) – Musique russe (catégorie) – Théâtre russe (catégorie) – Cinéma russe (catégorie) – Théâtre russe – Cinéma russe et soviétique
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Depuis la Christianisation de la Rus' de Kiev, l'architecture russe a été influencée par l'architecture byzantine pendant de nombreuses années. Outre les fortifications (kremlins), les principaux bâtiments en pierre de l'ancienne Rus' étaient des églises orthodoxes avec leurs nombreux dômes, souvent dorés ou peints de couleurs vives.
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Aristotile Fioravanti et d'autres architectes italiens ont introduit la mode de la Renaissance en Russie depuis la fin du XVe siècle, tandis que le XVIe siècle vit le développement des églises uniques en forme de tente (chatior) culminant dans la cathédrale Sainte-Basile-le-Bienheureux[52].
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À cette époque-là, la conception du dôme en forme d'oignon, ou clocher à bulble, était complètement développée[53].
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Au XVIIe siècle, le "style ardent" de l'ornementation a prospéré à Moscou et à Iaroslavl, ouvrant progressivement la voie au Baroque Narychkine dans les années 1690. Après les réformes de Pierre Ier le Grand, le changement de style architectural en Russie a généralement suivi celui de l'Europe occidentale.
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Le goût du XVIIIe siècle pour l'architecture rococo a conduit aux œuvres ornées de Bartolomeo Rastrelli et de ses disciples. Les règnes de Catherine II et de son petit-fils Alexandre Ier ont vu fleurir l'architecture néoclassique, notamment à Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie à cette époque. La seconde moitié du XIXe siècle a été dominée par les styles néo-byzantin et néo-russe. Les styles prédominants du XXe siècle étaent l'Art nouveau, le constructivisme russe et l'architecture stalinienne.
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Durant la période stalinienne, la tradition de préservation a été brisée. Les sociétés de préservation indépendantes, même celles qui ne défendaient que des sites séculiers tel l'OIRU basé à Moscou, ont été dissoutes à la fin des années 1920. Une nouvelle campagne antireligieuse, lancée en 1929 coïncident avec le collectivisme agricole ; la destruction des églises dans les villes atteint un sommet vers 1932. Un certain nombre d'églises ont été démolies, dont la Cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.
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À Moscou seulement, les disparitions d'édifices notables de 1917 à 2006 sont estimées à plus de 640 (dont 150 à 200 bâtiments classés, sur un inventaire total de 3 500) - certains ont complètement disparu, d'autres ont été remplacés par des répliques en béton.
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En 1955, un nouveau leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, a condamné les « excès » de l'ancienne académique d'architecture et la fin de l'ère soviétique a été dominé par le fonctionnalisme simple en architecture. Cela a quelque peu aidé à résoudre le problème du logement, mais en créant une grande quantité de bâtiments de faible qualité architecturale, contrastant significativement avec les styles lumineux antérieurs. En 1959, Nikita Khrouchtchev a lancé la campagne antireligieuse. En 1964, plus de 10 000 églises sur 20 000 ont été fermés (principalement dans les zones rurales) et beaucoup ont été démolies. Sur 58 monastères et couvents en activité en 1959, seulement 16 restaient en 1964, sur 50 églises de Moscou en activité en 1959, 30 ont été fermées et 6 démolies.
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Jour férié. Anniversaire de la signature de l’acte de capitulation nazie à l’heure de Moscou (9 mai à 01h01).
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Outre ces jours fériés, il existe un grand nombre de fêtes de corporations (Профессиональные праздники). Ces jours ne sont pas chômés, mais les plus importants sont célébrés officiellement (12 avril : journée de la cosmonautique ; 28 mai : jour des gardes-frontières ; 5 octobre : jour des enseignants ; 10 novembre : jour de la police…).
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Federico Fellini [fedeˈriːko felˈliːni][a] est un réalisateur de cinéma et scénariste italien né à Rimini le 20 janvier 1920 et mort à Rome le 31 octobre 1993.
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Il est l'un des plus grands et célèbres réalisateurs italiens du XXe siècle et l'un des cinéastes les plus illustres de l'histoire du cinéma, au même titre que Charlie Chaplin, Ingmar Bergman, Akira Kurosawa, John Ford, Jean Renoir, Alfred Hitchcock ou encore Orson Welles. Il a gagné la Palme d'or au Festival de Cannes 1960 pour La dolce vita et quatre fois l'Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood (pour La strada, Les Nuits de Cabiria, Huit et demi et Amarcord), un record qu'il partage avec son compatriote Vittorio De Sica.
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Marquée à ses débuts par le néoréalisme, l'œuvre de Fellini évolue, dans les années 1960, vers une forme singulière, liée à la modernité cinématographique européenne à laquelle Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, Alain Resnais, Jean-Luc Godard ou encore Andreï Tarkovski sont rattachés. Ses films se caractérisent alors par le foisonnement des thèmes et du récit, l'artificialité revendiquée de la mise en scène et l'absence totale de frontière entre le rêve, l'imaginaire, l'hallucination et le monde de la réalité[1].
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Le 29 mars 1993, un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, « en appréciation de l'un des maîtres-conteurs de l'écran », lui est attribué par la prestigieuse Académie des arts et sciences du cinéma à Los Angelès[2].
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Issu d'une famille de la petite bourgeoisie de province italienne, Federico Fellini est né dans la station balnéaire de Rimini sur la côte adriatique. Durant sa jeunesse, il est marqué par le pouvoir, l'Église et le fascisme, ce qui se ressentira plus tard dans son œuvre (Amarcord, par exemple). Attiré par le journalisme et le dessin de presse, il s'installe en 1939 à Rome où il est engagé par un hebdomadaire humoristique à grand tirage, Marc'Aurelio où il fait la connaissance de Giulietta Masina[3].
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Il fait ses grands débuts au cinéma comme script et assistant-scénariste de Roberto Rossellini pour le film Rome, ville ouverte (Roma, città aperta) en 1945. Si cette collaboration dure plusieurs années, Fellini travaille également aux côtés de Pietro Germi (Au nom de la loi, In nome della legge en 1948) et Alberto Lattuada (Sans pitié, Senza pietà en 1948). C'est avec ce dernier qu'il signe sa première véritable réalisation pour le cinéma : Les Feux du music-hall (Luci del varietà) en 1951, une œuvre, certes, fortement influencée par le courant néoréaliste, notamment pour sa peinture de l'Italie d'après-guerre, mais qui s'avère déjà très personnelle tant par le style que les thèmes évoqués : les artistes itinérants, la vie de bohème, les spectacles fauchés, les querelles de personne ou de cœur ridicules et les préoccupations quotidiennes futiles[3].
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En 1952, il assure seul la réalisation de la comédie Le Cheik blanc (Lo Sceicco bianco), dont le scénario développe un sujet pensé avec Michelangelo Antonioni, puis il tourne en 1953 Les Vitelloni (I Vitelloni) qui évoque le parcours de cinq jeunes oisifs, vivant aux crochets de leurs parents. Ce film impose définitivement l'univers fellinien[2].
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C'est avec La strada, en 1954, que Federico Fellini obtient son premier succès international. Dans ce film, comme dans Il Bidone en 1955 et dans Les Nuits de Cabiria (Le Notti di Cabiria) en 1957, il met en vedette sa femme, Giulietta Masina. Dans La strada, elle joue le rôle de Gelsomina, une jeune fille simplette confiée à Zampanò (Anthony Quinn), un briseur de chaînes ambulant qui la brutalise et dans Les Nuits de Cabiria celui de Cabiria, une prostituée courageuse, mais naïve. Ces films restent encore fidèles à la thématique néoréaliste (description du petit peuple italien, des marginaux et de la vie de misère), mais s'en écartent en grande partie par leur regard poétique, mélancolique et onirique[3].
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La dolce vita en 1960, qui prend le milieu mondain de Rome et les dessous de la presse à scandale en toile de fond[4], obtient la Palme d'or au Festival de Cannes. Ce film est un tournant décisif et marque sa rupture avec le néoréalisme. Il impose définitivement ce que la critique appelle, souvent à tort et à travers, le baroque fellinien qui définit les personnages (exubérants, extravagants, grotesques, difformes - caricatures vivantes, proches de la commedia dell'arte) et la narration (fragmentée, digressive ou circulaire, sans réelle progression dramatique). L'esthétique de Fellini cherche dès lors à alterner décor et lumière naturels, scénographie ostensiblement artificielle (stucs, plastique etc.), éclairage stylisé. Les maquillages et les costumes sont ostentatoires, de nombreux motifs carnavalesques sont déployés et chaque séquence tend vers la théâtralisation. Le traitement du temps prend également une forme inédite : le réel et l'imaginaire, le rêve et la banalité quotidienne, le fantasme, l'hallucinatoire et l'univers familier ou encore le souvenir et le temps présent se confondent allègrement dans une mosaïque de visions hétérogènes. Les thèmes deviennent plus ciblés : le chaos, les ruines de la civilisation, la décadence, la rupture temporelle, la parade sociale, les images d'enfance idéalisées ou fantasmées, l'angoisse métaphysique et l'évocation dramatico-bouffonne de l'Histoire[3].
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L'énorme succès de La dolce vita, dont la musique lancinante signée Nino Rota et l'image légendaire d'Anita Ekberg déambulant dans la fontaine de Trevi font le tour du monde, lui permet de réaliser, trois ans plus tard, son film le plus personnel et le plus ambitieux, Huit et demi (Otto e mezzo). En livrant ainsi ses angoisses d'artiste en mal d'inspiration, ses délires et ses fantasmes de cinéaste à travers Marcello Mastroianni, son alter ego, Fellini propose une réflexion passionnante et dense sur la création artistique[3]..
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En 1962, il réalise aussi un sketch de 52 minutes pour le film collectif Boccace 70, Les Tentations du docteur Antonio, sur l'obsession ambigüe d'un bigot pour une publicité représentant une femme sensuelle et alanguie, interprétée de nouveau par Anita Ekberg[2].
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Il doit en 1966 tourner Le Voyage de Mastorna pour Dino De Laurentiis mais se heurte rapidement à celui-ci. De Laurentiis tente d'imposer un cinéma industriel à l'américaine et Fellini ne supporte pas de travailler dans des studios usines où les employés pointent. Il n'admet pas non plus que l'on exige de lui un scénario définitif avant le tournage. Au moment de la distribution, il souhaite se séparer des deux vedettes engagées, Marcello Mastroianni et Raquel Welch, ce que De Laurentiis refuse. Ce dernier décide alors de rompre. Le film est alors annulé. L'affaire fait débat. Des huissiers tentent de saisir des tableaux de la villa de Fellini à Fregene, une action est intentée en justice pour obtenir le blocage de son compte en banque et un document des syndicats des producteurs interdit à l'ensemble de ses membres de traiter avec lui tant que l'affaire n'est pas réglée[5].
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Avec son portrait de femme de la bourgeoisie italienne délaissée par son mari, incarnée par Giulietta Masina, dans Juliette des esprits qui mêle intimisme, mythologie et onirisme, puis la démesure de son Satyricon, d'après l'œuvre de Pétrone, Fellini est désormais débarrassé de l'héritage néoréaliste ; il plonge dans ses souvenirs d'enfance avec Les Clowns (I Clowns) en 1970, téléfilm sorti aussi dans les salles de cinéma, avec des clowns célèbres à l'époque comme les Colombaioni, Fellini Roma en 1972 et surtout avec Amarcord en 1973, qui évoque son adolescence à Rimini, sa ville natale. La Romagne de Fellini rappelle celle de Antonio Beltramelli, né à Forlì, comme on la trouve dans Gli uomini rossi ou Il Cavalier Mostardo[3]..
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Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Federico Fellini) en 1976, renoue avec le baroque du Satyricon ; et Fellini retrouve sa veine intimiste dans un nouveau téléfilm, également exploité dans les salles de cinéma, Répétition d'orchestre (Prova d'orchestra) en 1979[3]. .
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Les années 1980 s'ouvrent sur La Cité des femmes (La Città delle donne), parabole sur la guerre des sexes et la communication rompue entre hommes et femmes. Suivent Et vogue le navire… (E la nave va…) en 1983, opéra funèbre, Ginger et Fred (Ginger e Fred) en 1986, satire féroce de la télévision commerciale et Intervista en 1987, un hommage au cinéma où il fait se retrouver Marcello Mastroianni et Anita Ekberg presque trente ans après La dolce vita[3].
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C'est avec La voce della luna, en 1990, un film au climat crépusculaire que se clôt l'activité cinématographique de Fellini[6].
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Lors des funérailles d'État à Rome auxquelles il a droit, le célèbre trompettiste italien Mauro Maur joue L'improvviso dell'angelo de Nino Rota[7].
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Fellini trouve en Marcello Mastroianni un véritable « double cinématographique ». Ils collaboreront sur de nombreux films : La dolce vita, Huit et demi, Bloc-notes d'un cinéaste, La Cité des femmes , Ginger et Fred et Intervista[2].
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Fellini fait la connaissance de Nino Rota alors qu'il travaille sur son second long métrage, Le Cheik blanc. Ce sera le début d'une collaboration ininterrompue jusqu'à la mort du compositeur et qui reste l'une des plus célèbres du cinéma : Les Vitelloni, La strada, La dolce vita, Amarcord… La bande sonore de Huit et demi est souvent citée en exemple dans la manière dont la partition enrichit le sens et l'émotion de la mise en scène fellinienne à laquelle elle apporte une certaine « cohérence »[8]. La dernière participation de Rota pour Fellini date de Répétition d'orchestre[9]. Après son décès, Fellini trouve en Nicola Piovani un nouveau compositeur fétiche pour ses dernières œuvres : Ginger et Fred, Intervista et La voce della luna[2].
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Federico García Lorca est un poète et dramaturge espagnol, également prosateur, peintre, pianiste et compositeur, né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros près de Grenade et exécuté sommairement le 19 août 1936 entre Viznar et Alfacar par des milices franquistes.
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Federico García Lorca, de son nom complet : Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca (« Frédéric du Sacré Cœur de Jésus García Lorca »), est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants nés de Federico García Rodríguez (1859-1945), propriétaire terrien aisé, et de Vicenta Lorca Romero (1870-1959), maîtresse d'école, qu'il avait épousée en secondes noces (de son premier mariage avec Matilde Palacios Ríos, il n'avait eu aucun enfant[1]). En 1900 naît son premier frère Luis, qui mourra de pneumonie à deux ans[2]. Viendront ensuite : son frère Francisco[3] (1902-1976, poète, historien de la littérature, professeur et diplomate, membre comme son aîné du mouvement littéraire de la Génération de 27), et ses sœurs María de la Concepción (Concha ou Conchita, 1903-1962[2],[4],[5]), puis Isabel[6] (1909-2002, elle aussi professeure et écrivaine)[2]. La mère de Federico possédait une sensibilité affirmée à la poésie et à la musique, et contribuera à former le goût de ses enfants[7],[8].
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Federico passe son enfance à la campagne, près de Grenade où son père possède une grande propriété, la Huerta de San Vicente. Revenant sur cette période de sa prime enfance, il déclarera en 1934 à Buenos Aires dans une interview : « Enfant j’ai vécu de plain-pied avec la nature. Comme tous les enfants, j’attribuais (conférais) à chaque chose, meuble, objet, arbre, pierre, sa personnalité. Je conversais avec eux, et je les aimais[9] ». Cette sorte d'animisme infantile est fréquent[10], mais chez Lorca, il resurgira par bouffées créatives dans sa poésie et son théâtre. D'ailleurs, beaucoup plus tard, même après avoir beaucoup voyagé et avoir vécu de longues périodes en ville, notamment à Madrid, Federico se souviendra à quel point la vie et l'ambiance rurales de la Vega de Granada l'avait imprégné et avait influencé son œuvre :
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« J’aime la terre. Je me sens lié à elle dans toutes mes émotions. Mes plus lointains souvenirs d’enfant ont la saveur de la terre. Les bestioles de la terre, les animaux, les gens de la campagne, inspirent, suggèrent de secrets messages qui parviennent à très peu d’entre nous. Je les capte aujourd’hui avec le même esprit que celui de mes plus jeunes années. Sans cela, je n’aurais jamais pu écrire Noces de sang[11]. »
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C'est pourtant sans complaisance aucune envers lui-même et le petit garçon qu'il était qu'il interprète sa position sociale de premier-né d'une famille aisée, adulé par sa famille et tout son entourage : en 1928, dans une interview publiée dans La Gaceta Literaria (« La Gazette Littéraire ») d’Ernesto Giménez Caballero, il a en effet résumé ainsi ses premières années à Fuente Vaqueros : « Mon enfance est traversée par l’obsession d’être de ceux qui sont couverts d’argent, ainsi que celle de quelques portraits de cette autre femme qui aurait pu être ma mère, Matilde Palacios [NdT : la première épouse de son père, morte sans enfant]. Mon enfance c’est surtout apprendre les lettres et la musique avec ma mère, être un gosse de riches parmi le peuple, un petit monsieur impérieux[12]. »
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C’est d’ailleurs à Fuente Vaqueros que Lorca éprouve pour la première fois le sentiment de l’injustice sociale : dans Mi amiguita rubia (« Ma petite amie blonde »), chapitre de Mi pueblo (à la fois « Mon village » et « Mon peuple », écrit en 1915-1916[2]), Federico se remémore l’histoire d’une famille pauvre de Fuente Vaqueros, et en particulier, de la mère qu’il qualifie de « martyr de la vie et du travail[12] ».
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Federico commence l’école à quatre ans avec son maître des premières classes, Antonio Rodríguez Espinosa, à qui l’unira dès lors une amitié qui durera toute sa vie[12].
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Vers l’âge de huit ans, l’enfant qu’il est alors déménage avec sa famille, laquelle s’installe à Asquerosa, petit village depuis rebaptisé Valderrubio. Comme le dit Jocelyne Aubé-Bourligueux : « de santé fragile, mais habitué à vivre librement en pleine campagne, il est depuis sa naissance très entouré de soins par les femmes de son entourage (sa grand-mère Isabel Rodríguez, ses tantes dont la "tía Isabel", ses nourrices, comme la fameuse Dolores) qui veillent sur lui avec tendresse (...) l’initiant, les unes au solfège, à la guitare, ou aux poèmes de Victor Hugo, les autres à la culture orale des berceuses ou des vers de romances. Il pourra bientôt en faire de petits spectacles, par lui créés à travers son premier vrai jouet : un théâtre de marionnettes miniature[7] ». Les vieux tissus et vêtements conservés dans les malles du grenier serviront à vêtir la troupe des personnages de carton et de chiffon, cousus avec sollicitude sur ses instructions par ses tantes, cousines et nourrices qui l'adoraient, pour les saynètes qu'il imagine et fait jouer, ou encore les messes avec sermons qu'il invente en un rituel larmoyant[8]ǃ Cet amour du théâtre de marionnettes ne le quittera jamais et nourrira son imagination de futur dramaturge. De même que son amour précoce pour la musique, comme l'évoque sa mère Vicenta Lorca qui avait pris conscience très tôt des talents de son fils aîné : « avant même de parler, il fredonnait déjà les chansons populaires et s'enthousiasmait pour la guitare[8] ».
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Puis il est d’abord envoyé par sa famille à Almería, pour y commencer des études secondaires, logé chez son instituteur Antonio Rodríguez Espinosa : bref séjour interrompu par une grave maladie de gorge qui le met à l’article de la mort et l’oblige à rentrer d’urgence chez ses parents. En 1909, sa famille s’installe définitivement à Grenade, où il reprend ses études secondaires et deviendra bachelier en 1914[7].
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Il suit ensuite des études de lettres, de philosophie et de droit à l'université de Grenade, surtout « pour faire plaisir à son père[13], mais c’est vers la musique que va d’abord sa passion, accompagnée du rare talent qui est le sien[7] ». Dès l’âge de dix ans, il avait travaillé le piano et l’harmonie avec son vieux maître don Antonio Segura, disciple de Verdi. Plus tard il « composera brillamment pour sa part, se faisant entendre de ses amis du Rinconcillo[14], qu’il enchante de ses improvisations à longueur de nuits[7] ». C'est à l'université de Grenade qu'il devient l'ami de Manuel de Falla qui exerce une forte influence sur lui[15]. En 1922, les 13 et 14 juin, il organise en lien avec lui le premier Concurso de Cante Jondo de Granada (es) (Concours de Cante Jondo de Grenade).
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Après plusieurs années passées à Grenade, il décide d'aller vivre à Madrid pour rencontrer le succès[15].
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Il y devient l'ami de Luis Buñuel, Salvador Dalí, Rafael Alberti, José Bergamín, Guillermo de Torre et Sánchez Mejías, parmi ceux qui deviendront des artistes influents en Espagne[15]. Il avait fait aussi la rencontre, décisive pour lui, de ses grands devanciers de la Generación del 98 (Génération de 98), les poètes Antonio Machado et Miguel de Unamuno, rencontre qu'il raconte dans son premier livre publié en 1918: Impresiones y paisajes (« Impressions et paysages »), dont son ami Ismael de la Serna illustre la couverture[16] et lui fait rencontrer Emilia Llanos[17], l'une des "muses" du café Alameda. C'est aussi entre 1919 et 1921 qu'il fait la rencontre d'un autre de ses grands prédécesseurs dont il a reconnu sans partage l'influence sur sa pensée et sur son écriture : Juan Ramón Jiménez[2],[7], de la génération de 14 et futur Prix Nobel de Littérature 1956. Lui et son épouse, Zenobia Camprubí, feront partie du cercle d'amis qui fréquente la Huerta de San Vicente[18]. Il se liera d'amitié aussi avec des poètes plus jeunes que lui : Gabriel Celaya et Pablo Neruda[19]. D'ailleurs, Lorca sera l'un des représentants les plus éminents de Generación del 27 (Génération de 27), à laquelle appartenaient nombre de ses amis poètes, comme une relève de celle de 98.
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À Madrid, il rencontre aussi Gregorio Martínez Sierra, le directeur du Teatro Eslava (es), à l'invitation duquel il écrit et met en scène sa première pièce en vers, El maleficio de la mariposa (Le Maléfice du papillon), en 1919-1920. Elle met en scène l'amour impossible entre un cafard et un papillon, avec de nombreux insectes en support. Elle est malheureusement l'objet de moquerie du public, et s'arrête après quatre représentations. Cela refroidit la passion de Lorca pour le théâtre pour le reste de sa carrière, il se justifie plus tard en 1927 au motif que Mariana Pineda, drame patriotique, était sa première pièce véritable. C'est aussi son premier grand succès au théâtre, peu après son accession à la célébrité avec la publication à Malaga, en 1927, de ses Chansons[15].
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Pendant les quelques années qui suivent il s'implique de plus en plus dans son art et dans l'avant-garde espagnole. Il publie trois autres recueils de poèmes, dont Romancero Gitano (1928), son recueil de poèmes le plus connu[15].
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Cependant, vers la fin des années 1920, Lorca est victime d'une dépression, exacerbée par une angoisse due à la difficulté grandissante de cacher son homosexualité à ses amis et sa famille. Cette disparité entre son succès comme auteur et la souffrance de sa vie privée atteint son paroxysme lors de la collaboration des deux surréalistes, Dalí et Buñuel, pour le film Un chien andalou (1929) que Lorca interprète, comme une allusion, voire une attaque à son encontre. En même temps, sa relation intense, passionnée, mais non réciproque, avec Salvador Dalí s'effondre quand ce dernier rencontre sa future épouse. Consciente de ces problèmes (mais peut-être pas de leurs causes) la famille de Lorca s'arrange pour lui faire faire un long voyage aux États-Unis d'Amérique en 1929-1930[15] ce qui permettra au poète de prendre du recul après sa séparation récente d'avec le sculpteur Emilio Aladrén[20] et d'écrire le chef d'oeuvre Poeta en Nueva York[21].
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Son retour en Espagne en 1930 coïncide avec la chute de la dictature de Miguel Primo de Rivera et la proclamation de la République. En 1931, Lorca est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca, dont la mission est de faire des tournées dans les provinces essentiellement rurales pour présenter et diffuser le grand répertoire classique espagnol[15] au plus grand nombre, et notamment auprès des couches sociales les plus déshéritées qui n'y ont habituellement pas accès[22]. C'est ainsi que La Barraca monte, sous la direction de Lorca, des pièces de Lope de Vega, Calderón de la Barca, Tirso de Molina et Cervantes[15]. Comme l'écrit Claude Couffon, l'un de ses traducteurs en français, dans sa préface à "Impressions et Paysages", La Barraca était « un théâtre du peuple, ambulant et gratuit[23] ». Il écrit alors la trilogie rurale de Bodas de sangre (« Noces de sang »), Yerma et La casa de Bernarda Alba (La Maison de Bernarda Alba)[15]. En 1933-1934, son théâtre rencontre un grand succès, notamment lors d'une tournée triomphale de « Noces de sang » en Amérique latine[15] d'octobre 1933 à mars 1934[24].
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Selon Claude Couffon, « depuis longtemps violemment anti-fasciste (il a signé dès 1933 un manifeste contre l'Allemagne d'Hitler), García Lorca salue la victoire du Front Populaire en 1936 [en France] »[23]. Quand la Guerre civile espagnole éclate en juillet 1936, il quitte Madrid pour Grenade, malgré les risques qu'il court dans une ville réputée pour avoir l'oligarchie la plus conservatrice d'Andalousie. Un soulèvement franquiste éclate justement à Grenade où il vient d'arriver. Ses idées et son personnage étaient connus de tous, et « bien que n'ayant jamais participé à la moindre action politique [au sens strict du terme], il est arrêté chez le poète Luis Rosales, où il a cherché un refuge clandestin » (Robert Maillard[15]). Rosales était phalangiste, mais cette protection est insuffisante : Ramon Ruiz Alonso, député de la CEDA, vient arrêter Lorca près d'un mois après le soulèvement[25]. « Arrêté le 16 août, il est fusillé le 19 tout près de la Fuente Grande [lieu-dit "la Grande Fontaine"], que les Maures appelaient [joliment et en prémonition...] la "Source aux Larmes" » (Claude Couffon[23]).
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La date et le lieu exacts de sa mort ont fait l'objet d'une longue polémique, mais il semble définitivement établi que Federico García Lorca a été fusillé à 4 h 45 du matin le 19 août, sur le chemin qui va de Víznar à Alfacar par des rebelles anti-républicains[26]. Son corps serait toujours enterré dans une fosse commune anonyme, quelque part dans la zone, aux côtés du cadavre d'un maître d'école, Dióscoro Galindo, et ceux des anarchistes Francisco Galadí et Joaquín Arcollas, exécutés en même temps.
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Le régime de Franco décide l'interdiction totale de ses œuvres jusqu'en 1953, quand Obras completas est publié dans une version très censurée.
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L'un des premiers hommages à García Lorca est l'œuvre pour orchestre de chambre de Silvestre Revueltas, compositeur Mexicain, intitulée Homenaje a Federico García Lorca (« Hommage à Federico García Lorca », 1936). L'œuvre fut jouée au Palais des beaux-arts de Mexico.
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En 1956, on érige le premier monument à García Lorca. C'est bien sûr loin de l'Espagne de Franco, dans la ville de Salto, en Uruguay, grâce à l'initiative de son ami américain, l'écrivain Enrique Amorim. Sur la rive du fleuve Uruguay, un mur porte le poème d'Antonio Machado qui regrette la mort de García Lorca à Grenade.
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Ce n'est qu'avec la mort de Franco en 1975 que la vie et la mort de Lorca peuvent être évoqués librement en Espagne. De nos jours, une statue de Lorca est en évidence sur la place Sainte-Anne à Madrid, un parc porte son nom à Séville, le parc Federico García Lorca.
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En France, le Jardin Federico-García-Lorca, sur les quais de la Seine (bas du quai de l'Hôtel-de-Ville) à Paris, dans le quartier du Marais, ou la médiathèque Federico Garcia Lorca à Montpellier[27] ainsi qu'aux États-Unis une plaque sur le Castro Rainbow Honor Walk[28], à San Francisco, dans le quartier du Castro lui rendent aussi hommage. De même, la chanson Take this waltz[29] extraite de l'album I'm Your Man de Leonard Cohen en 1988, adaptée par Cohen à partir d'un texte de García Lorca, est considérée comme un hommage du poète et chanteur canadien au grand poète martyre andalou ; d'ailleurs, une des filles de Leonard Cohen porte le prénom inhabituel de "Lorca" (voir la section Ses compagnes de l'article consacré au chanteur) : Lorca Cohen, née en 1974[30]. L'écrivaine Annemarie Prins écrit la pièce Een zaak Lorca is ons niet bekend en 1965, pièce qui traite de la mort du poète[31].
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Léo Ferré, au sujet de Franco dans sa chanson Franco la muerte, écrite en 1964, chantera : « T'es pas Lorca, mais sa rature ! ».
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Jean Ferrat lui rend hommage en décembre 1960 dans sa chanson "Federico García Lorca", pour laquelle Claude-Henri Vic compose la musique, et c'est inhabituel, tandis que Ferrat signe le texte (ce qui en indique l'importance pour lui). De même, Ferrat met en musique en 1967 le poème d'Aragon Un jour, un jour dont les deux premiers quatrains se présentent aussi comme un hommage à Lorca (extrait du recueil Le Fou d'Elsa) :
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« Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime / Sa protestation ses chants et ses héros / Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux / A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
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Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu / Emplissant tout à coup l'univers de silence / Contre les violents tourne la violence / Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
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[Refrain] : Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
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En 1977, Louis Le Brocquy réalisa son portrait (Paris, galerie Jeanne Bucher en 1979)[32].
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L'écrivain chilien, Pablo Neruda, lui rend également hommage dans son poème "J'explique certaines choses", publié dans le recueil España en el corazón.
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À Grenade, la Huerta de San Vicente, dans le parc Federico García Lorca, est devenu une maison-musée, grâce au leg d'Isabel García Lorca.
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La recherche de la dépouille du poète a été l'une des obsessions d'Agustín Penón, l'un des spécialistes de son assassinat[33].
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La fosse dans laquelle reposerait le poète est située non loin de Fuente Grande, localité de la commune d'Alfacar[34].
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En 2008, la justice espagnole accepte qu'elle soit ouverte dans l’intimité, en présence de la seule famille. Toutefois, de nombreuses controverses existent sur la présence de la dépouille du poète dans cette fosse commune[35]. En effet, des recherches, effectuées pendant plusieurs semaines, en vue d'une exhumation, sont abandonnées le 18 décembre 2009. Une autre équipe délimite en 2015 une zone de 10 mètres sur 28 qui pourrait contenir la dépouille de Lorca et de trois autres hommes fusillés avec lui, mais attend le visa des autorités andalouses pour procéder à l'exhumation[36]. On ignore si le poète a effectivement été assassiné dans le champ d'Alfacar ou s'il a été transféré dans un lieu inconnu.
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Le poète, pianiste et compositeur puisa une grande partie de son inspiration dans la tradition folklorique andalouse.
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García Lorca rencontra très jeune Manuel de Falla à Grenade et développa une amitié profonde avec le compositeur du ballet Le Tricorne. Ils firent tous deux partie de Génération de 27, un mouvement littéraire qui revendiquait l'usage des traditions espagnoles savantes et populaires projetées dans un horizon moderniste flirtant avec l'avant-garde. À Madrid, García Lorca fit la connaissance de Luis Buñuel et Salvador Dalí, dont il devint très proche, et qui lui jouèrent un mauvais tour en s'inspirant de son intimité pour leur premier film , Un chien andalou dont le titre le visait ironiquement selon lui[37],[38],[39].
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À côté de ces personnalités, il tenta de trouver sa voie par la poésie, avec son retentissant Romancero gitano, mais aussi par la musique. Dès l'âge de dix ans, « l'Andalou professionnel », comme le surnommait perfidement Jorge Luis Borges, composa des petits airs, mais ses parents s'opposèrent à ce qu'il poursuive des études musicales. Ainsi bifurqua-t-il vers les lettres.
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Or, il continuera à écrire toute sa vie des mélodies, de nombreuses chansons, souvent dans un registre flamenco. « Nana de Sevilla » chantée par Victoria de los Ángeles[40], « Las Morillas de Jaen » par Ginesa Ortega[41], « Los Pelegrinitos » par Teresa Berganza[42], trois mélodies éblouissantes de García Lorca parmi d'autres, qui associent l'expressivité populaire du flamenco avec un lyrisme intense propre à son univers.
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C'est bien dans la tradition folklorique du flamenco que le poète, pianiste et compositeur puise l'essentiel de sa matière. Il avait organisé avec Manuel de Falla en 1922 El Concurso del Cante Jondo (Concours du chant profond)[43] pour célébrer ce chant flamenco primitif dont l'interprétation archétypale suscite le trouble : est-ce une véritable douleur qu'éprouve le chanteur ? Arrangeur doué de cette tradition andalouse, García Lorca sera emporté par la guerre d'Espagne. Fervent républicain, il fut exécuté par les troupes franquistes près de Grenade, sur sa terre natale si chérie, dans la nuit du 18 août 1936.
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La souffrance tragique du cante jondo était bien réelle cette fois-ci[44].
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Vuelta de Paseo (« Retour de promenade ») est composé en 1929 puis publié en 1930[60].
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Ce court poème, paru dans le recueil Poeta en Nueva York, en tête du Chapitre "Poemas de la soledad en la Universidad Columbia" (« Poèmes de la solitude à l'Université Columbia ») témoigne d'une facette particulière de la personnalité de Lorca. Ses promenades nocturnes dans une ville en pleine métamorphose lui ont fait ressentir un dégoût profond pour l'oppression, l'angoisse venue du ciel (avec l'édification des gratte-ciels dans la New York florissante des années 1930 aux États-Unis).
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Les couleurs de son Andalousie natale, qui constituaient un motif récurrent dans le style versifié des poèmes du "Romancero Gitano" et du "Cante Jondo", disparaissent ici pour laisser place au gris de la mégalopole, coloris unique qui semble envahir les rues et les esprits. En guise de contre-attaque, Lorca opte pour des vers rythmés, presque chantants, qui se défont des contraintes classiques inhérentes à la pratique des alexandrins dans toutes ses œuvres de jeunesse.
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Pour finir, même la Nature ("los animalitos de cabeza rota") est détruite et devient inerte comme les matériaux de construction de la cité.
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Le poète n'envie en rien les pauvres habitants de la mégalopole, qui semble avoir été recouverte du voile permanent de l'hiver ("el árbol de muñones", "el cristal" -images métaphoriques renvoyant à cette déshumanisation du milieu urbain, à cet affront permanent du citadin face à sa mère, la nature-)
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Son complexe lié à la grandeur de la ville sera assimilé par certains critiques à une forme coextensive d'agoraphobie. L'oxymore "Assassiné par le ciel", en vers 1, puis répétée au vers final avec une ponctuation exclamative, détermine aussi ce sentiment violent de l'artiste face à tout ce qui s'oppose à la poésie.
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Enfin, ce poème symbolise sa ferme opposition au modernisme, à cette quasi-sécularisation qui semble s'emparer d'un monde que le jeune homme (F.G. Lorca n'a alors que 31 ans) trouve industriel, nuisible à l'Homme, en bref trop creux.
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Le vers "Asesinado por el cielo", répété en début et en fin de strophe, rappelle aussi une fresque socio-politique récurrente dans ce recueil de voyage : les immeubles, la ville, tuent la poésie que peut fournir la Nature.
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"Dejare crecer mis cabellos" : ce vers montre que le fléau de la folie et de la vieillesse menace les êtres mortels qui évoluent dans cet environnement disproportionné. Le lectorat pourra par la suite faire de ce vers la métaphore de l'incompréhension et du rejet qui conduisent à la pauvreté, avec un délaissement total des préoccupations corporelles.
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Car, comme l'écrira l'auteur dans la préface du recueil, "C'est dans son imperfection surréaliste, atypique, que la Nature puise sa poésie. L'exactitude, la rigueur démesurée de la ville font disparaître le sens." (Préface, Poeta en Nueva York, 1930)
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Ce poème est donc largement caractéristique de tout le recueil, car il reflète des thématiques variées, comme le vertige du poète aux prises avec la ville, l'homosexualité, ou encore le vieillissement inexorable de l'Homme. Il ouvre d'ailleurs le premier chapitre du recueil, et il est possible de faire de cette œuvre complexe le manifeste d'un surréalisme engagé qui signale son dégoût face au déclin de la vie citadine, et à l'écrasement du paysage par l'industrie...
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Federico García Lorca est un poète et dramaturge espagnol, également prosateur, peintre, pianiste et compositeur, né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros près de Grenade et exécuté sommairement le 19 août 1936 entre Viznar et Alfacar par des milices franquistes.
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Federico García Lorca, de son nom complet : Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca (« Frédéric du Sacré Cœur de Jésus García Lorca »), est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants nés de Federico García Rodríguez (1859-1945), propriétaire terrien aisé, et de Vicenta Lorca Romero (1870-1959), maîtresse d'école, qu'il avait épousée en secondes noces (de son premier mariage avec Matilde Palacios Ríos, il n'avait eu aucun enfant[1]). En 1900 naît son premier frère Luis, qui mourra de pneumonie à deux ans[2]. Viendront ensuite : son frère Francisco[3] (1902-1976, poète, historien de la littérature, professeur et diplomate, membre comme son aîné du mouvement littéraire de la Génération de 27), et ses sœurs María de la Concepción (Concha ou Conchita, 1903-1962[2],[4],[5]), puis Isabel[6] (1909-2002, elle aussi professeure et écrivaine)[2]. La mère de Federico possédait une sensibilité affirmée à la poésie et à la musique, et contribuera à former le goût de ses enfants[7],[8].
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Federico passe son enfance à la campagne, près de Grenade où son père possède une grande propriété, la Huerta de San Vicente. Revenant sur cette période de sa prime enfance, il déclarera en 1934 à Buenos Aires dans une interview : « Enfant j’ai vécu de plain-pied avec la nature. Comme tous les enfants, j’attribuais (conférais) à chaque chose, meuble, objet, arbre, pierre, sa personnalité. Je conversais avec eux, et je les aimais[9] ». Cette sorte d'animisme infantile est fréquent[10], mais chez Lorca, il resurgira par bouffées créatives dans sa poésie et son théâtre. D'ailleurs, beaucoup plus tard, même après avoir beaucoup voyagé et avoir vécu de longues périodes en ville, notamment à Madrid, Federico se souviendra à quel point la vie et l'ambiance rurales de la Vega de Granada l'avait imprégné et avait influencé son œuvre :
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« J’aime la terre. Je me sens lié à elle dans toutes mes émotions. Mes plus lointains souvenirs d’enfant ont la saveur de la terre. Les bestioles de la terre, les animaux, les gens de la campagne, inspirent, suggèrent de secrets messages qui parviennent à très peu d’entre nous. Je les capte aujourd’hui avec le même esprit que celui de mes plus jeunes années. Sans cela, je n’aurais jamais pu écrire Noces de sang[11]. »
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C'est pourtant sans complaisance aucune envers lui-même et le petit garçon qu'il était qu'il interprète sa position sociale de premier-né d'une famille aisée, adulé par sa famille et tout son entourage : en 1928, dans une interview publiée dans La Gaceta Literaria (« La Gazette Littéraire ») d’Ernesto Giménez Caballero, il a en effet résumé ainsi ses premières années à Fuente Vaqueros : « Mon enfance est traversée par l’obsession d’être de ceux qui sont couverts d’argent, ainsi que celle de quelques portraits de cette autre femme qui aurait pu être ma mère, Matilde Palacios [NdT : la première épouse de son père, morte sans enfant]. Mon enfance c’est surtout apprendre les lettres et la musique avec ma mère, être un gosse de riches parmi le peuple, un petit monsieur impérieux[12]. »
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C’est d’ailleurs à Fuente Vaqueros que Lorca éprouve pour la première fois le sentiment de l’injustice sociale : dans Mi amiguita rubia (« Ma petite amie blonde »), chapitre de Mi pueblo (à la fois « Mon village » et « Mon peuple », écrit en 1915-1916[2]), Federico se remémore l’histoire d’une famille pauvre de Fuente Vaqueros, et en particulier, de la mère qu’il qualifie de « martyr de la vie et du travail[12] ».
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Federico commence l’école à quatre ans avec son maître des premières classes, Antonio Rodríguez Espinosa, à qui l’unira dès lors une amitié qui durera toute sa vie[12].
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Vers l’âge de huit ans, l’enfant qu’il est alors déménage avec sa famille, laquelle s’installe à Asquerosa, petit village depuis rebaptisé Valderrubio. Comme le dit Jocelyne Aubé-Bourligueux : « de santé fragile, mais habitué à vivre librement en pleine campagne, il est depuis sa naissance très entouré de soins par les femmes de son entourage (sa grand-mère Isabel Rodríguez, ses tantes dont la "tía Isabel", ses nourrices, comme la fameuse Dolores) qui veillent sur lui avec tendresse (...) l’initiant, les unes au solfège, à la guitare, ou aux poèmes de Victor Hugo, les autres à la culture orale des berceuses ou des vers de romances. Il pourra bientôt en faire de petits spectacles, par lui créés à travers son premier vrai jouet : un théâtre de marionnettes miniature[7] ». Les vieux tissus et vêtements conservés dans les malles du grenier serviront à vêtir la troupe des personnages de carton et de chiffon, cousus avec sollicitude sur ses instructions par ses tantes, cousines et nourrices qui l'adoraient, pour les saynètes qu'il imagine et fait jouer, ou encore les messes avec sermons qu'il invente en un rituel larmoyant[8]ǃ Cet amour du théâtre de marionnettes ne le quittera jamais et nourrira son imagination de futur dramaturge. De même que son amour précoce pour la musique, comme l'évoque sa mère Vicenta Lorca qui avait pris conscience très tôt des talents de son fils aîné : « avant même de parler, il fredonnait déjà les chansons populaires et s'enthousiasmait pour la guitare[8] ».
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Puis il est d’abord envoyé par sa famille à Almería, pour y commencer des études secondaires, logé chez son instituteur Antonio Rodríguez Espinosa : bref séjour interrompu par une grave maladie de gorge qui le met à l’article de la mort et l’oblige à rentrer d’urgence chez ses parents. En 1909, sa famille s’installe définitivement à Grenade, où il reprend ses études secondaires et deviendra bachelier en 1914[7].
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Il suit ensuite des études de lettres, de philosophie et de droit à l'université de Grenade, surtout « pour faire plaisir à son père[13], mais c’est vers la musique que va d’abord sa passion, accompagnée du rare talent qui est le sien[7] ». Dès l’âge de dix ans, il avait travaillé le piano et l’harmonie avec son vieux maître don Antonio Segura, disciple de Verdi. Plus tard il « composera brillamment pour sa part, se faisant entendre de ses amis du Rinconcillo[14], qu’il enchante de ses improvisations à longueur de nuits[7] ». C'est à l'université de Grenade qu'il devient l'ami de Manuel de Falla qui exerce une forte influence sur lui[15]. En 1922, les 13 et 14 juin, il organise en lien avec lui le premier Concurso de Cante Jondo de Granada (es) (Concours de Cante Jondo de Grenade).
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Après plusieurs années passées à Grenade, il décide d'aller vivre à Madrid pour rencontrer le succès[15].
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Il y devient l'ami de Luis Buñuel, Salvador Dalí, Rafael Alberti, José Bergamín, Guillermo de Torre et Sánchez Mejías, parmi ceux qui deviendront des artistes influents en Espagne[15]. Il avait fait aussi la rencontre, décisive pour lui, de ses grands devanciers de la Generación del 98 (Génération de 98), les poètes Antonio Machado et Miguel de Unamuno, rencontre qu'il raconte dans son premier livre publié en 1918: Impresiones y paisajes (« Impressions et paysages »), dont son ami Ismael de la Serna illustre la couverture[16] et lui fait rencontrer Emilia Llanos[17], l'une des "muses" du café Alameda. C'est aussi entre 1919 et 1921 qu'il fait la rencontre d'un autre de ses grands prédécesseurs dont il a reconnu sans partage l'influence sur sa pensée et sur son écriture : Juan Ramón Jiménez[2],[7], de la génération de 14 et futur Prix Nobel de Littérature 1956. Lui et son épouse, Zenobia Camprubí, feront partie du cercle d'amis qui fréquente la Huerta de San Vicente[18]. Il se liera d'amitié aussi avec des poètes plus jeunes que lui : Gabriel Celaya et Pablo Neruda[19]. D'ailleurs, Lorca sera l'un des représentants les plus éminents de Generación del 27 (Génération de 27), à laquelle appartenaient nombre de ses amis poètes, comme une relève de celle de 98.
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À Madrid, il rencontre aussi Gregorio Martínez Sierra, le directeur du Teatro Eslava (es), à l'invitation duquel il écrit et met en scène sa première pièce en vers, El maleficio de la mariposa (Le Maléfice du papillon), en 1919-1920. Elle met en scène l'amour impossible entre un cafard et un papillon, avec de nombreux insectes en support. Elle est malheureusement l'objet de moquerie du public, et s'arrête après quatre représentations. Cela refroidit la passion de Lorca pour le théâtre pour le reste de sa carrière, il se justifie plus tard en 1927 au motif que Mariana Pineda, drame patriotique, était sa première pièce véritable. C'est aussi son premier grand succès au théâtre, peu après son accession à la célébrité avec la publication à Malaga, en 1927, de ses Chansons[15].
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Pendant les quelques années qui suivent il s'implique de plus en plus dans son art et dans l'avant-garde espagnole. Il publie trois autres recueils de poèmes, dont Romancero Gitano (1928), son recueil de poèmes le plus connu[15].
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Cependant, vers la fin des années 1920, Lorca est victime d'une dépression, exacerbée par une angoisse due à la difficulté grandissante de cacher son homosexualité à ses amis et sa famille. Cette disparité entre son succès comme auteur et la souffrance de sa vie privée atteint son paroxysme lors de la collaboration des deux surréalistes, Dalí et Buñuel, pour le film Un chien andalou (1929) que Lorca interprète, comme une allusion, voire une attaque à son encontre. En même temps, sa relation intense, passionnée, mais non réciproque, avec Salvador Dalí s'effondre quand ce dernier rencontre sa future épouse. Consciente de ces problèmes (mais peut-être pas de leurs causes) la famille de Lorca s'arrange pour lui faire faire un long voyage aux États-Unis d'Amérique en 1929-1930[15] ce qui permettra au poète de prendre du recul après sa séparation récente d'avec le sculpteur Emilio Aladrén[20] et d'écrire le chef d'oeuvre Poeta en Nueva York[21].
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Son retour en Espagne en 1930 coïncide avec la chute de la dictature de Miguel Primo de Rivera et la proclamation de la République. En 1931, Lorca est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca, dont la mission est de faire des tournées dans les provinces essentiellement rurales pour présenter et diffuser le grand répertoire classique espagnol[15] au plus grand nombre, et notamment auprès des couches sociales les plus déshéritées qui n'y ont habituellement pas accès[22]. C'est ainsi que La Barraca monte, sous la direction de Lorca, des pièces de Lope de Vega, Calderón de la Barca, Tirso de Molina et Cervantes[15]. Comme l'écrit Claude Couffon, l'un de ses traducteurs en français, dans sa préface à "Impressions et Paysages", La Barraca était « un théâtre du peuple, ambulant et gratuit[23] ». Il écrit alors la trilogie rurale de Bodas de sangre (« Noces de sang »), Yerma et La casa de Bernarda Alba (La Maison de Bernarda Alba)[15]. En 1933-1934, son théâtre rencontre un grand succès, notamment lors d'une tournée triomphale de « Noces de sang » en Amérique latine[15] d'octobre 1933 à mars 1934[24].
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Selon Claude Couffon, « depuis longtemps violemment anti-fasciste (il a signé dès 1933 un manifeste contre l'Allemagne d'Hitler), García Lorca salue la victoire du Front Populaire en 1936 [en France] »[23]. Quand la Guerre civile espagnole éclate en juillet 1936, il quitte Madrid pour Grenade, malgré les risques qu'il court dans une ville réputée pour avoir l'oligarchie la plus conservatrice d'Andalousie. Un soulèvement franquiste éclate justement à Grenade où il vient d'arriver. Ses idées et son personnage étaient connus de tous, et « bien que n'ayant jamais participé à la moindre action politique [au sens strict du terme], il est arrêté chez le poète Luis Rosales, où il a cherché un refuge clandestin » (Robert Maillard[15]). Rosales était phalangiste, mais cette protection est insuffisante : Ramon Ruiz Alonso, député de la CEDA, vient arrêter Lorca près d'un mois après le soulèvement[25]. « Arrêté le 16 août, il est fusillé le 19 tout près de la Fuente Grande [lieu-dit "la Grande Fontaine"], que les Maures appelaient [joliment et en prémonition...] la "Source aux Larmes" » (Claude Couffon[23]).
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La date et le lieu exacts de sa mort ont fait l'objet d'une longue polémique, mais il semble définitivement établi que Federico García Lorca a été fusillé à 4 h 45 du matin le 19 août, sur le chemin qui va de Víznar à Alfacar par des rebelles anti-républicains[26]. Son corps serait toujours enterré dans une fosse commune anonyme, quelque part dans la zone, aux côtés du cadavre d'un maître d'école, Dióscoro Galindo, et ceux des anarchistes Francisco Galadí et Joaquín Arcollas, exécutés en même temps.
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Le régime de Franco décide l'interdiction totale de ses œuvres jusqu'en 1953, quand Obras completas est publié dans une version très censurée.
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L'un des premiers hommages à García Lorca est l'œuvre pour orchestre de chambre de Silvestre Revueltas, compositeur Mexicain, intitulée Homenaje a Federico García Lorca (« Hommage à Federico García Lorca », 1936). L'œuvre fut jouée au Palais des beaux-arts de Mexico.
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En 1956, on érige le premier monument à García Lorca. C'est bien sûr loin de l'Espagne de Franco, dans la ville de Salto, en Uruguay, grâce à l'initiative de son ami américain, l'écrivain Enrique Amorim. Sur la rive du fleuve Uruguay, un mur porte le poème d'Antonio Machado qui regrette la mort de García Lorca à Grenade.
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Ce n'est qu'avec la mort de Franco en 1975 que la vie et la mort de Lorca peuvent être évoqués librement en Espagne. De nos jours, une statue de Lorca est en évidence sur la place Sainte-Anne à Madrid, un parc porte son nom à Séville, le parc Federico García Lorca.
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En France, le Jardin Federico-García-Lorca, sur les quais de la Seine (bas du quai de l'Hôtel-de-Ville) à Paris, dans le quartier du Marais, ou la médiathèque Federico Garcia Lorca à Montpellier[27] ainsi qu'aux États-Unis une plaque sur le Castro Rainbow Honor Walk[28], à San Francisco, dans le quartier du Castro lui rendent aussi hommage. De même, la chanson Take this waltz[29] extraite de l'album I'm Your Man de Leonard Cohen en 1988, adaptée par Cohen à partir d'un texte de García Lorca, est considérée comme un hommage du poète et chanteur canadien au grand poète martyre andalou ; d'ailleurs, une des filles de Leonard Cohen porte le prénom inhabituel de "Lorca" (voir la section Ses compagnes de l'article consacré au chanteur) : Lorca Cohen, née en 1974[30]. L'écrivaine Annemarie Prins écrit la pièce Een zaak Lorca is ons niet bekend en 1965, pièce qui traite de la mort du poète[31].
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Léo Ferré, au sujet de Franco dans sa chanson Franco la muerte, écrite en 1964, chantera : « T'es pas Lorca, mais sa rature ! ».
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Jean Ferrat lui rend hommage en décembre 1960 dans sa chanson "Federico García Lorca", pour laquelle Claude-Henri Vic compose la musique, et c'est inhabituel, tandis que Ferrat signe le texte (ce qui en indique l'importance pour lui). De même, Ferrat met en musique en 1967 le poème d'Aragon Un jour, un jour dont les deux premiers quatrains se présentent aussi comme un hommage à Lorca (extrait du recueil Le Fou d'Elsa) :
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« Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime / Sa protestation ses chants et ses héros / Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux / A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
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Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu / Emplissant tout à coup l'univers de silence / Contre les violents tourne la violence / Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
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[Refrain] : Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
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En 1977, Louis Le Brocquy réalisa son portrait (Paris, galerie Jeanne Bucher en 1979)[32].
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L'écrivain chilien, Pablo Neruda, lui rend également hommage dans son poème "J'explique certaines choses", publié dans le recueil España en el corazón.
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À Grenade, la Huerta de San Vicente, dans le parc Federico García Lorca, est devenu une maison-musée, grâce au leg d'Isabel García Lorca.
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La recherche de la dépouille du poète a été l'une des obsessions d'Agustín Penón, l'un des spécialistes de son assassinat[33].
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La fosse dans laquelle reposerait le poète est située non loin de Fuente Grande, localité de la commune d'Alfacar[34].
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En 2008, la justice espagnole accepte qu'elle soit ouverte dans l’intimité, en présence de la seule famille. Toutefois, de nombreuses controverses existent sur la présence de la dépouille du poète dans cette fosse commune[35]. En effet, des recherches, effectuées pendant plusieurs semaines, en vue d'une exhumation, sont abandonnées le 18 décembre 2009. Une autre équipe délimite en 2015 une zone de 10 mètres sur 28 qui pourrait contenir la dépouille de Lorca et de trois autres hommes fusillés avec lui, mais attend le visa des autorités andalouses pour procéder à l'exhumation[36]. On ignore si le poète a effectivement été assassiné dans le champ d'Alfacar ou s'il a été transféré dans un lieu inconnu.
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Le poète, pianiste et compositeur puisa une grande partie de son inspiration dans la tradition folklorique andalouse.
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García Lorca rencontra très jeune Manuel de Falla à Grenade et développa une amitié profonde avec le compositeur du ballet Le Tricorne. Ils firent tous deux partie de Génération de 27, un mouvement littéraire qui revendiquait l'usage des traditions espagnoles savantes et populaires projetées dans un horizon moderniste flirtant avec l'avant-garde. À Madrid, García Lorca fit la connaissance de Luis Buñuel et Salvador Dalí, dont il devint très proche, et qui lui jouèrent un mauvais tour en s'inspirant de son intimité pour leur premier film , Un chien andalou dont le titre le visait ironiquement selon lui[37],[38],[39].
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À côté de ces personnalités, il tenta de trouver sa voie par la poésie, avec son retentissant Romancero gitano, mais aussi par la musique. Dès l'âge de dix ans, « l'Andalou professionnel », comme le surnommait perfidement Jorge Luis Borges, composa des petits airs, mais ses parents s'opposèrent à ce qu'il poursuive des études musicales. Ainsi bifurqua-t-il vers les lettres.
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Or, il continuera à écrire toute sa vie des mélodies, de nombreuses chansons, souvent dans un registre flamenco. « Nana de Sevilla » chantée par Victoria de los Ángeles[40], « Las Morillas de Jaen » par Ginesa Ortega[41], « Los Pelegrinitos » par Teresa Berganza[42], trois mélodies éblouissantes de García Lorca parmi d'autres, qui associent l'expressivité populaire du flamenco avec un lyrisme intense propre à son univers.
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C'est bien dans la tradition folklorique du flamenco que le poète, pianiste et compositeur puise l'essentiel de sa matière. Il avait organisé avec Manuel de Falla en 1922 El Concurso del Cante Jondo (Concours du chant profond)[43] pour célébrer ce chant flamenco primitif dont l'interprétation archétypale suscite le trouble : est-ce une véritable douleur qu'éprouve le chanteur ? Arrangeur doué de cette tradition andalouse, García Lorca sera emporté par la guerre d'Espagne. Fervent républicain, il fut exécuté par les troupes franquistes près de Grenade, sur sa terre natale si chérie, dans la nuit du 18 août 1936.
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La souffrance tragique du cante jondo était bien réelle cette fois-ci[44].
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Vuelta de Paseo (« Retour de promenade ») est composé en 1929 puis publié en 1930[60].
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Ce court poème, paru dans le recueil Poeta en Nueva York, en tête du Chapitre "Poemas de la soledad en la Universidad Columbia" (« Poèmes de la solitude à l'Université Columbia ») témoigne d'une facette particulière de la personnalité de Lorca. Ses promenades nocturnes dans une ville en pleine métamorphose lui ont fait ressentir un dégoût profond pour l'oppression, l'angoisse venue du ciel (avec l'édification des gratte-ciels dans la New York florissante des années 1930 aux États-Unis).
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Les couleurs de son Andalousie natale, qui constituaient un motif récurrent dans le style versifié des poèmes du "Romancero Gitano" et du "Cante Jondo", disparaissent ici pour laisser place au gris de la mégalopole, coloris unique qui semble envahir les rues et les esprits. En guise de contre-attaque, Lorca opte pour des vers rythmés, presque chantants, qui se défont des contraintes classiques inhérentes à la pratique des alexandrins dans toutes ses œuvres de jeunesse.
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Pour finir, même la Nature ("los animalitos de cabeza rota") est détruite et devient inerte comme les matériaux de construction de la cité.
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Le poète n'envie en rien les pauvres habitants de la mégalopole, qui semble avoir été recouverte du voile permanent de l'hiver ("el árbol de muñones", "el cristal" -images métaphoriques renvoyant à cette déshumanisation du milieu urbain, à cet affront permanent du citadin face à sa mère, la nature-)
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Son complexe lié à la grandeur de la ville sera assimilé par certains critiques à une forme coextensive d'agoraphobie. L'oxymore "Assassiné par le ciel", en vers 1, puis répétée au vers final avec une ponctuation exclamative, détermine aussi ce sentiment violent de l'artiste face à tout ce qui s'oppose à la poésie.
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Enfin, ce poème symbolise sa ferme opposition au modernisme, à cette quasi-sécularisation qui semble s'emparer d'un monde que le jeune homme (F.G. Lorca n'a alors que 31 ans) trouve industriel, nuisible à l'Homme, en bref trop creux.
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Le vers "Asesinado por el cielo", répété en début et en fin de strophe, rappelle aussi une fresque socio-politique récurrente dans ce recueil de voyage : les immeubles, la ville, tuent la poésie que peut fournir la Nature.
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"Dejare crecer mis cabellos" : ce vers montre que le fléau de la folie et de la vieillesse menace les êtres mortels qui évoluent dans cet environnement disproportionné. Le lectorat pourra par la suite faire de ce vers la métaphore de l'incompréhension et du rejet qui conduisent à la pauvreté, avec un délaissement total des préoccupations corporelles.
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Car, comme l'écrira l'auteur dans la préface du recueil, "C'est dans son imperfection surréaliste, atypique, que la Nature puise sa poésie. L'exactitude, la rigueur démesurée de la ville font disparaître le sens." (Préface, Poeta en Nueva York, 1930)
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Ce poème est donc largement caractéristique de tout le recueil, car il reflète des thématiques variées, comme le vertige du poète aux prises avec la ville, l'homosexualité, ou encore le vieillissement inexorable de l'Homme. Il ouvre d'ailleurs le premier chapitre du recueil, et il est possible de faire de cette œuvre complexe le manifeste d'un surréalisme engagé qui signale son dégoût face au déclin de la vie citadine, et à l'écrasement du paysage par l'industrie...
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Une fée est un être légendaire, généralement décrit comme anthropomorphe et féminin, d'une grande beauté, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d'influencer le futur. L'idée que l'Homme se fait des fées varie selon les cultures et les pays : revenantes, anges déchus, élémentaires ou même humaines, minuscules ou immenses, toutes sont étroitement liées aux forces de la nature et au concept de monde parallèle. La Befana, la Dame blanche, les sirènes, les nymphes, Morgane, Viviane et une grande variété d'êtres et de créatures généralement féminines peuvent être considérés comme des « fées ». Les Anglo-Saxons utilisent le nom « fairies » pour désigner les fées, mais également toutes les petites créatures anthropomorphes du folklore païen telles que les lutins, les nains et les elfes.
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Issues des croyances populaires et de mythologies anciennes, de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques ainsi que d'anciennes divinités, les fées sont une création de l'Occident médiéval. Elles jouent des rôles très variés. Si certaines aident, soignent, guident des personnes ou leur fournissent des armes enchantées, d'autres fées sont plus connues pour leurs « tours », leur habitude de danser en cercle et d'enlever des personnes, en particulier les nouveau-nés humains qu'elles remplacent par un changelin. Douées de facultés magiques, elles se déguisent et modifient l'apparence de ce qui les entoure.
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Dès le XIIe siècle, deux grandes figures féeriques se distinguent dans la littérature d'Europe de l'Ouest : la fée marraine et la fée amante. Bien connues de la littérature médiévale, les fées disparaissent des récits à l'arrivée de la Renaissance, pour réapparaître sous de nouvelles formes dans Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, et les contes merveilleux qui modifient leur taille, leur apparence et leur symbolique. Les petites fées anglo-saxonnes sont popularisées durant l'époque victorienne, notamment par la peinture féerique. Les fées font toujours partie intégrante des croyances populaires dans les régions de culture celte, en Islande et dans toute la Scandinavie, où des précautions à tenir envers elles sont popularisées par le folklore. Elles restent connues des folklores allemand, français et wallon, bien que les croyances aient largement reculé au XXe siècle. De tous temps, des personnes ont affirmé voir les fées, communiquer avec elles et invoquer leur aide ; en Angleterre, l'affaire des fées de Cottingley entraîne un long débat sur la réalité de leur existence.
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Les fées sont désormais des personnages incontournables de la littérature fantastique et fantasy et du cinéma, entre autres grâce à Walt Disney qui les a largement popularisées aux États-Unis, et à des films comme Dark Crystal. Elles intéressent des chercheurs comme Katharine Mary Briggs, des illustrateurs tels que Cicely Mary Barker, Brian Froud et Alan Lee, ainsi que des conteurs comme l'elficologue Pierre Dubois à qui l'on doit, en France, la redécouverte du folklore qui leur est lié.
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Le mot « fée » (prononcé [fe] écouter la prononciation française) provient du latin Fata, nom du genre féminin qu'il ne faut pas confondre avec le pluriel neutre de fatum, désignant une déesse de la destinée[1] (une Parque)[2] et de genre féminin. D'après Alfred Maury, le vocable fata, utilisé par les Gallo-romains pour désigner les anciennes divinités, est resté dans la mémoire populaire. Fata a donné « fée » en langue d'oïl, fadas en occitan et hadas en gascon[3]. Cette racine latine est directement issue des trois Parques de la mythologie romaine, également connues sous le nom de fatae[4], dont l'équivalent dans la mythologie grecque est le groupe des trois Moires, divinités gardiennes du Destin (moïra en grec ancien, signifiant « lot », « part qui revient à chacun »). Ce dernier terme est dérivé d'un verbe signifiant à la fois « recevoir sa part » et « être séparé de »[5]. L'étymologie latine et grecque laisse à penser que la fée est liée au destin, ou bien possède une capacité à l'influencer, ainsi qu'un don de prédiction.
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En français moderne, « fée » possède un genre grammatical féminin qui accentue la caractéristique sexuée féminine. Dans d'autres cultures occidentales, « fée » est traduit par un mot sans lien avec la racine latine fata. En effet, les cultures irlandaises et scandinaves utilisent respectivement les racines alfr (gaélique) et älf (norrois)[Note 1] ; cette dernière racine étant celle du mot « elfe ». On constate alors que la définition de la nature et du rôle des fées est beaucoup moins restrictive, autant dans l'étymologie que dans le folklore féerique, et peut englober toutes les créatures du petit peuple.
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D'après Alfred Maury, le terme « fée » était autrefois utilisé comme adjectif. Issu du latin fatum et du bas latin fatatus, il est devenu « faé »[Note 2] sous la forme médiévale en ancien français, puis « fé »[Note 3], signifiant « destiné » et « enchanté »[3]. On l'utilisait pour qualifier tout lieu, objet ou être surnaturel[6], l'adjectif prenant alors le sens « d'enchanté », c'est-à-dire touché par une magie, ou selon le dictionnaire d'Antoine Furetière de 1694, comme une « chose enchantée par quelque puissance supérieure, des armes fées, qui ne peuvent être percées »[7]. Cet usage s'est perdu et ne subsiste que dans quelques langues régionales, mais l'anglais l'utilise encore avec le vocable faery[6], également orthographié fairy écouter la prononciation américaine. On utilisait également le verbe « féer » dans le sens d'« enchanter » ou « être enchanté »[Note 4].
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De nombreuses épithètes sont utilisées pour désigner les fées, telles que « bonnes », « bonnes-dames » et « bonnes et franches pucelles » en français[8], « bon peuple », « peuple des Fées » (wee folk, good folk, people of peace, fair folk…) ou d'autres euphémismes en langue anglaise[9], laissant à supposer qu'il est dangereux ou irrespectueux de prononcer leur nom[10].
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Les fées sont par ailleurs à l'origine de nombreux proverbes et expressions populaires liés à leurs qualités supposées, tels « avoir des doigts de fée » qui désigne l'habileté de ses mains[11], ou « vivre un conte de fées » qui signifie « vivre une aventure merveilleuse ou extraordinaire »[12].
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La notion de « fées » a donné naissance à des mythes, des histoires et des études sur une très longue période[13]. Elles sont majoritairement vues comme des êtres anthropomorphes dotés de pouvoirs magiques, qui interviennent dans la vie des humains[2]. Cependant, l'oubli ou l'assimilation des divers folklores ont créé une confusion entre des créatures aux noms et aux caractéristiques opposées, issues de langues et de traditions distinctes. Les fées sont donc multiformes et de nombreuses classifications ont été établies à leur sujet.
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Ce sont les déités des lieux, des sources, des montagnes, des prés et des bois, les maîtresses de nos songes, les Reines d'Avallon, les Serpes de l'obscur, les Nymphes de l'aurore ; celles qui font et défont les saisons. Mais ces « Puissantes », dont certains hésitent à prononcer le nom, possèdent un cœur de femme que brise le moindre manquement[10].
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Le nom « fée » désigne des créatures différentes en fonction des pays et des racines linguistiques.
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Selon la conception française et germanique des fées, ce sont des êtres féminins dotés de pouvoirs surnaturels influant sur la destinée humaine. Laurence Harf-Lancner propose la définition de « femme surnaturelle, habitante d'un Autre Monde qui délaisse son lointain royaume pour s'intéresser de près aux affaires des mortels et diriger leur destinée »[14]. Le Dictionnaire Bouillet les présente au XIXe siècle comme jouissant d'un pouvoir surhumain, mais soumises quelquefois à des lois étranges et humiliantes.
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L'elficologue Pierre Dubois, spécialiste français du sujet et auteur de La Grande Encyclopédie des fées parue en 1996, les présente comme des marraines, devineresses et enchanteresses représentant les forces de la nature, bien distinctes des elfes et des lutins, esprits masculins, souvent farceurs pour ces derniers[Note 5]. Il distingue les fées qui contrôlent le ciel, par exemple en faisant tomber la neige, la pluie et l'orage, ou qui annoncent les saisons telles le printemps et la période de l'Avent, la Befana et la Guillaneu étant des exemples[15]. Les « fées du foyer » sont celles qui vivent dans les demeures humaines qu'elles protègent, mais peuvent aussi terroriser les habitants ou mettre le désordre, telles les gianes et les martes[16]. Cette distinction avait été déjà envisagée par Katharine Mary Briggs[17]. Il distingue ensuite les fées venues d'autres mondes, souvent nocturnes, comme les dames blanches, les banshees et les lavandières de nuit[18]. Restent les fées des eaux, celles de la végétation, et les fées aériennes liées au rêve comme Margot, Morgane et Viviane[19]. Bien qu'il voie les fées comme féminines, il mentionne aussi des hommes-fées (ou « féetauds ») dont parlait Paul Sébillot, le plus illustre représentant étant le roi Obéron[20].
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Dans les croyances germaniques, elles-mêmes influencées par des emprunts à la littérature celtique et romane, Claude Lecouteux distingue trois types d'êtres surnaturels : les géants, les nains et les fées[21].
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La notion de fée dans le monde anglo-saxon est différente de celle qui prévaut dans la Francophonie. Le terme français « fée », repris en langue allemande, ne désigne pas toujours le même type de créature que les termes anglais « fairies » et « faeries ». Pour la spécialiste anglaise Katharine Mary Briggs, le mot fairies (« fées ») peut décrire toute créature magique (un cheval-fée, une biche-fée, etc.), l'ensemble du petit peuple, ou un type spécifique de créatures plus éthérées[22]. Certaines créatures anglo-saxonnes décrites comme fées possèdent le pouvoir de se métamorphoser, c'est le cas des selkies (peuple des phoques) et des kelpies (chevaux ondins). Les chiens noirs, eux aussi « fées », semblent plus constants dans leur forme[23]. Le nom de « fairies » concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique dans son ensemble, incluant les lutins, les nains et les elfes du folklore germanique, les trolls, les gnomes, les korrigans, etc.[17]. Dans la culture anglo-saxonne ainsi que la germanique, c'est la « fée des dents » qui remplace les dents de laits perdues par les enfants par des pièces d'or. En Italie, ce personnage coexiste avec la petite souris[24].
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L'étude du folklore et de la littérature ont permis de distinguer les différents rôles attribués aux fées, notamment via les travaux des universitaires Katharine Briggs (An Encyclopedia of Fairies[25]) et Laurence Harf-Lancner (Le Monde des fées dans l'Occident médiéval[26]). Selon elle, deux grands archétypes féeriques peuvent être identifiés dès le Moyen Âge : celui de la fée dite « fata », ou fée marraine, et celui de la fée amante. Ils semblent s'être différenciés au XIIe siècle, par le biais de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques, alors qu'ils étaient auparavant fondus en un seul[27]. Les deux étaient connues du folklore vers l'an mille, ainsi que le rapporte Burchard de Worms[4]. Cette distinction ne fait toutefois pas l'unanimité chez les spécialistes, notamment en ce qui concerne les fées de la légende arthurienne, dont les rôles sont multiples[Note 6]. Les contes merveilleux ont popularisé la fée marraine et son antithèse, la fée Carabosse.
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Durant le Moyen Âge germanique et selon Claude Lecouteux, les fées peuvent se faire tour à tour anges gardiens, médecins, guides et éducatrices, possèdent des objets merveilleux et des dons magiques, ainsi qu'une capacité à surgir à point nommé pour aider les héros (fonction adjuvante)[21]. Dans certains textes médiévaux tels Artus de Bretagne, les fées sont le « double tutélaire d'un héros assurant le cycle saisonnier »[28]. Lecouteux a examiné la croyance médiévale du double, dont il semble voir des réminiscences issues d'un chamanisme primitif dans le lai de Lanval[29].
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Selon Laurence Harf-Lancner, la fée fata, ou fée marraine, est vraisemblablement issue d'un mélange entre la figure des trois Parques de la mythologie romaine et des triades tutélaires celtiques liées à la fertilité et l'abondance, dont le souvenir est demeuré vivace au Moyen Âge. Cette créature tutélaire se penche sur le berceau d'un nouveau-né pour apporter protection et grâces magiques, c'est une fée « matrone » comme dans le conte La Belle au bois dormant et sa forme plus ancienne, Perceforest. Elle était semble-t-il vénérée vers l'an mille[4]. Ces fées maternelles élèvent et éduquent de jeunes héros, avant de leur remettre des armes merveilleuses[30].
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« Belles à nulle autre pareille, et qui plus est enchanteresses, et qui plus est éternelles ! À qui d'autre peut mieux rêver le rêveur de rêves qui n'a que le rêve pour aimer et être aimé au-dessus de ses moyens ? Qui d'autre pour lui entrouvrir l'or des aventures, des serments d'immortalité, accomplir ses espérances d'enfance lorsqu'il se voulait chevalier, chasseur de dragon, amant pour toujours d'une fée belle à nulle autre pareille ? »
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— Pierre Dubois, Lanval[31]
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Burchard de Worms met en garde contre la croyance selon laquelle des femmes de la forêt sorties de nulle part viennent donner du plaisir aux hommes, puis disparaissent : ce témoignage aux alentours de l'an mille est l'un des plus anciens concernant la fée amante[27]. Elle est décrite comme une magnifique jeune femme surnaturelle qui éveille chez les chevaliers et les héros un désir d'amour immédiat. Des histoires où les hommes héroïques se font aimer de telles créatures féminines se retrouvent partout dans le monde, aussi bien en Grèce antique que chez les Inuits ou les Amérindiens[2]. La fée amante est toutefois une création littéraire occidentale du XIIe siècle[4]. Ses amours sont toujours assujetties à une condition (dans le lai de Lanval, il s'agit de ne pas en parler et dans la légende de Mélusine, de ne pas chercher à la voir le samedi). Si l'interdit n'est pas respecté, la fée peut se venger cruellement, allant jusqu'à donner la mort à ses amants[2]. La Belle Dame sans merci, héroïne d'un poème de John Keats, la reine des fées dans Thomas le Rhymer et celle de Tam Lin sont des exemples de fées amantes piégeant les hommes par leur amour.
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Les contes ont popularisé la figure de la fée Carabosse, ou vieille fée, antithèse de la fée marraine, qui maudit les nouveau-nés. Cependant, les vieilles fées se rencontrent également dans le folklore français, où si elles semblent éternellement vieilles[32], elles ne se révèlent pas toujours maléfiques. Pierre Dubois en cite plusieurs en Europe, comme la Befana[33], tante Arie[34] et les trottes-vieilles, qui apportent les cadeaux de Noël. Toutefois, la plupart sont maléfiques, telles la chauchevieille[35], Meiga[36], et les fées déchues (Fausserole, Teugghia)[37], parfois issues de la diabolisation des esprits du terroir. En Russie, les Sluagh sont souvent décrites comme des fées mortes-vivantes. Au Maroc, Aïcha Kandicha, sorte de fée ogresse de la culture musulmane, est comparable à la fée Carabosse[38].
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Bon nombre de fées personnifient des forces de la nature et peuvent avoir pour fonction de la protéger ou de symboliser ses attraits comme ses dangers[39]. Il est universellement reconnu que les fées ne sont jamais liées aux zones urbaines, mais plutôt à la nature, et particulièrement aux forêts, collines et points d'eau[40]. Gaston Bachelard, notamment, a attribué aux Éléments naturels une existence autre que physique, ayant trait à leur symbolisme, à leur côté poétique et aux créations imaginaires qu'ils suscitent, comme celle des fées[41]. Certains cultes à la nature sont à l'origine de croyances féeriques, un peu partout dans le monde[42].
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Les fées des eaux sont universellement connues, et incluent les sirènes, les nixes, les ondines, la vouivre, les Marie Morganes[43], la Rusalka, Vila, et même Mélusine, Morgane ou la Dame du lac à l'origine. Claude Lecouteux cite un grand nombre d'êtres anthropomorphes cachées sous les eaux à guetter le passage d'imprudents pour les dévorer, dans le folklore germanique[21]. Il semblerait que les naïades, les Néréides et les sirènes de la mythologie grecque soient aussi à l'origine de la « fée des eaux »[44]. La folkloriste Françoise Morvan a étudié ces créatures féminines qui, depuis des siècles, hantent les traditions populaires et donnent naissance à des récits étranges, qui ont eux-mêmes servis de source au romantisme européen[45]. La mer primordiale étant un élément féminisé, la perception symbolique des rivières, sources et lacs est alors la même, celle d'un élément féminin qui influence la représentation des fées aquatiques comme superbes femmes à la longue chevelure flottante. Les fées des eaux ont toutes été diabolisées par le christianisme médiéval[46].
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Les fées des végétaux, de la minuscule pillywiggin anglaise protectrice des fleurs à la dame verte de Franche-Comté[47], sont très nombreuses. Le culte des arbres est attesté avant la christianisation, preuve que le règne végétal est personnifié et considéré (en quelque sorte) comme « fée » depuis l'Antiquité[48]. Alfred Maury assure que le respect religieux avec lequel les anciens Celtes pénétraient dans les forêts est dû à leur considération comme demeure des divinités[49]. Les dryades et hamadryades, à l'origine divinités mineures du culte des arbres et de la forêt dans la mythologie grecque, sont parfois vues comme des fées[50]. La blanche biche des légendes médiévales, qui apparaît au milieu des forêts et pousse les hommes à la suivre, est encore une fois liée aux fées[51] puisque dans ce type de légende, la poursuite d'un gibier blanc (biche, cerf, lièvre ou sanglier) en pleine forêt mène à leur royaume[52].
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Cette association des fées aux forêts est due au fait qu'il suffit d'entrer dans une forêt pour ressentir l'impression de « s'enfoncer dans un monde sans limite », d'après Gaston Bachelard. Pierre Dubois interprète cette sensation comme une ouverture aux rencontres féeriques[53].
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La croyance populaire associe les forêts de Huelgoat, de Fouesnant, de Brocéliande (la forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon (Wistman's Wood), ainsi que les landes écossaises et Irlandaises (telles Glendalough) aux demeures des fées, assurant que ces créatures s'y trouvent encore[52].
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Un changeling (ou changelin) est un être féerique substitué à un enfant, dont la légende est connue dans toute l'Europe de l'Ouest. Les raisons d'un tel échange sont multiples, il peut s'agir d'un tour joué par les fées, du paiement d'une dette contractée par les parents de l'enfant ou de la fascination des fées pour les bébés humains.
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Selon l'illustrateur et spécialiste anglais Brian Froud, « la classification des fées est notoirement difficile parce que les fées sont des êtres fluides et se métamorphosent, changeantes comme l'humeur ou les pensées de qui les observe »[54]. Ce serait même dangereux selon Pierre Dubois, qui affirme que tenter de classifier le petit peuple serait « la plus grave des impolitesses »[55]. De nombreuses classifications ont toutefois été établies depuis celle de Paracelse : l'allemand Karl Grün, l'auteur des Esprits élémentaires paru en 1891[56], classe ainsi les fées en « déesses du Destin » (à l'origine des personnages qui visitent les demeures au Nouvel An), esprits élémentaires féminins des forêts, collines, rochers et eaux (Makrâlle, Dame Abonde…), et « femmes réputées être des fées », devenues des apparitions aériennes ou des sorcières[57].
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L'une des classifications les plus influentes chez le petit peuple est la division entre la Cour Seelie (ou parfois « Cour de l'Eté » ou « des Lumières ») et la Cour Unseelie (ou parfois « Cour de l'Hiver » ou « des Ténèbres »), d'après le folklore écossais et dont parle Brian Froud[58]. Cette distinction accentue l'étrangeté de ces créatures, et se différencie d'une distinction plus manichéenne présente dans les folklores scandinave et écossais, qui transposent sur le petit peuple les valeurs d'une morale humaine (bien et mal) et différencient créatures « bienveillantes » et « malveillantes »[17].
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L'alchimiste Paracelse associe un certain nombre de créatures féeriques aux quatre éléments, dans Astronomia magna et Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits[59]. Il voit dans les nymphes des habitantes des eaux et dans les sylphes ceux de l'air.
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« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme... Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines... [...] Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre... Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »
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— Paracelse, La grande astronomie[60]
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Les fées Seelie sont vues comme plus gentilles envers les humains. « Seelie » signifie « béni » ou « saint », il est semblable au mot allemand « selig » et au mot de vieil anglais « sælig » (l'ancêtre du mot anglais « silly » : « joyeux », « inoffensif » ou « bénéfique »). En irlandais, le mot s'épèle « seleighe ». Elles rechercheraient l'aide des humains, mettant en garde ceux qui les ont offensées involontairement et répondant en retournant des faveurs. Pourtant, une fée qui appartient à cette cour se venge des insultes et demeure capable de malice[61]. Selon Briggs, elles apprécient jouer des tours mais restent dans le fond très gentilles et généreuses[62]. Le meilleur moment de la journée pour les voir serait le crépuscule[58]. Le hobgoblin est l'une des fées Seelie les plus communes (Puck du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare est probablement le plus connu). Le brownie, les selkies et les leprechauns sont aussi des fées Seelie.
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Les fées Unseelie (du gaélique Seelie, béni, avec le préfixe privatif un) sont les plus malintentionnées envers les humains. Généralement hideuses, solitaires, capables d'attaquer des personnes sans raison, elles se soumettent rarement à une quelconque autorité[63]. La nuit, ces fées formeraient des bandes pour attaquer les voyageurs : projetés dans les airs, ils sont battus et forcés à tirer des projectiles elfiques vers des troupeaux de vaches[58],[64]. Tout comme les fées Seelie ne sont pas toujours bienveillantes, les fées Unseelie ne sont pas toujours mauvaises, mais lorsqu'elles ont le choix, elles préfèrent blesser les humains plutôt que de les aider. Les Fuathan, le Red Cap, les boggarts et les buttery spirits font partie des fées Unseelie[65].
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William Butler Yeats a partagé les fées en solitary fairies « fées solitaires » et en trooping fairies « fées en troupe » dans Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry (1888)[66], toute sa conception de l'univers féerique étant basée sur cette classification, qui n'avait jamais été évoquée par les folkloristes irlandais auparavant[67]. James Macdougall (dans Folk Tales and Fairy Lore) et Katharine Mary Briggs mentionnent cette distinction. Les fées qui apparaissent en groupe pourraient constituer des colonies[17]. Katharine Mary Briggs a fait remarquer qu'un troisième classement pourrait être nécessaire pour les « fées domestiques » qui vivent dans les maisons, même si elles se joignent à d'autres fées pour danser par exemple[68]. L'aristocratie du monde féerique appartient aux trooping fairies[58]. Leur nom provient du fait qu'elles circulent en de longues processions (des troupes), telle celle dont Tam Lin a été libéré[69]. Une fée de ce groupe peut être grosse ou petite, amicale ou sinistre[68]. Au contraire des trooping fairies, les solitary fairies vivent seules et sont réputées mauvaises et malicieuses, les brownies exceptés puisqu'ils aideraient aux tâches ménagères[68].
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La fée est originellement spécifique à l'Europe de l'Ouest, mais l'utilisation du nom et la symbolique attachée font que le mot « fée » a pu être utilisé pour désigner des créatures issues de cultures différentes, remplissant les mêmes fonctions. En Malaisie, sous le nom de pari-pari (en Malais) ou peri (en Indonésien), on retrouve des créatures exquises, ailées, entre les anges et les esprits maléfiques, qui visitent parfois le royaume des mortels, viennent en aide aux personnes dotées d'un cœur pur et sont liées à la nature. Walter Scott dit, sans certitude, qu'elles étaient originellement des fées dans son ouvrage Démonologie et sorcellerie, paru en 1832[70]. Les créatures liées à la mythologie Shinto et au folklore japonais, telle que le kappa, sont également très proches des fées et remplissent les mêmes fonctions[71], tout comme Matergabia et les Poludnitsa de la mythologie slave, ou encore les Suchi du Pakistan.
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L'apparence et la nature supposées des fées ont largement évolué au fil du temps, et présentent des différences en fonction des pays. L'écrivain C. S. Lewis a noté que celles-ci peuvent être perçues comme des revenantes, une forme de démon, une espèce totalement indépendante des humains, ou même des anges[72].
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Dans la littérature médiévale française, les fées sont des femmes parfaites qui ne présentent aucun attribut physique différent des humains : celles du XIIe siècle apparaissent grandes, blondes, et d'une beauté sans égale. Elles sont distinguées davantage par leurs habitudes et occupations que par leur physique. Les ailes et la baguette magique sont des ajouts des auteurs de l'époque classique[Quand ?][6]. Le Dictionnaire Bouillet, au XIXe siècle dit qu'on les représente tantôt sous la figure d'une femme jeune, belle, couverte d'habits magnifiques, tantôt comme une vieille ridée et couverte de haillons, parfois armées d'une baguette magique, instrument de leur puissance surnaturelle. Enfin, sans être immortelles, elles ont une existence de plusieurs milliers d'années. La plupart du temps, les fées semblent porter des vêtements correspondant à leur époque, toutefois, les lais des XIIe et XIIIe siècles les présentent dévêtues, en relation avec l'érotisme de la fée amante[32]. En Angleterre, les vêtements des fées sont verts[73], tout comme ceux des dames vertes en Franche-Comté.
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Dans les croyances germaniques, les fées peuvent être très laides et posséder des attributs monstrueux tels que des écailles et des cheveux en soies de porc, ou alors se révéler comme des femmes d'une beauté incomparable[21]. Dans la culture populaire anglo-saxonne (notamment en Angleterre), les fées sont souvent dépeintes comme de jeunes femmes, parfois ailées et généralement de petite taille (un héritage du XVIe siècle et notamment du Songe d'une nuit d'été qui a popularisé cette idée[74]). Elles étaient à l'origine représentées très différemment, de la grande créature lumineuse et angélique à la petite créature ratatinée à l'allure de troll. Leur taille va du minuscule, comme les pillywiggins qui mesureraient un centimètre, à celle d'un enfant humain[75]. Toutefois, cette petite taille est le résultat de leur magie plutôt qu'une caractéristique naturelle[76]. Les ailes, qui sont un élément si commun dans les représentations d'artistes à l'époque victorienne, et plus tard un attribut indissociable de la fée anglo-saxonne, sont très rares dans le folklore. Les fées, même de très petite taille, sont censées voler grâce à la magie, parfois sur des tiges de séneçon ou sur le dos des oiseaux[77]. Au début du XXIe siècle, ces fées sont souvent représentées avec des ailes d'insecte ordinaire, comme le papillon.
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Il existe aussi dans le folklore français quelques attestations de fées mâles (ou « féetauds[78] » au masculin), en particulier d'après Paul Sébillot.
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Une croyance populaire, rapportée par Katharine Mary Briggs, décrit les fées comme une forme de revenantes[79]. La banshee irlandaise, bean sí en gaélique irlandais et bean shìth en gaélique écossais, est quelquefois dite être une fée, d'autres fois un fantôme[80], tout comme la dame blanche[81] qui prédit la mort des rois[39]. Le Cauld Lad of Hylton du Nord de l'Angleterre, décrit comme un petit garçon assassiné, est un autre esprit de la maison semblable aux brownies[82], apparaissant la plupart du temps sous la forme d'un Barghest ou d'un elfe[83]. Un conte mentionne un homme, capturé par les fées, et qui constate un jour, alors qu'il en regarde une fixement, que la fée est l'un de ses voisins morts[84]. Cette conception de la fée en tant que revenante serait l'une des plus courantes dans les pays anglo-saxons, bien que la plupart des personnes s'étant exprimées sur le sujet aient également mentionné leurs doutes[85]. Il existe d'étroites similitudes entre le monde féerique, tel qu'il est perçu par le folklore, dans lequel s'élèvent des châteaux et vivent des fées en tous points semblables à des femmes magnifiques, et le sidh de la mythologie celtique, que l'on nomme également l'« Autre Monde », et où les morts sont en tous points semblables aux êtres humains[86].
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Une autre perception des fées en fait une espèce distincte des humains et des anges, dotée d'intelligence[87]. En alchimie, tout particulièrement, on trouve la mention d'élémentaires comme les gnomes et les sylphes, tels qu'ils ont été décrits par Paracelse[88]. Cette conception est rare dans le folklore, mais quelques occurrences décrivant les fées comme des esprits de l'air ont connu une certaine popularité[89].
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Le révérend Robert Kirk de la paroisse d'Aberfoyle, à Stirling en Écosse, a écrit un ouvrage majeur consacré aux connaissances féeriques en 1691, La République mystérieuse des elfes, faunes, fées et autres semblables, dans lequel il les décrit en tant qu'élémentaires :
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These Siths or Fairies they call Sleagh Maith or the Good People […] are said to be of middle nature between Man and Angel, as were Daemons thought to be of old; of intelligent fluidous Spirits, and light changeable bodies (lyke those called Astral) somewhat of the nature of a condensed cloud, and best seen in twilight. These bodies be so pliable through the sublety of Spirits that agitate them, that they can make them appear or disappear at pleasure[90].
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Ces Sith ou fées, on les appelle Sleagh Maith ou Bonnes Gens […] seraient de nature intermédiaire entre l'homme et l'Ange, comme les anciens le pensèrent des démons ; d'esprits intelligents et curieux, de corps légers et fluides (comme ceux dits astrals), quelque peu de la nature d'un nuage condensé, et plutôt visibles au crépuscule. Ces corps sont tellement souples de par la subtilité des esprits qui les agitent, qu'ils peuvent se faire apparaître ou disparaître à volonté[91].
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« Entre le bien et le mal, l'archange et le daymon, la légende découvre un être. Cet être, c'est la Fée. Entre l'Eden et les Enfers, la légende rêve d'un monde. Ce monde est peuplé par les Fées. Entre la lumière et les ténèbres, la légende crée un crépuscule. Ce crépuscule devient la Féerie. »
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— Pierre Dubois, La Grande Encyclopédie des fées[92]
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Une autre croyance voit dans les fées une classe particulière d'anges déchus[93]. Cette croyance peut expliquer la tradition selon laquelle les fées ont dû payer une dîme à l'enfer, parce qu'elles étaient considérées comme des anges déchus, mais pas tout à fait comme des démons[94]. L'association des fées aux anges, moins courante qu'avec les revenants, a cependant acquis une certaine popularité, en particulier dans les cercles théosophiques tel que le rapporte l'anthropologue et théosophe Walter Evans-Wentz[95],[96]. Les sources décrivant la nature des fées ont parfois soutenu les deux thèses d'ange déchu (troisième point de vue) et de démon (quatrième point de vue) simultanément, ou bien ont noté que la question est controversée[95].
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Une croyance plus rare voit dans les fées des êtres humains, mais cachés. Un conte populaire dit comment une femme avait caché certains de ses enfants au regard de Dieu, puis se mit à les chercher en vain car ils étaient devenus le peuple des fées. L'histoire des Huldres scandinaves présente un fort parallèle, bien qu'elle soit plus développée[97]. En Irlande, les fées seraient les enfants qu'Adam et Ève n'ont pas présentés à Dieu[70].
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Les habitudes des fées sont connues depuis les premiers écrits du Moyen Âge, en passant par la matière de Bretagne, les contes de fées et le folklore plus récent. Ainsi, la rencontre fortuite avec une fée ne se révélerait pas toujours bénéfique. L'un de leurs passe-temps favoris est de jouer des tours inoffensifs, par exemple en emmêlant les cheveux des dormeurs (les nœuds de fée), en volant de petits objets ou en conduisant un voyageur à s'égarer. Des comportements beaucoup plus dangereux leur sont attribués : l'enlèvement par des fées provoquerait une forme de mort subite, et le cadavre de la victime demeurerait dans les bois avec l'apparence de la personne enlevée[98]. Les fées sont également réputées forcer de jeunes hommes et femmes à danser toute la nuit, jusqu'à ce qu'ils dépérissent par manque de repos. Ce tour était considéré alors comme l'une des causes de la tuberculose[99]. Celles qui chevauchent des animaux domestiques (comme les vaches, les porcs ou les canards) pourraient provoquer chez eux l'apparition de mystérieuses maladies ou même de paralysies[100].
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Les fées sont étroitement liées au concept de monde parallèle, tel qu'il est évoqué dans la mythologie celtique et à travers le mot irlandais sidh. Elles peuvent habiter de merveilleux palais, le plus souvent situés au fond des eaux ou sur une île, telle la mythique Avalon[86]. Dans les récits à leur sujet, ces lieux merveilleux de l'Autre Monde peuvent être découverts par un homme lors d'un voyage ou d'une quête, mais les fées peuvent aussi enlever des humains pour les y conduire. Selon le folklore, personne n'est à l'abri d'un enlèvement féerique et celui-ci peut ne durer qu'un temps ou pour toujours, et se révéler plus ou moins dangereux pour le kidnappé. Une femme qui venait de donner naissance et ne s'était pas encore rendue à l'église était considérée comme particulièrement vulnérable[101]. Les histoires divergent quant au sort des captifs : certains mènent une vie joyeuse, d'autres sont à l'inverse tourmentés, d'autres enfin désirent ardemment revoir leurs vieux amis[102]. Au XIXe siècle, dans Lady Isabel and the Elf Knight, le chevalier-elfe est un avatar de Barbe-Bleue et Isabel doit le tuer afin de sauver sa vie. Tam Lin révèle que le personnage-titre, bien que vivant au milieu des fées et possédant leurs pouvoirs, est en fait un « chevalier terrestre » qui mène une vie agréable mais craint que les fées lui fassent payer la dîme de l'enfer[103]. Sir Orfeo raconte comment la femme de ce dernier est enlevée par le roi de Faerie, et parvient à s'échapper par la ruse, grâce à son excellent jeu de harpe. Sir Degaré raconte l'histoire d'une femme qui vient à bout de son amant féerique, lequel est démasqué comme un mortel dans les versions ultérieures de l'histoire. Dans Thomas le Rimeur, Thomas s'échappe avec moins de difficulté mais passe sept ans au pays des elfes[104].
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Une part considérable des légendes associées aux fées mentionne les histoires de changelings, leurre ou enfants de fées que ces dernières abandonnent à la place de bébés humains qu'elles enlèvent dans leur royaume[105].
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Une croyance partagée dans bon nombre de folklores veut que consommer la nourriture des fées scelle l'impossibilité de quitter leur royaume, tout comme dans le mythe de Perséphone et Hadès. Cette consigne est souvent donnée aux captifs qui se libèrent du pouvoir des fées grâce à d'autres personnes venues les délivrer : s'ils ont consommé la nourriture des fées, ils ne peuvent pas être libérés[106]. Dans le lai de Guingamor, ce dernier semble pouvoir quitter le royaume des fées bien qu'il y ait mangé, mais lorsqu'il mange une pomme après avoir franchi la rivière qui sépare les deux royaumes, les trois siècles qui se sont écoulés sur Terre le rattrapent[107].
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L'un des aspects les plus dangereux du séjour en contrées féeriques réside dans le fait que le temps s'y écoule différemment. Dans la mythologie celtique, Oisín est mis à mal non par son séjour, mais par son retour : quand il descend de cheval, les trois siècles qui sont passés dans le monde réel le rattrapent, le faisant tomber en poussière[108]. Le roi Herla (Herla cyning), originellement un aspect d'Odin christianisé sous les traits d'un roi, dans un conte de Walter Map, rend visite à un nain dans sa demeure souterraine et en revient trois siècles plus tard. Bien que certains de ses hommes soient tombés en poussière lorsqu'ils mirent pied à terre, Herla et les hommes qui restèrent en selle furent condamnés à ne jamais pouvoir descendre. Ce conte est l'une des origines de la chasse sauvage du folklore européen[109],[110]. On retrouve ce thème dans le lai de Guingamor[107], et de nombreuses autres légendes.
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Une caractéristique commune à toutes les fées est l'utilisation de la magie afin de déguiser leur apparence et celle de ce qui les entoure. L'or des fées est universellement connu pour être peu fiable, apparaissant comme de l'or quand il est donné en paiement, puis se révélant comme des feuilles, des ajoncs, des fleurs, des épices, des gâteaux ou une grande variété d'objets inutiles[111]. L'illusion est également implicite dans le conte Fairy Ointment et ses variantes fréquentes en Europe du Nord[112],[113], qui racontent comment une femme humaine est convoquée pour assister à une naissance féerique, ou parfois à l'accouchement d'une femme mortelle capturée par les fées. Invariablement, elle se fait remettre une pommade pour les yeux de l'enfant et on lui demande de l'oindre. Par hasard, ou quelquefois par curiosité, la femme utilise la pommade sur l'un de ses yeux, parfois les deux. À cet instant, elle prend conscience que tout autour d'elle n'était qu'illusion, qu'elle n'assiste pas une riche dame dans une maison cossue, mais sa propre servante qui s'était enfuie, dans une grotte misérable. Elle s'enfuit sans révéler sa nouvelle capacité, mais trahit tôt ou tard le fait qu'elle soit capable de voir les fées. Ces dernières se vengent en la rendant aveugle de l'œil clairvoyant, ou des deux si elle a utilisé la pommade sur les deux[114]. L'onction serait pratiquée par les fées afin de guérir certaines maladies, notamment la folie[115].
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La fée peut aussi être invoquée pour protéger certains lieux. Le meunier, considéré comme « peu futé » par les Écossais, avait toutefois la capacité de contrôler les forces de la nature, comme le feu dans le four et l'eau durant la cuisson, par le biais de plusieurs machines. Les communautés superstitieuses ont cru que le meunier était de connivence avec les fées, qui en Écosse sont souvent malicieuses et à craindre. Personne n'osait mettre le pied au moulin ou au four durant la nuit car il est bien connu que les fées apportent leur blé à moudre dès la nuit tombée. Tant que les gens du pays croyaient cela, le meunier pouvait dormir tranquille, sachant que personne n'oserait tenter de le voler. John Fraser, le meunier de Whitehill, près d'Hamilton, a affirmé s'être caché et avoir vu les fées essayer en vain de moudre. Il a décidé de sortir de sa cachette et de les aider, là-dessus, l'une des femmes-fée lui aurait donné un gowpen (une double poignée de grain) et lui dit de la mettre dans son girnal (magasin) vide, car les réserves resteraient alors pleines pendant une longue période, quoi qu’il en sorte[116].
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Les fées sont associées à bon nombre de lieux qu'elles fréquenteraient, ou même qu'elles auraient bâti. Le cercle des fées[117], en réalité un phénomène mycologique, a longtemps été attribué à la danse des fées qui s'y déroulerait. On nomme chemin des fées (fairy path) les passages qu'elles empruntent, et fort de fées les castros circulaires que les fées habiteraient en Irlande.
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En Bretagne, le monument mégalithique La Roche-aux-Fées aurait été bâti par elles et vénéré en conséquence[118], il est le sujet du conte La Fée des Houx. Bon nombre de dolmens étaient, jusqu'à une époque récente, réputés être leur demeure[119]. Paul Sébillot a relevé un nombre impressionnant de « grottes aux fées », « pierres des fées », « chambres des fées » ou « trous des fées » d'un bout à l'autre de la France, témoignant d'anciennes croyances[120]. La croyance populaire associe toujours les forêts de Huelgoat, Fouesnant, Brocéliande (administrativement forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon ainsi que les landes écossaises et Irlandaises à des demeures féeriques[52]. Le Val sans Retour serait le domaine de la fée Morgane. Plusieurs lieux sont revendiqués comme étant le domaine de la fée Viviane, notamment le lac du château de Comper.
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Bon nombre de recommandations visent à éviter soigneusement les lieux que les fées sont réputées fréquenter, et une grande partie du folklore consacré aux fées évoque les moyens de se prémunir de leur malice ou de les conjurer. Les objets en fer forment le charme de protection le plus répandu (le fer agit comme un poison sur les fées et elles fuient ce métal)[117]. Elles sont également réputées gênées par les personnes portant leurs vêtements à l'envers, mais aussi par l'eau courante, le millepertuis perforé, le trèfle à quatre feuilles et le son des cloches, en particulier celles des églises[96].
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Certaines croyances sont contradictoires, comme celle à propos du sorbier des oiseleurs qui dans certains cas forme une protection contre les fées, mais dans d'autres est sacré pour elles. Le rôle des cloches est tout aussi ambigu, alors qu'elles sont censées protéger contre les fées, celles qui montent à cheval — telle la reine des fées — ont souvent des cloches sur leurs harnais. Ce pourrait être un trait distinctif de la cour Seelie, qui les utiliseraient pour se protéger contre la cour Unseelie[121]. Une autre part ambiguë du folklore concerne le chant du coq, censé chasser les fées alors que certains contes racontent que ces créatures élèvent des volailles[122]. De nombreuses histoires révèlent comment empêcher les fées de voler les bébés et de les remplacer par un changeling, ou encore d'enlever les personnes âgées de la même manière[98]. Les hommes et femmes qui voient des fées sont bien avisés de ne pas les regarder de trop près, parce qu'elles sont très susceptibles quant aux atteintes à leur vie privée[123]. C. S. Lewis parle d'un chalet plus redouté pour ses fées que son fantôme[124].
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Creuser dans les collines des fées est particulièrement imprudent. Des propriétaires ont fait abattre le coin d'un mur de leur maison parce qu'il bloquait le chemin des fées[125]. Des chalets ont été construits avec les portes avant et arrière alignées, de sorte que les propriétaires puissent, au besoin, les laisser ouvertes afin que la troupe des fées passe durant la nuit[126]. Des sites tels que les forts de fées sont laissés intacts : même la coupe de broussailles y est réputée causer la mort de ceux qui ont accompli l'acte[127]. Les arbres des fées, tels que l'aubépine, sont dangereux à abattre. L'un de ces arbres a été préservé en Écosse, empêchant l'élargissement d'une route pendant 70 ans[128]. Pour éviter les fées des eaux tels que Peg Powler et Jenny Greenteeth, il suffit de fuir les plans d'eau qu'elles habitent[58].
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En Terre-Neuve, la protection la plus connue est le pain, allant du pain rassis à la tranche de pain frais maison. La croyance en les vertus du pain est ancienne, associé à la maison et au foyer, ainsi qu'avec l'industrie et la domestication de la nature, il semble être détesté par certains types de fées. Toutefois, dans la plupart des folklores celtes, les produits de boulangerie sont une offrande traditionnelle comme le sont la crème et le beurre[96]. Dans le comté de Wexford, en Irlande, la croyance selon laquelle un enfant qui sort avec un morceau de pain emballé dans ses vêtements est protégé de la sorcellerie ou du mal était courante en 1882[129].
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« Le prototype de la nourriture, et donc un symbole de vie, le pain était l'une des protections les plus répandues contre les fées. Avant de sortir dans un lieu habité par des fées, il était d'usage de mettre un morceau de pain sec dans sa poche. »
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— Katharine Mary Briggs, An Encyclopedia of Fairies. Hobgoblins, brownies, bogies and other supernatural creatures[130]
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Traditionnellement, les fées sont considérées comme éternelles ou immortelles, toutefois cette immortalité peut être mise à mal par le sel, réputé pour ses vertus exorcisantes et apotropaïques. Une fée baptisée devient mortelle lorsque le sel touche ses lèvres selon Paul Sébillot, et peut alors subir des infirmités, vieillir et mourir[32].
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D'autres actions sont réputées offenser les fées. Les brownies sont traditionnellement chassés si on leur donne des vêtements ; certains contes rapportent qu'ils sont vexés par la qualité inférieure des vêtements donnés, d'autres qu'ils sont ravis de ce cadeau et partent simplement en l'emportant[131]. D'autres brownies quittent des foyers ou des fermes parce qu'ils ont entendu une plainte, ou un compliment[132]. Une maison bien tenue évite qu'ils ne commettent des actions malveillantes : s'ils ne trouvent pas la maison assez propre, ils pincent les gens dans leur sommeil. La nécessité de ne pas offenser les fées peut créer des problèmes : un agriculteur a constaté que les fées avaient battu son blé pour lui, mais le battage continua et le blé de ses voisins disparut bientôt. Il en conclut que les fées volaient ses voisins, ce qui lui laissait le choix entre les dénoncer et les offenser, ce qui est dangereux, ou alors profiter du vol[133].
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Plusieurs théories, plus ou moins sérieuses, coexistent pour expliquer l'origine des fées. La plus largement reconnue par les folkloristes, historiens, ethnologues, archéologues et écrivains voit dans les fées la survivance des divinités et esprits mentionnés dans les croyances païennes, notamment greco-romaines et celtiques, dont la fonction s'est trouvée modifiée avec la venue du monothéisme et surtout du christianisme en Europe[134],[70], diabolisant ou rationalisant ces êtres.
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Ainsi, dès le VIe siècle, Martin de Braga dit que les esprits des arbres et des eaux sont des démons chassés du ciel[70]. L'érudit Alfred Maury explique qu'à son époque, les auteurs faisaient descendre les fées des nymphes, des Parques et des druidesses[135]. Walter Scott fait des sylvains, satyres et faunes, créatures sylvestres et champêtres des mythologies, les ancêtres des fées écossaises :
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« Ces sylvains, ces satyres et ces faunes, dont la superstition peuplait les rives touffues et les bois élevés de cette contrée romantique, furent obligés de faire place à des déités dont le caractère ressemblait beaucoup au leur, et qui probablement tiennent quelques-uns de leurs attributs de leurs prédécesseurs classiques [...] nous voulons parler des fées [...]. »
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— Walter Scott, Histoire de la démonologie et de la sorcellerie[136]
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Les différentes théories ne sont pas forcément exclusives, le mélange de certaines d'entre elles peut expliquer l'origine de divers personnages féeriques en Europe de l'Ouest. Conteurs et écrivains ont parfois livré leurs propres visions, souvent poétiques, de l'origine des fées. C'est le cas de J. M. Barrie qui raconte dans un chapitre du roman The Little White Bird au sujet de Peter Pan, en 1902, que « lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire éclata en un million de fragments qui se dispersèrent en tous sens. Ce fut le commencement des fées »[137]. D'autres auteurs restent dans le domaine mythologique, tel l'Irlandais William Butler Yeats pour qui les Tuatha Dé Danann devinrent les fées lorsqu'ils furent vaincus, certains se faisant invisibles, d'autres gagnant Tir Na Nog et les derniers se cachant sous les tertres[71]. Pierre Dubois remonte à la cosmogonie de la mythologie nordique, où le géant Ymir, démembré, donne naissance aux alfes (alfes sombres, alfes noirs et alfes lumineux), qui eux-mêmes engendrent tout le petit peuple[3].
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La théorie la plus répandue veut que les fées aient à l'origine été les divinités, majeures ou mineures, de plusieurs panthéons païens qui, avec la venue du christianisme, ont vu leurs pouvoirs et leur fonction diminuer ou changer et sont passées de la religion au folklore populaire, et à la littérature. Une preuve réside dans le fait que bon nombre d'êtres fabuleux décrits comme des divinités dans les anciennes légendes et les mythologies sont désormais dépeints comme des fées, en particulier dans les écrits plus récents[134]. Ainsi, Pierre Dubois inclut-il Lamastu et les dryades à sa Grande Encyclopédie des fées[138], expliquant : « les déesses trop vives pour rester statufiées dans le marbre sont descendues du Parnasse pour gagner les campagnes »[92]. De plus, la confusion entre fées et déesses est fréquente au Moyen Âge[139], les fées de récits médiévaux ressemblent fortement à la déesse antique Vénus et surtout à Diane qui partage bon nombre de leurs attributs et notamment le lien à la nature, mais aussi aux nymphes, aux dryades, et aux dames de la mythologie celtique telles que Niamh. Le savoir attribué aux fées (divination, guérison, etc.), est indéniablement d'origine divine[140]. Claude Lecouteux voit dans les Valkyries et les femmes-cygnes l'origine d'une partie des fées germaniques[21].
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Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner voient dans les divinités liées au Destin, Parques, Nornes et Sybilles, les ancêtres des fées françaises[140],[3], de même que les auteurs du Dictionnaire des symboles pour qui « cette filiation n'est guère discutable »[141], Karl Grün dans Les Esprits élémentaires (1891) affirme que les fées allemandes sont également issues des trois Nornes[57] et Claude Lecouteux cite la Fylgja, incarnation féminine du destin des héros, comme origine possible des fées scandinaves[21].
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Quelques chercheurs tels que Claude Lecouteux, Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner font remonter l'origine d'au moins une partie des fées à la personnification de l'eau[3]. Des créatures proches de l'archétype de la « fée des eaux » sont en effet universellement présentes dans la mythologie d'Europe de l'Ouest, et ont pour particularité d'habiter des demeures semblables à celles des hommes mais situées sous les eaux, d'où le lien à la notion de monde parallèle[86]. Les textes médiévaux à propos des fées ne cessent de mentionner cet élément, que ce soit la fontaine de Barenton ou la rivière près de laquelle Lanval rencontre deux fées, dont l'une l'emmène dans l'île mythique d'Avalon[142]. Les créatures de l'eau issues de la mythologie germanique, telles que les ondines et les nixes, sont clairement à l'origine des fées germaniques selon Claude Lecouteux, et seraient elles-mêmes issues de la crainte et de la terreur des hommes envers cet élément, conduisant à son anthropomorphisation. Il cite pour preuve le très grand nombre d'êtres surnaturels censés vivre sous les eaux[21].
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Durant l'époque victorienne, l'explication des mythologies voulait que toutes les divinités soient des personnifications de forces naturelles[143]. Suivant cette théorie, les fées sont à la fois des personnifications de la nature et des allégories de concepts abstraits tels que l'amour et la victoire, déifiés dans le panthéon des différents animismes qui forment les plus anciennes religions en Europe de l'Ouest[144]. Pierre Dubois reprend également cette théorie, ajoutant que le regard posé par l'homme sur la nature pour y percevoir des présences cachées est une manifestation de son subconscient[92].
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Une dernière théorie, popularisée par Katharine Mary Briggs et Lady Wilde, mère d'Oscar Wilde[70], lie les fées au souvenir d'un type de culte des morts. Elle s'appuie sur la confusion, dans un certain nombre de croyances et de légendes, entre les fantômes et les fées, sur le Sidhe considéré comme un tertre funéraire, sur le fait qu'il est dangereux de manger de la nourriture en pays de féerie tout comme dans le royaume d'Hadès, et sur le séjour des morts et de bon nombre d'êtres du petit peuple sous terre[145].
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Une croyance ancienne voyait dans les fées un souvenir des druidesses. Au XIXe, Collin de Plancy l'assurait, ajoutant que l'on chargeait de cultes à la nature, et à qui l'on a plus tard attaché des demeures au fond de puits, près des torrents, ou dans les cavernes. Jules Garinet pensait que les fées sont les femmes des druides[146] et Olaus Magnus parle de divinités de la forêt résidant dans des antres obscurs, qui se montrent à ceux qui viennent les consulter, et disparaissent soudainement : ce seraient originellement des druidesses, devenues des fées[147].
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Une idée répandue parmi les nations celtiques parle d'un peuple de petite taille peu à peu chassé par d'autres hommes, et condamné à vivre dans la clandestinité. Ils en seraient venus à être considérés comme une autre race, des fées, voire des esprits. Ils sont réputés vivre sous terre, cachés dans les collines (notamment les tumuli), ou encore de l'autre côté de la mer, à l'ouest[105]. Certains archéologues du XIXe siècle pensèrent qu'ils avaient trouvé des chambres souterraines dans les Orcades ressemblant au pays des elfes dans Childe Rowland[148]. Selon le folklore populaire, les pointes de flèches en silex de l'âge de la pierre sont fabriquées par les fées qui s'en servent pour lancer l’elf-shot[58]. La réaction des fées face au fer a été interprétée comme la peur de ce peuple supposé face à des envahisseurs portant des armes en fer, tandis que les fées étaient seulement armées de silex et facilement vaincues lors des batailles physiques. Les vêtements verts et les demeures souterraines attribués aux fées sont vus comme une réponse à leur besoin de se cacher des humains hostiles, et leur utilisation de la magie comme le développement d'une compétence nécessaire pour lutter contre un peuple possédant un armement et une force physique supérieurs[105].
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Selon les croyances de l'époque victorienne, le cannibalisme des « ogres » a été attribué au souvenir d'époques plus sauvages, lors desquelles des peuples primitifs le pratiquaient aux côtés de peuples plus évolués qui l'avait abandonné[149]. Les selkies, décrits dans les contes comme un peuple féerique métamorphe capable de se changer en phoque, ont été décrits comme le souvenir de peuples primitifs voyageant en kayak et portant des peaux de phoques[105]. Suivant ces théories, les pygmées africains sont mis en avant comme l'exemple d'un peuple qui vivait autrefois sur de grandes étendues de territoire, mais qui deviennent rares et presque mythiques au fil du temps, et du développement d'autres peuples[150]. En 1932, le célèbre écrivain américain Howard Phillips Lovecraft consacre un court texte d'analyse à une thèse similaire : « Quelques origines du royaume des fées » (Some backgrounds of Fairyland)[151].
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Les chercheurs, entre autres Claudine Glot, accordent peu de crédit à ces théories qui prouvent surtout, selon eux, que « le conte est inséparable de la fée »[70].
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Rien n'est plus absurde que de croire les elfes, fées, trolls et dragons des êtres surnaturels[152].
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Bien que l'existence des fées n'ait jamais été admise scientifiquement, la croyance en ces êtres est évoquée bien des fois au cours de l'Histoire, par les croyances populaires, des alchimistes, des médiums ou des théosophes affirmant en voir et communiquer avec eux[39], de grandes familles médiévales les ont même revendiquées pour ancêtres. L'historien et membre du cercle zététique Paul-Éric Blanrue considère que les fées n'ont pas d'existence physique et qu'il faut être spirite pour accréditer une telle idée. Pour lui, les fées « vivent dans nos rêves, c'est la raison de leur immortalité »[153]. La croyance aux fées a perduré grâce au folklore populaire, entre autres par la voie orale des contes, qui se transmettent parmi le peuple depuis la nuit des temps[154]. Dès 1843, l'érudit Alfred Maury a noté que « Les fées occupent incontestablement l'un des premiers rangs dans les traditions populaires de notre contrée »[155].
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Les religions ont différents points de vue quant aux fées. Si les monothéismes ont tous beaucoup œuvré pour diaboliser le petit peuple[156], les religions animistes, spiritualistes et néopaganistes acceptent beaucoup mieux les croyances féeriques.
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Bien que de nombreuses études récentes existent à ce sujet, il est difficile de savoir quelle place tenait la fée dans le folklore populaire médiéval, les seules informations figurant dans les textes des clercs qui les dénoncent comme des inepties et des mensonges. Cela peut suggérer que la fée ait été très présente dans la culture populaire[157] et bien connue des paysans et des « vilains », mais ne permet pas d'évaluer à quel point ces derniers y croyaient[158]. Laurence Harf-Lancner note qu'elles sont omniprésentes durant cette période et incarnent « dans l'imagination des hommes du Moyen Âge, tous les fantasmes liés à la féminité, à l'animalité, à l'altérité »[159]. L'empereur Charlemagne a rédigé en son temps des capitulaires interdisant aux sylphes d'apparaître dans le ciel pour enlever des personnes[39].
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Au vieux temps du roi Arthur, celui dont les Bretons parlent avec grand respect, tout ce pays-ci était plein de féerie. La reine des fées avec sa gaie compagnie dansait bien souvent dans plus d'une prairie verte. C'était là l'ancienne croyance, d'après ce que je lis… Il y a bien des siècles de cela. Mais maintenant on ne voit plus de sylphes. Car la grande piété et les prières des moines mendiants et autres saints frères qui, aussi nombreux que les atomes dans un rayon de soleil, fouillent toutes les terres et tous les cours d'eau, bénissant les salles, les chambres, les cuisines, les chaumières, les cités, les bourgs, les grands châteaux et les tours, — font qu'il n'y a plus de fées. Geoffrey Chaucer, XIVe siècle, traduction de Victor Hugo[160].
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D'après Alfred Maury, les fées sont d'origine celte et sont issues de la personnification de forces naturelles. Très tôt, les capitulaires condamnent comme sacrilèges ceux qui continuent à allumer des feux et des lumières près des arbres, des pierres et des fontaines et qui adressent leurs vœux aux divinités païennes. Dans son allocution pastorale aux Belges, saint Éloi défend de placer des luminaires et des offrandes auprès des rochers, des sources, des arbres, des cavernes et des carrefours. Toutefois, il semble que le culte se soit conservé longtemps[161], mais de manière discrète, notamment dans les forêts[162]. Dans le Lancelot en prose, le narrateur rapporte que la fontaine des fées et la Dame du Lac sont dites fées selon la vox populi, c'est-à-dire d'après les contes et les gens qui habitent la forêt[158].
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Pour Antoine Le Roux de Lincy, le rituel néonatal que décrit, dans la deuxième moitié du XIIe siècle, le roman de Guillaume au court nez, est répandu dans plusieurs provinces françaises : « dans certaines provinces, on mettoit devant la cheminée une petite table couverte de linge très fin ; sur cette table, trois coupes, un pot de vin ou d'Hypocras, trois pains de fleurs de farine et deux flambeaux qui restoient allumés durant la nuit. Ce repas frugal étoit destiné aux fées, qui, d'après les croyances, devoient venir répandre leurs dons sur le nouveau-né[163] ».
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Aux XIIe et XIIIe siècles, les rois et les nobles éprouvent le besoin d'attribuer à leur lignée une origine exceptionnelle, et les fées deviennent des ancêtres tutélaires ou les protectrices de certaines familles. Les ducs d'Aquitaine, les Plantagenêt et la famille normande d'Argouges affirment tous descendre d'une fée[164]. Mérovée, premier de la lignée des Mérovingiens, serait né du viol de la reine Théodelinde[source insuffisante] par un ondin[164]. Ces légendes sont souvent parallèles à celles des naissances célèbres dues à des incubes ou des succubes[165].
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Si les théologiens et l'Église du Haut Moyen Âge intègrent les fées au surnaturel chrétien, ils assimilent cependant les dames des lacs et des forêts à des démons[107],[159], tout comme Burchard de Worms au XIe siècle[21]. Les autorités chrétiennes des XIIe et XIIIe siècles, période d'optimisme, se montrent tolérantes envers ce personnage aux attributs proches de ceux d'une déesse[166], et ne tentent pas de le diaboliser[167] (contrairement au dragon[164]), sans doute parce qu'« il est difficile de résoudre le problème d'une croyance à une figure surnaturelle à la fois bénéfique et étrangère au christianisme »[6]. Au cours du XIIIe siècle toutefois, les fées sont vues de plus en plus comme déloyales et emplies de luxure[168]. La mise en valeur de la chasteté comme première des vertus fait que le rôle autrefois échu aux personnages féeriques de la littérature devient celui des anges à la fin du Moyen Âge[164]. Le caractère féerique de ces personnages tend également à s'estomper, et leurs figures littéraires à devenir celles de sorciers et d'enchanteresses[169] qui tiennent leurs savoirs de longues études, du fait de la rationalisation[164], à partir du XIVe siècle[170]. Ainsi, les « dames du lac », fées qui règnent sur un merveilleux palais sous-marin, voient leur royaume devenir une île[86]. Les fées n'échappent pas non plus à la diabolisation[171].
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La religion chrétienne est à l'origine de diverses théories à propos des fées. Selon certains textes apocryphes, dont le Livre d'Hénoch, lorsqu'une partie des anges se révoltèrent contre Dieu, ce dernier ferma les portes du Paradis. Les êtres qui étaient demeurés à ses côtés devinrent les anges, ceux qui avaient suivi Satan aux enfers devinrent les démons, quant à ceux qui n'avaient pu se décider entre le bien et le mal, ils devinrent les fées[172]. Claude Lecouteux précise que ceux qui rejoignirent l'eau devinrent des ondins, celles qui tombèrent dans les sources devinrent des nymphes et celles qui tombèrent dans les forêts devinrent les dianes[21]. Une version similaire veut que les ancêtres des fées aient été boutés hors du Paradis parce qu'ils n'étaient pas assez bons, et que l'Enfer les ait refusés car ils n'étaient pas assez mauvais[173], ou encore que les fées aient été les enfants d'anges déchus qui firent commerce charnel avec des mortelles[174].
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De la fin du XVIe siècle au milieu du XVIIe siècle, les procès des sorcières féeriques de Sicile prouvent que cette cohabitation entre le folklore féerique et la religion chrétienne ne s'est pas déroulée sans heurts. Avec la montée du puritanisme, la vision des fées en tant qu'êtres démoniaques a gagné en popularité[175],[176]. Ainsi, le hobgoblin, qui était à l'origine un esprit amical de la maison, est devenu un gobelin malveillant[177]. Prétendre faire commerce avec les fées était à cette époque considéré comme une forme de sorcellerie et sévèrement puni[17]. C'est peut-être pour dissocier les fées des démons qu'Obéron, dans la pièce Songe d'une nuit d'été, observe soigneusement que ni lui ni sa cour ne craignent les cloches de l'église[178].
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En 1691, le révérend écossais Robert Kirk écrit un ouvrage majeur consacré à la connaissance des fées : La République mystérieuse : Des elfes, faune, fées et autres semblables publié pour la première fois en 1815. Il y présente les fées sous un jour assez inquiétant, comme étant des êtres invisibles et parfois très dangereux. C'est en s'installant sur la lande des trossachs qu'il va se confondre avec « l'esprit des lieux » et écrire son ouvrage qui, plus tard, devient presque mythique. Il y décrit non seulement l'apparence des fées « telles qu'elles apparaissent à ceux qui ont la seconde vue », mais aussi leurs demeures, leurs croyances et leurs occupations avant sa mort en 1691, à l'âge de 42 ans. Cette mort le fait entrer dans la légende, car il se dit que les fées se sont vengées parce qu'il a trahi leurs secrets, ainsi que le racontent Walter Scott et Pierre Dubois[179].
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En France, des études ethnologiques[Note 7] après la Seconde Guerre mondiale ont relevé la persistance de ces croyances, notamment à la campagne, chez les personnes âgées. La Bretagne et l'Alsace, en raison peut-être d'une survivance des langues régionales, ont conservé de nombreuses traces du petit peuple, dans leurs traditions orales et leurs toponymies[180]. En Angleterre, la croyance aux fées est fortement liée à l'écrivain Lewis Carroll et à ses écrits, comme Les Aventures d'Alice au pays des merveilles[181]. À Nottingham, la Fairy Investigation Society a été créée pour chercher des traces ainsi que des témoignages à propos des fées[182]. L'animisme du Japon (shintoïsme) est très proche des croyances européennes aux fées, ce qui explique l'attrait des Japonais pour ces créatures, de même que la persistance des croyances aux esprits féeriques dans les régions rurales du Nord du Japon[71]. Il existe d'ailleurs un « musée des fées » à Kaneyama[183].
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Au début du XXIe siècle, la croyance en l'existence (physique ou spirituelle) des fées perdure ; il est admis qu'elles ne sont pas qu'une affaire de folklore et de contes. Dans les pays scandinaves, elle est fortement ancrée et en Islande, le tracé d'une autoroute fut dévié afin d'éviter un lieu réputé habité par les fées[184]. Christine Lynch, fille de Frances Griffiths résidant en Irlande du Nord dans une région où le folklore féerique reste très présent, déclare en 2009 que les époques de crises rendent les personnes plus réceptives à « la magie des fées », et par là plus portées à y croire[185].
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Conan Doyle croyait fermement en l'existence des fées, tout comme son père, Charles Altamont Doyle, qui les dessinait et assurait en voir dans ses dernières années, alors qu'il avait sombré dans l'alcoolisme et la folie[186]. Des clairvoyants comme Geoffrey Hodson ont déclaré pouvoir décrire leurs mœurs et activités avec une grande précision[39]. Peter Caddy, créateur du Findhorn Ecovillage, en Écosse, a affirmé avoir atteint son haut degré de maîtrise du jardinage biologique grâce à ses pratiques spirituelles et la communion avec les Devas et d'autres esprits de la nature[39]. Des témoignages d'observations de fées sont recensés partout dans le monde, même chez des personnes qui n'ont jamais manifesté le moindre signe de croyance auparavant[187]. Pierre Dubois pense qu'on ne peut totalement ignorer ces multiples témoignages, la question étant de savoir si on peut « se permettre de douter de la sincérité de ces clairvoyances »[182].
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Au sortir de la Première Guerre mondiale, la population anglaise est ouverte au merveilleux et l'affaire des fées de Cottingley en 1917 donne lieu à un long débat sur l'existence du petit peuple. Arthur Conan Doyle est persuadé de l'authenticité d'une série de cinq photographies prises par Elsie Wright et Frances Griffiths à Cottingley dans le Yorkshire au Royaume-Uni en 1917. Il publie en 1922 The Coming of the Fairies après deux articles très sérieux dans le Strand Magazine montrant ces clichés des deux filles en compagnie d'êtres du petit peuple. Soixante ans plus tard, en 1983, les deux auteurs admettent qu'il s'agissait d'une supercherie, mais Frances maintient qu'elle avait bien vu des fées. L'affaire des fées de Cottingley amène de nouvelles pistes de réflexion à travers de nombreux témoignages de personnes affirmant « jouer avec des elfes » ou « danser avec des fées » dans la région du Yorkshire, entre autres vers Skipton[188].
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D'après les enseignements de la théosophie, les Devas, l'équivalent des anges, sont considérés comme vivant dans l'atmosphère de la planète ou à l'intérieur du Soleil, et sont censés agir sur la nature, par exemple sur le processus de la croissance des plantes. Certains Devas sont plus petits et moins importants en degré d'évolution, ils sont nommés « esprits de la nature », « élémentaux » et « fées »[189]. La croyance en la réalité des fées de Cottingley a été forte chez les théosophes, donnant lieu à bon nombre d'explications quant à ces êtres : les esprits de la nature, élémentaires, gnomes, ondines, sylphes, salamandres et fées peuvent être observés lorsque le troisième œil est activé. Les théosophes maintiennent que les êtres moins évolués n'ont jamais été incarnés auparavant comme êtres humains, et sont considérés comme une lignée distincte de l'évolution spirituelle humaine, appelée « l'évolution deva » : si leur âme progresse, ils peuvent se réincarner en tant que Devas. Les théosophes affirment que tous ces êtres possèdent un corps éthérique composé de « matière éthérique », substance plus fine et plus pure que celle que l'on trouve sur le plan terrestre[190]. Le théosophe Edward Gardner a effectué de longues recherches concernant le folklore féerique et entendu de multiples témoignages relatant des observations d'êtres fabuleux et, dans The Coming of the Fairies, Conan Doyle met en avant le nombre élevé de rapports d'observations de fées[191] ou encore le fait que son ami William Riley cite le Haut-Airedale et le Wharfedale comme des lieux où sont consignées des observations de pixies comme autant d'arguments en faveur de leur existence[192]. D'après lui, le petit peuple est aussi nombreux que la race humaine, et pourrait vivre à la surface de la Terre, séparé par une différence vibratoire.
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Dans la culture moderne, une preuve de la pérennité des croyances féeriques (ou une résurgence) réside dans les cultes néopaganistes ou néodruidiques. Une branche de la Wicca, nommée Faery Wicca, accorde une importance primordiale aux fées, aux gnomes, aux esprits de la nature et au petit peuple de manière générale, mais aussi au folklore qui leur est lié, aux relations qu'ils entretiennent avec la nature, et à la magie qu'ils sont censés utiliser. Cette branche a été fondée par Kisma Stepanich et suivie par quelques autres auteurs comme Edain McCoy, en s'appuyant sur les traditions irlandaises[193].
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Plusieurs écrivains tels Charles Athanase Walckenaer (Lettres sur les contes de fées attribués a Perrault, et sur l'origine de la féerie, 1826) et Alfred Maury (Les Fées du Moyen Âge : recherches sur leur origine, leur histoire et leurs attributs) en France, Johann Wilhelm Wolf et Sanford Schreiber en Allemagne, Lucy Allen Paton (Studies in the Fairy Mythology of Arthurian Romance) et Walter Evans-Wentz, (Fairy Faith in Celtic Countries) dans les pays anglo-saxons se sont livrés à de savantes recherches sur la symbolique des fées. Freud, avec L'Interprétation des rêves (1900), fut le premier à découvrir la nature symbolique des contes de fées, expliquant ensuite dans L'Homme aux loups que le conte de fées offre à l’enfant un mode de pensée qui correspond à sa représentation de lui-même[194]. La fée est donc une image de l'enfant évoluant dans un monde d'adultes et capable de pouvoirs de transformation par son imagination. Le psychanalyste Bruno Bettelheim a proposé une version psychanalytique des contes de fées[195] dans laquelle il montre que la fée est une figure soit positive (la bonne fée) soit négative (la mauvaise fée) de la mère. Pour le psychanalyste Géza Róheim, dans The Psychoanalytic Study of the Child, le conte de fées se rapproche du symbolisme onirique[194].
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Pour Marie Louise von Franz, principale continuatrice du psychiatre Carl Gustav Jung, le conte de fées symbolise le processus qui permet à la personnalité de se construire de manière harmonieuse[196]. Elle souligne que ces contes sont l’expression la plus pure et la plus simple des processus collectifs inconscients. Ainsi, chaque actant du conte de fée représente l'un de ces processus psychiques à l'œuvre dans la personnalité. La jeune fée symbolise la part la plus intime et la plus intuitive de la femme, celle encore proche de la nature intérieure[197] alors que pour Carl Gustav Jung, la figure de la vieille fée représente l'archétype de la « Grande-mère », projection mythique de l'expérience féminine dans toutes les civilisations[198].
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L'écrivain et essayiste Michel Le Bris voit dans les fées « l'âme du monde », des êtres créés par les hommes pour peupler la nature et leurs rêves et ainsi pouvoir les habiter, mais aussi et surtout, des êtres intermédiaires entre le monde et l'humanité[199].
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La fée telle qu'on la connaît est une création de l'Occident médiéval[14],[159], époque qui voit la naissance littéraire de la fée Morgane, la fée Viviane, et Mélusine. D'abord présente dans la littérature grâce à des auteurs comme Marie de France et Chrétien de Troyes, elles connaissent à nouveau une vague de popularité grâce au Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare à la fin du XVIe siècle, puis dans les contes de fées des XVIIe et XVIIIe siècles[171]. Au XIXe, le folklore du petit peuple s'accorde avec les élans vers la nature du romantisme littéraire, et les fées profitent de la renaissance celtique (Celtic Revival). La collecte des traditions folkloriques, l'intérêt pour les mythes, contes et légendes gagnent toute l'Europe[200], de même que les créations originales incluant des personnages féeriques[201]. L'époque victorienne voit la naissance de la peinture féerique. Le XXe siècle et ses productions « d'une extraordinaire richesse »[202] incluent notamment la fée Clochette, devenue une icône de la culture populaire, mais aussi de nombreux films des studios Disney. Les romans de Tolkien éveillent chez la génération étudiante de l'époque un intérêt tout particulier le petit peuple et à sa suite, les premiers ouvrages répertoriant étudiant ces créatures connaissent le succès éditorial : Katharine Briggs, Brian Froud et Alan Lee en Angleterre, Pierre Dubois, Édouard Brasey et Marie-Charlotte Delmas en France. Quelques auteurs des littératures de l'imaginaire et bon nombre d'illustrateurs de fantasy incluent désormais les fées à leur répertoire.
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Dans le monde anglo-saxon, le terme consacré de fairy tale (« conte de fées »), ambigu, est fréquemment remis en cause par les folkloristes : ils lui préfèrent celui de « wonder tale » (« conte merveilleux »), qu'ils distinguent des tales about fairies (contes à propos de fées, faisant réellement intervenir des fées)[203].
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Brian Froud (trad. Pierre Alien, ill. Alan Lee), Les Fées, Albin Michel, 1993 (ISBN 9782226064769)
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Une fée est un être légendaire, généralement décrit comme anthropomorphe et féminin, d'une grande beauté, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d'influencer le futur. L'idée que l'Homme se fait des fées varie selon les cultures et les pays : revenantes, anges déchus, élémentaires ou même humaines, minuscules ou immenses, toutes sont étroitement liées aux forces de la nature et au concept de monde parallèle. La Befana, la Dame blanche, les sirènes, les nymphes, Morgane, Viviane et une grande variété d'êtres et de créatures généralement féminines peuvent être considérés comme des « fées ». Les Anglo-Saxons utilisent le nom « fairies » pour désigner les fées, mais également toutes les petites créatures anthropomorphes du folklore païen telles que les lutins, les nains et les elfes.
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Issues des croyances populaires et de mythologies anciennes, de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques ainsi que d'anciennes divinités, les fées sont une création de l'Occident médiéval. Elles jouent des rôles très variés. Si certaines aident, soignent, guident des personnes ou leur fournissent des armes enchantées, d'autres fées sont plus connues pour leurs « tours », leur habitude de danser en cercle et d'enlever des personnes, en particulier les nouveau-nés humains qu'elles remplacent par un changelin. Douées de facultés magiques, elles se déguisent et modifient l'apparence de ce qui les entoure.
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Dès le XIIe siècle, deux grandes figures féeriques se distinguent dans la littérature d'Europe de l'Ouest : la fée marraine et la fée amante. Bien connues de la littérature médiévale, les fées disparaissent des récits à l'arrivée de la Renaissance, pour réapparaître sous de nouvelles formes dans Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, et les contes merveilleux qui modifient leur taille, leur apparence et leur symbolique. Les petites fées anglo-saxonnes sont popularisées durant l'époque victorienne, notamment par la peinture féerique. Les fées font toujours partie intégrante des croyances populaires dans les régions de culture celte, en Islande et dans toute la Scandinavie, où des précautions à tenir envers elles sont popularisées par le folklore. Elles restent connues des folklores allemand, français et wallon, bien que les croyances aient largement reculé au XXe siècle. De tous temps, des personnes ont affirmé voir les fées, communiquer avec elles et invoquer leur aide ; en Angleterre, l'affaire des fées de Cottingley entraîne un long débat sur la réalité de leur existence.
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Les fées sont désormais des personnages incontournables de la littérature fantastique et fantasy et du cinéma, entre autres grâce à Walt Disney qui les a largement popularisées aux États-Unis, et à des films comme Dark Crystal. Elles intéressent des chercheurs comme Katharine Mary Briggs, des illustrateurs tels que Cicely Mary Barker, Brian Froud et Alan Lee, ainsi que des conteurs comme l'elficologue Pierre Dubois à qui l'on doit, en France, la redécouverte du folklore qui leur est lié.
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Le mot « fée » (prononcé [fe] écouter la prononciation française) provient du latin Fata, nom du genre féminin qu'il ne faut pas confondre avec le pluriel neutre de fatum, désignant une déesse de la destinée[1] (une Parque)[2] et de genre féminin. D'après Alfred Maury, le vocable fata, utilisé par les Gallo-romains pour désigner les anciennes divinités, est resté dans la mémoire populaire. Fata a donné « fée » en langue d'oïl, fadas en occitan et hadas en gascon[3]. Cette racine latine est directement issue des trois Parques de la mythologie romaine, également connues sous le nom de fatae[4], dont l'équivalent dans la mythologie grecque est le groupe des trois Moires, divinités gardiennes du Destin (moïra en grec ancien, signifiant « lot », « part qui revient à chacun »). Ce dernier terme est dérivé d'un verbe signifiant à la fois « recevoir sa part » et « être séparé de »[5]. L'étymologie latine et grecque laisse à penser que la fée est liée au destin, ou bien possède une capacité à l'influencer, ainsi qu'un don de prédiction.
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En français moderne, « fée » possède un genre grammatical féminin qui accentue la caractéristique sexuée féminine. Dans d'autres cultures occidentales, « fée » est traduit par un mot sans lien avec la racine latine fata. En effet, les cultures irlandaises et scandinaves utilisent respectivement les racines alfr (gaélique) et älf (norrois)[Note 1] ; cette dernière racine étant celle du mot « elfe ». On constate alors que la définition de la nature et du rôle des fées est beaucoup moins restrictive, autant dans l'étymologie que dans le folklore féerique, et peut englober toutes les créatures du petit peuple.
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D'après Alfred Maury, le terme « fée » était autrefois utilisé comme adjectif. Issu du latin fatum et du bas latin fatatus, il est devenu « faé »[Note 2] sous la forme médiévale en ancien français, puis « fé »[Note 3], signifiant « destiné » et « enchanté »[3]. On l'utilisait pour qualifier tout lieu, objet ou être surnaturel[6], l'adjectif prenant alors le sens « d'enchanté », c'est-à-dire touché par une magie, ou selon le dictionnaire d'Antoine Furetière de 1694, comme une « chose enchantée par quelque puissance supérieure, des armes fées, qui ne peuvent être percées »[7]. Cet usage s'est perdu et ne subsiste que dans quelques langues régionales, mais l'anglais l'utilise encore avec le vocable faery[6], également orthographié fairy écouter la prononciation américaine. On utilisait également le verbe « féer » dans le sens d'« enchanter » ou « être enchanté »[Note 4].
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De nombreuses épithètes sont utilisées pour désigner les fées, telles que « bonnes », « bonnes-dames » et « bonnes et franches pucelles » en français[8], « bon peuple », « peuple des Fées » (wee folk, good folk, people of peace, fair folk…) ou d'autres euphémismes en langue anglaise[9], laissant à supposer qu'il est dangereux ou irrespectueux de prononcer leur nom[10].
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Les fées sont par ailleurs à l'origine de nombreux proverbes et expressions populaires liés à leurs qualités supposées, tels « avoir des doigts de fée » qui désigne l'habileté de ses mains[11], ou « vivre un conte de fées » qui signifie « vivre une aventure merveilleuse ou extraordinaire »[12].
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La notion de « fées » a donné naissance à des mythes, des histoires et des études sur une très longue période[13]. Elles sont majoritairement vues comme des êtres anthropomorphes dotés de pouvoirs magiques, qui interviennent dans la vie des humains[2]. Cependant, l'oubli ou l'assimilation des divers folklores ont créé une confusion entre des créatures aux noms et aux caractéristiques opposées, issues de langues et de traditions distinctes. Les fées sont donc multiformes et de nombreuses classifications ont été établies à leur sujet.
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Ce sont les déités des lieux, des sources, des montagnes, des prés et des bois, les maîtresses de nos songes, les Reines d'Avallon, les Serpes de l'obscur, les Nymphes de l'aurore ; celles qui font et défont les saisons. Mais ces « Puissantes », dont certains hésitent à prononcer le nom, possèdent un cœur de femme que brise le moindre manquement[10].
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Le nom « fée » désigne des créatures différentes en fonction des pays et des racines linguistiques.
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Selon la conception française et germanique des fées, ce sont des êtres féminins dotés de pouvoirs surnaturels influant sur la destinée humaine. Laurence Harf-Lancner propose la définition de « femme surnaturelle, habitante d'un Autre Monde qui délaisse son lointain royaume pour s'intéresser de près aux affaires des mortels et diriger leur destinée »[14]. Le Dictionnaire Bouillet les présente au XIXe siècle comme jouissant d'un pouvoir surhumain, mais soumises quelquefois à des lois étranges et humiliantes.
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L'elficologue Pierre Dubois, spécialiste français du sujet et auteur de La Grande Encyclopédie des fées parue en 1996, les présente comme des marraines, devineresses et enchanteresses représentant les forces de la nature, bien distinctes des elfes et des lutins, esprits masculins, souvent farceurs pour ces derniers[Note 5]. Il distingue les fées qui contrôlent le ciel, par exemple en faisant tomber la neige, la pluie et l'orage, ou qui annoncent les saisons telles le printemps et la période de l'Avent, la Befana et la Guillaneu étant des exemples[15]. Les « fées du foyer » sont celles qui vivent dans les demeures humaines qu'elles protègent, mais peuvent aussi terroriser les habitants ou mettre le désordre, telles les gianes et les martes[16]. Cette distinction avait été déjà envisagée par Katharine Mary Briggs[17]. Il distingue ensuite les fées venues d'autres mondes, souvent nocturnes, comme les dames blanches, les banshees et les lavandières de nuit[18]. Restent les fées des eaux, celles de la végétation, et les fées aériennes liées au rêve comme Margot, Morgane et Viviane[19]. Bien qu'il voie les fées comme féminines, il mentionne aussi des hommes-fées (ou « féetauds ») dont parlait Paul Sébillot, le plus illustre représentant étant le roi Obéron[20].
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Dans les croyances germaniques, elles-mêmes influencées par des emprunts à la littérature celtique et romane, Claude Lecouteux distingue trois types d'êtres surnaturels : les géants, les nains et les fées[21].
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La notion de fée dans le monde anglo-saxon est différente de celle qui prévaut dans la Francophonie. Le terme français « fée », repris en langue allemande, ne désigne pas toujours le même type de créature que les termes anglais « fairies » et « faeries ». Pour la spécialiste anglaise Katharine Mary Briggs, le mot fairies (« fées ») peut décrire toute créature magique (un cheval-fée, une biche-fée, etc.), l'ensemble du petit peuple, ou un type spécifique de créatures plus éthérées[22]. Certaines créatures anglo-saxonnes décrites comme fées possèdent le pouvoir de se métamorphoser, c'est le cas des selkies (peuple des phoques) et des kelpies (chevaux ondins). Les chiens noirs, eux aussi « fées », semblent plus constants dans leur forme[23]. Le nom de « fairies » concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique dans son ensemble, incluant les lutins, les nains et les elfes du folklore germanique, les trolls, les gnomes, les korrigans, etc.[17]. Dans la culture anglo-saxonne ainsi que la germanique, c'est la « fée des dents » qui remplace les dents de laits perdues par les enfants par des pièces d'or. En Italie, ce personnage coexiste avec la petite souris[24].
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L'étude du folklore et de la littérature ont permis de distinguer les différents rôles attribués aux fées, notamment via les travaux des universitaires Katharine Briggs (An Encyclopedia of Fairies[25]) et Laurence Harf-Lancner (Le Monde des fées dans l'Occident médiéval[26]). Selon elle, deux grands archétypes féeriques peuvent être identifiés dès le Moyen Âge : celui de la fée dite « fata », ou fée marraine, et celui de la fée amante. Ils semblent s'être différenciés au XIIe siècle, par le biais de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques, alors qu'ils étaient auparavant fondus en un seul[27]. Les deux étaient connues du folklore vers l'an mille, ainsi que le rapporte Burchard de Worms[4]. Cette distinction ne fait toutefois pas l'unanimité chez les spécialistes, notamment en ce qui concerne les fées de la légende arthurienne, dont les rôles sont multiples[Note 6]. Les contes merveilleux ont popularisé la fée marraine et son antithèse, la fée Carabosse.
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Durant le Moyen Âge germanique et selon Claude Lecouteux, les fées peuvent se faire tour à tour anges gardiens, médecins, guides et éducatrices, possèdent des objets merveilleux et des dons magiques, ainsi qu'une capacité à surgir à point nommé pour aider les héros (fonction adjuvante)[21]. Dans certains textes médiévaux tels Artus de Bretagne, les fées sont le « double tutélaire d'un héros assurant le cycle saisonnier »[28]. Lecouteux a examiné la croyance médiévale du double, dont il semble voir des réminiscences issues d'un chamanisme primitif dans le lai de Lanval[29].
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Selon Laurence Harf-Lancner, la fée fata, ou fée marraine, est vraisemblablement issue d'un mélange entre la figure des trois Parques de la mythologie romaine et des triades tutélaires celtiques liées à la fertilité et l'abondance, dont le souvenir est demeuré vivace au Moyen Âge. Cette créature tutélaire se penche sur le berceau d'un nouveau-né pour apporter protection et grâces magiques, c'est une fée « matrone » comme dans le conte La Belle au bois dormant et sa forme plus ancienne, Perceforest. Elle était semble-t-il vénérée vers l'an mille[4]. Ces fées maternelles élèvent et éduquent de jeunes héros, avant de leur remettre des armes merveilleuses[30].
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« Belles à nulle autre pareille, et qui plus est enchanteresses, et qui plus est éternelles ! À qui d'autre peut mieux rêver le rêveur de rêves qui n'a que le rêve pour aimer et être aimé au-dessus de ses moyens ? Qui d'autre pour lui entrouvrir l'or des aventures, des serments d'immortalité, accomplir ses espérances d'enfance lorsqu'il se voulait chevalier, chasseur de dragon, amant pour toujours d'une fée belle à nulle autre pareille ? »
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— Pierre Dubois, Lanval[31]
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Burchard de Worms met en garde contre la croyance selon laquelle des femmes de la forêt sorties de nulle part viennent donner du plaisir aux hommes, puis disparaissent : ce témoignage aux alentours de l'an mille est l'un des plus anciens concernant la fée amante[27]. Elle est décrite comme une magnifique jeune femme surnaturelle qui éveille chez les chevaliers et les héros un désir d'amour immédiat. Des histoires où les hommes héroïques se font aimer de telles créatures féminines se retrouvent partout dans le monde, aussi bien en Grèce antique que chez les Inuits ou les Amérindiens[2]. La fée amante est toutefois une création littéraire occidentale du XIIe siècle[4]. Ses amours sont toujours assujetties à une condition (dans le lai de Lanval, il s'agit de ne pas en parler et dans la légende de Mélusine, de ne pas chercher à la voir le samedi). Si l'interdit n'est pas respecté, la fée peut se venger cruellement, allant jusqu'à donner la mort à ses amants[2]. La Belle Dame sans merci, héroïne d'un poème de John Keats, la reine des fées dans Thomas le Rhymer et celle de Tam Lin sont des exemples de fées amantes piégeant les hommes par leur amour.
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Les contes ont popularisé la figure de la fée Carabosse, ou vieille fée, antithèse de la fée marraine, qui maudit les nouveau-nés. Cependant, les vieilles fées se rencontrent également dans le folklore français, où si elles semblent éternellement vieilles[32], elles ne se révèlent pas toujours maléfiques. Pierre Dubois en cite plusieurs en Europe, comme la Befana[33], tante Arie[34] et les trottes-vieilles, qui apportent les cadeaux de Noël. Toutefois, la plupart sont maléfiques, telles la chauchevieille[35], Meiga[36], et les fées déchues (Fausserole, Teugghia)[37], parfois issues de la diabolisation des esprits du terroir. En Russie, les Sluagh sont souvent décrites comme des fées mortes-vivantes. Au Maroc, Aïcha Kandicha, sorte de fée ogresse de la culture musulmane, est comparable à la fée Carabosse[38].
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Bon nombre de fées personnifient des forces de la nature et peuvent avoir pour fonction de la protéger ou de symboliser ses attraits comme ses dangers[39]. Il est universellement reconnu que les fées ne sont jamais liées aux zones urbaines, mais plutôt à la nature, et particulièrement aux forêts, collines et points d'eau[40]. Gaston Bachelard, notamment, a attribué aux Éléments naturels une existence autre que physique, ayant trait à leur symbolisme, à leur côté poétique et aux créations imaginaires qu'ils suscitent, comme celle des fées[41]. Certains cultes à la nature sont à l'origine de croyances féeriques, un peu partout dans le monde[42].
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Les fées des eaux sont universellement connues, et incluent les sirènes, les nixes, les ondines, la vouivre, les Marie Morganes[43], la Rusalka, Vila, et même Mélusine, Morgane ou la Dame du lac à l'origine. Claude Lecouteux cite un grand nombre d'êtres anthropomorphes cachées sous les eaux à guetter le passage d'imprudents pour les dévorer, dans le folklore germanique[21]. Il semblerait que les naïades, les Néréides et les sirènes de la mythologie grecque soient aussi à l'origine de la « fée des eaux »[44]. La folkloriste Françoise Morvan a étudié ces créatures féminines qui, depuis des siècles, hantent les traditions populaires et donnent naissance à des récits étranges, qui ont eux-mêmes servis de source au romantisme européen[45]. La mer primordiale étant un élément féminisé, la perception symbolique des rivières, sources et lacs est alors la même, celle d'un élément féminin qui influence la représentation des fées aquatiques comme superbes femmes à la longue chevelure flottante. Les fées des eaux ont toutes été diabolisées par le christianisme médiéval[46].
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Les fées des végétaux, de la minuscule pillywiggin anglaise protectrice des fleurs à la dame verte de Franche-Comté[47], sont très nombreuses. Le culte des arbres est attesté avant la christianisation, preuve que le règne végétal est personnifié et considéré (en quelque sorte) comme « fée » depuis l'Antiquité[48]. Alfred Maury assure que le respect religieux avec lequel les anciens Celtes pénétraient dans les forêts est dû à leur considération comme demeure des divinités[49]. Les dryades et hamadryades, à l'origine divinités mineures du culte des arbres et de la forêt dans la mythologie grecque, sont parfois vues comme des fées[50]. La blanche biche des légendes médiévales, qui apparaît au milieu des forêts et pousse les hommes à la suivre, est encore une fois liée aux fées[51] puisque dans ce type de légende, la poursuite d'un gibier blanc (biche, cerf, lièvre ou sanglier) en pleine forêt mène à leur royaume[52].
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Cette association des fées aux forêts est due au fait qu'il suffit d'entrer dans une forêt pour ressentir l'impression de « s'enfoncer dans un monde sans limite », d'après Gaston Bachelard. Pierre Dubois interprète cette sensation comme une ouverture aux rencontres féeriques[53].
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La croyance populaire associe les forêts de Huelgoat, de Fouesnant, de Brocéliande (la forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon (Wistman's Wood), ainsi que les landes écossaises et Irlandaises (telles Glendalough) aux demeures des fées, assurant que ces créatures s'y trouvent encore[52].
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Un changeling (ou changelin) est un être féerique substitué à un enfant, dont la légende est connue dans toute l'Europe de l'Ouest. Les raisons d'un tel échange sont multiples, il peut s'agir d'un tour joué par les fées, du paiement d'une dette contractée par les parents de l'enfant ou de la fascination des fées pour les bébés humains.
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Selon l'illustrateur et spécialiste anglais Brian Froud, « la classification des fées est notoirement difficile parce que les fées sont des êtres fluides et se métamorphosent, changeantes comme l'humeur ou les pensées de qui les observe »[54]. Ce serait même dangereux selon Pierre Dubois, qui affirme que tenter de classifier le petit peuple serait « la plus grave des impolitesses »[55]. De nombreuses classifications ont toutefois été établies depuis celle de Paracelse : l'allemand Karl Grün, l'auteur des Esprits élémentaires paru en 1891[56], classe ainsi les fées en « déesses du Destin » (à l'origine des personnages qui visitent les demeures au Nouvel An), esprits élémentaires féminins des forêts, collines, rochers et eaux (Makrâlle, Dame Abonde…), et « femmes réputées être des fées », devenues des apparitions aériennes ou des sorcières[57].
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L'une des classifications les plus influentes chez le petit peuple est la division entre la Cour Seelie (ou parfois « Cour de l'Eté » ou « des Lumières ») et la Cour Unseelie (ou parfois « Cour de l'Hiver » ou « des Ténèbres »), d'après le folklore écossais et dont parle Brian Froud[58]. Cette distinction accentue l'étrangeté de ces créatures, et se différencie d'une distinction plus manichéenne présente dans les folklores scandinave et écossais, qui transposent sur le petit peuple les valeurs d'une morale humaine (bien et mal) et différencient créatures « bienveillantes » et « malveillantes »[17].
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L'alchimiste Paracelse associe un certain nombre de créatures féeriques aux quatre éléments, dans Astronomia magna et Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits[59]. Il voit dans les nymphes des habitantes des eaux et dans les sylphes ceux de l'air.
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« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme... Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines... [...] Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre... Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »
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— Paracelse, La grande astronomie[60]
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Les fées Seelie sont vues comme plus gentilles envers les humains. « Seelie » signifie « béni » ou « saint », il est semblable au mot allemand « selig » et au mot de vieil anglais « sælig » (l'ancêtre du mot anglais « silly » : « joyeux », « inoffensif » ou « bénéfique »). En irlandais, le mot s'épèle « seleighe ». Elles rechercheraient l'aide des humains, mettant en garde ceux qui les ont offensées involontairement et répondant en retournant des faveurs. Pourtant, une fée qui appartient à cette cour se venge des insultes et demeure capable de malice[61]. Selon Briggs, elles apprécient jouer des tours mais restent dans le fond très gentilles et généreuses[62]. Le meilleur moment de la journée pour les voir serait le crépuscule[58]. Le hobgoblin est l'une des fées Seelie les plus communes (Puck du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare est probablement le plus connu). Le brownie, les selkies et les leprechauns sont aussi des fées Seelie.
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Les fées Unseelie (du gaélique Seelie, béni, avec le préfixe privatif un) sont les plus malintentionnées envers les humains. Généralement hideuses, solitaires, capables d'attaquer des personnes sans raison, elles se soumettent rarement à une quelconque autorité[63]. La nuit, ces fées formeraient des bandes pour attaquer les voyageurs : projetés dans les airs, ils sont battus et forcés à tirer des projectiles elfiques vers des troupeaux de vaches[58],[64]. Tout comme les fées Seelie ne sont pas toujours bienveillantes, les fées Unseelie ne sont pas toujours mauvaises, mais lorsqu'elles ont le choix, elles préfèrent blesser les humains plutôt que de les aider. Les Fuathan, le Red Cap, les boggarts et les buttery spirits font partie des fées Unseelie[65].
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William Butler Yeats a partagé les fées en solitary fairies « fées solitaires » et en trooping fairies « fées en troupe » dans Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry (1888)[66], toute sa conception de l'univers féerique étant basée sur cette classification, qui n'avait jamais été évoquée par les folkloristes irlandais auparavant[67]. James Macdougall (dans Folk Tales and Fairy Lore) et Katharine Mary Briggs mentionnent cette distinction. Les fées qui apparaissent en groupe pourraient constituer des colonies[17]. Katharine Mary Briggs a fait remarquer qu'un troisième classement pourrait être nécessaire pour les « fées domestiques » qui vivent dans les maisons, même si elles se joignent à d'autres fées pour danser par exemple[68]. L'aristocratie du monde féerique appartient aux trooping fairies[58]. Leur nom provient du fait qu'elles circulent en de longues processions (des troupes), telle celle dont Tam Lin a été libéré[69]. Une fée de ce groupe peut être grosse ou petite, amicale ou sinistre[68]. Au contraire des trooping fairies, les solitary fairies vivent seules et sont réputées mauvaises et malicieuses, les brownies exceptés puisqu'ils aideraient aux tâches ménagères[68].
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La fée est originellement spécifique à l'Europe de l'Ouest, mais l'utilisation du nom et la symbolique attachée font que le mot « fée » a pu être utilisé pour désigner des créatures issues de cultures différentes, remplissant les mêmes fonctions. En Malaisie, sous le nom de pari-pari (en Malais) ou peri (en Indonésien), on retrouve des créatures exquises, ailées, entre les anges et les esprits maléfiques, qui visitent parfois le royaume des mortels, viennent en aide aux personnes dotées d'un cœur pur et sont liées à la nature. Walter Scott dit, sans certitude, qu'elles étaient originellement des fées dans son ouvrage Démonologie et sorcellerie, paru en 1832[70]. Les créatures liées à la mythologie Shinto et au folklore japonais, telle que le kappa, sont également très proches des fées et remplissent les mêmes fonctions[71], tout comme Matergabia et les Poludnitsa de la mythologie slave, ou encore les Suchi du Pakistan.
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L'apparence et la nature supposées des fées ont largement évolué au fil du temps, et présentent des différences en fonction des pays. L'écrivain C. S. Lewis a noté que celles-ci peuvent être perçues comme des revenantes, une forme de démon, une espèce totalement indépendante des humains, ou même des anges[72].
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Dans la littérature médiévale française, les fées sont des femmes parfaites qui ne présentent aucun attribut physique différent des humains : celles du XIIe siècle apparaissent grandes, blondes, et d'une beauté sans égale. Elles sont distinguées davantage par leurs habitudes et occupations que par leur physique. Les ailes et la baguette magique sont des ajouts des auteurs de l'époque classique[Quand ?][6]. Le Dictionnaire Bouillet, au XIXe siècle dit qu'on les représente tantôt sous la figure d'une femme jeune, belle, couverte d'habits magnifiques, tantôt comme une vieille ridée et couverte de haillons, parfois armées d'une baguette magique, instrument de leur puissance surnaturelle. Enfin, sans être immortelles, elles ont une existence de plusieurs milliers d'années. La plupart du temps, les fées semblent porter des vêtements correspondant à leur époque, toutefois, les lais des XIIe et XIIIe siècles les présentent dévêtues, en relation avec l'érotisme de la fée amante[32]. En Angleterre, les vêtements des fées sont verts[73], tout comme ceux des dames vertes en Franche-Comté.
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Dans les croyances germaniques, les fées peuvent être très laides et posséder des attributs monstrueux tels que des écailles et des cheveux en soies de porc, ou alors se révéler comme des femmes d'une beauté incomparable[21]. Dans la culture populaire anglo-saxonne (notamment en Angleterre), les fées sont souvent dépeintes comme de jeunes femmes, parfois ailées et généralement de petite taille (un héritage du XVIe siècle et notamment du Songe d'une nuit d'été qui a popularisé cette idée[74]). Elles étaient à l'origine représentées très différemment, de la grande créature lumineuse et angélique à la petite créature ratatinée à l'allure de troll. Leur taille va du minuscule, comme les pillywiggins qui mesureraient un centimètre, à celle d'un enfant humain[75]. Toutefois, cette petite taille est le résultat de leur magie plutôt qu'une caractéristique naturelle[76]. Les ailes, qui sont un élément si commun dans les représentations d'artistes à l'époque victorienne, et plus tard un attribut indissociable de la fée anglo-saxonne, sont très rares dans le folklore. Les fées, même de très petite taille, sont censées voler grâce à la magie, parfois sur des tiges de séneçon ou sur le dos des oiseaux[77]. Au début du XXIe siècle, ces fées sont souvent représentées avec des ailes d'insecte ordinaire, comme le papillon.
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Il existe aussi dans le folklore français quelques attestations de fées mâles (ou « féetauds[78] » au masculin), en particulier d'après Paul Sébillot.
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Une croyance populaire, rapportée par Katharine Mary Briggs, décrit les fées comme une forme de revenantes[79]. La banshee irlandaise, bean sí en gaélique irlandais et bean shìth en gaélique écossais, est quelquefois dite être une fée, d'autres fois un fantôme[80], tout comme la dame blanche[81] qui prédit la mort des rois[39]. Le Cauld Lad of Hylton du Nord de l'Angleterre, décrit comme un petit garçon assassiné, est un autre esprit de la maison semblable aux brownies[82], apparaissant la plupart du temps sous la forme d'un Barghest ou d'un elfe[83]. Un conte mentionne un homme, capturé par les fées, et qui constate un jour, alors qu'il en regarde une fixement, que la fée est l'un de ses voisins morts[84]. Cette conception de la fée en tant que revenante serait l'une des plus courantes dans les pays anglo-saxons, bien que la plupart des personnes s'étant exprimées sur le sujet aient également mentionné leurs doutes[85]. Il existe d'étroites similitudes entre le monde féerique, tel qu'il est perçu par le folklore, dans lequel s'élèvent des châteaux et vivent des fées en tous points semblables à des femmes magnifiques, et le sidh de la mythologie celtique, que l'on nomme également l'« Autre Monde », et où les morts sont en tous points semblables aux êtres humains[86].
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Une autre perception des fées en fait une espèce distincte des humains et des anges, dotée d'intelligence[87]. En alchimie, tout particulièrement, on trouve la mention d'élémentaires comme les gnomes et les sylphes, tels qu'ils ont été décrits par Paracelse[88]. Cette conception est rare dans le folklore, mais quelques occurrences décrivant les fées comme des esprits de l'air ont connu une certaine popularité[89].
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Le révérend Robert Kirk de la paroisse d'Aberfoyle, à Stirling en Écosse, a écrit un ouvrage majeur consacré aux connaissances féeriques en 1691, La République mystérieuse des elfes, faunes, fées et autres semblables, dans lequel il les décrit en tant qu'élémentaires :
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These Siths or Fairies they call Sleagh Maith or the Good People […] are said to be of middle nature between Man and Angel, as were Daemons thought to be of old; of intelligent fluidous Spirits, and light changeable bodies (lyke those called Astral) somewhat of the nature of a condensed cloud, and best seen in twilight. These bodies be so pliable through the sublety of Spirits that agitate them, that they can make them appear or disappear at pleasure[90].
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Ces Sith ou fées, on les appelle Sleagh Maith ou Bonnes Gens […] seraient de nature intermédiaire entre l'homme et l'Ange, comme les anciens le pensèrent des démons ; d'esprits intelligents et curieux, de corps légers et fluides (comme ceux dits astrals), quelque peu de la nature d'un nuage condensé, et plutôt visibles au crépuscule. Ces corps sont tellement souples de par la subtilité des esprits qui les agitent, qu'ils peuvent se faire apparaître ou disparaître à volonté[91].
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« Entre le bien et le mal, l'archange et le daymon, la légende découvre un être. Cet être, c'est la Fée. Entre l'Eden et les Enfers, la légende rêve d'un monde. Ce monde est peuplé par les Fées. Entre la lumière et les ténèbres, la légende crée un crépuscule. Ce crépuscule devient la Féerie. »
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— Pierre Dubois, La Grande Encyclopédie des fées[92]
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Une autre croyance voit dans les fées une classe particulière d'anges déchus[93]. Cette croyance peut expliquer la tradition selon laquelle les fées ont dû payer une dîme à l'enfer, parce qu'elles étaient considérées comme des anges déchus, mais pas tout à fait comme des démons[94]. L'association des fées aux anges, moins courante qu'avec les revenants, a cependant acquis une certaine popularité, en particulier dans les cercles théosophiques tel que le rapporte l'anthropologue et théosophe Walter Evans-Wentz[95],[96]. Les sources décrivant la nature des fées ont parfois soutenu les deux thèses d'ange déchu (troisième point de vue) et de démon (quatrième point de vue) simultanément, ou bien ont noté que la question est controversée[95].
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Une croyance plus rare voit dans les fées des êtres humains, mais cachés. Un conte populaire dit comment une femme avait caché certains de ses enfants au regard de Dieu, puis se mit à les chercher en vain car ils étaient devenus le peuple des fées. L'histoire des Huldres scandinaves présente un fort parallèle, bien qu'elle soit plus développée[97]. En Irlande, les fées seraient les enfants qu'Adam et Ève n'ont pas présentés à Dieu[70].
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Les habitudes des fées sont connues depuis les premiers écrits du Moyen Âge, en passant par la matière de Bretagne, les contes de fées et le folklore plus récent. Ainsi, la rencontre fortuite avec une fée ne se révélerait pas toujours bénéfique. L'un de leurs passe-temps favoris est de jouer des tours inoffensifs, par exemple en emmêlant les cheveux des dormeurs (les nœuds de fée), en volant de petits objets ou en conduisant un voyageur à s'égarer. Des comportements beaucoup plus dangereux leur sont attribués : l'enlèvement par des fées provoquerait une forme de mort subite, et le cadavre de la victime demeurerait dans les bois avec l'apparence de la personne enlevée[98]. Les fées sont également réputées forcer de jeunes hommes et femmes à danser toute la nuit, jusqu'à ce qu'ils dépérissent par manque de repos. Ce tour était considéré alors comme l'une des causes de la tuberculose[99]. Celles qui chevauchent des animaux domestiques (comme les vaches, les porcs ou les canards) pourraient provoquer chez eux l'apparition de mystérieuses maladies ou même de paralysies[100].
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Les fées sont étroitement liées au concept de monde parallèle, tel qu'il est évoqué dans la mythologie celtique et à travers le mot irlandais sidh. Elles peuvent habiter de merveilleux palais, le plus souvent situés au fond des eaux ou sur une île, telle la mythique Avalon[86]. Dans les récits à leur sujet, ces lieux merveilleux de l'Autre Monde peuvent être découverts par un homme lors d'un voyage ou d'une quête, mais les fées peuvent aussi enlever des humains pour les y conduire. Selon le folklore, personne n'est à l'abri d'un enlèvement féerique et celui-ci peut ne durer qu'un temps ou pour toujours, et se révéler plus ou moins dangereux pour le kidnappé. Une femme qui venait de donner naissance et ne s'était pas encore rendue à l'église était considérée comme particulièrement vulnérable[101]. Les histoires divergent quant au sort des captifs : certains mènent une vie joyeuse, d'autres sont à l'inverse tourmentés, d'autres enfin désirent ardemment revoir leurs vieux amis[102]. Au XIXe siècle, dans Lady Isabel and the Elf Knight, le chevalier-elfe est un avatar de Barbe-Bleue et Isabel doit le tuer afin de sauver sa vie. Tam Lin révèle que le personnage-titre, bien que vivant au milieu des fées et possédant leurs pouvoirs, est en fait un « chevalier terrestre » qui mène une vie agréable mais craint que les fées lui fassent payer la dîme de l'enfer[103]. Sir Orfeo raconte comment la femme de ce dernier est enlevée par le roi de Faerie, et parvient à s'échapper par la ruse, grâce à son excellent jeu de harpe. Sir Degaré raconte l'histoire d'une femme qui vient à bout de son amant féerique, lequel est démasqué comme un mortel dans les versions ultérieures de l'histoire. Dans Thomas le Rimeur, Thomas s'échappe avec moins de difficulté mais passe sept ans au pays des elfes[104].
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Une part considérable des légendes associées aux fées mentionne les histoires de changelings, leurre ou enfants de fées que ces dernières abandonnent à la place de bébés humains qu'elles enlèvent dans leur royaume[105].
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Une croyance partagée dans bon nombre de folklores veut que consommer la nourriture des fées scelle l'impossibilité de quitter leur royaume, tout comme dans le mythe de Perséphone et Hadès. Cette consigne est souvent donnée aux captifs qui se libèrent du pouvoir des fées grâce à d'autres personnes venues les délivrer : s'ils ont consommé la nourriture des fées, ils ne peuvent pas être libérés[106]. Dans le lai de Guingamor, ce dernier semble pouvoir quitter le royaume des fées bien qu'il y ait mangé, mais lorsqu'il mange une pomme après avoir franchi la rivière qui sépare les deux royaumes, les trois siècles qui se sont écoulés sur Terre le rattrapent[107].
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L'un des aspects les plus dangereux du séjour en contrées féeriques réside dans le fait que le temps s'y écoule différemment. Dans la mythologie celtique, Oisín est mis à mal non par son séjour, mais par son retour : quand il descend de cheval, les trois siècles qui sont passés dans le monde réel le rattrapent, le faisant tomber en poussière[108]. Le roi Herla (Herla cyning), originellement un aspect d'Odin christianisé sous les traits d'un roi, dans un conte de Walter Map, rend visite à un nain dans sa demeure souterraine et en revient trois siècles plus tard. Bien que certains de ses hommes soient tombés en poussière lorsqu'ils mirent pied à terre, Herla et les hommes qui restèrent en selle furent condamnés à ne jamais pouvoir descendre. Ce conte est l'une des origines de la chasse sauvage du folklore européen[109],[110]. On retrouve ce thème dans le lai de Guingamor[107], et de nombreuses autres légendes.
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Une caractéristique commune à toutes les fées est l'utilisation de la magie afin de déguiser leur apparence et celle de ce qui les entoure. L'or des fées est universellement connu pour être peu fiable, apparaissant comme de l'or quand il est donné en paiement, puis se révélant comme des feuilles, des ajoncs, des fleurs, des épices, des gâteaux ou une grande variété d'objets inutiles[111]. L'illusion est également implicite dans le conte Fairy Ointment et ses variantes fréquentes en Europe du Nord[112],[113], qui racontent comment une femme humaine est convoquée pour assister à une naissance féerique, ou parfois à l'accouchement d'une femme mortelle capturée par les fées. Invariablement, elle se fait remettre une pommade pour les yeux de l'enfant et on lui demande de l'oindre. Par hasard, ou quelquefois par curiosité, la femme utilise la pommade sur l'un de ses yeux, parfois les deux. À cet instant, elle prend conscience que tout autour d'elle n'était qu'illusion, qu'elle n'assiste pas une riche dame dans une maison cossue, mais sa propre servante qui s'était enfuie, dans une grotte misérable. Elle s'enfuit sans révéler sa nouvelle capacité, mais trahit tôt ou tard le fait qu'elle soit capable de voir les fées. Ces dernières se vengent en la rendant aveugle de l'œil clairvoyant, ou des deux si elle a utilisé la pommade sur les deux[114]. L'onction serait pratiquée par les fées afin de guérir certaines maladies, notamment la folie[115].
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La fée peut aussi être invoquée pour protéger certains lieux. Le meunier, considéré comme « peu futé » par les Écossais, avait toutefois la capacité de contrôler les forces de la nature, comme le feu dans le four et l'eau durant la cuisson, par le biais de plusieurs machines. Les communautés superstitieuses ont cru que le meunier était de connivence avec les fées, qui en Écosse sont souvent malicieuses et à craindre. Personne n'osait mettre le pied au moulin ou au four durant la nuit car il est bien connu que les fées apportent leur blé à moudre dès la nuit tombée. Tant que les gens du pays croyaient cela, le meunier pouvait dormir tranquille, sachant que personne n'oserait tenter de le voler. John Fraser, le meunier de Whitehill, près d'Hamilton, a affirmé s'être caché et avoir vu les fées essayer en vain de moudre. Il a décidé de sortir de sa cachette et de les aider, là-dessus, l'une des femmes-fée lui aurait donné un gowpen (une double poignée de grain) et lui dit de la mettre dans son girnal (magasin) vide, car les réserves resteraient alors pleines pendant une longue période, quoi qu’il en sorte[116].
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Les fées sont associées à bon nombre de lieux qu'elles fréquenteraient, ou même qu'elles auraient bâti. Le cercle des fées[117], en réalité un phénomène mycologique, a longtemps été attribué à la danse des fées qui s'y déroulerait. On nomme chemin des fées (fairy path) les passages qu'elles empruntent, et fort de fées les castros circulaires que les fées habiteraient en Irlande.
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En Bretagne, le monument mégalithique La Roche-aux-Fées aurait été bâti par elles et vénéré en conséquence[118], il est le sujet du conte La Fée des Houx. Bon nombre de dolmens étaient, jusqu'à une époque récente, réputés être leur demeure[119]. Paul Sébillot a relevé un nombre impressionnant de « grottes aux fées », « pierres des fées », « chambres des fées » ou « trous des fées » d'un bout à l'autre de la France, témoignant d'anciennes croyances[120]. La croyance populaire associe toujours les forêts de Huelgoat, Fouesnant, Brocéliande (administrativement forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon ainsi que les landes écossaises et Irlandaises à des demeures féeriques[52]. Le Val sans Retour serait le domaine de la fée Morgane. Plusieurs lieux sont revendiqués comme étant le domaine de la fée Viviane, notamment le lac du château de Comper.
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Bon nombre de recommandations visent à éviter soigneusement les lieux que les fées sont réputées fréquenter, et une grande partie du folklore consacré aux fées évoque les moyens de se prémunir de leur malice ou de les conjurer. Les objets en fer forment le charme de protection le plus répandu (le fer agit comme un poison sur les fées et elles fuient ce métal)[117]. Elles sont également réputées gênées par les personnes portant leurs vêtements à l'envers, mais aussi par l'eau courante, le millepertuis perforé, le trèfle à quatre feuilles et le son des cloches, en particulier celles des églises[96].
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Certaines croyances sont contradictoires, comme celle à propos du sorbier des oiseleurs qui dans certains cas forme une protection contre les fées, mais dans d'autres est sacré pour elles. Le rôle des cloches est tout aussi ambigu, alors qu'elles sont censées protéger contre les fées, celles qui montent à cheval — telle la reine des fées — ont souvent des cloches sur leurs harnais. Ce pourrait être un trait distinctif de la cour Seelie, qui les utiliseraient pour se protéger contre la cour Unseelie[121]. Une autre part ambiguë du folklore concerne le chant du coq, censé chasser les fées alors que certains contes racontent que ces créatures élèvent des volailles[122]. De nombreuses histoires révèlent comment empêcher les fées de voler les bébés et de les remplacer par un changeling, ou encore d'enlever les personnes âgées de la même manière[98]. Les hommes et femmes qui voient des fées sont bien avisés de ne pas les regarder de trop près, parce qu'elles sont très susceptibles quant aux atteintes à leur vie privée[123]. C. S. Lewis parle d'un chalet plus redouté pour ses fées que son fantôme[124].
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Creuser dans les collines des fées est particulièrement imprudent. Des propriétaires ont fait abattre le coin d'un mur de leur maison parce qu'il bloquait le chemin des fées[125]. Des chalets ont été construits avec les portes avant et arrière alignées, de sorte que les propriétaires puissent, au besoin, les laisser ouvertes afin que la troupe des fées passe durant la nuit[126]. Des sites tels que les forts de fées sont laissés intacts : même la coupe de broussailles y est réputée causer la mort de ceux qui ont accompli l'acte[127]. Les arbres des fées, tels que l'aubépine, sont dangereux à abattre. L'un de ces arbres a été préservé en Écosse, empêchant l'élargissement d'une route pendant 70 ans[128]. Pour éviter les fées des eaux tels que Peg Powler et Jenny Greenteeth, il suffit de fuir les plans d'eau qu'elles habitent[58].
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En Terre-Neuve, la protection la plus connue est le pain, allant du pain rassis à la tranche de pain frais maison. La croyance en les vertus du pain est ancienne, associé à la maison et au foyer, ainsi qu'avec l'industrie et la domestication de la nature, il semble être détesté par certains types de fées. Toutefois, dans la plupart des folklores celtes, les produits de boulangerie sont une offrande traditionnelle comme le sont la crème et le beurre[96]. Dans le comté de Wexford, en Irlande, la croyance selon laquelle un enfant qui sort avec un morceau de pain emballé dans ses vêtements est protégé de la sorcellerie ou du mal était courante en 1882[129].
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« Le prototype de la nourriture, et donc un symbole de vie, le pain était l'une des protections les plus répandues contre les fées. Avant de sortir dans un lieu habité par des fées, il était d'usage de mettre un morceau de pain sec dans sa poche. »
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— Katharine Mary Briggs, An Encyclopedia of Fairies. Hobgoblins, brownies, bogies and other supernatural creatures[130]
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Traditionnellement, les fées sont considérées comme éternelles ou immortelles, toutefois cette immortalité peut être mise à mal par le sel, réputé pour ses vertus exorcisantes et apotropaïques. Une fée baptisée devient mortelle lorsque le sel touche ses lèvres selon Paul Sébillot, et peut alors subir des infirmités, vieillir et mourir[32].
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D'autres actions sont réputées offenser les fées. Les brownies sont traditionnellement chassés si on leur donne des vêtements ; certains contes rapportent qu'ils sont vexés par la qualité inférieure des vêtements donnés, d'autres qu'ils sont ravis de ce cadeau et partent simplement en l'emportant[131]. D'autres brownies quittent des foyers ou des fermes parce qu'ils ont entendu une plainte, ou un compliment[132]. Une maison bien tenue évite qu'ils ne commettent des actions malveillantes : s'ils ne trouvent pas la maison assez propre, ils pincent les gens dans leur sommeil. La nécessité de ne pas offenser les fées peut créer des problèmes : un agriculteur a constaté que les fées avaient battu son blé pour lui, mais le battage continua et le blé de ses voisins disparut bientôt. Il en conclut que les fées volaient ses voisins, ce qui lui laissait le choix entre les dénoncer et les offenser, ce qui est dangereux, ou alors profiter du vol[133].
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Plusieurs théories, plus ou moins sérieuses, coexistent pour expliquer l'origine des fées. La plus largement reconnue par les folkloristes, historiens, ethnologues, archéologues et écrivains voit dans les fées la survivance des divinités et esprits mentionnés dans les croyances païennes, notamment greco-romaines et celtiques, dont la fonction s'est trouvée modifiée avec la venue du monothéisme et surtout du christianisme en Europe[134],[70], diabolisant ou rationalisant ces êtres.
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Ainsi, dès le VIe siècle, Martin de Braga dit que les esprits des arbres et des eaux sont des démons chassés du ciel[70]. L'érudit Alfred Maury explique qu'à son époque, les auteurs faisaient descendre les fées des nymphes, des Parques et des druidesses[135]. Walter Scott fait des sylvains, satyres et faunes, créatures sylvestres et champêtres des mythologies, les ancêtres des fées écossaises :
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« Ces sylvains, ces satyres et ces faunes, dont la superstition peuplait les rives touffues et les bois élevés de cette contrée romantique, furent obligés de faire place à des déités dont le caractère ressemblait beaucoup au leur, et qui probablement tiennent quelques-uns de leurs attributs de leurs prédécesseurs classiques [...] nous voulons parler des fées [...]. »
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— Walter Scott, Histoire de la démonologie et de la sorcellerie[136]
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Les différentes théories ne sont pas forcément exclusives, le mélange de certaines d'entre elles peut expliquer l'origine de divers personnages féeriques en Europe de l'Ouest. Conteurs et écrivains ont parfois livré leurs propres visions, souvent poétiques, de l'origine des fées. C'est le cas de J. M. Barrie qui raconte dans un chapitre du roman The Little White Bird au sujet de Peter Pan, en 1902, que « lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire éclata en un million de fragments qui se dispersèrent en tous sens. Ce fut le commencement des fées »[137]. D'autres auteurs restent dans le domaine mythologique, tel l'Irlandais William Butler Yeats pour qui les Tuatha Dé Danann devinrent les fées lorsqu'ils furent vaincus, certains se faisant invisibles, d'autres gagnant Tir Na Nog et les derniers se cachant sous les tertres[71]. Pierre Dubois remonte à la cosmogonie de la mythologie nordique, où le géant Ymir, démembré, donne naissance aux alfes (alfes sombres, alfes noirs et alfes lumineux), qui eux-mêmes engendrent tout le petit peuple[3].
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La théorie la plus répandue veut que les fées aient à l'origine été les divinités, majeures ou mineures, de plusieurs panthéons païens qui, avec la venue du christianisme, ont vu leurs pouvoirs et leur fonction diminuer ou changer et sont passées de la religion au folklore populaire, et à la littérature. Une preuve réside dans le fait que bon nombre d'êtres fabuleux décrits comme des divinités dans les anciennes légendes et les mythologies sont désormais dépeints comme des fées, en particulier dans les écrits plus récents[134]. Ainsi, Pierre Dubois inclut-il Lamastu et les dryades à sa Grande Encyclopédie des fées[138], expliquant : « les déesses trop vives pour rester statufiées dans le marbre sont descendues du Parnasse pour gagner les campagnes »[92]. De plus, la confusion entre fées et déesses est fréquente au Moyen Âge[139], les fées de récits médiévaux ressemblent fortement à la déesse antique Vénus et surtout à Diane qui partage bon nombre de leurs attributs et notamment le lien à la nature, mais aussi aux nymphes, aux dryades, et aux dames de la mythologie celtique telles que Niamh. Le savoir attribué aux fées (divination, guérison, etc.), est indéniablement d'origine divine[140]. Claude Lecouteux voit dans les Valkyries et les femmes-cygnes l'origine d'une partie des fées germaniques[21].
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Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner voient dans les divinités liées au Destin, Parques, Nornes et Sybilles, les ancêtres des fées françaises[140],[3], de même que les auteurs du Dictionnaire des symboles pour qui « cette filiation n'est guère discutable »[141], Karl Grün dans Les Esprits élémentaires (1891) affirme que les fées allemandes sont également issues des trois Nornes[57] et Claude Lecouteux cite la Fylgja, incarnation féminine du destin des héros, comme origine possible des fées scandinaves[21].
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Quelques chercheurs tels que Claude Lecouteux, Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner font remonter l'origine d'au moins une partie des fées à la personnification de l'eau[3]. Des créatures proches de l'archétype de la « fée des eaux » sont en effet universellement présentes dans la mythologie d'Europe de l'Ouest, et ont pour particularité d'habiter des demeures semblables à celles des hommes mais situées sous les eaux, d'où le lien à la notion de monde parallèle[86]. Les textes médiévaux à propos des fées ne cessent de mentionner cet élément, que ce soit la fontaine de Barenton ou la rivière près de laquelle Lanval rencontre deux fées, dont l'une l'emmène dans l'île mythique d'Avalon[142]. Les créatures de l'eau issues de la mythologie germanique, telles que les ondines et les nixes, sont clairement à l'origine des fées germaniques selon Claude Lecouteux, et seraient elles-mêmes issues de la crainte et de la terreur des hommes envers cet élément, conduisant à son anthropomorphisation. Il cite pour preuve le très grand nombre d'êtres surnaturels censés vivre sous les eaux[21].
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Durant l'époque victorienne, l'explication des mythologies voulait que toutes les divinités soient des personnifications de forces naturelles[143]. Suivant cette théorie, les fées sont à la fois des personnifications de la nature et des allégories de concepts abstraits tels que l'amour et la victoire, déifiés dans le panthéon des différents animismes qui forment les plus anciennes religions en Europe de l'Ouest[144]. Pierre Dubois reprend également cette théorie, ajoutant que le regard posé par l'homme sur la nature pour y percevoir des présences cachées est une manifestation de son subconscient[92].
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Une dernière théorie, popularisée par Katharine Mary Briggs et Lady Wilde, mère d'Oscar Wilde[70], lie les fées au souvenir d'un type de culte des morts. Elle s'appuie sur la confusion, dans un certain nombre de croyances et de légendes, entre les fantômes et les fées, sur le Sidhe considéré comme un tertre funéraire, sur le fait qu'il est dangereux de manger de la nourriture en pays de féerie tout comme dans le royaume d'Hadès, et sur le séjour des morts et de bon nombre d'êtres du petit peuple sous terre[145].
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Une croyance ancienne voyait dans les fées un souvenir des druidesses. Au XIXe, Collin de Plancy l'assurait, ajoutant que l'on chargeait de cultes à la nature, et à qui l'on a plus tard attaché des demeures au fond de puits, près des torrents, ou dans les cavernes. Jules Garinet pensait que les fées sont les femmes des druides[146] et Olaus Magnus parle de divinités de la forêt résidant dans des antres obscurs, qui se montrent à ceux qui viennent les consulter, et disparaissent soudainement : ce seraient originellement des druidesses, devenues des fées[147].
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Une idée répandue parmi les nations celtiques parle d'un peuple de petite taille peu à peu chassé par d'autres hommes, et condamné à vivre dans la clandestinité. Ils en seraient venus à être considérés comme une autre race, des fées, voire des esprits. Ils sont réputés vivre sous terre, cachés dans les collines (notamment les tumuli), ou encore de l'autre côté de la mer, à l'ouest[105]. Certains archéologues du XIXe siècle pensèrent qu'ils avaient trouvé des chambres souterraines dans les Orcades ressemblant au pays des elfes dans Childe Rowland[148]. Selon le folklore populaire, les pointes de flèches en silex de l'âge de la pierre sont fabriquées par les fées qui s'en servent pour lancer l’elf-shot[58]. La réaction des fées face au fer a été interprétée comme la peur de ce peuple supposé face à des envahisseurs portant des armes en fer, tandis que les fées étaient seulement armées de silex et facilement vaincues lors des batailles physiques. Les vêtements verts et les demeures souterraines attribués aux fées sont vus comme une réponse à leur besoin de se cacher des humains hostiles, et leur utilisation de la magie comme le développement d'une compétence nécessaire pour lutter contre un peuple possédant un armement et une force physique supérieurs[105].
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Selon les croyances de l'époque victorienne, le cannibalisme des « ogres » a été attribué au souvenir d'époques plus sauvages, lors desquelles des peuples primitifs le pratiquaient aux côtés de peuples plus évolués qui l'avait abandonné[149]. Les selkies, décrits dans les contes comme un peuple féerique métamorphe capable de se changer en phoque, ont été décrits comme le souvenir de peuples primitifs voyageant en kayak et portant des peaux de phoques[105]. Suivant ces théories, les pygmées africains sont mis en avant comme l'exemple d'un peuple qui vivait autrefois sur de grandes étendues de territoire, mais qui deviennent rares et presque mythiques au fil du temps, et du développement d'autres peuples[150]. En 1932, le célèbre écrivain américain Howard Phillips Lovecraft consacre un court texte d'analyse à une thèse similaire : « Quelques origines du royaume des fées » (Some backgrounds of Fairyland)[151].
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Les chercheurs, entre autres Claudine Glot, accordent peu de crédit à ces théories qui prouvent surtout, selon eux, que « le conte est inséparable de la fée »[70].
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Rien n'est plus absurde que de croire les elfes, fées, trolls et dragons des êtres surnaturels[152].
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Bien que l'existence des fées n'ait jamais été admise scientifiquement, la croyance en ces êtres est évoquée bien des fois au cours de l'Histoire, par les croyances populaires, des alchimistes, des médiums ou des théosophes affirmant en voir et communiquer avec eux[39], de grandes familles médiévales les ont même revendiquées pour ancêtres. L'historien et membre du cercle zététique Paul-Éric Blanrue considère que les fées n'ont pas d'existence physique et qu'il faut être spirite pour accréditer une telle idée. Pour lui, les fées « vivent dans nos rêves, c'est la raison de leur immortalité »[153]. La croyance aux fées a perduré grâce au folklore populaire, entre autres par la voie orale des contes, qui se transmettent parmi le peuple depuis la nuit des temps[154]. Dès 1843, l'érudit Alfred Maury a noté que « Les fées occupent incontestablement l'un des premiers rangs dans les traditions populaires de notre contrée »[155].
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Les religions ont différents points de vue quant aux fées. Si les monothéismes ont tous beaucoup œuvré pour diaboliser le petit peuple[156], les religions animistes, spiritualistes et néopaganistes acceptent beaucoup mieux les croyances féeriques.
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Bien que de nombreuses études récentes existent à ce sujet, il est difficile de savoir quelle place tenait la fée dans le folklore populaire médiéval, les seules informations figurant dans les textes des clercs qui les dénoncent comme des inepties et des mensonges. Cela peut suggérer que la fée ait été très présente dans la culture populaire[157] et bien connue des paysans et des « vilains », mais ne permet pas d'évaluer à quel point ces derniers y croyaient[158]. Laurence Harf-Lancner note qu'elles sont omniprésentes durant cette période et incarnent « dans l'imagination des hommes du Moyen Âge, tous les fantasmes liés à la féminité, à l'animalité, à l'altérité »[159]. L'empereur Charlemagne a rédigé en son temps des capitulaires interdisant aux sylphes d'apparaître dans le ciel pour enlever des personnes[39].
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Au vieux temps du roi Arthur, celui dont les Bretons parlent avec grand respect, tout ce pays-ci était plein de féerie. La reine des fées avec sa gaie compagnie dansait bien souvent dans plus d'une prairie verte. C'était là l'ancienne croyance, d'après ce que je lis… Il y a bien des siècles de cela. Mais maintenant on ne voit plus de sylphes. Car la grande piété et les prières des moines mendiants et autres saints frères qui, aussi nombreux que les atomes dans un rayon de soleil, fouillent toutes les terres et tous les cours d'eau, bénissant les salles, les chambres, les cuisines, les chaumières, les cités, les bourgs, les grands châteaux et les tours, — font qu'il n'y a plus de fées. Geoffrey Chaucer, XIVe siècle, traduction de Victor Hugo[160].
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D'après Alfred Maury, les fées sont d'origine celte et sont issues de la personnification de forces naturelles. Très tôt, les capitulaires condamnent comme sacrilèges ceux qui continuent à allumer des feux et des lumières près des arbres, des pierres et des fontaines et qui adressent leurs vœux aux divinités païennes. Dans son allocution pastorale aux Belges, saint Éloi défend de placer des luminaires et des offrandes auprès des rochers, des sources, des arbres, des cavernes et des carrefours. Toutefois, il semble que le culte se soit conservé longtemps[161], mais de manière discrète, notamment dans les forêts[162]. Dans le Lancelot en prose, le narrateur rapporte que la fontaine des fées et la Dame du Lac sont dites fées selon la vox populi, c'est-à-dire d'après les contes et les gens qui habitent la forêt[158].
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Pour Antoine Le Roux de Lincy, le rituel néonatal que décrit, dans la deuxième moitié du XIIe siècle, le roman de Guillaume au court nez, est répandu dans plusieurs provinces françaises : « dans certaines provinces, on mettoit devant la cheminée une petite table couverte de linge très fin ; sur cette table, trois coupes, un pot de vin ou d'Hypocras, trois pains de fleurs de farine et deux flambeaux qui restoient allumés durant la nuit. Ce repas frugal étoit destiné aux fées, qui, d'après les croyances, devoient venir répandre leurs dons sur le nouveau-né[163] ».
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Aux XIIe et XIIIe siècles, les rois et les nobles éprouvent le besoin d'attribuer à leur lignée une origine exceptionnelle, et les fées deviennent des ancêtres tutélaires ou les protectrices de certaines familles. Les ducs d'Aquitaine, les Plantagenêt et la famille normande d'Argouges affirment tous descendre d'une fée[164]. Mérovée, premier de la lignée des Mérovingiens, serait né du viol de la reine Théodelinde[source insuffisante] par un ondin[164]. Ces légendes sont souvent parallèles à celles des naissances célèbres dues à des incubes ou des succubes[165].
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Si les théologiens et l'Église du Haut Moyen Âge intègrent les fées au surnaturel chrétien, ils assimilent cependant les dames des lacs et des forêts à des démons[107],[159], tout comme Burchard de Worms au XIe siècle[21]. Les autorités chrétiennes des XIIe et XIIIe siècles, période d'optimisme, se montrent tolérantes envers ce personnage aux attributs proches de ceux d'une déesse[166], et ne tentent pas de le diaboliser[167] (contrairement au dragon[164]), sans doute parce qu'« il est difficile de résoudre le problème d'une croyance à une figure surnaturelle à la fois bénéfique et étrangère au christianisme »[6]. Au cours du XIIIe siècle toutefois, les fées sont vues de plus en plus comme déloyales et emplies de luxure[168]. La mise en valeur de la chasteté comme première des vertus fait que le rôle autrefois échu aux personnages féeriques de la littérature devient celui des anges à la fin du Moyen Âge[164]. Le caractère féerique de ces personnages tend également à s'estomper, et leurs figures littéraires à devenir celles de sorciers et d'enchanteresses[169] qui tiennent leurs savoirs de longues études, du fait de la rationalisation[164], à partir du XIVe siècle[170]. Ainsi, les « dames du lac », fées qui règnent sur un merveilleux palais sous-marin, voient leur royaume devenir une île[86]. Les fées n'échappent pas non plus à la diabolisation[171].
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La religion chrétienne est à l'origine de diverses théories à propos des fées. Selon certains textes apocryphes, dont le Livre d'Hénoch, lorsqu'une partie des anges se révoltèrent contre Dieu, ce dernier ferma les portes du Paradis. Les êtres qui étaient demeurés à ses côtés devinrent les anges, ceux qui avaient suivi Satan aux enfers devinrent les démons, quant à ceux qui n'avaient pu se décider entre le bien et le mal, ils devinrent les fées[172]. Claude Lecouteux précise que ceux qui rejoignirent l'eau devinrent des ondins, celles qui tombèrent dans les sources devinrent des nymphes et celles qui tombèrent dans les forêts devinrent les dianes[21]. Une version similaire veut que les ancêtres des fées aient été boutés hors du Paradis parce qu'ils n'étaient pas assez bons, et que l'Enfer les ait refusés car ils n'étaient pas assez mauvais[173], ou encore que les fées aient été les enfants d'anges déchus qui firent commerce charnel avec des mortelles[174].
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De la fin du XVIe siècle au milieu du XVIIe siècle, les procès des sorcières féeriques de Sicile prouvent que cette cohabitation entre le folklore féerique et la religion chrétienne ne s'est pas déroulée sans heurts. Avec la montée du puritanisme, la vision des fées en tant qu'êtres démoniaques a gagné en popularité[175],[176]. Ainsi, le hobgoblin, qui était à l'origine un esprit amical de la maison, est devenu un gobelin malveillant[177]. Prétendre faire commerce avec les fées était à cette époque considéré comme une forme de sorcellerie et sévèrement puni[17]. C'est peut-être pour dissocier les fées des démons qu'Obéron, dans la pièce Songe d'une nuit d'été, observe soigneusement que ni lui ni sa cour ne craignent les cloches de l'église[178].
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En 1691, le révérend écossais Robert Kirk écrit un ouvrage majeur consacré à la connaissance des fées : La République mystérieuse : Des elfes, faune, fées et autres semblables publié pour la première fois en 1815. Il y présente les fées sous un jour assez inquiétant, comme étant des êtres invisibles et parfois très dangereux. C'est en s'installant sur la lande des trossachs qu'il va se confondre avec « l'esprit des lieux » et écrire son ouvrage qui, plus tard, devient presque mythique. Il y décrit non seulement l'apparence des fées « telles qu'elles apparaissent à ceux qui ont la seconde vue », mais aussi leurs demeures, leurs croyances et leurs occupations avant sa mort en 1691, à l'âge de 42 ans. Cette mort le fait entrer dans la légende, car il se dit que les fées se sont vengées parce qu'il a trahi leurs secrets, ainsi que le racontent Walter Scott et Pierre Dubois[179].
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En France, des études ethnologiques[Note 7] après la Seconde Guerre mondiale ont relevé la persistance de ces croyances, notamment à la campagne, chez les personnes âgées. La Bretagne et l'Alsace, en raison peut-être d'une survivance des langues régionales, ont conservé de nombreuses traces du petit peuple, dans leurs traditions orales et leurs toponymies[180]. En Angleterre, la croyance aux fées est fortement liée à l'écrivain Lewis Carroll et à ses écrits, comme Les Aventures d'Alice au pays des merveilles[181]. À Nottingham, la Fairy Investigation Society a été créée pour chercher des traces ainsi que des témoignages à propos des fées[182]. L'animisme du Japon (shintoïsme) est très proche des croyances européennes aux fées, ce qui explique l'attrait des Japonais pour ces créatures, de même que la persistance des croyances aux esprits féeriques dans les régions rurales du Nord du Japon[71]. Il existe d'ailleurs un « musée des fées » à Kaneyama[183].
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Au début du XXIe siècle, la croyance en l'existence (physique ou spirituelle) des fées perdure ; il est admis qu'elles ne sont pas qu'une affaire de folklore et de contes. Dans les pays scandinaves, elle est fortement ancrée et en Islande, le tracé d'une autoroute fut dévié afin d'éviter un lieu réputé habité par les fées[184]. Christine Lynch, fille de Frances Griffiths résidant en Irlande du Nord dans une région où le folklore féerique reste très présent, déclare en 2009 que les époques de crises rendent les personnes plus réceptives à « la magie des fées », et par là plus portées à y croire[185].
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Conan Doyle croyait fermement en l'existence des fées, tout comme son père, Charles Altamont Doyle, qui les dessinait et assurait en voir dans ses dernières années, alors qu'il avait sombré dans l'alcoolisme et la folie[186]. Des clairvoyants comme Geoffrey Hodson ont déclaré pouvoir décrire leurs mœurs et activités avec une grande précision[39]. Peter Caddy, créateur du Findhorn Ecovillage, en Écosse, a affirmé avoir atteint son haut degré de maîtrise du jardinage biologique grâce à ses pratiques spirituelles et la communion avec les Devas et d'autres esprits de la nature[39]. Des témoignages d'observations de fées sont recensés partout dans le monde, même chez des personnes qui n'ont jamais manifesté le moindre signe de croyance auparavant[187]. Pierre Dubois pense qu'on ne peut totalement ignorer ces multiples témoignages, la question étant de savoir si on peut « se permettre de douter de la sincérité de ces clairvoyances »[182].
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Au sortir de la Première Guerre mondiale, la population anglaise est ouverte au merveilleux et l'affaire des fées de Cottingley en 1917 donne lieu à un long débat sur l'existence du petit peuple. Arthur Conan Doyle est persuadé de l'authenticité d'une série de cinq photographies prises par Elsie Wright et Frances Griffiths à Cottingley dans le Yorkshire au Royaume-Uni en 1917. Il publie en 1922 The Coming of the Fairies après deux articles très sérieux dans le Strand Magazine montrant ces clichés des deux filles en compagnie d'êtres du petit peuple. Soixante ans plus tard, en 1983, les deux auteurs admettent qu'il s'agissait d'une supercherie, mais Frances maintient qu'elle avait bien vu des fées. L'affaire des fées de Cottingley amène de nouvelles pistes de réflexion à travers de nombreux témoignages de personnes affirmant « jouer avec des elfes » ou « danser avec des fées » dans la région du Yorkshire, entre autres vers Skipton[188].
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D'après les enseignements de la théosophie, les Devas, l'équivalent des anges, sont considérés comme vivant dans l'atmosphère de la planète ou à l'intérieur du Soleil, et sont censés agir sur la nature, par exemple sur le processus de la croissance des plantes. Certains Devas sont plus petits et moins importants en degré d'évolution, ils sont nommés « esprits de la nature », « élémentaux » et « fées »[189]. La croyance en la réalité des fées de Cottingley a été forte chez les théosophes, donnant lieu à bon nombre d'explications quant à ces êtres : les esprits de la nature, élémentaires, gnomes, ondines, sylphes, salamandres et fées peuvent être observés lorsque le troisième œil est activé. Les théosophes maintiennent que les êtres moins évolués n'ont jamais été incarnés auparavant comme êtres humains, et sont considérés comme une lignée distincte de l'évolution spirituelle humaine, appelée « l'évolution deva » : si leur âme progresse, ils peuvent se réincarner en tant que Devas. Les théosophes affirment que tous ces êtres possèdent un corps éthérique composé de « matière éthérique », substance plus fine et plus pure que celle que l'on trouve sur le plan terrestre[190]. Le théosophe Edward Gardner a effectué de longues recherches concernant le folklore féerique et entendu de multiples témoignages relatant des observations d'êtres fabuleux et, dans The Coming of the Fairies, Conan Doyle met en avant le nombre élevé de rapports d'observations de fées[191] ou encore le fait que son ami William Riley cite le Haut-Airedale et le Wharfedale comme des lieux où sont consignées des observations de pixies comme autant d'arguments en faveur de leur existence[192]. D'après lui, le petit peuple est aussi nombreux que la race humaine, et pourrait vivre à la surface de la Terre, séparé par une différence vibratoire.
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Dans la culture moderne, une preuve de la pérennité des croyances féeriques (ou une résurgence) réside dans les cultes néopaganistes ou néodruidiques. Une branche de la Wicca, nommée Faery Wicca, accorde une importance primordiale aux fées, aux gnomes, aux esprits de la nature et au petit peuple de manière générale, mais aussi au folklore qui leur est lié, aux relations qu'ils entretiennent avec la nature, et à la magie qu'ils sont censés utiliser. Cette branche a été fondée par Kisma Stepanich et suivie par quelques autres auteurs comme Edain McCoy, en s'appuyant sur les traditions irlandaises[193].
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Plusieurs écrivains tels Charles Athanase Walckenaer (Lettres sur les contes de fées attribués a Perrault, et sur l'origine de la féerie, 1826) et Alfred Maury (Les Fées du Moyen Âge : recherches sur leur origine, leur histoire et leurs attributs) en France, Johann Wilhelm Wolf et Sanford Schreiber en Allemagne, Lucy Allen Paton (Studies in the Fairy Mythology of Arthurian Romance) et Walter Evans-Wentz, (Fairy Faith in Celtic Countries) dans les pays anglo-saxons se sont livrés à de savantes recherches sur la symbolique des fées. Freud, avec L'Interprétation des rêves (1900), fut le premier à découvrir la nature symbolique des contes de fées, expliquant ensuite dans L'Homme aux loups que le conte de fées offre à l’enfant un mode de pensée qui correspond à sa représentation de lui-même[194]. La fée est donc une image de l'enfant évoluant dans un monde d'adultes et capable de pouvoirs de transformation par son imagination. Le psychanalyste Bruno Bettelheim a proposé une version psychanalytique des contes de fées[195] dans laquelle il montre que la fée est une figure soit positive (la bonne fée) soit négative (la mauvaise fée) de la mère. Pour le psychanalyste Géza Róheim, dans The Psychoanalytic Study of the Child, le conte de fées se rapproche du symbolisme onirique[194].
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Pour Marie Louise von Franz, principale continuatrice du psychiatre Carl Gustav Jung, le conte de fées symbolise le processus qui permet à la personnalité de se construire de manière harmonieuse[196]. Elle souligne que ces contes sont l’expression la plus pure et la plus simple des processus collectifs inconscients. Ainsi, chaque actant du conte de fée représente l'un de ces processus psychiques à l'œuvre dans la personnalité. La jeune fée symbolise la part la plus intime et la plus intuitive de la femme, celle encore proche de la nature intérieure[197] alors que pour Carl Gustav Jung, la figure de la vieille fée représente l'archétype de la « Grande-mère », projection mythique de l'expérience féminine dans toutes les civilisations[198].
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L'écrivain et essayiste Michel Le Bris voit dans les fées « l'âme du monde », des êtres créés par les hommes pour peupler la nature et leurs rêves et ainsi pouvoir les habiter, mais aussi et surtout, des êtres intermédiaires entre le monde et l'humanité[199].
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La fée telle qu'on la connaît est une création de l'Occident médiéval[14],[159], époque qui voit la naissance littéraire de la fée Morgane, la fée Viviane, et Mélusine. D'abord présente dans la littérature grâce à des auteurs comme Marie de France et Chrétien de Troyes, elles connaissent à nouveau une vague de popularité grâce au Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare à la fin du XVIe siècle, puis dans les contes de fées des XVIIe et XVIIIe siècles[171]. Au XIXe, le folklore du petit peuple s'accorde avec les élans vers la nature du romantisme littéraire, et les fées profitent de la renaissance celtique (Celtic Revival). La collecte des traditions folkloriques, l'intérêt pour les mythes, contes et légendes gagnent toute l'Europe[200], de même que les créations originales incluant des personnages féeriques[201]. L'époque victorienne voit la naissance de la peinture féerique. Le XXe siècle et ses productions « d'une extraordinaire richesse »[202] incluent notamment la fée Clochette, devenue une icône de la culture populaire, mais aussi de nombreux films des studios Disney. Les romans de Tolkien éveillent chez la génération étudiante de l'époque un intérêt tout particulier le petit peuple et à sa suite, les premiers ouvrages répertoriant étudiant ces créatures connaissent le succès éditorial : Katharine Briggs, Brian Froud et Alan Lee en Angleterre, Pierre Dubois, Édouard Brasey et Marie-Charlotte Delmas en France. Quelques auteurs des littératures de l'imaginaire et bon nombre d'illustrateurs de fantasy incluent désormais les fées à leur répertoire.
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Dans le monde anglo-saxon, le terme consacré de fairy tale (« conte de fées »), ambigu, est fréquemment remis en cause par les folkloristes : ils lui préfèrent celui de « wonder tale » (« conte merveilleux »), qu'ils distinguent des tales about fairies (contes à propos de fées, faisant réellement intervenir des fées)[203].
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Brian Froud (trad. Pierre Alien, ill. Alan Lee), Les Fées, Albin Michel, 1993 (ISBN 9782226064769)
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Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
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Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
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Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
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Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
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Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
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Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
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On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
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Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
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En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
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L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
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Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
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La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
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Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
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Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
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Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
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Coussinet d'un chat.
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Griffe avec le nerf visible.
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Thermographie infrarouge du chat.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
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Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
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La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
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Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
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Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
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La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
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La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
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En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
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Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
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L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
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Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
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Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
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Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
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L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
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Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
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Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
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Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
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En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
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Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
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Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
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Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
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Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
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Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
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La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
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Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
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Chat soumis à un autre.
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Chat se hérissant et courbant le dos.
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Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
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Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
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Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
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Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
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En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
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D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
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Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
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Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
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Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
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Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
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Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
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Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
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La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
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L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
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Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
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La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
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L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
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Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
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Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
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Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
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Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
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Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
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Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
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Approche.
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Chat ayant capturé un oiseau.
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Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
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L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
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C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
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La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
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Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
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On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
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Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
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S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
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En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
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Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
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Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
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La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
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Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
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Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
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La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
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Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
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Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
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Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
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Chatte et sa portée.
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Chaton âgé de trois heures.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
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Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
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Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
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Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
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Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
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Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
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Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
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Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
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D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
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Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
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En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
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Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
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On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
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À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
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Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
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Lors de la vente d’un chat domestique :
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Lors de la vente d’un chat domestique :
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Divagations de l’animal :
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« Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
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En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
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Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
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Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
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Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
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La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
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En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
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Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
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Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
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Felis silvestris ornata - Chat orné
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Felis silvestris bieti - Chat de Biet
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Felis silvestris lybica - Chat ganté
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Felis silvestris catus - Chat domestique
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Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
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L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
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Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
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L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
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Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
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En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
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Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
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En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
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Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
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Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
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Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
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Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
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Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
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La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
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Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
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Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
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Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
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Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
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Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
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En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
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Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
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En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
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Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
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Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
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Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
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L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
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Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
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Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
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S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
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Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
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Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
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Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
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Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
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Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
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Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
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Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
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Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
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De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
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En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
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Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
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Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
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Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
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Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
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Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
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Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
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D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
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L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
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Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
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Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
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La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
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En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
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Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
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En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
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Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
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Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
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Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
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« Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
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D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
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La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
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Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
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Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
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Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
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Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
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Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
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Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
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En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
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Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
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La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
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Le féminisme est un ensemble de mouvements et d'idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée.
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Si le terme « féminisme » ne prend son sens actuel qu'à la fin du XIXe siècle sous les plumes d'Alexandre Dumas et d'Hubertine Auclert, les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumières et se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. L’objectif principal de la première vague féministe est que hommes et femmes deviennent égaux devant la loi.
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Le mouvement féministe a produit une grande diversité d’analyses sociologiques et philosophiques. La deuxième vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Women's Lib, a ainsi élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de patriarcat, élaboré celui de sexisme et que l'accent est mis sur la sphère privée comme lieu privilégié de la domination masculine : le « privé est politique »[1]. Les revendications touchant au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxième vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes.
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Sous le nom de troisième vague féministe, on désigne à partir des années 1990, un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes issues de groupes minoritaires, dans le sillage du Black feminism.
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Le terme « féminisme » a longtemps été attribué à tort à Charles Fourier. Il pourrait être emprunté à Alexandre Dumas fils, qui écrivait en 1872 dans L'Homme-femme : « Les féministes, passez-moi ce néologisme, disent : Tout le mal vient de ce qu'on ne veut pas reconnaître que la femme est l'égale de l'homme, qu'il faut lui donner la même éducation et les mêmes droits qu'à l'homme » ; mais il ne prend son sens actuel qu’à la fin du XIXe siècle.
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C'est au cours de la Révolution française, avec l’affirmation des droits naturels, que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne. Dans la première moitié du XIXe siècle, le mouvement féministe apparaît en pointillé, sans parvenir à fédérer d’organisations durables. Il épouse les grandes secousses politiques du siècle, à l’occasion desquelles resurgissent ses revendications. L’objectif large de cette « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette période.
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Avec l’émergence des démocraties occidentales, le mouvement féministe s’incarne progressivement dans des groupes organisés, sans jamais présenter un visage monolithique, au point que les études contemporaines mettent l’accent sur la diversité des féminismes[2].
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Les configurations nationales imposent souvent leurs cadres et leurs calendriers ; les objectifs et les méthodes varient selon les groupes constitués et les débats sont constants pour définir les orientations stratégiques et les étapes intermédiaires à atteindre en priorité. Les féministes se trouvent en particulier confrontés à un dilemme : doivent-elles pour mener leur combat mettre en avant les qualités spécifiques qui sont attribuées aux femmes (voir Féminité) ou au contraire affirmer l’universalité des propriétés humaines (voir Être humain) ? La première position au risque de figer la nature des femmes ; la seconde au risque de choquer l’évidence de la différence des sexes sur laquelle s’appuient les représentations et la structure sociale.
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Certains auteurs[3] affirment que le féminisme existe depuis tout temps[4] : ils parlent de proto-féminisme, même si d'autres pensent qu'il s'agit bien d'un même féminisme qui apparaît puis disparaît de manière cyclique[5].
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Lors du quatrième concile du Latran organisé en 1215 à l'initiative du pape Innocent III, le mariage est déclaré comme étant l'objet de deux volontés plutôt que de deux corps, ce qui a notamment pour objectif d'empêcher les mariages clandestins et de s'assurer que le mariage est consenti par les deux mariés[6].
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En 1906, le pape aurait déclar�� : «...Il est bon que les femmes se libèrent du joug pesant sous lequel les courbe, depuis des siècles, la société. Il est bon qu'elles sachent conquérir leurs moyens d'existence...»[7].
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Lors de la révolution anglaise de 1688-1689, les femmes de L’Église anglicane proclamèrent que si Dieu aime les femmes en tant que telles, le Parlement devait agir de même[8].
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Christine de Pizan est la première écrivaine (hommes et femmes comprises) en France écrivant en langue française à pouvoir vivre de son métier d'écrivaine[9]. Son œuvre, notamment la Cité des Dames, est écrite pour mettre en avant la grandeur et la valeur des femmes et de leur matrimoine (Christine Pizan emploie le mot dans son livre[10],[11]) à travers la description de femmes notoires considérées comme des modèles de courage et de vertu. Christine de Pizan a sévèrement critiqué l'ouvrage de Jean de Meung faisant suite au Roman de la Rose, pour la virulence des propos qu'il y tient contre les femmes[12] et lui répond avec un livre L’Épître au Dieu Amour (1399), puis elle approfondit sa réponse avec la Cité des Dames.
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« Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communément on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu'elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font », Christine de Pizan dans La Cité des dames[13].
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La thèse du féminisme avant la lettre de Christine de Pizan est soutenue par les médiévistes Thérèse Moreau et Régine Pernoud, qui voit en elle une féministe, pour sa thèse de l'égalité intellectuelle des hommes et des femmes dues à l'éducation et non pas à la nature. Éliane Viennot souligne le rôle important de Christine de Pizan dans la défense des droits des femmes à son époque[14].
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« Enfin, pour comprendre la société à l'époque de la Renaissance dans ce qu'elle a d’élevé, il est essentiel de savoir que la femme était considérée à l'égal de l'homme. […] Le plus grand éloge qu'on pût faire des Italiennes remarquables de cette époque consistait à dire qu'elles avaient un esprit viril, une âme virile. On n'a qu'à considérer l'attitude toute virile de la plupart des héroïnes épiques, surtout de celles de Boiardo et L'Arioste, pour savoir qu'il s'agit ici d'un idéal bien défini. Le titre de « virago », que notre siècle regarde comme un compliment très équivoque, était alors la plus flatteuse des distinctions. […] En ce temps-là, la femme était considérée capable, aussi bien que l'homme, d'atteindre à la plus haute culture. »
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— Jacob Burckhardt, Civilisation de la Renaissance en Italie[15]
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Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien —notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes —, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau régime leur reconnaît une personnalité civile, elles n'auront pas le droit de vote à cette époque.
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Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public, organisées en clubs mixtes ou féminins et en sociétés d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion à toutes les luttes politiques de l'époque. Parmi les personnalités féminines notoires des débuts de la Révolution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »[16].
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Aussi Théroigne de Méricourt qui appela le peuple à prendre les armes et participa à la prise de la Bastille, ce dont elle sera récompensée par le don d'une épée par l'Assemblée nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou Renée Audou que fut organisée la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.
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Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle après avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires, Olympe de Gouges guillotinée. Si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservées des châtiments réservés aux hommes, et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud à la suite de leurs actions publiques ou politiques.
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À partir de 1792, l'entrée en guerre de la France conduit certaines à se battre aux frontières, tandis qu'en 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les deux cents femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Convention et apostrophent les députés, entendant représenter le peuple souverain. Claire Lacombe propose d’armer les femmes. Leurs appels véhéments à la Terreur et à l'égalité, leur participation à la chute des Girondins, ainsi que les autres manifestations spectaculaires des « enragées », allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui entretiendrait longtemps les répulsions du pouvoir masculin.
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Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent les femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions exposées dans Émile ou De l'éducation de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain, lesquels, à la même époque, inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.
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Le 9 brumaire an II (30 octobre 1793), toute association politique féminine est interdite par la Convention, un seul député s'y oppose Louis Joseph Charlier, mais les femmes vont continuer à jouer un rôle jusqu'à l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la répression généralisée qui marque la fin de la Révolution ne mette un terme provisoire à cette première prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.
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En 1792, une femme de lettres britannique, Mary Wollstonecraft fait paraître Vindication of the Rights of Woman, un ouvrage traduit en français la même année sous le titre Défense du droit des femmes. L'auteure, qui participe aux débats passionnés suscités outre-Manche par la Révolution en France, n'hésite pas à assimiler le mariage à une forme légale de prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié ou à la rémunération de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie, privées de toutes perspectives professionnelles par les préjugés et le défaut d'éducation, et réduites à chercher un « beau » parti.
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Mary Wollstonecraft sera vite oubliée en France, avant d'être redécouverte par Flora Tristan en 1840.
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Éteintes sous l’Empire et la Restauration, les revendications féministes renaissent en France avec la Révolution de 1830. Un féminisme militant se développe à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens et les fouriéristes de la capitale. Les féministes participent à l'abondante littérature de l'époque, favorisée par la levée de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes, édité à Lyon par Eugénie Niboyet, est le premier journal féministe de province.
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Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population française, le combat des femmes rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais les femmes se mobilisent également contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari — « La femme doit obéissance à son mari » affirme le Code civil —, et pour le rétablissement du divorce interdit sous la Restauration en 1816.
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Certaines femmes revendiquent le droit à l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. Claire Démar se livre ainsi dans son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme (1833) à une critique radicale du mariage dans lequel elle dénonce une forme de prostitution légale. Elle n’est toutefois pas suivie par l’ensemble des saint-simoniennes qui tiennent à se démarquer des accusations d’immoralisme qui frappent le mouvement[17].
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Les débuts du régime laissent entrevoir quelques espoirs d’évolution. Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce placent ce sujet sur l’agenda politique : en 1831 et 1833, les députés votent par deux fois en faveur de la loi, laquelle est toutefois repoussée par la Chambre des pairs[18]. Les revendications féministes deviennent inaudibles. Quand Louise Dauriat adresse en 1837 aux députés une demande en révision des articles du Code civil qui lui paraissent contraires aux droits des femmes, elle ne récolte en retour que les rires de l’assemblée[19].
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Comme en 1789, les femmes participent activement aux journées révolutionnaires de février 1848. Elles s'expriment publiquement par le biais d’associations et de journaux. Les lois proclamant la liberté de la presse profitent ainsi à nouveau à la presse féministe : Eugénie Niboyet crée, le 20 mars, La Voix des femmes qui est dans un premier temps le principal relais des revendications féminines, écartées de la presse traditionnelle. Puis viendront en juin La Politique des Femmes de Désirée Gay ou encore L’Opinion des femmes publiée en janvier 1849 par Jeanne Deroin.
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À la suite de leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au travail au même titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec retard, le 10 avril. Elles goûtent aux prémices d’une participation citoyenne en élisant des déléguées à la Commission du Luxembourg[20], en proposant des réformes pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs[21].
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Le droit de vote pour l’élection de la future Assemblée nationale constituante est au centre de leurs préoccupations : Jenny d'Héricourt, la fondatrice de la Société pour l’émancipation des femmes imagine que, une fois conquis, ce droit permettra d’agir par la voix législative sur l’ensemble des revendications au nombre desquelles figurent toujours l’abrogation du Code civil et le droit au divorce. Elles lancent des pétitions, sont reçues par les instances politiques. Le Comité des droits des femmes présidé par Allix Bourgeois se voit répondre, par la voix d’Armand Marrast, le maire de Paris, que la décision ne pourra être prise que par la future instance législative[22].
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Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce ne rencontrent pas plus de succès que celles de leurs devancières des années 1830 : la proposition du Ministre de la Justice Adolphe Crémieux à la Chambre en mai 1848 est accueillie sous les quolibets[23]. On s’inquiète notamment de la menace que la parole libérée des femmes pourrait faire peser sur la famille. Le Club des femmes, ouvert en avril 1848, est un lieu de débat qui provoque de virulentes réactions ; certaines de ses séances tournent à l’émeute et sa présidente — Eugénie Niboyet — est âprement caricaturée dans la presse[24]. Le Club des femmes sera finalement fermé pour ne pas troubler l’ordre public.
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En Allemagne, un premier courant féministe trouve son origine dans les idées libérales du Vormärz et émerge véritablement à la faveur de la Révolution de mars 1848. Louise Aston ou Louise Dittmar tentent de lancer les premiers journaux dédiés à la cause des femmes. Louise Otto, élevée dans un milieu bourgeois qui aspire à des réformes libérales, est la première à pouvoir pérenniser son entreprise ; le Frauen-Zeitung (1849-1852), lequel s’adresse prioritairement à la classe moyenne, relaie des revendications essentiellement économiques, insistant sur l’éducation des femmes, leur indépendance économique et le refus des mariages arrangés. Le retour à l’ordre freinera pour quinze ans ce premier élan[25].
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Si la première manifestation collective du féminisme américain coïncide chronologiquement avec le Printemps des peuples européens, ses origines intellectuelles diffèrent sensiblement. Les sectes protestantes dissidentes, en particulier celle des quakers, sont le principal vecteur des idées favorables à l’émancipation des femmes. Mouvement abolitionniste et mouvement du droit des femmes (Women’s right movement) sont étroitement imbriqués ; les sœurs Angelina et Sarah Grimké, Lucretia C. Mott ou Elisabeth Cady Stanton figurent en première ligne sur ces deux fronts. Mott et Stanton organisent de concert en 1848 la Convention de Seneca Falls dont le texte final — la « déclaration de sentiments » —, calqué sur le modèle de la déclaration d'indépendance des États-Unis, est traditionnellement considérée comme l’acte fondateur du féminisme américain[26].
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Au Royaume-Uni, l’enseignement est dispensé aux jeunes filles de la bourgeoisie par des préceptrices, un des seuls métiers socialement acceptables pour les veuves et les jeunes filles issues de la bonne société. Outre les connaissances de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul, il est focalisé sur les activités d’agréments qui fondent « l’art de plaire » et exclut les disciplines scientifiques telles que le grec et le latin, alors indispensables pour poursuivre un cursus dans l’enseignement supérieur[27].
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Éduquées et indépendantes, les femmes qui s’improvisent institutrices fournissent historiquement une part importante des effectifs militants féministes. Elles souffrent néanmoins d’un déficit de formation, provenant de leur exclusion de l’université. Le Queen’s College for women puis le Bedford College d’Elizabeth Jesser Reid sont créés à la fin des années 1840 pour permettre aux éducatrices de bénéficier d’une formation de niveau supérieur[28]. Les nouvelles diplômées sont à la pointe du mouvement pour l’éducation des femmes. Le North London Collegiate School (1850) puis le Cheltenham Ladies' College (1853), dirigés par deux anciennes élèves de Bedford, Frances Mary Buss et Dorothea Beale, proposent une pédagogie révisée, alignée sur les standards masculins.
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Les féministes se tournent alors progressivement vers l’université. Conduit par Emily Davies, le Comité pour l’accès des femmes aux examens universitaires revendique l’ouverture aux filles des examens de fin d’études secondaires (The Cambridge and Oxford Local Examination) ; après une première expérimentation en 1863, il obtient l’autorisation officielle du Sénat de l'Université de Cambridge en 1865[29].
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L’étape suivante est l’ouverture de l’accès aux examens d’entrée à l’université (Matriculation Examinations). Face au refus des instances universitaires, Davies inaugure, malgré de nombreuses difficultés matérielles, un établissement féminin conçu sur le modèle des colleges masculins à Hitchin dans le Hertfordshire (1869)[30], avant de se rapprocher de Cambridge en s’installant à Girton l’année suivante. Un autre projet du même type voit le jour peu après, toujours à Cambridge, avec la création du Newnham College sous le patronage d’Henry Sidgwick et d’Anne Clough[31].
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Le Second Empire est le théâtre de plusieurs avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en mars 1850 l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[32]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500[33].
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Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture) ; les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libérale au régime, notamment dans les milieux saint-simoniens. Elisa Lemonnier crée en 1862 les premières écoles professionnelles pour jeunes filles. Julie-Victoire Daubié sollicite, avec le soutien de François Barthélemy Arlès-Dufour, influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se présenter à l’épreuve du baccalauréat, qu’elle obtient à Lyon en 1861, à l’âge de 37 ans. Madeleine Brès doit, quant à elle, son inscription en faculté de médecine à sa pugnacité, à l’intervention de l’impératrice Eugénie et du ministre de l'instruction publique, Victor Duruy. Ces pionnières restent toutefois encore isolées : la deuxième bachelière française, Emma Chenu, obtient son diplôme en 1863, deux ans après Daubié[34]. L’amélioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des féministes françaises : en 1866, André Léo crée ainsi une association dédiée spécifiquement à cette question[35].
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Les réformes de structure dans l’enseignement secondaire et supérieur interviennent sous la IIIe République. Les collèges pour filles, dont les programmes restent spécifiques, sont institués par la loi Sée (1880). Les femmes se voient également garantir une formation à l’enseignement : les écoles normales féminines, rendues obligatoires dans chaque département en 1879[36], et l’école normale supérieure de Sèvres (1881) forment institutrices et professeurs.
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La Troisième République se caractérise en France par la constitution d’organisations féministes réformistes, plus durables et structurées. La Société pour l’amélioration du sort des femmes, présidée par Maria Deraismes, voit le jour en 1878 ; la Ligue française pour le droit des femmes, d’orientation modérée, est créée en 1882 par Léon Richer[37]. En 1891, la Fédération française des sociétés féministes symbolise l’entrée du terme « féminisme » dans le vocabulaire militant.
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Le Conseil national des femmes françaises, fondé dans le sillage de la loi sur les associations de 1901, se veut apolitique et laïque. Ses militantes, issues principalement de la bourgeoisie, sont des républicaines, des socialistes ou des protestantes, initiées à l’action publique à travers les activités sociales et philanthropiques. L’Union française pour le suffrage des femmes fédère en 1909 les féministes favorables au droit de vote des femmes[38].
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Refusant l’activisme des suffragettes britanniques, ces grandes fédérations réformistes entendent prouver la responsabilité des femmes et s’intègrent dans le modèle républicain en tissant des liens avec le monde politique masculin (le Parti radical notamment), avec l’objectif d’influer sur l’activité législative[39].
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Au Royaume-Uni, un mouvement pour le droit de vote des femmes se développe à partir de 1866, date du dépôt de la première pétition adressée au Parlement, pour en faire la requête[40] ; le philosophe John Stuart Mill en est le principal relais dans l’enceinte parlementaire. À l’initiative de Barbara Bodichon et Emily Davies, un Women’s suffrage committee (Comité pour le droit de vote des femmes) est constitué ; il est rapidement décliné en de multiples comités locaux, coordonnés au niveau national par la National society for women’s suffrage (1867)[41]. Un mouvement de masse s’organise rapidement ; 1 500 lors de la pétition initiale de 1866, les féministes sont capables de réunir 250 000 signataires en 1894[42].
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Proche d’aboutir à plusieurs reprises, mais bloqué par la frange conservatrice du Parlement, le mouvement se radicalise en 1903 avec la création de la Women's Social and Political Union par Emmeline et Christabel Pankhurst. Ses militantes, désignées sous le nom de « suffragettes », optent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitres, grèves de la faim…)[43]. La popularité du mouvement s'accroît encore, et en 1908, les organisations suffragistes réunissent 500 000 personnes lors d’une manifestation à Hyde Park[44]. Le bras de fer engagé avec les autorités dure jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, des négociations sont ouvertes par le gouvernement Asquith avec les représentantes de la National Union of Women's Suffrage Societies de Millicent Fawcett, qui présentent une orientation plus modérée. Elles aboutissent au Representation of the people act qui autorise le vote des femmes de plus de trente ans[45].
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Aux États-Unis, le front commun entre féministes et antiesclavagistes s’effrite progressivement après la guerre de Sécession. Alors qu’on s’oriente vers un XVe amendement pour le droit de vote des Noirs, une partie des féministes souhaiterait y voir également associées les femmes qu’elles estiment laissées pour compte par les leaders masculins du mouvement[46]. Deux organisations rivales naissent en 1869 des désaccords survenus au sein de l’American Equal Rights Association. Susan B. Anthony et Elisabeth Cady Stanton constituent la National Woman Suffrage Association, qui milite pour un amendement à la Constitution qui garantirait le vote des femmes. Ses revendications, qui dépassent le cadre des droits politiques, s’inspirent du texte élaboré lors de la Convention de Senecca Falls. L’organisation rivale — l’American Woman Suffrage Association créée par Lucy Stone — est plus modérée et préfère concentrer son action sur le seul droit de vote, délaissant le niveau fédéral pour agir au niveau des États[47]. En 1890, les deux associations finissent par se regrouper dans la National American Woman Suffrage Association. Dans l’intervalle, en 1869 et 1870, les territoires du Wyoming et de l’Utah autorisent le vote des femmes blanches.
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En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les Américaines blanches obtiennent le droit de vote.
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Des féministes sont actives dans d'autres pays, particulièrement en Europe du Nord, par exemple Emilie Mundt et Marie Luplau au Danemark.
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La question de l’amour libre et du contrôle des naissances divise profondément les féministes de la seconde partie du XIXe siècle.
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Au Royaume-Uni, une partie du mouvement féministe s'est engagé, durant la période victorienne dans un combat, pour la régénération morale de la nation. À partir de 1869, elle se mobilise contre une série de lois visant à lutter contre les maladies vénériennes — les Contagious Diseases Acts — qui imposent un examen gynécologique aux prostituées. Bien que d’orientation conservatrice, ce mouvement, mené notamment par Josephine Butler, prend parti pour les prostituées et réclame la criminalisation des clients et la fermeture des maisons de prostitution. Il entend plus largement rétablir la pureté des mœurs et la moralité publique, et défendre la famille. Le point d’orgue de cette mobilisation constitue un meeting réunissant 250 000 personnes dans Hyde Park en 1885[48].
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Face à ce mouvement, les militantes favorables à l’amour libre et au contrôle des naissances sont isolées. Quelques-unes adhèrent au mouvement néomalthusien, très actif en Grande-Bretagne mais aussi en France. Annie Besant est ainsi condamnée en 1877 pour avoir publié The Fruits of Philosophy, un pamphlet de Charles Knowlton, sans avoir reçu le soutien qu’elle réclamait des féministes conservatrices[49]. À la fin du siècle, les écrits d’Edward Carpenter ou d’Havelock Ellis contribuent cependant à répandre plus largement ces idées. Elles trouvent parmi les féministes un relais dans la revue The Freewoman (1911), qui réunit les signatures de Rose Witcop, Stella Browne ou Marie Stopes[50].
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Si le mot d’ordre « À travail égal, salaire égal » remporte l’adhésion de l’ensemble des composantes du mouvement féministe[51], l’idée d’une protection spécifique des femmes sur le marché du travail divise. En 1906, la Convention de Berne, ratifiée par quatorze pays, prononce l’interdiction du travail industriel nocturne des femmes[52]. Déjà en vigueur dans certains pays, comme la France où elle s'applique depuis 1892, cette législation rencontre l’opposition des féministes égalitaristes. Menées par la Hollandaise Marie Rutgers-Hoitsem, elles se regroupent dans le réseau « Correspondance internationale » qui recrute principalement parmi les laïques et les libre-penseuses[53].
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Après-guerre, le Bureau International du Travail reprend le mot d’ordre de protection des travailleuses. Toujours minoritaires dans les fédérations féministes internationales, les partisanes de l’égalité constituent l’Open Door Council autour de la personnalité de Chrystal MacMillan, l'une des fondatrices de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Mouvement d’avant-garde qui réunit des intellectuelles de l’ensemble de l’Europe, l’Open Door Council élabore un argumentaire qui s’oppose au « féminisme maternaliste » alors dominant[54] : il marque notamment son refus de voir la maternité devenir « une sorte de domaine clos où les femmes se trouveraient parquées d'office, en marge de l'ensemble de la vie sociale et culturelle… »[55].
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La première manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, à la suite d'une proposition de la marxiste allemande Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, 1912. Auparavant, la première grande manifestation des femmes avait été celle pour la paix organisée en marge de la Première conférence de La Haye de 1899 par Margarete Lenore Selenka.
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Durant la Première Guerre mondiale, la grande majorité des organisations féministes des pays belligérants soutient l’effort de guerre. Certaines espèrent tirer parti de ce loyalisme : à l’issue du conflit, les féministes britanniques se verront ainsi récompensées par l’obtention partielle du droit de vote. L’opposition à la guerre est surtout le fait de militantes des pays neutres et de quelques groupes isolés des pays engagés dans le conflit.
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Aux États-Unis, le Women Peace Party de Jane Addams revendique 25 000 adhérentes mais ne résiste pas à l’entrée en guerre du pays en 1917[56]. Le Congrès international pour la paix future est organisé par Addams et la physicienne Aletta Jacobs à la Haye - cette dernière luttant aussi pour le droit à la contraception et au vote des femmes[57]. Parmi les 1 200 femmes, principalement hollandaises, qui se réunissent à cette occasion, 9 nationalités sont représentées dont une délégation allemande menée par Anita Augspurg. Les Françaises en sont absentes[58].
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Les milieux socialistes, et leurs organisations féminines, se sont également rangés derrière leurs nations respectives. Des voix discordantes se font néanmoins entendre : en France, Hélène Brion, Madeleine Vernet ou Louise Saumoneau. Cette dernière est présente en mars 1915 à la conférence internationale des femmes socialistes, qui réunit à Berne, à l’initiative de Clara Zetkin, les militantes restées fidèles à l’internationalisme[59].
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À l’issue de la guerre, deux grandes tendances, héritières des débats du début du siècle, s’opposent : un « féminisme maternaliste »[60] ou « social »[61] et un « féminisme de l’égalité »[62], universaliste ou « intégral ».
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La première tendance, dominante sur le continent et en particulier en France, réclame des évolutions législatives qui protègent la spécificité des femmes[63]. Elle s’ajuste aux impératifs des politiques natalistes qui se renforcent encore après la saignée démographique de la Première Guerre mondiale. La valorisation de la participation des femmes à l’équilibre de la nation, à travers notamment l’exercice de la « fonction maternelle », occupe ainsi une place centrale dans l’argumentation des réformistes et des sociaux-démocrates. Pour les représentantes de l’Union française pour le suffrage des femmes, « détruire le prestige de la maternité, c’est atteindre le plus sûr prestige de la femme...C’est au nom de la maternité, non point contre elle, que doit se faire la réforme indispensable de la condition féminine »[64]. Les féministes radicales qui entendent abolir la différence entre les sexes ou lutter en faveur de la contraception et de l’avortement sont plus isolées et ont du mal à faire entendre leur voix au sein des grandes coordinations réformistes[65].
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Alors que le chef de famille détenait la puissance paternelle et avait priorité dans la signature des contrats, les féministes obtiennent, par la loi du 18 février 1938, la suppression de la puissance maritale, de l'incapacité juridique de la femme mariée ainsi que de son devoir d'obéissance[66].
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En Allemagne, le féminisme se scinda en deux mouvements. Le premier – proche des mouvances libérales et socio-démocrates – défendait le principe d'égalité des individus, tandis que le second proche du mouvement völkisch, défendait la thèse antisémite d'un « complot judéo-patriarcal », l'homme Juif étant accusé d'avoir inventé « la religion qui devait annihiler la grande force créatrice féminine en lui déniant toute reconnaissance, en la privant de toute possibilité d'action hors d'un cercle se réduisant peu ou prou à la famille »[67]. Les officiels nazis n'apportèrent pas leur soutien à ce féminisme völkisch, qui cessa d'exister en 1937.
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En Espagne, le féminisme se développe rapidement avec le groupe artistique de Las Sinsombreros, dont le nom provient du geste d'ôter son chapeau en public, marqueur social et de genre décrié par les artistes espagnoles, ainsi que l'institution universitaire de la Residencia de Señoritas et l'association du Lyceum Club Femenino de Madrid, fondés par Maria de Maeztu. Le succès de ces initiatives a préparé le terrain de la politique volontariste en faveur des droits des femmes de la Seconde République. La féministe libertaire Federica Montseny, proche de l'organisation Mujeres Libres, est nommée ministre et ouvre notamment le droit à l'avortement en Catalogne[68]. En 1939, à la fin de la guerre d'Espagne et à l'arrivée au pouvoir des troupes nationalistes, Franco engage la répression des mouvements féministes et annule les droits des femmes acquis durant période républicaine.
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La littérature militante connaît un nouvel essor, notamment en France grâce à la parution en 1949 de l'essai Le Deuxième Sexe par Simone de Beauvoir. L’ouvrage rencontre un énorme succès dès sa sortie mais fait également scandale, dû en grande partie à son chapitre sur l’avortement qui reste considéré comme un homicide à l’époque. À l’instar de Mary Wollstonecraft et Claire Démar, Simone de Beauvoir assimile le mariage à une forme de prostitution lorsque la femme est dominée par son mari et dans l’incapacité de s’en échapper. À la suite de cette publication, elle devient une figure emblématique du féminisme.
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À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis.
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À la fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant. Le Mouvement de libération des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant.
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Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des années 1950 débute avec la fondation en 1966 d’une organisation réformiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan[69]. Mais c’est principalement en réaction à la division sexuelle du travail militant qui, au sein même des organisations de la Nouvelle Gauche, relègue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes féministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians…)[70].
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Refusant l’organisation verticale et l’orientation réformiste de la NOW, elles ont recours à des formes de mobilisation volontairement provocatrices qui visent à attirer l’attention des médias. En Islande, c'est par une grève générale le 24 octobre 1975 que les femmes obtiennent l'égalité en droits en 1976[71]. Se développent également des formes d’organisations originales, comme les groupes d’éveil de la conscience (consciousness-raising groups). Par le partage de l’expérience individuelle, ces groupes de discussion entendent faire prendre conscience de la communauté de condition des femmes, de la spécificité de leur oppression et de la dimension politique inscrite dans les éléments les plus banals de la vie quotidienne[72].
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Le coup de tomate de 1968 est un événement jugé fondateur dans l'histoire du féminisme moderne en Europe, en raison de son retentissement médiatique. Les deux féministes les plus connues d'Allemagne à cette époque, Helke Sender et Sigrid Rüger se font remarquer lors d'une conférence du SDS pour protester contre le peu d'attention porté au discours passionné tenu par la première en faveur de l'égalité homme-femmes dans le domaine de la vie privée[73]. Selon les sociologues et historiens, avec cette célèbre farandole de six tomate, la deuxième vague du mouvement des femmes allemandes est née[74]. Le « coup de tomate » de 1968 donne une visibilité démocratique aux féministes engagées mais respectueuses de la démocratie, dans une Allemagne encore très conservatrice, souvent choquée par des gestes beaucoup plus violents commis par les jeunes hommes dans les combats de rue où la police se fait souvent agresser. La cinéaste Helke Sander se mobilise ensuite pour l'avortement et la contraception, domaines où les mentalités allemandes encore peu évolué , avec d'importantes résistances politiques et sociales. Malgré cela, le pays va légaliser l'avortement un peu avant son voisin français[75]. Dès 1970, seize professeurs de Droit Pénal présentent un premier projet de réforme de l'article 218 du Code Pénal régissant le Droit de l'avortement en Allemagne[75]. Le 26 avril 1974, la Diète Fédérale adopte la loi légalisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse après une consultation préalable[75], mais les menaces de recours constitutionnel de la droite, brandies depuis 1970, se concrétisent et 193 parlementaires obtiennent satisfaction pour déclarer la loi anticonstitutionnelle[75]. Une nouvelle version doit donc être adoptée le 12 février 1976[75].
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La période est marquée par une intense activité de théorisation de la condition féminine. Si un courant, mené en France par Antoinette Fouque avec son groupe « Psychanalyse et politique », défend des positions différentialistes et, selon certaines critiques, essentialistes, le mouvement est majoritairement constructiviste. Il approfondit la voie esquissée en 1949 par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième Sexe et étudie les modalités de la construction sociale de la différence des sexes, c'est-à-dire la manière par laquelle la socialisation impose des rôles sociaux différents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se répand[76] et les féministes radicales et matérialistes élaborent le concept de patriarcat pour définir le système social d’oppression des femmes. Se refusant à subordonner leur combat à la lutte des classes, elles affirment que le domaine de la reproduction (maternité, corps, famille, travail domestique…) est un espace d'exploitation privilégié des femmes. Elles rejettent l’objectif réformiste d'égalité dans le système qui a prédominé jusqu’alors. Pour elles, aucune égalité entre les sexes ne peut être obtenue à l'intérieur du système « patriarcal », sinon quelques compromis temporaires qui seraient perpétuellement menacés. Elles préconisent de renverser ce système et d'instaurer de nouveaux rapports entre les sexes.
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Une tendance séparatiste s’affirme également, notamment parmi les groupes militants lesbiens des grandes métropoles que sont Londres ou New York.
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La maîtrise de leur corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. Le libre accès à la contraception mais surtout le droit à l’avortement concentrent leurs efforts. En France, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) est fondé en 1973. Il s’appuie notamment sur l’aile la plus radicale du Mouvement français pour le planning familial qui se prononce peu après « en faveur de l’avortement et de la contraception libres et remboursés par la Sécurité sociale » et ouvre des cliniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG)[77].
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La dissociation de la sexualité et de la reproduction s’inscrit dans le cadre plus large de la révolution sexuelle qui traduit une demande sociale pour plus de liberté dans le domaine de la sexualité. Les féministes en font cependant leur propre lecture qui passe par la critique de la normativité de la psychanalyse ou de la sexologie qui auraient défini sexuellement les femmes « en fonction de ce qui fait jouir les hommes »[78], minorant par exemple le plaisir clitoridien. La sexualité est ainsi analysée comme un domaine où s’exerce la domination masculine. Le viol fait l’objet de nombreuses mobilisations : des manifestations citadines nocturnes (Reclaim the night) entendent regagner un espace dont la peur de l’agression maintient les femmes exclues[79]. Sur le plan juridique, les féministes françaises luttent pour que la loi de 1832 soit appliquée à des faits qui sont jusqu'alors déqualifiés en « coups et blessures »[80].
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Dans le sillage de l’effort de théorisation de la condition féminine inhérent à la deuxième vague, les études féministes pénètrent dans le monde académique à partir des années 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagés sous l’angle de la critique féministe : philosophie féministe, anthropologie féministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se développent en lien étroit avec les luttes militantes[81],[82]. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la critique féministe des sciences prend également son essor (Ruth BleierRuth Bleier, Ruth Hubbard (en), Evelyn Fox Keller, Helen Longino (en)).
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L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis où sont créés des départements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le développement de l’usage du concept de genre se développent par la suite des départements d'études de genre. En 2003, on dénombrait ainsi 600 départements de ce type aux États-Unis[83].
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Au-delà de cette conquête de l'espace géographique universitaire, Francine Descarries, professeure de sociologie à l'UQAM, constate en 2004 la difficulté des Women’s Studies au Québec « à s'extraire de la périphérie, de la marge du champ scientifique pour convaincre de sa légitimité et de la compatibilité de ses approches théoriques et méthodologiques avec l'esprit scientifique ». D'après cette sociologue, peu de recherches sont parvenues à pénétrer le « mainstream scientifique »[84].
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Désormais les femmes votent dans la plupart des pays industrialisés, dont la majorité des parlements ont voté des lois sur le divorce. La légalisation de la contraception et de l'avortement n'est pas effective pour l'ensemble des pays industrialisés, les situations sont donc très variables d'un pays (voire d'une région) à un autre. Ces droits sont fréquemment remis en cause par des courants conservateurs et des institutions religieuses, telle que l'Église catholique et en particulier la mouvance traditionaliste en son sein, et le courant fondamentaliste des protestants évangéliques.
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Depuis la fin des années 1990, divers groupements, se réclamant ou non du féminisme, ont été créés. Parmi les plus médiatisés, on peut citer :
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#BalanceTonPorc, ce mouvement de 2017, en revenant sur le corps féminin et son respect, réactiverait les revendications du MLF. Il met en lumière une nouvelle génération de militantes interconnectées qui ne se satisfont plus du seul principe égalitaire.
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Chloé Delaume a publié Mes bien chères sœurs en 2019[90]. Dans ce manifeste, elle évoque la quatrième vague féministe qui selon elle, serait née dans les années 2010 ; elle se serait formée avec les réseaux sociaux : celle des écrans du 2.0. La première vague était composée des suffragettes du début du XXe, suivies par la deuxième génération des années 1960-70 et d’une troisième vague amorcée dans les années 1990 avec l’exigence paritaire et le déploiement de la notion de genre[91].
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Le collectif #NousToutes, créé en 2018, lutte contre les violences sexistes et sexuelles en France. Il organise régulièrement des actions d'interpellation du gouvernement et de sensibilisation, dont des marches chaque mois de novembre. Ces manifestations rassemblent des milliers de personnes dans toute la France[92].
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Femen, le mouvement ukrainien créée en 2008, organise en France depuis 2011 des manifestations et happenings seins nus pour la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits des femmes, de la protection de l'environnement, et milite contre la corruption, la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme et la pauvreté.
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En 2010 en Australie, c'est la première fois dans l'histoire d'un État que le chef d'État (Élisabeth II), le chef de gouvernement (Julia Gillard) et le gouverneur général (Quentin Bryce) sont toutes des femmes.
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Si dans les années 1797-1883, d'anciennes esclaves comme Sojourner Truth ou Harriet Tubman (vers 1820-1913) étaient devenues des icônes de l'abolition de l'esclavage et des droits des femmes, elles ont été un temps oubliées, mais aujourd'hui, elles figurent désormais dans le Black féminisme des Africaines-américaines dans les années 1970. Elles sont mises à l'honneur, officiellement puisqu'elles sont retenues pour figurer sur les billets de 20 dollars en 2020 pour l'anniversaire du droit de vote des Américaines, avant que le président Donald Trump n'annule cette disposition[93].
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Le féminisme contemporain, dans la plupart des pays occidentaux, se diversifie et change de visage, du fait que les revendications féministes initiales ont été traduites dans les systèmes juridiques, et font partie du périmètre conventionnel des droits humains. La réflexion et l'action féministes sont donc amenées d'une part à s'attacher davantage à l'analyse critique des pratiques sociales réelles (souvent décalées des principes) et à reformuler l'expression de leurs enjeux et de leurs objectifs. Elles doivent aussi tenir compte de la résurgence de débats ethniques, communautaires ou religieux qui compliquent la donne — certaines associations réfutent ainsi la dichotomie Occident féministe contre Orient sexiste[94]. Ce changement de paysage entraîne inévitablement des divergences de vues qui divisent les courants féministes.
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Le féminisme libéral épouse les principes du libéralisme politique dont il réclame l’application aux femmes, au même titre qu’à tous les hommes. À ce titre, il se fixe comme horizon l’indifférence aux différences de sexe dans le cadre de l’espace public[95].
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Sur le plan politique, sa méthode est réformiste ; il cherche à obtenir une modification des dispositions légales par la voix législative, le lobbying ou l’action militante à destination de l’opinion publique (presse, pétitions…). Confiant dans les valeurs du progrès et les vertus de l’éducation, il entend également agir sur les mentalités, sans développer, à la manière du féminisme marxiste ou radical, une analyse systémique du capitalisme ou du patriarcat[96].
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Historiquement, il se structure dans la seconde moitié du XIXe siècle où il s’incarne dans des groupes organisés, militants pour l’égalité civile et politique ainsi que pour l’égalité des droits dans les domaines de l’éducation ou du travail. L’ensemble de ces droits doivent être à même de garantir l’autonomie des femmes en tant que sujet.
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Sur le plan théorique, la tradition marxiste puise principalement ses sources concernant la question des femmes dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (1884) de Friedrich Engels et dans La femme dans le passé, le présent et l’avenir (1879) d’August Bebel. Clara Zetkin (future présidente de l'Internationale socialiste des femmes qui y propose la tenue annuelle d'une Journée internationale des femmes) ou Alexandra Kollontaï constituent les représentantes les plus marquantes de cette tradition marxiste de défense des droits des femmes qui a néanmoins refusé le qualificatif de « féministe », jugé « individualiste » et « bourgeois ».
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Contre une représentation fixiste de la famille et du rôle qu’y tiennent les femmes, le marxisme affirme l’historicité des structures familiales dont les formes évoluent avec la structure économique. S’inspirant de l’anthropologue évolutionniste Lewis Henry Morgan, Engels définit ainsi une origine historique à l’oppression des femmes : il fait coïncider l’apparition de la propriété privée avec la fin d’une période historique où le droit maternel et la filiation en ligne féminine auraient réglé les modalités de l’héritage.
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Avec l’instauration du système patriarcal et du mariage monogamique qui marquent « la grande défaite historique du sexe féminin »[97], les femmes sont victimes d’une double oppression : assignées aux seules fonctions reproductives, elles sont maintenues par leurs maris hors du champ productif et de la vie publique ; quand elles accèdent au marché du travail, elles subissent, comme les autres travailleurs, les effets néfastes du mode de production capitaliste.
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Les féminismes marxistes de la fin du XIXe siècle militent pour l’accès des femmes au marché du travail : leur entrée dans la sphère productive doit permettre l’éveil d’une conscience de classe et la participation des femmes à la lutte des classes. La doctrine reste attachée au respect de ce qui est défini comme la « double tâche sociale de la femme » : production et reproduction. Stigmatisant les revendications égalitaristes de certaines féministes, il affirme ainsi respecter la spécificité biologique des femmes. Alexandra Kollontaï met ainsi l’accent sur la nécessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections légales des mères[98].
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Sur le plan stratégique, les mobilisations des femmes doivent rester subordonnées à la lutte des classes. Seul le renversement du capitalisme peut en effet mettre un terme définitif à l’oppression des femmes[99]. La question de l’alliance avec des groupes féministes est posée à la fin du XIXe siècle. Des organisations féminines, rattachées aux structures socialistes nationales, s’organisent en effet dans la majorité des pays d’Europe ; elles sont regroupées en 1907 dans l’Internationale socialiste des femmes, à l’occasion de la première Conférence internationale des femmes socialistes qui se tient à Stuttgart. Clara Zetkin en prend la tête et parvient notamment à imposer le principe du refus de toute alliance avec le « féminisme bourgeois » et réformiste[100].
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À la fin des années 1960, la réflexion marxiste sur l’oppression des femmes s’est considérablement renouvelée en questionnant notamment l’articulation entre patriarcat et capitalisme[101].
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Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes par les hommes (ou patriarcat) le fondement du système de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées. Il se démarque des mouvements féministes qui visent à l'amélioration de la condition féminine par des aménagements de législation (réformisme) sans mettre en cause le système patriarcal, bien que certaines féministes radicales (Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) aient précisément centré leur lutte sur des réformes législatives.
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En France, le féminisme radical s'est notamment manifesté à travers le féminisme matérialiste. Pour ce courant, profondément anti-essentialiste, l'origine du patriarcat ne doit surtout pas être cherchée dans une quelconque nature spécifique des femmes, qu'elle soit biologique ou psychologique, mais bien dans l'organisation de la société. Les féministes matérialistes se sont donc attachées à analyser les « rapports sociaux de sexe » (c'est-à-dire le genre), comme un rapport entre des classes sociales antagonistes (la classe des hommes et la classe des femmes), et non entre des groupes biologiques. La perspective politique qui en découle est donc révolutionnaire, car la lutte des classes de sexe doit aboutir à la disparition de ces classes et donc du genre[102].
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Ce courant, malgré des prémisses semblables est très divers. Christine Delphy a notamment mis en lumière le mode de production domestique, versant économique de l'exploitation du travail des femmes dans le foyer[103]. Colette Guillaumin a théoris�� le sexage, système d'appropriation physique du corps des femmes par les hommes[104]. Paola Tabet a démontré l'exclusion des femmes des outils complexes et des armes[105]. Monique Wittig a réinterprété l'hétérosexualité comme un régime politique fondé sur l'oppression des femmes[106].
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Simone de Beauvoir a apporté un soutien sans faille à cette école, notamment à travers la position de directrice de publication de ses revues, Questions féministes puis Nouvelles Questions féministes, poste qu'elle gardera jusqu'à sa mort[107].
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Le féminisme différentialiste de psychanalystes comme Julia Kristeva, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque postule que le patriarcat est si profondément enraciné dans les mentalités qu'il impose un système de valeurs qui empêche l'existence d'une différence authentique entre hommes et femmes, les femmes étant sans cesse définies, construites comme antithèses (idéalisées ou démonisées) des hommes. Le féminisme de la différence a mis en valeur la parole des femmes, les relations mères-filles, l'importance révolutionnaire de la création de groupes de femmes, et a critiqué le logocentrisme de la pensée occidentale (en particulier), y compris chez certaines féministes. Qualifié d'antiféminisme par certaines féministes radicales[108],[109], ce mouvement se définit par sa valorisation des différences, la différence sexuelle étant la principale, sans éclipser les autres.
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« L'égalité est un principe juridique. Par conséquent, c'est au dénominateur commun de tous les êtres humains que justice doit être rendue. Mais la différence est un principe existentiel qui concerne les modes d'être humain, les particularités des expériences, des buts et des possibilités propres, et le sens propre d'exister dans une situation donnée et dans la situation que la personne veut se créer. La différence homme-femme est la différence de base dans l'humanité. […] L'égalité est ce qui est offert comme droits légaux aux peuples colonisés. Et ce qui leur est imposé comme culture, c'est le principe par lequel les détenteurs du pouvoir hégémonique continuent à contrôler les autres. »
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— Crachons sur Hegel. Carla Lonzi[110]
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Ce mouvement, contemporain de l'apparition du féminisme radical français, a eu un profond impact à l'époque :
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« En effet, l'inversion des valeurs et l'affirmation d'une force dynamique, contestatrice du féminin réprimé et refoulé constituent une position plus aisément identifiable, et plus facile à tenir que la critique de la bicatégorisation, ou le choix d'un entre-deux […]. La revendication d'une reconnaissance et d'une place, le passage par l'énonciation en nous (les femmes…), l'affirmation d'un dessein collectif ont été de puissants moteurs dans les mouvements féministes occidentaux des années 1970. Le comprendre et le dire n'invalide pas la critique des théories de l'écriture féminine, qui ont eu longtemps des effets pernicieux dans le champ français[111]. »
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De fait, le féminisme de la différence a ensuite reçu davantage d'attention dans le monde anglo-saxon, jusqu'à être appelé « French Feminism », sans égards pour le fait que le féminisme français s'est graduellement opposé au féminisme différentialiste. Carol Gilligan a ravivé le féminisme différentialiste anglosaxon avec la publication d'« In a Different Voice », dans les années 1980. Cet ouvrage met en évidence des trajectoires de développement moral qui se distinguent de celles, réputées plus masculines, de Lawrence Kohlberg. L'éthique de la sollicitude est un développement contemporain du féminisme de la différence.
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La théologie féministe est un ensemble de courants féministes qui se fondent sur une étude des textes sacrés pour affirmer l'égalité des genres.
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Le féminisme islamique, ou féminisme musulman, est un mouvement féministe proche de l'islam libéral, qui revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes au sein de la communauté musulmane.
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Le féminisme pro-sexe est un courant du féminisme, issu du milieu queer, qui apparaît dans les années 1980 aux États-Unis et qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles. En faisant « du corps, du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes doivent s'emparer », il s'oppose au féminisme radical.
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Dans la mouvance pro-sexe, on trouve des organisations comme la SlutWalk ou Marche des Salopes en français, dont le slogan est : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas nous violer ».
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Des écrivaines comme Virginie Despentes ont contribué à la vulgarisation des thèses pro-sexes, avec notamment des livres comme Baise-moi et plus tard King Kong Théorie. Un artiste queer Lazlo Pearlman[112] a produit un film intitulé Fake Orgasm[113], et la productrice de films pornographiques Erika Lust se revendique également d'une mouvance pro-sexe qui considère le potentiel libératoire dans l'éclatement de la norme genrée des pratiques sexuelles. La réalisatrice Ovidie en est également un exemple, qui s'investit dans ce mouvement à la fois comme actrice et réalisatrice de films pornographiques, et comme réalisatrice et autrice de documentaires qui développent une pensée théorique et critique. On trouvera également une approche plus théorique dans les ouvrages[114] de Paul B. Preciado.
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L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown :
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« Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe[115]. »
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En 1896 et 1897, paraît en Argentine La Voz de la Mujer (La Voix de la Femme), première publication anarcha-féministe au monde[116]. En épigraphe : « Ni dios, ni patron, ni marido » (soit « Ni dieu, ni patron, ni mari »). La figure de proue en est Virginia Bolten, féministe révolutionnaire et communiste libertaire. Ce n’est pas le premier journal féminin en Amérique latine, mais c'est le premier journal féministe et révolutionnaire au sein de la classe ouvrière[117].
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En Espagne, à partir de 1922, Estudios est à l'avant-garde d'une campagne en faveur de l'éducation sexuelle et de l'émancipation féminine[118]. Ouverte aux débats sur les sexualités, cette revue éclectique et libertaire aborde le nudisme, l'amour libre et l'éducation sexuelle. Elle a une influence décisive sur la classe ouvrière espagnole en contribuant à faire évoluer radicalement les mentalités[119].
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Fondée par Lucía Sánchez Saornil[120], Mercedes Comaposada[121] et Amparo Poch y Gascón[122] lors de la Révolution sociale espagnole de 1936, la fédération des Mujeres Libres, proche de la Confédération nationale du travail, se revendique d'un « féminisme prolétarien »[123] et défend à la fois les idées anarchistes et féministes[124]. La féministe Consuelo Berges et la ministre Federica Montseny ont notamment participé à ce mouvement.
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Aux États-Unis, Emma Goldman[125], Voltairine de Cleyre[126], Lucy Parsons et Kate Austin en sont les principales théoriciennes. D'autres figures marquantes de ce courant sont les Françaises Madeleine Vernet et Nelly Roussel, la Suissesse Paulette Brupbacher[127] ou la Polonaise Eva Kotchever et la Suédoise Elise Ottesen-Jensen qui résume son combat en une phrase :
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« Je rêve du jour où chaque enfant né sera le bienvenu, où hommes et femmes seront égaux et vivront leur sexualité dans la passion, le plaisir et la tendresse[128]. »
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Aussi appelé féminisme inclusif, le féminisme intersectionnel s'appuie sur les travaux de la féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, la première à avoir popularisé le terme d'intersectionnalité, concept importé en France par Éric Fassin ou Elsa Dorlin et que Christine Delphy développe dans ses travaux de recherche[129]. Il a pour objectif de mieux prendre en compte les problèmes des femmes subissant d'autres discriminations en plus du sexisme, c'est-à-dire les personnes qui subissent plusieurs oppressions en même temps. Ce courant cherche principalement à porter les revendications des femmes non blanches victimes de racisme afin de lutter contre ce qu'il considère être le détournement du féminisme à des fins racistes[130].
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Les féministes intersectionnelles ne s'intéressent pas à chaque discrimination de façon séparée, mais cherchent à comprendre comment les différentes discriminations se conjuguent et forment une oppression spécifique. Elles reprochent aux associations féministes plus traditionnelles de parler de problèmes qui ne les concernent pas directement, à la place des femmes qui vivent réellement ces situations. Elles déplorent également le caractère excluant de ces associations qui, selon elles, n'incluent pas suffisamment les femmes non blanches dans leur luttes[131].
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Plusieurs courant féministes post-coloniaux relèvent du féminisme intersectionnel, comme le black feminism[132] ou le féminisme chicana[133].
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En France, le mouvement est principalement porté par des militantes noires, se réclamant de l'afroféminisme, qui critiquent notamment l'invisibilité médiatique des femmes noires et les diktats de beauté qu'elles subissent, comme l'estime Rokhaya Diallo :
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« Les féministes blanches veulent se départir des attributs de beauté que les diktats leur imposent et qui les infériorisent vis-à-vis des hommes. Mais pour les Noires, auxquelles on a toujours dit que leurs traits étaient laids, le fait de se battre pour que ces attributs soient reconnus comme beaux prend tout son sens. Notre revendication est d’affirmer que notre corps est aussi beau que les autres alors que nous sommes invisibles médiatiquement[134]. »
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Comme la majorité des courants féministes, l'afroféminisme critique les normes de beauté imposées par la société. Mais il explique que les femmes noires – et également celles issues des autres minorités ethniques – subissent une double peine car l'idéal de beauté féminin occidental est destiné à des femmes blanches et correspond aux caractéristiques physiques de ces dernières (peau claire, nez fin et cheveux clairs). Ainsi, Myriam Keita Brunet[n 1] estime que le budget consacré à la beauté par les femmes non blanches est neuf fois plus élevé que celui des femmes blanches. Elles dépensent leur argent dans des produits éclaircissants, des défrisages, voire des opérations de chirurgie esthétique afin de ressembler au modèle occidental[136].
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Ces militantes critiquent le manque de représentation des femmes noires dans les médias. Peu de fictions françaises mettent en scène des femmes noires dans des rôles principaux et, lorsque c'est le cas, c'est souvent pour incarner des jeunes femmes issues des quartiers populaires. Les militantes noires réclament, par conséquent, une représentation plus positive et réaliste des noires dans les fictions télévisuelles. Selon le magazine Slate, seules 5 % des mannequins qui ont fait la couverture de Vogue en 2013 étaient noires ou métisses, 9 % asiatiques, 1 % issues d'autres minorités ethniques, contre 75 % de mannequins blancs[137]. En ce qui concerne le domaine politique, parmi les députés de la France métropolitaine qui siègent à l'Assemblée, trois sont des femmes noires : George Pau-Langevin, Seybah Dagoma et Hélène Geoffroy[138]. Les afroféministes critiquent cette quasi-absence des femmes noires et militent en faveur d'une présence accrue de celles-ci dans l'espace public. Enfin, elles luttent contre les stéréotypes racistes que subissent les femmes noires, souvent associées, selon elles, à l'animalité et à un fantasme sexuel exotique[138].
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Pour certaines autrices féministes, comme Carol J. Adams ou Emily Gaarder, il existe une relation forte entre le féminisme et l'antispécisme. Dans les faits, selon les études, il y aurait entre 68 % et 80 % de femmes parmi les activistes pour la cause animale[139]. À l'opposé, les métiers impliqués dans l'exploitation animale sont majoritairement effectués par des hommes[140]. Selon les tenantes de cette approche du féminisme, cette sur-représentation de femmes dans le milieu végane s’expliquerait par le fait que les corps des animaux d'élevage, notamment celui des femelles, seraient perçus et utilisés de façon similaire par les hommes que le sont les corps des femmes, ces derniers étant d'ailleurs parfois décrits comme « des morceaux de viande »[141],[142].
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De plus, certaines études affirment que la « société patriarcale » érigerait la consommation de viande comme un symbole fort de virilité. Les féministes et les antispécistes voient ainsi le virilisme comme un ennemi commun[143],[144].
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Toutefois, cette idée est critiquée par d'autres auteures féministes comme Carrie Hamilton qui explique que, selon elle : « sa version [celle de Carol J. Adams] du féminisme végane se base sur une comparaison sans fondement entre la violence faite aux femmes et celle contre les animaux »[145].
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« À aucune époque le sexe faible n’a été traité avec autant d’égards de la part des hommes qu’à notre époque. C’est une conséquence de notre penchant et de notre goût foncièrement démocratiques, tout comme notre manque de respect pour la vieillesse. Faut-il s’étonner si ces égards ont dégénéré en abus ? On veut davantage, on apprend à exiger, on trouve enfin ce tribut d’hommages presque blessant, on préférerait la rivalité des droits, le véritable combat. En un mot, la femme perd de sa pudeur. Ajoutons de suite qu’elle perd aussi le goût. Elle désapprend de craindre l’homme. Mais la femme qui « désapprend la crainte » sacrifie ses instincts les plus féminins. (...) On veut même, de ci de là, changer les femmes en libres-penseurs et en gens de lettres. Comme si la femme, sans piété, n’était pas pour l’homme profond et impie une chose parfaitement choquante et ridicule. (...) On les rend de jour en jour plus hystériques et plus inaptes à remplir leur première et dernière fonction, qui est de mettre au monde des enfants solides. »
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— Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, VII, 239.
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Le féminisme est critiqué, avec des arguments très divers. Ces critiques sont notamment détaillées dans des ouvrages comme Fausse Route d'Élisabeth Badinter, La Nécessaire Compréhension entre les sexes de Paul-Edmond Lalancette, Le Grand Mensonge du féminisme de Jean-Philippe Trottier, Ainsi soit-il, Sans de vrais hommes, point de vraies femmes d'Hélène Vecchiali, ou encore Le Premier Sexe d'Éric Zemmour.
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Sur le plan politique, le féminisme est qualifié par des marxistes-léninistes de « diversion »[146] car dans cette analyse, toutes les classes sociales sont composées de femmes et d'hommes et les premières ne constituent pas une caste ou une classe particulière caractérisée par une réelle solidarité d'intérêts. De ce fait, l'invocation d'un conflit d'intérêts entre sexes ou la lutte pour l'émancipation d'un sexe à l'égard de l'autre serait un « artifice » ayant pour conséquence (voire pour but) de « masquer les vrais rapports de domination et les vraies lignes de fracture sociale ».
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Dans un ordre d'idées différent, le féminisme est aussi relativisé parce qu'il minimiserait l'importance des critères de différenciation physique entre individus (sexe, âge, état de santé, couleur de peau, morphologie) qui sont pourtant autant facteurs essentiels de discrimination sociale et d'exclusion[147].
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Dans la mouvance de la critique de Simone de Beauvoir, certaines auteurs comme Julia Kristeva, Sylviane Agacinski, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque pensent que l'égalitarisme abstrait efface les différences sexuelles et prolonge ainsi l'androcentrisme de l'universalisme masculin. Ce discours critique différentialiste, de l'intérieur du mouvement féministe, est fréquemment reçu comme un recul essentialiste en France[108], moins au Québec (où les différentes mouvances sont exprimées, notamment au sein de l'Institut de Recherches et d'Études Féministes (UQÀM), au Simone de Beauvoir Institute (Université Concordia) et grâce à diverses politiques d'État)[148], et s'exprime dans plusieurs féminismes hors de l'Occident (voir aussi politiques de l'identité (en)).
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Le terme « virilisme » est parfois employé pour qualifier l'alignement de certaines féministes sur les droits et les mœurs masculines au détriment d'une véritable promotion du féminin dans l'humanité[149].
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En novembre 2019, l'Arabie saoudite décide d'inscrire le féminisme sur la liste des idées extrémistes. Celui-ci tombe ainsi sous le coup de la loi antiterroriste et pourra être sanctionné de peines de prison et de coups de fouet[150].
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La féministe américaine Bell Hooks affirme que les hommes souffrent également d'un système patriarcal étouffant et déshumanisant. Elle appelle les hommes à refuser les codes du patriarcat qui les encouragent à devenir froids, violents et à refouler tous sentiments. Obtenir un tel changement passe par la prise de conscience de la souffrance masculine mais également par l'arrêt de la prolifération du patriarcat dans la culture populaire notamment[151].
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En 2010, l'Organisation mondiale de la santé a émis des recommandations sur la place des hommes et des garçons dans le processus d'accession à l'égalité. L'OMS donne des exemples de politiques qui ont aidé les hommes de façon significative à contribuer à la condition des femmes :
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Si le féminisme mobilise avant tout les femmes (puisqu'il les concerne directement), il existe aussi des hommes féministes, soit parce qu'ils se sentent solidaires, soit parce qu'ils estiment que les hommes sont également concernés.
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Par ailleurs, en 2014, l'ONU Femmes lance une campagne intitulée « HeForShe » pour inciter les hommes et les garçons à participer au combat pour l'égalité des sexes et les droits des femmes.
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Plusieurs mouvements de défense des intérêts spécifiques des hommes se sont créés en parallèle ou en réaction au féminisme.
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Certaines œuvres sont devenues des icônes littéraires du féminisme :
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On peut également citer Le Pouvoir de Naomi Alderman ou Vox de Christina Dalcher.
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La thématique féministe est très présente en littérature de science-fiction.
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L’œuvre emblématique à cet égard est La Main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin.
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Un autre roman de référence en matière de science-fiction féministe est Chroniques du Pays des Mères (1992) d'Élisabeth Vonarburg.
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Voir aussi la Catégorie:Féministe.
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Voir aussi les liste de féministes et liste de féministes musulmanes.
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Note : certaines revues universitaires rejoignent le public des journaux ; elles apparaissent dans les deux listes.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/196.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,79 @@
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L’Amérique du Nord est un continent à part entière ou un sous-continent de l'Amérique suivant le découpage adopté pour les continents.
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Elle est entourée par l'océan Pacifique à l'ouest, l'océan Arctique au nord et l'océan Atlantique à l'est. L'isthme de l'Amérique centrale la relie à l'Amérique du Sud. Les Caraïbes, région quelquefois incluse dans l'Amérique du Nord, ferment le golfe du Mexique.
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Les limites de ce qui est nommé l'Amérique du Nord diffèrent selon les points de vue. Pour l'Organisation des Nations unies, l'Amérique du Nord comprend uniquement le Canada, les États-Unis, les Bermudes ainsi que Saint-Pierre et Miquelon[2]. Cependant, le Mexique est membre de l'Accord de libre-échange nord-américain et communément admis dans le sous-continent.
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Le nord du continent américain regroupe donc les pays suivants :
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De 1907 à 1934, Terre-Neuve fut également un dominion (état indépendant membre de l'Empire britannique).
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Au sud du Mexique, on retrouve un certain nombre de pays que l'on regroupe sous le nom d'Amérique centrale :
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On peut dans certains cas ajouter à ces pays les Antilles. Cet archipel est divisé en deux grands ensembles :
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(CAD)
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Héritage des différentes vagues d'immigration qui ont marqué son histoire, l'Amérique du Nord présente deux groupes ethno-culturels bien différenciés:
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Sur le continent la langue principale est l'anglais (aux États-Unis et au Canada), suivi de l'espagnol (aux États-Unis et au Mexique) et du français (au Canada et minoritairement aux États-Unis). D'autres langues locales, issues des civilisations amérindiennes, subsistent, quoique faiblement.
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L'Amérique du Nord est le deuxième continent le plus riche du monde après l'Europe en ce qui concerne la richesse par habitant. Pour ce qui est de la richesse totale, l'Amérique du Nord se classe troisième après l'Asie et l'Europe.
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Les États-Unis et le Canada font partie des pays les plus développés au monde.
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Outre la colonisation viking des Amériques, il est très probable que les Mélanésiens de Polynésie aient eu un contact ancien avec l'Amérique du Sud, hypothèse attestée entre autres par l'analyse génétique de la patate douce, originaire d'Amérique du Sud mais présente depuis longtemps en Océanie (voir Amérique du Sud et peuplement de l'Océanie pour plus de détails). En 2005, des analyses linguistiques (sur des mots en chumash et en gabrielino) et archéologiques plaidèrent également en faveur d'un contact entre les populations polynésiennes de Hawaï et la Californie [4].
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La culture populaire retient couramment la découverte de Christophe Colomb comme le premier contact des européens avec le continent américain. Pourtant, l'ensemble continental avait déjà été atteint depuis le Xe siècle, puisque c'est à cette époque que le Groenland, île américaine (au sens géographique), a été découvert par une expédition de Vikings (menée par le célèbre Erik le Rouge). De plus, selon de récentes avancées de la recherche archéologique, ils furent aussi les premiers Européens à atteindre le Canada : au tournant du XIe siècle, des expéditions partirent du Groenland et tentèrent une colonisation de Terre-Neuve[5]. Cependant, certaines thèses postulent des contacts épisodiques remontant jusqu'à l'Antiquité[6].
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Chronologie :
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Voir les articles : Colonisation européenne des Amériques, Colonisation britannique des Amériques, Colonisation espagnole de l'Amérique, Colonisation française des Amériques, Nouvelle-France, Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Néerlande, Amérique du Nord britannique.
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Dans le cas d'un découpage de l'Amérique en 2 continents, la limite historique avec l'Amérique du Sud est le canal de Panama, mais il est plus généralement admis aujourd'hui que ce soit le bouchon du Darién, zone située de part et d'autre de la frontière entre le Panama et la Colombie.
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Si l'Amérique est considérée comme constituée de 3 sous-continents, l'Amérique du Nord est séparée de l'Amérique centrale par l'isthme de Tehuantepec.
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La disposition du relief nord-américain est longitudinale : la région se décompose en ensembles différenciés qui se succèdent d’est en ouest. La partie orientale est dominée par des plaines littorales étroites au nord (Canada et Nouvelle-Angleterre) et plus larges au sud (Floride). Derrière ces espaces plats se trouvent des chaînes de montagnes peu élevées, de formation ancienne et érodées : les Appalaches ne dépassent guère les 2 000 mètres d’altitude. Le plateau des Laurentides constitue l’essentiel de la presqu’île du Labrador. En allant vers l’ouest, on rencontre des espaces relativement plats et peu élevés, parsemés de lacs (lac de l’Ours, grand lac des Esclaves, lac Winnipeg et les Grands Lacs). Plus au sud, la vallée du Mississippi représente l’épine dorsale du centre de l’Amérique du Nord. Ensuite, la région des Grandes Plaines puis le piémont des Rocheuses se succèdent à des altitudes de plus en plus hautes. L’ouest de l’Amérique du Nord est une succession de chaînes plus ou moins parallèles qui constituent un obstacle à la circulation. Cet ensemble montagneux, plus large aux États-Unis qu’au Canada, est entrecoupé de hauts plateaux et de fossés d’effondrement. Les derniers espaces avant l’océan Pacifique se caractérisent par une grande activité volcanique et sismique : il s’agit d’une portion importante de la ceinture de feu du Pacifique.
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Parc national de Bryce Canyon (États-Unis)
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Les Grands Lacs : le lac Érié, en hiver
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Le Denali, point culminant de l’Amérique du Nord (États-Unis)
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Les montagnes Rocheuses (Canada/États-Unis)
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Les Appalaches (Canada/États-Unis)
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Cancún au Mexique
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Selon une étude publiée en septembre 2019 par des chercheurs de l’université Cornell (New York), l’American Bird Conservancy et le Centre de recherches national de la faune du Canada, le nombre d’oiseaux en Amérique du Nord a diminué de 2,9 milliards depuis les années 1970. L'étude montre que, outre les espèces en voie de disparition, les oiseaux communs considérés comme abondants subissent également une « disparition massive »[7]. Les causes seraient la disparition de leur habitat ainsi que l’utilisation massive de pesticides[8].
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Vison américain.
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Raton laveur.
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Chien de prairie.
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Castor.
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Lynx roux (Lynx rufus).
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Cerf de Virginie.
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Pronghorn.
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L’Amérique du Nord a perdu 15 % de ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) entre 2000 et 2013[9].
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Le féminisme est un ensemble de mouvements et d'idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée.
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Si le terme « féminisme » ne prend son sens actuel qu'à la fin du XIXe siècle sous les plumes d'Alexandre Dumas et d'Hubertine Auclert, les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumières et se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. L’objectif principal de la première vague féministe est que hommes et femmes deviennent égaux devant la loi.
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Le mouvement féministe a produit une grande diversité d’analyses sociologiques et philosophiques. La deuxième vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Women's Lib, a ainsi élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de patriarcat, élaboré celui de sexisme et que l'accent est mis sur la sphère privée comme lieu privilégié de la domination masculine : le « privé est politique »[1]. Les revendications touchant au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxième vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes.
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Sous le nom de troisième vague féministe, on désigne à partir des années 1990, un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes issues de groupes minoritaires, dans le sillage du Black feminism.
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Le terme « féminisme » a longtemps été attribué à tort à Charles Fourier. Il pourrait être emprunté à Alexandre Dumas fils, qui écrivait en 1872 dans L'Homme-femme : « Les féministes, passez-moi ce néologisme, disent : Tout le mal vient de ce qu'on ne veut pas reconnaître que la femme est l'égale de l'homme, qu'il faut lui donner la même éducation et les mêmes droits qu'à l'homme » ; mais il ne prend son sens actuel qu’à la fin du XIXe siècle.
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C'est au cours de la Révolution française, avec l’affirmation des droits naturels, que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne. Dans la première moitié du XIXe siècle, le mouvement féministe apparaît en pointillé, sans parvenir à fédérer d’organisations durables. Il épouse les grandes secousses politiques du siècle, à l’occasion desquelles resurgissent ses revendications. L’objectif large de cette « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette période.
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Avec l’émergence des démocraties occidentales, le mouvement féministe s’incarne progressivement dans des groupes organisés, sans jamais présenter un visage monolithique, au point que les études contemporaines mettent l’accent sur la diversité des féminismes[2].
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Les configurations nationales imposent souvent leurs cadres et leurs calendriers ; les objectifs et les méthodes varient selon les groupes constitués et les débats sont constants pour définir les orientations stratégiques et les étapes intermédiaires à atteindre en priorité. Les féministes se trouvent en particulier confrontés à un dilemme : doivent-elles pour mener leur combat mettre en avant les qualités spécifiques qui sont attribuées aux femmes (voir Féminité) ou au contraire affirmer l’universalité des propriétés humaines (voir Être humain) ? La première position au risque de figer la nature des femmes ; la seconde au risque de choquer l’évidence de la différence des sexes sur laquelle s’appuient les représentations et la structure sociale.
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Certains auteurs[3] affirment que le féminisme existe depuis tout temps[4] : ils parlent de proto-féminisme, même si d'autres pensent qu'il s'agit bien d'un même féminisme qui apparaît puis disparaît de manière cyclique[5].
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Lors du quatrième concile du Latran organisé en 1215 à l'initiative du pape Innocent III, le mariage est déclaré comme étant l'objet de deux volontés plutôt que de deux corps, ce qui a notamment pour objectif d'empêcher les mariages clandestins et de s'assurer que le mariage est consenti par les deux mariés[6].
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En 1906, le pape aurait déclar�� : «...Il est bon que les femmes se libèrent du joug pesant sous lequel les courbe, depuis des siècles, la société. Il est bon qu'elles sachent conquérir leurs moyens d'existence...»[7].
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Lors de la révolution anglaise de 1688-1689, les femmes de L’Église anglicane proclamèrent que si Dieu aime les femmes en tant que telles, le Parlement devait agir de même[8].
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Christine de Pizan est la première écrivaine (hommes et femmes comprises) en France écrivant en langue française à pouvoir vivre de son métier d'écrivaine[9]. Son œuvre, notamment la Cité des Dames, est écrite pour mettre en avant la grandeur et la valeur des femmes et de leur matrimoine (Christine Pizan emploie le mot dans son livre[10],[11]) à travers la description de femmes notoires considérées comme des modèles de courage et de vertu. Christine de Pizan a sévèrement critiqué l'ouvrage de Jean de Meung faisant suite au Roman de la Rose, pour la virulence des propos qu'il y tient contre les femmes[12] et lui répond avec un livre L’Épître au Dieu Amour (1399), puis elle approfondit sa réponse avec la Cité des Dames.
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« Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communément on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu'elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font », Christine de Pizan dans La Cité des dames[13].
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La thèse du féminisme avant la lettre de Christine de Pizan est soutenue par les médiévistes Thérèse Moreau et Régine Pernoud, qui voit en elle une féministe, pour sa thèse de l'égalité intellectuelle des hommes et des femmes dues à l'éducation et non pas à la nature. Éliane Viennot souligne le rôle important de Christine de Pizan dans la défense des droits des femmes à son époque[14].
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« Enfin, pour comprendre la société à l'époque de la Renaissance dans ce qu'elle a d’élevé, il est essentiel de savoir que la femme était considérée à l'égal de l'homme. […] Le plus grand éloge qu'on pût faire des Italiennes remarquables de cette époque consistait à dire qu'elles avaient un esprit viril, une âme virile. On n'a qu'à considérer l'attitude toute virile de la plupart des héroïnes épiques, surtout de celles de Boiardo et L'Arioste, pour savoir qu'il s'agit ici d'un idéal bien défini. Le titre de « virago », que notre siècle regarde comme un compliment très équivoque, était alors la plus flatteuse des distinctions. […] En ce temps-là, la femme était considérée capable, aussi bien que l'homme, d'atteindre à la plus haute culture. »
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— Jacob Burckhardt, Civilisation de la Renaissance en Italie[15]
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Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien —notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes —, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau régime leur reconnaît une personnalité civile, elles n'auront pas le droit de vote à cette époque.
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Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public, organisées en clubs mixtes ou féminins et en sociétés d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion à toutes les luttes politiques de l'époque. Parmi les personnalités féminines notoires des débuts de la Révolution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »[16].
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Aussi Théroigne de Méricourt qui appela le peuple à prendre les armes et participa à la prise de la Bastille, ce dont elle sera récompensée par le don d'une épée par l'Assemblée nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou Renée Audou que fut organisée la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.
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Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle après avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires, Olympe de Gouges guillotinée. Si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservées des châtiments réservés aux hommes, et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud à la suite de leurs actions publiques ou politiques.
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À partir de 1792, l'entrée en guerre de la France conduit certaines à se battre aux frontières, tandis qu'en 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les deux cents femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Convention et apostrophent les députés, entendant représenter le peuple souverain. Claire Lacombe propose d’armer les femmes. Leurs appels véhéments à la Terreur et à l'égalité, leur participation à la chute des Girondins, ainsi que les autres manifestations spectaculaires des « enragées », allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui entretiendrait longtemps les répulsions du pouvoir masculin.
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Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent les femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions exposées dans Émile ou De l'éducation de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain, lesquels, à la même époque, inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.
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Le 9 brumaire an II (30 octobre 1793), toute association politique féminine est interdite par la Convention, un seul député s'y oppose Louis Joseph Charlier, mais les femmes vont continuer à jouer un rôle jusqu'à l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la répression généralisée qui marque la fin de la Révolution ne mette un terme provisoire à cette première prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.
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En 1792, une femme de lettres britannique, Mary Wollstonecraft fait paraître Vindication of the Rights of Woman, un ouvrage traduit en français la même année sous le titre Défense du droit des femmes. L'auteure, qui participe aux débats passionnés suscités outre-Manche par la Révolution en France, n'hésite pas à assimiler le mariage à une forme légale de prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié ou à la rémunération de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie, privées de toutes perspectives professionnelles par les préjugés et le défaut d'éducation, et réduites à chercher un « beau » parti.
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Mary Wollstonecraft sera vite oubliée en France, avant d'être redécouverte par Flora Tristan en 1840.
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Éteintes sous l’Empire et la Restauration, les revendications féministes renaissent en France avec la Révolution de 1830. Un féminisme militant se développe à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens et les fouriéristes de la capitale. Les féministes participent à l'abondante littérature de l'époque, favorisée par la levée de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes, édité à Lyon par Eugénie Niboyet, est le premier journal féministe de province.
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Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population française, le combat des femmes rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais les femmes se mobilisent également contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari — « La femme doit obéissance à son mari » affirme le Code civil —, et pour le rétablissement du divorce interdit sous la Restauration en 1816.
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Certaines femmes revendiquent le droit à l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. Claire Démar se livre ainsi dans son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme (1833) à une critique radicale du mariage dans lequel elle dénonce une forme de prostitution légale. Elle n’est toutefois pas suivie par l’ensemble des saint-simoniennes qui tiennent à se démarquer des accusations d’immoralisme qui frappent le mouvement[17].
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Les débuts du régime laissent entrevoir quelques espoirs d’évolution. Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce placent ce sujet sur l’agenda politique : en 1831 et 1833, les députés votent par deux fois en faveur de la loi, laquelle est toutefois repoussée par la Chambre des pairs[18]. Les revendications féministes deviennent inaudibles. Quand Louise Dauriat adresse en 1837 aux députés une demande en révision des articles du Code civil qui lui paraissent contraires aux droits des femmes, elle ne récolte en retour que les rires de l’assemblée[19].
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Comme en 1789, les femmes participent activement aux journées révolutionnaires de février 1848. Elles s'expriment publiquement par le biais d’associations et de journaux. Les lois proclamant la liberté de la presse profitent ainsi à nouveau à la presse féministe : Eugénie Niboyet crée, le 20 mars, La Voix des femmes qui est dans un premier temps le principal relais des revendications féminines, écartées de la presse traditionnelle. Puis viendront en juin La Politique des Femmes de Désirée Gay ou encore L’Opinion des femmes publiée en janvier 1849 par Jeanne Deroin.
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À la suite de leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au travail au même titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec retard, le 10 avril. Elles goûtent aux prémices d’une participation citoyenne en élisant des déléguées à la Commission du Luxembourg[20], en proposant des réformes pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs[21].
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Le droit de vote pour l’élection de la future Assemblée nationale constituante est au centre de leurs préoccupations : Jenny d'Héricourt, la fondatrice de la Société pour l’émancipation des femmes imagine que, une fois conquis, ce droit permettra d’agir par la voix législative sur l’ensemble des revendications au nombre desquelles figurent toujours l’abrogation du Code civil et le droit au divorce. Elles lancent des pétitions, sont reçues par les instances politiques. Le Comité des droits des femmes présidé par Allix Bourgeois se voit répondre, par la voix d’Armand Marrast, le maire de Paris, que la décision ne pourra être prise que par la future instance législative[22].
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Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce ne rencontrent pas plus de succès que celles de leurs devancières des années 1830 : la proposition du Ministre de la Justice Adolphe Crémieux à la Chambre en mai 1848 est accueillie sous les quolibets[23]. On s’inquiète notamment de la menace que la parole libérée des femmes pourrait faire peser sur la famille. Le Club des femmes, ouvert en avril 1848, est un lieu de débat qui provoque de virulentes réactions ; certaines de ses séances tournent à l’émeute et sa présidente — Eugénie Niboyet — est âprement caricaturée dans la presse[24]. Le Club des femmes sera finalement fermé pour ne pas troubler l’ordre public.
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En Allemagne, un premier courant féministe trouve son origine dans les idées libérales du Vormärz et émerge véritablement à la faveur de la Révolution de mars 1848. Louise Aston ou Louise Dittmar tentent de lancer les premiers journaux dédiés à la cause des femmes. Louise Otto, élevée dans un milieu bourgeois qui aspire à des réformes libérales, est la première à pouvoir pérenniser son entreprise ; le Frauen-Zeitung (1849-1852), lequel s’adresse prioritairement à la classe moyenne, relaie des revendications essentiellement économiques, insistant sur l’éducation des femmes, leur indépendance économique et le refus des mariages arrangés. Le retour à l’ordre freinera pour quinze ans ce premier élan[25].
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Si la première manifestation collective du féminisme américain coïncide chronologiquement avec le Printemps des peuples européens, ses origines intellectuelles diffèrent sensiblement. Les sectes protestantes dissidentes, en particulier celle des quakers, sont le principal vecteur des idées favorables à l’émancipation des femmes. Mouvement abolitionniste et mouvement du droit des femmes (Women’s right movement) sont étroitement imbriqués ; les sœurs Angelina et Sarah Grimké, Lucretia C. Mott ou Elisabeth Cady Stanton figurent en première ligne sur ces deux fronts. Mott et Stanton organisent de concert en 1848 la Convention de Seneca Falls dont le texte final — la « déclaration de sentiments » —, calqué sur le modèle de la déclaration d'indépendance des États-Unis, est traditionnellement considérée comme l’acte fondateur du féminisme américain[26].
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Au Royaume-Uni, l’enseignement est dispensé aux jeunes filles de la bourgeoisie par des préceptrices, un des seuls métiers socialement acceptables pour les veuves et les jeunes filles issues de la bonne société. Outre les connaissances de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul, il est focalisé sur les activités d’agréments qui fondent « l’art de plaire » et exclut les disciplines scientifiques telles que le grec et le latin, alors indispensables pour poursuivre un cursus dans l’enseignement supérieur[27].
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Éduquées et indépendantes, les femmes qui s’improvisent institutrices fournissent historiquement une part importante des effectifs militants féministes. Elles souffrent néanmoins d’un déficit de formation, provenant de leur exclusion de l’université. Le Queen’s College for women puis le Bedford College d’Elizabeth Jesser Reid sont créés à la fin des années 1840 pour permettre aux éducatrices de bénéficier d’une formation de niveau supérieur[28]. Les nouvelles diplômées sont à la pointe du mouvement pour l’éducation des femmes. Le North London Collegiate School (1850) puis le Cheltenham Ladies' College (1853), dirigés par deux anciennes élèves de Bedford, Frances Mary Buss et Dorothea Beale, proposent une pédagogie révisée, alignée sur les standards masculins.
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Les féministes se tournent alors progressivement vers l’université. Conduit par Emily Davies, le Comité pour l’accès des femmes aux examens universitaires revendique l’ouverture aux filles des examens de fin d’études secondaires (The Cambridge and Oxford Local Examination) ; après une première expérimentation en 1863, il obtient l’autorisation officielle du Sénat de l'Université de Cambridge en 1865[29].
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L’étape suivante est l’ouverture de l’accès aux examens d’entrée à l’université (Matriculation Examinations). Face au refus des instances universitaires, Davies inaugure, malgré de nombreuses difficultés matérielles, un établissement féminin conçu sur le modèle des colleges masculins à Hitchin dans le Hertfordshire (1869)[30], avant de se rapprocher de Cambridge en s’installant à Girton l’année suivante. Un autre projet du même type voit le jour peu après, toujours à Cambridge, avec la création du Newnham College sous le patronage d’Henry Sidgwick et d’Anne Clough[31].
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Le Second Empire est le théâtre de plusieurs avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en mars 1850 l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[32]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500[33].
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Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture) ; les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libérale au régime, notamment dans les milieux saint-simoniens. Elisa Lemonnier crée en 1862 les premières écoles professionnelles pour jeunes filles. Julie-Victoire Daubié sollicite, avec le soutien de François Barthélemy Arlès-Dufour, influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se présenter à l’épreuve du baccalauréat, qu’elle obtient à Lyon en 1861, à l’âge de 37 ans. Madeleine Brès doit, quant à elle, son inscription en faculté de médecine à sa pugnacité, à l’intervention de l’impératrice Eugénie et du ministre de l'instruction publique, Victor Duruy. Ces pionnières restent toutefois encore isolées : la deuxième bachelière française, Emma Chenu, obtient son diplôme en 1863, deux ans après Daubié[34]. L’amélioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des féministes françaises : en 1866, André Léo crée ainsi une association dédiée spécifiquement à cette question[35].
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Les réformes de structure dans l’enseignement secondaire et supérieur interviennent sous la IIIe République. Les collèges pour filles, dont les programmes restent spécifiques, sont institués par la loi Sée (1880). Les femmes se voient également garantir une formation à l’enseignement : les écoles normales féminines, rendues obligatoires dans chaque département en 1879[36], et l’école normale supérieure de Sèvres (1881) forment institutrices et professeurs.
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La Troisième République se caractérise en France par la constitution d’organisations féministes réformistes, plus durables et structurées. La Société pour l’amélioration du sort des femmes, présidée par Maria Deraismes, voit le jour en 1878 ; la Ligue française pour le droit des femmes, d’orientation modérée, est créée en 1882 par Léon Richer[37]. En 1891, la Fédération française des sociétés féministes symbolise l’entrée du terme « féminisme » dans le vocabulaire militant.
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Le Conseil national des femmes françaises, fondé dans le sillage de la loi sur les associations de 1901, se veut apolitique et laïque. Ses militantes, issues principalement de la bourgeoisie, sont des républicaines, des socialistes ou des protestantes, initiées à l’action publique à travers les activités sociales et philanthropiques. L’Union française pour le suffrage des femmes fédère en 1909 les féministes favorables au droit de vote des femmes[38].
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Refusant l’activisme des suffragettes britanniques, ces grandes fédérations réformistes entendent prouver la responsabilité des femmes et s’intègrent dans le modèle républicain en tissant des liens avec le monde politique masculin (le Parti radical notamment), avec l’objectif d’influer sur l’activité législative[39].
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Au Royaume-Uni, un mouvement pour le droit de vote des femmes se développe à partir de 1866, date du dépôt de la première pétition adressée au Parlement, pour en faire la requête[40] ; le philosophe John Stuart Mill en est le principal relais dans l’enceinte parlementaire. À l’initiative de Barbara Bodichon et Emily Davies, un Women’s suffrage committee (Comité pour le droit de vote des femmes) est constitué ; il est rapidement décliné en de multiples comités locaux, coordonnés au niveau national par la National society for women’s suffrage (1867)[41]. Un mouvement de masse s’organise rapidement ; 1 500 lors de la pétition initiale de 1866, les féministes sont capables de réunir 250 000 signataires en 1894[42].
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Proche d’aboutir à plusieurs reprises, mais bloqué par la frange conservatrice du Parlement, le mouvement se radicalise en 1903 avec la création de la Women's Social and Political Union par Emmeline et Christabel Pankhurst. Ses militantes, désignées sous le nom de « suffragettes », optent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitres, grèves de la faim…)[43]. La popularité du mouvement s'accroît encore, et en 1908, les organisations suffragistes réunissent 500 000 personnes lors d’une manifestation à Hyde Park[44]. Le bras de fer engagé avec les autorités dure jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, des négociations sont ouvertes par le gouvernement Asquith avec les représentantes de la National Union of Women's Suffrage Societies de Millicent Fawcett, qui présentent une orientation plus modérée. Elles aboutissent au Representation of the people act qui autorise le vote des femmes de plus de trente ans[45].
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Aux États-Unis, le front commun entre féministes et antiesclavagistes s’effrite progressivement après la guerre de Sécession. Alors qu’on s’oriente vers un XVe amendement pour le droit de vote des Noirs, une partie des féministes souhaiterait y voir également associées les femmes qu’elles estiment laissées pour compte par les leaders masculins du mouvement[46]. Deux organisations rivales naissent en 1869 des désaccords survenus au sein de l’American Equal Rights Association. Susan B. Anthony et Elisabeth Cady Stanton constituent la National Woman Suffrage Association, qui milite pour un amendement à la Constitution qui garantirait le vote des femmes. Ses revendications, qui dépassent le cadre des droits politiques, s’inspirent du texte élaboré lors de la Convention de Senecca Falls. L’organisation rivale — l’American Woman Suffrage Association créée par Lucy Stone — est plus modérée et préfère concentrer son action sur le seul droit de vote, délaissant le niveau fédéral pour agir au niveau des États[47]. En 1890, les deux associations finissent par se regrouper dans la National American Woman Suffrage Association. Dans l’intervalle, en 1869 et 1870, les territoires du Wyoming et de l’Utah autorisent le vote des femmes blanches.
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En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les Américaines blanches obtiennent le droit de vote.
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Des féministes sont actives dans d'autres pays, particulièrement en Europe du Nord, par exemple Emilie Mundt et Marie Luplau au Danemark.
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La question de l’amour libre et du contrôle des naissances divise profondément les féministes de la seconde partie du XIXe siècle.
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Au Royaume-Uni, une partie du mouvement féministe s'est engagé, durant la période victorienne dans un combat, pour la régénération morale de la nation. À partir de 1869, elle se mobilise contre une série de lois visant à lutter contre les maladies vénériennes — les Contagious Diseases Acts — qui imposent un examen gynécologique aux prostituées. Bien que d’orientation conservatrice, ce mouvement, mené notamment par Josephine Butler, prend parti pour les prostituées et réclame la criminalisation des clients et la fermeture des maisons de prostitution. Il entend plus largement rétablir la pureté des mœurs et la moralité publique, et défendre la famille. Le point d’orgue de cette mobilisation constitue un meeting réunissant 250 000 personnes dans Hyde Park en 1885[48].
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Face à ce mouvement, les militantes favorables à l’amour libre et au contrôle des naissances sont isolées. Quelques-unes adhèrent au mouvement néomalthusien, très actif en Grande-Bretagne mais aussi en France. Annie Besant est ainsi condamnée en 1877 pour avoir publié The Fruits of Philosophy, un pamphlet de Charles Knowlton, sans avoir reçu le soutien qu’elle réclamait des féministes conservatrices[49]. À la fin du siècle, les écrits d’Edward Carpenter ou d’Havelock Ellis contribuent cependant à répandre plus largement ces idées. Elles trouvent parmi les féministes un relais dans la revue The Freewoman (1911), qui réunit les signatures de Rose Witcop, Stella Browne ou Marie Stopes[50].
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Si le mot d’ordre « À travail égal, salaire égal » remporte l’adhésion de l’ensemble des composantes du mouvement féministe[51], l’idée d’une protection spécifique des femmes sur le marché du travail divise. En 1906, la Convention de Berne, ratifiée par quatorze pays, prononce l’interdiction du travail industriel nocturne des femmes[52]. Déjà en vigueur dans certains pays, comme la France où elle s'applique depuis 1892, cette législation rencontre l’opposition des féministes égalitaristes. Menées par la Hollandaise Marie Rutgers-Hoitsem, elles se regroupent dans le réseau « Correspondance internationale » qui recrute principalement parmi les laïques et les libre-penseuses[53].
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Après-guerre, le Bureau International du Travail reprend le mot d’ordre de protection des travailleuses. Toujours minoritaires dans les fédérations féministes internationales, les partisanes de l’égalité constituent l’Open Door Council autour de la personnalité de Chrystal MacMillan, l'une des fondatrices de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Mouvement d’avant-garde qui réunit des intellectuelles de l’ensemble de l’Europe, l’Open Door Council élabore un argumentaire qui s’oppose au « féminisme maternaliste » alors dominant[54] : il marque notamment son refus de voir la maternité devenir « une sorte de domaine clos où les femmes se trouveraient parquées d'office, en marge de l'ensemble de la vie sociale et culturelle… »[55].
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La première manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, à la suite d'une proposition de la marxiste allemande Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, 1912. Auparavant, la première grande manifestation des femmes avait été celle pour la paix organisée en marge de la Première conférence de La Haye de 1899 par Margarete Lenore Selenka.
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Durant la Première Guerre mondiale, la grande majorité des organisations féministes des pays belligérants soutient l’effort de guerre. Certaines espèrent tirer parti de ce loyalisme : à l’issue du conflit, les féministes britanniques se verront ainsi récompensées par l’obtention partielle du droit de vote. L’opposition à la guerre est surtout le fait de militantes des pays neutres et de quelques groupes isolés des pays engagés dans le conflit.
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Aux États-Unis, le Women Peace Party de Jane Addams revendique 25 000 adhérentes mais ne résiste pas à l’entrée en guerre du pays en 1917[56]. Le Congrès international pour la paix future est organisé par Addams et la physicienne Aletta Jacobs à la Haye - cette dernière luttant aussi pour le droit à la contraception et au vote des femmes[57]. Parmi les 1 200 femmes, principalement hollandaises, qui se réunissent à cette occasion, 9 nationalités sont représentées dont une délégation allemande menée par Anita Augspurg. Les Françaises en sont absentes[58].
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Les milieux socialistes, et leurs organisations féminines, se sont également rangés derrière leurs nations respectives. Des voix discordantes se font néanmoins entendre : en France, Hélène Brion, Madeleine Vernet ou Louise Saumoneau. Cette dernière est présente en mars 1915 à la conférence internationale des femmes socialistes, qui réunit à Berne, à l’initiative de Clara Zetkin, les militantes restées fidèles à l’internationalisme[59].
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À l’issue de la guerre, deux grandes tendances, héritières des débats du début du siècle, s’opposent : un « féminisme maternaliste »[60] ou « social »[61] et un « féminisme de l’égalité »[62], universaliste ou « intégral ».
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La première tendance, dominante sur le continent et en particulier en France, réclame des évolutions législatives qui protègent la spécificité des femmes[63]. Elle s’ajuste aux impératifs des politiques natalistes qui se renforcent encore après la saignée démographique de la Première Guerre mondiale. La valorisation de la participation des femmes à l’équilibre de la nation, à travers notamment l’exercice de la « fonction maternelle », occupe ainsi une place centrale dans l’argumentation des réformistes et des sociaux-démocrates. Pour les représentantes de l’Union française pour le suffrage des femmes, « détruire le prestige de la maternité, c’est atteindre le plus sûr prestige de la femme...C’est au nom de la maternité, non point contre elle, que doit se faire la réforme indispensable de la condition féminine »[64]. Les féministes radicales qui entendent abolir la différence entre les sexes ou lutter en faveur de la contraception et de l’avortement sont plus isolées et ont du mal à faire entendre leur voix au sein des grandes coordinations réformistes[65].
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Alors que le chef de famille détenait la puissance paternelle et avait priorité dans la signature des contrats, les féministes obtiennent, par la loi du 18 février 1938, la suppression de la puissance maritale, de l'incapacité juridique de la femme mariée ainsi que de son devoir d'obéissance[66].
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En Allemagne, le féminisme se scinda en deux mouvements. Le premier – proche des mouvances libérales et socio-démocrates – défendait le principe d'égalité des individus, tandis que le second proche du mouvement völkisch, défendait la thèse antisémite d'un « complot judéo-patriarcal », l'homme Juif étant accusé d'avoir inventé « la religion qui devait annihiler la grande force créatrice féminine en lui déniant toute reconnaissance, en la privant de toute possibilité d'action hors d'un cercle se réduisant peu ou prou à la famille »[67]. Les officiels nazis n'apportèrent pas leur soutien à ce féminisme völkisch, qui cessa d'exister en 1937.
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En Espagne, le féminisme se développe rapidement avec le groupe artistique de Las Sinsombreros, dont le nom provient du geste d'ôter son chapeau en public, marqueur social et de genre décrié par les artistes espagnoles, ainsi que l'institution universitaire de la Residencia de Señoritas et l'association du Lyceum Club Femenino de Madrid, fondés par Maria de Maeztu. Le succès de ces initiatives a préparé le terrain de la politique volontariste en faveur des droits des femmes de la Seconde République. La féministe libertaire Federica Montseny, proche de l'organisation Mujeres Libres, est nommée ministre et ouvre notamment le droit à l'avortement en Catalogne[68]. En 1939, à la fin de la guerre d'Espagne et à l'arrivée au pouvoir des troupes nationalistes, Franco engage la répression des mouvements féministes et annule les droits des femmes acquis durant période républicaine.
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La littérature militante connaît un nouvel essor, notamment en France grâce à la parution en 1949 de l'essai Le Deuxième Sexe par Simone de Beauvoir. L’ouvrage rencontre un énorme succès dès sa sortie mais fait également scandale, dû en grande partie à son chapitre sur l’avortement qui reste considéré comme un homicide à l’époque. À l’instar de Mary Wollstonecraft et Claire Démar, Simone de Beauvoir assimile le mariage à une forme de prostitution lorsque la femme est dominée par son mari et dans l’incapacité de s’en échapper. À la suite de cette publication, elle devient une figure emblématique du féminisme.
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À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis.
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À la fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant. Le Mouvement de libération des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant.
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Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des années 1950 débute avec la fondation en 1966 d’une organisation réformiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan[69]. Mais c’est principalement en réaction à la division sexuelle du travail militant qui, au sein même des organisations de la Nouvelle Gauche, relègue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes féministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians…)[70].
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Refusant l’organisation verticale et l’orientation réformiste de la NOW, elles ont recours à des formes de mobilisation volontairement provocatrices qui visent à attirer l’attention des médias. En Islande, c'est par une grève générale le 24 octobre 1975 que les femmes obtiennent l'égalité en droits en 1976[71]. Se développent également des formes d’organisations originales, comme les groupes d’éveil de la conscience (consciousness-raising groups). Par le partage de l’expérience individuelle, ces groupes de discussion entendent faire prendre conscience de la communauté de condition des femmes, de la spécificité de leur oppression et de la dimension politique inscrite dans les éléments les plus banals de la vie quotidienne[72].
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Le coup de tomate de 1968 est un événement jugé fondateur dans l'histoire du féminisme moderne en Europe, en raison de son retentissement médiatique. Les deux féministes les plus connues d'Allemagne à cette époque, Helke Sender et Sigrid Rüger se font remarquer lors d'une conférence du SDS pour protester contre le peu d'attention porté au discours passionné tenu par la première en faveur de l'égalité homme-femmes dans le domaine de la vie privée[73]. Selon les sociologues et historiens, avec cette célèbre farandole de six tomate, la deuxième vague du mouvement des femmes allemandes est née[74]. Le « coup de tomate » de 1968 donne une visibilité démocratique aux féministes engagées mais respectueuses de la démocratie, dans une Allemagne encore très conservatrice, souvent choquée par des gestes beaucoup plus violents commis par les jeunes hommes dans les combats de rue où la police se fait souvent agresser. La cinéaste Helke Sander se mobilise ensuite pour l'avortement et la contraception, domaines où les mentalités allemandes encore peu évolué , avec d'importantes résistances politiques et sociales. Malgré cela, le pays va légaliser l'avortement un peu avant son voisin français[75]. Dès 1970, seize professeurs de Droit Pénal présentent un premier projet de réforme de l'article 218 du Code Pénal régissant le Droit de l'avortement en Allemagne[75]. Le 26 avril 1974, la Diète Fédérale adopte la loi légalisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse après une consultation préalable[75], mais les menaces de recours constitutionnel de la droite, brandies depuis 1970, se concrétisent et 193 parlementaires obtiennent satisfaction pour déclarer la loi anticonstitutionnelle[75]. Une nouvelle version doit donc être adoptée le 12 février 1976[75].
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La période est marquée par une intense activité de théorisation de la condition féminine. Si un courant, mené en France par Antoinette Fouque avec son groupe « Psychanalyse et politique », défend des positions différentialistes et, selon certaines critiques, essentialistes, le mouvement est majoritairement constructiviste. Il approfondit la voie esquissée en 1949 par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième Sexe et étudie les modalités de la construction sociale de la différence des sexes, c'est-à-dire la manière par laquelle la socialisation impose des rôles sociaux différents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se répand[76] et les féministes radicales et matérialistes élaborent le concept de patriarcat pour définir le système social d’oppression des femmes. Se refusant à subordonner leur combat à la lutte des classes, elles affirment que le domaine de la reproduction (maternité, corps, famille, travail domestique…) est un espace d'exploitation privilégié des femmes. Elles rejettent l’objectif réformiste d'égalité dans le système qui a prédominé jusqu’alors. Pour elles, aucune égalité entre les sexes ne peut être obtenue à l'intérieur du système « patriarcal », sinon quelques compromis temporaires qui seraient perpétuellement menacés. Elles préconisent de renverser ce système et d'instaurer de nouveaux rapports entre les sexes.
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Une tendance séparatiste s’affirme également, notamment parmi les groupes militants lesbiens des grandes métropoles que sont Londres ou New York.
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La maîtrise de leur corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. Le libre accès à la contraception mais surtout le droit à l’avortement concentrent leurs efforts. En France, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) est fondé en 1973. Il s’appuie notamment sur l’aile la plus radicale du Mouvement français pour le planning familial qui se prononce peu après « en faveur de l’avortement et de la contraception libres et remboursés par la Sécurité sociale » et ouvre des cliniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG)[77].
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La dissociation de la sexualité et de la reproduction s’inscrit dans le cadre plus large de la révolution sexuelle qui traduit une demande sociale pour plus de liberté dans le domaine de la sexualité. Les féministes en font cependant leur propre lecture qui passe par la critique de la normativité de la psychanalyse ou de la sexologie qui auraient défini sexuellement les femmes « en fonction de ce qui fait jouir les hommes »[78], minorant par exemple le plaisir clitoridien. La sexualité est ainsi analysée comme un domaine où s’exerce la domination masculine. Le viol fait l’objet de nombreuses mobilisations : des manifestations citadines nocturnes (Reclaim the night) entendent regagner un espace dont la peur de l’agression maintient les femmes exclues[79]. Sur le plan juridique, les féministes françaises luttent pour que la loi de 1832 soit appliquée à des faits qui sont jusqu'alors déqualifiés en « coups et blessures »[80].
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Dans le sillage de l’effort de théorisation de la condition féminine inhérent à la deuxième vague, les études féministes pénètrent dans le monde académique à partir des années 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagés sous l’angle de la critique féministe : philosophie féministe, anthropologie féministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se développent en lien étroit avec les luttes militantes[81],[82]. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la critique féministe des sciences prend également son essor (Ruth BleierRuth Bleier, Ruth Hubbard (en), Evelyn Fox Keller, Helen Longino (en)).
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L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis où sont créés des départements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le développement de l’usage du concept de genre se développent par la suite des départements d'études de genre. En 2003, on dénombrait ainsi 600 départements de ce type aux États-Unis[83].
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Au-delà de cette conquête de l'espace géographique universitaire, Francine Descarries, professeure de sociologie à l'UQAM, constate en 2004 la difficulté des Women’s Studies au Québec « à s'extraire de la périphérie, de la marge du champ scientifique pour convaincre de sa légitimité et de la compatibilité de ses approches théoriques et méthodologiques avec l'esprit scientifique ». D'après cette sociologue, peu de recherches sont parvenues à pénétrer le « mainstream scientifique »[84].
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Désormais les femmes votent dans la plupart des pays industrialisés, dont la majorité des parlements ont voté des lois sur le divorce. La légalisation de la contraception et de l'avortement n'est pas effective pour l'ensemble des pays industrialisés, les situations sont donc très variables d'un pays (voire d'une région) à un autre. Ces droits sont fréquemment remis en cause par des courants conservateurs et des institutions religieuses, telle que l'Église catholique et en particulier la mouvance traditionaliste en son sein, et le courant fondamentaliste des protestants évangéliques.
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Depuis la fin des années 1990, divers groupements, se réclamant ou non du féminisme, ont été créés. Parmi les plus médiatisés, on peut citer :
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#BalanceTonPorc, ce mouvement de 2017, en revenant sur le corps féminin et son respect, réactiverait les revendications du MLF. Il met en lumière une nouvelle génération de militantes interconnectées qui ne se satisfont plus du seul principe égalitaire.
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Chloé Delaume a publié Mes bien chères sœurs en 2019[90]. Dans ce manifeste, elle évoque la quatrième vague féministe qui selon elle, serait née dans les années 2010 ; elle se serait formée avec les réseaux sociaux : celle des écrans du 2.0. La première vague était composée des suffragettes du début du XXe, suivies par la deuxième génération des années 1960-70 et d’une troisième vague amorcée dans les années 1990 avec l’exigence paritaire et le déploiement de la notion de genre[91].
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Le collectif #NousToutes, créé en 2018, lutte contre les violences sexistes et sexuelles en France. Il organise régulièrement des actions d'interpellation du gouvernement et de sensibilisation, dont des marches chaque mois de novembre. Ces manifestations rassemblent des milliers de personnes dans toute la France[92].
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Femen, le mouvement ukrainien créée en 2008, organise en France depuis 2011 des manifestations et happenings seins nus pour la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits des femmes, de la protection de l'environnement, et milite contre la corruption, la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme et la pauvreté.
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En 2010 en Australie, c'est la première fois dans l'histoire d'un État que le chef d'État (Élisabeth II), le chef de gouvernement (Julia Gillard) et le gouverneur général (Quentin Bryce) sont toutes des femmes.
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Si dans les années 1797-1883, d'anciennes esclaves comme Sojourner Truth ou Harriet Tubman (vers 1820-1913) étaient devenues des icônes de l'abolition de l'esclavage et des droits des femmes, elles ont été un temps oubliées, mais aujourd'hui, elles figurent désormais dans le Black féminisme des Africaines-américaines dans les années 1970. Elles sont mises à l'honneur, officiellement puisqu'elles sont retenues pour figurer sur les billets de 20 dollars en 2020 pour l'anniversaire du droit de vote des Américaines, avant que le président Donald Trump n'annule cette disposition[93].
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Le féminisme contemporain, dans la plupart des pays occidentaux, se diversifie et change de visage, du fait que les revendications féministes initiales ont été traduites dans les systèmes juridiques, et font partie du périmètre conventionnel des droits humains. La réflexion et l'action féministes sont donc amenées d'une part à s'attacher davantage à l'analyse critique des pratiques sociales réelles (souvent décalées des principes) et à reformuler l'expression de leurs enjeux et de leurs objectifs. Elles doivent aussi tenir compte de la résurgence de débats ethniques, communautaires ou religieux qui compliquent la donne — certaines associations réfutent ainsi la dichotomie Occident féministe contre Orient sexiste[94]. Ce changement de paysage entraîne inévitablement des divergences de vues qui divisent les courants féministes.
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Le féminisme libéral épouse les principes du libéralisme politique dont il réclame l’application aux femmes, au même titre qu’à tous les hommes. À ce titre, il se fixe comme horizon l’indifférence aux différences de sexe dans le cadre de l’espace public[95].
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Sur le plan politique, sa méthode est réformiste ; il cherche à obtenir une modification des dispositions légales par la voix législative, le lobbying ou l’action militante à destination de l’opinion publique (presse, pétitions…). Confiant dans les valeurs du progrès et les vertus de l’éducation, il entend également agir sur les mentalités, sans développer, à la manière du féminisme marxiste ou radical, une analyse systémique du capitalisme ou du patriarcat[96].
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Historiquement, il se structure dans la seconde moitié du XIXe siècle où il s’incarne dans des groupes organisés, militants pour l’égalité civile et politique ainsi que pour l’égalité des droits dans les domaines de l’éducation ou du travail. L’ensemble de ces droits doivent être à même de garantir l’autonomie des femmes en tant que sujet.
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Sur le plan théorique, la tradition marxiste puise principalement ses sources concernant la question des femmes dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (1884) de Friedrich Engels et dans La femme dans le passé, le présent et l’avenir (1879) d’August Bebel. Clara Zetkin (future présidente de l'Internationale socialiste des femmes qui y propose la tenue annuelle d'une Journée internationale des femmes) ou Alexandra Kollontaï constituent les représentantes les plus marquantes de cette tradition marxiste de défense des droits des femmes qui a néanmoins refusé le qualificatif de « féministe », jugé « individualiste » et « bourgeois ».
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Contre une représentation fixiste de la famille et du rôle qu’y tiennent les femmes, le marxisme affirme l’historicité des structures familiales dont les formes évoluent avec la structure économique. S’inspirant de l’anthropologue évolutionniste Lewis Henry Morgan, Engels définit ainsi une origine historique à l’oppression des femmes : il fait coïncider l’apparition de la propriété privée avec la fin d’une période historique où le droit maternel et la filiation en ligne féminine auraient réglé les modalités de l’héritage.
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Avec l’instauration du système patriarcal et du mariage monogamique qui marquent « la grande défaite historique du sexe féminin »[97], les femmes sont victimes d’une double oppression : assignées aux seules fonctions reproductives, elles sont maintenues par leurs maris hors du champ productif et de la vie publique ; quand elles accèdent au marché du travail, elles subissent, comme les autres travailleurs, les effets néfastes du mode de production capitaliste.
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Les féminismes marxistes de la fin du XIXe siècle militent pour l’accès des femmes au marché du travail : leur entrée dans la sphère productive doit permettre l’éveil d’une conscience de classe et la participation des femmes à la lutte des classes. La doctrine reste attachée au respect de ce qui est défini comme la « double tâche sociale de la femme » : production et reproduction. Stigmatisant les revendications égalitaristes de certaines féministes, il affirme ainsi respecter la spécificité biologique des femmes. Alexandra Kollontaï met ainsi l’accent sur la nécessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections légales des mères[98].
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Sur le plan stratégique, les mobilisations des femmes doivent rester subordonnées à la lutte des classes. Seul le renversement du capitalisme peut en effet mettre un terme définitif à l’oppression des femmes[99]. La question de l’alliance avec des groupes féministes est posée à la fin du XIXe siècle. Des organisations féminines, rattachées aux structures socialistes nationales, s’organisent en effet dans la majorité des pays d’Europe ; elles sont regroupées en 1907 dans l’Internationale socialiste des femmes, à l’occasion de la première Conférence internationale des femmes socialistes qui se tient à Stuttgart. Clara Zetkin en prend la tête et parvient notamment à imposer le principe du refus de toute alliance avec le « féminisme bourgeois » et réformiste[100].
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À la fin des années 1960, la réflexion marxiste sur l’oppression des femmes s’est considérablement renouvelée en questionnant notamment l’articulation entre patriarcat et capitalisme[101].
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Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes par les hommes (ou patriarcat) le fondement du système de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées. Il se démarque des mouvements féministes qui visent à l'amélioration de la condition féminine par des aménagements de législation (réformisme) sans mettre en cause le système patriarcal, bien que certaines féministes radicales (Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) aient précisément centré leur lutte sur des réformes législatives.
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En France, le féminisme radical s'est notamment manifesté à travers le féminisme matérialiste. Pour ce courant, profondément anti-essentialiste, l'origine du patriarcat ne doit surtout pas être cherchée dans une quelconque nature spécifique des femmes, qu'elle soit biologique ou psychologique, mais bien dans l'organisation de la société. Les féministes matérialistes se sont donc attachées à analyser les « rapports sociaux de sexe » (c'est-à-dire le genre), comme un rapport entre des classes sociales antagonistes (la classe des hommes et la classe des femmes), et non entre des groupes biologiques. La perspective politique qui en découle est donc révolutionnaire, car la lutte des classes de sexe doit aboutir à la disparition de ces classes et donc du genre[102].
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Ce courant, malgré des prémisses semblables est très divers. Christine Delphy a notamment mis en lumière le mode de production domestique, versant économique de l'exploitation du travail des femmes dans le foyer[103]. Colette Guillaumin a théoris�� le sexage, système d'appropriation physique du corps des femmes par les hommes[104]. Paola Tabet a démontré l'exclusion des femmes des outils complexes et des armes[105]. Monique Wittig a réinterprété l'hétérosexualité comme un régime politique fondé sur l'oppression des femmes[106].
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Simone de Beauvoir a apporté un soutien sans faille à cette école, notamment à travers la position de directrice de publication de ses revues, Questions féministes puis Nouvelles Questions féministes, poste qu'elle gardera jusqu'à sa mort[107].
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Le féminisme différentialiste de psychanalystes comme Julia Kristeva, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque postule que le patriarcat est si profondément enraciné dans les mentalités qu'il impose un système de valeurs qui empêche l'existence d'une différence authentique entre hommes et femmes, les femmes étant sans cesse définies, construites comme antithèses (idéalisées ou démonisées) des hommes. Le féminisme de la différence a mis en valeur la parole des femmes, les relations mères-filles, l'importance révolutionnaire de la création de groupes de femmes, et a critiqué le logocentrisme de la pensée occidentale (en particulier), y compris chez certaines féministes. Qualifié d'antiféminisme par certaines féministes radicales[108],[109], ce mouvement se définit par sa valorisation des différences, la différence sexuelle étant la principale, sans éclipser les autres.
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« L'égalité est un principe juridique. Par conséquent, c'est au dénominateur commun de tous les êtres humains que justice doit être rendue. Mais la différence est un principe existentiel qui concerne les modes d'être humain, les particularités des expériences, des buts et des possibilités propres, et le sens propre d'exister dans une situation donnée et dans la situation que la personne veut se créer. La différence homme-femme est la différence de base dans l'humanité. […] L'égalité est ce qui est offert comme droits légaux aux peuples colonisés. Et ce qui leur est imposé comme culture, c'est le principe par lequel les détenteurs du pouvoir hégémonique continuent à contrôler les autres. »
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— Crachons sur Hegel. Carla Lonzi[110]
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Ce mouvement, contemporain de l'apparition du féminisme radical français, a eu un profond impact à l'époque :
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« En effet, l'inversion des valeurs et l'affirmation d'une force dynamique, contestatrice du féminin réprimé et refoulé constituent une position plus aisément identifiable, et plus facile à tenir que la critique de la bicatégorisation, ou le choix d'un entre-deux […]. La revendication d'une reconnaissance et d'une place, le passage par l'énonciation en nous (les femmes…), l'affirmation d'un dessein collectif ont été de puissants moteurs dans les mouvements féministes occidentaux des années 1970. Le comprendre et le dire n'invalide pas la critique des théories de l'écriture féminine, qui ont eu longtemps des effets pernicieux dans le champ français[111]. »
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De fait, le féminisme de la différence a ensuite reçu davantage d'attention dans le monde anglo-saxon, jusqu'à être appelé « French Feminism », sans égards pour le fait que le féminisme français s'est graduellement opposé au féminisme différentialiste. Carol Gilligan a ravivé le féminisme différentialiste anglosaxon avec la publication d'« In a Different Voice », dans les années 1980. Cet ouvrage met en évidence des trajectoires de développement moral qui se distinguent de celles, réputées plus masculines, de Lawrence Kohlberg. L'éthique de la sollicitude est un développement contemporain du féminisme de la différence.
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La théologie féministe est un ensemble de courants féministes qui se fondent sur une étude des textes sacrés pour affirmer l'égalité des genres.
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Le féminisme islamique, ou féminisme musulman, est un mouvement féministe proche de l'islam libéral, qui revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes au sein de la communauté musulmane.
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Le féminisme pro-sexe est un courant du féminisme, issu du milieu queer, qui apparaît dans les années 1980 aux États-Unis et qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles. En faisant « du corps, du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes doivent s'emparer », il s'oppose au féminisme radical.
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Dans la mouvance pro-sexe, on trouve des organisations comme la SlutWalk ou Marche des Salopes en français, dont le slogan est : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas nous violer ».
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Des écrivaines comme Virginie Despentes ont contribué à la vulgarisation des thèses pro-sexes, avec notamment des livres comme Baise-moi et plus tard King Kong Théorie. Un artiste queer Lazlo Pearlman[112] a produit un film intitulé Fake Orgasm[113], et la productrice de films pornographiques Erika Lust se revendique également d'une mouvance pro-sexe qui considère le potentiel libératoire dans l'éclatement de la norme genrée des pratiques sexuelles. La réalisatrice Ovidie en est également un exemple, qui s'investit dans ce mouvement à la fois comme actrice et réalisatrice de films pornographiques, et comme réalisatrice et autrice de documentaires qui développent une pensée théorique et critique. On trouvera également une approche plus théorique dans les ouvrages[114] de Paul B. Preciado.
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L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown :
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« Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe[115]. »
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En 1896 et 1897, paraît en Argentine La Voz de la Mujer (La Voix de la Femme), première publication anarcha-féministe au monde[116]. En épigraphe : « Ni dios, ni patron, ni marido » (soit « Ni dieu, ni patron, ni mari »). La figure de proue en est Virginia Bolten, féministe révolutionnaire et communiste libertaire. Ce n’est pas le premier journal féminin en Amérique latine, mais c'est le premier journal féministe et révolutionnaire au sein de la classe ouvrière[117].
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En Espagne, à partir de 1922, Estudios est à l'avant-garde d'une campagne en faveur de l'éducation sexuelle et de l'émancipation féminine[118]. Ouverte aux débats sur les sexualités, cette revue éclectique et libertaire aborde le nudisme, l'amour libre et l'éducation sexuelle. Elle a une influence décisive sur la classe ouvrière espagnole en contribuant à faire évoluer radicalement les mentalités[119].
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Fondée par Lucía Sánchez Saornil[120], Mercedes Comaposada[121] et Amparo Poch y Gascón[122] lors de la Révolution sociale espagnole de 1936, la fédération des Mujeres Libres, proche de la Confédération nationale du travail, se revendique d'un « féminisme prolétarien »[123] et défend à la fois les idées anarchistes et féministes[124]. La féministe Consuelo Berges et la ministre Federica Montseny ont notamment participé à ce mouvement.
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Aux États-Unis, Emma Goldman[125], Voltairine de Cleyre[126], Lucy Parsons et Kate Austin en sont les principales théoriciennes. D'autres figures marquantes de ce courant sont les Françaises Madeleine Vernet et Nelly Roussel, la Suissesse Paulette Brupbacher[127] ou la Polonaise Eva Kotchever et la Suédoise Elise Ottesen-Jensen qui résume son combat en une phrase :
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« Je rêve du jour où chaque enfant né sera le bienvenu, où hommes et femmes seront égaux et vivront leur sexualité dans la passion, le plaisir et la tendresse[128]. »
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Aussi appelé féminisme inclusif, le féminisme intersectionnel s'appuie sur les travaux de la féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, la première à avoir popularisé le terme d'intersectionnalité, concept importé en France par Éric Fassin ou Elsa Dorlin et que Christine Delphy développe dans ses travaux de recherche[129]. Il a pour objectif de mieux prendre en compte les problèmes des femmes subissant d'autres discriminations en plus du sexisme, c'est-à-dire les personnes qui subissent plusieurs oppressions en même temps. Ce courant cherche principalement à porter les revendications des femmes non blanches victimes de racisme afin de lutter contre ce qu'il considère être le détournement du féminisme à des fins racistes[130].
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Les féministes intersectionnelles ne s'intéressent pas à chaque discrimination de façon séparée, mais cherchent à comprendre comment les différentes discriminations se conjuguent et forment une oppression spécifique. Elles reprochent aux associations féministes plus traditionnelles de parler de problèmes qui ne les concernent pas directement, à la place des femmes qui vivent réellement ces situations. Elles déplorent également le caractère excluant de ces associations qui, selon elles, n'incluent pas suffisamment les femmes non blanches dans leur luttes[131].
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Plusieurs courant féministes post-coloniaux relèvent du féminisme intersectionnel, comme le black feminism[132] ou le féminisme chicana[133].
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En France, le mouvement est principalement porté par des militantes noires, se réclamant de l'afroféminisme, qui critiquent notamment l'invisibilité médiatique des femmes noires et les diktats de beauté qu'elles subissent, comme l'estime Rokhaya Diallo :
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« Les féministes blanches veulent se départir des attributs de beauté que les diktats leur imposent et qui les infériorisent vis-à-vis des hommes. Mais pour les Noires, auxquelles on a toujours dit que leurs traits étaient laids, le fait de se battre pour que ces attributs soient reconnus comme beaux prend tout son sens. Notre revendication est d’affirmer que notre corps est aussi beau que les autres alors que nous sommes invisibles médiatiquement[134]. »
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Comme la majorité des courants féministes, l'afroféminisme critique les normes de beauté imposées par la société. Mais il explique que les femmes noires – et également celles issues des autres minorités ethniques – subissent une double peine car l'idéal de beauté féminin occidental est destiné à des femmes blanches et correspond aux caractéristiques physiques de ces dernières (peau claire, nez fin et cheveux clairs). Ainsi, Myriam Keita Brunet[n 1] estime que le budget consacré à la beauté par les femmes non blanches est neuf fois plus élevé que celui des femmes blanches. Elles dépensent leur argent dans des produits éclaircissants, des défrisages, voire des opérations de chirurgie esthétique afin de ressembler au modèle occidental[136].
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Ces militantes critiquent le manque de représentation des femmes noires dans les médias. Peu de fictions françaises mettent en scène des femmes noires dans des rôles principaux et, lorsque c'est le cas, c'est souvent pour incarner des jeunes femmes issues des quartiers populaires. Les militantes noires réclament, par conséquent, une représentation plus positive et réaliste des noires dans les fictions télévisuelles. Selon le magazine Slate, seules 5 % des mannequins qui ont fait la couverture de Vogue en 2013 étaient noires ou métisses, 9 % asiatiques, 1 % issues d'autres minorités ethniques, contre 75 % de mannequins blancs[137]. En ce qui concerne le domaine politique, parmi les députés de la France métropolitaine qui siègent à l'Assemblée, trois sont des femmes noires : George Pau-Langevin, Seybah Dagoma et Hélène Geoffroy[138]. Les afroféministes critiquent cette quasi-absence des femmes noires et militent en faveur d'une présence accrue de celles-ci dans l'espace public. Enfin, elles luttent contre les stéréotypes racistes que subissent les femmes noires, souvent associées, selon elles, à l'animalité et à un fantasme sexuel exotique[138].
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Pour certaines autrices féministes, comme Carol J. Adams ou Emily Gaarder, il existe une relation forte entre le féminisme et l'antispécisme. Dans les faits, selon les études, il y aurait entre 68 % et 80 % de femmes parmi les activistes pour la cause animale[139]. À l'opposé, les métiers impliqués dans l'exploitation animale sont majoritairement effectués par des hommes[140]. Selon les tenantes de cette approche du féminisme, cette sur-représentation de femmes dans le milieu végane s’expliquerait par le fait que les corps des animaux d'élevage, notamment celui des femelles, seraient perçus et utilisés de façon similaire par les hommes que le sont les corps des femmes, ces derniers étant d'ailleurs parfois décrits comme « des morceaux de viande »[141],[142].
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De plus, certaines études affirment que la « société patriarcale » érigerait la consommation de viande comme un symbole fort de virilité. Les féministes et les antispécistes voient ainsi le virilisme comme un ennemi commun[143],[144].
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Toutefois, cette idée est critiquée par d'autres auteures féministes comme Carrie Hamilton qui explique que, selon elle : « sa version [celle de Carol J. Adams] du féminisme végane se base sur une comparaison sans fondement entre la violence faite aux femmes et celle contre les animaux »[145].
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« À aucune époque le sexe faible n’a été traité avec autant d’égards de la part des hommes qu’à notre époque. C’est une conséquence de notre penchant et de notre goût foncièrement démocratiques, tout comme notre manque de respect pour la vieillesse. Faut-il s’étonner si ces égards ont dégénéré en abus ? On veut davantage, on apprend à exiger, on trouve enfin ce tribut d’hommages presque blessant, on préférerait la rivalité des droits, le véritable combat. En un mot, la femme perd de sa pudeur. Ajoutons de suite qu’elle perd aussi le goût. Elle désapprend de craindre l’homme. Mais la femme qui « désapprend la crainte » sacrifie ses instincts les plus féminins. (...) On veut même, de ci de là, changer les femmes en libres-penseurs et en gens de lettres. Comme si la femme, sans piété, n’était pas pour l’homme profond et impie une chose parfaitement choquante et ridicule. (...) On les rend de jour en jour plus hystériques et plus inaptes à remplir leur première et dernière fonction, qui est de mettre au monde des enfants solides. »
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— Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, VII, 239.
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Le féminisme est critiqué, avec des arguments très divers. Ces critiques sont notamment détaillées dans des ouvrages comme Fausse Route d'Élisabeth Badinter, La Nécessaire Compréhension entre les sexes de Paul-Edmond Lalancette, Le Grand Mensonge du féminisme de Jean-Philippe Trottier, Ainsi soit-il, Sans de vrais hommes, point de vraies femmes d'Hélène Vecchiali, ou encore Le Premier Sexe d'Éric Zemmour.
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Sur le plan politique, le féminisme est qualifié par des marxistes-léninistes de « diversion »[146] car dans cette analyse, toutes les classes sociales sont composées de femmes et d'hommes et les premières ne constituent pas une caste ou une classe particulière caractérisée par une réelle solidarité d'intérêts. De ce fait, l'invocation d'un conflit d'intérêts entre sexes ou la lutte pour l'émancipation d'un sexe à l'égard de l'autre serait un « artifice » ayant pour conséquence (voire pour but) de « masquer les vrais rapports de domination et les vraies lignes de fracture sociale ».
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Dans un ordre d'idées différent, le féminisme est aussi relativisé parce qu'il minimiserait l'importance des critères de différenciation physique entre individus (sexe, âge, état de santé, couleur de peau, morphologie) qui sont pourtant autant facteurs essentiels de discrimination sociale et d'exclusion[147].
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Dans la mouvance de la critique de Simone de Beauvoir, certaines auteurs comme Julia Kristeva, Sylviane Agacinski, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque pensent que l'égalitarisme abstrait efface les différences sexuelles et prolonge ainsi l'androcentrisme de l'universalisme masculin. Ce discours critique différentialiste, de l'intérieur du mouvement féministe, est fréquemment reçu comme un recul essentialiste en France[108], moins au Québec (où les différentes mouvances sont exprimées, notamment au sein de l'Institut de Recherches et d'Études Féministes (UQÀM), au Simone de Beauvoir Institute (Université Concordia) et grâce à diverses politiques d'État)[148], et s'exprime dans plusieurs féminismes hors de l'Occident (voir aussi politiques de l'identité (en)).
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Le terme « virilisme » est parfois employé pour qualifier l'alignement de certaines féministes sur les droits et les mœurs masculines au détriment d'une véritable promotion du féminin dans l'humanité[149].
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En novembre 2019, l'Arabie saoudite décide d'inscrire le féminisme sur la liste des idées extrémistes. Celui-ci tombe ainsi sous le coup de la loi antiterroriste et pourra être sanctionné de peines de prison et de coups de fouet[150].
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La féministe américaine Bell Hooks affirme que les hommes souffrent également d'un système patriarcal étouffant et déshumanisant. Elle appelle les hommes à refuser les codes du patriarcat qui les encouragent à devenir froids, violents et à refouler tous sentiments. Obtenir un tel changement passe par la prise de conscience de la souffrance masculine mais également par l'arrêt de la prolifération du patriarcat dans la culture populaire notamment[151].
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En 2010, l'Organisation mondiale de la santé a émis des recommandations sur la place des hommes et des garçons dans le processus d'accession à l'égalité. L'OMS donne des exemples de politiques qui ont aidé les hommes de façon significative à contribuer à la condition des femmes :
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Si le féminisme mobilise avant tout les femmes (puisqu'il les concerne directement), il existe aussi des hommes féministes, soit parce qu'ils se sentent solidaires, soit parce qu'ils estiment que les hommes sont également concernés.
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Par ailleurs, en 2014, l'ONU Femmes lance une campagne intitulée « HeForShe » pour inciter les hommes et les garçons à participer au combat pour l'égalité des sexes et les droits des femmes.
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Plusieurs mouvements de défense des intérêts spécifiques des hommes se sont créés en parallèle ou en réaction au féminisme.
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Certaines œuvres sont devenues des icônes littéraires du féminisme :
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On peut également citer Le Pouvoir de Naomi Alderman ou Vox de Christina Dalcher.
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La thématique féministe est très présente en littérature de science-fiction.
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L’œuvre emblématique à cet égard est La Main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin.
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Un autre roman de référence en matière de science-fiction féministe est Chroniques du Pays des Mères (1992) d'Élisabeth Vonarburg.
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Voir aussi la Catégorie:Féministe.
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Voir aussi les liste de féministes et liste de féministes musulmanes.
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Note : certaines revues universitaires rejoignent le public des journaux ; elles apparaissent dans les deux listes.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Le féminisme est un ensemble de mouvements et d'idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée.
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Si le terme « féminisme » ne prend son sens actuel qu'à la fin du XIXe siècle sous les plumes d'Alexandre Dumas et d'Hubertine Auclert, les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumières et se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. L’objectif principal de la première vague féministe est que hommes et femmes deviennent égaux devant la loi.
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Le mouvement féministe a produit une grande diversité d’analyses sociologiques et philosophiques. La deuxième vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Women's Lib, a ainsi élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de patriarcat, élaboré celui de sexisme et que l'accent est mis sur la sphère privée comme lieu privilégié de la domination masculine : le « privé est politique »[1]. Les revendications touchant au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxième vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes.
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Sous le nom de troisième vague féministe, on désigne à partir des années 1990, un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes issues de groupes minoritaires, dans le sillage du Black feminism.
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Le terme « féminisme » a longtemps été attribué à tort à Charles Fourier. Il pourrait être emprunté à Alexandre Dumas fils, qui écrivait en 1872 dans L'Homme-femme : « Les féministes, passez-moi ce néologisme, disent : Tout le mal vient de ce qu'on ne veut pas reconnaître que la femme est l'égale de l'homme, qu'il faut lui donner la même éducation et les mêmes droits qu'à l'homme » ; mais il ne prend son sens actuel qu’à la fin du XIXe siècle.
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C'est au cours de la Révolution française, avec l’affirmation des droits naturels, que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne. Dans la première moitié du XIXe siècle, le mouvement féministe apparaît en pointillé, sans parvenir à fédérer d’organisations durables. Il épouse les grandes secousses politiques du siècle, à l’occasion desquelles resurgissent ses revendications. L’objectif large de cette « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette période.
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Avec l’émergence des démocraties occidentales, le mouvement féministe s’incarne progressivement dans des groupes organisés, sans jamais présenter un visage monolithique, au point que les études contemporaines mettent l’accent sur la diversité des féminismes[2].
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Les configurations nationales imposent souvent leurs cadres et leurs calendriers ; les objectifs et les méthodes varient selon les groupes constitués et les débats sont constants pour définir les orientations stratégiques et les étapes intermédiaires à atteindre en priorité. Les féministes se trouvent en particulier confrontés à un dilemme : doivent-elles pour mener leur combat mettre en avant les qualités spécifiques qui sont attribuées aux femmes (voir Féminité) ou au contraire affirmer l’universalité des propriétés humaines (voir Être humain) ? La première position au risque de figer la nature des femmes ; la seconde au risque de choquer l’évidence de la différence des sexes sur laquelle s’appuient les représentations et la structure sociale.
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Certains auteurs[3] affirment que le féminisme existe depuis tout temps[4] : ils parlent de proto-féminisme, même si d'autres pensent qu'il s'agit bien d'un même féminisme qui apparaît puis disparaît de manière cyclique[5].
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Lors du quatrième concile du Latran organisé en 1215 à l'initiative du pape Innocent III, le mariage est déclaré comme étant l'objet de deux volontés plutôt que de deux corps, ce qui a notamment pour objectif d'empêcher les mariages clandestins et de s'assurer que le mariage est consenti par les deux mariés[6].
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En 1906, le pape aurait déclar�� : «...Il est bon que les femmes se libèrent du joug pesant sous lequel les courbe, depuis des siècles, la société. Il est bon qu'elles sachent conquérir leurs moyens d'existence...»[7].
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Lors de la révolution anglaise de 1688-1689, les femmes de L’Église anglicane proclamèrent que si Dieu aime les femmes en tant que telles, le Parlement devait agir de même[8].
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Christine de Pizan est la première écrivaine (hommes et femmes comprises) en France écrivant en langue française à pouvoir vivre de son métier d'écrivaine[9]. Son œuvre, notamment la Cité des Dames, est écrite pour mettre en avant la grandeur et la valeur des femmes et de leur matrimoine (Christine Pizan emploie le mot dans son livre[10],[11]) à travers la description de femmes notoires considérées comme des modèles de courage et de vertu. Christine de Pizan a sévèrement critiqué l'ouvrage de Jean de Meung faisant suite au Roman de la Rose, pour la virulence des propos qu'il y tient contre les femmes[12] et lui répond avec un livre L’Épître au Dieu Amour (1399), puis elle approfondit sa réponse avec la Cité des Dames.
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« Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communément on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu'elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font », Christine de Pizan dans La Cité des dames[13].
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La thèse du féminisme avant la lettre de Christine de Pizan est soutenue par les médiévistes Thérèse Moreau et Régine Pernoud, qui voit en elle une féministe, pour sa thèse de l'égalité intellectuelle des hommes et des femmes dues à l'éducation et non pas à la nature. Éliane Viennot souligne le rôle important de Christine de Pizan dans la défense des droits des femmes à son époque[14].
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« Enfin, pour comprendre la société à l'époque de la Renaissance dans ce qu'elle a d’élevé, il est essentiel de savoir que la femme était considérée à l'égal de l'homme. […] Le plus grand éloge qu'on pût faire des Italiennes remarquables de cette époque consistait à dire qu'elles avaient un esprit viril, une âme virile. On n'a qu'à considérer l'attitude toute virile de la plupart des héroïnes épiques, surtout de celles de Boiardo et L'Arioste, pour savoir qu'il s'agit ici d'un idéal bien défini. Le titre de « virago », que notre siècle regarde comme un compliment très équivoque, était alors la plus flatteuse des distinctions. […] En ce temps-là, la femme était considérée capable, aussi bien que l'homme, d'atteindre à la plus haute culture. »
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— Jacob Burckhardt, Civilisation de la Renaissance en Italie[15]
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Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien —notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes —, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau régime leur reconnaît une personnalité civile, elles n'auront pas le droit de vote à cette époque.
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Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public, organisées en clubs mixtes ou féminins et en sociétés d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion à toutes les luttes politiques de l'époque. Parmi les personnalités féminines notoires des débuts de la Révolution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »[16].
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Aussi Théroigne de Méricourt qui appela le peuple à prendre les armes et participa à la prise de la Bastille, ce dont elle sera récompensée par le don d'une épée par l'Assemblée nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou Renée Audou que fut organisée la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.
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Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle après avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires, Olympe de Gouges guillotinée. Si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservées des châtiments réservés aux hommes, et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud à la suite de leurs actions publiques ou politiques.
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À partir de 1792, l'entrée en guerre de la France conduit certaines à se battre aux frontières, tandis qu'en 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les deux cents femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Convention et apostrophent les députés, entendant représenter le peuple souverain. Claire Lacombe propose d’armer les femmes. Leurs appels véhéments à la Terreur et à l'égalité, leur participation à la chute des Girondins, ainsi que les autres manifestations spectaculaires des « enragées », allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui entretiendrait longtemps les répulsions du pouvoir masculin.
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Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent les femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions exposées dans Émile ou De l'éducation de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain, lesquels, à la même époque, inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.
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Le 9 brumaire an II (30 octobre 1793), toute association politique féminine est interdite par la Convention, un seul député s'y oppose Louis Joseph Charlier, mais les femmes vont continuer à jouer un rôle jusqu'à l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la répression généralisée qui marque la fin de la Révolution ne mette un terme provisoire à cette première prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.
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En 1792, une femme de lettres britannique, Mary Wollstonecraft fait paraître Vindication of the Rights of Woman, un ouvrage traduit en français la même année sous le titre Défense du droit des femmes. L'auteure, qui participe aux débats passionnés suscités outre-Manche par la Révolution en France, n'hésite pas à assimiler le mariage à une forme légale de prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié ou à la rémunération de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie, privées de toutes perspectives professionnelles par les préjugés et le défaut d'éducation, et réduites à chercher un « beau » parti.
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Mary Wollstonecraft sera vite oubliée en France, avant d'être redécouverte par Flora Tristan en 1840.
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Éteintes sous l’Empire et la Restauration, les revendications féministes renaissent en France avec la Révolution de 1830. Un féminisme militant se développe à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens et les fouriéristes de la capitale. Les féministes participent à l'abondante littérature de l'époque, favorisée par la levée de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes, édité à Lyon par Eugénie Niboyet, est le premier journal féministe de province.
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Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population française, le combat des femmes rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais les femmes se mobilisent également contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari — « La femme doit obéissance à son mari » affirme le Code civil —, et pour le rétablissement du divorce interdit sous la Restauration en 1816.
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Certaines femmes revendiquent le droit à l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. Claire Démar se livre ainsi dans son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme (1833) à une critique radicale du mariage dans lequel elle dénonce une forme de prostitution légale. Elle n’est toutefois pas suivie par l’ensemble des saint-simoniennes qui tiennent à se démarquer des accusations d’immoralisme qui frappent le mouvement[17].
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Les débuts du régime laissent entrevoir quelques espoirs d’évolution. Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce placent ce sujet sur l’agenda politique : en 1831 et 1833, les députés votent par deux fois en faveur de la loi, laquelle est toutefois repoussée par la Chambre des pairs[18]. Les revendications féministes deviennent inaudibles. Quand Louise Dauriat adresse en 1837 aux députés une demande en révision des articles du Code civil qui lui paraissent contraires aux droits des femmes, elle ne récolte en retour que les rires de l’assemblée[19].
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Comme en 1789, les femmes participent activement aux journées révolutionnaires de février 1848. Elles s'expriment publiquement par le biais d’associations et de journaux. Les lois proclamant la liberté de la presse profitent ainsi à nouveau à la presse féministe : Eugénie Niboyet crée, le 20 mars, La Voix des femmes qui est dans un premier temps le principal relais des revendications féminines, écartées de la presse traditionnelle. Puis viendront en juin La Politique des Femmes de Désirée Gay ou encore L’Opinion des femmes publiée en janvier 1849 par Jeanne Deroin.
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À la suite de leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au travail au même titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec retard, le 10 avril. Elles goûtent aux prémices d’une participation citoyenne en élisant des déléguées à la Commission du Luxembourg[20], en proposant des réformes pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs[21].
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Le droit de vote pour l’élection de la future Assemblée nationale constituante est au centre de leurs préoccupations : Jenny d'Héricourt, la fondatrice de la Société pour l’émancipation des femmes imagine que, une fois conquis, ce droit permettra d’agir par la voix législative sur l’ensemble des revendications au nombre desquelles figurent toujours l’abrogation du Code civil et le droit au divorce. Elles lancent des pétitions, sont reçues par les instances politiques. Le Comité des droits des femmes présidé par Allix Bourgeois se voit répondre, par la voix d’Armand Marrast, le maire de Paris, que la décision ne pourra être prise que par la future instance législative[22].
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Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce ne rencontrent pas plus de succès que celles de leurs devancières des années 1830 : la proposition du Ministre de la Justice Adolphe Crémieux à la Chambre en mai 1848 est accueillie sous les quolibets[23]. On s’inquiète notamment de la menace que la parole libérée des femmes pourrait faire peser sur la famille. Le Club des femmes, ouvert en avril 1848, est un lieu de débat qui provoque de virulentes réactions ; certaines de ses séances tournent à l’émeute et sa présidente — Eugénie Niboyet — est âprement caricaturée dans la presse[24]. Le Club des femmes sera finalement fermé pour ne pas troubler l’ordre public.
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En Allemagne, un premier courant féministe trouve son origine dans les idées libérales du Vormärz et émerge véritablement à la faveur de la Révolution de mars 1848. Louise Aston ou Louise Dittmar tentent de lancer les premiers journaux dédiés à la cause des femmes. Louise Otto, élevée dans un milieu bourgeois qui aspire à des réformes libérales, est la première à pouvoir pérenniser son entreprise ; le Frauen-Zeitung (1849-1852), lequel s’adresse prioritairement à la classe moyenne, relaie des revendications essentiellement économiques, insistant sur l’éducation des femmes, leur indépendance économique et le refus des mariages arrangés. Le retour à l’ordre freinera pour quinze ans ce premier élan[25].
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Si la première manifestation collective du féminisme américain coïncide chronologiquement avec le Printemps des peuples européens, ses origines intellectuelles diffèrent sensiblement. Les sectes protestantes dissidentes, en particulier celle des quakers, sont le principal vecteur des idées favorables à l’émancipation des femmes. Mouvement abolitionniste et mouvement du droit des femmes (Women’s right movement) sont étroitement imbriqués ; les sœurs Angelina et Sarah Grimké, Lucretia C. Mott ou Elisabeth Cady Stanton figurent en première ligne sur ces deux fronts. Mott et Stanton organisent de concert en 1848 la Convention de Seneca Falls dont le texte final — la « déclaration de sentiments » —, calqué sur le modèle de la déclaration d'indépendance des États-Unis, est traditionnellement considérée comme l’acte fondateur du féminisme américain[26].
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Au Royaume-Uni, l’enseignement est dispensé aux jeunes filles de la bourgeoisie par des préceptrices, un des seuls métiers socialement acceptables pour les veuves et les jeunes filles issues de la bonne société. Outre les connaissances de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul, il est focalisé sur les activités d’agréments qui fondent « l’art de plaire » et exclut les disciplines scientifiques telles que le grec et le latin, alors indispensables pour poursuivre un cursus dans l’enseignement supérieur[27].
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Éduquées et indépendantes, les femmes qui s’improvisent institutrices fournissent historiquement une part importante des effectifs militants féministes. Elles souffrent néanmoins d’un déficit de formation, provenant de leur exclusion de l’université. Le Queen’s College for women puis le Bedford College d’Elizabeth Jesser Reid sont créés à la fin des années 1840 pour permettre aux éducatrices de bénéficier d’une formation de niveau supérieur[28]. Les nouvelles diplômées sont à la pointe du mouvement pour l’éducation des femmes. Le North London Collegiate School (1850) puis le Cheltenham Ladies' College (1853), dirigés par deux anciennes élèves de Bedford, Frances Mary Buss et Dorothea Beale, proposent une pédagogie révisée, alignée sur les standards masculins.
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Les féministes se tournent alors progressivement vers l’université. Conduit par Emily Davies, le Comité pour l’accès des femmes aux examens universitaires revendique l’ouverture aux filles des examens de fin d’études secondaires (The Cambridge and Oxford Local Examination) ; après une première expérimentation en 1863, il obtient l’autorisation officielle du Sénat de l'Université de Cambridge en 1865[29].
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L’étape suivante est l’ouverture de l’accès aux examens d’entrée à l’université (Matriculation Examinations). Face au refus des instances universitaires, Davies inaugure, malgré de nombreuses difficultés matérielles, un établissement féminin conçu sur le modèle des colleges masculins à Hitchin dans le Hertfordshire (1869)[30], avant de se rapprocher de Cambridge en s’installant à Girton l’année suivante. Un autre projet du même type voit le jour peu après, toujours à Cambridge, avec la création du Newnham College sous le patronage d’Henry Sidgwick et d’Anne Clough[31].
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Le Second Empire est le théâtre de plusieurs avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en mars 1850 l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[32]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500[33].
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Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture) ; les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libérale au régime, notamment dans les milieux saint-simoniens. Elisa Lemonnier crée en 1862 les premières écoles professionnelles pour jeunes filles. Julie-Victoire Daubié sollicite, avec le soutien de François Barthélemy Arlès-Dufour, influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se présenter à l’épreuve du baccalauréat, qu’elle obtient à Lyon en 1861, à l’âge de 37 ans. Madeleine Brès doit, quant à elle, son inscription en faculté de médecine à sa pugnacité, à l’intervention de l’impératrice Eugénie et du ministre de l'instruction publique, Victor Duruy. Ces pionnières restent toutefois encore isolées : la deuxième bachelière française, Emma Chenu, obtient son diplôme en 1863, deux ans après Daubié[34]. L’amélioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des féministes françaises : en 1866, André Léo crée ainsi une association dédiée spécifiquement à cette question[35].
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Les réformes de structure dans l’enseignement secondaire et supérieur interviennent sous la IIIe République. Les collèges pour filles, dont les programmes restent spécifiques, sont institués par la loi Sée (1880). Les femmes se voient également garantir une formation à l’enseignement : les écoles normales féminines, rendues obligatoires dans chaque département en 1879[36], et l’école normale supérieure de Sèvres (1881) forment institutrices et professeurs.
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La Troisième République se caractérise en France par la constitution d’organisations féministes réformistes, plus durables et structurées. La Société pour l’amélioration du sort des femmes, présidée par Maria Deraismes, voit le jour en 1878 ; la Ligue française pour le droit des femmes, d’orientation modérée, est créée en 1882 par Léon Richer[37]. En 1891, la Fédération française des sociétés féministes symbolise l’entrée du terme « féminisme » dans le vocabulaire militant.
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Le Conseil national des femmes françaises, fondé dans le sillage de la loi sur les associations de 1901, se veut apolitique et laïque. Ses militantes, issues principalement de la bourgeoisie, sont des républicaines, des socialistes ou des protestantes, initiées à l’action publique à travers les activités sociales et philanthropiques. L’Union française pour le suffrage des femmes fédère en 1909 les féministes favorables au droit de vote des femmes[38].
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Refusant l’activisme des suffragettes britanniques, ces grandes fédérations réformistes entendent prouver la responsabilité des femmes et s’intègrent dans le modèle républicain en tissant des liens avec le monde politique masculin (le Parti radical notamment), avec l’objectif d’influer sur l’activité législative[39].
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Au Royaume-Uni, un mouvement pour le droit de vote des femmes se développe à partir de 1866, date du dépôt de la première pétition adressée au Parlement, pour en faire la requête[40] ; le philosophe John Stuart Mill en est le principal relais dans l’enceinte parlementaire. À l’initiative de Barbara Bodichon et Emily Davies, un Women’s suffrage committee (Comité pour le droit de vote des femmes) est constitué ; il est rapidement décliné en de multiples comités locaux, coordonnés au niveau national par la National society for women’s suffrage (1867)[41]. Un mouvement de masse s’organise rapidement ; 1 500 lors de la pétition initiale de 1866, les féministes sont capables de réunir 250 000 signataires en 1894[42].
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Proche d’aboutir à plusieurs reprises, mais bloqué par la frange conservatrice du Parlement, le mouvement se radicalise en 1903 avec la création de la Women's Social and Political Union par Emmeline et Christabel Pankhurst. Ses militantes, désignées sous le nom de « suffragettes », optent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitres, grèves de la faim…)[43]. La popularité du mouvement s'accroît encore, et en 1908, les organisations suffragistes réunissent 500 000 personnes lors d’une manifestation à Hyde Park[44]. Le bras de fer engagé avec les autorités dure jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, des négociations sont ouvertes par le gouvernement Asquith avec les représentantes de la National Union of Women's Suffrage Societies de Millicent Fawcett, qui présentent une orientation plus modérée. Elles aboutissent au Representation of the people act qui autorise le vote des femmes de plus de trente ans[45].
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Aux États-Unis, le front commun entre féministes et antiesclavagistes s’effrite progressivement après la guerre de Sécession. Alors qu’on s’oriente vers un XVe amendement pour le droit de vote des Noirs, une partie des féministes souhaiterait y voir également associées les femmes qu’elles estiment laissées pour compte par les leaders masculins du mouvement[46]. Deux organisations rivales naissent en 1869 des désaccords survenus au sein de l’American Equal Rights Association. Susan B. Anthony et Elisabeth Cady Stanton constituent la National Woman Suffrage Association, qui milite pour un amendement à la Constitution qui garantirait le vote des femmes. Ses revendications, qui dépassent le cadre des droits politiques, s’inspirent du texte élaboré lors de la Convention de Senecca Falls. L’organisation rivale — l’American Woman Suffrage Association créée par Lucy Stone — est plus modérée et préfère concentrer son action sur le seul droit de vote, délaissant le niveau fédéral pour agir au niveau des États[47]. En 1890, les deux associations finissent par se regrouper dans la National American Woman Suffrage Association. Dans l’intervalle, en 1869 et 1870, les territoires du Wyoming et de l’Utah autorisent le vote des femmes blanches.
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En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les Américaines blanches obtiennent le droit de vote.
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Des féministes sont actives dans d'autres pays, particulièrement en Europe du Nord, par exemple Emilie Mundt et Marie Luplau au Danemark.
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La question de l’amour libre et du contrôle des naissances divise profondément les féministes de la seconde partie du XIXe siècle.
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Au Royaume-Uni, une partie du mouvement féministe s'est engagé, durant la période victorienne dans un combat, pour la régénération morale de la nation. À partir de 1869, elle se mobilise contre une série de lois visant à lutter contre les maladies vénériennes — les Contagious Diseases Acts — qui imposent un examen gynécologique aux prostituées. Bien que d’orientation conservatrice, ce mouvement, mené notamment par Josephine Butler, prend parti pour les prostituées et réclame la criminalisation des clients et la fermeture des maisons de prostitution. Il entend plus largement rétablir la pureté des mœurs et la moralité publique, et défendre la famille. Le point d’orgue de cette mobilisation constitue un meeting réunissant 250 000 personnes dans Hyde Park en 1885[48].
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Face à ce mouvement, les militantes favorables à l’amour libre et au contrôle des naissances sont isolées. Quelques-unes adhèrent au mouvement néomalthusien, très actif en Grande-Bretagne mais aussi en France. Annie Besant est ainsi condamnée en 1877 pour avoir publié The Fruits of Philosophy, un pamphlet de Charles Knowlton, sans avoir reçu le soutien qu’elle réclamait des féministes conservatrices[49]. À la fin du siècle, les écrits d’Edward Carpenter ou d’Havelock Ellis contribuent cependant à répandre plus largement ces idées. Elles trouvent parmi les féministes un relais dans la revue The Freewoman (1911), qui réunit les signatures de Rose Witcop, Stella Browne ou Marie Stopes[50].
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Si le mot d’ordre « À travail égal, salaire égal » remporte l’adhésion de l’ensemble des composantes du mouvement féministe[51], l’idée d’une protection spécifique des femmes sur le marché du travail divise. En 1906, la Convention de Berne, ratifiée par quatorze pays, prononce l’interdiction du travail industriel nocturne des femmes[52]. Déjà en vigueur dans certains pays, comme la France où elle s'applique depuis 1892, cette législation rencontre l’opposition des féministes égalitaristes. Menées par la Hollandaise Marie Rutgers-Hoitsem, elles se regroupent dans le réseau « Correspondance internationale » qui recrute principalement parmi les laïques et les libre-penseuses[53].
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Après-guerre, le Bureau International du Travail reprend le mot d’ordre de protection des travailleuses. Toujours minoritaires dans les fédérations féministes internationales, les partisanes de l’égalité constituent l’Open Door Council autour de la personnalité de Chrystal MacMillan, l'une des fondatrices de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Mouvement d’avant-garde qui réunit des intellectuelles de l’ensemble de l’Europe, l’Open Door Council élabore un argumentaire qui s’oppose au « féminisme maternaliste » alors dominant[54] : il marque notamment son refus de voir la maternité devenir « une sorte de domaine clos où les femmes se trouveraient parquées d'office, en marge de l'ensemble de la vie sociale et culturelle… »[55].
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La première manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, à la suite d'une proposition de la marxiste allemande Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, 1912. Auparavant, la première grande manifestation des femmes avait été celle pour la paix organisée en marge de la Première conférence de La Haye de 1899 par Margarete Lenore Selenka.
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Durant la Première Guerre mondiale, la grande majorité des organisations féministes des pays belligérants soutient l’effort de guerre. Certaines espèrent tirer parti de ce loyalisme : à l’issue du conflit, les féministes britanniques se verront ainsi récompensées par l’obtention partielle du droit de vote. L’opposition à la guerre est surtout le fait de militantes des pays neutres et de quelques groupes isolés des pays engagés dans le conflit.
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Aux États-Unis, le Women Peace Party de Jane Addams revendique 25 000 adhérentes mais ne résiste pas à l’entrée en guerre du pays en 1917[56]. Le Congrès international pour la paix future est organisé par Addams et la physicienne Aletta Jacobs à la Haye - cette dernière luttant aussi pour le droit à la contraception et au vote des femmes[57]. Parmi les 1 200 femmes, principalement hollandaises, qui se réunissent à cette occasion, 9 nationalités sont représentées dont une délégation allemande menée par Anita Augspurg. Les Françaises en sont absentes[58].
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Les milieux socialistes, et leurs organisations féminines, se sont également rangés derrière leurs nations respectives. Des voix discordantes se font néanmoins entendre : en France, Hélène Brion, Madeleine Vernet ou Louise Saumoneau. Cette dernière est présente en mars 1915 à la conférence internationale des femmes socialistes, qui réunit à Berne, à l’initiative de Clara Zetkin, les militantes restées fidèles à l’internationalisme[59].
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À l’issue de la guerre, deux grandes tendances, héritières des débats du début du siècle, s’opposent : un « féminisme maternaliste »[60] ou « social »[61] et un « féminisme de l’égalité »[62], universaliste ou « intégral ».
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La première tendance, dominante sur le continent et en particulier en France, réclame des évolutions législatives qui protègent la spécificité des femmes[63]. Elle s’ajuste aux impératifs des politiques natalistes qui se renforcent encore après la saignée démographique de la Première Guerre mondiale. La valorisation de la participation des femmes à l’équilibre de la nation, à travers notamment l’exercice de la « fonction maternelle », occupe ainsi une place centrale dans l’argumentation des réformistes et des sociaux-démocrates. Pour les représentantes de l’Union française pour le suffrage des femmes, « détruire le prestige de la maternité, c’est atteindre le plus sûr prestige de la femme...C’est au nom de la maternité, non point contre elle, que doit se faire la réforme indispensable de la condition féminine »[64]. Les féministes radicales qui entendent abolir la différence entre les sexes ou lutter en faveur de la contraception et de l’avortement sont plus isolées et ont du mal à faire entendre leur voix au sein des grandes coordinations réformistes[65].
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Alors que le chef de famille détenait la puissance paternelle et avait priorité dans la signature des contrats, les féministes obtiennent, par la loi du 18 février 1938, la suppression de la puissance maritale, de l'incapacité juridique de la femme mariée ainsi que de son devoir d'obéissance[66].
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En Allemagne, le féminisme se scinda en deux mouvements. Le premier – proche des mouvances libérales et socio-démocrates – défendait le principe d'égalité des individus, tandis que le second proche du mouvement völkisch, défendait la thèse antisémite d'un « complot judéo-patriarcal », l'homme Juif étant accusé d'avoir inventé « la religion qui devait annihiler la grande force créatrice féminine en lui déniant toute reconnaissance, en la privant de toute possibilité d'action hors d'un cercle se réduisant peu ou prou à la famille »[67]. Les officiels nazis n'apportèrent pas leur soutien à ce féminisme völkisch, qui cessa d'exister en 1937.
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En Espagne, le féminisme se développe rapidement avec le groupe artistique de Las Sinsombreros, dont le nom provient du geste d'ôter son chapeau en public, marqueur social et de genre décrié par les artistes espagnoles, ainsi que l'institution universitaire de la Residencia de Señoritas et l'association du Lyceum Club Femenino de Madrid, fondés par Maria de Maeztu. Le succès de ces initiatives a préparé le terrain de la politique volontariste en faveur des droits des femmes de la Seconde République. La féministe libertaire Federica Montseny, proche de l'organisation Mujeres Libres, est nommée ministre et ouvre notamment le droit à l'avortement en Catalogne[68]. En 1939, à la fin de la guerre d'Espagne et à l'arrivée au pouvoir des troupes nationalistes, Franco engage la répression des mouvements féministes et annule les droits des femmes acquis durant période républicaine.
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La littérature militante connaît un nouvel essor, notamment en France grâce à la parution en 1949 de l'essai Le Deuxième Sexe par Simone de Beauvoir. L’ouvrage rencontre un énorme succès dès sa sortie mais fait également scandale, dû en grande partie à son chapitre sur l’avortement qui reste considéré comme un homicide à l’époque. À l’instar de Mary Wollstonecraft et Claire Démar, Simone de Beauvoir assimile le mariage à une forme de prostitution lorsque la femme est dominée par son mari et dans l’incapacité de s’en échapper. À la suite de cette publication, elle devient une figure emblématique du féminisme.
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À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis.
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À la fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant. Le Mouvement de libération des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant.
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Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des années 1950 débute avec la fondation en 1966 d’une organisation réformiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan[69]. Mais c’est principalement en réaction à la division sexuelle du travail militant qui, au sein même des organisations de la Nouvelle Gauche, relègue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes féministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians…)[70].
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Refusant l’organisation verticale et l’orientation réformiste de la NOW, elles ont recours à des formes de mobilisation volontairement provocatrices qui visent à attirer l’attention des médias. En Islande, c'est par une grève générale le 24 octobre 1975 que les femmes obtiennent l'égalité en droits en 1976[71]. Se développent également des formes d’organisations originales, comme les groupes d’éveil de la conscience (consciousness-raising groups). Par le partage de l’expérience individuelle, ces groupes de discussion entendent faire prendre conscience de la communauté de condition des femmes, de la spécificité de leur oppression et de la dimension politique inscrite dans les éléments les plus banals de la vie quotidienne[72].
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Le coup de tomate de 1968 est un événement jugé fondateur dans l'histoire du féminisme moderne en Europe, en raison de son retentissement médiatique. Les deux féministes les plus connues d'Allemagne à cette époque, Helke Sender et Sigrid Rüger se font remarquer lors d'une conférence du SDS pour protester contre le peu d'attention porté au discours passionné tenu par la première en faveur de l'égalité homme-femmes dans le domaine de la vie privée[73]. Selon les sociologues et historiens, avec cette célèbre farandole de six tomate, la deuxième vague du mouvement des femmes allemandes est née[74]. Le « coup de tomate » de 1968 donne une visibilité démocratique aux féministes engagées mais respectueuses de la démocratie, dans une Allemagne encore très conservatrice, souvent choquée par des gestes beaucoup plus violents commis par les jeunes hommes dans les combats de rue où la police se fait souvent agresser. La cinéaste Helke Sander se mobilise ensuite pour l'avortement et la contraception, domaines où les mentalités allemandes encore peu évolué , avec d'importantes résistances politiques et sociales. Malgré cela, le pays va légaliser l'avortement un peu avant son voisin français[75]. Dès 1970, seize professeurs de Droit Pénal présentent un premier projet de réforme de l'article 218 du Code Pénal régissant le Droit de l'avortement en Allemagne[75]. Le 26 avril 1974, la Diète Fédérale adopte la loi légalisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse après une consultation préalable[75], mais les menaces de recours constitutionnel de la droite, brandies depuis 1970, se concrétisent et 193 parlementaires obtiennent satisfaction pour déclarer la loi anticonstitutionnelle[75]. Une nouvelle version doit donc être adoptée le 12 février 1976[75].
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La période est marquée par une intense activité de théorisation de la condition féminine. Si un courant, mené en France par Antoinette Fouque avec son groupe « Psychanalyse et politique », défend des positions différentialistes et, selon certaines critiques, essentialistes, le mouvement est majoritairement constructiviste. Il approfondit la voie esquissée en 1949 par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième Sexe et étudie les modalités de la construction sociale de la différence des sexes, c'est-à-dire la manière par laquelle la socialisation impose des rôles sociaux différents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se répand[76] et les féministes radicales et matérialistes élaborent le concept de patriarcat pour définir le système social d’oppression des femmes. Se refusant à subordonner leur combat à la lutte des classes, elles affirment que le domaine de la reproduction (maternité, corps, famille, travail domestique…) est un espace d'exploitation privilégié des femmes. Elles rejettent l’objectif réformiste d'égalité dans le système qui a prédominé jusqu’alors. Pour elles, aucune égalité entre les sexes ne peut être obtenue à l'intérieur du système « patriarcal », sinon quelques compromis temporaires qui seraient perpétuellement menacés. Elles préconisent de renverser ce système et d'instaurer de nouveaux rapports entre les sexes.
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Une tendance séparatiste s’affirme également, notamment parmi les groupes militants lesbiens des grandes métropoles que sont Londres ou New York.
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La maîtrise de leur corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. Le libre accès à la contraception mais surtout le droit à l’avortement concentrent leurs efforts. En France, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) est fondé en 1973. Il s’appuie notamment sur l’aile la plus radicale du Mouvement français pour le planning familial qui se prononce peu après « en faveur de l’avortement et de la contraception libres et remboursés par la Sécurité sociale » et ouvre des cliniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG)[77].
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La dissociation de la sexualité et de la reproduction s’inscrit dans le cadre plus large de la révolution sexuelle qui traduit une demande sociale pour plus de liberté dans le domaine de la sexualité. Les féministes en font cependant leur propre lecture qui passe par la critique de la normativité de la psychanalyse ou de la sexologie qui auraient défini sexuellement les femmes « en fonction de ce qui fait jouir les hommes »[78], minorant par exemple le plaisir clitoridien. La sexualité est ainsi analysée comme un domaine où s’exerce la domination masculine. Le viol fait l’objet de nombreuses mobilisations : des manifestations citadines nocturnes (Reclaim the night) entendent regagner un espace dont la peur de l’agression maintient les femmes exclues[79]. Sur le plan juridique, les féministes françaises luttent pour que la loi de 1832 soit appliquée à des faits qui sont jusqu'alors déqualifiés en « coups et blessures »[80].
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Dans le sillage de l’effort de théorisation de la condition féminine inhérent à la deuxième vague, les études féministes pénètrent dans le monde académique à partir des années 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagés sous l’angle de la critique féministe : philosophie féministe, anthropologie féministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se développent en lien étroit avec les luttes militantes[81],[82]. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la critique féministe des sciences prend également son essor (Ruth BleierRuth Bleier, Ruth Hubbard (en), Evelyn Fox Keller, Helen Longino (en)).
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L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis où sont créés des départements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le développement de l’usage du concept de genre se développent par la suite des départements d'études de genre. En 2003, on dénombrait ainsi 600 départements de ce type aux États-Unis[83].
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Au-delà de cette conquête de l'espace géographique universitaire, Francine Descarries, professeure de sociologie à l'UQAM, constate en 2004 la difficulté des Women’s Studies au Québec « à s'extraire de la périphérie, de la marge du champ scientifique pour convaincre de sa légitimité et de la compatibilité de ses approches théoriques et méthodologiques avec l'esprit scientifique ». D'après cette sociologue, peu de recherches sont parvenues à pénétrer le « mainstream scientifique »[84].
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Désormais les femmes votent dans la plupart des pays industrialisés, dont la majorité des parlements ont voté des lois sur le divorce. La légalisation de la contraception et de l'avortement n'est pas effective pour l'ensemble des pays industrialisés, les situations sont donc très variables d'un pays (voire d'une région) à un autre. Ces droits sont fréquemment remis en cause par des courants conservateurs et des institutions religieuses, telle que l'Église catholique et en particulier la mouvance traditionaliste en son sein, et le courant fondamentaliste des protestants évangéliques.
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Depuis la fin des années 1990, divers groupements, se réclamant ou non du féminisme, ont été créés. Parmi les plus médiatisés, on peut citer :
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#BalanceTonPorc, ce mouvement de 2017, en revenant sur le corps féminin et son respect, réactiverait les revendications du MLF. Il met en lumière une nouvelle génération de militantes interconnectées qui ne se satisfont plus du seul principe égalitaire.
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Chloé Delaume a publié Mes bien chères sœurs en 2019[90]. Dans ce manifeste, elle évoque la quatrième vague féministe qui selon elle, serait née dans les années 2010 ; elle se serait formée avec les réseaux sociaux : celle des écrans du 2.0. La première vague était composée des suffragettes du début du XXe, suivies par la deuxième génération des années 1960-70 et d’une troisième vague amorcée dans les années 1990 avec l’exigence paritaire et le déploiement de la notion de genre[91].
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Le collectif #NousToutes, créé en 2018, lutte contre les violences sexistes et sexuelles en France. Il organise régulièrement des actions d'interpellation du gouvernement et de sensibilisation, dont des marches chaque mois de novembre. Ces manifestations rassemblent des milliers de personnes dans toute la France[92].
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Femen, le mouvement ukrainien créée en 2008, organise en France depuis 2011 des manifestations et happenings seins nus pour la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits des femmes, de la protection de l'environnement, et milite contre la corruption, la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme et la pauvreté.
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En 2010 en Australie, c'est la première fois dans l'histoire d'un État que le chef d'État (Élisabeth II), le chef de gouvernement (Julia Gillard) et le gouverneur général (Quentin Bryce) sont toutes des femmes.
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Si dans les années 1797-1883, d'anciennes esclaves comme Sojourner Truth ou Harriet Tubman (vers 1820-1913) étaient devenues des icônes de l'abolition de l'esclavage et des droits des femmes, elles ont été un temps oubliées, mais aujourd'hui, elles figurent désormais dans le Black féminisme des Africaines-américaines dans les années 1970. Elles sont mises à l'honneur, officiellement puisqu'elles sont retenues pour figurer sur les billets de 20 dollars en 2020 pour l'anniversaire du droit de vote des Américaines, avant que le président Donald Trump n'annule cette disposition[93].
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Le féminisme contemporain, dans la plupart des pays occidentaux, se diversifie et change de visage, du fait que les revendications féministes initiales ont été traduites dans les systèmes juridiques, et font partie du périmètre conventionnel des droits humains. La réflexion et l'action féministes sont donc amenées d'une part à s'attacher davantage à l'analyse critique des pratiques sociales réelles (souvent décalées des principes) et à reformuler l'expression de leurs enjeux et de leurs objectifs. Elles doivent aussi tenir compte de la résurgence de débats ethniques, communautaires ou religieux qui compliquent la donne — certaines associations réfutent ainsi la dichotomie Occident féministe contre Orient sexiste[94]. Ce changement de paysage entraîne inévitablement des divergences de vues qui divisent les courants féministes.
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Le féminisme libéral épouse les principes du libéralisme politique dont il réclame l’application aux femmes, au même titre qu’à tous les hommes. À ce titre, il se fixe comme horizon l’indifférence aux différences de sexe dans le cadre de l’espace public[95].
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Sur le plan politique, sa méthode est réformiste ; il cherche à obtenir une modification des dispositions légales par la voix législative, le lobbying ou l’action militante à destination de l’opinion publique (presse, pétitions…). Confiant dans les valeurs du progrès et les vertus de l’éducation, il entend également agir sur les mentalités, sans développer, à la manière du féminisme marxiste ou radical, une analyse systémique du capitalisme ou du patriarcat[96].
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Historiquement, il se structure dans la seconde moitié du XIXe siècle où il s’incarne dans des groupes organisés, militants pour l’égalité civile et politique ainsi que pour l’égalité des droits dans les domaines de l’éducation ou du travail. L’ensemble de ces droits doivent être à même de garantir l’autonomie des femmes en tant que sujet.
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Sur le plan théorique, la tradition marxiste puise principalement ses sources concernant la question des femmes dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (1884) de Friedrich Engels et dans La femme dans le passé, le présent et l’avenir (1879) d’August Bebel. Clara Zetkin (future présidente de l'Internationale socialiste des femmes qui y propose la tenue annuelle d'une Journée internationale des femmes) ou Alexandra Kollontaï constituent les représentantes les plus marquantes de cette tradition marxiste de défense des droits des femmes qui a néanmoins refusé le qualificatif de « féministe », jugé « individualiste » et « bourgeois ».
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Contre une représentation fixiste de la famille et du rôle qu’y tiennent les femmes, le marxisme affirme l’historicité des structures familiales dont les formes évoluent avec la structure économique. S’inspirant de l’anthropologue évolutionniste Lewis Henry Morgan, Engels définit ainsi une origine historique à l’oppression des femmes : il fait coïncider l’apparition de la propriété privée avec la fin d’une période historique où le droit maternel et la filiation en ligne féminine auraient réglé les modalités de l’héritage.
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Avec l’instauration du système patriarcal et du mariage monogamique qui marquent « la grande défaite historique du sexe féminin »[97], les femmes sont victimes d’une double oppression : assignées aux seules fonctions reproductives, elles sont maintenues par leurs maris hors du champ productif et de la vie publique ; quand elles accèdent au marché du travail, elles subissent, comme les autres travailleurs, les effets néfastes du mode de production capitaliste.
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Les féminismes marxistes de la fin du XIXe siècle militent pour l’accès des femmes au marché du travail : leur entrée dans la sphère productive doit permettre l’éveil d’une conscience de classe et la participation des femmes à la lutte des classes. La doctrine reste attachée au respect de ce qui est défini comme la « double tâche sociale de la femme » : production et reproduction. Stigmatisant les revendications égalitaristes de certaines féministes, il affirme ainsi respecter la spécificité biologique des femmes. Alexandra Kollontaï met ainsi l’accent sur la nécessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections légales des mères[98].
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Sur le plan stratégique, les mobilisations des femmes doivent rester subordonnées à la lutte des classes. Seul le renversement du capitalisme peut en effet mettre un terme définitif à l’oppression des femmes[99]. La question de l’alliance avec des groupes féministes est posée à la fin du XIXe siècle. Des organisations féminines, rattachées aux structures socialistes nationales, s’organisent en effet dans la majorité des pays d’Europe ; elles sont regroupées en 1907 dans l’Internationale socialiste des femmes, à l’occasion de la première Conférence internationale des femmes socialistes qui se tient à Stuttgart. Clara Zetkin en prend la tête et parvient notamment à imposer le principe du refus de toute alliance avec le « féminisme bourgeois » et réformiste[100].
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À la fin des années 1960, la réflexion marxiste sur l’oppression des femmes s’est considérablement renouvelée en questionnant notamment l’articulation entre patriarcat et capitalisme[101].
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Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes par les hommes (ou patriarcat) le fondement du système de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées. Il se démarque des mouvements féministes qui visent à l'amélioration de la condition féminine par des aménagements de législation (réformisme) sans mettre en cause le système patriarcal, bien que certaines féministes radicales (Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) aient précisément centré leur lutte sur des réformes législatives.
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En France, le féminisme radical s'est notamment manifesté à travers le féminisme matérialiste. Pour ce courant, profondément anti-essentialiste, l'origine du patriarcat ne doit surtout pas être cherchée dans une quelconque nature spécifique des femmes, qu'elle soit biologique ou psychologique, mais bien dans l'organisation de la société. Les féministes matérialistes se sont donc attachées à analyser les « rapports sociaux de sexe » (c'est-à-dire le genre), comme un rapport entre des classes sociales antagonistes (la classe des hommes et la classe des femmes), et non entre des groupes biologiques. La perspective politique qui en découle est donc révolutionnaire, car la lutte des classes de sexe doit aboutir à la disparition de ces classes et donc du genre[102].
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Ce courant, malgré des prémisses semblables est très divers. Christine Delphy a notamment mis en lumière le mode de production domestique, versant économique de l'exploitation du travail des femmes dans le foyer[103]. Colette Guillaumin a théoris�� le sexage, système d'appropriation physique du corps des femmes par les hommes[104]. Paola Tabet a démontré l'exclusion des femmes des outils complexes et des armes[105]. Monique Wittig a réinterprété l'hétérosexualité comme un régime politique fondé sur l'oppression des femmes[106].
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Simone de Beauvoir a apporté un soutien sans faille à cette école, notamment à travers la position de directrice de publication de ses revues, Questions féministes puis Nouvelles Questions féministes, poste qu'elle gardera jusqu'à sa mort[107].
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Le féminisme différentialiste de psychanalystes comme Julia Kristeva, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque postule que le patriarcat est si profondément enraciné dans les mentalités qu'il impose un système de valeurs qui empêche l'existence d'une différence authentique entre hommes et femmes, les femmes étant sans cesse définies, construites comme antithèses (idéalisées ou démonisées) des hommes. Le féminisme de la différence a mis en valeur la parole des femmes, les relations mères-filles, l'importance révolutionnaire de la création de groupes de femmes, et a critiqué le logocentrisme de la pensée occidentale (en particulier), y compris chez certaines féministes. Qualifié d'antiféminisme par certaines féministes radicales[108],[109], ce mouvement se définit par sa valorisation des différences, la différence sexuelle étant la principale, sans éclipser les autres.
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« L'égalité est un principe juridique. Par conséquent, c'est au dénominateur commun de tous les êtres humains que justice doit être rendue. Mais la différence est un principe existentiel qui concerne les modes d'être humain, les particularités des expériences, des buts et des possibilités propres, et le sens propre d'exister dans une situation donnée et dans la situation que la personne veut se créer. La différence homme-femme est la différence de base dans l'humanité. […] L'égalité est ce qui est offert comme droits légaux aux peuples colonisés. Et ce qui leur est imposé comme culture, c'est le principe par lequel les détenteurs du pouvoir hégémonique continuent à contrôler les autres. »
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— Crachons sur Hegel. Carla Lonzi[110]
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Ce mouvement, contemporain de l'apparition du féminisme radical français, a eu un profond impact à l'époque :
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« En effet, l'inversion des valeurs et l'affirmation d'une force dynamique, contestatrice du féminin réprimé et refoulé constituent une position plus aisément identifiable, et plus facile à tenir que la critique de la bicatégorisation, ou le choix d'un entre-deux […]. La revendication d'une reconnaissance et d'une place, le passage par l'énonciation en nous (les femmes…), l'affirmation d'un dessein collectif ont été de puissants moteurs dans les mouvements féministes occidentaux des années 1970. Le comprendre et le dire n'invalide pas la critique des théories de l'écriture féminine, qui ont eu longtemps des effets pernicieux dans le champ français[111]. »
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De fait, le féminisme de la différence a ensuite reçu davantage d'attention dans le monde anglo-saxon, jusqu'à être appelé « French Feminism », sans égards pour le fait que le féminisme français s'est graduellement opposé au féminisme différentialiste. Carol Gilligan a ravivé le féminisme différentialiste anglosaxon avec la publication d'« In a Different Voice », dans les années 1980. Cet ouvrage met en évidence des trajectoires de développement moral qui se distinguent de celles, réputées plus masculines, de Lawrence Kohlberg. L'éthique de la sollicitude est un développement contemporain du féminisme de la différence.
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La théologie féministe est un ensemble de courants féministes qui se fondent sur une étude des textes sacrés pour affirmer l'égalité des genres.
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Le féminisme islamique, ou féminisme musulman, est un mouvement féministe proche de l'islam libéral, qui revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes au sein de la communauté musulmane.
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Le féminisme pro-sexe est un courant du féminisme, issu du milieu queer, qui apparaît dans les années 1980 aux États-Unis et qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles. En faisant « du corps, du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes doivent s'emparer », il s'oppose au féminisme radical.
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Dans la mouvance pro-sexe, on trouve des organisations comme la SlutWalk ou Marche des Salopes en français, dont le slogan est : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas nous violer ».
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Des écrivaines comme Virginie Despentes ont contribué à la vulgarisation des thèses pro-sexes, avec notamment des livres comme Baise-moi et plus tard King Kong Théorie. Un artiste queer Lazlo Pearlman[112] a produit un film intitulé Fake Orgasm[113], et la productrice de films pornographiques Erika Lust se revendique également d'une mouvance pro-sexe qui considère le potentiel libératoire dans l'éclatement de la norme genrée des pratiques sexuelles. La réalisatrice Ovidie en est également un exemple, qui s'investit dans ce mouvement à la fois comme actrice et réalisatrice de films pornographiques, et comme réalisatrice et autrice de documentaires qui développent une pensée théorique et critique. On trouvera également une approche plus théorique dans les ouvrages[114] de Paul B. Preciado.
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L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown :
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« Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe[115]. »
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En 1896 et 1897, paraît en Argentine La Voz de la Mujer (La Voix de la Femme), première publication anarcha-féministe au monde[116]. En épigraphe : « Ni dios, ni patron, ni marido » (soit « Ni dieu, ni patron, ni mari »). La figure de proue en est Virginia Bolten, féministe révolutionnaire et communiste libertaire. Ce n’est pas le premier journal féminin en Amérique latine, mais c'est le premier journal féministe et révolutionnaire au sein de la classe ouvrière[117].
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En Espagne, à partir de 1922, Estudios est à l'avant-garde d'une campagne en faveur de l'éducation sexuelle et de l'émancipation féminine[118]. Ouverte aux débats sur les sexualités, cette revue éclectique et libertaire aborde le nudisme, l'amour libre et l'éducation sexuelle. Elle a une influence décisive sur la classe ouvrière espagnole en contribuant à faire évoluer radicalement les mentalités[119].
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Fondée par Lucía Sánchez Saornil[120], Mercedes Comaposada[121] et Amparo Poch y Gascón[122] lors de la Révolution sociale espagnole de 1936, la fédération des Mujeres Libres, proche de la Confédération nationale du travail, se revendique d'un « féminisme prolétarien »[123] et défend à la fois les idées anarchistes et féministes[124]. La féministe Consuelo Berges et la ministre Federica Montseny ont notamment participé à ce mouvement.
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Aux États-Unis, Emma Goldman[125], Voltairine de Cleyre[126], Lucy Parsons et Kate Austin en sont les principales théoriciennes. D'autres figures marquantes de ce courant sont les Françaises Madeleine Vernet et Nelly Roussel, la Suissesse Paulette Brupbacher[127] ou la Polonaise Eva Kotchever et la Suédoise Elise Ottesen-Jensen qui résume son combat en une phrase :
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« Je rêve du jour où chaque enfant né sera le bienvenu, où hommes et femmes seront égaux et vivront leur sexualité dans la passion, le plaisir et la tendresse[128]. »
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Aussi appelé féminisme inclusif, le féminisme intersectionnel s'appuie sur les travaux de la féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, la première à avoir popularisé le terme d'intersectionnalité, concept importé en France par Éric Fassin ou Elsa Dorlin et que Christine Delphy développe dans ses travaux de recherche[129]. Il a pour objectif de mieux prendre en compte les problèmes des femmes subissant d'autres discriminations en plus du sexisme, c'est-à-dire les personnes qui subissent plusieurs oppressions en même temps. Ce courant cherche principalement à porter les revendications des femmes non blanches victimes de racisme afin de lutter contre ce qu'il considère être le détournement du féminisme à des fins racistes[130].
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Les féministes intersectionnelles ne s'intéressent pas à chaque discrimination de façon séparée, mais cherchent à comprendre comment les différentes discriminations se conjuguent et forment une oppression spécifique. Elles reprochent aux associations féministes plus traditionnelles de parler de problèmes qui ne les concernent pas directement, à la place des femmes qui vivent réellement ces situations. Elles déplorent également le caractère excluant de ces associations qui, selon elles, n'incluent pas suffisamment les femmes non blanches dans leur luttes[131].
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Plusieurs courant féministes post-coloniaux relèvent du féminisme intersectionnel, comme le black feminism[132] ou le féminisme chicana[133].
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En France, le mouvement est principalement porté par des militantes noires, se réclamant de l'afroféminisme, qui critiquent notamment l'invisibilité médiatique des femmes noires et les diktats de beauté qu'elles subissent, comme l'estime Rokhaya Diallo :
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« Les féministes blanches veulent se départir des attributs de beauté que les diktats leur imposent et qui les infériorisent vis-à-vis des hommes. Mais pour les Noires, auxquelles on a toujours dit que leurs traits étaient laids, le fait de se battre pour que ces attributs soient reconnus comme beaux prend tout son sens. Notre revendication est d’affirmer que notre corps est aussi beau que les autres alors que nous sommes invisibles médiatiquement[134]. »
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Comme la majorité des courants féministes, l'afroféminisme critique les normes de beauté imposées par la société. Mais il explique que les femmes noires – et également celles issues des autres minorités ethniques – subissent une double peine car l'idéal de beauté féminin occidental est destiné à des femmes blanches et correspond aux caractéristiques physiques de ces dernières (peau claire, nez fin et cheveux clairs). Ainsi, Myriam Keita Brunet[n 1] estime que le budget consacré à la beauté par les femmes non blanches est neuf fois plus élevé que celui des femmes blanches. Elles dépensent leur argent dans des produits éclaircissants, des défrisages, voire des opérations de chirurgie esthétique afin de ressembler au modèle occidental[136].
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Ces militantes critiquent le manque de représentation des femmes noires dans les médias. Peu de fictions françaises mettent en scène des femmes noires dans des rôles principaux et, lorsque c'est le cas, c'est souvent pour incarner des jeunes femmes issues des quartiers populaires. Les militantes noires réclament, par conséquent, une représentation plus positive et réaliste des noires dans les fictions télévisuelles. Selon le magazine Slate, seules 5 % des mannequins qui ont fait la couverture de Vogue en 2013 étaient noires ou métisses, 9 % asiatiques, 1 % issues d'autres minorités ethniques, contre 75 % de mannequins blancs[137]. En ce qui concerne le domaine politique, parmi les députés de la France métropolitaine qui siègent à l'Assemblée, trois sont des femmes noires : George Pau-Langevin, Seybah Dagoma et Hélène Geoffroy[138]. Les afroféministes critiquent cette quasi-absence des femmes noires et militent en faveur d'une présence accrue de celles-ci dans l'espace public. Enfin, elles luttent contre les stéréotypes racistes que subissent les femmes noires, souvent associées, selon elles, à l'animalité et à un fantasme sexuel exotique[138].
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Pour certaines autrices féministes, comme Carol J. Adams ou Emily Gaarder, il existe une relation forte entre le féminisme et l'antispécisme. Dans les faits, selon les études, il y aurait entre 68 % et 80 % de femmes parmi les activistes pour la cause animale[139]. À l'opposé, les métiers impliqués dans l'exploitation animale sont majoritairement effectués par des hommes[140]. Selon les tenantes de cette approche du féminisme, cette sur-représentation de femmes dans le milieu végane s’expliquerait par le fait que les corps des animaux d'élevage, notamment celui des femelles, seraient perçus et utilisés de façon similaire par les hommes que le sont les corps des femmes, ces derniers étant d'ailleurs parfois décrits comme « des morceaux de viande »[141],[142].
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De plus, certaines études affirment que la « société patriarcale » érigerait la consommation de viande comme un symbole fort de virilité. Les féministes et les antispécistes voient ainsi le virilisme comme un ennemi commun[143],[144].
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Toutefois, cette idée est critiquée par d'autres auteures féministes comme Carrie Hamilton qui explique que, selon elle : « sa version [celle de Carol J. Adams] du féminisme végane se base sur une comparaison sans fondement entre la violence faite aux femmes et celle contre les animaux »[145].
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« À aucune époque le sexe faible n’a été traité avec autant d’égards de la part des hommes qu’à notre époque. C’est une conséquence de notre penchant et de notre goût foncièrement démocratiques, tout comme notre manque de respect pour la vieillesse. Faut-il s’étonner si ces égards ont dégénéré en abus ? On veut davantage, on apprend à exiger, on trouve enfin ce tribut d’hommages presque blessant, on préférerait la rivalité des droits, le véritable combat. En un mot, la femme perd de sa pudeur. Ajoutons de suite qu’elle perd aussi le goût. Elle désapprend de craindre l’homme. Mais la femme qui « désapprend la crainte » sacrifie ses instincts les plus féminins. (...) On veut même, de ci de là, changer les femmes en libres-penseurs et en gens de lettres. Comme si la femme, sans piété, n’était pas pour l’homme profond et impie une chose parfaitement choquante et ridicule. (...) On les rend de jour en jour plus hystériques et plus inaptes à remplir leur première et dernière fonction, qui est de mettre au monde des enfants solides. »
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— Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, VII, 239.
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Le féminisme est critiqué, avec des arguments très divers. Ces critiques sont notamment détaillées dans des ouvrages comme Fausse Route d'Élisabeth Badinter, La Nécessaire Compréhension entre les sexes de Paul-Edmond Lalancette, Le Grand Mensonge du féminisme de Jean-Philippe Trottier, Ainsi soit-il, Sans de vrais hommes, point de vraies femmes d'Hélène Vecchiali, ou encore Le Premier Sexe d'Éric Zemmour.
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Sur le plan politique, le féminisme est qualifié par des marxistes-léninistes de « diversion »[146] car dans cette analyse, toutes les classes sociales sont composées de femmes et d'hommes et les premières ne constituent pas une caste ou une classe particulière caractérisée par une réelle solidarité d'intérêts. De ce fait, l'invocation d'un conflit d'intérêts entre sexes ou la lutte pour l'émancipation d'un sexe à l'égard de l'autre serait un « artifice » ayant pour conséquence (voire pour but) de « masquer les vrais rapports de domination et les vraies lignes de fracture sociale ».
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Dans un ordre d'idées différent, le féminisme est aussi relativisé parce qu'il minimiserait l'importance des critères de différenciation physique entre individus (sexe, âge, état de santé, couleur de peau, morphologie) qui sont pourtant autant facteurs essentiels de discrimination sociale et d'exclusion[147].
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Dans la mouvance de la critique de Simone de Beauvoir, certaines auteurs comme Julia Kristeva, Sylviane Agacinski, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque pensent que l'égalitarisme abstrait efface les différences sexuelles et prolonge ainsi l'androcentrisme de l'universalisme masculin. Ce discours critique différentialiste, de l'intérieur du mouvement féministe, est fréquemment reçu comme un recul essentialiste en France[108], moins au Québec (où les différentes mouvances sont exprimées, notamment au sein de l'Institut de Recherches et d'Études Féministes (UQÀM), au Simone de Beauvoir Institute (Université Concordia) et grâce à diverses politiques d'État)[148], et s'exprime dans plusieurs féminismes hors de l'Occident (voir aussi politiques de l'identité (en)).
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Le terme « virilisme » est parfois employé pour qualifier l'alignement de certaines féministes sur les droits et les mœurs masculines au détriment d'une véritable promotion du féminin dans l'humanité[149].
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En novembre 2019, l'Arabie saoudite décide d'inscrire le féminisme sur la liste des idées extrémistes. Celui-ci tombe ainsi sous le coup de la loi antiterroriste et pourra être sanctionné de peines de prison et de coups de fouet[150].
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La féministe américaine Bell Hooks affirme que les hommes souffrent également d'un système patriarcal étouffant et déshumanisant. Elle appelle les hommes à refuser les codes du patriarcat qui les encouragent à devenir froids, violents et à refouler tous sentiments. Obtenir un tel changement passe par la prise de conscience de la souffrance masculine mais également par l'arrêt de la prolifération du patriarcat dans la culture populaire notamment[151].
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En 2010, l'Organisation mondiale de la santé a émis des recommandations sur la place des hommes et des garçons dans le processus d'accession à l'égalité. L'OMS donne des exemples de politiques qui ont aidé les hommes de façon significative à contribuer à la condition des femmes :
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Si le féminisme mobilise avant tout les femmes (puisqu'il les concerne directement), il existe aussi des hommes féministes, soit parce qu'ils se sentent solidaires, soit parce qu'ils estiment que les hommes sont également concernés.
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Par ailleurs, en 2014, l'ONU Femmes lance une campagne intitulée « HeForShe » pour inciter les hommes et les garçons à participer au combat pour l'égalité des sexes et les droits des femmes.
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Plusieurs mouvements de défense des intérêts spécifiques des hommes se sont créés en parallèle ou en réaction au féminisme.
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Certaines œuvres sont devenues des icônes littéraires du féminisme :
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On peut également citer Le Pouvoir de Naomi Alderman ou Vox de Christina Dalcher.
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La thématique féministe est très présente en littérature de science-fiction.
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L’œuvre emblématique à cet égard est La Main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin.
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Un autre roman de référence en matière de science-fiction féministe est Chroniques du Pays des Mères (1992) d'Élisabeth Vonarburg.
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Voir aussi la Catégorie:Féministe.
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Voir aussi les liste de féministes et liste de féministes musulmanes.
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Note : certaines revues universitaires rejoignent le public des journaux ; elles apparaissent dans les deux listes.
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