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+ La guerre de Troie est un conflit légendaire de la mythologie grecque, dont l'historicité est controversée. Elle est parfois appelée deuxième guerre de Troie en référence à l'expédition menée contre la cité par Héraclès après la quête de la Toison d'or, que certains nomment première guerre de Troie.
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+ C'est le prince troyen Pâris qui la déclenche en enlevant Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas. En rétorsion, Ménélas, l'époux bafoué, lève avec son frère Agamemnon une expédition rassemblant la plupart des rois grecs, qui assiège Troie et remporte finalement la victoire. La guerre de Troie et ses conséquences formaient le sujet d'un vaste cycle épique, le « Cycle troyen », dont les œuvres sont aujourd'hui perdues à l'exception de l’Iliade et l’Odyssée d'Homère. Elle représente une pierre fondatrice de la culture grecque, puis de la culture romaine, et constitue encore une source d'inspiration pour les artistes et écrivains.
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+ La guerre de Troie est déclenchée par l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le Troyen Pâris, fils de Priam, roi de Troie, et de son épouse Hécube. En effet, Hélène avait été promise à Pâris par Aphrodite, en remerciement pour le jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Pâris dut alors choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite, lui promettant respectivement la royauté, la puissance militaire et l'amour de la plus belle femme du monde : Hélène.
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+ On peut aussi considérer l'enlèvement d'Hélène, et donc l'incitation à la guerre, comme une vengeance de la part de Priam de la précédente guerre de Troie entre Héraclès et son père Laomédon qui est mort par ses mains. En effet, si Pâris est autorisé à se rendre à Sparte, c'est pour demander le retour d'Hésione, emmenée par Télamon après la guerre[1].
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+ Les rois grecs, descendants de Pélops, sont contraints par le serment de Tyndare à se joindre à la cause de Ménélas, l'époux d'Hélène. Celui-ci, accompagné de Nestor, parcourt la Grèce pour les rappeler à leur promesse[2],[3].
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+ Étant accompagné de son frère Agamemnon et de Palamède, Ménélas va trouver à Ithaque Ulysse, réticent à cause d'un oracle qu'il a entendu. Pour éviter d'avoir à partir, il simule la folie : vêtu en paysan, il laboure un champ avec un âne et un bœuf attelés à la même charrue, et lance du sel par-dessus son épaule. Palamède place alors le jeune Télémaque, fils d'Ulysse, devant l'attelage en marche. Ulysse tire vivement sur les rênes, montrant ainsi qu'il est sain d'esprit[4],[5]. On peut accorder une signification métaphorique à cet épisode : le bœuf et l'âne représentent Zeus et Chronos, chaque sillon ensemencé de sel signifie une année perdue, et Télémaque marque la « victoire décisive[C 1] ».
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+ Selon les auteurs tardifs, le devin Calchas avait prédit que Troie ne pourrait être prise sans Achille, fils de Thétis. Sa mère, pour le protéger de la guerre, le cacha, déguisé en fille, chez Lycomède, roi de Skyros. Mais il fut confondu par une ruse d'Ulysse, qui excita son instinct de guerrier et le poussa à se révéler en faisant sonner la trompette aux portes de la cité[6]. Cependant Homère raconte simplement que Nestor et Ulysse, étant venus à Phthie pour recruter des troupes, se virent confier Achille par son père Pélée[il 1].
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+ D'autres rois et héros, tels que les deux Ajax, Diomède et Tlépolémos les rejoignirent encore[C 2]. Idoménée, roi de Crète, lui aussi ancien prétendant d'Hélène[7], qui avait amené un nombre considérable de navires[N 1],[8],[9], obtint le commandement des gardes[il 2]. Toutes les troupes se rassemblèrent à Aulis. Cependant, elles ne pouvaient partir sans provisions ; c'est Anios qui les fournit, grâce à ses filles, les Vigneronnes[10]. Mais Ménélas envoya Agamemnon — accompagné d'Ulysse[11] — pour emporter avec eux les Vigneronnes ; comme Anios refusait, ils les enlevèrent de force mais elles s'enfuirent[12].
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+ Cette flotte accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend qui sont les chefs de l'armée ennemie et le combat cesse alors. La flotte grecque repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit ans. Cette première expédition était relatée dans les Chants cypriens, première épopée du Cycle troyen, attribués à Stasinos et composés au VIe siècle av. J.-C. ; cette épopée est presque entièrement perdue, mais on en connaît un résumé transmis beaucoup plus tard dans la Chrestomathie de Proclos au Ve siècle[13].
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+ Alors que l'armée grecque s'apprête, la colère d'Artémis contre Agamemnon bloque la flotte à Aulis[14]. Le devin Calchas impose le sacrifice d'Iphigénie, fille de ce dernier[15] ; c'est par la promesse d'un mariage avec Achille que les chefs achéens attirent alors la jeune fille à Aulis[16],[17].
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+ Quand la flotte grecque arrive devant Troie, le premier Grec à perdre la vie est Protésilas, sous le coup d'Hector[il 3]. Alors que les Grecs organisent la cérémonie funèbre en l'honneur de celui-ci, sans avertissement[18], Cycnos, fils de Poséidon et roi de Colones (en), mène un second assaut mettant en fuite les Grecs[19],[20] et aucune arme ne peut le blesser[21]. Achille, menant la contre-attaque, parvient à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque[22] ou d'un jet de pierre[23].
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+ Les Grecs installent leur camp sur la plage qui s'étend devant Troie ; une ambassade achéenne pour réclamer Hélène échoue[24]. Une fois les Troyens retranchés derrière leurs murailles, Achille s'emploie à leur couper les vivres. Il attaque et réduit ainsi onze cités d'Anatolie, tributaires de Troie. C'est dans Lyrnessos[25], l'une de ces villes, lors de la dixième année de siège, qu'il reçoit pour part d'honneur Briséis[il 4], tandis qu'Agamemnon reçoit Chryséis lors du sac de Thèbe sous le Placos[il 5].
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+ C'est à ce moment que commence le récit de l’Iliade. Une peste frappe le camp grec[il 6] et le devin Calchas, encouragé par Achille, révèle qu'Apollon a puni Agamemnon car celui-ci avait refusé de rendre la captive Chryséis à son père Chrysès, prêtre d'Apollon dans une ville de Troade[il 7]. Contraint de céder, Agamemnon furieux réclame une autre part d'honneur. Achille se récrie et Agamemnon, pour l'humilier, décide de prendre Briséis, sa captive[il 8]. En colère, ce dernier décide de se retirer sous sa tente et jure sur le sceptre d'Agamemnon, don de Zeus, de ne pas retourner au combat[il 9]. Zeus, sur sa demande, donne l'avantage aux Troyens, tant qu'il sera absent du champ de bataille[il 10].
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+ Privés de son appui, les Grecs essuient défaites sur défaites, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenne[il 11]. Achille reste ferme mais Patrocle, ému par les malheurs de ses compatriotes, obtient l'autorisation d'Achille de sauver les Grecs en portant ses armes[il 12]. La manœuvre réussit mais Patrocle, malgré sa promesse à Achille, engage la poursuite[il 13]. Il est tué par Hector, frère de Pâris, qui prend les armes d'Achille comme butin[il 14]. Furieux contre lui-même et humilié — trompé par Patrocle qui ne l'a pas eu auprès de lui pour le protéger du malheur et symboliquement vaincu par Hector —, Achille décide de se venger, malgré les avertissements de sa mère : s'il affronte Hector, il mourra peu de temps après[il 15]. Héphaïstos lui forge de nouvelles armes, avec lesquelles il sort à la recherche d'Hector[il 16].
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+ Revêtu de son armure divine, il s'engage à nouveau dans le combat et abat un grand nombre de Troyens sur son passage[il 17], tellement que les eaux du Scamandre sont souillées de cadavres[il 18]. Offensé[il 19], le Scamandre manque de noyer Achille[il 20]. Sauvé par l'intervention d'Héphaïstos[il 21], celui-ci rencontre enfin Hector, le défie et le tue avec l'aide d'Athéna[il 22]. Il traîne sa dépouille autour de la ville avec son char[il 23] avant de la ramener dans le camp achéen.
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+ Achille fait pourtant preuve d'humanité en laissant le roi Priam, venu dans sa tente en suppliant, emporter le corps de son fils pour lui accorder des dignes funérailles[il 24]. Il obéit ainsi à sa mère[il 25], envoyée par les dieux mécontents du traitement infligé à la dépouille du héros[il 26].
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+ Certains racontent ensuite l'arrivée de Penthésilée, reine des Amazones, et de Memnon[Én 1], qui est selon certains roi d'Éthiopie[26],[27]. Penthésilée est défaite par Achille[28]. Mais il tombe amoureux du cadavre ; et Thersite s'étant moqué de lui, il tue ce dernier[29],[30]. Antiloque, pour sauver son père[31], s'affronta à Memnon qui le tua[28]. Achille le vengea en tuant Memnon[32],[28].
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+ Sur une idée d'Épéios[Én 2] ou d'Ulysse[34] — à moins que ce ne soit sous l'inspiration d'Athéna[35] —, les Grecs construisent un énorme[Én 3] cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et Néoptolème[Én 4],[36]. Puis les Achéens brûlent leur camp[36], embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, dans la baie de Besik, derrière l'île de Ténédos[Én 5]
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+ En présence du cheval les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserver[Én 6]. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse Athéna[N 2],[Én 7],[37], les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par Thymétès[Én 8], prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :
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+ Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes[Én 9]
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+ — Virgile, Énéide
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+ « Quoi qu'il en soit, je redoute les Grecs, même porteurs de présents »
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+ — Énéide
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+ Et, joignant le geste à la parole, il jette un javelot dans le flanc du cheval ; on entend alors des gémissements[Én 10], qui sont sans aucun doute ceux des Grecs.
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+ Un Grec, Sinon, resté sur la côte apparaît alors et faisant croire qu'il a été condamné par les Grecs et qu'il est donc prêt à les trahir[Én 11], tient le discours suivant :
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+ « Calchas a voulu qu'ils fissent [du cheval] une énorme masse et que cette charpente s'élevât jusqu'au ciel, et qu'ainsi elle ne pût entrer par vos portes ni être introduite dans vos murs ni replacer le peuple de Troie sous la protection de son ancien culte[N 3]. Si vos mains profanaient cette offrande à Minerve, […] alors ce serait une immense ruine pour l'empire de Priam et pour les Phrygiens. Mais si, de vos propres mains, vous la faisiez monter dans votre ville, l'offensive d'une grande guerre conduirait l'Asie jusque sous les murs de Pélops[N 4],[Én 12]. »
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+ — Virgile, Énéide
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+ Comme pour confirmer ses dires, deux serpents surgissent de la mer et se jettent sur Laocoon et sur ses enfants[Én 13], puis ils se réfugient dans le temple d'Athéna[Én 14]. Le message semble clair aux Troyens : Athéna leur est farouche, il faut donc l'apaiser. Ils n'ont pas pensé que peut-être c'était en raison d'offenses personnelles que Laocoon a pu faire à la déesse qu'il était puni[C 3]. Ils décident alors d'ouvrir une brèche dans les murs de la cité pour faire entrer l'offrande[Én 15]. À plusieurs reprises, lorsqu'ils déplacent l'engin, ils perçoivent des bruits à l'intérieur, qui sont ceux des armes grecques qui s'entrechoquent[Én 16]. Si on ajoute à ce signe les prédictions que Cassandre avait déjà faites auparavant[38],[39] et le bruit du javelot de Laocoon, on voit que c'est malgré des indices nombreux que les Troyens ont accepté l'offrande. Notons que selon certains[38], Priam aurait agi de sa propre initiative, et sans l'intervention de Sinon.
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+ Une fois la nuit venue, un complice des Grecs fait des signaux lumineux depuis la cité pour les engager à attaquer. Pour les uns, c'est Hélène qui feint de mener une procession nocturne, accompagnée de flambeaux[Én 17] ; pour les autres, c'est Sinon qui allume un feu[40]. D'autres encore racontent qu'Hélène s'étant placée sous un cheval et imitant la voix des femmes des guerriers, les appelle. Ceux-ci sont tentés de répondre à cette voix familière, mais Ulysse réfrène leurs désirs[41],[42].
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+ Il existe deux types de combats, rapproché et à distance. En combat rapproché, il y avait des haches doubles, des glaives et des dagues utilisées lors du corps à corps. Les lances sont en bronze et peuvent aussi bien être employées en combat rapproché qu’à distance. Les javelots sont très utilisés lors du combat à distance, ils comportent un propulseur qui est un lacet de cuir s’enroulant autour de la tige, ce qui renforce la puissance du jet. Les archers portent un carquois avec des flèches de fer sur le dos et utilisent un arc à double courbure. L’épée de bronze est droite et à double tranchant[43].
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+ Concernant les protections, les soldats portent des jambières (cnémide), des boucliers ronds, des cuirasses, des plastrons ainsi que des casques. Les chefs sont privilégiés et portent des armures constituées de plaques de bronze qui pèsent l’équivalent de 20 kg. La cuirasse peut être ornée de traits qui soulignent les muscles. Portée sur une tunique courte, la cuirasse est formée de 2 plaques de métal réunies avec des crochets. Elle s’arrête sous la ceinture. Des bandes de cuirs prolongent la cuirasse. Le bouclier est toujours décoré de motifs divers. Les jambières sont en étain[44].
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+ Les matériaux utilisés pour les armes sont principalement le bronze, l’argent, le fer, l’or et le cuivre. Les mines de fer se trouvent en Chypre, à Rhodes et en Eubée. Les mines d’argent sont au Sud d’Athènes. Et sur le Mont Pangée on trouve de l’or. Les mines de cuivre sont en Eubée[45].
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+ Pour l'auteur comique latin Plaute, Troie est tombée en raison[46] :
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+ Selon le devin grec Calchas[47], Troie ne peut être prise sans le concours de l'arc et les flèches d'Héraclès, c'est pourquoi les Grecs, après l'avoir lâchement laissé blessé à Lemnos, sollicitent le soutien de Philoctète qui en est le dépositaire.
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+ Selon le Troyen Hélénos[48], qui selon Calchas connaît les oracles qui protègent la cité, et après avoir été capturé par Ulysse et contraint de les révéler aux Grecs, trois causes sont donc nécessaires à la prise de la ville :
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+ L’Iliade et l’Odyssée sont les plus anciens récits qui nous soient parvenus au sujet de la guerre de Troie — le récit de Darès de Phrygie était censé être plus ancien, mais la version qui nous est parvenue est sans aucun doute beaucoup plus récente[C 4]. Néanmoins, à l'époque archaïque, ce sujet était l'un des préférés des aèdes et des poètes. Les œuvres épiques qui y étaient consacrées étaient donc nombreuses. L'ensemble de ces œuvres est nommé le « Cycle troyen ».
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+ Pendant la période classique et surtout alexandrine, le sujet resta à la mode. De nombreux mythographes comme Proclos dans sa Chrestomathie, le pseudo-Apollodore dans sa Bibliothèque, ou Hygin dans ses Fables rédigèrent des résumés ou des analyses des événements décrits dans l’Iliade. À l'époque tardive fleurirent aussi des suites et des contre-récits. Ces derniers avaient pour but de présenter les événements sous un angle différent de celui adopté par Homère. En fait, nombre des détails ou des traditions associés pour nous à tel ou tel héros ne sont pas présentes dans l'œuvre homérique, mais proviennent de versions alternatives[N 5].
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+ Virgile conta également dans son Énéide le récit d'un des héros troyens, Énée, fils d'Aphrodite, qui suivit sans le savoir les traces d'Ulysse, pour aller fonder une nouvelle Troie, Rome. C'est notamment par cette épopée qu'on connaît en détail l'épisode de la prise de Troie[Én 18].
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+ Enfin, au Moyen Âge, des auteurs s'efforcèrent de mettre à la portée du public cultivé le contenu des œuvres grecques.
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+ Dans l'Antiquité, la guerre de Troie a inspiré aux tragédiens de nombreuses pièces. Ainsi Sophocle aurait écrit entre autres Le Rapt d’Hélène, Laocoon, Polyxène et Priam, mais ces pièces sont perdues. Deux tragédies conservées de Sophocle empruntent leur sujet à la guerre de Troie : Ajax (qui évoque la querelle entre Ulysse et Ajax fils de Télamon pour la possession des armes d'Achille après sa mort, puis le suicide d'Ajax)[C 5] et Philoctète (relatant le conflit entre Philoctète, héros de l'armée achéenne abandonné sur une île après avoir été atteint d'une blessure à l'odeur nauséabonde, et Ulysse et Néoptolème qui tentent de s'approprier son arc, car un oracle a annoncé que les Achéens ne pourront pas prendre Troie sans cette arme)[C 6]. D'Euripide, on a la chance d'avoir conservé, à propos de la guerre de Troie, plusieurs œuvres. Iphigénie à Aulis raconte le sacrifice d'Iphigénie. Hélène s'écarte de la version homérique en racontant comment Hélène s'est exilée en Égypte durant la guerre. Les Troyennes montre le devenir des femmes troyennes après la prise de leur cité, troisième volet d'une trilogie dont les deux autres ont été perdus. On peut voir dans sa forme linéaire, sans intrigue, un glissement du tragique théâtral à la réalité de la guerre[C 7].
82
+
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+ L'influence de l’Iliade perdure pendant la Renaissance. En 1579, Robert Garnier compose la tragédie La Troade, qui évoque le sort des Troyennes après la prise de la ville, en rassemblant les sujets de plusieurs pièces d'Euripide et de Sénèque[49].
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+ À l'époque classique, le thème est repris par Jean Racine, dans ses tragédies profanes Andromaque (1667) puis Iphigénie (1674). Les contraintes qu'il s'impose sont les mêmes que celles des tragiques grecs, mais les thèmes mythologiques sont surtout pour lui l'occasion d'évoquer les passions des héros.
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+ À partir du XIXe siècle, le thème de la guerre de Troie, thème de violence, devient une voie pour évoquer des sentiments profonds ou des sujets polémiques. Ainsi, dans sa Penthésilée[C 8], Heinrich von Kleist donne un récit du rôle de la reine des Amazones dans la guerre de Troie. C'est pour lui l'occasion d'évoquer les sentiments violents qui s'opposent chez la protagoniste à un ordre social contraignant et qui ne reconnaît pas l'amour. De même, dans sa célèbre pièce La guerre de Troie n'aura pas lieu[C 9], Jean Giraudoux raconte la guerre mais surtout évoque le cynisme du monde politique et défend le pacifisme.
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+ La guerre de Troie était un sujet classique de la Céramique grecque antique. Par exemple, le potier Exékias a effectué des représentations du récit. Certaines scènes du vase François montrent aussi des illustrations pertinentes.
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91
+ Le sujet inspire au grec Polygnote du Ve siècle av. J.-C. des peintures disposées dans la Lesché des Cnidiens, un bâtiment à Delphes. Celles-ci sont disparues, mais le géographe Pausanias nous livre une description des différents tableaux nous permettant aujourd'hui d'en avoir une assez bonne vue d'ensemble. Carl Robert proposa une reconstruction en 1893[50],[51].
92
+
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+ Le peintre italien rococo Giambattista Tiepolo, parmi les fresques de la mythologie romaine qu'il peintes en 1757 à la villa Valmarana, en a consacré plusieurs à des épisodes célèbres de l'Iliade et de l'Énéide. Son fils Giovanni Domenico Tiepolo reprendra ce thème vers 1760 avec deux tableaux consacrés au cheval de Troie, aujourd'hui exposés à la National Gallery[C 10].
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+
95
+ Par ailleurs la guerre de Troie a bien sûr été abordée par le courant néoclassique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par exemple, Les Funérailles de Patrocle sont en 1779 pour Jacques-Louis David l'occasion de rendre hommage aux bas-reliefs antiques et aux maîtres de la Renaissance[C 11]. De même, Giuseppe Cades, s'inspirant du groupe du Laocoon, fait ressortir la grandeur tragique d'Achille dans son dessin Achille et Briséis[C 12].
96
+
97
+ G. B. Tiepolo, La Flotte grecque à Aulis, détail, villa Valmarana.
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+
99
+ G. B. Tiepolo, Le Sacrifice d'Iphigénie, villa Valmarana.
100
+
101
+ G. B. Tiepolo, Eurybatès et Talthybios mènent Briséis à Agamemnon, villa Valmarana.
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103
+ G. D. Tiepolo, Procession du cheval de Troie, National Gallery.
104
+
105
+ G. D. Tiepolo, Construction du cheval de Troie, National Gallery.
106
+
107
+ J.-L. David, Les Funérailles de Patrocle, National Gallery of Ireland.
108
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109
+ G. Cades, Achille et Briséis, dessin, Musée Fabre, Montpellier.
110
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111
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
113
+ Le célèbre groupe du Laocoon représente l'attaque du prêtre et de ses enfants par les serpents. Elle est célèbre pour son expressivité et sa beauté, au point que Pline l'Ancien écrit[52] : « il faut préférer [cette sculpture] à toute la peinture et toute la sculpture ».
114
+
115
+ La Belle Hélène, opéra-bouffe d'Offenbach de 1864, a pour thème la rencontre d'Hélène et de Pâris. En mars 1954, la comédie musicale américaine The Golden Apple s'inspire librement de l'intrigue des épopées d'Homère, transposées dans une semi-parodie qui se déroule dans l'État de Washington au début du XXe siècle
116
+
117
+ En bande dessinée, l'auteur américain Eric Shanower a entrepris d'écrire et de dessiner une série, L'Âge de bronze, qui doit relater en dix volumes la totalité de la guerre de Troie[C 13] dans une version rationalisée des événements où les éléments surnaturels sont écartés au profit d'une réflexion sur la psychologie des personnages humains[C 14].
118
+
119
+ On pourra également citer Valérie Mangin qui dans La Guerre des Dieux, troisième cycle des Chroniques de l'Antiquité galactique, relate les évènements de l’Iliade dans un premier tome, et ceux de l’Odyssée dans un deuxième. Valérie Mangin se rapproche plus de la version d'Homère, car elle présente la Guerre de Troie comme dirigée uniquement par les Dieux, les hommes n'étant que des marionnettes, objets des querelles divines[C 15].
120
+
121
+ Dans un registre tout autre, la bande-dessinée Alcibiade Didascaux, dans le tome L'extraordinaire aventure d'Alcibiade Didascaux, illustre de nombreux mythes grecs fondamentaux, dont ceux relatifs à la Guerre de Troie, apportant une vision légèrement humoristique des faits[C 16].
122
+
123
+ Le point le plus notable dans les adaptations cinématographiques de la Guerre de Troie est que parmi toutes les versions[C 17], une seule adopte le point de vue du texte homérique : L'ira di Achille[C 18]. Hormis le film Troie de Wolfgang Petersen (seul à donner un rôle notable à Briséis), les autres films délaissent souvent le personnage d'Achille alors que l'épopée homérique est centrée sur les actes et les paroles du fils de Pélée, cause des fluctuations de la guerre[53]. Beaucoup de films se focalisent sur Hélène ou sur les Troyens, censés montrer plus d'humanité que le cruel Achille[54]. L'un d'eux donne le rôle principal à Énée[C 19].
124
+
125
+ Racine dans son Andromaque[55] met en exergue les amours d'Hélène et de Pâris qui touchent davantage le cœur des Modernes. Quant aux héros grecs, on retient plus volontiers le rôle ingrat du mari jaloux Ménélas ou celui de l'assassin de sa fille Agamemnon. Ainsi la vision des Grecs s'est-elle inversée : les héros d'Homère sont devenus des personnages troubles qui ont maintenant le mauvais rôle.
126
+
127
+ C'est en fait le personnage d'Hélène qui a retenu le plus l'attention des metteurs en scène, renforçant ce constat d'inversion des valeurs par rapport à l’Iliade où les femmes ne sont que de simples objets d'échange (une femme habile à mille travaux vaut quatre bœufs)[il 27]. Hélène est devenue l'héroïne préférée des cinéastes, que ce soit en raison de son enlèvement comme cause de la guerre[C 20], de ses démêlés amoureux avec Pâris[C 21], de son intégration à Troie[C 22] ou encore de son retour en Grèce[C 23].
128
+
129
+ Ajoutons que le personnage d'Hélène a alimenté aussi l'imagination des réalisateurs de films pornographiques[C 24].
130
+
131
+ Parmi les nombreux films évoquant la guerre de Troie, on peut notamment citer :
132
+
133
+ Thucydide pensait lui que l’importance qu’Homère avait accordé au conflit était exagérée ; il écrit :
134
+
135
+ « la guerre de Troie elle-même, la plus célèbre des expéditions d'autrefois, apparaît en réalité inférieure à ce qu'on en a dit et à la renommée qui lui a été faite par les poètes »
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+
137
+ — Thucydide, Guerre du Péloponnèse[56]
138
+
139
+ Dans le même état d'esprit, Hérodote dénonce l'invraisemblance du récit homérique :
140
+
141
+ « Si cette princesse eût été à Troie, on l'aurait sûrement rendue aux Grecs, soit qu'Alexandre y eût consenti ; soit qu'il s'y fût opposé. Priam et les princes de la famille royale n'étaient pas assez dépourvus de sens pour s'exposer à périr, eux, leurs enfants et leur ville, afin de conserver à Alexandre la possession d'Hélène. Supposons même qu'ils eussent été dans ces sentiments au commencement de la guerre, du moins, lorsqu'ils virent qu'il périssait tant de Troyens toutes les fois qu'on en venait aux mains avec les Grecs, et qu'en différents combats il en avait déjà coûté la vie à deux ou trois des enfants de Priam, ou même à un plus grand nombre, s'il faut en croire les poètes épiques ; quand Priam aurait été lui-même épris d'Hélène, je pense qu'il n'aurait pas balancé à la rendre aux Grecs, pour se délivrer de tant de maux. »
142
+
143
+ — Hérodote, Histoires[57]
144
+
145
+ Pausanias, pour sa part, sans donner son avis sur la guerre tout entière, donne une version plus rationnelle de l'épisode du cheval de Troie, considérant ce dernier comme une machine utilisée pour enfoncer les murs de la cité :
146
+
147
+ « À moins de croire les Phrygiens absolument dépourvus de bon sens, on sera convaincu que ce cheval était une machine de guerre inventée par Épéos pour renverser les murs de Troie. »
148
+
149
+ — Pausanias, Description de la Grèce[58]
150
+
151
+ Ainsi, bien que pour la plupart les Grecs la guerre de Troie a bien eu lieu, un certain recul par rapport aux récits qui en ont été faits est nécéssaire.
152
+
153
+ Étant donné l'incertitude qui règne autour de la réalité de cet épisode, il est évident que toute datation est hasardeuse. De nombreuses dates ont été proposées depuis l'Antiquité, toutes situées aux alentours du XIIe siècle av. J.-C..
154
+
155
+ La tradition historiographique grecque propose les dates suivantes[C 25].
156
+
157
+ On observe que l'intervalle le plus populaire parmi ces auteurs est situé entre 1194 et 1184 av. J.-C. D'après les calculs d'Ératosthène, la prise de Troie par les Achéens a lieu dans la nuit du 11 au 12 juin 1184 av. J.-C. lors d'une éclipse solaire[C 26].
158
+
159
+ La découverte en 1870 par l’archéologue amateur et homme d’affaires Heinrich Schliemann des ruines de la butte d’Hissarlik, en Turquie, identifiées comme étant celles de Troie, a relancé un vieux débat sur l’historicité des événements relatés par Homère. À l’heure actuelle, l’archéologie révèle sur ce site neuf niveaux de destructions pour des causes multiples (séismes, incendies, conflits) et de reconstructions, sans qu’il soit possible de relier l’un de ces niveaux en particulier à une guerre historiquement identifiable[80], et ce malgré Carl Blegen qui concluait en 1963, à l’issue de ses travaux réalisés à partir des fouilles de Schliemann et la découverte du « trésor de Priam »[C 27] :
160
+
161
+ « La guerre de Troie fut un fait historique, et pendant cette guerre une coalition d'Achéens ou Mycéniens, sous la conduite d'un roi dont la suzeraineté était reconnue, combattit contre le peuple de Troie et ses alliés. »
162
+
163
+ D'ailleurs, il fut attesté que le trésor en question datait du IIe millénaire av. J.-C., et qu'il ne pouvait donc pas être associé à l'épisode du siège de Troie[C 28].
164
+
165
+ Malgré tout, il existe des convergences entre le mythe et l'archéologie. Par exemple, il est question d'un casque dans l’Iliade :
166
+
167
+ « Et Mèrionès donna à Odysseus un arc, un carquois et une épée. Et le Laertiade mit sur sa tête un casque fait de peau, fortement lié, en dedans, de courroies, que les dents blanches d’un sanglier hérissaient de toutes parts au-dehors, et couvert de poils au milieu[il 28]. »
168
+
169
+ — Homère, Iliade
170
+
171
+ Or ce même type de casque a été retrouvé dans les édifices funéraires d'Argolide, d'Attique ou de Messénie, comportant des plaques incurvées taillées dans des dents de sanglier, et il est mentionné dans les inventaires des palais de Pylos et de Cnossos[C 29].
172
+
173
+ Pour Claude Mossé, on ne pourra jamais prouver avec certitude l’existence ou non du conflit homérique ; elle écrit[C 30] :
174
+
175
+ « Cette guerre dont l'Iliade porte l'écho amplifié ne fut peut-être dans l'histoire qu'un événement mineur : la prise par une petite bande de Grecs d'une bourgade d'Asie Mineure. »
176
+
177
+ La question est donc discutée. On pourra en conclure que si le caractère mythique de l’épisode de la guerre de Troie est évident, les indices archéologiques récents laissent penser qu’il s’inspire probablement d’un ou de plusieurs conflits historiques[C 31],[C 32],[C 33],[C 34],[C 35].
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+ La guerre de Troie est un conflit légendaire de la mythologie grecque, dont l'historicité est controversée. Elle est parfois appelée deuxième guerre de Troie en référence à l'expédition menée contre la cité par Héraclès après la quête de la Toison d'or, que certains nomment première guerre de Troie.
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+ C'est le prince troyen Pâris qui la déclenche en enlevant Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas. En rétorsion, Ménélas, l'époux bafoué, lève avec son frère Agamemnon une expédition rassemblant la plupart des rois grecs, qui assiège Troie et remporte finalement la victoire. La guerre de Troie et ses conséquences formaient le sujet d'un vaste cycle épique, le « Cycle troyen », dont les œuvres sont aujourd'hui perdues à l'exception de l’Iliade et l’Odyssée d'Homère. Elle représente une pierre fondatrice de la culture grecque, puis de la culture romaine, et constitue encore une source d'inspiration pour les artistes et écrivains.
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7
+ La guerre de Troie est déclenchée par l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le Troyen Pâris, fils de Priam, roi de Troie, et de son épouse Hécube. En effet, Hélène avait été promise à Pâris par Aphrodite, en remerciement pour le jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Pâris dut alors choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite, lui promettant respectivement la royauté, la puissance militaire et l'amour de la plus belle femme du monde : Hélène.
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+
9
+ On peut aussi considérer l'enlèvement d'Hélène, et donc l'incitation à la guerre, comme une vengeance de la part de Priam de la précédente guerre de Troie entre Héraclès et son père Laomédon qui est mort par ses mains. En effet, si Pâris est autorisé à se rendre à Sparte, c'est pour demander le retour d'Hésione, emmenée par Télamon après la guerre[1].
10
+
11
+ Les rois grecs, descendants de Pélops, sont contraints par le serment de Tyndare à se joindre à la cause de Ménélas, l'époux d'Hélène. Celui-ci, accompagné de Nestor, parcourt la Grèce pour les rappeler à leur promesse[2],[3].
12
+
13
+ Étant accompagné de son frère Agamemnon et de Palamède, Ménélas va trouver à Ithaque Ulysse, réticent à cause d'un oracle qu'il a entendu. Pour éviter d'avoir à partir, il simule la folie : vêtu en paysan, il laboure un champ avec un âne et un bœuf attelés à la même charrue, et lance du sel par-dessus son épaule. Palamède place alors le jeune Télémaque, fils d'Ulysse, devant l'attelage en marche. Ulysse tire vivement sur les rênes, montrant ainsi qu'il est sain d'esprit[4],[5]. On peut accorder une signification métaphorique à cet épisode : le bœuf et l'âne représentent Zeus et Chronos, chaque sillon ensemencé de sel signifie une année perdue, et Télémaque marque la « victoire décisive[C 1] ».
14
+
15
+ Selon les auteurs tardifs, le devin Calchas avait prédit que Troie ne pourrait être prise sans Achille, fils de Thétis. Sa mère, pour le protéger de la guerre, le cacha, déguisé en fille, chez Lycomède, roi de Skyros. Mais il fut confondu par une ruse d'Ulysse, qui excita son instinct de guerrier et le poussa à se révéler en faisant sonner la trompette aux portes de la cité[6]. Cependant Homère raconte simplement que Nestor et Ulysse, étant venus à Phthie pour recruter des troupes, se virent confier Achille par son père Pélée[il 1].
16
+
17
+ D'autres rois et héros, tels que les deux Ajax, Diomède et Tlépolémos les rejoignirent encore[C 2]. Idoménée, roi de Crète, lui aussi ancien prétendant d'Hélène[7], qui avait amené un nombre considérable de navires[N 1],[8],[9], obtint le commandement des gardes[il 2]. Toutes les troupes se rassemblèrent à Aulis. Cependant, elles ne pouvaient partir sans provisions ; c'est Anios qui les fournit, grâce à ses filles, les Vigneronnes[10]. Mais Ménélas envoya Agamemnon — accompagné d'Ulysse[11] — pour emporter avec eux les Vigneronnes ; comme Anios refusait, ils les enlevèrent de force mais elles s'enfuirent[12].
18
+
19
+ Cette flotte accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend qui sont les chefs de l'armée ennemie et le combat cesse alors. La flotte grecque repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit ans. Cette première expédition était relatée dans les Chants cypriens, première épopée du Cycle troyen, attribués à Stasinos et composés au VIe siècle av. J.-C. ; cette épopée est presque entièrement perdue, mais on en connaît un résumé transmis beaucoup plus tard dans la Chrestomathie de Proclos au Ve siècle[13].
20
+
21
+ Alors que l'armée grecque s'apprête, la colère d'Artémis contre Agamemnon bloque la flotte à Aulis[14]. Le devin Calchas impose le sacrifice d'Iphigénie, fille de ce dernier[15] ; c'est par la promesse d'un mariage avec Achille que les chefs achéens attirent alors la jeune fille à Aulis[16],[17].
22
+
23
+ Quand la flotte grecque arrive devant Troie, le premier Grec à perdre la vie est Protésilas, sous le coup d'Hector[il 3]. Alors que les Grecs organisent la cérémonie funèbre en l'honneur de celui-ci, sans avertissement[18], Cycnos, fils de Poséidon et roi de Colones (en), mène un second assaut mettant en fuite les Grecs[19],[20] et aucune arme ne peut le blesser[21]. Achille, menant la contre-attaque, parvient à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque[22] ou d'un jet de pierre[23].
24
+
25
+ Les Grecs installent leur camp sur la plage qui s'étend devant Troie ; une ambassade achéenne pour réclamer Hélène échoue[24]. Une fois les Troyens retranchés derrière leurs murailles, Achille s'emploie à leur couper les vivres. Il attaque et réduit ainsi onze cités d'Anatolie, tributaires de Troie. C'est dans Lyrnessos[25], l'une de ces villes, lors de la dixième année de siège, qu'il reçoit pour part d'honneur Briséis[il 4], tandis qu'Agamemnon reçoit Chryséis lors du sac de Thèbe sous le Placos[il 5].
26
+
27
+ C'est à ce moment que commence le récit de l’Iliade. Une peste frappe le camp grec[il 6] et le devin Calchas, encouragé par Achille, révèle qu'Apollon a puni Agamemnon car celui-ci avait refusé de rendre la captive Chryséis à son père Chrysès, prêtre d'Apollon dans une ville de Troade[il 7]. Contraint de céder, Agamemnon furieux réclame une autre part d'honneur. Achille se récrie et Agamemnon, pour l'humilier, décide de prendre Briséis, sa captive[il 8]. En colère, ce dernier décide de se retirer sous sa tente et jure sur le sceptre d'Agamemnon, don de Zeus, de ne pas retourner au combat[il 9]. Zeus, sur sa demande, donne l'avantage aux Troyens, tant qu'il sera absent du champ de bataille[il 10].
28
+
29
+ Privés de son appui, les Grecs essuient défaites sur défaites, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenne[il 11]. Achille reste ferme mais Patrocle, ému par les malheurs de ses compatriotes, obtient l'autorisation d'Achille de sauver les Grecs en portant ses armes[il 12]. La manœuvre réussit mais Patrocle, malgré sa promesse à Achille, engage la poursuite[il 13]. Il est tué par Hector, frère de Pâris, qui prend les armes d'Achille comme butin[il 14]. Furieux contre lui-même et humilié — trompé par Patrocle qui ne l'a pas eu auprès de lui pour le protéger du malheur et symboliquement vaincu par Hector —, Achille décide de se venger, malgré les avertissements de sa mère : s'il affronte Hector, il mourra peu de temps après[il 15]. Héphaïstos lui forge de nouvelles armes, avec lesquelles il sort à la recherche d'Hector[il 16].
30
+
31
+ Revêtu de son armure divine, il s'engage à nouveau dans le combat et abat un grand nombre de Troyens sur son passage[il 17], tellement que les eaux du Scamandre sont souillées de cadavres[il 18]. Offensé[il 19], le Scamandre manque de noyer Achille[il 20]. Sauvé par l'intervention d'Héphaïstos[il 21], celui-ci rencontre enfin Hector, le défie et le tue avec l'aide d'Athéna[il 22]. Il traîne sa dépouille autour de la ville avec son char[il 23] avant de la ramener dans le camp achéen.
32
+
33
+ Achille fait pourtant preuve d'humanité en laissant le roi Priam, venu dans sa tente en suppliant, emporter le corps de son fils pour lui accorder des dignes funérailles[il 24]. Il obéit ainsi à sa mère[il 25], envoyée par les dieux mécontents du traitement infligé à la dépouille du héros[il 26].
34
+
35
+ Certains racontent ensuite l'arrivée de Penthésilée, reine des Amazones, et de Memnon[Én 1], qui est selon certains roi d'Éthiopie[26],[27]. Penthésilée est défaite par Achille[28]. Mais il tombe amoureux du cadavre ; et Thersite s'étant moqué de lui, il tue ce dernier[29],[30]. Antiloque, pour sauver son père[31], s'affronta à Memnon qui le tua[28]. Achille le vengea en tuant Memnon[32],[28].
36
+
37
+ Sur une idée d'Épéios[Én 2] ou d'Ulysse[34] — à moins que ce ne soit sous l'inspiration d'Athéna[35] —, les Grecs construisent un énorme[Én 3] cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et Néoptolème[Én 4],[36]. Puis les Achéens brûlent leur camp[36], embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, dans la baie de Besik, derrière l'île de Ténédos[Én 5]
38
+
39
+ En présence du cheval les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserver[Én 6]. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse Athéna[N 2],[Én 7],[37], les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par Thymétès[Én 8], prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :
40
+
41
+ Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes[Én 9]
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+
43
+ — Virgile, Énéide
44
+
45
+ « Quoi qu'il en soit, je redoute les Grecs, même porteurs de présents »
46
+
47
+ — Énéide
48
+
49
+ Et, joignant le geste à la parole, il jette un javelot dans le flanc du cheval ; on entend alors des gémissements[Én 10], qui sont sans aucun doute ceux des Grecs.
50
+
51
+ Un Grec, Sinon, resté sur la côte apparaît alors et faisant croire qu'il a été condamné par les Grecs et qu'il est donc prêt à les trahir[Én 11], tient le discours suivant :
52
+
53
+ « Calchas a voulu qu'ils fissent [du cheval] une énorme masse et que cette charpente s'élevât jusqu'au ciel, et qu'ainsi elle ne pût entrer par vos portes ni être introduite dans vos murs ni replacer le peuple de Troie sous la protection de son ancien culte[N 3]. Si vos mains profanaient cette offrande à Minerve, […] alors ce serait une immense ruine pour l'empire de Priam et pour les Phrygiens. Mais si, de vos propres mains, vous la faisiez monter dans votre ville, l'offensive d'une grande guerre conduirait l'Asie jusque sous les murs de Pélops[N 4],[Én 12]. »
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+
55
+ — Virgile, Énéide
56
+
57
+ Comme pour confirmer ses dires, deux serpents surgissent de la mer et se jettent sur Laocoon et sur ses enfants[Én 13], puis ils se réfugient dans le temple d'Athéna[Én 14]. Le message semble clair aux Troyens : Athéna leur est farouche, il faut donc l'apaiser. Ils n'ont pas pensé que peut-être c'était en raison d'offenses personnelles que Laocoon a pu faire à la déesse qu'il était puni[C 3]. Ils décident alors d'ouvrir une brèche dans les murs de la cité pour faire entrer l'offrande[Én 15]. À plusieurs reprises, lorsqu'ils déplacent l'engin, ils perçoivent des bruits à l'intérieur, qui sont ceux des armes grecques qui s'entrechoquent[Én 16]. Si on ajoute à ce signe les prédictions que Cassandre avait déjà faites auparavant[38],[39] et le bruit du javelot de Laocoon, on voit que c'est malgré des indices nombreux que les Troyens ont accepté l'offrande. Notons que selon certains[38], Priam aurait agi de sa propre initiative, et sans l'intervention de Sinon.
58
+
59
+ Une fois la nuit venue, un complice des Grecs fait des signaux lumineux depuis la cité pour les engager à attaquer. Pour les uns, c'est Hélène qui feint de mener une procession nocturne, accompagnée de flambeaux[Én 17] ; pour les autres, c'est Sinon qui allume un feu[40]. D'autres encore racontent qu'Hélène s'étant placée sous un cheval et imitant la voix des femmes des guerriers, les appelle. Ceux-ci sont tentés de répondre à cette voix familière, mais Ulysse réfrène leurs désirs[41],[42].
60
+
61
+ Il existe deux types de combats, rapproché et à distance. En combat rapproché, il y avait des haches doubles, des glaives et des dagues utilisées lors du corps à corps. Les lances sont en bronze et peuvent aussi bien être employées en combat rapproché qu’à distance. Les javelots sont très utilisés lors du combat à distance, ils comportent un propulseur qui est un lacet de cuir s’enroulant autour de la tige, ce qui renforce la puissance du jet. Les archers portent un carquois avec des flèches de fer sur le dos et utilisent un arc à double courbure. L’épée de bronze est droite et à double tranchant[43].
62
+
63
+ Concernant les protections, les soldats portent des jambières (cnémide), des boucliers ronds, des cuirasses, des plastrons ainsi que des casques. Les chefs sont privilégiés et portent des armures constituées de plaques de bronze qui pèsent l’équivalent de 20 kg. La cuirasse peut être ornée de traits qui soulignent les muscles. Portée sur une tunique courte, la cuirasse est formée de 2 plaques de métal réunies avec des crochets. Elle s’arrête sous la ceinture. Des bandes de cuirs prolongent la cuirasse. Le bouclier est toujours décoré de motifs divers. Les jambières sont en étain[44].
64
+
65
+ Les matériaux utilisés pour les armes sont principalement le bronze, l’argent, le fer, l’or et le cuivre. Les mines de fer se trouvent en Chypre, à Rhodes et en Eubée. Les mines d’argent sont au Sud d’Athènes. Et sur le Mont Pangée on trouve de l’or. Les mines de cuivre sont en Eubée[45].
66
+
67
+ Pour l'auteur comique latin Plaute, Troie est tombée en raison[46] :
68
+
69
+ Selon le devin grec Calchas[47], Troie ne peut être prise sans le concours de l'arc et les flèches d'Héraclès, c'est pourquoi les Grecs, après l'avoir lâchement laissé blessé à Lemnos, sollicitent le soutien de Philoctète qui en est le dépositaire.
70
+
71
+ Selon le Troyen Hélénos[48], qui selon Calchas connaît les oracles qui protègent la cité, et après avoir été capturé par Ulysse et contraint de les révéler aux Grecs, trois causes sont donc nécessaires à la prise de la ville :
72
+
73
+ L’Iliade et l’Odyssée sont les plus anciens récits qui nous soient parvenus au sujet de la guerre de Troie — le récit de Darès de Phrygie était censé être plus ancien, mais la version qui nous est parvenue est sans aucun doute beaucoup plus récente[C 4]. Néanmoins, à l'époque archaïque, ce sujet était l'un des préférés des aèdes et des poètes. Les œuvres épiques qui y étaient consacrées étaient donc nombreuses. L'ensemble de ces œuvres est nommé le « Cycle troyen ».
74
+
75
+ Pendant la période classique et surtout alexandrine, le sujet resta à la mode. De nombreux mythographes comme Proclos dans sa Chrestomathie, le pseudo-Apollodore dans sa Bibliothèque, ou Hygin dans ses Fables rédigèrent des résumés ou des analyses des événements décrits dans l’Iliade. À l'époque tardive fleurirent aussi des suites et des contre-récits. Ces derniers avaient pour but de présenter les événements sous un angle différent de celui adopté par Homère. En fait, nombre des détails ou des traditions associés pour nous à tel ou tel héros ne sont pas présentes dans l'œuvre homérique, mais proviennent de versions alternatives[N 5].
76
+
77
+ Virgile conta également dans son Énéide le récit d'un des héros troyens, Énée, fils d'Aphrodite, qui suivit sans le savoir les traces d'Ulysse, pour aller fonder une nouvelle Troie, Rome. C'est notamment par cette épopée qu'on connaît en détail l'épisode de la prise de Troie[Én 18].
78
+
79
+ Enfin, au Moyen Âge, des auteurs s'efforcèrent de mettre à la portée du public cultivé le contenu des œuvres grecques.
80
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81
+ Dans l'Antiquité, la guerre de Troie a inspiré aux tragédiens de nombreuses pièces. Ainsi Sophocle aurait écrit entre autres Le Rapt d’Hélène, Laocoon, Polyxène et Priam, mais ces pièces sont perdues. Deux tragédies conservées de Sophocle empruntent leur sujet à la guerre de Troie : Ajax (qui évoque la querelle entre Ulysse et Ajax fils de Télamon pour la possession des armes d'Achille après sa mort, puis le suicide d'Ajax)[C 5] et Philoctète (relatant le conflit entre Philoctète, héros de l'armée achéenne abandonné sur une île après avoir été atteint d'une blessure à l'odeur nauséabonde, et Ulysse et Néoptolème qui tentent de s'approprier son arc, car un oracle a annoncé que les Achéens ne pourront pas prendre Troie sans cette arme)[C 6]. D'Euripide, on a la chance d'avoir conservé, à propos de la guerre de Troie, plusieurs œuvres. Iphigénie à Aulis raconte le sacrifice d'Iphigénie. Hélène s'écarte de la version homérique en racontant comment Hélène s'est exilée en Égypte durant la guerre. Les Troyennes montre le devenir des femmes troyennes après la prise de leur cité, troisième volet d'une trilogie dont les deux autres ont été perdus. On peut voir dans sa forme linéaire, sans intrigue, un glissement du tragique théâtral à la réalité de la guerre[C 7].
82
+
83
+ L'influence de l’Iliade perdure pendant la Renaissance. En 1579, Robert Garnier compose la tragédie La Troade, qui évoque le sort des Troyennes après la prise de la ville, en rassemblant les sujets de plusieurs pièces d'Euripide et de Sénèque[49].
84
+
85
+ À l'époque classique, le thème est repris par Jean Racine, dans ses tragédies profanes Andromaque (1667) puis Iphigénie (1674). Les contraintes qu'il s'impose sont les mêmes que celles des tragiques grecs, mais les thèmes mythologiques sont surtout pour lui l'occasion d'évoquer les passions des héros.
86
+
87
+ À partir du XIXe siècle, le thème de la guerre de Troie, thème de violence, devient une voie pour évoquer des sentiments profonds ou des sujets polémiques. Ainsi, dans sa Penthésilée[C 8], Heinrich von Kleist donne un récit du rôle de la reine des Amazones dans la guerre de Troie. C'est pour lui l'occasion d'évoquer les sentiments violents qui s'opposent chez la protagoniste à un ordre social contraignant et qui ne reconnaît pas l'amour. De même, dans sa célèbre pièce La guerre de Troie n'aura pas lieu[C 9], Jean Giraudoux raconte la guerre mais surtout évoque le cynisme du monde politique et défend le pacifisme.
88
+
89
+ La guerre de Troie était un sujet classique de la Céramique grecque antique. Par exemple, le potier Exékias a effectué des représentations du récit. Certaines scènes du vase François montrent aussi des illustrations pertinentes.
90
+
91
+ Le sujet inspire au grec Polygnote du Ve siècle av. J.-C. des peintures disposées dans la Lesché des Cnidiens, un bâtiment à Delphes. Celles-ci sont disparues, mais le géographe Pausanias nous livre une description des différents tableaux nous permettant aujourd'hui d'en avoir une assez bonne vue d'ensemble. Carl Robert proposa une reconstruction en 1893[50],[51].
92
+
93
+ Le peintre italien rococo Giambattista Tiepolo, parmi les fresques de la mythologie romaine qu'il peintes en 1757 à la villa Valmarana, en a consacré plusieurs à des épisodes célèbres de l'Iliade et de l'Énéide. Son fils Giovanni Domenico Tiepolo reprendra ce thème vers 1760 avec deux tableaux consacrés au cheval de Troie, aujourd'hui exposés à la National Gallery[C 10].
94
+
95
+ Par ailleurs la guerre de Troie a bien sûr été abordée par le courant néoclassique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par exemple, Les Funérailles de Patrocle sont en 1779 pour Jacques-Louis David l'occasion de rendre hommage aux bas-reliefs antiques et aux maîtres de la Renaissance[C 11]. De même, Giuseppe Cades, s'inspirant du groupe du Laocoon, fait ressortir la grandeur tragique d'Achille dans son dessin Achille et Briséis[C 12].
96
+
97
+ G. B. Tiepolo, La Flotte grecque à Aulis, détail, villa Valmarana.
98
+
99
+ G. B. Tiepolo, Le Sacrifice d'Iphigénie, villa Valmarana.
100
+
101
+ G. B. Tiepolo, Eurybatès et Talthybios mènent Briséis à Agamemnon, villa Valmarana.
102
+
103
+ G. D. Tiepolo, Procession du cheval de Troie, National Gallery.
104
+
105
+ G. D. Tiepolo, Construction du cheval de Troie, National Gallery.
106
+
107
+ J.-L. David, Les Funérailles de Patrocle, National Gallery of Ireland.
108
+
109
+ G. Cades, Achille et Briséis, dessin, Musée Fabre, Montpellier.
110
+
111
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
112
+
113
+ Le célèbre groupe du Laocoon représente l'attaque du prêtre et de ses enfants par les serpents. Elle est célèbre pour son expressivité et sa beauté, au point que Pline l'Ancien écrit[52] : « il faut préférer [cette sculpture] à toute la peinture et toute la sculpture ».
114
+
115
+ La Belle Hélène, opéra-bouffe d'Offenbach de 1864, a pour thème la rencontre d'Hélène et de Pâris. En mars 1954, la comédie musicale américaine The Golden Apple s'inspire librement de l'intrigue des épopées d'Homère, transposées dans une semi-parodie qui se déroule dans l'État de Washington au début du XXe siècle
116
+
117
+ En bande dessinée, l'auteur américain Eric Shanower a entrepris d'écrire et de dessiner une série, L'Âge de bronze, qui doit relater en dix volumes la totalité de la guerre de Troie[C 13] dans une version rationalisée des événements où les éléments surnaturels sont écartés au profit d'une réflexion sur la psychologie des personnages humains[C 14].
118
+
119
+ On pourra également citer Valérie Mangin qui dans La Guerre des Dieux, troisième cycle des Chroniques de l'Antiquité galactique, relate les évènements de l’Iliade dans un premier tome, et ceux de l’Odyssée dans un deuxième. Valérie Mangin se rapproche plus de la version d'Homère, car elle présente la Guerre de Troie comme dirigée uniquement par les Dieux, les hommes n'étant que des marionnettes, objets des querelles divines[C 15].
120
+
121
+ Dans un registre tout autre, la bande-dessinée Alcibiade Didascaux, dans le tome L'extraordinaire aventure d'Alcibiade Didascaux, illustre de nombreux mythes grecs fondamentaux, dont ceux relatifs à la Guerre de Troie, apportant une vision légèrement humoristique des faits[C 16].
122
+
123
+ Le point le plus notable dans les adaptations cinématographiques de la Guerre de Troie est que parmi toutes les versions[C 17], une seule adopte le point de vue du texte homérique : L'ira di Achille[C 18]. Hormis le film Troie de Wolfgang Petersen (seul à donner un rôle notable à Briséis), les autres films délaissent souvent le personnage d'Achille alors que l'épopée homérique est centrée sur les actes et les paroles du fils de Pélée, cause des fluctuations de la guerre[53]. Beaucoup de films se focalisent sur Hélène ou sur les Troyens, censés montrer plus d'humanité que le cruel Achille[54]. L'un d'eux donne le rôle principal à Énée[C 19].
124
+
125
+ Racine dans son Andromaque[55] met en exergue les amours d'Hélène et de Pâris qui touchent davantage le cœur des Modernes. Quant aux héros grecs, on retient plus volontiers le rôle ingrat du mari jaloux Ménélas ou celui de l'assassin de sa fille Agamemnon. Ainsi la vision des Grecs s'est-elle inversée : les héros d'Homère sont devenus des personnages troubles qui ont maintenant le mauvais rôle.
126
+
127
+ C'est en fait le personnage d'Hélène qui a retenu le plus l'attention des metteurs en scène, renforçant ce constat d'inversion des valeurs par rapport à l’Iliade où les femmes ne sont que de simples objets d'échange (une femme habile à mille travaux vaut quatre bœufs)[il 27]. Hélène est devenue l'héroïne préférée des cinéastes, que ce soit en raison de son enlèvement comme cause de la guerre[C 20], de ses démêlés amoureux avec Pâris[C 21], de son intégration à Troie[C 22] ou encore de son retour en Grèce[C 23].
128
+
129
+ Ajoutons que le personnage d'Hélène a alimenté aussi l'imagination des réalisateurs de films pornographiques[C 24].
130
+
131
+ Parmi les nombreux films évoquant la guerre de Troie, on peut notamment citer :
132
+
133
+ Thucydide pensait lui que l’importance qu’Homère avait accordé au conflit était exagérée ; il écrit :
134
+
135
+ « la guerre de Troie elle-même, la plus célèbre des expéditions d'autrefois, apparaît en réalité inférieure à ce qu'on en a dit et à la renommée qui lui a été faite par les poètes »
136
+
137
+ — Thucydide, Guerre du Péloponnèse[56]
138
+
139
+ Dans le même état d'esprit, Hérodote dénonce l'invraisemblance du récit homérique :
140
+
141
+ « Si cette princesse eût été à Troie, on l'aurait sûrement rendue aux Grecs, soit qu'Alexandre y eût consenti ; soit qu'il s'y fût opposé. Priam et les princes de la famille royale n'étaient pas assez dépourvus de sens pour s'exposer à périr, eux, leurs enfants et leur ville, afin de conserver à Alexandre la possession d'Hélène. Supposons même qu'ils eussent été dans ces sentiments au commencement de la guerre, du moins, lorsqu'ils virent qu'il périssait tant de Troyens toutes les fois qu'on en venait aux mains avec les Grecs, et qu'en différents combats il en avait déjà coûté la vie à deux ou trois des enfants de Priam, ou même à un plus grand nombre, s'il faut en croire les poètes épiques ; quand Priam aurait été lui-même épris d'Hélène, je pense qu'il n'aurait pas balancé à la rendre aux Grecs, pour se délivrer de tant de maux. »
142
+
143
+ — Hérodote, Histoires[57]
144
+
145
+ Pausanias, pour sa part, sans donner son avis sur la guerre tout entière, donne une version plus rationnelle de l'épisode du cheval de Troie, considérant ce dernier comme une machine utilisée pour enfoncer les murs de la cité :
146
+
147
+ « À moins de croire les Phrygiens absolument dépourvus de bon sens, on sera convaincu que ce cheval était une machine de guerre inventée par Épéos pour renverser les murs de Troie. »
148
+
149
+ — Pausanias, Description de la Grèce[58]
150
+
151
+ Ainsi, bien que pour la plupart les Grecs la guerre de Troie a bien eu lieu, un certain recul par rapport aux récits qui en ont été faits est nécéssaire.
152
+
153
+ Étant donné l'incertitude qui règne autour de la réalité de cet épisode, il est évident que toute datation est hasardeuse. De nombreuses dates ont été proposées depuis l'Antiquité, toutes situées aux alentours du XIIe siècle av. J.-C..
154
+
155
+ La tradition historiographique grecque propose les dates suivantes[C 25].
156
+
157
+ On observe que l'intervalle le plus populaire parmi ces auteurs est situé entre 1194 et 1184 av. J.-C. D'après les calculs d'Ératosthène, la prise de Troie par les Achéens a lieu dans la nuit du 11 au 12 juin 1184 av. J.-C. lors d'une éclipse solaire[C 26].
158
+
159
+ La découverte en 1870 par l’archéologue amateur et homme d’affaires Heinrich Schliemann des ruines de la butte d’Hissarlik, en Turquie, identifiées comme étant celles de Troie, a relancé un vieux débat sur l’historicité des événements relatés par Homère. À l’heure actuelle, l’archéologie révèle sur ce site neuf niveaux de destructions pour des causes multiples (séismes, incendies, conflits) et de reconstructions, sans qu’il soit possible de relier l’un de ces niveaux en particulier à une guerre historiquement identifiable[80], et ce malgré Carl Blegen qui concluait en 1963, à l’issue de ses travaux réalisés à partir des fouilles de Schliemann et la découverte du « trésor de Priam »[C 27] :
160
+
161
+ « La guerre de Troie fut un fait historique, et pendant cette guerre une coalition d'Achéens ou Mycéniens, sous la conduite d'un roi dont la suzeraineté était reconnue, combattit contre le peuple de Troie et ses alliés. »
162
+
163
+ D'ailleurs, il fut attesté que le trésor en question datait du IIe millénaire av. J.-C., et qu'il ne pouvait donc pas être associé à l'épisode du siège de Troie[C 28].
164
+
165
+ Malgré tout, il existe des convergences entre le mythe et l'archéologie. Par exemple, il est question d'un casque dans l’Iliade :
166
+
167
+ « Et Mèrionès donna à Odysseus un arc, un carquois et une épée. Et le Laertiade mit sur sa tête un casque fait de peau, fortement lié, en dedans, de courroies, que les dents blanches d’un sanglier hérissaient de toutes parts au-dehors, et couvert de poils au milieu[il 28]. »
168
+
169
+ — Homère, Iliade
170
+
171
+ Or ce même type de casque a été retrouvé dans les édifices funéraires d'Argolide, d'Attique ou de Messénie, comportant des plaques incurvées taillées dans des dents de sanglier, et il est mentionné dans les inventaires des palais de Pylos et de Cnossos[C 29].
172
+
173
+ Pour Claude Mossé, on ne pourra jamais prouver avec certitude l’existence ou non du conflit homérique ; elle écrit[C 30] :
174
+
175
+ « Cette guerre dont l'Iliade porte l'écho amplifié ne fut peut-être dans l'histoire qu'un événement mineur : la prise par une petite bande de Grecs d'une bourgade d'Asie Mineure. »
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+ La question est donc discutée. On pourra en conclure que si le caractère mythique de l’épisode de la guerre de Troie est évident, les indices archéologiques récents laissent penser qu’il s’inspire probablement d’un ou de plusieurs conflits historiques[C 31],[C 32],[C 33],[C 34],[C 35].
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1
+ République d’Haïti
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+
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+ (ht) Repiblik Dayiti
4
+
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+ 18° 32′ 21″ N, 72° 20′ 11″ O
6
+
7
+ UTC -5 (été -4)
8
+
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+ modifier
10
+
11
+ Haïti, en forme longue République d’Haïti, (en créole haïtien : Ayiti, ou Repiblik Dayiti) est un pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île d'Hispaniola (soit 27 750 km2 environ), les deux tiers orientaux étant occupés par la République dominicaine. Sa capitale est Port-au-Prince et son point culminant est le pic la Selle (2 680 mètres d’altitude).
12
+
13
+ La défaite de l'armée du général de Rochambeau lors de la bataille de Vertières[5] en 1803 est à l’origine de la création de la république d’Haïti, qui devient en 1804 la première République noire indépendante du monde. Haïti est aussi le seul territoire francophone indépendant des Caraïbes.
14
+
15
+ Après avoir été une des premières destinations des Caraïbes dans les années 1950 à 1970 et avoir manqué la transition démocratique après la chute des Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc », et son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc »), Haïti, surnommée « la Perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, fait l'expérience d'une démocratie renaissante et tente de s’organiser et de se reconstruire après le violent séisme du 12 janvier 2010[6],[7].
16
+
17
+ Haïti est membre observateur et invité permanent de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA). En 2015, selon l'OMS, l'espérance de vie d'un Haïtien est de 63 ans (62 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes).
18
+
19
+ En plus de son hymne national, La Dessalinienne, Haïti fait également usage de deux autres hymnes : Quand nos Aïeux brisèrent leurs entraves (ou Hymne présidentiel) et Fière Haïti (ou Hymne à la jeunesse).
20
+
21
+ Chez les Taïnos, Ayiti signifierait, selon les versions, « terre des hautes montagnes »[8] ou « la montagne dans la mer »[9], ou « âpre terre »[10].
22
+
23
+ Lorsque les flibustiers français — qui ont d'abord envahi l'île de la Tortue au nord — migrent vers la partie occidentale de l'île d'Hispaniola, ils francisent en Saint-Domingue le nom de Santo Domingo, qui est celui de la capitale de l'île fondée par les Espagnols au sud-est de celle-ci.
24
+
25
+ De 1630 à 1664, ce nom reste informel jusqu'à ce que Colbert incorpore la « colonie de Saint-Domingue » à la Compagnie française des Indes occidentales. Le nom de Saint-Domingue sera confirmé par les traités de Ryswick (1697) et de Bâle (1795) pour désigner la partie occidentale (pars occidentalis) qui, durant cette période coloniale française, est aussi surnommée la « perle des Antilles ».
26
+
27
+ Le 1er janvier 1804, en déclarant l'indépendance du pays, Dessalines lui redonne le nom taïno d'origine, « Haïti », en honneur à ce peuple amérindien[11].
28
+
29
+ En créole haïtien, le pays est appelé Ayiti.
30
+
31
+ Situé à 87 km à l'est-sud-est de Cuba et frontalier de la République dominicaine, le territoire d'Haïti est principalement constitué par la partie occidentale de l'île d'Haïti que l'on nomme également « Terre haute ou montagneuse », à laquelle vient s'ajouter un certain nombre d'autres îles et archipels tels que :
32
+
33
+ L'île de la Navasse est considérée comme étant une des îles mineures éloignées des États-Unis, mais est néanmoins revendiquée par Haïti.
34
+
35
+ Le relief de la « Terre montagneuse » est généralement constitué de montagnes escarpées avec de petites plaines côtières et des vallées. Comme pour l'île entière, celui de la république d'Haïti est formé de deux bandes montagneuses principales séparée par la plaine du Cul-de-Sac : l'une au Nord, où s'élèvent la chaîne du Haut-Piton, le massif des Montagnes Noires et la chaîne des Matheux ; l'autre au sud, constituée par le massif du pic la Selle et le massif de la Hotte.
36
+
37
+ Malgré la déforestation à grande échelle sur l'ensemble du territoire national, Haïti possède encore des zones boisées qui s'étendent sur le pays voisin qu'est la République dominicaine. Ainsi ces deux États partagent la forêt de pins de l'île d'Hispaniola qui couvre encore une partie du massif du pic la Selle et du massif de la Hotte.
38
+
39
+ La partie centrale et l'est forment un grand plateau d'altitude. Le principal fleuve haïtien est l'Artibonite.
40
+
41
+ Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans une zone sismique active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et la plaque caraïbe au sud, rendent le pays particulièrement vulnérable aux tremblements de terre. Celui du 12 janvier 2010, se révéla être le plus grand séisme jamais enregistré dans ce pays, dévastant notamment la région de la capitale Port-au-Prince, faisant plus de 300 000 morts, et des millions de sans abris.
42
+
43
+ En 1925, 60 % des forêts originelles d'Haïti étaient déjà détruites, chiffre qui atteint aujourd'hui 70 à 80 %[12], à la fois pour se procurer du bois de feu et pour créer des surfaces agricoles. En outre, l'érosion due à la déforestation a causé des inondations périodiques, comme le 17 septembre 2004, lorsque la tempête tropicale Jeanne a tué plus de 3 000 personnes et détruit des routes, en particulier dans la ville des Gonaïves.
44
+
45
+ Dès 1926, apparaissent les premières lois de protection. D’autres espaces seront progressivement ajoutés, notamment en 1969 et en 2013. En 1974, est créé le Parc de la Visite et celui de Macaya.
46
+
47
+ décret
48
+
49
+ Le climat est tropical. La saison des pluies s'étend d'avril à juin puis d'octobre à novembre. La saison des ouragans s’étend du mois de juin jusqu’à la fin du mois de novembre. En octobre 2016, l'ouragan Matthew a fait plus de 1 000 morts[14]. Dans l'intérieur du pays, le climat devient rapidement de plus en plus aride du fait de la déforestation.
50
+
51
+ Les précipitations baissent depuis 1980, mais elles deviennent de plus en plus brutales avec des inondations, causées par une terre durcie, qui devient rapidement boueuse. Pendant les périodes estivales, dans l'intérieur des terres, le thermomètre peut rapidement dépasser les 40 °C, mais sur la côte, l'influence des courants marins nuance la température de 30 °C à 35 °C. La pluie et la chaleur provoquent une grande érosion des sols causant régulièrement des glissements de terrains ou des éboulements qui souvent peuvent être meurtriers.
52
+
53
+ En Haïti, il existe des espèces endémiques de papillons telles qu’Abaeis nicippiformis (es)[15], de fleurs (orchidées…) et autres propres à l'île. Les gros reptiles sont représentés par le crocodile américain (Crocodylus acutus).
54
+
55
+ En 1790, la population de la colonie, alors nommée Saint-Domingue, s’élevait à environ 500 000 personnes dont 38 360 Européens, 433 270 Africains ayant le statut d’esclave et 28 370 hommes de couleur libres. Haïti a même été qualifié de petit « bout d'Afrique »[16].
56
+
57
+ Dans les années 1880, elle comprenait environ 570 000 habitants.
58
+
59
+ La population d'Haïti est estimée à 11 911 819 habitants en 2018[17] dont environ 52 % vivent en milieu urbain[18]. La grande majorité de la population est de religion chrétienne[19]. Haïti est le deuxième pays le plus peuplé des Caraïbes, juste derrière Cuba.
60
+
61
+ La plus grande agglomération est la capitale Port-au-Prince avec près de 2 300 000 habitants (est. 2009), suivie du Cap-Haïtien avec 250 000 habitants environ.
62
+
63
+ 80 à 85 % de la population haïtienne est d'ascendance africaine tandis que les 15 à 20 % restants sont issus de métissage (la plus grande proportion se trouvant dans le sud de l'île) ou sont d'origine européenne (française, italienne, allemande, polonaise, portugaise, espagnole). Une proportion de population d'origine arabe, arménienne, juive ou encore indienne (de l'Inde) et asiatique est aussi constatée.
64
+
65
+ Haïti possède deux langues officielles :
66
+
67
+ Quasiment tous les Haïtiens parlent le créole comme leur première langue tandis qu'une minorité d'entre eux, soit 40 %, maîtrise le français appris au cours de leur scolarité ou qu'ils peuvent entendre à la radio et à la télévision et lire dans la presse[22].
68
+
69
+ Haïti fait partie de la francophonie et est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis sa création. Haïti est également membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
70
+
71
+ Sur le plan international, l’entrée d’Haïti à l’Union panaméricaine, l'actuelle OEA (Organisation des États américains), a permis au français de devenir l'une des langues officielles de travail de cet organisme ; et lors de la conférence de Bretton Woods, où l'utilisation du français comme langue de travail à l'Organisation des Nations unies naissante ne fut décidée que par une voix de majorité, Haïti avait voté en faveur de cette décision[23].
72
+
73
+ Haïti fut membre fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la création de celle-ci le 20 mars 1970.
74
+
75
+ Dans chaque chef-lieu de département, il existe un centre de l'Alliance française. Dans la plupart des cas, les locaux sont offerts par la municipalité et des bénévoles haïtiens collaborent au rayonnement culturel de l'Alliance.
76
+
77
+ Malgré une influence croissante de l’anglais découlant de la proximité géographique avec les États-Unis, le français reste en Haïti une langue vivante et très utilisée.
78
+
79
+ En décembre 2010, Max Jean-Louis, jeune Haïtien alors âgé de 20 ans, est élu administrateur du Centre de la francophonie des Amériques, situé à Québec[24].
80
+
81
+ Les maires des villes haïtiennes de Cap-Haïtien, Pétion-Ville, Carrefour et Port-au-Prince sont membres de l'Association internationale des maires francophones[25],[26].
82
+
83
+ En 2013, l'écrivain haïtien Dany Laferrière est élu au premier tour à l'Académie française. L'auteur de nombreux succès, Laferrière a notamment commencé sa carrière littéraire par le roman Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer.
84
+
85
+ Enfin, on peut aussi noter la présence de l'Institut français en Haïti, qui veille également au rayonnement de la langue française dans le pays[27].
86
+
87
+ En raison de la diaspora haïtienne installée en République dominicaine, aux États-Unis (notamment à Miami et à New York) et aussi de la forte présence passée de Brésiliens (MINUSTAH et missionnaires) dans le pays, un certain nombre d'Haïtiens savent s'exprimer couramment en espagnol, en anglais ou en portugais.
88
+
89
+ Une autre partie de cette diaspora s'est dirigée vers les pays ou régions francophones comme la France et les départements français d'Amérique, le Canada (au Québec et notamment à Montréal), la Belgique et la Suisse. Récemment, des dizaines de milliers d'Haïtiens se sont installés au Chili et au Brésil.
90
+
91
+ Selon le CIA World factbook[3], la distribution des religions est la suivante :
92
+
93
+ Le vodou (vaudou), religion originaire du Bénin et apportée par les esclaves noirs sur l’Île, a été reconnu officiellement comme religion en 2003 sous l'administration du président Jean-Bertrand Aristide[28]. De nombreux Haïtiens pratiquent le vodou tout en se déclarant d'une autre religion, principalement le catholicisme.
94
+
95
+ Les peuples de culture arawak, caraïbe et taïno occupent l’île avant l’arrivée des Espagnols. Christophe Colomb, débarquant le 5 décembre 1492, la nomme Hispaniola, alors que les indigènes la nommaient de trois façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio. On estime qu’environ 100 000 indigènes peuplaient l’île d'Hispaniola à la fin du XVe siècle.
96
+
97
+ Les Espagnols exploitent l’île pour son or. Les Amérindiens refusant de travailler dans les mines sont massacrés et réduits en esclavage ; les rares personnes qui réussissent à s’échapper trouvent refuge dans les montagnes et sont marginalisées et fortement paupérisées. Les maladies infectieuses arrivées avec les Européens font des ravages. Les mauvais traitements, la dénutrition et la baisse de natalité font le reste : la population indigène est exterminée en quelques décennies.
98
+
99
+ Les Espagnols font alors venir d’Afrique des esclaves noirs déportés. En 1517, Charles Quint autorise la traite des esclaves, qu’il interdira dès la décennie suivante, mais sans succès, pas plus qu’ensuite le pape Paul III.
100
+
101
+ La partie ouest d’Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les colons espagnols, qui la laissent vide. Des boucaniers français s’y installent, malgré plusieurs expéditions militaires espagnoles. Au XVIIe siècle, sous l’autorité du cardinal de Richelieu, l’installation française s’institutionnalise. L’île de la Tortue, au nord-ouest d’Hispaniola, devient le siège de la flibuste. Ces aventuriers gagnent peu à peu la « Grande terre » : en 1654, ils créent la première ville de la future Saint-Domingue : Petit-Goâve. Le premier gouverneur de la colonie est Bertrand d’Ogeron, nommé en 1665. Sachant se faire accepter des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de Français qui s’engagent à travailler trois ans avant de devenir propriétaires de terres (on les appelait les « 36 mois ») et celle de « filles à marier »[29]. Il favorise la plantation de tabac. Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers peu portée à accepter l’autorité royale jusqu’aux années 1660. Bertrand d’Ogeron attire aussi des colons de Martinique et de Guadeloupe.
102
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103
+ Mais en 1670-1690 intervient la crise du tabac et un grand nombre de places sont abandonnées. Les rangs de la flibuste grossissent, les pillages, comme ceux de Vera Cruz en 1683 ou de Campêche en 1686, se multiplient et Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l’ordre en prenant un grand nombre de mesures. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676. Il encourage la création de plantations d’indigo et de canne à sucre. Le premier moulin à sucre est créé en 1685. Enfin, il réglemente l'esclavage en préparant le Code noir (qui sera promulgué en 1685, après sa mort). Avant l'adoption de ce code l'esclavage était théoriquement interdit mais largement pratiqué dans la réalité. L'ensemble de ces actions permet l'essor économique de la colonie.
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+ À la suite du traité de Ryswick de 1697 et à l'accession au trône d'Espagne d'un petit-fils de Louis XIV, les Espagnols renoncent à contester la souveraineté de la France sur le tiers occidental de l'île. La France officialise le nom de Saint-Domingue, pour cette partie. C’est alors que viennent de France de nombreux colons qui développent les plantations ou travaillent dans celles-ci. De 1713 à 1787, 30 000 Français viennent grossir le nombre des colons présents dans la partie ouest de l’île.
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+ Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers jusqu’aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane, où ils s’installent dans des Postes établis par la France et administrés par des militaires.
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+ Vers 1790, Saint-Domingue est la colonie française la plus riche d'Amérique grâce aux profits immenses de l'industrie sucrière et de celle de l’indigo générés par le travail des esclaves. Des dizaines de milliers d'Africains avaient été amenés chaque année comme esclaves pour faire fonctionner ces industries (dans les années 1780, ils sont déportés dans la colonie au rythme de 36 000 par an pour remplacer leurs prédécesseurs morts à la tâche[30][source insuffisante]) ; leur sort est juridiquement encadré par le Code noir, mais, dans les faits, ils subissent des traitements souvent pires que ceux dudit code. Leur nombre (400 000) est dix fois plus élevé que celui des Blancs, avec une centaine de milliers d'Africains amenés à Saint-Domingue pendant les 10 ans précédant la Révolution française[31].
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+ Avant la Révolution une Société des amis des Noirs est créée en France en 1788, elle se donne pour objectif d'obtenir l'abolition de l'esclavage. La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux dans les petites Antilles comme à Saint-Domingue. De nombreux députés français réclament l'abolition comme l'abbé Grégoire. S'ensuit une révolte des esclaves qui aboutit en 1793 à l’abolition de l'esclavage par les commissaires civils Sonthonax et Polverel, décision avalisée et généralisée à l’ensemble des colonies françaises par la Convention six mois plus tard (première abolition de l'esclavage le 16 pluviôse an II, donc le 4 février 1794). Les députés français étaient occupés jusqu'en 1794 par la révolte des Vendéens, des girondins et par la défense et la reconquête du territoire français. La grande majorité des non-esclaves ayant fui la colonie, soient-ils Européens ou gens de couleur, les plantations et habitations du pays sont collectivisées par le gouvernement provisionnel et mises sous le contrôle des cultivateurs[31].
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+ Toussaint Louverture, nommé gouverneur général à vie de Saint-Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chasse les Espagnols et les Anglais qui menaçaient la colonie. La promulgation d’une constitution autonomiste lui permet de développer la cohésion des citoyens de l'île. L'abolition ayant entraîné le ralliement à l'Angleterre des autres colonies française, Napoléon Bonaparte, sous l’influence des Créoles (Français — et Espagnols — nés sur l’une des îles des Antilles, plus tard en Louisiane aussi) et des négociants, décide de rétablir l'esclavage. Il envoie une expédition de 30 000 hommes sous les ordres de son beau-frère, le général Leclerc, avec pour mission de démettre Louverture et rétablir l'esclavage. Aux États-Unis, les riches planteurs prennent peur et contribuent à financer l’expédition pour mater ce qu'ils perçoivent comme une révolte d'esclaves[32]. Mais, après quelques victoires, l’arrestation (faux rendez-vous diplomatique, avec promesse de Bonaparte de sauf-conduit, non respectée[33]) et la déportation de Toussaint Louverture, arrêté le 7 juin 1802, les troupes françaises commandées par Donatien de Rochambeau, décimées par la fièvre jaune, sont battues à la bataille de Vertières par Jean-Jacques Dessalines, qui avait rejoint l'insurrection.
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+ Au terme d’une double bataille, la Déclaration d’indépendance[34] du pays est proclamée le 1er janvier 1804. Le nom d'Haïti (ancien nom de l'île du temps des Indiens Caraïbes) est donné au pays. Haïti est le premier pays au monde issu d'une révolte d'esclaves.
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+ Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes. L’histoire rapporte qu’il exécuta la plupart des quelque 10 000 Blancs restés sur l’île et gouverna en despote. Il est assassiné à son tour le 17 octobre 1806 par des mulâtres. Le pays se divise alors en deux : un royaume au nord, commandé par le roi Henri Christophe, et une république au sud, dirigée par le mulâtre Alexandre Pétion.
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+ Le président Pétion initie des négociations pour la reconnaissance d’Haïti en 1814. Elles durent jusqu’en 1824. Le 11 juillet 1825, le roi de France Charles X promulgue une ordonnance reconnaissant l’indépendance du pays contre une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée par Louis-Philippe Ier en 1838 à 90 millions de francs). Les efforts d’Haïti pour payer l’indemnité entraveront significativement son développement[35]. En 1822, le président Jean-Pierre Boyer réunifie les deux parties nord et sud et conquiert la partie est de l'île, colonie espagnole. Le 27 février 1844, malgré les attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine se déclare à nouveau indépendante ; l'occupation de la partie espagnole de l'île d'Hispaniola pendant ces 22 années par les Haïtiens — qui y commettent exactions et abus de pouvoir à répétition — a ainsi laissé un fort mauvais souvenir aux Dominicains.
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+ Une longue succession de coups d’État suit le départ de Jean-Pierre Boyer. Le président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846 la mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, bannie par ses prédécesseurs. Le pouvoir ne cesse d’être contesté par des factions de l’armée, les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée majoritairement d’étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais). Le pays s’appauvrit, peu de chefs d’État se préoccupent de son développement. Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues par les candidats à la succession.
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+ En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République : il transforme le pays en empire d'Haïti le 25 août 1849 et devient Faustin Ier. Despote, il fuit le pays à la suite d'un soulèvement populaire en 1859.
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+ Depuis 1906, le pays est dans le champ d'application de la « diplomatie du dollar » et le département d’État fait pression en 1910-1911 sur Port-au-Prince pour assurer l'entrée de la Citibank dans le capital de la Banque nationale. Depuis, la National City Bank s’emploie à conquérir de l'intérieur l'institution tout en essayant d'acculer les gouvernements haïtiens, endettés, à accepter le contrôle des douanes. En décembre 1914, des troupes américaines s’emparent de fonds publics contenus dans la banque et les transfèrent aux États-Unis, malgré les protestations haïtiennes contre un « acte de piraterie internationale »[36].
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+ Le vice-président de la Banque nationale, Roger L. Farnham, définit le plan qui sera adopté par le département d’État. Il s'agit, à la faveur d'une occupation militaire, de contrôler l’ensemble de l’administration et ainsi de favoriser les intérêts économiques américains dans le pays. En dépit d'une forte pénétration par les capitaux américains de l’économie haïtienne (chemins de fer, transports urbains, électricité, etc.), la Constitution refusait aux étrangers le droit de propriété immobilière, les tenant éloignés de nombreux secteurs (sucre, café, coton, tabac, bois, etc.)[36].
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+ En dehors des interférences américaines, le pays est en état d’insurrection quasi permanente. De 1910 à 1915, cinq présidents se succèdent, situation qui culmine dans l'exécution de 167 prisonniers politiques le 27 juillet 1915, suivie d'une révolte populaire qui renverse le gouvernement et met à mort le président Vilbrun Guillaume Sam. Cette révolution, menée par Rosalvo Bobo, qui s'opposait notamment au rapprochement du pays avec les États-Unis, ne plait pas à ces derniers mais la décision d'envahir Haïti était déjà prise avant le renversement de Vilbrun Guillaume Sam[36].
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+ Décidant d'intervenir par la force, les États-Unis, dont des soldats étaient présents sur l'île depuis 1914[37], envahissent le pays et établissent par un traité leur domination militaire, commerciale et financière. Une nouvelle Constitution est écrite par les États-Unis et instaurée en 1918. L'instauration du travail forcé et le racisme des Marines favorisent les recrutements par la résistance nationaliste, dirigée par Charlemagne Péralte, qui comprend 5 000 combattants permanents et 15 000 irréguliers. La zone de la guérilla concerne essentiellement le Nord et le Nord-Est du pays[36].
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+ Après de multiples combats aux abords de certaines grandes villes, les rebelles donnent l'assaut à la capitale, Port-au-Prince, le 7 octobre 1919. Les forces d'occupation américaines peuvent compter sur leur avantage matériel : utilisation de mitrailleuses, avions de reconnaissance, missions de patrouilles et de mitraillage par des hydravions. La liberté de circulation à l'intérieur du pays est supprimée par l'occupant avec l'instauration de passeports intérieurs, et, surtout, la répression frappe régulièrement la population civile, au point que le commandement général des Marines reconnaisse la réalité de « tueries sans discrimination » dans les campagnes de contre-insurrection. Des paysans sont internés dans des camps de concentration sous prétexte de nécessité militaire de regroupement. En trois ans, 5 500 paysans y seraient morts[36].
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+ Charlemagne Péralte est assassiné le 1er novembre 1919, un espion ayant conduit les Marines jusqu'à lui. Benoît Batraville reprend le commandement et parvient à maintenir l'activité de la guérilla, mais est tué au combat le 18 mai 1920. Après la mort de ses chefs, démoralisée, la guérilla s'éteint progressivement. L'occupation prend fin en 1934[36].
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+ Après la fin de l'occupation, l’instabilité politique (entre militaires mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s’achève qu’à partir de 1957 avec l'élection de Duvalier, dont le régime, basé sur le principe du pouvoir au plus grand nombre, durera jusqu’en 1986.
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+ Partisan de la lutte contre les mulâtres qui contrôlent l'armée et qui ont précédemment renversé le noiriste Dumarsais Estimé, François Duvalier (surnommé « Papa Doc » pour son passé de médecin de campagne) assied son pouvoir personnel grâce à la délation et alimente la terreur à l’aide de ses partisans, surnommés Tontons Macoutes, véritables escadrons de la mort. Mettant en place un culte de la personnalité, il s'autoproclame président à vie en 1967 et meurt de maladie en 1971 après avoir désigné son fils Jean-Claude comme héritier. Ce dernier deviendra alors le plus jeune président du monde[38] et sera surnommé « Baby Doc ». La dictature de la dynastie Duvalier est responsable de nombreuses tueries, de massacres d’opposants et de civils, tel celui de la ville de Jérémie (connu sous le nom « Vêpres jérémiennes ») en 1964. Elle pousse de nombreux Haïtiens à s'exiler, notamment aux États-Unis et au Canada, où certains, partisans du pouvoir aux plus capables et qui avaient jusque-là monopolisé le pouvoir politique et militaire, se posent en victimes du régime.
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+ En 1986, après avoir répondu par la violence à une suite de manifestations, Jean-Claude Duvalier démissionne et s'exile en France sous la pression du peuple et des États-Unis. Il laisse le pouvoir aux six membres du Conseil national de gouvernement (en) qu'il a formé, et qui est mené par le commandant en chef des armées Henri Namphy. Le régime des Duvalier laisse environ 50 000 morts et le pays ruiné : pour la seule période allant de janvier 1983 à février 1986, Jean-Claude Duvalier et neuf de ses proches avaient détourné à leur profit 120 575 000 dollars dans les caisses des entreprises publiques et de l’État haïtien[35]. En 1988, un tribunal de Miami reconnu que Jean-Claude Duvalier avait « détourné plus de 504 millions de dollars d’argent public »[39].
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+ Après la chute de la dictature, les créditeurs du pays insistèrent pour que les Haïtiens honorent la dette contractée par les Duvalier, estimée à 844 millions de dollars et dont une grande partie était due à des institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La légalité de ces remboursements, alors qu’une grande partie de cette dette n'a pas été dépensée en Haïti mais détournée par les responsables du régime, a été contestée par certaines hommes politiques et observateurs. Cephas Lumina, l’expert indépendant des Nations-Unies sur la dette extérieure, a soutenu que « le cas d’Haïti est l’un des exemples les plus frappants de dette odieuse dans le monde. Rien que pour cette raison, la dette devrait être annulée sans conditions »[39].
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+ Des élections générales sont organisées pour novembre 1987 mais sont annulées après des tirs de militaires et d'anciens Tontons Macoutes sur des dizaines de civils le jour du vote. Elles sont suivies par des élections en janvier 1988 qui voient Leslie Manigat et son Rassemblement des démocrates nationaux progressistes l’emporter. Toutefois, le gouvernement est renversé en juin par un coup d’État militaire mené par le général Namphy, qui est lui-même démis du pouvoir par un second coup d'État militaire en septembre, mené par le général Prosper Avril, qui avait du quitter le Conseil national de gouvernement après des manifestations populaires protestant contre sa proximité avec les Duvalier. Ce second coup d’État fait suite au massacre de St-Jean-Bosco le 11 septembre, par des hommes non identifiés mais considérés généralement comme d'anciens Macoutes. Des dizaines de fidèles sont ainsi tués dans l'église catholique de St-Jean-Bosco à Port-au-Prince, la paroisse de l'influent prêtre Jean-Bertrand Aristide (qui survit à l'attentat), un des critiques les plus notoires de la famille Duvalier. Ce massacre, qui dure trois heures, est suivi selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme de déclarations à la télévision nationale de participants à l'attentat, qui menacent de commettre à nouveau de tels actes, montrant ainsi la proximité du pouvoir en place avec les ex-Macoutes[40]. Le gouvernement militaire d'Avril se maintient en place jusqu'en mars 1990.
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+ Malgré la fuite de Duvalier, ses ex-Macoutes et paramilitaires continuent de mener des opérations punitives contre des journalistes et militants politiques. Entre 1986 et 1990, plus de mille cinq cents personnes sont assassinées par ces groupes[35].
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+ Les élections législatives et présidentielle de décembre 1990 se déroulent de façon régulière et en présence d'observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand Aristide, partisan d'une plus grande justice sociale et proche du courant de la théologie de la libération, est élu à la présidence avec 66, 7 % des voix[41]. Cette consultation marquée par une forte participation, a été boycottée par les duvaliéristes[42]. Ceux-ci considèrent que l'élection de J.-B. Aristide a été un « coup d'État électoral ». En janvier 1991, Roger Lafontant, ancien chef des tontons macoutes, tente de renverser le gouvernement mais les soldats loyalistes parviennent à obtenir sa reddition. Le mandat d'Aristide débute le 7 février 1991, mais un coup d’État sanglant mené par Raoul Cédras et des militaires (soutenus par l'oligarchie marchande) l'oblige en septembre à s’exiler aux États-Unis. Pendant trois ans, les milices (que d'aucuns estiment soutenues par les États-Unis[43],[44],[45]) intimident la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient constitué la base de la résistance aux Duvalier et l’appui à l’élection d'Aristide. La plus importante de ces forces paramilitaires, le FRAPH, avait été fondée par un supposé agent de la CIA Emmanuel Constant[46],[47]. La dictature laisse environ quatre mille morts[48].
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+ En octobre 1994, Aristide est rétabli au pouvoir par l'administration de Bill Clinton, lors de l’opération « Rétablir la démocratie »[49] à la condition de renoncer à récupérer les années perdues lors de l’intermède militaire et de se plier à un programme néolibéral[50],[51],[52], surnommé « plan de la mort » par une partie des Haïtiens[53]. Il s’agissait en partie du programme[54] de son opposant lors des dernières élections, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, Marc Bazin[55]. Son retour fut par ailleurs marqué par le démantèlement de l'armée, corrompue, prévaricatrice et vecteur d'instabilité politique.
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+ Aristide quitte la présidence en 1996 et René Préval lui succède. Malgré son appartenance à Lavalas, le parti d'Aristide, il n'est soutenu que du bout des lèvres par l'ancien président. Il applique immédiatement le plan américain[56], ce qui provoque un véritable tollé dans l'île.
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+ Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l’ONU[57]. Des inondations provoquent la mort de 2 000 personnes en mai 2004. En septembre de la même année, une tempête tropicale laisse derrière elle 2 200 morts et disparus et quelque 300 000 sinistrés[41].
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+ Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale, plus particulièrement par la France (avec l'intervention de Régis Debray et Véronique de Villepin-Albanel) et les États-Unis, Aristide est obligé, lors de la révolte populaire du 29 février 2004, de quitter le pays avec un commando des forces spéciales des États-Unis[58]. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.
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+ En mars 2004, les résultats d'une commission d'enquête sur Haïti, dirigée par l'ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient participé à la fourniture d'armes et à la formation des rebelles haïtiens dans ce pays ». La commission a constaté que 200 soldats des forces spéciales américaines avaient été envoyés en République dominicaine pour participer à des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président dominicain Hipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière, précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient régulièrement des attaques contre les installations de l'État haïtien »[59].
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+ En février 2006, à la suite d'élections marquées par des incertitudes sur le décompte des bulletins de vote, et grâce à l'appui de manifestations populaires, René Préval est élu.
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+ Du 14 mai 2011 au 6 février 2016, Michel Martelly est président de la République. Durant son mandat, il décide de récréer l'armée haïtienne.
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+ La corruption, déjà importante, devient plus visible sous sa présidence. Le scandale PetroCaribe en est emblématique : des hommes d'affaires et hommes politiques proches du pouvoir détournent à leur profit une grande partie de l'aide économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l’amélioration des services publics[60].
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+ À la fin de son mandat, aucun successeur n'est élu et un gouvernement provisoire lui succède.
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+ En novembre 2016, Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle avec 54 % des voix.
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+ Dès le mois de mai 2017, des milliers d’ouvriers employés par les industries textiles des zones franches prennent régulièrement la rue pour demander une hausse du salaire minimum, alors fixé à 300 gourdes (4 euros) par jour, mais leurs revendications restent ignorées. Les mobilisations sont renforcées en septembre par d'autres secteurs de la population en protestation contre le vote du budget de l’État. Celui-ci prévoit une hausse supplémentaire de taxes affectant l’ensemble de la population. En revanche, les tarifs douaniers qui s’appliquent au riz, par exemple (passés de 35 % à 3 % en 1994), n’évoluent pas, condamnant Haïti à la dépendance : 80 % du riz consommé sur place est importé, dans un marché contrôlé par une poignée d’importateurs richissismes. La libéralisation de l'économique est accentuée afin d'attirer les investissements étrangers, alors que l’environnement, la santé et l’éducation restent délaissés[60].
172
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173
+ En février 2019, une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu’à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même provoquent d'importantes manifestations contre le gouvernement[61].
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+ La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur général de l’Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : « Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu’elles ont pris l’allure d’une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l’île à l’état de néo-colonie[62]. Du 15 septembre à début octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuées et près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet 2018 par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux »[62].
176
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+ Entre août et septembre 2008, quatre cyclones (« Hanna », « Ike », « Fay » et « Gustave ») frappent le pays[61]. Bien que la contribution d’Haïti au changement climatique soit négligeable (les émissions de CO2 par habitant représentent, en 2010, 1 % de celles des États-Unis), le pays est l'un des plus exposés aux conséquences[39].
178
+
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+ Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l’échelle de Richter frappe l’Ouest d’Haïti et notamment sa capitale, Port-au-Prince. Le foyer (ou l'hypocentre) du séisme a été localisé à 10 km de profondeur. Ce violent tremblement de terre est survenu à 16 h 53 (16 h 53 min 10,4 s), heure locale. Il est suivi de plus d’une centaine de répliques. Il s'agit du séisme le plus important et le plus meurtrier de l’histoire d’Haïti, allant jusqu'à désorganiser totalement le fonctionnement de l’État, à l’image de l’effondrement de plusieurs bâtiments publics comme le palais présidentiel qui entraîna la mort de plusieurs cadres du gouvernement. Le président Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive y échappent de peu. De plus, des milliers de détenus alors incarcérés à la prison de Port-au-Prince se sont échappés, à la suite de l’effondrement de celle-ci, fragilisant encore plus une situation sécuritaire déjà précaire.
180
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+ La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut également dévastée par l’écroulement de son quartier général à Port-au-Prince : plus de 150 Casques bleus dont le chef de mission Hédi Annabi et son adjoint sont morts. Le bilan de ce cataclysme sismique s’élève, au 24 février 2010, à plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-abris. Mais le général Ken Keen, qui dirige la force spéciale américaine en Haïti, a évoqué celui de 150 000 à 200 000 morts comme « hypothèse de travail ». Barack Obama parle « de la plus grande catastrophe humanitaire qu’aient eu à gérer les États-Unis d'Amérique ». Les États-Unis y ont dépêché sur place 16 000 militaires, l’Union européenne 1 500[63].
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+ Étant donné qu’il sera impossible de déblayer tous les gravats à courte échéance, les autorités haïtiennes envisagent de reconstruire plusieurs quartiers de Port-au-Prince aux alentours de la capitale haïtienne.
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+ Le 20 janvier 2010, à six heures (heure locale), une réplique de magnitude 6,1 sur l’échelle de Richter, ressentie à soixante kilomètres à l’ouest de la capitale en ruine, frappe à nouveau le pays.
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+ Le 22 janvier 2010, un effort « mondial » (mobilisant notamment le Canada, les États-Unis et la France) est consenti afin de recueillir plus d’un milliard de dollars dans un fonds d’aide.
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+ Le 16 février 2010, le coût de reconstruction de la capitale haïtienne et de ses environs est estimé entre huit et quatorze milliards de dollars. En septembre 2010, l'ONU indique que Haïti n'a reçu que 20 % de l'aide économique internationale promise[61].
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+ En octobre 2010, dans des circonstances peu claires, une épidémie de choléra a éclaté. Elle a démarré le long d'un affluent du fleuve Artibonite[64], la rivière Meye, et a rapidement atteint toutes les zones en aval le long de l'Artibonite ; un rapport amène à penser que la souche microbienne aurait été importée lors de l'arrivée de soldats népalais de l'ONU[65].
192
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193
+ En décembre 2011, le ministère haïtien de la Santé et de la Population dénombrait plus de 6 500 morts dues à cette épidémie de choléra. Alors que l'épidémie n'avait pas encore été arrêtée, à la mi-mai 2012, ce même ministère décomptait plus de 540 000 cas de contagions parmi lesquels 7 000 décès[66].
194
+
195
+ Après avoir balayé les Caraïbes, fait quatre morts en République dominicaine et poussé à l'évacuation plusieurs milliers d'habitants, le dangereux cyclone Matthew s'abattait sur la presqu'île du Sud faisant de nombreux morts et causant d'importants dégâts matériels dans la nuit du 3 au 4 octobre 2016.
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+ Matthew a frappé Haïti mardi à 7 h 0 avec des vents atteignant 230 km/h, détruisant des dizaines de maisons et menaçant notamment quatre millions d’enfants dans un pays totalement démuni déjà fragilisé par le séisme dévastateur de 2010.
198
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199
+ Selon un bilan partiel des autorités, 372 morts, des villages et des plantations furent inondés et l'on déplore la perte du bétail emporté par les eaux en furie[67].
200
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201
+ Haïti est une république démocratique indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre et sociale. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens âgés de dix-huit ans et plus.
202
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203
+ Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, le Premier ministre et son cabinet, le pouvoir exécutif ayant pour rôle de faire exécuter et respecter les lois.
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205
+ Le président est le chef de l'armée et veille à la bonne marche des institutions de l'État. L'actuel président est Jovenel Moïse.
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207
+ Le chef du gouvernement est le Premier ministre, qui conduit la politique de la nation selon la vision du président, nomme et révoque les fonctionnaires de l’État. L'actuel Premier ministre est Joseph Jouthe. Le président ne peut être mis à pied que par une mise en accusation de la Chambre des députés et le Sénat qui l'érige en haute cour de justice. Le Premier ministre ne peut pas être révoqué par le président de la République, mais peut être interpellé par l'une des deux chambres et renvoyé après un vote de censure.
208
+
209
+ Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée nationale[68] constituée par deux chambres : le Sénat et la Chambre des députés qui sont indépendants.
210
+
211
+ Le parlement vote le budget de la République et déclare la guerre, le Sénat approuve la nomination du chef de la police, du commandant en chef de l'armée, les ambassadeurs et suggère au président une liste des personnages qui doivent faire partie de la cour de cassation et en une seule chambre, ils désignent trois noms pour les représenter au conseil électoral, trois noms au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la cour constitutionnelle. L'actuel président du Sénat, qui est aussi de facto le président de l'Assemblée nationale est Carl Murat Cantave.
212
+
213
+ Le pouvoir judiciaire est exercé par une Cour de cassation, les Cours d'appel, les tribunaux de première instance, les tribunaux de paix et les tribunaux spéciaux. La plus haute instance juridique du pays est la Cour de cassation et suivant la publication de la nouvelle constitution amendée sous le président René Préval, Haïti se voit dotée d'une Cour constitutionnelle chargée d'assurer la constitutionnalité des lois. Elle est garante de la constitutionnalité de la loi, des règlements et des actes administratifs du Pouvoir exécutif. Ses décisions ne sont susceptibles d'aucun recours. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est aussi créé pour renforcer la neutralité de la justice et joue son rôle administratif au sein du pouvoir judiciaire[69].
214
+
215
+ Haïti est divisée en 10 départements, 40 arrondissements, 146 communes et 565 sections communales.
216
+
217
+ Chacune de ces divisions dispose d'un numéro d'identification délivré par l'Ihsi.
218
+
219
+ La capitale d'Haïti est Port-au-Prince, c'est la plus grande ville du pays. La métropole du Nord ou encore Cap-Haïtien est la seconde ville du pays. De par son rang d'ancienne capitale notamment sous la colonie française, de son architecture puis aussi de par son rôle dans les combats pour l'indépendance, elle demeure comme un emblème de l'histoire haïtienne.
220
+
221
+ Il existe aussi ce qui est couramment appelé le « onzième département », représentant les quelque deux millions d’Haïtiens vivant à l’extérieur du pays : la diaspora haïtienne.
222
+
223
+ Haïti, surnommée « la perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, était la plus prospère des colonies françaises[70]. Après son indépendance en 1804, aucun chef d'État français ne la visite officiellement jusqu'en 2010, lorsque Nicolas Sarkozy s'y rend, suivi en 2015 de François Hollande[71]. Haïti entretient notamment des relations avec la France à travers l'Organisation internationale de la francophonie (voir section Haïti et la francophonie).
224
+
225
+ Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est marquant. Les personnes fortunées d’Haïti ne représentent que 20 % de la population, mais possèdent à elles seules 63 % de la richesse du pays, ce qui ne laisse que 9 % des richesses aux plus démunis[72].
226
+
227
+ La réduction du chômage reste un défi à relever pour les autorités haïtiennes[73]. De plus, Haïti souffre d’une inflation élevée et d’un manque d’investissement à cause de l’insécurité, des infrastructures limitées et d'un manque de confiance. Le gouvernement dépend en grande partie de l’aide internationale pour construire son budget annuel.
228
+
229
+ Chaque année, pour la saison de la récolte de la canne à sucre, environ vingt-cinq mille Haïtiens rejoignent la République dominicaine. Pour beaucoup, ils se retrouvent à la merci des grands propriétaires dominicains ; leurs papiers leur sont confisqués à leur arrivée et ils sont entassés dans des baraquements parfois entourés de barbelés, sans eau potable ni électricité. Ils doivent travailler de l’aube à la tombée de la nuit pour un salaire très faible et les punitions peuvent aller jusqu'aux mutilations. Leur situation est dénoncée comme une forme d'esclavage contemporain par des journalistes[74]. La récolte terminée, la grande majorité de ces travailleurs, endettés et en situation illégale, ne peuvent quitter le pays. Leurs enfants, dont le nombre était estimé à 250 000 en 2008, ne sont pas reconnus par les autorités et sont apatrides, le plus souvent sans accès à l’école ni aux soins médicaux et pour la plupart forcés de travailler dans les plantations dès qu’ils atteignent l’âge de tenir une machette[75].
230
+
231
+ Les transferts d’argent venant de la diaspora haïtienne demeurent néanmoins une importante source de devises pour le pays, puisqu’ils représentent 30 % du produit intérieur brut et deux fois la valeur des exportations. Pour les transferts d'argent vers l'extérieur, un prélèvement de 1,5 dollar américain est fait selon un arrêté présidentiel pour appuyer le programme de scolarité gratuite créé par le président de la République Michel Martelly. En 2017, ces transferts provenaient principalement des États-Unis , du Canada, de la France ainsi que du Chili dont les transferts représentaient selon la Banque centrale chilienne 92 millions de dollars américains, soit 12,65 % des transferts en provenance de cet État sud-américain[76].
232
+
233
+ Dans son rapport de mars 2019, la Mission des Nations unies pour l'appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l’ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d’urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant en situation d’insécurité alimentaire « et ont besoin d’une aide humanitaire à cet égard »[61].
234
+
235
+ Les principales ressources naturelles d’Haïti sont la bauxite, le cuivre, le carbonate de calcium, la pierre à chaux, l’or, la marne et l'hydroélectricité. Seule la bauxite a été exploitée commercialement à une échelle significative[77].
236
+
237
+ Cependant, c’est l’agriculture qui emploie l'essentiel de la main-d'œuvre avec plus des deux tiers de la population en âge de travailler. Les exploitations agricoles sont, avant tout, des fermes de subsistance, de dimensions restreintes. Le café, le cacao, le sisal, le coton, les mangues comptent parmi les produits destinés à l'exportation. L’explosion démographique et le manque de compétitivité par rapport aux produits importés ont affaibli considérablement ce secteur, dont la production se trouve de plus en plus destinée au marché intérieur avec des produits tels le maïs, le riz, les fruits.
238
+
239
+ La capitale, Port-au-Prince, concentre la majorité des activités industrielles du pays : les principales productions y sont les composants électroniques, le textile et les balles de baseball.
240
+
241
+ Surnommée autrefois la « perle des Antilles », Haïti bénéficie d'un climat tropical, d'une température moyenne de 30 degrés Celsius[réf. nécessaire] et 364 jours de soleil par an[réf. nécessaire]. Le tourisme en Haïti est à la fois culturel, avec des forts, dont la citadelle La Ferrière et le palais de Sans-Souci et des villes comme Labadie ainsi que naturel, avec les plages d'eau turquoise de Jacmel.
242
+
243
+ Après l'embargo contre Cuba décidé par le président américain John Fitzgerald Kennedy en 1962 (et levé partiellement en 2000 seulement), Haïti devient un lieu de villégiatures pour riches touristes américains[78].
244
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245
+ La station balnéaire de Labadie.
246
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247
+ Le paquebot de croisière Liberty of the Seas (classe Freedom), à Labadie.
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249
+ Vue de la citadelle La Ferrière, dans le Nord du pays.
250
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251
+ Decameron SPA à Montrouis, sur la cote des Arcadins.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
254
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255
+ Les principaux partenaires commerciaux de la république d'Haïti sont les États-Unis, la République dominicaine, le Canada, la France et l’Allemagne.
256
+
257
+ En octobre 2008, le Congrès américain a voté la loi HOPE II (HOPE pour Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement : « opportunité hémisphérique par l’encouragement aux partenariats », sachant que « hope » signifie « espoir » en anglais), pour permettre aux produits manufacturiers, particulièrement le textile d’avoir accès sans tarif douanier au marché américain.
258
+
259
+ Les programmes sociaux établis par le gouvernement sont limités, en dépit d’une nette augmentation en 2009. Certaines agences offrent des pensions de retraite et des allocations pour les accidents du travail. L'accès aux emprunts est faible, 2 % du crédit du système bancaire finance le secteur agricole et le développement rural.
260
+
261
+ Haïti reçoit également des aides multiformes venant de l’intérieur de son propre pays. Plusieurs associations, institutions et fondations participent à la reconstruction du pays et à son développement. Parmi ces organismes, la Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti (FONDTAH), qui élabore le développement d'un tourisme alternatif adapté aux conditions du pays. La FONDTAH participe avec la Société d’exploitation du Parc naturel Quisqueya (SODEPA) de Fonds-Parisien, l'Association des artistes et artisans de la Croix-des-Bouquets (ADDAC), l'Association pour le développement de Bas-Boën (ADEBABO), le ministère de l’agriculture et celui de l'environnement, au développement du village de réfugiés du cataclysme dans la section communale de Fonds-Parisien située sur la commune de Ganthier dans le département de l'Ouest d'Haïti[79].
262
+
263
+ D’autres organismes et associations contribuent au développement du pays et à l’aide multiforme, notamment depuis le tremblement de terre de 2010. Parmi ces organismes, il y a des institutions haïtiennes parmi lesquelles l'Institut de technologie et d'animation, le Collectif du Financement Populaire (KOFIP), le Conseil national de financement populaire ; ainsi que des associations françaises telles que Handicap International, Aide et Action, sans oublier les actions de l'Unicef , celle du Programme alimentaire mondial et de the 410 Bridge[80], une ONG américaine dont le quartier général est basé à Atlanta. World Vision International (ou Vision du monde) est un organisme international luttant contre la pauvreté un peu partout en Haïti depuis 1959[81].
264
+
265
+ La Banque mondiale (BM), avec l’assistance du gouvernement haïtien, a identifié trois domaines qui demandent le plus de soutien à la suite du tremblement de terre de 2010. Le premier consiste à augmenter les possibilités économiques à l’extérieur de la capitale, c’est-à-dire de développer les énergies renouvelables. Ensuite, le pays doit renforcer l’accès aux services humanitaires avec l’amélioration des écoles et du service de la santé et, finalement, il doit améliorer les protections en cas de catastrophes naturelles, en renforçant les infrastructures, les ponts et les routes[82].
266
+
267
+ Le Venezuela apporte une aide économique de près de 4 milliards de dollars dans le cadre de l'accord Petrocaribe pour financer des projets sociaux. Une part importante de cette aide a été détournée, en particulier sous l'administration de Michel Martelly[61].
268
+
269
+ Le 17 avril 1825, le roi de France Charles X concède « l’indépendance pleine et entière » à l’ex-colonie d’esclaves française moyennant une somme de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs). Cette somme sera obtenue après avoir contracté une dette qui ne sera remboursée en totalité qu’en 1972[83].
270
+
271
+ Dans les années 1880, les finances publiques sont dans un extrême désordre vu l'instabilité politique persistante. Le revenu est évalué à 21,5 millions de francs et les dépenses au double de cette somme. La dette publique s'élève alors à 12 millions de piastres fortes (1 piastre valant 5 francs) dont 308 000 piastres pour le solde de la dette française (1 540 000 francs)[84].
272
+
273
+ Le 7 avril 2003, le président Jean-Bertrand Aristide a réclamé officiellement à la France près de 21,7 milliards de dollars en « restitution et réparation » de la dette.
274
+
275
+ Parallèlement une dette extérieure totale de 1,2 milliard de dollars « s’est construite sur la dette de l’indépendance », notamment sous « la dictature des Duvalier entre 1957 et 1986, [qui] a ravagé et fortement endetté le pays », indique encore le Comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM)[85]. Cette association estime que le régime des Duvalier est responsable à lui seul de 550 millions de dollars de la dette extérieure du pays.
276
+
277
+ Le 24 décembre 2003, le CADTM a réclamé l’annulation de la dette qualifiée d’« illégitime et odieuse » de Haïti, à la veille du bicentenaire de l’indépendance de la République caraïbe.
278
+
279
+ Sans nier une dette de la France à l’égard de leur pays, l’opposition et les intellectuels de la diaspora refusent de s’associer à une demande émanant d’un régime aussi corrompu et peu démocratique que celui du président Aristide[86].
280
+
281
+ En 2009, à la suite de l’Initiative pays pauvres très endettés, 1,2 milliard de dollars de dette ont été annulés par la Banque mondiale et le FMI[87]. Début 2010, la dette extérieure est évaluée par Oxfam International à 890 millions de dollars soit 734 millions d’euros[88].
282
+
283
+ En 2007, le pays présentait un déficit important en services sociaux de base : éducation, eau, santé, assainissement.
284
+
285
+ La part du budget de l’État consacrée à la santé est passée de 16,6 % en 2004 à 4,3 % en 2018[89].
286
+
287
+ Elle est peu développée mais en 2008, 428 personnes sur 1 000 disposent d'un téléphone mobile, tandis que 300 personnes ont accès à internet et le nombre de postes de télévision est d'environ une soixantaine dans la capitale et les autres villes[90]. Néanmoins, grâce à l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques et fournisseurs d'accès à internet à l'instar de la Natcom[91], entreprise haitiano-vietnamienne, en 2011 et l'extension du réseau de la Digicel, beaucoup de progrès sont réalisés dans ce secteur. La jeunesse est très connectée.
288
+
289
+ Le taux d'alphabétisation est évalué à 62 %[92].
290
+
291
+ Le système éducatif haïtien reste confronté à d’énormes défis malgré le bond significatif du niveau de fréquentation scolaire (77 % en 2012, EMMUS V, contre 50 % en 2005, selon EMMUS 4), le Programme scolaire universel gratuit et obligatoire (PSUGO), la forte demande d’éducation et le soutien de la communauté internationale.
292
+
293
+ L’accès demeure encore limité sans compter que la qualité et la gouvernance constituent un défi majeur. Entre autres facteurs ayant conduit à cette situation, on peut citer les contraintes budgétaires se traduisant par un investissement public très limité dans le secteur (autour de 10 % du budget en moyenne), la pauvreté massive de plus de 70 % de la population, une législation inadéquate, des normes et pratiques sociales défavorables, des crises récurrentes telles que les désastres naturels (notamment le séisme du 12 janvier 2010), de même que les capacités organisationnelles et de gestion très limitées du Ministère de l’Éducation nationale.
294
+
295
+ Selon le dernier recensement scolaire (2011) seul 20 % de l’offre éducative vient du secteur public, le reste étant entre les mains du secteur non-public, la plupart du temps géré sans réglementation et opérant en dessous des normes minimales de qualité. Malgré son importance avérée, l’accès à des activités ciblant les jeunes enfants (0–5 ans) demeure très limité (67 % de taux brut de scolarisation au préscolaire 3–5 ans, MENFP 2011). La faiblesse de la qualité se traduit notamment par des taux moyens de redoublement de 15 % et des taux d’abandon autour de 13 %. Combiné aux entrées tardives, ces facteurs augmentent la proportion des sur-âgés à l’école fondamentale (65 %). On note que le taux de survie en 5e année du primaire est faible (25 %). Cette situation préoccupante s’explique en grande partie par la proportion élevée d’enseignants non qualifiés (plus de 65 %), les conditions d’apprentissage défavorables, et la non-application des normes et standards pouvant garantir un enseignement de qualité. Parmi les enfants les plus affectés par l’accès limité ainsi que l’absence de qualité, on peut citer ceux du milieu rural, ceux des familles pauvres des bidonvilles des grands centres urbains, les enfants séparés de leur famille (centres résidentiels, enfants en domesticité, enfants des rues), les enfants handicapés et les enfants déplacés.
296
+
297
+ Pour l’UNICEF, les principaux défis à relever sont :
298
+
299
+ L'artisanat haïtien est riche et varié. Citons :
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+ Symbole
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+ Haïti a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+
3
+ République du Kosovo
4
+
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+ (sq) Republika e Kosovës
6
+
7
+ 42° 40′ N, 21° 10′ E
8
+
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+ modifier
10
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+ Le Kosovo (en albanais : Kosova ou Kosovë, en serbe : Kosovo, Косово), en forme longue la république du Kosovo (en albanais : Republika e Kosovës, en serbe : Republika Kosovo, Република Косово), également appelé officiellement par les autorités serbes Kosovo-et-Métochie (en serbe : Kosovo i Metohija, serbe : Косово и Метохија)[8], est un territoire au statut contesté situé en Europe du Sud, plus particulièrement dans les Balkans et en ex-Yougoslavie.
12
+
13
+ Sa déclaration d'indépendance le 17 février 2008, avec Pristina comme capitale, est constestée par la Serbie pour qui il s’agit d’une province autonome, et n’est reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne. En mars 2020, sur les 193 membres souverains des Nations unies, 92 figurent sur la liste des États qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo, 96 pays sont contre et cinq autres se sont abstenus[9],[10].
14
+
15
+ Le gouvernement kosovar exerce de facto son pouvoir sur la majorité du territoire ; sa partie nord, 15 % de la région avec une population à majorité serbe[11], est contrôlée par les Serbes du Kosovo et revendique son maintien au sein de la Serbie[12]. Un échange territorial avec la vallée de Preševo/Preshevë, peuplée d'une majorité d'Albanais est régulièrement évoqué[13],[14],[15],[16],[17] afin de régler le conflit.
16
+
17
+ Ce territoire à majorité albanaise et ayant une minorité serbe a appartenu à différents États lors de son histoire. Enlevé à Byzance par la Serbie en 1170, le territoire est occupé par l'Empire ottoman en 1459 et fait de nouveau partie de la Serbie depuis le traité de Bucarest de 1913 mettant fin à la deuxième guerre balkanique, puis devient, après la Seconde Guerre mondiale une province autonome de la Serbie au sein des différentes Yougoslavies, avant d'être placé sous administration de l’ONU le 10 juin 1999 en vertu de la résolution 1244 des Nations unies reconnaissant l'intégrité territoriale de la Serbie, à la suite des violents conflits qui ont opposé les autorités serbes aux séparatistes albanais et à des bombardements de l'OTAN lors de l'opération force alliée à la fin des années 1990. Depuis les accords de paix de Koumanovo, datés du même jour, une force de l’OTAN, la KFOR, assure la paix et l’ordre dans cette région.
18
+
19
+ La région possède différentes dénominations. Le nom Kosovo est parfois francisé en Kossovo[18], parfois conservé sous la forme albanaise Kosova[19], autrefois francisé en Cossovie[19],[20] (adjectif : cossovar[19]) ; d'autres variantes sont parfois utilisées : Kasova, Casova[21],[22], Casoua. Le nom antique de Dardanie[19],[20] est de plus en plus employé.
20
+
21
+ Le terme « Kosovo », en serbe, désigne la vaste plaine constituant la partie orientale du pays telle qu’on la connaît actuellement. Le terme se rapporte à la bataille de Kosovo Polje, où l'armée serbe combattait les Ottomans qui voulaient occuper la Serbie[23]. Kos signifie « merle » en serbe (à rapprocher du grec ancien κόσσυφος / kóssuphos) et -ovo est un suffixe serbe indiquant l'appartenance. Kosovo signifie donc « des merles », Kosovo Polje se traduisant par « Champ des Merles ».
22
+
23
+ Une autre étymologie dériverait le terme Kosova ou Kosovo du turc ancien « Koh- soh- vah » signifiant aussi « Champ des Merles »[24].
24
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25
+ Les Illyriens apparaissent au XXe siècle av. J.-C., à une époque charnière entre l’âge du bronze et l’âge du fer. Ils constituent un royaume englobant une grande partie de la région balkanique. Les Illyriens sont considérés par certains auteurs comme les ancêtres directs, tant par leur culture que par leur langue, des actuels Albanais. Les Illyriens étaient divisés en plusieurs clans : les Taulantes, Ardianes, Dardaniens, etc. L'actuel Kosovo se trouvait alors essentiellement compris dans la région peuplée par les Dardaniens qui vivaient aussi dans une partie de l’actuelle Albanie du nord, du sud de la Serbie et du nord de la Macédoine du Nord jusqu’aux environs de Skopje. Après la conquête romaine, survenue aux alentours de 28 av. J.-C., les Dardaniens sont progressivement romanisés et l’ancienne colonie grecque de Naissus (actuelle Niš), située en Dardanie orientale, devient un carrefour stratégique de la province romaine de Mésie supérieure. Elle est même la ville natale de l’empereur Constantin qui fera de la Dardanie une province romaine à part entière en 284.
26
+
27
+ La chute de l’Empire romain marque le début de nombreuses invasions barbares slaves dans la péninsule balkanique, qui touchèrent aussi bien la Dardanie que les autres régions des Balkans. Dès le Ve siècle, des tribus déferlent en masse, parvenant à s’implanter jusqu’en Thessalie, et ce dans l'ensemble des Balkans, certaines tribus étant même allées jusque dans le Péloponnèse. En cette même période, les Avars s’installent dans la contrée et asservissent vers le sud[pas clair], en conquérant la majeure partie de l’actuel Kosovo, n’échouant que devant Lipljan car confronté à de forts contingents byzantins. La Rascie, y compris ses terres méridionales, passe de nouveau sous domination byzantine après la mort de Vukan en 1115. À la fin du XIe siècle, la dynastie serbe des Nemanjić parvient à étendre considérablement à déplacer le centre de gravité des terres slaves. À la mort de Dušan en 1355 et à la suite de la dissolution de l'empire serbe, la majeure partie du Kosovo se trouve alors sous la domination du prince serbe Vuk Branković. À cette époque, associé aux territoires du prince Lazar, le pays de Vuk Brankovič devient prospère. D’anciens marchés se transforment également en villes prospères comme Pristina, Vushtrri ou encore Peć.
28
+
29
+ En 1371, la bataille de la Maritsa ouvre aux Ottomans la porte des Balkans.
30
+
31
+ Dès le milieu du XIVe siècle, les Ottomans obtiennent des Byzantins une tête de pont en Europe (péninsule de Gallipoli), puis se frayent en quelques décennies un chemin jusqu'au cœur des Balkans. Le sultan Mourad, fort de ses nombreuses conquêtes sur les anciens domaines byzantins, décide de lancer une offensive contre les pays balkaniques au printemps 1389, accompagné de ses fils Jakub et Bayezid. De l’autre côté, le prince Lazar Hrebeljanović parvient à réunir une puissante armée en ralliant ses alliés, dont Vuk Branković et le roi de Bosnie Tvrtko Ier. La bataille de Kosovo Polje, le 15 juin 1389, ou « bataille du Champ des merles » (selon sa traduction en français), marque un tournant majeur dans l’histoire du Kosovo et de la Serbie : progressivement, les princes serbes acceptent de devenir vassaux du nouveau sultan Bayezid Ier.
32
+
33
+ En septembre 1448, une armée de croisés et de mercenaires venus de Hongrie, de Pologne, de Valachie, de Bohême et d’Allemagne, commandée par le chevalier hongrois Jean Hunyadi, traverse la Serbie et parvient jusqu’au Kosovo. Une grande bataille s’y engage du 17 au 19 octobre 1448, contre l’armée du sultan Mourad II, au cours de laquelle les croisés subissent un terrible revers.
34
+
35
+ En 1455, L'Empire Ottoman fait un recensement ethnique des familles du Kosovo de façon à établir une politique de gouvernance, 46 étaient albanais et 13.000 serbes, ce document existe encore et se trouve dans les archives turques à Istanbul. Détail intéressant, le recensement turc touche aussi le nord de l'Albanie actuelle qui lui aussi est peuplé à très grande majorité de familles serbes, puisque sur 89 villages, 3 sont à majorité albanaise et 86 à majorité serbe. Le document est également connu sous le nom "habitants des terres des Brankovic"[25],[26],[27],[28]. Le recensement de 1455 indique également qu'au Kosovo, il y a 480 communes, villes et villages (voir : Defter de 1455 (en)).
36
+
37
+ Au Kosovo, la conversion des Serbes à l’islam commence rapidement bien qu’elle reste faible dans cette partie de l'Empire. Dans certaines régions pauvres, il arrive que des villages entiers se convertissent afin de ne plus payer le djizîa et d’autres charges. L’invasion de l’Empire ottoman met fin également au système féodal qui régnait encore dans cette région. Les Ottomans, connaissant à cette époque une expansion culturelle sans précédent, transforment le pays au moyen d’une structure sociale et administrative beaucoup plus développée. Ils installent aussi des colons albanais convertis à l'Islam dans la région.
38
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39
+ En 1557, Sokollu Mehmet Pacha décide d’accorder à l’Église serbe la restauration du patriarcat de Peć. Cependant, alors que l’empire des Habsbourg est en guerre avec l’Empire ottoman, les Autrichiens prennent des mesures pour favoriser la création d’une zone militaire tampon entre les deux territoires. Après l’échec du second siège de Vienne, en septembre 1683, l’Empire ottoman reflue face aux Autrichiens qui, avec l’aide des Serbes et de tribus albanaises catholiques, traversent le Kosovo en 1689 et parviennent jusqu’à Skopje en Macédoine.
40
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+ Jusqu'à la Grande migration serbe de 1690, le Kosovo était fortement lié au peuple serbe par son histoire et son peuplement. Si on ne peut établir clairement l'identité ethnique de la région à cette époque, on peut supposer qu'elle était en grande partie composée de Serbes et vraisemblablement déjà d'Albanais. Cependant, la grande migration de 1690 aura pour effet de vider le Kosovo d'une partie plus qu'importante de sa population serbe orthodoxe, on l'estime à 200 000 individus. Ainsi, c'est probablement à partir de cette époque que l'identité albanaise du Kosovo s'est réellement installée.
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+ À l’hiver 1878, le congrès de Berlin accorde officiellement l’indépendance à la Serbie ou, plus exactement lui accorde les terres au nord du Kosovo. Quant au Kosovo, il reste dans l'Empire ottoman. Ayant étendu les frontières du nouvel État serbe aux régions de Niš, Pirot, Toplica et Vranje, plusieurs milliers d'Albanais, les Muhaxheri (réfugiés) habitant la région de Toplica près de Niš, sont chassés vers le Kosovo resté sous domination ottomane. En 1912, les États balkaniques nouvellement affranchis de l’occupation ottomane décident d’unir leurs forces afin de libérer les terres restant sous contrôle ottoman. Soutenus par la Russie, ils repoussent les Ottomans aux portes de Constantinople. Tragiquement, une nouvelle guerre a lieu en 1913 et oppose cette fois les anciens alliés : la deuxième guerre balkanique. À l’origine d’un désaccord sur le partage des précédentes conquêtes, cette guerre se solde par la victoire de la Serbie. Réunie à Londres, le 17 décembre 1912, la conférence des ambassadeurs refuse à la Serbie, sous pression de l’Autriche-Hongrie, l’accès à la mer qu’elle convoitait par la vallée du Drin (Drim en serbe) mais, sous pression française et russe, lui octroie le Kosovo et la Macédoine.
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+ Après le premier conflit mondial, le 1er décembre 1918, naît le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, État qui se veut rassembler tous les Slaves du sud en son sein comme l’avaient imaginé certains intellectuels serbes et croates des XVIIIe et XIXe siècles. Le nouveau royaume regroupe les régions balkaniques slaves anciennement contrôlées par l’Empire austro-hongrois (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et Voïvodine serbe) ainsi que l’État serbe indépendant et le Monténégro qui s'était réunifié à la Serbie quelque temps auparavant. La dictature du roi de Serbie ne fait qu’amplifier les tensions nationalistes. Le Kosovo, après avoir été occupé par l’armée serbe, est incorporé au royaume et formellement rattaché au nouvel État. Le monarque, tout en matant la résistance des Kaçaks, Albanais qui résistent à cette reconquête, et des Comitadjis de Macédoine, entreprend de « désalbaniser » la région en encourageant les Albanais à partir et en y favorisant la réinstallation de familles serbes et monténégrines.
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+ Le Kosovo, la Métochie et une partie du Monténégro se voient inclus dans l’État d’Albanie sous contrôle de l’Italie fasciste. Tito reconnaît à la conférence de Bujan le « droit des Albanais à l'autodétermination ». Cependant, après que Tito eut rompu ses relations avec Joseph Staline, le 28 juin 1948, le parti communiste albanais sous la direction d’Enver Hoxha prend le parti de Staline. La frontière du Kosovo avec l’Albanie est alors fermée et Tito interdit aux 100 000 serbes chassés du Kosovo pendant la 2nde guerre mondiale d'y revenir[29]. La constitution yougoslave est amendée en vue d’accorder plus de contenu à l’autonomie de Kosovo, la « province socialiste autonome du Kosovo » étant formellement déclarée depuis 1945. Cet effort culmine avec la constitution de février 1974 où la république socialiste de Serbie perd tout droit de regard sur les affaires internes du Kosovo : celui-ci est directement représenté dans les instances fédérales, « à égalité de droit » des républiques et des provinces autonomes ainsi que des peuples et des nationalités.
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+ Articles détaillés : Bosnie-Herzégovine, Croatie, république serbe de Krajina, république fédérative socialiste de Yougoslavie et Yougoslavie.
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+ En mars 1981, des manifestations d’Albanais réclamant le statut de république tournent à l’émeute : la répression serbe fait des dizaines de morts et des centaines de blessés du côté albanais[30]. Slobodan Milošević, devenu deuxième homme du Parti communiste yougoslave, met en œuvre deux coups de force dans les provinces autonomes et républiques liées à la Serbie : « Révolution des yaourts » en 1988 en Voïvodine et « Révolution antibureaucratique » au Monténégro en janvier 1989. Puis, il décide de supprimer l’autonomie constitutionnelle du Kosovo en mars 1989. Des chefs politiques albanais s’organisent en conséquence contre la suppression d’autonomie du Kosovo. Le 2 juillet 1990, une majorité des députés chassés du Parlement publient une « déclaration constitutionnelle » faisant du Kosovo une république. Puis, après le référendum des mois de septembre et octobre 1991, l’indépendance du Kosovo est proclamée. Ibrahim Rugova met sur pied une société parallèle au Kosovo : il remporte des élections clandestines et devient président de la république du Kosovo. Déçus par l’indifférence de la communauté internationale, certains Albanais rejettent l’autorité de Rugova.
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+ En 1997, l’Armée de libération du Kosovo connue sous son acronyme UÇK (en albanais Ushtria Çlirimtare e Kosovës et en serbe Oslobodilačka Vojska Kosova) profite du pillage des arsenaux en Albanie pour s’équiper et entreprendre une campagne de guérilla : elle revendique plusieurs attentats contre l’armée et la police serbes. En réponse à ces actions, et surtout pour neutraliser son opposition par une nouvelle guerre, Milošević massacre en février et mars 1998 les familles de guérilleros présumés, provoquant une insurrection massive. Cette insurrection lui permet ensuite, sous prétexte de contre-terrorisme, de lancer une campagne de destruction de dizaines de milliers de maisons, chassant plus d'un million d'Albanais du Kosovo vers l’Albanie, la Macédoine et le Monténégro[réf. nécessaire].
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+ Après leur expérience en Croatie puis en Bosnie-Herzégovine et craignant une extension du conflit à la Macédoine, les pays occidentaux décident de réagir. C'est à cette période que le gouvernement allemand présente le plan Fer-à-cheval visant à la déportation des Albanais du Kosovo, mais dont l'authenticité fait débat. Finalement, entre le 24 mars 1999 et le 10 juin 1999, l’OTAN procède à des frappes aériennes sur la Serbie (Opération Force alliée) et contraint Milošević à se retirer du Kosovo. La région passe sous l’administration des Nations unies en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité en date du 10 juin 1999. Près d’un million de Kosovars reviennent progressivement sur leurs terres et, en compagnie d'autres ONG internationales, la Centrale sanitaire suisse apporte une aide médicale à ces populations en détresse.
56
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+ De 1999 à 2008, le statut final du Kosovo est indéterminé, ce qui paralyse son développement politique et contribue à une situation sociale tendue. En droit international, la résolution 1244, tout en affirmant le caractère provisoire de ce statut, affirme l'attachement de l'ONU à l'intégrité territoriale de la république fédérale de Yougoslavie, remplacée en février 2003 par la Serbie-et-Monténégro dont la Serbie est l'héritière politique.
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+ Le 2 novembre 2005, l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari est mandaté par l’ONU afin de superviser les négociations entre le gouvernement serbe et le gouvernement kosovar sur le statut final du Kosovo. Après le décès du président Ibrahim Rugova, figure emblématique du mouvement indépendantiste albanais, le 21 janvier 2006, des pourparlers entre le gouvernement du Kosovo, la diplomatie européenne et le gouvernement serbe prennent place à Vienne entre mars 2006 et mars 2007. Le 26 mars 2007, Ahtisaari soumet ses propositions sur le statut final du Kosovo au Conseil de sécurité des Nations unies. Il prévoit d’accorder au Kosovo le statut d’État indépendant, possédant ses propres symboles, sa constitution et son armée, sous le contrôle de la communauté internationale. Les États-Unis étaient favorables à l’indépendance de la province, alors que la Russie et la Serbie affirment que cette indépendance serait contraire au principe de l’unité territoriale de la Serbie défendu par la résolution 1244[31].
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+ Le 17 février 2008, le parlement de la province, réuni en session extraordinaire, vote le texte présenté par le Premier ministre Hashim Thaçi proclamant l'indépendance du Kosovo :
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+ «  Nous proclamons l’indépendance du Kosovo, État indépendant et démocratique […] À partir de maintenant, le Kosovo a changé de position politique, nous sommes désormais un État indépendant, libre et souverain[32]. »
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+ Le nouveau gouvernement de la république du Kosovo n'exerce toutefois pas un contrôle réel sur la partie nord du pays, les populations d'origine serbe étant majoritaires dans les communes de Zvečan, Zubin Potok et de Leposavić et de Mitrovica. Dans les jours suivants, un certain nombre de pays dont les États-Unis, la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni (voir la section dédiée) reconnaissent l'indépendance du Kosovo malgré les protestations de la Serbie. Le Conseil de sécurité de l'ONU est divisé sur la question, la Russie et la Chine ayant déclaré la déclaration d'indépendance du Kosovo illégale.
66
+
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+ Le 2 décembre 2008, l'accord sur le déploiement (accord établi avec l'aval de Belgrade, Moscou, l'Union européenne et les États-Unis ainsi que par l'unanimité du conseil de sécurité[33],[34]) des forces de EULEX Kosovo (décembre 2008), renforce l'idée d'une partition du Kosovo entre Serbes et Albanais ainsi que dans l'esprit de la communauté internationale. Une partie des Serbes et Albanais du Kosovo y voit aussi une solution au problème kosovar[35].
68
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69
+ Lors d'une réunion du Groupe d'orientation sur le Kosovo (ISG) le 2 juillet 2012, il y[Où ?] est annoncé[Par qui ?] que le Kosovo accédera à « la pleine souveraineté » en septembre 2012[36]. Cette pleine souveraineté lui est accordée par la décision du 10 septembre de mettre un terme à la supervision de l’indépendance du Kosovo par le Bureau civil international (en) (ICO) sous l'égide du Groupe d’orientation sur le Kosovo (en) (International Steering Group, ISG)[37].
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71
+ Dans le cadre de la possible adhésion de la Serbie à l'UE, l'UE demande à la Serbie de « normaliser » ses relations avec le Kosovo. À ce sujet, le 1er aout 2017 le spécialiste du Kosovo Nikola Tanasic, estime que :
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73
+ « Pourtant, en 2007, l'ambassadeur allemand en Serbie Andreas Cobel a ouvertement dit que nous (les Serbes) devrions remercier l'Europe si la question du sandjak de Novipazar (une région peuplée de musulmans bosniaques située à la frontière de la Serbie et du Monténégro) et la question de la Voïvodine (une région peuplée environ à 70 % de Serbes et à 30 % de minorités diverses, qui possède un mouvement autonomiste et qui est située au nord de la Serbie) ne sont pas posées après l'indépendance du Kosovo. Ainsi les conséquences de toute concession (de la Serbie sur sa souveraineté et son intégrité territoriale) au Kosovo sont évidentes. Ceci résultera dans de nouvelles demandes et la cession de nouvelles parties de la Serbie jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de ce pays[38]. »
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75
+ Le Kosovo possède une superficie de 10 908 km²[2]. C’est une région essentiellement montagneuse, avec toutefois deux plaines :
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77
+ Cette division en deux plaines se retrouve dans le nom de Kosovo-et-Métochie, et a eu une influence dans l'histoire. Ainsi, après les guerres balkaniques (1912-1913), le Kosovo a été intégré à la Serbie, alors que l'essentiel de la Métochie a été rattachée au Monténégro.
78
+
79
+ Selon le recensement de 2011 dont les résultats préliminaires ont été publiés par l'office statistique du Kosovo, la population du Kosovo est de 1,7 million d'habitants. Ces résultats sont rejetés par le gouvernement serbe[39].
80
+ Ce résultat, nettement inférieur aux prévisions, s'explique en partie par le fait que les Albanais vivant en exil — 500 000, selon les estimations[réf. nécessaire] — n'aient pas été inclus dans les calculs, et que par ailleurs le recensement ait été boycotté par beaucoup de non-Albanais[40] et n'ait pas pu être effectué dans le nord du pays, resté sous contrôle serbe.
81
+
82
+ Selon le gouvernement kosovar, 92 % de la population est albanaise, 5,3 % serbe et 2,7 % autre[41]. Selon le The World Factbook, en 2007 le Kosovo comptait 2 126 708 habitants dont 92 % d'Albanais, 6 % de Serbes, 2 % de Bosniaques, des Gorans, des Roms, des Turcs, des Ashkalis et des « Égyptiens »[42].
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+
84
+ Environ 65 % de la population a moins de 30 ans. Le pays fait face à une volonté massive d'émigration, y compris d'immigration illégale en Europe de l'Ouest[11].
85
+ Le Kosovo a une des plus jeunes populations d'Europe.
86
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87
+ Durant l'hiver 2014-2015, plus de 5 % de la population quitte le Kosovo en quelques semaines. Ce qui constitue l'un des plus forts mouvement d'exode en temps de paix[43].
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89
+ La composition ethnique avant le XIXe siècle est sujet de débat. Le concept moderne de nationalité ou d'ethnicité fondé sur l'appartenance linguistique, religieuse et culturelle ne s'est développé qu'avec le nationalisme romantique et ne s'est répandu dans les Balkans qu'à la fin du XIXe siècle[44]. Il y a peu de données concernant la population du Kosovo au haut Moyen Âge, il existe cependant les données cadastrales établie par l'Empire ottoman mentionnant, en 1455, 13 000 habitations serbes, 46 habitations valaques et 75 habitations albanaises sur les terres de la Dynastie des Branković, représentant environ 80 % de l'actuel Kosovo[45],[46],[47]. D'autres données comme le registre du Sandjak de Shkodra (qui comprend toute la zone de Peć/Peja au Kosovo), daté de 1485 montre une majorité albanaise dans la région de Shkodra, un équilibre dans la région de Piper, Shestan, ou Altun-Ili (Gjakovë), et une minorité importante dans la zone de Peć (Peja)[48].
90
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91
+ À la suite de la Grande guerre turque au XVIIe siècle, un nombre important de Serbes fuit le Kosovo. Selon la tradition serbe, il s'agirait de 200 000 à 500 000 Serbes, mais le chiffre réel semble plus proche de 40 000[44] à 60 000[49].
92
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+ Au cours du XXe siècle, la population du Kosovo a beaucoup évolué et bien que plusieurs recensements aient été réalisés, les plus récents sont soit contestés par les Serbes (pour ceux de 1971 et 1981), soit non pertinents (le recensement de 1991 a été boycotté par la grande majorité des Albanais). La population était de 1,7 million d'habitants dont 88 % d'Albanais et 7 % de Serbes (source The World Factbook 2009).
94
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95
+ Le dialecte des Albanais du Kosovo est le guègue bien que l'albanais « standard » soit maintenant largement utilisé[50],[51]. Le serbe est la langue des Serbes et est reconnu comme langue officielle par la Serbie comme par le projet de constitution des indépendantistes kosovars[52]. À côté de l'albanais, il existe un enseignement primaire et secondaire en bosnien et en turc[53].
96
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97
+ Les Constitutions de la Yougoslavie (sr) successives reconnaissaient aux peuples la constituant le libre usage de leur langue, sans en donner de liste[54]. La population autochtone indigène, albanaise, a toujours rejeté cette imposition, comme d'autres impositions, car cette règle ne reflétait pas la liberté linguistique et qui était commune seulement aux Croates, aux Bosniaques, et aux Serbes[réf. nécessaire]. Selon l'écrivain et homme politique Xhafer Shatri, la Serbie a ensuite pratiqué une politique opposée à la culture et à la langue kosovare[55].
98
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99
+ Du temps de la Yougoslavie, apprendre les deux langues était obligatoire, mais depuis les communautés ont des systèmes éducatifs séparés, et le bilinguisme est de plus en plus rare, malgré des initiatives locales[56].
100
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+ Il y a d'autres langues minoritaires, comme le romani (ou rom), le bosnien ou le turc[57].
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+ Plus de 95 % de la population est dite de tradition musulmane[58],[59], principalement sunnite avec une minorité bektachie[60]. L'islam n'est pleinement pratiqué que par 5 à 10 % des Albanais du Kosovo[61]. Le pays compte une minorité de catholiques romains (2,2 %[59], ou 65 000 personnes). Les relations entre catholiques et musulmans sont bonnes[61].
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+ L'islam est la religion de la majorité des Albanais, des Bosniaques, des Turcs, des Gorans, et de certains Roms (les Ashkalis, Roms musulmans de langue albanaise, et ceux appelés « Égyptiens », Roms musulmans). Il y a des protestants d'implantation récente (évangéliques), et des musulmans du courant salafiste, d'implantation récente eux aussi (apporté par des musulmans du Moyen-Orient). Il y a aussi un groupe minoritaire de chrétiens catholiques (chez les Albanais). Les groupes minoritaires slaves (surtout serbes) sont surtout chrétiens orthodoxes.[réf. nécessaire]
106
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+ Durant les années 2000, le Kosovo voit le takfirisme se développer, en grande partie en raison de l'argent des pays du Golfe, et notamment saoudiens. C'est à partir de 1999 que les organisations cartiatives et les ministères saoudiens commencent à apporter massivement leur soutien pour la reconstruction du Kosovo. 240 mosquées sont construites, et des bourses permettent aux imams de se former en Arabie saoudite, où ils sont exposés à l'islam radical, et le transmettent ensuite au Kosovo. Certaines associations saoudiennes sont accusées de payer les femmes qui acceptent de porter le voile intégral ou les familles qui inscrivent leurs enfants dans des écoles coraniques. La radicalisation touche principalement les zones rurales et les personnes jeunes et faiblement diplômées, touchées par un chômage fort élevé[62].
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+ C’est ainsi qu'en 2017, le Kosovo est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de combattants de Daech par habitant[63],[64]. Au total 314 personnes sont parties combattre avec Daech ou Front al-Nosra selon les données de 2016[62].
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+ Pendant la guerre du Kosovo, des dizaines d’églises sont détruites par l'UÇK[65].
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+ Une fois conclu l'accord militaire technique de Kumanovo en juin 1999, le pouvoir kosovar mit en œuvre l'expulsion de plus de 220 000 Serbes, Tsiganes, Gorans et Turcs du territoire du Kosovo ; parallèlement de nombreux actes de violence sont perpétrés par la population contre les Serbes (1200 Serbes tués et 2300 kidnappés selon un rapport de l'OSCE de 2006 et la destruction de milliers de maisons et de centaines d'édifices religieux).
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+ À la suite d'une rumeur selon laquelle trois enfants d'origine albanaise auraient trouvé la mort par noyade en tentant de fuir un groupe de Serbes (par la suite cette rumeur se trouva être totalement infondée après l'enquête de Human Rights Watch[66]), 51 000 albanais ont donc dans tout le Kosovo attaqué, détruit et brûlé tous les biens appartenant à la minorité serbe de façon très organisée et méthodique[66]. Le 17 et 18 mars 2004, ainsi que pendant la nuit, 550 maisons, 27 églises et monastères chrétiens orthodoxes ont été détruits. 4 100 personnes ont été chassées de chez elles, en raison de leur appartenance ethnique (des actes se rapprochant de la purification ethnique selon l'amiral Gregory Johnson, alors commandant des forces de l'OTAN pour l'Europe du Sud). Dans le village de Svinjare, 137 maisons Serbes ont été incendiées, mais toutes les habitations d'albanais sont restées intactes[66]. Dans un autre village, celui de Vučitrn, 69 maisons ashkalis ont été rasées. 100 habitations Serbes et Roms ont eu le même destin, ainsi que l'hôpital Serbe l'école Serbe et le bureau de poste. Dans son rapport réalisé en juillet de la même année[67] Human Rights Watch révèle que l'OTAN et l'ONU ont été incapables de protéger les minorités ethniques non-albanaises[66].
116
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+ En juillet 2010, une grenade a été jetée dans la foule des manifestants serbes, faisant 11 blessés et un mort (Mesud Dzekovic, un pédiatre grièvement blessé par l'explosion « au thorax et notamment au cœur », est décédé à l'hôpital)[68],[69],[70]. Trois jours après l'attentat contre les manifestants, Petar Miletić, député serbe du Kosovo et l'un des seuls à prendre part aux institutions légitimes kosovares, reçoit une balle dans le genou à la sortie de son appartement[71]. Il est un des 10 députés non-albanophones dans les instances du Kosovo sur 120 députés.
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119
+ Le 26 juillet 2011, les forces de polices[72] de la république du Kosovo engagent une opération ayant pour but de prendre le contrôle de la frontière du nord du pays, Jarinjë et Bernjakë. Lors de cette opération, les serbes étant bien armés ouvrent le feu sur les policiers. Dans cette offensive, le policier Enver Zymberi décède à la suite d'une balle reçue à la tête. Sont accusés pour ce meurtre et d'autres accusations lourdes, Ratomir Bozovic, Radovan Radic, Milovan Vlaskovic, Slobodan Vucinic et Dusan Jovanovic[73]
120
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121
+ Depuis, le nord du Kosovo est toujours une zone sous haute tension[74]. Cette zone utilisée principalement pour la contrebande par les serbes du nord.
122
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123
+ En octobre 2011, Interpol[73] a émis un mandat d'arrêt international pour Ratomir Bozovic, Radovan Radic, Milovan Vlaskovic, Slobodan Vucinic et Dusan Jovanovic. À la suite de cela en avril 2014[75], l'EULEX a mené une opération spéciale pour l'arrestation du serbe Radovan Radic et compagnie accusé d'assassinat, tentative d'assassinat, possession illégale d'armes et l'assassinat[75] de l'agent de police Enver Zymberi.
124
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125
+ En janvier 2017, le gouvernement du Kosovo ordonne l'arrêt d'un train venant de son pays voisin la Serbie. Ce train, à caractère xénophobe envers l'état du Kosovo, est le premier depuis le début de la guerre de 1998 ayant fait plus de 13 000 morts. Le premier ministre serbe Alexandre Vuciq indique que ce train ne devrait pas être un problème puisque des autobus passent depuis longtemps la frontière entre les deux pays. Les forces spéciales frontalières de la république du Kosovo, ROSU, empêche le passage du dit train aux inscriptions en 21 langues du slogan politique de Milosevic depuis les années 1980 "le Kosovo c'est la Serbie". L'actuel président de Serbie a menacé de guerre le Kosovo suite à ces évènements[76]. De leurs côtés, les kosovars accusent le gouvernement serbe de vouloir créer une nouvelle mise en scène comme le cas "PANDA"[77].
126
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127
+ Carla Del Ponte, ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, en quittant son poste à la Haye, accusait les principales personnalités politiques albanaises du Kosovo, dans l'ouvrage La Traque, les criminels de guerre et moi (2008)[78], de s'être livrées à des activités mafieuses, en particulier l'implication dans un trafic international d’organes prélevés à des centaines de Serbes déportés et tués[79]. Le ministère des Affaires étrangères suisse (DFAE), dont dépend Carla del Ponte, ambassadrice à Buenos Aires, prend ses distances avec ces accusations[79], tandis que l'organisation Human Rights Watch les a jugées crédibles[80].
128
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129
+ En décembre 2018, le Gouvernement kosovar introduit une taxe sur tous les produits importés au Kosovo venant de Serbie et de Bosnie[81],[82],[83]. Dans un premier temps, les Serbes du Kosovo, grâce à leur réserve et à la contrebande, continuent de couvrir leurs besoins. Pour lutter contre la contrebande, les États-Unis fournissent aux Albanais kosovars plus de 150 caméras, qui sont installées le long de la frontière nord du Kosovo, une région majoritairement serbe. Dans ces conditions, à partir de juillet 2019, les Serbes du Kosovo commencent à souffrir d'un manque de médicaments et de produits alimentaires[84],[85]. Pour éviter une catastrophe humanitaire, le gouvernement albanais de Pristina envoie des camions d'aliments au nord du Kosovo, mais la population serbe, craignant d'être empoisonnée par les Albanais, refuse d'acheter les produits des camions[86],[87],[88].
130
+
131
+ L'indépendance du Kosovo pose la question de la viabilité de son économie, encore très dépendante de l'aide extérieure, comme le constatait dès 2006 le Centre franco-autrichien pour le rapprochement en Europe[89]. En dépit de la présence de 5 000 soldats de l'OTAN, de 1000 policiers, de juges et de procureurs de l'Union européenne, le Kosovo reste un foyer et un centre pour les activités du crime organisé, d'après un rapport de la Commission européenne de 2009[11],[90].
132
+
133
+ Depuis sa création, l'activité économique du Kosovo est faible, avec un PIB par habitant parmi les plus faibles en Europe[91]. Son PIB est comparable à celui de l'Albanie, de la Moldavie et de la Bosnie-Herzégovine. En 2012, 8 % de la population du Kosovo vit avec moins d'un euro par jour et officiellement 38 % de la population est au chômage[92]. Cette situation perdure malgré les aides de l'UE et des États-Unis[93].
134
+
135
+ Les Nations unies qui administrent la province (et toujours le territoire de l'État autoproclamé) depuis la fin du conflit de 1999, avaient prévu un plan et des aides économiques, mais on ne peut pas parler de réussite. L’Union européenne a versé des aides assez importantes, mais les besoins restent énormes.
136
+
137
+ Les problèmes économiques sont nombreux :
138
+
139
+ Le principal employeur du pays (et pourvoyeur de devises) reste encore la base américaine de Camp Bondsteel, la plus grande aux Balkans, faisant du Kosovo un État très dépendant économiquement des États-Unis. Ces derniers se servant de cette base stratégique comme point de contrôle de la région, et d'observation de la Russie.
140
+
141
+ Le 29 juin 2009, le Kosovo est devenu le 186e État membre du FMI. Il s'agit de la première institution mondiale à intégrer le Kosovo depuis son indépendance[96].
142
+
143
+ Ambitionnant de rejoindre l'Union européenne, le Kosovo fait d’ores et déjà partie des pays qui utilisent de facto l'euro. L’euro est toutefois la devise qui n’est utilisée officiellement que comme monnaie de compte et de paiement par la MINUK, Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (la devise a succédé au Deutsche Mark initialement utilisé seulement comme monnaie de compte, avec l’accord de la Commission européenne, par la mission intérimaire depuis les accords de cessez-le-feu pour former une « administration civile transitoire » du territoire, selon la résolution 1244 des Nations unies ; cet accord concernant la seule mission n’a pas pris fin et reste donc valable concernant l’utilisation de l’euro par cette mission transitoire). En revanche, l’utilisation de la devise par le gouvernement autonome de la province n’a fait l’objet d’aucun accord, puisque le territoire est encore reconnu au niveau international comme partie intégrante de la Serbie et non comme un État indépendant.
144
+
145
+ De fait la monnaie officielle du territoire aurait dû encore être le dinar yougoslave (YUM) qui y avait cours officiel jusqu’en 1992, puis le dinar serbo-monténégrin (CSD) jusqu’en 2003, et maintenant son successeur le dinar serbe (RSD) toujours légal avant la proclamation unilatérale d’indépendance de 2008, bien que le gouvernement yougoslave, puis serbo-monténégrin, puis l’actuel gouvernement serbe n’aient pas pu imposer ni l’une ni l’autre de ses devises faute de pouvoir y exercer une compétence administrative tant que durera la mission transitoire des Nations-Unies. Avec le remplacement depuis fin 2008 de la MINUK par la mission européenne EULEX Kosovo au Kosovo, chargée de rétablir des relations normales avec la Serbie et instaurer un État de droit en concertation avec les autorités kosovares, la nouvelle autorité responsable de l'administration continuera d'utiliser l’euro comme monnaie de compte, mais aucune décision n’a encore été prise concernant la reconnaissance officielle du Kosovo en tant qu’État indépendant. En revanche, les régions et enclaves serbes repassant sous le contrôle serbe, utilisent le dinar serbe et non plus l’euro.
146
+
147
+ La Serbie (par ailleurs candidate elle-même, en y incluant encore le Kosovo, à l’entrée dans l’Union européenne) bloque donc toujours tout accord avec la Commission européenne concernant le changement de devise voulu unilatéralement par le gouvernement autonome de sa province kosovare, qui dépend donc de facto de devises étrangères dont il ne détient aucun contrôle, pour la fixation de son budget, ses investissements, le paiement de ses fonctionnaires et la gestion de sa dette (ces devises étrangères sont principalement l’euro, mais aussi le dollar américain, également utilisé à proximité de la base américaine qui fournit une activité économique essentielle au territoire, ainsi que les droits de tirage spéciaux accordés par le Fonds monétaire international qui doivent cependant être convertis en d’autres devises pour les mettre en circulation, car les DTS qui n’ont ni pièces ni billets ne peuvent avoir cours légal sur le territoire : c’est principalement en euros que le gouvernement autonome kosovar acquiert les devises qu’il met en circulation, en se fournissant sur les marchés de devises internationaux avec les DTS accordés, et la collecte des taxes locales). Mais il dit maintenant renoncer à toute reprise de contrôle du Nord et des enclaves serbes, d’autant qu’il doit renoncer aussi pour l’instant à la volonté auparavant affichée de rattachement à l’Albanie, pour préserver aussi d’autres minorités (notamment roms, macédoniennes, bulgares, roumaines, croates, bosniaques et turques), et chercher des relations apaisées aussi avec tous les pays voisins concernés (de la même façon que doivent le faire aujourd'hui aussi ces pays où résident encore nombre d'émigrés issus des flots de réfugiés), tout en convainquant sa population à grands frais que son avenir restera multiethnique.
148
+
149
+ La situation budgétaire est donc plus compliquée depuis 2003 pour le Kosovo que pour le Monténégro indépendant, qui peut depuis fonder une véritable banque centrale et négocier directement avec la Commission européenne, le Fonds monétaire international et les diverses institutions monétaires internationales, ou bien se doter de sa propre monnaie pour assurer son indépendance. Ainsi, le gouvernement kosovar, autoproclamé indépendant, n’a pu créer de banque que pour gérer ses propres garanties financières, mais il ne peut déterminer sa politique budgétaire librement, ses actifs et garanties financières étant déposés auprès de banques privées ou de banques centrales étrangères, qui décident des taux d’intérêts applicables. Il ne peut pratiquement lever librement aucun emprunt (sauf auprès de sa propre population sur les marchés privés) et doit négocier en permanence avec ces banques étrangères (et avec le FMI) qui ne lui accordent des fonds que dans des conditions strictes et en imposant des garanties qui grèvent lourdement la fixation de son budget et la détermination de sa politique économique et sociale. Le gouvernement kosovar pourrait donc être à tout moment en cessation de paiement si la mission intérimaire de l’ONU ne venait pas abonder à son budget, soit en payant directement les salaires de ses fonctionnaires, soit en réalisant pour lui certains investissements.
150
+
151
+ Selon la Banque centrale du Kosovo, les investissements étrangers se sont considérablement réduits[97] :
152
+
153
+ Le 7 juin 2013, la banque européenne d'investissement (BEI) et le Kosovo ont conclu un accord, qui s'est fait entre vice-président de la BEI, et Besim Beqaj, ministre des finances du Kosovo. Cet accord permettra au Kosovo de financer les projets importants pour le développement des transports, environnements, télécommunication et des infrastructures énergétiques[98].
154
+
155
+ Le Kosovo peut compter sur une importante exploitation minière (actuellement publique) qui alimente la centrale électrique du pays.
156
+ L'agriculture est un secteur peu productif. Les services quant à eux se développent[réf. nécessaire] assez vite. Mais dans l'ensemble, l'économie kosovare est peu développée.
157
+
158
+ Le Kosovo est auto-suffisant en eau. Les rivières se jettent dans la mer Egée, la mer Noire et la mer Adriatique. Les principaux cours d'eau au Kosovo sont : i Drini Bardhë (122 km de long) dans la région de Peja, Sitnica (90 km), Bistrica e Pejës (62 km), Morava e Binçës (60 km), dans la région de Gjilan, Lepenci (53 km), près de Ferizaj et Kaçanik, Ereniku (51 km), près de Gjakova, Ibri (942 km), près de Mitrovica et Bistrica e Prizrenit (31 km), près de Prizren.
159
+
160
+ La principale centrale électrique du Kosovo est alimentée par le charbon, source importante de pollution de l'environnement.
161
+
162
+
163
+
164
+ Le réseau ferré kosovar, exploité par Trainkos sh.a, est composé de 430 km de voies ferrées, dont 333 km desservent à la fois des marchandises et des voyageurs, et 97 km ne desservent que le trafic marchandises.
165
+
166
+ Le Kosovo dispose de 3 autoroutes en fonctionnement et 2 sont en cours de planification.
167
+
168
+ Créée en 1999 après que les forces de la Yougoslavie aient quitté la région, la police du Kosovo est sous l'autorité du Gouvernement depuis l'indépendance de 2008 et est chargée de la protection de la population et de l'application des lois.
169
+
170
+ Les Forces de sécurité du Kosovo (en albanais Forcat e Sigurisë së Kosovës (FSK)) est l'armée du Kosovo, crée en 2008. De 1999 à 2009 existait l'Armée de libération du Kosovo, qui avait été mise en place juste après la guerre. À la suite de l'indépendance, le 17 février 2008, les dirigeants annoncent que le Kosovo possédera sa propre force de sécurité, nommée Force de sécurité du Kosovo (FSK). En mars 2014, le gouvernement kosovar déclare que le Kosovo doit avoir sa propre armée ; en conséquence, les forces de sécurité du Kosovo seront remplacées par une armée nationale en 2019[99].
171
+
172
+ L'armée kosovare possède 4 000 hommes et 2 500 réservistes (2015).
173
+
174
+ La Force pour le Kosovo est une force armée internationale chargée de la sécurité et de la liberté de mouvement depuis 1999 au Kosovo.
175
+
176
+ Le 11 juin 2008, le Parlement kosovar a adopté l'hymne de la république du Kosovo, composition intitulée « Europe », sans paroles afin de « respecter la nature multiethnique du Kosovo ». Le vote a été acquis dans les conditions suivantes : 72 députés ont voté pour, 15 députés ont voté contre et 5 députés se sont abstenus.
177
+
178
+ Cet hymne a été composé par Mendi Mengjiqi.
179
+
180
+ La culture des Albanais du Kosovo est très étroitement liée à celle des Albanais d'Albanie.
181
+
182
+ Le dialecte parlé est le guègue, typique des Albanais du nord. L'éducation, les livres, les médias, les journaux, et la langue officielle des administrations se fait dans l'albanais standard, qui est proche du dialecte tosque.
183
+
184
+ L'éducation est donnée pour tous les degrés de niveaux : primaire, secondaire, et universitaire. L'université de Pristina est l'université publique du Kosovo. La bibliothèque nationale (Albanais : Bibloteka Kombëtare), située dans le centre de Pristina, est la principale et la plus grande bibliothèque du Kosovo. Il y a beaucoup d'autres universités privées, telle que l'université américaine du Kosovo, et beaucoup d'écoles secondaires.
185
+
186
+ Kosovafilmi est une compagnie cinématographique (production et distribution) produisant des films en albanais, créée en 1969 par des réalisateurs. Le théâtre national du Kosovo (albanais : Teatri Kombëtar i Kosovës) est le théâtre principal où des pièces sont montrées régulièrement par des artistes albanais et internationaux.
187
+
188
+ En 2014, le Kosovo a présenté son premier film pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, avec Three Windows and a Hanging dirigé par Isa Qosja. Le long métrage se penche sur un village qui tente de se remettre du viol de ses femmes par les forces serbes pendant la guerre du Kosovo de 1998-1999[100].
189
+
190
+ En 2016, le film Shok était nominé pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère[101].
191
+
192
+ Les chanteurs comme Rita Ora, Dua Lipa, Nora Istrefi, Shkurte Fejza, Meda[102], Shyhrete Behluli, Ilir Shaqiri, Sabri Fejzullahu, Motrat Mustafa, Dafina Zeqiri, Kaltrina Selimi, Rigels Rajku (Noizy), ou encore Ardian Bujupi, sont très populaires au Kosovo (dans la communauté albanaise).
193
+
194
+ Le rappeur kosovar UniKKatiL avec son groupe TBA (TheBloodyAlboz) a tenu un grand concert le 15 juillet 2012 au stade de Fadil Vokrri, stade du FC Pristina, avec près de 25 000 personnes présentes au concert ce soir-là[103].
195
+
196
+ Les Serbes considèrent le Kosovo sous un angle particulier puisqu'il abrite plusieurs monastères de l'Église orthodoxe serbe ayant une valeur spirituelle forte.
197
+ Liste de monastères orthodoxes serbes au Kosovo :
198
+
199
+ Plusieurs de ces monuments ont été placés sur la liste du Patrimoine mondial, et sur la liste du patrimoine mondial en péril[104],[105], par exemple le Patriarcat de Peć. Depuis juin 1999, près de 150 lieux de culte orthodoxe ont été pillés, incendiés, profanés ou vandalisés par des extrémistes albanais[106]. Une association Française, Solidarité Kosovo en 2004, vient en aide aux serbes du Kosovo suite au pogrom de 2004.
200
+
201
+ Plusieurs fédérations sportives ont été créées au Kosovo dans le cadre de la loi sur le sport no 2003/24, mais seules quelques-unes d’entre elles ont à ce jour été reconnues comme membre à part entière par les fédérations internationales.
202
+ Les fédérations ayant reconnu le Kosovo sont l’Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF), la Fédération internationale d'haltérophilie (IWF), la Fédération internationale de tennis de table (ITTF), la Fédération internationale de softball (ISF), et la Fédération internationale de lutte associées (FILA)[107].
203
+
204
+ D’autres fédérations, comme la Fédération internationale de ski (FIS) ou l’Union des associations européennes de football (UEFA), ont déclaré que la reconnaissance du Kosovo se ferait lorsque celui-ci serait reconnu par l’ONU[108]. Mais lors de son 66e Congrès, tenu à Mexico les 12 et 13 mai 2016, la Fédération internationale de football association (FIFA) accepte la Fédération kosovare de football (FFK) comme membre à part entière[109]. Cette décision fait suite à l'entrée de la FFK au sein de l'UEFA lors du 40e Congrès de la fédération européenne, tenu le 3 mai 2016 à Budapest[110]. Le Kosovo a pris part à sa première compétition officielle FIFA à l'occasion des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018, sans pour autant réussir à se qualifier pour le Mondial russe. Elle prend ensuite part aux éliminatoires de l'Euro 2020.
205
+
206
+ Les sportifs professionnels jouant au Kosovo sont peu connus du grand public. Mais de nombreux joueurs de football d'origine kosovare jouant à l'étranger sont connus : Xherdan Shaqiri, Granit Xhaka, Valon Behrami ou encore Albert Bunjaku en Suisse, Lorik Cana en France et en Italie, Astrit Ajdarević en Belgique et Suède, Adnan Januzaj en Belgique et Emir Bajrami en Suède et aux Pays-Bas.
207
+
208
+ Le 5 mars, Kosovo a disputé le premier match amical, ils ont été opposés à Haïti. Le match s'est terminé par un résultat nul 0 - 0[111].
209
+
210
+ Le dimanche 7 août 2016 est aussi à marquer d'une pierre blanche dans la jeune Histoire du Kosovo. Ce jour-là, la judokate Majlinda Kelmendi remporte le titre olympique en "- 52 kg", le tout premier du nouvel État, lors des Jeux de Rio[112].
211
+
212
+ Le vin, au Kosovo, est une tradition ancienne mais actuellement négligée car les consommateurs et les restaurateurs ont un certain manque de connaissance dans ce domaine. Le cœur de l'industrie du vin du Kosovo se situe dans les caves Eko de Rahovec / Orahovac, où des millions de litres de vin sont produits. Le Pinot noir, le Merlot et le Chardonnay sont des vins très connus au Kosovo, qui sont exportés vers l'Allemagne et les États-Unis[113].
213
+
214
+ Le 15 juin 2008 est entrée en vigueur la constitution kosovare. Elle dispose notamment que « la république du Kosovo est un État laïc et neutre en matière de convictions religieuses » et fixe comme langues officielles l'albanais et le serbe[114].
215
+
216
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217
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218
+ La partie nord du Kosovo (15 % de la province[11]), région détachée de la Serbie et rattachée au Kosovo en 1945 par Josip Broz Tito[115] (Severno Kosovo, Северно Косово en serbe, Kosova Veriore en albanais), désignée avant 1999 comme Ibarski Kolašin (Ибарски Колашин), est peuplée d'environ 50 000 habitants, majoritairement des Serbes, et est composée des communes de Zvečan, Zubin Potok et Leposavić.
219
+
220
+ Depuis 1999 et le départ de l'armée et la police serbes, plus de 200 000 Serbes et Tziganes ont été contraints de quitter le Kosovo[116],[117]. Les Serbes restés au Kosovo demandent leur rattachement à la Serbie. De fait, la province est difficilement contrôlée par les autorités kosovares ; des affrontements ont éclaté en mars 2008[118],[119].
221
+
222
+ Le gouvernement serbe de Boris Tadić a proposé le rattachement du Nord du Kosovo à la Serbie afin d'assurer la sécurité de la minorité serbe[120],[121], suivant la même logique que celle du séparatisme kosovar : des violences interethniques ont gravement touché la minorité serbe du Kosovo depuis 1999.
223
+
224
+ Le 28 juin 2008, les Serbes de cette zone ont constitué une assemblée de Kosovo-et-Métochie dont le président du parlement est Milan Ivanović[122] (en serbe : Заједница општине Аутономнe Покрајинe Косово и Метохија).
225
+
226
+ Les Serbes du Nord du Kosovo utilisent pour monnaie le dinar serbe, les plaques de leurs automobiles, leurs assurances, les factures qu'ils payent sont toutes payées à Belgrade et non à Pristina. D'un point de vue juridique et administratif, ils ne dépendent pas de Pristina, mais de Belgrade[115],[123].
227
+
228
+ Depuis fin juillet 2011, le gouvernement essaye de prendre le contrôle de postes frontières entre le Nord de la république et la Serbie, mais les Serbes du Kosovo ont aussitôt dressé des barricades. Le poste de Jarinje a été incendié, avant d'être réoccupé par des soldats américains de la KFOR, la mission de l'OTAN au Kosovo.
229
+
230
+ La commune (en albanais : komuna) ou municipalité (en serbe : општина et opština) est la division administrative de base du Kosovo. Chacune de celles-ci est incluse dans un district. Le découpage en 30 communes remonte à l'an 2000 et a été effectué par la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo. Un nouveau découpage, avec 6 communes supplémentaires, a été mis en place pour les élections municipales de novembre-décembre 2009 : il permet une meilleure représentation des minorités serbe et turque[53].
231
+
232
+ Le Kosovo n'est pas actuellement membre de l'Organisation des Nations unies (ONU). Pour le devenir, l'entité doit obtenir le soutien de 9 membres du Conseil de sécurité sur les 15, en comprenant l'avis favorable des 5 membres permanents, puis obtenir à l'Assemblée générale un avis positif à la majorité des deux tiers (des 193 membres). Selon le Ministère des Affaires étrangères du Kosovo, le pays serait actuellement reconnu par trois des cinq membres permanents du conseil de sécurité et par 96 autres pays membres de l'ONU[124],[125]
233
+
234
+ Le 17 février 2008, le parlement du Kosovo a proclamé unilatéralement l'indépendance du territoire[32],[126]. Ce n'était pas la première fois qu'une simple province autonome (et non une république fédérée d'un ancien État fédéral comme le sont la Slovénie, la Croatie, la Macédoine, la Bosnie, le Monténégro ou les anciennes républiques soviétiques) déclarait unilatéralement son indépendance : le Tatarstan, la Tchétchénie, l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud-Alanie, la Transnistrie, le Haut-Karabagh et la Crimée l'avaient déjà fait après la dislocation de l'URSS ; mais c'est la première fois qu'un certain nombre de nations reconnaissent cette indépendance[125]. En octobre 2008, à la suite d'un vote à l'Assemblée générale des Nations unies, la Serbie a saisi la Cour internationale de justice pour qu'elle statue sur la légalité de la déclaration d'indépendance du Kosovo[127], ce qu'elle fait le 22 juillet 2010, en affirmant que celle-ci ne violait pas le droit international, qu'il était possible de déclarer son indépendance sans violer le droit international. En revanche, la CIJ ajoute qu'elle n'est « pas tenue par la question qui lui est posée de prendre parti sur le point de savoir si le droit international conférait au Kosovo un droit positif de déclarer unilatéralement son indépendance. La Cour n'est pas chargée de dire si le Kosovo a accédé à la qualité d'État »[128],[129],[130],[131].
235
+
236
+ Le Kosovo n'est reconnu ni par l'ONU (ce qui nécessiterait la reconnaissance de la majorité des États membres de l'ONU), ni par l'Union européenne en raison de l'opposition de plusieurs de ses membres. Majoritairement, ce sont les États qui entretiennent de bonnes relations avec les États-Unis et leurs alliés qui ont reconnu l'indépendance, au contraire de la Russie, la Chine par exemple ou encore une très large partie de l'Amérique du Sud.
237
+
238
+ États qui ont déjà exprimé leur position sur la question de l'indépendance du Kosovo.
239
+
240
+ Au 22 novembre 2019, 92 États membres de l'ONU sur les 193 États de l'ONU[9],[137], ainsi que Taïwan[139] ont formellement reconnu le Kosovo comme un État indépendant et souverain[140]. 95 pays membres de l’ONU sont contre la reconnaissance du Kosovo et cinq autres se sont abstenus[9]. Le Kosovo n'est donc pas reconnu par la majorité des pays de l'ONU[9].
241
+
242
+ 35 États et le Saint-Siège ont déclaré qu’ils ne reconnaîtraient pas l’indépendance du Kosovo, soit en raison de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies soutenant l’intégrité territoriale de la république fédérale de Yougoslavie dont la Serbie est l'héritière juridique, soit pour d'autres raisons, notamment le fait que le statut initial du Kosovo n'était pas celui d'une république fédérée, mais celui d'une simple région autonome, ce qui, selon ces mêmes pays, risque de créer un précédent ne respectant pas le droit international qui est garant de la stabilité juridique mondiale.
243
+
244
+ À la suite d'une campagne diplomatique explicative sur le problème du Kosovo-et-Métochie débutée en octobre 2017 par le ministre des Affaires étrangères de Serbie Ivica Dačić, dix-huit États sont revenus sur leur décision de reconnaissance du Kosovo[273],[274]:
245
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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7
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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9
+ La guerre se définit comme un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués, comme des États. Par opposition aux guerres entre États, une guerre peut aussi désigner un conflit armé entre deux factions de populations opposées à l'intérieur d'un même État : on parle alors de guerre civile, de guerre ethnique, de guerre révolutionnaire ou encore de guerre de sécession.
10
+
11
+ Les États font la guerre aux autres États, pas aux individus ni aux familles qui les composent. Ainsi, la guerre est définie comme un acte de politique étrangère ou défensif de dernier recours après d'ultimes négociations de diplomatie.
12
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13
+ Les guerres et leurs moyens sont juridiquement soumis à des règles d'honneur anciennes et tacitement admises, les lois de la guerre, devenues le fondement du droit international public. Celles-ci définissent les conditions de légitimité, le déroulement, et les moyens licites des guerres. Une guerre est précédée d'une revendication ou d'un casus belli, d'un ultimatum, puis d'une déclaration de guerre ; elle peut être suspendue par des trêves, un armistice ; elle se termine par la reddition d'une armée, la capitulation d'un gouvernement, puis la signature d'un traité accordant ou refusant les revendications initiales, le paiement de compensations, et le retour à l'état de paix.
14
+
15
+ La science de la conduite d'une guerre s'appelle la stratégie, celle de gagner les batailles la tactique, celle des causes et des conséquences des conflits, la polémologie (venant du grec polemos qui signifie la guerre et de son suffixe logos qui veut dire l'étude. La polémologie est donc l'étude de la guerre).
16
+
17
+ Pour Gaston Bouthoul, « la guerre est une forme de violence qui a pour caractéristique essentielle d'être méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux manières dont ils la mènent. En outre, elle est limitée dans le temps et dans l'espace et soumise à des règles juridiques particulières, extrêmement variables suivant les lieux et les époques. Sa dernière caractéristique est d'être sanglante, car lorsqu'elle ne comporte pas de destruction de vies humaines, elle n'est qu'un conflit ou un échange de menaces »[1].
18
+
19
+ Selon Carl von Clausewitz, « la guerre est la continuité de la politique par d'autres moyens ».
20
+
21
+ Paul Valéry donne de la guerre une définition qui souligne la responsabilité de la haute classe politique et économique, comme cela a été particulièrement le cas pour la Première Guerre mondiale : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »[2].
22
+
23
+ Pour Joann Sfar, « la guerre, c'est l'art de régler un conflit sans prendre en compte les aspirations de l'adversaire. »
24
+
25
+ Le mot « guerre » vient du francique werra, qui en français a supplanté les termes issus[3] :
26
+
27
+ L'archéologue et historienne Anne Lehoërff rappelle que si la guerre est une composante qui fait partie des sociétés du Paléolithique, elle « ne résout pas cette fausse bonne question de l'idée de violence première chez l'homme, qui relève d'une opposition trop simpliste[5] » entre le modèle de Hobbes de l'homme naturellement violent (le philosophe y voyant un animal sauvage « possessif, agressif, prédatoire, ignorant par conséquent toute organisation sociale et même tout sentiment de sociabilité[6] ») et celui de Rousseau pour qui il n'y a pas de guerre avant que ne se forment les sociétés car « l'homme est naturellement pacifique et craintif. Au moindre danger son premier mouvement est de fuir[7] ».
28
+
29
+ Selon la préhistorienne Marylène Patou-Mathis et à la lecture des recherches anthropologiques et archéologiques, la guerre ne semble apparaître qu’avec la naissance de l’économie de production et le bouleversement des structures sociales du Néolithique, il y a environ dix mille ans, et « la « sauvagerie » des préhistoriques ne serait qu’un mythe forgé au cours de la seconde moitié du XIXe siècle pour renforcer le concept de « civilisation » et le discours sur les progrès accomplis depuis les origines »3. L'anthropologue Pierre Clastres affirme pour sa part que les premières sociétés humaines sont violentes4 : nombre de peintures anciennes (35 000 ans) ne représentent que des scènes de chasse[réf. souhaitée]. Cependant l'art rupestre plus récent (art levantin entre 10 000 et 6 500 ans av. J.-C.) montre des exécutions capitales. Dès le plus ancien Néolithique en Europe tempérée, les massacres de grands nombres (rendus possibles grâce aux lances, aux arcs, aux frondes et aux masses) sont, selon les paléoethnologues, présents lors de l’acquisition de la sédentarité (comme à Talheim5), et notamment près des sols fertiles, des stocks alimentaires et des bétails facilement mis en valeur par l'agriculture et l'élevage, des affrontements se produisant probablement par compétition entre les chasseurs-collecteurs peu nombreux et les nouveaux arrivants agriculteurs. Dans le Djebel Sahaba (en), au Soudan, une nécropole de type paléolithique tardif (société de chasseurs-cueilleurs) datant de 12 000 - 10 000 av. J.-C., a révélé le massacre d’une population entière6. Des confrontations entre armées ont eu lieu dès le Mésolithique (8000 à 5000 av. J.-C.) près des estuaires et des grands fleuves (Danube, Nil, Indus, Dniepr, Gange). Si la guerre proprement dite se développe au Néolithique, les premiers indices de violence et d'affrontements, souvent pour des zones giboyeuses de gués ou de bords de rivières, existent chez les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, comme en atteste l'enfant de Grimaldi ou les prénéandertaliens qui semblent avoir été jetés intentionnellement dans la cavité de Sima de los Huesos. Malgré la faiblesse des sources, l'archéologue Lawrence H. Keeley qui reproche à ses collègues — tel R. B. Ferguson7 — d'avoir longtemps campé dans leurs écrits un passé pacifié, évalue le taux de perte lors d'affrontements rapprochés dans des sociétés tribales préhistoriques monter à 60 % dans certains sites archéologiques (ce taux est de 1 % dans les guerres modernes)8.
30
+
31
+ L'archéologue Jean Guilaine voit dans les guerres néolithiques pas simplement une compétition économique pour accaparer les ressources agricoles mais également le développement de classes sociales avec l'émergence d'un chef, probablement un guerrier plus prestigieux, pour lequel la guerre et la répression sont deux des attributs de son pouvoir[8].
32
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+ À l'heure actuelle, les données archéologiques ne montrent, à l'échelle des millénaires (cinq au minimum), aucun massacre d'ampleur de centaines d'individus abandonnés in situ. Rien qui ne permette de confirmer l'usage régulier des armes emblématiques du Néolithique (l'arc et la lame emmanchée : haches et épées) sur la longue durée dans un but de guerre, et d'une manière intégrée aux modes de fonctionnement des sociétés[5]. Il est difficile pour les archéologues, à l'exception des épées (première arme non polyvalente, exclusivement dédiée à la guerre), de déterminer l'usage spécifique des couteaux, pointes de lance ou de flèche, haches : production (abattre un arbre, débiter du bois), cuisine, arme de chasse ou de combat[9]. L'archéologie « ne permet pas réellement de trancher en faveur de l'existence d'une panoplie dédiée spécifiquement au combat. Chasse et outillage autant qu'armes de combat, les objets emblématiques du Néolithique laissent plusieurs pistes ouvertes. Seules les catégories des lames doubles à perforation transversale (haches bipennes) ouvrent une perspective un peu différente sur la production d'objets aux fonctions particulières, hors de la sphère de la chasse ». Ce n'est que vers la fin du quatrième millénaire, avec l'extraction intensive du cuivre et la technique répandue de la métallurgie du cuivre, qu'est observée un certain développement de la guerre, visible dans l'implantation des premières fortifications et la multiplication des traumatismes osseux sur les squelettes[5].
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+ Le travail du cuivre au Chalcolithique, avec la fusion du minerai, l'alliage et la soudure transforme l'« art de la guerre ». La découverte du bronze, alliage de cuivre et d'étain, donne en effet au métal une dureté propice à cet art : une basse teneur en étain donne un matériau tendre, utilisé pour fabriquer des épingles de toilette où la malléabilité et la souplesse sont recherchées ; un alliage comportant environ 88-90 % de cuivre et 8-10 % d'étain donne des épées fonctionnelles ; au-delà de 15 % d'étain, le matériau est dur et cassant (à 25 % d'étain, c'est un matériau gris presque blanc dur et cassant, poli pour donner des miroirs en bronze)[10]. Par rapport aux armes en silex et aux poignards en cuivre martelés, l'épée permet « un combat moins rapproché, plus meurtrier et suscite des parades, notamment le développement de la tôle de bronze, composant essentiel d'un nouvel armement défensif (les protections corporelles telles que les cuirasses, les jambières, les casques et les boucliers métalliques dont la malléabilité et la robustesse dépendant du pourcentage d'étain). La course aux armements est lancée, les armes en bronze étant bientôt concurrencées puis supplantées par celles en fer, métal le plus usuel et le moins cher depuis l'Antiquité[11] ».
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+ Les conflits entre Lagash et Umma, en Mésopotamie, entre 2600 et 2350 av. J.-C., sont les conflits territoriaux les plus anciens pour lesquels on dispose d'une documentation. Il s'agissait toutefois de cas exceptionnel, les États émergeant dans cette période étant alors très rarement contigus et très peu densément peuplés[12].
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+ La guerre est perçue à l'époque de la Grèce antique comme dépendant des dieux qui accordent ou non la victoire. Les divinités interviennent directement sur le champ de bataille dans la guerre de Troie racontée dans l'Iliade d'Homère[13],[14],[15]. Des guerres marquantes sont par exemple la guerre lélantine, les guerres médiques, la guerre du Péloponnèse, les guerres des diadoques.
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+ La civilisation latine est marquée aussi par de nombreuses guerres, dès la construction de la république romaine et liées à sa protection, comme la bataille du lac Régille, les batailles contre les peuples Italiques, Volsques, Èques et Sabins, guerre contre Véies, puis guerres puniques, des Gaules, liées à l'expansion.
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+ La guerre féodale revêt plusieurs aspects. À l'époque carolingienne, seuls les empereurs ou les rois mènent ou font mener la guerre par les comtes et les évêques de leurs pagi. Au milieu du Xe siècle, les seigneurs détenteurs de fiefs font la guerre pour leur propre compte, soit entre eux, soit contre le roi selon les liens de vassalité. L'ordre social et économique des militia se met en place avec l'adoubement et les châteaux forts qui servent à la chevalerie pour conduire ses campagnes militaires[16] ou pour asservir les paysans (thèses de l'enchâtellement)[17]. Face aux guerres, le lieu de culte devient église fortifiée.
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+ Sur les aspects historiques de la guerre, voir les articles détaillés : Liste des guerres, Liste des batailles, Liste des sièges
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+ Cette théorie soutient qu'un conflit armé est « la suite logique d'une tentative d'un groupe pour protéger ou augmenter sa prospérité économique, politique et sociale aux dépens d'un autre ou d'autres groupe(s) » (Harris, p. 54). Soit une définition de la guerre impériale ou étatique, où l'attaquant se bat pour élever son niveau de vie au détriment des autres (les intérêts économiques sous-jacents peuvent être enfouis et cachés derrière des alibis politiques, raciaux et religieux). Dans cette approche l'État n'existerait que par son organisation politique - impérialiste à l'usage interne ou externe - capable de réaliser des guerres de conquête territoriale, d'agencement économique et de colonisation.
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+ Alors que Hegel place les antagonismes « guerre ou paix » dans une oscillation animée entre opposition et réciprocité, Clausewitz, après ses études sur les guerres napoléoniennes, adopte un point de vue plus tranché et affirme que la guerre résulte d'une montée aux extrêmes (vers la guerre sans merci). La conscience malheureuse de Hegel n’était qu’une manière de prendre acte du fait que les hommes sont désormais identiques dans leurs désirs comme dans leurs haines, et ne sont jamais aussi près de se réconcilier que lorsqu'ils se font la guerre.
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+ René Girard souhaite « Achever Clausewitz » en montrant l'importance du désir mimétique, c'est-à-dire du désir de ce que l’autre possède : soit des objets réels, mais aussi (et surtout) le désir de s’approprier « l'Être » du rival devenu son modèle. Il s'agit alors devenir ce que devient l’autre quand il possède l'objet convoité (désir métaphysique rabaissé au niveau du désir mimétique). À partir du moment où il apparaît que l’un des deux rivaux domine, s'arme le ressort puissant du ressentiment, qui conduit rapidement au duel : « c'est lui ou c’est moi ». La guerre n'est donc qu'une forme de rivalité mimétique, transposée au niveau des groupes, dans laquelle la violence est canalisée vers l'extérieur de la communauté via le processus du bouc émissaire. La psychologie politique propose des analyses proches.
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+ Certains estiment que l'homme est attiré par les formes extrêmes de communication: une sorte de « commerce » (dans sa signification profonde ou exacte de mise en commun, de partage et d'échange) joué dans le registre de l'agressivité, de l'agression, de la Domination. Sont alors valorisée des formes atténuées de guerre comme la guerre économique, (sous des dehors socialement et éthiquement plus acceptables), ou d'autres appétits de pouvoirs manifestés lors de luttes ethniques, de religions, de classe, etc. Dans ces nouveaux conflits, les nouvelles « armes » sont alors la capacité à trouver et manipuler les leviers les plus efficaces : l'argent, l'influence, l'information, la propagande…
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+ L'anthropologue Marvin Harris[18] de l'université Columbia propose une théorie sur les origines de la guerre dans les sociétés non-étatiques, tribales et villageoises. L'idéologie dominante dans notre société tend à blâmer l'individu pour la guerre sur une base prétendument biologique de la « violence innée » de la « nature humaine » (cf les notions de péché originel ou d'« instinct de mort ») . Selon Marvin Harris, ce point de vue simpliste n'aurait pour seul objectif de nous exonérer toute responsabilité dans notre conduite envers autrui. Si d'ailleurs la guerre était si naturelle, pourquoi tant d'efforts de propagande pour « dresser » les uns contre les autres et les faire s’entre-tuer ? Le « dressage » désignant ici le basic training qui dès l'enfance dans la famille, la parenté, l'école, le milieu social conduit à travers les jeux et les divertissements apparemment les plus inoffensifs, fait naître la coopération ou la compétition avec le rejet et le déni de l'autre.
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+ Harris recense quatre théories, selon lui les plus communes, sur l'origine de la guerre :
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+ Selon Robert C Bransfield [19], une guerre, comme tout autre forme de violence n'a jamais une cause unique. Parmi les facteurs de causalité des bouffées de violences individuelles et collectives figurent figurent des facteurs bien connus tels que la recherche de gains de pouvoir économique, religieux, nationaliste ou territorial, le racisme, la vengeance, des raisons civiles ou révolutionnaires, ou parfois défensives[20]
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+ Mais cet auteur invite aussi à ne pas sous-estimer l'importance de certains facteurs qui affectent la santé mentale[21].
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+ Dans 20 pays européens, une étude a trouvé que la prévalence de Toxoplasma gondii (parasite cérébral) était positivement associée aux taux nationaux d'homicide[22].
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+ Selon l'effet Flynn et d'autres travaux d'Eppig ; le quotient intellectuel national (QI) est corrélé (ce qui n'implique pas nécessairement un lien de causalité) avec le niveau de stress parasitaire. Moins les habitants sont parasités, plus le QI moyen est élevé et inversement ; le niveau stress parasitaire et d'infections serait même le meilleur prédicteurs du QI national moyen[23]. Il est généralement aussi associé à la pauvreté et à la sous-alimentation.
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+ R.C Bransfield note que la violence cesse rarement tout à fait à la fin des guerres. D'une part des volontés de vengeance peuvent couver et l'accès aux armes à feu facilite désormais, de manière générale, le passage à l'acte de tuer ; ainsi « plus d'Américains sont morts par armes à feu aux États-Unis depuis 1968 que sur les champs de bataille de toutes les guerres de l'histoire des Etats-Unis », et des armes de destruction massive de plus en plus sophistiquées existent.
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+ D'autre part les neurosciences ont clairement montré que certaines déficiences cérébrales prédisposent ou accroissent le risque de violence (c'est les cas de lésions du cortex préfrontal ventromédial droit, qui altère nos capacités d'empathie, ou des lésions du cortex frontal orbital et d'autres zones qui désinhibent les pulsions violentes[24].
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+ Certaines drogues, médicaments, l'alcool, ou certains produits toxiques (plomb, facteur de saturnisme) peuvent également déshinhiber les pulsions violentes voire meurtrières. R.C Bransfield note que le contexte des guerres favorise la prolifération de maladies infectieuses et éventuellement émergentes, quand des soldats ou des réfugiés pénètrent des zones hébergeant des pathogènes locaux contre lesquels ils ne sont pas immunisés, la surpopulation des camps, la dénutrition et malnutrition, le manque d'eau et diverses privations ainsi qu'un stress élevé et un stress post-traumatique caractéristiques des guerres favorisent des maladies infectieuses et émergentes, parfois chroniques, notamment chez les soldats, les prisonniers, les réfugiés et dans la population générale. Les épidémies qui suivent les guerres font parfois bien plus de mort que la guerre elle-même ; comme on l'a vu avec la peste d'Athènes qui a suivi la guerre du Péloponnèse (429 avant JC), la peste bubonique, propagée par les Vénitiens fuyant Kaffa en 1347, l'apparition de la syphilis en 1494/1495 avec le retour des troupes françaises revenant de Naples et/ou des marins et soldats ayant accompagné Christophe Colomb et revenus du Nouveau Monde, le typhus induit par la retraite de Russie de l'armée Napoléonienne (1812), la pandémie de grippe espagnole qui a tué bien plus d'humains que la première guerre mondiale, le typhus et le paludisme favorisés par la guerre de Corée, le paludisme cérébral apparu chez les vétérans du Vietnam ou les mycoplasmoses et d'autres troubles rapportées par les vétérans de la guerre du Golfe[25]. Les tranchées de la guerre 14-18 ont vu converger des soldats des cinq continents exposés aux maladies à transmission vectorielle véhiculées par les rats, mouches, poux, puces et moustiques et à des maladies telles que le pied des tranchées, la fièvre des tranchées (causée par Rickettsia quintana à poux, ensuite rebaptisées Bartonella quintana), une gamme d'helminthes, des parasites intestinaux (y compris Ascaris, Trichuris, Capillaria et Taenia spp.), Le typhus, le choléra, la tuberculose, la fièvre typhoïde, la dysenterie, la scarlatine, la diphtérie, la rougeole, la coqueluche et la variole n'étaient pas rares[26].
69
+ Le viol, la prostitution et les violences sexuelles exacerbés par les guerres favorisent en outre les maladies vénériennes. Les guerres coloniales ont mis en contact de nombreux soldats avec le paludisme et bien d'autres maladies tropicales.
70
+ La maladie de Lyme et d'autres maladies à tiques n'étaient pas encore reconnues mais étaient probablement présentes lors de la Première Guerre mondiale où environ cinq millions d'encéphalites léthargiques ont été déclarées dont un tiers conclues par un décès, ou laissant de graves séquelles neurologiques chez les survivants. 800 000 personnes sont mortes de tuberculose en Allemagne entre 1914 et 1920. Le typhus, réapparu en 1917 a tué environ trois millions de personnes (dans des camps de réfugiés surtout) et est resté épidémique dans la décennie 1920. Beaucoup d'infections ont emportés les blessés et prisonniers de guerre ou des réfugiés pendant, mais aussi après la Première Guerre mondiale[27],[28].
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+ Après l'armistice de 1918 la grippe dite espagnole est devenue une pandémie qui a touché environ 500 millions de personnes (un cinquième de la population mondiale) et tué 50 millions d'humains (plus que la peste noire médiévale) ; trois fois plus que les 16 millions de militaires et civils tués durant les 5 ans de guerre. On sait maintenant que ces infections, combinées à d'autres stress, alimentaires et socioéconomiques ont été sources d'invalidités et de déficiences mentales qui ont, parmi d'autres facteurs, contribué à l'arrivée de la Seconde Guerre mondiale. Des millions de soldats avaient inhalé des fumées de tir et ingéré du plomb et du mercure issus des munitions, deux métaux connus pour affecter la cognition et le fonctionnement cérébral, notamment chez l'enfant, l'embryon et le foetus, in utero, et ils ont aussi respiré des gaz de combats toxiques ; "combien des 450 millions de personnes qui ont guéris de la grippe espagnole ou d'autres infections associées à la Première Guerre mondiale avaient des troubles neurologiques résiduels qui augmentaient leur risque de violence ? " se demande R.C Bransfield ; Il est impossible de rétrospectivement calculer ce chiffre, mais la neuropsychiatrie a largement prouvé depuis que certaines des infections favorisées par la Première Guerre mondiale augmentent l'agressivité chez certains patients. La grande Catherine de Russie, Joseph Staline ou Adolf Hitler pourraient tous avoir eu la syphilis[29],[30],[31],[32], et Hitler pourrait avoir conservé des séquelles de la grippe espagnole, de la syphilis, d'une encéphalite léthargique, d'une maladie de Lyme et/ou de l'exposition aux gaz toxiques[33]. En particulier des symptômes de parkinsonisme sont bien documentés chez Hitler, pouvant évoquer un syndrome parkinsonien post-encéphalitique induit par la grippe espagnole ou une encéphalite léthargique[34].
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+ Des troubles mentaux séquelles de maladies infectieuses favorisées par la Première Guerre mondiale auraient ainsi pu altérer le comportement et le jugement de dictateurs tels qu'Hitler ou Staline et bien d'autres anciens soldats ou acteurs de la première guerre mondiale, des deux côtés du conflit, en aggravant la conflictualité des relations entre parties de la Seconde Guerre mondiale, et des séquelles épigénétiques sont encore théoriquement possibles sur plusieurs générations.
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+ On sait que certains infections (éventuellement chroniques) génèrent des dépressions, de l'irritabilité, une diminution des niveaux de tolérance, une altération du contrôle des impulsions, de la paranoïa, et parfois de la violence physique[35].
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+ De nombreux animaux grégaires ont des comportements collectifs d'agression, qui peuvent évoquer la guerre. Pourtant ces animaux territoriaux disposent aussi parfois de comportements évoquant la négociation. Ainsi, certains insectes sociaux (fourmis, termites, etc.) vivant en colonies forment de véritables armées, disposant d'« individus-soldats » chargés de défendre la colonie, puis attaquent leurs ennemis dans des combats violents. Les rapports entre fourmilières voisines ne sont pas toujours très harmonieux. Des luttes territoriales opposent des combattants sans pitié. Un chercheur néerlandais, Mabelis, s’est passionné pour les guerres que se livrent des colonies de fourmis rousses. Au printemps, quand le nid sort de sa torpeur hivernale, les ouvrières fourrageuses vont explorer les environs. Quand elles rencontrent un nid voisin apparenté, de type super-colonie, des échanges de nourriture ou des transports de matériaux peuvent s’effectuer entre les nids. Mais s’il s’agit d’une colonie étrangère, des combats éclatent entre les ouvrières. L’intensité du combat va crescendo car chaque colonie recrute au fur et à mesure de nouvelles combattantes. Les combats durent toute la journée et se soldent par la mort de milliers de fourmis. C’est au cours de telles guerres que les territoires des colonies évoluent. D’après certains biologistes, ces guerres entre fourmis permettraient aux colonies de se procurer des protéines à une époque où les proies sont encore très rares. Les arts martiaux se sont en Asie beaucoup inspiré des attitudes et moyens de défense des animaux. Cependant, le sentiment durable de vengeance, qui a chez l'Homme entretenu des guerres durant des siècles ou décennies leur semble inconnu.
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+ Les guerres internes à un pays en cause mettant aux prises une partie de la population contre l'autre sont qualifiées de guerres civiles. Chacun voit dans son ennemi, et même en celui qui voudrait rester neutre, un traître avec lequel il n'est plus possible de cohabiter et avec lequel aucun compromis territorial n'est possible (comme cela serait possible avec un ennemi étranger). C'est pourquoi l'unique issue envisagée est bien souvent l'anéantissement de l'autre et de ses alliés réels ou potentiels (y compris femmes et enfants), avec emploi de la terreur, ce qui rend ces guerres meurtrières et sans merci[réf. nécessaire]. Depuis la transition effectuée en Afrique du Sud avec un minimum de violence, grâce à Nelson Mandela et Desmond Tutu, une nouvelle approche juridique, la justice transitionnelle, laisse espérer d'autres solutions à ces conflits.
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+ Le statut juridique d'une guerre civile ne permet pas aux puissances étrangères et aux institutions internationales, comme l'ONU d'intervenir, comme la France pour les « intelligence » ou guerre d'Algérie pour régler les différends. Inversement, une guerre étrangère est déguisée en guerre civile pour masquer l'agression étrangère, comme la France a déguisé sa reconquête coloniale en guerre civile avec la création d'un État vietnamien indépendant en 1948, durant la Première Guerre d'Indochine d'indépendance et comme les États-Unis qui ont « aidé » la République du Viêt Nam en lutte contre la République démocratique du Viêt Nam pendant la deuxième guerre d'Indochine ou guerre du Viêt Nam de réunification[réf. nécessaire]. Il faut et il suffit simplement de fabriquer un gouvernement à sa solde qui demande l'aide pour intervenir en toute légalité dans les affaires intérieures d'un État souverain.
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+ Cette guerre n'en est pas vraiment une mais correspondrait plutôt un conflit inscrit dans une perspective de long terme, où plusieurs nations (importantes et en paires généralement) se font face et se disputent le marché ou sont prêts à se déclarer la guerre pour des enjeux économiques ou géopolitiques majeurs. L'exemple de référence est celui du conflit qui a régné pendant une cinquantaine d'années entre les États-Unis et l'Union soviétique lorsque ceux-ci se disputait la supériorité militaire puis la conquête de l’espace. Ne pas confondre un épisode de la guerre froide avec un incident diplomatique : ce dernier ne porte que sur un seul ou quelques sujets peu importants et se situe dans une perspective de court (plus rarement de moyen) terme.
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+ La guerre est un fait social global et non pas une simple manifestation de la violence humaine: Elle requiert une organisation des hommes, une convergence de leurs forces, vers un objectif unique. D'où cinq niveaux principaux d'organisation[36] (et, même, pour certains auteurs, de sept en ajoutant le niveau des valeurs constitutionnelles et celui de la politique intérieure) :
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+ Alors que le rôle de la stratégie est d'apporter à la politique le moyen le moins coûteux d'accéder à la décision (en indiquant la façon dont on use de la diplomatie, de l'économie, de la politique, de la force), celui de la tactique est de réaliser ce que lui ordonne la stratégie pour obtenir cette décision. Pour simplifier, la tactique est l'art de gagner les batailles alors que la stratégie est l'art de gagner la guerre, en décidant quand, où et comment faire les batailles.
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+ Si l'on soustrait de la guerre l'aspect psychologique de la haine et de la violence (ce que l'on fait, comme vu plus haut, dans la théorie classique), la volonté politique précède nécessairement la volonté de violence elle-même, et plus encore la réalisation de cette violence. La guerre commence alors bien avant qu'on l'imagine pouvoir éclater, puisqu'elle naît en amont sur le papier, d'ambitions et de nécessités rationnelles.
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+ Dans les pays développés et démocratiques, où l'État se caractérise de plus en plus par sa fonction abstraite d'« administrateur de la société », on peut effectivement penser que cette appréciation de la guerre comme calcul froid de la nécessité politique correspond à la réalité. Cependant, lorsque le pouvoir se confond avec la personnalité de celui qui l'exerce, la rationalité de la volonté politique a tendance à laisser place à l'irrationalité de l'autocratie, car un despote sera beaucoup plus enclin à considérer la guerre comme une affaire personnelle. Mais l'on remarque que même dans ce dernier cas, on ne peut affirmer que la politique n'est pas à l'initiative du conflit, puisqu'en dictature la volonté personnelle devient la substance même de la politique.
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+ Par sa nature destructrice, la guerre implique un coût très important, et il faut des motivations conséquentes et suffisantes pour initier un conflit. Comme tous les phénomènes sociaux extrêmes, ces motivations sont en bonne part de nature psychologique, mais la volonté de destruction s'est peu à peu rationalisée au cours du temps pour devenir un outil au service de la volonté politique. Celles-ci peuvent-être :
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+ À ces motivations matérielles et réfléchies qui peuvent encourager le recours à la force, s'ajoutent d'autres motivations d'origines psychologiques et plus instinctives, d'autant plus courantes que le pouvoir est personnalisé :
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+ On peut décrire l'origine de la violence en politique de la manière logique grâce au schéma suivant : quand la politique souhaite obtenir quelque chose d'un groupe social sur lequel elle n'a pas autorité (ce peut être un autre État), il lui faut son acceptation, ce que l'on nomme la décision en stratégie. La seule et unique manière d'y parvenir est de convaincre (voir la section niveau stratégique) l'autre qu'il est de son intérêt de répondre favorablement aux demandes qui lui sont faites :
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+
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+ Dans les deux cas il s'agit de faire accepter des conditions imposées. Si l'argument de la menace lui-même ne fait pas son effet, deux solutions se présentent alors :
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+
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+ Il faut donc en conclure, et c'est essentiel, que lors d'un litige entre des entités politiques indépendantes, toute décision et toute situation qui résulte de la confrontation de leurs volontés respectives, y compris l'usage de la violence, est considérée par tous les protagonistes comme étant le choix le meilleur.
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+ La stratégie est selon le général André Beaufre : « l'art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit »[39]. Alors que le niveau politique formule une volonté, le rôle de la stratégie est de réfléchir aux moyens d'amener l'adversaire à y répondre favorablement, ce que l'on nommera la décision. Pour le Général Beaufre, dans la dialectique des volontés, la décision est un événement d'ordre psychologique que l'on veut produire chez l'adversaire : le convaincre qu'engager ou poursuivre la lutte est inutile[40]. Le but de la stratégie est donc : « d'atteindre la décision en créant et en exploitant une situation entrainant une désintégration morale de l'adversaire suffisante pour lui faire accepter les conditions qu'on veut lui imposer »[41]. On admet généralement que le but de la stratégie est ni plus ni moins que de « gagner la guerre », d'où la formule prêtée à Clausewitz de « la décision par la bataille victorieuse ». La réalité est plus subtile : n'oublions pas que la décision est psychologique, et qu'il faut « convaincre qu'engager ou poursuivre la lutte est inutile », d'où cette réflexion de Lénine analysant Clausewitz : « retarder les opérations jusqu'à ce que la désintégration morale de l'ennemi rende à la fois possible et facile de porter le coup décisif ». Ainsi, il ne suffit pas d'être le plus fort pour gagner la guerre, mais de démoraliser le pouvoir adverse et c'est ce qu'apprirent à leurs dépens les États-Unis lors des guerres du Viêt Nam, de Somalie, d'Afghanistan ou encore d'Irak. D'ailleurs, la stratégie dans les guerres insurrectionnelles devient de plus en plus un cas d'école, et elle sera présentée ci-après.
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104
+ L'art de la stratégie réside précisément dans la subtile confrontation entre d'une part, les capacités d'influence sur l'adversaire, positives ou négatives, et d'autre part, l'évaluation des coûts inhérents aux moyens à disposition pour effectuer cette influence. L'influence peut être négative pour l'adversaire : destruction de ses forces et de ses biens, ou peut être positive : proposition de traité de commerce, négociation avantageuse ; la conjonction de ces moyens d'influence doit permettre une meilleure efficacité au rapport des coûts qu'impliquent chaque combinaison possible, entre techniques d'influence négative et positive, c'est donc « jouer de la carotte et du bâton », en fonction des prix et de l'efficacité de la carotte et du bâton. Pour l'exemple, on peut imaginer qu'une phase destructrice qui apparaisse catastrophique à l'ennemi, soit suivie d'une proposition de paix dotée d'avantages inattendus, proférant alors un caractère providentiel à ce qui ne sont que des exigences. Nous voyons qu'ici, la stratégie tient à un choix subtil, émanant d'une réflexion qui vise à faire converger vers un objectif des moyens parfois contradictoires, ce choix constitue l'art de la stratégie.
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+ « Là est donc l'intelligence de la stratégie, ses moyens sont de complexes combinaisons de techniques d'influence, mais pour les élaborer, il faut analyser l'effet moral décisif et savoir qui on veut convaincre »[42]. Dans le cas d'un gouvernement central, on peut choisir d'agir directement sur ses dirigeants et sur ce qui fait leur capacité d'influence (attaquer ou arrêter les personnes dirigeantes, leur administration, ou plus souvent leur propre capacité d'action : l'armée ennemie), ou bien sur un tiers qui a une influence sur eux (une organisation internationale comme l'ONU, des alliés influents, ou la population : solution particulièrement efficace dans une démocratie ou une société très divisée politiquement ou ethniquement). S'il faut convaincre non pas un gouvernement unique et centralisé, mais une constellation de personnalités ou un groupe (population, ethnie, groupe religieux, mouvance idéologique…), la stratégie comporte d'autant plus de variables et de complexité que le pouvoir adverse est décentralisé voire totalement explosé, car dans ce cas la décision doit être obtenue d'un ensemble d'individus, avec tout l'arc-en-ciel de sensibilité et d'intelligence stratégique qui le compose.
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+ Il y a victoire de la stratégie lorsque l'adversaire décide d'arrêter ou de ne pas engager le combat, c'est-à-dire, dès lors qu'il y a démoralisation de son pouvoir décisionnaire. Or, suivant qu'un conflit est interétatique ou insurrectionnel, qu'il est de l'ère pré-nucléaire ou post-nucléaire, les moyens susceptibles d'arriver à cette fin sont très différents.
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110
+ Le paradigme de la guerre industrielle entre États monopolise grandement la réflexion stratégique encore aujourd'hui, car il est tentant de penser que disposer d'une armée « puissante » selon les critères traditionnels (une armée de masse) autorise à se sentir prémuni de tous les types de guerre. L'armée américaine, de très loin la plus puissante au monde selon la définition classique, ne peut pourtant se permettre d'obtenir la décision que très rarement et difficilement dans les conflits insurrectionnels, autrement dit, elle ne peut pas gagner une guerre non conventionnelle avec des stratégies conventionnelles. Et c'est ce qu'a démontré le général Petraeus à travers ses réflexions sur la guerre contre-insurrectionnelle.
111
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112
+ Les raisons de ce paradoxe encore mal compris sont les suivantes : la capacité des armées et plus généralement des politiciens à obtenir la décision a subi des mutations considérables au cours de l'histoire, en particulier en raison de l'évolution des possibilités opérationnelles qui résultaient de l'armement, de l'équipement (évolutions des technologies) et des méthodes de guerre et de ravitaillement, mais surtout à cause des stratégies préférées par l'adversaire en fonction de ses propres caractéristiques politiques et sociales. Or cette évolution inéluctable fut rarement comprise, au contraire, l'évolution à généralement surpris les deux adversaires, qui durent en tâtonnant rechercher les solutions nouvelles menant à la décision. De là vient l'idée que « les stratèges se préparent toujours pour la guerre précédente ». L'exemple le plus surprenant pourrait être celui de la ligne Maginot, gigantesque structure à objectif défensif héritée des dogmes de la Première Guerre mondiale (guerre défensive de position), totalement incapable de protéger la France de la stratégie de guerre éclair offensive des armées nazies (guerre offensive et décisive très dynamique, mécanisée et aéroportée).
113
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+ L'évolution la plus importante de ces dernières décennies parait être l'apparition de la force nucléaire, dont les caractéristiques foudroyantes ont totalement bouleversé les lois de la guerre, d'où la naissance d'une nouvelle stratégie ; mais l'atome n'est pas la seule révolution, et la stratégie de guérilla, utilisée par le terrorisme, est elle aussi capable de mettre en échec des armées industrielles conventionnelles.
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+
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+ Sont analysées ci-dessous les trois stratégies principales, s'adaptant chacune aux moyens dont on dispose et à l'ennemi à combattre. Aucune n'est meilleure que l'autre dans l'absolu, et aucune ne peut s'adapter à toutes les situations.
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+ Dans la stratégie militaire classique, la guerre fut toujours comprise comme un rapport de force interétatique. Ainsi Hegel, contemporain des guerres napoléoniennes qui devaient redessiner la carte de l'Europe, comprend la dynamique des rapports de forces entre nations comme la matière même de l'histoire. L'histoire est alors le théâtre de la lutte des États pour l'hégémonie, où chacun se doit d'être le plus fort sous peine de disparaître.
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120
+ « Nation contre nation, front contre front, stratèges contre stratèges, la guerre interétatique a cette caractéristique jusqu'à la Seconde Guerre mondiale de voir se répondre en miroir des logiques de guerre pratiquement symétriques. La décision à l'état pur est celle qui résulte de la bataille victorieuse »[43], et toute la stratégie classique a pour objectif de gagner la guerre en terrassant l'ennemi sur le champ de bataille.
121
+ Dans cette logique d'équilibre des forces, une faiblesse, un calcul qui se révèle faux, ou une manœuvre inventive et décisive, peut décider du sort de la guerre, tout l'art de la stratégie classique est un jeu d'équilibriste où chacun s'efforce de pallier ses points faibles et de gagner en supériorité.
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123
+ Le général Beaufre examine les solutions principales employées dans le jeu de la stratégie, il en dénombre trois[44] :
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+ Le paradigme de la guerre interétatique conçoit la puissance comme synonyme de masse. Tout doit être massifié, densifié, les armes comme les hommes. Dès l'Antiquité, les armées se battaient en rangs serrés pour plus d'efficacité, à la fois tactique, mais aussi logistique (resserré autour de son chef, le groupe entendait ses ordres et agissait comme un seul homme avec une grande cohérence). Et ce fut donc naturellement que la guerre devint industrielle au XIXe siècle, lors de la révolution industrielle. Les armes sont fabriquées en très grand nombre, et leur mécanique est grandement améliorée (mitrailleuse, canon rayé), parallèlement à leur efficacité sur le champ de bataille. De même, les moyens de transports tels que le train et les navires à vapeur permirent la massification des troupes en des temps records sur des théâtres d'opérations très éloignés. En 1904, la Russie transporta sur rail une armée de plusieurs centaines de milliers d'hommes sur 6500 kilomètres par delà les espaces perdus et démesurés de Sibérie, afin de rencontrer les armées japonaises de Mandchourie[45].
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+ « La planète entière, au début du XXe siècle était devenue une seule entité maillée par les réseaux de transports et de transmissions, des chemins de fer, des navires à vapeur et des télégraphes. Et à l'intérieur de cette entité, les structures civiles et militaires de chaque nation sont devenues étroitement interconnectées. En temps de guerre, les chemins de fer seraient réquisitionnés et les hommes mobilisés. Les nations étaient mûres pour les guerres mondiales »
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129
+ — Général Sir Rupert Smith, L'utilité de la force, Economica, p. 69, (ISBN 978-2-7178-5366-7)
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131
+ Nous avons vu ci-dessus que l'approche indirecte était parfois préconisée par des théoriciens classiques, puisque le général Beaufre la citait parmi ses solutions préférées, car elle a l'avantage de dérouter l'adversaire avec peu de moyens[46] : « l'idée centrale de cette conception est de renverser le rapport des forces opposées par une manœuvre et non par le combat. Au lieu d'un affrontement direct, on fait appel à un jeu plus subtil destiné à compenser l'infériorité où l'on se trouve » . L'approche indirecte était alors un outil subtil mis à disposition de la stratégie classique, mais « a trouvé son application en stratégie totale sous une forme différente dans tous les conflits où l'un des adversaires […] avait des moyens inférieurs à ceux qui pouvaient lui être opposés ». Autrement dit, la stratégie indirecte est l'arme du pauvre, et celle préférée par l'insurgé.
132
+
133
+ La stratégie classique fut théorisée à l'ère napoléonienne, puisque c'est l'empereur qui lui donna ses lettres de noblesse. Mais la stratégie de ce que le jargon militaire nomme les conflits de basse intensité, c'est-à-dire les conflits où ne s'opposent pas deux armées centralisées et symétriques, mais où au moins un belligérant (voire les deux) se constitue d'individus émanant directement de la société civile menant plus une guérilla qu'une véritable guerre, vit ses premières manifestations sérieuses en Espagne en luttant justement contre les troupes de l'Empire, entre 1808 et 1814. Le peuple appelait ça la « petite guerre », de guerra (nom pour guerre) et illa (suffixe diminutif). On voit donc la guérilla, seule solution des peuples face à la force classique, se développer et remporter des succès précisément au moment où cette dernière montre tout son prestige.
134
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135
+ Le général Sir Rupert Smith dit à ce sujet : « des groupes de combat, petits, mobiles et souples, issus de la population, cachés et soutenus par celle-ci, s'ingéniaient à harceler les armées ennemies supérieures en force, tout en évitant toute confrontation sur une grande échelle. Par la poursuite de cette guerre, l'objectif politique était de conserver l'identité politique de la population, même sous occupation, en soutenant sa volonté de continuer à combattre et à résister. […] Privées de la force du nombre, et des armes pour s'opposer à une armée en campagne, les guérillas préfèrent éviter les batailles rangées. L'embuscade et le raid représentent leur modes de combats favoris »[47].
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+ Cette stratégie est une réponse à la faiblesse tactique des guérilléros (peu d'hommes, peu d'entraînement, peu d'armes), et la règle d'or jamais démentie de tout combattant insurgé vise à pallier cette faiblesse : toujours éviter de se trouver dans une position dans laquelle l'ennemi pourrait nous forcer à combattre. Il convient donc d'éviter d'occuper des infrastructures, des positions visibles, ou même simplement du terrain (choses que convoite généralement une armée classique) de façon à ne pas se trouver encerclé et de ne pas avoir à lutter sur un front fixe à homme contre homme.
138
+
139
+ L'imaginaire collectif considère encore aujourd'hui l'arme atomique comme une menace pour la paix, mais si le risque de prolifération nucléaire vers des pays irresponsables est à craindre, il est absolument nécessaire de comprendre que dans toute l'histoire de la guerre (dont les conflits furent de plus en plus terribles et meurtriers au fur et à mesure de l'évolution des techniques de combats), aucune stratégie n'a autant œuvré pour la diplomatie et le statu quo, et contre la violence, que la dissuasion nucléaire. La bien nommée Guerre froide, qui avait tous les ingrédients (situation géopolitique, détestation mutuelle, rapport de force idéologique…) pour dégénérer en conflit mondial, fut un exemple de guerre impossible.
140
+
141
+ Pour comprendre pourquoi l'apparition de l'arme nucléaire a nécessité l'invention d'une nouvelle approche stratégique, il faut rappeler en quoi elle détruit le paradigme de la guerre classique :
142
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+ Du fait de cette double caractéristique, l'arme atomique produit deux phénomènes entièrement nouveaux :
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+ On dénombre habituellement quatre types de protection possibles contre ce danger sans précédent :
146
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147
+ Ces quatre directions furent exploitées concurremment avec des fortunes diverses et ont fini par se combiner dans des formules stratégiques très compliquées, mais on peut dire que celle qui semble, et de loin, la plus dissuasive est sans conteste la quatrième (menace de riposte nucléaire en cas d'offensive), à tel point qu'on la nomme précisément la dissuasion nucléaire.
148
+
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+ Le principe de la dissuasion nucléaire est fort simple : toute agression trop directe envers une puissance nucléaire expose l'agresseur à une riposte cataclysmique et absolument insoutenable, un pays non-nucléaire ne peut donc en aucun cas s'attaquer frontalement à une telle puissance. On nomme également équilibre de la terreur ou MAD en anglais (Mutually Assured Destruction ou « Destruction mutuelle assurée ») une situation plus précise : lorsque deux puissances sont nucléaires, toute agression atomique de l'une expose l'agresseur à une riposte destructrice d'une ampleur au moins équivalente, ainsi le déclenchement des hostilités est a priori impossible. Car le fait d'être agresseur ne profère aucun avantage particulier comme ce pouvait être le cas dans la stratégie classique, être attaquant ou attaqué signifie de toute façon la destruction, d'où l'exigence constante de garantir la paix.
150
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151
+ Et la solution la plus efficace trouvée pendant la guerre froide pour garantir la sécurité du monde, fut justement, par le traité ABM (ABM pour anti-missiles balistiques) signé en 1972, de limiter non pas les capacités offensives de chacun des deux camps, mais de limiter les capacités défensives. En effet, le meilleur gage de paix était de préserver à tout prix la destruction mutuelle assurée, et ainsi d'interdire l'utilisation généralisée de ces nouvelles technologies des années soixante-dix des missiles intercepteurs. Cela montre à quel point la très contre-intuitive dissuasion nucléaire est l'une des meilleures assurances imaginable pour la sécurité du monde, y compris lorsque celui-ci était divisé par la confrontation est-ouest.
152
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153
+ Les tactiques employées pendant la guerre peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, notamment de l'optimisme ou du pessimisme des belligérants, des moyens à leur disposition, et des astuces dont ils disposent grâce à une réflexion plus avancée (par exemple, surprendre l'ennemi dans un piège pour coincer ses hommes et ses véhicules ou bien utiliser la végétation pour se cacher). Néanmoins, quand les tactiques sont identiques, il se peut qu'un énorme champ de bataille se forme inconsciemment.
154
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155
+ Par exemple, lors de la Seconde Guerre mondiale, Hitler envoya ses hommes attaquer la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas afin de contourner les fortifications de la ligne Maginot : le général Maurice Gamelin, chef des armées alliées croyant que les troupes nazies répétaient le plan Schlieffen en passant par la Belgique, envoya l'avant garde des armées alliées en Belgique, alors qu'en réalité tout ceci n'était qu'une diversion qui avait pour but de piéger les alliés un peu trop au nord en les contournant par la forêt des Ardennes (coup de faucille) .
156
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157
+ Au Moyen Âge, la tactique était considérée comme aussi indispensable pour vaincre l'ennemi que les armes ou la préparation des hommes. Néanmoins, les tactiques utilisées demeuraient élémentaires. Parfois, elle se révélaient même inutiles compte tenu de la proximité de l’ennemi. Lorsqu'un camp s'alliait avec un autre avant de combattre, les alliés pouvaient discuter - et ils le faisaient souvent - de la meilleure tactique à adopter (la moins coûteuse en matériel et en hommes) pour vaincre l’ennemi, traverser ses lignes ou le contourner.
158
+
159
+ Lors d'un conflit intense (longue durée, emploi d'armes de destruction massive, mobilisation générale, etc.), les ressources économiques des belligérants deviennent l'un des aspects majeurs d'un conflit. Pour chacun des camps, il est vital d'éviter au maximum les dégâts matériels qui pourraient affecter l'effort de guerre en diminuant la capacité productrice de l'industrie de guerre (usines d'armements) ou les voies de communications stratégiques (routes et chemins de fer) ou causer des pertes humaines massives parmi les civils travaillant à l'arrière. Inversement, il est inenvisageable de remporter la guerre sans porter un coup décisif aux sites stratégiques qui soutiennent l'effort de guerre ennemi.
160
+
161
+ L'annexion ou la colonisation de territoires ennemis permet de disposer d'espaces et de populations « amies » ou de ressources stratégiques (durant la Seconde Guerre mondiale, l'Anschluss de l'Autriche ou l'annexion de l'Alsace-Lorraine permettent à l'Allemagne nazie de mettre la main sur des centaines de milliers de soldats ; de même, la volonté de capturer des champs pétrolifères de la région de Bakou ou d'interdire aux Alliés la libre disposition des minerais scandinaves deviennent des enjeux stratégiques majeurs du conflit).
162
+
163
+ Plus récemment, la guerre en Irak ou la guerre d'Afghanistan ont rappelé les enjeux énergétiques pouvant conduire aux conflits armés. L'Irak disposait en 2002 de la deuxième réserve pétrolière de la planète[49]. L'Afghanistan, outre ses réserves de gaz, représentait une position stratégique dans le transport du pétrole et du gaz turkmènes[50].
164
+
165
+ Outre les ressources que le belligérant tente de s'approprier, la guerre représente deux autres enjeux économiques. Les investissements en armements des protagonistes font tourner l'économie nationale et participent au Produit Intérieur Brut et à sa croissance. Il faut également constater que la reconstruction du pays envahi a elle aussi un effet positif sur l'économie des pays y participant. Ces contrats de reconstruction deviennent alors un critère de décision et un enjeu de la négociation de l'entrée en guerre[51]. Le Plan Marshall a fait l'objet du même genre de critique de la part d'économistes et d'historiens.
166
+
167
+ À divers moments tout au long de l'histoire, les sociétés ont tenté de limiter les coûts humains, matériels et économiques des guerres en formalisant des règles morales ou juridiques, par exemple en protégeant les femmes et les enfants, les civils, en interdisant certains types d'armes ou les poisons chimiques, et en codifiant parfois les conditions du combat, voire du duel. À l'opposé, la guerre totale et industrielle cible les civils et mobilise toute une société, imposant à tous de contribuer à l'effort de guerre.
168
+
169
+ Dans le passé, la culture, le droit et la religion ont tous causé ou justifié des guerres, mais ils ont également agi comme modérateurs, au moins à certains moments.
170
+
171
+ Certaines cultures ont ritualisé les conflits pour limiter les pertes réelles de vies. Et le XXe siècle, s'il a inventé la guerre industrielle, a aussi porté une attention internationale croissante à la résolution non-violente des conflits qui mènent à la guerre, via l'ONU notamment, dont le préambule de la Charte vise explicitement à « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». Divers traités ont réglementé les guerres et leurs conclusions, collectivement dénommés « les lois de la guerre », dont récemment les Conventions de Genève (dont les premières ont pris effet au milieu des années 1800).
172
+
173
+ Ainsi, même si depuis la Seconde Guerre mondiale les affrontements directs et brutaux sont loin d'avoir disparu de la planète, les politiques de concertation et de coopération internationales se sont considérablement développées.
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+
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+ Le philosophe Grotius s'est penché sur le sujet de la guerre juste[52]. Selon lui, une guerre peut être qualifiée de « juste » lorsqu'elle respecte les conditions suivantes :
176
+
177
+ Par l'intermédiaire du Conseil de sécurité, l'Organisation des Nations unies a cherché des nouveaux moyens de résolution non-violente des conflits, s'appuyant notamment sur la concertation, la médiation, la signature et ratification de traités de paix et de conventions internationales, l'édiction de sanctions internationales, l'envoi de contingents de casques bleus, les mandats d'intervention. Mais ces outils restent fragiles.
178
+
179
+ Les différentes conventions de La Haye interdisent l'incorporation dans les armées de la population d'un territoire occupé. Le pouvoir nazi a donc fait usage d'une ruse : à partir du 25 août 1942, il a conféré la citoyenneté allemande à un nombre croissant de Français d'Alsace et de Moselle à commencer par les hommes (les malgré-nous). Plus récemment, elles ont statué sur la vente d'armes, la protection du patrimoine ou l'enlèvement d'enfants.
180
+
181
+ La troisième convention de Genève est relative au traitement des prisonniers de guerre.
182
+
183
+ Les principes du développement solidaire visent par un partage des ressources, en amont et plus solidairement, à atténuer les tensions entre groupes. Il dépend cependant du bon vouloir et des possibilités qu'ont les pouvoirs et les citoyens à les appliquer.
184
+
185
+ Plusieurs rapports d'experts (Human Security Report Project (en), Uppsala Conflict Data Program (en), Peace Research Institute Oslo (en)) font état d'une diminution du nombre de guerres, comme du nombre de génocides et de morts au combat, durant les deux décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide : Charles-Philippe David souligne que « les vingt années qui ont suivi la fin de la guerre froide ont ainsi connu une progression fulgurante des processus de paix »[53],[54],[55]. Selon herodote.net, « la violence d'État a causé moins d'un million de tués en 2001-2010 ; soit beaucoup moins que dans chaque décennie antérieure depuis 1840 (à l'exception de la décennie 1900-1910). Cette violence d'État a été également moins meurtrière que par exemple la criminalité ordinaire au Brésil (50 000 homicides) ou en Afrique du Sud en 2011 »[56].
186
+
187
+ Cet état de fait est contre-intuitif pour plusieurs raisons : l'augmentation du nombre d’États souverains ayant un siège aux Nations unies, ce qui accroît d’autant les facteurs de tensions ; la circulation des images par Internet et réseaux sociaux qui rend les conflits plus visibles ; la diversification des formes de conflits ; le maintien, décennie après décennie, de contentieux majeurs ; la montée en puissance d’acteurs non étatiques, comme le Hezbollah au Liban[57],[55] ; la tendance des médias à rapporter davantage les événements sanglants que l'achèvement d'un conflit[54]. Dans Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (2011), Yuval Noah Harari souligne combien « la plupart des gens mesurent mal à quel point nous vivons dans une époque pacifique. Aucun de nous ne vivait il y a un millénaire, si bien que nous oublions facilement à quel point le monde était plus violent. Et alors même qu'elles deviennent plus rares, les guerres attirent davantage l'attention. Beaucoup plus de gens pensent aux guerres qui font rage aujourd'hui en Afghanistan et en Irak qu'à la paix dans laquelle vivent désormais la plupart des Brésiliens et des Indiens »[58].
188
+
189
+ Cependant, on a observé une augmentation du nombre de guerres, de 4 en 2010, soit le total le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à 11 en 2014 (dont 7 impliquant des groupes islamistes radicaux), soit la plus forte hausse depuis la fin de la guerre froide et un niveau qui n'avait pas été atteint depuis 2000 ; le taux mondial de morts au combat a aussi augmenté depuis son minimum de 2005, principalement à cause de la guerre civile syrienne. Les chercheurs Andrew Mack et Steven Pinker soulignent que cette hausse « a annulé les progrès de ces douze dernières années, mais les chiffres des violences sont bien en deçà de ceux des années 1990 et n'ont absolument rien de comparable avec ceux des années 1940, 1950, 1960, 1970 ou 1980 »[59].
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+ L’anesthésie est la suppression des sensations (et en particulier la sensation de douleur). Elle vise à permettre une procédure médicale qui autrement serait trop douloureuse. L'anesthésie peut viser un membre, une région ou l'organisme entier (anesthésie générale). L'anesthésie loco-régionale est aussi pratiquée dans les cas de douleurs chroniques. Le mot « anesthésie » provient du grec αἴσθησις, faculté de percevoir par les sens, combiné à l'alpha (α) privatif et au nu (ν) euphonique.
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3
+ Le domaine de la médecine qui étudie et pratique l'anesthésie est l'anesthésiologie. Cette spécialité médicale est récente, et elle a révolutionné la médecine en permettant une chirurgie de qualité. L'utilisation de techniques d'anesthésie modernes est un des piliers de la récupération rapide après chirurgie qui réduit les complications et permet au patient de retrouver plus rapidement ses moyens et son autonomie.
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+ Le terme général anesthésie englobe trois effets majeurs : immobilité, amnésie et inconscience, ou, en d'autres termes, la perte de mobilité, de mémoire et de conscience.
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+ L'effet des anesthésiants sur la conscience pose des difficultés particulières : comment des molécules aussi variées que l'ensemble des anesthésiants connus peuvent-elles affecter la conscience, malgré des structures aussi disparates et des sites d'action (présumés) également disparates[1] ? En outre, les neurosciences sont divisées sur le ou les sites de la conscience, si du moins il existe de tels sites localisés. En effet, l'hypothèse de Francis Crick et Christof Koch postule un certain nombre de sites corrélant avec la conscience ; Koch, après la mort de Crick, a formulé l'hypothèse que chaque expérience significative était associée à un groupe de neurones[2]. L'hypothèse de Susan Greenfield, par contre, est que la conscience a lieu dans de vastes ensembles de neurones excités en synchronie dans tout le cortex[3]. En résumé, l'hypothèse de Koch sur la conscience est centrée sur les neurones et celle de Greenfield sur les signaux (transmis par les neurones)[1].
8
+
9
+ Dans l'état actuel de la recherche, l'anesthésiologie n'est pas à même de trancher. Le modèle de Greenfield, note-t-elle, inscrit dans un continuum de « paysages chimiques » plus ou moins vastes les états de conscience, au bout duquel se trouvent, aux frontières de la conscience, lorsque l'étendue des assemblages neuronaux se restreint, l'hyperexcitabilité du consommateur d'ecstasy et le délire schizophrène, qui sont, justement, observés juste avant l'anesthésie[3].
10
+
11
+ Au début du XIXe siècle, le botaniste Charles Ernest Overton et le pharmacologue Hans Horst Meyer ont constaté que la puissance des anesthésiants corrélait avec leur solubilité dans l'huile d'olive[1]. La loi de Meyer-Overton a permis de formuler des hypothèses unificatrices invoquant la capacité des anesthésiants à affecter les membranes neuronales, un processus global, ce qui aurait pu expliquer que des molécules de structures variées affectent, selon leur affinité pour les corps gras, un même paramètre. Cependant, des données expérimentales allaient réfuter ces hypothèses en montrant que l'élévation de la température du corps, malgré des effets comparables sur les membranes, causait des effets inverses de ce que la théorie prédisait. La corrélation de Meyer-Overton allait être mise de côté entre 1990 et 2010.
12
+
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+ Néanmoins, la corrélation de Meyer-Overton a mené plus récemment à l'observation que les protéines, et non pas seulement les membranes, comportaient des sites hydrophobes (ou lipophiles) dans lesquels les anesthésiants pouvaient se loger. Ces sites, à distinguer des sites d'action des neurotransmetteurs, sont des cavités à l'intérieur des protéines, dans lesquelles une variété d'anesthésiants peuvent se loger et contrôler la forme et le fonctionnement de la protéine, sans agir sur le site actif (de façon allostérique)[1].
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+ L'anesthésie générale est un acte médical dont l'objectif principal est la suspension temporaire et réversible de la conscience et de la sensibilité douloureuse, obtenue à l'aide de médicaments administrés par voie intraveineuse ou inhalatoire.
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+ À cet objectif essentiel, permettant la réalisation sans mémorisation et sans douleur des interventions chirurgicales et de certains examens invasifs, s'associe la nécessité d'une surveillance continue et souvent d'un contrôle artificiel (mécanique et/ou pharmacologique) des fonctions vitales : respiration (fréquence respiratoire, volume courant, oxymétrie), hémodynamique (rythme cardiaque, pression artérielle), tonus musculaire. En raison des spécificités de l'approche technique, physiopathologique et pharmacologique du patient anesthésié et de l'impératif de sécurité qui entoure cet acte, la pratique de l'anesthésie générale n'est possible, en France, que sous le contrôle de professionnels spécialisés en anesthésie (médecin-anesthésiste-réanimateur et infirmier anesthésiste diplômé d'état).
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+ L'anesthésie générale fait appel à 3 grandes familles de médicaments qui peuvent être associés :
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+ L'anesthésie loco-régionale (ALR) a l'avantage de ne pas entraîner de perte de conscience. La respiration et les réflexes de protection des voies aériennes sont maintenus. Lorsque la chirurgie le permet, les anesthésies d'un membre diminuent les complications reliées à l'anesthésie (le patient est plus vite sur pied) : c'est donc une technique de choix pour la chirurgie ambulatoire. On l'accompagne le plus souvent d'une sédation à l'aide d'une benzodiazépine ou d'un hypnotique à faible dose. Néanmoins, le risque vital global n'est pas différent entre une anesthésie générale et une anesthésie rachidienne (épidurale ou rachianesthésie) sauf pour les césariennes où l'avantage va à l'anesthésie rachidienne (d'où son utilisation dans plus de 95 % des cas).
22
+
23
+ L'anesthésie locale se limite à la région visée et est généralement réalisée par injection d'anesthésiques locaux dans les tissus à anesthésier ou parfois par l'application d'une gelée ou crème contenant ceux-ci. C'est en général cette technique que pratiquent les dentistes. L'anesthésie locale peut être appliquée par le chirurgien lui-même. Les normes de sécurité doivent être respectées car les complications allergiques et le choc vagal peuvent survenir.
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25
+ Il s'agit de l'anesthésie du territoire desservi par un nerf ou un groupe de nerfs. On l'obtient en injectant un anesthésique local à proximité du nerf. On distingue les anesthésies régionales axiales (rachianesthésies et anesthésies péridurales), qui permettent une anesthésie du bas du corps et les anesthésies régionales périphériques qui permettent d'agir sur un membre ou un segment de membre.
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+ Les anesthésies axiales : le produit anesthésique est déposé soit à proximité de la moëlle, dans le liquide céphalorachidien (rachianesthésie), soit à proximité des racines nerveuses, au niveau des méninges (péridurale et anesthésie caudale). Lorsqu'un cathéter (petit tuyau servant à injecter des médicaments) est laissé en place, on peut prolonger l'effet de l'anesthésie, et moduler sa puissance (afin de faire de l'analgésie, par exemple pour les accouchements). Ces techniques nécessitent donc la réalisation d'une piqûre au niveau du dos. L'anesthésie péridurale peut être réalisée à tous les étages de la colonne vertébrale. Réalisée au niveau des vertèbres dorsales, elle est particulièrement utile pour soulager les douleurs après chirurgie thoracique ou chirurgie abdominale haute.
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29
+ Les anesthésies tronculaires : on peut n'insensibiliser qu'un bras, ou une jambe par exemple. La localisation précise de l'endroit où le produit anesthésique doit être déposé, est réalisée grâce à un stimulateur nerveux. Celui-ci permet de repérer exactement les divers nerfs à bloquer. On peut aussi glisser un cathéter qui permettra d'injecter des anesthésiques locaux pour entretenir l'effet, et éviter les douleurs après l'opération (analgésie post opératoire). L'échographie prend une place de plus en plus importante dans le repérage des nerfs à bloquer. Ceci permet notamment de visualiser l'endroit où on réalise l'injection d'anesthésique local, de dépister une injection intravasculaire et de diminuer les doses d'anesthésiques locaux utilisées. Les techniques d'ALR sous échographie nécessitant une formation spécifique, l'ALR par neurostimulation reste encore à l'heure actuelle la technique de référence dans de nombreux centres.
30
+
31
+ Suc de pavot, chanvre, mandragore, éponges somnifères ou encore potion opiacée : ces divers élixirs soporifiques, plus ou moins efficaces, ont servi à apaiser la douleur jusqu'au milieu du XIXe siècle[réf. nécessaire]. Ils étaient absorbés par ingestion d'une décoction ou par inhalation de la fumée qu'ils dégagent en brûlant[réf. nécessaire].
32
+
33
+ En effet, depuis des milliers d'années, arracheurs de dents, barbiers et chirurgiens soignent à grands coups de lames et de pinces le corps humain. À vif ! Pour atténuer le supplice, une seule solution : travailler à toute vitesse, certains réussissant même des amputations en quelques dizaines de secondes ! Au XVIe siècle, le grand chirurgien Ambroise Paré préconise un cocktail d'opium et d'alcool à haute dose et recoud les plaies au lieu de les cautériser par une atroce brûlure au fer rouge.[style à revoir] Pendant la retraite de Russie, Dominique Larrey, le chirurgien de Napoléon constate que le grand froid atténue la douleur des opérés et l'on gardera longtemps le procédé pour amputer des membres gangrenés.
34
+
35
+ La véritable évolution se déroule le 30 mars 1842 lorsque le médecin américain Crawford Long doit pratiquer une intervention superficielle sur un de ses patients[réf. nécessaire] ; il a alors l'idée de l'endormir en lui faisant respirer de l'éther. Malheureusement, il ne fait pas part à ses confrères de son innovation, qui tombe dans l'oubli.
36
+
37
+ Puis, en décembre 1844, le dentiste Horace Wells assiste à une séance scientifique récréative, en fait une démonstration d'hypnose de Gardner Quincy Colton (en), chimiste itinérant[6], où l'on observe les effets hilarants du protoxyde d'azote ; il constate qu'un sujet se meurtrit sans ressentir aucune douleur. Le lendemain, il décide de se faire arracher une dent, anesthésié par du protoxyde d'azote. Persuadé de la réussite de la méthode, il part à l'hôpital de Boston pour en faire la démonstration : par la même technique, il procède à l'extraction d'une dent qui se solde par… un échec (à la suite d'une mauvaise administration du gaz dû vraisemblablement à un défaut matériel), et il subit les lazzi des étudiants, qui croient à une supercherie[7].
38
+
39
+ Gardner Quincy Colton (en), lui, va ouvrir à New York une école d'anesthésie dentaire[8].
40
+
41
+ Le silence de Long et l'échec de Wells permettront à deux autres médecins de partager, ou plutôt de se disputer la découverte de l'anesthésie par l'éther.
42
+ Le chimiste Charles Thomas Jackson fournit au chirurgien de l'hôpital de Boston William Morton les indications indispensables à sa préparation et à son administration. Le 30 septembre 1846, Morton enlève une dent à un patient anesthésié avec de l'éther versé sur un mouchoir. Toutefois, ce n'est que le 16 octobre de cette même année que William Morton réalise sa première démonstration officielle en permettant au chirurgien John Collins Warren d'extraire une tumeur cervicale à un patient anesthésié.
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+ L'éther est utilisé pour la première fois en France, en 1847[réf. nécessaire], alors qu'un des chirurgiens français les plus réputés, Alfred Velpeau, avait déclaré, huit ans plus tôt, que la chirurgie sans douleur était inconcevable.
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+ Après l'éther vient le chloroforme : le physiologiste Pierre Flourens anesthésie des animaux au chloroforme mais c'est James Young Simpson, gynécologue à Édimbourg, qui, après avoir fait un essai sur lui et sur ses assistants, l'utilise régulièrement à partir de 1847. Le chirurgien Gaspard-Léonard Scrive, médecin en chef du corps expéditionnaire français durant la Guerre de Crimée, en généralisa l'usage dans le cadre de la médecine de guerre à cette occasion.
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+ Toutefois, l'anesthésie n'est pas seulement l'élimination de la douleur, c'est aussi un moyen d'inhiber la contraction musculaire. En 1844, Claude Bernard découvre que le curare agit sur la jonction neuromusculaire entraînant une paralysie et une baisse du tonus musculaire ; sous l'effet du curare, les muscles ne fonctionnent plus, deviennent mous, les poumons s'immobilisent. En raison de la paralysie respiratoire, le cerveau et les tissus ne sont plus alimentés en oxygène. Le temps s'écoule et les médecins ne tirent profit de cette observation qu'en 1942 : à cette date, un dérivé purifié, l'intocotrine, extrait des plantes à curare rapportées d'Amazonie en 1938 est introduit en anesthésie.
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+ Si les premières tentatives d'anesthésie intraveineuse semblent dater de 1872, c'est l'utilisation de l'hexobarbital qui donne un coup d'envoi à la méthode en 1932. Un autre barbiturique à action rapide, le thiopental, est utilisé pour la première fois en 1934; aujourd'hui, il est encore utilisé pour l'anesthésie intraveineuse. On essaiera ensuite divers barbituriques à action rapide, mais aucun ne détrônera le fameux thiopental. Les nouveaux agents anesthésiques intraveineux se multiplient à partir des années 1950.
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+ L'anesthésie par inhalation est l'autre façon d'endormir les patients : pendant près de 100 ans, le chloroforme et l'éther sont les anesthésiques par inhalation. Toutefois, le risque de syncope mortelle avec le chloroforme se confirme dès 1848, et on l'abandonne au profit de l'éther, qui cède la place au protoxyde d'azote, encore utilisé comme analgésique d'appoint. Puis un composé fluoré, l'halothane, est synthétisé : il allait devenir l'anesthésique par inhalation le plus utilisé au monde dans les années 1980.
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+
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+ Revenons à Claude Bernard qui, en 1860, propose l'anesthésie combinée associant morphine et chloroforme. Cette association est devenue aujourd'hui celle de l'anesthésie « balancée » où l'on associe divers anesthésiques, analgésiques morphiniques et myorelaxants administrés par voie intraveineuse ou par inhalation. La combinaison de ces diverses molécules minimise les effets secondaires d'une anesthésie, grâce à une diminution des doses nécessaires.
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+ En 1859, Albert Niemann isole, à partir d'un extrait de feuilles de coca, la forme cristalline de la cocaïne. Carl Koller et Sigmund Freud décrivent ses effets anesthésiants sur la langue. En 1879, le physiologiste Vassily von Anrep étudie ses effets engourdissants et la mydriase qu'elle provoque chez les animaux. En 1880, Von Anrep observe que la peau infiltrée de cocaïne est indolore lors d'une piqûre et propose l'emploi de cet alcaloïde comme anesthésique local en chirurgie[9]. La cocaïne, premier anesthésique local disponible, est utilisé en chirurgie oculaire par instillation dès 1884. D'autres anesthésiques font leur apparition mais, à la fin du siècle, la cocaïne reste la première substance utilisée en anesthésie locale. Toutefois, sa toxicité stimule la recherche de nouvelles substances et elle est remplacée à partir de 1904 par la Stovaïne de Fourneau[10], premier anesthésique local de synthèse[11], et par la novocaïne d'Einhorn. La lidocaïne, introduite en 1943 par Nils Löfgren, est encore l'anesthésique local de référence, mais elle est progressivement supplantée par des molécules plus actives et de moins en moins toxiques.
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+
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+ Au début du XXe siècle, les techniques et les appareillages se perfectionnent. Les anesthésies, moins toxiques, peuvent maintenant se prolonger, ce qui ouvre le champ à des actes opératoires jusqu'alors impossibles. Après la Seconde Guerre mondiale, l'anesthésie devient une discipline médicale autonome, à laquelle est adjointe la réanimation.
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+
60
+ Vient alors le GHB découverte par le professeur Henri Laborit en 1961 qui a ouvert la voie aux molécules complexes qui assurent aujourd'hui un taux d'échec largement minimisé par rapport aux procédés antérieurs qui laissaient jusqu'à 2 % de patients « non-réanimés ».
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+
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+ En France, la société savante représentative est depuis 1982 la Société française d'anesthésie-réanimation (SFAR)[réf. souhaitée].
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+
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+ Dans l'anesthésie moderne, une grande variété de matériel médical est utilisée en fonction des besoins et des circonstances, pour une utilisation sur le terrain, des opérations chirurgicales au bloc opératoire ou des soins intensifs en réanimation. Les anesthésistes doivent avoir une connaissance approfondie concernant l'utilisation des différents gaz médicaux, des agents anesthésiques et des appareils de ventilation artificielle. Ils doivent également maitriser les dispositifs de sécurité, les risques et les limites de chaque équipement.
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+
66
+ Les patients traités dans le cadre des anesthésies générales doivent être surveillés en permanence afin d'assurer leur sécurité.
67
+
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+ Au Royaume-Uni, l'Association des anesthésistes (AAGBI) a établi des lignes directrices pour la surveillance générale et l'anesthésie régionale. Pour la chirurgie mineure, il comprend en général la surveillance du rythme cardiaque (ECG ou par oxymétrie de pouls), de la saturation en oxygène (par oxymétrie de pouls), de la pression artérielle, des gaz inspirés et expirés (pour l'oxygène, le dioxyde de carbone, l'oxyde nitreux et des agents volatils). Lors d'une chirurgie majeure, la surveillance doit également inclure la température, la production d'urine, des mesures invasives de la pression artérielle et la pression veineuse centrale, la pression artérielle pulmonaire, l'activité cérébrale (EEG), la fonction neuromusculaire et du débit cardiaque. En outre, l'environnement de la salle d'opération doit être contrôlé pour la température, l'humidité et l'accumulation de gaz anesthésiques qui pourraient nuire à la santé du personnel de salle d'opération.
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+
70
+ En France, la surveillance anesthésique est effectuée principalement par l'infirmier anesthésiste diplômé d'état (IADE).
71
+
72
+ Au Québec, la surveillance clinique du patient sous anesthésie générale et locorégionale ou sous sédation-analgésie est effectuée par l’anesthésiologiste ou par l’inhalothérapeute, et ce, en toute autonomie.
73
+
74
+ Un dossier médical doit être tenu afin de retranscrire tous les événements au cours d'une anesthésie. Il tient le compte détaillé et continu des médicaments, des fluides et des produits sanguins administrés et des procédures engagées, et comprend également l'observation des réactions cardiovasculaires, estime la perte de sang, la production d'urine et les données provenant des moniteurs physiologiques. Le dossier d'anesthésie peut être écrit manuellement sur papier, mais le dossier papier est de plus en plus remplacé par un enregistrement électronique.
75
+
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+ L'AIMS (Anesthesia Information Management System) se réfère à tout système d'information permettant un enregistrement électronique automatisé des données du patient lors d'une anesthésie.
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78
+ Le médecin anesthésiste réanimateur (MAR) est un médecin spécialiste. Après les 6 années de formation universitaire et après nomination au concours de l'internat, un anesthésiste-réanimateur obtient actuellement sa qualification après dix semestres de stages dans un centre hospitalier universitaire (dont quatre semestres obligatoires en anesthésie et quatre semestres obligatoires en réanimation).
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+ Tout au long de sa carrière, il peut aussi bien travailler au bloc opératoire, dans les services de réanimation, aux urgences, ou au SAMU. En raison de leur maîtrise de gestes techniques particuliers (infiltrations, pose de cathéters…), certains anesthésistes réanimateurs choisissent de faire une formation complémentaire pour travailler dans les centres anti-douleur.
81
+
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+ Les Infirmiers Anesthésistes Diplômés d'État (IADE) sont des infirmiers cliniciens spécialisés qui, au terme de la formation initiale d'infirmier (3 ans) ont travaillé au minimum 24 mois à temps plein pour pouvoir se présenter au concours d'entrée en école d'infirmier(e)-anesthésiste. Après le concours, les études durent 2 années alternant des apports théoriques et des stages cliniques, Il faut donc au minimum 7 à 8 années depuis l'entrée à l'école d'infirmier jusqu'à l'obtention du diplôme d'État d'infirmier anesthésiste. Le Diplôme d’État d'Infirmier Anesthésiste confère le grade de master depuis la réforme des études de 2012. À ce jour, la profession d'infirmier anesthésiste possède la formation la plus longue et la plus qualifiante des paramédicaux français.
83
+
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+ Les infirmiers anesthésistes (IADE) appliquent les techniques d'anesthésie générale et loco-régionale sous la supervision des médecins anesthésistes, ce qui leur confère une relative autonomie. Au bloc opératoire, l'IADE a une exclusivité d'exercice par rapport aux autres paramédicaux, personne ne peut se substituer à lui hormis le médecin anesthésiste. L'IADE peut travailler également dans les services de réanimation, services mobiles d'urgence et de réanimation (SAMU-SMUR) où son expertise est reconnue ainsi qu'en centre anti-douleur et salles de soins post-interventionnelles (salles de réveil).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La guerre se définit comme un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués, comme des États. Par opposition aux guerres entre États, une guerre peut aussi désigner un conflit armé entre deux factions de populations opposées à l'intérieur d'un même État : on parle alors de guerre civile, de guerre ethnique, de guerre révolutionnaire ou encore de guerre de sécession.
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+ Les États font la guerre aux autres États, pas aux individus ni aux familles qui les composent. Ainsi, la guerre est définie comme un acte de politique étrangère ou défensif de dernier recours après d'ultimes négociations de diplomatie.
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+ Les guerres et leurs moyens sont juridiquement soumis à des règles d'honneur anciennes et tacitement admises, les lois de la guerre, devenues le fondement du droit international public. Celles-ci définissent les conditions de légitimité, le déroulement, et les moyens licites des guerres. Une guerre est précédée d'une revendication ou d'un casus belli, d'un ultimatum, puis d'une déclaration de guerre ; elle peut être suspendue par des trêves, un armistice ; elle se termine par la reddition d'une armée, la capitulation d'un gouvernement, puis la signature d'un traité accordant ou refusant les revendications initiales, le paiement de compensations, et le retour à l'état de paix.
14
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15
+ La science de la conduite d'une guerre s'appelle la stratégie, celle de gagner les batailles la tactique, celle des causes et des conséquences des conflits, la polémologie (venant du grec polemos qui signifie la guerre et de son suffixe logos qui veut dire l'étude. La polémologie est donc l'étude de la guerre).
16
+
17
+ Pour Gaston Bouthoul, « la guerre est une forme de violence qui a pour caractéristique essentielle d'être méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux manières dont ils la mènent. En outre, elle est limitée dans le temps et dans l'espace et soumise à des règles juridiques particulières, extrêmement variables suivant les lieux et les époques. Sa dernière caractéristique est d'être sanglante, car lorsqu'elle ne comporte pas de destruction de vies humaines, elle n'est qu'un conflit ou un échange de menaces »[1].
18
+
19
+ Selon Carl von Clausewitz, « la guerre est la continuité de la politique par d'autres moyens ».
20
+
21
+ Paul Valéry donne de la guerre une définition qui souligne la responsabilité de la haute classe politique et économique, comme cela a été particulièrement le cas pour la Première Guerre mondiale : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »[2].
22
+
23
+ Pour Joann Sfar, « la guerre, c'est l'art de régler un conflit sans prendre en compte les aspirations de l'adversaire. »
24
+
25
+ Le mot « guerre » vient du francique werra, qui en français a supplanté les termes issus[3] :
26
+
27
+ L'archéologue et historienne Anne Lehoërff rappelle que si la guerre est une composante qui fait partie des sociétés du Paléolithique, elle « ne résout pas cette fausse bonne question de l'idée de violence première chez l'homme, qui relève d'une opposition trop simpliste[5] » entre le modèle de Hobbes de l'homme naturellement violent (le philosophe y voyant un animal sauvage « possessif, agressif, prédatoire, ignorant par conséquent toute organisation sociale et même tout sentiment de sociabilité[6] ») et celui de Rousseau pour qui il n'y a pas de guerre avant que ne se forment les sociétés car « l'homme est naturellement pacifique et craintif. Au moindre danger son premier mouvement est de fuir[7] ».
28
+
29
+ Selon la préhistorienne Marylène Patou-Mathis et à la lecture des recherches anthropologiques et archéologiques, la guerre ne semble apparaître qu’avec la naissance de l’économie de production et le bouleversement des structures sociales du Néolithique, il y a environ dix mille ans, et « la « sauvagerie » des préhistoriques ne serait qu’un mythe forgé au cours de la seconde moitié du XIXe siècle pour renforcer le concept de « civilisation » et le discours sur les progrès accomplis depuis les origines »3. L'anthropologue Pierre Clastres affirme pour sa part que les premières sociétés humaines sont violentes4 : nombre de peintures anciennes (35 000 ans) ne représentent que des scènes de chasse[réf. souhaitée]. Cependant l'art rupestre plus récent (art levantin entre 10 000 et 6 500 ans av. J.-C.) montre des exécutions capitales. Dès le plus ancien Néolithique en Europe tempérée, les massacres de grands nombres (rendus possibles grâce aux lances, aux arcs, aux frondes et aux masses) sont, selon les paléoethnologues, présents lors de l’acquisition de la sédentarité (comme à Talheim5), et notamment près des sols fertiles, des stocks alimentaires et des bétails facilement mis en valeur par l'agriculture et l'élevage, des affrontements se produisant probablement par compétition entre les chasseurs-collecteurs peu nombreux et les nouveaux arrivants agriculteurs. Dans le Djebel Sahaba (en), au Soudan, une nécropole de type paléolithique tardif (société de chasseurs-cueilleurs) datant de 12 000 - 10 000 av. J.-C., a révélé le massacre d’une population entière6. Des confrontations entre armées ont eu lieu dès le Mésolithique (8000 à 5000 av. J.-C.) près des estuaires et des grands fleuves (Danube, Nil, Indus, Dniepr, Gange). Si la guerre proprement dite se développe au Néolithique, les premiers indices de violence et d'affrontements, souvent pour des zones giboyeuses de gués ou de bords de rivières, existent chez les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, comme en atteste l'enfant de Grimaldi ou les prénéandertaliens qui semblent avoir été jetés intentionnellement dans la cavité de Sima de los Huesos. Malgré la faiblesse des sources, l'archéologue Lawrence H. Keeley qui reproche à ses collègues — tel R. B. Ferguson7 — d'avoir longtemps campé dans leurs écrits un passé pacifié, évalue le taux de perte lors d'affrontements rapprochés dans des sociétés tribales préhistoriques monter à 60 % dans certains sites archéologiques (ce taux est de 1 % dans les guerres modernes)8.
30
+
31
+ L'archéologue Jean Guilaine voit dans les guerres néolithiques pas simplement une compétition économique pour accaparer les ressources agricoles mais également le développement de classes sociales avec l'émergence d'un chef, probablement un guerrier plus prestigieux, pour lequel la guerre et la répression sont deux des attributs de son pouvoir[8].
32
+
33
+ À l'heure actuelle, les données archéologiques ne montrent, à l'échelle des millénaires (cinq au minimum), aucun massacre d'ampleur de centaines d'individus abandonnés in situ. Rien qui ne permette de confirmer l'usage régulier des armes emblématiques du Néolithique (l'arc et la lame emmanchée : haches et épées) sur la longue durée dans un but de guerre, et d'une manière intégrée aux modes de fonctionnement des sociétés[5]. Il est difficile pour les archéologues, à l'exception des épées (première arme non polyvalente, exclusivement dédiée à la guerre), de déterminer l'usage spécifique des couteaux, pointes de lance ou de flèche, haches : production (abattre un arbre, débiter du bois), cuisine, arme de chasse ou de combat[9]. L'archéologie « ne permet pas réellement de trancher en faveur de l'existence d'une panoplie dédiée spécifiquement au combat. Chasse et outillage autant qu'armes de combat, les objets emblématiques du Néolithique laissent plusieurs pistes ouvertes. Seules les catégories des lames doubles à perforation transversale (haches bipennes) ouvrent une perspective un peu différente sur la production d'objets aux fonctions particulières, hors de la sphère de la chasse ». Ce n'est que vers la fin du quatrième millénaire, avec l'extraction intensive du cuivre et la technique répandue de la métallurgie du cuivre, qu'est observée un certain développement de la guerre, visible dans l'implantation des premières fortifications et la multiplication des traumatismes osseux sur les squelettes[5].
34
+
35
+ Le travail du cuivre au Chalcolithique, avec la fusion du minerai, l'alliage et la soudure transforme l'« art de la guerre ». La découverte du bronze, alliage de cuivre et d'étain, donne en effet au métal une dureté propice à cet art : une basse teneur en étain donne un matériau tendre, utilisé pour fabriquer des épingles de toilette où la malléabilité et la souplesse sont recherchées ; un alliage comportant environ 88-90 % de cuivre et 8-10 % d'étain donne des épées fonctionnelles ; au-delà de 15 % d'étain, le matériau est dur et cassant (à 25 % d'étain, c'est un matériau gris presque blanc dur et cassant, poli pour donner des miroirs en bronze)[10]. Par rapport aux armes en silex et aux poignards en cuivre martelés, l'épée permet « un combat moins rapproché, plus meurtrier et suscite des parades, notamment le développement de la tôle de bronze, composant essentiel d'un nouvel armement défensif (les protections corporelles telles que les cuirasses, les jambières, les casques et les boucliers métalliques dont la malléabilité et la robustesse dépendant du pourcentage d'étain). La course aux armements est lancée, les armes en bronze étant bientôt concurrencées puis supplantées par celles en fer, métal le plus usuel et le moins cher depuis l'Antiquité[11] ».
36
+
37
+ Les conflits entre Lagash et Umma, en Mésopotamie, entre 2600 et 2350 av. J.-C., sont les conflits territoriaux les plus anciens pour lesquels on dispose d'une documentation. Il s'agissait toutefois de cas exceptionnel, les États émergeant dans cette période étant alors très rarement contigus et très peu densément peuplés[12].
38
+
39
+ La guerre est perçue à l'époque de la Grèce antique comme dépendant des dieux qui accordent ou non la victoire. Les divinités interviennent directement sur le champ de bataille dans la guerre de Troie racontée dans l'Iliade d'Homère[13],[14],[15]. Des guerres marquantes sont par exemple la guerre lélantine, les guerres médiques, la guerre du Péloponnèse, les guerres des diadoques.
40
+
41
+ La civilisation latine est marquée aussi par de nombreuses guerres, dès la construction de la république romaine et liées à sa protection, comme la bataille du lac Régille, les batailles contre les peuples Italiques, Volsques, Èques et Sabins, guerre contre Véies, puis guerres puniques, des Gaules, liées à l'expansion.
42
+
43
+ La guerre féodale revêt plusieurs aspects. À l'époque carolingienne, seuls les empereurs ou les rois mènent ou font mener la guerre par les comtes et les évêques de leurs pagi. Au milieu du Xe siècle, les seigneurs détenteurs de fiefs font la guerre pour leur propre compte, soit entre eux, soit contre le roi selon les liens de vassalité. L'ordre social et économique des militia se met en place avec l'adoubement et les châteaux forts qui servent à la chevalerie pour conduire ses campagnes militaires[16] ou pour asservir les paysans (thèses de l'enchâtellement)[17]. Face aux guerres, le lieu de culte devient église fortifiée.
44
+
45
+ Sur les aspects historiques de la guerre, voir les articles détaillés : Liste des guerres, Liste des batailles, Liste des sièges
46
+
47
+ Cette théorie soutient qu'un conflit armé est « la suite logique d'une tentative d'un groupe pour protéger ou augmenter sa prospérité économique, politique et sociale aux dépens d'un autre ou d'autres groupe(s) » (Harris, p. 54). Soit une définition de la guerre impériale ou étatique, où l'attaquant se bat pour élever son niveau de vie au détriment des autres (les intérêts économiques sous-jacents peuvent être enfouis et cachés derrière des alibis politiques, raciaux et religieux). Dans cette approche l'État n'existerait que par son organisation politique - impérialiste à l'usage interne ou externe - capable de réaliser des guerres de conquête territoriale, d'agencement économique et de colonisation.
48
+
49
+ Alors que Hegel place les antagonismes « guerre ou paix » dans une oscillation animée entre opposition et réciprocité, Clausewitz, après ses études sur les guerres napoléoniennes, adopte un point de vue plus tranché et affirme que la guerre résulte d'une montée aux extrêmes (vers la guerre sans merci). La conscience malheureuse de Hegel n’était qu’une manière de prendre acte du fait que les hommes sont désormais identiques dans leurs désirs comme dans leurs haines, et ne sont jamais aussi près de se réconcilier que lorsqu'ils se font la guerre.
50
+
51
+ René Girard souhaite « Achever Clausewitz » en montrant l'importance du désir mimétique, c'est-à-dire du désir de ce que l’autre possède : soit des objets réels, mais aussi (et surtout) le désir de s’approprier « l'Être » du rival devenu son modèle. Il s'agit alors devenir ce que devient l’autre quand il possède l'objet convoité (désir métaphysique rabaissé au niveau du désir mimétique). À partir du moment où il apparaît que l’un des deux rivaux domine, s'arme le ressort puissant du ressentiment, qui conduit rapidement au duel : « c'est lui ou c’est moi ». La guerre n'est donc qu'une forme de rivalité mimétique, transposée au niveau des groupes, dans laquelle la violence est canalisée vers l'extérieur de la communauté via le processus du bouc émissaire. La psychologie politique propose des analyses proches.
52
+
53
+ Certains estiment que l'homme est attiré par les formes extrêmes de communication: une sorte de « commerce » (dans sa signification profonde ou exacte de mise en commun, de partage et d'échange) joué dans le registre de l'agressivité, de l'agression, de la Domination. Sont alors valorisée des formes atténuées de guerre comme la guerre économique, (sous des dehors socialement et éthiquement plus acceptables), ou d'autres appétits de pouvoirs manifestés lors de luttes ethniques, de religions, de classe, etc. Dans ces nouveaux conflits, les nouvelles « armes » sont alors la capacité à trouver et manipuler les leviers les plus efficaces : l'argent, l'influence, l'information, la propagande…
54
+
55
+ L'anthropologue Marvin Harris[18] de l'université Columbia propose une théorie sur les origines de la guerre dans les sociétés non-étatiques, tribales et villageoises. L'idéologie dominante dans notre société tend à blâmer l'individu pour la guerre sur une base prétendument biologique de la « violence innée » de la « nature humaine » (cf les notions de péché originel ou d'« instinct de mort ») . Selon Marvin Harris, ce point de vue simpliste n'aurait pour seul objectif de nous exonérer toute responsabilité dans notre conduite envers autrui. Si d'ailleurs la guerre était si naturelle, pourquoi tant d'efforts de propagande pour « dresser » les uns contre les autres et les faire s’entre-tuer ? Le « dressage » désignant ici le basic training qui dès l'enfance dans la famille, la parenté, l'école, le milieu social conduit à travers les jeux et les divertissements apparemment les plus inoffensifs, fait naître la coopération ou la compétition avec le rejet et le déni de l'autre.
56
+
57
+ Harris recense quatre théories, selon lui les plus communes, sur l'origine de la guerre :
58
+
59
+ Selon Robert C Bransfield [19], une guerre, comme tout autre forme de violence n'a jamais une cause unique. Parmi les facteurs de causalité des bouffées de violences individuelles et collectives figurent figurent des facteurs bien connus tels que la recherche de gains de pouvoir économique, religieux, nationaliste ou territorial, le racisme, la vengeance, des raisons civiles ou révolutionnaires, ou parfois défensives[20]
60
+ Mais cet auteur invite aussi à ne pas sous-estimer l'importance de certains facteurs qui affectent la santé mentale[21].
61
+
62
+ Dans 20 pays européens, une étude a trouvé que la prévalence de Toxoplasma gondii (parasite cérébral) était positivement associée aux taux nationaux d'homicide[22].
63
+
64
+ Selon l'effet Flynn et d'autres travaux d'Eppig ; le quotient intellectuel national (QI) est corrélé (ce qui n'implique pas nécessairement un lien de causalité) avec le niveau de stress parasitaire. Moins les habitants sont parasités, plus le QI moyen est élevé et inversement ; le niveau stress parasitaire et d'infections serait même le meilleur prédicteurs du QI national moyen[23]. Il est généralement aussi associé à la pauvreté et à la sous-alimentation.
65
+
66
+ R.C Bransfield note que la violence cesse rarement tout à fait à la fin des guerres. D'une part des volontés de vengeance peuvent couver et l'accès aux armes à feu facilite désormais, de manière générale, le passage à l'acte de tuer ; ainsi « plus d'Américains sont morts par armes à feu aux États-Unis depuis 1968 que sur les champs de bataille de toutes les guerres de l'histoire des Etats-Unis », et des armes de destruction massive de plus en plus sophistiquées existent.
67
+ D'autre part les neurosciences ont clairement montré que certaines déficiences cérébrales prédisposent ou accroissent le risque de violence (c'est les cas de lésions du cortex préfrontal ventromédial droit, qui altère nos capacités d'empathie, ou des lésions du cortex frontal orbital et d'autres zones qui désinhibent les pulsions violentes[24].
68
+ Certaines drogues, médicaments, l'alcool, ou certains produits toxiques (plomb, facteur de saturnisme) peuvent également déshinhiber les pulsions violentes voire meurtrières. R.C Bransfield note que le contexte des guerres favorise la prolifération de maladies infectieuses et éventuellement émergentes, quand des soldats ou des réfugiés pénètrent des zones hébergeant des pathogènes locaux contre lesquels ils ne sont pas immunisés, la surpopulation des camps, la dénutrition et malnutrition, le manque d'eau et diverses privations ainsi qu'un stress élevé et un stress post-traumatique caractéristiques des guerres favorisent des maladies infectieuses et émergentes, parfois chroniques, notamment chez les soldats, les prisonniers, les réfugiés et dans la population générale. Les épidémies qui suivent les guerres font parfois bien plus de mort que la guerre elle-même ; comme on l'a vu avec la peste d'Athènes qui a suivi la guerre du Péloponnèse (429 avant JC), la peste bubonique, propagée par les Vénitiens fuyant Kaffa en 1347, l'apparition de la syphilis en 1494/1495 avec le retour des troupes françaises revenant de Naples et/ou des marins et soldats ayant accompagné Christophe Colomb et revenus du Nouveau Monde, le typhus induit par la retraite de Russie de l'armée Napoléonienne (1812), la pandémie de grippe espagnole qui a tué bien plus d'humains que la première guerre mondiale, le typhus et le paludisme favorisés par la guerre de Corée, le paludisme cérébral apparu chez les vétérans du Vietnam ou les mycoplasmoses et d'autres troubles rapportées par les vétérans de la guerre du Golfe[25]. Les tranchées de la guerre 14-18 ont vu converger des soldats des cinq continents exposés aux maladies à transmission vectorielle véhiculées par les rats, mouches, poux, puces et moustiques et à des maladies telles que le pied des tranchées, la fièvre des tranchées (causée par Rickettsia quintana à poux, ensuite rebaptisées Bartonella quintana), une gamme d'helminthes, des parasites intestinaux (y compris Ascaris, Trichuris, Capillaria et Taenia spp.), Le typhus, le choléra, la tuberculose, la fièvre typhoïde, la dysenterie, la scarlatine, la diphtérie, la rougeole, la coqueluche et la variole n'étaient pas rares[26].
69
+ Le viol, la prostitution et les violences sexuelles exacerbés par les guerres favorisent en outre les maladies vénériennes. Les guerres coloniales ont mis en contact de nombreux soldats avec le paludisme et bien d'autres maladies tropicales.
70
+ La maladie de Lyme et d'autres maladies à tiques n'étaient pas encore reconnues mais étaient probablement présentes lors de la Première Guerre mondiale où environ cinq millions d'encéphalites léthargiques ont été déclarées dont un tiers conclues par un décès, ou laissant de graves séquelles neurologiques chez les survivants. 800 000 personnes sont mortes de tuberculose en Allemagne entre 1914 et 1920. Le typhus, réapparu en 1917 a tué environ trois millions de personnes (dans des camps de réfugiés surtout) et est resté épidémique dans la décennie 1920. Beaucoup d'infections ont emportés les blessés et prisonniers de guerre ou des réfugiés pendant, mais aussi après la Première Guerre mondiale[27],[28].
71
+ Après l'armistice de 1918 la grippe dite espagnole est devenue une pandémie qui a touché environ 500 millions de personnes (un cinquième de la population mondiale) et tué 50 millions d'humains (plus que la peste noire médiévale) ; trois fois plus que les 16 millions de militaires et civils tués durant les 5 ans de guerre. On sait maintenant que ces infections, combinées à d'autres stress, alimentaires et socioéconomiques ont été sources d'invalidités et de déficiences mentales qui ont, parmi d'autres facteurs, contribué à l'arrivée de la Seconde Guerre mondiale. Des millions de soldats avaient inhalé des fumées de tir et ingéré du plomb et du mercure issus des munitions, deux métaux connus pour affecter la cognition et le fonctionnement cérébral, notamment chez l'enfant, l'embryon et le foetus, in utero, et ils ont aussi respiré des gaz de combats toxiques ; "combien des 450 millions de personnes qui ont guéris de la grippe espagnole ou d'autres infections associées à la Première Guerre mondiale avaient des troubles neurologiques résiduels qui augmentaient leur risque de violence ? " se demande R.C Bransfield ; Il est impossible de rétrospectivement calculer ce chiffre, mais la neuropsychiatrie a largement prouvé depuis que certaines des infections favorisées par la Première Guerre mondiale augmentent l'agressivité chez certains patients. La grande Catherine de Russie, Joseph Staline ou Adolf Hitler pourraient tous avoir eu la syphilis[29],[30],[31],[32], et Hitler pourrait avoir conservé des séquelles de la grippe espagnole, de la syphilis, d'une encéphalite léthargique, d'une maladie de Lyme et/ou de l'exposition aux gaz toxiques[33]. En particulier des symptômes de parkinsonisme sont bien documentés chez Hitler, pouvant évoquer un syndrome parkinsonien post-encéphalitique induit par la grippe espagnole ou une encéphalite léthargique[34].
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+
73
+ Des troubles mentaux séquelles de maladies infectieuses favorisées par la Première Guerre mondiale auraient ainsi pu altérer le comportement et le jugement de dictateurs tels qu'Hitler ou Staline et bien d'autres anciens soldats ou acteurs de la première guerre mondiale, des deux côtés du conflit, en aggravant la conflictualité des relations entre parties de la Seconde Guerre mondiale, et des séquelles épigénétiques sont encore théoriquement possibles sur plusieurs générations.
74
+ On sait que certains infections (éventuellement chroniques) génèrent des dépressions, de l'irritabilité, une diminution des niveaux de tolérance, une altération du contrôle des impulsions, de la paranoïa, et parfois de la violence physique[35].
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+
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+ De nombreux animaux grégaires ont des comportements collectifs d'agression, qui peuvent évoquer la guerre. Pourtant ces animaux territoriaux disposent aussi parfois de comportements évoquant la négociation. Ainsi, certains insectes sociaux (fourmis, termites, etc.) vivant en colonies forment de véritables armées, disposant d'« individus-soldats » chargés de défendre la colonie, puis attaquent leurs ennemis dans des combats violents. Les rapports entre fourmilières voisines ne sont pas toujours très harmonieux. Des luttes territoriales opposent des combattants sans pitié. Un chercheur néerlandais, Mabelis, s’est passionné pour les guerres que se livrent des colonies de fourmis rousses. Au printemps, quand le nid sort de sa torpeur hivernale, les ouvrières fourrageuses vont explorer les environs. Quand elles rencontrent un nid voisin apparenté, de type super-colonie, des échanges de nourriture ou des transports de matériaux peuvent s’effectuer entre les nids. Mais s’il s’agit d’une colonie étrangère, des combats éclatent entre les ouvrières. L’intensité du combat va crescendo car chaque colonie recrute au fur et à mesure de nouvelles combattantes. Les combats durent toute la journée et se soldent par la mort de milliers de fourmis. C’est au cours de telles guerres que les territoires des colonies évoluent. D’après certains biologistes, ces guerres entre fourmis permettraient aux colonies de se procurer des protéines à une époque où les proies sont encore très rares. Les arts martiaux se sont en Asie beaucoup inspiré des attitudes et moyens de défense des animaux. Cependant, le sentiment durable de vengeance, qui a chez l'Homme entretenu des guerres durant des siècles ou décennies leur semble inconnu.
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+ Les guerres internes à un pays en cause mettant aux prises une partie de la population contre l'autre sont qualifiées de guerres civiles. Chacun voit dans son ennemi, et même en celui qui voudrait rester neutre, un traître avec lequel il n'est plus possible de cohabiter et avec lequel aucun compromis territorial n'est possible (comme cela serait possible avec un ennemi étranger). C'est pourquoi l'unique issue envisagée est bien souvent l'anéantissement de l'autre et de ses alliés réels ou potentiels (y compris femmes et enfants), avec emploi de la terreur, ce qui rend ces guerres meurtrières et sans merci[réf. nécessaire]. Depuis la transition effectuée en Afrique du Sud avec un minimum de violence, grâce à Nelson Mandela et Desmond Tutu, une nouvelle approche juridique, la justice transitionnelle, laisse espérer d'autres solutions à ces conflits.
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+ Le statut juridique d'une guerre civile ne permet pas aux puissances étrangères et aux institutions internationales, comme l'ONU d'intervenir, comme la France pour les « intelligence » ou guerre d'Algérie pour régler les différends. Inversement, une guerre étrangère est déguisée en guerre civile pour masquer l'agression étrangère, comme la France a déguisé sa reconquête coloniale en guerre civile avec la création d'un État vietnamien indépendant en 1948, durant la Première Guerre d'Indochine d'indépendance et comme les États-Unis qui ont « aidé » la République du Viêt Nam en lutte contre la République démocratique du Viêt Nam pendant la deuxième guerre d'Indochine ou guerre du Viêt Nam de réunification[réf. nécessaire]. Il faut et il suffit simplement de fabriquer un gouvernement à sa solde qui demande l'aide pour intervenir en toute légalité dans les affaires intérieures d'un État souverain.
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+ Cette guerre n'en est pas vraiment une mais correspondrait plutôt un conflit inscrit dans une perspective de long terme, où plusieurs nations (importantes et en paires généralement) se font face et se disputent le marché ou sont prêts à se déclarer la guerre pour des enjeux économiques ou géopolitiques majeurs. L'exemple de référence est celui du conflit qui a régné pendant une cinquantaine d'années entre les États-Unis et l'Union soviétique lorsque ceux-ci se disputait la supériorité militaire puis la conquête de l’espace. Ne pas confondre un épisode de la guerre froide avec un incident diplomatique : ce dernier ne porte que sur un seul ou quelques sujets peu importants et se situe dans une perspective de court (plus rarement de moyen) terme.
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+ La guerre est un fait social global et non pas une simple manifestation de la violence humaine: Elle requiert une organisation des hommes, une convergence de leurs forces, vers un objectif unique. D'où cinq niveaux principaux d'organisation[36] (et, même, pour certains auteurs, de sept en ajoutant le niveau des valeurs constitutionnelles et celui de la politique intérieure) :
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+ Alors que le rôle de la stratégie est d'apporter à la politique le moyen le moins coûteux d'accéder à la décision (en indiquant la façon dont on use de la diplomatie, de l'économie, de la politique, de la force), celui de la tactique est de réaliser ce que lui ordonne la stratégie pour obtenir cette décision. Pour simplifier, la tactique est l'art de gagner les batailles alors que la stratégie est l'art de gagner la guerre, en décidant quand, où et comment faire les batailles.
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+ Si l'on soustrait de la guerre l'aspect psychologique de la haine et de la violence (ce que l'on fait, comme vu plus haut, dans la théorie classique), la volonté politique précède nécessairement la volonté de violence elle-même, et plus encore la réalisation de cette violence. La guerre commence alors bien avant qu'on l'imagine pouvoir éclater, puisqu'elle naît en amont sur le papier, d'ambitions et de nécessités rationnelles.
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+
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+ Dans les pays développés et démocratiques, où l'État se caractérise de plus en plus par sa fonction abstraite d'« administrateur de la société », on peut effectivement penser que cette appréciation de la guerre comme calcul froid de la nécessité politique correspond à la réalité. Cependant, lorsque le pouvoir se confond avec la personnalité de celui qui l'exerce, la rationalité de la volonté politique a tendance à laisser place à l'irrationalité de l'autocratie, car un despote sera beaucoup plus enclin à considérer la guerre comme une affaire personnelle. Mais l'on remarque que même dans ce dernier cas, on ne peut affirmer que la politique n'est pas à l'initiative du conflit, puisqu'en dictature la volonté personnelle devient la substance même de la politique.
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+ Par sa nature destructrice, la guerre implique un coût très important, et il faut des motivations conséquentes et suffisantes pour initier un conflit. Comme tous les phénomènes sociaux extrêmes, ces motivations sont en bonne part de nature psychologique, mais la volonté de destruction s'est peu à peu rationalisée au cours du temps pour devenir un outil au service de la volonté politique. Celles-ci peuvent-être :
93
+
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+ À ces motivations matérielles et réfléchies qui peuvent encourager le recours à la force, s'ajoutent d'autres motivations d'origines psychologiques et plus instinctives, d'autant plus courantes que le pouvoir est personnalisé :
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+ On peut décrire l'origine de la violence en politique de la manière logique grâce au schéma suivant : quand la politique souhaite obtenir quelque chose d'un groupe social sur lequel elle n'a pas autorité (ce peut être un autre État), il lui faut son acceptation, ce que l'on nomme la décision en stratégie. La seule et unique manière d'y parvenir est de convaincre (voir la section niveau stratégique) l'autre qu'il est de son intérêt de répondre favorablement aux demandes qui lui sont faites :
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+ Dans les deux cas il s'agit de faire accepter des conditions imposées. Si l'argument de la menace lui-même ne fait pas son effet, deux solutions se présentent alors :
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+ Il faut donc en conclure, et c'est essentiel, que lors d'un litige entre des entités politiques indépendantes, toute décision et toute situation qui résulte de la confrontation de leurs volontés respectives, y compris l'usage de la violence, est considérée par tous les protagonistes comme étant le choix le meilleur.
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102
+ La stratégie est selon le général André Beaufre : « l'art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit »[39]. Alors que le niveau politique formule une volonté, le rôle de la stratégie est de réfléchir aux moyens d'amener l'adversaire à y répondre favorablement, ce que l'on nommera la décision. Pour le Général Beaufre, dans la dialectique des volontés, la décision est un événement d'ordre psychologique que l'on veut produire chez l'adversaire : le convaincre qu'engager ou poursuivre la lutte est inutile[40]. Le but de la stratégie est donc : « d'atteindre la décision en créant et en exploitant une situation entrainant une désintégration morale de l'adversaire suffisante pour lui faire accepter les conditions qu'on veut lui imposer »[41]. On admet généralement que le but de la stratégie est ni plus ni moins que de « gagner la guerre », d'où la formule prêtée à Clausewitz de « la décision par la bataille victorieuse ». La réalité est plus subtile : n'oublions pas que la décision est psychologique, et qu'il faut « convaincre qu'engager ou poursuivre la lutte est inutile », d'où cette réflexion de Lénine analysant Clausewitz : « retarder les opérations jusqu'à ce que la désintégration morale de l'ennemi rende à la fois possible et facile de porter le coup décisif ». Ainsi, il ne suffit pas d'être le plus fort pour gagner la guerre, mais de démoraliser le pouvoir adverse et c'est ce qu'apprirent à leurs dépens les États-Unis lors des guerres du Viêt Nam, de Somalie, d'Afghanistan ou encore d'Irak. D'ailleurs, la stratégie dans les guerres insurrectionnelles devient de plus en plus un cas d'école, et elle sera présentée ci-après.
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+ L'art de la stratégie réside précisément dans la subtile confrontation entre d'une part, les capacités d'influence sur l'adversaire, positives ou négatives, et d'autre part, l'évaluation des coûts inhérents aux moyens à disposition pour effectuer cette influence. L'influence peut être négative pour l'adversaire : destruction de ses forces et de ses biens, ou peut être positive : proposition de traité de commerce, négociation avantageuse ; la conjonction de ces moyens d'influence doit permettre une meilleure efficacité au rapport des coûts qu'impliquent chaque combinaison possible, entre techniques d'influence négative et positive, c'est donc « jouer de la carotte et du bâton », en fonction des prix et de l'efficacité de la carotte et du bâton. Pour l'exemple, on peut imaginer qu'une phase destructrice qui apparaisse catastrophique à l'ennemi, soit suivie d'une proposition de paix dotée d'avantages inattendus, proférant alors un caractère providentiel à ce qui ne sont que des exigences. Nous voyons qu'ici, la stratégie tient à un choix subtil, émanant d'une réflexion qui vise à faire converger vers un objectif des moyens parfois contradictoires, ce choix constitue l'art de la stratégie.
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+ « Là est donc l'intelligence de la stratégie, ses moyens sont de complexes combinaisons de techniques d'influence, mais pour les élaborer, il faut analyser l'effet moral décisif et savoir qui on veut convaincre »[42]. Dans le cas d'un gouvernement central, on peut choisir d'agir directement sur ses dirigeants et sur ce qui fait leur capacité d'influence (attaquer ou arrêter les personnes dirigeantes, leur administration, ou plus souvent leur propre capacité d'action : l'armée ennemie), ou bien sur un tiers qui a une influence sur eux (une organisation internationale comme l'ONU, des alliés influents, ou la population : solution particulièrement efficace dans une démocratie ou une société très divisée politiquement ou ethniquement). S'il faut convaincre non pas un gouvernement unique et centralisé, mais une constellation de personnalités ou un groupe (population, ethnie, groupe religieux, mouvance idéologique…), la stratégie comporte d'autant plus de variables et de complexité que le pouvoir adverse est décentralisé voire totalement explosé, car dans ce cas la décision doit être obtenue d'un ensemble d'individus, avec tout l'arc-en-ciel de sensibilité et d'intelligence stratégique qui le compose.
107
+
108
+ Il y a victoire de la stratégie lorsque l'adversaire décide d'arrêter ou de ne pas engager le combat, c'est-à-dire, dès lors qu'il y a démoralisation de son pouvoir décisionnaire. Or, suivant qu'un conflit est interétatique ou insurrectionnel, qu'il est de l'ère pré-nucléaire ou post-nucléaire, les moyens susceptibles d'arriver à cette fin sont très différents.
109
+
110
+ Le paradigme de la guerre industrielle entre États monopolise grandement la réflexion stratégique encore aujourd'hui, car il est tentant de penser que disposer d'une armée « puissante » selon les critères traditionnels (une armée de masse) autorise à se sentir prémuni de tous les types de guerre. L'armée américaine, de très loin la plus puissante au monde selon la définition classique, ne peut pourtant se permettre d'obtenir la décision que très rarement et difficilement dans les conflits insurrectionnels, autrement dit, elle ne peut pas gagner une guerre non conventionnelle avec des stratégies conventionnelles. Et c'est ce qu'a démontré le général Petraeus à travers ses réflexions sur la guerre contre-insurrectionnelle.
111
+
112
+ Les raisons de ce paradoxe encore mal compris sont les suivantes : la capacité des armées et plus généralement des politiciens à obtenir la décision a subi des mutations considérables au cours de l'histoire, en particulier en raison de l'évolution des possibilités opérationnelles qui résultaient de l'armement, de l'équipement (évolutions des technologies) et des méthodes de guerre et de ravitaillement, mais surtout à cause des stratégies préférées par l'adversaire en fonction de ses propres caractéristiques politiques et sociales. Or cette évolution inéluctable fut rarement comprise, au contraire, l'évolution à généralement surpris les deux adversaires, qui durent en tâtonnant rechercher les solutions nouvelles menant à la décision. De là vient l'idée que « les stratèges se préparent toujours pour la guerre précédente ». L'exemple le plus surprenant pourrait être celui de la ligne Maginot, gigantesque structure à objectif défensif héritée des dogmes de la Première Guerre mondiale (guerre défensive de position), totalement incapable de protéger la France de la stratégie de guerre éclair offensive des armées nazies (guerre offensive et décisive très dynamique, mécanisée et aéroportée).
113
+
114
+ L'évolution la plus importante de ces dernières décennies parait être l'apparition de la force nucléaire, dont les caractéristiques foudroyantes ont totalement bouleversé les lois de la guerre, d'où la naissance d'une nouvelle stratégie ; mais l'atome n'est pas la seule révolution, et la stratégie de guérilla, utilisée par le terrorisme, est elle aussi capable de mettre en échec des armées industrielles conventionnelles.
115
+
116
+ Sont analysées ci-dessous les trois stratégies principales, s'adaptant chacune aux moyens dont on dispose et à l'ennemi à combattre. Aucune n'est meilleure que l'autre dans l'absolu, et aucune ne peut s'adapter à toutes les situations.
117
+
118
+ Dans la stratégie militaire classique, la guerre fut toujours comprise comme un rapport de force interétatique. Ainsi Hegel, contemporain des guerres napoléoniennes qui devaient redessiner la carte de l'Europe, comprend la dynamique des rapports de forces entre nations comme la matière même de l'histoire. L'histoire est alors le théâtre de la lutte des États pour l'hégémonie, où chacun se doit d'être le plus fort sous peine de disparaître.
119
+
120
+ « Nation contre nation, front contre front, stratèges contre stratèges, la guerre interétatique a cette caractéristique jusqu'à la Seconde Guerre mondiale de voir se répondre en miroir des logiques de guerre pratiquement symétriques. La décision à l'état pur est celle qui résulte de la bataille victorieuse »[43], et toute la stratégie classique a pour objectif de gagner la guerre en terrassant l'ennemi sur le champ de bataille.
121
+ Dans cette logique d'équilibre des forces, une faiblesse, un calcul qui se révèle faux, ou une manœuvre inventive et décisive, peut décider du sort de la guerre, tout l'art de la stratégie classique est un jeu d'équilibriste où chacun s'efforce de pallier ses points faibles et de gagner en supériorité.
122
+
123
+ Le général Beaufre examine les solutions principales employées dans le jeu de la stratégie, il en dénombre trois[44] :
124
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125
+ Le paradigme de la guerre interétatique conçoit la puissance comme synonyme de masse. Tout doit être massifié, densifié, les armes comme les hommes. Dès l'Antiquité, les armées se battaient en rangs serrés pour plus d'efficacité, à la fois tactique, mais aussi logistique (resserré autour de son chef, le groupe entendait ses ordres et agissait comme un seul homme avec une grande cohérence). Et ce fut donc naturellement que la guerre devint industrielle au XIXe siècle, lors de la révolution industrielle. Les armes sont fabriquées en très grand nombre, et leur mécanique est grandement améliorée (mitrailleuse, canon rayé), parallèlement à leur efficacité sur le champ de bataille. De même, les moyens de transports tels que le train et les navires à vapeur permirent la massification des troupes en des temps records sur des théâtres d'opérations très éloignés. En 1904, la Russie transporta sur rail une armée de plusieurs centaines de milliers d'hommes sur 6500 kilomètres par delà les espaces perdus et démesurés de Sibérie, afin de rencontrer les armées japonaises de Mandchourie[45].
126
+
127
+ « La planète entière, au début du XXe siècle était devenue une seule entité maillée par les réseaux de transports et de transmissions, des chemins de fer, des navires à vapeur et des télégraphes. Et à l'intérieur de cette entité, les structures civiles et militaires de chaque nation sont devenues étroitement interconnectées. En temps de guerre, les chemins de fer seraient réquisitionnés et les hommes mobilisés. Les nations étaient mûres pour les guerres mondiales »
128
+
129
+ — Général Sir Rupert Smith, L'utilité de la force, Economica, p. 69, (ISBN 978-2-7178-5366-7)
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+
131
+ Nous avons vu ci-dessus que l'approche indirecte était parfois préconisée par des théoriciens classiques, puisque le général Beaufre la citait parmi ses solutions préférées, car elle a l'avantage de dérouter l'adversaire avec peu de moyens[46] : « l'idée centrale de cette conception est de renverser le rapport des forces opposées par une manœuvre et non par le combat. Au lieu d'un affrontement direct, on fait appel à un jeu plus subtil destiné à compenser l'infériorité où l'on se trouve » . L'approche indirecte était alors un outil subtil mis à disposition de la stratégie classique, mais « a trouvé son application en stratégie totale sous une forme différente dans tous les conflits où l'un des adversaires […] avait des moyens inférieurs à ceux qui pouvaient lui être opposés ». Autrement dit, la stratégie indirecte est l'arme du pauvre, et celle préférée par l'insurgé.
132
+
133
+ La stratégie classique fut théorisée à l'ère napoléonienne, puisque c'est l'empereur qui lui donna ses lettres de noblesse. Mais la stratégie de ce que le jargon militaire nomme les conflits de basse intensité, c'est-à-dire les conflits où ne s'opposent pas deux armées centralisées et symétriques, mais où au moins un belligérant (voire les deux) se constitue d'individus émanant directement de la société civile menant plus une guérilla qu'une véritable guerre, vit ses premières manifestations sérieuses en Espagne en luttant justement contre les troupes de l'Empire, entre 1808 et 1814. Le peuple appelait ça la « petite guerre », de guerra (nom pour guerre) et illa (suffixe diminutif). On voit donc la guérilla, seule solution des peuples face à la force classique, se développer et remporter des succès précisément au moment où cette dernière montre tout son prestige.
134
+
135
+ Le général Sir Rupert Smith dit à ce sujet : « des groupes de combat, petits, mobiles et souples, issus de la population, cachés et soutenus par celle-ci, s'ingéniaient à harceler les armées ennemies supérieures en force, tout en évitant toute confrontation sur une grande échelle. Par la poursuite de cette guerre, l'objectif politique était de conserver l'identité politique de la population, même sous occupation, en soutenant sa volonté de continuer à combattre et à résister. […] Privées de la force du nombre, et des armes pour s'opposer à une armée en campagne, les guérillas préfèrent éviter les batailles rangées. L'embuscade et le raid représentent leur modes de combats favoris »[47].
136
+
137
+ Cette stratégie est une réponse à la faiblesse tactique des guérilléros (peu d'hommes, peu d'entraînement, peu d'armes), et la règle d'or jamais démentie de tout combattant insurgé vise à pallier cette faiblesse : toujours éviter de se trouver dans une position dans laquelle l'ennemi pourrait nous forcer à combattre. Il convient donc d'éviter d'occuper des infrastructures, des positions visibles, ou même simplement du terrain (choses que convoite généralement une armée classique) de façon à ne pas se trouver encerclé et de ne pas avoir à lutter sur un front fixe à homme contre homme.
138
+
139
+ L'imaginaire collectif considère encore aujourd'hui l'arme atomique comme une menace pour la paix, mais si le risque de prolifération nucléaire vers des pays irresponsables est à craindre, il est absolument nécessaire de comprendre que dans toute l'histoire de la guerre (dont les conflits furent de plus en plus terribles et meurtriers au fur et à mesure de l'évolution des techniques de combats), aucune stratégie n'a autant œuvré pour la diplomatie et le statu quo, et contre la violence, que la dissuasion nucléaire. La bien nommée Guerre froide, qui avait tous les ingrédients (situation géopolitique, détestation mutuelle, rapport de force idéologique…) pour dégénérer en conflit mondial, fut un exemple de guerre impossible.
140
+
141
+ Pour comprendre pourquoi l'apparition de l'arme nucléaire a nécessité l'invention d'une nouvelle approche stratégique, il faut rappeler en quoi elle détruit le paradigme de la guerre classique :
142
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143
+ Du fait de cette double caractéristique, l'arme atomique produit deux phénomènes entièrement nouveaux :
144
+
145
+ On dénombre habituellement quatre types de protection possibles contre ce danger sans précédent :
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+
147
+ Ces quatre directions furent exploitées concurremment avec des fortunes diverses et ont fini par se combiner dans des formules stratégiques très compliquées, mais on peut dire que celle qui semble, et de loin, la plus dissuasive est sans conteste la quatrième (menace de riposte nucléaire en cas d'offensive), à tel point qu'on la nomme précisément la dissuasion nucléaire.
148
+
149
+ Le principe de la dissuasion nucléaire est fort simple : toute agression trop directe envers une puissance nucléaire expose l'agresseur à une riposte cataclysmique et absolument insoutenable, un pays non-nucléaire ne peut donc en aucun cas s'attaquer frontalement à une telle puissance. On nomme également équilibre de la terreur ou MAD en anglais (Mutually Assured Destruction ou « Destruction mutuelle assurée ») une situation plus précise : lorsque deux puissances sont nucléaires, toute agression atomique de l'une expose l'agresseur à une riposte destructrice d'une ampleur au moins équivalente, ainsi le déclenchement des hostilités est a priori impossible. Car le fait d'être agresseur ne profère aucun avantage particulier comme ce pouvait être le cas dans la stratégie classique, être attaquant ou attaqué signifie de toute façon la destruction, d'où l'exigence constante de garantir la paix.
150
+
151
+ Et la solution la plus efficace trouvée pendant la guerre froide pour garantir la sécurité du monde, fut justement, par le traité ABM (ABM pour anti-missiles balistiques) signé en 1972, de limiter non pas les capacités offensives de chacun des deux camps, mais de limiter les capacités défensives. En effet, le meilleur gage de paix était de préserver à tout prix la destruction mutuelle assurée, et ainsi d'interdire l'utilisation généralisée de ces nouvelles technologies des années soixante-dix des missiles intercepteurs. Cela montre à quel point la très contre-intuitive dissuasion nucléaire est l'une des meilleures assurances imaginable pour la sécurité du monde, y compris lorsque celui-ci était divisé par la confrontation est-ouest.
152
+
153
+ Les tactiques employées pendant la guerre peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, notamment de l'optimisme ou du pessimisme des belligérants, des moyens à leur disposition, et des astuces dont ils disposent grâce à une réflexion plus avancée (par exemple, surprendre l'ennemi dans un piège pour coincer ses hommes et ses véhicules ou bien utiliser la végétation pour se cacher). Néanmoins, quand les tactiques sont identiques, il se peut qu'un énorme champ de bataille se forme inconsciemment.
154
+
155
+ Par exemple, lors de la Seconde Guerre mondiale, Hitler envoya ses hommes attaquer la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas afin de contourner les fortifications de la ligne Maginot : le général Maurice Gamelin, chef des armées alliées croyant que les troupes nazies répétaient le plan Schlieffen en passant par la Belgique, envoya l'avant garde des armées alliées en Belgique, alors qu'en réalité tout ceci n'était qu'une diversion qui avait pour but de piéger les alliés un peu trop au nord en les contournant par la forêt des Ardennes (coup de faucille) .
156
+
157
+ Au Moyen Âge, la tactique était considérée comme aussi indispensable pour vaincre l'ennemi que les armes ou la préparation des hommes. Néanmoins, les tactiques utilisées demeuraient élémentaires. Parfois, elle se révélaient même inutiles compte tenu de la proximité de l’ennemi. Lorsqu'un camp s'alliait avec un autre avant de combattre, les alliés pouvaient discuter - et ils le faisaient souvent - de la meilleure tactique à adopter (la moins coûteuse en matériel et en hommes) pour vaincre l’ennemi, traverser ses lignes ou le contourner.
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+ Lors d'un conflit intense (longue durée, emploi d'armes de destruction massive, mobilisation générale, etc.), les ressources économiques des belligérants deviennent l'un des aspects majeurs d'un conflit. Pour chacun des camps, il est vital d'éviter au maximum les dégâts matériels qui pourraient affecter l'effort de guerre en diminuant la capacité productrice de l'industrie de guerre (usines d'armements) ou les voies de communications stratégiques (routes et chemins de fer) ou causer des pertes humaines massives parmi les civils travaillant à l'arrière. Inversement, il est inenvisageable de remporter la guerre sans porter un coup décisif aux sites stratégiques qui soutiennent l'effort de guerre ennemi.
160
+
161
+ L'annexion ou la colonisation de territoires ennemis permet de disposer d'espaces et de populations « amies » ou de ressources stratégiques (durant la Seconde Guerre mondiale, l'Anschluss de l'Autriche ou l'annexion de l'Alsace-Lorraine permettent à l'Allemagne nazie de mettre la main sur des centaines de milliers de soldats ; de même, la volonté de capturer des champs pétrolifères de la région de Bakou ou d'interdire aux Alliés la libre disposition des minerais scandinaves deviennent des enjeux stratégiques majeurs du conflit).
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+ Plus récemment, la guerre en Irak ou la guerre d'Afghanistan ont rappelé les enjeux énergétiques pouvant conduire aux conflits armés. L'Irak disposait en 2002 de la deuxième réserve pétrolière de la planète[49]. L'Afghanistan, outre ses réserves de gaz, représentait une position stratégique dans le transport du pétrole et du gaz turkmènes[50].
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+ Outre les ressources que le belligérant tente de s'approprier, la guerre représente deux autres enjeux économiques. Les investissements en armements des protagonistes font tourner l'économie nationale et participent au Produit Intérieur Brut et à sa croissance. Il faut également constater que la reconstruction du pays envahi a elle aussi un effet positif sur l'économie des pays y participant. Ces contrats de reconstruction deviennent alors un critère de décision et un enjeu de la négociation de l'entrée en guerre[51]. Le Plan Marshall a fait l'objet du même genre de critique de la part d'économistes et d'historiens.
166
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+ À divers moments tout au long de l'histoire, les sociétés ont tenté de limiter les coûts humains, matériels et économiques des guerres en formalisant des règles morales ou juridiques, par exemple en protégeant les femmes et les enfants, les civils, en interdisant certains types d'armes ou les poisons chimiques, et en codifiant parfois les conditions du combat, voire du duel. À l'opposé, la guerre totale et industrielle cible les civils et mobilise toute une société, imposant à tous de contribuer à l'effort de guerre.
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+ Dans le passé, la culture, le droit et la religion ont tous causé ou justifié des guerres, mais ils ont également agi comme modérateurs, au moins à certains moments.
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+ Certaines cultures ont ritualisé les conflits pour limiter les pertes réelles de vies. Et le XXe siècle, s'il a inventé la guerre industrielle, a aussi porté une attention internationale croissante à la résolution non-violente des conflits qui mènent à la guerre, via l'ONU notamment, dont le préambule de la Charte vise explicitement à « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». Divers traités ont réglementé les guerres et leurs conclusions, collectivement dénommés « les lois de la guerre », dont récemment les Conventions de Genève (dont les premières ont pris effet au milieu des années 1800).
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+ Ainsi, même si depuis la Seconde Guerre mondiale les affrontements directs et brutaux sont loin d'avoir disparu de la planète, les politiques de concertation et de coopération internationales se sont considérablement développées.
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+ Le philosophe Grotius s'est penché sur le sujet de la guerre juste[52]. Selon lui, une guerre peut être qualifiée de « juste » lorsqu'elle respecte les conditions suivantes :
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+ Par l'intermédiaire du Conseil de sécurité, l'Organisation des Nations unies a cherché des nouveaux moyens de résolution non-violente des conflits, s'appuyant notamment sur la concertation, la médiation, la signature et ratification de traités de paix et de conventions internationales, l'édiction de sanctions internationales, l'envoi de contingents de casques bleus, les mandats d'intervention. Mais ces outils restent fragiles.
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+ Les différentes conventions de La Haye interdisent l'incorporation dans les armées de la population d'un territoire occupé. Le pouvoir nazi a donc fait usage d'une ruse : à partir du 25 août 1942, il a conféré la citoyenneté allemande à un nombre croissant de Français d'Alsace et de Moselle à commencer par les hommes (les malgré-nous). Plus récemment, elles ont statué sur la vente d'armes, la protection du patrimoine ou l'enlèvement d'enfants.
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+
181
+ La troisième convention de Genève est relative au traitement des prisonniers de guerre.
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+ Les principes du développement solidaire visent par un partage des ressources, en amont et plus solidairement, à atténuer les tensions entre groupes. Il dépend cependant du bon vouloir et des possibilités qu'ont les pouvoirs et les citoyens à les appliquer.
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+ Plusieurs rapports d'experts (Human Security Report Project (en), Uppsala Conflict Data Program (en), Peace Research Institute Oslo (en)) font état d'une diminution du nombre de guerres, comme du nombre de génocides et de morts au combat, durant les deux décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide : Charles-Philippe David souligne que « les vingt années qui ont suivi la fin de la guerre froide ont ainsi connu une progression fulgurante des processus de paix »[53],[54],[55]. Selon herodote.net, « la violence d'État a causé moins d'un million de tués en 2001-2010 ; soit beaucoup moins que dans chaque décennie antérieure depuis 1840 (à l'exception de la décennie 1900-1910). Cette violence d'État a été également moins meurtrière que par exemple la criminalité ordinaire au Brésil (50 000 homicides) ou en Afrique du Sud en 2011 »[56].
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+ Cet état de fait est contre-intuitif pour plusieurs raisons : l'augmentation du nombre d’États souverains ayant un siège aux Nations unies, ce qui accroît d’autant les facteurs de tensions ; la circulation des images par Internet et réseaux sociaux qui rend les conflits plus visibles ; la diversification des formes de conflits ; le maintien, décennie après décennie, de contentieux majeurs ; la montée en puissance d’acteurs non étatiques, comme le Hezbollah au Liban[57],[55] ; la tendance des médias à rapporter davantage les événements sanglants que l'achèvement d'un conflit[54]. Dans Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (2011), Yuval Noah Harari souligne combien « la plupart des gens mesurent mal à quel point nous vivons dans une époque pacifique. Aucun de nous ne vivait il y a un millénaire, si bien que nous oublions facilement à quel point le monde était plus violent. Et alors même qu'elles deviennent plus rares, les guerres attirent davantage l'attention. Beaucoup plus de gens pensent aux guerres qui font rage aujourd'hui en Afghanistan et en Irak qu'à la paix dans laquelle vivent désormais la plupart des Brésiliens et des Indiens »[58].
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+ Cependant, on a observé une augmentation du nombre de guerres, de 4 en 2010, soit le total le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à 11 en 2014 (dont 7 impliquant des groupes islamistes radicaux), soit la plus forte hausse depuis la fin de la guerre froide et un niveau qui n'avait pas été atteint depuis 2000 ; le taux mondial de morts au combat a aussi augmenté depuis son minimum de 2005, principalement à cause de la guerre civile syrienne. Les chercheurs Andrew Mack et Steven Pinker soulignent que cette hausse « a annulé les progrès de ces douze dernières années, mais les chiffres des violences sont bien en deçà de ceux des années 1990 et n'ont absolument rien de comparable avec ceux des années 1940, 1950, 1960, 1970 ou 1980 »[59].
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+ Guillaume Frédéric Louis de Hohenzollern, roi de Prusse (1861 – 1888), puis empereur allemand (1871 – 1888) sous le nom de Guillaume Ier (en allemand : Wilhelm I. ou Wilhelm Friedrich Ludwig von Preußen), né le 22 mars 1797 à Berlin et mort le 9 mars 1888 dans la même ville, est le septième roi de Prusse de 1861 à 1888, et le premier empereur allemand de 1871 à 1888.
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+ Guillaume est le fils cadet de Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse, et de Louise de Mecklembourg-Strelitz, morte prématurément en 1810.
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+ N'ayant pu épouser comme il le souhaitait Élisa Radziwiłł, une princesse de haute noblesse mais non de sang royal, il épouse le 11 juin 1829 Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach (1811 – 1890), fille cadette du grand-duc Frédéric-Charles de Saxe-Weimar-Eisenach (1783 – 1853), et de Maria Pavlovna de Russie (1786 – 1859), tout en confiant à sa sœur, la tsarine Alexandra Feodorovna — épouse du tsar Nicolas Ier de Russie et tante par alliance d'Augusta —, qui a favorisé son mariage, que son épouse le « laisse froid ».
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+ La princesse est une femme de devoir. Cultivée, libérale, francophile et dotée d'un caractère fort, elle s'entend mal avec son mari, militariste et conservateur.
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+ De cette union sont issus :
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+ Comme le veut la tradition princière de la maison de Hohenzollern, le prince Guillaume est destiné à une carrière militaire. Fortement marqué par la défaite de Iéna en 1806, il prend part dès son adolescence aux campagnes contre Napoléon Ier en 1814 et en 1815.
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+ La Prusse fait partie des vainqueurs et, au congrès de Vienne, augmente considérablement son territoire. Elle a désormais une frontière commune avec la France et avec la Russie.
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+ L'union du prince n'est guère harmonieuse. La princesse Augusta est une femme intelligente, francophile, libérale, qui affirme sans détour des opinions totalement opposées à celles de son mari. Le couple n'aura que deux enfants en 9 ans. Un fils, destiné à succéder à son oncle, le
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+ Kronprinz Frédéric-Guillaume, en 1831 et une fille, la princesse Victoria, en 1838.
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+ En 1840, à l'avènement de son frère Frédéric-Guillaume IV, Guillaume est nommé gouverneur de Poméranie. Il reçoit le commandement de plusieurs régiments en Prusse et à l'étranger.
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+ Fier de son sang et ouvertement conservateur, il est le plus fort soutien de la répression par les armes du mouvement révolutionnaire de 1848. Il est la cible des libéraux qui le surnomment le « Prince la mitraille ». Son palais est incendié le 20 mars et, le 23 mars, il s'exile quelque temps en Angleterre, tandis que son épouse et ses enfants restent à Potsdam. L'année suivante, il écrase les révolutionnaires du grand-duché de Bade.
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+ En 1850, Guillaume est nommé par son frère gouverneur de Rhénanie, ce qui le protège de la rancœur des Berlinois. Il s'installe avec sa fille au confluent du Rhin et de la Moselle, à Coblence, dans l'ancienne résidence des archevêques-électeurs de Trèves.
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+ En 1854, il est également nommé Generaloberst de l'armée prussienne et gouverneur de la forteresse fédérale de Mayence.
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+ En 1856, il marie sa fille Louise au grand-duc de Bade Frédéric Ier, tandis que son fils Frédéric-Guillaume se réjouit à l'idée de conclure un mariage d'inclination avec la princesse Victoria du Royaume-Uni, fille aînée de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni et du prince consort Albert de Saxe-Cobourg et Gotha. C'est une alliance brillante pour les Hohenzollern, mais aussi la première fois qu'un futur souverain prussien épouse une princesse qui n'est pas de culture allemande.
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+ Malgré les objections du gouvernement prussien, la reine Victoria impose ses volontés, et le mariage a lieu à Londres. Le couple a rapidement un fils — le futur Guillaume II — en 1859.
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+ Un an auparavant, le roi Frédéric-Guillaume IV montrant des signes de déficience mentale et n'ayant pas d'enfant de son mariage avec la princesse Élisabeth de Bavière, Guillaume est nommé régent.
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+ Frédéric-Guillaume IV meurt le 2 janvier 1861 sans avoir recouvré la santé. Guillaume lui succède ; il a soixante-trois ans.
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+ En 1858, la Prusse connaît un tournant libéral, les partis progressistes remportent plusieurs succès électoraux (1858, 1861). La question militaire va cependant opposer le roi au Parlement. Bloqué par le Landtag, qui refuse de voter les crédits militaires dans la mesure souhaitée par le roi et son ministre de la Guerre Albrecht von Roon, Guillaume songe à abdiquer en faveur de son fils, le Kronprinz Frédéric-Guillaume, connu pour ses opinions libérales.
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+ Le prince est l'époux de la princesse Victoria du Royaume-Uni, fille de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni et du prince consort Albert. Intelligente et cultivée, la Kronprinzessin incite son mari à accepter le pouvoir. Elle y voit l'occasion de construire une Allemagne libérale sous l'égide de la Prusse, mais le Kronprinz, moins politique que son épouse, s'en tient à son devoir d'officier et refuse la couronne que lui propose son père.
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+ Il reste à Guillaume Ier une dernière carte à jouer. Il appelle au pouvoir l'ultra-conservateur Otto von Bismarck, dont il craignait jusqu'alors les idées d'alliance avec la France et le caractère trop affirmé. Dès lors, son gouvernement évolue vers l'absolutisme. Bismarck, ministre-président de Prusse en 1862, veut résoudre les problèmes politiques par « le fer et le sang ». Il compte diriger la politique étrangère de la Prusse au service exclusif de la raison d'État prussienne. Pour cela, Bismarck va s'employer à dominer par tout moyen le roi : en l'isolant de sa famille — notamment du Kronprinz — et de ses autres conseillers, en corrompant la presse, en lui faisant des scènes, du chantage à la démission, etc. Le chancelier sera servi par ses succès.
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+ En 1864, Bismarck entraîne l'Autriche dans une guerre victorieuse contre le Danemark (guerre des Duchés) et donne à la Prusse les duchés de Holstein et de Saxe-Lauenbourg.
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+ Deux ans plus tard, Bismarck tend un piège à l'empereur d'Autriche François-Joseph en poussant celui-ci à déclarer la guerre à Guillaume Ier. Le roi de Prusse est maître de la Confédération allemande après la victoire de Sadowa sur les Autrichiens le 3 juillet 1866. Lors des pourparlers de paix, si Bismarck, préparant l'avenir et contre les désirs de son souverain, ménage l'Autriche, il unifie et agrandit le royaume en annexant au profit de la Prusse le duché de Schleswig, le royaume de Hanovre, l'électorat de Hesse, le duché de Nassau et la ville libre de Francfort. Le grand-duché de Hesse-Darmstadt ne doit sa survie qu'à l'entremise du tsar Alexandre II, beau-frère du grand-duc.
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52
+ La Prusse est désormais un État qui s'étend de la Moselle à la Baltique sur la quasi-totalité du nord de la Confédération germanique, laquelle est dissoute au profit d'une « confédération de l'Allemagne du Nord », créée pour l'occasion sous la présidence de la Prusse. Des traités secrets d'assistance et de défense mutuelles sont imposés aux souverains des États d'Allemagne du Sud, grand-duché de Hesse-Darmstadt, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière. L'Autriche est exclue du système allemand.
53
+
54
+ En 1870, c'est l'empereur des Français qui tombe dans le piège bismarckien. La dépêche d'Ems est le prétexte qui pousse Napoléon III à déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet. Celle-ci en appelle à ses « alliés » du Sud de l'Allemagne, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière, qui ne peuvent que répondre favorablement, tandis que la France est isolée. Après un début prometteur, les armées françaises doivent reculer, la victoire de Saint-Privat (18 août) permet l'encerclement de Metz, la plus importante place forte d'Europe où est réduite à l'impuissance la majeure partie de l'armée française. Napoléon III est fait prisonnier à Sedan (2 septembre), son empire s'effondre, la République est proclamée tandis la moitié nord du pays est occupée et que Paris est assiégé.
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+ La victoire de la Prusse est totale : le 18 janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans le cadre prestigieux de la galerie des Glaces du château de Versailles. Le traité de Francfort ampute la France des territoires dont la population est germanophone, et de Metz (francophone) et sa région, la plus importante place forte d'Europe, qui formeront une « terre d'Empire ». La France occupée doit payer une énorme indemnité.
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58
+ Le 18 janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans la galerie des Glaces du château de Versailles[1].
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+ Le titre de Deutscher Kaiser (« empereur allemand ») a été choisi après mûres réflexions de la part de Guillaume et de Bismarck ; « empereur d'Allemagne » eût été malvenu aux yeux des autres monarques fédérés. La formulation « empereur des Allemands » est rejetée par Guillaume Ier car elle fait écho à la révolution de 1848, et que le nouvel empereur ne veut pas de ce titre aux relents démocratiques, puisqu'il se considère souverain « par la grâce de Dieu ».
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+ Guillaume Ier n'accepte son titre qu'avec réticence, la direction d'une Allemagne unie allant à l'encontre de son conservatisme, et l'unité de la nation faisant figure d'idéal libéral et progressiste. Bismarck saura habilement surmonter cette objection en faisant adresser à Guillaume une demande officielle des princes et rois du nouveau Reich d'accepter ce titre. Pour l'anecdote, c'est le frère du romantique roi Louis II de Bavière, Othon de Bavière, qui lui remettra la demande, rédigée par Bismarck, en échange d'une rétribution secrète de 100 000 thalers annuels.
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+ La réticence de Guillaume s'explique aussi par sa crainte d'apparaître comme le « liquidateur » d'une Prusse absorbée, voire dissoute, dans le Reich, bien que la Constitution du Reich institue en fait un système fédéral où l'identité des États est préservée. Il attachera toujours autant d'importance à son titre de roi de Prusse qu'à celui d'empereur. Là aussi, Bismarck saura lever cette hypothèque, en réservant à la Prusse un statut dominant dans le système fédéral.
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+ Guillaume Ier devient donc le chef, primus inter pares, d'un Reich allemand qui s'étend de la Lorraine à la Lituanie, et fédère les royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Saxe, les grand-duchés de Bade et de Hesse, sans oublier les villes libres de Hambourg, Lübeck et Brême, et la « terre d'Empire » d'Alsace-Lorraine. Lors de son discours d'ouverture au Reichstag, il fait allusion aux négociations avec la France pour avancer le paiement de l'indemnité de guerre et libérer le territoire français, ce qui fait monter la Bourse[2].
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+ Durant son règne, Guillaume Ier échappe à plusieurs attentats perpétrés par des anarchistes qui le considèrent comme un tyran :
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+ Ces attentats confortent le pouvoir personnel de Bismarck, qui s'en sert comme prétexte pour cerner les oppositions et rendre populaire ses législations sociales et anti-socialistes.
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+ Guillaume Ier s'éteint dans sa quatre-vingt-onzième année en mars 1888. Son fils lui succède sous le nom de Frédéric III. Atteint d'une maladie incurable, il meurt trois mois plus tard au grand dam des libéraux du monde entier.
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+ Le troisième empereur allemand de la maison de Hohenzollern, fils aîné de Frédéric III, parvient au trône à l'âge de vingt-neuf ans sous le nom de Guillaume II. Désirant gouverner seul, il renvoie le vieux prince de Bismarck.
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+ Guillaume Ier de Prusse appartient à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des électeurs, des rois, des empereurs à la Prusse et l'Allemagne. Guillaume Ier de Prusse est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.
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+ Guillaume Frédéric Louis de Hohenzollern, roi de Prusse (1861 – 1888), puis empereur allemand (1871 – 1888) sous le nom de Guillaume Ier (en allemand : Wilhelm I. ou Wilhelm Friedrich Ludwig von Preußen), né le 22 mars 1797 à Berlin et mort le 9 mars 1888 dans la même ville, est le septième roi de Prusse de 1861 à 1888, et le premier empereur allemand de 1871 à 1888.
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+ La princesse est une femme de devoir. Cultivée, libérale, francophile et dotée d'un caractère fort, elle s'entend mal avec son mari, militariste et conservateur.
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+ Comme le veut la tradition princière de la maison de Hohenzollern, le prince Guillaume est destiné à une carrière militaire. Fortement marqué par la défaite de Iéna en 1806, il prend part dès son adolescence aux campagnes contre Napoléon Ier en 1814 et en 1815.
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+ La Prusse fait partie des vainqueurs et, au congrès de Vienne, augmente considérablement son territoire. Elle a désormais une frontière commune avec la France et avec la Russie.
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+ L'union du prince n'est guère harmonieuse. La princesse Augusta est une femme intelligente, francophile, libérale, qui affirme sans détour des opinions totalement opposées à celles de son mari. Le couple n'aura que deux enfants en 9 ans. Un fils, destiné à succéder à son oncle, le
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+ Kronprinz Frédéric-Guillaume, en 1831 et une fille, la princesse Victoria, en 1838.
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+ En 1850, Guillaume est nommé par son frère gouverneur de Rhénanie, ce qui le protège de la rancœur des Berlinois. Il s'installe avec sa fille au confluent du Rhin et de la Moselle, à Coblence, dans l'ancienne résidence des archevêques-électeurs de Trèves.
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+ Le prince est l'époux de la princesse Victoria du Royaume-Uni, fille de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni et du prince consort Albert. Intelligente et cultivée, la Kronprinzessin incite son mari à accepter le pouvoir. Elle y voit l'occasion de construire une Allemagne libérale sous l'égide de la Prusse, mais le Kronprinz, moins politique que son épouse, s'en tient à son devoir d'officier et refuse la couronne que lui propose son père.
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+ Il reste à Guillaume Ier une dernière carte à jouer. Il appelle au pouvoir l'ultra-conservateur Otto von Bismarck, dont il craignait jusqu'alors les idées d'alliance avec la France et le caractère trop affirmé. Dès lors, son gouvernement évolue vers l'absolutisme. Bismarck, ministre-président de Prusse en 1862, veut résoudre les problèmes politiques par « le fer et le sang ». Il compte diriger la politique étrangère de la Prusse au service exclusif de la raison d'État prussienne. Pour cela, Bismarck va s'employer à dominer par tout moyen le roi : en l'isolant de sa famille — notamment du Kronprinz — et de ses autres conseillers, en corrompant la presse, en lui faisant des scènes, du chantage à la démission, etc. Le chancelier sera servi par ses succès.
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+ En 1864, Bismarck entraîne l'Autriche dans une guerre victorieuse contre le Danemark (guerre des Duchés) et donne à la Prusse les duchés de Holstein et de Saxe-Lauenbourg.
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+ Deux ans plus tard, Bismarck tend un piège à l'empereur d'Autriche François-Joseph en poussant celui-ci à déclarer la guerre à Guillaume Ier. Le roi de Prusse est maître de la Confédération allemande après la victoire de Sadowa sur les Autrichiens le 3 juillet 1866. Lors des pourparlers de paix, si Bismarck, préparant l'avenir et contre les désirs de son souverain, ménage l'Autriche, il unifie et agrandit le royaume en annexant au profit de la Prusse le duché de Schleswig, le royaume de Hanovre, l'électorat de Hesse, le duché de Nassau et la ville libre de Francfort. Le grand-duché de Hesse-Darmstadt ne doit sa survie qu'à l'entremise du tsar Alexandre II, beau-frère du grand-duc.
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+ La Prusse est désormais un État qui s'étend de la Moselle à la Baltique sur la quasi-totalité du nord de la Confédération germanique, laquelle est dissoute au profit d'une « confédération de l'Allemagne du Nord », créée pour l'occasion sous la présidence de la Prusse. Des traités secrets d'assistance et de défense mutuelles sont imposés aux souverains des États d'Allemagne du Sud, grand-duché de Hesse-Darmstadt, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière. L'Autriche est exclue du système allemand.
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+ En 1870, c'est l'empereur des Français qui tombe dans le piège bismarckien. La dépêche d'Ems est le prétexte qui pousse Napoléon III à déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet. Celle-ci en appelle à ses « alliés » du Sud de l'Allemagne, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière, qui ne peuvent que répondre favorablement, tandis que la France est isolée. Après un début prometteur, les armées françaises doivent reculer, la victoire de Saint-Privat (18 août) permet l'encerclement de Metz, la plus importante place forte d'Europe où est réduite à l'impuissance la majeure partie de l'armée française. Napoléon III est fait prisonnier à Sedan (2 septembre), son empire s'effondre, la République est proclamée tandis la moitié nord du pays est occupée et que Paris est assiégé.
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+ La victoire de la Prusse est totale : le 18 janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans le cadre prestigieux de la galerie des Glaces du château de Versailles. Le traité de Francfort ampute la France des territoires dont la population est germanophone, et de Metz (francophone) et sa région, la plus importante place forte d'Europe, qui formeront une « terre d'Empire ». La France occupée doit payer une énorme indemnité.
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+ Le 18 janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans la galerie des Glaces du château de Versailles[1].
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+ Le titre de Deutscher Kaiser (« empereur allemand ») a été choisi après mûres réflexions de la part de Guillaume et de Bismarck ; « empereur d'Allemagne » eût été malvenu aux yeux des autres monarques fédérés. La formulation « empereur des Allemands » est rejetée par Guillaume Ier car elle fait écho à la révolution de 1848, et que le nouvel empereur ne veut pas de ce titre aux relents démocratiques, puisqu'il se considère souverain « par la grâce de Dieu ».
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+ Guillaume Ier n'accepte son titre qu'avec réticence, la direction d'une Allemagne unie allant à l'encontre de son conservatisme, et l'unité de la nation faisant figure d'idéal libéral et progressiste. Bismarck saura habilement surmonter cette objection en faisant adresser à Guillaume une demande officielle des princes et rois du nouveau Reich d'accepter ce titre. Pour l'anecdote, c'est le frère du romantique roi Louis II de Bavière, Othon de Bavière, qui lui remettra la demande, rédigée par Bismarck, en échange d'une rétribution secrète de 100 000 thalers annuels.
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+ La réticence de Guillaume s'explique aussi par sa crainte d'apparaître comme le « liquidateur » d'une Prusse absorbée, voire dissoute, dans le Reich, bien que la Constitution du Reich institue en fait un système fédéral où l'identité des États est préservée. Il attachera toujours autant d'importance à son titre de roi de Prusse qu'à celui d'empereur. Là aussi, Bismarck saura lever cette hypothèque, en réservant à la Prusse un statut dominant dans le système fédéral.
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+ Guillaume Ier devient donc le chef, primus inter pares, d'un Reich allemand qui s'étend de la Lorraine à la Lituanie, et fédère les royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Saxe, les grand-duchés de Bade et de Hesse, sans oublier les villes libres de Hambourg, Lübeck et Brême, et la « terre d'Empire » d'Alsace-Lorraine. Lors de son discours d'ouverture au Reichstag, il fait allusion aux négociations avec la France pour avancer le paiement de l'indemnité de guerre et libérer le territoire français, ce qui fait monter la Bourse[2].
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+ Durant son règne, Guillaume Ier échappe à plusieurs attentats perpétrés par des anarchistes qui le considèrent comme un tyran :
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+ Ces attentats confortent le pouvoir personnel de Bismarck, qui s'en sert comme prétexte pour cerner les oppositions et rendre populaire ses législations sociales et anti-socialistes.
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+ Guillaume Ier s'éteint dans sa quatre-vingt-onzième année en mars 1888. Son fils lui succède sous le nom de Frédéric III. Atteint d'une maladie incurable, il meurt trois mois plus tard au grand dam des libéraux du monde entier.
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+ Le troisième empereur allemand de la maison de Hohenzollern, fils aîné de Frédéric III, parvient au trône à l'âge de vingt-neuf ans sous le nom de Guillaume II. Désirant gouverner seul, il renvoie le vieux prince de Bismarck.
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+ Guillaume Ier de Prusse appartient à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des électeurs, des rois, des empereurs à la Prusse et l'Allemagne. Guillaume Ier de Prusse est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.
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+ Frédéric Guillaume Victor Albert de Hohenzollern (en allemand : Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht), né le 27 janvier 1859 à Berlin et mort le 4 juin 1941 à Doorn, aux Pays-Bas, est de 1888 à son abdication en 1918, le troisième et dernier empereur allemand (Deutscher Kaiser) ainsi que le neuvième et dernier roi de Prusse.
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+ Membre de la maison de Hohenzollern, régnant sous le nom de Guillaume II, il était le petit-fils de Guillaume Ier (premier empereur allemand) et le fils de Frédéric III, qui ne régna que 99 jours et à qui il succéda.
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+ Sa mère, la Kaiserin Victoria, était la fille de la reine Victoria du Royaume-Uni et du prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.
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+ Ses prénoms ont été donnés en hommage à son grand-oncle Frédéric-Guillaume IV, régnant lors de sa naissance, et à ses grands-parents.
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+ Les historiens décrivent un homme « intelligent, cultivé et ouvert », mais parfois indécis et prêt à s'emballer pour revenir en arrière peu de temps après, défaut utilisé contre lui par la diplomatie européenne[1].
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+ Guillaume devint souverain de l'Empire allemand en juin 1888 (« l'année des trois empereurs ») après le très court règne de son père, le libéral Frédéric III.
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+ Son règne débuta dans un climat social très agité, sur fond de grèves, en particulier des mineurs. Le jeune souverain prend le contrepied des lois antisociales du chancelier Bismarck et finira rapidement par s'en séparer : Guillaume II applique une mesure d'avant-garde, la réduction à 8 heures de la journée de travail dans les mines. Mesure sociale qu'il essaie de faire partager par les pays européens, pour ne pas pénaliser l'industrie allemande. En 1890, il organise à cet effet une Conférence internationale à Berlin, qui se révèle un échec[2].
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+ Son règne fut également marqué par un changement total de la politique traditionnelle prussienne, un militarisme et un autoritarisme exacerbés. Désirant donner à l'Allemagne une envergure internationale, il troqua la Realpolitik de Bismarck contre la Weltpolitik expansionniste et colonialiste, s'employa à développer une marine de guerre tandis que son règne tint de plus en plus du régime personnel. Il est en cela en accord avec une opinion publique demandant une politique étrangère plus active et la montée en puissance des groupes nationalistes comme la Ligue pangermaniste.
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23
+ D'un point de vue économique, l'historienne Francine Dominique Liechtenhan rappelle que le règne de Guillaume II permit un développement important de l'industrie allemande. Un progrès scolaire et universitaire hors du commun participe à l'évolution du pays vers un État-nation. Une vieille tradition associant école et apprentissage crée des travailleurs qualifiés. L'université sait s'adapter aux nouvelles demandes de la modernisation du pays : physique, chimie, électronique, pharmacie… La Kaiser-Willhelm-Gesellschaft encourage la recherche. Des entreprises comme Siemens, Bayer ou AEG acquièrent vite une renommée internationale. Guillaume II inaugure également un nouveau type de grande école technologique prodiguant un enseignement plus pratique. L'empereur observe avec enthousiasme l'évolution de la recherche. Il aime inviter les chercheurs, économistes, techniciens mais aussi les hommes d'affaires. En ce sens, il se situe aux antipodes de l'empereur François-Joseph d'Autriche figé dans son immobilisme et de Nicolas II de Russie, frileux envers cet univers de progrès. Le règne de Guillaume II apporte une nette augmentation du niveau de vie.
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25
+ Bien que connu pour sa passion pour les parades militaires et les uniformes, Guillaume n'est pas, comme on l'a dépeint par la suite, un va-t'en guerre irréfléchi. On le voit notamment lors de la crise d'Agadir en 1911, où en proie aux attaques de la presse nationaliste qui le traite de « Guillaume le timide, le valeureux poltron », il choisit une solution négociée au conflit[1]. Il joue également un rôle modérateur dans les guerres balkaniques de 1912-1913, conseillant à son allié autrichien de ne pas intervenir, car il redoute un conflit austro-russe dans les Balkans[1]. Il encourage également l'Autriche-Hongrie à améliorer ses relations avec la Serbie.
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27
+ Dès 1890, il renvoya le chancelier Otto von Bismarck et ne renouvela pas le pacte germano-russe d'assistance mutuelle. Sa politique étrangère agressive (armement maritime selon le plan Tirpitz, volonté d'expansion allemande) le mit en confrontation notamment avec le Royaume-Uni, avec lequel, du fait de ses relations familiales, il eut des rapports complexes, et l'isola sur le plan diplomatique.
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+
29
+ Lors de sa visite à Jérusalem en 1898, la ville est nettoyée et réaménagée, et on abat même une partie de la muraille centenaire à la porte de Jaffa afin de faciliter le passage de la délégation prussienne ; l'empereur entra par la Nouvelle Porte qu'il tenait à la franchir à cheval[3],[4],[5]. Il y rencontrera notamment Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, venu lui demander son soutien pour l'établissement d'un Foyer juif en Palestine, à l'époque sous administration ottomane[6],[7]
30
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31
+ Il tenta vainement d'influencer la politique orientale du tsar Nicolas II de Russie et lui offrit notamment un tableau peint par Hermann Knackfuss représentant l'Europe devant défendre ses valeurs en Chine.
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33
+ Les relations avec la France étaient marquées par le revanchisme de cette dernière et la concurrence en matière étrangère et coloniale. L'affaire Schnæbelé date de l'année précédant son avènement, et d'autres crises suivront : crise de Tanger en 1905, coup d'Agadir en 1911.
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+ Après Bismarck se succédèrent, au poste de chancelier, Leo von Caprivi (de 1890 à 1894), le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst (de 1894 à 1900), le prince Bernhard von Bülow de (1900 à 1909), Theobald von Bethmann Hollweg (de 1909 à 1917), Georg Michaelis puis le comte Georg von Hertling, enfin en octobre 1918 le prince Maximilien de Bade.
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+ Dans les mois qui précèdent le conflit, Guillaume II est loin d'encourager une solution militaire — c'est du moins ce qu'il veut faire croire à la Triple-Entente et au reste du monde — mais il œuvre en fait pour tout le contraire, usant de désinformation et poussant l'Autriche à attaquer la Serbie, à la suite de l'attentat de Sarajevo[8]. En mars 1914, l'ambassadeur allemand à Vienne précise que deux personnes sont contre un conflit avec la Russie : l'empereur Guillaume II et l'archiduc-héritier François-Ferdinand. Après l'attentat de Sarajevo, même s'il assure l'Autriche-Hongrie de son soutien inconditionnel, Guillaume II espère que l'ultimatum autrichien à la Serbie permettra de trouver une solution diplomatique[1]. Pendant tout le mois de juillet, il communique avec son cousin Nicolas II, affirmant que la paix repose dans les mains de celui-ci[9].
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+ Le 31 juillet, après des hésitations, le commandement militaire en la personne du général von Falkenhayn lui arrache « l'état de danger de guerre ».
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+ Pendant la guerre, Guillaume II était commandant en chef des armées, mais il perdit bientôt l'autorité réelle et sa popularité en fut diminuée.
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+ La mutinerie qui éclata dans la marine allemande précipita la fin de la monarchie. Les mutineries de l'automne 1918, l’instauration de conseils ouvriers (Arbeiter und Soldatenräte) dans toutes les grandes villes de l'empire, de Metz à Berlin, forcèrent le Kaiser à renoncer non seulement au trône allemand, mais aussi au trône de Prusse. Les autres souverains allemands, qui avaient dû le suivre dans sa démarche autoritaire et militariste, ne purent pas non plus sauver leurs dynasties séculaires.
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+ Bien qu'héritier du trône de Bade, le chancelier Max de Bade, connu pour ses idées libérales, précipita les évènements en annonçant par anticipation l'abdication du Kaiser. La république fut proclamée et le Kaiser n'eut d'autre choix que de se résigner à abdiquer officiellement le 9 novembre 1918 (le traité d'abdication ne fut signé cependant que le 28) lorsqu'il résidait au château de la Fraineuse, à Spa. Craignant de subir le même sort tragique que son cousin le tsar de Russie et ne pouvant sans risque pour sa vie regagner Berlin, il se réfugia aux Pays-Bas, État neutre, et s'installa à Doorn sous la protection de la reine Wilhelmine, tante par alliance de sa belle-fille la Kronprinzessin Cecilie qui était restée à Berlin avec ses enfants auprès de la Kaiserin. L'ex-empereur ne sera pas livré aux vainqueurs qui voulaient le juger comme responsable de la guerre : le gouvernement néerlandais refuse la demande d'extradition le 23 janvier 1920[10]. De même, la reine des Pays-Bas accueillera sur son sol les principaux sujets belges germanophiles de 1914-1918 dont les plus notoires étaient condamnés à mort par contumace.
46
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47
+ À l'issue de la guerre, il est désigné par les puissances alliées comme le principal responsable du conflit et l'article 227 du traité de Versailles (1919) l'accuse personnellement d'« offense suprême contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités »[1]. Le Premier ministre anglais David Lloyd George est encore plus expéditif et réclame de pendre l'empereur[11], rejoignant l'opinion exprimée par plusieurs titres de presse[1].
48
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49
+ Depuis cette époque, la question de la responsabilité de l'Allemagne et de Guillaume II dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale a provoqué des polémiques qui ont dépassé le seul cercle des historiens. Ces polémiques sont renouvelées par la thèse de Fritz Fischer dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale[12] qui suggère un calcul politique de grande ampleur. Selon lui, l'Empire allemand aurait visé à l'hégémonie en Europe plusieurs années avant la guerre ; dernier venu sur la scène coloniale, il aurait aspiré à la domination mondiale par une victoire totale sur les autres puissances européennes. La guerre aurait été décidée par l'Allemagne avant même décembre 1912.
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51
+ La thèse de Fischer a fait l'objet de nombreuses critiques et les biographies ultérieures sont beaucoup plus mesurées quant au rôle joué par Guillaume II dans le déclenchement du conflit. Elles estiment qu'on ne peut affirmer que Guillaume II a provoqué la Première Guerre mondiale, même s'il ne fit pas grand-chose pour l'éviter. Ainsi, pour Henry Bogdan, « si Guillaume II pressé par les militaires de son entourage leur a cédé, sa responsabilité personnelle est des plus limitées »[1].
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53
+ Son exil est endeuillé par le suicide de son fils Joachim, suivi de la mort de l’impératrice en 1921. Il se remarie l'année suivante avec la princesse Hermine Reuss zu Greiz, et écrit ses mémoires. Parallèlement, le capitaine Sigurd von Ilsemann[13] devient son aide de camp.
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55
+ Guillaume II demandait dès le 28 novembre 1918 aux autorités républicaines la restitution de ses biens propres et de ceux de sa famille, l’argenterie familiale notamment, conformément à la loi d'expropriation des princes allemands contre dédommagements financiers. La fortune personnelle du Kaiser s'élevait à 400 millions de marks. À réception de ce courrier, le nouveau gouvernement fait parvenir à l’empereur déchu, outre son argenterie – la somme de 40 millions de marks. Au cours des mois suivants, le gouvernement du Reich effectue d’autres versements et, six ans après l’effondrement de l’Empire, le régime de Weimar commence à lui verser une rente mensuelle de 50 000 marks. Lui sont également rendus 97 000 hectares de terres et plusieurs châteaux[14]. Les fils de l’empereur et son frère, le prince Henri, reçoivent de même des pensions dont le montant a été négocié par les représentants de la maison impériale et le nouvel État allemand. L'ancien empereur reçoit aussi du gouvernement de l'État de Prusse un dédommagement de 15 millions de marks [réf. nécessaire].
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+ Il déclare que, pendant quelque temps, il a eu des sympathies nazies, mais s'en est écarté par la suite, du fait notamment des purges sanglantes au sein du régime[14].
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+ Il accorde une entrevue au sujet d'Adolf Hitler en 1938 à un journaliste de Voilà, W. Burkhardt, qui permet de comprendre son point de vue relativement aux événements qui se déroulent en Allemagne. Il reproche à Hitler d'être « un homme seul, sans famille, sans enfant, sans Dieu ». « Il prépare des légions, mais il ne fait pas une nation », et oppose la tradition à l'« État vorace » qui se « substitue à tout ». Il dit aussi : « J’ai cru pendant quelques mois au national-socialisme : je pensais qu’il était une fièvre nécessaire, et je voyais y participer certains hommes qui sont parmi les plus remarquables et les plus sages d’Allemagne. Mais ceux-là, un à un, il les écarte ou les exécute : Papen, Schleicher, Neurath… Et même Blomberg. Il ne reste maintenant que des aventuriers en chemise. »[15].
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+ Il condamne, malgré ses convictions antisémites, les lois anti-juives. Deux mois plus tard, lors de la nuit de Cristal en novembre 1938, il dit : « pour la première fois, j'ai honte d’être Allemand »[14].
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+ Il n'approuve ni l'invasion de la Pologne, ni l'invasion des autres pays européens dont les Pays-Bas, son hôte[14]. Mais lorsque la France, reconnaissant sa défaite, sollicite l'armistice, il envoie un télégramme de félicitations à Adolf Hitler. Certains de ses fils sont mobilisés sous Hitler et deux d'entre eux, le Kronprinz et Auguste-Guillaume, deviennent membres du parti nazi.
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+ Il meurt à 82 ans aux Pays-Bas, le 4 juin 1941, quelques jours avant l'attaque allemande sur l'Union soviétique, et reçoit à ses funérailles les honneurs militaires allemands. Il avait demandé que des symboles nazis ne soient pas portés lors de ses funérailles, ce qui n'est pas respecté.
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+ Son corps repose à Doorn, devenu un lieu de pèlerinage pour les monarchistes. Sa deuxième épouse, faite prisonnière par les Soviétiques, meurt d'insuffisance cardiaque[16] en 1947, à 59 ans.
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+ Guillaume II appartenait à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des princes-électeurs, des rois, des empereurs au Saint-Empire romain germanique, à la Prusse et à l'Allemagne. Guillaume II d'Allemagne est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.
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+ En 1901, il exclut de la maison de Hohenzollern sa tante Anne de Prusse, landgravine douairière de Hesse-Cassel parce qu'elle s'était convertie au catholicisme.
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+ Après avoir fait des études au Gymnasium de Cassel et à l'université de Bonn, il renonce à convoler avec sa cousine Élisabeth de Hesse-Darmstadt[17] et épouse le 27 février 1881 la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg dite Donna (née le 22 octobre 1858, morte le 11 avril 1921), fille de Frédéric Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg puis, devenu veuf, la princesse Hermine Reuss zu Greiz, veuve du prince de Schönaich-Carolath.
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+ De son premier mariage, il a sept enfants :
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+ Il fréquentait beaucoup les jeunes officiers du « cercle de Liebenberg », tous issus de la haute noblesse prussienne, nationaliste et ultra-conservatrice. Le prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst parle d'une homosexualité latente de l'empereur[18], la plupart de ses intimes étant homosexuels. Il se lia notamment d'une profonde amitié avec le prince Philipp zu Eulenburg surnommé Phili. Le prince zu Eulenburg avait une grande influence sur l'empereur au point qu'il put faire nommer un membre du cercle de Liebenberg, Bernhard von Bülow, chancelier d'empire et ministre-président de Prusse en 1900. Cette relation fut brisée lorsque ce dernier fut ouvertement compromis par un scandale et un procès (affaire Harden-Eulenburg) (1906/1909). Bernhard von Bülow dut démissionner et l'empereur cessa toute relation avec le prince zu Eulenburg.
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+ Atteint d'une paralysie du plexus brachial consécutive à une naissance difficile qui met en danger sa jeune mère alors âgée de 18 ans, Guillaume présente une atrophie partielle du bras gauche. Cette paralysie (atrophie de l'épaule gauche nette sur les photos à quinze ans) le gêne dans ses fonctions de représentation et notamment, l'empêche de monter seul un cheval, handicap majeur pour un prince de cette époque, héritier puis souverain d'une monarchie militariste. Il cherche toujours à dissimuler ce handicap, ce qui explique ses nombreuses fanfaronnades et son ton agressif qui cause bien des difficultés à la diplomatie impériale. Certains historiens[Qui ?] pensent qu'il aurait aussi pu subir une lésion cérébrale susceptible d'expliquer certains de ses traits de caractère (cyclothymie, agressivité, entêtement, impulsivité et manque de tact). Une telle personnalité engendre un comportement incompatible avec celui d'un monarque constitutionnel : pour compenser ce complexe d'infériorité, Guillaume fait une série de déclarations intempestives qui provoquent des crises diplomatiques graves, notamment l'affaire du Daily Telegraph et alimentent le courant germanophobe au Royaume-Uni et en France. Dans ses Mémoires, le chancelier von Bülow écrit qu'il passe un temps considérable à rattraper les maladresses du souverain.
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+ Frédéric Guillaume Victor Albert de Hohenzollern (en allemand : Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht), né le 27 janvier 1859 à Berlin et mort le 4 juin 1941 à Doorn, aux Pays-Bas, est de 1888 à son abdication en 1918, le troisième et dernier empereur allemand (Deutscher Kaiser) ainsi que le neuvième et dernier roi de Prusse.
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+ Membre de la maison de Hohenzollern, régnant sous le nom de Guillaume II, il était le petit-fils de Guillaume Ier (premier empereur allemand) et le fils de Frédéric III, qui ne régna que 99 jours et à qui il succéda.
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+ Sa mère, la Kaiserin Victoria, était la fille de la reine Victoria du Royaume-Uni et du prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.
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+ Ses prénoms ont été donnés en hommage à son grand-oncle Frédéric-Guillaume IV, régnant lors de sa naissance, et à ses grands-parents.
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+ Les historiens décrivent un homme « intelligent, cultivé et ouvert », mais parfois indécis et prêt à s'emballer pour revenir en arrière peu de temps après, défaut utilisé contre lui par la diplomatie européenne[1].
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+ Guillaume devint souverain de l'Empire allemand en juin 1888 (« l'année des trois empereurs ») après le très court règne de son père, le libéral Frédéric III.
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+ Son règne débuta dans un climat social très agité, sur fond de grèves, en particulier des mineurs. Le jeune souverain prend le contrepied des lois antisociales du chancelier Bismarck et finira rapidement par s'en séparer : Guillaume II applique une mesure d'avant-garde, la réduction à 8 heures de la journée de travail dans les mines. Mesure sociale qu'il essaie de faire partager par les pays européens, pour ne pas pénaliser l'industrie allemande. En 1890, il organise à cet effet une Conférence internationale à Berlin, qui se révèle un échec[2].
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+ Son règne fut également marqué par un changement total de la politique traditionnelle prussienne, un militarisme et un autoritarisme exacerbés. Désirant donner à l'Allemagne une envergure internationale, il troqua la Realpolitik de Bismarck contre la Weltpolitik expansionniste et colonialiste, s'employa à développer une marine de guerre tandis que son règne tint de plus en plus du régime personnel. Il est en cela en accord avec une opinion publique demandant une politique étrangère plus active et la montée en puissance des groupes nationalistes comme la Ligue pangermaniste.
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+ D'un point de vue économique, l'historienne Francine Dominique Liechtenhan rappelle que le règne de Guillaume II permit un développement important de l'industrie allemande. Un progrès scolaire et universitaire hors du commun participe à l'évolution du pays vers un État-nation. Une vieille tradition associant école et apprentissage crée des travailleurs qualifiés. L'université sait s'adapter aux nouvelles demandes de la modernisation du pays : physique, chimie, électronique, pharmacie… La Kaiser-Willhelm-Gesellschaft encourage la recherche. Des entreprises comme Siemens, Bayer ou AEG acquièrent vite une renommée internationale. Guillaume II inaugure également un nouveau type de grande école technologique prodiguant un enseignement plus pratique. L'empereur observe avec enthousiasme l'évolution de la recherche. Il aime inviter les chercheurs, économistes, techniciens mais aussi les hommes d'affaires. En ce sens, il se situe aux antipodes de l'empereur François-Joseph d'Autriche figé dans son immobilisme et de Nicolas II de Russie, frileux envers cet univers de progrès. Le règne de Guillaume II apporte une nette augmentation du niveau de vie.
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+ Bien que connu pour sa passion pour les parades militaires et les uniformes, Guillaume n'est pas, comme on l'a dépeint par la suite, un va-t'en guerre irréfléchi. On le voit notamment lors de la crise d'Agadir en 1911, où en proie aux attaques de la presse nationaliste qui le traite de « Guillaume le timide, le valeureux poltron », il choisit une solution négociée au conflit[1]. Il joue également un rôle modérateur dans les guerres balkaniques de 1912-1913, conseillant à son allié autrichien de ne pas intervenir, car il redoute un conflit austro-russe dans les Balkans[1]. Il encourage également l'Autriche-Hongrie à améliorer ses relations avec la Serbie.
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+ Dès 1890, il renvoya le chancelier Otto von Bismarck et ne renouvela pas le pacte germano-russe d'assistance mutuelle. Sa politique étrangère agressive (armement maritime selon le plan Tirpitz, volonté d'expansion allemande) le mit en confrontation notamment avec le Royaume-Uni, avec lequel, du fait de ses relations familiales, il eut des rapports complexes, et l'isola sur le plan diplomatique.
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+ Lors de sa visite à Jérusalem en 1898, la ville est nettoyée et réaménagée, et on abat même une partie de la muraille centenaire à la porte de Jaffa afin de faciliter le passage de la délégation prussienne ; l'empereur entra par la Nouvelle Porte qu'il tenait à la franchir à cheval[3],[4],[5]. Il y rencontrera notamment Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, venu lui demander son soutien pour l'établissement d'un Foyer juif en Palestine, à l'époque sous administration ottomane[6],[7]
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+ Il tenta vainement d'influencer la politique orientale du tsar Nicolas II de Russie et lui offrit notamment un tableau peint par Hermann Knackfuss représentant l'Europe devant défendre ses valeurs en Chine.
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+ Les relations avec la France étaient marquées par le revanchisme de cette dernière et la concurrence en matière étrangère et coloniale. L'affaire Schnæbelé date de l'année précédant son avènement, et d'autres crises suivront : crise de Tanger en 1905, coup d'Agadir en 1911.
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+ Après Bismarck se succédèrent, au poste de chancelier, Leo von Caprivi (de 1890 à 1894), le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst (de 1894 à 1900), le prince Bernhard von Bülow de (1900 à 1909), Theobald von Bethmann Hollweg (de 1909 à 1917), Georg Michaelis puis le comte Georg von Hertling, enfin en octobre 1918 le prince Maximilien de Bade.
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+ Dans les mois qui précèdent le conflit, Guillaume II est loin d'encourager une solution militaire — c'est du moins ce qu'il veut faire croire à la Triple-Entente et au reste du monde — mais il œuvre en fait pour tout le contraire, usant de désinformation et poussant l'Autriche à attaquer la Serbie, à la suite de l'attentat de Sarajevo[8]. En mars 1914, l'ambassadeur allemand à Vienne précise que deux personnes sont contre un conflit avec la Russie : l'empereur Guillaume II et l'archiduc-héritier François-Ferdinand. Après l'attentat de Sarajevo, même s'il assure l'Autriche-Hongrie de son soutien inconditionnel, Guillaume II espère que l'ultimatum autrichien à la Serbie permettra de trouver une solution diplomatique[1]. Pendant tout le mois de juillet, il communique avec son cousin Nicolas II, affirmant que la paix repose dans les mains de celui-ci[9].
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+ Le 31 juillet, après des hésitations, le commandement militaire en la personne du général von Falkenhayn lui arrache « l'état de danger de guerre ».
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+ Pendant la guerre, Guillaume II était commandant en chef des armées, mais il perdit bientôt l'autorité réelle et sa popularité en fut diminuée.
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+ La mutinerie qui éclata dans la marine allemande précipita la fin de la monarchie. Les mutineries de l'automne 1918, l’instauration de conseils ouvriers (Arbeiter und Soldatenräte) dans toutes les grandes villes de l'empire, de Metz à Berlin, forcèrent le Kaiser à renoncer non seulement au trône allemand, mais aussi au trône de Prusse. Les autres souverains allemands, qui avaient dû le suivre dans sa démarche autoritaire et militariste, ne purent pas non plus sauver leurs dynasties séculaires.
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+ Bien qu'héritier du trône de Bade, le chancelier Max de Bade, connu pour ses idées libérales, précipita les évènements en annonçant par anticipation l'abdication du Kaiser. La république fut proclamée et le Kaiser n'eut d'autre choix que de se résigner à abdiquer officiellement le 9 novembre 1918 (le traité d'abdication ne fut signé cependant que le 28) lorsqu'il résidait au château de la Fraineuse, à Spa. Craignant de subir le même sort tragique que son cousin le tsar de Russie et ne pouvant sans risque pour sa vie regagner Berlin, il se réfugia aux Pays-Bas, État neutre, et s'installa à Doorn sous la protection de la reine Wilhelmine, tante par alliance de sa belle-fille la Kronprinzessin Cecilie qui était restée à Berlin avec ses enfants auprès de la Kaiserin. L'ex-empereur ne sera pas livré aux vainqueurs qui voulaient le juger comme responsable de la guerre : le gouvernement néerlandais refuse la demande d'extradition le 23 janvier 1920[10]. De même, la reine des Pays-Bas accueillera sur son sol les principaux sujets belges germanophiles de 1914-1918 dont les plus notoires étaient condamnés à mort par contumace.
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+ À l'issue de la guerre, il est désigné par les puissances alliées comme le principal responsable du conflit et l'article 227 du traité de Versailles (1919) l'accuse personnellement d'« offense suprême contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités »[1]. Le Premier ministre anglais David Lloyd George est encore plus expéditif et réclame de pendre l'empereur[11], rejoignant l'opinion exprimée par plusieurs titres de presse[1].
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+ Depuis cette époque, la question de la responsabilité de l'Allemagne et de Guillaume II dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale a provoqué des polémiques qui ont dépassé le seul cercle des historiens. Ces polémiques sont renouvelées par la thèse de Fritz Fischer dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale[12] qui suggère un calcul politique de grande ampleur. Selon lui, l'Empire allemand aurait visé à l'hégémonie en Europe plusieurs années avant la guerre ; dernier venu sur la scène coloniale, il aurait aspiré à la domination mondiale par une victoire totale sur les autres puissances européennes. La guerre aurait été décidée par l'Allemagne avant même décembre 1912.
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+ La thèse de Fischer a fait l'objet de nombreuses critiques et les biographies ultérieures sont beaucoup plus mesurées quant au rôle joué par Guillaume II dans le déclenchement du conflit. Elles estiment qu'on ne peut affirmer que Guillaume II a provoqué la Première Guerre mondiale, même s'il ne fit pas grand-chose pour l'éviter. Ainsi, pour Henry Bogdan, « si Guillaume II pressé par les militaires de son entourage leur a cédé, sa responsabilité personnelle est des plus limitées »[1].
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+ Son exil est endeuillé par le suicide de son fils Joachim, suivi de la mort de l’impératrice en 1921. Il se remarie l'année suivante avec la princesse Hermine Reuss zu Greiz, et écrit ses mémoires. Parallèlement, le capitaine Sigurd von Ilsemann[13] devient son aide de camp.
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+ Guillaume II demandait dès le 28 novembre 1918 aux autorités républicaines la restitution de ses biens propres et de ceux de sa famille, l’argenterie familiale notamment, conformément à la loi d'expropriation des princes allemands contre dédommagements financiers. La fortune personnelle du Kaiser s'élevait à 400 millions de marks. À réception de ce courrier, le nouveau gouvernement fait parvenir à l’empereur déchu, outre son argenterie – la somme de 40 millions de marks. Au cours des mois suivants, le gouvernement du Reich effectue d’autres versements et, six ans après l’effondrement de l’Empire, le régime de Weimar commence à lui verser une rente mensuelle de 50 000 marks. Lui sont également rendus 97 000 hectares de terres et plusieurs châteaux[14]. Les fils de l’empereur et son frère, le prince Henri, reçoivent de même des pensions dont le montant a été négocié par les représentants de la maison impériale et le nouvel État allemand. L'ancien empereur reçoit aussi du gouvernement de l'État de Prusse un dédommagement de 15 millions de marks [réf. nécessaire].
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+ Il déclare que, pendant quelque temps, il a eu des sympathies nazies, mais s'en est écarté par la suite, du fait notamment des purges sanglantes au sein du régime[14].
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+ Il accorde une entrevue au sujet d'Adolf Hitler en 1938 à un journaliste de Voilà, W. Burkhardt, qui permet de comprendre son point de vue relativement aux événements qui se déroulent en Allemagne. Il reproche à Hitler d'être « un homme seul, sans famille, sans enfant, sans Dieu ». « Il prépare des légions, mais il ne fait pas une nation », et oppose la tradition à l'« État vorace » qui se « substitue à tout ». Il dit aussi : « J’ai cru pendant quelques mois au national-socialisme : je pensais qu’il était une fièvre nécessaire, et je voyais y participer certains hommes qui sont parmi les plus remarquables et les plus sages d’Allemagne. Mais ceux-là, un à un, il les écarte ou les exécute : Papen, Schleicher, Neurath… Et même Blomberg. Il ne reste maintenant que des aventuriers en chemise. »[15].
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+ Il condamne, malgré ses convictions antisémites, les lois anti-juives. Deux mois plus tard, lors de la nuit de Cristal en novembre 1938, il dit : « pour la première fois, j'ai honte d’être Allemand »[14].
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+ Il n'approuve ni l'invasion de la Pologne, ni l'invasion des autres pays européens dont les Pays-Bas, son hôte[14]. Mais lorsque la France, reconnaissant sa défaite, sollicite l'armistice, il envoie un télégramme de félicitations à Adolf Hitler. Certains de ses fils sont mobilisés sous Hitler et deux d'entre eux, le Kronprinz et Auguste-Guillaume, deviennent membres du parti nazi.
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+ Il meurt à 82 ans aux Pays-Bas, le 4 juin 1941, quelques jours avant l'attaque allemande sur l'Union soviétique, et reçoit à ses funérailles les honneurs militaires allemands. Il avait demandé que des symboles nazis ne soient pas portés lors de ses funérailles, ce qui n'est pas respecté.
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+ Son corps repose à Doorn, devenu un lieu de pèlerinage pour les monarchistes. Sa deuxième épouse, faite prisonnière par les Soviétiques, meurt d'insuffisance cardiaque[16] en 1947, à 59 ans.
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+ Guillaume II appartenait à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des princes-électeurs, des rois, des empereurs au Saint-Empire romain germanique, à la Prusse et à l'Allemagne. Guillaume II d'Allemagne est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.
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+ En 1901, il exclut de la maison de Hohenzollern sa tante Anne de Prusse, landgravine douairière de Hesse-Cassel parce qu'elle s'était convertie au catholicisme.
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+ Après avoir fait des études au Gymnasium de Cassel et à l'université de Bonn, il renonce à convoler avec sa cousine Élisabeth de Hesse-Darmstadt[17] et épouse le 27 février 1881 la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg dite Donna (née le 22 octobre 1858, morte le 11 avril 1921), fille de Frédéric Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg puis, devenu veuf, la princesse Hermine Reuss zu Greiz, veuve du prince de Schönaich-Carolath.
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+ De son premier mariage, il a sept enfants :
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+ Il fréquentait beaucoup les jeunes officiers du « cercle de Liebenberg », tous issus de la haute noblesse prussienne, nationaliste et ultra-conservatrice. Le prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst parle d'une homosexualité latente de l'empereur[18], la plupart de ses intimes étant homosexuels. Il se lia notamment d'une profonde amitié avec le prince Philipp zu Eulenburg surnommé Phili. Le prince zu Eulenburg avait une grande influence sur l'empereur au point qu'il put faire nommer un membre du cercle de Liebenberg, Bernhard von Bülow, chancelier d'empire et ministre-président de Prusse en 1900. Cette relation fut brisée lorsque ce dernier fut ouvertement compromis par un scandale et un procès (affaire Harden-Eulenburg) (1906/1909). Bernhard von Bülow dut démissionner et l'empereur cessa toute relation avec le prince zu Eulenburg.
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+ Atteint d'une paralysie du plexus brachial consécutive à une naissance difficile qui met en danger sa jeune mère alors âgée de 18 ans, Guillaume présente une atrophie partielle du bras gauche. Cette paralysie (atrophie de l'épaule gauche nette sur les photos à quinze ans) le gêne dans ses fonctions de représentation et notamment, l'empêche de monter seul un cheval, handicap majeur pour un prince de cette époque, héritier puis souverain d'une monarchie militariste. Il cherche toujours à dissimuler ce handicap, ce qui explique ses nombreuses fanfaronnades et son ton agressif qui cause bien des difficultés à la diplomatie impériale. Certains historiens[Qui ?] pensent qu'il aurait aussi pu subir une lésion cérébrale susceptible d'expliquer certains de ses traits de caractère (cyclothymie, agressivité, entêtement, impulsivité et manque de tact). Une telle personnalité engendre un comportement incompatible avec celui d'un monarque constitutionnel : pour compenser ce complexe d'infériorité, Guillaume fait une série de déclarations intempestives qui provoquent des crises diplomatiques graves, notamment l'affaire du Daily Telegraph et alimentent le courant germanophobe au Royaume-Uni et en France. Dans ses Mémoires, le chancelier von Bülow écrit qu'il passe un temps considérable à rattraper les maladresses du souverain.
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+ Frédéric Guillaume Victor Albert de Hohenzollern (en allemand : Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht), né le 27 janvier 1859 à Berlin et mort le 4 juin 1941 à Doorn, aux Pays-Bas, est de 1888 à son abdication en 1918, le troisième et dernier empereur allemand (Deutscher Kaiser) ainsi que le neuvième et dernier roi de Prusse.
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+ Membre de la maison de Hohenzollern, régnant sous le nom de Guillaume II, il était le petit-fils de Guillaume Ier (premier empereur allemand) et le fils de Frédéric III, qui ne régna que 99 jours et à qui il succéda.
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+ Sa mère, la Kaiserin Victoria, était la fille de la reine Victoria du Royaume-Uni et du prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.
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+ Ses prénoms ont été donnés en hommage à son grand-oncle Frédéric-Guillaume IV, régnant lors de sa naissance, et à ses grands-parents.
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+ Les historiens décrivent un homme « intelligent, cultivé et ouvert », mais parfois indécis et prêt à s'emballer pour revenir en arrière peu de temps après, défaut utilisé contre lui par la diplomatie européenne[1].
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+ Guillaume devint souverain de l'Empire allemand en juin 1888 (« l'année des trois empereurs ») après le très court règne de son père, le libéral Frédéric III.
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+ Son règne débuta dans un climat social très agité, sur fond de grèves, en particulier des mineurs. Le jeune souverain prend le contrepied des lois antisociales du chancelier Bismarck et finira rapidement par s'en séparer : Guillaume II applique une mesure d'avant-garde, la réduction à 8 heures de la journée de travail dans les mines. Mesure sociale qu'il essaie de faire partager par les pays européens, pour ne pas pénaliser l'industrie allemande. En 1890, il organise à cet effet une Conférence internationale à Berlin, qui se révèle un échec[2].
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+ Son règne fut également marqué par un changement total de la politique traditionnelle prussienne, un militarisme et un autoritarisme exacerbés. Désirant donner à l'Allemagne une envergure internationale, il troqua la Realpolitik de Bismarck contre la Weltpolitik expansionniste et colonialiste, s'employa à développer une marine de guerre tandis que son règne tint de plus en plus du régime personnel. Il est en cela en accord avec une opinion publique demandant une politique étrangère plus active et la montée en puissance des groupes nationalistes comme la Ligue pangermaniste.
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+ D'un point de vue économique, l'historienne Francine Dominique Liechtenhan rappelle que le règne de Guillaume II permit un développement important de l'industrie allemande. Un progrès scolaire et universitaire hors du commun participe à l'évolution du pays vers un État-nation. Une vieille tradition associant école et apprentissage crée des travailleurs qualifiés. L'université sait s'adapter aux nouvelles demandes de la modernisation du pays : physique, chimie, électronique, pharmacie… La Kaiser-Willhelm-Gesellschaft encourage la recherche. Des entreprises comme Siemens, Bayer ou AEG acquièrent vite une renommée internationale. Guillaume II inaugure également un nouveau type de grande école technologique prodiguant un enseignement plus pratique. L'empereur observe avec enthousiasme l'évolution de la recherche. Il aime inviter les chercheurs, économistes, techniciens mais aussi les hommes d'affaires. En ce sens, il se situe aux antipodes de l'empereur François-Joseph d'Autriche figé dans son immobilisme et de Nicolas II de Russie, frileux envers cet univers de progrès. Le règne de Guillaume II apporte une nette augmentation du niveau de vie.
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+ Bien que connu pour sa passion pour les parades militaires et les uniformes, Guillaume n'est pas, comme on l'a dépeint par la suite, un va-t'en guerre irréfléchi. On le voit notamment lors de la crise d'Agadir en 1911, où en proie aux attaques de la presse nationaliste qui le traite de « Guillaume le timide, le valeureux poltron », il choisit une solution négociée au conflit[1]. Il joue également un rôle modérateur dans les guerres balkaniques de 1912-1913, conseillant à son allié autrichien de ne pas intervenir, car il redoute un conflit austro-russe dans les Balkans[1]. Il encourage également l'Autriche-Hongrie à améliorer ses relations avec la Serbie.
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+ Dès 1890, il renvoya le chancelier Otto von Bismarck et ne renouvela pas le pacte germano-russe d'assistance mutuelle. Sa politique étrangère agressive (armement maritime selon le plan Tirpitz, volonté d'expansion allemande) le mit en confrontation notamment avec le Royaume-Uni, avec lequel, du fait de ses relations familiales, il eut des rapports complexes, et l'isola sur le plan diplomatique.
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+ Lors de sa visite à Jérusalem en 1898, la ville est nettoyée et réaménagée, et on abat même une partie de la muraille centenaire à la porte de Jaffa afin de faciliter le passage de la délégation prussienne ; l'empereur entra par la Nouvelle Porte qu'il tenait à la franchir à cheval[3],[4],[5]. Il y rencontrera notamment Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, venu lui demander son soutien pour l'établissement d'un Foyer juif en Palestine, à l'époque sous administration ottomane[6],[7]
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+ Il tenta vainement d'influencer la politique orientale du tsar Nicolas II de Russie et lui offrit notamment un tableau peint par Hermann Knackfuss représentant l'Europe devant défendre ses valeurs en Chine.
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+ Les relations avec la France étaient marquées par le revanchisme de cette dernière et la concurrence en matière étrangère et coloniale. L'affaire Schnæbelé date de l'année précédant son avènement, et d'autres crises suivront : crise de Tanger en 1905, coup d'Agadir en 1911.
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+ Après Bismarck se succédèrent, au poste de chancelier, Leo von Caprivi (de 1890 à 1894), le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst (de 1894 à 1900), le prince Bernhard von Bülow de (1900 à 1909), Theobald von Bethmann Hollweg (de 1909 à 1917), Georg Michaelis puis le comte Georg von Hertling, enfin en octobre 1918 le prince Maximilien de Bade.
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+ Dans les mois qui précèdent le conflit, Guillaume II est loin d'encourager une solution militaire — c'est du moins ce qu'il veut faire croire à la Triple-Entente et au reste du monde — mais il œuvre en fait pour tout le contraire, usant de désinformation et poussant l'Autriche à attaquer la Serbie, à la suite de l'attentat de Sarajevo[8]. En mars 1914, l'ambassadeur allemand à Vienne précise que deux personnes sont contre un conflit avec la Russie : l'empereur Guillaume II et l'archiduc-héritier François-Ferdinand. Après l'attentat de Sarajevo, même s'il assure l'Autriche-Hongrie de son soutien inconditionnel, Guillaume II espère que l'ultimatum autrichien à la Serbie permettra de trouver une solution diplomatique[1]. Pendant tout le mois de juillet, il communique avec son cousin Nicolas II, affirmant que la paix repose dans les mains de celui-ci[9].
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+ Le 31 juillet, après des hésitations, le commandement militaire en la personne du général von Falkenhayn lui arrache « l'état de danger de guerre ».
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+ Pendant la guerre, Guillaume II était commandant en chef des armées, mais il perdit bientôt l'autorité réelle et sa popularité en fut diminuée.
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+ La mutinerie qui éclata dans la marine allemande précipita la fin de la monarchie. Les mutineries de l'automne 1918, l’instauration de conseils ouvriers (Arbeiter und Soldatenräte) dans toutes les grandes villes de l'empire, de Metz à Berlin, forcèrent le Kaiser à renoncer non seulement au trône allemand, mais aussi au trône de Prusse. Les autres souverains allemands, qui avaient dû le suivre dans sa démarche autoritaire et militariste, ne purent pas non plus sauver leurs dynasties séculaires.
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+ Bien qu'héritier du trône de Bade, le chancelier Max de Bade, connu pour ses idées libérales, précipita les évènements en annonçant par anticipation l'abdication du Kaiser. La république fut proclamée et le Kaiser n'eut d'autre choix que de se résigner à abdiquer officiellement le 9 novembre 1918 (le traité d'abdication ne fut signé cependant que le 28) lorsqu'il résidait au château de la Fraineuse, à Spa. Craignant de subir le même sort tragique que son cousin le tsar de Russie et ne pouvant sans risque pour sa vie regagner Berlin, il se réfugia aux Pays-Bas, État neutre, et s'installa à Doorn sous la protection de la reine Wilhelmine, tante par alliance de sa belle-fille la Kronprinzessin Cecilie qui était restée à Berlin avec ses enfants auprès de la Kaiserin. L'ex-empereur ne sera pas livré aux vainqueurs qui voulaient le juger comme responsable de la guerre : le gouvernement néerlandais refuse la demande d'extradition le 23 janvier 1920[10]. De même, la reine des Pays-Bas accueillera sur son sol les principaux sujets belges germanophiles de 1914-1918 dont les plus notoires étaient condamnés à mort par contumace.
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+ À l'issue de la guerre, il est désigné par les puissances alliées comme le principal responsable du conflit et l'article 227 du traité de Versailles (1919) l'accuse personnellement d'« offense suprême contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités »[1]. Le Premier ministre anglais David Lloyd George est encore plus expéditif et réclame de pendre l'empereur[11], rejoignant l'opinion exprimée par plusieurs titres de presse[1].
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+ Depuis cette époque, la question de la responsabilité de l'Allemagne et de Guillaume II dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale a provoqué des polémiques qui ont dépassé le seul cercle des historiens. Ces polémiques sont renouvelées par la thèse de Fritz Fischer dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale[12] qui suggère un calcul politique de grande ampleur. Selon lui, l'Empire allemand aurait visé à l'hégémonie en Europe plusieurs années avant la guerre ; dernier venu sur la scène coloniale, il aurait aspiré à la domination mondiale par une victoire totale sur les autres puissances européennes. La guerre aurait été décidée par l'Allemagne avant même décembre 1912.
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+ La thèse de Fischer a fait l'objet de nombreuses critiques et les biographies ultérieures sont beaucoup plus mesurées quant au rôle joué par Guillaume II dans le déclenchement du conflit. Elles estiment qu'on ne peut affirmer que Guillaume II a provoqué la Première Guerre mondiale, même s'il ne fit pas grand-chose pour l'éviter. Ainsi, pour Henry Bogdan, « si Guillaume II pressé par les militaires de son entourage leur a cédé, sa responsabilité personnelle est des plus limitées »[1].
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+ Son exil est endeuillé par le suicide de son fils Joachim, suivi de la mort de l’impératrice en 1921. Il se remarie l'année suivante avec la princesse Hermine Reuss zu Greiz, et écrit ses mémoires. Parallèlement, le capitaine Sigurd von Ilsemann[13] devient son aide de camp.
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+ Guillaume II demandait dès le 28 novembre 1918 aux autorités républicaines la restitution de ses biens propres et de ceux de sa famille, l’argenterie familiale notamment, conformément à la loi d'expropriation des princes allemands contre dédommagements financiers. La fortune personnelle du Kaiser s'élevait à 400 millions de marks. À réception de ce courrier, le nouveau gouvernement fait parvenir à l’empereur déchu, outre son argenterie – la somme de 40 millions de marks. Au cours des mois suivants, le gouvernement du Reich effectue d’autres versements et, six ans après l’effondrement de l’Empire, le régime de Weimar commence à lui verser une rente mensuelle de 50 000 marks. Lui sont également rendus 97 000 hectares de terres et plusieurs châteaux[14]. Les fils de l’empereur et son frère, le prince Henri, reçoivent de même des pensions dont le montant a été négocié par les représentants de la maison impériale et le nouvel État allemand. L'ancien empereur reçoit aussi du gouvernement de l'État de Prusse un dédommagement de 15 millions de marks [réf. nécessaire].
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+ Il déclare que, pendant quelque temps, il a eu des sympathies nazies, mais s'en est écarté par la suite, du fait notamment des purges sanglantes au sein du régime[14].
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+ Il accorde une entrevue au sujet d'Adolf Hitler en 1938 à un journaliste de Voilà, W. Burkhardt, qui permet de comprendre son point de vue relativement aux événements qui se déroulent en Allemagne. Il reproche à Hitler d'être « un homme seul, sans famille, sans enfant, sans Dieu ». « Il prépare des légions, mais il ne fait pas une nation », et oppose la tradition à l'« État vorace » qui se « substitue à tout ». Il dit aussi : « J’ai cru pendant quelques mois au national-socialisme : je pensais qu’il était une fièvre nécessaire, et je voyais y participer certains hommes qui sont parmi les plus remarquables et les plus sages d’Allemagne. Mais ceux-là, un à un, il les écarte ou les exécute : Papen, Schleicher, Neurath… Et même Blomberg. Il ne reste maintenant que des aventuriers en chemise. »[15].
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+ Il condamne, malgré ses convictions antisémites, les lois anti-juives. Deux mois plus tard, lors de la nuit de Cristal en novembre 1938, il dit : « pour la première fois, j'ai honte d’être Allemand »[14].
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+ Il n'approuve ni l'invasion de la Pologne, ni l'invasion des autres pays européens dont les Pays-Bas, son hôte[14]. Mais lorsque la France, reconnaissant sa défaite, sollicite l'armistice, il envoie un télégramme de félicitations à Adolf Hitler. Certains de ses fils sont mobilisés sous Hitler et deux d'entre eux, le Kronprinz et Auguste-Guillaume, deviennent membres du parti nazi.
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+ Il meurt à 82 ans aux Pays-Bas, le 4 juin 1941, quelques jours avant l'attaque allemande sur l'Union soviétique, et reçoit à ses funérailles les honneurs militaires allemands. Il avait demandé que des symboles nazis ne soient pas portés lors de ses funérailles, ce qui n'est pas respecté.
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+ Son corps repose à Doorn, devenu un lieu de pèlerinage pour les monarchistes. Sa deuxième épouse, faite prisonnière par les Soviétiques, meurt d'insuffisance cardiaque[16] en 1947, à 59 ans.
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+ Guillaume II appartenait à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des princes-électeurs, des rois, des empereurs au Saint-Empire romain germanique, à la Prusse et à l'Allemagne. Guillaume II d'Allemagne est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.
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+ En 1901, il exclut de la maison de Hohenzollern sa tante Anne de Prusse, landgravine douairière de Hesse-Cassel parce qu'elle s'était convertie au catholicisme.
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+ Après avoir fait des études au Gymnasium de Cassel et à l'université de Bonn, il renonce à convoler avec sa cousine Élisabeth de Hesse-Darmstadt[17] et épouse le 27 février 1881 la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg dite Donna (née le 22 octobre 1858, morte le 11 avril 1921), fille de Frédéric Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg puis, devenu veuf, la princesse Hermine Reuss zu Greiz, veuve du prince de Schönaich-Carolath.
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+ De son premier mariage, il a sept enfants :
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+ Il fréquentait beaucoup les jeunes officiers du « cercle de Liebenberg », tous issus de la haute noblesse prussienne, nationaliste et ultra-conservatrice. Le prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst parle d'une homosexualité latente de l'empereur[18], la plupart de ses intimes étant homosexuels. Il se lia notamment d'une profonde amitié avec le prince Philipp zu Eulenburg surnommé Phili. Le prince zu Eulenburg avait une grande influence sur l'empereur au point qu'il put faire nommer un membre du cercle de Liebenberg, Bernhard von Bülow, chancelier d'empire et ministre-président de Prusse en 1900. Cette relation fut brisée lorsque ce dernier fut ouvertement compromis par un scandale et un procès (affaire Harden-Eulenburg) (1906/1909). Bernhard von Bülow dut démissionner et l'empereur cessa toute relation avec le prince zu Eulenburg.
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+ Atteint d'une paralysie du plexus brachial consécutive à une naissance difficile qui met en danger sa jeune mère alors âgée de 18 ans, Guillaume présente une atrophie partielle du bras gauche. Cette paralysie (atrophie de l'épaule gauche nette sur les photos à quinze ans) le gêne dans ses fonctions de représentation et notamment, l'empêche de monter seul un cheval, handicap majeur pour un prince de cette époque, héritier puis souverain d'une monarchie militariste. Il cherche toujours à dissimuler ce handicap, ce qui explique ses nombreuses fanfaronnades et son ton agressif qui cause bien des difficultés à la diplomatie impériale. Certains historiens[Qui ?] pensent qu'il aurait aussi pu subir une lésion cérébrale susceptible d'expliquer certains de ses traits de caractère (cyclothymie, agressivité, entêtement, impulsivité et manque de tact). Une telle personnalité engendre un comportement incompatible avec celui d'un monarque constitutionnel : pour compenser ce complexe d'infériorité, Guillaume fait une série de déclarations intempestives qui provoquent des crises diplomatiques graves, notamment l'affaire du Daily Telegraph et alimentent le courant germanophobe au Royaume-Uni et en France. Dans ses Mémoires, le chancelier von Bülow écrit qu'il passe un temps considérable à rattraper les maladresses du souverain.
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+ Guillaume III, né Willem Alexander Paul Frederik Lodewijk van Oranje-Nassau le 19 février 1817 à Bruxelles et mort le 23 novembre 1890 à Apeldoorn, est roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg du 17 mars 1849 au 23 novembre 1890.
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+ Fils de Guillaume II des Pays-Bas et d'Anna Pavlovna de Russie, il est le neveu du tsar Nicolas Ier de Russie.
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+ Guillaume Alexandre Paul Frédéric Louis d'Orange-Nassau est né à Bruxelles, alors ville du royaume des Pays-Bas, où ses parents, le prince royal Guillaume et la princesse Anna, avaient élu domicile.
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+ En signe d'affection, la population bruxelloise leur offre un palais (actuel palais des Académies) où le prince et sa famille emménagent en 1828.
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+ Deux ans plus tard éclate la révolution belge qui proclame l'indépendance de la Belgique. Les Belges cherchent un roi constitutionnel ; nombreux sont ceux qui pensèrent en vain élire à cette dignité le prince royal Guillaume. Après avoir ordonné de mater les révolutionnaires à Anvers, celui-ci se retire auprès de son père Guillaume Ier ; le futur Guillaume III a alors 13 ans.
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+ Guillaume est élevé avec son frère cadet Alexandre. Leur père, le prince royal Guillaume, s'intéresse de près à l'éducation de ses deux aînés allant jusqu'à leur dispenser personnellement les cours de géographie. Le prince et la princesse royale montrent une nette préférence pour leur cadet, enfant aimable et simple, lui enseignant plus qu'à leur aîné l'art de gouverner.
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+ Plus tard les deux jeunes gens sont envoyés à l'université de Leyde où l'un comme l'autre montrent peu d'aptitude pour les études. En 1836, au cours d'une tempête, les deux princes qui rentrent de Leyde doivent abandonner leur équipage et, accompagnés de leur suite, veulent rentrer à pied. Ils traversent une forêt alors que les arbres s'effondrent. Le prince Guillaume, héritier du trône en second, est protégé par leur entourage mais le prince Alexandre est écrasé par un arbre : il en sort vivant mais sa santé ne s'en remettra pas.
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+ Le prince Alexandre meurt célibataire à l'âge de 29 ans en février 1848 laissant sa famille dans le désespoir. Le décès de son frère étant proche de la date de son anniversaire, le futur Guillaume III décide plus tard qu'il ferait célébrer cet événement au mois de juin en même temps que celui de son épouse.
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+ En effet, le prince Guillaume avait rencontré en 1838 une cousine d'un an sa cadette, la princesse Sophie de Wurtemberg (1818-1877), fille du roi Guillaume Ier et de la défunte Catherine Pavlovna de Russie, sœur de la reine Anna des Pays-Bas.
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+ Les pères des jeunes gens envisagèrent de les marier. Si Guillaume se sentait attiré par la jeune fille, il n'en était pas de même pour celle-ci. La reine Anne des Pays-Bas, mère du prince, était également opposée au mariage. Fille du tsar de Russie, elle avait été élevée dans la religion orthodoxe qui condamne le mariage entre proches cousins et n'approuvait pas le projet de son mari et de son beau-frère. Le mariage eut cependant lieu l'année suivante.
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+ Guillaume épouse Sophie à Stuttgart le 18 juin 1839. Ces mariages endogames au sein des familles royales étaient plus que fréquents à l'époque et considérés comme un gage de stabilité politique. Les méfaits possibles de la consanguinité étaient alors ignorés. De cette union naîtront trois enfants :
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+ Dans le même temps, pour pouvoir épouser sa maîtresse, une dame Belge et catholique, le roi Guillaume Ier abdique en 1840 en faveur de son fils, qui régnera sous le nom de Guillaume II.
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+ Après avoir accordé à ses peuples une Constitution, interdit de séjour aux Pays-Bas sa sœur la princesse Marianne de Prusse qui avait divorcé pour pouvoir épouser son cocher, Guillaume II s'éteignit peu après son fils préféré Alexandre en 1849. Son fils aîné, également prénommé Guillaume, âgé de 32 ans, devient roi sous le nom de Guillaume III. Roi des Pays-Bas qui possèdent un Empire colonial en Indonésie, en Amérique du Sud et dans les Antilles, Guillaume III est aussi le souverain du Grand-duché de Luxembourg et du duché de Limbourg. Sophie devint donc reine des Pays-Bas, grande-duchesse de Luxembourg et duchesse de Limbourg.
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+ Guillaume, plutôt conservateur, est opposé à sa femme Sophie, intellectuelle libérale mais exaltée, peu portée aux choses de l'amour et méprisant ouvertement son époux. La mésentente du couple, bientôt connue du public et qui prit parfois un tour violent, était attisée par les mauvaises relations de la reine Sophie avec sa belle-famille notamment la reine-mère Anna. Seul le défunt prince Alexandre avait su nouer de bonnes relations avec sa belle-sœur.
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+ De plus, les débuts du règne furent endeuillés par la mort de leur fils cadet, Maurice. Le petit prince est malade et la reine préconise d'appeler en renfort d'autres médecins que ceux de la cour ; Guillaume III s'y refuse et le prince meurt à l'âge de 7 ans.
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+ La reine, effondrée et révoltée, se réfugie à Stuttgart dans sa famille. Celle-ci la convainc de remplir ses devoirs de souveraine et d'épouse. La reine rentre aux Pays-Bas. De cette réconciliation naît en 1851 un autre enfant, un fils, que le roi et la reine nommèrent Alexandre en hommage à leur frère et beau-frère défunt et à leur cousin germain, le tsarévitch Alexandre Nicolaïevitch de Russie.
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+ Le couple se sépare définitivement en 1855. Le roi, gardant près de lui leur fils aîné, et la reine, emmenant avec elle leur fils cadet, s'installe dans la Huis ten Bosch. Elle se consacre à sa correspondance et meurt en 1877. Le prince Alexandre, désespéré, s'enferme dans le palais où il meurt sept ans plus tard, célibataire et malade.
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+ Guillaume III épouse en 1879 Emma de Waldeck-Pyrmont (1858-1934). De cette union naîtra :
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+ Proche parent des Hohenzollern auxquels il est attaché par de nombreux liens familiaux et des intérêts politiques (frontière commune entre les deux pays tandis qu'une garnison prussienne stationne dans la forteresse de la ville de Luxembourg, première place forte d'Europe depuis 1815), Guillaume III est aussi le petit-fils de Paul Ier de Russie, le tsar assassiné en 1801. Dans ses veines coule le sang des Hohenzollern, militaristes et conservateurs à la santé mentale parfois précaire et celui des Romanov réputés pour leur force physique mais également pour leur tempérament cyclothymique et leur cruauté. Il est d'ailleurs très proche de sa mère Anna Pavlovna de Russie, sœur des tsars Alexandre Ier et Nicolas Ier, qui avait une grande influence sur lui. Son père Guillaume II, s'il avait gouverné avec sagesse, avait été compromis par une relation homosexuelle dénoncée en 1819 par le ministre Cornelis van Maaren.
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+ Se montrant un parfait réactionnaire et pour contrarier et tenter de soumettre son épouse, Guillaume III interdit toute activité intellectuelle dans ses foyers. Il mène publiquement une vie de débauche où l'adultère tient la première place : il est surnommé par le New York Times « Roi Gorille ». Dans sa correspondance avec la reine Sophie, la reine Victoria du Royaume-Uni le traite de « paysan sans éducation ».
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+ Guillaume III monte sur le trône au moment où en Europe, les forces réactionnaires — et notamment son cousin le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse — doivent contrer la révolution de 1848. Dédaignant les aspirations de ses sujets, sans pouvoir réellement s'y opposer (sauf au Luxembourg), Guillaume III devient rapidement impopulaire, aussi ménage-t-il l'avenir en annonçant qu'il abdiquerait dès que son héritier atteindrait l'âge de régner. Il se garde bien de tenir parole une fois le moment venu.
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+ Méprisée par sa belle-mère et tante, l'intelligente et libérale Sophie s'entourait de savants et d'artistes. Peu sensuelle, elle méprisait son mari traditionaliste et immature à la libido exacerbée.
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+ Ses malheurs conjugaux ne la rendaient pas pour autant compatissante aux malheurs d'autrui à moins que seule sa rancœur envers sa belle-famille l'ait porté à condamner ouvertement la princesse Marianne des Pays-Bas, tante bien-aimée de son mari. Cette princesse avait divorcé du prince Albert de Prusse pour épouser son cocher dont elle avait eu un fils. Rejetée par les cours de Berlin et La Haye, Marianne est réhabilitée par Guillaume III. Sophie, qui elle aussi avait souffert de son union avec un prince adultère et ultra-conservateur, la jugeait « moralement indigne ».
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+ Femme de lettres férue d'histoire qui correspondait également avec les princes et les chefs d'état de son temps, notamment l'empereur des Français Napoléon III et la reine Victoria, elle se considère comme nettement plus capable que son mari d'exercer le pouvoir et le fait notoirement savoir.
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+ Profondément affectée par la mort de son second fils en 1850, elle retourne à Stuttgart où sa famille lui demande de conserver une attitude conforme à son rang en rentrant à la cour. Cependant, elle tente en vain d'obtenir le divorce en 1855 et, dès lors se réfugie de plus en plus souvent à Stuttgart près de sa famille.
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+ Le couple royal finit par se séparer, le roi gardant près de lui son fils aîné, la reine conservant le plus jeune, Alexandre, qui lui vouera un amour exclusif. À la mort de celle-ci, il s'enferme dans son palais où il meurt prématurément du typhus en 1884.
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+ Élevé dans l'entourage de son père, Guillaume, prince d'Orange dit Wiwil devint à son tour un débauché notoire.
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+ Après deux vaines tentatives de mariage, l'une en 1860 avec la princesse Alice du Royaume-Uni, l'autre en 1868 avec la grande-duchesse Maria Alexandrovna de Russie, le roi et la reine ne s'entendent que pour s'opposer au mariage de leur fils aîné avec une jeune fille de l'aristocratie et ce, malgré l'accord du Parlement. Le couple royal prétexte en 1874 que la jeune fille, n'appartenant pas à une famille régnante, n'était pas de naissance suffisamment élevée.
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+ Le prince Guillaume, outrepassant le refus de ses parents et souverains, demande en personne la main de la jeune fille. Les parents de celle-ci s'y opposèrent également. Le bruit court que la jeune fille est une enfant adultérine du roi et donc la demi-sœur de Guillaume.
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+ Révolté, le prince héritier Guillaume préfère s'éloigner des Pays-Bas. Il s'installe à Paris où il mène une vie de Bohême et meurt prématurément quelques années plus tard, peu après sa mère.
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+ Guillaume III ne cache pas son opposition à la Loi fondamentale du Royaume des Pays-Bas, Constitution libérale octroyée par son père Guillaume II en 1848 afin d'éviter à ses États les mouvements révolutionnaires qui perturbèrent la vie des États voisins. Élaborée par le remarquable homme d'État Johan Rudolf Thorbecke, cette Constitution promeut entre autres la liberté de l'enseignement et des cultes et la séparation de l'Église calviniste et de l'État. Elle mettait fin aux vexations dont étaient victimes les catholiques.
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+ En 1853, le pape Pie IX créé cinq évêchés aux Pays-Bas, acte impopulaire auprès de la population majoritairement calviniste. Le prédicateur Bernard ter Haar prit la tête des contestataires et, au cours d'un sermon virulent, en appele au roi depuis la Nieuwe Kerk. Guillaume III contraint Thorbecke à démissionner. Ce comportement autoritaire et anticonstitutionnel donne lieu à des contestations appelées le mouvement d'avril, qui ne sont apaisées que par la nomination à la tête du gouvernement de Floris Adriaan van Hall. Le roi tente également d'enlever à son frère Henri ses droits de succession.
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+ À la fin des années 1860, le roi soutient les menées de la présidence du Conseil de Isaäc Dignus Fransen van de Putte contre la chambre basse, lequel avait entamé en 1863 la lutte contre le cultuurstelsel.
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+ Avec l'aide de son frère Henri, gouverneur de Luxembourg, par une habile manœuvre politique, il abroge la Constitution libérale qui régit la vie politique luxembourgeoise et la remplace par une Constitution réactionnaire d'inspiration prussienne.
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+ L'indépendance de la Belgique a pour conséquence le redécoupage du Royaume uni des Pays-Bas. Le différend porte sur deux régions : le Grand-Duché de Luxembourg qui, de plus est membre de la Confédération germanique et la province de Limbourg.
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+ Ces deux provinces sont annexées par le nouveau royaume belge en 1830 au grand dam du grand-père de Guillaume III qui refuse tout traité de paix.
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+ Le traité des XXIV articles de 1839 résolut de départager les deux adversaires en partageant les deux provinces. La partie occidentale du grand-duché devint la Province de Luxembourg-belge, la partie orientale avec la ville de Luxembourg et sa citadelle occupée par une armée prussienne restant au roi des Pays-Bas. Quant au Limbourg, la rive gauche de la Meuse devenait belge, la rive droite avec Maastricht restait aux Pays-Bas. De plus, il devenait un État membre de la Confédération germanique pour compenser la perte par celle-ci de la moitié du Luxembourg.
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+ Cet état de chose dure jusqu'à la guerre de 1866 qui oppose les États allemands dans la guerre de l'Autriche contre la Prusse. À l'issue du conflit, la confédération germanique est dissoute et le Limbourg néerlandais, tout comme le Luxembourg, obtiennent une complète indépendance ; le Limbourg est définitivement rattaché à la Couronne néerlandaise.
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+ Pour des raisons économiques, le Luxembourg, membre du Zollverein, reste indépendant.
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+ Si le Congrès de Vienne élève le duché de Luxembourg au rang de grand-duché et octroyé celui-ci à titre personnel au souverain du royaume-uni des Pays-Bas, il autorise également l'occupation de la forteresse de Luxembourg-ville, d'une importance stratégique considérable, par une garnison prussienne.
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+ En 1839, l'année même du mariage de Guillaume et Sophie, le traité de Londres réglait la question de l'indépendance de la Belgique en amputant le grand-duché de la moitié de son territoire au profit du nouveau royaume de Belgique (qui avait d'abord annexé le grand-duché dans sa totalité). Le premier roi des Belges n'était autre que le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, oncle bien-aimé et mentor de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni. Prince allemand, allié à la famille royale d'Angleterre, l'habile Léopold conclut également une alliance avec la France en épousant Louise d'Orléans, fille du roi des Français.
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+ En 1867, traversant une sérieuse crise budgétaire, le roi Guillaume III voulut accepter l'offre que lui avait faite l'empereur des français Napoléon III. L'empereur des Français souhaitait acheter le grand-duché de Luxembourg pour 5 millions de florins ce qui déclenche la crise luxembourgeoise.
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+ Son lointain cousin, l'ex-duc Adolphe de Nassau dont les possessions avaient été données à la Prusse à la suite de la guerre austro-prussienne, ayant accepté une indemnité conséquente de la Prusse en dédommagement de la perte de ses pays Nassoviens, le roi Guillaume III se sent libéré en 1866 du traité de la Maison de Nassau, qui concernait le grand-duché de Luxembourg, le duc de Nassau devant succéder au roi des Pays-Bas en cas d'extinction de la Maison royale des Pays-Bas.
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+ De son côté, l'empereur des Français Napoléon III, pensant pouvoir obtenir une compensation pour la neutralité que la France avait conservée durant ladite guerre austro-prussienne, propose à son « cousin » des Pays-Bas d'acheter le Grand-duché, le chancelier prussien Otto von Bismarck ayant fait miroiter — sans s'engager — cette opportunité. Dès lors, le chancelier prussien, qui préparait l'unification allemande sous l'égide de la Prusse, fait rendre publique cette transaction et la présente comme une agression française contre la nation allemande : l'opinion publique allemande se mobilise avec passion, se souvenant des souffrances endurées sous le joug de Napoléon Ier, oncle et prédécesseur de l'empereur des Français.
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+ La crise luxembourgeoise est sur le point de dégénérer en une guerre entre la Prusse et la France. L'Angleterre propose une réunion et le 11 mai 1867, un second traité de Londres officialise l'indépendance du Grand-duché de Luxembourg conservant Guillaume III des Pays-Bas comme grand-duc régnant mais proclame sa neutralisation.
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+ Le Grand-Duché étant devenu un État neutre, la forteresse de Luxembourg-ville doit être démantelée et perd son intérêt stratégique. Le chancelier Bismarck peut simuler un geste vers la paix en acceptant le départ des troupes prussiennes. En revanche, le Grand-duché restait membre du Zollverein.
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+ Trois ans plus tard, les manipulations de Bismarck amèneront Napoléon III à déclencher la guerre franco-allemande qui fait s'écrouler son Empire, chasser sa dynastie et perdre l'Alsace-Lorraine à la France. L'annexion de Metz par le nouvel Empire allemand compense largement la perte de la forteresse de Luxembourg-ville.
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+ En 1873 éclate aux Indes néerlandaises, la guerre d'Aceh qui durera jusqu'en 1904.
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+ Pour contrer l'influence néerlandaise en Indonésie, le sultanat d'Aceh situé dans le nord de l'île de Sumatra recherche l'alliance des États-Unis, ce que les Pays-Bas considérèrent comme un casus belli.
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+ Partie de Batavia (nom de l'actuelle Djakarta), l'armée royale des Indes néerlandaises envahit le sultanat.
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+ En deux expéditions, celui-ci est vite conquis et un traité signé avec le nouveau sultan mais les Néerlandais se trouvèrent confrontés à la population qui résista et mena une guérilla qui engloutit la majeure partie du budget colonial néerlandais et suscita de nombreux opposants aux Pays-Bas.
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+ La création d'une maréchaussée constituée d'autochtones en 1890 permet de lutter efficacement contre la guérilla et Kuta Rajat la capitale du sultanat est définitivement conquise en 1904.
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+ Veuf en 1878, le roi tente en vain d'épouser sa maîtresse, une cantatrice française qu'il avait anoblie, déchaînant un scandale au Parlement et dans la famille royale.
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+ Il se résout à épouser une femme de son rang mais la princesse Thyra de Danemark, sœur de la princesse de Galles et de la tsarine, se récuse. Le roi se tourne alors vers sa famille et demande la main de sa nièce Élisabeth de Saxe-Weimar. Cependant, la grande-duchesse Sophie de Saxe-Weimar, sœur du roi et mère de la jeune fille, refusa du fait des mœurs du roi. Elle incite celui-ci à tourner ses regards vers la cour de Waldeck-Pymont, petite maison souveraine allemande dont les princes ont au siècle précédent servi avec bravoure la maison d'Orange-Nassau. Le prince de Waldeck-Pyrmont avait de nombreuses filles. L'aînée des princesses, Pauline de Waldeck-Pyrmont, refusa d'épouser ce roi sexagénaire à la vie scandaleuse mais la cadette, la princesse Emma de Waldeck-Pyrmont, bien qu'ayant 41 ans de moins que lui, agrée ce mariage qui est célébré à Arolsen le 7 janvier 1879. Les festivités sont rapidement interrompues, le frère du roi étant décédé peu après.
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+ Le président du Conseil des ministres, le baron Constantijn Theodoor van Lynden van Sandenburg, reçoit le titre de comte pour s'être chargé des négociations matérielles du mariage.
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+ Sous l'influence de sa nouvelle épouse et peut-être également de l'âge, le roi revient à des mœurs plus policées. Le couple n'a qu'un seul enfant : une fille nommée Wilhelmine en 1880. Ses fils survivants et célibataires rompirent alors leurs relations avec leur père.
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+ Le prince héritier Guillaume de même que le prince Henri d'Orange-Nassau, frère de Guillaume III, meurent en 1879. Guillaume III perd également son oncle, Frédéric Guillaume d'Orange-Nassau, en 1881. Le prince d'Orange, Alexandre, héritier depuis la mort de son frère, meurt du typhus en 1884.
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+ Aucun de ces princes n'avait de descendance masculine. N'ayant plus d'héritier mâle, Guillaume III fait abroger la loi salique en 1884 et proclama sa fille, Wilhelmine, âgée de 4 ans, héritière du trône.
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+ Bien que Guillaume III se soit montré réfractaire à la culture, c'est à la fin de son règne que furent édifiés à Amsterdam le Rijksmuseum (1885) par Pierre Cuypers qui avait déjà dirigé la construction de la gare centrale d'Amsterdam et le Concertgebouw (1888). Cependant, ces constructions sont le fait de particuliers ou de collectivités et non du roi. Très critiqué lors de l'inauguration du musée national, le roi avait alors affirmé : « Je ne mettrai pas les pieds dans ce couvent ».
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+ Tombé malade en 1887, Guillaume III meurt à l'âge de 73 ans en 1890 au palais Het Loo laissant le trône à sa fille de 10 ans, Wilhelmine, et la régence à sa seconde épouse Emma de Waldeck-Pyrmont, une femme de 32 ans d'une grande droiture, qui saura redonner à la maison royale dignité et popularité. Étonnamment, la reine Wilhelmine n'aura pas de descendance mâle, de même que sa fille la reine Juliana. Ainsi, de 1890 jusqu'en 2013, ce sont des femmes qui règnent sur le pays du nord de l'Europe.
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+ En vertu du traité entre les branches de la maison de Nassau de 1783 et 1815, en vigueur au Luxembourg jusqu'en 1907, le Grand-Duché revient au vieux duc Adolphe de Nassau, le même qui avait vu son duché annexé par la Prusse en 1866.
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+ Guillaume III des Pays-Bas appartenait à la sixième branche (Nassau-Dietz) issue de la seconde branche (Nassau-Dillenbourg) de la Maison de Nassau. Cette lignée de Nassau-Dietz, aujourd'hui Orange-Nassau appartient à la tige ottonienne qui donna des stathouders à la Hollande, la Frise, la Gueldre, la Zélande, un roi à l'Angleterre et l'Écosse en la personne de Guillaume III d'Orange-Nassau, des rois et reines aux Pays-Bas. Guillaume III des Pays-Bas est l'arrière-grand-père de la reine Béatrix des Pays-Bas.
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+ Mise en garde médicale
2
+
3
+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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5
+ Un accident vasculaire cérébral (AVC), anciennement accident cérébrovasculaire (ACV) et populairement appelé attaque cérébrale, infarctus cérébral ou congestion cérébrale, est un déficit neurologique soudain d'origine vasculaire causé par un infarctus ou une hémorragie au niveau du cerveau[1]. Le terme « accident » souligne l'aspect soudain ou brutal des symptômes, mais dans la plupart des cas les causes de cette affection sont internes (liées à l'âge, l'alimentation ou l'hygiène de vie, notamment).
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+
7
+ Les symptômes varient beaucoup d'un cas à l'autre selon la nature de l'AVC (ischémique ou hémorragique), l'endroit et la taille de la lésion cérébrale : aucun signe remarquable, perte de la motricité, perte de la sensibilité, trouble du langage, perte de la vue, perte de connaissance, décès.
8
+ Les symptômes sont brutaux : ils apparaissent en quelques secondes. Ils peuvent disparaître assez rapidement ; s'ils disparaissent dans l'heure on parle d'AIT[2], s'ils perdurent plus d'une heure on parle d'AIC[3]. En cas de survie, le processus de récupération (encore mal compris) passe par une phase de récupération spontanée durant de quelques semaines à quelques mois, suivie d'une période d'évolution plus lente, de plusieurs années.
9
+
10
+ Dans les pays occidentaux — Europe, États-Unis, etc. — un individu sur 200 est atteint d'un accident vasculaire cérébral chaque année. En France en 2019, on dénombre chaque année plus de 140 000 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux, soit un toutes les quatre minutes selon l'INSERM[4]. 80 % de ces cas sont des ischémies et 20 % des hémorragies.
11
+ La probabilité d'AVC ischémique augmente avec l'âge, tandis que la probabilité de faire un AVC hémorragique est indépendante de l'âge[réf. nécessaire].
12
+
13
+ L'AVC est la première cause de handicap physique de l'adulte et la deuxième cause de décès dans la plupart des pays occidentaux[5].
14
+
15
+ Au Canada, il était appelé Accident cérébrovasculaire (ACV) mais le sigle AVC est actuellement employé.
16
+
17
+ L'apoplexie ou attaque d'apoplexie est un terme ancien et plus général, désignant en fait l'effet visible de l'accident vasculaire cérébral, incluant une perte de connaissance, avec arrêt partiel ou complet des fonctions cérébrales, ou une attaque provoquant la perte de conscience ou la mort soudaine du patient (apoplexie foudroyante). Dans certains ouvrages médicaux, l'appellation « ictus apoplectique » est utilisée[6].
18
+
19
+ L'accident vasculaire cérébral peut être
20
+
21
+ Il existe deux types d'AVC[7] :
22
+
23
+ Les AVC sont donc classés en accidents ischémiques et en accidents hémorragiques.
24
+
25
+ Les accidents ischémiques sont dus à l'occlusion d'une artère cérébrale ou à destination cérébrale (carotides internes ou vertébrales). Le cerveau est donc partiellement privé d'oxygène et de glucose. Cette occlusion entraîne un infarctus cérébral (appelé également ramollissement cérébral). Le mécanisme de cette occlusion est le plus souvent soit un athérome obstructif, soit un caillot (de formation locale ou par embolie, dans ce cas, le plus souvent d'origine cardiaque); L'embolie cérébrale représente environ 30 % des cas[8]. Cependant d'autres causes peuvent exister : déchirure de la paroi de l'artère (dissection), compression par une tumeur. Le déficit concerne un territoire bien défini du cerveau : il est dit systématisé.
26
+
27
+ Le ramollissement cérébral d'origine ischémique peut se compliquer secondairement d'un saignement au niveau de la lésion : il est alors question de ramollissement hémorragique. La thrombophlébite cérébrale est une occlusion d'une veine cérébrale (et non pas d'une artère). Elle est beaucoup plus rare. La lacune cérébrale est une complication de l'hypertension artérielle et se caractérise par de multiples petites zones concernées par un infarctus cérébral.
28
+
29
+ Les accidents hémorragiques sont causés par la rupture d'un vaisseau sanguin, souvent endommagé, ou en mauvais état à l'origine et soumis à une pression sanguine excessive. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'hypertension artérielle est présente et en présence d'anomalie de la vascularisation du cerveau du type malformation artério-veineuse ou encore des anévrismes. Le tabagisme et l'alcoolisme sont des facteurs particulièrement fragilisants des vaisseaux sanguins.
30
+
31
+ Suivant la localisation du vaisseau, l'hémorragie peut être méningée par rupture d'un anévrisme artériel au sein des espaces sous-arachnoïdiens, intracérébral (dit aussi intraparenchymateux) et peut être associée à une inondation ventriculaire. L'hématome se forme rapidement, donnant des signes neurologiques focaux d'apparition brutale en rapport avec les structures détruites ou comprimées par la lésion. Par ailleurs il se constitue un œdème autour de l'hématome, qui aggrave la compression du cerveau dans la boîte crânienne, entraînant ou aggravant une hypertension intracrânienne (HTIC). L'hématome peut se rompre dans un ventricule cérébral.
32
+
33
+ Parfois lors d'accidents hémorragiques il y a aussi une libération d'ions calcium qui induisent un vasospasme brutal à l'origine d'accidents ischémiques. L'hémorragie cérébrale représente environ 20 % des cas[8].
34
+
35
+ L'accident vasculaire cérébral est causé par une diminution voire un arrêt brutal du débit sanguin dans les branches du réseau vasculaire en liaison avec le vaisseau (en général une artère) subissant une rupture de sa paroi (cas d'une hémorragie cérébrale) ou un blocage partiel ou total par un caillot (cas d'un infarctus cérébral). Ainsi, les cellules nerveuses alimentées par ces branches sont privées soudainement d'oxygène et de sucres, ce qui provoque en quelques minutes leur détérioration ou leur mort. Chaque minute qui passe voit la destruction de deux millions de neurones[7] en moyenne.
36
+
37
+ Dans le cas hémorragique, la diminution est surtout due aussi à une compression des cellules nerveuses par l'hématome résultant du saignement. Il en résulte que des axones de neurones peuvent être sectionnés par déplacement en masse du tissu nerveux[réf. nécessaire]. Les natures ischémique ou hémorragique étant différentes, il en découle que les causes sous-jacentes sont différentes ainsi que les traitements.
38
+
39
+ L'accident vasculaire cérébral reste une maladie grave, aux conséquences toujours dramatiques avec un risque de décès de 20 à 30 % au premier mois et la nécessité de placement en institution en raison du handicap chez plus de 10 % des survivants[9]. Le pronostic à moyen et à long terme dépend essentiellement du degré de l'atteinte[10]. Le risque vital se prolonge bien au-delà de la période aiguë puisque la mortalité à un an atteint près de 40 %[11].
40
+
41
+ Dans l'ensemble, ces statistiques sont valables pour les pays stables et développés. Parmi les individus faisant un AVC, 80 % avec une origine ischémique et 20 % avec une origine hémorragique (15 % comme hématome intraparenchymateux, 5 % comme hémorragie méningée) sont recensés[1]. L'accident vasculaire cérébral est la seconde cause de mortalité au niveau mondial (la première dans les pays en voie de développement, la seconde dans les pays développés)[12] et la sixième cause, en termes d'années de handicap[13]. Dans le monde, 10,1 millions de personnes étaient victimes d'un AVC en 1990 et 4,7 millions en mourraient chaque année ; en 2010 les chiffres sont passés à 16,8 millions de victimes et 5,9 millions de morts ; les projections en 2030 donnent 23 millions d'AVC, 12 millions de morts et 200 millions de personnes avec des séquelles. 75 % des victimes ont plus de 65 ans et les hommes sont plus exposés que les femmes mais les AVC progressent chez les moins de 65 ans en raison des modes de vie (sédentarité, malnutrition, le facteur du stress est également évoqué)[7]. L'AVC est qualifié de pandémie par l'OMS[réf. nécessaire] dont la projection est la suivante : augmentation de l’incidence des AVC passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030 ; augmentation de la mortalité de 5,7 à 12 millions durant la même période[14].
42
+
43
+ En France, les AVC sont la troisième cause de décès (après l'infarctus du myocarde et les cancers), responsables d'un décès par an pour 1 000 habitants[1],[3]. Chaque année, ils touchent 150 000 individus, dont 25 % âgées de moins de 65 ans et font environ 30 000 décès[15].
44
+
45
+ Selon une étude publiée en 2018, la France serait le pays connaissant la plus faible mortalité liée aux AVC en Europe, avec une moyenne de 30 000 décès annuels pour 150 000 AVC[16].
46
+
47
+ L'accident vasculaire cérébral est la première cause de handicap acquis[1] et la seconde cause de démence[17]. 25 % des individus actifs frappés d'un AVC pourront un jour travailler à nouveau[1]. L'âge moyen de survenue est de 68 à 70 ans, mais un AVC peut se produire à tout âge[1] et les jeunes sujets (moins de 45 ans) constituent 10 % des infarctus cérébraux (AVC ischémique seulement)[1]. Ils représentent la majorité des causes d'hémiplégie (paralysie d'un côté) récente. 25 % des victimes d'AVC ont moins de 55 ans ; et après 55 ans, le taux d'incidence est multiplié par deux tous les dix ans[18].
48
+
49
+ Le coût correspond à plus de 4 % des dépenses de santé dans les pays développés[19].
50
+
51
+ Le taux de létalité (pourcentage de personnes atteintes d'un AVC qui décèdent quelque temps après) est évalué à[1] :
52
+
53
+ Ces données ont été actualisées (Luego Fernandez R et al., 2013; Stroke).
54
+
55
+ Les facteurs de risque sont classés en trois catégories[20] : majeurs, moyens et faibles ou discutés, en fonction de leur risque relatif (risque de faire un AVC si l'on possède le facteur de risque par rapport au risque en l'absence du facteur de risque) :
56
+
57
+ Un état dépressif semble être corrélé avec un risque plus important de survenue d'un accident vasculaire cérébral[24].
58
+
59
+ Une étude récente (2018), basée sur l'analyse de plus de 2 millions d'hospitalisations pour AVC ischémique dans 172 villes de Chine, a montré qu'une augmentation transitoire des niveaux de pollution de l'air (PM2.5, SO2, NO2, et CO) augmente le risque d'AVC ischémique, surtout chez les personnes âgées[25]
60
+
61
+ Théoriquement, n'importe quel symptôme neurologique peut révéler un AVC. La symptomatologie a un début brutal, focal (c'est-à-dire spécifique d'une région cérébrale) et engendre généralement un déficit.
62
+
63
+ La caisse nationale de l'Assurance Maladie aide les personnes à reconnaître un AVC par les signes suivants :
64
+
65
+ On peut fréquemment aussi retrouver :
66
+
67
+ La symptomatologie dépend de l'artère atteinte et de son territoire de vascularisation.
68
+
69
+ Dans le cadre d'une communication au grand public, l'American Stroke Association (ASA) mène une campagne de sensibilisation « « stroke heroes act FAST » (litt. « les héros de l'AVC agissent vite »), FAST étant l'acronyme de « face, arm, speech, time »[28] :
70
+
71
+ Au Québec, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC ont traduit l'outil pour « VITE »[29] :
72
+
73
+ Les AVC peuvent aussi se traduire, beaucoup plus rarement, par une crise convulsive ou un état de confusion mentale, apparemment isolés.
74
+
75
+ Ces signes peuvent avoir une autre cause, par exemple une tumeur au cerveau, une intoxication, un œdème cérébral ou un traumatisme crânien. Une des caractéristiques des AVC est que ces signes apparaissent de manière soudaine. Ils sont parfois négligés, minimisés lorsqu'ils sont brefs ; dans certains cas, on peut avoir l'impression que la personne est saoule. Dans les cas les plus graves, la victime perd conscience (coma). Quelle que soit la cause de ces signes (AVC ou autre), il s'agit d'une urgence vitale qui doit être traitée le plus rapidement possible. Il importe donc d'avoir une prise en charge médicale immédiate lorsqu'un de ces signes survient, en appelant les urgences médicales. Tout retard dans le traitement peut conduire à des séquelles importantes (paralysie) voire au décès.
76
+
77
+ Selon la durée des symptômes, il est défini comme :
78
+
79
+ Ils ont un double but :
80
+
81
+ Elle permet de voir l'accident vasculaire, de le dater en partie, d'en connaître le mécanisme, d'éliminer d'autres maladies pouvant être responsable de l'accident déficitaire.
82
+
83
+ Le scanner crânien est fait, sauf contre-indication, avec injection d'un produit de contraste iodé. Si l'accident est ischémique, il permet de visualiser la topographie, l'étendue et le nombre de lésions. S'il est hémorragique, il en fait le diagnostic.
84
+
85
+ L'imagerie par résonance magnétique crânienne, fait également après injection d'un produit de contraste, donne le même type de renseignements mais est plus sensible si l'accident est très récent. Il peut être complété dans la même séance par une angio-IRM permettant de visualiser les grands axes vasculaires extra et intracrâniens.
86
+
87
+ En cas d'accident ischémique, plusieurs examens sont faits à la recherche d'une cause !
88
+
89
+ Chez le sujet jeune, sans cause évidente, la recherche d'une thrombophilie (état hypercoagulable du sang d'origine congénitale ou acquise) peut être faite.
90
+
91
+ Une hospitalisation est nécessaire, idéalement en milieu spécialisé (« Unités de soins intensifs neurologiques » ou Unités Neuro-Vasculaires dont des expériences pilotes dès les années 1950 ont finalement montré dans les années 1980, grâce à des essais thérapeutiques randomisés, des bénéfices réels par rapport à une prise en charge conventionnelle avec un risque de mortalité et de séquelles réduit de 20 % chacun[30]).
92
+
93
+ L'oxygénation par masque facial dès le transport en ambulance permettrait de réduire les lésions cérébrales[31].
94
+
95
+ Les médicaments thrombolytiques comme l'altéplase, l'urokinase et la streptokinase (ils permettent la dissolution d'un caillot par thrombolyse ou fibrinolyse par voie intraveineuse[32]) sont utilisés en cas d'accident vasculaire cérébral d'origine ischémique qui doit être pris en charge idéalement dans les 90 minutes et au grand maximum moins de 4h30 après les premiers symptômes (notion de « fenêtre d'opportunité thérapeutique ») selon les recommandations des sociétés savantes neurovasculaires[30]. Il permet une récupération complète plus fréquente et diminue la mortalité (augmentation de 30 % de patients guéris ou avec des séquelles minimes)[33]. Cependant, étant donné ses effets indésirables potentiels (notamment les hémorragies intracrâniennes), la marge de manœuvre entre les bénéfices de ce traitement et ses risques est très étroite. De plus le faible délai disponible nécessite une prise en charge spéciale (avec entre autres un neurologue d'astreinte 24h/24 et la possibilité de réaliser une imagerie cérébrale, scanner ou IRM, en urgence pour éliminer un accident hémorragique) (recommandations selon l'échelle de l'AVC du NIH[34]). Dans les cas où l'imagerie démontre une viabilité du tissu cérébral, il peut exister un intérêt à une fibrinolyse tardive, jusqu'à neuf heures après le début des symptômes[35]. La thrombectomie, lorsqu'elle est possible (visualisation d'un thrombus dans un vaisseau à destinée cérébrale) peut constituer une alternative à la fibrinolyse[36] ou compléter cette dernière[37]. Le délai avant thrombectomie a pu être augmenté sur certains patients jusqu'à 24 heures après l'AVC[38],[39],[40].
96
+
97
+ Des traitements endovasculaires complémentaires (injection directe du fibrinolytique au niveau du caillot ou dispositifs de retrait de ce dernier) permettent d'avoir un taux de reperfusion meilleur mais sans bénéfice prouvé pour le patient, probablement en raison du délai plus important imposé par la mise en route de ce type d'intervention[41].
98
+
99
+ Après un bilan hospitalier, le traitement se confond avec celui de la cause. En aigu, on propose :
100
+
101
+ La cérébrolysine est un mélange qui aurait un potentiel protecteur et nourricier pour le cerveau[42]. Il est essentiellement utilisé en Russie, Chine, Europe de l'Est et dans des pays post-soviétiques dans le traitement de l'AVC ischémique aiguë[42] mais son efficacité n'est pas démontré[42].
102
+
103
+ Dans tous les cas, un régime plus équilibré[43] ainsi que l'exercice physique[44] permet de réduire le risque de récidive. Une supplémentation en oméga 3 et en acide folique peut être utile[45].
104
+
105
+ Le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire sont impératifs dans la prévention primaire ou secondaire. Le traitement d'une hypertension artérielle s'avère être le point le plus important[46]. Certains médicaments antihypertenseurs, comme le périndopril, ont prouvé une diminution significative du risque de récidive[47]. L'arrêt du tabac, l'équilibration d'un diabète ou d'une hypercholestérolémie par le régime ou par des médicaments, sont également nécessaires en prévention secondaire. Toutefois, la prise en charge d'un diabète semble plus efficace sur la réduction des accidents cardiaques que sur la récidive d'un accident vasculaire cérébral[48]. La mise sous statines réduit le risque d'accident cardiaque mais pas celui de la récidive d'accident vasculaire cérébral[49].
106
+
107
+ L'aspirine, à petites doses, réduit de près d'un cinquième le risque de survenue d'un nouvel accident[50]. Le dipyridamole (en association avec l'aspirine) et le clopidogrel[51] ont également prouvé une certaine efficacité. La prise d'un antidépresseur de la classe des IRS, du type fluoxetine (Prozac), pourrait apporter une récupération plus rapide et intense[52],[53]
108
+
109
+ En cas de fibrillation auriculaire, la prescription de médicaments anti-coagulants de type anti-vitamine K reste indispensable. En plus du dépistage de complications neurologiques (notamment l'œdème cérébral), sont recherchées des infections possibles (poumon, rein).
110
+
111
+ À distance de l'épisode aigu, doit être discutée une chirurgie carotidienne s'il existe une sténose carotidienne (endartériectomie).
112
+
113
+ La rééducation après un AVC fait partie intégrante du traitement : selon les cas, kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, régime alimentaire, activités physiques adaptées.
114
+
115
+ Cette prise en charge des patients peut se faire par le biais de serious games. Ces jeux thérapeutiques visent à rééduquer le patient de manière plus ludique et motivante que les séances classiques, tout en effectuant les mêmes mouvements[54] :
116
+
117
+ L'accompagnement médico-social en cas de séquelles est également une part importante du projet de vie après un accident vasculaire cérébral[59].
118
+
119
+ En cas de déficit peu important à modéré, une technique de rééducation très utilisée dans les pays anglo-saxons semble être particulièrement adaptée : la thérapie par contrainte induite[60],[61].
120
+
121
+ Chez les patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), la corrélation anatomo-clinique est très fréquente et observable de manière diverse. Dans les AVC de type ischémiques (80 % des AVC), on estime que les troubles persistants pendant plus de 6 mois deviendront définitifs et irréversibles alors que dans les AVC de type hémorragique (20 %) (OMS) une amélioration reste plausible même plusieurs mois, voire plusieurs années après l’atteinte cérébrale.[réf. nécessaire] Les affections cérébrovasculaires vont s’exprimer via divers troubles comportementaux et cognitifs chez le sujet atteint. Ces troubles et leurs manifestations dépendent de la région cérébrale touchée/atteinte et de la gravité de l’atteinte en elle-même. On remarque que les troubles comportementaux sont causés par des atteintes hémisphériques situées à droite.
122
+
123
+ Le syndrome frontal (aussi appelé « démence fronto-temporale » (DFT) est une complication fréquente des AVC. Il est défini comme « trouble de la personnalité et du comportement dû à une affection, une lésion ou un dysfonctionnement cérébral » dans les troubles organiques de la personnalité (CIM 10, Chapitre V). Ce syndrome peut être de deux types, inhibé provoquant une hypoactivité générale ou désinhibé, provoquant au contraire une hyperactivité généralisée notamment caractérisée par de l'impulsivité marquée.
124
+
125
+ La démence vasculaire est la 2e cause de démence après la maladie d'Alzheimer et représente un risque de 40 % dans le cas de récidive d’AVC. Elle est qualifiée « d’immédiate à l’AVC » (atteinte à la suite de la lésion) autant dans l’apparition même de la démence que dans son expression. Au contraire de la DFT, c’est une démence non soumise à une dégénérescence, souvent causée par une hypertension artérielle cérébrale découlant de l’AVC. Son expression comportementale la plus fréquente et la plus marquée est thymique avec ce que l’on nomme « syndrome athymhormique » impactant majoritairement le plan motivationnel. Les autres symptômes associés sont essentiellement dépressifs. En termes d’imagerie, sur une IRM, on pourra observer une destruction des zones lacunaires (contrairement à la maladie d'Alzheimer).
126
+
127
+ De façon récurrente, une lésion hémisphérique droite laisse place à des troubles de types thymiques tels qu’impulsifs, colériques, ou encore le manque de contrôle (en lien avec un trouble de l'inhibition) des émotions (hyper ou hypoémotivité). On parle souvent « d’émoussement affectif ». On peut également retrouver un manque de tolérance et de patience. Des sautes d'humeur sont très récurrents et pathologiques parce que disproportionnés (en termes d’expression)[réf. nécessaire].
128
+
129
+ L'amnésie est considérée comme trouble dissociatif de conversion. C’est un trouble de la mémoire pathologique provoqué par un facteur physique comme une rupture d'anévrisme, souvent à la suite d'une atteinte hémisphérique droite. L’amnésie peut être partielle ou totale et de 2 types, antérograde (incapacité à encoder et enregistrer de nouveaux souvenirs) ou rétrograde (incapacité à récupérer des informations en mémoire). Dans le cas des AVC, elle est souvent réversible[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Les troubles du langage sont dominés par l'aphasie, la dysphasie et la dysarthrie. On retrouve ce genre de troubles surtout dans les cas de lésions de l’hémisphère gauche et ils peuvent toucher autant l’expression (Lésion de l’aire de Broca) que la compréhension langagière (Lésion de l’aire de Wernicke). Ces troubles peuvent provoquer un handicap plus ou moins marqué.
132
+
133
+ Les troubles de l’attention et de la concentration sont présents chez 80 % à 90 % des personnes ayant subi un AVC. Ils sont caractérisés par une difficulté à focaliser son attention de manière fixe et durable. Ils entraînent donc à la fois un « effet de déficit » par difficulté de l'encodage de la mémoire et une fatigabilité cognitive et physique[réf. nécessaire].
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+
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+
3
+ République de Guinée-Bissau
4
+
5
+ (pt) República da Guiné-Bissau
6
+
7
+ 11° 52′ N, 15° 36′ O
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ La Guinée-Bissau[4] ou Guinée-Bissao[5], en forme longue la république de Guinée-Bissau (en portugais Guiné-Bissau et República da Guiné-Bissau), est un pays lusophone de l'Afrique de l'Ouest. Sa capitale est Bissau. Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et de l'Organisation de la coopération islamique.
12
+
13
+ La Guinée-Bissau qui doit son nom à sa capitale, Bissau, est un pays d'Afrique de l'Ouest lusophone, baigné par l'océan Atlantique, limité au nord par le Sénégal, à l'est et au sud-est par la république de Guinée, ces deux derniers États étant francophones.
14
+
15
+ La Guinée-Bissau s'étend sur 36 120 km2, 28 000 km2 de terre et 8 120 km2 de mer (ce qui est à peine plus étendu que la Belgique), y compris une soixantaine d’îles dans l’Atlantique, dont l'archipel des Bijagos (ou « archipel des Bissagos »).
16
+
17
+ À partir du XIIIe siècle, les Mansayas (baronnies de l'empire du Mali), fondées entre 1235 et 1265 par le général mandingue Tiramighan Traoré[6] qui a vaincu et fait prisonnier Kirikor, dernier roi du Bainouk, puis réunies à partir du XVIIe siècle sous la forme du royaume indépendant du Gabou (Kaabunké) s'étendent progressivement et exercent, à l'Ouest, une forte influence sur la région et les autres nations de ce territoire (Royaume de Qinala, Confédération Balante, Seigneuries Brâmes/Papel, Seigneuries Felups/Diola, Royaume Nalu), jusqu'au XVIIIe siècle. Les premiers contacts européens sont établis, en 1447 par le navigateur portugais António Fernandes, un an après la mort de Nuno Tristão lors d'une bataille navale à l'embouchure de la Gambie. Le Portugal loue plusieurs terrains en bordure de fleuves sur lesquels il établit des comptoirs, notamment à Cacheu, Bissau, Farim, Geba. En 1867, le royaume de Gabu est vaincu par l'armée de la confédération peule et musulmane du Fouta Djalon.
18
+
19
+ La région devient une colonie portugaise en 1879 puis une province ultramarine en 1951.
20
+
21
+ En 1959, une grève ouvrière au port de Bissau aboutit à un massacre. Cinquante ouvriers sont tués par les forces de l'ordre portugaises et plus de 100 blessés. Ce massacre constitue un « tournant de la réflexion des nationalistes révolutionnaires », les incitant à reconsidérer les luttes pacifiques menées jusqu'alors pour envisager la lutte armée[7].
22
+
23
+ En 1963, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) déclenche la guerre d'indépendance. L'insurrection rencontre progressivement l’adhésion des populations rurales et les « zones libérées » s'étendent sur 50 % du territoire dès 1966, puis 70 % à partir de 1968. Sous la direction d'Amílcar Cabral, les rebelles tentent d'y reconstruire un modèle politique où le pouvoir serait exercé par les paysans eux-mêmes et entreprennent de développer le système sanitaire et l'alphabétisation[7].
24
+
25
+ L'objectif se situe au-delà de la simple indépendance nationale. Selon Cabral : « Nous ne luttons pas simplement pour mettre un drapeau dans notre pays et pour avoir un hymne mais pour que plus jamais nos peuples ne soient exploités, pas seulement par les impérialistes, pas seulement par les Européens, pas seulement par les gens de peau blanche, parce que nous ne confondons pas l’exploitation ou les facteurs d’exploitation avec la couleur de peau des hommes ; nous ne voulons plus d’exploitation chez nous, même pas par des Noirs »[7].
26
+
27
+ Les Portugais quittent le pays après la révolution des Œillets en 1974, qui devient indépendant. Le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert qui avait mené la lutte politique puis l'insurrection pour l'indépendance pendant 12 ans remporte les élections.
28
+
29
+ Depuis la décolonisation, le pays est en proie à une instabilité chronique avec six tentatives de renversement du pouvoir par la violence[8]. Aucun président n'a d'ailleurs pu parvenir à la fin de son mandat[8]. L'armée, au sein de laquelle l’ethnie balante est prédominante, joue un rôle essentiel dans la vie politique du pays.
30
+
31
+ Cependant, l'indépendance avait commencé sous les meilleurs auspices. La diaspora bissau-guinéenne était revenue en masse dans le pays. Un système d'accès à l'école pour tous a été créé. Les livres étaient gratuits et les écoles semblaient disposer d'un nombre suffisant d'enseignants. L'éducation des filles, jusqu'alors négligée, a été encouragée et un nouveau calendrier scolaire, plus adapté au monde rural, a été adopté[9].
32
+
33
+ En 1980, les conditions économiques se sont détériorées de manière significative, ce qui entraîne un mécontentement général vis-à-vis du gouvernement en place[réf. nécessaire]. Le 14 novembre 1980, João Bernardo Vieira dit « Nino Vieira » renverse le président Luís Cabral, demi-frère du leader indépendantiste Amílcar Cabral et au pouvoir depuis l'indépendance, par un coup d'État militaire sans effusion de sang. La Constitution est suspendue et un conseil militaire de neuf membres de la révolution présidé par Vieira est mis en place.
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+
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+ Depuis lors, le pays a évolué vers une économie libérale. Des coupes budgétaires ont été effectuées au détriment du secteur social et de l'éducation[9]. En 1984, une nouvelle constitution est approuvée et ramène le pays à la règle civile. La Guinée-Bissau, comme une grande partie de l'Afrique sub-saharienne, se tourne vers la démocratie multipartite au début des années 1990 avec la fin de la Guerre froide. L'interdiction des partis politiques est levée en 1991 et des élections ont lieu en 1994.
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+
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+ Au premier tour de l’élection présidentielle le 3 juillet 1994, Vieira reçoit 46,20 % des voix face à sept autres candidats. Il sort du deuxième tour le 7 août vainqueur avec 52,02 % des voix contre 47,98 % pour Kumba Ialá, un ancien conférencier de philosophie, dissident du PAIGC dont il a été exclu en 1989 et président du Parti social de renouvellement (PRS). Les observateurs internationaux des élections ont en général considéré le scrutin comme honnête. Vieira est proclamé premier président de la République démocratiquement élu le 29 septembre 1994.
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+
39
+ Après une tentative échouée de coup d'État contre le gouvernement en juin 1998, le pays tombe dans une brève mais violente guerre civile entre les forces restées fidèles à Vieira et celles du chef d'état-major de l'armée Ansoumane Mané, ancien compagnon d'arme du chef de l’État pendant la guerre d'indépendance. Les rebelles renversent finalement le gouvernement de João Vieira le 7 mai 1999 qui trouve refuge à l'ambassade du Portugal avant de s'exiler au Portugal.
40
+
41
+ Kumba Ialá est élu président en 2000 mais renversé par un coup d'État sans effusion de sang en septembre 2003. D'ethnie balante, celui-ci était accusé de favoriser sa communauté et s'était discrédité en dissolvant en 2002 l'Assemblée nationale tout en repoussant sans cesse de nouvelles élections législatives. Le coup d'État ne suscita que peu de protestations tant de la part de la population que de la communauté internationale[10].
42
+
43
+ Le pays entreprend alors à nouveau avec difficulté une phase de normalisation démocratique, culminant avec l'organisation d'élections législatives en 2004 et d'une élection présidentielle le 24 juillet 2005 qui voit le retour à la tête du pays de João Bernardo Vieira dit « Nino Vieira », l'ancien président déposé en 1999 par un coup d’État militaire qui s'était présenté en indépendant. Pour gouverner, Nino Vieira, fortement contesté au sein du PAIGC, conclut une alliance tactique avec son ennemi historique, le général Batista Tagme Na Waie, en nommant chef d'état-major[10] ce personnage rustre et illettré qui voue une haine farouche à l'ancien président Vieira, qui l'aurait torturé et jeté sur une île prison à la suite de la tentative de coup d'État de novembre 1985[11].
44
+
45
+ Cependant, le 1er mars 2009, le chef d'état-major des forces armées, le général Batista Tagme Na Waie, est tué dans un attentat à la bombe. Le président João Bernardo Vieira, que certains militaires tiennent pour responsable de cet attentat dans la mesure où il entretenait des relations historiquement exécrables avec ce dernier[12], est assassiné à son tour, le 2 mars 2009, par des hommes en armes. Pour lui succéder, Malam Bacai Sanhá, candidat du PAIGC, est élu président le 26 juillet 2009.
46
+
47
+ Parallèlement, la Guinée-Bissau est gangrenée par le trafic de drogue et qualifiée à ce titre de « narco-État » par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime[13]. Ainsi, les attentats contre le chef d'état-major Tagmé Na Waié et le président Vieira ont probablement été fomentés par les trafiquants colombiens, peut-être en représailles de la destitution en août 2008 du contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, chef de la marine nationale, qui couvrait le trafic avec Antonio Indjai[13]. Ce dernier, après bien des péripéties, tombera d'ailleurs en mars 2013 dans un piège tendu par la DEA[14] et envoyé aux États-Unis pour y être jugé pour trafic de drogue tandis qu'Antonio Indjai est depuis lors inculpé par la justice américaine et sous mandat d'arrêt international.
48
+
49
+ Le mandat de Malam Bacaï Sanha est émaillé de graves incidents en lien avec le narcotrafic. Le 1er avril 2010, une tentative de coup d'État menée par Antonio Indjai et l'ancien contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto aboutit à l'arrestation du Premier ministre Carlos Gomes Júnior[15] et d'une quarantaine d'officiers dont le chef d'état-major de l'armée, José Zamora Induta[16], dans un coup de force présenté comme « un problème purement militaire »[17]. À la suite de manifestations de soutien au Premier ministre, Antonio Indjai menace de tuer ce dernier avant d'expliquer dans une allocution que l'armée « réitérait son attachement et sa soumission au pouvoir politique »[17]. Le Premier ministre est relâché le lendemain tandis qu'Indjai se présente comme le nouvel homme fort de l'armée[18]. Ce dernier est relâché le lendemain, mais demeure en résidence surveillée, tandis qu'Antonio Indjai devient le nouvel homme fort de l'armée[19],[20].
50
+
51
+ Le 12 avril 2012, un coup d'État mené par l'armée dépose le premier ministre Carlos Gomes Júnior dans le contexte d'une élection présidentielle contestée. La CEDEAO et la CPLP prennent des positions fortes contre ce coup d'état et examinent les possibilitiés d'intervention politique et militaire[21]. L'Union africaine suspend la Guinée-Bissau le 17 avril 2012. Mamadu Ture Kuruma devient de facto le dirigeant du pays. Manuel Serifo Nhamadjo, président de l'Assemblée nationale populaire, devient président de la République par intérim[22].
52
+
53
+ En 2014, José Mário Vaz remporte l'élection présidentielle du 13 avril 2014[23], marquant le retour progressif à la légalité constitutionnelle. Pour autant, l'instabilité persiste, et les premiers ministres se succèdent.
54
+
55
+ Au mois de septembre 2016, le président guinéen Alpha Condé, médiateur de la crise bissau-guinéenne, et son homologue du Sierra Leone Ernest Baï Koroma obtiennent un compromis politique signé le 10 septembre par toutes les parties ː ce sont les accords de Conakry[24]. Successivement, Umaro Sissoco Embaló en novembre 2016, puis Artur Silvafin janvier 2018, puis Aristides Gomes mi-avril 2018 sont nommés premier ministres..
56
+
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+ Lors d'une réunion du 30 août 2018[25] du conseil de sécurité de l'ONU les signes d'une amélioration de la situation politique sont soulignés mais il est rappelé que des points des accords de Conakry restent à réaliser ː réforme constitutionnelle et réforme électorale. Finalement, l'élection présidentielle de fin 2019 voit la défaite du candidat de l'ex-parti unique, au pouvoir depuis 1974, le PAIGC, et la victoire d'Umaro Sissoco Embaló, ancien général et ancien premier ministre devenu un opposant. La confirmation de ce résultat est compliquée, donnant lieu à des allers et retours entre la Commission électorale et la Cour suprême (saisie par le PAIGC), mais c'est la première transition politique qui s'effectue pacifiquement. L'investiture d'Umaro Sissoco Embaló a lieu le 27 février [26]. La passation de pouvoir s'effectue ensuite au palais présidentiel[27]. Nuno Gomes Nabiam est nommé premier ministre le lendemain, le 28 février 2020[28]. Mais une incertitude subsiste : une partie des députés investissent comme président, le 28 février au soir, le président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama, par intérim. Pour eux, l’investiture de Umaro Sissoco Embalo n’est pas légale[29],[30].
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+
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+ La Guinée-Bissau est divisée en 9 régions, elles-mêmes partagées en 37 secteurs.
60
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+ La Guinée-Bissau est membre de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.
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63
+ La principale source de devises est l'exportation de noix de cajou, qui représente 60 % des revenus du pays. La Guinée-Bissau est le 3e producteur de noix de cajou d'Afrique, et le 6e mondial, avec sa production de 120 000 tonnes par an lui rapportant 60 millions de dollars. Le pays possède de nombreuses autres ressources naturelles : bauxite, bois, pétrole, phosphates... Son littoral, très riche en poissons, attire les pêcheurs de l'Union européenne qui viennent pêcher chaque année 500 000 tonnes de poisson, versant en échange à la Guinée-Bissau environ 7 500 000 €. Le potentiel agricole du pays est énorme, mais sa forêt, par exemple, n'est exploitée que de manière informelle.
64
+
65
+ Malgré ses nombreux atouts, la Guinée-Bissau est le dixième pays le plus pauvre du monde, parmi les pays les moins avancés (PMA). L'indice de développement humain (IDH) est de 0,289 en 2010 (position 164 entre 196 pays). En 2005, le budget de l'État dépend à 75 % de l'aide internationale. Il n'y a pas partout de l'électricité et 80 % des habitants vivent avec moins de 1 dollar par jour[8].
66
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+ En effet, l'instabilité politique, les séquelles de la guerre civile de 1999, l'obsolescence des infrastructures découragent les investisseurs et donc les possibilités de développement.
68
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69
+ Du fait de sa pauvreté et de sa désorganisation économique, la Guinée-Bissau est une proie facile pour les trafiquants de drogue de l'Amérique du Sud qui l'utilisent comme passerelle pour atteindre l'Union européenne, leur principal client depuis que les États-Unis ont durci leur politique de contrôles aux frontières. La Guinée-Bissau a une position géographique privilégiée, au sud du Sénégal, qui l'exclut du dispositif de contrôle de l'immigration clandestine, qui s'étend du Maroc au Sénégal et rend les trafics difficiles. La drogue sud-américaine est donc stockée en Guinée-Bissau, où elle est ensuite introduite par petites quantités dans les produits de marché (fruits, poissons, noix de cajou) acheminés vers l'Europe, ou ingérée par des mules qui risquent leur vie et leur liberté pour 5 000 € (leur salaire pour acheminer cinq cents grammes à un kilogramme de cocaïne en capsules).
70
+ La Guinée-Bissau, loin d'être consommatrice de ces drogues de « luxe » que ses habitants n'ont pas les moyens de s'offrir, est devenue en quelques années la plaque tournante du trafic de cocaïne. L'économie de la drogue représenterait un montant supérieur au PIB du pays[8].
71
+
72
+ En 2010, la population de la Guinée-Bissau est de 1 533 964 habitants. Elle est composée à 40,8 % de personnes de moins de 14 ans, à 56,1 % de 15 à 64 ans et à 3,1 % de 65 ans ou plus[31]. Sa densité de population est de 42 hab./km2.
73
+
74
+ En 2010, l'espérance de vie des hommes est de 46,07 ans et celle des femmes de 49,79 ans[31].
75
+
76
+ La même année, le taux de croissance de la population est de 2,019 %[31], avec un taux de natalité de 35,97 ‰[31], un taux de mortalité de 15,79 ‰[31], un taux de mortalité infantile de 99,82 ‰[31] et un taux de fécondité de 4,58 enfants/femme [31].
77
+
78
+ La langue officielle du pays est le portugais. La langue de communication (et langue maternelle d'environ un tiers de la population) est le créole de Guinée-Bissau qui s'est développé à partir du portugais.
79
+
80
+ L'anglais est répandu, surtout parmi la jeune génération issue de l'élite du pays. L'anglais est aussi la langue d'un nombre significatif de Nigérians et d'autres anglophones issus de pays anglophones du golfe de Guinée (Ghana, Liberia, Sierra Leone) qui sont surtout des commerçants, ou des entrepreneurs. L'anglais est aussi utilisé par des Chinois présents dans le pays, qui sont surtout commerçants, ou entrepreneurs[réf. nécessaire].
81
+
82
+ La Guinée-Bissau est entourée de pays francophones et compte une minorité significative de ses habitants possédant des connaissances en français.
83
+
84
+ Le pays est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 1979. Cette dernière estimait en 2015 le nombre de francophones en Guinée-Bissau à 275 000[32]. D'après le recensement de 2009, le plus récent réalisé dans le pays à ce jour, 27,1% de la population guinéenne peut parler portugais. Le dernier recensement général révèle également que le portugais et le français sont parlés respectivement par 46,3% et 10,6% de la population en milieu urbain et par 14,7% et 1,6% en milieu rural[33].
85
+
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+ La Guinée-Bissau est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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+ Les principaux médias sont la télévision et la radio nationales.
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+ La Guinée-Bissau a pour codes :
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+ (es) República de Guinea Ecuatorial
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+ (fr) République de Guinée équatoriale
6
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+ (pt) República da Guiné Equatorial
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+
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+ 3° 45′ 08″ N, 8° 46′ 26″ E
10
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+ modifier
12
+
13
+ La Guinée équatoriale ou Guinée-Équatoriale, en forme longue la république de Guinée équatoriale ou république de Guinée-Équatoriale, en espagnol Guinea Ecuatorial et República de Guinea Ecuatorial, en portugais Guiné Equatorial et República da Guiné Equatorial, est un pays d'Afrique centrale. Elle est constituée de deux parties, l'une continentale, bordée par le Cameroun et le Gabon, l'autre insulaire avec l'île de Bioko (où se trouve la capitale Malabo) et l'île d'Annobón.
14
+
15
+ L'usage majoritaire est d'écrire Guinée équatoriale comme le font notamment la Liste annexée à l'arrêté du 4 novembre 1993, Le Petit Larousse 2007 (et 2003), ou encore le Dictionnaire Hachette 2007[3].
16
+
17
+ Le Petit Robert des noms propres 2006 écrit cependant Guinée-Équatoriale et république de Guinée-Équatoriale.
18
+
19
+ Du temps de la colonisation, le pays constituait la Guinée espagnole.
20
+
21
+ L'étude de la Préhistoire de la Guinée suit une subdivision géographique, l'île de Bioko d'une part, la province du Littoral entre Cameroun et Gabon d'autre part.
22
+
23
+ L'île de Bioko était reliée au continent jusque 8000 av. J.-C. par un « pont » qui fut lentement immergé par la montée des eaux de l'Atlantique, qui avait débuté vers 11000 av. J.-C. à la fin du dernier Âge glaciaire. De ce fait, il est probable que ce territoire devait être habité par des populations nomades de chasseurs-cueilleurs, à l'instar de ce qui est connu sur le continent actuel.
24
+
25
+ Les vestiges d'une présence humaine ont été découverts en fouille au site de Mossumu (province du Littoral) et datés de 30000 av. J.-C. Il s'agit d'une industrie dite « Sangoenne », bien connue à cette époque à travers l'Afrique centrale. Quelques autres sites, de surface ou en affleurement stratigraphique, indiquent que l'Âge Moyen de la Pierre est bien représenté dans cette partie du pays. Par la suite, des vestiges, encore mal datés, illustrent autour de Bata et du Rio Muni la permanence de la présence de l'homme, nomade, tailleur de pierre et chasseur-cueilleur, jusque 3000 av. J.-C.
26
+
27
+ Sur l'île de Bioko, il s'agit d'une autre lecture ; celle-ci sera très certainement modifiée dans les années à venir avec l'installation de projets de recherches archéologiques. Trois gisements « pré-néolithiques » ont été recensés. Seul celui du séminaire de Banapa au sud de Malabo a été fouillé dans les années soixante par un anthropologue espagnol. Tout ce qui peut être dit est qu'il est antérieur à la « Tradition Timbabé » de Bioko, encore non datée, elle-même antérieure à la « Tradition Carboneras » datée par le radiocarbone entre le Ve et le Xe siècle de notre ère. Il faut signaler que sur l'île d'Elobey Grande, des pierres taillées similaires à un Âge Récent de la Pierre ont été découvertes en surface. Ces trouvailles étayent l'idée d'une grande ancienneté de la présence humaine sur l'ensemble des îles équatoguinéennes avant qu'elles ne soient définitivement séparées du continent.
28
+
29
+ Enfin, l'expansion du mode de vie villageois en Afrique centrale implique dans sa modélisation, et avec le rapprochement des données de la linguistique, l'installation sur l'île de Bioko de villages dès 3500 av. J.-C. Pour l'instant rien n'a été découvert pour vérifier cette hypothèse. La séquence archéologique de l'île, outre le pré-néolithique déjà mentionné, démarre avec la « Tradition Timbabé » connue sur treize points du littoral. Une continuité d'occupation de cette île est désormais bien attestée jusqu'à l'époque historique. À la suite du « Timbabé », on connait les Traditions « Carboneras », « Bolaopi », « Buela », et enfin « Balombe ». Cette dernière tradition est historique.
30
+
31
+ Sur le continent, entre Cameroun et Gabon, les données de fouilles restent lacunaires mais sont suffisantes pour affirmer que la séquence complète qui reste à découvrir sera dans les grandes lignes similaire à ce qui est connu au sud-Cameroun et dans la région de Libreville au Gabon.
32
+
33
+ Entre 1469 et 1474, les navigateurs portugais découvrent dans le golfe de Guinée les îles de São Tomé, Principe, Annobón et Fernando Poo : le 1er janvier 1471, João de Santarém et Pedro Escobar aperçoivent une île qu’ils appelèrent « Ilha do Ano Bom » (île de la bonne année) d'où le nom actuel d’Annobón qui correspond à la phonétique du nom portugais. En 1474 un autre Portugais, Fernão do Pó, découvre dans le golfe du Biafra une île qu’il nomme « Formosa » (la belle), mais qui portera finalement son nom (aujourd'hui Bioko). Les îles d’Annobón et Fernando Poo deviendront, avec les îles de Corisco, Elobeye et Mbanié la partie insulaire de la Guinée espagnole en 1778, puis de la Guinée équatoriale en 1968.
34
+
35
+ La première tentative de peuplement des îles désertes du golfe se fait sur l’île de São Tomé en 1485, mais elle échoue. Ce n’est qu’en 1493 que les efforts consentis par les Lusitaniens porteront leurs fruits dans cette île. L’île de Principe ne sera peuplée qu’au début du XVIe siècle, et Annobón au milieu de ce même siècle. Quant à Fernando Poo, elle est déjà peuplée par les Bubis, et les Portugais après avoir construit un fort, sont contraints de l’abandonner. Ces deux îles furent longtemps utilisées comme escales de rafraîchissements[4].
36
+ Tout au long du XVIIe siècle, ces territoires vont connaître les assauts répétés des Français mais surtout des Hollandais. Ceux-ci occupent non seulement les îles du golfe à différentes périodes : São Tomé en 1641, Annobón en 1661, Corisco, etc[5], mais mènent de nombreuses actions et razzias sur la côte continentale de Rio Muni (Mbini). Les navires de nombreuses nations qui tentent d’installer des comptoirs le long de cette côte sont saisis ou détruits. L’épopée de Jean Dansaint, négrier français travaillant pour le roi du Portugal dans la première moitié du XVIIIe siècle, en est l’illustration[6].
37
+
38
+ Avec le traité de San Ildefonso (1777) et le traité du Pardo (1778), le Portugal livra à l’Espagne les îles de Fernando Póo, Annobón et de Corisco, en échange de la colonie de Sacramento, en Amérique du Sud et d’autres territoires permettant de conforter les frontières du Brésil[7]. Dans le même temps, l’Espagne se voyait accorder la liberté de commercer sur les côtes guinéennes depuis le delta du Niger jusqu’au cap Lopez, situé au Gabon actuel. En cette année 1778, une expédition partit de Montevideo pour prendre possession de ces territoires. Une expédition menée par le comte d'Argelejos. Mais le peuple de l’île d’Annobón se souleva ne reconnaissant ni la domination portugaise ni celle de l’Espagne[8] ; puis après le débarquement à Fernando Poo (actuelle Bioko), les membres de l’expédition furent touchés par de graves maladies et attaqués par les Bubi, les insulaires de cette île ne reconnaissant eux non plus aucune domination étrangère. Ces derniers événements provoquèrent une mutinerie et l’échec de l’expédition[9]. Pendant de nombreuses années, la colonisation espagnole ne sera pas effective. Ces territoires continuèrent à n’être que des escales à rafraîchissements. Et si quelques navires de Buenos Aires ou de Montevideo s’y arrêtaient, ce furent surtout les navires anglais, portugais, hollandais et français qui les fréquentèrent.
39
+
40
+ En 1827, l’Espagne autorise la colonisation de l’île de Bioko par les Britanniques. Santa Isabel (aujourd'hui Malabo), port et cité principale de l’île de Bioko, prend alors le nom de Port Clarence. C’est là qu’est constitué un tribunal destiné à réprimer le trafic d’esclaves.
41
+
42
+ Le climat et les maladies décimèrent de nombreux Espagnols, membres des expéditions successives envoyées sur place à partir de 1830.
43
+
44
+ À partir de 1832 de nombreux Espagnols, voyageurs, scientifiques ou officiels visitent l’île, qui est finalement revendiquée à nouveau par l’Espagne en 1845, année au cours de laquelle Nicolás de Manterola y débarque le premier missionnaire.
45
+
46
+ En 1856, l’Espagne fonde officiellement la Guinée espagnole, initialement réduite au domaine maritime des côtes guinéennes, et de son île principale. En 1858 est envoyé le premier gouverneur général de l’île, cette dernière bénéficiant un an plus tard du statut de colonie espagnole.
47
+
48
+ Cependant, le domaine de plus de 800 000 km2 laissé en Guinée par le Portugal à l’Espagne par les traités de San Ildefonso (1777) et du Pardo (1778) est plus ou moins abandonné, et l’Espagne rencontre bien des difficultés pour faire admettre ses droits de propriété auprès des autres puissances européennes qui viennent s'y installer : la France au Gabon, l'Allemagne au Cameroun et la Grande-Bretagne au Nigeria. L’Espagne envoie un géographe, Manuel Iradier y Bulfy, qui s’emploie à partir de 1884 à ré-annexer les territoires du Rio Muni, en passant des traités avec les chefs locaux. La conférence de Berlin de 1884-1885 sur le « partage de l'Afrique » tourne au désavantage de l’Espagne, qui ne se voit octroyer que 180 000 km2, sans compter les dépossessions dont elle fait l’objet sur le terrain de la part de la France. Face à ses récriminations, une commission franco-espagnole est créée, qui aboutit au traité de Paris du 27 juin 1900 qui ne laisse à l’Espagne qu’un territoire de 26 000 km2 correspondant au Rio Muni, partie continentale de l'actuelle République de Guinée Équatoriale.
49
+
50
+ Pendant la guerre hispano-américaine de 1898, l'occupation militaire américaine de la colonie espagnole est relative, l'intérêt des Américains se portant sur les colonies de l'Espagne, vaincue, hors de l'Afrique : Philippines, Guam, Cuba et Porto Rico. En 1899, les Américains renoncent définitivement à annexer la colonie espagnole du golfe de Guinée, qui avait à leurs yeux des mauvaises infrastructures, des pistes mal entretenues et trop de maladies tropicales endémiques. La colonie était alors peuplée majoritairement de Bubis dans l'île de Fernando Poo et d'Ekangs dans le territoire continental du Rio Muni.
51
+
52
+ Pendant la période franquiste, de 1936 à 1968, la colonie espagnole est assez isolée. La métropole est loin et les échanges sont rares avec les colonies françaises ou anglaises voisines, qui aspirent toutes à l'indépendance. Entre 1939 et 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Espagne franquiste est neutre dans ce conflit mais favorable à l'Axe, tandis que la France libre contrôle l'Afrique-Équatoriale française. La métropole espagnole joue sur les deux tableaux : les ports de la colonie servent de relais ou d'escale aux navires britanniques ou français libres, mais accueillent aussi les sous-marins allemands, à condition que les uns comme les autres n'opèrent pas dans les eaux espagnoles. En cas de rixes entre marins allemands d'une part et britanniques ou français de l'autre, la police coloniale espagnole expulsait les fautifs dans un délai de 24 heures. Entre 1940 et 1945, les marins allemands envoyaient du courrier en Allemagne, via Malabo ou Santa Isabel. Les déserteurs étaient expulsés et livrés à leurs armées respectives.
53
+
54
+ En 1958 est créé un gouvernement autonome. Dix ans plus tard, en 1968, l’ancienne dépendance autonome de Guinée espagnole accède à une indépendance pleine et entière et prend le nom de Guinée équatoriale.
55
+
56
+ Arrivé au pouvoir le 3 août 1979 à la suite d’un coup d'État, Teodoro Obiang Nguema se reconduit régulièrement à la tête du pouvoir :
57
+
58
+ C'est un record de longévité politique, hors régime monarchique[10].
59
+
60
+ Manuel Ruben N’Dongo, un opposant équatoguinéen en exil à Paris, qui dirige le collectif des partis démocratiques d’opposition, résume ainsi l'exercice du pouvoir :
61
+ « Le pouvoir est aujourd’hui entre les mains d’une dizaine de personnes, toutes proches de la famille du président. Vous avez d’un côté le président Teodoro Obiang, sous l’influence de sa femme dont la volonté manifeste est de propulser à tout prix son fils Teodorin Obiang au sommet de l’État. De l’autre côté, Armengol et le général Mba Nguema, les frères du président, qui considèrent Teodorin comme incapable, voire dangereux ».
62
+
63
+ Le pays, jusqu'alors sans grandes ressources, a bénéficié de la découverte de pétrole dans les eaux territoriales au début des années 1990[10].
64
+
65
+ Le pays a connu une tentative de coup d'État en 2004.
66
+
67
+ Le père et le fils Obiang sont poursuivis par la justice française sur des biens mal acquis, provenant notamment de détournements de fonds publics[11],[12]. Le fils Teodorin est finalement renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris[13]. Ce procès dit «des biens mal acquis», révélateur du pillage des richesses nationales, aboutit à une condamnation en octobre 2017, en première instance[14].
68
+
69
+ Pour autant, la population de Guinée équatoriale vit dans des conditions précaires. Bata, seconde ville du pays et capitale économique, a été ainsi privée d'eau courante pendant trois semaines en 2019, sans que les autorités s'expliquent sur les difficultés rencontrées[15].
70
+
71
+ La Guinée équatoriale est une république de type hyper-présidentiel[évasif]. La prédominance démographique des Ekangs dans la colonie, ainsi que la dictature particulièrement sanglante de Francisco Macías Nguema (1968-1979) se traduisent par l'extermination d'un grand nombre de Bubis dans l'île de Fernando Poo, où ils sont, depuis, très minoritaires. Les mulâtres, les Espagnols et les étrangers en ont aussi été chassés, et les opposants à la dictature qui ont survécu à la répression se sont exilés. Le président actuel est Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, neveu de Macías Nguema. Le pouvoir législatif est exercé par le parlement bicaméral (Chambre des députés et Sénat).
72
+
73
+ Le fonctionnement des institutions est très familial, puisque tous les postes à responsabilité sont détenus par des membres de la famille du président.
74
+ Ce pays est souvent qualifié de « démocrature » (dictature sous des oripeaux démocratiques) puisqu'il existe une « opposition légale » contrôlée par la présidence et que l'opposition réelle est réfugiée en Espagne. Son chef, Severino Moto Nsa, a déjà été condamné à plus de 100 ans de prison par contumace, accusé par le président d'avoir participé à la tentative de coup d’État lancée en 1997 contre lui.
75
+
76
+ Officiellement Fuerzas Armadas de Guinea Ecuatorial, elles comprennent un total de 2 400 personnels actifs et la part du PNB allouée à la défense en 2006 était de 0,1 %.
77
+
78
+ Il faut noter que 7 des 9 généraux de l'armée sont de la même famille qu'Obiang, et les 2 restants sont de sa tribu. Toutefois, même là, Obiang a peu confiance en son armée pour sa protection individuelle ; ainsi, la garde présidentielle est composée de plusieurs centaines de soldats marocains.
79
+
80
+ La Guinée équatoriale est divisée en deux régions: la région insulaire et la région continentale. Ces deux régions sont elles-mêmes divisées en provinces, actuellement il y en a sept. Et finalement, ces provinces sont divisées en districts, au nombre de dix-huit.
81
+
82
+ Cette province comprend les anciennes îles de Fernando Póo et d'Annobón ou Pagalú. Elle a une superficie totale de 2 034 km², dont 2 017 correspondent à l'île de Bioko elle-même et 17 km² au territoire d'Annobón.
83
+
84
+ Nommée « Isla de Fernando Pó » durant la colonisation espagnole, en l'honneur du marin portugais qui la découvrit, elle se trouve au fond du golfe de Guinée, dans la baie du Biafra, à 33 kilomètres de la côte africaine, en face du Cameroun. L'aventurier Stanley l'avait surnommée la « perle de l'Atlantique ».
85
+
86
+ Elle a la forme d'un rectangle irrégulier, mesurant 76 kilomètres du Nord au Sud, avec une largeur moyenne de 35 km. À ses angles se trouvent Punta Hermosa (Nord-Est), Punta Europa (Nord-Ouest), Punta Santiago (Sud-Est) et Punta Sagre (Sud-Ouest).
87
+
88
+ Elle est de forme ovale, de 17 km² et se trouve à 180 km de Sao Tomé-et-Principe et à 640 km du Gabon. Elle est d'origine volcanique et ne compte que 5 800 habitants. Elle fut découverte en 1471 par les Portugais, le jour de l'an, d'où son nom (Anno Bom), et fut cédée en 1778 à l'Espagne.
89
+
90
+ Selon le rapport de 2016 de l'Organisation des Nations unies sur le développement humain, la Guinée équatoriale avait un produit intérieur brut par habitant de 21 517 dollars, l'un des plus hauts niveaux de richesse en Afrique. Cependant, c'est l'un des pays les plus inégaux du monde selon l'indice de Gini et 70 % des habitants vivent avec un dollar par jour[16].
91
+
92
+ Le recensement de 2015 dénombre 1 222 242 habitants. La population est estimée à 797 457 habitants en 2016 par le CIA World Factbook[2].
93
+
94
+ La loi constitutionnelle no 1/1998 du 21 janvier 1998, modifiant l'article 4 de la Loi fondamentale, établit que « les langues officielles de la République de Guinée équatoriale sont l'espagnol et le français » et que « les langues autochtones sont reconnues comme faisant partie intégrante de la culture nationale »[17].
95
+
96
+ De fait, la langue majoritaire de la Guinée équatoriale est l'espagnol, maîtrisé par 87,7 % de la population, souvent comme deuxième langue[18]. L'enseignement de l'espagnol est favorisé par la politique de l'Université nationale de la Guinée équatoriale, qui propose des cours d'espagnol comme langue étrangère pour des ressortissants étrangers installés en Guinée équatoriale[19], tandis que la possible constitution d'une Académie équatoguinéenne de la langue espagnole est en cours de discussion.
97
+
98
+ En juillet 2007, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a annoncé la décision du gouvernement d'adopter le portugais comme troisième langue du pays, ceci pour devenir membre à part entière de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) où elle est membre observateur depuis 2006.
99
+
100
+ La Guinée équatoriale dépose sa demande formelle d'adhésion à la CPLP en juillet 2010[20].
101
+
102
+ En 2011, le portugais devient la troisième langue officielle du pays.
103
+
104
+ L'anglais est très présent, surtout sur l’île de Bioko qui n'est pas loin du Nigeria. Le pichi est un créole à base d'anglais, parlé par plusieurs milliers de locuteurs à Bioko. Le fernandino est un créole à base d'anglais et d'espagnol, surtout parlé à Bioko. Il y a environ 5 000 Nigérians anglophones, qui vivent surtout sur l’île de Bioko. Le krio est parlé par des immigrants de Sierra Leone.
105
+
106
+ Après son indépendance, l'espagnol était devenu la seule langue officielle de la Guinée équatoriale, bien que la majorité de la population parle le fang.
107
+
108
+ La Guinée équatoriale est enclavée entre deux pays francophones, le Cameroun et le Gabon, faisant eux-mêmes partie d'un grand espace dont le français est la langue officielle. De plus, la Guinée équatoriale est le seul pays hispanophone d'Afrique.
109
+
110
+ Le français a donc été adopté en 1997 comme seconde langue officielle du pays et la présidence utilise aussi bien le français que l'espagnol. Par conséquent, le français est devenu une langue d'apprentissage obligatoire dans le secondaire – bien que seulement 10 % des jeunes y accèdent[réf. nécessaire].
111
+
112
+ Aujourd'hui le développement de la langue française en Guinée équatoriale est notamment défendu à travers le groupe d'amitié parlementaire France-Guinée équatoriale de l'Assemblée nationale[21] présidé par le député Jacques Valax. La Guinée équatoriale fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie ainsi que de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
113
+
114
+ La fête nationale est l'événement majeur de l'année en Guinée équatoriale. Il s'agit d'une manifestation tournante organisée chaque année dans une ville différente. Tout le pays est mis à contribution pour organiser l'événement.
115
+ La ville sélectionnée est ainsi rénovée pour accueillir le président, sa cour et les nombreux équatoguinéens venus prêter allégeance au président.
116
+
117
+ Le premier cinématographe est arrivé en Guinée équatoriale en 1904.
118
+
119
+ Au début des années 2000, l'industrie cinématographique était encore presque inexistante en Guinée équatoriale[22]. Cependant, les premiers courts et moyens-métrages équatoguinéens commencent à être réalisés, notamment par Juan Pablo Ebang Esono, avec le court-métrage No está desnuda puis le moyen-métrage Teresa[23].
120
+
121
+ Par ailleurs, plusieurs documentaires étrangers, principalement espagnols, ont été consacrés au pays, comme Subvaloradas, sin ser vistas. Voces literarias de Guinea Ecuatorial (Mischa G. Hendel, 2009) ou Malabo Barrio X (Marc Tardiu et Oriol Rivero, 2009).
122
+
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+ Le film Marfil de Rubén Monsuy Ndong Andeme présente l'histoire de l'arrivée du cinématographe en Guinée équatoriale en 1904.
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+ La Guinée équatoriale a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ (fr) République de Guinée
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+ 9° 30′ N, 13° 43′ O
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+ ONU: 12 décembre 1958
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+ UA: 1963
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+ modifier
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+
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+ La Guinée(Écouter), en forme longue la république de Guinée, est un pays d’Afrique de l'Ouest. Riche en ressources naturelles, elle est surnommée le « château d'eau de l'Afrique » et possède le tiers des réserves mondiales de bauxite, elle est surnommée le « scandale géologique »[3]. Elle prend son indépendance de la France le 2 octobre 1958, ce qui en fait le premier pays de l'Afrique française subsaharienne à le faire.
13
+
14
+ La Guinée est une république. Son président, directement élu par le peuple, est chef de l'État et nomme un Premier ministre qui est chef du gouvernement. L'Assemblée nationale monocamérale est le corps législatif du pays et ses membres sont également directement élus par le peuple. Le pouvoir judiciaire est dominé par la Cour suprême de Guinée, plus haute cour d'appel du pays.
15
+
16
+ La Guinée est un pays à prédominance musulmane, avec 85 % de la population. La population guinéenne se répartit en plusieurs groupes ethniques. Le français, langue officielle de la Guinée, est la principale langue de communication dans les écoles, l'administration publique et les médias. Mais plus de 24 langues nationales dont le malinké, le poular, le soussou, le guerzè, le toma et le kissi sont largement parlées comme dialectes d'échanges plus communs entre les populations au détriment du français.
17
+
18
+ L'économie guinéenne est largement tributaire de l'agriculture et de la production minière. Elle est le deuxième plus grand producteur mondial de bauxite et possède des réserves de diamants et d'or.
19
+
20
+ En 2011, le gouvernement des États-Unis affirme que les actes de torture perpétrés par les forces de sécurité et la maltraitance des femmes et des enfants (par exemple, la mutilation génitale féminine) constituent des atteintes aux droits de l'homme en Guinée. En 2014, le pays est frappé par l'épidémie Ebola.
21
+
22
+ L'origine exacte du nom Guinée est incertaine. On sait que le mot « Guinée » vient de Portugais guine, qui a émergé au milieu du XVe siècle pour désigner la région habitée par les Guineus, ce terme générique désignant les peuples africains qui vivaient au sud de fleuve Sénégal (par rapport aux Berbères Sanhadjas, qui vivaient au nord, appelés « Maures »). Une théorie affirme que les Portugais ont emprunté le nom de Guineus au berbère Ghinawen (souvent arabisé comme Guinauha ou Genewah), signifiant « brûlé les gens ». De même, le terme berbère aginaw ou Akal-n Iguinawen signifie « noir » ou « pays des Noirs »[réf. nécessaire] .
23
+
24
+ Dans la langue sosso, la langue parlée par l'ethnie soussou (l'une des plus importantes installées historiquement sur la côte atlantique de la Guinée et de la Sierra Leone), le mot signifie « femme». Il est très probable que l'origine du nom du pays soit liée à cette racine.[réf. nécessaire]
25
+
26
+ Gomes Eanes de Zurara a largement utilisé le nom de « Guinée » dans ses chroniques de 1453 et en 1483. Le roi Jean II du Portugal a pris le titre de Senhor da Guiné (« seigneur de Guinée »).[réf. nécessaire]
27
+
28
+ Aujourd'hui le pays est aussi parfois appelé Guinée-Conakry pour le distinguer de ses voisins, la Guinée-Bissau et la Guinée équatoriale.
29
+
30
+ La Guinée se trouve sur la côte atlantique de l’Afrique de l'Ouest.
31
+
32
+ Elle est entourée de la Guinée-Bissau (385 km de frontières) à l'ouest-nord-ouest, du Sénégal (330 km) au nord-ouest, du Mali (858 km) à l'est-nord-est, de la Côte d'Ivoire (610 km) au sud-est, du Liberia (563 km) au sud-sud-est et de la Sierra Leone (652 km) à l'ouest-sud-ouest et de l'océan Atlantique à l'ouest.
33
+
34
+ On distingue quatre zones géographiques :
35
+
36
+ Ces quatre zones, parfois appelées « régions naturelles », ne correspondent pas aux régions administratives.
37
+
38
+ Le pays compte plus de 1 300 cours d'eau. De nombreux fleuves, tels le Niger, le Sénégal (Bafing), la Gambie, ainsi que leurs principaux affluents trouvent leur source en Guinée, faisant de ce pays le « château d'eau » de l'Afrique de l'ouest. Ces cours d'eau partent des massifs guinéens (les deux vieux massifs du Fouta Djalon et la dorsale guinéenne en région forestière). La Gambie et le Bafing vont vers le Sénégal au nord. La source du Niger est à proximité de Kobikoro, il traverse Faranah, Kouroussa et va vers le Mali au nord-est. Les fleuves Tinkisso, Milo, Niandan sont ses affluents en Guinée.
39
+
40
+ De nombreux fleuves côtiers descendent des massifs guinéens vers l'ouest, comme le Konkouré, ou vers le sud, comme le fleuve Mano.
41
+
42
+ De la Guinée-Bissau à Conakry, ces fleuves forment de profonds estuaires qui ont conservé les noms donnés par les explorateurs portugais au XVe siècle. Ces estuaires constituent des voies de communications à travers la mangrove de Basse-Guinée, région qui s’appelait « Rivières du Sud » au début de la colonisation par les Français, au XIXe siècle.
43
+
44
+ Le massif du Fouta Djalon offre un potentiel de production électrique. Le fleuve Konkouré, proche des villes de Mamou, Kindia et Conakry, fait l'objet d’un programme d’aménagement et un premier barrage a été inauguré en 1999[4] ; un autre vient d'entrer en activité, le barrage de Kaleta, et un dernier plus imposant en taille et en productivité est en cours de réalisation, le barrage de Souapiti.
45
+
46
+ La plaine côtière de Guinée maritime est dominée à l'Est par le massif de Benna (1 214 m), le mont Kakoulima (1 011 m) et le mont Gangan (1 117 m). La Moyenne-Guinée entoure le massif du Fouta-Djalon qui occupe environ 80 000 km2 et culmine au mont Loura (1 532 m). Il est constitué principalement de plateaux étagés souvent à plus de 1 000 m, entaillés par des vallées, dominant des plaines et dépressions jusqu'à environ 750 m. Près de Dalaba, le mont Kavendou est à 1 421 m. Le massif du Fouta Djalon est principalement constitué de grès siliceux et de schistes mais d'importantes surfaces sont recouvertes par des cuirasses ferrugineuses ou bauxitiques. À l'est du Fouta Djalon, la Haute-Guinée est un bassin schisteux avec quelques sommets isolés. La Guinée forestière juxtapose des massifs élevés aux versants abrupts, mont SimandouSimandou et mont Nimba, des bas plateaux et des plaines, des bas-fonds et des vallées inondables[5].
47
+
48
+ Le point culminant est le mont Nimba (1 752 m), proche du Liberia. Il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO[6].
49
+
50
+ La Guinée possède de nombreuses ressources. Cette abondance des ressources, notamment minières, lui vaut l'appellation de « scandale géologique »[7]. La Guinée est le premier pays mondial pour ses réserves prouvées de bauxite, le deuxième derrière l'Australie pour la production. Le très riche gisement de Sangarédi, à proximité de Boké, est exploité par la Compagnie des bauxites de Guinée. Le pays dispose également d'or (en Haute Guinée), de fer, de diamants, de pétrole et d'uranium.
51
+
52
+ La réserve inexploitée de fer de Simandou, à l'est de Kissidougou, devrait être exploitée par le grand groupe minier anglo-américain Rio Tinto. Les accords ont été signés avec le gouvernement guinéen en 2014.
53
+
54
+ Le climat est tropical à deux saisons : la saison des pluies, de mai à octobre (varie plus ou moins selon les régions), et la saison sèche. Pendant la saison des pluies, la moyenne mensuelle des précipitations peut atteindre 400 mm.
55
+
56
+ La Guinée comprend quatre régions climatiques :
57
+
58
+ Températures moyennes à Conakry : minimales : 22 °C, maximales : 32 °C ; à Labé : minimales : 13 °C (janvier), maximales : 33 °C (mars) ; à Kankan : minimales : 15 °C (janvier), maximales : 36 °C (mars).
59
+
60
+ Les saisons ne correspondent pas à des variations des heures de lever et de coucher du soleil. La journée et la nuit durent environ 12 heures chacune, le soleil se lève vers 6 h 45 et se couche vers 18 h 45 avec peu de variation tout au long de l'année. L'heure locale est celle du fuseau horaire UTC±0[8].
61
+
62
+ Le secteur agricole emploie plus de 75 % de la population apte au travail du pays (24 % du PIB). On cultive riz, café, ananas, pêches, nectarines, mangues, agrumes, tapiocas, bananes, pommes de terre, tomates, concombres, poivrons et autres.
63
+
64
+ La Guinée est un des producteurs régionaux émergents de pommes et poires. Il y a nombreuses plantations de raisins, grenades, plaqueminiers. Ces dernières années ont été marquées par le développement de plantations de fraisiers basées sur le système hydroponique vertical.
65
+ Il y a des élevages bovins, de moutons, de chèvres, de poulets.
66
+
67
+ La Guinée compte trois types de biomes :
68
+
69
+ L'environnement en Guinée semble préservé grâce à la faible densité de population et à l'industrialisation limitée.
70
+
71
+ Les principales menaces sont la déforestation, la pollution issue de l'exploitation minière, l’absence de traitement des eaux usées, auxquelles on peut ajouter le braconnage de la faune sauvage.
72
+
73
+ La Guinée, en raison de ses climats et biomes diversifiés, est peuplée d'espèces animales, végétales et fongiques variées, dont certaines sont rares ou endémiques telle que Dictyna guineensis.
74
+
75
+ Ainsi, en Guinée forestière, dans la zone couverte par la forêt tropicale humide, on trouve Nimbaphrynoides occidentalis, qui est un crapaud vivipare endémique de la zone du mont Nimba. Une population de chimpanzés existe aux alentours de Bossou. Une espèce d'hippopotame nain existerait également en forêt.
76
+
77
+ Le parc national du Haut-Niger se trouve en Guinée.
78
+
79
+ La deuxième partie (ou espèce) du nom binominal de nombreuses espèces en botanique ou en zoologie est fréquemment guineensis signifiant en latin guinéen ou qui vit en Guinée. Ceci s'explique par la découverte de nombreuses espèces nouvelles pour la science sur le territoire de la Guinée. La plupart de ses espèces animales ou végétales rencontrées actuellement en Guinée se trouvent aussi dans de nombreux autres pays. C'est pourquoi certaines, ayant été nommées guineensis lors de leur découverte et de leur description, ont été renommées depuis, à la suite des révisions taxonomiques.
80
+
81
+ Les trois principaux groupes ethniques sont les Malinkés, les Peuls et les Soussous. Ces derniers se répartissent dans les quatre grandes régions géographiques de la Guinée. La Guinée maritime abrite des Soussous, mais on y trouve aussi presque toutes les grandes les ethnies du pays, en raison de la présence de la capitale, Conakry, qui attire les Guinéens. Dans la région de la Moyenne Guinée, des Peuls et des Malinkés ; ces derniers sont plus nombreux en Haute Guinée. Quant à la Guinée forestière, elle abrite surtout des Malinkés, mais aussi des petites ethnies telles que les Kissiens, les Tomas, les Guerzés, etc.[10].
82
+
83
+ Les populations guinéennes ont été affectées d'une part par la traite arabo-musulmane en direction du Maghreb et de l'Égypte, et par celle commencée au XVIe siècle et menée au-delà de 1850, via les conquêtes coloniales françaises et les travaux forcés qu'elles ont apportés[réf. nécessaire]. La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) a fragilisé la France colonisatrice et poussé celle-ci à abolir finalement l'indigénat, et les travaux forcés en 1945. Avec cette date commence l'essor démographique, la population doublant tous les vingt ans[réf. nécessaire].
84
+
85
+ À la suite de l’indépendance du 2 octobre 1958 et du départ des crédits et des cadres français qui faisaient fonctionner l'administration et l'économie guinéenne, la Guinée fut déstabilisée. La période de dictature de Sékou Touré a ensuite poussé de nombreux Guinéens, notamment des élites, à émigrer vers les pays développés.
86
+
87
+ En juillet 2016, la Guinée compterait 12 093 349 habitants[11].
88
+
89
+ Selon le World Refugee Survey 2008 publié par le Comité américain pour les réfugiés et les immigrants, la Guinée abritait près de 29 300 réfugiés et demandeurs d'asile à la fin de 2007, provenant surtout du Libéria, de la Sierra Leone, et de la Côte d’Ivoire. En décembre 2007, 11 900 réfugiés vivaient dans un des trois camps, Lainé, Kankan I et Kankan II, et au moins 9 300 réfugiés vivaient dans des zones urbaines[12].
90
+
91
+ En 2011, les estimations de populations réfugiées du Libéria et de Côte d'Ivoire sont respectivement de 5 400 et 6 552, soit pratiquement 12 000 personnes[11].
92
+
93
+ La population guinéenne est relativement jeune puisque 61,6 % des Guinéens auraient moins de 25 ans, tandis que la tranche 25-54 ans constituerait 30,4 % de la population. Les 8 % restant étant constitués de Guinéens âgés de plus de 54 ans, dont seulement 3,6 % âgés de plus de 65 ans[11].
94
+
95
+ Il y a 3 000 ans la Guinée était habitée par une communauté de pêcheurs et d'agriculteurs. Les vallées verdoyantes du Fouta Djallon, les bassins fertiles du Haut Niger propices à la cueillette, à la chasse et à la pêche ont attiré les hommes.
96
+
97
+ L’arrivée des populations est due au dessèchement du Sahara, suivi de l’assèchement des fleuves, rivières et lacs. Les populations se déplacent vers les zones méridionales plus humides. Les territoires situés entre les fleuves Sénégal et Niger comme la Guinée deviennent des zones privilégiées de regroupement des communautés d’éleveurs et d’agriculteurs. Tandis que certains groupes se dirigèrent vers les vallées du Bafing et de la Falémé, d’autres se fixèrent dans le delta intérieur du Niger.
98
+
99
+ Les premiers royaumes voient le jour dans cette région au premier millénaire avant J.C . La majeure partie du territoire guinéen a été partie intégrante des empires du Ghana et du Mali qui se sont succédés entre le IXe siècle et le XVIe siècle. Le déclin de l’empire du Mali coïncide avec l’apparition en 1445, en Sénégambie, des premières caravelles portugaises. Les mandingues perdirent le contrôle des pistes sahariennes au profit des songhay et refluèrent vers les régions occidentales de Guinée, de Gambie et de la Casamance.
100
+
101
+ Après quelques accrochages, les navigateurs portugais et les populations côtières firent la paix. Les portugais, intéressés par l’or, les peaux et autres produits exotiques du Soudan, les épices, les esclaves, vendaient des tissus, des ustensiles en fer, même des chevaux. Les mansas du Mali établirent des relations diplomatiques avec leurs homologues du Portugal.
102
+
103
+ À la faveur de ce commerce naissant, des mouvements de populations drainent des familles maraboutiques et marchandes du moyen Niger vers le Gabou et la côte atlantique pour donner la configuration socio-politique connue à la conquête coloniale.
104
+
105
+ Entre 1456 et 1460, Pedro de Sintra accosta au cap Verga et plus au sud, il atteignit la pointe de l’île de Tombo où se trouve Conakry. Les Portugais donnèrent les noms de Rio Nunez, Rio Pongo (déformation de Araponka), Rio Kapatchez, etc. aux rivières de la zone côtière.
106
+
107
+ Au large de Conakry furent découvertes les îles baptisées « Ilhas dos Idolos » (îles des idoles) parce que les habitants de ces îles, lorsqu’ils viennent semer le riz apportent leurs idoles qu’ils adorent. Ces navigateurs ont noté que les Portugais sont entrés en contact avec les Landouma et les Nalou dans le Rio compagny et le Rio Nunez. Ils ont également signalé la présence des Dialonkés à l’intérieur des terres.
108
+
109
+ Les rapports tissés avec les Bagas furent difficiles entre le Rio Nunez et la presqu’île du Kaloum. Ils attestent l’existence de trois Suzerains dans la région côtière : Farin Souzos (roi des sosso), Farin Cocoli (roi des Lanlouma) et Farin Futa (roi djallonka).
110
+
111
+ Ainsi naissent les royaumes Sosso de Bramaya, de Thia, de Lakhata et de Dubréka.
112
+
113
+ Au XVIe siècle, le royaume Dubréka s’affirme avec la dynastie créée par le chef de guerre Soumba Toumani.
114
+
115
+ Dans la région du haut Niger, les groupes de marabouts Sarakollés du Djafouna s’installent vers la fin du XVIIe siècle, s’établirent au Mandé entre le Niger et le Milo. Ils fondent le royaume du Batè (entre deux fleuves) dont Kankan est la métropole.
116
+
117
+ Les villages qu’ils fondent sont Diankana, Foussén, Karifamoriah, Bankonko, Forécariah, Tassilima, Nafadji. Ils s’adonnent au négoce et à l’enseignement coranique. L’Islam fut, par leur action, réintroduit au Manding après une longue parenthèse consécutive à la chute de l’empire du Mali. Au XVIIIe siècle, Kankan, la métropole du Batè devint la capitale d’un royaume puissant grâce aux activités commerciales et la réputation de ses marabouts dont le patriarche Alpha Kabiné fut un des plus illustres.
118
+
119
+ Au milieu du XVIIIe siècle, un groupe maninka parti du Batè et vint s’établir à l’embouchure de la Mellacoré où il fonda la province du Moréah. Ce groupe était composé des clans Touré, Youla, Sylla, etc. Il était sous la conduite du patriarche Fodé Katibi Touré, fondateur de Forécariah, comme en Fouta-Djalon, les chefs du Moréah prennent ce titre de Almamy.
120
+
121
+ La région forestière semble moins perturbée par ces mouvements de populations. Toutefois, on note que les Kissi, en provenance du nord, auraient transité par Faranah (Kobikoro) avant de s’installer dans leur habitat habituel où ils auraient basculé les Loma, qui semblent être les premiers occupants. Les Kpelle, les Manon et Konon seraient partis de Moussadou (préfecture de Beyla) sous la poussée des Maninka, pour s’établir en plein cœur de la forêt dans le sud du pays[13].
122
+
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+ Les Nalou et les Baga peuplent la région au VIIIe siècle. Du IXe siècle au XIe siècle, le royaume mandingue, vassal de l'Empire du Ghana, s'établit du haut Sénégal au haut Niger. Ils seront rejoints par les Dialonkés d'origine mandée. Au XIIIe siècle, le légendaire Soundiata Keïta forme un immense empire ayant pour capitale Niani (aujourd'hui petit village guinéen). L'Empire du Mali décline au XVe siècle. Entre-temps et jusqu'au XVIIIe siècle, les Peuls apportent l'Islam dans la région, repoussant les Soussous vers le littoral.
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+ C'est sur les côtes que les Soussous et d'autres ethnies nouent des liens avec les commerçants européens voulant se procurer esclaves, ivoire et maniguette (ou malaguette, plante voisine du gingembre et réputée aphrodisiaque). C'est le commerce triangulaire.
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+ Le village de Kiniéran est entouré de remparts de fortification, vestiges d’avant la colonisation, partiellement détruits par Samory Touré, grand guerrier mandingue de l'Afrique de l'Ouest. Né dans une famille de commerçants malinké, Samory Touré s’appuya d’abord sur des populations encore largement animistes pour combattre l’influence des chefs musulmans. Puis, changeant de stratégie, voulant islamiser de force les populations animistes dans les années 1880, il provoqua leur révolte et les combattit durement. Il assit son autorité sur le Tôron, s’installa à Bissandougou et prit le titre de Faama faama (en) (roi). Après avoir imposé sa loi et sa religion, Samory s’empara de Kankan, captura les chefs Séré (en) Béréma et Saghadjigi, enrôla les vaincus dans son armée et se présenta en défenseur de l’islam. Il prit le titre d’Almany en 1884 et s’opposa pendant sept longues années à la pénétration des troupes françaises avant d’être arrêté et exilé au Gabon[14].
128
+
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+ La zone côtière fut occupée au préalable par les Portugais, qui furent évincés par l'armée française, parce qu'affaiblis par l'occupation de la Guinée-Bissau. De nos jours, de nombreux Guinéens originaires de la côte Atlantique du pays portent des noms d'origine portugaise. La Guinée est proclamée colonie française en 1891, indépendamment du Sénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cette nouvelle appellation remplace celle qu'elle portait jusque-là: les Rivières du Sud. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du sud-est avant d'être vaincu en 1898. La guerre qui oppose les Français au Fouta-Djallon, à Porédaka, s'achève par la victoire des premiers. L'Almamy Bocar Biro Barry est assassiné près des bords du Bafing, à Kollen. Il a choisi cette option pour ne pas être soumis ou réduit en vassal de la puissance colonisatrice. Ses guerriers s'éparpillent ou préfèrent se donner la mort à ses côtés. Les régions du Haut-Niger sont annexées l'année suivante. En 1901, la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général. En 1904, dans le cadre de l'Entente cordiale entre la France et l'Angleterre, les îles de Los deviennent françaises en échange de l'abandon de droits sur le séchage de la morue à Terre-Neuve.
130
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131
+ Lors du référendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays d'Afrique francophone à rejeter la proposition du général de Gaulle concernant l'intégration des colonies de l'AOF au sein d'une Communauté française, ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France[15]. L’indépendance fut proclamée le 2 octobre 1958. La France retira dans le mois qui suivit son armée, ses fonctionnaires et ses crédits. Les colons français emportent avec eux tout leur matériel de valeur, et rapatrient les archives souveraines françaises. Le Washington Post observe l'intransigeance avec laquelle les colons français ont démoli tout ce qu'ils pensaient être leur contribution en Guinée : « En réaction [au vote pour l'indépendance], et comme avertissement aux autres territoires francophones, les Français se sont retirés de la Guinée en deux mois, emportant tout ce qu'ils pouvaient avec eux. Ils ont dévissé les ampoules, emporté les plans des canalisations d'égouts à Conakry, et même brûlé les médicaments plutôt que de les laisser aux Guinéens. »[16]
132
+
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+ Le pays accède à l'indépendance le 2 octobre 1958 et Ahmed Sékou Touré en devient le président à 36 ans. La France mène alors une guerre économique contre son ancienne colonie (les services secrets français vont notamment répandre de faux francs CFA pour déstabiliser la Guinée monétairement)[17]. Des maquis d'opposition sont constitués avec l'aide des services secrets français. Maurice Robert, chef du secteur Afrique au service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1958 à 1968, souligne que « nous avons armé et entraîné ces opposants guinéens pour qu’ils développent un climat d’insécurité en Guinée et, si possible, qu’ils renversent Sékou Touré[18].»
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+ La Guinée inscrit à l'article 34 de sa Constitution qu'elle « peut conclure avec tout État africain les accords d'association ou de communauté, comprenant l'abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine ». Après des discussions avec Kwame Nkrumah, apôtre du panafricanisme, la Guinée et le Ghana forment une union le 1er mai 1959, puis sont rejoints le 24 décembre 1960 par le Mali[19]. Officiellement non-aligné, le régime s'appuie sur l'Union soviétique sans rejeter l'aide des États-Unis[réf. nécessaire].
136
+
137
+ Après la mort de Touré en 1984, le gouvernement intérimaire est rapidement renversé par Lansana Conté. Sous la pression des bailleurs de fond, il introduit le multipartisme en 1993 et organise des élections, qui l'ont confirmé par deux fois à la présidence, en 1993 et en 1998. Bien que globalement épargnée par les conflits des pays voisins, la Guinée est confrontée à l'afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés venus du Libéria et de Sierra Leone.
138
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139
+ Après avoir révisé la Constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois en décembre 2003, le chef de l'État, pourtant gravement malade, est réélu avec 95,63 % des suffrages face à un candidat issu d'un parti allié, les autres opposants ayant préféré ne pas participer à un scrutin joué d'avance. Fin avril 2004, le premier ministre François Louceny Fall profite d'un voyage à l'étranger pour démissionner, arguant que « le président bloque tout »[20]. Le poste reste vacant plusieurs mois avant d'être confié à Cellou Dalein Diallo, qui sera démis de ses fonctions en avril 2006.
140
+
141
+ Le pouvoir du président, sous influence d'hommes d'affaires comme Mamadou Sylla, est de plus en plus contesté. Début 2007 éclate une grève générale réprimée dans le sang[21].
142
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+ Le 22 décembre 2008, Lansana Conté décède des suites d'une longue maladie (leucémie et diabète aigu) à l'âge de 74 ans. Au cours de la nuit suivante, les proches du régime s'affairent pour organiser l'intérim suivant les procédures prévues par la Constitution mais le 23 décembre 2008 au matin, à la suite de l'annonce du décès de Lansana Conté, des dignitaires de l'armée annoncent unilatéralement la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution, dans un discours à teneur résolument sociale. Ces événements laissent planer le doute sur l'effectivité d'un nouveau coup d'État. Le même jour, le capitaine Moussa Dadis Camara est porté à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et devient le lendemain[22], le troisième président de la République de Guinée.
144
+
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+ Arrivé au pouvoir, le capitaine précise que le nouveau régime est provisoire et qu'aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles prévues en 2010.
146
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+ Au fil de ses interventions médiatiques, Moussa Dadis Camara envisage de plus en plus explicitement de se présenter, décevant les espoirs de véritable transition démocratique et déclenchant des mouvements de protestation[23].
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+ Le 28 septembre 2009, des mouvements civils organisent une manifestation pacifique pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles. Une foule de plusieurs milliers de personnes s'était rendu au stade à la demande de l'opposition pour protester contre le désir du président Dadis de se porter candidat à l'élection présidentielle. Le 28 septembre 2009, au stade de Conakry, à la surprise générale les militaires ouvrent le feu sur les manifestants ainsi bloqués dans le stade sans possibilité de fuite. Ce massacre délibéré et manifestement planifié fait plusieurs centaines de morts. De plus, les militaires violent et enlèvent plusieurs dizaines de jeunes femmes, dont certaines seront libérées quelques jours plus tard après avoir subi des viols à répétition, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de trace[24].
150
+
151
+ À la suite du tollé international soulevé par cet évènement, des dissensions apparaissent au sein du CNDD[25] et le 3 décembre 2009, alors que Sékouba Konaté est en voyage au Liban, le président est grièvement blessé par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité - ce dernier avait été mis en cause explicitement par des diplomates étrangers pour son rôle dans le massacre du 28 septembre, et craignait d'être « lâché » par son président et livré à la justice. Dadis Camara est hospitalisé au Maroc le 4, et Sékouba Konaté rentre au pays pour assurer l'intérim.
152
+
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+ Le 12 janvier 2010, Moussa Dadis Camara est renvoyé vers le Burkina Faso par le Maroc pour y continuer sa convalescence. C'est ainsi que le 15 janvier, un accord sera trouvé entre Dadis et Sékouba pour que ce dernier soit reconnu Président de la transition. Cet accord stipule qu'un premier ministre issu des Forces Vives (Partis d'opposition, syndicats, société civile) soit nommé dans le but de former un gouvernement d'Union nationale et de conduire le pays vers des élections libres et transparentes dans les six mois. Aussi, aucun membre du gouvernement d'union nationale, de la junte, du Conseil national de la transition et des Forces de Défense et de Sécurité n'aura le droit de se porter candidat aux prochaines échéances électorales.
154
+
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+ Le 16 janvier, Dadis, dans une allocution à partir du palais présidentiel burkinabé, dit que la question de sa candidature est définitivement réglée, ainsi que celle des autres membres de la junte. Jean-Marie Doré, doyen de l'opposition, est nommé Premier ministre, chef du gouvernement d'union nationale chargé d'organiser les futures élections présidentielles.
156
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+ Le 8 février 2010, la justice guinéenne ouvre un instruction judiciaire pour les crimes commis le 28 septembre 2009 à Conakry, trois magistrats instructeurs sont nommés[26] et le 3 juin 2010, la FIDH, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme et du citoyen (OGDH), trois autres organisations guinéennes de victimes (AVIPA, AFADIS, AGORA) et 67 victimes se constituent parties civiles[27].
158
+
159
+ Le 7 mars 2010, Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l'élection présidentielle au 27 juin 2010[28]. Il tient parole et pour la première fois une élection présidentielle en Guinée se déroule sans qu'aucun militaire ne soit candidat. Le second tour des élections présidentielles devait se tenir le 19 septembre 2010 mais a été reporté à une date ultérieure.
160
+
161
+ Le 28 septembre 2010, un an après le massacre, les victimes et les ONG de défense des droits de l'homme demandent le jugement des auteurs présumés des faits [29],[30],[31]
162
+
163
+ Le 7 novembre 2010, Alpha Condé (candidat du RPG et de l'Alliance Arc-En-Ciel) obtient 52,5 % des suffrages face à son adversaire Cellou Dalein Diallo (candidat de l'UFDG et de l'Alliance des bâtisseurs), qui a fini par accepter les résultats de la cour suprême qu'il avait initialement contestés en raison de soupçons d'irrégularités[32].Le président Alpha Condé est élu pour un mandat de 5 ans. En 2014 et 2015, le pays est touché par l'épidémie Ebola mais se mobilise pour en contenir les impacts[33],[34].
164
+
165
+ Le 11 octobre 2015, le président Alpha Condé, a obtenu 58 % des suffrages et a été réélu au premier tour de l'élection présidentielle pour un nouveau mandat de 5 ans.
166
+
167
+ En juillet 2016, la Guinée a été le premier pays à majorité musulmane d'Afrique à renouer ses liens diplomatiques avec Israël[35].
168
+
169
+ D'après la Banque mondiale, en 2018, le chômage frappe 80 % des jeunes et près de 80 % de la population active travaille dans le secteur informel. Surtout, 55 % des Guinéens vivent sous le seuil de pauvreté[36].
170
+
171
+ La Guinée est une république, avec comme chef d'État un président élu par le peuple pour un mandat de cinq ans. Cette période initialement fixée à cinq ans a été modifiée à sept ans par la Constitution de 2003, puis re-modifiée par le Conseil National de Transition (CNT) en 2010 pour une durée de cinq ans renouvelable une fois. La fonction de président a été occupée par Lansana Conté du 5 avril 1984 au 22 décembre 2008. Le Premier ministre est désigné par le chef de l'État. Depuis le 15 novembre 2010, après la première élection présidentielle libre depuis l'indépendance en 1958, Alpha Condé est élu à la tête du pays dans la contestation.
172
+
173
+ Depuis l'instauration du multipartisme en avril 1992, une quarantaine de nouveaux partis ont été reconnus.
174
+
175
+ Le pouvoir législatif est assuré par un parlement composé d'une seule chambre, l'Assemblée nationale, où siègent 114 députés élus par le peuple pour un mandat de cinq ans.
176
+
177
+ La Constitution et l'Assemblée nationale ont été suspendues en décembre 2008 après le putsch du CNDD avec à sa tête le capitaine Moussa Dadis Camara. La nouvelle constitution a été adoptée par le CNT le 19 avril 2010 et promulguée par le Général Sékouba Konaté par décret le 7 mai 2010.
178
+
179
+ L'ONG Transparency International classe régulièrement la Guinée parmi les pays où la perception de la corruption est la plus forte. Le thème de la corruption est récurrent dans les revendications des opposants et des organisations syndicales en Guinée.
180
+
181
+ La plus haute autorité judiciaire est la Cour suprême, qui dispose de trois chambres :
182
+
183
+ Le premier président de la Cour suprême est en même temps président de la chambre constitutionnelle et administrative.
184
+
185
+ La Guinée est subdivisée en huit régions administratives (dont une est constituée par Conakry sa capitale), 33 préfectures et leurs 33 communes urbaines, et 303 communautés rurales de développement. Conakry est divisée en cinq communes (Kaloum, Dixin, Matam, Ratoma et Matoto).
186
+
187
+
188
+
189
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 84,4 % des habitants de la Guinée sont musulmans, alors que 10,9 % sont chrétiens, principalement catholiques (7,5 %) et protestants (3,4 %) et que 2,4 % pratiquent une religion populaire[37].
190
+
191
+ Le taux de natalité s'élevait à 36,88 ‰ en 2014[38] et la fécondité est estimée à 4,82 enfants par femme pour 2016[39].
192
+
193
+ Le gouvernement adhère à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes depuis 1982
194
+ [40]. Toutefois 97 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines et/ou une excision[41]. Et les mutilations génitales augmentent, bien qu'elles soient interdites[41].
195
+
196
+ L'analphabétisme parmi les femmes est élevé[42]. Il y a une sous-représentation des femmes dans l'enseignement secondaire et supérieur, mais elles sont de plus en plus présentes[43].
197
+
198
+ La polygamie est la règle, bien qu'elle soit officiellement interdite[42]. Dans le code civil il est dit dans l'article 394 que le mari est le chef de famille[42]. Les mariages précoces sont fréquents, mais illégaux[42].
199
+ Bien qu'illégal, le mariage forcé affecte la majorité des femmes[44],[45].
200
+ Toutefois, beaucoup de mariages au pays sont des mariages religieux, dans lesquels les autorités civiles n'interviennent pas[45].
201
+
202
+ Enfin, la majorité des femmes a été affectée par la violence conjugale[45].
203
+
204
+ Sur le territoire de la République de Guinée, la devise ayant cours depuis 1960 est le franc guinéen, sauf entre 1972 et 1986, période pendant laquelle la devise était le syli (en). Le franc guinéen n'a cours dans aucun autre pays, mais est échangeable auprès de changeurs exerçant à proximité des frontières avec les devises ayant cours dans les pays riverains (le franc CFA, le dollar libérien, le leone de Sierra Leone et également l'euro et le dollar). La banque centrale de Guinée permet également le change, mais à des taux peu intéressants et uniquement à Conakry.
205
+
206
+ La majorité des Guinéens travaillent dans le secteur agricole qui emploie plus de 75 % de la population apte au travail du pays (24 % du PIB).
207
+
208
+ Le mil et le fonio sont les principales cultures de la Haute-Guinée, tandis que l'on produit de l'arachide dans la région de Koundara. Le riz est cultivé dans les zones inondées en bordure de rivière et de fleuve mais la production locale est insuffisante et le pays importe du riz asiatique. Les cultures vivrières traditionnelles comme celle du manioc restent largement pratiquées autour des habitations.
209
+
210
+ On cultive le café, l'ananas, les pêches, les nectarines, les mangues, les agrumes, les tapiocas, les oranges, les bananes, les pommes de terre, les tomates, les concombres, les poivrons et d'autres légumes. La Guinée est un des producteurs régionaux émergents de pommes et de poires. Il y a de nombreuses plantations de raisins, de grenades et de plaquemines. Ces dernières années[Lesquelles ?] ont été marquées par le développement de plantations de fraise basées sur le système hydroponique vertical.
211
+
212
+ Il y a des élevages de bovins, de moutons et de chèvres.
213
+
214
+ La Guinée dispose d'importantes ressources minières dont les principales sont la bauxite (1/3 des réserves mondiales[46]), l'or[47], le diamant (exploité depuis 1936), le fer[48], le pétrole et l'uranium, les phosphates et le manganèse.
215
+ À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[49] multiplient les contrats avec des pays africains. Les investissements du Canada en Guinée représentent à peu près 250 millions de dollars investis dans le secteur minier et le 8 juin 2012, Perry Calderwood, ancien ambassadeur du Canada en Guinée, a accompagné une forte délégation d’investisseurs canadiens au palais Sékhoutouréya pour voir comment ces hommes d’affaires canadiens comptent intervenir dans le développement du secteur minier[50].
216
+
217
+ Le projet minier de Simandou (Mont Nimba), sur l’axe Beyla-Nzérékoré, en Guinée forestière (sud-est, frontière du Libéria), qui est l’un des plus grands projets mines-infrastructures en Afrique lancé en 2012, mené par Rio Tinto, Chinalco et IFC, et supposé capable d'amorcer le développement régional et national, semble geler au premier semestre 2016[51],[52],[53].
218
+ La relance du projet minier géant d’exploitation du fer du mont Simandou a été officialisée à Pékin le 28 octobre 2016. Rio Tinto et le chinois Chinalco ont signé un accord de principe sur les conditions du transfert de la totalité des parts du premier au second dans le développement de la partie sud du Simandou qui nécessitera environ 20 millards de dollars d’investissements. Un protocole fixant le cadre de coopération a été conclu le 31 octobre 2016[54].
219
+
220
+ La Guinée est dépendante sur le plan énergétique, elle importe la totalité de sa consommation d'hydrocarbures. L'exploitation de gisements au large des côtes est à l'étude.
221
+
222
+ Le potentiel en production hydro-électrique est considérable en raison du relief et de la pluviométrie, il est estimé à plus de 6 000 MW[55]. Ce potentiel reste encore à exploiter ; les premiers barrages, construits sur le fleuve Konkouré ne suffisent pas à alimenter Conakry en totalité.
223
+
224
+ Le barrage de Kaleta, construit et financé par la Chine, inauguré en septembre 2015, avec une puissance de 240 MW, permet de résorber une bonne partie du déficit énergétique du pays, estimé à 400 MW[56]. Le barrage de Souapiti, de puissance 550 MW[57], ainsi que le barrage d'Amaria, avec une capacité de 300 MW (construit pour satisfaire les besoins d’énergie pour un projet d’aluminium) sont actuellement en construction, également avec l'aide de la Chine.
225
+
226
+ Le pays accueille très peu de touristes étrangers, et ce malgré la grande diversité et la beauté des paysages, l'attitude amicale des Guinéens par rapport aux étrangers et les centres d'intérêt potentiels très variés, qu'il s'agisse d'art sculpté, de musique, de danse ou de culture traditionnelle.
227
+
228
+ Plage du Gouverneur.
229
+
230
+ Cascade dans le Fouta.
231
+
232
+ Panorama du Fouta.
233
+
234
+ Dame de Mali.
235
+
236
+ La langue officielle de la République de Guinée est le français. Il s'agit de la langue de l'État et des institutions officielles.
237
+ Après le régime d'Ahmed Sékou Touré, le français est redevenu la langue unique d'enseignement à l'école.
238
+
239
+ La langue française est une langue en forte expansion en Guinée d'après les derniers rapports.
240
+ En 2002, le nombre de locuteurs de langue maternelle française était estimé à 2 % de la population totale[58].
241
+ D'après les autorités guinéennes, une nouvelle estimation de 2007 revoit ce chiffre fortement à la hausse par rapport à celle de 2002 : le nombre de francophones atteindrait 21,1 % et le nombre de francophones partiels 42,1 %. L'ensemble cumulé représente 6 millions de personnes, soit 63,2 % de la population totale ayant une maîtrise partielle ou complète de cette langue[59]. L'anglais est présent dans les régions frontalières avec le Liberia et la Sierra Leone, c'est une langue universitaire et commerciale.
242
+
243
+ Les trois principales langues d'origine africaine sont[60] :
244
+
245
+ Mais on rencontre également des locuteurs dans d'autres langues qui sont :
246
+
247
+ La Guinée est membre de l'Organisation internationale de la francophonie.
248
+
249
+ De plus, les villes de Gueckédou, Kindia, Mamou, Conakry, Kankan, Labé et Télimélé sont membres de l'Association internationale des maires francophones[61],[62].
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+ La Guinée a pour codes :
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253
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
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2
+
3
+ La guitare basse, basse électrique ou simplement basse, est un instrument de musique à cordes conçu selon le même principe que la guitare électrique, mais avec une tessiture plus grave. Comme la contrebasse dont elle est inspirée, la guitare basse est généralement utilisée pour jouer la ligne de basse au sein de la section rythmique d'un ensemble musical, mais elle est également utilisée comme instrument soliste, par exemple dans le jazz fusion.
4
+
5
+ Une basse possède généralement 4 cordes, mais peut aussi en avoir 5, 6, 9 ou plus (on parle alors d'ERB, Extended-Range Basses). L'instrument est constitué d'un manche et d'un corps en bois plein (solid body) ou creux (semi-hollow body) comprenant un ou plusieurs micros, potentiomètres et un chevalet, comme sur la guitare électrique.
6
+
7
+ Les cordes ont généralement un diapason de 34 pouces (86,34 cm), qui peut être parfois plus long ou plus court. Certaines basses avec un plus petit diapason (30 pouces ou 76,2 cm) sont appelées short scale. La touche d'une basse supporte des frettes (qui délimitent les notes, comme sur la guitare) mais on trouve, plus rare, des modèles qui en sont dépourvus (comme une contrebasse) dénommés fretless. La méthode de fixation du manche (vissé, collé ou traversant le corps) et le type de bois utilisé pour la lutherie influent sur la sonorité.
8
+
9
+ La basse est considérée comme le « pilier » dans un groupe par son côté rythmique avec la batterie et l'accompagnement des graves.
10
+
11
+ La guitare basse est généralement accordée une octave plus grave qu'une guitare, et de la même manière qu'une contrebasse, c’est-à-dire en quartes.
12
+ Les fréquences sont les suivantes lorsque la note de référence est le la 440 Hz :
13
+
14
+ L'accord de la basse à cinq cordes est généralement si (ou do), mi, la, ré, sol (B/C EADG ; ajout d'une corde grave) ou bien, moins fréquemment, mi, la, ré, sol, do (EADGC ; ajout d'une corde aiguë). Les basses à six cordes sont accordées en si, mi, la, ré, sol, do (BEADGC ; ajout d'une corde grave et d'une corde aigüe), en quartes. Les basses à huit cordes possèdent généralement quatre chœurs (paires de cordes accordées à l'octave), et les rares modèles à 12 cordes ont soit six chœurs, soit quatre groupes de trois cordes formant chacun un accord de quinte (dans ce dernier cas, la corde la plus aiguë du chœur est semblable à une corde de guitare).
15
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+ Cet instrument fut conçu, tout comme la guitare électrique, pour pallier le manque de puissance des instruments acoustiques utilisés dans la musique country, le rock 'n' roll, et le jazz ainsi que la contrainte de l'encombrement de la contrebasse.
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+ En dehors de la contrebasse, il n'existait jusqu'alors que quelques instruments à corde traditionnels dans cette tessiture comme le guitarrón mexicain, la balalaika russe dans ses versions basse et contrebasse, et dans certains pays africains ou arabes, comme la contrebassine ou le guembri.
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+ En 1933, l'inventeur américain Paul Tutmarc (en) crée une première basse électrique ayant la forme et la taille d'un violoncelle au corps plein[1]. Insatisfait par la taille de l'instrument, il en fabrique une deuxième inspirée des guitares électriques, frettée et conçue pour être utilisée à l'horizontale. En 1935, Audiovox, le catalogue commercial de la société de Tutmarc propose le « Model #736 Electric Bass Fiddle »[2], à quatre cordes, le corps plein et un manche fretté d'une longueur de 77,5 cm. De par son design proche de celui d'une guitare, l'instrument était plus simple à tenir et l'apposition de frettes sur le manche rendait la basse plus accessible, en facilitant le jeu juste. Cependant, le modèle développé par Tutmarc ne rencontra pas d'engouement particulier et le concept de basse électrique est abandonné jusqu'aux années 1950.
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+ À la même époque, les fabricants de guitares Gibson et Rickenbacker s'intéressèrent au développement d'une contrebasse électrique, sans que l'idée n'aboutisse.
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+ En 1951, Leo Fender sort la première basse électrique commercialisée, la Precision Bass. Le terme « précision » insiste sur la présence de frettes, facilitant la justesse des notes par rapport à la contrebasse. Sa particularité est d'avoir un seul micro centré entre le départ du manche et le chevalet, ce qui donne un son grave, profond et bien rond. La Precision Bass est devenu un modèle de référence dans la musique populaire, très utilisé en musique soul, et a souvent été copiée par les autres compagnies. La première utilisée en Europe fut celle de Jet Harris, premier bassiste du groupe The Shadows. James Jamerson, bassiste très réputé de la Motown, en était l'un des meilleurs praticiens. Rocco Prestia, actuel bassiste américain de soul/funk des plus célèbres, joue exclusivement sur Precision, avec un groove très particulier.
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+ En 1960 sort le nouveau modèle de Fender, la Jazz Bass, qui a deux micros « simple bobinage », un manche plus fin que la Precision, et une forme différente. Sa particularité concerne le fait d'avoir deux micros, l'un près du chevalet qui donne un son médium très précis et assez dur avec beaucoup d'attaque et l'autre près du départ du manche et qui donne un son très grave et moins précis. À l'instar de la Stratocaster, cette basse offre une palette de son nettement plus large, notamment en plaçant les deux micros en phase ou en opposition de phase. Elle a été plus utilisée par les bassistes virtuoses, de jazz-rock ou de funk-jazz. Tina Weymouth, Marcus Miller, Tal Wilkenfeld et surtout Jaco Pastorius qui jouait sur une Jazz Bass fretless avec un toucher très particulier, en ont été de célèbres utilisateurs.
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+ Afin de varier la gamme sonore sans le besoin de changer d'instrument durant les morceaux, la Precision fut ensuite dotée d'un second micro placé près du chevalet (usuellement un micro simple bobinage de type Jazz Bass ou un pavé « humbucker » double bobinage ou un second micro « split-coil » Precision Bass), parfois même d'un manche Jazz Bass au profil aminci. Cette option fut valable vers le milieu des années 1960 et fut très populaire au début des années 1980.
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+ L'année suivante Gibson (plus spécialisé dans les guitares) crée la Gibson electric bass. Puis Höfner en 1956 sort la 500/1 en forme de violon, popularisée par Paul McCartney. En 1959 et 1961, Gibson crée la EB-0 (diapason court ou short scale) avec un micro unique et la EB-3 (diapason long ou long scale), équipées de micros du style « humbucker ».
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+ En 1957, Rickenbacker se lance dans la production de basses électriques avec la série des 4000. Ces instruments présentent la particularité d'avoir un manche traversant le corps, produisant ainsi une sonorité distinctive associée à ce fabricant.
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+ La Rickenbacker 4001, emblématique du rock progressif et du heavy metal des années 1970, sort en 1961. Cette basse à l'esthétique particulière et au son puissant et clair marquera l'histoire du rock grâce à des musiciens tels que Paul McCartney des Beatles, Lemmy de Motörhead, Cliff Burton deuxième bassiste de Metallica, Chris Squire de Yes ou encore Roger Glover de Deep Purple et Geddy Lee du trio canadien Rush. Rickenbaker sort notamment une version stéréo (4001 stéréo) qui permet de brancher les deux micros sur deux amplis séparément en offrant ainsi des possibilités de réglages très précis.
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+ Du milieu des années 1970 jusqu'au milieu des années 1980, Rickenbacker produit également la série 3000, basses bas de gamme de conception plus classique (à manche vissé) ne présentant pas les sonorités marquées de la série 4000.
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+ Depuis, cet instrument a évolué et de nombreux modèles se partagent le marché. Quelques marques sont présentes aux côtés de Fender et Gibson, comme Danelectro, ESP Guitars (fabriquant Japonais offrant des basses de style Métal et Gothic à son très grave), Ibanez, Music Man Instruments (la nouvelle marque de Leo Fender, avant qu'il ne crée une nouvelle société de fabrication de basses, G&L Musical Instruments) qui produit la basse StingRay, Bc Rich (offrant plutôt des basses de styles métal), Cort.
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+ En 1971, Alembic, marque de prédilection de Stanley Clarke, a conçu les basses du style « boutique » (en anglais) ou « high end », avec des formes spéciales, en bois taillé et fini à la main, des préamplificateurs et égaliseurs actifs dans l'instrument et des techniques de construction innovatrices, comme l'emploi de manches en bois multi-plis traversant le corps ou de manches en graphite. Alembic et le luthier Ken Smith ont produit leurs premières basses à cinq cordes vers 1975, suivies dix ans plus tard de leurs premiers modèles à six cordes.
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+ On citera par exemple le fabricant français Vigier qui créa des modèles de très bonne facture, légers et souples et souvent équipés de micros Benedetti, dont le manche est presque toujours renforcé avec du graphite ainsi que Warwick dont le look arrondi, le bois apparent et le son agréable firent de nombreux émules. De nombreux luthiers fabriquent des basses artisanalement, comme les Français Christian Noguera et Christophe Leduc.
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+ Ned Steinberger crée une basse « headless », les basses de graphite et le « Trans-Trem tremolo bar ». En 1987, le Guild Guitar Corporation a créé la basse fretless Ashbory, un instrument très petit avec les cordes en caoutchouc-silicone rubber qui reproduisaient le son d'une contrebasse. Lors des années 1980 et 1990, des basses à cinq ou six cordes ont souvent été utilisées pour les styles latin, jazz, funk principalement, et parfois dans le metal.
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+ Cette technique s'apparente à la technique de « buter » de la guitare classique, mais avec une position plus verticale de la main droite, le pouce reposant souvent sur un micro. Elle donne un son velouté et précis dans la puissance des notes. Jaco Pastorius, Cliff Burton ou bien encore Steve Harris donnent un très bon exemple des possibilités qu'offre l'instrument utilisé de cette manière. On joue le plus souvent en alternance de plusieurs doigts (l'index et le majeur, le plus souvent).
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+ Aussi appelé plectre, flat pick, il est généralement en plastique (peut être aussi en bois, en feutre épais, en os, en pierre ou en métal), ce petit triangle sert à frotter les cordes pour davantage d'attaque dans le toucher et dans le son. Bien que peu utilisé par défaut, cette technique est plus souvent utilisée pour le rock, davantage pour le metal, et est presque la règle pour le punk. Elle est emblématique de joueurs comme Paul McCartney, Chris Squire, Gene Simmons ou encore Lemmy de Motorhead.
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+ Cette technique consiste à frapper les cordes graves avec le pouce, et à tirer les cordes aiguës avec l'index ou le majeur. Ces techniques sont utilisées principalement dans le funk, le rock, le jazz rock, la fusion et les musiques expérimentales. Bootsy Collins et Flea en sont quelques références.
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+ Le tapping consiste à taper la corde avec le bout des doigts de la main droite (ou de la main gauche dans le cas d'un gaucher) dans une case pour émettre un son. Cette technique, très répandue pour la guitare électrique, permet un jeu « pianistique » d'une ou deux mains. Parmi les bassistes qui utilisent cette technique on peut citer Stuart Hamm, John Entwistle, Billy Sheehan, John Myung, Victor Wooten, Michael Manring, Roscoe Beck, Patrice Guers, Flea et Les Claypool. Il existe principalement deux techniques de tapping : l'une, lente et plutôt atmosphérique, favorise le jeu en accord et l'utilisation de la totalité des 8 doigts, et sa difficulté réside dans l'écart des doigts et dans la régularité. Le deuxième, surtout utilisée en metal, demande une grande dextérité, et adjoint au tapping de la main droite la technique des Trill à la main gauche (ou encore Pull-Off ou Hammer-On), s'inspirant du guitariste Van Halen. Cette technique se limite souvent à une corde (de préférence la plus aiguë).
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+ Cette technique utilise la basse plus comme un instrument percussif. Le jeu est constitué de figures rythmiques effectués par claqués alternatif des deux mains sur les cordes. Le slap est une forme de step.
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+ Jouer une note avec seulement la main gauche en mettant un doigt. Ex : on fait vibrer la corde case 5 puis on ajoute un doigt case 7 ; cela se note « 5H7 » sur une tablature.
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+ C'est aussi jouer une note avec seulement la main gauche, sauf qu'on enlève un doigt. Ex : on fait vibrer la note case 7 puis on enlève son doigt pour faire sonner la case 5 : cela se note « 7PO5 » ou bien « 7P5 »
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+ Suite de Hammer/Pull-off. Ex : « 6PO5H7 » ou même « 5H7PO6H8 »
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+ Utilisées, notamment, par Jaco Pastorius. Il s'agit de faire sonner une note sans appuyer la corde sur le manche. C'est une note pure. Il suffit juste de poser un doigt de la main gauche (pour les droitiers) sur la corde et la faire sonner avec la main droite. Cela fonctionne plus simplement sur les frettes no 4;5;7;9;12;15;17, etc. Il y a possibilité d'en faire sonner n'importe où sur les cordes, mais ceci requiert une technique bien précise.
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+ En appuyant sur une case il est possible de produire deux notes différentes: la note « pure » et son harmonique. Pour produire cette harmonique tout en appuyant sur la case, il suffit de légèrement effleurer la corde (sans l'étouffer) avec le pouce ou la tranche de la main immédiatement après avoir attaqué la note (voire en même temps). Là où cette technique est la plus efficace est sur les cordes de Ré et Sol en jouant en tiré. Elle est assez difficile à mettre en place, du fait de la grande précision requise.
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+ Dans son livre How The Fender Bass Changed The World, Jim Roberts indique que Bill Wyman, le bassiste des Rolling Stones, a créé une des premières basses fretless en 1961. La première basse fretless produite en masse était l'Ampeg AUB-1 en 1966. Fender a créé une Precision Bass sans frettes en 1970 (chose amusante car Leo Fender avait ainsi nommé la Precision car elle était frettée et donc plus précise que la contrebasse). Le bassiste Jaco Pastorius en était un virtuose dans le style de jazz fusion lors des années 1980 et de nombreux bassistes rock (Sting, Jack Bruce...) l'ont aussi adoptée.
67
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68
+ Enfin c'est le français Patrice Vigier qui met au point la basse fretless à touche Delta Metal, une innovation qui date des années 1980 mais reste en 2011 à la pointe de la recherche en matière de basse[réf. nécessaire].
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70
+ Les bassistes utilisent des amplificateurs du style « combo » (qui rassemblent préamplificateur, amplificateur et un ou plusieurs haut-parleurs dans un même « cabinet ») ou, pour les grandes scènes le plus souvent, des têtes d'ampli (combinant préamplificateur et amplificateur associées à des haut-parleurs dans des cabinets séparés). Selon le son recherché, les technologies d'amplification à lampes ou à transistors sont utilisées.
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+ Les amplificateurs pour basse sont différents des amplificateurs pour guitare car ils ne sont pas conçus pour supporter les mêmes plages de fréquences. Cependant, bien qu'une basse ne puisse pas être amplifiée sur un ampli pour guitare électrique, une guitare électrique peut être amplifiée par un amplificateur pour basse.
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+ Les seuls amplificateurs pouvant servir à la fois pour guitare et basse sont ceux qui sont utilisés avec les synthétiseurs ou les orgues électriques. Cependant leur qualité sonore, avec un instrument à cordes, est inférieure à celle d'un amplificateur spécialisé.
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+ Les bassistes utilisent en général moins d'effets électroniques que les guitaristes électriques. Cependant, certains types d'effets sont couramment utilisés. Beaucoup de bassistes se servent de préamplificateurs ou égaliseurs pour créer leur son. Il existe aussi des effets qui évitent les pics et les chutes de volume sonore, les compresseurs ou limiteurs. Ils sont utilisés sur l'immense majorité des enregistrements en studio ; ils sont aussi utilisés fréquemment par les bassistes qui pratiquent le slap (comme dans la musique funk).
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+ Les bassistes de metal ainsi que des bassistes de rock plus moderne (Christopher Wolstenholme de Muse, Tim Commerford de Rage Against the Machine, Flea des Red Hot Chili Peppers, Les Claypool de Primus) utilisent des saturations (overdrive, distorsion ou encore fuzz). Les bassistes funk utilisent les filtres d'enveloppe (mêlant wah-wah et saturation). Les bassistes qui jouent des solos, comme les musiciens jazz fusion utilisent quelquefois une réverbération, des delays ou bien des chorus. Les bassistes utilisent aussi des octavers (ajoutant au son d'origine son double à l'octave supérieure ou inférieure), pour renforcer leur son.
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+ La guitare est un instrument à cordes pincées. Les cordes sont disposées parallèlement à la table d'harmonie et au manche, généralement coupé de frettes, sur lesquelles on appuie les cordes, d'une main, pour produire des notes différentes. L'autre main pince les cordes, soit avec les ongles et le bout des doigts, soit avec un plectre (ou médiator). La guitare a le plus souvent six cordes.
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+ La guitare est la version européenne la plus courante de la catégorie organologique des luth-boîte à manche. Elle se différencie des instruments similaires (balalaïka, bouzouki, charango, luth, mandoline, oud, théorbe, ukulele) principalement par sa forme, et secondairement par le nombre de cordes et leur accord le plus habituel. Des variantes de guitare sont appelées, régionalement, par des noms particuliers : viola, violão, cavaco et cavaquinho (Brésil) ; tiple et requinto (Amérique latine)…
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+ Le corps creux de la guitare, généralement appelé caisse de résonance, transforme la vibration des cordes en ondes sonores. On fabrique plusieurs types de guitare pouvant différer par leur ambitus et leur timbre tout en partageant la plupart de leurs techniques de jeu. Le coffre est le plus souvent en bois mais peut aussi se fabriquer en métal et, plus récemment de matériau composite matière plastique-fibre de carbone. La guitare électrique, dérivée de la guitare acoustique au cours du XXe siècle, peut se dispenser de corps creux, ce qui en fait, en toute rigueur, un instrument nouveau qui inclut un amplificateur électronique et son haut-parleur, avec des possibilités de variations de timbre largement au-delà de la guitare acoustique, dans toutes ses variantes[a].
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9
+ La guitare, aisément transportable, est un instrument d'accompagnement du chant dans de nombreux genres musicaux populaires. Souvent le chanteur s'accompagne lui-même sur sa guitare. La musique classique européenne a fourni un répertoire pour guitare ; celle-ci est aussi un instrument caractéristique du flamenco où elle accompagne le chant et la danse. Le choro brésilien, la musique mariachi au Mexique l'intègrent dans des ensembles.
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+ Sa popularité, déjà établie aux siècles derniers, s’est accentuée avec la diffusion internationale des musiques américaines au XXe siècle : jazz, blues, country, pop, rock, reggae, soul. La guitare se rencontre dans des interprétations modernes de musiques africaines, latines ou celtiques. Avec le piano, l'harmonica et le violon, c’est un des instruments les plus diffusés au monde.
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13
+ Le mot guitare est attesté sous la forme « quitarre » au XIIIe siècle dans le Roman de la Rose de Jean de Meung. Au siècle suivant on trouve aussi « guitare moresche »[2], emprunté à l'espagnol guitarra morisca. « Le mot espagnol remonte au grec kithara (cf. cithare) peut-être par l'intermédiaire de l'arabe kittàra. Le rapport avec le persan sih tar « trois cordes », nom d'instrument, et des mots apparentés (égyptien, chaldéen), n'est pas clair. Le nombre de cordes variant (sept en Grèce), plusieurs instruments sont désignés par ce nom. L'espagnol médiéval connaît la guitarra latina, proche de notre guitare actuelle, et la moresca à trois cordes proche du luth et de forme ovoïde[3] ».
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15
+ Les luths constituent une catégorie organologique qui se définit par des cordes dont le musicien peut raccourcir la longueur vibrante par appui sur la surface parallèle d'un manche. La tradition musicologique distingue la guitare du luth par sa forme, « le luth ayant poétiquement la forme d’une larme et la guitare des formes féminines[4] ». Les deux instruments ont connu une évolution distincte.
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+ Un bas-relief de l'Égypte ancienne daté de 3703 avant J.C. représente un instrument dont la caisse présente des incurvations similaires à la guitare. Un autre, hittite, retrouvé en Cappadoce et datant de 1000 avant J.C., montre un instrument du même genre, avec un manche muni de touches. Certains musicologues font dériver ces instrument du luth chaldéo-assyrien par le oud que les Maures apportèrent en Espagne au Xe siècle ; d'autres pensent qu'il s'agit d'une création indépendante. La musicologue Kathleen Schlesinger (en) a défendu l'idée que la guitare serait le produit d'une évolution de la cithare romaine, à laquelle on aurait ajouté un manche[5].
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+ Au IXe siècle le psautier de Stuttgart présente comme psaltérion ou cithare un instrument dont la forme allongée et le manche à touche préfigurent la guitare.
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21
+ La forme moderne de la guitare est apparue en Espagne, après différentes évolutions des guitares latines et mauresques, sans doute en passant par la vihuela. Les enluminures d'un manuscrit espagnol du XIIIe siècle représentent la guitare moresque, au corps ovale et à long manche, et la guitare latine, avec le corps incurvé de la guitare actuelle et un manche plus court[6].
22
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23
+ La guiterne, francisation de guitarrina, un diminutif de guitarra, était populaire durant le XIVe siècle. Elle avait un corps plat, le corps et le manche étaient construits d’une même pièce de bois. Elle se jouait avec un plectre et avait habituellement quatre cordes simples. Elle détrône le luth comme instrument de cour au début du XVIe siècle. « Tout notre monde s'est mis à guiterner, le luc [luth] presque mis en oubly » selon Bonaventure Des Périers[7]. Au XVIIe siècle, « ce mot n'est plus du tout en usage », on dit guiterre comme Ronsard au siècle précédent ou plus communément guitâre selon Ménage[8].
24
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25
+ À cette époque l'instrument est souvent représenté en peinture et en gravure. Il a cinq à neuf cordes groupées en trois ou quatre chœurs de deux cordes et une chanterelle pour les notes les plus aigües[9]. Mersenne, contemporain de l'évolution vers cinq rangs de cordes, donnant ce qu'on appelle aujourd'hui guitare baroque, indique que les manches, longs comme la moitié de la corde, ont huit touches, et que l'accord est « ré sol ut mi la ». Il précise la façon commune de jouer de l'instrument, en « battant les accords » avec les doigts soit en montant, soit en descendant, d'après des tablatures plutôt que d'après des partitions[10].
26
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27
+ Le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau témoigne au XVIIIe siècle de l'usage de la guitare comme instrument portatif pour accompagner le chant[11]. Sans doute dans les dernières années du siècle, l'instrument a six cordes simples[12], les trois plus aigües en boyau, les trois plus graves en soie recouverte d'un filet de métal ; Fernando Sor joue d'une guitare à six cordes[13].
28
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29
+ Les frères Escudier écrivent en 1854 : « On ne sait rien de certain sur l'origine de cet instrument. On pense généralement qu'il est aussi ancien que la harpe, et que les Maures l'ont apporté en Espagne, d'où il s'est ensuite répandu au Portugal et en Italie. Du temps de Louis XIV, il était fort à la mode en France ; mais la vogue qu'il eut fut de courte durée, et après avoir brillé d'un éclat tout nouveau, il y a quelques années, sous les doigts d'artistes forts habiles, il est aujourd'hui presque complètement abandonné comme le plus ingrat et le plus monotone des instruments[14] ». En effet, la guitare connut une vogue extraordinaire en Europe du Nord pendant le premier tiers du XIXe siècle, qui fit parler de guitaromanie, avant d'être éclipsée, comme instrument domestique et de salon, par le piano, tandis que son faible volume sonore lui interdisait, en pratique, le concert. La guitare est alors considérée, selon Berlioz, comme « un instrument propre à accompagner la voix et à figurer dans quelques compositions instrumentales peu bruyantes, comme aussi à exécuter seul des morceaux plus ou moins compliqués, dont le charme est réel lorsqu'ils sont rendus par de véritables virtuoses[15] ». Parmi ces interprètes exceptionnels, on cite souvent, en plus de Fernando Sor, Paganini, surtout célèbre pour son violon.
30
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31
+ Le luthier espagnol Antonio de Torres donne à la guitare la forme et les dimensions de la guitare classique actuelle. De nombreuses déclinaisons ont été créées au XXe siècle à partir de cette guitare Torres.
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+ Christian Frederick Martin, un luthier allemand émigré en 1833 aux États-Unis, crée une ligne d'instruments qui, après le retour aux cordes métalliques au début du XXe siècle, est à l'origine des guitares folk. Dans le même pays, la firme fondée par le luthier Orville Gibson adopte la forme convexe du violon, avec un cordier séparé du chevalet.
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+ L'invention de la guitare électrique, vers 1930, donne un nouveau développement à l'usage de l'instrument.
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+ La forme du corps caractérise traditionnellement la guitare, et la différencie des luths. Cette forme type se construit en plusieurs tailles. Les efforts sur la corde étant transmises au corps, leur tirant détermine la construction. Les luthiers ont aussi librement modifié la forme habituelle, pour obtenir des instruments d'un style distinctif, ou mieux adapté à un répertoire, comme le corps à pan coupé permettant un accès plus facile à la touche côté aigu.
38
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39
+ Le corps d'une guitare acoustique, encore appelée guitare sèche, est doté d'une caisse de résonance en bois verni le plus souvent. Il se compose de trois parties principales : la table d'harmonie, les éclisses et le fond.
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+ C'est une partie fondamentale en ce qui concerne l’émission des sons et dont dépend en grande partie la qualité de la guitare acoustique. Pour la guitare électrique au corps le plus souvent plein, la position et la nature des micros et l’amplification jouent un rôle déterminant.
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+ La table d'harmonie est une fine pièce de bois (épicéa, cèdre rouge…) en une ou deux parties, est mise en vibration par les cordes par l'intermédiaire du chevalet, petite pièce de bois à laquelle sont fixées les cordes. Elles y passent sur un sillet lisse (ou légèrement encoché pour « placer » les cordes), contrairement au sillet de tête rainuré. La vibration produite par la table est amplifiée par la caisse de résonance dans son ensemble. La réalisation d'une table de qualité fait partie des compétences essentielles d'un luthier. À ce titre, deux éléments constitutifs méritent d'être détaillés :
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+ Certaines fabrications à bas coût ont une table en contreplaqué plutôt qu'en bois massif. Leurs propriétés sonores sont affaiblies, mais le procédé permet de conserver la stabilité avec une fabrication moins soignée.
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+ Il s'agit de deux fines pièces de bois formant la tranche de la caisse. Parmi les bois utilisés, on trouve entre autres le palissandre et l'acajou. La forme ondulée des éclisses est obtenue à chaud en appliquant le bois sur un cylindre chauffé pour l'amener à la courbure souhaitée.
48
+
49
+ Comme la table, il est obtenu au moyen de deux moitiés symétriques en palissandre ou en acajou ou d'autres bois, souvent reliées au centre par un filet de marqueterie. Le bois utilisé influe sur les sonorités produites, en particulier en fonction de sa dureté et de son élasticité.
50
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+ Alors que les guitares classiques et "folk" ont une table plane et un fond plat ou quasiment plat, d'autres modèles de guitare acoustiques, destinés au Jazz ou au Blues, et développés en particulier aux États-Unis à partir du début du XXe siècle sont réalisées en sculptant des pièces épaisses de bois (épicéa, érable notamment) à la manière des violons. Les anglo-Saxons parlent de guitares Archtop. La table bombée résiste mieux que la table plane à la tension plus élevée des cordes métalliques de tirant élevé utilisées en Jazz. Elle nécessite toutefois l'utilisation d'un barrage, et son galbe se trouve modifié après installation et mise en tension des cordes. Ce phénomène est pris en compte par le luthier lors de la fabrication dans la mesure où la hauteur résultante des cordes (ou action) en sera affectée.
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+ Les guitares à table bombée se distinguent par un son très doux et restituant particulièrement bien les fréquences médium. Elles sont évidemment coûteuses à produire.
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+
55
+ Le corps d'une guitare peut aussi supporter de nombreux autres éléments. Certains ont un but purement esthétique, comme le pickguard, pièce arrondie placée à côté des cordes sur la table, et qui vise à éviter que des mouvements trop amples de plectre ne viennent endommager le vernis de la guitare.
56
+
57
+ D'autres visent à améliorer ou à modifier le son. Les guitares électriques portent ainsi en général des boutons rotatifs (aussi appelés potentiomètres ou « potards ») permettant de gérer le volume et la « tonalité » (proportion de fréquences aiguës et graves), ainsi qu'un sélecteur permettant de sélectionner alternativement l'un ou l'autre des micros. Enfin, certaines guitares électro-acoustiques (voir plus bas) sont équipées d'un préamplificateur qui permet de modifier le son sur la guitare elle-même, et dans certains cas d'aider à l'accordage de l'instrument.
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59
+ Sur certaines guitares, la rosace est remplacée par des épaulettes.
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+ Le guitariste droitier pince les cordes de la main droite et bloque les cordes avec les doigts de sa main gauche.
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+ Les luthiers fabriquent des guitares adaptées aux gauchers qui préfèrent utiliser la main droite sur le manche et pincer les cordes avec la gauche, avec la même disposition des cordes que pour les droitiers. La guitare pour gaucher est l'image en miroir de la guitare pour droitier, tant pour sa forme extérieure si le corps est asymétrique (guitares à pan coupé), que pour sa structure intérieure. Dans une guitare acoustique le barrage de la table d'harmonie, fait de renforts en bois collés à l'intérieur de la caisse, est différent du côté des graves et de celui des aigus, et doit être retourné.
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+ Le manche est une pièce essentielle, puisqu’il sert au guitariste à déterminer quelles notes il va jouer, et de quelle manière (et parfois à les jouer directement, grâce à des techniques comme le legato). Le profil du manche (largeur, épaisseur, courbure) et sa finition sont des éléments critiques pour le confort de jeu du guitariste.
66
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67
+ Le manche a aussi un rôle essentiel dans la sonorité de l'instrument, par l'intermédiaire du bois utilisé (fréquemment l'acajou ou l'érable), et le mode de liaison au corps.
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69
+ Sur une guitare classique, le manche est relié au corps par le talon, pièce de bois collée qui peut adopter des formes différentes suivant les luthiers.
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71
+ Avec les guitares électriques, sont apparus les manches vissés ou rivetés. Leurs avantages résident dans leur facilité de fabrication industrielle, et leur capacité à être démontés, voire réglés. L'impact sur le son est considérable, la transmission des aigus étant facilitée, comparativement au collage, qui a tendance à filtrer les hautes fréquences.
72
+
73
+ Certains fabricants proposent aussi des manches dits « conducteurs » ou « traversants ». Ces derniers traversent le corps et/ou la table d'harmonie qui sont assemblés de part et d'autre. Cette solution favorise le sustain.
74
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75
+ D’autre part, les manches des guitares à cordes métalliques (��lectriques et folk) sont en général équipés d’une barre de réglage métallique ou en carbone (appelée « truss rod » en anglais, ou tige de renfort) traversant le manche, ce qui permet au guitariste de compenser la traction des cordes (plus importante que sur les modèles à cordes en nylon) qui déforme le manche par flexion et d’adapter la forme de son manche à ses préférences personnelles, mais aussi aux différents tirants de cordes.
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+
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+ Il existe aussi des guitares à double manche (popularisées par Jimmy Page) voire à trois manches (Steve Vai)[16]. Ces deux manches montés parallèlement permettent de changer d’accordage pendant un morceau tout en conservant la même guitare, et peuvent même être utilisées en simultané. C’est ainsi que s’en sert par exemple le guitariste polonais Adam Fulara (en), notamment lors de ses interprétations en tapping de Bach à la guitare. Le manche supérieur peut aussi être monté avec douze cordes, ou être celui d'une guitare basse (utilisé notamment par Chris Squire du groupe Yes).
78
+
79
+ La touche, fine planche de bois dur – souvent en ébène, en palissandre ou en érable – fixée sur le manche, ou pouvant être partie intégrante de celui-ci dans le cas d’un manche en érable sans touche rapportée (procédé utilisé notamment par Fender) est la partie sur laquelle le guitariste pose les doigts de sa « main gauche » pour modifier la hauteur des sons produits par les cordes.
80
+ Les différentes notes y sont séparées par des barrettes appelées frettes, posées à intervalle précis qui va s’amenuisant depuis la tête jusqu'au corps. Elles délimitent des « cases » et permettent aux guitaristes de ne pas jouer faux (à moins de se tromper de case). Certains manches sont dotés d'une touche sans frette (« fretless »), ce qui permet de donner une intonation particulière aux notes glissées et l'utilisation du quart de ton. Surtout répandu sur les basses (pour rappeler le son et le toucher de la contrebasse), ce type de touche est aussi utilisée sur des guitares, en particulier pour des musiques n’utilisant pas la gamme tempérée.
81
+
82
+ Le bois utilisé pour la touche présente une double importance. D'une part, il influence la sonorité : par exemple l'ébène produit une attaque plus nette et franche que le palissandre ; d'autre part, même si en pratique les doigts entrent peu en contact avec la touche, les guitaristes expérimentés perçoivent la qualité du contact entre la corde frettée et le bois de la touche.
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+
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+ La touche se prolonge à partir du manche sur la table d’harmonie pour les notes les plus aiguës.
85
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+ Sur les touches, on trouve fréquemment une incrustation nacrée permettant au guitariste de placer facilement ses doigts, sur les troisième, 5e, 7e, puis 9e ou 10e cases et enfin une double incrustation à la 12e case (l'octave). La même séquence d'incrustations se retrouve sur les cases de l'octave supérieure.
87
+
88
+ À partir des années 1990, quelques luthiers ont proposé des repères éclairés au moyen de lampes LED, permettant de pouvoir placer ses doigts dans l'obscurité sans se tromper. Cette solution n'a pas rencontré de succès important, à cause de son utilité limitée (un guitariste expérimenté ne regarde plus son manche), de sa lourdeur technique (pose et entretien), des risques d'altération des propriétés sonores, et de son prix. Afin d'éviter ces inconvénients le luthier suisse Duvoisin a développé des repères de touches lumineux phosphorescents plus pratiques et économiques. Il existe encore des guitares et des basses électriques disposant de ces repères. Une des basses de Chris Wolstenholme en possède et on peut la voir sur des vidéos de concerts de Muse.
89
+
90
+ Située, comme son nom l’indique, à l’extrémité du manche, c’est sur elle que viennent s’attacher les cordes (en nylon ou en métal). Leur tension peut être modifiée pour les accorder à l’aide des mécaniques, un système de vis sans fin actionnées par des clefs, qui entraînent de petits rouleaux sur lesquels s’enroulent les cordes. Celles-ci passent ensuite par le sillet de tête, petite barre généralement en os, en différentes matières plastiques, ou encore en laiton, dans laquelle des encoches guident chaque corde vers le manche au sortir de la tête. Des luthiers proposent de petits roulements individuels pour favoriser le déplacement des cordes[réf. nécessaire] ou au contraire des presses à vis pour bloquer les cordes des guitares électriques à vibrato.
91
+
92
+ Sur les guitares électriques sans tête, dont la firme Steinberger a lancé la mode au milieu des années 1980, l’accord se fait au niveau du cordier. Les cordes ont une boule de blocage à chaque extrémité.
93
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94
+ Le cordage (l'ensemble des cordes) est la partie de la guitare qui détermine les notes : mises en mouvement par le musicien par frottement, par pincement ou par percussion, les cordes vibrent et la guitare produit une onde sonore, d'autant plus aiguë que la corde est fine et tendue, et que la longueur vibrante de la corde est courte.
95
+
96
+ Par convention, la corde la plus grosse, à son grave, appelée « bourdon », se trouve en haut du manche et la plus fine, de son aigu, appelée « chanterelle », en bas, dans une configuration classique de droitier. Cette convention se répercute aussi sur l’appellation des mains : en général, la « main droite » gratte les cordes au-dessus de la caisse, la « main gauche » est celle qui plaque les accords et les notes sur le manche, quelles que soient effectivement les mains qui réalisent ces actions.
97
+
98
+ Il faut choisir le type de corde en fonction de l'instrument et du style de musique. Certaines cordes sont propices au rock, d’autres au blues et au classique.
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100
+ On classe les cordes par leur « tirant », ou « coefficient de souplesse ». En général, plus une corde a un tirant faible, plus elle est souple, mais plus le son produit est faible. Les guitares électriques, dont le son est amplifié artificiellement, ont souvent des tirants très faibles par rapport aux guitares acoustiques. Les tirants plus élevés nécessitent une musculature plus développée et peuvent exiger un certain temps d’adaptation.
101
+
102
+ Le tirant prévu pour les cordes détermine la construction de la guitare. Le changement des cordes d’une guitare pour un jeu d'un tirant différent doit être suivi d’un réglage afin de ne pas déformer, voire casser l’instrument, la tension sur le manche étant d'autant plus forte que le tirant est fort.
103
+
104
+ Les trois ou quatre cordes les plus graves de la guitare sont filées, c'est-à-dire qu'elles sont constituées d'un âme, souple et légère, en soie (de nos jours artificielle) ou en métal, entourée d'une spire de métal. L'âme détermine le tirant de la corde, le filage sa masse linéaire. Les cordes filées sont ainsi lourdes sans être rigides, ce qui leur permet une note grave avec une tension et une longueur comparable aux autres. La sonorité des cordes filées est un peu différente des cordes non filées. Les cordes de guitares basses sont toutes filées.
105
+
106
+ Les cordes métalliques filées se distinguent par le type de fil qui les recouvre : les « filées plat » ont en général un son plus neutre et plus mat que les « filées rond », plus brillantes, et offrent une sensation de jeu différente, très douce pour l'instrumentiste.
107
+
108
+ Il existe plusieurs types de cordes : en boyau (instruments anciens), en nylon, en nickel, en bronze, en cuivre et parfois couvertes en or ou en silicone afin de limiter l’oxydation due à la sueur. Les guitares électriques ont besoin de cordes en alliage métallique magnétique (fer, nickel), essentiel au fonctionnement de leurs micros. Les cordes métalliques sont aussi utilisées pour les guitares acoustiques, elles produisent un son plus fort au prix d'un plus fort tirant, avec une sonorité distinctement différente. Enfin les cordes en silicone sont principalement utilisées sur les guitares non électriques et sont appréciées pour leur confort de jeu, notamment pour la main droite sans médiator.
109
+
110
+ Les cordes possèdent des caractéristiques de souplesse et de résonance différentes selon la matière utilisée. Le choix des cordes est fondamental pour la qualité du son comme pour le plaisir du jeu : les cordes en nylon produisent en effet un son plus chaud (c’est-à-dire privilégiant les fréquences basse médium) que les cordes en métal, lesquelles sont plus sonores et produisent un son plus brillant (privilégiant les fréquences aiguës), et sont moins élastiques, de sorte que la déviation de la corde par le doigt (main gauche) provoque un écart de note plus important. Cet écart est normalement compensé au sillet.
111
+
112
+ La guitare électrique est le plus souvent dépourvue de caisse de résonance, car la vibration des cordes est transformée en son indirectement. Elle est d'abord captée par des micros situés sous les cordes, qui la traduisent en un signal électrique qui sera transformé en son par le haut-parleur d'un amplificateur pour guitare électrique. Son corps est donc simplement constitué d'une pièce de bois assez épaisse, sur laquelle sont fixés chevalet, manche et parfois cordes.
113
+
114
+ Si les guitares électriques sont le plus souvent de type solid body (« corps plein »), de nombreux modèles existent avec des corps « demi-caisses » (semi hollow) ou « caisses » (hollow). Leur table d’harmonie est souvent pourvue d'orifices (les ouïes) rappelant ceux des violons. Ces guitares sont plus légères, et possèdent leur propre « personnalité » sonore. Certains modèles électriques à « demi-caisse », tels que la Gibson ES-335 possèdent une poutre de bois à l'intérieur du corps, dans le prolongement du manche, et sur laquelle est fixée le chevalet.
115
+
116
+ Aujourd'hui, les types de guitare ont tendance à se mélanger (exemple : guitare classique électro-acoustique…). Les instrumentistes utilisent volontiers des modèles de construction classique pour jouer des morceaux jazz, blues ou autre, ces modèles ayant, le plus souvent, un capteur piézoélectrique.
117
+
118
+ Les capteurs « piézoélectriques » sont constitués d'une mince baguette (ou une pastille) de céramique qui génère une différence de potentiel à ses bornes lorsqu'elle est déformée. Le capteur se place entre le chevalet et la table d'harmonie d'une guitare acoustique. Il est relié par un câble aussi court que possible à un préamplificateur (généralement contenu dans l'instrument).
119
+
120
+ À la différence des micros magnétiques, les capteurs piézoélectriques n'imposent pas d'avoir des cordes en acier. Alors qu'une certaine longueur de corde intervient dans le signal du micro électromagnétique, ils captent la vibration de la guitare en un seul point, à l'endroit où la corde la transmet au corps. La contribution de celui-ci au son de la guitare est (partiellement) incorporée au signal électrique[réf. souhaitée].
121
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122
+ Il existe enfin des microphones placés à l'intérieur de la caisse (du type à électret ou dynamique, actifs ou passifs), et qui captent le son de l'intérieur de la guitare par vibration de l'air contenu dans la caisse. On couple souvent ce type de micro (dont l'emplacement est réglable grâce à une tige malléable) à d'autres types, piézoélectrique ou magnétique. Ils apportent une richesse sonore supplémentaire et promettent aux musiciens dont c'est l'idéal, de trouver un son proche de la guitare sans amplification, sans les problèmes associés à un micro sur pied en dehors de l'instrument[réf. souhaitée].
123
+
124
+ La guitare est un instrument fragile, constitué d'éléments dissemblables dans leur composition (bois, métal, colle, nylon) qui supportent des efforts physiques importants. Il suffit de songer à la tension qui s'exerce sur les cordes quand elles vibrent, ou à ce que représente la traction des cordes pour le manche (en accordage standard, la tension de chaque corde représente un poids d'environ cinq à quinze kilogrammes), ou encore les variations de température pour le bois de la caisse, sans compter les risques permanents de choc puisque l'instrument est par essence « nomade ». La guitare idéale est donc une combinaison équilibrée de tous ses composants dans le but d'atteindre une excellence acoustique qu'on espère voir s'améliorer avec le temps. C'est un travail de professionnel qui nécessite des connaissances dans le domaine acoustique et de la physique. Même les guitares produites « à la chaîne » par les grandes marques nécessitent ces connaissances.
125
+
126
+ Voici donc quelques critères à connaître pour apprécier longtemps une guitare :
127
+
128
+ La sonorité de certaines guitares évolue de manière notable dans le temps. Les plus sensibles à ces évolutions sont les guitares acoustiques, composés de bois fins et massifs qui, dans le cas de l'épicéa par exemple, peuvent se développer pendant leurs premières années d'utilisation. Dans ce cas, le son aura tendance à devenir plus flatteur et plus puissant. Ce n'est pas le cas des guitares économiques faites de bois contreplaqués. Les guitares acoustiques sont aussi sensibles aux changements d'hygrométrie et de température.
129
+
130
+ Enfin, il convient d'être attentif à la qualité des équipements, qui est souvent relativement visible, et aura un effet sur la fiabilité de l'instrument.
131
+
132
+ Les guitares à six cordes sont généralement accordées (du grave à l'aigu) avec les notes :
133
+
134
+ Cette combinaison de notes est appelée accordage standard.
135
+
136
+ Du fait de la popularité de la guitare dans les pays anglo-saxons, la notation « anglo-saxonne », qui identifie les notes par des lettres, est fréquemment utilisée à côté de la notation «latine».
137
+
138
+ Si une guitare possède plus ou moins de six cordes, l'accordage sera adapté. Ainsi, sur une guitare douze cordes où chaque corde d'une guitare standard est doublée (chaque couple de cordes étant appelé « chœur »), les quatre chœurs de cordes graves sont accordés à l’octave (une corde accordée normalement, l’autre à l’octave supérieure) et les deux chœurs les plus aigus à l’unisson.
139
+
140
+ Les musiques traditionnelles conservent plusieurs autres accordages, souvent en accord ouvert, autrement nommé « doigté ouvert » ou open tuning, c'est-à-dire tel que les cordes à vide donnent un accord de base majeur ou mineur, par exemple sol : DGDGBD (ré sol ré sol si ré) ou ré : DADF#AD (ré, la, ré, fa dièse, la, ré).
141
+ Un autre intérêt de certains accordages ouverts est que les cordes frottées à vide produisent un accord ; il suffit alors de barrer une case pour obtenir le même accord plus aigu. Les techniques de jeu avec une barre glissant sur les cordes (slide), comme dans la guitare hawaïenne, tirent profit de cet avantage.
142
+
143
+ Les accords modaux sont adaptés à des tonalités et à des répertoires particuliers desquels ils facilitent l'exécution de jeu grâce à de plus petits écarts entre les doigts, la possibilité de faire des barrés partiels, et de jouer des « basses-bourdons ».
144
+
145
+ Exemples :
146
+
147
+ Accord DADGAD :
148
+
149
+ Pour accorder une guitare en accordage standard, il existe plusieurs méthodes : utiliser un accordeur électronique qui reconnaît les fréquences des notes (il est utilisé généralement pour sa facilité d'emploi) ou utiliser une note de référence (souvent le la (A) de la 5e corde) avec un diapason par exemple. Ensuite il suffit d'accorder les autres cordes en fonction de cette première.
150
+ Voici les écarts entre les cordes à vide avec un accordage standard EADGBE :
151
+
152
+ La guitare possède de très nombreuses techniques de jeu, adaptées aux différents types de guitare et aux différents styles de musique interprétés. Les deux principales manières d'utiliser l'instrument consistent à pincer les cordes (soit l'une après l'autre, soit simultanément) ou à les brosser simultanément. La première manière permet de jouer des mélodies, la deuxième est plus utilisée pour produire des accompagnements. Pour pincer les cordes, on utilise les doigts avec ou sans ongles, ou bien un plectre (ou médiator).
153
+
154
+ Les partitions pour guitare sont écrites selon deux grands systèmes de notation. Certains musiciens valorisent l'apprentissage d'oreille et la production d'adaptations personnelles des œuvres entendues, et refusent d'écrire la musique, surtout dans la notation classique[réf. souhaitée].
155
+
156
+ La guitare s'écrit en clé de sol, mais il s'agit d'une clé de sol à l'octave inférieure. On signale cette transposition par un petit « 8 » (octava bassa) en dessous de la clé. La guitare n'est un instrument transpositeur (instrument dont la notation musicale ne correspond pas au son produit) que parce que la clé de sol lui a été assignée. Ce n'aurait pas été le cas si l'on avait utilisé la clé d'ut quatrième ligne ; mais cette clé, moins connue et moins populaire, n'a probablement même pas été envisagée. Cette liberté dans le choix d'une clé fautive était sans grande conséquences du fait que la guitare, étant un instrument de volume assez faible, ne fait pas partie de l'orchestre symphonique et échappe ainsi aux contraintes de notation musicale propres à ce type d'orchestre.
157
+
158
+ La musique classique pour guitare et souvent le jazz utilisent la notation musicale classique.
159
+
160
+ Avantages pour la guitare :
161
+
162
+ Inconvénients :
163
+
164
+ Pour guider le musicien, une partition pour guitare peut être surchargée par des indications de doigté :
165
+
166
+ L'apprentissage du solfège est parfois jugé difficile, tout comme celui de la lecture. L'intérêt de cette compétence se manifeste une fois acquise.
167
+
168
+ Une tablature est constituée de six lignes représentant les six cordes d'une guitare dans la position posée à plat sur les genoux cordes vers le haut. Les notes sont représentées par des numéros placés à même la ligne (la corde) représentant l'espace entre 2 frettes où placer le doigt. Le numéro zéro représente la note de la corde à vide. Le rythme est écrit de différentes façons.
169
+
170
+ Cette notation datant du XVIe siècle et seule utilisée pour la guitare jusqu'au XVIIIe siècle[17] a été abandonnée au début du XIXe siècle. Dans la seconde moitié des années 1960 des musiciens comme Steve Waring, Roger Mason et surtout Marcel Dadi la reprennent. Marcel Dadi publiait systématiquement les tablatures de ses morceaux dans chacun de ses albums.
171
+
172
+ Avantages :
173
+
174
+ Inconvénients :
175
+
176
+ Pour cette raison, beaucoup de tableurs ne cherchent plus à représenter la durée des notes à même la tablature mais préfèrent juxtaposer une portée classique.
177
+
178
+ Les accords de guitare sont utilisés dans la musique d'accompagnement, soit pour donner le rythme par battement (brosser plusieurs cordes simultanément en suivant un rythme), soit pour enrichir la ligne mélodique en jouant des arpèges (pincement régulier et consécutif des cordes).
179
+
180
+ Jouer un accord consiste à jouer simultanément trois notes ou plus. La description d'un accord revient donc à identifier pour les six cordes l'endroit où il faut placer les doigts et les cordes devant rester muettes. Sur une guitare, une même hauteur de note peut être obtenue de différentes manières, un même accord peut donc se réaliser de plusieurs façons (au moins trois ou quatre, au prix parfois de quelques extensions de doigts pouvant être difficiles). La disposition des cordes interdit de jouer certains accords, qui pourraient être exécutés par une section de voix. Un accompagnement pour guitare privilégie donc certaines positions d'accords ce qui donne souvent une couleur typique aux pièces écrites pour guitare.
181
+
182
+ Il existe un système de notation des accords, dérivé des tablatures, appelé diagramme, dans lequel les frettes sont représentées par des barres verticales ; il n'y a pas d'indication de rythme. Imprécise, cette notation, qui ne peut servir que pour l'accompagnement, a l'avantage de ne demander aucune connaissance musicale théorique, d'être facile à transcrire et de laisser une grande liberté d'interprétation. Il faut avoir entendu la mélodie et s'en souvenir. Dans les recueils de chansons, le nom des accords vient au-dessus du texte, donnant une indication de la durée.
183
+
184
+ La plupart des guitaristes jouent sur plusieurs types de guitare. Notamment les frontières entre « folk » et « électrique » sont poreuses : la touche est la même, et le guitariste choisit sa guitare en fonction du son qu'il veut rendre.
185
+
186
+ Voir Catégorie:Guitariste classique, Catégorie:Guitariste de jazz; Catégorie:Guitariste de flamenco, Guitariste de blues et Guitariste de rock.
187
+
188
+ En ce qui concerne la guitare classique, baroque ou romantique en Europe, les principaux artisans luthiers sont :
189
+
190
+ Cette liste n'est qu'un aperçu de la richesse instrumentale du patrimoine "guitare" en Europe.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2345.html.txt ADDED
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+ La guitare est un instrument à cordes pincées. Les cordes sont disposées parallèlement à la table d'harmonie et au manche, généralement coupé de frettes, sur lesquelles on appuie les cordes, d'une main, pour produire des notes différentes. L'autre main pince les cordes, soit avec les ongles et le bout des doigts, soit avec un plectre (ou médiator). La guitare a le plus souvent six cordes.
4
+
5
+ La guitare est la version européenne la plus courante de la catégorie organologique des luth-boîte à manche. Elle se différencie des instruments similaires (balalaïka, bouzouki, charango, luth, mandoline, oud, théorbe, ukulele) principalement par sa forme, et secondairement par le nombre de cordes et leur accord le plus habituel. Des variantes de guitare sont appelées, régionalement, par des noms particuliers : viola, violão, cavaco et cavaquinho (Brésil) ; tiple et requinto (Amérique latine)…
6
+
7
+ Le corps creux de la guitare, généralement appelé caisse de résonance, transforme la vibration des cordes en ondes sonores. On fabrique plusieurs types de guitare pouvant différer par leur ambitus et leur timbre tout en partageant la plupart de leurs techniques de jeu. Le coffre est le plus souvent en bois mais peut aussi se fabriquer en métal et, plus récemment de matériau composite matière plastique-fibre de carbone. La guitare électrique, dérivée de la guitare acoustique au cours du XXe siècle, peut se dispenser de corps creux, ce qui en fait, en toute rigueur, un instrument nouveau qui inclut un amplificateur électronique et son haut-parleur, avec des possibilités de variations de timbre largement au-delà de la guitare acoustique, dans toutes ses variantes[a].
8
+
9
+ La guitare, aisément transportable, est un instrument d'accompagnement du chant dans de nombreux genres musicaux populaires. Souvent le chanteur s'accompagne lui-même sur sa guitare. La musique classique européenne a fourni un répertoire pour guitare ; celle-ci est aussi un instrument caractéristique du flamenco où elle accompagne le chant et la danse. Le choro brésilien, la musique mariachi au Mexique l'intègrent dans des ensembles.
10
+
11
+ Sa popularité, déjà établie aux siècles derniers, s’est accentuée avec la diffusion internationale des musiques américaines au XXe siècle : jazz, blues, country, pop, rock, reggae, soul. La guitare se rencontre dans des interprétations modernes de musiques africaines, latines ou celtiques. Avec le piano, l'harmonica et le violon, c’est un des instruments les plus diffusés au monde.
12
+
13
+ Le mot guitare est attesté sous la forme « quitarre » au XIIIe siècle dans le Roman de la Rose de Jean de Meung. Au siècle suivant on trouve aussi « guitare moresche »[2], emprunté à l'espagnol guitarra morisca. « Le mot espagnol remonte au grec kithara (cf. cithare) peut-être par l'intermédiaire de l'arabe kittàra. Le rapport avec le persan sih tar « trois cordes », nom d'instrument, et des mots apparentés (égyptien, chaldéen), n'est pas clair. Le nombre de cordes variant (sept en Grèce), plusieurs instruments sont désignés par ce nom. L'espagnol médiéval connaît la guitarra latina, proche de notre guitare actuelle, et la moresca à trois cordes proche du luth et de forme ovoïde[3] ».
14
+
15
+ Les luths constituent une catégorie organologique qui se définit par des cordes dont le musicien peut raccourcir la longueur vibrante par appui sur la surface parallèle d'un manche. La tradition musicologique distingue la guitare du luth par sa forme, « le luth ayant poétiquement la forme d’une larme et la guitare des formes féminines[4] ». Les deux instruments ont connu une évolution distincte.
16
+
17
+ Un bas-relief de l'Égypte ancienne daté de 3703 avant J.C. représente un instrument dont la caisse présente des incurvations similaires à la guitare. Un autre, hittite, retrouvé en Cappadoce et datant de 1000 avant J.C., montre un instrument du même genre, avec un manche muni de touches. Certains musicologues font dériver ces instrument du luth chaldéo-assyrien par le oud que les Maures apportèrent en Espagne au Xe siècle ; d'autres pensent qu'il s'agit d'une création indépendante. La musicologue Kathleen Schlesinger (en) a défendu l'idée que la guitare serait le produit d'une évolution de la cithare romaine, à laquelle on aurait ajouté un manche[5].
18
+
19
+ Au IXe siècle le psautier de Stuttgart présente comme psaltérion ou cithare un instrument dont la forme allongée et le manche à touche préfigurent la guitare.
20
+
21
+ La forme moderne de la guitare est apparue en Espagne, après différentes évolutions des guitares latines et mauresques, sans doute en passant par la vihuela. Les enluminures d'un manuscrit espagnol du XIIIe siècle représentent la guitare moresque, au corps ovale et à long manche, et la guitare latine, avec le corps incurvé de la guitare actuelle et un manche plus court[6].
22
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23
+ La guiterne, francisation de guitarrina, un diminutif de guitarra, était populaire durant le XIVe siècle. Elle avait un corps plat, le corps et le manche étaient construits d’une même pièce de bois. Elle se jouait avec un plectre et avait habituellement quatre cordes simples. Elle détrône le luth comme instrument de cour au début du XVIe siècle. « Tout notre monde s'est mis à guiterner, le luc [luth] presque mis en oubly » selon Bonaventure Des Périers[7]. Au XVIIe siècle, « ce mot n'est plus du tout en usage », on dit guiterre comme Ronsard au siècle précédent ou plus communément guitâre selon Ménage[8].
24
+
25
+ À cette époque l'instrument est souvent représenté en peinture et en gravure. Il a cinq à neuf cordes groupées en trois ou quatre chœurs de deux cordes et une chanterelle pour les notes les plus aigües[9]. Mersenne, contemporain de l'évolution vers cinq rangs de cordes, donnant ce qu'on appelle aujourd'hui guitare baroque, indique que les manches, longs comme la moitié de la corde, ont huit touches, et que l'accord est « ré sol ut mi la ». Il précise la façon commune de jouer de l'instrument, en « battant les accords » avec les doigts soit en montant, soit en descendant, d'après des tablatures plutôt que d'après des partitions[10].
26
+
27
+ Le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau témoigne au XVIIIe siècle de l'usage de la guitare comme instrument portatif pour accompagner le chant[11]. Sans doute dans les dernières années du siècle, l'instrument a six cordes simples[12], les trois plus aigües en boyau, les trois plus graves en soie recouverte d'un filet de métal ; Fernando Sor joue d'une guitare à six cordes[13].
28
+
29
+ Les frères Escudier écrivent en 1854 : « On ne sait rien de certain sur l'origine de cet instrument. On pense généralement qu'il est aussi ancien que la harpe, et que les Maures l'ont apporté en Espagne, d'où il s'est ensuite répandu au Portugal et en Italie. Du temps de Louis XIV, il était fort à la mode en France ; mais la vogue qu'il eut fut de courte durée, et après avoir brillé d'un éclat tout nouveau, il y a quelques années, sous les doigts d'artistes forts habiles, il est aujourd'hui presque complètement abandonné comme le plus ingrat et le plus monotone des instruments[14] ». En effet, la guitare connut une vogue extraordinaire en Europe du Nord pendant le premier tiers du XIXe siècle, qui fit parler de guitaromanie, avant d'être éclipsée, comme instrument domestique et de salon, par le piano, tandis que son faible volume sonore lui interdisait, en pratique, le concert. La guitare est alors considérée, selon Berlioz, comme « un instrument propre à accompagner la voix et à figurer dans quelques compositions instrumentales peu bruyantes, comme aussi à exécuter seul des morceaux plus ou moins compliqués, dont le charme est réel lorsqu'ils sont rendus par de véritables virtuoses[15] ». Parmi ces interprètes exceptionnels, on cite souvent, en plus de Fernando Sor, Paganini, surtout célèbre pour son violon.
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31
+ Le luthier espagnol Antonio de Torres donne à la guitare la forme et les dimensions de la guitare classique actuelle. De nombreuses déclinaisons ont été créées au XXe siècle à partir de cette guitare Torres.
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+ Christian Frederick Martin, un luthier allemand émigré en 1833 aux États-Unis, crée une ligne d'instruments qui, après le retour aux cordes métalliques au début du XXe siècle, est à l'origine des guitares folk. Dans le même pays, la firme fondée par le luthier Orville Gibson adopte la forme convexe du violon, avec un cordier séparé du chevalet.
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+ L'invention de la guitare électrique, vers 1930, donne un nouveau développement à l'usage de l'instrument.
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+ La forme du corps caractérise traditionnellement la guitare, et la différencie des luths. Cette forme type se construit en plusieurs tailles. Les efforts sur la corde étant transmises au corps, leur tirant détermine la construction. Les luthiers ont aussi librement modifié la forme habituelle, pour obtenir des instruments d'un style distinctif, ou mieux adapté à un répertoire, comme le corps à pan coupé permettant un accès plus facile à la touche côté aigu.
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+
39
+ Le corps d'une guitare acoustique, encore appelée guitare sèche, est doté d'une caisse de résonance en bois verni le plus souvent. Il se compose de trois parties principales : la table d'harmonie, les éclisses et le fond.
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+
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+ C'est une partie fondamentale en ce qui concerne l’émission des sons et dont dépend en grande partie la qualité de la guitare acoustique. Pour la guitare électrique au corps le plus souvent plein, la position et la nature des micros et l’amplification jouent un rôle déterminant.
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+
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+ La table d'harmonie est une fine pièce de bois (épicéa, cèdre rouge…) en une ou deux parties, est mise en vibration par les cordes par l'intermédiaire du chevalet, petite pièce de bois à laquelle sont fixées les cordes. Elles y passent sur un sillet lisse (ou légèrement encoché pour « placer » les cordes), contrairement au sillet de tête rainuré. La vibration produite par la table est amplifiée par la caisse de résonance dans son ensemble. La réalisation d'une table de qualité fait partie des compétences essentielles d'un luthier. À ce titre, deux éléments constitutifs méritent d'être détaillés :
44
+
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+ Certaines fabrications à bas coût ont une table en contreplaqué plutôt qu'en bois massif. Leurs propriétés sonores sont affaiblies, mais le procédé permet de conserver la stabilité avec une fabrication moins soignée.
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+
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+ Il s'agit de deux fines pièces de bois formant la tranche de la caisse. Parmi les bois utilisés, on trouve entre autres le palissandre et l'acajou. La forme ondulée des éclisses est obtenue à chaud en appliquant le bois sur un cylindre chauffé pour l'amener à la courbure souhaitée.
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+
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+ Comme la table, il est obtenu au moyen de deux moitiés symétriques en palissandre ou en acajou ou d'autres bois, souvent reliées au centre par un filet de marqueterie. Le bois utilisé influe sur les sonorités produites, en particulier en fonction de sa dureté et de son élasticité.
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+
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+ Alors que les guitares classiques et "folk" ont une table plane et un fond plat ou quasiment plat, d'autres modèles de guitare acoustiques, destinés au Jazz ou au Blues, et développés en particulier aux États-Unis à partir du début du XXe siècle sont réalisées en sculptant des pièces épaisses de bois (épicéa, érable notamment) à la manière des violons. Les anglo-Saxons parlent de guitares Archtop. La table bombée résiste mieux que la table plane à la tension plus élevée des cordes métalliques de tirant élevé utilisées en Jazz. Elle nécessite toutefois l'utilisation d'un barrage, et son galbe se trouve modifié après installation et mise en tension des cordes. Ce phénomène est pris en compte par le luthier lors de la fabrication dans la mesure où la hauteur résultante des cordes (ou action) en sera affectée.
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+ Les guitares à table bombée se distinguent par un son très doux et restituant particulièrement bien les fréquences médium. Elles sont évidemment coûteuses à produire.
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+
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+ Le corps d'une guitare peut aussi supporter de nombreux autres éléments. Certains ont un but purement esthétique, comme le pickguard, pièce arrondie placée à côté des cordes sur la table, et qui vise à éviter que des mouvements trop amples de plectre ne viennent endommager le vernis de la guitare.
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+
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+ D'autres visent à améliorer ou à modifier le son. Les guitares électriques portent ainsi en général des boutons rotatifs (aussi appelés potentiomètres ou « potards ») permettant de gérer le volume et la « tonalité » (proportion de fréquences aiguës et graves), ainsi qu'un sélecteur permettant de sélectionner alternativement l'un ou l'autre des micros. Enfin, certaines guitares électro-acoustiques (voir plus bas) sont équipées d'un préamplificateur qui permet de modifier le son sur la guitare elle-même, et dans certains cas d'aider à l'accordage de l'instrument.
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+
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+ Sur certaines guitares, la rosace est remplacée par des épaulettes.
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+
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+ Le guitariste droitier pince les cordes de la main droite et bloque les cordes avec les doigts de sa main gauche.
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+ Les luthiers fabriquent des guitares adaptées aux gauchers qui préfèrent utiliser la main droite sur le manche et pincer les cordes avec la gauche, avec la même disposition des cordes que pour les droitiers. La guitare pour gaucher est l'image en miroir de la guitare pour droitier, tant pour sa forme extérieure si le corps est asymétrique (guitares à pan coupé), que pour sa structure intérieure. Dans une guitare acoustique le barrage de la table d'harmonie, fait de renforts en bois collés à l'intérieur de la caisse, est différent du côté des graves et de celui des aigus, et doit être retourné.
64
+
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+ Le manche est une pièce essentielle, puisqu’il sert au guitariste à déterminer quelles notes il va jouer, et de quelle manière (et parfois à les jouer directement, grâce à des techniques comme le legato). Le profil du manche (largeur, épaisseur, courbure) et sa finition sont des éléments critiques pour le confort de jeu du guitariste.
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+
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+ Le manche a aussi un rôle essentiel dans la sonorité de l'instrument, par l'intermédiaire du bois utilisé (fréquemment l'acajou ou l'érable), et le mode de liaison au corps.
68
+
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+ Sur une guitare classique, le manche est relié au corps par le talon, pièce de bois collée qui peut adopter des formes différentes suivant les luthiers.
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+
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+ Avec les guitares électriques, sont apparus les manches vissés ou rivetés. Leurs avantages résident dans leur facilité de fabrication industrielle, et leur capacité à être démontés, voire réglés. L'impact sur le son est considérable, la transmission des aigus étant facilitée, comparativement au collage, qui a tendance à filtrer les hautes fréquences.
72
+
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+ Certains fabricants proposent aussi des manches dits « conducteurs » ou « traversants ». Ces derniers traversent le corps et/ou la table d'harmonie qui sont assemblés de part et d'autre. Cette solution favorise le sustain.
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+
75
+ D’autre part, les manches des guitares à cordes métalliques (��lectriques et folk) sont en général équipés d’une barre de réglage métallique ou en carbone (appelée « truss rod » en anglais, ou tige de renfort) traversant le manche, ce qui permet au guitariste de compenser la traction des cordes (plus importante que sur les modèles à cordes en nylon) qui déforme le manche par flexion et d’adapter la forme de son manche à ses préférences personnelles, mais aussi aux différents tirants de cordes.
76
+
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+ Il existe aussi des guitares à double manche (popularisées par Jimmy Page) voire à trois manches (Steve Vai)[16]. Ces deux manches montés parallèlement permettent de changer d’accordage pendant un morceau tout en conservant la même guitare, et peuvent même être utilisées en simultané. C’est ainsi que s’en sert par exemple le guitariste polonais Adam Fulara (en), notamment lors de ses interprétations en tapping de Bach à la guitare. Le manche supérieur peut aussi être monté avec douze cordes, ou être celui d'une guitare basse (utilisé notamment par Chris Squire du groupe Yes).
78
+
79
+ La touche, fine planche de bois dur – souvent en ébène, en palissandre ou en érable – fixée sur le manche, ou pouvant être partie intégrante de celui-ci dans le cas d’un manche en érable sans touche rapportée (procédé utilisé notamment par Fender) est la partie sur laquelle le guitariste pose les doigts de sa « main gauche » pour modifier la hauteur des sons produits par les cordes.
80
+ Les différentes notes y sont séparées par des barrettes appelées frettes, posées à intervalle précis qui va s’amenuisant depuis la tête jusqu'au corps. Elles délimitent des « cases » et permettent aux guitaristes de ne pas jouer faux (à moins de se tromper de case). Certains manches sont dotés d'une touche sans frette (« fretless »), ce qui permet de donner une intonation particulière aux notes glissées et l'utilisation du quart de ton. Surtout répandu sur les basses (pour rappeler le son et le toucher de la contrebasse), ce type de touche est aussi utilisée sur des guitares, en particulier pour des musiques n’utilisant pas la gamme tempérée.
81
+
82
+ Le bois utilisé pour la touche présente une double importance. D'une part, il influence la sonorité : par exemple l'ébène produit une attaque plus nette et franche que le palissandre ; d'autre part, même si en pratique les doigts entrent peu en contact avec la touche, les guitaristes expérimentés perçoivent la qualité du contact entre la corde frettée et le bois de la touche.
83
+
84
+ La touche se prolonge à partir du manche sur la table d’harmonie pour les notes les plus aiguës.
85
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+ Sur les touches, on trouve fréquemment une incrustation nacrée permettant au guitariste de placer facilement ses doigts, sur les troisième, 5e, 7e, puis 9e ou 10e cases et enfin une double incrustation à la 12e case (l'octave). La même séquence d'incrustations se retrouve sur les cases de l'octave supérieure.
87
+
88
+ À partir des années 1990, quelques luthiers ont proposé des repères éclairés au moyen de lampes LED, permettant de pouvoir placer ses doigts dans l'obscurité sans se tromper. Cette solution n'a pas rencontré de succès important, à cause de son utilité limitée (un guitariste expérimenté ne regarde plus son manche), de sa lourdeur technique (pose et entretien), des risques d'altération des propriétés sonores, et de son prix. Afin d'éviter ces inconvénients le luthier suisse Duvoisin a développé des repères de touches lumineux phosphorescents plus pratiques et économiques. Il existe encore des guitares et des basses électriques disposant de ces repères. Une des basses de Chris Wolstenholme en possède et on peut la voir sur des vidéos de concerts de Muse.
89
+
90
+ Située, comme son nom l’indique, à l’extrémité du manche, c’est sur elle que viennent s’attacher les cordes (en nylon ou en métal). Leur tension peut être modifiée pour les accorder à l’aide des mécaniques, un système de vis sans fin actionnées par des clefs, qui entraînent de petits rouleaux sur lesquels s’enroulent les cordes. Celles-ci passent ensuite par le sillet de tête, petite barre généralement en os, en différentes matières plastiques, ou encore en laiton, dans laquelle des encoches guident chaque corde vers le manche au sortir de la tête. Des luthiers proposent de petits roulements individuels pour favoriser le déplacement des cordes[réf. nécessaire] ou au contraire des presses à vis pour bloquer les cordes des guitares électriques à vibrato.
91
+
92
+ Sur les guitares électriques sans tête, dont la firme Steinberger a lancé la mode au milieu des années 1980, l’accord se fait au niveau du cordier. Les cordes ont une boule de blocage à chaque extrémité.
93
+
94
+ Le cordage (l'ensemble des cordes) est la partie de la guitare qui détermine les notes : mises en mouvement par le musicien par frottement, par pincement ou par percussion, les cordes vibrent et la guitare produit une onde sonore, d'autant plus aiguë que la corde est fine et tendue, et que la longueur vibrante de la corde est courte.
95
+
96
+ Par convention, la corde la plus grosse, à son grave, appelée « bourdon », se trouve en haut du manche et la plus fine, de son aigu, appelée « chanterelle », en bas, dans une configuration classique de droitier. Cette convention se répercute aussi sur l’appellation des mains : en général, la « main droite » gratte les cordes au-dessus de la caisse, la « main gauche » est celle qui plaque les accords et les notes sur le manche, quelles que soient effectivement les mains qui réalisent ces actions.
97
+
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+ Il faut choisir le type de corde en fonction de l'instrument et du style de musique. Certaines cordes sont propices au rock, d’autres au blues et au classique.
99
+
100
+ On classe les cordes par leur « tirant », ou « coefficient de souplesse ». En général, plus une corde a un tirant faible, plus elle est souple, mais plus le son produit est faible. Les guitares électriques, dont le son est amplifié artificiellement, ont souvent des tirants très faibles par rapport aux guitares acoustiques. Les tirants plus élevés nécessitent une musculature plus développée et peuvent exiger un certain temps d’adaptation.
101
+
102
+ Le tirant prévu pour les cordes détermine la construction de la guitare. Le changement des cordes d’une guitare pour un jeu d'un tirant différent doit être suivi d’un réglage afin de ne pas déformer, voire casser l’instrument, la tension sur le manche étant d'autant plus forte que le tirant est fort.
103
+
104
+ Les trois ou quatre cordes les plus graves de la guitare sont filées, c'est-à-dire qu'elles sont constituées d'un âme, souple et légère, en soie (de nos jours artificielle) ou en métal, entourée d'une spire de métal. L'âme détermine le tirant de la corde, le filage sa masse linéaire. Les cordes filées sont ainsi lourdes sans être rigides, ce qui leur permet une note grave avec une tension et une longueur comparable aux autres. La sonorité des cordes filées est un peu différente des cordes non filées. Les cordes de guitares basses sont toutes filées.
105
+
106
+ Les cordes métalliques filées se distinguent par le type de fil qui les recouvre : les « filées plat » ont en général un son plus neutre et plus mat que les « filées rond », plus brillantes, et offrent une sensation de jeu différente, très douce pour l'instrumentiste.
107
+
108
+ Il existe plusieurs types de cordes : en boyau (instruments anciens), en nylon, en nickel, en bronze, en cuivre et parfois couvertes en or ou en silicone afin de limiter l’oxydation due à la sueur. Les guitares électriques ont besoin de cordes en alliage métallique magnétique (fer, nickel), essentiel au fonctionnement de leurs micros. Les cordes métalliques sont aussi utilisées pour les guitares acoustiques, elles produisent un son plus fort au prix d'un plus fort tirant, avec une sonorité distinctement différente. Enfin les cordes en silicone sont principalement utilisées sur les guitares non électriques et sont appréciées pour leur confort de jeu, notamment pour la main droite sans médiator.
109
+
110
+ Les cordes possèdent des caractéristiques de souplesse et de résonance différentes selon la matière utilisée. Le choix des cordes est fondamental pour la qualité du son comme pour le plaisir du jeu : les cordes en nylon produisent en effet un son plus chaud (c’est-à-dire privilégiant les fréquences basse médium) que les cordes en métal, lesquelles sont plus sonores et produisent un son plus brillant (privilégiant les fréquences aiguës), et sont moins élastiques, de sorte que la déviation de la corde par le doigt (main gauche) provoque un écart de note plus important. Cet écart est normalement compensé au sillet.
111
+
112
+ La guitare électrique est le plus souvent dépourvue de caisse de résonance, car la vibration des cordes est transformée en son indirectement. Elle est d'abord captée par des micros situés sous les cordes, qui la traduisent en un signal électrique qui sera transformé en son par le haut-parleur d'un amplificateur pour guitare électrique. Son corps est donc simplement constitué d'une pièce de bois assez épaisse, sur laquelle sont fixés chevalet, manche et parfois cordes.
113
+
114
+ Si les guitares électriques sont le plus souvent de type solid body (« corps plein »), de nombreux modèles existent avec des corps « demi-caisses » (semi hollow) ou « caisses » (hollow). Leur table d’harmonie est souvent pourvue d'orifices (les ouïes) rappelant ceux des violons. Ces guitares sont plus légères, et possèdent leur propre « personnalité » sonore. Certains modèles électriques à « demi-caisse », tels que la Gibson ES-335 possèdent une poutre de bois à l'intérieur du corps, dans le prolongement du manche, et sur laquelle est fixée le chevalet.
115
+
116
+ Aujourd'hui, les types de guitare ont tendance à se mélanger (exemple : guitare classique électro-acoustique…). Les instrumentistes utilisent volontiers des modèles de construction classique pour jouer des morceaux jazz, blues ou autre, ces modèles ayant, le plus souvent, un capteur piézoélectrique.
117
+
118
+ Les capteurs « piézoélectriques » sont constitués d'une mince baguette (ou une pastille) de céramique qui génère une différence de potentiel à ses bornes lorsqu'elle est déformée. Le capteur se place entre le chevalet et la table d'harmonie d'une guitare acoustique. Il est relié par un câble aussi court que possible à un préamplificateur (généralement contenu dans l'instrument).
119
+
120
+ À la différence des micros magnétiques, les capteurs piézoélectriques n'imposent pas d'avoir des cordes en acier. Alors qu'une certaine longueur de corde intervient dans le signal du micro électromagnétique, ils captent la vibration de la guitare en un seul point, à l'endroit où la corde la transmet au corps. La contribution de celui-ci au son de la guitare est (partiellement) incorporée au signal électrique[réf. souhaitée].
121
+
122
+ Il existe enfin des microphones placés à l'intérieur de la caisse (du type à électret ou dynamique, actifs ou passifs), et qui captent le son de l'intérieur de la guitare par vibration de l'air contenu dans la caisse. On couple souvent ce type de micro (dont l'emplacement est réglable grâce à une tige malléable) à d'autres types, piézoélectrique ou magnétique. Ils apportent une richesse sonore supplémentaire et promettent aux musiciens dont c'est l'idéal, de trouver un son proche de la guitare sans amplification, sans les problèmes associés à un micro sur pied en dehors de l'instrument[réf. souhaitée].
123
+
124
+ La guitare est un instrument fragile, constitué d'éléments dissemblables dans leur composition (bois, métal, colle, nylon) qui supportent des efforts physiques importants. Il suffit de songer à la tension qui s'exerce sur les cordes quand elles vibrent, ou à ce que représente la traction des cordes pour le manche (en accordage standard, la tension de chaque corde représente un poids d'environ cinq à quinze kilogrammes), ou encore les variations de température pour le bois de la caisse, sans compter les risques permanents de choc puisque l'instrument est par essence « nomade ». La guitare idéale est donc une combinaison équilibrée de tous ses composants dans le but d'atteindre une excellence acoustique qu'on espère voir s'améliorer avec le temps. C'est un travail de professionnel qui nécessite des connaissances dans le domaine acoustique et de la physique. Même les guitares produites « à la chaîne » par les grandes marques nécessitent ces connaissances.
125
+
126
+ Voici donc quelques critères à connaître pour apprécier longtemps une guitare :
127
+
128
+ La sonorité de certaines guitares évolue de manière notable dans le temps. Les plus sensibles à ces évolutions sont les guitares acoustiques, composés de bois fins et massifs qui, dans le cas de l'épicéa par exemple, peuvent se développer pendant leurs premières années d'utilisation. Dans ce cas, le son aura tendance à devenir plus flatteur et plus puissant. Ce n'est pas le cas des guitares économiques faites de bois contreplaqués. Les guitares acoustiques sont aussi sensibles aux changements d'hygrométrie et de température.
129
+
130
+ Enfin, il convient d'être attentif à la qualité des équipements, qui est souvent relativement visible, et aura un effet sur la fiabilité de l'instrument.
131
+
132
+ Les guitares à six cordes sont généralement accordées (du grave à l'aigu) avec les notes :
133
+
134
+ Cette combinaison de notes est appelée accordage standard.
135
+
136
+ Du fait de la popularité de la guitare dans les pays anglo-saxons, la notation « anglo-saxonne », qui identifie les notes par des lettres, est fréquemment utilisée à côté de la notation «latine».
137
+
138
+ Si une guitare possède plus ou moins de six cordes, l'accordage sera adapté. Ainsi, sur une guitare douze cordes où chaque corde d'une guitare standard est doublée (chaque couple de cordes étant appelé « chœur »), les quatre chœurs de cordes graves sont accordés à l’octave (une corde accordée normalement, l’autre à l’octave supérieure) et les deux chœurs les plus aigus à l’unisson.
139
+
140
+ Les musiques traditionnelles conservent plusieurs autres accordages, souvent en accord ouvert, autrement nommé « doigté ouvert » ou open tuning, c'est-à-dire tel que les cordes à vide donnent un accord de base majeur ou mineur, par exemple sol : DGDGBD (ré sol ré sol si ré) ou ré : DADF#AD (ré, la, ré, fa dièse, la, ré).
141
+ Un autre intérêt de certains accordages ouverts est que les cordes frottées à vide produisent un accord ; il suffit alors de barrer une case pour obtenir le même accord plus aigu. Les techniques de jeu avec une barre glissant sur les cordes (slide), comme dans la guitare hawaïenne, tirent profit de cet avantage.
142
+
143
+ Les accords modaux sont adaptés à des tonalités et à des répertoires particuliers desquels ils facilitent l'exécution de jeu grâce à de plus petits écarts entre les doigts, la possibilité de faire des barrés partiels, et de jouer des « basses-bourdons ».
144
+
145
+ Exemples :
146
+
147
+ Accord DADGAD :
148
+
149
+ Pour accorder une guitare en accordage standard, il existe plusieurs méthodes : utiliser un accordeur électronique qui reconnaît les fréquences des notes (il est utilisé généralement pour sa facilité d'emploi) ou utiliser une note de référence (souvent le la (A) de la 5e corde) avec un diapason par exemple. Ensuite il suffit d'accorder les autres cordes en fonction de cette première.
150
+ Voici les écarts entre les cordes à vide avec un accordage standard EADGBE :
151
+
152
+ La guitare possède de très nombreuses techniques de jeu, adaptées aux différents types de guitare et aux différents styles de musique interprétés. Les deux principales manières d'utiliser l'instrument consistent à pincer les cordes (soit l'une après l'autre, soit simultanément) ou à les brosser simultanément. La première manière permet de jouer des mélodies, la deuxième est plus utilisée pour produire des accompagnements. Pour pincer les cordes, on utilise les doigts avec ou sans ongles, ou bien un plectre (ou médiator).
153
+
154
+ Les partitions pour guitare sont écrites selon deux grands systèmes de notation. Certains musiciens valorisent l'apprentissage d'oreille et la production d'adaptations personnelles des œuvres entendues, et refusent d'écrire la musique, surtout dans la notation classique[réf. souhaitée].
155
+
156
+ La guitare s'écrit en clé de sol, mais il s'agit d'une clé de sol à l'octave inférieure. On signale cette transposition par un petit « 8 » (octava bassa) en dessous de la clé. La guitare n'est un instrument transpositeur (instrument dont la notation musicale ne correspond pas au son produit) que parce que la clé de sol lui a été assignée. Ce n'aurait pas été le cas si l'on avait utilisé la clé d'ut quatrième ligne ; mais cette clé, moins connue et moins populaire, n'a probablement même pas été envisagée. Cette liberté dans le choix d'une clé fautive était sans grande conséquences du fait que la guitare, étant un instrument de volume assez faible, ne fait pas partie de l'orchestre symphonique et échappe ainsi aux contraintes de notation musicale propres à ce type d'orchestre.
157
+
158
+ La musique classique pour guitare et souvent le jazz utilisent la notation musicale classique.
159
+
160
+ Avantages pour la guitare :
161
+
162
+ Inconvénients :
163
+
164
+ Pour guider le musicien, une partition pour guitare peut être surchargée par des indications de doigté :
165
+
166
+ L'apprentissage du solfège est parfois jugé difficile, tout comme celui de la lecture. L'intérêt de cette compétence se manifeste une fois acquise.
167
+
168
+ Une tablature est constituée de six lignes représentant les six cordes d'une guitare dans la position posée à plat sur les genoux cordes vers le haut. Les notes sont représentées par des numéros placés à même la ligne (la corde) représentant l'espace entre 2 frettes où placer le doigt. Le numéro zéro représente la note de la corde à vide. Le rythme est écrit de différentes façons.
169
+
170
+ Cette notation datant du XVIe siècle et seule utilisée pour la guitare jusqu'au XVIIIe siècle[17] a été abandonnée au début du XIXe siècle. Dans la seconde moitié des années 1960 des musiciens comme Steve Waring, Roger Mason et surtout Marcel Dadi la reprennent. Marcel Dadi publiait systématiquement les tablatures de ses morceaux dans chacun de ses albums.
171
+
172
+ Avantages :
173
+
174
+ Inconvénients :
175
+
176
+ Pour cette raison, beaucoup de tableurs ne cherchent plus à représenter la durée des notes à même la tablature mais préfèrent juxtaposer une portée classique.
177
+
178
+ Les accords de guitare sont utilisés dans la musique d'accompagnement, soit pour donner le rythme par battement (brosser plusieurs cordes simultanément en suivant un rythme), soit pour enrichir la ligne mélodique en jouant des arpèges (pincement régulier et consécutif des cordes).
179
+
180
+ Jouer un accord consiste à jouer simultanément trois notes ou plus. La description d'un accord revient donc à identifier pour les six cordes l'endroit où il faut placer les doigts et les cordes devant rester muettes. Sur une guitare, une même hauteur de note peut être obtenue de différentes manières, un même accord peut donc se réaliser de plusieurs façons (au moins trois ou quatre, au prix parfois de quelques extensions de doigts pouvant être difficiles). La disposition des cordes interdit de jouer certains accords, qui pourraient être exécutés par une section de voix. Un accompagnement pour guitare privilégie donc certaines positions d'accords ce qui donne souvent une couleur typique aux pièces écrites pour guitare.
181
+
182
+ Il existe un système de notation des accords, dérivé des tablatures, appelé diagramme, dans lequel les frettes sont représentées par des barres verticales ; il n'y a pas d'indication de rythme. Imprécise, cette notation, qui ne peut servir que pour l'accompagnement, a l'avantage de ne demander aucune connaissance musicale théorique, d'être facile à transcrire et de laisser une grande liberté d'interprétation. Il faut avoir entendu la mélodie et s'en souvenir. Dans les recueils de chansons, le nom des accords vient au-dessus du texte, donnant une indication de la durée.
183
+
184
+ La plupart des guitaristes jouent sur plusieurs types de guitare. Notamment les frontières entre « folk » et « électrique » sont poreuses : la touche est la même, et le guitariste choisit sa guitare en fonction du son qu'il veut rendre.
185
+
186
+ Voir Catégorie:Guitariste classique, Catégorie:Guitariste de jazz; Catégorie:Guitariste de flamenco, Guitariste de blues et Guitariste de rock.
187
+
188
+ En ce qui concerne la guitare classique, baroque ou romantique en Europe, les principaux artisans luthiers sont :
189
+
190
+ Cette liste n'est qu'un aperçu de la richesse instrumentale du patrimoine "guitare" en Europe.
191
+
192
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg[note 1] (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg[note 2], de même que son prénom est parfois francisé en Jean[note 3]), né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale, est un imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles en Europe a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
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+ Alors que son invention est considérée comme un événement majeur de la Renaissance, Gutenberg connut une existence difficile. Associé à Johann Fust[note 4] et Peter Schoeffer, il perdit en octobre 1455 le procès contre son créancier Fust qui saisit l’atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Gutenberg ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe II de Nassau qui lui accorda une pension à vie et le titre de gentilhomme de sa cour.
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+ La documentation concernant ce personnage est maigre : on ne connaît que trente-six documents antérieurs à sa mort, la majorité étant des archives judiciaires particulièrement arides et sujettes à diverses interprétations, ce qui a donné lieu à de nombreux portraits fantasmés et ambivalents : génial inventeur ou voleur d'idées, victime dépouillée de son invention ou usurpateur qui aurait exploité un procédé mis au point par d'autres inventeurs avant lui, humaniste ou homme d'affaires uniquement motivé par l'appât du gain[1].
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+ Johannes Gutenberg, né à Mayence aux alentours de 1400[note 5] (comme souvent à cette époque, sa date de naissance ne peut être établie précisément) est le troisième enfant d'une famille aisée de la haute bourgeoisie, celle de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession mais également commerçant d'étoffes, et d'Else Wirich[2],[note 6]. On croit qu'il a été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale[3].
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+ Les lieux de séjour et les activités de Gutenberg, ne sont pas connus entre 1400 et 1420. Au regard de ses activités ultérieures et du niveau social de sa famille, des études universitaires sont probables[4]. En 1429, les corporations d'artisans et de commerçants de la ville libre de Mayence se soulèvent contre le patriarcat oligarchique et forcent les familles dirigeantes à l'exil[5].
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+ Entre 1434[note 7] et 1444[note 8] (peut-être dès 1429), la famille Gutenberg s'installe dans le quartier Saint-Arbogast de Strasbourg[6]. Gutenberg a peut-être été formé à des techniques d'orfèvrerie[note 9]. Il se forme notamment à la ciselure et à la maîtrise des alliages, qui constitueront les bases de sa future invention, lui permettant de concevoir des caractères d'imprimerie résistants et reproductibles. Il s'associe notamment vers 1438 avec le bailli de Lichtenau et des négociants pour fabriquer des enseignes de pèlerinage (en) certaines constituées d'un alliage où dominent le plomb et l'étain, et serties d'un petit miroir, d'autres peut-être constituées d'une feuille de métal estampé[7], toutes devant être mises en vente lors du pèlerinage d'Aix-la-Chapelle de 1439[8].
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+ Il n'existe aucune trace de son activité sur les quatre années suivantes[9]. De retour à Mayence en 1448 au plus tard, il poursuit les travaux commencés à Strasbourg et emprunte de l'argent à son cousin Arnold Gelthus[10] pour construire une presse.
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+ Le concile de Bâle débuté en 1431 rassemble de nombreux intellectuels et universitaires dont les écrits ont besoin d'être reproduits, ce qui conduit au développement de moulins à papier. Vingt ans plus tard, les frères Galliziani venus du Piémont, s'installent à Bâle et importent en Suisse et en France leur technique de fabrication du papier d'imprimerie moins coûteux que le papier de chancellerie. Les besoins des bibliothèques et des universités qui se développent, l'ouverture d'écoles, la multiplication de lecteurs, sont autant de facteurs qui justifient les recherches de Gutenberg à Strasbourg, grand centre commercial et intellectuel européen, pour assurer la reproduction rapide et multiple des textes et l'abaissement des prix du livre par une répartition des coûts de fabrication sur plusieurs exemplaires[11].
18
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19
+ Rentré dans sa ville natale de Mayence en 1448, Johannes Gutenberg y poursuit ses recherches et, deux ans plus tard, persuade le riche banquier Johann Fust de l'aider à financer son projet. Fust prête 800 florins
20
+ — somme considérable pour l'époque — à Gutenberg[note 10] et 300 florins par an pour les frais généraux. Il devient de fait son associé. En homme d’affaires avisé, Fust rédige un contrat particulièrement contraignant pour Gutenberg. En garantie d’hypothèque, Gutenberg devra engager sa presse et les outils et réglera 6 % d’intérêt l’an. Fust se montrera magnanime et ne lui réclamera pas les intérêts, du moins dans un premier temps[12]. Pour espérer des revenus suffisants, Fust et Gutenberg doivent choisir d'imprimer un livre dont le tirage permettra de couvrir les sommes engagées. À l’époque, le seul livre capable d’un succès immédiat est la Bible dans sa version en latin de saint Jérôme, la Vulgate, livre qui nécessite environ trois ans de travail à un moine copiste pour être entièrement recopié[13]. L'idée première de Gutenberg pour imposer son invention sera d'imiter parfaitement les livres manuscrits (codex). À ce jour, on n’a pas trouvé le modèle précis de Bible utilisé par Gutenberg.
21
+
22
+ C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne simultanément les différents éléments qui constituent son invention :
23
+
24
+ Les nouveaux outils mis au point par Gutenberg et ses ouvriers lui servent d'abord à imprimer de petits documents, des poèmes, la grammaire latine de Donat (dont il ne subsiste que quelques fragments), des lettres d'indulgence pour l'Église, etc. Les lettres d'indulgence à trente et une lignes (dont la plus vieille, datée du 22 octobre 1454, est le premier spécimen d'une œuvre d'imprimerie venant de Mayence) et les petits ouvrages connus ont semble-t-il été produits par un apprenti de Gutenberg. Le plus ancien ouvrage complet qui subsiste à ce jour, imprimé par Gutenberg, est probablement le calendrier turc (Turk-Kalendar), portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Tiirken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et dont l'unique exemplaire conservé dans la bibliothèque de Munich, date de 1455[14]. Toutes ces publications sont caractérisées par les mêmes caractères typographiques, appelés DK-type (abréviation de Donat, Kalender Type)[15].
25
+
26
+ La mise au point de la presse prend plus de temps que prévu, les frais courent et les premiers investissements de Fust ne suffisent plus pour financer l'entreprise. En 1454, Fust avance à nouveau huit cents florins pour poursuivre l’impression des Bibles sur vélin et, sans doute par économie, sur papier.
27
+
28
+ Gutenberg et ses ouvriers, dont Pierre Schoeffer, impriment la Bible en six cent quarante et un feuillets répartis en soixante-six cahiers.
29
+
30
+ Composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus techniquement complexe et la plus belle de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques de type textura, se divise en deux colonnes de quarante-deux lignes chacune. Entre 1452 et 1455, la Bible à quarante-deux lignes a été imprimée à environ cent quatre-vingts exemplaires. Quarante-huit d'entre eux ont été conservés et douze sont imprimés sur parchemin.
31
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+ Malheureusement pour Gutenberg, l'impression des livres connaît un succès mitigé. Dans l’inventaire de son atelier, les bibles resteront en rayonnage quelque temps.
33
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34
+ Fust, qui a investi plus de 2 500 florins dans l'entreprise, est furieux contre Gutenberg, car il lui avait promis un succès rapide. Gutenberg refusant de payer — ou ne le pouvant pas — les intérêts et le capital qu'il lui avait prêtés, il décide de porter l'affaire en justice. Le tribunal tranche en faveur de Fust, en reconnaissant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un prêt mais d'un investissement, et que Fust n'était pas prêteur mais associé[16],[17].
35
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36
+ Fust obtient alors la gestion de l'atelier et la mise en gage de la presse. Il continue l'entreprise d'imprimerie sous son propre nom. Dans la plus vieille édition du Psalmorum Codex, paru pour la première fois le 14 août 1457, seuls les noms de Fust et de Schoeffer sont mentionnés. Ce livre, remarquable par sa qualité d’impression, par son texte imprimé en noir et rouge et par la régularité de la fonte des caractères, décoré de lettrines ornées et filigranées, apporte alors une certaine notoriété aux deux hommes.
37
+
38
+ Pour élargir leur clientèle et dépasser le petit cercle des bourgeois cultivés et des universitaires, Fust et Schoeffer orientent rapidement leur production vers des éditions de moindre ampleur, mais plus faciles à vendre. Ils s’installent à Paris pour y vendre leurs livres en 1463, une date où l’imprimerie n’existe pas encore en France[18]. Fust n’en profitera pas longtemps : il meurt à Paris en 1466, mais il aura tout de même le temps de voir s'installer, rue Saint-Jacques, une quantité d'imprimeurs d'origine germanique.
39
+
40
+ Insolvable, Gutenberg tente de relancer un atelier d'imprimerie et participe en 1459 à une édition de la Bible dans la ville de Bamberg. Ses travaux ne portant ni date ni nom, il est encore difficile d'identifier avec certitude les documents provenant de son atelier. Le dictionnaire Catholicon de sept cent quarante-quatre pages, imprimé à trois cents exemplaires à Mayence en 1460, est de sa composition. Il imprime entre autres des lettres d'indulgence. À partir de 1461, on ne trouve plus de traces de publication issue de l'atelier de Mayence de Gutenberg. Sans doute est-il trop vieux pour exercer son activité mais il est possible qu'il ait enseigné son art contre rétribution[19].
41
+
42
+ En janvier 1465, alors qu'il vit modestement dans l'hospice Algesheimer Hof (de), Gutenberg est nommé gentilhomme auprès de l'archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Il bénéficie alors d'une rente et de divers avantages en nature[20]. Il meurt probablement le 3 février 1468, largement méconnu par ses contemporains, et est enterré à Mayence dans un cimetière qui sera détruit plus tard. Sa tombe est aujourd'hui perdue[21].
43
+
44
+ Associé à Johann Fust et à Pierre Schoeffer, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe.
45
+
46
+ Pour parvenir à ses fins, Gutenberg est à l’origine de nombreuses innovations :
47
+
48
+ Depuis longtemps, l’histoire conteste à Johannes Gutenberg l’invention de l’imprimerie typographique et celui-ci n’a jamais rien fait pour s’assurer la paternité de son invention. Aucune date d’impression ni de signature ne figure sur les livres. Le premier colophon apparaît avec les impressions de Johann Fust et Pierre Schoeffer.
49
+
50
+ Pourtant, dès 1472, Guillaume Fichet, bibliothécaire à la Sorbonne, écrit en latin dans une lettre jointe à l’édition princeps « De l’orthographia de Gasparino Barzizza » que « Joannem Benemontano [traduction latine de Johannes Gutenberg] est le premier à avoir imprimé un livre digne de ce nom », en référence aux livres manuscrits de l’époque, les codex. Guillaume Fichet, qui a très largement contribué à l’installation de l’imprimerie en France avec l’aide des anciens élèves de Jean Gutenberg, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, avait appris par eux le nom de leur maître.
51
+
52
+ En 1504, le professeur Ivo Wittig de Mayence dédicace un livre à Gutenberg, qualifié d’inventeur de la typographie[23].
53
+
54
+ Au XIXe siècle, Ambroise Firmin Didot, fervent partisan de Gutenberg, trouva des lettres, dont la plus ancienne, datée de 1499, atteste clairement la paternité de l’invention à Jean Gutenberg.
55
+
56
+ Au Moyen Âge, les textes étaient peu répandus car peu de gens savaient lire. Les livres sont produits ou reproduits dans les monastères par des moines copistes. Les illustrations sont réalisées par des moines spécialisés, les enlumineurs. Les rubricateurs intervenaient pour faire ressortir, par des couleurs, les Nomina sacra.
57
+
58
+ Dans certains cas, les laïcs pouvaient produire des codex avec l’approbation des monastères. À partir du XIVe siècle, le procédé de xylographie permettait de reproduire un texte à grande échelle : il consistait à graver un document à l’envers sur du bois, puis à l’appliquer, une fois recouvert d’encre, sur du papier.
59
+
60
+ Selon la légende, c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin à Strasbourg, que Gutenberg eut l’idée d’inventer un nouveau procédé d’impression qui permit de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine recopiait une Bible dans le même temps.
61
+
62
+ En imaginant la mobilité des caractères et en améliorant leur longévité grâce à leur consistance métallique, Gutenberg rendait les caractères réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie se multiplient, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas.
63
+
64
+ Grâce à cette explosion culturelle, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.
65
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+ À la mort de Gutenberg en février 1468, les différents collaborateurs de l’imprimeur ont déjà quitté Mayence depuis longtemps et vont émigrer dans toute l’Europe, en France et en Italie principalement.
67
+
68
+ Une grande quantité des témoignages sur Gutenberg provient des archives judiciaires, l'inventeur étant manifestement assez procédurier. Parmi les procès où son nom est cité, on peut mentionner :
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+ « Dieu souffre dans des multitudes d'âmes auxquelles sa parole sacrée ne peut pas descendre ; la vérité religieuse est captive dans un petit nombre de livres manuscrits qui garde le trésor commun, au lieu de le répandre. Brisons le sceau qui scelle les choses saintes, donnons des ailes à la vérité, et qu'au moyen de la parole, non plus écrite à grand frais par la main qui se lasse, mais multipliée comme l'air par une machine infatigable, elle aille chercher toute âme venant en ce monde[25] ! »
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+ — Gutenberg, 1455 (traduction d'Alphonse de Lamartine)
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+ République coopérative du Guyana
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+ (en) Co-operative Republic of Guyana
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+ 6° 46′ N, 58° 10′ O
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+ Le Guyana (/gɥi.ja.na/[n 1] ; en anglais : /ɡaɪˈɑː.nə/ ou /ɡaɪˈæ.nə/[n 2]), en forme longue la république coopérative du Guyana (en anglais : Co-Operative Republic of Guyana) anciennement Guyane britannique, est le seul État du Commonwealth situé en Amérique du Sud. De plus il s'agit également du seul État d'Amérique du Sud où la langue officielle est l'anglais[3]. Localisé au nord de l'équateur mais dans les tropiques, il dispose de côtes sur l'océan Atlantique. Le Guyana est entouré au sud-est par le Suriname, au sud et au sud-ouest par le Brésil et au nord-ouest par le Venezuela. C'est en superficie l'antépénultième pays d'Amérique du Sud et il fait partie des plus pauvres. Le Guyana est l'un des deux derniers pays sur le continent américain où la conduite se fait du côté gauche, l'autre étant son voisin, le Suriname.
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+ Guyana signifie « terre d'eaux abondantes » dans la langue arawak. Le pays est caractérisé par ses vastes forêts tropicales disséquées par les nombreux fleuves, criques et chutes d'eau, notamment les chutes de Kaieteur sur le fleuve Potaro. Les tepuys du Guyana sont célèbres pour avoir inspiré le roman d'Arthur Conan Doyle Le Monde perdu, en 1912.
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+ La capitale du Guyana, Georgetown, est située sur la côte atlantique et compte environ 245 000 habitants.
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15
+ Lorsque les premiers Européens sont arrivés dans la région autour de 1500, le Guyana était habité par les Arawaks, les tribus du peuple Caraïbe et d'Amérindiens. Bien que le Guyana ait été aperçu pour la première fois par Christophe Colomb pendant son troisième voyage (en 1498), il n'a pas été colonisé par les Européens avant que les Néerlandais n'y établissent en 1616 trois colonies séparées ; Essequibo (1616), Berbice (1627), et Demerara (1752). Le commandement fut assumé par les Britanniques vers la fin du XVIIIe siècle et les Néerlandais ont formellement cédé le territoire en 1814. En 1831, les trois territoires sont devenus une seule et même colonie britannique connue sous le nom de Guyane britannique.
16
+
17
+ En 1953, une nouvelle constitution établit le suffrage universel. Les élections d'avril 1953 donnent une majorité au People's Progressive Party, jugé trop à gauche par le Bureau des Colonies. Parmi les premières lois du nouveau gouvernement figure l'obligation pour les entreprises de reconnaître le droit syndical. Des troupes sont envoyées et la Constitution est suspendue. Le Colonial Office justifie cette décision en déclarant que « le gouvernement britannique a décidé que la Constitution du Guyana devait être suspendue pour prévenir la subversion communiste du gouvernement et une crise dangereuses dans l'ordre public et les affaires économiques »[4].
18
+
19
+ En 1963, le gouvernement progressiste du « ministre en chef » Cheddi Jagan résiste à une tentative de coup d’État qui laisse 170 morts[5]. La Guyane britannique accède finalement à l'indépendance en 1966 sous le nom de Guyana. En 1974 est créée la communauté Jonestown, à une dizaine de kilomètres de Port-Kaituma par le révérend Jim Jones. Cette communauté de la secte du Temple du Peuple rentre dans l'histoire le 18 novembre 1978 par le suicide collectif de 914 personnes dont 276 enfants.
20
+
21
+ Comme le pays est membre du Commonwealth, cela signifie qu'en tant que territoire issu de l'Empire britannique, il s’intègre à un ensemble composé d'États qui, comme lui, par leurs histoires sont rattachés à l'Empire britannique. Cet ensemble, le Commonwealth, établit des règles et une solidarité partagées par ses membres. En somme, les pays membres comme le Guyana jouissent d'un réseau politique composé de 80 organisations intergouvernementales, culturelles, professionnelles et de sociétés civiles. Le « chef » (au sens premier, la « Tête » (« Head »), sans aucun pouvoir factuel) du Commonwealth est de droit le roi ou la reine du Royaume-Uni, actuellement Élisabeth II.
22
+
23
+ L'Assemblée nationale de la République coopérative du Guyana pour sa part est l'assemblée législative du territoire depuis 1980. Elle est composée de 65 membres. La Constitution de Guyana dispose que le président de la République de Guyana fait partie de l’assemblée.
24
+
25
+ Le Guyana est divisé en dix régions. La région comptant le plus d'habitants est le Berbice oriental-Courantyne (109 431 habitants) et la plus grande est le Haut-Takutu-Haut-Essequibo (57 750 km2).
26
+
27
+ Le paysage du Guyana peut être approximativement divisé en trois régions :
28
+
29
+ Les fleuves principaux sont l'Essequibo, le Demerara, le Corentyne et le Berbice.
30
+
31
+ Le climat est tropical, presque équatorial, c'est-à-dire chaud et humide, mais cependant modéré par les alizés du nord-est le long de la côte. Il y a deux saisons des pluies, la première de mai à la mi-août, la seconde de mi-novembre à mi-janvier.
32
+
33
+ Le Guyana est confronté à deux revendications territoriales par ses voisins :
34
+
35
+ Pendant des années, pour avoir un accès facilité aux mines d’or, on pratiquait la déforestation dans la forêt amazonienne. Maintenant, une des principales causes de déforestation de la zone est la production de papier.
36
+
37
+ Mais plusieurs acteurs veulent réduire le taux de déforestation, qui demeure cependant plus faible que le taux moyen des autres pays frontaliers (5 à 10 fois).
38
+
39
+ En 2009, le Guyana a signé un accord avec la Norvège afin de trouver des options pour réduire le taux de déforestation.
40
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41
+ Les principales cultures principales sont le riz, la canne à sucre, le café et les agrumes, alors que les ressources minérales sont principalement le bauxite, le manganèse, l'or et les diamants.
42
+
43
+ Le pays exporte surtout du bauxite, du manganèse, des pierres précieuses et du rhum, et importe des denrées alimentaires et du pétrole.
44
+
45
+ La population du Guyana est de 747 884 habitants lors du dernier recensement de 2012[9] et estimée à 737 718 habitants[1] en 2017. Les habitants du Guyana sont appelés les Guyaniens et Guyaniennes. Ne pas confondre avec les Guyanais et les Guyanaises qui sont les habitants de la Guyane.
46
+
47
+ Les évêques de Guyana sont membres de la Conférence des évêques catholiques des Antilles qui se charge en conséquence de représenter les catholiques de Guyana. De plus le diocèse catholique de Georgetown, la capitale de Guyana, regroupe et représente les catholiques de cette région[10]. Enfin les anglicans (qui sont des protestants conservateurs) sont pour leurs part représentés par le diocèse anglican du Guyana[11]. Pour sa part, la cathédrale anglicane St.-Georges située à Georgetown est un des plus gros édifice en bois de la planète[12].
48
+
49
+ Il s'agit du seul État en Amérique, avec le Suriname, où on conduit à gauche comme au Royaume-Uni[13].
50
+
51
+ Les principales fêtes de la Guyana se décrivent comme suit[14],[15] :
52
+
53
+ Répartition de la population selon les classes d'âge : 0-14 ans : 28,19 % ; 15-64 ans : 66,89 % ; + 65 ans : 4,92 %
54
+ Littoral : 459 km
55
+ Extrémités d'altitude : 0 m > + 2 835 m
56
+ Espérance de vie des hommes : 64 ans (en 2011)
57
+ Espérance de vie des femmes : 70 ans (en 2011[16])
58
+ Taux de croissance de la population : 0,07 % (en 2001)
59
+ Taux de natalité : 17,92 ‰ (en 2001)
60
+ Taux de mortalité : 8,87 ‰ (en 2001)
61
+ Taux de mortalité infantile : 38,72 ‰ (en 2001)
62
+ Taux de fécondité : 2,1 enfants/femme (en 2001)
63
+ Taux de migration : - 8,38 ‰ (en 2001)
64
+ Lignes de téléphone : 154 200 (en 2012)[1]
65
+ Téléphones mobiles : 547 000 (en 2012)[1]
66
+ Postes de radio : 420 000 (en 1997)
67
+ Postes de télévision : 46 000 (en 1997)
68
+ Utilisateurs d'Internet : 189 600 (en 2009)[1]
69
+ Nombre de fournisseurs d'accès Internet : 3 (en 2000)
70
+ Routes : 7 970 km (dont 590 km goudronnés) (en 2000)[1]
71
+ Voies ferrées : 187 km
72
+ Voies navigables : 5 900 km
73
+ Nombre d'aéroports : 117 (dont 11 avec des pistes goudronnées) (en 2013)
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+ Guyana a pour codes :
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3
+ La Guyane, /gɥijan/[2] Écouter en créole guyanais : Lagwiyann, est une collectivité territoriale unique située en Amérique du Sud, limitrophe du Brésil au sud-est et au sud, et du Suriname à l'ouest. Ses compétences sont les mêmes que celles d'une région et d'un département métropolitain avec un organe délibérant : l'assemblée de Guyane. Son code Insee est le 973. Hors de France, la région est parfois appelée Guyane française. Avec une superficie de 83 846 km2[3] et une population de 296 711 habitants (2019), la Guyane est la deuxième région de France pour la superficie et la deuxième moins peuplée (après Mayotte). C'est également le département le plus boisé, 97 %[4] du territoire étant couvert d'une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde, la forêt guyanaise.
4
+
5
+ Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643[réf. souhaitée] et la fondation de Cayenne. La Guyane, autrefois désignée comme la France équinoxiale, devient alors une colonie esclavagiste et voit sa population progresser jusqu'à l'abolition officielle de l'esclavage au moment de la révolution française.
6
+
7
+ Elle accède temporairement au statut de département français à partir de 1797 mais est progressivement transformée en colonie pénale avec l'instauration du bagne. Il s'agit plus précisément d'un réseau de camps et de pénitenciers répartis sur l'ensemble de la côte guyanaise dans lesquels les détenus sont condamnés aux travaux forcés.
8
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, le Guyanais Félix Éboué est un des premiers à se ranger derrière le général de Gaulle dès le 18 juin 1940. La Guyane rallie officiellement la France combattante en 1943[5]. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. De Gaulle, devenu président, décide[6] d'y établir le centre spatial guyanais à partir de 1965. Il est aujourd'hui exploité par le Centre national d'études spatiales (CNES), Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).
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+ Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. C'est le seul territoire continental de France et de l'Union européenne en Amérique du Sud et le dernier territoire français en Amérique continentale.
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+ La limite de la partie du plateau continental sur laquelle la France dispose d'un droit exclusif d'exploitation y a été étendue à 350 milles marins des côtes en 2015, soit 72 000 km2 de plus au large de la Guyane [7], après l'avis favorable de l'Organisation des Nations unies[8], la ZEE s'étendant toujours jusqu'à 200 milles nautiques concernant les ressources halieutiques et biologiques.
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+ Le nom Guyane est d'origine amérindienne : « Guiana » signifie « terre d'eaux abondantes » en arawak[9]. Une variante désuète du nom en français s'écrivait avec deux n : « Guyanne »[10].
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+ Dans une partie de la France autrefois dite « France équinoxiale »[11] c'est-à-dire équatoriale, le nom officiel de la région est « Guyane ». L'ajout de l'adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage issue de la période de la colonisation et aujourd'hui obsolète dans la mesure où il n'y a plus à notre époque en français d'ambiguïté quant à la Guyane considérée. Historiquement, il a existé plusieurs autres Guyanes :
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+ Ces Guyanes s'intègrent au sein du plateau des Guyanes, ensemble géographique délimité au nord et à l'ouest par le fleuve Orénoque au Venezuela, au nord et à l'est par l'Océan Atlantique, au sud et à l'est, au Brésil, par le Río Negro et l'Amazone jusqu'à son embouchure.
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+ La Guyane française a pour codes :
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+ La Guyane est frontalière du Brésil sur 730 km et du Suriname sur 520 km[12], faisant du Brésil le pays ayant la plus grande frontière terrestre avec la France (Suriname sixième). S’étendant sur 83 534 kilomètres carrés, c'est la deuxième plus vaste région de France derrière la Nouvelle-Aquitaine[13].
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+ Au sud-ouest, au triangle Itany-Marwini, un territoire de 6 000 kilomètres carrés inhabité et revendiqué par le Suriname dépend de la Guyane française. Il n'est pratiquement pas visité, à part quelques orpailleurs et des militaires français. La réestimation de la superficie de la Guyane n'est pas liée à ce différend frontalier, mais à une erreur commise par l'ancien Service géographique des Colonies, qui avait attribué 91 000 km2 au territoire du fait d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. L'erreur a été corrigée dans les années 1960 par l'IGN[14].
26
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+ Elle possède un climat équatorial et est essentiellement couverte d'une vaste forêt tropicale humide bordée de mangroves côté mer, la forêt guyanaise. Le sous-sol est constitué d'un bouclier rocheux ancien, riche en latérite, pauvre et acide, qui forme un relief dit en peau d'orange parsemé d'inselbergs et entaillé par les réseaux de fleuves et rivières. Ces derniers sont les principaux axes de circulation depuis des siècles ou millénaires. Ils constituent 7 bassins fluviaux, 953 masses d'eau et sont alimentés par 2,5 à 4 m de précipitations annuelles[15].
28
+
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+ Le relief de la Guyane s'est modelé à partir d'un socle ancien bordé par une plaine littorale. L'essentiel de la région se trouve à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres, signe d'une très ancienne évolution morphologique et géomorphologique dont résulte la faiblesse des contrastes topographiques.
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+ Deux grandes régions topographiques peuvent être distinguées :
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+ La Guyane se situe sur le plateau des Guyanes qui s'est constitué dans des terrains encaissés qui ont disparu sous l'action de l'érosion, ne laissant que quelques lambeaux métamorphisés au contact des plutons granitiques. On trouve aujourd'hui deux ensembles géologiques : des formations sédimentaires récentes et des formations précambriennes.
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+
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+ L'absence de couverture sédimentaire, érodée au cours du temps, laisse affleurer les formations précambriennes qui ont chacune leur forme de relief caractéristiques : « collines en amandes » pour les schistes de l'Orapu, semis de collines identiques de même hauteur et à pentes convexes pour le granite guyanais. Outre une influence sur l'exploitation forestière (peuplements, accessibilités...), la géologie explique la richesse en divers minerais (or, bauxite, tantalite...) à la base des activités minières de Guyane, comme l'orpaillage.
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+
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+ La pluviométrie est élevée en Guyane. La pluie résulte en grande partie de la condensation de l'évapotranspiration des arbres de la forêt tropicale humide.
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+ Elle est naturellement acide (avec un changement de pH qui peut significativement évoluer entre saison sèches et humides)[réf. nécessaire].
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+ La Guyane possède un climat équatorial humide ; la température moyenne est de 25,5 °C. La précipitation annuelle est en moyenne de 2 816 mm à Cayenne sur la période 1981 - 2010, selon les relevés de Météo France.
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+
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+ Cayenne connaît une saison humide de décembre à juillet et une période plus sèche durant le reste de l'année. Les précipitations commencent à décroître en juillet (155 mm), avec pour creux les mois de septembre et octobre qui sont dits « mois secs » (respectivement 39 et 51 mm en moyenne), puis remontent dès le mois de novembre (105 mm). Le mois le plus humide est le mois de mai avec une hauteur moyenne des précipitations atteignant 518 mm[16].
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+ Le principal moyen de transport en Guyane est la voiture. Pour les habitants des fleuves (l'Oyapock, fleuve frontalier avec le Brésil et le Maroni (fleuve), frontalier avec le Suriname), il s'agit de la pirogue. Les scooters sont très prisés des jeunes mais durant le tour de Guyane, en août, les vélos sont à la mode. Par ailleurs les communes de Saül (Guyane), Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Laurent-du-Maroni sont accessibles par voie aérienne depuis Cayenne.
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+ Depuis la parution du décret no 2016-1736 du 14 décembre 2016, les principaux pôles urbains de Guyane font l'objet d'une Opération d'intérêt national.
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+ Dans le sud-ouest, au niveau du triangle dessiné par les rivières Itany et Marwini, un territoire de 6 000 km2 est revendiqué par le Suriname depuis 1885.
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+ Ce département est parmi les plus riches du monde en matière de biodiversité tant animale que végétale.
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+ La forêt guyanaise est pour presque toute sa surface une forêt primaire à très haut niveau de biodiversité (hot-spot parmi les plus riches au monde), protégée par un parc national, créé en 2007, et six réserves naturelles. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Union européenne (UE) y recommandent des efforts particuliers de protection[17],[18].
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+ À la suite du Grenelle de l'environnement de 2007, le projet de loi Grenelle II (dans son article 49) a proposé (en 2009, et sous réserve de modification) la création d’une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien (avec compétence dans les domaines de la faune, flore, les habitats naturels et semi-naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes). Il contribuera à appliquer les politiques environnementales conduites par l’État et les collectivités territoriales et leurs groupements. L'article 64 du projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d’orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l’environnement[19].
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+ L'environnement de la frange littorale est celui qui, le long de la RN1, a historiquement connu le plus de modifications, mais une forte artificialisation est localement constatée le long de la RN 2 et là où les orpailleurs opèrent dans l'Ouest de la Guyane.
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+ La forêt humide de Guyane s'est paradoxalement épanouie sur un des sols les plus pauvres du monde, en azote, en potassium, en phosphore et en matières organiques. Pour cette raison, et parce que cette zone a toujours conservé des refuges pour toutes ses espèces lors des périodes sèches ou de glaciation terrestre, cette forêt abrite des écosystèmes uniques qui sont parmi les plus riches et les plus fragiles du monde : forêts tropicales primaires très anciennes, mangroves, savanes, inselbergs et nombreux types de zones humides.
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+ L'acidité des sols est également à l'origine de cette médiocrité des sols guyanais. Elle contraint les agriculteurs à chauler les champs, et a conduit au mode traditionnel d'agriculture sur brûlis : les cendres participent à l'élévation du potentiel hydrogène (pH) en plus de l'apport de sels minéraux.
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+ On peut toutefois noter que des sites de Terra preta (sols anthropogéniques) ont été découverts sur le territoire, notamment près de la frontière avec le Brésil. Des recherches sont activement menées par des acteurs de disciplines multiples pour déterminer le mode de création de ces sols les plus riches de la planète. L'hypothèse a été avancée que l'existence même de la forêt tropicale est due à ces interventions humaines intelligentes du passé (voir l'article Terra preta), où le brûlis (slash-and-burn) était remplacé par le charbonnage (slash-and-char).
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+ 5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d'un millier d'arbres, 700 espèces d'oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons dont 45 % lui sont endémiques (les poissons « limon » et les poissons à écailles) et 109 espèces d'amphibiens. Les micro-organismes seraient bien plus nombreux encore, notamment dans le nord qui rivalise avec l'Amazonie brésilienne, Bornéo et Sumatra. Ce seul département français abrite au moins 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de la France[réf. souhaitée].
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+ Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont la fragmentation par les routes, qui reste très limitée comparativement aux autres forêts d'Amérique du Sud, les impacts immédiats et différés du barrage de Petit-saut d'EDF, de l'orpaillage (Opération Harpie), d'une chasse chaotique et du braconnage (chasse d'espèces protégées), facilités par la création de nombreuses pistes et l'apparition des quads. L'exploitation forestière reste modérée en raison du manque de route, du climat et du relief. Une ordonnance du 28 juillet 2005 a étendu le code forestier français à la Guyane, mais avec des adaptations et dérogations importantes. Dans une approche qui se veut durable, des concessions ou des cessions gratuites peuvent être accordées par des collectivités territoriales ou d’autres personnes morales pour leur utilisation par des personnes tirant traditionnellement leur subsistance de la forêt, mais les moyens utilisés n'étant plus toujours les moyens traditionnels, et l'écosystème guyanais étant vulnérable, les impacts de l'exploitation ou de la chasse pourraient être importants.
68
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+ La moitié de la biodiversité française est en Guyane : 29 % des plantes, 55 % des vertébrés supérieurs (mammifères, oiseaux, poissons…) et jusqu'à 92 % des insectes[réf. souhaitée]. Tout cela dans un seul département de 86 504 km2. Un parc national et six réserves naturelles œuvrent à la préservation de milieux et d'espèces aussi divers qu'uniques.
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+ Les plages de la réserve naturelle de l'Amana, sur la commune d'Awala-Yalimapo, dans l'ouest, constituent pour les tortues marines un site de ponte exceptionnel. C'est l'un des plus importants au niveau mondial pour la tortue luth. Quant à la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, celle-ci abrite la seule colonie d'oiseaux marins entre Tobago et Fernando de Noronha soit sur plus de 3 000 km de littoral.
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+ Les séismes répertoriés ci-dessous indiquent la localité estimée être la plus proche de l'épicentre ainsi que l'intensité mesurée sur l'échelle MSK de 1964, qui va de 1 (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à 12 (changement de paysage énormes : crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées…)[20].
74
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+ En 2014 paraît le livre Les abandonnés de la république, qui relate la pollution de l'environnement au mercure par les chercheurs d'or clandestins. La santé de la population locale, dont la subsistance dépend largement de la pêche, est dite en péril[28]. D'après le fonds mondial pour la nature, 12 000 hectares de la forêt amazonienne en Guyane ont été détériorés par cette activité clandestine.
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+ La recherche de mines et sources d'hydrocarbures liquides ou gazeux au large de la Guyane est une autre menace pour le tourisme et la pêche (troisième secteur de l'économie guyanaise)[29]. Total a déposé un permis dit "Guyane Maritime" en 2011, accordé en septembre 2017 puis prolongé par le gouvernement jusque juin 2019. Mi-mai 2018 Total a déposé une demande de forage d'exploration ; l'Autorit�� environnementale lui a demandé de compléter son étude d'impact pour mieux évaluer l'impact d'un possible accident (éruption de puits, polluants présents dans les boues de forage, pollution sonore induite par lors des tirs d'explosifs....) et de préciser sa démarche éviter, réduire, compenser encore « très partielle », en s'appuyant mieux sur les retours d'expérience par exemple de l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon de BP[30].
78
+
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+ Depuis 2016, les permis d'exploitation minière se sont multipliés. En mai 2018, près de 300.000 hectares étaient déjà concernés par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières[31].
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+ L'espace maritime guyanais reste très peu exploré, permettant d'accueillir dans ses eaux une biodiversité particulièrement riche, dont de nombreuses espèces de dauphins et de baleines. Cependant, à quelques kilomètres plus au sud dans les eaux brésiliennes, des compagnies pétrolières envisagent de forer le sous-sol marin, ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement[32].
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+ Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres, polissoirs…) de peuples amérindiens entre l’Oyapock et le Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. Nombre de leurs successeurs dans la même zone géographique appartiennent principalement au groupe linguistique des Tupi-Guarani.
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+ On estime qu’à la fin du IIIe siècle, des Indiens Arawak et Palikur, originaires des rives de l’Amazone, s’installent sur le littoral guyanais. Ils sont suivis au VIIIe siècle par les Indiens dits Caraïbes ou Karibes, les Kali’na (Galibis) et Wayana.
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+ La côte de Guyane fut reconnue par Christophe Colomb en 1498. Malgré le partage du Nouveau Monde organisé en 1494 par le traité de Tordesillas entre le Portugal et l'Espagne, les nations européennes sont à l’origine de nombreuses tentatives de colonisation en Guyane dès le XVIe siècle.
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+ Dès 1503 commencent les premières implantations françaises dans la zone de Cayenne. Notons celle des Français avec le voyage de Nicolas Guimestre en 1539, suivie par celle de l’Anglais Robert Baker (1562) et celle de Gaspard de Sotelle (1568-1573) qui implante plus de 120 familles espagnoles dans l’île de Cayenne.
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+ De 1596 à 1598, les Anglais John Ley et Lawrence Keymis, et le Néerlandais Abraham Cabeliau, effectuent des reconnaissances géographiques précises des côtes de la Guyane. Les vraies implantations européennes apparaissent surtout au XVIIe siècle, par des occupations ponctuelles (quelques années) d’embouchures fluviales, et sont l’œuvre de la France, de l’Angleterre et des Pays-Bas.
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+ En 1604, la colonie de Guyane prend le nom de France équinoxiale.
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+ Si les premières tentatives importantes de colonisations françaises datent des années 1620, elles sont souvent mises à mal par les dissensions internes des colons, les rapports humains médiocres avec les Amérindiens, voire la dureté des conditions de vie, notamment avec la fièvre jaune[33]. De leur côté, les nations amérindiennes doivent faire face à un important taux de mortalité, dû aux guerres menées face aux colonisateurs, mais aussi à l’action d’épidémies nouvellement importées d’Europe.
96
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+ Longtemps, la tutelle du roi de France sur la Guyane est régulièrement contestée ; ce n’est qu’avec la reprise de Cayenne en décembre 1676 par l’amiral Jean d’Estrées que les Français s’implantent définitivement. Et encore ne contrôlent-ils que l’île de Cayenne et, par intermittence, quelques postes militaires aux estuaires fluviaux. C'est cette présence humaine et militaire faible qui explique en grande partie l’extrême facilité avec laquelle les Portugais du Brésil se sont emparés de l’île de Cayenne pendant les guerres napoléoniennes, île qu’ils ont occupée de 1809 à 1817.
98
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99
+ La colonisation de la Guyane est d’abord le fait de travailleurs européens, les « engagés », également appelés les « trente-six-mois » parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d’origine africaine, utilisés dans les habitations (exploitations agricoles) à la culture des produits coloniaux : sucre, épices, chocolat et café.
100
+
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+ Comme dans les autres colonies françaises, l’esclavage est en grande partie régi par les textes du Code noir (1685).
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+ Cette société d’habitation reste le modèle économique dominant en Guyane jusqu’à la deuxième abolition de l’esclavage en 1848. Elle n’a toutefois pas apporté un vrai développement à la Guyane, qui reste la région pauvre et sous-peuplée, de l’ensemble colonial français en Amérique. Lors du traité d'Utrecht en 1713, le roi de France Louis XIV, afin de limiter les conflits locaux avec la colonie portugaise du Brésil, pose les bases de la frontière entre le Brésil et la France[34].
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+ L’expédition de Kourou qui débuta à partir de 1763 est très mal préparée. Elle fut menée à la demande de Choiseul et dirigée par le chevalier Étienne-François Turgot, gouverneur, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon, intendant et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant, pour établir une vraie colonie d’agriculteurs d'origine européenne dans les savanes de l’Ouest guyanais. Cependant, cela sera un échec retentissant : presque tous les colons « survivants » s’enfuient de Guyane pour rejoindre la métropole. Seuls restent en Guyane des colons allemands et canadiens, qui s’implantent durablement à Kourou, Sinnamary, Malmanoury, Corossony et Iracoubo, et y fondent une société originale (et métissée) d’agriculteurs exploitants en Guyane.
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+ La Guyane française est occupée par les Britanniques de 1778 à 1783, puis de 1785 à 1788.
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+ Pendant la Révolution elle devient pour la première fois (Collot d'Herbois et Billaud-Varenne), lieu de déportation politique; ceux-ci seront suivis en 1798, alors que La Guyane est érigée en un département, des « déportés de fructidor » et de prêtres réfractaires : Counamama et Sinnamary seront le cimetière de la plus grande partie d’entre eux.
109
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+ L'esclavage est aboli en 1794 dans toutes les colonies, avant que Napoléon Ier ne le rétablisse en 1804. Il n’est définitivement supprimé par le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, sous l’impulsion notamment de l'abolitionniste Victor Schœlcher.
111
+ La disparition de la main-d’œuvre servile met un point d’arrêt à l’économie coloniale traditionnelle.
112
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113
+ Pendant la Révolution française, la Guyane est occupée par les Portugais, qui détiennent le Brésil, de 1809 à 1817 : cette période d'occupation va marquer le créole guyanais, qui va intégrer de nombreux mots portugais dans son vocabulaire. Bien que rendue aux Français, à la suite des applications du traité de Vienne de 1815, le retour effectif des Français est à situer en avril 1817, avec l'envoi d'un gouverneur.
114
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+ Pour pallier le manque de main-d’œuvre mais surtout pour débarrasser la métropole d’opposants politiques républicains et de délinquants de droit commun, le Second Empire crée des bagnes en Guyane. Ils accueillent des transportés, des déportés puis également des relégués jusqu’en 1946. Dans les années 1930, les Établissements Pénitentiaires Spéciaux, dits aussi « bagnes des Annamites » (voir Camp Crique Anguille), sont implantés dans le Territoire de l'Inini. Peuplés d’opposants politiques et d’intellectuels indochinois, mais aussi de petits délinquants, voleurs et proxénètes, ces bagnes seront un échec cuisant.
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+ Les essais de peuplement de la Guyane par des ouvriers « libres » issus de l’immigration (Afrique, Inde, États-Unis, Madère…) ne seront pas plus durables.
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+ En 1713, les traités d'Utrecht fixent une frontière entre les territoires français et portugais du plateau des Guyanes. C’est une rivière qui doit servir de frontière, mais le traité n'est pas certain quant à la rivière qu'il désigne. En 1822, le Brésil devient indépendant. Plusieurs centaines de kilomètres carrés sont contestés entre la France et le Brésil.
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+ Le « Contesté » devient un territoire neutre, refuge d’aventuriers, de bagnards échappés ou d’esclaves en marronnage.
121
+ A la fin du XIXe siècle les deux pays se mettent d’accord pour recourir à l’arbitrage de la Suisse. La diplomatie brésilienne s’investit fortement dans cet arbitrage alors que la France ne met guère de moyens dans la négociation. L’arbitrage suisse est rendu en 1900 en faveur du Brésil, le fleuve Oyapock est retenu comme frontière entre la Guyane française et le Brésil. Les ressortissants français ne peuvent s’installer sur la rive désormais brésilienne[35].
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+ En 1855, un site aurifère est découvert dans l’Est guyanais sur l’Arataye, un affluent de l’Approuague. Dans l’Ouest, de l’or est extrait de la rivière Inini (Haut-Maroni). Le début du XXe siècle est marqué par une ruée vers l’or, avec 10 000 chercheurs en activité, entraînant une croissance du commerce local souvent artificielle, et l’arrêt des dernières activités agricoles par manque de main-d’œuvre.
124
+
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+ L'existence éphémère de la République de la Guyane indépendante (Amapá, 1886-1891, puis État Libre de Counani (1904-1912)) est liée à cette ruée vers l'or.
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+ À l’instar de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique, la Guyane devient département français d’outre-mer en 1946. Mais le décollage économique peine à se réaliser en raison des coûts de production élevés, de la faiblesse numérique de la population, de la dépendance commerciale (importations) vis-à-vis de l’Hexagone et du manque criant d’infrastructures les plus élémentaires : voies de communication, écoles, système de santé, etc.
128
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+ Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et les îles du Salut furent des lieux de déportation pour les condamnés aux travaux forcés de 1852 à 1946, sur décision de Napoléon III. Le capitaine Alfred Dreyfus y fut envoyé en 1894.
130
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+ La Guyane restera alors une colonie française jusqu'au 19 mars 1946, où elle obtient le statut de département d'outre-mer. La France attendait des détenus qu'ils fussent aussi des colons. Mais ce fut un échec. La fermeture du bagne a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la publication de 27 articles d'Albert Londres et sous l'impulsion de Gaston Monnerville. C'est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n'est qu'en 1945 que l'Assemblée constituante décida de rapatrier les survivants qui le souhaitaient (très peu sont restés). L'opération prit huit ans.
132
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133
+ En 1964, le général de Gaulle prend la décision de construire une base spatiale en Guyane, destinée à remplacer la base saharienne située en Algérie à Hammaguir. La position du département est privilégiée, proche de l’équateur avec une large ouverture sur l’océan. Le Centre spatial guyanais, depuis les premières fusées « Véronique », s’est largement développé au fil des années. Port spatial de l’Europe avec des lanceurs comme Ariane 4 et Ariane 5, qui se révèlent un véritable succès commercial dans le monde[36],[37], le Centre spatial guyanais développe aussi le Programme Vega, et une base de lancement Soyouz construite à Sinnamary. D'ici 2021, la Guyane va assister au lancement de la nouvelle fusée Ariane 6, projet développé en 2014.
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+ En 1982, les lois de décentralisation entrent en vigueur et un transfert de compétences s’opère vers les collectivités territoriales qui vont devenir acteurs du développement de la Guyane[38].
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+ Fin mars 2017, un large mouvement de manifestations et de grèves se développe en Guyane et amène le déplacement sur place des ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer. L'accord proposé par le gouvernement est refusé par les représentants des manifestants et grévistes le 2 avril[39].
138
+
139
+ La Guyane est une région administrative dont la préfecture est Cayenne. Elle constitue avec la Guadeloupe et la Martinique, situées dans les Antilles, les départements français d'Amérique (DFA).
140
+
141
+ La Guyane élit une assemblée unique depuis l'approbation par les Guyanais, au cours d'un référendum tenu le 24 janvier 2010[40], de fusionner le conseil régional et le conseil général en une assemblée unique ou « collectivité unique ».
142
+
143
+ Au niveau communal, il existe 22 communes dirigées par des maires. Certaines de ces communes, comme Maripasoula et Camopi, ont des superficies supérieures aux départements métropolitains. De plus, certaines communes sont subdivisées en villages supervisés par des capitaines.
144
+
145
+ Par ailleurs, la Guyane est représentée au niveau national par deux députés (voir les circonscriptions) et deux sénateurs.
146
+
147
+ Elle est aussi la plus grande des neuf régions ultrapériphériques de l'Union européenne.
148
+
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+ Depuis le 1er janvier 2012, La Guyane possède à nouveau sa propre cour d'appel, supprimée en 1947, avec son parquet général. De 1947 à 2012, les dossiers étaient traités par la cour d'appel de Fort-de-France en Martinique, à plus de 2 000 km de Cayenne. Le premier président de cette nouvelle cour d'Appel prenant fonction au 1er janvier 2012 est Pierre Gouzenne, précédemment président du tribunal de grande instance d'Avignon. Le procureur général prenant fonction de ce nouveau parquet général au 1er janvier 2012 est Raymond Morey, précédemment procureur de la République de Nancy.
150
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151
+ De même, il existe un tribunal administratif complètement autonome. Effectivement, s'il existait déjà un tribunal administratif spécifique, celui-ci était composé à l'origine avec des magistrats venant de Fort-de-France (comme actuellement à Saint-Pierre et Miquelon). Mais, progressivement, le fonctionnement du tribunal s'est autonomisé avec l'affectation d'un, puis deux magistrats en résidence permanente. Il y a désormais quatre magistrats dont un président, de telle sorte que la juridiction est bien totalement autonome.
152
+
153
+ Le logo de la collectivité territoriale de Guyane est le seul symbole officiel. L'unité régionale de gendarmerie utilise pour ses uniformes le blason de Cayenne.
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+
155
+ Le conseil général de la Guyane, qui a disparu en 2015, avait adopté en 2010 le drapeau de l'Union des travailleurs guyanais (syndicat UTG) comme drapeau de la Guyane.
156
+
157
+ Logo de la collectivité territoriale de Guyane (depuis 2016).
158
+
159
+ Drapeau des six peuples autochtones de Guyane (Depuis 2012).
160
+
161
+ Blason utilisé par la gendarmerie.
162
+
163
+ Drapeau de l'UTG (Drapeau utilisé par le conseil général de 2010 à 2015)..
164
+
165
+ Logo de l'ancien conseil régional de Guyane (1974-2015).
166
+
167
+ Logo de l'ancien conseil général de Guyane (1948-2015).
168
+
169
+ drapeau de la Guyane
170
+
171
+ Trois tendances politiques se partagent la vie politique guyanaise. Les deux principales forces politiques restent, à l'instar du reste de la France, la droite loyaliste, représentée par Les Républicains et la gauche loyaliste, représentée par le parti socialiste guyanais (PSG), les forces démocratiques de Guyane (FDG), le parti socialiste (PS) et Europe Écologie Les Verts. Mais cette « gauche loyaliste » est à présent très concurrencée par la France Insoumise. Enfin, la troisième tendance politique est l'extrême-gauche indépendantiste représentée par le mouvement de décolonisation et d'émancipation MDES et le Walwari (PRG). Le mouvement La France insoumise est représenté en Guyane par huit Groupes d'Action (GA ou GdA). Le score en tête de Jean-Luc Mélenchon, à l'élection présidentielle de 2017, et le soutien du mouvement à la candidature de Davy Rimane, lors de l'élection législative partielle de mars 2018, ont permis à la France Insoumise de se positionner comme une nouvelle force de gauche dans la région.
172
+
173
+ Depuis le 1er octobre 2013, le commandant des forces armées en Guyane est le général de division aérienne Philippe Adam[41]. Il y a 2 300 militaires[42].
174
+
175
+ Ces forces sont principalement réparties dans les unités suivantes :
176
+
177
+ En 2017, la région comptait 268 700 habitants[Note 1], en augmentation de 12,12 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
178
+
179
+ La population de la Guyane est en forte augmentation : elle pourrait passer à 424 000 habitants en 2030, selon l'Insee, si les tendances observées de 1999 à 2009 se maintenaient[43], en raison d'un fort taux de croissance naturelle (excédent des naissances sur les décès) et sous l'effet d'une immigration importante venant des pays proches (Brésil, Guyana, Haïti[44], Suriname). Cependant, on observe un ralentissement de la croissance démographique lié à une légère inflexion de la natalité et, surtout, à un retournement du solde migratoire, devenu négatif entre 2008 et 2013[45]. Il s'agit du département le moins densément peuplé de France (3,2 hab./km2).
180
+
181
+ Les habitants de la Guyane sont appelés les Guyanais et les Guyanaises. Ne pas confondre avec les Guyaniens et Guyaniennes qui sont les habitants du Guyana.
182
+
183
+ La population est essentiellement groupée dans quelques communes sur le littoral, le long de la RN 1 (bande littorale) et au bord des grands fleuves et de leurs estuaires. De nombreuses communautés coexistent[48][source insuffisante], venant de 80 pays, avec aujourd'hui une quarantaine de nationalités, dont (en 2006) :
184
+
185
+ Au 7 août 2006, selon Survival International, « dans la partie amazonienne du département français de la Guyane vivent aujourd'hui quelque dix mille Amérindiens dont les droits à la propriété collective de leurs terres, sur lesquelles ils étaient autrefois souverains, ne sont toujours pas reconnus »[49].
186
+
187
+ La Guyane fait partie de la France et est un département français, mais bénéficie d’un régime particulier : la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État ne s’applique toujours pas en Guyane qui reste sous le régime de l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828[50] : le clergé catholique, et lui seul, est salarié par le Conseil général[51]. Ainsi, 27 prêtres sont rémunérés par un budget de 800 000 €[52]. Une autre disposition de l'ordonnance de Charles X, qui n'a pas non plus été abrogée par la départementalisation de la Guyane, énonce que l'État entretient les lieux du culte catholique[53]. En somme, les principes de la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, selon lesquels la religion catholique est « la religion de l’État », sont toujours en vigueur en Guyane française[53].
188
+
189
+ En effet, en 1911, lors de l’extension de la loi de 1905 aux Antilles et à la Réunion, une partie de la classe politique guyanaise s’est opposée à toute modification. La Commission coloniale émet alors un avis négatif, bien qu’elle ne soit pas compétente en la matière.
190
+
191
+ Depuis, la question a été évoquée plusieurs fois, en particulier, en 1970, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou, et lors de la désignation d’un imam musulman en Guyane. Pour l’heure, aucune décision politique n’a remis en cause ce statut, ni ne l’a étendu à d’autres cultes[réf. nécessaire]. Une spécificité nullement remise en cause par les décrets Mandel de 1939. Mais l'administration, arguant du fait que ces cultes n’ont jamais été reconnus par la loi en Guyane, a répondu négativement à la demande de rémunération.
192
+
193
+ Après avoir décidé de stopper la rémunération du clergé catholique fin avril 2014, le conseil général s'est vu enjoint de reprendre cette rémunération par le tribunal administratif de Guyane[54].
194
+
195
+ Quant à la religion, les Guyanais se rapprochent des peuples d'Amérique latine. Chez les Créoles de Guyane, la pratique de la religion catholique est de longue date habitée de croyances populaires qui admettent un catholicisme purement latino-américain. Au cours de l'histoire coloniale, la religiosité des Créoles a puisé nombre de ses traits dans les personnalités catholiques ayant aidé dans la fondation de la colonie tel sœur Anne-Marie Javouhey. La réception des sacrements, la pratique de la prière, la dévotion à certains saints, les rites funéraires, la fête du Saint-Esprit sur l'Approuague sont colorés de croyances enregistrées au fil des siècles.
196
+
197
+ Si la communauté protestante est bien installée, c’est toutefois le catholicisme qui demeure la première religion pratiquée en Guyane. Cela peut se justifier par la succession de colonisations connues par ce territoire et par sa proximité avec les pays latins d’Amérique du Sud. Les musulmans, hindouistes et juifs y restent très minoritaires[55].
198
+
199
+ Un rapport sociologique de 2013 sur la délinquance en Guyane[57] souligne que les violences physiques et la délinquance organisée seraient plus importantes en Guyane que partout ailleurs en France.
200
+
201
+ Pour ce qui concerne les homicides volontaires, la Guyane se situe en France en 2012 en tête des statistiques rapportées au nombre d'habitants avec 10,2 homicides pour 100 000 habitants[58].
202
+
203
+ La Guyane compte deux fois moins de médecins généralistes et trois fois moins de spécialistes que la France métropolitaine. Elle ne possède que 37 lits de réanimation pour 283 000 habitants[59].
204
+
205
+ Le paludisme et la dengue (avec des formes hémorragiques depuis le début des années quatre-vingt-dix, parfois mortelle) ont une incidence élevée en Guyane. La fièvre jaune y présente aussi un risque significatif, ainsi que la tuberculose[60].
206
+
207
+ Des difficultés d’accès à l’eau potable sont rencontrées dans de nombreuses communautés et quelques prises d’eau en rivière destinées à alimenter le réseau d'eau potable peuvent être certaines années non-opérationnelles en raison d'intrusions salines venues de l'océan atlantique (le « front salé » et son évolution saisonnière ont été observés par le BRGM à Mana et sur le Maroni pour les modéliser et mieux anticiper ce phénomène)[61]. Un manque d'accès au réseau d'eau potable augmente le risque de maladies infectieuses entériques[62]. La Guyane est aussi le département où la prévalence du sida/VIH est la plus élevée. Selon l'ARS en 2012, « Les Caraïbes sont la deuxième région la plus touchée au monde par le VIH/SIDA après l’Afrique »[63].
208
+
209
+ En 2012, la mortalité infantile par maladies infectieuses et parasitaires (même hors-sida) y est la plus élevée de France, bien plus que dans la métropole française (elle est de 551 pour 100 000 en Guyane, pour un taux métropolitain de 182 selon une étude de la Drees et de l'Inserm[64]. La mortalité périnatale et la mortalité maternelle y dépassaient celles des autres DOM[65].
210
+
211
+ Pour les visiteurs, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire quelle que soit la durée du séjour.
212
+
213
+ Comme dans toutes les zones tropicales, les parasites sont nombreux. Parmi d'autres on peut citer le pou d'agouti.
214
+
215
+ Les sols pauvres et acides favorisent la biodisponibilité et la circulation des métaux lourds et en particulier du mercure depuis des décennies utilisé par l'orpaillage, et du plomb (source de saturnisme).
216
+
217
+ Les enquêtes faites par la CIRE et l’ARS dans l'Ouest de la Guyane (entre Saint-Laurent-du-Maroni et Mana) ont mis en évidence de « fortes imprégnations au plomb chez certains habitants (dans un village 48 % de l’ensemble des habitants (21/44) et 93 % des enfants de moins de 7 ans (13/14) avaient une plombémie dépassant à 100 μg/L (seuil de définition du saturnisme en France) et d'autres analyses »[66] et études[67] ont confirmé un problème pouvant « concerner l’ensemble de la Guyane et les pays limitrophes (Surinam, Brésil) ». En 2015, les éléments disponibles font évoquer une source alimentaire[68] à ce plomb[69]. Et il a été noté que chez les femmes enceintes, « la plombémie et la proportion de participantes ayant une plombémie élevée augmente en fonction de l’âge. Ainsi, elles sont 21,6 % de moins de 18 ans contre 32,5 % chez les femmes de 35 ans et plus à avoir une plombémie ≥ 50 μg/L (p=0,29) et respectivement 2,7 % contre 10,4 % à avoir une plombémie ≥ 100 μg/L (p=0,023) ». La pauvreté, un faible niveau de scolarisation, le fait d'avoir préparé du couac durant la grossesse ou d'avoir mangé du gibier ou bu de l'eau de pluie (plutôt que du robinet ou en bouteille) et le fait de parler le nenge tongo sont associés à une plombémie plus élevée (ce qui a fait évoquer le rôle possible d'une tradition de géophagie, mais un lien de causalité n'a pas pu être clairement mis en évidence). En outre, les femmes vivant en amont du fleuve Maroni sont plus touchées qu'à l'aval. À Saint-Laurent-du-Maroni la plombémie maximale est de 25,8 μg/L dans le centre-ville à 42 μg/L sur l'île Bastien et Portal.
218
+
219
+ Cette situation, ainsi que l'inaction des pouvoirs publics, est dénoncée dans Nager avec les piranhas (2017) de Michel Onfray.
220
+
221
+ En 2015 un rapport parlementaire préconise des recommandations pour lutter contre les "Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française"[70].
222
+
223
+ Le sport le plus populaire en Guyane est le football, ensuite vient le basket-ball, le cyclisme, la natation ou encore le handball, néanmoins il existe dans le département quelques clubs de canoé, de judo,de jiu-jitsu brésilien, d'aïkido, de karaté, d'escrime, d'équitation, de rames et de volley-ball.
224
+
225
+ Les deux clubs phares de la natation Guyanaise sont le Megaquarius club et le Cercle Nageurs de Cayenne (CNC).
226
+
227
+ Depuis plusieurs années, le club du Megaquarius club Guyane remporte la majorité des championnats de Guyane grâce à ses nageurs.
228
+
229
+ La ligue de Natation Guyanaise a d'ailleurs signé un partenariat avec le Suriname pour organiser plus de compétitions entre ces deux pays, notamment le championnat d'Amazonie.
230
+
231
+ Le Djokan est une discipline née des pratiques guerrières amérindiennes, bushinengue et créoles guyanaises.
232
+
233
+ Le 8 juillet 2016, après quatre ans de concertation paraît au Journal officiel le décret en Conseil d'État approuvant le schéma d'aménagement régional (SAR) de la Guyane ; c'est le nouveau cadre pour toutes les politiques publiques d’aménagement et de développement du territoire menées en Guyane jusqu'à l'horizon 2030. Il définit les zones d'implantation de l'agriculture, de l'urbanisation et des grands équipements et infrastructures, des activités industrielles, portuaires, artisanales, agricoles, forestières, touristiques et relatives aux énergies renouvelables ainsi que celles relatives aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout en intégrant les enjeux de continuités écologiques dans un chapitre individualisé relatif à la Trame verte et bleue[71], dans le cadre de l'une des cinq priorités : « Préserver et valoriser l’environnement et la biodiversité remarquables du territoire »[72]. Les communes disposent de trois ans pour rendre leurs documents d’urbanisme compatibles avec ce SAR[72].
234
+
235
+ L’aménagement du territoire connaît un volet relatif au logement qui est un enjeu particulier en Guyane, très différent de celui de la France métropolitaine. La Guyane est marquée par un habitat individuel qui constitue 76% des résidences principales en 2013, soit environ 19 % de plus qu’en métropole. Les logements possèdent une occupation plus importante que les autres DROM, avec une moyenne de 3,4 personnes en moyenne par ménage, alors la moyenne métropolitaine est plutôt autour de 2,3. La Guyane rencontre donc un problème important de mal logement : le surpeuplement. Il touche 36,1 % des ménages en Guyane[73]. Ce taux est plus du double de celui des autres DROM comme la Réunion qui possède 14,6% de ménages touchés par la sur-occupation. Le surpeuplement touche plus de 7 familles monoparentales sur 10[74].
236
+
237
+ De plus, à l’enjeu du surpeuplement s’ajoute la déficience du logement en lui même : 47 % des résidences principales en 2013 connaissent un défaut grave de confort, le plus important étant les vis-à-vis, mais aussi des défauts plus importants tels que l’installation électrique ou encore l’absence d’équipements sanitaires. Il n’y a que 44 % des ménages qui sont dotés d’eau chaude.
238
+
239
+ Il est difficile d’accéder à la propriété en Guyane : seuls 9 % des foyers y ont accès contre 20 % en métropole. Cela est notamment lié à un problème de manque de bâti et des dépenses de logement plus élevées, le mètre carré était à 12,2 € en 2016, contre 10,6 € dans l’Hexagone. Enfin, la présence importante de l’insalubrité des logements ne pousse pas les ménages à acheter. Il y a un manque de construction de logements sociaux, à peine 1 000/an alors que la demande est bien plus élevée[75]. Le taux des logements sociaux (HLM) comme part des résidences principales a été 15,1% en 2016, et ce taux a atteint 17,3% à Cayenne[76],[77].
240
+
241
+ L'économie de la Guyane est fortement dépendante de l'Hexagone et de l'industrie spatiale (Centre spatial guyanais).
242
+ Il existe peu de lignes aériennes directes à destination des autres pays de l'Amérique du Sud, mis à part le Suriname et le Brésil. Toutefois, il est possible de se rendre dans le reste de l'Amérique en faisant escale à Pointe-à-Pitre-Pôle Caraïbes (Guadeloupe) ou à Fort-de-France-Aimé Césaire (Martinique).
243
+
244
+ Le taux de chômage officiel au deuxième semestre 2013 est de 21,3 %[78], soit l'un des plus élevés de France.
245
+
246
+ Le Carnaval est l'un des événements majeurs de Guyane. Il se déroule, les après-midi de dimanche, entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres en février ou mars. Des groupes déguisés selon la thématique de l'année, y défilent autour de chars décorés, au rythme des percussions et des cuivres. La préparation des groupes dure des mois avant le carnaval. Les groupes défilent devant des milliers de spectateurs qui s'amassent sur les trottoirs et les gradins aménagés pour l'occasion.
247
+
248
+ Puis, au début de soirée, les touloulous se rendent dans les dancings.
249
+
250
+ Des groupes brésiliens identiques à ceux que l'on rencontre au carnaval de Rio, sont également appréciés pour leurs rythmes et leurs costumes affriolants. La communauté asiatique de Cayenne participe également aux défilés en apportant sa touche caractéristique, avec des dragons.
251
+
252
+ Le français est la langue officielle de la Guyane mais de nombreuses autres langues locales sont aussi utilisées. La seconde langue la plus parlée dans la société est le créole guyanais[79], une langue à base de français, d'anglais, d'espagnol, de portugais, de langues africaines et amérindiennes. Elle serait née au XVIIe siècle entre les esclaves africains et leurs maîtres français qui tentaient de communiquer. Il est parfois mélangé par l'influence des autres communautés créoles immigrés de Martinique (créole martiniquais), de Guadeloupe (créole guadeloupéen) et d'Haïti (créole haïtien)...
253
+
254
+ Six langues bushi kondé (des noirs marrons), parlées par les Busi-Nengue Guyanais ou Surinamiens (Surinamais pour l'Académie française) : langues boni, saramaca, paramaca, djuka, mataray, kwenty, aluku.
255
+
256
+ Les autres langues régionales sont six des sept langues amérindiennes (arawak, palikur, kali'na, wayana, wayãpi, émerillon), ainsi que le hmong (langue laotienne). La langue apalai parlée par peu de locuteurs n'est pas reconnue officiellement.
257
+
258
+ Enfin, les autres communautés formant une partie non négligeable de la population parlent quotidiennement le portugais, l'anglais, le chinois, l'espagnol, le russe, etc.
259
+
260
+ La gastronomie guyanaise est riche des différentes cultures qui se mélangent en Guyane, les restaurants chinois côtoient les restaurants créoles dans les grandes villes comme Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. La gastronomie guyanaise rassemblait à l'origine les cuisines créole, bushinengue et amérindienne. Toutes ces cuisines ont plusieurs ingrédients en commun :
261
+
262
+ À Pâques, les Guyanais mangent le plat le plus emblématique de la Guyane : le bouillon d'awara.
263
+
264
+ Le repas traditionnel du mariage des Guyanais est le haricot rouge avec du riz.
265
+
266
+ Le premier timbre spécifique à la Guyane date de 1886, il s'agit d'un timbre de type Alphée et surchargé avec l'indication "Déc 1886, Guy Franc".
267
+
268
+ Jusqu'en 1902, la Guyane utilisera les timbres des séries françaises ou coloniale avec une surcharge spécifique.
269
+
270
+ A partir de 1904 sera émis des timbres spécifiques à la Guyane et portant l'indication « Guyane Francaise ».
271
+
272
+ Les derniers timbres portant une indication « Guyane Française » sont émis en 1947. Au-delà de cette date, ce sont les timbres de métropole qui ont été utilisés.
273
+
274
+ Sportifs
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+
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+ Musiciens
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+ Personnalités historiques
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+ Personnalités politiques
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+ Personnalités littéraires
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1
+
2
+
3
+ La Guyane, /gɥijan/[2] Écouter en créole guyanais : Lagwiyann, est une collectivité territoriale unique située en Amérique du Sud, limitrophe du Brésil au sud-est et au sud, et du Suriname à l'ouest. Ses compétences sont les mêmes que celles d'une région et d'un département métropolitain avec un organe délibérant : l'assemblée de Guyane. Son code Insee est le 973. Hors de France, la région est parfois appelée Guyane française. Avec une superficie de 83 846 km2[3] et une population de 296 711 habitants (2019), la Guyane est la deuxième région de France pour la superficie et la deuxième moins peuplée (après Mayotte). C'est également le département le plus boisé, 97 %[4] du territoire étant couvert d'une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde, la forêt guyanaise.
4
+
5
+ Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643[réf. souhaitée] et la fondation de Cayenne. La Guyane, autrefois désignée comme la France équinoxiale, devient alors une colonie esclavagiste et voit sa population progresser jusqu'à l'abolition officielle de l'esclavage au moment de la révolution française.
6
+
7
+ Elle accède temporairement au statut de département français à partir de 1797 mais est progressivement transformée en colonie pénale avec l'instauration du bagne. Il s'agit plus précisément d'un réseau de camps et de pénitenciers répartis sur l'ensemble de la côte guyanaise dans lesquels les détenus sont condamnés aux travaux forcés.
8
+
9
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, le Guyanais Félix Éboué est un des premiers à se ranger derrière le général de Gaulle dès le 18 juin 1940. La Guyane rallie officiellement la France combattante en 1943[5]. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. De Gaulle, devenu président, décide[6] d'y établir le centre spatial guyanais à partir de 1965. Il est aujourd'hui exploité par le Centre national d'études spatiales (CNES), Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).
10
+
11
+ Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. C'est le seul territoire continental de France et de l'Union européenne en Amérique du Sud et le dernier territoire français en Amérique continentale.
12
+
13
+ La limite de la partie du plateau continental sur laquelle la France dispose d'un droit exclusif d'exploitation y a été étendue à 350 milles marins des côtes en 2015, soit 72 000 km2 de plus au large de la Guyane [7], après l'avis favorable de l'Organisation des Nations unies[8], la ZEE s'étendant toujours jusqu'à 200 milles nautiques concernant les ressources halieutiques et biologiques.
14
+
15
+ Le nom Guyane est d'origine amérindienne : « Guiana » signifie « terre d'eaux abondantes » en arawak[9]. Une variante désuète du nom en français s'écrivait avec deux n : « Guyanne »[10].
16
+
17
+ Dans une partie de la France autrefois dite « France équinoxiale »[11] c'est-à-dire équatoriale, le nom officiel de la région est « Guyane ». L'ajout de l'adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage issue de la période de la colonisation et aujourd'hui obsolète dans la mesure où il n'y a plus à notre époque en français d'ambiguïté quant à la Guyane considérée. Historiquement, il a existé plusieurs autres Guyanes :
18
+
19
+ Ces Guyanes s'intègrent au sein du plateau des Guyanes, ensemble géographique délimité au nord et à l'ouest par le fleuve Orénoque au Venezuela, au nord et à l'est par l'Océan Atlantique, au sud et à l'est, au Brésil, par le Río Negro et l'Amazone jusqu'à son embouchure.
20
+
21
+ La Guyane française a pour codes :
22
+
23
+ La Guyane est frontalière du Brésil sur 730 km et du Suriname sur 520 km[12], faisant du Brésil le pays ayant la plus grande frontière terrestre avec la France (Suriname sixième). S’étendant sur 83 534 kilomètres carrés, c'est la deuxième plus vaste région de France derrière la Nouvelle-Aquitaine[13].
24
+
25
+ Au sud-ouest, au triangle Itany-Marwini, un territoire de 6 000 kilomètres carrés inhabité et revendiqué par le Suriname dépend de la Guyane française. Il n'est pratiquement pas visité, à part quelques orpailleurs et des militaires français. La réestimation de la superficie de la Guyane n'est pas liée à ce différend frontalier, mais à une erreur commise par l'ancien Service géographique des Colonies, qui avait attribué 91 000 km2 au territoire du fait d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. L'erreur a été corrigée dans les années 1960 par l'IGN[14].
26
+
27
+ Elle possède un climat équatorial et est essentiellement couverte d'une vaste forêt tropicale humide bordée de mangroves côté mer, la forêt guyanaise. Le sous-sol est constitué d'un bouclier rocheux ancien, riche en latérite, pauvre et acide, qui forme un relief dit en peau d'orange parsemé d'inselbergs et entaillé par les réseaux de fleuves et rivières. Ces derniers sont les principaux axes de circulation depuis des siècles ou millénaires. Ils constituent 7 bassins fluviaux, 953 masses d'eau et sont alimentés par 2,5 à 4 m de précipitations annuelles[15].
28
+
29
+ Le relief de la Guyane s'est modelé à partir d'un socle ancien bordé par une plaine littorale. L'essentiel de la région se trouve à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres, signe d'une très ancienne évolution morphologique et géomorphologique dont résulte la faiblesse des contrastes topographiques.
30
+
31
+ Deux grandes régions topographiques peuvent être distinguées :
32
+
33
+ La Guyane se situe sur le plateau des Guyanes qui s'est constitué dans des terrains encaissés qui ont disparu sous l'action de l'érosion, ne laissant que quelques lambeaux métamorphisés au contact des plutons granitiques. On trouve aujourd'hui deux ensembles géologiques : des formations sédimentaires récentes et des formations précambriennes.
34
+
35
+ L'absence de couverture sédimentaire, érodée au cours du temps, laisse affleurer les formations précambriennes qui ont chacune leur forme de relief caractéristiques : « collines en amandes » pour les schistes de l'Orapu, semis de collines identiques de même hauteur et à pentes convexes pour le granite guyanais. Outre une influence sur l'exploitation forestière (peuplements, accessibilités...), la géologie explique la richesse en divers minerais (or, bauxite, tantalite...) à la base des activités minières de Guyane, comme l'orpaillage.
36
+
37
+ La pluviométrie est élevée en Guyane. La pluie résulte en grande partie de la condensation de l'évapotranspiration des arbres de la forêt tropicale humide.
38
+
39
+ Elle est naturellement acide (avec un changement de pH qui peut significativement évoluer entre saison sèches et humides)[réf. nécessaire].
40
+
41
+ La Guyane possède un climat équatorial humide ; la température moyenne est de 25,5 °C. La précipitation annuelle est en moyenne de 2 816 mm à Cayenne sur la période 1981 - 2010, selon les relevés de Météo France.
42
+
43
+ Cayenne connaît une saison humide de décembre à juillet et une période plus sèche durant le reste de l'année. Les précipitations commencent à décroître en juillet (155 mm), avec pour creux les mois de septembre et octobre qui sont dits « mois secs » (respectivement 39 et 51 mm en moyenne), puis remontent dès le mois de novembre (105 mm). Le mois le plus humide est le mois de mai avec une hauteur moyenne des précipitations atteignant 518 mm[16].
44
+
45
+ Le principal moyen de transport en Guyane est la voiture. Pour les habitants des fleuves (l'Oyapock, fleuve frontalier avec le Brésil et le Maroni (fleuve), frontalier avec le Suriname), il s'agit de la pirogue. Les scooters sont très prisés des jeunes mais durant le tour de Guyane, en août, les vélos sont à la mode. Par ailleurs les communes de Saül (Guyane), Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Laurent-du-Maroni sont accessibles par voie aérienne depuis Cayenne.
46
+
47
+ Depuis la parution du décret no 2016-1736 du 14 décembre 2016, les principaux pôles urbains de Guyane font l'objet d'une Opération d'intérêt national.
48
+
49
+ Dans le sud-ouest, au niveau du triangle dessiné par les rivières Itany et Marwini, un territoire de 6 000 km2 est revendiqué par le Suriname depuis 1885.
50
+
51
+ Ce département est parmi les plus riches du monde en matière de biodiversité tant animale que végétale.
52
+
53
+ La forêt guyanaise est pour presque toute sa surface une forêt primaire à très haut niveau de biodiversité (hot-spot parmi les plus riches au monde), protégée par un parc national, créé en 2007, et six réserves naturelles. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Union européenne (UE) y recommandent des efforts particuliers de protection[17],[18].
54
+
55
+ À la suite du Grenelle de l'environnement de 2007, le projet de loi Grenelle II (dans son article 49) a proposé (en 2009, et sous réserve de modification) la création d’une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien (avec compétence dans les domaines de la faune, flore, les habitats naturels et semi-naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes). Il contribuera à appliquer les politiques environnementales conduites par l’État et les collectivités territoriales et leurs groupements. L'article 64 du projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d’orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l’environnement[19].
56
+
57
+ L'environnement de la frange littorale est celui qui, le long de la RN1, a historiquement connu le plus de modifications, mais une forte artificialisation est localement constatée le long de la RN 2 et là où les orpailleurs opèrent dans l'Ouest de la Guyane.
58
+
59
+ La forêt humide de Guyane s'est paradoxalement épanouie sur un des sols les plus pauvres du monde, en azote, en potassium, en phosphore et en matières organiques. Pour cette raison, et parce que cette zone a toujours conservé des refuges pour toutes ses espèces lors des périodes sèches ou de glaciation terrestre, cette forêt abrite des écosystèmes uniques qui sont parmi les plus riches et les plus fragiles du monde : forêts tropicales primaires très anciennes, mangroves, savanes, inselbergs et nombreux types de zones humides.
60
+
61
+ L'acidité des sols est également à l'origine de cette médiocrité des sols guyanais. Elle contraint les agriculteurs à chauler les champs, et a conduit au mode traditionnel d'agriculture sur brûlis : les cendres participent à l'élévation du potentiel hydrogène (pH) en plus de l'apport de sels minéraux.
62
+
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+ On peut toutefois noter que des sites de Terra preta (sols anthropogéniques) ont été découverts sur le territoire, notamment près de la frontière avec le Brésil. Des recherches sont activement menées par des acteurs de disciplines multiples pour déterminer le mode de création de ces sols les plus riches de la planète. L'hypothèse a été avancée que l'existence même de la forêt tropicale est due à ces interventions humaines intelligentes du passé (voir l'article Terra preta), où le brûlis (slash-and-burn) était remplacé par le charbonnage (slash-and-char).
64
+
65
+ 5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d'un millier d'arbres, 700 espèces d'oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons dont 45 % lui sont endémiques (les poissons « limon » et les poissons à écailles) et 109 espèces d'amphibiens. Les micro-organismes seraient bien plus nombreux encore, notamment dans le nord qui rivalise avec l'Amazonie brésilienne, Bornéo et Sumatra. Ce seul département français abrite au moins 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de la France[réf. souhaitée].
66
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+ Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont la fragmentation par les routes, qui reste très limitée comparativement aux autres forêts d'Amérique du Sud, les impacts immédiats et différés du barrage de Petit-saut d'EDF, de l'orpaillage (Opération Harpie), d'une chasse chaotique et du braconnage (chasse d'espèces protégées), facilités par la création de nombreuses pistes et l'apparition des quads. L'exploitation forestière reste modérée en raison du manque de route, du climat et du relief. Une ordonnance du 28 juillet 2005 a étendu le code forestier français à la Guyane, mais avec des adaptations et dérogations importantes. Dans une approche qui se veut durable, des concessions ou des cessions gratuites peuvent être accordées par des collectivités territoriales ou d’autres personnes morales pour leur utilisation par des personnes tirant traditionnellement leur subsistance de la forêt, mais les moyens utilisés n'étant plus toujours les moyens traditionnels, et l'écosystème guyanais étant vulnérable, les impacts de l'exploitation ou de la chasse pourraient être importants.
68
+
69
+ La moitié de la biodiversité française est en Guyane : 29 % des plantes, 55 % des vertébrés supérieurs (mammifères, oiseaux, poissons…) et jusqu'à 92 % des insectes[réf. souhaitée]. Tout cela dans un seul département de 86 504 km2. Un parc national et six réserves naturelles œuvrent à la préservation de milieux et d'espèces aussi divers qu'uniques.
70
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71
+ Les plages de la réserve naturelle de l'Amana, sur la commune d'Awala-Yalimapo, dans l'ouest, constituent pour les tortues marines un site de ponte exceptionnel. C'est l'un des plus importants au niveau mondial pour la tortue luth. Quant à la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, celle-ci abrite la seule colonie d'oiseaux marins entre Tobago et Fernando de Noronha soit sur plus de 3 000 km de littoral.
72
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+ Les séismes répertoriés ci-dessous indiquent la localité estimée être la plus proche de l'épicentre ainsi que l'intensité mesurée sur l'échelle MSK de 1964, qui va de 1 (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à 12 (changement de paysage énormes : crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées…)[20].
74
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+ En 2014 paraît le livre Les abandonnés de la république, qui relate la pollution de l'environnement au mercure par les chercheurs d'or clandestins. La santé de la population locale, dont la subsistance dépend largement de la pêche, est dite en péril[28]. D'après le fonds mondial pour la nature, 12 000 hectares de la forêt amazonienne en Guyane ont été détériorés par cette activité clandestine.
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+
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+ La recherche de mines et sources d'hydrocarbures liquides ou gazeux au large de la Guyane est une autre menace pour le tourisme et la pêche (troisième secteur de l'économie guyanaise)[29]. Total a déposé un permis dit "Guyane Maritime" en 2011, accordé en septembre 2017 puis prolongé par le gouvernement jusque juin 2019. Mi-mai 2018 Total a déposé une demande de forage d'exploration ; l'Autorit�� environnementale lui a demandé de compléter son étude d'impact pour mieux évaluer l'impact d'un possible accident (éruption de puits, polluants présents dans les boues de forage, pollution sonore induite par lors des tirs d'explosifs....) et de préciser sa démarche éviter, réduire, compenser encore « très partielle », en s'appuyant mieux sur les retours d'expérience par exemple de l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon de BP[30].
78
+
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+ Depuis 2016, les permis d'exploitation minière se sont multipliés. En mai 2018, près de 300.000 hectares étaient déjà concernés par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières[31].
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+ L'espace maritime guyanais reste très peu exploré, permettant d'accueillir dans ses eaux une biodiversité particulièrement riche, dont de nombreuses espèces de dauphins et de baleines. Cependant, à quelques kilomètres plus au sud dans les eaux brésiliennes, des compagnies pétrolières envisagent de forer le sous-sol marin, ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement[32].
82
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+ Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres, polissoirs…) de peuples amérindiens entre l’Oyapock et le Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. Nombre de leurs successeurs dans la même zone géographique appartiennent principalement au groupe linguistique des Tupi-Guarani.
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+ On estime qu’à la fin du IIIe siècle, des Indiens Arawak et Palikur, originaires des rives de l’Amazone, s’installent sur le littoral guyanais. Ils sont suivis au VIIIe siècle par les Indiens dits Caraïbes ou Karibes, les Kali’na (Galibis) et Wayana.
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+ La côte de Guyane fut reconnue par Christophe Colomb en 1498. Malgré le partage du Nouveau Monde organisé en 1494 par le traité de Tordesillas entre le Portugal et l'Espagne, les nations européennes sont à l’origine de nombreuses tentatives de colonisation en Guyane dès le XVIe siècle.
88
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+ Dès 1503 commencent les premières implantations françaises dans la zone de Cayenne. Notons celle des Français avec le voyage de Nicolas Guimestre en 1539, suivie par celle de l’Anglais Robert Baker (1562) et celle de Gaspard de Sotelle (1568-1573) qui implante plus de 120 familles espagnoles dans l’île de Cayenne.
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+ De 1596 à 1598, les Anglais John Ley et Lawrence Keymis, et le Néerlandais Abraham Cabeliau, effectuent des reconnaissances géographiques précises des côtes de la Guyane. Les vraies implantations européennes apparaissent surtout au XVIIe siècle, par des occupations ponctuelles (quelques années) d’embouchures fluviales, et sont l’œuvre de la France, de l’Angleterre et des Pays-Bas.
92
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+ En 1604, la colonie de Guyane prend le nom de France équinoxiale.
94
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+ Si les premières tentatives importantes de colonisations françaises datent des années 1620, elles sont souvent mises à mal par les dissensions internes des colons, les rapports humains médiocres avec les Amérindiens, voire la dureté des conditions de vie, notamment avec la fièvre jaune[33]. De leur côté, les nations amérindiennes doivent faire face à un important taux de mortalité, dû aux guerres menées face aux colonisateurs, mais aussi à l’action d’épidémies nouvellement importées d’Europe.
96
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97
+ Longtemps, la tutelle du roi de France sur la Guyane est régulièrement contestée ; ce n’est qu’avec la reprise de Cayenne en décembre 1676 par l’amiral Jean d’Estrées que les Français s’implantent définitivement. Et encore ne contrôlent-ils que l’île de Cayenne et, par intermittence, quelques postes militaires aux estuaires fluviaux. C'est cette présence humaine et militaire faible qui explique en grande partie l’extrême facilité avec laquelle les Portugais du Brésil se sont emparés de l’île de Cayenne pendant les guerres napoléoniennes, île qu’ils ont occupée de 1809 à 1817.
98
+
99
+ La colonisation de la Guyane est d’abord le fait de travailleurs européens, les « engagés », également appelés les « trente-six-mois » parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d’origine africaine, utilisés dans les habitations (exploitations agricoles) à la culture des produits coloniaux : sucre, épices, chocolat et café.
100
+
101
+ Comme dans les autres colonies françaises, l’esclavage est en grande partie régi par les textes du Code noir (1685).
102
+ Cette société d’habitation reste le modèle économique dominant en Guyane jusqu’à la deuxième abolition de l’esclavage en 1848. Elle n’a toutefois pas apporté un vrai développement à la Guyane, qui reste la région pauvre et sous-peuplée, de l’ensemble colonial français en Amérique. Lors du traité d'Utrecht en 1713, le roi de France Louis XIV, afin de limiter les conflits locaux avec la colonie portugaise du Brésil, pose les bases de la frontière entre le Brésil et la France[34].
103
+
104
+ L’expédition de Kourou qui débuta à partir de 1763 est très mal préparée. Elle fut menée à la demande de Choiseul et dirigée par le chevalier Étienne-François Turgot, gouverneur, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon, intendant et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant, pour établir une vraie colonie d’agriculteurs d'origine européenne dans les savanes de l’Ouest guyanais. Cependant, cela sera un échec retentissant : presque tous les colons « survivants » s’enfuient de Guyane pour rejoindre la métropole. Seuls restent en Guyane des colons allemands et canadiens, qui s’implantent durablement à Kourou, Sinnamary, Malmanoury, Corossony et Iracoubo, et y fondent une société originale (et métissée) d’agriculteurs exploitants en Guyane.
105
+
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+ La Guyane française est occupée par les Britanniques de 1778 à 1783, puis de 1785 à 1788.
107
+
108
+ Pendant la Révolution elle devient pour la première fois (Collot d'Herbois et Billaud-Varenne), lieu de déportation politique; ceux-ci seront suivis en 1798, alors que La Guyane est érigée en un département, des « déportés de fructidor » et de prêtres réfractaires : Counamama et Sinnamary seront le cimetière de la plus grande partie d’entre eux.
109
+
110
+ L'esclavage est aboli en 1794 dans toutes les colonies, avant que Napoléon Ier ne le rétablisse en 1804. Il n’est définitivement supprimé par le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, sous l’impulsion notamment de l'abolitionniste Victor Schœlcher.
111
+ La disparition de la main-d’œuvre servile met un point d’arrêt à l’économie coloniale traditionnelle.
112
+
113
+ Pendant la Révolution française, la Guyane est occupée par les Portugais, qui détiennent le Brésil, de 1809 à 1817 : cette période d'occupation va marquer le créole guyanais, qui va intégrer de nombreux mots portugais dans son vocabulaire. Bien que rendue aux Français, à la suite des applications du traité de Vienne de 1815, le retour effectif des Français est à situer en avril 1817, avec l'envoi d'un gouverneur.
114
+
115
+ Pour pallier le manque de main-d’œuvre mais surtout pour débarrasser la métropole d’opposants politiques républicains et de délinquants de droit commun, le Second Empire crée des bagnes en Guyane. Ils accueillent des transportés, des déportés puis également des relégués jusqu’en 1946. Dans les années 1930, les Établissements Pénitentiaires Spéciaux, dits aussi « bagnes des Annamites » (voir Camp Crique Anguille), sont implantés dans le Territoire de l'Inini. Peuplés d’opposants politiques et d’intellectuels indochinois, mais aussi de petits délinquants, voleurs et proxénètes, ces bagnes seront un échec cuisant.
116
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117
+ Les essais de peuplement de la Guyane par des ouvriers « libres » issus de l’immigration (Afrique, Inde, États-Unis, Madère…) ne seront pas plus durables.
118
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119
+ En 1713, les traités d'Utrecht fixent une frontière entre les territoires français et portugais du plateau des Guyanes. C’est une rivière qui doit servir de frontière, mais le traité n'est pas certain quant à la rivière qu'il désigne. En 1822, le Brésil devient indépendant. Plusieurs centaines de kilomètres carrés sont contestés entre la France et le Brésil.
120
+ Le « Contesté » devient un territoire neutre, refuge d’aventuriers, de bagnards échappés ou d’esclaves en marronnage.
121
+ A la fin du XIXe siècle les deux pays se mettent d’accord pour recourir à l’arbitrage de la Suisse. La diplomatie brésilienne s’investit fortement dans cet arbitrage alors que la France ne met guère de moyens dans la négociation. L’arbitrage suisse est rendu en 1900 en faveur du Brésil, le fleuve Oyapock est retenu comme frontière entre la Guyane française et le Brésil. Les ressortissants français ne peuvent s’installer sur la rive désormais brésilienne[35].
122
+
123
+ En 1855, un site aurifère est découvert dans l’Est guyanais sur l’Arataye, un affluent de l’Approuague. Dans l’Ouest, de l’or est extrait de la rivière Inini (Haut-Maroni). Le début du XXe siècle est marqué par une ruée vers l’or, avec 10 000 chercheurs en activité, entraînant une croissance du commerce local souvent artificielle, et l’arrêt des dernières activités agricoles par manque de main-d’œuvre.
124
+
125
+ L'existence éphémère de la République de la Guyane indépendante (Amapá, 1886-1891, puis État Libre de Counani (1904-1912)) est liée à cette ruée vers l'or.
126
+
127
+ À l’instar de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique, la Guyane devient département français d’outre-mer en 1946. Mais le décollage économique peine à se réaliser en raison des coûts de production élevés, de la faiblesse numérique de la population, de la dépendance commerciale (importations) vis-à-vis de l’Hexagone et du manque criant d’infrastructures les plus élémentaires : voies de communication, écoles, système de santé, etc.
128
+
129
+ Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et les îles du Salut furent des lieux de déportation pour les condamnés aux travaux forcés de 1852 à 1946, sur décision de Napoléon III. Le capitaine Alfred Dreyfus y fut envoyé en 1894.
130
+
131
+ La Guyane restera alors une colonie française jusqu'au 19 mars 1946, où elle obtient le statut de département d'outre-mer. La France attendait des détenus qu'ils fussent aussi des colons. Mais ce fut un échec. La fermeture du bagne a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la publication de 27 articles d'Albert Londres et sous l'impulsion de Gaston Monnerville. C'est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n'est qu'en 1945 que l'Assemblée constituante décida de rapatrier les survivants qui le souhaitaient (très peu sont restés). L'opération prit huit ans.
132
+
133
+ En 1964, le général de Gaulle prend la décision de construire une base spatiale en Guyane, destinée à remplacer la base saharienne située en Algérie à Hammaguir. La position du département est privilégiée, proche de l’équateur avec une large ouverture sur l’océan. Le Centre spatial guyanais, depuis les premières fusées « Véronique », s’est largement développé au fil des années. Port spatial de l’Europe avec des lanceurs comme Ariane 4 et Ariane 5, qui se révèlent un véritable succès commercial dans le monde[36],[37], le Centre spatial guyanais développe aussi le Programme Vega, et une base de lancement Soyouz construite à Sinnamary. D'ici 2021, la Guyane va assister au lancement de la nouvelle fusée Ariane 6, projet développé en 2014.
134
+
135
+ En 1982, les lois de décentralisation entrent en vigueur et un transfert de compétences s’opère vers les collectivités territoriales qui vont devenir acteurs du développement de la Guyane[38].
136
+
137
+ Fin mars 2017, un large mouvement de manifestations et de grèves se développe en Guyane et amène le déplacement sur place des ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer. L'accord proposé par le gouvernement est refusé par les représentants des manifestants et grévistes le 2 avril[39].
138
+
139
+ La Guyane est une région administrative dont la préfecture est Cayenne. Elle constitue avec la Guadeloupe et la Martinique, situées dans les Antilles, les départements français d'Amérique (DFA).
140
+
141
+ La Guyane élit une assemblée unique depuis l'approbation par les Guyanais, au cours d'un référendum tenu le 24 janvier 2010[40], de fusionner le conseil régional et le conseil général en une assemblée unique ou « collectivité unique ».
142
+
143
+ Au niveau communal, il existe 22 communes dirigées par des maires. Certaines de ces communes, comme Maripasoula et Camopi, ont des superficies supérieures aux départements métropolitains. De plus, certaines communes sont subdivisées en villages supervisés par des capitaines.
144
+
145
+ Par ailleurs, la Guyane est représentée au niveau national par deux députés (voir les circonscriptions) et deux sénateurs.
146
+
147
+ Elle est aussi la plus grande des neuf régions ultrapériphériques de l'Union européenne.
148
+
149
+ Depuis le 1er janvier 2012, La Guyane possède à nouveau sa propre cour d'appel, supprimée en 1947, avec son parquet général. De 1947 à 2012, les dossiers étaient traités par la cour d'appel de Fort-de-France en Martinique, à plus de 2 000 km de Cayenne. Le premier président de cette nouvelle cour d'Appel prenant fonction au 1er janvier 2012 est Pierre Gouzenne, précédemment président du tribunal de grande instance d'Avignon. Le procureur général prenant fonction de ce nouveau parquet général au 1er janvier 2012 est Raymond Morey, précédemment procureur de la République de Nancy.
150
+
151
+ De même, il existe un tribunal administratif complètement autonome. Effectivement, s'il existait déjà un tribunal administratif spécifique, celui-ci était composé à l'origine avec des magistrats venant de Fort-de-France (comme actuellement à Saint-Pierre et Miquelon). Mais, progressivement, le fonctionnement du tribunal s'est autonomisé avec l'affectation d'un, puis deux magistrats en résidence permanente. Il y a désormais quatre magistrats dont un président, de telle sorte que la juridiction est bien totalement autonome.
152
+
153
+ Le logo de la collectivité territoriale de Guyane est le seul symbole officiel. L'unité régionale de gendarmerie utilise pour ses uniformes le blason de Cayenne.
154
+
155
+ Le conseil général de la Guyane, qui a disparu en 2015, avait adopté en 2010 le drapeau de l'Union des travailleurs guyanais (syndicat UTG) comme drapeau de la Guyane.
156
+
157
+ Logo de la collectivité territoriale de Guyane (depuis 2016).
158
+
159
+ Drapeau des six peuples autochtones de Guyane (Depuis 2012).
160
+
161
+ Blason utilisé par la gendarmerie.
162
+
163
+ Drapeau de l'UTG (Drapeau utilisé par le conseil général de 2010 à 2015)..
164
+
165
+ Logo de l'ancien conseil régional de Guyane (1974-2015).
166
+
167
+ Logo de l'ancien conseil général de Guyane (1948-2015).
168
+
169
+ drapeau de la Guyane
170
+
171
+ Trois tendances politiques se partagent la vie politique guyanaise. Les deux principales forces politiques restent, à l'instar du reste de la France, la droite loyaliste, représentée par Les Républicains et la gauche loyaliste, représentée par le parti socialiste guyanais (PSG), les forces démocratiques de Guyane (FDG), le parti socialiste (PS) et Europe Écologie Les Verts. Mais cette « gauche loyaliste » est à présent très concurrencée par la France Insoumise. Enfin, la troisième tendance politique est l'extrême-gauche indépendantiste représentée par le mouvement de décolonisation et d'émancipation MDES et le Walwari (PRG). Le mouvement La France insoumise est représenté en Guyane par huit Groupes d'Action (GA ou GdA). Le score en tête de Jean-Luc Mélenchon, à l'élection présidentielle de 2017, et le soutien du mouvement à la candidature de Davy Rimane, lors de l'élection législative partielle de mars 2018, ont permis à la France Insoumise de se positionner comme une nouvelle force de gauche dans la région.
172
+
173
+ Depuis le 1er octobre 2013, le commandant des forces armées en Guyane est le général de division aérienne Philippe Adam[41]. Il y a 2 300 militaires[42].
174
+
175
+ Ces forces sont principalement réparties dans les unités suivantes :
176
+
177
+ En 2017, la région comptait 268 700 habitants[Note 1], en augmentation de 12,12 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
178
+
179
+ La population de la Guyane est en forte augmentation : elle pourrait passer à 424 000 habitants en 2030, selon l'Insee, si les tendances observées de 1999 à 2009 se maintenaient[43], en raison d'un fort taux de croissance naturelle (excédent des naissances sur les décès) et sous l'effet d'une immigration importante venant des pays proches (Brésil, Guyana, Haïti[44], Suriname). Cependant, on observe un ralentissement de la croissance démographique lié à une légère inflexion de la natalité et, surtout, à un retournement du solde migratoire, devenu négatif entre 2008 et 2013[45]. Il s'agit du département le moins densément peuplé de France (3,2 hab./km2).
180
+
181
+ Les habitants de la Guyane sont appelés les Guyanais et les Guyanaises. Ne pas confondre avec les Guyaniens et Guyaniennes qui sont les habitants du Guyana.
182
+
183
+ La population est essentiellement groupée dans quelques communes sur le littoral, le long de la RN 1 (bande littorale) et au bord des grands fleuves et de leurs estuaires. De nombreuses communautés coexistent[48][source insuffisante], venant de 80 pays, avec aujourd'hui une quarantaine de nationalités, dont (en 2006) :
184
+
185
+ Au 7 août 2006, selon Survival International, « dans la partie amazonienne du département français de la Guyane vivent aujourd'hui quelque dix mille Amérindiens dont les droits à la propriété collective de leurs terres, sur lesquelles ils étaient autrefois souverains, ne sont toujours pas reconnus »[49].
186
+
187
+ La Guyane fait partie de la France et est un département français, mais bénéficie d’un régime particulier : la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État ne s’applique toujours pas en Guyane qui reste sous le régime de l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828[50] : le clergé catholique, et lui seul, est salarié par le Conseil général[51]. Ainsi, 27 prêtres sont rémunérés par un budget de 800 000 €[52]. Une autre disposition de l'ordonnance de Charles X, qui n'a pas non plus été abrogée par la départementalisation de la Guyane, énonce que l'État entretient les lieux du culte catholique[53]. En somme, les principes de la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, selon lesquels la religion catholique est « la religion de l’État », sont toujours en vigueur en Guyane française[53].
188
+
189
+ En effet, en 1911, lors de l’extension de la loi de 1905 aux Antilles et à la Réunion, une partie de la classe politique guyanaise s’est opposée à toute modification. La Commission coloniale émet alors un avis négatif, bien qu’elle ne soit pas compétente en la matière.
190
+
191
+ Depuis, la question a été évoquée plusieurs fois, en particulier, en 1970, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou, et lors de la désignation d’un imam musulman en Guyane. Pour l’heure, aucune décision politique n’a remis en cause ce statut, ni ne l’a étendu à d’autres cultes[réf. nécessaire]. Une spécificité nullement remise en cause par les décrets Mandel de 1939. Mais l'administration, arguant du fait que ces cultes n’ont jamais été reconnus par la loi en Guyane, a répondu négativement à la demande de rémunération.
192
+
193
+ Après avoir décidé de stopper la rémunération du clergé catholique fin avril 2014, le conseil général s'est vu enjoint de reprendre cette rémunération par le tribunal administratif de Guyane[54].
194
+
195
+ Quant à la religion, les Guyanais se rapprochent des peuples d'Amérique latine. Chez les Créoles de Guyane, la pratique de la religion catholique est de longue date habitée de croyances populaires qui admettent un catholicisme purement latino-américain. Au cours de l'histoire coloniale, la religiosité des Créoles a puisé nombre de ses traits dans les personnalités catholiques ayant aidé dans la fondation de la colonie tel sœur Anne-Marie Javouhey. La réception des sacrements, la pratique de la prière, la dévotion à certains saints, les rites funéraires, la fête du Saint-Esprit sur l'Approuague sont colorés de croyances enregistrées au fil des siècles.
196
+
197
+ Si la communauté protestante est bien installée, c’est toutefois le catholicisme qui demeure la première religion pratiquée en Guyane. Cela peut se justifier par la succession de colonisations connues par ce territoire et par sa proximité avec les pays latins d’Amérique du Sud. Les musulmans, hindouistes et juifs y restent très minoritaires[55].
198
+
199
+ Un rapport sociologique de 2013 sur la délinquance en Guyane[57] souligne que les violences physiques et la délinquance organisée seraient plus importantes en Guyane que partout ailleurs en France.
200
+
201
+ Pour ce qui concerne les homicides volontaires, la Guyane se situe en France en 2012 en tête des statistiques rapportées au nombre d'habitants avec 10,2 homicides pour 100 000 habitants[58].
202
+
203
+ La Guyane compte deux fois moins de médecins généralistes et trois fois moins de spécialistes que la France métropolitaine. Elle ne possède que 37 lits de réanimation pour 283 000 habitants[59].
204
+
205
+ Le paludisme et la dengue (avec des formes hémorragiques depuis le début des années quatre-vingt-dix, parfois mortelle) ont une incidence élevée en Guyane. La fièvre jaune y présente aussi un risque significatif, ainsi que la tuberculose[60].
206
+
207
+ Des difficultés d’accès à l’eau potable sont rencontrées dans de nombreuses communautés et quelques prises d’eau en rivière destinées à alimenter le réseau d'eau potable peuvent être certaines années non-opérationnelles en raison d'intrusions salines venues de l'océan atlantique (le « front salé » et son évolution saisonnière ont été observés par le BRGM à Mana et sur le Maroni pour les modéliser et mieux anticiper ce phénomène)[61]. Un manque d'accès au réseau d'eau potable augmente le risque de maladies infectieuses entériques[62]. La Guyane est aussi le département où la prévalence du sida/VIH est la plus élevée. Selon l'ARS en 2012, « Les Caraïbes sont la deuxième région la plus touchée au monde par le VIH/SIDA après l’Afrique »[63].
208
+
209
+ En 2012, la mortalité infantile par maladies infectieuses et parasitaires (même hors-sida) y est la plus élevée de France, bien plus que dans la métropole française (elle est de 551 pour 100 000 en Guyane, pour un taux métropolitain de 182 selon une étude de la Drees et de l'Inserm[64]. La mortalité périnatale et la mortalité maternelle y dépassaient celles des autres DOM[65].
210
+
211
+ Pour les visiteurs, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire quelle que soit la durée du séjour.
212
+
213
+ Comme dans toutes les zones tropicales, les parasites sont nombreux. Parmi d'autres on peut citer le pou d'agouti.
214
+
215
+ Les sols pauvres et acides favorisent la biodisponibilité et la circulation des métaux lourds et en particulier du mercure depuis des décennies utilisé par l'orpaillage, et du plomb (source de saturnisme).
216
+
217
+ Les enquêtes faites par la CIRE et l’ARS dans l'Ouest de la Guyane (entre Saint-Laurent-du-Maroni et Mana) ont mis en évidence de « fortes imprégnations au plomb chez certains habitants (dans un village 48 % de l’ensemble des habitants (21/44) et 93 % des enfants de moins de 7 ans (13/14) avaient une plombémie dépassant à 100 μg/L (seuil de définition du saturnisme en France) et d'autres analyses »[66] et études[67] ont confirmé un problème pouvant « concerner l’ensemble de la Guyane et les pays limitrophes (Surinam, Brésil) ». En 2015, les éléments disponibles font évoquer une source alimentaire[68] à ce plomb[69]. Et il a été noté que chez les femmes enceintes, « la plombémie et la proportion de participantes ayant une plombémie élevée augmente en fonction de l’âge. Ainsi, elles sont 21,6 % de moins de 18 ans contre 32,5 % chez les femmes de 35 ans et plus à avoir une plombémie ≥ 50 μg/L (p=0,29) et respectivement 2,7 % contre 10,4 % à avoir une plombémie ≥ 100 μg/L (p=0,023) ». La pauvreté, un faible niveau de scolarisation, le fait d'avoir préparé du couac durant la grossesse ou d'avoir mangé du gibier ou bu de l'eau de pluie (plutôt que du robinet ou en bouteille) et le fait de parler le nenge tongo sont associés à une plombémie plus élevée (ce qui a fait évoquer le rôle possible d'une tradition de géophagie, mais un lien de causalité n'a pas pu être clairement mis en évidence). En outre, les femmes vivant en amont du fleuve Maroni sont plus touchées qu'à l'aval. À Saint-Laurent-du-Maroni la plombémie maximale est de 25,8 μg/L dans le centre-ville à 42 μg/L sur l'île Bastien et Portal.
218
+
219
+ Cette situation, ainsi que l'inaction des pouvoirs publics, est dénoncée dans Nager avec les piranhas (2017) de Michel Onfray.
220
+
221
+ En 2015 un rapport parlementaire préconise des recommandations pour lutter contre les "Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française"[70].
222
+
223
+ Le sport le plus populaire en Guyane est le football, ensuite vient le basket-ball, le cyclisme, la natation ou encore le handball, néanmoins il existe dans le département quelques clubs de canoé, de judo,de jiu-jitsu brésilien, d'aïkido, de karaté, d'escrime, d'équitation, de rames et de volley-ball.
224
+
225
+ Les deux clubs phares de la natation Guyanaise sont le Megaquarius club et le Cercle Nageurs de Cayenne (CNC).
226
+
227
+ Depuis plusieurs années, le club du Megaquarius club Guyane remporte la majorité des championnats de Guyane grâce à ses nageurs.
228
+
229
+ La ligue de Natation Guyanaise a d'ailleurs signé un partenariat avec le Suriname pour organiser plus de compétitions entre ces deux pays, notamment le championnat d'Amazonie.
230
+
231
+ Le Djokan est une discipline née des pratiques guerrières amérindiennes, bushinengue et créoles guyanaises.
232
+
233
+ Le 8 juillet 2016, après quatre ans de concertation paraît au Journal officiel le décret en Conseil d'État approuvant le schéma d'aménagement régional (SAR) de la Guyane ; c'est le nouveau cadre pour toutes les politiques publiques d’aménagement et de développement du territoire menées en Guyane jusqu'à l'horizon 2030. Il définit les zones d'implantation de l'agriculture, de l'urbanisation et des grands équipements et infrastructures, des activités industrielles, portuaires, artisanales, agricoles, forestières, touristiques et relatives aux énergies renouvelables ainsi que celles relatives aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout en intégrant les enjeux de continuités écologiques dans un chapitre individualisé relatif à la Trame verte et bleue[71], dans le cadre de l'une des cinq priorités : « Préserver et valoriser l’environnement et la biodiversité remarquables du territoire »[72]. Les communes disposent de trois ans pour rendre leurs documents d’urbanisme compatibles avec ce SAR[72].
234
+
235
+ L’aménagement du territoire connaît un volet relatif au logement qui est un enjeu particulier en Guyane, très différent de celui de la France métropolitaine. La Guyane est marquée par un habitat individuel qui constitue 76% des résidences principales en 2013, soit environ 19 % de plus qu’en métropole. Les logements possèdent une occupation plus importante que les autres DROM, avec une moyenne de 3,4 personnes en moyenne par ménage, alors la moyenne métropolitaine est plutôt autour de 2,3. La Guyane rencontre donc un problème important de mal logement : le surpeuplement. Il touche 36,1 % des ménages en Guyane[73]. Ce taux est plus du double de celui des autres DROM comme la Réunion qui possède 14,6% de ménages touchés par la sur-occupation. Le surpeuplement touche plus de 7 familles monoparentales sur 10[74].
236
+
237
+ De plus, à l’enjeu du surpeuplement s’ajoute la déficience du logement en lui même : 47 % des résidences principales en 2013 connaissent un défaut grave de confort, le plus important étant les vis-à-vis, mais aussi des défauts plus importants tels que l’installation électrique ou encore l’absence d’équipements sanitaires. Il n’y a que 44 % des ménages qui sont dotés d’eau chaude.
238
+
239
+ Il est difficile d’accéder à la propriété en Guyane : seuls 9 % des foyers y ont accès contre 20 % en métropole. Cela est notamment lié à un problème de manque de bâti et des dépenses de logement plus élevées, le mètre carré était à 12,2 € en 2016, contre 10,6 € dans l’Hexagone. Enfin, la présence importante de l’insalubrité des logements ne pousse pas les ménages à acheter. Il y a un manque de construction de logements sociaux, à peine 1 000/an alors que la demande est bien plus élevée[75]. Le taux des logements sociaux (HLM) comme part des résidences principales a été 15,1% en 2016, et ce taux a atteint 17,3% à Cayenne[76],[77].
240
+
241
+ L'économie de la Guyane est fortement dépendante de l'Hexagone et de l'industrie spatiale (Centre spatial guyanais).
242
+ Il existe peu de lignes aériennes directes à destination des autres pays de l'Amérique du Sud, mis à part le Suriname et le Brésil. Toutefois, il est possible de se rendre dans le reste de l'Amérique en faisant escale à Pointe-à-Pitre-Pôle Caraïbes (Guadeloupe) ou à Fort-de-France-Aimé Césaire (Martinique).
243
+
244
+ Le taux de chômage officiel au deuxième semestre 2013 est de 21,3 %[78], soit l'un des plus élevés de France.
245
+
246
+ Le Carnaval est l'un des événements majeurs de Guyane. Il se déroule, les après-midi de dimanche, entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres en février ou mars. Des groupes déguisés selon la thématique de l'année, y défilent autour de chars décorés, au rythme des percussions et des cuivres. La préparation des groupes dure des mois avant le carnaval. Les groupes défilent devant des milliers de spectateurs qui s'amassent sur les trottoirs et les gradins aménagés pour l'occasion.
247
+
248
+ Puis, au début de soirée, les touloulous se rendent dans les dancings.
249
+
250
+ Des groupes brésiliens identiques à ceux que l'on rencontre au carnaval de Rio, sont également appréciés pour leurs rythmes et leurs costumes affriolants. La communauté asiatique de Cayenne participe également aux défilés en apportant sa touche caractéristique, avec des dragons.
251
+
252
+ Le français est la langue officielle de la Guyane mais de nombreuses autres langues locales sont aussi utilisées. La seconde langue la plus parlée dans la société est le créole guyanais[79], une langue à base de français, d'anglais, d'espagnol, de portugais, de langues africaines et amérindiennes. Elle serait née au XVIIe siècle entre les esclaves africains et leurs maîtres français qui tentaient de communiquer. Il est parfois mélangé par l'influence des autres communautés créoles immigrés de Martinique (créole martiniquais), de Guadeloupe (créole guadeloupéen) et d'Haïti (créole haïtien)...
253
+
254
+ Six langues bushi kondé (des noirs marrons), parlées par les Busi-Nengue Guyanais ou Surinamiens (Surinamais pour l'Académie française) : langues boni, saramaca, paramaca, djuka, mataray, kwenty, aluku.
255
+
256
+ Les autres langues régionales sont six des sept langues amérindiennes (arawak, palikur, kali'na, wayana, wayãpi, émerillon), ainsi que le hmong (langue laotienne). La langue apalai parlée par peu de locuteurs n'est pas reconnue officiellement.
257
+
258
+ Enfin, les autres communautés formant une partie non négligeable de la population parlent quotidiennement le portugais, l'anglais, le chinois, l'espagnol, le russe, etc.
259
+
260
+ La gastronomie guyanaise est riche des différentes cultures qui se mélangent en Guyane, les restaurants chinois côtoient les restaurants créoles dans les grandes villes comme Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. La gastronomie guyanaise rassemblait à l'origine les cuisines créole, bushinengue et amérindienne. Toutes ces cuisines ont plusieurs ingrédients en commun :
261
+
262
+ À Pâques, les Guyanais mangent le plat le plus emblématique de la Guyane : le bouillon d'awara.
263
+
264
+ Le repas traditionnel du mariage des Guyanais est le haricot rouge avec du riz.
265
+
266
+ Le premier timbre spécifique à la Guyane date de 1886, il s'agit d'un timbre de type Alphée et surchargé avec l'indication "Déc 1886, Guy Franc".
267
+
268
+ Jusqu'en 1902, la Guyane utilisera les timbres des séries françaises ou coloniale avec une surcharge spécifique.
269
+
270
+ A partir de 1904 sera émis des timbres spécifiques à la Guyane et portant l'indication « Guyane Francaise ».
271
+
272
+ Les derniers timbres portant une indication « Guyane Française » sont émis en 1947. Au-delà de cette date, ce sont les timbres de métropole qui ont été utilisés.
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+ Sportifs
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+ Musiciens
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+ Personnalités historiques
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+ Personnalités politiques
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+ Un ange est une créature céleste dans de nombreuses traditions, notamment dans les trois religions abrahamiques et dans l'Avesta. Ce terme désigne un envoyé de Dieu, c'est-à-dire un intermédiaire entre Dieu et les hommes. Parfois, il transmet un message divin, parfois il agit lui-même selon la volonté divine.
10
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11
+ L'ange est normalement invisible, mais lorsqu'il se laisse voir, lors d'un rêve ou d'une vision, il a une apparence humaine, transfigurée par une lumière surnaturelle[1].
12
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13
+ Le mot ange vient du latin angelus, emprunté au grec ancien ἄγγελος / ággelos signifiant « messager ». En proto-sémitique *malʾak- signifie « ange » et « messager ».
14
+
15
+ L'angélologie est l'étude des anges, de leurs noms, de leur place dans la hiérarchie divine et de leur rôle. L'angélophanie est l'apparition des anges.
16
+
17
+ Dans la Bible hébraïque, les anges sont des messagers qui originairement effectuent des tâches bonnes ou mauvaises[2]. La fréquentation des dieux assyriens et babyloniens lors de l'exil à Babylone par les rédacteurs de la Bible introduit dans le monde testamentaire une spécialisation avec des anges, agents du Bien et des démons, anges déchus[3].
18
+
19
+ Les anges sont présents à plusieurs endroits, dans la Genèse lors de la Création, et ensuite en lien avec les hommes : un ange arrête le bras d'Abraham qui va sacrifier son fils ; lutte de Jacob avec l'ange ; dans l'épisode de l'échelle de Jacob (Bible), celui-ci voit des anges monter et descendre sur une échelle dont l'extrémité touche le ciel, les anges viennent prévenir Loth de la fin de Sodome sous une forme humaine et il les reçoit dans sa maison ; un ange, Raphaël, accompagne Tobie sur la route[4]. Michel devient l'ange du prophète Daniel. Le nom des anges comporte souvent la syllabe El, qui désigne Dieu : ce sont des noms théophores.
20
+
21
+ Principaux livres de l'Ancien Testament où des anges apparaissent :
22
+
23
+ Les chaldéens considèrent aussi les anges comme des créatures bienfaisantes leur apportant joie, protection et plaisir.
24
+
25
+ Dieu a créé les anges (malakh) et les constellations et tout ce qu’elles contiennent et tout ce qui est au-dessous d’eux et tous ont besoin de Lui pour exister. Maïmonide dit que l'intelligence des anges est plus grande que celle des hommes. Il les appelle « Intelligences » (comme les sphères qui ont mis le monde en mouvement et les astres), conception proche de celle d'Aristote. En hébreu le pluriel de « saba », « sabaoth », signifiait « astres » et « armées » (angéliques). Ce mot fut repris par l'Église catholique durant des siècles : « Deus Sabaoth » : le « Dieu des Armées ». Il soutient que l'ancienne tradition juive comptait 10 degrés ou ordres d'anges appelés aussi « Intelligences » et affirme que cette croyance est la seconde après Dieu. La croyance dans les anges est une croyance commune entre juifs, musulman et chrétiens, mais celle de Maïmonide semble se rapprocher de l'Univers des idées platoniciennes en disant qu'à chaque brin d'herbe correspond une étoile dans le Ciel.
26
+
27
+ « Comme pour les anges, certains sont créés à un moment donné à partir de subtils éléments de matière (comme l'air et le feu). Certains sont éternels (c'est-à-dire existent depuis l'éternité et pour l'éternité), et ce sont peut-être les intelligences spirituelles dont parlent les philosophes. »
28
+
29
+ Et il poursuit :
30
+
31
+ « Il n'est pas certain que les Anges vus par Isaïe, Ezéchiel et Daniel appartiennent à la classe d'anges créés à un moment donné, ou à la classe d'essences spirituelles qui sont éternelles ». Qu'étaient-ils alors ? Saadia ben Joseph pensait qu'ils étaient des visions. »
32
+
33
+ Les anges de la tradition judaïque sont à la racine de la tradition chrétienne : les sept[n 2] archanges leur sont communs dont trois nous sont connus sous le même nom : Michel, Gabriel et Raphaël.
34
+
35
+ Dans le Nouveau Testament, seuls quelques élus et surtout la Vierge Marie dialoguent avec les anges. L'ange de l'Annonciation : l'ange Gabriel apparaît à Zacharie dans le Temple, à la croisée du chemin entre l'Ancien Testament et le nouveau, puis à Marie à Nazareth, entrant chez elle, et la saluant « pleine de grâces » (Annonce faite à Marie, Évangile de Luc) lui annoncer la bonne nouvelle de sa conception virginale et l'incarnation du Verbe, « Ave Maria » (angélus) transmis par d'innombrables générations. La naissance de Jésus, appelé Fils de Dieu, est accompagnée d'une vision de légions d'anges en fête par les bergers et leurs troupeaux, préfiguration de l'Église : avec le sacrement du baptême, le chrétien est de nouveau relié à Dieu, qui s'est réconcilié avec l'humanité par la naissance, puis la Passion du Christ, le Messie, son Fils unique, sur la Croix. Durant son agonie, un ange appelé « Ange de la Consolation » lui apparaît au Jardin des Oliviers : lui montrant un calice dont il ne veut boire : cette scène de Gethsémani a été peinte par de nombreux artistes chrétiens durant des siècles[6]. Enfin lors de la Résurrection, ce sont des anges qui apparaissent aux Saintes Femmes, et qui leur parlent, pour leur annoncer la Résurrection de Jésus, anges décrits cette fois « blancs comme neige » ou « vêtus comme l'éclair » alors qu'auparavant dans les Évangiles, aucune description des anges n'était faite, seuls les artistes nous les représentant avec une fleur de lys ou une paire d'ailes (le blanc est devenu le Symbole de la Résurrection en liturgie). Dans l'Apocalypse, saint Jean rapporte la vision de Saint Michel et ses légions d'anges qui combattent et remportent la victoire de Dieu, définitive contre l'« antique serpent » qui égarait la Terre depuis des siècles.
36
+
37
+ Dans sa prédication, Jésus parle peu des anges : il cite surtout les bons anges (par exemple Matt 22, 30 ; Matt 25, 31 ; Luc 15, 10 ; Luc 20, 36), les anges des enfants (les « chérubins »), qui voient toujours la face du Père dans les cieux (Matt 18, 10), et les anges de la Justice divine.
38
+
39
+ La « messe des Anges » (Missa de angelis)[n 3] se disait jadis devant le cercueil des jeunes enfants ; elle daterait du XIIe siècle[7].
40
+
41
+ L’Hymne des Chérubins (Cheroubim) ou Chérouvikon est chanté à l’offertoire dans la divine liturgie byzantine :
42
+
43
+ « Nous qui, mystiquement, sommes l'icône des chérubins, et qui en l'honneur de la Trinité vivifiante chantons l'hymne trois fois sainte, déposons tout souci du monde afin d'accueillir le Roi de toutes choses escorté par les ordres angéliques, Allélouia[8] »
44
+
45
+ Les principaux rôles traditionnellement dévolus aux anges dans l'imagerie médiévale sont ceux d'intermédiaire ou d'agent de l'au-delà, de gardien de l'ordre divin, de célébrant de la liturgie céleste[9].
46
+
47
+ Malāk (ملاك, « qui se possède, contrôle son âme ») (au pluriel malāʾika) (ملائكة) est le terme arabe pour désigner les anges. Les anges occupent une place de choix dans la tradition coranique. Le Coran parle très souvent des anges, et en donne une description dans la sourate 35 par exemple :
48
+
49
+ « Louange à Allah, Créateur des cieux et de la Terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent. »
50
+
51
+ Dans la plupart des cas, les anges interviennent en tant que messagers de Dieu auprès des prophètes ou à des personnages déterminés, notamment Abraham, Zacharie, Marie, la mère de Jésus. Dans d'autres cas, les anges sont envoyés pour soutenir les croyants contre leurs ennemis. Il est aussi question des « anges gardiens » ou « anges scribes ». Selon les traditions, chaque être humain serait accompagné de deux anges : un « ange de la droite » écrivant ses bonnes actions et un « ange de la gauche » qui inscrit les mauvaises.
52
+
53
+ Le Coran cite nommément quelques anges. Certains sont désignés par une fonction, sans être nommés, comme l'ange de la mort par exemple. Ce sont surtout les commentaires et la prédication populaire qui se sont chargés de nommer et décrire la plupart des êtres angéliques.
54
+
55
+ D'après la tradition musulmane, les anges ne possèdent pas de libre-arbitre, ils sont incapables de désobéir : ils font simplement ce que Dieu leur demande. Contrairement à l'être humain et aux djinns, qui sont les destinataires finaux des messages divins, l'ange n'est pas concerné par le jugement dernier (décision divine de l'envoi au paradis ou en enfer). Concernant le libre arbitre ou le fait de désobéir, dans le Coran on peut lire qu'Iblis, qui fait partie des djinns, n'a pas voulu s'agenouiller devant Adam lorsque Dieu a demandé à ses anges de le faire. Iblis ne l'a pas fait car lui est fait de feu et qu'Adam était fait de terre.
56
+
57
+ Selon un hadīth, Dieu aurait créé l'ange à partir de la lumière, le djinn à partir du feu et l'homme à partir de terre. Comme dans les autres traditions, les anges n'ont pas de sexe et ne se reproduisent pas, contrairement à l'être humain et aux djinns.
58
+
59
+ Selon la Bible, Hébreux 1:14 :
60
+
61
+ « Ne sont-ils pas tous des esprits de bien, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ? »
62
+
63
+ Les neuf hiérarchies sont de nature différente et s'élèvent graduellement de l'homme vers Dieu. Selon le Pseudo-Denys l'Aréopagite (vers 490), les neuf chœurs sont regroupés en trois hiérarchies. La première hiérarchie est constituée par les Séraphins, les Chérubins et les Trônes ; viennent ensuite les Dominations, les Vertus, les Puissances ; puis les Anges, les Archanges et les Principautés[10]. Selon Lambert de Saint-Omer, auteur du Liber floridus (1120), la hiérarchie est légèrement différente et s'énonce ainsi : anges, archanges, vertus, puissances, principautés, dominations, trônes, chérubins et séraphins. Lambert associe chacun de ces ordres à une pierre précieuse : sardoine, topaze, jaspe, chrysolite, onyx, béryl, saphir, escarboucle et émeraude[11].
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+ Les anges sont les messagers de Dieu. Saint Basile le grand dit que chaque personne vivante possède un ange gardien. La représentation des anges ailés n'apparaît qu'au IVe siècle (abside de l'église Sainte-Pudentienne à Rome). L'ange décrit dans le livre de Daniel 3:25, quant à lui, ne porte pas d'aile. Mais son pouvoir sur le feu permet de sauver Schadrac, Méschac et Abed Nego de la fournaise. La Bible ne parle pas de la nécessité pour les anges de manger pour se maintenir en vie. Elle dit pourtant qu'à certaines occasions, les anges, sous forme humaine, ont mangé de la nourriture (Gn18.1-5 et Gn19.3).
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+ Un archange est un chef parmi les anges, et peut être chef des armées (Apocalypse 12.7). Dans la Bible, est évoqué un archange, Michel (ou Michaël).
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+ Le terme archange ne se trouve que deux fois dans le Nouveau Testament :
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+ Les chérubins, ou kéroubim, sont représentés dans l'imagerie populaire sous les traits de bébés ailés. Toutefois, la Bible donne aux chérubins une position élevée différente des séraphins. D'après le livre de la Genèse, les chérubins, avec « la lame flamboyante d’une épée », après le péché d’Adam, interdirent à l’homme l’accès à l'arbre de vie.
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+ Les séraphins, dans la Bible, ont six ailes dont ils se couvrent le corps :
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+ « L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler. Ils criaient l'un à l'autre, et disaient : Saint, saint, saint est le Seigneur des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée. Alors je dis : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur des armées. Mais l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche, et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié. »
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+ — Esaïe, chapitre 6
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+ La langue des anges est évoquée par saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens[12] :
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+ « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. »
82
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83
+ Il est possible que les anges, étant de purs esprits, n'aient pas besoin de langage pour communiquer les uns avec les autres. Les êtres humains communiquent avec des mots, qui sont des représentations symboliques de la pensée. Peut-être les êtres purement spirituels peuvent-ils transmettre leurs pensées dans un état pur, sans besoin de médiation ou de signes[13].
84
+
85
+ Dans la tradition islamique, et selon Ahmed ibn Moubarek, disciple d'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, grand soufi illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, dans le Kitab-Al-Ibriz (traduction : Le Livre d'or pur), il existe une langue des anges nommée langue « siryanîte », proche de la langue des oiseaux[14]. Selon le soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation et non dans son écriture. C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine. Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman[15] n'a donné d'explication à ce jour, par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara). Dans le Coran en effet le terme aç-çāffātest évoqué, désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) par proximité phonétique[16].
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+ Les anges sont mentionnés pour la première fois chez les néoplatoniciens, Porphyre de Tyr (vers 260) et Jamblique (vers 320)[17]. La hiérarchie est : dieux, archanges, anges, daimôns, archontes du cosmos ou de la matière, héros, âmes des morts, âmes humaines.
88
+
89
+ « Tu [toi, Porphyre de Tyr] t'enquiers de ce qui manifeste la présence d'un dieu, d'un ange, d'un archange, d'un démon ou de quelque archonte [gouverneur de planète] ou d'une âme. D'un mot, je prononce que les manifestations s'accordent à leurs essences, puissances et activités… D'une seule espèce sont les apparitions des dieux ; celles des démons variés ; celles des anges, plus simples que celles des démons, mais inférieures à celles des dieux ; celles des archanges, plus proches des causes divines ; quant à celles des archontes, si tu entends par là les maîtres du monde qui administrent les éléments sublunaires, elles sont variées, mais rangées en ordre […] »
90
+
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+ — Jamblique, Les Mystères d'Égypte, II, 3, Les Belles Lettres, 1966, p. 79-80.
92
+
93
+ Selon Porphyre, les démons habitent dans la région sublunaire du monde, tandis que les anges habitent la région au-dessus de la Lune.[18]
94
+
95
+ Proclus établit la hiérarchie suivante des entités spirituelles : dieux intelligibles, dieux intellectifs, dieux hypercosmiques, dieux encosmiques, anges, bons démons, héros.
96
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97
+ « Je prie les dieux intelligibles de m'accorder un intellect parfait ; les dieux intellectifs, une puissance élévatrice ; les dieux chefs de l'univers, qui sont au-delà du ciel, une activité détachée et séparée des connaissances matérielles ; les dieux qui ont reçu en lot le monde, une vie ailée ; les chœurs angéliques (toùs ayyelikoùs khoroùs), une révélation véridique des choses divines ; les bons démons, la plénitude de l'inspiration venant des dieux ; et enfin les héros, un état d'âme magnanime, grave et sublime. »
98
+
99
+ — Proclus, Commentaire sur le Parménide de Platon, Les Belles lettres, 2007, t. I, p. 2.
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101
+ La kabbale de la Renaissance commence avec Jean Pic de la Mirandole en 1486. Un auteur mérite l'attention : Johannes Reuchlin, dans son De arte cabalistica (1517), trad. F. Secret : La kabbale ; ce livre influencera le fameux De la philosophie occulte en sa deuxième édition (1533), de Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim. Autre livre notable : De Harmonia Mundi écrit en 1525 par le moine franciscain Francesco Zorzi, qui fut en correspondance avec Pic de la Mirandole. Le monde divin est le premier degré de l'être ; il est constitué par ce que les kabbalistes juifs appellent Ein-Soph (Infini), et par les dix sephiroth de l'arbre kabbalistique, hypostases engendrées par l'Infini. Le monde angélique est le deuxième degré de l'être ; il est gradué en dix degrés ou Intelligences : les Haioth, les Ophanim, les Aralim, les Hasmalim, les Séraphim, les Malachim, les Elohim, les Bene Helohim, les Cherubim, les Issim. Le monde céleste est le troisième degré de l'être ; il comprend - influencés par les Intelligences du monde angélique - dix degrés, qui sont dix sphères : Saturne ou Sabbathai, Jupiter ou Zedeq, Mars ou Madim, le Soleil ou Semes, Vénus ou Noga, Mercure ou Cocab, la Lune ou Iarcah, l'Âme intellectuelle, l'Âme des Esprits animaux. Enfin, le monde matériel, le macrocosme, avec l'homme (le microcosme) est le quatrième et dernier degré de l'être ; ce monde, influencé par le monde céleste, est celui des Éléments, il contient le microcosme.
102
+
103
+ S'inspirant du mazdéisme, Zoroastre évoque deux anges, l'un de lumière (bien) et l'autre de ténèbres (mal), qui se combattent et accompagnent Dieu[19].
104
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105
+ La notion des anges dans le yézidisme est mal documentée de par la diversité des pratiques résultant de l'absence d'un livre figeant le dogme. Toutefois, les anges semblent être liés au concept de création en sept jours[20] :
106
+
107
+ Les anges sont des éléments récurrents dans la culture populaire ou artistique. Bon Ange (le bon conseil) et Mauvais Ange (la tentation) entourent souvent le Capitaine Haddock ou Milou dans les albums de Tintin, œuvre d'Hergé. On les retrouve aussi dans de nombreux films, romans, tableaux et sculptures, ainsi que dans des séries télévisées telles que Les Routes du paradis (1984-1989) ou Joséphine, ange gardien (depuis 1997).
108
+
109
+ De nombreux peintres se sont spécialisés dans la représentation des anges. Ce motif est fréquent sur les vitraux (église Saint-Étienne-du-Mont, cathédrale Saint-Étienne de Sens), les fresques, les peintures (chez Le Pérugin et Raphaël), les sculptures (chapiteaux de la Chaise-Dieu) : « anges musiciens » jouant de la cornemuse, du biniou, des cymbales, de la bombarde, de la harpe, de l'orgue portatif, par exemple ceux de Melozzo de Forlì[21].
110
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+ Ange souriant de la cathédrale de Reims.
112
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+ Ange masculin et ange féminin, bois polychrome, art gothique, couvent Sainte-Agnès, Prague.
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+ Plafond du cabinet des bains du château de Vaux-le-Vicomte.
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+ La Guyane, /gɥijan/[2] Écouter en créole guyanais : Lagwiyann, est une collectivité territoriale unique située en Amérique du Sud, limitrophe du Brésil au sud-est et au sud, et du Suriname à l'ouest. Ses compétences sont les mêmes que celles d'une région et d'un département métropolitain avec un organe délibérant : l'assemblée de Guyane. Son code Insee est le 973. Hors de France, la région est parfois appelée Guyane française. Avec une superficie de 83 846 km2[3] et une population de 296 711 habitants (2019), la Guyane est la deuxième région de France pour la superficie et la deuxième moins peuplée (après Mayotte). C'est également le département le plus boisé, 97 %[4] du territoire étant couvert d'une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde, la forêt guyanaise.
4
+
5
+ Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643[réf. souhaitée] et la fondation de Cayenne. La Guyane, autrefois désignée comme la France équinoxiale, devient alors une colonie esclavagiste et voit sa population progresser jusqu'à l'abolition officielle de l'esclavage au moment de la révolution française.
6
+
7
+ Elle accède temporairement au statut de département français à partir de 1797 mais est progressivement transformée en colonie pénale avec l'instauration du bagne. Il s'agit plus précisément d'un réseau de camps et de pénitenciers répartis sur l'ensemble de la côte guyanaise dans lesquels les détenus sont condamnés aux travaux forcés.
8
+
9
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, le Guyanais Félix Éboué est un des premiers à se ranger derrière le général de Gaulle dès le 18 juin 1940. La Guyane rallie officiellement la France combattante en 1943[5]. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. De Gaulle, devenu président, décide[6] d'y établir le centre spatial guyanais à partir de 1965. Il est aujourd'hui exploité par le Centre national d'études spatiales (CNES), Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).
10
+
11
+ Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. C'est le seul territoire continental de France et de l'Union européenne en Amérique du Sud et le dernier territoire français en Amérique continentale.
12
+
13
+ La limite de la partie du plateau continental sur laquelle la France dispose d'un droit exclusif d'exploitation y a été étendue à 350 milles marins des côtes en 2015, soit 72 000 km2 de plus au large de la Guyane [7], après l'avis favorable de l'Organisation des Nations unies[8], la ZEE s'étendant toujours jusqu'à 200 milles nautiques concernant les ressources halieutiques et biologiques.
14
+
15
+ Le nom Guyane est d'origine amérindienne : « Guiana » signifie « terre d'eaux abondantes » en arawak[9]. Une variante désuète du nom en français s'écrivait avec deux n : « Guyanne »[10].
16
+
17
+ Dans une partie de la France autrefois dite « France équinoxiale »[11] c'est-à-dire équatoriale, le nom officiel de la région est « Guyane ». L'ajout de l'adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage issue de la période de la colonisation et aujourd'hui obsolète dans la mesure où il n'y a plus à notre époque en français d'ambiguïté quant à la Guyane considérée. Historiquement, il a existé plusieurs autres Guyanes :
18
+
19
+ Ces Guyanes s'intègrent au sein du plateau des Guyanes, ensemble géographique délimité au nord et à l'ouest par le fleuve Orénoque au Venezuela, au nord et à l'est par l'Océan Atlantique, au sud et à l'est, au Brésil, par le Río Negro et l'Amazone jusqu'à son embouchure.
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+
21
+ La Guyane française a pour codes :
22
+
23
+ La Guyane est frontalière du Brésil sur 730 km et du Suriname sur 520 km[12], faisant du Brésil le pays ayant la plus grande frontière terrestre avec la France (Suriname sixième). S’étendant sur 83 534 kilomètres carrés, c'est la deuxième plus vaste région de France derrière la Nouvelle-Aquitaine[13].
24
+
25
+ Au sud-ouest, au triangle Itany-Marwini, un territoire de 6 000 kilomètres carrés inhabité et revendiqué par le Suriname dépend de la Guyane française. Il n'est pratiquement pas visité, à part quelques orpailleurs et des militaires français. La réestimation de la superficie de la Guyane n'est pas liée à ce différend frontalier, mais à une erreur commise par l'ancien Service géographique des Colonies, qui avait attribué 91 000 km2 au territoire du fait d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. L'erreur a été corrigée dans les années 1960 par l'IGN[14].
26
+
27
+ Elle possède un climat équatorial et est essentiellement couverte d'une vaste forêt tropicale humide bordée de mangroves côté mer, la forêt guyanaise. Le sous-sol est constitué d'un bouclier rocheux ancien, riche en latérite, pauvre et acide, qui forme un relief dit en peau d'orange parsemé d'inselbergs et entaillé par les réseaux de fleuves et rivières. Ces derniers sont les principaux axes de circulation depuis des siècles ou millénaires. Ils constituent 7 bassins fluviaux, 953 masses d'eau et sont alimentés par 2,5 à 4 m de précipitations annuelles[15].
28
+
29
+ Le relief de la Guyane s'est modelé à partir d'un socle ancien bordé par une plaine littorale. L'essentiel de la région se trouve à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres, signe d'une très ancienne évolution morphologique et géomorphologique dont résulte la faiblesse des contrastes topographiques.
30
+
31
+ Deux grandes régions topographiques peuvent être distinguées :
32
+
33
+ La Guyane se situe sur le plateau des Guyanes qui s'est constitué dans des terrains encaissés qui ont disparu sous l'action de l'érosion, ne laissant que quelques lambeaux métamorphisés au contact des plutons granitiques. On trouve aujourd'hui deux ensembles géologiques : des formations sédimentaires récentes et des formations précambriennes.
34
+
35
+ L'absence de couverture sédimentaire, érodée au cours du temps, laisse affleurer les formations précambriennes qui ont chacune leur forme de relief caractéristiques : « collines en amandes » pour les schistes de l'Orapu, semis de collines identiques de même hauteur et à pentes convexes pour le granite guyanais. Outre une influence sur l'exploitation forestière (peuplements, accessibilités...), la géologie explique la richesse en divers minerais (or, bauxite, tantalite...) à la base des activités minières de Guyane, comme l'orpaillage.
36
+
37
+ La pluviométrie est élevée en Guyane. La pluie résulte en grande partie de la condensation de l'évapotranspiration des arbres de la forêt tropicale humide.
38
+
39
+ Elle est naturellement acide (avec un changement de pH qui peut significativement évoluer entre saison sèches et humides)[réf. nécessaire].
40
+
41
+ La Guyane possède un climat équatorial humide ; la température moyenne est de 25,5 °C. La précipitation annuelle est en moyenne de 2 816 mm à Cayenne sur la période 1981 - 2010, selon les relevés de Météo France.
42
+
43
+ Cayenne connaît une saison humide de décembre à juillet et une période plus sèche durant le reste de l'année. Les précipitations commencent à décroître en juillet (155 mm), avec pour creux les mois de septembre et octobre qui sont dits « mois secs » (respectivement 39 et 51 mm en moyenne), puis remontent dès le mois de novembre (105 mm). Le mois le plus humide est le mois de mai avec une hauteur moyenne des précipitations atteignant 518 mm[16].
44
+
45
+ Le principal moyen de transport en Guyane est la voiture. Pour les habitants des fleuves (l'Oyapock, fleuve frontalier avec le Brésil et le Maroni (fleuve), frontalier avec le Suriname), il s'agit de la pirogue. Les scooters sont très prisés des jeunes mais durant le tour de Guyane, en août, les vélos sont à la mode. Par ailleurs les communes de Saül (Guyane), Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Laurent-du-Maroni sont accessibles par voie aérienne depuis Cayenne.
46
+
47
+ Depuis la parution du décret no 2016-1736 du 14 décembre 2016, les principaux pôles urbains de Guyane font l'objet d'une Opération d'intérêt national.
48
+
49
+ Dans le sud-ouest, au niveau du triangle dessiné par les rivières Itany et Marwini, un territoire de 6 000 km2 est revendiqué par le Suriname depuis 1885.
50
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51
+ Ce département est parmi les plus riches du monde en matière de biodiversité tant animale que végétale.
52
+
53
+ La forêt guyanaise est pour presque toute sa surface une forêt primaire à très haut niveau de biodiversité (hot-spot parmi les plus riches au monde), protégée par un parc national, créé en 2007, et six réserves naturelles. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Union européenne (UE) y recommandent des efforts particuliers de protection[17],[18].
54
+
55
+ À la suite du Grenelle de l'environnement de 2007, le projet de loi Grenelle II (dans son article 49) a proposé (en 2009, et sous réserve de modification) la création d’une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien (avec compétence dans les domaines de la faune, flore, les habitats naturels et semi-naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes). Il contribuera à appliquer les politiques environnementales conduites par l’État et les collectivités territoriales et leurs groupements. L'article 64 du projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d’orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l’environnement[19].
56
+
57
+ L'environnement de la frange littorale est celui qui, le long de la RN1, a historiquement connu le plus de modifications, mais une forte artificialisation est localement constatée le long de la RN 2 et là où les orpailleurs opèrent dans l'Ouest de la Guyane.
58
+
59
+ La forêt humide de Guyane s'est paradoxalement épanouie sur un des sols les plus pauvres du monde, en azote, en potassium, en phosphore et en matières organiques. Pour cette raison, et parce que cette zone a toujours conservé des refuges pour toutes ses espèces lors des périodes sèches ou de glaciation terrestre, cette forêt abrite des écosystèmes uniques qui sont parmi les plus riches et les plus fragiles du monde : forêts tropicales primaires très anciennes, mangroves, savanes, inselbergs et nombreux types de zones humides.
60
+
61
+ L'acidité des sols est également à l'origine de cette médiocrité des sols guyanais. Elle contraint les agriculteurs à chauler les champs, et a conduit au mode traditionnel d'agriculture sur brûlis : les cendres participent à l'élévation du potentiel hydrogène (pH) en plus de l'apport de sels minéraux.
62
+
63
+ On peut toutefois noter que des sites de Terra preta (sols anthropogéniques) ont été découverts sur le territoire, notamment près de la frontière avec le Brésil. Des recherches sont activement menées par des acteurs de disciplines multiples pour déterminer le mode de création de ces sols les plus riches de la planète. L'hypothèse a été avancée que l'existence même de la forêt tropicale est due à ces interventions humaines intelligentes du passé (voir l'article Terra preta), où le brûlis (slash-and-burn) était remplacé par le charbonnage (slash-and-char).
64
+
65
+ 5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d'un millier d'arbres, 700 espèces d'oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons dont 45 % lui sont endémiques (les poissons « limon » et les poissons à écailles) et 109 espèces d'amphibiens. Les micro-organismes seraient bien plus nombreux encore, notamment dans le nord qui rivalise avec l'Amazonie brésilienne, Bornéo et Sumatra. Ce seul département français abrite au moins 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de la France[réf. souhaitée].
66
+
67
+ Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont la fragmentation par les routes, qui reste très limitée comparativement aux autres forêts d'Amérique du Sud, les impacts immédiats et différés du barrage de Petit-saut d'EDF, de l'orpaillage (Opération Harpie), d'une chasse chaotique et du braconnage (chasse d'espèces protégées), facilités par la création de nombreuses pistes et l'apparition des quads. L'exploitation forestière reste modérée en raison du manque de route, du climat et du relief. Une ordonnance du 28 juillet 2005 a étendu le code forestier français à la Guyane, mais avec des adaptations et dérogations importantes. Dans une approche qui se veut durable, des concessions ou des cessions gratuites peuvent être accordées par des collectivités territoriales ou d’autres personnes morales pour leur utilisation par des personnes tirant traditionnellement leur subsistance de la forêt, mais les moyens utilisés n'étant plus toujours les moyens traditionnels, et l'écosystème guyanais étant vulnérable, les impacts de l'exploitation ou de la chasse pourraient être importants.
68
+
69
+ La moitié de la biodiversité française est en Guyane : 29 % des plantes, 55 % des vertébrés supérieurs (mammifères, oiseaux, poissons…) et jusqu'à 92 % des insectes[réf. souhaitée]. Tout cela dans un seul département de 86 504 km2. Un parc national et six réserves naturelles œuvrent à la préservation de milieux et d'espèces aussi divers qu'uniques.
70
+
71
+ Les plages de la réserve naturelle de l'Amana, sur la commune d'Awala-Yalimapo, dans l'ouest, constituent pour les tortues marines un site de ponte exceptionnel. C'est l'un des plus importants au niveau mondial pour la tortue luth. Quant à la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, celle-ci abrite la seule colonie d'oiseaux marins entre Tobago et Fernando de Noronha soit sur plus de 3 000 km de littoral.
72
+
73
+ Les séismes répertoriés ci-dessous indiquent la localité estimée être la plus proche de l'épicentre ainsi que l'intensité mesurée sur l'échelle MSK de 1964, qui va de 1 (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à 12 (changement de paysage énormes : crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées…)[20].
74
+
75
+ En 2014 paraît le livre Les abandonnés de la république, qui relate la pollution de l'environnement au mercure par les chercheurs d'or clandestins. La santé de la population locale, dont la subsistance dépend largement de la pêche, est dite en péril[28]. D'après le fonds mondial pour la nature, 12 000 hectares de la forêt amazonienne en Guyane ont été détériorés par cette activité clandestine.
76
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77
+ La recherche de mines et sources d'hydrocarbures liquides ou gazeux au large de la Guyane est une autre menace pour le tourisme et la pêche (troisième secteur de l'économie guyanaise)[29]. Total a déposé un permis dit "Guyane Maritime" en 2011, accordé en septembre 2017 puis prolongé par le gouvernement jusque juin 2019. Mi-mai 2018 Total a déposé une demande de forage d'exploration ; l'Autorit�� environnementale lui a demandé de compléter son étude d'impact pour mieux évaluer l'impact d'un possible accident (éruption de puits, polluants présents dans les boues de forage, pollution sonore induite par lors des tirs d'explosifs....) et de préciser sa démarche éviter, réduire, compenser encore « très partielle », en s'appuyant mieux sur les retours d'expérience par exemple de l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon de BP[30].
78
+
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+ Depuis 2016, les permis d'exploitation minière se sont multipliés. En mai 2018, près de 300.000 hectares étaient déjà concernés par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières[31].
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+ L'espace maritime guyanais reste très peu exploré, permettant d'accueillir dans ses eaux une biodiversité particulièrement riche, dont de nombreuses espèces de dauphins et de baleines. Cependant, à quelques kilomètres plus au sud dans les eaux brésiliennes, des compagnies pétrolières envisagent de forer le sous-sol marin, ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement[32].
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+ Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres, polissoirs…) de peuples amérindiens entre l’Oyapock et le Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. Nombre de leurs successeurs dans la même zone géographique appartiennent principalement au groupe linguistique des Tupi-Guarani.
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+ On estime qu’à la fin du IIIe siècle, des Indiens Arawak et Palikur, originaires des rives de l’Amazone, s’installent sur le littoral guyanais. Ils sont suivis au VIIIe siècle par les Indiens dits Caraïbes ou Karibes, les Kali’na (Galibis) et Wayana.
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+ La côte de Guyane fut reconnue par Christophe Colomb en 1498. Malgré le partage du Nouveau Monde organisé en 1494 par le traité de Tordesillas entre le Portugal et l'Espagne, les nations européennes sont à l’origine de nombreuses tentatives de colonisation en Guyane dès le XVIe siècle.
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+ Dès 1503 commencent les premières implantations françaises dans la zone de Cayenne. Notons celle des Français avec le voyage de Nicolas Guimestre en 1539, suivie par celle de l’Anglais Robert Baker (1562) et celle de Gaspard de Sotelle (1568-1573) qui implante plus de 120 familles espagnoles dans l’île de Cayenne.
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+ De 1596 à 1598, les Anglais John Ley et Lawrence Keymis, et le Néerlandais Abraham Cabeliau, effectuent des reconnaissances géographiques précises des côtes de la Guyane. Les vraies implantations européennes apparaissent surtout au XVIIe siècle, par des occupations ponctuelles (quelques années) d’embouchures fluviales, et sont l’œuvre de la France, de l’Angleterre et des Pays-Bas.
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+ En 1604, la colonie de Guyane prend le nom de France équinoxiale.
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+ Si les premières tentatives importantes de colonisations françaises datent des années 1620, elles sont souvent mises à mal par les dissensions internes des colons, les rapports humains médiocres avec les Amérindiens, voire la dureté des conditions de vie, notamment avec la fièvre jaune[33]. De leur côté, les nations amérindiennes doivent faire face à un important taux de mortalité, dû aux guerres menées face aux colonisateurs, mais aussi à l’action d’épidémies nouvellement importées d’Europe.
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+ Longtemps, la tutelle du roi de France sur la Guyane est régulièrement contestée ; ce n’est qu’avec la reprise de Cayenne en décembre 1676 par l’amiral Jean d’Estrées que les Français s’implantent définitivement. Et encore ne contrôlent-ils que l’île de Cayenne et, par intermittence, quelques postes militaires aux estuaires fluviaux. C'est cette présence humaine et militaire faible qui explique en grande partie l’extrême facilité avec laquelle les Portugais du Brésil se sont emparés de l’île de Cayenne pendant les guerres napoléoniennes, île qu’ils ont occupée de 1809 à 1817.
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+ La colonisation de la Guyane est d’abord le fait de travailleurs européens, les « engagés », également appelés les « trente-six-mois » parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d’origine africaine, utilisés dans les habitations (exploitations agricoles) à la culture des produits coloniaux : sucre, épices, chocolat et café.
100
+
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+ Comme dans les autres colonies françaises, l’esclavage est en grande partie régi par les textes du Code noir (1685).
102
+ Cette société d’habitation reste le modèle économique dominant en Guyane jusqu’à la deuxième abolition de l’esclavage en 1848. Elle n’a toutefois pas apporté un vrai développement à la Guyane, qui reste la région pauvre et sous-peuplée, de l’ensemble colonial français en Amérique. Lors du traité d'Utrecht en 1713, le roi de France Louis XIV, afin de limiter les conflits locaux avec la colonie portugaise du Brésil, pose les bases de la frontière entre le Brésil et la France[34].
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+ L’expédition de Kourou qui débuta à partir de 1763 est très mal préparée. Elle fut menée à la demande de Choiseul et dirigée par le chevalier Étienne-François Turgot, gouverneur, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon, intendant et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant, pour établir une vraie colonie d’agriculteurs d'origine européenne dans les savanes de l’Ouest guyanais. Cependant, cela sera un échec retentissant : presque tous les colons « survivants » s’enfuient de Guyane pour rejoindre la métropole. Seuls restent en Guyane des colons allemands et canadiens, qui s’implantent durablement à Kourou, Sinnamary, Malmanoury, Corossony et Iracoubo, et y fondent une société originale (et métissée) d’agriculteurs exploitants en Guyane.
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+ La Guyane française est occupée par les Britanniques de 1778 à 1783, puis de 1785 à 1788.
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+ Pendant la Révolution elle devient pour la première fois (Collot d'Herbois et Billaud-Varenne), lieu de déportation politique; ceux-ci seront suivis en 1798, alors que La Guyane est érigée en un département, des « déportés de fructidor » et de prêtres réfractaires : Counamama et Sinnamary seront le cimetière de la plus grande partie d’entre eux.
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+ L'esclavage est aboli en 1794 dans toutes les colonies, avant que Napoléon Ier ne le rétablisse en 1804. Il n’est définitivement supprimé par le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, sous l’impulsion notamment de l'abolitionniste Victor Schœlcher.
111
+ La disparition de la main-d’œuvre servile met un point d’arrêt à l’économie coloniale traditionnelle.
112
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113
+ Pendant la Révolution française, la Guyane est occupée par les Portugais, qui détiennent le Brésil, de 1809 à 1817 : cette période d'occupation va marquer le créole guyanais, qui va intégrer de nombreux mots portugais dans son vocabulaire. Bien que rendue aux Français, à la suite des applications du traité de Vienne de 1815, le retour effectif des Français est à situer en avril 1817, avec l'envoi d'un gouverneur.
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+ Pour pallier le manque de main-d’œuvre mais surtout pour débarrasser la métropole d’opposants politiques républicains et de délinquants de droit commun, le Second Empire crée des bagnes en Guyane. Ils accueillent des transportés, des déportés puis également des relégués jusqu’en 1946. Dans les années 1930, les Établissements Pénitentiaires Spéciaux, dits aussi « bagnes des Annamites » (voir Camp Crique Anguille), sont implantés dans le Territoire de l'Inini. Peuplés d’opposants politiques et d’intellectuels indochinois, mais aussi de petits délinquants, voleurs et proxénètes, ces bagnes seront un échec cuisant.
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+ Les essais de peuplement de la Guyane par des ouvriers « libres » issus de l’immigration (Afrique, Inde, États-Unis, Madère…) ne seront pas plus durables.
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+ En 1713, les traités d'Utrecht fixent une frontière entre les territoires français et portugais du plateau des Guyanes. C’est une rivière qui doit servir de frontière, mais le traité n'est pas certain quant à la rivière qu'il désigne. En 1822, le Brésil devient indépendant. Plusieurs centaines de kilomètres carrés sont contestés entre la France et le Brésil.
120
+ Le « Contesté » devient un territoire neutre, refuge d’aventuriers, de bagnards échappés ou d’esclaves en marronnage.
121
+ A la fin du XIXe siècle les deux pays se mettent d’accord pour recourir à l’arbitrage de la Suisse. La diplomatie brésilienne s’investit fortement dans cet arbitrage alors que la France ne met guère de moyens dans la négociation. L’arbitrage suisse est rendu en 1900 en faveur du Brésil, le fleuve Oyapock est retenu comme frontière entre la Guyane française et le Brésil. Les ressortissants français ne peuvent s’installer sur la rive désormais brésilienne[35].
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123
+ En 1855, un site aurifère est découvert dans l’Est guyanais sur l’Arataye, un affluent de l’Approuague. Dans l’Ouest, de l’or est extrait de la rivière Inini (Haut-Maroni). Le début du XXe siècle est marqué par une ruée vers l’or, avec 10 000 chercheurs en activité, entraînant une croissance du commerce local souvent artificielle, et l’arrêt des dernières activités agricoles par manque de main-d’œuvre.
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+ L'existence éphémère de la République de la Guyane indépendante (Amapá, 1886-1891, puis État Libre de Counani (1904-1912)) est liée à cette ruée vers l'or.
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+ À l’instar de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique, la Guyane devient département français d’outre-mer en 1946. Mais le décollage économique peine à se réaliser en raison des coûts de production élevés, de la faiblesse numérique de la population, de la dépendance commerciale (importations) vis-à-vis de l’Hexagone et du manque criant d’infrastructures les plus élémentaires : voies de communication, écoles, système de santé, etc.
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+ Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et les îles du Salut furent des lieux de déportation pour les condamnés aux travaux forcés de 1852 à 1946, sur décision de Napoléon III. Le capitaine Alfred Dreyfus y fut envoyé en 1894.
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+ La Guyane restera alors une colonie française jusqu'au 19 mars 1946, où elle obtient le statut de département d'outre-mer. La France attendait des détenus qu'ils fussent aussi des colons. Mais ce fut un échec. La fermeture du bagne a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la publication de 27 articles d'Albert Londres et sous l'impulsion de Gaston Monnerville. C'est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n'est qu'en 1945 que l'Assemblée constituante décida de rapatrier les survivants qui le souhaitaient (très peu sont restés). L'opération prit huit ans.
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+ En 1964, le général de Gaulle prend la décision de construire une base spatiale en Guyane, destinée à remplacer la base saharienne située en Algérie à Hammaguir. La position du département est privilégiée, proche de l’équateur avec une large ouverture sur l’océan. Le Centre spatial guyanais, depuis les premières fusées « Véronique », s’est largement développé au fil des années. Port spatial de l’Europe avec des lanceurs comme Ariane 4 et Ariane 5, qui se révèlent un véritable succès commercial dans le monde[36],[37], le Centre spatial guyanais développe aussi le Programme Vega, et une base de lancement Soyouz construite à Sinnamary. D'ici 2021, la Guyane va assister au lancement de la nouvelle fusée Ariane 6, projet développé en 2014.
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+ En 1982, les lois de décentralisation entrent en vigueur et un transfert de compétences s’opère vers les collectivités territoriales qui vont devenir acteurs du développement de la Guyane[38].
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137
+ Fin mars 2017, un large mouvement de manifestations et de grèves se développe en Guyane et amène le déplacement sur place des ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer. L'accord proposé par le gouvernement est refusé par les représentants des manifestants et grévistes le 2 avril[39].
138
+
139
+ La Guyane est une région administrative dont la préfecture est Cayenne. Elle constitue avec la Guadeloupe et la Martinique, situées dans les Antilles, les départements français d'Amérique (DFA).
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+ La Guyane élit une assemblée unique depuis l'approbation par les Guyanais, au cours d'un référendum tenu le 24 janvier 2010[40], de fusionner le conseil régional et le conseil général en une assemblée unique ou « collectivité unique ».
142
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143
+ Au niveau communal, il existe 22 communes dirigées par des maires. Certaines de ces communes, comme Maripasoula et Camopi, ont des superficies supérieures aux départements métropolitains. De plus, certaines communes sont subdivisées en villages supervisés par des capitaines.
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+ Par ailleurs, la Guyane est représentée au niveau national par deux députés (voir les circonscriptions) et deux sénateurs.
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+ Elle est aussi la plus grande des neuf régions ultrapériphériques de l'Union européenne.
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+ Depuis le 1er janvier 2012, La Guyane possède à nouveau sa propre cour d'appel, supprimée en 1947, avec son parquet général. De 1947 à 2012, les dossiers étaient traités par la cour d'appel de Fort-de-France en Martinique, à plus de 2 000 km de Cayenne. Le premier président de cette nouvelle cour d'Appel prenant fonction au 1er janvier 2012 est Pierre Gouzenne, précédemment président du tribunal de grande instance d'Avignon. Le procureur général prenant fonction de ce nouveau parquet général au 1er janvier 2012 est Raymond Morey, précédemment procureur de la République de Nancy.
150
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151
+ De même, il existe un tribunal administratif complètement autonome. Effectivement, s'il existait déjà un tribunal administratif spécifique, celui-ci était composé à l'origine avec des magistrats venant de Fort-de-France (comme actuellement à Saint-Pierre et Miquelon). Mais, progressivement, le fonctionnement du tribunal s'est autonomisé avec l'affectation d'un, puis deux magistrats en résidence permanente. Il y a désormais quatre magistrats dont un président, de telle sorte que la juridiction est bien totalement autonome.
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+ Le logo de la collectivité territoriale de Guyane est le seul symbole officiel. L'unité régionale de gendarmerie utilise pour ses uniformes le blason de Cayenne.
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+ Le conseil général de la Guyane, qui a disparu en 2015, avait adopté en 2010 le drapeau de l'Union des travailleurs guyanais (syndicat UTG) comme drapeau de la Guyane.
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+ Logo de la collectivité territoriale de Guyane (depuis 2016).
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159
+ Drapeau des six peuples autochtones de Guyane (Depuis 2012).
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+ Blason utilisé par la gendarmerie.
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163
+ Drapeau de l'UTG (Drapeau utilisé par le conseil général de 2010 à 2015)..
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165
+ Logo de l'ancien conseil régional de Guyane (1974-2015).
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+ Logo de l'ancien conseil général de Guyane (1948-2015).
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+
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+ drapeau de la Guyane
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+ Trois tendances politiques se partagent la vie politique guyanaise. Les deux principales forces politiques restent, à l'instar du reste de la France, la droite loyaliste, représentée par Les Républicains et la gauche loyaliste, représentée par le parti socialiste guyanais (PSG), les forces démocratiques de Guyane (FDG), le parti socialiste (PS) et Europe Écologie Les Verts. Mais cette « gauche loyaliste » est à présent très concurrencée par la France Insoumise. Enfin, la troisième tendance politique est l'extrême-gauche indépendantiste représentée par le mouvement de décolonisation et d'émancipation MDES et le Walwari (PRG). Le mouvement La France insoumise est représenté en Guyane par huit Groupes d'Action (GA ou GdA). Le score en tête de Jean-Luc Mélenchon, à l'élection présidentielle de 2017, et le soutien du mouvement à la candidature de Davy Rimane, lors de l'élection législative partielle de mars 2018, ont permis à la France Insoumise de se positionner comme une nouvelle force de gauche dans la région.
172
+
173
+ Depuis le 1er octobre 2013, le commandant des forces armées en Guyane est le général de division aérienne Philippe Adam[41]. Il y a 2 300 militaires[42].
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+
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+ Ces forces sont principalement réparties dans les unités suivantes :
176
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177
+ En 2017, la région comptait 268 700 habitants[Note 1], en augmentation de 12,12 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
178
+
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+ La population de la Guyane est en forte augmentation : elle pourrait passer à 424 000 habitants en 2030, selon l'Insee, si les tendances observées de 1999 à 2009 se maintenaient[43], en raison d'un fort taux de croissance naturelle (excédent des naissances sur les décès) et sous l'effet d'une immigration importante venant des pays proches (Brésil, Guyana, Haïti[44], Suriname). Cependant, on observe un ralentissement de la croissance démographique lié à une légère inflexion de la natalité et, surtout, à un retournement du solde migratoire, devenu négatif entre 2008 et 2013[45]. Il s'agit du département le moins densément peuplé de France (3,2 hab./km2).
180
+
181
+ Les habitants de la Guyane sont appelés les Guyanais et les Guyanaises. Ne pas confondre avec les Guyaniens et Guyaniennes qui sont les habitants du Guyana.
182
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+ La population est essentiellement groupée dans quelques communes sur le littoral, le long de la RN 1 (bande littorale) et au bord des grands fleuves et de leurs estuaires. De nombreuses communautés coexistent[48][source insuffisante], venant de 80 pays, avec aujourd'hui une quarantaine de nationalités, dont (en 2006) :
184
+
185
+ Au 7 août 2006, selon Survival International, « dans la partie amazonienne du département français de la Guyane vivent aujourd'hui quelque dix mille Amérindiens dont les droits à la propriété collective de leurs terres, sur lesquelles ils étaient autrefois souverains, ne sont toujours pas reconnus »[49].
186
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187
+ La Guyane fait partie de la France et est un département français, mais bénéficie d’un régime particulier : la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État ne s’applique toujours pas en Guyane qui reste sous le régime de l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828[50] : le clergé catholique, et lui seul, est salarié par le Conseil général[51]. Ainsi, 27 prêtres sont rémunérés par un budget de 800 000 €[52]. Une autre disposition de l'ordonnance de Charles X, qui n'a pas non plus été abrogée par la départementalisation de la Guyane, énonce que l'État entretient les lieux du culte catholique[53]. En somme, les principes de la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, selon lesquels la religion catholique est « la religion de l’État », sont toujours en vigueur en Guyane française[53].
188
+
189
+ En effet, en 1911, lors de l’extension de la loi de 1905 aux Antilles et à la Réunion, une partie de la classe politique guyanaise s’est opposée à toute modification. La Commission coloniale émet alors un avis négatif, bien qu’elle ne soit pas compétente en la matière.
190
+
191
+ Depuis, la question a été évoquée plusieurs fois, en particulier, en 1970, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou, et lors de la désignation d’un imam musulman en Guyane. Pour l’heure, aucune décision politique n’a remis en cause ce statut, ni ne l’a étendu à d’autres cultes[réf. nécessaire]. Une spécificité nullement remise en cause par les décrets Mandel de 1939. Mais l'administration, arguant du fait que ces cultes n’ont jamais été reconnus par la loi en Guyane, a répondu négativement à la demande de rémunération.
192
+
193
+ Après avoir décidé de stopper la rémunération du clergé catholique fin avril 2014, le conseil général s'est vu enjoint de reprendre cette rémunération par le tribunal administratif de Guyane[54].
194
+
195
+ Quant à la religion, les Guyanais se rapprochent des peuples d'Amérique latine. Chez les Créoles de Guyane, la pratique de la religion catholique est de longue date habitée de croyances populaires qui admettent un catholicisme purement latino-américain. Au cours de l'histoire coloniale, la religiosité des Créoles a puisé nombre de ses traits dans les personnalités catholiques ayant aidé dans la fondation de la colonie tel sœur Anne-Marie Javouhey. La réception des sacrements, la pratique de la prière, la dévotion à certains saints, les rites funéraires, la fête du Saint-Esprit sur l'Approuague sont colorés de croyances enregistrées au fil des siècles.
196
+
197
+ Si la communauté protestante est bien installée, c’est toutefois le catholicisme qui demeure la première religion pratiquée en Guyane. Cela peut se justifier par la succession de colonisations connues par ce territoire et par sa proximité avec les pays latins d’Amérique du Sud. Les musulmans, hindouistes et juifs y restent très minoritaires[55].
198
+
199
+ Un rapport sociologique de 2013 sur la délinquance en Guyane[57] souligne que les violences physiques et la délinquance organisée seraient plus importantes en Guyane que partout ailleurs en France.
200
+
201
+ Pour ce qui concerne les homicides volontaires, la Guyane se situe en France en 2012 en tête des statistiques rapportées au nombre d'habitants avec 10,2 homicides pour 100 000 habitants[58].
202
+
203
+ La Guyane compte deux fois moins de médecins généralistes et trois fois moins de spécialistes que la France métropolitaine. Elle ne possède que 37 lits de réanimation pour 283 000 habitants[59].
204
+
205
+ Le paludisme et la dengue (avec des formes hémorragiques depuis le début des années quatre-vingt-dix, parfois mortelle) ont une incidence élevée en Guyane. La fièvre jaune y présente aussi un risque significatif, ainsi que la tuberculose[60].
206
+
207
+ Des difficultés d’accès à l’eau potable sont rencontrées dans de nombreuses communautés et quelques prises d’eau en rivière destinées à alimenter le réseau d'eau potable peuvent être certaines années non-opérationnelles en raison d'intrusions salines venues de l'océan atlantique (le « front salé » et son évolution saisonnière ont été observés par le BRGM à Mana et sur le Maroni pour les modéliser et mieux anticiper ce phénomène)[61]. Un manque d'accès au réseau d'eau potable augmente le risque de maladies infectieuses entériques[62]. La Guyane est aussi le département où la prévalence du sida/VIH est la plus élevée. Selon l'ARS en 2012, « Les Caraïbes sont la deuxième région la plus touchée au monde par le VIH/SIDA après l’Afrique »[63].
208
+
209
+ En 2012, la mortalité infantile par maladies infectieuses et parasitaires (même hors-sida) y est la plus élevée de France, bien plus que dans la métropole française (elle est de 551 pour 100 000 en Guyane, pour un taux métropolitain de 182 selon une étude de la Drees et de l'Inserm[64]. La mortalité périnatale et la mortalité maternelle y dépassaient celles des autres DOM[65].
210
+
211
+ Pour les visiteurs, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire quelle que soit la durée du séjour.
212
+
213
+ Comme dans toutes les zones tropicales, les parasites sont nombreux. Parmi d'autres on peut citer le pou d'agouti.
214
+
215
+ Les sols pauvres et acides favorisent la biodisponibilité et la circulation des métaux lourds et en particulier du mercure depuis des décennies utilisé par l'orpaillage, et du plomb (source de saturnisme).
216
+
217
+ Les enquêtes faites par la CIRE et l’ARS dans l'Ouest de la Guyane (entre Saint-Laurent-du-Maroni et Mana) ont mis en évidence de « fortes imprégnations au plomb chez certains habitants (dans un village 48 % de l’ensemble des habitants (21/44) et 93 % des enfants de moins de 7 ans (13/14) avaient une plombémie dépassant à 100 μg/L (seuil de définition du saturnisme en France) et d'autres analyses »[66] et études[67] ont confirmé un problème pouvant « concerner l’ensemble de la Guyane et les pays limitrophes (Surinam, Brésil) ». En 2015, les éléments disponibles font évoquer une source alimentaire[68] à ce plomb[69]. Et il a été noté que chez les femmes enceintes, « la plombémie et la proportion de participantes ayant une plombémie élevée augmente en fonction de l’âge. Ainsi, elles sont 21,6 % de moins de 18 ans contre 32,5 % chez les femmes de 35 ans et plus à avoir une plombémie ≥ 50 μg/L (p=0,29) et respectivement 2,7 % contre 10,4 % à avoir une plombémie ≥ 100 μg/L (p=0,023) ». La pauvreté, un faible niveau de scolarisation, le fait d'avoir préparé du couac durant la grossesse ou d'avoir mangé du gibier ou bu de l'eau de pluie (plutôt que du robinet ou en bouteille) et le fait de parler le nenge tongo sont associés à une plombémie plus élevée (ce qui a fait évoquer le rôle possible d'une tradition de géophagie, mais un lien de causalité n'a pas pu être clairement mis en évidence). En outre, les femmes vivant en amont du fleuve Maroni sont plus touchées qu'à l'aval. À Saint-Laurent-du-Maroni la plombémie maximale est de 25,8 μg/L dans le centre-ville à 42 μg/L sur l'île Bastien et Portal.
218
+
219
+ Cette situation, ainsi que l'inaction des pouvoirs publics, est dénoncée dans Nager avec les piranhas (2017) de Michel Onfray.
220
+
221
+ En 2015 un rapport parlementaire préconise des recommandations pour lutter contre les "Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française"[70].
222
+
223
+ Le sport le plus populaire en Guyane est le football, ensuite vient le basket-ball, le cyclisme, la natation ou encore le handball, néanmoins il existe dans le département quelques clubs de canoé, de judo,de jiu-jitsu brésilien, d'aïkido, de karaté, d'escrime, d'équitation, de rames et de volley-ball.
224
+
225
+ Les deux clubs phares de la natation Guyanaise sont le Megaquarius club et le Cercle Nageurs de Cayenne (CNC).
226
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227
+ Depuis plusieurs années, le club du Megaquarius club Guyane remporte la majorité des championnats de Guyane grâce à ses nageurs.
228
+
229
+ La ligue de Natation Guyanaise a d'ailleurs signé un partenariat avec le Suriname pour organiser plus de compétitions entre ces deux pays, notamment le championnat d'Amazonie.
230
+
231
+ Le Djokan est une discipline née des pratiques guerrières amérindiennes, bushinengue et créoles guyanaises.
232
+
233
+ Le 8 juillet 2016, après quatre ans de concertation paraît au Journal officiel le décret en Conseil d'État approuvant le schéma d'aménagement régional (SAR) de la Guyane ; c'est le nouveau cadre pour toutes les politiques publiques d’aménagement et de développement du territoire menées en Guyane jusqu'à l'horizon 2030. Il définit les zones d'implantation de l'agriculture, de l'urbanisation et des grands équipements et infrastructures, des activités industrielles, portuaires, artisanales, agricoles, forestières, touristiques et relatives aux énergies renouvelables ainsi que celles relatives aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout en intégrant les enjeux de continuités écologiques dans un chapitre individualisé relatif à la Trame verte et bleue[71], dans le cadre de l'une des cinq priorités : « Préserver et valoriser l’environnement et la biodiversité remarquables du territoire »[72]. Les communes disposent de trois ans pour rendre leurs documents d’urbanisme compatibles avec ce SAR[72].
234
+
235
+ L’aménagement du territoire connaît un volet relatif au logement qui est un enjeu particulier en Guyane, très différent de celui de la France métropolitaine. La Guyane est marquée par un habitat individuel qui constitue 76% des résidences principales en 2013, soit environ 19 % de plus qu’en métropole. Les logements possèdent une occupation plus importante que les autres DROM, avec une moyenne de 3,4 personnes en moyenne par ménage, alors la moyenne métropolitaine est plutôt autour de 2,3. La Guyane rencontre donc un problème important de mal logement : le surpeuplement. Il touche 36,1 % des ménages en Guyane[73]. Ce taux est plus du double de celui des autres DROM comme la Réunion qui possède 14,6% de ménages touchés par la sur-occupation. Le surpeuplement touche plus de 7 familles monoparentales sur 10[74].
236
+
237
+ De plus, à l’enjeu du surpeuplement s’ajoute la déficience du logement en lui même : 47 % des résidences principales en 2013 connaissent un défaut grave de confort, le plus important étant les vis-à-vis, mais aussi des défauts plus importants tels que l’installation électrique ou encore l’absence d’équipements sanitaires. Il n’y a que 44 % des ménages qui sont dotés d’eau chaude.
238
+
239
+ Il est difficile d’accéder à la propriété en Guyane : seuls 9 % des foyers y ont accès contre 20 % en métropole. Cela est notamment lié à un problème de manque de bâti et des dépenses de logement plus élevées, le mètre carré était à 12,2 € en 2016, contre 10,6 € dans l’Hexagone. Enfin, la présence importante de l’insalubrité des logements ne pousse pas les ménages à acheter. Il y a un manque de construction de logements sociaux, à peine 1 000/an alors que la demande est bien plus élevée[75]. Le taux des logements sociaux (HLM) comme part des résidences principales a été 15,1% en 2016, et ce taux a atteint 17,3% à Cayenne[76],[77].
240
+
241
+ L'économie de la Guyane est fortement dépendante de l'Hexagone et de l'industrie spatiale (Centre spatial guyanais).
242
+ Il existe peu de lignes aériennes directes à destination des autres pays de l'Amérique du Sud, mis à part le Suriname et le Brésil. Toutefois, il est possible de se rendre dans le reste de l'Amérique en faisant escale à Pointe-à-Pitre-Pôle Caraïbes (Guadeloupe) ou à Fort-de-France-Aimé Césaire (Martinique).
243
+
244
+ Le taux de chômage officiel au deuxième semestre 2013 est de 21,3 %[78], soit l'un des plus élevés de France.
245
+
246
+ Le Carnaval est l'un des événements majeurs de Guyane. Il se déroule, les après-midi de dimanche, entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres en février ou mars. Des groupes déguisés selon la thématique de l'année, y défilent autour de chars décorés, au rythme des percussions et des cuivres. La préparation des groupes dure des mois avant le carnaval. Les groupes défilent devant des milliers de spectateurs qui s'amassent sur les trottoirs et les gradins aménagés pour l'occasion.
247
+
248
+ Puis, au début de soirée, les touloulous se rendent dans les dancings.
249
+
250
+ Des groupes brésiliens identiques à ceux que l'on rencontre au carnaval de Rio, sont également appréciés pour leurs rythmes et leurs costumes affriolants. La communauté asiatique de Cayenne participe également aux défilés en apportant sa touche caractéristique, avec des dragons.
251
+
252
+ Le français est la langue officielle de la Guyane mais de nombreuses autres langues locales sont aussi utilisées. La seconde langue la plus parlée dans la société est le créole guyanais[79], une langue à base de français, d'anglais, d'espagnol, de portugais, de langues africaines et amérindiennes. Elle serait née au XVIIe siècle entre les esclaves africains et leurs maîtres français qui tentaient de communiquer. Il est parfois mélangé par l'influence des autres communautés créoles immigrés de Martinique (créole martiniquais), de Guadeloupe (créole guadeloupéen) et d'Haïti (créole haïtien)...
253
+
254
+ Six langues bushi kondé (des noirs marrons), parlées par les Busi-Nengue Guyanais ou Surinamiens (Surinamais pour l'Académie française) : langues boni, saramaca, paramaca, djuka, mataray, kwenty, aluku.
255
+
256
+ Les autres langues régionales sont six des sept langues amérindiennes (arawak, palikur, kali'na, wayana, wayãpi, émerillon), ainsi que le hmong (langue laotienne). La langue apalai parlée par peu de locuteurs n'est pas reconnue officiellement.
257
+
258
+ Enfin, les autres communautés formant une partie non négligeable de la population parlent quotidiennement le portugais, l'anglais, le chinois, l'espagnol, le russe, etc.
259
+
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+ La gastronomie guyanaise est riche des différentes cultures qui se mélangent en Guyane, les restaurants chinois côtoient les restaurants créoles dans les grandes villes comme Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. La gastronomie guyanaise rassemblait à l'origine les cuisines créole, bushinengue et amérindienne. Toutes ces cuisines ont plusieurs ingrédients en commun :
261
+
262
+ À Pâques, les Guyanais mangent le plat le plus emblématique de la Guyane : le bouillon d'awara.
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+ Le repas traditionnel du mariage des Guyanais est le haricot rouge avec du riz.
265
+
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+ Le premier timbre spécifique à la Guyane date de 1886, il s'agit d'un timbre de type Alphée et surchargé avec l'indication "Déc 1886, Guy Franc".
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+
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+ Jusqu'en 1902, la Guyane utilisera les timbres des séries françaises ou coloniale avec une surcharge spécifique.
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+
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+ A partir de 1904 sera émis des timbres spécifiques à la Guyane et portant l'indication « Guyane Francaise ».
271
+
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+ Les derniers timbres portant une indication « Guyane Française » sont émis en 1947. Au-delà de cette date, ce sont les timbres de métropole qui ont été utilisés.
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+ Sportifs
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+ Musiciens
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+ Personnalités historiques
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+ Personnalités politiques
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+ La gymnastique rythmique (GR), anciennement appelée gymnastique rythmique et sportive (GRS) jusqu'en 1998, est une discipline sportive à composante artistique proche de la danse classique et de la gymnastique, principalement féminine, utilisant plusieurs engins d'adresse (corde, ruban, cerceau, ballon, massues).
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+ En compétition, chaque prestation / enchaînement est notée par des juges selon la chorégraphie, l'adresse et le degré de difficulté. Les gymnastes peuvent évoluer individuellement et / ou en groupe gymnastes. Les gymnastes peuvent commencer à tout âge mais la plupart des grandes championnes commencent vers l'âge de 3-4 ans.
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+ La gymnastique rythmique est un sport très exigeant. Il est considéré comme un véritable mode de vie par les gymnastes. Ce sport demande : force mentale[Quoi ?][réf. nécessaire] et physique, assouplissements quotidiens et régimes alimentaires stricts pour les gymnastes de haut niveau.
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+ C'est dans les années 1940, au sein des clubs de l'URSS, que se développe ce sport. En 1948, le premier championnat national soviétique est organisé à Moscou.
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+ Un an plus tard, la Fédération internationale de gymnastique (FIG) homologue officiellement la gymnastique rythmique, en tant que sport de compétition chez les femmes.
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+ En 1963, les premiers championnats du monde de gymnastique moderne attirent à Budapest, 28 athlètes représentant une dizaine de pays.
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+ En 1983, la France accueille, pour la première fois, les championnats du monde à Strasbourg.
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+ La discipline devient une épreuve olympique l'année suivante lors des Jeux olympiques d'été de 1984 en catégorie individuelle et lors des Jeux olympiques d'été de 1996 pour les ensembles.
18
+
19
+ Le code de pointage de la FIG définit les règles à appliquer pour les compétitions. Il est remis à jour au début de chaque cycle olympique. Le code actuel est la version 2017-2020.
20
+
21
+ Dans certains pays, on applique des ajustements au code FIG pour les compétitions à l'intérieur du pays, en fonction des catégories.
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+
23
+ Cinq engins sont utilisés par les gymnastes dans leur enchaînement : la corde, le cerceau, le ballon, les massues et le ruban qui doivent continuellement être maniés par la gymnaste.
24
+
25
+ Les cinq engins ne sont, à l'international, jamais utilisés dans un même enchaînement : Les individuelles présentent quatre enchaînements, avec un engin différent par enchaînement, et les ensembles présentent deux enchaînements : un avec un seul type d'engin, et un « mixte » avec deux types d'engins : trois d'une sorte et deux d'une autre.
26
+
27
+ En France les individuelles présentent, selon leur fédération et leur catégorie, d'un à trois enchaînements, et les ensembles, un ou deux enchaînements, à engins identiques ou mixtes.
28
+
29
+ Il peut exister dans certaines fédérations des catégories particulières où un enchaînement en groupe comporte plus de deux types d'engin, il s’agit généralement d’enchaînements où les engins sont préalablement posés sur les bords du praticable, et les gymnastes rentrent, sortent du praticable, récupèrent et déposent les engins au gré de la composition. Il existe également des enchaînements en groupe sans engins (en mains libres), qui se rapprochent alors d'une discipline légèrement différente de la GR : la gymnastique esthétique.
30
+
31
+ Selon le code pointage de la FIG, un exercice de gymnastique rythmique peut être exécuté individuellement ou en ensemble de cinq gymnastes[1].
32
+
33
+ Il doit durer entre 1 min 15 s et 1 min 30 s pour les individuelles et 1min 30s pour les ensembles.
34
+
35
+ Auparavant totalement instrumentales, la FIG tolère depuis 2013 l’utilisation d’une musique avec paroles par gymnaste et par ensemble. Avec le nouveau code de pointage de 2017, les individuelles peuvent dorénavant présenter deux enchaînements sur les quatre avec une musique comportant des paroles.
36
+
37
+ Dans les différentes fédérations, les durées des enchaînements peuvent varier selon les catégories, mais en règle générale, un enchaînement individuel reste plus court qu’un enchaînement en ensemble. De la même manière, les fédérations tolèrent ou non les musiques avec paroles, selon les catégories.
38
+
39
+ Chaque enchaînement est noté de la manière suivante : la note finale est donnée par la somme de la note d'exécution et de la note de difficulté et après soustraction des éventuelles pénalités. Le total de points atteignable selon le code FIG est de 20. Il peut varier selon les pays et les catégories, en fonction des divers ajustements.
40
+
41
+ Selon le code de pointage 2017-2020, la note de difficulté est composée de quatre parties : les difficultés corporelles, les combinaisons de pas de danse, les éléments dynamiques avec rotation et lancer (aussi appelés risques) et les difficultés d'engin.
42
+
43
+ Les difficultés corporelles d'une chorégraphie sont répertoriées dans 3 catégories : les sauts, les équilibres et les rotations. Chaque famille d'éléments techniques (aussi appelée « groupe corporel ») doit être représentée de manière équilibrée (minimum 2, maximum 4). Le groupe « souplesses et ondes » présent dans les codes de pointages antérieurs a disparu du code de pointage 2013-2016. Les difficultés de cet ancien groupe sont réparties entre les équilibres et les rotations.
44
+
45
+ Chaque élément technique (aussi appelé « difficulté ») possède une valeur particulière, accordée à la gymnaste lorsqu'elle est correctement réalisée (de 0,10 à 0,50). Au début de la compétition, chaque gymnaste ou ensemble doit fournir une fiche de composition où figurent toutes les difficultés qu'elle (il) réalisera lors de son passage, la totalité des points de difficulté ne pouvant dépasser dix points. En France, certaines fédérations ne demandent pas de fiches, ou ne le demandent que pour certaines catégories.
46
+
47
+ Ils peuvent être effectués debout (maintien sur une jambe et sur demi-pointe) ou au sol (maintien sur un genou, ou pied). Historiquement, un équilibre doit être nettement maintenu (minimum trois secondes), mais depuis l’arrivée d’une partie des difficultés du groupe corporel « souplesses et ondes » dans le groupe « équilibre », certains équilibres peuvent être réalisés de façon dynamique, la position doit néanmoins être bien définie. Il existe également plusieurs sortes d'équilibres : en retiré, sur le côté, attitude, boucle, fouetté...
48
+
49
+ Ceux-ci peuvent se mettre en place de deux façons : en relevé ou en piqué. Le relevé consiste à se placer en équilibre sur jambe tendue par une flexion du genou et de la cheville. On part d'un appui du talon au sol à une élévation sur demi-pointe.
50
+
51
+ Le groupe corporel « rotations » est composé de toutes les difficultés du groupe corporel « pivot » des codes de pointages précédents, ainsi que des anciennes difficultés « souplesse et ondes » qui comportaient une rotation.
52
+
53
+ Un pivot s’exécute en tournant sur une jambe et sur demi-pointe ou non, de façon à faire au minimum un tour. Les pivots ont les mêmes noms que les équilibres : en retiré, sur le côté, attitude, arabesque, boucle, fouetté...
54
+
55
+ La gymnaste effectue une figure en l'air en sautant. Il existe plusieurs sortes de sauts : enjambé, 1 ou 2 boucle, carpé, cabriole, cosaque, saut de biche, saut ciseau, saut groupé, biche boucle, biche battu, saut « manège »… Ils sont en général précédés d'un pas chassé et/ou d'un pied d'appel.
56
+
57
+ Tous les sauts se réalisent en trois phases : impulsion, suspension, réception. En fin d’impulsion, il y a une extension complète de la jambe du sol. Lors de l'envol, la position est clairement définie. En réception, il y a une flexion de la cheville et du genou pour amortir.
58
+
59
+ L’exécution est très importante car elle détermine la moitié de la note finale de la gymnaste. Cette partie représente les fautes commises par la gymnaste. Le code de pointage 2013-2016 ayant entraîné la disparition de la note artistique, la note d’exécution comporte désormais les fautes artistiques et les fautes techniques, c’est-à-dire par exemple les chutes d'engin et les déplacements de la gymnaste, maniement incorrect de l'engin (ballon griffé, altération du dessin du ruban, etc.), technique corporelle incorrecte (pointes, bras ou jambes non tendus, perte d'équilibre, synchronisation…)..
60
+
61
+ L'unité de la composition, l'harmonie entre la musique et le mouvement, l'expression corporelle et l'utilisation de l'espace sont autant de domaines ou des fautes artistiques peuvent entraîner des déductions en exécution.
62
+
63
+ La chorégraphie de la gymnaste doit être aussi variée que possible, c'est-à-dire utiliser les changements de niveau, d'énergie, de direction, de déplacements et mettre en œuvre tous les groupes corporels et maniements possibles (mouvement en huit, circumductions, lancers, échappés, roulés, etc.). Pour les enchaînements en ensemble, en plus de tout cela, un nombre de formations (en cercle, diagonale, quinconce...) est demandé. Mains gauche et droite doivent posséder un travail équilibré.
64
+
65
+ La gymnaste doit absolument être accompagnée de musique lors de son passage devant le jury. Les musiques utilisées peuvent être instrumentales ou contenir des voix sans paroles. Le manque de relation entre la musique et la chorégraphie est sévèrement pénalisé.
66
+
67
+ En France, on dénombre 6 fédérations proposant la pratique de GR en compétition.
68
+ La fédération délégataire est la FFG, elle ne s’occupe que des disciplines gymniques, alors que les fédérations affinitaires, qui sont au nombre de 5, sont pour la plupart des fédérations multisports. Il s’agit de l’UFOLEP, la FSCF, la FSGT, l’ UNSS et la FFSU.
69
+
70
+ Les gymnastes participant aux compétitions officielles internationales ont également une licence à la FIG, en plus de leur licence nationale.
71
+
72
+ La FFG propose différents niveaux de compétitions, organisées en différentes étapes :
73
+
74
+ Il existe de nombreuses catégories, classées par âge et par niveau :
75
+
76
+
77
+
78
+ L' UFOLEP est une fédération affinitaire qui ne dépasse pas les championnats nationaux.
79
+ Il existe de nombreuses catégories classées par âge et niveau :
80
+
81
+ Performance, et Uforever (+ 23 ans).
82
+
83
+ Les plus petites catégories sont débutante, initiée, confirmée (individuel), espoir (individuel). En individuel, elles sont récompensées par des diplômes de participation pour les catégories débutantes et des diplômes de couleur pour les autres (le rouge étant le meilleur). En équipes, les débutantes et les initiées sont récompensées par des diplômes de participation, les masses peuvent participer à des compétitions départementales et régionales (par équipe de 4) mais elles ne peuvent pas participer au championnat de France.
84
+ La participation aux championnats nationaux est possible à partir de 11 ans. En individuel, les plus jeunes peuvent aller jusqu'en zone ou inter-région.
85
+ Pour le classement par âge, il est marqué par des chiffres : 1 pour 11/12 ans, 2 pour 13/14 ans, 3 pour 15/16 ans, 4 pour 17 ans et + (exemple : excellence 1 pour des jeunes de 11/12 ans)
86
+
87
+ La Fédération sportive et culturelle de France (FSCF) propose également de pratiquer la gymnastique rythmique et sportive. Il existe différentes divisions selon les âges : poussines, jeunesses (benjamines et minimes), ainées (cadettes, juniors et seniors). Attention, il faut compter une année de décalage par rapport à la FFG. Les gymnastes peuvent concourir dès l'âge de 6ans jusqu'à 99 ans.
88
+
89
+ Les différents niveaux en individuel et en équipe sont :
90
+
91
+ Le chiffre indique la difficulté du niveau, 1 pour le plus difficile. A+ (ancienne gymnaste ayant pratiqué en niveau 2, 1 et A fédérale) et A' sont des catégories spéciales accessibles aux gymnastes de plus de 22 ans ne souhaitant réaliser qu'un seul enchaînement. Le niveau A fédéral est au-dessus du niveau 1 et n'existe que pour les aînées.
92
+ Il y a un peu moins de catégories en ensemble et en duo, avec la même logique de noms.
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+
94
+ En plus des compétitions départementales et/ou régionales et/ou inter-régionales, certaines gymnastes ont accès à des rencontres nationales (il n'y a pas de sélection) :
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+ La FFSU propose des compétitions de GR à tous les étudiants. Les compétitions sont organisées en deux étapes : les championnats inter-académies et les championnats de France. Les compétitions FFSU ont la particularité d’accueillir une plus grande proportion de garçons que dans les autres fédérations, où ils sont extrêmement rares.
99
+
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+ La FFSU propose deux niveaux de compétition :
101
+
102
+ Dans chacun de ces niveaux, il est possible de présenter des enchaînements individuels, en duo, ou en ensembles.
103
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104
+ Il y a une grande quantité d'événement lié à la gymnastique rythmique dans le monde. Ci-dessous vous pouvez voir une liste des principales compétitions de ce sport. Les championnats qui regroupent des gymnastes du monde entier sont les suivants :
105
+
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+ Il existe aussi des compétitions continentales :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
2
+
3
+ 7 SULFATES (SELENATES, TELLURATES)
4
+  7.C Sulfates (selenates, etc.) without Additional Anions, with H2O
5
+   7.CD With only large cations
6
+    7.CD.40 Gypsum CaSO4•2(H2O)Space Group A2/aPoint Group 2/m
7
+
8
+ Sulfates
9
+ 29. Sulfates acides hydratés
10
+ 29.6.3/ Groupe du gypse
11
+ 29.6.3.1 Gypse CaSO4 · 2H2O
12
+
13
+ Le gypse est un minéral composé de sulfate dihydraté de calcium, de formule chimique CaSO4 · 2 H2O.
14
+
15
+ Le même mot, gypse, désigne aussi une roche évaporite majeure, constituée principalement du minéral gypse[3].
16
+
17
+ Le neutre gréco-latin gypsum, emprunté au grec γύψος (gypsos), désigne la pierre à plâtre, le gypse, voire la craie et le ciment en général, mais surtout le plâtre jusqu'à ses applications antiques, statue ou portrait en plâtre dès l'époque de Juvénal[4].
18
+
19
+ Une fausse étymologie hellénique prétend décomposer le grec gupsos en gê (la terre) et ipson (brûler). Ce serait ainsi la « Terre (pierre, élément terrestre) qui est grillée au feu ». Mais la racine du mot est probablement sémitique car la connaissance du gypse et l'art d'en obtenir des plâtres de diverses qualités est attestée en Égypte antique. Des plâtres mélangés avec du sable fin constituent la base du mortier employé pour la construction des pyramides et des tombeaux[5].
20
+
21
+ L'ancien français du début du XIIIe siècle connaît les termes gip, gif ou gist qui désignent autant le gypse que le plâtre[6]. Le latin médiéval a influencé la graphie gips, attestée en 1464 avant la réécriture humaniste qui a donné gypse en français[7]. L'anglais a gardé l'écriture savante gréco-latine gypsum. En allemand, der Gips ou le dialecte alsacien Gips entretiennent la même confusion que l'ancien français ou l'anglais entre plâtre (forme cuite réhumidifiée ou non) et le minéral ou la roche initiale. L'adjectif gypseux n'est attesté en français moderne qu'à partir de 1560.
22
+
23
+ Autrefois, les plâtriers désignaient le gypse naturel ou l'anhydrite comme la pierre de lune. Ils considéraient que la variété transparente fournissait l'image minérale de la lune. Il semble que cette tradition, supposant aussi une influence lunaire sur la formation des multiples variétés ou l'instabilité thermique du gypse, soit gréco-romaine, puisque le mot grec σεληνη (sélêné), connu dans tout l'Empire pour désigner la lune était un autre nom du gypse. La sélénite, terme de formation savante, issu de l'antique vocable gréco-latin sēlēnītes (masculin) ou sēlēnītis (féminin), pierre (lithos) de lune (sēlēna), désigne indistinctement les roches et les minéraux à base de sulfate de calcium, principalement gypse et anhydrite, au début du XVIIe siècle, bien avant de se spécialiser dans une grande forme cristalline spécifique.
24
+
25
+ Les ouvriers gypsiers ou les plâtriers distinguaient sans ambages la pierre gypseuse ou pierre à plâtre du plâtre cru, qui vient de prendre du plâtre dur durci et sec après la pose, le plâtre vif ou le plâtre à raviver soit la poudre fine de plâtre à pouvoir de prise du plâtre mort, c'est-à-dire une poudre de plâtre, préalablement bien trop humidifié sans aucun pouvoir de prise.
26
+
27
+ L'hémihydrate et le dihydrate de sulfate de calcium, soient respectivement le plâtre et le gypse, l'anhydrite sont des espèces chimiques précisément dénommées d'après la nomenclature lavoisienne, par des chimistes français œuvrant à la compréhension chimique du plâtre de Paris depuis la fin du XVIIIe siècle.
28
+
29
+ Ambiguïté du terme sélénite
30
+
31
+ Noms de lieu :
32
+
33
+ Le minéral pur est léger, de densité 2,317. Ses faces cristallines ont un aspect vitreux translucide, nacré ou soyeux, bien observable lorsque le solide gypseux est incolore ou légèrement coloré. Tendre, rayable à l'ongle en laissant une trace blanche, il se fend et se délite aisément. Le minéral a servi d'étalon pour définir le degré de dureté 2 dans l'échelle de Mohs à l'origine.
34
+
35
+ Le gypse est légèrement soluble dans l'eau pure, soit une solubilité maximale de 2,5 g par litre dans les conditions normales de température et de pression. La solubilité du gypse, pour 100 g d'eau pure, n'est que 0,223 g à 0 °C (eau froide) et 0,257 g à 50 °C[17]. La solubilisation est plus efficace entre 30 et 40 °C. Le passage en solution ou dissolution est en général imperceptible à l'œil. L'eau qui a solubilisé du gypse était nommée par les anciens chimistes eau séléniteuse, ou autrefois « eau de lune » dans la tradition médiévale des plâtriers. Cette eau séléniteuse est impropre à la cuisson des aliments et au savonnage du linge[18]. Elle était autrefois détestée par les lavandières et les ménagères ou cuisinières, mais aussi par les forgerons et les tailleurs de pierre, car le gypse ou les composés de la famille des sulfates de calcium, anhydrites, plâtres, mirabilite... plus ou moins solubles, ou portés par les poussières après asséchement favorisent la rouille du fer, comme une altération plus précoce des pierres. La d��composition de l'eau séléniteuse, sous l'action de matières organiques en milieu anaérobie, est d'ailleurs pestilentielle, en dégageant du gaz hydrogène sulfuré H2S.
36
+
37
+ Le minéral gypse ne peut être caractérisé par une effervescence aux acides. L'eau chargée de dioxyde de carbone ou légèrement acide n'a aucun effet sur le minéral. Le gypse est toutefois soluble dans les acides forts, en particulier facilement l'acide chlorhydrique à chaud. Il est aussi soluble dans le glycérol, les solutions diluées d'acides, de sels d'ammonium, de peroxodisulfate de sodium, voire de chlorure de sodium et/ou de chlorure de magnésium. Toutes ces dernières solutions diluées favorisent la dissolution du gypse. Il est insoluble dans les alcalins et les solvants organiques courants.
38
+
39
+ Une lame transparente de gypse blanchit puis s'effrite lorsqu'elle est chauffée légèrement. Elle tombe en poudre après avoir généré un brouillard humide. Le test de chauffe, s'il est réalisé dans un tube à essai en verre suffisamment allongé, ne laisse au fond du tube qu'une petite masse poudreuse et une buée caractéristique, se condensant et se rassemblant en petite gouttelettes d'eau, sur les parois du tube les plus éloignées de la zone de chauffe.
40
+
41
+ Placé dans une flamme, le gypse décrépite, blanchit et s'exfolie.
42
+
43
+ Chauffé entre 120 et 130 °C, ce corps minéral se décompose en une poudre fine d'hémihydrate de sulfate de calcium, encore communément dénommée le plâtre ou correspondant en minéralogie à la bassanite[19].
44
+
45
+ Dans les conditions normales de pression, la perte des trois demi-moles de la réaction ci-dessus est rapide à 128 °C. Mais la perte de deux moles d'eau peut être complète à 163 °C, avec la réaction suivante :
46
+
47
+ En pratique, les réactions présentées restent indicatives. De 60 °C à 200 °C, avec des cinétiques variables, différentes formes allotropiques métastables d'hémihydrates puis d'anhydrites apparaissent. Elles doivent être souvent réduites en poudre, car la plupart ne possède pas une consistance pulvérulente dès leurs formations.
48
+
49
+ Ajoutons sommairement que le gypse, comme l'anhydrite, est utilisé pour la fabrication industrielle du plâtre. Par chauffage, on obtient un sulfate hémihydraté qui, après broyage, forme un liant qui se réhydrate en gypse au contact de l'eau. La prise du plâtre peut s'expliquer par un feutrage d'aiguilles de gypse renaissant.
50
+
51
+ Le gypse possède des propriétés plastiques caractéristiques des minéraux d'évaporites, soumis à forte pression, il peut s'écouler et constituer une semelle de glissement, par effet de gravité ou de pression tangentielle. Les montagnes qui reposent sur des bancs de gypse sont susceptibles d'être glissées, versées ou coulissées au loin par des nappes de charriage.
52
+
53
+ Le gypse cristallise selon des faciès très différents et possède ainsi, du fait des nombreux aspects de ses cristaux, des variétés extrêmement diverses. Les cinq premières variétés, parfois microcristallines ou à petits cristaux compacts ou enchevêtrés, sont surtout présentes dans la roche. Ce sont principalement des variétés d'habitus :
54
+
55
+ La structure cristalline du gypse apparaît simple, avec ses feuillets de [Ca(SO4)]0 électriquement neutres maintenus par des molécules d'eau (H20)0[21]. Les groupes de tétraèdres SO42-, contenant le soufre au centre d'un tétraèdre et les quatre oxygènes aux quatre sommets, sont indépendants et disposés sur deux plans parallèles. Ils sont liés chacun par un de leurs atomes d'oxygène à trois cations Ca2+. Les cations Ca2+ au tiers de l'épaisseur du feuillet sont situés entre trois groupes SO42-. Ils sont entourés de six oxygènes, en plus de deux molécules d'eau (H20)0 placées sur un plan externe au feuillet.
56
+
57
+ La cohésion interne au feuillet est bien supérieure à la cohésion entre feuillets, assurée uniquement par liaisons faibles de van der Waals entre les molécules d'eau homologues de deux feuillets voisins. Cette dernière est encore plus faible si l'ion Na+ s'y installe.
58
+
59
+ Cette architecture ionique permet d'expliquer les trois clivages du gypse, le premier qualifié de « facile et parfait », le second de « bon », et le troisième « fibreux ». Les chimistes peuvent aussi commencer à raisonner sur l'application industrielle majeure du gypse, la confection du plâtre. Remarquons que, généralement, le clivage microscopique des grands cristaux appartenant au système cristallin monoclinique, classe prismatique, est facile. Mais les feuillets se courbent sans avoir l'élasticité propre au mica.
60
+
61
+ Le gypse est le représentant d'un groupe isostructurel, le groupe du gypse :
62
+
63
+ La forme cristalline dérive d'un prisme rhomboïdale oblique.
64
+
65
+ Les cristaux isolés peuvent être en forme de bloc, biseautée, prismatique à tabulaire, lamellaire, lenticulaire... Ils sont très souvent maclés. Les cristaux de petite taille se regroupent souvent en pied d'alouette. Les cristaux de grande taille s'apparient souvent en fer de lance. Certains cristaux s'associent en lames ou en petits filons fibreux. Il existe même des cristaux tabulaires ou lenticulaires, à faces légèrement courbes, mais l'analyse chimique révèle des impuretés de NaCl.
66
+
67
+ Les variétés de gypse de grande taille dénommées autrefois individuellement « une sélénite » attestée en 1611 en français moderne, atteignent quelques centimètres ou même quelques décimètres. On les trouve souvent dans les sables ou les argiles à proximité des bancs gypseux. Il désigne pour les collectionneurs un gypse aux fins cristaux en lamelles transparentes, multidirectionnelles, ou encore un habitus cristallin gigantesque rassemblant les cristaux les plus énormes. Dans ce dernier cas, comme dans la mine mexicaine de Cave of Swords à Naica, des « cristaux de sélénite » transparents, marqués de stries verticales, à face apicale et à éclat perlé, atteignent la dimension d'un cercueil d'homme. Cet emploi technique s'est maintenu sous influence anglo-saxonne, alors que l'usage du mot français s'amenuisait. Les cristaux de très grande taille sont ainsi toujours dénommées sélénites ou « gypse sélénite » par les collectionneurs.
68
+
69
+ Il existe principalement deux clivages formant un angle de 60°. Le premier sur (010) est très parfait. Il apparaît micacé, en lames et écailles parfois très minces, un peu flexibles, mais néanmoins non élastiques.
70
+
71
+ Avec un couteau à lame mince, il est facile de procéder à la division d'un grand cristal transparent en fines lames. Chaque lame, sous l'effet d'un léger choc, se fragmente à son tour, suivant deux séries de fêlures, se croisant à 60°.
72
+
73
+ Le gypse, minéral très répandu, est universellement connu par les nombreuses variétés morphologiques de ses cristaux. Il est ainsi qualifié de fer de lance, pied d'alouette, fibreux, terreux, grenu, saccharoïde, lamellaire, spathique, lamellaire fin ou sélénite, vitreux transparent ou pierre de lune, mica, spath satiné, pailleté de soleil, rose des sables... et sa variété la plus dure, à beau poli, à masse granulaire très fine, employée par les sculpteurs et décorateurs se nomme même par sa blancheur immaculée albâtre[22].
74
+
75
+ Le gypse est un des sulfates naturels les plus communs, terme majeur des dépôts évaporites, car plus abondant que la halite. Le minéral se formerait en principe par sédimentation épaisse au cours de l'évaporation de lagunes d'eau de mer coupées de la mer, par la première cristallisation des sels contenus dans l'eau marine[23].
76
+
77
+ Les bancs puissants de gypse font partie des roches sédimentaires salines, encore appelées roches évaporites. Leur préformation lagunaire ou en playas ou plages à rivages oscillants, typiques de milieux salins ou saumâtres sursaturés, semble évidente dans une modélisation simpliste :
78
+
79
+ Pourtant, les vases filtrantes, les fluctuations diurnes ou saisonnières de température, les éventuels rares lavages par inondation jouent aussi un rôle. Les dépôts salins ou d'évaporites complexes sont recouverts ensuite par d'autres sédiments, notamment des vases argileuses ou des argiles ou soumis à d'autres multiples influences géologiques. C'est pourquoi de gros blocs en concrétions de gypse se forment par diagenèse dans les argiles et marnes[24].
80
+
81
+ Le gypse peut perdre les molécules d'eau retenues au cours de sa cristallisation à partir de 42 °C, voire pratiquement dès 33 °C, pour donner naissance à l'anhydrite, le cristal anhydre de sulfate de calcium (CaSO4), qui se retransforme lentement en gypse si elle entre à nouveau en contact avec l'eau ou si la température ou la pression baisse. L'anhydrite peut constituer un mode de stockage, puis le gisement parvenu en surface se transforme en couche de gypse par hydratation aérienne ou par lente imprégnation humide.
82
+
83
+ Le gypse formé en couches épaisses d'évaporites (marines ou lacustres) ou inséré très fréquemment dans les roches sédimentaires se rencontre en présence de minéraux comme l'anhydrite, l'aragonite, la calcite, la célestine, la dolomite, la halite et les sulfures.
84
+
85
+ Le gypse est aussi un dépôt de précipitation assez commun à partir de sources thermales. Le gypse apparaît autour des dépôts par sublimation directe de fumerolles, phénomènes associés en profondeur aux batholites. Il peut avoir aussi avoir une origine volcanique, notamment de sources chaudes.
86
+
87
+ Le gypse des mines métallifères, notamment dans les zones de minerais sulfurés soumis à dégradation oxydante des sulfures, provient de filons hydrothermaux nés au contact des plutons granitiques.
88
+
89
+ Le gypse est également parfois présent dans certaines météorites.
90
+
91
+ Dans les zones désertiques, les dépôts sédimentaires remaniés par l'érosion éolienne, avec dépôt et reprise par le vent, génèrent l'accumulation progressive de sables gypseux en dunes impressionnantes, composés parfois de minéraux érodés quasi-purs, comme à White Sands au Nouveau-Mexique. Parfois, le vent dissémine simplement les fins cristaux, qui finissent par constituer des agrégats en « rosettes », de couleurs plus ou moins brunes ou rougeâtres, avec souvent à l'origine des noyaux d'origines diverses (sables calcaires ou siliceux, argiles…), dans les endroits de dépôts.
92
+
93
+ En France d'importants dépôts de gypse apparaissent entre −250 et −33 millions d'années.
94
+
95
+ Les principaux gisements de gypse, intensément exploités dans l'économie contemporaine, sont des bancs de roches évaporites, suffisamment puissants[25].
96
+
97
+ Dans l'Antiquité, des cristaux de gypse particulièrement purs, débités en fines lames transparentes ou translucides, ont été employés dans la fabrication de vitres, en l'absence de verre[32], comme en atteste Pline l'Ancien[33].
98
+
99
+ Notons que cet usage technique n'est pas isolé : de nombreuses sources antiques attestent l'emploi du gypse comme matériau de construction et de décoration à l'air libre, assez commun dans les régions arides.
100
+
101
+ Actuellement, le gypse est principalement exploité pour la production du plâtre.
102
+
103
+ Son exploitation dépasse 60 millions de tonnes en 1980. Environ 75 % du gypse exploité sert à la fabrication du « plâtre de Paris ».
104
+
105
+ La production industrielle du gypse s'effectue par la banale précipitation du sulfate de calcium dans différents procédés industriels, notamment :
106
+
107
+ De nombreuses études ont été menées pour le substituer au gypse naturel, notamment dans la fabrication de carreaux de plâtre. Le séchage de ces derniers s'est avéré prohibitif[réf. nécessaire]. En revanche, la fabrication de la variété α de l'hémihydrate du sulfate de calcium, obtenue par autoclavage en présence d'additifs minéraux, permet d'obtenir des cristaux de taille nettement plus importante et dont le séchage est beaucoup moins cher ;
108
+
109
+ Du phosphogypse ou gypse impur contenant divers fluorophosphates de calcium, de fer ou d'aluminium est le sous-produit de la fabrication de l'acide orthophosphorique H3PO4. Le procédé phosphogypse par voie humide part de l'attaque du phosphate tricalcique par l'acide sulfurique à chaud.
110
+
111
+ La réaction idéale si le phosphate tricalcique était pur serait :
112
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1
+
2
+
3
+ monoxyde de dihydrogène, oxyde d'hydrogène, hydrogénol, hydroxyde d'hydrogène, oxyde dihydrogéné, oxydane
4
+
5
+ 12,4 mbar (10 °C)
6
+ 23,4 mbar (20 °C)
7
+ 42,5 mbar (30 °C)
8
+ 73,8 mbar (40 °C)
9
+ 123,5 mbar (50 °C)
10
+ 199,4 mbar (60 °C)[6]
11
+
12
+ équation[7] :
13
+
14
+
15
+
16
+
17
+ P
18
+
19
+ v
20
+ s
21
+
22
+
23
+ =
24
+ e
25
+ x
26
+ p
27
+ (
28
+ 73.649
29
+ +
30
+
31
+
32
+
33
+
34
+ 7258.2
35
+
36
+ T
37
+
38
+
39
+ +
40
+ (
41
+
42
+ 7.3037
43
+ )
44
+ ×
45
+ l
46
+ n
47
+ (
48
+ T
49
+ )
50
+ +
51
+ (
52
+ 4.1653
53
+ E
54
+
55
+ 6
56
+ )
57
+ ×
58
+
59
+ T
60
+
61
+ 2.0000
62
+
63
+
64
+ )
65
+
66
+
67
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(73.649+{\frac {-7258.2}{T}}+(-7.3037)\times ln(T)+(4.1653E-6)\times T^{2.0000})}
68
+
69
+
70
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 273,16 à 647,13 K.
71
+ Valeurs calculées :
72
+ 3 170,39 Pa à 25 °C.
73
+
74
+ équation[7] :
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+ P
80
+
81
+ v
82
+ s
83
+
84
+
85
+ =
86
+ e
87
+ x
88
+ p
89
+ (
90
+ 35.169
91
+ +
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ 6149.4
97
+
98
+ T
99
+
100
+
101
+ +
102
+ (
103
+
104
+ 1.3785
105
+ )
106
+ ×
107
+ l
108
+ n
109
+ (
110
+ T
111
+ )
112
+ +
113
+ (
114
+ 5.4788
115
+ E
116
+
117
+ 3
118
+ )
119
+ ×
120
+
121
+ T
122
+
123
+ 1.0000
124
+
125
+
126
+ )
127
+
128
+
129
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(35.169+{\frac {-6149.4}{T}}+(-1.3785)\times ln(T)+(5.4788E-3)\times T^{1.0000})}
130
+
131
+
132
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 149,3 à 273,16 K.
133
+ Valeurs calculées :
134
+
135
+ L'eau est une substance chimique constituée de molécules H2O. Ce composé est très stable et néanmoins très réactif, et l'eau liquide est aussi un excellent solvant. Dans de nombreux contextes, le terme eau est employé au sens restreint d'eau à l'état liquide, ou pour désigner une solution aqueuse diluée (eau douce, eau potable, eau de mer, eau de chaux, etc.).
136
+
137
+ L'eau est ubiquitaire sur Terre et dans l'atmosphère, sous ses trois états, solide (glace), liquide et gazeux (vapeur d'eau). L'eau extraterrestre est également abondante, sous forme de vapeur d'eau dans l'espace et sous forme condensée (solide[b] ou liquide) à la surface, près de la surface ou à l'intérieur d'un grand nombre d'objets célestes.
138
+
139
+ L'eau est un constituant biologique important, essentiel sous sa forme liquide pour tous les organismes vivants connus[c]. Compte tenu de son caractère vital, de son importance dans l'économie et de son inégale répartition sur Terre, l'eau est une ressource naturelle dont la gestion est l'objet de forts enjeux géopolitiques.
140
+
141
+ La formule chimique de l’eau pure est H2O. L’eau que l’on trouve sur Terre est rarement un composé chimique pur, l’eau courante étant une solution d'eau, de sels minéraux et d'autres impuretés. Les chimistes utilisent de l'eau distillée pour leurs solutions, mais cette eau n'est pure qu'à 99 % : il s'agit encore d'une solution aqueuse.
142
+
143
+ Majoritairement observable sur Terre à l'état liquide, elle possède les propriétés d'un puissant solvant : elle dissout facilement et solubilise rapidement de nombreux corps sous forme d'ions, ainsi que de nombreuses autres molécules gazeuses[d], et par exemple les composants de l'air, en particulier l'oxygène ou le dioxyde de carbone. L'expression « solvant universel »[11] est toutefois sujette à maintes précautions, beaucoup de matériaux naturels (roches, métaux, etc.) étant non solubles dans l'eau (dans la plupart des cas ou de manière infime).
144
+
145
+ La surface de la Terre est recouverte à 71 % d’eau[12] (97 % d’eau salée et 3 % d’eau douce dans différents réservoirs) sous différentes formes :
146
+
147
+ La circulation de l’eau au sein des différents compartiments terrestres est décrite par le cycle de l'eau. En tant que composé essentiel à la vie, l’eau a une grande importance pour l'Homme[13] mais aussi pour toutes les espèces végétales et animales. Source de vie et objet de culte depuis les origines de l'Homme, l'eau est conjointement, dans les sociétés d'abondance comme la France, un produit de l'économie et un élément majeur de l'environnement.
148
+
149
+ Le corps humain est composé à 65 % d’eau pour un adulte, à 75 % chez les nourrissons et à 94 % chez les embryons de trois jours. Les cellules, quant à elles, sont composées de 70 % à 95 % d'eau. Les animaux sont composés en moyenne de 60 % d'eau et les végétaux à 75 %. On trouve néanmoins des extrêmes : la méduse (98 %) et la graine (10 %)[14].[réf. nécessaire]
150
+
151
+ L'eau a la propriété particulière de présenter une anomalie dilatométrique : sa phase solide est moins dense que sa phase liquide, ce qui fait que la glace flotte[15].
152
+
153
+ Le terme eau est un dérivé très simplifié du latin aqua via les langues d'oïl. Le terme aqua a été ensuite repris pour former quelques mots comme aquarium. Un mélange aqueux est un mélange dont le solvant est l'eau. Le préfixe hydro dérive quant à lui du grec ancien ὕδωρ (hudôr) et non pas de ὕδρος (hudros) lequel signifie « serpent à eau » (d'où l'hydre ).
154
+
155
+ Par « eau », on comprend souvent liquide incolore constitué en majorité d'eau, mais pas uniquement d'eau pure. Suivant sa composition chimique qui induit son origine ou son usage, on précise :
156
+
157
+ L'eau a été trouvée dans des nuages interstellaires dans notre galaxie, la Voie lactée. On pense que l'eau existe en abondance dans d'autres galaxies aussi, parce que ses composants, l'hydrogène et l'oxygène, sont parmi les plus abondants dans l'Univers.
158
+
159
+ Les nuages interstellaires se concentrent éventuellement dans des nébuleuses solaires et des systèmes stellaires tels que le nôtre. L'eau initiale peut alors être trouvée dans les comètes, les planètes, les planètes naines et leurs satellites.
160
+
161
+ La forme liquide de l'eau est seulement connue sur Terre, bien que des signes indiquent qu'elle soit (ou ait été) présente sous la surface d'Encelade, l'un des satellites naturels de Saturne, sur Europe et à la surface de Mars. Il semblerait qu'il y ait de l'eau sous forme de glace sur la Lune en certains endroits, mais cela reste à confirmer. La raison logique de cette assertion est que de nombreuses comètes y sont tombées et qu'elles contiennent de la glace, d'où la queue qu'on en voit (quand les vents solaires les touchent, laissant une traînée de vapeur). Si l'on découvre de l'eau en phase liquide sur une autre planète, la Terre ne serait alors peut-être pas la seule planète que l'on connaît à abriter la vie.
162
+
163
+ Les avis divergent sur l'origine de l’eau sur la Terre.
164
+
165
+ Le cycle de l'eau (connu scientifiquement sous le nom de cycle hydrologique) se rapporte à l'échange continu de l'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère, l'eau des sols, l'eau de surface, les nappes phréatiques et les plantes.
166
+
167
+ L'eau liquide est trouvée dans toutes sortes d'étendues d'eau, telles que les océans, les mers, les lacs, et de cours d'eau tels que les fleuves, les rivières, les torrents, les canaux ou les étangs. La majorité de l'eau sur Terre est de l'eau de mer. L'eau est également présente dans l'atmosphère en phase liquide et vapeur. Elle existe aussi dans les eaux souterraines (aquifères).
168
+
169
+ Le volume approximatif de l'eau de la Terre (toutes les réserves d'eau du monde) est de 1 360 000 000 km3. Dans ce volume :
170
+
171
+ Si la fraction d'eau sous forme gazeuse est marginale, la Terre a perdu au cours de son histoire un quart de son eau dans l'espace[17].
172
+
173
+ On sait depuis 2014 qu'une partie notable du manteau terrestre principalement constituée de ringwoodite, entre 525 et 660 km de profondeur, pourrait contenir jusqu'à trois fois le volume d'eau des océans actuels (et en serait la source principale). La quantification n'est pas encore définitive mais pourrait faire varier énormément le volume d'eau disponible sur Terre, même si son exploitabilité et son disponibilité spontanées sont douteuse[18],[19].
174
+
175
+ L'eau liquide semble avoir joué, et continue à jouer, un rôle primordial dans l'apparition et la persistance de la vie sur Terre. La forme liquide, contrairement aux états gazeux ou solide, maximise les contacts entre atomes et molécules, augmentant de fait leurs interactions. L'eau est une molécule polaire et un bon solvant, capable de solubiliser de nombreuses molécules. Le cycle de l'eau joue un rôle majeur, notamment par l'érosion des continents, qui permet d'apporter de grandes quantités de minéraux nécessaires à la vie dans les rivières, les lacs et les océans. Le gel de l'eau permet d'éclater les roches et augmente la disponibilité de ces minéraux[20].
176
+
177
+ Durant l'« Anthropocène »[21], l'humanité a bouleversé le cycle de l'eau, par la surexploitation de certaines nappes, la déforestation, le dérèglement climatique, la canalisation de grands cours d'eau, les grands barrages, l'irrigation à grande échelle[22]. Elle l'a fait à une vitesse et à une échelle qui ne sont pas comparables avec les événements historiques passés, et avec des effets qui dépassent ceux des grandes forces géologiques[22].
178
+
179
+ La température de vaporisation de l'eau dépend directement de la pression atmosphérique, comme le montrent ces formules empiriques :
180
+
181
+ Son point d'ébullition est élevé par rapport à un liquide de poids moléculaire égal. Ceci est dû au fait qu'il faut rompre jusqu'à trois liaisons hydrogène avant que la molécule d'eau puisse s'évaporer. Par exemple, au sommet de l'Everest, l'eau bout à environ 68 °C, à comparer aux 100 °C au niveau de la mer. Réciproquement, les eaux profondes de l'océan près des courants géothermiques (volcans sous-marins par exemple) peuvent atteindre des températures de centaines de degrés et rester liquides.
182
+
183
+ L'eau est sensible aux fortes différences de potentiel électrique. Il est ainsi possible de créer un pont d'eau liquide de quelques centimètres entre deux béchers d'eau distillée soumis à une forte différence de potentiel[23].
184
+
185
+ Un nouvel « état quantique » de l’eau a été observé quand les molécules d’eau sont alignées dans un nanotube de carbone de 1,6 nanomètre de diamètre et exposées à une diffusion de neutrons. Les protons des atomes d’hydrogène et d’oxygène possèdent alors une énergie supérieure à celle de l’eau libre, en raison d’un état quantique singulier. Ceci pourrait expliquer le caractère exceptionnellement conducteur de l’eau au travers des membranes cellulaires biologiques[24].
186
+
187
+ Radioactivité : elle dépend des métaux et minéraux et de leurs isotopes présent dans l'eau, et peut avoir une origine naturelle ou artificielle (retombées des essais nucléaires, pollution radioactive, fuites, etc.). En France , elle est suivie par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), y compris pour l'eau du robinet[25].
188
+
189
+ L'eau est un fluide thermodynamique d'usage courant, efficace et économique[3] :
190
+
191
+ La radiolyse de l'eau est la dissociation, par décomposition chimique de l'eau (H2O) (liquide ou de vapeur d'eau) en hydrogène et hydroxyle respectivement sous forme de radicaux H· et HO·, sous l'effet d'un rayonnement énergétique intense (rayonnement ionisant). Elle a été expérimentalement démontrée il y a environ un siècle. Elle se fait en passant par plusieurs stades physicochimiques et à des conditions particulières de température et de pression, de concentration du soluté, de pH, de débit de dose, de type et énergie du rayonnement, de présence d'oxygène, de nature de la phase de l'eau (liquide, vapeur, glace). C'est un phénomène encore incomplètement compris et décrit qui pourrait, dans le domaine du nucléaire, des voyages dans l'espace ou pour d'autres domaines, avoir dans le futur des applications techniques nouvelles, entre autres pour la production d'hydrogène[26].
192
+
193
+ À l’origine, un décimètre cube (litre) d’eau définissait une masse de un kilogramme (kg). L’eau avait été choisie car elle est simple à trouver et à distiller. Dans notre système actuel de mesure – le Système international d'unités (SI) – cette définition de la masse n’est plus valable depuis 1889, date à laquelle la première Conférence générale des poids et mesures définit le kilogramme comme la masse d’un prototype de platine iridié conservé à Sèvres. Aujourd’hui à 4 °C, la masse volumique est de 0,99995 kg/L. Cette correspondance reste donc une excellente approximation pour tous les besoins de la vie courante.
194
+
195
+ La molécule d'eau possède une forme coudée qui est due à ses orbitales non-liantes (doublets non-liants) qui créent des interactions avec les atomes d'hydrogène et les « poussent » vers le bas. Elle possède donc une structure tétraédrique (type AX2E2 en méthode VSEPR), l'angle H-O-H est de 104,5° et la distance interatomique dO-H = 95,7 pm soit 9,57×10-11 m.
196
+
197
+ L'eau étant une molécule coudée, sa forme joue un rôle important dans sa polarité. En effet, du fait de sa forme coudée, les barycentres des charges partielles positives et négatives ne sont pas superposés. Cela entraîne une répartition inégale des charges ce qui donne à l'eau ses propriétés de molécules polaires[27].
198
+
199
+ De là il vient que :
200
+
201
+ Ce qui explique, par exemple la forme particulièrement ordonnée des cristaux de glace. À quantité égale, la glace flotte sur l'eau (sa densité solide est plus faible que celle liquide).
202
+
203
+ L'eau est un composé amphotère, c'est-à-dire qu'elle peut être une base ou un acide. L'eau peut être protonée, c'est-à-dire capter un ion H+ (autrement dit un proton, d'où le terme protonée) et devenir un ion H3O+ (voir Protonation). À l'inverse, elle peut être déprotonée, c'est-à-dire qu'une autre molécule d'eau peut capter un ion H+ et la transformer en ion OH–. Cependant, ces réactions se produisent très rapidement et sont minimes.
204
+
205
+ Les solvants protiques ou polaires y sont solubles (grâce aux liaisons hydrogène) et les solvants aprotiques ou non-polaires ne le sont pas.
206
+
207
+ L’eau est le principal constituant du corps humain. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte est d'environ 65 %, ce qui correspond à environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes. Ce pourcentage peut néanmoins varier, plus une personne est maigre, plus la proportion d’eau de son organisme est importante. L'eau dépend également de l’âge : elle diminue avec les années, car plus les tissus vieillissent, plus ils se déshydratent, l’eau étant remplacée par de la graisse.
208
+
209
+ Dans l’organisme la concentration en eau varie d'un organe à l’autre et selon les cellules[29] :
210
+
211
+ L'organisme humain a besoin d'environ 2,5 litres d'eau par jour (1,5 litre sous forme liquide et 1 litre acquis dans la nourriture absorbée), davantage en cas d'exercice physique ou de forte chaleur ; il ne faut pas attendre d'avoir soif pour en absorber, surtout pour les femmes enceintes et pour les personnes âgées chez qui la sensation de soif est retardée. Sans eau, la mort survient après 2 à 5 jours, sans fournir aucun effort (40 jours sans nourriture en étant au repos).
212
+
213
+ Chaque jour l'organisme absorbe en moyenne[30],[i] :
214
+
215
+ Chaque jour, l'organisme en rejette[31],[i] :
216
+
217
+ On distingue huit types :
218
+
219
+ Les contrôles de qualité y recherchent d'éventuels polluants et substances indésirables, dont depuis peu, des médicaments, résidus de médicaments ou perturbateurs endocriniens[32] pour limiter les risques environnementaux et sanitaires des résidus de médicaments sur les milieux aquatiques.
220
+
221
+ De l'eau relativement pure ou potable est nécessaire à beaucoup d’applications industrielles et à la consommation humaine.
222
+
223
+ La communication des acteurs de la chaîne de l'eau en France aborde souvent l'opposition entre consommation d'eau en bouteille ou du robinet, qui est source de quelques polémiques :
224
+
225
+ En France, les deux types d'eau contiennent des polluants[33].
226
+
227
+ Par ailleurs, l'eau sert aussi à nettoyer la nourriture et les vêtements, à se laver mais aussi pour remplir des piscines (et il faut 60 m3 d'eau pour remplir une piscine privée moyenne[34]).[source insuffisante]
228
+
229
+ En France, de 2008 à 2015 les distributeurs d'eau de France métropolitaine fournissent environ 5,5 milliards de mètres cubes d’eau potable par an[35], soit, en moyenne, 85 m3 par habitant et par an[35], ou 234 litres d’eau par personne et par jour[35] dont un tiers vient des eaux de surface[35] (20 % de cette eau est perdue via les fuites du réseau de distribution[35]) ; et au total « plusieurs dizaines de milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année »[36] et utilisés comme eau potable (embouteillée ou non), mais aussi pour l'irrigation, l'industrie, l'énergie, les loisirs, le thermalisme, les canaux, l'entretien de voiries, la production de neige artificielle ou bien d'autres activités, mais c'est la production d'énergie qui en utilise le plus (59 % de la consommation totale) devant la consommation humaine (18 %), l'agriculture (irrigation) (12 %) et l'industrie (10 %)[37]. Une banque nationale des prélèvements sur l'eau[38] (BNPE) est disponible en ligne pour le grand-public comme les experts depuis 2015. Elle doit permettre le suivi des prélèvements quantitatifs (par environ 85 000 ouvrages connus en 2015) et d'évaluer la pression sur la ressource en eau (métropole et outre-mer français), avec des données détaillées ou de synthèse téléchargeables (mais « encore à consolider » en 2015)[39]).
230
+
231
+ D'un point de vue économique, le secteur de l'eau est généralement considéré comme partie prenante du secteur primaire car exploitant une ressource naturelle ; il est même parfois agrégé au secteur agricole[40].
232
+
233
+ L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour l’irrigation.
234
+
235
+ En France, l’agriculture absorbe plus de 70 % de l’eau consommée[41], ce qui peut s’expliquer par différentes raisons :
236
+
237
+ De ce fait, au début des années 1960, les agriculteurs, pour accroître de manière conséquente leurs rendements, ont eu recours à l’agriculture intensive (utilisation d’engrais chimiques, de pesticides et de produits phytosanitaires). Cette agriculture intensive a eu pour conséquence de polluer les eaux des sols avec de fortes concentrations en azote, phosphore et molécules issues des produits phytosanitaires[41]. Aujourd’hui, les traitements pour éliminer ces polluants sont complexes, onéreux et souvent difficiles à appliquer. Par conséquent, on s’oriente vers d’autres pratiques agricoles plus respectueuses de l’Homme et de l’environnement comme l’agriculture « intégrée » ou « biologique ». L'agroforesterie et les bocages sont des solutions pour construire des micro-climats et permettre la circulation de l'eau jusqu'à l'intérieur des terres grâce aux phénomènes d'évapotranspiration des végétaux. Pour exemple un hectare de hêtraie, qui consomme de 2 000 à 5 000 tonnes d’eau par an, en restitue 2 000 par évaporation[42].
238
+
239
+ L’eau est aussi utilisée dans nombre de processus industriels et de machines, telles que la turbine à vapeur ou l’échangeur de chaleur. Dans l'industrie chimique, elle est utilisée comme solvant ou comme matière première dans des procédés, par exemple sous forme de vapeur pour la production d'acide acrylique[43],[44],[45]. Dans l’industrie, les rejets d’eau usée non traitée provoquent des pollutions qui comprennent les rejets de solutions (pollution chimique) et les rejets d’eau de refroidissement (pollution thermique). L’industrie a besoin d’eau pure pour de multiples applications, elle utilise une grande variété de techniques de purification à la fois pour l’apport et le rejet de l’eau.
240
+
241
+ L’industrie est ainsi grande consommatrice d’eau :
242
+
243
+ C’est parce que les combustibles se combinent avec l’oxygène de l’air qu’il brûlent et dégagent de la chaleur. L’eau ne peut pas brûler puisqu’elle est déjà le résultat de la réaction de l’hydrogène avec l’oxygène.
244
+
245
+ Elle aide à éteindre le feu pour deux raisons :
246
+
247
+ Le craquage de l'eau ayant lieu à partir de 850 °C, on évite d'utiliser de l'eau sans additif si la température du brasier dépasse cette température. [réf. nécessaire]
248
+
249
+ L'assainissement et l'épuration sont les activités de collecte et traitement des eaux usées (industrielles, domestiques, ou autres) avant leur rejet dans la nature, afin d’éviter la pollution et les nuisances sur l’environnement. L'eau après un premier traitement souvent est désinfectée par ozonation, chloration ou traitement UV, ou encore par microfiltration (sans ajout de produit chimique dans ces derniers cas).
250
+
251
+ La protection de ce bien commun qu'est la ressource en eau a motivé la création d'un programme de l'ONU (UN-Water), et d'une évaluation annuelle Global Annual Assessment of Sanitation and Drinking-Water (GLAAS)[53], coordonné par l'OMS.
252
+
253
+ La multiplicité de ses usages fait de l'eau une ressource fondamentale des activités humaines. Sa gestion fait l’objet d'une surveillance permanente et affecte les relations entre les États.
254
+
255
+ Pour faire face à ces questions, un conseil mondial de l'eau, dont le siège est à Marseille, a été fondé en 1996, réunissant des ONG, des gouvernements et des organisations internationales. De manière régulière, un forum mondial de l'eau est organisé pour débattre de ces sujets, mais pas toujours dans la même ville. En parallèle au forum mondial de l'eau, un forum alternatif mondial de l'eau est organisé par des mouvements alternatifs.
256
+
257
+ En France, les nombreux acteurs de l'eau et leurs missions diffèrent selon les départements et les territoires. Il existait cinq polices de l'eau aujourd'hui coordonnées par les Missions interservice de l'eau[54] (MISE). Les Agences de l'eau sont des établissements publics percevant des redevances qui financent des actions de collectivités publiques, d'industriels, d'agriculteurs ou d'autres acteurs pour épurer ou protéger la ressource en eau. La distribution d'eau potable est un service public gérée au niveau communal ou EPCI, soit directement en régie, soit déléguée à une société privée (affermage, concession). L'ONEMA remplace le conseil supérieur de la pêche, avec des missions étendues.
258
+
259
+ La nouvelle « loi sur l'eau et les milieux aquatiques » (LEMA) de 2007 modifie en profondeur la précédente loi et traduit dans la législation française la « directive-cadre de l'eau » (DCE) européenne.
260
+
261
+ La gestion de l’eau couvre de nombreuses activités :
262
+
263
+ La France est le pays des grandes entreprises de l'eau (Suez, Veolia, etc.). Celles-ci prennent une importance mondiale depuis les années 1990. Mais avec le Grenelle de l'Environnement et du grenelle de la mer, et sous l'égide de personnalités telles que Riccardo Petrella, la question de l'eau comme bien public reste posée.
264
+
265
+ En 2009, un colloque[55] a porté sur la régulation et une plus grande transparence des services d'eau en France.
266
+
267
+ Les montagnes couvrent une part importante de la Terre. En Europe (35,5 % du territoire en Europe, 90 % en Suisse et en Norvège) et plus de 95 millions d’Européens y vivaient en 2006. Elles sont de véritables châteaux d’eau et jouent un rôle capital dans la gestion des ressources aquifères car elles concentrent une part importante des précipitations et tous les grands fleuves et leurs principaux affluents y prennent leur source.
268
+
269
+ En montagne, l'eau est une richesse écologique mais aussi source d'hydroélectricité et de commerce (mise en bouteille d’eau minérale), et le support de sports et loisirs en eaux vives. En Europe, 37 grandes centrales hydrauliques sont implantées en montagne (sur 50, soit 74 %) auxquelles s’ajoutent 59 autres grandes centrales sur 312 (18,9 %).
270
+
271
+ Les montagnes présentent des situations particulières, car elles sont tout d’abord des zones de risques :
272
+
273
+ Mais l’eau en montagne, est surtout une source de richesse et de développement. Une meilleure valorisation de ce potentiel par l’aménagement du territoire peut être la source de nouvelles richesses pour l’économie des zones de montagne, mais dans le cadre d’un comportement économe et responsable. Avec le réchauffement climatique, les situations d’évènements extrêmes comme les sécheresses, les inondations et l’érosion accélérée, risquent de se multiplier et d’être, avec la pollution et le gaspillage, d’ici une génération un des principaux facteurs limitant le développement économique et social dans la plupart des pays du monde.
274
+
275
+ Selon les experts réunis à Megève en mars 2007 dans le cadre de l’« Année internationale de la montagne » avec la participation de la FAO, de l’UNESCO, du Partenariat mondial de l'eau et du Réseau international des organismes de bassin, afin de tirer un diagnostic et de formuler les propositions présentées au forum mondial de l'eau de Kyoto (mars 2003) : « La « solidarité amont-aval » reste trop faible : il vaut mieux aider les montagnes dans le cadre de politiques intégrées de bassins, pour qu’ils assurent la gestion et l’équipement nécessaires des hauts bassins versants. […] Il est impératif en effet de conduire en montagne des actions particulières renforcées d’aménagement et de gestion pour mieux se protéger contre les inondations et l’érosion, lutter contre les pollutions et optimiser les ressources en eau disponibles pour les partager entre les usagers, tant en amont que dans les plaines en aval. »[réf. souhaitée]
276
+
277
+ Certains territoires connaissent un développement important induit par la mise en service d’infrastructures routières nouvelles et un dynamisme économique. En France, les documents d’urbanisme sont révisés fréquemment pour permettre la construction d’espaces nouveaux[réf. nécessaire]. Or, l'extension des territoires urbanisés génère des impacts sur l’environnement : accroissement des prélèvements pour l’alimentation des populations en eau potable, augmentation des rejets (eaux pluviales et eaux usées), fragmentation des milieux naturels, etc.[réf. souhaitée] Ceux-ci ne sont pas toujours correctement appréhendés au niveau des documents d'urbanisme, qui structurent et planifient l'espace[réf. nécessaire]. Ces réflexions ont été au cœur du Grenelle de l’Environnement en 2007.
278
+
279
+ Ces impacts doivent être pris en compte en amont, dès la définition des projets structurants à l’échelle d’un territoire. Aussi convient-il de les intégrer dans l’élaboration des documents de planification urbaine (plans locaux d’urbanisme, cartes communales, etc.).
280
+
281
+ La Terre est à 71 % recouverte d'eau[12]. 97 % de cette eau est salée et 2 % emprisonnée dans les glaces. Il n'en reste qu'un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif de l'humanité tout entière. L'eau et l'eau potable sont inégalement réparties sur la planète[56],[57],[58] et les barrages et pompages d'eau faits pour les besoins humains peuvent localement entrer en conflit avec les besoins agricoles et ceux des écosystèmes[59].
282
+
283
+ En 2017, sur 6,4 milliards d'êtres humains, 3,5 milliards de personnes boivent chaque jour de l’eau dangereuse ou de qualité douteuse[60]. De plus, 2,4 milliards ne disposent pas de système d'assainissement d'eau. En 2018, 2 milliards d'êtres humains dépendent de l'accès à un puits. Il faudrait mobiliser 37,6 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l'eau potable pour tous, quand l'aide internationale est à peine de trois milliards[60].
284
+
285
+ Selon l'ONG Transparency International, la corruption grève les contrats de l'eau dans de nombreux pays entraînant des gaspillages et des coûts excessifs pour les plus pauvres[61][réf. non conforme].
286
+
287
+ L'eau, en tant que ressource vitale, est une source de conflits, d'exacerbation de conflits, et elle est parfois instrumentalisée dans ce cadre[62],[63],[64],[65],[66],[67],[68]
288
+
289
+ En 2025, selon l'ONU, à cause de la surexploitation des nappes et de l'augmentation des besoins, 25 pays africains seront en état de pénurie d'eau (moins de 1 000 m3/hab/an) ou de stress hydrique (1 000 à 1 700 m3/hab/an)[69].
290
+
291
+ Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
292
+
293
+ Estimation de l'ONU de la pénurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.
294
+
295
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
296
+
297
+ L'impossibilité d'accès à l'eau potable d'une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les cinq secondes de maladies liées à l’eau et à un environnement insalubre[70] ; des millions de femmes s'épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde, dont 22 000 en Chine[71][réf. non conforme]. Selon l’ONG Solidarités International, 361 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée causée par un accès inadéquat à l’Eau, l'Hygiène et l'Assainissement (EHA)[72]. Toutes causes confondues (diarrhées, choléra, gastro-entérites infectieuses aigües et autres infections), ces maladies hydriques[73] représentent selon l'Unicef 1,8 million de victimes chez les moins de cinq ans[74]. Chaque année, 272 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d'infections transmises par l'eau insalubre[60].
298
+
299
+ La consommation d'eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
300
+
301
+ Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. « Alors qu’en moyenne un agriculteur malgache consomme dix litres d’eau par jour, un Parisien a besoin de 240 litres d’eau pour son usage personnel, le commerce et l’artisanat urbains, et l’entretien des rues. Quant au citadin américain, il consomme plus de 600 litres[77]. »
302
+
303
+ Au niveau planétaire, quatre milliards de personnes connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. D’ici 2025, 63 % de la population mondiale sera soumise au stress hydrique[60].
304
+
305
+ Dans le monde, il existe une forte inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. En Afrique par exemple, 90 % des tâches de collecte d’eau et de bois sont réalisés par les femmes. Au total, les femmes et les filles passent en moyenne six heures par jour à collecter de l'eau[60].
306
+
307
+ L'agriculture des pays développés est mise en cause pour sa consommation intensive d'eau :
308
+
309
+ Les solutions envisagées sont quantitative (économies, récupération de l'eau, réutilisation d'eaux grises ou usées) et qualitative (meilleure épuration)[réf. souhaitée].
310
+
311
+ Certains auteurs imaginaient déjà dans les années 1970 un traitement complet et la récupération et le traitement de toutes les eaux usées de manière que seules des eaux propres soient rejetées en rivière, en mer ou utilisées pour l'irrigation agricole[79].
312
+
313
+ Des solutions individuelles et collectives existent pour économiser l'eau, même en menant le mode de vie d'un habitant d'un pays développé.
314
+
315
+ L’eau a longtemps revêtu plusieurs aspects dans les croyances et les religions des peuples. Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie, guérisseuse, protectrice ou régénératrice.
316
+
317
+ Les sciences laissent penser que l’eau est indispensable à la vie. La mythologie et certaines religions ont lié l'eau à la naissance, à la fécondité, à la pureté ou à la purification.
318
+
319
+ L’eau revêt cet aspect desctructeur notamment lorsqu’on parle de fin du monde ou de genèse. Mais cela ne se limite pas aux religions monothéistes. Ainsi, dans l’épopée de Gilgamesh, une tempête qui dura six jours et sept nuits était à l’origine des inondations et de la destruction de l’humanité. Les Aztèques ont eux aussi cette représentation de l’eau puisque le monde du Soleil d’Eau placé sous le signe de l’épouse de Tlaloc est détruit par un déluge qui rasera même jusqu’aux montagnes. « Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. » : c’est par cela qu’est désignée la fin du monde dans la genèse judéo-chrétienne, et d’ajouter : « Les eaux grossirent de plus en plus, et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. »[81]. Le mythe des aborigènes d’Australie est, quant à lui, attaché à l’idée de punition et non pas de destruction, puisqu’une grenouille géante aurait absorbé toute l’eau et asséché la terre mais aurait tout recraché en rigolant aux contorsions d’une anguille. Les marées contribuent lentement aux phénomènes d'érosion et d'engraissement sur les littoraux mais ce sont les grandes inondations et tsunamis qui marquent périodiquement les esprits. Depuis l'ère industrielle, de nombreuses usines et autres facteurs de risques ont été concentrés dans les vallées et sur les littoraux, faisant que le risque technologique peut se combiner avec les risques liés aux manques ou excès d'eau. Le Genpatsu shinsai est par exemple au Japon l'association du risque nucléaire au risque de tsunami, l'occurrence simultanée de deux événements de ce type aggravant fortement leurs conséquences respectives.
320
+
321
+ Cet aspect donne à l’eau un caractère presque sacré dans certaines croyances. En effet, outre la purification extérieure que confère l’eau, il y a aussi cette faculté d’effacer les difficultés et les péchés des croyants à son contact et de laver le croyant de toute souillure. Les exemples sont nombreux, allant de la purification dans le Gange dans l’hindouisme (où beaucoup de rituels sont exécutés au bord de l’eau tels que les funérailles) ou les ablutions à l’eau dans l’Islam jusqu’au baptême dans le christianisme ou l’initiation des prêtres shintoïstes.
322
+
323
+ Outre l’aspect purificateur, l’eau s’est étoffée au cours des siècles et des croyances d’une faculté de guérison. Plusieurs signes de culte et d’adoration datant du Néolithique ont été retrouvés près de sources d’eau en Europe. Longtemps, des amulettes d’eau bénite ont été accrochées à l’entrée des maisons pour protéger ses occupants du Mal. On considère que le contact avec certaines eaux peut aller jusqu’à guérir de certaines maladies. L’exemple le plus proche est celui du pèlerinage à Lourdes en France où chaque année des milliers de gens se rendent pour se baigner dans sa source. Parmi les cas de guérison par l’eau de Lourdes, 67 ont été reconnus par l’Église catholique. Du point de vue de la science, les propriétés curatives ont été démontrées car aujourd’hui l’hydrothérapie est courante dans les soins de certaines maladies. Les rituels thérapeutiques christianisés des bonnes fontaines en constituent une autre illustration[82].
324
+
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+ Le canular du monoxyde de dihydrogène, conçu par Eric Lechner, Lars Norpchen et Matthew Kaufman, consiste à attribuer à l’eau la dénomination scientifique de monoxyde de dihydrogène (DHMO), inconnue des non-initiés, et à tenir à son sujet un discours solennellement scientifique de manière à créer chez l’auditeur une inquiétude injustifiée.
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+ Dans le Wikilivre de Tribologie, on peut trouver des données concernant le frottement sur la glace.
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+ Haarlem, également connue sous le nom de Harlem en français (prononcé en néerlandais : /ˈɦaːr.lɛm/ Écouter, en français : /aʁ.ˈlɛm/), est une ville et commune néerlandaise, chef-lieu de la province de Hollande-Septentrionale et centre de la région méridionale du Kennemerland. Lors du recensement de 2016, elle compte 158 395 habitants.
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+ Le nom de ville, écrit Haralem au IXe siècle, Harlhem et Harlem au XIIe siècle, puis Herlehem au XIIIe siècle, serait probablement un composé des termes Harl signifiant « relief », « monticule » et hem désignant une « demeure », mais il n'y a aucune certitude sur l'étymologie[2].
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+ Une hypothèse romane d'origine gallo-romaine pourrait être les terres fiscales "harlées" et "araiées", c'est-à-dire desséchées ou asséchées par le soleil et/ou les artifices des premiers paysans dès la fin de l'époque mérovingienne, puis assez rapidement divisées et cultivées ou exploitées en parcelles. Ces nouvelles terres auraient été administrées par lots regroupés dans une manse ou domaine spécifique de gestion à l'époque carolingienne, c'est-à-dire un foyer fiscal collectif qui porte le nom germanique de heim ou hem en langue germanique commune. Le plus gros village, centre de ban le plus important, aurait repris le nom de ce terroir. Il existe probablement plusieurs autres dénominations oubliées, elles ont pu être qualifiées temporairement avec l'adjectif "are", "aride" (latin aridus) ou avec le mot arée, "terre labourée" (latin classique aratio ou vulgaire arata), ce qui expliquerait certaines graphies hasardeuses des clercs administrateurs[3].
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+ Haarlem se trouve à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Amsterdam et à 6 km environ de la mer du Nord. Au cœur de la cité, la rivière Spaarne qui la traverse, est bordée de monuments historiques. Haarlem est d'ailleurs surnommée Spaarnestad.
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+ Haarlem est entourée d’eau et plusieurs ports de plaisance dans les environs accueillent voiliers, planches à voile et bateaux à moteur.
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+ Haarlem est fondée au IXe siècle sur les bords d'un cordon littoral d'un lac appelé Haarlemmermeer. Elle est dotée d'un riche passé et obtient les franchises communales depuis plus de sept cent cinquante ans. Les brasseries, la construction navale et l'industrie textile ont fait autrefois de cette ville, l'une des plus prospères des Pays-Bas.
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+ Quelques grandes dates de l'histoire haarlemoise :
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+ Toutes ces histoires font part de l'histoire mythique de Haarlem.
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+ En 1492, des événements violents liés à la Révolte du peuple du fromage et du pain ont pris part dans la ville. En conséquence et en représailles, Albert III de Saxe impose la présence d'une garnison dans la ville.
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+ Durant le terrible hiver 1572/1573, la ville souffre de disettes et de froid car elle est assiégée par les armées espagnoles du duc d'Albe. Elle parvient néanmoins à résister sept mois grâce au ravitaillement arrivant sur des traineaux à patins glissant facilement sur la glace des canaux gelées en hiver, que les Hollandais menant la guerre de libération contrôlent encore. Mais avec le printemps boueux survient la reddition inévitable. Après les persécutions du duc d'Albe et la déportation ou le massacre planifié d'une partie de la population passée au protestantisme, la ville rejoint en cachette l'alliance confédérée des Pays-Bas, puis ouvre ses portes. Elle se relève sur le plan démographique en accueillant les réfugiés protestants flamands ou anversois, français ou lorrains.
22
+ Le XVIIe siècle est marqué par l'essor de l'activité textile, ainsi que le début prolifique et spéculatif de la culture de la tulipe. De nombreux Flamands s’établissent à Haarlem vers 1700.
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+ Le peintre Frans Hals (1581-1666) y fait toute sa carrière. Les ateliers de peintres sont nombreux. Les plus connus sont celui de Pieter Sanraedam et de Jacob van Ruisdael.
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+ L'asséchement du Haarlemmermeer au milieu du XIXe siècle offre des terres à la floriculture.
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+ À la Belle Époque, les fonderies et la construction navale, par exemple de dragues aux établissements Werf Conrad, acquièrent une réputation mondiale, alors que les brasseries et l'industrie textile demeurent importantes.
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+ Haarlem est administrée par le Conseil municipal (39 membres élus au suffrage direct), le bourgmestre (nommé par le roi) et six échevins (choisis par et parmi les membres du Conseil municipal). Le collège des bourgmestre et échevins assure la gestion courante de la commune.
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+ Haarlem entretient des liens d’amitié avec :
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+ Le centre historique de Haarlem, très bien conservé, compte plus d’un millier de monuments protégés. Le cœur de la ville est constitué par le Grote Markt, autrefois lieu de joute des comtes de Hollande, avec l’hôtel de ville datant du Moyen Âge, la Grote Kerk ou Église Saint-Bavon et le Vleeshal (halle aux viandes). Haarlem compte un grand nombre de béguinages, dont le plus ancien remonte à 1395.
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+
36
+ Smedestraat 33 est une porte à Haarlem datant de la seconde moitié du XVIIe siècle, et classée monument national.
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+ La Gare est un exemple du style d'Hendrik Petrus Berlage[4].
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+ Le musée Frans Hals expose les œuvres de peintres illustres alors que le musée Teyler (sciences), qui est le plus ancien musée des Pays-Bas, est consacré au XVIIIe siècle. Haarlem est aussi la ville d’écrivains tels que Beets (« Camera Obscura »), Bomans et Mulisch (« L’Attentat »). Citons encore le Festival d’orgue international, l'orchestre Holland Symfonia et le chœur de la Cathédrale Basilique St.Bavo, le théâtre Toneelschuur, le cinéma Filmhuis, des galeries et festivals culturels et musicaux.
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+
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+ En 1954, la ville a accueilli le congrès mondial d’espéranto.
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+ Haarlem possède un centre animé, où l’on trouve les boutiques, cafés et restaurants les plus divers. Toutes sortes d’événements y sont organisés toute l’année (Vaardagen, Stripdagen, festivals dans le bois Haarlemmerhout).
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+ Musée Teylermuseum et église St. Bavokerk
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+ Poids public et église St Bavokerk
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+ Hôtel de ville
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+ Pont Gravestenenbrug
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+ Pignons à redents sur Groot Heiligland
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+ Ancien marché (de Oude Groenmarkt)
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+ Angle des Gedempte Oudegracht et Jacobijnenstraat
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+ Amsterdamse Poort
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+
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+ La Spaarne et le tour de l'église Bakenesserkerk)
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+ Moulin de Veer à Penningsveer
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+
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+ Haarlem est renommée pour la culture des fleurs. Les champs de tulipes, de jacinthes véritables et de narcisses, au sud de la commune, attirent les touristes. Chaque année en avril, les chars décorés du Corso fleuri traversent cette cité pendant deux jours. Haarlem doit son surnom de « ville des fleurs » à l’abondance de fleurs égayant partout la ville le reste de l’année et à son cadre de verdure formé par le Haarlemmerhout (bois municipal) et divers parcs du XIXe siècle.
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+
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+ Les secteurs importants sont le secteur (semi)-public, le secteur graphique (le plus grand éditeur de Pays-Bas est établi à Haarlem, de même que Joh. Enschedé & Zn., imprimeurs entre autres de billets de banque) et l’industrie pharmaceutique. Il n’y a pratiquement pas d’industrie lourde. Des nombreux Haarlemois travaillent hors de la commune.
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+ Haarlem est à 30 minutes en voiture de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol et à quelques kilomètres seulement de la mer et des plages (station balnéaire de Zandvoort). En train la durée du trajet depuis le centre d'Amsterdam (Gare d'Amsterdam-Central) est seulement 15 minutes. Le Parc national de Kennemerduinen et la région de loisirs Spaarnwoude offrent de grandes étendues pour la promenade.
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+ Quelques moulins accessibles en 15 minutes à vélo entourent la ville. Haarlem abrite aussi la petite portion restante du Haarlemmermeer, lac poldérisé en 1852.
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+ En 1658, le hollandais Pieter Stuyvesant a fondé le campement de Nieuw Haarlem (la Nouvelle-Haarlem) sur l'île de Manhattan en Amérique du Nord. Ce campement est devenu plus tard le quartier de Harlem dans la ville de New York[5].
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+ Habbo (anciennement Habbo Hotel) est un monde virtuel prévu pour les adolescents âgés d'au moins 13 ans. Les joueurs y incarnent un avatar, personnage virtuel qu'ils ont la possibilité de personnaliser. Ces derniers évoluent dans des appartements créés par les joueurs ou l'équipe du site et peuvent interagir avec les autres utilisateurs principalement par le biais d'un chat. L'inscription et l'utilisation du site est gratuite mais des contenus supplémentaires comme du mobilier ou des abonnements peuvent être obtenus après paiement. Le jeu est surveillé par des modérateurs.
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5
+ Le jeu, disponible dès 2000 dans sa version finlandaise et depuis novembre 2004 dans sa version française, est édité par la société finlandaise Sulake Corporation. Il comptait en août 2012 selon la société 273 millions de comptes enregistrés et 5 millions de visiteurs uniques chaque mois.
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+
7
+ En juin 2012, une enquête menée par la chaîne britannique Channel 4 révèle des dysfonctionnements dans les systèmes de sécurité utilisés pour surveiller et protéger les utilisateurs au sein du jeu[1].
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+ En octobre 2019, Sulake a annoncé une nouvelle interface prévue pour l'année 2020.
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+ Dans les années 1990, Sampo Karjalainen et Aapo Kyrölä, deux jeunes finlandais, se rencontrent au sein de leur entreprise de télécommunications Finnish IT. Ensemble, ils créent en novembre 1999 pendant leur temps libre pour le groupe de rap finlandais « Mobiles » une plateforme virtuelle intitulée « Mobiles Disco » basée sur la technologie Fuse où les internautes peuvent se créer un personnage virtuel et discuter avec d'autres utilisateurs.
12
+ Initialement ouvert aux joueurs finlandais, le succès que connaît le site encore rudimentaire les pousse à ouvrir une version pour les utilisateurs étrangers.
13
+ « Mobiles Disco » était disponible jusqu'en février 2002[2].
14
+
15
+ Forts de leur premier succès, les deux jeunes sont rapidement repérés par la société finlandaise Taivas et l'opérateur Radiolinja qui leur demandent de concevoir un jeu pour lequel les joueurs auront besoin d'envoyer des SMS surtaxés afin d'améliorer leur expérience de jeu. Ils lanceront ainsi en février 2000 un jeu intitulé « SnowWar » (ou « Lumisota ») consistant en une bataille de boules de neige. Le jeu n'a cependant pas rencontré le succès espéré[2],[3].
16
+
17
+ Toujours à la demande de la société Elisa[note 1] (qui a alors racheté Taivas et Radiolinja), Sampo Karjalainen et Aapo Kyrölä s'attèlent avec une équipe de développeurs à la création d'une nouvelle plateforme sociale sur internet.
18
+ L'entreprise Elisa décide alors de créer une nouvelle filiale nommée Sulake (« fusible » en finnois) afin d'assurer la conception, le développement du service et pour faciliter les levées de fonds nécessaires. L'entreprise ne compte alors qu'une dizaine d'employés dont principalement des anciens collègues des deux créateurs.
19
+ Ils lancent alors sur le site internet Elisa Hotelli Kultakala (« Hôtel Poisson Rouge » en français) en août 2000[3].
20
+
21
+ Au vu du rapide engouement que provoque Hotelli Kultakala, l'entrepreneuse britannique Dee Edwars (en) propose aux deux fondateurs de créer une version anglophone du site. « Je pensais vraiment que les entreprises numériques pouvaient avoir du succès en utilisant la technologie pour gérer une entreprise efficacement et tirer parti des nouvelles formes de communication »[4].
22
+ Ils planchent alors sur les moyens de rendre le site rentable par le biais de la publicité et/ou d'une participation payante des utilisateurs.
23
+ En 2001, ils rendent disponible une version beta du jeu en anglais puis lancent officiellement « Habbo UK » en janvier 2001. C'est la première fois qu'ils utilisent le nom "Habbo Hotel"[2].
24
+
25
+ Surfant sur la vague du déploiement d'internet en Europe, ils décidèrent d'ouvrir d'autres versions de leur jeu. C'est ainsi qu'en 2001, ils ouvrirent une version suisse puis une version japonaise en 2003 grâce aux fonds reçus par des investisseurs. Après cette date, ils continueront à étendre leur compagnie en ouvrant sur ses fonds propres de nouvelles versions dans le monde entier[2].
26
+
27
+ Le déclin d'Habbo commence en juin 2012, lorsque la chaîne britannique Channel 4 met au jour un scandale sur le système de modération et de sécurité d'Habbo. L'article sera repris par de nombreux autres médias étrangers, ce qui aura pour conséquence une perte de confiance des joueurs et des parents vis-à-vis du jeu, mais aussi une autre vague de licenciement en octobre 2012 et le retrait d'investissements dans la société Sulake.
28
+
29
+ Pour contrer ce scandale, Paul LaFontaine, PDG de Sulake de l'époque, décide de stopper tout moyen de communication pendant quelques jours. Cela aura pour effet de diminuer drastiquement le nombre de membres connectés, certains ayant même arrêté de fréquenter le jeu.
30
+
31
+ Les rétros (copies illégales de Habbo, dont la principale particularité est de proposer des crédits illimités aux joueurs) ont un rôle non négligeable dans le déclin progressif d'Habbo, causant des trous financiers, ces mêmes rétros sont très probablement une des causes des diverses vagues de licenciements qu'a connu Sulake ces dernières années.
32
+
33
+ A noter aussi que l'abandon progressif de Flash (qui est utilisé par Habbo) par les principaux navigateurs web, tel Google Chrome ou Mozilla Firefox, met en danger le fonctionnement du jeu.
34
+
35
+ Les dates relatives à la version française sont indiquées ci-dessous en gras.
36
+
37
+ Au vu du rapide développement que connaît le jeu qui est alors disponible en anglais, il devenait nécessaire pour l'équipe de trouver un nouveau nom à leur plateforme et qu'il serait facile à traduire et utiliser dans d'autres langues. Aapo Kyrölä rapporte le déroulement de cette réunion: « Retiisi (membre de l'équipe, ndlr) dit « happo » (« acide » en finnois) et les autres le transformèrent en « habbo ». [...] Le premier logo portait le nom « Grand Habbo Hotel », mais « Grand » a rapidement été supprimé »[2].
38
+
39
+ Logo utilisé jusqu'en 2011
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41
+ Logo utilisé à partir de 2011
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+
43
+ Les Badges sont des récompenses qui se voient attribuées aux utilisateurs qui accomplissent des objectifs, comme par exemple : le temps de connexion, le nombre de jours d'affilée de connexion, le nombre de parties de Battle Banzai jouées etc. D'autres insignes peuvent être donnés par les Staffs et les Webfans en participant à des événements en cours ou en rejoignant un Groupe Habbo spécifique.
44
+
45
+ Les Bots de Habbo sont des robots ayant l'apparence d'avatars classiques répondant à des commandes et mots-clefs préenregistrés. Ceux-ci ont un badge exclusif permettant leur identification. Certains de ces robots sont présents dans les lieux publics pour servir boissons et aliments. Il est aussi possible de croiser des bots dans des salles privées officielles, avec qui il est possible de communiquer à travers des mots-clefs pour obtenir de l'aide ou certaines informations liées à un événement en cours.
46
+
47
+ En 2012, avec le lancement de la campagne Habbo Stars fut lancée l'utilisation des Bots pour usage personnel[23]. Deux types de bots étaient alors disponibles : le Bot casual (qui peut posséder un look, parler si quelqu'un dit quelque chose, et danser) et le Bot de service (qui sert une boisson si un nom de boisson est cité). Depuis, un troisième type de Bot est sorti : l'Enregistreur de visiteurs, qui permet de savoir qui a visité la salle dans laquelle il se trouve.
48
+
49
+ Après l'arrivée de la Version BUILD dans l'Hôtel, cette section est apparue dans le catalogue (connu plus tard sous le nom de Furni-Matic). Sa fonction est de recycler les mobis que les utilisateurs n'utilisent plus pour les déposer ultérieurement dans une machine virtuelle qui transformerait 5 (puis 12[24]) mobis (ceux autorisés à être déposés avaient une flèche verte sur la partie supérieure droite de leur description) en un nouveau mobi. Ce dernier était déposé dans une Caisse Mystérieuse.
50
+
51
+ Il y avait de nombreuses possibilités visibles à l'aide d'un petit menu. Bien que les mobis déposés pouvaient ne pas avoir de valeur, la machine fonctionnait comme une machine à sous et un mobi rare pouvait sortir d'un ensemble de mobis médiocre.
52
+
53
+ Avec l'actualisation de l'hôtel le 1er juin 2016, cette fonction a disparu sans annonce préalable du catalogue. Toutefois, il est toujours possible de voir les flèches vertes indiquant la recyclabilité des mobis.
54
+
55
+ Les Effets furent introduits en décembre 2008 en même temps que les Pixels. Ils pouvaient être acquis à travers le Catalogue Pixel, qui pouvaient s'acquérir en gagnant des badges ou en accomplissant divers objectifs. Les Pixels pouvaient s'utiliser pour acheter les effets, comme l'Effet Fantôme, la Soucoupe d'OVNI, les mouches, le projecteur de lumière, la torche, les papillons et le gel. Après une mise à jour, de nouveaux effets furent ajoutés : le microphone, un sac à dos à réaction, et de nouvelles couleurs pour les soucoupes d'OVNI. Cependant, ces effets ont une limite de temps d'une heure pour chaque effet.
56
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57
+ Les Habbos avaient aussi la possibilité de louer des effets spéciaux pour leur salle privée pour une heure, comme les effets d'explosion, de bulles ou de flammes. Toutefois, les Pixels furent supprimés en Novembre 2012 bien que les effets puissent toujours s'acheter au Catalogue contre des Crédits. Depuis la mise en place des Duckets, il est possible d'acheter ces effets contre cette monnaie. Les effets peuvent coûter 30 ou 60 Duckets et 1 crédit. Actuellement, les effets se divisent en deux catégories : les Effets temporaires et les Effets permanents.
58
+
59
+ Les Groupes Habbo sont représentés par un badge. Ce badge peut être utilisé par les membres du groupe si celui-ci est désigne comme Favori et peut être édité par le propriétaire du groupe ou un administrateur qu'il aura désigne. Les membres non abonnés au Habbo Club disposent d'une quantité maximale de 50 groupes et les membres abonnés en possèdent le double. De surcroît, les membres HC qui possèdent les droits administratifs sur le groupe ont la possibilité de les gérer à la différence des utilisateurs non membres. Chaque groupe peut acheter un forum de discussion où tous les membres - et dans certains cas les visiteurs - peuvent discuter autour de la thématique du groupe.
60
+
61
+ Le Habbo Club, aussi connu sous l'abréviation HC, est un abonnement qui offre quelques avantages additionnels à celui qui y souscrit. Pour y souscrire, il est nécessaire de dépenser quelques crédits. Tous les abonnés reçoivent un badge de membre, qui peut être placé à côté de la description du Habbo et qui peut être vu par tous les autres utilisateurs, à moins que le joueur décide de ne pas l'afficher.
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+
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+ Chaque nouveau mois que l'utilisateur décide de souscrire au Habbo Club, il reçoit un point qu'il peut échanger contre un mobi spécial. Les abonnés ont aussi le privilège de pouvoir rentrer plus facilement dans les salles publiques et d'avoir un accès privé à certaines salles qui ne sont pas accessibles aux autres utilisateurs. A ceci s'ajoute que les abonnés ont accès à des vêtements, couleurs et accessoires spéciaux, ainsi que des formes de visage et de chaussures différents. En termes de construction, les abonnés bénéficient de formes supplémentaires pour créer leurs appartements, ainsi que de la possibilité de supprimer les murs d'une salle.
64
+
65
+ En ce qui concerne le social, la liste d'amis des membres HC passe de 550 à 1100 et bénéficient de certaines commandes spéciales[25] :
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67
+ De plus, l'abonné a accès à trois nouvelles danses : The Rollie, Dunk Funk et Pogo Mogo.
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69
+ Les Homepages étaient des pages d'utilisateurs de Habbo où ces derniers pouvaient se décrire et raconter quelques faits importants sur eux. Les Homepages pouvaient se personnaliser en ajoutant, en retirant, ou en déplaçant des accessoires (connus sous le nom de Stickers), widgets, notes et fonds. Les widgets sont des objets qui s'utilisaient pour montrer quelques éléments basiques sur le propriétaire de la page, comme sa date d'inscription, ses badges, et ses amis. Les stickers et les fonds sont des éléments qui s'utilisent quant à eux pour décorer la page. Il était aussi possible d'acquérir plus d'objets grâce au Catalogue web dont les Homepages était dotées. Pour finir, les notes sont de petites annotations qu'il était possible d'ajouter sur sa propre page pour écrire quelque chose sur un sujet de son choix.
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+ Certaines de ces caractéristiques furent supprimées lors du Grand Mute, et les Homepages disparurent en septembre 2015 pour laisser place aux Profils Habbo, plus limités en termes d'options de personnalisation[26].
72
+
73
+ Les Profils Habbo sont des pages d'utilisateurs de Habbo où ces derniers peuvent montrer leurs derniers looks utilisés, leurs badges, amis, salles créées et groupes créés. Il est aussi possible de montrer sa date d'inscription, et les photos que d'autres utilisateurs décident de publier sur le site de Habbo pour un coût de 10 Duckets par photo.
74
+
75
+ Le Marché est un endroit fictif de Habbo qui permet d'acheter et de vendre ses objets avec beaucoup plus de sécurité que le troc classique. Il est accessible à travers le Catalogue dans la section Marché. Cette section contient deux onglets :
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+
77
+ Pour vendre un mobi, il est nécessaire que celui-ci soit échangeable. Il faut ouvrir son Inventaire, cliquer sur le mobi que l'on souhaite mettre en vente et cliquer ensuite sur le bouton "Vendre au marché". Il était auparavant nécessaire de dépenser des crédits pour mettre des mobis en vente, et les membres du Habbo Club et du VIP Club avaient des réductions. Aujourd'hui, cette taxe n'existe plus et l'unique supplément à payer subsiste lorsque l'utilisateur met son objet en vente. Ce supplément est croissant avec le prix du mobi mis en vente
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79
+ Les mobis sont le mobilier virtuel de Habbo. Ils peuvent s'acquérir à l'intérieur de l'Hôtel à partir du Catalogue en utilisant des Crédits. Les utilisateurs peuvent utiliser les mobis pour décorer et meubler leur appartement privé. Les meubles peuvent s'échanger entre les utilisateurs dans les trocs. Beaucoup d'utilisateurs s'efforcent à réunir tous les mobis les plus rares et les collectors. Les meubles rares sont souvent en vente au Catalogue, mais pour une durée limitée, ce qui augmente leur valeur. Sulake a classifié les rares dans un nouveau système appelé Mobis Rares[27], ces mobis n'étant en vente au catalogue que pendant un mois et n'étant plus mis en vente par la suite.
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81
+ Les utilisateurs, en plus de mobilier, peuvent acquérir des fenêtres pour leur appartement, les appartements étant initialement créés sans fenêtre. Les mobis peuvent aussi être gagnés à la suite de compétitions et de jeux qui sont parfois organisés sur Habbo.
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83
+ Les Staffs Habbo, ou plus simplement appelés Staffs, sont des personnes employées par Sulake dont le travail est de gérer à la fois l'hôtel et d'autres tâches, comme la modération, les finances et la publicité. Ces personnes sont des salariés de Sulake et travaillent dans plusieurs bureaux à travers le monde.
84
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85
+ Les Hôtels Managers sont des Staffs en charge de la communauté entière d'un Hôtel. La plupart des hôtels possèdent au moins un manager. Ils sont en charge de plusieurs fonctions, comme la modération, les finances, la publicité, mais aussi l'organisation de compétition et d'événement et les problèmes techniques que peuvent rencontrer l'hôtel. Alors que les modérateurs ont le préfixe MOD- devant leur pseudo, les Hotel Managers ne l'ont pas.
86
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87
+ Les Modérateurs sont des membres du Staff dont le travail est de garantir la sécurité dans l'hôtel. Ils ont la possibilité de gérer les fauteurs de trouble en utilisant un panel d'outil spécifique à leur fonction. Ils peuvent mettre sous silence les éléments perturbateurs, voire les exclure temporairement d'une salle de l'Hôtel ou de l'Hôtel tout entier.
88
+
89
+ Les Modérateurs sont aussi responsables des requêtes envoyées via le bouton Besoin d'Aide, qui est un système permettant aux joueurs de signaler le comportement inapproprié de certains joueurs.
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+ Le Service client est un groupe composé de membres du Staff qui interagissent avec la communauté et répondent à leurs questions concernant leur compte. Ils gèrent les bannissements et les problèmes que les joueurs peuvent rencontrer avec leur compte et leur crédits, en leur aidant notamment à récupérer leur compte si celui-ci a été piraté.
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+ Les tags étaient des mots-clefs qui servaient à montrer les goûts et préférences d'un utilisateur. Ils facilitaient la recherche d'utilisateurs qui partagent les mêmes goûts. Chaque utilisateur pouvait avoir jusqu'à 20 Tags et les changer quand il le désirait. Dans le cas des salles privées, chaque salle privée pouvait inclure jusqu'à 2 mots-clefs et facilitaient la recherche de salles tout en étant éditables par le propriétaire.
94
+
95
+ Actuellement, cette fonction provoque dans la majorité des cas un bug dans la visibilité de la salle où elle est activée. En effet, la salle n'est plus visible dans le moteur de recherche du Navigateur.
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+ Le VIP Club, ou plus simplement le VIP, était un abonnement qui offrait de nouveaux avantages en plus de ceux déjà disponibles avec le Habbo Club. Il est apparu pour la première fois en avril 2010, et à la différence du Club Habbo, les abonnés du VIP Club recevaient deux badges membres, celui du HC et du VIP et deux points qui peuvent être échangés contre des mobis spéciaux. Les abonnés au VIP Club possédaient plus de variété dans les vêtements que les abonnés du HC, en plus de plus de couleurs et d'accessoires. Ils avaient aussi davantage de formes disponibles pour leurs salles privées, avec des escaliers et sans murs. Sur le marché, les abonnés du VIP pouvaient publier jusqu'à 10 mobis à la fois au lieu des 5 habituels. Les commandes spéciales et les danses disponibles étaient les mêmes que pour le HC. Identiquement au Habbo Club, le badge augmentait de niveau pour chaque 12 mois passés en étant abonnés.
98
+
99
+ A partir de mars 2012 pour l'hôtel francophone, le Habbo Club fut retiré temporairement pour laisser totalement place au VIP Club[28]. Mais un peu plus d'un an plus tard, en janvier 2013, le Habbo Club fut réinstauré et le VIP Club définitivement supprimé
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+ En novembre 2010, la version 62 de Habbo introduit les mobis WIRED[29]. Ce sont des mobis programmables qui permettent de contrôler n'importe quel autre mobi dans la salle. Pour les faire fonctionner, il est nécessaire de les empiler pour qu'ils fonctionnent
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+ Les déclencheurs définissent ce qu'il faut faire pour qu'un effet se produise. Pour qu'il fonctionne, il est nécessaire de placer un Effet dessus.
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+ Les effets déterminent ce qui se produit lorsqu'un déclencheur a été activé.
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+ Les conditions déterminent les prérequis pour que l'effet se déclenche.
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+ Les verrous sont une gamme de mobis spécialement conçue pour être utilisés conjointement aux WIRED.
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+ La fonctionnalité principale d'Habbo est l'Hôtel, qui est un client utilisant la technologie Adobe Flash (étant donné que Adobe Flash ne sera plus pris en charge par la majorité des navigateurs fin 2020, les administrateurs d'Habbo prévoient de développer une version de l'Hôtel qui n'utilisera pas Adobe Flash). Il est possible d'accéder à l'Hôtel en se connectant via la page d'accueil du site. Lorsqu'un utilisateur se connecte à l'Hôtel, il est amené sur la Vue Aérienne. Pour naviguer dans l'Hôtel, il faut utiliser le Navigateur. Ce dernier permet aux utilisateurs de voyager d'une salle de chat à une autre. En plus d'être un moyen de transport, le Navigateur affiche aussi les informations basiques concernant la salle de chat sélectionnée, comme la description écrite par son propriétaire, le nombre d'utilisateurs qu'elle comporte, les paramètres de confidentialité, le nom du propriétaire et les autorisations de troc.
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+
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+ Les Apparts publics sont des salles ouvertes à tous les membres. Ils représentent souvent de v��ritables lieux publics comme des restaurants, cinémas, ou discothèques. La plupart des Apparts publics contiennent des robots automatisés qui envoient des messages pré-enregistrés contenant des astuces utiles aux joueurs, et peuvent aussi donner aux membres des boissons et de la nourriture. Ces salles sont créées par Sulake et ne sont pas modifiables par les utilisateurs. Par le passé, certaines de ces salles contenaient des jeux officiels comme le Battle Ball, le SnowStorm, le Wobble Squabble et la plongée, mais ces jeux ont été retirés de l'Hôtel suite à des problèmes d'encodage lorsque les serveurs ont été déplacés de Shockwave à Flash.
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+ Liste des Salles officielles:
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+ Les Apparts privés sont des salles spéciales que les utilisateurs peuvent personnaliser avec des meubles et des revêtements de sols et de murs, moyennant l'achat de crédits. Les utilisateurs peuvent choisir une forme d'appart prédéfinie ou créer la leur grâce au Builder Club. Les Apparts privés peuvent être créés par n'importe quel membre et peuvent être verrouillés pour restreindre leur accès à certains utilisateurs grâce à l'utilisation d'un mot de passe.
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+ Beaucoup d'utilisateurs créent leurs propres jeux dans leurs apparts privés, et donnent des Mobis ou des Crédits au vainqueur. Ces salles sont rangées sur le navigateur dans de nombreuses catégories comme "Troc", "Fête" et "Jeux de Rôles". Des animaux virtuels et des robots (appelés "Bots") peuvent être achetés et gardés dans les Apparts privés. Les utilisateurs peuvent interagir avec leurs animaux de compagnie et programmer leurs bots, qui obéiront à certaines commandes que l'utilisateur leur adressera.
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+
121
+ Les utilisateurs peuvent créer leurs propres jeux sur Habbo en achetant des meubles à partir du Catalogue. Les utilisateurs peuvent aussi jeter un œil sur le Navigateur de l'Hôtel et sélectionner la catégorie "Jeux" sous l'onglet "Tous les apparts" pour jouer à des jeux créés par d'autres joueurs dans leur appart privé, comme le Battle Banza ou le Freeze.
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+
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+ Liste des jeux présents sur l'Hôtel francophone :
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125
+ Permet d'écrire ce que l'utilisateur souhaite, dont le contenu s'affichera en petites bulles de dialogues ou phylactères. Il est possible de parler, de crier et de murmurer.
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+
127
+ Permet de discuter avec un autre Habbo en privé sans que celui-ci ne soit présent dans la pièce, et à condition d'avoir ce dernier dans sa liste d'amis.
128
+
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+ Anciennement appelée Habbo Console, elle consiste en une liste des utilisateurs de l'hôtel qui ont accepté en ami le joueur. A partir de cette liste, il est possible de contacter ses amis. Depuis juillet 2019[32], il est possible d'avoir 550 amis (au lieu de 300) dans sa liste, et ce sans abonnement au Habbo Club, la limite passant à 1100 si abonné à ce dernier.
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+
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+ Il inclut tous les lieux de l'hôtel qu'il est possible de visiter. Il contient quatre onglets différents :
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133
+ Il existe sur Habbo une grande variété de meubles et d'objets connus sous le nom de Mobis. Une partie de ces meubles sont disponibles toute l'année dans le Catalogue. Mais la grande majorité sont uniquement présents à une certaine période de l'année ou durant un événement particulier, voire ne reviennent jamais. Par exemple, les mobis de Noël, Saint-Valentin, Pâques et Halloween ne sont présents que durant les périodes de l'année associées à ces fêtes.
134
+
135
+ C'est un entrepôt qui permet à l'utilisateur de placer une grande gamme de Mobis empruntés dans le catalogue du Builder Club. Avec ces mobis, il est possible de construire des salles, espaces, et bien plus. De surcroît, il est possible d'ajouter, de retirer, ou de niveler les cases des salles prédéfinies pour personnaliser encore davantage son appartement en utilisant l’Éditeur de Sol.
136
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+ Il existe une version d'essai au Builder Club où l'utilisateur, non membre, peut placer des objets empruntés au catalogue du club (dans une limite de 100 mobis). Toutefois, pour autoriser l'accès à d'autres utilisateurs, il lui sera nécessaire d'y adhérer finalement. Sans adhésion, la salle restera invisible aux yeux des autres utilisateurs. Lors de la première inscription, le joueur possédera une limite de 1000 mobis pour construire, mais il est possible d'augmenter cette limite en achetant une extension de mobis BC au Catalogue, moyennant des Crédits et des Diamants[33].
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+ L'Inventaire contient tous les mobis, badges, animaux et bots que le joueur possède. C'est depuis l'Inventaire que le joueur prend des mobis, animaux ou bots pour construire ses apparts, ou les vend au Marché (ce dernier ne servant que pour les mobis). Il est aussi possible depuis l'inventaire de gérer son palmarès de Badges. Autrefois, l'Inventaire était connu sous le nom de la Grosse Main. Cependant, suite au lancement le 4 novembre 2009 de la phase bêta numéro 6 du jeu, cette dernière disparut[34].
140
+
141
+ C'est un petit panel à partir duquel il est possible de dénoncer les Habbos contrevenant à la Habbo Attitude, sorte de code de conduite de l'utilisateur[35]. Au travers de cet outil, la demande d'aide sera envoyée à un modérateur, qui prendra les mesures nécessaires (un message de réponse sera reçu uniquement si le modérateur a pu vérifier l'alerte ou si le message d'aide contient des informations intelligibles et compréhensibles). Cependant, depuis la phase 6, il est possible de rapporter directement un Habbo avec l'option Rapporter.
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+
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+ L'onglet Paramètres permet de régler les préférences de l'utilisateur
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145
+ Les Crédits sont la monnaie utilisée sur Habbo. Les Crédits se trouvent dans le Catalogue, accessible depuis n'importe quel endroit du jeu, y compris depuis la page principale. Les mobis peuvent être échangés contre des crédits, mais aussi contre d'autres mobis à travers le système de troc[36]. L'abréviation souvent utilisée par l'hôtel francophone pour désigner les crédits est c, qui représente le mot "Crédits".
146
+ Initialement, lorsqu'un utilisateur échangeait ses mobis contre des crédits, les crédits reçus restaient sous forme de magots dans son inventaire. Cependant, le 8 février 2016, Sulake modifie les modalités du troc : désormais, les magots se convertissent immédiatement en crédits dans le porte-monnaie. Cette mise à jour fut très mal reçue auprès de la communauté des joueurs[37].
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+
148
+ Les Pixels étaient une monnaie qui permettaient d'acheter des effets spéciaux à durée limitée pour décorer son personnage. Il était possible de combiner ces Pixels avec des Crédits pour acheter certains types d'objets dans une section du catalogue nommée Boutique Pixel. Ils s'obtenaient en gagnant des badges, en réalisant des défis ou en passant tout simplement du temps dans l'Hôtel. Les mobis de bienvenue que chaque nouvel utilisateur recevait pouvaient s'acheter grâce aux Pixels et ne pouvaient ni s'échanger, ni se vendre.
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150
+ En prévision de la suppression des Pixels fut mis en place début juin 2012 un nouvel onglet dans la Boutique Pixels : les mobis Kuurna[38]. Ces derniers valaient beaucoup plus que les mobis de bienvenue, mais pouvaient s'acheter en couplant Crédits et Pixels. Ils disparurent le 25 juin 2012.
151
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+ Les Pixels furent remplacés par les Duckets sur tous les hôtels le 1er mars 2013[39]. Cette nouvelle monnaie est symbolisée par un rond rose composé d'un canard en son centre. Il est possible d'avoir jusqu'à 1300 Duckets au maximum en cas de non adhésion au Habbo Club et 2600 si adhérant à ce dernier[40]. Ils furent lancés à la fin de la campagne Saint-Valentin de 2013 et rajoutent de nouvelles fonctionnalités aux Pixels, comme la possibilité de louer des mobis.
153
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+ A partir de septembre 2016, les fonctionnalités des Duckets furent drastiquement changées : il n'est désormais plus possible de louer des mobis, les Duckets servant simplement à acheter certaines gammes de mobis avec ou sans crédits additionnels. Les catégories de mobis accessibles avec cette monnaies varient chaque semaine.
155
+
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+ Les Diamants furent instaurés dans les Hôtels au niveau international en mai 2014. Actuellement, les diamants ne peuvent s'acheter par aucun moyen. Pour chaque crédit acheté, peu importe le moyen de paiement (excepté les échanges entre utilisateurs), le joueur recevra un diamant. Les Diamants peuvent s'utiliser pour acheter au Catalogue de nombreux mobis qui ne peuvent s'acheter qu'avec cette monnaie spéciale. Cette monnaie possède un certain avantage pour les gros acheteurs de crédits puisque, si un utilisateur achète en un mois un montant supérieur ou égal à 120 crédits, il aura 1 bonus de 120 diamants en plus des 120 dont il est initialement doté ainsi qu'un rare[41].
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+
158
+ Pour stimuler l'achat de crédits, l'entreprise mène toute l'année des campagnes événementielles durant lesquelles de nouvelles collections thématiques de mobilier sont proposées. On trouve ainsi chaque année de nouvelles collections consacrées à Noël, Halloween, Pâques ou au nouvel an chinois. Parallèlement à la mise en vente, des concours et des animations sont proposées aux joueurs toujours dans un but promotionnel. L'intérêt pour le jeu est aussi entretenu de par les mises à jour régulières effectuées qui apportent au jeu de nouvelles fonctionnalités.[42],[43]
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+
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+ Les utilisateurs ont la possibilité de s'abonner, moyennant participation, à des clubs censés apporter au joueur de nouvelles fonctionnalités et avantages dont il ne pourrait pas disposer avec son compte gratuit. Initié d'abord avec le Habbo Club, le jeu a ensuite développé le VIP Club[44] aujourd'hui supprimé[45]. Un abonnement d'un mois au Habbo Club coûte 3,99€ le mois[46].
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+ La principale critique des utilisateurs à l'encontre du jeu réside dans le prix des Crédits Habbo jugé excessif et qui constitue une des raisons pour lesquelles les utilisateurs se détournent du jeu original pour des copies illégales où le mobilier et les fonctions équivalentes à celles du Habbo Club sont offertes gratuitement.
163
+ Pour tenter de répondre aux critiques, Sulake a lancé le 18 décembre 2013 un nouveau club : le « Builders Club ». En s'abonnant, les joueurs ont la possibilité d'utiliser sans supplément des centaines de meubles dans leur appartement ce qui leur permet de ne plus les acheter à l'unité dans le catalogue. La limite en meubles disponibles augmente chaque mois. Le paiement par carte bancaire de l'abonnement permet une reconduction tacite. Un abonnement d'un mois au Builder Club est facturé 10,00 €[47].
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+ Les joueurs peuvent aussi acheter un abonnement Habbo Club et Builder Club avec des Crédits et Diamants dans le jeu (dans la Boutique du jeu).
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+ Afin de toucher ses utilisateurs les plus jeunes, Sulake propose aux utilisateurs un large choix de moyens de paiement. Ils permettent d'acheter des crédits, des mois d'abonnement aux différents clubs ainsi que des packs de mobilier. Le paiement en ligne est opéré par l'entreprise Zong, filiale de eBay, pour le compte de Sulake.
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+ Liste des moyens de paiement proposés :[48]
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+ Les moyens de paiement peuvent varier en fonction de la localisation du joueur.
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+
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+ Un partenariat avec la chaîne de magasins Game permettait, jusqu'à sa fermeture, d'acheter des cartes d'une valeur de 10 € dans ces enseignes[49].
174
+
175
+ La communauté est animée par des salariés de l'entreprise Sulake qui organisent des jeux, des concours et des compétitions afin de divertir la communauté et promouvoir les nouvelles gammes de mobilier.
176
+ D'abord assurée par des salariés de la filiale française de Sulake, cette mission est depuis la fermeture du bureau parisien assurée par une équipe située dans les locaux madrilènes
177
+
178
+ Les sites de fans sont la base d'Habbo, car le premier site de fan, anglophone a été créé en 2003 soit deux ans après la sortie du jeu. Les sites de fans d'Habbo se comptent en centaines dans le monde. Depuis plusieurs années, Sulake propose un service d'officialisation de ces sites, des recrutements sont donc mis en place régulièrement. Les sites de fans officiels possèdent des avantages, possibilité de créer des événements, avoir des articles dédiés...[pertinence contestée]
179
+
180
+ L'accès au jeu est en théorie réservé aux personnes âgées de 13 ans ou plus au moment de l'inscription, les utilisateurs mineurs doivent disposer de l'autorisation de leurs parents pour s'inscrire. Il n'est pourtant effectué aucune vérification quant à l'âge des utilisateurs à leur inscription.
181
+ Très rapidement, Sulake a fait de la sécurité de ses utilisateurs une priorité mais aussi un argument commercial. De nombreuses pages ont ainsi été mises en place pour expliquer aux parents des utilisateurs encore mineurs comment s'effectuait la modération au sein du jeu et quels pouvaient être les dangers auxquels ils pouvaient être confrontés[50].
182
+
183
+ Au lancement du jeu, la modération était effectuée par des joueurs bénévoles, les « Hobbas ». Reconnaissables par leur insignes, ils participaient à l'animation et à la modération du jeu qui était encore très confidentiel. Quelques-uns de ces bénévoles ont par la suite été salariés par Sulake pour permettre le développement du jeu[réf. nécessaire].
184
+
185
+ Selon la société, ce seraient près de 200 modérateurs qui seraient employés pour surveiller le jeu et exclure les utilisateurs ne respectant pas les conditions d'utilisation. Elle emploierait des méthodes strictes quant à la sélection de ces modérateurs « Les membres du personnel ont tous été soumis à une enquête de moralité. Ils justifient tous d'une expérience significative en matière d'animation de communautés Internet »[50]. Chaque jour ce sont près de 70 millions de messages qui sont écrits par les utilisateurs, un volume tel qu'il ne permet pas aux modérateurs de vérifier les conversations envoyées dans leur globalité[51]. Sulake a donc mis en place un système de filtre qui remplace instantanément les expressions grossières, à caractère sexuel ou racistes par des astérisques.
186
+ Les joueurs sont invités à rapporter tout contenu ne respectant pas la « Habbo Attitude » (ndlr, règles de la communauté) aux modérateurs qui effectuent alors un contrôle à postériori et prennent les mesures adéquates.
187
+
188
+ En 2012, une enquête menée par un ancien joueur révèle que les modérateurs surveillant le jeu ne sont pas des employés de l'entreprise Sulake. En 2007, la société avait ainsi procédé au licenciement de 8 modérateurs qu'elle employait sous son propre nom pour confier cette mission à une autre entreprise basée en France. L'enquête établit également des liens entre la société à laquelle Sulake a sous-traité la modération et une autre société située en Tunisie. Cette dernière profiterait des coûts salariaux faibles du pays pour proposer un service financièrement attractif[52].
189
+
190
+ Le jeu étant originellement ouvert 7j/7 et 24h/24, répondre à la promesse d'un jeu continuellement modéré représente finalement l'un des coûts les plus importants que la société devait supporter. Les horaires d'ouverture du jeu seront ainsi revus en février 2013, les joueurs pouvaient se connecter entre 8h et 3h[53]. Par la suite en 2015, les horaires d'ouverture sont passés de 8h à 2h[54]. En 2017, ces horaires changent et redeviennent celles mises en vigueur en 2013. Puis quelques mois plus tard, en avril, les horaires repassent à leur statut d'origine, c'est-à-dire ouvert 7j/7 et 24h/24[55].
191
+
192
+ Le jeu ainsi que le site dans leur globalité sont soumis au droit d'auteur qui interdit théoriquement la reproduction sans le consentement du créateur d'une ou plusieurs parties du contenu. Il est fait une exception pour les sites relayant l'actualité de jeux, appelés « sites de fan », et qui peuvent utiliser et reproduire des images du jeu. Mais le jeu fait l'objet de nombreuses copies illégales appelées « rétro serveurs ».
193
+
194
+ À l'inverse de la version originale, ces copies permettent généralement aux utilisateurs de disposer gratuitement de mobilier ou d'avoir accès à d'autres fonctionnalités. Si certains utilisateurs cherchent dans ces copies le moyen de pouvoir jouer gratuitement, d'autres y trouveront plus d'animations ou encore la possibilité de jouer à des jeux de rôle de façon plus poussée. Certaines copies n'ont pas suivi l'évolution du jeu et restent volontairement dans d'anciennes versions[56],[57].
195
+ Pour se distinguer des copies, Sulake met notamment en évidence le manque de sécurité et de modération au sein des copies et rappelle régulièrement leur caractère illégal[58].
196
+
197
+ Ces copies illégales constituent un manque à gagner important pour la société éditrice du jeu qui s'emploie régulièrement à faire fermer ces copies ou les sites permettant de créer de nouvelles copies. Reproduire le jeu constitue une infraction assimilable à de la contrefaçon et pouvant faire l'objet de poursuite judiciaires même si les utilisateurs de copies ne semblent pas pouvoir être inquiétés. En mai 2013, après une action judiciaire, Sulake a obtenu l'arrêt de la distribution d'un émulateur permettant de réaliser des copies du jeu. Le pirate aurait ainsi écoulé plus de 1000 licences de son émulateur.
198
+
199
+ Dans la plupart des versions du jeu, des partenariats ont été noués avec des associations ou des organisations à but non lucratif pour sensibiliser et dialoguer avec les jeunes sur des sujets qui les concernent. Les joueurs sont invités à se rendre dans un appartement décoré en forme de bus, appelé « infobus », dans lequel ils discutent par petit groupes autour d'un thème fixé à l'avance. La discussion est animée et encadrée par des professionnels de santé.
200
+
201
+ Dans sa version française, Sulake s'est associée dès 2007 avec l'organisme Fil Santé Jeunes[59] qui anime de manière bihebdomadaire des rencontres dans le jeu d'une durée d'une heure. En 2008, 3 267 jeunes auraient participé aux rencontres organisées au sein du jeu[60]. Entre 2012 et 2013, le partenariat avait été suspendu à la suite de la coupure des moyens de communication au sein du jeu et à la fermeture du bureau français.
202
+
203
+ Dans le reste du monde, les discussions sont animées par d'autres organisations comme l'UNICEF ou encore la Croix Rouge[61].
204
+
205
+ Le jeu accueille régulièrement des artistes et des célébrités dans ses locaux. Pendant généralement plus d'une heure, ces derniers peuvent échanger avec les utilisateurs dans un appartement créé spécialement pour l'occasion. La rencontre est filmée puis publiée sur les réseaux sociaux. Depuis la fermeture des bureaux français de Sulake, peu de rencontres ont été organisées.
206
+
207
+ Dans le cadre de son partenariat avec la chaîne de télévision M6, de nombreux candidats et animateurs ont été reçus sur le jeu. C'est notamment le cas avec les émissions X Factor et Nouvelle Star.
208
+
209
+ En mai 2008, Habbo lance le « Habbo Music Festival ». Il s'agit du premier festival de musique en ligne dont le but est de récompenser les nouveaux talents musicaux. Le jeu a ainsi reçu 9 artistes dont Zaho et Big Ali[62].
210
+ À l'été 2013, avec « Habbo Palooza », Sulake reprend le principe de festival musical en ligne et l'étend à l'ensemble des communautés.
211
+
212
+ Parmi les artistes et célébrités présentes sur Habbo, on peut citer :
213
+
214
+ Comédiens
215
+
216
+ Chanteurs, musiciens ou artistes musicaux
217
+
218
+ Candidats ou présentateurs d'émissions M6
219
+
220
+ Autres
221
+
222
+ Selon l'association Common Sense Media[63] qui étudie les effets que les médias et la technologie ont sur les jeunes utilisateurs, le site Habbo est dominé par les propos orduriers et les salles de chat sexuel, lui donnant une étoile sur cinq et ne recommande pas sa fréquentation, quel que soit l'âge de l'enfant[64].
223
+
224
+ En 2006 et 2007, le jeu est la cible fréquente de raids qui auraient été organisés par le groupe d'activistes Anonymous. Sur le site internet 4chan, fréquenté par ces activistes, des rumeurs non-fondées faisaient état d'agissements racistes de la part des modérateurs du jeu qui excluraient arbitrairement les utilisateurs en fonction de la couleur de peau de l'avatar. Des utilisateurs se sont alors inscrits sur le jeu, ont revêtu une coupe de cheveux afro ainsi qu'un costume gris et ont bloqué l'entrée de la piscine du jeu. Les activistes formaient avec leurs avatars une croix gammée et répétaient le message « pool closed due to AIDS (piscine fermée car infectée par le SIDA) »[65]. Ces manifestations qui, selon les participants, « n'étaient pas racistes mais une blague entre utilisateurs »[66] ont donné naissance au groupe de grifers Patriotic Nigras (en).
225
+
226
+ Les utilisateurs de Habbo sont régulièrement la cible de tentatives d'hameçonnage de la part d'autres utilisateurs mal intentionnés, permettant alors aux fraudeurs de transférer les biens virtuels des victimes sur leurs comptes.
227
+ En novembre 2007, un adolescent hollandais a d'ailleurs été interpellé par la police qui lui reproche d'avoir volé 4 000 euros de meubles virtuels à de nombreuses victimes[67].
228
+
229
+ La facilité pour les adolescents d'acheter des Crédits Habbo, la monnaie virtuelle du site, sans l'accord de leurs parents inquiète également de nombreux parents et associations.
230
+ En 2009, parce qu'elle avait refusé de payer les « Crédits Habbo » facturés par Internet, la Maison des jeunes de Questembert (Morbihan) a vu sa connexion internet coupée. En effet, c'est grâce à cette facilité de paiement que deux enfants de cette maison ont dépensé en trois mois 600 euros pour acheter des Crédits, sans avoir reçu l'accord des responsables de l'association[68]. Afin de se protéger juridiquement de ces excès, le site diffuse des messages incitant à demander l'autorisation parentale, sous peine d'exclusion définitive du site.
231
+
232
+ Le 12 juin 2012, un reportage de la chaine anglaise Channel Four News dénonce des lacunes dans la modération des contenus à caractère sexuel des messages en ligne par Habbo[69]. Une journaliste s'étant faite passer pendant 2 mois pour une jeune fille de 11 ans sur le site anglophone de Habbo, a été témoin de discussions et d'interactions d'une nature sexuelle explicite, lui a aussi été demandé si elle avait une webcam et si elle acceptait d'aller discuter sur MSN ou Skype[70].
233
+
234
+ L'affaire a pris de l'ampleur quand il est apparu que deux personnes déjà reconnues coupables d'abus sexuels sur des d'enfants avec lesquels ils étaient amis sur Habbo continuaient à utiliser régulièrement l'hôtel[71]. L'une de ces personnes, Matthew Leonard, 21 ans, de Billericay en Essex, a été condamné à sept ans de prison après avoir reconnu avoir tenté de gagner la confiance de jeunes filles rencontrées sur Habbo avec l'intention d'avoir une relation sexuelle avec elles[72].
235
+
236
+ La conséquence en a été le retrait de la vente des cartes de crédits Habbo pour trois détaillants britanniques [73], ainsi qu'au départ des deux plus grands actionnaires de la société[72],[74]. Paul La Fontaine annonce officiellement l'arrêt temporaire de toutes formes de chat avec les produits de sa société [75].
237
+
238
+ Ce n'est que le 26 juin 2012 que cette fonction est de nouveau disponible pour les déclinaisons finlandaise, brésilienne et espagnole du site. Le 29 juin, ce sont les hôtels français, allemand, italien et néerlandais qui peuvent désormais se servir à nouveau du chat.
239
+
240
+ Un questionnaire de sécurité visant à s'assurer des problématiques liées à l'utilisation des messageries instantanées est déployée et constitue une étape obligatoire pour tout utilisateurs désireux de chatter à nouveau. Un système de filtres par mots clés est aussi développé pour contrôler les propos avant leur publication [76]. Néanmoins, il est toujours impossible d'écrire sur les « post-its » (billets où l'on peut écrire qu'on colle sur les murs des apparts) et de faire des « événements » (invitations à des jeux, troc, rencontres, etc. qui apparaissent dans la liste des apparts). Les forums et les mini-mails, messages instantanés et pages personnelles restent désactivés à ce moment. L'entreprise annonce par ailleurs choisir deux parents par hôtel afin de recueillir leurs avis vis-à-vis des évolutions futures du produit[77][réf. obsolète].
241
+
242
+ Le 19 juillet 2012 voit les fonctions post-its, invitations chat par console et messages « wired » être de nouveau possibles, d'autres restant indisponibles (pages personnelles, forums, minimails, évènements, écriture de liens dans la conversation). Depuis[Quand ?], les pages personnelles et forums ont été réactivés mais pas les mini-mails ni le fait de pouvoir écrire des liens externes dans la conversation.
243
+
244
+ À la suite de ce scandale, Habbo a été classé 6e des plus gros scandales de l'année 2012[78] par la chaîne Channel 4.
245
+
246
+ Malgré la controverse, les forums sont remis en place, conduisant à un nouveau double scandale en mars 2013 au Brésil où ont été rapportés des cas de racisme très violents et en Allemagne où la pédophilie a été de nouveau soulevée.
247
+
248
+ Habbo utilise une technologie nommée Flash, mais celle-ci est en danger car Facebook, Mozilla et Apple essayent de l'arrêter. En effet, cette situation est légèrement similaire à celle de la disparition de Shockwave en mai 2012, sauf que cette fois-ci il semblerait que l'application disparaîtra définitivement[79]. Habbo serait donc obligé de changer de technologie afin de refaire fonctionner son jeu si toutefois le plugin disparaîtrait.
249
+
250
+ En 2009, Sulake lance « Bobba Bar », sa première application mobile. Comme Habbo, il s'agissait d'un monde virtuel mais disponible uniquement depuis des plateformes mobiles et destinée à des utilisateurs plus âgés. L'application permettait à des joueurs du monde entier, âgés de plus de 17 ans, de se rencontrer et de discuter dans des lieux publics virtuels comme des bars ou des clubs[80],[81].
251
+ L'application est retirée du marché et n'est plus accessible depuis le 7 avril 2014[82].
252
+
253
+ En cohérence avec la stratégie suivie pour développer et promouvoir le jeu, Sulake a fait appel à plusieurs reprises à des sociétés tierces afin de développer des jeux aux univers plus ou moins éloignés de Habbo. Les applications développées permettent d'obtenir des gains récupérables sur Habbo. L'entreprise souhaite ainsi faire le lien entre les plateformes mobiles et les plateformes traditionnelles[83].
254
+
255
+ En 2012, Sulake lance une nouvelle application « Niko » disponible également gratuitement mais comportant des achats in-app qui permettaient de débloquer de nouveaux mondes. D'abord disponible sur l'Apple Store, ce jeu de plateforme a ensuite été disponible sur le Google Play Store. Les joueurs pouvaient remporter du mobilier ainsi que des badges (insignes) pour le jeu Habbo[84].
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257
+ À compter du 23 juin 2014, les applications « Lost Monkey » et « Niko » ne sont plus disponibles sur les magasins d'application ; il sera également impossible de les connecter à Habbo. Sulake n'assure désormais plus le support de ces applications. Les applications peinaient à se faire une place parmi celles déjà existantes[85].
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259
+ Changeant l'axe de sa stratégie mobile, Sulake souhaite désormais se concentrer uniquement sur son jeu Habbo et créer des applications mobiles permettant d'y accéder. En effet, l'utilisation de la technologie Flash pour accéder au jeu pose un problème de compatibilité avec la plupart des plateformes mobiles disponibles sur le marché. Créer une application distincte mise à disposition sur un magasin d'application est ainsi le moyen pour les utilisateurs de jouer depuis la plupart des plateformes mobiles (smartphone, tablette, etc).
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261
+ En décembre 2012, Sulake lance « Pocket Habbo », une version simplifiée du jeu qui ne permet pas de profiter de toutes les fonctionnalités du jeu. Les joueurs ne peuvent, par exemple, avoir accès aux appartements ou discuter directement avec les autres utilisateurs, seules quelques fonctions basiques sont utilisables.
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+ Depuis mai 2014, les utilisateurs d'iPad peuvent télécharger une application mobile spécifique permettant un accès complet et adapté pour écran tactile au jeu. Des achats in-app permettent d'effectuer des achats sur le jeu[86].
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+ Depuis juin 2016, Habbo est disponible sur IOS et Android.
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+ Habbo (anciennement Habbo Hotel) est un monde virtuel prévu pour les adolescents âgés d'au moins 13 ans. Les joueurs y incarnent un avatar, personnage virtuel qu'ils ont la possibilité de personnaliser. Ces derniers évoluent dans des appartements créés par les joueurs ou l'équipe du site et peuvent interagir avec les autres utilisateurs principalement par le biais d'un chat. L'inscription et l'utilisation du site est gratuite mais des contenus supplémentaires comme du mobilier ou des abonnements peuvent être obtenus après paiement. Le jeu est surveillé par des modérateurs.
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5
+ Le jeu, disponible dès 2000 dans sa version finlandaise et depuis novembre 2004 dans sa version française, est édité par la société finlandaise Sulake Corporation. Il comptait en août 2012 selon la société 273 millions de comptes enregistrés et 5 millions de visiteurs uniques chaque mois.
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7
+ En juin 2012, une enquête menée par la chaîne britannique Channel 4 révèle des dysfonctionnements dans les systèmes de sécurité utilisés pour surveiller et protéger les utilisateurs au sein du jeu[1].
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+ En octobre 2019, Sulake a annoncé une nouvelle interface prévue pour l'année 2020.
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+ Dans les années 1990, Sampo Karjalainen et Aapo Kyrölä, deux jeunes finlandais, se rencontrent au sein de leur entreprise de télécommunications Finnish IT. Ensemble, ils créent en novembre 1999 pendant leur temps libre pour le groupe de rap finlandais « Mobiles » une plateforme virtuelle intitulée « Mobiles Disco » basée sur la technologie Fuse où les internautes peuvent se créer un personnage virtuel et discuter avec d'autres utilisateurs.
12
+ Initialement ouvert aux joueurs finlandais, le succès que connaît le site encore rudimentaire les pousse à ouvrir une version pour les utilisateurs étrangers.
13
+ « Mobiles Disco » était disponible jusqu'en février 2002[2].
14
+
15
+ Forts de leur premier succès, les deux jeunes sont rapidement repérés par la société finlandaise Taivas et l'opérateur Radiolinja qui leur demandent de concevoir un jeu pour lequel les joueurs auront besoin d'envoyer des SMS surtaxés afin d'améliorer leur expérience de jeu. Ils lanceront ainsi en février 2000 un jeu intitulé « SnowWar » (ou « Lumisota ») consistant en une bataille de boules de neige. Le jeu n'a cependant pas rencontré le succès espéré[2],[3].
16
+
17
+ Toujours à la demande de la société Elisa[note 1] (qui a alors racheté Taivas et Radiolinja), Sampo Karjalainen et Aapo Kyrölä s'attèlent avec une équipe de développeurs à la création d'une nouvelle plateforme sociale sur internet.
18
+ L'entreprise Elisa décide alors de créer une nouvelle filiale nommée Sulake (« fusible » en finnois) afin d'assurer la conception, le développement du service et pour faciliter les levées de fonds nécessaires. L'entreprise ne compte alors qu'une dizaine d'employés dont principalement des anciens collègues des deux créateurs.
19
+ Ils lancent alors sur le site internet Elisa Hotelli Kultakala (« Hôtel Poisson Rouge » en français) en août 2000[3].
20
+
21
+ Au vu du rapide engouement que provoque Hotelli Kultakala, l'entrepreneuse britannique Dee Edwars (en) propose aux deux fondateurs de créer une version anglophone du site. « Je pensais vraiment que les entreprises numériques pouvaient avoir du succès en utilisant la technologie pour gérer une entreprise efficacement et tirer parti des nouvelles formes de communication »[4].
22
+ Ils planchent alors sur les moyens de rendre le site rentable par le biais de la publicité et/ou d'une participation payante des utilisateurs.
23
+ En 2001, ils rendent disponible une version beta du jeu en anglais puis lancent officiellement « Habbo UK » en janvier 2001. C'est la première fois qu'ils utilisent le nom "Habbo Hotel"[2].
24
+
25
+ Surfant sur la vague du déploiement d'internet en Europe, ils décidèrent d'ouvrir d'autres versions de leur jeu. C'est ainsi qu'en 2001, ils ouvrirent une version suisse puis une version japonaise en 2003 grâce aux fonds reçus par des investisseurs. Après cette date, ils continueront à étendre leur compagnie en ouvrant sur ses fonds propres de nouvelles versions dans le monde entier[2].
26
+
27
+ Le déclin d'Habbo commence en juin 2012, lorsque la chaîne britannique Channel 4 met au jour un scandale sur le système de modération et de sécurité d'Habbo. L'article sera repris par de nombreux autres médias étrangers, ce qui aura pour conséquence une perte de confiance des joueurs et des parents vis-à-vis du jeu, mais aussi une autre vague de licenciement en octobre 2012 et le retrait d'investissements dans la société Sulake.
28
+
29
+ Pour contrer ce scandale, Paul LaFontaine, PDG de Sulake de l'époque, décide de stopper tout moyen de communication pendant quelques jours. Cela aura pour effet de diminuer drastiquement le nombre de membres connectés, certains ayant même arrêté de fréquenter le jeu.
30
+
31
+ Les rétros (copies illégales de Habbo, dont la principale particularité est de proposer des crédits illimités aux joueurs) ont un rôle non négligeable dans le déclin progressif d'Habbo, causant des trous financiers, ces mêmes rétros sont très probablement une des causes des diverses vagues de licenciements qu'a connu Sulake ces dernières années.
32
+
33
+ A noter aussi que l'abandon progressif de Flash (qui est utilisé par Habbo) par les principaux navigateurs web, tel Google Chrome ou Mozilla Firefox, met en danger le fonctionnement du jeu.
34
+
35
+ Les dates relatives à la version française sont indiquées ci-dessous en gras.
36
+
37
+ Au vu du rapide développement que connaît le jeu qui est alors disponible en anglais, il devenait nécessaire pour l'équipe de trouver un nouveau nom à leur plateforme et qu'il serait facile à traduire et utiliser dans d'autres langues. Aapo Kyrölä rapporte le déroulement de cette réunion: « Retiisi (membre de l'équipe, ndlr) dit « happo » (« acide » en finnois) et les autres le transformèrent en « habbo ». [...] Le premier logo portait le nom « Grand Habbo Hotel », mais « Grand » a rapidement été supprimé »[2].
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+
39
+ Logo utilisé jusqu'en 2011
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41
+ Logo utilisé à partir de 2011
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43
+ Les Badges sont des récompenses qui se voient attribuées aux utilisateurs qui accomplissent des objectifs, comme par exemple : le temps de connexion, le nombre de jours d'affilée de connexion, le nombre de parties de Battle Banzai jouées etc. D'autres insignes peuvent être donnés par les Staffs et les Webfans en participant à des événements en cours ou en rejoignant un Groupe Habbo spécifique.
44
+
45
+ Les Bots de Habbo sont des robots ayant l'apparence d'avatars classiques répondant à des commandes et mots-clefs préenregistrés. Ceux-ci ont un badge exclusif permettant leur identification. Certains de ces robots sont présents dans les lieux publics pour servir boissons et aliments. Il est aussi possible de croiser des bots dans des salles privées officielles, avec qui il est possible de communiquer à travers des mots-clefs pour obtenir de l'aide ou certaines informations liées à un événement en cours.
46
+
47
+ En 2012, avec le lancement de la campagne Habbo Stars fut lancée l'utilisation des Bots pour usage personnel[23]. Deux types de bots étaient alors disponibles : le Bot casual (qui peut posséder un look, parler si quelqu'un dit quelque chose, et danser) et le Bot de service (qui sert une boisson si un nom de boisson est cité). Depuis, un troisième type de Bot est sorti : l'Enregistreur de visiteurs, qui permet de savoir qui a visité la salle dans laquelle il se trouve.
48
+
49
+ Après l'arrivée de la Version BUILD dans l'Hôtel, cette section est apparue dans le catalogue (connu plus tard sous le nom de Furni-Matic). Sa fonction est de recycler les mobis que les utilisateurs n'utilisent plus pour les déposer ultérieurement dans une machine virtuelle qui transformerait 5 (puis 12[24]) mobis (ceux autorisés à être déposés avaient une flèche verte sur la partie supérieure droite de leur description) en un nouveau mobi. Ce dernier était déposé dans une Caisse Mystérieuse.
50
+
51
+ Il y avait de nombreuses possibilités visibles à l'aide d'un petit menu. Bien que les mobis déposés pouvaient ne pas avoir de valeur, la machine fonctionnait comme une machine à sous et un mobi rare pouvait sortir d'un ensemble de mobis médiocre.
52
+
53
+ Avec l'actualisation de l'hôtel le 1er juin 2016, cette fonction a disparu sans annonce préalable du catalogue. Toutefois, il est toujours possible de voir les flèches vertes indiquant la recyclabilité des mobis.
54
+
55
+ Les Effets furent introduits en décembre 2008 en même temps que les Pixels. Ils pouvaient être acquis à travers le Catalogue Pixel, qui pouvaient s'acquérir en gagnant des badges ou en accomplissant divers objectifs. Les Pixels pouvaient s'utiliser pour acheter les effets, comme l'Effet Fantôme, la Soucoupe d'OVNI, les mouches, le projecteur de lumière, la torche, les papillons et le gel. Après une mise à jour, de nouveaux effets furent ajoutés : le microphone, un sac à dos à réaction, et de nouvelles couleurs pour les soucoupes d'OVNI. Cependant, ces effets ont une limite de temps d'une heure pour chaque effet.
56
+
57
+ Les Habbos avaient aussi la possibilité de louer des effets spéciaux pour leur salle privée pour une heure, comme les effets d'explosion, de bulles ou de flammes. Toutefois, les Pixels furent supprimés en Novembre 2012 bien que les effets puissent toujours s'acheter au Catalogue contre des Crédits. Depuis la mise en place des Duckets, il est possible d'acheter ces effets contre cette monnaie. Les effets peuvent coûter 30 ou 60 Duckets et 1 crédit. Actuellement, les effets se divisent en deux catégories : les Effets temporaires et les Effets permanents.
58
+
59
+ Les Groupes Habbo sont représentés par un badge. Ce badge peut être utilisé par les membres du groupe si celui-ci est désigne comme Favori et peut être édité par le propriétaire du groupe ou un administrateur qu'il aura désigne. Les membres non abonnés au Habbo Club disposent d'une quantité maximale de 50 groupes et les membres abonnés en possèdent le double. De surcroît, les membres HC qui possèdent les droits administratifs sur le groupe ont la possibilité de les gérer à la différence des utilisateurs non membres. Chaque groupe peut acheter un forum de discussion où tous les membres - et dans certains cas les visiteurs - peuvent discuter autour de la thématique du groupe.
60
+
61
+ Le Habbo Club, aussi connu sous l'abréviation HC, est un abonnement qui offre quelques avantages additionnels à celui qui y souscrit. Pour y souscrire, il est nécessaire de dépenser quelques crédits. Tous les abonnés reçoivent un badge de membre, qui peut être placé à côté de la description du Habbo et qui peut être vu par tous les autres utilisateurs, à moins que le joueur décide de ne pas l'afficher.
62
+
63
+ Chaque nouveau mois que l'utilisateur décide de souscrire au Habbo Club, il reçoit un point qu'il peut échanger contre un mobi spécial. Les abonnés ont aussi le privilège de pouvoir rentrer plus facilement dans les salles publiques et d'avoir un accès privé à certaines salles qui ne sont pas accessibles aux autres utilisateurs. A ceci s'ajoute que les abonnés ont accès à des vêtements, couleurs et accessoires spéciaux, ainsi que des formes de visage et de chaussures différents. En termes de construction, les abonnés bénéficient de formes supplémentaires pour créer leurs appartements, ainsi que de la possibilité de supprimer les murs d'une salle.
64
+
65
+ En ce qui concerne le social, la liste d'amis des membres HC passe de 550 à 1100 et bénéficient de certaines commandes spéciales[25] :
66
+
67
+ De plus, l'abonné a accès à trois nouvelles danses : The Rollie, Dunk Funk et Pogo Mogo.
68
+
69
+ Les Homepages étaient des pages d'utilisateurs de Habbo où ces derniers pouvaient se décrire et raconter quelques faits importants sur eux. Les Homepages pouvaient se personnaliser en ajoutant, en retirant, ou en déplaçant des accessoires (connus sous le nom de Stickers), widgets, notes et fonds. Les widgets sont des objets qui s'utilisaient pour montrer quelques éléments basiques sur le propriétaire de la page, comme sa date d'inscription, ses badges, et ses amis. Les stickers et les fonds sont des éléments qui s'utilisent quant à eux pour décorer la page. Il était aussi possible d'acquérir plus d'objets grâce au Catalogue web dont les Homepages était dotées. Pour finir, les notes sont de petites annotations qu'il était possible d'ajouter sur sa propre page pour écrire quelque chose sur un sujet de son choix.
70
+
71
+ Certaines de ces caractéristiques furent supprimées lors du Grand Mute, et les Homepages disparurent en septembre 2015 pour laisser place aux Profils Habbo, plus limités en termes d'options de personnalisation[26].
72
+
73
+ Les Profils Habbo sont des pages d'utilisateurs de Habbo où ces derniers peuvent montrer leurs derniers looks utilisés, leurs badges, amis, salles créées et groupes créés. Il est aussi possible de montrer sa date d'inscription, et les photos que d'autres utilisateurs décident de publier sur le site de Habbo pour un coût de 10 Duckets par photo.
74
+
75
+ Le Marché est un endroit fictif de Habbo qui permet d'acheter et de vendre ses objets avec beaucoup plus de sécurité que le troc classique. Il est accessible à travers le Catalogue dans la section Marché. Cette section contient deux onglets :
76
+
77
+ Pour vendre un mobi, il est nécessaire que celui-ci soit échangeable. Il faut ouvrir son Inventaire, cliquer sur le mobi que l'on souhaite mettre en vente et cliquer ensuite sur le bouton "Vendre au marché". Il était auparavant nécessaire de dépenser des crédits pour mettre des mobis en vente, et les membres du Habbo Club et du VIP Club avaient des réductions. Aujourd'hui, cette taxe n'existe plus et l'unique supplément à payer subsiste lorsque l'utilisateur met son objet en vente. Ce supplément est croissant avec le prix du mobi mis en vente
78
+
79
+ Les mobis sont le mobilier virtuel de Habbo. Ils peuvent s'acquérir à l'intérieur de l'Hôtel à partir du Catalogue en utilisant des Crédits. Les utilisateurs peuvent utiliser les mobis pour décorer et meubler leur appartement privé. Les meubles peuvent s'échanger entre les utilisateurs dans les trocs. Beaucoup d'utilisateurs s'efforcent à réunir tous les mobis les plus rares et les collectors. Les meubles rares sont souvent en vente au Catalogue, mais pour une durée limitée, ce qui augmente leur valeur. Sulake a classifié les rares dans un nouveau système appelé Mobis Rares[27], ces mobis n'étant en vente au catalogue que pendant un mois et n'étant plus mis en vente par la suite.
80
+
81
+ Les utilisateurs, en plus de mobilier, peuvent acquérir des fenêtres pour leur appartement, les appartements étant initialement créés sans fenêtre. Les mobis peuvent aussi être gagnés à la suite de compétitions et de jeux qui sont parfois organisés sur Habbo.
82
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83
+ Les Staffs Habbo, ou plus simplement appelés Staffs, sont des personnes employées par Sulake dont le travail est de gérer à la fois l'hôtel et d'autres tâches, comme la modération, les finances et la publicité. Ces personnes sont des salariés de Sulake et travaillent dans plusieurs bureaux à travers le monde.
84
+
85
+ Les Hôtels Managers sont des Staffs en charge de la communauté entière d'un Hôtel. La plupart des hôtels possèdent au moins un manager. Ils sont en charge de plusieurs fonctions, comme la modération, les finances, la publicité, mais aussi l'organisation de compétition et d'événement et les problèmes techniques que peuvent rencontrer l'hôtel. Alors que les modérateurs ont le préfixe MOD- devant leur pseudo, les Hotel Managers ne l'ont pas.
86
+
87
+ Les Modérateurs sont des membres du Staff dont le travail est de garantir la sécurité dans l'hôtel. Ils ont la possibilité de gérer les fauteurs de trouble en utilisant un panel d'outil spécifique à leur fonction. Ils peuvent mettre sous silence les éléments perturbateurs, voire les exclure temporairement d'une salle de l'Hôtel ou de l'Hôtel tout entier.
88
+
89
+ Les Modérateurs sont aussi responsables des requêtes envoyées via le bouton Besoin d'Aide, qui est un système permettant aux joueurs de signaler le comportement inapproprié de certains joueurs.
90
+
91
+ Le Service client est un groupe composé de membres du Staff qui interagissent avec la communauté et répondent à leurs questions concernant leur compte. Ils gèrent les bannissements et les problèmes que les joueurs peuvent rencontrer avec leur compte et leur crédits, en leur aidant notamment à récupérer leur compte si celui-ci a été piraté.
92
+
93
+ Les tags étaient des mots-clefs qui servaient à montrer les goûts et préférences d'un utilisateur. Ils facilitaient la recherche d'utilisateurs qui partagent les mêmes goûts. Chaque utilisateur pouvait avoir jusqu'à 20 Tags et les changer quand il le désirait. Dans le cas des salles privées, chaque salle privée pouvait inclure jusqu'à 2 mots-clefs et facilitaient la recherche de salles tout en étant éditables par le propriétaire.
94
+
95
+ Actuellement, cette fonction provoque dans la majorité des cas un bug dans la visibilité de la salle où elle est activée. En effet, la salle n'est plus visible dans le moteur de recherche du Navigateur.
96
+
97
+ Le VIP Club, ou plus simplement le VIP, était un abonnement qui offrait de nouveaux avantages en plus de ceux déjà disponibles avec le Habbo Club. Il est apparu pour la première fois en avril 2010, et à la différence du Club Habbo, les abonnés du VIP Club recevaient deux badges membres, celui du HC et du VIP et deux points qui peuvent être échangés contre des mobis spéciaux. Les abonnés au VIP Club possédaient plus de variété dans les vêtements que les abonnés du HC, en plus de plus de couleurs et d'accessoires. Ils avaient aussi davantage de formes disponibles pour leurs salles privées, avec des escaliers et sans murs. Sur le marché, les abonnés du VIP pouvaient publier jusqu'à 10 mobis à la fois au lieu des 5 habituels. Les commandes spéciales et les danses disponibles étaient les mêmes que pour le HC. Identiquement au Habbo Club, le badge augmentait de niveau pour chaque 12 mois passés en étant abonnés.
98
+
99
+ A partir de mars 2012 pour l'hôtel francophone, le Habbo Club fut retiré temporairement pour laisser totalement place au VIP Club[28]. Mais un peu plus d'un an plus tard, en janvier 2013, le Habbo Club fut réinstauré et le VIP Club définitivement supprimé
100
+
101
+ En novembre 2010, la version 62 de Habbo introduit les mobis WIRED[29]. Ce sont des mobis programmables qui permettent de contrôler n'importe quel autre mobi dans la salle. Pour les faire fonctionner, il est nécessaire de les empiler pour qu'ils fonctionnent
102
+
103
+ Les déclencheurs définissent ce qu'il faut faire pour qu'un effet se produise. Pour qu'il fonctionne, il est nécessaire de placer un Effet dessus.
104
+
105
+ Les effets déterminent ce qui se produit lorsqu'un déclencheur a été activé.
106
+
107
+ Les conditions déterminent les prérequis pour que l'effet se déclenche.
108
+
109
+ Les verrous sont une gamme de mobis spécialement conçue pour être utilisés conjointement aux WIRED.
110
+
111
+ La fonctionnalité principale d'Habbo est l'Hôtel, qui est un client utilisant la technologie Adobe Flash (étant donné que Adobe Flash ne sera plus pris en charge par la majorité des navigateurs fin 2020, les administrateurs d'Habbo prévoient de développer une version de l'Hôtel qui n'utilisera pas Adobe Flash). Il est possible d'accéder à l'Hôtel en se connectant via la page d'accueil du site. Lorsqu'un utilisateur se connecte à l'Hôtel, il est amené sur la Vue Aérienne. Pour naviguer dans l'Hôtel, il faut utiliser le Navigateur. Ce dernier permet aux utilisateurs de voyager d'une salle de chat à une autre. En plus d'être un moyen de transport, le Navigateur affiche aussi les informations basiques concernant la salle de chat sélectionnée, comme la description écrite par son propriétaire, le nombre d'utilisateurs qu'elle comporte, les paramètres de confidentialité, le nom du propriétaire et les autorisations de troc.
112
+
113
+ Les Apparts publics sont des salles ouvertes à tous les membres. Ils représentent souvent de v��ritables lieux publics comme des restaurants, cinémas, ou discothèques. La plupart des Apparts publics contiennent des robots automatisés qui envoient des messages pré-enregistrés contenant des astuces utiles aux joueurs, et peuvent aussi donner aux membres des boissons et de la nourriture. Ces salles sont créées par Sulake et ne sont pas modifiables par les utilisateurs. Par le passé, certaines de ces salles contenaient des jeux officiels comme le Battle Ball, le SnowStorm, le Wobble Squabble et la plongée, mais ces jeux ont été retirés de l'Hôtel suite à des problèmes d'encodage lorsque les serveurs ont été déplacés de Shockwave à Flash.
114
+
115
+ Liste des Salles officielles:
116
+
117
+ Les Apparts privés sont des salles spéciales que les utilisateurs peuvent personnaliser avec des meubles et des revêtements de sols et de murs, moyennant l'achat de crédits. Les utilisateurs peuvent choisir une forme d'appart prédéfinie ou créer la leur grâce au Builder Club. Les Apparts privés peuvent être créés par n'importe quel membre et peuvent être verrouillés pour restreindre leur accès à certains utilisateurs grâce à l'utilisation d'un mot de passe.
118
+
119
+ Beaucoup d'utilisateurs créent leurs propres jeux dans leurs apparts privés, et donnent des Mobis ou des Crédits au vainqueur. Ces salles sont rangées sur le navigateur dans de nombreuses catégories comme "Troc", "Fête" et "Jeux de Rôles". Des animaux virtuels et des robots (appelés "Bots") peuvent être achetés et gardés dans les Apparts privés. Les utilisateurs peuvent interagir avec leurs animaux de compagnie et programmer leurs bots, qui obéiront à certaines commandes que l'utilisateur leur adressera.
120
+
121
+ Les utilisateurs peuvent créer leurs propres jeux sur Habbo en achetant des meubles à partir du Catalogue. Les utilisateurs peuvent aussi jeter un œil sur le Navigateur de l'Hôtel et sélectionner la catégorie "Jeux" sous l'onglet "Tous les apparts" pour jouer à des jeux créés par d'autres joueurs dans leur appart privé, comme le Battle Banza ou le Freeze.
122
+
123
+ Liste des jeux présents sur l'Hôtel francophone :
124
+
125
+ Permet d'écrire ce que l'utilisateur souhaite, dont le contenu s'affichera en petites bulles de dialogues ou phylactères. Il est possible de parler, de crier et de murmurer.
126
+
127
+ Permet de discuter avec un autre Habbo en privé sans que celui-ci ne soit présent dans la pièce, et à condition d'avoir ce dernier dans sa liste d'amis.
128
+
129
+ Anciennement appelée Habbo Console, elle consiste en une liste des utilisateurs de l'hôtel qui ont accepté en ami le joueur. A partir de cette liste, il est possible de contacter ses amis. Depuis juillet 2019[32], il est possible d'avoir 550 amis (au lieu de 300) dans sa liste, et ce sans abonnement au Habbo Club, la limite passant à 1100 si abonné à ce dernier.
130
+
131
+ Il inclut tous les lieux de l'hôtel qu'il est possible de visiter. Il contient quatre onglets différents :
132
+
133
+ Il existe sur Habbo une grande variété de meubles et d'objets connus sous le nom de Mobis. Une partie de ces meubles sont disponibles toute l'année dans le Catalogue. Mais la grande majorité sont uniquement présents à une certaine période de l'année ou durant un événement particulier, voire ne reviennent jamais. Par exemple, les mobis de Noël, Saint-Valentin, Pâques et Halloween ne sont présents que durant les périodes de l'année associées à ces fêtes.
134
+
135
+ C'est un entrepôt qui permet à l'utilisateur de placer une grande gamme de Mobis empruntés dans le catalogue du Builder Club. Avec ces mobis, il est possible de construire des salles, espaces, et bien plus. De surcroît, il est possible d'ajouter, de retirer, ou de niveler les cases des salles prédéfinies pour personnaliser encore davantage son appartement en utilisant l’Éditeur de Sol.
136
+
137
+ Il existe une version d'essai au Builder Club où l'utilisateur, non membre, peut placer des objets empruntés au catalogue du club (dans une limite de 100 mobis). Toutefois, pour autoriser l'accès à d'autres utilisateurs, il lui sera nécessaire d'y adhérer finalement. Sans adhésion, la salle restera invisible aux yeux des autres utilisateurs. Lors de la première inscription, le joueur possédera une limite de 1000 mobis pour construire, mais il est possible d'augmenter cette limite en achetant une extension de mobis BC au Catalogue, moyennant des Crédits et des Diamants[33].
138
+
139
+ L'Inventaire contient tous les mobis, badges, animaux et bots que le joueur possède. C'est depuis l'Inventaire que le joueur prend des mobis, animaux ou bots pour construire ses apparts, ou les vend au Marché (ce dernier ne servant que pour les mobis). Il est aussi possible depuis l'inventaire de gérer son palmarès de Badges. Autrefois, l'Inventaire était connu sous le nom de la Grosse Main. Cependant, suite au lancement le 4 novembre 2009 de la phase bêta numéro 6 du jeu, cette dernière disparut[34].
140
+
141
+ C'est un petit panel à partir duquel il est possible de dénoncer les Habbos contrevenant à la Habbo Attitude, sorte de code de conduite de l'utilisateur[35]. Au travers de cet outil, la demande d'aide sera envoyée à un modérateur, qui prendra les mesures nécessaires (un message de réponse sera reçu uniquement si le modérateur a pu vérifier l'alerte ou si le message d'aide contient des informations intelligibles et compréhensibles). Cependant, depuis la phase 6, il est possible de rapporter directement un Habbo avec l'option Rapporter.
142
+
143
+ L'onglet Paramètres permet de régler les préférences de l'utilisateur
144
+
145
+ Les Crédits sont la monnaie utilisée sur Habbo. Les Crédits se trouvent dans le Catalogue, accessible depuis n'importe quel endroit du jeu, y compris depuis la page principale. Les mobis peuvent être échangés contre des crédits, mais aussi contre d'autres mobis à travers le système de troc[36]. L'abréviation souvent utilisée par l'hôtel francophone pour désigner les crédits est c, qui représente le mot "Crédits".
146
+ Initialement, lorsqu'un utilisateur échangeait ses mobis contre des crédits, les crédits reçus restaient sous forme de magots dans son inventaire. Cependant, le 8 février 2016, Sulake modifie les modalités du troc : désormais, les magots se convertissent immédiatement en crédits dans le porte-monnaie. Cette mise à jour fut très mal reçue auprès de la communauté des joueurs[37].
147
+
148
+ Les Pixels étaient une monnaie qui permettaient d'acheter des effets spéciaux à durée limitée pour décorer son personnage. Il était possible de combiner ces Pixels avec des Crédits pour acheter certains types d'objets dans une section du catalogue nommée Boutique Pixel. Ils s'obtenaient en gagnant des badges, en réalisant des défis ou en passant tout simplement du temps dans l'Hôtel. Les mobis de bienvenue que chaque nouvel utilisateur recevait pouvaient s'acheter grâce aux Pixels et ne pouvaient ni s'échanger, ni se vendre.
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+
150
+ En prévision de la suppression des Pixels fut mis en place début juin 2012 un nouvel onglet dans la Boutique Pixels : les mobis Kuurna[38]. Ces derniers valaient beaucoup plus que les mobis de bienvenue, mais pouvaient s'acheter en couplant Crédits et Pixels. Ils disparurent le 25 juin 2012.
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+
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+ Les Pixels furent remplacés par les Duckets sur tous les hôtels le 1er mars 2013[39]. Cette nouvelle monnaie est symbolisée par un rond rose composé d'un canard en son centre. Il est possible d'avoir jusqu'à 1300 Duckets au maximum en cas de non adhésion au Habbo Club et 2600 si adhérant à ce dernier[40]. Ils furent lancés à la fin de la campagne Saint-Valentin de 2013 et rajoutent de nouvelles fonctionnalités aux Pixels, comme la possibilité de louer des mobis.
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+
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+ A partir de septembre 2016, les fonctionnalités des Duckets furent drastiquement changées : il n'est désormais plus possible de louer des mobis, les Duckets servant simplement à acheter certaines gammes de mobis avec ou sans crédits additionnels. Les catégories de mobis accessibles avec cette monnaies varient chaque semaine.
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+
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+ Les Diamants furent instaurés dans les Hôtels au niveau international en mai 2014. Actuellement, les diamants ne peuvent s'acheter par aucun moyen. Pour chaque crédit acheté, peu importe le moyen de paiement (excepté les échanges entre utilisateurs), le joueur recevra un diamant. Les Diamants peuvent s'utiliser pour acheter au Catalogue de nombreux mobis qui ne peuvent s'acheter qu'avec cette monnaie spéciale. Cette monnaie possède un certain avantage pour les gros acheteurs de crédits puisque, si un utilisateur achète en un mois un montant supérieur ou égal à 120 crédits, il aura 1 bonus de 120 diamants en plus des 120 dont il est initialement doté ainsi qu'un rare[41].
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+ Pour stimuler l'achat de crédits, l'entreprise mène toute l'année des campagnes événementielles durant lesquelles de nouvelles collections thématiques de mobilier sont proposées. On trouve ainsi chaque année de nouvelles collections consacrées à Noël, Halloween, Pâques ou au nouvel an chinois. Parallèlement à la mise en vente, des concours et des animations sont proposées aux joueurs toujours dans un but promotionnel. L'intérêt pour le jeu est aussi entretenu de par les mises à jour régulières effectuées qui apportent au jeu de nouvelles fonctionnalités.[42],[43]
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+
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+ Les utilisateurs ont la possibilité de s'abonner, moyennant participation, à des clubs censés apporter au joueur de nouvelles fonctionnalités et avantages dont il ne pourrait pas disposer avec son compte gratuit. Initié d'abord avec le Habbo Club, le jeu a ensuite développé le VIP Club[44] aujourd'hui supprimé[45]. Un abonnement d'un mois au Habbo Club coûte 3,99€ le mois[46].
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+
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+ La principale critique des utilisateurs à l'encontre du jeu réside dans le prix des Crédits Habbo jugé excessif et qui constitue une des raisons pour lesquelles les utilisateurs se détournent du jeu original pour des copies illégales où le mobilier et les fonctions équivalentes à celles du Habbo Club sont offertes gratuitement.
163
+ Pour tenter de répondre aux critiques, Sulake a lancé le 18 décembre 2013 un nouveau club : le « Builders Club ». En s'abonnant, les joueurs ont la possibilité d'utiliser sans supplément des centaines de meubles dans leur appartement ce qui leur permet de ne plus les acheter à l'unité dans le catalogue. La limite en meubles disponibles augmente chaque mois. Le paiement par carte bancaire de l'abonnement permet une reconduction tacite. Un abonnement d'un mois au Builder Club est facturé 10,00 €[47].
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+
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+ Les joueurs peuvent aussi acheter un abonnement Habbo Club et Builder Club avec des Crédits et Diamants dans le jeu (dans la Boutique du jeu).
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+ Afin de toucher ses utilisateurs les plus jeunes, Sulake propose aux utilisateurs un large choix de moyens de paiement. Ils permettent d'acheter des crédits, des mois d'abonnement aux différents clubs ainsi que des packs de mobilier. Le paiement en ligne est opéré par l'entreprise Zong, filiale de eBay, pour le compte de Sulake.
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+
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+ Liste des moyens de paiement proposés :[48]
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171
+ Les moyens de paiement peuvent varier en fonction de la localisation du joueur.
172
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+ Un partenariat avec la chaîne de magasins Game permettait, jusqu'à sa fermeture, d'acheter des cartes d'une valeur de 10 € dans ces enseignes[49].
174
+
175
+ La communauté est animée par des salariés de l'entreprise Sulake qui organisent des jeux, des concours et des compétitions afin de divertir la communauté et promouvoir les nouvelles gammes de mobilier.
176
+ D'abord assurée par des salariés de la filiale française de Sulake, cette mission est depuis la fermeture du bureau parisien assurée par une équipe située dans les locaux madrilènes
177
+
178
+ Les sites de fans sont la base d'Habbo, car le premier site de fan, anglophone a été créé en 2003 soit deux ans après la sortie du jeu. Les sites de fans d'Habbo se comptent en centaines dans le monde. Depuis plusieurs années, Sulake propose un service d'officialisation de ces sites, des recrutements sont donc mis en place régulièrement. Les sites de fans officiels possèdent des avantages, possibilité de créer des événements, avoir des articles dédiés...[pertinence contestée]
179
+
180
+ L'accès au jeu est en théorie réservé aux personnes âgées de 13 ans ou plus au moment de l'inscription, les utilisateurs mineurs doivent disposer de l'autorisation de leurs parents pour s'inscrire. Il n'est pourtant effectué aucune vérification quant à l'âge des utilisateurs à leur inscription.
181
+ Très rapidement, Sulake a fait de la sécurité de ses utilisateurs une priorité mais aussi un argument commercial. De nombreuses pages ont ainsi été mises en place pour expliquer aux parents des utilisateurs encore mineurs comment s'effectuait la modération au sein du jeu et quels pouvaient être les dangers auxquels ils pouvaient être confrontés[50].
182
+
183
+ Au lancement du jeu, la modération était effectuée par des joueurs bénévoles, les « Hobbas ». Reconnaissables par leur insignes, ils participaient à l'animation et à la modération du jeu qui était encore très confidentiel. Quelques-uns de ces bénévoles ont par la suite été salariés par Sulake pour permettre le développement du jeu[réf. nécessaire].
184
+
185
+ Selon la société, ce seraient près de 200 modérateurs qui seraient employés pour surveiller le jeu et exclure les utilisateurs ne respectant pas les conditions d'utilisation. Elle emploierait des méthodes strictes quant à la sélection de ces modérateurs « Les membres du personnel ont tous été soumis à une enquête de moralité. Ils justifient tous d'une expérience significative en matière d'animation de communautés Internet »[50]. Chaque jour ce sont près de 70 millions de messages qui sont écrits par les utilisateurs, un volume tel qu'il ne permet pas aux modérateurs de vérifier les conversations envoyées dans leur globalité[51]. Sulake a donc mis en place un système de filtre qui remplace instantanément les expressions grossières, à caractère sexuel ou racistes par des astérisques.
186
+ Les joueurs sont invités à rapporter tout contenu ne respectant pas la « Habbo Attitude » (ndlr, règles de la communauté) aux modérateurs qui effectuent alors un contrôle à postériori et prennent les mesures adéquates.
187
+
188
+ En 2012, une enquête menée par un ancien joueur révèle que les modérateurs surveillant le jeu ne sont pas des employés de l'entreprise Sulake. En 2007, la société avait ainsi procédé au licenciement de 8 modérateurs qu'elle employait sous son propre nom pour confier cette mission à une autre entreprise basée en France. L'enquête établit également des liens entre la société à laquelle Sulake a sous-traité la modération et une autre société située en Tunisie. Cette dernière profiterait des coûts salariaux faibles du pays pour proposer un service financièrement attractif[52].
189
+
190
+ Le jeu étant originellement ouvert 7j/7 et 24h/24, répondre à la promesse d'un jeu continuellement modéré représente finalement l'un des coûts les plus importants que la société devait supporter. Les horaires d'ouverture du jeu seront ainsi revus en février 2013, les joueurs pouvaient se connecter entre 8h et 3h[53]. Par la suite en 2015, les horaires d'ouverture sont passés de 8h à 2h[54]. En 2017, ces horaires changent et redeviennent celles mises en vigueur en 2013. Puis quelques mois plus tard, en avril, les horaires repassent à leur statut d'origine, c'est-à-dire ouvert 7j/7 et 24h/24[55].
191
+
192
+ Le jeu ainsi que le site dans leur globalité sont soumis au droit d'auteur qui interdit théoriquement la reproduction sans le consentement du créateur d'une ou plusieurs parties du contenu. Il est fait une exception pour les sites relayant l'actualité de jeux, appelés « sites de fan », et qui peuvent utiliser et reproduire des images du jeu. Mais le jeu fait l'objet de nombreuses copies illégales appelées « rétro serveurs ».
193
+
194
+ À l'inverse de la version originale, ces copies permettent généralement aux utilisateurs de disposer gratuitement de mobilier ou d'avoir accès à d'autres fonctionnalités. Si certains utilisateurs cherchent dans ces copies le moyen de pouvoir jouer gratuitement, d'autres y trouveront plus d'animations ou encore la possibilité de jouer à des jeux de rôle de façon plus poussée. Certaines copies n'ont pas suivi l'évolution du jeu et restent volontairement dans d'anciennes versions[56],[57].
195
+ Pour se distinguer des copies, Sulake met notamment en évidence le manque de sécurité et de modération au sein des copies et rappelle régulièrement leur caractère illégal[58].
196
+
197
+ Ces copies illégales constituent un manque à gagner important pour la société éditrice du jeu qui s'emploie régulièrement à faire fermer ces copies ou les sites permettant de créer de nouvelles copies. Reproduire le jeu constitue une infraction assimilable à de la contrefaçon et pouvant faire l'objet de poursuite judiciaires même si les utilisateurs de copies ne semblent pas pouvoir être inquiétés. En mai 2013, après une action judiciaire, Sulake a obtenu l'arrêt de la distribution d'un émulateur permettant de réaliser des copies du jeu. Le pirate aurait ainsi écoulé plus de 1000 licences de son émulateur.
198
+
199
+ Dans la plupart des versions du jeu, des partenariats ont été noués avec des associations ou des organisations à but non lucratif pour sensibiliser et dialoguer avec les jeunes sur des sujets qui les concernent. Les joueurs sont invités à se rendre dans un appartement décoré en forme de bus, appelé « infobus », dans lequel ils discutent par petit groupes autour d'un thème fixé à l'avance. La discussion est animée et encadrée par des professionnels de santé.
200
+
201
+ Dans sa version française, Sulake s'est associée dès 2007 avec l'organisme Fil Santé Jeunes[59] qui anime de manière bihebdomadaire des rencontres dans le jeu d'une durée d'une heure. En 2008, 3 267 jeunes auraient participé aux rencontres organisées au sein du jeu[60]. Entre 2012 et 2013, le partenariat avait été suspendu à la suite de la coupure des moyens de communication au sein du jeu et à la fermeture du bureau français.
202
+
203
+ Dans le reste du monde, les discussions sont animées par d'autres organisations comme l'UNICEF ou encore la Croix Rouge[61].
204
+
205
+ Le jeu accueille régulièrement des artistes et des célébrités dans ses locaux. Pendant généralement plus d'une heure, ces derniers peuvent échanger avec les utilisateurs dans un appartement créé spécialement pour l'occasion. La rencontre est filmée puis publiée sur les réseaux sociaux. Depuis la fermeture des bureaux français de Sulake, peu de rencontres ont été organisées.
206
+
207
+ Dans le cadre de son partenariat avec la chaîne de télévision M6, de nombreux candidats et animateurs ont été reçus sur le jeu. C'est notamment le cas avec les émissions X Factor et Nouvelle Star.
208
+
209
+ En mai 2008, Habbo lance le « Habbo Music Festival ». Il s'agit du premier festival de musique en ligne dont le but est de récompenser les nouveaux talents musicaux. Le jeu a ainsi reçu 9 artistes dont Zaho et Big Ali[62].
210
+ À l'été 2013, avec « Habbo Palooza », Sulake reprend le principe de festival musical en ligne et l'étend à l'ensemble des communautés.
211
+
212
+ Parmi les artistes et célébrités présentes sur Habbo, on peut citer :
213
+
214
+ Comédiens
215
+
216
+ Chanteurs, musiciens ou artistes musicaux
217
+
218
+ Candidats ou présentateurs d'émissions M6
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+
220
+ Autres
221
+
222
+ Selon l'association Common Sense Media[63] qui étudie les effets que les médias et la technologie ont sur les jeunes utilisateurs, le site Habbo est dominé par les propos orduriers et les salles de chat sexuel, lui donnant une étoile sur cinq et ne recommande pas sa fréquentation, quel que soit l'âge de l'enfant[64].
223
+
224
+ En 2006 et 2007, le jeu est la cible fréquente de raids qui auraient été organisés par le groupe d'activistes Anonymous. Sur le site internet 4chan, fréquenté par ces activistes, des rumeurs non-fondées faisaient état d'agissements racistes de la part des modérateurs du jeu qui excluraient arbitrairement les utilisateurs en fonction de la couleur de peau de l'avatar. Des utilisateurs se sont alors inscrits sur le jeu, ont revêtu une coupe de cheveux afro ainsi qu'un costume gris et ont bloqué l'entrée de la piscine du jeu. Les activistes formaient avec leurs avatars une croix gammée et répétaient le message « pool closed due to AIDS (piscine fermée car infectée par le SIDA) »[65]. Ces manifestations qui, selon les participants, « n'étaient pas racistes mais une blague entre utilisateurs »[66] ont donné naissance au groupe de grifers Patriotic Nigras (en).
225
+
226
+ Les utilisateurs de Habbo sont régulièrement la cible de tentatives d'hameçonnage de la part d'autres utilisateurs mal intentionnés, permettant alors aux fraudeurs de transférer les biens virtuels des victimes sur leurs comptes.
227
+ En novembre 2007, un adolescent hollandais a d'ailleurs été interpellé par la police qui lui reproche d'avoir volé 4 000 euros de meubles virtuels à de nombreuses victimes[67].
228
+
229
+ La facilité pour les adolescents d'acheter des Crédits Habbo, la monnaie virtuelle du site, sans l'accord de leurs parents inquiète également de nombreux parents et associations.
230
+ En 2009, parce qu'elle avait refusé de payer les « Crédits Habbo » facturés par Internet, la Maison des jeunes de Questembert (Morbihan) a vu sa connexion internet coupée. En effet, c'est grâce à cette facilité de paiement que deux enfants de cette maison ont dépensé en trois mois 600 euros pour acheter des Crédits, sans avoir reçu l'accord des responsables de l'association[68]. Afin de se protéger juridiquement de ces excès, le site diffuse des messages incitant à demander l'autorisation parentale, sous peine d'exclusion définitive du site.
231
+
232
+ Le 12 juin 2012, un reportage de la chaine anglaise Channel Four News dénonce des lacunes dans la modération des contenus à caractère sexuel des messages en ligne par Habbo[69]. Une journaliste s'étant faite passer pendant 2 mois pour une jeune fille de 11 ans sur le site anglophone de Habbo, a été témoin de discussions et d'interactions d'une nature sexuelle explicite, lui a aussi été demandé si elle avait une webcam et si elle acceptait d'aller discuter sur MSN ou Skype[70].
233
+
234
+ L'affaire a pris de l'ampleur quand il est apparu que deux personnes déjà reconnues coupables d'abus sexuels sur des d'enfants avec lesquels ils étaient amis sur Habbo continuaient à utiliser régulièrement l'hôtel[71]. L'une de ces personnes, Matthew Leonard, 21 ans, de Billericay en Essex, a été condamné à sept ans de prison après avoir reconnu avoir tenté de gagner la confiance de jeunes filles rencontrées sur Habbo avec l'intention d'avoir une relation sexuelle avec elles[72].
235
+
236
+ La conséquence en a été le retrait de la vente des cartes de crédits Habbo pour trois détaillants britanniques [73], ainsi qu'au départ des deux plus grands actionnaires de la société[72],[74]. Paul La Fontaine annonce officiellement l'arrêt temporaire de toutes formes de chat avec les produits de sa société [75].
237
+
238
+ Ce n'est que le 26 juin 2012 que cette fonction est de nouveau disponible pour les déclinaisons finlandaise, brésilienne et espagnole du site. Le 29 juin, ce sont les hôtels français, allemand, italien et néerlandais qui peuvent désormais se servir à nouveau du chat.
239
+
240
+ Un questionnaire de sécurité visant à s'assurer des problématiques liées à l'utilisation des messageries instantanées est déployée et constitue une étape obligatoire pour tout utilisateurs désireux de chatter à nouveau. Un système de filtres par mots clés est aussi développé pour contrôler les propos avant leur publication [76]. Néanmoins, il est toujours impossible d'écrire sur les « post-its » (billets où l'on peut écrire qu'on colle sur les murs des apparts) et de faire des « événements » (invitations à des jeux, troc, rencontres, etc. qui apparaissent dans la liste des apparts). Les forums et les mini-mails, messages instantanés et pages personnelles restent désactivés à ce moment. L'entreprise annonce par ailleurs choisir deux parents par hôtel afin de recueillir leurs avis vis-à-vis des évolutions futures du produit[77][réf. obsolète].
241
+
242
+ Le 19 juillet 2012 voit les fonctions post-its, invitations chat par console et messages « wired » être de nouveau possibles, d'autres restant indisponibles (pages personnelles, forums, minimails, évènements, écriture de liens dans la conversation). Depuis[Quand ?], les pages personnelles et forums ont été réactivés mais pas les mini-mails ni le fait de pouvoir écrire des liens externes dans la conversation.
243
+
244
+ À la suite de ce scandale, Habbo a été classé 6e des plus gros scandales de l'année 2012[78] par la chaîne Channel 4.
245
+
246
+ Malgré la controverse, les forums sont remis en place, conduisant à un nouveau double scandale en mars 2013 au Brésil où ont été rapportés des cas de racisme très violents et en Allemagne où la pédophilie a été de nouveau soulevée.
247
+
248
+ Habbo utilise une technologie nommée Flash, mais celle-ci est en danger car Facebook, Mozilla et Apple essayent de l'arrêter. En effet, cette situation est légèrement similaire à celle de la disparition de Shockwave en mai 2012, sauf que cette fois-ci il semblerait que l'application disparaîtra définitivement[79]. Habbo serait donc obligé de changer de technologie afin de refaire fonctionner son jeu si toutefois le plugin disparaîtrait.
249
+
250
+ En 2009, Sulake lance « Bobba Bar », sa première application mobile. Comme Habbo, il s'agissait d'un monde virtuel mais disponible uniquement depuis des plateformes mobiles et destinée à des utilisateurs plus âgés. L'application permettait à des joueurs du monde entier, âgés de plus de 17 ans, de se rencontrer et de discuter dans des lieux publics virtuels comme des bars ou des clubs[80],[81].
251
+ L'application est retirée du marché et n'est plus accessible depuis le 7 avril 2014[82].
252
+
253
+ En cohérence avec la stratégie suivie pour développer et promouvoir le jeu, Sulake a fait appel à plusieurs reprises à des sociétés tierces afin de développer des jeux aux univers plus ou moins éloignés de Habbo. Les applications développées permettent d'obtenir des gains récupérables sur Habbo. L'entreprise souhaite ainsi faire le lien entre les plateformes mobiles et les plateformes traditionnelles[83].
254
+
255
+ En 2012, Sulake lance une nouvelle application « Niko » disponible également gratuitement mais comportant des achats in-app qui permettaient de débloquer de nouveaux mondes. D'abord disponible sur l'Apple Store, ce jeu de plateforme a ensuite été disponible sur le Google Play Store. Les joueurs pouvaient remporter du mobilier ainsi que des badges (insignes) pour le jeu Habbo[84].
256
+
257
+ À compter du 23 juin 2014, les applications « Lost Monkey » et « Niko » ne sont plus disponibles sur les magasins d'application ; il sera également impossible de les connecter à Habbo. Sulake n'assure désormais plus le support de ces applications. Les applications peinaient à se faire une place parmi celles déjà existantes[85].
258
+
259
+ Changeant l'axe de sa stratégie mobile, Sulake souhaite désormais se concentrer uniquement sur son jeu Habbo et créer des applications mobiles permettant d'y accéder. En effet, l'utilisation de la technologie Flash pour accéder au jeu pose un problème de compatibilité avec la plupart des plateformes mobiles disponibles sur le marché. Créer une application distincte mise à disposition sur un magasin d'application est ainsi le moyen pour les utilisateurs de jouer depuis la plupart des plateformes mobiles (smartphone, tablette, etc).
260
+
261
+ En décembre 2012, Sulake lance « Pocket Habbo », une version simplifiée du jeu qui ne permet pas de profiter de toutes les fonctionnalités du jeu. Les joueurs ne peuvent, par exemple, avoir accès aux appartements ou discuter directement avec les autres utilisateurs, seules quelques fonctions basiques sont utilisables.
262
+
263
+ Depuis mai 2014, les utilisateurs d'iPad peuvent télécharger une application mobile spécifique permettant un accès complet et adapté pour écran tactile au jeu. Des achats in-app permettent d'effectuer des achats sur le jeu[86].
264
+
265
+ Depuis juin 2016, Habbo est disponible sur IOS et Android.
fr/2357.html.txt ADDED
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1
+ Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain. Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles. La raison d’être d'un vêtement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (protection), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).
2
+
3
+ Homo sapiens — l'être humain anatomiquement moderne — aurait commencé à se vêtir il y a 83 000 à 170 000 ans[1].
4
+
5
+ L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment[2]. Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succéderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure. Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la globalisation économique.
6
+
7
+ L'anthropologue Marcel Mauss répartit l'espèce humaine en deux grandes catégories selon le type de vêtement : l'humanité drapée qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanité cousue qui domine dans les régions froides en ajustant au plus près du corps les vêtements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'équitation[3].
8
+
9
+ Dans son ouvrage Histoire illustrée du costume : Introduction visuelle, Jean-Noël Vigoureux-Loridon évoque cinq archétypes, qui constituent et ont constitué le vêtement jusqu'aujourd'hui. Le premier étant le "drapé", maintenu par un point d'appui que peuvent être les épaules, la poitrine, la taille, les hanches ou la tête. Le second, l'archétype "enfilé" ouvert à l'encolure, non cousu. Le troisième, "cousu fermé" (hauts par exemple), puis le "cousu ouvert" (vestes, manteaux...) pour finir avec l'archétype "fourreau" qui épouse plus ou moins étroitement le corps (pantalons...)[4].
10
+
11
+ Parmi les pionniers d'un ordonnancement saisonnier du vêtement, il faut citer, Ziryab (789-857), qui fut considéré en Andalousie comme l'arbitre des élégances et du bon goût. Originaire de Bagdad, il vécut à Cordoue. Paul Balta, directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain, explique : « C’est lui qui introduisit la mode saisonnière (étoffes légères de couleurs vives au printemps, vêtements blancs l’été, manteaux et toques de fourrure l’hiver), et créa un institut de beauté d’une étonnante modernité. »[5].
12
+
13
+ Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.
14
+
15
+ Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :
16
+
17
+ Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés[6].
18
+
19
+ Au XXIe siècle encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles). En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aident enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs. Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : « Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil…), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle. »
20
+
21
+ Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard. La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).
22
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+ De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : « En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une minijupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. »
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+ Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices. En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles. Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes… Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque. Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.
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+ Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne un parfait condensé de ce volet : « Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. À ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’œuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). »
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+ Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).
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+ Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales. Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs d'engin sur les chantiers et de véhicules sur la route puissent mieux les voir, et donc éviter les accidents. A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, en rendant difficilement visible la personne dans l'environnement, comme la tenue de combat des fantassins.
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+ La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi, en Europe, les femmes n'ont-elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a été abrogée qu'en février 2013. En Europe, le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. En revanche, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.
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+ Dans la culture musulmane, il n'existe aucune différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.
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+ Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon). Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport…
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+ Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.). N'oublions pas non plus les sous-vêtements.
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+ Selon une étude réalisée en 1997[8], un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :
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+ Cela dépend également du nombre intermédiaires qui interviennent entre l'étape de fabrication et le client final. Ainsi certaines marques maîtrisent intégralement la chaîne de valeur de la fabrication (avec leur propres usines) à la distribution (avec leur propre magasins ou via internet).
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+ La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques. La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
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+ Les vêtements sont classés en fonction de leur taille. On distingue les tailles adultes des tailles enfants.
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+ Les fibres utilisées pour la conception des vêtements sont de deux catégories : les fibres naturelles et les fibres synthétiques. Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans l'industrie textile. Elle confère aux vêtements une isolation thermique et un pouvoir d'absorption de la transpiration. il existe d'autres fibres naturelles comme l'abaca, le chanvre, la fibre de coco, le jute, la laine, le lin, le sisal, la soie, le mohair, la ramie, etc...
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+ L'utilisation de fibre naturelle comme le coton de manière industriel, c'est-à-dire l'utilisation de machine tissage automatique, demande qu'elle soit de bonne qualité. Dans le cas, d'une qualité amoindrie le recours à des fibres synthétiques est nécessaire. Ce qui a aussi pour conséquence de diminuer le coût de production.
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+ Les fibres synthétiques se sont imposées sur le marché depuis les années 2000. L'une des principales fibres utilisées est le polyester autre que le coût, il confère de nouvelles propriétés au vêtement. Il est principalement utilisé dans les vêtements techniques. Les fibres synthétiques sont fabriquées à base de ressource non renouvelable et très difficile à recycler, libérant dans l'environnement de grandes quantités de micro-plastique.
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+ Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain. Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles. La raison d’être d'un vêtement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (protection), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).
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+ Homo sapiens — l'être humain anatomiquement moderne — aurait commencé à se vêtir il y a 83 000 à 170 000 ans[1].
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+ L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment[2]. Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succéderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure. Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la globalisation économique.
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+ L'anthropologue Marcel Mauss répartit l'espèce humaine en deux grandes catégories selon le type de vêtement : l'humanité drapée qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanité cousue qui domine dans les régions froides en ajustant au plus près du corps les vêtements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'équitation[3].
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+ Dans son ouvrage Histoire illustrée du costume : Introduction visuelle, Jean-Noël Vigoureux-Loridon évoque cinq archétypes, qui constituent et ont constitué le vêtement jusqu'aujourd'hui. Le premier étant le "drapé", maintenu par un point d'appui que peuvent être les épaules, la poitrine, la taille, les hanches ou la tête. Le second, l'archétype "enfilé" ouvert à l'encolure, non cousu. Le troisième, "cousu fermé" (hauts par exemple), puis le "cousu ouvert" (vestes, manteaux...) pour finir avec l'archétype "fourreau" qui épouse plus ou moins étroitement le corps (pantalons...)[4].
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+ Parmi les pionniers d'un ordonnancement saisonnier du vêtement, il faut citer, Ziryab (789-857), qui fut considéré en Andalousie comme l'arbitre des élégances et du bon goût. Originaire de Bagdad, il vécut à Cordoue. Paul Balta, directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain, explique : « C’est lui qui introduisit la mode saisonnière (étoffes légères de couleurs vives au printemps, vêtements blancs l’été, manteaux et toques de fourrure l’hiver), et créa un institut de beauté d’une étonnante modernité. »[5].
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+ Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.
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+ Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :
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+ Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés[6].
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+ Au XXIe siècle encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles). En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aident enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs. Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : « Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil…), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle. »
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+ Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard. La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).
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+ De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : « En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une minijupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. »
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+ Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices. En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles. Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes… Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque. Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.
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+ Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne un parfait condensé de ce volet : « Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. À ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’œuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). »
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+ Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).
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+ Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales. Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs d'engin sur les chantiers et de véhicules sur la route puissent mieux les voir, et donc éviter les accidents. A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, en rendant difficilement visible la personne dans l'environnement, comme la tenue de combat des fantassins.
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+ La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi, en Europe, les femmes n'ont-elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a été abrogée qu'en février 2013. En Europe, le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. En revanche, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.
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+ Dans la culture musulmane, il n'existe aucune différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.
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+ Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon). Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport…
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+ Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.). N'oublions pas non plus les sous-vêtements.
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+ Selon une étude réalisée en 1997[8], un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :
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+ Cela dépend également du nombre intermédiaires qui interviennent entre l'étape de fabrication et le client final. Ainsi certaines marques maîtrisent intégralement la chaîne de valeur de la fabrication (avec leur propres usines) à la distribution (avec leur propre magasins ou via internet).
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+ La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques. La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
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+ L'utilisation de fibre naturelle comme le coton de manière industriel, c'est-à-dire l'utilisation de machine tissage automatique, demande qu'elle soit de bonne qualité. Dans le cas, d'une qualité amoindrie le recours à des fibres synthétiques est nécessaire. Ce qui a aussi pour conséquence de diminuer le coût de production.
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+ Les fibres synthétiques se sont imposées sur le marché depuis les années 2000. L'une des principales fibres utilisées est le polyester autre que le coût, il confère de nouvelles propriétés au vêtement. Il est principalement utilisé dans les vêtements techniques. Les fibres synthétiques sont fabriquées à base de ressource non renouvelable et très difficile à recycler, libérant dans l'environnement de grandes quantités de micro-plastique.
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+ Une hache est un outil formé d'une lame (ou fer) actuellement de métal (d'acier le plus souvent) et initialement en pierre taillée, attachée à un manche de bois. Elle est le plus souvent utilisée pour couper du bois, mais elle fut également employée comme arme. Les pompiers l'utilisent pour ouvrir des portes.
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+ Les plus anciennes traces de haches ont été trouvées en Afrique et leur âge est évalué à 1,6 million d'années. Le terme qui désigne cet outil dans la Préhistoire est hachereau[1].
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+ Des découvertes en Espagne ont repoussé l'âge des premières haches européennes en les datant du Pléistocène supérieur entre 760 000 et 900 000 ans[2].
6
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7
+ Le nom proto-indo-européen pour désigner la « hache » pouvait être *peleku-, donnant le grec ancien πέλεκυς / pélekus et le sanskrit परशु / paraśu. Le terme français hache est issu du vieux bas francique *hap(p)ja (francique happia)[3],[4], lui-même issu du germanique commun *hapjō, *habjō « couteau ». L'ancien français aisse de sens proche et issu du latin ascia (cf. italien ascia) ne s'est pas perpétué.
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+ Les premières haches étaient formées d'une pierre taillée insérée entre deux planches de bois serrées l'une contre l'autre avec une corde, qui servait également à faire tenir la lame en place.
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+ Au Néolithique, se généralise le polissage de la pierre de la hache, avec les travaux de défrichage liés à l'agriculture. Cette technique permet en effet d'obtenir des haches aux tranchants réguliers et très résistants, qui peuvent trancher les fibres du bois sans s'esquiller.
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+ Le polissage n’est que la dernière étape de la fabrication de la lame de hache et intervient après un façonnage généralement bifacial.
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+ Les outils de pierre polie sont réalisés à partir de roches dures (silex) ou de roches vertes tenaces, éruptives (basaltes, dolérites…) ou métamorphiques (amphibolites, éclogites, jadéites…). Les roches tenaces sont parfois travaillées par sciage ou bouchardage avant d’être polies. Le polissage s’effectue par frottement sur un polissoir dormant ou mobile (grès, granite, silex…).
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+
17
+ L'archéologie expérimentale a permis de montrer que le rendement du polissage à la main sur certaines roches très dures était de l'ordre de 5 à 20 g par heure, soit jusqu'à une centaine d'heures de travail pour certaines grandes haches. Dans ces conditions, il peut paraître surprenant que le polissage s'étende à toute la surface de l'outil et pas seulement la zone active. Le soin apporté à la confection des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais également esthétiques et sociales. Ce dernier point est appuyé par des études réalisées en contexte ethnographique.
18
+
19
+ Un nouveau type de hache, la hache à douille apparaît à l'âge du bronze final et connaît une énorme diffusion en Armorique et en Normandie ; les haches à douille sont appelées pour cette raison, haches à douille de type armoricain[5]. Elles n'ont visiblement jamais servi d'outils et la plupart des archéologues voient en elles une sorte de monnaie[6]. D'autres types de haches préhistoriques existent, par exemple les haches à aileron (caractérisées par une lame de métal de coupe transversale rectangulaire, terminée par un tranchant)[7], les haches à talon (elles comportent deux parties distinctes, le talon qui est la zone d’emmanchement et la lame qui prolonge le talon)[8], les haches à rebords (caractérisées par des rebords latéraux perpendiculaires au corps de la hache, qui servent à fixer le manche muni de deux languettes à son extrémité[9],[10]), etc.
20
+
21
+ Les plus récentes haches sont formées d'une lame percée d'un trou où l'on fait passer le manche.
22
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+ Haches à rebords de l'âge du bronze - Musée de Soulac-sur-Mer.
24
+
25
+ Le dépôt de haches à douille de Langonnet (Musée d'histoire et d'archéologie de Vannes)
26
+
27
+ Haches à aileron trouvées dans le dépôt de Kergadavarn en Plouguerneau (Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h)
28
+
29
+ Haches à aileron trouvées dans le dépôt de Kergoustance en Plomodiern (Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h)
30
+
31
+ Haches à talon du dépôt de Kergoat en Scaër (Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h)
32
+
33
+ Le dépôt de 89 haches à douille de Kerléonet en Spézet (Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h)
34
+
35
+ Moules ayant servi à la fabrication de haches préhistoriques (Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h)
36
+
37
+ La hache est aussi utilisée comme une arme de combat rapproché. Plus difficile à manier qu'une épée en raison du poids et du manque d'équilibre (une épée étant équilibrée par son pommeau), la hache permet cependant des frappes plus puissantes ainsi que des techniques visant à désarmer l'adversaire ou à briser sa garde.
38
+
39
+ Les petites haches de jet franques, les francisques, n'étaient pas, contrairement à l'image d'Épinal, des haches à double tranchant. Les haches pouvaient également être lancées mais elles étaient dans ce cas plus petites et plus légères.
40
+
41
+ La masse d'une hache de guerre se situe entre 700 grammes et 1,3 kilogramme[réf. nécessaire].
42
+
43
+ Dans les guerres de siège, la hache commune était un outil de base pour l'attaque et la défense des places fortes. La hache était peu coûteuse et facile à fabriquer, à cela s'ajoute qu'elle pouvait être utilisée comme outil sur le campement.
44
+
45
+ La hache est également une arme courte traditionnelle très puissante qui s'utilise par paire dans certains styles d'arts martiaux chinois comme dans le Mansuria Kung Fu.
46
+
47
+ Répliques de haches de combat.
48
+
49
+ Hache de combat du début de l'âge du bronze
50
+
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+ L'Homme à la hacheTableau de Paul Gauguin (1891).
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+ Hache de secours sur le Molly Brown une réplique d'un bateau à aubes de l'attraction Molly Brown Riverboat à Disneyland Paris.
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+ Angela Merkel [ˈaŋɡela ˈmɛʁk(ə)l][a], née Kasner le 17 juillet 1954 à Hambourg, est une femme d'État allemande. Membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), elle est chancelière fédérale depuis le 22 novembre 2005.
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+ Physicienne de formation, elle est systématiquement élue au Bundestag depuis 1991. Elle est ministre fédérale des Femmes et de la Jeunesse au sein du cabinet Kohl IV, de 1991 à 1994, avant de se voir confier le ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la Nature et de la Sécurité nucléaire du cabinet Kohl V, jusqu'en 1998. Elle devient, en 2000, la première femme présidente de la CDU.
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+ Après la victoire relative de la droite aux élections fédérales de 2005, elle est investie chancelière fédérale, formant une grande coalition alliant la CDU/CSU et le Parti social-démocrate (SPD). Elle est reconduite dans ses fonctions à la tête d'un gouvernement CDU/CSU-FDP en 2009, puis d'un nouveau gouvernement de coalition CDU/CSU-SPD en 2013 et 2018. Si elle bénéficie de résultats économiques jugés satisfaisants, elle est cependant fragilisée par sa politique d'ouverture des frontières lors de la crise migratoire en Europe et par le score historiquement faible recueilli par la CDU/CSU lors des élections fédérales de 2017. Ces élections débouchent sur une crise politique de six mois – une situation inédite dans l'Allemagne d'après-guerre.
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+ Désignée à treize reprises femme la plus puissante du monde par le magazine Forbes, elle est longtemps perçue comme étant la personnalité politique la plus puissante de l'Union européenne.
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+ Angela Dorothea Merkel est la fille de Horst Kasner (1926-2011), pasteur, et de Herlind Jentzsch (1928-2019), originaire de Prusse-Occidentale, professeur d'anglais et de latin[1]. Elle a un frère et une sœur cadets, Marcus et Irena. Son père avait étudié la théologie à Heidelberg et à Hambourg.
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+ Elle grandit au séminaire de Waldhof, au nord de Berlin. À l'automne 1954, la famille quitte Hambourg pour la République démocratique allemande (RDA)[2], car le premier poste de pasteur de Horst Kasner se situe à Quitzow, un petit village près de Perleberg dépendant de l'Église évangélique régionale. En 1957, Horst Kasner part pour Templin dans le Brandebourg pour se consacrer à la fondation d'un centre pastoral de formation continue. La même année naît Marcus, le frère d'Angela, puis, sept ans plus tard, sa sœur Irene voit le jour. Enfant, Angela ne va pas à la crèche car sa mère Herlind, qui n'a pas réussi à intégrer le système scolaire de la RDA, est femme au foyer.
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+ La religion étant considérée comme le « premier ennemi » de l'État socialiste et du fait de la profession d'Horst Kasner, la famille est d'abord étroitement surveillée. Cependant, devenu proche du régime, il est surnommé « Kasner le Rouge » et jouit de certains privilèges, dont une voiture de fonction et une ligne téléphonique. Le père est ainsi autorisé à se rendre plusieurs fois en Allemagne de l'Ouest et en ramène des livres interdits en RDA. Chose atypique et rare en Allemagne de l'Est, la jeune Angela Merkel porte des jeans importés et regarde des émissions politiques captées de l'Ouest[1].
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+ Angela Kasner suit sa scolarité à l'école polytechnique (une forme d’école secondaire en RDA) de Templin (une école-collège-lycée de la RDA) à partir de 1961. Ses enseignants la décrivent comme une élève réservée mais bien intégrée. Elle obtient d'excellents résultats scolaires, notamment en mathématiques et en langues étrangères (elle parle aujourd'hui couramment l'anglais[3] et un peu le russe[4],[5]). En russe et en mathématiques, elle est première de classe[réf. nécessaire].
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+ Jeune fille, elle participe en 1969 à la Jugendweihe (une célébration du passage de l'âge jeune à l'âge adulte célébrée vers l'âge de 14 ans, particulièrement promue en RDA, notamment pour lutter contre l'influence de l'Église, chose assez mal perçue pour les fidèles mais qu'Angela Kasner effectue pour être intégrée socialement[6]). Elle reçoit la confirmation en 1967[7] en l'Ėglise évangélique de Templin. Pendant son enfance et sa jeunesse, elle est membre de l'organisation des pionniers Ernst Thälmann (un mouvement de jeunesse officiel pour les enfants entre 6 et 14 ans en RDA) puis de la Jeunesse libre allemande (autre mouvement de jeunesse officiel pour adolescents entre 14 et 25 ans en RDA).
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+ Angela Merkel obtient en 1973 son baccalauréat (Abitur) au lycée de Templin (Erweiterte Oberschule Templin) avec la note maximale de 1 (note qui dans le système allemand signifie sehr gut, soit « très bien »[8]). Elle risque cependant d'être refusée à l'université pour avoir lu un poème contestataire de Christian Morgenstern, écrivain considéré comme « bourgeois » par le régime, au lieu d'effectuer un exposé à la gloire du Vietcong comme prévu, puis d'avoir chanté avec ses camarades L'Internationale en anglais ; cet incident la convainquit de garder ensuite ses opinions pour elle durant ses études[9]. Angela Kasner souhaite au départ devenir professeur en langue russe et en physique, mais cela lui est impossible en RDA en raison de son appartenance religieuse. Au terme de sa scolarité, elle choisit de suivre des études de physique à l'université Karl-Marx de Leipzig qu'elle poursuivra jusqu'en 1978. Durant ses études en 1973, elle participe en tant que femme des décombres à la rénovation du bastion Maurice[10]. En juin 1978, elle passe avec succès son examen de fin d'études universitaires (Diplomarbeit) en physique (intitulé : « Influence de la corrélation spatiale sur la vitesse de réaction dans les réactions élémentaires bimoléculaires en milieu dense ») noté « très bien » par le jury. Son travail de thèse est un apport au thème de recherche « Physique statistique et chimique des processus de recherche sur isotopes et rayonnements » dans le projet chimie physique et statistique de l'Institut central de recherche sur les isotopes et les rayonnements de l'Académie des sciences.
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+ Après ses études, elle part pour Berlin avec son époux. Elle est admise comme collaboratrice à l'Institut central de chimie-physique de l'Académie des sciences de Berlin-Est. Sous la direction de Lutz Zülicke, elle prépare sa thèse de doctorat (intitulée « Étude du mécanisme des réactions de décomposition avec rupture de la liaison simple et le calcul de leurs constantes de vitesse sur la base de la chimie quantique et des méthodes statistiques »[11]) en chimie quantique, qu'elle soutient en 1986. Elle obtient la mention « très bien » (magna cum laude). Pour pouvoir obtenir le grade universitaire de docteur en sciences de la nature (Dr rer. nat. : Doctor rerum naturalium), il était obligatoire en RDA de joindre à la thèse de doctorat un travail écrit prouvant que les connaissances en marxisme-léninisme du postulant avaient été approfondies durant ses études. Elle rédige un texte intitulé : Qu'est-ce que le mode de vie socialiste ? qui reçoit la mention « correct » (rite).
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+ Durant cette période, elle n'est pas membre du SED ni d'aucun autre parti affilié, et elle ne montre pas non plus d'activité dans l'opposition civile ou religieuse. Pour la journaliste spécialiste de l'Allemagne Odile Benyahia-Kouider, elle a choisi des études scientifiques « pour limiter les contentieux idéologiques avec le régime »[12].
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+ En 1977, Angela Kasner épouse le physicien Ulrich Merkel. Ils habitent alors dans un appartement à Berlin-Est. Après son divorce en 1982[7], elle décide de conserver le nom de Merkel. Elle se remarie le 30 décembre 1998 avec le professeur de chimie Joachim Sauer. Elle n'a pas d'enfant[13],[14]. Le couple réside au numéro 6 du Kupfergraben[15] (52° 31′ 13″ N, 13° 23′ 43″ E ; le canal qui borde l'ouest de l'île aux Musées), face au musée de Pergame, à Berlin.
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+ Comme la plupart des élèves de la RDA, Angela Merkel participe à la Jeunesse libre allemande (Freie Deutsche Jugend). Elle déclarera en 2010 qu'elle y a adhéré car la FDJ offrait la possibilité de s'investir dans des activités de loisirs pour la jeunesse[16]. Par la suite, elle devient secrétaire du département pour l'agitation et la propagande à l'Académie des sciences[réf. nécessaire]. Angela Merkel ne collabore au mouvement Demokratischer Aufbruch que fin décembre 1989. Auparavant, elle n'appartenait à aucun des mouvements d'opposition, même si, en 1978, elle avait refusé une offre pour travailler au ministère de la Sécurité d'État (la Stasi). Dans son dossier de la Stasi, police politique de la RDA, sont mentionnées ses positions contre la RDA et le communisme (« diversions politico-idéologiques »), et son appui au syndicat polonais Solidarność[9],[2]. Son biographe, Gerd Langguth, indique[12] que beaucoup de ses amis et de ses connaissances des années 1970 et 1980 ont montré leur irritation lorsqu'elle a finalement rejoint la CDU, alors que certains d'entre eux s'attendaient à voir en elle des conceptions plus proches de celles des Verts. En décembre 1989, cependant, la question de l'orientation politique future de Demokratischer Aufbruch n'est nullement tranchée. Angela Merkel travaille au siège, à Berlin-Est, où elle élabore les tracts et a une fonction proche de celle d'attachée de presse[2].
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+ Au début de l'année 1990, les personnalités politiques d'Allemagne de l'Ouest participent à la première élection démocratique de la Chambre du peuple, qui a lieu le 18 mars 1990. En tant que secrétaire général de la CDU, Volker Rühe crée, le 5 février 1990, l'Alliance électorale pour l'Allemagne. Demokratischer Aufbruch, mouvement citoyen qui vient d'être fondé, occupe alors une position clé : Helmut Kohl, président de la CDU et chancelier fédéral, ne veut pas limiter le bloc qu'il entend constituer à la CDU de l'Allemagne de l'Est et à la DSU, proche de la CSU bavaroise. En février 1990, Angela Merkel est autorisée par l'Académie des sciences à entrer dans la compétition électorale pour le bureau politique de Demokratischer Aufbruch. Quelques jours avant l'élection, la collaboration de son président Wolfgang Schnur (de) avec la Stasi est établie. Il incombe alors à Angela Merkel de diriger la conférence de presse au cours de laquelle les dirigeants expriment leur consternation au sujet de ce qu'ils viennent d'apprendre.
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+ Après la dernière élection à la Chambre du peuple de la RDA, en 1990, Angela Merkel devient porte-parole adjointe du dernier gouvernement de la RDA, dirigé par Lothar de Maizière. En août, du fait de la fusion de DA avec la CDU, elle devient membre de la formation chrétienne-démocrate de RDA. En décembre, elle est élue en mandat direct au Bundestag, dans la circonscription 267.
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+ Dans le cabinet Kohl IV, entre 1991 et 1994, elle est ministre fédéral des Femmes et de la Jeunesse. C'est une surprise dans la mesure où le sujet ne l'intéresse pas particulièrement[2]. Elle est ensuite présidente de la CDU du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, de juin 1993 à mai 2000. Après la réunification, sa mère milite au SPD et son frère chez les Verts[12].
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+ Le 17 novembre 1994, lors de la formation du cabinet Kohl V, elle succède à Klaus Töpfer au ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire. À la tête de ce ministère, elle organise à Berlin, en 1995, la première conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques[17]. Elle dénonce également les manifestations gênant les transports des conteneurs de matière radioactive Castor[18]. Les demandes de démission provenant de l'opposition, en particulier des Verts, n'auront pas de conséquences sur sa position. Après la défaite électorale de 1998, elle cède son poste au vert Jürgen Trittin.
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+ Moins de deux semaines plus tard, le 7 novembre 1998, Wolfgang Schäuble propose la candidature d'Angela Merkel au poste de secrétaire général de la CDU lors du congrès fédéral de Bonn. Elle recueille 874 voix favorables contre 68, soit une majorité de 92,8 % des suffrages exprimés[19]. Si le parti a déjà compté plusieurs vice-présidentes, y compris Merkel elle-même, c'est la première fois qu'une femme atteint un tel niveau de responsabilité dans l'appareil chrétien-démocrate.
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+ Le 10 avril 2000, Angela Merkel est élue pour la succession de Wolfgang Schäuble à la présidence de la CDU avec 95,9 % des voix[20]. Durant l’affaire du financement du parti dans laquelle Helmut Kohl est compromis, Angela Merkel se détourne de celui-ci, alors que personne au sein du parti n'osait l'attaquer[2]. Elle exige du parti qu'il entame un nouveau départ sans Helmut Kohl. Le 8 novembre 2001, alors chef du parti, elle écarte toutefois l'option d'une plainte contre Helmut Kohl, contre-productive pour l'image du parti. Elle laisse sa place pour la candidature à l'élection à la chancellerie de 2002 à Edmund Stoiber (CSU), le ministre-président du Land de Bavière, lorsqu'elle est élue présidente du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, pour la succession de Friedrich Merz. Elle devient ainsi cheffe de l'opposition.
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+ Au printemps 2003, Merkel s'oppose à la prise de position de son parti, sur la question de la troisième guerre du Golfe. Elle a en effet déclaré qu'il était irresponsable d'exclure « la force militaire en tant que dernier moyen catégorique. Elle est et restera un dernier moyen dans tout conflit, donc dans celui-là aussi ». Pour soutenir l'attitude des États-Unis, elle y prévoit un voyage qu'elle annule en raison des élections anticipées de 2005. En février 2004, elle effectue un séjour de trois jours en Turquie, afin de promouvoir le modèle de « partenariat privilégié » en tant qu'alternative à l'intégration complète à l'Union européenne. Merkel se prononce en faveur de l'élection de l'économiste Horst Köhler à la présidence fédérale au début de l'année 2004, à la suite d'une alliance CDU/CSU/FDP. Köhler est élu par l'Assemblée fédérale le 23 mai 2004 au château de Bellevue dès le premier tour de scrutin.
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+ Durant sa présidence, elle intensifie les relations avec les autres partis de la droite européenne. Après les élections européennes de 2004, elle profite du poids de la CDU dans le Parti populaire européen (PPE) pour participer au choix du futur président de la Commission européenne. C'est une innovation car habituellement, c'était uniquement une prérogative des chefs de gouvernement en exercice. Ainsi, Gerhard Schröder et Jacques Chirac s'étaient mis d'accord sur le choix du Belge Guy Verhofstadt mais Angela Merkel réussit finalement à imposer le Portugais José Manuel Barroso, constituant pour elle une première grande victoire politique à l'échelle de l'Union européenne[21].
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+ Elle est réélue présidente de la CDU en 2002 (93,7 %)[22], 2004 (88,4 %)[23], 2006 (93 %)[24], 2008 (94,8 %)[25], 2010 (90,4 %)[25], 2012 (97,9 %)[26], 2014 (96,7 %)[27] et 2016 (89,5 %)[28]. Alors qu'elle envisage de briguer un nouveau mandat en 2018, considérant que la fonction de chef du parti majoritaire et de celle de chef du gouvernement sont liées, elle y renonce, dans un contexte difficile, sa défaite étant jugée probable[29],[30]. Annegret Kramp-Karrenbauer lui succède[31],[32].
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+ Angela Merkel est candidate à la chancellerie pour les élections au Bundestag du 18 septembre 2005. L'union CDU/CSU qu'elle conduit obtient 35,2 % des suffrages, devant le SPD à 34,2 %, mais loin derrière l'objectif de majorité absolue des sièges qu'elle s'était fixée. Angela Merkel est elle-même élue dans la circonscription no 15 de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale par 41,3 % des suffrages exprimés. Le 20 septembre, lors de la première réunion du groupe parlementaire de l'Union depuis le scrutin, elle est réélue présidente du groupe par 98,6 % des voix (219 voix sur 222). Cependant, la presse allemande affirme que Merkel est sous pression, et ce en raison du refus de Gerhard Schröder qu'elle devienne chancelière fédérale dans la grande coalition. Au Bundestag, le SPD dispose en effet de 222 sièges, seulement quatre de moins que le groupe CDU/CSU.
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+ Le 25 octobre 2005, après cinq semaines de difficiles négociations, le SPD et la CDU/CSU concluent un accord par lequel Angela Merkel est désignée chancelière fédérale (Bundeskanzlerin). Elle présente son gouvernement de coalition le 12 novembre, et est élue par le Bundestag le 22 novembre avec 397 voix sur 611 parlementaires, 202 contre et 12 abstentions. Angela Merkel est la première femme chancelière d'Allemagne ; à cinquante-et-un ans, elle est aussi la plus jeune personnalité politique de l'histoire allemande à occuper ce poste. Elle a obtenu le plus grand nombre de voix au Bundestag de toutes les élections à la Chancellerie, bien que Kurt Georg Kiesinger et surtout la grande coalition de 1966 aient constitué des majorités parlementaires plus larges. La grande coalition de 2005 représente 73 % des sièges, soit 443.
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+ Selon le programme politique proposé lors de l'élection de 2005, Angela Merkel souhaite intensifier le cours des réformes engagées par Gerhard Schröder, en particulier dans le domaine du marché du travail. Quelques réformes de la coalition rouge-verte vont toutefois être annulées, comme la mesure Ich-AG qui subventionnait l'installation à son compte de personnes au chômage, mesure qui avait été violemment critiquée. Angela Merkel veut permettre l'embauche de travailleurs en dehors du cadre des conventions collectives. Avant même l'élection de 2005, elle a exprimé son intention de ne pas appliquer toutes les réformes fiscales radicales proposées par le professeur Paul Kirchhof. Cependant, elle propose une simplification du système fiscal, et une réduction des dépenses publiques. Par exemple, elle souhaite supprimer les réductions fiscales au travail de nuit et à la propriété privée. La CDU avait jusqu'à maintenant toujours refusé une telle mesure, quand la coalition rouge-verte était au pouvoir. Angela Merkel est également en faveur d'une prolongation de la période précédant l'arrêt de la production d'énergie nucléaire, mais elle s'oppose toutefois à la relance des programmes nucléaires civils. Sur le plan international, elle s'oppose à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, préférant un partenariat privilégié[33]. Merkel était également opposée à ce que le Kosovo devienne un État indépendant de la Serbie.
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+ Angela Merkel effectue sa première visite diplomatique en France le 23 novembre 2005, au lendemain de son investiture officielle, pour y rencontrer le président de la République Jacques Chirac et le Premier ministre Dominique de Villepin. Dans son discours, Jacques Chirac insiste sur l'importance de l'axe franco-allemand au sein de l'Union européenne. Angela Merkel accorde une importance particulière à ce premier voyage, afin de souligner son attachement à l'amitié avec la France, alors qu'elle songe à raffermir les liens de l'Allemagne avec l'Europe centrale et l'Europe de l'Ouest. Après son entretien avec Jacques Chirac, elle rencontre les dirigeants européens à Bruxelles, ainsi que le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer. Le 28 novembre, elle reçoit son premier invité, le président de la Namibie (ancienne colonie allemande), Hifikepunye Pohamba, qui visite Berlin pendant cinq jours. Dans son discours du 30 novembre, elle annonce son objectif de développer l'économie allemande et de réduire le chômage.
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+ Dans le cadre d'une visite en Asie en août 2007, Angela Merkel se rend pour la seconde fois en Chine et pour la première fois au Japon. Le 27 août 2007, à Pékin, la chancelière rencontre son homologue Wen Jiabao. À cette occasion, elle appelle la Chine à renforcer les relations commerciales sino-germaniques, mais aussi à respecter les règles du jeu international dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le même jour, elle rencontre également le président Hu Jintao, et déclare après cette entrevue : « J'ai parlé des droits de l'Homme avec les dirigeants chinois. J'ai spécialement insisté sur le fait qu'avec les prochains Jeux olympiques, le monde regarderait la Chine de près[34]. ». Le 23 septembre 2007, elle reçoit le 14e Dalaï Lama en exil depuis 1959 ; elle est la première à le recevoir officiellement à la Chancellerie[35],[36]. En 2006, Angela Merkel devient la neuvième récipiendaire du Vision pour l'Europe Award[réf. nécessaire]. En avril 2007, elle signe en tant que présidente du Conseil de l'Union européenne l'accord visant à établir le Conseil économique transatlantique[37]. En 2008, elle reçoit le Prix International Charlemagne.
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+ Durant son premier mandat, Angela Merkel jouit d'une cote de popularité de plus de 60 % d'opinions positives, un score sans précédent dans l'histoire allemande et unique pour un chef de gouvernement européen en fonction[38]. Le 27 septembre 2009, la CDU/CSU remporte les élections législatives, avec 33,8 % des voix et 239 sièges. Le SPD, conduit par Frank-Walter Steinmeier, n'obtient que 23,0 % des voix et 146 élus, soit le pire score du parti depuis la création de la République fédérale. La « grande coalition » prend donc fin et cède la place à une « coalition noire-jaune » entre la CDU/CSU et les libéraux du FDP (14,6 % des voix)[39]. Angela Merkel est alors la première chancelière depuis Konrad Adenauer à avoir dirigé au moins deux coalitions différentes. Le président fédéral, Horst Köhler, démissionne le 31 mai 2010, un an après avoir été réélu, à la suite d'une polémique à propos d'une de ses déclarations sur la présence de l'armée allemande en Afghanistan. Le candidat de la coalition noire-jaune à l'élection présidentielle anticipée du 30 juin, Christian Wulff, ministre-président de Basse-Saxe, n'est élu qu'au troisième tour de scrutin, alors que le centre droit disposait d'une confortable majorité[40]. Cette élection face à Joachim Gauck est considérée par les médias comme un désaveu pour la chancelière[41]. Fin 2010, des débats tels que le prolongement de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires[42] (après l'accident nucléaire de Fukushima de 2011, elle prône la fin du nucléaire, alors qu'elle en était auparavant une fervente avocate[43]), ou encore l'immigration[44] divisent le Cabinet Merkel et la majorité. En octobre 2010, lors du débat sur l'intégration des musulmans lié à la sortie de l'ouvrage de Thilo Sarrazin, elle déclare que « le modèle multiculturel allemand [Multikulti] a totalement échoué », reconnaissant toutefois l'importance de l'immigration pour l'économie allemande[45].
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+ Le 17 novembre 2010, Barack Obama, le président des États-Unis, lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute décoration civile américaine, qui est attribuée « à des individus ayant contribué à la sécurité ou aux intérêts nationaux des États-Unis ». La cérémonie a lieu le 7 juin 2011[46]. Le magazine américain Forbes la place en tête de sa liste des femmes les plus puissantes du monde chaque année de 2006 à 2009 et de 2011 à 2017[47],[48] ; en 2010, elle est classée 4e. Par Forbes, elle est désignée deuxième personne la plus puissante du monde en 2012, derrière Barack Obama[49].
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+ En février 2012, le président fédéral, Christian Wulff, démissionne. La chancelière prend la décision d'engager des pourparlers avec l'opposition de centre-gauche pour désigner un candidat de consensus à l'élection présidentielle anticipée. Le SPD, qui refuse l'éventuelle candidature d'une personnalité politiquement marquée, propose de nouveau la candidature de l'ancien pasteur est-allemand, ex-commissaire des Archives de la Stasi et militant des droits de l'homme, Joachim Gauck, qui reçoit également le soutien des Verts, puis du FDP. La chancelière se range finalement derrière cette candidature. Le 18 mars, il est élu président fédéral par 88,5 % des suffrages exprimés lors de la session de l'Assemblée fédérale.
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+ Elle fait savoir, en juillet 2011, qu'elle compte être candidate à sa propre succession aux élections fédérales prévues en 2013[50]. Réélue présidente fédérale de la CDU pour la septième fois le 4 décembre 2012, par 97,9 % des suffrages, sa cote de popularité atteint alors un niveau record de 81 % d'opinions favorables et les enquêtes d'opinion indiquent que les Allemands sont satisfaits de sa gestion de la crise de la dette dans la zone euro[51]. Souvent qualifiée de travailleuse, de rassurante et de pondérée, voire de discrète par nature[52],[53],[54], Angela Merkel reste très populaire auprès des Allemands, et cela de manière assez constante et inédite dans le pays pour un chef de gouvernement[55] alors que son programme, son parti ou le travail de ses gouvernements ne suscitèrent guère d'enthousiasme[56].
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+ À l'issue des deux premiers mandats d'Angela Merkel, l'Allemagne s'en sort globalement mieux que les autres pays européens dans le contexte de la crise financière de 2009 et de la crise de la zone euro. Le politologue Gero Neugebauer, de l'université libre de Berlin, note que « la chancelière a instauré le Kurzarbeit (un mécanisme de chômage partiel cofinancé par l'État fédéral), qui a permis d'éviter les vagues de licenciement massives, préservant l'emploi et permettant aux entreprises de redémarrer plus fort lorsque la tempête était passée. Le résultat est une économie florissante », tout en relevant que « les inégalités se sont creusées sous Merkel. Les disparités entre les plus riches et les plus pauvres sont plus profondes. Et bien que le niveau de l'emploi atteigne des records (le taux de chômage est au plus bas parmi les pays européens à 7,1 %), le noyau dur de chômage de longue durée ne se réduit pas »[57].
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+ Lors des élections fédérales du 22 septembre 2013, à l'issue d'une campagne polarisée sur sa personnalité, la CDU/CSU remporte 41,5 % des suffrages, ce qui constitue son meilleur score depuis 1994. Avec 311 députés sur 631, elle manque la majorité absolue de seulement cinq sièges. Elle ne peut plus compter sur le Parti libéral-démocrate (FDP) pour se maintenir au pouvoir, les libéraux n'ayant pas réussi à franchir le seuil de 5 % nécessaire pour siéger au Bundestag.
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+ Angela Merkel ouvre alors des discussions avec le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), qui a vu son score stagner avec 25,7 % des voix et 192 députés, et l'Alliance 90 / Les Verts, qui réalise une contre-performance en obtenant 8,4 % des suffrages exprimés et 63 sièges au Bundestag. Le 17 octobre, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates annoncent l'ouverture de négociations pour former une grande coalition[58]. Un accord est conclu le 27 novembre : celui-ci prévoit l'instauration d'un salaire minimum fédéral de 8,50 euros de l'heure d'ici à la fin de la législature, la possibilité de partir à la retraite à 63 ans pour les salariés ayant cotisé 45 ans, des investissements dans les infrastructures et un refus d'une quelconque hausse de la fiscalité[59]. Les militants sociaux-démocrates, appelés à se prononcer sur l'accord, une première en Allemagne, l'approuvent massivement, 76 % des votants se déclarant en sa faveur[60]. La coalition dispose alors d'une majorité de 504 sièges.
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+ Angela Merkel est élue pour un troisième mandat de chancelière fédérale le 17 décembre, par 462 voix pour, 150 contre et 9 abstentions[61]. C'est la quatrième titulaire du poste de chancelier fédéral à entamer un troisième mandat, après Konrad Adenauer, Helmut Schmidt et Helmut Kohl, seulement la troisième à le faire après avoir enchaîné deux mandats complets consécutifs. Par ailleurs, c'est la première fois qu'un chancelier fédéral changeant de coalition gouvernementale forme une coalition avec laquelle il a déjà gouverné. Dans son troisième cabinet, elle conserve des poids lourds de la CDU, comme Wolfgang Schäuble aux Finances et Ursula von der Leyen qui passe à la Défense, retrouve des anciens ministres sociaux-démocrates de son premier cabinet, Sigmar Gabriel à l'Économie et Frank-Walter Steinmeier aux Affaires étrangères, et accueille plusieurs représentants de la nouvelle génération, comme Manuela Schwesig à la Famille et Alexander Dobrindt aux Transports.
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+ Elle incarne[62] peu à peu l'hégémonie allemande sur l'Europe, même si ce rôle de leader est caractérisé par certains spécialistes comme une « hégémonie à contrecœur »[63],[64],[65],[66]. Elle joue un rôle extérieur très actif dans la guerre est-ukrainienne signant le 12 février 2015 à Minsk, avec François Hollande, Petro Porochenko et Vladimir Poutine, un nouvel accord de cessez-le-feu prévoyant l'arrêt des combats et la reconnaissance par Kiev d'un statut particulier au Donbass.
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+ Elle tient également un rôle déterminant dans la résolution de la crise de la dette publique grecque se montrant sévère avec la Grèce et brandissant la menace d'une sortie du pays de la zone euro, pour obtenir du gouvernement grec d'accepter de nouvelles et sévères mesures d'austérité[67], ce qui vaut à l'Allemagne d'abimer son image européenne à l'étranger[68]. En 2015, elle est choisie par le Time Magazine comme « personnalité de l'année ».
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+ En 2015, confrontée à la question de la crise migratoire en Europe, elle affirme que l'Allemagne doit être un pays d'accueil et prend le parti des réfugiés en opposition aux manifestations contre l'installation de migrants[69]. Selon le journaliste Robin Alexander, dont le livre sur ce sujet, Die Getriebenen (2017), est un best-seller en Allemagne, elle avait initialement prévu de fermer les portes du pays mais aurait finalement cédé sous la pression médiatique, alors que circulaient des photos de migrants morts dans un camion abandonné sur une autoroute, celle d'Aylan, et afin d'éviter d'assumer l'idée de policiers allemands refoulant des migrants devant les médias[70]. Elle annonce néanmoins souhaiter promouvoir un accord sur une répartition « contraignante » des migrants dans les différents pays de l'Union européenne, proposition qui bute sur le refus de quatre pays d'Europe centrale et du Danemark[71].
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+ Devant l'afflux des migrants, sa politique est sévèrement critiquée par ses partenaires politiques de la CSU[72]. Le 13 septembre 2015, son gouvernement prend la décision de rétablir les contrôles à sa frontière avec l'Autriche[73], qu'il avait fait fermer provisoirement pour contenir l'arrivée de nouveaux migrants. La ville de Munich, principal point d'accueil, est saturée, et les autorités réquisitionnent des trains pour répartir les immigrés au niveau fédéral. En 2017, l’Allemagne dépense 21 milliards d’euros pour tenter d’intégrer les migrants[74]. Alors que l'inquiètude des Allemands augmente, sa cote de popularité de la chancelière connaît une baisse importante[75].
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+ Devant répondre dès les premiers jours de 2016 aux protestations publiques engendrées par une vague d'une ampleur jusqu'ici inconnue d'agressions sexuelles lors du Nouvel An commises par des immigrants ou des réfugiés, Angela Merkel est contrainte d'annoncer un durcissement de sa politique d'accueil[76]. Une grande partie de la presse internationale s'exprime alors de manière sceptique ou critique vis-à-vis de sa politique migratoire, The Sunday Times invoquant la « naïveté » de la chancelière[77] et un éditorial du New York Times l'enjoignant de démissionner[78]. Marquée par les évènements du Nouvel An, pour la première fois en janvier 2016, une majorité (56 %) de sondés pense que la politique de Merkel est « plutôt mauvaise »[79]. En avril 2016, c'est l'ancien chancelier Helmut Kohl qui exprime son désaccord avec la politique d'ouverture des frontières de Merkel et son soutien envers la politique opposée menée par Viktor Orbán[80],[81],[82].
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+ En mars 2016, les élections locales sont marquées par la forte poussée du parti anti-migrants l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui obtient jusqu'à 24 % en Saxe-Anhalt, tandis que la CDU enregistre des pertes significatives[83]. Après l'autorisation du gouvernement fédéral de laisser le pouvoir judiciaire faire suivre une plainte du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, contre le satiriste Jan Böhmermann, la satisfaction des personnes interrogées vis-à-vis du travail de la chancelière tombe au plus bas de la législature avec 45 % d'avis favorables[84]. Début août, seuls 34 % des personnes interrogées se disent satisfaits de la politique d'accueil des réfugiés menée par le gouvernement depuis 2015[85]. Au cours des élections du 4 septembre 2016 dans son Land d'élection, le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, la CDU arrive troisième, obtenant son pire score depuis la réunification[86] ; elle est devancée par le SPD et par l'AfD, qui a mené campagne sur le thème de sa politique migratoire[86]. Deux semaines plus tard, lors des élections législatives à Berlin, la CDU réalise un score inférieur à 18 %, le plus mauvais de son histoire dans la capitale fédérale[87].
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+ Alors qu'elle est décrite comme de plus en plus isolée au sein de l'Union européenne dans sa volonté d'imposer sa politique migratoire[88], ses partenaires européens lui font le reproche de négocier seule avec la Turquie[89]. Fin avril 2016, elle accepte les conditions du président Erdoğan en vue d'accorder le droit aux Turcs de circuler dans l'espace Schengen sans visa ; celui-ci veut par ailleurs relancer les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne[90].
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+ En septembre 2016, face à sa baisse de popularité et aux défaites électorales qui se succèdent, Angela Merkel déclare que sa formule « nous y arriverons » concernant l'accueil des réfugiés est « vide de sens » et promet de ne plus l'utiliser à l'avenir[91]. Elle reconnait ensuite que son gouvernement avait été insuffisamment préparé à l'accueil des réfugiés qu'elle avait décidé[92]. Principale instigatrice du mécanisme de répartition obligatoire des migrants et confrontée à une très forte opposition notamment des pays d'Europe centrale, Angela Merkel est contrainte d'annoncer le même mois au sommet de Bratislava l'abandon du système des « quotas » nationaux. Ce pas en arrière paraît illustrer « son affaiblissement sur la scène européenne »[93].
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+ Le 20 décembre 2016, la chancelière allemande confirme que les événements commis à Berlin la veille relèvent bien d'un « attentat terroriste ». Merkel est la cible de vives critiques de la part de l'Alternative pour l'Allemagne en raison du fait que le suspect est un demandeur d'asile accueilli récemment par l'Allemagne ; Marcus Pretzell affirme que « ce sont les morts de Merkel » et Frauke Petry fait, elle, état d'une Allemagne qui n'est « plus sûre » face au « au terrorisme de l'islamisme radical »[94],[95].
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+ En vue des élections de septembre 2017, la CDU de Merkel obtient le soutien de son parti frère, le CSU, en février de la même année, malgré leurs divergences sur la politique d'accueil des migrants que l'Allemagne devrait adopter, Merkel refusant de limiter les arrivées de migrants à 200 000 personnes par an comme le propose le chef du parti bavarois, Horst Seehofer[96],[97]. Ce rapprochement s'explique notamment par la montée en popularité du SPD, incarnée par Martin Schulz, principal opposant d'Angela Merkel pour les élections à venir[97]. Le 6 février 2016, le quotidien Bild publie un sondage montrant cette proximité d'intentions de vote entre le parti de Merkel et celui de Schulz, respectivement de 30 et 31%[98].
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+ En levant son opposition de principe, Angela Merkel permet que soit examiné au Bundestag une proposition de loi visant à instaurer le mariage homosexuel. Si elle vote contre le texte, celui-ci est toutefois adopté. Elle met son évolution sur le sujet sur le compte d'une rencontre avec un couple de lesbiennes, qui lui ont promis de l’inviter à leur mariage[99].
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+ L'alliance CDU-CSU arrive en tête des élections du 24 septembre 2017 avec 32,9 % des suffrages, un résultat historiquement bas, la CDU-CSU n'ayant pas recueilli un pourcentage aussi faible depuis les élections fédérales de 1949[100],[101],[102]. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti d'extrême droite ayant axé sa campagne contre la politique migratoire d'Angela Merkel, obtient un succès inattendu, 94 de ses candidats étant élus au Bundestag[103].
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+ Ces élections plongent l'Allemagne dans une impasse politique inédite[104]. Pendant plusieurs mois, le rôle d'Angela Merkel est réduit à une simple gestion des affaires courantes et ses difficultés à former un gouvernement affaiblit son autorité sur le plan intérieur et sur la scène internationale, où elle est concurrencée par Emmanuel Macron[104],[105],[106]. Lors des élections d'octobre en Basse-Saxe, la CDU obtient son pire score dans la région depuis 1959[107]. Alors que des négociations sont entamées afin d'établir une coalition jamaïcaine (CDU/CSU, Parti libéral-démocrate, Les Verts), le président fédéral des libéraux-démocrates, Christian Lindner, oppose une fin de non-recevoir à ce projet en raison de divergences avec Les Verts sur la question migratoire[108].
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+ Des discussions s'ouvrent ensuite entre la CDU/CSU et le SPD, mais l'idée de la reconduction d'une grande coalition est critiquée par une partie des sociaux-démocrates, qui prônent un retour dans l'opposition afin de se refaire une santé électorale[109],[110],[111]. En outre, les revendications du SPD dans le domaine migratoire[b] suscitent le scepticisme de nombreux conservateurs au vu de la politique déjà menée par le précédent cabinet Merkel[104]. Finalement, le 7 février 2018, un accord de grande coalition est signé, puis approuvé par les adhérents du SPD. Alors que la gauche obtient plusieurs ministères d'importance, notamment celui des Finances, Angela Merkel reconnaît des concessions « douloureuses » et plusieurs responsables conservateurs se montrent critiques envers les termes de l'accord[112],[113],[114],[115]. Cette grande coalition est perçue comme fort différente des trois qui l'ont précédé, notamment car elle rassemble moins de 55 % des suffrages exprimés aux élections fédérales et que les trois partis la composant se trouvent dans une situation interne de faiblesse et d'instabilité[116]. Angela Merkel est réélue chancelière fédérale le 14 mars 2018. Elle obtient 364 votes de députés, soit neuf de plus que la majorité nécessaire mais 35 de moins que sa majorité théorique de 399 parlementaires[117].
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+ Néanmoins, dès juin 2018, elle est confrontée à de fortes tensions gouvernementales. Le 1er juillet, Horst Seehofer menace de démissionner de la présidence de la CSU et du ministère fédéral de l'Intérieur pour protester contre sa politique d'asile, qu'il juge trop laxiste[118]. Il trouve finalement avec Angela Merkel un accord sur des mesures de réduction de l'immigration illégale. L'accord prévoit que les demandeurs d'asile arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés ailleurs dans l'Union européenne doivent être détenus dans des centres de transit frontaliers avant d'être renvoyés dans leurs pays d'enregistrement. Ces retours seront organisés conformément à des accords conclus avec les États concernés[119]. En septembre 2018, les députés de la CDU s'opposent à la reconduction de Volker Kauder, un des fidèles d'Angela Merkel, à la présidence du groupe CDU/CSU[120]. En octobre 2018, la CDU/CSU réalise des scores historiquement faibles aux élections régionales en Bavière et en Hesse, ainsi que dans les sondages nationaux : le parti est crédité de 25 % d'intentions de vote, contre plus de 40 % avant la crise migratoire, qui est considérée comme l'élément déclencheur de cette chute[29].
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+ Dans ce contexte, le remplacement d'Angela Merkel à la tête de la CDU est régulièrement évoqué[104]. Sous la pression des dirigeants du parti, elle annonce qu’elle ne se représentera pas à sa présidence et apporte son soutien à Annegret Kramp-Karrenbauer comme secrétaire générale en février 2018, ce qui est perçu comme le premier signal clair dans le débat autour de sa succession[c],[122]. Dix mois plus tard, le 7 décembre, Kramp-Karrenbauer est élue à la présidence du parti avec 51,8 % des voix au second tour, contre 48,2 % pour Friedrich Merz, adversaire affiché de Merkel[123]. Cette élection met un terme aux 18 années de présidence Merkel à la CDU[124]. Au cours de l’année 2019, alors que sa majorité apparaît chancelante avec le souhait d'une partie du SPD de quitter la grande coalition au vu de l’effondrement de ses intentions de vote, les relations entre Merkel et Kramp-Karrenbauer se détériorent, notamment lorsque cette dernière envisage la fermeture des frontières en cas de nouvelle crise migratoire[123].
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+ Lors des élections européennes de 2019, la CDU/CSU arrive en tête mais avec un score historiquement faible (28,9 %), alors qu’Alliance 90 / Les Verts obtient un score très élevé (20,5 %) et que le SPD s’effondre (15,8 %)[125],[126]. Après le scrutin, elle échoue à imposer à la présidence de la Commission européenne le spitzenkandidat du PPE, Manfred Weber, puis fait face à une fronde de son groupe, qui refuse de soutenir Frans Timmermans[127] ; c’est finalement Ursula von der Leyen, une proche de Merkel, qui est proposée à cette fonction[128]. En juin et juillet 2019, la capacité à gouverner d’Angela Merkel est par ailleurs remise en cause par des interrogations sur son état de santé, après qu’elle a été victime à trois reprises de crises de tremblements de plusieurs minutes lors de cérémonies officielles[123],[129].
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+ Au début de l'année suivante, elle retrouve cependant une côte de popularité élevée, sa gestion de la pandémie de Covid-19 étant saluée en Allemagne[130] mais critiquée dans l’Union européenne pour son égoïsme supposé, Berlin refusant dans un premier temps de mutualiser les dettes engendrées par la crise[131]. Par la suite, elle propose avec la France un plan de relance européen de 500 milliards d'euros[132].
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+ Pendant sa carrière politique, Angela Merkel apparaît comme une dirigeante pragmatique. La journaliste Jacqueline Boyson, qui lui a consacré sa première biographie en 2001, indique : « Avoir vécu trente-cinq ans dans une dictature a rendu Merkel allergique à toutes les formes de carcans, et d'abord les carcans idéologiques. Elle considère que les idéologies aveuglent les hommes. Elle a vu par ailleurs qu'un système politique reposant sur une idéologie pouvait s'effondrer du jour au lendemain. Cela lui donne une très grande liberté pour aborder les problèmes, et c'est ce qui explique qu'elle soit capable de prendre des décisions qui surprennent tout le monde du jour au lendemain ». Voler Resing, un de ses autres biographes, poursuit : « Cette méfiance vis-à-vis des idéologies explique le très grand pragmatisme de Merkel. Ce n'est pas quelqu'un qui cherche à trouver des solutions, et l'attachement qu'elle a pour sa propre liberté la rend fondamentalement incalculable ».
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+ Angela Merkel explique en 2004 que la valeur fondamentale qu'elle prône est la liberté : « Permettre à un individu d'aller jusqu'où il peut aller, d'accomplir son propre potentiel, l'empêcher d'être à l'étroit et entravé. En termes politiques, disons qu’il s'agit de l'économie sociale de marché. C'est à mes yeux l'enjeu fondamental. Il s'agit de défendre un ordre économique et social libéral dans l'ordre politique libéral de la démocratie »[43].
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+ Angela Merkel s’affiche en opposante à l'antisémitisme en visitant Buchenwald en 2009, Ravensbrück en 2010, Dachau en 2013 et 2015 et Yad Vashem à quatre reprises. En 2019 à Auschwitz, elle déclare : « Se souvenir du crime, nommer ses auteurs et honorer dignement les victimes est notre responsabilité […]. Et avoir conscience de cette responsabilité est au cœur de notre identité nationale »»[133]. Elle dénonce également l'antisémitisme de réfugiés arabes en Allemagne[134].
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+ Pour Le Monde (2020), la CDU, sous la direction d'Angela Merkel, « est restée un parti centriste, parfois même beaucoup trop à gauche au goût de certains de ses membres, qui ont mal supporté que la chancelière suspende le service militaire obligatoire, décide de sortir du nucléaire, accueille un million de réfugiés et permette l’adoption d’une loi sur le mariage homosexuel »[135]. D'autres analystes constatent qu'Angela Merkel, dont les positions idéologiques se trouvent à gauche de son parti[136],[137], aurait transformé la CDU en un parti de gauche, « le meilleur SPD de tous les temps »[138], tant libéralement que socialement[139].
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+ Elle a obtenu de nombreux doctorats honoris causa :
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+ Bien que non explicitement nommée, la chancelière allemande est interprétée par Merrilyn Gann dans le film 2012 (2009) et Nancy Baldwin pour La Chute de Londres (2016). Dans le film Les Tuche 3 (2018), elle est interprétée par un homme, François Bureloup.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Pluton, en latin Pluto, signifiant « le riche[1] », en Grec ancien (Dis en latin[2]), est un dieu de la religion romaine. Son nom est d'origine grecque : Πλούτων, litt. le dieu de la richesse[3] (πλούτος), nom attesté d'abord chez les Tragiques (Ve siècle av. J.-C.), mais ensuite il s'est surtout imposé chez les Romains. Le dieu grec correspondant est appelé le plus souvent Hadès (sans doute « celui qui est invisible » ou « qui rend invisible »). Il est le dieu des Enfers. Également nommé Tertius, le « Troisième » (fils de Saturne), il est vraisemblablement chez les Romains l'évolution d'un dieu plus ancien, Dis Pater.
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+ Pluton est souvent représenté avec ses attributs et son compagnon Cerbère. Il règne sur les Enfers avec son épouse Proserpine, nom latin de Perséphone.
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+ Il est ordinairement représenté avec une barbe épaisse. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes (fils de Neptune), dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire voire de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il y a souvent son chien Cerbère à côté de lui. On le représente aussi dans un char traîné par ses quatre chevaux noirs .
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+ Son palais est établi au milieu des Champs Élysées. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses États, et dicte ses lois.
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+ Les Romains lui rendaient des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Éléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Épiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables[réf. nécessaire].
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+ Pluton est le fils de Saturne et Rhéa, époux de Proserpine, Il est le frère de Jupiter, Neptune, Junon, Cérès et Vesta.
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+ Il est souvent représenté avec un casque en peau de chien offert par les cyclopes qui le rend invisible, qu'il n'enlève jamais, du nom de « kunée ».
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+ Il est souvent représenté avec un sceptre, la corne d'abondance et son arme la lance à deux dents, le bident, reçu durant la Titanomachie. L'attribut qu'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime la tristesse et la douleur. Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.
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+ Il est maître également d'un chien à trois têtes (Cerbère, gardien de l'entrée des Enfers) et de quatre chevaux noirs nommés Æthon, Alastor, Nyctéus et Orphnéus[4][source insuffisante].
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+ Pluton vivait aux Champs Élysées dans les Enfers, le monde des morts souterrain. Il y jugeait les âmes : les bons et les justes étaient envoyés dans les Champs Élysées, lieu de délices et de paix, les mauvais dans les abîmes du Tartare où ils subissaient les supplices mérités.
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+ Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton[5]. On ne lui immolait, comme en Roumanie, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.[réf. nécessaire]
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+ En Sicile, les Syracusains lui sacrifiaient chaque année deux taureaux noirs près de la source du Cyané, où la tradition plaçait l'enlèvement de Proserpine. À Rome, le 20 juin ou le 21 juin, jour de sa fête, seul le temple de Pluton était ouvert. On lui sacrifiait des animaux au pelage sombre (brebis ou porcs), et on vouait à son courroux inflexible tous les condamnés à mort.
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+ Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples du Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux. Pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
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+ Il était redouté à cause de sa laideur et de la dureté de ses traits. Il fut plus tard considéré comme un dieu bienfaisant, dispensateur de richesses.[réf. souhaitée]
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+ Pluton, en latin Pluto, signifiant « le riche[1] », en Grec ancien (Dis en latin[2]), est un dieu de la religion romaine. Son nom est d'origine grecque : Πλούτων, litt. le dieu de la richesse[3] (πλούτος), nom attesté d'abord chez les Tragiques (Ve siècle av. J.-C.), mais ensuite il s'est surtout imposé chez les Romains. Le dieu grec correspondant est appelé le plus souvent Hadès (sans doute « celui qui est invisible » ou « qui rend invisible »). Il est le dieu des Enfers. Également nommé Tertius, le « Troisième » (fils de Saturne), il est vraisemblablement chez les Romains l'évolution d'un dieu plus ancien, Dis Pater.
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+ Pluton est souvent représenté avec ses attributs et son compagnon Cerbère. Il règne sur les Enfers avec son épouse Proserpine, nom latin de Perséphone.
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+ Il est ordinairement représenté avec une barbe épaisse. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes (fils de Neptune), dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire voire de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il y a souvent son chien Cerbère à côté de lui. On le représente aussi dans un char traîné par ses quatre chevaux noirs .
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+ Son palais est établi au milieu des Champs Élysées. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses États, et dicte ses lois.
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+ Les Romains lui rendaient des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Éléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Épiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables[réf. nécessaire].
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+ Il est maître également d'un chien à trois têtes (Cerbère, gardien de l'entrée des Enfers) et de quatre chevaux noirs nommés Æthon, Alastor, Nyctéus et Orphnéus[4][source insuffisante].
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+ Pluton vivait aux Champs Élysées dans les Enfers, le monde des morts souterrain. Il y jugeait les âmes : les bons et les justes étaient envoyés dans les Champs Élysées, lieu de délices et de paix, les mauvais dans les abîmes du Tartare où ils subissaient les supplices mérités.
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+ Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton[5]. On ne lui immolait, comme en Roumanie, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.[réf. nécessaire]
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+ En Sicile, les Syracusains lui sacrifiaient chaque année deux taureaux noirs près de la source du Cyané, où la tradition plaçait l'enlèvement de Proserpine. À Rome, le 20 juin ou le 21 juin, jour de sa fête, seul le temple de Pluton était ouvert. On lui sacrifiait des animaux au pelage sombre (brebis ou porcs), et on vouait à son courroux inflexible tous les condamnés à mort.
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+ Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples du Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux. Pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
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+ Il était redouté à cause de sa laideur et de la dureté de ses traits. Il fut plus tard considéré comme un dieu bienfaisant, dispensateur de richesses.[réf. souhaitée]
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+ Pluton, en latin Pluto, signifiant « le riche[1] », en Grec ancien (Dis en latin[2]), est un dieu de la religion romaine. Son nom est d'origine grecque : Πλούτων, litt. le dieu de la richesse[3] (πλούτος), nom attesté d'abord chez les Tragiques (Ve siècle av. J.-C.), mais ensuite il s'est surtout imposé chez les Romains. Le dieu grec correspondant est appelé le plus souvent Hadès (sans doute « celui qui est invisible » ou « qui rend invisible »). Il est le dieu des Enfers. Également nommé Tertius, le « Troisième » (fils de Saturne), il est vraisemblablement chez les Romains l'évolution d'un dieu plus ancien, Dis Pater.
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+ Pluton est souvent représenté avec ses attributs et son compagnon Cerbère. Il règne sur les Enfers avec son épouse Proserpine, nom latin de Perséphone.
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+ Il est ordinairement représenté avec une barbe épaisse. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes (fils de Neptune), dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire voire de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il y a souvent son chien Cerbère à côté de lui. On le représente aussi dans un char traîné par ses quatre chevaux noirs .
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+ Son palais est établi au milieu des Champs Élysées. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses États, et dicte ses lois.
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+ Les Romains lui rendaient des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Éléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Épiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables[réf. nécessaire].
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+ Pluton est le fils de Saturne et Rhéa, époux de Proserpine, Il est le frère de Jupiter, Neptune, Junon, Cérès et Vesta.
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+ Il est souvent représenté avec un casque en peau de chien offert par les cyclopes qui le rend invisible, qu'il n'enlève jamais, du nom de « kunée ».
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+ Il est souvent représenté avec un sceptre, la corne d'abondance et son arme la lance à deux dents, le bident, reçu durant la Titanomachie. L'attribut qu'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime la tristesse et la douleur. Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.
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23
+ Il est maître également d'un chien à trois têtes (Cerbère, gardien de l'entrée des Enfers) et de quatre chevaux noirs nommés Æthon, Alastor, Nyctéus et Orphnéus[4][source insuffisante].
24
+
25
+ Pluton vivait aux Champs Élysées dans les Enfers, le monde des morts souterrain. Il y jugeait les âmes : les bons et les justes étaient envoyés dans les Champs Élysées, lieu de délices et de paix, les mauvais dans les abîmes du Tartare où ils subissaient les supplices mérités.
26
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27
+ Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton[5]. On ne lui immolait, comme en Roumanie, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.[réf. nécessaire]
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+ En Sicile, les Syracusains lui sacrifiaient chaque année deux taureaux noirs près de la source du Cyané, où la tradition plaçait l'enlèvement de Proserpine. À Rome, le 20 juin ou le 21 juin, jour de sa fête, seul le temple de Pluton était ouvert. On lui sacrifiait des animaux au pelage sombre (brebis ou porcs), et on vouait à son courroux inflexible tous les condamnés à mort.
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+ Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples du Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux. Pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
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+ Il était redouté à cause de sa laideur et de la dureté de ses traits. Il fut plus tard considéré comme un dieu bienfaisant, dispensateur de richesses.[réf. souhaitée]
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+ Georg Friedrich Haendel [ˈɡeːɔʁk ˈfʁiːdʁɪç ˈhɛndəl][a] Écouter ou Georg Friederich Händel[b] (en anglais : George Frideric ou Frederick Handel[c] [dʒɔː(ɹ)dʒ ˈfɹɛd(ə)ɹɪk ˈhændəl][d]) est un compositeur allemand, devenu sujet anglais, né le 23 février 1685 à Halle-sur-Saale et mort le 14 avril 1759 à Westminster.
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11
+ Haendel personnifie souvent de nos jours l'apogée de la musique baroque aux côtés de Jean-Sébastien Bach[1],[2], Antonio Vivaldi, Georg Philipp Telemann[3] et Jean-Philippe Rameau, et l'on peut considérer que l'ère de la musique baroque européenne prend fin avec l'achèvement de l’œuvre de Haendel[4]. Né et formé en Saxe[e], installé quelques mois à Hambourg avant un séjour initiatique et itinérant de trois ans en Italie, revenu brièvement à Hanovre avant de s'établir définitivement en Angleterre, il réalisa dans son œuvre une synthèse magistrale des traditions musicales de l'Allemagne, de l'Italie, de la France et de l'Angleterre[5],[6].
12
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13
+ Virtuose hors pair à l'orgue et au clavecin, Haendel dut à quelques-unes de ses œuvres très connues — notamment son oratorio Le Messie, ses concertos pour orgue et concerti grossi, ses suites pour clavecin (avec sa célèbre sarabande de Haendel), ses musiques de plein air (Water Music et Music for the Royal Fireworks) — de conserver une notoriété active pendant tout le XIXe siècle, période d'oubli pour la plupart de ses contemporains. Cependant, pendant plus de trente-cinq ans, il se consacra pour l'essentiel à l'opéra en italien (plus de 40 partitions d'opera seria[7]), avant d'inventer et promouvoir l'oratorio en anglais dont il est un des maîtres incontestés[8].
14
+
15
+ Son nom peut se trouver sous plusieurs graphies : son extrait de baptême en allemand, utilise la forme Händel, son nom s'écrit également Haendel (le « e » remplaçant l'umlaut — traduit par le tréma), et cette forme a été adoptée en français à la suite de Romain Rolland[9]. Après son installation en Angleterre, lui-même l'écrivait Handel sans tréma, manière quasi homophone retenue par les anglophones, et signait George Frideric Handel[10].
16
+
17
+ Au XVIIe siècle on est le plus souvent musicien de père en fils. Rien de tel pour Haendel, seul musicien d'une famille originaire de Silésie et de confession luthérienne : son grand-père, Valentin, est né à Breslau en 1583 ; venu s'installer à Halle en 1609, il y exerce la profession de chaudronnier[11]. Le nom de la famille est alors orthographié de multiples façons, dont cinq attestées dans les registres de la Liebfrauenkirche (Église Notre-Dame) de Halle, soit : Händel, Hendel, Handeler, Hendeler, Hendtler — la première étant la plus courante[12].
18
+
19
+ Valentin Händel étant mort en 1636, ses deux premiers fils reprennent son affaire ; le troisième, Georg (1622-1697), père du futur musicien, n'a alors que quatorze ans : il entre comme apprenti chez un chirurgien-barbier qui va décéder six ans plus tard, sans enfants. Sa veuve, âgée de 31 ans, épouse l'apprenti qui n'en a que 21, et lui donne six enfants. Leur mariage durera 40 ans, au cours desquels la compétence de Georg Händel est largement reconnue au point qu'il réussit à entrer au service de la famille du duc Auguste de Saxe-Weissenfels, administrateur de Halle en usufruit jusqu'à sa mort en 1680. À cette date, la cité revient sous l'autorité effective de l'Électeur de Brandebourg, comme prévu lors de la signature des traités de Westphalie en 1648[13]. Georg Händel est une personnalité importante de la cité, bourgeois aisé et de caractère austère ; il prend soin de se recommander au nouveau maître de la ville et parvient à se faire nommer médecin officiel des Électeurs de Brandebourg[13].
20
+
21
+ Devenu veuf en 1682, il se remarie l'année suivante (23 avril 1683) avec Dorothea Taust (1651-1730), fille d'un pasteur, de près de trente ans sa cadette[14].
22
+
23
+ Après un premier fils mort quelques jours après sa naissance[13], Georg Friedrich est leur second enfant, né le 23 février 1685. Il faut donc remarquer que celui qu'on va pendant toute sa vie désigner comme « Saxon » voit le jour en tant que sujet du margrave-électeur (et futur roi "en" Prusse) Frédéric III de Brandebourg. Il est baptisé dans la confession luthérienne dès le lendemain à la Liebfrauenkirche[15].
24
+ Plus tard le suivent deux sœurs, Dorothea Sophia, née en 1687 et Johanna Christiana, née en 1690[15].
25
+
26
+ Les faits et anecdotes concernant l'enfance de Haendel ont presque tous pour source la première biographie du musicien rédigée vers 1760 par John Mainwaring : ils sont toutefois à considérer avec précaution car entachés d'incohérences quant à leur chronologie[14].
27
+
28
+ Haendel montre très tôt de remarquables dispositions pour la musique. Sa mère y est sensible, mais son père s'y oppose avec fermeté[14]. Il veut faire de son fils un juriste, meilleur moyen selon lui de poursuivre l'ascension sociale qui a été la sienne. Considérant la musique comme une activité de peu de valeur, il tente d'en détourner son fils en lui interdisant de toucher un instrument[14]. Le garçon, entêté, parviendra cependant à dissimuler un clavicorde au grenier et à continuer à en jouer, lorsque la famille se repose[16].
29
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30
+ L'opposition du père diminue à la suite d'une visite rendue à son ancien maître, le duc Jean-Adolphe Ier de Saxe-Weissenfels, à laquelle s'est joint le jeune Georg Friedrich. Ayant entendu ce dernier jouer de l'orgue à la chapelle ducale, le duc conseille au père de ne pas s'opposer à l'inclination et au talent de son fils, mais de le confier à un bon professeur de musique[17]. De retour à Halle, celui-ci peut donc bénéficier de l'enseignement de l'organiste de la Liebfrauenkirche, Friedrich Wilhelm Zachow, sans que soit abandonnée pour autant l'idée d'une carrière juridique[18].
31
+
32
+ Zachow est un esprit curieux, musicien de talent et ouvert aux diverses influences du temps[19]. Il lui donne une éducation musicale complète ; il lui apprend à jouer de plusieurs instruments : clavecin, orgue, violon, hautbois … et lui enseigne les bases théoriques de la composition musicale : harmonie, contrepoint, fugue, variation, formes musicales. L'apprentissage se fonde aussi sur l'étude des œuvres des maîtres, que l'élève recopie sur un cahier ; il se familiarise ainsi avec les principaux compositeurs de son temps, outre Zachow lui-même, Froberger, Kerll, Krieger et d'autres[20].
33
+
34
+ Le jeune garçon se met très tôt à composer des œuvres instrumentales et vocales : la plupart de celles remontant aux années 1696 ou 1697 sont perdues, mais certaines sont conservées, tels les Drei Deutsche Arien, quelques cantates ou sonates[20].
35
+
36
+ Âgé d'environ douze ans, il fait un séjour à Berlin, ce qui lui permet d'entrer en contact avec la cour de l'Électeur Frédéric III de Brandebourg, le futur roi en [sic] Prusse Frédéric Ier. La date exacte ainsi que les circonstances en restent très imprécises. Selon certains[21],[22], ce serait vers 1696. Pour d'autres, s'appuyant sur Mainwaring dont le témoignage est sujet à caution[23], ce pourrait être en 1697 ou 1698, année indiquée par Johann Mattheson. Les avis divergent aussi quant à savoir s'il est accompagné de son père (mort le 11 février 1697) ou si celui-ci est resté à Halle, attendant son retour, ce qui ne permet pas de lever l'incertitude. Des circonstances rapportées aussi par Mainwaring achèvent d'embrouiller les hypothèses, car elles aboutissent à des incohérences par rapport à d'autres sources connues et plus fiables : Haendel y aurait rencontré Giovanni Bononcini et Attilio Ariosti dont les séjours attestés par ailleurs à Berlin sont plus tardifs[23].
37
+
38
+ En fait, il semble que Haendel ait entrepris en 1702, à l'âge de 17 ans, un deuxième voyage à Berlin, ville depuis laquelle était gouvernée Halle. C'est lors de ce deuxième voyage qu'il aurait rencontré Ariosti et Bononcini et joué devant le roi en [sic] Prusse[24].
39
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40
+ Toujours est-il qu'il fait grande impression à la Cour que l'Électrice Sophie-Charlotte anime d'une vie musicale intense[25]. Frédéric III lui proposera de le prendre à son service, après l'avoir envoyé se perfectionner en Italie, offre qui est déclinée par Haendel ; mais on ne sait pas si c'est à la prière du père (mort en 1697) et réclamant le retour de son fils, ou du fait de celui-ci. Les tenants de la première hypothèse, à la suite de Romain Rolland[26] affirment même que le garçon revient dans sa ville natale le 15 février 1697 pour y trouver son père décédé depuis quatre jours[25].
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42
+ Cinq ans après la mort de son père, respectant sa volonté, il s'inscrit le 10 février 1702 à l'université de Halle, afin d'y suivre des études juridiques. Il ne se fait cependant immatriculer dans aucune faculté, et ne restera étudiant que peu de temps[27]. Le 13 mars suivant, il est nommé organiste de la cathédrale calviniste de Halle (bien qu'il soit lui-même luthérien) en remplacement du titulaire, pour une période probatoire d'une année. Il s'assure ainsi l'indépendance financière, dans une fonction qu'il ne va cependant pas occuper au-delà de la période d'essai[28]. C'est pendant cette période qu'il se lie durablement avec Georg Philipp Telemann qui se rend à Leipzig et fait étape à Halle[29].
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+ Il demeure donc peu de temps à ce poste, ne renouvelant ni son contrat ni son inscription à l'université : au printemps ou à l'été 1703, il quitte Halle de façon définitive pour aller s'installer à Hambourg[30].
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46
+ La cité hanséatique grande et très prospère est alors le principal centre culturel et musical de l'Allemagne du Nord ; l'activité artistique y est intense et attire depuis longtemps nombre de musiciens, instrumentistes et compositeurs ; c'est ici qu'a été fondé dès 1678 le premier théâtre d'opéra allemand, l’Oper am Gänsemarkt. L'opéra allemand, alors à ses débuts, est sous l'influence dominante de l'opéra italien, particulièrement vénitien, les textes des livrets combinant de façon improbable textes italiens et allemands sur une musique de caractère cosmopolite[29].
47
+
48
+ À l'époque où Haendel arrive, l'opéra est dominé par Reinhard Keiser, à la direction du Gänsemarktoper depuis 1697[31]. Haendel peut y trouver un poste de second violon puis de claveciniste, peut-être par l'entremise de Johann Mattheson, rencontré dès le 9 juillet à l'orgue de l'église Sainte Marie-Madeleine[32]. Ce dernier a quatre ans de plus qu'Haendel, mais il est déjà un musicien célèbre, ayant été engagé à l'opéra de Hambourg comme chanteur à l'âge de quinze ans[33]. Ils se lient d'amitié et Mattheson, introduit dans tous les milieux qui comptent à Hambourg — il devient même en novembre, précepteur chez l'ambassadeur d'Angleterre — y fait connaître son nouvel ami, Haendel. C'est en tout cas ce qu'il affirmera plus tard dans ses écrits[34].
49
+
50
+ Les deux musiciens se portent une admiration mutuelle, et échangent connaissances, idées, conseils : Haendel est très fort à l'orgue, en fugue et contrepoint, en improvisation ; quant à Mattheson, il a plus d'expérience de la séduction mélodique et des effets dramatiques. Le 17 août, ils partent ensemble pour Lübeck afin d'y entendre et rencontrer Dietrich Buxtehude, le plus fameux organiste du temps, peut-être dans l'espoir d'y recueillir sa succession à la prestigieuse tribune de la Marienkirche ; mais la condition comme de tradition – qui a été satisfaite en son temps par Buxtehude lui-même – d'épouser la fille de l'organiste titulaire, ce qui ne tente aucun des deux jeunes gens (semblable aventure se reproduira dans deux ans pour Jean-Sébastien Bach venu ici dans la même intention)[34].
51
+
52
+ Les deux amis retournent à Hambourg où Haendel se familiarise jour après jour avec le monde de l'opéra[35]. Grâce à Mattheson, il trouve à donner des leçons de clavecin. Nombre de pièces pour cet instrument remonteraient à cette période hambourgeoise, comme de très nombreuses sonates[36] et les concertos pour hautbois[37]. On lui a attribuera longtemps une Johannis Passion (Passion selon Saint Jean) représentée le 17 février 1704, qui aurait été sa première œuvre importante[35],[38]. En fait, selon Winton Dean, elle serait due à Mattheson ou à Georg Böhm[34].
53
+
54
+ En décembre 1704, un incident l'oppose à Mattheson, qui aurait pu lui coûter la vie : lors d'une représentation de l'opéra Cleopatra de Mattheson dans lequel ce dernier tient lui-même le rôle d'Antoine, Haendel refuse de lui céder la place au clavecin après la mort, sur scène, du héros : l'affaire se termine par un duel au cours duquel l'épée de Mattheson le manque de très peu. Les deux hommes se réconcilient peu de temps après. De fait, les relations ne sont plus aussi bonnes qu'auparavant, car Haendel supporte de moins en moins l'air important, le ton protecteur de son ami[39]. De même avec Keiser, les relations sont devenues tendues[34].
55
+
56
+ Il aborde l'opéra pour la première fois avec Almira (titre complet : Der in Krohnen erlangte Glücks-Wechsel oder Almira, Königin von Castilien) sur un livret de Friedrich Christian Feustking, dont la première a lieu le 8 janvier 1705. C'est une œuvre hybride à l'exemple de ce qui se fait à Hambourg : ouverture à la française, récitatifs en allemand, arias en allemand ou en italien[40], machinerie, danses, présence d'un personnage bouffon[41] ; la musique de Haendel, qui a peut-être été aidé par Mattheson[34] et bien qu'elle « manque encore de maturité »[37] lui assure un succès considérable (plus de vingt représentations) et la jalousie de Keiser. Le succès ne se renouvelle pas pour le deuxième opéra, Nero, présenté le 25 février 1705 et honoré de deux ou trois représentations seulement (la musique en est perdue)[37]. Keiser réplique à Haendel par la composition de deux opéras sur les mêmes intrigues : Almira et Octavia[42].
57
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58
+ Les relations conflictuelles avec Keiser, la situation difficile de l'opéra, due à sa direction désordonnée et l'échec de Nero jouent probablement un rôle important dans la décision que prend Haendel de partir pour l'Italie, sur les conseils de Gian Gastone de' Medici, futur grand-duc de Toscane rencontré à Hambourg[42] (à moins qu'il ne s'agisse de son frère aîné Ferdinando[43]). Il a auparavant composé un dernier opéra, Florindo, dont la musique est presque entièrement perdue[41], et qui est représenté en 1708 après son départ, d'ailleurs scindé en deux (Florindo et Daphne) pour cause d'une longueur excessive[42].
59
+
60
+ Les conditions et le trajet du voyage qui le mène en Italie ne sont pas connues (Mattheson indique qu'il aurait accompagné un certain von Binitz[44]). Quant au séjour italien lui-même, qui doit durer trois ans et qui est décisif dans l'évolution de son style et de sa carrière, les informations dont on dispose sont imprécises et lacunaires ; elles prêtent à de nombreuses interprétations ou suppositions contradictoires.
61
+
62
+ Il est probable – c'est ce qu'affirme Mainwaring – que sa première étape soit Florence où il arrive à l'automne 1706[43]. Une certaine déception est peut-être au rendez-vous, car le prince régnant, Cosme III, est de caractère austère et ne s'intéresse ni à l'art en général, ni à la musique en particulier ; quant au soutien obtenu du prince héritier Ferdinand, il reste mesuré. Haendel y fait cependant des rencontres intéressantes, comme celle d'Alessandro Scarlatti, alors présent au service de Ferdinand, et, peut-être, de Giacomo Antonio Perti : il entend probablement des opéras de ces deux compositeurs représentés au théâtre privé de Pratolino, comme Il gran Tamerlano de Scarlatti, ou Dionisio re di Portogallo de Perti[43]. À Florence il fait aussi très certainement connaissance d'Antonio Salvi, médecin et poète à la cour grand-ducale, dont il utilisera plus tard plusieurs livrets d'opéras. Datant de 1707, Rodrigo est le premier opéra de Haendel écrit pour la scène italienne, représenté probablement en novembre 1707 au Teatro Cocomero à la suite d'une commande de Ferdinand de Médicis, qui récompense Haendel en lui donnant 100 sequins et un service de porcelaine.
63
+
64
+ Ce dernier y aurait aussi gagné les faveurs de la prima donna Vittoria Tarquini — l'une des seules liaisons féminines de Haendel rapportées par la tradition[43]. Il fera, semble-t-il, chaque année qui suit, d'autres séjours assez prolongés à Florence[45].
65
+
66
+ C'est à Rome que, probablement il passe la plus grande partie de son séjour en Italie, entrecoupé de voyages attestés ou probables à Naples, Venise, Florence... Il arrive à Rome en janvier 1707 comme en témoigne le journal d'un bourgeois de cette ville, en date du 14 janvier :
67
+
68
+ « Un Allemand vient d'arriver dans la ville, qui est un excellent joueur de clavecin et un compositeur. Aujourd'hui, il a fait montre de son talent en jouant de l'orgue à Saint-Jean-de-Latran à l'admiration de chacun[46]. »
69
+
70
+ Bien que luthérien, Haendel ne tarde pas à avoir ses entrées auprès de personnalités influentes de la cité papale, notamment le marquis Francesco Ruspoli et au moins trois cardinaux : Benedetto Pamphili, Carlo Colonna et Pietro Ottoboni, fastueux mécène[47]. Au palais de ce dernier, comme dans le milieu prestigieux des lettrés de l'Académie d'Arcadie dont font partie certains de ses protecteurs, il fréquente de nombreux artistes et musiciens, parmi lesquels Arcangelo Corelli, Antonio Caldara, Alessandro Scarlatti et son fils Domenico, Bernardo Pasquini, probablement Agostino Steffani[48] ; son talent est apprécié et lui ouvre toutes les portes.
71
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72
+ C'est au palais d'Ottoboni, à une date indéterminée, qu'il participe à une joute musicale l'opposant à Domenico Scarlatti, claveciniste éblouissant, qui a le même âge que lui. Si les deux musiciens sont jugés, peut-être, égaux au clavecin, Scarlatti lui-même reconnaît la supériorité de Haendel à l'orgue. Mais les deux jeunes gens resteront liés par une amitié et une considération mutuelle indéfectibles[49]. Dès avant mai 1707, il compose son premier oratorio, sur un livret du cardinal Pamphili : Il trionfo del Tempo e del Disinganno. Il est accueilli et engagé, de façon intermittente et assez informelle, par le marquis Ruspoli, qui le loge, pour composer des cantates séculières interprétées dans ses résidences de campagne de Cerveteri et de Vignanello. Il y fait la connaissance de chanteurs et musiciens qu'il retrouvera plus tard à Londres, notamment la soprano Margherita Durastanti[47].
73
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74
+ Le séjour romain est extrêmement fécond. Haendel compose de la musique religieuse : les psaumes Dixit Dominus (avril 1707), son premier grand chef-d'œuvre[50], Laudate Pueri Dominum, et Nisi Dominus (juillet 1707). On lui suggère d'ailleurs de passer au catholicisme, invitation qu'il décline avec politesse et fermeté[51]. Pour Ruspoli, il compose un grand oratorio dramatique, également considéré comme un de ses premiers chefs-d'œuvre, La Resurrezione, sur un livret de Carlo Sigismondo Capece. L'œuvre représentée les 8 et 9 avril 1708 dans un théâtre spécialement aménagé dans le palais du commanditaire est interprétée sous la direction de Corelli avec la participation de la Durastanti ; le succès est exceptionnel. Pour ses protecteurs ou les séances de l'Académie d'Arcadie, il compose un nombre considérable de cantates profanes (150 au dire de Mainwaring, et il en subsiste près de 120) ainsi que des sonates et autres musiques[49]. Pas d'opéra, cependant : ce genre est en effet prohibé à Rome depuis des années, par décision du pape Innocent XII[52].
75
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76
+ Les bruits de guerre qui se rapprochent de Rome[f] sont peut-être la cause d'un séjour prolongé[g] à Naples à partir de mai ou juin 1708[53]. L'aristocratie locale le reçoit avec empressement et lui prodigue une fastueuse hospitalité[54]. Il compose notamment, pour un mariage ducal, la serenata à caractère festif Aci, Galatea e Polifemo[55] ; il est aussi introduit auprès du vice-roi de Naples, le cardinal Vincenzo Grimani, prélat, lettré et diplomate issu d'une grande famille vénitienne propriétaire dans la Cité des Doges du Teatro San Giovanni Grisostomo : ce dernier va composer pour lui le livret d'un opéra qu'il pourra donc représenter à Venise[56]. À Naples se noue aussi, peut-être, une idylle avec une énigmatique « Donna Laura »[56].
77
+
78
+ Peut-être est-il venu plusieurs fois à Venise : ce serait là qu'il aurait fait la connaissance de Domenico Scarlatti ainsi que de plusieurs musiciens de renom animant la vie musicale exceptionnelle de la cité, notamment Antonio Lotti, Francesco Gasparini, Tomaso Albinoni, peut-être Antonio Vivaldi[49] et de plusieurs personnages influents tels le prince Ernest-Auguste de Hanovre et le baron von Kielmansegg qui joueront un rôle important dans sa carrière[57].
79
+
80
+ En tous les cas, c'est le 26 décembre 1709 qu'il assiste à la première de son opéra Agrippina sur le livret que lui a écrit le cardinal Grimani et dans le Teatro San Giovanni Grisostomo que celui-ci met à disposition[49]. L'œuvre, représentée dans une distribution éclatante, recueille un succès immédiat et phénoménal au cours de 27 soirées – chiffre considérable à cette époque[58].
81
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82
+ Le public enthousiaste fait un triomphe au caro Sassone (« Cher Saxon ») qui s'apprête maintenant à quitter l'Italie.
83
+
84
+ En effet, la renommée qu'il a acquise dans la péninsule, et particulièrement à Venise, que visitent tant de princes ou souverains étrangers attirés par son exceptionnelle animation culturelle, lui a certainement apporté des propositions intéressantes d'engagement à des postes prestigieux et notamment de l'Électeur de Hanovre, sur la recommandation d'Agostino Steffani sans doute appuyée par le prince Ernst-August et le baron von Kielmansegg qui ont assisté au triomphe d’Agrippina[57] ; peut-être encore de l'Électeur Palatin et de son épouse (une sœur de Ferdinand de Medicis), tous deux grands amateurs de musique[59]. Probablement aussi le comte de Manchester, ambassadeur de Grande-Bretagne, lui a-t-il évoqué toutes les opportunités qui pourraient s'offrir à Londres, ville devenue alors la plus peuplée d'Europe[60]. Il quitte l'Italie en février 1710, passe par Innsbruck où il décline une offre du gouverneur du Tyrol et revient en Allemagne[57].
85
+
86
+ Le séjour en Italie est donc déterminant à de nombreux titres : il a pu s'imprégner, à la source, de la musique italienne, de son environnement et de sa pratique, côtoyer et se mesurer aux musiciens les plus célèbres, lier connaissance avec nombre de chanteurs et chanteuses qu'il retrouvera plus tard, se constituer un vaste répertoire (vocal particulièrement) dans lequel il ne manquera pas de puiser par la suite et se faire une renommée auprès de grands personnages, mécènes potentiels influents[61].
87
+
88
+ Arrivé à Hanovre, il est nommé le 16 juin, maître de chapelle de l'Électeur, poste jusque-là occupé par Agostino Steffani, sur la chaude recommandation de ce dernier. Son salaire est important (1 000 thalers[62]) et il obtient l'avantage de pouvoir prendre aussitôt un congé d'un an pour se rendre à Londres[57]. Son trajet le fait passer à Halle, où il revoit sa mère et son maître Zachow, puis à Düsseldorf, où il est reçu avec faveur par l'Électeur Palatin et son épouse ; il quitte Düsseldorf en septembre pour Londres via les Pays-Bas[57].
89
+
90
+ À Londres, il ne tarde pas à être présenté à la reine Anne, et à y rencontrer de nombreux artistes, chez le marchand de charbon mélomane Thomas Britton[63], et à faire la connaissance de deux personnages importants dans le monde de l'opéra : l'auteur dramatique et directeur de théâtre Aaron Hill et son assistant, suisse immigré, Johann Jacob Heidegger.
91
+
92
+ Depuis la mort de Purcell en 1695, il n'y a plus de compositeur de premier plan en Angleterre et l'opéra anglais disparaît, laissant la place vers 1705 à l'opéra italien de facture ou d'interprétation souvent médiocre[64].
93
+
94
+ Aaron Hill a l'idée de monter un opéra avec l'aide de Haendel. Il en écrit le livret, le fait traduire en italien par Giacomo Rossi et Haendel compose la musique ; selon Mainwaring, en deux semaines[h],[63] : ce sera Rinaldo, tout premier opéra italien spécifiquement créé pour la scène anglaise, dont la première a lieu le 24 février 1711 dans une mise en scène luxueuse et avec une distribution de choix. Le succès est impressionnant, pendant 15 représentations jusqu'en juin[65]. L'année de congé étant écoulée, Haendel quitte Londres vers le début de juin, y laissant sa réputation assurée, et retourne à Hanovre en passant par Düsseldorf[66].
95
+
96
+ Revenu à Hanovre, il reste en contact avec les nombreuses relations qu'il s'est faites à Londres, et perfectionne son anglais[67]. Il fait en novembre un voyage à Halle, pour le baptême de sa nièce et future héritière, Johanna Friderica, en tant que parrain[66]. Il n'y a pas d'opéra à Hanovre, mais un bon orchestre ; il compose des duos, de la musique instrumentale, et s'ennuie probablement : il ne pense qu'à l'Angleterre, aux succès remportés auprès du public, de l'aristocratie et de la Cour ; à l'automne 1712, il obtient à nouveau la permission d'un second voyage à Londres, à la condition de s'engager à revenir dans un délai raisonnable[66].
97
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98
+ En fait, ce nouveau départ se révélera définitif.
99
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100
+ De retour en Angleterre, il vit pendant un an chez un certain Mr Andrews, mélomane fortuné, à Barn Elms (Barnes) dans le Surrey, avant d'être hébergé, de 1713 à 1716 chez le comte de Burlington à Picadilly. Richard Burlington est un riche mécène chez lequel il rencontre de nombreux lettrés et artistes parmi lesquels Pope, Gay, Arbuthnot[68]. Il fait aussi à cette époque la connaissance d'une amie et admiratrice indéfectible, Mary Granville, devenue plus tard Mrs Delany puis Mrs Pendarves, qui, par sa correspondance, est un témoin appréciable de l'activité musicale de Haendel. Chez Burlington, sa vie est tranquille et régulière : il compose le matin, déjeune avec l'entourage de son hôte et l'après-midi, joue pour la compagnie ou fréquente des concerts[69].
101
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102
+ Dès le 22 novembre 1712, son opéra Il pastor fido est représenté au Queen's Theatre ; mais l'œuvre, qui semble avoir été composée à la « va-vite » avec de nombreux réemplois d'œuvres antérieures, est un échec[70]. C'est ensuite Teseo, représenté le 10 janvier 1713, qui a plus de succès, avec 12 reprises dans la saison, mais sans égaler celui de Rinaldo ; son livret est une adaptation par Nicola Francesco Haym de celui de Philippe Quinault pour le Thésée de Lully créé en 1675 : Teseo restera le seul opéra de Haendel comportant cinq actes selon la tradition de la tragédie lyrique française[71]. Il sera suivi de Silla, représenté (en privé) une seule fois, le 2 juin 1713, probablement à Burlington House.
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104
+ Pour le 6 février 1713, Haendel prévoit de donner à la Cour l' Ode for the Birthday of Queen Anne pour l'anniversaire de la reine, représentation qui n'a finalement pas lieu. En revanche le 7 juillet suivant, l' Utrecht Te Deum and Jubilate saluant la paix d'Utrecht est interprété à la cathédrale Saint Paul : Haendel s'assure une position officieuse de compositeur de la Cour et reçoit une pension annuelle de 200 £, rendant sa position délicate vis-à-vis de l'Électeur de Hanovre au service duquel il semble de moins en moins envisager de revenir[72].
105
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106
+ Cette « désertion » aurait pu lui porter préjudice : la reine Anne décède le Ier août 1714 et son successeur désigné n'est autre que son cousin l'Électeur de Hanovre, arrière-petit-fils de Jacques Ier. Différentes versions existent, du retour en grâce de Haendel auprès du nouveau roi d'Angleterre arrivé à Saint James le 20 septembre. L'une d'elles (rapportée par Mainwaring) veut que Haendel compose une suite pour orchestre, sur la suggestion du baron Kielmansegg, afin d'accompagner une promenade de George Ier sur la Tamise. Une autre (selon Hawkins), que Geminiani exige d'être accompagné au clavecin par Haendel pour l'interprétation, à la Cour, de plusieurs de ses sonates. Enfin Winton Dean estime qu'il est « peu probable que le roi lui ait jamais retiré ses faveurs »[73]. De fait, George Ier double la pension que lui a attribuée la reine Anne et celle-ci sera encore augmentée quand Haendel prendra en charge l'instruction musicale des princesses royales, filles du Prince de Galles[74].
107
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108
+ Renouant avec la tradition française de Teseo et avec la veine « magique » qui a si bien réussi à Rinaldo, il compose en 1715 Amadigi sur un livret, adapté par Nicola Francesco Haym, de Antoine Houdar de La Motte : Amadis de Grèce et en réutilisant un matériel musical important repris de Silla. Malgré un succès honorable, et pour diverses raisons, Haendel délaissera l'opéra pendant près de cinq ans[75].
109
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110
+ En 1716, il accompagne le souverain qui se rend à Hanovre. Il s'arrête à Halle, y visite sa mère et porte assistance à la veuve de Zachow (son ancien maître), puis à Ansbach où il retrouve un ancien condisciple, Johann Christoph Schmidt, qu'il convainc de le suivre et qui deviendra son secrétaire en Angleterre, sous le nom anglicisé de John Christopher Smith[76]. Le fils de ce dernier, portant le même prénom les rejoint également quelque temps après.
111
+ Il n'est pas oublié dans son pays natal, où ses opéras sont et continueront d'être montés, éventuellement adaptés, à Hambourg, Wolfenbüttel, Brunswick[77]...
112
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113
+ Il compose peut-être[78] pendant ce séjour en Allemagne la « Passion selon Brockes » sur un texte en allemand, déjà mise en musique par Keiser (1712) et Telemann (1716) et qui le sera aussi par Mattheson en 1718 et Bach en 1723 (!)[76]. L'œuvre ne sera donnée à Hambourg qu'en 1719 après son retour en Angleterre[76].
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115
+ C'est après ce retour, le 17 juillet 1717, qu'a lieu la célèbre et presque légendaire navigation nocturne sur la Tamise, entre Whitehall et Chelsea, du roi accompagné de ses courtisans, au son de la Water Music composée à cet effet. Le roi apprécie l'œuvre au point qu'elle est interprétée trois fois de suite[73] ; elle reste aujourd'hui l'une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires.
116
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117
+ Au cours de l'été, il s'attache au comte de Carnavon, futur duc de Chandos, richissime aristocrate et mécène fastueux, en tant que compositeur résident composant pour ses chanteurs et son orchestre privé, logeant probablement dans sa somptueuse résidence de Cannons[79]. Il y compose les Chandos Anthems, le masque Acis and Galatea, une première version de l'oratorio Esther, un Te Deum, des concertos grossos… Il y noue aussi des amitiés durables parmi les lettrés et intellectuels qui fréquentent la résidence. Il apprend pendant cette période heureuse la mort à Halle de sa sœur Dorothea Sophia (juillet 1718) et se serait rendu en Allemagne, si un projet majeur ne le retenait à Londres : la création d'une Royal Academy of Music, entreprise dédiée au montage d'opéras au King's Theatre, financée par souscription, à laquelle il doit collaborer[80].
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+ La Royal Academy of Music, créée à l'initiative d'aristocrates proches du pouvoir royal, est dirigée par Heidegger. Paolo Rolli en est le librettiste officiel et Haendel, le directeur musical : Haendel est ainsi chargé de se rendre sur le continent pour y engager les meilleurs chanteurs[80] et en particulier, à tout prix, le castrat Senesino[81]. Il se rend tout d'abord en Allemagne, passe par Dusseldorf et y rend visite à l'Électeur, puis à Halle. Averti de sa présence, Jean-Sébastien Bach vient de Köthen à Halle pour y faire sa connaissance, mais le manque de peu : Haendel est reparti pour Dresde, où il passe plusieurs mois ; il y retrouve Antonio Lotti et prend contact avec plusieurs de ses chanteurs (notamment Senesino et Margherita Durastanti) qui viendront plus tard à Londres[82].
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+ L'Académie ouvre le 2 avril 1720 avec la représentation du Numitore de Giovanni Porta avant Radamisto, composé par Haendel sur un livret adapté avec l'aide de Nicola Haym de L'amor tirannico de Domenico Lalli[83]. Haendel le dédie au roi George Ier[84], et la première a lieu le 27 avril avec grand succès, malgré une distribution « de fortune » : tous les chanteurs ne sont pas encore arrivés, ni Giovanni Bononcini qui doit participer à l'entreprise et sera un rude concurrent[85].
122
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+ Pour l'heure, Haendel obtient un privilège royal pour l'édition de ses œuvres, afin de protéger ses droits, celles-ci circulant largement en copies et donnant même lieu à des publications « pirates », notamment à Amsterdam par les successeurs d'Estienne Roger[86]. La publication de ses compositions lui apporte d'ailleurs des revenus opportuns, alors que ses économies ont fondu lors du krach consécutif à la spéculation sur la Compagnie des mers du Sud[87]. C'est ainsi qu'il confie en novembre 1720 à John Christopher Smith la publication de Huit suites pour le clavecin, premier recueil publié sous son autorité et soigneusement gravé par John Cluer. Et il précise dans la préface[88] :
124
+
125
+ « I have been obliged to publish Some of the following Lessons, because Surrepticious and incorrect Copies of them had got Abroad. I have added several new ones to make the Work more usefull, which if it meets with a favourable Reception; I will Still proceed to publish more, reckoning it my duty, with my Small Talent, to ſerve a Nation from which I have receiv'd so Generous a Protection. »
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+ « J'ai été obligé de publier quelques-unes de suites de ce recueil, parce que des copies non autorisées et incorrectes avaient été publiées à l'étranger. J'en ai ajouté plusieurs nouvelles, pour rendre le volume plus utile ; s'il rencontre un accueil favorable, je procéderai à d'autres publications, considérant qu'il est de mon devoir de mettre mon faible talent au service d'une nation dont j'ai reçu une protection aussi généreuse. »
128
+
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+ Le projet d'autres recueils de pièces pour le clavecin supervisés par Haendel lui-même n'aura, cependant, pas de suite[89].
130
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+ La seconde saison de l'Academy s'ouvre le 19 novembre 1720 avec Astarto de Bononcini qui remporte un succès encore plus extraordinaire que Haendel, continue avec une seconde version, profondément remaniée, de Radamisto dans laquelle Senesino fait ses débuts londoniens ; elle présente également un pasticcio (Muzio Scevola) dont la musique est confiée à trois compositeurs différents : Filippo Amadei pour l'acte I, Bononcini pour l'acte II et Haendel pour l'acte III : par son ovation, le public reconnaît ce dernier vainqueur de cette sorte de « Jugement de Pâris »[90]. Mais Bononcini se pose maintenant en rival redoutable, avec son style plus léger[91] lui assurant nettement plus de représentations que Haendel[92].
132
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133
+ Une prééminence certaine de Bononcini continue de prévaloir pendant la troisième saison (1721-1722), avec la présentation de Crispo et de Griselda pendant un total de 34 soirées, quand Haendel n'en assure que 15 avec Floridante. À partir de cette saison, son style va évoluer, pour mieux affronter les mélodies plus simples et de mémorisation plus facile de son compétiteur[92]. La rivalité des deux compositeurs trouve son parallèle dans celle des factions qui les soutiennent, que le caractère entier et arrogant de Haendel comme les intrigues de Rolli et de Senesino ne contribuent pas à apaiser[92].
134
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135
+ Haendel prend le pas sur Bononcini pendant la saison suivante, particulièrement marquée par le succès d’Ottone. Avec cet opéra, qui connaîtra le plus grand nombre total de représentations pendant toute la durée de la Royal Academy et dans une moindre mesure avec Flavio, Haendel dépasse pour la première fois Bononcini en nombre de soirées, même si l'arrivée d'Attilio Ariosti change la donne : Coriolano, son premier opéra pour la scène londonienne, y rencontre un succès presque aussi grand que celui d’Ottone. En fin d'année 1722 se situe l'arrivée à Londres de la célèbre Francesca Cuzzoni, et au début de 1723 une célèbre altercation avec Haendel : comme elle refuse d'interpréter l'aria Falsa imagine de son rôle dans Ottone, le compositeur manque de peu de la défenestrer ; cet air assurera pourtant la célébrité de la Cuzzoni à Londres, sinon sa sympathie pour Haendel.
136
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137
+ Pendant les deux saisons suivantes, Haendel éclipse ses compétiteurs. C'est à cette époque (à l'été 1723) qu'il acquiert une maison sur Brook Street, demeure qui restera la sienne jusqu'à sa mort[93]. C'est aussi pendant cette période qu'il devient compositeur de la Chapelle Royale[93] ; d'ailleurs, dès avant août 1724, il enseigne la musique aux princesses royales[94].
138
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139
+ Au « sommet de son art »[95], il compose coup sur coup trois de ses plus grands chefs-d'œuvre : Giulio Cesare in Egitto (créé le 20 février 1724), Tamerlano (31 octobre 1724) et Rodelinda (13 février 1725), tous sur des livrets adaptés par Haym[96] (ces adaptations consistent le plus souvent à raccourcir les récitatifs, qui lassent les amateurs ne comprenant pas l'Italien, à supprimer ou rajouter des airs selon l'inspiration du musicien, la distribution des chanteurs engagés et leurs desiderata).
140
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141
+ Selon Winton Dean, ces trois opéras « surpassent de beaucoup l'œuvre de tous ses contemporains »[97].
142
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143
+ Cette année 1725, les directeurs invitent la célèbre Faustina Bordoni, qui n'arrivera à Londres qu'au printemps 1726 et se posera en rivale de la Cuzzoni.
144
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145
+ Un nouvel opéra, Alessandro, doit permettre de rassembler les deux prime donne rivales et Senesino dans le même ouvrage, mais dans l'attente de la Bordoni, Haendel interrompt son travail et compose en trois semaines[98] Scipione, présenté le 12 mars 1726 ; Alessandro est ensuite créé le 5 mai.
146
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147
+ La rivalité des deux femmes et des factions qui les soutiennent dégradent l'ambiance et l'extravagance des cachets payés aux artistes commencent à causer des difficultés financières à l'Academy, dont les souscripteurs sont de plus en plus mis à contribution, préparant une fin prévisible. Le 31 janvier 1727, Admeto pour lequel Haendel a ménagé des rôles d'importance égale pour les deux cantatrices remporte un énorme succès avec 19 représentations, suivies de 9 autres pendant la saison suivante[99].
148
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149
+ Le 6 juin de cette même année voit les deux cantatrices rivales en venir aux mains sur scène en présence de la Princesse de Galles lors d'une représentation de l' Astianatte de Bononcini : énorme scandale, qui ne fait que précipiter la fin de l'entreprise ; malgré la présentation de trois nouveaux opéras de Haendel : Riccardo Primo (11 novembre 1727), Siroe (17 février 1728) et Tolomeo (30 avril 1728), la saison 1727-1728 est la dernière de l'Academy. Elle ferme ses portes le 1er juin sur une ultime représentation d' Admeto[94].
150
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151
+ Malgré la « débandade »[100] de la Royal Academy of Music et le succès sans précédent du Beggar's Opera, satire écrite en réaction à la prééminence de l'opéra italien[94], la position de Haendel et sa réputation sont dorénavant fermement établies.
152
+
153
+ En février 1727, Haendel sollicite et obtient la nationalité anglaise[93]. Le roi George Ier meurt le 11 juin suivant lors d'un voyage en Allemagne : c'est Haendel qui compose les grandioses Coronation Anthems pour le couronnement de son successeur, George II (l'une de ces antiennes, Zadok the Priest, est interprétée depuis lors pour chaque couronnement). Ses compositions sont connues et suivies à l'étranger, ses opéras régulièrement montés à Hambourg, à Brunswick...
154
+
155
+ Repartant sur de nouvelles bases financières et d'organisation, Haendel et Heidegger poursuivent leur activité pour une durée initialement prévue pour cinq ans. Les directeurs de l'Académie leur cèdent le King's Theatre et leur prêtent les décors, costumes et machines encore utilisables[101].
156
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157
+ Aucune représentation n'a lieu en 1728-1729, mais Heidegger puis Haendel font tour à tour un voyage en Italie pour y embaucher de nouveaux chanteurs. Farinelli, un temps pressenti, n'est finalement pas engagé[102]. Haendel se rend au moins à Venise et à Rome, où il est invité par des cardinaux d'ancienne connaissance, peut-être à Milan, Florence[103], Sienne ou Naples[102]. Pour le cardinal Carlo Colonna qui lui en propose le texte, il compose le motet pour soprano Silete venti[104].
158
+
159
+ Repassant par l'Allemagne sur le chemin du retour, il revoit Halle en juin, et pour la dernière fois, sa mère devenue aveugle et qui mourra l'année suivante (le 27 décembre 1730) ; une invitation à Leipzig chez Jean-Sébastien Bach lui est transmise par le fils de celui-ci, Wilhelm Friedemann, invitation à laquelle il ne se rend pas[101]. Continuant par Hanovre et peut-être Hambourg (toutefois sans y visiter Mattheson[105]), il est de retour à Londres fin juin 1729[101].
160
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161
+ Le premier opéra présenté par la nouvelle troupe de chanteurs constituée est Lotario, créé le 2 décembre, mais qui n'a pas de succès. Une amie de longue date de Haendel, Mrs Pendarves, analyse ainsi les causes de cet insuccès, l'imputant au manque de goût des spectateurs :
162
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163
+ « The present opera is disliked because it is too much studied, and they love nothing but minuets and ballads, in short The Beggar's Opera and Hurlothrumbo are only worthy of applause[106]. »
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+ « On n'aime pas cet opéra parce qu'il est trop savant ; les gens n'apprécient que les menuets et ballades ; en bref, pour eux, seuls le Beggar's Opera et Hurlothrumbo valent d'être applaudis.. »
166
+
167
+ En outre, les spectateurs n'apprécient pas certains chanteurs, que ce soit pour leur voix ou leur jeu de scène, notamment le remplaçant de Senesino, Antonio Bernacchi, ou la basse Riemschneider qui « prononce l'italien à la teutonne » et qui « joue comme un cochon de lait »[107].
168
+
169
+ Partenope, nouvel opéra d'un caractère tout différent, dont la première a lieu le 27 février n'est pas mieux reçu. Haendel y tente pourtant de renouveler le genre de l'opera seria, introduisant des chœurs, un trio et même un quatuor dans cette œuvre, sortant résolument de la catégorie de l'« opéra héroïque » qui a fait les beaux jours de la première Academy[107].
170
+
171
+ Ces déboires et les difficultés financières qui s'ensuivent rendent tendues les relations avec Heidegger, et la saison lyrique est sauvée par la reprise de succès antérieurs, notamment Giulio Cesare, et grâce à une subvention royale. Des chanteurs quittent la troupe, Riemschneider et Bernacchi, que remplacera la saison suivante Senesino, revenu à Londres sur l'instigation de Francis Colman, un ami de Haendel consul à Florence, et Owen Swiney, l'indélicat impresario qui avait emporté la caisse après les premières représentations de Teseo en 1713[108].
172
+
173
+ En 1731 la seule création à l'opéra est Poro présenté le 2 février.
174
+ Après Siroe, c'est le second opéra de Haendel fondé sur un livret de Métastase. Un librettiste non identifié a adapté pour Haendel le texte de Métastase, à cette époque le principal pourvoyeur de livrets d' opera seria de toute l'Italie. Poro est un succès, avec seize représentations puis quatre autres à la fin de l'année. Cette même année voit le piteux départ de Londres de l'ancien rival Giovanni Bononcini, confondu et ridiculisé dans une affaire de plagiat. La saison, avec des reprises, appréciées par le public, de plusieurs opéras antérieurs, s'achève donc de façon favorable[109].
175
+
176
+ 1732 commence beaucoup moins bien : Ezio, également tiré de Métastase, est un des plus cuisants échecs de toute sa carrière[110] : présenté le 15 janvier, il n'aura que 5 soirées et ne sera jamais repris par le compositeur[111]. Sosarme, terminé le 4 février et présenté le 15, fait au contraire salle comble, capitalisant sur une réduction importante des récitatifs qui lassent facilement le public anglais[109].
177
+
178
+ Cette année 1732 est marquée, le 23 février (jour de ses 47 ans), par la reprise du drame biblique Esther dans sa version
179
+ initiale datant de 1718, pour trois représentations privées : le succès rencontré suscite une représentation pirate qui pousse Haendel à réviser en profondeur la partition pour en faire un véritable oratorio (HWV 50b), dont la première exécution a lieu au King's Theatre à Haymarket le 2 mai 1732 et qui devient le prototype de l'oratorio anglais tel qu'il va en composer pendant le reste de sa carrière[112].
180
+
181
+ Un scénario analogue se produit la même année, avec une reprise non autorisée d'une œuvre datant de l'époque de Cannons : Acis and Galatea. Haendel riposte en composant une seconde version qui incorpore des airs de sa cantate italienne Aci, Galatea e Polifemo mais reste sourd aux appels de plusieurs de ses amis et admirateurs, parmi lesquels Aaron Hill, qui le pressent de ressusciter l'opéra en anglais délaissé depuis Purcell, tâche à laquelle plusieurs compositeurs rivaux mais moins talentueux s'attachent alors[113].
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+ Pour l'heure, Haendel prépare ce qui sera la dernière saison de la seconde Academy, et compose un de ses chefs-d'œuvre dans le domaine de l'opéra italien : Orlando, créé le 27 janvier 1733. Orlando renoue avec la veine de l'opéra « magique » qui avait fait le succès de Haendel aux débuts de son séjour en Angleterre (avec Rinaldo, Teseo et Amadigi), veine délaissée depuis de nombreuses années. L'opéra reçoit tout d'abord un accueil favorable, avec dix représentations, mais celles-ci s'arrêtent du fait de l'indisposition d'un chanteur. Le 17 mars, Haendel présente l'oratorio Deborah, pasticcio qui établit une sorte de record en matière d'emprunts à des œuvres antérieures et qui reçoit cependant un bon accueil du public. À cette époque, Haendel devient la cible de critiques tant sur le plan artistique que sur le plan politique, liées aux dissensions entre le roi — qui soutient Haendel — et son fils le prince de Galles, qui patronne la constitution d'une troupe rivale de la sienne : l'Opera of the Nobility (Opéra de la Noblesse) sera l'instrument des opposants à l'hégémonie de Haendel dans le domaine de l'opéra et débauche nombre de ses collaborateurs. Le 7 juin, Haendel achève la composition d'un nouvel oratorio en anglais, Athalia. La situation devient difficile et Senesino est bientôt congédié par Haendel[114] : c'est la fin de la seconde Academy lorsque Senesino fait un discours d'adieu au public le 9 juin. L'« Opéra de la Noblesse » organisé par le prince de Galles et quelques gentilshommes de son bord s'active à créer sa propre troupe en engageant les chanteurs de Haendel et en envoyant chercher en Italie la Cuzzoni, le célèbre castrat Farinelli et le compositeur Nicola Porpora.
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+ Se retrouvant seul, Haendel se rend en juillet à Oxford ou il reçoit un accueil enthousiaste et d'opportunes rentrées financières en y dirigeant plusieurs de ses compositions, y compris, le 10 juillet, son nouvel oratorio, Athalia, en première audition.
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+ Après son retour à Londres vers la fin de 1733, et malgré le succès de la nouvelle forme musicale de l'oratorio en anglais initiée avec Esther, Deborah et Athalia, Haendel va continuer à promouvoir l’opéra seria dont le public commence pourtant à se détourner. Il reconstitue, seul, une troupe de chanteurs avec notamment le castrat Giovanni Carestini et son ancienne prima donna Margherita Durastanti. Une rude concurrence va s'établir avec l'Opera of the Nobility dont le directeur musical est Nicola Porpora qui sera rejoint en octobre 1734 par Johann Adolph Hasse (lequel s'est tout d'abord enquis si Haendel était mort[115]...). Ce dernier ne l'est pas et ouvre la nouvelle saison avec un pasticcio, Semiramide riconosciuta sur un livret de Métastase avec des airs essentiellement de Vivaldi et ses propres récitatifs. Suivent des reprises d'anciens opéras et la création de Caio Fabricio, autre pasticcio. La concurrence s'exerce même sur des thèmes identiques : quand Porpora présente Arianna in Nasso, Haendel répond par Arianna in Creta, déjà prête depuis octobre 1733, un mois plus tard (26 janvier 1734) — les deux œuvres ont des succès analogues, avec dix-sept représentations chacune[116].
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+ La saison s'interrompt en mars du fait du mariage de la princesse Anne de Hanovre, fille de George II, avec le prince d'Orange. Haendel meuble cette pause par la présentation de la sérénade Il Parnasso in festa avant la reprise où est notamment présentée une nouvelle version d’Il pastor fido, largement revue de celle de 1712.
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+ En juillet, son ancien associé Johann Jacob Heidegger ne renouvelle pas son bail mais l'offre à la compagnie rivale : Haendel peut cependant trouver un arrangement avec une autre ancienne connaissance, John Rich dans son théâtre de Covent Garden pour terminer la saison avant d'aller en cure de repos aux thermes de Tunbridge Wells. Il ouvre la nouvelle saison avec une reprise d'Il pastor fido, cette fois précédé d'un prologue à la française, Terpsichore, qui met en scène la célèbre danseuse Marie Sallé venue de Paris.Du 12 août au 14 octobre 1734, il compose Ariodante avant de retourner à Londres pour une nouvelle saison opératique.
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+ Cette nouvelle saison est ouverte par la compagnie rivale, avec l’Artaserse de Hasse arrivé à Londres depuis peu, qui est représenté devant la famille royale le 29 octobre ; Haendel répond dès le 9 novembre par Il pastor fido dans une version remaniée avec son nouveau prologue, le ballet à la française Terpsichore ou paraissent la célèbre danseuse Mlle Sallé et sa troupe. Les difficultés financières s'estompent grâce à une nouvelle et dernière subvention royale, et au succès des publications par John Walsh de plusieurs partitions de toutes natures et parfois anciennes, incluant entre autres les concerti grossi de l'Opus 3. Ce sera ensuite la représentation du pasticcio Oreste (en), rapidement adapté de Terpsichore puis, d'une toute autre envergure, Ariodante, l'un des chefs-d'œuvre du compositeur[117] qui ne connaît pourtant qu'un modeste succès avec onze représentations. Ariodante marque les débuts de deux chanteurs prometteurs : la soprano Cecilia Young (en) et le ténor John Beard. Quelques semaines plus tard, après la première représentation à Londres d'Athalia et le départ précipité d'Angleterre de Mlle Sallé (apparue un peu trop au naturel dans Oreste...) , Haendel termine un autre chef-d'œuvre, créé le 16 avril 1635 et, celui-là, couronné de succès : Alcina connaîtra dix-huit représentations.
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+ Cependant, Carestini, brouillé avec Haendel, le quitte définitivement. La santé de ce dernier pâtit des épreuves et il retourne pendant l'été prendre les eaux à Tunbridge Wells. À son retour, la décision semble prise de ne pas rouvrir de saison lyrique. Après une pause prolongée, il compose l'ode Alexander's Feast, terminée en très peu de temps et donnée en première audition le 19 février 1736. L'interprétation inclut celle de concertos, formule qui deviendra habituelle dans la présentation des futurs oratorios en anglais : elle permet à Haendel d'exploiter sa virtuosité, à l'orgue ou au clavecin. Alexander's Feast (titre alternatif : The Power of Music), chanté en anglais majoritairement par des chanteurs anglais, remporte un très grand succès, et permet de restaurer la situation financière du compositeur : le Daily Post rapporte en effet : « On n'avait jamais vu une audience aussi nombreuse et splendide dans un théâtre de Londres »[118]. À l'occasion du mariage du prince de Galles Frédéric, le fils aîné de George II, Haendel compose l'opéra pastoral Atalanta, un des deux seuls dans ce genre avec Il pastor fido. La création a lieu le 12 mai 1736 au théâtre de Covent Garden, suivi d'un spectaculaire feu d'artifice, le tout très apprécié par le prince et les spectateurs londoniens.
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+ Pendant l'été 1736, Haendel apprend le mariage de sa nièce et filleule Johanna Friederika ; ses activités l'empêchent de se rendre à Halle pour assiter à la cérémonie mais, malgré une situation financière très délicate, il lui fait envoyer une bague de grand prix. De mi-août à fin octobre, il mène de front la composition simultanée de deux nouveaux opéras : Arminio et Giustino ; les deux sont généralement considérés comme parmi les moins bons de toute sa production, effets cumulés probables de livrets d'une grande vacuité et de la fatigue physique et mentale du compositeur.
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+ Mais celui-ci a pu reconstituer une troupe lyrique propre à contrer la présence de Farinelli dans la troupe rivale. Dès l'automne l'activité reprend, fébrile, débordante, et Haendel multiplie reprises d'anciens opéras, création des deux nouveaux - qui remportent très peu de succès - tout en achevant la compositions de Berenice qui ne fait guère mieux, et en se produisant lui-même à l'orgue dans les concertos en intermèdes pendant les oratorios. Ce surmenage insensé se répercute sur sa santé, pourtant solide : le 13 avril 1737, il se trouve paralysé du bras droit, incapable de diriger la création d'un nouveau pasticcio (Didone abbandonata). Autant que le physique, le mental est atteint[i]. Les quatre représentations de Berenice se font sans doute en son absence : le 15 juin marque la quatrième et dernière, ainsi que la dispersion de la troupe lyrique, dont les membres se séparent.
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+ Le 11 juin, l'Opera of the Nobility terminait aussi sa saison, dans d'aussi mauvaises conditions ; Farinelli et Porpora quittaient l'Angleterre pour être remplacés, à l'automne, par des musiciens beaucoup moins brillants. Quant à Haendel, après une période d'abattement, ses amis le persuadent d'aller prendre les eaux à Aix-la-Chapelle. Il y part début septembre et fait la cure avec détermination ; le voilà bientôt guéri de façon quasi-miraculeuse[j], surprenant les religieuses d'un couvent voisin par son jeu à l'orgue. Il est de retour à Londres dès la fin octobre.
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+ Dès son retour à Londres, Haendel se remet au travail ; ayant repris contact avec Heidegger, il commence à composer l'opéra Faramondo, travail bientôt interrompu : le 20 novembre, la reine Caroline meurt. Elle a connu Haendel enfant à Berlin et a été pour lui un soutien fidèle ; ce décès le touche profondément ; il compose un Funeral Anthem en son hommage, dont l'interprétation le 17 décembre 1737 lors des funérailles à l'abbaye de Westminster avec le concours de plus de cent instrumentistes et quatre-vingts chanteurs issus de plusieurs formations royales, est unanimement jugée admirable. Il termine Faramondo le 24 décembre et commence la composition de Serse deux jours après.
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+ La première de Faramondo eut lieu le 3 janvier 1738, avec de nouveaux chanteurs, parmi lesquels Élisabeth Duparc dite La Francesina et le fameux (et insupportable) castrat Gaetano Caffarelli qui vient d'arriver d'Italie. Le succès ne se fut pas au rendez-vous, avec seulement huit représentations. Il en fut de même, en février pour le pasticcio Alessandro Severo.
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+ Cependant, Haendel restait très populaire, l'assistance à ses concerts étaient nombreuse et un admirateur, Jonathan Tyers, fit réaliser une statue en marbre blanc du compositeur, par le sculpteur Roubillac, afin de la dresser dans le parc de Vauxhall Gardens (honneur sans précédent pour un artiste vivant).
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+ Le 15 avril eut lieu au Haymarket Theater la première de Serse, terminé depuis plus d'un mois. L'opéra, d'un genre hybride associant le sérieux et le comique, à l'ancienne manière vénitienne, décontenança le public et n'eut que cinq représentations, bien qu'aujourd'hui considéré comme « le dernier chef d'œuvre italien de Haendel »[120]. Employant une dernière fois Caffarelli qui allait regagner bientôt l'Italie, il terminait la dernière saison complète d'opéra du compositeur. Au mois de juillet, le projet d'une prochaine saison ayant été abandonné, il commençait la composition d'un nouvel oratorio à sujet biblique sur un livret de Charles Jennens, Saul. Il n'est pas encore question de renoncer à l'opéra italien : dès le mois de septembre, Haendel commença l'écriture d' Imeneo qu'il interrompit bientôt (il devait n'en reprendre l'écriture qu'après de nombreux mois). Mais le mois d'octobre tout entier fut occupé à la composition de l'oratorio Israel in Egypt, œuvre chorale monumentale sans exemple. Concommitamment, pour étayer sa situation financière, coup sur coup furent annoncées par John Walsh la future publication des six concertos pour orgue de l'Opus 4 et des sept sonates en trio de l'Opus 5.
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+ Le 16 janvier 1739 eut lieu au King's Theatre de Haymarket la première interprétation, en concert, de Saül, dont le succès est rapporté par plusieurs témoignages. Saül fut suivi par une reprise d’Alexander's feast puis par la présentation d’Israel in Egypt qui, en revanche, ne fut pas appréciée du public : on trouva inconvenant de mettre en musique les termes mêmes de l'Écriture Sainte, dans l'enceinte d'un théâtre qui plus est ... par ailleurs, l'excès de chœurs au détriment d'airs solistes a pu décontenancer les auditeurs. Déçu par la réception mitigée de son oratorio en anglais, Haendel fit produire un pasticcio en italien, Jupiter in Argos, aussi vite oublié qu'assemblé. La fin de l'année fut marquée par la composition de deux ouvrages beaucoup plus marquants : d'une part les douze concertos grossos de l'Opus 6, du 29 au 30 octobre, d'autre part l'Ode for St. Cecilia's Day composée en neuf jours[121] sur un texte de John Dryden dont la première représentation eut lieu le 22 novembre 1739, jour de la fête de Sainte Cécile au Theatre in Lincoln's Inn Fields de Londres.
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+ Pendant l'hiver 1740, Londres connut un froid intense au point que les théâtres durent fermer pendant quelque temps. Haendel devait pourtant présenter une nouvelle œuvre pour la nouvelle saison. Ce fut L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, ouvrage hybride d'un genre inédit, tenant de l'oratorio, de l'ode ou de la cantate dont le texte, tiré de deux poèmes de John Milton, L'Allegro et Il Penseroso, auxquels Charles Jennens ajouta, à la demande du compositeur, Il Moderato, le tout arrangé par James Harris, autre ancienne relation fréquentée depuis Cannons. La première interprétation eut lieu le 27 février 1740 au Theater in Lincoln's Inn Fields, les affiches annonçant ce concert précisaient bien que la salle serait chauffée ; cette première fut suivie de quatre autres.
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+ John Walsh le publia pendant cette année 1740, de même que les concertos grossos de l'opus 6 et un recueil de concertos pour orgue dit Second set comprenant les concertos en fa majeur (HWV 295 - The Cuckoo and the Nightingale) et en la majeur (HWV 296) ainsi que des transcriptions pour clavier de quatre concertos de l'opus 6.
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+ Il reprend cette année-là la composition d'Imeneo, travail interrompu deux ans auparavant ; l'opéra fut créé le 22 novembre au Theatre in Lincoln's Inn Fields de Londres mais ne fut donné que deux fois. Ce fut l'avant dernier essai de Haendel dans le domaine de l'opéra italien avant Deidamia terminé le 20 novembre 1740, créé le 10 janvier 1741, qui ne connut que trois représentations et qui marque l'abandon définitif de la scène lyrique par Haendel qui se consacra dès lors entièrement, sauf rare exception, à celui de l'oratorio en anglais.
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+ Après l'échec de son ultime opéra, Haendel se contenta pendant plusieurs mois de reprendre en concert des compositions antérieures, d'ailleurs non sans succès, mais le ressort semblait manquer. Pourtant, il allait composer du 22 août au 14 septembre son œuvre la plus emblématique et qui pourrait suffire à sa gloire : l'oratorio Messiah, suivi de peu par un autre chef d'œuvre, Samson, terminé le 29 octobre.
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+ Quelques jours plus tard, déférant à l'invitation de William Cavendish, 3e duc de Devonshire, alors Lord lieutenant d'Irlande, il partait de Londres pour se rendre à Dublin. Le voyage fut assez long, du fait de vents contraires au port de Holyhead et Haendel, après un séjour forcé à Chester parvint à Dublin le 18 novembre 1741, et y fut reçu avec tous les égards. Très vite, des concerts furent organisés - le tout premier au bénéfice d'une institution caritative, le Mercer's Hospital (en) - au cours desquels il put faire entendre plusieurs de ses œuvres : Te Deum d'Utrecht, L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, Acis and Galatea, l’Ode for St. Cecilia's Day, Esther, toujours fort appréciées par le public irlandais.
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+ Dorénavant, il consacra sa production lyrique à l'oratorio et écrivit coup sur coup Le Messie (en anglais Messiah, un de ses plus grands chefs-d'oeuvre), en août-septembre, et Samson en octobre[122], puis il se rendit, sur l'invitation du lord lieutenant d'Irlande, à Dublin où il séjourna pendant plusieurs mois, jusqu'en août 1742 et où ses œuvres eurent de très grands succès.
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+ De retour à Londres, il subit une seconde attaque de paralysie dont il se remit à nouveau. Il continua à composer de nombreux chefs-d'œuvre, dans le domaine de l'oratorio comme dans celui de la musique instrumentale. La Musique pour les feux d'artifice royaux (Music for the Royal Fireworks) est l'une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires. Composée en 1749 pour célébrer le traité de paix mettant fin à la guerre de Succession d'Autriche, cette musique fastueuse est emblématique de l'art de Haendel. Elle se situe dans la tradition de l'école versaillaise de Jean-Baptiste Lully, Delalande, Mouret, Philidor et en constitue comme le couronnement par son caractère grandiose et solennel particulièrement adapté à l'exécution en plein air. Les dernières œuvres furent, à nouveau, des oratorios comme Jephtha (1751), mais la santé du musicien déclinait malgré les cures thermales. Il subit de nouvelles attaques paralysantes et devint aveugle « malgré l'intervention manquée de deux célèbres praticiens de l'époque, dont John Taylor »[122]. Il continua malgré tout à s'intéresser à la vie musicale, et mourut le 14 avril 1759, jour du Samedi-Saint. Ses obsèques se déroulèrent devant 3 000 personnes. Il fut enterré à l'abbaye de Westminster, selon son désir.
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+ À la mort de Haendel, sa fortune était évaluée à 20 000 £, somme considérable pour l'époque. Ne s'étant jamais marié, n'ayant donc pas eu de descendance, c'est sa nièce demeurée en Allemagne qui hérita en grande partie de sa fortune. Néanmoins, il en légua une partie à des amis, ainsi qu'à des œuvres de bienfaisance.
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+ Sa production est très importante dans tous les genres pratiqués de son temps, et son catalogue (HWV pour Händel-Werke-Verzeichnis) comprend plus de 600 numéros, ce qui n'est pas très significatif, car :
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+ Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un ensemble considérable. Quelques œuvres particulièrement marquantes :
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+ ou 3 abril 1719[124]
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+ Entre Almira (1705) et Deidamia (1741), soit la plus grande partie de sa carrière, Haendel a composé plus de quarante opéras[k] : cette partie de son œuvre est donc prépondérante en volume et a constitué l'essentiel de son activité pendant plusieurs décennies, d'autant que nombre d'entre eux ont subi des remaniements parfois très profonds lors de reprises ultérieures. Il a également assemblé, particulièrement dans les années 1730, de nombreux pasticcios : toute cette production a été largement oubliée pendant plus de cent cinquante ans et progressivement exhumée à partir des années 1920. Au début de cette renaissance, l'esthétique du XVIIIe siècle était complètement à redécouvrir et les opéras remis en scène subissaient de nombreuses adaptations censées les mettre à la portée du spectateur : transposition des tessitures, traductions, coupures ou élimination de récitatifs. Aujourd'hui, tous les opéras de Haendel bénéficient d'une remise à l'honneur, par des représentations dans les grandes salles d'opéra et par de nombreux enregistrements dans des conditions de restitution qui cherchent plus d'authenticité. Une dizaine d'entre eux ont retrouvé leur place dans le grand répertoire, parmi lesquels il faut citer au moins Agrippina, Rinaldo, Giulio Cesare, Tamerlano, Rodelinda, Orlando, Ariodante, Alcina et Serse[125].
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+ Les opéras de Haendel se situent dans la tradition italienne du dramma per musica, mais le compositeur ne se laisse jamais enfermer dans une forme stricte, et tente maintes expériences sortant de l'alternance contraignante de recitativo secco et d’arie da capo qui caractérise si souvent l'opera seria. Il n'hésite pas, lorsque c'est nécessaire, à introduire duos, trios et même, une fois, quatuor. Il recherche la caractérisation dramatique et adapte la musique aux nécessités de celle-ci. C'est ainsi qu'il utilise, dans certains moments de particulière tension psychologique, le recitativo accompagnato : c'est par exemple César méditant devant les restes de Pompée sur les vanités de ce monde. Il innove aussi par l'introduction d'une séquence musicale qu'on a nommée « scena », succession presque rhapsodique d'aria, d'accompagnato, d'arioso, de musique instrumentale marquant souvent l'apogée dramatique de l'œuvre : ainsi des scènes de la mort de Bajazet (Tamerlano) ou de la folie de Roland (Orlando).
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+ Au cours du temps, son style évolua sans jamais rompre avec cette tradition. Ainsi, il introduisit un récitatif accompagné (par exemple dans Orlando) pour mieux renforcer l'expression d'un sentiment particulier. Parfois aussi, il terminait une aria sur la seconde partie sans reprendre au da capo mais en enchaînant immédiatement sur un récitatif.
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+ Rinaldo, premier drame lyrique italien expressément composé pour la scène londonienne en 1711 déploie une richesse et une inventivité exceptionnelles[126]. Le livret, adapté du Tasse par le directeur du théâtre, met en scène des furies, des sirènes, des parades et combats militaires sous forme de pantomimes, des dragons crachant du feu. La musique de Haendel enthousiasma tous les publics. Le chœur des sirènes du deuxième acte Il vostro maggio devint dès 1712 la marche des Life Guards. Le roi George Ier, partageant l'engouement de ses soldats, revint trois fois. Peu après, le guignol de Covent Garden donna des spectacles de marionnettes avec de nouvelles scènes imitées de l'opéra italien de Haendel[127].
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245
+ En dehors des airs de soliste, il composa aussi des duos, de rares trios et un seul quatuor. Au début, Haendel n'écrivit de parties chorales que pour la fin de l'opéra : elles y sont chantées par les protagonistes. C'est seulement en 1735 qu'il semble avoir composé un chœur autonome. La même année, il écrivit des ballets pour les opéras Alcina et Ariodante représentés à Covent Garden, car il avait alors à sa disposition un corps de ballet.
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247
+ Les ouvertures ont une structure « à la française » mise au point par Lully. Les livrets suivent très souvent la tradition vénitienne. En dépit de la grande popularité de son contemporain Pietro Metastasio — dont les livrets furent souvent mis en musique par plusieurs compositeurs successifs — il ne fit appel à cet auteur que trois fois pour ses propres opéras.
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+ Luthérien comme Jean-Sébastien Bach, Haendel a été en contact avec plusieurs traditions cultuelles chrétiennes : catholicisme en Italie, anglicanisme en Angleterre. Il s'y adaptait facilement, et son sentiment religieux ne se dément pas, pendant toute sa longue carrière.
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+ La musique religieuse de Haendel comprend quelques œuvres en allemand (Passion selon Brockes), des psaumes en latin, les pièces mises en musique sur des paroles en italien et les œuvres sur des textes en anglais.
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+ Parmi les compositions sur des textes en latin, on distingue tout particulièrement Dixit dominus, Laudate pueri, Nisi dominus et le motet Silete venti.
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+ Les premières pièces des débuts à Londres sont d'un caractère intimiste lié à la modestie des moyens d'interprétation dont disposait le compositeur : ainsi des Chandos Anthems. Les autres œuvres religieuses de la période londonienne ont été écrites en général pour la « Chapel Royal » pour des occasions particulières ou officielles. Le Te Deum et Jubilate d'Utrecht, composé pour célébrer la conclusion de la paix d'Utrecht est fortement influencé par le style de Purcell.
256
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257
+ Parmi les quatre Coronation Anthems de 1727, celui intitulé Zadok the Priest a toujours été joué, depuis le temps de Haendel, à l'occasion des cérémonies du couronnement royal, la dernière fois en 1953 pour la reine Élisabeth II.
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259
+ Haendel composa en 1737, à l'occasion des funérailles de la reine Caroline, qui avait été pour lui une amie proche, The ways of Zion do mourn. Il en réutilisa la musique, en la transformant complètement dans l'oratorio Israel in Egypt. Ce fut lui qui créa l'oratorio en anglais, forme musicale à laquelle il consacra toute la dernière partie de sa vie. Elle lui permit tout à la fois d'exprimer son sentiment religieux et de composer la musique qu'il aimait, si proche de celle de l'opéra. « Capable de se confronter à tous les genres : opéra, motet, anthem, cantate, concerto, il créa de toutes pièces l'oratorio anglais, enrichissant les modèles italiens de chœurs et de formes inédites nées d'une conception dramatique personnelle[128]. »
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261
+ Le Messie reste son œuvre la plus connue, interprétée de façon continue en Grande-Bretagne, depuis l'époque de Haendel : la tradition de se lever lorsque résonnent les premières notes du grand chœur Alléluia se perpétue depuis lors.
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+ « Il est paradoxal seulement en apparence que deux des trois oratorios [de Haendel] sur textes sacrés […] soient devenus célèbres au point de masquer le reste de son œuvre. Le texte biblique, en effet, induit un ton narratif, contemplatif ou épique, dévolu de préférence au personnage collectif du peuple de Dieu, fort différent de celui des trames dramatiques centrées sur de fortes individualités élaborées par les librettistes des autres oratorios. […]. Israël en Égypte et Le Messie étaient donc en leur temps tournés vers le futur, annonçant le goût du colossal qui prévaudra au siècle suivant ». Ce goût « si éloigné de la fusion baroque entre le religieux et le théâtral »[129].
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+ Haendel composa d'autres oratorios sur des thèmes religieux : Solomon (Salomon), Saül, Samson, Joshua (Josué), Belshazzar, Jephtha (Jephté), Judas Maccabæus (Judas Maccabée), Theodora, etc.
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+ La plupart des compositions orchestrales de Haendel font partie d'opéras et d'oratorios : il s'agit des ouvertures et des intermèdes.
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+ Parmi les œuvres indépendantes pour orchestre, on trouve les six concertos pour hautbois de l'opus 3, édités en 1734, mais d'une composition antérieure et écrits pour différentes occasions, ainsi que les douze concertos grossos de l'opus 6 de 1739, dans la tradition de Corelli, la structure étant celle de la sonate d'église, mais Haendel a son style personnel, particulièrement dans l'alternance du concertino et du tutti.
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+ Ses concertos pour orgue et orchestre n'ont pas d'exemple antérieur : il créa ce genre qui fit quelques émules (par exemple chez le français Michel Corrette). Ces concertos, avec les concertos pour un ou plusieurs clavecins de Bach, sont les premiers concertos de soliste écrits pour instruments à clavier(s). Haendel en jouait la partie soliste pendant les intermèdes de ses opéras, sur l'orgue positif dont il pouvait disposer au théâtre : il n'y a pas, en principe, de voix au pédalier (ils peuvent donc tout aussi bien être joués au clavecin).
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+ Six sonates en trio (opus 2) furent publiées en 1733, cependant leur composition s'étend sur de nombreuses années, et les premières remontent peut-être à 1703. Mais il est difficile d'avancer une datation exacte de ces sonates. Selon Jean-François Labie, qui situe leur composition avant 1710, lors du séjour de Haendel à Rome[130], elles doivent beaucoup à la musique italienne de Corelli qu'Haendel aurait étudiée avec soin. Ce sont des sonate da chiesa de forme stricte, à quatre mouvements : lent, vif, lent, vif, les solos de violons s'ouvrant tous par un mouvement lent[131]. Il faut remarquer que les solos pour violons sont techniquement plus difficiles que ceux pour flûte et hautbois quoique leur style soit identique[131].
278
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+ Sept autres sonates (opus 5) furent publiées en 1739. Elles possèdent cinq ou six mouvements, parmi lesquels des danses telles que la sarabande ou la gavotte. Ce sont donc des œuvres hybrides entre sonate et suite. De même forme sont les dix sonates solistes de l'opus 1 qui furent écrites entre 1712 et 1726 et éditées en 1732.
280
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281
+ Les compositions de Haendel pour le clavecin sont extrêmement nombreuses et ont été écrites principalement comme pièces didactiques ou de circonstance. Les plus importantes, en ce qu'elles ont été publiées sous le contrôle du compositeur lui-même, sont les huit suites HWV 426-433 de 1720 ; ceci les différencie d'un second recueil publié en 1730 à Amsterdam, sans son agrément (HWV 434-438). Toutes ces pièces ont en commun, d'une part d'avoir été composées certainement pendant sa jeunesse — mais la datation en est conjecturale — et peut-être pour certaines d'entre elles, pendant son séjour à Hambourg, d'autre part de ne guère respecter la structure traditionnelle de la suite[132].
282
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+ Du temps de Haendel, la musique de chambre comprenait aussi bien des œuvres purement instrumentales que des œuvres vocales. Nombreuses sont les cantates profanes pour petit effectif qu'il a composées : plus de soixante cantates pour soliste avec basse continue qui consistent en airs et récitatifs alternés à la façon d'Alessandro Scarlatti. Il faut y ajouter plus de dix cantates avec instruments solistes. La plupart de ces cantates profanes datent du séjour romain de Haendel, lorsqu'il fréquentait Alessandro Scarlatti, Arcangelo Corelli, Bernardo Pasquini, à l'Académie d'Arcadie. Les neuf airs allemands pour voix soliste, instruments et basse continue datent de 1709.
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+ Haendel composa vingt-et-un duos avec basse continue. Deux d'entre eux datent probablement de 1722 ; les autres ont été composés par tiers en Italie, à Hanovre ou à Londres, dans les années 1740. Leur structure diffère profondément de celle des cantates en solo, car il n'y a ni récitatif, ni aria da capo : l'accent est mis sur l'aspect contrapuntique de l'arrangement des voix. Elles suivent l'exemple de compositions similaires par Agostino Steffani.
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+ Comme beaucoup de ses contemporains, Haendel fut un compositeur extrêmement fécond. Il produisit dans à peu près tous les genres pratiqués à son époque des œuvres d'importance majeure, que ce soit en musique instrumentale ou vocale. Dans ce dernier domaine, il produisit peu d'œuvres dans sa langue allemande maternelle, mais il rivalisa, en italien, avec les spécialistes italiens de la cantate et de l'opéra et il fut, en anglais, le premier successeur et rival digne de Henry Purcell.
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+ Son style allie l'invention mélodique, la verve et la souplesse d'inspiration des Italiens, la majesté et l'amplitude des thèmes du Grand Siècle français, le sens de l'organisation et du contrepoint des Allemands.
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+ Un trait distinctif est le dynamisme qui émane de cette musique : « Haendel travaillait vite […] il composa Theodora en cinq semaines, le Messie en vingt quatre jours et Tamerlano en vingt jours »[122].
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+ L'importance de sa production va de pair, comme chez beaucoup de ses contemporains tels que Bach, Telemann, Rameau, avec une réutilisation fréquente de ses thèmes les plus réussis, qu'il n'est pas rare de retrouver parfois à l'identique dans plusieurs œuvres, éventuellement transcrits ou transposés[133]. Le même thème peut passer d'une sonate en trio à un concerto grosso, à un concerto pour orgue, à une cantate. Il n'hésitait pas, par ailleurs, à utiliser des thèmes d'autres compositeurs tels que François Couperin, Georg Muffat, Johann Kuhnau, Johann Kaspar Kerll entre autres. Cette pratique courante à cette époque était également utilisée par Bach.« Comme de coutume à son époque […] il ne fut pas créateur de formes ni de genres, mais il reprit ceux légués par ses prédécesseurs en les élargissant considérablement tant sur le plan structural qu'expressif, en les portant à un degré de perfection et d'universalité inconnu avant lui[134]. » Multiples versions des mêmes œuvres, sources contradictoires, pillage par d'autres musiciens, éditions pirates faites sans l'aval et la révision du compositeur, rendent difficile le travail du musicologue ; surtout lorsque la quantité des pièces qui ressortent d'une catégorie (cantates Italiennes, pièces isolées pour le clavecin…) est si importante. Seuls sept recueils de pièces instrumentales portent un numéro d'opus.
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+ Bien que maîtrisant parfaitement le contrepoint, ses avancées en ce domaine ne sont en rien comparables à celles de Johann Sebastian Bach. Usant de la langue de son temps, comme lui, Haendel se montre moins révolutionnaire qu'évolutionnaire[122].
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+ En fait, si les deux hommes, exacts contemporains issus de la même région d'Allemagne, représentent ensemble un apogée de la musique baroque européenne, ils divergent radicalement sur de nombreux points : Bach, marié deux fois, engendra plus de vingt enfants, dont quatre musiciens doués, quand Haendel vécut célibataire jusqu'à la mort ; le cantor de Leipzig ne quitta quasi jamais sa région d'origine, pendant qu'Haendel sillonnait l'Europe ; Bach était chez lui dans la musique religieuse (oratorios, messes, motets et cantates...), alors que Haendel composait surtout de la musique profane (ses très nombreux opéras même si lui aussi composa largement de la musique religieuse). Bach resta relativement ignoré de son vivant et presque oublié quelque temps (ses fils assurèrent malgré tout la survie de son œuvre et sa diffusion, au moins au niveau régional) : « Bach ne devait pas avoir d'héritier musical direct. Sa synthèse ne pouvait intervenir qu'entre 1700 et 1750. L'évolution de l'esthétique musicale la rendait impossible ultérieurement, et, déjà à la fin de sa vie, Bach se trouva incompris et « dépassé » aux yeux de ses contemporains[134] », alors que Haendel connut les plus grands succès, avant et après sa disparition, ce que l'on peut expliquer par le style, très différent, entre les deux génies. Bach conservant une grande métrique dans ses œuvres, tandis qu'Haendel accordait une plus grande part à l'imagination et à la mélodie. Parti pris qui survivra et dominera largement la période de la musique romantique, jusqu'à nos jours où, de manière générale, on considère que la plus grande part de l'écriture et de l'interprétation musicales doivent être consacrées à l'émotion.
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+ Ces deux grands musiciens se connaissaient par leur musique et leur réputation respectives ; ils faisaient tous deux partie de la même société savante et avaient de nombreuses relations communes. Il faut certainement interpréter le fait que Haendel ne se soit jamais dérangé pour rencontrer Bach – alors qu'il hésitait si peu à voyager et à rencontrer tous ses collègues – soit par le sentiment de ne pas être à la hauteur, soit par celui de leur incommunicabilité réciproque.
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+ De son vivant, Haendel connut un important succès en Italie et en Grande-Bretagne, mais aussi en France, où certaines de ses œuvres instrumentales ont été entendues au Concert Spirituel.
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+ Après sa mort, ses opéras tombèrent dans l'oubli, tandis que sa musique sacrée continuait de rencontrer un certain succès, surtout en Grande-Bretagne. Cela s'est traduit notamment par la permanence du compositeur, formant ce que les musicologues appellent le développement du classicisme. Haendel faisait partie des compositeurs interprétés dans les Concerts of Ancient Music.
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305
+ Beethoven de son côté admirait Haendel : « C'est le plus grand compositeur qui ait jamais existé ; je voudrais m'agenouiller sur sa tombe[122]. » Il étudia Haendel durant sa dernière période créatrice et, quelque temps avant sa mort, se fit offrir une édition complète de ses œuvres et projetait d'écrire des oratorios dans le style de celui-ci. L'ouverture La Consécration de la maison (1822), contemporaine de la Neuvième symphonie, fut une tentative du genre.
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+ Brahms a composé 25 variations et une fugue sur un thème de Haendel.
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+ Au XIXe siècle, Haendel fut surtout apprécié pour son œuvre religieuse tant en France qu'en Grande-Bretagne. À Paris, Choron contribua pour beaucoup à le mettre à l'affiche des concerts[135]. L'œuvre de Haendel est particulièrement appréciée parce qu'elle met en valeur les chœurs professionnels et les chorales d'amateurs, d'où la célébrité de l’Alléluia du Messie. Ses compositions tels les concertos pour orgue, Music for the Royal Fireworks et Water Music sont souvent interprétés à l'occasion de concerts dans la Chapelle du château de Versailles[136].
310
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311
+ À partir des années 1960, le reste de son œuvre est redécouvert, en particulier ses opéras. Haendel bénéficia pleinement du renouveau récent de l'intérêt pour la musique baroque. Plusieurs de ses opéras sont à nouveau montés et enregistrés. Dès lors, la musique instrumentale (solistique et chambristique) et la musique vocale profane de Haendel sortent également de l'oubli et il devient l'un des compositeurs les plus joués au monde sur les scènes lyriques[l],[137].
312
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+ Haendel a été représenté par de nombreux peintres et sculpteurs : Balthasar Denner, William Hogarth, Thomas Hudson, Louis François Roubillac, ainsi que par Joseph Goupy, qui fut l'un de ses peintres scénographes[138], Jules Salmson, Georges Gimel.
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+ « Haendel est notre maître à tous. »
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+ — Joseph Haydn[122]
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+ « Je suis en train de me faire une collection des fugues de Haendel. »
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+ — Wolfgang Amadeus Mozart[122]
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+ « Voici la Vérité ! »
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+ — Ludwig van Beethoven, montrant l'édition complète des œuvres de Haendel qu'il venait de recevoir.
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+ « Haendel est le plus grand, le plus solide compositeur ; de lui, je puis encore apprendre ! »
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+ — Ludwig van Beethoven
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+ « Je voudrais m'agenouiller sur sa tombe. »
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+ — Ludwig van Beethoven[122]
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+ « Les odes et autres poésies de circonstances plus médiocres les unes que les autres vont pleuvoir de partout dans les mois qui suivent la mort du musicien. Les recenser n'est guère utile. Elles n'ont d'intérêt que dans la mesure où elles permettent de sentir ce que le nom de Haendel avait fini par représenter pour les Anglais. Seul le silence convient quand se tait la grande voix qui a si souvent et si bien chanté Amen et Alléluia. »
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+ — Jean-François Labie[139]
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+ « Israël en Égypte est mon idéal de l'œuvre chorale. »
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+ — Robert Schumann.
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+ « Haendel est grand comme le monde. »
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+ — Franz Liszt[122]
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+ Le Hallelujah du Messie a été utilisé par Luis Buñuel dans son film Viridiana (1961), lors de la fameuse scène du banquet des mendiants, parodie de la cène. Il a aussi été utilisé dans une version jazz par Quincy Jones dans l'ouverture du film Bob and Carol and Ted and Alice (1969) du réalisateur Paul Mazursky.
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349
+ La Sarabande de Haendel est largement utilisée comme thème principal de la musique du film de Stanley Kubrick, Barry Lyndon (1975), souvent comme accompagnatrice voire annonciatrice de malheurs sur le parcours du héros (Oscar de la meilleure musique de film 1976).
350
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+ Hayao Miyazaki et Joe Hisaishi l'utilisèrent également lors d'un moment crucial de Nausicaä de la vallée du vent (1984), lorsque l'héroïne atteint un statut quasi-messianique.
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+ Dans Les Liaisons dangereuses (1988) de Stephen Frears, adaptation cinématographique du célèbre roman épistolaire éponyme de Pierre Choderlos de Laclos, on entend le « Ombra mai fù » de l'opéra Serse ainsi qu'un extrait du Concerto pour orgue no 13, HWV 295.
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+ L'air « Lascia ch'io pianga » tiré de Rinaldo a été utilisé au moins trois fois dans le cinéma : dans Farinelli de Gérard Corbiau (1994) dans lequel Haendel est interprété par Jeroen Krabbé, Everything is fine de Bo Widerberg (1997) et Antichrist de Lars von Trier (2009).
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+ En astronomie, sont nommés en son honneur (3826) Handel, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes[140], et Handel, un cratère de la planète Mercure[141].
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+ Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία, Hagía Sophía, qui signifie « sagesse de Dieu », « sagesse divine », nom repris en turc sous la forme Ayasofya) est un grand lieu de culte à Istanbul. À l'origine une basilique chrétienne de Constantinople, elle construite dans un premier temps au IVe siècle, puis reconstruite bien plus grande au VIe siècle, sous l'empereur byzantin Justinien, où elle acquit sa forme actuelle. Ayant remplacé Sainte-Irène comme siège du patriarche de Constantinople, elle devint mosquée au XVe siècle sous Mehmet II. Elle est située sur le côté ouest du Bosphore. De 1934 à 2020, elle n'a plus été un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, « sagesse de Dieu », selon la tradition théologique chrétienne. La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.
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+ En 2018, c'était le deuxième musée le plus visité de Turquie avec 2 890 873 visiteurs[1].
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+ Le 10 juillet 2020, un décret du Conseil d'État turc décide de sa réouverture au culte musulman comme mosquée.
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+ Le 24 juillet 2020, jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, la première prière musulmane y est célébrée depuis sa reconversion en mosquée en présence du président Recep Tayyip Erdogan.[2]
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+ Sainte-Sophie est consacrée à la « Sagesse Divine » (Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía) identifiée à Jésus-Christ et non à une sainte humaine[3].
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+ Sur le site de Sainte-Sophie se trouvait une église commandée par l'empereur Constantin en 325[4]. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara[5]. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360[6]. C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία (Megálē Ekklēsíā, « la Grande Église »). On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois. Au début du Ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404[7].
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+ Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II. Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours. Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
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+ Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.
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+ Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la sagesse divine.
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23
+ Justinien choisit comme architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an. Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style qui connaît une certaine diversité de conceptions et de plans, est aujourd'hui qualifié de « byzantin ». Cette architecture byzantine a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments (Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis).
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25
+ L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Le roi mérovingien de Paris, Childebert Ier († 558), répondant à une ambassade envoyée par Justinien, fit expédier à Constantinople du marbre noir de Moulis (Couserans) pour la décoration de la Grande Église[8]. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
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27
+ La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé. Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier[9]. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II (565-578).
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+ Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, neveu d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m[10].
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+ Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du VIe siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
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33
+ Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
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+ En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période iconoclaste, durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée. Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile (829-842), très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
36
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+ En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe de Constantinople commémore tous les 26 octobre le « jour du grand et effrayant tremblement de terre »[11].
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39
+ L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
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+ Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme[12]. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
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+ Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae (Livre des Cérémonies), l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-919) donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.
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+ Au cours du sac de Constantinople, en 1204, durant la quatrième croisade, l'église fut pillée par les croisés. L'historien byzantin Nicétas Choniatès décrit ainsi la destruction de l'autel pour en récupérer les matières précieuses. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint le siège du patriarche latin de Constantinople. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, l'un des chefs de la croisade, fut enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
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+ L'église subit deux séismes en 1231 et 1237[13]. Selon certains auteurs, les arcs-boutants du côté ouest (et éventuellement d'autres aujourd'hui englobés dans d'autres structures) auraient été ajoutés au cours de la période latine[14]. Le premier patriarche latin, Thomas Morosini (en), orna l'autel de colonnes de marbres prélevées dans une autre église[15].
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+ Les Byzantins reprirent la ville en 1261. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astraes et Peralta.
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+ En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya[16], comme symbole de la conquête. Contrairement au sort d'une grande majorité d'édifices chrétiens, soumis aux pillages intensifs des troupes du sultan, Sainte-Sophie fut épargnée sur ordre de Mehmed II, qui lui attachait une grande importance[17]. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pedro Tafur[18] et le Florentin Cristoforo Buondelmonti[19]. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II[20]. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres[20]. Le sultan suivant, Bajazet II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.
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+ Au XVIe siècle, le sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II (1566-1577), le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577. Les mausolées de Mourad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
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+ D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar (estrade pour les sermons) décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Mourad III (1574-1595) plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame. Le sultan Mahmoud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa (une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée), une soupe populaire (pour la distribution aux pauvres), une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles (Şadirvan), transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
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+ La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati. Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées. Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Les Fossati ajoutèrent un minbar (chaire) et les huit panneaux circulaires de 7,5 mètres de diamètre qui furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi (en) (1801-1877)[21]. En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée. À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.
58
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59
+ En 1918, les Ottomans, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie[22]. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931[23]. En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour « l'offrir à l'humanité », il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée. Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation « incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental »[22].
60
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+ En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes[24] portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk[22].
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+ En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste. Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
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+ Sainte-Sophie a souffert de séismes en 553, 557, 558, 865, 869, 986, 1344, 1346, 1462, 1500, 1509, 1719, 1754, 1766, 1894 et 1999, aussi est-elle équipée de capteurs sismiques depuis 1991 dont les informations sont transmises en temps réel à des chercheurs de l'université du Bosphore. Elle fait également l'objet d'une simulation par ordinateur pour prédire son comportement en cas de séisme majeur[25].
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+ Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en matière de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour. Les restaurateurs tentent de conserver les deux expressions artistiques et religieuses.
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+ En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un parti islamiste et nationaliste font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine. En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée[22].
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+ En 2014, l’USCIRF (United States Commission on International Religious Freedom (en)) condamne les tentatives du Parlement turc de modifier le statut de Sainte-Sophie et de transformer ce musée en mosquée. Dans une déclaration rendue publique à l’époque, l’USCIRF écrit :
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+ « faire d’Hagia Sophia une mosquée serait clairement un geste provocateur et de division. Le message qui serait perçu est que le gouvernement actuel n’a que peu ou aucune considération pour la sensibilité des communautés religieuses minoritaires turques, en particulier son ancienne communauté chrétienne[26]. »
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+ Le ministère grec des Affaires étrangères réagit par une déclaration écrite : « l’obsession proche du sectarisme, de pratiquer des rites musulmans dans un monument du patrimoine culturel mondial est incompréhensible et révèle un manque de respect et de lien avec la réalité. » Le ministère a ajouté que de telles pratiques étaient en contradiction avec les valeurs des sociétés modernes, démocratiques et laïques[27].
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+ Durant la campagne des élections municipales turques de 2019, le 27 mars, le président Recep Tayyip Erdogan déclare que « le temps est venu » de faire de Sainte-Sophie une mosquée à la place du musée actuel. « Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine » commente Le Monde. Erdogan affirme que cela serait une demande du peuple turc et annonce attendre la fin des élections avant de prendre sa décision sur le statut de Sainte-Sophie après les élections[28].
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+ Le 2 juillet 2020, la Cour suprême de Turquie donne son feu vert au changement du statut de Sainte-Sophie[29].
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+ Le 10 juillet 2020, le décret de transformation de Sainte-Sophie en mosquée est publié[30], suscitant de nombreuses condamnations au niveau international. Ainsi, de nombreux États et organisations internationales font part de leurs protestations ou inquiétudes concernant le changement de statut, dont la France[31], la Grèce, les États-Unis[32], la Russie[33], l'Union européenne[34] ou encore l'UNESCO[35].
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+ Si les autorités turques transforment l'édifice en mosquée, cela constituera une menace pour toute « civilisation chrétienne », ainsi que pour la « spiritualité » et l'« histoire » de la Russie, s'alarme le patriarche de l'Église orthodoxe russe Cyrille. Il a ajouté que cela « blesserait profondément le peuple russe », qui, « aujourd'hui comme hier, accueille avec amertume et indignation toute tentative d'humilier ou de fouler aux pieds le patrimoine spirituel millénaire de l'Église constantinopolitaine »[36],[37].
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+ Sainte-Sophie est le monument le plus important de l'architecture byzantine. Sa somptueuse décoration intérieure de marbre couvrant tous les sols et les murs, ses mosaïques à fond d'or couvrant autrefois toutes les voûtes et coupoles (aujourd'hui en grande partie couvertes sous les enduits ou disparues), ses colonnes monumentales en diverses roches précieuses, son plan complexe et original mais cohérent, sa couverture en coupole et demi-couples qui semble suspendue dans les airs, ses nombreux étages de fenêtres distribuant abondamment la lumière dans tout l'édifice, et surtout l'immensité du volume intérieur qui a pu être dégagé, sont d'une immense valeur autant technique qu'artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
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+ La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales paléochrétiennes dérivées de l'Antiquité tardive romaine, et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine, qui marquera profondément tout le Moyen Âge qu'elle inaugure d'un point de vue architectural. Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais aussi tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman, et elle est restée un modèle insurpassé et admiré durant des siècles.
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+ Le bâtiment principal de la basilique (sans les annexes ni la galerie du narthex), forme un espace rectangulaire de 77 mètres de longueur sur 71 mètres de largeur au sol[38].
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+ Le plan et la structure interne sont complexes, mais ils répondent à une logique d'ensemble qui aboutit à une grande unité de l'espace. Il s'agit de la synthèse de deux sortes de plans traditionnels de l'architecture byzantine, très différents et a priori inconciliables: le plan basilical, en longueur avec une nef bordée de colonnades, éclairée latéralement par des fenêtres hautes, et menant à une abside, et le plan centré dominé par une grande coupole au milieu de l'édifice entourée d'absides et d'absidioles.
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+ Ici la « nef » principale, très large, est constituée par le carré central, qui mesure 100 pieds byzantins de côté (un peu plus de 32 mètres), couvert par la coupole sur pendentifs, auquel s'ajoutent deux très larges absides (de la même largeur que le carré central et la coupole) sur deux côtés opposés, couvertes par des demi-coupoles et mesurant 50 pieds byzantins de profondeur. Ces deux absides sont chacune élargies sur leurs côtés par deux grandes absidioles, également couvertes par des demi-coupoles plus petites.
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+ On obtient ainsi au total une nef environ deux fois plus longue que large. Les deux autres côtés du carré central sont bordés par les colonnades (ouvrant sur des bas-côtés très larges), surmontées par un second niveau de colonnades moins hautes (donnant sur les tribunes, qui sont tout aussi vastes), qui supportent elles-mêmes de hauts murs demi-circulaires qui ferment ces deux côtés vis-à-vis de l’extérieur et qui sont percés par deux étages de fenêtres hautes, le tout formant ainsi une très haute nef basilicale éclairée latéralement.
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+ Cela est permis parce que ces murs ne sont pas porteurs, la coupole repose en effet uniquement sur quatre gros piliers grâce à la technique des pendentifs qui permet de libérer entièrement les quatre côtés du carré central. Au-delà des quatre énormes piliers, ces colonnades se poursuivent dans les absidioles latérales des deux grandes absides, puisque ces absidioles sont chacune portées en leur centre par deux colonnes, en porphyre rouge afin qu'elles soient plus visibles. Les quatre gros piliers s’insèrent donc dans les longues colonnades latérales ainsi formées, ils sont décorés de fausses colonnes de porphyre ou de marbre vert selon les côtés, intégrées au décor de placage, pour simuler symboliquement la continuité des colonnades à travers ces piliers, ils se trouvent ainsi comme camouflés dans les lignes générales de la nef, leur aspect est du moins considérablement allégé.
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+ Les colonnes monumentales de la basilique, de diverses tailles et formes selon leur fonction, sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles auraient été transportées depuis les temples de Baalbek. Les chapiteaux en marbre blanc sont très délicatement sculptés de feuilles d'acanthe et donnent l'impression d'être creux, ils sont typiquement byzantins, dérivés des ordres corinthien et ionique.
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+ La coupole semble à première vue ne reposer sur aucun appui solide, et parait flotter en apesanteur au-dessus d'une galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres, qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m. Son diamètre maximal est un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome. À l'intérieur, elle culmine à 55,60 m au-dessus du sol. Elle reste de loin la plus grande coupole maçonnée d’Istanbul, et ses dimensions ne furent jamais dépassées pendant près d'un millénaire d'architecture byzantine dans le bassin méditerranéen, ni plus tard par l'architecture ottomane.
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+ La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, qui permettent de la suspendre sur quatre piliers au-dessus de l'espace central dont le plan au sol est carré, sans nécessiter de mur porteur sur les côtés du carré. Cette solution était déjà appliquée par les architectes romains pour des constructions de moindre ampleur. Elle est connue sous les noms de « rachat du plan carré » ou « rachat de l'octogone », et devient classique dans les constructions byzantines et postérieures.
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+ Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles. Ils sont contrebutés par deux immenses demi-coupoles, à l'est (abside qui donne sur la bêma) et à l'ouest (celle qui donne sur l'entrée du bâtiment), mais les côtés nord et sud ne sont pas contrebutés. Les grands arcs des pendentifs y sont seulement fermés par de hauts murs légers et ajourés qui reposent sur deux niveaux de colonnes. Il en résulte un déséquilibre des forces de poussée. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connu tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts et arches adossés sur les côtés nord et sud, qui ont fortement altéré son aspect extérieur.
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+ Les architectes byzantins puis ottomans ont montré que le contrebutement équilibré, soit par un plan octogonal supportant mieux les forces verticales (basilique Saint-Vital de Ravenne), soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye), soit encore par un plan centré assumé avec des demi-coupoles sur les quatre côtés (mosquée bleue) ou d'autres coupoles sur pendentifs (église des Saints-Apôtres de Constantinople), apporte à ce problème une solution simple et définitive. Mais les architectes de Sainte-Sophie ont fait un choix de hardiesse architecturale, ils tenaient visiblement à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, formant un volume principal intérieur plus unitaire et monumental, pour être visible d'un seul coup d’œil depuis l'entrée, avec des tribunes et des fenêtres latérales, chose qu'un plan centré cruciforme ne permet pas.
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+ Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie, et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
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+ Certains éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre et colonnes sont des réemplois provenant de ruines antiques.
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+ Les deux grandes jarres de marbre (ou d'onyx) appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Mourad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la « belle porte » (Güzel Kapı), provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.
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+ Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
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+ Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.
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+ La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.
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+ La loge de l'impératrice est située dans le centre d'une galerie supérieure au-dessus de la galerie de narthex. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies avec une vue d’ensemble sur l'intérieur de la basilique. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice.
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+ La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.
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+ À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles, c'est du moins l'état dans lequel le monument nous est parvenu, après de nombreuses réfections. Le revêtement externe actuel jaune et rouge a été ajouté par l'architecte suisse Gaspare Fossati au cours de sa restauration de la basilique au XIXe siècle.
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+ À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur comportait surtout des placages de marbre sur la plupart des murs, dont il subsiste une bonne partie, et des mosaïques à fond d'or sur toutes les voûtes, beaucoup moins préservées. Beaucoup de ces décorations représentaient des motifs abstraits ou végétaux, peuplés d'oiseaux et autres animaux. Mais on trouvait déjà en ce temps-là de nombreuses mosaïques figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
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+ Les écoinçons des arcades du premier niveau regardant vers le vaisseau central, sont décorés d'une dentelle de feuilles d'acanthe entrelacées, sculptées en relief dans le marbre blanc. C'est un motif assez similaire à ceux des chapiteaux typiquement byzantins des colonnes qui portent ces arcades. Au-dessus, les écoinçons des arcades de la galerie supérieure sont, quant à eux, revêtus de marqueteries de marbre (opus sectile), représentant des motifs végétaux en plaquettes de marbre blanc découpées avec précision, incluses dans un fond de marbre noir, avec quelques disques de porphyre qui ne manquent pas de rappeler les opus sectile de l'Antiquité romaine. Les intrados de ces arcades supérieures sont d��corés de mosaïques à fond d'or représentant des rinceaux de vigne. Ces décorations sont d'origine, de la période justinienne, et constituent un témoin de la richesse décorative de cette époque.
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+ Décoration des arcades inférieures regardant vers le vaisseau central : entrelacs de feuilles d'acanthe délicatement sculptées dans le marbre blanc, c'est un motif assorti à ceux des chapiteaux byzantins qui portent les arcades.
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+ Les arcades du niveau supérieur, du côté regardant vers le vaisseau central, ont conservé leur riche décor de marqueteries de marbre (opus sectile) et leurs mosaïques à rinceaux de vigne en dessous.
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+ Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique.
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+ Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques. La totalité des voûtes et coupoles, et certains murs, étaient couverts de mosaïques à fond d'or. Elles figuraient la Vierge Marie, Jésus, les saints, des anges, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs végétaux et géométriques dans un style purement décoratif.
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+ La crise iconoclaste dans les années 726 à 843, a vu la destruction de la quasi totalité des mosaïques de la période primitive dans les églises de Constantinople, dont Sainte-Sophie, ce sont surtout les mosaïques figuratives qui étaient les plus visées. Il est de nos jours très difficile d'imaginer la richesse décorative et picturale inouïe qu'elles pouvaient représenter. Pour observer des ensembles de mosaïques byzantines de la période primitive, il faut de nos jours se reporter dans les églises de la ville de Ravenne, comme à la basilique Saint-Vital, même si les mosaïques de Sainte-Sophie devaient être un peu différentes. Les mosaïques détruites ont été peu à peu remplacées par d'autres, mais le style évolua fortement au fil des siècles et ne retrouva pas la richesse ornementale des premiers temps.
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+ Après la période iconoclaste, une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries. Les plus anciennes mosaïques figuratives aujourd'hui visibles dans la basilique sont celles de l'abside (celle qui abritait l'autel), représentant la vierge à l'enfant (la Théotokos) sur la demi-coupole, et les archanges Gabriel et Michel sur l'arche de la bêma[40].
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+ En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés latins pillèrent les grands édifices byzantins de la ville, y compris Sainte-Sophie.
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+ À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le XVIIe siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
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+ En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux. Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice. Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
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+ Les archives des Fossati (conservées aux archives cantonales de Bellinzona en Suisse)[41] sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, recouvertes de plâtre ou peut-être détruites par le violent tremblement de terre de 1894. Parmi celles-ci figuraient une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une « porte des Pauvres » non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église. La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans.
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+ Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
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+ D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. L'empereur représenté avec un halo (ou nimbe) pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert[42]. On peut lire sur le livre : « EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY ». « La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde. » (Jean 20:19; 20:26; 8:12). Les deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'Annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.
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+ Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge Marie est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. À droite se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : « KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEYC », « Constantin, le grand basileus (roi) parmi les saints ». À gauche se tient l'empereur Justinien, offrant Sainte-Sophie avec, au-dessus de lui, l'inscription : « IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC », « Justinien, le basileus (roi) digne d'être chanté ». Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes « MP » et « ΘY », abréviation de « MHTHP ΘEOY », « Mère de Dieu ».
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+ La mosaïque de la Théotokos (la Vierge à l'Enfant) est la première mosaïque de la période post-iconoclaste. Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du VIe siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle. Les portraits des archanges Gabriel et Michel (en grande partie détruits), sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.
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+ La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage. Elle représente l'empereur Alexandre III (« AΛEΞANΔPOC »), dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe (ou globus cruciger) dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture[43].
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+ Cette mosaïque de la galerie sud date du XIe siècle. Le Christ pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes « IC » et « XC », pour « IHCOYC XPICTOC » (Iēsous Khristos). Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω ΠICTOC BACIΛEYC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu ». L'inscription du côté de l'empereur dit : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque ». L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : « ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Zoé, la très pieuse Auguste ». Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.
162
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+ La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie (« MP ΘY ») est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène (« IΩ(ANNHC) EN X(PICT)Ω TΩ Θ(E)Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAI(ΩN) O KOMNHNOC » « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène ») est représenté dans un costume brodé de pierreries.
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165
+ Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie (« EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Irène, la très pieuse Auguste ») se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène (« AΛEΞIOC EN X(PICT)Ω ΠI(CTOC) BACIΛEYC PΩMAI(ΩN) » « Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains ») est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.
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+ La mosaïque de la déisis (grec Δέησις : « supplication ») date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens de la fin des XIIIe – XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie (« MP ΘΥ ») et saint Jean le Baptiste (« O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC » : saint Jean Prodromos), tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator (« IC XC ») pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.
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+ Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome (« IΩANNHC O XPYCOCTOMOC ») et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune (« IΓNATIOC O NEOC ») debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.
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+ Mosaïque du tympan nord : saint Jean Chrysostome.
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+ Mosaïques du tympan nord, selon le relevé de Fossati.
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+ Mosaïque du tympan nord : le patriarche Ignace de Constantinople.
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+ Datation des mosaïques entre parenthèse.
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+ L'empereur Constantin IX (détail, vers 1020)
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+ La Vierge à l'Enfant, entre l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène (vers 1118)
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+ Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure.
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+ L'impératrice Irène (vers 1118)
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+ L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville de Constantinople en 330 (vers 1000, entrée sud-ouest)
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+ Portrait du coempereur Alexis Comnène, fils de Jean II Comnène et d'Irène (vers 1122)
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+
191
+ Christ pantocrator et l'empereur Léon VI (886-912) (fin du IXe siècle)
192
+
193
+ Christ pantocrator.
194
+
195
+ Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, (IXe siècle)
196
+
197
+ Jean le Baptiste (XIIe siècle)
198
+
199
+ Petite photo montrant les caractéristiques ottomanes sur la façade qui ont été enlevées plus tard (1880).
200
+
201
+ Vue depuis le square Sultanahmet.
202
+
203
+ Vue de l'abside par Sinan.
204
+
205
+ Vue de nuit.
206
+
207
+ Allah (الله, à droite)Mahomet (محمّد, à gauche)
208
+
209
+ Abu Bakr (أبو بكر)
210
+
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+ Omar (عمر)
212
+
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+ Othman (عثمان)
214
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215
+ Ali (علي)
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+ Hussein (حسين, à droite)Hassan (حسن, à gauche)
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+ La haine est un sentiment personnel de détestation, d'hostilité ou d'exécration très forte à l'égard de quelque chose ou de quelqu'un[1]. Elle peut conduire à des comportements ou des actes malveillants, voire à commettre des assassinats.
2
+
3
+ Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset définit la nature de la haine :
4
+
5
+ « Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale. »
6
+ Il précise ses modalités : « La haine sécrète un suc virulent et corrosif. […] La haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence[2]. »
7
+
8
+ La psychanalyste Marie-Claude Defores considère la haine comme une force délibérément déstructurante et déshumanisante, arme principale de la perversion : « Il est important de distinguer l'agressivité, qui est une pulsion de vie, de la haine, qui est une force de dépersonnalisation… La haine peut prendre les formes les plus socialisées ; elle refuse le nouveau, tourne vers le passé, produit la répétition et dépersonnalise[3]. »
9
+
10
+ Allant dans le même sens, Heitor de Macedo affirme :
11
+
12
+ « La haine n'attrape pas la vérité, elle l'enserre à l'intérieur d'une pensée immobile où plus rien n'est transformable, où tout est pour toujours immuable : le haineux navigue dans un univers de certitudes[4]. »
13
+
14
+ Pour le psychanalyste Pierre Delaunay, « celui qui hait dénie toute existence à l'objet de sa haine ; au point de la supprimer si elle se manifeste moindrement. […] Il pétrifie l'autre en sorte qu'il n'existe que très peu et, si ce n'est pas suffisant, il le tue. L'existence de l'autre, il n'en veut rien savoir[5]. »
15
+
16
+ Saverio Tomasella confirme l'ensemble de ces constats cliniques. Il relie la haine au fantasme, notamment aux fantasmes sociaux de « normalité ». La haine est un puissant moteur de « réussite sociale » et de prise de pouvoir, à l'œuvre autant dans les entreprises, que dans les institutions religieuses et les partis politiques. « L'un des principaux leviers de la haine concerne la condamnation sans appel, comme une assignation d’identité. L'accusation qui annule l’autre sous-entend : je sais qui tu es ; je dis que tu ne vaux rien, tu ne vaux rien. » Le discours haineux tue ; il n’est pas une parole mais un acte destructeur[6].
17
+
18
+ Pour les psychanalystes Marie-Claude Defores et Yvan Piedimonte, la haine s'impose de façon déguisée :
19
+
20
+ « Elle ne peut être perçue qu’à partir de l’impact de son intention sur l’âme résonnant dans l’intériorité sous forme de sensations et d’images comme le froid, le figé, l’immobilisation, la pétrification, ce qu’illustre le rêve. La haine, monde de la négation de l’âme, exclut ce qui en est son expression, le sentiment, et empêche la manifestation de ses qualités : mobilité, chaleur et liberté[7]. »
21
+
22
+ À ce titre, il est possible de définir la haine comme la négation radicale d'une personne. Elle correspond à l'intention de détruire l'autre, en l'attaquant dans son être et son humanité.
23
+
24
+ Un prétexte fréquent donné à la haine est d'accuser la partie adverse d'en être elle-même animée. En tant qu'accusation, elle est en ce sens un outil de manipulation des masses. Orwell en donne un exemple avec le personnage de Goldstein dans 1984, que le régime utilise pour dériver vers un autre objet que lui le mécontentement de sa population.
25
+
26
+ L'amour est fréquemment proposé, comme l'antagoniste de la haine, mais peuvent être apparentés :
27
+
28
+ « La littérature psychologique a souvent conduit à la création de dualités qui ferment la pensée et bloquent les potentialités de transformation. Ainsi, l'ambivalence très courante entre les mouvements tendres et les mouvements hostiles envers une personne a été réduite à l'opposition factice entre amour et haine. Pourtant, la force créatrice et lumineuse de l'amour humain, au-delà des pulsions sexuelles, est une réalité d'un tout autre registre que les attaques destructrices et sournoises de la haine. L'amour et la haine ne peuvent pas être opposées : elles n'appartiennent pas au même domaine existentiel[8]. »
29
+
30
+ Plus précisément, la compassion serait l'antagoniste de la haine, par l'universalité intrinsèque de sa nature : la compassion, en s'adressant à tout humain, serait l'opposé de la haine, négation de l'humain. Quant au contraire de l'amour, C.G. Jung postule qu'il s'agit de la soif de pouvoir, donc plus largement de la perversion. Selon Stendhal, comme Calvin, le contraire de l'amour n'est ni la haine ni la soif de pouvoir mais l'indifférence.
31
+
32
+ « L’arme de la perversion est le mensonge. » Le mensonge est « cet acte qui prend la forme de la négation : il est dénié, c’est le déni du déni ; il est le bras armé de la haine. […] Ce déni est un acte abstrait, efficace, né de la fiction. Il oppose à la réalité vivante et pleine d’énergie une non-réalité sans énergie comme de l’antimatière, qui agissant par obstacle, empêche le déploiement de la vie[9]. »
33
+
34
+ La haine est souvent confondue avec la rage, qui est une réaction vitale à une situation éprouvante, découlant des injonctions de l'entourage ou des obligations dictées par l'environnement.
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+ La « haine de soi » est une expression utilisée par certains juifs, à défaut de pouvoir utiliser celui d'antisémite, pour désigner d'autres Juifs qui expriment un rejet ou un aversion, voire simplement une position critique, à l'égard du judaïsme, de la culture juive, ou des aspirations politiques juives[10]. C'est ainsi que Paul Giniewski a sous titré sa biographie critique de la philosophe Simone Weil « ou la haine de soi »[11].
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+ République d’Haïti
2
+
3
+ (ht) Repiblik Dayiti
4
+
5
+ 18° 32′ 21″ N, 72° 20′ 11″ O
6
+
7
+ UTC -5 (été -4)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Haïti, en forme longue République d’Haïti, (en créole haïtien : Ayiti, ou Repiblik Dayiti) est un pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île d'Hispaniola (soit 27 750 km2 environ), les deux tiers orientaux étant occupés par la République dominicaine. Sa capitale est Port-au-Prince et son point culminant est le pic la Selle (2 680 mètres d’altitude).
12
+
13
+ La défaite de l'armée du général de Rochambeau lors de la bataille de Vertières[5] en 1803 est à l’origine de la création de la république d’Haïti, qui devient en 1804 la première République noire indépendante du monde. Haïti est aussi le seul territoire francophone indépendant des Caraïbes.
14
+
15
+ Après avoir été une des premières destinations des Caraïbes dans les années 1950 à 1970 et avoir manqué la transition démocratique après la chute des Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc », et son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc »), Haïti, surnommée « la Perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, fait l'expérience d'une démocratie renaissante et tente de s’organiser et de se reconstruire après le violent séisme du 12 janvier 2010[6],[7].
16
+
17
+ Haïti est membre observateur et invité permanent de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA). En 2015, selon l'OMS, l'espérance de vie d'un Haïtien est de 63 ans (62 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes).
18
+
19
+ En plus de son hymne national, La Dessalinienne, Haïti fait également usage de deux autres hymnes : Quand nos Aïeux brisèrent leurs entraves (ou Hymne présidentiel) et Fière Haïti (ou Hymne à la jeunesse).
20
+
21
+ Chez les Taïnos, Ayiti signifierait, selon les versions, « terre des hautes montagnes »[8] ou « la montagne dans la mer »[9], ou « âpre terre »[10].
22
+
23
+ Lorsque les flibustiers français — qui ont d'abord envahi l'île de la Tortue au nord — migrent vers la partie occidentale de l'île d'Hispaniola, ils francisent en Saint-Domingue le nom de Santo Domingo, qui est celui de la capitale de l'île fondée par les Espagnols au sud-est de celle-ci.
24
+
25
+ De 1630 à 1664, ce nom reste informel jusqu'à ce que Colbert incorpore la « colonie de Saint-Domingue » à la Compagnie française des Indes occidentales. Le nom de Saint-Domingue sera confirmé par les traités de Ryswick (1697) et de Bâle (1795) pour désigner la partie occidentale (pars occidentalis) qui, durant cette période coloniale française, est aussi surnommée la « perle des Antilles ».
26
+
27
+ Le 1er janvier 1804, en déclarant l'indépendance du pays, Dessalines lui redonne le nom taïno d'origine, « Haïti », en honneur à ce peuple amérindien[11].
28
+
29
+ En créole haïtien, le pays est appelé Ayiti.
30
+
31
+ Situé à 87 km à l'est-sud-est de Cuba et frontalier de la République dominicaine, le territoire d'Haïti est principalement constitué par la partie occidentale de l'île d'Haïti que l'on nomme également « Terre haute ou montagneuse », à laquelle vient s'ajouter un certain nombre d'autres îles et archipels tels que :
32
+
33
+ L'île de la Navasse est considérée comme étant une des îles mineures éloignées des États-Unis, mais est néanmoins revendiquée par Haïti.
34
+
35
+ Le relief de la « Terre montagneuse » est généralement constitué de montagnes escarpées avec de petites plaines côtières et des vallées. Comme pour l'île entière, celui de la république d'Haïti est formé de deux bandes montagneuses principales séparée par la plaine du Cul-de-Sac : l'une au Nord, où s'élèvent la chaîne du Haut-Piton, le massif des Montagnes Noires et la chaîne des Matheux ; l'autre au sud, constituée par le massif du pic la Selle et le massif de la Hotte.
36
+
37
+ Malgré la déforestation à grande échelle sur l'ensemble du territoire national, Haïti possède encore des zones boisées qui s'étendent sur le pays voisin qu'est la République dominicaine. Ainsi ces deux États partagent la forêt de pins de l'île d'Hispaniola qui couvre encore une partie du massif du pic la Selle et du massif de la Hotte.
38
+
39
+ La partie centrale et l'est forment un grand plateau d'altitude. Le principal fleuve haïtien est l'Artibonite.
40
+
41
+ Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans une zone sismique active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et la plaque caraïbe au sud, rendent le pays particulièrement vulnérable aux tremblements de terre. Celui du 12 janvier 2010, se révéla être le plus grand séisme jamais enregistré dans ce pays, dévastant notamment la région de la capitale Port-au-Prince, faisant plus de 300 000 morts, et des millions de sans abris.
42
+
43
+ En 1925, 60 % des forêts originelles d'Haïti étaient déjà détruites, chiffre qui atteint aujourd'hui 70 à 80 %[12], à la fois pour se procurer du bois de feu et pour créer des surfaces agricoles. En outre, l'érosion due à la déforestation a causé des inondations périodiques, comme le 17 septembre 2004, lorsque la tempête tropicale Jeanne a tué plus de 3 000 personnes et détruit des routes, en particulier dans la ville des Gonaïves.
44
+
45
+ Dès 1926, apparaissent les premières lois de protection. D’autres espaces seront progressivement ajoutés, notamment en 1969 et en 2013. En 1974, est créé le Parc de la Visite et celui de Macaya.
46
+
47
+ décret
48
+
49
+ Le climat est tropical. La saison des pluies s'étend d'avril à juin puis d'octobre à novembre. La saison des ouragans s’étend du mois de juin jusqu’à la fin du mois de novembre. En octobre 2016, l'ouragan Matthew a fait plus de 1 000 morts[14]. Dans l'intérieur du pays, le climat devient rapidement de plus en plus aride du fait de la déforestation.
50
+
51
+ Les précipitations baissent depuis 1980, mais elles deviennent de plus en plus brutales avec des inondations, causées par une terre durcie, qui devient rapidement boueuse. Pendant les périodes estivales, dans l'intérieur des terres, le thermomètre peut rapidement dépasser les 40 °C, mais sur la côte, l'influence des courants marins nuance la température de 30 °C à 35 °C. La pluie et la chaleur provoquent une grande érosion des sols causant régulièrement des glissements de terrains ou des éboulements qui souvent peuvent être meurtriers.
52
+
53
+ En Haïti, il existe des espèces endémiques de papillons telles qu’Abaeis nicippiformis (es)[15], de fleurs (orchidées…) et autres propres à l'île. Les gros reptiles sont représentés par le crocodile américain (Crocodylus acutus).
54
+
55
+ En 1790, la population de la colonie, alors nommée Saint-Domingue, s’élevait à environ 500 000 personnes dont 38 360 Européens, 433 270 Africains ayant le statut d’esclave et 28 370 hommes de couleur libres. Haïti a même été qualifié de petit « bout d'Afrique »[16].
56
+
57
+ Dans les années 1880, elle comprenait environ 570 000 habitants.
58
+
59
+ La population d'Haïti est estimée à 11 911 819 habitants en 2018[17] dont environ 52 % vivent en milieu urbain[18]. La grande majorité de la population est de religion chrétienne[19]. Haïti est le deuxième pays le plus peuplé des Caraïbes, juste derrière Cuba.
60
+
61
+ La plus grande agglomération est la capitale Port-au-Prince avec près de 2 300 000 habitants (est. 2009), suivie du Cap-Haïtien avec 250 000 habitants environ.
62
+
63
+ 80 à 85 % de la population haïtienne est d'ascendance africaine tandis que les 15 à 20 % restants sont issus de métissage (la plus grande proportion se trouvant dans le sud de l'île) ou sont d'origine européenne (française, italienne, allemande, polonaise, portugaise, espagnole). Une proportion de population d'origine arabe, arménienne, juive ou encore indienne (de l'Inde) et asiatique est aussi constatée.
64
+
65
+ Haïti possède deux langues officielles :
66
+
67
+ Quasiment tous les Haïtiens parlent le créole comme leur première langue tandis qu'une minorité d'entre eux, soit 40 %, maîtrise le français appris au cours de leur scolarité ou qu'ils peuvent entendre à la radio et à la télévision et lire dans la presse[22].
68
+
69
+ Haïti fait partie de la francophonie et est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis sa création. Haïti est également membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
70
+
71
+ Sur le plan international, l’entrée d’Haïti à l’Union panaméricaine, l'actuelle OEA (Organisation des États américains), a permis au français de devenir l'une des langues officielles de travail de cet organisme ; et lors de la conférence de Bretton Woods, où l'utilisation du français comme langue de travail à l'Organisation des Nations unies naissante ne fut décidée que par une voix de majorité, Haïti avait voté en faveur de cette décision[23].
72
+
73
+ Haïti fut membre fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la création de celle-ci le 20 mars 1970.
74
+
75
+ Dans chaque chef-lieu de département, il existe un centre de l'Alliance française. Dans la plupart des cas, les locaux sont offerts par la municipalité et des bénévoles haïtiens collaborent au rayonnement culturel de l'Alliance.
76
+
77
+ Malgré une influence croissante de l’anglais découlant de la proximité géographique avec les États-Unis, le français reste en Haïti une langue vivante et très utilisée.
78
+
79
+ En décembre 2010, Max Jean-Louis, jeune Haïtien alors âgé de 20 ans, est élu administrateur du Centre de la francophonie des Amériques, situé à Québec[24].
80
+
81
+ Les maires des villes haïtiennes de Cap-Haïtien, Pétion-Ville, Carrefour et Port-au-Prince sont membres de l'Association internationale des maires francophones[25],[26].
82
+
83
+ En 2013, l'écrivain haïtien Dany Laferrière est élu au premier tour à l'Académie française. L'auteur de nombreux succès, Laferrière a notamment commencé sa carrière littéraire par le roman Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer.
84
+
85
+ Enfin, on peut aussi noter la présence de l'Institut français en Haïti, qui veille également au rayonnement de la langue française dans le pays[27].
86
+
87
+ En raison de la diaspora haïtienne installée en République dominicaine, aux États-Unis (notamment à Miami et à New York) et aussi de la forte présence passée de Brésiliens (MINUSTAH et missionnaires) dans le pays, un certain nombre d'Haïtiens savent s'exprimer couramment en espagnol, en anglais ou en portugais.
88
+
89
+ Une autre partie de cette diaspora s'est dirigée vers les pays ou régions francophones comme la France et les départements français d'Amérique, le Canada (au Québec et notamment à Montréal), la Belgique et la Suisse. Récemment, des dizaines de milliers d'Haïtiens se sont installés au Chili et au Brésil.
90
+
91
+ Selon le CIA World factbook[3], la distribution des religions est la suivante :
92
+
93
+ Le vodou (vaudou), religion originaire du Bénin et apportée par les esclaves noirs sur l’Île, a été reconnu officiellement comme religion en 2003 sous l'administration du président Jean-Bertrand Aristide[28]. De nombreux Haïtiens pratiquent le vodou tout en se déclarant d'une autre religion, principalement le catholicisme.
94
+
95
+ Les peuples de culture arawak, caraïbe et taïno occupent l’île avant l’arrivée des Espagnols. Christophe Colomb, débarquant le 5 décembre 1492, la nomme Hispaniola, alors que les indigènes la nommaient de trois façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio. On estime qu’environ 100 000 indigènes peuplaient l’île d'Hispaniola à la fin du XVe siècle.
96
+
97
+ Les Espagnols exploitent l’île pour son or. Les Amérindiens refusant de travailler dans les mines sont massacrés et réduits en esclavage ; les rares personnes qui réussissent à s’échapper trouvent refuge dans les montagnes et sont marginalisées et fortement paupérisées. Les maladies infectieuses arrivées avec les Européens font des ravages. Les mauvais traitements, la dénutrition et la baisse de natalité font le reste : la population indigène est exterminée en quelques décennies.
98
+
99
+ Les Espagnols font alors venir d’Afrique des esclaves noirs déportés. En 1517, Charles Quint autorise la traite des esclaves, qu’il interdira dès la décennie suivante, mais sans succès, pas plus qu’ensuite le pape Paul III.
100
+
101
+ La partie ouest d’Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les colons espagnols, qui la laissent vide. Des boucaniers français s’y installent, malgré plusieurs expéditions militaires espagnoles. Au XVIIe siècle, sous l’autorité du cardinal de Richelieu, l’installation française s’institutionnalise. L’île de la Tortue, au nord-ouest d’Hispaniola, devient le siège de la flibuste. Ces aventuriers gagnent peu à peu la « Grande terre » : en 1654, ils créent la première ville de la future Saint-Domingue : Petit-Goâve. Le premier gouverneur de la colonie est Bertrand d’Ogeron, nommé en 1665. Sachant se faire accepter des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de Français qui s’engagent à travailler trois ans avant de devenir propriétaires de terres (on les appelait les « 36 mois ») et celle de « filles à marier »[29]. Il favorise la plantation de tabac. Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers peu portée à accepter l’autorité royale jusqu’aux années 1660. Bertrand d’Ogeron attire aussi des colons de Martinique et de Guadeloupe.
102
+
103
+ Mais en 1670-1690 intervient la crise du tabac et un grand nombre de places sont abandonnées. Les rangs de la flibuste grossissent, les pillages, comme ceux de Vera Cruz en 1683 ou de Campêche en 1686, se multiplient et Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l’ordre en prenant un grand nombre de mesures. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676. Il encourage la création de plantations d’indigo et de canne à sucre. Le premier moulin à sucre est créé en 1685. Enfin, il réglemente l'esclavage en préparant le Code noir (qui sera promulgué en 1685, après sa mort). Avant l'adoption de ce code l'esclavage était théoriquement interdit mais largement pratiqué dans la réalité. L'ensemble de ces actions permet l'essor économique de la colonie.
104
+
105
+ À la suite du traité de Ryswick de 1697 et à l'accession au trône d'Espagne d'un petit-fils de Louis XIV, les Espagnols renoncent à contester la souveraineté de la France sur le tiers occidental de l'île. La France officialise le nom de Saint-Domingue, pour cette partie. C’est alors que viennent de France de nombreux colons qui développent les plantations ou travaillent dans celles-ci. De 1713 à 1787, 30 000 Français viennent grossir le nombre des colons présents dans la partie ouest de l’île.
106
+
107
+ Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers jusqu’aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane, où ils s’installent dans des Postes établis par la France et administrés par des militaires.
108
+
109
+ Vers 1790, Saint-Domingue est la colonie française la plus riche d'Amérique grâce aux profits immenses de l'industrie sucrière et de celle de l’indigo générés par le travail des esclaves. Des dizaines de milliers d'Africains avaient été amenés chaque année comme esclaves pour faire fonctionner ces industries (dans les années 1780, ils sont déportés dans la colonie au rythme de 36 000 par an pour remplacer leurs prédécesseurs morts à la tâche[30][source insuffisante]) ; leur sort est juridiquement encadré par le Code noir, mais, dans les faits, ils subissent des traitements souvent pires que ceux dudit code. Leur nombre (400 000) est dix fois plus élevé que celui des Blancs, avec une centaine de milliers d'Africains amenés à Saint-Domingue pendant les 10 ans précédant la Révolution française[31].
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+ Avant la Révolution une Société des amis des Noirs est créée en France en 1788, elle se donne pour objectif d'obtenir l'abolition de l'esclavage. La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux dans les petites Antilles comme à Saint-Domingue. De nombreux députés français réclament l'abolition comme l'abbé Grégoire. S'ensuit une révolte des esclaves qui aboutit en 1793 à l’abolition de l'esclavage par les commissaires civils Sonthonax et Polverel, décision avalisée et généralisée à l’ensemble des colonies françaises par la Convention six mois plus tard (première abolition de l'esclavage le 16 pluviôse an II, donc le 4 février 1794). Les députés français étaient occupés jusqu'en 1794 par la révolte des Vendéens, des girondins et par la défense et la reconquête du territoire français. La grande majorité des non-esclaves ayant fui la colonie, soient-ils Européens ou gens de couleur, les plantations et habitations du pays sont collectivisées par le gouvernement provisionnel et mises sous le contrôle des cultivateurs[31].
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+ Toussaint Louverture, nommé gouverneur général à vie de Saint-Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chasse les Espagnols et les Anglais qui menaçaient la colonie. La promulgation d’une constitution autonomiste lui permet de développer la cohésion des citoyens de l'île. L'abolition ayant entraîné le ralliement à l'Angleterre des autres colonies française, Napoléon Bonaparte, sous l’influence des Créoles (Français — et Espagnols — nés sur l’une des îles des Antilles, plus tard en Louisiane aussi) et des négociants, décide de rétablir l'esclavage. Il envoie une expédition de 30 000 hommes sous les ordres de son beau-frère, le général Leclerc, avec pour mission de démettre Louverture et rétablir l'esclavage. Aux États-Unis, les riches planteurs prennent peur et contribuent à financer l’expédition pour mater ce qu'ils perçoivent comme une révolte d'esclaves[32]. Mais, après quelques victoires, l’arrestation (faux rendez-vous diplomatique, avec promesse de Bonaparte de sauf-conduit, non respectée[33]) et la déportation de Toussaint Louverture, arrêté le 7 juin 1802, les troupes françaises commandées par Donatien de Rochambeau, décimées par la fièvre jaune, sont battues à la bataille de Vertières par Jean-Jacques Dessalines, qui avait rejoint l'insurrection.
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+ Au terme d’une double bataille, la Déclaration d’indépendance[34] du pays est proclamée le 1er janvier 1804. Le nom d'Haïti (ancien nom de l'île du temps des Indiens Caraïbes) est donné au pays. Haïti est le premier pays au monde issu d'une révolte d'esclaves.
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+ Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes. L’histoire rapporte qu’il exécuta la plupart des quelque 10 000 Blancs restés sur l’île et gouverna en despote. Il est assassiné à son tour le 17 octobre 1806 par des mulâtres. Le pays se divise alors en deux : un royaume au nord, commandé par le roi Henri Christophe, et une république au sud, dirigée par le mulâtre Alexandre Pétion.
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+ Le président Pétion initie des négociations pour la reconnaissance d’Haïti en 1814. Elles durent jusqu’en 1824. Le 11 juillet 1825, le roi de France Charles X promulgue une ordonnance reconnaissant l’indépendance du pays contre une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée par Louis-Philippe Ier en 1838 à 90 millions de francs). Les efforts d’Haïti pour payer l’indemnité entraveront significativement son développement[35]. En 1822, le président Jean-Pierre Boyer réunifie les deux parties nord et sud et conquiert la partie est de l'île, colonie espagnole. Le 27 février 1844, malgré les attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine se déclare à nouveau indépendante ; l'occupation de la partie espagnole de l'île d'Hispaniola pendant ces 22 années par les Haïtiens — qui y commettent exactions et abus de pouvoir à répétition — a ainsi laissé un fort mauvais souvenir aux Dominicains.
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+ Une longue succession de coups d’État suit le départ de Jean-Pierre Boyer. Le président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846 la mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, bannie par ses prédécesseurs. Le pouvoir ne cesse d’être contesté par des factions de l’armée, les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée majoritairement d’étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais). Le pays s’appauvrit, peu de chefs d’État se préoccupent de son développement. Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues par les candidats à la succession.
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+ En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République : il transforme le pays en empire d'Haïti le 25 août 1849 et devient Faustin Ier. Despote, il fuit le pays à la suite d'un soulèvement populaire en 1859.
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+ Depuis 1906, le pays est dans le champ d'application de la « diplomatie du dollar » et le département d’État fait pression en 1910-1911 sur Port-au-Prince pour assurer l'entrée de la Citibank dans le capital de la Banque nationale. Depuis, la National City Bank s’emploie à conquérir de l'intérieur l'institution tout en essayant d'acculer les gouvernements haïtiens, endettés, à accepter le contrôle des douanes. En décembre 1914, des troupes américaines s’emparent de fonds publics contenus dans la banque et les transfèrent aux États-Unis, malgré les protestations haïtiennes contre un « acte de piraterie internationale »[36].
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+ Le vice-président de la Banque nationale, Roger L. Farnham, définit le plan qui sera adopté par le département d’État. Il s'agit, à la faveur d'une occupation militaire, de contrôler l’ensemble de l’administration et ainsi de favoriser les intérêts économiques américains dans le pays. En dépit d'une forte pénétration par les capitaux américains de l’économie haïtienne (chemins de fer, transports urbains, électricité, etc.), la Constitution refusait aux étrangers le droit de propriété immobilière, les tenant éloignés de nombreux secteurs (sucre, café, coton, tabac, bois, etc.)[36].
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+ En dehors des interférences américaines, le pays est en état d’insurrection quasi permanente. De 1910 à 1915, cinq présidents se succèdent, situation qui culmine dans l'exécution de 167 prisonniers politiques le 27 juillet 1915, suivie d'une révolte populaire qui renverse le gouvernement et met à mort le président Vilbrun Guillaume Sam. Cette révolution, menée par Rosalvo Bobo, qui s'opposait notamment au rapprochement du pays avec les États-Unis, ne plait pas à ces derniers mais la décision d'envahir Haïti était déjà prise avant le renversement de Vilbrun Guillaume Sam[36].
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+ Décidant d'intervenir par la force, les États-Unis, dont des soldats étaient présents sur l'île depuis 1914[37], envahissent le pays et établissent par un traité leur domination militaire, commerciale et financière. Une nouvelle Constitution est écrite par les États-Unis et instaurée en 1918. L'instauration du travail forcé et le racisme des Marines favorisent les recrutements par la résistance nationaliste, dirigée par Charlemagne Péralte, qui comprend 5 000 combattants permanents et 15 000 irréguliers. La zone de la guérilla concerne essentiellement le Nord et le Nord-Est du pays[36].
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+ Après de multiples combats aux abords de certaines grandes villes, les rebelles donnent l'assaut à la capitale, Port-au-Prince, le 7 octobre 1919. Les forces d'occupation américaines peuvent compter sur leur avantage matériel : utilisation de mitrailleuses, avions de reconnaissance, missions de patrouilles et de mitraillage par des hydravions. La liberté de circulation à l'intérieur du pays est supprimée par l'occupant avec l'instauration de passeports intérieurs, et, surtout, la répression frappe régulièrement la population civile, au point que le commandement général des Marines reconnaisse la réalité de « tueries sans discrimination » dans les campagnes de contre-insurrection. Des paysans sont internés dans des camps de concentration sous prétexte de nécessité militaire de regroupement. En trois ans, 5 500 paysans y seraient morts[36].
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+ Charlemagne Péralte est assassiné le 1er novembre 1919, un espion ayant conduit les Marines jusqu'à lui. Benoît Batraville reprend le commandement et parvient à maintenir l'activité de la guérilla, mais est tué au combat le 18 mai 1920. Après la mort de ses chefs, démoralisée, la guérilla s'éteint progressivement. L'occupation prend fin en 1934[36].
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+ Après la fin de l'occupation, l’instabilité politique (entre militaires mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s’achève qu’à partir de 1957 avec l'élection de Duvalier, dont le régime, basé sur le principe du pouvoir au plus grand nombre, durera jusqu’en 1986.
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+ Partisan de la lutte contre les mulâtres qui contrôlent l'armée et qui ont précédemment renversé le noiriste Dumarsais Estimé, François Duvalier (surnommé « Papa Doc » pour son passé de médecin de campagne) assied son pouvoir personnel grâce à la délation et alimente la terreur à l’aide de ses partisans, surnommés Tontons Macoutes, véritables escadrons de la mort. Mettant en place un culte de la personnalité, il s'autoproclame président à vie en 1967 et meurt de maladie en 1971 après avoir désigné son fils Jean-Claude comme héritier. Ce dernier deviendra alors le plus jeune président du monde[38] et sera surnommé « Baby Doc ». La dictature de la dynastie Duvalier est responsable de nombreuses tueries, de massacres d’opposants et de civils, tel celui de la ville de Jérémie (connu sous le nom « Vêpres jérémiennes ») en 1964. Elle pousse de nombreux Haïtiens à s'exiler, notamment aux États-Unis et au Canada, où certains, partisans du pouvoir aux plus capables et qui avaient jusque-là monopolisé le pouvoir politique et militaire, se posent en victimes du régime.
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+ En 1986, après avoir répondu par la violence à une suite de manifestations, Jean-Claude Duvalier démissionne et s'exile en France sous la pression du peuple et des États-Unis. Il laisse le pouvoir aux six membres du Conseil national de gouvernement (en) qu'il a formé, et qui est mené par le commandant en chef des armées Henri Namphy. Le régime des Duvalier laisse environ 50 000 morts et le pays ruiné : pour la seule période allant de janvier 1983 à février 1986, Jean-Claude Duvalier et neuf de ses proches avaient détourné à leur profit 120 575 000 dollars dans les caisses des entreprises publiques et de l’État haïtien[35]. En 1988, un tribunal de Miami reconnu que Jean-Claude Duvalier avait « détourné plus de 504 millions de dollars d’argent public »[39].
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+ Après la chute de la dictature, les créditeurs du pays insistèrent pour que les Haïtiens honorent la dette contractée par les Duvalier, estimée à 844 millions de dollars et dont une grande partie était due à des institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La légalité de ces remboursements, alors qu’une grande partie de cette dette n'a pas été dépensée en Haïti mais détournée par les responsables du régime, a été contestée par certaines hommes politiques et observateurs. Cephas Lumina, l’expert indépendant des Nations-Unies sur la dette extérieure, a soutenu que « le cas d’Haïti est l’un des exemples les plus frappants de dette odieuse dans le monde. Rien que pour cette raison, la dette devrait être annulée sans conditions »[39].
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+ Des élections générales sont organisées pour novembre 1987 mais sont annulées après des tirs de militaires et d'anciens Tontons Macoutes sur des dizaines de civils le jour du vote. Elles sont suivies par des élections en janvier 1988 qui voient Leslie Manigat et son Rassemblement des démocrates nationaux progressistes l’emporter. Toutefois, le gouvernement est renversé en juin par un coup d’État militaire mené par le général Namphy, qui est lui-même démis du pouvoir par un second coup d'État militaire en septembre, mené par le général Prosper Avril, qui avait du quitter le Conseil national de gouvernement après des manifestations populaires protestant contre sa proximité avec les Duvalier. Ce second coup d’État fait suite au massacre de St-Jean-Bosco le 11 septembre, par des hommes non identifiés mais considérés généralement comme d'anciens Macoutes. Des dizaines de fidèles sont ainsi tués dans l'église catholique de St-Jean-Bosco à Port-au-Prince, la paroisse de l'influent prêtre Jean-Bertrand Aristide (qui survit à l'attentat), un des critiques les plus notoires de la famille Duvalier. Ce massacre, qui dure trois heures, est suivi selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme de déclarations à la télévision nationale de participants à l'attentat, qui menacent de commettre à nouveau de tels actes, montrant ainsi la proximité du pouvoir en place avec les ex-Macoutes[40]. Le gouvernement militaire d'Avril se maintient en place jusqu'en mars 1990.
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+ Malgré la fuite de Duvalier, ses ex-Macoutes et paramilitaires continuent de mener des opérations punitives contre des journalistes et militants politiques. Entre 1986 et 1990, plus de mille cinq cents personnes sont assassinées par ces groupes[35].
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+ Les élections législatives et présidentielle de décembre 1990 se déroulent de façon régulière et en présence d'observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand Aristide, partisan d'une plus grande justice sociale et proche du courant de la théologie de la libération, est élu à la présidence avec 66, 7 % des voix[41]. Cette consultation marquée par une forte participation, a été boycottée par les duvaliéristes[42]. Ceux-ci considèrent que l'élection de J.-B. Aristide a été un « coup d'État électoral ». En janvier 1991, Roger Lafontant, ancien chef des tontons macoutes, tente de renverser le gouvernement mais les soldats loyalistes parviennent à obtenir sa reddition. Le mandat d'Aristide débute le 7 février 1991, mais un coup d’État sanglant mené par Raoul Cédras et des militaires (soutenus par l'oligarchie marchande) l'oblige en septembre à s’exiler aux États-Unis. Pendant trois ans, les milices (que d'aucuns estiment soutenues par les États-Unis[43],[44],[45]) intimident la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient constitué la base de la résistance aux Duvalier et l’appui à l’élection d'Aristide. La plus importante de ces forces paramilitaires, le FRAPH, avait été fondée par un supposé agent de la CIA Emmanuel Constant[46],[47]. La dictature laisse environ quatre mille morts[48].
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+ En octobre 1994, Aristide est rétabli au pouvoir par l'administration de Bill Clinton, lors de l’opération « Rétablir la démocratie »[49] à la condition de renoncer à récupérer les années perdues lors de l’intermède militaire et de se plier à un programme néolibéral[50],[51],[52], surnommé « plan de la mort » par une partie des Haïtiens[53]. Il s’agissait en partie du programme[54] de son opposant lors des dernières élections, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, Marc Bazin[55]. Son retour fut par ailleurs marqué par le démantèlement de l'armée, corrompue, prévaricatrice et vecteur d'instabilité politique.
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+ Aristide quitte la présidence en 1996 et René Préval lui succède. Malgré son appartenance à Lavalas, le parti d'Aristide, il n'est soutenu que du bout des lèvres par l'ancien président. Il applique immédiatement le plan américain[56], ce qui provoque un véritable tollé dans l'île.
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+ Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l’ONU[57]. Des inondations provoquent la mort de 2 000 personnes en mai 2004. En septembre de la même année, une tempête tropicale laisse derrière elle 2 200 morts et disparus et quelque 300 000 sinistrés[41].
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+ Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale, plus particulièrement par la France (avec l'intervention de Régis Debray et Véronique de Villepin-Albanel) et les États-Unis, Aristide est obligé, lors de la révolte populaire du 29 février 2004, de quitter le pays avec un commando des forces spéciales des États-Unis[58]. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.
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+ En mars 2004, les résultats d'une commission d'enquête sur Haïti, dirigée par l'ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient participé à la fourniture d'armes et à la formation des rebelles haïtiens dans ce pays ». La commission a constaté que 200 soldats des forces spéciales américaines avaient été envoyés en République dominicaine pour participer à des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président dominicain Hipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière, précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient régulièrement des attaques contre les installations de l'État haïtien »[59].
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+ En février 2006, à la suite d'élections marquées par des incertitudes sur le décompte des bulletins de vote, et grâce à l'appui de manifestations populaires, René Préval est élu.
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+ Du 14 mai 2011 au 6 février 2016, Michel Martelly est président de la République. Durant son mandat, il décide de récréer l'armée haïtienne.
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+ La corruption, déjà importante, devient plus visible sous sa présidence. Le scandale PetroCaribe en est emblématique : des hommes d'affaires et hommes politiques proches du pouvoir détournent à leur profit une grande partie de l'aide économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l’amélioration des services publics[60].
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+ À la fin de son mandat, aucun successeur n'est élu et un gouvernement provisoire lui succède.
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+ En novembre 2016, Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle avec 54 % des voix.
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+ Dès le mois de mai 2017, des milliers d’ouvriers employés par les industries textiles des zones franches prennent régulièrement la rue pour demander une hausse du salaire minimum, alors fixé à 300 gourdes (4 euros) par jour, mais leurs revendications restent ignorées. Les mobilisations sont renforcées en septembre par d'autres secteurs de la population en protestation contre le vote du budget de l’État. Celui-ci prévoit une hausse supplémentaire de taxes affectant l’ensemble de la population. En revanche, les tarifs douaniers qui s’appliquent au riz, par exemple (passés de 35 % à 3 % en 1994), n’évoluent pas, condamnant Haïti à la dépendance : 80 % du riz consommé sur place est importé, dans un marché contrôlé par une poignée d’importateurs richissismes. La libéralisation de l'économique est accentuée afin d'attirer les investissements étrangers, alors que l’environnement, la santé et l’éducation restent délaissés[60].
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+ En février 2019, une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu’à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même provoquent d'importantes manifestations contre le gouvernement[61].
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+ La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur général de l’Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : « Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu’elles ont pris l’allure d’une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l’île à l’état de néo-colonie[62]. Du 15 septembre à début octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuées et près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet 2018 par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux »[62].
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+ Entre août et septembre 2008, quatre cyclones (« Hanna », « Ike », « Fay » et « Gustave ») frappent le pays[61]. Bien que la contribution d’Haïti au changement climatique soit négligeable (les émissions de CO2 par habitant représentent, en 2010, 1 % de celles des États-Unis), le pays est l'un des plus exposés aux conséquences[39].
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+ Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l’échelle de Richter frappe l’Ouest d’Haïti et notamment sa capitale, Port-au-Prince. Le foyer (ou l'hypocentre) du séisme a été localisé à 10 km de profondeur. Ce violent tremblement de terre est survenu à 16 h 53 (16 h 53 min 10,4 s), heure locale. Il est suivi de plus d’une centaine de répliques. Il s'agit du séisme le plus important et le plus meurtrier de l’histoire d’Haïti, allant jusqu'à désorganiser totalement le fonctionnement de l’État, à l’image de l’effondrement de plusieurs bâtiments publics comme le palais présidentiel qui entraîna la mort de plusieurs cadres du gouvernement. Le président Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive y échappent de peu. De plus, des milliers de détenus alors incarcérés à la prison de Port-au-Prince se sont échappés, à la suite de l’effondrement de celle-ci, fragilisant encore plus une situation sécuritaire déjà précaire.
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+ La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut également dévastée par l’écroulement de son quartier général à Port-au-Prince : plus de 150 Casques bleus dont le chef de mission Hédi Annabi et son adjoint sont morts. Le bilan de ce cataclysme sismique s’élève, au 24 février 2010, à plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-abris. Mais le général Ken Keen, qui dirige la force spéciale américaine en Haïti, a évoqué celui de 150 000 à 200 000 morts comme « hypothèse de travail ». Barack Obama parle « de la plus grande catastrophe humanitaire qu’aient eu à gérer les États-Unis d'Amérique ». Les États-Unis y ont dépêché sur place 16 000 militaires, l’Union européenne 1 500[63].
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+ Étant donné qu’il sera impossible de déblayer tous les gravats à courte échéance, les autorités haïtiennes envisagent de reconstruire plusieurs quartiers de Port-au-Prince aux alentours de la capitale haïtienne.
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+ Le 20 janvier 2010, à six heures (heure locale), une réplique de magnitude 6,1 sur l’échelle de Richter, ressentie à soixante kilomètres à l’ouest de la capitale en ruine, frappe à nouveau le pays.
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+ Le 22 janvier 2010, un effort « mondial » (mobilisant notamment le Canada, les États-Unis et la France) est consenti afin de recueillir plus d’un milliard de dollars dans un fonds d’aide.
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+ Le 16 février 2010, le coût de reconstruction de la capitale haïtienne et de ses environs est estimé entre huit et quatorze milliards de dollars. En septembre 2010, l'ONU indique que Haïti n'a reçu que 20 % de l'aide économique internationale promise[61].
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+ En octobre 2010, dans des circonstances peu claires, une épidémie de choléra a éclaté. Elle a démarré le long d'un affluent du fleuve Artibonite[64], la rivière Meye, et a rapidement atteint toutes les zones en aval le long de l'Artibonite ; un rapport amène à penser que la souche microbienne aurait été importée lors de l'arrivée de soldats népalais de l'ONU[65].
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+ En décembre 2011, le ministère haïtien de la Santé et de la Population dénombrait plus de 6 500 morts dues à cette épidémie de choléra. Alors que l'épidémie n'avait pas encore été arrêtée, à la mi-mai 2012, ce même ministère décomptait plus de 540 000 cas de contagions parmi lesquels 7 000 décès[66].
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+ Après avoir balayé les Caraïbes, fait quatre morts en République dominicaine et poussé à l'évacuation plusieurs milliers d'habitants, le dangereux cyclone Matthew s'abattait sur la presqu'île du Sud faisant de nombreux morts et causant d'importants dégâts matériels dans la nuit du 3 au 4 octobre 2016.
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+ Matthew a frappé Haïti mardi à 7 h 0 avec des vents atteignant 230 km/h, détruisant des dizaines de maisons et menaçant notamment quatre millions d’enfants dans un pays totalement démuni déjà fragilisé par le séisme dévastateur de 2010.
198
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+ Selon un bilan partiel des autorités, 372 morts, des villages et des plantations furent inondés et l'on déplore la perte du bétail emporté par les eaux en furie[67].
200
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201
+ Haïti est une république démocratique indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre et sociale. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens âgés de dix-huit ans et plus.
202
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203
+ Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, le Premier ministre et son cabinet, le pouvoir exécutif ayant pour rôle de faire exécuter et respecter les lois.
204
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205
+ Le président est le chef de l'armée et veille à la bonne marche des institutions de l'État. L'actuel président est Jovenel Moïse.
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207
+ Le chef du gouvernement est le Premier ministre, qui conduit la politique de la nation selon la vision du président, nomme et révoque les fonctionnaires de l’État. L'actuel Premier ministre est Joseph Jouthe. Le président ne peut être mis à pied que par une mise en accusation de la Chambre des députés et le Sénat qui l'érige en haute cour de justice. Le Premier ministre ne peut pas être révoqué par le président de la République, mais peut être interpellé par l'une des deux chambres et renvoyé après un vote de censure.
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209
+ Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée nationale[68] constituée par deux chambres : le Sénat et la Chambre des députés qui sont indépendants.
210
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211
+ Le parlement vote le budget de la République et déclare la guerre, le Sénat approuve la nomination du chef de la police, du commandant en chef de l'armée, les ambassadeurs et suggère au président une liste des personnages qui doivent faire partie de la cour de cassation et en une seule chambre, ils désignent trois noms pour les représenter au conseil électoral, trois noms au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la cour constitutionnelle. L'actuel président du Sénat, qui est aussi de facto le président de l'Assemblée nationale est Carl Murat Cantave.
212
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213
+ Le pouvoir judiciaire est exercé par une Cour de cassation, les Cours d'appel, les tribunaux de première instance, les tribunaux de paix et les tribunaux spéciaux. La plus haute instance juridique du pays est la Cour de cassation et suivant la publication de la nouvelle constitution amendée sous le président René Préval, Haïti se voit dotée d'une Cour constitutionnelle chargée d'assurer la constitutionnalité des lois. Elle est garante de la constitutionnalité de la loi, des règlements et des actes administratifs du Pouvoir exécutif. Ses décisions ne sont susceptibles d'aucun recours. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est aussi créé pour renforcer la neutralité de la justice et joue son rôle administratif au sein du pouvoir judiciaire[69].
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215
+ Haïti est divisée en 10 départements, 40 arrondissements, 146 communes et 565 sections communales.
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217
+ Chacune de ces divisions dispose d'un numéro d'identification délivré par l'Ihsi.
218
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219
+ La capitale d'Haïti est Port-au-Prince, c'est la plus grande ville du pays. La métropole du Nord ou encore Cap-Haïtien est la seconde ville du pays. De par son rang d'ancienne capitale notamment sous la colonie française, de son architecture puis aussi de par son rôle dans les combats pour l'indépendance, elle demeure comme un emblème de l'histoire haïtienne.
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+ Il existe aussi ce qui est couramment appelé le « onzième département », représentant les quelque deux millions d’Haïtiens vivant à l’extérieur du pays : la diaspora haïtienne.
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+ Haïti, surnommée « la perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, était la plus prospère des colonies françaises[70]. Après son indépendance en 1804, aucun chef d'État français ne la visite officiellement jusqu'en 2010, lorsque Nicolas Sarkozy s'y rend, suivi en 2015 de François Hollande[71]. Haïti entretient notamment des relations avec la France à travers l'Organisation internationale de la francophonie (voir section Haïti et la francophonie).
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+ Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est marquant. Les personnes fortunées d’Haïti ne représentent que 20 % de la population, mais possèdent à elles seules 63 % de la richesse du pays, ce qui ne laisse que 9 % des richesses aux plus démunis[72].
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+ La réduction du chômage reste un défi à relever pour les autorités haïtiennes[73]. De plus, Haïti souffre d’une inflation élevée et d’un manque d’investissement à cause de l’insécurité, des infrastructures limitées et d'un manque de confiance. Le gouvernement dépend en grande partie de l’aide internationale pour construire son budget annuel.
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+ Chaque année, pour la saison de la récolte de la canne à sucre, environ vingt-cinq mille Haïtiens rejoignent la République dominicaine. Pour beaucoup, ils se retrouvent à la merci des grands propriétaires dominicains ; leurs papiers leur sont confisqués à leur arrivée et ils sont entassés dans des baraquements parfois entourés de barbelés, sans eau potable ni électricité. Ils doivent travailler de l’aube à la tombée de la nuit pour un salaire très faible et les punitions peuvent aller jusqu'aux mutilations. Leur situation est dénoncée comme une forme d'esclavage contemporain par des journalistes[74]. La récolte terminée, la grande majorité de ces travailleurs, endettés et en situation illégale, ne peuvent quitter le pays. Leurs enfants, dont le nombre était estimé à 250 000 en 2008, ne sont pas reconnus par les autorités et sont apatrides, le plus souvent sans accès à l’école ni aux soins médicaux et pour la plupart forcés de travailler dans les plantations dès qu’ils atteignent l’âge de tenir une machette[75].
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+ Les transferts d’argent venant de la diaspora haïtienne demeurent néanmoins une importante source de devises pour le pays, puisqu’ils représentent 30 % du produit intérieur brut et deux fois la valeur des exportations. Pour les transferts d'argent vers l'extérieur, un prélèvement de 1,5 dollar américain est fait selon un arrêté présidentiel pour appuyer le programme de scolarité gratuite créé par le président de la République Michel Martelly. En 2017, ces transferts provenaient principalement des États-Unis , du Canada, de la France ainsi que du Chili dont les transferts représentaient selon la Banque centrale chilienne 92 millions de dollars américains, soit 12,65 % des transferts en provenance de cet État sud-américain[76].
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+ Dans son rapport de mars 2019, la Mission des Nations unies pour l'appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l’ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d’urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant en situation d’insécurité alimentaire « et ont besoin d’une aide humanitaire à cet égard »[61].
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+ Les principales ressources naturelles d’Haïti sont la bauxite, le cuivre, le carbonate de calcium, la pierre à chaux, l’or, la marne et l'hydroélectricité. Seule la bauxite a été exploitée commercialement à une échelle significative[77].
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+ Cependant, c’est l’agriculture qui emploie l'essentiel de la main-d'œuvre avec plus des deux tiers de la population en âge de travailler. Les exploitations agricoles sont, avant tout, des fermes de subsistance, de dimensions restreintes. Le café, le cacao, le sisal, le coton, les mangues comptent parmi les produits destinés à l'exportation. L’explosion démographique et le manque de compétitivité par rapport aux produits importés ont affaibli considérablement ce secteur, dont la production se trouve de plus en plus destinée au marché intérieur avec des produits tels le maïs, le riz, les fruits.
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+ La capitale, Port-au-Prince, concentre la majorité des activités industrielles du pays : les principales productions y sont les composants électroniques, le textile et les balles de baseball.
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+ Surnommée autrefois la « perle des Antilles », Haïti bénéficie d'un climat tropical, d'une température moyenne de 30 degrés Celsius[réf. nécessaire] et 364 jours de soleil par an[réf. nécessaire]. Le tourisme en Haïti est à la fois culturel, avec des forts, dont la citadelle La Ferrière et le palais de Sans-Souci et des villes comme Labadie ainsi que naturel, avec les plages d'eau turquoise de Jacmel.
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+ Après l'embargo contre Cuba décidé par le président américain John Fitzgerald Kennedy en 1962 (et levé partiellement en 2000 seulement), Haïti devient un lieu de villégiatures pour riches touristes américains[78].
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+ La station balnéaire de Labadie.
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+ Le paquebot de croisière Liberty of the Seas (classe Freedom), à Labadie.
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+ Vue de la citadelle La Ferrière, dans le Nord du pays.
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+ Decameron SPA à Montrouis, sur la cote des Arcadins.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les principaux partenaires commerciaux de la république d'Haïti sont les États-Unis, la République dominicaine, le Canada, la France et l’Allemagne.
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+ En octobre 2008, le Congrès américain a voté la loi HOPE II (HOPE pour Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement : « opportunité hémisphérique par l’encouragement aux partenariats », sachant que « hope » signifie « espoir » en anglais), pour permettre aux produits manufacturiers, particulièrement le textile d’avoir accès sans tarif douanier au marché américain.
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+ Les programmes sociaux établis par le gouvernement sont limités, en dépit d’une nette augmentation en 2009. Certaines agences offrent des pensions de retraite et des allocations pour les accidents du travail. L'accès aux emprunts est faible, 2 % du crédit du système bancaire finance le secteur agricole et le développement rural.
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+ Haïti reçoit également des aides multiformes venant de l’intérieur de son propre pays. Plusieurs associations, institutions et fondations participent à la reconstruction du pays et à son développement. Parmi ces organismes, la Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti (FONDTAH), qui élabore le développement d'un tourisme alternatif adapté aux conditions du pays. La FONDTAH participe avec la Société d’exploitation du Parc naturel Quisqueya (SODEPA) de Fonds-Parisien, l'Association des artistes et artisans de la Croix-des-Bouquets (ADDAC), l'Association pour le développement de Bas-Boën (ADEBABO), le ministère de l’agriculture et celui de l'environnement, au développement du village de réfugiés du cataclysme dans la section communale de Fonds-Parisien située sur la commune de Ganthier dans le département de l'Ouest d'Haïti[79].
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+ D’autres organismes et associations contribuent au développement du pays et à l’aide multiforme, notamment depuis le tremblement de terre de 2010. Parmi ces organismes, il y a des institutions haïtiennes parmi lesquelles l'Institut de technologie et d'animation, le Collectif du Financement Populaire (KOFIP), le Conseil national de financement populaire ; ainsi que des associations françaises telles que Handicap International, Aide et Action, sans oublier les actions de l'Unicef , celle du Programme alimentaire mondial et de the 410 Bridge[80], une ONG américaine dont le quartier général est basé à Atlanta. World Vision International (ou Vision du monde) est un organisme international luttant contre la pauvreté un peu partout en Haïti depuis 1959[81].
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+ La Banque mondiale (BM), avec l’assistance du gouvernement haïtien, a identifié trois domaines qui demandent le plus de soutien à la suite du tremblement de terre de 2010. Le premier consiste à augmenter les possibilités économiques à l’extérieur de la capitale, c’est-à-dire de développer les énergies renouvelables. Ensuite, le pays doit renforcer l’accès aux services humanitaires avec l’amélioration des écoles et du service de la santé et, finalement, il doit améliorer les protections en cas de catastrophes naturelles, en renforçant les infrastructures, les ponts et les routes[82].
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+ Le Venezuela apporte une aide économique de près de 4 milliards de dollars dans le cadre de l'accord Petrocaribe pour financer des projets sociaux. Une part importante de cette aide a été détournée, en particulier sous l'administration de Michel Martelly[61].
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+ Le 17 avril 1825, le roi de France Charles X concède « l’indépendance pleine et entière » à l’ex-colonie d’esclaves française moyennant une somme de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs). Cette somme sera obtenue après avoir contracté une dette qui ne sera remboursée en totalité qu’en 1972[83].
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+ Dans les années 1880, les finances publiques sont dans un extrême désordre vu l'instabilité politique persistante. Le revenu est évalué à 21,5 millions de francs et les dépenses au double de cette somme. La dette publique s'élève alors à 12 millions de piastres fortes (1 piastre valant 5 francs) dont 308 000 piastres pour le solde de la dette française (1 540 000 francs)[84].
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+ Le 7 avril 2003, le président Jean-Bertrand Aristide a réclamé officiellement à la France près de 21,7 milliards de dollars en « restitution et réparation » de la dette.
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+ Parallèlement une dette extérieure totale de 1,2 milliard de dollars « s’est construite sur la dette de l’indépendance », notamment sous « la dictature des Duvalier entre 1957 et 1986, [qui] a ravagé et fortement endetté le pays », indique encore le Comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM)[85]. Cette association estime que le régime des Duvalier est responsable à lui seul de 550 millions de dollars de la dette extérieure du pays.
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+ Le 24 décembre 2003, le CADTM a réclamé l’annulation de la dette qualifiée d’« illégitime et odieuse » de Haïti, à la veille du bicentenaire de l’indépendance de la République caraïbe.
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+ Sans nier une dette de la France à l’égard de leur pays, l’opposition et les intellectuels de la diaspora refusent de s’associer à une demande émanant d’un régime aussi corrompu et peu démocratique que celui du président Aristide[86].
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+ En 2009, à la suite de l’Initiative pays pauvres très endettés, 1,2 milliard de dollars de dette ont été annulés par la Banque mondiale et le FMI[87]. Début 2010, la dette extérieure est évaluée par Oxfam International à 890 millions de dollars soit 734 millions d’euros[88].
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+ En 2007, le pays présentait un déficit important en services sociaux de base : éducation, eau, santé, assainissement.
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+ La part du budget de l’État consacrée à la santé est passée de 16,6 % en 2004 à 4,3 % en 2018[89].
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+ Elle est peu développée mais en 2008, 428 personnes sur 1 000 disposent d'un téléphone mobile, tandis que 300 personnes ont accès à internet et le nombre de postes de télévision est d'environ une soixantaine dans la capitale et les autres villes[90]. Néanmoins, grâce à l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques et fournisseurs d'accès à internet à l'instar de la Natcom[91], entreprise haitiano-vietnamienne, en 2011 et l'extension du réseau de la Digicel, beaucoup de progrès sont réalisés dans ce secteur. La jeunesse est très connectée.
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+ Le taux d'alphabétisation est évalué à 62 %[92].
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+ Le système éducatif haïtien reste confronté à d’énormes défis malgré le bond significatif du niveau de fréquentation scolaire (77 % en 2012, EMMUS V, contre 50 % en 2005, selon EMMUS 4), le Programme scolaire universel gratuit et obligatoire (PSUGO), la forte demande d’éducation et le soutien de la communauté internationale.
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+ L’accès demeure encore limité sans compter que la qualité et la gouvernance constituent un défi majeur. Entre autres facteurs ayant conduit à cette situation, on peut citer les contraintes budgétaires se traduisant par un investissement public très limité dans le secteur (autour de 10 % du budget en moyenne), la pauvreté massive de plus de 70 % de la population, une législation inadéquate, des normes et pratiques sociales défavorables, des crises récurrentes telles que les désastres naturels (notamment le séisme du 12 janvier 2010), de même que les capacités organisationnelles et de gestion très limitées du Ministère de l’Éducation nationale.
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+ Selon le dernier recensement scolaire (2011) seul 20 % de l’offre éducative vient du secteur public, le reste étant entre les mains du secteur non-public, la plupart du temps géré sans réglementation et opérant en dessous des normes minimales de qualité. Malgré son importance avérée, l’accès à des activités ciblant les jeunes enfants (0–5 ans) demeure très limité (67 % de taux brut de scolarisation au préscolaire 3–5 ans, MENFP 2011). La faiblesse de la qualité se traduit notamment par des taux moyens de redoublement de 15 % et des taux d’abandon autour de 13 %. Combiné aux entrées tardives, ces facteurs augmentent la proportion des sur-âgés à l’école fondamentale (65 %). On note que le taux de survie en 5e année du primaire est faible (25 %). Cette situation préoccupante s’explique en grande partie par la proportion élevée d’enseignants non qualifiés (plus de 65 %), les conditions d’apprentissage défavorables, et la non-application des normes et standards pouvant garantir un enseignement de qualité. Parmi les enfants les plus affectés par l’accès limité ainsi que l’absence de qualité, on peut citer ceux du milieu rural, ceux des familles pauvres des bidonvilles des grands centres urbains, les enfants séparés de leur famille (centres résidentiels, enfants en domesticité, enfants des rues), les enfants handicapés et les enfants déplacés.
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+ Pour l’UNICEF, les principaux défis à relever sont :
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+ L'artisanat haïtien est riche et varié. Citons :
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+ Symbole
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+ Haïti a pour codes :
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